Disclaimer
Cette fiche parle de maladies telle que l'anorexie, elle parle également de drogues, d'alcool, de soirées, de viol et de suicide. Personnes sensibles s'abstenir. Il y a également quelques passages à caractères explicites.
☽ La nuit coule dans mes veines.
Noire et glacée. Scintillante et étoilée. ☾
- Blue.
☽ Qui-es tu, chère Blue? ☾
Quoi? Pardon? Vous m'avez posé une question?
Ah... Qui je suis?
Parmi tous les mots de l'univers, parmi toutes les lettres qu'on assemble pour former des phrases, pour former des anastrophes spectaculaires, raffinées, écrire des textes avec de la ponctuation, des points-virgules, des points d'exclamation et d'interrogations, vous me demandez qui je suis? Vous pourriez dire des choses plus belles, des choses qui ont réellement de l'importance, et vous me posez cette question? Il existe une multitude de personnes dans cet univers, sur cette Terre et ailleurs, très certainement, et c'est à moi, à moi, la personne qui n'a pas d'identité, que vous avez choisi de poser cette stupide question?
Vous vous attendiez quoi? Que je vous dévoile tout ce qu'il y à savoir sur moi, sur ma vie et mon passé?
Je ne suis personne, je n'ai jamais été quelqu'un. Je suis juste Brume, juste Vagabonde.
Ou Blue.
Appeler moi juste Blue. Et s'il vous plaît, faîtes ce que vous avez toujours fait, ignorez moi.
☽ Un fragment de mon cœur, un fragment de mon histoire ☾
Quand on y réfléchit, c'est horriblement cruel. Il y a mille et une façon de mourir, mais une seule de vivre.. On te laisse le choix de comment tu vas quitter tes proches, mais on ne te laisse pas le choix de ton nom, si tu veux naître. Tu nais, même si tu n'en a pas envie. Tu n'as pas le choix. On ne te laisse pas le choix. L'Embryon dans le ventre de sa mère ne décide pas s'il veut naître, s'il veut vivre. On l'oblige, le force, on l’astreint à prendre une bouffée d'air afin de démarrer un long cycle jusqu'à la mort pour ensuite choisir comment il va mourir.
Un jour, je suis née et je n'ai pas eu le choix. Est ce qu'une seule seconde, j'ai décidé de la manière dont j'allais vivre, est ce que j'ai eu ce choix? Est ce que j'ai eu le choix de la manière dont j'allais être aimé?
Comme un oiseau, on l'enferme sans son consentement dans cette cage de métal alors qu'il aimerait voler, planer seul sans qu'on ne l'attrape et qu'il ne puisse plus être libre de faire ce que bon lui semble.
Si j'avais eu mon libre-arbitre, est ce que j'aurais fait les choses différemment?
Dès la naissance, les gens comme moi se retrouvent avec une étiquette collée sur le front, qu'ils le veuillent ou non, c'est comme ça, c'est contre leur volonté.
Quelle était la mienne? Celui de la fille abandonnée par ses parents? De l'orpheline étrange vivant dans la rue?
On connaît toute l'histoire de l'enfant abandonné, qui retrouve ses parents plus tard, lors de son adolescence et oh, miracle, ils forment une merveilleuse famille, car ils leur pardonnent de l'avoir laissé dans un combat perpétuel du bien contre le mal dans sa tête, ils leur pardonnent de ne pas l'avoir vu grandir. Mais ce que l'on ne vous dit pas, c'est que l'enfant rêve juste, il ne retrouve jamais ses parents, il finit par se droguer lors de soirées, jusqu'à faire des overdoses, et un jour, il ne se réveille pas. Il ne se réveillera plus jamais. Fin de l'histoire.
Un jour, j'ai lu un livre. Pas d'inquiétude, cette discussion nous mènera à ce que vous voulez le plus savoir sur moi, mes moindres petits défauts, mes faiblesses, mes vices cachés. Donc, je disais : un jour, j'ai lu un livre. Ce fut le premier et certainement le dernier livre que je lirais. Pas que je n'aime pas les mots, bien au contraire, j'aime ça, j'aime les mots, ces ensembles de lettres porteurs d'émotions, qui nous touchent, nous rendent amoureux.
Nous détruisent, nous assiègent, nous font souffrir, nous abattent, nous anéantissent. Nous tuent.
Ce livre -cet ensemble de pages composés de mots, de phrases et de ponctuations- parlait d'un jeune homme prénommé Dave, qui cherchaient ses parents, ses vrais parents. Il les chercha la moitié de sa vie, il paya une blinde pour que l'on lui fasse faire un test d'ADN, pour trouver ses géniteurs, et puis un jour, il les trouva. Au final, ces parents n’étaient pas du tout le genre de personne auxquels il s'attendait. Ils étaient bien plus gentils que ce qu'il n'aurait pu le croire, ils étaient même trop gentils pour des gens qui avaient abandonnés leur enfant, leur entrailles. Un bout d'eux. Je me souviens que ma professeur avait demandé à la classe ce que l'on en pensait. J'avais répondu que je n'aimais pas ce livre et elle avait tout de suite crue que je ne l'avais pas lu. Elle m'avait menacé de m'envoyer dans le bureau du directeur, mais avant qu'elle ne le fasse, j'ai murmuré :
- Je n'aime pas cette histoire. C'est de la m*rde. Dave retrouves ses parents.
C'est une fin trop heureuse, trop fausse, trop mensongère. Parce que d'où je viens, les parents, on ne les retrouvent jamais. Quand ils nous abandonnent, on les retrouvent plus, ils disparaissent à jamais de nos minables vies de gamins de deux ans.
À cette époque, je vivais encore sous un toit. J'étais jeune, fourbe et maline, mais j'avais une maison ou m’abriter, le soir.
Pour ceux qui se demandent, j'habitais dans un orphelinat. Alors oui, tu en as tiré la bonne conclusion. J'avais été abandonné, mais franchement, qui ne l'avait pas compris?
J'ai été recueillie dans l'orphelinat à mes deux ans, on m'a déposé dans la rue, et quand quelqu'un m'a trouvé, il m'a emmené dans ce p*tain d'endroit de m*rde. Je n'ai jamais compris l'intention de mes géniteurs. Pourquoi est ce qu'ils m'avaient abandonné? Qu'est-ce que je leur avais fait de si grave, au point qu'il ne veuillent plus de moi?
Mes profs ne m'appréciaient guère pas trop, à cette époque, en réalité, je m'en foutais bien, ça ne changeait pas de l'orphelinat, ou j'étais reniée, détester par tous les autres enfants. Personne ne voulait entendre parler de moi et je ne savais même pas pourquoi. Mais en vrai, je m'en foutais, qu'est ce que ça allait changer à ma vie, après tout, hein?
Je n'avais pas d'amis, j'étais seule, je me battais souvent avec les autres enfants de mon âge, parfois bien plus âgés que moi. C'est certainement ce qui m'a valu d'être au centre des discussions et des ragots, que ce sois à l'école ou à la "maison". La première fois que je me suis battu, j'avais 7ans. Et c'était contre cette brute idiote de mon orphelinat du nom de Steve.
