Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

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x-Key

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Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Le concours d'écriture de juillet a pour thème : Sur une île déserte ! Vous avez du 1er au 31 juillet pour poster vos textes ici-même, sur ce sujet.

Image


Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance à tous !
SweetKhaleesi

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par SweetKhaleesi »

Je tiens à m'excuser d'avance pour mon texte qui en refroidira probablement quelque uns à cause de son contraste avec le texte de ma voisine du dessus. Bonne lecture.

---


Bouteille à la mer


Je suis sur une plage. À perte de vue, il n’y a que du sable blanc et des cocotiers chargés de leurs fruits salvateurs. Quelques crabes galopent sur le sable en laissant derrière eux de petites traces uniformes. Je suis assise sur cette plage et j’observe l’horizon. L’indigo de la mer forme une fine délimitation sur le ciel pastel de ce jour qui, pour moi, est des plus banal. En fond, il y a la forêt. La forêt bienfaitrice qui m’a accueilli, deux ans plus tôt.

En effet, je vis sur cette île déserte depuis maintenant deux longues années. Le 13 mai 1997, j’ai échoué sur ce rivage qui, à l’époque, était loin de me paraître idyllique. Je me suis réveillée le visage dans le sable, sans une explication et sans un souvenir. J’ai rapidement compris que j’étais seule, seule au monde. Après un mois entier, j’ai accepté le fait qu’on ne viendrait jamais me chercher. J’ai commencé à apprendre de A à Z toutes les étapes nécessaires à ma survie: faire du feu, construire un abris, trouver de quoi me nourrir et me vêtir. Je me suis prise à apprécier ce processus de création, aussi long soit-il. On ressent une certaine satisfaction à construire chaque chose que l’on utilise au quotidien. J’ai même créé mon propre calendrier pour garder le cap le sur temps qui passe. C’est ainsi que je sais qu’aujourd’hui, le 13 mai 1999, c’est le jour exacte de mon arrivé sur cette île perdue au milieu de je ne sais quel océan. Je ne sais pas si je devrais célébrer ou être triste, mais, en tout cas, je suis là, assise sur cette plage, les pieds nus dans cette eau qui en ferait rêver plus d’un .

Soudain, quelque chose de froid et dur touche le bout de mon gros orteil. Je me recule, songeant à toutes les bestioles écumants cet océan où il n’y a rien d’autre à des kilomètres à la ronde que des profondeures mystérieuses. Lorsque la marée mousseuse s’écarte, je la vois, comme un cadeau inespéré: une bouteille. C’est une bouteille oblongue d’un vert sauge brillant qui se tient là, enfoncée dans le sable mouillé de la rive. Je la saisie vivement, alors que la prochaine vague approche. Pourquoi cet espoir me direz-vous? Évidemment celle-ci n’est pas dirigée vers la bouteille, mais par ce qu’elle renferme. Ce que je vois à travers le verre transparent de cette bouteille, c’est un cadeau inespéré. J’ai donc la folle idée d’utiliser mes dents pour retirer le bouchon de liège qui protège ce précieux cadeau de la noyade. Plus je tire, plus les papillons augmentent dans mon ventre. Je ne sais pas ce qu’il y a écrit sur ce mystérieux bout de papier, mais je compte le savoir bien assez tôt. Je réussis finalement à retirer le dernier obstacle entre moi et ce petit mot; celui qui gît au fond de cette enveloppe hermétique. Tremblante et pleine d’appréhension, je penche la bouteille sur le flanc et réceptionne le mot qui caresse ma main de sa douceur.

Loin de toi, c'est la nuit,
C'est la nuit triste et sombre,
Et mon cœur plein d'ennui
S'ensevelit dans l'ombre.

Loin de toi, tout fléchit :
Mon espoir, mon courage ;
Loin de toi, mon esprit
Se voile d'un nuage.*

- M.L



Mon coeur fit un bond. On ne m’annonçait pas qu’on venait me chercher, mais c’était plus que ce que mon coeur pouvait espérer après deux ans de néant total. Je m’empressai de revenir vers ma hutte, savamment cachée parmis les troncs et fougères qui composaient la forêt de cette île. Cachée entre les quatres murs de ma maison, je posai cette lettre sur mon coeur. Je me promis alors que chérir cette lettre jusqu’à la fin de mes jours. Je ne pensais pas qu’un bout de papier pouvait avoir un tel effet sur moi, mais après quelques années loin de la civilisation, même le plus solitaire des introvertis s’ennui. Cependant, à ce moment là, j’étais loin de me douter que cette bouteille à la mer n’était que le début d’un périple.

Une semaine plus tard, fidèle à moi même, je suis sur la plage. Cette fois, je ne me contente pas de me prélasser sur celle-ci, mais je profite des derniers rayons du soleil pour cueillir ce qui reste des noix de coco dans les palmiers bordant la forêt. J’étais grimpée avec un bâton afin de déloger les vilaines noix qui étaient trop loin pour mes petits bras. C’est en criant ma joie suite à ma victoire contre une noix que je l’aperçu. Un éclat vert à travers le ressac. Mon coeur battit la chamade. Était-ce ce que j’espérais depuis une semaine? Je descendis alors prudemment de mon arbre, oubliant tout des cocotiers. Dès que mon pied toucha le sol, je me mis à galoper en direction de cet éclat tant espéré. M’agenouillant dans le sable mouillé de la berge, je pris la bouteille comme si j’avais peur qu’elle se brise et me blesse. Il y avait, encore une fois, un message au fond. Sans m’en rendre compte, je fixait l’objet depuis une bonne minute lorsque j’ai finalement décidé de l’ouvrir.

Quand je suis près de toi, les heures ont des ailes
Qu'avant de t'adorer je ne leur savais pas !
Elles ont des chaînes si belles
Que je voudrais les voir captiver tous mes pas !
Car jamais on n'a dit plus ravissantes choses,
Et jamais entretien mieux ne se prolongea ;
Et tes lèvres jamais ne brillent mieux écloses
Que lorsqu'à mon départ elles disent : Déjà !**

- M.L


Le coeur gonflé d’amour, je serrai cette lettre contre mon coeur, comme je l’avais fait avec l’autre lettre de ce mystérieux M.L. Qui était-il? Pourquoi m’envoyait-il ces poèmes déclamant un amour qui semblait impossible? Je me mis alors à l’imaginer. Un bel être brun aux boucles soyeuses, un corps bronzé, un regard d’émeraude. Pourquoi pas? Peut-être était-il échoué sur une île, lui aussi. Tant de question et tant d’espoir! Je sautillais sur les grains de sables chaud du paradis qui était maintenant ma maison. Moi et mon âme de romantique, allions faire des rêves jusqu’à la fin de la semaine. J’aurais tout donné pour une caresse de cette mystérieuse personne. C’est sur cette pensée que, encore une fois, je retournai à ma chaumière et plaçai le précieux parchemin dans une petite boîte en bois, par dessus la première.

Trois moi se sont écoulés et j’avais reçu une lettre toutes les semaines du mystérieux M.L. J’avais pris pour acquis qu’un précieux trésor s'échouerait sur les berges de mon paradis toutes les semaines jusqu’à la fin des temps. Ô combien j’avais tort. La bouteille que j’espérais tant ne vint jamais. J’ai attendu, sans quitter la plage, pendant plusieurs jours. Face au vent, au soleil, à l’orage, aux vagues et aux éléments, je suis restée, comme un roc, plantée les genoux dans le sable fin de mon île qui ne semblait plus si paradisiaque. Ne buvant rien et ne mangeant rien, j’attendais le retour de M.L qui tardait à m’envoyer sa bouée de sauvetage. J’ai ressenti la panique, l’impuissance, la tristesse, l’abandon malgré ce paradis qui m’entourait. J’avais tout, dans les circonstances, pour être heureuse, pourquoi me sentais-je vide?

J’ai duré huit jours avant de pousser mon dernier souffle. Huit jours sans boire ou manger et à me battre grâce à un infime espoir. L’espoir d’être secouru, l’espoir d’être vue, l’espoir d’être aimée. C’est ironique vous savez. Ce qui, au départ, ne semblait pas être un situation dramatique a tourné au vinaigre. La vie que j’avais réussis à stabiliser a basculé en une fraction de seconde et la seule personne qui aurait pu me garder à flot, m’a plus jamais donné signe de vie …


* Etzer Vilaire, «Loin de Toi», 1907.
** Julia Canonge, «Près de toi», 1869

---


J’offre ce texte en hommage aux victimes du suicide et à tous ceux qui ont pu penser, au cours de leur vie, à y avoir recourt. Sachez qu’on vous écoute, qu’on vous entend. Joindre une oreille prête à vous écouter est beaucoup plus facile que que vous le pensez. Envoyez une bouteille à la mer à l’oreille qui vous attend selon votre pays :

Suicide Action Montréal : 1 866 277-3553
Suicide Écoute (France) : 01 45 39 40 00
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par x-Key »

Plus que 10 jours pour participer au concours d'écriture de juillet ;)
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Gilles51 »

Bonjour,
Pour changer, j'ai décidé d'écrire un petit poème.
Spoiler
Sur une île déserte dans l'océan Indien
Vivait une famille de petits lémuriens
De rochers et d'arbustes l'île était constituée
Des fleurs et des sources vous pouvez ajouter

A tout ce petit monde il ne leur manquait rien
Ce n'est pas sans raisons qu'ils s'y sentaient si bien
Tout cela est bien beau mais vous vous en doutez
Quelque chose se passa qui va tout balayer

Dans un gros vaisseau noir des Hommes sont arrivés
Sans se soucier de rien ils firent tout sauter
Une maison fut construite à la place des rochers
Et un petit terrain pour pouvoir se poser

Puis un monsieur très riche nous l'appellerons Donald
Vint ici en vacances ce n'est pas des salades
Mais comme il s'ennuyait dans cet endroit trop seul
Il finit par partir en laissant tout en deuil

Comme morale à ce conte qui si mal s'acheva
Nous dirons aux lecteurs que cela ne va pas
Si nous continu-ons à continuer comme ça
Bientôt sur notre Terre il n'y aura que ça :




.
Je vous explique d'où sort ce poème : en ce moment je suis en train d'écrire une nouvelle sur le thème "Repenser notre relation à la nature à l’heure de la sixième extinction" que vous pouvez trouver ici : https://www.ecologique-solidaire.gouv.f ... ystemiques.
Grâce au thème d'écriture de Key, j'ai imaginé une nouvelle. Les strophes ci-dessus sont la traduction de cette nouvelle sous forme de poème.
Attention, si ce thème de la nature vous inspire, vous avez seulement jusqu'au 15 août pour envoyer votre nouvelle, ça va arriver vite...
Shawneenat

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Shawneenat »

Voilà ma petite nouvelle, bonne lecture (désolée pour les alinéas que je ne trouve toujours pas...):


Terre Perdue



-Terre en vue! Crie le capitaine Newhart. Nate, amorce notre descente veux-tu?
Je m'approche du compartiment avant du dirigeable, par lequel, à travers la grande fenêtre de verre, j'aperçois l'émergence, à quelques mètres devant nous, au beau milieu de l'océan, d'une île: Luck. Son nom lui a été donné par le marin qui l'a découverte il y a maintenant dix ans. Enfin, découverte est un bien grand mot. Disons plutôt qu'un navire s'est échoué sur la plage et le capitaine, tellement heureux que cette terre soit présente afin lui éviter de se noyer dans la tempête qui faisait rage, l'a baptisée ainsi. Bien que quelques appareils aient été installés par certains scientifiques, tels que des sismographes, l'intérêt qui a été porté à cette île a été quasiment nul pendant presque une décennie. Jusqu'à ce mois-ci où des mesures inhabituelles ont été enregistrées. Un premier groupe de personne a d'abord était dépêché sur les lieux. Des reliques particulières y ont été découvertes aux abords de certaines grottes mais leur voyage qui avait pour but de trouver tout phénomène qui aurait pu causer ces relevés anormaux a été écourté en raison d'intempéries qui rendaient impossible toute recherche approfondie. Ainsi, une seconde équipe a été constituée afin de voir sur place ce qu'il se passait. C'est ainsi que je me retrouve en compagnie de Mr. Newhart, capitaine de l'aéronef et ornithologue à ses heures perdues, Mr. Andrew Snapes historien de renom et Mme Cornelia Stone professeur et chercheuse en géologie à l'université de Cambridge.Moi même, Arthur Clay, je complète l'équipe par mon expertise en archéologie. Ah oui et j'oublie Nate, le second du capitaine.
Notre dirigeable a quitté Londres il y a maintenant 2 jours et hormis cette île, tout ce que l'on peut voir se résume à une immense étendue d'eau et des nuages à perte de vue.
Enfin, l'aéronef touche terre et la passerelle se déploie sous la porte de notre cabine. Je descends en compagnie de mes camarades. Le capitaine et son second, eux, restent sur le vaisseau, il attendront notre retour.
Tout est si particulier et différent de la Ville. L'air y est pur, on entend le bruissement des arbres et le chant des oiseaux. Les autres ont l'air tout aussi ébahi que moi. Je prends une grande bouffée d'air frais.
-Allons-y, lance-je. Il faudrait qu'on arrive sur le site avant la tombée de la nuit.
Je commence à prendre le sentier devant moi.
-Un instant, je vous prie, Mr.Clay.
Je me retourne. Le professeur Stone fouille dans son sac et en sort trois magnifiques SteamGN, les pistolets les plus maniables et précis qui soit. Elle nous en tend un à chacun. Je le prend précautionneusement en évitant d'avoir l'air trop maladroit. Je n'ai jamais tenu d'arme. En revanche, mon voisin, lui, semble en maîtriser l'utilisation. Il fait tournoyer le pistolet et le range dans sa ceinture. Fier à bras.
-Eh bien. Si je m'étais attendu à ce qu'une femme de votre genre nous accompagne, j'aurais accepté cette escapade sur le champ. Qui plus est, une femme, qui apparemment sait choisir ses armes, réplique Snapes.
-Ne vous fiez pas aux apparences, très cher, ni en ce qui concerne les femmes et encore moins en ce qui concerne cet endroit. Surveillez vos arrières messieurs, rappelez vous que nous sommes dans une zone sauvage et que par conséquent, tout est, ici, potentiellement dangereux. Allez, en route!
Elle nous passe devant et s'avance sur le sentier d'un pas ferme et décidé. Après un léger sourire et un haussement d'épaules je me lance dans son sillage, suivi de l'historien.

