Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

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x-Key

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Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Le concours d'écriture d'octobre a pour thème : Que se cache-t-il sous votre lit ? Vous avez jusqu'au 31 octobre pour poster vos textes ici-même, sur ce sujet.

Image


Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance à tous !
Mimie99

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Mimie99 »

x-Key a écrit :Bonjour à tous !

Le concours d'écriture de juillet a pour thème : Que se cache-t-il sous votre lit ? Vous avez jusqu'au 31 octobre pour poster vos textes ici-même, sur ce sujet.
Juste une petite question... Ce ne serait pas le concours d'écriture d'octobre plutôt que juillet? Désolée pour le dérangement... (Ceci dit, je crois que je vais participer, en plus le thème est très intéressant)
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par x-Key »

Mimie99 a écrit :Juste une petite question... Ce ne serait pas le concours d'écriture d'octobre plutôt que juillet? Désolée pour le dérangement... (Ceci dit, je crois que je vais participer, en plus le thème est très intéressant)
Oui, une erreur de copié/collé ;)
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par x-Key »

Attention, plus que 10 jours pour participer !
jfjs

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par jfjs »

Bonjour,

voici mon texte
bonne lecture et attention à e que vous pouvez trouver sous le lit ;-)

Le monstre sous le lit

Ted avait tout essayé mais sa crève ne voulait pas le quitter, trop contente d’avoir trouvé un hôte si agréable. C’est la mort dans l’âme qu’il appela l’agence où il était employé comme baby-sitter, pour se faire remplacer. Ses paroles au téléphone, entrecoupées d’affreux toussotements, firent que la responsable, prise de pitié, lui conseilla de prendre force décoctions de thym, citron et miel, et de garder le lit. Ted remercia mais se permit de lui demander un petit service : il savait combien Alix, son petit protégé, serait déçu de ne pas le voir. Pour compenser son absence, il avait concocté sur une clef USB, un florilège des séries et des dessins animés que le jeune garçon adorait. Ted essayait toujours de lier l’utile à l’agréable en profitant d’une diffusion télévisuelle pour apprendre une leçon de vie à Alix. Et ça marchait. Une complicité grandissante les liait. Bref, si la nounou pouvait prendre la clé chez lui, ce serait vraiment chouette.
La responsable trouva l’initiative sympathique et le rassura sur le passage de la remplaçante avant qu’elle ne prenne le chemin des parents d’Alix. Elle vint une heure plus tard ; Ted lui donna quelques consignes comme, bien surveiller le chat qui se révélait être un véritable filou, ou ne pas donner de kiwis au petit car il y était allergique, et ne pas le laisser regarder plus d’un épisode à la fois des séries ou dessins animés qu’il avait mis sur la clé. Ted ne voulait pas qu’Alix devienne un consommateur « je prends, je regarde, je passe à autre chose » sans respecter tout le travail des personnes qui ont conçu le programme, mais surtout laisser s’installer le manque et l’envie de découvrir les prochaines aventures dans une semaine sans passer par la diffusion en continu sur la toile. Ted souhaitait fabriquer des souvenirs à Alix. La nounou prit un air éberlué mais partit tout de même avec la clé et se mit en route. Ted appela les parents d’Alix pour les prévenir, entre deux quintes de toux, qu’il serait remplacé par une gentille jeune fille.
La nounou arriva à leur domicile à l’heure prévue, les salua de la part de Ted, les avertit de ses recommandations et se fit présenter Alix. Elle lui montra la clé USB et lui promit qu’ils allaient en regarder le contenu. Les parents finirent de se préparer et rassurés, s’en allèrent au cinéma.
La baby-sitter et Alix dînèrent tranquillement du copieux plateau-repas préparé par sa maman tandis que Monsieur Miaou se faisait un festival de croquettes. Quant tout fut rangé dans le lave-vaisselle, elle mit la clé USB dans le téléviseur et attendit d’en voir le contenu. Elle resta perplexe. Des vieilles séries « Ma sorcière bien-aimée », « La légende de James Adams et de l’ours Benjamin » - qui s’en rappelait encore ? - côtoyaient des films comme « Alien » ou « Les dents de la mer », ainsi que « Monstres et Cie » « Il était une fois la vie », « C’est pas sorcier » et la saison 4 inédite des sirènes de « h2o ». Une petite discussion avec la responsable de l’agence, concernant les films, s’imposait, pensa-t-elle mais remarqua par la suite l’accès bloqué par un code. Alix demanda à voir un épisode de Samantha, un autre de l’ours Benjamin et pour finir un des sirènes. La nounou mit le holà : deux séries, pas une de plus et après au lit ; il y avait école demain. Alix maugréa un peu mais Ted aurait certainement dit et fait la même chose. Elle trouva les trucages de « Ma sorcière bien-aimée » trop désuets et rafistolés pour la tenir elle-même captive davantage bien longtemps à ce programme, et ne put s’empêcher de faire des commentaires négatifs pendant la diffusion.
- Roh, ces assiettes qui volent alors qu’on voit les fils. Qu’est-ce que c’est nul !
- Mais non, c’est de la magie.
- La magie, ça n’existe pas.
- Si ça existe !
- Vraiment ? Alors remue le bout de ton nez pour voir ?
Malgré toute sa bonne volonté, Alix n’arriva pas à réaliser ce prodige. Ted lui aurait-il menti ? Mais alors les sirènes, elles n’existaient pas non plus ! Ni les monstres gentils ! Et les cow-boys étaient vraiment les bons, les Indiens les mauvais alors que Ted lisant les aventures de Laura Ingalls lui avait appris le contraire ? Non, Ted avait parlé de la magie de la nature, des créatures fantastiques comme les dragons ou les fées et des mondes invisibles qu’on ne pouvait voir qu’en fermant les yeux. La nounou qui avait ses partiels à réviser, n’était pas peu fière d’avoir pris ce gamin en défaut avec sa magie candide. Alix était gentil mais elle n’avait qu’une hâte, c’était de le mettre au lit. Et ça, il le sentit sur-le-champ. Elle lui bâcla l’histoire en la lisant sur un rythme rapide et sans changer d’intonation alors que Ted prenait toujours des voix différentes pour incarner les Trois Ours du conte et de Boucle d’Or. Elle lui souhaita une bonne nuit et s’en alla bûcher dans la salle à manger. Une vingtaine de minutes plus tard, Alix l’appela.
- Il y a un monstre sous mon lit.
- Les monstres, ça n’existe pas !
- Je t’assure qu’il est là. Il me regarde. Viens, s’il te plaît.
- On dit s’il vous plaît.
- S’il vous plaît, madame.
Elle traversa le couloir et entrebâilla la porte.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ?
La nounou soupira, entra et regarda sous le lit. Deux prunelles jaunes-vertes phosphorescentes la regardèrent puis sautèrent sur le lit.
Alix éclata de rire.
- Très drôle d’avoir caché le chat sous le lit. Bon, allez, maintenant tu dors.
- Oui, mais tu n’éteins pas la lumière.
- Allez, un grand garçon comme toi qui a peur du noir ?
- Non, c’est pour voir mes amis les monstres avec plein de pattes, d’écailles et de mandibules.
- Mais bien sûr. Vu ta petite blague avec Monsieur Miaou, j’éteins la lumière et on ne discute pas.
Et elle sortit en laissant Alix dans le noir. Ted n’aurait jamais fait ça, pensa Alix. Il serait resté avec moi jusqu’à ce que je m’endorme et aurait éteint la lumière après. Pas comme elle. Lui, il aurait bien vu les dragons de l’espace et les monstres gentils des mondes parallèles. D’ailleurs, il y en avait un gros sous le lit et Alix le dit à haute voix.
- Dis lui de faire un régime, lui cria la nounou.
Alix ne comprit pas la subtilité de cette phrase mais ça ne devait pas être très gentil pour son ami. Il chuchota pendant un bon moment quand la baby-sitter dit d’une voix forte :
- Alix, maintenant, tu dors !
- Mais je parle avec mon copain de l’autre dimension. Tu sais, il a huit bras, plutôt des tentacules. Il est très gentil. Ted le connaît bien.
- C’est ça, et moi je suis la reine d’Angleterre !
Comme Alix continuait à parler à voix basse, elle posa rageusement son livre et alla dans la chambre d’Alix sans allumer.
Elle sentit quelque chose lui frôler chevilles et mollets…
- Pff, je sais que c’est toi, stupide Monsieur Miaou.
À l’entente de son nom, le chat ouvrit les yeux. Il dormait sur le lit et son regard luminescent fixa la nounou.
Mais alors sous le lit… ?
Eliell

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Eliell »

J'ai terminé mon texte !

J'avertis les personnes qui peuvent y être sensibles qu'il y a du contenu relatif à la dépression et dans une moindre mesure au harcèlement.

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Le jour se levait, comme tous les jours, comme tous ces jours qui n'en finissent pas. Je n'ai jamais vraiment apprécié la nuit, on n'a rien à y faire et les histoires d'enfants, tout comme celles des adultes, m'avaient appris à ne rien y voir de bon. Mais quand rien ne vous attend le jour, la nuit devient une bonne amie. Elle ne vous questionne pas et vous laisse simplement exister.

Il ne faudra pas que je tarde, l'heure avance. Il me semble toujours s'écouler tant de temps entre le réveil et la suite, c'est comme si mon esprit tentait de rester sous le lit pour ne plus en sortir. Et que je lui disais : « allez, moi non plus je n'ai pas envie de me lever, mais c'est ainsi ». Pas très convaincant certes, mais la force de la routine me permet chaque fois de revenir à moi. Le matin se déroule, pareil à tous les autres, très vite on est dehors et c'est alors que la tête se change en chambre close. Il s'y invite bon nombre d'invités, aucun qu'on a envie de voir mais aucun non plus dont on parvient à détourner les yeux.

La séance s'ouvre modestement sur une crainte flottante indéfinissable. On a peur, un froid humide se répand dans nos organes, on retient sa respiration. Viennent les premières répliques, celles qu'on connaît par cœur. Leurs origines ont été ensevelies dans la mémoire, mais elles revivent tous les jours, jettent de simples phrases avant de disparaître.

Il y a cette fois dans le bus où on m'a suggéré de mettre un sac sur mon visage pour le cacher. Cette autre fois où on m'a pointé du doigt avant de chuchoter. Une autre encore où on m'a fait accuser pour une faute que je n'avais pas commise. Et ces rires. Ces rires ! Je ne sais même pas pourquoi ils rient tous. Je n'ai jamais su.

Le chemin se poursuit, on marche sans y penser. On pense déjà bien assez à tout ce qui pourrait noircir cette journée. Aux endroits qu'il va falloir éviter, comment il faudra quitter rapidement chaque classe, les toilettes aussi. Aux dangers désespérément réalistes s'ajoutent un essaim de cauchemars qui se saisissent toujours plus habilement chaque jour de notre créativité pour repeindre nos espoirs de boue nauséabonde.

Les fines lueurs de joie qui percent encore les murs sont des rêves morbides qui réinventent à l'infini le scénario de notre chute finale.

C'est pour cela aussi que je préfère rester ici. Tant que je demeure sous mon lit, c'est un peu comme si le monde se mettait en pause, comme si j'entrais dans une dimension réconfortante où je ne suis pas tout à fait en vie et pas tout à fait dans la mort non plus. Il n'y a que moi pour me voir, pour m'entendre, me sentir. Souvent j'imagine m'allonger pour toujours. On ne me retrouverait plus, je dessinerais ma vie dans mes songes éveillés. Je cultiverais des champs, je respirerais les fleurs. Je pourrais simplement m’asseoir, regarder les criquets, écouter les grillons. On n'attendrait rien de moi.

Mais ce monde où le soleil a encore du sens chaque fois éclate avec l'aube, qui me rappelle ma condition terrestre. Ces organes qui réclament satiété, ce cœur qui bat encore et ces pensées sifflantes qui enserrent mes envies et condamnent mes besoins. Elles me répètent comme un chœur que l'on ne meurt pas pour ça, que l'on ne pleure pas pour ces raisons-là, qu'elles sont futiles, inventées, qu'elles sont de lamentables excuses à mon incompétence. Je devrais vivre au moins pour ne pas infliger ma perte à d'autres, à ceux qui croient encore que l'adolescence est une phase et qu'une poignée d'efforts suffisent à remonter la pente. A ceux qui tiennent encore à moi ou se sentent responsables, même si je ne les aime plus, que je ne crois plus en eux.

Je me demande si le destin existe et s'il tenait tant que ça à ce que je me terre sous un lit en tremblant. Et s'il n'existe aucune voie supérieure, alors il me semble que l'évolution aurait pu s'arrêter à une espèce plus élégante, au moins une dont les individus ne peuvent pas être tués par leurs propres angoisses.

Quelle qu'en soit la raison, le fait est que je suis encore là, qu'il reste quelque chose en moi qui ne veut pas partir. Parfois c'est à peine perceptible et la mort se rapproche, d'autres fois c'est plus net.

Je ne me vois pratiquer aucun métier ni habiter nulle part, je n'ai aucun projet et je traîne mon passé. Alors je me demande, vraiment, je m'interroge. Pourquoi ne puis-je m'autoriser à simplement partir ? Il suffirait que je reste là, sous ce lit, en silence. Il n'y aurait rien à faire, seulement attendre. Et si c'était trop long, il resterait les fenêtres, le gaz ou les couteaux. Il resterait les bus, les trains, les autoroutes. Les moyens ne manquent pas.

Mais je suis encore là et aussi incohérente que me paraisse cette idée, je ne crois pas désirer ces récits. Toutes ces histoires que je me raconte sont des métaphores. Ce n'est pas la mort qui m'attire mais la paix qu'elle me promet. Je convoite la défaite pour ne plus devoir me battre.

Depuis quand c'est comme ça ? Ça fait un moment… Tout semble comme un continuum, comme si le mal avait grandi lentement avant d'éclore et de dévaster mon existence. Ou bien peut-être a-t-il toujours été là avant que j'y prête attention.
Je sais que j'ai commencé à dormir sous mon lit il n'y a pas plus d'un an. Avant ça, c'était les couvertures qui me dissimulaient. Il y a eu la période des peluches… Et celle des livres, qui donnait l'illusion d'un temps de loisir plutôt que d'un refuge. C'est moins inquiétant pour les adultes, on peut y croire soi-même aussi. J'y ai cru je crois. Je ne me posais pas cette question, pas de cette façon du moins. Je me suis toujours posé beaucoup de questions, mais la base était différente. Les interrogations ne renversaient pas encore ce qui ne me vient même plus à l'esprit aujourd'hui. Que j'ai le droit d'être là, qu'il n'y pas besoin de raison pour exister. Ça avait, je crois, quelque chose d'évident. De moins en moins au fil du temps, mais ça a existé quelque part.

Qu'est-ce qui a changé ? Je voudrais dire que tout a changé, que tout ce qui avait de l'importance s'est effondré et que rien dans cet amas de poussière ne peut plus égayer mon quotidien. J'ai bâti un début de foyer et il reste de mes travaux une pile de sacs de sable, de débris et de ferraille.

Est-ce que les gentils ne gagnent pas toujours ? N'a-t-on pas de belles choses lorsque l'on s'applique ? Où sont les amis chaleureux que l'on nous a vendu ? Je n'ai pas le souvenir d'un épisode où l'on doit se comprendre soi-même, où les autres nous attaquent par peur d'être rejetés à leur tour et où il n'y a ni méchant ni gentil. Il n'y a que des gens qui croient faire ce qui est le mieux et qui ne savent pas comment ils fonctionnent, d'où viennent leurs émotions ni ce qu'est un système limbique.