Apparemment, il n'y avait pas de raison particulière au fait que je l'ai mordu, enfin, ça, c'est ce que disaient les "adultes responsables" parce que moi, je me souviens très bien de son "espèce d'erreur de la nature, tellement horrible que tes parents, on été obligés de te laisser seule dans la rue, avant que tu n'atterrisses ici.", murmuré avec cette haine dans sa voix de gamin boutonneux pré-pubère de 14 ans. Je ne savais pas pourquoi il m'insultait ainsi, ce que je lui avais fait pour qu'il me déteste autant, j'étais juste une fille qui ne causait pas énormément, pendant cette période-là. Je lui alors juste donné un coup de pied sur le tibia, et je l'ai mordu au bras, jusqu'au sang. Puis j'ai fui, les larmes aux yeux.
Mais malheureusement, ça ne s'est pas terminé comme je l'avais prévu, comme je l'aurais voulu. Parce que moi, la fin que j'aurais voulu pour cette histoire, c'était qu'il se fasse punir, qu'il paie pour ce qu'il m'avait dit, parce qu'il m'avait fait pleurer, et que la larme d'une fille sont des diamants qui sont précieux, même si peu de personne le comprennent. Mais à la place qu'il soit puni, c'est moi qui l'ai été. J'ai dû être privée de dessert pendant deux mois. Le dessert n'était pas un problème, je mangeais peu, ce qui était un problème, c'est le fait qu'à l'école, Steve à lancer des rumeurs sur moi. Qui aurait cru que même à 7 ans, les gens seraient mesquins, mauvais et manipulateur avec moi? À partir de ce moment là, les élèves de la classe de Steve ont eu l'envie de me jeter des cailloux, pendant les récréations, ils ont décidé de me frapper, dans la ruelle sombre, quand je revenais de l'école. Mais je ne me laissait pas faire. Je crachais, je me défendais, je donnais des coups de pieds et je mordais. Oui, j'étais vraiment une sauvage comme le disent certaines personnes. Et puis j'ai grandis, mon caractère s'est affirmé, malgré le fait que je sois encore toute petite et maigre, les gens me faisaient toujours mal. Mentalement et physiquement. Alors j'ai appris à érigé un mur entre eux et moi, un mur invisible, quand il le fallait, avec les personnes qui n'étaient pas gentilles, pas clémentes. Puis j'ai commencé à regarder des films d'action, des films ou les gens se battent, histoire de comprendre comment il fallait que je me défende. Les adultes me demandaient souvent pourquoi je regardais ce genre de films, pourquoi est ce que j'étais si froide, si distante avec les enfants de mon âge.
- Les gens n'en valent pas la peine. Ils méritent ni mes sourires, ni mes larmes.
J'ai observé le regard choqué de mon "tuteur" qui s’appelait Eric avant d'hausser les épaules nonchalamment. Je savais déjà ce qu'il allait me dire bien avant qu'il ne prononce ces mots. Une phrase bateau, une phrase qui te donne envie de croire que la vie vaux la peine de se battre contre des imbéciles de première. Par malheur, je ne crois pas aux phrases de ce genre, sinon je ne serais pas ici, pas vrai, hein? Puis les mots ont franchi la ligne invisible entre ses lèvres et le monde. Je le savais, je savais ce qu'il allait me dire : "Tu peux m'en parler tu sais."
Du haut de mes dix ans, j'ai levé les yeux au ciel. Ce n'est pas parce que j'étais jeune que j'étais dupe. Généralement, quand les gens se confient, c'est parce qu'ils en ont envie. Mais ce n'était pas mon ça. Je me dérouillais bien seule, jamais bien ma petite bulle dans laquelle je me trouvais. Une bulle qui me servait à me ficher des autres.
Mo tuteur avait réellement envie de m'écouter me confier à lui. Je le voyais. Il en mourrait d'envie. Alors qu'il n'y avait aucun avantage pour lui. Comme si ça l’intéressait vraiment, connaitre la raison du pourquoi je rentrais blessée le soir, couvertes de bleus, connaitre la raison du pourquoi les gens me détestaient. Et pour obtenir ce que je voulais, il fallait donc que je lui explique ce qu'il se passait en dehors de l'orphelinat.
- D'accord. Mais pour que je te parles, il me faut quelques chose en retour.
- Serait-ce du chantage?
- Oui. Tu veux que je me confies à toi, oui ou non?
- Est ce que je dois te rappeler qui est l'adulte, ici?
- C'est surement pas toi, en tout cas. Car tu n'es pas le propriétaire de l'orphelinat, je te rappelles. Tu es peut-être plus vieux que moi et est donc devenu un adulte, mais au fond, tu n'en ai pas un. Alors?
- Qu'est ce que tu veux en échange?
- Que tu m'inscrives à la boxe.
- LA BOXE? Mais pour quoi faire?
- Parce que. Alors? Adjugé vendu?
- Ok, ok. Je vais voir ce que je peux faire.
- Il parait qu'elle fait de la boxe, tu le savais toi?
J'ai jeté un regard haineux aux deux garçons parlant de moi dans la cours de la récrée, ce n'étais pas parce que je ne parlais pas beaucoup que je ne les entendais pas.
- "Elle" à des oreilles et "elle" risque de s'énerver. Alors vous feriez mieux de changer de sujet de conversation, bande de crétins. Je me suis levée de mon banc, ou j'étais tranquillement assise seule, pour me diriger à l'opposé de ces espèces d'opossums ignobles. Dans un sens, ils avaient raison, je faisais bien de la boxe. Et je me débrouillais bien. En plus de ça, j'avais un soutien psychologique dans l'orphelinat, qui m'accompagnais souvent à mes cours de boxe. Ou je pouvais me défouler, ou je pouvais être une fille qui se battait pour redevenir une fille normale.
Okay, je mentais peut-être un petit peu quand je devais parler de mes problèmes à ce "soutien" psychologique ( qui était mon tuteur légal) voire même pratiquement tout le temps. Et je ne précisais pas certaines choses, comme le fait que je me battais plus souvent qu'il ne le pensait. Mais il essayait de régler les problèmes du mieux qu'il pouvait. Moi, je m'en fichais un peu, voir même beaucoup.
J'essayais de devenir une fille normale, j'essayais aussi de calmer le fait que j'étais souvent en colère contre les enfants de mon âge, ceux qui se moquaient ouvertement de moi à cause d'une rumeur lancée quatre ans plus tôt -celle de "l'orpheline complètement tarée"-. J'étais plus ouverte aux discussions. Mais même malgré mes efforts, les gens continuaient de me détester, alors qu'ils ne me connaissaient pas.
Et puis, il y avait aussi de plus en plus de personnes se rendant dans l'orphelinat pour adopter certains de mes camarades de chambres. Alors au fils des mois, je vis les personnes avec lesquelles j'avais vécu disparaître un à un de ma chambre. Jusqu'à finir seule. Comme toujours. Sauf que cette fois, ce n'était pas la même solitude. C'était pesant, très pesant. Et seul certaines personnes savent comment la solitude peut détruire un mental. Moi, moi, je le sais. D'abord, vous essayer d'être positif ''ce n'est pas grave, il y en aura d'autres.. Tu te trouveras d'autres amis bien plus sympa." mais personne ne revient vers toi, car ta réputation t'a complètement bouffé, jusqu'à ne plus laisser que celle qu'on veut te faire croire que tu es. Alors tu te poses des questions sur celle que tu es réellement. La c*tin au coin de la rue? La dépressive suicidaire? Ou comme moi, l'orpheline reniée? Mais je vais te dire quelques chose, tu es celle que tu choisis de devenir, pas celle que les autres veulent que tu sois. Alors s'ils ne t'aiment pas, ce n'est pas grave, sois en heureuse. Tu n'es pas un mouton parmi tant d'autres au moins, tu n'es peut-être pas non plus la pom-pom girl populaire que tout le monde veux être, ni même le garçon beau-gosse, mais tu es toi. Et ça, c'est la plus belle des choses. Même si parfois, comme moi, tu en doutes.
