Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

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x-Key

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Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par x-Key »

Bonjour à tous !

Le concours d'octobre débute avec pour thème Jeux de masques ! Histoire de théâtre, d'homme ou femme masqué.e, de justicier au visage caché : vous avez jusqu'au 31 octobre pour laissez libre court à votre imagination et nous écrire une histoire sur ce thème.

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Une nouvelle règle sera mise en application dès septembre : nous vous donnerons un thème pour septembre et octobre, mais ça sera ensuite aux gagnants de chaque mois de proposer un thème pour le Mois+2. Ainsi, le gagnant de septembre donnera le thème de novembre, le gagnant d'octobre le thème de décembre, etc... En l’absence de réponse dans les temps du gagnant quant au choix de son thème, on se chargera de vous en trouver un.

Pour rappel :

♦ Vous avez tout le mois (et pas plus !) pour poster votre texte sur le sujet, nous n'accepterons pas les retardataires.
♦ Un jury composé de plusieurs personnes lira ensuite vos créations littéraires et désignera le texte vainqueur. Le gagnant sera récompensé d'un badge spécial et d'une petite surprise.
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct ;)
♦ Les textes écrits avant le concours ne seront pas acceptés. Vos textes doivent avoir été écrits spécifiquement dans le cadre du concours.
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir ;) De plus, vos textes doivent avoir été spécifiquement écrits pour le concours, sinon ils ne seront pas acceptés.

Bonne chance à tous ! :)
elenwe

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par elenwe »

Bonjour à tous, voilà ma participation au concours d'Octobre.


L’ombre m’habille, comme elle le fait tous les jours depuis des années. Le temps passé disparaît lui aussi dans les ténèbres. Le noir semble être l’engrais de ma vie. J’ajuste ma cravate, noire, sur ma chemise grise, une dernière inspection dans le miroir et je suis parti.
Les lumières du jardin encadrant le château m’éblouissent et ne font qu’accentuer ma solitude à errer dans l’obscurité de mon existence. Cette chaleur me fait envie, mais elle m’est interdite, c’est les conséquences quand on étouffe sous ses secrets. Malgré tout, je plaque un sourire avenant sur mon visage en tendant les clefs de mon Audi à l’un des voituriers. Les Tayef n’ont pas lésiné sur les moyens, leur domaine est sublime ainsi mis en valeur et l’immense bâtisse semble avoir recouvrée sa splendeur d’antan.
— Théo ! Quel plaisir de te voir, me salue la propriétaire.
— Madame Tayef, comment refuser une telle invitation, surtout dans le cadre actuel quand on me donne l’opportunité d’aider, je ne peux que me lancer.
— Toujours en train d’amadouer les vieilles dames. Quoi qu’il en soit tu arrives à temps pour la vente.
Je salue avec révérence la châtelaine qui n’a pas perdu une seconde et accoste déjà de nouveaux arrivants.
Tout le gratin de la région est présent, beaucoup d’héritiers dont la moitié a des liens de parentés avec les habitants des lieux. Je ne me suis jamais senti à ma place au milieu d’eux et ils me le font bien comprendre. Je fais l’effort de vouvoyer toutes les personnes qui m’abordent alors que très peu me rendent la politesse. J’ai l’habitude et à part quand il s’agit de visages que je n’apprécie pas, je n’y prête même pas attention.
Je ne suis pas certain que tous ces gens se soucient vraiment du patrimoine architectural du département. Ils sont ici pour le paraître. Je ne pense pas qu’il y ait eu autant d’engouement à ce qu’ils dévoilent leurs demeures démesurées au public. Ces d’ailleurs la première année que ce château accueille et participe aux portes ouvertes nationales. Des gens ont défilé tout le weekend pour contenter leur curiosité et ce soir je vais sûrement devoir supporter le monologue élogieux sur la famille qui a construit cet endroit, sauf que je n’y serais pas sensible.
— Bonsoir Théo, tu comptes acquérir quelques bouteilles ? m’accoste avec nonchalance l’un des fils de la propriétaire alors que j’étais immobile devant une caisse de vin.
— Je réfléchis. C’est un des crus de votre cave ?
— Non, c’est un de ce domaine, mais il y aura quelques-uns des miens si ça t’intéresse.
J’acquiesce par politesse espérant qu’il évite ce manque criant de conversation et ma stratégie paye. J’ai envie de fuir à toute jambe, je ne me sens pas à ma place, ainsi exposé. Je goûte avec parcimonie ma coupe en faisant semblant de contempler les peintures aux murs.
— Docteur Raufe, quel plaisir de vous voir ici.
— Madame Finsreu, quel hasard, j’ignorais que ce genre de soirée était dans vos habitudes.
— Pas réellement, mais ils m’ont invité, ça m’a autant surpris que vous !
— J’imagine.
— On sait tous les deux pourquoi je suis là, glisse-t-elle tout bas en s’approchant de mon oreille. Ils ont eu connaissance du fait que j’ai récemment hérité. Mais j’ai été curieuse et je suis venue voir. Je ne suis pas certaine d’être meilleure qu’eux, grimace-t-elle contrite.
Je souris en retour, c’est une de mes patientes. Elle est solaire, parfois j’oublie un peu mon masque quand je la vois. Je me prends presque au jeu de cette vie que je prétends avoir. Malheureusement, je n’arrive pas à maintenir un échange intéressant et elle m’abandonne. Je continue en façade d’être poli et impeccable, je me concentre sur ce point pour ne pas commencer à me focaliser sur ce qui se passe dans mon corps.
Je finis par acheter deux caisses d’un rouge dont j’ai déjà tout oublié, soi-disant que l’argent va aider à la reconstruction d’une vieille chapelle, mais peu importe. Je ne reste pas plus que nécessaire et c’est le coffre chargé et le porte feuille allégé que je quitte la réception.
Mes mains tremblent autour de mon volant. L’envie, le manque, ils me harcèlent maintenant que tout va être assouvi.
Plus j’approche de chez moi, plus j’ai l’impression que mon corps est au supplice, je transpire, alors que j’ai la sensation d’avoir froid et la douleur dans mon dos est plus présente que jamais. Mes démons sont là. Six ans qu’ils m’habitent. Mon cœur se serre et la colère contre moi-même éclot, mais elle est vite étouffée par les ombres.
Je me gare, je prends mon temps, comme sur la route, j’ai respecté la limitation. Rien ne paraît à l’extérieur alors qu’à l’intérieur j’ai le sentiment que c’est le chaos.
Pareil quand je verrouille derrière moi, je me mets à l’aise avant de me rendre dans mon dressing. J’ouvre le tiroir. J’attrape machinalement la boite. J’en sors deux des gélules et la referme rapidement. Par honte, je ne les garde pas longtemps en main, simplement le temps de leur jeter un regard teinté de regret qu’ils sont déjà avalés. Puis je tente de me réconforter, après tout, je n’en avais pas pris depuis ce matin, ce n’est pas si grave.
Je mange un peu et finis par aller me coucher, serein et détendu.

Le lendemain me cueille frais et dispo, mais cet état ne dure pas. J’ai une journée difficile qui m’attend, c’est toujours le cas le lundi, les patients ont dû ronger leur frein tout le weekend pour venir décharger leurs angoisses et leurs maux dans mon cabinet. Je décide qu’exceptionnellement j’ai droit à mon remontant. Et ça tombe bien, je suis en train de m’habiller dans mon dressing. Pas le temps d’y penser que les médicaments sont déjà dans mon estomac. Je me fais quand même une remarque sur le fait que mon stock diminue comme peau de chagrin et qu’il faudra que j’y remédie.