Au fur et à mesure que nous avançons, le chemin se fait de plus en plus étroit, tellement que nous finissons par ne plus le voir. Nous nous débrouillons donc pour marcher dans les endroits, où les herbes sont les moins denses. La faune et la flore sont extraordinaires ; c'est un paysage magnifique qui se dévoile à chacun de nos pas. Bien que je ne sois pas botaniste, j'ai quand même quelques notions dans ce domaine et c'est avec une excitation certaine que j'observe ces arbres, arbustes et plantes dont je ne soupçonnais même pas l'existence et dont la beauté et la particularité s'accentuent pas à pas. Les animaux ne sont pas en reste. De ce que j'ai pu voir, les chenilles, papillons, oiseaux, n'ont aucun rapport avec ceux que l'on peut trouver à Londres et dans ses environs. Je suis certain que le Capitaine Newhart, observe avec ses jumelles depuis l'aéronef, toutes ces nouvelles espèces. Cependant, nous n'avons pas rencontré tous les êtres vivants ici présents. A plusieurs reprises, nous avons fait halte après avoir perçu des bruits dans les arbres. Mais nous n'avons rien vu. Pourtant, plus nous avancions, plus je me sentais observé. J'ai fait part de ce sentiment à mes deux acolytes mais Mr. Snapes a pensé que c'était le fruit de mon imagination et que j'étais un trouillard et Mme. Stone ne s'est même pas donnée la peine de répondre.
C'est avec quelques heures de retard et à la tombée de la nuit que nous arrivons sur le site d'enregistrement des données inhabituelles. Miss Stone évalue les sismographes pendant quelques minutes mais apparemment, tout semble normal. Les engins ne sont pas défaillants donc il s'est réellement produit quelque chose ici-même. Mais pour le moment il fait trop sombre pour commencer à chercher quoi que ce soit d'intéressant. Nous décidons donc de nous mettre à l'abri pour la nuit dans une grotte creusée dans le mur de roche situé à une centaine de mètre des appareils.
Nous avons fait un feu de camp avec quelques bouts de bois ramassés sur le chemin pour nous garder de la fraîcheur de la nuit. Pendant toute la soirée Mr. Snapes nous a bassiné avec les grandes découvertes et les avancées qu'il aurait faites pour l'Histoire. Enfin, il a surtout essayé son charme sur Mme. Stone . Cette dernière est entrée dans la conversation mais je me demande si c'était plus pour tromper son ennuie ou parce que c'était un sujet qui l'intéressait vraiment. Quoi qu'il en soit, ils ont passé une bonne partie de la soirée et de la nuit à discuter et je me suis endormi avant que la conversation ait pris fin.
Au petit matin, grande surprise, je suis le premier éveillé. Il fait déjà jour et il ne faut pas traîner si nous voulons pouvoir explorer de fond en comble cet endroit. Je décide d'avancer le travail en débutant par l'exploration de la paroi rocheuse dans laquelle est creusée notre grotte. A peine ai-je commencé qu'une pierre attire mon attention. Elle ressort du mur, plus lisse que les autres pierres. Avec prudence je tente de la déloger pour l'étudier de plus près. Des inscriptions apparemment anciennes la recouvrent. C'est une langue que je ne reconnais pas mais qui présente tout de même certaines similitudes avec celles des Mayas.
-Mais qu'avez-vous fait bon Dieu? Êtes-vous fou ou faites vous seulement preuve d'une incroyable inconscience?
Je me retourne en sursaut . Snapes se tient derrière moi aux côtés de Cornélia. C'est lui qui m'a interpellé. Je suis sur le point de répliquer lorsque un grondement se fait entendre. La terre se met a trembler et nous perdons l'équilibre.
-Accrochez vous quelque part en attendant que la secousse passe! Hurle Cornélia.
Bon conseil. Seulement nous avons à peine le temps de l'appliquer que le sol s'ouvre sous nos pieds et nous engloutis .

L'atterrissage est brutal. Le sol est sableux et sec, parsemé de graviers.
-Alors là chapeau, « Monsieur » je joue à l'explorateur! La prochaine fois que vous voudrez vous rendre intéressant, abstenez vous! Me réprimande Snapes.
J'ai l'impression d'être en enfant en train de se faire sermonner par son père. Je prends un air penaud.
-La prochaine fois...
Je n'ai pas le temps de finir ma réplique que Cornélia nous interrompt.
-Ça suffit vous deux! Au lieu de vous chamailler comme des gamins venez plutôt voir par ici.
Pendant que nous nous querellions Mme.Stone a eu la brillante idée d'allumer une torche qui se trouvait là. Elle la brandit devant elle et nous découvrons, stupéfaits, un chemin de pierres débouchant sur une salle gigantesque. Arrivés à ce qui semble être le milieu de ce sanctuaire, nous stoppons notre progression et les torches qui se trouvent sur le pourtour de la pièce s'allument spontanément. Je n'en crois pas mes yeux. En face de nous est placé une énorme roche carrée ressemblant à un socle située sous une arche de pierre. Sur les bords du chemin que nous venons de suivre, de l'eau projette des reflets bleus sur toutes les structures nous entourant.
La pièce est gigantesque et tellement haute que l'on ne distingue même pas le plafond. Les murs sont fait de pierres très anciennes en apparence. Je m'accroupis pour examiner celles qui sont sous nos pieds. De minuscules dessins sont inscrits dessus mais il m'est impossible de distinguer ce qu'ils représentent. Seuls subsistent quelques traits, le reste ayant été effacé par le temps.
-On dirait un Autel, chuchote Cornélia.
Je relève la tête.
-Ce n'est pas “on dirait”. C'en est vraiment un je pense. Très ancien. Je n'arrive pas à déchiffrer ce qui est marqué.
Je me redresse et m'approche du socle central. Cornélia vient se placer en face de moi.
-Vous ne devriez pas vous tenir si près, très chère, intervient Snapes. Ça peut être dangereux.
Mais l'intéressée ne l'écoute plus. Elle est, tout comme moi, absorbée par ce qu'elle voit. Nous passons tous deux nos mains sur la pierre polie recouverte de ces écritures étranges.
-Arthur...
Je relève la tête.
-Avez-vous trouvé quelque chose? Avez-vous compris où nous sommes?
-Vous devriez venir voir par vous même.
Je contourne le socle et vient me poster de l'autre côté. Une ligne, peinte en gris y prend son origine et continue jusque derrière l'arche. Cornélia et moi la suivons. Snapes,jusque là resté en retrait, est rattrapé par sa curiosité et se joint à nous. Le mur du fond est comme parcouru de nombreuses fissures mais elles ne semblent pas avoir été crées par le temps. Au contraire, on dirait plutôt qu'elles ont été produites volontairement et que le chemin qu'elles empruntent est bien déterminé. Je m'avance et tout d'un coup toutes ces fissures se retrouvent noyées d'une lumière bleue intense. Avant, on ne pouvait pas le remarquer mais c'est désormais une véritable fresque formée par ces lignes qui s'étend sur tous les murs et le plafond qui devient alors visible.
-C'est impossible ! Souffle Snapes.
-Quoi ? Pourquoi ? Demande-je avec une certaine excitation
-En apparence, on pourrait croire que c'est de l'eau colorée qui circule dans ces cavités mais lorsque l'on s'approche on remarque c'est en fait un type très développé d'électricité. Mais c'est impossible, les premières formes de cette technologie sont apparues, au mieux, trois siècles avant JC mais c'est encore très controversé. Mais ce lieu semble beaucoup plus ancien et il est clairement impossible qu'une telle avancée puisse avoir vu jour il y a si longtemps.
Tout devient à la fois plus mystérieux et plus clair dans mon esprit. Une idée me vient mais je la repousse aussitôt. Je ne peux laisser mon esprit divaguer sur ce genre légendes. Cornélia, s'approche de nouveau du socle. Elle me hèle et me demande de venir près d'elle. Nous ne l'avions pas remarqué jusque là mais sur sa face supérieure, une inscription est gravée par ces lignes bleutées. Cette gravure, est la seule et représente un mot bien précis, un mot que je ne peux ignorer: LASTANES. Je prends un air abasourdi.
-Quoi? Que se passe-t-il ? Demande anxieusement Snapes resté près de l'arche.
Mon coeur tambourine dans ma poitrine. Je peine à y croire et pourtant, la preuve est là, juste sous nos yeux. Il y a quelques minutes, je refusais de laisser cette idée s'insinuer dans mon esprit. Mais maintenant je ne peux plus fermer les yeux. Après quelques secondes je réponds enfin.
-Nous venons de découvrir les ruines d'une des civilisations les plus anciennes mais également très évoluée. Une civilisation qui a disparue voilà plusieurs milliers d'années et qui était jusqu'à aujourd'hui considérée comme un mythe, une légende. Nous venons de découvrir le peuple des Lastanes.

-----------------------------
Pour information, l'histoire de l'électricité 3 siècles avant JC est véridique. C'est ce qui est connu sous le nom de pile électrique de Bagdad qui sont en fait des poteries qui auraient servies de piles électriques. En fait, elles avaient une utilité complétement différente mais leur mécanisme reposait sur le système de création d’Énergie bien qu'a cette époque, ils n'en n'avaient pas la moindre idée...
Chandrama_257

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Chandrama_257 »

Bonjour ! Je me reprends au jeu de l'écriture avec cette nouvelle ! Bonne lecture ;)

Oggy

La culture est l’ennemi du gouvernement. Elle pousse les gens à réfléchir, à se révolter. Les livres et les tableaux sont brûlés, les statues et les monuments historiques détruits. L’Autorité Officielle produit ses propres films, édite ses propres livres, diffuses ses chansons et discours de propagande sur tous les réseaux. Le pays s’est refermé sur lui-même, rompant tout contact avec ses voisins.

Il y a 1 an maintenant, je suis rentrée à l’université. La fac c’est vraiment un monde à part. Les étudiants les plus vieux ont connus le monde d’avant. Ils créent des réseaux de résistance dans les campus, ils ont des planques où ils cachent des livres et des films. Les rebelles font profil bas. Ils ne font jamais d’opération coup de poing, ils ne luttent pas activement contre le régime. Tout se fait discrètement, sans éclat. C’est sans doute pour cela que notre réseau n’a pas été démantelé alors que des groupes favorable à des actions violentes ont été rapidement déporté.

Je suis entrée dans un groupe de résistance il y a quelques mois. Ils m’ont raconté l’ancien monde, ils m’ont montré comment vivent les pays libres. J’ai juré allégeance au groupe et j’ai promis de tout faire pour être la plus discrète possible. Après ce serment, j’ai enfin eu accès au local secret. J’y ai découvert des dizaines de livres, des reproductions d’œuvres d’art, une petite télé pour regarder des films. J’ai séché des heures de cours pour me rassasier de cette culture et de ses idées de liberté dont l’AO nous prive dès le berceau.

La semaine suivante, j’ai volé un livre. Antigone de Anouilh, une résistance aussi. Mais je me suis faite arrêtée. Le directeur m’a convoquée dans son bureau. En entrant, j’ai découvert le directeur accompagné de notre déléguée, Jane, la fille d’un soldat de l’AO.
- Lena, je vous ai fait venir car vos camarades de classe s’inquiète pour vous.
- Oh vraiment ? Je fais pourtant mon possible pour être une bonne élève !
Jane a pris la parole de sa voix mielleuse :
- Il me semble que tu rates beaucoup de cours en ce moment.. Pour quelqu’un qui veut être une bonne élève..
- J’aide une amie à préparer un exposé en ce moment. Elle veut devenir photographe de notre bien-aimée Autorité Officielle vous savez, je l’aide à faire ses photos.
Le directeur sort une photo prise par les caméra de surveillance. On me voit assise dans le couloir avec Ruben, un autre résistant.
- Vous espionnez vos élèves ?
- C’est de la surveillance.
- Mais on a encore le droit de discuter dans les couloirs non ?
- La question n’est pas de savoir si vous avez le droit mais plutôt avec qui..
- Ruben est un ami.
- Il s’est déjà fait convoqué ici plusieurs fois pour comportement déviant. Il a laissé certaines idées interdites s’insinuer dans son esprit.
- Je ne crois pas que revendiquer une certaine liberté de pensée soit malsain pour l’esprit.
C’est sorti tout seul. J’ai été trop impulsive.
- Désolée, je me suis laissée emporter, je suis confuse..
- Tu es bien prompte à défendre ce Ruben, d’autant plus que je vous ai vu rentrer tous les deux dans une salle désaffectée.
- Tu m’espionnes maintenant ?
- Je veux juste t’éviter de choisir un mauvais destin !
Je me lève, furieuse.
- Tu ne veux pas me protéger tu veux juste rentrer dans les bonnes grâces du régime !
Le directeur se racle la gorge. Je me rassois lentement.
- Votre sac Lena.
Vaincue, je tend mon sac. Il en sort mes cahiers et bien sur, Antigone. Il se tourne vers Jane :
- Merci Jane, vous serez récompensée pour vos efforts !
Il appuie sur une sonnette sur son bureau.
- Lena, vous êtes condamnée pour détention d’objets prohibés et trahison au régime.
Je ne cherche même pas à nier. Je préfère mourir que de devoir me conformer à nouveau au régime. Deux vigiles débarquent, m’empoignent et me passent les menottes. Ils me frappent à la tête et c’est le noir complet.