Alors deux mois plus tard, alors que je venais d'avoir onze ans, deux personnes virent pour moi. Pour moi.
Ils voulaient m'adopter. C'était un couple de la quarantaine d'années. Aux premiers abords, ils semblaient tout gentil, tout mignon ce qui était tout mon contraire. Ça faisait bizarre de se dire qu'ils deviendraient bientôt mes -sois disant- "parents". Je ne voulais pas d'eux, je ne voulais pas qu'ils m'arrachent à ma maison, celle ou j'habitais depuis que j'étais toute petite. Et pourtant, ils l'ont fait. Eric m'a abandonné. Il m'a abandonné, en me promettant que je serais mieux dans leur maison. Loin de ma réputation, loin de mes problèmes. Il ne pouvait pas me faire ça, il n'en avait pas le droit!
Voilà que je n'étais plus cette jeune fille qui étais orpheline, j'avais désormais enfin un foyer, une vraie maison, mais contre son gré. On m'a obligé à les suivre dans leur voiture, mes valises à la main, alors que je ne les connaissais pas, ils me faisaient peur, à prétendre que j'étais leur fille, que je ressemblais à leur fille. On m'a obligé. Est ce que si j'avais eu le choix, j'aurais fait les choses différemment? Sur le coup, je pense que oui, mais quand on y repense, si je suis là aujourd'hui, c'est parce que j'ai vécu tout ça, ainsi que parce que j'en ai énormément souffert. Quand j'ai grimpé dans cette voiture, que l'on m'y a faite entrer de force, pendant que je me débattais, j'hurlais qu'Eric ne pouvait pas me faire ça, que je voulais rester avec lui. Pendant que je leur disais qu'ils devaient me lâcher, qu'ils n'avaient pas le droit de m'emmener loin de ma vraie maison, qui était mon orphelinat.
- Arrêtes de résister, nous te promettons que tu seras mieux chez nous, dans ta chambre Maria.
- Je ne m'appelle pas Maria! Vous n'avez pas le droit de me changer de nom!
- Maria...
- C'EST PAS MON NOM!
Les sanglots secouaient si fort mon corps que j'en tremblais de la tête aux pieds. Je murmurais que je ne voulais pas qu'on m'emmène. Qu'ils n'en avaient pas le droit, que c'était interdit de me forcer. Mais ça, ils s'en foutaient. Tout ce qu'ils voulaient, c'était leur petit paradis, avec moi. Sauf que j'avais l'impression de vivre un enfer. J'étais brusquée, blessée et faible psychologiquement.
Les quatre heures de route passèrent lentement. Ils me posaient des questions sur moi, sur ce que je voulais dans ma chambre. Comme je l'ai déjà dit, je n'étais pas dupe, et je comprenais que tout ce qu'ils faisaient pour moi, c'était dans le but de m'amadouer, de me donner envie de rester avec eux. Lorsqu'ils me posaient des questions, je ne leur répondais pas, je les ignorais.
- Pourquoi tu ne parles pas, ma chérie?
- JE SUIS PAS VOTRE CHÉRIE. VOUS ÊTES VIEUX, VOUS M'AVEZ FORCER A VOUS SUIVRE, MAIS JE SUIS PAS UN CHIEN. JE VOUS DÉTESTE ! ET JE M'APPELLES PAS MARIA !
- On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour t'aider à accepter la séparation, tu sais. S'il te plaît, parles nous..
- Eric aussi m'avait demander de lui parler et résultat, il m'a abandonné pour me laisser avec...Vous. Et vous, je vous déteste. C'était vrai, je les détestais, et vraiment, ils me donnaient envie de vomir à croire que j'allais accepter d'être séparée de la seul personne qui était proche de moi sans y être prévenue à l'avance. Alors tout le long du voyage, j'ai regardé le paysage défilé devant mes yeux, j'ai compté le nombre d'arbres qui se trouvais sur le côté, et j'ai sangloté. J'ai sangloté encore et encore, pratiquement tout le temps.
Les larmes coulant le long de mes joues pendant quatre longues heures. Je réalisais que finalement, j'étais attaché à mon ancienne vie, que j'étais attaché à ma réputation. C'est quand on perd quelques choses que l'on se rends compte qu'on tenait vraiment à lui, n'est ce pas?
Une fois que nous sommes arrivé devant leur maison de bourge, ils me forcèrent à nouveau pour que je sorte de leur voiture. Moi, je voulais qu'il fasse demi-tour, qu'ils me ramènent chez moi. Car je ne voulais pas avoir de parents, j'étais très bien seule. Je m'étais habituée à la solitude, faisant d'elle une amie proche. Mon amie la plus proche. Et j'abandonnais aussi la boxe en étant avec eux. Évidemment, je fus bien obligée de sortir, car la faim commençait à se ressentir. Et mes "parents adoptifs" devaient forcément avoir de la nourriture dans leur réfrigérateur.
Donc je suis descendue du siège pour poser un pied au sol, puis le deuxième pour finalement être complètement sortie. C'était une très, très grande maison de riche. Comparé à l'orphelinat, c'était une maison propre et ça, même en extérieur.
- Ça te plait?
Comme seule réponse, ils ont reçu un regard de travers tandis que mes pieds avançaient vers la porte d'entrée. Quand mes mains s'attardèrent sur la poignée, mes pieds firent des pas pour se diriger à l’intérieur de leur somptueuse baraque.
Il fallait se l'avouer, elle était vraiment jolie. Et comme je m'y attendais, c'était bien des riches, qui avaient décidés de m' "adopter", de m'arracher à ma vie de gamine bagarreuse ayant une mauvaise réputation.
Sans que je n'ai à parler, ils m'ont montré où j'allais dormir, mon repère secret entre autres ma chambre.
J'ai pas mis longtemps à m'habituer à ma nouvelle vie, je restais tous les jours dan ma chambre, en attendant patiemment quelques choses. Mais quoi? Je pense surtout que la question à poser est plutôt "qui?". Eric. Ce traître m'avait abandonné, il n'avait même pas essayé de m'aider.
Je ne descendais pas manger, ce qui faisait qu'ils m'apportaient le plateau repas devants ma porte, et s'ils osaient entrer, un oreiller leur atterrissait à la gu*ule. Donc, au bout du vingtième jour, ils ne rentraient plus du tout. Ils me parlaient derrière la porte de ma chambre et quand je sortais de celle-ci. Souvent, les plateaux repas qu'ils m'emmenaient n'étais même pas touché. J'avais faim au départ, mais après... Après, je m'y suis habituée, je suppose... Plus j'y pensais, plus je me disait "si je n'ai pas besoin de déjeuner, peut-être que je pourrais me passer de dîner, de petit-déjeuner..." et puis.. C'était comme un défi pour moi, vous savez, combien de temps je pouvais passer sans rien avaler, combien de kilo, j'étais capable de perdre en peu de temps.