La journée se déroule bien, les gens sont contents, moi aussi et j’oublie un peu ma conscience, la douleur et le passé reste bien enfoui dans les ténèbres. Je n’ai pas eu de consultations compliquées, pas de personnes avec des pathologies trop lourdes, c’est un petit soulagement et je suis certain que demain ce ne sera pas le cas, car c’est assez exceptionnel.
Je suis en train d’éteindre mon ordinateur quand le téléphone sonne.
— Oui ?
— Docteur Raufe, un patient vient d’arriver, il se plaint de forte douleur. Ce n’est pas vous qui le suivez en temps normal, mais vous êtes le dernier.
— Faites-le entrer.
Le jeune homme qui pénètre dans la pièce est blanc comme un linge, ses yeux sont cernés, il semble décomposé.
— Que vous arrive-t-il ?
— C’est ma jambe, la douleur ne me quitte plus et le traitement du docteur Toulas, ne fonctionne pas.
Il frotte compulsivement son genou et se tortille sur sa chaise. Je lui pose beaucoup de questions et lui propose même d’aller aux urgences si la douleur est si terrible. En plus il n’a répondu que partiellement à mes interrogations, comme souvent les patients oublient le nom de ce qu’ils ont déjà pris. Surtout quand ils ont commencé les traitements à l’hôpital, comme c’est le cas pour lui. Même si je soupçonne celui-ci de vouloir noyer le poisson. Il souffre depuis un grave accident de moto, mais il date d’il y a plusieurs années. Je décide de le dépanner avec une boite d’antalgique en lui conseillant de prendre rendez-vous avec son médecin.
Je quitte enfin le cabinet, hanté par la dernière personne que je viens de voir. Car je sais que ça aurait pu être moi. Ce constat amer me donne la nausée et je préfère éviter d’y penser. Parce que peut-être que si je n’avais pas porté des œillères depuis le début, je n’en serais pas là. Mais hors de questions que je m’épanche sur ma culpabilité devant quelqu’un. Je risquerais de perdre la dernière chose qui me reste : les apparences. Et cultiver la douleur c’est ma béquille. Je n’ai pas envie de voir non plus comment les gens réagiraient s’ils savaient ce qui se cache derrière l’illusion que je renvoie. C’est au-dessus de mes forces.
Ma chute a été oubliée par tout le monde depuis longtemps. Les autres ne comprendraient pas. Moi-même j’ai dû mal à me pardonner mon comportement.
Je me coule dans les ombres, c’est comme ça que je me sens le mieux, si on ne me voit pas, on ne peut pas me juger. Parce que la nuit je ne suis plus médecin, je suis simplement toxicomane.
Dernière modification par elenwe le lun. 28 oct., 2019 9:51 am, modifié 1 fois.
elysianne

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par elysianne »

bonne idée je oulais juste simplement demander comment on l'envoyait?
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par x-Key »

elysianne a écrit :bonne idée je oulais juste simplement demander comment on l'envoyait?
Le texte est à poster sur ce sujet ;)
EmilyLuce

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par EmilyLuce »

Bonjour, voilà mon texte pour le concours d’Octobre! C’est ma première participation et il est un peu court mais j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire. J’espère qu’il vous plaira :)

Pour la première fois depuis des mois, la menace du fléau noir ne m’a pas traversée l’esprit. Non, toutes mes pensées sont dirigées dans un seul dessein, et c’est une autre forme de tension qui me noue l’estomac.
Je tourne doucement la poignée de la porte avant de la refermer derrière moi.
Fabius Savelli est écroulé sur son bureau, une écume rougeâtre au bord des lèvres. Son visage d’habitude violacé a pris une teinte blanchâtre. Son ventre proéminent empêche son corps de basculer totalement en avant.
Je reste quelques secondes à l’observer. Ce moment si longuement planifié me laisse étrangement vide. Aucune joie, mais aucun remords non plus.
Peut être que mon âme a quitté mon corps en même temps que celles de ma famille.
Me détournant de la macabre vision, je parcours du regard le chaos qui m’entoure: des piles de papiers, des flacons, des malles et des vêtements entassés sans ordre apparent. Une odeur pesante se dégage de la pièce, un mélange de genévrier, d’alcool et de pourriture qui sied bien à son propriétaire.
Dans un coin de la pièce, sur une petite table, une bouteille de vin attire mon regard. Le dottore a visiblement fait bon usage de mon présent.
Posé à côté, comme un clin d’œil du destin, se trouve ce que je suis venue chercher.
Je m'approche lentement avant de soulever le masque à la forme si distinctive près de mon visage.
Le cuir est lourd dans mes mains. Les bicycles de ses yeux me renvoient mon reflet.
La dernière fois que je me suis retrouvée face à lui, il dirigeait de sa baguette les soldati droit sur nous. Une maison de pestiférés qu’il fallait purger. Quand bien même aucun cas n’avait été déclaré, dans ma famille comme dans le quartier.
Ce masque de cuir blanc au long bec de vautour hante mes nuits. Mais grâce à lui, je vais pouvoir continuer ce que j’ai commencé. Grâce à lui, je vais pouvoir sortir la nuit.
Car les médecins de peste sont parmi les rares autorisés à sortir après le couvre-feu. Et il n’y a pas meilleur déguisement que le chapeau et le long pardessus de cuir qui complètent leurs uniformes.
Je glisse tant bien que mal le précieux équipement dans mon sac de toile avant de le poser près de la porte. Je décroche ensuite l’outre à ma ceinture, puis verse doucement l’huile sur le bureau du dottore.
On ne doit pas découvrir l’absence de son masque.
Pas avant que le reste de mon plan ne se termine.
Pas avant d’avoir rendu justice à ma famille.
lilicecilie

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par lilicecilie »

Coucou ! Voici ma participation, j'ai été très inspirée par le thème !

