☼ Percy Jackson ☼ I - Une arrivée plus que tardive

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Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par Springbloom »

Dans quelques instants vont débarquer trois fiches de plusieurs messages sur lesquelles je travaille techniquement depuis un an (comme quoi, effectivement, l'université est chronophage). J'y tiens énormément, quand bien même je suis un peu déçue par certains passages, notamment la fiche d'Iliana qui ne me convient par parfaitement, et les dernières parties de Kahau. J'ai pris le temps de relire les deux fiches, celle de Kahau seulement en diagonale, et je m'excuse donc pour les fautes qu'elle pourrait contenir, je les corrigerais toutes en ajoutant les divers (et nombreux) liens qu'il a et que je n'ai pas pris le temps de rédiger dans leur intégralité, bien trop heureuse d'enfin en voir le bout.

J'espère de tout coeur qu'elles vous plairont, elles peuvent se lire dans n'importe quel ordre, mais je vous conseille de lire Vaast avant Kahau, les deux fiches se complétant plus ou moins. Iliana, elle, est indépendante.

Si jamais vous avez besoin d'un quelconque résumé, au vu de la longueur, je comprendrais évidemment et j'en enverrais un.

S'il vous plait, afin de ne pas casser la lecture, ne postez rien dans les vingt minutes qui suivent, merci beaucoup :mrgreen:
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par Springbloom »

.Message laissé vide afin de compléter les liens en cas de dépassement futur
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Vaast I

Message par Springbloom »

.


A mon petit monstre préféré,
à tes joues rondes parties trop vite,
et au "petit" qui a fini par perdre son sens,
Pour toujours et à jamais,
tu es la Maison. Ma maison.



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L'ABSENCE ME LAISSE DES TRACES, DES TRACES QUE TU EFFACES
COMMENT J'PEUX VIVRE EN PAIX SI TON AMOUR EST NÉFASTE ?
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
J'AI PAS BESOIN DE TOI
ET NOS SOUVENIRS ME HANTENT

UN JOUR TU M'DONNES LA VIE, PUIS L'AUTRE, TU M'ABANDONNES
SI JE CHERCHE TON FANTÔME, COMMENT D'VENIR UN HOMME ?
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
J'AI PAS BESOIN DE TOI
MAIS TES CONSEILS ME MANQUENT

ET J'AI PASSÉ TOUT MON TEMPS À FUIR
UN PEU COMME MON PÈRE EN FAIT
NON, IL M'A JAMAIS VRAIMENT VU GRANDIR
J'PEUX PAS ÊTRE SON PORTRAIT CRACHÉ
IL EST LE CONTRE-EXEMPLE PARFAIT
SI J'L'AIME, J'GARDE UNE PART DE MÉFIANCE
MOI, J'AI JUSTE HÉRITÉ DE SON NOM ECRIT SUR UN ACTE DE NAISSANCE
EST-CE QU'UN ENFANT DÉLAISSÉ PEUT ÉLEVER LES SIENS À LA COOL
EST-C'QUE L'ABSENCE DE MODÈLE L'EMPÊCHERA D'ÊTRE UN PAPA ?
MOI, J'ME SUIS PROMIS D'Y ARRIVER
MAIS MAMAN DIT QU'ON EST TOUS LES MÊMES
ANXIEUX ET COUREURS DE JUPONS
ET J'FLIPPE QUE CE SOIT DANS MES GÈNES

POURQUOI FAIRE UN ENFANT SI J'REPRODUIS TES FAUTES ?
L'ÉLEVER EN M'DEMANDANT QUI DES DEUX ÉLÈVE L'AUTRE
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
IL A PAS BESOIN DE ÇA
ET MES SOUVENIRS ME HANTENT

ELLE A PEUR QUE J'LA BLESSE, J'AI PEUR DE M'ENGAGER
AU FINAL, TOUT C'QUI RESTE : DES SENTIMENTS GÂCHÉS
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
ELLE A PAS BESOIN DE ÇA
ET TES CONSEILS ME MANQUENT

CONSTANCE EST MON TALON D'ACHILLE
TOUTES MES RELATIONS SONT FRAGILES
MOI, QUAND J'AIME, C'EST JUSQU'À L'OEDÈME
MES "JE T'AIME" SONT DES POISSONS D'AVRIL
SOUVENT, ELLE SE SENT TELLEMENT SEULE
QUE ÇA LA RASSURE QU'ON S'ENGUEULE
COMMENT LUI DIRE QUE FUIR M'A TRANSFORMÉ EN GARCON FACILE
J'PRÉFERE LAISSER FILER L'AMOUR QUE D'REVIVRE DE SALES HISTOIRES
ÉVITER MON REFLET DANS L'MIROIR
J'SUIS P'T-ÊTRE TROP LUCIDE POUR Y CROIRE
IMPOSSIBLE QUE J'ME SUFFISE D'ELLE
J'SAIS QU'ELLE M'ABANDONNERA POUR QUELQU'UN DE PLUS STABLE ET PLUS FIDELE

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L'ABSENCE ME LAISSE DES TRACES, DES TRACES QUE TU EFFACES
COMMENT J'PEUX VIVRE EN PAIX SI TON AMOUR EST NÉFASTE ?
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
J'AI PAS BESOIN DE TOI
ET NOS SOUVENIRS ME HANTENT

UN JOUR TU M'DONNES LA VIE, PUIS L'AUTRE, TU M'ABANDONNES
SI JE CHERCHE TON FANTÔME, COMMENT D'VENIR UN HOMME ?
J'AI PAS BESOIN DE ÇA
J'AI PAS BESOIN DE TOI
MAIS TES CONSEILS ME MANQUENT

~ Pièces détachées, Gringe ~
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Le 25 septembre 2012,
32 Eendrachtsweg, Rotterdam, Hollande-Méridionale, Pays-Bas

À Baltus Rozenberg,
541 Orchard Road, Liat Towers, Singapour, Singapour,


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  • C'est bientôt la fin de l'été, ici, les arbres commencent à virer aux couleurs de l'automne. Maman ne cesse de me répéter qu'il va bientôt falloir que j'arrête de me promener dehors sans manteau parce que je vais attraper froid, mais pourtant tout le monde dehors continue de prendre des bains de soleil avant qu'il n'arrive. Maman n'aime pas l'idée que je sorte tout seul, quand bien même je ne fais que traverser la rue pour aller m'asseoir au bord du canal pour y observer les gens. Elle n'aime pas non plus l'idée que je sorte pendant l'été, comme quoi il y aurait trop de monde à Rotterdam. J'ai toujours trouvé qu'il y avait trop peu de gens, en réalité, et, même s'il y a encore des touristes aujourd'hui, je sais qu'il y en a moins qu'avant. D'ailleurs, tu savais que je devine que c'est bientôt la fin de l'été grâce à eux ? Ils parlent de plus en plus néerlandais. C'est Maman qui se repère toujours aux arbres et qui m'a dit de contempler les feuilles tourner à l'ocre avant qu'elles ne soient mortes, mais je n'y avais pas fait attention avant aujourd'hui, j'ai pas la tête à observer les arbres.

    Ce qui m'intéresse vraiment, ce sont les gens. Tu arrives à te dire qu'ils ont tous une vie comme la mienne ? Leur appartement avec une pile de vêtements sales, un vélo qui traîne dans l'entrée dont les petites roues sont à la cave (depuis que tu es parti, j'arrive à faire sans !), une école, des amis, des voisins parfois bruyants, une radio à qui il arrive de crachoter, des tas de livres qui attendent d'être lus dans leurs étagères...Tu imagines la vie qu'ils doivent mener ? Parfois, j'aimerais les connaître toutes en détail, comprendre pourquoi ils rient comme ça, qui est cette personne avec eux, comment ils se sont rencontrés. Qui se cache derrière les rideaux de cet immeuble ? Si la maison n'est pas habitée par les humains, qui donc y vit ?

    J'ai essayé de capturer le sentiment que j'avais, mes intuitions sur leurs histoires sur le carnet que m'a acheté Maman au début de l'été. Je crois qu'elle regrette sa décision. Depuis qu'elle a dit oui et que j'ai mes feuilles de papiers, je ne cesse de descendre tous les jours dès dix heures pour m'installer au bord du canal et tout retenir. J'essaie d'imaginer les noms, les aventures, les amours, les vies, de tout griffonner sur la page de gauche, et je tente une esquisse sur la page de droite. Maman trouve que mes dessins ne sont pas si mal, mais elle ne dit ça que parce que c'est ma Maman, je sais que tu serais plus honnête avec moi : ils sont excessivement laids. J'ai la main trop hésitante, trop tremblante. Et puis, quand bien même l'inspiration me donne envie de tous les dessiner pour mieux tous les retenir, je me lasse vite d'avoir la tête plongée dans mon carnet, je crains de rater une nouvelle personne, celle qui m'intriguera encore plus que la précédente. J'ai l'esprit qui fourmille trop pour me concentrer plus de quelques secondes sur mes traits, et, finalement, les visages finissent par se ressembler tous et perdent leur intérêt. Je préférais pouvoir les prendre en photo, tous autant qu'ils sont. Je les vois souvent se prendre en photo du bord du pont à côté de la maison, le canal bordé d'arbres derrière eux et moi aussi j'aimerais faire pareil, pour ne pas les oublier. Collectionner leurs sourires, essayer de me remémorer leurs rires quand le vent a fait voler leurs cheveux et rater leur photo, ne pas les oublier. Ils sont si nombreux, si humains, si semblables à toi, moi ou Maman...comment est-ce que je pourrais les frôler sans vouloir me souvenir d'eux comme je me souviens de vous ? Ils méritent tous de ne pas être oubliés, et mes dessins ne le rendent clairement pas hommage...

    Sauf que Maman refuse de m'offrir un appareil photo, et j'ignore pourquoi. Elle donne plein de justifications, mais aucune ne me convient réellement. La plupart du temps, c'est parce qu'elle considère que les appareils polaroid sont trop chers, d'autre fois parce qu'elle craint que je ne le casse à force de sauter tout le temps dans tous les sens. Dans le fond, je crois surtout qu'elle craint que je ne passe encore plus de temps dehors, ce que je ne comprends pas. Elle est tout le temps occupée avec pleins d'amis et d'amies qu'elle invite à la maison, et elle ne veut pas que je traîne dans ses pattes, alors je préfère aller dehors. Ou bien elle pense que c'est qu'une idée sur un coup de tête ? Je sais que j'en ai souvent...Parfois, j'ai soudainement envie d'un vélo, et il traîne actuellement dans l'entrée...Mais ça ne m'empêche pas de le sortir et de remonter les canaux jusqu'au port ! J'ai aussi voulu un poisson rouge il y a deux ans, et Maman a accepté, sauf que j'ai oublié de le nourrir un jour, maintenant on a un aquarium vide à côté des plantes. Sauf que cette fois-ci, j'aimerais vraiment avoir un polaroid. Au cours de l'été, c'est devenu une obsession de vouloir retenir les visages de tout ceux que je croisais et, même si ça ne fait qu'un mois, je ne sais que je m'en lasserai jamais.

    Maman n'est pas au courant que je t'écris cette lettre et, en fait, j'aurais aimé savoir si tu pouvais m'en offrir un pour mon huitième anniversaire...Je sais que ce n'est que dans cinq jours et que le temps est peut-être un peu court, mais tu ne sais pas à quel point ça me ferait plaisir, même si c'était en retard. Si ça vient de toi, Maman ne pourra pas dire non, je ne t'ai vu que deux fois en deux ans. Et, si tu n'es pas d'accord, peut-être que tu pourrais simplement venir ? J'aimerais te voir Papa, tu sais. Certains jours, tu me manques vraiment beaucoup. J'ai toujours dû mal à comprendre exactement ce que tu fais comme travail à l'autre bout du monde, mais tu me manques. Souvent, je demande à Maman pourquoi on ne te rejoint pas vivre là-bas, à Singapour, et elle me dit qu'on partira bientôt, quand j'aurais le niveau en anglais pour intégrer le collège international et qu'elle en aura fini avec son travail ici. Tu penses que ce sera encore long ? Hier, je me suis glissé dans le bureau de Maman et j'ai tapé le nom de Singapour dans la barre de recherche pour voir où tu vivais. C'est si différent de Rotterdam chez toi, et pourtant si semblable. Il y a de l'eau où que l'on porte son regard, des bâtiments partout, un grand port, et des gens, pleins de gens, à tous les coins de rues, grouillants, si nombreux... la seule réelle différence, c'est la hauteur des immeubles. Ce matin, assis au bord du canal à observer les gens, je me suis demandé ce que ça donnerait du haut d'un immeuble aussi haut. Tu penses qu'on parviendrait à embrasser toute la ville du regard ? Je n'arrive pas à m'imaginer l'immensité d'une ville-pays, si tant est que j'ai au moins compris ce que Maman voulait dire par là.
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  • J'ai dû faire une pause dans la rédaction de ma lettre : Maman m'a appelé pour dîner. Ce soir, nous avons mangé avec Oliver, un professeur dans une université britannique. Je n'ai pas compris tout ce qu'il a dit, Maman et lui passaient souvent à l'anglais parce que c'était plus facile pour lui que le néerlandais (ça m'a conforté dans l'idée qu'il fallait que je le travaille encore plus). Maman invite toujours des gens extrêmement intéressants à la maison, parfois pour le travail, parfois des amis, mais ils ne sont jamais ennuyeux, je suis sûr que tu les adorerais. Je ne peux jamais rester avec eux très tard parce qu'il faut que j'aille dormir et qu'ils sortent, parfois, mais j'apprends énormément de choses avec eux. Maman aussi semble aimer apprendre grâce à eux, parce qu'elle a toujours un regard émerveillé, même quand elle n'a pas son carnet sous la main pour noter ce dont ils parlent. Avec Oliver, toute à l'heure, elle ne disait presque rien, elle buvait juste ses paroles, tout ce qu'il lui racontait sur les gens et leur fonctionnement. J'aurais aimé rester avec eux, mais Maman a fini par me chasser du salon, et puis je devais finir ta lettre. C'est vraiment dommage que tu ne sois pas là, je suis certain que tu aurais adoré Oliver, il racontait des bonnes blagues. Enfin, je les comprenais pas toutes, entre l'anglais et le néerlandais, mais Maman a beaucoup ri, alors il devait être vraiment amusant.

    Pendant le repas, quand ils ne parlaient plus en néerlandais et que leur anglais devenait trop technique, j'ai eu le temps de réfléchir à cette histoire d'appareil photo. Je pourrais économiser pour, ne plus acheter de goûter avec mes 5€ d'argent de poche et je suis sûr qu'un jour je pourrais l'avoir. Ca ne devrait pas être si long, non, avec 5€ par semaine ? Dans tous les cas, c'est mon nouvel objectif. Je pourrais renoncer à tous les gâteaux du monde pour pouvoir prendre enfin des photos. J'espère qu'il y aura encore des têtes à prendre en photo d'ici là...Et puis il faut que je prenne en compte le facteur de polaroid, parce que je sais très bien que, si je viens à en manquer, je serais frustré et j'aurais trop peur de rater ce visage qu'il manquait à ma collection.

    Tout ce que je veux dire, Papa, c'est que je ne veux plus d'appareil pour mon anniversaire, je suis désolé si je te paraissais exigeant. Je veux juste te voir. Tu pourrais rentrer, s'il-te-plait ? J'aime beaucoup rencontrer les amis et collègues de Maman, apprendre auprès d'eux, mais je préférais apprendre avec toi. Je préférais qu'elle rie avec toi. Je préférais pouvoir rester le soir parce que je ne risque pas de déranger plutôt que de devoir monter dans ma chambre à l'étage. Je préférais pouvoir t'embrasser toi au matin plutôt que de prononcer un timide bonjour aux amis et collègues de Maman qui reste pour la nuit à la maison. Je veux te voir Papa, je veux que tu rentres, ou qu'on aille chez toi, je sais pas, mais toi à l'autre bout de la planète, c'est trop loin. J'ai une amie dans ma classe qui n'a pas de père et qui dit qu'on vit très bien sans père si on n'en a jamais eu. Sauf que je t'ai eu, quelques fois, pas bien longtemps, mais tu as été là Papa. Je peux pas faire comme elle et ignorer ton existence. Quand je vois les enfants dehors, ils ont tous leurs parents, un mère, un père, deux mères, deux pères, et, s'ils n'en ont qu'un seul, j'imagine que l'autre est simplement à la maison à préparer le repas ou à s'occuper de l'autre enfant. Je ne parviens jamais à me mettre en tête qu'ils n'ont qu'un seul parent. Parce que j'en ai moi-même deux.

    Au cas où tu te mettrais à avoir de telles pensées, je n'ai aucun problème avec Maman. On s'entend bien, on sort souvent ensemble, elle m'emmène à l'école et vient m'y chercher quand Lieve ne s'en charge pas. Tous les dimanches, on se réserve la journée à nous deux, on part se promener en Hollande quand il fait beau, visiter notre région et partir à la rencontre de ses habitants. Quand il fait moins beau, on reste à la maison, on dort plus longtemps le matin, on cuisine tout l'après-midi pour le soir et on s'échange nos victoires à tous nos jeux de sociétés. C'est toujours le dimanche soir que l'on mange le mieux à la maison, que ce soit grâce à notre repas fait à quatre mains ou après une journée de marche ou de vélo, parce que n'importe quel dîner satisfait notre faim. Je dis que je découvre beaucoup avec les invités de Maman, mais elle reste ma principale professeur dans l'école de la vie. Elle fait de son mieux pour répondre à toutes mes questions et, quand elle n'en a pas les réponses, elle fait tout pour les trouver.

    Mais, souvent, je surprends ma mère et son regard est triste. Elle tourne un regard pensif vers le ciel, souffle, soupire, tapote la table comme si elle attendait quelque chose. Je la vois de plus en plus souvent comme ça. Je n'ai pas osé lui demander pourquoi elle ne souriait pas au début, et puis, un jour, elle m'a avoué que, si elle était comme ça, c'était parce que quelqu'un lui manquait. Quand je lui ai demandé qui, elle m'a dit que c'était mon père. Tu lui manques aussi, Papa, beaucoup, a priori. C'est même probablement pour ça qu'elle ne cesse d'inviter des gens à passer du temps à la maison, c'est pour l'occuper et ne pas penser à ton absence. J'aimerais faire pareil, mais je n'ai personne à inviter à la maison pour la soirée, tous mes amis sont des visages éphémères, de ceux qui passent le long du canal et disparaissent au coin de la rue pour ne jamais plus y revenir.

    On a besoin que tu rentres, tu comprends ? Il est tard, maintenant, je pourrais pas poster ta lettre ce soir, mais je le ferai à la première heure ! J'aimerais t'appeler pour que tu saches dès maintenant qu'il faut que tu rentres, mais Maman refuse que je me serve du téléphone, comme quoi je ne saurais pas l'utiliser ou quoi que ce soit. De toute façon, elle l'a planqué dans son bureau et il est verrouillé. Je pourrais lui dire de t'appeler elle mais je me dis que ce serait bien si elle avait la surprise de ta visite, non ? Moi j'adore les surprises ! Je crains juste qu'elle ne doute de quelque chose quand je lui demanderai ton adresse...Je croise les doigts.

    Promets-moi que tu reviendras bientôt !

    Je t'aime Papa
    Tu me manques beaucoup,

    Ton fils
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Le 3 juin 2015,
Du haut du toit d'un des buildings de Singapour,

À toi que je suppose être mon père,
Où que tu sois,


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  • Il y a tellement de vents ici, je crains que mes feuilles ne s'envolent. Par moment, certaines mèches me tombent devant les yeux et je ne parviens même pas à savoir ce que j'écris, mais j'écris à l'instinct, sur le coup de l'émotion, alors la justesse des mots m'importe peu pour une fois.

    Il y a une heure, consciemment ou non, tu as fait voler ma famille en éclat. D’une famille à un enfant bien trop heureuse de se retrouver après avoir passée tant d’années aux antipodes les uns des autres, il n’y a plus rien eu. Ce n’est pas même pas les bons mots que j’emploie, parce que tu ne l’as pas seulement fait voler en éclat, tu as fait en sorte que notre famille ne soit que du vent, une bourrasque comme celles qui soufflent ici par intermittence. Invisible, passagère, insaisissable, et pourtant laissant une trace, une chute de température, un frisson, une perte d’équilibre, un balancement des branches…n’importe quoi qui nous permet de savoir que l’on ne l’a pas rêvée. Ma famille n’a jamais existé, ce n’est qu’un mensonge, un mensonge que toi et Maman vous êtes bien arrangés de garder secret. Quand j’y repense maintenant, quand les images des moments que nous avons partagés tous les trois me reviennent, je me sens comme si un grand vent venait de me projeter en arrière. J’ai perdu mes points de repère, déséquilibré, et un grand frisson me parcoure. Tous ces moments…

    Tous sont faux. Maman n’aime pas Papa. Je ne sais même pas si elle ne l’a jamais aimé. Depuis ma naissance, elle ment, elle lui cache la vérité sur ses sentiments, sur moi, sur tout. Ça fait 11 ans que nous vivons tous dans un mensonge, dans une bulle pour nous cacher de la vérité, et tu es gentiment arrivé pour nous rappeler qu’il fallait que l’on ouvre nos yeux. J’ai retrouvé par hasard la lettre que j’avais envoyée à Papa il y a des années de cela, ou du moins celle que Maman avait promis qu’elle enverrait. Et, depuis que je l’ai donnée moi-même à Papa, rien ne va plus à la maison. Une tension palpait l’air, et j’étais persuadé que ce n’était que dû au travail de Papa. Il y a une heure, j’ai compris qu’il n’en était rien. Papa a explosé, alors que Maman revenait à la maison avec une autre amie. Devant elles deux, il s’est mis à crier, à hurler, à devenir si rouge que j’ai vraiment craint qu’il n’implose. Je n’avais jamais vu Papa dans un tel état de colère, avec un tel regard. J’aurais presque eu l’impression qu’il allait casser la maison. Et il a prononcé ces mots, ces mots horribles, marqués au fer blanc à jamais dans ma mémoire : « Et tu laisses
    ton fils vivre dans l’ignorance parce que tu n’assumes pas tes erreurs ? »

    « Ton fils ».

    Pas le « nôtre ». Le tien.

    Je ne voulais pas comprendre au début, je ne voulais pas croire ce que j’avais entendu. J’étais le fils de Papa, ce n’était qu’une erreur de sa part, une erreur due à sa crise. Et Maman a croisé mon regard embué de larmes, alors que je me terrais dans un coin dans la pièce, fuyant les foudres paternelles. Je connaissais Maman par cœur, enfin, du moins, je savais parfaitement la comprendre sans qu’elle n’ait à parler. Là, je n’avais aucun doute : Balthus n’était pas mon père.

    Est-ce que tu es fier de toi, où que tu sois ? Je suis certain que tu n’as pas l’ombre de l’idée de ce qui a bien pu se passer ici parce que j’ai vu le jour à cause de toi. A cause de Maman aussi. Elle n’aurait jamais dû garder le secret, ni envers moi, ni envers Pap…Batlhus. Et, en même temps…je suis sans doute trop sous le choc pour que ce soit une véritable certitude, mais quand j’ai vu ses yeux, son regard si désolé, aussi triste que le mien, je me suis demandé s’il n’aurait pas mieux fallu que nous continuions de vivre dans ce mensonge. J’aurais préféré ne jamais apprendre que Papa n’était pas mon père, ni de cette manière ni d’aucune autre. Balthus est mon père. Toi, tu n’es rien, rien du tout. Du vent, rien que du vent, soufflant je ne sais où, causant probablement d’autres problèmes ailleurs.

    J’ai eu peur, si peur, si tu savais. Par ta faute, j’étais terrifié, je craignais aussi bien mon père que ma mère. Je craignais que ce ne soit ma faute, que je ne sois à l’origine de ce qu’il se passait dans notre salon. Alors j’ai fui. J’ai pris mes jambes à mon cou, sans savoir où j’allais. Je ne voulais juste plus être avec eux, ne plus jamais avoir à souffrir de ses révélations. Comment est-ce que je ne peux pas être le fils de mon père ? Je ne sais même pas dire si je veux vraiment connaître la réponse à cette question. Je veux juste oublier, oublier tout ce qu’il s’est passé. Et courir le plus loin possible de chez nous me semblait être le meilleur moyen. J’ai éveillé des regards intrigués sur le trottoir, des passants qui se demandaient bien ce qu’un gosse de onze ans pouvait bien faire dehors tout seul à minuit passé, courant à travers tout Singapour. Je n’avais pas moi-même la réponse à leurs questions. Je ne savais pas ce que je faisais, mais courir me faisait du bien, j’avais le sentiment d’être libre, d’avoir un poids en moins sur mes épaules.

    Et puis, à voir tant de visages, l’espace d’un instant, j’ai repensé à tous ces immeubles dont j’avais espéré atteindre le toit, mais dont les portes permettant d’y accéder était verrouillées et protégées par une sécurité. J’avais plusieurs fois envie de les ouvrir, de voir la vue que l’on pouvait avoir de là-haut, mais j’avais peur que l’alarme ne retentisse, que l’on me découvre, et que tout retombe sur Papa et Maman. Ça n’aurait pas été bon pour un ambassadeur que son fils soit un délinquant. Aujourd’hui, je n’en ai plus rien faire des retombées, qu’elle soit sur Papa ou sur Maman. Maman a peut-être menti, mais Papa aussi a été aveugle, a jouer à celui qui ne voyait rien de ces problèmes d’adultes auxquels je ne comprends rien. Alors je suis rentré dans le premier gratte-ciel que j’ai croisé, et j’en ai forcé la porte. Rien n’a semblé sonner, il n’y avait que le silence : j’étais libre de découvrir le monde.

    De là-haut, le monde semble si différent, si…petit. Ça faisait longtemps que je rêvais de voir Singapour d’en haut et, même si je sais que dès l’instant où je redescendrais, je me rappellerais que le monde s’effondre, je suis heureux d’être ici. Le vent dans les cheveux, j’ai passé longtemps à les observer de tout là-haut avant de me dire que je pourrais t’écrire. Depuis que je suis à Singapour, je passe tout mon temps libre dehors, à parcourir les rues. C’est si différent de Rotterdam, tellement plus…vivant. Même à cette heure tardive, la ville reste bruyante, lumineuse. Les enseignes brillent, les panneaux publicitaires scandent leur slogan au cœur de la nuit. Les restaurants sont encore pour la plupart ouverts, et les livreurs traversent les rues à vélo à toute allure pour délivrer leurs plats aux travailleurs tardifs. Là, une bande d’amis sort d’un cinéma, tandis que, sur l’autre trottoir, un autre groupe fait ses courses en passant sous la grille du magasin qui se ferme. Dans les immeubles autour de moi, je parviens à distinguer les ombres des silhouettes qui se baladent derrière les stores baissés.

    Apercevoir chacun des détails quand on est en bas, c’est une chose. Je peux photographier les gens, la plupart se laisse prendre au jeu. Je peux deviner où leurs pas vont les mener, s’ils entreront plutôt dans la galerie marchande ou s’ils préféreront plutôt s’installer dans un parc pour le reste de l’après-midi. En bas j’ai une certaine proximité avec tous ceux que je croise, comme quand je m’asseyais au bord du canal à Rotterdam. Ici, c’est complètement différent, la sensation n’est pas la même. Au milieu d’un passage piéton, à détailler le visage de ceux que je croise, à essayer de deviner l’histoire derrière ces traits, je fais partie de la foule, je me comporte en spectateur mais, même si je ne suis qu’un figurant, j’ai tout de même mon rôle à jouer. Ici, allongé sur le rebord, la tête au-dessus du vide, le vent sifflant à mes oreilles, le regard plongé vers le vide et tous ces petits gens qui se baladent plusieurs dizaines de mètres plus bas, je suis un étranger. Je n’ai pas l’impression de dominer le monde comme peut le faire parfois Papa dans son bureau au treizième étage, juste d’être spectateur de l’humanité, et de son fourmillement. Je n’entends techniquement pas leurs voix, mais je les devine, tout comme je devine leurs éclats de rire et la lumière dans leur regard. Ils ne se savent pas observer, ils sont complètement naturels, authentiques. En un mot : magnifiques.

    Et s’ils ne sont pas observés, je ne le suis pas non plus. Je suis un peu surpris que personne n’ait daigné aller voir pourquoi l’alarme sonnait, mais ma soudaine solitude me fait du bien. Je ne me sens pas seul comme je l’ai été toute à l’heure, dans le salon de notre appartement, sans comprendre ce qu’il nous arrivait, terrorisé et interdit parce que j’apprenais. Toute à l’heure, je me sentais seul comme se sentirait celui qui découvre qu’il a toujours vécu sur une scène de théâtre mais qu’un des projecteurs vient de s’éteindre, dévoilant la salle pleine qui l’observe. Là, sans aucun regard sur moi, je n’ai plus de rôle à jouer. Je suis perdu, hésitant, je ne sais pas où la vie me mènera, mais une part de moi et plus sereine à l’abri des regards, à observer le monde avancer sans moi quelques mètres plus bas. Ici, hors du temps, je suis libre de mes tourments, le temps s’est arrêté, je n’ai plus à m’inquiéter du futur.

    Je n’avais pas prévu de t’écrire à la base, je ne voulais que rester ici jusqu’à ce que quelqu’un vienne m’en déloger ou que la fin me tiraille. Je n’avais et je n’ai toujours aucune envie de rentrer à la maison, je veux rester ici, à l’abri des autres, à l’abri de ma mère et de Balthus, l’esprit clair loin des problèmes. Et puis il y a eu une bourrasque plus forte que les autres et une des feuilles que j’avais emmenées avec moi s’est envolée, et je n’ai pas osé faire un geste pour la rattraper. Elle s’est envolée dans le lointain et je l’ai perdue de vue : à cet instant précis, je me suis dit que j’aurais aimé être comme elle est pouvoir voler, survoler le monde entier jour après jour, pouvoir continuer de voir le monde avancer sans jamais avoir à faire face aux problèmes. Puis j’ai eu une idée folle, l’idée que les vents devaient bien mener quelque part. Je n’ai aucune idée d’où tu es, n’est-ce pas ? Alors rien ne me dit que tu ne seras pas à l’autre bout du courant, toi, l’inconnu qui m’a enfanté. Peut-être que ce ne sera pas toi qui recevras ses mots, mais peu m’importe, j’ai besoin de te le dire, de te dire tout ce que je pense. Je ne sais pas si je te hais ou si je t’aime, mais je hais ton existence. Je ne sais pas si tu sais que j’existe ou non, mais je ferais en sorte de te retrouver afin que tu ne puisses plus l’ignorer. Tôt ou tard, même si je repousse l’éventualité, je devrais redescendre et retrouver la famille que tu as détruite par tes erreurs, et nous ne serons pas que trois à en payer le prix.

    J’entends des pas. Quelqu’un vient. J’espère que je sais toujours faire des avions en papier.

    J’aurais tant de choses encore à te dire, tant de choses que tu ne peux pas comprendre. Je ne sais pas quoi encore penser de ton existence, mais ne vient pas gâcher encore plus la mienne.

    L’esprit égaré, j’espère que je n’aurais pas peur de l’inconnu, que ce soit toi ou un autre.

    Celui qui ne t’aime point et que tu as pourtant enfanté,
    Apparemment ton fils,
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Le 31 août 2017,
Colonie des Sang-Mêlé

À toi qui m'as enfanté,
Où que tu sois,
Je ne t'enverrai jamais ça,


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  • Au cours de ces deux dernières années, j’ai eu de nombreuses fois l’occasion de me demander à quoi ressemblait mon géniteur. Est-ce que je voulais vraiment le rencontrer ? Comment réagirait Maman si elle le voyait ? Si je le croisais dans la rue, est-ce que je le reconnaîtrais immédiatement, comme dans les films ? Est-ce qu’une sorte de révélation me frapperait de plein fouet, est-ce que mon instinct me crierait « c’est lui ! » ? Je ne me suis pas posé les bonnes questions, comme souvent. Parce que les questions que je me posais, elles étaient débiles, enfantines. Elles te sacralisaient, ou du moins faisaient de toi une figure exceptionnelle, quelque chose à atteindre. Tu traînais dans mes pensées, j’étais incapable de me débarrasser de cette question lancinante : « Où es-tu ? ». Pourquoi est-ce que je me demandais ça ? Tu n’as jamais été là, et tu ne le seras jamais. Je t’ai détesté à la seconde où j’ai appris ton existence, tu n’étais que du poison, un poison qui avait touché Maman avant de déclencher la colère et le désespoir de Papa. Ce que ton poison m’a fait, c’est encore pire que ce qu’il a fait à Papa. Tout comme pour Maman, il n’a pas fait que rester en surface, il s’est frayé un chemin, un chemin jusqu’au fin fond de mon être. Ton existence est devenue un point d’interrogation, un « et si ? » constant, un questionnement incessant. Et tu as éveillé en moi un espoir fou, un espoir qui n’aurait jamais dû voir le jour et qui m’a détruit à petit feu. Je t’en voulais et je te voulais à la fois, et je ne pouvais et ne peux toujours pas assumer que j’ai pu ressentir ça. Je voulais une famille, oui. Mais avec toi ? Jamais.

    Peu du temps après la découverte de ton existence, mon père a sans surprise demandé le divorce. A l’époque, quand Papa et Maman me l’avaient annoncé, j’avais été sous le choc. Depuis que j’étais redescendu de ma tour, j’avais essayé de me convaincre du mieux que je pouvais que, malgré l’erreur de Maman, malgré le fait que je ne sois pas le fils de Papa, nous pouvions continuer à vivre ensemble, comme avant. Maman et Papa m’aimaient, non ? Et ils semblaient s’aimer eux aussi, il devait y avoir un moyen de régler ses problèmes d’adultes auxquels je ne comprenais rien. J’avais toujours été le fils de Balthus, je pouvais prétendre toujours l’être même en sachant que ce n’était pas vrai. Je voulais y croire, je voulais y croire plus que tout, parce qu’il n’y avait rien de plus que je ne craignais que de revoir le regard de dégoût et de rejet que m’avait lancé mon père ce soir-là, sous le coup de la colère. J’étais prêt à toujours être son fils, pourquoi ne pouvait-il pas en faire autant ? Bien entendu, quand j’y repense maintenant, désormais que je comprends, je vois mal comment il aurait pu réagir différemment Le divorce, c’était le seul moyen possible non seulement de garder la tête de haute, mais surtout d’ouvrir les yeux, d’effacer le mensonge.

    Pour un gosse de onze ans qui venait de découvrir que sa vie n’était qu’un mensonge, c’était bien plus difficile de faire ce pas en avant. Celle qui m’a aidé à le faire, c’est Ngân Hà. Elle ne m’a jamais réellement dit ce qu’elle faisait ce soir-là sur le toit du même immeuble que le mien (et, à vrai dire, elle ne s’étalait pas vraiment sur sa vie), mais, à part le destin, pour quelle autre raison nous serions-nous retrouvés tous les deux à cet endroit improbable à cette heure improbable ? On a immédiatement sympathisé, tous les deux sans doute aussi désespérés et désemparés par la vie à cet instant précis. La vie à la maison était devenue un calvaire, Maman et Papa ne se parlaient plus, s’ignoraient ou se jetaient des regards noirs quand ils se retrouvaient dans la même pièce, alors je fuyais. Je fuyais à la fois pour échapper à cette tension et par crainte que la réalité ne me rattrape. Ngân Hà, elle avait ce pouvoir de me faire oublier mes problèmes familiaux. De sa propre famille, je ne savais pas grand chose : ses parents travaillaient dans un restaurant vietnamien, et, même si elle semblait avoir une relation quelque peu compliquée avec ses parents, c’était une certitude que la cuisine représentait plus qu’un hobby pour elle : c’était la passion de sa vie.

    J’avais déjà eu de nombreuses fois l’occasion de me mettre à humer les délicieuses odeurs qui se répandaient dans les rues depuis les divers restaurants de Singapour, mais ce n’était rien à côté de faire la cuisine avec Ngân Hà. Elle reconnaissait sans problème les épices, elle connaissait le nom de tous les plats dès qu’elle les voyait et pouvait en réciter la recette les yeux fermés pour la grande majorité. Depuis sa naissance, elle avait sans doute été baigné dans toutes les herbes aromatiques existantes, bercées par l’odeur de l’huile chauffant doucement sur le feu, le palais imprégné des mets des cinq continents. Peut-être que c’était du bourrage de crâne de la part de ses parents, je ne savais pas et je ne sais toujours pas vraiment, c’est à peine si elle les mentionnait. Ce qui était sûr, c’est que grâce à elle, j’ai pu dénicher certaines des meilleures adresses de toute la ville. Elle était passionnée par tout ce qu’elle m’apprenait, et moi j’étais passionné par le monde qu’elle me faisait découvrir. La gastronomie, la manière de préparer et de présenter les plats, c’était une autre manière d’approcher les gens, de comprendre autrui. Les spécialités de chaque région sont représentatives de sa manière de voir le monde et d’y évoluer, de percevoir la terre et ce qu’elle lui apporte. Tellement obsédé par les visages et ce qu’ils exprimaient, je n’avais jamais pensé à envisager les choses comme me les présentait Ngân Hà, pas seulement d'imaginer les inconnus parce qu’il mangeait, mais également par leur manière de prendre leur repas. La délicatesse des gestes japonais rappelant leur attrait pour la nature, et, paradoxalement, la vitesse à laquelle ils mangent leurs plats chauds sans prendre le temps de les laisser refroidir, témoignage d’une vie bien plus pressée que la nôtre. Les couleurs des assiettes des plats indiens et leurs effluves infinies, qui se mêlent les unes aux autres autant qu’elles se battent entre elles pour être la senteur dominante, symbole du multiculturalisme du pays et de toutes les tensions qu’il cause. Maintenant que j’écris ces mots, je me demande toi, ce que tu peux bien manger là où tu es, et ce que je pourrais déduire de toi en étudiant ta manière de prendre tes repas. Mon petit doigt me dit néanmoins qu’un être comme toi ne doit probablement pas manger, ce qui explique ton manque d’humanité envers nous.

    Ngân Hà m’aura permis de ne pas prêter attention à ce qu’il se passait chez nous. Alors que j’apprenais à faire des gyozas, Papa et Maman s’entredéchiraient pour savoir qui aurait quoi lors du divorce. L’ambiance chaleureuse de la cuisine des Long Lôc était à des lieues de celles des Rozenberg. Là où je mangeais à ma faim chez elle, apprenant à reconnaître les différentes épices et à juger de celles les plus adaptées à chaque plat, à assaisonner à la perfection le moindre plat, je mangeais à la maison en tête à tête avec Lieve. Si elle n’avait pas été là, j’aurais sans doute dû être contraint de faire moi-même avec les restes du frigo, Papa et Maman étant toujours trop occupés par la justice pour s’occuper des corvées quotidiennes. Quand Lieve rentrait chez elle, je restais seul à errer dans l’appartement, et que mes parents fussent là ou non n’y changeait rien.

    De nombreuses fois, il m’est arrivé de fuguer et de retrouver Ngân Hà sur le toit où l’on s’était rencontré. Nous passions des nuits entières au-dessus de Singapour, à observer les hommes qui se déplaçaient en silence cent mètres plus bas. C’était Ngân Hà qui désactivait l’alarme, c’était devenu une de ses habitudes : quand elle avait besoin d’être tranquille, elle fuyait sur les toits pour espérer y admirer les étoiles. Elle ne développait jamais beaucoup son passé, les raisons pour lesquelles elle fuyait chez elle, mais son amour pour les étoiles, c’était la deuxième chose qui importait à ses yeux après la cuisine. J’ignore où elle vivait exactement au Vietnam avant d’emménager à Singapour, mais elle devait avoir pour habitude de regarder les étoiles tous les soirs auparavant. Alors, parfois, quand les restaurants fermaient enfin et que les rues se vidaient, parfois simplement traversée d’une voiture isolée, nous tournions notre regard vers le ciel en espérant pouvoir y distinguer les constellations. Avec les lumières des néons et la pollution de la ville et du port, nous parvenions à peine à voir une ou deux étoiles, souvent les mêmes, mais cela nous suffisait. Ngân Hà me racontait à quoi ressemblait le ciel quand il n’était pas nimbé de nuages gris. Je n’avais jamais eu l’occasion de le voir ainsi, entre Singapour et Rotterdam, il était toujours beaucoup trop obstrué. A écouter Ngân Hà le décrire de mémoire, ses formes, ses couleurs, l’intensité du bleu nuit et des points de lumière, je pouvais presque le voir. Un jour, je lui ai promis qu’on partirait retrouver un ciel aussi pur pour y voir la voie lactée qui lui avait donné son nom.

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    Nous n’avons jamais pu partir trouver ce merveilleux ciel. A vrai dire, nos chemins se sont mêmes séparés. Après six longs mois de corvées administratives, de disputes incessantes et de silences orageux, Papa et Maman n’étaient plus mariés, et, n’étant biologiquement pas le fils de Balthus Rozenberg, je fus confié à la garde de Carice Rozenberg désormais Carice Becke. A la manière dont en avait parlé le juge, je n’étais qu’une formalité comme une autre, une possession familiale qu’il fallait répartir au même titre que la télévision ou le canapé. Dans une famille qui n’avait de famille que le nom, je n’étais qu’un objet. Le jour où Maman et moi avons quitté Singapour, c’était une certitude : rien ne serait plus jamais pareil. Plus jamais je ne pourrais avoir un cadre familial stable, plus jamais je ne pourrais faire une quelconque activité avec Maman sans penser au fait que Papa aurait dû être là. Et, à l’instant où nous avons franchi le sas de l’avion, repartant pour Rotterdam, tu as surgi. A annoter mes photos pendant que Ngân Hà me décrivait de mémoire son ciel nocturne, perchés sur notre toit ou à courir autour de l’îlot des Long Lôc à la recherche de la pâte de riz, j’étais vraiment parvenu à oublier ton existence et mes problèmes familiaux. Le temps s’y arrêtait, j’avais l’esprit ailleurs, les pensées tournées vers des idées bien plus joyeuses. Loin de notre toit singapourien qui frôlait le ciel, loin de nos assiettes colorées qui nous évoquaient d’autres horizons, j’étais laissé seul en proie à mes doutes. Et, parmi eux, tu étais le premier de la liste.

    Nous avons vécu un temps à Rotterdam, l’espace de quelques mois. Notre situation n’avait rien de stable, et encore moins d’agréable. Maman et moi vivions plus en collocation qu’autre chose. Je savais qu’elle m’aimait, elle m’avait toujours aimé, mais je ne pouvais désormais plus ignorer tous les petits détails, tous les petits défauts que je ne voulais pas relever avant. Son côté distant, ses trous de mémoire concernant des événements importants à mes yeux, sa manie qu’elle avait de dire qu’elle viendrait m’aider pour mes devoirs sans jamais pointer le bout de son nez, et de parfois négliger de me prévenir quand elle invitait ses amis ou qu’elle rentrait plus tard parce qu’elle travaillait, sans toujours s’excuser pour m’avoir laissé errer seul à la maison. La plupart du temps, je l’attendais au bord du canal, comme autrefois, mon appareil photo entre les mains, mais ce n’était plus comme avant. A prendre des photos d’autrui, je ne rêvais plus à la même chose. Je ne me demandais plus à quoi pouvait bien ressembler leur vie, je n’essayais plus de comprendre ce qui pouvait les faire rire à cet instant présent, je ne voulais plus que savoir si leur vie était mieux que la mienne. Pourquoi avait-il le droit de passer du temps avec leur mère, eux ? Pourquoi avait-il le droit d’avoir deux parents, eux ? Pourquoi avait-il le droit d’être heureux et pas moi ?

    Plusieurs fois, le soir, je me suis surpris à rêver d’un autre monde. A rêver d’un monde où je n’aurais jamais eu à apprendre que je n’étais pas le fils de celui que j’avais toujours cru être mon père, un monde dans lequel ma mère n’aurait pas eu à souffrir autant de ses peines de cœur. Elle se gardait bien de me le dire, mais je ne pouvais plus l’ignorer désormais. J’avais passé trop de temps à observer les traits d’autrui pour ignorer toute la souffrance dans son regard. Ce n’était pas du regard, c’était de la pure mélancolie. Je ne pouvais pas en avoir la certitude, bien entendu, mais une intuition, un vague souvenir des disputes entre mon père et ma mère me faisait penser que c’était toi, la source de cette mélancolie. Que, depuis ses onze dernières années, elle n’arrivait pas à t’effacer de sa mémoire. Je te détestais encore plus pour ça, tu sais ? Maman était pleine de défauts, mais c’était tout ce qui faisait qu’elle était humaine, et, malgré tout ses défauts, malgré ses mensonges, je l’aimais. C’était un amour complexe, certes, comme souvent entre un enfant et ses parents, mais je l’aimais malgré tout. Et ton absence la faisait souffrir, elle n’arrivait pas à se construire une vie. Chaque semaine ou presque, un visage nouveau surgissait à la maison, et chaque fois qu’il disparaissait Maman s’enfermait dans la cuisine pour descendre des verres en cachette. Elle pensait que je n’étais pas au courant, mais je voyais bien les bouteilles disparaître de notre cave.

    Pour moi, pour Maman, je me suis mis à rêver d’un autre monde, un monde où tu serais là, et je me suis mis à souhaiter que tu reviennes parmi nous, plus que tout au monde. Ngân Hà m’avait parlé des étoiles filantes, et que, lorsque l’on en voyait une et que l’on se mettait à souhaiter quelque chose, elle se réalisait. Je n’avais jamais vu aucune étoile filante à Rotterdam et j’étais conscient que je n’en verrais jamais aucune ici, alors, un soir, pour Maman et moi, j’ai fugué. J’ai enfourché mon vélo, et j’ai pédalé vite, loin, très loin. Trouver un coin non urbanisé, d’autant plus en Hollande-Méridionale, ça relève presque de l’impossible. Ce n’est pas pour rien que je n’avais jamais vu ce ciel étoilé dont me parlait Ngân Hà, du moins pas ailleurs qu’en photo sur Google Images. Sauf que j’avais un plan, le parc de Biebosch. Visité il y a des années de cela, quand tout allait encore bien entre Maman et moi. C’était un signe de chance, un signe que notre bonheur pouvait repartir de là. La route était longue, mais cela valait le coup.

    Et j’ai fait un vœu à chaque étoile filante qui passait dans le ciel, formulé au creux de mon cœur afin d’être certains qu’aucune oreille indiscrète ne l’entende et ne vienne gâcher sa réalisation. J’ai souhaité que tout aille mieux, que Maman sourie à nouveau, que Papa lui pardonne et me redonne de ses nouvelles, que Maman aime, que nous ayons de nouveau l’impression d’être une famille, à deux ou trois, peu importe. Et oui, j’ai souhaité que tu viennes. J’ai souhaité te rencontrer, te voir enfin de mes propres yeux, comprendre, crier moi aussi, t’en vouloir avant de te pardonner, parce que, après tout, tu étais mon père, tu ne pouvais pas avoir mauvais fond, non ? Si je pouvais remonter le temps, si tu savais à quel point je me giflerais pour avoir voulu ça, j’ai gâché bêtement mes étoiles filantes en espérant un retour que je ne pouvais et ne pourrais jamais avoir. En y repensant aujourd’hui, je me demande même ce qui m’est passé par la tête pour souhaiter ça…parce que si tu étais revenu comme une fleur, toi, Hermès, dieu de la mythologie grecque qui devait sans doute t’être tapé bien d’autres gens après et avant ma mère, je ne t’aurais jamais pardonné. Je voulais voir ma mère heureuse, et, même si mon intuition me disait que c’était toi qui lui rendrais son bonheur, maintenant que je sais la vérité, je préfère te savoir loin d’elle. Tout comme je me préfère loin de ce que tu as fait d’elle.

    Quelques jours seulement après mon escapade, Maman m’avait présenté Hamish. J’avais imaginé que ce serait comme tous les autres, l’espace d’une poignée de journées, le temps de quelques sourires qui finiraient par s’effacer parce que Hamish ne pourrait jamais être toi. Sauf que, un mois plus tard, il était toujours là. C’était peut-être un peu précipiter les choses, mais nous avons finis par déménager pour se rapprocher de son domicile quand il n’était pas en déplacement : Maman n’avait plus eu de relations aussi longues depuis…depuis toujours en fait. C’est comme ça que nous nous sommes retrouvés à découvrir Londres. A trois. Ce fut sympathique, du moins l’espace d’un moment. Trois semaines après avoir emménagé, Hamish et Maman se sont séparés, sans que je n’en connaisse officiellement les raisons, Elles étaient évidentes. Toi. Il y a eu Rosa, après, puis Paula, suivie de Samuel, Michaël, Camille. Désormais que nous avions quittés Rotterdam, Maman avait bien moins de problèmes avec le fait de déménager. Parfois, nous ne défaisions même pas les cartons. J’ai dormi dans certains appartements avec mes affaires emballées dans un coin et un matelas par terre en guise de mobilier et de décoration. Rapidement, j’ai appris à voyager léger, à abandonner derrière moi toutes les choses que je ramassais et volais en me disant qu’elles me serviraient un jour. Un mois, nous étions à Londres, le suivant nous étions à Chicago. J’avais toujours rêvé de voir le monde, de pouvoir découvrir chacun de ses paysages que j’avais vu des centaines de fois en photos, de ceux dont parlaient les touristes avec des étoiles dans les yeux. Mais ça, c’était l’opposé de ce que j’avais imaginé. Ce n’était même pas du roadtrip, c’était simplement aller de ville en ville, donner l’impression de les avoir vues sans en avoir effleuré autre chose que la couche de poussière en surface, voir ma mère se briser une nouvelle fois et recommencer. Les Pays-Bas me manquaient, notre quotidien certes peu rose de Rotterdam me manquait. Je voulais rentrer à la maison, retirer tous les vœux que j’avais pu faire dans le parc de Biebosch, effacer ses derniers mois. J’avais vu la peine dans le regard de ma mère, dans les bouteilles de vins vidées dans un coin de la cuisine, mais elle venait désormais me frapper de plein fouet : j’avais l’impression de perdre pied. Avec Hamish, j’avais eu un espoir, l’espoir d’avoir de nouveau une famille, mais il avait été soufflé aussi vite qu’une bougie d’anniversaire. Depuis, je sentais qu’une partie de moi s’était éteinte. A aller à gauche et à droite sans cesse, je ne savais plus qui j’étais, je me perdais, sans point de repère, tout en sachant pertinemment en permanence où je me trouvais. J’avais le sentiment d’être un paradoxe à moi tout seul, un paradoxe incompréhensible et insoluble, sans personne pour me tendre la main et m’aider à démêler les fils. Je n’arrivais plus à avoir confiance dans ce que mon cœur espérait. Tout ce qu’il avait jamais souhaité ne s’était avéré que chimère.

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  • Au bout de huit mois de vagabondage où nous avions finis par simplement prendre des chambres d’hôtel, Maman s’est soudainement arrêté dans sa course. Nous ne sommes pas passés par l’étape hôtel, nous avons directement emménagé chez Bruce. Je ne me suis pas posé de questions, je voulais plus m’en poser. Nous avions quitté Singapour depuis à peine plus d’un an, et les choses ne cessaient d’empirer chaque fois que j’espérais que Maman ait rencontré la bonne personne, enfin. Sauf que j’ai rapidement compris qu’il y avait quelque chose de différent cette fois-ci, et pas nécessairement quelque chose de bien. Je pouvais jouer les optimistes longtemps, il était clair que Maman ne pourrait jamais avoir de relations stables avec quiconque, et que je ne pourrais jamais avoir de cadre stable dans lequel passer mon adolescence n’ont plus. Là, quelque chose clochait. Maman ne semblait pas se départir de ce regard triste habituel, insatisfait, et nous étions pourtant là. Nous avions un vrai toit, Bruce essayait de s’occuper de moi, Maman avait déballé tous ses cartons…Pas moi. Je savais que quelque chose m’échappait, et m’installer dans la chambre que m’avait désigné Bruce, c’était comme accepter qu’il pourrait être le bon, et je ne voulais pas de nouveau voir mon monde s’écrouler, quand bien même Bruce était une très bonne personne.

    Quand le mois de mai a pointé son nez, j’ai su que j’avais eu raison de ne pas me précipiter, d’être aussi impulsif que Maman. Elle avait trouvé le meilleur moyen pour se donner une raison de ne pas quitter Bruce et sa maison d’Austin : tomber enceinte. Je crois qu’elle n’a pas compris ma colère ce jour-là. Même moi, je me demande si elle était fondée, ce n’était pas la place d’un gamin de douze ans de remettre en question la manière que sa mère avait de gérer sa vie. Peut-être qu’elle se sentait en mesure de le ou la gérer, après tout. Sauf que je la connaissais, bien plus que Bruce : elle ne tiendrait pas, de nouveau. Je n’avais jamais vu Maman réellement amoureuse de qui que ce soit depuis ma naissance, mais j’avais vu l’éclat qui brillait dans ses yeux quand elle rencontrait l’inconnu et que celui-ci attisait sa curiosité et sa soif d’aventures. Bruce, cette étincelle, il l’avait éteint depuis longtemps. Dans les yeux de Maman, il n’y avait plus que la tristesse, la tristesse d’une future mère qui ne pouvait pas se permettre de noyer son chagrin dans de l’alcool. Le soir de notre dispute, la tension était palpable à table. Je ne sais pas si Bruce avait conscience de qui était la future mère de son enfant, mais ce n’était pas à moi de lui dire. De la famille houleuse qu’ils allaient former d’ici sept mois, je ne voulais pas en être. J’avais appris à voyager léger, et bien ça me serait utile : le soir même, j’étais sur les routes.

    Plus ou moins consciemment ou pas, j’avais toujours eu conscience de là où je me trouvais. C’était un fait indéniable, je fermais les yeux et je visualisais les longitudes et les latitudes du globe, ainsi le croisement où je me trouvais. Peu importe la direction que je prendrais, je saurais toujours comment rentrer à la maison. Et je saurais également toujours comment ne pas y retourner. Maman ne pourrait jamais m’offrir ce dont j’avais besoin, perdue dans son passé. Jamais nous n’avions vécu sur le même plan d’existence, peu importe nos tentatives, il y avait toujours un décalage entre nous, et il y en aurait toujours un. Jamais je ne pourrais avoir une famille. Je ne désirais, rien d’extravagant, simplement quelqu’un qui saurait me comprendre, me guider et ne pas m’oublier. Ce qu’il allait advenir de la famille nichée au 8818 Clearbrook Trail d’Austin, je savais que ça ne pouvait rien être de bon. Maman allait être encore plus brisée qu’elle ne l’avait jamais été, Bruce finirait sans doute par se séparer d’elle, une fois de plus, et, quant à cet enfant qui allait naître, il grandirait sans doute dans un environnement instable. C’était égoïste de ma part de laisser Maman ainsi, de partir du jour au lendemain comme tu avais sans doute dû le faire quand tu avais appris qu’elle était enceinte. Je ne vaux pas mieux que toi, après tout, non ? Je ne pouvais plus supporter de vivre dans l’angoisse permanente. J’avais déjà fugué, l’espace d’une nuit, mais là, c’était différent, j’étais certain de ne plus vouloir rentrer. Je ne peux pas vraiment dire si c’est une décision mûrement réfléchie ou pas, j’ai quitté Austin en coup de vent. De nombreuses fois, je me suis demandé si je ne devais pas faire demi-tour, retrouver Maman et m’excuser des inquiétudes que j’avais pu lui infliger, l’aider à tenir le coup et, pourquoi pas, à élever ce futur enfant dont elle ne pourrait pas assurer pleinement l’éducation. La peur et le doute ont pris le dessus et, en atteignant la banlieue d’Austin, je ne voulais plus que voir où me mènerait le voyage.