J’ouvre les yeux. Je tourne mon cou ankylosé. Je suis couché sur une petite couchette dans une cabane en bois. Il fait une chaleur ici ! Je me débarrasse de mes draps et je me lève. Je vacille sur mes jambes, comme si elle n’avait pas fonctionné depuis un moment. Je me dirige vers le voile qui tient lieu de porte. Quand je l’écarte, je suis assaillie de couleurs et d’odeurs nouvelles. Le bleu éclatant du ciel, le beige brillant du sable. L’odeur du feu, de la mer. Et au milieu de tout ça, un petit camp constitué de cabanes en bois autour d’un foyer. Je m’exclame :
- Mais c’est le Paradis ici !
- Faux !
Je me retourne. Une fille s’adosse à mon abri. Une vraie rebelle, avec des yeux soulignés par un large trait noir, des cheveux rouge et noir.
- Bienvenue en Enfer.
- Ce n’est pas la manière la plus sympa d’aborder les gens Whitney.
La voix appartient à un jeune homme qui arrive à notre hauteur. Il me tend la main :
- Enchanté, je suis Benjamin. Bienvenue sur l’Ile, surnommé Oggy.
- Référence à Ogygie, l’île de Calypso dont on ne s’échappe pas.
- Attendez, je suis tombée où là ?
- Ma chère inconnue, entame Benjamin, tu as été condamné pour résistance par le régime. L’AO a conçu cette petite île paradisiaque il y a quelques années pour y enfermer les gens comme nous.
- Les gens qui pensent par eux même. Qui se cultivent.
- J’avoue, j’ai volé un livre. Je me suis faite chopée et me voilà. Je pensais qu’ils aillaient me tuer mais je suis sur un île paradisiaque. Vous vous fichez de moi en fait ?
- On t’expliquera où est le hic ce soir au conseil. C’est la chef du camp qui doit t’en parler. Nous, on va te faire visiter l’île et t’expliquer comment on s’organise.

L’île est magnifique. C’est une île classique, avec des plages de sable fin et une forêt au milieu. Tous les prisonniers participent à la vie du village en fonction de leur connaissance et se serrent les coudes, unis par leur résistance au régime. Nous sommes 20 prisonniers sur l’Ile et chacun à sa tâche. Ben est chasseur, Whitney est responsable des cosmétiques. Moi j’ai été affecté à la boulangerie de l’île.

Le soir venu, je découvre les habitants de l’Ile. Nous sommes regroupés autour du feu de camp. Je sens tous les regards pesés sur moi. Je regarde la chef, Cynthia. Tout le monde se tait quand elle prend la parole :
- Re-bonjour et bienvenue à notre nouvelle voisine : Lena. Je suis sûre que tes guides t’ont briefé sur le fonctionnement de la communauté. C’est vrai que nous vivons sur une île fort belle, dans une communauté solidaire et proche de la nature. Mais il y a une chose que tu dois savoir Lena. Nous ne sommes pas des prisonniers. Nous sommes des condamnés à mort. Certain jour, de façon aléatoire, la Bête vient. Elle s’en prend à un des notre, isolé, et il ne revient jamais. Le régime, dans sa grande bonté, a choisi de nous accorder une mort lente et stressante plutôt qu’une mort rapide. Nous essayons au maximum de limiter les risques en nous déplaçant au minimum à 2 dans l’île. Même pour une tache minime. Ne part jamais seule. Si tu décides de quitter le village, viens prévenir la personne qui est de garde, histoire qu’on ne s’inquiète pas pour rien.

Les semaines passent et se ressemblent sur l’Ile. Malgré la menace constante, je mène une vie douce. Je me lève tôt pour faire du pain, je prend plaisir à cultiver du blé. Je me ballade sur l’Ile, je me baigne, je joue avec les autres. Je goûte à la liberté que j’ai tant espéré.

La Bête refait son apparition 1 mois après mon arrivée. Je suis au village, en train de préparer des tartines en papotant avec Whitney. Soudain, on entend un bruit de pas précipités. C’est Marc, l’infirmier, qui réclame à voir Cynthia. Tout le village se précipite autour de lui.
- Je rentrais de ballade avec Amy et.. on a trouvé ça derrière une dune.
Il lance une chemise bleue.
- C’était à Bob. La Bête a encore frappé.
Plusieurs voix s’élèvent. Certains pleurent un ancien ami, d’autre sont agacés : pourquoi était-il seul dans les dunes ? Qui était son binôme ?
- Moi.
Tous les regards se tournent vers Donald, le cuisinier.
- On rentrait de la forêt, j’allais être en retard pour préparer le repas. Il m’a dit de courir, que rien ne pouvait lui arriver à quelques mètres du camp.
- Ce n’est pas grave Donald, tu ne pouvais pas savoir. C’est vrai que les dunes sont tout près du camp.
Soudain, un craquement retentit. Tout le monde se retourne comme un seul homme. C’est Amélie qui revient des bois. Il est clair qu’elle ne va pas bien. Elle titube, elle transpire, elle a les yeux dans le vague. Marc se précipite vers elle :
- Amélie tout va bien ?
- Je.. j’ai l’impression que ma tête va exploser, je ne me sens pas bien du tout...
L’équipe s’organise pour la ramener dans son abri. Je me tourne vers Ben :
- Elle est droguée ou quoi ?
- On est sur une île, donc les insolations, le stress, la peur, la nourriture pas forcément diversifié, ça peut engendrer des malaises.
Le soir, nous avons déposé une pierre signée par les habitants devant « le mur des disparus » en l’honneur de Bob.

Après cet incident, la vie a continué sur l’île. Cynthia m’a expliqué que c’était le fonctionnement normal. On vit, quelqu’un disparaît, puis on revit jusqu’au retour de la Bête. Personne n’est capable de me décrire la Bête. Personne ne l’a jamais vu. Tout le monde s’est fait sa légende, monstre pour les uns, robot pour les autres, géant pour d’autres encore.

Les jours s’écoulent. J’ai appris à aimer notre prison dorée, les couchers de soleil sur la plage, les chants des oiseaux le matin dans la forêt, les courses poursuite dans les dunes, les chansons au feu de camp. Nous discutons de notre histoire de résistant. Et même si nous avons perdu notre vie, nous savons que nous avons fait le bon choix en nous rebellant.

J’ai vécu ma deuxième attaque alors que j’étais au village, en train de faire le ménage dans ma cabane. Ben et Whitney sont affalés sur mon lit et discutent. Ils sont interrompus par un cri. Quelqu’un appelle à l’aide.
- J’y vais, crie Cynthia à la ronde.
Nous nous regroupons tous autour du foyer, éteint en ce début d’après-midi. On entend Cynthia crier pour tenter de trouver la personne en danger. Nous restons tous debout, dans l’attente.
2 heures plus tard, personne n’est revenu. Ni Cynthia, ni la personne en danger, qui se trouve être Marc puisqu’il est le seul manquant ici. Ben décide de partir avec Donald à leur recherche. Ils reviennent au début de la nuit, avec Marc. Tout le monde se regroupe avec une question sur les lèvres : mais où est Cynthia ?
Ben se contente de déposer devant l’abri de Cynthia une fleur et le collier de coquillage qu’elle portait en permanence. Tout le monde a compris.

La journée suivante se déroule assez bizarrement. Nous organisons une cérémonie de souvenir pour Cynthia puis une autre pour faire de Ben notre chef. Au conseil du soir, Ben réclame la version des faits de Marc.
- Pourquoi as-tu appelé au secours ? Quand on est arrivé, tu étais en parfaite santé !
- Je ne sais pas trop.. Je suis tellement désolé, je ne me souviens plus. Je sentais que j’étais en danger...
- Et quand Cynthia est arrivée que s’est-il passé ?
- J’en sais rien, quand je suis revenu il n’y avait que son collier.
- Tu n’as pas vu la Bête ?
- Pourquoi as-tu laissé Cynthia seul ?
Marc baisse la tête. Il n’a pas de réponse.

Je suis dans les bois. Whitney est devant moi, je l’accompagne pendant qu’elle cueille diverses plantes. Je ne me sens pas très bien aujourd’hui. J’ai un début de migraine. Je suis irritable. Sans raison, j’ai piqué une crise ce matin, juste parce que Ben a voulu aller à la chasse cet après-midi au lieu de rester au village. Tout le monde a mis ça sur le rôle de l’anxiété ou de l’insolation.

Je vois flou. Je plisse les yeux pour regarder Whitney se pencher pour attraper des fleurs par terre. Je sens mes membres se bloquer. Je veux crier mais je n’y arrive pas. Mes muscles ne m’obéissent plus. Comme dans un rêve, je m’empare d’une grosse pierre pointue. Mes jambes avancent vers mon amie. Je tente de résister mais c’est peine perdue. J’arrive juste derrière elle. Je lève mon bras. Whitney se retourne et je vois ses yeux s’écarquiller de surprise. Elle hurle. « Ben ! Au sec.. » . Elle ne pourra jamais finir sa phrase. Je frappe son beau visage avec ma pierre. Elle meurt en quelques secondes. Mon mal de tête explose et je s’évanouit.

Je me réveille dans mon lit. Ben me toise, ses yeux lancent des éclairs. Je tourne la tête, le mal de tête me déchire le crâne. Je me plie en deux sous la douleur.
- Ouuuhhh ça fait mal. Qu’est ce qui m’arrive ?
- Je te retourne la question. Je t’ai vu assassiné Whitney. Qu’est ce qui t’es passé par la tête Lena ? Tu es folle ou quoi ?
- Oh non Whitney… Ce n’est pas possible, c’est forcément la Bête.
Ben m’empoigne par le bras :
- Je t’ai vu ! Tu étais en train de lui éclater la tête avec une pierre ! Je vais te faire enfermer, tu es dangereuse !
Je pleure à chaude larmes :
- Ce n’est pas possible enfin.. Je ne me souviens pas, c’est le brouillard dans ma tête..
- J’en ai assez de cette excuse ! Tu vas me dire immédiatement ce qu’il s’est passé dans cette forêt !!
- Ben calme toi s’il te plaît !
Les autres habitants rentrent dans la cabane, pour nous séparer. Amélie et Donald l’assoie sur une chaise et se tourne vers moi :
- As-tu vu la Bête ?
- Non.. Elle a du m’assommer, je ne me souviens de rien.
Ils se tournent vers Ben :
- Désolé pour cette question horrible mais.. Tu as retrouvé le corps ?
- Non il a disparu devant mes yeux, il s’est enfoncé dans le sol en laissant juste son collier fétiche.
- Et… Tu nous jures que tu as vu de tes yeux Lena entrain de tuer Whitney ?
Il me regarde, dégoûté :
- Oui je l’ai vu.
Le groupe se tourne vers moi :
- Tu es la Bête Lena.
Je veux protester mais Amélie me coupe :
- On a déjà eu un assassinat ici par le passé et on a toujours retrouvé le corps. Mais quand la Bête intervient, pas de corps, juste un souvenir. La conclusion saute aux yeux.
Donald prend la parole :
- Lena est arrivé depuis peu et la Bête intervient depuis des années, ne soyez pas stupides !
Je reprends la parole :
- Je suis désolée pour tout ce qui s’est passé.. Je le répète, c’est le flou dans ma tête quand je pense à ce moment. Je pense que j’ai été manipulée.
- Tu te crois dans un film ?
- Non mais je le jure ! Écoutez à chaque fois que la Bête intervient il y en a toujours un d’entre nous qui revient avec une amnésie ! Vous n’aviez jamais remarqué ?
- Pas toujours Lena ! Il y a des jours où quelqu’un meurt et personne ne souffre de quoi que ce soit..
- Je ne sentais plus mes membres Ben ! Ils bougeaient seuls ! Il y a quelqu’un qui me contrôlait ! Ils veulent nous entretuer sur cette île !
Ben se lève, l’air grave.
- Si tu as raison, c’est pire que ce nous pensions. Non seulement l’île est une prison dorée, mais en plus nous sommes condamnés à mourir de la main de nos proches..
Tout le monde se dévisage. Dans les regards de mes voisins, je vois des alliances se former, de la méfiance, de la peur..

Sur Oggy, rien ne sera plus comme avant.
jfjs

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par jfjs »

bonjour,

je viens de lire les textes en compétition. De beaux textes mais durs parfois très durs et sacrément pessimistes. Je ne propose pas de texte ce mois-ci j'ai bien une nouvelle mais l'île n'est pas déserte ;-). On verra avec le sujet imposé pour août. D'ici là, bonne lecture et bonne écriture !
hatem23

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par hatem23 »

