Kéodara dite "Kéo" Fille de Théia | 19 ans | non reconnue
Histoire
À midi, trois coups résonnèrent contre la porte en hêtre du monastère. La femme se tenait droite, raide même, elle semblait gênée de se trouver ici. Elle détonnait dans ce paysage, ses vêtements, sa présence, sa stance, tout indiquait qu’elle ne venait pas d’ici. Il fallait s’imaginer le tableaux, les contrastes étaient à faire pâlir de jalousie un maitre de la renaissance. Contre les montagnes de couleur ternes, son foulard rouge, contre la terre sale, sa jupe dorée, les enfants du villages la regardaient à distance et elle… Elle semblait rayonner, ses habits étaient flamboyants.
Brusquement, elle se retourna pour foudroyer du regard le moine qui l’observait et, avec force, elle lui fourra le ballot qu’elle avait dans les bras et sa voie résonna :
Personne ne devait savoir son identité, son existence devait rester un secret
Il faudrait la cacher, l’éduquer, la former, il fallait qu’elle soit forte
Lorsque le temps sera venue il faudra l’envoyer à un certain endroit, aux États-Unis.
Une fois ces mots prononcés elle se retourna, sa cape claqua et elle s’en alla, laissant derrière elle un moine et un bébé éberlués.
La vie ne fut pas difficile, certains dirait heureuse, d’autre comique, la plupart atypique. Vivre au milieu de moines qui pensaient cacher l’enfant d’un politique important au lieu d’une demi-déesse, ces hommes de foi y mettait du cœur. Cheveux rasés, prénom masculin, robe rouge, et, au moindre bruit suspect, au moindre voyageur inattendu, l’enfant était fourré derrière une statue d’un bouddha, « surtout ne fais pas de bruit, on t’appellera pour te prévenir quand ce sera fini ».
Quand les premières marques d’une nature divine - demi divine pour être précis - apparurent, sous la forme d’avant-bras illuminés à la moindre contrariétés, les moines pensant que c’était le signe d’une société secrète ou tout autre type d’hérésie, cherchèrent à les cacher. Foulard, rubans, tissus, robes... presque tous les textiles du monastère y passèrent, mais les bras furent pansés et cachés, et la nature resta un secret pendant une dizaine d’année.
Tout changea avec les premières gouttes de sang. Les moines, qui depuis des années réfléchissaient au sens des dernières paroles de l’inconnues, prirent cela comme un signe. Le moment était venu. Le Lama du monastère appela l’adolescente et lui, révélant ses origines, lui posa un ultimatum, devenir une nonne ou aller aux États-Unis selon les vœux de sa mère.
La décision fut rapide, quitter tout ceux qu’elle aimait pour un pays étrangers dont elle ne parlait presque pas la langue où se voir reléguer moine de seconde-classe, forcée à vivre dans l’ombre.
Le soir même elle exposa sa décision aux moines, empocha l’argent, et partie voir le monde.
Elle se créa une troisième option, une autre voie :
Option n°3 : partir voir le monde, explorer, découvrir qui elle était ou du moins façonner ce qu’elle allait devenir.
Elle parcourut le Laos de long en large, partit au Vietnam, s’y installa un peu, vivota, sentant l’aventure la rappeler elle partit, Birmanie, Inde, Mongolie...
Dans ces plaines elle se découvrit sous la forme d’un enfant de 10 ans, ses yeux répondaient aux siens, son maniérisme parallèlant le sien et pour la première fois elle comprit le sens de demi-dieu et il lui sembla qu’elle avait trouvé sa place. Cette rencontre entre les deux demi-dieux semblait fatidique.
Une année passa et au fur et à mesure que les deux enfants grandissaient et apprenaient à comprendre ce que leurs ascendances signifiait, le danger attendait, tapis dans l’ombre. Il jaillit une nuit d’automne sous la forme de deux monstres, mutilant, égorgeant, tuant jusqu’à trouver leurs proies. L’un vit naître l’aube tandis que l’autre expira son dernier souffle pour la saluer.