    Seul sur les routes, j’ai fait comme j’ai pu pour mettre à contribution les ressources que j’avais. Rapidement, je n’ai plus rien eu à manger, alors il a fallu que je fasse des courses, et en veillant à ne pas céder à la tentation de n’acheter que des sucreries. Je dormais à la belle étoile, à l'écart des villes, au milieu d’un champ, m’assurant d’être toujours assez loin pour que la police ne me retrouve pas si Maman lançait un avis de recherche. Je vivais au jour le jour avec l’argent que j’avais réussi à voler à Bruce avant de partir et je me sentais libre. J’étais complètement seul et le monde s’étalait sous mes yeux. Il m’arrivait certains jours de pédaler des heures en pleine campagne sans croiser quiconque et parfois de n’adresser la parole à personne pendant près d’une semaine. Ma voix me surprenait même un peu parfois, tant elle était caverneuse. Ce n’était pas ainsi que j’avais imaginé parcourir le monde, à vivre de chapardage en pédalant jour après jour. Et puis, quand bien même, c’était l’été, que ferais-je quand l’hiver viendrait ? Rester dehors, même en allant plus au sud, ce serait du suicide. Parfois, je me disais qu’un jour, je n’aurais pas le choix, je devrais rentrer au Texas. D’autres jours, je m’apercevais que la maison ne me manquait pas, que je ne pensais absolument pas à mes cartons emballés dans un coin qui attendaient mon retour, à la famille qu’était peut-être enfin de construire ma mère sans que je n’en fasse partie. Je filais vers le nord, un poids en moins sur la poitrine, n’ayant plus à souffrir des peines de ma mère. Je me sentais parfois comme un enfant monstrueux de lui infliger ça, de me réjouir de ne plus avoir à assister en silence à ses dépressions, et puis je me rappelais que c’était toi qui étais à l’origine de tout ça.

    Il m’arrivait de penser à toi. Quand j’étais en ville pour faire mes courses, je collectionnais les visages, et, souvent, je me demandais si celui que je venais de prendre en photo ou de dessiner n’était pas le tien. Je vivais de rencontres éphémères, de conversations surprenantes, le plus souvent venant de personnes âgées errant sur les bancs ou d’enfants lassés de jouer dans le bac à sable, curieux de ce garçon de douze ans qui se baladait dans le parc avec son vélo et son appareil photo à pellicules. Sans trop savoir comment, je retenais ce que l’on me disait, je consignais les points de vue que m’exposaient tout un chacun sur le monde. Jour après jour, mon carnet s’épaississait d’informations récoltées sur tout ce que je croisais et qui voulait bien me donner leur nom. Certains s’inquiétaient pour moi, parfois, se demandaient ce que je faisais là et proposer de m’aider à retrouver mes parents, et, chaque fois, c’était le signal qu’il était temps que je quitte la ville.

    Je craignais toujours que l’on me retrouve, que quelqu’un me prive de cette soudaine sensation que j’avais de pouvoir aller où je voulais. Certes, j’errais, j’étais complètement perdu et je n’avais pas de réels points de repères, complètement ironique pour quelqu’un qui savait toujours où se placer sur une carte, mais, pour la première fois, je découvrais le monde. J’avais toujours vécu en ville, à mes yeux, découvrir le monde, c’était le découvrir par ce que m’en racontait autrui. Pouvoir le contempler avec mes propres yeux, ça n’avait rien à voir. Sans le prisme de leurs yeux et de leurs mots, l’immensité tout autant que l’exigüité décrites prenait tout son sens. Il y avait quelque chose de merveilleux à écouter un ancien aventurier nous parler de son voyage au cœur de la jungle congolaise et de sa faune méconnue, de captivant à voir le regard d’une personne désormais bien trop âgée pour voyager se rappeler ses grandes épopées dans les Rocheuses canadiennes, mais c’était magique de pouvoir enfin contempler les grandes plaines états-uniennes, leurs champs sans fin qui auraient fait rêver les écrans Windows, leurs maisons pointant leur bout de leur nez au milieu d’un champ désert et leurs petites villes que l’on osait appeler ainsi seulement parce que dix péquenauds s’y étaient rassemblés. Jour après jour, j’avalais les kilomètres sous les roues de mon vélo, profitant du VTT pour parfois me perdre au milieu des champs de blés. Pourquoi j’allais toujours vers le nord ? C’est une excellente question, à laquelle je n’avais pas de réponse. Au sud du Texas, il y avait la mer, et, j’avais beau adoré la voir, je l’avais connue toute ma vie, et je voulais voir les terres et ce qu’elles avaient à offrir.

    J’ai pleuré plus d’une fois. Pas parce que la maison me manquait, et encore moins parce qu’elle ne me manquait pas. Je me demandais si là n’était pas mon destin, d’errer sur les routes, de n’appartenir à nulle part. Découvrir ses paysages, ça me donnait l’impression de respirer un nouvel air, un air plus pur, enivrant de liberté. Néanmoins, plus les jours passaient, plus la solitude me pesait. Vivre au jour le jour, se nourrir de ce que les arbres fruitiers avaient à offrir, se laver dans les rivières, sécher au soleil et dormir à la belle étoile, c’était magique. Tout ceux que je croisais et qui me parlait de leur propre voyage me disait la même chose. Oublier le monde capitaliste, son travail, ses soucis, le bruit de la ville pour venir se réfugier en famille ou entre amis dans un coin de verdure. Ça vendait du rêve et, effectivement, ça en était un, sauf que je ne le vivais aucunement comme eux. Je ne m’évadais pas pour oublier mes problèmes comme ils pouvaient le faire, je les fuyais. Ils avaient leurs compagnons de voyage avec qui partager ce moment de tranquillité, je ne le partageais qu’avec mon carnet de photos et de dessins qui menaçaient de ne plus pouvoir accueillir de nouvelles rencontres.
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  • Un jour, j’ai atteint le Mont Rushmore, et j’ai décidé de filer à l’ouest sur les conseils d’une historienne. A la Devil’s Tower, j’ai filé au sud. Je n’avais pas vraiment d’endroit où aller, je ne connaissais pas la géographie états-unienne, alors je suivais les indications, et comment pouvais-je ne pas écouter les conseils d’un quarantenaire souriant qui venait d’escalader ce relief ? De toute façon, je ne pouvais pas me perdre, alors je pouvais aller où je voulais, hein Papa ? A force de rouler, d’aller à gauche et à droite, j’avais presque fini par oublier ton existence, ce point d’interrogation que tu étais. Ne plus avoir ce doute constant, ça me faisait du bien. Au bout d’un mois sur les routes avec mon sac de couchage, j’avais compris que je ne pourrais jamais avoir de famille et que j’étais condamné à être seul. J’étais triste, bien entendu, mais au moins je n’aurais plus à souffrir en me berçant de faux-espoirs d’enfin voir ma mère heureuse et de te voir revenir un jour, toi que j’ai malgré moi fini par idéaliser. Sauf que tu ne devais pas apprécier me voir arriver à ce constat, toi ou quelqu’un de ta famille. A peine avais-je atteint Denver que ma roue avant a crevé. Je savais que je pourrais trouver une pompe et n’importe quoi qui conviendrait le temps de tomber sur une vraie roue et d’en changer, alors je ne m’en suis pas vraiment inquiété. Au bout d’un miles, on a proposé de me prendre en stop, et j’ai accepté. Je ne sais pas exactement qui était le gars qui m’a conduit jusqu’au Walmart, mais pas sûr qu’il fût très intelligent. Je manquais d’argent, et il a proposé de racheter mon VTT à la roue crevée. Marcher serait plus pénible, mais j’allais attaquer les Rocheuses, alors j’ai accepté de lui vendre, sans lui dire que, 150$, c’était cher payé pour un vélo qui avait fait tant de miles : j’avais besoin d’argent.

    Je n’étais jamais resté aussi longtemps dans une ville, et pourtant Denver n’avait rien de particulier. Par moment, je me dis que je n’aurais pas dû, que mes problèmes actuels, que
    tes problèmes viennent de là. Sur le moment, ça m’avait paru être une bonne décision. J’avais 180$ en poche, plus de moyen de transport, et j’avais envie plus que tout d’aller dans les Rocheuses. J’aurais pu y aller à pied, mais cela faisait loin et, depuis le temps que je pédalais dans les Grandes Plaines, j’avais besoin de me poser et de sentir la route se dérouler sous mes pas sans avoir à appuyer sur une quelconque pédale. Au bout de deux jours, je suis tombé sur un groupe de trois jeunes qui déjeunaient dans un parc, nous nous ne sommes rapidement appréciés et ils ont accepté de m’emmener. Quelques heures plus tard je touchais la cime des nuages. Le regard tourné vers le ciel et les sommets encore enneigés des crêtes rocheuses, je riais en compagnie d’une bande de joyeux troubadours, oubliant le reste, oubliant Austin, oubliant ma mère, oubliant ton existence, Ngân Hà, Singapour, Rotterdam, même le fait que j’étais perdu. Je ne pensais pas que j’avais ma place là-haut, pas plus que je ne l’avais en bas. Pour la première fois, je n’avais pas ce sentiment constant que de savoir où j’étais précisément n’était qu’une preuve de plus que j’étais seul et isolé, n’appartenant à nulle part sur terre. Je ne m’en préoccupai simplement pas.

    Peut-être que j’aurais dû finalement. Peut-être que j’aurais dû m’inquiéter plus tôt, arrêter de fixer avec des yeux émerveillés les nuages se retrouver bloqués contre ces montagnes massives. Si j’avais ouvert les yeux, peut-être aurais-je pu fuir plus tôt quand les monstres se sont attaqués à moi. Je n’ai pas tout de suite compris que j’avais perdu le trio festif, à force de savoir où l’on est, on en oublie que ça ne signifie pas qu’il en est de même pour tout le monde. La nuit tombait, je marchais gaiement en fixant les étoiles. Plus encore que dans les plaines, le ciel nocturne captait mon regard : je n’avais jamais vu les étoiles aussi brillantes, point de lumière sur un épais drap bleu nuit, je n’avais vu la voie lactée aussi distinctement, tracé de poudre blanche dont je ne voyais pas la fin. Et là, était-ce la galaxie d’Andromède ? Obnubilé par le ciel, cherchant à me rappeler les leçons de Ngân Hà, j’étais une proie facile, et la harpie l’a parfaitement compris.

    Une tâche sombre dont mon amie ne m’avait jamais parlé est venue obscurcir le ciel, et, quelques secondes plus tard, j’étais à terre, une masse informe au-dessus de moi. Ce jour-là, j’ai vraiment cru que j’allais mourir sous les coups de ses griffes, seul au milieu des montagnes, dans l’ignorance la plus totale. On aurait probablement retrouvé mon corps lacéré des semaines plus tard, le sang séché depuis longtemps et les plaies béantes en putréfaction. J’aurais été dans la mort comme j’avais été dans la vie : une incompréhension, un bug dans la matrice, un point d’interrogation sans question, un mystère que personne ne voulait se donner la peine de résoudre. Alors que je sortais des lambeaux de peau partir, mon visage se recouvrir de sang, je ne luttais pas. A quoi bon ? peut-être que je devais finir comme ça, que c’était ma punition pour ne pas être resté avec ma mère, pour avoir cru qu’un gamin de douze ans pouvait faire sa vie de vagabond à la recherche d’un monde meilleur. C’était ma condamnation : souffrir autant que ma mère avait pu souffrir. Qu’avais-je fait subir à ma mère le jour où elle avait découvert mon lit vide ? Est-ce qu’elle aussi avait-eu cette impression de n’être qu’une cible, de se sentir se vider aussi soudainement que douloureusement ? A mesure que les coups pleuvaient, la souffrance des premières brûlures s’amenuisaient, laissant place au constat amer que oui, c’était bien la fin. Chair apparente, veines ouvertes, vêtements poisseux de sang, je fixais le ciel en pensant à l’ironie de la situation : la dernière chose que je verrais, c’était ce ciel que Ngân Hà et moi nous étions promis de trouver.

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    Mais si je te parle aujourd’hui, tu te doutes bien que je ne suis pas mort ce soir-là, noyé entre les plumes d’une harpie furieuse et mon propre sang formant une flaque sous mon corps immobile. Il y a eu un cri, puis un autre. Ils se répondaient en écho, mais je ne pouvais voir d’où provenaient les voix, écrasé sous le poids de la femme ailée au-dessus de moi. Les cris suffirent néanmoins à la déconcentrer, et je parvins à retrouver un peu d’air frais, son genou cessant de me comprimer la poitrine. Le regard flou, la tête tournant car de moins en moins alimentée, je ne parvenais pas à comprendre quel spectacle s’offrait à moi. La dernière vision que j’ai eue avant de m’évanouir dans les bois, scène que je n’oublierai jamais, c’était l’image d’un gamin de douze ans et de son père qui sautaient mutuellement sur la créature ailée, imitant des cris d’amérindiens.

    Après tant de temps passé à aller à gauche à droite, sans aucun point de repère, brise malmenée par les vents plus forts que moi, rencontrer les Pahinui, ce fut l’éclair qui arrête la tempête. D’un coup, je me suis retrouvé face à un mur, dans un environnement stable que je n’avais plus connu depuis avant…avant tout ça. Je m’y sentais comme un inconnu. Manui et Kahau Pahiniui, père et fils, duo improbable dans lequel je n’avais pas ma place. Les premiers jours, le décalage était flagrant. Alité, je ne comprenais pas pourquoi ces deux hyperactifs ne poursuivaient pas leur route, où qu’elle fut censée les mener. C’était une évidence, je les freinais dans leur course, Manui s’était posé plusieurs fois la question et, même s’il haussait chaque fois les épaules en guise de réponses, je n’étais pas dupe au fait que j’étais littéralement un poids mort. Pourquoi ne m’avaient-ils pas laissé dans un quelconque hôpital de Denver ? Je me posais sans cesse la question, sans parvenir à pouvoir la laisser franchir mes lèvres.

    Quand bien même la douleur du moindre mouvement m’empêchait de pouvoir parler, je ne voulais sans doute pas le dire à voix haute par crainte de la réponse. Parce que même en sachant que je n’avais pas ma place ici, dans cette espèce de cocon de bonheur, je m’y sentais bien. Pour la première fois depuis des mois, je ne me demandais plus où j’irais demain, où me mènerait ma route, et si je n’allais pas me perdre encore plus à chercher ce que je ne pouvais obtenir. Pour la première fois, je ne me sentais pas perdu, j’ignorais complètement cette part de moi qui me disait que je me trouvais à la latitude 45°N. Je ne me préoccupais pas de demain, simplement de regarder par la fenêtre du motel un autre garçon de mon âge faire le funambule sur la barrière qui encerclait la piscine, sous les yeux de son père qui l’encourageait à faire un salto avant une fois arrivé au bout. Si incongru. Si insolite. Si intriguant. Si captivant.

    Les Pahinui, je ne les comprenais pas. J’avais imaginé de nombreuses histoires concernant les touristes et autres promeneurs qui se baladaient le long du canal en bas de chez moi à Rotterdam, mais je n’aurai jamais pu inventer quelque chose d’aussi particulier que cette famille. Quand j’y pense, c’est assez ironique : à cette époque-là, je n’avais pas encore conscience des problèmes qui existaient au sein de mon cocon familial, et pourtant mon cerveau n’aurait jamais pu imaginer une telle harmonie entre un père et son fils. La majorité du temps, ils ne se parlaient même pas, ils avaient leur propre langage, leur propre manière de communiquer aussi bien entre eux qu’avec le reste du monde. Quand mon esprit était assez éveillé pour rester concentré, je ne pouvais m’empêcher de les épier, d’observer cette dynamique mystérieuse. Contempler cette relation père/fils occupait toutes mes journées de convalescence. Chaque fois, c’était comme si je les redécouvrais. Parfois, j’essayai de prendre part à leur jeu, de deviner leurs pensées. Sans surprise, j’essuyais échec sur échec. Il fallait que je me fasse à l’évidence : les Pahinui n’étaient pas destinés à être autre chose qu’un duo. Il formait une famille à part, et, sans lien de sang avec eux, je ne pouvais pas prétendre en faire partie.

    Un jour, le plus jeune, Kahau, m’a donné un « médicament » qui m’a remis sur pied du jour au lendemain. Je n’y connaissais rien en médecine, mais, même pour moi, un tel remède me semblait inimaginable. Mes plaies ont entièrement fini de cicatriser, mon sang se regénérer, j’ai senti mes forces me regagner. Sans que je ne comprenne pourquoi, Manui s’est énervé pour la première fois contre Kahau depuis que je vivais avec eux, du moins jusqu’à ce qu’il me voit rétabli. La scène était déjà étrange, jusqu’à ce que je comprenne pourquoi Manui s’était énervé : un simple mortel aurait brûlé de l’intérieur en ingérant de l’ambroisie. Ce soir-là, j’ai appris que mon père, mon géniteur, toi, tu étais un dieu. Dire que cette découverte a fait s’écrouler mon monde serait un doux euphémisme. Te savoir Olympien, ça a plus eu un effet de tsunami., l’information avait un peu de mal à passer.

    Heureusement, les Pahinui étaient là. Ils n’en avaient pas l’air, tous les deux, enfantins à la moindre occasion, mais ils savaient écouter, comprendre, et s’adapter à leur interlocuteur. En l’occurrence, là, je n’étais pas prêt à ce qu'il m’abreuve d’encore plus que ce que je ne savais déjà. Avaler que j’étais sang-mêlé, c’était déjà amplement suffisant, il n’était pas nécessaire de me parler de tous les pères potentiels que je pourrais avoir où j’écoperais d’une sérieuse nausée. Ils prenaient leur temps, et je ne les remercierais jamais assez d’avoir fait leur possible pour que je parvienne à digérer cette improbable vérité, chacun à leur manière. Manui jouait les psychologues. Kahau, lui, profitait du fait que j’étais désormais en mesure de marcher pour me changer les idées. Un peu à la manière d’une Ngân Hà avec la cuisine, sauf que son côté il s’agissait plutôt de tenter le diable à chaque instant. Les pics d’adrénaline qu’engendraient nos aventures étaient le meilleur remède à la dépression que je traversais.

    Comme j’étais rétabli, nous avons fini par reprendre la route, Kahau a fini par m’expliquer pourquoi ils étaient sur la route, tous les deux : comme Kahau allait avoir treize ans, il était temps pour lui de rejoindre la Colonie des Sang-Mêlé. Lorsqu’ils m’avaient proposé de les accompagner, mon cœur avait manqué un battement. Une petite voix se disait que cela me permettrait d’en apprendre plus sur toi, sur ton monde, mais je l’ai vite chassée. Si j’ai accepté, ce n’était pas à cause de toi. A voir le paysage défiler à l’arrière de la voiture des Pahinui, à remettre en question tout ce que j’avais vécu maintenant que je savais pour ta nature divine. Je comprenais mieux pourquoi je n’avais jamais entendu parler de toi et pourquoi je ne te verrais jamais. Et, après mûres réflexions, j’étais désormais certains d’une chose : cette quête paternelle était vaine, inutile et débile. Tu n’avais jamais rien été pour moi, et tu ne serais jamais rien à mes yeux.

    Si j’ai suivi les Pahinui jusqu’à Long Island, c’est grâce à Kahau. Au fil de nos aventures, nos combats à mains nues, nos farces à son père, nos vaines tentatives à parvenir à courir sur l’eau, j’en suis venu à me dire que, finalement, le duo pouvait finir trio. C’était la première fois que je rencontrai quelqu’un qui me témoignait autant de temps et d’affection en-dehors de ma mère. Il y avait bien eu Ngân Hà, mais ce n’était pas la même chose : avec Kahau, j’avais l’impression d’atteindre quelque chose de nouveau, et je voulais en découvrir plus sur lui. Il dépassait toute logique, tout sens. Ses idées déjantées, son humour fou, son énergie infinie…, son existence me perdait comme jamais je n’avais été perdu. A ses côtés, j’avais envie de me laisser porter par la vie et « plonger dans le vide » comme il aimait tant le faire. En quelques semaines de traversée du territoire états-uniens, j’ai su que je pouvais entièrement lui faire confiance. Je me suis peut-être attaché trop vite à son rire et son imprévisibilité, mais désormais que je goûtais à ce bonheur, je refusais de retourner errer dans les Rocheuses. Où qu’il aille, je voulais en apprendre plus sur lui, rester à ses côtés, peu importe si cela signifiait que je devais rejoindre le lieu où je serai le plus confronté à ton existence.

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    Il y a dix jours, nous sommes arrivés à la Colonie. Kahau est resté avec moi les trois premiers jours, jusqu’à ce qu’il ne fête ses treize ans et qu’Iris, la déesse de l’arc-en-ciel, ne le reconnaisse. Il a quitté le bungalow d’Hermès et les non-revendiqués pour le bungalow 14 et ses pierres multicolores. Sur ma paillasse du 11, j’ai rêvé qu’Iris me reconnaisse à son tour, que j’apprenne que j’étais son frère et que nous mettions le 14 s’en dessus-dessous tous les deux. Mais je savais pertinemment que ma mère était bel et bien ma mère, et que mon parent divin était un homme. Quoiqu’il advienne, je ne pouvais pas être le frère de Kahau. Mais mes treize ans étaient encore dans deux mois, j’aurais encore longtemps avant que tu me reconnaisses. C’est ce que tu m’as laissé croire pendant une semaine, ça t’as amusé, pas vrai, hein ?

    Contrairement à moi, Kahau s’est fait bien plus vite à la vie de la Colonie. Très vite, il s’est mis à se faire des connaissances et amis aussi bien parmi ses frères et sœurs que dans les autres bungalows. A de nombreuses reprises, je le voyais traîner avec d’autres pensionnaires, que ce soit pour une course de canoë, une bataille aux Arènes ou une simple partie de basketball. De mon côté, j’avais bien plus de mal avec toute l’agitation autour de moi, de découvrir qu’autant de personnes que moi avait un parent divin et peut-être une histoire semblable à la mienne…ou à celle de Kahau. Combien d’entre eux avait conscience de qui était leur père ou mère depuis le début ? Ils semblaient tous vivre dans une telle harmonie, tellement heureux de se retrouver et d’apprendre leur nature divine ensemble. Comment pouvais-je me mêler à eux alors que, de mon côté, je la rejette ?

    On m’a expliqué qu’il est rare que les dieux revendiquent leurs enfants avant leurs treize ans, à moins qu’ils ne considèrent que cet enfant est destiné à la gloire. Ce midi, dans la surprise générale, tu m’as nimbé de ta lumière au cœur du Pavillon-Réfectoire. Ton caducée s’est mis à briller au-dessus de ma tête sans que je n’en comprenne le sens, jusqu’à ce que quelqu’un à la table des 11 ne m’accueille comme son frère. Voilà. Vaast Rozenberg, fils d’Hermès, du bungalow 11 de la Colonie des Sang-Mêlé. Comme si tout était aussi simple, comme si la revendication suffisait à ce que je me sente reconnu par
    toi, que je sache où j’en suis. A quoi est-ce que tu t’attendais exactement ? A ce que je saute de joie ? Plus encore, qu’attends-tu de moi ? Pourquoi m’avoir revendiqué avec près de deux mois d’avance ? J’étais parvenu à plus ou moins te chasser et tu es revenu comme une bourrasque comme pour me hanter. Je suis sûr que tu prends un malin plaisir à me faire souffrir ainsi. J’ai ressenti le besoin immédiat de venir cracher un peu du venin que j’ai dû hériter de tes serpents sur le papier.

    Je refuse d’être ton pantin. Je trace ma route. Dès la fin de la saison estivale, je quitte la Colonie et je reprends les routes du vagabondage. Ni Kahau, ni toi, ni personne dans ce monde n’est digne de confiance.

    Tu n’imagines pas à quel point je te hais,

    Un des rejetons que tu as décidé de laisser sur Terre (ne prends pas la peine de chercher lequel),
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Le 19 mars 2020,
Plage de Kalihiwai, Kauai, Hawaii, Etats-Unis,

À Hermès, dieu des messagers, des marchands, des voleurs, des voyageurs, des langues, gardien des routes et des carrefours, protecteur des cultures humaines,
Où qu'il se trouve sur l'Olympe,


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  • Près de trois ans se sont écoulés depuis que je t’ai rédigé ma dernière « lettre », celle que je ne t’ai jamais envoyée. Ne te méprends pas, hier comme aujourd’hui, je ne pense pas que mes sentiments envers toi aient vraiment changé. Disons simplement que ma haine ne s’est pas envolée ni vraiment amenuisée, je passe juste outre ton existence au quotidien. Je fais comme tu as toujours fait avec moi, il ne faut pas que tu te sentes offensé. Tu n’as jamais été là pour moi, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas te rendre la pareille. Alors pourquoi t’écrire aujourd’hui ? Ma marraine la bonne fée m’a convaincu que mettre les choses au clair ne pourraient être que bénéfique pour moi-même.

    Il y a trois ans, j’ai fait fausse route. Pas par rapport à ta reconnaissance prématurée, ça, je ne comprends pas et ne comprendrais sans doute jamais qu’elle mouche t’a piqué. Non, j’ai fait fausse route concernant Kahau. Bien trop perdu dans ma haine pour toi, je l’ai négligé, et j’ai négligé ce que l’on avait vécu ensemble. Quoiqu’il ait pu vivre avec les autres demi-dieux et ses nouveaux frères et sœurs, c’est vers moi qu’il est venu à la fin de l’été pour me demander s’il voulait que je le rejoigne lui et son père à Kilauea. Je me souviens très clairement que, ce matin-là, j’avais déjà préparé mon baluchon : j’étais prêt à partir pour le grand monde et à ne plus jamais remettre les pieds à la Colonie, à ne plus jamais entendre parler de toi. Telle la fleur qu’il est, Kahau est venu éclore et ramener un peu de couleurs dans mes pensées. Imprévisible et tête en l’air qu’il est, il avait oublié de me prévenir que lui et son père étaient prêts à m’accueillir à Kauai.

    Si tu lis les adresses depuis le début, tu comprendras aisément quelle décision j’ai prise. J’ai décidé de laisser de nouveau sa chance à Kahau, en souvenir des superbes moments que nous avions passés durant ces deux semaines sur les routes américaines et des quelques instants passés ensemble à la Colonie. Jamais je n’ai eu aussi raison de toute ma vie d’acquiescer. S’il n’y avait pas eu Kahau pour me tendre la main, certes à sa manière habituelle, insouciante, j’ignore complètement où je serais aujourd’hui. Mort sans doute. Tuer par un monstre errant, dans un accident, mort de faim ou suicidé. Les possibilités sont multiples, mais il est sans doute certain qu’il ne resterait pas grand-chose de moi.

    Je pensais que je connaîtrais les Pahinui après avoir vécu près de trois semaines avec eux au quotidien, mais j’étais loin du compte. A Kauai, sur leur terrain, ils étaient encore plus incroyables que je ne l’aurais cru. La vie qu’ils menaient n’était techniquement pas hors du commun, mais la manière qu’ils avaient de l’aborder, de philosopher sur la vie…ça m’a ouvert les yeux sur tant de choses, tant de choses que je n’aurais jamais pu découvrir au gré de mes voyages via quelques discussions éphémères. Là, si je devais décrire en un mot les Pahinui, je dirais probablement…purs. Tous les deux, l’un comme l’autre, à leur manière. L’énergie, la passion, l’amour au sens le plus pur du terme. Il n’y avait rien de plus épuisant que de passer une journée à leurs côtés, mais il n’y avait également rien de plus satisfaisant. Je me sentais épanoui, à ma place. Passé le premier mois, tout doute s’était envolé, je n’avais plus qu’une envie en tête : rester à Hawaï, rester avec les Pahinui.

    Avec Kahau, je me sentais vivant, capable de tout. La première fois que l’on s’est lancé dans une farce, j’avais simplement eu l’idée de remplacer les guirlandes pour la fête de bienvenue de son école par des serpents. Je n’avais jamais entendu de rire aussi mélodieux que celui du jeune Hawaïen quand les préparateurs avaient découvert la supercherie. Dans toute ton éternelle de vie, je suis certain que tu n’as jamais rien entendu d’aussi plaisant qu’un Kahau rieur. J’étais heureux ce matin-là, heureux comme je ne l’avais jamais été. Je me suis fait vœu de tout faire pour entendre le rire de Kahau tous les matins, tous les après-midis, tous les jours que nous pourront encore passer ensemble. Et ce n’était pas compliqué d’inventer sans cesse de nouveaux défis à relever, de nouvelles farces à réaliser. Avec Kahau, je me sens invincible, capable de tout. Il stimule mon imagination, ma créativité, pour la simple et bonne raison qu’avec lui, je suis heureux.

    J’avais été convié à rester à Kauai pour le mois de septembre seulement, le temps que les cours reprennent pour Kahau, mais, arrivés à cette échéance, Manui s’est rendu à l’évidence : on était devenu inséparable. Kahau avait trouvé son partenaire de crime pour la vie, j’avais trouvé un frère. Tous les deux, on faisait les quatre cent coups sur l’île de l’aube au crépuscule, Bonnie et Clyde de l’archipel. J’avais ma place ici, à jamais, dans ce petit cocon familial que je n’aurais jamais pu croire ne serait-ce qu’approcher. Tu étais loin, loin. Ce qu’il advenait de Maman ? Était-elle parvenue à se constituer une nouvelle famille ? Je ne le savais pas, mais j’avais trouvé la mienne sur une plage isolée d’une île du Pacifique, inondée de pluies diluviennes dès que les nuages s’en sentaient l’envie. J’aurais peut-être dû envoyer une lettre pour lui dire que tout allait bien, maintenant que j’y pense, mais je craignais trop qu’elle ne veuille m’arracher à Kilauea et aux Pahinui.

    C’était comme ça que je voyais mon avenir. Kahau, Manui, la plage, la pluie, le soleil. Nous qui sautions de la falaise dans l’océan avant d’escalader un palmier pour aller chercher les noix de coco du déjeuner. Ou opter pour une traversée de Kauai en coupant par le volcan actif. Je me suis blessé plus d’une fois, genoux écorchés, plaies saignantes le long des bras, quelques griffures sur le visage, mais rien que pour le sourire de Kahau, ça valait le coup. Le voir heureux, c’était l’ultime récompense, et mon unique but dans la vie.

    L’été suivant est arrivé bien trop vite. Nous nous sommes retrouvés à New York, sur le continent, puis à Long Island, sans que je n’aie le temps de me rendre compte ce que signifiait retourner à la Colonie. J’ai traversé la barrière et tout est revenu en mémoire. Les coordonnées, les autres, Kahau qui s’enfuit, la solitude, toi. Une gigantesque gifle qui m’a rappelé à l’ordre immédiatement. Que je le veuille ou non, que Manui et Kahau m’en donnent l’impression quand nous étions à Kauai, j’étais orphelin et sans famille. Et, à la Colonie, hormis Kahau qui parvenait à se lier avec tout le monde en un claquement de doigts, je ne connaissais personne.

    Alors j’étais le « petit chien », celui qui le suivait partout où il allait, à ses côtés ou du coin de l’œil. J’admirais l’aisance avec laquelle il se mêlait à autrui, à quel point sa manière d’être pouvait plaire et attirer…et puis je me suis rendu compte qu’avec eux aussi il souriait. Avec eux aussi il riait. Je n’étais qu’un parmi tant d’autres à ses yeux, finalement. Même si c’était vers moi qu’il se tournait dès qu’il fallait faire une quelconque activité, j’avais bien conscience que quelque chose venait de se produire. Le petit paradis qui avait existé pendant une année entière m’apparaissait soudain factice, menteur. Je dépendais de Kahau, l’inverse n’était pas vrai pour autant. J’aimerais tellement lui ressembler je me disais. Dès le moment où cette pensée a effleuré mon esprit, je me suis revu à Singapour, lorsque j’avais appris que tu existais. La source de mes problèmes, ça a et ça aura toujours été toi. Il fallait que je résolve ce problème à tout prix, que je comprenne tout ce que tu m’avais laissé en héritage afin que je m’en débarrasse. C’est comme ça que j’ai commis ma plus grande erreur.

    J’avais toujours eu des problèmes pour lire, mais j’ai fait l’effort de me renseigner à ton sujet dans tous les livres que j’avais pu trouver dans la Grande Maison. Quand ceux-ci furent épuisés, je suis allée chez les Athéna, mais il n’y avait que peu de choses sur toi. J’ai fouillé parmi les affaires de mes camarades, avant que l’un d’eux ne se fasse reconnaître et que je ne doive aller au bungalow 17 pour lui rendre les livres que je lui avais « emprunté ». C’est là que je l’ai rencontrée. Elle était plus vieille que moi, d’une ou deux années sans doute, mais je n’avais jamais eu autant envie de connaître quelqu’un, mis à part Kahau. Quand elle m’a vu, avec mes livres sous la main, elle s’est mise en tête que je voulais accéder aux livres d’entraînement que possédaient les Niké et m’a gentiment proposé de m’entraîner. J’ai accepté immédiatement, sans hésiter, quand bien même j’avais pris pour habitude de m’entraîner seul.

    Je ne te dirais pas son nom, ni comment ça s’est finit. Je sais juste que, dans le fond, tout cela ne serait pas arrivé si je n’avais pas été abandonné par un père qui n’a jamais prétendu avoir ne serait-ce que conscience de mon existence. Je lui ai dit que je l’aimais, et elle s’est excusée en m’expliquant que ce n’était pas réciproque, si simplement et poliment que cela n'a fait qu’augmenter le malaise dans lequel je me trouvais à cet instant précis, au milieu de l’arène, les mains tremblantes et le regard timide de celui qui n’assume pas ses mots tourné vers le sol. Elle n’a pas été la seule pour laquelle mon cœur s’est soudain mis à battre la chamade au premier regard, espérant que, en face de lui, un autre cœur battait à l’unisson. J’ai aimé, passionnément, plusieurs fois. Parce qu’un regard m’avait chaviré, un geste m’avait fait croire qu’il y avait plus qu’une simple courtoisie, un moment partagé m’avait fait croire que l’on pourrait aller plus loin. Mais, à partir d’elle, je n’ai plus jamais qu’aimé en silence. Parce que seul Kahau sait contrôler ses passions et s’en sort toujours sans peine de cœur. J’ai fait une erreur avec elle, une erreur dont je ne me pardonnerais jamais, et je m’en veux encore plus d’avoir impliqué mon ami dans cette histoire.

    Une catastrophe est si vite arrivée, les erreurs sont si vites commises. Tout n’est qu’une cascade d’événements fâcheux qui m’ont amené à me tenir là, à côté d’un Kahau rieur, surplombant une jeune fille que j’aimais et qui désormais me détesterait sans doute à jamais. Je crois que je ne m’en suis jamais réellement remis, dans le fond. J’ai juste gardé la certitude que, quelque part, je ne pourrais jamais me débarrasser de toi, des doutes que tu avais insinué dans mon esprit, du mal-être permanent dans lequel tu m’avais mis. Je ne sais pas si j’étais plus en colère contre toi, contre maman ou contre moi-même à cet instant précis. Sans doute plus contre toi et contre le monde. J’ai appris ma leçon et je me suis résigné à être celui que tout le monde voyait en moi : Vaast, l’éternel acolyte de Kahau, un peu toujours dans l’ombre des milliers de couleurs qu’il renvoyait à chaque instant.

    Peut-être que ce n’était que ceux à quoi j’étais destiné, être un side-kick rigolo, après tout. Une part de moi s’en satisfaisait pleinement. J’étais celui qui amusait les foules mais qu’on oubliait dès lors qu’il s’agissait de parler sérieusement. J’étais celui que l’on voyait sans vraiment voir, que l’on connaissait sans vraiment connaître. Mis à part Kahau, personne ne s’était jamais préoccupé de me demander pourquoi je vivais à Kauai durant le reste de l’année et pas avec mon parent mortel. J’étais ignoré, délaissé dans un coin, et c’était peut-être mieux comme ça : je pouvais vaquer à mes occupations favorites que j’avais perdues. J’ai recommencé à collectionner les visages, à dessiner, à photographier tout ce que mon œil effleurait. Entre deux pages, il m’arrivait parfois encore d’inventer les vies des autres, mais les histoires étaient souvent bien plus réalistes, plus sombres, moins plaisantes, alors j’ai abandonné l’idée. Kahau stimulait ma créativité dès lors qu’il s’agissait d’inventer un nouveau moyen de s’amuser tous les deux, pour ce qui était de construire des vies, la mienne influait bien trop sur mon imagination autrefois fertile.

    Nous en revenons donc à la question de départ : pourquoi donc t’écrire ? Après tout, je ne te dépeins pas sous ton meilleur jour entre ses lignes (je suis sûr que tu profites encore plus des êtres humains dans ces instants), mon appréciation de toi est relativement explicite et je ne veux rien avoir à faire avec toi. Qui plus est, tout ce dont je te parle est vieux de plusieurs années. Alors, pourquoi ? Pour une fois, ce n’est pas moi qui aie eu une idée, c’est Kahau.

    A l’heure où je t’écris, je suis assis sur la plage septentrionale de Kauai, à l’ombre d’un parasol aux couleurs chatoyantes. Quelques mouettes mêlent leurs chants à ceux des perroquets et, parfois, j’entends le rire d’un jeune Hawaïen un peu trop présomptueux de ses talents sur une planche de surf. J’ai le sourire aux lèvres. Jamais auparavant, je n’avais esquissé ne serait-ce qu’un sourire en t’écrivant. Aujourd’hui, c’est différent, et c’est grâce à Kahau que je l’ai compris, lui qui ne saisit pourtant jamais rien à rien. Parce que, si je suis toujours à Kauai après tant de temps, ce n’est pas pour rien : les Pahinui sont officiellement devenu ma famille, peu importe que le fait ne soit pas légal. Je ne vois simplement plus ma vie sans Kahau, sans Manui, sans les pluies torrentielles hawaïennes et le soleil qui brûle ma peau. Je n’ai aucune idée de ce dont sera fait mon avenir, je n’ai aucune idée de ce que je ferais plus tard, mais, contrairement à avant où je n’avais que mes doutes au quotidien, j’ai désormais un lieu que je peux appeler « maison ». J’ai enfin les pieds dans le présent, je sais enfin vers où me tourner quand je suis perdu, je sais où je suis, je sais qui je suis. Je me suis construit par moi-même, loin de toi, loin de maman, loin de Balthus, loin de Singapour et de Rotterdam.

    Et, quelque part, avoir cette certitude que, où que j’aille, j’aurais une base, un nouveau point de départ certain, ça a éclaire ma voie. J’ignore complètement vers où elle me mènera, mais l’essentiel est là : je ne nage plus dans l’obscurité, hanté par les doutes, par les craintes et par toi. Je peux enfin me débarrasser de tout ce que je déteste en moi, tout ce qui vient de toi, tout ce qui vient de maman. Je peux effacer le passé, simplement parce que, maintenant, j’ai une nouvelle histoire à raconter. Je ne commettrais plus jamais d’erreur comme j’ai pu en commettre par le passé. Je n’ai plus peur.

    Demain, Kahau et moi nous partons tous les deux sur les routes américaines. Manui a confiance et sait que nous sommes tous les deux assez aguerris pour affronter les monstres qui oseront se mettre en travers de notre route. Nous remontons le temps et allons affronter le passé, mon passé. La première fois que nous nous sommes rencontrés, lui et son père sillonnaient le continent états-unien pour rejoindre la Colonie des Sang-Mêlé, et nous allons faire de même pendant deux semaines, à la différence près que nous allons faire un détour par le Texas. Je ne peux pas me déclarer indépendant dans ma vie sans chercher à revoir ne serait-ce qu’un instant ma mère, pour lui dire que je prends les choses en main et qu’elle n’a plus à s’en faire pour moi. Quelque part, je suis certain que ça l’aidera à aller mieux et à pouvoir elle aussi se débarrasser d’un poids que tu lui as laissé sur les épaules.

    C’est Kahau qui m’a convaincu de faire ce voyage, et également de t’envoyer cette lettre que je ne t’ai jamais envoyée il y a trois ans. Je dois t’avouer que ça m’a fait bizarre de la relire après tant d’années, mais ça m’a conforté dans ma décision : il est grand temps que je grandisse, que je prenne confiance et que j’accepte ma nouvelle vie en clôturant l’ancienne. Si tout va bien, tu devrais bientôt recevoir un paquet sur ton nuage tout là-haut. Il n’y aura malheureusement que deux lettres dans le colis, je suis désolé, je n’allais pas non plus faire trop d’effort pour retrouver les précédentes.

    J’ai rempli ma part du contrat, à toi de remplir la tienne en acceptant que je n’ai plus besoin de toi et, plus que tout, que je ne veux pas de toi.

    Je prends enfin mon envol après tant d’années.

    Celui que tu as engendré et qui espère enfin se trouver,
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Une chose est certaine avec Vaast, c’est qu’il n’est pas foncièrement méchant. Si vous avez cette impression vis-à-vis de lui, il ne vous en voudra pas : lui aussi se dit souvent qu’il est probablement l’antagoniste d’une intrigue dont il n’a pas conscience. Il a le passé qu’il faut pour, en tout cas. Seul, sans famille, perdu dans la vie, un peu trop passionné trop vite, susceptible et, surtout, envieux. Comme tous les demi-dieux, Vaast ignore quel est son défaut fatal, mais s’il prenait un jour le temps d’y réfléchir, il n’aurait aucun doute : l’envie. Toute son existence a rimé avec ce mot. Envie de plus, envie de connaître, envie d’avoir, envie d’être, envie d’aimer et d’être aimé…ça a toujours été plus fort que lui. Dès son plus jeune âge, sa curiosité l’a poussée à aller vers les autres, intrigué par les vies inconnues. Quand il ne parvenait pas à obtenir des réponses à ses questionnements, son imagination comblait les trous, améliorant souvent considérablement le quotidien des protagonistes de ses histoires. A partir du jour où il a découvert que toutes ses théories dépeignaient une vie bien meilleure que la sienne, des vies qu’il aurait préféré vivre, même pour les plus pitoyables d’entre elles, il s’est brisé. Depuis ce jour, il ne souhaite qu’une seule chose : obtenir cette vie idéale. Il ne cesse de la chercher chez autrui, de se réinventer en permanence une meilleure destinée.

Plus que de ne pas l’assumer, Vaast déteste cette partie de lui, celle qui veut toujours plus, en constant conflit avec lui-même. Il a pleinement conscience qu’il pourrait se satisfaire de cette vie, du bonheur que lui procure chaque jour le fait de savoir que les Pahinui le considère comme un membre à part entière de leur famille, de savoir qu’il a un toit, des amis, une place. Mais il n’y parvient pas. La frustration de manquer de quelque chose, sans pour autant parvenir à savoir exactement de quoi, le plonge dans une immense et profonde colère ingérable et, surtout, constante. Incapable de se comprendre lui-même, il préfère ignorer, se dire que le problème ne vient ni de lui, ni des autres, mais de son père. En rejetant la faute sur Hermès, il a l’impression d’éclipser ses sentiments négatifs, de se sentir plus léger, plus libre : il a l’impression d’être lui-même. Il se refuse à broyer du noir, préférant cracher sa haine pour son paternel quand il jette une partie de son repas dans le feu.

Pourquoi être le chef de son bungalow alors ? Parfois, durant certains repas, il se le demande, jusqu’à croiser le regard rayonnant de Kahau : être chef de bungalow, ça lui donne le sentiment d’avoir une famille, des frères et sœurs à gérer, en plus de tous ceux qui n’ont pas de bungalow et qui se retrouve malgré eux au 11. Quelque fois, il a dû mal à se faire à l’idée que ses camarades de bungalow, Hameline, Théo et Amy sont véritablement ses frères et sœurs et qu’il pourrait les considérer comme sa propre famille – il lui rappelle trop son père. Avec Kahau, c’est différent, il a le sentiment d’être véritablement à sa place, d’avoir une famille, un cocon, quelqu’un à qui se confier dans les moments les plus sombres tout autant que quelqu’un avec qui se défouler dans les instants d’allégresse.

Vaast a-t-il toujours été farceur ou bien cette part de lui s’est-elle révélée grâce à Kahau ? La vérité vient sans doute plutôt de son incapacité à assumer son passé et à s’amuser à saccager gentiment le présent des autres. Tant que Kahau sera toujours aussi partant pour chacun de ses blagues foireuses, Vaast ne parviendra sans doute jamais à se dire qu’il y a une raison à son envie presque constante de faire les 400 coups et de taquiner les autres pensionnaires. Il ne s’agit jamais de faire du mal, seulement de s’amuser un peu, parfois un peu de ridiculiser certains demi-dieux. Tout le monde sait que ce n’est rien de sérieux, ni de permanent, et la rancune ne dure généralement que quelques minutes. C’est dans ce domaine que la créativité de Vaast s’exprime le mieux, innovant toujours plus pour s’éloigner des pranks déjà vus et revus des centaines de fois : plus l’idée est originale, plus Kahau sourira à l’idée de mettre leur plan à exécution. La seule chose qui compte aux yeux de Vaast, c’est que peu importe la blague, qu’elle soit ou non aux dépens de quelqu’un, Kahau rit, car rien n’est plus beau à ses oreilles et à ses yeux que de savoir le fils d’Iris heureux.

N’y croyez néanmoins pas, Vaast reste une personne sur laquelle on peut compter. Bien sûr, il a parfois un comportement un peu puéril, mais, tout comme Kahau, il est celui qui aide à se sortir des situations les plus périlleuses. Si Kahau est le fou qui se jette dans la mêlée, Vaast est le rusé qui imagine tous les meilleurs moyens pour prendre son adversaire à revers. Sa capacité d’analyse, certes moins développée que celle des enfants d’Athéna, en fait un allié de taille : dans les moments où il le faut, il sait faire preuve d’un sérieux remarquable. Armé de sa seule épée, un xiphos, parfois même de son couteau de cuisine, fiez-vous toujours à lui s’il se met à prendre à gauche plutôt qu’à droite : sa règle d’or, c’est de toujours avoir un plan, et, surtout, un plan de secours. Il reste bien moins stratège que ses comparses du 6, mais sa force, c’est de parfois opter pour simplement suivre son intuition et voir sur le tas : improviser vaut parfois bien mieux que de réfléchir méticuleusement à ce que son adversaire pourrait faire.

Impulsif et imprévisible : voilà un beau résumé du personnage. Vaast, après tout, ce n’est qu’un enfant, un gamin de 15 ans qui n’a jamais connu de cadre stable avant ses 13 piges. Il lui arrive souvent de traverser des crises existentielles, de ne pas savoir qui il est, ce qu’il veut ou ce qu’il recherche. Souvent, la réponse, ce sont les autres. Il veut la vie d’autrui, parce que tout son entourage lui donne l’impression d’avoir vécu la vie qu’il a choisie. Comme tous les gamins qui ont dû grandir trop vite, il n’a pas su séparer de ses rêves d’enfants et refuse souvent la réalité. Il s’invente des histoires, obéit parfois trop à ses émotions et ses envies pour être considéré comme responsable, expliquant sans doute pourquoi le bungalow d’Hermès est souvent dans un état déplorable. Dans le fond, Vaast est juste un gamin fougueux qui rêve comme tous les gosses de rencontrer le grand amour par un coup de foudre, de voyager au travers du monde en ayant une certitude, celle que quelqu’un l’attend dans un lieu qu’il sait qu’il pourra sereinement appeler « maison ». Et, comme tous les gosses, il est aussi terrifié par l’avenir et par ce que le destin lui réserve. S’il n’y avait pas Kahau pour le prendre par la main et le guider sur les chemins, il n’oserait sans doute jamais se jeter de lui-même dans le vide.


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Vaast ne saurait dire quand exactement il a compris que sa capacité à toujours savoir où il était n’était pas naturelle, et encore moins quand celle-ci s’est manifestée pour la première fois. Ça a simplement toujours été là, en lui. Savoir où l’on se trouve, où se trouve le nord, le sud, la grande ville la plus proche ou l’océan…mais jamais il n’a su vers où il pouvait se tourner pour rentrer « chez lui ». Avoir en permanence conscience de sa position sans pouvoir autant être en mesure de s’orienter…ça donne un tout autre sens au mot « errer ». Techniquement, Vaast n’a réellement vadrouillé que quelques semaines entre fin avril et début juin 2017 sur les routes états-uniennes, mais, à bien y réfléchir, il erre depuis que le couple que formait ses parents s’est effrité. Savoir en permanence sa place physique parmi autrui tout en étant complètement perdu psychologiquement, ça n’a fait que renforcer son sentiment de solitude et d’isolement. Kahau est devenu son nord : l’espace d’un instant, il était perdu dans le noir, celui d’après, il n’y avait plus que la lumière chatoyante du fils d’Iris pour guider celui-ci qui avait toujours su où il était sans savoir pour autant où aller. Aujourd’hui, le fait d’être un GPS ambulant lui donne juste une raison de plus d’haïr son père dès que les coordonnées lui reviennent en mémoire. La majorité du temps, il ignore complètement cette part de lui, dont il ne parle d’ailleurs jamais, pas même à Kahau. Parfois, il joue avec, pour voir si cette capacité est toujours là, si son cerveau lui dit qu’il a une différence en fonction du pas qu’il vient de faire : rien ne change. Il ne lui trouve aucune utilité ni aucun autre intérêt que celui de lui rappeler qu’il n’est pas un enfant normal. Il aurait préféré hériter du compas de Sparrow, ça aurait été plus utile.

Il y a néanmoins d’autres héritages paternels dont Vaast à moins conscience. Comme de nombreux enfants d’Hermès, il est plus curieux que la moyenne, et a souvent tendance à mettre son nez dans les affaires qu’il ne faut pas. Taquin, chapardeur, ingénieux, si Vaast n’avait pas une bouille d’ange, on le comparerait sans doute à un renard. Il s’estime néanmoins heureux de ne pas posséder une chevelure aussi flamboyante que la fourrure de l’animal, ou bien il serait bien plus difficile pour lui d’être discret. Par de nombreux aspects, Vaast est comme son père : il préfère courir plutôt que de combattre, et toujours frapper par derrière s’il en a la possibilité. S’il n’avait jamais rencontré la harpie dans les Rocheuses, il se serait d’ailleurs probablement contenté de passer ses journées entre les cuisines de la Colonie et quelques balades avec d’autres demi-dieux qui ne se sentent que peu concerné par cette histoire de monstres, comme Lena. Le traumatisme de l’attaque est néanmoins tel qu’il est inenvisageable pour Vaast de prétendre qu’il n’est pas menacé par sa moitié divine. Dès qu’il a su qu’il pouvait apprendre à se battre, son instinct de survie a pris le dessus : il s’est dévoué corps et âme au maniement de la lame.

Sans avoir la force d’un Arès, la souplesse d’un Niké ou la stratégie d’un Athéna, Vaast possède un don que ces guerriers nés n’ont pas : son sens de l’observation. Autodidacte, il a appris ce qu’il ne sait pas mimétisme, en recopiant les gestes de ses camarades. Il n’excelle peut-être pas dans les trois domaines, mais il parvient à adroitement les cumuler. Donner un bon coup du plat de la lame, feinter d’un agile jeu de jambes avant de frapper du pommeau de la lame dans le dos de son adversaire. Il manque parfois un peu de précisions et de techniques de par son absence de professeur, il le reconnait, mais beaucoup de pensionnaires le considèrent comme un des meilleurs épéistes par l’originalité de son apprentissage et la créativité qui transparait de sa manière de combattre. Plus que ses bottes et sa manière de danser avec le vent xiphos à la main, son meilleur atout, c’est sa rapidité, physique comme intellectuelle : prenez garde à vos arrières…


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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Vaast III

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Parce que j'ai une grande passion pour les langues et que, en tant que fils du dieu des langues, Vaast a beaucoup de facilités, vous vous doutez bien qu'il ne parle pas qu'une seule langue, loin de là. Déjà que les Néerlandais enseignent plutôt bien les langues, ce qui lui a permis d'apprendre assez rapidement l'anglais, Vaast a également de nombreuses facilités à absorber le nouveau vocabulaire et l'associer dans sa tête à sa langue maternelle. Il ne lui a pas fallu longtemps à comprendre le dialecte particulier de Singapour, mélange entre l'anglais, le mandarin, le tamoul et le malais, fortement mêlé du japonais des touristes. Cinq langues qu'il a fini par maîtriser presque parfaitement au fil du temps en plus du néerlandais, sans parler de ses quelques leçons de vietnamien avec Ngân Hà. Néanmoins, il n'est qu'en mesure de les parler et de les comprendre : les écrire, c'est une autre paire de manches. Sa mère lui a dit plusieurs fois de prendre des cours, mais Vaast n'en fait qu'à sa tête quand il s'agit des conseils maternels et a préféré se lancer dans l'espagnol et le français ; la langue de Molière lui pose plus de problèmes que celle de Cervantès, mais, étant toutes les deux ses premières langues latines, il s'arrache beaucoup les cheveux dessus dès qu'il s'agit de conjuguer. Il rêve de pouvoir partir visiter directement des pays hispanophones ou francophones, son oreille étant plus douée que ses yeux pour apprendre.

Depuis sa première année à Singapour, Vaast sait déjà avec certitude ce qu'il voudra faire plus tard. Il a déjà eu quelques doutes sur son avenir dans le monde de la gastronomie, notamment quand il a découvert, après de nombreuses recherches, que son attrait pour la cuisine lui venait probablement de son père, mais il s'est vite ravisé : rien ne pourrait lui faire oublier le souvenir de la première fois où il est entré dans un des nombreux restaurants singapouriens. Carrefour du monde, carrefour des cultures, carrefour des langues et carrefour des échanges culinaires : aucun lieu ne serait être une meilleure école pour comprendre comment le contenu des assiettes définissent les pays que les artères principales de Singapour où, entre touristes et bruits incessants de voitures, la délicieuse odeur des ramens vient se mêler à celle des Bo buns, s'immiscer à celle des yakitoris ou du lait de coco saupoudré de curry du restaurant indien qui a cru bon s'installer là. Vaast adore cuisiner, tout le temps, à toute heure, épicé, sucré, salé, végétarien ou non, asiatique ou européen. Dès ses treize ans, il a même demandé à Chiron s'il était possible d'aider aux cuisines pour les repas, et il lui est arrivé de faire presque tout le repas tout seul, sous le regard incompris des nymphes pour qui c’était habituellement le travail. La seule question qu'il se pose encore, c'est vers où il tournera le regard pour illuminer ses assiettes.

Comme beaucoup d'enfants d'Hermès, Vaast a souvent tendance à voler, de manière involontaire. Sa cleptomanie s'est éveillée après son départ de Rotterdam, et il lui a fallu un certain temps avant de se rendre compte qu'il accumulait des dizaines d'objets inutiles dans un coin de sa chambre, récupérés çà et là dans des magasins, par terre, sur la table d'un restaurant. Il n'a jamais vraiment ressenti l'envie de faire les poches des passants dans la rue, bien trop intéressé par le mystère planant autour d'eux et craignant que ce qu'il pourrait y trouver ne ruine ses théories. Pendant sa fugue, il a plus ou moins dû arrêter de voler, incapable de transporter son butin, mais son arrivée au bungalow onze a changé la donne : ne soyez pas étonnés si vos affaires disparaissent par moment, c'est qu'il est passé par là. Il finira probablement par vous les rendre s'il se souvient que ce sont les vôtres, sinon vous risquerez de ne jamais revoir ce fameux emballage de gâteau que vous aviez pourtant prévu de jeter après votre entraînement matinal. Il ne peut pas les garder sous son lit, alors il s'est fait de multiples cachettes dans la cuisine de la Colonie.

C'est d'ailleurs dans l'une de celles-ci qu'il garde son livre de photographies. Des centaines de polaroids s'y entassent, attendant pour la plupart encore d'être rangés. Pour ceux qui ne traînent pas dans une des boîtes en carton, elles sont toutes annotées, numérotées, datées. Aux yeux de Vaast, c'est son plus grand bien, son secret le plus précieux. Toute sa mémoire y repose, tous ses souvenirs et tous ceux à qui il ne peut plus parler depuis le temps qu'il les a quittés. Quand sa mémoire lui fait défaut, il s'y replonge et s'amuse à redécouvrir certains visages comme s'il les voyait pour la première fois. Dès qu'il aperçoit un nouveau pensionnaire à la Colonie, il s'arrange pour trouver un moyen de le prendre en photo et l'ajouter à sa collection de visages.

