Attention cette fiche parle de prostitution
Elisabeth, dite Liz
28 ans, Elfe, Amie d’Efi, Agent d'entretien
You Don't Own Me - I Will Always Love You
Je m’appelle Elisabeth, mais je n’ai pas de nom. Là où je suis née, un prénom était déjà superflu, alors un nom, n’en parlons pas. Cependant ma mère ne voulait pas me laisser sans prénom, et elle ne voulait pas non plus qu’un autre me donne un prénom, car qui sait alors ce sur quoi je serai tombée. Je suis fière de m’appeler Elisabeth, parce que ma mère a choisi ce prénom en espérant que je deviendrai une femme forte comme le peu d’Elisabeth qu’elle connaissait - principalement des reines, en Angleterre notamment. Ma mère n’était pas très bien éduquée, pas éduquée du tout même, en réalité, mais pas par choix. Je ne connais pas son histoire - et je dois avouer que je le regrette - mais j’étais trop jeune pour l’interroger, et ensuite je n’en ai plus eu l’occasion. Je sais qu’elle n’a pas eu une ville facile, et qu’elle est sans doute morte sans jamais en sortir. Mais maman, si tu m’entends de là où tu es, sache que ce n’est pas mon cas, je ne suis pas restée là où je suis née, j’en suis sortie, et je te remercie.
Ma mère était une elfe, comme moi, elle m’a appris quelques rudiments, je devais notamment cacher mes oreilles - le sort de dissimulation est d’ailleurs le seul qu’elle m’ait jamais appris. Elle-même n’avait plus les siennes, c’est pour ça qu’elle m’a appris à cacher les miennes, car, si je les avais gardées visibles, j’aurais subi le même traitement qu’elle. Parce que nous vivions parmi les humains, et que ceux-ci n’acceptent pas bien la différence. Parce que peu importe combien ma mère était belle, et elle l’était, son mac n’avait pas supporté cette anormalité au niveau de ses oreilles. La fois où elle m’a raconté ça, elle m’a également assuré qu’elle ne s’en souvenait même plus, qu’elle n’avait plus mal depuis des années, mais je n’imagine pas la douleur qu’elle a dû ressentir quand on les lui a, en quelques sortes, rabotées. Parce que je doute qu’on l’ait anesthésiée d’une quelconque façon pour le faire. Personne ne se soucie de la douleur que ressent une femme comme ma mère.
Je n’aime pas parler de prostitution, peut être parce que ça a fait partie de ma vie beaucoup trop longtemps à mon goût, et que même si je considère que j’ai laissé tout ça derrière moi, ça reste un sujet sensible. Mais je n’ai pas honte de ma mère, et je n’ai pas non plus vraiment honte de ce que j’étais… ou peut-être que si, mais c’est fini de toute façon. Ma mère ne l’avait pas davantage choisie que moi, et elle a tout fait pour me sortir de là, pour rendre mon quotidien plus agréable. Elle et les autres filles, d’ailleurs, elles étaient au petit soin avec moi du plus loin que je me souvienne. Elles me chérissaient, et je crois qu’aucune ne voulaient me voir finir comme elles, mais comme je l’ai dit on ne choisit pas, et encore moins dans ce milieu, un milieu très masculin, très macho… Ma mère n’était pas indépendante, elle appartenait à un homme qui s’est fait beaucoup d’argent sur son dos, ou plus exactement sur son corps, qu’il vendait sans retenu. Ça n’a pas dû lui plaire qu’elle tombe enceinte, et je ne sais ce qu’elle a dû négociée pour me garder auprès d’elle, mais évidemment, ça n’a pas totalement suffi.
On m’a arrachée à elle quand j’avais 7 ans, et c’est là que l’enfer a commencé. Je n’entrerai pas dans le détail car à partir de cet instant et pendant plusieurs années, j’ai tenté d’effacer ce qui s’est passé. Je l’ai coincé très loin, dans une partie de mon esprit hermétiquement fermée et qui ne laisse presque rien échapper. Presque, parce que c’est impossible de tout retenir en permanence alors, parfois, les souvenirs s’échappent et alors je me sens tétanisée, je reviens à mes 7 ans, quand mon monde s’est effondré. Certes il n’était pas tout rose avant cela, ma mère se droguait - sans doute est-elle tombée dans la prostitution à cause de cela d’ailleurs - et elle n’était parfois pas totalement là, mais il y avait toujours les autres, et même, c’était ma mère, je l’aimais et c’était réciproque. Bien sûr elle avait des clients, et parfois je la voyais revenir dans un état si lamentable que j’en pleurais, mais… ça n’était rien comparé à la suite. Depuis le jour où son mac est venu me chercher pour m’emmener loin d’elle, je ne l’ai plus jamais revue, et je crois que je ne la reverrai jamais.
