Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

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x-Key

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Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Notre concours d'écriture de février portera sur le thème de la Rencontre avec un inconnu ! Racontez-nous vos histoires de rencontres, qu'elles soient romantiques, horrifiques, évoquent un passant dans la rue ou un anonyme sur internet. Soyez créatifs ! Vous avez jusqu'au 28 février pour poster vos textes ici-même, sur ce sujet.

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Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance et meilleurs vœux à tous ! :)
melemele14

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par melemele14 »

Voilà ma participation, j'espère qu'elle correspondra au thème ! :D

La peur de l'inconnu

Lorsqu’on est petits, nos parents nous rabâchent à tous la même chose : Tu ne dois pas parler aux inconnus ! Pendant des années, ça reste dans notre tête pour la plupart, on sait que si un Monsieur veut nous donner un bonbon dans la rue, ou veut nous aider à faire quelque chose qu’on peut faire tout seul, on doit lui dire non. Et pour la plupart d’entre nous, c’est ce qu’on fait. Quand on commence à se promener seuls dans la rue ou bien qu’on joue devant la maison pendant que nos parents sont à l’intérieur, on ne doit pas répondre aux inconnus, on doit rentrer vite à la maison pour prévenir papa et maman qu’une Madame bizarre nous a demandé de l’accompagner. Et pourtant.

Pourtant, en grandissant, on est de plus en plus confrontés à ces inconnus. Lorsqu’on commence à prendre les transports en communs tous seuls, on doit parler au chauffeur de bus, qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Ça arrive que la personne assise à côté de nous nous parle, nous demande des banalités, voire nous raconte sa vie dans les cas les plus extrêmes. Lorsqu’on va faire du shopping seul pour la première fois, parce qu’on a besoin d’un nouveau manteau ou d’une nouvelle paire de chaussures, on est confrontés à un vendeur ou une vendeuse, qui nous fait un charmant sourire mais qu’on ne connaît pas plus que la personne qui patiente derrière nous dans la file. Lorsqu’on postule pour la première fois pour un job d’étudiant, voire pour un vrai travail, on doit se confronter à des personnes totalement inconnues, qui peuvent nous intimider ou nous mettre en confiance, qui nous fournissent toute l’aide dont on a besoin ou bien alors qui nous laissent nous dépêtrer avec toute la paperasse. Et pourtant.

Pourtant, toutes ces rencontres nous paraissent normales. Le chauffeur de bus, la vendeuse ou l’employé qui nous fait passer notre entretien d’embauche, toutes ces personnes sont des inconnus, tout autant que la Madame bizarre qui nous a demandé de l’accompagner lorsqu’on jouait devant la maison à 6 ans. On ne les connaît pas, on n’a pas envie de les connaître mais on sait que ces rencontres avec ces inconnus font partie de la vie. Oh parfois, on est intimidés, on a peur de passer notre entretien d’embauche, mais la peur ne vient pas du fait que la personne en face est inconnue, souvent c’est parce qu’on a peur d’échouer, on a peur de faire une mauvaise impression et de passer à côté de ce travail qui nous faisait tant rêver ! Jamais on n’a peur du fait que la personne à qui on s’adresse est un inconnu, et que nos parents nous ont toujours appris à ne pas parler aux inconnus. Et pourtant.

Pourtant, cette peur de l’inconnu ne nous quitte jamais. Oh certes, dans notre vie quotidienne, on sait qu’on est confrontés à un tas d’inconnus, et on apprend à vivre avec. Le serveur, le concierge de notre nouvel immeuble, la professeure de notre enfant, toutes ces personnes ne nous effraient pas, on ne s’en méfie pas, parce qu’elles font partie de notre société. Cependant, si on croise une personne louche dans la rue, une personne qui parle toute seule, une personne qui boîte un peu, qui tire une grimace bizarre pour X ou Y raison, on sentira cette peur remonter. On n’osera pas trop s’en approcher, on n’osera pas les regarder, leur sourire. Ce sont des inconnus, et on nous a toujours appris à ne pas parler aux inconnus. Et pourtant.

Pourtant, ces personnes que l’on croise dans la rue, qui ont un air « louche », ne sont pas si différentes du chauffeur de bus ou de vous. Elles ont des parents, peut être des frères et sœurs, elles sont nées quelque part, elles respirent et, comme vous, elles veulent probablement se faire des amis, trouver un travail qu’elles aimeront ou trouver l’amour. Les SDF que l’on croise dans la rue, ils n’ont pas tous une tête très « nette » comme beaucoup pourraient le dire, on entendra beaucoup de personnes les critiquer parce que « de toute façon ils ne font que boire et fumer à longueur de journée ». Tout le monde se méfiera d’eux, voire auront peur d’eux. Parce que ce sont des SDF. Parce qu’ils ne sont pas « comme nous », parce qu’ils sont seuls, qu’ils ont une sale tête, qu’ils n’articulent pas bien, que leurs vêtements ne sont pas nets et bien repassés. Eh bien pas moi.

Je ne veux pas avoir peur d’eux. Je veux pouvoir m’avancer vers eux, leur faire un grand sourire, et leur tendre un billet de 10 euros en leur disant : Tenez, c’est pour vous, faites-en bon usage. Je veux pouvoir dire « Bonjour » à ces personnes, ces êtres humains, sans être tiraillée par le remord parce que je ne leur ai pas tendu une pièce. Alors aujourd’hui, j’ai décidé de faire un tour par les associations qui sont là pour ces personnes, j’ai décidé d’aider à la soupe populaire, j’ai décidé de me porter volontaire pour aider les gens qui ont besoin de moi. Je ne veux plus avoir peur d’eux.

Aujourd’hui, j’ai décidé de partir à la rencontre de ces inconnus.
celti

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par celti »

Et voilà pour moi :)

Anya

Nous courrons tous après un idéal féminin, un fantasme romancé, sans doute même avez-vous déjà rêvé d’une petite histoire incohérente et très orientée, mettant en scène ce qui semble être votre identité, accompagnée d’une autre personne, représentant votre idéal, développé par votre inconscient, le tout dans un contexte bien spécifique ? Pour ma part, c’est une jolie fille détruite, éplorée, la tête entre les genoux, assise sous la pluie dans une rue déserte. Je me vois l’approcher, m’agenouiller près d’elle, m’inquiéter de son sort et chercher à l’aider. Et je ne rêve jamais de la suite. C’est ballot. J’espérerai toute ma vie tomber sur une scène qui réunirait ces paramètres. Mais vous et moi, nous savons que ça n’arrivera jamais. Par contre, d’autres circonstances, d’autres paramètres... C’est possible, non ?

J’ai rencontré Anya au détour d’une allée dans une convention un peu geek. J’étais avec des potes, elle était seule. Perdue. Vêtue de noir. Des cernes énormes. Le regard fuyant. Visuellement, une sorte de camée dépressive. Tout à fait mon type de nanas. Je pense qu’elle flânait ci et là, attirée et divertie par les univers disposés sur les étals. Mes potes l’ont aperçue les premiers, ils me l’ont pointée doigt. Ils aimaient bien me mettre dos au mur, me forcer à accoster les filles. Ce n’était pas du tout mon genre. Je ne suis bon qu’à l’écrit, pour le premier contact. Quand je tente à l’oral, soyez sûr que je sors directement la phrase qu’il ne faut pas et qui me fait passer pour un dangereux désaxé. Bref. Revenons-en à Anya. Mes potes m’ont défié. J’aimais ce qu’elle dégageait. Si je me ratais, je ne la reverrais jamais... pas de risque, à part une honte temporaire et un autre coup à mon égo branlant. Et si le courant passait, il ne pouvait en découler que du bon ! Alors j’y suis allé. Et, étonnamment, cela s’est plutôt bien passé.

Elle n’était pas hostile, mais assez peu réceptive. J’essayais de l’approcher doucement, sans avoir l’air d’un violeur ou d’un queutard. Apparemment je m’en sortais bien, je ne sais même plus exactement ce que l’on a pu se dire, j’ai sûrement sauté sur toutes les occasions qui nous entouraient pour étaler ma science et mes connaissances sur des sujets susceptibles de lui plaire, vu qu’elle se trouvait là. J’avais l’impression de ne pas l’avoir rencontrée tout à fait par hasard, et ce sentiment était partagé de son côté. Je ne vous raconte pas le hurlement de joie interne lorsque je l’ai entendue prononcer ces mots. Il faut dire qu’elle n’en prononçait pas des tas, donc des aussi encourageants, cela m’a rendu plutôt confiant.

Comme je ne lâchais pas l’affaire, que je ne m’arrêtais pas sur ses nombreux défauts physiques — que je trouvais mignons et charmants — et que je m’intéressais sincèrement à elle, alors qu’elle cherchait, semble-t-il, à quitter les lieux avant que le crépuscule ne débute, elle s’est radoucie, m’a proposé son numéro de téléphone, son Facebook et même son pseudo sur un jeu vidéo que nous avions en commun. J’ai même appris qu’elle habitait à deux rues de chez moi. J’étais content, je l’ai laissée partir. Inutile de se presser, d’insister, d’être lourd... le premier contact s’était bien passé, la suite était plus que prometteuse.

Le soir même, je lui envoyais des messages sur Facebook, le jeu, et un petit SMS. Aucune réponse. Jusqu’au lendemain après-midi. Ce qui prouvait au parano que je suis que tout était vrai, qu’elle ne m’avait pas donné de fausses informations pour se débarrasser de moi. Qu’elle avait apprécié me rencontrer. J’ai eu un sourire plutôt satisfait.

Le soir venu, plus de réponse. Le lendemain après-midi non plus. J’ai commencé à me poser des questions. À visualiser mentalement tout ce que j’avais pu dire jusqu’à présent, mal comprendre, et qui aurait provoqué cette coupure soudaine des communications. Elle voyait mes messages, les notifications de lectures étaient là. Elle se connectait au jeu. Mais quoi que je puisse lui dire, elle ne répondait plus, et se déconnectait. Je ne comprenais pas. Pourtant, je ne comptais pas abandonner si vite. On m’avait tellement blessé au cours de ma vie sentimentale que ce n’était pas grand-chose, cela ne m’arrêterait pas, j’étais certain de pouvoir réparer tout ça et, en définitive, pouvoir lui proposer une relation à définir.

En plus des messages de plus en plus espacés et des diverses tentatives de contacts de plus en plus subtiles, j’ai commencé à chercher son adresse exacte. J’ai donc observé, des heures durant, la rue où elle habitait pour déterminer l’emplacement de son logis. Plusieurs jours comme ça, obsédé par le désir de la revoir, de lui reparler et surtout de comprendre ce qu’il s’était produit... ce fut long. Très épuisant, mentalement. J’ai tenu bon, motivé par la récompense affective.

Un soir, alors que la nuit arrivait, je l’ai aperçue. Elle sortait de chez elle. J’avais enfin son adresse physique ! J’ai essayé de l’approcher, elle m’a vu, elle m’a fui. Je devais donc faire un choix, immédiatement. Abandonner, et accepter l’idée que je ne comprendrai jamais ce comportement. Ou assumer mon attitude proche d’un harceleur et la suivre pour obtenir une réponse. Me rassurant en me disant que je n’avais pas les intentions de ce genre d’hommes, je pouvais me permettre d’adopter leur attitude, vu que je ne lui ferai aucun mal. Je l’ai suivie, mais j’ai vite perdu sa trace. En rentrant, j’ai aperçu, au loin, dans le parc, quelque chose de blanc, qui a très vite disparu de mon champ de vision. J’ai accusé mon imagination et n’y ai plus fait attention, jusqu’à me réveiller le lendemain matin, après un cauchemar très étrange que j’ai associé à Anya. Pourquoi lui ai-je associé ? Très bonne question, je n’ai pas de réponse. Je sentais juste, au plus profond de moi, qu’il y avait un lien. Et plus j’y songeais, plus je m’en persuadais. En plus de m’expliquer clairement pourquoi elle me fuyait, elle pourrait m’expliquer ce cauchemar. Cela peut paraître idiot, dit comme ça, mais dans ma tête, c’était très clair, très cohérent, et il devenait vital que je la revoie pour clarifier tout ça.

Là où cela est devenu encore plus étrange, c’est quand mes amis m’ont aussi parlé dudit cauchemar. Tous avaient fait le même, ils s’en étaient rendu compte au détour d’une conversation. Et plus étrange encore (vraiment), eux aussi l’avaient associé à Anya, alors qu’ils ne l’avaient vu qu’une seule fois et ne lui avaient jamais parlé. Les larmes nous sont tous montées aux yeux. Nous n’étions pas trop portés sur le paranormal, mais une telle coïncidence, non, impossible. À mi-chemin entre l’appréhension et l’excitation — enfin quelque chose de bizarre qui changeait de la routine de nos existences — ils se sont mis à la chercher avec moi. Nous avons passé une matinée et une journée entière à demander à tout le monde, à tous les habitants de la rue, s’ils l’avaient vue aujourd’hui — bien sûr, nous avons sonné chez elle, sans réponse —, mais personne ne semblait la connaître ou se souvenir d’elle. Un vrai fantôme. Cette constatation en fit rire deux, et frissonner un autre, plus crédule.

Mes amis ont fini par laisser tomber. Pas moi. J’ai continué à attendre. À observer sa rue. Je croyais devenir fou, atteint, découvrant certainement un vice déterré de mon cerveau malingre couvé par ce dernier. Elle m’obsédait, c’en devenait maladif, je craignais de plus en plus pour ma santé mentale, mais j’avais toujours l’espoir d’une explication rationnelle et pardonnable, qui déboucherait sur... un couple ? Oui, je me raccrochais vraiment à tout et n’importe quoi, du plus négatif au plus improbable et positif.

Et, sur une fin d’après-midi, je l’ai vue. Elle se dirigeait je ne sais où, je l’ai suivie et ne l’ai appelée par son prénom qu’une fois arrivé à côté d’elle. Elle a aussitôt détalé en me lançant un regard affolé. Je lui ai crié « Tu dois me parler, tu dois m’expliquer ! Je t’en prie ! » Elle m’a ignoré, j’ai arrêté de courir... je lui avais demandé et expliqué plusieurs fois par SMS, elle savait très bien ce que je voulais et elle me connaissait un minimum pour savoir que je ne lui voulais pas de mal... Or, en me comportant comme je le faisais, j’avais conscience d’agir comme un violeur, un type aux mauvaises intentions, mes méthodes étaient brutales, inadaptées, mais ce n’était pas du tout ce que je souhaitais, je voulais simplement comprendre, l’aider si elle avait des problèmes, et surtout retrouver ce que nous avions construit cet après-midi-là, ensemble. Je ne parvenais simplement pas à le montrer dans mon comportement avec elle. Et elle ne me donnait aucune réponse, aucune piste, j’étais de plus en plus frustré, contrarié, ce qui me poussait à agir de la sorte...

Avant de perdre sa trace, je me suis remis à lui courir après. Je n’allais pas faire ça toute ma vie, merde ! Il fallait que cette situation trouve un dénouement. « J’ai fait un rêve bizarre, tu en es responsable, je le sais, explique-moi ! » Rien qu’en prononçant ces mots, j’ai eu envie de me taper. Que c’était stupide ! Là, c’était définitivement mort, j’étais encore plus bizarre qu’elle, elle ne me parlerait plus jamais. Mais ça ne répondait pas à ma question. Elle devait bien fuir pour quelque chose, bon sang ! Et ça ne pouvait pas venir de moi, car avant de commencer à la suivre — ce qui aurait parfaitement justifié sa fuite — je n’avais rien fait de mal, loin de là !

La course poursuite a continué, elle ne m’écoutait pas, ne me répondait pas, comptant sûrement sur mon abandon. Je gagnais un peu de terrain, mais assez peu, elle connaissait bien les rues. J’ai même failli la perdre de vue. Finalement, alors que l’horizon commençait à aspirer le soleil, elle s’est réfugiée dans un petit parc grillagé, juste sous un pont qui enjambait l’allier, la grande rivière qui longeait la ville. Un endroit un peu glauque, en somme, et peu éclairé, j’avais l’impression d’être dans un mauvais film.

J’ai passé l’entrée du grillage et je l’ai vue, assise au fond du minuscule parc, la tête entre les genoux, en pleurs. Ça a aussitôt fait tilt. Il manquait la pluie, mais on n’était pas loin de mon petit fantasme romantique. Sauf que je venais de lui courir après durant plusieurs jours. Perplexe, je me suis approché doucement, prononçant gentiment son nom, me montrant le plus délicat possible, le moins menaçant. Je me suis agenouillé auprès d’elle, sans la toucher, je lui ai parlé avec douceur. Sans relever la tête, elle m’a demandé de partir, a dit que je ne devais pas l’approcher.
— Je ne peux pas t’expliquer et tu ne peux pas comprendre... Je n’aurais pas dû te parler, désolée, pars.

