Le Temps des Surplombs - Fin 3e Partie [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 21 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

BONJOUR JE VIENS FAIRE REMONTER LE SUJET POUR M'AUTO-FLAGELLER D'AVOIR AUTANT DE RETARD PUIS POUR TE RAPPELER VINCE QUE LES SURPLOMBS T' (NOUS) ATTENDENT :mrgreen:



encore désolée pour mes retards entre chaque chapitre... :oops:


Lisez cette histoire, elle est beaucoup trop bien T-T
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 21 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Oui, elle est trop bien cette histoire !
Maiiis depuis qu'on attend la suite on a déjà rongé le chapeau et les manches jusqu'aux coudes... :lol:
T'imagines pas comment c'est stressant de voir Yulia suspendue à un fil, et de pas savoir ce qui va lui arriver à cette gamine qu'on a adoptée...
Allez, Vincent, je t'embrasse ! A bientôt j'espère !
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

REDEMARAGE DE LA MACHINE


Bonjour tout le monde ! ça fait... 10 mois que j'ai rien dit ici ? :oops: Je suis vraiment désolé d'avoir laissé le sujet et l'histoire autant ralentir, mais aujourd'hui je réussi à remobiliser ma plume et je pense qu'on va pouvoir reprendre là où nous nous en étions arrêté ;)
Je vais faire trois choses aujourd'hui :
1) Donner quelques explications sur le retard (je sais que je ne suis pas obligé de me "justifier", mais c'est nécessaire de parler de certains trucs, même en restant vague)
2) Répondre aux commentaires (j'ai laissé attendre les gens si LONNNNNGTEMPS :? désolé)
3) Une annonce :mrgreen:

Premièrement, donc, c'est ma situation personnelle qui a fait que l'écriture a été en stop pendant de longs mois... 2019 a été une année vraiment pourrie niveau perso ^^' Je ne rentrerais pas dans les détails, mais j'ai arrêté les cours (aujourd'hui je reprend, heureusement), ma vie sociale en a prit en sacrée gros coup, et ça a été difficile pour mes amis proches. Ces dernières semaines cependant quelques trucs se sont arrangés et j'ai enfin un rdv psy, des sortis régulières avec des amis, et une stabilité émotionnellement qui dure plus de quelques jours... Super positif !
Et donc en parallèle la reprise de mes cours se passent bien, de même que l'envie d'écrire qui est revenue !! :D Je me sens enfin les épaules pour reprendre.

Passons maintenant aux commentaires et... Oh. Quand même.

Louji : Désoléééééééééééééé :oops: ohlala je m'en veux tellement de ne pas t'avoir répondu :cry: Je crois que je t'ai notifié sur discord ou ailleurs... mais quand même
J'ADORE tes réactions à mes chapitres, vraiment je te l'assure ! Et oui tu avais bien senti la baisse de motivation... mais c'était lié à du perso pas à l'histoire qui (elle) ne m'a pas quitté ❤
Pour les Amiraux, je pense vraiment réécrire la partie 1... pour plusieurs raisons, mais aussi pour introduire ces personnages plus tôt ! Par exemple qu'on entende parler de temps en temps de l'Amiral Rouge à Cathuba ce serait logique et ferait du bon foreshadowing. Pareil, introduire des notions politiques de l'Empire ce serait pas mal :lol: Tout n'étais pas aussi net que maintenant quand j'ai commencé à écrire l'histoire, donc la réécriture sera un exercice intéressant :mrgreen:
Je suis content que le récit d'Ashä t'ai plu, pour moi c'était vraiment LA façon de raconter ça, en intimiste, pas avec un exposé de Taylor...
OUI il faut que je fasses + de points, que je sépare mes phrases :lol: Je suis accro aux phrases longues mais c'est pas ouf :roll: (je suis le premier de cet avis)
J'aime beaucoup décrire des villes, car je pense que je suis très sensible à la vibe urbaine. A Montpellier c'est quelque chose que j'aime : les quartiers sont tous très différents, avec des ambiances changeantes en fonction du moment de la journée, du temps... Y marcher est agréable, et pour moi c'est ça qu'il y a de poétique dans une ville : la façon dont les constructions orientent la vie de ses habitants, et celle dont les habitants s'approprient l'espace et le modifie. Et puis... j'adore les jeux de city building, c'est mon péché mignon :roll:
"C’était une vilaine manie qu’avait Taylor, de taire quelque chose pour se réserver un effet d’annonce. Plutôt désagréable pour ses collaborateurs. :arrow: C'est ce qui fait son charme non ? " Complètement oui :lol:
Fils-des-Brumes est une grosse inspiration pour ce passage à la Capitale (jusqu'à la construction du récit autour d'une "arnaque") mais j'essaye de m'en distancier dans la forme et d'avoir on propre fond.
AHAH ton dernier message est EXCELLENT ! :lol: :lol: :lol: Je vais te répondre sur ton mur aussi ❤