Son mac en avait eu assez de ma présence, pourtant j’essayais de me faire discrète, et je ne mangeais presque rien. Mais c’était déjà trop. Il m’a vendue au plus offrant, et oui j’avais 7 ans quand tout a commencé. Il y a des clients pour tous les âges, malheureusement, et ceux qu’on trouve à l’âge que j’avais sont bien plus nombreux qu’on aimerait le croire. Je ne saurai rien décrire de cette période-là et c’est d’ailleurs celle dont je me souviens le moins, celle qui a duré jusqu’à mes 14 ans. C’est flou, tout est flou, et je ne fais de toute façon aucun effort pour m’en souvenir. Je sais que parfois, dans des situations très particulières, mon corps se souvient sans mon esprit, et alors j’ai envie de me rouler en boule et de pleurer, d’oublier, à nouveau, ce qui finit toujours par arriver.
Je ne dirai rien de la vie que j’ai eu entre 7 et 14 ans, je n’ai rien à en dire. En vérité je n’aurai pas grand-chose à ajouter à propos de ma vie entre 14 et 17 ans non plus, je dirai seulement que mes clients appréciaient assez peu le fait que je grandisse, d’autant plus que j’ai eu une puberté assez précoce, ce qui n’a pas aidé à ce que mes propriétaires veuillent me garder. Ils m’ont vendue à un mac cherchant des filles plus âgées, et voilà comment tout a continué. Et ça aurait pu continuer comme ça longtemps en réalité, j’étais d’ailleurs persuadée que ça serait le cas, que toute ma vie je resterai dans ce milieu, dans ces trafics. Je m’étais résignée, au moins en partie… En partie parce que, malgré moi, malgré le fait que chaque jour était pire que le précédent, une petite voix me hurlait de ne pas perdre espoir, de retrouver un jour cette miette de bonheur que j’avais eu petite. Peut être que c’est pour ça que j’ai saisi la main qu’on m’a tendue, peut être que sans cette petite voix, que je maudissais la plupart du temps parce qu’elle me faisait plus mal qu’autre chose, je n’aurai jamais accepté son aide et je serai encore là-bas, ou bien je serai morte.
Il m’a trouvée à l’aube de mes 17 ans, je faisais mon travail comme tous les soirs, mais je ne l’avais jamais vu avant. Je ne peux pas nier qu’il dégageait un certain charisme, une certaine force, mais surtout, c’était un vampire. C’était loin d’être le premier que je rencontrais - ils ont été plus ou moins nombreux, les prostituées sont des repas faciles, abordables, et au pire si un accident arrive, c’est loin d’être dramatique. Mais ce vampire-là était différent, plus puissant me semblait-il, et j’en suis sûre maintenant. Il était avec Victor, un client régulier particulièrement violent, et qui me faisait toujours froid dans le dos. Malheureusement, j’étais une des préférées de Victor, alors il m’a fait venir à lui ce soir-là et je devrais peut-être le remercier au fond. Je crois que le traitement que Victor me réservait ne plaisait pas au vampire, alors il a demandé à passer la nuit avec moi, et maintenant je sais que c’était pour m’épargner une nouvelle nuit avec Victor. Pour me proposer une nouvelle vie, totalement différente de celle que j’avais.
A peine entré, il s’assoit dans un fauteuil avec nonchalance en poussant un léger soupir, après avoir retiré ses chaussures et son manteau. Ne sachant pas quoi faire, je reste droite comme un piquet, à côté de la porte qu’il a refermée. J’ai plutôt l’habitude que les hommes se collent à moi à peine entrés - et encore certains n’attendent même pas d’être dans une pièce fermée, et me déshabillent avant même d’avoir franchi la porte de leur chambre. Mais pas lui. Lui se contente de fermer les yeux, comme si il était simplement fatigué par sa journée et qu’il n’allait pas tarder à se coucher, une situation qui ne colle pas très bien avec ma présence ici.
Je me déporte d’un pied sur l’autre, en promenant mes yeux sur le reste de la pièce, quand je perçois un mouvement dans mon champ de vision périphérique. Il s’est redressé et m’observe maintenant avec attention, mais sans cette lueur perverse qui anime le regard de tous les hommes. Il ne me déshabille pas du regard, il me regarde comme si j’étais quelqu’un et pas quelque chose. Finalement, il brise le silence :
- Quel âge as-tu ?
Sa question me surprend tellement que je mets plusieurs secondes avant de répondre en bégayant :
- 10… 17 ans.
Il hoche la tête, et je ne sais pas si c’est parce que ma réponse lui convient, ou si il se contente de l’accepter. Il me désigne le lit d’un signe de tête et me propose :
- Tu peux t’asseoir si tu veux.
Je m’approche avec méfiance, m’attendant à chaque seconde à ce qu’il perde cette attitude nonchalante pour découvrir son vrai visage, celui d’un homme avide de sexe, et peut-être de sang vu sa nature. Je m’assoie cependant sur le lit, habituée à obéir et retire mes chaussures à mon tour. Ce n’est que quand j’ai terminé qu’il reprend la parole :
- Tu fais ça depuis combien de temps ?
Je le regarde sans être sûre de comprendre. D’abord je ne comprends pas à quoi rime toutes ces questions, je n’ai pas l’habitude de rencontrer des hommes qui s’intéressent à ce que je raconte. Et puis, qu’est-ce qu’il entend exactement par « ça » ?
- Comment ça ? je demande avec l’impression d’être un peu idiote.