La vieille horloge affiche quatre heure du matin lorsque Liam se lève difficilement de son lit. Il tente de ne pas regarder la photo posée sur sa table de chevet, il sait que c’est se faire du mal inutilement, que ce serait lui rappeler des souvenirs beaux, merveilleux, qu’il ne revivra jamais. Alors il se dirige d’un pas lourd, fatigué, vers la cuisine se situant à presque deux pas, se préparer un café sans goût et sans sucre, dans la seule tasse qu’il possède, jaunie par le temps et l’usure.
Son studio fait peine à voir, il a abandonné depuis longtemps le goût de la décoration, depuis que cela s’est passé. Il secoue la tête, il ne doit pas y penser. Une fois sa boisson tiède et insipide avalée, il se rince le visage, ne prend pas la peine de se peigner et s’habille.
Liam vérifie qu’il n’a rien oublié, les clefs, le badge et son téléphone, mais avant de franchir la porte, il sursaute en repensant au plus important. Chaque matin c’est la même routine, il n’arrête pas d’oublier son masque. Il lui faut plus d’une dizaine de minutes pour le retrouver, alors qu’il n’y a pas vraiment la place pour se cacher, et le retrouve sous son oreiller, en piteux état alors que c’est le seul qu’il possède. Il soupire et le place sur son visage, la texture le pique, et plus il y pense plus il a l’impression que sa peau brûle au contact de l’objet vert pâle. C’est le prix à payer lorsque vous vivez dans les mêmes conditions que Liam.
Finalement prêt à partir, il franchit le seuil de son appartement, puis celui de son immeuble avant de resserrer son manteau trop léger pour cette saison, dans un vain espoir de pouvoir se réchauffer avant d’arriver à son lieu de travail.
Il n’a pas de titre de transport, ni de voiture, et à peine de quoi se payer un vélo ou même une trottinette, alors il marche rapidement pour ne pas geler sur place, garder ses muscles actifs, et franchit les trois kilomètres qui le sépare de l’entreprise dans laquelle il est engagé pour faire le ménage, matin, midi et soir. Si le froid n’était pas autant présent, le trajet se serait fait naturellement, presque de façon agréable, mais depuis quelques mois la température ne voulait pas dépasser les dix degrés, et Liam commence déjà à grelotter.
Il aperçoit d’un œil entrouvert les rares voitures, toutes plus belles les unes que les autres, avec des conducteurs bien au chaud à l’intérieur, qui ne prennent pas la peine de regarder Liam derrière leurs beaux masques, tantôt ornés de bijoux, tantôt de dentelles, et toujours de couleurs vives.
Le jeune homme aperçoit enfin l’immense bâtiment de télécommunication apparaître devant lui, majestueux, dans toute sa splendeur. Écrasé par son immensité, Liam ose à peine entrer, malgré l’habitude, il ne sent jamais à sa place dans cette grandeur qu’il n’aura jamais le privilège d’approcher.
Il franchit finalement les portes de verres, et salue d’un hochement de tête la magnifique femme d’une vingtaine d’année à l’accueil, qui malgré sa richesse apparente, s’obstine à vouloir porter un simple masque turquoise décoré de fleurs blanches, qui met ses grands yeux noirs en valeur. Elle ne le regarde qu’à moitié, plongée dans les images défilant sur l’écran de son portable.
Liam ne prête plus depuis longtemps attention à ce genre de détail, il va pointer, pile à l’heure, puis prend l’ascenseur après avoir récupéré son matériel dans le placard derrière l’accueil. Il a toujours procédé de cette façon, en commençant par le dernier étage pour finir avec le premier, et même s’il serait judicieux de faire l’inverse, la différence ne se remarque jamais de toute façon.
Le bâtiment comporte exactement huit étages et deux sous-sols, mais depuis la veille des travaux ont commencé au huitième, Liam appuie sur le chiffre sept et attend patiemment dans la cage, son balais et sa serpillière dans une main et le seau d’eau brûlante dans l’autre. Il évite le miroir.
L’ascenseur sonne et les portes s’ouvrent sur un septième étage rempli de bureaux blancs et d’ordinateurs hors de prix. Avant de se mettre au travail, Liam se rend aux toilettes, et en se lavant les mains il aperçoit près d’un lavabo un magnifique masque italien blanc, décoré de plumes noires et oranges et de dorures qui couvrent les tempes jusqu’à la bouche. Liam ne devrait pas, il le sait. Evidemment qu’il le sait. Mais il s’empare de ce chef-d’œuvre, bouche bée devant sa beauté.
Après quelques secondes d’hésitation il ôte le sien et le remplace, puis s’observe dans le miroir un long moment. Son ancien masque est déjà caché dans la poubelle lorsqu’il sort des toilettes, il ne compte pas le garder, ce n’est pas le sien, mais il veut marcher avec, parler avec, savoir ce que cela fait d’être riche, d’être beau.
— Bonjour ! Tu es nouveau dans la boîte ? C’est toi le stagiaire ?
Liam se met à paniquer et n’ose pas se retourner, c’est la première fois qu’on lui adresse réellement la parole depuis qu’il travaille ici. Finalement il ose regarder la femme qui attend patiemment sa réponse.
Elle est belle, c’est indiscutable, on peut le voir rien qu’à ses yeux vert pomme, et riche, elle a un masque dans les dégradés de violet et de rose, assez simple mais très travaillé. Ses formes sont mises en valeur dans un ensemble de marque, de même couleur, et elle camoufle sa petite taille avec de beaux escarpins noirs de plusieurs centimètres de hauteur.
Dans un élan de confiance venu d’on ne sait où, Liam répond sans réfléchir :
— Oui, c’est moi, je m’appelle Liam.
— Enchantée Liam, ton masque est incroyable. Je m’appelle Alice.
Elle est joyeuse, amicale, elle lui fait penser à…
Il se maudit d’y penser, de les comparer. Alice est devant lui, réelle et vivante, l’inverse de Cathia.
La jeune femme lui tend une carte blanche et dorée, avec son numéro de téléphone.
— Appelle-moi à l’occasion, on se boira un café.
Puis elle se retourne et va s’asseoir à l’un des bureaux de l’étage, déjà concentrée. Il sait qu’elle ne relèvera plus la tête.
Dans la précipitation, il retourne dans les toilettes, remplace à nouveau son masque, et après un combat acharné entre sa raison et son cœur, garde l’italien avec lui. Il récupère ses affaires et reprend l’ascenseur, tant pis pour l’habitude, aujourd’hui il commence avec le sous-sol.
Le soir même, rentré chez lui, il n’a pas faim, il repasse dans sa tête les événements de la journée. Il l’a passé à essayer d’éviter Alice, qui de toute façon n’a pas essayé de le retrouver. Et sur le deuxième coup de tête en moins de vingt-quatre heures, il prend son téléphone et compose son numéro, demain c’est la fête nationale, ils ne travailleront pas.
Elle décroche immédiatement, il entend de la musique en fond.
— Allô ?
— Salut Alice… C’est Liam.
— Liam ! Alors cette première journée ? Paul ne t’a pas trop embêté j’espère ? Ce qu’il peut être agaçant parfois.
Il ignore qui est Paul, il s’en moque.
— Non, rien de tout ça, répond Liam, intimidé par l’assurance d’Alice. Je me demandais juste si un café te conviendrait demain matin ?
Il l’entend réfléchir et regrette aussitôt sa débilité. Pourquoi l’avoir appelé ? Elle se fout de lui. Et si ça se trouve elle a déjà compris qu’il n’était pas…
— Pourquoi pas ce soir ? Je m’ennuyais justement.
— Heu je…
— On se retrouve au bureau dans une heure ? Le temps que je me prépare.
Il accepte, encore une fois sans réfléchir, puis reste accroché à son téléphone une bonne dizaine de minutes avant de finalement se lever.
Liam a peu de temps pour se préparer, seulement celui de prendre une douche rapide et d’enfiler des habits convenables et son nouveau masque. Il ne sait toujours pas à qui il appartient, personne ne s’est plaint de sa disparition aujourd’hui. Et Dieu sait que ça aurait fait du bruit si quelqu’un s’était fait voler cette beauté.
Il parcourt rapidement le trajet jusqu’au grand bâtiment, mal à l’aise des regards des personnes qui se baladent ou mangent en terrasse malgré ce temps glacial. Tout le monde l’admire. Que ce soit lui ou son masque, quelle différence ? Ils admirent sa pseudo richesse.
Avec Alice, il se détend très vite, ils rigolent, parlent de tout et de rien, n’aborde jamais le sujet du travail.
— Je déteste parler du bureau lors d’un premier rendez-vous.
C’est donc bien un premier rendez-vous… Cette information fait sourire Liam, il est heureux.
Mais avant de se dire au revoir, il ne se sent pas bien, malhonnête. Il sait qu’il fait une énième erreur, décidément la journée en sera remplie, et lorsqu’Alice se prépare à sortir du bistrot, il lâcha finalement une bombe sur cette magnifique soirée.
— Ce n’est pas mon masque.
Elle lève les yeux vers lui, interloquée. Puis enfile son manteau en haussant les épaules.
— Dommage, il est réellement magnifique.
Elle ne semble pas comprendre.
— Non ce n’est pas ça que je veux dire….
— Tu sais ce n’est pas un drame !
Elle lui sourit franchement, puis se penche à son oreille, dans la confidence.
— Le mien est à une amie.
Elle commence alors à lui parler de cette amie, Olivia, une femme de quarante-cinq ans qui travaille également dans la même boîte.
— C’est elle qui m’a montré comment on se servait de la machine à café, je n’ai jamais été douée pour…
— Je l’ai volé.
Cette fois, elle est franchement déçue, et énervée. Elle se sent trahie et il le sait.
— Comment ça, volé ?
— Dans les toilettes du septième étage.
— Bon sang…
Il n’ose plus dire un mot, honteux. Elle finit par se redresser et lui sourire, essayant de se convaincre que ce n’est pas si important. Elle sait qu’elle a tort, qu’il a fait quelque chose d’horrible et d’impardonnable. Une fois sortie du bistrot, le froid s’attaque à Liam encore plus violemment que le matin même. Il s’efforce de ne pas grelotter, de ne pas se rendre encore plus ridicule qu’il ne l’est, mais Alice ose à peine le regarder dans les yeux.
Ils repartent chacun de leur côté après un petit moment où personne ne parle, Alice dans une petite citadine blanche, Liam toujours à pieds.
Le lendemain, Liam passe sa journée chez lui à regretter les actions de la veille. Il n’aurait jamais dû lui avouer, jamais dû l’appeler, jamais dû voler ce fichu masque.
Le jour suivant, son monde s’est définitivement écroulé, emportant avec lui les minces espoirs qu’il avait réussi à réunir avant de s’endormir, lorsque, arrivé au travail, son vieux masque sur son visage, Alice l’a royalement évité.
Elle l’a reconnu, évidemment qu’elle l’a reconnu. Il lui a dit bonjour, a essayé de lui parler, de s’excuser, de s’expliquer, mais elle a simplement répondu qu’elle était occupée.
Liam a bien essayé de faire abstraction de ses rêves brisés, se maudissant d’être tel qu’il est, c’est-à-dire pauvre. Il passe le balai, nettoie les toilettes, frotte chacune des maudites vitres de ce bâtiment gargantuesque, et prend enfin sa meilleure décision de ces trois jours. Et décide ne plus jamais remettre les pieds dans ces bureaux.