Ils n'en savent rien, ils ne savent pas plus que moi pourquoi ils sont là, ils n'ont pas ces réponses et pour la plupart, ils ne les cherchent pas. Ils n'ont pas l'impression d'être heureux, ils suivent un chemin qu'on a tracé pour eux, parfois ils s'en éloignent, ils veulent des règles qui les guident tout en revendiquant leur liberté. Ils veulent un monde où pouvoir s'épanouir et ils suivent chacun ce qu'ils croient être la meilleure piste pour ça.

La différence finalement, c'est que j'ai perdu la foi. J'ai oublié comment découvrir, m'intéresser, sans nécessité de temps ou de performance. Je ne sais plus dormir sans prévoir le lendemain, je ne prends plus la peine de soigner mes douleurs, je ne crois plus en moi.

Et si je vivais simplement ? Si cette chose, cette sensation, à peine plus perceptible qu'une goutte de pluie, n'avait d'autre sens que celui-là ? Rien ne me fait envie, je ne sais pas qui je suis, il y a tout à construire. Soit mon destin enchaîne les uppercuts, soit j'ai juste quelque part des restes d'instincts de survie. Peut-être, peut-être pas. Ça n'a peut-être pas besoin d'avoir du sens maintenant ? Je suis là de toute façon, qu'il y ait une raison ou non. Alors je peux juste être là, faire des choses, ne pas en faire parfois.

Je ne crois pas en l'avenir, le passé est un poids, mais tant pis. Je ne suis plus avant et je ne suis pas encore après, je suis juste ici, c'est tout. Je ne sais pas à quoi sert la vie, ni si j'ai la moindre valeur, mais je crois que j'ai envie d'une chose aujourd'hui.

Que cette journée soit un peu moins mauvaise que les précédentes. Que j'écoute une voix de moins, que je me repose une minute de plus. Je ne promets rien, j'essaie seulement, je fais ce qui me semble bien. Peut-être que ce sera mieux ou bien pire, peut-être que rien n'arrivera de différent. Ce sera une étape malgré tout, ma petite goutte du jour, une simple pensée de moi à moi. Et peut-être bientôt verrai-je les choses un peu autrement. Peut-être bientôt dormirai-je à nouveau dans mon lit.
acsjg

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par acsjg »

Bonjour
Je participe une nouvelle fois car le sujet m'a inspiré.

Que se cache-t-il sous votre lit ?

La plupart du temps, Anna interdit l'accès à sa chambre. Elle y dort seule depuis toujours, la chambre a changé, elle a grandi, quitté le nid familial et beaucoup déménagé, mais ses rituels restent les mêmes. Quand elle invite ses quelques amis à dîner, ceux-ci sont reçus chaleureusement, ils peuvent se mettre à l'aise dans le salon, la cuisine, utiliser la salle de bain à leur guise, mais la porte de la chambre est toujours fermée à clef. Quand ce sont de simples amis invités à dîner, cela n'éveille pas les soupçons, mais quand très rarement Anna invite un homme chez elle pour un dernier verre, un homme un peu trop entreprenant à son goût mais assez aimable pour qu'elle l'autorise à obtenir la récompense qu'il attend pour avoir payer l'addition de leur dîner, elle le laisse faire son affaire sur le canapé. Elle autorise l'accès à son corps, mais pas celui à son lit.

Une fois l'homme parti, elle file sous la douche, désincruste sa peau de la moindre goutte de fluide de l'homme, frotte jusqu'à en avoir la peau rougie et irritée. Enfin, elle revêt son peignoir et sort la clé qu'elle porte toujours en pendentif, une petite clé un peu rouillée, puisqu'elle ne l'enlève même pas pour se laver. Elle ne la quitte jamais. Elle l'entre dans la serrure avec excitation, ressent de l'apaisement en entendant ensuite le cliquetis de la clé qu'elle fait tourner délicatement mais fermement. C'est comme des préliminaires à un rapport amoureux, ce qu'elle ne ressent jamais avec un homme, elle le ressent à chaque fois qu'elle effectue ces gestes le soir.

Elle ouvre la porte, son excitation monte, elle le sent au creux de son bas ventre, elle pénètre dans son antre. Elle referme soigneusement la porte derrière elle, elle ne voudrait pas qu'on les surprenne, non surtout pas. Elle s’assoit sur son lit, le frôlement des draps sur sa peau la fait frissonner. Elle reste un peu ainsi, pour faire durer l'attente, pour faire monter le plaisir. Et soudain, elle se baisse, tire une housse de sous les lattes et le matelas, ouvre la housse avec précipitation, avec envie, en sort sa deuxième peau, cette combinaison qui lui permet de se sentir enfin bien, de se sentir protégée, aimée, désirée. Cette deuxième peau humaine. Elle s'y enroule avec délice et s'allonge sur sa couette, dans un sentiment d'extase intense qu'elle ne ressent jamais autrement, sauf quand elle dépèce ses victimes. Le meurtre ne l'intéresse pas. Tout ce qui compte, c'est cette peau soyeuse et veloutée, cette sensation d'enlever les organes, les muscles, les tendons, les os, tout ce qui est sale et inutile pour ne garder que ce qui est beau, doux, réconfortant.

Avec les années, elle a perfectionné sa technique, elle choisit mieux ses proies, elle abîme moins leur précieuse enveloppe en les débarrassant de leur vie. Elle a aussi beaucoup étudié et expérimenté pour pouvoir conserver ses trophées le plus longtemps possible, éviter qu'elles ne se flétrissent. Elle s'est inspiré des égyptiens, elle a visité des centres d'embaumement, elle s'est donné du mal pour atteindre ce but ultime. Mais maintenant ça y est, elle a enfin réussi et peut baigner dans le bonheur de cette peau rien qu'à elle. Elle peut enfin s'y cacher, s'y réfugier, s'y frotter pour se caresser doucement, tendrement. Elle peut être quelqu'un d'autre, être cette personne dont elle a volé l'extérieur, l'apparence, à la fois devenir quelqu'un d'autre et se sentir aimée de quelqu'un d'autre, voilà ses désirs les plus profonds.

Soudain, elle voit que les coins de son cocon commence à se rabougrir, à brunir, à se durcir dans les zones de jonction entre les membres. Sa contrariété est à la mesure de son orgasme avorté, d'une intensité telle qu'elle est totalement stoppée dans son moment de béatitude et d'abandon. Son front se plisse, sa bouche se durcit et, tout en rangeant la peau et en allant se coucher, elle se dit qu'il lui faudra songer à repérer rapidement une nouvelle jeune fille à l'enveloppe parfaite, pour la posséder.
Allis

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Allis »

Hello moi c'est Allis, ça fait bien des années que je n'ai pas posté sur BN, et ce concours me tente bien!

***

Que se cache-t-il sous votre lit ?
- Rae et les Rêves -

Rae est impatiente. Elle s’apprête à devenir mûre, traverser le passage pour flotter dans l’Imaginaire.
Elle a reçu des ressentis de mise en garde, afin qu’elle, jeune non-mûre, ne tombe pas dans les pièges des Rêves. Elle sait que ce qu’elle a vu en simulation n’est rien à côté de ce que ces « Humains » produisent de plus horrible dans leur «Sommeil ».

C’est le temps des feuilles-au-sol. Plusieurs autres Rae vont effectuer pour la première fois le Flottement. Elles scintillent de joie et émettent de petites bulles d’excitation mentale, brillantes et changeantes comme des pépites.

Elle est appelée. Elle s’avance et reçoit la couronne de pétales et d’épines surmontée d’un crâne d’oiseau et de cornes en bois, ainsi que la longue cape brune. Ses oreilles frémissent, sa fourrure noire luit et ses grands yeux jaunes fendus d’un trait noir s’élargissent encore. Elle émet sans les contrôler tant d’émissions positives qu’elles planent dans l’air et sont captées par toutes les oreilles présentes.

Ainsi parée, elle s’enfonce dans les feuilles jusqu’au centre de la clairière encadrée de fins troncs clairs et tapissée de brun, d’orange et de jaune. Ici l’attends un lit de bois vivant, torsadé dans la terre et tendant souplement ses bras robustes vers le ciel. Sur ce dernier, une couette de mousse moelleuse, accueillante, sur laquelle elle se couche, les pattes croisées sur son torse, tandis que son souffle s’accélère.

Le lit est la porte de l’Imagination.

Elle sent qu’elle n’est plus dans son corps mais qu’elle en conserve l’apparence. Elle plane, c’est le mot le plus juste, dans le vent et les vagues de l’Imagination – ce sont les seuls mots qui permettent d’en désigner clairement la force et les remous. Elle est assaillie de sons et d’images lointaines provenant de portes flottant çà et là sur des sortes d’îlots visibles au loin. Elle sait que l’Imaginaire prend la forme qu’elle a voulu lui donner.

Ici, pas de fil rouge, contrairement aux simulations. Elle doit choisir au hasard. Elle est seule, sans attaches, enthousiaste ; elle est confiante et sent dans son dos sa porte aux émissions chaudes et rassurantes. Elle lutte dans les crêtes, comme elle l’a appris, et se meut avec maladresse mais y arrive tout de même. Elle atteint une première porte de bois simple, caramel avec des tâches dessus. Elle inspire un coup, métaphoriquement parlant, et entre.

Derrière, une sérénité et un enchantement l’accueillent… l’être qui crée le rêve involontairement n’y est pas incarné. Ils voient ensemble de magnifiques créatures s’envoler – Papillons, pense-t-elle. Elle les connaît déjà. Elle admire les majestueuses créatures aux proportions exagérées porter de petits êtres sur leurs dos et survoler des prairies vertes infinies au son d’une étrange musique. Elle enregistre celle-ci dans une bulle mentale, et laisse celle-ci flotter doucement au niveau de ses cornes.

Quand elle aura assez de bulles et de nouveautés, elle les ramènera chez elle, où les Juges choisiront ce qui est digne d’être, et les Archivistes rangeront soigneusement ces créations. Il y a toujours des nouveautés à découvrir, lui avait dit ses professeurs, puisque les êtres créant l’immatériel vivent dans un monde qui évolue, et incorporent involontairement ces évolutions dans leur « Sommeil ». Elle admire un moment la plénitude du rêve, et voyant que celui-ci n’évolue pas, ressort doucement par la porte.

Retour dans l’Imaginaire et les remous. Rae est heureuse. Elle se sent libre, elle se sent forte, et puis, sa première excursion s’est très bien déroulée et cela lui donne un surplus d’énergie. Elle sent déjà qu’elle maîtrise mieux son avancée. Elle balaie du regard l’Imaginaire, et choisi une direction en suivant son instinct. Elle finit par attendre une petite porte de bois claire et tendre. Elle l’ouvre.

Cette fois-ci, elle est directement liée à l’Autre. Il est moite, petit, recroquevillé. Refroidie, elle hésite un peu avant de se projeter complètement dans son rêve. La curiosité l’emporte et elle bascule en avant.

Chaos. Elle est transpercée par les sentiments du petit être, en proie à un désespoir profond, noir, nocif. Ils sont entourés d’être livides, sans poils, aux figures difformes. « Humains ». Violence. Peur. Abandon. Ils ne l’aiment pas. Peine. Il court, il ne veut plus entendre, elle le voit zigzaguer sur de longues voies noires, elle le suit parce qu’elle le doit. Ils slaloment dans un paysage sombre, où sont plantés çà et là ces grands rectangles de béton constellés d’ouvertures et de lumière jaune, qu’elle a déjà vu en simulation. Ils courent donc dans une « ville », ces ruches humaines coupées de la nature.

Il s’arrête devant un bâtiment plus net que les autres. Il le connaît. Il veut entrer, des êtres lui renvoient des sons, ont des mimiques, des pliures sur leur faciès. Abandon. Elle comprend qu’il a mal. Sa tribu est partie sans lui. Il a peur. Il veut les rejoindre. Il est seul, et trop petit pour survivre, trop petit et faible, tremblant, si jeune. Il les voit, dans une chose grise qui avance, il les voit sans qu’eux le voient, il court, il cri, il promet qu’il sera meilleur. Ils vont si vite, ils disparaissent sur la voie noire.

Au désespoir de l’enfant se juxtapose celui de Réa. Elle n’a pas été préparée à cela, elle ne s’attendait pas à ce que ces ressentis seraient aussi intenses. Elle espère que le rêve évoluera et amènera à elle des images à récolter. Elle se force à rester, son intériorité meurtrie, et demeure à côté de l’enfant qui s’est arrêté au milieu de la voie noire. Leurs pattes sont lourdes, et soudainement la voie devient visqueuse et liquide, ils sont englués par elle et tombent, tombent…

Ils traversent le sol facilement sans que cela ne choque l’enfant. Les voici sous terre, dans ce qui semble être une pièce glacée et sombre. Une peur panique se déclenche chez l’enfant. Une silhouette s’approche, une grande ombre qui leur veut du mal, qui leur a déjà fait du mal. C’est un humain que l’enfant connaît, qui lui inspire une peur telle qu’il supplie sans résultat. L’être est sur lui…

Rae est témoin d’une scène qu’elle ne comprend pas, à la violence inouïe. Elle ressent ce qu’il ressent, une invasion de l’intimité indescriptible, une violation du soi qui la bouleverse, c'en est trop, elle doit partir, elle doit faire cesser cette scène intolérable... Elle ne retrouve pas la sortie, elle ne contrôle plus son avatar, paniquée, elle se roule en boule et émet des Stop, Stop ! STOP !

Elle a forcé la fin du rêve. Quelque chose a mal fonctionné, elle n’est pas censée pouvoir faire ça. Elle tremble de tout son corps qu’elle a réintégré. Elle a froid. Comment des monstres pareils peuvent-ils exister ? Comment peuvent-ils survivre à des Rêves pareils, s’ils sont liés à leur Réalité ?

Elle est sous un abri sombre, bas, composé de bois mort aux contours extrêmement lisses et non naturels, sur un sol qui ressemble à de la mousse pour sa douceur mais qui sent le faux. L’endroit est dans le Réel, et il ne s’agit absolument pas de chez elle… Elle sent toujours l’être, quelque part au-dessus d’elle. Il pleure et s’agite, et bientôt une lumière crue illumine l’endroit et, terrifiée, elle se recroqueville au fond de l’abri. Elle voit des pattes énormes de là où elle est, entend des sons gutturaux s’échapper de ces monstres immenses et s’adresser au petit.

Oh qu’elle a peur, ciel qu’elle a peur, elle ne devrait pas être là, ils ne doivent pas la voir, ce sont des monstres répugnants, ils lui feront du mal...
Zalinode

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Zalinode »

Hello ! Moi c'est Zali, je suis qu'à moitié active sur Booknode, ca fait longtemps que je n'ai rien écris et ma bibliothèque mériterait d'être mise à jour :D ! C'est mon amie Lilya99 qui m'a donné le thème du mois d'octobre (j'avais prévu de participer à celui de Juin mais le texte inventé alors à ce moment a été tellement inspirant qu'aujourd'hui les amis il s'agit d'un roman en cours d'écriture ! oups :lol: ) et alors en trois heures de cours magistraux ce petit texte a été pondu !