Vaast a participé à une quête, avec Kahau et Verne, l'été précédent, qu'ils ont réussi sans trop de problèmes. Il la redoutait un peu au vu de ce qui était arrivé quelques temps plus tôt à Théo et Scott, ses frères, mais le fils d'Iris l'a aidé à gagner en confiance. A trois, ils se sont lancés dans l'aventure, partis chercher un quelconque artefact auquel ils ne prêtaient que peu d’intérêt : ce qui les intéressait, c'était d'être ensemble. Deux cyclopes éliminés plus tard, ils sont rentrés tout fiers à la Colonie. En souvenir de l’aventure, ils partagent tous les deux un tatouage au niveau de la poitrine, symbole du lien fraternel qui les unit, au-delà même du sang...


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HAMELINE VALDES
(Chat-Mellow)


Entre tous les demi-dieux "sans-abri" du bungalow 11, Vaast a parfois dû mal à se dire que certains parmi eux partagent le même père que lui. Pour autant, quand Hameline a débarqué dans le bungalow miteux d'Hermès, Vaast s'est immédiatement dit qu'elle n'était pas comme les autres. Ce n'est néanmoins qu'après qu'elle a été reconnue comme fille du dieu des messagers qu'ils ont commencé à se côtoyer. C'était Hameline qui cherchait un coin tranquille pour pouvoir faire un Cactus, plutôt difficile à trouver dans le bungalow 11 en début de saison estivale. Le conseiller en chef du bungalow était alors en quête et négocier une place parmi les lits superposés s'avérait plus difficile que prévu. Quand bien même elle avait été reconnue comme fils de l'hôte des lieux, Hameline dormait encore par terre. Vaast avait proposé d'utiliser son lit comme table de jeu, et elle avait accepté, à sa grande surprise : il l'avait senti très distante des autres pensionnaires depuis son arrivée, comme beaucoup d'autres. Même si lui-même ne considérait pas vraiment ses techniquement frères et soeurs comme des membres de sa famille, peut-être qu'il n'en était pas de même pour elle et que cela facilitait le contact. Toujours est-il qu'elle l'a battu à plate couture. Une fois. Deux fois. Trois fois. Vaast n'en démordait pas, il avait beau perdre ses drachmes - plus ou moins durement gagnée - il continuait de parier et de tenter une nouvelle fois sa chance. Ce n'est qu'à partir du moment où la fortune entière du jeune demi-dieu s'est envolée que Hameline lui a révélé en riant qu'il n'aurait jamais pu gagner contre elle, et qu'il y avait une bonne raison à ce que sa mémoire ne veuille pas retenir les quatre cartes qui se tenaient devant lui. Il ne lui en jamais tenu rigueur, il a même continué à jouer avec elle, sans pari, pour s'entraîner, puis de nouveaux avec, testant les limites des pouvoirs de sa soeur. C'était grisant et frustrant en même temps.

Vaast et elle ont fini par plutôt bien s'entendre à la fin de la saison estivale, quand ils ont mutuellement appris que leur frère aîné était décédé pendant sa quête et qu'il fallait nommer un nouveau chef de bungalow. Pour en avoir discuté avec elle, Vaast savait que Hameline appréciait tout autant que lui leur paternel, mais il connaissait également son éloquence naturelle, atout non négligeable à la qualité de conseiller en chef : il vota pour elle. Elle fit de même. Ils se retrouvèrent rivaux pour un titre qu'aucun des deux ne désiraient, mais Hameline a su faire contre son gré la promotion de Vaast dans le bungalow : en moins de deux, il a été nommé conseiller en chef. Il aurait pu en vouloir à sa soeur, mais, la vérité, c'est que ça lui permet de passer plus de temps avec Kahau. De leur côté, Hameline et lui continuent d'être partenaires de tripot...au grand dam de la bourse de Vaast.


THEO BENNETT
(Mimie99)


Scott et Théo sont un bel exemple de l'étrange relation que Vaast entretient avec ses frères et sœurs du bungalow 11. Lors de sa première année, Vaast observait d'un œil curieux la dynamique entre les deux, aussi proches que lui et Kahau pouvaient l'être, comme s'ils étaient véritablement frères, quand bien même leur seul véritable lien du sang était Hermès, pour qui il n'a pas beaucoup d'estime. Il lui est arrivé d'aller leur parler par moment, ils partageaient le même bungalow après tout, mais Vaast ne s'est jamais senti à l'aise avec eux. Jamais réellement intégré à leurs discussions, et leur amitié lui rappelait juste qu'il voulait retrouver Kahau sur le Camp.

Ce n'est qu'à la fin de la première année que Vaast a commencé à se dire que Scott et Théo n'étaient pas si différents de lui et qu'ils partageaient le même amour inexistant pour leur paternel, lorsque les deux étaient tombés sur lui au moment où il s'apprêtait à fuir la Colonie avec son baluchon. La discussion n'avait pas été très longue ni développée, Vaast se sentait un peu comme démasqué à un moment fatidique, mais elle avait au moins permis à Vaast et Théo de se rapprocher, sans qu'il n'en vienne à le considérer comme un ami, plus comme le confident d'un instant. Ce pas en avant, secret, fait au Pin de Thalia, aura énervé plus d'une personne l'année suivante. Ce n'était désormais plus seulement deux duos qui semaient la zizanie dans la Colonie, mais bel et bien un quatuor qui a mis au point plusieurs farces d'envergure toute la saison, pour leur plus grand bonheur...Jusqu'à ce que le quatuor devienne trio. Vaast ne s'était jamais réellement senti proche de Scott, c'était par Théo qu'il s'était lié au groupe, c'était lui qui l'avait questionné et cherchait à l'amener à la raison quand il avait voulu s'enfuir. Par respect pour lui, Vaast a maintenu une distance. Si traîner avec Scott et Théo lors de sa première année lui rappelait à quel point Kahau lui manquait alors qu'il n'était qu'à quelques bungalows de là, il n'osait imaginer ce que cela devait être pour lui désormais. Vaast n'a jamais su quoi faire pour aider son demi-frère. De leur amitié d'un été, il ne reste maintenant plus que quelques souvenirs.


URIELLE FROST
(Mimie99)


Devenir conseiller en chef du bungalow 11 n'est pas de tout repos. Cela amène de nombreuses contraintes, à commencer par devoir gérer le fourmillement de pensionnaires, mais également quelques surprises. Parmi celles-ci, Vaast a pu de nouveau faire connaissance avec Urielle. Dans son habituelle envie de saluer tous les nouveaux pensionnaires, elle avait déjà cherché à faire sa connaissance lors de son premier été à la Colonie, mais il l'avait trouvé trop envahissante pour sa petit bulle et son manque de confiance en lui. Si ce n'est deux ou trois combats lorsqu'il fallait un partenaire pour les exercices de l'Arène, il avait préféré l'éviter. Néanmoins, Urielle est Urielle, et, même si son statut n'est pas officiel, elle est la seconde conseillère en chef du bungalow 11, celle des sans-abris, et Vaast la remercie grandement pour ça, parce qu'il n'aurait jamais été en mesure de pouvoir gérer par lui-même tout ce beau monde. Après son élection à la fin de sa seconde année au camp, Urielle l'a un peu guidé et formé à son nouveau poste, ce qui les a rapprochés. Vaast continue de trouver que la fille de Chioné est parfois un peu trop curieuse sur ses origines et ne lui fait pas entièrement confiance pour tout lui raconter - elle a tendance à être un peu bavarde et il craint qu'elle n'aille tout révéler par erreur - mais, dans une certaine mesure, il la voit comme une grande demi-sœur, une personne sur qui il peut compter quand il se questionne sur le monde, ou, comme c'est le cas ici, sur la Colonie. Difficile avec Vaast de parler d'amitié, mais il apprécie la compagnie de la jeune fille dans une certaine mesure, et encore plus l'avoir en partenaire de combat.


GLORIA MUNOZ
(LSGI)


Il est de nombreux pensionnaires que Vaast ne préfère pas approcher au sein de son bungalow. Il y en a d'autres qu'il, même sans chercher à être leur ami, apprécie au plus haut point : il considère que, sans eux, le 11 se rapprocherait de l'Enfer sur terre. Gloria est de ceux-là. Elle déborde de joie et d'énergie en toute situation, petit rayon de soleil dans le paysage. Elle a toujours une info insolite sur les pensionnaires, toujours une nouvelle anecdote à raconter, il se renseigne en secret auprès d'elle pour voir s'il voit juste dans ses théories. Et puis, un jour, il s'est mis en tête de voir s'il pouvait influencer ses "infos et anecdotes". Lui apprenait beaucoup sur les résidents du 11 de par ce qu'ils laissaient comme affaires, elle devait également en faire parfois autant. Avec Kahau, ils se sont donc mis en tête de créer une des supercheries dont ils sont aujourd'hui les plus fiers : faire croire qu'ils étaient ensemble. Deux journaux avaient été rédigés à la va-vite, du mieux qu'ils pouvaient avec leur dyslexie, et Vaast s'était chargé de les dissimuler de manière plus ou moins évidente, l'un au 11, l'autre au 15, si jamais Gloria doutait de ce qu'elle lirait. La fille de Phème est tombée dans le panneau, pour le plus grand bonheur des deux amis, qui ne cesse de trouver cela plus qu'amusant de la voir colporter de fausses rumeurs à leur sujet.


LENA PAZZA
(Naji2807)


Il y a des pensionnaires qui semblent plus facilement visés par les farces des Hermès, et Lena aurait pu faire partie de ceux-là. Comment ne pas avoir envie de déranger quelqu'un d'aussi tranquille, aussi immobile ? Et puis Lena avait de l'humour, quand elle voulait, alors elle ne le prenait pas si mal. A vrai dire, elle faisait partie de la "liste" imaginaire concoctée par Vaast, et ce jusqu'à la farce de trop. Elle n'avait pas dû apprécier d'être une fois de plus dérangée dans sa glande quotidienne, une bombe à eau de trop, probablement. Elle avait pris sur elle et avait décidé de tenir compagnie aux deux amis, et ils s'étaient soudainement retrouvés envahis d'une envie de ne strictement rien faire. Vaast n'avait pas si mal vécu que ça ce repos forcé, mais il en avait été tout autre pour Kahau. Son hyperactivité en a un mangé un coup et, comme s'il s'était pris un choc thermique, il est tombé malade pendant plus d'une semaine. Depuis, Vaast a décidé de faire en sorte de ne plus s'en prendre à Lena, probablement pour son plus grand bonheur.


LUCIAN TESADOR
(Naji2807)


Même si ce ne sont pas dans ses priorités, Vaast doit parfois gérer les autres pensionnaires de son bungalow qui ne sont pas parmi ses frères et sœurs, ne serait-ce que pour les accueillir et pour leur dire où glisser un énième sac de couchage entre tout ceux qui encombre le parquet abîmé. Vaast fait toujours son possible pour que les rencontres se passent bien, mais dès l’instant où Lucian a pénétré dans le 11, il a compris que certaines personnes seraient bien plus difficiles encore à gérer que les enfants de Thanatos ou autre divinité ténébreuse : rien de pire qu’un maniaque dans le plus grand des capharnaüms. Très vite, Vaast a intégré qu’il fallait mieux ne pas approcher le fils d’Eunomie, mais ce fut encore plus évident lorsqu’il s'aperçut que le jeune homme relevait les objets manquants, et ce malgré le fouillis habituel du bungalow 11. Pour l’heure, il ne l’a jamais confronté à ce sujet, mais Vaast ne peut s’empêcher de surveiller d’un coin de l’œil Lucian afin de s’assurer qu’il ne laisse aucune preuve derrière lui que ce détective pourrait retourner contre lui. Vaast ne contrôle peut-être pas sa cleptomanie, mais il n’en reste pas moins discret dans ses vols. Il fait son possible pour toujours « emprunter » et ramener les objets quand Lucian n’est pas là pour le remarquer.


OSWALD GATLING
(Naji2807)


Il y a de nombreuses raisons pour expliquer que Vaast évite les autres pensionnaires de son bungalow, en-dehors de ses difficultés à communiquer avec autrui. Il est des demi-dieux qu'il n'apprécie pas parce qu'il les envie ou qu'ils lui paraissent insupportables, et puis il y a des exceptions, ceux qui lui font peur. Contrairement à Kahau qui ignore complètement ce sentiment, Vaast ne cesse de se remettre en question, doute de lui-même en permanence, est terrifié par l'abandon. Un jour où il cherchait un coin tranquille, il a eu le malheur de tomber sur un arbre où se trouvait un autre demi-dieu qu'il ne connaissait pas, Oswald. La conversation a vite coupé court, dès lors que l'aura du demi-dieu a effleuré Vaast. Les cauchemars et craintes qu'il a ainsi éveillé ont suffit à ce que Vaast décide de ne plus jamais s'approcher de lui. Depuis cette rencontre fortuite, il continue de fuir le fils d'Erèbe comme la peste, ainsi que l'arbre sous lequel il l'avait trouvé, par peur d'avoir à revivre cet instant.


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VICTOIRE HOLLOWAY
(Glamour123)


Vaast a commis de nombreuses erreurs dans sa vie, mais rien ne saurait valoir ce qu’il a fait subir à Victoire. Il lui est arrivé de se montrer parfois un peu trop mauvais dans les farces que lui et Kahau infligeaient aux autres, mais ça n’a jamais été aussi gratuit et cruel que le jour où Vaast a proposé au fils d’Iris de renverser un seau rempli de sang de porc sur la jeune fille. Si vous lui demandiez ce qui lui a pris ce jour-là, lui-même ne saurait vous l’expliquer. Cœur brisé après le rejet de la fille de Niké, il s’était réfugié aux cuisines où il se savait tranquille pour éponger sa peine. Ça, c’est ce qu’il pourrait vous dire, du moins s’il a assez confiance en vous pour parler de ses sentiments les plus profonds (de ceux qu’il ne partage jamais). Du reste de l’histoire, il ne comprend pas lui-même ce qui a bien pu lui prendre. Une soudaine envie de se venger d’une jeune fille qui ne lui avait rien fait et à qui il ne voulait aucun mal s’est emparée de lui lorsqu’il avait aperçu le seau. Kahau avait accepté, comme il accepte toujours lorsque Vaast lui propose quoi que ce soit. Lui n’avait pas conscience des conséquences que cela pourrait avoir, contrairement à Vaast. Tout le monde à la Colonie savait que Victoire avait une phobie totale du liquide rouge, elle ne le cachait pas. Kahau pensait simplement qu’il l’entendrait crier quelques instants, et que cette soudaine montée d’adrénaline serait amusante. Mais Vaast, en sortant son arme des cuisines, lui, savait pertinemment quelle terreur il allait faire subir à Victoire. Encore aujourd’hui, il lui arrive de revoir le visage de Victoire à l’instant précis où elle avait compris quel était le contenu du seau qui venait de se renverser sur elle. Ses sentiments pour la jeune fille s'étaient effacés aussitôt que la culpabilité a envahi son cœur, aussitôt qu’il avait vu ses yeux se révulser et son corps s’effondrer sur le sol de l’Arène, sous les yeux de ses partenaires de combat. Ce jour-là, le rire de Kahau n’avait pas eu la même saveur qu’à l’usuelle. Vaast ne s'était jamais senti aussi seul, aussi mal dans sa peau de toute sa vie. Il était certain d’une chose : Victoire ne lui pardonnerait jamais, et, même si elle le faisait, lui-même ne pourrait jamais se pardonner. Il était un monstre. Un petit monstre qui se vengeait de ceux qui ne voulait pas obéir à son petit plaisir, et il se déteste toujours d'avoir pu agir ainsi. Depuis ce terrible jour, il la fuit, fait tout pour éviter de croiser son chemin en toute situation, y compris lors des Capture de l’Etendard où il s’arrange toujours pour être dans l’équipe adverse…ce que Kahau semble parfois avoir du mal à comprendre.

ANTHEA ESTRADA CELLA
(SpringBloom)


S’il évite un maximum Victoire depuis l’incident, Vaast a néanmoins gardé contact avec Anthea, une de ses plus proches amies avec qui il lui est également arrivé de s’entraîner. A vrai dire, c’est même la première amie qu’il s’est fait à la Colonie sans l’aide de Kahau. Absente lorsque l’incident a eu lieu et ne sachant pas autant que Vaast l’ampleur de l’événement, Anthea a fini par pardonner à Vaast. Il ne sait pas encore pourquoi exactement elle a fini par changer d’avis, mais il apprécie passer un peu de temps avec elle, qu’il s’agisse d’avoir un partenaire de combat pour tester de nouvelles bottes ou de simplement discuter au bord du lac. Par certains aspects, Vaast admire la jeune fille, qu’il considère comme une des combattantes les plus méritantes de la Colonie, et l’une des demi-dieux les plus matures qu’il connaisse. Il aimerait pouvoir avoir autant de confiance en lui-même qu’elle et se pardonner, mais il n’en a pas le courage et préfère se contenter de la complimenter en silence.


NADYA ESPINOZA
(Naji2807)

Vaast a toujours eu dû mal à aborder Nadya. Elle brillait trop, par son charisme, sa beauté, sa gentillesse...trop de choses que lui a directement envié Vaast. Elle semblait trop parfaite, trop populaire, quelque chose qu'il aurait cherché à atteindre sans jamais pouvoir s'en approcher. Ils se sont parlés, une, deux fois, combattus par moment à l'Arène, mais il a toujours préféré garder une distance. Et cette distance s'est encore accru après sa "farce" à Victoire. Il a pleinement conscience d'à quel point la fille d'Aphrodite le déteste, et il sait qui le mérite. Elle fait partie des demi-dieux qui ne seront jamais victimes d'aucune de ses farces, il n'a pas le courage qu'on lui rappelle encore plus à quel point il ne sera jamais à la hauteur.


FELIX JOHANSON
(Naji2807)

A l'instar de Nadya, Vaast n'apprécie pas énormément Félix. Il brille trop, est trop chanceux, trop apprécié. Ce qui lui envie le plus, c'est sa confiance en lui. Pour lui qui en manque complètement, voir quelqu'un être aussi arrogant de lui-même le met presque hors de lui. Cependant, Vaast sait que Kahau tient à Félix. Peu importe à quel point Vaast n'apprécie par le fils de Tyché, tout l'opposé de lui à ses yeux, lorsqu'il s'agit de Kahau, Vaast est prêt à tous les sacrifices. Quand bien même cela l'énerve, il se montre poli en présence de Félix, tente deux trois mots de conversation. Il n'aime pas jouer les hypocrites, donc Félix a sans doute conscience qu'il se force par moment, mais il ne lui a jamais fait la remarque, alors Vaast s'enfonce dans ses propres mensonges.


DAITHE
(Naji2807)

Par moment, Vaast ressent le besoin de s'isoler, comme si s'isoler de lui-même, volontairement, avait un effet différent sur son moral que lorsqu'il se sent abandonné parce que Kahau n'est pas là. Dans ce genre d'instant, il a ses petits coins où se poser, où il se sait tranquille, soit parce qu'aucun pensionnaire n'y va, soit parce qu'ils sont occupés ailleurs. C'est un soir où il se sentait mal qu'il a rencontré Daithe, alors qu'il s'était assis au bord de l'Eurok pour se vider l'esprit (et également un peu pour pleurer). Lorsqu'elle a surgit de l'eau, il a pris peur, pris la main dans le sac, lui le farceur qui paraissait insensible à tout. Pour l'avoir déjà vu avec lui, il sait que Daithe est une amie de Kahau, mais ça ne l'a pas empêché de s'enfuir. Depuis, il ne se réfugie plus au lac et évite son regard - et ses potentielles questions - dès qu'il l'aperçoit.


VERNE LE GOFF
(SpringBloom)


Verne est la seconde personne qu’a rencontré Vaast par ses propres moyens après Anthea. Vaast craignait trop que Kahau ne vienne le retrouver aux cuisines après que Victoire ait été emmenée à l’infirmerie, alors il s’était glissé aux forges. Le milieu lui était complètement inconnu, mais il savait que personne ne viendrait parler avec lui, les Héphaïstos n’étant pas spécialement connu pour leurs capacités à converser. Il n’y avait alors que Verne de présent, et, sans mot dire, il l’a pris sous son aile pendant deux heures, lui apprenant à manier les différents outils de l’atelier. Ce n’était et n’est toujours pas vraiment la passion de Vaast, mais il arrive à relativement bien se débrouiller avec ses mains pour assembler quelques engrenages. Il est régulièrement arrivé à Vaast de rejoindre la forge dès lors qu’il traversait une crise existentielle plus intense que d’habitude. Les silences et l’absence de questions de Verne l’ont toujours aidé à se calmer, et, comme il ne semblait pas le déranger, Vaast a fini par croire que, dans une certaine mesure, sans rien connaître l’un de l’autre, ils étaient quand même tous les deux amis. Lorsque Kahau a décroché une quête l’année précédente, Vaast n’a pas hésité longtemps avant de proposer le fils d’Héphaïstos comme troisième partenaire.


(à compléter - Dinho, Gareth, Noah)

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Iliana I

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BE CAREFUL MAKING WISHES IN THE DARK, DARK
CAN'T BE SURE WHEN THEY'VE HIT THEIR MARK
AND BESIDES IN THE MEAN, MEAN TIME
I'M JUST DREAMING OF TEARING YOU APART

I'M IN THE DETAILS WITH THE DEVIL
SO NOW THE WORLD CAN NEVER GET ON MY LEVEL
I JUST GOTTA GET YOU OFF THE CAGE
I'M A YOUNG LOVER'S RAGE
GONNA NEED A SPARK TO IGNITE

MY SONGS KNOW WHAT YOU DID IN THE DARK
SO LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
I'M ON FIRE

IN THE DARK, DARK
IN THE DARK, DARK

ALL THE WRITERS KEEP WRITING WHAT THEY WRITE
SOMEWHERE ANOTHER PRETTY VEIN JUST DIES
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AND I WISH YOU COULD SEE
THAT YOU'RE THE ANTIDOTE TO EVERYTHING EXCEPT FOR ME

A CONSTELLATION OF TEAR ON YOUR LASHES
BURN EVERYTHING YOU LOVE, THEN BURN THE ASHES
IN THE END EVERYTHING COLLIDES
MY CHILDHOOD SPAT BACK OUT THE MONSTER THAT YOU SEE

MY SONGS KNOW WHAT YOU DID IN THE DARK
SO LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
I'M ON FIRE

IN THE DARK, DARK
IN THE DARK, DARK

MY SONGS KNOW WHAT YOU DID IN THE DARK
(MY SONGS KNOW WHAT YOU DID IN THE DARK)
SO LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
LIGHT 'EM UP
I'M ON FIRE

IN THE DARK, DARK
IN THE DARK, DARK

~ My Songs know what you did in the dark, Fall Out Boy ~
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| SIX COUPS |


Ma mère m'a toujours répété qu'on n'avait pas besoin de plus. Si les revolvers pouvaient contenir six douilles, c'était parce que c'était suffisant pour survivre. On peut tuer six hommes avec une arme et s'en sortir. Si vous avez besoin de plus de six balles, eh bien, c'est que vous êtes déjà mort avant même de commencer votre combat. C'était sa première leçon : savoir quand on n’est pas de taille. Avant de se lancer dans un combat, fermer les yeux, écouter attentivement, savoir à combien d'adversaires on allait devoir faire face. Si vous entendiez plus de six bruits ou respirations différentes, fuyiez. Peu importe votre arme, elle ne vous suffira pas. Ça, c'est pour les films. Dans la vraie vie, fuyez. Ce n'est pas une question de lâcheté, c'est une question de survie.

Une fois la première leçon assimilée, une fois qu'elle était certaine que j’avais compris quand céder, elle m’a dit de tout oublier. Savoir quand on ne saura pas toujours à la hauteur, c'est la première leçon de la vie. La seconde, c'est de savoir mourir. Alors là, ma mère vous tendait une seconde arme. Parce qu'abandonner un combat parce qu'on pense ne pas pouvoir vaincre, c'était pour les lâches. Personne ne peut se revendiquer « survivant » en fuyant. La vie est un combat, en fuir un parce qu'on ne pense pas en sortir vainqueur c'est fuir la mort. Et ça, c'est le seul combat que l'on ne peut gagner. La mort vaincra toujours. Alors à quoi bon fuir ?

« Fonce, Iliana. Si tu ne sors pas vainqueur d'un combat, c'est que tu n'étais pas destinée à en gagner d'autres. N'oublie jamais ça. Quoi qu'il advienne, bats-toi. Bats-toi pour vivre. »

Six coups. Six coups pour raconter les onze ans de ma vie. Onze ans et un mois à Mexico.

Et deux mois sur les routes.


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| PREMIER COUP |
Le père


Je ne sais rien de mon père. Si la biologie n'entrait pas en jeu, je me demanderais même s'il existe. Ma mère ne parle jamais de lui. Personne ne l'a jamais vu. Tout ce que j'en sais, ce sont des bribes de ce que veux bien en dire ma mère. Des rumeurs autour d'un verre. Pas grand-chose dans l'ensemble. C'est un mystère. Du brouillard. Du vent. Les histoires se contredisent entre elles, en plus : je ne sais même pas qui croire.

Le premier dit que ma mère et mon père, ça a été l'histoire d'un soir. Je ne suis pas sûre de tout comprendre de comment cela s'est passé, mais c'est la seule qui justifie que personne ne sache me dire son nom. Le second dit que c'était un macho qui a ri au nez de ma mère quand elle était montée sur le ring et afin de lui apprendre le respect, elle l'aurait mis K.O. d’une droite. Le troisième raconte que c'est le premier à l'avoir vaincue. Le quatrième relate une autre histoire, comme quoi ce fut le coup de foudre complet autour d'un bras de fer et qu'ils partirent un an ensemble. D'aucuns inventent des histoires encore plus abracadabrantes, à tel point que je me demande si je peux me fier à leurs autres anecdotes. La téquila dans leur verre n’aide en général pas non plus à démêler le vrai du faux.

Quant à ma mère...disons qu'elle est évasive. Du peu qu'elle m'en dit, mon père était fort, mais pas autant qu'Enrique. Elle m'a dit qu'elle l'aimait, mais pas autant qu'Enrique. Il était beau, mais pas autant qu’Enrique. Quoi qu'elle en dise, elle le comparait toujours à Enrique. Qu’elle que soit la question, elle faisait toujours en sortes que le sujet revienne vers lui. Comme s’il n'y avait que lui qui comptait à ses yeux, et pas les questions que se posaient sa fille sur ses origines.

Et moi...je ne sais pas. Avec le temps, j'ai fini par me dire que ce n'était personne. Qu’il était en prison. Qu’il était porté disparu. Qu'il était mort. Qu'Enrique l'avait peut-être même tué. Quelque part, dans le fond, je crois que je me fiche bien de savoir qui il peut être : il n'a jamais été là. Ma mère me suffit. S'il n'est jamais revenu à un quelconque moment, il devait se ficher pas mal de ma mère, et donc sans doute encore plus de moi. Souvent, quand je n’obtenais pas réponse, c’est ce que je finissais par conclure. S’il ne se préoccupe pas de moi, je ne devrais logiquement pas me préoccuper de lui non plus.

Quand je me posais ces questions, j'étais encore bien loin de me douter que mon père était un dieu. Encore moins que les dieux grecs pouvaient exister. Aujourd'hui, j'ignore encore duquel il s’agit. Ça, c'est une autre histoire, une qui doit encore être écrite. Revenons un peu au début, d'accord ?


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| DEUXIÈME COUP |
La mère


Parfois, je me demande si je connais réellement ma mère. Nous avons toujours vécu l’une avec l’autre. Pourtant, elle me parait parfois nimbée d’autant de mystères que mon père. Peut-être que cela vient du fait qu’elle ne parle que très peu d’elle-même ou d’avant ma naissance. Tout ce que j’en sais, ce sont les légendes que raconte les habitués du bar entre deux verres. Quand je compare leurs propos à la réalité, je me dis que, même s’il doit y avoir du vrai dans leur faux, ils sont bien loin de parfaitement savoir de qui ils parlent. Si mon père biologique est brume, ma mère serait comparable à un nuage dans le ciel bleu de Mexico : de loin, on ne voit qu’elle, mais, dès que l’on s’en approche, on découvre qu’elle n’a rien de consistant, une vapeur glacée qui laisse sans point de repère.

On me l’a souvent décrite comme une femme forte, avec un caractère de tigresse, qui se débattait comme aucune autre sur le ring. Une fois, Manuel avait descendu trop de verres et avait commencé à prétendre qu’il l’avait déjà vu parler avec un chat, sa propre mère selon lui. Tout le monde lui avait ri au visage, mais, peu de temps après, les parieurs avaient fini par la surnommer Fauve. Il faut dire qu’il n’y avait pas seulement sa fureur combattive qui la faisait ressembler à l’animal, mais également sa carrure, bien plus proche de celle qu’on se serait fait d’une voleuse agile que d’une lutteuse baraquée.

Ma mère est une battante. C’est la seule vérité commune à tous. Et on ne dit pas ça parce qu'elle a fait du combat sa vie, boxeuse de jour comme de nuit, non. C'est un battante sous tous les points de vue, qu'elle soit sur un ring ou pas. Elle se bat chaque jour, seconde après seconde, pour survivre. Pour elle d'abord, puis pour nous deux. Grandir dans un ghetto, c'est une vie de dangers de tous les instants. Sortir après le couvre-feu imposé par la bande gérant ledit ghetto, c'est jouer sa vie. Aller à l'encontre des règles établies, c'est jouer sa vie. Tenter de s'enfuir, c'est jouer sa vie. Dénoncer aux flics, c'est jouer sa vie. La majorité des gens se contente de baisser les yeux et de croiser les doigts pour qu'on ne leur fasse pas de mal, à eux et leurs enfants. Pas Maman.

Les théories fusaient sur les raisons qui l’avaient poussées à se mettre à faire de la boxe dans des clubs illégaux. L’avait-elle fait pour relever un pari ? par défi personnel ? par amour ? ou seulement par appât du gain ? On avait même une fois supposée qu’elle était en mission d’infiltration… les hypothèses défiaient parfois la logique et le bon sens, mais elles avaient au moins le mérite d’animer les discussions entre les tablées. De ce que je sais de Maman, toutes pourraient être valables. Personne ne sait dire exactement pourquoi elle a décidé un jour de monter en lice, mais il n’y aurait rien de vraiment étonnant à ce que ce soit l’une d’entre elles.

J’ai néanmoins un avantage sur tous ceux qui sont prêts à établir les théories les plus farfelues avec un bon coup dans le nez : je voyais ma mère en-dehors des paris. Et si elle semblait si forte aux yeux de tous, je connaissais l’envers du décor : sa force n’est pas que brute, elle est avant tout morale. J’ai toujours été persuadée que ma mère avait choisi de prendre part aux combats parce qu’elle était d’une nature indépendante. Peut-être que tout ça était illégal, qu’elle risquait sa vie à tout moment, mais, dans le fond, chaque instant ne le rapprochait-il pas plus de sa mort ? Les combats livrés sur le ring rapportaient beaucoup et, avec l’argent accumulé, elle se disait sans doute qu’elle pourrait bientôt partir faire une meilleure vie, en-dehors du ghetto, voire de Mexico. Elle aurait certes pu économiser plus en signant un des multiples contrats que l’ont lui proposaient, mais elle craignait de s’enfermer dans ce monde.

Si c’est là la vérité, je n’en sais rien, mais je l’ai toujours perçue ainsi. Qui plus est, c’est la seule qui permettrait d’expliquer pourquoi ma mère, cette femme aussi insoumise, franche et libre d’esprit s’est retrouvé à vivre avec Enrique. Ça, et le simple fait que j’existe.

J’aimerais me dire que je n’y suis pour rien, mais ce serait me voiler la face. Lorsque ma mère a découvert qu’elle était enceinte, elle a dû remettre en question l’entièreté de son existence. Elle était jeune, sans doute trop pour tomber enceinte, et elle avait de l’ambition. Le ring, c’était un défi, un doigt d’honneur tendu à ses parents qui pensaient qu’elle ne pourrait pas survivre par elle-même, mais elle l’avait toujours envisagé comme quelque chose d’éphémère. Avec un gamin dans le tiroir, continuer de combattre aller néanmoins s’avérer bien plus difficile, et elle n’avait pas assez d’argent pour partir avant qu’il ne soit trop tard. Il a fallu faire un choix, un choix cartésien, entre son indépendance et le gosse.

Pourquoi ne pas simplement avoir opté pour un avortement me direz-vous ? Avec le recul, peut-être que ça aurait été le choix le plus sage, mais ma mère était intelligente, pas sage. Et puis, ma mère aimait relever les défis, elle s’était probablement convaincue qu’elle trouverait un moyen de nous tirer d’affaires plus tard. Ça lui semblait une évidence qu'aucune de nous deux ne supporterait l'idée de passer sa vie à longer les murs, à fixer le sol, à prendre des coups sans mot dire par crainte de ce qui suivrait. Elle a toujours prétendu qu'elle se fichait pas mal de ce qui aurait pu se passer si ça n'avait pas fonctionné, mais je sais pertinemment que c'est un mensonge pour me cacher ses peurs. Je ne lui ai jamais concrètement demandé si c’était le cas, mais je sais qu’elle était effrayée cette fois-là. Le simple fait qu’elle ait craint pour nous témoigne d’à quel point elle était courageuse. Plus que n’importe quelle autre personne que j’ai pu rencontrer.

Elle était joueuse ma mère. Toute sa vie elle l'avait passé à jouer, à parier, à mettre sa vie en danger. Elle avait toujours aimé relever les défis, quitte à en provoquer certains. Impulsive à sa manière, prête à tout pour prouver qu'elle valait mieux que ce que les autres pensaient en la voyant. Comme elle ne cessait de me le répéter : « Si tu ne sors pas vainqueur d'un combat, c'est que tu n'étais pas destinée à en gagner d'autres. Quoi qu'il advienne, bats-toi. Bats-toi pour vivre. ».

Alors, enceinte de près d’un trimestre, la légende veut qu’elle ait fui sa favela pour la favela voisine en pleine nuit, aussi discrète que les fauves dont elle tenait le nom. J'aime à imaginer ma mère en lionne face à ses problèmes, agressive, menaçante, courageuse. Bien plus forte et brave que les hommes l'entourant au quotidien, mais, en même temps, contrainte à vivre avec eux. Parce qu'en soit, c'est toujours comme ça qu'elle a vécu. Puissante, bornée, audacieuse, mais prisonnière, encore même après s'être enfuie. Elle vivait mieux certes, pour elle et pour moi, mais elle n'était pas libre. Quelque part, je crois que c'était son but ultime. Être libre.

Difficile de connaître exactement le déroulé de cette nuit-là, une fois que ma mère est parvenue à franchir la frontière de la favela. Certains prétendent qu'elle a gagné un pari, d'autres qu'elle est parvenue à séduire Enrique, ou d'autres grands romantiques vantent un coup de foudre. Moi je crois à l'histoire où elle se serait présentée devant Enrique, désarmée, lui annonçant honnêtement qu'elle s'offrait à sa bande plutôt qu’à celle de sa favela d’origine, à la condition que sa fille vive pleinement en sécurité. C'était sa seule condition, pas même de questions de revenus ou de sa condition à elle. J'étais son seul intérêt. Et je crois pleinement au fait que, pour prouver ses dires, elle a tenté une roulette russe sous les yeux d'Enrique. Une balle près et rien de tout ceci ne serait jamais arrivé.

Et peut-être que, finalement, c'était un signe que ma mère était condamnée à mourir.


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| TROISIÈME COUP |
Le beau-père


La relation entre Maman et Enrique a toujours été ambiguë. Ils n'ont jamais réellement été mariés, ni n'ont même jamais réellement partagé la même chambre. Mais ils étaient ensemble, apparemment. En tout cas Maman me disait d'appeler Enrique « beau-père », comme s'il l’était vraiment légalement. Il n'y a jamais eu d'incompréhension quant à au fait qu'il n'était pas mon père. Dès que j'ai été en âge de le comprendre, Maman m'a clairement dit qu'il ne l'était pas, sans pour autant me dire qui était mon vrai père. Je m'en suis contentée. Enrique n'était pas mon père, c'était mon beau-père. Ok, suivant.

Les rares fois où je le voyais, je n'avais pas le droit de faire un seul faux pas. Si je n'en faisais pas, tout irait bien, et Maman ne cessait de me le rappeler. Alors je me tenais bien, quand bien même je n'aimais rien du bonhomme. Je le faisais pour Maman, pas pour lui. Parce que, quand elle parlait de lui, il y avait de l’admiration dans son regard. Mais aussi quelque chose qui s’apparentait à de la peur. Et Maman n'était jamais terrifiée.

Enrique ne semblait pas effrayant en quoi que ce soit. Il souriait quand ils nous voyaient toutes les deux. Il était parfois là quand ma mère combattait exceptionnellement sur le ring, muet comme une tombe, surveillant en silence Maman. J'avais remarqué ça rapidement d'ailleurs : il ne parlait que très peu. Il se contentait d'observer et de se faire comprendre par des hochements de tête. Si je ne l'aimais pas du tout, j'admirais ce côté-là chez lui. Il m'est arrivé de multiples fois d'avoir le même comportement, d'essayer également de me faire comprendre des autres par des regards et des silences. Je n'avais pas la même prestance que lui, alors ce n’était pas très efficace. La majorité du temps, on me prenait pour une imbécile.

Je crois que Maman ne l'a jamais réellement aimé. Ou, du moins, déjà à mon faible âge, j'avais conscience que quelque chose clochait entre les deux. Mais elle ne cessait de prétendre que c'était grâce à lui que nous pouvions vivre réellement, que nous étions en sécurité. Quand j'entendais les histoires qui circulaient sur ma mère, sur la femme qu’elle était, j’avais du mal à me dire qu’il s’agissait des mêmes personnes. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai commencé à mener mon enquête sur la fiabilité des « légendes » autour de ma mère, mais c’est une autre histoire.

Entre moi et Enrique…c’était presque inexistant. Je savais que je ne l’aimais pas. Il n’avait pas spécialement une tête méchante ou les traits mauvais. Dans le fond, je l’aurais sans doute plus apprécié si son visage reflétait ce qu’il était. Son sourire charmeur et ses yeux en amande, ça ne faisait qu’ajouter à l’impression permanente de faux qui se dégageait de lui. Avec les ivres au bar, distinguer le vrai du faux n’était pas si difficile quand on s’y prenait bien. Avec Enrique, il était impossible de savoir à quoi il pensait. Tout était peut-être mensonge. Mais tout n’était certainement pas vrai. En même temps, son job lui valait d’être comme ça avec tout le monde. Y compris avec une gamine qui ne voulait à l’origine aucun mal. Dommage pour lui, je suppose.

Dès que j’ai su me tenir debout, Enrique a ordonné à Diego de m’entraîner. Maman avait insisté. Ca l’aurait sans doute mal fait que la plus ou moins gamine du chef du gang ne sache pas se battre. Surtout sachant qui était sa mère. Les enfants normaux vont en cours. Je courais à la sueur de front. Je frappais des sacs jusqu’à saigner des jointures. J’apprenais à tomber. Et à me relever. A tromper le centre de gravité de mes adversaires. A charger une arme. A la décharger en plein cœur. Quelles étaient les armes les plus létales ? Où viser pour s’assurer que l’adversaire ne soit mis hors d’état de nuire qu’un moment ? Quel était le plan de notre territoire ? ses bandes rivales ?

Théorie le matin, pratique le soir. Tel était mon quotidien, mon école. Courir, frapper, sauter, tirer, feinter, décharger. En boucle. C’était épuisant, au début. Diego était un enseignant exigeant, sévère et intransigeant. Peu importe la fatigue, je me devais de poursuivre, de me relever, de nettoyer le sang qui coulait de mon nez et de reprendre, en surveillant cette fois-ci mieux ma position. Au début, je craignais qu’il ne continue de me ruer de coup quand je ne me relevais pas - il avait clairement la tête de celui qui enseigne à la dure – mais il n’était pas comme ça. Plus je traînais, plus il allongeait le cours. Il se fichait pas mal de si cela signifiait faire une nuit blanche, il tenait et attendait que j’intègre la leçon avant de me laisser enfin trouver un peu de repos. Il a absolument toujours tenu cette promesse.

Je crois que c’est pour cela que j’ai fini par réellement apprécier Diego. Contrairement à Enrique, il ne mentait jamais. Il avait peut-être le physique d’une brute épaisse (ce qu’il était, en soi), du genre à aller casser des gueules pour le compte d’Enrique après nos leçons, mais c’était un homme droit, honnête et juste. Il obéissait à mon beau-père, certes, mais je savais qu’il pensait également par lui-même, ce qui n’était pas le cas de tous les sbires du gang. Tout comme ma mère, il ne parlait que très peu de son passé. Ça ne se faisait pas vraiment par chez nous. Trop risqué pour son entourage. Mais, à passer près de 8 heures par jour avec lui, j’ai fini par tout de même comprendre sa manière d’être. A l’image de Maman.

Ma mère m’a toujours dit de ne pas accorder trop de crédit à Diego, de seulement suivre ses enseignements. Selon elle, aucune personne capable de tuer de sang-froid des gens qui ne lui ont rien fait - comme il le faisait sans doute - ne pouvait être digne de confiance. C’était un excellent enseignant et mes progrès rapides en témoignaient, mais je me devais de toujours garder une distance. Sauf que j’ai vite admiré Diego. Pour sa force, son courage, son sens de l’honneur. Je ne sais pas s’il en avait conscience. Je faisais tout pour être la meilleure des élèves, quitte à réviser et à m’entraîner même les jours où j’étais censée être libre de faire - plus ou moins – ce que je voulais sur le territoire.

Peut-être qu’il a fini par s’en rendre compte : il devenait plus indulgent. Je m’en suis réellement rendue compte le jour où il m’a aidé à me relever, pour une fois. La faute était toujours la mienne, je manquais de technique et d’expérience, et surtout de force. Il semblait néanmoins plus enclin à me dicter la bonne posture. En général, il ne freinait pas ses coups, me disait simplement qu’à force d’être trop agressive, j’en oubliais de réfléchir aux actions de l’autre. Que l’imprévisibilité était une bonne chose, mais uniquement si je pouvais m’adapter au niveau de mon adversaire. Là, il s’est mis à réellement corriger mes erreurs, plutôt que d’attendre qu’un coup supplémentaire ne me fasse comprendre qu’il fallait que j’opte pour un crochet plutôt qu’un direct.

Je n’étais plus une simple élève. Et il n’était plus un simple professeur. Ce pas en avant qu’il avait fait, ce geste silencieux qu’on aurait ignoré partout ailleurs, ici, il voulait tout dire. Dans le monde dans lequel nous vivions, le moindre signe d’affection pouvait être perçu comme une faiblesse, un moyen de nous atteindre. Les sentiments pouvaient exister, mais ils se devaient d’être réprimés, contenus. J’étais encore une enfant, je n’avais pas pleinement conscience des conséquences que cela pourrait avoir pour Diego. Sans père, ni réel beau-père, il était ce qui se rapprochait le plus à mes yeux d’une figure paternelle. De son côté, sans femme quelconque dans sa vie, j’étais ce qui se rapprochais le plus de la fille qu’il ne pourrait jamais avoir. Nous nous étions mutuellement adoptés. Je m’en réjouissais chaque jour en secret.

Sauf que j’avais une famille. Et que les secrets ne le restent jamais bien longtemps. Enrique aurait pu essayer de me le faire avaler autant qu’il le veut, je ne pourrais jamais croire que Diego était un traître. Personne n’aurait jamais pu être aussi fidèle et digne de confiance que lui. Il n’était pas son bras droit, certes, mais il aurait pu l’être si Enrique avait décidé d’en avoir un. Je ne saurais dire exactement ce que mon beau-père avait ressenti en apprenant que sa fille adoptive avait choisi un autre comme beau-père. Peut-être qu’il s’était senti bafoué dans son autorité. Qu’il avait enfin compris quelle hypocrite la fille de Monica était en réalité. Que je n’avais fait que me comporter en fille aimante devant lui sans en penser un mot. Que, à l’instar de ma mère, j’étais indomptable.

Peut-être que si je n’avais pas eu neuf ans à l’époque, les choses auraient été différentes. Peut-être que si Enrique n’était pas aussi attaché à l’argent que Monica ramenait après chaque combat, je ne serais plus là. Peut-être que si, quelque part, il n’appréciait pas un peu ma mère, deux balles auraient été tirées dans la contre-allée.

Maman était venue me réveiller en pleine nuit. Elle avait essayé de rester le plus neutre possible, mais ses yeux étaient agités, ne parvenaient ni à me regarder en face, ni à se fixer sur un quelconque objet dans la pièce. Je ne savais pas alors ce qu’il allait se passer exactement, mais, à la tête de ma mère, il n’était pas bien compliqué de savoir que ce n’était rien de réjouissant. Je l’ai suivie sans un mot, adoptant le même comportement que lorsque je me retrouvais face à Enrique. Sourire comme si on appréciait son interlocuteur. Ne pas poser de questions, par respect. Rester à sa place, toujours inférieure dans mon cas.

Pour peu, j’aurais presque cru qu’Enrique me demanderait de tenir l’arme. Mais non. Maman me tenait par les épaules, comme si je pouvais avoir l’inconscience de me placer entre Diego et le canon. Je connaissais assez mes leçons pour savoir quelles étaient ses chances de survie face à une telle arme. Elles étaient faibles et nécessitaient un passage immédiat par un centre de soins. Au vu de la scène sous mes yeux, appeler les secours ne semblaient pas d’actualité. Il n’y a eu aucune discussion, aucune sentence, aucune plaidoirie. Diego s’est tenu droit contre le mur, avec honneur et dignité, pleinement conscient de son destin. Ses yeux n’ont pas quitté ceux d’Enrique un seul instant, à mesure que l’atmosphère devenait de plus en plus lourde, le silence de plus en plus pesant.

Les mains de Maman devenaient moites à force de serrer ma peau. Je ne pouvais pas voir son visage, mais je me doutais qu’il était semblable au mien. Un vide pur pour cacher sa détresse intérieure. D’un côté l’inquiétude pour le chagrin d’une personne aimée. De l’autre, les sentiments anticipés d’un deuil qui n’étaient même pas encore prononcé. Mais nous ne pouvons nous permettre d’aimer. Alors nous nous sommes contentées de regarder, stoïques, imperturbables. Enrique n’avait pas besoin de m’expliquer quoi que ce soit, tout était parfaitement clair, limpide. Il n’y avait qu’une seule personne que je pouvais me permettre d’appeler et de considérer comme mon père.

Et ce n’était pas Diego.


BANG


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| QUATRIÈME COUP |
La rage



Dire que ma relation avec mon beau-père s’était dégradée à la suite de l’exécution de mon entraîneur aurait été un euphémisme. D’autant plus qu’elle n’avait jamais été des plus présentes. Cela ne passait jamais par les mots. Ils n’étaient de toute façon pas nécessaires pour exprimer le profond mépris que je ressentais à son égard…et la profonde déception que je représentais à ses yeux. Quelque part, il espérait probablement parvenir à me façonner pour que je devienne son alter-ego. J’en avais la force de caractère. Avec le bon enseignement, le bon entraînement physique, j’y serais parvenue sans problème. Sauf que c’était oublier qui était ma mère. Elle n’est pas femme à se faire dicter sa conduite. La majorité des gens travaillant pour Enrique pouvait le croire s’il le voulait, mais je doutais fort que ma mère lui soit entièrement soumise. Elle avait besoin de sa liberté pour rester saine d’esprit, et c’est sans doute pour cela qu’elle craignait autant qu’Enrique lui retire le peu qu’elle avait.

Qu’il le veuille ou non, j’avais pris exemple sur elle. J’étais une gosse qui s’était pliée à ses ordres, mais j’avais besoin d’air et d’espace pour m’émanciper et ce bien avant qu’il n’exécute la seule personne à laquelle je tenais un tant soit peu. Respecter son autorité ne m’avait jamais réellement plu, mais je pouvais difficilement continuer de le faire. Dès l’instant où Diego s’était effondré, laissant une immense tâche brunâtre sur le mur de briques derrière lui, j’avais voulu sauter à la gorge d’Enrique pour l’étrangler.

Sans ma mère, je l’aurais sans doute fait. Elle m’avait immédiatement ramenée et enfermée à clé pour s’assurer que je ne sorte pas avant la fin de sa morale. Je ne m’étais jamais sentie dans un état pareil. Désormais dans l'intimité de ma chambre, je voulais faire exploser ce sentiment de frustration qui s’était emparée de moi. Je ne voulais pas seulement tuer Enrique, je voulais qu’il souffre, qu’il souffre comme je souffrais de ce qu’il venait de me faire. Je voulais briser la vitre de ma chambre, renverser ma commode, déchirer mes draps. Je voulais que ma chambre soit le reflet extérieur de mes émotions intérieures.

Et Maman a posé ses mains sur les miennes, m’a forcé à croiser à son regard. Mon corps se débattait pour se dérober à son étreinte, pour crier cette frustration, et peu importe qui l’entendrait. « Iliana, regarde-moi. La rage que tu ressens actuellement est justifiée. Mais elle passera. Ce n’est qu’un des combats que tu devras mener au cours de ton existence. Si tu cèdes à ta colère, tu perdras. Ton seul moyen de vaincre, de vaincre Enrique, c’est de jouer son jeu. Un jour tu auras ta revanche. Regarde-moi dans les yeux quand je te fais cette promesse. Nous aurons notre revanche. Pour toi. Pour Diego. Et pour moi ».

Je la croyais. Et je voulais la croire. Alors je suis restée sage. Peu importe la colère que je ressentais. Peu importe cette petite voix qui me disait de défier l’autorité d’Enrique chaque fois que je le croisais. Peu importe mon envie irrépressible de fuir par cette vitre dont j’avais brisé le carreau. Je restais pour ma mère, pour sa promesse. Parce que, quelque part, cette promesse, c’était ma certitude qu’il finirait par souffrir et que nous serions tout de même en sécurité. Ma mère est imprévisible, impulsive au combat, mais, quand elle le veut, elle sait élaborer un plan : je lui faisais pleinement confiance. J’ai suivi les cours de mes deux nouveaux enseignants, Tarquin et Pedro, qui n’arrivaient pas à la cheville de Diego. Je ne répondais pas à Enrique et j’appuyais sur chacun de mes « Padastro ». J’étais silencieuse, mais je pensais fort. Son autorité ne tenait qu’à un fil. Et je m’autorisais à le dérouler un peu plus désormais. Dès que je le pouvais, je m’en allais explorer mon barrio.

Le corps de Diego avait été laissé à son pied de mur depuis 6 mois quand j’ai fait la connaissance de Joaquin. Les mouches avaient probablement dû arriver avant que quiconque ne daigne chercher à lui donner une sépulture décente. Et Joaquin, du haut de ses onze piges, deux ans et têtes de plus que moi, s’amusait à retirer les briques du mur. A l’instar de ma mère, seul assez intelligent pour trouver un moyen de défier Enrique et son territoire sans lui faire face – et sans se faire prendre. La première fois où je l’ai vu, il fouillait des poubelles. Au cours de mes promenades dans le quartier, j’avais pu en voir de nombreux dans son cas, les pauvres qui ne trouvaient de quoi survivre que dans ce que les autres daigner leur donner, alors je l’avais ignoré. Allant de vide-ordures en vide-ordures, il récupérait des déchets çà et là.

Ce n’est que sur le chemin du retour que je me suis décidée à l’approcher : je n’avais jamais vu personne manger des couche-culotte, ni mêmes leur trouver une quelconque réutilisation. Mettant en pratique mes connaissances en filature, je m’étais faufilée à la suite de l’énergumène dans les rues du quartier. A certains coins de rues, il déposait ses bagages odorants, accompagnés d’autres déchets à l’odeur nauséabonde. Tel un petit Poucet perdu dans une forêt d’immeubles insalubres de Mexico, il laissait une trace partout où il passait, silencieux. Ce n’est qu’après son troisième arrêt que j’ai compris l’objectif de son manège. Il ne cherchait pas son chemin de manière plutôt originale : il retraçait les limites du territoire d’Enrique. Je ne connaissais pas le gamin, mais j’admirais son culot. Dans les faits, c’était un geste inoffensif, mais Enrique ne supporterait pas l'(in)offense. J’aimais l’idée de voir son visage contenir sa colère pour une geste aussi simple mais aussi irrespectueux. Hors de question de laisser toutes les louanges à cet inconnu.

Je l’avais quitté des yeux pour poursuivre son œuvre en sens inverse. Trouver des boules puantes dans les poubelles n’était pas la tâche la plus compliquée, les déposer discrètement à chaque coin de rue demandait déjà plus de talents. Surtout, à mesure que je transportais avec moi la mauvaise odeur, je commençais à me demander comment j’allais m’en débarrasser. Si j’arrivais dans son bureau comme ça, Enrique aurait peu de doute quant à l’identité du coupable. Je ne craignais pas la punition qu’il m’infligerait. Je ne voulais juste pas lui offrir sur un plateau d’argent le moyen de déverser sa colère. La frustration me semblait être une idée bien plus alléchante. Est-ce qu’une simple douche suffirait à masquer l’odeur ? Et, quand bien même, on risquait de me voir…J’aviserais.

Au bout d’une bonne heure et demie, nos chemins s’étaient croisés. J’étais allée un peu plus vite que lui : à force d’apprendre quotidiennement quel terrain nous devions défendre, j’avais effectivement fini par le connaître par cœur. Le gamin m’avait regardé sans comprendre ce qu’il se passait, tentant tant bien que mal de dissimuler ses saletés sous un vieux manteau décrépi. Il craignait que je ne l’aie pris la main dans le sac, sans doute. Je lui avais montré mes propres armes, et un rictus amusé s’était dessiné sur son visage de semi-adolescent. « Partenaire de crime ? » J’avais acquiescé sans même lui en demander plus. Bien sûr, j’étais intriguée, mais sur le moment, la seule chose qui m’intéressait, c’était Enrique.

Joaquin ne s’était pas tout de suite présenté. Il avait d’abord vérifié au coin de deux rues que j’avais rempli ma part de travail, avant de m’emmener dans un hangar désaffecté que je pensais avoir déjà complètement exploré jusqu’à ce qu’il ouvre une trappe dissimulée dans le sous-sol. Joaquin. 12 ans. Du territoire voisin et rival. Rêve ultime : voir la mer. Il s’était présenté en quelques courtes phrases alors que nous remontions le tunnel, précisant que la dernière était la plus importante. C’était par ce tunnel qu’il pénétrait sur notre territoire, tunnel qu’il avait trouvé par ses propres moyens et qu’il comptait bien exploiter pour déstabiliser notre gang avant que le sien ne se décide à l’envahir. « Mexico est parcouru de tunnels, certains désaffectés, d’autres menaçant de s’effondrer. C’est à cause des nappes phréatiques, comme personne ne s’occupe de les protéger, elle fragilise le sol et la ville s’enfonce. » Je ne comprenais pas vraiment de quoi il parlait, je n’avais jamais étudié ce que pouvait bien être les « nappes phréatiques », mais je n’avais aucun doute sur l’intelligence de mon interlocuteur. « Viens, on va profiter d’une d’entre elles pour nettoyer notre crasse ».

Ce fut notre premier méfait. Je lui avais promis de le tenir au courant de la réaction d’Enrique ce qui nous donnait une bonne raison de nous retrouver dans le hangar le lendemain – Joaquin m’avait bien fortement déconseillé de m’aventurer dans les tunnels sans une bonne carte. Malheureusement, sans doute par crainte qu’Enrique ne le découvre, d’autres s’étaient chargés de se débarrasser des ordures. La seule chose qui parvint à Enrique, ce furent quelques rumeurs, comme quoi certains coins du quartier ne sentaient pas la rose. De quoi le faire soupirer, mais rien qui ne puisse le mettre dans une colère noire.