Nous sommes jeudi, Alice se réveille, incroyablement belle comme à son habitude, elle a déjà oublié toutes ses récentes mésaventures des journées précédentes, du moins elle agit comme si c’était le cas. Elle s’habille, se maquille, mange, enfile son masque puis part travailler, confiante et joyeuse comme à son habitude. Elle se gare au premier sous-sol du bâtiment et prend l’ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée pour dire bonjour à Lola, la fille de l’accueil.
— Bonjour Alice, comment vas-tu ?
— Très bien, beaucoup mieux qu’hier.
Lola hoche la tête et fouille dans le placard de son bureau à la recherche de quelque chose, qu’elle finit par trouver.
— Le type du ménage a déposé ça ce matin puis il est parti. C’est pour toi.
La jeune fille fait une mine de dégoût censée faire rire Alice, mais cette dernière fixe la boîte à chaussure tristement. Lola ne pose pas de question et dépose le colis devant elle, puis regarde Alice s’en aller vers le septième étage.
Assise à son bureau, sa lèvre inférieure tremble. La boîte est ouverte devant elle, et elle se rend compte de son erreur à l’instant où elle aperçoit le magnifique masque italien noir et orange qu’elle contient. Alice s’empare de son téléphone, tente de rappeler Liam, lui dire qu’elle est désolée, qu’elle veut le revoir. Mais il n’a jamais répondu.
quoi-de-neuf-docteur

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par quoi-de-neuf-docteur »

Bonjour bonjour !
Voici ma participation pour ce mois-ci.

Aujourd'hui, je reçois mon nouveau masque. Pour moi, une nouvelle peau, une nouvelle vie.
C'est drôle maintenant que j'y pense, car il y a encore deux ans de cela, jamais je n'aurais pu penser cet accessoire, autrement qu'en décoration, dans un bal masqué...

Aujourd'hui, je réalise combien je me suis trompé.
Nous avons tous bien plus à perdre que la Vie. Qu'est-ce que mourir quand un seul regard d'autrui nous rappellera notre condition? Qu'est-ce que vivre quand le destin ne nous offre plus aucun choix, plus aucune surprise?

Aujourd'hui, cela va faire deux ans que la guerre m'a pris mon intégrité.
Aujourd'hui, on signe l'Armistice. Ici, à l'hôpital, il pleut des trombes, comme si Dieu avait voulu nettoyer la terre de l'horreur de ces quatre dernières années. J'ai envie de lui dire que pour ça, il aurait fallu passer plus tôt, nettoyer l'ardoise avant que tout dégénère, avant que tout soit ravagé. Ici, il pleut. Un temps de 11 novembre quoi.

Aujourd'hui, on signe l'Armistice.
Pourtant, il me semble qu'à part le cessez-le-feu, aucun des belligérants n'y a gagné quelque chose.

Aujourd'hui, j'aurai la preuve matérielle, irrévocable que la moitié gauche de mon visage -mâchoires, os, œil, oreille, crane, cheveux- TOUTE ma moitié gauche restera ainsi, figée dans cet amas informe de chairs et d'éclats d'obus. Mon visage, trop profondément amoché pour pouvoir être rafistolé.

Aujourd'hui,je dois accepter ce masque. Celui que je porterai jusqu'à la fin de mes jours.
Celui qui me rendra monstrueux, auprès de tous ceux qui me verront au naturel.
Celui qui me semble bien beau par rapport au voile tombé sur mon cœur. Au voile qui me hante et qui continue de me ravager, dans ces assourdissants instants de silence où la Somme et Verdun me rappellent l'enfer des tranchées.
Derrière ce masque là, je dois surmonter ces journées remplies d'horreur et de peur.

Aujourd'hui, la vie reprend son cours, elle chemine parmi les restants, elle arrivera bientôt à faire sourire de nouveau la veuve et l'orphelin, les vétérans et les blessés.
Aujourd'hui commence une nouvelle page de mon histoire. Une page de reconstruction, de larmes, de cauchemars et de peurs.

Aujourd'hui, je suis la France. Je suis en deuil. Je suis meurtri. Je suis changé à jamais, marqué par cette guerre que je souhaite être la Der des Der. Mais aujourd'hui, je suis vivant et rempli d'espoir pour l'avenir.
Micum

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par Micum »

Bonjour !
Voici ma participation au concours de ce mois.

LE VOYAGEUR SANS NOM


S’en retournant de la Bataille
Contre ceux derrière les hautes murailles,
Le brave héros et ses compagnons,
Se retrouvèrent tels des lions.

Cage de pierre pour les vainqueurs !
Gardien de chair au gros cœur,
Qui veille sur son butin de dieu,
Avec un appétit odieux !

La clarté, par Érèbe, envolée,
Le grand argousin
Saisit de sa main
Quelques diables désolés,
Qu’il débine et cogne
Qu’il gruge sans vergogne !

Acculés dans son antre,
Destinés à son ventre,
Ils sont fourmis à sa botte,
Leur hôte !
Mais les sept, révoltés contre ces atrocités,
Mirent à exécution leur plan élaboré.

Savoir qui nous sommes
Est tâche ardue.
Alors qui est cet homme
Armé de son courage pointu ?

Il est le Héros de l’aventure
L’Être des mille écritures.
Il est le Roi de cette petite terre
De çui-là qui naît au loin, est père
Ou qui, à l’horizon, se bat,
Par là-haut et pour ici-bas.
Doit à genoux mettre
Les poursuivants pour sa dignité,
Il est seigneur et maître.
Et mendiant masqué de ses identités !

Οὖτίς
AlexJean

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par AlexJean »

Bonjour !
Voici ma participation pour ce mois-ci.

L'inconnu.