Le voyage

A dix-sept heures exactement on arriva à l’ile koh samui, des vacances offertes par ma femme, histoire de casser la routine de la vie conjugale qui ne cesse de s’installer et perturbe la sérénité de notre foyer. On était à peu près cinquante personnes de nationalités différentes, l’hôtel était si grand pour que tout le monde s’installe et aura son confort et son intimité
A peine arrivé, les touristes se dirigent vers leurs chambres pour se reposer d’un long voyage de plus de vingt heures.
Pendant que ma femme était occupée à ouvrir les valises, j’ai essayé d’allumer la télévision pour regarder un peu le journal, toujours fidèle à mes habitudes.
L’ écran s’allume mais il n’y a pas de signal j’ai essayé plusieurs fois en vain, j’ai pris le téléphone fixe pour appeler l’accueil, et la y a rien, pas moyen de faire un appel.
On s’est regardé moi et ma femme et un silence angoissant s’installe vite dans la pièce, on entendait un peu de bruit dans le couloir, des va et vient, des discussions, on est allé voir.
Soudain la lumière s’éteint, j’ai attrapé ma femme par la main , on était à peine au bout du couloir et je lui ai dit : « faut pas que tu lâches ma main «, la panique s’empare de l’hôtel, les gens courent dans tous les sens et on parlait d’une tempête horrible qui vient de commencer , on entendait les dirigeants de l’hôtel créer, ils nous ordonnent de rester à l’intérieur de nos chambres vu que dehors ca sera la mort certaine .
On est revenu à la chambre, j’ai allumé une grande lampe qui fonctionne sous batterie, je l’ai prise avec malgré le désaccord de ma femme qui ne voyait aucune utilité, soit j’ai éclairé le couloir pour aider les gens à regagner leurs chambres .
Dans le couloir, les gens parlaient de tsunami, des autres de tremblement de terre et qu’on va tous mourir dans quelques minutes, il y avait une femme juive qui parlait de la colère de dieu, de la fin du monde, elle commence à faire ses prières dans le couloir alors que son mari était déjà dans sa chambre avec la porte fermée à clé. Juste après un couple saoudien remonte les marches avec le livre saint à la main, histoire de se purifier au bon moment avant que ça ne soit trop tard.
C’était vraiment le ko, on entendait créer à gauche , à droite des femmes qui hurlaient , des hommes qui gueulaient, des enfants qui pleuraient, des bruits de partout, des explosions même, on était plongé dans le noir, dans une attitude passive de l’homme quand il perd ses moyens et se trouve impuissant devant la majesté de la nature, voire la force de l’inconnu, cette dernière que chacun interprète à sa manière et que malgré un rapprochement incroyable de la réalité d’une certaine religion, on a toujours la sensation qu’ il manque un coté qui nous échappe et que son interprétation dépasse l’entendement des humains. Vu les dégâts de presque toutes les chambres de l’hôtel je voyais tout le monde qui ressortait dans le couloir pour chercher un échappatoire, la meilleure solution était de se refugier dans notre chambre puisqu’ elle était dans le coin et n’ a pas subi beaucoup de choc.
Ma femme a ouvert la porte et j’ai prié tout le monde de se rendre tranquillement dedans et d’essayer de se calmer un peu pour qu’on puisse gérer ce grand problème.
La chambre n était pas trop grande mais ce n’était pas impossible d’accueillir tout le monde et de participer à sauver des vies dans les limites. Les deux français sont rentrés, deux sud-africains, ensuite les deux tunisiens, ensuite deux chinois, deux américains, deux russes, deux indiens, deux saoudiens et deux birmans de confession musulmans.
On était à vingt dans une pièce qui pouvait contenir quatre au maximum
Tout le monde était par terre , je suis rentré, j’ai fermé la porte et je me suis précipité auprès de la fenêtre dans l’espoir de voir ce qui se passe dehors , j’ai pointé la lumière et on voyait presque rien, le vent était tellement fort qu’ on entendait des bruits partout ,des choses qui s’envolaient, des arbres qui s’arrachaient avec leurs racines, des voitures qui ressemblaient à des sous-marins, il y avait partout de l’eau, on dirait que l’ile se noyait petit à petit ,on était au troisième étage et je voyais déjà l’eau à un mètre de notre fenêtre.
A cela s’ajoute un terrible tonnerre toutes les cinq minutes, franchement je croyais plus à la survie, j’ai demandé à tout le monde de faire leurs prières et à ma femme aussi qui était enceinte, car je voyais point l échappatoire.
Il y a ceux qui ont commencé à pleurer, ceux qui sont fâchés et ceux qui commencent à méditer sur le sort de la vie humaine comme si ça va changer quelque chose à la situation dans laquelle on se trouve.
On est resté dans un état de panique et d’angoisse jusqu’ à l’apparition des premières lueurs du jour suivant, on était anéanti, abasourdi, choqués qu’on est encore en vie
J’ai regardé par la fenêtre et à mon étonnement je voyais plus l’eau qui s’approchait du troisième étage, j’ai créé : « on est sauvé », l’ile sur laquelle on se trouve flotte encore
J’ai ouvert la porte , j’ai prié tout le monde de me suivre dans le calme absolu, on était comme dans un film, on avançait l’un derrière l’autre , on a descendu l’étage, et là on voyait des cadavres qui flottaient dans un mètre d’eau, des affaires ,des billets même, on a continué la descente jusqu’ au re de chaussée et la c était le carnage, il y avait du sang partout sur les murs des personnes qui ont été projetées par l’eau, des organes qui s’éloignaient de leur corps, j’ai poussé la porte d’entrée et j’ai regardé dehors, il y avait presque plus d’eau autour de l’hôtel à part celle qui sortait de l’intérieur pour se diriger vers la mer
Il avait des poissons sur le sol, des herbes, des restes de manger, des cadavres partout, , une vraie scène d’apocalypse
Le bateau qui nous a ramené n était plus là, même pas l’hélicoptère, on a même l’impression que l’ile a changé de place ,on voyait plus les mêmes horizons ni les iles qui sont à coté,, alors le français commence à dire on va bientôt mourir tous et regarde sa femme et lui dit : « on ira tous aux paradis, », elle lui répond : « oui c’est sûr’ »J’ ai regardé ma femme qui commence à se fatiguer et me regardait d’un temps à autre,j’ ai bien compris qu’ elle va bientôt accoucher, je lui ai demandé si elle pouvait se retenir un moment mais là j’entends une voix qui me coupe et qui me disait :
« Une femme enceinte ne peut pas se retenir, monsieur, je suis un médecin chirurgien, si la situation s’aggrave je peux aider dans l’accouchement ma femme aussi est chirurgienne et elle peut aider ».
J’ai remercié le monsieur de son courage, mais il y avait tellement de peur dans les esprits qu’ on oublie même les bonnes manières d’ agir on était dans une situation ou tout le monde doit s entre aider, se réconcilier, s’unir, aucune place à la différence, aucune place à la haine, l’idée essentielle qui occupait nos esprits c’est comment s’ en sortir , comment faire pour rester en vie, une vie humaine est toujours la même, on s’attache à la vie, le cerveau n’ a même pas le temps de faire la différence entre les êtres humains, leur appartenance sociale encore moins ethnique .
Tandis qu’on était en train d’observer ce spectacle macabre ou régnait les cadavres, le sang, les murmures de ceux qui agonisaient, le ciel s’obscurcit et un bruit assourdissant retentait sur l’ile, c’était encore le tonnerre qui nous prévient d’une prochaine tempête, imminente qu’elle soit on a décidé d’enterrer les cadavres et les restes des humains, du manger, mettre dans des sacs tout ce qui est encore bon de nourriture.
On a profité d’aller faire un petit tour dans la petite foret qui cerne l’hôtel, et là on a vu des traces de pieds bizarres, qui ressemblent à des traces de géants, on dirait qu’ il y a eu un passage d’ une troupe de géants qui a causé tout ce désastre, on commençait à parler de la fin du monde , les uns disent que ces traces nous préviennent de la sortie d’un peuple puissant et impitoyable qui va massacrer toute l’humanité, les autres parlait de créatures étranges, qui étaient prisonnières et maintenant le bon dieu les as libérées pour annoncer la fin de la vie sur terre, on parlait aussi du retour d’un prophète qui va combattre au côté de l’humanité et qui va contribuer à la victoire des humains contre ces créatures étranges et sans pitié.
Voilà, les interprétations se multiplient, la peur s’installe, on entendait même des bruits à gauche, à droite.
L’esprit se vide et n’arrive plus à tourner normalement, on s’interrogeait sur la raison de tout ce qui se passe et pourquoi ça doit tomber sur nous pour vivre les horreurs de la fin du monde.
On commençait à s’approcher de nouveau de l’hôtel.
A peine on a terminé de mettre un peu d’ordre que le ciel commençait à nous arroser de petites gouttes de pluie, c’était pas une menace de déluge mais on dirait que le bon dieu voulait un peu rincer la surface de cette ile minuscule. Dès qu’ on a fini d’enterrer le dernier cadavre ,bien sûr suivant une manière simple et logique qui préserve la dignité humaine, on s’est dirigé à l’intérieur pour commencer à vider le sous-sol de l’eau qui n’arrive pas à s évacuer ensuite on est sorti de nouveau et on a commencé à rassembler les restes des téléphones dans l’espoir de pouvoir contacter l’autre monde .
Il y avait des ingénieurs parmi nous à qui on a cédé la tâche, le soir arrivait vite et on s’est réfugié à l’intérieur lorsque ma femme a été prise par les douleurs de l’accouchement, le médecin et sa femme se sont donné la peine de s’en occuper, on a placé un petit lit dans la chambre du « troisième étage et on était tous dans le couloir en train d’attendre le nouveau-né.
Vingt minutes après la femme du médecin a ouvert la porte et m’a appelé, j’ai couru à l’intérieur et le voilà un beau garçon qui sortait à l’envers, on dirait qu’il avait peur d’affronter cette situation à laquelle il n’est pour rien
Heureusement, tout s’est bien passé mais je me suis demandé au fond de moi : combien d’heures ou de jours ce petit il va vivre vu que nous même on n’est pas sûr de la survie
J’ai regardé ma femme qui était épuisée et je l’ai rassurée en lui disant : « tout va s’arranger chérie , voilà une lueur d’espoir qui s’installe, il va nous porter bonheur, surement »
Cinq minutes après, tout le monde est rentré dans la chambre pour nous féliciter et nous demander quel nom on a choisi, j’ai dit le sauveur
Un peu plus tard dans la nuit j’entendais des cris de joies, qui venaient du couloir, apparemment on a réussi à joindre le monde des vivants et dès l’aube ils vont se diriger vers l’ile après nous avoir localisés via le satellite.
On n’a pas dormi de la nuit, on s’est félicité vu que notre calvaire n’a pas duré trop longtemps.
On est resté ensemble toute la nuit en train de se faire connaissance et on s’est promis de se voir dans la vie réelle
Alors que les premières lueurs du jour commencent à se voir, on entendait le bruit des hélicoptères au-dessus de nos têtes, on s’est pris dans les bras et on a commencé à sortir l’un après l’autre.


Merci à tous

HATEM TKOURI.
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par x-Key »

Attention, plus que deux jours pour poster vos textes ! :)
Arwen14

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Arwen14 »

Bonjour !
Ce concours m'a l'air bien intéressant ^^ Je vais y participer, me rattrapant pour le mois dernier où je n'ai pas eu le temps de poster.
Sur ce, bonne lecture ;)



Le 18 août, 15 h 50


Arrivés à bon port, aucune perte à déclarer à bord du navire.
Nous venons d'accoster sur cette petite île après ces sept mois en mer. A première vue, elle semble déserte. Quelques crabes déambulant sur les grandes étendues de sable ainsi que des arbres aux bien étranges allures sont tout ce que nous avons pu observer jusqu'à présent. Aucune trace humaine. Mais nous comptons bien poursuivre nos recherches.
Rien d'autre à signaler.



Le 18 août, 18 h 40


Nous avons déchargé les affaires nécessaires du navire jusqu'ici. Nous avons ensuite étudié les quelques kilomètres aux alentours. L'île est en réalité beaucoup plus grande que nous ne le pensions. Nous n'avons encore entraperçu que la partie émergée de l'iceberg...
Nous nous sommes installés sur le sable près de la mer, afin de garder un œil sur le navire. Un simple signe d'inattention et c'est la fin.



Le 18 août, 21 h 05


Les dernières lueurs du soleil avant la tombée de la nuit obscure. Nous devons vérifier que tout est bien en ordre avant de clôturer définitivement cette journée.
Feu, fait.
Réserves, en bon état.
Abris, bien montés.
Tout a l'air correct.
Rien d'autre à signaler.



Sur ces derniers mots, le capitaine referma son journal de bord fraîchement rempli. Il devait noter le déroulement de chaque journée, en vue d'une analyse méticuleuse de son supérieur. Tout devait être parfait, la mission devait être menée correctement.
Il sortit ensuite de sa tente afin d'admirer la vue à l'extérieur. Ces dernières heures de la journée offrent un paysage hors du commun ! Les lumières se reflètent à l'horizon sur l'eau si calme en cette fin de soirée. Une brise légère caressait le sable fin. A mesure que les minutes passaient, la nuit s'emparait de l'île puis l'englouti totalement. Le feu était désormais la seule source de lumière.
Le capitaine déambula parmi les membres de son équipage, et vérifia que chacun était à son poste. Il s'éleva sur un rocher pour prononcer ses indications.

- Bien, écoutez-moi mes chers compagnons. Nous avons embarqué sur cette île selon un objectif bien précis. Nous ne devons en aucun cas nous en éloigner. Le jour comme la nuit - surtout la nuit -, il est interdiction de s'aventurer sur cette île et de s'éloigner de ce campement sans autorisation. Nous ne voulons aucune perte. Aucune effraction à cette règle ne sera tolérée. Me suis-je bien fait comprendre ?

Tous répondirent en cœur un fort "Oui mon capitaine !", avant que ce dernier ne poursuive.

- Suite à ce périlleux voyage, vous avez bien mérité cette halte. Reposez-vous bien, demain nous serons en activité dès l'aube.

Après les quelques acclamations de ses compagnons, le capitaine descendit de ce petit rocher pour se diriger à nouveau vers sa tente. Une bonne nuit de sommeil n'était pas de refus, surtout en pensant au lendemain qu'il allait devoir affronter. Mais ne pressons pas les événements. Pour le moment, laissons-nous bercer dans les bras de Morphée...


****

L'important dans la recherche,
c'est l'imprévisible.


****



Le capitaine se réveilla de bonne heure. Le soleil se levait doucement, éclairant à peine le campement. Il estima qu'il écrirait son journal de bord en fin de journée, une fois qu'il aura davantage avancé dans ses recherches. Il sortit alors de sa tente. Quelques matelots étaient déjà éveillés, mais d'autres somnolaient encore. Il jeta un coup d’œil à sa montre, qui indiquait 6 h 04. Il s'installa sur un rocher en attendant le réveil de tout son équipage, et observa les vagues se jeter sur la plage.


- Alors, voici comment nous allons procéder. Nous allons nous diviser en petits groupes, et chacun devra se rendre dans une direction différente ; nous serons ainsi plus efficaces. D'autres resteront au campement, je ne voudrais pas que des ennuis surviennent en notre absence, ni pour nos affaires ni pour notre navire. Sinon, vous savez ce qui adviendrait, nous serions tous coincés ici jusqu'à mort s'ensuive. Nous ne voulons pas de cela. Par ailleurs, vous devez rester groupés, pas d'exploration individuelle, au risque de vous perdre. Nous ne connaissons pas cette île, ni les dangers qui y rôdent. Soyez donc tous prudents ! Si en début de soirée, encore quelques-uns manquent à l'appel, nous enverrons d'autres groupes les rechercher. M'avez-vous bien compris ?

- Oui mon capitaine !, répondirent-ils à l'unisson.

