Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

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x-Key

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Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Le thème du concours d'écriture de mai est : Les duels ! Duel sportif, de magie, d'échecs, face à face de western... laissez libre court à votre imagination et écrivez-nous une histoire sur les duels ! Vous avez jusqu'au 31 mai.

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Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;)

Bonne chance à tous ! :)
jfjs

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par jfjs »

Bonjour,
je suis donc le premier texte pour le concours. Thème intéressant ;-)
J'espère que vous aimerez ces duels magiques... Bonne lecture et bien belle journée à vous.

L’élément suprême

Nataria, professeure à la double baguette étoilée – elle enseignait l'histoire de la magie et la pratique de la magie du métal, avait sollicité de toute urgence une audience auprès de la reine Khinomé. Elle s’inclina respectueusement devant sa souveraine, qui se tourna vers elle avec bienveillance : cette fée, dont elle avait été autrefois l’élève ne semblait pas avoir beaucoup changé. Du haut de son mètre cinquante, et son éternel collier d’or autour du cou, elle enseignait ses théories et ses pratiques avec une grande conviction. La reine lui gardait depuis toujours toute sa confiance, et tant qu’elle serait sur le trône, le royaume magique resterait, comme du jour de son couronnement : fier, juste et stable, malgré les crises qu’il avait parfois traversées.
- Je vous écoute, chère professeure.
Nataria triturait son collier d’or et son pendentif améthyste. Sa voix trahissait son émotion. Elle dit sa crainte devant les menaces d’un groupuscule se dénommant « puissante magie » qui à présent infiltrait l’école, arguant que les magies secondaires n’avaient plus lieu d’être, que celles-ci polluaient les magies les plus fortes, et devaient être éradiquées ; tel était leur credo. Ce courant trouvait écho auprès de certains élèves, et pire encore, des parents dorénavant prêchaient cette doctrine.
- Voyez, Majesté, la magie des pactes est dénigrée au profit de la magie des chandelles. Et pour vous donner un aperçu de l’étendue des dégâts, ces documents sont très parlants.
Khinomé se pencha sur les écrits et s’attarda sur le registre d’inscription. Le cours de magie lunaire connaissait un engouement important au détriment de la magie des ondes.
- Quant aux cours de la magie des pierres, continua Nataria, les inscriptions sont en chute libre. Les élèves comme leurs parents, veulent du spectaculaire !
- Mais vous nous avez toujours enseigné que la magie des parfums par exemple, dit Khinomé, est similaire à celle du sel. Le résultat est toujours identique. Il faut juste donner du temps au temps.
- C'est ce que mes cours essaient d'inculquer à mes élèves, répondit Nataria. Toutes les magies se valent !
Khinomé réfléchissait. Pourquoi des cours étaient désertés tandis que d'autres voyaient leurs effectifs quintupler ?
- Majesté, il est impossible de délivrer un enseignement correct dans une salle de plus de cinquante élèves. Même avec des sorts de miniaturisation !
Khinomé reprit l’étude de la liste. Le cours d’histoire de la magie était malmené lui aussi. Elle se rappela qu’autrefois, elle préférait faire l’école buissonnière plutôt que d’assister à ce cours. À quoi servait d’apprendre toutes ces dates, de connaître ces monuments anciens ? Ce n’étaient que des pierres ; tout cela l’ennuyait. En plus, Nataria avait souvent l’air de radoter avec ses vieilles légendes – dont celle de la pierre philosophale (tout le monde savait que c’était une invention des humains) ou alors de cet extraordinaire métal qui empêchait toute forme de magie. Même des bébés-fées n’y auraient pas cru. Comme elle avait pu se moquer avec ses camarades de cette professeure. Quant aux adultes, ils traitaient la professeure Nataria ouvertement d’illuminée.
Bien plus tard, Khinomé réalisa l’importance de l’histoire, de ses racines. Elle regrettait de l’avoir prise à la légère mais il fallait bien que jeunesse se passe. Ses yeux arrivèrent en bas de la liste : la magie de l'ail et la magie du métal finissaient bonnes dernières.
Quand Nataria lui annonça que le cours de maîtrise des éléments était le plus prisé, Khinomé fronça les sourcils. De par sa constitution de fée, elle était en contact permanent avec les éléments de la nature : l'air pour voler, le feu pour protéger, l'eau pour irriguer et la terre pour enraciner. Les éléments procuraient ainsi au royaume protection et stabilité.
- Ce qui m'inquiète Khinomé, dit Nataria oubliant le rang royal de la personne à qui elle s'adressait, c'est qu'il existe au sein même des éléments une lutte de pouvoir.
Le sang de la reine des fées ne fit qu'un tour. Si l'équilibre entre les éléments était rompu, tout le monde de la magie serait en grand danger. Il fallait intervenir rapidement. Toutes les formes de magie avaient leur point fort et leur point faible mais le résultat dépendait pour beaucoup de la volonté de l'opérateur. Il n'y avait rien à redire sur ce point. Assurément, certaines magies étaient plus spectaculaires que d'autres, comme par exemple, la magie du cristal qui en jetait plein la vue avec ses couleurs irisées à côté de la magie du vinaigre. Mais Khinomé avait misé sur l'apprentissage de toutes les magies (sauf la maléfique pour des raisons évidentes), afin d'asseoir « la connaissance et le respect » au coeur de son système éducatif. Certains élèves étaient plus doués que d'autres et des cours de spécialisation pouvaient être entrepris. La magie elfique était majoritairement suivie par des elfes ce qui était somme toute logique. Mais des lutins s'étaient montrés très habiles dans cette pratique tout comme des fées excellaient en sorts « lutiniques ».
Khinomé préconisait le mélange des magies et l'enrichissement culturel de chacun s'en trouvait grandi. Et lorsque Nataria lui parla de ce courant réformiste, elle s'inquiéta sérieusement. Nous avons besoin les uns des autres, pensa-t-elle. Et si une magie, surtout la puissante magie des éléments prenait le dessus, tout le royaume en pâtirait. D'après les rapports de Nataria, le fragile équilibre entre les quatre était mis à rude épreuve. Khinomé prit une grande respiration, ferma les yeux pour réfléchir : toutes les cellules magiques de son être vibraient plus fort afin de lui apporter l'inspiration. Les secondes laissèrent place aux minutes quand soudain... la lumière. Elle tenait la solution du problème. Khinomé ouvrit les yeux et annonça son idée à Nataria qui attendait fébrilement. Ses doigts nerveux serraient son lourd pendentif, dont le gris métal mat contrastait avec la pierre fine et le collier d’or.
- Nous allons organiser un grand tournoi entre les éléments.
- Mais vous apporterez une pierre à l’édifice du courant réformiste ! souligna Nataria.
- Les duels vont tourner au match nul, il n'y aura ni vainqueur, ni perdant. On verra ainsi que toutes les magies se valent. Je pense même pimenter le tournoi, en proposant aux représentants des autres magies de se mesurer aux éléments. Personne n’osera. Et cette histoire de suprématie sera définitivement terminée, annonça fièrement Khinomé.
Nataria frissonna et ferma entièrement sa main sur le bijou. Khinomé se souvint de ce geste que sa professeure faisait toujours quand elle était satisfaite ou quand elle voulait incanter.
Quelques jours plus tard, tout le petit monde de la communauté magique était réuni pour le tournoi.
Portées par des dragons, les quatre souveraines des éléments étaient impressionnantes de majesté. Tout d’abord Kinsa, reine des Ondines, s’avança dans sa robe d’algues et d’écume. Elle était suivie de Rapalda, reine des Sylphes, porteuse de longs et ondulants voiles bleutés. Quant à Bog, reine des Gnomes, elle étincelait de pierres et de métaux précieux. Finissant la marche, Nidj, reine des Salamandres, flamboyait dans sa tenue rouge-orangé.
- Je déclare les jeux ouverts, annonça Khinomé.
Kinsa, reine de l'eau, entra la première. Elle fut surprise par l'attaque de Rapalda, reine de l'air qui avait invoqué un blizzard pour changer l’élémentaire eau en glace. Kinsa se reprit et lança des trombes d'eau pour vaincre l'élément feu contrôlé par Nidj. Il ne lui restait plus qu’à rencontrer Bog, reine de la terre. Elles psalmodièrent chacune de leur côté. Mais l'eau et la terre se mêlèrent pour former une boue. Match nul. La foule applaudit. Bog, reine de la terre resta dans l'arène. Nidj, reine des salamandres prit le dessus et brûla la terre. Par contre, Bog, remporta une victoire sur l'élément air qui ne pouvait l'atteindre.
Le plan de Khinomé fonctionnait parfaitement. Nataria, satisfaite de la tournure des éléments, jouait avec la chaîne de son pendentif.
Les souveraines de l’eau et de la terre étaient à parfaite égalité. Le public était ravi du spectacle. C'était au tour de Nidj, reine du feu de faire des étincelles. Sans surprise, elle perdit contre l'eau, remporta une éclatante victoire sur la terre mais ne put être départagée avec l'élément air. Tous les regards convergèrent vers Rapalda. Il ne restait plus qu'elle pour prouver la supériorité de l'air sur les autres éléments. Elle s'inclina contre le feu, resta à égalité avec la terre et gagna contre l'eau avec une autre tactique. Après l'avoir surprise, par une attaque glaciale lors du premier combat, Rapalda invoqua cette fois-ci, un vent très chaud pour faire évaporer l'élémentaire eau.
Khinomé jubilait à l'annonce des résultats. Aucun élément n'avait pu être départagé.
- Chères Reines des éléments, annonça-t-elle, je vous félicite. Quel grand spectacle vous nous avez offert. Nous sommes tous témoins de votre magie et avec ce tournoi, nous arrivons à une égalité parfaite.
Tout le monde se mit à applaudir et les Souveraines des éléments saluèrent la foule.
Khinomé ajouta : « Si quelqu'un veut affronter nos championnes, c'est le moment ! »
Qui aurait le courage de se présenter contre les éléments ? Après un long moment de silence, Darone s'avança. Il était grand, large d’épaules, avec un sourire franc. C'était le représentant de la magie du bois.
Nataria serra plus fort son médaillon. Darone rencontra d'abord la terre. La Reine des Gnomes eut beau faire trembler le sol et créer des failles, il les comblait avec du bois. Ni l’un, ni l’autre ne voulait lâcher l'affaire. Nouvelle crevasse remplie immédiatement par l’élément forestier. Le bois finit par étouffer la terre. Bog dut accepter sa défaite.
Ce fut au tour de Rapalda qui se devait de laver cet affront. Darone fit apparaître une forêt dense, extrêmement touffue, qui bloqua les différents vents lancés par la Reine des Sylphes. L’élémentaire vent resta prisonnier des branches. Rapalda dut s'incliner. La foule qui n'aurait pas parié une poussière d'étoile sur l'élément bois, commença à changer d'avis.
Kinsa, reine des Ondines pensa faire l'affaire. Tout le monde savait que le bois pourrissait au contact de l'eau. Darone prononça une formule et fit apparaître un immense barrage puis un autre et un autre. Dès qu'un barrage se rompait, le suivant plus puissant retenait l'eau. Malgré la pression, Kinsa finit par céder.
Khinomé s'inquiéta. Trois éléments sur quatre avaient été maîtrisés. Heureusement, il restait Nidj, la reine du feu ; le bois n'aurait aucune chance. Elle attaqua d'emblée très fort en lançant boule de feu sur boule de feu. Darone incanta pour protéger son élément et lui ordonna de courir. La foule versatile se moqua du bois qui fuyait à toutes jambes. Ce petit jeu dura un certain temps quand Nidj décida de donner le coup de grâce. Elle poussa le feu à prendre encore plus d'intensité. Erreur fatale. Le bois accéléra sa course sur l'impulsion donnée par Darone et le feu brûla toutes ses réserves. Il s’amenuisa petit à petit. Il aurait bien eu besoin de bois pour reprendre des forces mais il finit par s'éteindre. Nidj venait de perdre la partie.
La foule, debout, acclama Darone. La magie du bois venait de faire une percée spectaculaire. Tout le monde était en admiration. Khinomé n'avait pas du tout prévu cela. Les quatre éléments restaient sans voix. Il fallait vite faire quelque chose.
Nataria serra encore plus fort son pendentif et incanta. En l'espace d'un éclair, les belligérants ainsi que Khinomé se retrouvèrent enfermés dans un sarcophage de métal. Ils eurent beau déchaîner toute leur puissance pour essayer de se libérer de ce carcan, leur magie était totalement inefficace.
- C’est ce métal qui absorbe notre magie, constata Darone.
- La légende de Mademoiselle Nataria était donc vraie, dit amèrement Khinomé.
- Il existe ce fameux métal ! déplora la reine des Gnomes.
Nataria, qui avait subi des années de railleries et de quolibets, jubilait. Être professeure d’histoire de la magie lui avait donné cette curiosité et cette croyance de chercher encore et toujours. Elle avait fini par le trouver l’élément suprême.
Le règne sans partage de la magie du métal - qui était bonne dernière au classement des cours suivis - allait pouvoir commencer.
Columbo

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Columbo »

Bonjour,

peut-on raconter un duel qui a réellement existé ou faut-il tout inventé ?

Merci
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par x-Key »

Columbo a écrit :Bonjour,

peut-on raconter un duel qui a réellement existé ou faut-il tout inventé ?

