Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

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x-Key

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Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

En ce mois de novembre, Booknode fête ses 10 ans ! Il nous a donc semblé logique de vous proposer comme thème du mois les Anniversaires ! Vous avez jusqu'au 30 novembre pour poster vos textes ici-même, sur ce sujet.

Image


Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance à tous ! :)
jfjs

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par jfjs »

Bon hé bien je suis donc le premier texte en lice pour ce concours.
Bonne lecture

Le plus beau des anniversaires


Vraiment mémorable cet anniversaire.
Comme tu le sais, cher journal, je suis née le jour de Noël. Et je peux te dire, cette fois, j’ai été gâtée, mais alors quelque chose de grave. Mon fils m’a téléphoné. J’étais folle de joie car avec sa vie professionnelle plus que compliquée, sa femme et leurs cinq enfants, je n’osais pas espérer être invitée. Je le prends comme un cadeau d’anniversaire. C’est donc le cœur léger que je m’apprêtais à faire les cent kilomètres qui nous séparent. Seulement voilà, il m’a appelée le vingt-quatre, je ne vais plus avoir le temps de faire les magasins pour acheter des cadeaux à mes petits-enfants. D’habitude, j’attends les soldes de janvier pour les « pourrir-gâter » - je fais de même pour toute la famille, ma faible pension ne me permet pas d’excentricités – alors il me fallait faire preuve d’imagination. Et j’ai trouvé : ces fameux élastiques qui prennent des formes de sapins, d’étoiles, de dauphins etc. Deux euros le gros sachet, j’ai réalisé une affaire. Et me voilà partie toute guillerette pour arriver avant la nuit.

L’accueil chez mon fils a été, comment dirais-je, « étonnant ».
- Bonjour, on mange à dix-neuf heures précises.
- Tu permets que j’entre et que j’enlève mon manteau ? Merci mon chéri.
Il n’a pas senti la subtilité de ma remarque. J’espère que mon autre fils et ma fille passent un bon Noël.
Quant à moi, ça a été un vrai repas de fête : coquillettes et jambon. Oui, mon cher journal, coquillettes et jambon ! Rien de plus, ni entrée, ni dessert et je ne te parle pas même pas de l’apéro. Alors qu’on festoyait, mon cellulaire que j’avais oublié dans la poche de mon manteau s’est mis à sonner. Je voulais répondre quand ma bru m’a clairement fait comprendre qu’on ne quittait pas la table pendant qu’on dînait ce qu’elle avait mis tellement de temps à préparer. Mais quelqu’un va-t-il se rappeler que c’est mon anniversaire ? Ben non hélas !
Mais j’étais loin d’imaginer la suite. Ma belle-fille a ordonné à sa marmaille de monter dans leur chambre et de rester habillé pour, à vingt-trois heures aller à la messe de minuit. J’avoue avoir été un peu surprise de cette organisation mais je ne suis pas chez moi, et comme dit le dicton « qui se les fait, se les lèche ! ». Je suis donc allée moi aussi dans ma chambre, car au moins, je ne dérangerais personne. Évidemment ça n’a pas fait un pli, quand il a fallu réveiller les enfants, ils se sont mis à crier, à pleurer. Moi, j’avais déjà enfilé mon manteau. Les parents ont eu un comportement exemplaire (mon Dieu, donnez-moi la patience), tirage de cheveux, gifles, et jetaient vulgairement comme un colis dans la voiture, leur progéniture.
- Heu, non Maman. Toi, tu peux enlever ton manteau. Tu restes ici pour garder les deux petits. Tu as un peignoir dans la cuisine et deux thermos de chocolat chaud si besoin.
Je viens de comprendre. J’ai été invitée juste pour faire la nounou et moi qui croyais que ce serait comme dans les séries américaines, j’entre dans une pièce noire et tout à coup lumière ! Tous les amis et la famille sont là, on lance des cotillons et des serpentins, on chante, on arrive avec le gâteau, les bougies et les cadeaux, quelle conne. Mais quelle conne, je suis ! Même à mon âge, on espère toujours des surprises. Je n’étais pas au bout des miennes.

Le lendemain, après le petit-déjeuner, mon fils a ordonné que tout le monde regagne sa chambre jusqu’à midi trente. Y compris moi. Quand même, c’était fort de café ! Les enfants, je peux comprendre, ils étaient vraiment fatigués mais moi ! Je ne me suis pas laissée démonter et je lui ai annoncé que le coup de fil d’hier, c’était sa sœur et son frère qui m’appelaient de Nouvelle Zélande pour me souhaiter un joyeux Noël mais surtout un heureux anniversaire. Aucune excuse de sa part, ni de sa femme. Ils m’ont laissée là et rejoignirent leur chambre sans un mot.

Le repas, par rapport à hier, fut gargantuesque : chapon avec pommes de terre. Mais surtout pas d’ail, ni d’oignons, car cela donne des flatulences, m’a-t-on précisé alors que je faisais un peu la moue en dégustant ce plat totalement insipide. Et en dessert - oui, il y avait un dessert - une salade de fruits en boîte. J’ai décidé à ce moment là d’offrir mon gros paquet d’élastiques pour tout le monde. L’aînée s’est jetée à mon cou : toutes ses copines en avaient ! J’étais fière et les petits trop contents. Mon fils s’est approché de sa fille et lui a donné une gifle aller-retour. Elle n’avait pas à accepter un cadeau de qui que ce soit surtout pas en cette période, elle savait pourtant que Grand-mère faisait toujours les cadeaux en janvier au moment des soldes. Elle est partie en pleurs dans sa chambre et quand j’ai voulu la consoler, elle s’est jetée à mes genoux et m’a suppliée de l’emmener vivre loin d’ici. Et hors de question d’aller vivre chez l’autre Grand-mère, ce serait pareil qu’ici. Pendant ce temps, ma belle-fille jetait les élastiques à la poubelle et envoyait les enfants dans leurs chambres respectives.
Mon fils m’attendait et me pria d’arrêter, je cite, « de mettre la merde dans son couple ». C’en était trop. Je lui ai dit que les précédents Noëls et donc mon anniversaire que nous avons passés ensemble, étaient beaucoup plus gais. En plus, j’ai ajouté que jamais je n’aurais voulu de lui comme mari.
- Je ne suis pas fière du tout de ce que tu es devenu.
J’ai pris mes affaires et je l’ai planté là.

Je suis arrivée à la nuit tombée. Je me suis retenue de pleurer. Peut-être m’appellerait-il pour s’excuser ? Effectivement, le téléphone sonna.
- Maman, j’ai oublié de t’en parler, mais nous avons un problème avec Simon, notre troisième. Nous avons rencontré son instituteur à la messe de minuit, il nous a clairement fait comprendre qu’il lui fallait une personne dure, sévère, rigide, bref un gendarme dans le dos, pour le faire travailler. Et avec ma femme, nous avons pensé que, qui mieux que toi pourrait tenir ce rôle ? N’est-ce pas un beau cadeau d’anniversaire que voilà ?
Mimie99

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Mimie99 »

Au début, je n'étais pas très inspirée pour ce thème, mais finalement... l'inspiration à surgit de nulle part :lol: Bref, bref, le voici et bonne lecture ;)

Aujourd'hui


Je marche parmi les feuilles mortes, un soupir au fond du cœur. Je m’imagine encore être trimballée dans cette brouette, le sourire aux lèvres, et ne pas me lasser d’en redemander. C’était amusant, n’est-ce pas? Derrière mes paupières clauses, je revois tellement de choses. Que de merveilleux moments et peut-être quelques-uns moins beaux. Le souffle froid de novembre me fouette le visage, laissant mes cheveux se tortiller comme des serpents pris de folie. Je regarde le ciel, un sourire incertain aux lèvres.

Te souviens-tu de toutes ces fois où je t’ai rejointe dans le garage pour travailler le bois?

Te souviens-tu d’à quel point j’étais tout sauf une aide pour toi, le grand ébéniste, mon idole à suivre?

Maintenant, je réalise certaines choses, grâce à toi. Sans doute pas aussi grande que toutes celles que tu auras faites. Je ne crois pas un jour dépassé le maître, il me semble que c’est impossible. La barre est trop haute pour que je puisse l’atteindre, je suis si petite, après tout. Peut-être devrais-je tenter le grand saut et espérer ne pas m’éclater le visage par terre en cas de chute? Peut-être. La vie est une grande aventure qui n’a rarement que des moments heureux.

Te souviens-tu d’avoir dit mon nom lors d’un délire médicamenteux?

J’aurais bien aimé être vraiment là.

Mais j’étais trop jeune, trop rêveuse… trop… innocente? J’étais naïve. Et j’avais une foi qui s’est tarie depuis. Elle est là, en moi, comme une feuille morte malmenée par le vent, proche de la décomposition, proche de la plus grande décrépitude, d’une désintégration totale et irréversible. J’essaie… j’essaie de la retrouver, de la nourrir, de lui redonner de la vigueur. Mais il est impossible de redonner vie aux morts.

C’est un fait.

Sinon, je crois que tu sais ce que j’aurais fait, ce jour-là.

Ce jour où elle est morte, cette feuille. Cette étoile d’arbre, comme dirait Petit-Pied.

Te souviens-tu à quel point je les ai regardés?

Moi je m’en souviens.

Et désormais, lorsque par une nostalgie insoutenable, je me prends à les revoir, je ne peux m’empêcher d’avoir les larmes aux yeux. Et cette sensation qui m’habite à ce moment-là est encore plus… intenable. Il me semblerait plus simple de m’arracher le cœur, de l’écrabouiller et de le jeter au feu.

Mes mains sont rougies par le froid, mais je n’en ai cure. J’évite distraitement ces larges pierres plantées dans le sol. Tant de noms, tant d’années passées. Ça fait huit ans déjà. Huit ans aujourd’hui, en ce 9 novembre. Je me souviens encore de mon espoir du 8 au soir, tandis que je rentrais à la maison armée de mon Nintendo DS pour lutter contre l’ennui d’un voyage de trois heures en autobus. La nuit. Une nuit froide.

J’ai tout autant les souvenirs du matin. Me réveiller chez la cousine de Maman. Aller manger de bonnes crêpes à mon restaurant préféré. Puis aller au centre commercial pour magasiner, même si je détestais magasiner. Encore à ce moment, j’espérais. Oh, oui, j’espérais. Jusqu’au moment où j’ai entendu la sonnerie du téléphone. Et un visage se décomposer. Des larmes emplirent les yeux de la sœur à Grand-Maman. Oh, oui, là j’ai su. J’ai su tout ce que j’avais à savoir et je me suis éloignée, les larmes roulant silencieusement sur mes joues, mon espoir venant de s’éteindre en moi, causant une ère glaciaire désolante.

Je ne pleurais jamais en public avant. Ou le moins possible, du moins. Mais tout a changé à partir de ce jour. Une semaine, peut-être deux plus tard… j’étais assise sur une chaise dans cette pièce emplie de personnes. Certaines que je connaissais, d’autres qui m’étaient totalement étrangères. Le brouhaha des voix, les yeux humides… Des étreintes par ici, des tapes sur l’épaule par-là, une caresse sur la tête au passage... Des photos qui défilaient sur cet écran noir. J’étais seule. Et je me sentais si mal.

Maintenant, j’entre pour la énième fois dans ce bâtiment qui pour beaucoup possède une allure réconfortante. Sauf qu’elle me rappelle seulement la raison de mon angoisse, de mes inquiétudes… de ce sentiment lourd qui m’oppresse les 9 novembre et les 9 juin. De ses larmes qui emplissent mes yeux, parfois, le soir sans que je ne puisse rien y faire. Dans ces moments-là, je pense à toi, tu sais. Aux bons et aux mauvais moments. Je pense à toi, mon ami. Meilleur ami, grand-père, père… tous ces mots se mélangent dans ma tête quand je songe à toi. Tu étais tout, tu sais? Et tu l’es encore. Et aujourd’hui, plus que jamais, je pense à toi. Aujourd’hui ça fait huit ans que tu n’es plus. Huit ans déjà que l’on vient te voir pour l’anniversaire de ta mort. Aujourd’hui, je viens seule. Car tous les autres sont partis. Je suis la seule qui reste. La seule qui se souvient. J’espère te revoir un jour, Grand-Papa, je ne t'oublie pas.
Pegh

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Pegh »

Bonjour !

Un petit essai pour ce mois de novembre ...

"- Mademoiselle Léa De Rochefort, s’il vous plait."