Et sur ces dernières paroles, des groupes de quatre hommes au minimum se formèrent et s'éloignèrent aux quatre coins de cette île. Le capitaine ainsi que d'autres compagnons se dirigèrent vers le sud. Tous étaient quelque peu anxieux pour ce qu'ils allaient trouver. Mais ils devaient avancer avec confiance. La moindre erreur pourrait bien être fatale dans cette expédition vers l'inconnu.


Les hommes marchèrent des heures durant. Quelques insectes venaient çà et là perturber leur avancée, ainsi que des plantes qu'ils n'avaient jamais croisé auparavant. Le capitaine prenait bien soin de récolter chaque détail de leur découverte. Il prenait quelques échantillons de plantes autour de lui, et les rangea dans sa sacoche. Un sentiment de satisfaction et d'excitation s'emparait de lui. La découverte avait toujours été quelque chose qu'il adorait, depuis son plus jeune âge. Quand il était enfant, il s'aventurait dans les bois près de chez lui, observant chaque comportement d'insectes, chaque plante, examinant le moindre recoin. Cela le passionnait tant qu'il en oubliant le temps qui passait, l'obligeant une fois de rentrer alors que la nuit était déjà tombée.

Le petit groupe mené par le capitaine avançait à petits pas parmi la nature foisonnante. Un autre homme se chargeait de cartographier chaque partie qu'ils traversaient. Cette carte serait une aide très précieuse et la preuve de leur découverte. Le capitaine était occupé à récupérer délicatement une plante rare quand on l'interpella.

- Capitaine, vous devriez venir voir..., dit un homme d'une voix inquiète.

Le capitaine se tourna vers son compagnon, d'un air interrogateur, et se dirigea vers lui. Il jeta son regard en direction de ce qu'il montrait, et ce qu'il vit était bouleversant. Un village. Enfin, cela devait être un village, puisqu'il ne restait plus que des ruines et des cendres. Rares étaient les choses encore debout. Les hommes déambulaient prudemment parmi les restes, tout en retenant leur souffle. Le feu avait certainement dû ravager ces lieux, pour qu'ils soient ainsi détruits. Peu de chance qu'il y ait encore des survivants...

Des paroles au loin furent portées par le vent.

Le capitaine se retourna vivement vers ses hommes. Tous haussèrent les épaules. Il porta une plus grande attention et à nouveau les mêmes sons accompagnés de pleurs. Faibles, mais présents. Des survivants ! Il se hâta de rechercher la source de ces plaintes. Les autres hommes firent de même.
Le capitaine finit par trouver deux enfants, une jeune fille ainsi qu'un nourrisson. Elle pleurait et murmurait des paroles à peine audibles tout en le tenant dans ses bras. Quand elle aperçut le capitaine, elle commença à lui parler dans une langue qu'il ne comprenait pas. Cela semblait être une supplication.

- Tout va bien, tout va bien... Vous êtes en sécurité maintenant, leur disait-il d'une voix qui se voulait calme.

Elle continuait de le supplier et lui tendait le nourrisson. Ce dernier pleurait mais n'avait aucune séquelle. Cependant la jeune fille était gravement blessée à la jambe, si ce n'est ailleurs également.

- Il faut vous soigner ! Venez, je vais vous ramener à notre médecin.

Il s'approcha de la jeune fille et tenta de la prendre avec lui mais elle le repoussa, et continuait de lui tendre le bébé en prononçant les mêmes paroles, comme s'il s'agissait d'une incantation. Le capitaine ne savait comment s'y prendre, d'autant qu'il ne comprenait rien à ce qu'elle lui disait. Il eut à peine le temps de chercher une solution qu'elle lui prit les bras et les tendit vers le bébé pour qu'il le prenne. Ce dernier était léger, il semblait si fragile, comme sur le point de se briser. La jeune fille hocha la tête et versa une larme avant de rendre l'âme. Son visage paraissait serein, et une autre larme glissa sur sa joue. Le nourrisson se remit à pleurer de plus belle, comme s'il avait senti le départ de cette jeune fille.

- Capitaine ! Vous avez trouvé ?, s'écria une voix au loin.

Le capitaine était bouleversé par ce qui venait de se produire. Il s'adonna à une prière intérieure pour cette âme qui venait de quitter ce monde. Il se releva ensuite, avec le bébé dans les bras. Ce dernier s'était endormi. Il devait être épuisé d'avoir autant pleuré.

Il rejoignit les autres hommes, qui le regardèrent étonnés de le voir porter un enfant. Sans un mot, ils reprirent tous le chemin du retour. Le silence régnait en maître sur le trajet. Personne n'osait dire quoi que ce soit à propos de ce qu'ils venaient de vivre. Nul commentaire n'était nécessaire.


Le 19 août, 18 h 15


Toute la journée. Exploration de l'île par petits groupes.
Recherches répertoriées dans le carnet en annexe.


Le capitaine hésita longuement avant de rajouter ces quelques mots :

Ancien village détruit par les flammes découvert. Paix à toutes leurs âmes,
Un unique survivant, un nourrisson. Nous l'avons pris en charge.


Il referma ensuite son journal de bord en soupirant. Il regarda derrière lui et son cœur se serra lorsqu'il vit l'enfant tendrement endormi dans son lit. Il se remémorait le visage suppliant de cette jeune fille lui tendant ce bébé. Elle devait être âgée d'à peine 15 ans, si ce n'est 14 ou 13. Être confronté ainsi à la mort était une dure épreuve. Il n'avait compris aucun mot, et pourtant, il avait deviné son message. Il devait s'occuper du seul survivant de ces flammes. Cependant il n'avait pas les moyens d'accueillir un bébé, et surtout, il craignait qu'il ne survive pas au prochain voyage de plusieurs semaines en mer.
Il se rapprocha du petit et ressentait sa respiration régulière. Il n'avait pas d'autres choix. Il devait le maintenir en vie. Il devait respecter la dernière volonté de cette fille.

- Ne t'en fais pas petit, je veillerais sur toi. Je te le promets, lui murmurait-il tendrement à l'oreille. Je ferai tout pour exaucer votre souhait, vous avez ma parole, ajouta-t-il tout en levant la tête vers le ciel, vers les étoiles toujours aussi scintillantes.

Il souffla ensuite sur la bougie, et une obscurité totale s'empara de la tente.


****

Un père n'est pas celui qui donne la vie,
ce serait trop facile.
Un père est celui qui donne l'amour

{ Denis Lord }


****



8 ans plus tard.

Un petit livre dans le bureau de papa intriguait drôlement le petit garçon. Il tenta de le prendre, mais en vain. Il se trouvait beaucoup trop en hauteur pour sa petite taille. Il se précipita vers son père.

- Papa, papa ! Je peux voir le livre là-bas, s'il te plaît !, lui réclamait-il.
- Oui bien entendu, on va aller voir ça

Son père regardait ce qui pouvait bien attirer son attention, et remarqua son ancien journal de bord. Il le sortit, et son cœur se serra. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas ouvert. Depuis qu'il était revenu de cette expédition pour le moins singulière.

- Dis papa, c'est quoi ?
- C'était mon journal de bord, pour le travail. C'était là que je notais toutes mes observations durant mes voyages, lui répondait-il avec un sourire. Et c'est aussi là que se trouve la mémoire de ta sœur. Celle qui t'a sauvé la vie., ajouta-t-il après un moment d'hésitation.
- Et pourquoi elle, elle n'est pas là ?
- Tu sais, c'était une fille très courageuse. Malheureusement, elle a été obligée de partir. Mais je suis certain qu'elle serait très fière de toi aujourd'hui !, lui répondit-il en l'embrassant sur le front.

Il repensait à cette journée du 19 août. Tout cela ne semblait être qu'un songe. Et pourtant, tout avait été bien réel. Ces mots écrits dans ce journal en étaient la preuve.

Cette nuit-là, il fit un rêve bien étrange. Il se retrouvait sur cette même île qu'il y a huit ans. Au loin, il aperçut une silhouette ; celle de la jeune fille. Souriante et pleine de vie, elle gambadait sur les grandes étendues de sable fin et s'amusait avec les vagues. Son rire était aussi pur et innocent que celui d'un enfant, et son visage rayonnant étincelait de joie. Elle se dirigea vers le capitaine, et lui prononça ce simple mot, "Merci", avant de disparaître en un éclat de lumière.
Lalilol

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Lalilol »

Bonjour, bonjour !

Je découvre avec joie que la partie concours est de nouveau en activité ! Voici ma participation mêlant fantastique et un peu d'horreur (si on peut le dire ainsi). Elle est longue, très longue (normalement j'ai moins de 15 000 caractères espaces compris mais s'il vous plait ne compter pas le titre sinon c'est foutue :lol:). J'ai opté pour un style d'écriture assez différent des autres nouvelles et textes mais j'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture !

Et l’Île a voulu que ce soit ainsi…


Chaud fut la première pensée de Manoarie.
Eau fut l’appel de sa bouche et sa gorge asséchées.
Douleur fut la première chose qu’elle ressentit.
Peur en fut la dernière.
Manoarie se réveilla.



Se lever fut la première difficulté qu’elle rencontra.

Manoarie avait mal, mal aux bras, aux ventres, aux jambes. Des égratignures et des bleus ornaient également sa peau, indices d’un accident oublié. Elle n’avait aucuns souvenirs. Seulement cette affreuse sensation d’eau remplissant ses poumons, s’immisçant dans sa bouche, sa gorge se frayait un chemin jusqu’à sa mémoire.

Mais ce n’était déjà plus ce qui l’inquiétait. Son regard balaya le paysage à la fois idyllique et effrayant. Un sable blanc et fin, une eau claire et calme, une forêt verdoyante et accueillante, voilà ce qui se dressait devant elle. Elle était sur une plage qui lui était inconnue.


Combattre sa peur fut la seconde difficulté.

La peur est une émotion inquiétante, vicieuse et étrange. Et Manoarie n’y échappa pas.

Pourquoi était-elle sur une île ? Elle ne savait pas.

Comment allait-elle survivre ? Elle ne savait pas.

Mais ce n’était pas cela qui l’effrayait le plus. Elle ne se souvenait plus qui elle était et quelle était sa vie. Tous ses souvenirs avaient comme été gommés de sa mémoire. Une seule chose lui restait son prénom : Manoarie et ce souvenir terrifiant de noyade. L’inconnu inquiète et pour la première fois, elle en faisait l’expérience. Elle était dans l’inconnu total.

La peur s’insinuait en elle. Que faire quand on ignorait tout de sa propre vie ?

La respiration saccadée, les membres tremblants, Manoarie perdit l’équilibre et tomba mollement sur le sable. Comment allait-elle faire ? Elle l’ignorait, elle ne le savait pas…


Une heure, deux heures, trois heures passèrent. Mais Manoarie était restée immobile, le regard perdu dans l’horizon. La peur était passée, du moins pour l’instant.

Alors elle se leva d’un coup. Une détermination soudaine, vibrante, presque inquiétante émanait d’elle ; elle était déterminée à vivre, à survivre.

***


Deux, trois, quatre heures voire plus s’écoulèrent pendant qu’elle explorait l’île. Elle s’aventura loin dans les bois jusqu’à déboucher sur l’autre rive, cette fois-ci rocheuse et presque impraticable tellement les roches étaient pointues. Son regard empreint de curiosité voyageait sur cette plage de pierre. Et il se posa sur deux énormes rochers qui formaient étrangement un ovale parfait de taille humaine au bout de la côte. Elle n’arriva pas à se détacher de cette structure insolite. Il émanait d’elle une aura indescriptible, teintée de douceur et de danger.

Manoarie rebroussa finalement chemin pour reprendre son exploration. Elle commençait à fatiguer. Ses pieds nus n’avaient pas pu échapper aux pierres et morceaux de bois. Elle n’avait pas besoin de les regarder pour savoir qu’ils étaient en sang. Sa cheville était également très douloureuse mais elle n’avait que faire de la douleur pour le moment. Elle écartait branches et feuilles, enjambait racines et roches.

Puis un bruit. Un craquement. Un souffle.

Déconcentrée, son pied se coinça dans une racine. Elle n’y pas le temps de réagir qu’elle tomba au sol avant de rouler le long d’une pente qu’elle n’avait pas remarqué. Sa peau se déchira au contact du bois, des pierres. Des larmes de douleur glissèrent sur ses joues. Puis, sa chute s’arrêta, amortie par la fin de la pente.

La respiration sifflante, la souffrance déformant son visage, elle ne bougea pas fixant avec horreur la mer de feuilles cachant le ciel. Comment allait-elle faire ?

C’est alors qu’elle l’entendit. Ce bruit réconfortant de ruissellement, de gouttes s’entrechoquant violemment. De l’eau...
Faisant abstraction de la douleur, elle se leva et boita jusqu’à la source de ce bruit inespéré. Elle arriva au niveau d’un bassin où se dressait fièrement une cascade. L’eau y était si clair qu’on pouvait voire le fond. Elle n’eut pas besoin de réfléchir pour courir et plonger dans cette eau glaciale et inattendue. Ses blessures brûlaient. Sa peau se nettoyait. Et son corps ne réclamait que le passage de ce liquide rafraichissant dans sa gorge. Elle ne s’en priva pas : buvant, nageant, se lavant, jouant, rien ne pouvait enlever ce plaisir infini.

Elle se résigna à partir lorsque la nuit commença à arriver. Elle ne savait toujours pas où elle allait dormir et ne pouvait continuer à se prélasser infiniment. Elle s’étonna de la rapidité avec laquelle elle retrouva la plage.

Cependant, son étonnement laissa place à une méfiance soudaine. Il y avait un campement dont elle n’avait aucun souvenir ou du moins qu’elle n’avait pas remarqué.