Sa voix était sèche. Son ton, sûr. J’ai insisté, sans succès. Puis il y a eu du bruit, à l’extérieur du parc.

Je me suis retourné. Un homme était là. Anya l’a regardé, puis a baissé la tête. Est-ce qu’elle le fuyait lui ? Est-ce que c’était ça, la réponse à tout ? Elle m’aurait repoussé, ignoré, pour ne pas me mêler à une histoire d’ex ou je ne sais quoi ? J’ai plongé ma main dans ma poche, sortant mon couteau de légionnaire. Mon cœur battait à cent à l’heure. J’avais ce genre de fantasmes aussi... Défendre une nana contre son bourreau, exploser ce salaud, lui faire subir le pire, lui ôter la vie pour protéger celle de sa victime, libérer une fureur trop longtemps contenue au plus profond de moi tout en la rendant utile.

En arrivant au niveau du gars, le couteau bien en vue, je lui ai dit de dégager, de ne plus s’approcher d’elle. Le type avait une gueule cassée. Le genre de visage que l’on voit dans les vieux films américains. Le second rôle russe, moche et brutal, qui encaisse trois mille coups de poing sans broncher. J’avais ce genre de personne devant moi. Il m’a regardé. Un court instant. J’ai aussitôt eu la très désagréable impression qu’il n’était pas humain. Tout chez lui était grossier, comme taillé dans la pierre, assemblé pour duper les yeux inattentifs.
— Dès que tu sauras, tu partiras, m’a-t-il dit d’une voix rocailleuse, après un long silence.

Son visage ne se déformait pas. Aucune réaction faciale. Puis un deuxième type est sorti de nulle part. Plus baraqué. Gueule cassée aussi. OK, donc j’allais crever, en fait. Autant le faire avec classe. « Arrêtez d’emmerder cette fille ! » ai-je lancé d’une voix vacillante, en puisant dans la petite réserve de courage qu’il me restait.

Alors que je me demandais quel endroit viser pour tuer le premier type rapidement et pouvoir enchainer sur le deuxième, tout en doutant de mes propres capacités et des conséquences que cela allait entraîner, ce dernier m’a désarmé. Comme ça. En une fraction de seconde. Je l’ai observé, interdit, il étudiait mon couteau. Puis il m’a rendu ma propriété.
— Tu devrais partir. La nuit tombe.

J’ai récupéré mon arme, incrédule. Anya m’a dépassé, en passant dans mon dos. Totalement nue. J’ai mis deux bonnes secondes avant de changer d’expression faciale. Les deux types l’ont suivie. Ou plutôt, ils l’ont escortée. J’étais là, comme un con, sous un pont, à regarder la nana avec qui je voulais construire quelque chose et que j’avais, disons-le clairement, traquée plusieurs jours, s’éloigner avec deux loubards qui ne m’inspiraient aucune confiance. Et elle, à poil. J’ai songé au pire. Aux sévices. À la soumission. Aux viols. À pire...

La nuit est tombée. Les derniers rayons solaires mouraient à l’horizon, les ténèbres commençaient à envahir les lieux. Les deux gars se sont peu à peu écartés d’Anya. Elle a tourné la tête vers moi, un regard à la fois implorant, déçu et désolé. Elle ne voulait clairement pas que je sois là, que je sois témoin. Toute la question était : témoin de quoi ? Je l’ai su très vite.

Son corps a doucement disparu, effacé par les ténèbres, avant de s’illuminer peu à peu sous la forme d’une ombre blanche, vaporeuse, lévitant au-dessus du sol. J’étais tellement interloqué que je n’ai même pas remarqué la disparition des deux gars. J’ai regardé autour de moi, j’ai serré si fort le couteau que ma paume a blanchi. Il n’y avait personne. L’ombre blanche s’est mise à avancer, le long de la berge piétonne, remontant dans le grand parc. Stupéfait, déboussolé, interdit, je l’ai suivie, sans meilleure idée à appliquer.

Les ombres au sol semblaient réagir à sa présence, comme si elles la fuyaient. Plus la nuit s’accentuait, plus le phénomène amplifiait. L’ombre blanche errait dans le parc, lentement, demeurant dans les zones encore un peu éclairées, poursuivant doucement les ombres au sol, qui se tordaient pour ne pas entrer en contact.

J’ignorais si je devais fuir ou chercher à comprendre. Putain, c’était quoi ce bordel ?! Je progressais sans regarder où j’allais, restant à bonne distance de ce qu’était devenue Anya. Or, plus je restais dans les zones éclairées par les lampadaires, plus je me sentais en danger, comme si je mourais de l’intérieur. Je sautillais sur place, fuyant la lumière, rejoignant les ombres, ombres qui fuyaient Anya. Je pressentais que je devais courir et rester dans les ombres, ne jamais être dans la lumière, et ne pas trop m’approcher d’Anya. Pourtant... je restais à proximité. Têtu, je m’étais attaché à cette nana et peu importait l’aspect parfaitement anormal, incompréhensible et menaçant du bordel qui se dévoilait sous mes yeux, je n’avais pas l’intention de l’abandonner.

Je restais à portée de l’ombre blanche, qui commençait à absorber certaines ombres trop lentes pour lui échapper, en un horrible son que j’entendais à peine. Un son provenant d’ailleurs... des enfers, d’autres dimensions ? Des sonorités dignes du plus horrifiant des films, du plus prenant et réussi des jeux vidéos d’horreur. Je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il se produisait, de la nature du phénomène, de ce que je risquais, de la durée ni de l’état dans lequel je serais à la fin de tout cela, ni s’il existait une fin au cauchemar éveillé qui m’était donné de vivre.

Je ne saurais estimer le temps que j’ai passé à suivre l’ombre blanche sur son parcours nocturne, à rester avec difficulté dans les ombres qu’elle avait dépassées, à lutter à chaque seconde avec mon propre instinct de survie, alors qu’elle absorbait ce qu’elle atteignait. Je l’ai suivie des heures en tout cas, et ce jusqu’au petit jour, où elle a repris forme humaine lorsque les premiers rayons solaires sont venus lécher les chemins du parc. Nue, épuisée, elle s’est recroquevillée contre un arbre, la tête entre les genoux. Plusieurs ombres noires l’entouraient. Ombres qui ont pris forme humaine, lorsque je me suis approché. Il y avait les deux loubards de tout à l’heure, nus également. Sans appareils génitaux. Sans nombril.

Mort de trouille, ne cherchant même plus à comprendre quoi que ce soit, je me suis aussitôt rué vers Anya, agitant mon arme contre les ombres-hommes qui l’entouraient, m’interposant entre elle et eux. Ils se sont écartés, sans un mot, alors que je m’agenouillais auprès d’Anya, empli de terreur et de compassion à son encontre, posant une main contre son épaule. Sa peau était gelée, très douce. Je ne voyais pas son visage, j’essayais de ne pas penser, vulgairement, à sa poitrine ou au reste, ni à ce qu’elle était en réalité — une sorte de morte ? Autre chose ? Tout en supposant qu’elle endurait ça chaque nuit et sûrement depuis bien longtemps, vu le peu de vaillance qu’il lui restait, j’ai retiré mon t-shirt, l’entourant avec, frictionnant ses bras, ignorant l’agression du froid contre mon propre torse, peu fourni et squelettique.
— Je ne sais pas comment tu fais... chaque nuit ? ai-je eu la force de la questionner, les lèvres engourdies par le gel et la voix perturbée par la peur encore tenace.

Elle a hoché la tête, encadrée par ses cheveux, sans me regarder, sans la relever. J’ai collé mon front au sien, essayant de la serrer maladroitement dans mes bras, grelottant de froid, mais soulagé que tout ait pris fin. Puis, accusant mentalement les autres choses autour de nous, je me suis relevé, couteau à la main.
— C’est votre faute hein ?! Barrez-vous ! Ou je vous bute !

Aucune réaction de leur part, j’avais beau les menacer les uns après les autres, aucun ne bougeait ni ne se donnait la peine de s’exprimer. Ce qui devait être l’un de leurs congénères apparut dans mon champ de vision et se rapprocha de moi. Les autres s’écartèrent de son chemin, sans doute par crainte. Je me suis rué sur lui, le couteau levé, prêt à le tuer. Je l’ai raté, ou il a esquivé mon coup, sans m’affronter, et alors que je me retrouvais par terre, je l’ai vu rejoindre les autres types inhumains. Je me suis relevé précipitamment pour m’interposer de nouveau entre Anya et eux. Les inhumains conversaient.
— Il l’a suivie toute la nuit, a dit le premier.
— Il n’a pas cédé, il veut la protéger, ajoutait un autre.
— Rien ne peut la protéger.
— Il n’a pas peur de nous.
— J’aurais aimé avoir ça à mon époque.
— Il mourra, comme les autres. Elle le tuera, tôt ou tard.

Je ne cherchais même pas à relier leurs paroles à la situation. Quelles que soient ces choses, quelles que soient leurs intentions, elles ne semblaient pas nous attaquer et seul l’état d’Anya m’importait dans l’immédiat, j’avais fait tout cela pour elle, pour rien d’autre. Je me suis calmé, me suis de nouveau agenouillé auprès d’elle et l’ai serrée dans mes bras avec autant d’ardeur que j’ai pu, gêné par sa position, qu’elle n’avait pas changée.
— Je suis tenace, OK ? lui ai-je affirmé d’une voix tremblante et peu sereine. Raconte-moi, dis-moi ce que tu es, c’est quoi toute cette merde qu’on a vécue cette nuit ?

Elle a enfin relevé la tête. Ses yeux étaient les mêmes qu’à notre première rencontre. Cernés. Humains. Attirants. Je n’ai pas compris tout ce qu’elle m’a expliqué sur le moment. Elle m’a confirmé que cela arrivait chaque nuit. Qu’elle n’avait pas le moindre souvenir d’avoir dormi de toute sa vie. Que ceux qui la touchaient lorsqu’elle était en ombre blanche mouraient. Qu’elle se nourrissait des ombres normales, qui ne le souhaitaient bien évidemment pas, comme douées d’une volonté propre, et que si elle ne le faisait pas, elle s’affaiblissait, et ne retrouvait pas sa forme humaine. Que sous cette forme d’ombre blanche, elle était attirée par les hurlements silencieux des autres ombres, mais qu’elle luttait férocement pour demeurer dans l’éclat lunaire ou les lumières citadines. Les non-humains qui l’entouraient l’escortaient, l’observaient. Il ne s’agissait pas d’alliés, mais pas d’ennemis non plus. Ils existaient juste autour d’elle, généralement invisibles. Ou quelque chose du genre. On aurait tout le temps d’en rediscuter, apparemment. Ses barrières semblaient brisées, j’étais entré dans sa forteresse.
— Allons récupérer mes affaires... m’a-t-elle suggéré. Je te rendrai ton t-shirt. Je suppose que tu as eu pas mal de réponses ce soir... et ta dose de vérité.
infernal-reader

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par infernal-reader »

Il y a quelque temps, j'ai commencé à écrire des lettres à un inconnu (je ne les envoie pas mais c'est comme si j'écrivais au futur homme de ma vie en attendant de le rencontrer). Voici la première de ces lettres :


Un jour, quelque part où je pense à toi,

Cher Inconnu

Je ne sais pas encore qui tu es - bientôt j'espère - mais ça ne fait rien. Bien sûr, tu ne liras jamais cette lettre en tant qu'anonyme : soit tu ne la verras tout simplement jamais, soit tu la liras devant moi avec mon prénom au bout des lèvres, et alors j'aurai moi aussi un prénom à te donner. Si cette seconde option se produit, mon voeu se sera réalisé : nous nous serons rencontrés, puis reconnus. Peut-être même les deux en même temps. Crois-tu au coup de foudre ?
Oui cher Inconnu, je crois que tu as déjà compris qu'il y a une chose que je ne t'ai pas dite. Alors voilà : je sens que je t'aime. J'ignore tout de toi, jusqu'à ton nom et la couleur de tes yeux. Je ne sais rien de toi. Je ne sais rien et un autre occupe encore mes pensées, habite encore mon cœur abîmé. Pourtant je n'ai pas peur de ces trois petits mots. C'est étrange, mais j'ai la certitude qu'un jour j'aurai l'occasion de te les murmurer à l'oreille. Alors je connaîtrai ton odeur, la couleur de ta peau. Je t'aime un peu en avance. Alors pour l'instant, je range soigneusement mes précieux souvenirs dans un coin douillet de mon cœur. Ainsi, je ne les oublierai pas, mais il y aura de la place pour t'accueillir le moment venu. Un jour, quelque part, tu ne seras plus un inconnu ; tu seras mon Inconnu.

Dans l'attente de te découvrir - un jour, quelque part,

Ton Inconnue
Enavres

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Enavres »

Bonsoir !
J'ai écrit cette petite nouvelle, juste avant que le concours soit lancé... Mais il me semble qu'elle rentre dans cette idée de rencontre avec un inconnu !
Bonne lecture et bonne chance à tous les participants :)