Ce nom qui résonne dans les coursives est le mien. J’essaie d’oublier ce nœud dans ma gorge, qui m’empêcherait presque de respirer. Je m’avance doucement, presque à reculons, et pourtant je dois y aller.
Les poings serrés, comme pour garder contenance, j’évite ainsi les tremblements que je ressens jusqu’au fond de moi.
Mes pas résonnent sur le parquet, et sur ma droite, seules les ténèbres accueillent mon regard. Les projecteurs dirigés vers le centre de la scène, m’éblouissent comme si on avait placé une lampe devant moi pendant un interrogatoire.
Je vois le piano à quelques mètres, et le vise en espérant que mes jambes me portent jusque-là.
Voilà, j’y suis.
Je desserre mes poings pour récupérer l’usage de mes doigts, et lisse ma robe afin de m’asseoir.
J’effleure les touches de mes pensées, comme pour me souvenir ce que je fais ici.

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Et c’est aussi le jour qui décidera de ma vie. Comme il y a trois ans déjà …

J’approche doucement mes mains du clavier. Dès que je le toucherais, ce sera le début de mon récital. Je le prépare depuis un peu plus d’un an. Assidument, sans relâche, j’ai appris, me suis exercée, et me suis découverte.

« Ne sois pas trop pressée, mais n’attend pas non plus dix minutes. Tu es prête Léa, seule ta façon de jouer ce morceau te fera réussir ou échouer. Va puiser au fond de toi l’émotion qu’il faut pour ton interprétation. Nous savons toi et moi pourquoi tu es là, alors sers t’en … ». Les paroles de mon professeur, Mr De Villiers, me reviennent comme un mantra. Oui je dois le faire, et le faire très bien … Pas juste bien, mais à la perfection. Je le lui dois …

Mes mains se joignent afin de détendre mes doigts une dernière fois. Je fais ce mouvement comme une prière, pour les étirer au maximum, puis resserre mes poings, prête à me battre. Je me mets en place sur le clavier, et commence les premières notes. Lacrimosa tiré du Requiem en ré mineur de Mozart. Un, deux, trois … un, deux, trois … cette succession de notes comme le nombre que nous étions ce jour-là … (0’00)

Sur le trottoir, devant le collège, je discute avec Marie et Rachel. Cet après-midi, nous fêtons mon anniversaire. J’ai juste prévu qu’on se retrouve chez moi. Ma mère va préparer mon gâteau au chocolat que j’aime tant, on parlera des garçons, et on se fera les ongles.

Un, deux, trois … un, deux, trois … Marie, Rachel et Moi … Marie, Rachel et Moi … Les accords montent comme en écho à nos rires. Des gamines, des pimbêches, voilà ce que nous étions.

Margot arrive vers nous. Elle est nouvelle. Elle arrive d’Angers où elle habitait auparavant. Dans notre uniforme, elle a l’air d’un boudin, avec ses grosses joues, et ses petites jambes potelées. Depuis qu'elle est arrivée, elle nous colle comme une sangsue. On a décidé de la laisser faire, mais quand elle n’est pas là, on rigole bien. C’est ce que nous faisons justement en la voyant arriver ; on se dit qu’elle pourrait rouler jusqu’à nous presque !

La musique fait résonner nos rires. Et me sert le cœur … (0’19)

- Alors les filles, prêtes pour cet après-midi ?! On se retrouve toujours chez toi à 14h30, Léa ? nous lâche Margot en arrivant à moitié essoufflée de ses quelques mètres de marche.
Nous pouffons de rire devant son visage rougeot. Celle-là, je la prépare depuis un moment, mais je ne pensais pas qu’elle marcherait aussi bien ! Comment a-t-elle pu penser que j’allais réellement l’inviter chez moi ?! Je lis la surprise sur son visage de nous voir nous tordre de rire.
- J’ai raté quelque chose ? demande-t-elle en tentant d’accrocher un sourire à ses lèvres.


Mes doigts se déplacent sur le clavier. Le tempo s’accélère un petit peu, comme pour rythmer mon effet d’annonce, jusqu’à la funeste apothéose. (0’30)

- Pauvre fille ! Tu as vraiment cru que tu faisais partie de notre bande ?! Que je t’inviterais chez moi ?! Mais t’es vraiment trop nulle !
Marie et Rachel éclatent de rire, et je les rejoins.
Comme éclaboussée par notre venin, je vois sans en prendre conscience, l’hébétude se peindre sur le visage de Margot.
- Non, mais tu t’es regardée !! Avec ta voix de crécelle, et tes jambes comme des jambonneaux ?! Mais jamais de la vie on ne sera amies ! Je crois que je n’ai jamais croisé une fille aussi niaise que toi !
Les yeux et la bouche de Margot s’ouvrent au fur et à mesure que je lui déverse ma bile à la figure. Marie et Rachel sont toujours pliées de rire, à regarder Margot se décomposer ; à me regarder, moi, la mener plus bas que terre …


Et soudain la tristesse ; mes doigts enchainent les notes. La musique se fait mélancolique … Comme pour étayer le propos, je sens les larmes me monter aux yeux. Reste concentrée Léa … (0’56)

Margot se tient là, devant nous, des larmes plein les yeux. Ses petits poings serrés, elle a l’air de nous maudire en silence. Sa bouche se tord pour ne pas laisser échapper le cri qu’on voit se dessiner sur son visage. Son regard embué, passe de Rachel, à Marie, puis à Moi.
Elle se retourne et prend son élan. Elle se met à courir comme une dératée. Elle dévale la rue, sur le trottoir, comme si elle avait la mort à ses trousses. Elle fait des moulinets avec ses bras pour tenter d’aller plus vite, quand elle ne les utilise pas pour essuyer ses yeux.

Et nous on rigole.

Je la vois passer l’angle de la rue, et à peine un instant plus tard, c’est un bruit sourd suivi d’un cri qui nous arrive aux oreilles. Tous les élèves autour de nous, se demandent comme nous ce qui se passe. Et puis très vite, tout le monde commence à courir jusqu’au bout de la rue. On a du mal à s’arrêter de rire, et pourtant c’est comme si je sentais mon sang quitter mon corps et refluer jusqu’au plus profond de moi. Tout de suite, j’ai froid.
Rachel et Marie, sont comme moi, figées sur place en regardant les autres courir vers le carrefour.
Et puis Rachel attrape ma manche et me tire à la suite de nos camarades, suivie de près par Marie.
Nous atteignons l’attroupement, et tentons de nous frayer un chemin pour voir ce qui se passe.


Je mets dans mes frappes toute la tristesse qui étreint mon cœur. Leur faire comprendre, qu’à ce moment précis, je sombre. (1’17)

Margot est étendue sur la route, devant une voiture, dont ce que je présume être la conductrice, est penchée sur elle, la main devant la bouche, hurlant à qui veut bien l’entendre :
« Non, non, non, je vous en prie ! »
(1’35)

Les chuchotements autour de nous m’arrivent comme des échos lointains : « Tu vois qui c’est ? » ; « C’est la nouvelle on dirait » ; « Qu’est ce qui s’est passé ? » ; « Quelqu’un a appelé les secours ? »
Tout ce qui suit ces quelques minutes pendant presque 4 mois est un brouillard dont je n’arrive pas à sortir. Ma gorge est serrée, mon cœur résonne en moi comme s’il voulait me prouver à chaque instant qu’il est là, ou plutôt que le sien n’est plus là.

Car, oui, Margot est morte ce jour-là. Les autorités ont dit qu’elle était morte sur le coup quand cette voiture l’a renversée.
Je ne suis pas retournée à l’école pendant un mois. Marie et Rachel sont venues me voir plusieurs fois, puis ont fini par abandonner devant mes incessants refus. Ma mère ne comprenait pas la raison de mon état ; après en avoir discuté avec mes amies, elle savait qu'on ne se fréquentait pas particulièrement avec Margot.
Mais comment leur expliquer cette culpabilité qui m’étreignait chaque jour, dès que j’ouvrais les yeux. Comment leur faire comprendre que je voudrais pouvoir tout effacer, et recommencer.
Comment me racheter ?


Cette suite de notes comme une acceptation, comme ce que j’ai vécu. Comme un éveil à la vie, comme une résurrection. (2’15)

Alors j’ai repris les cours, j’ai essayé d’en apprendre plus sur Margot. Les gens me regardaient de travers, ne comprenant pas ma démarche. C’est moi qui étais désormais la cible des quolibets et des rires. J’ai essayé d’expliquer à Marie et Rachel, mais comme beaucoup elles n’ont pas compris. Petit à petit, nous nous sommes détachées. Elles ont rejoint un autre groupe de pimbêches. Dans le genre d’école privée que nous fréquentons, il vaut toujours mieux se trouver du bon côté des railleries. Mais je m’en fichais désormais.

J’appris que Margot était quelqu’un de joyeux ; elle rendait visite aux personnes âgées de la maison de retraite d’à côté depuis qu’elle s’était installée là. Elle avait une petite sœur à qui elle manquait plus que tout m’a-t-on dit. Ses parents étaient effondrés bien sûr ; je les croisais parfois aux alentours du collège, tristes mais dignes. Saluant leurs connaissances, regardant avec envie et émotion ce lot de collégiens arpentant les rues de leur quartier.

Chaque fois, c’était comme un coup de poignard en plein cœur. Ils ne me connaissaient pas, et je n’ai jamais osé aller les voir ; je pense qu’ils n’aimeraient pas me connaitre.
(2’35)

Mais au milieu de toute cette tristesse, j’ai trouvé ce que j’allais faire. Comme un exutoire.

Margot était avant toute autre chose, une pianiste hors pair. Apparemment elle était vraiment très douée, c’est pour ça que sa famille avait déménagé. Le conservatoire de notre ville, et les professeurs qui y enseignent sont très reconnus. Alors je me suis inscrite au piano, il y a deux ans maintenant.
C’est un pur hasard si je suis tombée sur Mr De Villiers. J’ai appris par la suite que c’était le professeur de Margot. Enseigner la musique était pour lui une mission ; aussi lui fallait-il comprendre ce qui nous avait mené là. Il est le seul à qui j’en ai parlé. De ma tristesse, de ma culpabilité, de l’envie que j’avais de faire quelque chose pour Margot. Il était sceptique au départ : on ne se met pas à jouer du piano pour faire comme quelqu’un, surtout du niveau de Margot. Surtout pour quelqu’un de mort …
Mais j’ai travaillé, plus dur qu’aucun autre élève avant moi, m’a-t-il dit un jour, et rien que pour cette raison, il m’épaulerait dans ma démarche, autant qu’il le pourrait. Il m’a confirmé que ça ne serait pas simple, que des heures et des heures d’entrainement seraient nécessaires pour m’améliorer continuellement, maitriser les morceaux que j’aurais à présenter dans l’avenir. Mais rien ne me faisait plus peur maintenant.


Et c’est cette sensation de puissance qui me submerge à ce moment, alors que j’entonne les dernières notes de mon récital. (2’59)
Je ralentis le rythme, et laisse filer la dernière note.

Voilà c’est fini. Le sort en est jeté.
Si je suis reçue avec le récital que je viens de présenter, je pourrais intégrer la classe que visait Margot. Une scolarité aménagée pour pratiquer le piano en parallèle des études.
Je me lève, me tourne vers le jury assis dans la salle en contrebas, et salue.
Puis je me dirige vers les coulisses, écoutant mes pas résonner sur le parquet encore une fois.

Aujourd’hui c’est mon anniversaire ; et jusqu’à la fin de mes jours, c’est aussi l’anniversaire de la mort de Margot.

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Pour la musique : ici

Bonne lecture (et écoute ...) ;)
Pegh
DH180

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par DH180 »

Bon. Voici mon texte. Très bonne lecture à tous’ :)


UN DERNIER ANNIVERSAIRE

Je cours. Je cours très vite. Mes jambes me font atrocement mal, mon coeur est sur le point d’exploser sous le nombre de battements. Mais je continue, sourd à toutes les douleurs présentes dans mon corps.
Le vent me fouette le visage, la pluie me gèle les os mais je dois courir.
Mettre le plus de distance entre ma vie et moi.

Pourtant, tout avait bien commencé. Enfin non, tout avait basculé depuis le début. Depuis ce jour, ce matin où ma mère est partie. Définitivement.

C’était le choc. Des cris puis un silence de mort. Lorsque que j’ai lâché mon sac sur le parquet, j’ai su toute suite que ça n’allait pas. Mon instinct, cet instinct qui ne m’avait jamais trompé, m’envoyait des signaux d’alerte. Et j’ai vu dans le salon mon père se disputer un énième fois avec ma mère.
Il s’est retourné vers moi :
-Jean monte dans ta chambre et ne pose pas de question
-Mais... aujourd’hui c’est....
-Ne pose pas de questions et file dans ta chambre ! Tu n’as pas ta place dans cette maison ! répond ma mère d’une voix glaciale.