Alors Joaquin et moi nous étions mis en tête d’y parvenir. Notre collaboration d’une après-midi s’est transformée en collaboration permanente. Personne ne fait vraiment attention à deux gamins, c’était notre force. Le visage un peu barbouillé, j’étais méconnaissable, et nous nous baladions librement sur le territoire, commettant méfait sur méfait. Parfois, nous jouions vraiment avec le feu, mais ça avait quelque chose d’excitant de se dire qu’il pourrait y avoir des conséquences. Aucun de nous deux ne craignait vraiment la mort. On avait intégré depuis trop longtemps le fait que nous mourrions jeunes en restant ici, alors autant s’amuser un peu de notre courte existence.

On se retrouvait deux à trois par semaines dans le hangar. Nous ne discutions que très peu de nous-mêmes, mais il n’y avait de toute façon pas grand-chose à dire. Nous connaissions déjà nos prénoms, nos âges, nos origines territoriales. Je savais quel était le plus grand rêve de Joaquin. Il savait que le mien était de pouvoir offrir à ma mère la liberté qu’elle chérissait en secret. Rien que le fait d’offrir ces quelques informations étaient la preuve de notre confiance mutuelle. Pour des raisons divergentes, nous tenions tout deux à ce qu’Enrique tombe. Ca importait plus que tout le reste. Nous aboyions sans mordre. Joaquin avait fini par nous trouver un surnom canin, les louveteaux. Son utilité laissait à désirer, mais ça plaisait à mon ami de signer ses délits.

Notre manège a duré près de neuf mois. La réalité nous a ensuite rappelé à l’ordre. Nous étions de deux territoires ennemis, qui menaçaient à tout moment de vouloir s’en prendre à l’autre. Tout ce qui leur manquait, c’était la bonne occasion pour franchir le pas, et nous le leur avons offert sur un plateau. Dans les faits, notre projet n’était pas plus important que les autres. Généralement, on passait notre temps à dégrader, à colporter de fausse rumeur, à trafiquer en douce un quelconque document qui pouvait porter préjudice à Enrique et son gang.

Cette fois-ci, nous avions décider de nous infiltrer dans le hangar de stockage d’armes et d’échanger quelques étiquettes. Histoire de les laisser galérer à retrouver une arme utile en cas d’attaques. C’était puéril, enfantin. Joaquin connaissait un chemin par les tunnels qui nous permettrait d’éviter la garde à l’entrée. Discrètement, notre meute de deux avait pénétré les lieux. Un regard à l’horizon nous avait appris qu’ils étaient déserts, alors nous avions commencé notre besogne. J’avais tellement confiance dans les aptitudes de Joaquin et les mille précautions qu’il prenait à chaque fois que j’en avais négligé de surveiller mes propres arrières, pour une fois.

Il y avait quelque chose de si grisant à mes escapades que j’en avais fini par déserter certains de mes entraînements. Au départ, c’était seulement ceux de Tarquin, qui insistait pour que j’apprenne le maniement de vieilles armes inutiles, essentiellement des épées, alors que je me sentais bien plus à l’aise avec mon couteau papillon du haut de mon mètre vingt. Ces leçons n’étaient pas bien passionnantes, et il faisait preuve d’un tel laxisme à mon égard que ce fut facile de prétendre que j’apprendrais mieux dans le quartier. Pedro, lui, n’était pas vraiment de cet avis. Mes excuses sur une « école du quartier » n’avaient que fini par le rendre de plus en plus suspicieux quant à mes activités extérieures. Il avait fini par découvrir la tanière des louveteaux.

Ce jour-là, nous n’étions pas vraiment seuls dans le tunnel nous menant au hangar de stockage. Bien trop concentrés sur les potentiels surveillants que nous pourrions y trouver, nous n’avions pas vu l’embuscade se profiler derrière nous. L’idée de taire notre secret n’avait pas semblé effleurer l’espace d’une seconde son esprit. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, les louveteaux qui passaient leur temps à aboyer s’étaient retrouvés à japper dans un coin.

Pedro nous avait enfermé tous les deux dans l’attente de notre « procès ». Joaquin broyait du noir. Il ressemblait à un petit chiot vulnérable et, en même temps, je le comprenais. Le juge n’était pas son beau-père. J’avais peut-être une chance de m’en sortir en un seul morceau. Dans son cas, c’était difficile d’en dire autant.

Pour le peu de temps qu’il nous restait à partager, j’avais essayé de rassurer Joaquin. Ce n’était pas vraiment mon fort. Si ce n’est ma mère, personne n’avait jamais eu un mot doux pour moi. Et je ne m’étais jamais retrouvé en présence d’une personne qui se savait mourante. Diego, c’était différent, je n’avais même pas eu le temps de lui dire au revoir autrement que par un regard. Là, le temps semblait s’allonger, interminable. J’avais beau lui dire que tout allait bien se passer et qu’il s’en ficherait parce que ce n’était qu’un gosse, j’y croyais de moins en moins. Je craignais même pour moi. Et pour ma mère. J’avais défié l’autorité suprême, il fallait que je fasse face aux conséquences désormais. J’étais prête à le faire la tête haute. A l’instar de Diego avant moi. Hors de question que je meurs recroquevillée en geignant comme le faisait Joaquin pour le moment.

Au bout d’une éternité, on avait fini par venir nous chercher. Joaquin ne voulait pas bouger. « Tu vas mourir, louveteau. Un jour ou l’autre, on meurt tous. Ma mère m’a toujours dit de lui faire face avec fierté. Ca sera ta seule occasion de l’impressionner, ne la manque pas. » Quand il n’y a plus aucune échappatoire, il faut se résoudre à l’évidence. Joaquin avait séché ses larmes, je l’avais aidé à se relever, et nous avions marché tête haute jusqu’à mon beau-père.


BANG


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| CINQUIÈME COUP |
La mort



Flou. Embrouillé. Trop de choses se sont passées cette nuit-là pour que je parvienne à en retracer concrètement le déroulé Je ne saurais dire si nous avions ne serait-ce qu’atteint le bout du couloir. J’avais déjà côtoyé la mort. Avant même Diego, Enrique et d’autres membres avaient déjà tirés sans se soucier de ma présence – je ne suis qu’une enfant invisible, après tout. La vue du sang, son odeur âcre mêlée à celle de la fumée de l’arme qui vient de tirer, les râles d’agonie, les visages tordues de douleur, les plaies béantes, je connaissais. Paralysée la première fois, tremblante la seconde, à peine secouée la troisième, puis indifférente. Un léger sursaut. Une moue désapprobatrice. Puis un haussement d’épaules. Je m’y étais fait.

Du moins, c’est ce que je pensais. Avec Diego, j’avais découvert que la mort pouvait éveiller en moi le désir de vengeance. La colère noire. La rage pure et simple. Mais il y a une différence fondamentale entre assister à un meurtre et le commettre. L’impact n’est pas le même. Et peu importe à quel point cela m’a réjoui de tuer Enrique, ce bonheur ne fut que passager. Certains jours, je me demande ce qu’il s’est passé exactement ce soir-là. Si j’en avais l’occasion, est-ce que le tuerais de nouveau ? Difficile à dire quand on agi sur le coup de la colère comme moi.

Je me souviens des coups de feu. Tirés de partout, écho du trouble qui régnait dans le quartier. On courait en tout sens, fuyant ou allant vers le front. Joaquin souriait à mes côtés : son territoire était passé à l’attaque. Sans demander son reste, il avait profité de la cohue pour s’échapper et rejoindre les siens. Je ne sais pas s’il est mort durant l’assaut ou non, mais rien que l’image de lui s’enfuyant me fait dire que je m’en fiche. Il se prétendait courageux et loyal, il n’était que lâche et fourbe. Je n’aurais jamais dû lui accorder ma confiance un seul instant.

Entre les détonations, explosions et débuts d’incendies, je cherchais ma mère. Joaquin avait toujours prétendu que j’étais douée pour mettre en application les plans, bien moins pour les réaliser, mais même dans le désordre qui régnait autour de moi, j’arrivais à aligner deux neurones. Ce soir, un massacre attendait notre quartier de Mexico. Peu importe qui l’emporterait, d’Enrique ou de Joaquin et ses compères, j’étais certaine d’une chose : c’était notre porte de sortie. Du haut de mes 10 ans, je n’avais plus besoin des enseignements de Pedro, ni de Tarquin encore moins de ceux d’Enrique. J’étais capable de me débrouiller toute seule et d’assurer la protection de ma mère (quand bien même elle n’en aurait sans doute pas besoin). La situation actuelle était l’occasion idéale pour s’enfuir sans que personne ne s’en aperçoive. Il nous fallait juste récupérer un peu d’argent au passage…

Mon objectif en tête, je faisais abstraction de tout le reste. Pedro s’était toujours moqué de ma petite taille lors des leçons, c’était désormais mon plus grand atout. Les combats ne se menaient pour le moment que dehors, l’agitation qui régnait à l’intérieur du bâtiment n’était causé que par les hommes qui cherchaient à trouver au plus vite une arme, voire deux, avant de défendre leur territoire…quand d’autres cherchaient très clairement à s’enfuir. Mieux j’ignorais cette effervescence, les coups de feu, les détonations, les cris, les gémissements, les fracas, plus vite je parviendrais à retrouver ma mère et à nous tirer de là.

Coup de chance, elle était dans sa chambre. Elle m’avait devancée : deux sacs de sports étaient posés sur le lit, pleins. Au moment où je pénétrais dans la pièce, elle finissait de charger deux revolvers subtilisés dans les réserves d’Enrique. « Iliana, il est temps pour toi de livrer ton premier combat. N’oublie pas : ne te retourne pas. Jamais. Aie foi en toi tout comme tu as foi en moi. Le combat qui se mène dehors n’est pas le nôtre, mais il nous faut nous y frayer un chemin. Ce soir, nous serons libres, toutes les deux. » Jamais le métal d’aucune arme n’avait été aussi froid dans mes mains. Mais je n’avais pas peur. Je n’avais jamais peur de rien. Et je n’aurais pas peur cette nuit.

A peine sorties de la chambre, une déflagration avait manqué de me faire chanceler, bien plus proche celle-ci. Le sol avait tremblé, les murs vrombis, le plafond s'était fissuré. L’explosion avait eu lieu sous nos pieds. Ils étaient entrés. Et le bâtiment menaçait de s’effondrer à tout moment. D’un simple regard, nous nous étions mis d’accord pour opter pour une des sorties souterraines, plus sûres. Autour de nous, les cris se faisaient plus nombreux, plus forts, plus effrayants, se répercutant en écho contre les murs. Parfois, il nous arrivait de croiser un ou deux hommes, recroquevillés dans un coin, tremblant, mais nous les ignorions. Descendre les étages pour atteindre le sous-sol signifiait se rapprocher de la boucherie qui avait sans doute lieu plus bas. Dès que nous le pouvions, nous faisions un détour. Je me cramponnais à mon arme. Pas peur. Je ne cessais de me répéter. Pas peur. Si nous croisions qui que ce soit, je ne manquerais pas ma cible.

Au bout de ce qui me sembla durer une éternité d’escaliers et de couloirs de mort, la sortie nous était apparue. Délivrance parmi le chaos. Nous n’avions croisé aucun ennemi. Aucun ennemi…du moins parmi ceux que l’on pensait en être. Il se tenait en haut des escaliers qui menait au sous-sol. Enrique. La voie était bloquée. Instinctivement, Maman s'était placée entre nous deux. « Depuis quand fuis-tu les combats, Monica ? » Sa voix sonnait comme la lame d’un coutelas glissé dans mon dos. Mon emprise sur l’arme se fit plus forte. S’il se trouvait ici, Enrique se cachait, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. Et rien n’était plus dangereux qu’un lâche. « Tu ne peux pas partir, l’aurais-tu oublié ? » Jouant avec les reflets du soleil, il révéla la lame de son Bowie. Prises au piège. Je voulais lever le canon de mon arme, mais Maman freina mes ardeurs. C’était son combat. Je ne devais pas m’en mêler.

Un duel muet se jouait entre Maman et Enrique. Tout était dit par des regards. Même de là où j’étais, je pouvais dire que Maman ne cherchait pas à abattre Enrique, simplement à négocier le passage. Du côté d’Enrique…j’avais toujours eu des difficultés à lire son visage, mais cette fois-ci encore plus que jamais. Aucune idée de ce qu’il pouvait bien chercher à gagner ici. Et ça ne le rendait qu’encore plus imprévisible. Et dangereux.

J’aimerais pouvoir dire qu’elle a gagné. Qu’elle a vaincu celui qu’elle considérait comme son pire ennemi. Mais ce serait mentir. Et si ma mère m’a toujours appris qu’il fallait prendre part aux combats que la vie mettait en travers de notre chemin, elle m’a aussi appris que, parmi ces combats, la vérité en était un quotidien. Nous en avions oublié qu’il y avait plus dangereux encore qu’Enrique. Par que peu importe à quel point je haïssais cet homme, peu importe à quel point il pouvait se montrer violent et implacable, il ne restait qu’un seul et unique homme. Et, autour de nous, l’apocalypse se jouait.

Nous les avons sans doute entendu arriver trop tard. Maman n’avait pas hésité une seconde : Enrique attendrait, il fallait d’abord s’occuper d’eux. A demi-cachée derrière le mur, elle guettait leurs pas. Au premier coup de feu, Enrique ne demanda pas son reste et fila comme un lapin dans les souterrains. J’aurais pu lui tirer une balle dans le dos là, tout de suite, pour en finir avec ce problème, mais Maman et moi allions avoir besoin du plus de balles possibles face à nos adversaires. Nous aurions pu nous enfuir nous aussi, mais le combat avait été engagé, et Maman plus jamais ne l’abandonnerait.

J’ai tiré pour la première fois sur des cibles vivantes ce soir-là. Au final, c’était comme durant les entraînements : des mannequins. Rien pour moi. Rien pour ma mère. Des silhouettes au bout d’un couloir, le prolongement des détonations. Impact dans mes mains à la déflagration. Impact au sol quand leur corps touché venait le heurter. Bang. Bang. Le mouvement était tellement mécanique que mon cerveau ne laissait place à aucune émotion. Mon corps entier vibrait d’une énergie nouvelle, rayonnante.

Les balles avaient fini par arrêté de pleuvoir. Plus d’ennemis en vue. Et puis un « bang » avait sonné faux. Un énième corps est tombé, mais du mauvais côté du couloir. Ma mère s'était effondrée, blessée au-dessus du sein droit. Une plaie béante qu’elle n’osait elle-même regarder. Depuis combien de temps avait-elle été touchée ? Peu importe, elle avait continué de lutter contre la douleur et contre ses ennemis. Ceux-ci gisaient en face de nous, immobiles. Quelques-uns gémissaient encore faiblement. « Bien plus que six, hein ? ». Elle s’effondra. Œil clos. Inerte. Morte. Le poumon perforé. Pour avoir choisi le combat plutôt que la fuite.

Pour ce qui est de la suite, mes souvenirs sont flous. Je me souviens du noir tout comme je me souviens du rouge. Sur l’instant même, ma vision s’était brouillée. Poings crispés, mâchoires serrées. Ce dont je me souviens le plus, c’est la colère. J’avais déjà été en colère lorsqu’Enrique avait tué Diego, mais jamais à ce point-là. C’était viscéral, presque palpable. Quand Diego est mort, Maman avait tout fait pour la faire taire et me contrôler, me convaincre que tôt ou tard ma rage trouverait une bonne manière de s’exprimer. Le « tôt » était advenu, malheureusement pas comme elle l’avait prévu.

Pour Diego, je voulais détruire les murs de ma chambre, détruire le monde entier qui n’avait que faire de cette injustice. Ma colère était alors pure fureur, insensée, désorientée, perdue. Je ne savais pas quoi faire pour sortir de cet état. La réponse me parut évidente ce soir-là. Froide, calculée dans sa démesure. Il n’y avait plus qu’elle pour contrôler le moindre de mes pas, plus qu’elle pour me dicter quoi faire, pour faire vibrer chaque parcelle de mon corps. « ENRIQUE ! » Je n’avais jamais entendu ma voix produire un tel son, dégager une telle hargne, renforcée par l’écho des murs du tunnel. Une lumière rouge d’origine inconnue guidait ma course dans les ténèbres. Un rouge vif, vermillon. Le sang de la vengeance.

J’ai retrouvé la trace d’Enrique au détour d’un couloir, dans ce dédale que j’avais fini par connaître par cœur. J’ignore quel spectacle je lui offrais exactement, mais le seul souvenir net que je garde de cette soirée, c’est l’effroi qui se lisait sur son visage lorsqu’il se tourna dans ma direction. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, mes cellules vibraient à chacun de mes pas. Enrique ne reculait même pas, pétrifié. Je sentais mon sang bouillir dans mes veines. Et probablement dans les siennes aussi, car la dernière vision que j’eus de lui avant de m’évanouir, c’était sa tête qui implosait.


BANG


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| SIXIÈME ET ULTIME COUP |
La route



Nous touchons au bout de ses onze années, accrochez-vous, j’en ai bientôt fini. L’histoire, elle, ne s’achève pas, tout comme les légendes que l’on contait sur ma mère. La mienne n’est pas une légende, c’est une route. Une route sans fin, aux embranchements multiples mais inconnus. Je préfère la voir comme ça, parce que, contrairement aux légendes, la route est libre. Le mythe est enfermé dans les mots de ceux qui le racontent, cantonné à ce que leur imagination leur permet d’inventer. La route, elle, est symbole de liberté, s’affranchit des mots. Ma mère aurait voulu être libre comme je le suis maintenant, en quelque sorte. Cette route, nous l’aurions parcourue à deux si Monica Hernandez n’avait pas été légende.

Et puis, peut-être aussi que la métaphore m’arrange parce que je me suis réveillée du cauchemar de Mexico en regardant défiler l’asphalte sous des roues mal gonflées. Le pick-up dans lequel je me trouvais ne payait pas de mine – et n’en paye toujours pas, d’ailleurs -, mais c’est grâce à lui que Tarquin et moi-même avons franchi la frontière états-unienne à Laredo au bout de deux jours de voyage. Les Etats-Unis, le rêve, l’espoir et la carotte de ma mère. A mes yeux, un mirage, des mots prononcés par des yeux brillants désormais ternes et inertes. Ce pays représentait un idéal pour ma mère, la possibilité d’un « mieux » pour nous deux. Je ne vais pas vous mentir, je ne vois pas grande différence entre ici et chez moi. Je n’ai pas vécu la meilleure des enfances à Mexico, mais c’était mon enfance, et c’est mon pays. A choisir entre le désert texan et le désert de Nuevo Leon, mon choix est vite fait.

Sans Tarquin, je ne serai probablement ici, d’ailleurs. Je sais me débrouiller, j’aurais trouvé un moyen de m’en sortir à Mexico par moi-même. Je serais peut-être même parti chercher mon père là-bas. Mon véritable père. Mais d’après Tarquin, je le trouverai ici, de ce côté de la frontière. Le premier jour, quand Tarquin m’a sorti ça sans pression, j’ai ri, alors même que je m’étais promis de ne pas lui adresser la parole jusqu’à ce que je trouve un moyen de m’enfuir de là. J’avais dû mal à croire que ma mère ait pu passer d’un Etats-unien à Enrique et encore moins qu’elle ait choisi de l’abandonner alors que c’était sa porte d’entrée pour un monde meilleur. Ça ne tenait pas debout.

Les premières heures de voiture avaient été une torture. Je n’avais jamais spécialement aimé Tarquin, pas plus que je ne le détestais, mais je voulais rentrer à Mexico, enterrer Maman et m’assurer qu’Enrique pourrissait à jamais dans un caniveau pour le plus grand bonheur des rats. Nous filions vers le nord à toute allure, bien trop vite pour que je puisse sauter sans me casser quelque chose et qu’il ne remette à bord, et avec un réservoir bien trop plein pour que j’espère un arrêt à une station-service. Je ruminais autant que le moteur, Tarquin n’avait plus rien dit à partir de sa « révélation » sur mon père et commençait sérieusement à me taper sur le système – sans vouloir l’offenser. Je n’avais plus qu’une idée, et tant pis si ça signifiait courir plusieurs jours en plein désert.

J’ai prétexté une pause urgente. C’était minable, j’aurais pu me battre, mais personne ne m’avait appris à conduire, alors il ne me restait que la fuite. Depuis le temps, j’ai de la force, beaucoup de force, mais je cours aussi vite. Du moins c’est ce qu’il me semblait, jusqu’à ce qu’un bruit de sabot me rattrape. A partir de là, Tarquin m’a tout raconté d’un bout à l’autre. C’était difficile à croire, mais c’était toujours plus crédible que ma mère avec un Ricain. Et puis ça occupait la route. Les satyres. Les dieux. La colonie. L’Olympe. Mes pouvoirs. Et les monstres.

Ils n’ont pas attendu longtemps pour faire leur apparition, ceux-là. A peine avait-on traversé la frontière que l’on a eu affaire à notre premier chien des Enfers. Tarquin a failli y perdre une de ses jambes de bouc. C’est à partir de ce moment-là que mon entraînement a commencé, le vrai entraînement, celui de demi-dieu. Voilà pourquoi Tarquin tenait tant à m’apprendre à me battre avec des vieilles armes toutes rouillées : les balles en bronze céleste, ça n’existe pas. C’est éreintant, autant de poids à manier du haut de ma petite taille, mais c’est toujours plus passionnant que les cours d’anglais qu’il me donne en parallèle. J’aurai tout autant besoin de savoir me servir d’une épée que de parler la langue saxonne à la Colonie de ce qu’il dit, mais je ne vais pas me gêner pour continuer à parler espagnol dans votre dos.

Sauf qu’avec les entraînements, on ralentissait l’allure jusqu’à New York. Les monstres ont commencé à nous trouver plus facilement, on a dû faire des détours, beaucoup de détours. Et, il y a trois semaines, un couple de harpies s’en est pris à nous dans le nord de l’Oklahoma. Tarquin s’est fait bouffer un œil, et s’est cassé une patte en essayant de leur sauter dessus avec son gourdin. Impossible de rouler, et je suis trop petite pour atteindre les pédales, j’ai essayé. Alors Tarquin a envoyé un message de détresse à la Colonie et vous avez débarqué. Je ne vais pas vous mentir, j’aurai préféré me débrouiller toute seule pour la trouver, ça fait deux mois que je me coltine un satyre et un compagnon de route me suffit amplement, j’espère que vous saurez rester tranquille où on ne va pas s’entendre. J’ai pas besoin de votre aide, c’est pour Tarquin que vous êtes là. On est d’accord là-dessus ?


PLUS DE MUNITIONS


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- Psst, Vaast. Je comprends rien de ce qu’elle dit, je parle pas espagnol.

- Je crois que j’ai saisi l’idée. On va espérer que les détails n’étaient pas importants. Aide-moi à emmener Tarquin à la voiture, ils nous restent encore de la route jusqu’à la Colonie.


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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Iliana II

Message par Springbloom »

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Iiana s’est aperçue d’à quel point elle était ignorante, inculte et perdue une fois à l’extérieur de son territoire de Mexico. C’est même pour cela qu’elle a une profonde admiration et beaucoup de respect pour tous ceux qui savent et cherchent à lui apprendre, notamment pour Tarquin qui fait de son mieux pour pallier cette lacune. Tâcher néanmoins de ne pas lui faire une quelconque remarque vis-à-vis de son absence de connaissances : ce manque la frustre terriblement. Et, quand elle est frustrée, Iliana a tendance à taper vite sur le premier truc qui lui passe sous la main, vivant ou pas.

En effet, Iliana est le genre de personne que l’on décrirait comme « sur le fil ». Elevée à la dure pour devenir une guerrière, personne si ce n’est sa mère ne lui a réellement appris à faire part de ses émotions, raison pour laquelle elle a tendance à transformer tout sentiment de frustration, de tristesse, parfois même de joie en rage explosive. Tant qu’elle vivait à Mexico, cela ne posait pas de problème, puisqu’elle pouvait la laisser s’exprimer lors des entraînements ou par ruse contre Enrique, depuis qu’elle est sur la route avec les trois énergumènes – les désigner comme ça l’aide à ne pas se sentir inférieur à eux, ce qu’elle sait être vrai – qui lui servent de compagnons, elle est obligée de se contenir pour ne pas démolir le pick-up censé les emmener à la Colonie. Ses sentiments et sa colère sont encore plus forts qu’elle n’a jamais réellement pris le temps de faire le deuil de sa mère et sa vie passée, et ce malgré les quelques tentatives de Tarquin pour la faire parler ou l’aider dans cette période difficile.

Il faut dire qu’Iliana n’est pas non plus l’enfant la plus bavarde qui soit. Sans même parler d’exprimer ses sentiments, elle n’a pas été bercée par les contes durant son enfance, et n’a jamais développer son imagination pour autre chose que des stratégies de combat. Les seules histoires qu’elle sait raconter, ce sont elles qui concernent sa mère, « contes » rapportés par quelques saoulards. Parler d’elle-même, ce n’est pas vraiment son genre. Elle considère qu’elle ne sait pas faire, et craint, à l’instar de sa mère, d’en révéler trop et de révéler qu’elle est vulnérable. Elle se contente du moins possible, tant que son interlocuteur l’a comprend, l’essentiel est là.


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Du haut de ses onze ans, Iliana n’a pas réellement eu l’occasion de développer ses pouvoirs. A vrai dire, la seule fois où ceux-ci se sont révélés, ce fut face à Enrique, dans les souterrains de Mexico, et uniquement parce qu’elle bénéficiait de la bénédiction d’Arès. Si chez certains membres de sa fraternité, elle décuple les forces et permet même d’appeler certains soldats morts au combat à la vie, chez Iliana, elle se transforme en hématokinésie. Bénie de la lumière rouge de son père, Iliana s’est ainsi retrouvée en mesure de pouvoir faire monter la pression dans les vaisseaux sanguins de son beau-père…ce qui s’avère plutôt fâcheux lorsque ceux-ci sont situés à proximité du cerveau. Sans cette bénédiction, en faisant preuve de beaucoup de concentration qu’elle ne possède pas de part son TDAH, elle pourrait à peine vous faire saigner du nez, et encore.

Si ce n’est ce léger détail, Iliana a tout de même hérité de certaines des caractéristiques paternelles. La principale est bien évidemment sa force, qui dépasse de loin celle que l’on conférerait à une gamine de son âge et de sa taille. Au-delà des simples heures d’entraînement, celle-ci a quelque chose de peu naturel, ce dont Iliana n’a pas conscience. Elle aime néanmoins voir les adultes la sous-estimer avant de les mettre K.O. : quelque part, c’est même plus sa mère qui ressort dans ces moments-là. Comme ses frères, elle possède également une aura qui peut accentuer la colère et la frustration de ses adversaires, mais elle ne sait pas s’en servir. Son talent au combat est brut, mat, absolument tout sauf fin et délicat.

En parlant de techniques de combats, si Monica Hernandez est décrite par les habitants de Mexico comme une fauve, féline, rapide et imprévisible, Iliana serait elle plus un carcajou. Du mélange entre l’agilité maternelle et la rage paternelle en est ressorti un drôle de résultat. Iliana parvient ainsi en combat à aligner aussi bien stratégie – du moins quand son cerveau reste concentré sur le combat – qu’une férocité surprenante qui n’est pas sans rappeler les frayeurs que pouvaient faire naître sa mère au combat. Dans tous les cas, ne vous fiez pas à sa taille ou à son jeune âge : même sans un parfait entraînement de demi-déesse et des techniques d’escrime encore balbutiantes, Iliana n’en reste pas moins une guerrière, et sans doute une des plus prometteuses demi-déesse de sa génération.


En attente de la revendication pour de plus amples informations

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Sans rivaliser avec un enfant de Niké ou d'Hermès, Iliana court extrêmement vite et profite de sa petite taille pour se faufiler là où elle sait que personne ne la trouvera. Ce n’est pas un acte de lâcheté, ça lui laisse le temps de préparer le coup infaillible. Elle ne décrirait de toute façon jamais une de ses techniques de combat comme lâche, ce serait mal la connaître. Les nombreuses heures d’entraînements qu’elle a dû subir avec Diego puis Tarquin n’ont pas seulement fait d’elle une coureuse rapide, mais également une force brute. Inutile de dire que, si vous êtes amené à rencontrer les poings d’Iliana, votre mâchoire s’en souviendra longtemps.

Très discret, Iliana possède un tatouage derrière l’oreille, fait chez un artiste informel lors de ses escapades avec Joaquin. A l’origine, cette représentation de Santa Muerte était censée lui rappeler que toute vie avait une fin, mais que ce n’était pas la fin de toutes les choses. Maintenant que sa mère est morte, il lui fait penser à elle. Dès qu’elle doit se battre, elle relève ses cheveux pour les nouer et l’aperçoit dans la glace. Elle ne peut s’empêcher de se souvenir que sa mère observait les mêmes gestes avant d’aller en lice. Il lui rappelle ses mantras incessants sur la survie, le combat, la force et le courage, et sa place au milieu de tout ça.

Etrangement, Iliana n’est pas du genre à sourire. Le plus souvent, son visage affiche une moue boudeuse. Si jamais vous parvenez à lui tirer ne serait-ce qu’un rictus, ce sera une grande victoire…à moins que ne soit parce qu’elle sait qu’elle vous permettra à terre dans quelques secondes.


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A compléter

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Sans surprise de ma part, Iliana parle bien entendu couramment espagnol. Elle a appris à parler anglais avec Tarquin mais connait encore de nombreuses difficultés. Néanmoins, la majorité des états-uniens apprennent l'espagnol en seconde langue, et elle peut donc plus ou moins aisément mélanger les deux langues sans que cela ne la rende incompréhensible. Malheureusement pour elle, le fait qu'on la comprenne signifie également qu'on la comprend quand elle jure en espagnol, et les dieux savent que c'est son passe-temps favori.

Elle n’a gardé que deux choses de Mexico. Son couteau-papillon, dont elle s’est rapidement aperçue de l’inutilité face aux monstres, ce qui la frustre énormément, ainsi que l’arme qu’utilisait sa mère le soir de sa mort. Il n’y restait et il n’y reste qu’une balle, qu’elle destinait à Enrique avant de lui exploser la cervelle grâce à l’aide paternelle. Elle ignore pour qui elle la garde exactement, le meurtrier de sa mère étant mort depuis longtemps de ses propres mains.



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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Kahau I

Message par Springbloom »

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Aux six iridescents,
Iliane, la rêveuse mauve,
Pierrot, la créativité azur,
Dorian, la fraîcheur émeraude,
Louna, la pureté dorée
Arthur, la passion ambrée,
Inès, la vitalité écarlate,
Merci pour tout,

L'indigo rayonnant


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MAHALO NUI IA KE ALI'IWAHINE
(Mahalo ke Kuini o Hawai'i)

HOMMAGE A SA MAJESTE
(Hommage à la Reine d'Hawaii)

'O LILI'ULANI 'O KA WO HI KU
('O ku i ka moku i ke kalaunu)

LILI'ULANI, LA REINE DE NOTRE PAYS
(La divine Wohi sur son trône)

KA PIPIO MAI O KE ANUENUEHI
(Na hana a ke aloha)

LES PLUS GRANDS DES ARCS-EN-CIEL
(Les créations de l'amour)

NA WAIHO'O LU'U A HALIKEOLE'E
(Ma'alo ana i ka ua lana malie)

FAISCEAUX DE COULEURS A NULLE AUTRE PAREIL
(Transmises entre les gouttes des douces pluies)

E NANA NA MAKA I KE AO MALAMA MAI
(E nana na i ka lani malama)

REGARDE A QUEL POINT LE JOUR BRILLE
(Dans ce paradis de lumière)

MAI HAWAI'I AKEA I KAUA'I
(Ho'ike mai ana la i ka nani)

DANS LE VASTE PAYS ENTRE HAWAI'I ET KAUA'I
(La beauté se révèle)


'O KALAKAUA HE INOA
KALAKAUA EST SON NOM
'O KA PUA MAE'OLE I KA LA
LA FLEUR ETERNELLE
KA PUA MAILA I KA MAUNA
ELLE FLEURIT SUR LES SOMMETS
I KE KUAHIWI 'O MAUNA KEA
DE LA MONTAGNE MAUNA KEA
KE 'A MAILA I KILAUEA
RAYONNANT AU KILAUEA
MALAMALAMA I WAHINEKAPU
ILLUMINANT WAHINEKAPU
A KA LUNA O UWEKAHUNA
DANS LES HAUTEURS D'UWEKAHUNA
I KA PALI KAPU O KA'AUEA
SE TIENT LA FALAISE SACRÉE DE KA'AUEA
EA MAI KE ALI'I KIA MANU
S'Y EVEILLE LE ROI DES OISEAUX CHASSEURS
UA WEHI KA HULA O KA MAMO
ARBORANT LE PLUMAGE DU MAMO
KA PUA NANI A'O HAWAI'I
IL EST LA FLEUR MAGNIFIQUE D'HAWAII

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'O KALAKAUA HE INOA
KALAKAUA EST SON NOM
'O KA PUA MAE'OLE I KA LA
LA FLEUR ETERNELLE
KA PUA MAILA I KA MAUNA
ELLE FLEURIT SUR LES SOMMETS
I KE KUAHIWI 'O MAUNA KEA
DE LA MONTAGNE MAUNA KEA
KE 'A MAILA I KILAUEA
RAYONNANT AU KILAUEA
MALAMALAMA I WAHINEKAPU
ILLUMINANT WAHINEKAPU
A KA LUNA O UWEKAHUNA
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I KA PALI KAPU O KA'AUEA
SE TIENT LA FALAISE SACRÉE DE KA'AUEA


MAHALO NUI IA KE ALI'IWAHINE
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HOMMAGE A SA MAJESTE
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'O LILI'ULANI 'O KA WO HI KU
('O ku i ka moku i ke kalaunu)

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(La divine Wohi sur son trône)


EA MAI KE ALI'I KIA MANU
S'Y EVEILLE LE ROI DES OISEAUX CHASSEURS
UA WEHI KA HULA O KA MAMO
ARBORANT LE PLUMAGE DU MAMO
KA PUA NANI A'O HAWAI'I
IL EST LA FLEUR MAGNIFIQUE D'HAWAII
'O KALAKAUA HE INOA
KALAKAUA EST SON NOM


~ Mark Keali'i Ho'omalu, Coeur des enfants de l'école Kamehameha, He Mele No Lilo ~
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Iris | Ton monde
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L'eau. Vaste étendue, si vaste que ses frontières n'en sont pas définissables par quiconque aurait le courage de vouloir braver l'horizon et ses mystères. Royaume inexplicable, changeant, versatile, tantôt transparent, bleuté, verdoyant, grisâtre, ou opaque, masse insondable s'étendant où bon lui semble. Autrefois, il n'y avait que le chaos, désordre entre les mondes, brouillard, incompréhension. Et, pourtant, quand un dieu inconnu ou une quelconque puissance surnaturelle parvient à séparer la terre du ciel, l'eau de la roche, à placer chaque élément dans son royaume, il ne parvint pas à dompter l'eau. Où qu'il chercha à la poser, l'eau donnait l'impression de s'adapter au contour des autres royaumes, de se soumettre à leur autorité, sujet du ciel et de la terre, informe tant qu'on ne lui donnait pas de limites qu'elle ne savait définir. Tandis qu'on se laissait bercer par son illusion, que ciel et terre cherchaient à entrer en contact, l'eau, elle, imposait sa marque, s'infiltrait partout, dans les cieux comme dans les souterrains, dans les abysses comme sur les plus hauts sommets. Elle avait toujours fait comme bon lui semblait, faisant fi des autres royaumes, consciente que, quoi qu'il advienne, quoi que puisse en croire le monde, elle était la source de tout et, qu'en tant que telle, elle devait être partout. Personne ne pourrait jamais lui imposer de limite, de frontières, de lois, de contrôle. Elle n'obéissait et n'obéirait jamais à personne d'autre qu'elle-même, dans la création comme dans la destruction. Alors que la Terre et le Ciel baptisaient le monde, croyaient en être à sa source, c'était elle qui définissait les contours des futurs royaumes, inébranlable liquide qui, dès lors qu'on essayait d'arrêter sa course, s'échappait. Dès les premiers âges, il y eut un souverain du Ciel, un souverain de la Terre, un souverain des Souterrains. Il n'y eut jamais un seul souverain des eaux. Il était trop tard pour qu'on le cherche à la contrôler de manière universelle, elle se savait invincible. Peu importe l'époque, peu importe le nombre de divinités pour la gouverner, elle ne saura rien faire d'autres que vous donner l'illusion que pouvez exercer une quelconque autorité sur elle. Toujours, elle obéira à son principe premier : la liberté. Liberté qui passera toujours par aller où bon lui semble, mais également pas donner la vie.

Je suis née de l'eau. Alors que le Ciel embrassait la Terre chaque jour qu'Héméra et Nyx faisaient, mettant au monde les divinités terrestres, des océans jaillirent deux sœurs jumelles ailées, fille de Thaumas et d'Électre. Arcé était le nom de la première, Iris celui de la seconde, toutes deux aux ailes d’or et d’argent. Bien avant que les Titans ne voient le jour, que Chronos ne cherche à régir le temps, bien avant encore que les Olympiens ne s’emparent du royaume de leurs ancêtres, nous fûmes les deux premières déesses du monde. Les légendes content que ce fut la belle Aphrodite, naissant des semences d’Ouranos qui tombèrent dans Thalassa, qui fut la première déesse olympienne, mais les légendes n’ont pas toujours raison. Après tout, nul homme n’avait encore vu le jour, nul mortel ne pouvait conter ce qu’il avait vu, et le temps n’était pas encore. Le monde n’était pas encore entré dans son premier âge et les êtres primordiaux qui en avaient pris possession ne se souciaient guère de ce dont pourrait être fait l’avenir, pas plus que de leur passé. Il n’y avait alors que le présent éternel et le combat sans fin d’Héméra et Nyx, la lutte impossible entre le jour et la nuit.

Thaumas et Electre, nos parents, n’avaient d’yeux que pour les océans, royaume sur lequel régnait leurs aïeuls Océan, Pontos et Thalassa. Ils ne cessaient d’en explorer les profondeurs marines, sans aucun but autre que celui de profiter de leur présent avant que celui-ci ne finisse par les fuir définitivement. Pour Arcé et moi-même, c’était tout autre chose. Les océans étaient nos origines, nos racines et nous ne pouvions nous en séparer. Mais nous étions toutes les deux dotées d’une paire d’ailes qui nous destinaient à bien plus. Tels les arbres qui étaient alors les seuls êtres à peupler Gaïa, nous étions promises à nous élever de la terre qui nous avait vu naître, à découvrir d’autres horizons plus lointains, plus célestes. L’eau serait toujours notre force, notre sagesse, la source de notre vie, mais elle ne pourrait jamais être le royaume qui nous verrait grandir. Un jour que nous jouions toutes les deux, Arcé franchit la frontière entre notre royaume et ceux inconnus qui n’attendaient plus que nous. D’un coup de pied agile, je l’ai suivie, fendant cette chose inédite qu’était la surface, prisme de toutes les lumières que projetaient Héméra dans notre monde. Gerbes d’eau envolées, mes yeux se sont ouverts sur ce monde que j’ignorais, émerveillés. Je connaissais la lumière pour l’avoir vue sous les eaux, diffuse et faiblarde, plus puissante à mesure qu’on se rapprochait de la frontière des eaux, glissant entre les vagues pour se fondre un passage vers les profondeurs. Ce n’était rien face au spectacle qui nous attendait une fois les flots franchis. Là, dans cet espace où régnait la brillante Héméra, jamais je n’aurais pu imaginer l’éclat que pourrait avoir les lumières d’Hypérion. Elles n’étaient pas seulement resplendissantes, elles ne faisaient pas que chasser les ténèbres en surface. Elles étaient douces, chatoyantes, révélant ce que les ombres cachaient. Au-dessus des flots, nos ailes n’étaient plus seulement faites d’or et d’argent, elles s’irisaient de toutes les nuances que mes yeux n’avaient jamais pu concevoir.

Ce jour-là, alors que nous découvrions toutes deux l’âge d’or, que nous apercevions pour la première fois la lumière terrestre, nos destins que nous pensions liés à jamais ont soudainement divergés. Nous savions qu’il existait de nombreux autres royaumes que celui qui nous avait vu naître, et nous avions toujours été persuadées que notre seul objectif était l’ascension vers cette surface miroitante qui déviait les rayons solaires. A peine avions nous franchi les eaux que j’ai compris qu’il en était tout autre. Arcé n’avait d’yeux que pour les cieux et ses lumières, pour toutes les couleurs qu’Hélios créait dans ses ailes. Elle désirait plus que tout partir à la rencontre de ses cousins, l’Aurore aux bras roses, l’Hélios brillant et la douce Séléné. Elle voulait comprendre les origines de la lumière, sa beauté, sa pureté, tout ce que la surface des mers lui cachait. Arcé n’était intéressée que par la source, par sa puissance et sa chaleur, les yeux rivés vers l’Ether, et moi, je ne parvenais à détacher mon regard de la terre nourricière. A quelques brasses de nous s’étendaient une plage des plus banales, mais dont toute la curiosité venait de ceux qui se promenaient sur son sable. Nombreux étaient mes cousins à fouler l’étendue sablonneuse, mais, entre eux, je sentais qu’il y avait quelque chose de différent, des êtres inconnus, plus…vivants. Et tandis qu’Arcé déployait ses ailes au-dessus des flots, libérant par centaines des gouttelettes aux couleurs qui ne pouvaient rivaliser avec son plumage, s’envolant vers les cieux, je me suis mise à nager vers le rivage, oubliant que je venais de la mer, oubliant ma sœur qui me quittait, oubliant que j’avais des ailes pour voler. Je n’avais plus qu’une pensée, qu’un unique souhait : aller à la rencontre de ses êtres inconnus.

Dès l’instant où mon regard a croisé le vôtre, j’ai compris que nous serions liés pour l’éternité. L’âge d’or a toujours été décrit comme une période où les immortels vivaient au jour le jour aux côtés des mortels, néanmoins, certains, comme mes parents, ma sœur ou mes rayonnants cousins passaient le plus clair de leur temps loin de la terre nourricière. Dans l’ensemble, nombreux étaient les Titans à aller et venir entre les royaumes. Nous étions en temps de paix, un temps de paix et d’harmonie, et nulle rivalité n’existait entre aucun des êtres qui peuplaient la terre. Avant, il n’y avait que le chaos, la discorde, violence primordiale, et désormais régnait l’ordre entre les immortels. La Terre nourricière fêtait cette liberté nouvelle en se parant de milles paysages qu’elle cachait en son sein, et elle donnait naissance aux êtres qui n’avaient jamais pu quitter son corps, oppressé par le ciel. Parmi eux, il y avait vous, sa plus belle création, son plus grand succès, son plus grand mystère. Si semblables aux immortels et, pourtant, à des lieues de ce que nous aspirions à être.

Aucun membre de ma famille n’aurait été prêt à l’assumer, mais il ne m’a fallu que quelques instants à vos côtés pour que la vérité éclate : vous étiez la vie. Chronos s’était libéré de Gaïa en même temps que vous, et, par ce simple fait, avait régi les lois du temps, cette chose insaisissable donc aucun immortel ne s’était jamais préoccupé puisque aucun mortel n’existait. Nous nous étions tous persuadés que nous étions la vie, la source et le produit même de celle-ci mais Chronos a changé la donne. Comment aurions-nous pu être la vie quand nous ne savions ce qu’était la mort ? Je l’ai vu un jour vous emporter, et rien ne m’avait jamais autant impacté que la première fois où j’ai vu l’un de vous, après avoir passé toute la journée à rire et à se nourrir de baies, se coucher paisiblement sur une colline, sans mot dire, juste un sourire aux lèvres, et attendre que la Mort ne vienne l’emporter au plus profond de la Terre qui vous avait donnée vie. Auparavant, je n’avais jamais vu la Mort, je n’avais même que vaguement conscience qu’elle pouvait exister. Ce n’était qu’une légende que nous racontait Thaumas et Electre pour que nous ne nous approchions pas du royaume de Nyx. Croiser son regard noir avait suffi à me glacer le sang, à me plonger dans les ténèbres les plus totales : je me sentais tomber, sombrer, m’éteindre, m’oublier, être oubliée, me perdre, disparaître sans qu’aucun de mes cris ne produisent aucun son. L’obscurité la plus profonde régnait dans ses pupilles et vous lui tendiez sereinement la main, prête à la suivre où qu’elle vous emmènerait. De simples créatures intrigantes, vous étiez devenus ce jour-là les êtres que j’admirais le plus au monde. Quelque chose d’inexplicable en vous, une forme de courage, voire même un sentiment encore plus profond, vous amenez à vous battre, à vous relever, à vivre quand bien même vous saviez qu’elle viendrait vous chercher tôt ou tard, l’obscurité qui emporte tout, l’oubli qui efface, le néant qui ne laisse plus aucune trace. Thanatos était instantanément devenu ma plus grande peur à l’instant où j’avais senti sa présence, et vous l’attendiez comme on attend un ami en retard, serein, réjoui. Vous étiez les merveilles incomprises de l’éternité, le point d’interrogation au milieu des lumières qui éclairaient mon univers.

J’avais vécu les plus belles années de ma vie à vos côtés. Enfin, du moins, je sais que vous utilisez souvent cette expression entre vous, et, le plus souvent, dans un contexte triste, quand vous comptez vous séparer de quelqu’un ou qu’il est temps pour vous d’aller rejoindre l’obscurité. Mon rapport au temps restait flou, inconstant et, sans vous, je n’aurais jamais réellement eu aucun repère dans sa course. Quoi que vous fassiez, vous étiez toujours ma référence, une sorte de but inatteignable mais auquel je ne cessais de me raccrocher. Je n’admirais pas seulement votre courage quotidien, votre force qui prenait sa source je ne savais exactement où, mais tout ce que vous dégagiez, cette aura de « vrai » dans laquelle vous baigniez au quotidien, vos sourires, votre manière de rire de tout et de rien, d’aimer sans retour, de remercier la terre de vous nourrir sans la moindre effort, de grimper aux arbres pour attraper les pommes les plus hautes plutôt que de simplement prendre celles à votre hauteur…Vous respiriez la liberté, si authentique, un naturel que j’aurais pu espérer sans jamais être en mesure de l’atteindre. Et c’était tout ce qui faisait votre lumière. Arcé avait trouvé la lumière pure et originelle grâce à ses cousins qui la faisaient rayonner, je l’avais trouvé en vous, dans vos gestes du quotidien, dans toutes ces choses que faisiez sans que je comprenne pourquoi vous y mettiez tant de cœur et de passion, dans la moindre routine, le moindre cadeau à autrui : vous étiez ma lumière, mon phare, ma raison d’être, la vérité à atteindre.

Malheureusement, tout comme vous utilisez l’expression « les plus belles années de ma vie » pour parler d’une époque révolue, c’est que nous avons fini par nous quitter. Je me refuse et je me refuserais toujours à dire que l’erreur était mutuelle : vous étiez trop parfaits pour que je puisse accepter que vous ayez pu faire preuve d’hybris comme les Hommes qui vont ont suivis. L’erreur restera la mienne, celle d’une déesse qui voulait plus que tout votre bien. Chronos, en régissant les lois du temps, fis en sorte que rien ne puisse être éternel : et, ainsi, l’âge d’or devait prendre fin. Cronos ne voulait pas se résoudre à cette possibilité et dévora ses enfants qui finirent par se mettre en guerre contre lui. Arcé pris immédiatement parti pour les Titans, pour notre famille, s’indignant de voir que je n’en faisais pas aussitôt autant de mon côté. La vérité, c’est que je ne savais pas quoi faire. La logique aurait voulu que je fasse comme ma sœur, que je veille également à délivrer les messages entre les Titans dans cette guerre, parcourant à tire d’ailes ce ciel dans lequel régnait notre famille depuis un âge complet plutôt que ces Olympiens inconnus. Sauf que mon cœur me dictait une tout autre voie, une voie de tous les risques et, surtout, un chemin où Arcé et moi ne pourrions plus jamais être ensemble. Tout ce que je désirais, c’était que les Hommes survivent, que l’humanité puisse continuer de vivre paisiblement comme elle le faisait depuis que Cronos avait pris la place d’Ouranos dans le ciel. J’avais fait promettre à Arcé de prendre leurs défenses si les Titans venaient à remporter la guerre, mais, dans le cas où Zeus et ses frères vaincraient leur père, rien ne me garantissait qu’ils ne s’en prendraient pas aux Hommes. Alors j’ai pris la plus terrible de toutes les décisions : j’ai rejoint leur camp, faisant une croix sur tout ce que j’avais connu et aimé, ma famille, mes parents, mes cousins, et surtout ma sœur jumelle. Dès l’instant où je me suis présentée à eux comme étant leur nouvelle messagère, quelque chose s’est brisé en moi, comme si l’on m’arrachait une partie de mon âme : sans ma sœur rien ne serait plus jamais pareil, je ne pourrais plus jamais être complètement moi-même.

Arcé et moi nous croisâmes souvent, et, chaque fois, je sentais un peu plus nos chemins se séparer. Nous avions conscience tous les deux que nous n’avions pas simplement choisi deux camps différents dans une guerre entre immortels, nous avions choisi deux camps différents pour le reste de l’éternité : quiconque sortirait vainqueur du conflit ne permettrait pas à l’autre camp de subsister. Ce n’était pas qu’une simple rivalité, c’était deux mondes qui n’attendaient qu’une chose, prendre le dessus et absorber l’autre en son sein. Thémis et Prométhée avaient prédit la victoire des enfants de Cronos et rejoints leur camp sur le Mont Olympe. De leur côté, les Titans s’étaient emparés du mont Othrys : nous étions à des lieues de la terre nourricière, combattant dans les cieux d’Ether et pourtant chaque jour je craignais que les combats ne causent par erreur la disparition des êtres que je cherchais à sauver plus que tout.

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Ce ne fut néanmoins pas la guerre qui causa votre disparition. Ce fut ce qui annonçait la fin de l’âge d’or et l’aube de tous les maux que porterait un jour la terre, l’ultime preuve que le conflit qui opposait les Titans et les Olympiens était voué à être éternel. A peine Zeus, Poséidon, Hadès, Hestia, Déméter et Héra eurent défaits leur père que la Terre se mît à vrombir. De colère que son fils ait été vaincu, elle mit au monde avec les profondeurs infernales les maux de l’humanité, que les Olympiens vainquirent à leur tour. Le monde était dévasté, cieux comme mers, terres comme océans. La Terre qui nourrissait autrefois le monde, mortels et immortels sans différence, s’était endormie, emportant dans son sommeil toutes traces de la vie à laquelle elle avait donné naissance. Le printemps éternel dans lequel j’avais baigné des années durant à vos côtés avait laissé place aux ombres, à une terre stérile, vidée de ses habitants, de ses bruits, de son animation, de sa vie. Il n’y avait plus aucune lumière, mes cousins ne désirant plus illuminer cette terre inhospitalière, désormais grise, recouverte de poussière. Les Olympiens avaient vaincu mais ils ne leur restaient rien des royaumes que j’avais jadis connus : j’avais échoué. Non seulement échoué à vous sauver, à vous protéger de ce que vous ne pouviez combattre, votre propre mort, mais également à sauver ma famille et celle à qui je tenais le plus : ma sœur Arcé.

J’en ai voulu à Zeus et je lui en voudrais toujours pour ce qu’il lui a fait subir. Après s’être réparti le monde désolé qui leur appartenait désormais, Zeus, dorénavant roi des dieux à la place de son père Cronos, décida de punir ses ennemis encore en vie. Déjà, Thaumas et Electre, qui n’avaient pas pris part à la Titanomachie, tout comme leurs parents Océan et Téthys ainsi que Pontos, furent chassés de leur royaume afin que Poséidon puisse régner sur les océans en seul maître des mers. Pour Arcé, j’avais prié le roi des cieux de lui épargner les tourments qu’avaient connus les autres Titans, plongés au plus profond du Tartare, et la reine des cieux fit tout pour qu’il soit clément. Il n’en fit rien : sous mes yeux, incapables de faire un geste, j’avais vu ma sœur se faire arracher les plumes une par une, Zeus savourant chaque trait de douleur sur son visage. Ma sœur souffrait le martyr, gémissait, criait, se tordait sur le sol du temple. Quand la dernière des plumes dorées eut quitté son dos, il ne restait plus rien d’elle. Zeus l’avait détruite, brisée, avant de la jeter dans les profondeurs infernales. Ce jour-là, je suis entrée au service d’Héra. J’étais entrée dans une colère noire, quelque chose que je n’avais jamais ressenti à l’égard de quiconque : de la haine. Styx, ma lointaine cousine, se tenait non loin de moi, et j’aurais dû comprendre ce jour-là que sa présence aux côtés des dieux, sur le mont Olympe, n’était pas que la preuve que l’âge d’or n’était plus : c’était la preuve que rien ne pourrait plus jamais lui ressembler.

Les Olympiens ont redonné vie à la terre, petit à petit, morceau par morceau. Avec l’aide des Titans qui s’étaient alliés à eux, Zeus et ses adelphes tentèrent de redonner au monde son aspect d’antan, mais c’était peine perdue. Déméter ne pouvait nourrir la vie comme le faisait autrefois sa grand-mère, alors elle donna naissance aux saisons avec l’aide d’Eole et des Anémois, gelant la vie avant de la laisser de nouveau éclore. Apollon et Artémis tentèrent de remplacer Hélios et Séléné, mais aucun des deux ne savait dispenser des lumières aussi pures, aussi rayonnantes et colorées que mes cousins. Epiméthée avait eu le champ libre pour faire renaître la vie en tout lieu, mais son inspiration s’était estompée au moment clé : vous. Ce fut Prométhée qui se chargea de sculpter la première humaine, de lui redonner la même apparence que celle que vous avait jadis donné la Terre nourricière. Héphaïstos acheva de sculpter les traits de la future première mortelle du monde, et tous les dieux vinrent lui offrir un don unique à leur tour. Athéna lui offrit l’intelligence et lui enseigna le travail manuel, Hermès la curiosité et lui enseigna l’art du mensonge, Apollon le talent musical et lui enseigna le chant, Aphrodite lui offrit la beauté et lui enseigna la grâce, enfin Héra lui fit don de la fertilité et lui enseigna la jalousie. Zeus ne m’autorisa pas à approcher la femme d’argile ni à lui faire de don, et je ne pus que rester muette, consciente que les dieux n’avaient jamais connus les Hommes comme je les avais connus et que Pandore ne pourrait jamais avoir la même beauté que ses ancêtres. L’être que les Olympiens avaient créé n’avait pas la pureté, l’innocence, la conscience que sa vie se terminerait un jour mais qu’elle ne serait faite que de moments de joie et d’allégresse sur une terre printanière. Pandore avait appris les vices, les vices dans lesquels les Olympiens en colère contre leurs aïeuls avaient baigné et dont ils ne s’étaient jamais détachés.

Ce ne fut que lorsque Zeus offrit une jarre en cadeau de mariage à Epiméthée et Pandore que je fus certaine qu’il n’avait aucune idée de ce qu’était l’humanité de l’âge d’or. Celle qu’il s’apprêtait à recréer dans ce nouvel âge, l’âge d’argent, allait subir les tourments que les Olympiens avaient apporté avec eux en prenant le contrôle du monde. Et, bien que consciente qu’il ne pourrait rien arriver de bon à Pandore et à sa jarre, je ne pus m’empêcher de haïr une fois de plus le roi des dieux et son fils ailé quand elle eut le malheur de libérer les maux qui avaient épargnés l’humanité durant tout l’âge d’or : Vieillesse, Maladie, Guerre, Famine, Misère, Folie, Tromperie et Orgueil. L'hybris s’empara de tous les mortels, tel une maladie incurable, que mêmes les pouvoirs d’Apollon et son fils ne sauraient stopper. Les hommes qui n’avaient jamais eu d’autre soucis que celui d’aimer se retrouvèrent soudain à envier leur voisin, à vouloir accumuler ce que l’autre n’avait pas, à vanter leurs richesses, à craindre pour leur vie, à menacer leurs compagnons, à s’empoisonner, à tuer leur père, leur frère, à s’appauvrir, à déclencher des guerres, à baigner dans leur propre sang. Ils se détruisaient. L’humanité, plongée dans ses pires vices, mourrait à petit feu. Après s’être mis en tête de s’enfermer entre des murs pour se protéger d’autrui, à s’armer par crainte de l’inconnu, l’humanité entra dans l’âge de bronze, et commença à exploiter les entrailles de la terre qui l’avait autrefois nourrie. Astrée, la dernière immortelle vivant encore sur Terre, délaissa les mortels, consciente que sa justice ne pouvait plus faire office dans un monde où chacun cherchait le malheur de son prochain.

