Bon. Voici mon texte. Très bonne lecture à tous’
UN DERNIER ANNIVERSAIRE
Je cours. Je cours très vite. Mes jambes me font atrocement mal, mon coeur est sur le point d’exploser sous le nombre de battements. Mais je continue, sourd à toutes les douleurs présentes dans mon corps.
Le vent me fouette le visage, la pluie me gèle les os mais je dois courir.
Mettre le plus de distance entre ma vie et moi.
Pourtant, tout avait bien commencé. Enfin non, tout avait basculé depuis le début. Depuis ce jour, ce matin où ma mère est partie. Définitivement.
C’était le choc. Des cris puis un silence de mort. Lorsque que j’ai lâché mon sac sur le parquet, j’ai su toute suite que ça n’allait pas. Mon instinct, cet instinct qui ne m’avait jamais trompé, m’envoyait des signaux d’alerte. Et j’ai vu dans le salon mon père se disputer un énième fois avec ma mère.
Il s’est retourné vers moi :
-Jean monte dans ta chambre et ne pose pas de question
-Mais... aujourd’hui c’est....
-Ne pose pas de questions et file dans ta chambre ! Tu n’as pas ta place dans cette maison ! répond ma mère d’une voix glaciale.
« Tu n’as pas ta place dans cette maison ». Cette simple phrase m’a fendu le coeur.
Et elle me regardait d’un air dur, cet air que l’on réserve à un vieux chien errant, rejeté. Mon père lui, était désolé. Ses yeux reflétaient une tristesse, son visage paraissait d’un coup si vieux et si las.
A ce moment, je me sentis proche de lui mais au fond, je le maudissais pour sa lâcheté. Depuis 10 ans il subissait l’autorité despotique de ma mère. Mais il l’aimait. Je n’éprouvais que rage envers elle.
Mais ce qui me blessa fut mon anniversaire. Mon père m’avait promis une fête en famille, lorsque je rentrerai des cours. Un espoir envolé. Encore une fois.
Je reprend mon sac et sans un mot, me retourne et monte en silence vers ma chambre. J’ouvre la porte. Un fouillis autour de mon lit, des tas de cahiers sur le bureau. Cette chambre était devenu le reflet de ma vie : une vie nul, détruite par un conflit familiale.
Je prend mon enceinte, l’allume et met ma musique préféré. En vain. Une minute après, j’éteins puis je me jette sur le lit. Je pleure. Pourquoi moi ? Pourquoi ma vie est pourrie ? Pourquoi je suis né dans un couple qui ne s’entend pas ? Pourquoi le jour de mon anniversaire, ce jour où j’ai 15 ans, est aussi insignifiant aux yeux de mes parents qu’une miette de pain ?
En bas, il y a des cris. Le bruit d’une porcelaine cassée. Puis plus rien. Durant un petit moment, j’ai l’espoir qu’ils ce sont réconciliés. Mais la porte d’entrée claque et j’entends mon père jurer. Fin du rêve.
J’ouvre mon portable : un message de Grand mère. Grand mère, la seule personne qui me comprend. La seul personne qui croit en moi. La seul à me souhaiter un joyeux anniversaire. J’éprouve soudain l’immense envie de la voir. De sentir sa présence.
Un mail de Maxime. Mon meilleur ami. Lorsque je vois le joyeux anniversaire en majuscules, entouré de dizaine de smiley, je souris.
Des gens qui me comprennent. Des gens qui m’aiment.
Je descends et retrouve mon père, seul. Il est allongé sur le canapé, les yeux fermés, ce qui reste de la magnifique collection de porcelaine offert par ma grand-mère répandu en miette autour de lui.
Il est à moitié allongé, et ses mains sont plaqués sur son visage. Il pleure.
Je m’approche de lui. Il baisse ses mains, me regarde puis ouvre la bouche :
-Elle est partie mon fils, elle est partie pour toujours !
-Ne pleure pas papa, tu vas t’en remettre.
-NON ! c’était ce que j’avais de plus précieux. C’était la femme de ma vie !
- Mais papa, elle n’a t’as jamais aimé. Elle t’as simplement épousé parce que tu étais riche.
Je ne l’ai pas vu arrivée. Elle m’a brûlée la joue. En une seconde, j’étais par terre, mon père au dessus de moi, la main toujours levé et fou de rage.
Comment peux-tu me dire ça ! Tu n’est qu’un sale gosse de 14 ans immature qui ne s’y connais rien en amour ! Tous ces problèmes sont nés à cause de toi !
Va t’en, part très loin, que je ne te revois plus jamais !
Il m’a pris, m’a jeté dehors et à claquer la porte puis l’a fermé à clé. Les larmes me sont venues aux yeux.
Mon père m’avait frappé violemment. Mon père m’avait rejeté, abandoné.
Je me suis approché de la porte mais le regard de mon père par la fenêtre me glaça le sang.
Je me suis retourné et j’ai couru en direction de la forêt.
Depuis combien de temps je cours maintenant ? Je n’en sais rien. Je cours pour oublier. Pour ne plus penser à ma vie. C’est raté. Je sens encore le regard de mon père lourd de haine et de rancoeur. Terrifiant.
C’est alors qu’une forme noire me percute. Je fais un vol plané et retombe lourdement sur une racine. Une douleur fulgurante traverse mon dos. Mais ce n’est pas le pire. Au dessus de moi, un gueule béante rempli de croc transperce mon ventre. Je hurle de douleur puis plus rien.
Le noir. Le néant. Je sens peu à peu ma conscience s’envoler. Je suis en train de mourir. Ma dernière pensée fut pour ce mot :
Anniversaire
et à a double signification :
Le jour de ma naissance. Désormais le jour de ma mort.
FIN
J’espère que ça vous aura plu !