Cours moi après ... que je t'attrape

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lalisa78

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Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Prologue


Rouge.
Tout est rouge.
Mes mains, mes habits, ses habits, ses mains.
A part ce visage, que je tiens dans mes mains, qui lui est de plus en plus pâle. Il me sourit et pousse un soupire. Une minute avant, il se trouvait devant moi, droit, plus beau que jamais, avec ce petit sourire moqueur que je ne supporte pas, quand il me concerne. Il a suffit d’une seconde. Une seconde pour qu’il bascule, pour que mon monde bascule. Pourquoi ? Pourquoi m’a tu poussé de la trajectoire de cette balle ? Pourquoi t’es tu sacrifié pour moi ? Pourquoi me fais-tu ce sourire si tendre ? Et pourquoi est-ce que je pleure, pour un sale type comme toi ? Dis-moi, pourquoi est-ce que je t’aime ? Je pousse un cri de rage, mêlé de souffrance, de désespoir. Je me penche sur lui, le serrant dans mes bras, m’indignant sur ce sort atroce. Je supplie. Ne meurs pas ! Tout devient blanc autour de moi. Une lumière douce et chaude, bénéfique qui nous enveloppe, faisant disparaître ce qui nous entoure.



***


Chapitre 1

Décidément, j’attire la poisse. Je cours dans les rues de Sahksël, capitale de notre magnifique pays. Je les entends se presser derrière moi. Heureusement, je suis petite et je me faufile. Tout ça pour une malheureuse poire. Et encore, cela faisait partie du contrat qu’on avait passé. Mais ce singe de marchant, une fois débarrassé du problème, m’a envoyé l’armée aux trousses. Il m’a fait venir chercher ma paye, seulement cinquante mouftis, et le droit de prendre quelques fruits, et m’a dit qu’il ne comptait pas me payer. Ce qui avait provoqué mon indignation, et m’avait incité à lui piquer une poire. Je soupire. Comme si cela semblait crédible. Une dizaine d’hommes qui courent après un voleur ayant piqué seulement une poire. Bon, la bourse du marchant ne compte pas, il ne s’en est pas encore aperçut. C’est dommage, j’aurai aimé voir sa tête quand il s’en rendra compte. Je tourne dans la ruelle la plus proche, prends de l’élan et saute sur la barrique de brunch, la boisson la plus populaire de la capitale. J’en profite pour me projeter contre la maison la plus proche et attraper la fenêtre. Je me hisse par l’ouverture, pour atterrir devant la fille de l’aubergiste. Je la salue, avec un petit sourire, Kally me connaissant assez pour ne pas avoir peur, et me heurte malheureusement à son frère Hulry. Ce dernier, surprit se recule, me laissant assez de place pour me laisser passer. Je cours vers les escaliers, pour entamer une fuite plus dégagée sur les toits. J’entends cet abruti, que j’apprécie nettement moins que sa sœur, crier aux soldats.

-Il est sur le toit !

Et, pour les narguer un peu, je m’approche du bord et leur fait un petit signe.

-Attrapez-moi, si vous pouvez !

Je repars de plus belle, prenant l’élan nécessaire pour sauter sur le toit voisin. Je gagne bien dix mètres avant qu’ils n’arrivent à atteindre le toit. Je souris et fais un salut typique militaire. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont m’attraper. Je dérape et me rattrape à des échafaudages. En bas, d’autres gardiens de la paix, (quel nom ridicule!) courent pour m’empêcher de redescendre. Ils font des progrès. On dirait que l’inspecteur en chef a commencé à devenir intelligent. Mais il n’a pas pensé que je l’étais aussi. Je cours droit vers mon but. Je connais cette ville comme ma poche. Enfant, pendant que certains chanceux dormaient à l’abri dans leur maison, je parcourais Sahksël dans l’espoir de trouver une place chaude où passer la nuit. La plupart du temps, je ne trouvais pas et je restais près des endroits où personne ne met les pieds. Et petit à petit j’ai évolué. Je m’étais forgé une réputation, à cause de laquelle j’avais des tas d’ennuis. J’étais recherché par l’inspecteur en chef, qui en était venu à offrir une prime pour quiconque donnerait des renseignements. Et Pat n’a pas pu s’empêcher d’avoir les yeux plus gros que le ventre, en me demandant de régler ses problèmes et en récoltant sa prime. Au moins, elle compenserait ce que je lui ai volé. J’arrive en vu de mon objectif. Car, ce à quoi n’a pas pensé ce petit malin des forces de l’ordre, aujourd’hui c’est le jour de marché. Je saute du toit, pour atterrir dans l’une des allées du marché. Je suis maintenant tranquille.
Ma capuche est restée sur ma tête pendant ma cavale, ce qui me soulage. Encore à ce jour, personne ne sait que Yalow, le célèbre voleur, celui qui répond pour aider dans des affaires jugées délicates est une fille. La saleté de mon visage cache les formes arrondit, preuve de ma féminité. Et je ne suis pas vraiment bâti de façon à ce qu’un regard suffise à déterminer si je suis une femme. Je fais bien moins que mon âge. On me donne facilement quatorze, quinze ans alors que je viens d’en avoir dix-neuf. Mes vêtements pleins de boue et déchirés à certains endroits ne font pas de moi la personne la plus regardable, ni la plus regardée.
Je me rends place du marché, où la foule est à son comble et où on ne me repèrerait pas. Je me trouve un bout de trottoir et m’assois tranquillement, dégustant ma poire avec plaisir. Finalement, il se peut que la poisse ne me poursuive pas autant que je le croyais, il y a dix minutes. Je souris, palpant la bourse du Pat. J’ai de quoi m’offrir un repas de roi. Je commence à compter. Le pauvre marchant venait surement de remplir sa bourse quand il m’a fait venir. Grâce à lui je me trouve en possession de 75 smoufs et 84 mouftis. Sachant que le moufti est la monnaie la plus basse et que 100 mouftis donnent un smouf, j’étouffe un cri de joie devant ma nouvelle fortune. Je m’arrête, voyant devant moi un enfant, dix ans pas plus, qui tente de voler, pas si discrètement qu’il le pense, un marchand de fruits. Je vois ce dernier tourner les yeux vers lui et faire le tour de son étalage pour attraper le jeune voleur. Je me lève d’un coup, fonce et lui attrape sa main qui tient le fruit, une pomme qui semble un peu trop mur d’ailleurs, et lui fait la lâcher.

-Qu’est-ce que tu fais ? On n’a pas le temps d’acheter des fruits, maman nous attend depuis déjà dix minutes !

Le garçon me regarde, surprit, et vexé d’avoir été repéré. Quant au marchant, il s’est arrêté dans son élan, et parait déçu de ne pas pouvoir punir l’enfant.

-Mais qu’est-ce que tu fais, s’exclame le petit brun.

-Je te sauve la main, je lui chuchote. Je t’achèterai trois pommes tout à l’heure, mais là on doit se dépêcher, je reprends plus haut, secouant ma bourse pour enlever les doutes de tout passant qui aurait pu constituer un obstacle à ma mission sauvetage du garçon, en commentant qu’il voulait vraiment voler.

Je tire sur sa main et l’entraine plus loin, à l’abri des regards. Ce dernier me force à le lâcher, avant de se mettre en colère.

-Tu as tout gâché.

Je le regarde, stupéfaite.

-MOI, j’ai tout gâché ? Mais t’es aveugle ou quoi, mon p’tit gars ! Tu t’es fait griller direct et sans mon intervention, soit tu te prenais une bonne raclée, soit tu te faisais couper la main ! Tout dépend du marchant. Maintenant, si tu n’es pas content, tu peux y retourner.

Je me retourne et le quitte, furieuse. L’enfant me rattrape et me retient par le bras.

-Attends ! Je suis désolé ! C’est que j’avais besoin de cette pomme. C’est vrai que je n’ai pas fait assez attention. Je … merci de m’avoir aidé.

Je soupire et me retourne.

-Pourquoi tu la voulais cette pomme ?

-Ma … ma mère est malade, on n’a plus rien à manger. Je lui ai dit que j’allais trouver quelque chose pour l’aider.

-Et tu comptais ne prendre qu’une pomme ?

-Oui, après je n’aurai pas eu d’endroit ou cacher tout ça !