Les immortels avaient quitté la terre et s’étaient fermés au monde des humains. Rapidement, les mortels, plongés dans leurs tourments et leurs peurs, n’eurent plus aucun autre souci que celui de leur survie : ils arrêtèrent de nous prier. Si cela semblait être la suite logique des choses, Zeus ne l’a pas vue ainsi : ce n’était pas l’Olympe qui avait laissée les mortels à leur sort, c’était eux qui s’étaient eux-mêmes oubliés et qui étaient dans l’erreur. Et, puisque vous étiez dans l’erreur, il vous fallait donc subir la colère de son châtiment : votre seconde fin. Le déluge. Un jour où vous étiez une fois de plus trop occupés à surveiller votre voisin par peur de ce qu’il pourrait vous faire, vous n’aviez pas vu les mers se retirer, quitter les plages, disparaître de l’horizon, ni les vents s’arrêter de souffler, prisonniers dans leur cage sur l’Olympe. Du plus haut du palais, je n’avais qu’une seule envie, vous avertir du danger, vous crier de fuir, de vous réfugier au sommet d’une montagne. Peu importe que vous ne soyez pas les mêmes mortels que ceux de l’âge d’or, peu importe que vous ayez été corrompus, vous restiez ces mêmes hommes qui avaient fait chavirer mon cœur, Même dans vos heures les plus sombres, je savais que parmi vous se cachaient certains hommes qui ne craignaient pas la mort, qui étaient prêts à l’affronter tout autant qu’à la saluer, que même si vous n’accordiez pas aisément votre confiance vous aimiez toujours avec la même nonchalance. Vous méritiez tous d’être sauvés. Mais les Portes de l’Olympe étaient hermétiquement closes, et les nuages de Notos commençaient déjà à se répandre à la surface du globe, chargés de leur fatal leste…

L’eau. Vaste étendue, si vaste que ses frontières n'en sont pas définissables par quiconque aurait le courage de vouloir braver l'horizon et ses mystères. L’eau qui m’avait donné la vie, si belle, si insondable, venait de prendre sa forme la plus terrible, le plus dévastatrice. Le royaume marin dévorait celui terrestre, englouti, disparu sous ses flots déchaînés. Les nuages amenés par le vent du sud ne cessaient d’être nourris par Poséidon, les torrents de pluie se déversaient que la Nuit ou le Jour ne règnent dans le ciel. A vrai dire, aucune créature terrestre ne pouvait plus distinguer si c’était Nyx ou Héméra qui régissait le ciel : l’épaisse couche de nuages de pluies empêchait tout rayon de soleil de filtrer. L’eau se créait un chemin dans les entrailles dans la terre, emportant tout sur son passage, et vous vous mourriez dans les ténèbres. Aveugles, vous n’osiez même pas crier, sombrant dans la mer déchaînée sans un mot. Pour la première fois, plus aucun homme n’accueillait la Mort à bras ouverts. Les quelques qui survécurent aux premières tempêtes fuyaient en tout sens, se battant pour atteindre les plus hautes altitudes ou ce qui pouvait servir d’embarcations, que Poséidon ne tardait pas à faire chavirer. Il ne resterait bientôt plus aucun d’entre vous, bientôt plus rien de tout ce que vous aviez pu être, de tout ce que vous aviez représenter pour moi, pour nous, pour le monde. L’espace d’un instant, j’ai pris conscience que, sans vous, je ne saurais plus quoi faire de mon existence. Vivre à votre côté, chercher à comprendre tous les mystères qui vous entouraient, à comprendre pourquoi vous me fasciniez tant, profiter de tous les moments que vous m’offriez, chacun plus beau et plus surprenant que le précédent, c’était toute mon existence depuis tant d’années que je ne me voyais pas vivre autrement. Vous n’étiez peut-être pas aussi intrigants, aussi merveilleux que vos ancêtres, mais vous étiez, et c’était tout ce qui avait de l’importance. Vous ne méritiez pas de mourir, ni de cette manière là ni d’aucune autre. Je ne pouvais pas me permettre de supplier un être qui avait ainsi torturé ma sœur, mais je n’avais pas d’autres choix si je voulais sauver tout ce qu’il me restait : j’allais devoir prier Zeus de cesser ce massacre et de rouvrir les portes. Je m’en voudrais à jamais de ne pas avoir agi avant, d’avoir laissée tant d’innocents mourir par mon inactivité, mais il valait mieux agir maintenant que se taire à jamais, laisser le silence envahir mon âme tout comme il envahissait alors la terre.

Je n’eus jamais l’occasion d’atteindre la salle d’audience et d’implorer le dieu d’arrêter. Prisonnière comme nous l’étions tous sur l’Olympe, Elpis avait été libéré de sa jarre et avait stoppé ma course. Déterminée à vous venir en aide, j’en avais oublié l’essentiel, que le temps ne s’écoulait pas à la même vitesse pour les mortels et les immortels. La terre n’était plus que désolation, une mer noire charriant tout ce qu’elle avait cru bon d’emporter avec elle, débris, arbres, pierres et, surtout cadavres. Par centaines, par milliers. Tout était perdu. Vous étiez perdus. Vous ne seriez plus qu’un souvenir, une forme lointaine, rien de plus qu’un grain de sable dans nos mémoires, une brise dont on se souvient à peine de la fraîcheur.

« Sèche tes larmes, Iris. Les colères de Zeus, bien que dévastatrice, sont et seront toujours passagères. Contrairement à elles, il y a bien une chose qui est éternel : la foi humaine. Tu l’as reconnue dès le premier jour où tu les as vus, tu l’as sentie battre au fond d’eux. La foi dans un monde meilleur, dans leur bonheur, dans un lendemain plus beau et plus coloré encore. Les mortels ont espoir et garderont toujours espoir. Que les ténèbres s’abattent, que le monde sombre dans la noirceur, que le jour ne revienne jamais, ils ne baisseront pas les bras. Iris, ne te laisse pas abattre et ouvre les yeux : le déluge ne saurait les détruire. »

Elpis avait raison. Deucalion et Pyrrha respiraient encore, réfugiés au sommet du mont Parnasse, implorant Zeus de leur laisser la vie sauve. Face à tant de dévotion envers lui et les autres dieux, il accepta. La Justice leur envoya un oracle leur prophétisant un moyen de donner naissance à une nouvelle race humaine, celle de l’âge de fer : les humains avaient survécu au déluge. Zeus pensait que c’était parce qu’ils avaient compris qu’ils devaient tout aux dieux, mais Elpis avait bien compris que ce ne serait jamais le cas : ils s’en étaient détachés dès lors où l’âge d’or avait disparu. Si les humains avaient survécu, c’était grâce à eux-mêmes, à ce courage inexplicable en eux, cette force dont sont faits les mortels et qui les pousse à toujours se battre. Même dans les moments les plus désespérés, même après avoir été corrompus, vous étiez des modèles à suivre. En voyant Deucalion et Pyrrha semer les pierres qui donnaient naissance aux nouveaux hommes, au dernier âge, j’ai repensé aux paroles de l’esprit de l’espoir, à tout ce que Deucalion et Pyrrha avaient endurés et auraient encore à endurer, car, s’ils avaient survécu avec difficulté au déluge, les maux de Pandore ne tarderaient pas à venir s’en prendre à eux. Les nuages de Notos se retiraient vers le sud, la pluie cessait, la mer et les rivières regagnaient leur lit. La lumière revenait éclairer la terre et leur visage ignorant encore tout du monde. Ils avaient tout à construire, tout à bâtir, tout à découvrir de nouveau, et ils devraient le faire en se battant contre le souvenir du massacre de leurs ancêtres. Ils en auraient le courage et la force, je le savais, mais je voulais leur faire un cadeau, un cadeau pour tout ce qu’ils avaient accompli pour eux-mêmes, pour moi et pour le monde. Un message d’espoir, la preuve que le bonheur pouvait venir après les plus horribles désastres. Un bonheur infini, la preuve qu’il y avait toujours plus à découvrir au-delà de l’horizon, que l’infini avait tout à offrir à celui qui espérait.

Ce jour-là, la première chose que virent les nouveaux hommes en ouvrant les yeux, ce fut le premier arc-en-ciel du monde, toutes les nuances qu’offrait autrefois le monde de l’âge d’or. Les Portes de l’Olympe furent offertes, et les immortels qui le souhaitaient purent redescendre parmi les hommes. Je fis partie des rares à choisir de s’exiler sur terre. Tôt ou tard, je savais que les mortels cèderaient de nouveau et redeviendraient aussi corrompus que leurs aïeuls de l’âge de bronze, mais j’avais désormais foi en eux, espoir d’un monde meilleur pour eux tous. Et, tout comme ils avaient été là pour nous redonner de l’espoir, je serais là dans les moments les plus sombres pour leur rappeler qu’il y avait toujours une raison de croire en un meilleur avenir, toujours une raison de courir après la fin de l’arc-en-ciel. Quoiqu’il advienne, il y aurait toujours des mortels pour garder espoir, des mortels pour me rappeler l’époque bénie de l’âge d’or.


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Kaia Pahuini | Tes origines
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« Demain, nous serons le 29 janvier 1991. Quelqu'un peut-il me dire en quoi cette journée est exceptionnelle ? »

« Ça a un rapport avec l'histoire d'Hawaii ? »

« Grand Ma' Kohotu viendrait pas nous en parler si ça n'avait pas un rapport avec l'histoire d'Hawaii, Laban, c'est une évidence. »

« Arrête de faire ta Mademoiselle Je-Sais-Tout Hanau, tu ne sais pas plus que Laban ce que signifie le 29 janvier 1991.. »

« Du calme les enfants. Demain, cela fera cent ans que Liliʻuokalani est montée sur le trône d'Hawaii. »

« Liliʻuokalani, la dernière reine d'Hawaii ? »

« Exactement. Liliʻuokalani voulait le bien de son peuple, mais elle avait pour cela besoin besoin de réparer les erreurs qu'avaient commises son frère avant elle, en rétablissant plus de pouvoirs à la monarchie via une nouvelle constitution. Liliʻuokalani ne voulait que le bien de son peuple entier, pour lui et pour l'archipel d'Hawaii, et redoutait d'autant plus qu'il ne tombe aux mains des Etats-Uniens voraces. C'est à l'écoute même du peuple qui faisait circuler des pétitions qu'elle désirait remettre en place la constitution de 1864. Et savez vous ce qu'il s'est passé ? »

« Les haoles ? »

« Arrête de faire comme si tu savais tout Hanau ! »

« Les haoles, oui. Ces marchands fortunés possédaient la majorité des richesses de l'île et commerçaient avec le continent. Ils craignaient que cette nouvelle constitution ne leur soit défavorable et ne finisse tôt ou tard par fermer les ports aux navires états-uniens avec lesquels ils marchandaient. Ces étrangers ont alors juré la perte de la reine et, les Etats-Uniens, bien décidé à prendre possession de l'archipel, n'ont pas hésité avant d'accepter de soutenir le Reform Party qu'avaient formé les haoles pour la renverser. »

« Mais c'est horrible ! »

« Teura, tu vas pas te mettre à interrompre Kohotu aussi ? J'écoute moi ! »

« Hanau je te jure que tu vas t'en prendre une. »

« Les enfants, vous êtes une classe de trois et vous n'êtes pas capables de vous concentrer plus de quelques minutes sans vous disputer ? Mais qui donc vous a élevé ? »

« Euh...Grand Ma Kohotu, c'est Kaia, ta fille, qui est en charge de la classe habituellement... »

« Eh bien, il faudra que j'ai une petite conversation avec elle, pas étonnant que Manui ne soit pas tenable...Où en étais-je ? Ah oui, le Reform Party. Par opposition aux idées des haoles, les natifs hawaiiens ont formé le Native Sons of Hawaii et les tensions se sont renforcées. Dès 1892, un parti pro-annexion aux Etats-Unis s'est créé en secret. En janvier 1893, les troupes états-uniennes ont envahi Honolulu, s'emparant des bâtiments administratifs, mettant le feu aux poudres, que Liliʻuokalani ne parvint pas à stopper malgré toute sa bonne volonté de vouloir écouter tout le monde et faire tout pour que tous s'accordent. Craignant que les événements virent aux massacres, Lili'okalani a quitté le gouvernement et s'est rendue. Jusqu'à la fin de son règne, et jusqu'à l'annexion définitive de Hawaii en 1898, la reine s'est battue pour défendre la communauté des natifs de l'île et empêcher l'annexion, quitte à essayer de renverser la République et être arrêtée puis condamnée dans un procès aux allures de farce. Toute sa vie, elle aura été en faveur des droits des natifs hawaiiens, et, toute sa vie, les Etats-Uniens auront tout fait pour la couper du monde et la faire passer pour une sauvage incivilisée. Jamais aucune âme ne se sera plus battue pour que Hawaii continue d'exister indépendamment du reste du monde. Sans elle, nous ne serons pas là aujourd'hui. »

« Qu'est-ce que tu veux dire par là, Kohotu ? »

« Ce que je veux pas dire par là, c'est que nous, toute cette île, c'est tout ce qui reste de ce que Lili'uokalani voulait préserver de la communauté hawaiienne. Nous sommes ce qui reste du Native Son of Hawaii. »

« Même si moi je suis une fille ? »

« Oui, Hanau, même si tu es la plus jeune des filles de Niihau, tu es autant une enfant d'Hawaii que nous tous. »

« Dis, Grand Ma', comment t'es au courant de tout ça ? »

« Parce que j'ai eu l'honneur de rencontrer Lili'uokalani avant qu'elle ne meure en 1917. »

« Whaouh, mais tu dois être super vieille Grand Ma' alors ! Tu dois avoir au moins
- il compte sur ses doigts - au moins mille ans ! »

« Oh moins quatre-vingt-dix, Laban, t'es vraiment pas doué. »

« J'avais seize ans quand je l'ai rencontré, effectivement. J'ai eu cette chance immense de pouvoir parler à notre dernière reine, un an avant qu'elle ne s'éteigne. Et s'il y a bien une chose dont je sais que je me souviendrais toute ma vie malgré ma mémoire défaillante, c'est bien de sa Majesté. »


Maman avait insisté pour parler aux enfants de Lili'uokalani. J'avais crains que cela ne lui demande trop d'efforts et qu'elle ne se perde au milieu de son récit face aux enfants, une absence de sa part qui aurait pu énormément les troubler en raison de leur jeune âge. Mais Grand Ma' avait parfaitement tenu son rôle de doyenne, de cette sagesse que l'on ne trouve que chez les anciens. Je m'effaçais peut-être de sa mémoire, mais la reine resterait à jamais le seul souvenir que son Alzheimer ne saurait faire disparaître.


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Pu'uwai. Le poumon d'Hawaii. Son coeur battant, laissée intact sur l'île de Niihau, à l'extrême ouest de l'archipel. Seul village de la plus petite île habitée de tout l'Etat, dans lequel grandissait gaiement et sans se soucier du reste du monde les enfants de la communauté Niihau dont Kohotu Pahinui était la doyenne. Hawaii avait cru mourir, son peuple entier avait cru qu'il serait voué à disparaître et pourtant, nous existions toujours, préservés du monde extérieur. Ici, les fers que nous craignions en 1893 n'étaient pas. Nous étions libres, libres comme aucun Etats-Unien ne pourrait jamais l'être. Libres d'être nous-mêmes, libres de nos traditions, libres de négliger le continent et la mondialisation, libres de vivre au jour le jour comme bon nous semble.

Du haut de ses quatre-vingt-onze ans, Kohotu parcourait chaque jour le village avec le même émerveillement, trop heureuse de savoir que le plus grand des voeux de sa reine serait exaucé : nous survivrions. Même si nous n'étions pas bien nombreux, les cent soixante-dix habitants de Niihau étaient bien là, bien vivants, heureux sans avoir de compte à rendre à personne d'autres qu'eux-mêmes. Tous les matins, avant les premières classes, je m'en allais retrouver ma mère, lui rappeler qui j'étais quand ses yeux ne parvenaient pas à reconnaître mon visage, et je l'emmenais faire le tour de tous ses enfants, qu'elle avait pour la plupart mis au monde. Même si sa mémoire se fragilisait et que j'avais conscience qu'elle ne pourrait un jour plus se souvenir de rien, elle faisait tout pour ne pas oublier les membres de sa communauté, leur sourire, leur simplicité, tout ce qui faisait que nous étions nous. Parfois, elle oubliait un nom, mais on ne tardait pas à le lui rappeler avec un sourire. C'était un comble quand on savait qu'elle avait baptisée près de la moitié des habitants de cette île, offrant aux nouveau-nés de Niihau leur nom le jour de leur naissance, présage de leur avenir, mais personne ne lui en tenait rigueur : elle était celle sur qui nous nous reposions tous et, un jour, ce serait à moi de reprendre le flambeau.

Mon plus grand regret concernant sa mémoire, c'était Manui. Si elle parvenait parfois à se souvenir de moi au réveil, son arrière-petit-fils avait complètement quitté son esprit, si tant fut qu'il y ait un jour résidé. Et si j'avais parfois du mal à m'occuper des actuels trois garnements de ma classe, c'était mon petit-fils qui me causait le plus de souci, alors qu'il venait pourtant d'atteindre sa majorité. J'aurais tellement aimé pouvoir avoir le soutien de Kohotu sur les ambitions de Manui, connaître son avis sur son envie de quitter Niihau pour vivre définitivement sur les autres îles de l'archipel. Si seulement Inapo, mon fils, ne nous avait pas quitté, je suis certaine qu'il ne serait jamais mis en tête de partir de la communauté...Et aujourd'hui, Manui n'avait plus que cette idée de partager notre culture sur les autres îles de l'archipel. Un projet louable et ambitieux, mais je ne craignais trop qu'il ne tombe dans une désillusion en arrivant à Kauai. Je ne voulais pas voir se peindre la tristesse sur ce visage que j'aimais tant. Mais la santé de Kohotu me préoccupait trop et Manui n'avait fini par ne plus attendre mon approbation. Il avait mis les voiles un matin, prenant son envol, enfin. Kohotu se mourrait lentement, oubliant le monde, et son arrière-petit-fils partait à l'aventure sans que je ne puisse rien faire pour l'y retrouver.

Un beau jour, au bout de deux ou trois ans, Manui était pourtant revenu à Niihau, comme s'il n'avait jamais quitté sa famille. Dans ses bras se trouvait un bambin à peine né, respirant profondément. Comme le voulait la tradition, il voulait que Grand Ma le baptise en lui donnant son nom. J'avais craint que mon petit-fils ne se soit perdu en quittant l'île, qu'il n'oublie qui nous étions en partant à la rencontre des autres Hawaiiens, mais il n'avait pas renié ses origines : rien ne pouvait me rendre plus heureuse que de le voir là, devant la maison de Kohotu, un grand sourire sur le visage et mon arrière-petit-fils entre ses mains. Rien, sauf peut-être l'illumination dans le regard de Maman quand elle a aperçu l'enfant. « Kahau» avait-elle murmuré dans un sourire, « Et j'espère qu'il chantera la vie comme aucun Hawaïen ne l'aura jamais fait avant lui .» Kohotu ne se souvenait alors ni de moi, ni même de Manui. Je sais cependant avec certitude que, lorsque Maman s'éteignit un an plus tard, à l'âge canonique de cent six ans, deux souvenirs étaient profondément ancrés en sa mémoire. Celui de Lili'uokalani, la reine qu’elle admirait tant et celui de ce bambin qu'elle ignorait être son arrière-arrière-petit-fils et qui avait ri, ri comme personne n'avait jamais ri après que Manui l’eut déposé dans ses bras. Ce jour-là, alors que Manui quittait Niihau de nouveau, je savais qu'il avait choisi la bonne route. Et je savais que, pour mon arrière-petit-fils, il serait le plus exceptionnel de tous les pères.


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Manui Pahinui | Ton océan
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Toute ma vie aura été liée à l’eau. Dès que j’ai pu faire mes premiers pas, c’est vers elle que je me suis précipité, de ce qu’en dit mon père. Quand j’ai eu l’âge de pouvoir enfin braver ses vagues tumultueuses, je n’ai pas hésité un instant avant d’y plonger. Quand Kaia me laissait enfin sortir de l’école, c’était encore vers l’océan que je m’élançais à toutes jambes, ne me préoccupant guère de ce que je pourrais avoir à faire après les cours. Quand j’ai pu quitter pour la première fois notre île de Niihau, j’avais refusé de quitter le bateau pour suivre Inapo, à l’intérieur d’Oahu, craignant de perdre l’horizon de vue. Je ne l’expliquais pas et ne l’expliquerais sans doute jamais. Certains s’amusaient à grimper aux arbres, d’autres dansaient et quelques-uns chantaient : moi, je voulais sentir l’écume me caresser les chevilles. La tête immergée, le regard tourné vers le ciel, je m’amusais à deviner où la lumière allait se refléter avant d’entrer dans l’eau. A nager entre les poissons multicolores, il m''était arrivé plusieurs fois de boire la tasse, oubliant de regagner le monde terrestre. Chaque jour, c’était se battre contre de nouvelles vagues, aller à la rencontre d’une mer différente, changeante, mais toujours aussi magique. Ma passion pour l’océan était incompréhensible, inexplicable. Comment un être incapable de pouvoir respirer sous l’eau, vivant d’eau douce et de dioxygène, pouvait-il avoir pour unique ambition de vivre sous les océans, frôler leur surface lumineuse avant de plonger en piqué pour se terrer sous ses fonds inconnus ?

J’ai cherché longtemps pourquoi j’avais un attrait si particulier avec l’océan, pourquoi je ne pouvais m’empêcher de le chercher du regard par-delà les arbres de la classe chaque fois que j’y étais et que mes oreilles se perdaient d’intérêt pour ce que me disait ma grand-mère. De plus loin que je remonte, mon premier souvenir, c’était la plage qui borde notre village. Dire que je me souviens de chaque détail serait probablement un mensonge, mais j’ai tant parcouru l’étendue de sable que je peux sans mal imaginer l’odeur que pouvait avoir le sable mouillé ce jour-là, à quel point les embruns marins apportaient le sel marin à mes narines, quelle température pouvait avoir l’eau en fonction d’où se trouvait le soleil et de l’heure de la marée. C’était Kaia qui m’y avait emmené, elle qui m’avait gardé en attendant que mon père ne rentre de la pêche. Techniquement, il pêchait tous les jours et j’aurais donc dû me souvenir depuis longtemps de cet horizon marin. Alors pourquoi ce jour-là plutôt qu’un autre ? A-t-on vraiment besoin d’une réponse à toutes les questions que l’on se pose ? Les faits sont ici l’essentiel. Je devais avoir deux ans maximum, j’avais du sable mouillé qui me collait aux mains, du sec qui irritait mes cuisses sans doute encore potelées et, peut-être pour la première fois, mamie Kaia m’a laissé rejoindre mon père. Tout fier sur sa pirogue fabriquée de ses propres mains. Inapo rayonnait, franchissant la dernière vague du coup de rame de celui qui connait par cœur la mer et ses secrets. Je me souviens de ses bras qui m’ont soulevé, de son sourire, de son odeur de varech mêlés à l’humidité salée si particulière à la mer. Je me souviens avoir posé mes mains pour la première fois sur le bois lisse de l'embarcation, avoir tenté de soulever la rame paternelle et manqué de l’assommer. Quand j’ai plongé mes mains dans l’eau et que je les ai portées à ma bouche, j’ai su. C’était une évidence, la vie était là : sur un bateau au milieu de ce liquide azur, froid et mystérieux, rebutant au goût et pourtant si intriguant. A deux ans, on ignore encore que l’on devra travailler plus tard, mais, ce jour-là, je n’avais aucun doute : je ferais ça toute ma vie.

J’avais dû passer encore de nombreuses heures enfermé dans la salle de classe Mama Kaia avant de pouvoir enfin embarquer avec mon père pour une véritable journée de pêche. J’avais compté les jours, les heures qui me séparaient de ce voyage. Mama Kaia ne cessait de me répéter d’être plus concentré sur les cours, et, quand bien même j’aimais beaucoup Mama Kaia et ses leçons, elle ne pouvait rien contre mon irrépressible et permanente envie de sentir l’écume effleurer ma peau. Quand le grand jour est arrivé, je ne tenais plus en place, sautillant dans toute la maison. Heureusement que Papa Inapo avait emménagé dans sa propre maison, où je suis certain que Mama Kaia m’aurait grondé parce que je dérangeais le sommeil de Grand Mama Kohotu. Je la connaissais bien Grand Mama Kohotu, elle ne m’en aurait jamais voulu, elle se réjouissait toujours dès qu’un membre de la communauté était heureux. Et, partir pêcher des poissons avec Papa Inapo, ça me rendait heureux.

Je ne m’étais jamais vraiment éloigné de Niihau avant ce jour. Les quelques fois où j’avais nagé, Mama Kohotu ne m’avait pas laissé aller plus loin que mes pieds ne pouvaient me mener. Alors que nous nous éloignions, les habitants de Pu’uwai se firent fourmis, avant de disparaître alors que Papa Inapo prenait cap vers le Nord-Est. Bientôt, Niihau ne fut plus qu’un trait vert à l’horizon, immense tache au milieu de l’étendue bleue.

« C’est vraiment si petit que ça, la maison ? »

Papa avait ri, et dans son sourire se lisait comme le souvenir d’une question identique qu’il avait posé des années plus tôt à son propre père. « Niihau est la plus seconde plus petite des huit principales îles qui composent l’archipel d’Hawaii, mais Kahoolawe n’est pas peuplée. Quelque chose me dit que tu n’aies pas vraiment attentif aux leçons de ta grand-mère. » Quel étrange phénomène c’était, tout de même, l’horizon. Immobile et pourtant jamais le même, en constant mouvement avec nous pas. Papa observait lui aussi les immenses arbres se réduire à une prairie avant de disparaître, contemplatif « Notre maison est la plus petite du pays. Mais la plus intacte aussi. »

Un courant marin froid était descendu des hauteurs de Bering, d’après Papa, et, par effet papillon, les poissons étaient tous venus se nicher dans nos filets. Tandis que nous triions notre récolte, remettant à la mer les poissons trop jeunes, Papa Inapo racontait des histoires. Il s’agissait parfois de contes de pêcheurs hawaïens, de légendes fantastiques ou terrifiantes, parfois de simples récits sur l’histoire hawaïenne. Et, entre les deux, j’apprenais les techniques de pêche, comment reconnaître le bon poisson, deviner où était le meilleur courant en fonction de la météo. C’était fastidieux, mais la voix de Papa Inapo était entrainante, et le soleil joyeux.

Notre pêche fut plus fructueuse ce jour-là. A 13 heures passées, le bateau tanguait à chaque vague de ce poids inattendu. Alors que notre retour pour Niihau était prévu pour quatre heures plus tard, Papa Inapo me demanda de hisser les voiles plein sud-est. Durant tout le trajet, il ne daigna répondre à aucune de mes questions quant à notre destination, répétant inlassablement que je n’étais qu’un petit impatient. Une heure plus tard, une tache apparut à l’horizon, et je sus immédiatement qu’elle n’avait rien à voir avec Niihau. Plus les flots nous en approchaient, plus elle paraissait immense, pointant vers le ciel sa végétation verdoyante. « Manui, je te présente Kauai, la quatrième île d’Hawaii ». De près, l’île resplendissait, pointant sa cime volcanique vers les nuages auxquels elle barrait la route. Verte au sommet, d’ocre et de sable noir sur ses vertigineuses falaises, elle se détachait des eaux turquoise comme un paradis escarpé encore plus grand que Niihau.

Et, pourtant, ce n’était pas Niihau, et je le découvris bien vite. Je ne savais pas que Papa Inapo avait pour habitude de visiter les autres îles de l’archipel, mais de nombreuses personnes vinrent ce jour-là à notre rencontre pour nous acheter une partie de notre cargaison, trop grosse pour Pu’uwai seule. Je ne comprenais pas ce que leur disait mon père, ni ce qu’ils nous répondaient, mais tous semblaient le connaître. Si différents de nous, certains à la peau pâle, vêtus de vêtements amples et larges, si différents des nôtres. Un adolescent vient vers nous, portant un drôle de serre-tête jusque sur ses oreilles, qu’il avait relié à une petite boîte où tournait deux cercles. Mama Kohotu nous avait expliqué que, dans les autres îles de l’archipel, les habitants ne vivaient pas comme nous et avaient dans leur grande majorité abandonné les traditions, mais je ne comprenais rien à ces gens. Langage, mode, comportement…ils ne résidaient qu’à quelques kilomètres de Niihau, et pourtant c’était comme si la terre entière nous séparait. Etrange de voir à quel point j’avais envie d’en savoir plus sur ces étrangers incompréhensibles, incongrus à mon paysage, tant et si bien que, lorsque sonna l’heure de partir, je voulais rester encore un peu sur Kauai.

« Est-ce que c’est ça que tu entendais par « la plus intacte aussi » ce matin ? »

Papa avait bien vu mon désarroi durant tout le trajet, mais il m’avait laissé cogiter sans rien dire, curieux de voir ma réaction. « Oui. » avait-il murmuré « Nous sommes coupés du monde et de ses évolutions, positives comme négatives, mais Niihau garde sa splendeur et son authenticité. Je m’entends très bien avec les habitants de Kauai, mais jamais je ne pourrais vivre à leurs côtés. Ils sont trop différents. Intrigants, mais trop différents. » Du haut de mes sept ans, j’étais plutôt d’accord avec lui. Mais une idée émergea dans mon esprit lorsque Niihau fit de même à l’horizon. Une idée que nul ne pourrait plus jamais me retirer de l’esprit.

« Alors, je leur ramènerai leur authenticité. Et du poisson frais. »


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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Kahau II

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Jusqu’à ma majorité, je me suis dévoué corps et âmes à connaître sur le bout des doigts l’histoire, la géographie, les coutumes, tout ce qui avait attrait à la culture de l’archipel. Même après la mort de Papa Inapo, je n’ai pas cessé d’apprendre, me privant à contre-cœur de mes habituelles après-midi sur la plage. C’était plus important à mes yeux : le bonheur éphémère que me procurerait la fraîcheur des vagues et l’odeur des embruns ne sauraient rivaliser avec la satisfaction que j’étais fin prêt à entreprendre mon voyage. Personne ne me soutenait, si ce n’est Papa avant qu’il ne décède, mais je m’en fichais : tous ces gens méritaient de savoir d’où ils venaient, de comprendre leurs origines, de renouer avec elles s’ils le désiraient, et puis je voulais moi aussi explorer les autres îles, partir à leur rencontre, et pour cela il fallait que je quitte Niihau. Mama Kaia avait essayé de m’en dissuader, mais le vent m’appelait à tourner mes voiles vers l’est : le matin de mes dix-sept ans, je suis parti pour Kauai.

Les premiers temps furent difficiles mais je m’accrochais à mon rêve. J’avais appris auprès de mon père la langue de l’archipel, l’anglais, mais je n’avais pas réellement pu la pratiquer depuis sa mort. Pour beaucoup, j’étais le fils bégayant d’Inapo, aux poissons aussi délicieux mais à la conversation plus ennuyeuse. Peu importait : le temps que je ne passais pas encore avec les habitants parce que je ne maîtrisais pas assez bien les subtilités et le vocabulaire de langue, je le comblais en explorant Kauai en long et en travers, gravissant la moindre de ses falaises ocre pour s’assurer d’où elles menaient. Je m’en voulais parfois de conclure que Kauai était plus belle encore que Niihau, plus verdoyante et authentique encore de par ses falaises, son volcan, ses forêts, ses baies, ses criques, ses plages, ses vagues, ses secrets cachés. Toutes ses couleurs étaient plus resplendissantes. J’en rêvais la nuit.

Au bout d’une demi-année, je commençais mes premiers tours historiques de l’île. En bateau ou dans son cœur, les clients étaient peu partants, et les autochtones n’y prenaient jamais part, à mon grand regret. Qu’importe, la poignée de touristes qui venaient pourraient faire part de ce qu’ils avaient découverts sur le continent, à des lieues d’Hawaii. Nous continuerons de vivre dans les pensées et les mots à défaut de maintenir réellement la tradition.

« Celui qui a un jour dit l’environnement ne déterminait pas l’avenir d’une société avait tort. Ça se voit dans vos yeux, dans cette manière que vous avez de contempler le paysage. Vous vibrez au rythme de l’île »

Elle était l’une des rares touristes à être venue à plusieurs reprises à mes expéditions. Elle s’était sûrement plu à Kauai et avait décidé de prolonger son séjour. Je ne savais pas exactement d’où elle venait, mais il n’y avait aucun doute qu’avec sa chevelure blonde, sa peau aussi blanche que le lys dans ses cheveux et son accent du continent, elle ne venait pas des îles. Parfois, elle était la seule à se présenter à l’embarcadère, qu’il pleuve ou qu’il vente, tout sourire. Il émanait quelque chose d’elle, une sorte de bonheur dont je n’aurais pu définir l’origine, si naturel et pur, qu’il donnait instantanément envie de sourire à son tour. Elle prétendait être intéressée par tous les secrets de l’île, mais, même quand j'eus épuisé mes moindres connaissances sur Kauai au fil de nos nombreuses escapades, en groupe ou en solitaire, elle ne cessait de revenir et d’en demander plus. Alors je lui avais parlé de Niihau, de Grand Mama Kohotu, de Mama Kaia, de Papa Inapo, Et, plus je lui en disais sur moi, plus je me rendais compte que, sans rien ne savoir de cette inconnue, j’avais une irrépressible envie de la voir plus encore. Sa simple présence, silencieuse, son œil attentif, ses sourires, discrets ou lumineux, éveillaient en moi quelque chose d’aussi rayonnant que les escarpements de Kauai.

De crainte de finir par la perdre une fois qu’elle serait lasse de mes histoires et des expéditions en pleine mer, je me suis mis à explorer plus encore l’intérieur de l’île. Ces visites-là lui étaient exclusivement réservées. Sans personne pour nous observer sur les hauteurs du coeur de Kauai, je lui ai appris ma langue maternelle. Nous avons contemplé du regard l’océan et les lumières du couchants l’embraser. Nous avons nommés chacun des cours d’eau que nous croisions. Et nous nous sommes embrassés, enlacés, aimés près de chacun d’eux. Le goût de ses sourires sur les miens chassait tous les nuages gris qui encerclaient Kauai jour après jour. Elle est devenue ma lumière, une lumière éblouissante dont émanait toutes les beautés de l’archipel. J’aurai tant donné pour le voir avec ses yeux arc-en-ciel, il devait paraître encore plus paradisiaque. Et, le jour où elle m’avait dit qu’elle souhaitait la même chose, que rien ne lui semblait plus magique que ces îles que lorsque je lui décrivais, j’avais su que je l’aimerai à jamais.

Un jour, alors que nous nous baignions tout deux dans une crique secrète, j’avais senti son ventre s’arrondir sous mes doigts. Là, sous ma main, le plus beau cadeau qu’elle ne pourrait jamais m’offrir, bien plus inestimable que n’importe lequel des cours d’eau qui s’écoulaient là-haut et que nous étions seuls à connaître. Je ne l’ai jamais autant aimée qu’à cet instant là, jamais autant désirée que lorsqu’elle m’a révélé la vérité sur ses origines olympiennes, parce que je savais bien qu’il n’y avait aucune magie, aucun tour divin dans les sourires qu’elle m’offrait chaque matin où elle se réveillait à mes côtés. Tant que je pouvais savourer chacun des moments qu’il nous restait tous les deux, je ne lui en voulais pas de devoir partir. J’étais le plus heureux des hommes. Et ce soir-là où Iris est partie vers l’horizon, je n’ai pas plus ressenti de tristesse que lorsque Papa Inapo est mort. Les souvenirs étaient là en mémoire du passé, et il me restait tant encore à voir et à découvrir. Alors que ma déesse arc-en-ciel plongeait entre les eaux, son fils – notre fils – gazouillait entre mes bras. Si lui ne parvenait qu’à sourire, pourquoi ne pourrais-je pas en faire autant ? Où qu’elle soit, je savais qu’elle serait là pour veiller sur nous dans le moindre arc-en-ciel que connaîtrait Kauai.

Etais-je prêt à être père ? Le sommes-nous vraiment un jour ? Je n’avais reçu aucune leçon, aucun entraînement quel qu’il soit. Tout ce que je savais, c’est que j’aimais à la folie Iris, et que j’aimais déjà le fruit de notre union. Je revoyais Iris dans chacun de ses sourires, et je me revoyais moi-même plus jeune lorsqu’il découvrit pour la première fois la surface bleutée de l’océan qu’il allait côtoyer toute sa vie. De l’autre côté, à Niihau, un prénom l’attendait, murmurait dans le dernier souffle de Grand Mama Kohotu. « Kahau ». A notre retour à Kauai, nous fûmes accueillis par une violente averse, mais Kahau en riait. Il riait de la pluie, il riait du vent, parce qu’il savait que, lorsque les nuages partiraient, il ne resterait qu’une trace multicolore dans le ciel : sa mère lui offrait sa bénédiction.


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Henry Hammerson | Ta différence
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Hawaii, ce n’avait jamais été mon rêve. Papa me l’avait dit, Maman me l’avait dit, répété et répété tant et si bien que j’en rêvais la nuit : cet archipel, c’était le rêve, une opportunité unique à ne pas rater. Ne pas se saisir de cette occasion aurait été une grossière erreur. Et puis, tous les gosses de l’école m’enviaient, me demandaient des photos, des histoires pour quand je reviendrais, alors que je ne savais pas moi-même si mon père aurait un jour fini d’étudier les volcans de l’archipel. D’après eux, je devais me réjouir, j’allais au soleil, je pourrais profiter de la plage toute l’année, me baigner dans l’océan et surfer quand bon me semblait. Je serais en vacances tout le temps pour eux. Mais personne ne m’avait demandé si je voulais être en vacances. Personne ne m’avait demandé si j’avais envie de passer mes journées sur une île. J’avais ma vie ici, à Los Angeles, et je n’avais pas envie de partir. Tout ce qui m’importait était là : amis, cousins, habitudes, école. Je n’avais aucune envie d’aller m’isoler sur une île, les continentaux ne partaient vivre à Hawaii que lorsque l’âge de la retraite sonnait, et je n’avais que neuf ans. On pouvait me le vendre comme un paradis autant qu’on le voulait, je ne changerai pas d’avis : la Californie, c’était mieux.

Même lorsque je découvris pour la première fois l’archipel en survolant Honolulu, puis Lihue, il ne me donna pas plus envie. Oui, comme dans leurs grands discours, c’était vert, c’était pentu, c’était joli, mais est-ce que la beauté d’un endroit suffit à le rendre attrayant ? Pas pour moi. Je voulais rentrer à la maison, même si les dix heures de vol jusqu’à Honolulu m’avaient déjà fait mourir d’ennui. Les îles, on en fait vite le tour, je ne tarderai pas à en avoir marre ici aussi. Et mes parents avaient oublié un léger détail. Oh oui, ils avaient mentionné une vie plus tranquille, plus au vert parce que plus loin de la ville…mais je vivais à Los Angeles, la ville la plus étendue du monde. Du vert, il y en avait partout, vivre loin de la ville en toute tranquillité, ce n’était pas compliqué. Quelques kilomètres en voiture et la civilisation était là. Sauf que, sur la côte nord de Kauai, à Kilauea, il n’y avait pas de civilisation.

L’été s’était à peine fini que je m’ennuyais déjà à mourir. Est-ce que mes parents s’en rendaient seulement compte ? Le sable de la plage avait fini par me lasser, je m’énervais chaque fois que je sentais un grain de sable effleurer ma peau. J’avais fait le tour de la ville, et il n’y avait rien à y voir. Je n’avais pas envie de faire connaissance avec ses habitants, encore moins avec les locaux qui ne devaient probablement pas parler anglais de toute façon. A rester enfermé dans ma chambre, je devenais fou, mais la vision de l’extérieur, de cette végétation perpétuellement verte, j’en avais la nausée. Je n’avais pas ma place ici, et je l’ai encore plus compris lorsque j’ai dû aller en cours.

La ville de Kilauea comptait deux écoles élémentaires, de par sa petite taille – et petit était un faible mot pour moi. Je ne savais pas qu’il était possible d’arriver à pied en cours. Ni même que j’aurais à faire ce chemin presque exclusivement sous une fine pluie, matin, midi et soir. Dans une si petite école où les gamins se côtoyaient depuis plusieurs années, je faisais tache, évidemment. J’étais le petit nouveau débarqué du continent, et les regards me le faisaient bien savoir. De toute façon, j’étais d’humeur trop maussade pour tenter de me faire des amis qui ne pourraient jamais rivaliser avec ceux que j’avais laissés là-bas.

« Aloha ! C’est bien toi le nouveau ? Henry, c’est ça ? Moi c’est Kahau ! Ca te dit d’aller faire un rando attrape-grenouilles ? »

Un sourire éblouissant qui venait presque faire disparaître les deux yeux rieurs qui le surmontaient, d’où s’échappait un anglais avec un fort accent insulaire. Voilà la première image que j’ai eue de Kahau. Le contraste entre sa bonne humeur et mon mal être était saisissant. Il ne faisait que me mettre encore plus mal, aussi rayonnant, aussi joyeux. Le « Non » qui était sorti de ma bouche avait été plus sec que ce que je désirais. Je m’en suis immédiatement voulu. Ce n’était pas en me comportant comme ça que j’allais améliorer ma situation. Même si c’était un natif, ça se voyait à sa peau ambrée, j’aurais pu faire preuve d’un peu plus de respect.

Lui n’avait pas eu l’air de réagir. Pas un regard vexé. Pas un haussement d’épaules. Pas un « tant pis » attristé. Pas de mine boudeuse comme le faisait mes amis quand je leur disais que je n’enverrai pas de photos d’Hawaii. Non. Il ne s’était pas départi de son sourire et était allé voir un autre groupe, sans doute pour leur poser la même question…et connaître la même réponse. Il n’en démordait pas et persistait à questionner à tous les autres enfants de l’école. Intriguant. Non pas que j’ai envie de retourner le voir, mais c’était surprenant de voir que, Kahau avait beau être aux anges, sourire, sautiller, paraître mille fois plus heureux que moi, il passait son temps seul. Ça n’avait aucun sens. Et, en même temps, sa demande était beaucoup trop étrange.

A défaut d’avoir cherché à me faire des amis, j’avais observé les gamins avec lesquels j’allais devoir passer…je ne sais combien de temps exactement, mais beaucoup trop. Chaque fois, même quand je cherchais quelqu’un d’autre, mon regard finissait toujours par tomber sur Kahau. Toujours à courir dans tous les sens, intenable même en cours, et affichant toujours ce maudit sourire dont j’étais si jaloux. Et, éternellement seul, quoi qu’il advienne. Regards en coin, remarques murmurées sur son passage, réponses systématiquement négatives à toutes propositions qu’il faisait…il n’était pas aimé, rejeté par l’entièreté de l’école. Et, par entièreté, même les natifs fermaient irrémédiablement leurs portes à cet étrange énergumène. J’avais toujours été bon observateur et je savais me fier à mon intuition : il y avait clairement une raison autre à sa simple bonne humeur permanente qui expliquait ce rejet. Une raison qui venait sans doute d’un événement passé. A défaut d’avoir mieux à faire, autant enquêter.

Malheureusement pour moi, l’enquête ne fut pas bien longue. Fort heureusement pour moi, elle me permit de rencontrer mes futurs amis. Ce qui était bien avec les rumeurs, c'était qu’elles n'avaient que peu de mal à se propager, par bribe auprès d’une oreille attentive à qui savait les écouter et les rassembler. Dans la cour de notre petite école de Kilauea, même la plus sourde de toutes les oreilles auraient su : tout ce qu’il fallait, c’était avoir des yeux. Parmi tous les groupes d’amis qui s’étaient composés dans la cour de récréation, l’un d’eux semblaient plus enclins à le rejeter. Leur réaction était physique, flagrante. Ce n’était pas avec un visage triste, surpris ou d’incompréhension qu’ils lui disaient « non », mais d’une seule et même voix, sûre et sèche. Je m’étais glissé parmi eux sans trop de soucis et, après quelques questions, la vérité était sortie toute seule, presque crachée par l’un d’eux.


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Il y avait a priori natif et natif. Kahau et son père, eux, se revendiquaient comme de véritables Hawaïens, et cherchaient à prêcher « la bonne parole » auprès de la population de Kauai, natifs comme continentaux. Et cette même population n’était pas extrêmement réceptives à ces deux arrivistes qui prétendaient mieux connaître qu’eux les us et coutumes hawaïennes et ce sans même parvenir à aligner deux phrases compréhensibles. C’était pour cela que l’accent de Kahau différait de tous les autres que j’avais pu entendre : il n’était pas de Kauai, ni d’aucune autres îles connues de l’archipel. Niihau, une île encore plus occidentale que Kauai, ignorée de beaucoup, et, pour les quelques qui la connaissaient avant que Manui et son fils ne débarquent, un repère de paysans et de ploucs arriérés. Est-ce que j’en avais quelque chose à faire ? Pour moi, tous les natifs étaient arriérés, Kahau n’avait pas plus l’air de l’être que les autres. Mais ça ne changeait pas que je n’aimais pas cet aspect de lui qui lui permettait sans cesse de sourire, quoiqu’il advienne. J’enviais sa joie de vivre. Alors je suis devenu ami avec ceux qui l’aimaient le moins. A leurs côtés, j’avais le sentiment de moins ressentir les ondes positives du sourire ambulant.

Au début, je n’étais pas le plus partant pour m’en prendre à Kahau. Il ne m’avait techniquement rien fait. Si ce n’est me rappeler à chaque fois que je le voyais à quel point je détestais Kauai et à quel point j’étais seul. Ce n’était que de petites remarques au début, des rumeurs mensongères répandues par mes « amis » dans l’enceinte de l’école. Rien d’inquiétant, en somme, pas très gentil, mais tout le monde racontait toujours n’importe quoi sur tout le monde, certaines personnes simplement en y croyant plus que d’autres. Je me tenais en retrait, je ne voulais pas avoir affaire à Kahau quand il l’apprendrait. En-dehors du sujet « Kahau », les quelques expatriés avec lesquels je traînais étaient plutôt sympathiques. Ils n’égalaient pas mes amis du continent, c’est vrai, mais au vu des autres gamins dans la classe…disons que je préférais rester avec eux. Alors, une ou deux fois, je me suis prêté au jeu à contre-cœur. Sauf que c’était grisant. Entendre un murmure parcourir toutes les lèvres, voir les crédules écarquillé les yeux et transformer le murmure en exclamation. Qu’est-ce que j’en avais à faire de la réaction de Kahau, de le transformer en petit mouton noir quand je pouvais être aussi puissant par quelques mots ? Nous étions les rois de notre petite école.

Est-ce qu’on avait conscience de la gravité de ce que nous faisions ? Lancer une rumeur, tout le monde l’avait déjà fait, volontairement ou non. Mais les rumeurs pouvaient s’éteindre, être ignorées, oubliées, qu’elles soient vraies ou fausses. Il y avait un large fossé entre prétendre que quelqu’un avait le béguin pour un autre gamin et faire croire que sa famille était maudite. Certaines paroles restaient, se gravaient dans les mémoires et, même en faisant tout notre possible pour les supprimer en voyant les conséquences que les mensonges avaient sur autrui, il était impossible de tuer une idée.

Avec Kahau, c’était encore pire. Parce qu’il n’y avait pas de conséquences. Quoique que nous fassions, peu importe les méchancetés que nous déclarions volontairement pour l’isoler du rester du groupe, le marginaliser et en faire la bête noire de Kilauea, il ne changeait pas d’attitude d’un pouce. Il gardait son même entrain, son même insupportable sourire et continuait de mener sa vie comme si de rien était. On aurait pu prendre ce comportement pour un échec complet de notre méthode et arrêter là, mais nous étions des gamins, des enfants de neuf ans, incapables de connecter plus de quatre neurones à cinq cerveaux. Mes amis l'avaient pris pour un défi et avaient décidé de redoubler leurs efforts. L’indifférence de Kahau ne faisait que redoubler ma rage à son égard. Chaque fois que je le voyais, il me rappelait à quel point je n’étais pas à ma place à Kauai, que j’y avais été envoyé contre mon gré. Et plus que tout, il me rappelait à quel point je ne pourrais jamais être comme lui, heureux même séparé de mon pays d’origine, heureux même séparé de tous ceux auquel j’avais pu tenir. Heureux et seul.

Alors nous avions poursuivi. Nous avions continué d’appuyer sur tout ce qui faisait qu'il était lui, sur tout ce qui faisait de lui un original, un cas à part. Pour ne pas dire quelqu’un de différent. Nous avions grandi comme ça. Plus le temps passait, plus mes liens avec le reste du groupe se sont renforcés, et plus ceux qu'il avait avec les autres enfants de Kauai se raréfiaient. Et c’était comme si tous les « nons », tous les regards en coin ne lui faisaient toujours rien. Sans aucune réaction de sa part autre qu’un rire chaque minute qui s’écoulait, aucun adulte n’a jamais compris ce qu’il se tramait dans leur dos. Personne n’a réagi. Kahau construisait son monde dans ton coin, éternel solitaire pourtant le plus sociable de Kilauea, s’amusant de tout et de rien. Et j’avais fini par construire le mien également, loin de lui, loin de son optimisme et de ses sourires qui m’apparaissaient si toxiques. Malgré tout, l’île de Kauai restait toujours plus petite que LA : quoi que je fasse, je finissais tôt ou tard par retomber sur les yeux verts de l’Hawaïen. Et rien ne m’horripilait plus que de le voir me proposer encore une fois d’aller chasser des grenouilles sur le volcan.


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Jenny Daniels | Tes passions
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Je n’aurais jamais pensé pouvoir m’envoler pour Hawaii aussitôt dans ma vie. Dès l’instant où mon père m’avait annoncée que nous partions explorer les volcans de l’archipel pour ses études, l’excitation avait été palpable. Non seulement à l’idée de pouvoir aller visiter ses îles dont mon père m’avait toujours vantée la beauté, mais également excitée de pouvoir de nouveau rentrer au pays après près de dix ans à sillonner l’Indonésie de long en large. Est-ce que je savais encore parler anglais ? Ou bien ne parlaient-ils qu’hawaïen à Hawaii ? Les questions défilaient déjà par centaines avant même que nous n’ayons décollé de Jakarta ; je trépignais d’impatience. Je ne savais pas pour combien de temps exactement nous en aurons sur chacune des îles, il fallait que j’en profite au maximum. Papa n’avait pas encore d'autres plans de route que celui de tirer le plus de conclusions possibles pour sa nouvelle thèse et de gérer ses cours à distance. Si j’aimais bien partir découvrir les espaces sauvages et les conséquences climatiques des explosions volcaniques avec mon père, les cours universitaires m’avaient toujours paru barbant. Très peu pour moi de rester à la maison en permanence, je voulais découvrir l’entièreté de chacune des îles ! Je ne retournerai pas à Hawaii avant d'être toute vieille et toute ridée, escalader et danser le hula sera alors bien plus compliqué que maintenant…Je ne devais pas en perdre une miette !

Hawaii, il y avait ce que l’on imaginait, ce qui attisait la curiosité et créait l’irrésistible envie, parfois même le rêve. Et puis il y avait la réalité. Ce sentiment que rien de tout ça n'avait été exacerbé. Si je n’avais pas été élevée par mon père et son respect complet pour la biodiversité et la nature, j’aurais cueilli chacune des fleurs que j’apercevais, quand bien même mes bras n’auraient jamais pu toutes les contenir. Je me serais enfoncée entre les fougères, ignorant les chemins et les plantes que je détruisais sous mes pas. Fort heureusement, rien de tout cela n’était arrivé. J’avais seulement regardé chacune des fleurs avec une envie palpable. Je voulais toutes les sentir, toutes les respirer, toutes les peindre dans mes souvenirs. Il me fallait absolument un guide pour toutes les fois où mon père ne serait pas là pour me porter sur les sentiers.

J’avais eu la chance de trouver vite le guide en question. Même âge, mêmes cheveux noirs de jais, mêmes origines continentales, et mal du pays également, quoique pas exactement le même. Ce n'était là qu’une courte liste des points communs que je m'étais trouvée avec Henry : nous avions fini par en dénombrer bien plus au fil de nos promenades sur Kauai. A mesure qu’il me permettait d’accéder aux merveilles de l’île, j’apprenais à le connaître. Quelque chose chez lui, un je-ne-sais quoi que je n’avais jamais su m’expliquer, me rappelait le continent, ses vastes plaines, ses grandes villes, sa vie à 100 à l’heure que je n’avais pourtant connu que quelques années avant le divorce de mes parents et mon départ pour la jungle indonésienne. Il me rendait nostalgique et curieuse d’un monde que je ne connaissais pas et dont je voulais absolument me souvenir. Perdus sur une des plages de Kalihiwai, je l’écoutais me parler de ce pays comme si je ne le connaissais pas, finissant par presque oublier la raison même pour laquelle je m’étais liée d’amitié avec lui. Nous avions même fini par ne plus nous promener, nous retrouvant seulement tous les deux sous le porche de sa maison. Je restais des heures assise à écouter ses histoires, ses souvenirs de la Californie, à quel point elle lui manquait, et ses plans futurs pour quand il pourrait enfin rentrer chez lui. Il avait une manière de raconter les choses, si naturelle, si belle, si éloquente, qu’il me rappelait comment mon père décrivait le monde et me donnait envie d’aller en voir chaque détail par moi-même. Bien sûr que je voulais voir le reste des îles de l’archipel, mais une part de moi désirait de plus en plus retourner sur le continent aux côtés de Henry…

A la fin de la saison estivale, nous nous sommes enfin décidés à faire part de nos sentiments mutuels. Henry rentrerait à la fin de l’année suivante, après six années passées dans les îles. A demi-mot, il m’avait avoué à quel point mon arrivée lui permettait de supporter les derniers mois qu’il aurait à passer ici. Par mon enthousiasme, il avait redécouvert Kauai qu’il pensait connaître par cœur, et j’avais pu la découvrir elle et mon pays par ses mots et ses histoires. Avec Henry, je me sentais bien. Après tant d’années passées à jouer les aventurières avec mon père, je ne m’étais pas aperçue d’à quel point, parfois, simplement s’asseoir sur une plage et observer le ciel était reposant. Bien sûr, il m’arrivait de jeter un coup d’œil vers le sommet du volcan où Henry ne s’était jamais aventuré – nous nous contentions des sentiers côtiers – mais l’écouter parler avec nostalgie suffisait à chasser ses pensées. J’étais une enfant qui vivait des passions des autres, qui se nourrissaient des étoiles dans leurs yeux. Si j’avais su à cet instant que les passions de Henry relevaient de la normalité, que mes sentiments pour lui ne seraient qu’éphémères…avoir brisé son cœur est mon éternel regret.