A l’heure prévue, Bastien se lève des escaliers. Il quitte sa posture avachie et trois bouteilles de bières vides sur le perron, met sa capuche et ses mains dans ses poches, et part, sans se retourner.
*
De l’autre côté de la rue, Dimitri souffle sur ses mains. Le contact est coupé depuis longtemps déjà, dans sa voiture. Il attend que les passants quittent à leur tour le trottoir pour en sortir.
*
Christabel tourne. Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas les bouteilles. Elle trébuche. Elle peste, et les ramasse.
C’est fou ce que les gens sont sales ! 15 :32
Lol, ne m’en parle pas. Tu as encore glissé sur une peau de banane ? 15 :33
Haha, très drôle. 15 :34
Cette fois, tu ne m’immortaliseras pas, j’ai juste failli tuer des bouteilles abandonnées. 15 :34
*
Dimitri plisse les yeux. Les choses ne se passent pas comme prévu. Il sort, sans verrouiller la portière.
*
J’ai l’impression qu’on me suit. 15 :42
Ca doit être le même chien errant que la dernière fois. 15 :42
Je t’avais dit de ne pas le nourrir, il va te coller aux basques maintenant ! 15 :43
C’est un plus beau spécimen, cette fois ! 15 :45
Montre-moi ça !! 15 :45
Haha, je vais essayer ! 15 :46
*
Problème. 15 :40
Je suis sur le coup. 15 :40
Tu sais ce qui t’attends… 15 :50
*
Christabel jette un œil sur la vitre de l’abribus. Si ce jeune homme est bien en train de la suivre, elle doit bien avouer qu’elle le trouve très à son goût. Elle en vient presque à espérer que ça soit le cas.
*
Dimitri allonge un peu le pas et se rapproche. Il tente de la bousculer. Les bouteilles tombent de sa main et elle lâche son sac.
- Oh, je suis désolé ! Excusez moi mademoiselle, attendez, je vais ramasser tout ça…
Il prend les bouteilles.
- Ne vous embêtez pas, j’allais justement les jeter.
- Il y a une poubelle là derrière, je vais le faire.
- Oh, mais c’est du verre… Je vais trier ça chez moi, ne vous en faites pas. Merci !
- J’insiste…
- Je suis presque chez moi, ça ira. Bonne journée !
Il lui rend son sac.
*
Christabel passe le pas de la porte. Elle pose son sac, ses clefs, les bouteilles sur la table de l’entrée. Elle pousse un long soupir. Vivement qu’ils réparent l’ascenseur ! Elle lance la bouilloire et la musique.
En plus d’être beau, il est serviable ! 15 :54
Lol, comment tu le sais ? 15 :55
Il est aussi maladroit… ;) 15 :55
Craquant ! 15 :56
Alors, il te suivait ? 15 :56
Si seulement, haha ! 15 :57
*
Dimitri fait tourner la carte dans ses doigts. Elle est vraiment jolie, cette enquiquineuse. Il espère pouvoir tout régler facilement.
*
Christabel défait ses cheveux et ses lacets. Elle esquisse trois pas de danse pieds nus, jusqu’à sa bouilloire. Elle met le thé à infuser dans sa tasse, et s’assied devant les trois bouteilles. Elle fronce les sourcils. C’est curieux, il y a quelque chose dans l’une d’entre elle…
*
Dimitri attend.
Le temps s’écoule, Dimitri. 16 :00
Tu sais ce qui t’attends. 16 :02
Oui. 16 :04
Dimitri soupire. Il commence à être nerveux. Enfin, quelqu’un pousse la porte de l’immeuble. Il cherche le nom correspondant sur les boites aux lettres.
*
Avec ses doigts fin, elle tire un petit rouleau de la bouteille. Il y a deux gros billets, un message et un sachet qu’elle n’identifie pas enroulés. C’est étrange. Elle lit le message, ne le comprend pas, mais n’ose pas ouvrir le sachet. Cela l’inquiète. Elle regarde l’heure : 16 :10. Elle ira embêter les policiers demain. Elle les range dans un tiroir, et laisse les bouteilles sur la table.
*
Dimitri sonne.
*
Qui cela peut-il être, un dimanche à cette heure-ci ? Elle n’attend pourtant personne…
*
Il lui fait un beau sourire. Elle est en robe légère dans l’encadrure d’un appartement aux tons chauds de l’été, illuminé par le soleil qui passe à travers la vitre, bien qu’on soit en hiver. Elle fronce les sourcils mais sourit aussi.
- Euh… Oui ?
- Christabel… C’est ça ? Vous avez fait tomber votre carte tout à l’heure. Heureusement qu’il y a votre adresse dessus !
Il fait mine de fouiller dans son sac, en sort des choses. Elle l’invite à entrer. Il pose son sac sur la table, à côté des bouteilles. Il prend la carte et la lui tend.
- Oh, merci ! Je n’avais pas réalisé que je l’avais fait tomber, tout à l’heure. Vous prendrez bien un verre en remerciement, euh… ?
- Dimitri. Avec joie.
Il est vrai qu’elle est jolie, la Christabel. Il espère que tout va bien se passer, ce serait dommage, autrement. Il sent une vibration, dans sa poche. Il peste intérieurement. Il regarde l’heure. 16 :20. Il craint que les choses ne se gâtent.
*
Ils discutent de la musique qui passe le temps qu’il finisse sa tasse de thé, puis le moment se prolonge. Il regarde ostensiblement l’heure, et dit devoir y aller. 18 :03. Il fait nuit, dehors. Ils échangent leurs numéros, et il propose de jeter les bouteilles en descendant.
*
Elle ferme la porte.
J’ai son numéro ! 18 :05
Waaah ! Raconte-moi tout ! 18 :07
Christabel hésite.
J’ai aussi trouvé quelque chose de bizarre… 18 :10
Quoi donc ? 18 :11
Il vient d’une autre planète ? 18 :11
Il a un troisième œil ? 18 :11
Il parle russe, breton et vietnamien en même temps ? 18 :11
Lol, raté. 18 :12
Rien à voir avec lui. Il y avait un message dans une des bouteilles meurtrières. 18 :13
Qu’est-ce que ça dit ? 18 :13
Aucune idée. Je ne sais pas quelle langue c’est. 18 :14
*
Devant la benne, Dimitri observe les bouteilles. Il devient blanc, et jette violemment une bouteille au sol, qui explose. Il est en colère. Il a peur. Christabel, Christabel…
*
18 :18.
Il sonne.
- Désolé, c’est encore moi, je crois que j’ai oublié mes clefs chez toi…
Ils cherchent. Les clefs n’y sont pas.
- Merde… J’ai dû les faire tomber dans la benne tout à l’heure. J’avais entendu un bruit, je ne pensais pas que c’était ça. Rah, flûte, comment je vais faire ?
- Les éboueurs passent demain, une de mes amies en fait partie. On les récupérera à ce moment-là, si tu as de la chance.
Dimitri a vraiment l’air inquiet.
- Ça va aller ?
- Ouais, enfin je ne peux plus rentrer chez moi, quoi…
Christabel fait la moue. Elle a l’impression qu’il y a autre chose. Et si…
- Tu… Tu veux rester dormir ici ce soir ? J’ai le canapé, si tu veux…
Ils échangent un long regard.
*
Demain. Je n’ai pas le choix. 18 :37
Cela ne dépend pas de moi. 18 :52
Je fais de mon mieux. 19 :14
Le temps tourne, Dimitri. 19 :25
Tu sais ce qui t’attend. 19 :25
*
Dimitri soupire et s’affale sur le canapé.
- Il y a un souci ?
- Non, non, rien, c’est cette histoire de clef qui m’agace.
- Ne t’en fais pas, tout s’arrangera demain. Mon amie est déjà sur le coup !
- Haha, merci, je ne voudrais pas abuser.
- Ne t’en fais pas. Tu sais, j’ai l’impression qu’il y a autre chose qui te préoccupe.
Dimitri lui lance un long regard torturé. Il ne dit rien. Elle a vraiment un beau et grand sourire. Il s’étale un peu plus sur le canapé.
*
Ding !
Christabel ouvre le tiroir et farfouille avant d’en sortir ses clefs. Dimitri aperçoit quelque chose. Elle ouvre la porte au livreur, le paye, et voit Dimitri qui fronce les sourcils en se retournant.
- Un problème ? demande-t-elle dans un sourire.
- Non, rien.
*
Christabel lave les assiettes, pendant que Dimitri s’est éclipsé un instant. Son regard tombe sur la carte qu’il lui a rapportée. C’est bizarre, il n’y a pas son adresse dessus, pourtant… Elle hausse les épaules et range la vaisselle.
*
Le temps file, Dimitri. 21 :03
Tu sais ce qui t’attends. 21 :04
*
Christabel est sous la douche. Dimitri ouvre le tiroir. Il trouve le sachet, les billets, pas le message. Il est nerveux. Il s’inquiète. Il sait ce qui l’attend.
*
Dimitri ouvre la porte.
- Oh ! pardon, je cherchais les toilettes…
Christabel vient de sortir de sa douche, a les cheveux humides et est seulement entourée d’une serviette. Elle rougit.
- Ce n’est pas grave. C’est la porte verte, juste à côté. Tu es sûr que tout va bien ?
Dimitri la fixe. En fait, elle est tout simplement belle. Il ne sait pas quoi faire. Il reste là, immobile.
- Dimitri ?
Il croise son regard.
- Oui, pardon.
Il sort. Il passe la porte verte, juste à côté.
*
J’ai récupéré les timbres et la boite. Manque le livre. 21 :08
*
Il est adorable mais il a l’air d’être… perturbé par quelque chose. 21 :10
Bah, ça doit être ton charme fou ! 21 :10
Je vous vois demain, ma belle, amusez-vous bien ! ;) 21 :11
Héhéhé ;) 21 :11
*
Dimitri. 21 :21
Nous savons où tu es. 21 :21
*
Christabel est sortie. Dimitri l’observe, drapée dans une robe pull, ses cheveux mouillés sur les épaules. Elle s’assied à côté de lui sur le canapé. Elle s’installe en tailleur et se sert une tasse de thé chaud. La musique tourne toujours, depuis qu’elle est rentrée, il y a cinq heures. Il l’invite à faire quelques pas de danse.
*
Tu sais ce qui t’attend, Dimitri. 22 :45.
Dimitri ne voit pas le message. Ils sont dans le noir.
*
C’est étrange, elle a pu sentir comme de nombreuses cicatrices sur ses épaules. Et ses côtes étaient sensibles. Elle s’inquiète pour lui. Régulièrement, il reçoit des messages. Malgré tout ce qui s’est passé, il reste nerveux.
*
Christabel dort. Il sort de la chambre à pas de loup. Dans le couloir, il allume la lumière. Son reflet lui renvoie l’image d’un homme nu. C’est un corps fort et brisé. Il se détourne. Il ouvre le tiroir. Le message n’y est pas.
*
Il n’a plus le choix.
*
Debout ! On arrive dans votre rue, les gars sont au courant, mais vous avez intérêt à être efficaces ! 5 :03
*
11h, dernier délai. 00 :02
Il lui reste six heures.
*
Je suis vraiment désolée que ça n’ait rien donné ! 5 :20
Oh tu sais, je ne peux pas dire que ça ne m’arrange pas… ;) 5 :21
*
- Je suis désolée, pour tes clefs…
Dimitri a l’air embêté.
- Ne t’en fais pas, j’en ferais refaire un jeu. Tu pars déjà ?
- Oui, je dois faire un petit détour avant d’aller au travail. Je dois passer à la gendarmerie, j’ai des papiers pour eux. Tu restes ici jusqu’à ce midi ?
Elle le regarde, pleine d’espoir. Il acquiesce. Son sourire ensuite, il est si beau.
*
Elle ouvre le tiroir, prend ses clefs et des feuilles dedans, fouille un instant en fronçant les sourcils. Elle jette un œil à son sac, et pense « bah, ça doit déjà être dedans ».
*
Il comprend. Il la laisse partir. Il se précipite sur le tiroir, celui d’en dessous, celui d’au-dessus. Il ne le trouve pas.
*
Dimitri les observe : dans sa main gauche, les billets ; dans la droite, le sachet. Son écran s’allume.
Il est 8h, Dimitri. 7 :59
Tu sais ce qui t’attend. 8 :01
Il se prend la tête dans les mains.
*
Christabel ? 8 :05
Oui, Dimitri ? 8 :06
Je te manque déjà ? ;) 8 :07
Je t’en supplie. 8 :07
Reviens. 8 :07
Maintenant. 8 :07
Elle est perplexe.
*
Qu’est ce que tu fais chez ta petite copine Dimitri ? Tu sais ce qui t’attends. 8 :10
Pourquoi est-ce qu’elle est allée à la gendarmerie ? 8 :11
Elle est en ce moment même en train d’attendre à un passage piéton. Si elle levait les yeux, elle croiserait mon regard, et pas que. 8 :12
J’espère pour toi que tu sais ce que tu fais. 8 :13
Tu sais ce que tu risques, Dimitri. 8 :13
*
Dimitri ? Il y a un de tes copains devant ma maison, c’est toi qui lui as demandé de surveiller l’entrée depuis tôt ce matin ? Je ne comprends pas. J’ai l’impression qu’il n’est pas tout seul. 8 :15
*
Ding !
Enfin elle est de retour. Dimitri se précipite sur la porte, l’ouvre. Il s’écrit :
- Christ…
Il s’interrompt. Il perd connaissance.
*
Plus qu’un étage. Christabel se pose de plus en plus de question. Mais ? Sa porte est ouverte…
*
Dimitri ? Que se passe-t-il ? Tes copains, ils me fixent par la fenêtre, je ne comprends pas… 8 :30

Dimitri ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? 8 :40
*
Si tu l’ouvres, vous êtes tous morts. 8 :35
*
- Merci d’être venue ce matin, Mademoiselle. Nous sommes désolés pour le dérangement, mais nous avons dû intervenir. S’il coopère, le jeune homme ne devrait pas trop mal s’en sortir.
- Attendez, je ne comprends pas… Il n’a rien fait de mal. J’avais trouvé ce… ce que vous savez dans la rue, par terre. Il n’y est pour rien.
Dimitri reprend connaissance. Il essaie de porter une main à son visage, mais ses mains sont menottées. Il devient livide, se redresse brusquement. Il tente de reculer, mais fait juste basculer la chaise sur laquelle il est installé.
- Mamie !
Il s’écrit. Le gendarme hausse un sourcil.
*
Il semblerait que tu n’aies pas rempli ta part du contrat. 8 :50
Elle est finie. 9 :01
*
Dimitri, tes jeunes copains sont en train de forcer la porte. Je vais appeler la police, tu m’inquiètes, mon petit. 8 :53
*
Bzzt.
Bzzt.
Bzzt.
Le gendarme essaie de parler à Dimitri, mais il n’entend rien. Il se comporte comme une bête en cage. Christabel est désemparée. Dépassée. Elle fronce les sourcils. Elle prend le téléphone, tombé sur le plancher, et le déverrouille, comme elle a vu Dimitri le faire. Le policier la voit devenir blanche.
Elle s’assied d’abord, puis sort de la pièce, et se précipite vers la porte verte, juste à côté de la salle de bain.
*
La porte est toujours ouverte.
*
--- Si pas de réponse, nous montons ---
*
Dimitri reconnaît Bastien. Il s’avance dans le salon, une main, tenant une arme, sur la bouche de Christabel, l’autre lui tenant les mains dans le dos. Il est accompagné d’Ahmed, qui les menace.
- Christabel !
Dimitri revient à la situation actuelle. Il ne peut rien faire. Toujours en tenant en respect le policier, Ahmed ramasse le téléphone, tombé au sol et toujours déverrouillé. Avec un sourire narquois, il montre la vidéo que Dimitri vient de recevoir.
*
Le concierge, interloqué, voit trois hommes des forces de l’ordre dans les escaliers.
- Vous…
Un regard lui coupe la parole.
*
Dimitri hurle.
- NON !
Il se lève brusquement, le visage déformé par la colère et le désespoir. Il arrive à envoyer à travers la pièce l’arme d’Ahmed, qui en sort aussitôt une seconde. Dans le même temps, Bastien libère la bouche de Christabel et lui pointe son arme sur la tempe.
*
Ils entendent un cri. Ils ne peuvent pas se permettre d’être essoufflés, ils entrent discrètement. Ils assistent à une succession d’événements rapides avant de pouvoir intervenir.
*
Ahmed voit le policier tenter de récupérer l’arme au sol. Il repousse d’un bras Dimitri qui se jette sur lui les mains toujours liées, et tire un unique coup.
L’agent s’écroule.
Christabel crie. Bastien la fait taire.
Ils s’avancent :
- Pas un geste !
Le premier attrape Dimitri qui se débat, les deux autres tiennent en respect Ahmed et Bastien, qui a toujours son arme sur la tempe de Christabel.
Il sourit. Il fait glisser son arme dans son décolleté pour la pointer directement sur son cœur.
- Ce serait dommage qu’il lui arrive quelque chose, non ?
Les deux agents s’avancent d’un pas. Un « clic » retentit, le sourire de Bastien se glace. Ahmed ne bouge pas.
- On ne voudrait pas qu’il lui arrive la même chose qu’à ta grand-mère, hein…
Dimitri se libère de la prise de l’homme qui le tenait. Il se jette sur Ahmed, qui trébuche sur le corps au sol. Un coup est tiré.
Les deux hommes ne se relèvent pas.
- Dimitri !
Bastien resserre sa prise sur la jeune femme. L’arme à nouveau sur son visage, conscient de sa position de force, il avance pas à pas vers la sortie avec elle. Les agents le menacent mais ne peuvent rien faire.
Un pied de table.
Un moment d’inattention.
Christabel parvient en un mouvement à libérer son bras. L’arme tombe. Il la prend aussitôt par le cou.
- Lâchez-la.
Il resserre son étreinte. Elle cherche son souffle.
Les deux agents l’entourent.
Il jette un coup d’œil à la porte. Toujours ouverte.
Il pousse Christabel sur les deux hommes et s’enfuit.
*
- Allô, Josiane ? Oui, attends un instant.
Le concierge entend des pas précipités dans l’escalier. Il comprend. Il se précipite pour fermer la porte. Il voit un jeune homme débouler.
Juste à temps, il le plaque au sol. Sa tête cogne le marbre du sol et du mur. Il se relève, satisfait.

- Oui, Josiane, tu disais ?
*
Clac.
Les menottes se décrochent. Son épaule droite est couverte de sang.
Christabel appelle une ambulance, la voix tremblante, tandis que les agents récupèrent Ahmed et Bastien.
*
Et alors, ma belle, aucun message de la journée après ce que j’ai fait pour vous ce matin ? 19 :12
Ton bad boy t’occupe tant que ça ? 19 :13
Tu ne crois pas si bien dire… 20 :18
*
- Oh tu sais, Josinette, dit-il en s’asseyant, j’envisage de me remettre au rugby. J’ai… reçu un signe.
Sandryn

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Inscription : mer. 09 mai, 2018 10:32 am

Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Sandryn »

Bonjour, voici un extrait d’une Nouvelle que j’écris en ce moment sur Wattpad. J’espere que ma rencontre avec un inconnu vous plaira.

Color Of Love

A travers vos yeux, je suis une jeune métisse, le teint hâlé, les cheveux bouclées et des formes voluptueuses. Dans les miens, je suis noire.
Je n'ai jamais prêté attention à ma couleur de peau. Mon père est un honnête homme blanc travaillant dans l'aéronautique et ma mère est noire et professeur de lettres à l'université de Columbia. Ils se sont rencontrés durant leurs études et selon leur récit, c'était un véritable coup de foudre. J'ai grandi avec tout leur amour dans une banlieue chic de New York.

J'ai rencontré Ryan durant mon premier jour à la fac. Il faisait le pitre pendant que l'on suivait notre guide. Nous nous sommes très vite entendu. Ajoutez à cela que nous partagions plusieurs cours ensemble, nous sommes vite devenu inséparables. Ryan est noir. Il vient de Brooklyn, il y est né, y a grandi ... y est mort.

