Même avis. C'est ce que j'essayais notamment d'expliquer avec mon histoire de jeunes écervelés qui a blessé spade (je m'en excuse). Ni les lecteurs ni les œuvres n'ont demandé à être ainsi étiquetés. Prenons la littérature de jeunesse : quel individu n'a jamais ouvert à l'âge adulte un livre pour enfants ? Ce n'est pas parce que ces labels existent qu'il faut se soumettre à eux. C'est néanmoins un système qui fonctionne sur le marché et donc qui risque de perdurer.pwachevski a écrit :Mais les distinctions types "Young Adult", sont-elles vraiment justifiées au vu du contenu du livre, ou sont-elles juste des clivages créés de toute pièce par les éditeurs ? Je penche clairement vers la seconde solution.
Exactement !pwachevski a écrit :Mais c'est pas parce que les éditeurs ont créé ces catégories absurdes que la littérature générale devient en soit non-adaptée à tous, et notamment aux plus jeunes. C'est juste quelque chose qu'on a crée de toute pièce, qui ne préjuge pas systématiquement de la volonté réelle de l'auteur au moment où il a écrit son livre.
Edit (On réfléchit toujours mieux après avoir mangé.) : Il semble effectivement possible d'affirmer que l'auteur, quand il écrit, ne pense pas au rayonnage qui accueillera son livre. Pour le reste, non, la littérature générale n'est pas « non adaptée à tous », mais elle n'est pas non plus « adaptée à tous ». Elle est dans cet entre-deux un peu flou, où tel type de livres convient à telles et telles sortes de gens, et où cet autre genre interpelle tels autres. Elle ne fait, par essence, jamais l'unanimité.
Je ne comprends pas comment différencier littérature classique et autre littérature peut « tuer le goût de lire ». Comment le simple fait de tracer la frontière entre ces deux branches (je ne trouve pas de terme plus approprié) de la littérature peut-il avoir ce pouvoir ?fitz7 a écrit :Et voici comment on tue le goût de lire chez la plupart des jeunes de nos jours!
J'ai très certainement été influencée par mes professeurs à ce sujet, mais en vérité je serais bien incapable de donner une définition exacte de cette catégorie. À dire vrai, j'ai été très surprise en arrivant sur ce site de découvrir que certains bouquins étaient classés dans cette « littérature classique », et non pas regroupés selon leur mouvement littéraire. Mais puisque je dois essayer de définir ce que j'entends personnellement par « classique », alors voici : s'y retrouvent — selon moi donc — des ouvrages qui ont irrévocablement eu une influence dans le monde littéraire, soit du fait de leur style, de leur sous-genre, ou bien de leurs thèmes, et même de leur thèse. Cela englobe par conséquent et immédiatement les premiers et meilleurs exemples de chaque mouvement littéraire et des sous-genres : salut à La Princesse de Clèves, que pwachevski a l'air de porter dans son cœur, à Gaspard de la nuit, au Voyage au bout de la nuit, aux Vagues, etc. J'ajouterais également Dracula et La Planète des singes, ainsi que tous ces romans-phares qui ont créé les divers genres narratifs et qui ont marqué leur temps.fitz7 a écrit :Avant de poser mon propos définitivement, j'aurais souhaité savoir ce que tu entendais, Hillja, par "littérature classique".
Je le comprend comme un genre qui comprend la littérature qu'on nous présente au collège et au lycée. J'ai regardé ta bibliothèque et je n'ai pas l'impression que ce soit cela. Donc je te laisse un bon bénéfice du doute.
Si c'est bien ça, je vous présente le problème comme je l'ai subis et que j'ai vu la plupart des gens subir.
Il n'était pas question de la littérature classique lue au XIXe siècle dans le paragraphe que tu as cité, mais bien de la littérature classique perçue aujourd'hui. Il me semble que c'est fitz7 qui donne le mot « élitiste » quelque part, qui correspond à l'idée que tu te fais de cette littérature-là pour une époque désormais révolue. Prenons le temps présent maintenant : les bibliothèques municipales sont ouvertes à tous (même aux femmes, incroyable ! — est-ce que l'ironie de cette remarque déplacée me vaudra d'être écartelée par mes consœurs ?). Lire est une activité appréciée et partagée par des millions d'individus (je ne rentre pas pour le moment dans le débat sur les dictatures et pays sous-développés) aux perceptions et opinions diverses et variées. Pourtant, ces millions d'individualités forcément différentes peuvent apprécier pareillement un classique car l'univers, le style et les thèmes proposés sont, dans l'absolu, compréhensibles, intelligibles par tous ; en revanche, tout le monde ne sera pas captivé par Le Journal d'une princesse ou Homunculus, réservés à un lectorat particulier.spade a écrit :Et non tout le monde ne pouvait apprécier la littérature dite classique puisque tout le monde n'était pas instruit tout le monde n'avait pas accès aussi facilement à la culture qu'aujourd'hui ne fantasme pas d'un passé fortement inégalitaire et pas que pour la classe sociale mais aussi entre les femmes et les hommes.