Merci
Comme tu veux !
Hamano-Michiko

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Hamano-Michiko »

Bonjour ! j'ai essayé d'écrire quelque chose mais c'est la première fois pour moi ! j'ai fait mon maximum pour soigner mon orthographe ! je fais ça surtout pour voir si mes histoires peuvent plaire !

Le prince ou la mort

Expliquer de quelle façon j’en étais arrivée jusqu’ici serait difficile à dire mais, vraisemblablement, tombée amoureuse du Prince Helotl, littéralement le dieu de la beauté, était les deuxièmes pires choses qui puissent m’arriver la première étant de perdre le duel à mort engagé par Dame Esyn, véritable déesse de la guerre et prétendante au trône aux côtés de prince Helotl. Autant dire que moi, Aria, simple servante égyptienne au service du roi, n’aie aucune chance de m’en sortir vivante. Dame Esyn me domine part se taille et sa force impressionnante, ma seule issue est mon agilité.
Je n’ai jamais déclaré mes sentiments au Prince mais ceux-ci on finit par se savoir, Dame Esyn est entrée dans une rage noire et est venue me trouver dans ma modeste chambre.

- Sale catin ! tu essayes de me voler ma richesse ! soit ! je te défie dans un combat à mort, ce soir, a la tombée de la nuit dans la salle d’entrainement du château ! celle qui gagnera sa vie, gagnera le prince ! mais…autant te prévenir de suite, celui qui me battra à l’épée n’est pas encore né ! s’énerva-t-elle avant de quitter ma chambre

Depuis sa visite, elle m’avait fait enfermer dans ma chambre, les heures passaient et je tentais de mettre au point une stratégie pour sauver ma peau. Etant petite, mon père tenait à ce que ses enfants connaissent les bases du combat a l’épée, il nous entrainait des heures durant avec un simple morceau de bois jusqu'à ce que mes frères et moi sachions nous défendre contre lui, maitre d’armes dans l’armée, il était d’ailleurs mort sur le front pour défendre notre roi. Je me remémorais mes combats contre mes frères, mes nombreuses défaites mais également mes victoires écrasantes les désarmant totalement. Je me remémorais également mes combats contre mon père qui faisaient semblant de perdre au début, mais, qui finalement augmentait la difficulté face à mes attaques peu puissantes mais qui le prenaient souvent au dépourvu. Perdue dans mes pensées, je ne me rendis compte que trop tard que le soir était déjà arrivé. Un des gardes du château frappa à ma porte

- Servante Aria, l’heure du duel est venue. Me dit-il.

Il me tendit une épée dans son fourreau et une simple tenue de soie bleue réservée à l’élite lors de leurs entrainements. Il me fit sortir de ma chambre et me devança jusqu'à la salle d’entrainement du château où se trouvaient déjà les servantes de dame Esyn, six gardes postés aux trois entrées de la pièce, ainsi qu’une servante de Dame Esyn munie d’un foulard blanc qui indiquerait le début du combat et, bien sur, Dame Esyn équipée d’une magnifique épée au manche en or, glissée dans un fourreau de bois sculpté et d’une tenue de combat rembourrée sur la poitrine, les mêmes tenues que portent nos soldats au combat. Toutes les chances de survie étaient de son coté, elles maniaient l’épée comme s’il s’agissait de son propre bras, elle était grande et prenait ses adversaires de hauts et de vitesse et sa tenue lui promettait une certaine protection au détriment de la mienne. Le garde me poussa au centre du cercle de terre et Dame Esyn me rejoignit. Elle finissait d’ajuster ses gants lorsque la servante de Dame Esyn s’avança pour énoncer les règles du combat.

- Mesdames, commença-t-elle.
- Ne me rabaisse pas au même titre que cette catin ! cria Dame Esyn
- Je vous présente mes plus sincères excuses Dame Esyn, s’excusa sa servante en esquissant une révérence, Dame Esyn, servante Aria, les règles de ce duel sont simples. Vous devez mettre à mort votre adversaire à l’aide de votre épée en combattant dans ce cercle, le combat ne s’arrêtera qu’à la mort de l’une de vous deux.
- Et ce sera moi ! clama Dame Esyn folle de rage.

La servante se recula et je me retrouvais face à face avec Dame Esyn, la lueur brillant dans ses yeux ne laissait place à aucun doute : elle voulait ma mort et elle ferait tout pour l’avoir.

- Dame Esyn, Servante Aria, clama la jeune femme, combattez !

Elle lâcha le foulard et, aussitôt, Dame Esyn se jeta sur moi, épée en avant. Je l’esquivais au dernier moment d’un pat sur le côté m’évitant de me faire transpercer de part en part par son épée aiguisée. Je fis volte fasse le plus rapidement possible mais Dame Esyn lançait déjà une deuxième attaque, tentant directement de me décapiter. Je réussis tant bien que mal à contrer son attaque avec mon épée et nous nous lançâmes dans un combat énergique, elle attaquant, moi contrant tant bien que mal ses coups. A gauche, à droite, au-dessus, elle se battait avec acharnement, ma seule chance était de tenter la ruse. Elle m’assena un coup puissant au dessus de la tête que je réussis à contrer, je la repoussais et profiter de son déséquilibre pour lui assener un coup lui faisant une coupure à la joue. Je ne me sentais absolument pas capable de tuer une personne mais je ne voulais pas non plus me résigner à mourir. Ahurie, elle toucha sa joue et regarda son sang couler sur ses doigts.

- Tu as osé…très bien ! fini de rigoler !

Elle se jeta sur moi et m’assena un coup à l’épaule que je ne réussis pas à arrêter à temps. Du sang gicla de l’entaille profonde et je contrais avec peine son prochain coup. Elle m’assena une rafale de coup que je réussis à contrer avant de la projeter en arrière et de lui assener un deuxième coup qui ne fit que déchirer son pantalon. Elle se redressa et me donna un coup dans les jambes qui me fit trébuchée, d’un coup d’épée elle me fit une entaille en travers de la poitrine, blessée, et couverte de sang je peinais à me relever, elle s’apprêtait à m’assener le coup fatal lorsque, avec ma jambe droite, je fauchais d’un coup sec ses jambes, la faisant tomber au sol. Je me redressais et me mis au-dessus d’elle, épée levée, prête à en finir, mais au moment d’abattre mon épée je n’eus pas le courage de lui trancher la gorge et dérivais pour la planter dans le sol à quelques centimètres de son oreille.

 - Je…je ne peux pas faire.
 - Tu es faible ! me dit-elle, tu prétends aimer le prince mais tu n’as rien de noble ! tu n’es même pas capable d’écarter tes concurrentes !
 - Aimer un prince ne veut pas dire devenir une meurtrière ! criais-je
 - C’est exact ! dit une voie masculine dans mon dos. Je me retournais et vis le prince, escorté de ses gardes, pénétrer dans la pièce. Puis-je savoir ce qui se passe ici ?
 - Je…mon prince je…balbutiais-je en m’inclinant respectueusement devant lui, en oubliant presque le duel à mort qui se jouait.
 - Mon prince ! dit Dame Esyn en se relevant, cette catin de servante voulait voler votre cœur mais celui-ci m’appartient j’ai donc entrepris de défendre ma place !
 - Je ne me rappelle pas vous avoir accordé une place d’épouse, répondit sèchement le prince, et je n’épouserais jamais une femme aussi cruelle que vous Dame Esyn
 - Mais…prince je-
 - Taisez-vous ! vous et vos servantes êtes priées de quitter immédiatement ma demeure ! je vous chasse et que je ne vous vois plus sur mes terres
 - C’est une honte ! je ne me laisserais jamais chasser aussi facilement !

Elle prit son épée et me transperça de part en part, je tombais face contre terre, ne pouvant me relever je vis mon sang former une flaque au tour de moi. Un point noir commençait à se former au centre de ma vision, devenant de plus en plus grand et je ne vis bientôt plus rien, laissant échapper un soupir, la douleur disparue et je me sentis soulager, je me sentis partir comme si j’allais m’endormir.
Je me réveillais dans un lit somptueux avec des draps de soie brodés d’or. Je vis que mes blessures avaient était soigneusement nettoyée et que des pansements recouvrait une partie de mon corps. Je tournais la tête et découvris, sur un somptueux fauteuil assorti aux draps de lit, le prince qui me fixait.

- Ravis de voir que vous êtes réveillé, me dit-il en s’approchant et en s’asseyant sur le lit.
- Que…que c’est il passé ? articulais-je péniblement
- Dame Esyn à tenter de vous assassiner, elle est à présent enfermée dans les cachots en attendant une sentence digne de son acte, quant à vous, j’ai fait appel au médecin du château pour vous soigner, vous reposer dans mon lit depuis une bonne semaine maintenant, je dois dire que je perdais espoir de vous voir un jour vous réveiller.
- Je vous remercie pour toute l’aide que vous m’avez donnée.
- C’est normal, après tout, vous avez risqué votre vie pour moi n’est ce pas ?
- A ce propos…
- Ne vous en faites pas pour cela, nous en parlerons le moment venue mais sachez une chose : pour moi les catégories sociales, les origines n’ont que peut d’importance tant que l’amour est véritable, et je pense que vous avez mille fois prouvé votre amour.
elenwe

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par elenwe »

Bon, j'ai tenté de me prêter au jeu, mais j'ai trouvé ça difficile de faire aussi court, planter un décor en aussi peu de mots et laisser assez de place à l'action a été un véritable casse-tête que je n'ai pas bien maîtrisé. Mais j'espère ne pas être complètement hors surjet. :)
Bonne lecture.



S’il y avait bien une chose que Lyan détestait, c’était qu’on lui force la main. Il n’avait jamais supporté les règles pour cette raison. Et c’est pour les éviter qu’il s’était émancipé de sa famille et du monastère à douze ans.
Il ajusta son pourpoint élimé aux coudes, c’était son seul vêtement sophistiqué et il lui avait coûté une fortune. Mais c’était il y a longtemps et ça se voyait. Finalement il décida que cet habit ne lui convenait pas. Il se changea et passa une de ses cottes qu’il recouvrit d’une tunique grise, il mit ses chausses de la même couleur, puis ses bottes en cuir souple. Cette fois il était satisfait. Il passa sa ceinture à laquelle était suspendue son épée et ses deux dagues. Il vérifia que tout était parfaitement accessible et à sa place. Quand ce fut fait, il sourit enfin légèrement. Content d’être à l’aise à défaut d’être des plus présentables, il attrapa son sac déjà prêt et sortit de la cabane.
Sa mauvaise humeur reprit vite le dessus. Il était convoqué au monastère. Il aurait pu ne pas répondre à l’invitation, mais le novice qui lui avait apporté le message semblait très préoccupé. Lyan n’aimait pas avouer qu’il avait un cœur et qu’il était capable d’empathie parfois. Sauf qu’il avait une réelle affection pour l’abbé Julan. Ce dernier avait été patient quand il était arrivé chez eux à l’âge de huit ans. Et il n’était pas un enfant facile à ce moment-là. Ses parents s’étaient résignés à confier son éducation à d’autres, ils ne savaient plus que faire de lui. Surtout depuis un incident avec les souverains.
Lyan grimaça à cette pensé, il aurait pu se faire exécuter et ses tuteurs avec. Ils devaient leur salut au statut privilégié de son père qui n’était autre que le bras droit du monarque. Il se remémora le fou-rire de la princesse Tessa quand il avait renversé sa coupe sur son frère et que le bébé avait braillé à en réveiller un mort.
Son cœur se serra, son amie lui manquait. Jeune elle avait été tout aussi indomptable que lui. Cependant pour son père elle avait fini par entrer dans le rang. Elle avait épousé un obscur héritier d’un royaume voisin et était devenue reine. C’était son petit frère braillard qui devait monter sur le trône de leur père. Lyan espéra sincèrement que les rumeurs concernant Tomyas étaient fausses. Il était dépeint comme capricieux et aussi idiot qu’une chaise sans assise.

Heureusement, le monastère n’était qu’à six heures de marches de chez lui. Il arriverait en fin d’après-midi et passerait la nuit là-bas, pour être là aux aurores comme l’abbé Julan l’avait expressément demandé.
Il n’avait plus de cheval depuis qu’il l’avait perdu à un concours de tir à l’arc. Il n’avait jamais vraiment excellé dans cette discipline, mais était pourtant persuadé d’être capable de battre les archers des campagnes. Mais ça n’avait pas été le cas. Il ruminait encore l’amertume de cette défaite. Il n’avait pas particulièrement tenu à ce cheval, il ne lui avait même pas donné de nom. Sauf qu’il n’avait pas les moyens de s’en acheter un autre pour le moment. Sans guerre, il avait peu de revenus, être mercenaire n’était lucratif qu’en cas de conflit. Il aurait pu aller voir ses parents, même si officiellement ils l’avaient renié en apprenant qu’il s’était déjà battu pour un camp ennemi. C’était politique plus qu’une volonté de leur part. Est-ce que c’était de sa faute si on lui avait proposé plus d’argent ailleurs ?
Il n’avait pas compris la colère qu’il avait eu à essuyer quand ses parents avaient su. Ce n’était pas comme si sa présence avait le pouvoir de modifier quoi que ce soit.
Il continua sa route d’un bon pas, espérant arriver le plus tôt possible.