D’un pas mal assuré, Manoarie se rapprocha de celui-ci. Il s’agissait d’une sorte de cabane dont le toit était fait en feuilles de palmier. Le couchage était également fait avec les mêmes feuilles qui avait été tressées joliment. Sa défiance précédente s’échappa pour laisser place à un soulagement inouï. Seulement ce dernier fut de courte durée.
Ses yeux étaient posés sur une planche bois coupé en forme d’ovale parfait. Et sur celle-ci était gravé d’une écriture arrondie :

« Bienvenue Manoarie »


***


Manoarie se réveilla, le corps en sueur. Un cauchemar avait hanté son sommeil. Un cri. Un cri de peur, d’horreur, de terreur absolue. Un cri si fort, si proche qu’il semblait émané de la forêt.

Elle se leva et découvrit sans étonnement sa peau imprégnée de sable. Elle avait été incapable de se coucher dans le campement. Cette cabane, ce lit, cette planche et surtout cette gravure, tout cela était étrange, trop étrange. Elle n’avait quasiment pas dormi incapable de s’ôter ces deux mots de sa tête :

Bienvenue. Manoarie.

Comment était-ce possible ?

Le bruit des vagues la sortit de sa réflexion. La mer était anormalement déchainée. La houle s’écrasait violement sur le rivage. Et le grondement des vagues pulsait à ses oreilles. Mais l’étendue bleue n’était pas la seule à se comporter avec étonnement.

Tout lui semblait plus sombre.

Le ciel nuageux faisait planer une ombre menaçante sur l’île, des bois assombris émanait une aura effrayante et malveillante, le vent soufflait violement créant des tourbillons de grains de sable, sable qui semblait lui aussi plus noir.

Le paysage idyllique de la veille semblait se transformer en un paysage obscur et angoissant.

Non ! Il ne fallait pas qu’elle se laisse aller à la peur. Elle ne pouvait pas. C’était juste la météo qui donnait cette impression. Elle décida donc d’aller se rincer dans le bassin découvert le jour précédent.

Bien qu’elle n’ait pas marqué le chemin, elle retrouva facilement la cascade. Le lieu paraissait coupé du reste de l’île. Le bassin reflétait la lumière sur les parois rocheuses. Tout y était clair et accueillant. Dans un rire mêlant joie et soulagement, elle plongea dans l’onde clair.

L’eau était bonne.

Elle se frotta et bue avant de nager. Elle était fatiguée pourtant elle ne pouvait s’empêcher de profiter du calme qui régnait là. La tête dans l’eau, elle n’entendait plus aucun bruit et ne pensait plus à rien.

Cependant, un courant glacial se propagea d’un coup dans le bassin. La clarté précédente avait laissé place à une noirceur terrifiante. Elle perçut le mouvement dans l’eau avant de sentir une chose gluante s’enrouler autour de sa cheville.

Saisie par la peur, aucun son de sortir de sa gorge.

Quand, la chose serra puis tira.

Sa bouche s’ouvrit en un cri inondable avant que l’eau ne se fraie un chemin jusqu’à sa gorge. Elle se débattit dans cette immersion qui semblait interminable. Elle essaya d’enlever la chose de sa jambe avec acharnement.

Elle ne voulait pas mourir.

Elle ne pouvait pas.

Se débattre. Elle devait se débattre.

Puis, d’un coup, aussi vite que tout commença, tout s’arrêta. La chose se desserra autour de sa cheville et elle put nager jusqu’à la rive.

Elle cracha l’eau violemment prise d’une toux incontrôlable. Elle avait mal, mal absolument partout mais elle était surtout terrifiée.

D’abord la cabane et maintenant cette chose. Il y avait quelque chose d’étrange sur cette île, elle ne pouvait plus le nier.
Elle s’éloigna en vitesse mais manqua de défaillir à plusieurs reprises. Elle n’avait pas manger depuis maintenant deux jours. Comment n’avait-elle pas pensé à cela ? Comment avait-elle pu ne penser à manger ?

Elle ne savait pas comment s’y prendre.

Ce n’est qu’en remarquant sur le chemin une pulpe orange qu’elle pensa aux fruits. Il y avait forcément des fruits sur cette île. Elle chercha du regard l’arbre d’où provenait le fruit et fut surprise en découvrant un manguier étonnement de petite taille. Avec tout ce qui c’était passé, cela ne pouvait pas être une simple coïncidence mais elle avait faim et elle ne pouvait pas rester sans manger.

Soudain, elle entendit un craquement. Elle sursauta de peur et fixa avec méfiance les alentours. Son cou la picotait ; elle se sentait observée. Il fallait qu’elle fasse vite. Elle se munit donc d’une branche qu’elle trouva dans la broussaille et frappa pour faire tomber quelques fruits. Elle ne voulait pas rester plus longtemps dans les bois. Très vite, les premières mangues tombèrent. Avec empressement, elle les ramassa avant de retourner sur la plage.

Avant de partir, elle crut entendre un nouveau craquement.

Elle arriva sur la plage, essoufflée et les jambes en feux. Seulement, elle était heureuse d’avoir trouvé de quoi se nourrir.

Elle entreprit d’enlever la peau du premier fruit.

Mais un cri d’horreur s’échappa de sa bouche tandis qu’elle lâchait la mangue. A la place de la pulpe orange, des asticots se mêlaient à une pâte à la texture visqueuse et empestant la pourriture.

D’abord, elle pensa que ce fruit était seulement pourri.

Mais le suivant était identique. Le troisième aussi. La peau du quatrième se noircit sous son regard saisi d’horreur.

Que se passait-il ?

Elle pensa alors à l’eau se disant qu’elle pourrait au moins boire pour passer la faim. Lorsqu’elle se rappela qu’elle n’avait pas fait de stock. Comment n’avait-elle pas pu penser à récupérer de l’eau ? Comment ? Qu’est-ce qui lui arrivait ?

Un grondement éclata dans le ciel avant qu’un torrent ne se déversa sur l’île.

Elle était sous les eaux, désespérée, affamée... Aussi se résigna-t-elle à utiliser la cabane découverte la veille au soir.

Cependant, tout s’effondra.

Un tremblement la saisit puis un cri déchira la nuit. Le sien.

« Non… non…non…. NON ! »

La cabane, le lit, la planche, tout avait disparu. Tout.

« SALETE D’ÎLE !!!!! »

Un cri de détresse. Puis elle éclata en sanglot sous la pluie, sous l’orage. Elle était perdue sur île, île devenue son pire cauchemar.

***


« MANOARIIIIIIIIIE ! »

Le cri la réveilla en sursaut. Elle ne l’avait pas rêvé. Elle en était certaine.

Elle se redressa en grimaçant. Elle avait mal partout. La pluie n’avait pas cessé de tomber le reste de la journée. Elle avait été obligée de s’abriter sous un arbre à la lisière de la forêt. Elle ne voulait pas s’y aventurer de nouveau. Elle savait que si elle y entrait, il était probable qu’elle ne reviendrait jamais.

Cette île était maudite.

Quelque chose lui voulait du mal. Quelque chose d’affreux.

Elle était restée éveiller longtemps, incapable de baisser la garde. Mais le tumulte d’émotions ainsi que sa course effrénée l’avaient épuisée et elle avait fini par s’endormir.

Maintenant, elle était éveillée. Sa peau était sèche horriblement sèche. Ses lèvres étaient gercées. Et elle tremblait de froid. La température était anormalement basse.

Soudain, elle croisa du regard deux orbites vides.

« Seigneur ! »

Elle se leva brusquement, fixant d’horreur le crâne. Les craquements sinistres qui résonnèrent sous ses pieds, la pétrifièrent.

Son cri déchira le silence inquiétant de l’île.

Des os. Des milliers d’os recouvraient la plage.

Le sable s’était transformé en des morceaux de squelettes. Elle réalisa alors que l’ensemble des arbres étaient morts. Les troncs secs et noirs. Les feuilles asséchées tombées par centaines.

La mer était calme, affreusement calme presque gelée. De la fumée s’échappait de sa bouche à chaque respiration.

La température n’était pas anormalement basse, elle était en fait glaciale. Pas d’un froid polaire mais d’un froid mortel.

« Manoarie… » Souffla-t-on près de son oreille avant qu’elle ne sente la présence derrière elle.

Elle ne se retourna pas et courut, terrifiée. Elle trébucha à plusieurs reprises. Ses mains et ses jambes étaient en sang. Sans qu’elle ne sache comment elle arriva près du bassin, endroit qu’elle ne voulait absolument pas revoir.

Le froid qui y régnait la figea sur place. La cascade ne coulait plus. L’eau était gelée. Le bassin aussi noir qu’un cordeau était également figée dans le temps.

Un frisson remonta le long de son dos. Un frisson de terreur absolue.

Elle entendit le souffle inhumain avant de voir l’ombre.

Elle planait au-dessus de la glace, floue, telle un mirage inquiétant. De forme humanoïde recouverte d’une cape noire et longue flottant autour d’elle. Il était impossible de voir un visage tellement la capuche était grande. Elle avançait vers Manoarie, lentement, affreusement lentement. Son aura puissante imprégnait le lieu.

Elle s’arrêta au bord du bassin, en face de la jeune fille. Le bras de l’ombre se redressa pointant quelque chose sur la paroi.

« L’heure est arrivée »

La voix inhumaine parvient jusqu’à Manoarie qui fixait horrifiée le symbole étrange gravé sur la roche.

« Qu…quoi ? »

La forme pencha la tête sur le côté comme si elle était intriguée.

« Le verdict est tombée,
Le jugement a été scellée,
L’âme lacunaire ne peut persister,
Les pêchés ont eu raison de la pesée.
L’île du jugement, désert du trépas, a tranché,
Manoarie vivante et survivante doit mourir. »


Manoarie recula d’un pas, sous le choc. Mourir. Elle allait mourir ? L’effroi la prit à la gorge. Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas.

Alors que l’ombre se rapprochait d’elle, elle sauta pour lui échapper et reprit sa course dans les bois. Elle respirait fort.

Elle déboucha sur l’autre rive, complètement déboussolée et effrayée. Elle sentait toujours la présence de l’être derrière elle. Elle trébucha à plusieurs reprises, en larmes. Elle sentait les roches déchirer sa peau pourtant une seule chose comptait : fuir. Elle regarda derrière elle et fut terrifiée de ne pas voir l’ombre. Elle comprit alors son erreur et vit l’ombre surgir de l’ovale formée par les rochers. Elle tomba violemment au sol. Et alors que l’ombre arrivait vers elle, elle comprit enfin ce que le symbole sur la paroi représentait. C’était une balance, la balance du jugement.


Terreur fut la première chose qu’elle ressentit.
Douleur en fut la dernière.
Sommeil fut la demande de tout son être.
Pourquoi fut la dernière question de Manoarie.

A la vivante Manoarie, survivante et morte, victime du jugement.

***

Mort ou vif
L’île du jugement, désert du trépa, tranche.
Le jugement a commencé…

***

Chaud fut la première pensée de Nasram.
Sec fut la sensation de l’ensemble de son corps.
Effroi fut la première chose qu’il ressentit.
Douleur en fut la dernière.
Nasram se réveilla….
Legend_Game

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Legend_Game »

Oh redoutable Mer, charmeuse des Hommes ! Source de mes craintes, je me tourne vers toi en ce moment de désespoir. Monde de l'inconnu, royaume de l'obscurité, laisse-moi lui écrire ma misère; accorde-moi un moment de répit dans cette agonie sans nom. Transmets cette lettre à mon amour disparu, à cette âme perdue, à cet être que tu m'as arraché.

A toi, ma raison de vivre, tu a été séduit par cette beauté trompeuse qui cache un monstre épouvantable. Le temps passe et ne m'apporte ni guérison, ni raison. Il ne m'offre qu'une angoisse grandissante et qui ne cesse de me hanter. J'ai peur d'oublier les traits de ton doux visage, la mélodie de son rire, l'éclat de tes yeux splendides.


Dans l'espoir de te voir un jour, je t'imagine te venger d'Elle en te prélassant sur une île déserte, le sourire aux lèvres, savourant ta survie. Tu fais du Soleil ton compagnon et de la pluie, ta délivrance. Ta force te permet de vivre à l'état sauvage, de dompter les animaux et la Nature : cette image de toi, triomphant et royal me donne la foi pour supporter cette vie sans mon âme sœur.
Dis-moi, mon amour, pourrais-je un jour avoir le courage d'entamer ce long voyage qui me mènera jusqu'à toi ?
acsjg

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par acsjg »

Oui, c'est exactement comme cela que je me sens, sur une île déserte, ou plutôt mon corps entier est une île déserte. Il m'embrasse, il me touche, sa bouche m'effleure, ses mains me caressent, je vois sa douceur, j'aime son odeur, j'appréhende le moment où il accostera, où il me découvrira, moi île vierge de tout contact humain, intacte et mystérieuse. En quête de sensations dont j'ai rêvé pendant des millions d'années, depuis ma création, depuis cette rencontre hasardeuse de deux plaques tectoniques qui se sont aimées alors qu'elles n'auraient jamais dû se rencontrer . Et soudain il est là, il explore, il se fraye un chemin dans chaque recoin, coupant les lianes et les ronces qui le gêne en chemin, faisant fi de ce que cela me fait, de me voir ainsi changée, complétée par son arrivée mais amputée d'une partie de mon identité. Je suis une île déserte, sauvage, en quête d'un explorateur capable de rendre compte de ma beauté au reste de l'humanité, capable de me permettre d'exister. Mais il continue de me transformer, de me façonner pour que je sois à l'image de ce qu'il désire, il coupe, taille, détruit, saccage, se nourrit de mes ressources, de la vie sauvage qui peuple mon île et était là bien avant lui. Il ne fait pas frémir les feuilles d'arbre qui sont dans mon ventre, il ne fait pas bouillir les ruisseaux qui irriguent toutes les artères et les veines de mon territoire, il ne fait pas chanter les oiseaux qui nichent aux creux des arbres de ce ventre qui l'attendait. Et je reste déserte, aride, je ne peux pas lui faire comprendre, car moi-même je ne comprends pas. Je suis une île déserte, mon corps est une île déserte, au cœur duquel mon âme reste seule et inatteignable.
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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par BlackBeauty01 »

25 avril 1691

Une île est en vue ! Enfin, nous allons pouvoir déposer nos bagages pour construire cet havre de paix, dont nous rêvons depuis si longtemps, mes compagnons et moi.
Depuis la révocation de l’Édit de Nantes, nous vivions dans la crainte constante des régiments du Roi. Après avoir passé quelques années en Hollande et en Suisse, sans jamais avoir trouvé ma place, c’est presque avec soulagement que je me suis engagée sous les ordres du Marquis du Quesne. À 52 ans, certains m’ont dit fou, mais je sais que le Seigneur seul peut décider de ne notre destin et qu’il m’envoyait à l’autre bout de la terre, afin de préparer un nouvel Éden, où chacun serait libre d’adorer Son nom.
C’est ainsi que mes neufs compagnons de route et moi avons enduré des tempêtes, des maladies. Nous ne serons que neuf à accoster ces terres qui me paraissent accueillantes et hospitalières. Un de mes fidèles amis, Jean Pagny n’a pas survécu à la traversée – Dieu ait son âme !

