Viggo Skaebne
Rejeton de Moros | 17 ans | 1m79 | Bon vivant | Vers les bungalows avec Felix
Plus tôt j’ai rencontré – ou rerencontré – un gars s’appelant Rom. Je connaissais déjà sa mort mais pas lui, au final je pense qu’on a dû se croiser mais sans plus, et de toute manière ça n’a aucune importance. Dans la manière qu’il a eu de me dire son nom j’avais l’impression que j’aurais dû le connaître… mais les noms sans visage je les oublie directement. J’ai trop de choses en tête, si je parle à quelqu’un je ne l’oublie pas, mais si quelqu’un me parle de quelqu’un… il faut pas trop m’en demander. En tout cas maintenant je me souviendrai de lui, une mort, un corps, un nom. On n’a pourtant pas vraiment échangé, il m’a juste demandé pourquoi la Colonie était vide, ce à quoi j’ai répondu que la Chasse occupait pas mal de monde. Et voilà on s’est séparés. Il est entré dans le bungalow 11 et finalement je suis parti vers le 12.
Quand Xylia a annoncé les noms des participants à la Chasse plus tôt j’ai été étonné de ne pas entendre celui de Zlayden. Se battre est pour lui toujours un plaisir, c’est un peu une aventure à ses yeux, comme s’il entrait soudain dans un film ou une pièce. Je me demande donc pourquoi il n’était pas dans une équipe, qu’est-ce qui aurait été plus important à ses yeux qu’une opportunité de se défouler… C’est en arrivant à la porte du bungalow de Dionysos que j’obtiens une réponse à ma question : je le trouve en train de distiller de l’alcool. J’entre et il bondit littéralement, un large sourire aux lèvres. « Viggo ! Tu tombes à pic ! J’avais besoin d’un goûteur ! » Pourquoi son sourire ne me rassure pas ? Mais il m’amuse, sa bonne humeur m’amuse, et sa présence fait que je souris plus largement. Il me tend un verre qui ne me dit rien qui vaille. L’odeur qui s’en dégage est puissante, je ne suis pas un grand connaisseur en alcool mais quand même je sais reconnaître les boissons fortes et notamment l’absinthe. Zlay me dit fièrement qu’il l'a distillé spécialement pour la veillée de ce soir. Je goûte. Ma gorge est en feu, ma trachée est en feu, tout est en feu… Je tousse un coup, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si fort. On est en plein après-midi et j’ai pas envie de chanceler parce que Zlay m’aura fait tester ses expérimentations. Mon corps est parcouru d’un frisson, bon au moins je suis totalement réchauffé et j’ai même l’impression d’avoir de l’énergie à revendre. En voyant que je ne compte pas finir le verre Zlay commente simplement « Petite nature » avant de prendre le verre et de le finir cul sec. Je serai toujours étonné par sa capacité à boire de l’alcool, même de l’alcool à peine buvable… Il me dit – avec encore plus de fierté – que c’est du 88°, donc je comprends pourquoi ma gorge se trouve incapable de faire disparaître la sensation de brûlure. Je lui demande s’il compte bourrer la Colonie ce soir et il rit légèrement, disant qu’une fête ne peut être complète sans alcool. Je le soupçonne d’avoir profité de ce prétexte pour distiller de l’absinthe tout l’après-midi. Je reste un bon moment avec lui, et plus le temps passe mieux je me sens, mon sourire ne quitte plus mes lèvres, je ris plus facilement – même à des choses qui habituellement ne m’auraient fait que sourire – et il me raconte exactement le processus de distillerie de l’absinthe, m’expliquant comment c’était avant, avec une carafe, alors que maintenant il y a les fontaines… Et le dit avec une joie si grande, fasciné par son sujet, et de temps à autres, il boit une gorgée, comme si ça ne lui faisait rien…Bon il n'en boit pas énormément, juste une gorgée par-ci par-là, mais ça reste de l'absinthe. Voyant que je n’en fais pas de même il essaie de me tenter, de me proposer autre chose, mais je refuse. Et je refuse. Et je cède. Évidement... Parce que c'est Zlay et qu'à force il me tente de plus en plus, avec toutes ses propositions ! Je finis par accepter un truc pas trop fort et il sort sa flasque avec un sourire qui va d'une oreille à l'autre. Il verse un peu de son contenu dans un verre, c'est d'un rouge sombre, un peu violet, mais ce n'est pas du vin. J'en bois prudemment, sous le regard enthousiaste de Zlay qui attend mon avis, et finalement je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est mais c'est super bon. Je crois détecter du rhum, des fruits, de l'ananas je crois et un truc du style grenade et autre chose... Mais je ne sais pas ce que c'est et quand je lui demande il me fait un clin d'œil sans me répondre. Je ne suis pas un très gros buveur, j’aime bien boire de temps en temps ou quand on fait des soirées, notamment ici, mais je fais en sorte de m’arrêter avant d’être totalement bourré. Parce que j’ai peur de l’être, parce que je sais que je n’aurais plus aucun contrôle et que j’ai peur de dire quelque chose que je ne suis pas censé révéler. Du genre une mort. Si quelqu’un dit, juste pour rire, « si je continue à boire je vais mourir » ou un truc dans ce style, j’ai peur de répliquer « mais non toi tu meurs comme ça ». Je ne peux pas me le permettre, après il est vrai que la personne sera peut-être trop bourrée pour se souvenir, et moi aussi, mais je préfère ne pas prendre le risque. J’aime quand l’alcool me procure une sensation de chaleur agréable, quand mon cerveau commence à légèrement s’embrumer et que je ris, que ce qui m’entoure à moins d’importance, mais pas plus.
Je finis par laisser Zlayden parce que je sens qu’il va finir par m’avoir, j'ai fini mon verre et il voudrait m'en servir un autre, et je n'ai aucune envie de dire non, je n'aime pas dire non, mais je ne veux pas boire plus avant ce soir. Parce que oui clairement je suppose que si je croise Zlay à la veillée je n'y manquerai pas. Et aussi parce que si j'accepte un second verre je sais qu'il y en aura un suivant et un suivant... Je sors donc du bungalow et plus je m’éloigne de Zlay plus je sens mon envie de céder qui diminue. Pourtant je me sens toujours d’excellente humeur, c’est donc un large sourire qui se dessine sur mes lèvres lorsque j’aperçois Felix qui marche vers son bungalow. Je vais à sa rencontre, les mains dans les poches.
- Hey beau gosse ! La Chasse a été bonne ?
En même temps mes yeux scannent son corps, pour une fois il n’y a aucun désir, c’est juste un moyen de m’assurer qu’il n’est pas trop blessé. Déjà il est ici et pas à l’infirmerie c’est rassurant. Je ne m’inquiétais pas de sa mort, je suis le mieux placé pour savoir que sa vie n’était pas en danger, mais un mauvais coup aurait pu salement l’amocher.