"Que se cache-t-il sous votre lit ?"

Mmmmh, qu’est-ce que vous êtes bien installé dans votre lit. Il est si confortable, si moelleux et vos couvertures si chaudes. Mais soudain vous entendez un bruit. Un bruit vous dites ? Un grognement plutôt. Cela n’empêche que ce n’est pas rassurant. D’autant plus que vous venez de le ré-entendre et donc le localiser. Il venait de sous votre lit ! Aaah, mais c’est flippant ça ! Que se cache-t-il sous votre lit ? Mince, je crois que je n’aurai pas du vous poser la question. Vous débordez d’imagination et voilà que des réponses terribles font leur apparition. Vous venez de repensez à vos pires cauchemars : araignées géantes, cadavres pourris, chiens enragés, belle-mère en furie ou plutôt ancien compagnon jaloux et assoiffé de vengeance. Bon calmez-vous. Ça ne peut pas être aussi sanglant votre imagination. Revenez à votre enfance. Vous savez – douce et mielleuse avec plein de licornes, comme celles de votre pyjama. Toutes roses, toutes brillantes. Vous venez de sursauter. Pourquoi ? Ah ! Je viens de l’entendre moi aussi. Vous ne pensez pas plutôt que ça pourrait être un petit lion affamé ? Cela dit c’est trop fort pour un lionceau. Comment un lion aurait pu atterrir sous votre lit. Soyez réaliste un peu ! Comment ? Vous dites que c’est moi qui y ai fait allusion ? Ne me dites pas que vous y avez pas pensé vous aussi ! Dites donc, moi je me demande ce qui fait tout ce raffut sous votre lit ! Vous n’avez pas une petite idée ? Et si vous aviez une Baba Yaga qui essaye de s’extirper avec son balai de sous le lit. Comment serait-elle arrivée là ? Je sais pas, mais à cause de votre imagination surement. Non ? Mais si ! Tout ce que vous imaginez apparaît sous votre lit et les trucs vivants essayent de sortir de là mais ils sont un peu coincés. Il faut dire qu’il y a pas trop de place sous votre lit. Même vous plus jeune vous aviez du mal pour vous y cacher. Alors imaginez Baba Yaga au milieu des lions, cadavres, araignées et de votre ex-mari tueur en série. Comment ça vous n’avez pas été marié ? Mais c’est bien triste ! Oh et puis surtout c’est pas le plus important – on n’a pas résolu le mystère de ce qui ce cache sous votre lit. Or je dirais que votre lit tremble non ? Ah vous approuvez ce que je dis ! C’est une première ! Il est où le champagne ? Quoi ? Pas de champagne ? Ah ! Il est sous le lit ? Mmm bon on va attendre alors en espérant qu’il ne se brise pas avec tout ce passage ! Je trouve qu’il tremble beaucoup, regardez comment vous peinez à rester en place. Aurait-on Atlas qui essaye de soulever votre lit ? Ça serait embêtant… Mais pourquoi y avez-vous pensé ! C’est un géant ! Il va aplatir tout le monde et écraser le champagne ! Cela dit il va dans ce cas le boire et sera tellement saoûl qu’il s’écroulera pour dormir, en ayant tué tout le monde au passage. Donc le calme reviendra… Comment ? Que dites vous ? Je n’entends pas… Des travaux vous dites ? Ils refond le plafond chez le voisin d’en bas ? Mais… Et les monstres alors ? Vous me faisiez marcher depuis le début ? Impressionnant ! Mais maintenant je sais ce que vous cachez sous votre lit. Du bon champagne et votre imagination. Et j’en profite pour vous prévenir : quand je suis vexé, je bois du champagne.

Zalinode.
Mimie99

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Mimie99 »

C'est la première fois, si ma mémoire est bonne, que je participe à un concours sur Booknode, mais ce n'est pas la première fois que je publie ici, cela dit. Sur ce, bonne lecture ;)


Prévention


- Que se cache-t-il sous ton lit?

- Il y a des monstres sous mon lit, j’annonçai d’une voix plus forte et courageuse que le laissaient entrevoir mes mains tordues sur mes genoux.

J’étais assise sur une chaise bien trop rembourrée pour mon confort. Je me sentais comme prise au piège ou entraînée par mes cauchemars. Comme si on allait m’entraîner dans les profondeurs moelleuses, de soies et de rembourrage duveteux… Cette perspective ne m’enthousiasmait pas le moins du monde. Pas. Le. Moins. Du. Monde. Un frisson me parcourut le dos et l’échine, me forçant à déglutir pour essayer de reprendre une attitude normale.

- Quel genre de monstres? s’enquit la femme en se penchant vers moi, presque avide.

- Horribles. Terrifiants…

***

Maman vient de sortir en refermant la porte dans son dos. Ma respiration s’accélère d’elle-même, sans que je ne puisse rien y faire. Ils recommencent.

Les voix…

Les murmures…

Les gémissements…

Ils sont tous là. À nouveau. J’enfouis ma tête sous l’oreiller, en rabattant mes couvertures par-dessus. Je ne veux pas les entendre. Je ne veux pas le voir. Mais je les sens. Ils sont tout proches. Je plaque ma main devant ma bouche pour faire le moins de bruit possible, mais les propres tremblements de mon corps me démasquent, je sens les vibrations de mon lit qu’ils causent. Je ferme les yeux très forts, espérant ainsi échapper à ce qui va suivre. Mais je ne peux y échapper, ils sont là. Toujours là… Ils m’attendent… sous mon lit. Comme les ombres attendent la nuit…

- Caaassssaaaaandraaaaa… Caaaaasssssaaaandraaaa… Casssssaaaaandra… Cassandra!

***

- Cassandra? Quels sont les monstres sous ton lit?

- Les… les monstres? balbutiai-je en me tordant derechef les mains.

- Tu es en sécurité… Tu es avec moi… Allez, réponds à la question, ma chérie.

C’était peut-être le jour, mais je n’avais nullement l’impression d’être en sécurité. Mon cœur battait aussi vite et fort que pendant la nuit, quand je ne pouvais faire autrement que de descendre… et me pencher pour regarder en dessous. Pour mieux apercevoir ce regard d’un vert vif et fluorescent qui affichait une lueur malicieuse…

- Je… Ils me veulent, madame Berger. Ils… Ils me veulent!

- Appelle-moi, Mélanie, Cassandra. Es-tu bien sûre que c’est toi qu’ils veulent, ma chérie?

- Oui. Ils me veulent. Papa et Maman ne veulent pas le croire. Mais Papa et Maman ne sont plus là pour les empêcher de me prendre maintenant. Et de m’obliger à faire une vilaine, vilaine chose.

- Et qu’elle est cette chose?

Je déglutis avec quelques difficultés en relevant les yeux vers la femme aux longs cheveux noirs et aux yeux d’un noir tout aussi pénétrant et insoluble. Elle était concentrée. Concentrée sur moi. Je me mordis la lèvre doucement, m’apprêtant à tout lui avouer, malgré toutes les conséquences que cela pourrait avoir.

***

- Cass-an-dra. Cassandra! Réponds-nous, douce Cassandra… Viens nous voir!

Je me découvre doucement, inspirant l’air frais, beaucoup trop frais, de l’extérieur de mes couvertures. Il fait aussi noir que dans un puits abandonné. Mon cœur bat si fort à mes oreilles qu’il couvre un instant les voix plus écorchées, plus rauques et presque imperceptibles qui soufflent :

- Mensonges… Trahisons… La sécurité est infondée… inexistante… Ils ont tous sombré… et tu sombreras aussi…

Je descends lentement de mon lit, laissant mes pieds se pétrifier sur le sol d’un froid glacial qui pénètre jusqu’aux os. Qui semble s’insinuer… jusqu’au plus profond de mon être. Délaissant toutes les émotions désagréables qui s’emparent de moi alors que je m’accroupis, je me penche un peu plus pour arriver à voir sous mon lit. Sauf qu’avant d’avoir pu voir quoi que ce soit je ferme brusquement les yeux. Non. Non, non, non… Je ne peux pas faire ça…

- Ouvre les yeux, Cassandra… Allez, ouvre les yeux! Regarde-moi, Cassandra! Regarde-moi!

***

- Je… Je ne peux pas le dire, madame Ber… Mélanie. Je… je… je ne peux pas. Non, je ne peux pas.

- Je crois que tu ne veux pas, Cassandra. Mais il faut me dire. Que veulent-ils de toi? Tu peux tout me dire, tu le sais bien… Et personne ne saura jamais rien à ce sujet…

Je ne pouvais m’empêcher de garder le regard figé sur mes pieds. La lumière du bureau me paraissait soudain fade, sinistre. Je bougeai lentement des yeux pour observer tout autour de moi et ma respiration se bloqua quand je vis que tout autour de madame Berger… les ténèbres semblaient l’envelopper. Je parvenais à peine à discerner ses traits… tout ce que je voyais clairement c’était les yeux verts vifs et fluorescents… Je dépassais tout juste le visage de la femme quand l’illumination s’empara de mon cerveau et que je sursautai. Des yeux verts! Ce n’étaient pas les yeux de madame Berger!

***

Mes paupières s’ouvrent à une vitesse calculée pour me permettre de les rabattre aussitôt. Sauf que je n’y arrive pas. Presque immédiatement je suis captivée par le regard de flamme verte de la créature en face de moi. Une créature d’ombre aux yeux étincelants. Une créature aux longs doigts filamenteux et griffus qui se tendent lentement vers moi en me présentant une jarre. Une jarre auréolée d’un rouge écarlate éclatant. Ma bouche s’entrouvre d’elle-même et j’expire doucement. Les battements de mon cœur ralentissent et mes muscles auparavant si tendus se détendent à chaque nouvelle expiration. Je me mets à plat ventre et commence à glisser sous mon lit, tendant une main vers la jarre. Le couvercle m’appelle…

- Ouvre-moi, Cassandra. Allez, ouvre-moi… Ouvre-moi!

L’appel me semble si pressant… Je dois le faire… Je dois l’ouvrir… Oui, l’ouvrir… Le nœud dans mon ventre n’est qu’une source de distraction. Je dois l’ouvrir. Je suis si près… Mais non! Je ne peux pas l’ouvrir. Je les entends qui hurlent… hurlent des choses horribles, terribles. Des malédictions, des catastrophes… Beaucoup, beaucoup de morts… Non… Non, je ne peux pas les laisser sortir… La voie doit rester close… Ma main s’arrête juste à temps avant d’ouvrir le couvercle, mais elle est posée sur la jarre. Et la tentation revient, si forte… Sauf que je résiste. Je ne peux pas… pas faire ça…

- Fais-le. Fais-le! Ou viens me voir. Allez, viens me voir. Viens me voir!

La créature que je n’ose regarder de peur de causer un incident me hurle dessus d’une voix stridente et insidieuse… comme si elle pouvait s’infiltrer dans ma tête, dans mon esprit… dans mon âme et me faire faire ce qu’elle veut. Déjà, ma volonté faibli… sauf que… non! Non… je ne le ferai pas!

- Tu vas venir!

Je décide d’affronter son regard juste au bon moment pour la voir me fondre dessus. Je recule précipitamment et dans mon élan je laisse tomber la jarre qui s’ouvre déversant toutes les horreurs que j’entendais toutes les nuits depuis deux semaines. Je n’ai pas le temps de réfléchir à la terreur que cet incident m’inspire ni aux catastrophes à venir, je n’ai plus qu’une pensée : fuir. La chose ne me permettra jamais de lui échapper…

***

- C’est trop tard… trop tard… Je l’ai déjà fait…

Des larmes ruisselaient sur mes joues. J’avais tout raté. Je n’avais pas su résister. Je n’avais pas su me défendre. Ou empêcher cette stupide jarre de tomber… et maintenant, les cris d’agonies de milliers d’âmes souffrantes, désespérées, perdues… résonnaient à toutes les oreilles. Les horreurs étaient là. L’Horreur était parmi nous. La Torture nous guettait tous avec son petit sourire froid et calculateur. Avec sa joie malsaine… Le déluge des larmes s’intensifia alors que les autres maux que j’avais déclenchés se rappelaient à ma mémoire. Des génocides. Des extinctions. La Mort partout. Des déluges de déchets. Une planète de grisaille et de plastique, une planète de mensonges odieux dévastateurs. Une planète maudite.

- Oui, oui tu l’as déjà fait… Mais tu es encore là!

Je relevai les yeux en sursaut, juste à temps pour voir que ce n’était plus madame Berger devant moi. Mais l’être d’ombre aux doigts longs et griffus. À la gueule remplie de crocs si longs qu’ils me trancheraient en deux au premier claquement de mâchoire. Je tentai de bondir sur mes pieds, mais la chaise trop rembourrée restreignit mes mouvements et la créature me bondissait déjà dessus. Je fermai les yeux en crispant les mains sur les accoudoirs. Puis… il n’y eut plus rien d’autre que la douleur lancinante et les ténèbres de flammes vertes. J’avais échoué. Sur toute la ligne.
infernal-reader

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par infernal-reader »

Bonjour ! Je viens juste de découvrir ce concours mensuel, donc désolée pour ma réponse tardive. Voici mon texte pour le thème Que se cache-t-il sous votre lit ? :

Sous mon lit quand il fait nuit,
J'entends parfois quelques bruits ;
Ils se font si discrets, si légers
Qu'il me semble rêver ;
Mais non, ce sont bien des sons, qui
Peuplent le silence de mes insomnies.
Alors je me concentre pour écouter
Ce babillage, les mots chuchotés
Des petites voix qui me croient endormie :
Leur réunion a lieu chaque nuit.
Dans ma couette, tout enveloppée,
Je retiens les mots prononcés ;
Ils sont précieux, tous ces mots dits,
Car ça y est, enfin j'ai compris :
Ces voix fluettes, ne cessant de murmurer,
Sont des fantômes, sont mon passé.
Effrayants ? Que nenni !
Mes petits fantômes ne font pas partie
De ceux faits pour nous terrifier.
Ils sont sous mon lit pour me rappeler
Que seize années - fleuve de ma vie -
Se sont écoulées, et parfois m'ont ravi
Des larmes qui peinent à sécher,
Après des bonheurs qui m'ont fait m'envoler.

Darlène, alias infernal-reader
Elfenn

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Elfenn »

Bonsoir !

C'est peut-être la première fois que je poste sur le forum, même si je le consulte de temps à autres, alors enchantée !
J'avais écrit deux textes pour l'occasion, mais ne sachant pas trop lequel valait le coup, je vous présente celui-ci (ce n'est qu'un essai, bien loin d'être parfait et passionnant, je pense, mais j'espère qu'il vous plaira, auquel cas je suis ouverte à toutes les critiques se voulant constructives et bienveillantes). Si néanmoins, quelqu'un voudrait lire le deuxième, n'hésitez pas à venir me voir ! :)
Bonne lecture !

***

J’étais un fantôme. On ne pouvait plus me tuer. On ne pouvait plus me voir. Pourtant, j’étais bien là. Personne ne pouvait me voir.
Si vous voulez réellement savoir comment j’en suis arrivée là, alors lisez cette histoire. Ne pleurez pas, ne vous émouvez pas, ne tremblez pas. Et surtout, restez près des vivants, tant qu’ils le sont encore. Les fantômes du passé ne vous veulent que du mal.