Et ton propos semble être typiquement le raisonnement de la jeunesse rebelle déçue par l'éducation. Soyons clairs : je désapprouve complètement le système scolaire français. Et puisque nous sommes dans les confidences, je n'ai jamais apprécié les cours de français au lycée, alors que j'ai adoré ceux du collège. Tout dépend du professeur et de son approche, ainsi que des lectures qu'il propose et de la façon dont il compose avec. Mais étudier tel ou tel classique en classe de temps à autre ne peut pas faire de mal à la culture ; surtout que depuis quelques années (même avant notre génération), des livres non classiques sont au programme dès la sixième : Le Chevalier au bouclier vert, La Fiancée du Nil, À l'heure des chiens... ce sont des titres que j'ai « étudiés » avant les classiques. Et Cris de Laurent Gaudé était au programme du lycée l'année dernière il me semble. Tout cela pour dire, qu'on ne peut accuser l'éducation de n'imposer que ces classiques qui font horreur à beaucoup d'enfants.fitz7 a écrit :Ton propos semble être typiquement le raisonnement de l'éducation au collège et au lycée. On va faire découvrir des choses aux élèves pour les faire lire et enrichir leur culture et là je dis non. De toute façon, le corps professoral aime bien ce genre et se dit que ça devrait plaire à tout le monde.
Tu es de la même année que moi, alors soit ta mémoire te joue des tours, soit tu étais dans une drôle d'école, soit tu exagères un peu.fitz7 a écrit :On dit que que l'appétit vient en mangeant. Je suis d'accord, à la seule et unique condition que ce qu'on nous fait manger est à notre goût. Dans le cas contraire, l'organisme rejette vite fait bien fait tout ce qu'on lui présente. C'est exactement le même problème ici.
Il faut que les jeunes qui en ont la prédisposition aient pris goût à la lecture avant qu'on les mettent face à des œuvres particulières pour soit disant les aider à s'épanouir qui risquent de les mettre en buter; et perdre ainsi une partie importante d'un lectorat potentiel.
Edit : au temps pour moi, tu vis au Canada selon ton profil. C'est peut-être très différent de la France.
Mmh je n'affirme pas que la littérature classique est « au goût de tout le monde », je soutiens simplement que, de façon générale, elle ne privilégie ni ne refoule personne, à l'inverse des romans de notre époque, qui visent des lectorats distincts.fitz7 a écrit :Et là on va dans le mur.
Parce que crois -moi, la littérature classique n'est pas du tout du tout au goût de tout le monde. Et quand beaucoup des jeunes qui n'ont jamais lu avant d'être forcé de lire cela à l'école, on peut être certains qu'il n'ouvriront plus jamais un livre de leur vie.
Bon, gros traumatisme ! Malheureusement, tu n'es pas le seul dans ce cas. Les lectures imposées à l'école ne peuvent évidemment pas plaire à tout le monde ; tu n'aimes pas Zola, d'autres apprécient. Tu aimes la science-fiction, d'autres n'apprécient pas. Il faut savoir faire la part des choses ; blâmer l'école pour une ou plusieurs mauvaises lectures, c'est comme blâmer le ciel pour une pluie intempestive : cela ne mène nulle part. Comme toi, j'ai commencé à lire quand j'étais gamine ; mais contrairement à toi, la bibliothèque de mes parents contenait essentiellement des classiques. Cela ne m'a pourtant jamais empêchée d'ouvrir un roman très différent. Aujourd'hui, je lis presque de tout, sans distinction. Je ne méprise (quasiment) aucun genre, ni auteur. Que tu aies associé la littérature classique à de tels souvenirs est terrible, mais ne pas essayer de les surmonter l'est tout autant.fitz7 a écrit :Dans mon cas, j'ai eu de la chance. J'ai commencé à lire des livres très jeune et j'ai tout de suite trouvé ce que j'aimais (fantastique, SF pour info) et j'ai rapidement été incapable de m'en passer. Néanmoins une fois arrivé au collège, on m'a fait découvrir du Zola et cie sans me laisser le choix et ça m'a juste écœuré. Si je n'avais pas trouvé mon style de livre avant, je me serais détourné des livres à tout jamais comme cela est arrivé à plusieurs de mes amis. J'aurais alors perdu quelque chose d'inestimable. Je suis sûr que même sur ce site, je suis loin d'être le seul. J'ai déjà eu des échanges avec des gens là dessus où on allait dans le même sens.