Je soupire. Ma bonté me perdra. Je sors ma bourse, sous le regard brillant du petit. J’en extrais 25 smoufs et les mets dans ma poche, voyant que mon compagnon est déçu. Après tout c’est ce que j’aurai dû recevoir. Je referme la bourse et le prends par la main. Je m’avance vers le stand de fruit le plus près et demande cinq pommes, quatre poires et deux bananes. Le tout coût 3 smoufs et 35 mouftis. Je me retourne vers le garçon, qui me regarde comme si une deuxième tête m’avait poussée.

-Ça devrait suffire pour l’instant, non ?

Le pauvre est tellement ému qu’il ne peut prononcer un mot.

-Je prends ça pour un oui. Où habites-tu ?

-Dans le quartier Est.

Je grimace. Celui que j’ai quitté en urgence. Tant pis.

-Je t’accompagne. Comment t’appelles-tu ?

Le petit sourit de toutes ses dents, et je remarque qu’il lui en manque deux, une en haut à droite et l’autre en bas à gauche.

-Ashter !

-Moi, c’est Rakel !

Il s’arrête et me dévisage.

-T’es une fille ?

Je souris, ravie qu’il ne s’en soit pas rendu compte avant.

-Ouais ! Ça te pose un problème ?

-No..non pas du tout !

Il me jette un regard en coin, comme si cette révélation faisait que rien ne s’était passé auparavant. Je lui attrape la tête et le force à me regarder.

-Attention morveux ! Ce n’est pas parce que je suis une fille que ça change quelque chose. Et ça ne te dispense pas de me guider chez toi !

-Oui m’dame.

-Et appelle-moi Rakel, Ashter !

Il se redresse et acquiesce. Il m’attrape la main, pour que la foule ne nous sépare pas et m’entraine vers mes ennemis, qui doivent toujours me chercher. Le chemin se fait en silence. Ni l’un ni l’autre ne prenons la parole. Il me fait entrer dans le quartier Est, le deuxième plus pauvre de la capitale, et après avoir traversé la moitié du quartier, il s’arrête devant une porte de maison, petite, risiblement petite.

-Vas-y, rentre.

Il passe devant et entre dans la maisonnette. Je le vois s’avancer vers une femme couchée dans un coin de la pièce, sur un petit lit. Il lui tapote l’épaule et lui montre une partie des trésors récoltés.

-Ash, ne me dit pas que tu as volé ! Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas. Même si on a faim, voler n’est pas la bonne solution.

-Je te promets que je n’ai pas volé, M’man ! C’est grâce à Rakel.

La femme essaye de se lever, mais je m’avance et la force à rester assise.

-Ne vous levez pas pour moi ! J’ai aidé votre fils alors qu’il allait faire une bêtise. Il m’a raconté son besoin d’acheter des aliments, et je l’ai aidé.

-Merci, mademoiselle, vous êtes bien bonne.

Je souris, sachant combien elle allait être heureuse, après mon dernier petit cadeau.

-Ce n’est rien, il se trouve que j’ai reçu plus que je n’aurai dû d’un contrat, et j’avais bien assez pour aider Ashter.

La jeune femme, qui n’avait prit de l’âge qu’à cause de sa maladie, pousse un grognement désapprobateur, comprenant d’où venait l’argent.

-Ne vous inquiétez pas ! Il était en mon droit de demander réparation à l’homme à qui la bourse appartient. Il a voulu jouer au plus malin, maintenant c’est lui qui doit s’en mordre les doigts.

La mère du garçon se mit à rire.

-Amina ! Je m’appelle Amina.

Je lui souris.

-Enchantée ! J’ai un dernier cadeau à vous faire. Considérez-le comme un remerciement pour la compagnie que m’a apportée Ashter.

La jeune femme fronça les yeux, sans vraiment comprendre.

-Promettez-moi juste de l’ouvrir quand je serai partie et d’en faire bon usage.

Je pose l’argent de la bourse près d’elle, sous son regard écarquillé, et remets les 25 smoufs dedans.

-Au revoir, Mme Amina, au revoir Ashter. Et peut-être à bientôt.

Je tourne les talons et sors dans la rue, au moment où des gardiens passent devant moi. Ils n’auraient surement pas réagit si après une seconde à les regarder, je ne m’étais pas enfuie.

-On a retrouvé Yalow ! s’écrit l’un deux, pendant que tous se remettent à ma poursuite.

Cette fois, pas question de retourner sur le marché. Les soldats sont de plus en plus nombreux. Je me hisse de nouveau sur le toit, courant dans la direction opposée à celle que j’avais prise précédemment. Droit vers le fleuve. Je sais que c’est plus risqué que tout à l’heure mais je fais de mon mieux pour semer mes adversaires. Et j’y arrive parfaitement car je les vois s’arrêter. Je pousse un cri de joie, me retournant pour traverser les derniers toits qui me séparent du fleuve. Alors que je traverse le dernier, j’entends un bruit à côté de moi, et trébuche, mes pieds emmêlés dans une corde. Un piège. Je me suis faite avoir comme un bleu. Je me rétame lourdement sur le sol. J’essaye frénétiquement d’enlever ce cordage de mes pieds, ne réussissant qu’à empirer les choses. Je lève la tête et vois un homme que je ne connais pas. Je me recule près du bord de la maison, qui donne directement sur ma liberté. Le fleuve.

-Je dois reconnaître que tu nous donne bien du fil à retordre, s’exclame l’inconnu. Voilà donc le célèbre Yalow. Je ne voudrais pas trop te flatter mais ta réputation est faite même en dehors de la capitale. C’est d’ailleurs ce qui m’amène ici. Quel dommage que tu sois aussi prévisible ! Jouer au chat et à la souris ne m’aurait pas déplu. Mais, comme en ce premier jour de chasse, je t’ai attrapé, on dirait que tout se termine ici. Voyons un peu qui se cache derrière cette capuche.

Ce dernier pointe sa matraque vers moi, pour baisser mon capuchon. Je la repousse brutalement. Ce qu’il peut m’énerver, à croire que tout est fini.

-Pas touche, pauvre type !

Mon nouvel ennemi recule, surprit.

-Mais c’est qu’il mordrait !

Il s’avance vers moi, pendant que je me remets debout, pour le repousser au loin. Ce geste fait malheureusement tomber mon capuchon, dévoilant mon secret. Ma double identité. Une longue chevelure de femme, rousse qui plus est. La mâchoire de mon interlocuteur semble se décrocher. C’est sûr qu’il ne devait pas s’imaginer une chose pareil. L’ennemi numéro un, une femme, ou plutôt une fillette. Parce qu’avouons-le, c’est ce à quoi je ressemble.

-Vous … je … tu …

-Ça te pose un problème, parasite ? Parce que si c’est le cas, dis le moi ! Et, dernière chose, si jamais je suis consciente, ne t’attends pas à me prendre vivante.

Et sur ces charmantes paroles, je me jette en arrière pour atterrir dans l’eau. Qu’est-ce que j’avais dit ! Je dois vraiment avoir la poisse !
Dernière modification par lalisa78 le lun. 23 juil., 2012 12:26 am, modifié 1 fois.
MirageDream

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par MirageDream »

Malgré quelques fautes d'orthographes, ton récit n'est pas mal. Ton premier chapitre est assez mouvementé et ton héroine est drôle.
J'ai hâte d'en savoir plus sur ce pays et ce qui va se passer après. :D
Nagylan

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Nagylan »

Il y a quelques fautes d'orthographe mais le texte en général est bien écrit. J'ai bien envie de savoir où se situe le prologue par rapport au premier chapitre. Tu pourras me prévenir pour la suite STP ?
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Merci pour les commentaire !! Je vais faire plus attention pour les fautes, promis !! Pour ce qui en est du prologue, c'est une partir d'un des derniers chapitres !! N'hésitez pas non plus à me donner les avis sur les personnages !! :)
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Chapitre 2


Un éternuement retentit. Evidemment, le mien. Je cherche une troisième couverture des yeux, sous l’œil moqueur de mes compagnons. Tout ça parce que je suis arrivée trempée jusqu’aux os, trois grols cramponnés à mes cheveux. J’avais eu le malheur de les sauver tandis que le courant nous emportait. Et chacun m’avait choisi comme maître. Donc impossible de m’en débarrasser. Je me rapproche du feu tout en maudissant cet inconnu, responsable de ce rhume. D’accord, je suis peut-être de mauvaise foi, avec ou sans lui, j’aurais dû sauter. Sauf qu’il faisait partie de mes poursuivants, ceux qui m’ont forcé à rejoindre les quartiers Sud à la nage. Et le peu de temps passé à discute avec lui a suffi pour que je le trouve insupportable. J’attrape mon chiffon et me mouche dedans. Saleté de courant, qui, à cause de la crue, était trop violent et m’a empêché de sortir de l’eau avant cinq bon kilomètres. Je frisonne et me rapproche du feu, sans me soucier de mes amis, qui parlent, rient encore de la vision que je leur ai offerte. En même temps, je comprends. Qui ne rirait pas en voyant débarquer une fille, trempée comme pas possible, trois bébés grols agrippé à ses cheveux, une chaussure en moins, et de la vase partout ? Seulement ceux à qui cela ne serait jamais arrivé !