Nous avions quatorze ans quand nous nous sommes connus. Avec la fin de l’été arrivait l’automne. Les pluies redoublaient au sommet du mont Waialeale, annonçant le retour à l’école. Quel milieu étrange que l’école, lieu dont je n’avais jamais compris les codes après toutes ces années à suivre des cours particuliers. Je n’avais jamais côtoyé autant de gens de mon âge et je redoutais un peu cet instant. Henry m’avait aidé à me préparer aux différentes rencontres que j’allais faire, m’expliquant quelles étaient les personnes avec qui je m’entendrais le mieux, faisant retomber le stress pré-rentrée que je rencontrais. Il m’avait clairement dit de l’éviter, comme quoi, sous ses allures de gars sympa, il était un infâme manipulateur. Sauf que je n’ai pas pu m’empêcher de l’approcher, dès l’instant où je l’avais vu. Il y avait quelque chose de magnétique qui émanait de lui, une aura qui donnait irrésistiblement envie de le connaître. Et je me suis laissée tenter par la découverte…

Je ne pensais pas que les passions pouvaient naître de la pure et simple curiosité. A mes yeux, il y avait toujours eu, quelque part, un peu d’envie, de jalousie, un besoin d’en savoir ou de posséder plus. Pas pour Kahau. Kahau, ne désirait rien du monde, pas plus qu’il n’en avait besoin. Ce n'était pas une question de volonté ou de nécessité, il ne comprenait juste pas pourquoi il ne pouvait pas y faire ce qu’il souhaitait. Ce n'était pas une histoire de « To do list » comme en faisait des centaines de gens, il ne faisait pas les choses pour faire « comme tout le monde » et encore moins juste pour faire. A coup de « pourquoi pas ? » il plongeait dans le vide, il tentait, il s’aventurait, il s’enfonçait dans l’inexploré sans crainte et le sourire aux lèvres. A ses côtés, rien ne semblait impossible. Il révélait le monde, toutes ses possibilités, toutes ses merveilles que les autres ignoraient, ne cherchant que du spectaculaire qu’il ne pourrait jamais découvrir avec les yeux de Kahau. Dès l’instant où j’avais croisé son regard, j’avais compris qu’il était fou, fou à lier. Personne ne pourrait jamais comprendre ce qu’il lui passait par la tête, personne ne pourrait jamais suivre son rythme. Comment y parviendrait-on ? Kahau vivait à cent à l’heure, en constant mouvement, le regard pétillant et toujours partant pour faire que ce que le monde n’osait pas. Où puisait-il donc toute ton énergie ? Elle ne semblait connaître aucune limite, ni jour, ni nuit, ni fatigue, ni chaleur, ni pluie, ni responsabilités, ni heure, ni rien. Tant qu’il pouvait vivre, il vivait, les sens en éveil, prêt à faire face à toutes les éventualités.


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Mais j’étais prête à tenter le coup. J’étais prête à tenter de suivre ce rythme effréné qu’était celui de sa vie. Je tentais de côtoyer l’infatigable Kahau. Je ne l’avais pas approché au début, je l’observais dans un coin, admirative. J’étais nouvelle à Kauai, je ne comprenais pas comment quelqu’un d’aussi solaire que lui pouvait être si souvent seul au quotidien. Était-il trop intimidant pour que l’on ose s’approcher de lui ? Tout le monde pensait-il comme Henry qu’il était malveillant ? Le seul partenaire que je lui connaissais, c’était un certain Vaast, lui aussi en provenance du continent. Rien qu’à les voir tous les deux, on comprenait que quelque chose d’indéfinissable les unissait, mais cela empêchait-il pour autant les autres gamins de l’école de se joindre à eux ? Je n’avais jamais réellement eu l’occasion de bien connaître Vaast, mais pour ce qui était de Kahau, c’était une certitude : il possédait l’énergie et l’entrain nécessaire pour se lier d’amitié avec l’entièreté de l’archipel sans problème. A dire vrai, je ne me sentais même pas à la hauteur d’en faire partie. Il semblait si inatteignable, tellement différent des autres.

Et il m’a pourtant ouvert les bras, avant de m’ouvrir les yeux. Avec Henry, j’avais cru découvrir les beautés d’Hawaii, mais je n’en avais effleuré que la surface. A ses yeux, lui qui ne désirait que quitter Kauai, le plus bel endroit de l’île était ses bordures, ses sentiers côtiers, falaises et plages. Avec Kahau, l’entièreté des secrets que recelait l'île m’apparaissait enfin. Sans même hésiter un seul instant, il avait accepté de me guider l’après-midi même de notre rencontre jusqu’au sommet du mont Waialeale, où Henry m’avait toujours dit qu'on ne pouvait aller parce qu’il n’y avait pas de sentiers. Kahau ne connaissait alors qu’à peine mon nom, mais il s’en fichait. Tout comme il se fichait bien de savoir que cette randonnée nous prendrait plus qu’une après-midi et que nous ne pourrions pas aller en cours les deux jours suivants. En temps normal, je m’en serais inquiétée, mon père m’ayant toujours appris à être assidue. Mais pas cette après-midi, pas en suivant Kahau à travers l’épaisse forêt qui recouvrait le cœur de l’île. A cet instant précis, je me sentais capable d’aller n’importe où tant qu’il était là pour me guider. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Je ne m’étais jamais sentie aussi libre qu’en effleurant le sommet de Kauai, trempée par la pluie, riant aux éclats avec Kahau, en harmonie avec l’averse.

Mon père n’avait pas spécialement apprécié cette escapade soudaine, imprévue et dont il n’avait surtout pas vraiment été prévenu. Je m'étais fait passer un savon, mais je m’en fichais. Alors qu’il me grondait comme si j’avais cinq ans, je ne pensais qu’à la prochaine aventure dans laquelle Kahau m’embarquerait. Petit à petit, imperceptiblement, j’avais fini par passer plus de temps avec lui qu’avec Henry. Et il n’avait pas tardé à se rendre compte que quelque chose clochait dans notre relation qui avait été si fusionnelle pendant la saison estivale. Quelque part, j’aurais aimé être aussi désolée que lui que ce soit fini. Nous avions construit nos plans pour le futur, même s’ils étaient pour la plupart complètement insensés, et je les avais tous brisés en un instant. Sauf que je ne pouvais pas être triste alors que ses yeux à lui s’embuaient. J’étais heureuse, heureuse comme jamais. Je me sentais libre, aimée, aimante, exploratrice comme à mes premières heures sur Bornéo. Si c’était à refaire, je choisirais de nouveau Kahau, peu importe la culpabilité que je ressens vis-à-vis de Henry.

J’ai aimé Kahau profondément, passionnément. J’ai aimé son sourire, sa lumière, sa magie. Plus que tout, j’aime aimer son grain de folie, cette manière incroyable qu’il avait de toujours vous surprendre, de trouver un nouveau moyen de vous déstabiliser, de vous faire tenter ce que vous n’auriez jamais osé tenter. Il avait le pouvoir d’effacer le mot « ennui » de votre vocabulaire, de transformer les moments de farniente la plus complète en source d’inspiration et de jeux. J’ai pris mon envol à ses côtés, littéralement. Sans lui, je n’aurais jamais pu être celle que je suis aujourd’hui. Je lui ai offert mes sourires, mes passions, mon histoire, mon amitié, mon amour, mon cœur, mon corps. Et, malgré tout cela, nous n’avions jamais fait aucun plan, du moins rien d’aussi sérieux que ce que nous avions pu faire avec Henry. Je ne me suis jamais sentie enchaînée, pas plus que lui, et de là venait toute la beauté dans cette relation. « Vivons pleinement l’instant, chaque seconde ». Pour le futur, on verrait plus tard. Lorsque je m'étais envolée pour Oahu, au bout de huit mois sur Kauai, j’avais le sourire aux lèvres, et aucun regret. Et je savais qu’il en était de même pour Kahau.


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Vaast Rozenberg | Ta maison
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Savoir vers où se tourner, savoir s’orienter, j’ai toujours su faire. Connaître la direction vers laquelle pointe mon regard ne m’avait jamais posé aucun problème. Mais savoir se repérer sur une carte et dans l’espace en un claquement de doigts, quand on n'a ni destination ni même un chemin, à quoi bon ? Ce soir-là, quand Kahau m’avait trouvé dans la forêt et qu’il m’avait souri, le chemin m'était apparu. Et, quand j'avais pris sa main, j'avais su que c’était le seul qui valait la peine que je poursuive ma route. Il avait éclairé ma voie de mille lumières et, mêmes dans les plus profondes ténèbres, je n’aurais jamais pu y être aveugle tant elles étaient douces. Kahau, c’était une possibilité, la porte grande ouverte à tous les « si » : à ses côtés, toutes les impossibilités devenaient possibles. L’espace d’un instant, j’étais un enfant terrifié et seul dans les montagnes, celui d’après, ma main dans la sienne, la peur s’était enfuie. La plus grande force de Kahau, ça a toujours été de révéler le courage que vous aviez terré au plus profond de votre être, vous donner le sentiment que la plus infranchissable des montagnes pouvait être escaladée quand bien même vous étiez brisé.

J’avais instantanément su que, s’il quittait ma vie, je serais de nouveau perdu. Si nos chemins venaient à se séparer, je redeviendrais un gamin rongé par les doutes, toutes ses craintes qui s’envolaient dès lors que son aura approchait la mienne. De nombreux demi-dieux ont hérité d’auras de leur parent divin, influant volontairement ou non sur nos sentiments, et, même si je ne parviens pas à rester indifférent à celles-ci, celle de Kahau est bien plus puissante. Les Aphrodite rétorqueraient que c’est impossible, qu’une déesse mineure comme Iris ne saurait rivaliser avec une Olympienne, mais c’est simplement qu’ils ne comprennent pas d’où vient la puissance de Kahau. Hécate leur expliquerait parfaitement : l’essence même de la magie, c’est de manipuler vos sens, manipuler la Brume. Quelque part, l’inconscient sait qu’il a affaire à quelque chose de faux, une illusion. C’est en ça que Kahau se démarque, par son honnêteté et sa pureté. Il peut être imprévisible, parfois un peu trop envahissant, mais sa démarche reste toujours bienveillante, et il est impossible de remettre en question la sincérité de ses sourires.

Pour le bonheur qui m’avait submergé dès l’instant où il m’avait souri pour la première fois, j’ai su que je devais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour m’assurer de son propre bonheur. Comprendre comment fonctionne Kahau, ce n’était pas compliqué : il vit d’expériences, de nouveautés, de passions, éphémères ou non, d’amours et de tout ce qui lui donne l’impression de ne pas connaître de barrière. Analyser le personnage fut facile, créer ses nouvelles expériences, c’était une autre histoire, et ce fut bien le seul moment où je pus remercier mes parents de m’avoir fourni une imagination aussi débordante dès lors qu’il s'agissait d’innover dans la bêtise. Même s’ils étaient rares, je faisais possible pour que les moments où nous parvenions à nous retrouver durant notre premier été à la Colonie soit ainsi inoubliables. Le simple fait de voir son regard s’illuminer aurait réchauffer le cœur le plus froid. Rien ne me satisfaisait plus que de le savoir heureux, quand bien même il avait toujours eu l’air de l’être.

C’est peut-être pour ça que j’avais été pris de court quand Kahau m’avait proposé de le rejoindre à Kauai pour le reste de l’année. Je savais que je tenais énormément à lui, quand bien même je ne le connaissais que depuis trois mois, je me cachais même que, quelque part, j’avais besoin de lui, mais j’ignorais que le sentiment serait réciproque. C'était Manui qui m’avait révélé, à demi-mot, qu’il n’avait jamais connu son fils aussi heureux que depuis qu’il m’avait trouvé dans les Rocheuses. Pas une seconde, il n’avait refusé de m’accueillir dans leur chez eux de Kilauea. Et pas une seconde je n’avais hésité entre Hawaii et le Texas.

Je pensais qu’après avoir vécu au quotidien avec les deux Pahinui pendant près d’un mois, j’aurais tout vu d’eux, mais j’avais tort, et de loin. Pour ne pas avoir toujours pris la peine de la ranger – surtout en raison de certains problèmes familiaux et de mes nombreux déménagements – je savais ce que c’était d’avoir une maison dérangée, mais pas comme celle que j’ai découvert à la sortie de Kilauea, après je ne sais combien d’heures de voyage. Rien que de l’extérieur, elle ressortait du paysage, comme posée là un peu au hasard, au bout d’un chemin qui n’avait même pas daigné menée jusqu’à elle. Elle semblait avoir été construite avec les moyens du bord, solide certes, mais patchwork de couleurs dans le paysage. L’intérieur n’avait pas plus de sens. Des tas d’objets étaient dispersés çà et là, rien ne semblait avoir de logique ou de réelle place, et pourtant tout était rangé. Pas une seule fois je n’avais vu Manui ou Kahau se perdre dans ce bazar. Leur maison, c’était eux : vivante, insolite, cohérente dans son incohérence. Un instant, je me suis demandé si je parviendrais à trouver ma place dans cette étrange demeure, et Kahau m’avait poussé à l’intérieur. Le plancher : mon premier contact avec mon nouveau chez moi.


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Sans ses habitants, une maison n’est rien. N’importe qui d’autre que Manui ou Kahau aurait vécu ici, les lieux ne m’auraient jamais paru aussi chaleureux. En moins d’une semaine, j’avais acquis la certitude que je ne m’étais jamais senti aussi bien depuis mon départ de Rotterdam. Peut-être même mieux encore qu’à Rotterdam. Parce que, lorsque je me levais le matin, ce n’était pas pour voir le sourire triste de Maman, mais celui resplendissant de Kahau. La crainte de prendre de la place, de gêner, d’être un invité encombrant avait disparu : il ne restait plus que la certitude que j’avais trouvé ma famille. Là, dans cette cuisine à moitié ouverte sur la terrasse qui donnait sur la plage, où four jouxtait planches de surf, où les couteaux se confondaient parmi les tournevis, j’avais trouvé une place. Enfin…l’espace que j’avais n’était pas bien grand avec toutes les affaires qui trainaient un peu partout, mais ce n’était pas important, je n’avais moi-même aucune affaire. J’avais l’impression de tout reprendre à 0, comme à l’époque de mes déménagements incessants avec Maman. Et en même temps, tout était différent.

Les journées de cours n’étaient passionnantes ni pour moi ni pour Kahau. On s’en fichait. Parce que, dès lors que nous quittions l’enceinte de la cour de l’école, l’île entière devenait notre cour de jeux. Qu’il pleuve, qu’il vente, nous parcourions les rues de Kilauea, les plages de Kalihiwai, les versants du mont Waialeale. Poussant parfois même nos excursions jusqu’à l’autre bout de Kauai. Tantôt pirates, tantôt explorateurs, parfois contrebandiers ou simplement nous-mêmes, nous nous inventions un monde. Kahau débordait d’idées et d’inventions plus débiles les unes que les autres. Jamais je n’aurais cru un jour sauter d’une falaise et me servir d’une feuille de bananier comme parachute – un conseil, ne vous y essayiez pas, la chute n’a pas vraiment été ralentie. D’autres fois, c’était moi qui me chargeais d’innover. Si les lieux étaient grandioses, il m’inspirait moins que la Colonie - trop majestueux, trop grands pour que mon TDHA parviennent à en tirer une idée claire – mais je faisais de mon mieux pour en tirer le meilleur pour Kahau. La plupart des décors dans lesquels nous vivions nos aventures m’étaient complètement inconnus, mais je ne m’y sentais jamais perdu. J’aurai pu m’y déplacer les yeux bandés, tant que ma main était guidée par celle de Kahau, je savais que je ne craignais rien. La vie que l’on menait était complètement bancale, désordonnée, mais avec Kahau je ne ressentais que le confort et la sécurité.

Parfois, Manui nous rejoignait dans nos folies, prenait part à nos aventures. Nous adaptions nos histoires, nos farces, les règles du jeu – quand ceux-ci en avaient qui tenaient la route. C’était comme s’il avait le même âge que nous, nous n’y voyions pas de différence. Sauf au surf. Kahau excellait déjà, mais quand Manui ramenait lui aussi sa planche, je passais pour encore plus minable que je ne l’étais. Le plus amusant, c’était encore lorsque nous nous imaginions une invasion extraterrestre à Kilauea. Si les gens nous regardaient déjà étrangement lorsque nous n’étions que deux, avec Manui, c’était encore pire. Deux adolescents qui font les enfants, ça pouvait passer, un adulte avec deux enfants, probablement moins. Est-ce que j’en avais quelque chose à faire ? Absolument pas. Le regard des autres, qui m’importait tant, n’existait pas à Hawaii, parce que, à Hawaii, j’étais chez moi, et on se fiche de comment on nous regarde quand l’on est chez soi.

Qui plus est, j’avais trouvé en Manui le fameux père que j’avais imaginé des années durant. Qu’est-ce que ça pouvait bien me faire de savoir qu’Hermès était mon père quand Manui se comportait en figure parentale plus que ne l’avait jamais fait personne ? Attentionné, à l’écoute, tour à tour conseiller, partenaire de jeu, guide et aussi explorateur que son fils. Et Kahau, Kahau sans qui cette maison passerait pour délabrée. Il lui donnait toutes ses couleurs. Plus encore, il colorait le monde entier. D’aucuns ne peuvent rien faire sans leur café du matin, je ne pouvais rien faire tant que je n’avais pas aperçu ses deux lèvres s’étirer simplement en apercevant mes cheveux en pétard au réveil, tant qu’il ne m’avait pas pris dans ses bras comme si j’avais pu disparaître pendant la nuit. Oserai-je le dire ? Je n’en avais jamais eu, mais, pour sûr, j’aurais sans doute ressenti la même chose pour un frère. Au fil des jours, j’ai acquis cette certitude que, tous les deux, ce serait à la vie à la mort. Je serais toujours là pour lui, et il serait toujours là pour moi. Je voulais le protéger de tous les dangers, j’étais prêt à tous les sacrifices pour m’assurer qu’il était en sécurité, que tout allait bien dans sa vie. Parce qu’en un claquement de doigts, il avait donné un sens à tout. Et peu importe le temps qu’il passait ailleurs, peu importe les amours qu’il collectionnait, peu importe à quel point il se mettait en danger dès qu’il lui prenait envie de vouloir plonger d’une falaise, il resterait à jamais mon frère et je resterais à jamais ç ses côtés.

Tant qu’il était là, je ne serais jamais seul. Tant qu’il était là, j’aurais une maison. Une famille.


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Kahau Pahinui | Nos couleurs
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Papa ne m’avait jamais vraiment expliqué qui tu étais. La seule certitude que j’avais, c’était que tu étais spéciale à ses yeux, et que tu le serais toujours. Je ne lui ai jamais posé de questions sur pourquoi ma mère n’était pas là, comme c’était le cas pour tous les autres enfants que je croisais dans les rues de Kilauea. Je savais que Papa t’aimait, et, quand il parlait de toi, il te décrivait toujours comme une créature céleste dont irradiait la lumière, qui veillait sur moi d’où qu’elle soit, ça me suffisait. Il m’avait dit que tu viendrais sans doute un jour pour nous voir, mais qu’il ne fallait pas trop que je compte dessus. Ça ne m’importait pas, je ne ressentais pas de manque : ma vie avec Manui était déjà pleines d’aventures ! Tu étais intrigante, c’est vrai, je me posais quelques questions à ton sujet, mais je m’en posais autant sur les poissons que je croisais quand je plongeais depuis le bateau de Papa.

Et tu es venue un jour, et j’ai compris pourquoi Papa t’aimait tant. J’ai immédiatement su que c’était toi, avant même que Papa ne t’aperçoive, occupé avec les filets de l’autre côté du bateau. L’horizon s’était illuminé, l’océan s’était paru de mille et une couleurs, tu t'étais avancée sur l’eau, resplendissante, et j’ai instantanément su. Tu m'avais pris dans tes bras, m’avait souri, et c’était comme si je m’étais soudainement retrouvé enveloppé de la lumière la plus douce qui soit. Tu n'étais restée qu’une après-midi avec nous, mais elle avait suffi à me convaincre que j’étais l’enfant le plus chanceux de tout Kilauea. Je t’avais écouté me raconter qui tu étais, ce que cela impliquait pour moi et quel grand destin m’attendait avec des yeux émerveillés. Je ne savais pas vraiment ce que signifiait ces histoires de dieux, de déesses ou de monstres, mais si toutes ces aventures promettaient d’être aussi belles que tu l’étais, alors j’avais hâte d’avoir enfin treize ans pour pouvoir les vivre.

En attendant mes treize ans, je vivais mes propres aventures avec Papa. Nous passions le plus clair de notre temps en mer, à pêcher notre repas du soir, et ceux de nos voisins. Tout le monde me disait toujours que je sentais le sel marin même quand je n’étais pas sur les flots, comme si j’étais une goutte d’eau de mer qui s’était perdue sur la plage pour aller découvrir le monde. Quand nous n’étions pas sur le bateau, Papa et moi partions explorer l’île, et j’adorais tout ce que j’y découvrais. Au sommet de l’île, la petite goutte d’eau de mer que j’étais avait une vue imprenable sur l’océan dont elle s’était échappée. Mais, parfois, la mer me manquait, alors je retournais plonger entre les vagues, comptant les poissons innombrables que composaient la baie. Je perdais toujours le fil au bout de huit, alors je les redécouvrais à chaque fois comme au premier jour.

Et puis, un beau jour, Papa m’avait proposé de jouer avec la frontière de ce monde sous-marin. Je n’avais que six ans la première fois que j’avais fait du surf, mais j’avais su à tout jamais que ce serait mon activité préférée parmi toutes (du moins jusqu’à ce que je rencontre Vaast). Je tutoyais l’océan, je frôlais la surface, je m’échappais des tonneaux en riant, et l’océan me ramenait à chaque fois avec fracas sur la plage, vexé qu’une de ses gouttes d’eau se moque ainsi de lui. Ca me faisait encore plus rire et me donnait encore plus envie de le narguer à ma prochaine tentative. Papa me répétait souvent que je n’étais pas une goutte d’eau, que j’étais originaire de Niihau, l’île la plus occidentale de l’archipel, mais comme il riait à chaque fois que je lui demandais comment j’avais quitté la mer, c’était difficile de savoir s’il me disait ou non la vérité. Maman était bien venue de l’océan les deux fois où elle nous avait rendu visite, je venais donc de là, non ? Et puis, les rares fois où j’écoutais en cours, j’avais cru comprendre que nous étions composés à 70% d’eau, pourquoi la mienne ne serait pas salée ?

Quel étrange endroit que l’école. J’aimais autant que je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas pourquoi personne ne voulait participer à mes jeux, personne ne suivait mes idées. Les autres enfants ne savaient donc pas s’amuser ? Peut-être était-ce parce que je venais de l’océan et que ma mère était une déesse, je ne sais pas. Je m’amusais tous les jours, ça c’était une certitude, même quand les professeurs n’appréciaient pas. Je ne saisissais pas où était le problème quand je m’amusais à faire des bulles de savons et à les éclater en plein milieu d’une évaluation. Papa m’avait toujours dit que c’était une preuve d’intelligence que de trouver un moyen d’occuper son esprit quand celui-ci s’ennuyait, les profs ne sont-ils pas censés saluer l’intelligence ? L’école était remplie de paradoxes dont je ne saisissais pas toutes les nuances. Ce que je savais, c’est que j’aimais la récréation, j’aimais courir, j’aimais sauter, j’aimais apprendre – quand mon cerveau était ok avec l’idée, j’aimais voir les autres enfants, même s’ils ne voyaient pas en quoi construire des châteaux de boue étaient amusants.


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C'était Papa qui avait eu l’idée de rejoindre la Colonie en roadtrip plutôt qu’en avion. Il avait toujours eu les meilleures idées, je ne pouvais jamais dire non. C’était comme un avant-goût de cette future grande destinée dont m’avait parlé Maman, une aventure avant l’heure. Nous explorions le continent sans faire attention à où nous allions, suivant seulement le soleil oriental. Je m’étais un peu entraîné avec Papa, si jamais nous avions à faire face à des monstres, et quelle joie c’était de pouvoir leur sauter dessus ! Une attaque surprise, à l’amérindienne, et nous n’en avions tous les deux fait qu’une bouchée ! Plus encore que mes premières rencontres avec des monstres, notre périple continental m’avait permis de rencontrer Vaast. C’était bizarre, au début, de le voir enroulé dans des bandages, comme s’il s’y cachait. Papa s’occupait de lui pendant que je lui faisais la conversation et lui racontais les péripéties que nous avions vécu durant la journée. C’était étrange d’avoir quelqu’un d’autre à qui parler en-dehors de Papa. Plus étrange encore quand Vaast s'était remis sur pied et qu’il s'était réellement joint à notre expédition. Je n’avais jamais eu personne avec qui partager mon quotidien en-dehors de Papa. Quand je rentrais de l’école et qu’il était encore en mer, je jouais tout seul, je n’avais jamais eu personne avec qui partager mes histoires. Vaast écoutait. Il jouait le jeu à chaque fois. Je n’avais jamais eu conscience d’à quel point jouer à deux pouvait être mieux, le voir ajouter une pierre à l’édifice, quelque chose à laquelle je n’aurais jamais pensé sans lui. Il n’y avait rien de mieux que d’entendre nos rires raisonner à l’unisson. Et Vaast avait un rire magnifique.

Et puis nous étions arrivés à la Colonie, et j’avais rencontré tous pleins d’autres personnes qui étaient prêts à écouter et partager mes histoires. Tu avais raison, Maman, la Colonie des Sang-Mêlé est vraiment un endroit fantastique. Je ne m’y suis pas ennuyé une seule seconde, les professeurs me laissaient faire ce que je voulais et il y avait toujours quelqu’un de partant pour dire oui à ce que je proposais. Et quand bien même il n’y avait personne, il y avait toujours Vaast. Même si je ne le trouvais pas toujours – il devait sans doute jouer à cache-cache quelque part, c’était avec lui que je préférais passer mon temps. Il était comme Papa, il avait les meilleures idées. Les délires étaient toujours bien mieux avec lui, et il ne me disait jamais non comme les enfants de Kilauea, toujours partant, toujours volontaire. Maintenant que je savais ce que c’était que d’avoir un partenaire, je ne voulais plus le lâcher, j’étais bien trop heureux que Papa accepte de l’accueillir à la maison.

Avoir Vaast à mes côtés, ça avait changé mon quotidien. J’avais l’impression d’être toujours plus inventif, de vivre encore plus qu’avant. Même à l’école, quelques personnes avaient finalement fini par acquiescer à mes idées, sans que jamais aucun n’arrive à la cheville de Vaast. Sauf Jenny. Avec elle, c’était différent, elle ne se lassait pas d’apprendre ce que Papa m’avait appris, elle disait toujours oui, parce qu’elle savait qu’un jour elle partirait. Parfois, elle avait des idées, mais jamais aussi géniales que Vaast. Il avait les meilleures, de toute façon. Mais j’adorais celles de Jenny, j’adorais Jenny, j’adorais voir son regard s’illuminer à chaque proposition que je lui faisais, j’adorais l’entendre applaudir à chaque fois qu’elle était heureuse d’avoir accompli quelque chose de nouveau, comme si elle nous félicitait tous les deux d’être aussi géniaux. Quand je pensais à elle, je l’imaginais comme Papa te décrivait quand j’étais enfant : une palette de couleurs. Je voulais en voir tout le dégradé, toutes les facettes. Et quand Jenny est partie, j’ai immortalisé ses couleurs dans ma mémoire. Il y en a eu d’autres après elle. Rom, Viggo, Derya, Tyrone, pleins de couleurs. J’espère qu’un jour elles seront aussi nombreuses dans ma mémoire que dans tes ailes. Tu penses que j’y arriverais ?


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S'il y a bien une chose qu'il faut comprendre à propos de Kahau, ce n'est pas qu'il ne craint pas les conséquences de ses actes, ni même qu'il les ignore. Il n'agit pas de manière impulsive. Pas plus que réfléchie, à vrai dire. Il fait juste ce qu'il a envie de faire quand bon lui semble, en n'ayant même pas conscience que ses actions peuvent avoir des répercussions sur autrui. A ses yeux, son train de vie est la meilleure manière de vivre au jour le jour. Il n'a cure de la mort, il ne se préoccupe que de l'instant présent et de faire en sorte que chaque nouvelle seconde soit plus enrichissante que la précédente. Il veut vivre de nouvelles expériences en nouvelles expériences, éternel optimiste et passionné de tout (du moins jusqu'à ce qu'il trouve un autre sujet sur lequel se pencher). Toujours volontaire, incapable de dire non, il est aussi honnête et franc qu'il se peut avec tout le monde, ce qui lui cause parfois de nombreux ennuis. Mais, comme toujours, il ne parvient pas à retenir la leçon.

A sa manière, on peut considérer que le jeune Hawaïen est un peu stupide, c'est vrai. A toujours dire tout haut ce qu'il se pense, à ne pas prendre en considération le fait que son voisin n'apprécie pas que l'on soit aussi chaleureux avec lui, à ne pas comprendre que sa culture se meurt ou qu'il s'est fait harceler durant sa jeunesse par les non-natifs, il passe souvent pour un ignorant, un inconscient ou un ignare. Certains lui ont fait la remarque, parfois. Peut-être a-t-il compris, peut-être pas, c'est toujours difficile de lire autre chose qu'un franc sourire sur son visage.

Et pourtant, Kahau n'a rien d'un enfant stupide. Certes, le cerveau entre lui et Vaast, c'est bien le rejeton d'Hermès, et Kahau n'est pas une lumière comme peuvent l'être les Athéna, mais il peut faire parfois preuve d'éclairs de lucidité assez surprenants, d'autant plus surprenants qu'ils viennent de quelqu'un dont la principale occupation est de se demander pourquoi les êtres humains ne peuvent pas vivre sous les océans. Peut-être est-ce dû aux dernières années qu’il a passé avec le fils du dieu de la ruse, ou bien simplement à l’espièglerie de son père qui a fait fondre Iris, mais Kahau peut faire preuve d’une ingéniosité des plus utiles. Dans les situations les plus stressantes et périlleuses, inconscient des risques comme à son habitude, son esprit ne sera pas affecté par un quelconque trouble, faisant de lui parfois le seul capable de trouver la solution au problème.

Du moins, c’est le cas quand ce n’est pas lui qui cause les problèmes. Indirectement, l’insouciance s’accompagne d’une maladresse aux conséquences parfois désastreuses. Qu’il s’agisse de dégâts matériels, physiques ou moraux, il ne sait pas mesurer l’ampleur que peuvent avoir les gestes ou les mots. Ne lui en voulez pas de ne pas apprendre la leçon, à l’image des Shadoks, son cerveau est composé de cases qui sont déjà remplies depuis bien trop longtemps, et qui ne laisseront de toute façon pas leur place pour des menus détails comme le complexe que vous avez avec vos oreilles : Kahau préféra retenir que le marron est votre couleur préférée.

C’est sans doute pour ça que, dans le fond, le gosse d’Iris est aussi attachant. Il est maladroit certes, parfois un peu trop franc sans le vouloir, mais c’est une oreille étonnamment attentive et attentionné. Très sociable et empathique – quand son cerveau l’autorise – Kahau aime faire de nouvelles rencontres, apprendre de nouvelles choses – qu’il ne tardera pas à oublier. Ses sourires, ses attentions parfois insolites et son rire font de lui le bon vivant avec qui passer du temps aussi bien lorsque l’on est heureux que lorsqu’on sent venir poindre la mélancolie. Quoiqu’il advienne, il aura toujours une idée débile pour remettre un peu de couleurs dans vote cœur, et ce même sans le vouloir.


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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Kahau III

Message par Springbloom »

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Kahau n'est pas encore certain de comprendre pleinement son pouvoir. En fait, il ne sait même pas qu'il en possède un et, puisque les autres enfants d'Iris du bungalow n'en possède pas vraiment n'ont plus - du moins pas d'autre que de pouvoir faire des appels Iris sans avoir à dépenser de drachmes (dans la limite de ce qu'accepte leur mère, tout de même, il n'a qu'à forfait préférentiel). Et, pourtant, Iris a bien fait cadeau d'un don à son rayon de soleil hawaïen. Parce que s'il est nécessaire d'avoir de la lumière pour former un arc-en-ciel, celle-ci doit bien traverser quelques gouttes de pluie pour se parer de mille couleurs dans le ciel. Kahau étant du genre à avoir pleinement confiance en son intuition, il a toujours assumé que c'était elle qui lui donnait raison, à tort. C'est son pouvoir qui lui permet de prédire quand il va pleuvoir, sans jamais pouvoir se tromper. Bien entendu, avec la Barrière de la Colonie qui empêche toute intempérie, ce n'est pas bien utile lors de ses séjours estivaux. Cependant, chez lui, où l'île de Kauai est bercée de pluie nuit et jour quelque soit le mois, c'est une autre histoire. Henry s'est toujours moqué de ses prédictions, comme quoi c'était une évidence qu'il allait pleuvoir tôt ou tard sur le Mont Waialeale, et peut-être que ses moqueries ont fini par faire leur chemin dans l'esprit de Kahau qui a fini par y croire lui aussi. De fait, en n'ayant même pas conscience de son pouvoir, il ne peut absolument pas en évaluer les limites. Et pourtant, s'il le travaillait, il pourrait être en mesure de détecter toute source d'eau. Pour l'heure, il ne sert que de bulletin météo inutile dans une Colonie toujours baignée de soleil.

Kahau a fait comme tout ceux qui n'ont pas de pouvoir à développer : il s'est entraîné. Mais, "comme", c'est toujours un bien grand mot avec lui. Faire comme tout le monde et se battre à l'épée ou à la lance, comme l'aurait fait n'importe quel soldat hoplite de l'antiquité grecque ? Très peu pour lui. Il voulait sortir des sentiers battus et se battre comme personne ne le faisait à la Colonie, et, surtout, il ne voulait blesser personne, juste mettre ses ennemis hors d'état de nuire. Alors, il a fait ce qu'il fait assez peu souvent, et il a pris un livre, sous le regard d'incompréhension de l'Athéna qui se trouvait dans le bungalow. Très rapidement, il lui est devenu évident qu'il voulait suivre un entraînement pour devenir rétiaire, un combattant des arènes romaines. C'était anachronique. Et alors ? Au moins il serait certain que personne n'aurait la même idée que lui. Et puis, il savait déjà se servir d'un filet, gérer un trident de l'autre main ne devait pas être si compliqué, d'autant plus avec un TDI qui facilitait l'apprentissage ambidextre. Il a dû prendre sur sa concentration et sa dyslexie pour lire tout seul, n'ayant aucun professeur, mais il avait un objectif en tête, et il très rapidement devenu un des meilleurs combattants de l'arène. Non pas par son nombre de victoires consécutives ou sa force, comme pourrait l'être un Kyle, mais par le fait qu'il est devenu un adversaire de taille par sa technique. On apprend à défaire des bretteurs, à esquiver des lances et utiliser son bouclier pour se protéger des flèches, mais personne n'a jamais entraîné personne à éviter les filets et les attaques de trident. Dans ce domaine là, Kahau reste le maître, et c'est bien le seul moment où son hubris se manifeste.


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Avant qu’il n’aille à l’école, Manui et Kahau conversaient tous les deux dans le patois particulier de Niihau, que Kahau sait toujours parler même s’il ne le pratique plus depuis longtemps. Il lui arrive même de laisser échapper un ou deux mots par inadvertance. Bien entendu, le fait que Kahau ait appris l’anglais à l’école même n’a pas aidé à ce qu’il s’y intègre.

Kahau a mené une quête durant l’été 2019, en compagnie du sempiternel Vaast qu’il ne quitte jamais et de Verne, fils d’Héphaïstos. Il a dédié l’artéfact qu’ils y ont récupéré à sa mère, quand bien même celui-ci traîne désormais dans un coin du grenier de la Grande Maison et prend sans doute la poussière. Tout comme Vaast, il s’est fait tatouer en souvenir du périple, symbole du lien indestructible qui les unit.

Kahau adore sa mère, qu’il a eu la chance de pouvoir rencontrer plusieurs fois à Kauai. Il n’a pas hésité une seule seconde lorsque le poste de conseiller en chef de bungalow s’est retrouvé vacant, sans même comprendre les responsabilités que cela impliquait…à dire la vérité, pas sûr qu’il les comprenne plus aujourd’hui, mais il fait de son mieux pour amener un peu de bonne humeur et pour souder ses frères et sœurs. Son bungalow fait partie des plus fraternels et chaleureux de la Colonie, en partie grâce à sa joie de vivre.

S'il excelle en surf, Kahau se débrouille également dans de nombreuses autres disciplines sportives. Deltaplane, kitesurf, plongeon de différentes hauteurs, descente en rappel, escalade...à partir du moment où il s'agit de dépenser son énergie et de recevoir quelques shots d'adrénaline, il n'hésite pas une seconde.


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OSWALD GATLING
(Naji2807)


Dès qu'il a eu franchi le sommet de la colline de Thalia, Kahau a voulu voir toute la Colonie, dans son ensemble, et cela impliquait aussi les pensionnaires. Dans sa maladresse habituelle, il a de fait tendance à oublier que tout le monde ne veut pas forcément être abordé par un joyeux luron, et ce fut le cas d'Oswald. Il se souvient parfaitement de leur rencontre, de lui assis au pied d'un arbre, qui lisait tranquillement, et de son regard surpris quand il l'a salué avant de s'asseoir à ses côtés. Il y avait quelque chose de bizarre dans sa surprise, et c'est peut-être ça qui l'a marqué. Il n'avait pas seulement l'air d'avoir eu peur quand il était apparu, mais autre chose...mais peut-être que c'était simplement de la peur, puisque, au bout de quelques minutes de discussions seulement, avec un temps de retard, Oswald s'était enfui. Il continue de le croiser parfois à la Colonie et le salue, mais le garçon ne semble décidément pas vouloir lui répondre et reste mutique derrière ses livres. Si Kahau avait deux neurones, il finirait peut-être par comprendre qu'il est insensible à l'aura d'Oswald parce qu'il n'a aucun mauvais souvenirs à faire ressortir et que c'est cela qui le déstabilise autant. En attendant, il continue de chercher à faire connaissance avec lui, le sourire aux lèvres.


VICTOIRE HOLLOWAY
(Glamour123)


Comme beaucoup de pensionnaires, c'est aux Arènes que Kahau a fait ses principales rencontres à la Colonie. Très vite, il a compris qu'il pourrait lui aussi briller sur son sable, mais que, pour cela, il lui fallait développer sa propre technique. C'est d'abord par observation qu'il a appris à connaître Victoire, sans même connaître son nom, avant qu'elle ne devienne une partenaire récurrente de ses entraînements. Du haut de ses 15 ans, elle faisait déjà une excellente épéiste, et c'est auprès d'elle qu'il s'est conseillé pour se découvrir rétiaire.

Entre les deux, ça n'a toujours été qu'une histoire aux Arènes. Ils s'appréciaient, sans plus, se respectaient, combattaient, mais Kahau n'a jamais réellement cherché à lui proposer de participer à ses activités "expérimentales". C'est probablement pour ça qu'il n'a pas vraiment senti de profondes dégradations dans leur relation après la farce de Vaast. Pour lui, il s'agissait juste de s'en prendre à une faiblesse qu'il trouvait amusante chez une partenaire de combat, elle l'a mal pris et elle ne veut plus vraiment se battre avec lui, mais ça s'arrête là. Si elle ne veut pas de son trident, il trouvera un autre partenaire.


DERYA AYDIN
(Yumeko)


Kahau est une bombe d'énergie infatigable, toujours en mouvement, toujours à sautiller partout où il va, d'autant plus quand il ne connait pas les lieux. Forcément, quand il est arrivé à la Colonie, il n'a pas su où donner de la tête, alors il est aller partout. Mais il est un lieu où il s'est arrêté, la plage. La mer, dans le Détroit de Long Island, est bien plus calme qu'à Kauai, mais c'était le seul endroit qui lui faisait un peu penser à chez lui. Ses pas l'y ramenaient souvent, il allait souvent piquer un plongeon à défaut de pouvoir profiter des vagues qui lui étaient si chères. Ca, du moins, c'était avant de faire la connaissance de Derya. Depuis qu'il l'a vue s'élancer sur les flots et soulever vagues, remous et écumes sur son passage, Kahau est fasciné par la jeune fille, qui n'a pas tardé à devenir sa partenaire de surf, et pas que. Il aime sa fraîcheur, sa simplicité sa douceur, son rire, ses sourires, sa discussion, son humour, son talent sur la planche, sa passion pour la vie qui se ressent jusque dans ses caresses plus sensuelles. Partenaires sur les vagues. Partenaires sur la plage. Derya fait partie des demi-dieux que Kahau aime le plus retrouver chaque été, et sans doute l'une de celles avec qui il passe le plus de temps.


DAITHE
(Naji2807)


Lors de ces balades ininterrompues à la Colonie, il n'y a pas seulement sur la plage que Kahau s'arrête plus longtemps, ses pauses le mènent souvent au bord du lac. Moins agité que la mer, certes, mais il reste une étendue d'eau auprès de laquelle il se sent bien. C'est au bord de celui-ci qu'il a fait connaissance avec Daithe, la première nymphe qu'il a rencontré à la Colonie. "Toute douce" qu'il l'a décrite dans ses pensées à la fin de leur première discussion, et ce sans aucun sous-entendu quel qu'il soit puisque leur amitié est purement platonique. Kahau apprécie voir un sourire se dessiner chaque fois qu'elle l'aperçoit, il n'hésite pas à la rejoindre sur la berge pour lui parler de tout, c'est une bonne oreille. Il regrette cependant parfois un peu qu'elle lui prône autant de faire attention dès qu'il cherche à aller se baigner, il lui assure à chaque fois qu'il sait pourtant nager.


NADYA ESPINOZA
(Naji2807)


Kahau est tombé sur Nadya dès son premier été à la Colonie. En même temps, difficile de manquer une fille d'Aphrodite, et encore plus lorsqu'il s'agit d'une des filles les plus populaires de la Colonie. Ils se sont rapidement bien entendus, partenaires de combat aux Arènes et aux autres activités proposées par la Colonie. Elle n'est pas de ceux vers qui Kahau va impulsivement le matin, mais il la respecte (difficile avec lui de donner une définition au mot "ami"). Néanmoins, l'année suivante, leur relation a pris une tournure très différente, étrangement peu après la farce faite par Vaast à Victoire. Depuis, Kahau ne comprend pas vraiment pourquoi Nadya passe plus de temps à lui expliquer sans cesse la notion de bien et de mal plutôt que de se battre lors de leurs séances d'entraînement, ça a tendance à le distraire tout autant que l'agacer. Même s'il continue de se battre avec la fille, il préfère se tourner vers d'autres partenaires de combat plus concentré sur leurs objectifs.


ANTHEA ESTRADA CELLA
(SpringBloom)


Contrairement à Nadya qui vient lui faire la morale depuis cette histoire de farce avec Victoire, Anthea, elle, n'a pas vraiment changé de comportement avec Kahau. Ils se sont également rencontrés aux Arènes, et elle est une des partenaires de combat les plus méritantes que Kahau ait à affronter. A sans cesse affronter des épéistes qui ne savent pas se débrouiller contre un rétiaire et contre qui il arrive à prendre sans trop de souci le dessus, il a plus de mal avec ceux qui optent pour une arme autre que les habituelles xiphos, et Anthea est de ceux-là. Ils ne peuvent s'entraîner qu'un mois par an ensemble, alors ils profitent réellement de l'occasion pour progresser tous les deux. Elle est une partenaire féroce et résistante, et une de celles contre qui les entraînement durent le plus longtemps, endurante. Il la respecte et l'apprécie, quand bien même leur relation se limite bien souvent aux Arènes. Il s'est bien essayé à prendre ses leçons aux écuries, mais ceux-ci sont récalcitrants à sa présence : dommage, il aimait bien l'idée de voler.


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VIGGO SKAEBNE
(LSGI)


Kahau et Viggo se sont rencontrés un début d'après-midi, au bord du lac. Derya était partie s'entraîner, pas de vagues pour surfer donc, tant pis, Kahau trouverait du réconfort en jouant avec les naïades, en espérant que Daithe ne l'empêche pas de plonger dans le lac. Sauf qu'il y avait bien plus intéressant que les naïades du fin fond du lac pour l'accueillir, bien plus passionnant qu'une conversation avec la douce Daithe. Il y avait quelque chose chez Viggo qui a tout de suite happé Kahau. Il était allongé sur la berge, les pieds à moitié dans l'eau, probablement endormi. N'importe qui l'aurait comparé à une statue avec son teint pâle et son immobilité. Pas Kahau. Il en était certain, à tout moment, le demi-dieu pourrait s'éveiller et sauter dans tous les sens, plein d'énergie, plein de vie. Avant même de lui parler, Viggo lui a plu. Alors, quand Viggo a ouvert les yeux et qu'ils sont allés à la rencontre de ceux de Kahau, leur amitié a été d'autant plus évidente.

La plupart des demi-dieux ne parviennent pas à suivre le mouvement de Kahau. Il pensait que Vaast était la seule exception, le seul à tenir la route assez longtemps à ses cotés, mais, apparemment, il s'était trompé. En quelques jours, Viggo est devenu son partenaire dès qu'il ne trouvait pas Vaast. A ses côtés, il se sent libre. Heureux. Vivant. Amoureux de la vie. C'est un fait indéniable, s'il comprenait le sentiment, il saurait qu'il est amoureux du jeune homme. Mais Kahau ne sait pas ce qu'est l'amour, il sait juste qu'il aime ce qui le rend heureux. Et, Viggo est une source de bonheur permanente.


ZLAYDEN IZBYTOK
(LSGI)


Être ami avec Viggo implique que, tôt ou tard, on fait la connaissance du chef de bungalow de Dionysos. Pour Kahau, ce fut tôt. Sa rencontre avec Zlayden coïncide étrangement avec sa première cuite, surprenant moment où rien n'avait plus de sens. Il n'en garde comme souvenir qu'un kaléidoscope de couleurs floues et beaucoup, beaucoup de rires. Depuis cette soirée, il n'est pas rare que Kahau traîne avec Zlayden, même lorsque Viggo n'est pas là. Il est l'une des rares personnes qui puissent épuiser le fils d'Iris, exacerbant son euphorie et son énergie jusqu'à complètement le décharger. Comme ils savent tous les deux qu'ils auront besoin de sommeil s'ils passent trop de temps ensemble, les deux amis préfèrent se retrouver le soir, durant les veillées ou les soirées clandestines organisées par Zlay. Ils arrivent cependant parfois que Zlay vienne retrouver Kahau de bon matin. Il a souvent une mine triste, dans ces moments là, mais comme celle-ci s'efface dès qu'il l'aperçoit, Kahau ne l'a jamais questionné sur ce sujet.


FELIX JOHANSON
(Naji2807)

C'est par le biais de Viggo que Kahau a fait connaissance avec Felix. L'attraction entre les deux a été immédiate. En même temps, comment le fils d'Iris pouvait ne pas craquer pour les grands yeux bleus de celui qui a toujours de la chance ? Félix avait quelque chose de déstabilisant avec sa confiance sans faille, son absence de remise en question et surtout, son sourire farceur. Ca a tout de suite plus à Kahau, il savait que la relation ne serait de facto pas pris de tête... mais peut-être pas assez au goût de Félix. Contrairement à Viggo avec qui il peut passer de longues heures, Félix semble se lasser assez vite de Kahau, ce dont il ne se rend même pas vraiment compte, le temps file toujours trop vite pour lui


GLORIA MUNOZ
(LSGI)


Il est des pensionnaires que Kahau ne considère pas comme ses amis (selon sa définition particulière) mais qu'il ne peut s'empêcher d'adorer pour autant. Gloria en est un parfait exemple. Elle déborde de joie et d'énergie en toute situation, petit rayon de soleil dans le paysage. Quand il discute avec elle, il a l'impression d'apprendre pleins de choses sur les autres pensionnaires de la Colonie, même ceux avec qui il passe tout son temps, et se demande souvent comment elle fait pour en savoir autant. A ses yeux, c'est une magicienne qui cache bien son jeu : elle est sûre qu'elle est passe-muraille. Quand il a fait part de sa théorie à Vaast, il a eu la brillante idée de tester cette hypothèse avec une farce de son cru. Tous les deux, ils ont décidés de surpasser leur dyslexie et de rédiger un journal intime où il s'inventaient une relation amoureuse et passionnelle complètement fictive. Vaast, aussi habile et discret pour voler que pour laisser des indices en évidence, a déposé le sien à un endroit où il savait que Miss Rumeur le trouverait et elle est tombée dans le panneau. Depuis, elle est persuadée que les deux sont ensemble, ou du moins elle se prête au jeu que les deux amis ont eux-mêmes instaurés, et rien n'amuse plus Kahau que de la voir continuer de répandre des rumeurs fausses.


LENA PAZZA
(Naji2807)


Il y a des pensionnaires qui semblent plus facilement visés par les farces des Hermès, et Lena aurait pu faire partie de ceux-là. A vrai dire, elle faisait partie de la "liste" imaginaire concoctée par Vaast et ce jusqu'à la farce de trop. Elle n'avait pas dû apprécier d'être une fois de plus dérangée dans sa glande quotidienne et les deux amis se sont soudainement retrouvés envahis d'une envie de ne strictement rien faire. Vaast n'a pas si mal vécu que ça ce repos forcé, mais il en a été tout autre pour Kahau. Son hyperactivité en a un mangé un coup et, comme s'il s'était pris un choc thermique, il est tombé malade pendant plus d'une semaine. Depuis, Vaast a décidé de faire en sorte de ne plus s'en prendre à Lena, probablement pour son plus grand bonheur


VINCENT RIVIERA
(LSGI)


Kahau ne s'est jamais réellement posé la question de si certains pensionnaires ne l'appréciaient pas à la Colonie. Il prend tout du bon côté, discute avec tout le monde, sourit à tout le monde et les prends même dans ses bras quand ils ne le repoussent pas. Quand ça ne passe pas, soit il ne s'en rend pas compte, soit il hausse les épaules et va voir quelqu'un d'autre. Avec Vincent, ça n'est jamais passé. Pas même un sourire ou un salut dans le lointain. Le bonhomme semble absolument tenir à l'éviter, sans que Kahau ne comprenne pourquoi, parce qu'il le voit souvent avec des amis à lui, que ce soit Nadya ou Félix.


VERNE LE GOFF
(SpringBloom)


En revanche, Kahau est certain que Verne l'apprécie. C'est par le biais de Vaast qu'ils ont fait connaissance, mais c'est lors d'une quête qu'ils sont réellement devenus amis. Kahau le savait : Vaast a toujours les meilleures idées. Et ramener le fils d'Héphaïstos lors de la leur était la meilleure qui soit. Il admire le conseiller en second du 9 pour son intelligence, sa capacité de déduction et son ingéniosité. Verne n'a jamais été réellement partant pour participer à leurs farces, mais il leur a déjà donné quelques coups de mains grâce à ses inventions. Chaque fois que Kahau le voit, il ne cesse de se dire qu'il est brillant et que ses inventions changeront un jour la face du monde.



à compléter (Rom, Gareth + Noah

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Les prénoms de Kohotu
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✦ Kahau - Celui qui chante la vie
✦ Manui - L'homme qui bondit
✦ Kaia - Celle qui permet l'équilibre
✦ Inapo - L'homme de coeur
✦ Kohotu - Celle sur qui repose le monde
✦ Hanau - Celle qui assimile
✦ Laban - L'homme du feu
✦ Teura - L'homme qui dort au soleil



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Dernière modification par Springbloom le lun. 07 févr., 2022 6:21 pm, modifié 1 fois.
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée - Anthea

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DEMI-DÉESSE | 14 ANS | ARGENTINE | DÉMÉTER | XYLOGLOTTE | DOUBLE SERPES | CHEFFE DE BUNGALOW | ENTRE DEUX MONDES
Dans l'Amphithéâtre | Avec Gloria (LSGI)

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Rien qu’à voir le visage de Gloria, regard brillant, joues empourprées, je devine que des dizaines de pensées différentes traversent actuellement son esprit concernant Achille, et qu’elle ne me fait part que d’une infime partie. Je donnerais cher pour voir se neurones s’allumer un à un, tracer leur propre connexion inédite, émettre théorie (foireuse) sur théorie. Une excitation folle s’est emparée d’elle, comme souvent dès lors qu’elle trouve un sujet de conversation croustillant…et il faut avouer que « croustillant », Achille l’est. Elle ne cesse de sautiller au bout de mon bras sur tout le trajet menant jusqu’à l’Amphithéâtre, tant et si bien que je me demande presque si je suis également atteinte du même TDAH qu’elle. Je pourrais presque sentir son pouls s’enflammer quand je lui dis de tenter le tout pour le tout, les rouages de son cerveau s’activer lorsqu’elle débite tels qu’ils lui viennent ses plans. C’est dans cet instant que je sais pourquoi j’adore ma jeune amie : sa bonne humeur est contagieuse.

-A mon avis, si tu as besoin de conseils stratégiques pour le séduire, mieux vaut t’adresser aux 10, lui conseillé-je sagement avec clin d’œil complice. Sans vouloir les offenser, les 6 ne me semblent pas très doués dans la matière…

Même en y réfléchissant, je ne suis pas certaine d’avoir déjà vu un seul 6 avec qui que ce soit. Si ce n’est la légendaire Annabeth qui est parvenue à séduire une autre légende, les 6 sont plutôt du style à provoquer les autres pensionnaires tout en se vantant d’être moins bête que leurs congénères du 5. Peut-être même que c’est là que réside la meilleure preuve que leur orgueil démesuré les rend aussi bête que le reste des pensionnaires : on peut être bon stratège mais une personne exécrable pour ce qui relève de l’intelligence sociale. Et je ne pense absolument pas à Heather ou Yu Ra. Je sais que j’ai au moins la décence de reconnaître que je ne suis pas la meilleure guerrière de la Colonie. Du moins, pour le moment : avec Achille, les choses vont changer.

-Le toucher ? répète-je en écho à ses propos, le regard soudain dans la vague à cette idée. Elle m’avait effleuré l’esprit l’espace d’un instant, mais c’est autre chose que de l’entendre de la bouche d’autrui. Certes, oui, Gloria était du genre à toujours me soutenir, et c’était rassurant de savoir qu’elle serait toujours là pour m’épauler. Là, elle n’était pas seulement en train de me dire que je me débrouillais bien au combat, elle comptait sur moi et mes compétences pour mettre son plan en exécution. L’étincelle qu’il me fallait pour me convaincre que j’en étais capable : demain, je parviendrais à toucher Achille d’une de mes serpes. Et, pour me féliciter, Gloria plongerait dans ses bras : j’ai hâte de voir ça. Je devrais être en mesure de faire ça. Voire même de déjà le mettre à terre, pour que tu puisses être la sauveuse qui le relève.

Je ne sais pas si ça se passe ainsi dans les films dont elle me parle. Je n’en ai pas vu beaucoup et, du peu que je suis parvenue à regarder, je ne garde que de vagues images et aucune réelle histoire. Rester assise pendant plus de vingt minutes, concentrée devant un écran…ça relève de l’impossible. Les quelques fois où Ofelia et Felipe ont tenté de me montrer des films, aussi bien quand j’étais gamine que plus âgés, ils manquaient de s’en arracher les cheveux : je ne tenais pas en place, changeant de position toutes les dix secondes, parlant d’autre chose avant de changer de conversation pour aller chercher quelque chose, ou juste pour marcher. Les intrigues dont Gloria me parle me sont inconnues à l’écran, mais, la connaissant elle, la fleur excessivement bleue, je parviens sans mal à voir à quoi elle peut bien faire référence.

Je ne peux m’empêcher de rire de nouveau aux éclats quand elle choisit subitement de baisser de mille décibels sous les regards de la foule. J’admire sa capacité à pouvoir faire complètement abstraction de ce qui l’entoure lorsqu’elle est perdue dans ses pensées. J’aimerais dire autant, mais mon esprit cherche toujours une distraction en toute circonstance et, en l’occurrence, j’ai remarqué les jugements depuis un moment, mais je refusais tout simplement de gâcher la joie soudaine de Gloria. On vient à peine de se retrouver, je veux profiter au maximum du peu de temps que nous allons pouvoir passer ensemble. J’acquiesce à se demande même si, parfois, ça m’arrange de prétendre que je ne comprends plus l’espagnol…

Ce qui finit par arriver quelques secondes à peine après que nous nous soyons installées, alors qu’elle se met à s’extasier sur Tyrone. Je lui reconnais que le demi-dieu est plutôt attirant physiquement, mais son don pour le chant ne lui est pas purement dû. Et peu importe combien je suis hypnotisée par ses accords mélodieux, une petite voix ne cesse de me chuchoter qu’il y a là quelques artifices divins. De toute façon, pour avoir vu à quoi Tyrone passait ses journées, ça ne pourrait jamais fonctionner entre nous. Ca et notre écart d’âge, mais, à en voir l’enthousiasme de ma jeune amie, ça ne semble pas être un argument valable.