Devant l’un des quatre grands murs d’enceinte du monastère, il s’imagina une seconde n’être jamais parti. Avoir endossé la coule. Avoir perfectionné son art de moine guerrier. Être devenu un pion sur l’échiquier politique. Un bon pion. Il n’aurait jamais pu prétendre au poste d’abbé, il n’avait pas la patience ni l’empathie suffisante pour diriger tout un ordre. Mais il aurait pu être son fer-de-lance. Quand il était parti, il faisait concurrence à certains moines et battait presque systématiquement n’importe quel novice.
L’abbé Julan le surnommait : « le Prodige » et avait été persuadé que c’était le destin qu’il soit parmi eux. Il s’était trompé. À la première occasion, Lyan était parti.
Il décida enfin de tirer sur la cloche à côté de la poterne.
Un petit panneau coulissa juste le temps pour lui d’apercevoir le blanc d’un œil avant de se refermer et que la porte s’ouvre.
— Lyan, soupira de soulagement frère Krystan.
— Oui, je suis là et en avance.
— Beaucoup étaient persuadés que tu ne viendrais pas. Je t’en pris, entre.
Lyan suivit d’un pas rapide son ancien compagnon d’apprentissage. La cour intérieure sentait bon le printemps, les fleurs s’épanouissaient dans le jardin abrité. Il inspira à plein poumon l’odeur apaisante et complimenta son guide. Qui se contenta d’acquiescer tout en pressant davantage le pas. Ils quittèrent la partie extérieure pour s’engouffrer dans des couloirs frais. Lyan n’avait rien oublié de la disposition des lieux et une légère appréhension le gagna devant la porte du bureau de l’abbé, comme quand il était convoqué pour se faire disputer.
— Entrez !
— Abbé Julan, il est arrivé.
Le vieil homme releva la tête du papier qu’il était en train de rédiger et ne cacha pas son étonnement. Il congédia d’un geste Krystan et invita Lyan à s’asseoir.
— Je suis là, maintenant j’aimerais savoir pourquoi ? déclara Lyan tout à trac.
— Tu ne changes pas. Regarde-toi, Lyan. Toutes ces cicatrices... Était-ce vraiment cela que tu souhaitais ?
— Je ne suis pas là pour discuter de mes choix.
— Et pourtant, c’est un choix que je vais te soumettre.
Les yeux bleus de Lyan s’étrécirent. Il réprima la vague de colère que ces mots avaient engendrée. Il espérait ne pas avoir été convoqué pour une proposition telle que celle de rejoindre à nouveau le rend des moines.
— Parlez.
— La reine Tessa a été condamnée à mort par son mari.
Les mots foudroyèrent Lyan aussi efficacement qu’un éclair.
— Elle est morte, murmura Lyan.
— Non, pas encore. Les relations diplomatiques sont tendues entre notre pays et le sien depuis la nouvelle. Son père a menacé de déclarer la guerre si elle était tuée. C’est ce qui la maintient en vie pour le moment.
— Pourquoi son mari ne la répudie-t-elle pas ? demanda-t-il en cachant sa colère.
— Le roi Vanir est orgueilleux. (L’abbé hésita un instant.) Ce n’est pas un secret, même si cette information n’est pas criée en place publique. Elle a refusé de continuer à partager la même couche que lui. Elle lui a donné trois enfants, dont deux fils. Elle lui a dit que c’était suffisant, mais il ne l’a pas entendu de cette oreille.
— Pardonnez-moi, mais qu’est-ce que je viens faire là-dedans ?
— La reine Tessa a véritablement enfreint les lois en se refusant à son mari. Même si nos troupes sont supérieures en nombre et que nous gagnerions une éventuelle guerre, nous serions privés d’un allier. De plus le royaume de Vanir se trouve entre nous et celui du roi Maxent. C’est pour nous prémunir de cette menace que notre roi à marier sa fille à Vanir. Politiquement nous serions dans une mauvaise passe, notre roi perdrait en crédibilité en ne respectant pas les lois de ses alliés. Il pourrait perdre plus de soutien et nous serions condamnés.
— Venez-en aux faits ! Qu’est-ce que je viens faire dans cette histoire ?
— Pour laver son honneur, Vanir a consenti à ce qu’un duel judiciaire règle cette histoire. Il avait proposé que ce soit le prince Tomyas qui le dispute au nom de sa sœur. Le roi n’a évidemment pas accepté et a proposé son champion. Nous savons que Vanir a lui aussi choisi son meilleur guerrier et que ce sera difficile. Mais il a refusé. À la place il a proposé à ce que Tessa choisisse elle-même celui qui se battra. Nos espions nous ont annoncé que les premiers noms qu’elle avait proposés avaient tous été refusés par son mari. Elle avait choisi des gardes royaux, les seuls dont elle devait se souvenir. Puis elle a finalement proposé le tien, et le roi Vanir a accepté.
— Ça fait plus de vingt-cinq ans que je n’ai pas revu Tessa. Pourquoi a-t-elle pensé à moi ?
La question était idiote, il en avait conscience. L’abbé n’avait aucun moyen de savoir, mais pour la première fois de sa vie Lyan avait peur. Quelqu’un lui confiait sa vie et il avait fallu que ce soit elle.
— Elle a fait un très bon choix, répondit l’abbé avec un sourire encourageant.
— Vous n’en savez rien !
— Ne crie pas. Je comprends tes sentiments, c’est beaucoup de responsabilité, je sais. Ça veut dire que tu acceptes ?
— Si je refuse, qui le fera à ma place ?
— Une personne qui sera certainement moins douée que toi.
— Je le ferais.
L’abbé Julan posa sa main sur la sienne et l’invita à aller se reposer. Mais il ne put s’y résoudre, son sac à peine posé dans la chambre, il sortit dans la cour d’entrainement.
Une dizaine de personnes pratiquaient avec des épées lestées. Il se déchargea de ses armes en acier et alla en saisir une factice.
— Bonjour, Lyan. Puis-je me mesurer avec toi ? demanda frère Krystan.
Lyan accepta et se mit en position. Son ancien acolyte attaqua rapidement. Et une véritable frénésie de coups s’abattit sur lui. Il para. Recula. Encore et toujours. La panique le prenant sournoisement. Il n’était pas de taille, pourquoi avait-il dit oui ?
Un coup violent sur son bras lui fit lâcher son arme. Dépité il la regarda rebondir sur le sol.
— Tu te mets trop de pression, lui indiqua Krystan en ramassant l’arme et en la lui tendant.
Lyan refusa de la saisir et retourna à l’intérieur complètement mortifié. Qu’avait-il fait ?

Il ne dormit pas. Il n’était pas allé manger non plus le soir. Il allait condamner la seule amie qu’il n’ait jamais eue. Malgré le temps tous les souvenirs concernant Tessa étaient intacts dans son esprit. Son regard espiègle quand elle venait le chercher pour faire une bêtise. Sa démarche féline quand elle quittait en douce ses appartements. La mélodie de son rire. Ses boucles qu’elle remettait en place pour se distraire quand elle se faisait gronder. Et il allait la condamner…
Krystan vint le chercher le matin et le conduisit presque de force dans la salle des repas. Des dizaines de moines et de novices s’étalaient sur les immenses tables. Ils prenaient tous la peine de ne pas le regarder, mais il ressentait leur envie de le faire.
Il essaya de se nourrir, mais sa gorge était nouée. Il attendit que le temps passe et de pouvoir se mettre en route. L’abbé Julan lui prêta un cheval avec des sacoches de selles pleines de victuailles. Il avait plusieurs jours de chevauchés pour rejoindre le château du roi Vanir, il ne devait pas traîner s’il voulait y être à temps. Il n’était pourtant pas sûr au final d’être une si bonne option pour sauver son amie, mais il essaierait et au moins s’il échouait, il ne serait pas là pour la voir mourir. Ça avait dû coûter à son amie d’accepter que d’autres défendent ses intérêts. Il ne fallait pas qu’il échoue.

Il passa sous la herse et fut presque désarçonné par les gardes qui lui demandèrent ses armes avec beaucoup d’inquiétude. Les choses passèrent ensuite comme dans un brouillard, le trac le paralysait, il fit tout par automatisme, il fut mis à l’écart et nourrit jusqu’au jour du duel.
Il se retrouva dans la grande salle, entouré de gardes, de nobles, de quelques représentants de son propre pays, sûrement ici pour rendre des comptes, et dans le meilleur des cas repartir avec Tessa.
Tessa qui le regardait avec fermeté. Elle n’était pas entravée, mais vêtue simplement, comme une prisonnière de haut rang. Il puisa de la force dans la profondeur de ses prunelles marron. Jusqu’à ce qu’une immense silhouette s’interpose entre eux. Le champion devait avoisiner les deux mètres. Lyan ne s’était jamais senti si petit. Son adversaire était recouvert d’une armure, certainement pour pallier son manque de vitesse. Les choses s’annonçaient vraiment très mal.
— Mon champion Montys a accepté d’être le bras armé de ma justice. J’ai accepté le duel en signe de bonne volonté au regard de ma belle-famille. Le dénommer Lyan a été proposé pour les représenter.
Lyan arrêta d’écouter le roi Vanir, il détailla son adversaire en faisant taire sa peur. Il était rapide, il pourrait le battre.
Le roi venait apparemment de finir son discours, car on lui tendit son arme. Il se débarrassa aussitôt du fourreau qu’il envoya par terre.
Son épée avait une longueur bâtarde, alors que son adversaire avait une immense épée longue. Ça allait vraiment être difficile, mais il ne pouvait pas se permettre de perdre tous ses moyens. Au monastère il avait été submergé, il était meilleur que ça. Il serait meilleur que ça.

Les hostilités commencèrent.
Il dut se baisser pour éviter un coup de taille. Le monstre en face de lui arrivait à tenir son énorme épée qu’à une seule main. En se redressant, il interposa sa lame sur le retour. Son bras trembla sous le choc et il dut reculer.
Il se mit en mouvement espérant trouver un angle mort et prendre Montys de vitesse. Mais le géant réitéra un immense balayage de l’air de sa longue épée. Il sauta pour éviter in extremis d’être touché.
Il fallait qu’il se reprenne, il ne pouvait pas se contenter d’esquiver. Il redoubla de vitesse et tourna autour de sa cible. Et attaqua. Une attaque d’estoc visant l’aine, un des seuls points faibles de la cuirasse ennemie. Sa tentative fut balayée.
Il recommença. Encore et encore. S’essoufflant. Parant. Attaquant dans un balai éreintant.
Puis Montys attaqua à deux mains, son énorme épée s’abattant sur son épaule. Il plaça sa lame sur la trajectoire qui se brisa. Il eut la chance de tomber au sol et d’éviter la fin de l’assaut qui aurait fini sa course dans sa chair.
Il regarda le moignon d’arme qu’il lui restait, mais se repris vite en se jetant sur le côté pour fuir l’acier mortel. Il roula. Se releva et fondit sur le champion. Ce dernier lui entailla le flan, mais il parvint à s’arrimer à son buste et planta le bout d’arme qu’il lui restait à la base du cou. Le géant n’eut pas l’air de s’en formaliser et lui asséna un coup de pommeau dans le côté déjà meurtri le faisant lâcher prise. Il n’arriva pas à récupérer son arme en tombant au sol.
Il s’éloigna promptement. Lyan évita des attaques de façon désespérée. En roulant il se tailla la paume sur un débris de son arme il s’en saisit se blessant davantage. Il fonça sur Montys. Se déroba miraculeusement d’une attaque et bondit sur lui. Le géant comprenant son intention lâcha son arme et le saisit sous les épaules pour le déloger. Un bras fermement assuré à l’épaule de son ennemi Lyan planta son arme improvisée dans son œil.
Le géant tituba et s’affaissa sur le marbre éclaboussé de sang.
Lyan s’autorisa un regard vers Tessa. Un léger sourire à peine discernable éclairait son visage.
Peut-être qu’ils ne parviendraient pas à quitter ce royaume vivant, mais simplement pour ce sourire, ça en valait la peine.
Dernière modification par elenwe le mar. 18 juin, 2019 11:53 am, modifié 2 fois.
celti

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par celti »

Bonjour, voici ma participation :) J'ai hésité entre deux extraits s'inscrivant dans une plus grande histoire, mais tournant autour du même personnage. J'ai opté pour cet extrait ci, plutôt qu'un autre, où le personnage était plus jeune (bien qu'on m'avait félicité plus d'une fois pour le réalisme des combats de cet autre passage. À vous de me dire si ceux ci ont l'air réels également).

Ce n'est pas ma meilleure scène, loin de là, elle n'est pas non plus représentative de mon œuvre, mais c'est l'une des seules à intégrer ce qui ressemble à un duel.



Bonne lecture !

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-Le Rempart est le surnom du personnage principal de cet extrait
-Fallem désigne une organisation ennemie
-Le flane est un alliage inventé plus résistant que l'acier

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Les chevaux faiblissaient, impactant leur vitesse de progression. Tous fatiguaient, s’énervaient pour un rien, ne juraient que par leurs lits. Il leur restait encore deux bonnes heures avant d’espérer apercevoir les tours de la Ronceraie et rejoindre leurs couches. Aucun astre solaire n’effleurait l’horizon, mais les symphonies rythmiques des insectes nocturnes perdaient de leur intensité. Ils progressaient sur une étendue de neige plate parsemée de quelques arbres massifs hivernaux, et au loin, quelques ruines de ce qui avait dû être une bourgade depuis longtemps désertée. Le groupe, atone, affamé et épuisé par la route si vite engloutie, se laissait guider par les montures, alternant entre trot et marche, et un guerrier en armure noire qui commençait à dodeliner du heaume.