-Allez, Rakel ! Ne fais pas la tête, c’est juste que … Tu te serais vu, tu comprendrais ! pouffe Andie.

-C’est ça, profite, profite abrutit, parce que le jour où ça t’arrivera, c’est moi qui rirai, ma fille ! C’est moi qui rirai !

Husson et Maaka s’y mettent aussi, laissant Joss pour répliquer.

-Voyons, Tite tête, tu sais bien qu’aucun de nous ne pourrait tomber dans le fleuve en cherchant à rattraper un sniffleur qui lui aurait pris son dîner.

Je le fusille du regard, honteuse au fond de moi de ne pas avoir partagé avec mes amis le secret de ma double identité. Heureusement que ma réputation de malchanceuse est tel qu’un mensonge pareil ne leur donne même pas l’impression que je me moque d’eux. En même temps, c’est tout ce qui m’est venu à l’esprit pour expliquer la raison de mon état. Mais un sniffleur ! Sincèrement, je ne crois pas que je pourrai avoir un jour suffisamment de poisse pour que ça m’arrive. Et de toute façon, jamais je ne pourrais avoir la stupidité de lui courir après pour récupérer mon bien. Je les considère comme des énormes touffes de poils. Ils mesurent bien 1m40 à quatre pattes. Alors, penser que ce machin avec des griffes acérés jusqu’aux dents, puisse se faire courser par quelqu’un, rien que cette idée me fait rire, mais de là à imaginer que je serais celle qui le poursuit ! Je ne ris plus, j’en suis morte. La chaleur commence à me gagner, tandis que je me rapproche encore un peu plus du feu.

-Tu restes avec nous cette nuit, ou pas, Andie ? demandé-je.

Cette dernière, reprenant son souffle après un long fou rire, grimace en signe de réponse. J’aurais dû m’en douter. Elle a déjà passé trois jours avec nous. Ce soir, ses parents ne voudront pas la laisser. Non pas que cela les dérangent qu’elle puisse découcher. Seulement ils n’apprécient pas l’image que leur donne leur fille en trainant avec des clochards comme nous.

-Et demain je ne peux même pas venir.

-C’est dommage. Bon, quand tu pourras te joindre à nous, on fêtera l’arrivée de nouveaux membres « Chez Taal » !

« Chez Taal » était la tanière la plus mal famée, et paradoxalement l’une où on mangeait le mieux.

-Youpi ! s’écrit Husson.

-Euh, quels nouveaux membres ? demande Andie, surprise.

Je souris à pleines dents en montrant mes petits monstres.

-Ceux-là ! Je les garde ! De toute façon, je ne peux pas faire autrement, ils me retrouveraient partout où j’irai !

-Et avec quel argent, s’il te plait ? m’interroge Joss, suspicieux.

-Le mien ! J’offre une tournée générale pour chaque personne se trouvant ici.

-Super ! Et tu t’en es procuré comment ? enchaîne Maaka.

-Eh, vous vous êtes mis en tête de m’énerver ou quoi ! Je ne partage pas mes moyens, je partage ce que j’ai reçu. Maintenant, si vous n’êtes pas contents, je peux garder mon argent pour m’offrir un repas à la Bayère et je vous laisse vous démerder !

Je me lève, délaissant mes couvertures, pour me diriger vers le fond de la grotte. J’y cherche des vêtements à peu près propres, autant que peut l’être un habit qui traine dans un endroit poussiéreux. Je retire mes vêtements mouillés pour en mettre des secs. Je les garde cependant pour aller les essorer. En repassant devant mes amis, je constate qu’ils semblent tous penauds, sauf Husson, qui était le seul à être d’accord sans soupçonner une mauvaise action.

-Désolée, commence Maaka. On se demandait juste d’où venait le fait que tu sois si riche d’un coup, alors qu’hier tu à dû sauter un repas par manque d’argent !

-Je comprends. Ce n’est pas grave. Et je ne suis pas aussi riche, je n’aurais jamais les moyens de me rendre à la Bayère. Je n’ai que 50 mouftis.

-C’est déjà pas mal ! s’exclame Joss. Dis, Tite tête, tu jures que tu ne l’as pas volé ?

Mes amis n’ont jamais aimé qu’on puisse prendre aux autres sans qu’ils soient d’accord. Moi, j’ai une autre opinion. Je ne comprends pas pourquoi il y a autant de pauvres, quand on voit ce que gagne un gars comme Pat sur un mois. Avec un dixième de son salaire, on pourrait nourrir une centaine de personne. Et lui, il le garde pour lui et ne veut même pas se défaire d’un centième, même pas, pour me payer ce qui était convenu. C’est pour ça que je ne supporte pas les riches. Arrogant, ils ne se soucient que d’eux.

-Disons que j’ai juste récupéré ce qu’on me devait ! Pas plus ! Je n’ai eu que le salaire de mon travail d’hier.

-Rakel ! s’exclame-t-il, soutenu par Maaka et Andie.

-Quoi ! Tu voulais que je me laisse arnaquer comme ça !

-Non mais tu sais bien que ce n’est pas une bonne chose. Si tu continues, tu va finir comme ce garçon, ce Yalow qui a maintenant sa tête mise à prix, répond Husson.

Je retiens un sourire de justesse.

-Mais non ! Bon je vais aller essorer mes vêtements, comme ça, on pourra changer de sujet quand je reviendrai, au lieu de se crêper le chignon.

Je les laisse et me rends à la source de mon début de maladie. J’entends des miaulements derrière moi et aperçois les trois grols qui m’ont suivi. Décidément, aucun moyen de m’en défaire ! Je m’assoie, et leur ouvre les bras. Les trois boules de poiles courent s’y réfugier. Je les caresse pendant qu’ils ronronnent et les observe, n’en ayant jamais vu d’aussi près. Possédant chacun quatre pattes, les grols ont autant d’oreilles. Doté de deux queues, d’une paire d’ailes, ils sont les pires prédateurs connus. Quand je dis pire, j’entends par là les plus mauvais. Ils ont certes des dents pointus, mais ils ne s’en servent que très peu, préférant la nourriture végétale à la chasse ; heureusement pour eux, d’ailleurs parce qu’ils ont plus de chance de se faire attraper que de chasser.
Mes petits grols à moi sont de couleurs différentes. Celui qui joue avec ma chaussure restante est noir. Aussi noir que la nuit. Avec des yeux gris, brillant, montrant toute l’intelligence dont il fait preuve. Et ce n’est pas une façon de dire qu’il est bête. Bien au contraire. Le deuxième, qui joue avec ma chemise en tirant dessus, est marron, avec des taches noires et les pattes blanches. Quant au dernier, tranquillement lové sur mes genoux et ronronnant quand je le gratouille sous la gorge, il est roux. Comme moi. Et quand il me regarde de ses grands yeux verts, il me semble qu’il dit, tu vois, tu n’es plus toute seule. On est là avec toi, je suis là avec toi. Je souris et le caresse de plus belle. Il agite ses belles ailes qui, contrairement au reste du corps, sont plus claire, d’un magnifique orangé. Je les pose à côté de moi et entreprends de faire ce que je suis venue faire : transformer ces éponges vestimentaires en ce qu’ils sont réellement. Cette tâche accomplie, je repars, en faisant signe à ma petite troupe de me suivre.