À mesure que l’on se rapprochait, mon cœur tambourinait. Je sentais mon pouls accélérer au même rythme que ma respiration. Nous étions cinq dans la camionnette. Je regardais les visages de mes compagnons, espérant trouver une source d’apaisement dans leur regard, je ne voyais que la peur.
Pourquoi étions-nous là ? J’en avais une vague idée. Nous n’avions rien. Nous voulions avoir pour exister.
- N’ayez pas peur, tout va bien se passer, nous dit le conducteur en regardant dans le rétroviseur.
C’est lui qui avait tout organisé. Il nous avait rassemblés deux jours auparavant afin de nous proposer un travail. Bien que réticents dans un premier temps, nous avions tous accepté le lendemain matin. Après tout, nous n’avions rien. J’aimais me dire cela, peut-être parce que cela donnait un sens à ce que je m’apprêtais à faire.
- On est bientôt arrivé, mettez tous vos masques, nous dit le conducteur en s’approchant d’un carrefour.
J’enfilais aussitôt le mien. Il s’agissait en réalité d’une cagoule, à laquelle nous avions découpé trois trous. Le gars devant moi nous a alors tendu à tous un sac.
- C’est seulement pour faire peur, me dit-il.
À l’intérieur se trouvait un révolver. Je commençais à trembler.
- Pourquoi nous ? Pourquoi nous avoir choisi ? demanda le gars à côté de moi tout en remuant ses jambes.
- Parce qu’on ne vous connaît pas, vous êtes des inconnus répondit le conducteur. Et comment retrouve-t-on des inconnus ?
Le gars qui m’avait donné le fusil répondit « avec beaucoup de mal ». Il n’avait pas tort. Nous n’avions jamais rien fait, personne ne nous connaissait, hormis nos familles. Nous étions simplement des inconnus, invisibles. Seul notre présence sur terre affirmait notre existence.
- Dans cent mètres. Tout le monde sait ce qu’il doit faire ? nous demanda le conducteur.
Le travail était simple. Le conducteur nous déposait devant la bijouterie. Nous devions sortir par l’arrière de la camionnette, entrer dans la bijouterie un à un et en ressortir moins de dix minutes après. Cela devait être rapide. Pour pouvoir communiquer sans dévoiler nos noms, nous nous étions mis d’accord pour des noms de code, nous étions tous des chiffres, j’étais Numéros trois. Le gars au revolver était deux, le gars qui remuait ses jambes était quatre. Le dernier, celui qui était resté silencieux tout le trajet était le numéro un.
Je sentais la camionnette ralentir.
- À mon signal, nous cria le conducteur.
Ma tête commençait à tourner.
- Trois.
Mon ventre me faisait mal.
- Deux.
Numéro un et Numéro deux se levèrent. Numéro un agrippa la poignée.
- Un.
Nous étions tous debout. Plus aucun son ne me parvenait.
- Go, go, go.
Nous étions tous sortis. Une femme, en nous voyant courir, fuyait dans le sens inverse en poussant une poussette.
Nous entrions dans la bijouterie dans l’ordre de nos numéros. Les sons me revenaient.
- Ouvre la caisse ! hurla Numéro deux en braquant son révolver sur le vendeur.
- Tout le monde par terre ! Les mains derrière la tête ! cria Numéro quatre.
Nous devions tous les deux nous assurer que personne ne bougeait pendant que Numéro un volait l’argent dans la caisse et les quelques bijoux présents dans les vitrines.
Tout s’était passé très vite.
- C’est bon, on se casse, cria Numéro un, sortant ainsi de son mutisme.
Il lança deux sacs que Numéro deux et Numéro quatre attrapèrent avant de sortir et de courir vers la camionnette. Il prit ensuite le troisième sac pour me le donner. Je le tenais de la main gauche, la droite menaçant toujours les personnes présentes avec le révolver.
Cela faisait 6 minutes que nous étions là, il était temps de partir.
Je rangeais mon révolver dans ma poche pour pouvoir ouvrir la porte.
- Grouilles-toi !
Il passait devant moi.
La porte ouverte, j’entendais le moteur de la camionnette, puis un son aigu.
L’alarme.
Numéro un était maintenant devant moi. Il avait sorti son arme.
- Salaud ! cria-t-il vers le vendeur.
Le coup est parti. Mon corps ne répondait plus.
- Et merde ! Démarre ! hurla-t-il en direction du conducteur.
La lumière du spot me faisait mal aux yeux. J’étais allongé, j’entendais la camionnette partir, les pneus crissaient sous l’accélération.
« Seulement pour faire peur » m’avait-on dit en me donnant le révolver. Je ne voulais pas qu’il y ait de mort. Je m’étais interposé entre le revolver et le vendeur.
J’expirais les derniers souffles de ma vie. Allongé dans une bijouterie, une cagoule me voilant la tête. J’étais un inconnu toute ma vie. Je n’avais rien. Je n’étais rien. Je suis mort derrière un masque. Je suis mort en étant un numéro, sans nom, sans identité. Je suis mort en inconnu.
lacrystal

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par lacrystal »

Bonjour, voici ma participation pour ce concours :D

L'amour masqué

Vêtues de longues et belles robes luxueuses
Vêtues de leurs redingotes les plus romantiques
Damoiselles, damoiseaux au son de la musique
Tourbillonnent de manière si majestueuse


Tous les visages sont masqués mais tous se connaissent
Ils jouent seulement le jeu du grand anonymat
Le temps d'une soirée, ils ne se connaissent pas
Les hommes sont des dieux et les femmes des déesses


Puis voilà qu'elle apparait, son visage caché
Qui est cette fille que personne ne connait ?
Cherchant de ses beaux yeux noirs, sous un regard parfait
Celui qui la fera valser, la fera rêver


Puis le voici, s'arrêtant, debout devant l'entrée
Leurs regards se croisent, il s'avance, elle s'enfuit
Incompréhension! Pourquoi est-elle partie ?
Il s'élance derrière elle, il doit la retrouver


Puis, il l'aperçoit enfin, sur le petit balcon
Cette fois, il ne la laissera pas disparaître
Il veut la faire danser, lui parler, la connaître
Il court, traverse la salle de réception


Sa déception est grande, arrivé sur les lieux
La jolie n'est plus là, partie encore une fois
Déçu il s'en retourne dans la salle, sans joie
Le cœur lourd, il lève les yeux, implorant les cieux


Au milieu de ces nobles, il se sent misérable
Doucement, une main sur ses épaules se pose
C'est elle, son inconnue, son adorée, sa rose
Soulagé, ses yeux fixent ce regard agréable


Alors que les deux tourtereaux enfin réunis
S'enlaçant doucement, ils se mettent à valser
Parfaits inconnus, mais désormais persuadés
Qu'ils resteront unis par un amour infini
LilyMoon

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par LilyMoon »

Bonjour,

Voici ma contribution pour octobre (pas d'inquiétude, ce n'est pas du tout autobiographique :lol: ) :

Ma vie est si bien réglée. J’ai un travail stable, je suis formatrice. J’ai un mari, un enfant, un crédit maison, un crédit voiture, quelques vices avoués, rien de bien méchant. Je suis souriante, je me lève tôt, je mange bio, j’ai l’esprit d’équipe, je suis bien sous tout rapport. Qui irait imagine autre chose ? Pas ma famille, pas mes collègues. Je suis très douée, ça ne fait pas de doute. Je sais que tout cela n’est qu’illusion. Qui suis-je donc en réalité ? Certaine pas cette mascarade sur pattes, la femme aimante, mère présente, collègue attentionnée. Je sais que je peux l’être… parfois. Alors pourquoi persister ? Je ne suis pas sûre d’avoir envie de voir sous le masque. Pourtant, je le sens qui s’effrite, je vois mon reflet tous les matins, et la porcelaine s’abîme, je peux voir à travers, tout le monde va finir par s’en rendre compte.
Ce que je montre n’a rien à voir avec ce que je ressens. Comment cela s’appelle-t-il déjà ? L’appel du vide. Pas l’envie de sauter du 12e étage, mais celle de tout balancer, de foncer dans le tas de cette vie bien rangée. Je montre le visage que tout le monde veut voir. Je ne vais plus faire ça très longtemps, je le sens. Pourquoi se priver ?
Je ne peux plus faire semblant. J’ai trop longtemps simulé les sentiments humains, je ne les ressens toujours pas. Ça ne me manque pas, ça semble plein de souffrances. Je pensais être comme tout le monde. Mais j’ai compris que j’étais bien supérieure. Bientôt tout le monde verra sous ce masque de bienséance.
Il y a eu un accident aujourd’hui. Sur la route, un bus qui a rencontré un cycliste. C’était horrible, parait-il. J’ai fait croire que j’étais secouriste. Je me suis approchée, tout près, du cycliste. Il était terrifié. Il souffrait, blessé à divers endroits. Il avait besoin que quelqu’un lui dise qu’il n’allait pas mourir, mais c’était faux. Il pleurait, sans pouvoir bouger la tête. Il n’acceptait pas. Il gémissait, me suppliant de l’aider, de dire à sa famille qu’il les aimait. Qu’il ne voulait pas mourir, qu’il ne voulait pas mourir. J’ai vu ce moment, dans ses yeux, où la peur a été plus forte que la douleur physique, il souffrait le martyre, mais en un instant c’est la peur qui a pris le dessus. Avec la peur, la compréhension est arrivée. Il craignait l’inévitable. Deux respirations, sifflantes, il s’était calmé. Pleurait toujours, sans bruit. Il m’a demandé où il était blessé. Il a fermé les yeux, respiré profondément, encore deux fois. Et c’était terminé. C’était magnifique. J’ai vu le moment, celui où il a renoncé, celui où il a compris, celui où il a arrêté de se battre pour rien. Au même instant, dans sa clairvoyance, il a aussi vu ce que j’étais vraiment, à travers le masque. Le premier, mais pas le dernier.
C’est difficile de ne pas rentrer dans le moule. Tellement libérateur aussi. Je vois ces gens dans le métro, ils sont pathétiques. Je semble pareille, mais à l’intérieur je suis si différente. Je vois plus loin. Je n’attends pas le week-end, ou les vacances, seulement la libération totale. Ce type qui me drague lourdement tous les matins, s’il savait… Il saura.
Tous ceux qui me contrarient, vous serez les premiers à me voir à visage découvert. Toi, qui me plaît et qui ne t’intéresse pas à moi (oui tu es marié, et oui moi aussi, et alors?) ; toi, le voisin bruyant qui joue de la guitare à 23h ; toi, qui emmerde les jeunes filles dans les transports ; toi, qui te croit meilleur que les autres et prend tout le monde de haut ; toi qui as essayé de me rouler. Je n’ai jamais rien ressenti, sauf ce jour magnifique où un cycliste est mort tout contre moi, dans la souffrance et la peur. Enfin vivante, enfin complète. Vous verrez bien comment je suis, sans mon masque d’humain.
Roxane10th