-Dis-moi, tu n’aurais pas une liste de toutes les personnes que tu trouves trop « whaouh » à la Colonie ? lui demandé-je avec amusement. Je commence à perdre le fil.

Sunshine finit par m’appeler, et je me retrouve contrainte à quitter l’espace d’un instant ma compagne. Lorsque je quitte la scène pour la rejoindre, elle ne s’est pas départie de son sourire. De ses dires, ma prestation a été plutôt bonne, ce qui me rassure : à défaut d’avoir cassé l’ambiance en chantant sur ma génitrice, au moins je n’aurais pas explosé les oreilles de toute l’assistance.

-Argh, j’aurais dû continuer de fumer, j’aurais fait une fantastique Nina Simone argentine, répliqué-je en feignant un regret.

Gloria ignore que je continue de cloper. Certes, pas de gros cigares (trop gros, trop odorants), mais quelques roulées en cachette. Peut-être qu’elle sent l’odeur, je n’en sais rien, mais je préfère taire le fait que je ne sache plus y résister. C’est devenir le remède tout autant que le poison, et, tout comme vis-à-vis de mes compétences de guerrières, tant que personne ne me le dit en face, ça ne reste qu’une supposition dans mon cerveau, que je peux chasser en quelques instants.

-En tout cas, tu me rassures sur mes compétences, lui soufflé-je alors qu’une gamine qui m’est inconnue, Lizzie apparemment, monte sur scène. Et, a priori, ça va être à toi d’aller briller un peu. Tu as de la chance, il y a encore quelques confettis qui tombent sur ciel, tu rendras merveilleusement bien. Merde à toi ! lui souhaité-je avant qu’elle n’entre en scène.

Croisons les doigts pour qu’elle ne chante pas en espagnol par inadvertance. Ce serait marrant, mais pas très sympathique pour les autres pensionnaires.


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naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Coram
Satyre, Fils d’Hélia, 28 ans, 1m67, PNJ
Courageux, Enjoué, Imprudent, Avec Ash quelque part dans la Colonie

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Ce devrait être simple d'aider quelqu'un, je veux dire, sur le principe, quand quelqu'un a besoin d'aide, il devrait accepter cette aide et c'est tout... Mais avec les demi-dieux, c'est autre chose. Ils ont beau avoir besoin d'aide, ils s'entêtent à vouloir se débrouiller tout seul. Je devrais me dire que ce n'est pas grave, qu'après tout, qu'ils se débrouillent seuls, puisque c'est ce qu'ils souhaitent... Mais c'est plus fort que moi, à chaque fois - comme là avec Oswald - quand j'essaie d'abandonner, j'ai des remords et je retourne le chercher.
Mais là, ce n'est pas sur lui que je suis tombé, et je commence à me dire que je ne le trouverais pas ce soir non plus. Et puis, cette demi-déesse est toute seule aussi, et peut-être que je pourrais lui apporter mon aide. Elle l'accepte d'ailleurs, et c'est un peu un soulagement d'enfin se sentir à peu près utile. Je lui adresse un grand sourire en réponse au sien, et acquiesce.
- Oui, pas de soucis, on peut s'éloigner du bruit. Bon par contre, il ne vaut mieux pas trop s'enfoncer dans les Bois, même si c'est plus sûr qu'à l'extérieur, évidemment, on peut quand même risquer d'y croiser quelques créatures déplaisantes, je dis avec un petit rire.
Je me mets en marche, et acquiesce lorsqu'elle se présente, me présentant à mon tour :
- Moi je suis Coram. Tu es arrivée depuis peu de temps, non ?
Je ne crois pas l'avoir beaucoup remarqué, et peut-être que je ne faisais pas attention, mais je pense qu'il y a plus, et qu'elle est nouvelle à la Colonie.
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Lucian Tesador
16 ans, 4 Mai, Fils d’Eunomie, Jardinier Satiné
Roumain, Hyper Ordonné, Atteint de TOC, Dans l'Amphithéâtre avec Elias

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J'ai déjà essayé plusieurs techniques pour me calmer quand je n'arrive pas à dormir, mais aucune n'est vraiment très efficace. Il y a la respirations, qui marche un peu, la même que celle que j'ai enseigné à Nathan - et qui a donné un drôle de résultat - mais quand je suis trop tendu, ce n'est pas des plus efficaces. Et puis, parfois, peut-être parce qu'à force, mon cerveau est habitué à ne pas s'endormir, je ne suis pas particulièrement tendu, mais je n'arrive pas à dormir pour autant. Dans ces moments-là, il m'arrive de me tourner, de me retourner... et oui, je l'admets, il m'arrive de regarder Elias dormir. Du coup, quand il en parle, je me sens... un peu comme pris sur le fait. Pourtant, je n'avais pas accordé une grande importance à ces moments, un peu hors du temps, où je regarde mon ami dormir. Mais là, quand il le dit, et même si c'est avec une humour, ça résonne en moi différemment, c'est comme si je nous avais caché quelque chose, à lui comme à moi... Je ne sais pas quoi, et je n'ai pas très envie de creuser, alors je me force à rire avec lui, mais ce n'est pas aussi sincère que d'habitude, et je sens que mes joues ont pris quelques légères couleurs.
- Peut-être, oui, qui sait ! je réponds avec un enthousiasme à moitié feint.
Mon malaise ne dure pas longtemps, il s'éloigne comme je pense à autre chose, comme on parle d'autre chose surtout. De mon cabinet de conseil, tout d'abord, puis de notre très mauvaise performance dans le domaine du chant. Il est clair que je n'ai aucune envie de blesser les enfants d'Apollon qui ont une oreille musicale bien plus développé que celle des autres. Même si je ne pense pas chanter mal au point de donner une véritable crise cardiaque à qui que ce soit, il serait peut-être plus judicieux de faire ce concours de chant loin de tous. J'acquiesce donc à la proposition d'Elias, mais plaisante à mon tour :
- Oula, mais dans la forêt, on ne risquerait pas d'attirer des monstres ? Ou alors, au contraire, on pourrait développer une nouvelle technique de combat, qui consisterait à effrayer les monstres avec notre horrible voix !
Si j'aime plaisanter avec Elias, ce que j'apprécie également dans notre relation, c'est que nous sommes assez proches pour parler de choses plus personnelles, comme la relation que nous avons avec nos parents. Nous sommes des situations quasis similaires, tous les deux, et je crois comprendre qu'Elias aussi a une très bonne relation avec son père. C'est vrai que si nous avions eu nos deux parents, nous n'aurions peut-être pas eu la chance d'être si proche de nos pères, et en ce sens, je ne regrette pas de vivre seul avec lui.
- Oui, tu as sûrement raison, je réponds simplement.
J'étais plutôt serein, jusqu'à ce que Theo décide de venir fragiliser ma sérénité avec une blague de son cru. Ce n'est rien de méchant, mais pour moi, ce n'est pas très agréable. Il envoie des confettis dans tous les sens, créant un désordre monstre - bon peut-être pas aussi monstrueux que les désordres que j'ai l'habitude de côtoyer - qui me fait me tendre. Elias le voit, mais je ne voudrais pas gâcher sa bonne humeur... Il faut que je pense à autre chose, mais j'ai du mal, et l'idée de sortir de l'amphithéâtre... Je fais la grimace, et secoue la tête, mais reste tendu.
- Je ne veux pas gâcher ta soirée... tu es venu pour profiter de la soirée, tu ne vas pas partir comme ça...
Au pire, si je me sens trop tendu, je partirai moi-même, même si ça m'attristerait de quitter Elias juste à cause de mon besoin incontrôlable de tout ranger.
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée - Vaast

Message par Springbloom »

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DEMI-DIEU | 15 ANS | NEERLANDAIS | HERMES | BOUSSOLE AMBULANTE | XIPHOS | CHEF DE BUNGALOW | COEUR ORPHELIN
Amphithéâtre | Parmi les Spectateurs | Avec Lizzie (Naji2807)


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Ce matin, nous avons enterré un cadavre. C’était la première fois que j’en voyais, du moins un qui ne soit pas celui d’un monstre. A la Colonie, lorsque l’on perd des demi-dieux, on cache leur corps sous des linceuls. Peut-être que c’est pour ça que les Athéna les tissent aussi méticuleusement, réfléchissent aussi longtemps de quelles décorations ils vont le parer. Ils donnent l’impression que la mort est belle, paisible, chaleureuse. Que ce n’est qu’un bout de tissu qui s’efface dans les flammes dans un crépitement harmonieux qui donne presque envie de venir s’y réchauffer les paumes. Le seul fait qui vient démentir cette hypothèse, c’est l’assistance. Je n’étais pas attaché à Scott, du moins pas plus qu’aux autres membres du bungalow 11, quand bien même nous étions apparemment frère par l’ichor. Quand son linceul a brûlé, l’an dernier, j’ai regardé le bûcher sans vraiment ressentir quoi que ce soit d’autre qu’un immense vide. Théo n’en a pas fait autant. Le vide qu’il ressentait en lui, c’était l’absence, et son cœur a cherché à le combler par tous les moyens, cherchant à atteindre ce qui n’était plus, hurlant sans fin, se débattant avant de finir par fondre en larmes.

Aujourd’hui, personne n’a fondu en larmes. En même temps, je ne connaissais pas vraiment Tarquin. Aucun satyre ne m’a emmené à la Colonie, j’ai eu la chance de tomber immédiatement sur Kahau. Lui non plus ne connaissait pas vraiment Tarquin, nous ne l’avions réellement connu que durant les six derniers jours de son existence. Et Iliana…je ne suis même pas certain qu’elle soit pourvue de glandes lacrymales. Elle s’est tenue au-dessus du trou, a lancé la première poignée de terre sans un mot ni aucune expression faciale et s’est emparé de la pelle avant même que nous n’ayons pu nous aussi jeter notre part de terre humide. Personne n'a dit un mot durant notre "cérémonie". Nous ne nous sommes justes tenus au-dessus du trou à demi-rebouché, dans un silence de plomb. A un moment, Iliana a dit quelque chose, en espagnol, comme toujours - elle ne semble pas décidé à parler anglais. Je crois qu'elle le remerciait pour ses entraînements, comme quoi il avait été un bon enseignant et qu'elle ferait son possible pour tout mettre en pratique. J'ai encore quelques difficultés avec sa langue, alors je ne pourrais pas l'affirmer avec certitude. Ce qui est certain c'est que, lorsqu'elle s'est tue, elle nous a laissé avec la pelle et est partie dans son coin : des coups d'épée n'ont pas tarder à se faire entendre. Nous avons fini de reboucher notre trou, Kahau m'a proposé d'aller attraper des lucioles et, fait rare, j'ai refusé.

Parce que moi, je ne sais pas quoi en penser. Je ne suis pas froid comme Iliana, qui ne semble attachée à rien, pas même sa propre vie, et je ne suis pas comme Kahau, bien trop insouciant et enfantin pour pouvoir passer à autre chose d'un claquement de doigt, sans comprendre que Tarquin ne reviendra effectivement jamais. Je me sens vide, tout comme je me suis senti vide quand Scott est mort, sans pour autant éprouver une quelconque tristesse. Aucun sentiment autre que la lassitude, dans l'attente qu'il se passe quelque chose, inconnue. Et pourtant certaine. Alors que Théo ne pouvaient plus contrôler les siennes, mes émotions ne s'emballent pas, elles se taisent. Je trouve ça encore pire. Parce que lorsqu'elles se réveilleront, je n'ai aucune idée desquelles prendront le dessus, encore moins de si je parviendrais à les maîtriser. Je déteste cette sensation de calme avant la tempête mais, à voir mes compagnons, ce n'est pas avec eux que je pourrais partager mes craintes.

Les dernières heures de trajet sont silencieuses. Kahau a insisté pour allumer la radio, simple proposition qui a fait lever les yeux au ciel d'Iliana. Je n'ai pas pu lui refuser : je savais que la musique comblerait l'espace d'un instant ce vide étrange et inexplicable. Sans compter sur la certitude que Kahau se mettrait tôt ou tard à chanter, avec son fort accent hawaïen qui ne le quitte jamais, et que le simple son de sa voix suffisait à me faire sourire. Sauf que, bien vite, les kilomètres défilant sous les roues de notre pick-up en ruine, la musique n'a plus suffit à éloigner de moi la pensée que, plus nous nous approchions de la Colonie, plus j'allais retrouver mes sempiternels problèmes : les pensionnaires que je fuyais, ceux que je craignais comme ceux à qui j'avais fait trop de tort, la foule bien trop souvent oppressante du 11 et, surtout, le départ de Kahau. Je le voyais dans ses yeux, ce n'était pas seulement d'entendre Funky Town qui le rendait si joyeux : il allait retrouver tous les demi-dieux qu'il affectionne tant. Chaque année, il a beau me répéter qu'il reste à mes côtés, je redoute toujours de franchir le sommet de la colline de Thalia. Parce que je sais que, lorsqu'il courra vers les autres, je resterai sans sa lumière. Rongé par la doute et mes angoisses. Et au vu de ce que nous avons vécu quelques heures plus tôt...je n'ai vraiment pas envie de ne plus entendre ses harmonies sur le siège passager.

Le panneau annonçant la ferme de fraises Delphes Express est malheureusement apparu bien trop tôt sur le bord de la route...enfin seulement à mon goût. A peine avais-je fini de garer la voiture qu'Iliana a claqué sa portière, nous a remercié du trajet et a passé le haut de la butte. Kahau n'a pas tardé à la suivre en sautillant dans la montée, direction la plage d'après ses dires. Seul...mais pour longtemps.

Dans le lointain, les échos d'une veillée à l'Amphithéâtre se font entendre. Partir me réfugier au bungalow 11 ne me semble pas être une idée sage, j'ai besoin de voir des gens, de parler avec d'autres pensionnaires ou du moins, d'en entendre d'autres parler. Et puis, si mes calculs sont exacts, aujourd'hui correspond au jour d'ouverture de la saison, il devrait donc y avoir de nouveaux pensionnaires fraîchement débarqués à la Colonie...de quoi continuer ma collecte de visages. Ca m'aidera sans doute à me sentir un peu mieux.

C'est donc d'un pas décidé que je me dirige vers l'immense bâtiment. Les douces symphonies des Apollons agissent même au milieu de la Colonie, et je sens déjà mon esprit se détendre un peu. Je pénètre par une des artères arrières pour observer ce joyeux manège, ou mêmes les demi-dieux les plus solitaires se font avoir par quelques accords de guitare. Rien qu'à voir l'aisance avec laquelle Tyrone se meut sur scène, j'imagine à quel point ça doit plaisant d'être un descendant d'Apollon. En un sourire, ils parviennent à s'attirer les foules, comme Kahau. En un sourire...disons que, de mon côté, on a plus tendance à croire que je veux jouer un mauvais coup.

Comme quand Théo monte sur scène, passant devant une demi-déesse plutôt jeune, sûrement nouvelle. Elle ne le connait sans doute pas, et pourtant je vois l'agacement sur son visage. Merci papa, je crache dans ma barbe. Toujours un bonheur d'assister en direct à un autre de tes merveilleux cadeaux : même quand on cherche à amuser les foules, on craint le pire de notre part. Une belle démonstration de pourquoi j'ai eu raison de ne plus faire d'effort et de faire ce à quoi tout le monde s'attendait.

Les confettis retombent pendant que la gamine entame son couplet, ce qui lui offre un cadre splendide. Comme je l'avais deviné, elle est nouvelle, je n'aurais pas dû douter de moi, j'ai une bonne mémoire photographique. Quelques phrases suffisent à ce que je me dise que je suis arrivée au bon moment : sa petite prestation m'aura permis de savoir quel nouveau visage j'allais pouvoir collectionner.

Sortant de l'ombre, je me glisse parmi les rangées pour aller m'asseoir à ses côtés, le plus discrètement possible avant que quiconque ne m'aborde pour une quelconque question concernant la gestion du bungalow 11. Chanceux - pour une fois - la place adjacente est vide.

- Hey ! la salué-je, me rappelant ainsi instantanément pourquoi je n'aborde jamais les gens : je suis nul pour ça. Tu es tout juste arrivée je suppose ? Comment tu as débarquée ici ?

La première question est rhétorique, mais, avec un peu de chance, elle me permettra de réfléchir un peu sur son histoire. Je sais déjà qu'elle s'appelle Lizzie et que son père est Apollon, ce qui cache quelques surprises, malheureusement. Il me reste tout de même pleins de points d'ombre à éclaircir.


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Lievre_de_Mars

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par Lievre_de_Mars »

ChapelierFou a écrit : dim. 04 juil., 2021 7:26 pm
George Hatis
Fille d’Éris ❦ Bungalow 11 ❦ 15 ans,❦ Troublemaker
A la veillée - Avec Eliot et Ilona

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Franchement je ne sais pas si je ferais la pièce avec Zlayden. Il avait l'air enthousiaste, mais honnêtement il avait déjà l'air enthousiaste avant que je leur demande ce qu'ils jouaient. Je ne connais pas hyper bien Le Soldat Fanfaron, je sais que c'est une comédie de Plaute sur un soldat qui est fanfaron. Je sais que je préfère les tragédies, mais j'imagine que je pourrais donner une chance à leur pièce... Je tenterai de la lire pour savoir si elle vaut la peine d'y participer. C'est quand même débile d'aimer le théâtre mais pas le gens. Pas que je fasse exprès, hein (enfin pas la plupart du temps), mais j'ai juste l'habitude qu'ils ne m'aime pas, depuis petite. Il y a un moment où on arrête d'essayer. Puis il y a celui où on se dit qu'on est mieux tout seul, et qu'on a trop de chose à gérer pour avoir des amis. Puis carrément que retourner les gens les uns contre les autres pour éviter qu'ils ne m'embête, pour se venger, pour se distraire. J'imagine que dans le théâtre, on est tous fictionnels, alors ça établis une distance de sécurité entre moi et les autres...
Je n'ai pas fait grand chose de très intéressant après avoir discuté avec le fils de Dionysos. J'ai repensé à Harry, en me demandant comment il allait. Je lui ai dit que j'étais la fille d'Eos... Je me demande s'il va découvrir que j'ai menti... Est-ce que c'était mal? Mentir à un gamin n'est pas exactement moral, mais je me voyais mal lui dire quelque chose comme: "Yo gamin, ma mère est la déesse de la discorde, mais tranquille tu peux me faire confiance!" Je pense que j'ai bien fait, j'ai réussis à l'amener jusqu'à Chiron, qui est plus capable que moi. J'imagine que je devrais demander à Harry comment s'est passé sa première journée... Juste pour être sûre. Je ressent tout de même une pointe de culpabilité d'avoir menti. De toute façon, c'est la faute de Coram aussi, c'était quoi cette idée pourrie de me refiler un gamin que je connais et de se barrer comme ça? Et si ça c'était mal passé hein? Ce serai sa faute, protecteur mon œil. Je ne peux m'empêcher de chercher un moyen de me venger. Ça me rappelle que Lena me doit une faveur depuis l'été dernier où je lui ai évité de devoir accomplir une tâche quelconque. Ce ne serai pas trop compliqué de demander à la fille d'Aegis de passer un peu de temps avec le satyre pile au mauvais moment.
Et puis i y a Yu Ra, dont les premières paroles à l'équipe était qu'elle n'en aurait rien à faire si on mourrait. Et puis son arrogance pendant toute la chasse... Ce n'est pas seulement qu'elle m'a tapé sur les nerfs, c'est qu'elle a pris la direction de la chasse en étant immature et égocentrique, et la preuve qu'elle n'était pas prête: la chasse aurait pu très mal tourner plus d'une fois, et elle comme Timothée ont finis à l'infirmerie, et sans sa cape magique (de laquelle Yu Ra n'était même pas au courant) Oswald serait mort. Yu Ra n'était définitivement pas apte à nous guider, et c'était dangereux de sa part de prétendre de le contraire. Et peut-être qu'elle n'est pas la seule à blâmer, peut-être que j'aurais dû réfléchir en voyant notre équipe et réaliser que c'était dangereux, et peut-être que mon envie de me venger de Yu Ru a un fond mesquin et immature... Mais ça ne m'empêche pas de réfléchir à une vengeance, ou un moyen peu agréable pour elle d'apprendre une petite leçon d'humilité.
-Patecatl, je marmonne en lançant la partie de mon assiette qui a l'air la moins appétissante dans le feu. Non, je ne vais pas me brosser pour faire des offrandes à ma mère, mais comme je me coltine le regard désapprobateur de Chiron quand je garde toute ma nourriture pour moi, j'ai décidé d'entretenir les dieux des autres mythologie, parce que pourquoi pas? Et puis je doute que ma mère soit jalouse et déclenche une guerre sur le dieu de la guérison Aztèque, à condition qu'il existe, déjà. Je me laisse ensuite tomber sur l'une des rares places encore libres à la table des Hermès. Stupide bungalow bondés, il y a tellement de gens que je ne peux même pas m'assoir avec Eliot et Ilona, qui sont de toutes façon en train de discuter avec leur amis. J'aime pas leur amis, ça me soûlent qu'ils aient encore pris les places près d'eux et je ne peux m'empêcher de les dévisager au cas où je doit les remettre à leur places parce qu'ils me cassent trop les pieds à me voler mon frère et ma sœur. Enfin, pas qu'ils soient à moi non plus, mais bon, j'ai à peine pu leur faire coucou de la main ce matin et au déjeuné alors qu'on ne s'est pas vu depuis l'été dernier, on s'est seulement écris, et c'est clairement pas pareil que de leur parler en vrai (et puis honnêtement être une dyslexique qui doit déchiffrer l'écriture de deux autres dyslexique c'est pas gagné d'avance). Bref, tout ça pour dire que j'ai pas encore eu l’occasion de dire bonjour à mes frangins et que ça me gonfle clairement. En plus Chiron fait tout un foin du fait qu'on ai eu un coup de chance avec le serpent. On l'a trouvé vite et on s'est pas fait tuer, c'est pas une raison pour attirer l'attention sur moi comme ça. Les gens que je connais nous regardent comme si on était les prochains Percy Jackson (j'ai pas tout à fait compris qui était le gars mais apparemment il était important), tandis que ceux qui me connaissent me jettent des coups d'oeil soit surpris, soit jaloux, voir me fusille carrément du regard pour ceux qui me connaissent vraiment. Le message est clair: je n'aurais pas dû faire partie des gagnant. Je suis parfaitement d'accord, cependant, l'idée que ça suffise à faire ch*er les gens m'arrache un sourire suffisant. Je remarque du coin de l’œil que Irina s'en fiche. Pourquoi je remarque ça moi? Je m'en fiche qu'elle s'en fiche, j'ai pas besoin de l'attention d'une fille comme ça, et c'est clairement pas parce qu'elle à la même mère que moi qu'on est sœur. Je me demande si j'irais à l'entraînement avec Achille. Est-ce que j'en ai envie? Je ne le mérite pas. Je n'ai rien fait pour gagner cette chasse. La seconde où les autres demi-dieux me verront avec une épée dans la main, il comprendront que ce n'était qu'une façade, que je ne suis pas au niveau, que je ne suis pas à leur niveau. Mais combien de fois j'aurais l'occasion de participer à un tel entraînement? Achille c'est Achille, tout de même, je connais les légendes. Et moi, je dois devenir la meilleure possible pour protéger ma famille, tant pis si je dois affronter le regard des autres demi-dieu j'ai connus bien pire.
Le repas finis, la foule m'emporte plus ou moins contre mon gré jusqu'à la veillé, où les Apollons chantent joyeusement sur notre morts prochaines. Je n'écoutent pas leur petits jeux musicaux, tandis que je joue des coudes pour finalement parvenir jusqu'à Eliot et Ilona dans la foule.
-Hey vous! Bah alors, je vous ai même pas manquée? Je prend un ton scandalisé, mais je ne peux me retenir de sourire, ma colère à l'égard de leur amis s'étant envolée. Je suis trop contente de les voir pour ne pas au mois essayer de profiter du moment.

ELIOT ET ILONA HATIS
Enfants d'Eos, titanide de l'aurore ☀ Bungalow 11 ☀ Jumeaux ☀ 13 ans ☀ Dyslexique mordue de lecture et hyper hyperactif


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Aujourd'hui c'était vraiment trop trop bien ! Ilona et moi on s'est bien amusés ! On a joué avec plein de grosses épées ! Enfin, on le fait tout le temps mais c'est toujours aussi cool ! Bon par contre c'est triste parce qu'on a pas vu George. Maintenant que j'y pense, j'y ai pas pensé de la journée. Oui parce que parfois je pense que je pense ou que j'ai pensé quelque chose, ou justement que j'ai pas pensé et ça me fait penser encore plus. Mon cerveau ne peut pas s'empêcher de penser à plein de trucs en même temps. Il n'y a que quand je me bats que j'arrive à me concentrer. Je crois que c'est pareil chez ma jumelle, elle pense beaucoup, la différence c'est qu'elle, elle pense AVANT de faire les choses. Enfin bref, je vais essayer de pas dire à Georges que j'ai pas pensé à elle, j'ai peur que ça la rende triste, et je veux que ni moi ni personne rende Georges triste, ni Ilona ! J'espère qu'elle s'est autant amusé que nous. J'ai pas trop écouté le débrief de Chiron sur la chasse mais je crois que Georges a gagné, et ça me rend trop fier. Je relève la tête de mon assiette, parce qu'il y a des gens qui se lèvent. Ils vont faire leurs offrandes à leurs parents. D'ailleurs Ilona est en train de se lever également. Je fais la même chose.
Pour une fois que tu te rends compte tout seul que c'est le moment des offrandes me dit Ilona avec un sourire moqueur.
Gnegnegne lui répondis-je
Bon c'est vrai que j'aime beaucoup la nourriture, et m'en séparer, même si c'est au profit des dieux et donc ma mère, c'est un peu un crève-cœur. Alors que nous nous déplaçons dans la salle, je vois des regards converger vers une même direction. Puis je vois la tête de George dépasser, et comprends ce qu'il se passe. Le fait est que George est pas très sympa avec les gens autres que nous. Et du coup les gens l'aiment pas trop trop, et donc ils sont pas contents qu'elle ait gagné. J'appelle le nom de ma grande sœur, mais elle ne se retourne pas. Une fois que nous sommes retournés à nos places avec nos amis, je me retiens de dire ce que j'ai remarqué à Ilona. Je pense qu'elle a remarqué parce qu'elle a l'air pensive, enfin plus que d'habitude je veux dire. Le dîner fini, nous sortons de la salle pour nous rendre à la veillée. Là, j'entends Ilona soupirer à côté de moi.
Qu'est-ce qu'il y a ?
J'espère que George nous en veut pas de pas lui avoir parlé de la journée…

Je ne lui réponds pas tout de suite, distrait par la foule qui s'agite derrière. Et là qui est-ce qui se plante devant nous avec un grand sourire ?
George !!! nous nous exclamons en cœur, Ilona et moi. Je tape dans la main de cette dernière, comme à chaque fois que nous parlons en même temps, puis nous enlaçons notre sœur.
Bah alors, je vous ai même pas manqué ?
Elle arbore un grand sourire qu'elle essaye de camoufler sous un air offensé.
Bien sûr que si !
T'es pas en colère qu'on t'aie pas parlé de la journée ? C'est Ilona qui demande.

Je pose la question à la place d'Ilona, parce que je sais pertinemment qu'elle va pas la poser toute seule, et que ce genre d'interrogations peut la garder réveiller toute la nuit, sauf que, si on veut vivre plein d'aventures demain, il nous faut une bonne nuit de sommeil.



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naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Lizzie Brooks
12 ans, 17 Avril, 1m40, Fille d’Apollon non reconnue, Ourson Grognon
Musicienne hors pair, Capricieuse, Dans l'amphithéâtre, seule

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Moi qui étais assez enthousiaste à l'idée d'assister à cette veillée, puisque la musique est ma seule passion, j'ai vu mon intervention presque gâchée par un garçon qui est passé avant moi pour lancer des confettis. Déjà que je me sentais mal à l'aise, ça n'a fait que renforcer ma gêne, et je ne sais pas comment j'ai réussi à faire un couplet entier. Peut-être que c'est parce que la musique est vraiment dans mes gênes, comme on essaie de me le faire avaler, et que ce n'est pas seulement quelque chose que j'ai appris. J'ai encore du mal à le croire pourtant, et même en étant témoin des effets que la guitare a, y compris sur moi. Dès l'instant où j'ai posé mes doigts sur les cordes, je savais ce que je voulais jouer, je savais ce que j'allais chanter, et la mélodie était en symbiose parfaite avec ma voix, il n'y avait pas une seule fausse note - il n'y en a jamais quand c'est moi qui chante.
Je retourne m'asseoir après avoir appelé Gloria, sans chercher à savoir si ma musique a plu, ou a eu le moindre effet. Je suis contrariée depuis mon arrivée ici, par cette histoire de Dieux et de demi-Dieux, et si la musique avait réussi à éloigner momentanément cette contrariété, le fait d'avoir été interrompu par confetti-man l'a ravivé. Je sais que ça n'a aucun rapport, pourtant, mais c'est un peu comme si, soudain, on avait fait éclaté la bulle dans laquelle je me sentais pourtant à peu près bien...
Alors que je me suis rassise seule dans un coin, on vient s'asseoir à côté de moi. C'est un garçon plus âgé - mais il y en a pas mal qui sont plus âgés que moi ici de toute façon - il me demande si je suis nouvelle, et j'acquiesce, avant de grimacer. C'est si flagrant ? Est-ce qu'ils se connaissent tous ici ? Ils ont l'air tellement bizarre... Ils prennent cette histoire de demi-Dieux au sérieux, come si c'était évident qu'on était tous des descendants des Dieux grecques... Comment ils peuvent juste accepter ça comme ça ? Pour moi c'est tout mon monde qui est remis en question, comment on peut s'attendre à ce que j'acquiesce simplement, en me disant "évidemment, Apollon est mon père !". Si il faisait une brusque apparition, ce serait déjà plus crédible... et encore en réalité, je crois que je serai assez remonté contre lui... ou alors j'aurai envie de me jeter dans ses bras, parce que j'ai toujours eu une image très précise du jour où je verrai enfin mon père... simplement, je n'avais jamais imaginé qu'il puisse s'agir d'un Dieu... qui plus est un Dieu grecque.
- Oui, je suis nouvelle, je finis par acquiescer, consciente que je n'ai pas répondu à ses questions. C'est si flagrant ? je demande, en écho à mes pensées.
Puis je soupire encore, et explique :
- C'est ma mère qui m'a déposé ici cet après-midi. Il y a d'autres façons de "débarquer" ici ? je demande en fronçant les sourcils.
Ils ont tous l'air jeunes, même si ils sont plus vieux que moi, si ce ne sont pas leur parents qui les ont déposé ici, comment ils ont pu venir ?
Springbloom

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée - Vaast

Message par Springbloom »

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DEMI-DIEU | 15 ANS | NEERLANDAIS | HERMES | BOUSSOLE AMBULANTE | XIPHOS | CHEF DE BUNGALOW | COEUR ORPHELIN
Amphithéâtre | Parmi les Spectateurs | Avec Lizzie (Naji2807)


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Tous les ans, la même anxiété s'empare de moi dès lors que je franchis la barrière de la Colonie. Quand bien même celle-ci est invisible même à mes yeux de sang-mêlé, je n'ai aucun mal à identifier l'avant et l'après. L'avant, quand Kahau me tient par la main. L'après, quand il la lâche. Au sens littéral comme métaphorique. Après deux ans à la Colonie, je devrais le savoir, ce n'est pas parce qu'il court vers les autres qu'il m'abandonne. Mais le doute ne peut s'empêcher de me ronger, de m'assaillir de "et si ?". Notre rencontre relevait du pur et simple hasard, rien ne me dit que, un jour ou l'autre, il ne rencontrera pas quelqu'un qui fera plus office de frère que moi. Après près de trois ans à vivre ensemble, je commence à connaître Kahau. Ce n'est pas qu'il est allumette, s'enflammant très vite et s'éteignant presque aussitôt, c'est qu'il s'allume à la moindre raison. Je l'ai vu tomber amoureux en un regard, passionnément, à la folie, jusqu'à ce que l'amourette s'arrête subitement pour une raison ou pour une autre : son humeur ne changeait pas. Pire que de penser qu'il trouvera mieux que moi - il mérite mieux que moi, de toute façon - c'est la crainte que je ne sois qu'un point éphémère, un souvenir flou dans sa mémoire qui me détruit quand je le vois dévaler la colline de Thalia à chaque début de saison estivale. Que je ne finirais pas n'être qu'un mirage, un prénom auquel on associe difficilement quelques traits du visage. Alors que lui...Kahau, dans une quelconque langue que je n'ai pas encore apprise, est probablement la définition même de "inoubliable".

Alors, intérieurement, je remercie Chiron et les Apollons (pas sûr que Monsieur D. y soit pour quelque chose) d’avoir organisé cette veillée. Assis au milieu de tout ce monde, le doute se dissipe, s’efface. L’effervescence de la foule, si elle fait paniquer et angoisser certains, et moi-même parfois, me rassure aujourd’hui. J’avais besoin de ce bruit, de ces sourires, de ces rires, de toutes ces discussions autour de moi pour taire mes craintes. Sur ma petite rangée, j’ai de nouveau pris mon rôle de spectateur, le meilleur rôle qui soit. Je me laisse porter par le flot de ceux qui m’entourent, sans agir, sans prendre parti, sans avoir à investir un quelconque sentiment dans tous ces regards et gestes échangés. Je me retrouve au bord du canal de Rotterdam, au cœur des événements, proche de la foule et pourtant à part d’elle. Qui sont tous ces gens autour de moi ? Qui sont-ils ? Que cachent leurs éclats de rire, leurs demi-sourires ou leurs mines renfrognés ? Quelques traits me reviennent et je connais déjà la réponse à mes questions, mais, pour d’autres, le mystère reste entier.

C’est ainsi l’esprit en ébullition que je me tourne vers ma nouvelle interlocutrice. J’aimerais que toute cette foule puisse être comme elle, une totale inconnue, que mon imagination n’ait aucun a priori lorsqu’elle s’efforcera de retracer son histoire, mais je suis à la Colonie, il faut que je me fasse à l’idée : personne ne me sera jamais complètement inconnu. Même elle, nouvelle, je connais déjà son prénom, je sais déjà avec certitude qu’elle est une sang-mêlé, et, grâce à la Veillée, je sais également que son père est Apollon, donc que son autre parent – difficile à savoir avec Apollon – est mortel. Apparemment, elle a plutôt hérité du côté musical de son paternel, comme en témoigne sa guitare. Des éléments clés, mais c’est à moi de tisser les lignes manquantes. A son accent, états-unienne continentale, plutôt côte est mais j’ai dû mal à différencier les deux littoraux quand il ne s’agit pas de musique. En parlant de musique, à voir son âge et sa manière de se cramponner à sa guitare, elle m’a l’air très attachée à son instrument, elle a dû débuter tôt. De son propre chef ? Sans doute que non, sa mère ou son père a dû lui imposer et elle a fini par suivre le mouvement. Est-ce que je peux taper sur un parent musicien lui aussi ? Avec Apollon comme père, ce ne serait pas étonnant. En tout cas, un parent un peu directif, autoritaire, peut-être un peu trop protecteur à voir l’aisance de ma voisine sur scène.

- Ca se voit que tu ne connais pas grand monde en tout cas, ton regard n’est pas en confiance quand tu croises ceux des autres et tu ne cesses de vouloir regarder ailleurs, je lui explique calmement. Et puis, même sans ça, je n’ai jamais vu ta tête dans le coin.

Manui m’a toujours dit qu’il trouvait que j’étais très observateur. Je sais que lorsqu’il s’agit d’analyser le comportement d’autrui, mon TDIH se calme un peu et obtempère à ma volonté, mais je n’en conclurai pas que mes théories soient justes pour autant. Déjà, mon esprit commence à divaguer, cherchant vers qui se tourner entre Tyrone, le voisin de droite de Lizzie ou celui qui se tient juste en-dessous de nous, alors je doute que ma dernière hypothèse soit juste (à savoir, que son parent se comporte ainsi parce que victime de racisme dans sa jeunesse, ce qui l’a poussé à se dépasser encore plus pour réussir sa carrière musicale). D’un autre côté, être « observateur » me serait plus utile si ça me permettait de pouvoir tirer de véritables conclusions sur moi-même et mon entourage, ce que je ne parviens pas à faire.

- On ne t’as pas fait la visite de la Colonie ? je m’exclame, surpris qu’elle en sache encore si peu, avant de poursuivre. La majorité des demi-dieux arrivent accompagnés par les satyres, à pied, ou en voiture quand Argos passe à New York. Après il arrive que les demi-dieux arrivent grâce à leur parent, lui raconté-je, C’est mon cas, d’ailleurs.

Enfin, pas exactement, mais elle n'a pas à le savoir. Que ce soit il y a deux ans ou même l'an dernier, notre arrivée conjointe avait soulevé quelques questions, parce qu'il paraissait évident que Kahau et moi n'étions pas de la même famille. Je préférais les ignorer. A mes yeux, je suis un Pahinui, même si je ne porte pas le même nom que Kahau ou Manui. Et je me vois mal dire à une gamine fraîchement débarquée et a priori pas très à l'aise ici que j'ai été ramassé sur la route après avoir manqué de finir en repas pour une harpie. Je ne suis même pas certain de l'avoir dit à qui que ce soit, en fait.

- Ca fait longtemps que tu joues de la guitare ? finis-je par lui demander en pointant l'objet.

Il ne faudrait pas que j'oublie que je suis là pour tester mes théories. Avant, je préférais garder le mystère, poursuivre les histoires dans ma tête, les voir évoluer au fur et à mesure qu'un comportement m'en disait plus sur celui ou celle que j'épiais en secret, mais c'est du passé. Maintenant, j'ai besoin de comprendre, de savoir, de connaître leur vie. La fantaisie des rêves enfantins a laissé place au désir de réalité, d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher en cas de difficultés.


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Yumeko

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par Yumeko »

Elias Young
Américain ǀ 16 ans ǀ 190 cm ǀ Fils d'Eos ǀ Rayon de soleil ǀ Fidèle optimiste

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Je suis content de ne pas faire des insomnies, de faire de bonnes nuits de sommeil, de dormir assez et de me sentir reposé le lendemain matin quand je me réveille. Bien sûr, je connais la sensation de fatigue, je la ressens même de plus en plus à cet instant. Elle est là, bien présente et elle se fera de plus en plus sentir à mesure de la soirée. Je sais, je ne tiendrais pas des heures comme ça, je finirai par m’endormir même assis dans un amphithéâtre. Je crois que je serai capable de m’endormir n’importe où si je suis très fatigué, même dans des endroits peu confortables. Même le bruit et la lumière ne freineraient pas l’envie de m’endormir quelque part. Mais si je peux éviter, je préfère aller me coucher dans mon lit. Et je n’ai pas envie d’embêter des amis à me mettre au lit même si je pourrais très bien le faire pour les autres. Jusqu’ici, ça ne m’est presque jamais arrivé mais je me vois mal laisser quelqu’un dormir en dehors de son lit la nuit. Avec les harpies, il ne vaut mieux pas les tenter. Et en journée, il n’est pas rare que je trouve Sasha ou Lena faire une sieste quelque part. Pour la seconde, elle choisit avec soin l’endroit où elle se pose comme je l’ai appris. Donc, je n’ai pas pour habitude de regarder les gens dormir et je plaisante à ce sujet avec Lucian. Je ne l’imagine pas non plus me regarder dormir même s’il n’arrive pas à trouver le sommeil. Même si pour blaguer, je lui dis qu’il pourrait m’observer pour lui donner envie de dormir. Pas sûr que ça marche… En réalité, le plus simple serait de demander un petit coup de main à l’un des enfants de Morphée et d’Hypnos pour aider à s’endormir.
- Tu testeras et tu me diras, fis-je amusé.
On est d’accord sur un point, l’un comme l’autre chantons faux. Mais on ne sait pas qui chante le plus faux et nous sommes même prêt à faire un concours pour le découvrir. Pour ne pas provoquer un traumatisme ou de graves dommages aux enfants d’Apollon, on va éviter de le faire à côté d’eux. Je propose de chanter dans la forêt, loin de tous les demi-dieux afin de gêner le moins de monde possible. Mais mon ami me fait remarquer la possibilité d’attirer les monstres jusqu’à nous à moins que cela ne provoque l’effet inverse. Effrayer les monstres pour les faire fuir en utilisant une technique de chant.
- Si la barrière magique fonctionne correctement, aucun monstre ne devrait nous attaquer ici, lui fis-je remarquer non sans humour. Mais pourquoi pas tester cette théorie lors de la prochaine Chasse aux monstres ou même à une capture-étendard ? Je crois que nous avons trouvé l’arme ultime contre les enfants d’Apollon.
Je prends un sourire machiavélique qui ne dure qu’une seconde bien trop amusé par mon idée. Et le machiavélisme, ce n’est pas mon truc. Et si nous n’avions pas eu cette conversation, jamais je n’aurais eu cette idée. En attendant de mettre un jour ce plan en place, nous évoquons notre relation avec notre père. On a eu une vie assez similaire et on a tissé le même genre de relations. Cette idée me fait sourire, nous avons quelques points communs. J’acquiesce simplement à ses mots avant que Theo lance quelques festivités. Cela m’amuse et me fait sourire contrairement à Lucian qui grimace un peu. Son changement d’humeur m’inquiète un peu et je lui demande ce qu’il ne va pas. Les confettis partout le perturbent et lui donne l’envie de mettre un peu d’ordre dans l’amphithéâtre. Effectivement, je n’avais pas pensé à ça mais c’est normal quand on y réfléchit. Il y a des choses auxquelles je ne pense pas toujours. Il continue de grimacer mais secoue la tête.
- Je t’assure que ça ne me dérangerait pas et puis, il y en aura d’autres des soirées cet été, j’en suis sûr. Et ce n’est pas comme si je n’avais jamais participé à l’une d’entre elle. Tu me le dis si ça ne va pas et on sort. Au pire, on se posera dans le bungalow.
Cherchant une idée en tête pour discuter, je finis par trouver une. Je ne sais plus si je lui ai déjà parlé de Plav mais je décide de discuter de cet incroyable espadon.
- Tu sais que j’ai fait la connaissance d’un espadon et j’ai même joué avec ?
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Lizzie Brooks
12 ans, 17 Avril, 1m40, Fille d’Apollon non reconnue, Ourson Grognon
Musicienne hors pair, Capricieuse, Dans l'amphithéâtre, seule

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C'est bizarre, parce que je n'ai jamais eu peur qu'on me remarque, je n'ai jamais été du genre vraiment timide. Toute petite, j'ai commencé la musique, quand ma mère a vu que j'allais naturellement vers les instruments de musique factice dans les magasins de jouets, elle m'en a acheté des vrais, m'a inscrite au solfège. J'ai commencé à me produire sur scène avec mes professeurs, je faisais de la musique en groupe, donc je n'étais pas seule sur scène, mais même, je n'étais pas intimidé, parce que je jouais, parce que j'étais dans mon élément. C'est peut-être ça qui est différent ici, c'est peut-être ça qui fait que je ne suis pas vraiment à l'aise... je ne suis pas dans mon élément, et puis il y a cette espèce de pression... Je suis une fille d'Apollon, paraît-il, rien que ça, et je dois donc faire honneur à cette ascendance, non ? D'un autre côté, une partie de moi continue de penser qu'on me fait une blague géante, et ça ne m'aide à être plus à l'aise. Je suis entre les deux, entre pression de cette soi-disant origine divine, et agacement à l'idée qu'on me fasse une énorme blague, de très mauvais goût. Mais comment pourraient-ils être tous dans le coup ? Ils ont l'air d'y croire, beaucoup trop pour que ce soit faux, n'est-ce pas ?
Sa réponse ne me plait pas, et je relève le menton pour le regarder avec un peu plus d'assurance. J'ai toujours eu mon petit caractère, et j'ai un peu l'esprit de contradiction, donc forcément, quand on me dit que je n'ai pas l'air en confiance, ça me donne juste envie de donner le change. Même si c'est vrai, que je ne me sente pas en confiance, je ne veux pas être perçue ainsi.
- En même temps, tu en connais beaucoup, des gens qui sont super à l'aise dans une salle rempli d'inconnu ? je grogne un peu, sur la défensive.
Je m'accroche un peu plus fort à ma guitare, et décide de soutenir son regard pour le reste de la conversation, pour donner le change. Quand il m'interroge sur la visite de la Colonie, je fais une petite grimace. Jack m'a fait visiter la Colonie, mais... ce garçon était un peu bizarre, et puis, parfois je me suis surprise à être plus concentrée sur lui que sur les choses qu'il me montrait, ce qui est un peu gênant.
- Des satyres... je soupire en grommelant un peu.
Ce sont eux qui me font le plus douter d'une blague, parce qu'ils ont l'air si réel... pareil pour Chiron... et en même temps... c'est trop extraordinaire pour être vrai... et je suis trop terre à terre pour le croire.
- Si si, Jack m'a fait visiter, je réponds, mais je ne suis pas sûre d'arriver à me repérer comme il faut pour autant.
Quand il désigne ma guitare, je la serre un peu plus fort, et me maudit un peu. C'est soi-disant mon père qui me l'a offerte, et j'y suis attachée, même si je suis actuellement fâchée contre lui, qui qu'il soit, de m'avoir menti. J'acquiesce tout de même, n'ayant pas l'habitude de mentir.
- Oui, depuis que je suis toute petite. Je crois que j'ai tenu un instrument dans mes mains avant de savoir marcher, je dis avec un sourire.
C'est ce que ma mère a l'habitude de dire, même si elle oublie - exprès - de préciser qu'il s'agissait d'un faux instrument, d'un jouet.
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Lucian Tesador
16 ans, 4 Mai, Fils d’Eunomie, Jardinier Satiné
Roumain, Hyper Ordonné, Atteint de TOC, Dans l'Amphithéâtre avec Elias

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C'est étrange, parce que le sujet n'est pas vraiment gênant, mais je suis tout de même un peu gêné quand je me fais la réflexion que j'ai déjà regarder Elias dormir. Enfin je ne l'ai pas regardé dormir, dans le sens où le but n'est pas celui-là, c'est simplement qu'il est à côté de moi, donc que, forcément, quand je ne dors pas, je le regarde... Mais l'explication me paraît trop longue, et de toute façon, je n'ai pas très envie de creuser le sujet. Heureusement, Elias se contente d'entrer dans la plaisanterie à son tour ne remarquant pas mon malaise, que j'ai sûrement bien caché, ce dont je me félicite. Je me sens donc un peu plus en confiance pour lui sourire en acquiesçant :
- Bien sûr, je compte sur toi pour me transmettre tes bonnes ondes, même dans ton sommeil !
Le gêne passée, je n'ai aucun mal à me replonger dans nos plaisanteries, notamment à propos de notre très mauvaise voix. Je pense quand même que je chante encore plus mal que lui, mais il faudra nous départager, et ce serait sûrement l'occasion de bien rire.
- Bonne idée, en espérant ne pas casser les oreilles de tout le monde en même temps... tu images les pauvres gens qui ne pourraient plus se battre à cause de nous ?
Son sourire machiavélique ne trompe personne - Elias est une des personnes les plus gentils que je connaisse - mais je rentre dans son jeu et me frotte les mains de l'air de quelqu'un qui prépare un mauvais coup, en acquiesçant :
- Exactement, nous avons peut-être trouver de quoi faire pression ! C'est à garder dans un coin de la tête.
Je plaisante bien sûr, je ne suis pas du genre à faire des mauvais coups, bien au contraire, je n'aime pas bien ceux qui s'amusent à en faire. Et j'ai bien conscience que ce que Theo a fait n'est pas une si mauvaise blague, puisque plusieurs en rient... mais je ne peux pas m'empêcher de ne pas apprécier, parce qu'il y a tous ces confettis par terre, qu'il va falloir ramasser... et si quelqu'un glisse dessus, et si quelqu'un en avait avalé un par mégarde ? Mon anxiété augmente, mais je la contiens, ne voulant pas gêner mon ami, ni quitter précipitamment l'amphithéâtre. Malgré tout, Elias perçoit mon malaise, et sa sollicitude me touche... mais je ne voudrais pas l'obliger à quitter la Veillée. Je dois avouer que sa proposition d'aller ailleurs est intéressante, mais je grimace quand il parle du bungalow :
- Merci, mais je crois que le bungalow est encore plus anxiogène pour moi... moins j'y vais et mieux je me porte...
Comme il essaie de me changer les idées, je me concentre sur ses paroles et ne peux m'empêcher de sourire.
- Ah non, tu ne me l'avais pas dit. Il s'agit de celui qui est souvent avec ce garçon qui est sur la plage ? je demande en me remémorant les avoir vu en y allant.
Tout en parlant, je fais de petits tas avec les confettis qui m'entourent, luttant contre l'envie de bouger pour en faire de même avec tous ceux qui se sont répandus dans l'amphithéâtre.
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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par Mimie99 »

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| 17 ans | Fils d’Hermès | Permanent | 1m78 | Défaut Fatal : Insouciance |
| 1er Avril 2003 | Bélier |« Mischief » | Amphithéâtre | Avec Madeleine |

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Mon sourire s'étire en un encore plus amusé lorsque Serge gonfle ses plumes et devient plus imposant. Il a l'air de se donner de l'importance, comme s'il faisait le fier. Ça m'amuse et pendant un instant, mon sourire est sincèrement joyeux et amusé. Puis, Maddy confirme mes dires le concernant. Mon regard se déporte assez rapidement de la scène qu'ils offrent pour se concentrer à nouveau sur le reste de l'Amphithéâtre. Ici et là, je vois encore quelques conséquences réactionnelles de mon léger coup d'éclat. Des sourires qui perdurent, des regards perdus en regardant les derniers confettis qui descendent en virevoltant au gré des légers courant d'air. Je crois même voir Urielle en faire tournoyer quelques uns autour de ses doigts, entremêlés avec des flocons de neige.

Et je cherche.

Je cherche jusqu'à ce que mon cerveau me rappelle que ce que je cherche n'est plus là. Qu'il n'existe plus. Qu'il est... mort. Et avec les sentiments qui accompagnaient auparavant mes farces. À moins que c'est le souffle d'Hadès que je sens planer au-dessus de ma tête depuis un certain temps. Depuis la journée où le verdict est tombé. Je ne vois pas vraiment de raison de m'amuser, moi. Évidemment, j'ai envie de quitter la place en fanfare, c'est ce que Scotty aurait voulu pour lui-même et pour moi. On s'est toujours dit que notre absence se remarquerait et que personne n'endurerait le calme que notre départ engendrerait. À l'époque, on s'imaginait plus... un départ pour les études. Pour des aventures et des folies.

Sauf qu'aucun de nous deux ne l'aura obtenu, cette suite-là.

Mais il me reste encore un contrôle sur l'impression que laissera mon départ sur les mémoires. Peut-être qu'avec un peu d'astuce... oui, avec un peu d'astuce j'arriverai peut-être à faire conserver l'image de Scotty et moi intacte. Ce n'est pas la première fois qu'un pensionnaire ne revient pas de sa quête, mais c'est un coup dur pour chacun à chaque fois, que l'on connaisse ou non la personne. Quand c'est le cas, le sentiment est simplement beaucoup plus fort. Tellement plus fort... J'aimerais arriver à cesser de penser au passé ou à mon futur... sauf que je n'y arrive pas et je ne crois pas y arrivé d'ici la fin. Sauf que pour ce soir, je m'efforce de le faire et je détourne le regard global que j'ai porté sur la scène pour me concentrer à nouveau sur Maddy. Alors je la questionne sur les chants et son intention. Va-t-elle chanter?

Je suis encore à me dire que j'espère que personne ne me demandera de chanter lorsqu'elle me répond. Elle dit qu'elle le fera si on lui demande. Et elle me retourne ma question. J'ai un instant de flottement et mes pensées m'égarent. J'ignore complètement pourquoi me faire poser la question me percute autant, mais c'est le cas. On aurait aussi bien pu me désigner maintenant vu l'impact. Mon souffle est court comme si je manquais d'air, mes yeux me piquent comme s'ils étaient trop secs et mes mains deviennent si froides que j'ai l'impression que je vais m'effondrer d'une seconde à l'autre, mort.

Sauf que ça ne peut pas être le cas. Pas avec Maddy juste devant moi. Elle l'aurait senti. Je crois, en tout cas. Peut-être que je me trompe. Je me trompe surement, même. Je me force à inspirer, puis à expirer doucement. Chanter. Je ne crois pas arriver à chanter. Pas maintenant. Probablement plus jamais. Trop de souvenirs. De trop bons souvenirs... Je suis seul maintenant et ces souvenirs ne me laissent qu'un goût de cendre dans la bouche. Comme le fait d'avoir jeter ces confettis. Je ne ressens rien, je suis une coquille vide. Les mots qui sortent de ma bouche me semblent lointain, comme s'ils étaient prononcés par quelqu'un d'autre:

- Un peu comme toi, je suppose.

Mais j'espère que ça n'arrivera pas. Je compte sur tous ceux qui savent qui je suis et ce qu'il s'est passé pour avoir la présence d'esprit de n'en rien faire. Mais qu'arrivera-t-il si c'est un nouveau qui me pointe, et donc m'appelle? Je risque de m'enfuir en courant et... puis quoi? Si je reste, que se passera-t-il alors? Serais-je capable de ne pas mourir écraser par la honte? Et si je fais une crise, là, devant tout le monde? Je ne pourrai plus faire semblant que tout va bien... parce que rien ne va. À cette simple idée, mes jambes me lâchent et je m'écrase sur un banc. Peut-être que je devrais partir?

Mais n'aurais-je pas l'air suspect, alors?


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| Fille de Chioné | 19 ans | 1m73 | Ancienne et Permanente |
| 21 décembre 2000 | Sagittaire | Défaut fatal : Détermination |
| Avec Colin | Amphithéâtre |

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Au fur et à mesure qu'on se parle, je peux voir la tension quitter lentement Colin. J'espère que lorsque l'on se séparera plus tard, que ce soit dans cinq minutes, trente ou plus encore, il se sentira suffisamment à l'aise pour venir me voir en cas de problème. Pour certains nouveaux, ça fonctionne comme ça. Pour d'autres, je dois encore travailler pour gagner leur confiance, mais ça ne me dérange pas. Je n'ai jamais rien eu contre les défis. Sauf que je ne crois pas que celui avec qui je parle en ce moment en sera un. Pas à voir comment il semble intéressé à l'idée que je lui présente certains des enfants d'Héphaïstos, en tout cas. Le simple fait qu'il affirme qu'il serait ravi de pouvoir les rencontrer me le prouve. Avec un hochement de tête, toujours toute sourire, je réponds:

- Alors on le fera. Peut-être pas ce soir, mais demain ou un autre jour, selon ton envie.

Je ne veux pas non plus le forcer à rencontrer des personnes lorsqu'il ne sent pas à l'aise avec l'idée. Je me souviens comment c'était lors de mon arrivée ici. Cette impression d'être submergée par pleins d'informations. Évidemment, c'était dix fois pire avec les circonstances de l'époque. Se présenter en époque de guerre, ce n'est jamais intéressant. Toutefois, je ne connais rien de son passé et puisqu'il est ici, je me doute qu'il ne s'y trouve pas que de la joie. C'est rarement le cas dans une vie de demi-dieux. D'autant plus avant son arrivée à la Colonie. Évidemment, ce n'est pas inexistant. Pour certains. Mais il y a toujours... des incidents. Regrettables ou non, ça dépend des cas.