Je me tiens devant la Bayère. Je souris de joie, devant ce qui nous attend. Depuis le temps que l’on en rêve ! Un vrai repas. Un vrai bon repas. Je soupire d’aise. Je vois à côté de moi Joss et Andie se faire de petits sourires en coin. Ces deux-là, franchement, ils croient vraiment qu’on n’a pas compris ? Ça crève les yeux qu’ils s’aiment. Je secoue la tête, exaspérée. Joss me voit et fronce les sourcils.

-Qu’est ce qu’il y a Tite tête ?

-Je me demandais juste quand est-ce que vous oserez bouger un peu vos grosses fesses tous les deux pour demander à l’autre s’il vous accepte comme compagnon ! Vos petits gestes timides ne trompent personne.

Mes deux amis rougissent comme jamais. Andie s’écarte légèrement de son amoureux, comme pour essayer de démentir l’évidence.

-Je … Ce n’est pas vrai, Rakel, tu sais bien qu’on a que 16 ans. C’est trop jeune !

Être compagnon est quelque chose de sérieux. C’est accepter l’autre entièrement et pour la vie. C’est se lier à jamais et seul les concerné peuvent le faire. Avec un échange d’objet que l’on garde précieusement toute sa vie.

-Bon sang, Joss. Vous êtes faits l’un pour l’autre. Et si tu ne te sens pas pret pour ça, tu peux au moins lui demander de préparer la voie. Arrêtez donc de faire comme si vous n’éprouviez rien l’un pour l’autre, et profiter de ce luxueux repas, de ces habits propres pour vous faire un souvenir impérissable de cette demande en préparation de voie !

Joss prend la main de la jeune fille et l’entraine à l’écart, pour en discuter. Je souris, heureuse comme tout pour mes amis. Ils ont seize ans et pourtant, ils ne sont plus des enfants. Husson me regarde et lève son pouce vers le haut !

-Bien jouer Rakel ! C’était parfait !

-Il fallait bien que quelqu’un les bouge, sinon, on serait mort d’attendre ! lui rétorqué-je, moqueuse.

Je m’avance dans la taverne pour réserver une table. Le maître des lieux m’en désigne une, cachée dans le fond. Je le remercie, avant d’aller chercher Husson et Maaka. Nous nous installons, en attendant le nouveau couple. J’en profite pour me regarder dans un miroir accroché contre le mur. Je suis la plus âgée du groupe, et cependant, même la plus jeune, Maaka, semble plus âgée que moi. Elle a eu quinze ans il y a trois mois. Et moi, j’en ai eu dix-neuf, il y a environ quatre semaines. Husson, lui en a 17, c’est le plus âgé après moi.
Je soupire. Mon reflet me renvoie une image qui me satisfait un minimum. J’ai laissé mes cheveux détachés. On me connaît assez dans le coin pour ne pas me dévisager bouche bée, comme cet abruti d’inspecteur. Penser à lui m’énerve, alors je me concentre sur ce que je regarde, c'est-à-dire moi. Je ne fais pas plus de quatorze ans, habituellement à mon plus grand désespoir. Mais me voir débarbouillée de la crasse que j’avais accumulé, vêtue d’une robe turquoise, plus verte que bleue, qui fait ressortir ma touffe de cheveux roux mais atténue la couleur de mes yeux, d’un vert plus foncé que celui de la pomme, plutôt comme celui de l’herbe qui a été bien arrosée. La seule chose que je peux me reprocher, c’est tous ces nœuds dans mes cheveux. Ils rajoutent encore plus de volume que l’acceptable. J’ai bien gagné un ou deux ans avec cet ensemble. L’arrivée de mes deux amis interrompt mon autoévaluation.

-Je suppose qu’on n’a pas besoin de vous annoncer quoi que ce soit ! Vous l’avez compris, grâce à Rakel.

-Oh, rassure-toi, on le savait déjà avant, le taquine Maaka. Aller ! A table !

Le repas arrive, alors que nous questionnons les deux amoureux, les sauvant pendant quelques minutes du feu de notre interrogatoire. Une fois que nous avons tout dégusté, nous restons à table jusqu'à ce qu’on vienne nous virer. Dehors, c’est la fête. On célèbre un jour qui a marqué le tournant de beaucoup de vies. Il y a une quinzaine d’année, le Roi, son épouse et leur fille Elisha étaient partis pour une balade. On ne retrouva malheureusement que les cadavres des gardes royaux qui les escortaient. Le frère du Roi assura l’intérim de la régence, en attendant qu’on les retrouve. Et alors qu’on désespérait de cette disparition, le Roi fit son retour parmi nous, seul. Son frère, Gorin, fit préparer des festivités pour célébrer le Roi. Mais ce dernier, ne put redevenir complètement normal. Il ne parla jamais de ce qui s’était passé là-bas. Tout ce que l’on apprit, c’était que sa femme et sa fille n’étaient plus. Malgré la peine de son frère, Gorin fit de cette journée une fête nationale.
Autour de nous, tout le monde danse. Je pousse mes amis à rejoindre le groupe de danseurs. Tous autant qu’ils sont. Quant à moi, je regarde. Je n’ai jamais vraiment dansé. Peut-être parce que quand je danse, mes amis se moquent de moi à cause du nombre de pieds que j’écrase. Pourtant j’aime ça. Mais je reste sur le côté, à regarder toute cette exubérance, qui me fait soupirer de bonheur. Je préfère nettement les réjouissances du côté des pauvres que de celui des riches. J’ai déjà vu comment ils « s’amusent » et c’est tout sauf amusant ! Ils font des danses, où tous les pas sont prévus d’avance, en respectant bien le tempo. Non pas que je n’aime pas respecter le tempo, j’aime juste faire la folle, mais sur les musiques qu’ils mettent, impossible de s’amuser. Cela ressemble plus à une prestation organisée qu’autre chose. Je regarde mes petits grols, qui m’ont suivi jusqu’ici, m’attendant devant la porte, après leur avoir expliqué qu’ils n’avaient pas le droit de venir à l’intérieur. Mon petit rouquin est le premier à sauter sur mes genoux. Je me dis qu’il faudrait que je leur trouve un nom. J’ai encore un peu de temps pour y réfléchir. En plus il faut que je sache s’ils sont des mâles ou des femelles.
Une main m’attrape et m’attire dans la ronde qui s’est formée. Je vois mon petit chou éviter de justesse d’être écrasé par terre grâce à ses ailes. Je ne peux malheureusement pas le secourir, happée par la foule qui tournoie. La musique s’arrête, remplacée par une autre, plus douce. Je vois les couples se former pour danser par deux, et je cherche frénétiquement à m’échapper pour rejoindre le bord de la piste. Cependant, un garçon que je ne connais pas me tient le bras et place mes mains, une dans la sienne, l’autre sur son épaule sans me demander mon avis, m’entrainant sur la piste de danse. Je tente de protester, mais je n’en ai pas le temps. Il est arrêté par un autre homme, bien plus grand, qui le force à lui céder la place. Je me retrouve à me faire échanger comme une poupée. Je m’apprête à protester tandis que le nouvel arrivant place ma main là où elle doit être et pose la sienne sur ma hanche ; et là, je croise son regard. Un regard pétillant d’une malice que je n’apprécie pas vraiment. Des yeux d’un brun presque noir, envoutants à souhait, des cheveux aussi sombres que le pelage de mon petit grols, des mèches lui tombant devant les yeux, une bouche fine, et un peu de barbe, option mal rasé. Il fait bien une tête et demie de plus que moi. Il porte un jean, signe de richesse dans ce pays, ainsi qu’un tee-shirt bleu. J’en tombe des nues.

-Toi !

-Comme on se retrouve Yalow !
Nagylan

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Message par Nagylan »

J'adore la suite. Les grols ont l'air d'être des animaux trop mignon. Continue comme ça
74clea

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par 74clea »

J'adore! Dès que j'ai lu le prologue, j'ai tout de suite voulu lire la suite! :D Malgré les fautes d'orthographes, ton histoire est vraiment géniale! Rakel est très attachante et drôle. ;) Les grols m'ont captivée, par contre, la scène où elle arrive à la grotte, je me suis perdue dans le dialogue (qui dit quoi?). :shock: Préviens-moi pour la suite, s'il te plaît?
-emma-

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par -emma- »

Je kiiifffe! J'adore ton titre, j'adore l'ambiance (elle me fait un peu penser à Aladin... :lol: ). Quelques petites fautes mais rien de grave! Ces petites bestioles poilues me font trop rire! Tu aurais pas un petit montage sous la main pour nous montrer comment tu les imagines? Perso, comme un chat, mais avec deux queues et deux paires d'oreilles... :lol: . Tu pourrais me prévenir quand tu postes la suite stp? Bonne continuation!