« Tu n’as pas ta place dans cette maison ». Cette simple phrase m’a fendu le coeur.
Et elle me regardait d’un air dur, cet air que l’on réserve à un vieux chien errant, rejeté. Mon père lui, était désolé. Ses yeux reflétaient une tristesse, son visage paraissait d’un coup si vieux et si las.
A ce moment, je me sentis proche de lui mais au fond, je le maudissais pour sa lâcheté. Depuis 10 ans il subissait l’autorité despotique de ma mère. Mais il l’aimait. Je n’éprouvais que rage envers elle.
Mais ce qui me blessa fut mon anniversaire. Mon père m’avait promis une fête en famille, lorsque je rentrerai des cours. Un espoir envolé. Encore une fois.

Je reprend mon sac et sans un mot, me retourne et monte en silence vers ma chambre. J’ouvre la porte. Un fouillis autour de mon lit, des tas de cahiers sur le bureau. Cette chambre était devenu le reflet de ma vie : une vie nul, détruite par un conflit familiale.
Je prend mon enceinte, l’allume et met ma musique préféré. En vain. Une minute après, j’éteins puis je me jette sur le lit. Je pleure. Pourquoi moi ? Pourquoi ma vie est pourrie ? Pourquoi je suis né dans un couple qui ne s’entend pas ? Pourquoi le jour de mon anniversaire, ce jour où j’ai 15 ans, est aussi insignifiant aux yeux de mes parents qu’une miette de pain ?

En bas, il y a des cris. Le bruit d’une porcelaine cassée. Puis plus rien. Durant un petit moment, j’ai l’espoir qu’ils ce sont réconciliés. Mais la porte d’entrée claque et j’entends mon père jurer. Fin du rêve.

J’ouvre mon portable : un message de Grand mère. Grand mère, la seule personne qui me comprend. La seul personne qui croit en moi. La seul à me souhaiter un joyeux anniversaire. J’éprouve soudain l’immense envie de la voir. De sentir sa présence.
Un mail de Maxime. Mon meilleur ami. Lorsque je vois le joyeux anniversaire en majuscules, entouré de dizaine de smiley, je souris.
Des gens qui me comprennent. Des gens qui m’aiment.

Je descends et retrouve mon père, seul. Il est allongé sur le canapé, les yeux fermés, ce qui reste de la magnifique collection de porcelaine offert par ma grand-mère répandu en miette autour de lui.
Il est à moitié allongé, et ses mains sont plaqués sur son visage. Il pleure.
Je m’approche de lui. Il baisse ses mains, me regarde puis ouvre la bouche :
-Elle est partie mon fils, elle est partie pour toujours !
-Ne pleure pas papa, tu vas t’en remettre.
-NON ! c’était ce que j’avais de plus précieux. C’était la femme de ma vie !
- Mais papa, elle n’a t’as jamais aimé. Elle t’as simplement épousé parce que tu étais riche.

Je ne l’ai pas vu arrivée. Elle m’a brûlée la joue. En une seconde, j’étais par terre, mon père au dessus de moi, la main toujours levé et fou de rage.

Comment peux-tu me dire ça ! Tu n’est qu’un sale gosse de 14 ans immature qui ne s’y connais rien en amour ! Tous ces problèmes sont nés à cause de toi !
Va t’en, part très loin, que je ne te revois plus jamais !

Il m’a pris, m’a jeté dehors et à claquer la porte puis l’a fermé à clé. Les larmes me sont venues aux yeux.
Mon père m’avait frappé violemment. Mon père m’avait rejeté, abandoné.

Je me suis approché de la porte mais le regard de mon père par la fenêtre me glaça le sang.
Je me suis retourné et j’ai couru en direction de la forêt.

Depuis combien de temps je cours maintenant ? Je n’en sais rien. Je cours pour oublier. Pour ne plus penser à ma vie. C’est raté. Je sens encore le regard de mon père lourd de haine et de rancoeur. Terrifiant.

C’est alors qu’une forme noire me percute. Je fais un vol plané et retombe lourdement sur une racine. Une douleur fulgurante traverse mon dos. Mais ce n’est pas le pire. Au dessus de moi, un gueule béante rempli de croc transperce mon ventre. Je hurle de douleur puis plus rien.

Le noir. Le néant. Je sens peu à peu ma conscience s’envoler. Je suis en train de mourir. Ma dernière pensée fut pour ce mot :

Anniversaire

et à a double signification :

Le jour de ma naissance. Désormais le jour de ma mort.

FIN

J’espère que ça vous aura plu !
leclipsa

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par leclipsa »

Bonjour, c'est ma première participation à ce concours ^^
Je vous souhaite une bonne lecture :D

Joyeux anniversaire Lucie


C’était les vacances d’été. J’aurais dû être heureuse : c’est une période que j’apprécie beaucoup. Mais depuis quelques semaines, on ne pouvait pas dire que c’était la joie à la maison. Mes parents étaient sur les nerfs, ils se parlaient de moins en moins. Et depuis quelques jours, mon père avait finalement décidé de dormir sur le canapé. Ma mère pleurait beaucoup. Je n’étais pas idiote, et je me doutais bien que si les choses ne s’arrangeaient pas rapidement, ils allaient finir par se séparer. Je pense qu’ils attendaient juste le meilleur moment pour me l’annoncer.
Mais ils ne me l’annonceront pas aujourd’hui en tout cas. Ils ne me feraient jamais une chose pareille. Car c’est mon anniversaire. J’ai treize ans.

J’entre dans la cuisine. Ma mère a les yeux rouges, elle a encore pleuré... Mon père est là lui aussi, il lui tourne le dos. Quand j’arrive ils ne me souhaitent pas mon anniversaire. Peut-être qu’avec leurs problèmes, ils n’ont pas fait attention à la date du jour…
Venant de papa, ça ne m’étonne même pas : il ne sait jamais quel jour on est. Une année, il m’a souhaité mon anniversaire un jour en avance, mais maman… Ce n’est vraiment pas son genre d’oublier.

Inutile de faire une histoire pensais-je, ils finiront bien par y penser et tout finira par rentrer dans l’ordre. Du moins il faut l’espérer. Je m’assois à ma place habituelle sans dire un mot.

- Ce soir j’ai une réunion pour le travail, je rentrerai plus tard que prévu, fini par lancer mon père.
- D’accord mais n’oublie pas que... commence ma mère.
- Oui ne t’inquiète pas, je n’ai pas oublié, à tout à l’heure.
- A ce soir papa !

Il se penche embrasse ma mère sur le front avant de sortir précipitamment.

Ok, maintenant c’est sûr, il a une maîtresse : l’excuse de la réunion pour rentrer tard, tout le monde connaît. A moins que… Mais oui, c’est ça pensais-je. Maman a mentionné une chose à laquelle il doit penser ce soir. Ça doit être lié à mon anniversaire.

Malgré le temps maussade, je suis sortie prendre un peu l’air. Mais depuis mon retour, j’attends papa avec impatience.
Il finit par arriver. La soirée peut enfin commencer.

- Tu rentres tard, lui dis maman
- Désolé, je n’ai pas pu partir plus tôt.
- Je ne te fais pas de reproches, je sais que tu te donnes du mal. Mais tu devrais penser un peu plus à toi, j’ai peur qu’à force de te consacrer au travail, tu finisses par craquer.
- Tu sais bien que c’est tout ce qu’il me reste aujourd’hui.
- Bon, il est temps d’y aller, annonce ma mère

Mon père la devance et court s’abriter dans la voiture. Avant, il aurait attendu maman, ils seraient sortis en s’abritant sous le même parapluie.

- T’inquiète pas maman, papa t’aime toujours, tentais-je de la rassurer.

Mais en vérité moi-même j’en doutais. Maman ouvre son parapluie et sort à son tour. Je la suis.

Nous montons dans la voiture. Papa démarre et roule dix bonnes minutes avant de s’arrêter devant… le cimetière ?
C’est un lieu original pour débuter une soirée festive me dis-je avant d’emboîter le pas à mes parents.
Mes parents rejoignent une tombe perdue au milieu de tant d’autres. Je les rejoins et je pousse un cri de surprise lorsque je découvre l’inscription sur la pierre :
Lucie Charent
2006 – 2018

Pourquoi cette tombe porte t’elle mon nom ?

Soudain tout me revient en mémoire : le passage piéton … le camion qui pile … la violence du choc … la sirène des pompiers …

Je comprends et je hurle. J’essaie alors d’attraper le bras de maman, de lui faire comprendre que je suis là. Que je suis toujours là. En vain, mes doigts traversent son bras sans parvenir à la toucher. Je lui crie que je l’aime mais elle ne semble pas m’entendre.

D’ailleurs quand j’y repense, mes parents ne semblaient pas me remarquer à la maison. Mais je passais la plupart du temps dans ma chambre, essayant de ne pas y prêter attention. Jamais je n’aurais imaginé qu’en réalité, c’est parce qu’ils ne pouvaient plus me voir ni m’entendre.

Je les regarde finalement s’éloigner main dans la main. Ils s’aiment toujours. C’est juste qu’ils traversent une terrible épreuve. Papa n’a jamais eu de maîtresse. Il travaille plus qu’avant pour tenter d’oublier sa souffrance. Maman, elle, pleure souvent. Chacun vit ce drame à sa manière. Et en ce moment, mes parents n’arrivent plus à communiquer à cause de leur deuil. Mais ils s’aiment toujours. Je suis rassurée.

- Joyeux anniversaire Lucie me murmurai-je à moi-même avant de me sentir disparaître petit à petit.
Lalilol

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Lalilol »

Hello !

Me revoici ce mois-ci, pour vous proposer un poème un peu métaphorique sur l'Anniversaire. Je voulais juste préciser qu'il s'agit d'un point de vue sur l'anniversaire. J'espère que vous aimerez !


Bougies flamboyantes


Première bougie,
Dont les souvenirs ne resteront pas,
A celle-ci s’ajoutent de nouvelles,
S’additionnant à chaque nouvelle année passée.

Un rituel débuté à l’an Un,
Se perpétuant dans la joie,
Qui, au départ innocent,
Devient incontournable.

La mélancolie s’ajoute
Au bonheur des débuts,
Le temps passant
Et laissant derrière lui regret et réussite.

A la lueur chaleureuse
Approche le froid glacial,
Eclat morbide
Rappelant la fatalité inavouable.

Mais les flammes,
Entrainées dans une danse haletante,
Réchauffent la jeunesse oubliée,
Et aux bougies flamboyantes, l’instant revit.
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Gilles51 »

Bonjour,
Ce mois-ci, ambiance post-apocalyptique... Quand j'ai commencé à écrire, nous étions à quelques jours des commémorations du 11 novembre, avec tous ces évènements tragiques, alors cela a dû orienter mon texte...
Bon, je vous avoue qu'avant de débuter mon histoire je me suis dit : "Gilles, pour novembre tu fais un texte court !"... Eh bien c'est complètement raté !
Bonne lecture

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- On fait quoi pour les 10 ans de la fin du monde ?
Mon chien me regarda en penchant la tête sur le côté, comme s'il ne comprenait pas, ce qui était probablement le cas.

Tout avait commencé le 11 novembre 2018, alors que le monde commémorait la fin de la guerre 14-18, ça ne s'inventait pas (!). Ce jour-là, une épidémie d'un virus inconnu avait commencé à tuer. Elle s'était propagée à une vitesse fulgurante, jusqu'à toucher 98,3% des êtres humains (dixit la télé, juste avant qu'elle ne s'arrête). Et comme 100% des malades mourraient, ça fait qu'il n'est resté que 1,7% des gens sur Terre.
C'est encore beaucoup me direz-vous, mais parmi ces 1,7%, il y avait des enfants en bas âge (adios...) et des personnes très âgées ou malades (exit...). Ensuite, sans service d'ordre, certains individus en tuèrent d'autres pour un oui ou pour un non, puis des vagues de maladies plus classiques prélevèrent leur part, et pour finir, des meutes de chiens errants affamés firent de gros ravagent...
Voilà résumé en quelques lignes ce qui se passa les 5 premières années. Puis cela se calma, et depuis 5 ans nous vivions dans une relative stabilité.

