Concours Jour 7 - Le 8 Mai 2011

[satannick]

Pour l'avenir d'une fleur
Par Satannick

Je me souviens. Au tout début, tu étais ombre et lumière. Tu éclairais ma vie trop obscure en la rendant plus complexe encore. Tu étais mon souffle, mon âme. Et plus que tout, j'avais grand besoin de ta présence. Bien sûr, tu ne le savais pas. J'avais beaucoup trop peur de te perdre en t'annonçant ma passion grandissante, en te faisant connaître mon feu. C'est là où la noirceur est apparue, je te désirais, mais je ne pouvais être tienne.

Le temps a passé, tout s'est compliqué. Nous étions victimes de nos destins incontournables. J'avais le présentiment que je t'obsédais au moins autant que je t'aimais. Était-ce vrai? Je croyais lire en toi cette crainte de l,inconnu et ce désir qui faisait briller tes yeux à ma vue. Je te sentais attiré. Pourquoi ne t'es-tu jamais livré à moi? À cause de cette retenue de ta part, le doute me saisissait, m'empêchait de trahir mon coeur.

J'ai connu cet amour beaucoup trop jeune. Sans pouvoir le proclamer, je devais le garder bien cacher au fond de moi. Je sais que tu ne me l'as pas demandé, mais ce secret, je me l'imposais pour toi. Je connaissais ton besoin de mystère et je ne pouvais crier au monde entier mon bonheur d'être avec toi. Je suppose que ton être n'était pas prêt pour ce grand dévoilement qui risquait de te montrer sous un tout autre jour.

J'ai vu plus d'une fois le soleil revenir. Comme un cycle éternellement dangereux, ma vie reprenait tout son sens avant que je ne sombre dans une tristesse infinie. Te servais-tu de moi? Est-ce que j'étais importante pour toi? Pourquoi revenais-tu inlassablement vers moi?

Je m'épanouissais sous tes yeux, sans pouvoir te le dire. Ne voyais-tu pas que je devenais femme pour toi? Je dormais avec ton visage en songe, je ne vivais que pour toi.

Souvent, je m'obligeais à t'ignorer. Cette solution facile me refoulais dans l'intimité de mes souvenirs. J'étais confrontée à mon désirle plus cher, être ta muse. Devant tous, je souhaitais être vue avec toi. Me noyer dans tes bras par un flot intense de tendresse, voilà ce que je demandais. As-tu déjà voulu me combler?

Je ne pouvais me décider à te demander un tel supplice. J'étais incertaine à propos de tout et de rien, même de la réalité. Je ne savais plus où j'en étais ni ce que je désirais. Tout était flou dans mon coeur, je vivais dans un épais brouillard...

J'avais l'étrange impression de ne jamais te quitter tellement tu me hantais jour et nuit. Te rappelles-tu où tout s'est cassé? un soir, j'ai pris conscience de la réalité: jamais tu ne m'aimerais comme je t'aimais. J'étais une amie... J'ai compris cela en te voyant avec une autre. J'étais jalouse.

As-tu jamais agi pour que je crois en cet amour chimérique? Je devine maintenant que c'était une utopie de seulement y penser. J'ai souffert. Trop souffert. J'ai pleuré en constatant mes nombreux torts. C'était insupportable de voir à quel point il t'était facile de me mettre de côté. En particulier parce que je n'ai jamais su faire de même. Pour me consoler de cette rêverie exagérée, je me suis dit que cette blonde sans attache, c'était ta façon de m'oublier. Peut-être m'aimais-tu? Tu cherchais certainement un moyen désespéré pour attirer mon attention.

Ai-je tout inventé? Tu devais être mirage et ton amour, illusion. J'avais beau vouloir y croire, tout faire pour m'en convaindre, cette magie unissant nos corps, unique et puissante, je ne l'imaginais pas. Au plus profond de mon être, tu demeurais mon essence. Est-ce que tu t'en apercevais?

Je ne sais pas si je t'ai déjà tout avoué sincèrement. J'ose croire que je me suis dévoilée. Trop souvent, je me suis confiée pour que jamais je ne me dénonce. Sous ton regard, j'étais plume et tu étais main.

Je n'avais pas d'expérience, je ne connaissais absolument rien à l'amour et pourtant, j'avais cette sensation d'authenticité et de certitude envers ce nouveau sentiment. Mais tu as toujours été songe. Une obsession indécente, un rêve malmenant une fleur sans racine. Deviendras-tu, un jour, celui que j'attends? M'apprendras-tu à vivre?

Durant toute mon existence, tu as su me charmer, me conquérir. Pendant que j'étais là, pour toi, que je me destinais à t'offrir un amour inconditionnel et immortel, as-tu seulement pris conscience de l'espour que tu soutenais?

Au fil des ans, avec des braises pour me torturer, je t'ai vu m'abandonner. Doucement, comme pour t'acharner encore un peu, pour abuser de ton pouvoir sur moi. J'ai réalisé que tu m'effaçais pour mieux m'oublier. Savais-tu que cette passion était vouée à l'échec? Avais-tu peur de me faire mal?

J'ai besoin de réponse. Il est temps. Tu me dois des explications... Si tu as déjà été mon fidèle ami et confident, si tu as déjà ressenti ne serait-ce qu'un peu de ce désir, tu dois me le dire. Il me le faut pour passer à une autre étape, pour pouvoir, moi aussi, vivre ma vie sans toi. Aujourd'hui, tant d'années plus tard, je comprends avec tristesse que je ne te connaissais pas. Je connaissais ton corps par coeur, je connaissais toutes tes caresses et chacun de tes baisers, mais je ne te connaissais pas, toi. Je le sais parce que si je t'avais connu, je ne serais pas en train de t'écrire cette lettre. J'espère seulement qu'il n'est pas trop tard...

Un vieux souvenir.

[Virgile]

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