Quelques jours avant la remise des diplômes, comme à notre habitude, nous étions chez sa mère Eloïse, à nous empiffrer de ces bons plats. Aux alentours de six sept heures, nous repartions en direction de la fac quand une sirène nous fit sursauter. Je regardais par le rétroviseur pendant que Ryan se mettait sur le bas côté et observais cette voiture de patrouille juste derrière nous et ces gyrophares hypnotisants.

- Alex, écoute moi! Tu ne bouges pas, tu ne parles pas. D'accord ?
- Mais pourquoi tu flippes autant, ce n'est qu'un contrôle, détend toi Ryan!
- S'il te plaît!

Il avait l'air si paniqué. Je ne comprenais rien à ce qui l'effrayait autant. Au pire, nous écoperions d'une simple contravention.

- Monsieur, votre pneu arrière gauche est lisse. Vos papiers s'il vous plaît.

Il regardait brièvement dans l'habitacle. Posa son regard sur moi. Je n'oublierai jamais ce regard méprisant.

- Papier du véhicule s'il vous plaît.

Et la, tout est allé très vite. Ryan s'est penché vers la boîte à gant pour y sortir les documents demandé, l'instant suivant, le policier hurlait « main en l'air, les mains bien en évidence ». Mon cœur battait a tout rompre. Ryan hurlait qu'il n'était pas armé, et puis, plus rien. Je serrais si fort les paupières espérant me sortir de ce cauchemar. Une main me trainait hors du véhicule. Quand je me décidais enfin à ouvrir les yeux, il était là. Ryan. Inerte, couvert de sang. Le Bras ballant contre ma cuisse. Cette image ne me quitta plus jamais.

- Mademoiselle sortez du véhicule
- Est ce qu'il ... il est ... vous l'avez tué?

La douleur à cet instant était indescriptible. Comme si l'on comprimait encore et encore mon cœur et mes poumons. Je n'arrivais plus à respirer. Je voulais crier, mais aucun son ne déniait sortir. Je regardais le policier qui ne semblait pas ébranlé pour un sous. Son collègue riait au téléphone. Un monde parallèle ai je pensé. Je plantais mes ongles dans la chaire de mes cuisses essayant de me sortir de ce mauvais rêve. Ça ne pouvait pas être réel. Je les plantais si fort que je vis une traînée de sang couler le long de ma jambe.
Quelques jours après le meurtre de Ryan, plusieurs manifestations avaient eu lieu un peu partout dans l'état. Je n'ai participé à aucunes d'entre elles. Je n'ai rien voulu savoir de l'affaire, pas même le nom de l'enfoiré qui a tué mon meilleur ami. Son frère m'a dit qu'il avait été acquitté. Je ne voulais rien savoir de plus. Je ne voulais garder que les bons moments. Ce jour n'a jamais existé. Du moins, je tentais de m'en convaincre.
Puis, les cauchemars ont fait leur apparition. J'ai une peur panique du bruit des sirènes. Ce qui n'est pas évident quand on vit en plein de cœur de Manhattan. Trois ans se sont écroulés sans que ces symptômes ne disparaissent. Mes parents ont voulu que je parle à un psychologue. Vingt quatre séances plus tard, ils ont dû admettre qu'ils n'obtiendraient rien de moi. J'ai vingt six ans, un emploi stable dans une boîte de pub, mon appartement et ... mon sanctuaire dédié à Ryan. Dans un coin de mon dressing, un pan de mur rempli de photo de lui et notre petite bande. Mon lieu de recueil. Dés photo à la fac, chez mes parents, au concert de britney spears .
- Rappel moi pourquoi j'ai accepté de t'accompagner?
- Parce que tu m'aimes pardi!
- Britney Spears Alex, ma virilité en prend un coup
- Ta virilité ne crains rien. Tu les fais toutes craquer

Vie sentimentale ? Zéro! Outre quelques aventures sans suite, je suis satisfaite des plaisirs que me procure mon Bunny.
Vie sociale ? Faible. Anna, ma collègue et maintenant amie est ma seule distraction à New York. Je me suis rendu compte que j'étais effrayé à l'idée de me faire des amis pour ensuite les perdre. Je n'ai pas eu besoin du psy pour arriver à cette conclusion. Je vis en recluse la plupart du temps. Boulot, Dodo. J'ai de la chance de vivre à quelques pas de mon travail. Vous trouverez sûrement stupide que je ne sois pas remonté en voiture après ce jour là, et pourtant, je n'y arrive pas. La journée je me plonge dans mon travail, le soir, je commande un plat et m'affale devant Netflix. Une vie ennuyeuse et monotone, mais qui ne va parfaitement.

****

- Alex, tu viens déjeuner ?
- Donne moi une minute et j'arrive

Je clique sur envoyer et rejoins Anna et Katy, la comptable de la boîte plus enceinte que jamais devant les ascenseurs.

- Tu vas exploser ma belle! Dis je en taquinant Katy
- De grâce Alex, pose un filtre
- Bah quoi ? Tu en es à combien ? Dix mois ?
- J'aimerais t'y voir

Katy est adorable. Elle a trente cinq ans, attend son deuxième enfant et c'est un bol d'air frais dans la boîte.
On s'installe à notre table habituelle dans un bistrot juste en face de notre immeuble.

- Tu es magnifique Katy. Tu sais que je te taquine
- Pourquoi suis je si silencieuse d'après toi? Tu pensais que je n'avais aucunes réparties ?
- Pourquoi es tu venu déjà ? Tu n'es pas censé rester chez toi à préparer l'arrivée du bébé ? Lui demande Anna
- Je m'ennuyais et c'est juste pour aujourd'hui, demain, qu'il le veuille ou non, je fais un scandale pour être admise à la maternité. Je n'en peux plus.

On rigole en la voyant si désespérée. Le serveur vient prendre notre commande. C'est le même depuis deux ans. Un beau blond au look rétro qui ne quitte jamais Anna du regard. Elle n'a toujours rien remarqué.

- Les filles, j'ai une contraction, genre une fooooorte contraction
- Tu blagues ? Je lui demande
- Jai l'air de plaisanter?
- Restons calme, pas de panique! Nous dit Anna. On appelle les pompiers ?
- L'hôpital n'est pas très loin, on peut y aller en voiture, ça ira plus vite. Répond Katy
- Tu peux conduire ?
- Sérieusement Alex ? Au cas où tu ne le verrai pas, je suis sur le point d'avoir un bébé

Je me tourne vers Anna cherchant un soutien

- Ne me regarde pas, je n'ai pas le permis
- Tu es sure qu'il n'y a pas un autre ...
- Aaaaaahhhhhh ! Hurle Anna en se tordant de douleur
- Ok Ok, donne moi les clés. Allons y

Je m'installe derrière le volant, ajuste mon siège ainsi que les rétroviseurs. J'ai les mains qui tremblent atrocement en bouclant ma ceinture. Anna soutient Katy à l'arrière. Je prends une grande inspiration et me lance dans la circulation dense de Manhattan. Je suis concentrée sur la route, les mains crispées à dix heure dix, je chantonne dans ma tête Run The World. Katy hurle à l'arrière, les contractions semblent la faire souffrir le martyre.

- Va plus vite Alex ! M'intime Anna

Je ne l'écoute pas et reste focus sur ma tache. Elle me touche l'épaule ce qui me fait sursauter et répète

- Plus vite Alex
- Je fais ce que je peux
- Aaaaaaaaaahhhh
- Pourquoi tu trembles autant ? Rassure nous, tu as le permis ?
- Juste, taisez vous !

J'aperçois le regard ahuri des filles et me rend compte que je venais de crier.

- Je suis désolée. Je suis ... stressée

Je ne pouvais rien dire de plus, elles n'étaient pas au courant et je ne souhaitais pas qu'elles le soient. Au même moment, des gyrophares apparaissent, je crois revivre un mauvais rêve, je me mets sur le bas côté

- C'est malin, il a fallu que l'on tombe sur les flics ! Dit Anna

J'enfonce ma tête contre le siège, je tente de me calmer tant bien que mal, mais mon corps ne répond plus. Je sens les larmes arriver et fais tous pour les contenir. Les prémices d'une nouvelle crise se font sentir. Cette sensation de gorge obstruée qui ne manque jamais de me faire paniquer.

- Mademoiselle ! Vous dépassiez largement la limitation de vitesse

Je n'ose pas le regarder. Je garde les yeux fermé et compte dans le désordre pour tenter de me calmer. Tout n'est qu'illusion. Je n'ai quand même pas eu la très mauvaise idée d'accompagner les filles pour déjeuner et Katy n'allait pas accoucher. La! maintenant !

- Mademoiselle ?

Je me tourne lentement vers lui, il est magnifique. Un chef d'œuvre sur place. Du moins, je sais que si je n'étais pas dans cet état, et s'il n'était pas policier, j'en ferais mon quatre heure.

- Notre amie va accoucher. Répond finalement Anna

Je la remercie silencieusement d'avoir répondu à ma place. L'officier passe la tête par la vitre et regarde Katy qui pousse au même moment un hurlement guttural .

- Nous allons vous escorter.

Je sens son regard posé sur moi. Mon cœur n'en peut plus de toutes ces émotions. Si je ne me calme pas, je vais finir par tomber dans les pommes.

- Vous pouvez conduire ?

La gorge sèche, je sens une première larme rouler le long de ma joue. Je secoue la tête en guise de réponse et essuie rageusement les larmes qui déferlent. J'oscille entre la peur, la colère et la honte.

- Attendez la, je reviens

Il part et rejoindre son collègue dans sa voiture de patrouille et reviens peu de temps après.

- Je vais conduire

Je le regarde ébahie. Je me hisse sur le siège passager, boucle ma ceinture et plonge dans les limbes. Le trajet est rapide. L'escorte y est pour beaucoup. Je ne dis pas un mot, je me berce aux rugissements de Katy. Elle est à elle seule un moyen de contraception infaillible. Pourquoi s'infliger cela ? Alors, oui, c'est mignon un bébé mais la douleur que ça implique me rebute profondément. L'officier est extra. Il tente de détendre l'atmosphère avec des blagues pour le moins douteuses

- Je risque une amende si je vous insulte ? Aboie Katy

Je réprime un sourire. Le pauvre, il voit s'abattre les foudres d'une femme sur le point d'accoucher. Mon père m'à raconte que ma mère le traitait de tous les noms en lui reprochant de l'avoir mise enceinte. Propos plutôt paradoxal quand on sait que c'est elle qui voulait à tout prix un deuxième enfant. Elle rêvait d'avoir une fille.

- Défoulez vous, je fermerai les yeux cette fois ci. Répond l'officier

On arrive à l'hôpital ou Katy est prise en charge rapidement. On nous invite à patienter dans la salle d'attente du service maternité.

- Je reviens, je vais prévenir le bureau et appeler son mari . M'annonce Anna
- Peux tu me prendre mon sac ?

J'y ai laissé mes médicaments. Non pas que je suive un traitement à proprement parlé, mais j'ai toujours mes cachets pour le stresse au cas où un incident comme celui de produise. Je n'ai pas énormément d'occasion d'en prendre. Au fil des années, j'arrive à gérer les crises de paniques. Mais la, c'était trop pour mon petit cœur sensible.

Je regarde la pièce autour de moi, un homme patiente avec un petit garçon d'environs six ans portant un t-shirt Batman. Il est incroyablement chou. Il n'arrête pas de demander si sa petite sœur est arrivée.

- Je peux m'assoir ?

Je pousse un cri de surprise. Ok Alex, reprend toi! Respire et soit polie. Je hoche la tête et il s'installe dans le siège à côté du mien. Je détaille un peu le personnage. Une chevelue noir de jais, des yeux vert émeraude avec quelques éclat d'or. Un corps à la Adil Rami, vous savez, ce joueur français parfaitement bien sculpté ? Un corps de gorille. Muscle mais pas bodybuildé. Je dois être là seul à ne pas aimer la NBA, là NFL ou la NHL et préférer le football européen.
Tu divagues Alex!  Je continue mon inspection. Sa ceinture ou y est accroché ce qui semble être les jouets avec lesquels ils s'amusent à tuer de pauvre innocent.
Alex, tu divagues encore !
Ma conscience a tendance à intervenir quand je commence à émettre un jugement peu rationnel. C'est à dire à chaque fois que je croise un officier de police. Je continue ma descente et me rends compte que j'ai passé un peu trop de temps les yeux fixé a son entrejambe. Les hommes en uniforme sont censé être le fantasme de toutes les femmes, pour ma part, je préfère les costumes trois pièces.

- Des Jordan?
- Comment ?

Merde! J'ai pensé tout haut. Bien joué Alex, maintenant tu es obligé de lui répondre.

- Je trouvais juste étonnant de vous voir avec des Jordan aux pieds
- Mes collègues le trouve aussi je vous rassure

Je tente de sourire, mais c'est raté. Mon visage est crispé, j'ai envie de partir et si je ne prends pas mes médicaments, je suis quasi certaine que je dirais des choses que je regretterais plus tard à cet officier

- Christopher

Je le regarde sceptique . Qu'à t-il dit ? C'est à moi qu'il parle ?

- Je m'appelle Christopher

Je lui souris à nouveau. Sourire toujours aussi crispé. Je me rends comte que je ne suis pas prête à faire une carrière dans la comédie, ni dans le crime organisé. Je suis incapable de cacher mes émotions

- Vous n'allez pas me dire votre nom ?

Je le lui dit ? Pourquoi devrait il le savoir ? Nous ne risquons pas de nous croiser à nouveau. Anna arrive au même moment, elle me tend mon sac ou j'en sors ma boîte de cachets et une petite bouteille d'eau.

- Viviane nous a donné notre après midi et le mari de Katy est en route
- Ok, j'attend qu'il soit là et je rentre
- Tu peux y aller, je vais rester
- Et te laissée pour que tu me le reproche après en me forçant à t'accompagner à une de tes soirées dépravés ?
- Tu me connais si bien !

On s'esclaffe toutes les deux. Ce comprimé est tout simplement magique. Je suis toujours surprise de la rapidité de son effet. En contre part, il a tendance à m'assommer  donc le mari de Katy n'a pas intérêt à tarder.

- Encore merci ! Elle s'adresse à l'officier
- C'est normal! C'est mon job d'aider les habitants

Une centaine de réplique cinglante apparurent dans mon cerveau et je dû me mordre la joue pour ne pas toutes les sortir. Le mari de Katy arrive en courant, il glisse sur le sol et renverse tout un chariot de fournitures. La scène est plutôt drôle. Je me lève, attrape mon sac et dit au revoir à Anna

- Je vous raccompagne

Le degré de frustration est tel que je ne sais pas si je suis énervé qu'il empiète sur mon espace vital ou si je suis flattée puisque, le stresse retombé, j'ai bien pu admirer son physique d'Apollon. Il me suit jusqu'à la sortie

- Je peux vous raccompagner chez vous ?
- C'est pour cela que l'on vous paye ? Pour ramener des femmes dans votre voiture de patrouille ?

Il écarquille les yeux et devient livide. Je l'ai blessé

- Oh ! Désolé, je ne voulais pas dire ça ! Je parle un peu trop quand je suis stressé
- Vous étiez plutôt silencieuse à l'intérieur
- C'était justement pour ne pas sortir ce genre de phrase
- Ce n'est rien, allez, venez je vous raccompagne
- Je suis plutôt nerveuse en voiture
- J'ai cru comprendre cela. Vous n'avez rien à craindre. Montez !

Il pose sa paume dans le bas de mon dos et m'ouvre la portière arrière et m'aide à monter.  Son collègue assis côté passager me regarde du coin de l'œil. Lui aussi se demande ce que je fais à l'arrière de cette voiture. Christopher monte et prend la direction de la sortie.

- Je me sens comme ... une criminelle !

Mince, je pense encore tout haut. Je jette un coup d'œil, il sourit en me regardant à travers le rétroviseur

- Et quel effet ça fait ? Il demande
- C'est mal si je dis que c'est plutôt ... excitant ?