Mais au fait, je ne me suis pas présenté : moi c'est Victor, 33 ans. Lorsque tout s'est arrêté, je venais d'obtenir mon diplôme d'ingénieur en énergies renouvelables. Cela nous a bien servit pour installer des panneaux photovoltaïques dans le petit village dans lequel nous nous sommes installés. A ce jour, notre groupe comporte 25 hommes et 8 femmes. Eh oui, statistiquement, dans cet environnement hostile, les chances de survie pour un homme sont 3 fois plus grandes que pour une femme, enfin si j'en crois la composition de notre groupe ! Je suis sorti pendant plus d'un an avec Manon, une de ces 8 femmes, mais elle avait une telle phobie de tomber enceinte que nos échanges s'étaient arrêtés à des baisers. A vrai dire je comprenais parfaitement : accoucher dans ces conditions, puis élever un enfant, était difficilement concevable ! C'était maintenant ma meilleure amie avec qui je pouvais discuter des heures sans me lasser.
Quant à mon chien Orca, un Patou, je l'avais trouvé au début des évènements alors qu'il était tout jeune et affamé. Rapidement, il était devenu un chien robuste qui m'avait plus d'une fois sauvé la vie, notamment lors d'attaques de chiens redevenus sauvages. Aujourd'hui, le poids de l'âge commençait à se faire sentir, mais il était encore vaillant.

Je revenais d'une excursion dans une grande ville, déserte, située à une quinzaine de kilomètres de notre village. Cette distance permettait de faire l'aller-retour à pieds dans la journée. Il était fortement déconseillé de faire de telles "balades" seul, mais j'étais un solitaire, et puis il y avait toujours Orca avec moi, mon fidèle compagnon ! Je rentrais avec mon sac à dos chargé de conserves et de quelques médicaments. J'apercevais au loin les premières maisons et la fumée des feux de cheminés. Je me fis la réflexion que les cheminés émettaient vraiment beaucoup de fumée en cette fin d'après-midi, quand soudain, j'aperçu des flammes !
Me délestant aussitôt de mon sac, je me mis à courir vers mon village. J'espérais qu'il ne s'agisse que d'un petit incendie, mais au fond de moi je redoutais quelque chose de plus grave. Lorsque je pénétrais dans le village, je vis tout de suite l'ampleur du désastre qui était très loin du pire de mes scénarii. La mairie était en feu, et sur le perron, 3 corps baignaient dans leur sang. Je les reconnu immédiatement : ils faisaient partie de notre communauté.
J'étais en train de m'approcher pour voir si un de mes compagnons respirait encore lorsque je vis débouler 2 inconnus venant de l'arrière de la mairie. Ils soutenaient un 3ème comparse ayant une grosse plaie au ventre. Orca réagit instantanément et fonça sur les intrus. Ceux-ci étaient équipés de fusils d'assaut militaire, mais le temps de lâcher le blessé et de récupérer leurs armes, le 1er individu avait la gorge arrachée. Le chien sauta aussitôt sur le 2ème homme, mais celui-ci eux le temps d'envoyer une rafale. S'ensuivit une mêlée terrible pendant laquelle on ne distinguait plus les cris de l'homme et du chien. Je finis par arriver sur le lieu du drame, attrapais le Famas et donnais un méchant coup de crosse sur la tête du bandit. La scène n'avait pas duré plus de 10 secondes. Je me précipitais alors vers la mairie pour voir s'il y avait des gens à sauver, mais l'incendie était d'une telle ampleur que c'était sans espoir, je ne pouvais plus rien tenter.
Je revins alors vers Orca. Ses blessures étaient terribles : une balle lui avait arraché le haut du crâne au niveau d'une oreille, et une autre balle avait atteint l'arrière train. Il gémit quelques minutes avant de s'éteindre définitivement. Je m'effondrais en larmes sur mon meilleur ami avec qui j'avais tant partagé depuis ces 10 ans de chao.

- Victor, je suis désolée.
Tout à mon chagrin, je n'avais pas vu Claire approcher. Elle était accompagnée de Frédérique. Cette dernière, qui avait été aide-soignante dans une autre vie s'approcha des 3 hommes : les 2 avec qui Orca s'était battu était morts. Quant au 3ème, évanoui, avec la blessure au ventre, elle diagnostiqua son décès dans les prochaines heures.
Lorsque je réussi à reprendre mes esprits un minimum, elles me racontèrent les événements de ces dernières heures :
- En début d'après-midi, nous avons entendu des bruits de moteurs. Tout le monde est allé se barricader dans la mairie, sauf toutes les 2 car nous n'en avons pas eu le temps, alors nous sommes montées tout en haut du clocher de l'église d'où nous avons pu tout observer. Trois 4x4 et un camion militaire sont arrivés dans le village. En tout 14 hommes en sont descendus. Ils ont aussitôt encerclé la mairie dans laquelle ils avaient dû apercevoir plusieurs personnes s'y réfugier. Ils leurs déclarèrent qu'ils voulaient toutes les femmes du village, et qu'en échange ils laisseraient la vie sauve à tout le monde. Devant le refus de la communauté, ils ont commencé à tirer. De notre côté, je savais que nous disposions seulement de cinq fusils de chasse avec peu de cartouches pour gros gibier, alors l'issu de cette passe d'armes était malheureusement prévisible... Mais devant la résistance, les bandits ont empilé du bois sur la porte principale et y ont mis le feu. Des hommes tentèrent une sortie mais ils furent abattus. Puis les bandits pénétrèrent dans la mairie où d'autres coups de feu furent tirés. Finalement, les brigands sortir avec 11 prisonniers, 5 femmes et 6 hommes, qu'ils emmenèrent à l'arrière du camion militaire. Puis 2 des 4x4 et le camion repartirent, quelques minutes seulement avant que tu arrives. L'équipage du dernier 4x4 était probablement chargé de récupérer le blessé et de les rejoindre.

Après ce récit, je pris une décision en quelques secondes.
- Ecoutez Claire et Fred, rejoignez immédiatement le point de repli dans la forêt, dans la cabane de chasse, je vous rejoins dès que possible.
- Que vas-tu faire ?
- Je vais voir si je peux sauver nos amis avant qu'ils n'arrivent à destination.
Elles s'apprêtaient à protester, mais elles durent voir dans mon regard que rien ne me ferait changer d'avis. Elles hochèrent doucement la tête avant de se mettre en route.
- Au fait, est-ce que Manon... Commençais-je, la suite restant coincé dans ma gorge.
- Elle fait partie des prisonniers, dit simplement Fred, avant de continuer son chemin.
Les clés se trouvaient sur le contact du véhicule. Je reconnu un P4 de l'armée. Je démarrais en trombe dans la direction indiquée, après avoir récupéré les 2 Famas sur les cadavres. Je vis les véhicules des brigands tout au bout de la route qui attendaient leurs camarades en haut d'une côte. Quand ils virent approcher mon P4, le convoi se remit en marche doucement.
Par chance, en cette fin d'après-midi, le soleil était derrière nous, ce qui empêchait de me distinguer. Arrivé à quelques dizaines de mètres, j'attendis le prochain virage pour tamponner violemment le 4x4 devant moi. Celui-ci alla s'écraser dans le fossé. Mais cette action n'échappa pas aux 2 hommes chargés de garder les prisonniers à l'arrière du camion. Une balle passa au-dessus du véhicule, une 2ème fit voler en éclat mon rétro gauche. Voyant cela, les prisonniers réagir aussitôt en envoyant leurs gardiens par-dessus bord. Mes amis avaient réussi à garder un des fusils d'assaut, et sans plus attendre ils arrosèrent la cabine depuis l'arrière, ce qui fit arrêter le camion aussitôt : le chauffeur avait dû être touché...
Je stoppais mon 4x4 à quelques mètres du camion et descendit aussitôt du P4 en faisant signe à mes compagnons de sortir. Au passage de Manon, je l'étreignais chaleureusement pendant quelques secondes.
Visiblement le véhicule de tête n'avait rien vu car il continua sa route et bientôt on le perdit de vue au détour d'un virage. Tout notre petit groupe alla aussitôt se cacher dans le fossé. Nous disposions maintenant de 3 armes, ce qui était largement suffisant pour neutraliser les derniers hommes. Nous n’eûmes pas à attendre très longtemps avant d'entendre un bruit de moteur : le véhicule avait fait demi-tour. Celui-ci roulait tout doucement, ses occupants visiblement en alerte. A 100 mètres, il s'arrêta et le copilote en sortit, hurlant plusieurs fois "vous faites quoi ?", plus ou moins agrémenté de diverses variantes sur le même thème : "vous faites quoi bordel ?", "putain vous faites quoi ?". Cela me fit penser au Boléro de Ravel, sans doute à cause de ce thème musical dupliqué des dizaines de fois ; cependant la comparaison s'arrêtait là... Dans mon idée, le 4x4 allait se rapprocher tout près du camion et nous pourrions le canarder tranquillement. Malheureusement soit les individus eurent un pressentiment, soit ils virent quelque chose de troublant (peut-être le pare-brise du camion criblé de balles...), mais le copilote regagna prestement le 4x4 qui fit aussitôt une marche arrière pied sur le plancher. Nous vidames aussitôt nos chargeurs sur la voiture. Arrivé dans le virage, le moteur se mit à fumer et un des pneus avant éclata. Aussitôt les 4 occupants s'égayèrent dans la nature, tous visiblement en pleine forme.
Léo se mit à les poursuivre en leur tirant dessus.
- Léo, stop ! Lui criais-je. Je pense qu'il y a eu assez de morts pour aujourd'hui. On rentre.
Par chance le camion était encore en état de marche, donc après avoir retiré le corps du chauffeur, nettoyé sommairement et enlevé ce qui restait du pare-brise, nous regagnâmes le village avec les 2 véhicules.

Après avoir récupéré Frédérique et Claire, tout le monde fut d'accord pour prendre le plus d'affaires possible et partir sans tarder : nous ne savions pas où étaient basés nos ennemis, ni leur nombre, mais nous connaissions leur état d'esprit, ce qui suffisait amplement ! Nous avions envisagé l'éventualité d'être un jour attaqué et contraint de déménager, donc nous avions repéré sur des cartes plusieurs endroits situés à plus de 60 km d'ici et susceptibles d'être agréables. Nous choisîmes un lieu dans la moitié opposée à la route empruntée par nos assaillant, puis nous nous mimes en route.
J'étais dans le P4, à l'arrière, à côté de Manon. Personne ne parlait. Maintenant que la pression se relâchait, je me mis à penser à nos amis exécutés et à mon chien Orca. Des larmes coulaient en silence le long de mes joues. Décidément les Hommes n'apprendraient jamais rien ! Après une 1ère guerre mondiale tellement atroce (20 millions de morts), suivit d'une 2ème encore pire (70 millions de morts), et cette épidémie qui avait presque réussit à nous anéantir, des hommes pouvaient encore en tuer d'autres juste pour une histoire de sexe et de territoire ! Que fallait-il pour que nous devenions un minimum sage ? Je me fis la réflexion que décidément cette planète ne nous méritait pas !

Epilogue
Un an a passé. D'autres personnes sont venues rejoindre notre petit groupe et nous sommes maintenant une cinquantaine. En ce 11 novembre 2029, nous sommes tous réunit près du gros chêne situé sur la place du village pour nous rappeler de nos morts de l'an dernier, et du début de l'épidémie il y a 11 ans, et de la fin de la 1ère guerre mondiale il y a 111 ans. Que de bien tristes anniversaires ! Pendant le discours émouvant qu'a préparé Manon et qu'elle est en train de lire, je regarde son ventre qui commence gentiment à s'arrondir. Après cet épisode sanglant où elle avait failli devenir une exclave sexuelle pour une bande de brutes, je pensais qu'elle serait encore plus distante avec la gente masculine, et moi en particulier, mais c'est tout l'inverse qui s'était produit. C'est maintenant moi qui suis terrorisé à l'idée d'être bientôt papa !
Je me rassurai en pensant que bientôt je fêterai les anniversaires de mes propres enfants : cela atténua mes craintes de l'avenir. Je relevai alors la tête et souris à Manon et à mon enfant.
coeurdechristal

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par coeurdechristal »

Bonjour à tous, voici l'histoire que j'ai commencé à composer au début du mois pour ce concours. J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire que j'ai eu pour la composer. Bonne lecture et bonne chance à tous !
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Maman me caresse le dessus de la tête, mais pourtant elle ne semble ni me voir ni m’entendre.

Elle est très jolie. Même que mon papa dit souvent que l’on se ressemble avec notre crinière brune et nos grands yeux noirs et ça me rend d’autant plus heureux et fier. Ma maman est sans aucun doute la personne que j’aime le plus au monde! Elle sent les fleurs et elle a les mains douces. Pour ce qui est de mon papa… et bien c’est mon papa! Il est tout aussi gentil et je l’aime beaucoup, mais il ne sent pas comme maman et puis il a une grosse voix qui me fait parfois peur lorsque je fais des bêtises...