Des cliquetis métalliques, étouffés par le vent moyen qui les poussait en avant, les avaient alertés, mais trop tard. À l’approche des ruines, une trentaine d’hommes armés surgissaient sur le chemin pour leur barrer la route, les encerclant, freinant l’avancée des montures et leur ôtant toute possibilité aisée d’évasion. Les soldats mirent pied à terre, dégainèrent leurs armes puis apaisèrent leurs chevaux affolés, chuchotant entre eux pour préparer leurs défenses. Pas Stall. Nonchalamment encore en selle, ils jaugeaient les nouveaux arrivants, assez pacifiques. S’ils les bloquaient sans les attaquer par surprise, c’est qu’ils voulaient autre chose que leurs vies. Et donc qu’il y avait plus rentable à faire que s’énerver et foncer dans le tas.
— Il reste donc des têtes pensantes pour vous envoyer à la mort, nota-t-il.
— Et il y en aura jusqu’à l’endormissement, répliqua un Fallem.
— C’était une très mauvaise idée de tuer Otelmas, lui reprocha un second.
— Je la trouvais plutôt bonne, objecta le Rempart, descendant de sa carnassière ailée et empoignant calmement son arme favorite. Pas d’arbalète pour me mettre un carreau dans le crâne ?

Apparemment non. Ce qui accréditait son hypothèse. Ils n’étaient pas là pour tuer. Ce n’était pas la première embuscade qu’ils subissaient et généralement ils recevaient des flèches et des carreaux avant les paroles. Les flèches en fer des Fallems avaient tendance à se briser ou à ricocher contre le Flane du Rempart, que ce soit son torse, ses jambes ou sa tête, de visés, ce qui lui avait évité maintes fois la mort. Ses surnoms ne venaient pas de nulle part, l’Invulnérable en tête. Il ne pouvait toutefois pas en dire autant des quelques compagnons qu’ils avaient perdu de la sorte au cours des dernières années. Combien de défigurés, combien de borgnes, combien de morts ? Il ne les comptait plus, mais n’oubliait pas leurs noms. Disait-il. Mais il en avait oublié la plupart.

En tout cas, tant que les Fallems n’y allaient pas à la baliste de guerre, Stall ne craignait plus vraiment les embuscades, sauf pour ses hommes. Et quoi que voulaient leurs agresseurs, cette nuit, il comptait bien les empêcher de nuire à ceux qui l’accompagnaient. Il y tenait un peu.

Indifférent aux demandes de Thoann, le pressant de revenir dans le groupe, il s’avança sans crainte vers l’homme le plus proche, qui leva alors son arme vers lui, plus par prudence que par menace, sans l’attaquer. Galen déploya ses larges ailes et ses serres affilées, prête à bondir au moindre signe agressif. C’était à se demander qui les intimidait le plus entre la créature et le créateur.
— Si vous n’attaquez pas, c’est que la peur vous domine, présuma le Rempart. Ou que vous nous voulez autre chose. Je vous écoute.
— Une proposition à t’faire, confirma le Fallem. Y’a eu trop d’morts chez nous par ta faute.
— Il y en aura aussi longtemps qu’Evalya l’exigera, répliqua-t-il lentement.
— Sauf si tu nous r’joins. On saura s’montrer généreux. Et on d’dira nos secrets. Tu comprendras.

Stall retint un rire. Un rire sincère et méprisant. Mais sincère quand même.
— À quel moment ça vous a semblé être une bonne idée ? s’intéressa-t-il. De me proposer ça en nous coupant le chemin, je veux dire. J’ai sectionné des gens en deux pour moins que ça.

Il valait mieux en rire qu’en pleurer. C’était bien la première fois que ses ennemis lui proposaient ainsi de rejoindre leurs rangs. Leur audace lui plaisait. Pour une fois, il avait presque une forme de respect, pour eux. Presque.
— On est les messagers, nous, pas les décideurs.
— Et vous êtes une trentaine pour faire passer un message ? les dénombra-t-il. Ça fait beaucoup de bouches pour un seul texte.
— C’pour se protéger, juste au cas où.
— Au cas où, ça risque de ne pas être suffisant, affirma-t-il. Et je décline votre offre. Cassez-vous.

Il y eut un mouvement de recul de la part des plus proches. Sûrement craignaient-ils une attaque fulgurante ou quelque chose du genre ? Ils le connaissaient bien. Stall les observait, platement, attendant qu’ils rebroussent chemin. Il n’était pas motivé à les tuer. Il avait eu sa dose de brutalité, ces derniers jours. Il voulait juste rentrer à la Ronceraie. Expédier cet petit imprévu inédit qui les retardait. Ramener ses hommes à la maison. Et se plonger dans l’un des bains bouillants de la Ronceraie. En charmante compagnie, si possible.
— T’es con ? réagit enfin l’un de ses opposants. Tu nous r’jettes ? Alors qu’on vient en paix après qu’t’aies pourri Otelmas ? T’sais pas ce qui va arriver, en fait.

Le Rempart tourna la tête vers lui. Si l’imprudence avait un visage... eh bien ce visage n’était pas agréable à voir. Un coup de marteau arrangerait sans doute le tout.
— T’les as pas vus à l’œuvre, accusa le Fallem. Nous si. Une fois. On est allés voir, de très loin. On sait c’qui arrive à ceux qui se dressent devant. On sait qu’fuir sert à rien, qu’l’Ezethia est p'tet l’un des meilleurs endroits et qu’y faut y creuser nos prop' tombes pour espérer en r'ssortir un jour ! s’emporta-t-il. Faut endormir toute la région si on veut la garder pour nous. Faut qu’y’ait pu personne de vivant à la surface quand t'y z'arriveront. Faut êt' le plus discret possible. Reste juste à abattre ceux qui veulent combattre et après c’est bon. On aura une chance. T’sais rien de c’qui va nous tomber d’ssus. Arrête de nous combattre, on t’expliquera, on t’montrera ! T’mourras pas pour rien comme ça.

Stall était fatigué. Fatigué d’entendre des absurdités sans queue ni tête sortant de nulle part. Ce n’était pas la première fois qu’on lui servait cette bouillie incompréhensible et il l’avait toujours rejetée, tout comme Evalya et tous ceux ayant la malchance d’en entendre parler. Il n’avait même pas le courage d’interroger le Fallem sur la nature de ce qu’il affirmait. Il y avait un côté vérité absolue qu’eux seuls connaissaient, un petit côté Sognbern qui le dérangeait au plus haut point. L’envie d’en tuer un ou deux le démangeait, finalement.
— Barrez-vous, exigea-t-il simplement en leur tournant le dos, marchant vers Galen, se contenant.

En tuer un ou deux reviendrait à provoquer les autres, et donc à engager un nouveau combat. Stall savait ses hommes harassés par la route, ils s’attendaient à se coucher sous peu, pas à se battre. En cet instant précis, il ne voulait pas céder à la violence. Pour essayer. Pour une fois. Et ne pas risquer la vie de ses hommes courbaturés pour une trentaine de paumés qui croyaient en n’importe quoi. Ils auraient bien l’occasion de les tuer plus tard, au détour d’une requête d’Evalya, en meilleure forme.
— T’es b'in con d’refuser ! insista le Fallem. Vaut même mieux clamser avant, mais ça, vous l’comprenez pas, quoi qu’on fasse, qu’on dise... Alors on va vous crever. Toi, la reine, sa sœur, tout le monde. Ça d’vrait suffire à gagner du temps, à c’que personne les attaque, à passer inaperçu à leurs yeux quelques mois ou années d’plus. Restera pu qu’à foutre le feu et à se terrer en espérant qu’ils viendront pas. C’comme ça qu’on peut survivre, pas en croyant qu’on peut leur résister.

Stall s’arrêta, à mi-parcours entre sa position et Galen. Il en avait assez entendu. Le coup allait partir, des têtes allaient voler. Se contenir n’avait jamais été son fort. Il se retourna.
— T’es bouché, toi, s’exclama un autre Fallem à la gestuelle très expressive. Tu fais pas c’qui faut, tu fais le fier, du coup, quoiqu’tu fasses, tu crèveras. Mais t’es pas malchanceux, c’nous qu’on va s’en charger, pas eux. Vous écoutez pas, vous nous prenez pour des fous, des ennemis du royaume de nos ancêtres, mais c’est vous qui l’êtes ! Nous on l’est pas !
— Vous agissez comme tels, jugea Stall.

Il marqua une courte pause, cherchant autre chose à rajouter, puis laissa tomber sa hache-marteau dans la neige.
— Je vous tuerai volontiers jusqu’au dernier sans la moindre hésitation, mais je ne souhaite pas vous combattre. Pas tous. Alors on va faire simple.

Il les regarda tous un par un rapidement, tournant lentement sur lui-même. Certains portaient des casques, d’autres non. Y avait-il un arc, une arbalète, quelque chose, caché dans le dos d’un des hommes ? Ce n’était pas quelque chose qu’il craignait vraiment, mais il préférait largement quand l’ennemi venait le combattre au corps à corps, là où il avait tout loisir de le dominer.

L’affrontement était inévitable, la situation ne pouvait pas être désamorcée. À vrai dire, ils l’avaient un peu trop chauffé avec leur insistance et ouvrir le ventre de quelques-uns lui apporterait sans conteste de la satisfaction. Le Rempart voyait pourtant une alternative plus simple, basique, distrayante pour lui, et avantageuse pour sa réputation. Et plus sécurisée pour ses compagnons.
— Vous vouliez me parler, m’inviter à vous rejoindre. Je refuse. Du coup, vous voulez me tuer, très bien, ça vous ressemble plus. Je pense que vous doutez de pouvoir nous avoir, moi et mes hommes, en étant si peu nombreux. Vous êtes trop mal organisés. Il n’y a donc que deux issues pour vous. Dans la première, vous tentez votre chance et vous mourrez tous, dans la seconde, un seul d’entre vous. Votre choix ?

Quelques chuchotements se firent entendre. Rabaisser l’ennemi était une méthode simple pour instiller le doute dans son esprit. Le doute chassait la confiance, brouillait les décisions, invitait l’hésitation, stimulait l’émotion et noyait la raison. Ce qui facilitait les combats et les décès prématurés. Stall croisa les bras, insistant sur les sonorités grinçantes que son armure produisait. Ce n’était pas de l’acier ou du fer, qui se frottait, c’était autre chose et cela évoquait souvent, aux oreilles de ceux qui le lui avaient confié, le râle d’un mort.

Le cercle humain se resserra et les compagnons de route de Stall se rapprochèrent de lui, mais celui-ci leur signifia d’un geste de rester là où ils étaient, de se protéger entre eux. Les chuchotements amplifièrent dans les deux camps.
— Si on est v'nus là et qu’on a veillé toute la nuit, c’pas pour te laisser mener la danse, protesta un Fallem sur sa gauche, levant son arme. Ni pour nous barrer parce que tu crois qu’on a peur !
— Je ne le crois pas, je le sais. Votre choix ? répéta-t-il.
— Soit tu nous rejoins et tu fais faire à Evalya comme on te dit, soit on t’bute ! s’énerva son interlocuteur, bien vite approuvé par ses compagnons.

Ils auraient pu repartir sans faire d’histoire, Stall leur avait accordé cette option. Mais non. Trente hommes le menaçaient et aucun n’osait s’en prendre à lui autrement que verbalement. Peut-être s’étaient-ils surestimés. Ou le surestimaient-ils. Les réputations, les légendes... l’armure noire. Toujours aussi efficace. De nombreux combats lui avaient été favorables uniquement grâce à cela et pas à ses armes.
— Qu’est-ce que t’entends par un seul d’entre nous ? lui demanda une voix de femme. Tu veux un sacrifice ou quoi l’Ystrîmique ?

Elle s’avança vers lui, le regard déterminé, avec suffisamment d’assurance pour le défier, voulant profiter de son avantage. Le Rempart réagit aussitôt, sans le lui laisser la moindre chance, en la désarmant. Puis sa main gauche se plaqua contre ses côtes alors que la droite lui agrippait l’épaule opposée. Stall la souleva en l’air comme si elle ne pesait rien. Les armes tirées, les Fallems hésitèrent, ne sachant que trop peu si leur ennemi allait s’en servir comme d’un bouclier ou un projectile. En tout cas, il ne la tuait pas. La Fallem, après avoir hurlé de surprise, haussa les sourcils. Il aurait très bien pu la déchirer en deux. Mais elle restait en l’air, humiliée, gesticulant et ordonnant qu'on la repose à terre.
— Un simple duel, leur proposa alors Stall, se débarrassant de sa prise, la projetant à quelques mètres de là avec un grognement d’effort.

Elle heurta un pan de mur et s’écroula dans la neige. Stall lui accorda quelques secondes d’attention.
— Pas morte, conclut-il. Le compte n’est pas encore bon. Un duel, donc. Si je l’emporte, je ne vous tue pas, je vous laisserai partir vous cacher, c’est votre droit. Et vous nous laisserez l’opportunité de mourir comme bon nous semble.

Deux Fallems portèrent assistance à la jeune femme, qui ne bougeait plus.
— Et s’tu perds ? grogna une voix âgée.
— Ça n’arrivera pas.