J'aurais pu vous rejoindre plus tôt, sauf que j'ai été hospitalisée avant. On m'a diagnostiqué anorexique. J'étais jeune, et je sais bien que j'étais un cas rare, car les jeunes filles d'onze ans ne peuvent pas l'être, elles n'ont pas conscience de ce qu'est réellement l'anorexie. Quand j'ai appris que j'étais malade, j'étais pas vraiment consciente moi non plus. J'étais pas consciente que ce que je faisais était maladif, mortel même. Non, je voulais juste punir mes parents adoptifs parce qu'ils m'avaient arraché à mon chez-moi. Je voulais les punir, mais pas leur faire aussi mal, alors je me privais de dessert, comme on me l'avait déjà fait, puis je me suis privée d'entrée... Et je me suis privée de repas, tout simplement. Pour qu'ils comprennent que je ne voulais pas d'eux, que je les détestais. C'était comme un appel à l'aide, au fond de moi, bien enfoui dans mon cœur. C'était rien au départ, c'était rien...
Les premiers mois, c'est là que j'ai perdu le plus de poids, -mon estomac n'étant pas habitué à ça- malgré tout, ce n'était pas l'effet que je désirais. Mon corps n'était déjà pas vraiment charnu de nature, alors lorsque les kilos s'envolèrent comme un oiseau qui prend son envol, je n'osais plus me regarder dans un miroir. Cependant, je n’arrêtais pas. J'étais si près du but, si près de leur remise en question concernant mon état physique et mental.
Puis un jour, en sortant de ma douche, lorsque je m'habillais avec des vêtements dix fois trop grands, j'ai croisé mon propre regard dans la grande glace se trouvent devant moi. Je m'attendais à me trouver horrible, mais on contraire, j'étais belle. J'étais amaigrie, mais belle. Je me trouvais même magnifique. C'est à partir de ce jour-là, que ça à virer au cauchemar. Parce que je m'assumais, parce que je trouvais que je serais encore plus jolie, avec un, deux, cinq kilos en moins. Alors je faisais tout pour perdre ses kilos en "trop" : du sport, je me sous-alimentais moi-même, j'allais jusqu'à me faire vomir. Je sais bien que si je l'avais fait pendant les cours, j'aurais été critiquée à nouveau, et donc heureusement que c'était pendant les vacances. Ensuite, lorsque j'ai atteint les trente-six kilos pour mes 1m66, mes os ne pouvaient plus tenir, alors je m’effondrais, et je tentais de me relever. Au fond, je ne me suis jamais relevée.
Je me souviens de cette fois, j'étais sortie de ma chambre, ce qui était assez rare. Je descendis les marches, m'agrippant à la rampe de l'escalier comme si ma vie en dépendait, et je suis descendu, marche par marche. En faisant une pause entre chaque. J'ai entendu la femme pousser un cri de terreur en voyant ce que j'étais devenue. Ce que je m'étais affligé à moi-même. Malgré tout, elle n'aborda pas le sujet avec moi, du moins, pas avant que nous ne soyons à table. Tous les deux, ils m'ont observé longuement. Ils avaient de la peine, je ne les comprenais pas, j'étais resplendissante.
- Pourquoi est ce que tu fais ça? Pourquoi? Elle m'avait demandé ceci avec tant de peine...
- Je suis belle... Je suis belle.
- Il faut que tu manges.
- Je n'ai pas faim.
- Tu n'as jamais faim, en ce moment, mais il le faut, ce n'est pas bon pour toi. Mange.
- Avant, je n'étais pas belle, mais maintenant, je le suis...
- Tu as toujours été belle, mais c'est mauvais pour toi. Il faut que tu manges, je te le répète.. S'il te plaît.
Ma main s'était attardée dans mon assiette, pour prendre une frite, une minuscule frite, que j'ai mise dans ma bouche avant de mâcher difficilement. J'entendais ma raison me dire d'en prendre une autre, mais je ne le fis pas. Je ne voulais pas grossir, je ne voulais pas redevenir celle que j'étais, avant ma maladie.
- À partir de maintenant, promets moi de ne pas te faire vomir, et je ne veux pas non plus que tu restes dans ta chambre lors des repas. Tu mangeras, et avec nous. Nous n'en discuterons pas, c'est une obligation.
J'allais riposter que je ne pouvais pas, car tout ce qui se trouvait sur cette table me donnait envie de vomir, mais je ne le fis pas. Au lieu de ça, j'ai quitté la table calmement. Pour aller me voir dans mon miroir.
Ma peau collait à mes os, faisant apparaître tous les formes de mon corps et ses ombres me rendant cadavérique, mais je me laissais consumer par la maladie, et je ne me voyais pas encore assez maigre. Je m'en suis rendue compte bien vite, mais le miroir est l'ennemi commun de chacun. Pendant les repas le soir, ils me forçaient à manger, mais au bout d'un moment, j'ai appris à mentir. Il me suffisait de leur faire croire que je mangeais pendant que je leur changeais les idées, je coupais mes aliments, pour faire comme s'il restait simplement des restes. Ils souriaient pendant les repas, comme s'ils étaient fiers que je me sois reprise en main. En réalité, cela ne changeait en rien la situation, parce qu'aucun aliment n’atterrissait réellement dans ma bouche.
C'est rester ainsi jusqu'à mes 14 ans, cette obsession de la beauté, de mon poids, de ne pas vouloir manger. Ma masse corporelle est restée la même durant deux ans, même quand je grandissais.
Je comprenais pourtant bien que la situation était grave, mais mon miroir absorbait toutes mes autres pensées. Je m'en fichais bien des gens qui essayait d'être mes amis au collège. Je me fichais de ne pas avoir d'amies. Ne pas manger occupait toutes mes pensées.
Malheureusement, un jour, je suis tombée.
C'était vraiment étrange, j'avais l'impression que tous mes os venaient de céder, qu'ils avaient troué ma peau.
Évidemment, j'avais mal, une horrible douleur me tailladait le dos, le ventre. Mon estomac me brassait et à peine quelques secondes plus tard, je vomissais le peu d'aliment que j'avais ingurgité sur le sol.
Tout autour de moi semblait flou, comme si j'étais plongée dans le temps, sans rien pouvoir y faire. Mes paupières étaient lourdes, et le goût du sang chaud et métallique emplissait ma bouche petit à petit.
C'était un lundi, cette journée-là, et tous les lundis, je débutais les cours avec du sport, généralement, le prof me demandais juste de faire un tour de terrain, et il en donnait cinq aux autres.
J'ai couru et je suis tombée. Mais cette fois, je n'ai pas réussi à me relever, même physiquement. Au lieu de ça, j'ai commencé à saigner de la bouche, et j'avais mal, ce fut la pire des sensation que je puisse ressentir un jour.
Et ensuite, je me suis endormie, contre ma propre volonté, entendant le bruit de l'ambulance au loin, criant et résonnant dans mes oreilles d'un son assourdissant.
J'étais loin de me douter que je ne me réveillerai seulement un an plus tard.
C'est ainsi que je suis passée de la fille bagarreuse à l'anorexique.
☽ Flashback ☾
☽ Point de vue by sa mère adoptive ☾
- Tu sais, il y a en tout environ 7 milliards de personnes sur cette Terre, notre Terre. Tu te rends compte, ma chérie? 7 milliards, c'est beaucoup, tu ne trouves pas, hein?
Parmi tous ces gens, il y plus de 153 millions d'enfants orphelins. Là encore, c'est beaucoup, beaucoup trop pour des pauvres enfants, des enfants comme tu l'étais. Parce qu'avant tu en faisais partie.