Emma
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Merci pour vos commentaire !! Alors, je vais essayer de faire un dessin, je ne promets rien !! Pour les fautes, je me fais corriger, mais c'est pas facile de toutes les voir !! J'avoue être un peu fâchée avec l'orthographe !! mais je vais essayer de faire plus attention !! :D Je devrai normalement poster la suite bientôt !!
74clea

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par 74clea »

lalisa78 a écrit :Merci pour vos commentaire !! Alors, je vais essayer de faire un dessin, je ne promets rien !! Pour les fautes, je me fais corriger, mais c'est pas facile de toutes les voir !! J'avoue être un peu fâchée avec l'orthographe !! mais je vais essayer de faire plus attention !! :D Je devrai normalement poster la suite bientôt !!
Un dessin? :o :o :o Cool, j'adorerais!!! :lol:
Tu me préviens pour la suite (que j'attends avec beaucoup d'impatience :mrgreen: )???? :D
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Voila la suite !! En espérant que ça vous plaise !! Par contre, comme je par en vacances, je risque de ne pas pouvoir poster la suite tout de suite !! Bonne lecture et laissez moi des commentaires !! :D


Chapitre 3


Un jour, j’ai faillis me noyer. Non, je n’étais pas poursuivis pas un sniffleur géant. Seulement, on m’apprenait à nager. J’avais sept ans. Alec, mon mentor, celui qui m’avait plus ou moins servit de père, m’apprenant tout ce que j’avais besoin de savoir avait trouvé une sorte de lac, assez profond. Trop profond pour moi. Et sa meilleure méthode pour apprendre, était la pratique. C’est pour cela qu’il me lança en plein milieu, en me regardant me débattre contre un ennemi invincible. J’ai bien dû tenir trente secondes. Jusqu’au moment où j’ai eu une crampe. Impossible de bouger ma jambe, elle était paralysée par la douleur. Et, qu’importe mes efforts pour me maintenir à la surface, je coulais inexorablement. Alors que je m’enfonçais dans l’eau, que je buvais la tasse, que je me noyais, une peur panique me pris. Je n’avais jamais ressenti quelque chose comme ça. Je devins folle et me débattis de toutes mes forces. Jusqu'à ce que la main d’Alec me sorte de ce cauchemar. C’est à peu près l’effet que je ressens, avec lui devant moi. Surtout à cause de ses mots, de ce « nom de scène », comme l’appelait Alec.
Il est là, à me regarder avec un sourire moqueur qui m’horripile. Je tente de m’esquiver, de me dérober à ses bras, mais il me rapproche de lui, et serre ma main plus fort pour m’empêcher de m’enfuir, gardant l’autre sur ma hanche. J’essaye de m’échapper, paniquée que la seule personne sachant, en quelque sorte ma double identité, se trouve face à moi, paniquée qu’il m’ait retrouvé aussi vite. Qu’il m’ait retrouvé tout court. J’inspire, pour prendre un air assuré.

-Que veux-tu !

Il éclate de rire.

-Ce que je veux ? C’est une bonne question. Et si nous allions discuter plus loin !

Je ne veux pas ! Plus il y a de monde, plus je suis en sécurité. Quoi que ! Je cherche du regard les gardes qu’il a pu emmener avec lui, sans n’en apercevoir aucun. Il faut dire qu’il ne semble pas être en service.

-En fait, ce n’était pas une question, continu-t-il en me tirant le bras pour m’écarter de la piste de danse.

C’est un cauchemar. Je suis foutue ! Et dire qu’il y a juste dix minutes, je riais avec mes amis ! Maintenant je vais devoir être amenée en prison. Je me reprends. Jamais je ne me laisserai embarquer sans combattre. Plutôt mourir que de me laisser trainer là-bas. Je me redresse et tire sur mon bras, pour m’échapper de mon ennemi. Je n’ai malheureusement pas le temps de faire plus de trois mètres qu’il m’envoie encore son fichu filet, m’étalant de tout mon long. Je me retourne et lui fait face, furieuse de m’être ridiculisée.

-Tu sais que tu commences vraiment à m’énerver, le rabat joie ! C’est jour de fête aujourd’hui ! T’aurais pu avoir l’amabilité de me laisser un jour de plus avant de me donner la chasse. Et ne crois surtout pas que tu va pouvoir m’embarquer aussi facilement ! Je te l’ai déjà dit, et je recom … Eh ! Qu’est ce que tu fais !

Il venait de me mettre des menottes. Il me prend et me porte, comme un sac à patates, sur son épaule.

-Lâche-moi !

-Décidément, tu fais beaucoup de bruit.

-Sale type ! Laisse-moi en paix ! je continue, en frappant contre son dos.

-J’aurais du te bâillonner en plus, soupire-t-il.

J’en reste muette de rage. Enfin, pas très longtemps ! Qu’est ce qu’il croit ! Que je vais lui donner satisfaction, vu comment il me traite ? Je reprends de plus belle.

-Tu n’es vraiment qu’un malotru, un sale type, ça ne m’étonne pas de toi. T’es vraiment détestable, je te déteste d’ailleurs. Mais j’imagine que tu t’en fous de toute façon. Ça ne t’intéresse pas ce que je pense, la seule chose qui t’intéresse c’est de m’attraper, et tu viens de le faire ! Mais franchement, ça ne se fait pas d’enlever une jeune femme comme ça, et …

-Jeune femme, n’exagérons pas, une gamine, je suis d’accord !

Je le griffe, et le tape de plus belle. L’effet est immédiat. Il me pose à terre. Pas pour longtemps, il passe mes jambes d’un côté de sa tête et mes bras de l’autre. Me voici, trônant comme un trophée de chasse.

-Eh ! Je ne suis pas un gibier !

-C’est le seul moyen pour que tu reste tranquille.

-Ah ouais ? Tu crois ça !

Et pour lui prouver qu’il a tord, j’entreprends de lui mordre la main, qui passait, pour son plus grand malheur près de ma bouche. Il pousse un cri, de surprise et de colère. Je le vois lever la main. Oserait-il me frapper ? Si j’étais lui, ça ne fait aucun doute que je me frapperais. Je me dandine assez pour qu’il me lâche. Je tombe à terre. Première étape de fuite, réussite. Maintenant, il faut que je trouve un moyen de lui piquer les clés des menottes, de me démenotter, d’enlever le filet de mes pieds et de partir en courant sans qu’il ne fasse rien. Mouais, je crois que je peux rêver, ça sera plus efficace. Je fais la seule chose que me permettent ces liens, je recule.

-Bon sang ! C’est que je n’avais pas tord en disant que tu mordrais ! Ecoute. Maintenant, je sais. Nous sommes à égalité, tu sais qui te poursuis, je sais qui je pourchasse. Je te promets de ne pas t’arrêter, en tant que …

Il se tait, cherchant le mot, et me vexant plus le temps passe.

-En tant que fille. Mais quand j’aurais affaire à Yalow, je ne me priverais d’aucun moyen. Je te traquerais au bout du monde s’il le faut. Plus c’est dur, mieux c’est. Tu as perdu ton avantage. Celui de l’identité. Je promets que, moi, Klaos Gytraë, j’arriverai à t’attraper.

-Détache-moi !

Au fond de moi, je suis soulagée. Je ne vais pas aller en prison. Pas ce soir. Parce que je n’avais aucune chance de m’en sortir contre lui. Mais il va voir. Il a piétiné ma fierté. Et ça, jamais je ne lui pardonnerai. Surtout qu’il me regarde comme une petite chose. Pff... Crétin. On va voir ce que tu diras. Je lui souris pendant qu’il me détache. Plus je le connais, moins je le supporte ! Avec son visage bien fait, ses bras musclés, ses yeux magnifiques, il a tout pour faire tourner les têtes. Et je suis sûre qu’il ne s’en prive pas. Mais sa « perfection » m’énerve plus qu’autre chose. La façon dont il me ridiculise à chaque fois que je le vois me mets hors de moi. Je le déteste. Plus je réfléchis à mes raisons, plus je les trouve minables, et plus je lui en veux.