La réponse ne leur convenait pas. Il devait leur offrir un espoir, une compensation qui les tenterait et les ferait accepter ses termes. Pour en finir rapidement.
— Si je perds, je me joindrai à vous, ou vous m’achèverez, comme vous préférez. Mes gars vous laisseront faire. Rien de bien contraignant ni contrariant pour vous. Mieux vaut commencer par risquer la vie de deux hommes plutôt que de quarante, non ? C’est dans votre intérêt, vous avez déjà gâché votre effet de surprise. Votre meilleur combattant contre moi. Et vous aurez une chance d’avoir ce pour quoi vous êtes venus. La seule.

Silence. Stall savait qu’on lui reprocherait ce caprice vaniteux, cette petite mise en scène. Thoann lui dirait qu’il se donnait trop en spectacle, qu’il se compliquait l’existence et la risquait pour rien. Qu’il leur suffisait de les écraser, évitant au passage que ces individus-là reviennent et leur causent du tort à l’avenir. Mais ce qu’ils oubliaient c’est que, parfois, tout homme aime changer ses habitudes et se divertir d’une toute autre manière qu’à l’ordinaire. Et Stall avait, souvent, tendance à céder à ce genre de frasques. Pour le bien de sa réputation qui le servait tant. Au grand dam de ses alliés.
— T’pas bête, vraiment pas bête... affirma une petite voix.

Un adolescent. Très jeune. Est-ce que Stall oserait lui fendre le crâne ? La question ne lui traversa même pas l’esprit. Il savait que oui. Il briserait la colonne d’un bambin, s’il le fallait. Il n’avait pas cette notion d’honneur que tant d’autres arboraient. C’était une perte de temps et d’opportunités, à ses yeux.
— On sait tous c’que tu sais faire avec une arme et c’que tu portes te rend presque immortel, poursuivit le jeunot. Ce serait couru d’avance en combat singulier.

Alors que la femme reprenait plus ou moins connaissance et se faisait traîner à l’abri par deux de ses compagnons, le Rempart ôta son heaume, le jeta sur le côté, détacha sa cape et commença à désemboîter ses pièces d’armure sous les regards stupéfaits des Fallems.
— Stall, arrête imbécile ! le somma Thoann en courant vers lui, l’arme au poing. Qu’est-ce que tu fous ?!

Le guerrier se retourna, plus de la moitié de son corps dépourvu de protections, puis lança un regard si expressif à son gradé que celui-ci décéléra sans le contredire de nouveau. Il finit par retirer les dernières pièces de son armure, mis à part ses bottes, puis jeta ses autres armes au sol. Enveloppé d’un simple vêtement de lin renforcé par quelques épaisseurs supplémentaires au niveau des épaules, il commençait à avoir froid, mais se savait prêt. Shinda l’encouragea d’un bref sifflement. À sa place, elle aurait sûrement fait quelque chose de semblable, il le savait.
— Mieux ? demanda Stall en se montrant vulnérable face aux Fallems, trop surpris pour profiter de l’avantage que leur offrait la situation et soupçonnant sans doute une fourberie. Je ne suis plus qu’un homme désarmé. Plus d’Ystrîmique à l’armure d’ébène, comme tu l’as dit. Juste un homme fatigué et désireux d’en finir. Tenté ?

Il prenait un gros risque. Il n’y avait pas d’arbalète ou d’arc, mais s’ils se jetaient tous sur lui, rien ne le protégerait. Le Rempart s’effondrerait. Ou peut-être pas. Il ne savait pas exactement pourquoi il faisait ça. Pour écourter la rencontre et ne pas risquer plus de vies dans un affrontement général ? Pas que. Peut-être souhaitait-il en épargner quelques-uns, pour une fois, histoire de voir ce que cela faisait ? Ou peut-être pour se rassurer quant à ses capacités ? Se vanter en risquant plus gros que d’habitude et en sortir victorieux, couvert de gloire et de tripes ? Essayer quelque chose d’inédit ? Dans les tous cas, c’était stupide et irresponsable. Ce qui lui plaisait, sur le moment, il devait bien se l’avouer. C’était peut-être la fatigue qui le rendait ainsi.
— Que l’un de vous s’avance, exigea-t-il d’une voix mi-lasse mi-assurée.

Thoann se rapprocha alors dans son dos.
— T’es vraiment un grand malade... murmura-t-il. Ramasse ton arme au moins. Prends pas plus de risques inutiles.

Plusieurs secondes filèrent. Puis un Fallem s’avança sur sa droite, brisant le cercle. Il portait une hache mal taillée, une armure de mailles très certainement volée sur une dépouille et un casque qui ne laissait apparaître que des yeux.
— T’es bien moins impressionnant sans armure, lui fit remarquer son adversaire volontaire. On dirait un gosse qui a grandi trop vite, se moqua-t-il. J’accepte ton défi, j’vais t’fendre en deux.

Un sourire sur un visage sous un casque. Stall allait les lui arracher. Tous les trois. La peur et la terreur habiteraient de nouveau les esprits des survivants une fois qu’il en aurait terminé avec lui.
— Il doit aussi enlever son équipement et jeter son arme ! exigea alors Thoann en s’adressant aux Fallems.
— Non, s’y opposa aussitôt Stall. Ce doit être un duel équitable.
— Qu’est-ce qui est équitable là-dedans ?! pesta-t-il en un chuchotement agacé. À quoi tu joues bon sang ! Ce sont des assassins, ils n'agiront pas à la loyale ! Ils vont te tomber dessus à quinze, ils vont te broyer ! Arrête ça, t’as rien à nous prouver, recule, on se précipitera à tes côtés pour te protéger, t’auras plus qu’à ramasser ta hache ou tes fléaux et en décapiter plusieurs.

De nouveau, Stall refusa.
— Ils en ont déjà eu l’occasion, argua-t-il.
— Prends au moins cette dague, le pressa Thoann en la lui glissant dans le dos sans que le guerrier ne s’en saisisse. Stall, merde, arrête d’être con ! insista son compagnon, affolé.

Le Rempart l’ignora, convaincu que ses hommes respecteraient sa volonté, même s’ils le désapprouvaient, et s’avança vers son adversaire autoproclamé, le visage inexpressif. Certains Fallems encouragèrent leur compagnon par son nom. Il s’appelait Murmure.
— Tu auras eu une chance unique mon gars, l’informa Stall. Sois-en fier. Tu aurais pu battre le Rempart. Tu aurais pu devenir un héros pour les tiens.

Murmure n’était plus d’humeur bavarde. C’était son moment. Sa hache creva l’air. Une attaque fulgurante que le guerrier n’esquiva que partiellement. Le tranchant de l’arme déchira le lin de son torse et lui entailla la poitrine. Un retour de lame lui frôla le visage. Il n’en fallut pas plus à Galen pour bondir en avant. C’était le premier geste hostile envers Stall qu’elle détectait et elle y réagissait conformément à sa nature. La gueule grande ouverte, les serres projetées en avant, Murmure la vit fondre sur lui. Il plongea à terre pour l’éviter, et la créature poursuivit sa course, effrayant les autres Fallems qui se dispersèrent de son chemin avant de se regrouper à l’écart, vigilants, leurs armes pointées sur elle, craignant qu’elle ne les charge de nouveau.
— Elle est un peu trop protectrice, pardonne-la, s’excusa Stall, en tendant la main à Murmure.

Celui-ci ne la prit pas et le Rempart, taquin, racla rapidement sa botte dans la neige, visant son adversaire, lui recouvrant le heaume et remplissant sa visière. Ulcéré, Murmure se frotta les yeux comme il put à travers son casque alors que Stall s’en allait tapoter le museau de Galen pour la calmer et lui intimer l’ordre de ne rien faire. Il n’était pas sûr qu'elle puisse comprendre une telle directive. Les Fallems se consultaient du regard, moins confiants que quelques instants auparavant.
— C’était déloyal, Rempart ! l’accusa Murmure, qui se remettait en position de combat.
— Je n’ai jamais prétendu combattre loyalement. Qu’attends-tu ? Affronte-moi, je te laisse venir.
— Ta bête va me mettre en pièces !
— Elle non, moi oui. Attaque donc le gosse qui a grandi trop vite. Fends-moi en deux. Tue-moi, tu pourras t’en vanter !

Rageur, Murmure le chargea. Un rictus aux coins des lèvres, Stall se précipita sur son ennemi, évitant son attaque et bosselant la face avant de son heaume d’un puissant coup de poing, lui fracassant à coup sûr l’arête nasale. Sonné, Murmure se dégagea en titubant, à reculons, plaquant inutilement une main contre son heaume, agitant son arme devant lui, à l’aveugle et sur la défensive. Ce simple coup lui assurait la victoire, Stall en était certain. Les dents serrées en raison de la douleur qui lui traversait la main, il se mit à lui courir autour, cherchant à le déstabiliser, ravi de voir le sang couler au niveau du cou de son adversaire. Il l’habitua à ce mouvement circulaire, le désorientant, enchaînant quelques feintes pour le déstabiliser, hésitant à envoyer sa botte rencontrer brutalement sa rotule au point de la lui retourner. Puis il se jeta en avant, au ras du sol, les jambes tendues, heurtant les mollets de Murmure. Celui-ci perdit l’équilibre sans parvenir à toucher Stall lors de sa chute.

Le Rempart lui agrippa le poignet d’une main et lui enfonça résolument les doigts de l’autre dans la visière. Il secoua le poignet armé de Murmure, l’abattant avec force et à de nombreuses reprises contre le sol gelé, jusqu’à ce que celui-ci lâche sa hache. Stall ne la ramassa pas. Il se contenta de frapper, encore et encore, le casque de son rival, cabossant plus encore le métal, tuméfiant ses traits à l’intérieur, l’assommant presque, compressant son crâne.
— Tu souris moins, on dirait ? articula Stall, ignorant les rappels insistants de son système nerveux lui hurlant que ce qu’il faisait n’était pas du tout dans l’intérêt de ses phalanges.

Il jeta un œil à Galen. Elle était sage. Terrifiante, mais sage. Elle le sentait maître de la situation. Il savait qu’elle assurait ses arrières. Qu’un seul Fallem le charge, et elle le capturerait au vol.

Certain de ne plus rien risquer, Stall passa dans le dos de Murmure, profitant de la semi-inconscience de sa victime pour lui maintenir le bras droit tendu. Il lui désarticula le coude d’un violent coup de botte. Murmure se mit à geindre de douleur et, malgré sa gesticulation, ne put éviter le même destin à son bras gauche. Tout le monde connaissait désormais le nom du vainqueur, si jamais quelqu’un en doutait encore.

Bien que sa barbarie et l’agressivité de Galen semblaient les faire réfléchir, les Fallems pouvaient encore choisir de le charger tous ensemble. Mais les hommes de Stall les surveillaient. Ils le savaient, leurs pertes seraient lourdes, leur venue, définitivement vaine, et même s’ils arrivaient au bout des guerriers ezethiens, la créature ailée les annihilerait. Quelque part, le calme et la violence méthodique de Stall les paralysaient. Pour leur bien. Cela leur évitait de prendre une décision regrettable. C’était une bonne excuse.

Le Rempart ôta, non sans difficultés et moult écorchures de visage, le casque déformé de Murmure avant de lui saisir le crâne entre ses deux mains. Il y exerça une pression puissamment amplifiée par le lien d’Arendale. L’homme se mit à hurler de douleur, agitant simplement ses jambes, ses membres antérieurs étant devenus inutilisables. Il hurla, hurla, hurla. En vain.

Conscients du pari perdu, certains Fallems semblèrent vouloir profiter de la vulnérabilité temporaire de Stall pour inverser la tendance, reprendre l’avantage. Les quatre plus téméraires l’atteignirent avant que Thoann et les autres ne puissent s’interposer convenablement. Ce ne fut pas le cas de Galen, qui le protégea en fauchant le premier des assaillants, l’empalant contre sa gueule fermée, qu’elle ouvrit ensuite, déchirant le malheureux de l’intérieur en une explosion rougeoyante.

Parallèlement à cela, le guerrier lâcha sa prise, récupéra la hache de Murmure, décapita son plus proche adversaire — effaré par ce que la carnassière ailée venait de faire —, éventra le suivant puis planta si violemment son arme dans le front du dernier que celui-ci implosa sous l’impact, mettant à nue sa cervelle rosie.

Des deux côtés, les armes étaient tirées, pointées sur le camp adverse, chaque bras engourdi d’indécision. Il n’y eut pas d’autre charge, les plus arrogants gisaient déjà à terre. Tous regardaient Galen, la tête abondamment recouverte de viscères et de sang, plonger ses immenses crocs dans le cou et les entrailles du décapité. L’horreur et le dégoût se lisaient sur leurs visages, la majorité n’avait qu’une seule et unique envie : fuir. Ce qu’au moins cinq d’entre eux firent, écœurés, détalant comme des lapins, sous les insultes de ceux qui se considéraient plus intrépides. Plus stupides, aux yeux de Stall.

Celui-ci s’agenouilla de nouveau auprès de Murmure, qui n’avait pas bougé, reprenant là où il s’était arrêté, le cœur battant. Si peu d’audacieux pour trente peureux... Comment avait-il pu craindre leur embuscade ne serait-ce qu’une seule seconde ? Les hurlements retentissant de nouveau précédèrent un sinistre craquement, puis le silence. La boîte crânienne fracturée, la tête de Murmure retomba mollement dans la neige. Le guerrier se releva, les mains et les avant-bras recouverts de sang. Lui et Galen s’accordaient visuellement bien. Subrepticement, il repensa à une très vieille phrase d’Othas. Tue proprement, rapidement, sans douleur. Il souffla du nez. Non, le vieux, on ne peut pas toujours être propre. Même quand on le veut.
— Qu’est-ce que vous attendez ? Cassez-vous.