Mais il n’a pas l’air de s’en formaliser, et explique simplement :
- Depuis combien de temps donnes-tu ton corps aux hommes contre de l’argent ?
A nouveau je suis interloquée. Pourquoi ça l’intéresse ? Qu’est-ce que ça peut lui faire ? Puis soudain, une idée germe dans mon esprit. Et si il était de la police ? Bon c’est bizarre, un vampire dans la police, mais après tout pourquoi pas. Ça expliquerait ses questions et pourquoi il m’a demandé mon âge. Mais du coup je ne sais pas quoi faire. Je ne suis pas sûre que ce soit si bon pour moi de parler à la police. Certaines filles ont essayé et ont eu de graves problèmes. A nouveau sur la défensive, je demande donc :
- Pourquoi ça vous intéresse ?
Un sourire mi-amusé mi-surpris - qui sera par la suite le sien presque à chaque fois que j’ouvrirai la bouche - apparaît sur ses lèvres, et il me répond sincèrement :
- J’ai l’impression que tu ne te plais pas ici. J’ai l’impression que tu n’es pas là de ton plein gré, que tu souffres de cette situation et qu’elle dure depuis trop longtemps. Je peux bien sûr me tromper, et c’est pour ça que je te pose toutes ces questions.
Sa réponse me laisse coite et ma méfiance augmente encore davantage. Ma théorie policière me semble de plus en plus logique et probable alors je l’interroge franchement :
- Vous êtes de la police ?
Un instant il est surpris, puis une fois la question assimilée, il part d’un grand rire, comme si ma question était extrêmement drôle. J’en suis déstabilisée et je fronce les sourcils, croisant les bras pour me donner contenance. Finalement, son rire se calme et il me répond, visiblement très amusé :
- Absolument pas. Et je n’ai aucun intérêt à avoir des contacts avec la police, crois-moi.
Je ne suis pas sûre de le croire, pourtant son rire avait l’air sincère. Je ne dis rien, et c’est lui qui reprend la parole, parlant d’une voix douce :
- Pourquoi es-tu si méfiante ? Je ne suis pas de la police, je vends et j’achète de la drogue. Je ne suis pas là pour t’arrêter ou t’attirer des ennuis, j’ai juste l’impression que ta vie ne te plait pas comme elle est actuellement.
Tout ce qu’il raconte n’a aucun sens… Et il n’a même pas l’air de s’en rendre compte. Alors, passablement irritée, je lui réponds :
- Non ma vie ne me plait pas. Et alors ? Vous êtes venue remuer le couteau dans la plaie ? C’est ça votre truc ? Certains préfèrent la torture physique et vous c’est la torture psychologique ?
Il ouvre de grands yeux surpris et fais une petite grimace pendant que ses yeux glissent sur mes bras nus, recouverts de marque et de cicatrices. Me sentant étrangement mise à nue, je passe mes mains sur mes bras et les sers contre moi, encore plus méfiante.
- Je suis désolé, dit-il simplement, étrangement sincère.
- Pourquoi ? je demande, sincèrement déroutée.
- Je n’ai pas l’intention de te blesser, et je ne souhaite pas remuer quoi que ce soit.
- Alors pourquoi toutes ces questions ? Vous croyez pouvoir m’aider peut-être ?
- Oui, répond-t-il simplement.
C’est à mon tour d’être surprise. Je croise encore davantage les bras et scrute son visage à la recherche de la moindre trace de moquerie. Mais son expression est neutre et ses yeux expriment une grande sincérité. D’une petite voix, l’espoir me serrant le cœur pour la première fois depuis bien trop longtemps, je lui demande :
- Co… Comment ? Et… Pourquoi ?
Il me regarde un instant avant de répondre doucement :
- J’ai d’autres filles comme toi chez moi. Elles aussi n’étaient pas heureuses, alors je leur ai offert un nouvel endroit pour vivre. Nombre d’entres elles sont aussi comme toi, elles ne sont pas humaines.
Il sourit face à mon expression et ajoute :
- Ne fais pas cette tête, tu n’es pas la première elfe que je croise, et je ne suis sûrement pas le premier vampire non plus.
Je rosis très légèrement, un peu déstabilisée qu’il ait compris que je savais, mais parviens à reprendre un peu contenance pour dire :
- Alors vous êtes comme mon mac c’est ça ? Vous croyez que je vais échanger une vie de prostitution contre une autre ? Pourquoi je ferai ça ?
Il fronce les sourcils et secoue la tête.
- Non tu n’as pas compris, je ne suis pas un mac. Je n’ai pas l’intention de t’obliger à coucher avec qui que ce soit. Je te propose juste de venir vivre avec moi.
Je le regarde avec de plus en plus de méfiance, refusant de laisser l’espoir en moi contaminer toute mes capacités de raisonnement.
- Et vous allez me dire que je ne devrais rien faire en échange ? Rien du tout ?
Il hausse les épaules mais finis par répondre :
- M’obéir et me donner ton sang.
Je le savais, je savais que ce ne serai pas gratuit, rien ne l’est jamais.
- Vous obéir ? Vous voulez dire coucher avec vous ? Et pour le sang, je n’ai pas l’intention de mourir tuée par un vampire.