Dans tous les cas, dans un peu moins d’un mois je serai l’être le plus heureux sur cette Terre : ce fera trois ans jour pour jour que je fais parti de cette famille. Mes parents sont vraiment supers. Depuis bientôt trois ans, dès qu’ils rentrent du travail, nous jouons, nous faisons des promenades et parfois, j’ai même le droit de dormir avec eux dans leur lit. Ils ne manquent jamais une occasion pour me dire que je suis un gentil garçon. De mon côté, je n’ai pas grand-chose à leur offrir à part tout l’amour que je ressens à leur égard. Ce qui est super c’est que ma famille n’a jamais au grand jamais oublié mon arrivée, notre anniversaire de rencontre et ils ne manquent pas de le souligner. J’ai toujours le droit à une friandise supplémentaire. C’est encore mieux que mon anniversaire de naissance! Quoique… en réalité on ne connait pas vraiment ma date d’anniversaire alors rien ne peut être mieux que notre anniversaire d’adoption. Je ne cesse de compter les jours qui nous séparent entre aujourd’hui et notre anniversaire et ce, même si mon père prétend que je ne peux pas comprendre ce qui se produit. En plus, j’ai entendu dire maman qu’elle serait en congé. Vous vous imaginez? Prendre un congé pour notre anniversaire. Ils m’ont toujours gâté, mais cette fois-ci, ils se sont surpassés. Ils m’aiment beaucoup, je le sais!
Je réalise soudain que maman a arrêté de me caresser la tête. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux vers elle de la regarder et d’attendre.

<< Maman? Maman!>>

- Tout doux Théo, tout doux.

Elle recommence tout en douceur, comme je l’aime. Je la trouve bizarre ces temps-ci, elle est plus distraite, plus... soucieuse. À mon grand regret, ils ont changé leur alimentation. Fini les goûters aux poissons et les viandes rouges. Fini les courses le soir. Elle se contente simplement de marcher près de moi. Elle semble moins intéressée par ce que je fais. C’est papa dorénavant qui s’occupe plus de moi… C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis heureux que maman prenne congé pour notre fête. Elle veut sûrement récupérer le temps perdu avec moi?

- Théo arrête de bouger comme ça, tu m’énerves!

Je continue encore de lui donner des petits coups et de tourner en ronds autour d’elle, attendant les rires qui suivent quelques secondes plus tard. C’est comme un petit rituel. Je la colle tout en bougeant d’un côté et d’un autre m’approchant de plus en plus d’elle.

- Rah! Va-t’en! Elle me le dicte avec un ton froid, tout en me poussant délicatement pour me faire descendre du divan.

<< Va-t’en>>

Ai-je bien entendu? C’est impossible! Ma maman n’aurait jamais dit ça… Pourtant, je ne peux m’empêcher de la croire, car elle ne semble pas regretter ses paroles. Je quitte donc la pièce, la tête baissée et le cœur brisé en mille morceaux. Vous penserez peut-être que ma réaction est exagérée, mais pourtant c’est comme cela que je me sens. Moi qui me sentais si fier d’être son enfant, voilà qu’elle venait de bouleverser ma journée. Je comptais avec hâte les jours qui me séparait de cette fameuse journée où ma famille célébrerait mon arrivée. Maintenant, je ne sais plus trop. C’est ridicule, je sais, ce ne sont que des paroles et puis je n’avais qu’à arrêter de bouger lorsqu’elle me l’a dit la première fois, et pourtant je me sens blessé. Pourquoi aurais-je donc hâte à cette journée qui se devait être merveilleuse si même ma maman n’a plus envie de me voir? Comment la plus belle journée de ma vie peut-elle devenir celle que je redoute le plus?

Comme de fait, maman m’a évité ces derniers jours. Peut-être a-t-elle honte de son comportement? Peut-être n’a-t-elle-même pas réalisé que je baisse la tête lorsque je la vois? Maintenant c’est papa qui s’occupe complètement de moi. Il me dit que maman m’aime toujours, mais je ne le crois pas. Je n’ai même plus le droit de dormir dans le lit avec eux…Papa me dit que c’est passager, mais comment en être sur? Elle ne se promène même plus avec moi. Au lieu de ça, elle fait constamment des courses sans moi, à mon grand désarroi. Elle achète pleins de décorations et de pot de peinture pour refaire la chambre d’invités. Pourquoi faire? Je la trouve bien moi cette pièce! Pourquoi la changer pour mettre du rose et du violet? En plus les peluches sont-elles vraiment nécessaires? C’est sans parler du fait que je n’ai plus le droit de rentrer dans cette pièce. Ce n’est pas ma pièce préférée, mais on ne m’avait jamais interdit une entrée dans la maison. En peu de jours, je dois reconnaître que les choses ont beaucoup changé, et cela m’inquiète.

Dans quelques jours, ce sera le grand jour, et tout ce que je veux c’est que ma maman me remarque, qu’elle me redonne de l’amour. Je ne sais pas ce qui se passe avec elle, mais elle devient de plus en plus bizarre. C’est sans parler de la cuisine qui a toujours une odeur particulière, mais rien qui semble très bon. Ces odeurs me rendent fou. Maman ne s’en soucie guère alors que papa me dit de me calmer, ça aussi c’est passager. Pourtant, tout comme moi il ne semble pas apprécier ce que maman cuisine. À bien y penser, elle non plus, car son corps ne cesse de rejeter ce qu’elle mange et pourtant, elle continue à faire des expériences culinaires de plus en plus folles. C’est à n’y rien comprendre! Je dois reconnaître qu’elle a recommencé à me parler comme autrefois et je ne peux qu’en être heureux même si j’essaie de la bouder un peu. Elle le mérite après tout. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle, principalement lorsqu’elle se penche au-dessus de la cuvette pour dégobiller son atroce petit-déjeuner.

-Ne t’en fait pas Théo, tout va bien, tout va bien.

Elle utilise ce ton doux et affectueux qu’elle utilise généralement. Cela me rassure. Je crois qu’elle recommence à m’apprécier.

<<ô joie! La vie normale va pouvoir recommencer! >>
-Chut Théo! Papa dort encore.

Comme je n’ai pas envie qu’elle se fâche encore contre moi, je lève la tête pour dire que j’ai compris, mais je doute qu’elle voit ce que je veux lui dire. Elle se met à rire et me donne un bisou sur le front. Je retrouve peu à peu ma maman et je me sens enfin soulagé.

-Je ne sais pas si tu réagis parce que tu me comprends lorsque je te parle ou s’il s’agit d’une coïncidence, mais je voulais m’excuser mon beau. Je n’ai pas été très gentille avec toi ces derniers temps. Je reconnais que je suis plus… impatiente et plus fatiguée, mais c’est passager, je te le promets.

Passager. Encore ce mot, mais pourquoi donc? J’espère du plus profond de mon cœur que tout changera pour redevenir comme avant. Elle me dit que c’est passager, mais je ne comprends toujours pas ce qui est passager. Enfin, nous vivons maman et moi, un moment important. C’est un moment crucial pour notre relation. On apprend à se réapprivoiser et ce n’est pas plus mal que cela. Maman est aussi belle et gentille que dans mon souvenir, même si elle a pris un peu de poids.

-Tu sais mon Théo, je t’aime. Tu le sais ça? Il y aura toujours une place pour toi dans notre famille, même si quelques changements vont arriver dans notre vie. Nous serons très occupés, mais tu resteras tout aussi important pour nous.
Je ne comprends pas la totalité de ses mots, mais s’il y a bien une chose que j’ai compris, c’est qu’elle m’aime. Elle n’a jamais cessé de m’aimer et mes parents m’aimeront toujours. J’en ai de la chance! Malgré ce que j’ai pu croire, je m’étais complètement trompé et ô combien maintenant suis-je rassuré. Je me rapproche de maman et me colle à elle. Je renifle un bon coup son odeur que j’aime tant. Je frotte ma tête sur sa joue et elle se met à rire. Je n’ai qu’une idée en tête et c’est de la faire rire encore plus! Qu’importe que papa dorme? Maman me sert dans ses bras et c’est tout ce qui compte. Je ressens le vide qui s’était formé en moi se reconstruire peu à peu. Je me ressens vivre. Sans m’en rendre compte, je recommence le décompte. Quel jour sommes-nous? Lundi? Mardi? Il reste donc… trois ou quatre jours? Jamais au grand jamais, je n’avais perdu le décompte de notre anniversaire et voilà que pour la première fois de ma vie, je suis complètement perdu. Étonnamment, ça ne me dérange pas du tout. Je suis tellement heureux que je n’entends pas papa se lever et venir nous rejoindre. Il semble encore endormi, néanmoins, il sourit en nous voyant. Apparemment, lui aussi avait remarqué la tension qui augmentait entre maman et moi. Il nous serre tous les deux et j’en suis d’autant plus heureux. Tout à coup papa se redresse et se met à parler à maman comme si je n’étais pas là ou comme si je ne comprenais pas ce qu’ils se racontent. Je déteste lorsqu’ils font ça!

-Chérie, ma mère nous a acheté deux sacs de couches. Je crois que l’on peut les barrer de notre liste de choses à faire!

<< Des couches? Pourquoi faire? Je suis propre depuis trois ans vous le savez bien pourtant…>>

- Théo arrête un peu, veux-tu? Tu vas réveiller tout le voisinage.
- Je ne sais pas ce qu’il a, ces temps-ci il n’arrête pas…
- Peut-être est-ce qu’il s’inquiète pour toi? Il est si attaché.
- En même temps, c’est bientôt notre anniversaire tu te souviens?
- Allons chérie, il ne peut pas se rappeler de cette date précise!
- Moi je parierais le contraire, il est très intelligent tu sais?
- Oui, j’en ai aucun doute. Je crois par contre qu’on surestime sa compréhension. En autant qu’il a de l’attention, je ne pense pas qu’il cherche plus loin à comprendre.

Pendant qu’ils discutent je dois admettre que je ne les écoute plus tellement. De toute façon, ils ont souvent eu cette conversation. Papa croit que je ne comprends pas ce qu’il raconte et maman croit le contraire et puis bla bla bla… Ils ne se doutent ni l’un ni l’autre à quel point maman peut avoir raison. Je suis plutôt intelligent! Donc, pendant que mes parents font un nouveau débat sur la question, je repense aux événements des dernières semaines, puis j’ai une illumination! Les sautes d’humeur de maman, son impatience et sa fatigue, ses recettes de plus en plus bizarres, les aliments que nous avons cessé de manger, ses nombreuses visites à la cuvette, la nouvelle décoration de la chambre des invités, mon interdiction de rentrer et enfin ces couches qui ne sont certainement pas pour moi. Maman est enceinte! Je le sais parce que j’ai vu tous ces symptômes à la télévision. Même si mes parents croient que je ne comprends rien ou très peu de choses, il m’arrive d’écouter des films avec eux, même s’ils croient que j’en profite pour dormir. Comme pour vérifier ma théorie, je m’approche délicatement du ventre de maman. Maintenant que je me doute bien de la raison de son comportement, je suis plus prudent. Mes parents semblent comprendre mon intention car ils se regardent en écarquillant les yeux.

- Tu vois bien qu’il est intelligent notre beau Théo! C’est un bon chien! Hein Théo? Oui, tu es un bon chien!
Je suis assez fier de mon coup, ils sont ébahis et ils me caressent tendrement. Je ne peux m’empêcher de passer doucement mon museau sur le ventre arrondi de maman et de lécher mes parents. Ils rient d’autant plus et me resserrent contre eux tout en séchant leurs joues.

- Ce n’est pas tout, mais je travaille moi aujourd’hui. Je ne fais pas la belle vie comme vous deux.

Maman et papa se regarde tous deux étrangement. Ils font un drôle de sourire. Je les suis dans la cuisine pour déjeuner où une surprise m’attend : un petit gâteau avec du glaçage pour chien comme l’on retrouve dans les animaleries. Ils ont même pensé à y ajouter une bougie. Je me rends alors compte que notre anniversaire n’est ni dans deux jours, ni dans trois jours. C’est aujourd’hui même! Je saute partout, tout en faisant attention de ne pas être trop proche de maman.

- WOUF! WOUF! WOUF!

<< WOUHOU !!! MERCI BEAUCOUP !!! Bonne fête à vous! Bonne fête à nous! Bonne fête à moi!>>

Mes parents sourient. Ils ne comprennent visiblement pas ce que je dis, mais ils voient clairement que je suis très heureux et ils le sont eux aussi. Je le vois! Ma famille est la meilleure famille au monde. Comme dans toutes les familles, il y a des hauts et des bas, mais si j’ai compris une chose, c’est qu’une famille demeure unie quoiqu’il arrive. Comme je le pensais, notre anniversaire est la plus belle journée de ma vie et jamais mes parents auraient pu m’oublier.