Et quand nous sommes arrivé dans ta vie, tu semblais vraiment attaché à ton ancienne vie, ton orphelinat, tes amis, je me souviendrais toujours de ce regard que tu as lancé à ton tuteur, la journée ou nous t'avons adopté. Ce genre de regard qui signifiait par-dessus tout : "Ne les laisse pas m'emmener. S'il te plaît.", ce genre de regards tellement désespéré, tellement suppliant qu'il t'en ferait changer d'avis. Eric nous avait pourtant bien expliqué que tu refuserais de partir, il savait que ton orphelinat était la seule chose à laquelle tu apportais de l’intérêt même malgré que tu en ai toujours bavé. Mais nous tout ce qu'on voulait, c'était ton bonheur, mon ange, juste ton bonheur.
On ne souhaitait pas ce qu'il t'arrive, aucuns parents ne peut le souhaiter à son enfant. Tu fais parti de notre famille, tu es ma fille, tu es notre fille. Notre unique raison sur cette Terre. On t'a choisi toi, toi notre petite sauvageonne qui souffre. Notre petit monstre qui nous déteste moins qu'elle ne le souhaiterais, alors qu'on aurait pu choisir une autre petite fille, bien plus sage, une fillette modèle. Mais le destin nous a réuni, nous.
Est ce que tu es au courant que ton père à quitté son travail, pour pouvoir rester avec toi, tous les jours? Il vient tous les jours, il s’assoit à côté de toi, juste là. Puis il te parle, parfois, il te raconte même des histoires. Ça peu durer des heures, parfois même des nuits entières. Tu es son bébé, son enfant, il s'en veut de ne pas avoir été là pour toi quand tu allais mal, il s'en veut énormément, parce qu'il pense que c'est de notre faute.
C'est un bon père. Il pourrait laisser sa vie pour toi, pour que tu sois heureuse et en bonne santé.
Et puis... Tu lui ressembles tellement. C'était ton portrait craché, notre Maria. Je suis sûre qu'elle t'aurais plu, que tu lui aurais plu. C'est pourquoi nous tenons tant à toi. Parce qu'on ne veut pas refaire la même erreur avec toi. C'est impossible. On ne peux pas te laisser partir comme elle l'a fait. La pire sensation que peut ressentir un parent, c'est de perdre son enfant à tout jamais.
Mais, si tu décides de partir, que c'est trop pour toi ici, j'accepte ta décision. Tu peux partir, si tu en ressens le besoin, si tu décides de te laisser mourir, nous n'avons rien contre ça. On comprend ce que tu traverses, on ne t'en veut pas de vouloir tout arrêter. Tu n'as pas à vivre constamment dans la souffrance, dans l'angoisse, dans la haine. Tu n'es qu'une enfant, les enfants n'ont pas à porter toutes les peines du monde sur les épaules, tu comprends? On est là pour toi, on ne te lâchera pas, on ne te détestera pas, quoi que tu décides de faire. Quoi que tu fasses, tu seras toujours notre fille, que tu décides de rester, ou de partir, nous t'aimerons toujours.
☽ I. ☾
J'ai fini par revenir. Un matin, je me suis réveillée.
Je me suis battu pour revenir, et ils se sont tout aussi battu pour que je revienne.
La première chose que j'ai vue, après mon réveil, c'était une nouvelle personne. Ce visage aux traits peu creusé, cette peau au teint de porcelaine, ces longs cheveux ondulés. Mais surtout ce corps pleins de vie, qui ne laissait transparaître que très peu mes os. Je n'eus le temps de contempler la nouvelle moi que quelques secondes, avant que les infirmiers ne remarquent mon réveil. L'horloge indiquait quatre heures seize du matin, de là le fait que mes "parents" ne soient pas présent à mes côtés.
...
Les quelques jours suivant mon réveil furent difficile pour moi, énormément de visites, beaucoup de questions à propos de ma santé mentale. Tout avait changé. Mes parents adoptifs n'avaient pas supporté le fait qu'ils risquaient de perdre leur deuxième fille, alors ils avaient enchaînés disputes sur disputes, des tensions apparurent, et ils décidèrent tout simplement de divorcer. Le moindre fait de se trouver dans la même pièce leur étaient compliqué, même en ma présence.
Eric m'avait rendu visite de nombreuses fois pour s'excuser. Car tout cela, c'était de sa faute. Si j'avais plongé dans ce gouffre, ce n'était uniquement que parce qu'il m'avait abandonné. Comme ils l'avaient tous fait auparavant. Mes géniteurs, mes camarades de chambre de l'orphelinat, mes amis de collège... Puis lui. Lui qui me promettait de ne jamais me laisser tomber, de toujours m'aider. J'avais besoin de lui, et il m'avait laissé à la garde de deux inconnus, sans m'en parler. C'était un monstre. Mais pourtant, je ne lui en voulais pas. Parfois même, je le comprenais. Il était déjà difficile pour moi de m'aimer, comment les gens pouvaient-ils le faire à ma place?
Je suis restée hospitalisée encore quelques mois, il fallait s'assurer que je puisse manger de moi-même, sans me faire vomir. Il fallait que je reprenne des forces, pour reprendre à marcher, me déplacer sans avoir besoin de quelqu'un pour me tenir la main. La rééducation fut très longue et très physique. J'avais certes pris du poids pendant cette année plongée de le coma, mais j'avais perdu toute capacité physique, allongée dans ce lit pendant si longtemps. Même parler m'étais devenu compliqué. J'avais failli y rester. La maladie m'avait complètement détruite. Elle m'avait détruite moi, et mon corps. Ma vie n'avait tenu qu'à un fil, un minuscule fil, plus solide que je ne l'aurais pensé. Tout aurait pu basculer. Je n'aurais pas souffert, pas plus que toutes ces années, depuis ma naissance.
En rentrant à la maison, je n'arrivais plus à regarder mes parents dans les yeux. Comment avais-je pu leur faire ça? Comment j'avais pu me laisser tomber si bas du goufre? Tellement bas que même si j'avais hurlé si fort que le sol en aurait tremblé, personne n'aurait pu m'entendre. Ils avaient essayé de m'aider, et le résultat était qu'ils avaient fini par perdre leur deuxième fille, ils avaient sacrifié leur vie de couple pour moi.
Je leur avais causé tant de chagrin, tant de peine. Ils n'avaient pas mérité tout cela. J'aurais aimé que rien de tout cela ne soit arrivé, j'aurais aimé ne pas avoir été laissé seule tout au long de ma vie? J'aurais aimé ne pas avoir été si dure avec eux, j'aurais aimé avoir une vie normale, sans l'anorexie, les problèmes auxquels j'ai dû faire face. J'aurais préféré même ne jamais naître.
C'est pourquoi j'ai décidé de partir, je venais juste d'avoir 15 ans. Je m'en foutais de devoir me battre à nouveau, a mains nues ou contre mes TCA, il fallait que je parte au plus vite, je ne pouvais pas rester ici. Ils me regardaient avec tant de pitié, tant de peine, je ne pouvais pas leur causer plus de tort en retombant. J'ai pris le maximum de chose que je pouvais fourrer dans mon sac, des vêtements de pluie, de l'argent volé dans le sac de ma mère et pendant la nuit, je suis parti en fuguant par ma fenêtre.
J'ai couru, même si c'était très compliqué à cause de mon maigre corps, j'ai couru, pour fuir cet endroit comme si ma vie en dépendait. Jusqu'à ce que la lumière du jour éclaire la route, que mes jambes ne me supportent plus. Je ne les ai plus jamais revus.
