*17 ans et demi*-*Prisonnière*-*1 mètre 67*-*Prédateur*
Tous mots qui auraient pu sortir de mes lèvres se retrouve à rester coincer dans ma bouche, provoquant presque un sentiment d'étouffement chez moi, lorsque je sens à nouveau l'habitacle remuer sous mes pieds. Je sens la pression dans mes oreilles alors que nous redescendons à des hauteurs plus acceptables. À nouveau, je sens les hauts le coeur me prendre, mais je me force à faire bonne figure. Pour Rosaleen, déjà qu'elle ne sent pas très... forte, en ce moment, je ne veux pas lui ajouter le poids de mon mal être momentané.
Au moins nous sommes au sol, à présent. Mais est-ce vraiment une bonne chose puisque ça signifie que nous devrons bientôt commencer ce jeu stupide pour de vrai? Et qui sait ce qui m'attend en bas? La mort, certainement. Mais quand viendra-t-elle? Dans quelle circonstance? En serais-je la victime... ou l'instigatrice? Aucune de ces deux options ne m'enchantent vraiment. Il n'y a que quelques personnes dont je souhaite la mort et, tristement, elles ne sont pas ici. Ceux qui sont là... qu'est-ce qu'ils sont pour moi? Rien du tout. Sauf peut-être Rosaleen... Mais les autres? Je m'en moque, je ne veux ni leur mort, ni qu'ils vivent. Leurs sorts m'indiffèrent.
Je suis rapidement Rosaleen lorsqu'elle sort de l'avion et l'étonnement m'envahit alors que je découvre cette arène étrange. Une immense prairie bordée d'arbre. Nous sommes en pleine nature, apparemment. Étrangement, quelque chose dans ce décor peu connu me détend. Peut-être est-ce le fait de la légère brise sur mon visage ou encore l'odeur de la forêt et de la prairie que je n'ai jamais eu l'occasion de sentir jusqu'ici. J'inspire doucement et un léger sourire étire mes lèvres. Un sourire bien déplacé en cet endroit, un sourire de bien-être. Ce bien-être disparaît à l'instant même que la voix de Peter se fait entendre, laissant place à un rictus irrité. Très bien, écoutons-le.
Je me pétrifie un peu plus à chacun des mots qu'il prononce. À chaque dernier jour du mois? Du mois?! La panique m'envahit de l'intérieur, mais je la cloître rapidement pour ne pas qu'on la voit. Je songe à Rosaleen et mon coeur se glace. D'accord... apparemment, j'avais tort. Ils ont l'intention de nous garder ici longtemps. Ma mâchoire se contracte et mon regard se fait plus dur. Il suffit de redoubler de prudence... peut-être que nous serons ensemble, peut-être que...
Mon espoir fond comme neige au soleil lorsque j'apprends que non seulement je fais partie des prédateurs, mais qu'aussi... Rosaleen n'est pas avec moi. Mon regard croise le sien et j'y lis une peur qui fait échos à la mienne, mais je lui renvoie toute l'assurance que je peux, suivit d'un hochement de tête. Ce que je lui ai dit tiens toujours et je l'aiderai autant que je peux. La protégerai. Je ne peux pas la protéger de son équipe, mais le mienne, si. Je tiendrai parole, après tout, mes deux désirs sont à ma portée, ici. À cette idée, un nouveau sourire s'étend sur mes lèvres. Un sourire déterminé, froid et innocent à la fois.
J'écoute attentivement toutes les directives que Peter nous donne tout en réfléchissant déjà à ce qu'il serait mieux de faire. Je ne crois pas que poursuivre les proies soit à notre avantage, nous ne connaissons rien du terrain, ni de nos partenaires d'équipes. Mieux vaut découvrir l'endroit. Et puis, à quoi ça rime de se tuer dès la première journée? Et pourquoi tuer, point? Nous n'avons aucune raison de nous massacrer, sauf celle que ce jeu débile nous donne. Dès que Peter annonce « bonne chasse » je me détends. Bien, maintenant nous sommes entre nous. Je jette un coup d'oeil à mes « partenaires » et me rend vite à l'évidence que chacun d'entre eux pourrait sans doute me maîtriser rapidement. À condition qu'ils le veuillent, bien sûr. Et qu'ils m'attrapent.
Je suis tirée de mes pensées par un mec qui s'adresse... je ne sais pas trop à qui. Tout le monde, sans doute. Et ce qu'il dit est plutôt logique et rejoint mon ordre de pensée. Dois-je approuver oralement ou me taire et laisser les autres dire ce qu'ils pensent? Autant ne pas la jouer discrète, déjà que je suis maigre... J'hausse rapidement des épaules et réponds d'une voix suffisamment claire pour être entendue de mon équipe:
-
On est tous susceptible de se tuer entre nous... mais ce ne serait pas judicieux, non? L'union fait la force à ce qu'on dit... Et pour ma part, je crois que tu as raison. Mieux vaut trouver notre base. Ça va nous permettre d'analyser le terrain nous aussi.
Dès que j'ai fini avec cet élan oratoire, je me tais et regarde à nouveau chacun des membres de mon équipe avant de jeter un coup d'oeil du côté de celle de Rosaleen. Ils n'ont toujours pas bougé. Je ne veux pas avoir à foncer vers eux. Alors autant que mon équipe décide d'aller tranquillement à notre campement.