Je ne sais pas j’ai quel âge, mais je m’en fiche car aujourd’hui c’était le plus bel anniversaire que je pouvais avoir. Et dans quelques mois, ce sera un tout nouvel anniversaire que notre famille fêtera. Comme j’ai hâte de rencontrer le nouveau membre de ma famille. Je serai son meilleur ami et son protecteur, puisque c’est ce que sont les chiens : le meilleur ami de l’homme!
Serg8

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Serg8 »

Bonjour,

Un texte sur Noel (qui approche) pour ma première participation.

Fête en Famille

"Nous étions seuls ce soir là.
Un Noël pas vraiment blanc.
J'étais collé à l'écran, je crois.
Tu as mis les petits plats dans les grands.

Puis moi, toujours scotché.
J'accordais trop d'importance.
À la recherche de l'amour, de l'amitié.
Sous tes yeux qui attendaient la danse.

De longues soirées d'hiver.
Qui paraissaient une éternité.
Mon cœur éteint jusqu'à hier.
Mon âme avait foi en l'humanité.

Puis aujourd'hui, je me dis.
Que je suivais le troupeau.
Pendant cette période où mes cris.
Faisaient de ton cœur des lambeaux.

Le pain perdu dans nos assiettes.
Fait à la sueur de ton front.
Puis moi, j'avais toujours en tête.
Ma petite personne et le pognon.

Louis de Funès à la télé.
M'a rappelé cette nuit-là.
Que le temps passe aussi vite que l'été.
Où il s'est enfuit de nos bras.

Alors, on mange en tête à tête.
Pendant qu'elles sont loin de nous.
Nos esprits sont à la fête.
Et la vie fait tourner la roue.

Du temps, de l'instant.
Passé à tes cotés.
Sans se dire que dans dix ans.
Nous allons nous retrouver.

Fêter une fois de plus Noël.
Un bout de famille réunie.
Avec mes deux hirondelles.
Vivre autant que l'on en a envie.

Faire une pause sur le combat quotidien.
De la liberté, de la survie.
Se retrouver auprès des siens.
Puis une pensée pour ceux qui, trop tôt, sont partis."

Tous droits réservés © 2018

Merci d'avoir pris le temps de le lire.

à bientôt,
Serg'

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Dernière modification par Serg8 le jeu. 13 déc., 2018 2:01 pm, modifié 1 fois.
basilic3

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par basilic3 »

ICI L'ON JETTE LA GRENADE

Aujourd'hui, je descend dans mon jardin. J'en fais le tour, lentement. Pas de jardinage pour moi ce matin, car je célèbre un anniversaire. Mon jardin est grand et plat, pas de petites buttes pour casser sa monotonie. Je l'ai divisé en carrés ou chambres particulières, chacune avec des ambiances et des plantes différentes.
Là, c'est l'Ennui, vaste espace de terre en friche, où ne poussent que des pissenlits rabougris. Même les vers de terre y dépérissent, les limaces s'y traînent sans but, et les merles évitent soigneusement de s'y poser : mon Ennui est très réussi.
A côté, pour le contraste, j'ai installé le Narcissisme. Nul plan d'eau ne s'y trouve, trop classique pour moi, mais il y a bien des rangées de lys blancs et d'amaryllis parfumés, bien sûr toujours en fleurs. Lorsque je m'y promène, comme ce matin, je ferme les yeux et le parfum sucré me fait tourner la tête.
Plus loin se succèdent l'Envie et ses touffes d'orties prolifères, la Jalousie, avec des rosiers évidement, mais des rosiers anciens plein d'épines. Puis la Colère, où je m'amuse à saccager les petites branches des buissons à la main. Parfois j'y mets carrément le feu, et me réchauffe le cœur à la chaleur du brasier. La terre y est très bonne, noire et meuble.
Tout au fond du jardin, avant la grande haie de peupliers, qui se balancent toujours au vent, tels de gros pinceaux géants, tachetés de blanc, on trouve les carrés que je préfère : la Concupiscence, où je cultive avec humour de somptueuses tomates rouges, la Méchanceté et le Vice. J'ai l'habitude d'y faire halte, assise sur un banc, pour y admirer mes buis, taillés en formes d'êtres humains dans des poses tourmentées : ici, une petite fille qui pleure, la tête dans ses mains, là, un homme qui ne peut lâcher le rocher qui l'oppresse , sous peine d'être écrasé. Je passe beaucoup de temps à les tailler, mais je crois que le résultat en vaut la peine.
Mais ce matin je continue mon chemin.
Il y a des chambres que j'ai laissé à l'abandon depuis plusieurs années, vous avez dû le remarquer : l'Amour, la Gentillesse et la Charité ont carrément disparus, retournés à l'état sauvage ou incorporés dans l'Ennui. Il faut dire que c'étaient des parties de mon jardin très banales, j'avais beaucoup de peine à me forcer à les entretenir. Soigner des parterres de muguet, de tulipes ou de pensées, quelle barbe ! L'âge venant, je me suis dit : à quoi bon, je ne peux pas tout faire, et je me suis concentrée sur les plantations qui m'intéressaient réellement.
J'ai ainsi tenté une expérience très réussi avec le Crime et c'est là que je me rends aujourd'hui. Ce carré de jardin demande vraiment un investissement de chaque instant, mais j'ai réussi à y faire pousser de la cigüe, et de ces grandes ombellifères blanches dont j'oublie toujours le nom...
J'y ai également acclimaté un jeune grenadier, au tronc tortueux, qui m'a donné une unique grenade l'an passé. Je l'ai cueillie il y a pile un an: lourde et bien ronde, on y devinait l'intérieur empli de graines ensanglantées. C'était le signe que j'attendais pour exécuter mon projet, qui s'est magnifiquement réalisé.
J'observe attentivement le grenadier, un jour un nouveau bourgeon en sortira, je l'attends avec une certaine impatience, mais ce ne sera pas pour aujourd'hui.
Je reprends le chemin de ma maison, contente de mon jardin, dommage que j'y ai si peu de visiteurs ! Je dois y fêter les anniversaires seule mais tant pis, il suffit à me rendre heureuse.
Cet après-midi, une amie m'a appelé au téléphone, pour me réconforter :
- A quoi passes tu tes journées maintenant que tu es à la retraite, et que tu as perdu ton mari, malheureusement décédé dans un accident lié à une fuit de gaz, justement il y a un an aujourd'hui, ma pauvre amie ? Heureusement que tu n'étais pas présente à la maison à ce moment là !
-Oh je m'occupe, tu sais, lui ai-je répondu, je cultive mon jardin.
Jenilana

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Jenilana »

Bonjour ! Bon, je ne pensais pas participer au début, et finalement je me suis dit pourquoi pas...Voilà donc mon texte, que je poste de justesse mais dans les temps ! (ouf ! je n'étais pas certaine d'y arriver^^).
En vous souhaitant bonne lecture :D

_________________________________________________________________________


Noces d'étain


Je l'attendais. Les mains posées sur l'accoudoir de la chaise, grattant distraitement le bois sur le rebord. Mes cheveux lacérant mon visage au gré du vent qui s’infiltrait sous mes vêtements, suçait la chaleur de ma peau.
On était fin novembre, la plupart des terrasses étaient désertées depuis longtemps. Pas la nôtre. Moi j'étais là et je l'attendais. C'était une sorte de tradition entre nous, de se retrouver là chaque année, un accord tacite sans que ni lui ni moi n'en sachions vraiment les raisons.

J'avais décoré la table d'une unique rose fade, entourée de bougies qu'une bourrasque avait éteintes depuis longtemps. Dernier invariant de notre tête à tête annuel, les branches du marronnier s'agitaient en gémissant leur complainte, trop discrètes pour que je parvienne à les comprendre, trop bruyantes pour que j'espère oublier leur présence.

- Désolé pour le retard, il y avait du monde sur la route. Les enfants sont chez la nourrice jusqu'à demain matin.

Je n'ai même pas levé les yeux. Il a posé une main sur mon épaule, m'a embrassée. Puis il s'est assis en face de moi et m'a tendu un petit coffret. J'ai reculé.

- Depuis quand est-ce qu'on s'offre des cadeaux pour notre anniversaire de mariage ? On avait dit que...
- Je sais, mais là c'est nos dix ans, quand même. Et puis tu vas voir, c'est pas grand chose.
- Je ne t'ai rien acheté, moi.
- Ça ne fait rien je te dis. Ouvre.


Je me suis exécutée presque à regret. A l'intérieur reposait un bracelet de mailles fines, avec deux anneaux entrelacés en son centre, qui brillaient d'un éclat terne. L'étiquette sur le haut du coffret indiquait qu'il s'agissait d'étain. J'ai retourné le bijou à l'intérieur de ma main, dans un sens puis dans l'autre. Je trouvais ça un peu merdique comme cadeau, mais je n'étais pas vraiment en position de me plaindre.

- Ça ne te plaît pas ?
- Si. Merci. Maintenant j'ai hâte d'être aux noces de saphir ou de diamant.


Il a ri doucement.

- Je te signale que le diamant, c'est pour les soixante ans de mariage. Tu es sûre de pouvoir me supporter aussi longtemps ?

Peut être pas. Avant, je pensais qu'être avec toi était le seul avenir que je voudrais jamais. Mais maintenant ? Aujourd'hui, je n'aspirais qu'à retourner dans ce passé où j'avais cru être heureuse. Et qu'est ce qui avait bien pu se briser entre temps ? Qu'est-ce qui avait pu nous briser ? Le travail les enfants la routine j'en savais rien, toutes ces choses à la fois peut être.

On s'est regardés pendant plusieurs minutes sans rien dire. Entre nous deux, les feuilles du marronnier chuchotaient encore, commentant sans doute notre échange pathétique. Peut être qu'au fond c'était pour ça qu'on tenait à se retrouver à l'extérieur, sur cette terrasse, avec ces branches entre nous. Pour ne pas se retrouver face au silence.

Tu as ouvert le champagne, on a trinqué mécaniquement et bu tous les deux sans se regarder. Tu t'es raclé la gorge.

- Noces d'étain. Ils auraient pu trouver mieux pour les dix ans de mariage. Ce n'est pas très romantique. Et ça sonne mal.
- Non, je ne trouve pas...j'ai l'impression que les mots tintent à mon oreille, comme la musique d'une cloche, qui s'agite une dernière fois avant de s'éteindre.


Ou peut être que c'était juste l'écho de ma propre mélancolie qui résonnait, sourd et insistant.

- L'étain, j'ai poursuivi, moi ça m'évoque la couleur de cet automne, de ces feuilles de marronnier. Avec des reflets bruns, et...
- C'est gris, l'étain.


J'ai haussé les épaules.

- Ah, tant pis.
- Tu veux qu'on se sépare ?


Ni lui ni moi n'avons eu l'air surpris qu'il demande ça de but en blanc. La question inéluctable. Qui flottait, informulée, depuis longtemps déjà. J'aurais pu lui reprocher d'avoir choisi précisément le jour de notre anniversaire de mariage pour la poser, mais je crois que maintenant ça n'avait plus d'importance.

A cet instant, peut être que si l'un de nous deux avait eu le courage, les choses auraient pris un tour différent. Qui sait ? On serait partis chacun de son côté, sans regarder en arrière, peut être sans regrets aussi. C'est ce qu'on souhaitait tous les deux. Bien sûr, il y avait le problème des enfants du divorce de la paperasse de la solitude. Mais je crois que c'est autre chose qui nous retenait. Ce choix d'aller de l'avant, comme si c'eût été renier tout ce qui avait été. Il fallait affronter ce vent trop fort, ce courant qui voulait nous emporter au loin en nous ôtant la responsabilité de décider. Je n'avais pas la force de lutter contre.

- Non, bien sûr que non, je veux qu'on reste ensemble, tu le sais bien...

Il m'a pris la main. A son expression, on n'aurait su dire s'il était soulagé ou déçu que je n'aie pas dit ce qu'il n'osait concevoir lui même.

- Moi aussi. Je sais que tout n'est pas parfait. On finira bien par s'y faire...

Alors on a laissé le vent souffler. Et on était là, deux lâches condamnés à voguer au gré des caprices de la tempête.

- On s'aimait, non ? Est-ce que ce n'est pas le principal ?

Deux lâches, ou peut être deux fous qui s'accrochaient encore à leurs chimères. On s'aimait, c'est vrai. Mais est-ce que le passé suffit ? Certains jours, je me dis que oui. Certains jours comme aujourd'hui. Car c'est à ça que servent les anniversaires, non ? Célébrer les jours passés et raviver le souvenir.

Il semblait si loin, ce jour où l'on se murmurait des promesses d'éternité...De t'aimer et de te chérir. Pour le meilleur et pour le pire. Dans la richesse et dans la pauvreté. Dans la santé et dans la maladie. Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Nos serments sacrés qui, comme le reste, n'échappent pas à la corrosion par l'acide du temps.