Il s’avança vers ses ennemis désormais avares de remarques, intimidés et choqués, mais pas encore assez pour fuir, puis se pencha pour ramasser ses pièces d’armure. Thoann et ses hommes l’encadraient de près maintenant, bien plus stressés que lui. Ils étaient une dizaine, encore encerclés par deux fois ce nombre.
— Quatre morts de trop, navré, s’excusa Stall en rajustant l’une de ses spallières. Partez, autant que vous sauvegardiez vos vies, leur suggéra le guerrier. Ceux qui veulent rester, restez et mourrez, ma belle a toujours faim, les menaça-t-il, plus pour qu’ils abandonnent que pour qu’ils engagent la lutte. Les autres, partez. PARTEZ !

Finalement, il n’avait pas réussi à les convaincre d’en terminer avec un simple duel. Ils étaient têtus. Et le paieraient de leurs vies, s’ils persistaient. Quitte à en avoir déjà abattu un bon nombre, Stall commençait à envisager de revenir sur sa parole et de tous les exécuter.

Plusieurs Fallems, déchaînés par les exécutions de leurs confrères et ne souhaitant apparemment pas repartir moins nombreux qu’avant et bredouilles, voulurent profiter de sa proximité et de son inattention alors qu’il finissait de se rééquiper, refermant leur cercle sur leurs proies en armure. Finalement, ils venaient de décider à sa place de leur sort.

Thoann l’alerta, mais Stall avait déjà prévu son coup. Il empoigna promptement l’un de ses morgensterns encore au sol, à côté de ses pièces d’armure, et l’abattit sur le crâne de l’agresseur le plus proche, qui s’effondra sur le coup. Au même instant, une lame lui transperçait l’extérieur du bassin. Stall riposta d’un coup d’épaule, ce qui fit tomber son propriétaire à terre. Ramassant sa hache-marteau, le Rempart inspira profondément, leva, abattit, et la masse creusa son nid entre les côtes brisées du Fallem, avant de s’en échapper. C’était deux vieillards. La cinquantaine. Dommage, ils étaient encore vifs.

Autour de lui, les combats furent brefs. La neige rougissait sous les dépouilles des Fallems tombés. Ses hommes et Galen, protégeant ses flancs et ses arrières, les massacraient sans réelle complication. Les autres, ceux ayant survécu aux premiers échanges de coups, s’enfuirent, comprenant qu’ils ne l’emporteraient définitivement pas, essuyant un échec cuisant et coûteux. La jument en pourchassa deux, les abattant sur le coup, puis Stall la siffla.

Les survivants parleraient. Sa notoriété n’en serait que meilleure. Au moins, ils avaient l’instinct de survie. Mais pas celui de communauté : ils venaient d’abandonner la femme, adossée à un muret. Stall ne se donna ni la peine de l’aider ni de l’achever. Qu’elle crève. Elle les fixait, effarée, muette de terreur, ignorant si son immobilité lui sauverait la vie ou si son destin la mènerait dans l’estomac d’un monstre que les ragots ne dépeignaient qu’en dessous de la réalité.

Galen revint rapidement vers eux puis, constatant l’absence de danger, planta ses serres dans l’un des cadavres proches, entamant immédiatement son repas. Sans doute était-elle tentée d’emporter avec elle un ou deux corps plus loin, mais elle se devait de garder son créateur à l’œil et de veiller à sa sécurité. Alors elle dînait sur place. Ses yeux dévoués braqués sur son maître.

Stall plaqua sa main contre sa blessure, feignant de paraître en état de combattre sans le moindre handicap. Tout le reste de l’escorte l’entourait, la garde baissée. Il n’y avait plus le moindre danger. Ils s’inquiétaient pour lui, sans la moindre retenue cette fois.

Tout en délogeant la sphère cloutée du crâne dont elle était prisonnière, il leur rappela à tous sa première règle de sécurité. Et ils se mirent à décapiter méticuleusement les corps autour d’eux. Sans la moindre exception.
— Et elle ? voulut savoir Shinda en la désignant de ses deux cimeterres rougeâtres.
— Laisse. Témoin.
— Est-ce que ça va ? lui demanda Thoann, inquiet. Tu saignes... J’ai pas l’habitude de voir ça. Prends Galen et vole jusqu’à la Ronceraie, qu’on te recouse la peau au plus vite.
— Ça ira, je tiendrai, le froid gèlera tout ça. On rentre tous ensemble.

Il s’abaissa plusieurs fois pour ramasser d’autres pièces d’armure et les rééquiper, sans jamais ôter sa main de sa blessure. Malheureusement pour lui, Stall n’était pas capable de soigner par le biais des Arcanes... Ores s’en émut et s’ingénia à lui confectionner des bandages à l’aide de vêtements ponctionnés sur les cadavres, et ce, sans lésiner sur les remarques angoissées.
— Tu sais, on sait se défendre, lui assura Baltemar en s’approchant de lui. Rentre par les airs, conseilla-t-il. Ce n’est plus très loin.
— La dernière fois qu’on est sortis tous ensemble et que je me suis éloigné, on a perdu Rob et Wilten. Cette fois, je ne veux perdre personne. Pas même toi. On rentre ensemble, on veille les uns sur les autres.
— C’est touchant, mais là tu ne serviras plus à grand-chose, répliqua-t-il. Tu vas juste mourir en chemin.
— Je vais bien, les soins attendront qu’on arrive, s’obstina-t-il en replaçant ses cuissards.

Il grelottait, de plus en plus sévèrement. Les rajouts de cuir à l’intérieur de son armure mettraient beaucoup de temps à le réchauffer et il n’avait vraiment pas assez de gras pour affronter les températures.
— Tu ne protégeras pas grand monde avec un trou dans le bassin, lui fit remarquer Ores.
— Tu vas pas t’y mettre toi aussi ! J’apprécie votre inquiétude, se tempéra-t-il. Mais vous me connaissez, vous savez que vous n’obtiendrez rien, alors foutez-moi la paix. Ou Galen vous bouffera.

La carnassière redressa la tête en entendant son nom, les naseaux inondés de fluides corporels. Pas si affamée que cela, elle semblait s’amuser avec la dépouille, ses longs crocs déchirant le cadavre et le secouant.

Ses hommes liges l’aidèrent à réinstaller certaines pièces d’armure plus rapidement puis ils chevauchèrent de nouveau en direction de la Ronceraie, sans plus de réflexions à l’égard de leur inconscient meneur, arrachant Galen à ses distractions sanguinolentes, qui en emporta toutefois un bout dans sa gueule. Elle n’aimait pas gâcher.

Un peu moins de deux heures plus tard, alors que les lunes allaient laisser leurs places à Drojkal, achevant leur ballet commun, la forteresse devenait visible, au loin.

Les blessures de cette nuit-là, Stall ne s’en souciait plus depuis longtemps. Arendale s’était plainte de sa stupidité. Ash, quant à elle, s’était bien occupée de lui, et ce, malgré les infections que les vêtements des morts lui avaient léguées et qui persistèrent plusieurs jours. Elle lui avait interdit, le soir-même, de rejoindre les bains chauds avant plusieurs semaines. Interdiction qu’il avait formidablement ignorée une fois sorti de l’Orbite, jusqu’à comprendre le bien fondé de la décision lorsque le liquide bouillant lui brûla les plaies et que son sang se mélangea à l’eau, ruinant l’instant et la minutie des soins de la botaniste.
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par x-Key »

Ce n'est pas précisé dans les règles, car il me semblait que c'était évident : vos textes doivent avoir été écrits spécialement pour le concours. Je comprends qu'il soit tentant de proposer un texte écrit avant, surtout quand il colle au thème, mais ce n'est pas dans l'esprit d'un concours d'écriture, ou du moins, pas tel qu'on l'entend ici. :) De plus, seuls les textes de moins de 15 000 signes (espaces non compris) sont acceptés et pour le coup, cette règle est bien inscrite dans le règlement.
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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par elenwe »

Oh mince c'était 15k de caractères sans les espaces :shock:
J'ai tellement supprimé et galéré à faire 15k en comptant les espaces, j'ai tronqué toutes mes descriptions ainsi que le duel :(
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par x-Key »

elenwe a écrit :Oh mince c'était 15k de caractères sans les espaces :shock:
J'ai tellement supprimé et galéré à faire 15k en comptant les espaces, j'ai tronqué toutes mes descriptions ainsi que le duel :(
Tu peux poster une nouvelle version de ton texte si tu veux :)
elenwe

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par elenwe »

Merci, mais non, tant pis. Je ne me sens pas de faire du rafistolage, il me faudrait réécrire en entier, je sais que l'histoire partirait ailleurs, je me connais :lol:
Tant pis, en plus je n'ai pas le temps, mais merci :)
Lau7cheer

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Lau7cheer »

Bonjour, voici mon texte pour le concours.
Dîtes moi vos impressions sur ce texte, j'ai hâte de savoir ce que vous en avez pensé!

Mon texte:
Ils sont là, se regardant, yeux dans les yeux. Aucun des deux duellistes ne manifeste son intention de baisser les yeux et donner raison à l’autre. Alors, ils se regardent, avec une lueur de défi dans leurs yeux. Cette lueur veut que l’adversaire baisse les yeux et c’est un défi qu’ils se lancent : qui des deux ennemis baissera les yeux le premier?
Ils se tournent autour, comme deux prédateurs prêts à savourer la victoire. Ils sont là, mais ils ont cette impression qu’ils ne le sont pas. Ils sont présents physiquement, mais psychiquement, c’est comme s’ils sont ailleurs.
Ils sont, en fait, dans une salle blanche et infinie. Personne ne sait comment ils sont parvenus dans cette arène, pas même eux. Dans cette pièce, la bataille de regard continue. Aucun mot, aucun son, rien n’est entendu. L’ambiance est électrique. Les deux adversaires se craignent l’un l’autre. Ils attendent quelque chose, mais il ne savait plus quoi.
Ils sont deux bêtes de foire pour divertir un public. Cedit public prend place dans les estrades et attend. Attendait quoi, me demanderiez-vous? Le plaisir de voir l’un des deux attaquants mourir. Ces spectateurs adoraient, depuis toujours, l’aspect de la mort. Pour eux, lorsque le moment de mourir viendra, ils seront heureux de partir de ce monde de labeur et de solitude. Voir la mort de leurs propres yeux, leur permettait de croire, d’espérer et de penser qu’ils allaient un jour mourir, eux aussi. Pourtant, plusieurs d’entre eux détiennent plus de cinq cents ans d’existence. Ils croyaient qu’en regardant des hommes, bêtes et autres créatures mourir devant leurs yeux, ils diminueraient leur existence de vie. Pourtant c’est tout le contraire. En voyant quelqu’un mourir devant leurs yeux, ils reçoivent les années de vie de cette personne. Donc, lorsqu’une personne mourrait à ses vingt ans, et que les spectateurs la voient mourir, ils augmentent de vingt ans leur propre existence. Malheureusement, c’était quelque chose dont il n’était pas au courant.
Dans l’arène se joue toujours le duel de regard. Aucun des deux adversaires ne veut céder. Les deux se regardent dans le blanc des yeux. Ils craignent l’autre. Ils ont peur de ce qu’ils peuvent trouver. Alors, aucun des deux n’a remarqué de quelle couleur la pupille de l’autre est. Pour ces deux êtres, ils ne voient que le blanc de l’œil.
En tant que spectateur, c’était l’un des meilleurs spectacles qui leur fut donné de voir. Il y avait dans l’air quelque chose d’inexplicable, d’intense et d’électrique.
L’un des deux adversaires décidés à en finir baisse le regard pour se placer en position offensive. Les orteils campés dans le sol. Les pieds prêts à bondir sur sa proie. La jambe droite un peu à l’arrière. Un fléchissement des genoux. Le côté droit du corps est légèrement plus en arrière que le côté gauche. Les bras levés et prêts à attaquer. La tête est elle aussi droite. Ses yeux, pour sa part, regardent sa future victime.
Ce changement de position est si rapide, que l’autre adversaire n’a pas le temps de se positionner pour se protéger. Le prédateur attaque sa proie, lui laissant ainsi une immense entaille sur tout son torse. La proie se replie sur lui-même, en lâchant, par la même occasion, son adversaire de vue.
Le prédateur décide d’attaquer pour une seconde fois. Cette fois-ci, il est déterminé à tuer sa proie. Il bondit haut, très haut, et atterrit sur son dos. Le prédateur est surpris du réflexe de sa proie. Celle-ci se relève lorsqu’elle sent la présence du prédateur sur son dos. De ce réflexe, le prédateur s’étale au sol. Il se releva rapidement. Là, la grande et dernière bataille peut commencer.
Ils se jaugent. Ils essaient de prédire les mouvements de l’autre pour pouvoir bien riposter. L’un des deux attaque, l’autre ne peut qu’éviter l’attaque, car celle-ci était beaucoup trop rapide pour lui. Il ne l’avait pas prévu.
L’anticipation dans ce duel est primordiale, car elle permet d’avoir une longueur d’avance sur l’autre, sur son ennemi. Malheureusement, celui qui s’était fait attaquer n’était pas très malin et il n’utilisait pas son esprit pour bien résonner.
Un coup de poing par-ci, un autre par-là. Une ecchymose apparaît, une veine se brise. Un coup de pied qui vient de briser les côtes. Une défense faible. Un corps faible. Un corps fort. Les jambes du plus faible fléchissent, un dernier coup à la tête. C’est la fin du combat.
L’homme qui survit est le plus fort et le plus robuste. La chance lui a souri. Il peut désormais mourir en paix et monter au paradis.
Ce qui advient du plus faible, celui qui est mort au combat, on envoie son corps dans les fosses communes gigantesques et sans fin. Son esprit, pour sa part, va dans le néant. C’est un endroit froid, sans vie, sans rien. C’est le vide.
acsjg

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par acsjg »

Bonjour à tous
Voilà mon texte pour ma participation de ce mois-ci. Merci à ceux qui prendront le temps de me lire ou de me faire d'éventuels retours.