Antoine Valleau, capitaine de l’Hirondelle, s’approche de notre petit groupe :

– Dans quelques heures, ma frégate sera prête à vous déposer non loin de la berge. Êtes-vous toujours déterminés à poursuivre votre projet ? C’est pure folie, que je vous dit.
– Nous n’allons pas renoncer, alors que nous sommes si près du but, répond Jacques de la Case. Il a longtemps occupé le poste d’officier, ce qui lui a transmis un caractère très déterminé.
– C’est ça, renchérit Pierrot, du haut de ses 12 ans, il est le benjamin de notre équipage.
– Si c’est votre dernier mot, je vous conseille d’aller rassembler vos bagages. Le point d’ancrage n’est pas idéal et je ne compte pas m’y éterniser, grommela Valleau en s’éloignant déjà.

Il est comme ça, notre capitaine, un brave homme, mais il ne recherche pas le contact humain. Je pense que cela lui permet d’éviter de trop s’attacher à ses passagers, qui ne l’accompagnent jamais plus que le temps d’un voyage.

Enfin, je ne devrais pas être perdu dans mes pensées. Tous mes amis s’activent déjà pour rassembler tout le nécessaire à la fondation de notre nouvelle colonie sur cette île.

À vrai dire, nous ne savons pas à quoi nous attendre. Notre but premier était l’île Bourbon, que les locaux nomment également Mascarenas. Mais comme son nom l’indique, notre bon Roi y a déjà apposé son empreinte, c’est pourquoi nous l’avons doublée, sans même s’y arrêter. Heureusement, notre capitaine avait entendu parler de cette seconde île.

– Hé, Leguat ! Encore perdu dans tes pensées !
– Dans quelques années, tu comprendras ! je réponds à Paul Benelle, qui s’éclaffe, avant de me proposer son aide.
C’est sûr que désormais, mes pensées courent plus vite que mes jambes, ce qui ne me rend pas moins indispensable à notre expédition.

Enfin, deux marins font descendre une chaloupe à la mer. Après avoir fait nos adieux à tout l’équipage, nous nous y installons, tant bien que mal.
À peine quelques coups de rames plus tard, nous nous échouons sur le lagon. Aidés des deux marins, nous transportons nos affaires à terre. Cela prend une bonne partie de notre journée, puisque le lagon paraît interminable… Qu’importe ! Plus tard, nous pourrons y pêcher plus facilement.
Enfin, nous faisons nos adieux aux marins, qui regagnent le bateau en faisant de grands signes.

Éreintés par cette dure journée, nous dressons un campement de fortune. Demain, nous explorerons l’île, mais cette nuit, nous nous contenterons d’organiser un tour de garde.


Le soleil se lève et pendant quelques instant, j’ai l’impression que tout tangue autour de moi, avant de me rappeler qu’au contraire, nous nous trouvons désormais sur la terre ferme.
Je laisse la moitié des hommes au camp et emmène les autres avec moi, afin de trouver de l’eau et établir un contact avec les locaux.

Nous découvrons, ébahis, que l’île est couverte d’arbres, qui eux-mêmes sont couverts de fruits que nous identifions comme des mangues, des goyaves, des corossols, mais surtout des noix de coco, ce qui signifie que nous ne mourrons ni de faim, ni de soif !

Après avoir longé la côte deux jours durant, nous nous retrouvons de retour au campement, porteurs d’une nouvelle incroyable. Déserte ! Notre île est déserte !

Cette nouvelle me réjouit au plus haut point. Enfin un endroit, où on me laissera tranquille, où on ne me poursuivra pas au seul motif, que je refuse d’accepter une religion qui engraisse le clergé en promettant aux pauvres un accès au paradis, laissez-passer qui servirait bien plus à ces membres du clergé, menant une vie dissolue et éloignée des plus basiques préceptes des Évangiles .

– Mais… comment va-t-on survivre, qu’allons-nous faire, maintenant ?
La voix d’Isaac Boyer m’arrache de mes pensées. Ce pauvre garçon a quitté son Aquitaine natale, après qu’un régiment de Dragons eut décimé sa famille. Depuis, il a des accès de mélancolie, dont personne ne peut le tirer.
Si j’ai toujours l’espoir que le temps atténue sa douleur, j’ai le funeste pressentiment que la solitude et l’isolement de cette île ne feront que renforcer sa déprime.
De plus, j’ai peur que son pessimisme ne contamine les autres hommes de notre équipée.
C’est pourquoi, je tente de le rassurer :
– Nous allons bâtir un village. Le Marquis du Quesne a promis qu’il nous enverrait bientôt de nouvelles personnes pour peupler notre nouvelle colonie, dont des femmes et des enfants…
– Comment saura-t-il où nous retrouver ?
– Et si le bateau se perdait ? Allons-nous passer notre vie à attendre quelqu’un qui n’arrivera jamais ?
– Du calme, m’écrié-je, face au tollé soulevé par ma tirade, du calme. Nous pouvons convenir, peut-être d’un délai, au bout duquel, nous regagnerions l’île Maurice si personne ne viendrait se joindre à nous ?
– Ben, pourquoi attendre ? Je suis sûr que rien de bon ne nous arrivera sur cette île !
– Nous n’avons tout de même pas fait tout ce trajet pour rien, s’exclame Jean Testard.
Celui-ci exerce le métier de droguiste, ce qui en fait un compagnon très respecté au sein de notre groupe d’explorateurs.
– En prenant en compte la durée du voyage, je pense qu’un délai de deux ans serait raisonnable ? En cas d’échec, cela vous permettrait de reprendre votre vie sur le continent sans trop de problèmes, je propose.
Malgré quelques grommellements, les hommes finissent tous par accepter ce consensus.

Jour après jour, nous nous habituons à cette nouvelle vie.
L’île est riche en ressource, nous y trouvons de l’eau fraîche, du gibier, des poissons vienne régulièrement s’échouer sur le lagon. Nous ne manquons de rien… si ce n’est de nouvelles de la terre ferme. Aucun bateau à l’horizon, pas même une pirogue.
Peu à peu, mes compagnons perdent leur motivation.
J’ai beau leur rappeler les injustices qu’ils ont vécues sur les terres de leurs aïeux, leur démontrer à quel point la vie ici est plus douce… Le manque de compagnie, surtout féminine, se fait ressentir.
C’est quand même incroyable que ces hommes qui ont tout quitté pour leur Dieu, soient prêts à tout quitter à nouveau pour trouver femme !

Mais celui qui m’inquiète le plus, c’est bien Isaac. Il se laisse dépérir et n’a que la peau sur les os. Il erre comme un fantôme et nous adresse à peine la parole.

C’est pourquoi, je me décide à hâter notre départ. Cela fait déjà plus d’une année que nous nous trouvons sur cette île. Si dans les premier temps, je me suis trouvé fort occupé à recueillir des informations sur la faune locale, il est vrai que le temps me semble de plus en plus long. Nos tentatives de cultures ont échouées, c’est pourquoi, nous nous sommes rapidement rabattus sur la chasse et la récolte d’œufs. Il se trouve que notre territoire est habité par de nombreuses tortues si grandes, que leur coquille pourrait suffire à construire un radeau pour une personne. Leur chair est très savoureuse et il est fort aisé de les attraper.

Aidé par Paul Benelle, qui grâce à ses études, possède un certain savoir-faire, nous construisons une première embarcation, qui finit par s’échouer violemment contre la forêt sous-marine. Cette sorte de végétation se montre très coupante et notre compagnon Isaac est blessé dans cette escapade infructueuse.

Son corps affaibli ne parvient pas à lutter contre le mauvais sang qui l’empoisonne et notre fidèle compagnon nous quitte, avant d’avoir regagné le continent.

Désormais, nous sommes décidés à nous échapper de cette île, tant et si bien, que nous finissons par achever une seconde embarcation qui, cette fois, nous mènera à bon port, malgré une rame cassée dans une tempête.
Je dis bien bon port, car c’est ce que nous croyions à l’époque. Mais la suite des faits montrera que nous avons eu tort d’abandonner notre havre de paix et que nous y aurions coulé des jours heureux, loin de l’avidité humaine.
Et que même l’absence de femme ne me pèse pas tant que ça, mais cela, je l’ai compris plus tard, bien trop tard.

23 mai 1693
BlackBeauty01

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par BlackBeauty01 »

Je me permet de poster un message explicatif.
Il s'agit d'une histoire vraie, celle de François Leguat, un écuyer de 52 ans, huguenot, qui fuit la France suite à l'Edit de Nantes. Il débarque sur l'île Rodrigues, non loin de l'île Maurice, où il fondera une colonie avec 8, puis 7 compagnons. Il profite du temps passé sur l'île pour répertorier divers animaux. Il décrit notamment une sorte de tortue, aujourd'hui disparue, ainsi qu'un oiseau, proche du célèbre dodo.
N'ayant aucune nouvelle de la terre ferme, il gagnera l'île Maurice avec ses compagnons, où il sera jeté sur une île-rocher par un gouverneur peu scrupuleux. Il y passera 3 ans avant de s'échapper et rentrera finalement en Angleterre, où il sera traité de charlatan lors de la publication de ses Aventures (2 tomes). Il ne sera réhabilité que bien des années après sa mort.

Voilà, je voulais partager cette histoire incroyable, que j'ai découverte dans le cadre même de ce concours :lol:
x-Key

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Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte | Résultats !

Message par x-Key »

Désolée pour le retard, voici les résultats du concours de juillet ! Tout d'abord, bravo à tous pour la diversité de vos textes, il était très plaisant de découvrir autant d'histoires ! Ce mois-ci, le texte vainqueur est Et l’Île a voulu que ce soit ainsi… de Lalilol, suivi en deuxième position par BlackBeauty01 et en troisième position par Arwen14.


Et l’Île a voulu que ce soit ainsi…



Chaud fut la première pensée de Manoarie.
Eau fut l’appel de sa bouche et sa gorge asséchées.
Douleur fut la première chose qu’elle ressentit.
Peur en fut la dernière.
Manoarie se réveilla.




Se lever fut la première difficulté qu’elle rencontra.

Manoarie avait mal, mal aux bras, aux ventres, aux jambes. Des égratignures et des bleus ornaient également sa peau, indices d’un accident oublié. Elle n’avait aucuns souvenirs. Seulement cette affreuse sensation d’eau remplissant ses poumons, s’immisçant dans sa bouche, sa gorge se frayait un chemin jusqu’à sa mémoire.

Mais ce n’était déjà plus ce qui l’inquiétait. Son regard balaya le paysage à la fois idyllique et effrayant. Un sable blanc et fin, une eau claire et calme, une forêt verdoyante et accueillante, voilà ce qui se dressait devant elle. Elle était sur une plage qui lui était inconnue.


Combattre sa peur fut la seconde difficulté.

La peur est une émotion inquiétante, vicieuse et étrange. Et Manoarie n’y échappa pas.

Pourquoi était-elle sur une île ? Elle ne savait pas.

Comment allait-elle survivre ? Elle ne savait pas.

Mais ce n’était pas cela qui l’effrayait le plus. Elle ne se souvenait plus qui elle était et quelle était sa vie. Tous ses souvenirs avaient comme été gommés de sa mémoire. Une seule chose lui restait son prénom : Manoarie et ce souvenir terrifiant de noyade. L’inconnu inquiète et pour la première fois, elle en faisait l’expérience. Elle était dans l’inconnu total.

La peur s’insinuait en elle. Que faire quand on ignorait tout de sa propre vie ?

La respiration saccadée, les membres tremblants, Manoarie perdit l’équilibre et tomba mollement sur le sable. Comment allait-elle faire ? Elle l’ignorait, elle ne le savait pas…


Une heure, deux heures, trois heures passèrent. Mais Manoarie était restée immobile, le regard perdu dans l’horizon. La peur était passée, du moins pour l’instant.

Alors elle se leva d’un coup. Une détermination soudaine, vibrante, presque inquiétante émanait d’elle ; elle était déterminée à vivre, à survivre.

***


Deux, trois, quatre heures voire plus s’écoulèrent pendant qu’elle explorait l’île. Elle s’aventura loin dans les bois jusqu’à déboucher sur l’autre rive, cette fois-ci rocheuse et presque impraticable tellement les roches étaient pointues. Son regard empreint de curiosité voyageait sur cette plage de pierre. Et il se posa sur deux énormes rochers qui formaient étrangement un ovale parfait de taille humaine au bout de la côte. Elle n’arriva pas à se détacher de cette structure insolite. Il émanait d’elle une aura indescriptible, teintée de douceur et de danger.

Manoarie rebroussa finalement chemin pour reprendre son exploration. Elle commençait à fatiguer. Ses pieds nus n’avaient pas pu échapper aux pierres et morceaux de bois. Elle n’avait pas besoin de les regarder pour savoir qu’ils étaient en sang. Sa cheville était également très douloureuse mais elle n’avait que faire de la douleur pour le moment. Elle écartait branches et feuilles, enjambait racines et roches.

Puis un bruit. Un craquement. Un souffle.

Déconcentrée, son pied se coinça dans une racine. Elle n’y pas le temps de réagir qu’elle tomba au sol avant de rouler le long d’une pente qu’elle n’avait pas remarqué. Sa peau se déchira au contact du bois, des pierres. Des larmes de douleur glissèrent sur ses joues. Puis, sa chute s’arrêta, amortie par la fin de la pente.