Pourtant des vestiges subsistent. Il ne nous restait plus qu'à se rappeler. Se retrouver ici chaque année, et tenter de rassembler les morceaux émiettés.

- Jusqu'à ce que la mort nous sépare...j'ai répété à haute voix sans m'en rendre compte.

Il a souri. On savait tous les deux que c'était la vie qui s'était déjà chargée de nous séparer.
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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par infernal-reader »

Bonjour tout le monde, j'ai essayé d'offrir dans mon texte une vision différente de l'idée d'anniversaire ; j'y ai mis mon âme alors j'espère que ça vous plaira. Bonne lecture ! Et désolée pour la réponse tardive. Je précise que c'est une lettre, même si le site ne permet pas la mise en page adéquate.



Un jour, quelque part entre notre passé et mon avenir.

A toi,

L’aiguille du temps grave les secondes dans ma chair, comme autant de cicatrices...

Lundi matin, neuf heures, je me noie dans mes sanglants sanglots. Un, deux, trois, sept mouchoirs. La sonnerie de fin du cours retentit. Une heure. Une heure sans toi. Une heure depuis que tu m’as serrée dans tes bras pour la dernière fois, tes grands yeux bleus déversant des larmes – mon dernier cadeau de ta part. Il faisait sombre ces derniers mois ; mais sans toi il fait nuit, il fait noir noir noir… Je suis les gens, zombie égrenant des gouttes salées dans les couloirs.

J’ai froid. Toi, tu peux me réchauffer. Tu l’as toujours fait. Tu ne le feras plus.

Un mois. Toujours aussi mal, toujours aussi froid. Glacée de douleur. La poitrine comme une bombe sous pression, qui refuse pourtant d’exploser. Assourdissant ce bruit, ton absence... Je suis un cadavre en pièces qui traîne ses morceaux dans une brouette. Il en manque tant ; il manque toi. J’ai eu seize ans il y a deux jours. Mon premier anniversaire sans toi depuis deux ans. La couette, les mouchoirs et le doudou que tu m’as offert il y trois ans, pour notre premier Noël. Seize ans, mais j’ai le sentiment d’avoir trop vu, trop vécu ; je suis vieille comme le monde, vieille à ne plus rien espérer après toi. Trop dur. Je t’aime. Hilarant sinon triste, je t’aime trop pour vouloir mourir, je t’aime trop pour te laisser vivre avec ça. Tu ne mérites pas cette souffrance. Ce drame, ce n’est pas seulement le mien : c’est le nôtre.

Neuf mois et deux jours. Je ne rampe plus. Désormais je fais quelques pas. Vers où ? Quelque part devant, je suppose. Quelque part où tu n’es pas, ne seras jamais. Ça aurait dû faire trois ans aujourd’hui. J’ai mal, j’ai eu mal avant et j’aurai mal après. J’atteins parfois le haut de ma montagne, mais je bascule toujours dans la pente de l’autre versant. C’est ma vie pour l’instant. Un jour peut-être… Patience. Si tu savais comme je suis fatiguée d’attendre. De respirer. Je compte les jours, les mois, les maux et les mots ; je les couche sur le papier quand je ne sais pas quoi faire. Le cœur égaré, je me sens perdue comme une enfant. Et alors je me souviens… Je préférais ce désœuvrement quand ta main serrait la mienne.

Je crois que j’aimerai de nouveau un jour, mais une partie de mon cœur t’appartient à jamais.

Celle que tu aimais, qui t’aimais, qui t’aime…
Saya80

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Saya80 »

Joyeux nouveau jour.
Ici les sénateurs fondateurs.
Tous citoyens majeurs dont le devoir selon l'article 707 doive ce présenté pour souscrire à leurs présences a la participation.
Tous citoyens absents sans justification se verront contrait de participer au programme.
Le tirage et le déroulement son justifier et non aucun droit d'être refusé.
Pour la renaissance de notre pays .
Pour la vie.
Célébrons ensemble une nation ressuscitée.
Heureux anniversaire à tous.


- Je ne veux pas la perdre.
- Elle aura peut-être de la chance.
- De la chance?! Nous n'avons plus aucun droit Franck ! Notre monde se meurt ! Nous sommes rongé à petit feu!
- Chute ! Tu vas la réveiller.
- Les sénateurs fondateurs nous mentent et tu le sais très bien.
- Ils faut obéir. Il y va de sa sécurité.
- Mais elle n'a que 18 ans ! Je ne veux pas qu'elle traverse la même chose que moi. C'est trop dure !
- Nous sommes ces parents. Nous serons toujours là pour elle.
Je suis terrifié. Je ne me sens pas encore mûre. Il est pourtant temps de célébrer l'anniversaire de notre beau pays. Toutes femmes et hommes matures doivent être présents lors des hasards matrimoniaux. Le pourcentage génétique le plus élevé de parturition vont former les couples. Ils arrivent que des personnes ne trouvent pas leurs moitiés à leurs premières présentations. Ils sont ainsi convoqués jusqu'à la formation matrimoniale. Si au bout de cinq convocations la personne n'a toujours pas était sélectionner. On l'envoie dans le programme.
C'est l'année de mes débuts. J'aimerais être demain. Toute cette agitation, cette attention me paralyse. Ajouter à ca la conversation de mes parents. Impossible de trouver le sommeil. Encore maintenant elle tournée en boucle dans ma tête pendant que je me dirigeais vers mon avenir incertain. Des nuées de jeunes personnes de 18 à 22 ans convolé dans la même direction. Un mélange de sentiment se refléter sur leurs visages. Les plus à l'aise en profité pour faire connaissance et d'autre pour faire circuler des ragots. Un nom en particulier ressortait souvent.
Fischer. Un nom connu de tous. C'était le nom du premier fondateur. Celui qui avait fait voter une loi dans un monde ou une espèce s'éteignait. Je m'avancer justement dans le bâtiment qui avait était construit pour ce nom. Le Fischer Mémoriel Monument. Il resté ouvert toute l'année. Il relaté les histoires de notre passé et une fois par an. Il abrité la célébration des fondateurs.
Assis dans leurs fauteuils. Ils nous surplomber d'une estrade. Leurs épouses debout derrière leurs sièges comme des trophées. Il était somptueusement vêtu. Leurs vêtements de cocktail les faisaient sortir du lot. Nous étions tous vêtus comme de futur marié. Les femmes en robe blanche et les hommes en smoking. C'était comme se retrouver dans un reality-show hors de prix.

- Joyeux nouveau jour et bon anniversaire ! Une femme sublime aux chevaux roux et a la robe vert émeraude apparu dans un immense écran derrière les fondateurs.
- Ici Clara Beauchamps. J'ai était sélectionner cette année pour lancer le top départ de la célébration. Comme certains sons au courant du déroulement. Je vous invite à consommer l'apéritif que les serveurs vous présenterons. Pour les plus jeunes d'entre vous. Voilà comment vont débuter les festivités. Chaque année, une personne apparaîtra sur cet écran pour le tirage. Le tirage commencera par la première lettre de l'alphabet de vos noms. Quand votre nom sera donné. Il apparaîtra en bas de l'écran avec le nom de votre mari ou votre épouse. N'ayez aucune crainte, je déclaré plusieurs fois le nom des mariés jusqu'à ce qu'il se présente derrière la porte a votre droite. Ils se verront ainsi attribuer une cérémonie s'il le souhaite. À la sortie de ce bâtiment, vous aurez votre certificat de mariage. Et alors commencera votre vie de jeune époux. Pour ce qui ne seront pas appelais aujourd'hui vous repartirai par d'où vous êtes venu. Bien, commençons. Aubois Michel et O'Brien Catherine.
Et ainsi de suite jusqu'à mon nom ou que le nom de mon époux évoque le mien. Avec de la chance, il ne m'appellerait pas. Trop nerveuse pour manger ou boire quoique ce soit je fixer avec obstination l'écran.
- J'ai entendu que Fischer était encore là cette année. Il lui reste quoi ? Trois ans ? Un groupe plus vieux parlé à ma droite.
- J'ai entendu des rumeurs. Il aurait refusé de ce présenté la première année.
- C'est stupide. Il ne serait pas là maintenant si c'était le cas.
- Vous ne trouvez pas que c'est bizarre ? Les femmes des fondateurs sont étrangement belles.
- Tu veux parler du tirage probablement truqué pour eux ?
- Chut ! On va t'entendre. Je m'arrachai à la contemplation de la surface qui déciderai de mon avenir pour les observer. Nous étions à la lettre D et la conversation qu'il avait abordé était curieuse. De quoi parler t'il ? Le sénateur Fischer avait des doutes sur son rôle dans l'article 707 ? Au point d'avoir triché au tirage ? La conversation de mes parents me revint en mémoire. Soudain, tout le monde se tue est regardèrent avec plus d'attention l'écran du tirage.
- Fischer Alexei et Pages Martine. Le déroulement en bas de l'écran confirmé ce que j'avais entendu. Étrangement, la première pensée qui me venait était celle la plus incongrue dans ce genre de situation.
Le sénateur Fischer à un fils ? Bien sûr qu'ils avaient des enfants ! L'objective était la vie, la renaissance d'une espèce en voie d'extinction donc la nôtre. Mais le plus improbable était mon nom à côté du sien. Tout le monde se regardait ainsi les uns les autres pour voir le nouveau visage Fischer. Mon visage. J'avançai ainsi vers la porte de droite dans l'expectative d'une catastrophe qu'aller devenir ma vie. Des chuchotements suivis chaque pas que je fis. Jusqu'à mon futur époux qui m'attendait déjà devant celle-ci. La tête baissée, j'entrai avec lui dans la pièce adjacente. Un homme habillé comme les serveurs était présent.

- Monsieur et Madame Fischer. Voulez vous procéder à une cérémonie de mariage ou récupérer directement votre certificat à la sortie ?
- Faite venir ma voiture. Sa voie était profonde et autoritaire.
- Tout de suite, monsieur.
Nous nous dirigeâmes vers la porte de sortie le papier officiel avec nous. Il ouvrit la porte d'une limousine et rentra a l'intérieure sans un mot. Présumant que je devais le suivre, j'y entrer à mon tour. Trop intimidé. Je continué mes observations du sol. J'étais en présence d'une figure célèbre reconnu historiquement. Enfin sa progéniture. Si, je devais être plus précise. Triturant la jupe de ma robe. Attendant qu'il m'adresse la parole. Il glissa de son siège et se rapprocha de moi. Son mouvement me fit redresser la tête et je vis son bras tendu vers le mini bar se trouvent devant mon siège. Il était si efficacement dissimuler dans le siège que je ne l'avais pas vu avant qu'il ne l'ouvre. Il prit un verre et ce servi du champagnes. Je compris ainsi qu'il fréquentait souvent ce moyen de transport. C'était ridicule. C'était visiblement un homme qui connaissait le luxe et l'ostentation. Comment j'allé intéressait mon mari ? La seule richesse qui primé à mes yeux était l'amour de mes parents. Je douté que ma petite vie confortable ne l'intéresse. Un bruit de tissu qu'on défroisse attira mon attention. Se fut la première fois que je regardai vraiment son visage. Habillé comme tous les futurs mari. Il enleva sa cravate blanche et déboutonna les trois boutons de sa chemise, dévoilent ainsi la peau blanche de son torse. Ces cheveux noirs savamment décoiffés caressé le colle de sa veste. Des yeux saphir et un sourire malicieux peint sur son visage ivoire. Il fit comme si je n'étais pas là et recommença à boire son verre. Une sonnerie coupa mon examen du physique de mon époux. Je m'ébroua pour chasser l'image de sa pomme d'Adam qui glisser du haut vers le bas a chaque gorgée. L'écran de mon portable afficha le numéro de ma mère.
- Écoute ma puce et ne réponds que par oui et par non. Compris ?
- Oui ?
- Est ce que ton conjoint et le fils du sénateur ?
- Oui. Je lançai furtivement un regard dans sa direction, mais il continuer à m'ignorer.
- Alors il faut que tu sois attentive à ce que je vais te dire. L'article 707 est inutile. Comme tu le sais. Elle a était crée pour favoriser les naissances grâce a des recherches génétiques. Chaque couple devrait selon leur calcul immunisé les enfants face au virus qui tue a la première respiration des bébés. J'ai eu d'autres enfants. Tu es la seule qui est survécu. Si leurs remèdes étaient aussi efficaces. Il n'aurait pas besoin de vacciner chaque bébé qui vient au monde. Nous somme tous immunisé, mais l'immunité s'arrête à notre personne. Elle n'est pas transmise pendant la grossesse. Est ce que tu comprends ?
- Oui. J'étais abasourdi, mais je comprenais.
- Ma puce, j'aurai préfère que tu apprennes ceci bien plus tard. Si jamais. Tu ne veux pas de ce mariage. Je comprendrai. Tu n'as qu'un mot à dire et nous partirons en exile. Ce qu'elle me proposer était considérer comme une trahison. Nous avons bénéficié de l'antivirus, grâce a notre pays. Si un citoyen s'enfuit. Il était directement envoyé sans procès au programme. Le programme était considérai comme les anciennes prisons en cent fois pire. Il se recompter que les gens qui étaient envoyés là-bas était soumis à toute sorte d'expérience vissant à accroître la population. Le pire qui si raconté était les vivisections. Le moins pire la reproduction a la chaîne. Exposer ma famille à la fuite constante et a cette menace me fis frissonner de terreur. - Non.
Ma mère resta un moment silencieuse. - Je t'aime. Et elle raccrocha.
J'écartai mon portable et le gardai en main jusqu'à notre arrivée. Nous étions arrivés devant une villa. Le chauffeur nous précéda pour ouvrir la portière. Fischer sortie et entra dans la demeure sans m'attendre. Je me précipiter à sa suite pour éviter de me perdre. Ceci me conduisit à me retrouver dans une chambre d'un blanc, or immaculé. Il entra se tourna dans ma direction et attendis. Mal à l'aise je recommençai à fixer le sol.
- Ta chambre. Est sur cette phrase, il me contourna pour sortir et ferma la porte. J'étais mitigé face à cette personne. J'étais inquiète qu'il me trouve insignifiante et rassurer qu'il ne profite pas tous suite des justes noces. Trop embourbé dans mes sentiments mitiger, je me laissai tomber sur le lit en baldaquin. Les tulles de mousseline qui m'entourer eu un effet apaisant et je m'endormis.
J'avais dormir tous habiller et le soleil était coucher. Des voie contrarier et étouffer m'avais sortie du sommeil. Une porte claqua et reclaqua une deuxième fois.