Son regard s’assombrit, il ne me quitte pas des yeux bien que je lui fasse remarquer qu’il devrait s’intéresser à la route si je souhaite rentrer chez moi en vue. Déjà que je suis dans une voiture de patrouille avec deux flics à bord, n’augmentons pas plus ma tension. Je lui donne mon adresse et regarde défiler New York. Le trajet est assez rapide malgré les bouchons. En quinze minutes, nous y sommes. Christopher m’accompagne jusqu’au hall de mon immeuble

- J’aimerais vraiment vous revoir
- Je ne crois pas que ce soit une excellente idée
- Je sais être persuasif et je suis plutôt tenace vous savez ?
- Et bien, bonne chance monsieur l’officier
malou-

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par malou- »

Bonsoir, voilà ma participation

Comme tous les jours après les cours, mes amis et moi allons au parc. On adore passer du temps là-bas. On s’installe au bord de la falaise, face à la mer. On papote, on mange, on prend des photos, on s’amuse comme tous les jeunes de notre âge. On se moque souvent d’un homme assis sur un banc près de nous. Il est toujours assis au même endroit, le regard fixé sur l’horizon. Il ne doit vraiment rien avoir à faire pour passer toutes ses journées ici.
D’un certain côté, il m’intrigue. À quoi peut-il bien penser ? À sa femme décédée ? À ses petits-enfants qu’il ne reverra plus à cause d’une dispute avec ses enfants ? D’un autre, il me fait un peu pitié. Avec tout ce qu’il y a à faire, comment peut-il rester autant de temps ici le regard perdu dans le vide ? Je ne sais pas, il pourrait pêcher, jouer à la pétanque, regarder la télé ?
J’espère vraiment ne pas finir comme lui un jour. Seul et déprimé.
Un jour après une dispute avec mes amis, je me retrouve seule au parc. Je m’installe sur le banc avec cet homme qui m’est inconnu et lui demande pourquoi il s’assoit toujours ici.
-Pour me remémorer les bons moments que j’ai vécu et imaginer comment aurait été ma vie si j’avais fait les choses autrement.
-Vous savez qu’il ne faut pas vivre dans le passé ?
-Le présent n’a rien de mieux à m’offrir que mes souvenirs, me rétorque t-il.
-Et l’avenir ? Vous n’y croyait pas ?
-Le destin de certaine personne est scellé.
-C’est n’importe quoi ! L’avenir s’écrit jour après jour, déclarais-je avant de partir.
Je ne comprends pas. Comment on peut avoir une telle vision des choses ? Si l’on ne croit pas en demain, à quoi cela sert-il de vivre ?
Les jours suivants, je repassais dans le parc en ignorant l’homme. Je me contentais de passer le plus vite possible sous le rire moqueur de mes anciens amis.
Quelques jours plus tard, j’ai perdu ma mère suite à une crise cardiaque. J’ai également appris que mon père avait une maîtresse et qu’elle allait venir vivre avec nous. Les choses se sont enchaînées sans que je ne puisse rien y faire. J’ai ainsi perdu tous mes repères.
Aujourd’hui en passant dans le parc, je me suis assise sur le banc sans rien dire. Le regard fixé sur l’horizon, je repense aux moments que j’ai passé avec ma mère. À cette époque, j'étais tellement heureuse. Je pensais savoir qui j'étais.J’ai détourné le regard en entendant mes ex-amis parlaient de moi.
-Ne fais pas attention à eux, me conseille l’inconnu. Il n’y a que les imbéciles qui n’ont rien d’intéressant à dire qui parlent sur les autres.
-J’étais comme eux il n’y a pas si longtemps.
-Mais tu as changé. Mieux vaut tard que jamais.
-Je comprends maintenant ce que vous disiez sur le fait que le présent n’ai rien à offrir.
-J’en suis désolé. J’espère que tu crois encore à l’avenir.
-Je ne sais pas. Pour l’instant, je suis perdue.
-J’espère que tu te retrouveras vite.
-Moi aussi.
Pendant le mois qui as suivi, je venais tous les jours passer un moment avec l’inconnu. Je ne lui ai jamais demandé son nom et il en fait de même. Nous n’avions pas besoin de nous connaître pour parler de la météo, des animaux, des astres… Lorsque l’un de nous ne voulait parler de rien, nous nous contentions de rester assis à contempler le ciel et la mer se confondre en une seule et même ligne.
Un jour, je suis allée au parc, mais l’inconnu n’y était pas. J’ai attendu jusqu’au soir sans jamais le voir arriver. Il en a été de même le lendemain et le surlendemain. J’ai alors compris que jamais je ne reverrais cet inconnu. Il était décédé. Son temps était compté, comme le mien aujourd’hui.
Je suis atteinte d’une maladie incurable et il ne me reste que quelques mois à vivre. Plus je me rapproche de la fin, plus je suis fatiguée. Je ne peux donc pas profiter du peu de temps qu’il me reste.
Cependant, je continue à venir au parc. C’est le moment de le journée que j’attends le plus. Celui où je plonge dans mes songes. Celui où j’oublie que je suis malade. Celui où je rejoue ma vie de mille et une façons. Face à la mer, je me sens apaisée et me dit que tout est possible.
En voyant des ados se moquer de moi, je me suis revue à l’époque où je me moquer de cet inconnu dont je ne connaîtrais jamais le nom.
Aujourd’hui, je ressens ce qu’il ressentais. Aujourd'hui, je vis ce qu’il a vécu.
Aujourd’hui, je suis cet inconnu.
Columbo

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Columbo »

Bonjour,

je viens de terminer une nouvelle qui colle au thème. Etant donné que je suis nouveau et que je ne connais pas bien les règles je voulais vous demander si je pouvais participer.

Mon texte fait exactement : 2 319 mots. Environ 7 pages Word écrit en taille 14.

Merci
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par x-Key »

Columbo a écrit :Bonjour,

je viens de terminer une nouvelle qui colle au thème. Etant donné que je suis nouveau et que je ne connais pas bien les règles je voulais vous demander si je pouvais participer.

Mon texte fait exactement : 2 319 mots. Environ 7 pages Word écrit en taille 14.

Merci
Tu peux participer si ton texte fait moins de 15 000 signes (environs 7 pages Word) et si ton profil est complété :)
Columbo

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Columbo »

Bonjour à tous,

éh bien voici mon texte. Cela faisait très longtemps que je n'avais pas écrit un texte du début jusqu'à la fin.
Au plaisir d'avoir un retour :)

PAUL MORPHY
Chapitre 1 : tourisme

Il devait être environ 14 heures lorsque mon avion se posait enfin à la Nouvelle-Orléans. Mon séjour aux Etats-Unis, mon premier voyage de deux semaines à l’étranger, touchait à sa fin. Je venais de terminer un CDD de quelques mois et je profitais de cet argent pour accomplir ce vieux rêve d’aller à l’autre bout de la planète. Ça faisait bizarre de se dire que la Louisiane était autrefois territoire français.
Je déambulais dans les rues du vieux quartier français.
Il faisait nuit désormais, je parcourais la rue Bourbon en écoutant les airs de Jazz provenant de tous les bars de cette délicieuse rue. En ce mois d’Août la température de cette soirée était des plus agréables. Un léger vent me picotait les narines, je me sentais heureux.
Le lendemain, mon séjour aux Etats-Unis touchait à sa fin. Demain, je prendrai l’avion pour NYC pour retourner en France.
Je profitais de cette dernière journée pour me promener dans les rues calmes du vieux carré français, la célèbre rue Bourbon et aller voir la fameuse cathédrale Saint-Louis. J’aimais toujours rentrer dans les églises et celle-ci n’allait pas faire exception.
A l’intérieur : des dorures, des murs styles renaissances et des peintures marrons au plafond. Je me recueillais comme j’en avais l’habitude en m’asseyant sur l’un des bancs de l’allée.

Les heures s’écoulaient peu à peu. Soudain, je me rappelais qu’un joueur d’échecs était enterré dans cette ville. Un joueur remarquable ayant marqué l’histoire du jeu il y a fort longtemps. L’envie me pris d’aller sur sa tombe.
En baragouinant en anglais avec plusieurs personnes, je réussis tant bien que mal à atteindre le cimetière en question.
Pourquoi j’y allais ? Je ne le savais pas trop. J’avais eu l’occasion d’aller sur la tombe d’Alexandre Alekhine à Paris il y avait de cela quelques années. J’étais amateur du jeu. J’y avais beaucoup joué pendant mon adolescence mais cela m’était passé, études supérieures exigeantes obligent.
Devant le monument, je pris un temps pour lire les inscriptions. Il reposait apparemment avec toute sa famille. Sur le haut il y avait inscrit :

Paul Morphy 1837-1884.

Je restais un moment debout devant le monument. Je repensais à la célèbre partie qu’il avait joué, la partie de l’Opéra. Une partie durant laquelle, par des sacrifices tous plus beaux les uns que les autres, il avait obtenu une attaque dévastatrice. Cette partie est encore aujourd’hui un passage obligé pour tous les étudiants du jeu. C’était une combinaison de mouvements parfaitement synchronisée, comme un musicien récitant ses gammes. Un sourire apparut sur mes lèvres au souvenir du sacrifice de Dame final offrant la victoire. « C’était un pur génie ».
Le vent commençait à souffler plus fort et je commençais à ressentir l’air frais de la fin de journée.
Soudain, un violent mal de tête me prit. Je fus comme tétanisé, frappé par un éclair me parcourant tout le corps. Tous mes membres s’immobilisèrent et je sentis mes yeux me bruler. Tout d’un coup, une chaleur insoutenable ainsi qu’une lumière blanche incandescente me dévoraient de l’intérieur.
« Tu m’entends ? »
Il n’y avait personne autour de moi. D’où venait cette voix ?
« T’entends ma voix ? »
Les couleurs étaient redevenues normales, ma vue redevenait limpide mais ce mal de tête me faisait perdre l’équilibre. Je titubais. Ma tête était comme compressée, comme écrasée entre les mains d’un Géant.
Je regagnais l’hôtel. Le mal s’apaisait peu à peu… je m’endormis.

Chapitre 2 : la rencontre
« Tu vas mieux ? »
Je me réveillais pensant trouver quelqu’un dans la chambre. Il n’y avait personne, juste moi et cette voix venue d’entre-les-morts.
« Tu es toujours là ? » parvins-je enfin à articuler.
« Oui, tu es venu me rendre une petite visite hier et depuis je suis avec toi »
« Pourquoi ? Pourquoi tu es avec moi ? »
« Je ne sais pas… »
« Tu parles français ? »
« Non »
« Comment se fait-il qu’on se comprenne ? »
« Je ne sais pas… »
Je cru devenir fou. Je pensais à mon chez moi que je devais retrouver bientôt. Peut-être que le fantôme allait me lâcher une fois à l’aéroport.
« Qu’est-ce qu’un aéroport ? »
« Tu lis mes pensées ?! »
« Apparemment oui… »
Je faisais mes valises. Le fantôme me parlait en même temps mais je m’efforçais à ne pas y prêter attention. Ce n’était forcément qu’un mauvais moment à passer, une fois dans l’avion ça allait s’arrêter. C’est obligé.
« Qu’est-ce qu’un avion ? »
« La ferme ! » hurlais-je en me bouchant les oreilles.
Je sortis de la chambre puis de l’hôtel. Bizarrement le bruit de la circulation me paraissait démesurément intense.
« Quelle est cette diablerie ? d’où sortent tous ces trucs sur roue ?! »
J’ignorais la question et m’engouffrais dans le premier taxi que je voyais. Le fantôme ne cessait de s’exclamer à cause de tout ce qu’il voyait. Les voitures, la vitesse du taxi, la foule à l’aéroport et les avions si imposant de part leur taille et leur silhouette.
Une fois dans les airs, le fantôme semblait s’être assagit. Je savais qu’il était toujours là, je le sentais et me sentais triste, perdu. C’était comme si nos sentiments étaient connectés. Après tout, c’était peut-être le cas.

Chapitre 3 : Début de Partie
Je couru les escaliers menant à ma chambre en saluant à peine mes parents. Je m’allongeais sur mon lit et regardais le plafond.
« J’en déduis que tu es français donc ? »
Je ne le voyais pas. Je ne sais pas si c’était un fantôme ou simplement une voix dans la tête qui voyait à travers mes yeux. Toujours est-il qu’il avait reconnu le drapeau français accroché sur le mur.
« Jouons ! »
« Pardon ? »
« Si tu es bien celui que tu prétends et que je ne suis pas fou, tu me battras sans difficulté »
Je sortis le plateau et disposais les pièces. Je tremblais à l’idée de jouer contre un joueur aussi prestigieux mais aussi à l’idée d’être tout simplement devenu timbré.
Fidèle à son style, d’une logique implacable, il gagna en 20 coups. Nous recommencions plusieurs fois, et à chaque fois ses victoires étaient fulgurantes.
Il fallait s’incliner, Il était bel et bien en moi.
Au bout de plusieurs heures de jeu contre lui, épuisé, je m’allongeais…

Chapitre 4 : faire connaissance
« Comment tu m’as dit que cette ville s’appelait déjà ? »
« Rouen, nous sommes à Rouen. Tu n’y es jamais allé ? »
« Non, je me souviendrais de cette cathédrale ! Ce bâtiment est immense. »
« Sa flèche est à 151 mètres de haut, ça a été le plus haut bâtiment du monde à ton époque. »
Après avoir admiré ce monument pendant quelques minutes, je pris la rue Saint-Romain pour rejoindre le quartier Martainville. J’en profitais pour regarder les maisons en colombages qui bordent la rue longeant l’église Saint-Maclou. En ce matin de Septembre les rues étaient très calmes et le climat très agréable.
Après avoir parcouru plusieurs rues de la vieille ville, j’arrivais près d’un magasin de musique où j’avais mes habitudes. Après quelques achats je m’assis quelques instants sur le banc du square.
« Pourquoi cette église est-elle en ruine ? »
Il parlait de l’église Saint-Pierre-du-Châtel qui nous faisait face.
« Elle a été détruite par les bombardements durant la seconde guerre mondiale. »
« Qu’est-ce qu’… »
« ça va être long à expliquer, on verra ça plus tard. »
« j’aimerais apprendre tout ce qu’il s’est passé durant toutes ces années, je t’en prie. »
« Il y a tellement de chose, je vais te montrer ce que je peux. »

Chapitre 5 : Histoire
Je commençais son apprentissage en prenant des artères fréquentées par les voitures, lui expliquait le concept du bus. Je le sentais émerveillé devant le métro. Sur le chemin du retour, je sentais qu’il essayait de comprendre le fonctionnement de ma voiture, comment je la faisais avancer et s’arrêter à ma guise.
Une fois dans ma chambre, je me branchais sur l’ordinateur, « la boite magique » comme il l’appelait. Je lui montrais donc cette fameuse seconde guerre mondiale. Le théâtre européen avec l’invasion allemande et la libération en 1944. Je lui montrais alors ce que l’homme avait été capable de faire dans sa plus grande barbarie. Sur le front asiatique : Saipan, Guam, Iwo Jima, les soldats japonais se sont battus jusqu’au dernier. Les Etats-Unis mettent au point la bombe atomique. Et la largue sur Hiroshima et Nagasaki. 200 000 civils sont tués en seulement deux bombes. L’image sur mon écran de ce champignon de feu dévastant une ville entière le glaçait d’effroi et de tristesse. Le 2 Septembre 1945 : le Japon accepte une capitulation sans condition, mettant fin à 6 ans de conflit.
Je lui montrais à présent ce que les USA étaient devenus :
« Un président noir a été à la tête de notre pays ? »
Je lui montrais aussi la musique du 20ème et 21ème siècle.
Je lui faisais écouter Edith Piaf :
« Pourquoi écouter des chansons si tristes ? »
Les vidéos de musiciens défilaient sur mon écran :
« Pourquoi cet homme est habillé en vieille prostituée ? »
J’eu alors un mal de chien à lui faire comprendre le principe du glam rock…
Le temps filait. Ma tête me faisait mal. Je m’endormi à nouveau.