☽ II. ☾
Les premières semaines à vivre dehors ont étés très compliqués, que ce soit à cause du froid, du manque de nourriture ou de mon hygiène désastreuse. Il n'était pas rare que des passants me demandent pourquoi je me trouvais seule dans la rue, ou se trouvaient mes parents et surtout si je voulais qu'ils m'aident. Les autres, m'ignoraient, me marchaient dessus, rigolaient de moi. Après tout, je n'étais que cette "gamine vivant à la rue, qui dort sous les ponts". Chaque jour, je marchais un peu plus, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ne plus savoir réellement ou je me trouvais. Je ne voulais absolument pas que l'on me retrouve, je vagabondais de rues en rues toutes les nuits, pour trouver un endroit ou m'abriter, pour dormir. Ce n'était pas parfait, mais j'apprenais à me contenter de ce que j'avais. Je portais tous les jours des vêtements, que je lavais dans les laveries des villes ou je passais, du peu de nourriture que j'achetais dans les supermarchés, ou encore de la légère brise de vent en été, lorsque le ciel semblait vouloir m'étouffer. Je n'étais pas la plus heureuse, mais au moins, je n'appartenais à personne, à aucun homme, à aucune ville.
Certains jours, mon moral était au plus bas, je pleurais toute la journée, j'en vomissais, regrettant de ne pas être morte plus tôt. Les autres, je me sentais libre.
Je n'ai jamais été aussi libre que lorsque je vivais dans la rue. Je pouvais hurler, danser, me défouler, sans rien devoir à personne. Ces soirs-là, je ressentais comme une grande bouffée d'air frais après une crise d'angoisse. Car après tout, je vivais ma vie comme je le souhaitais. J'ai commencé à voler dans les supérettes, je ne sais pas vraiment quand j'ai commencé. Lorsque tu vis dans la rue, tu n'as plus vraiment la notion du temps, ce que je savais, c'est que j'avais passé au minimum deux saisons dehors? J'avais vu les fleurs fleurir, puis se faner peu à peu, et les pluies arriver. Je ne pensais plus à fuir, personne n'aurait pu me reconnaître ici, j'avais pris le bus tant de fois que même moi ne savais plus où je me trouvais. Honnêtement, je ne cherchais pas à le savoir, je vivais avec mon propre temps, et puis de toute façon, je n'en avais pas le choix. Je vivais à ma propre manière. Ca me rendait heureuse, c'était la première fois de toute ma vie où j'admettais me sentir bien dans ma solitude, je vivais comme une nomade. Chaque fois, j'observais un nouveau coucher de soleil, dans un nouvel endroit, et le lendemain, je repartais en marchant, avec mon sac déchiré, et mes cheveux si longs que j'avais dû les attachés. Sans m'en rendre compte, j'ai très vite atterri à Brooklyn. Ce n'était pas compliqué à comprendre, toutes les pancartes l'indiquaient. Je savais que je me trouvais à New York depuis longtemps, cette ville des lumières, tout le monde sait lorsqu'il se trouve à New York, les gens ici sont si différents.
Brooklyn était un très bel arrondissement de New York, les immeubles et ruelles étaient si grande que n'importe quelles personnes de 16 ans vivant à la rue se seraient perdues. Mais ce n'était pas mon cas. J'ai décidé de rester y vivre un bon moment. Et quand on y pense, j'ai fini ma vie là-bas.
J'ai vécu encore un long moment seule, avant de les rencontrer.
Ce jour-là, j'avais décidé de me poser au skatepark. Je ne sais pas pourquoi, juste je l'ai fait. J'étais assise sur la rampe, et je ne demandais rien à personne, j'écoutais de la musique sur un vieux mp3 trouvé par Terre. Puis ils sont arrivés. C'était le genre de groupe d'amis complètement infréquentable, que les personnes saines d'esprit n'auraient pas voulu approcher. Pourtant, il dégageait d'eux une aura attirante, et puis ils semblaient si heureux tous les cinq. Deux filles et trois garçons. Un blond avait le bras autour des épaules d'une fille aux cheveux roses, et les trois autres étaient occupés a rire et faire du skate, des cigarettes a la main. On ne pouvait que les remarquer, tous les cinq. Je ne savais pas quel était la relation entre la fille aux cheveux colorés et le grand blond, mais en remarquant ma présence, ce dernier m'avait fait un clin d'œil accompagné d'un sourire charmeur. J'ai été charmé dès le premier regard. Mes yeux se sont attardés de long instants sur son visage, puis sur ses vêtements déchirés par l'usure. Il fallait dire une chose, c'est qu'il était sacrément craquant. La fille aux cheveux m'a vite remarqué à son tour, elle m'a souri, puis s'est détaché de son -possible- petit-ami pour aller parler avec la deuxième fille du groupe, qui était une fille très pâle aux cheveux blond, presque blanc. L'état abîmé de sa chevelure épaisse et ses racines noir ébène trahissait une décoloration faite-main, sûrement il y a deux voir trois semaines de cela, à en croire la repousse. Les deux autres garçons étaient tatoués, portaient des vêtements amples et des chaussures abîmés à force de skater. La fausse blonde et celle aux cheveux roses semblaient très proches entre elles, et des garçons également. Tous semblaient avoir entre 16 et 18 ans, pas plus. Mis à part le blond, qui semblait plus âgé, peut-être de 2 ans. Une chose m'était sûre, rien n'auraient pu séparer leur groupe d'ami. C'était eux, contre le monde entier.
J'étais trop occupée à les envier secrètement, pour voir que le blond s'était posé à côté de moi, et me parlait.
- Salut. Je t'avais jamais vu dans le coin. T'es nouvelle par ici?
- Je vis un peu partout, j'ai pas de réelle maison. Mais j'en sais rien, ça doit bien faire quelques mois que je suis à Brooklyn.
- Donc t'es une fugueuse quoi? T'as pas de maison car tu viens pas de Brooklyn?
Tout en me parlant, il avait sortis un paquet de feuilles slim, un grinder et quelques sachet de marijuana. Je le regardais rouler, il le faisait à la perfection, ses doigts étaient tellement habitué à le faire qu'il aurait pu fermer les yeux, le résultat aurait été le même. Avant ce jour-là, je n'avais jamais touché à la drogue, et ce n'était pourtant pas les occasions qui me manquaient, puisque des tas de gens dans la rue avaient proposé de m'en vendre. J'avais de l'argent, les gens ayant pitié de me voir à la rue m'en balançais régulièrement, mais l'envie n'y était pas. Cette fois, seulement, c'était différent.
- Ouais, on peut dire ça..
- C'est.. Cool. J'ai toujours rêvé de me barrer de chez moi, moi aussi. Au fait, je m'appelle Del.
Il alluma son joint, et tira plusieurs fois dessus. Je le regardais faire, je le regardais inspirer et cracher l'épaisse fumée blanche à mes côtés. Tout en ne sachant pas vraiment quoi dire, comment me présenter. Je ne savais même plus moi-même qui j'étais, quel était mon vrai nom. En sentant le malaise arrivé, il s'est tourné vers moi et m'a tendu son joint.
- T'en veux ?
- Oh... Euh.. Ouais.. Pourquoi pas.
Je pris en bouche ce qu'il me tendait, avant de tirer dessus. Plusieurs fois. Ce n'était pas comme de la cigarette, c'était plus doux, et ça avait clairement meilleur goût et meilleur odeur. Je le tendis en retour, avant d'être prise de tournis. Il s'est mis a rire, je ne savais pas s'il s'agissait de ma tête, ou juste lui qui était défoncé.
- C'était la première fois, non?