-Donc, Klaos Gytraë. C’est bien de pouvoir mettre un nom sur une tête. Mais ce n’est pas pour autant que je te donnerai le mien. Alors tu peux m’expliquer pourquoi on fait venir un gamin pour s’occuper de la plus grande menace de Sahksël ?

Je le vois, choqué par la façon dont je l’ai appelé, se retenir de dire quelque chose de très désagréable.

-Gamin, gamin, ce n’est pas …

-Tu es bien plus jeune que les autres inspecteurs. Ne nie pas, je le sais. Alors oui, comparé à eux tu es un gamin. Et si moi je le suis, pourquoi tu ne le serais pas ?

-Parce que tu es bien plus jeune que moi.

-Qu’en sais tu ? Quel âge j’ai, d’après toi ?

-15, 16 maximum, même si j’ai conscience d’être trop généreux.

Je serre les dents. Ne réponds pas à la provocation, trouve quelque chose de mieux. Je reprends mon sourire factice.

-Rassure moi, je ne suis pas trop jeune pour toi ! Ça serait tellement dommage !

Il rit. Il sait que je plaisante. Mais profite, parasite, profite avant de souffrir ma vengeance. Parce que je peux t’assurer qu’elle fera mal ! Très mal.

-Désolé, je ne voudrais pas être mis en prison pour détournement de mineur ! Ce n’est pas que tu ne sois pas jolie, quoi que, je te fais peut être un compliment un peu trop gros, mais je ne voudrais pas que tu causes ma perte.

Cette fois c’en est trop. Je fume ! Et ça le fait rire. Parce que c’est ce qu’il veut ! M’énerver, me ridiculiser.

-Ah, ah, très marrant. Je n’ai pas besoin de toi pour savoir que mon apparence n’a rien de charmant.

-C’est faux ! Je suis sûr que si tu faisais un petit effort, ça changerait tout !

Il s’approche en disant ça. Et je sens ses yeux m’attirer, m’envouter. Il est très doué, décidément, et aussi très dangereux. Pour les filles, pour les femmes, il est un danger public. Et voir que ce qu’il dit me flatte, ça m’exaspère. Reprends-toi, ma fille. C’est ton ennemi. C’est le sale type qui te trimbalait sur son épaule il y a même pas dix minutes !

-Bon, d’accord, je te l’accorde, ce sera surement plus grâce à un effort gigantesque.

L’envoutement se brise. Si j’avais eu un pot ou un vase, ce n’aurait pas été la seule chose brisée. Et de préférence, sur sa tête!

-Tu te crois malin, peut être !

-Enormément, très chère. Je suis étonné que tu ne ris pas avec moi ! Mais dis moi, j’ai une question à te poser.

-Dis toujours, je verrai si je veux te répondre.

-D’où viens une couleur de cheveux pareille ?

-Tu ne sais pas que dans le pays voisin, ils sont tous roux ? Mais tu es inculte, mon pauvre !

-Tu es donc une immigrée ?

-Je n’en sais rien. Personne n’a été là pour me le dire.

Je le vois ouvrir la bouche, et je regrette mes mots. Parce que, pire que sa moquerie, je ne veux pas de sa pitié.

-Ça ne te va pas cette expression. Efface la tout de suite.

-Tu donnes des ordres maintenant ?

Je me pose contre un mur. Ne peut-il pas essayer de me laisser tranquille, ne serait-ce que deux minutes. Je le regarde droit dans les yeux.

-Je ne veux pas de pitié. Jamais !

Il sourit doucement. Le genre de sourire qui me ferait rater un battement de cœur, si je ne le trouvais pas aussi détestable.

-Je comprends.

-Tant mieux !

-Mais ce n’est pas pour autant que je ne le ferais pas. Tout ce qui peut te gêner, t’embêter est bon ! reprend-t-il avec son air moqueur.

Je souffle. Quand je pense que je m’apprêtais à abandonner ma vengeance. Je lui tends la main.

-Sans rancune ?

Comme si je pouvais honnêtement te proposer quelque chose comme ça !

-Sans rancune !

Il attrape ma main et la sert. La sienne est douce et je la caresse du bout de mon pouce. Je vois que ça le gêne. Il ne sait pas quoi faire. Je me rapproche et pose mon autre main sur son torse.

-C’est vrai que quand on me compare à toi, je ne suis pas … enfin, c’est dommage qu’on soit ennemi ! J’aurais préféré être en d’autre terme avec toi que ceux de la chasse.

Il ne sait que répondre. C’est un peu normal. Il me prend pour une gamine. Une gamine qui lui fait des avances. Je lâche sa main et lui donne un grand coup de genou dans l’entrejambe. Il s’effondre par terre.

-Tu ne croyais quand même pas que j’avais un béguin pour toi ! Vu la façon dont tu me traite ! Ah, je me sens mieux ! Depuis la dernière fois, ma fierté en prenait un coup, avec tout ce qui m’arrive à cause de toi ! Franchement, je te donne un conseil. Ce n’est pas en portant une fille en sac à patates que tu pourras la séduire. Mais dis moi, ou est passé le beau garçon qui se moquait de moi ?

-Saleté ! C’est la guerre, petite peste, c’est la guerre ! marmonna-t-il.

Je lui souris. Je m’avance vers lui et lui pique ses menottes.

-Tu as raison ! C’est la guerre, je lui réponds en l’accrochant à un banc d’une main et en posant la clé à son extrémité, de façon à ne pas lui faciliter la tache.

Je le regarde satisfaite, pendant qu’il peste contre moi.

-Tu as intérêt à t’accrocher, parasite, parce que je ne compte pas te faire de cadeau !

Je l’abandonne à son sort, sur de dernières paroles, que je trouve magnifique.

-Que le meilleur gagne.
-emma-

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par -emma- »

OUF! La elle y a échappée de peu! Tiens, ça lui apprendra à jouer les p'tits malins! La suite, la suite; la suite!!
74clea

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par 74clea »

-emma-, tu m'enlèves les mots de la bouche! :lol:
Elzalma1610

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Elzalma1610 »

J'aime beaucoup ton histoire, autant que les personnages dont on ne sait, finalement, pas grand chose qu'à l'idée, encore peut-être un peu floue.
Ton écriture est fluide et claire, j'ai repéré quelques fautes, mais rien de traumatisant, enfin... Pas sur un forum, quoi ! ;)
Les noms, les valeurs, les descriptions me sont compliqué à assimilé mais ça viendra.
Bonne continuation. =)
Préviens moi quand tu postes la suite ! =D
Rainie

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Rainie »

j'adore ton histoire , continue comme sa et préviens moi pour la suite :D :D :D :D
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Hé hé !! Je peux surement poster une dernière fois un chapitre avant le 24 Aout !! Donc profitez bien de ce nouveau chapitre. Promis, je mets la suite dès que je rentre de vacances !! Bonne lecture !! :D Et bonnes vacances à ceux et celles qui partent encore en vacances!!


Chapitre 4


Je suis dans le pétrin. Et encore une fois, je m’y suis mise toute seule. Je tente de semer mes adversaires. Pour une fois que ce n’est pas Yalow qu’on poursuit. C’est juste moi, Rakel, qui ai eu la bonne idée d’aider un enfant en difficulté. Non pas que je regrette. C’est juste que j’aurais dû réfléchir à deux fois avant de l’aider. Ou plutôt choisir une meilleure façon. Je comprends qu’il n’ait pas apprécié la bouse de sniffleur qu’il s’est reçu dans la tête. Mais c’est tout ce que j’avais sous la main. Et maintenant, je cours, tirant la gamine par le bras, la portant plus qu’autre chose. Il faut que je trouve un endroit où la poser. Qu’elle soit en sécurité. Mais où ? Je tourne dans une ruelle et entre au hasard dans une petite bâtisse. Une femme s’y trouve avec sa propre fille.

-Vous voulez bien la cacher un petit peu ? Je reviens dès que je peux !