Il secoue à nouveau la tête et répond, visiblement un peu plus impatient :
- Je t’ai dit que tu ne serais obligée de coucher avec personne, moi y compris. Et je suis un vampire pas un tueur, je ne prends jamais de quantité mortelle à mes donneuses.
Les bras toujours croisés, mais l’espoir de plus en plus présent à chaque instant, je demande en grommelant :
- Et disons que j’accepte… comment m’emmènerez-vous ? Vous croyez peut-être que je peux partir comme ça ? J’appartiens à quelqu’un, quelqu’un qui m’a achetée un certain prix, je ne peux pas juste partir quand bon me semble.
Il a un geste de la main qui semble signifier que mes questions ne sont que des détails. Sa posture s’est détendue et on dirait que, pour lui, tout est déjà réglé, mais il prend quand même la peine de répondre :
- Je t’achèterai à mon tour.
Sceptique, et à nouveau méfiante, je lui réponds :
- Donc j’échange ma captivité contre une autre ?
Il pousse un soupir, visiblement un peu fatigué par ma méfiance mais prends tout de même la peine de répondre :
- Oui tu seras à moi, mais je ne te forcerai pas à rester. Si une fois ta liberté achetée si tu décides que tu ne veux pas vivre chez moi, libre à toi de t’en aller. Tu ne seras pas ma prisonnière ou quoi que ce soit que tu ais été jusque-là.
Je reste plusieurs minutes silencieuses et ses yeux se referment doucement, comme si cette discussion n’avait fait qu’ajouter à sa fatigue. Finalement - et après avoir vainement tenté de combattre l’espoir à coup de pessimisme - je réponds d’une petite voix :
- J’accepte.
Il ne bouge pas, mais un petit sourire apparait sur son visage tandis que ses yeux restent fermés, preuve qu’il m’a bien entendue.
- Bien. Repose-toi maintenant, prononce-t-il, les yeux toujours clos.
Le lendemain il m’emmenait avec lui, loin de Victor, loin de mon mac, loin de la prostitution. Encore aujourd’hui je me demande comment, pourquoi… Pourquoi moi, surtout, et pourquoi à ce moment là et pas avant ou après. Je me demande si c’est parce qu’il y a un Dieu quelque part, mais j’en doute car je n’ai jamais été croyante. Je pense que c’est juste le hasard, juste la chance, comme si, en ayant si peu eu pendant 10 ans, elle réapparaissait soudainement. Alors certes, je suis redevenue en quelque sorte captive… mais je ne l’étais pas tout à fait. Là où il m’a emmenée, je pouvais choisir, partir et trouver mon indépendance, ou rester auprès de lui. J’aurai pu partir mais je ne l’ai pas fait, d’abord par crainte et ensuite parce que je me sentais redevable.
Au départ, je n’avais nulle part où aller, alors je me disais « à quoi bon partir ? » surtout si c’était pour me retrouver de nouveau aux prises avec les gangs et le trafic. Je vivais à Chicago - lui aussi - et là-bas, comme partout sans doute, on trouve autant de trafic humain que de trafic d’armes ou de drogue. D’ailleurs c’était ça qu’il faisait, le vampire qui m’a recueillie, lui qui n’a jamais voulu me donner de nom. Il était trafiquant, tout en illégalité, immensément riche bien sûr, assez pour se permettre de recueillir de nombreuses filles chez lui sans manquer de rien… Mais je n’avais pas à le juger, moi aussi j’avais vécu dans l’illégalité et j’y vivais toujours, avec lui, je n’avais même pas de papiers… Malgré ses affaires douteuses, il a tenu sa promesse, il ne m’a jamais prostituée et il ne m’a jamais forcée à coucher avec lui non plus. Je m’y attendais pourtant - je lisais le désir dans son regard quand il le posait sur moi - mais il n’a jamais rien fait. C’est pour ça que je me suis mise à lui montrer du respect, parce qu’il était honnête. C’est pour ça que je ne suis pas partie, même quand il m’en a plus que laissé l’occasion, parce que je m’étais attachée à lui.
Quand j’ai eu 18 ans, son cadeau - en quelque sorte - a été de m’envoyer à Ravenswood. Je pense que pour lui, c’était une manière de me montrer que je pouvais effectivement partir quand je le voulais, de toute façon je n’ai jamais vraiment fait partie de son harem, je me contentais de lui donner mon sang, et il avait déjà de nombreuses donneuses sans avoir vraiment besoin de moi. Mon unique année à Ravenswood a été magnifique. J’y ai appris tant de choses, je m’y suis épanouie, je me suis faite des amies même si je ne les ai ensuite jamais revues. Là-bas j’ai également découvert que, même si mon passé était en quelque sorte derrière moi, certaines choses resteraient à jamais, notamment concernant les garçons. Si je refusais que le vampire me touche, je n’en acceptais pas plus les autres. Certains ont essayé, ils étaient un peu lourd dans leur drague, un peu trop insistants, et ça n’a pas du tout été agréable pour moi… Je n’avais jamais eu que des hommes comme clients, et je crois que jamais plus, de toute ma vie, je ne supporterai qu’un homme me touche, alors c’était encore moins le cas à cet âge-là.