Il fût un temps où j’étais une radieuse jeune femme. Non pas que je manque de modestie, évidemment, mais il fallait l’avouer, j’étais très jolie. J’avais été joyeuse, enfant, adolescente, puis jeune femme. Je m’étais mariée à un homme bon, et nous ne manquions de rien. Nous avions eu une petite fille, une merveilleuse petite fille. Tout allait très bien jusqu’à ce que nous emménagions dans cette maison.
Tout le voisinage la disait hantée. Qui aurait cru de telles sornettes ? Pas nous, en tout cas. Bravement, et avec entrain, nous avions signé le contrat de vente. L’agent nous avait prévenus : il ne serait en aucun cas responsable de quelconques dommages que nous aurions pu subir. Il avait dit : un peu plus de 154 décès depuis sa construction. Suicides, meurtres non-résolus, et autres horreurs. Mais nous n'avions pas peur, nous ne croyions pas à ces choses. Nous ne croyions pas aux esprits.

Et une nuit, il est venu. La première fois, il était sous mon lit. Je l’avais entendu gratter les lattes et caresser délicatement le matelas. Mon mari n’était pas là, il était en déplacement, comme souvent. Et la chose ne venait que lorsque j’étais seule. Je n’avais pas osé regarder sous le lit, cette nuit-là. J’avais juste sorti doucement le bras et la main du lit pour allumer le chevet. Mais sa main si froide avait enserré mon poignet, m’empêchant de faire de cette obscurité effrayante, un écrin de luminosité bienfaisante. Au début, j’avais peur. Mais il m’avait chuchoté des choses. Il m’avait dit qu’il me trouvait tellement belle, que je ressemblais à son épouse, partie très loin. Il voulait me voir, passer du temps avec moi, alors même que mon mari me délaissait pour traîner dans les bars avec des amis, ou courir la gueuse, peut-être ?

La deuxième fois, je le vis plus distinctement. Dans ma salle de lecture, je m’étais assoupie sur le grand fauteuil, le livre encore à moitié ouvert sur les genoux, et la tête reposant sur une main fragile. Il m’avait effleuré la joue délicatement, la fraicheur de ce contact provoquant mon réveil. J’avais ouvert les yeux, mais je n’avais pas crié. Il était tellement envoutant. Il m’avait souri. Comme vous êtes radieuse, avait-il chuchoté. Puis il s’était levé, toujours en me regardant, et m’avait proposé une partie d’échecs en se dirigeant vers la table de jeu. Grande stratège, et très joueuse, je l’avais suivi. Tous les jours, nous jouions, nous parlions, nous rions, rendant mes interminables journées solitaires bien plus gaies. Mais un jour, ce fut différent. Si je gagne, avait-il dit, promettez-moi une nuit à vos côtés. Juste une seule … Sa voix avait quelque chose de terrifiant et d’attirant à la fois. J’avais accepté, certaine de la remporter.

Pourtant, ce fut lui. Je l’avais attendu le soir même. Il était apparu sous mon lit, comme la première fois. Cela m’avait fait sourire. Il aimait me taquiner, en apparaissant un peu n’importe où, puis en signalant sa présence de manière incongrue. Il avait à nouveau gratté doucement les lattes du grand lit, puis était sorti de sa cachette. Il me regardait, depuis le bout du lit, puis s’avança doucement. J’avais peur, très peur. Pourquoi faisais-je cela ? C’était un fantôme. Les plaisirs de la chair avec un fantôme étaient-ils seulement possibles ? Je savais que j’étais folle, mais ce fantôme était devenu mon unique raison de vivre. Et ce fut la meilleure nuit de ma vie, longue, et pourtant si courte. Je m’étais sentie comme une reine, comme une agile danseuse, comme une plume, si légère qu’elle pouvait virevolter n’importe où. Libre.

A l’aube, étendu à côté de moi, il m’avait fait une proposition. Mourrez, me dit-il. Ainsi, nous pourrons être éternellement ensemble, mon amour. Mon cœur s’était mis à battre si fort, dans ma poitrine. A la fois excitée et apeurée. Comment puis-je ? demandai-je. Ma fille est encore là, et elle a besoin de moi, continuai-je. Bientôt elle n’aura plus besoin de vous. Il va vous la reprendre et vous abandonner ici, avait-il dit, lugubre. Les fantômes connaissaient l’avenir et la fin de toute chose. C’est ce que j’avais cru. Alors il m’avait accompagnée dans la salle de bain, et m’avait aidée à trouver de quoi en finir. Mais cette fin n’en serait pas une, ce serait une renaissance, m’étais-je dit. J’avais choisi quelques cachets, pour terminer en douceur.

Je m’étais vue ensuite. Si belle, mais si pâle et cireuse. C’était bien moi, étalée dans cette baignoire, sans vie, gisant comme une poupée immobile. Je m’étais alors retournée, j’avais cherché partout, erré dans tous les couloirs, tous les sous-sols et tous les greniers, mais il n’était pas là. Un fantôme peut pleurer. Un fantôme peut souffrir. J’étais seule, abandonnée. Il était parti, il m’avait menti, il m’avait tuée. J’avais regardé mon mari et ma fille, les observer était tout ce qu'il me restait, j’étais là, mais ils ne me pouvaient pas me voir. Personne ne pouvait me voir. Pourquoi avais-je vu, moi ? Parce que tu étais sa cible, avait répondu une petite voix, à ma gauche. Une petite fille avec de longs cheveux bruns était assise à mes côtés, sur les marches du grand hall, où j'aimais à errer. C’était la première fois que je la voyais.

Je ne me montre que rarement, disait-elle. Tu n’es pas la première, et certainement pas la dernière. Mais je resterai avec toi, le temps que tu trouves quelqu’un pour t’enfuir. Je suis une des dix, tu sais, me dit-elle, mais je n'ai jamais eu la force de partir. Je n’avais pas tout compris, au départ.

Cette maison, on l’appelle la maison aux dix fantômes. Il paraît que c’est une malédiction. Un sort, vieux de plusieurs décennies, lancé sur une famille de dix membres. Si on veut s’échapper, il faut remplacer notre âme par une autre. Lui, il avait réussi à s’échapper, il m’avait prise. J’avais remplacé son fantôme. Il en fallait toujours dix. Pourquoi dix ? Pour remplacer l'âme des dix premiers maudits, contraints à errer là sans jamais trouver la paix, à moins de céder leur malheur, s'ils en avaient le courage.

La petite fille m’accompagnait partout, rendant la mort et l'errance un peu plus douces. Nous observions silencieusement ma famille, et les protégions des autres fantômes. S’ils avaient choisi la mort, s'ils avaient été les remplaçants, nous aurions pu être ensemble, me direz-vous, mais qui voudrait infliger ce fardeau éternel à un être cher ? Un jour, ils déménagèrent. Ils disparurent, aussi furtivement que j'étais passé de la vie au trépas. Alors, Il n’y eut plus personne à observer. Et plus personne pour nous enfuir. Aurais-je seulement voulu entraîner quelqu’un dans cet enfer éternel ? Je n’avais jamais été méchante et égoïste de mon vivant, et mon fantôme était à mon image.

Le plus dur, c’est quand on se dit qu’on aurait pu vivre autrement. Qu’on aurait pu vivre autre chose, et qu’on commence à faire des projets irréalisables. J’aurais pu faire ceci, ou bien cela. Mais était-ce bien un fantôme qui m’avait enlevée ? Parfois, je me disais que c’était simplement la solitude qui avait eu raison de moi, que la solitude en elle-même était un fantôme qui nous tenait compagnie, et qui nous séduisait parfois. La solitude était une fausse amie, une fausse amante. Avait-il seulement existé, ou l’avais-je inventé, cet homme ? Et les autres fantômes, étaient-ils vraiment là, ou étaient-ils d'autres chimères, créées par mon esprit dérangé ? Parfois je me disais que c’était peut-être la maison en elle-même. Elle était un malheur et une malédiction toute entière.

Alors, si quelqu’un vient vous rendre visite sous votre lit, ne l’y invitez pas. Vous pourriez le regretter. C’est là que je me cache, quand j’ai peur. Sous le lit, où tout a commencé et où tout s'est terminé. Peut-être que l’éternité me ferait changer d’avis, si un jour, quelqu’un venait à se coucher ici. Viendrez-vous me voir ?
Sanalice

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Sanalice »

Bonjour !
Je viens juste de découvrir l’existence de ce concours, alors désolée pour mon texte très tardif :lol:
Il ne sera sûrement pas parfait, ni passionnant, mais j’espère qu’il vous plaira quand même un petit peu !
Sur ce, bonne lecture…


QUE SE CACHE-T-IL SOUS VOTRE LIT ?

Moi, c’est Aerin. Mon existence entière pourrait être résumée en un mot : banale. Je vis ce que d’autres vivent, je le sais et cela me convient très bien. Sauf que j’ai un énorme secret. Un secret qui bouleverse complètement mon existence, que personne ne pourrait ne serait-ce que concevoir.

Il y a un monstre sous mon lit.

Et personne, je dis bien personne, ne serait prêt à me croire si je le racontais. Pourtant, j’ai essayée, j’en ai parlée à beaucoup de monde. D’abord à mes parents – selon eux j’aurais une imagination débordante. Puis à ma maîtresse – elle a pris rendez-vous avec ma mère, et ça ne s’est pas très bien terminé. Enfin, il y a peu, à mon psychologue. Je l’aime bien, parce qu’il fait semblant de m’écouter, qu’il me donne des conseils. Ceci dit, c’est vrai que c’est son métier. Alors j’imagine que ça ne compte pas.

Quand j’étais plus jeune, les autres enfants me rassuraient : eux aussi recevaient des visites nocturnes. Mais le temps a passé, et… mon monstre n’a pas acquis de réalité. Il ne s’est pas révélé être une ombre, ni un vieux tee-shirt, ni rien de ce genre. Il est réel. Et c’est tellement dur à concevoir que, parfois, moi-même je me prends pour une menteuse. Mais quand la nuit revient… je sais qu’il est là. Il est toujours là. Toutes les nuits.

Et, comme si cela ne suffisait pas, il y a un autre problème. Là où tous mes camarades se rejoignaient, c’était que les monstres étaient vraiment, vraiment, vraiment effrayants. Sauf que je ne suis pas d’accord. Le mien, il est au contraire très, très, très rassurant. Je l’aime, je l’adore, il est mon ami secret. Mon ange gardien. Je ne peux pas imaginer ma vie sans lui. Il est mon confident de toujours, la touche de folie dans mon histoire. Il fait partie de moi. S’il venait à disparaître… ce serait toute une partie de moi qui disparaitrais avec lui. Celle que je préfère.

Le temps passe, je grandis, mon corps change, mais mon monstre reste la constante de ma vie. Je me suis habituée à lui, à le voir débouler de sous mon lit. Le lien qui nous lie est si profond que son origine m’échappe. C’est un mélange de haine et de passion. Il s’agit d’un concept étrange, je le concède, mais c’est pourtant vrai : on se déteste amoureusement. Notre relation est une tension orageuse, et si merveilleuse !

Ce que je n’ai pas dit, ce que je ne mentionne jamais, c’est que mon monstre ne parle pas. Il est simplement là, à mes côtés. Et il me suit partout, absolument partout : de la réalité jusque dans mes rêves les plus fous. C’est lui qui me rassure dans mes cauchemars, qui sourit dans mes rêves. Il est mon moi inversé. Mais cette nuit-là, pour la première fois depuis seize ans, il ouvre la bouche :

- Aerin.

Je suis tellement surprise, tellement stupéfaite, que je ne peux pas répondre.

-Tu ne m’as jamais demandée mon nom, tu sais ?

Il dit vrai. Nous ne communiquons qu’avec nos sentiments, nous ne nous encombrons pas de mots. Et puis… je n’avais jamais songé à lui parler. Cela n’avait jamais effleuré mon esprit.

-Tu aimerais que je te le demande ?

Mon monstre m’observe. Et lorsque je dis ça, il faut vraiment comprendre : il ne se contente pas de me regarder. Il voit plus loin. C’est moi toute entière qui s’offre à lui, mon corps mais aussi mon esprit.

-Oui.

-Alors, qui es-tu ?

Le silence s’étire, s’étire, s’étire, et la tension entre nous grimpe à une vitesse affolante. C’est la première fois que ça arrive, je ne me sens pas bien. Quelque part, j’ai l’impression que notre conversation ne devrait pas avoir lieu. Je sens que c’est… malsain.

-Je suis ton âme.

Je dégringole.
Mon monde se fissure…
J’ouvre les yeux.
Ce n’était qu’un rêve.
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Gilles51 »

Salut !
Voici ma petite histoire du mois. Enfin, pas si petite que ça d'ailleurs...
Attention, quelques passages sont déconseillés aux plus sensibles.

***

- Que s'est-il passé ?
- C'est le petit étudiant du 3ème, Hugo : le SAMU accompagné de policiers sont venus le chercher, il parait qu'il est devenu fou !
- C'est pas possible, un jeune homme si gentil, si agréable. Vous vous rappelez le mois dernier quand on a fait une petite soirée entre voisins, on a tellement rigolé avec lui !
- Il y a un rapport avec les bruits bizarres qu'on a entendu ces jours-ci ?
- Je sais pas. Par contre Mme DUPRES l'aurait entendu crier : "la saleté, elle m'a attaqué". De qui parlait-il ? Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale, surtout qu'à priori il n'y avait personne dans son appartement.
 
Pendant que les voisins du malheureux Hugo discouraient sur cet évènement tragique, les inspecteurs Jean-Louis GARNIER et Vanessa VINCENT examinaient le petit appartement dans lequel les faits s'étaient produits. Jean-Louis avait hésité à se faire accompagner de Vanessa, sa toute nouvelle coéquipière qui venait de réussir avec brio le concours d'inspecteur. En effet, le jeune homme s'était auto mutilé de façon assez horrible, et même lui, avec 30 ans d'expérience, avait été pris de nausée en lisant le compte rendu de l'hôpital. Mon Dieu, comment pouvait-on s'écorcher vif le torse avec un simple épluche légumes ? Ou se vider une casserole d'eau bouillante sur la tête ? Il n'osait même pas repenser à ce que ce pauvre garçon s'était infligé avec du papier de verre ! Rien que de se le remémorer il en avait la chair de poule !
- Il était vraiment très soigneux, remarqua Vanessa.
- Il est...
- Quoi ?
- Il EST très soigneux : il n'est pas mort, en tout cas pas physiquement... Mais tu as raison, tout est propre et bien rangé dans cette maison. Bon, il n'y a rien d'intéressant dans le séjour, passons à sa chambre.
Jean-Louis ouvrit la porte séparant les 2 pièces et rentra le premier. Sur le lit, de nombreuses traces sombres laissaient entrevoir les évènements horribles ayant eu lieu ici.
- Vanessa, tu n'es pas obligée d'entrer.
- Boh, ça va, dit-elle en emboitant le pas à son collègue. En revanche, j'ai l'impression d'avoir du mal à respirer, ça vient de moi, ou vous ressentez la même chose ?
- Non non, tu as raison, on dirait que l'air est saturé de poussière. Maintenant que les techniciens de la police technique sont passés, on peut ouvrir la fenêtre sans problème.
Les inspecteurs commencèrent l'examen de la chambre.
- Oh, vous avez vu ces traces de coups sur la porte : c'est comme si quelqu'un était enfermé et aurait tenté de s'échapper.
- Hum, oui, en effet, c'est à se demander pourquoi les voisins n'ont pas alerté la police plus tôt.
- Et les meubles ont été bousculés. Tiens, je vais regarder sous le lit.
Vanessa se mit à quatre pattes et pencha la tête :
- Ahhh putain, c'est quoi ça ?!?
Jean-Louis se pencha à son tour et vit ce qui avait interloqué sa coéquipière : une grosse couche de poussières et de résidus étaient étalées sous le lit, la forme ressemblant à de la taule ondulée. Vu l'état impeccable du séjour, toute cette saleté avait quelque chose d'incongrue.
- Regardez, par endroit il doit bien y avoir 10 cm de poussière. Et la texture n'a pas l'air habituelle dit Vanessa en approchant sa main.
- Ahhh, merde, dit-elle, en la retirant vivement.
- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est surprenant, c'est tout tiède. J'ai eu l'impression sur le coup de toucher un animal. Désolé Jean-Louis, c'est sans doute mon imagination qui me joue des tours à cause de cette terrible affaire !
Jean-Louis ne répondit rien. Depuis un moment il se sentait observer et son 6ème sens ne le trompait rarement. Plusieurs fois, il s'était surpris à poser sa main sur son arme de service, comme pour vérifier qu'elle était bien là et être prêt à s'en servir. Mais il ne voyait pas trop qui aurait pu l'observer dans ce F2. Décidément ils étaient bien nerveux.
 