Je n'ai pas vraiment le temps d'approfondir le sujet que l'on vient me voir pour me dire que Nadya a été appelé, mais qu'elle ne peut pas monter sur scène pour chanter et qu'elle m'a nominé à la place. Dès que le pensionnaire s'éloigne, je fais signe à Colin qu'il peut me suivre et je me précipite à toute vitesse vers l'Amphithéâtre, tout en m'assurant que je ne vais pas trop vite pour le jeune derrière moi. Lorsque je mets les pieds sur la scène, je m'assure d'un coup d'oeil rapide qu'il soit toujours là et j'exécute ma prestation sans tarder. Suite à quoi, j'interpelle quelqu'un. À peine une seconde plus tard, Theo met son grain de sel à la soirée en envoyant pleins de confettis sur tous les participants. Je ris avec la majorité des autres et lui donne une tape sur l'épaule avant de m'éloigner en compagnie de Colin. Une tension semble s'être installé à nouveau chez lui et je ne suis pas complètement certaine de la cause. Mais compte tenu qu'il ne l'avait pas avant que je me mette à chanter...

Une fois que nous sommes assis, mes hypothèses sont assez rapidement avérées puisqu'il me demande s'il y a des paroles à apprendre et si chacun les récite à son tour. Je sens un peu d'incertitude derrière ses questions sur le fonctionnement de l'activité. J'affiche alors mon air le plus, non pas nécessairement rassurant, car il ne me semble pas en situation de nécessiter d'être rassuré, mais plutôt une expression qui indique que c'est quelque chose de banal et pas trop hors du commun. Malgré que je n'étais pas là lors du début de l'activité, je me souviens que nous en avions longuement parlé. C'était un évènement à préparer, de toute manière. Tout en englobant tout le monde de la main, je dis:

- Ça? Il n'y a pas autant de préparation que l'on pourrait le croire. Il y a seulement les Apollons qui ont vraiment travaillé dessus si ma mémoire est bonne. Le principe est assez simple, c'est une manière à chacun d'entre nous de se présenter puisque chaque été on accueille de nouveaux pensionnaires, comme toi. Donc en cinq vers, tu dis qui tu es. Si tu le sais, tu peux présenter ton parent divin ou simplement y aller avec ce qui te relie à lui ou elle. Dans mon cas, ma mère est Chione. Alors j'ai fait un lien avec notre tempérament impétueux et imprévisible.

Je ne sais pas s'il sait qui elle est ni même s'il a prêté attention à ce que j'ai chanté un peu plus tôt. Ni même s'il a vraiment prêté attention aux autres qui viennent de passer. Tout en lui laissant quelques secondes pour assimiler ce que j'ai dit, je remarque qu'il a quelques confettis dans les cheveux, ce qui doit être mon cas aussi, d'ailleurs. Tout en passant une main dans mes cheveux, je me secoue la tête et avec mon autre main, j'élève une toute petite brise, plutôt fraîche pour la saison, mais elle est me fait tellement du bien que je pousse un léger soupir de complaisance. Je ne perds toutefois pas dans mon auto satisfaction, car je sais que mes pairs n'aime pas trop, sauf peut-être mon frère. Je rappelle donc le vent à ma main tout en entraînant tous les confettis de mes cheveux et de ceux de Colin. Avec un léger sourire, je les fais tournoyer dans un mini entonnoir de courant d'air au-dessus de ma main et y ajoute par pure fantaisie quelques flocons. À une époque, ça me demandait beaucoup d'énergie pour effectuer cette simple tâche, maintenant, je peux m'amuser ainsi quelques minutes sans ressentir de fatigue. Mais ça ne sert pas à grand chose sauf à distraire, que ce soit moi ou les autres. Tout en regardant les flocons et les confettis virevolter au-dessus de ma main, j'ajoute:

- C'est assez facile de suivre le rythme aussi, mais sinon ce n'est pas très grave. Et même, je ne crois pas que personne t'en voudrait de ne pas participer. Si tu n'aimes pas l'idée on peut toujours s'en aller. Ou encore, on peut réfléchir ensemble à ce que tu pourrais dire si on te choisit. Rien ne vaut un peu de préparation!

Je lâche les derniers mots avec un grand sourire et d'un léger mouvement de la main vers le haut, je relâche ma petite tornade vers les cieux. Un flocon réussit à se libérer des vents que j'ai créé et descend tranquillement au gré des courants dont je ne suis pas responsable. J'ai une petite moue amusée lorsqu'il termine sa chute tout droit sur la joue de Colin.
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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par MorganeP79 »

✞ 𝖠𝗌𝗁 𝖢𝖺𝗋𝗎𝗌𝗈, 𝟣𝟩 𝖺𝗇𝗌 ✞
✞ 𝖣𝖾𝗆𝗂-d́𝖾𝗌𝗌𝖾, 𝖿𝗂𝗅𝗅𝖾 𝖽𝖾 𝖳𝗁𝖺𝗇𝖺𝗍𝗁𝗈𝗌. ✞
✞ 𝖠𝗍𝗍𝖾𝗂𝗇𝗍𝖾 𝖽𝗎 𝗌𝗒𝗇𝖽𝗋𝗈𝗆𝖾 𝖽𝖾 𝖢𝗈𝗍𝖺𝗋𝖽. ✞
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𝖫𝖾 𝖲𝖺𝗍𝗒𝗋𝖾 𝗆'𝖺𝖽𝗋𝖾𝗌𝗌𝖾 𝗎𝗇 𝗀𝗋𝖺𝗇𝖽 𝗌𝗈𝗎𝗋𝗂𝗋𝖾 𝗊𝗎𝖺𝗇𝖽 𝗃'𝖺𝖼𝖼𝖾𝗉𝗍𝖾 𝗌𝗈𝗇 𝖺𝗂𝖽𝖾 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗍𝗋𝗈𝗎𝗏𝖾𝗋 𝗎𝗇 𝖾𝗇𝖽𝗋𝗈𝗂𝗍 𝗈𝗎̀ 𝗃𝖾 𝗉𝗈𝗎𝗋𝗋𝖺𝗂𝗌 𝖺𝗅𝗅𝖾𝗋 𝗆𝖾 𝗋𝖾𝗉𝗈𝗌𝖾𝗋. 𝖨𝗅 𝗇'𝖺 𝗉𝖺𝗌 𝗅'𝖺𝗂𝗋 𝗍𝗋𝖾̀𝗌 𝗆𝖾́𝖼𝗁𝖺𝗇𝗍, 𝖾𝗇𝖿𝗂𝗇 𝗉𝖺𝗌 𝖽𝗎 𝗍𝗈𝗎𝗍 𝗆𝖾̂𝗆𝖾, 𝖾𝗍 𝗃𝖾 𝗌𝗎𝗉𝗉𝗈𝗌𝖾 𝗊𝗎'𝗂𝗅 𝖺𝗎𝗋𝖺𝗂𝗍 𝖾́𝗍𝖾́ 𝖽𝖾́𝖼̧𝗎 𝗌𝗂 𝗃'𝖺𝗏𝖺𝗂𝗌 𝗋𝖾𝖿𝗎𝗌𝖾́ 𝗌𝗈𝗇 𝖺𝗂𝖽𝖾, 𝗈𝗎 𝗊𝗎𝖾 𝗃𝖾 𝗅'𝖺𝗏𝖺𝗂𝗌 𝗌𝗂𝗆𝗉𝗅𝖾𝗆𝖾𝗇𝗍 𝗂𝗀𝗇𝗈𝗋𝖾́. 𝖣𝖺𝗇𝗌 𝗍𝗈𝗎𝗌 𝗅𝖾𝗌 𝖼𝖺𝗌, 𝗆𝖾̂𝗆𝖾 𝗌𝗂 𝗌𝗈𝗇 𝖺𝗂𝖽𝖾 𝗇𝖾 𝗆'𝖾𝗌𝗍 𝗉𝖺𝗌 𝗍𝗋𝖾̀𝗌 𝗎𝗍𝗂𝗅𝖾, 𝗎𝗇 𝗉𝖾𝗎 𝖽𝖾 𝖼𝗈𝗆𝗉𝖺𝗀𝗇𝗂𝖾 𝗇𝖾 𝗆𝖾 𝗍𝗎𝖾𝗋𝖺 𝗉𝖺𝗌.
𝖨𝗅 𝖽𝖾́𝖼𝗈𝗇𝗌𝖾𝗂𝗅𝗅𝖾 𝖽𝖾 𝗍𝗋𝗈𝗉 𝗌'𝖾𝗇𝖿𝗈𝗇𝖼𝖾𝗋 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗅𝖾𝗌 𝖻𝗈𝗂𝗌, 𝗉𝗎𝗂𝗌𝗊𝗎'𝗂𝗅 𝖽𝗂𝗍 𝗊𝗎'𝗈𝗇 𝗉𝗈𝗎𝗋𝗋𝖺𝗂𝗍 𝗒 𝖼𝗋𝗈𝗂𝗌𝖾𝗋 𝖽𝖾𝗌 𝖼𝗋𝖾́𝖺𝗍𝗎𝗋𝖾𝗌 𝖺𝗌𝗌𝖾𝗓 𝖽𝖾́𝗉𝗅𝖺𝗂𝗌𝖺𝗇𝗍𝖾𝗌 𝖾𝗇 𝗋𝗂𝗀𝗈𝗅𝖺𝗇𝗍. 𝖩𝖾 𝗍𝗂𝗋𝖾 𝗌𝗎𝗋 𝗆𝖺 𝖼𝗂𝗀𝖺𝗋𝖾𝗍𝗍𝖾, 𝖺𝗏𝖺𝗇𝗍 𝖽𝖾 𝗆𝖾 𝗆𝖾𝗍𝗍𝗋𝖾 𝖺̀ 𝗆𝖺𝗋𝖼𝗁𝖾𝗋 𝖺̀ 𝗌𝖾𝗌 𝖼𝗈̂𝗍𝖾𝗌, 𝖾𝗇 𝗅𝗎𝗂 𝗋𝖾́𝗉𝗈𝗇𝖽𝖺𝗇𝗍 :
- 𝖮𝗁, 𝗃'𝖺𝗂 𝗅'𝗁𝖺𝖻𝗂𝗍𝗎𝖽𝖾 𝖽𝖾 𝗏𝗈𝗂𝗋 𝖽𝖾𝗌 𝖼𝗋𝖾́𝖺𝗍𝗎𝗋𝖾𝗌 𝖾́𝗍𝗋𝖺𝗇𝗀𝖾𝗌, 𝗃'𝖺𝗂 𝗏𝗎 𝗍𝗈𝗎𝗍𝖾 𝗌𝗈𝗋𝗍𝖾 𝖽𝖾 𝖼𝗁𝗈𝗌𝖾 𝗊𝗎𝖺𝗇𝖽 𝗃'𝖾́𝗍𝖺𝗂𝗌 𝗏𝗂𝗏𝖺𝗇𝗍𝖾, 𝖾𝗍 𝗃𝖾 𝖼𝗈𝗇𝗍𝗂𝗇𝗎𝖾 𝖽𝖾 𝗅𝖾𝗌 𝗏𝗈𝗂𝗋 𝖾𝗇𝖼𝗈𝗋𝖾 𝗆𝖺𝗂𝗇𝗍𝖾𝗇𝖺𝗇𝗍. 𝖮𝗎 𝗉𝖾𝗎𝗍-𝖾̂𝗍𝗋𝖾 𝗊𝗎'𝖾𝗅𝗅𝖾𝗌 𝗌𝗈𝗇𝗍 𝗃𝗎𝗌𝗍𝖾 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝗆𝗈𝗇 𝗂𝗆𝖺𝗀𝗂𝗇𝖺𝗍𝗂𝗈𝗇?
𝖩𝖾 𝗏𝗂𝖾𝗇𝗌 𝗌𝗎𝗋𝖾𝗆𝖾𝗇𝗍 𝖽'𝖾𝗇 𝖽𝗂𝗋𝖾 𝗎𝗇 𝗉𝖾𝗎 𝗍𝗋𝗈𝗉, 𝖾𝗍 𝗂𝗅 𝗏𝖺 𝗉𝖾𝗎𝗍-𝖾̂𝗍𝗋𝖾 𝗅𝗎𝗂 𝖺𝗎𝗌𝗌𝗂 𝗆𝖾 𝗉𝗋𝖾𝗇𝖽𝗋𝖾 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗎𝗇𝖾 𝖿𝗈𝗅𝗅𝖾. 𝖤𝗇𝖿𝗂𝗇 𝖻𝗈𝗇, 𝖼𝖾 𝗇'𝖾𝗌𝗍 𝗉𝖺𝗌 𝗍𝗋𝗈𝗉 𝗀𝗋𝖺𝗏𝖾, 𝗃𝖾 𝗆𝖾 𝖿𝗂𝖼𝗁𝖾 𝖻𝗂𝖾𝗇 𝖽𝖾 𝖼𝖾 𝗊𝗎'𝗂𝗅 𝗉𝖾𝗎𝗍 𝗉𝖾𝗇𝗌𝖾𝗋. 𝖩𝖾 𝗌𝖺𝗂𝗌 𝖼𝖾 𝗊𝗎𝖾 𝗃𝖾 𝗌𝗎𝗂𝗌, 𝗈𝗎 𝗉𝗅𝗎𝗍𝗈̂𝗍 𝖼𝖾 𝗊𝗎𝖾 𝗃𝖾 𝗇𝖾 𝗌𝗎𝗂𝗌 𝗉𝗅𝗎𝗌. 𝖤𝗍 𝗉𝖾𝗋𝗌𝗈𝗇𝗇𝖾 𝗇𝖾 𝗉𝖾𝗎𝗍 𝗆𝖾 𝖼𝗈𝗇𝗍𝗋𝖾𝖽𝗂𝗋𝖾. 𝖱𝗂𝖾𝗇 𝗇𝖾 𝗉𝖾𝗎𝗍 𝗌𝖾𝗆𝖻𝗅𝖾𝗋 𝖿𝗈𝗎 𝗂𝖼𝗂, 𝖾𝗍 𝗃𝖾 𝗌𝗎𝗂𝗌 𝖻𝗂𝖾𝗇 𝗅𝖺 𝖿𝗂𝗅𝗅𝖾 𝖽𝖾 𝗅𝖺 𝖬𝗈𝗋𝗍, 𝗇'𝖾𝗌𝗍-𝖼𝖾-𝗉𝖺𝗌?
- 𝖤𝗇𝖼𝗁𝖺𝗇𝗍𝖾́𝖾 𝖢𝗈𝗋𝖺𝗆. 𝖮𝗎𝗂, 𝗃𝖾 𝗌𝗎𝗂𝗌 𝗂𝖼𝗂 𝖽𝖾𝗉𝗎𝗂𝗌 𝖺̀ 𝗉𝖾𝗂𝗇𝖾 𝗎𝗇𝖾 𝗌𝖾𝗆𝖺𝗂𝗇𝖾. 𝖩𝖾 𝗌𝗎𝗉𝗉𝗈𝗌𝖾 𝗊𝗎𝖾 𝗍𝗎 𝖾𝗌 𝗂𝖼𝗂 𝖽𝖾𝗉𝗎𝗂𝗌 𝗉𝖺𝗌 𝗆𝖺𝗅 𝖽𝖾 𝗍𝖾𝗆𝗉𝗌, 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝖼𝗈𝗇𝗇𝖺𝗂𝗍𝗋𝖾 𝖺𝗎𝗌𝗌𝗂 𝖻𝗂𝖾𝗇 𝗅𝖺 𝖢𝗈𝗅𝗈𝗇𝗂𝖾?
𝖫𝖺 𝖿𝗎𝗆𝖾́𝖾 𝖽𝖾 𝗆𝖺 𝖼𝗂𝗀𝖺𝗋𝖾𝗍𝗍𝖾 𝗌'𝖾𝗇𝗏𝗈𝗅𝖾 𝗏𝖾𝗋𝗌 𝗅𝗎𝗂, 𝖾𝗍 𝗉𝖺𝗋 𝗉𝗋𝖾́𝖼𝖺𝗎𝗍𝗂𝗈𝗇, 𝗃𝖾 𝗉𝗋𝖾́𝖿𝖾̀𝗋𝖾 𝗅𝗎𝗂 𝖽𝖾𝗆𝖺𝗇𝖽𝖾𝗋 :
- 𝖫'𝗈𝖽𝖾𝗎𝗋 𝗇𝖾 𝗍𝖾 𝖽𝖾́𝗋𝖺𝗇𝗀𝖾 𝗉𝖺𝗌 𝗃'𝖾𝗌𝗉𝖾̀𝗋𝖾?
naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Madeleine Dubois
14 ans, Née le 14 Février, 1m50, fille de Thanatos, Corbeau
Avec Serge, Un peu bizarre, Très gentille, Dans l'Amphithéâtre avec Theo

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Theo regarde ailleurs. Moi aussi. C'est beau. Comme ça. Avec les couleurs. C'est beau. Les couleurs. Toutes les couleurs. On associe la mort au noir. C'est dommage. Et puis c'est faux. Je trouve. La mort c'est rouge. Quand on saigne. C'est vert ou jaune. Quand on est malade. C'est bleu ou violet. Quand on a froid. C'est jamais noir. En fait. Ou alors si. Mais pour celui qui meurt. Et encore. Je ne sais pas. C'est noir un temps. Peut-être. Quand les yeux se ferment. Mais après ? Ils voient mon père. Et puis ils vont dans les Enfers. Est-ce que c'est tout noir ? Là-bas ? Serge le sait. Mon père aussi. Je saurai un jour. Je m'y ferai. Si c'est tout noir. Ce sera peut-être aussi beau. Que l'amphithéâtre coloré. Ou peut-être pas. Je ne sais pas.
Theo trouve ça beau ? Je crois. Non ? Sinon pourquoi il a envoyé les confettis ? Si il ne trouve pas ça beau ? Il ne sourit pas. Il a l'air... stressé ? triste ? nerveux ? mal à l'aise ? Ce n'est pas positif. En tous cas. Je crois. Comme quand il répond. C'est bizarre. Enfin non. C'est... rien. Et ça c'est bizarre. Non ? On me le dit souvent. Alors ça doit être bizarre. Je crois. Je fronce les sourcils. Je n'aime pas dire ça. Bizarre. Je n'aime pas ce mot. Mais... je veux demander.
- Tu es bizarre ?
Serge s'agite. Il n'aime pas. Lui non plus. Je le sais. Il a raison. Ce n'est pas bien. De dire ce mot. Il me rend... triste ? en colère ? blessée ? Je dois changer. Rattraper.
- Pardon. Tu es comme tu es.

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naji2807

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par naji2807 »

Coram
Satyre, Fils d’Hélia, 28 ans, 1m67, PNJ
Courageux, Enjoué, Imprudent, Avec Ash quelque part dans la Colonie

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Les demi-dieux sont vraiment étonnants parfois, et ce dans tous les sens du terme. Certains sont un peu embêtants, ou contrariants, dans le sens où ils sont désagréables, ou se mettent facilement en colère. D'autres sont étonnants dans le bon sens, ils sont d'excellentes humeur, même quand ils ont eu une vie difficile. Et d'autres encore sont juste... étonnants... C'est un peu le cas de cette demi-déesse. Déjà, elle parle de quand elle était... vivante ? Et ensuite elle semble me poser une question, mais à laquelle je ne suis pas certain de pouvoir répondre. Comment suis-je censé savoir si les créatures qu'elle voyait était dans son imagination ou non ? Comme ça fait beaucoup d'informations étranges en même temps, je décide de me concentrer sur sa question, et lui demande à mon tour :
- Eh bien... ça dépend des créatures, je suppose, à quoi ressemblaient celles que tu as vu ?
C'est une nouvelle, donc si elle était bel et bien en dehors de la Colonie pendant tout ce temps, elle a sûrement croisé des monstres, et là, il ne s'agissait pas d'une hallucination, du moins je suppose. Certains peuvent le croire, après tout, la plupart des demi-dieux vivent sans connaître leur nature avant qu'un monstre ne leur tombe soudainement dessus. Je me demande ce que ça doit faire, tout de même, de grandir sans savoir qui on est, et d'un jour s'entendre dire qu'on a une origine divine... J'ai beaucoup de mal à le conceptualiser, ayant toujours été très au fait de mon ascendance.
- Oh oui, je suis là depuis que je suis tout petit, je lui dis avec un sourire, j'ai grandi dans le coin, en quelques sortes. Et toi, d'où tu viens ?
Je secoue la tête quand elle parle de la cigarette. Je ne fume pas et je ne suis pas particulièrement fan de l'odeur, mais ça ne me dérange pas pour autant.
- Non ne t'en fais pas. Tu fumes depuis longtemps ?
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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

Message par LSGI »

PNJs

Gareth Wagner, 19 ans, enfant de Niké | Noah Synnien, 17 ans, enfant d’Elpis
Nés le 1er mai


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Il était une fois, dans le royaume fort fort lointain d’États-Unis, deux hommes. Ils ne vivaient pas ensemble, ils ne se connaissaient pas et ne s’étaient même jamais vus. Mais ces deux hommes avaient un point commun : ils attirèrent chacun une déesse dans leur lit. Pas la même nuit toutefois… enfin si, mais à deux ans d’intervalle.

Le premier homme était un sportif de haut niveau, effectuant compétition sur compétition ; la déesse qu’il attira était la déesse de la victoire et du triomphe. Elle fut attirée par l’homme parce qu’il gagnait incessamment. Elle fréquenta le mortel par intermittences durant plusieurs mois, et un beau jour l’un des spermatozoïdes de l’homme remporta la victoire. La déesse disparut et revint neuf mois plus tard avec un bébé et des recommandations. Elle accorda plusieurs jours à l’homme et son fils nouvellement né, puis elle les quitta sans se retourner. Il ne lui en tint pas rancune, au contraire, il la remercia, et il décida de nommer son fils Gareth – sans aucun rapport avec la déesse mais simplement parce qu’il aimait la sonorité. L’homme dut ralentir sa carrière, faisant moins de compétitions pour se consacrer davantage à son enfant, mais jamais il ne le regretta, jamais il ne se plaignit, jamais il ne fut nostalgique. Il aimait son fils d’un amour pur et tendre, prenant plaisir à s’occuper de lui, riant de ses propres erreurs de père inexpérimenté et seul, souriant de fierté devant le bambin qui grandissait.

Le deuxième homme était quant à lui un infirmier, qui prenait toujours le temps de rassurer les familles et tentait chaque fois de leur transmettre de l’espoir ; la déesse qu’il attira était justement la déesse de l’espoir, Elpis. Cependant, là où Niké avait fait preuve d’honnêteté, Elpis ne divulgua pas son identité au mortel. Le jour venu elle lui laissa un fils et disparut. L’homme garda longtemps l’espoir de la revoir, à dire vrai, il garda cet espoir durant toute sa vie, même si au fil des années cette femme qu’il avait aimée perdait de l’importance à ses yeux, son cœur débordant trop d’amour pour son fils – Noah – et oubliant sa mère.

Les deux hommes se rencontrèrent le jour où le sportif décida de prendre un appartement à Chicago, puisque désormais il ne voyageait plus pour ses compétitions, il avait décidé de se poser. Par un heureux hasard il emménagea avec son fils dans l’appartement jouxtant celui du deuxième homme. Ils ne tardèrent pas à devenir amis, et les deux enfants ne tardèrent pas à devenir frères. Gareth prenait toujours soin de Noah, il était le plus vieux et aimait dire qu’il avait des responsabilités. Pour autant, c’était lui le moins raisonnable des deux. Il entraînait toujours l’enfant calme dans ses pitreries et de nombreuses fois il fit promettre à Noah de ne rien dire concernant un vase cassé, un trou dans le mur qu’il avait camouflé en déplaçant un meuble, l’hématome sur son genou… Gareth était le plus turbulent, mais toujours d’excellente humeur, voulant toujours s’amuser, et désirant toujours que Noah l’accompagne.

Les années passèrent et les enfants grandirent, la vie était heureuse et sans souci, jusqu’à l’année des 11 ans de Gareth. Il était allé chercher Noah à l’école ce jour-là, et tous les deux étaient rentrés dans l’appartement de Noah – là où il y avait toujours des sucreries à manger – pour s’amuser en attendant le retour de leurs pères. Ils étaient censés rentrer ensemble puisque l’hôpital où travaillait le père de Noah était sur le trajet du père de Gareth et que ce dernier passait le prendre. Sauf qu’ils ne rentrèrent pas. Les deux enfants attendirent longtemps, s’inquiétèrent, mais jamais l’espoir ne les quitta, l’espoir qu’il avait dû y avoir une urgence à l’hôpital, celui que la route était pleine bouchons, celui que la voiture était tombée en panne… Ce ne fut ni un policier ni une assistante sociale qui vint leur annoncer la mort de leurs pères, ce fut Elpis en personne, la mère de Noah. Elle leur expliqua qu’un homme avait pris le volant alors qu’il avait bu trop d’alcool et avait percuté la voiture des deux hommes, ils étaient morts sur le coup. Le premier réflexe de Gareth fut d’accuser la déesse de mentir, il voulut même la frapper, mais Noah l’en dissuada. La déesse avait une aura lumineuse mais douce, apaisante, qui donnait envie de l’approcher, mais même elle ne put atténuer la douleur des deux garçons. Elle les conduisit à la Colonie, un lieu où d’après elle ils seraient en sécurité, et trouveraient une nouvelle famille.

D’autres années passèrent et la douleur devint moins insupportable, chacun appris à vivre avec sa peine, même si Gareth savait qu’il n’aurait sans doute pas tenu sans la présence de Noah. Il ressentait avec lui le même apaisement qu’avec la déesse, cette impression que tout irait bien, que tout finirait par s’arranger, que sa blessure diminuerait, que la vie serait à nouveau belle et joyeuse. Il retrouva alors sa joie de vivre, il se fit des amis et accepta même les autres enfants de Niké comme sa famille, notamment celle qu’il considère comme sa petite sœur. Noah, de son côté, ne put quitter le bungalow d’Hermès mais ne s’en plaignit jamais, appréciant la présence de tous les demi-dieux grouillant autour de lui.

La relation liant les deux garçons ne put rester la même toutefois, ils étaient amis, ils étaient frères, mais ils furent ensuite autre chose. Car si Gareth aimait à prendre plaisir avec d’autres demi-dieux, ce n’était pas le cas de Naoh qui n’avait d’yeux que pour son aîné. Il ne comprit pas immédiatement son sentiment, mais après plusieurs discussions avec une certaine fille d’Aphrodite, la vérité le rattrapa. Et il se dit que c’était évident. Mais il ne fit rien, ayant peur que Gareth ne se détache totalement de lui s’il apprenait la vérité. Ce fut grâce à un enfant d’Eros cette fois que les deux garçons purent se rendre compte que les sentiments de Noah n’étaient pas à sens unique. Et depuis, ils sont heureux, et ont beaucoup d’enfants. Non pas vraiment, ça ne fait qu’une année qu’ils sont ensemble et ils sont toujours à la Colonie, mais l'histoire est heureuse et leur relation est sans problème.


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Gareth est très ouvert, amical, souriant, avenant, il ne tient pas en place, il participe à la plupart des activités de la Colonie, il aime les défis, il aime la compétition et il aime gagner. Il ne participerait pas dans le cas contraire. Ce qui fait de lui un mauvais perdant qui a tendance à grogner quand ça arrive. S’il perd un jour, il fait ensuite tout son possible pour gagner le suivant. Il n’aime pas rester sur une défaite. Il n’aime pas la défaite. Mais il est toujours ouvert aux critiques et les accepte pour s’améliorer. C’est un épéiste particulièrement doué, il aide souvent les plus jeunes et donne toujours des conseils si on lui en demande. Son défaut fatal est certainement de vouloir protéger Noah a tout prix.


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Noah est plus posé mais tout aussi amical. Plus réservé et discret, il parle moins et bouge moins, il préfère être à l’écoute. Il ne dit presque jamais non et ne pense jamais à mal, il est doux et gentil, aime aider, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il aime apporter son aide à l’infirmerie s’il y est accepté. Il n’aime pas les problèmes et évite le conflit, il fait toujours preuve de tact et a beaucoup d’empathie – là où Gareth est plus rentre-dedans, même si cette part de son caractère évolue avec le temps puisqu’il apprend aux côtés de Noah. Le fils de l’espoir sait se battre, mais ce n’est pas ce qu’il préfère. Il n’aime pas faire du mal aux autres, mais il s’entraîne tout de même car il sait qu’il n’a pas le choix. Il se débrouille plutôt bien avec un arc. Et son défaut fatal est le même que celui de Gareth.


Pouvoirs :

Gareth est plus agile que la moyenne, plus rapide et ses réflexes sont bien meilleurs. Il n’a pas besoin de réfléchir, ni même de se rendre compte qu’il a vu une ombre ou senti un léger changement dans l’air, ses membres agissent presque seuls, interprétant avant lui les signes et parant un coup ou autre.
Noah a une aura d’espoir, qui apaise et calme, qui permet à ceux qui la sentent de se sentir rassurés, de sentir que tout ira bien, que tout s’arrangera. Il peut également utiliser sciemment son don et insuffler de l’espoir à quelqu’un.


Liens :

À compléter.




"L'espoir c'est comme un oiseau bleu, on l'aperçoit de loin, il est dans le ciel tout comme l'étoile du berger, on ne peut ni l'acheter, ni l'enfermer dans une cage, mais il est là tout de même, et grâce à lui, un jour tout s'arrange !"
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“De quoi briser la monotonie de ton été”. Tiens donc, à croire qu’une quelconque divinité a pu pouvoir se dire “Je vais avoir l’extrême gentillesse d’exaucer le vœu le plus cher d’Ergan Wright en lui offrant sur un plateau d’argent quelques remous dans le lac trop lisse qu’est cette bonne vieille colonie !”. Eh beh, l’y devait bien s’ennuyer le bougre.
Un sourire sardonique me vient aux lèvres lorsque le ton de la dryade baisse brutalement. Est-ce donc si important pour tant de discrétion ? Mon vieux Ergan, je crois bien que t’as touché le gros lot.

Boh allons, qui diable irait m’adresser la parole hein ? A moi, comme ça, sans aucun autre intérêt caché derrière, pour “le juste plaisir de la conversation”... ? Ils savent tous que je les aime moins de la moitié d’entre eux et cela à moitié moins qu’ils ne le méritent alors que veux-tu de plus ma chère ? Non rassure toi Xylia je serai - pour changer un peu - non pas funestement mais bien heureusement muet comme une tombe.

A vrai dire je m’en suis toujours foutu des secrets et autres confidences que portent les autres. Les secrets, pas besoin d’avoir la science infuse pour savoir que c’est tout juste un synonyme d’ennuis et autres emmerdes carabinées que seul sait te réserver le destin.
Le secret c’est plus volatile qu’une foutue poussière, quand on l’a il n’a qu’une seule chose en tête, être libre, sortir, prendre l’air et tout autour répandre son lot de misères sur terre ; tu l’as dans ton œil, ça te démange, ça t’arrache aussi sec que du sang de centaure bouilli dans un chaudron de börtsch ; il te brûle et te consume jusqu’à ce que tu le libères.
Alors oui, le secret tient en toi éloigné et mieux vaudra pour toi. Autant appliquer la pensé stoïcienne pour pallier à ce fait là : c’la concerne les autres, moi pas, basta, au revoir, fin de l’histoire, rideau.
Mais je ne suis qu’à moitié humain, et par ailleurs il s’agit de la colonie : y’a toujours l’exception confirmant la règle.

M’enfin si tu ne préfères pas hop l’on passe à autre chose et puis zou on en parle plus. Tu sais c’est uniquement par curiosité hein, et j’en ferai pas un fromage si tu préfères ne pas divulguer. Le personnel, c’est sacré. Alors fais ce qui t’arranges le plus.
Même si je te l’avoue franchement, ma curiosité en est toute titillée.
[\color]

Tient on veut rentrer dans la gracieuse danse des piques et des pointes. Why not.

Difficile de faire des croches-pattes assis ah ah, tu as bien tort Hector, c’est mal connaître la nature elle-même... Elle aime bien jouer ce type de sales coups au genre humain, pour son propre petit plaisir... Alors toi ne pas l’avoir fait exprès ? Oh j’en doute fort vois-tu mais dans tout le cas ce n’est je ne trouve point très sport de ta part pour les pauvres demi-dieux comme moi. Ils ont un égo je te le rappelle, et bien souvent aussi démesuré que l’amphithéâtre lui-même... Mais je ne vais évidemment pas apprendre au vieux singe à faire des grimaces, n’est-il pas ô vous madame, grande et impitoyable régente qui le savez bien mieux que moi.

Pas brillé pas brillé faut pas pousser mémé dans les orties non plus. Certes ce n’est pas la gloriole face aux autres équipes m’enfin, on s’est débrouillé pour s’en sortir. Oui mais en bas du classement mon cher Ergan. Peuh ça ne me fait rien, la planète ne va pas s’arrêter de tourner pour autant. Et Achille ou pas Achille, m’en fous, je peux m’entraîner tout seul. Même si j’aimerai bien croiser le fer avec lui. Trop de concessions en un soir, cela me fout le mouron.

Quant à la chasse boh, en vrai c’était potable, nous n’avons pas brillé mais c’est loin d’être la catastrophe non plus, y’a pas d’échec critique au moins. Nous avons rapporté l’objet, c’est à dire la dague d’Hellène, avec la miss Cassiopée un peu blessée, mais bon en soi rien de grave. Moi par contre je regrette juste le fait de ne pas avoir trucidé ce misérable et abruti de cloporte géant. Se faire charger par cent kilos de chair à poiscaille qui charcute comme un boucher ton cher chapeau, ça te fout les rognons en pétard crois moi bien.
Enfin la routine habituelle j’ai envie de te dire.


J’essaie d’attraper machinalement quelques confettis lancés par Benett, fallait évidemment s’attendre à ce que lui ou l’un de ses frères aille pimenter la première soirée de la saison, tandis qu’en bas les chants continuent avec comme prochaine candidate ou malheureuse victime Gloria. Ah. Qu’est-ce qu’elle va encore chanter cette excitée ?
Pendant ce temps, j’ai le droit de la part de ma douce voisine à un charmant monologue sur les bienfaits de cette veillée chant. Sacré Xylia, elle n’en démordra jamais, toujours elle cherche à inclure marginaux et autres cas sociaux, à développer le collectif. Une vraie ténacité que je ne peux qu’admirer.


Hum hum on se fait l’avocat du diable Xylia ? Hélas ton art de la rhétorique digne du vieux Cicéron ainsi que tes arguments n’arroseront pas tes lauriers, car jamais Ergan Wright tel le roc ne cèdera. Qui plus est, pourquoi devrais-je satisfaire l’égo d’une tripotée de vieux barbons à moitié insensibles à la musique ? Mon œil qu’ils apprécient, ils s’en fichent comme des guignons de pains ah ! J’ai d’autres harpies à fouetter durant mes soirées, crois-moi bien !

Cela dit elle parle vrai concernant l’identité divine. C’est ce qui nous définit principalement nous les demi-dieux, car après tout c’est de l’une des deux parties de notre nature profonde que l’on parle. C’est la porte qui nous permet d’entrer dans un univers censé être mort et enterré depuis plusieurs millénaires. Se savoir comme fils ou fille d’un dieu et une déesse, c’est accepter de voir la majorité de la trame de notre vie se dessiner sans aucune volonté de notre part... A notre plus grande joie cela va sans dire.

Oui notre parent divin c’est important mais bon après... Vis ta vie camarade hein, on n'est pas sur les mêmes degrés, eux ce sont les forces du cosmos et nous, de simples mortels voués au trépas suprême. Alors bon, tout de suite c’est la douche froide hein.
Et point besoin de savoir chanter pour le comprendre... Même si je sais que ma conception de la relation avec nos parents divins entre en total contradiction avec la tienne
Mais tu pointes juste en tout cas, je pourrai en effet parler de tous mes malheurs et soucis désagréables, pénibles contradictions et autres entourages aussi criards que les oies du Capitole. Je pourrai déclamer des diatribes entières, pour dire que oui en effet je ne peux supporter l’été et son palier de plus de vingt-cinq degrés, mais honnêtement quel intérêt ? Nobody cares, et c’est bien mieux comme ça.


Oui, pour la majorité d’entre eux je grogne et je mords, en fonction de mes humeurs aussi changeantes qu’un doux et délicat petit zéphir d’ouest... Rien qu’à l’expression de mon visage, ils savent tous qu’il faut m’éviter. Même si dans mes beaux jours je puis être de conversation agréable, quoique acerbe mais bon pourquoi devrai-je me priver de quelques amuse-gueules ?  Je suis un vieil ours mal léché certes, mais grâce soit loué j’ai tout de même quelques amis par-ci par-là. Et je peux aider aussi, je ne suis point un sans-cœur, ça non. Preuve en est avec ce sacré lascar d’Harry.

Tiens maintenant que j’y pense, t’as eu affaire à un nouveau se dénommant Harry Wendell ?
LSGI

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

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Texte explicite



Viggo Skaebne
Rejeton de Moros | 17 ans | 1m79 | Bon vivant | Dans le bungalow Tyché avec Felix



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Quand je le mords à nouveau Felix s’éloigne légèrement pour me servir son sourire carnassier et satisfait. Il aime l’effet qu’il me fait et il aime qu’après cette frustration que je lui ai infligée j’en ressente à mon tour. Sauf que j’en ressens depuis longtemps déjà, elle vient simplement de grimper. À chaque fois que je le frustre je me frustre également, à chaque fois que je le touche je désire plus, à chaque fois que je le lèche je désire plus, à chaque fois que je le caresse, que je l’entends, que je le regarde… Quand je vois ce regard précis, voilé par le désir, ce regard d’envie, quand je vois la tension de ses muscles, et surtout celle de son membre, quand je le vois frissonner et que ses lèvres s’entrouvrent pour gémir et soupirer… J’ai envie de plus. J’aime énormément le toucher et lui faire ce que je fais, j’aime m’occuper de lui, mais ça ne signifie pas que je n’en suis pas frustré. Et j’aime ça – pas toujours, mais parfois –, j’aime surtout le moment de soulagement, quand la tension s’accentue brusquement mais que le plaisir est là, quand il arrive et augmente jusqu’à tout me faire oublier, jusqu’à ce que seul ce moment ne compte.
Il retire son doigt et c’est à la fois excitant et déplaisant. Excitant parce que s’il le retire c’est que bientôt il va mettre autre chose de plus gros ; déplaisant parce que mon intimité est désormais vide et trop dilatée pour ce vide, qu’elle attend une présence avec impatience. Ça ne saurait tarder puisqu’il frotte son gland à moi, et je soupire légèrement de plaisir, me cambrant légèrement, dans l’attente de ce qui va suivre. Je souris de ses mots, en effet je suis impatient… Et je sens d’ailleurs son sexe me pénétrer… Ma respiration se bloque un instant, tout mon torse cesse de bouger, le temps que mon cœur ne comprenne que c’est le moment d’accélérer. Je tiens Felix contre moi, l’empêchant de reculer, mes doigts crispés sur son épaule, incapables de s’en détacher. Il se met à bouger et je sers plus fort, mes jambes se refermant également sur lui, forçant ses fesses à aller plus loin, plus loin, plus profondément, plus fort, tandis que mes hanches bougent en rythme plus rapide. Je ferme les yeux, la tête reposant sur la table, le cou tendu en arrière, mon dos ne touchant plus la surface, je ne pense plus qu’au sexe de Felix en moi, à la taille qu’il prend, au point qu’il touche, à la stimulation du frottement, à mon propre sexe qui frotte contre son ventre, à la chaleur qui se répand dans mon corps, à la tension de mes muscles, au fourmillement de mes jambes, à nos souffles saccadés, et finalement les contractions arrivent, mon bas-ventre se crispe par à-coups, je ne pense à rien, je ne sens que mon corps et celui de Felix contre le mien, et finalement le plaisir est si grand que j’éjacule entre nous, sur nos ventres, tandis qu’un gémissement plus rauque passe ma gorge.
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Kymatisto
Limnade | ± 200 ans | 1m70 | Sœur de Daithe | Sauvage | À l’Amphithéâtre avec Daithe



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Nous discutons d’un demi-dieu, Oswald, et Daithe déclare que si elle doit aller le voir c’est parce qu’il est seul et triste. Je la reconnais bien là, ce n’est pas moi qui irais faire ça. Je veux bien qu’une aura soit triste, qu’elle soit négative, je veux bien que ce soit compliqué, mais est-ce que ce garçon a au moins essayé ? S’il désire réellement des interactions avec les autres alors il doit tenter. Peut-être l’a-t-il fait et a fini par abandonner, mais peut-être qu’il a simplement baissé les bras en voyant que personne ne l’abordait, et dans ce cas l’aura n’est pas la seule responsable. Pourquoi d’autres devraient-ils faire l’effort de venir ? Pourquoi ne pas faire l’effort d’aller à eux ? Cependant, il reste une troisième option : peut-être que ce jeune ne désire simplement pas se lier à qui que ce soit. Peut-être qu’il est très bien tout seul et n’a pas envie que des inconnus viennent lui parler. Dans ce cas, autant respecter son souhait. Je ne vais pas dissuader Daithe, elle fait ce qu’elle désire, donc je hausse simplement les épaules.
— Tu le découvriras en lui parlant.
Elle verra bien si c’est qu’il ne veut voir personne, s’il ne fait pas d’effort ou si son aura lui cause belle et bien des problèmes. Je n’ai pas d’avis sur la question, je ne connais pas ce garçon. D’ailleurs, ce garçon a apparemment participé à la Chasse de cet après-midi, ce que je trouve bien étrange étant donné son physique peu apte au combat. Je me fiche toutefois de ce qui a pu lui arriver là-bas ou des résultats, tout ce qui m’importe est de savoir si les monstres ont survécu et s’ils se baladent dans le bois. Apparemment non… Certaines équipes n’ont pas tué leur monstre mais Xylia et Coram s’en sont chargés, bien. Je vais pouvoir continuer à aller coucher entre les arbres sans risque de me faire surprendre par un chien enragé. J’acquiesce simplement aux paroles de ma sœur, la remerciant pour ses précisions.
Nous changeons ensuite radicalement de sujet puisque Daithe m’interroge sur ce que je dirais si je devais chanter ce soir. Ce que je ne compte pas faire. La première veillée est principalement faite pour accueillir les nouveaux arrivants, elle leur permet de voir quel genre d’enfants se trouvent ici et quelle est leur relation à leur parent divin… Il est assez amusant de constater la différence d’un résident à l’autre, certains étant plutôt satisfaits tandis que d’autres nourrissent de la rancœur. Toutefois, je lui réponds avec un sourire prédateur, avançant l’idée que je pourrais mettre en garde les petits nouveaux du monstre du lac… Ce qui me vaut une légère tape sur le bras et un regard réprobateur qui me fait davantage sourire.
— Soit, pas le premier jour, je consens sans me départir de mon sourire. Oh je l’espère ! Sinon je m’en chargerai moi-même en leur en donnant un avant-goût…
Je peux être dangereuse si je le désire, et les demi-dieux ne savent pas tous qu’il faut se méfier des nymphes. Pour certains, nous sommes des femelles inoffensives qui aiment s’amuser joyeusement et marcher pieds nus.
À peine ai-je fini de parler qu’un enfant d’Hermès monte sur scène pour prendre la parole et lancer des confettis partout. Je les regarde virevolter dans le vent avant de tomber sur la foule et le sol. Je secoue la tête pour en faire tomber une partie de mes cheveux mais certains y restent. Ce n’est pas bien grave, ce ne sont que des confettis. Je regarde Daithe avec un sourire.
— En effet, mais je ne compte pas m’en charger ! Et j’ai bien l’impression que lui non plus.
Je fais partie de ces gens qui ont la philosophie : « nettoie tes propres déchets ». Je ne suis pas une femme de ménage et je ne suis certainement pas au service de cette Colonie. La blague m’amuse et continuera de m’amuser quand je ne la nettoierai pas. Toutefois, je doute que l’enfant d’Hermès s’en occupe, ces gamins sont plus le genre à mettre la pagaille et disparaître.
LSGI

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Fay Jones
Enfant d’Héphaïstos | 16 ans | 1m75 | Asociale | Forge avec Oswald



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Je me suis reculée juste après lui avoir donné le glaive. Je préfère lui laisser toute l’amplitude dont il a besoin et je n’ai nullement envie de me prendre un coup qu’il aurait donné par mégarde. Ce n’est pas que je le pense spécialement maladroit, c’est simplement qu’il l’a dit lui-même : il ne sait pas se battre. Et je ne sais pas à quel point c’est vrai. Certes, il n’a jamais possédé d’arme, mais peut-être en a-t-il déjà utilisée. D’ailleurs, je suppose que oui, puisqu’il a entraînement demain avec Achille cela signifie qu’il fait partie de l’une des équipes gagnantes il me semble. Je n’ai pas écouté le discours de Chiron avec suffisamment d’attention pour le savoir mais je suppose que c’est cela.
Je le vois qui soupèse l’arme avant de me répondre. Il fronce les sourcils… Un signe de mécontentement ? D’incompréhension ? Étant donné sa question je penche pour la seconde option. Je découvre qu’il a bel et bien tenu une épée cet après-midi, mais apparemment il l’a laissée derrière lui. J’ose espérer que quelqu’un l’a tout de même ramenée, certes nous forgeons des armes et nous pouvons les remplacer si besoin est, mais une arme en bon état perdue dans les bois ça ne m’enchante guère. N’ayant toutefois pas la certitude qu’il l’ait simplement laissée où il l’a lâchée, je décide de simplement répondre à sa question, conservant toujours une voix neutre.
— Si c’est trop léger ça pourrait te déséquilibrer. Et tu pourrais faire des erreurs dans le combat, aller trop vite, faire de trop grands mouvements, te laisser emporter par ta force…
Le poids d’une arme est pour moi un aspect primordial, s’il n’est pas le bon il peut devenir un handicap. Une arme trop lourde sollicite davantage les muscles, elle fatigue et il y a un risque qu’elle ne soit abandonnée quand on ne peut plus la porter – comme le prouve ce garçon. Si l’arme est trop légère elle posera également problème, il est facile de se laisser emporter par son élan et donc perdre l’équilibre et dans le pire des cas tomber, ou bien de faire un mouvement de trop grande amplitude simplement parce que nos muscles le peuvent mais de louper par conséquent sa cible.
Je regarde le demi-dieu manier le glaive mais il ne fait que des mouvements mous. On dirait qu’il ne sait pas ce qu’il fait. Et j’imagine que c’est le cas. Peut-être qu’il ne sait pas quoi faire face au vide et qu’il a besoin de quelque chose à frapper.
— Il y a un mannequin derrière la forge si tu veux tester quelques coups.
LSGI

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Re: ☼ Percy Jackson ☼ Veillée

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Gloria Muñoz
Fille de Pheme | 13 ans | 1m49 | Pipelette bavarde hyperactive | À l’Amphithéâtre avec Anthea



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Bien bien bien, ma stratégie est en place ! Enfin, pas la vraie stratégie, plutôt la stratégie pour aller trouver une stratégie ! Anthea a totalement raison ! Soy estúpida ! Il faut que j’aille voir les enfants d’Aphrodite ! Ils sont les spécialistes de l’amour, de sa danse et de ses combats. Et jamais je n’ai vu l’un d’eux me refuser son aide. Ils sont même généralement amusés par mes tentatives, ou bien ils sont derrière moi tels de fantastiques supporters, ou bien – la plupart du temps c’est ce qui arrive – ils écoutent mes échecs d’une oreille compatissante. Il faut dire que je n’ai jamais de chance aussi, oh de la chance… Felix… ça fait longtemps que je ne me suis pas retrouvée seule avec lui… enfin, pas vraiment seule, mais disons un moment où je lui parlais et bien que des gens nous entourent ils ne nous dérangeaient pas… Lui pour le coup m’a déjà touchée – de manière outrageusement chaste, juste une main sur mon bras quand je perdais l’équilibre ou ce genre de chose – mais je voudrais plus moi… Un jour ! Oui, un jour, j’y parviendrai ! En attendant, je vais rester focus sur Achille ! Il est la cible et je vais l’atteindre !
— Tu as totalement raison ! Je vais aller les voir ! Mais je ne sais pas s’ils m’aideront dans une cause qu’ils pourraient considérer comme « perdue d’avance »… Tu sais, ils aiment l’amour avec un grand A, alors juste une histoire de flirt je ne sais pas si ça va les réjouir… Pff, pas besoin d’eux pour ce coup-là ! Je t’ai toi et toi et moi allons faire une équipe de choc !
Il est vrai qu’après réflexion je ne suis pas certaine que les enfants d’Aphrodite m’aident sur ce coup. Généralement ils aiment les belles histoires d’amour, les sentiments forts et passionnés… Mais j’ai des sentiments forts et passionnés ! Pour quelqu’un que je ne connais pas personnellement, certes, mais l’amour est plus fort que ça ! Après tout, c’est ce que les films nous montrent ! L’amour au premier regard, le coup de foudre ! J’adore ces films, parce que je suis dedans, je pleure avec le personnage, je pleure pour le personnage, je crie avec lui, je rage pour lui, je saute de joie quand il le faut et je renverse bien généralement le pop-corn. Mais c’est un sacrifice que je suis prête à faire. Regarder un film avec moi n’est pas de tout repos, mais je sais choisir mes compagnons de visionnage avec soin. Généralement d’ailleurs, ce sont des Aphrodite, parce qu’ils sont tout aussi passionnés que moi et ont envie que l’amour triomphe ! Mais le mieux, c’est après le film, quand on en discute, quand on passe des heures à se remémorer les scènes les plus déchirantes alors qu’on vient de les voir, quand on bataille pour déterminer qui était le meilleur partenaire, quand on revit les scènes et qu’on les pousse plus loin, quand on imagine le futur… Oh ce que j’aime ces séances cinéma. Mais bref, mon point était surtout que je ne pense pas que les demi-dieux du bungalow 10 me prêtent main forte pour une histoire de crush ou d’envie, mais ce n’est pas grave ! Je ne vais pas me laisser abattre si facilement ! Je n’ai besoin que d’une partenaire et ce sera Anthea ! Ce que je lui explique d’ailleurs. Et je vois dans ses yeux que j’ai dû la paumer quelque part parce qu’elle s’arrête soudain et son regard se voile. Allez Anthea, faut repartir maintenant ! On redémarre ! Anthea ? Je me force à rester calme et ne pas la secouer dans tous les sens, attendant simplement que sa pensée se clarifie lorsqu’elle reprend mes paroles. Et soudain son regard se rallume et brille d’une fantastique lueur, ah voilà je retrouve ma guerrière préférée ! Mais halte… que dit-elle ? À peine a-t-elle achevé sa phrase qu’un petit cri de joie m’échappe.
— Oh ouiiii ! Ce serait fantastique ! Oooooh oh oh Anthea tu serais le bad cop et moi je serai le good cop mais version romantique ! Ou version conte, à la réflexion… Toi tu le pourfendes tel un vil dragon et moi… Non, non, non, non mauvaise image. Je recommence ! Toi tu es le dragon et tu vas attaquer le beau chevalier, et puisque tu es un dragon particulièrement puissant tu vas l’abattre – mais pas trop hein, s’il s’évanouit j’arriverai à rien derrière… tu penses qu’un fantôme peut s’évanouir ? – et ensuite moi, la merveilleuse princesse, je débarque et je l’aide à se relever ! Quoique… Si on prend ce scenario, c’est plutôt lui la princesse, non ? Hm. Si, bon attends cette fois c’est la bonne ! Tu es le dragon et tu vas attaquer la princesse en danger, tu la vaincs, et LÀ j’arrive, tel un vaillant chevalier sans fidèle destrier, et je sauve la princesse ! C’est bien comme ça ? Oui, je trouve ça convainquant. Mais bien sûr, tu es en fait un gentil dragon qui se bat pour la justice et… bah, moi, vu que je suis ta super amie ! Et je t’en serai éternellement reconnaissante évidemment ! Et si tu veux que je t’aide à attirer quelqu’un je serai évidemment présente pour faire le bad cop – le dragon quoi.
Oh oui ce plan est fabuleux ! J’ai tellement hâte de le mettre en œuvre ! Et j’ai surtout très très très trèèèèèès hâte de découvrir si je peux toucher Achille… et de l’aider à se relever… tenir sa main… et oh son regard dans le mien… Un véritable film !
Je me rends compte que j’ai peut-être parlé trop fort – encore – et adresse un nouveau regard désolé aux personnes qui nous entourent. Sauf que rapidement j’aperçois Tyrone… et le volume de ma voix augmente à nouveau. Qu’est-ce qu’il est beau… Je me tourne vers Anthea à sa remarque et lui adresse un sourire lumineux.
—Tu voudrais que je t’en fasse une ? Écrite ou orale ? Parce que figure-toi qu’elle s’est allongée aujourd’hui ! Bon, je ne les connais pas encore bien, mais j’ai aperçu des nouveaux hmm très alléchants.
Anthea est ensuite appelée pour chanter et je souris en l’entendant. Je m’attendais à ce genre de couplet mais j’apprécie la musique en elle-même et les paroles sont bien trouvées. Quand elle revient et me demande de juger sa prestation je suis honnête, ce à quoi elle me répond qu’elle n’aurait pas dû arrêter de fumer… Dois-je lui parler de l’odeur qu’elle a parfois ? Je ne sais pas si c’est judicieux, j’imagine que si elle ne m’en parle pas c’est qu’elle a une bonne raison, dans ce cas ce serait sans doute gênant de le lui faire remarquer. Je me contente donc de sourire comme si de rien n’était, le regard illuminé par son idée.
— Oh mais oui ! Et tout le monde se tairait dans l’amphi pour t’entendre… et mieux ! Personne ne t’interromprait quand tu parles ! j’ajoute avec un regard en direction des rabat-joie à côté de nous.
Lizzie passe alors sur la scène et me nomme comme prochaine chanteuse ! Je souris simplement aux paroles d’encouragement d’Anthea avant de rejoindre la scène. En effet, des confettis volent toujours dans l’air, beaucoup moins nombreux que tout à l’heure, mais ça fait son effet. J’aurais préféré que ce soit des confettis à paillettes mais c’est déjà bien ! Je souris à Tyrone en le rejoignant, il faut toujours lui sourire, il le mérite ! Je me tourne ensuite vers la foule et souris pour chanter.

De Phème je suis l’enfant
Ma voix porte dans le vent
Elle ne m’a jamais répondu pourtant
Mais qu’importe car pour le moment
Ma seule famille est celle que je regarde à présent


Je n’ai aucune difficulté à me faire entendre de tous, c’est une petite spécificité qui me vient de ma mère. Et je sais que je chante bien, donc c’est déjà ça, je ne leur ai pas cassé les oreilles et surtout j’ai bien pensé à chanter en anglais ! Pourtant j’ai bien failli oublier de changer de langue au début… une chance que mon cerveau de dernière seconde se soit réveillé ! Je n’ai jamais rencontré Phème, je n’ai pas menti, je ne sais pas vraiment si elle m’a déjà entendue mais sans réponse de sa part c’est tout comme, de toute façon, ça n’a pas d’importance à mes yeux. Je ressens des émotions neutres à son sujet, je n’ai rien contre elle mais je ne l’aime pas non plus. Je cherche rapidement qui je pourrais désigner ensuite…
— Vaast ! (Morgan_Chase)
Il est revenu ! Enfin ! J’ai tellement de choses à lui raconter ! Et je me rends soudain compte que j’ai crié son nom à voix haute… donc c’est à lui de chanter… Oups. Oh, de toute manière il a l’habitude ! Je sautille en descendant de la scène pour rejoindre Anthea.
— Tu as vu ?! Vaast est rentré ! Je ne savais pas qu’il arriverait maintenant ! Il va avoir du boulot, il y a eu pas mal de nouveaux et je crois que beaucoup ont un parent divin sans bungalow !
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