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par Roxane10th »

Hello, voici ma participation pour ce concours du mois d’Octobre ! Merci pour ce concours et J’espère que ça vous plaira, dans tout les cas, n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ça m’aiderais beaucoup et me ferait très plaisir ;3

Bonne lecture !

Une danse masquée


Aujourd’hui au Bordel, c’est soirée masquée.

Les gueux et païens ne sont pas conviés à la réception du château, alors tout se rabattent ici, dans l’antre du plaisir. Malgré tout, je ne doute pas qu’après la soirée, les grands de ce monde viendront nous rejoindre également. Le bordel est bien chargé ce soir, la fumée de l’opium se fait plus dense, et bien sûr, tout est permis. Bien que, en ce lieu, toute les libertés sont autorisées, nous autres prostitués nous sommes comme enchaînés. J’ai eu le malheur de venir dans ce bordel il y a des années de cela, vendre mon corps, seulement pour quelques temps et établir un capital. Moi qui pensait avoir emprunté le chemin vers la liberté, me voilà finalement emprisonnée. Je pensais que ma situation ne serait que temporaire, que je gagnerais bien assez d’argent pour m’envoler aux plus haut au bout de quelques mois, Cependant, la directrice du bordel et notre proxénète, une femme avare et jalouse, n’hésite pas à me donner à peine le tiers de ce que le don de mon corps rapporte. Si seulement j’avais le luxe de pouvoir choisir à qui je m’offrait, la liberté d’au moins refusé, mais c’est impossible : qu’il soit laid, sale, ou qu’il ai trois fois mon âge, je ne peux refuser. Mon corps ne m'appartient plus. Il m’a échappé lorsque que j’ai perdu le contrôle de la situations et de ma vie.

Mon corps… qu’a-t-il vécu !

Les pires sévices, dont certains que je n’avais jamais osé imaginé auparavant. Il devait se plier, se forcer, se courber, se laisser mutiler, tandis que mon sourire, lui, devait rester intact. Malgré cela, je m’efforce de l’aimer, ce corps meurtri. Je tente de le voir comme un ami, un allié contre ces aliénés.

Ce soir, donc, c’est un bal masqué, et pour cette occasion, un code couleur a été établi, valable pour tous :

Les masques roses sont pour les jeunes inexpérimentés, femmes comme hommes, les petits nouveaux qui ne demandent qu'à connaître le plaisir de la chair.
Les bleus sont pour ceux qui aiment être sodomisés, plutôt porté par des prostitués hommes.
Les rouges pour les expérimentés, ce qui connaissent tous les plaisirs par coeur.
Les violet sont pour ceux qui aime être dominés et, ou fessés.
Les noirs sont pour ceux qui aiment dominer.
Quant au masques blancs, ils sont réservé aux client indécis, ou alors ceux qui veulent tout tester.

Mon masque à moi est violet, sauf que bien sur, je n’ai pas eu l’occasion de choisir.
Les clients aussi en portent, et malgré cela, tous ces visages ,cachés derrière ces masques, je les connais tous.

Il y a celui qui vient pour la première fois, il est bien timide, il n’ose pas.
Il y a celui qui est là pour oublier la laideur de sa femme devenu bien trop vieille et qu’il a déjà prise dans tous les sens.
Il y a celui qui est toujours en quête de nouvelle sensation, de nouvelles positions, de nouveaux jeux, le pauvre ne sera jamais satisfait.
Il y a l’habitué, qui as bien des favorites, et qu’on surprend parfois à confondre désir/ plaisir et amour, celui là a le cœur bien fragile, et les poches bien vidés.
Et malheureusement, evidemment, il y a celui qui ne nous considère que comme des objets, des sacs à plaisir, qui n’as que faire des rictus de dégoût, d’effroi ou de nos supplications. Celui là a bien changé depuis sa première visite ou il était timide et n’osait pas.

Tous ces visages je les connaît par cœur. Malgré cela, je distingue dans l’assemblé qu’il y en a un qui m’attire plus que les autres. Il porte un costume noir et bleu, qui semble mettre parfaitement sa silhouette en valeur. Il avance d’un air fière dans la salle, presque majestueux, il est facilement remarquable de par son allure. Il semble se dégager de lui, quelque chose d’incroyable, un côté mystique et une confiance aveugle en lui, sans pourtant aucune arrogance. C’est presque comme s’il venait d’un autre monde, d’un autre cieux.

Il a choisi de porter un masque blanc, ce qui accentue ses yeux sombres.

Soudain, son regard se pose sur moi, et je sens une vague de chaleur monter en moi, il n’as fait que posé les yeux sur moi, et pourtant je me sens comme … envoutée, apaisée … Comme si son regard avait balayé de mon dos tout le poids de la culpabilité et de la honte.

Il me sourit doucement tandis qu’il s'approche de moi, son sourire semble avoir chanté milles mélodies.
Il me tend finalement la main et me dit « M’accorderiez vous cette danse ? » sa voix est douce et suave, et étrangement, je n’entend aucune perversion dans sa voix, pas de désir malsain, aucune once de luxure. Une simple invitation à danser, rien de plus, une simple danse, qui n’engage à rien.
« Oui »
J’accepte cette danse dans un murmure. D’habitude, mes réponses se font plus coquettes comme « Il n’y a pas que la valse que j’aimerais danser avec vous Monsieur » ou “Je connais une danse très particulière, qu’il me tarde de vous apprendre en privé”, cette fois-ci, je répond sans réflexion, et avec sincérité : Je veux danser avec lui.

Il m’entraine délicatement vers une partie de la pièce, assez dégagée pour danser, me saisit doucement par la taille, et prend ma main dans la sienne.
Je remarque,maintenant que nous sommes proche, que ses yeux ne sont pas sombre, au contraire, il sont d’une couleur ebène, profond et chaud. Je pourrais y plonger.

La valse commence, même sans musique adaptée pour nous accompagner.

Je doit vite reconnaître qu’il est très bon danseur, j’ai l’impression de flotter entre ses bras au rythme d’une mélodie d’orchestre symphonique jouée dans ma tête. Je suis bien heureuse de connaître les pas de la valse, pour une fois, j’aurais été honteuse de lui écraser les pieds. Je perd le contrôle, je me perd dans ses yeux ébènes, et me laisse emportée dans cette danse, et le laisse mener la danse.