Vanessa s'approcha de la table de chevet, poussa un crayon qui se trouvait dessus, et prit le livre.
- Le Club des punks contre l'Apocalypse zombie de Karim Berrouka lut elle à haute voix. J'en ai entendu parler : il paraît que c'est pas mal du tout !
- Hum... fit Jean-Louis, dubitatif.
Vanessa allait reposer le livre quand elle eut tout à coup une idée. Elle parcouru rapidement les pages du livre puis le remis à sa place en fronçant les sourcils.
- Quelque chose ne va pas ?, demanda Jean-Louis qui avait observé le manège de Vanessa.
- Oui, enfin, je sais pas : il y a un crayon sur la table de chevet, mais je ne vois rien d'écrit dans son livre ou nul part.
La jeune inspectrice entreprit alors de chercher méthodiquement dans tout le lit, et finit par trouver un petit carnet caché dans un renfoncement du cadre entourant le sommier, tout contre le matelas.
Vanessa survola le carnet en diagonale puis se tourna vers Jean-Louis :
- C'est son journal intime. Jusqu'au 31 septembre, Hugo respire la joie de vivre, mais après ça change peu à peu.
- Ok, on va le lire dans le séjour, ce sera plus facile.
 
--- Journal d'Hugo, à partir du 1er octobre ---
 
Lun 1er oct
Ce matin je suis fatigué. En pleine nuit, je me suis réveillé en sursaut, j'aurais juré entendre un bruit inhabituel, genre "crrr crrr crrr". Je suis resté un petit moment à écouter, mais j'avais dû rêver car il n'y avait rien de suspect.
Le restant de la nuit, j'ai mal dormi, j'avais un sentiment de malaise indéfinissable.
 
Mar 2 oct
Je n'ai pas l'impression de m’être réveillé cette nuit, mais je suis encore super fatigué. Il faudra peut-être que je pense à changer de matelas !
Demain je dois dîner avec Amandine : j'ai intérêt à me coucher tôt pour être en forme.
 
Jeu 4 oct
Hier je n'ai pas eu le courage d'écrire, j'étais trop triste : le diner avec Amandine s'est mal passé. Comme j'avais encore mal dormi, j'étais épuisé, et après 2 verres je me sentais pas très bien. Puis je me suis mis à pleurer sans raison précise, si bien qu'Amandine est partie à peine le restau terminé. Je crois bien qu'il y a peu de chance qu'elle accepte de nouveau une invitation pour quoi que ce soit.
 
Ven 5 oct
Ce matin je suis parti avec une heure de retard à la fac : je me suis pris un avertissement.
Au retour, j'ai découvert un truc d'étrange : il y a un gros tas de poussières sous le lit, alors que j'avais tout nettoyé quand j'ai eu l'appart, c’est-à-dire le 1er septembre. Pourtant je suis un peu maniaque, je n'aurais jamais laissé passer un truc comme ça. Ce week-end, je refais le ménage à fond !
 
Dim 7 oct
Ce matin j'ai voulu aspirer le tas de poussière mais j'avais à peine mis le tuyau sous le lit que l'aspirateur à fait un bruit assourdissant et qu'il a grillé. Il y a même eu une fumée noire qui m'a fait une belle frayeur. Après je n'ai pas eu le courage de passer le balai, je verrai ça demain.
 
Lun 8 oct
Je crois bien que je perds la tête car plus aucune trace du balai, de la balayette ni de la pelle. Pourtant je m'en suis servi il y a quelques jours et personne n'est venu dans mon appart, enfin pas que je sache...
 
Mar 9 oct
Je viens de raccrocher le téléphone : c'était ma mère. Elle a visiblement senti que quelque chose n'allait pas, mais je lui ai bien expliqué que c'était juste de la fatigue dû à mes études. En vrai, depuis une semaine, j'ai l'impression d'aller de moins en moins bien ! Que se passe-t-il Hugo ? Il faut absolument te ressaisir !
 
Jeu 11 oct
Cette nuit j'ai effectué une sorte d'expérience. Comme je m'étais réveillé au milieu de la nuit, j'ai fait semblant de dormir en respirant très fort. Au bout de 5 bonnes minutes, j'ai commencé à entendre un petit bruit sous mon lit, et comme je continuais à faire le gars endormi, le bruit s'est intensifié peu à peu. J'ai alors fait celui qui se réveille et tout s'est arrêté. J'ai recommencé à faire semblant de dormir, et là, hop, de nouveau du bruit allant en s'intensifiant, jusqu'à même ressentir une sorte de pression sur le matelas !
A ce moment-là j'ai poussé un cri et je suis resté un long moment en boule, paralysé par la peur. Après avoir retrouvé un peu de courage, j'ai tout allumé et j'ai regardé sous le lit : il y avait juste beaucoup de poussière, mais elle ne pouvait bien sûr pas avoir fait ça ! Enfin, je ne vois pas comment ce serait possible...
 
Ven 12 oct
Cette nuit j'ai dormi chez Adrien, un copain de fac avec qui je m'entends bien. Je lui ai fait croire qu'il y avait des gars qui étaient venus "décafardiser" l'immeuble, et qu'ils conseillaient aux habitants de dormir ailleurs, le temps que le produit ne soit plus toxique. J'ai dormi sur le canapé, mais j'ai eu l'impression de dormir profondément : quel sommeil réparateur !
Et ce week-end je rentre chez mes parents. Au programme : repos, repos et repos !
 
Lun 15 oct
Je suis retourné à la fac seulement ce matin, après un week-end où j'ai pu me reposer. J'ai repoussé le plus possible le moment de rentrer chez moi, et surtout d'y dormir, mais je me demande quand même si je me suis pas fait un film pour des bruits peut-être provoqué par le voisin du dessous ou des canalisations. De toute façon je le saurai vite...
 
Ven 19 oct
Ca y est, je suis en vacances pour 2 semaines ! J'ai prévu de rester ici pour bosser car j'ai pas mal décroché au mois d'octobre. J'irai travailler à la bibliothèque, et Adrien sera là pour qu'on puisse bosser ensemble.
Bizarrement je n'ai pas été réveillé cette semaine, même si j'avais toujours cette impression de fatigue en me levant.
 
Sam 20 oct
Ce matin, en même temps de faire mes courses alimentaires pour la semaine, je me suis racheté un balai, une serpillière et des produits bien chimiques afin de venir à bout de ce tas de poussière. J'ai commencé par verser une bonne dose de Black Grubbi, un nouveau produit anti-tout conseillé par la charmante demoiselle du supermarché. Etrangement, la poussière s'est aussitôt compactée sur elle-même avec un chuintement à faire froid dans le dos. J'ai laissé agir une petite heure, puis j'ai frotté avec la serpillière, mais impossible d'obtenir le moindre résultat, pourtant j'étais en nage !!!
 
Dim 21 oct
Si quelqu'un lit ce journal, vous allez me prendre pour un fou, mais par pitié, croyez-moi : tout ce qui suit est véridique !!! La poussière est vivante, et je suis prisonnier dans mon propre appartement ! Cette nuit, je me suis réveillé brusquement, mon réveil m'indiquait 2h07. J'avais l'impression que mon lit tremblait, sauf que ce n'était pas une impression ! C'est à ce moment-là que quelque chose m'a frôlé le pied : j'étais terrorisé ! J'ai aussitôt cherché mon téléphone que je laisse toujours à côté de moi, mais il avait disparu. Je me suis levé brusquement et j'ai couru vers la porte de la chambre pour sortir, dans le noir le plus complet. Je me suis pris la porte en plein dans la tête car elle était fermée, alors que je la laisse toujours ouverte. J'ai dû perdre connaissance un bon moment car quand, la lumière filtrait à travers la fenêtre, mais la porte avait été ouverte.
Sans réfléchir, je me suis précipité vers la porte d'entrée, mais elle était fermée à clés, sans les clés dessus ! Je dus m'assoir aussitôt car je fus pris d'un gros vertige, sans doute le fait de m'être levé aussi rapidement.
Une fois remis à peu près, je constatais avec soulagement que l'électricité fonctionnait normalement, mais que tous mes appareils susceptibles de communiquer avec l'extérieur avaient disparus ! J'essayais d'ouvrir mes fenêtres, mais elles étaient complètement bloquées.
Mais que se passe-t-il ici ??? Comment vais-je me sortir de cette horreur ??? J'espère que je suis en plein cauchemar, et que je vais me réveiller dans les prochaines secondes.
 
Lun 22 oct
J'ai dormi sur une chaise de la cuisine, la tête posée sur la table, entre mes bras. Enfin, "dormi" est un bien grand mot, car j'étais trop angoissé ! Surtout que par moment j'entendais des espèces de frottements dans la chambre. J'ai bien tenté d'ouvrir la porte, mais elle se rouvrait au bout de quelques minutes.
Mais que se cache-t-il sous mon lit ?!? Quel est ce monstre ? Il faut que je tente quelque chose pour sortir, sinon je pense que cette chose va finir par m'attaquer et me tuer !!!
 
Jeu 25 oct
Au secours, au secours, au secours. Lundi vers midi j'ai tenté de défoncer la porte d'entrée avec le pied, sans succès, alors j'ai attrapé une chaise et je m'apprêtais à la lancer de toutes mes forces quand quelque chose m'a attrapé le poignet et ma brusquement fait lâcher la chaise. Je ne voyais pas bien ce que c'était, mais il y avait comme un tentacule de poussière. La chose m'a entraînée sur mon lit et m'a retenu allongé pendant 3 jours. Je ne trouve pas de mots assez forts pour décrire ces 3 jours : épouvante et terreur s'en rapproche un peu, mais juste un peu. Etre directement en contact avec ce monstre, c'était indescriptible.
Je ne pensais pas pouvoir réussir à m'endormir, mais tout à l'heure, quand je me suis réveillé, j'étais libre. J'ai aussitôt bu une bouteille d'1,5 litre, car je n'avais pas pu boire pendant tout ce temps !
MAIS QUAND TOUT CELA VA-T-IL S'ARRETER !!!
 
Ven 26 oct
Cette nuit, pendant que je dormais dans la cuisine, la bête est venue, et m'a encore retenu allongé sur le lit, sans raisons (je n'avais pas essayé de m'échapper). Pendant une heure, elle a rampé sur moi, sur mon ventre, et surtout sur ma tête ce qui m'empêchait de respirer pendant quelques secondes, mais j'ai vraiment paniqué car je me disais qu'elle pouvait m'étouffer comme elle voulait. Mais non, je pense qu'elle cherchait juste à jouer !
Je crois que je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Dans la maison, j'ai retrouvé du papier de verre que j'avais utilisé pour quelques petits travaux quand je suis arrivé. J'étais tellement dégouté par le contact avec la chose que je me suis frotté avec ce papier de verre pour essayer d'enlever cette sensation désagréable dû à son contact. C'est tellement écœurant ce contact, je pense qu'on doit ressentir ça après un viol !
J'ai pensé à me tuer avec un couteau de la cuisine, mais j'ai trop envie de vivre, je n'ai pas envie que tout s'arrête à mon âge. Je vais retenter de m'évader, mais si j'échoue encore, je ne sais pas ce qu'il m'adviendra !
 
--- ---
 
A la fin de la lecture du journal, Vanessa et Jean-Louis se regardèrent. Tous les 2 étaient abasourdis par ce qu'ils venaient de lire. Ils se demandaient si finalement Hugo ne serait pas devenu fou à la suite d'un phénomène inexplicable...
- Vus que nous sommes le 31, ça voudrait dire qu'il a continué à se faire torturer pendant 5 jours après son dernier ajout dans le journal. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il a enduré !
- Bon, dit Jean-Louis, il faut emmener la poussière pour l'examiner.
A ce moment-là, ils entendirent un bruit sourd venant de la chambre. Ils ouvrirent aussitôt la porte mais sans rien constater de particulier.
- Certainement le vent... Bon, aide-moi à pousser le lit Vanessa, on va mettre la poussière dans un grand sac stérile.
Ils commencèrent à pousser le lit.
- Attends Vanessa, il y a un truc qui cloche.
Ils reposèrent le lit et regardèrent dessous : toute la poussière avait disparu, on aurait pu manger par terre tellement c'était propre... Ils regardèrent partout, sans aucun succès. Finalement, ils se dirigèrent vers la fenêtre restée ouverte, mais sans rien voir non plus.
- Je sens que le rapport d'enquête va être compliqué à faire ! dit Jean-Louis, en regardant Vanessa, qui visiblement était extrêmement marquée par toute cette histoire.
sam-godwin

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par sam-godwin »

Je reviens pour ce concours espérant que vous apprécierez la lecture.

12 Octobre: Maman pourquoi m'as tu mis au lit ce jour là, j'ai eu si peur, le bruit, l'odeur, reviens j'ai peur !

13 Octobre: Pitié, ne me faites pas de mal, j'ai dit à maman que je dormirais.

14 Octobre: Non...LÂCHEZ MOI...non !

15 Octobre: Tu me hais, ils me l'ont dit, le diable c'est lui qui ta dit de me mettre au lit, je te hais maman !

16 Octobre: Ils se cachent sous mon lit pour te dévorer.

17 Octobre: Tu ne leur échapperas pas...
Saya80

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Saya80 »

Elle était exactement comme je l'avais demandé. Une chambre a première vu sobre, mais une fois-là nuit venue. Elle devenait lumineuse, presque magique. Les écrit invisible a l'œil nu apparaissez à la lueur de la lune. Des texte manuscrit tirer des meilleurs romans que j'ai lu. J'étais étendu sur mon lit. Lisant à haute voix les phrases pour mon plus grand plaisir quand mon chat bondit sur mes pieds.
« Grosse fripouille. Tu m'as fait peur. Tu veux jouer ? » Une frimousse duveteuse aux yeux verts me dévisagea. Je sortie un lacet de ma table de nuit et une partie de : je t'attrape s'ensuivit. Entraîner dans la bagarre. Mon coude percuta mon carnet sur la table de nuit et mon stylo roula sous le lit. « Ce n'est pas vrai ! Mon stylo préféré. » Mon chat me fixe du regard. Contrarié que la corde ne gigotes plus.« Ne fais pas cette bouille et va chercher. » Il détourna la tête pour se lécher la patte. « Je suppose que ça veut dire non. » Je m'accroupis et me penche pour voir ou il a glissé. « Je vous en prie pas d'araignées. » J'allume la lampe de chevet et me faufile sous le lit. Quand enfin, j'arrive à saisir mon bic. Mon chat se mit à craché et à s'enfuir. « Andouille. Ce n'est que moi. » J’allai reculer quand une impression d'être aspiré me saisit. « Qu'est-ce que ? » Puis l'engourdissement et plus rien.



