Affiner sa plume

Retrouvez ici tous les jeux d'écritures et histoires participatives à écrire à ensemble !
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charly09

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Affiner sa plume

Message par charly09 »

Affiner sa plume, et pour cela, adopter les techniques encore en usage aujourd’hui dans l’enseignement des beaux-arts : copier ses maîtres. C’était une pratique commune autrefois, qui constituait même une épreuve du baccalauréat au début du siècle dernier : écrivez à la manière de…
Je vous propose ici de reprendre le principe, mais comme nous n’avons pas l’habitude de l’exercice, et pas toujours la culture littéraire suffisante pour s’y risquer, reprendre à la base :
1. d'abord, un extrait d’un grand auteur (on va piocher dans les classiques ou les auteurs reconnus.) : à lire et à relire pour s’en imprégner. Repérer le rythme, le niveau de langue et le vocabulaire, l’angle qu’il adopte pour écrire son récit. Le style.
2. Ensuite, des éléments clefs de votre propre récit. (la consigne)
3. Enfin, vous allez vous lancer dans l’écriture et raconter votre histoire "à la manière de…"
Notez que ce n’est pas l’originalité de l’histoire qui nous intéresse ici, ni la virtuosité de votre propre style, mais votre aptitude à lire, à écouter l’auteur, à saisir les particularités de son écriture et à les retranscrire.
N’hésitez pas à prendre un brouillon ! et livrez-nous le résultat final, bien relu, avec un vocabulaire, une orthographe et une syntaxe maîtrisée.
On se lance ?
Chacun peut avoir une interprétation différente des éléments que je vais vous donner, vous pouvez donc revenir à la consigne initiale, ou proposer un autre auteur avec d’autres consignes. L’apprenti-écrivain suivant redémarre à la dernière consigne formulée.
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

Mon premier auteur nous ramène aux origines de la littérature française (on travaillera sur une traduction moderne) avec un extrait de Yvain, le chevalier au lion de Chrétien de Troyes

« Tandis qu'ils parlaient ainsi, le roi, qui venait juste de se réveiller, sortit de la chambre. Aussitôt, les barons se levèrent pour le saluer mais il leur fit signe de se rasseoir. Lui-même s'installa à côté de la reine qui reprit pour lui dans le détail le récit de Calogrenant. Comme elle contait fort bien, le roi eut plaisir à l'écouter. Il fit alors serment sur l'âme de son père Uterpandragon, sur l'âme de son fils et celle de sa mère que, dans moins de quinze jours, il irait voir la fontaine merveilleuse. Il y arriverait la veille de la Saint-Jean et y ferait étape cette nuit-là. Il ajouta que tous ceux qui le souhaitaient pourraient l'accompagner.
Ce que le souverain venait de dire accrut son prestige parmi la cour car tous, tant barons que jeunes bacheliers, avaient la ferme intention de s'y rendre avec lui.
Seul, monseigneur Yvain ne partageait pas l'enthousiasme général car il avait conçu le projet de tenter l'aventure en solitaire. Une fois là-bas, il le savait bien, monseigneur Keu obtiendrait le droit de tenter l'épreuve avant lui. Ou bien mon- seigneur Gauvain, s'il le demandait le premier. Le roi ne pourrait leur refuser ce privilège.
C'est ainsi qu'il prit la décision de ne pas attendre. Que ce soit pour son bonheur ou pour sa peine, il irait seul. Il se rendrait dans moins de trois jours à la forêt de Brocéliande et saurait bien trouver l'étroit sentier broussailleux, la lande et le manoir fortifié. Il se ferait héberger chez ce gentilhomme accueillant dont la fille est si belle et si gracieuse. Il se hâterait ensuite d'aller jusqu'à la clairière, verrait les taureaux et l'horrible vilain qui les garde. Puis, s'il le pouvait, il découvrirait enfin la fontaine, le perron et le bassin, les oiseaux sur le grand pin et il provoquerait la tempête.
Mais ce projet, il doit le garder secret. Personne ne soupçonnera rien avant que l'aventure lui ait apporté gloire ou déshonneur. Que tout le monde le sache alors, mais pas avant! »


CONSIGNE : Une écolière, lors d’un repas de famille, décide de cueillir un bouquet de fleurs magnifique pour orner la table de fête.
Pendergast

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Re: Affiner sa plume

Message par Pendergast »

Bonjour, je me lance:

Les fêtes Pascales s'annonçaient, la matriarche décida la préparation d'un véritable banquet. Elle fit venir sa famille, qui prit place respectueusement et en silence autour du fauteuil à haut dossier recouvert de dentelles. Elle leur donna à chacun les consignes à mettre en place pour faire de ce jour une journée inoubliable. Elle-même se fit serment de mettre tout son coeur et son âme dans la confection des recettes léguées par sa mère et la mère de sa mère. Tous les membres de la famille se réjouissaient de prendre part à ce qui s'annonçait comme un véritable festin et leur amour pour la matriarche s'accrut encore.
Seule Damoiselle Pernelle, jeune écolière de 8 printemps, ne participait pas à la liesse générale. Trop jeune pour être d'une quelconque utilité, elle se sentait rejetée. Mais elle avait une idée, une idée qui la ferait admirer de tous et lui vaudrait la reconnaissance de la matriarche. Elle prit la décision d'agir de suite sans attendre. Elle sera seule face à de multiples épreuves, mais elle savait pouvoir les surmonter.
D'abord, traverser le jardin coquettement entretenu par Dame Louise, sa mère. Puis le potager et son effroyable épouvantail. Ensuite, le petit bois sombre et oppressant, elle se hâterait sans prendre garde aux arbres aux doigts squelettiques, ni aux bruissements soyeux des oiseaux de proie. Enfin franchir la petite barrière et découvrir le but de sa quête, son Graal: une immense prairie, la plus belle de la région, dont les herbes ploient sous la brise et dont les fleurs forment le plus émouvant des tableaux. Elle voyait déjà bleuets, pâquerettes, boutons d'or, cosmos et myosotis composés le plus magnifique des bouquets, celui qui allait illuminer la table recouverte d'une nappe immaculée.
Mais ce projet ne devait pas être découvert trop tôt, avant même d'avoir abouti. Elle imaginait déjà les regards éblouis des convives et sentait par avance le délicieux parfum de jasmin de la matriarche quand elle se pencherait pour l'embrasser.
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

Ah merci Pendergast ! L'exercice est difficile, mais tu as relevé le défi haut-la-main !
On attend encore quelques participations avant de proposer un nouveau challenge, mais une nouvelle consigne n'invalide pas la précédente, je le rappelle.

A vos plumes !!! :P
Beille

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Re: Affiner sa plume

Message par Beille »

Beille se lance en mangeant du chocolat.
Tandis qu'ils parlaient d'elle à la table de la cuisine chez sa grand-mère, Marie sortit dans le jardin de fleurs. Aussitôt, elle réalisa que la table manquait d'harmonie, mais c'était ainsi depuis l'accident. Elle-même ne savait plus quoi en penser de tout cela. Comme elle avait été fort choquée, elle n'étais toute à fait remise. Elle comprit alors qu'un bouquet de belles marguerites jaunes, de roses rouges et de tulipes qui, dans le jardin de grand-mère étaient plantées, détendrait l'atmosphère de la pièce où se trouvait sa famille. Elle prit les plus belles fleurs qu'elle trouva et les mit ensemble pour former un beau bouquet. Elle fouillerait dans les armoires de grand-mère pour trouver un beau vase et y ajouterait de l'eau, mais son projet devait rester secret, car sinon ils se moqueraient d'elle. Une fille-mère en fin de grossesse ne pouvait pas préparer un bouquet de fleurs.
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

Merci Beille de ton audace ! L'exercice est difficile, et ta participation est un bel effort. J'ai pourtant envie de te titiller quelque peu... en t'imposant la consigne suivante : raconte-moi exactement la même histoire, mais cette fois, à la manière de l'Abbé Prévost (je te gâte, Beille !)

"Ma malheureuse maîtresse fut donc enlevée, à
mes yeux, et menée dans une retraite que j’ai
horreur de nommer. Quel sort pour une créature
toute charmante, qui eût occupé le premier trône
du monde, si tous les hommes eussent eu mes
yeux et mon cœur ! On ne l’y traita pas
barbarement ; mais elle fut resserrée dans une
étroite prison, seule, et condamnée à remplir tous
les jours une certaine tâche de travail, comme une
condition nécessaire pour obtenir quelque
dégoûtante nourriture. Je n’appris ce triste détail
que longtemps après, lorsque j’eus essuyé moimême plusieurs mois d’une rude et ennuyeuse
pénitence. Mes gardes ne m’ayant point averti
non plus du lieu où ils avaient ordre de me
conduire, je ne connus mon destin qu’à la porte
de Saint-Lazare. J’aurais préféré la mort, dans ce
moment, à l’état où je me crus prêt de tomber.
J’avais de terribles idées de cette maison. Ma
frayeur augmenta lorsqu’en entrant les gardes
visitèrent une seconde fois mes poches, pour
s’assurer qu’il ne me restait ni armes, ni moyen
de défense. Le supérieur parut à l’instant ; il était
prévenu sur mon arrivée ; il me salua avec beaucoup de douceur.
– Mon Père, lui dis-je, point d’indignités. Je
perdrai mille vies avant que d’en souffrir une.
– Non, non, monsieur, me répondit-il ; vous
prendrez une conduite sage, et nous serons
contents l’un de l’autre.
Il me pria de monter dans une chambre haute.
Je le suivis sans résistance. Les archers nous
accompagnèrent jusqu’à la porte, et le supérieur y
étant entré avec moi, leur fit signe de se retirer.
– Je suis donc votre prisonnier ! lui dis-je. Eh
bien, mon Père, que prétendez-vous faire de
moi ?
Il me dit qu’il était charmé de me voir prendre
un ton raisonnable ; que son devoir serait de
travailler à m’inspirer le goût de la vertu et de la
religion, et le mien, de profiter de ses
exhortations et de ses conseils ; que, pour peu que
je voulusse répondre aux attentions qu’il aurait
pour moi, je ne trouverais que du plaisir dans ma
solitude.
"