Il ne sent ni l’urine, ni l’alcool, au contraire, son parfum est doux et sucré, légèrement boisé, il m’enivres.
Ses lèvres sont comme je les apprécies : Fines, sans être invisible, épaisse sans être vulgaire.
Sa taille est de peu supérieur à la mienne, juste suffisamment pour que je me sente en sécurité entre ses bras.

Notre danse, me fait tout oublier : les clients, ma proxénète, mes camarades et pourtant rivales, ma vie de débauche, tout disparaît. Je suis hypnotisée par lui, il émane bien quelque chose, une bonté, une bienveillance. J’ai presque l’impression qu’il est là pour moi.

Lorsqu’il me fait tourner une nouvelle fois pour notre danse, j’ai la sensation de danser parmis les oiseaux.

Après quelques temps, nos pas s’estompes, et sans échanger un mot de plus, je le guide lentement vers une chambre.

Je choisi une des chambres que je préfère : celle où le tableau représentant la mer me fait voyager, me permet de m'échapper dans mon imagination.
La porte close dernière nous étouffe tout sons extérieurs et nous coupes un peu plus du reste du monde.
Je m’assois sur le lit, lui toujours debout en face de moi. Je m’apprête à le déshabiller, quand tout à coup, il m’arrête. Il s’agenouille en face de moi, pour être à ma hauteur et me demande “Madame, je veux vous offrir cet instant, comment puis-je faire pour cela ?” Était-il réellement entrain de me demander ce que vous moi je voulais, sans que cela ne fasse parti d’un jeu érotique ? “Nous ne sommes obligés de rien, nous pouvons simplement rester là, l’un à côté de l’autre, ou moi loin de vous, peu importe.”

Je reste pantoise devant cette proposition hors du commun.

-Dans ce cas je peux vous demander une première chose ?
-Tout ce que vous voudrez.
-Puis-je voir votre visage ?

Il semble d’abord troublé par ma requête, presque agacé, puis finalement, il retire son masque.
Son visage est si beau, et je découvre mieux ses cheveux blond ondulé.

Avec ce spectacle, je ne comprend pas vraiment son appréhension à se dévoiler : Il n’as ni verrues, ni cicatrices. Je ne vois qu’un homme. Un homme resplendissant. Un homme bon, je ne vois rien de plus.

Il semble étonné de ma réaction si neutre. “A quoi vous attendiez vous ?” Il me sourit avant de l'allonger sur le lit. “À rien”

Ne souhaitants pas gâcher ce moment, je n’insiste pas et m’allonge à côté de lui.
Peut-être est-ce la fumée de l’Opium qui veut que je m’abandonne et m’écoute aussi vite, ou son parfum qui me fait perdre toute mesure et peu importe, je me laisse tout simplement aller. Pour l’heure je ne veux pas faire l’amour, je veux parler, apprendre à connaître cet homme, perdres mes masques, et apprendre plus sur cette énergie qui semble à présent régner dans la pièce grâce à sa présence. Je ne le connais pas, mais je sens que je peut lui faire confiance.

C’est ainsi que je me dévoile ce soir, je lui raconte tout, comment je me suis retrouvée ici, comment, par rébellion juvénile, j’ai quitté ma famille de noble pour une liberté illusoire. Comment mes bonnes manière et ma connaissance de l’Anglais n’ont été utilisés qu'à travers les fantasmes des hommes. Comment mes choix m’ont fait reniée par toute ma famille et mes proches. Comment mon estomac a été nouée lorsque j’ai recroisé ma mère dans les rues de la ville, et qu’elle à poser sur moi un regard pareil à ce regard de mépris qu’on jettes à un mendiant galeux. Ou encore quand mon père, en visite au bordel, à fait semblant de ne pas me reconnaître. J’ai aussi confessé que je songeais souvent à commettre le pire des péchés, prendre une lame de rasoir et tailler dans mes bras une porte vers la liberté éternel.

Ce soir, étrangement, je me dévoile sans gênes, alors que je ne le connaît que depuis quelques heures, même moins.
Je sens mon masque tombé, à bien des titres. Fini la femme forte, qui n’aimes et qui n’as besoin de personne. Je la laisse de côté, et je laisse de nouveau place à la jeune fille innocente et pure que j’était et dont le rêves envahissent l’esprit, vivre ce moment pleinement.

La nuit continue ainsi, je me met à nue devant lui, et lui, avec attention et bienveillance, me prête une oreille attentive.
Parfois nous embrassons, et je le caresse, nous philosophons sur bien différents sujets.

Puis, au gré de nos conversation, il se met à parler plus longuement :

“ Ma chère, la vie parfois nous réserves des surprises vénéneuses, ne les voyez pas comme des fardeaux, voyez les comme des opportunités. Des opportunités de grandir et d’avancer le cœur léger vers le bonheur ! Votre vie peut être un véritable trésor, si vous croyez. Croyez en vous d'abord, et, si le cœur vous en dit, en la puissance du monde qui nous entoures. Sentez cette énergie d’amour qui peut se dégager de chacun de nous, échappant même parfois à notre contrôle.
Quoiqu’il arrive, madame, accrochez-vous à la vie, souriez lui, savourez-en chaque instant, et je vous jure sur ma vie, qu’elle vous le rendras bien ! Et surtout, qu’elle en vaut la peine. »

Ces mots résonnent en moi, en mon corps et en mon âme.
Même si je me demande encore quelles leçons la vie veut-elle me donner depuis 6 ans, je réalise beaucoup de choses.
Ma course pour ma liberté est en fait une course au bonheur. Je suis sale et pourtant j’aime à penser que l’amour de Dieu m’est toujours destiné.
L’amour qui échappe à notre contrôle est exactement ce que je vis avec cet homme.
Et je sens de nouveau mon énergie viral, mon envie de vivre retrouver mon âme.

Je le regarde et me demande ce qu’il a dû traverser pour avoir une tel sagesse et une tel profondeur d’esprit.

Après ses mots, je ne sais quoi répondre, je veux simplement m’emplir de lui un peu plus alors je fond sur lui et l’embrasse, puis commence a ôté moi même, et avec envie, mes vêtements.

Lorsque je me met réellement nue devant lui, je ne me sens pas ni vulnérable ni sale, je me sens bien et en sécurité.

Il m’enlace à son tour et son touché est doux et rugueux à la fois, électrifiant. J’ôte ses vêtements tandis que nos baisers se font plus passionnés.

Je m'abandonne à mon plaisir, à notre plaisir, et, pour une fois, mes soupirs ne sont pas exagérés, il n’ont pas à l’être, ils sont naturels et vivace. Les soubresauts de joie sont réels, je suis vivante entre ces bras.
Je planes au plus haut de cieux et je vole avec lui, parmis les nuages de plaisir.

Ma jouissance mélangée à la sienne, forment une mélodie puissante et heureuse.

Deux heures plus tard, nos corps nus collés l’un contre l’autre s’enlacent, et malgré le silence, notre contact est toujours aussi riche.

Dans mes rêves, je vois un homme, qui m’enlève, et qui me sauves, qui m'arraches à cette cage aux plaisir, et qui me redonnes mes ailes. Qui m'emmèneront loin, loin d’ici. Cet homme je l’ai bien trop souvent imaginé comme ayant le visage de la mort… mais finalement, aurait-il un visage d’ange masqué ? Se serait-il invité à cette soirée ? Et aurais-je passé la nuit avec lui ?

Je lui chuchote à l’oreille « Merci pour cette nuit. Ces mots ne sortent jamais de ma bouche alors, savourez-les : Merci pour cette nuit magique»

Il lance sur l’oreiller, loin de moi, une bourse que je devine remplis d’ecu « Tiens, c’est pour ta marâtre», je comprend qu’il parle de la directrice. Il me tend alors une autre bourse bien plus grande et plus rempli. “Et ça, c’est pour toi” Je me permet de l’ouvrir et découvres qu’elle est empli de pièce d’or.”
Je prend tout à coup peur, ce genre de chose est déjà arrivé, mais il y avait toujours des yeux pour m’observer et contrôler, si c’était de nouveau le cas?
Je me rappelle alors qu’avec tout l’opium mis à disposition, personne n’aurait été assez fou pour m’espionner moi plutôt que d’en profiter, même la directrice en ai accro.