Chaque jour

Chaque matin, collés par le sommeil
Mes yeux s'ouvrent sur le même constat
Le temps de l'enfance n'est plus là
Malgré sa cruauté, il faut accepter ce réveil

Chaque matin, au lieu d'embrasser ma mère
J'embrasse l'homme qui dort à mes côtés
Je me lève, rien n'est préparé
Il faut que j'accepte, c'est à moi de faire

Chaque matin, je ressens la même angoisse
Je dois partir travailler
Dans un petit bureau à l'air vicié
Dans lequel mes anciens rêves se froissent

Chaque matin, je vis ce duel contre moi-même
Je combats ma répulsion, mon dégoût
Et le rôle de la bonne petite employée je joue
Malgré la nostalgie dans mon cœur blême

Cette bataille, je la gagne pour le moment
Mais j'ai déjà prévu un plan
A mettre en place quand je ne tiendrai plus
Et que le duel contre ma vraie nature sera perdu
Charmimnachirachiva

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou, j'aime bien écrire mais, j'avais encore jamais posté ici, ce sujet m'a plus inspiré que les autres je pense. Je n'ai pas trop d'avis extérieur sur mes écrits du coup, je me suis dis que ce serait bien de poster.
Pour les fautes d'orthographes, normalement j'ai relus mais après je garantis rien...
En espérant que ça plaira :) :

J’esquivais son coup d’épée circulaire, il tenta de me toucher au poignet pour me désarmer. Bien, il avait un style assez lourd mais également technique et précis, sûrement dû à un entrainement intensif. Pour l’instant, il se tenait sur ses gardes si bien que pour le battre je devrai dévoiler toutes mes bottes, il valait mieux attendre un faux pas de sa part. Je commençais à bouger de plus en lentement, me faisant toucher à plusieurs endroits sans que cela ne m’affaiblisse. Son bras commençait à se faire moins vif, il est sûr de gagner et l’endurance n’est pas son point fort pensais-je. Je me jouais de lui encore quelques secondes puis, alors qu’il tentait de me désarmer, je tombais à terre en laissant mon épée m’échapper des mains. Les secondes parurent ralentir. Il fit un pas en avant, la certitude d’avoir gagné faisaient luire ses yeux d’une lueur animale mais il restait concentré ; il redoutait un piège cependant l’occasion était trop belle. Il leva son épée, geste qui lui fut fatal. En effet, c’était inutile, toutefois il me croyait désarmée et il voulait, rien qu’une seconde m’avoir à sa merci. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il n’avait jamais était en situation de supériorité. Je roulais sur le côté, me relevais d’un bond et lui enfonçais mon poignard, que j’avais caché dans ma manche au début du combat, dans ses côtes.
Tout d’un coup la lumière s’alluma et les illusions se dissipèrent, ne restait plus que le garçon qui se tenait le dos dans une grimace et les acclamations de la foule. Faisant fi du bruit, je me tournais vers mon adversaire en lui tentant la main, charitable. Il la saisit avec un sourire. Nous nous battions ensemble dans ces arènes faites d’illusions depuis notre plus jeune âge, et jamais encore il ne m’avait battu même s’il prétendait que c’était par galanterie, je savais pertinemment qu’il s’en fichait, pour lui ce n’était qu’un jeu.
Soudainement, j’aperçus un mouvement du coin de l’œil. Mes heures d’entrainement n’étant pas tout à fait inutiles, je me retournais vivement, brandis ma dague que je n’avais pas lâché, le tout en une fraction de seconde. La flèche rebondit sur mon arme. La foule s’était tue, stupéfaite par la tournure des événements. Restant aux aguets, je ramassais prudemment la flèche. L’empennage était rouge, pourpre, je connaissais très bien cette couleur, c’était celle d’Allidah, le pays voisin, notre ennemi héréditaire. Je savais même que c’était le prince qui était venu. Je ne l’avais vu qu’à deux reprises mais en gardais un souvenir pas très joyeux ; la première fois il avait essayé de me noyer tandis que la deuxième, j’avais mis le feu à ses habits. Nous détestions mais de là à venir me provoquer en plein cœur de ma capitale, je ne le permettrais pas.
- Lâche, couard, ignoble créature d’Allidah, montres-toi et viens te battre, hurlais-je, hors de moi.
- Ah, ces Ojjickiens, toujours aussi prompte à l’abus et la colère, ricana une voix doucereuse, surtout toi, petite princesse.
- Je ne suis pas petite et cesse de m’embêter, que fais-tu ici, tu n’as rien à y faire répondis-je d’une voix glaciale en essayant de retrouver mon calme.
- Tu n’espères tout de même pas que je te réponde, dit-il.
Je venais de ramasser mon épée quand un chuintement retenti. Je criais à mon compagnon de sortir de l’arène et me tenais sur mes gardes, tous mes sens aux aguets. Je courus ramasser mon épée et, je venais à peine de la saisir qu’il se tenait devant moi. Comment avait-il pu entrer ? Je n’en savais rien mais ce n’était pas ce qui me préoccupait à cet instant précis. Il était mon contrarium, mon opposé, mon contraire, ma némésis. Nous étions à la fois semblables et différents, aussi doué l’un que l’autre mais incapable de ne pas s’affronter. Nous étions l’eau et le feu, l’air et la terre. Je savais que nous ne ferions pas de quartier, que nous combattrions à mort, il n’y avait pas d’autre issue possible. Cette fois, ce n’était plus un jeu, nous n’étions plus des enfants : il fallait en finir.
Il dégaina son sabre, j’empoignais mon épée. Cette fois, nous étions au même niveau, la victoire serais dure mais cela ne faisait pas peur. J’attaquais la première, il se glissa sous ma lame et riposta aussitôt. Je bondis en arrière et tentais l’une de mes bottes, il para. Tout d’un coup, je sentis une douleur cuisante à ma joue, il avait un fouet, le fourbe. Nous étions tous les deux pleinement engagé dans le combat, rien n’aurait pu nous déconcentrer. Il avait le fait couler le premier sang, peu m’importait, il suffisait que je fasse couler le dernier. Alors qu’il essayait de me toucher avec son fouet, je l’attrapais sans prendre garde à ma main en sang et attirais mon ennemi à moi. Surpris, il tomba à terre, j’en profitais pour lui porter un autre coup. Ma lame s’enfonça dans sa jambe et lui essaya de m’enfoncer une de ses dagues, que je savais qu’il avait sur lui, dans l’œil. Je parvins à dévier le coup juste à temps et me relevais pour m’éloigner de lui. Nous perdions tous les deux beaucoup de sang ; le combat n’allait pas tarder à se finir. Cependant, nos blessures n’avaient en rien entamées notre férocité et nous nous jetâmes l’un sur l’autre avec une ardeur redoublée. Pendant quelques secondes, nous n’étions plus qu’un mélange indistinct de sabre, d’épée et de corps. Puis finalement, je pris le dessus et appuyait mon arme sur sa gorge. Nous étions couverts d’entailles plus ou moins graves de la tête au pied. J’enfonçais enfin ma lame dans son cou si tendre, si facile à briser mais au dernier moment son corps se fit engloutir par la terre. Evidemment, les Aliddhiens avaient toujours une porte de sortie, toujours un plan b. Je soupirais de dépits, j’avais gagné cette manche mais la prochaine s’annonçait déjà comme encore plus violente, encore plus terrible. Qui sait, peut-être la prochaine fois arriverais-je à battre mon ennemi ou est-ce moi qui serait vaincu ? Je n’en savais rien mais pour l’instant, je comptais bien profiter de ma victoire !
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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Nenya »

bonjour, c'est la première fois que je poste ici, juste au dernier moment !
Aylinn n'avait jamais prétendu apprécier son destin. Surtout dans des cas comme celui-ci. Mais la guerre était la guerre, sa mère était sa mère et puisqu'elle voulait se battre, elle allait se battre. L'elfe millénaire aux allures de jeune fille soupirait intérieurement. Pourquoi sa mère, anciennement déesse de l'eau, avait-elle tellement tenu à épouser son père -et ce, alors même qu'il était déjà marié ? L'amour faisait décidément faire des folies, et Aylinn attendait avec impatience le jour de leur dernier combat: celui où leurs vies seraient épuisées. Depuis plusieurs mois, elle aidait les personnes de cette dimension, un monde idyllique sur une tortue géante, à réussir leur destinée en détruisant l’ombre qui s’était incrustée au cœur de leur monde. Elle avait mis du temps avant de gagner leur confiance, dans ce monde scientifique et logique qui n’acceptait pas la magie. Ils étaient partis du bord de la carapace, faisant un énorme détour durant lesquels ils avaient vaincus certaines machines devenues folles et n’obéissant plus à leurs créateurs. Ils avaient traversé plusieurs villages, rencontré des inventeurs, des savants fous et même une souris géante qui parlait. Cette-dernière s’était d’ailleurs jointe à eux dans leur quête, leur équipe rassemblant des inventeurs et des scientifiques autour d’une quinzaine d’années, mais tous pleins de génie. Elle s’était donc changée en une jeune fille, jusqu’à ce que sa mère revienne. Encore. Une fois. D’habitude, elle essayait de l’éviter, mais ça ne fonctionnait pas toujours. En attendant, elle devait se contenter de la voir débarquer dans les nombreuses dimensions où elle allait. Et ça commençait sérieusement à l’énerver. A croire qu’il n’y avait pas d’autres ennemis sur Astrada ! Pourtant il y avait les milliniums, le roi sombre… Elle aurait bien eu besoin de changement, pour une fois. Les combats, ok, mais contre une femme de 40 vies, ça commençait à devenir lassant. Ce qu’il faudrait, c’est qu’elle rentre chez elle tranquillement, dans son château, avec sa fille, pour faire une petite pause. S’occuper de son royaume, dont elle laissait la régence à ses conseillers depuis près de 2 ans, ne rentrant qu’une fois par mois pendant quelques jours.
Oui, c’était ce qu’il fallait faire. Cependant les ténèbres ne se laisseraient pas vaincre facilement.
Mais l'heure n'était pas au sentimentalisme. D'un claquement de doigt, elle changea de tenue en optant pour une combinaison noire, faisant ressortir les couleurs dansantes de ses yeux. Sortant d'une main son épée, celle qui l'avait désignée comme Reine des elfes, et tenant de l'autre une flamme mélangeant l'eau et la lumière, elle s'avança vers le centre de la plaine. Elle avait pris soin, auparavant, de protéger les personnes alentours d'un bouclier énergétique, personnes qui la fixaient avec des yeux ronds pleins d’incrédulité. Elle eut un regard plein de pitié et d’un peu de mépris. Ils ne pouvaient pas comprendre, car leur esprit n’avait toujours pas assimilé la notion de magie –tout comme ils n’avaient jamais pu concevoir l’infini. Ca, les humains en étaient incapables. Et n’en seraient probablement jamais capables. Du moins, les humains de cette dimension en tout cas. Elle se reconcentra sur le combat qu’elle allait mener.
Au milieu, une femme l'attendait, aux cheveux bleus mêlés de mèches noires et au sourire méprisant, qui tenait deux grandes lames de vibrissium, une matière ultra solide, dans chacune de ses mains. Elle lui lança d'un ton vif:
"Prête?
_Prête."
Elles avancèrent tranquillement l'une vers l'autre. Elles ne savaient jamais qui allait gagner. Mais Aylinn serra les dents. Cette fois, ce n'était pas pareil. Elle avait une nouvelle arme, une arme que ce monde lui avait offerte depuis peu. Alors un petit sourire naquit sur ses lèvres parfaites.
Et elle claqua des doigts.
Aussitôt, une force recroquevilla sa mère de l'intérieur, la forçant à se transformer en ce qu'elle était devenu: une grande créature noire, recouverte d'écailles rougeâtres et aux orbites vides. Elle émit un râle, ses membres noirs tordus par la fureur.
Et ouvrit la bouche, par ce simple geste envoyant un gouffre de mort sur l'elfe qui, préparée, lui opposa un bouclier de lumière, puis renvoya une flamme tourbillonnant autour d'une bille de verre. Sa mère le fit disparaître et prit une dose de noirceur avant de tout dévaster sur son passage, sauf l'elfe qui le fit dévier grâce à une bille de lumière aux reflets dorés. Elle passa derrière la femme d’un mouvement vif et envoya un rayon d'eau surpuissant. Sa mère, outrée qu'on utilise contre elle-même son propre élément, passa directement à l'étape suivante: le combat à l'épée. Elle se retransforma.
Aylinn était imbattable à l'épée. Et sa mère le savait. Elle s'amusait cependant de voir la jeune elfe prendre tout cela si au sérieux, alors même qu'elle perdait bien moins de vies qu'elle à chaque combat. Et elle s'améliorait, d'ailleurs. De plus en plus. Mais la lumière ne pouvait vaincre les ténèbres, non ?
Aylinn attaqua en première. Elle feinta vers la gauche, puis releva son épée et la toucha deux fois au ventre. Sa mère riposta en tournant sur elle-même, formant de ses deux épées une croix qui passa vers les jambes -les manquant de peu, la jeune fille ayant sauté. Chacune s'énerva. Elles partirent dans un ballet mortel. Aylinn bondit, sauta derrière, fonça vers le fond. Elle s'arrêta et dégagea une de ses longues mèches argentées qui s'était coincée entre ses lèvres. Elle rangea son épée et sortit deux sabres gravés, sa colère se muant en fureur noire. Sa mère s'en amusa et trouva même le courage de ricaner -alors que n'importe qui d'autre aurait flanché devant le regard de killer que lui avait adressé sa fille. Cette-dernière choisit de faire bien plus de carnage que ce qu'elle avait prévu. Fonçant vers l'autre, elle attaqua, feinta, transperça à une vitesse surhumaine. À la fin de son assaut, sa mère était mal en point, même si ses blessures se régénéraient au fur et à mesure. Aylinn continua d’attaquer, infatigable. Puis elle sortit un fusil long et fin et se précipita derrière une énorme pierre, sa mère faisant de même. Elles tiraient et le bruit assourdissant faisait voler des éclats de pierre dans tous les sens. Touchée à la joue, Aylinn sortit une minuscule fiole rose et l’avala d’un coup. La blessure se guérit. Puis, ayant assez de se cacher, elle sortit et prit une dizaine de poignards effilés, les lançant les uns après les autres sur sa mère qui se trouvait en face d’elle. Cette-dernière les évita habilement en se jetant à terre et en sautant aux moments opportuns.
« Arrêtes de jouer, lui cria sa mère, et bats-toi !! »
Aylinn se leva et la regarda, impassible.
« BATS-TOI ! Éructa sa mère. BATS-TOI !! »
Elle n’en avait pas envie. Mais elle allait le faire. Car c’était nécessaire. A la grande surprise de sa mère, elle fonça sur elle et lui trancha la gorge d’un coup sec. La femme s’éleva dans les airs, un tourbillon de ténèbres l’entoura et elle retomba par terre, de nouveau vivante et pleine de fureur.
Mais avant qu’elle ait pu lancer un sort, Aylinn utilisa sa nouvelle arme. Une arme surpuissante.
Elle chanta.
Sa mélopée, douce et calme, pleine de joie, rassemblait toute la beauté et tout l’amour du monde. Elle hypnotisa sa mère, tandis que la jeune fille s’élevait dans les airs, que ses yeux devenaient deux puits de lumière et que ses immenses cheveux se détachaient dans son dos. Sa mère poussa un râle et fut détruite. Aylinn retomba à terre. Sa mère reviendrait, mais en attendant elle pouvait se reposer. Heureuse, elle se tourna vers ceux qu’elle aidait. Et disparut dans un éclair de lumière. Sa pensée sembla flotter en l’air :
« Je reviendrai. »
Roxane10th