En revanche, j’ai découvert que ce dégoût absolu, cette peur même, à l’idée qu’un homme pose ses mains sur moi, ne s’étendait pas aux femmes. J’ai expérimenté un autre type de sexualité, quelque chose de beaucoup plus doux, car je n’ai jamais aimé la brutalité, et surtout quelque chose de totalement différent. J’ai commencé à Ravenswood, avec ma colocataire, Kelly, et j’ai poursuivi en rentrant, avec les filles du harem du vampire. Je me suis remise à désirer et surtout, j’ai découvert l’amour… Elle était belle, elle était fragile également… Elle avait trois ans de moins que moi, j’en avais 19 et elle seulement 16. Je ne saurais pas dire si je suis tombée amoureuse d’elle à l’instant où je l’ai vu, ou si les choses sont arrivées progressivement, j’ai parfois l’impression que j’ai passé ma vie à l’aimer et que je l’aimerai toujours dans 100 ans… tout en sachant que ce ne sera jamais réciproque.
J’entre dans la chambre entrouverte avec un plateau, contenant une tasse de thé et un paquet de gâteau - ne connaissant pas son goût pour le sucre, j’ai pris la boite entière, elle se servira à sa guise. Efi, comme il me l’a présentée, est allongée sous les draps. Son corps parait minuscule dans l’énorme lit du Patron, et les couvertures cachent sa maigreur que l’on peut tout de même deviner à ses joues creusées. Je dépose le plateau sur la table de chevet, et m’assoie au bord du lit, observant la jeune fille endormie. Si on oublie sa maigreur, elle est vraiment jolie, avec une peau très pale - sans doute à cause du manque de nourriture - mais qui semble douce. Ses cheveux roux lui donnent une touche d’originalité, leur couleur semble totalement naturelle. Mes doigts viennent écarter quelques mèches de cheveux qui lui tombent devant les yeux, effleurant au passage son front. C’est le moment qu’elle choisit pour se réveiller, ou peut-être est-ce moi qui n’ait pas fait assez attention, toujours est-il qu’elle commence par bouger, gémissant, visiblement de douleur, avant de soudainement ouvrir les yeux, paniquée. Elle se redresse avant de se recroqueviller, ramenant ses jambes contre elle et passant ses bras par-dessus.
Pendant tout ce temps je ne bouge pas, tandis qu’elle scrute la pièce, le regard effrayé. Elle finit par poser les yeux sur moi, se reculant légèrement sans perdre son expression de terreur.
- Où… Où… Où est-il ? demande-t-elle d’une voix éraillée.
Je ne bouge toujours pas, malgré la surprise. Pour avoir vu son état de la veille, quand il l’a ramenée, je pensais qu’elle serait restée inconsciente toute la nuit, mais peut être me suis-je trompée. Je ne vois pas à quel autre moment elle aurait pu le voir étant donné qu’il m’a semblé l’avoir trouvée inconsciente.
- Dans le salon, je réponds simplement, avec douceur.
Elle fronce les sourcils, visiblement peu convaincue. J’ai l’impression qu’elle se demande si elle peut me croire ou non. Je reste parfaitement neutre, la laissant faire son choix. Elle se détend très légèrement mais devient soudainement rouge pivoine, remontant les draps, déjà bien haut, sur son corps. Je fronce les sourcils avant de comprendre et de lever les yeux au ciel.
- Il ne t’a pas donné de vêtement c’est ça ?
Elle secoue la tête, rougissant encore plus alors que je ne pensais pas que ce soit possible. Mais où avait-t-il la tête ? Je sais bien qu’hier elle était un sale état, mais, après l’avoir baignée, il aurait pu l’habiller au lieu de simplement la mettre au lit sans se préoccuper de sa nudité… Je soupire et elle se recroqueville encore, le prenant visiblement pour elle. Je ne dis rien mais perd mon expression exaspérée et me lève, me dirigeant vers la penderie. Il n’y a que des habits à lui mais pour le moment ça fera l’affaire. J’attrape une chemise et la ramène à Efi - qui doit certainement avoir un autre nom quand on y pense, puisqu’il adore donner des surnoms à tout le monde.
- Tiens, tu peux mettre ça pour te couvrir mais ne t’en fais pas, ici on fait peu de cas de la nudité.
Elle m’adresse un sourire timide, accompagné d’un merci, avant d’enfiler la chemise. Je la vois grimacer tout du long et me souviens qu’elle a fait une fausse couche, qu’il l’a trouvée en sang, et que c’est pour ça qu’il l’a ramenée ici. Je me demande si elle ne devrait pas voir un médecin. Mais elle a déjà l’air bien déboussolée, j’imagine qu’il vaut mieux ne pas l’assaillir avec tout ça maintenant… Il n’empêche, je pense que j’en toucherai deux mots au Patron.
- Je t’ai apporté du thé et des gâteaux, je dis en désignant le plateau.
