Bonjour tout le monde
Voici un petit texte comme contribution à ce thème, j'espère qu'il vous plaira.
— « Et si tu t’offrais des vacances, Lucas », quelle idée de merde ! bougonné-je en imitant mon cousin.
La douleur demeurait lancinante et m’énerver ne faisait qu’ajouter à cette situation inextricable. Je tentais encore de m’étirer pour atteindre mon téléphone à deux mètres de moi. Mais rien à faire !
Aucune branche n’était assez longue pour me permettre de le rapprocher, mon vélo était échoué plus en amont avec ma seule source d’eau.
Je détestais l’automne, la nature, ma famille et la vie à cet instant.
En prenant mon courage à deux mains, je tirais à nouveau sur ma jambe coincée entre deux rochés, mais à part me rendre tout chose en ravivant la souffrance rien ne bougea.
La nuit n’allait pas tarder à tomber, personne ne savait que j’étais là. Ça ne pouvait pas être pire !
Mon existence entière était un cauchemar, je m’étais fait larguer, j’avais perdu mon taf, ma voiture avait été vandalisée par la nouvelle conquête de mon ex et maintenant j’allais crever seul au cœur des bois. La quintessence de la joie !
Je maudissais les cailloux de s’être trouvé-là. Qu’est-ce que cet amas de grosses pierres foutait au milieu de la mousse ? Il n’y en avait pas ailleurs et il avait fallu que je chute juste à ce niveau-là.
J’avais le coccyx sensible en plus, ma glissade de la route pour venir m’encastrer dans cette prison granitique ne l’avait pas mise à la noce.
Rien n’allait !
Certains optimistes me feraient la morale en m’expliquant que j’aurais pu me retrouver avec une fracture ouverte ou je ne sais quelle horreur. Mais en l’état, ma cheville était cassée, j’en étais certain et elle demeurait captive de foutues caillasses ! C’était déjà l’enfer.
Merde ! Et remerde !
Je commençais à avoir froid par-dessus le marché, être en tee-shirt en pleine Savoie au mois d’octobre était aussi une idée de merde. C’était définitivement le thème de la journée, voire de ma vie.
Le temps s’étira. Je grelottais, la nuit était inquiétante avec tous ces craquements sinistres et les bestioles qui s’y éveillaient. Avec ma chance légendaire, j’allais me faire boulotter par un loup et je finirais dans les faits divers. La fille de mon cousin tenterait de buzzer sur les réseaux sociaux en se servant de ce destin funeste, alors que je n’ai jamais pu la blairer cette peste.
Je voyais rouge. J’avais faim. J’avais froid. J’avais soif. Mon cœur était brisé. Plus rien ne m’attendait chez moi. Et il se mit à bruiner.
— Foutu karma ! gueulé-je à la nature impassible.
Je devais être Hitler dans une autre vie, il n’y avait que cette explication.
J’en venais à espérer qu’un carnivore ramène son museau et fasse pitance, qu’on en finisse avec cette triste histoire.
Mais rien ne se produisit et l’aube arriva, ainsi qu’un troupeau de randonneurs.
Les secours peinèrent à m’extirper de ce traquenard, puis me transportèrent dans une ambulance. L’un d’eux eut le culot de me faire remarquer que j’avais eu du bol de choir aussi prêt de la route. La vaste blague ! Si le médecin du groupe ne m’avait pas détendu avec des antalgiques, je lui aurais présenté ma façon de penser.
Les cahots du chemin n’étaient pas agréables, mais j’étais sorti d’affaire avec un peu de chance mon cousin s’en voudrait et je tirerais un bénéfice de cette malheureuse aventure.
Alors que je commençais à lâcher prise, l’ambulance pila et le médecin me tomba dessus. Parce qu’autrement ça n’aurait pas été dans le sens du reste de ces dernières heures merdiques.
— Un arbre encombre la chaussée, nous informa le conducteur.
— Putain, mais c’est pas vrai ! me lamenté-je.