- Non ! Pas question que tu esquives cette fois-ci encore ! Alexei tu a 20 ans maintenant. Tu es marié, il est temps que tu grandisses.
- Je ne voulais pas de se maudis mariage !
- L'article 707 vaux pour tous le mondes. Ce n'est pas pasque tu es mon fil qui tu as des privauté sur les autres !
- Et pourtant, tu ne m'as pas ramené dans le programme quand je ne suis pas venu pour ma première présentation !
- Je voulais te protéger !
- Tu m'as volé la femme que j'aimais !
- Ne me relance pas la déçu. Je n'allais pas te laisser te marier avec une gouvernante.
- Je l'aimais et tu la envoyiez là-bas. Ton mariage n'était qu'une mascarade. Pourquoi le mien dois aussi en devenir un ?!
- Je ne veux pas encore tourner sur ce sujet encore une fois. Viens dans la salle avec ton épouse pour le dîner.
- Elle dort et ne conte pas sur moi.
Un silence se prolongea et ma porte s'ouvrit. Mon époux se faufila dans ma chambre et s'appuya contre la porte. Il soupira et redressa la tête dans ma direction. Il s'était changé. Il avait troqué son costume contre un jean et une chemise noire déboutonné sous trois boutons. Ces cheveux noirs paressé toujours en désordre. Ces yeux saphir fixés sur moi me reprocher ma présence dans cette demeure. Son sourire malicieux apparu. - Heureux anniversaire cher épouse.
acsjg

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par acsjg »

Bonjour
Voici mon texte pour ce mois-ci, bonne lecture.

Pour mon prochain anniversaire, je serai dans un cercueil froid garni de tissu soyeux et rembourré de ouate moelleuse. Je l'ai déjà choisi. Un cadeau en avance pour mes 18 ans, en quelque sorte. Tous les êtres humains meurt, beaucoup avant leur majorité, mais même en me le répétant je n'arrive pas à trouver un sens à tout cela.J'ai passé la majorité de mon temps à l'école et je ne me servirai jamais de ce que j'y ai appris. Je n'aurais jamais La vie qui m'avait été promise, qui me semblait due. Le métier, la carrière, le droit de vote, le permis de conduire, un mari, peut être même des enfants. J'aurais peut-être eu un rôle important dans la société, l'aurais fait progresser. Mais cela non plus je ne le saurai jamais. Le champ des hypothèses est infini mais celui des possibles m'a été fermé par une simple maladie, une leucémie. Quand les médecins me l'ont appris, j'ai fait une liste. Cette liste que toutes les personnes qui se savent mourantes font, celles des choses à accomplir avant de partir. Je ne voulais pas penser que je n'allais plus exister, l'idée même me rendait malade, me donnait une migraine due à la panique de cette réalité qui m'écrasait, alors j'ai intitulé ma liste "les choses à faire avant mes 18 ans". Sauf que mon état s'est empiré beaucoup plus vite que prévu et je n'ai rien pu accomplir, à part rester dans ce lit à attendre La mort. J'aimerais juste que cette liste ....

Putain 20 ans et je vais crever. Fais chier. Je suis tellement énervée. Pas du tout triste. Je suis juste dans un état de rage difficilement contrôlable. Je voulais épouser Julie. Qu'est-ce qu'elle va devenir sans moi ? Je ne veux pas l'imaginer avec un autre mec. Je ne veux pas l'imaginer se consoler de ma mort, continuer sa vie comme si je n'avais jamais exister, même si c'est égoïste. Et Ma mère. Qui va couper les arbres de notre terrain ? Qui va s'occuper de descendre La poubelle ? C'est con de penser à des détails comme celui-là mais c'est ce qui me vient à l'esprit. C'est tout le temps moi qui descends la poubelle, c'est mon rôle. Et La fête qu'on devait faire pour mes 21 ans dans 3 mois. Est ce que je vais tenir 3 mois. La fille avant moi est morte quelques jours avant ses 18 ans, subitement, comme ça, en écrivant dans son carnet. Au moins moi je les ai eu mes 18 ans, j'avais fait une fête énorme. À laquelle j'ai rencontré Julie. Et depuis on ne s'est plus quitté. Au moins j'aurais connu ça, les 18 ans et l'amour qui fait mal tellement il est bon.

Encore un qui a succombé, 20 ans, arrivé il y a 3 semaines. C'est mon métier, je l'ai choisi, je l'aime, mais c'est parfois dur de l'assumer. Je suis infirmière au service d'oncologie d'un grand hôpital parisien. Les cas critiques nous parviennent de toute la région, Et souvent les patients ne survivent pas, malgré les chimiothérapies expérimentales innovantes et les équipements dernier cri. J'ai vu tellement de listes de dernières volontés, de rêves à réaliser que j'en fait des cauchemars la nuit. Surtout parce que je suis souvent charger de les jeter, avec à peine un quart des lignes de barrées. Aujourd'hui j'ai 30 ans. J'ai connu tellement d'enfants et d'adolescents qui n'ont pas pu atteindre cet âge. Alors je souffle mes bougies en pensant à eux et je savoure chaque année supplémentaire que je peux célébrer. Je n'ai pas peur de vieillir, contrairement aux autres femmes de mon entourage. J'ai peur de ne pas voir mon prochain anniversaire.
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par x-Key »

Bonjour à tous ! Le vainqueur du concours de Novembre est basilic3 avec Ici l'on jette la grenade ! Elle est suivi en 2e position par Pegh et en 3e position ex-aequo par leclipsa et coeurdechristal. Bravo à tous ! :)


ICI L'ON JETTE LA GRENADE


Aujourd'hui, je descend dans mon jardin. J'en fais le tour, lentement. Pas de jardinage pour moi ce matin, car je célèbre un anniversaire. Mon jardin est grand et plat, pas de petites buttes pour casser sa monotonie. Je l'ai divisé en carrés ou chambres particulières, chacune avec des ambiances et des plantes différentes.
Là, c'est l'Ennui, vaste espace de terre en friche, où ne poussent que des pissenlits rabougris. Même les vers de terre y dépérissent, les limaces s'y traînent sans but, et les merles évitent soigneusement de s'y poser : mon Ennui est très réussi.
A côté, pour le contraste, j'ai installé le Narcissisme. Nul plan d'eau ne s'y trouve, trop classique pour moi, mais il y a bien des rangées de lys blancs et d'amaryllis parfumés, bien sûr toujours en fleurs. Lorsque je m'y promène, comme ce matin, je ferme les yeux et le parfum sucré me fait tourner la tête.
Plus loin se succèdent l'Envie et ses touffes d'orties prolifères, la Jalousie, avec des rosiers évidement, mais des rosiers anciens plein d'épines. Puis la Colère, où je m'amuse à saccager les petites branches des buissons à la main. Parfois j'y mets carrément le feu, et me réchauffe le cœur à la chaleur du brasier. La terre y est très bonne, noire et meuble.
Tout au fond du jardin, avant la grande haie de peupliers, qui se balancent toujours au vent, tels de gros pinceaux géants, tachetés de blanc, on trouve les carrés que je préfère : la Concupiscence, où je cultive avec humour de somptueuses tomates rouges, la Méchanceté et le Vice. J'ai l'habitude d'y faire halte, assise sur un banc, pour y admirer mes buis, taillés en formes d'êtres humains dans des poses tourmentées : ici, une petite fille qui pleure, la tête dans ses mains, là, un homme qui ne peut lâcher le rocher qui l'oppresse , sous peine d'être écrasé. Je passe beaucoup de temps à les tailler, mais je crois que le résultat en vaut la peine.
Mais ce matin je continue mon chemin.
Il y a des chambres que j'ai laissé à l'abandon depuis plusieurs années, vous avez dû le remarquer : l'Amour, la Gentillesse et la Charité ont carrément disparus, retournés à l'état sauvage ou incorporés dans l'Ennui. Il faut dire que c'étaient des parties de mon jardin très banales, j'avais beaucoup de peine à me forcer à les entretenir. Soigner des parterres de muguet, de tulipes ou de pensées, quelle barbe ! L'âge venant, je me suis dit : à quoi bon, je ne peux pas tout faire, et je me suis concentrée sur les plantations qui m'intéressaient réellement.
J'ai ainsi tenté une expérience très réussi avec le Crime et c'est là que je me rends aujourd'hui. Ce carré de jardin demande vraiment un investissement de chaque instant, mais j'ai réussi à y faire pousser de la cigüe, et de ces grandes ombellifères blanches dont j'oublie toujours le nom...
J'y ai également acclimaté un jeune grenadier, au tronc tortueux, qui m'a donné une unique grenade l'an passé. Je l'ai cueillie il y a pile un an: lourde et bien ronde, on y devinait l'intérieur empli de graines ensanglantées. C'était le signe que j'attendais pour exécuter mon projet, qui s'est magnifiquement réalisé.
J'observe attentivement le grenadier, un jour un nouveau bourgeon en sortira, je l'attends avec une certaine impatience, mais ce ne sera pas pour aujourd'hui.
Je reprends le chemin de ma maison, contente de mon jardin, dommage que j'y ai si peu de visiteurs ! Je dois y fêter les anniversaires seule mais tant pis, il suffit à me rendre heureuse.
Cet après-midi, une amie m'a appelé au téléphone, pour me réconforter :
- A quoi passes tu tes journées maintenant que tu es à la retraite, et que tu as perdu ton mari, malheureusement décédé dans un accident lié à une fuit de gaz, justement il y a un an aujourd'hui, ma pauvre amie ? Heureusement que tu n'étais pas présente à la maison à ce moment là !
-Oh je m'occupe, tu sais, lui ai-je répondu, je cultive mon jardin.
Pegh

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Pegh »

Félicitations à tous ! Beaucoup de textes sympas sur ce concours ! ;)
Et merci pour cette seconde place :)
@+
Pegh
coeurdechristal

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par coeurdechristal »

Félicitaiton à tous les participants ! J'ai beaucoup aimé lire vos créations ^^

Merci aussi pour cette troisième place :D

Je vous souhaite mes meilleurs voeux pour 2019 !

coeurdechristal
leclipsa

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par leclipsa »

Félicitation à tous les participants :)

Et merci pour la troisième place, c'est très motivant

Meilleurs vœux à tous :D
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par Gilles51 »

Félicitations à la gagnante et à tous les participants ! :)
@+
basilic3

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Re: Concours d'écriture - Novembre 2018 : Les Anniversaires

Message par basilic3 »

Bonjour et merci d'avoir lu et élu mon texte. Le titre est un vers tiré d'un poème de Guillaume Apollinaire: Les grenadines repentantes, poème extrêmement symbolique, que j'ai très maladroitement essayé de transcrire à ma façon..
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