La respiration sifflante, la souffrance déformant son visage, elle ne bougea pas fixant avec horreur la mer de feuilles cachant le ciel. Comment allait-elle faire ?

C’est alors qu’elle l’entendit. Ce bruit réconfortant de ruissellement, de gouttes s’entrechoquant violemment. De l’eau...
Faisant abstraction de la douleur, elle se leva et boita jusqu’à la source de ce bruit inespéré. Elle arriva au niveau d’un bassin où se dressait fièrement une cascade. L’eau y était si clair qu’on pouvait voire le fond. Elle n’eut pas besoin de réfléchir pour courir et plonger dans cette eau glaciale et inattendue. Ses blessures brûlaient. Sa peau se nettoyait. Et son corps ne réclamait que le passage de ce liquide rafraichissant dans sa gorge. Elle ne s’en priva pas : buvant, nageant, se lavant, jouant, rien ne pouvait enlever ce plaisir infini.

Elle se résigna à partir lorsque la nuit commença à arriver. Elle ne savait toujours pas où elle allait dormir et ne pouvait continuer à se prélasser infiniment. Elle s’étonna de la rapidité avec laquelle elle retrouva la plage.

Cependant, son étonnement laissa place à une méfiance soudaine. Il y avait un campement dont elle n’avait aucun souvenir ou du moins qu’elle n’avait pas remarqué.

D’un pas mal assuré, Manoarie se rapprocha de celui-ci. Il s’agissait d’une sorte de cabane dont le toit était fait en feuilles de palmier. Le couchage était également fait avec les mêmes feuilles qui avait été tressées joliment. Sa défiance précédente s’échappa pour laisser place à un soulagement inouï. Seulement ce dernier fut de courte durée.
Ses yeux étaient posés sur une planche bois coupé en forme d’ovale parfait. Et sur celle-ci était gravé d’une écriture arrondie :

« Bienvenue Manoarie »


***


Manoarie se réveilla, le corps en sueur. Un cauchemar avait hanté son sommeil. Un cri. Un cri de peur, d’horreur, de terreur absolue. Un cri si fort, si proche qu’il semblait émané de la forêt.

Elle se leva et découvrit sans étonnement sa peau imprégnée de sable. Elle avait été incapable de se coucher dans le campement. Cette cabane, ce lit, cette planche et surtout cette gravure, tout cela était étrange, trop étrange. Elle n’avait quasiment pas dormi incapable de s’ôter ces deux mots de sa tête :

Bienvenue. Manoarie.

Comment était-ce possible ?

Le bruit des vagues la sortit de sa réflexion. La mer était anormalement déchainée. La houle s’écrasait violement sur le rivage. Et le grondement des vagues pulsait à ses oreilles. Mais l’étendue bleue n’était pas la seule à se comporter avec étonnement.

Tout lui semblait plus sombre.

Le ciel nuageux faisait planer une ombre menaçante sur l’île, des bois assombris émanait une aura effrayante et malveillante, le vent soufflait violement créant des tourbillons de grains de sable, sable qui semblait lui aussi plus noir.

Le paysage idyllique de la veille semblait se transformer en un paysage obscur et angoissant.

Non ! Il ne fallait pas qu’elle se laisse aller à la peur. Elle ne pouvait pas. C’était juste la météo qui donnait cette impression. Elle décida donc d’aller se rincer dans le bassin découvert le jour précédent.

Bien qu’elle n’ait pas marqué le chemin, elle retrouva facilement la cascade. Le lieu paraissait coupé du reste de l’île. Le bassin reflétait la lumière sur les parois rocheuses. Tout y était clair et accueillant. Dans un rire mêlant joie et soulagement, elle plongea dans l’onde clair.

L’eau était bonne.

Elle se frotta et bue avant de nager. Elle était fatiguée pourtant elle ne pouvait s’empêcher de profiter du calme qui régnait là. La tête dans l’eau, elle n’entendait plus aucun bruit et ne pensait plus à rien.

Cependant, un courant glacial se propagea d’un coup dans le bassin. La clarté précédente avait laissé place à une noirceur terrifiante. Elle perçut le mouvement dans l’eau avant de sentir une chose gluante s’enrouler autour de sa cheville.

Saisie par la peur, aucun son de sortir de sa gorge.

Quand, la chose serra puis tira.

Sa bouche s’ouvrit en un cri inondable avant que l’eau ne se fraie un chemin jusqu’à sa gorge. Elle se débattit dans cette immersion qui semblait interminable. Elle essaya d’enlever la chose de sa jambe avec acharnement.

Elle ne voulait pas mourir.

Elle ne pouvait pas.

Se débattre. Elle devait se débattre.

Puis, d’un coup, aussi vite que tout commença, tout s’arrêta. La chose se desserra autour de sa cheville et elle put nager jusqu’à la rive.

Elle cracha l’eau violemment prise d’une toux incontrôlable. Elle avait mal, mal absolument partout mais elle était surtout terrifiée.

D’abord la cabane et maintenant cette chose. Il y avait quelque chose d’étrange sur cette île, elle ne pouvait plus le nier.
Elle s’éloigna en vitesse mais manqua de défaillir à plusieurs reprises. Elle n’avait pas manger depuis maintenant deux jours. Comment n’avait-elle pas pensé à cela ? Comment avait-elle pu ne penser à manger ?

Elle ne savait pas comment s’y prendre.

Ce n’est qu’en remarquant sur le chemin une pulpe orange qu’elle pensa aux fruits. Il y avait forcément des fruits sur cette île. Elle chercha du regard l’arbre d’où provenait le fruit et fut surprise en découvrant un manguier étonnement de petite taille. Avec tout ce qui c’était passé, cela ne pouvait pas être une simple coïncidence mais elle avait faim et elle ne pouvait pas rester sans manger.

Soudain, elle entendit un craquement. Elle sursauta de peur et fixa avec méfiance les alentours. Son cou la picotait ; elle se sentait observée. Il fallait qu’elle fasse vite. Elle se munit donc d’une branche qu’elle trouva dans la broussaille et frappa pour faire tomber quelques fruits. Elle ne voulait pas rester plus longtemps dans les bois. Très vite, les premières mangues tombèrent. Avec empressement, elle les ramassa avant de retourner sur la plage.

Avant de partir, elle crut entendre un nouveau craquement.

Elle arriva sur la plage, essoufflée et les jambes en feux. Seulement, elle était heureuse d’avoir trouvé de quoi se nourrir.

Elle entreprit d’enlever la peau du premier fruit.

Mais un cri d’horreur s’échappa de sa bouche tandis qu’elle lâchait la mangue. A la place de la pulpe orange, des asticots se mêlaient à une pâte à la texture visqueuse et empestant la pourriture.

D’abord, elle pensa que ce fruit était seulement pourri.

Mais le suivant était identique. Le troisième aussi. La peau du quatrième se noircit sous son regard saisi d’horreur.

Que se passait-il ?

Elle pensa alors à l’eau se disant qu’elle pourrait au moins boire pour passer la faim. Lorsqu’elle se rappela qu’elle n’avait pas fait de stock. Comment n’avait-elle pas pu penser à récupérer de l’eau ? Comment ? Qu’est-ce qui lui arrivait ?

Un grondement éclata dans le ciel avant qu’un torrent ne se déversa sur l’île.

Elle était sous les eaux, désespérée, affamée... Aussi se résigna-t-elle à utiliser la cabane découverte la veille au soir.

Cependant, tout s’effondra.

Un tremblement la saisit puis un cri déchira la nuit. Le sien.

« Non… non…non…. NON ! »

La cabane, le lit, la planche, tout avait disparu. Tout.

« SALETE D’ÎLE !!!!! »

Un cri de détresse. Puis elle éclata en sanglot sous la pluie, sous l’orage. Elle était perdue sur île, île devenue son pire cauchemar.

***


« MANOARIIIIIIIIIE ! »

Le cri la réveilla en sursaut. Elle ne l’avait pas rêvé. Elle en était certaine.

Elle se redressa en grimaçant. Elle avait mal partout. La pluie n’avait pas cessé de tomber le reste de la journée. Elle avait été obligée de s’abriter sous un arbre à la lisière de la forêt. Elle ne voulait pas s’y aventurer de nouveau. Elle savait que si elle y entrait, il était probable qu’elle ne reviendrait jamais.

Cette île était maudite.

Quelque chose lui voulait du mal. Quelque chose d’affreux.

Elle était restée éveiller longtemps, incapable de baisser la garde. Mais le tumulte d’émotions ainsi que sa course effrénée l’avaient épuisée et elle avait fini par s’endormir.

Maintenant, elle était éveillée. Sa peau était sèche horriblement sèche. Ses lèvres étaient gercées. Et elle tremblait de froid. La température était anormalement basse.

Soudain, elle croisa du regard deux orbites vides.

« Seigneur ! »

Elle se leva brusquement, fixant d’horreur le crâne. Les craquements sinistres qui résonnèrent sous ses pieds, la pétrifièrent.

Son cri déchira le silence inquiétant de l’île.

Des os. Des milliers d’os recouvraient la plage.

Le sable s’était transformé en des morceaux de squelettes. Elle réalisa alors que l’ensemble des arbres étaient morts. Les troncs secs et noirs. Les feuilles asséchées tombées par centaines.

La mer était calme, affreusement calme presque gelée. De la fumée s’échappait de sa bouche à chaque respiration.

La température n’était pas anormalement basse, elle était en fait glaciale. Pas d’un froid polaire mais d’un froid mortel.

« Manoarie… » Souffla-t-on près de son oreille avant qu’elle ne sente la présence derrière elle.

Elle ne se retourna pas et courut, terrifiée. Elle trébucha à plusieurs reprises. Ses mains et ses jambes étaient en sang. Sans qu’elle ne sache comment elle arriva près du bassin, endroit qu’elle ne voulait absolument pas revoir.

Le froid qui y régnait la figea sur place. La cascade ne coulait plus. L’eau était gelée. Le bassin aussi noir qu’un cordeau était également figée dans le temps.

Un frisson remonta le long de son dos. Un frisson de terreur absolue.

Elle entendit le souffle inhumain avant de voir l’ombre.

Elle planait au-dessus de la glace, floue, telle un mirage inquiétant. De forme humanoïde recouverte d’une cape noire et longue flottant autour d’elle. Il était impossible de voir un visage tellement la capuche était grande. Elle avançait vers Manoarie, lentement, affreusement lentement. Son aura puissante imprégnait le lieu.

Elle s’arrêta au bord du bassin, en face de la jeune fille. Le bras de l’ombre se redressa pointant quelque chose sur la paroi.

« L’heure est arrivée »

La voix inhumaine parvient jusqu’à Manoarie qui fixait horrifiée le symbole étrange gravé sur la roche.

« Qu…quoi ? »

La forme pencha la tête sur le côté comme si elle était intriguée.

« Le verdict est tombée,
Le jugement a été scellée,
L’âme lacunaire ne peut persister,
Les pêchés ont eu raison de la pesée.
L’île du jugement, désert du trépas, a tranché,
Manoarie vivante et survivante doit mourir. »


Manoarie recula d’un pas, sous le choc. Mourir. Elle allait mourir ? L’effroi la prit à la gorge. Elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas.

Alors que l’ombre se rapprochait d’elle, elle sauta pour lui échapper et reprit sa course dans les bois. Elle respirait fort.

Elle déboucha sur l’autre rive, complètement déboussolée et effrayée. Elle sentait toujours la présence de l’être derrière elle. Elle trébucha à plusieurs reprises, en larmes. Elle sentait les roches déchirer sa peau pourtant une seule chose comptait : fuir. Elle regarda derrière elle et fut terrifiée de ne pas voir l’ombre. Elle comprit alors son erreur et vit l’ombre surgir de l’ovale formée par les rochers. Elle tomba violemment au sol. Et alors que l’ombre arrivait vers elle, elle comprit enfin ce que le symbole sur la paroi représentait. C’était une balance, la balance du jugement.


Terreur fut la première chose qu’elle ressentit.
Douleur en fut la dernière.
Sommeil fut la demande de tout son être.
Pourquoi fut la dernière question de Manoarie.

A la vivante Manoarie, survivante et morte, victime du jugement.


***

Mort ou vif
L’île du jugement, désert du trépa, tranche.
Le jugement a commencé…

***

Chaud fut la première pensée de Nasram.
Sec fut la sensation de l’ensemble de son corps.
Effroi fut la première chose qu’il ressentit.
Douleur en fut la dernière.
Nasram se réveilla….
Shawneenat

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Shawneenat »

Félicitations ;-)
Dorfenor

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Dorfenor »

Félicitations Lalilol, j'ai beaucoup aimé ton texte.
Félicitations aussi aux autres participants !
Lalilol

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Lalilol »

Wow ! Pour une surprise c'est une surprise ! Merci beaucoup ! Les histoires ainsi que poèmes proposés étaient tous superbes du coup je suis encore plus fière et heureuse que mon texte est plu. Je suis vraiment surprise, c'est une bonne nouvelle pour se début d'année d'étude. Merci encore ! Et félicitation à BlackBeauty01 et Arwen14 mais aussi à toutes les autres participations !
Dernière modification par Lalilol le mer. 29 août, 2018 10:17 pm, modifié 1 fois.
jfjs

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par jfjs »

Bravo à nos lauréates/gagnants !!!
Arwen14

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par Arwen14 »

Bonjour !

Félicitation à Lalilol pour ton texte, et également à tous les autres participants ! C'est vraiment un plaisir de découvrir autant d'histoires diverses et variées sur un même sujet :)
Et... je suis étonnée d'être en troisième place ! Merci beaucoup "^^ :D

Bonne continuation à tous ;)
BlackBeauty01

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Re: Concours d'écriture - Juillet 2018 : Sur une île déserte

Message par BlackBeauty01 »

J'arrive complètement en retard. Je ne m'y attendais tellement pas! Merci beaucoup! Félicitations aux gagnants et à tous ceux qui ont participé :D
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