« Avec cela, tu as de quoi te payer une place dans le prochain bateau, pour l’Angleterre, dont tu maîtrise la langue. Tu est d’une beauté sans pareil, et je suis sûre que tu connais l’art du repassage et du ménage : Fais toi engager comme Bonne pour une riche famille, et surtout, tu le devines, ne reviens pas ici. Laisse ce passé à jamais derrière toi, et pars loin, sans te retourner. »

Je ne peux retenir quelque larmes, il venait de m’offrir la liberté que j’avais espéré depuis des années. Une liberté qui dépendait de quelque pièces d’or, cette réalité m'attriste un instant, mais peu importe, je tiens ma liberté entre mes mains, et maintenant, c’est ce qui compte le plus.

“Merci” Lui dis-je d’une voix tremblante.

Il m’embrasse sur le front puis se dirige vers la porte.

“Au revoir, douce Dame, mon destin m’attend” Je me suis un instant demander si lui aussi allait prendre la bateau pour l’Angleterre. Pour m’en assurer je lui lance un petit “Peut-être que nos chemins se croiseront de nouveau dans cette vie” ma voix est empli d’espoir, sans même que je ne puisse le contrôler. Il a alors un petit rire et me répond “Ça, Madame, j’en doute fort.” Puis il a quitter la chambre dans un sourire, me laissant seule avec un flot de pensées.

Cette soirée fut magique, non seulement car on m’avait traité avec considération est véritable respect, mais en plus, on m’avait redonné l’envie de vivre, vivre et m’envoler loin. Cette force de vivre, que je pensais ne jamais retrouver.

Le reste de cette nuit là, je n’ai pas dormi, trop occupée à préparer mon évasion.
Je me tiens devant la fenêtre, si je m’y prend bien, je peux me raccrocher à la gouttière et me laisser glisser jusqu’en bas. Je suis prête à l’ouvrir quand je prend tout à coup peur : et si la directrice ’avait vu, avait tout entendu ? Et si ses petits soldats m’attendais déjà à chaques sorties, pour me cueillir au vif, et me faire payer mon insolence, en assouvissant leur propres désirs au passage. Il était trop tard, je ne pouvais plus reculer. Après tout, la jeune fille qui était en moi avait peut-être raison, raison de croire en ses rêves de bonheur et de liberté, alors qu'advienne que pourra, je pars.

Je parviens à descendre la gouttière sans me faire de mal, et sans personne pour me piéger.

Je laisse celle que je suis, la femme forte et la jeune fille, qui coexistent à présent en moi, diriger mes pas.
Je m'éloigne de la maison close, de cette cage dorée, trois mètres, cinq mètres, personne pour me piéger, cent mètres, pour m'arrêter à cinq-cents mètres, je suis loin.
Je m'échappe, je cours et je vole, et enfin, je sais où je vais.

Je suis arrivée au port, le bateau ne part que dans deux heures, je m’installe alors non loin du port, priants encore pour ne pas être rattrapée, quand mes yeux s’attarde sur une affiche. Je m’en rapproche et distingue qu’un visage que je connais y est dessiné : L’homme de ma soirée !
“Théodore Manschet : Voleur et Assassin, sera pendu ce matin en place publique, venez admirer la pendaison du criminel recherché !” Je comprend tout à coup sa réticence à me montrer son visage !
Je me dirige alors, urgemment mais discrètement vers la place publique.
Je vois en effet avec effroi, qu’ils ont installés une potence. Je m’arrête net. Mon sauveur était là, sur le point de mourir. « Mesdames et Messieurs, n’ayez plus aucune crainte : Cet abominable criminel à enfin été pris !! Bien qu’il est tenté de se sauver cette nuit, nous l’avons vite rattrapé et appris qu’il était impossible d'échapper à notre justice !” Malgré ce discours somme toute héroïque, j’entend de petites voix dans la foule le contredire “Pff, tu parles, ils n’ont rien fait, il paraît qu’il est revenue de lui même !” « Alors, un dernier mot, assassin ? » hurla le chef d’orchestre de ce macabre spectacle.

« Oui, j’ai fini mon chemin, ma route s’arrête ici. Ma vie, si belle et si épineuse à la fois, qui offre mille souffrance et mille cadeaux à qui veut bien les recevoir, est terminée pour moi. J'accepte mon sort, j’imagine que je paye pour la vie que j’ai vécu, très bien, cela me va, je ne regrette rien.J’ai fait du mal, je le sais, et j’espère que ma mort apaisera les familles de ceux à qui j’ai ôté la vie. Dans ce cas là ma mort ne sera pas veine” .

A ce moment là, j’ai cru que son regard se posait sur moi « Quoi qu’il en soit, je ne raterais pas le bateau vers ma seconde vie » et un sourir chaleureux s’affiche de nouveau sur son visage. C’était bien vers moi que son regard s’était dirigé, et je sens comme si nous échangions de nouveau des choses, l'espace de quelque secondes.

Le bourreau l'envahit de nom d’oiseau, mais il n’écoute pas, son regard est toujours plongé dans le mien, si bien que j’attise la curiosité de certaines dames.
Son regard se dirige ensuite vers l’horizon tandis qu'on lui passe la corde au cou.
Il a le regard de celui qui vient de remporter toute les guerres, il n’as pas peur, il semble fière et serein.

La trappe s’ouvre alors, et la vie quitte peu à peu le corps gigotant du criminel recherché, qui m’as apporté un second souffle de vie. Je regarde le corps sans vie de celui qui m’as sauvé, et prie le ciel pour que malgré son passé trouble, la justice divine soit clémente avec lui.

La foule se dissipe alors, et j’en profite pour retourner au port, moi non plus je ne manquerais pas le bateau vers ma seconde vie.

Il m’as aidé à retrouver une force et une rage de vivre, ses dernier instant, il les a consacrer à faire le bien, même si ce n’était que pour ma petite personne, il avait fait le bien, et je compte bien le lui rendre en honorant ses paroles : Faire de ma vie une joie chantante.

J’embarque enfin sur le bateau, je ne suis pas suivie, la liberté n’a jamais été si près de moi.

Tandis que j’admire la mer, dos au port, je réalise à quel point ces mots était juste : Même si je n’ai pas encore entendu les leçons que je devrait tiré de ma vie, je sais que j’avance. C’est le plus important.

Nous portons tous des masques pour ce grand jeu de la vie, celui de Théodore est tombé ce matin, et le miens hier soir. J'espère du fond du cœur ne pas avoir à en porter de nouveau, et pour l’heure, je ne portes plus de masque.
Nous avons largués les amarrs et pris le large.
Personne ne m’as rattrapée, je laisse mon passé derrière moi.

Je suis libre.


Merci de votre lecture et à bientôt ;)
x-Key

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par x-Key »

Voici les gagnants pour le mois d'octobre ! EmilyLuce et Lilicecilie arrivent ex-aequo à la première position ! Elles sont suivies en 2e place par elenwe et en 3e place par quoi-de-neuf-docteur. Bravo à tous pour vos textes !
Gilles51

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Re: Concours d'écriture - Octobre 2019 : Jeux de masques

Message par Gilles51 »

Bravo aux gagnantes, et félicitations aux participants !
Et puis un grand merci à x-Key et aux membres du jury car sans eux le concours ne pourrait pas exister. D'ailleurs j'ai cru comprendre que x-Key recherchait toujours des personnes pour lire et donner ses préférences dans les textes présentés... Si vous êtes intéressé.e.s, n'hésitez pas à la contacter, elle vous réservera un bon accueil. ;)
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