J’avais raison quand je pensais qu’elle était affamée, car à peine ai-je terminé ma phrase qu’elle jette un regard rempli d’un désir sans fin au plateau. Elle me regarde ensuite comme pour demander « c’est vraiment pour moi ? » et je lève les yeux au ciel avant de rapprocher le plateau sur le lit et d’assener :
- Mange.
Elle ne se le fait pas dire deux fois et se jette presque sur le paquet de gâteau, mangeant avec une avidité qui me fait sourire. J’aurai peut-être dû en apporter deux. Après le deuxième biscuit, elle m’adresse un regard rempli de gratitude et poursuit sa dégustation. Décidant qu’elle a peut-être besoin d’être un peu seule, pour se familiariser avec tout ça, je me lève et m’apprête à quitter la pièce quand elle me demande :
- Comment tu t’appelles ?
Je me retourne et réponds :
- Elisabeth, mais tout le monde m’appelle Liz, je dis avec un haussement d’épaule.
Et toi ?
- Iphigénia.
Ça n’a rien à avoir avec Efi… Il a vraiment une trop fâcheuse tendance à changer les prénoms à sa guise, soi-disant parce que c’est trop long et trop complexe. Je secoue légèrement la tête, moi en tous cas je l’appellerai Iphigénia, je préfère.
- A plus tard, Iphigénia.
- A plus tard, dit-elle avec un petit sourire.
En quittant la pièce, je me fais la réflexion qu’elle a vraiment un sourire adorable, un sourire qui donne envie de la voir sourire tout le temps, à chaque instant, juste pour profiter de cette vision agréable.
Encore aujourd’hui, j’aime Iphigénia. Et Iphigénia était amoureuse de lui, comme presque toutes les filles de son harem d’ailleurs. Ça ne me dérangeait pas pour les autres, mais quand il s’agissait d’elle, ça me faisait mal. La voir lui sourire, le regarder avec des yeux remplis de désir… Combien de fois j’ai rêvé que ses sourires étaient pour moi, qu’elle m’aimait, qu’elle me désirait… Et le fait que je partage son lit pendant toutes ces années, ça a été le comble. A la fois le comble du bonheur - parce que je ne suis heureuse qu’à ses côtés - et de la souffrance - parce que je savais que peu importe l’affection qu’elle me donnait, son amour ne serait jamais pour moi.
Il était tout pour elle, si bien qu’elle lui a demandé de la changer, ce qu’il a accepté. Elle est devenue une vampire, mais ça n’a rien changé pour moi, elle restait la fragile Iphigénia, celle que j’aimais tenir dans mes bras et protéger de tout. Lui savait que je l’aimais, mais elle ne l’a jamais deviné - peut être parce qu’elle ne voulait pas le voir - même si je crois qu’elle était simplement trop naïve, elle l’a toujours été. C’est aussi pour cela qu’elle n’a pas vu venir sa chute, contrairement à moi. On ne peut pas vivre éternellement en haut de la chaîne alimentaire et il en va de même dans un milieu aussi dangereux que celui des gangs. Il avait beau être un vampire - et un vampire particulièrement puissant - il a baissé sa garde, je ne sais pourquoi, je ne sais comment. Je crois que c’est une fille qui l’a dénoncée. Il était vulnérable de jour, il dormait, protégé du Soleil à l’intérieur de sa villa. C’est ce moment qu’ils ont choisi pour débarquer. Je ne leur ai pas laissé le temps de nous attraper ou de nous faire le moindre mal. Dès qu’ils sont entrés, j’étais en alerte, mon instinct a pris le dessus, et j’ai juste eu le temps de prendre Iphigénia par le bras, avant de fuir. Je ne l’ai pas vu mourir, mais je n’en avais pas besoin pour savoir que c’était fini.
Iphigénia en revanche… elle était dévastée et, au départ, elle était persuadée qu’il était toujours vivant, il ne pouvait en être autrement à ses yeux… ça m’a fait du mal de la voir comme ça, j’aurai préférée qu’elle l’oublie rapidement, mais je savais que je ne pouvais pas lui demander ça, que je ne peux toujours pas lui demander, même si ça fait maintenant plusieurs mois. Moi je ne peux pas oublier mes sentiments pour Iphigénia, alors que ça fait des années que je sais qu’ils sont vains, alors comment lui demander d’en faire autant en quelques mois ? Surtout que ces mois n’ont pas été faciles. Nous sommes parties sans rien, nous ne pouvions pas rester dehors en journée, il nous a fallu rapidement trouver un endroit où vivre, où cacher Iphigénia du Soleil. Et puis il y avait le sang, la nourriture…
Je me suis retrouvée confrontée aux mêmes angoisses qu’au début, quand il m’avait recueillie et que je pensais à l’idée de partir. Mais la différence, c’est que là je ne pouvais pas m’apitoyer sur mon sort, me laisser aller à mes angoisses, parce que j’avais quelqu’un à protéger, quelqu’un sur qui veiller. Elle allait encore plus mal que moi, elle était - et elle est toujours - tellement fragile, on dirait qu’elle va se briser à la moindre difficulté, alors qu’elle a pourtant vécue de nombreux drames… Mais elle a toujours besoin de quelqu’un pour l’épauler, et ça ce moment là c’était moi. J’aurai pu la secouer, parce que je savais que ça ne lui ferait pas du bien d’être de nouveau dépendante de quelqu’un, mais ses yeux remplis d’espoir et de foi en moi… j’avais toujours rêvé qu’elle me regarde comme elle le regardait, et c’était un peu ce qu’elle faisait en plaçant sa vie entre mes mains.