- Ouais. Ca se voit tant que ça?
- T'inquiètes, c'est normal de se sentir bizarre au début. Après t'auras le sentiment de planer, et tu auras sûrement une envie de rigoler. Moi, je suis habitué, ça fait plus tellement d'effets.
- Je trouve ça cool.
Il m'a fixé une bonne dizaine de seconde, en fixant mes lèvres, mes mains, mes cheveux. Je pouvais voir qu'il cherchait à savoir qui j'étais, d'où je venais. En plus simple, en savoir un peu plus sur moi. Je ne m'étais pas trompé, puisqu'ensuite, il m'a demandé quel âge j'avais et comment je m'appelais. Les effets du cannabis commençaient à se ressentir, ma tête me faisait un mal de chien, le soleil tapait sur mon crâne et le brouhaha de ses amis qui jouaient à côté m'assourdissait. Malgré tout, il avait raison, j'avais envie de rire.
- J'ai 16 ans, depuis quelques mois je crois. Et.. Non, laisse tomber.
- Aller dit moi.. C'est quoi ton nom? Tu peux pas ne pas avoir de nom.. Tes parents t'en ont forcément donné un.
Il venait de faire une gaffe, mais évidemment, il ne le savait pas. J'avais pas de parents, j'avais pas de nom -ou plutôt j'avais toujours refusé que l'on m'appelle de cette facçon, que ce soit à l'orphelinat, ou n'importe ou-.
- Hé.. T'inquiètes ça va... Je vais pas te forcer, j'suis désolé. Viens, je vais te présenter à mes potes, je pense que ça les dérangeras pas si tu passes un peu de temps avec nous.
Nous nous sommes levés, tous les deux, avec un peu de mal pour moi, puis on s'est dirigés vers ses amis, qu'il m'a présentés un par un.
- La fausse blonde, c'est Hayley. Elle est tout le temps défoncée, mais elle est coole. Si jamais t'as un problème, tu vas la voir, elle est toujours là pour ses potes. Les deux gars-là, c'est Tommy et Kudi, ils sont un peu cons sur les bords, mais ils ont toujours des plans avec eux. Si tu veux faire une soirée, appelle-les, après je te déconseille de finir dans le pieu de ses deux-là... Ca se finit pas très bien leurs histoires de cœurs... Suite à cette pique, Tommy, le métisse tatoué portant un bonnet et Kudi, un petit et maigre brun aux taches de rousseur, rirent. Les trois garçons se mirent à se chamailler, comme des enfants qui se battent pour rigoler. Les insultes fusaient, ils courraient, riaient, se frappaient. Hayley me salua, et elle a fini ce que Del avait commencé, les présentations ;
- Tu verras, tu vas bien t'entendre avec nous. Moi c'est Hayley du coup, et ma pote c'est Jess. C'est la copine de Del, ils sont d'ailleurs un peu casses-co*illes a tout le temps être collés tous les deux, mais tu t'y feras. Enfin, si tu veux rester avec nous ?
Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient si gentils avec moi, pourquoi me proposaient-ils de m'aider, alors que je les connais depuis quelques heures à peine? Je dégageais une aura, moi aussi? Je les attirais?
- Euh ouais, bien sûr.. Mais qu'est ce que vous voulez dire par rester avec vous?
Jess prit la parole à son tour, coupant celle d'Hayley.
- Ce qu'on veut te demander, c'est si tu veux venir squatter l'appart de Del, toi aussi. On voit bien que ca fait un moment que t'es dehors, je pense même que ça fait plusieurs semaines que tu t'es pas vue dans un miroir, parce que vu ton état, on croirait voir une junkie en manque. T'as les joues tellement creusées, tes cheveux sont si mêlés... On peut presque penser que ça fait trois semaines que t'es morte, ma belle. Ca ne dérangera pas Del, il l'a fait avec chacun d'entre nous.
Il était vrai que mon hygiène était désastreuse. J'avais pas pris de douche depuis si longtemps, et m'imaginer dormir dans un lit, prendre une douche d'eau chaude, me faisait saliver d'avance.
- Je veux pas être un poids pour vous..
- Tu seras jamais aussi chiante que les trois mecs, te fais pas de soucis pour ça. Et puis, une autre fille nous fera pas de mal. Avait continué Hayley.
- Bon. C'est d'accord.
C'est ainsi, ce jour-ci, que le reste de ma vie à commencé. Que j'ai appris à réellement vivre, et être heureuse.
Ce n'était plus tous les cinq contre le monde, désormais, c'était tous les six. Nous avons fait les 400 coups ensembles, rien qu'entre nous. Ensemble, on vagabondait d'hôtels en hôtels, en entrant par effraction. On riait, on jouait, on fumait. Avec eux, j'étais réellement moi-même, on m'avait même trouvé un nom ; Blue. Ils avaient décidé de me renommer Blue, puisque j'avais teint mes cheveux en bleu, un bleu nuit qui me faisait rêver. Il me rappelait les nuits où j'étais dehors, seule. Mon nom me rappelait que j'avais traversé des épreuves difficiles, et qu'à présent, je vivais comme je le souhaitais.
Les filles et moi étions devenues inséparables, et les mecs me considéraient vraiment comme une de leurs amies. Ils étaient les miens, mes meilleurs amis même, grâce a eux, j'avais combattu mon anorexie, je ne pensais plus à ça. Nous nous étions tatoués en commun, lorsque nous étions bourrés, sans parler de tous les sticks and poke que Jess et Hayley m'avaient fait. Je vivais une vie de rêve, je vivais ma vie de rêve. Seulement, il a fallu qu'il y ai des complications, autre mon indépendance aux drogues dures telles que le LSD, l'Opium et la cocaïne. Il a fallu que je tombe amoureuse.
Del et moi avions développé une relation assez spéciale, presque malsaine, il faut dire. J'avais 16 ans, il en avait presque 20, au départ, je ne savais pas s'il me considérait comme son amie, au même stade que Hayley, ou s'il me considérait comme sa petite sœur. Il avait cette façon de me regardait, lorsque Jess n'était pas là, c'était un regard protecteur. Il ne laissait personne parler mal de moi. Mais il le faisait également avec Jess. Seulement, ce n'était pas la même chose. Elle, elle était sa petite amie. Mais moi, de toute évidence, j'étais folle amoureuse de lui, j'enviais Jess, je le désirais du plus profond de mon âme.
Je me suis également rapproché de Jess de façon ambiguë. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle désirais avec moi, mais il nous est arrivé, lorsque que nous nous retrouvions seules toutes les deux sous l'emprise de drogue, de nous embrasser. Nous gardions le secret, personne n'aurait voulu savoir ce qu'il s'était passé, et je voulais encore moins que Del l'apprenne. Chaque fois que cela arrivait, je m'en voulais, je savais que je l'aimais, mais pas de la même façon que j'aimais Del. Je suppose que finalement, je les voulais tous les deux. Je comptais garder le secret, je comptais ne jamais parler de mes sentiments à qui que ce soit, jusqu'à cette soirée.