Chapitre 6 : Les gains fantômes
Je vomissais tout mon repas du midi. Cela faisait des jours entiers que je n’avalais plus rien sans tout rendre, les médicaments que je prenais n’y faisaient rien.
« Tu vas bien ? J’aimerais encore jouer un peu… »
« Tu vois pas que je suis en train de gerber et que j’aimerais que tu me foutes la paix cinq minutes ?! »
Depuis qu’Il était avec moi, les choses me semblaient différentes. J’étais toujours doué de pensée et de construire mes propres raisonnements, mais les goûts, les couleurs, les sons ; tout était différents. Soit amplifié soit insipide. Je ne supportais désormais plus que quelques aliments de base.
Après avoir repris mes esprits, nous nous remettions devant l’écran. Internet avait un vivier intarissable de joueurs, Il s’éclatait à jouer tout le temps et aussi à gagner tout le temps. Pour éviter d’être soupçonné de tricherie et banni du site, je perdais volontairement des parties pour ne pas attirer l’attention.
Lui et moi jouions pour ainsi dire presque toute la journée. Il m’enseigna sa vision du jeu. La façon dont il arrivait à construire des attaques et trouver les combinaisons au bon moment. Je découvrais alors la puissance de certains coups que je jugeais anodins jusqu’alors. Nous jouions, jouions et jouions encore et encore. Des centaines de parties, des milliers de coups, des millions de réflexions, le tout étalées sur trois mois. Il voulait Jouer, Jouer et encore Jouer. Ma vie ne tournait plus qu’autour de Lui et du jeu.
L’hiver arrivait et avec lui, les fameux Open d’échecs de Noël. Au siège de la préfecture de Normandie, je redécouvris après des années d’absence l’ambiance si particulière des tournois. Cette ambiance feutrée, cette odeur du bois des échiquiers et la beauté des plateaux parfaitement alignés.
« Tu sembles avoir maigri. » Une vieille connaissance prenait mon inscription.
Effectivement, les trois mois de régimes eau, pain, riz, pattes pour éviter de trop vomir avait fait leur œuvre.
« Essais de bien rester concentré surtout. »
Les parties commençaient. Mes premiers coups avaient été automatiques. Je les avais tellement répétés avec Lui.
« T’as l’avantage. Regarde bien ! »
Il voyait que je n’allais pas jouer le bon coup. Ma main fut soudainement bloquée. Je ressentais une énorme contraction au niveau de mon bras, comme si quelqu’un l’écrasait.
« Tu rates ta chance ! Laisse-moi faire ! »
Une violente migraine me saisi de nouveau, puis la lumière blanche ; la même lumière blanche incandescente qui m’avait assailli lors de notre première rencontre. Je me sentais léger, puis je vis mon corps continuer à bouger. Mais moi, j’étais au-dessus, je voyais la scène en contre-plongée. Il avait pris possession de Moi.
A nouveau une forte lumière fendit le ciel. Je repris possession de mon corps. La partie avait évoluée, elle était totalement gagnante.
« Que t’arrive-t-il ? »
Je voyais le regard de mon adversaire se décomposer. Du sang était apparu sur la table. Des gouttes de sang tombaient. Ça venait de mon nez. Ma tête… elle me faisait mal à nouveau. Je m’écroulais.

Chapitre Final : Fin de Partie
J’étais allongé. J’étais sur un lit d’hôpital…probablement.
Ma vision était complètement trouble et ce mal de tête était désormais insoutenable. Je ne L’entendais plus.
Je bougeais légèrement la tête. J’entendais ma mère pleurer. J’entendais rapidement les mots « tumeur au cerveau », « opération ».
Je m’endormais à nouveau.

Quelques instants plus tard, je me voyais à nouveau en contre-plongée. Les médecins s’affairaient autour de moi.
Ils me recouvraient d’un drap blanc à présent. Un médecin me tenait la main un instant, puis la lâcha.
Soudain, tout devint vide autour de moi. Juste le silence, la paix. Et Lui.
Il me faisait face. Je Le voyais pour la première fois. Il était vêtu d’un costume marron. Il ressemblait parfaitement aux portraits que j’avais vus de lui. Le souvenir qu’il était mort d’un AVC ne me revint seulement que maintenant.
Était-ce à cause de lui que j’étais ici ? N’était-ce qu’un concours de circonstance ? Une volonté de Dieu ?
« Je suis désolé… Je voulais juste jouer ».
Sa peine se lisait sur son visage.
« Je suis désolé… je voulais juste jouer »
Pourquoi Il était avec moi ?
« Je suis désolé… Je voulais juste jouer »
J’avais désormais des montagnes de questions. Et probablement l’éternité pour trouver les réponses.
« Je suis désolé… Je voulais juste jouer »

« Eh bien jouons alors. »
rozennlaloy

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par rozennlaloy »

Bonjour à toutes et à tous. Voici l'histoire de Lol. Bonne lecture.


Je m'appelle Lola, mais mes amis m'appellent Lol (ben oui !) et moi, j'ajoute par dérision, et par provocation aussi : Lol la Folle.
Pourquoi ? parce-que je suis une fofolle, comme me le dit souvent ma mère : toujours gaie et insouciante, m'amusant de tout, fantasque et imprévisible, art que je cultive !
<< En réalité, tu es une anxieuse, une grande angoissée.>> m'a déclaré doctement Marje, ma meilleure amie, qui vient de terminer ses études de psycho.
Bon, oui, c'est bien possible, et alors ? je suis comme je suis, et surtout comme il me convient d'être, voilà !
Et si je repense à tout cela ce matin, c'est parce-que, justement, pour une fois, j'ai décidé d'être sérieuse : aujourd'hui, je dois me présenter à 9 h 00 au cabinet d'architectes "Thorneval Concept" pour remplacer au pied levé leur assistante décoratrice, victime, à ce qu'on m'a dit au bureau d'intérim, d'une appendicite foudroyante.
C'est mon premier véritable emploi depuis que j'ai obtenu mon diplôme... je veux dire un véritable emploi en tant que décoratrice, parce-qu'en réalité, je n'ai jamais cessé de bosser depuis que je suis étudiante. Oh ! ce n'était pas bien compliqué : mon ex (qui ne l'était pas à l'époque) venait d'ouvrir un restaurant, et mon job de serveuse a occupé pratiquement toutes mes soirées et une grande partie de mes week-ends tout le temps de mes études, même après que nous ayons rompu, et jusqu'à l'été dernier, quand j'ai dit : "STOP !". Et je suis partie en vacances à Ibiza avec Marje, avant de m'inscrire dès mon retour à Pole-Emploi et dans plusieurs boîtes d'intérim : les postes de décoratrice sont rares, mais je veux faire mes armes, apprendre encore, avant de me mettre à mon compte... pas si folle que ça la Lol !

Perdue dans toutes ces considérations, je marche d'un bon pas dans les rues de ma petite ville. Le soleil matinal, encore brûlant en cette fin d'été, fait perler sur mon front quelques gouttes de sueur que j'essuie d'un geste impatient.
La gare est en vue maintenant, et je presse encore le pas : il ne faudrait pas que je rate mon train... je souris tout en me hâtant : Marje a sans doute vu juste, je dois être un peu anxieuse.
Je pénètre dans la gare tout en repérant d'un coup d’œil la borne de compostage la plus proche, vers laquelle je me dirige, le nez dans mon sac à la recherche de mon billet... pourvu que je ne l'ai pas oublié... mince ! je ne le trouve pas...
Bam ! je me heurte violemment à un obstacle. Je pousse un cri de surprise, en manquant de perdre l'équilibre, mais l'obstacle a saisi mon bras et me retient fermement.
La première chose que rencontre mon regard, c'est un sweat bleu, sur lequel je déchiffre : "YALE UNIVERSITY", puis mes yeux remontent au delà des épaules larges, glissent sur le menton volontaire, la bouche séduisante, le nez droit, pour se planter dans un regard gris, plutôt sévère je dois dire.
<< Cela peut être dangereux de ne pas regarder où l'on va ! >> fait l'obstacle sentencieusement.
Sans lâcher mon bras, il s'écarte légèrement, juste assez pour que je découvre derrière lui le trou béant de l'escalator dans lequel j'ai bien failli m'affaler.
<< Bon sang ! >> je jette un coup d’œil incrédule autour de nous : le composteur de billets est à quelques mètres de là... j'ai dû dévier de ma trajectoire sans m'en rendre compte.
<< Sapristi ! mon billet... le train ! >>
A peine ces mots ont-ils franchis mes lèvres que je me reprends, toute confuse :
<<Oh ! pardon ! sans vous tout cela n'aurait plus d'importance maintenant... merci, vraiment, merci infiniment... vous m'avez sans doute sauvé la vie ! >>
Il relâche mon bras et s'écarte d'un pas en haussant les épaules.
<< Ce n'est rien, je me trouvais là, c'est tout... allez maintenant, je ne voudrais pas vous faire rater votre train.>>
Je le détaille, pensive, tandis qu'il s'éloigne : c'est un beau mec, indéniablement... mais quel ours ! enfin, heureusement qu'il s'est interposé entre l'escalator et moi ! sans lui, je serais sans doute dans un piteux état en ce moment même !
Après une dernière pensée reconnaissante envers mon sauveur, je me plante devant la borne de compostage et je replonge le nez dans mon sac.
La première chose que j'y trouve, c'est ce foutu billet évidemment ! comment ai-je pu ne pas le voir tout à l'heure ? sans réponse à cette question, je m'en saisi fermement pour le présenter à la machine... "Clac !" l'incident est clos !

Le train est là, qui attend sagement le long du quai. Un regard à la grosse pendule qui surplombe la voie me rassure : il me reste cinq bonnes minutes avant le départ, je vais pouvoir m'installer tranquillement.
Je prends place à coté d'un gros type en costard qui lève brièvement les yeux de son journal pour m'examiner sans vergogne de la tête aux pieds, avant de replonger dans sa lecture avec un grognement. Ben quoi ? j'ai adopté une tenue très sobre aujourd'hui : des boots à lacets couleur moutarde, une jupe plissée bleu pétrole dont l'ourlet flirte très raisonnablement avec mes genoux, un petit haut noir à manches courtes des plus décents et un gilet rayé jaune et noir (du style "Maya l'abeille") que j'ai noué autour de ma taille... alors ? qu'est-ce-qui lui déplaît ? oh ! je vois : c'est peut-être la mèche bleue dans mes cheveux noirs coupés au carré, vestige d'un pari avec Marje qui m'a transformée en personnage de Manga pendant quelques jours. Eh bien, tant pis si je ne lui plais pas, de toute façon c'est réciproque ! ce gros con n'a même pas daigné répondre au salut poli de la vieille dame qui s'est assise en face de nous... elle au moins me sourit avec bienveillance !

Le train s'est rempli entre temps, et j'observe avec curiosité tous ces inconnus qui défilent tour à tour dans l'allée pour rejoindre leur place. Et puis... un regard croise le mien... un regard gris un peu sévère qui s'attache à mes yeux l'espace d'un instant, juste le temps de faire naître en moi une cascade de petits frissons. Un regard qui ne m'est déjà plus si inconnu que cela, puisque je le reconnais immédiatement. Un regard qui s'allume brièvement d'une petite lueur dansante tandis que l'ombre d'un sourire s'esquisse sur les lèvres de mon Chevalier de l'Escalator.
Il me gratifie d'un petit signe de tête avant de s'installer juste en face de moi, de l'autre coté de l'allée. Alors, et alors seulement, je prends conscience de mon sourire béat et de l'air parfaitement stupide que je dois avoir en ce moment.
Embarrassée, j'attrape mon smartphone et je m'absorbe (ou du moins je fais semblant) dans la lecture de mes derniers messages... mais je ne tiens pas vingt secondes avant de relever les yeux, l'air absent, comme si je réfléchissais : en réalité, mon cerveau détaille activement mon bel inconnu, à la manière de Terminator !
Lui m'ignore complètement je dois dire. Les écouteurs dans les oreilles, il a les yeux rivés sur son iPhone dans une belle indifférence à tout ce qui l'entoure, moi y compris.
Cette constatation m'agace un peu... non ! elle me vexe complètement !
Je n'ai pas l'habitude de passer inaperçue. Ordinairement, lorsque j'arrive quelque part, tout le monde me regarde : les filles avec perplexité, les mecs avec intérêt. C'est comme cela que je fonctionne, j'ai besoin de capter l'attention pour me sentir à l'aise.
<< Tu n'es qu'une petite pétasse ! >> me répète Marje affectueusement. Peut-être... j'assume !
Mais, bizarrement, ça ne marche pas du tout avec le type de l'escalator. Du coup, je l'observe carrément sans me gêner : grand, la dégaine décontractée (jean, baskets, sweat à capuche), il doit avoir à peu près trente ans, peut-être un peu moins... c'est difficile d'en juger parce-que son air impassible lui donne une apparence plutôt mature.
Ma première impression ne m'avait pas trompée, il est vraiment beau : les cheveux courts, châtain clair, un visage harmonieux et viril en même temps. Mes yeux s'attardent sur sa bouche... tiens, elle frémit justement, comme si elle se retenait de sourire... Escalator Man sentirait-il que je l'observe ? il reste imperturbable pourtant, toujours absorbé par son téléphone.
Prudemment, je détourne les yeux. Je ne voudrais pas qu'il s'imagine que je suis en extase devant lui, ce qui n'est d'ailleurs absolument pas le cas ! si le hasard ne nous avait pas mis en contact, je ne l'aurais probablement pas remarqué... quoique.
Bizarrement, c'est à mon tour de me sentir observée... ah ! ah ! se pourrait-il que... je lève brusquement les yeux : déception ! mon bel inconnu n'a pas bronché. Pourtant, un léger tremblement à la commissure de ses lèvres attire de nouveau mon attention : on dirait qu'il se retient de rire. Étrange... il ne serait pas en train de se moquer de moi là ?
Définitivement vexée, je décide de l'ignorer à mon tour. Tant pis pour lui s'il reste insensible au charme habituellement dévastateur de mes grands yeux bleus ! notre histoire restera la brève rencontre de deux inconnus au bord d'un escalator, voilà tout !

Le trajet n'est pas très long, et déjà le train entre en gare. Escalator Man s'est levé le premier et se dirige vers la sortie sans un regard pour moi. C'est fini ! je ne reverrai plus mon bel inconnu... je refrène l'envie furieuse de courir derrière lui, de trouver un prétexte, n'importe lequel, pour qu'il ne s'échappe pas ainsi de ma vie... mais ma fierté me retient. Il a eu tout le loisir de maintenir le contact avec moi. Il aurait suffi simplement qu'il me regarde, qu'il me sourie... il ne l'a pas voulu. Je ne vais pas me ridiculiser en quémandant son attention, moi qui ne suis rien pour lui, rien qu'une inconnue un peu écervelée croisée par hasard.
En attendant, il a réussi à me plomber ma journée ! moi qui me faisais une joie de découvrir mon nouveau job, au point d'en être toute survoltée ce matin, me voilà toute déprimée à présent !
Je me dirige sans conviction vers le bus, où je m'installe, sans pouvoir chasser de mon esprit le beau regard gris de mon mystérieux sauveur. Quand je pense que je ne connais même pas son nom !
Je quitte le bus machinalement, et je franchis d'un pas traînant la centaine de mètres qui me séparent du cabinet d'architectes "Thorneval Concept". Je pousse la porte et me présente à la réceptionniste.
<< Bonjour, je suis Lola Miller, je dois assurer l'intérim de votre décoratrice... >>
Elle me sourit .
<< Ah oui ! vous allez travailler avec Nathan Thorneval... Ah ! eh bien, justement, le voilà... >>
Je suis la direction de son regard qui passe au dessus de moi et me retourne...
<< Eh bien, je n'espérais pas vous revoir aussi vite ! >> me lance, des étincelles plein ses yeux gris, mon inconnu de l'escalator.
Roxane10th

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Roxane10th »

Hello ! Bon et bien, juste à temps voici l'histoire que je vous propose ! Je suis heureuse de participer à mon premier concours d'écriture :3

Il s'agit là d'un format " x reader" j’espère que ça vous plaira ! :)