« Froid. » J'étais étendu, transit. L'aurore pointer le bout de son nez. La caresse de la mousse me chatouiller la peau. Les ombres des arbres dansés en harmonie avec le souffle du vent. « Drôle de rêve. » Je m'assis avec précaution et analysai mon environnement. Une étendue herbeuse et moussue se profile avec des collines. Des contrés sauvage de forêts se bousculer la place dans mon dos. « Mais... Où est-ce que je suis ?! » Un roulement assourdi par le terrain herbeux martela dans ma direction. Des murmures et des rires masculine accompagné des hennissement essoufflé. « Hé, MacLean. Regarde un peu ça. On dirait que la nuit n'est pas finie. » Six grands gaillards, bâtis comme des boxeurs en jupe me surplomber sur le dos de leurs chevaux. « Qu'est-ce que sait ? Une catin ? » Je me levai. Mal à l'aise d'être allongé en pyjama devant des hommes inconnu à l'extérieur. « Non, je ne crois pas. » L'un d'eux descendit de cheval et s'approcha en me parlent une langue que je ne connaissais pas. « Écouter, j'ai deux grands frères. Taper et crier fort, je sais faire donc reculer ! » Ils se regardèrent l'un après l'autre. « C'est une Française ? Qu'est qu'une Française en tenu légère fabrique sur les terres des MacDonald ? » Celui qui était à terre se rapproche un peu plus. « Ce n'est pas une prostituée. Pas de cicatrice, peau claire et cheveux démêlés à premier vu. » Il m'examine de haut en bas, mais a une distance raisonnable. Je ne pouvais pas vraiment râler. Je le dévisageais aussi. Ce mec était une représentation vivante d'un Scotsman. Il avait toute la panoplie, le tartan en laine, le sporran et la fameuse claymore des Highlanders. « On se croirait dans un de mes bons vieux livre de Time Travel. » Il s'approcha encore, mais cette fois, je reculais.
« Qu'est-ce qu'elle a dit MacLean ? Comment veux-tu que je le sache ?! Tes partie combattre en France, non ? C'est le mot juste. Combattre. On n'avait pas le temps d'apprendre la langue, imbécile ! Comment tu fessais pour séduire les mignonnes alors ? Ce n'était pas se contexte de langue Logan. Diable ! Dit quand même quelque chose ! » J’écoutai avec fascination leurs échanges. L'accent était tiré au couteau, mais elle sonné juste. Elle était constante et paresser éternelle.
« Bonjour aïe vous. » Je pouffai. C'était plus fort que moi. Cette seule phrase m'avait sorti du charme. « On n'a pas le temps ! Quand les MacDonald verront le raid. Ils nous traqueront. Prends là où laisse la leurs. Elle les ralentira peut-être. Vertu et honneur Darren ! Je ne laisserai pas une femme derrière moi pour me couvrir. Yes, my lord. » J'avais lu assez de roman historique pour comprendre que celui qui était debout devant moi était leur seigneur. Ça n'avait pas de sens ! J'étais sous mon lit et puis pouf. Bienvenue en écosse ! Je me pinçai discrètement le doigt et la douleur était réelle. Je vivais en ce moment même, le rôle principal de la fille coincer dans le temps. Le côté pas pratique de la chose, c'est que je ne parler pas du tout le gaélique. Je ne savais pas ce qu'ils prévoyaient de me faire. Si, je devais mesurer ma chance. Je dirai que je n'avais pas à inventer une histoire peu crédible qu'ils chercheraient a décortiquer. Puisqu'ils ne pouvaient visiblement pas me comprendre. « Elle vient avec nous. » Leur Lord, s'avança et m'agrippa le bras. Je me débâtis et griffai sans modération. Pour contenir, mes hurlements, il me bâillonna de sa main droite que je mordis jusqu'aux sangs. J'étais bloqué entre, ses bras. Il me refiler à un de ces comparses le temps de se mettre en selle et de me passer comme un bon pantin récalcitrant. J'étais furieuse. Ca, s'était passé tellement vite. Que deux minutes à peine et on était déjà sur la route vers je ne sait pas où. « C'est qu'elle laisse des marque cette tigresse. Si, les Français étaient aussi combatifs que cette mignonne. Il aurait peu être gagné la guerre. Sa taille aurait même pu aider ! » Ils rigolaient et je me sentais humilié. J'en tremblé et le vent ne faisaient que doubler les frissons. Assis sur la même selle. MacLean s'agita et replaça sont plaid pour nous recouvrir tous les deux. J'incline la tête dans sa direction pour lui lancer un regard peu amène et il me le rendis avec un sourire amuser. La route fut longue et ils rejoignirent un groupe plus important en tartan à la rayure entrelacées vert de la même couleurs que la leurs. Ils convoyé chevaux et bétail. Certain chuchoter, mais là plus part ne me prêter pas attention. Ce qui alimenté le plus les discussions, c'était quand l'un d'eux voyait mon caleçon rose et mon t-shirt Snoupy. Il fallu deux jours d'inconfort pour arriver devant une construction médiévale en parfait état. Elle surplomber les plaines de sa massive splendeur. Faite pour intimider cette construction restée malgré tous chaleureuse. Des personnes sortaient en toute hâte pour accueillir leurs champions. Il rentré glorieux cher eux. De la nourriture et un bon tour à raconté au coin du feu. Je connaissais cette scène pour l'avoir lu à de nombreuses reprises. Pas besoin de connaître leurs langages pour décrypter les cris de joie, les caresses glisser innocemment sur les mollets, les baisers envoyer dans un souffle. Ils étaient heureux de retrouver leurs familles. Et moi, j'étais perdu...



J'étais un nid à courbature. MacLean descendis de sa monture et me fis glisser au sol. « Fait là rentrée. On dirait qu'elle va s'évanouir. Je m'occuperai du reste. » Logan attrapa les rênes et s'éloigna. « Tu as beau être mon frère. Si, tu ne le panse pas correctement, je te ferai creuser des latrines pendant une année solaire ! » Le monde tangué. Le froid, c'était insinuer dans ma peau tout le long de la chevaucher, mais étrangement j'avais chaud. Une main calleuse effleure mon front. « C'est exactement ce que je pensais. » D'une fraction de seconde. Je passé de verticale à horizontale. Trop fatigué pour protesté. Je fis le reste du chemin dans les bras de MacLean. « Seigneur qu'as, tu fais à cette petite ? » Une porte grinça et on me déposa sur une surface douce et moelleuse. « Pourquoi j'aurai fait quoi que ce soit à cette femme Granaidh ? De mon point de vue. Tu te sens assez coupable pour la mettre dans ta chambre. Seigneur comment est-elle fagotée ? Elle a la fièvre Granaidh » . Une main tiède se posa sur la partie supérieure de mon visage. « Est comment voulez tu qu'elle reste en bonne santé dans cette tenue ! Sort. Dit a une servante de ramener mes remèdes, de l'eau chaude et une chemise de nuit et profite de cette occasion pour te laver. Tu sens le vieux bouc. » Une porte s'ouvrit et se referma. Elle me fit asseoir et tira sur mon t-shirt. « Je n'ai jamais vu une peau aussi saine. » Le son des pas s'approchèrent. « Déposer ca ici et venez m'aider. » Des mains s'affairaient au tour de moi et je m'assoupis.



« Alors tu l'aimes ? Tu plaisantes ! Je l'adore ! Elle est exactement comme je la voulais. Merci papa ! » J'embrasse mon père sur la joue pour le remercier. « Va fermer les stores. » Je m'exécutai et mon père alluma une lampe. Les phrases qui n'étaient pas visibles apparurent. « Waouh... » Je m'en approchais pour suivre les lignes du bout des doigts. « Elles seront visibles uniquement avec la lumière des lampe et de la lune. Je sais que tu ne voulais pas de parquet, mais tu ne devineras jamais d'où il vient. » Je regardai le tissu végétal sombre à mes pieds. « Corée du sud ? » Il me fit un sourire taquin. « Non. C'est dans ton top deux des lieux où tu veux aller. » Je m'accroupis. Comme si m'approcher du sol pouvait éclairer la vérité. « Ce n'est pas vrai ! L'écosse ?! » Il se redressa fière de lui-même. « Tu voulais une chambre magique. Qu'est-ce qui est plus magique que les folklores écossais ? Ainsi quand tu franchira tous les jours cette espace. Ça sera comme passé d'un endroit à un autre. »



La nuit était tombée et impossible de fermer l'œil. « Cette couche est aussi dure que la roche que constellent ces terres. » De mauvaise humeur. Je me levai est partie reprendre ce qui m'appartenait. Elle était là. Étendue avec insouciance sous mes couvertures et dans mon lit. « Ne te mets pas la rate dans en court bouillon. T'en que tu gardes ton côté de la couche. Tu n'auras pas de problème. » Je rentrai sous les couvertures. Son visage endormi tourné dans ma direction me permettait de la contempler. Ces cils étaient aussi bruns que ses cheveux. Ses lèvres s'agiter comme pour me dire de m'en aller. Les sourcils toujours froncés. Comme si je ne l'avais jamais quitté. « Qu'est-ce qui te contrarie même dans ton sommeil ? » Elle s'agita et glissa dans ma direction pour se lover contre mon flan et posa la tête sur mon torse. « Écoute ma jolie. Tu es peut-être bien installé, mais moi pas. » Elle frotte son visage contre mon épiderme et soupira d'aise. « Tu as de la chance d'être fiévreuse. Je n'aurai pas donné cher de ta peau. » Sa jambe frotta contre ma cuisse. « Je sens que ça va être une longue nuit... »
Hypermnestra

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Hypermnestra »

Hey ! Première fois que je participe à un concours sur Booknode. C'est aussi la première fois que j'écris à la deuxième personne du singulier. Je ne sais pas ce que ça vaut ^^ Bonne lecture en tout cas parce que c'est assez long.

/!\ Thème évoqué plutôt dur même si rien d'explicite /!\

Tu verrouilles ta voiture. Ta journée de travail est finie et tu rentres donc chez toi. Dans ton monde où personne ne viendra te déranger. Ta maison que personne ne viendra polluer. Tu ne reçois jamais personne. Tu n’as pas de famille, et peu d’amis. Tu ne parles jamais à tes voisins et tu limites les interactions avec tes collègues. De toute façon, ils te trouvent bizarre. Parce que tu parles peu et que tu sembles n’aimer personne.

Tu ouvres la porte d’entrée et la referme aussitôt. Tu regardes les nombreux verrous à ta porte. Si ça ne tenait qu’à toi, tu vivrais éloignée de tout. Une petite maison au milieu des champs. Loin de ces grandes villes et de leur population croissante. Tu n’habites pas dans une grande ville. Mais elle est assez étendue pour avoir plusieurs quartiers résidentiels et de nombreuses boutiques et restaurants. Tu aimerais vivre dans une petite chaumière où tu pourrais sortir et cultiver tes fleurs tranquillement. Malheureusement, tu as besoin de travailler parce que l’argent ne tombe pas du ciel. Il ne pousse pas dans tes fleurs.

Tu vérifies que ton alarme est en place. Ta chienne attend patiemment que tu t’intéresses à elle. Quand elle n’était encore qu’un chiot, tu te souviens qu’elle te sautait dessus en aboyant bruyamment. Avec le temps, elle a compris que ça ne servait à rien. Tu enlèves ta veste beige et tes sandales. Tu aimes être pieds nus. Sentir les lames du parquet sous tes pieds. Tu poses ton sac sur la table à manger. Ta chienne te suit en remuant la queue. Tu t’accroupis et la caresse doucement. Elle émet un jappement et tu souris. Tu ne souris jamais. Pas aux autres. Pas aux humains. Pas à l’extérieur. Seulement à tes animaux. A ta chienne et à tes chats. Tu soupires. Tu fais vieille fille. Tu apprécies seulement la compagnie de tes animaux. Et beaucoup te traite de frigide, surtout les hommes de ton âge. Et ils ont raison. Tu ne peux pas le nier.

On frappe à ta porte. Tu sursautes. Personne ne vient jamais te voir à l’improviste. Tu préfères que les gens te préviennent. Tous ceux qui te connaissent, t’appellent avant de passer. Et puis, ce n’est pas comme si tu avais beaucoup de contacts. Tes amis se comptent sur les doigts d’une seule main. Cependant, on insiste. Tu te lèves de mauvaise grâce. Tu n’as pas réellement envie de recevoir des gens. Mais tu supposes qu’ils ne te laisseront pas tranquille. Ils ne partiront pas tant qu’ils ne t’auront pas vu. Tu vas donc ouvrir et découvre trois personnes. Une femme et deux hommes. Qui sont-ils ? Ils se présentent comme étant des agents de police et un notaire. Que veulent-ils ? Qu’as-tu fait pour attirer leur attention ? Tu vis seule avec tes animaux. Tu as peu d’amis et pas de petit-ami. Tu considères que tu n’as plus de famille parce que ça fait longtemps que tu ne l’as pas vu. Des années que tu ne lui as pas parlé. Ton travail de secrétaire est commun et sans grande importance. En clair, tu es banal. Tu fais tout pour être invisible.

Il semble que tu sois celle qu’ils cherchent. Tu es alors obligée de les laisser entrer parce que tu ne veux pas de problèmes. Mais intérieurement, tu n’en as pas envie. Cette petite maison est chez toi. C’est ton intimité. Mais face à ces agents, tu ne peux qu’abdiquer.

Tu les laisses pénétrer ton intérieur et ça te dérange. Ça te met mal à l’aise. C’est comme si on te violait. Ça reste moins brutal et pas physique. Mais c’est ce que tu ressens. C’est seulement psychologique. Et dans ton esprit, ça fait autant de dégâts. Tu les invites même à s’asseoir. Ils se posent sur le canapé, chassant deux de tes chats qui étaient confortablement installés. Tu t’assois toi aussi, dans le fauteuil qu’il reste. Et puis tu attends en silence. Ils ne mettent pas longtemps à révéler la raison de leur présence.