Et fin du collège et tout le lycée, c'est encore pire. Quand on commence à s'élever contre le système et ce qu'on nous fait lire, on ne reçoit qu'une incompréhension et une surprise totale des professeurs on ne peut plus fermés d'esprit et bornés dans leur monde du classique parce qu'il n'ont jamais goûté ou pris goût à autre chose. On est alors juste mis dans la case "agitateurs". Même quand on est 5 ou plus à plaider la cause, on est confronté au va-tout nommé "autorité" (ça été mon cas et ça m'a coûté cher parfois).
C'est sûr ! Et pourtant, j'ai l'impression qu'en vieillissant, de plus en plus de lecteurs se tournent vers elle.fitz7 a écrit :Après tant mieux pour les gens qui apprécient la littérature classique mais ceux ne sont pas les plus nombreux pour moi.
Hillja a écrit : il est donc logique pour eux d'écrire pour un public visé, à savoir : les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires (je n'insulte personne en particulier : c'est un fait prouvé, nous avons le cerveau engourdi).
La prochaine fois, je serai plus sobre dans mes propos (note pour moi-même : ne plus employer d'adjectifs dégradants sur un forum). Je suis également comprise là-dedans ! Tu as dû t'en rendre compte si tu as jeté un œil à ma bibliothèque.fitz7 a écrit :Je profite de cette remarque pour enchaîner sur mon point suivant. Je me fiche du jugement apporté (je pense être compris là dedans étant un gros amateur de littérature contemporaine avec comme exemple personnel le plus emblématique Harry Potter. Mais je suis heureux comme ça et quand j'en vois certains je me dis c'est pas plus mal ), c'est vraiment l'idée qui m'a interpellé.
Bah, tout ceci est vrai.fitz7 a écrit :Il y a encore quelque décennies, le nombre d’illettrés étaient beaucoup plus important qu'aujourd'hui et ceux qui en étaient capable faisaient partie de l'élite à n'en pas douter.
Aujourd'hui, la lecture s'est popularisée avec un marché abordable pour un lectorat plus grand mais aussi plus jeune. J'imagine que oui, on a perdu cet mentalité élitiste exclusive ou je ne sais quoi, qui éventuellement la caractérisait avant (je ne suis même pas sûr d'une telle chose). Mais il est indéniable que l'on a gagné, entre autres, en richesse des genres avec la diversification des profils de lecteurs et c'est l'une des choses qui fera que la lecture (littérature ?) arrivera à perdurer face à la technologie. Et des communautés telles que Booknode n'auraient pas été possible sans cela ou du moins pas dans la même ampleur (imaginer la perte ).
Certes on en arrivent à classer les romans mais parce que les lecteurs aujourd'hui ne sont plus tous les mêmes, issus du même milieu social, fabriqués à partir du même modèle d'éducation.
La littérature a évolué avec le rajeunissement du lectorat. Je trouve que c'est une excellente chose. Je retiens que sans cela, jamais je ne serais devenu le lecteur et la personne que je suis aujourd'hui. J'ai 24 ans aujourd'hui et il m'arrive de relire et de toujours apprécier des livres que j'ai lu la première fois à 12 ans. Certes je ne les apprécie pas tout à fait pour les mêmes choses mais cela reste un fait très significatif à mes yeux.
Différent comment ? Les écrivains de notre temps ne sont plus les intellectuels du passé, vers lesquels le genre humain se tournait pour être éclairé. Tout simplement parce que le genre humain croit qu'il n'a plus besoin d'être éclairé et que les écrivains ne cherchent plus (plus vraiment ?) à éclairer.spade a écrit :Bien sur que la littérature est toujours pris aux sérieux elle a muté ce n'est pas moins bien qu'avant c'est juste différent.
Pardon pour le pavé