Je dépose la petite et passe par la fenêtre pour m’échapper. J’entends encore la bande de gros balourds derrière moi. Je me cache, pour prendre du recul sur la situation. J’essaye de voir combien ils sont, pour évaluer mes chances. J’ai mon capuchon donc ils ne savent pas que je suis une fille. Et si je les rétame tous, ils ne seront pas vexés et ne chercheront pas à se venger. Enfin, techniquement. Je les compte. 1, 2, 3 … 7 ! Ouah !ils font du sept contre un ! Quel courage ! Je ne pourrai pas les affronter tous en même temps. Essayons le un contre un. Je me pose sur le toit d’une maison. J’envoie un de mes grols faire du bruit dans la ruelle, alors qu’un garçon de la bande approche. Celui-ci s’engage dans le passage et je lui tombe dessus. Je lui mets un coup de genou dans le menton et lui frappe la nuque. Avec ça, il va faire un bon dodo bien long et il se réveillera avec d’énormes bleus et courbatures. Certes, cette méthode est lâche. Mais ce n’est pas moi qui me retrouve en bande pour chasser un défenseur de la justice. Et qui me balade avec un couteau. Donc, je n’ai rien à dire sur ma méthode, à part qu’elle marche. Un de moins. Ils ne sont plus que six. J’entreprends d’utiliser la même technique pour en écarter un autre, mais celui-ci a le temps de pousser un cri, prévenant les autres de l’endroit où je me trouve. Je les entends arriver et je sais que maintenant, je n’ai aucune chance. J’ai une bronchite depuis une semaine, à cause de ma sortie triomphe lors de ma première rencontre avec Klaos. Je ne pourrai pas courir longtemps sur les toits avant de me mettre à tousser. Et si je reste dans cette voie sans issue, je suis définitivement perdue. Ma seule possibilité, c’est de sortir et de leur faire face. C’est ce que je fais. Je rabats le plus possible ma capuche et me compose un masque de froideur. Ils s’approchent doucement, formant un cercle autour de moi. Le chef leur fait signe de ne pas bouger et avance.

-Tu va regretter ton geste, le bouseux.

-Aux dernières nouvelles, je dirais que tu corresponds mieux à ce critère que moi.

Il pousse un cri de rage et tente de me frapper. J’esquive facilement, me rappelant des longs entrainements d’Alec. Longs et douloureux. Sauf que ce que j’ai oublié, c’est que, contrairement à Alec, le bouseux est avec sa bande. L’un d’entre eux me pousse, alors que mes esquives m’ont mené près de lui, me faisant perdre l’équilibre. Mister Chef en profite pour me mettre une droite dans la mâchoire. Je sens la douleur m’envahir. Le bouseux continue de me frapper sans pitié. Et dire qu’un jour j’avais dis que je ne voulais pas de pitié. Certes, c’était pour une autre raison ! Il s’arrête un instant et je me relève alors qu’il fonce sur moi pour m’asséner un coup fatal. Soudain, mon esprit est happé par des souvenirs, et je me retrouve dix ans en arrière, avec Alec. Je le revois, courant vers moi pour m’entrainer au combat. J’étais restée paralysée, et m’étais prise un bon coup, me projetant au sol. Alec m’avait engueulé.

« Pourquoi tu n’as pas évité ! »

« Je ne savais pas comment faire ! »

« C’est pourtant simple, tu te baisses à la dernière minute et tu donnes un grand coup dans le ventre. Le tout, c’est la concentration. Tu oublies ta peur et tu frappes. On recommence. Jusqu'à ce que tu y arrives. »

S’en était suivit tout un entrainement extrêmement douloureux. Mais j’avais finis par maitriser le mouvement. Et le bouseux est placé exactement comme il fallait ! Je me baisse au dernier moment et allonge mon coude qui percute son abdomen. Il se plie en deux sous le choc. Quand il se relève, il est rouge de colère.

-Tu vas voir, saleté ! Tu vas regretter, tu vas supplier, tu vas pleurer ! Avec moi les gars.

Avant qu’ils n’aient pu faire le moindre geste, j’aperçois un mouvement cachant le soleil et la seconde suivante, un garçon atterrit à côté de moi. Il se lève et soudain, je me sens petite. Très petite. Il a une casquette sur la tête, un vieux pull tout déchiré et il fait au moins une tête et demie de plus que moi. En fait, il est un peu plus petit que Klaos, mais à peine. Son arrivée sème la confusion. Dans quel camp est-il ? A-t-il seulement choisit un camp ?

-Vous êtes sur mon territoire.

Je le reconnais. C’est Nahal, celui qui protège cette partie du quartier Sud, appelé Snegl. C’est un redoutable adversaire. Je l’ai déjà vu en action et je ne risque pas d’avoir envie de l’affronter. Grâce à mon entrainement, je pourrais sûrement tenir mais pas si longtemps que ça. Je vois que les cinq garçons ne savent que faire. Puis, Bouseux s’avance.

-Tu n’as rien à faire dans cette histoire ! Ce type m’a fait un affront et j’entends bien le lui faire payer.

-Ecoute-moi bien gamin, dit-il en se redressant de toute sa hauteur, et en dominant son interlocuteur. Quand tu as essayé de t’amuser avec la gamine, c’était aussi mon territoire. Lui n’a fait qu’avancer le moment où j’allais te démolir. Parce que quand j’entends qu’on à voulu voler un pauvre, qu’on a voulu le tabasser, ou quoi que ce soit d’autre, quand j’entends ça, je pars à la recherche des responsables. Et tu sais quoi ?

Il fait une petite pause, donnant un effet encore plus paniquant à son discours.

-Je peux te dire que jamais, au grand jamais, ils ne recommencent.

Il se retourne vers moi.

-Je t’accorde de t’occuper d’une moitié pendant que je prends l’autre. Pour te remercier d’être intervenu auprès de Kitty.

-C’est trop d’honneur, je plaisante. Ce sera avec plaisir.

Je fais face à celui qui m’a déséquilibré. Vengeance, vengeance, quand tu nous tiens ! Sans attendre un mot de la part de Nahal, je m’élance vers mon adversaire. Je lui balance un bon crochet, bien fort dans le visage. Il arrive à reculer assez pour que mon coup ne touche que sa mâchoire, ce qui est déjà pas mal, puisqu’il tombe à terre sous la violence de l’impact. Par principe, je n’aime pas frapper une personne à terre. J’attends donc qu’il se relève pour remettre une couche et lui asséner un coup dans l’abdomen. Balourd : KO, Rakel : Vainqueur. Avant que je ne fasse quoi que ce soit, j’entends l’autre qui court pour se jeter sur moi. J’attends le dernier moment et me retourne, profitant de la vitesse pour déplier ma jambe et la tendre droit sur mon ennemi. Celui-ci se prend mon pied dans la poitrine et est envoyé droit dans le mur. Il s’écroule par terre, sa tête ayant tapé et lui faisant perdre connaissance. Je me retourne et vois que Nahal en a fini avec ses trois adversaires. Il me sourit et me fait signe de le suivre.

-Où as-tu laissé Kitty ?

-Euh, dans une maison, la prochaine à gauche.

-Bien. Merci de ton aide. Mais puis-je savoir ce que tu fais ici, Rakel ? Et pourquoi l’abruti de tout à l’heure n’arrêtait pas de t’appeler le type ?

Je le regarde, estomaquée qu’il sache qui je suis. Je réfléchis à mes dernières actions en tant que Rakel, essayant de voir quand il a entendu parler de moi. Nahal soupire.

-Comment va ce bon Alec ?

-D’où tu le connais ?

Aurais-je déjà rencontré Nahal auparavant ? Je n’arrive pas à m’en souvenir.

-A l’époque, j’étais bien plus petit. Et personne ne m’appelait Nahal. Alec me surnommait le morveux, ou la sangsue, parce que j’étais toujours collé à vous.

Je le fixe, abasourdie.

-Toi ! Ce n’est pas vrai ! Mais Alec m’a dit que tu étais mort lors de l’orage !

-C’est qu’il a faillit m’avoir cet saleté d’orage ! J’en ai gardé une cicatrice !

Il en lève sa casquette et je vois une ligne blanche, partant du dessus du sourcil pour finir sur sa tempe. Je retiens ma main, qui n’a qu’une envie, tracer le parcours de la cicatrice. Je me mords les lèvres d’envie, et Nahal se met à rire.