Le voyage reprit, plus acharné, il lui fallait oublier les yeux bleus et le rire éclatant qui les accompagnaient. Le souvenir du jeune demi-dieu dont le corps sans vie reposait dans ces plaines sans fin lui était insupportable. Les errances de la jeunes fille, autrefois volontaires, devenaient un échappatoire lui permettant d'éviter de repenser à cette nuit, dressant une barrière entre elle et les autres, elle ne restait jamais assez longtemps au même endroits pour tisser des liens.
Cette fuite enragée s’arrêta un jour, Kéo en émergea comme hébétée, tel la mer après plusieurs jour de tempêtes. Le fils d’Apollon trouvé dans une cave au Caire prophétisa « ses yeux ne t’étaient pas destiné, trop bleus, ce rire n’était pas pour toi, trop éclatant. A Nairobi tu trouvera des yeux noir qui te défieront, et un rire qui t’apaisera. »
À Nairobi, au détours d’une ruelle, au milieu des yeux des passant indifférents, elle vit des yeux noir défiant, et se frayant à travers la foule, elle courut après, et aujourd’hui encore court après....
Caractère
Désintérêt et obsession. Deux antagonistes habitant le même corps. Désintérêt pour tout objets matériels, obsession de posséder quelque chose ou quelqu’un, blessures de l’enfance. Obsession matérialisée par son amour pour Shamsa, la faisant souvent tomber dans des extrêmes. Aimer ou haïr, les deux, passionnément.
Depuis longtemps elle a accepté de se voir réduire à un crapaud ou une sauterelle dans une vie futur si cela signifie vivre librement celle-là, se traduisant par une aversion des contraintes, des non-dits, des lois érigés par des autres, suivant son propre compas moral et faisant passer sa survie avant celle des autres.
L’enfance au monastère lui a appris à valoriser une vie en communauté où chacun a une place, une tâche, un atout à amener aux autres, les personnes oisives étant vu comme des parasites – insectes devant être éliminé, vision qu’elle possède toujours aujourd’hui.
Pouvoirs
Bénie à sa naissance d’une mère divine mais absente, ne laissant d’elle qu’une nature de demi-dieux et ses preuves, les avant- bras s’éclairant à volonté et une capacité à contrôler des métaux précieux dont cette mère était à l’origine.
Si le premier don est mis à utilisation fréquemment que ce soit pour éclairer une pièce ou le visage d’un jeune enfant, le deuxième lui se fait plus rare, pour assurer leur survie. Manipuler l’or d’une bijouterie pour ensuite le revendre à un receleur ou altérer la trajectoire d’une balle pour qu’elle trouve maison logé dans un crâne plutôt que dans un mur. Les possibilités seraient immenses mais cette utilisation scarce suffit à son propriétaire qui ne voit pas l’intérêt d’apprendre à contrôler ce pouvoir qui ne lui semble qu’une malédiction issue d’une vie précédente.
Points forts/point faibles
Des moines, l’enfant a, tant bien que mal, apprit la boxe. De ses pérégrinations la jeune femme a appris à négocier, à se défendre, à rester alerte mais aussi à survivre que ce soit par le travail de la terre ou par la chasse.
Malgré un corps qui reste en bonne condition, elle préfère la sécurité du pistolet à la violence du corps à corps, ne voulant pas se remettre à une issue qui reste trop souvent incertaine et, parfois même, perdu d’avance.
L’esprit quant à lui a subi une blessure avec la mort de l’enfant en Mongolie, développant des procédés tordus pour y survivre, ne supportant plus la mort et encore moins celle des êtres aimés. Chaque blessure inscrite sur leur corps devenait une raison de plus de basculer dans l’abysse, menant inévitablement à la fin de toute sensation qu’elles soient physiques ou émotionnelles.