Il est mort. Il s’est pris une balle perdue. Il était au mauvais endroit, au mauvais moment. Ton père est décédé. Et sur l’instant, ça ne te fait rien. Tu restes choquée pendant quelques secondes. Mais rien de plus. Ni tristesse. Ni colère. Ni réjouissance. Ni soulagement. Juste de l’indifférence. Tu restes immobile, sans rien dire, sans bouger. Et ça te fait encore moins d’effet que si ça avait été un inconnu. Les policiers te regardent bizarrement. Ils ne devaient pas s’attendre à cette réaction. Mais que voudraient-ils ? Que tu verses un torrent de larmes pour lui ? Pourtant, ils doivent être au courant. C’est impossible qu’ils ne sachent pas. Parce que sinon, le notaire ne serait pas là. Personne ne serait là. Ils n’auraient pas sonné chez toi. Tu aurais juste reçu une lettre ou un appel téléphonique. Ils sont là car ils savent. Et tu n’aimes pas ça bien qu’aucun te regarde avec cette pitié habituelle. Ta situation n’est pas commune et tu le sais. Mais eux n’en ont pas vraiment conscience et c’est pour cela qu’ils attendent que tu pleures. Bandes d’idiots ! Ils ne peuvent pas comprendre mais ce sont des imbéciles s’ils trouvent ça anormal que tu ne pleures pas. Ils sont au courant pour toi. Pour lui. Pour cet énorme dossier classé.

Mais ça n’arrivera pas. Tes yeux restent secs. Plus jamais pour lui. Le notaire prend alors la parole, voulant sûrement en finir le plus vite possible. Mais tu le coupes. Tu ne veux rien. Pas d’argent. Pas de biens. Tu refuses même la lettre qu’il te tend. Tu secoues la tête. Cette lettre te brulera si tu la touches. Tu en es certaine. Et tu ne veux pas prendre le risque de souffrir. Alors, tu dis non. Tu ne veux rien de lui ! Le notaire semble dépité et veut insister. Il veut que tu lises la lettre et que tu viennes à la lecture du testament. Sont-ils tous co** ?! Une colère commence à naitre en toi. Tu as envie de leur hurler dessus. Ce sont des incapables qui n’essaient même pas d’imaginer ce que tu vis. Ils s’en moquent, ils font juste leur travail. Tu te lèves brusquement. Tu es incapable d’en endurer plus. Tu veux qu’ils quittent ta maison. Ils n’ont plus le droit d’être ici. Ils polluent ton environnement, envahissent ton intimité. Et ça suffit ! Tu leur demandes de partir. Dégagez ! Allez-vous en ! Et ne revenez pas !

Tu n’es pas allée travailler. Tu te fais porter pâle depuis trois jours et ça ne va pas s’arrêter. Cette mort ne te rend pas triste mais la situation de fait quand même du mal. Parce qu’il t’a écrit une lettre. Parce qu’il voulait que tu sois présente à l’ouverture de son testament. Parce qu’il voulait de donner des choses. Et ça, ça te blesse. Leur visite a ravivé tes souvenirs. De mauvais souvenirs. Tes cauchemars sont revenus. Et tu n’as pas dormi la nuit dernière. Tu t’es forcée à rester éveillé pour ne pas rêver. Tu ne veux plus revivre tout ça. Tu ne peux pas revoir tout ça. Ça fait trop mal. Tu brûles, tu saignes, tu gèles. Tu ressens de nouveau les brûlures. Tu revois ce couteau entailler ta peau. Le froid de cette cave humide te fait frissonner de nouveau. Tu t’entends crier. Tu te vois recroqueviller dans un coin. Tu entends tes os se briser une nouvelle fois. Et c’est trop pour toi. Bien trop pour ton esprit déjà abimée. Tu es trop brisée pour supporter encore ça. Les cauchemars te hantent. Il te hante.

Le mal est réel. Les monstres sont réels. Et beaucoup ne se cachent pas sous les lits des enfants. Non, ils se mélangent à la population. Et souvent, personne ne s’en doute. Car ce sont des personnes correctes. Ils ont parfois une belle vie. Une grande maison. Une femme et des enfants. Le problème, c’est surtout que les gens ne veulent pas voir. Ils ferment les yeux et oublient que cela existe. Ils pensent se protéger. Les parents rassurent leurs enfants quand ils font des cauchemars. Ils chassent les fantômes et autres créatures de sous les lits et des placards noirs. Mais ils oublient que les monstres sont réels, qu’ils peuvent prendre forme humaine. Car en fait, c’est comme la maladie, tout le monde pense que ça n’arrive qu’aux autres.

La nature s'éveille ou plutôt se réveille. L'hiver se termine, emportant le froid, la neige et les vents glacés. Ces vents se transforment en brises plus légères, même si sur ta peau, tu les sens toujours. La neige commence à fondre, laissant apparaître quelques brins d'herbe qui commencent à pousser, à renaître après cet hiver glacial. Le froid s'estompe et le temps s'adoucit. Les températures remontent, quoi que n'égalant pas celles de l'été. Les jeunes pousses grandiront au fils de semaines alors que le printemps prendra plus de place. Les feuilles recommencent à pousser au bout des branches des arbres. Ces arbres reprennent forme, recréant les feuilles qui leurs donnent toute leur beauté. Les bourgeons poussent et donneront des futures fleurs ou bien de futurs fruits. Tu adores le printemps. Tu as toujours aimé ça. C’est ta saison préférée. Tu vois la nature renaitre. Tu peux de nouveau jardiner, observer les abeilles qui butinent et les papillons qui virevoltent. Les parfums floraux commencent à envahir ton jardin et ta maison. Enfin, c’est d’habitude. Parce qu’aujourd’hui, tu vas encore rester cloitrée chez toi. Les volets fermés. Les portes verrouillées. Tu ne sortiras que pour promener ta chienne. Et le parcours sera moins long que la normale. Car tu ne veux pas sortir. Tu ne veux pas affronter le monde extérieur alors que tu n’arrives pas à faire face au tien. Tout est chamboulé. Et alors que la nature renait, tu as l’impression de sombrer.

Tu ouvres la porte de ta chambre. Tu restes sur le seuil pendant quelques secondes. Cela fait des nuits que tu n’as pas dormi ici. Parce que c’est trop douloureux. Et surtout, tu as trop peur. Tes pieds effleurent la moquette douce et tu avances sans un bruit jusqu’à ton lit. Tu fermes les yeux pendant quelques instants. Tu as besoin de courage. Tu n’as jamais été vraiment brave même si certains affirment le contraire. Non, depuis des années déjà, tu fuis. Tu évites tout ce qui pourrait te faire du mal. Et jusque là, ça avait fonctionné. Mais aujourd’hui, tu dois faire quelque chose. Tu dois te débarrasser de quelque chose car tu veux sortir de chez toi. Tu as envie de profiter de ton jardin qui est à l’abandon. Et de toute façon, tu ne peux plus fuir la réalité.

Tu t’accroupis. Tes genoux rencontrent avec douceur le sol. Tu te couches sur la moquette et regarde sous ton lit. Ta main tremble. Ton souffle est haché et ton cœur bat trop vite. Tu es terrifié. Parce que sous ce lit, il y a un fantôme. Pas le genre de fantôme que ton esprit d’enfant inventait, non, un fantôme réel et qui te fait souffrir. Ta main touche le fantôme qui a la forme d’une boite rectangulaire. Tu essaie de calmer ta respiration. Tu sens les prémices d’une crise de panique. Mais tu ne veux pas céder. Car tu recommencerais à zéro. Tu serais obligée de refaire ça. Et tu préfères le faire qu’une seul fois. Souffrir le moins possible. C’est déjà trop mais plus, ça serait insurmontable. Tu peux t’effondrer à chaque seconde mais tu tiens bon. Ta main accroche la boite et la ramène vers toi.

Tu te relèves, toute tremblante. Tes jambes ne te tiennent pas et tu es obligée de t’asseoir sur ton lit. Tu poses la boite sur tes genoux. Tu ne veux pas l’ouvrir. Ce fantôme est encore capable de te blesser. Face à lui, tu es vulnérable. Tu es faible. Pourtant, une nouvelle fois, ta main vient se poser sur la boite. Tu frissonnes. Cependant rien ne t’empêche de l’ouvrir, même si la peur te paralyse presque. Tu enlèves le couvercle et le pose à côté de toi. Tu ne veux pas regarder. Pourtant, tu te forces et ton regard se pose sur une première photo.

Elle a été prise quand tu devais avoir sept ans. Tu es devant un arbre décoré aux couleurs de noël. Il y a trois personnes sur la photographie. Ton grand-frère qui du haut de ses neuf ans, n’attend qu’une seule chose, avoir l’autorisation de déballer ses cadeaux. Ta petite sœur que ne doit pas avoir de souvenir de ce noël car elle n’avait que deux ans. Et toi. Ton doigt caresse délicatement cette représentation de toi enfant. Ton sourire était si lumineux. Tes yeux pétillaient tellement. Tu semblais si heureuse, pleine de vie. Tu étais mignonne.

Tu souris tristement. Ton frère et ta sœur te manquent. Tu évites d’y penser, la plupart du temps. Tu prends une deuxième photo. Vous être encore tous les trois mais vous être plus âgé. Tu te souviens de cette journée. Ton frère avait un match de basket le matin. Son équipe avait d’ailleurs gagné. Et l’après-midi vous aviez été pique-niquer en famille. Cette photographie a été prise dans le parc à côté de chez vous. Il y avait plein de monde à cause du match de basket. Vous aviez retrouvé vos amis. L’après-midi avait été géniale ! L’image fait remonter de bons souvenirs. De ton frère qui essayait de t’apprendre à marquer un panier et ta sœur qui applaudissait à chaque fois que tu réussissais. De ta mère qui souriait tendrement en vous surveillant. De ton…

Tes yeux s’ouvrent brusquement et tu lâches la photo. Tout est gâché. Tous les souvenirs sont assombris par sa présence. Pourtant, à cette époque, tout allait bien. Vous étiez heureux.

Tu n’oses pas prendre la photo suivante. Vous êtes encore plus grands sur celle-ci. Tu dois avoir quinze ans. Tout allait encore bien à cette époque. Vous étiez en vacances. Tous les trois riant sur la plage. Ils te manquent puta** ! Il t’a tout arraché. Ton innocence. Ta vie. Et eux. Ta mère n’y a jamais cru. Elle l’a toujours soutenu. Ton frère avait quitté la maison et a détourné la tête quand il a appris. Et ta sœur… elle était jeune et n’avait pas voulu comprendre.

Quand tu as eu seize ans, tu as fait beaucoup de conneries. Trop sûrement. Tu n’étais pas une jeune fille facile. Tu as gouté à l’alcool et à la cigarette. Tu voulais fuir cette famille surprotectrice avec une mère aimante mais trop sur ton dos et une petite sœur que tu voyais comme un parasite. Oui, tu étais vraiment une sale gosse. Une fille pourrie gâtée. Une ingrate rebelle qui faisait le mur, s’asphyxiant les poumons avec du tabac et d’autres substances pas très légales. Tu n’avais aucune excuse. Tu n’étais pas malheureuse. Tu étais bien dans ta peau. Encore aujourd’hui, tu ne sais pas ce qui t’es passée par la tête. Et c’est sûrement cette accumulation de bêtises qui a été un problème. Comment croire une adolescente de dix-sept ans qui sait déjà différencier si bien le rhum, la tequila et le whisky ? Pourquoi croire en son histoire alors que la vieille, cette adolescente avait goûté à la cocaïne ?

Encore aujourd’hui, le fantôme tu fait culpabiliser. Tu a brisé sa famille. Il t’a brisé. Tu t’es brisée toi-même. Ce fantôme, c’est toi qui le rends réel. Mais tu ne peux pas s’en empêcher car il fait partie de toi. Tu voudrais t’en débarrasser. Tu le voudrais tellement ! Tu avais la ferme intention de le faire quand tu es entrée dans ta chambre. Mais ton courage s’effrite de plus en plus. Tu n’es même plus capable de toucher la boite. Tu la repousses par terre et t’allonges sur le lit. Tu as l’impression d’être au bord du gouffre. Ça fait des années que tu ressens ça. Le précipice est juste là, à quelques centimètres. Tu peux basculer à tout moment. Mais tu sais que ça n’arrivera pas.

Le vide n’est pas fait pour toi. Et bien que tu ne saches pas vivre, seulement survivre, tu t’accroches à cette vie. Tu as déjà pensé à te jeter dans ce vide mais la mort n’est pas réconfortante pour toi. Tu as peur du noir. Et tu n’as pas envie de le retrouver. Lui, ton père. Sa mort ne te fait toujours rien. Son existence t’a fait trop de mal pour que sa mort te marque. Alors non, la mort n’est pas faite pour toi. Et il n’est pas certain qu’elle t’accueillerait à bras ouverts alors que des années auparavant, elle n’a pas réussi à te prendre.

Tu ne réalises pas que tu t’endors. Tu te réveilleras demain matin, surprise. Tu verras les photos éparpillées par terre. Tu les prendras sans les regarder et les rangeras dans cette boite. Ce fantôme qui retournera sous ton lit, à sa place. Tu oublieras ta résolution de la veille et effaceras de nouveau les photos de ta mémoire. Et tu appelleras ton patron pour lui dire que tu reviens.
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Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ? | Résultats !

Message par x-Key »

Bonsoir,

voici les résultats du concours d'octobre ! Merci à tous pour vos participations et vos textes souvent surprenants. L'imagination et l'interprétation du sujet de certains sont fantastiques. Le vainqueur est Gilles51 ! Il est suivi par acsjg qui se hisse sur la 2e marche du podium, puis par Elfenn à la troisième place. Bravo à tous !



- Que s'est-il passé ?
- C'est le petit étudiant du 3ème, Hugo : le SAMU accompagné de policiers sont venus le chercher, il parait qu'il est devenu fou !
- C'est pas possible, un jeune homme si gentil, si agréable. Vous vous rappelez le mois dernier quand on a fait une petite soirée entre voisins, on a tellement rigolé avec lui !
- Il y a un rapport avec les bruits bizarres qu'on a entendu ces jours-ci ?
- Je sais pas. Par contre Mme DUPRES l'aurait entendu crier : "la saleté, elle m'a attaqué". De qui parlait-il ? Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale, surtout qu'à priori il n'y avait personne dans son appartement.