Tu est dans une forêt en pleine nuit, évidemment, tu t'es perdu. Tu tentes de retrouver ton chemin, mais tout ce que tu arrives à faire c'est de t'enfoncer encore plus dans cette maudite forêt. Tout autour de toi devient de plus en plus effrayant, tu as même l'impression de sentir des forces malveillantes s'approcher de toi... Dans le doute tu te mets à courir, en priant pour qu'aucun nuage gris ne vienne bloquer la lumière de la lune qui t'éclaire. A bout de souffle, tu t’arrêtes un instant le temps de reprendre ta respiration, c'est alors que tes doutes se confirme : Ils y a bien des forces malveillantes qui en ont après toi, tu peux les voir maintenant, ces formes noires aux yeux jaunes ... Ils se rapprochent... Tu réalises que c'est très certainement la fin. Mais tu entends alors une musique, du violon ... Elle provient d'un château qui ne semblait pas être là à l'instant... Il n'est qu'à quelques mètres, alors tu y cours. Mais lorsque tu arrives à la porte de ce dernier, tu n'entends plus les pas des créatures, tu regardes derrière toi et te rend compte qu'ils sont toujours là, à quelques mètres, mais ils se sont arrêtés. Ils te regardent et ils te sourient ... Mais tu ne saurais dire si ce sont des sourires malveillants ou non. Tu rentres alors dans le château, à l'abri des créatures.
Tu observe aux alentours et remarque que malgré les couleurs chaudes des tapisserie et autre décoration, un froid règne dans ce château, comme si personne n'avait jamais vécu ici.
Avant que tu n'es le temps de te faire entendre, tu entend la voix d'un homme avec un timbre de voix si grave que tu en as des frissons. 
Il s'approche de toi avec un violon dans les mains. Il t'annonce que si tu veux rester en sécurité avec lui, tu devras jouer un morceau de violon, le plus beau qu'il n'est jamais entendu. Le seul problème, c'est que tu ne sais absolument pas en jouer ... Tu tentes de lui expliquer, mais il insiste et sa voix devient de plus en plus grave et menaçante... Tu tentes alors ta chance et t'empare du violon les mains tremblantes. Tu le mets en place, en priant pour que les créatures soient du genre à tuer rapidement leurs victimes, mais lorsque l'archet frôle les cordes, une mélodie somptueuse s'échappe du violon et tu te sens soudain submergé par une énergie puissante, divine et qui te fait perdre la notion du temps, tu ne peux plus t’empêcher de jouer. Lorsque tu juge que cette mélodie touche à sa fin, tu croise le regard de l'homme, beaucoup plus séduisant qu'au premier abord, il te regarde avec un mélange de fascination et de soulagement, avant te dire, d'une voix beaucoup plus douce : « N'ai plus aucune crainte, tu es en sécurité, et tu peux demeurer ici autant que tu le désire. » Tu le remercie et remarque que la lueur du jour s'est déjà installer, tu aurais jouer aussi longtemps que cela ? Ce n'est pas la seule chose que tu remarque : La froideur du lieu semble s’être estompé pour laisser place à une douce chaleur. « Viens avec moi » Il te tend soudain la main et t'invite à danser, tu accepte volontiers. Tu pose ta main dans la sienne et il t’entraîne vers ce qu'il semble être une sale de bal. Vous vous mettez en position pour danser une valse. « Je..Je ne sais pas danser non plus ... » ose-tu sortir d'une voix fébrile, ce à quoi il répond avec un sourire : «Ai plus confiance en toi, ma reine », une musique se fait soudain entendre, tu ne sais pas d'où elle viens et à vrai dire, cela t'importe peu. Vous vous lancer dans une danse au départ un peu timide, puis de plus en plus intense, de plus en plus passionnée, comme si tu avait dansé toute ta vie avec lui, et que tu allait le faire pendant des années encore. « Tu est de nouveau avec moi, enfin» murmure-t-il, heureux, au gré de vos pas. « Et je ne te quitterais plus jamais, je serais toujours auprès de toi» lui répond-tu presque malgré toi, comme si ces mots était instinctif. Pendant votre danse tu réalise que les créatures de l’extérieur sont là et vous admires, avec des regards bienveillants. Votre danse continue et tout autour de toi est devenu amour et chaleur. Il s'arrête alors et vos regard se perdent dans les yeux de l'un et de l'autre, et dans ce regard tu sens que vous échanger beaucoup sans dire un seul mot. C'est alors que tout s’estompe autour de toi, le château, les créatures et … Lui. Il te dit alors, d'une voix comme lointaine, « Ne perd pas ton beau sourire mon ange, nous nous retrouverons toujours » et tu te réveilles alors dans ton lit douillet, avec l'horrible frustration d'avoir fait un rêve si beau qu'on aurais voulu qu'il continue encore !


Comme convenu, tu retrouve tes copines au café à 10 heures, vous vous installez et commencez vos bavardages habituelle mais au bout de 10 minutes, vous vous impatienter et tu décider d'aller chercher un serveur. Tu te dirige alors au bar lorsque tu l'entend, cette voix … « Excusez-moi ?» lance tu à ce serveur dos à toi, dont la voix semble fraîchement familière.
« Oui que puis-je pour v- » vos regard se croisent enfin. C'est lui. L'homme de ton rêve, c'est bien lui, en face de toi, et il semble aussi perdu et épris que toi. « Pardon, je reprend. Que puis-je vous offrir, madame ? ». Le jeu de séduction commence alors, mais dans le monde réel cette fois ci.
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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par mythik »

Salut, voici ma nouvelle ! Bonne lecture, en espérant que ça vous plaise.


Cœur de pierre


Il est revenu. Cela fait maintenant un mois qu'il vient tous les jours à la même heure. Un mois qu'il passe devant moi sans me voir. Aujourd'hui, il est un peu en retard, mais il est venu. Je le regarde passer, comme toujours. Je l'observe. J'aimerais l'aborder, le saluer, mais je ne peux pas. Il ressemble tant à l'homme qui peuple mes rêves depuis longtemps. Des rêves d'une famille que je n'aurai sans aucun doute jamais. À force de le regarder passer devant moi, je connais son beau visage dans les moindres détails. Et même lorsqu'il n'est pas là, je peux voir chacun de ses traits parfaits, chacune de ses mèches de cheveux blond doré ou l'éclat triste de ses beaux yeux verts. Cette tristesse ne l'a d'ailleurs jamais quitté durant toutes les semaines précédentes. Je ne sais pas pourquoi. Cela m'attriste pour lui.

Mais le voilà qui s'approche, comme toujours. Et, comme toujours, il va passer à côté de moi. Tout le monde ne fait que passer à côté de moi. Pas un regard, pas un sourire, pas un mot. Jamais. Tous me font sentir comme si j'étais invisible. Inutile. Pourtant, je crois pouvoir affirmer que je suis loin de l'être. Je le regarde hésiter sur le pas de la porte située à quelques mètres sur ma droite. Va-t-il entrer, comme chaque jour ? Ou faire demi-tour ? Il n'avait jamais hésité auparavant. Il n'avait jamais été en retard non plus, après tout. Peut-être cette journée sera-t-elle différente et pleine de surprises ? Il fait soudain volte-face et vient dans ma direction. Ses yeux balayent rapidement les alentours jusqu'à ce qu'ils se posent sur moi. Il me voit ! Il ralentit et finit de s'approcher doucement. Je remarque alors ses vêtements froissés et tâchés ainsi que ses mains légèrement tremblantes. Il semble encore plus mal en point qu'habituellement.

« Heu... Salut ? »

Cela sonne comme une interrogation. Il a l'air si peu sûr de lui ! Comme un petit garçon perdu. Il est absolument adorable. Tout comme sa voix, d'ailleurs, un peu rauque et hésitante. Il se passe nerveusement la main dans les cheveux, les décoiffant au passage. Des mèches folles viennent danser devant ses yeux.

« Je dois avoir un peu l'air idiot à te parler comme ça. Mais, tu sais, j'ai vraiment besoin de parler à quelqu'un et je n'ai pas beaucoup d'amis. Je n'en ai même pas en fait. Mais toi, tu es là, à attendre, immobile tous les jours. Alors, je me suis dit que je pouvais bien te parler. Je ne voulais pas entrer dans l'église. Pourtant, on y allait tous les dimanches avant. Mais ça ne me paraissait pas correct d'y entrer. Je dois te sembler un peu étrange, non ? Un peu pathétique, aussi. En tout cas, c'est comme ça que je me sens ! »

Tu n'y es pas du tout, mon bel inconnu. Cela fait si longtemps que personne ne m'avait parlé. Tu ne peux pas imaginer à quel point ça peut me faire plaisir. Alors, continue, je t'en conjure. Ne t'en va surtout pas ! Reste, et parle-moi de tout ce que tu voudras.

« Tu sembles gentille. Compréhensive et attentive aussi. En réalité, tu me fais penser à quelqu'un que je connais. Cette fille, j'aurais aimé l'aborder, mais je n'en ai jamais eu le courage. Elle s'appelle Amélia, c'est ma collègue. On travaille tous les deux dans cette grande tour de verre là-bas, après le parc. Elle est secrétaire à l'étage en-dessous du mien mais on se croise souvent. Je n'ai jamais osé lui demander de sortir avec moi. Mon collègue Paul se moquait de moi à cause de ça et il est même allé jusqu'à l'inviter pour me rendre jaloux et me faire réagir, comme il disait. Sauf que maintenant, ils vont bientôt se marier tous les deux. Et moi, je les ai regardés se rapprocher sans rien faire. J'ai vraiment tout d'un lâche, non ? »

Il crache presque ces mots, l'air dégoûté. Je crois qu'il aurait souhaité avoir plus de courage. Je n'imagine pas sa peine lorsqu'il s'est vu incapable d'aborder cette fille et de la voir maintenant fiancée à son collègue. Cette situation semble très loin d'être agréable. Cela ne m'est jamais arrivé. J'aurais peut-être parfois préféré.

« Ma mère me disait toujours d’être plus courageux quand j’étais petit. Elle n’a pas cessé de le répéter toute ma vie, d’ailleurs. Moi, j’ai vraiment essayé. De toutes mes forces. Mais, à chaque fois que quelqu’un me faisait peur ou même juste quand mon père m’envoyait chercher quelque chose au sous-sol, j’étais pétrifié. Pourtant, il n’y avait pas de raison de l’être ! Mais, j’avais beau me répéter cela en boucle dans ma tête, rien n’y faisait. Ça m’a beaucoup joué des tours dans ma vie. Mais le pire, ça a été il y a quelques semaines - ou quelques mois, je ne m’en souviens plus vraiment. J’étais chez mes parents avec mes deux petites sœurs. Je suis allé prendre quelque chose à la cuisine et, pendant ce temps-là, un homme est entré dans la maison. Je l’ai entendu se disputer avec mon père, une histoire d’argent je crois. J’ai à peine osé regarder ce qui se passait par l'entrebâillement de la porte. J’ai pu apercevoir mes sœurs et ma mère, blotties dans le canapé, l’air apeurées et mon père, debout face à un grand homme brun. Je ne suis même pas entré lorsqu’il a sorti une arme. Il était dos à moi, j’aurais pu le surprendre et aider ma famille mais je ne suis pas entré. Je suis plutôt allé me réfugier dans le placard du couloir lorsqu’il a tiré dans la tête de mon père. Mes sœurs appelaient au secours mais je ne me suis pas retourné. J’aurais pu prendre une arme, n’importe quoi, cela aurait pu faire l’affaire. Ce n’est pas ce qui manque dans une maison, des armes improvisées. J’aurais pu prendre des couteaux dans la cuisine ou le grand porte-manteau en fer forgé de l’entrée. Il y avait même la collection d’armes anciennes dans le bureau de mon père ! Mais j’ai juste attendu en tremblant de peur, caché derrière des manteaux. Je ne suis ressorti que lorsque j’étais certain qu’il était parti. Toute ma famille gisait au sol dans le salon, dans une mare de sang. C’est là que j’ai commencé à cesser d’avoir peur. J’étais tellement en colère ! Contre moi-même pour avoir été si lâche, mais aussi contre cet homme inconnu qui m’avait pris ma famille. Alors j’ai pris les vidéos de surveillance du portail de la maison pour pouvoir identifier l’homme et j’ai appelé la police. Lorsqu’ils sont arrivés, je leur ai dit que j’étais à l’étage et que je n’avais rien entendu, que je venais de les trouver alors que je redescendais. Ils m’ont cru, même lorsque je leur ai dit que les caméras étaient en panne. Et, au fond de moi, je me suis juré de les venger par moi-même. Ça doit paraître un peu cliché, non ? Un peu comme dans tous ces films d’action que l’on voit au cinéma. Mais j’avais tellement envie de me faire pardonner. Et les venger, c’était tout ce que je pouvais faire pour ça. »

Il reprend son souffle. Les larmes brillent dans ces yeux à l’évocation de sa famille mais ce que je vois surtout, c’est la froide colère qui l’habite, ainsi que sa détermination. Il semble plus âgé, soudain. Comme si le petit garçon que je voyais en lui tout à l’heure s’était mué d’un coup en un homme courageux et déterminé. Ce changement soudain est surprenant. Mais ça lui va bien.

« Je l’ai cherché pendant un moment, cet homme. J’ai fini par le trouver dans ce quartier, par hasard. Je venais à l’église et je l’ai croisé. Lui allait au café de la rue d’à-côté. Je ne suis pas allé à l’église ce jour-là mais je l’ai suivi. J’ai regardé où il habitait, je l’ai observé chaque jour. Je me suis bien préparé. Et ce matin, avant qu’il ne sorte de chez lui, je suis allé le voir. Et je me suis vengé. Pour une fois, je ne me suis pas laissé envahir par la peur ! J’ai fait ce que moi j’avais décidé. Je crois que ma mère serait fière. Après toutes ces années à me dire d’être plus courageux, j’y suis enfin arrivé ! »

Toute tristesse a disparu dans ses yeux, ne laissant plus que de la joie et une certaine fierté. Il a l’air serein. C’est bien. Je n’apprécie pas de voir les personnes autour de moi être tristes. Il y a des sorts souvent bien pires que les leurs.
« Maintenant, je ne sais pas trop ce que je vais faire. Je ne peux pas rester ici, bien sûr. Je ne compte pas finir ma vie en prison ! J’ai préparé mon sac hier et j’ai réservé un billet d’avion pour Rome il y a quelques jours. J’ai démissionné peu après la mort des membres de ma famille donc ça ne posera pas de problème. La maison est vendue et je n’ai pas d’amis à quitter. Après Rome, je ne sais pas où je vais aller. Peut-être aller voir la Grande Barrière de corail ? Une de mes sœurs a toujours rêvé d’y aller. Elle n’arrêtait pas de nous dire à quel point cet endroit est magnifique. J’aimerais avoir tes ailes. Je pourrais aller partout. C’est triste de se dire que toi, tu as des ailes mais que tu ne peux pas t’envoler où tu veux. J’imagine que tu aimerais bouger ton corps de pierre et partir d’ici. Je te plains. Alors, adieu, je crois. Il est temps que je parte. Si jamais tu as l’occasion de venir me voir au soleil, n’hésite pas, belle gargouille de pierre ! »

Il s’éloigne, un grand sourire aux lèvres. Oui, j’aimerais venir avec toi au soleil et quitter ma position statique et ô combien inconfortable. J’aimerais te suivre, toi qui un instant, a réchauffé mon cœur de pierre. Mais je ne suis qu’une gargouille de pierre sombre, condamnée à garder l’entrée de cette église, à jamais figée. Alors, au revoir, bel inconnu. Vis bien.
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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par x-Key »

Hop, voici les résultats du concours de février ! Le vainqueur de ce mois est Enavres. En deuxième position se trouve Mythik, suivi en troisième place par Celti. Félicitations à tous pour vos participations :)



À l’heure prévue, Bastien se lève des escaliers. Il quitte sa posture avachie et trois bouteilles de bières vides sur le perron, met sa capuche et ses mains dans ses poches, et part, sans se retourner.

*


De l’autre côté de la rue, Dimitri souffle sur ses mains. Le contact est coupé depuis longtemps déjà, dans sa voiture. Il attend que les passants quittent à leur tour le trottoir pour en sortir.

*


Christabel tourne. Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas les bouteilles. Elle trébuche. Elle peste, et les ramasse.

C’est fou ce que les gens sont sales ! 15 :32
Lol, ne m’en parle pas. Tu as encore glissé sur une peau de banane ? 15 :33
Haha, très drôle. 15 :34
Cette fois, tu ne m’immortaliseras pas, j’ai juste failli tuer des bouteilles abandonnées. 15 :34


*


Dimitri plisse les yeux. Les choses ne se passent pas comme prévu. Il sort, sans verrouiller la portière.

*


J’ai l’impression qu’on me suit. 15 :42
Ca doit être le même chien errant que la dernière fois. 15 :42
Je t’avais dit de ne pas le nourrir, il va te coller aux basques maintenant ! 15 :43
C’est un plus beau spécimen, cette fois ! 15 :45
Montre-moi ça !! 15 :45
Haha, je vais essayer ! 15 :46


*


Problème. 15 :40
Je suis sur le coup. 15 :40
Tu sais ce qui t’attends… 15 :50


*


Christabel jette un œil sur la vitre de l’abribus. Si ce jeune homme est bien en train de la suivre, elle doit bien avouer qu’elle le trouve très à son goût. Elle en vient presque à espérer que ça soit le cas.

*


Dimitri allonge un peu le pas et se rapproche. Il tente de la bousculer. Les bouteilles tombent de sa main et elle lâche son sac.
- Oh, je suis désolé ! Excusez moi mademoiselle, attendez, je vais ramasser tout ça…
Il prend les bouteilles.
- Ne vous embêtez pas, j’allais justement les jeter.
- Il y a une poubelle là derrière, je vais le faire.
- Oh, mais c’est du verre… Je vais trier ça chez moi, ne vous en faites pas. Merci !
- J’insiste…
- Je suis presque chez moi, ça ira. Bonne journée !
Il lui rend son sac.

*


Christabel passe le pas de la porte. Elle pose son sac, ses clefs, les bouteilles sur la table de l’entrée. Elle pousse un long soupir. Vivement qu’ils réparent l’ascenseur ! Elle lance la bouilloire et la musique.

En plus d’être beau, il est serviable ! 15 :54
Lol, comment tu le sais ? 15 :55
Il est aussi maladroit… ;) 15 :55
Craquant ! 15 :56
Alors, il te suivait ? 15 :56
Si seulement, haha ! 15 :57


*


Dimitri fait tourner la carte dans ses doigts. Elle est vraiment jolie, cette enquiquineuse. Il espère pouvoir tout régler facilement.