Alors je nous ai trouvé un endroit où vivre, quelque chose de miteux au départ, le temps de commencer à travailler au noir, pour avoir un meilleur logement. J’ai pas mal trimé, mais j’ai fini par trouver, j’ai même réussi à me faire faire de faux papiers. Cela m’a permis d’être embauchée dans une boite de démarchage. Je passais mes journées au téléphone avec un casque sur les oreilles et je rentrais le soir pour retrouver Iphigénia. Je faisais les courses, je trouvais des fruits du plasma, je faisais tout pour qu’elle n’ait rien à faire, pour qu’elle se remette… La voir souffrir m’était insupportable, je voulais juste qu’elle aille mieux, qu’elle parvienne à l’oublier.
Je la trouve sur le canapé, comme souvent quand je rentre du travail. A sa position et à la télé allumée, je devine qu’elle a essayé de m’attendre mais qu’elle a fini par s’endormir. Elle essaie de reprendre un rythme « normal » de dormir la nuit et de veiller le jour, mais elle a beaucoup de mal, et à 17h elle pique souvent déjà du nez, alors à 19h, n’en parlons même pas. Elle est cependant si belle quand elle dort que je n’ose pas la réveiller tout de suite, je la regarde plutôt dormir. Ses cheveux roux forme un halo autour de son visage, et certains tombent sur ses yeux clos. Sa peau laiteuse appelle mes caresses, mais là encore, je me retiens, de peur de briser la magie de son sommeil. Pourtant j’aimerai aussi voir ses yeux, ils sont si beaux que je me perds dedans à chaque fois… J’aimerai aussi embrasser sa bouche, mais ça je ne le fais pas. Je ne l’ai pas fait souvent, seulement quelques fois et toujours quand nous étions avec lui, quand elle était dans le feu de l’action et qu’elle ne se rendait pas compte de grand-chose… Mais depuis que nous sommes toutes les deux, je ne l’ai plus fait, je n’ai plus rien fait avec elle si on met de côté tous les gestes de tendresse que j’ai pour elle.
D’ailleurs, je finis par céder à ma pulsion et lui caresse la joue. Elle ne se réveille pas tout de suite et j’ai le temps de descendre dans son cou, d’effleurer sa nuque, avant qu’elle n’ouvre les yeux lentement. Un petit sourire étire ses lèvres et mon cœur fait des bonds. Je me damnerai pour qu’elle sourit comme ça à chaque instant et savoir que son sourire m’est adressé… c’est juste magique. Je le lui rends instinctivement et elle se blottie contre moi, faisant naître une grande joie et une intense douleur dans mon cœur. Une intense douleur parce que je sais qu’elle ne le fait pas avec les intentions que j’aimerai lui prêter… mais ça ne fait rien.
- Tu as passé une bonne journée ? demande-t-elle d’une voix encore un peu endormie.
J’acquiesce tout en caressant ses cheveux emmêlés, que je démêle doucement et sans y réfléchir.
- Et toi ?
- Oui ça va, j’ai regardé la télé.
J’acquiesce encore, songeuse. Ce serait bien qu’elle finisse par se trouver une activité, je n’ai envie qu’elle déprime en restant ici, enfermée toute la journée. Je refuse cependant qu’elle travaille de nuit, j’ai trop peur qu’il lui arrive quelque chose si elle devient serveuse ou un métier de ce genre. On trouvera autre chose…
- Tu as faim ? je lui demande.
Aussitôt elle lève les yeux vers moi et je vois ses pupilles s’assombrirent. Je pensais lui proposer un fruit du plasma mais je crois qu’elle a vraiment envie de boire du sang et j’aime tant sa morsure… je sais que ce n’est pas bien, qu’il faudrait qu’elle apprenne au contraire à se restreindre mais… Je la vois acquiescer et se redresser et je tends légèrement le cou dans une invitation. Elle s’approche sans se faire prier, et je ferme les yeux pour en profiter autant que possible. Sa morsure est toujours aussi agréable, elle me rend toute chose… elle ne se nourrit pas longtemps, elle sait se contrôler, et quand elle s’écarte, un soupir d’extase m’échappe.