Nous étions dans l'appartement de Del, comme à notre habitude. Nous venions de finir deux bouteilles de Vodka, et la musique faisait trembler les murs. C'était un samedi soir habituel, on s'amusait, comme toujours. C'était nos soirées, pas besoin de plus de dix personnes pour faire une fête. Nous étions déjà assez nombreux comme ça. Tout le monde avait pas mal bu, Hayley était au bord du coma éthylique, ce qui faisait rire Kudi et Tommy. Leur passe-temps favoris étaient de la faire chi*r de toute manière, en particulier Tommy, qui, nous le savions tous, était complètement accro à elle. Comme on dit souvent, qui aime bien châties bien. Jess et Del étaient posés ensemble, à côté du feu, c'était leur endroit favori, s'ils avaient pu faire un enfant dans l'instant, ils l'auraient fait. Moi, je prenais des photos, de tout ce qui se trouvais autour de moi, je n'avais pas énormément bu, comparé aux autres, mais j'étais sous drogue. Je me sentais plus détendue qu'à mon habitude, ce n'était pas le cas d'Hayley, qui a commencé à vomir, de trop nombreuses fois. Il fallait l'emmener à l'hôpital au plus vite, mais la seule personne qui aurait pu l'emmener, c'était Kudi, puisqu'il n'était pas aussi saoul que nous tous. Jess et Tommy ont décidé de les accompagner, par précaution. Ils n'ont pas voulu que je les accompagne, pour ne pas risquer de me faire prendre, en étant sous stupéfiants.
Del, a préféré également resté avec moi, pendant que tous les autres aidaient Kudi à porter Hayley dans la voiture, pour l'a conduire à l'hôpital le plus vite possible.
Après avoir tout rangé dans l'appartement, le stress m'est monté. Les effets secondaires des drogues que j'avaient prises me matraquaient, et j'ai été prise d'une grande paranoïa, me secouant de spasmes. Pendant un long moment, Del a pensé que je faisais une overdose. C'était tout à fait probable, à vrai dire, mais pas cette fois. Heureusement pour nous deux, ce n'était qu'une petite crise d'angoisse, qui a fini par s'arrêter une demie heure plus tard. Il m'a fait m'asseoir dans le canapé, et m'a apporté un grand verre d'eau, avec un dôliprane. Je l'ai bu d'une traite, alors qu'il me regardait, inquiet.
- Tu veux quelque chose d'autre?
- Je.. Je voudrais prendre une douche.
- Ok, attends-moi ici, je vais te chercher des vêtements propres et des serviettes.
Etre seule avec lui me rendait légèrement mal à l'aise, surtout après toutes les idées que j'avais eu a propos de nous deux, je le voyais m'embrasser en boucle et en boucle dans ma tête, tout en me répétant que cela n'arriverait jamais. Aucun signe ne montrait qu'il me voulait autant que moi, je le désirais lui. Il revint très rapidement avec des sous-vêtements -a ma grande surprise, ceux de Jess, surement, car il ne savait pas où se trouvais les miens dans ma chambre que je partageais avec Hayley-, un de ses tee-shirts, et deux serviettes, une pour mes cheveux et l'autre pour mon corps. Je l'ai remercié, puis je me suis dirigée vers la salle de bain, avec les vêtements qu'il m'avait donné.
La sensation de l'eau bouillante sur mon corps me comblait de bonheur un court instant, malgré ma très forte envie de vomir. Je me suis assise, laissant l'eau coulant dans mon dos, me brûlant la chaire, et sans savoir pourquoi je me suis mise à pleurer. Sur le moment, j'ai passé à une redescente de stresse, mais mes sanglots se sont accentués, a tel point que même le bruit de l'eau s'eclantant sur le sol ne couvrait plus mes gémissement de tristesse. Il m'a entendu. Je savais qu'il m'entendrait, et qu'il s'inquiéterait, j'aurais aimé l'empêché.
- Blue? Est-ce que ça va?
Pas de réponse.
- Blue ? Je peux entrer? Voir si tout vas bien.
Toujours aucune réponse de ma part, que des sanglots qui s'entrecoupaient, m'empêchaient de respirer correctement. Mes jambes étaient recroquevilliées contre ma poitrine, mes cheveux gouttaient le long de mon dos nu. Avant même que je n'arrive à retrouver un souffle correct, il était entré dans la salle de bain. Me voyant là, assise nue dans la douche, presque en boule sur moi-même. J'étais dans un état si pitoyable que je n'ai même pas parlé lorsqu'il est entré, je n'avais pas la force de dire quoi que ce soit, car au fond de moi, je le voulais. Je voulais qu'il entre. J'avais besoin de son aide, puisqu'en l'espace d'un instant, mon esprit s'était noirci, et j'avais tant d'idées noires. Il se tenait là, à l'entrée près de la porte, à me dévisager.
- Hé.. Écoute.. Ca va aller, ok, si tu t'inquiètes pour Hayley, ça lui ai déjà arrivé. Ca va aller. Tu me crois hein?
Aucun mot ne m'est venu. Rien. Le néant. Je n'arrivais pas à penser à d'autres mots que ceux qui hantaient mon esprit à son égard depuis des mois. Deux mots, prononcés si bas qu'ils n'auraient pas pu les entendre, même s'il se trouvait tout proche de moi. Deux mots ressemblant plus a un son rauque qu'a de belles déclarations, sortis de ma bouche. Deux mots.
- Je t'aime.
Il n'avait pas entendu. Pourtant, il s'est approché de la douche, à petit pas, sans dire un mot à son tour. Il est entré à l'intérieur, juste en face de moi, et s'est assis. Ses vêtements se sont remplis d'eau, ses cheveux gouttaient sur son front. J'ai levé la tête, il a levé la sienne, et mon regard s'est plongé dans le sien. Je pouvais le voir cette fois, il me désirait. Il me désirait vraiment, cette flamme dans son regard qui embrasait ma peau de mille feux l'avait trahi. Sa main au contact de ma joue me procurait comme une sensation de picotement, comme si nos deux peaux étaient électriques, c'était agréable. Pas plus que lorsqu'il m'a embrassé, et que pendant un instant, j'oubliais tous les problèmes que j'avais eu au cours de ma vie. Lorsque ses lèvres se sont posées contre les miennes, c'était comme si le temps venait de s'arrêter. Pourtant, tout s'est passé si vite. Il s'est reculé, avec cette expression qui signifiait " J'en veux plus" mais également " Merde, je suis en couple", sans savoir que sa propre petite amie m'avait déjà embrasser. Il a opté pour la première solution, et m'a embrassé avec plus de fougue, de nombreuses fois. De trop nombreuses fois pour que l'on s'arrête. Nous avons pris notre douche, mélangeant baisés et sourires, puis nos sommes sortis. Nous avons continué ainsi toute la nuit, à nous embrasser, nous câliner. Jusqu'à ce qu'on commette l'irréparables. On a couché ensemble. Plusieurs fois, et toutes ces fois étaient plus merveilleuses les unes que les autres, je ne pourrais jamais effacer ça de ma mémoire, je ne pourrais jamais oublier la façon dont il m'embrassait avec désir et passion. Il était si doux, comme s'il ne voulait pas me blesser, comme s'il tenait à ce que ma première fois soit.
Mémorable. Car il le savait, il avait déjà entendus nos conversations, les filles me rachiaient constamment sur le fait que j'étais encore vierge à quelques mois de mes 17 ans. Je n'aurais pas pu trouver mieux que la personne dont j'étais folle amoureuse depuis plus de six mois, pour le faire.
Juste une petite question, Emma est en fauteuil roulant c'est bien ça? Et pareil que pour Morgane, je n'ai pas vu d'incohérence alors pour moi ta fiche est aussi validée! J'ai aussi hâte de pouvoir voir ta petite Emma dans l'académie 
). Si j'avais j'ai oublié l'un de vos personnages n'hésitez pas à me prévenir je modifierais tout ça 