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Roxane10th »

Bonjour !!

Ayant été prise par le temps, je n’ai pas pu poster ma participation plus tôt, alors, 10 minutes avant la fin du concours (Oui je joue avec le feu oui x) )

Voici ma participation :



~
Je me tiens devant la porte de salle ou se déroulera notre nouvelle épreuve : Le duel.

Il s’agit de la deuxième épreuve de l’examen pour passer en dernière année d’étude !

Notre école est une école de magie, ou nous apprenons sur nous même, pour pouvoir ensuite exercé à bien le métier que nous souhaitons.
Pour la première épreuve, nous devions affronté nos peurs, pour ma part j’ai du me jeté dans le vide, tandis que d’autre devait dresser des araignées ou affronté leur pères.

On nous as dit que nous allions devoir affronté la personne que nous détestons le plus au monde, notre pire ennemi, j’ai automatiquement passé à Helga, cela dit, je ne la déteste pas autant que ça ! Et ces épreuves sont faites pour nous faire évoluer : Et je ne vois pas en quoi tué la personne que nous détestons nous fera évoluer !
La porte s’ouvre enfin dans un bruit sourd, et la voix de l’instructeur se fait entendre dans l’enceinte :

« Participante 05, avancez vous »

Je rentre dans la salle, ou plutôt dans l’arène, dont la partie adverse est caché par un étrange brouillard. Devant moi se dresse une table avec une multitude d’armes posées dessus, m’offrant une possibilité incroyable ! Les armes avec lesquels je suis le plus à l’aise sont mise en évidence : Sabre, lames fusil à pompe, et arbalète.

« Bien, maintenant, choisissez vos armes et rentrez dans l’arène »

Je m’empare du sabre et des lames, et me met en place pour le combat.

Le brouillard ne se dissipe toujours pas, je ne sais donc toujours pas qui je vais devoir affronté.


« Comme vous le savez, les règles de cette épreuve ne sont jamais communiqué à l’avance, voici tout ce qu’il faut retenir : Ce duel n’as qu’une seule issu : il ne doit en rester qu’une »

Je vais donc affronter une femme.
Le brouillard se dissipe enfin et je peux enfin apercevoir la silhouette de mon adversaire, et elle est un peu trop familière. Je plisse les yeux pour tenter de voir mieux, mais je ne peux qu’attendre que le brouillard se disspe entièrement, et quanc ela se produit : Un frisson me traverse le corps : Ces yeux verts, ces cheveux chatain, cette taille, ce grain de beauté sur la tempe et ce regard … Cette fille que je doit affronté : C’est Moi.

Je suis bien là, en face de moi-même, la même posture, les même habits, aucun doute, il sagit bien de moi, ou alors ils ont réussi à crée un clône copie conforme.
Ils sont vraiment fourbes ! Mais ils ont raison : Celle que je déteste le plus au monde, ma pire ennemie, c’est bien elle, c’est bien moi. Si je met de côté le fait que se voir comme ça est la sensation la plus étrange que je n’ai jamais ressenti.

Elle aussi a choisi le sabre. Le combat s’annonce .. ardue ..

L’instructeur commence le compte à rebours.

« 15..14..13 »

Est-ce je vais vraiment m’affronter moi ? Je vais réellement essayé de me mettre à mort ?

Je me met en place, sabre en main, lames dans mon dos, je suis prête pour le combat.

Je vois où ils veulent en venir : Je doit tuer le démon en moi. Je dois me débarrasser de cette saleté.. pour mieux vivre et avancer.

« 3..2..1 » un son sourd retenti, annonçant le début du duel.

Je fonce sur elle, chargée par la haine que je ressent envers ... elle. Envers moi-même.
Je tente de lui donner un coup, mais non seulement elle esquive, mais elle attaque, elle me frappe dans le creux de mon dos avec son pied. Je suis déjà à genoux.
Non.
Hors de question, je ne perdrais pas : je me relève en une fraction de seconde et lui donne un coup de sabre dans le ventre, je vois mon sabre entrer par son ventre et ressortir par son dos.
Je vomis.
Voir ça .. me voir là, transpercer par ma propre lame... ma propre attaque .. c’est horrible.
Et cette douleur que je ressens dans mon ventre ...

Celui qui a inventé ce duel est un vrai malade !

Malgré tout, ma victoire est assuré. C’est du moins ce que je crois, mais alors je me vois, retirer le sabre de mon ventre, et mon .. son ventre se reconstituer dans une lumière blanche, divine. En quelque secondes, son ventre est de nouveau intact, même son vêtement est de nouveau là.

« Quelqu’un m’explique ?! » hurlait-je alors, attendant une explication « Comment je suis sensé avoir une chance de gagner si mon adversaire est un methamorphe ?? »

« Amatrice » me dit mon autre moi, en me lançant une lame dans l’épaule.

La douleur est vive, et j’entend mon autre moi, gémir de douleur aussi.

Puis, quelque secondes plus tard, je ressent une chaleur parcourir mon épaule, cette lumière, je la vois, et la sens dans mon épaule, l’arme tombe, mon épaule guérir et la douleur disparaît.

L’instructeur se fait alors entendre : « Je répète : Il ne doit en rester qu’une. »

Je regarde mon autre moi, qui elle, ne semble pas du tout surprise par la situation, elle lance le sabre en ma direction, par pour me viser, mais pour le rendre. Je ne comprend plus ... que doit-je faire, si ce n’est la tuer ?

Je prend une ou deux respiration et reprend mon sabre, je ne comprend peut-être pas l’enjeu ni même le sens de ce duel : ce que je sais, c’est que je ne mourrais pas.

Je charge une nouvelle fois, et tente de frapper à droite, puis à gauche, mais elle pare à chaque fois.

Gauche, droite, je vise la tête, les jambes, mais rien n’y fait : plus rien ne la touche. Normal quand on y pense : elle connaît tout mes coups ... ma rage s’intensifie : mon envie de la tuer se fait plus fort. Je frappe de plus en plus fort, de plus en plus vite, toujours rien.

Est-ce que je suis vraiment entraîné de faire ça ?


Je commence à m’épuiser, et mes coups commence à être inutile : je n’arrive même plus à viser, elle esquive ou pare malgré tout.

« Pourquoi ? » dit-Je alors,attelante et au bord des larmes. « Pourquoi est-ce que je veux autant te faire du mal ?? Quesque tu as fait pour mérité ça ?? »

Je m’écroule alors d’épuisement, ne retenant plus mes larmes.

« Pourquoi je te déteste autant ? » dit-je en la regardant dans les yeux. Le même regard ...


Je suis à terre, je ne veux plus me battre, je ne peux pas gagner, je veux abandonner, je veux pleurer et me caché au fond de mon lit à tout jamais. Tout cela n’en vaut peut-être pas la peine : Je déclare forfait.

« J’abandonne !! Vas-y, achève moi qu’on en finissent ! »

Elle s’approche doucement de moi et pointe sa lame vers moi.
« Ce n’est pas comme ça que ça marche. » me lance-t-elle avant de baisser son arme, et de s’éloigner de moi et de s’assoir en me regardant.

« L’abandon n’est pas une option. Seule issu : Une seule doit rester. »

Cette voix semble lointaine, et je me met en position fœtale et pleure. Je lui lance parfois quelque regard : Elle reste là. Patiente.

« On est pas obligé de finir comme ça » me dit-elle, et quand je la regarde, je vois son sourire, mon sourire, et mon regard empli de bienveillance. C’est la que je comprend. Je me suis longtemps détesté. Parfois, il m’arrive de toujours me détesté, et je ne peut pas avancer correctement comme cela, avec ce poids.

Je ne doit plus être mon ennemie.

Je me lève.

La personne avec laquelle je doit être là plus bienveillante : ça doit être moi.

Je laisse mon arme tombé au sol.

Je suis celle que je vais devoir supporter tout ma vie, avec qui je vivrais toute ma vie.

Elle se lève et laisse son arme tombé au sol.

Je suis la seule a pouvoir me comprendre.

Je m’avance.

Elle est la seule à connaître mes faiblesses.


Elle s’avance.


Je suis la seule à pouvoir me pardonner.

Nous sommes maintenant assez proches.

Je ne doit plus me détesté, je doit être mon alliée. Ma seule véritable alliée.

Je tend la main

Je doit m’aimer.

Elle prend ma main, et la lumière divine réapparaît, sur nos mains liées. Je la.. me regarde et sourit.

« Pardonne moi »
« Pardonne moi »

Nous nous enlaçons, et la lumière divine, éblouissante envahit mon corps nos corps, je ferme les yeux. Cette chaleur et cette légèreté qui m’envahit, est la plus belle sensation que j’ai pu avoir dans ma vie. Je me sens complète.

Je rouvre les yeux, mon double a disparu : Nous n’avons fait qu’un.

Il n’en reste plus qu’une

« Vainqueur de ce duel : Charlie Smith »

En y réfléchissant bien, cette phrase tombe sous le sens : Qui d’autre aurait pu gagner ? ~

Voilaaaa ! J’espere que ça vous plait ! Merci d’avoir lu, et pardon d’avance pour les nombreuses fautes qu’il doit y avoir, ça m’apprendra à Jouer avec le feu ! Je suis contente de participer malgré tout ;3
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par x-Key »

Voici les résultats du concours de mai ! À la première place se trouve le texte d'Elenwe ! A la deuxième place, le poème d'acsjg suivi en 3e place par Roxane10th ! Bravo à tous pour vos textes :)

À noter que ce concours termine la première année des Concours Booknode commencée en juin 2018. À cette occasion, on vous proposera prochainement un ebook à télécharger gratuitement avec tous les textes vainqueurs durant cette première année ! Merci pour vos participations !
Roxane10th

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Re: Concours d'écriture - Mai 2019 : Les duels

Message par Roxane10th »

Oooh Merci beaucoup pour cette troisième place sur le podium je suis vraiment contente d’y être arrivée ! :D

Merci pour ces concours également et bravo à tous pour vos participations :)
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