-Va-y ! Décidément, tu n’as pas changé, tu fais toujours la même tête quand tu meurs d’envie de faire quelque chose. Et là, ce n’est pas très difficile de deviner ce que tu veux. Tu peux la toucher si tu veux.

Je rougis, qu’il ait lu en moi comme ça. J’avance ma main et la pose au dessus de son sourcil. Il ferme les yeux et pousse un petit soupir. Je fais avancer mes doigts tout doucement, parcourant la cicatrice dans son ensemble. Il l’a échappé belle ! Un peu plus et il perdait un œil. Alors que j’arrive à l’extrémité de sa blessure, il m’attrape la main et la porte à sa bouche, pour l’embrasser.

-Tu m’as manqué, Shouchana.

Shouchana. Autrement dit, grande sœur, dans le dialecte des rues. C’est comme ça qu’il m’appelait, quand on était enfant.

-Toi aussi tu m’as manqué. Qui aurait pu penser qu’un petit morveux comme toi deviendrait le protecteur d’une partie du quartier Sud !

-Pas moi ! Mais dis-moi, comment fais tu pour être si petite alors que tu as deux ans de plus que moi ?

-Parce que tu crois que je l’ai choisie ?

-Non. Si tu avais pu, tu aurais été la plus grande. Tu ne change pas. Encore à défendre les plus faibles que toi. La justicière au grand cœur.

-Tu es devenu la même chose.

-Mouais. N’empêche que tu ne m’as pas répondu, qu’est devenu ce sale type ? Il continu de te faire la misère ?

Je ferme les yeux. Les images d’Alec m’envahissent. Tellement fou, mais tellement généreux. Il m’avait recueillit alors que j’étais environ dans ma deuxième année ou ma troisième, lui en ayant vingt trois. Il m’avait élevé. Il avait été mon père, mon frère, mon mentor, mon confident, mon ennemi, mon consolateur, bref l’homme de ma vie. J’avais juste été trop jeune pour le voir comme un « homme », comme un potentiel partenaire. Ce qui, au fond de moi me rassure, car ma vie aurait été encore plus compliquée. Mais aujourd’hui, il n’était plus à mes côtés.

-Il est mort. Il s’est fait mordre par un traah. Ça fait maintenant cinq ans.

Nahal accuse la nouvelle. Je le comprends. Alec, si invincible, tellement vivant, et pourtant, il était mort à trente cinq ans. Sa disparition m’avait plongé dans le chaos. Surtout que c’était ma faute.

-Il a voulu me protéger. J’avais fait une connerie et je me cachais. Il était avec moi, riant de ma bêtise, et le traah s’est dressé devant moi. Je n’ai pas eu le temps de bouger qu’il m’a attaqué. Alec m’a poussé et s’est fait mordre à ma place. Il a vite tué cette sale bestiole, mais le mal était fait. Il a tenu sept jours. Dont quatre dans le délire total. Au dernier moment, avant de mourir, il a retrouvé un semblant de lucidité. Il m’a demandé de ne jamais l’oublier. Et après, il m’a supplié de le pardonner. Parce que tout était sa faute. Je n’ai pas pu savoir de quoi il parlait, la fièvre l’a terrassé et il a juste dit qu’il avait été heureux de m’avoir à ses côté. Que j’avais redonné des couleurs à son monde. Il est mort. Par ma faute.

Je sers les dents. A chaque fois que j’y repense, j’ai envie de pleurer. Mais j’ai juré sur sa tombe que plus jamais je ne serai faible. Et ce n’est pas le moment de craquer. On se retrouve en pleine rue, à dix mètres du groupe qu’on vient de massacrer, qui reste encore inconscient. Nahal me prend la main.

-Viens, on va ramener Kitty chez elle, on va lui donner une bonne leçon, et après on ira chez moi, pour se saouler à la mémoire d’Alec Karter.

Je souris faiblement.

-Ouais : A la mémoire de cet abruti de première qui à failli me tuer un nombre incalculable de fois, mais que j’aimais malgré tout. Qu’on puisse se souvenir de toutes ces choses qu’il a faites. Quels soit profondément débiles, ou extrêmement intelligentes. Et après on se dira toutes les choses qu’on ne s’est pas dites.
Elzalma1610

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Elzalma1610 »

J'aime bien ce chapitre, on en apprend plus sur Rakel et son passé.
Elzalma1610

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Elzalma1610 »

Bon étant donné qu'une phrase c'est trop court, j'essaye de me rattraper :
J'aime bien la scène au début, c'est vraiment sympa de voir à quel point Rakel aide les autres. Enfin, les pauvres.
Mais qu'est-ce qui allait arrivé à Kitty ?
La scène de combat est très bien racontée, on est vraiment à fond dedans.
Et l'arrivée de Nahal est très surprenante. Mais, à 17 ans c'est déjà le protecteur d'un quartier ? Comment ça ?
Ton écriture est, encore, fluide. C'est vraiment super, on s'attache aux personnages incroyablement vite.
Rainie

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Rainie »

ton chapitre et trop trop trop bien , je l'adore , continue comme sa et préviens moi pour le suite :D :D
Elzalma1610

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Elzalma1610 »

Peut-être qu'Alec a tué les parents de Rakel...? Ou il l'a enlevée...?
74clea

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par 74clea »

Balourd : KO, Rakel : Vainqueur.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Quand j'ai lu ça, j'ai littéralement explosé de rire: bref, tu te débrouille très bien pour tourner les situations sérieuses à l'humoristique tout en gardant un côté... tendu? Mmmh, non, ce n'est pas le bon mot. Sérieux? Non, ça fait répétion. Bon, tu nous gardes en haleine, pour faire court. Ton écriture est fluide, agréable, les phrases s'enchaînent sans qu'on s'en rende compte. Alors, j'attends la suite!!! :D Et le dessin ?! :cry:

P.S: Pourrais-tu décrire les Traah? Personnellement, moi je pense à des serpents! :D
Nawel65

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par Nawel65 »

Wouah, j'adooore ton histoire!!! Y a tellement de trucs à en dire que je trouve pas mes mots! Tout est génial: le scénario (dans une de mes nouvelles l'héroïne est aussi une voleuse rousse, ça m'a fait bien rire), l'ambiance (vraiment sympa), les personnages (super attachant), les dialogues (trop marrant), l'écriture (même si défois y a des trucs que je comprend pas trop).
Nahal me plaît déjà 8-) En tout cas, ça sent le triangle amoureux entre lui, Rakel et l'autre abruti (ce qu'il m'énerve celui-là, j'étais contente quand elle lui a mis un coup dans l'entrejambe xD).
Le seul bémol, c'est que je trouve qu'il n'y a pas de paragraphes et ça fait trop "bloc" tu vois.
Enfin bref, hâte de savoir la suite! :D
lalisa78

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par lalisa78 »

Merci pour les commentaires !!
74clea a écrit : P.S: Pourrais-tu décrire les Traah? Personnellement, moi je pense à des serpents! :D
Alors, pour les Traahs, je les vois plus comme des énormes serpents, plus rapides, plus gros, avec six yeux !!
Elzalma1610 a écrit :Peut-être qu'Alec a tué les parents de Rakel...? Ou il l'a enlevée...?
ça, on ne le saura qu'a la fin !! Mais ça à bien un lien avec les parents de Rakel !!!

Elzalma1610 a écrit : Mais qu'est-ce qui allait arrivé à Kitty ?
Et l'arrivée de Nahal est très surprenante. Mais, à 17 ans c'est déjà le protecteur d'un quartier ? Comment ça ?
Pour Kitty, la bande comptait lui vider les poches, et la martiriser un peu !! Un de leur passe temps favori !!! :D
Pour Nahal, c'est comme les gangs de rues, il est fort, et il s'est hissé au sommet pour protéger les autres.

Pour le dessin, je m'y mets, mais je ne pourrais pas le poster tout de suite, vu qu'il me faut un scanner !! :D
TheHelo

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par TheHelo »

Ah j'adore ton histoire, elle est trop bien. Malgrès les petites fautes mais cela ne géne pas ;). Préviens-moi pour la suite car ton histoire est juste GENIALE
-emma-

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Re: Cours moi après ... que je t'attrape

Message par -emma- »

La j'avoue, je ne sais pas quoi dire... Bref, LA SUITE! :D
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