Pendant que les voisins du malheureux Hugo discouraient sur cet évènement tragique, les inspecteurs Jean-Louis GARNIER et Vanessa VINCENT examinaient le petit appartement dans lequel les faits s'étaient produits. Jean-Louis avait hésité à se faire accompagner de Vanessa, sa toute nouvelle coéquipière qui venait de réussir avec brio le concours d'inspecteur. En effet, le jeune homme s'était auto mutilé de façon assez horrible, et même lui, avec 30 ans d'expérience, avait été pris de nausée en lisant le compte rendu de l'hôpital. Mon Dieu, comment pouvait-on s'écorcher vif le torse avec un simple épluche légumes ? Ou se vider une casserole d'eau bouillante sur la tête ? Il n'osait même pas repenser à ce que ce pauvre garçon s'était infligé avec du papier de verre ! Rien que de se le remémorer il en avait la chair de poule !
- Il était vraiment très soigneux, remarqua Vanessa.
- Il est...
- Quoi ?
- Il EST très soigneux : il n'est pas mort, en tout cas pas physiquement... Mais tu as raison, tout est propre et bien rangé dans cette maison. Bon, il n'y a rien d'intéressant dans le séjour, passons à sa chambre.
Jean-Louis ouvrit la porte séparant les 2 pièces et rentra le premier. Sur le lit, de nombreuses traces sombres laissaient entrevoir les évènements horribles ayant eu lieu ici.
- Vanessa, tu n'es pas obligée d'entrer.
- Boh, ça va, dit-elle en emboitant le pas à son collègue. En revanche, j'ai l'impression d'avoir du mal à respirer, ça vient de moi, ou vous ressentez la même chose ?
- Non non, tu as raison, on dirait que l'air est saturé de poussière. Maintenant que les techniciens de la police technique sont passés, on peut ouvrir la fenêtre sans problème.
Les inspecteurs commencèrent l'examen de la chambre.
- Oh, vous avez vu ces traces de coups sur la porte : c'est comme si quelqu'un était enfermé et aurait tenté de s'échapper.
- Hum, oui, en effet, c'est à se demander pourquoi les voisins n'ont pas alerté la police plus tôt.
- Et les meubles ont été bousculés. Tiens, je vais regarder sous le lit.
Vanessa se mit à quatre pattes et pencha la tête :
- Ahhh putain, c'est quoi ça ?!?
Jean-Louis se pencha à son tour et vit ce qui avait interloqué sa coéquipière : une grosse couche de poussières et de résidus étaient étalées sous le lit, la forme ressemblant à de la taule ondulée. Vu l'état impeccable du séjour, toute cette saleté avait quelque chose d'incongrue.
- Regardez, par endroit il doit bien y avoir 10 cm de poussière. Et la texture n'a pas l'air habituelle dit Vanessa en approchant sa main.
- Ahhh, merde, dit-elle, en la retirant vivement.
- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
- C'est surprenant, c'est tout tiède. J'ai eu l'impression sur le coup de toucher un animal. Désolé Jean-Louis, c'est sans doute mon imagination qui me joue des tours à cause de cette terrible affaire !
Jean-Louis ne répondit rien. Depuis un moment il se sentait observer et son 6ème sens ne le trompait rarement. Plusieurs fois, il s'était surpris à poser sa main sur son arme de service, comme pour vérifier qu'elle était bien là et être prêt à s'en servir. Mais il ne voyait pas trop qui aurait pu l'observer dans ce F2. Décidément ils étaient bien nerveux.

Vanessa s'approcha de la table de chevet, poussa un crayon qui se trouvait dessus, et prit le livre.
- Le Club des punks contre l'Apocalypse zombie de Karim Berrouka lut elle à haute voix. J'en ai entendu parler : il paraît que c'est pas mal du tout !
- Hum... fit Jean-Louis, dubitatif.
Vanessa allait reposer le livre quand elle eut tout à coup une idée. Elle parcouru rapidement les pages du livre puis le remis à sa place en fronçant les sourcils.
- Quelque chose ne va pas ?, demanda Jean-Louis qui avait observé le manège de Vanessa.
- Oui, enfin, je sais pas : il y a un crayon sur la table de chevet, mais je ne vois rien d'écrit dans son livre ou nul part.
La jeune inspectrice entreprit alors de chercher méthodiquement dans tout le lit, et finit par trouver un petit carnet caché dans un renfoncement du cadre entourant le sommier, tout contre le matelas.
Vanessa survola le carnet en diagonale puis se tourna vers Jean-Louis :
- C'est son journal intime. Jusqu'au 31 septembre, Hugo respire la joie de vivre, mais après ça change peu à peu.
- Ok, on va le lire dans le séjour, ce sera plus facile.

--- Journal d'Hugo, à partir du 1er octobre ---

Lun 1er oct
Ce matin je suis fatigué. En pleine nuit, je me suis réveillé en sursaut, j'aurais juré entendre un bruit inhabituel, genre "crrr crrr crrr". Je suis resté un petit moment à écouter, mais j'avais dû rêver car il n'y avait rien de suspect.
Le restant de la nuit, j'ai mal dormi, j'avais un sentiment de malaise indéfinissable.

Mar 2 oct
Je n'ai pas l'impression de m’être réveillé cette nuit, mais je suis encore super fatigué. Il faudra peut-être que je pense à changer de matelas !
Demain je dois dîner avec Amandine : j'ai intérêt à me coucher tôt pour être en forme.

Jeu 4 oct
Hier je n'ai pas eu le courage d'écrire, j'étais trop triste : le diner avec Amandine s'est mal passé. Comme j'avais encore mal dormi, j'étais épuisé, et après 2 verres je me sentais pas très bien. Puis je me suis mis à pleurer sans raison précise, si bien qu'Amandine est partie à peine le restau terminé. Je crois bien qu'il y a peu de chance qu'elle accepte de nouveau une invitation pour quoi que ce soit.

Ven 5 oct
Ce matin je suis parti avec une heure de retard à la fac : je me suis pris un avertissement.
Au retour, j'ai découvert un truc d'étrange : il y a un gros tas de poussières sous le lit, alors que j'avais tout nettoyé quand j'ai eu l'appart, c’est-à-dire le 1er septembre. Pourtant je suis un peu maniaque, je n'aurais jamais laissé passer un truc comme ça. Ce week-end, je refais le ménage à fond !

Dim 7 oct
Ce matin j'ai voulu aspirer le tas de poussière mais j'avais à peine mis le tuyau sous le lit que l'aspirateur à fait un bruit assourdissant et qu'il a grillé. Il y a même eu une fumée noire qui m'a fait une belle frayeur. Après je n'ai pas eu le courage de passer le balai, je verrai ça demain.

Lun 8 oct
Je crois bien que je perds la tête car plus aucune trace du balai, de la balayette ni de la pelle. Pourtant je m'en suis servi il y a quelques jours et personne n'est venu dans mon appart, enfin pas que je sache...

Mar 9 oct
Je viens de raccrocher le téléphone : c'était ma mère. Elle a visiblement senti que quelque chose n'allait pas, mais je lui ai bien expliqué que c'était juste de la fatigue dû à mes études. En vrai, depuis une semaine, j'ai l'impression d'aller de moins en moins bien ! Que se passe-t-il Hugo ? Il faut absolument te ressaisir !

Jeu 11 oct
Cette nuit j'ai effectué une sorte d'expérience. Comme je m'étais réveillé au milieu de la nuit, j'ai fait semblant de dormir en respirant très fort. Au bout de 5 bonnes minutes, j'ai commencé à entendre un petit bruit sous mon lit, et comme je continuais à faire le gars endormi, le bruit s'est intensifié peu à peu. J'ai alors fait celui qui se réveille et tout s'est arrêté. J'ai recommencé à faire semblant de dormir, et là, hop, de nouveau du bruit allant en s'intensifiant, jusqu'à même ressentir une sorte de pression sur le matelas !
A ce moment-là j'ai poussé un cri et je suis resté un long moment en boule, paralysé par la peur. Après avoir retrouvé un peu de courage, j'ai tout allumé et j'ai regardé sous le lit : il y avait juste beaucoup de poussière, mais elle ne pouvait bien sûr pas avoir fait ça ! Enfin, je ne vois pas comment ce serait possible...

Ven 12 oct
Cette nuit j'ai dormi chez Adrien, un copain de fac avec qui je m'entends bien. Je lui ai fait croire qu'il y avait des gars qui étaient venus "décafardiser" l'immeuble, et qu'ils conseillaient aux habitants de dormir ailleurs, le temps que le produit ne soit plus toxique. J'ai dormi sur le canapé, mais j'ai eu l'impression de dormir profondément : quel sommeil réparateur !
Et ce week-end je rentre chez mes parents. Au programme : repos, repos et repos !

Lun 15 oct
Je suis retourné à la fac seulement ce matin, après un week-end où j'ai pu me reposer. J'ai repoussé le plus possible le moment de rentrer chez moi, et surtout d'y dormir, mais je me demande quand même si je me suis pas fait un film pour des bruits peut-être provoqué par le voisin du dessous ou des canalisations. De toute façon je le saurai vite...

Ven 19 oct
Ca y est, je suis en vacances pour 2 semaines ! J'ai prévu de rester ici pour bosser car j'ai pas mal décroché au mois d'octobre. J'irai travailler à la bibliothèque, et Adrien sera là pour qu'on puisse bosser ensemble.
Bizarrement je n'ai pas été réveillé cette semaine, même si j'avais toujours cette impression de fatigue en me levant.

Sam 20 oct
Ce matin, en même temps de faire mes courses alimentaires pour la semaine, je me suis racheté un balai, une serpillière et des produits bien chimiques afin de venir à bout de ce tas de poussière. J'ai commencé par verser une bonne dose de Black Grubbi, un nouveau produit anti-tout conseillé par la charmante demoiselle du supermarché. Etrangement, la poussière s'est aussitôt compactée sur elle-même avec un chuintement à faire froid dans le dos. J'ai laissé agir une petite heure, puis j'ai frotté avec la serpillière, mais impossible d'obtenir le moindre résultat, pourtant j'étais en nage !!!

Dim 21 oct
Si quelqu'un lit ce journal, vous allez me prendre pour un fou, mais par pitié, croyez-moi : tout ce qui suit est véridique !!! La poussière est vivante, et je suis prisonnier dans mon propre appartement ! Cette nuit, je me suis réveillé brusquement, mon réveil m'indiquait 2h07. J'avais l'impression que mon lit tremblait, sauf que ce n'était pas une impression ! C'est à ce moment-là que quelque chose m'a frôlé le pied : j'étais terrorisé ! J'ai aussitôt cherché mon téléphone que je laisse toujours à côté de moi, mais il avait disparu. Je me suis levé brusquement et j'ai couru vers la porte de la chambre pour sortir, dans le noir le plus complet. Je me suis pris la porte en plein dans la tête car elle était fermée, alors que je la laisse toujours ouverte. J'ai dû perdre connaissance un bon moment car quand, la lumière filtrait à travers la fenêtre, mais la porte avait été ouverte.
Sans réfléchir, je me suis précipité vers la porte d'entrée, mais elle était fermée à clés, sans les clés dessus ! Je dus m'assoir aussitôt car je fus pris d'un gros vertige, sans doute le fait de m'être levé aussi rapidement.
Une fois remis à peu près, je constatais avec soulagement que l'électricité fonctionnait normalement, mais que tous mes appareils susceptibles de communiquer avec l'extérieur avaient disparus ! J'essayais d'ouvrir mes fenêtres, mais elles étaient complètement bloquées.
Mais que se passe-t-il ici ??? Comment vais-je me sortir de cette horreur ??? J'espère que je suis en plein cauchemar, et que je vais me réveiller dans les prochaines secondes.

Lun 22 oct
J'ai dormi sur une chaise de la cuisine, la tête posée sur la table, entre mes bras. Enfin, "dormi" est un bien grand mot, car j'étais trop angoissé ! Surtout que par moment j'entendais des espèces de frottements dans la chambre. J'ai bien tenté d'ouvrir la porte, mais elle se rouvrait au bout de quelques minutes.
Mais que se cache-t-il sous mon lit ?!? Quel est ce monstre ? Il faut que je tente quelque chose pour sortir, sinon je pense que cette chose va finir par m'attaquer et me tuer !!!

Jeu 25 oct
Au secours, au secours, au secours. Lundi vers midi j'ai tenté de défoncer la porte d'entrée avec le pied, sans succès, alors j'ai attrapé une chaise et je m'apprêtais à la lancer de toutes mes forces quand quelque chose m'a attrapé le poignet et ma brusquement fait lâcher la chaise. Je ne voyais pas bien ce que c'était, mais il y avait comme un tentacule de poussière. La chose m'a entraînée sur mon lit et m'a retenu allongé pendant 3 jours. Je ne trouve pas de mots assez forts pour décrire ces 3 jours : épouvante et terreur s'en rapproche un peu, mais juste un peu. Etre directement en contact avec ce monstre, c'était indescriptible.
Je ne pensais pas pouvoir réussir à m'endormir, mais tout à l'heure, quand je me suis réveillé, j'étais libre. J'ai aussitôt bu une bouteille d'1,5 litre, car je n'avais pas pu boire pendant tout ce temps !
MAIS QUAND TOUT CELA VA-T-IL S'ARRETER !!!

Ven 26 oct
Cette nuit, pendant que je dormais dans la cuisine, la bête est venue, et m'a encore retenu allongé sur le lit, sans raisons (je n'avais pas essayé de m'échapper). Pendant une heure, elle a rampé sur moi, sur mon ventre, et surtout sur ma tête ce qui m'empêchait de respirer pendant quelques secondes, mais j'ai vraiment paniqué car je me disais qu'elle pouvait m'étouffer comme elle voulait. Mais non, je pense qu'elle cherchait juste à jouer !
Je crois que je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Dans la maison, j'ai retrouvé du papier de verre que j'avais utilisé pour quelques petits travaux quand je suis arrivé. J'étais tellement dégouté par le contact avec la chose que je me suis frotté avec ce papier de verre pour essayer d'enlever cette sensation désagréable dû à son contact. C'est tellement écœurant ce contact, je pense qu'on doit ressentir ça après un viol !
J'ai pensé à me tuer avec un couteau de la cuisine, mais j'ai trop envie de vivre, je n'ai pas envie que tout s'arrête à mon âge. Je vais retenter de m'évader, mais si j'échoue encore, je ne sais pas ce qu'il m'adviendra !

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A la fin de la lecture du journal, Vanessa et Jean-Louis se regardèrent. Tous les 2 étaient abasourdis par ce qu'ils venaient de lire. Ils se demandaient si finalement Hugo ne serait pas devenu fou à la suite d'un phénomène inexplicable...
- Vus que nous sommes le 31, ça voudrait dire qu'il a continué à se faire torturer pendant 5 jours après son dernier ajout dans le journal. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il a enduré !
- Bon, dit Jean-Louis, il faut emmener la poussière pour l'examiner.
A ce moment-là, ils entendirent un bruit sourd venant de la chambre. Ils ouvrirent aussitôt la porte mais sans rien constater de particulier.
- Certainement le vent... Bon, aide-moi à pousser le lit Vanessa, on va mettre la poussière dans un grand sac stérile.
Ils commencèrent à pousser le lit.
- Attends Vanessa, il y a un truc qui cloche.
Ils reposèrent le lit et regardèrent dessous : toute la poussière avait disparu, on aurait pu manger par terre tellement c'était propre... Ils regardèrent partout, sans aucun succès. Finalement, ils se dirigèrent vers la fenêtre restée ouverte, mais sans rien voir non plus.
- Je sens que le rapport d'enquête va être compliqué à faire ! dit Jean-Louis, en regardant Vanessa, qui visiblement était extrêmement marquée par toute cette histoire.
Elfenn

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Elfenn »

Merci et bravo à Gilles ainsi qu'à tous ! J'ai eu le temps de lire quelques textes (pas tous, mais promis je m'y mets) et franchement, c'était super !
Je suppose qu'Elfeen c'est moi, enfin je crois ? :lol: Ce fut très agréable de participer à ce concours, merci aux organisateurs et au jury d'avoir pris le temps de lire attentivement tout cela... Je participerai à d'autres avec plaisir si j'ai un peu de temps ! :)
Allis

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Allis »

:)
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par Gilles51 »

Wouah, merci ! J'ai lu tellement de bons textes que je suis honoré par cette 1ère place !
En fait initialement je venais sur le forum pour poster un texte pour novembre, et là, je découvre que j'ai gagné !
Merci à tous ceux qui contribuent à faire vivre ce forum et BookNode ! :)
A très bientôt,
Gilles
acsjg

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2018 : Que se cache-t-il sous votre lit ?

Message par acsjg »

Oh la la merci beaucoup pour cette deuxième place (deuxième place pour ma deuxième participation à un concours), je suis très heureuse et extrêmement surprise. Merci au jury et à tous ceux qui ont pris le temps de lire mon texte, maintenant il ne reste plus qu'à écrire celui pour Novembre ;)
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