Les autres participants peuvent adopter, avec la même consigne (Une écolière, lors d’un repas de famille, décide de cueillir un bouquet de fleurs magnifique pour orner la table de fête), soit le style de Chrétien de Troyes, soit le style de l'Abbé Prévost. On notera l'emploi de dialogue, une description précise du déroulé des événements, l'emploi des temps...
Beille

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Re: Affiner sa plume

Message par Beille »

Cher Charly!
On dirait bien que personne ne veut jouer avec toi. Je suis trop fatiguée pour tenter quoi que ce soit ce soir, mais je te promets que j'écrirai bientôt un petit quelque chose.
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

Merci Beille ! Prends ton temps... et applique-toi ! ;)
Beille

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Re: Affiner sa plume

Message par Beille »

Bon, j'ai un pré-sentiment que je vais passer à côté du plat, mais je m'essaie quand même.
Ma chère famille parla donc de moi, dans la cuisine de ma grand-mère, et énervée par la situation que j'ai horreur d'aborder. Quel malheur pour une jeune fille comme moi, qui eût voulu une bien différente vie, si cette vilaine créature eut une cervelle et un sain esprit! Je sortis de la jolie maison quelques minutes, lorsque j'eus assez de leur méchantes paroles et je me rendis dans un jardin de ravissantes fleurs. J'aurais aimé en cueillir un bouquet, pour en égayer la table. Je ramassais de jolies fleurs de ce jardin. Les images de l'accident revinrent lorsqu'en cueillant des fleurs leur paroles revisitèrent mon esprit. Je ne savais plus quoi en penser; j'avais été fort choquée; ces événements m'avaient marqués pour le reste de ma vie. Je fouillais, pour trouver un vase, dans les armoires de grand-mère. J'y ajoutai de l'eau. Je dû faire attention de ne pas me faire remarquer par ma famille, car étant une fille-mère en fin de grossesse, ils se moqueraient de moi s'ils me voyaient ramasser des fleurs.
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

C'est quoi cette expression "passer à côté du plat" ? j'adore ! je vais l'adopter je crois ! :P

Ecoute, Beille. Je te remercie de ta participation ! La sauce est peut-être un peu légère, mais la cuisson me plaît ! ;)
charly09

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Re: Affiner sa plume

Message par charly09 »

Alors je garde la même consigne.
CONSIGNE : Une écolière, lors d’un repas de famille, décide de cueillir un bouquet de fleurs magnifique pour orner la table de fête

Mais je vous demande de l'écrire à la manière de Zola.

L’oncle Baudu était oublié. Pépé lui-même,
qui ne lâchait pas la main de sa sœur, ouvrait des
yeux énormes. Une voiture les força tous trois à
quitter le milieu de la place ; et, machinalement,
ils prirent la rue Neuve-Saint-Augustin, ils
suivirent les vitrines, s’arrêtant de nouveau
devant chaque étalage. D’abord, ils furent séduits
par un arrangement compliqué : en haut, des
parapluies, posés obliquement, semblaient mettre
un toit de cabane rustique ; dessous, des bas de
soie, pendus à des tringles, montraient des profils
arrondis de mollets, les uns semés de bouquets de
roses, les autres de toutes nuances, les noirs à
jour, les rouges à coins brodés, les chairs dont le
9
grain satiné avait la douceur d’une peau de
blonde ; enfin, sur le drap de l’étagère, des gants
étaient jetés symétriquement, avec leurs doigts
allongés, leur paume étroite de vierge byzantine,
cette grâce raidie et comme adolescente des
chiffons de femme qui n’ont pas été portés. Mais
la dernière vitrine surtout les retint. Une
exposition de soies, de satins et de velours, y
épanouissait, dans une gamme souple et vibrante,
les tons les plus délicats des fleurs : au sommet,
les velours, d’un noir profond, d’un blanc de lait
caillé ; plus bas, les satins, les roses, les bleus,
aux cassures vives, se décolorant en pâleurs
d’une tendresse infinie ; plus bas encore, les
soies, toute l’écharpe de l’arc-en-ciel, des pièces
retroussées en coques, plissées comme autour
d’une taille qui se cambre, devenues vivantes
sous les doigts savants des commis ; et, entre
chaque motif, entre chaque phrase colorée de
l’étalage, courait un accompagnement discret, un
léger cordon bouillonné de foulard crème. C’était
là, aux deux bouts, que se trouvaient, en piles
colossales, les deux soies dont la maison avait la
propriété exclusive, le Paris-Bonheur et le Cuir10
d’Or, des articles exceptionnels, qui allaient
révolutionner le commerce des nouveautés.
– Oh ! cette faille à cinq francs soixante !
murmura Denise, étonnée devant le ParisBonheur.
Jean commençait à s’ennuyer. Il arrêta un
passant.
– La rue de la Michodière, monsieur ?
Quand on la lui eut indiquée, la première à
droite, tous trois revinrent sur leurs pas, en
tournant autour du magasin. Mais, comme elle
entrait dans la rue, Denise fut reprise par une
vitrine, où étaient exposées des confections pour
dames.
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