Je rouvre les yeux pour la voir sourire, repue, les yeux éclairés par le sang qu’elle vient de boire. De mon côté je suis un peu dans les vapes, un peu fatiguée, alors je m’allonge sur le canapé - qui nous sert aussi de lit quand on l’ouvre, comme on le fera un peu plus tard. J’insiste toujours pour le refermer même si on économiserait peut être de l’énergie à le laisser ouvert, parce que je veux séparer la chambre du salon en journée. Comme je suis étendue, Iphigénia s’allonge prêt de moi, elle se love de nouveau dans mes bras et encore une fois je soupire d’aise, enfouissant mon nez dans ses cheveux. J’aimerai rester ainsi pour toujours, la tenir dans bras, tout contre moi, et vivre avec elle, à tout jamais… Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en ces instants…
Mais je ne pouvais pas la laisser rester sans rien faire à la maison, son deuil ne passait pas et je ne voulais pas qu’elle déprime complètement. Alors quand j’ai entendu parler de ce poste à Ravenswood, j’ai sauté sur l’occasion. Iphigénia est très douée en langue, elle est polyglotte, elle a très vite appris et des cours d’été lui ont permis de combler ses lacunes. Et puis Ravenswood… ça m’a rappelé tant de bons souvenirs, j’aurai voulu y retourner moi aussi, mais comme ce n’était pas possible, je voulais qu’elle au moins connaisse cet endroit merveilleux. Elle a donc fait sa rentrée, il y a un peu plus d’un mois. Ça n’a pas été facile pour elle, je le sais bien, mais elle a tenu… jusqu’à il y a quelques jours. Elle m’a appelée, paniquée, elle m’a dit qu’elle allait rentrer, qu’elle avait un problème… j’ai eu peur, très peur même, qu’elle soit tombée malade ou je ne sais pas… Je ne sais pas si c’est mieux ou pire, mais elle est en fait tombée enceinte… La nouvelle m’a mis un coup au cœur. Même si j’avais entendu parler de ses histoires avec un autre professeur, l’idée qu’elle soit enceinte de lui… Mais j’ai mis de côté ma douleur et je ne l’ai pas laissé quitter l’école. Elle peut travailler, elle n’est enceinte que d’un mois, elle est juste en panique, elle a besoin de soutien, elle a besoin de moi. Elle n’en a pas encore parlé au professeur et une petite voix perfide en moi aimerait qu’elle ne lui en parle jamais, j’élèverai cet enfant avec elle. Mais je sais que ce n’est pas comme ça que ça marche…
J’ai réussi à me faire accepter en tant qu’agent d’entretien dans l’école. Je me fiche que ce ne soit pas un métier glorieux, j’ai fait bien pire et puis je ne suis pas du genre à me plaindre. Je viens pour Iphigénia et c’est tout, je ne peux pas la laisser toute seule dans cette épreuve, elle a déjà perdu un enfant, je sais qu’elle ne pourrait pas survivre si elle en perd un deuxième…
Caractère
Je suis d’une nature assez calme et posée, mais je ne me laisse plus marcher les pieds depuis bien longtemps. J’ai vécu dans des milieux difficiles où on m’a appris à baisser la tête alors j’avoue que parfois, cet instinct de protection revient. Mais généralement et maintenant que j’ai pleinement confiance en moi, je le combats. Je ne laisserai plus personne me réduire en esclavage ou m’imposer quoi que ce soit. J’ai retrouvé ma liberté et je resterai libre.
Mais peut-on dire que je le suis vraiment ? Je serai à jamais liée à Iphigénia. Avant elle je n’ai jamais aimé et je ne crois pas qu’il y aura un après. On dit que les elfes vivent des centaines d’années, on me dira donc que j’ai le temps de passer à autre chose… mais je l’aime. Je suis incapable de passer à autre chose. Même si elle ne m’aime pas. Même si elle en aime d’autres, toujours des hommes. Je me suis résignée, Iphigénia est purement hétéro, peu importe que j’ai partagé son lit avec le vampire, c’était sa présence qui comptait pour elle. Alors je l’aime de loin, je l’aime sans vraiment le lui dire, sans vraiment oser le lui avouer. Je la protège et je ne supporte pas qu’on la blesse. Avec elle, je suis douce même si j’essaie de la motiver, de la faire bouger un peu. Je ne peux pas l’obliger à aller contre son instinct, alors je couvrirai ses arrières.
Je ne fais toujours pas confiance aux hommes. Je sais bien que tous ne sont pas des pervers sadiques, j’ai pu l’expérimenter. Mais ça ne change rien au passé, je ne désirerai jamais aucun homme, et il faudra du temps à un homme si il veut seulement gagner ma confiance.
Pouvoirs
Je n’ai pas eu beaucoup d’occasion de pratiquer ma magie, mais je sais que j’ai une affinité particulière avec l’air. Pendant mon unique année à Ravenswood, j’ai appris à sentir et à comprendre ma magie, j’ai appris à reconnaître celle des autres, et j’en ai aussi davantage appris sur les différentes espèces du monde surnaturel. Je n’ai pas de grands pouvoirs, j’ai surtout appris quelques techniques de défenses, parce que j’avais peur d’en avoir un jour besoin, et je connais des sorts simples, comme ceux d’insonorisation ou bien ceux qui me permettent de camoufler mes oreilles aux yeux des humains.
Physique
Plus jeune, j’avais les cheveux longs, surtout parce que beaucoup d’hommes aimaient tirer dessus pendant l’acte sexuel… Mais depuis quelques années, je me les suis coupés, et je les porte maintenant assez court. Je suis plus grande qu’Iphigenia, je mesure 1m71, je suis également plus mate de peau qu’elle, et j’aime la façon dont sa peau laiteuse contraste avec la mienne.