*


Christabel défait ses cheveux et ses lacets. Elle esquisse trois pas de danse pieds nus, jusqu’à sa bouilloire. Elle met le thé à infuser dans sa tasse, et s’assied devant les trois bouteilles. Elle fronce les sourcils. C’est curieux, il y a quelque chose dans l’une d’entre elle…

*


Dimitri attend.

Le temps s’écoule, Dimitri. 16 :00
Tu sais ce qui t’attends. 16 :02
Oui. 16 :04


Dimitri soupire. Il commence à être nerveux. Enfin, quelqu’un pousse la porte de l’immeuble. Il cherche le nom correspondant sur les boites aux lettres.

*


Avec ses doigts fin, elle tire un petit rouleau de la bouteille. Il y a deux gros billets, un message et un sachet qu’elle n’identifie pas enroulés. C’est étrange. Elle lit le message, ne le comprend pas, mais n’ose pas ouvrir le sachet. Cela l’inquiète. Elle regarde l’heure : 16 :10. Elle ira embêter les policiers demain. Elle les range dans un tiroir, et laisse les bouteilles sur la table.

*


Dimitri sonne.

*


Qui cela peut-il être, un dimanche à cette heure-ci ? Elle n’attend pourtant personne…

*


Il lui fait un beau sourire. Elle est en robe légère dans l’encadrure d’un appartement aux tons chauds de l’été, illuminé par le soleil qui passe à travers la vitre, bien qu’on soit en hiver. Elle fronce les sourcils mais sourit aussi.
- Euh… Oui ?
- Christabel… C’est ça ? Vous avez fait tomber votre carte tout à l’heure. Heureusement qu’il y a votre adresse dessus !
Il fait mine de fouiller dans son sac, en sort des choses. Elle l’invite à entrer. Il pose son sac sur la table, à côté des bouteilles. Il prend la carte et la lui tend.
- Oh, merci ! Je n’avais pas réalisé que je l’avais fait tomber, tout à l’heure. Vous prendrez bien un verre en remerciement, euh… ?
- Dimitri. Avec joie.
Il est vrai qu’elle est jolie, la Christabel. Il espère que tout va bien se passer, ce serait dommage, autrement. Il sent une vibration, dans sa poche. Il peste intérieurement. Il regarde l’heure. 16 :20. Il craint que les choses ne se gâtent.

*


Ils discutent de la musique qui passe le temps qu’il finisse sa tasse de thé, puis le moment se prolonge. Il regarde ostensiblement l’heure, et dit devoir y aller. 18 :03. Il fait nuit, dehors. Ils échangent leurs numéros, et il propose de jeter les bouteilles en descendant.

*


Elle ferme la porte.

J’ai son numéro ! 18 :05
Waaah ! Raconte-moi tout ! 18 :07


Christabel hésite.

J’ai aussi trouvé quelque chose de bizarre… 18 :10
Quoi donc ? 18 :11
Il vient d’une autre planète ? 18 :11
Il a un troisième œil ? 18 :11
Il parle russe, breton et vietnamien en même temps ? 18 :11
Lol, raté. 18 :12
Rien à voir avec lui. Il y avait un message dans une des bouteilles meurtrières. 18 :13
Qu’est-ce que ça dit ? 18 :13
Aucune idée. Je ne sais pas quelle langue c’est. 18 :14


*


Devant la benne, Dimitri observe les bouteilles. Il devient blanc, et jette violemment une bouteille au sol, qui explose. Il est en colère. Il a peur. Christabel, Christabel…

*


18 :18.
Il sonne.
- Désolé, c’est encore moi, je crois que j’ai oublié mes clefs chez toi…
Ils cherchent. Les clefs n’y sont pas.
- Merde… J’ai dû les faire tomber dans la benne tout à l’heure. J’avais entendu un bruit, je ne pensais pas que c’était ça. Rah, flûte, comment je vais faire ?
- Les éboueurs passent demain, une de mes amies en fait partie. On les récupérera à ce moment-là, si tu as de la chance.
Dimitri a vraiment l’air inquiet.
- Ça va aller ?
- Ouais, enfin je ne peux plus rentrer chez moi, quoi…
Christabel fait la moue. Elle a l’impression qu’il y a autre chose. Et si…
- Tu… Tu veux rester dormir ici ce soir ? J’ai le canapé, si tu veux…
Ils échangent un long regard.

*


Demain. Je n’ai pas le choix. 18 :37
Cela ne dépend pas de moi. 18 :52
Je fais de mon mieux. 19 :14
Le temps tourne, Dimitri. 19 :25
Tu sais ce qui t’attend. 19 :25


*


Dimitri soupire et s’affale sur le canapé.
- Il y a un souci ?
- Non, non, rien, c’est cette histoire de clef qui m’agace.
- Ne t’en fais pas, tout s’arrangera demain. Mon amie est déjà sur le coup !
- Haha, merci, je ne voudrais pas abuser.
- Ne t’en fais pas. Tu sais, j’ai l’impression qu’il y a autre chose qui te préoccupe.
Dimitri lui lance un long regard torturé. Il ne dit rien. Elle a vraiment un beau et grand sourire. Il s’étale un peu plus sur le canapé.

*


Ding !
Christabel ouvre le tiroir et farfouille avant d’en sortir ses clefs. Dimitri aperçoit quelque chose. Elle ouvre la porte au livreur, le paye, et voit Dimitri qui fronce les sourcils en se retournant.
- Un problème ? demande-t-elle dans un sourire.
- Non, rien.

*


Christabel lave les assiettes, pendant que Dimitri s’est éclipsé un instant. Son regard tombe sur la carte qu’il lui a rapportée. C’est bizarre, il n’y a pas son adresse dessus, pourtant… Elle hausse les épaules et range la vaisselle.

*


Le temps file, Dimitri. 21 :03
Tu sais ce qui t’attends. 21 :04


*


Christabel est sous la douche. Dimitri ouvre le tiroir. Il trouve le sachet, les billets, pas le message. Il est nerveux. Il s’inquiète. Il sait ce qui l’attend.

*


Dimitri ouvre la porte.
- Oh ! pardon, je cherchais les toilettes…
Christabel vient de sortir de sa douche, a les cheveux humides et est seulement entourée d’une serviette. Elle rougit.
- Ce n’est pas grave. C’est la porte verte, juste à côté. Tu es sûr que tout va bien ?
Dimitri la fixe. En fait, elle est tout simplement belle. Il ne sait pas quoi faire. Il reste là, immobile.
- Dimitri ?
Il croise son regard.
- Oui, pardon.
Il sort. Il passe la porte verte, juste à côté.

*


J’ai récupéré les timbres et la boite. Manque le livre. 21 :08

*


Il est adorable mais il a l’air d’être… perturbé par quelque chose. 21 :10
Bah, ça doit être ton charme fou ! 21 :10
Je vous vois demain, ma belle, amusez-vous bien ! ;) 21 :11
Héhéhé ;) 21 :11


*


Dimitri. 21 :21
Nous savons où tu es. 21 :21


*


Christabel est sortie. Dimitri l’observe, drapée dans une robe pull, ses cheveux mouillés sur les épaules. Elle s’assied à côté de lui sur le canapé. Elle s’installe en tailleur et se sert une tasse de thé chaud. La musique tourne toujours, depuis qu’elle est rentrée, il y a cinq heures. Il l’invite à faire quelques pas de danse.

*


Tu sais ce qui t’attend, Dimitri. 22 :45.

Dimitri ne voit pas le message. Ils sont dans le noir.

*


C’est étrange, elle a pu sentir comme de nombreuses cicatrices sur ses épaules. Et ses côtes étaient sensibles. Elle s’inquiète pour lui. Régulièrement, il reçoit des messages. Malgré tout ce qui s’est passé, il reste nerveux.

*


Christabel dort. Il sort de la chambre à pas de loup. Dans le couloir, il allume la lumière. Son reflet lui renvoie l’image d’un homme nu. C’est un corps fort et brisé. Il se détourne. Il ouvre le tiroir. Le message n’y est pas.

*


Il n’a plus le choix.

*


Debout ! On arrive dans votre rue, les gars sont au courant, mais vous avez intérêt à être efficaces ! 5 :03

*


11h, dernier délai. 00 :02

Il lui reste six heures.

*


Je suis vraiment désolée que ça n’ait rien donné ! 5 :20
Oh tu sais, je ne peux pas dire que ça ne m’arrange pas… ;) 5 :21


*


- Je suis désolée, pour tes clefs…
Dimitri a l’air embêté.
- Ne t’en fais pas, j’en ferais refaire un jeu. Tu pars déjà ?
- Oui, je dois faire un petit détour avant d’aller au travail. Je dois passer à la gendarmerie, j’ai des papiers pour eux. Tu restes ici jusqu’à ce midi ?
Elle le regarde, pleine d’espoir. Il acquiesce. Son sourire ensuite, il est si beau.

*


Elle ouvre le tiroir, prend ses clefs et des feuilles dedans, fouille un instant en fronçant les sourcils. Elle jette un œil à son sac, et pense « bah, ça doit déjà être dedans ».

*


Il comprend. Il la laisse partir. Il se précipite sur le tiroir, celui d’en dessous, celui d’au-dessus. Il ne le trouve pas.

*


Dimitri les observe : dans sa main gauche, les billets ; dans la droite, le sachet. Son écran s’allume.

Il est 8h, Dimitri. 7 :59
Tu sais ce qui t’attend. 8 :01


Il se prend la tête dans les mains.

*


Christabel ? 8 :05
Oui, Dimitri ? 8 :06
Je te manque déjà ? ;) 8 :07
Je t’en supplie. 8 :07
Reviens. 8 :07
Maintenant. 8 :07


Elle est perplexe.

*


Qu’est ce que tu fais chez ta petite copine Dimitri ? Tu sais ce qui t’attends. 8 :10
Pourquoi est-ce qu’elle est allée à la gendarmerie ? 8 :11
Elle est en ce moment même en train d’attendre à un passage piéton. Si elle levait les yeux, elle croiserait mon regard, et pas que. 8 :12
J’espère pour toi que tu sais ce que tu fais. 8 :13
Tu sais ce que tu risques, Dimitri. 8 :13


*


Dimitri ? Il y a un de tes copains devant ma maison, c’est toi qui lui as demandé de surveiller l’entrée depuis tôt ce matin ? Je ne comprends pas. J’ai l’impression qu’il n’est pas tout seul. 8 :15

*


Ding !
Enfin elle est de retour. Dimitri se précipite sur la porte, l’ouvre. Il s’écrit :
- Christ…
Il s’interrompt. Il perd connaissance.

*


Plus qu’un étage. Christabel se pose de plus en plus de question. Mais ? Sa porte est ouverte…

*


Dimitri ? Que se passe-t-il ? Tes copains, ils me fixent par la fenêtre, je ne comprends pas… 8 :30
Dimitri ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? 8 :40


*


Si tu l’ouvres, vous êtes tous morts. 8 :35

*


- Merci d’être venue ce matin, Mademoiselle. Nous sommes désolés pour le dérangement, mais nous avons dû intervenir. S’il coopère, le jeune homme ne devrait pas trop mal s’en sortir.
- Attendez, je ne comprends pas… Il n’a rien fait de mal. J’avais trouvé ce… ce que vous savez dans la rue, par terre. Il n’y est pour rien.
Dimitri reprend connaissance. Il essaie de porter une main à son visage, mais ses mains sont menottées. Il devient livide, se redresse brusquement. Il tente de reculer, mais fait juste basculer la chaise sur laquelle il est installé.
- Mamie !
Il s’écrit. Le gendarme hausse un sourcil.

*


Il semblerait que tu n’aies pas rempli ta part du contrat. 8 :50
Elle est finie. 9 :01


*


Dimitri, tes jeunes copains sont en train de forcer la porte. Je vais appeler la police, tu m’inquiètes, mon petit. 8 :53

*


Bzzt.
Bzzt.
Bzzt.
Le gendarme essaie de parler à Dimitri, mais il n’entend rien. Il se comporte comme une bête en cage. Christabel est désemparée. Dépassée. Elle fronce les sourcils. Elle prend le téléphone, tombé sur le plancher, et le déverrouille, comme elle a vu Dimitri le faire. Le policier la voit devenir blanche.
Elle s’assied d’abord, puis sort de la pièce, et se précipite vers la porte verte, juste à côté de la salle de bain.

*


La porte est toujours ouverte.

*


--- Si pas de réponse, nous montons ---

*


Dimitri reconnaît Bastien. Il s’avance dans le salon, une main, tenant une arme, sur la bouche de Christabel, l’autre lui tenant les mains dans le dos. Il est accompagné d’Ahmed, qui les menace.
- Christabel !
Dimitri revient à la situation actuelle. Il ne peut rien faire. Toujours en tenant en respect le policier, Ahmed ramasse le téléphone, tombé au sol et toujours déverrouillé. Avec un sourire narquois, il montre la vidéo que Dimitri vient de recevoir.

*


Le concierge, interloqué, voit trois hommes des forces de l’ordre dans les escaliers.
- Vous…
Un regard lui coupe la parole.

*


Dimitri hurle.
- NON !
Il se lève brusquement, le visage déformé par la colère et le désespoir. Il arrive à envoyer à travers la pièce l’arme d’Ahmed, qui en sort aussitôt une seconde. Dans le même temps, Bastien libère la bouche de Christabel et lui pointe son arme sur la tempe.

*


Ils entendent un cri. Ils ne peuvent pas se permettre d’être essoufflés, ils entrent discrètement. Ils assistent à une succession d’événements rapides avant de pouvoir intervenir.

*


Ahmed voit le policier tenter de récupérer l’arme au sol. Il repousse d’un bras Dimitri qui se jette sur lui les mains toujours liées, et tire un unique coup.
L’agent s’écroule.
Christabel crie. Bastien la fait taire.
Ils s’avancent :
- Pas un geste !
Le premier attrape Dimitri qui se débat, les deux autres tiennent en respect Ahmed et Bastien, qui a toujours son arme sur la tempe de Christabel.
Il sourit. Il fait glisser son arme dans son décolleté pour la pointer directement sur son cœur.
- Ce serait dommage qu’il lui arrive quelque chose, non ?
Les deux agents s’avancent d’un pas. Un « clic » retentit, le sourire de Bastien se glace. Ahmed ne bouge pas.
- On ne voudrait pas qu’il lui arrive la même chose qu’à ta grand-mère, hein…
Dimitri se libère de la prise de l’homme qui le tenait. Il se jette sur Ahmed, qui trébuche sur le corps au sol. Un coup est tiré.
Les deux hommes ne se relèvent pas.
- Dimitri !
Bastien resserre sa prise sur la jeune femme. L’arme à nouveau sur son visage, conscient de sa position de force, il avance pas à pas vers la sortie avec elle. Les agents le menacent mais ne peuvent rien faire.
Un pied de table.
Un moment d’inattention.
Christabel parvient en un mouvement à libérer son bras. L’arme tombe. Il la prend aussitôt par le cou.
- Lâchez-la.
Il resserre son étreinte. Elle cherche son souffle.
Les deux agents l’entourent.
Il jette un coup d’œil à la porte. Toujours ouverte.
Il pousse Christabel sur les deux hommes et s’enfuit.

*


- Allô, Josiane ? Oui, attends un instant.
Le concierge entend des pas précipités dans l’escalier. Il comprend. Il se précipite pour fermer la porte. Il voit un jeune homme débouler.
Juste à temps, il le plaque au sol. Sa tête cogne le marbre du sol et du mur. Il se relève, satisfait.
- Oui, Josiane, tu disais ?

*


Clac.
Les menottes se décrochent. Son épaule droite est couverte de sang.
Christabel appelle une ambulance, la voix tremblante, tandis que les agents récupèrent Ahmed et Bastien.

*


Et alors, ma belle, aucun message de la journée après ce que j’ai fait pour vous ce matin ? 19 :12
Ton bad boy t’occupe tant que ça ? 19 :13
Tu ne crois pas si bien dire… 20 :18


*


- Oh tu sais, Josinette, dit-il en s’asseyant, j’envisage de me remettre au rugby. J’ai… reçu un signe.
mythik

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par mythik »

Bravo à tous pour vos textes, ils étaient super (surtout le tien, Enavres. Je l'ai adoré !).
Et merci beaucoup pour cette seconde place ;)
Enavres

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Re: Concours d'écriture - Février 2019 : Rencontre avec un inconnu

Message par Enavres »

Oh, je viens de voir que j'avais gagné, merci beaucoup !! Ca me fait vraiment chaud au cœur !
Bravo à tous, c'était très sympa de vous lire :D
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