Daniel : Bon, toi je ne sais même plus comment te remercier avec le temps ❤
ça fait un moment que vous avez commenté avec Louji, mais j'espère que vous êtes encore partant.e.s !!!

ANNONCE : Alors... euh... un chapitre arrive... aujourd'hui 8-)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Bonjour à tous ! ça fait... super super super longtemps :? Un petit billet au-dessus a été posté aujourd'hui pour résumer un peu, mais je suis redevenu optimiste dans l'avancé du projet !! :D Avec l'aide de super-Enora j'ai terminé ce chapitre et surmonté une petite crise artistique... je ferais peut-être un billet ici ou un thread twitter pour en parler car c'est une réflexion intéressante qui m'a paralysé pendant... EH MAIS JE DIGRESSE LA !
Reprenons :ugeek:
VOILA ENFIN UN NOUVEAU CHAPITRE ! Yulia continue de jouer le rôle de Nora Dihya Alvez... et je suis au plaisir de vous annoncer qu'il ne nous reste que 3 chapitres pour boucler la partie 3 du Temps des Surplombs !! :mrgreen:
Je vous laisse au texte... qui n'aura pas d'accompagnement musical pour l'instant. Peut-être qu'un jour je viendrais éditer pour en ajouter mais... ce n'est plus quelque chose qui me fait vraiment plaisir, et le temps passé à sélectionner les musiques est gâché pour l'écriture :roll: J'espère que vous apprécierez malgré tout ! ;)



Chapitre 22 : Raison du cœur, raison d’Etat




Nora Dihya Alvez accepta le rendez-vous de Flavius Cocterion Rondoran. Ou plutôt, Yulia et l’équipage de l’Eclat avaient saisi l’occasion de se servir de l’héritier Rondoran pour arriver à leurs fins. La rencontre était fixée deux jours après le bal, mais dès le lendemain le contenu de sa lettre avait fuité dans la presse, par l’intermédiaire invisible de Joshua et Margareth. Ce genre de procédé étant reconnu comme de bonne guerre, le Prince n’annula pas sa venue. Après tout, c’était peut-être un employé de l’hôtel, payé par quelque journaliste, qui avait ouvert et copié sa lettre, comment savoir ?

Quoi qu’il en soit, les ex-Corsaires reçurent dans la journée trois lettres toute fraiche, et six de plus le lendemain. Yssandre et Angora, cependant, ne souhaitaient pas multiplier les sorties de Yulia, craignant qu’une trop grande exposition n’émaille sa couverture. Cela arrangeait bien Taylor à qui Joshua et Margareth avaient conseillé de refuser les demandes trop modestes, afin que Nora se fasse désirer. Yulia n’allait pas s’en plaindre : l’horizon du rendez-vous avec Flavius Cocterion l’angoissait bien assez pour qu’elle se réjouisse des trois ou quatre supplémentaires qu’on lui épargnait !

Sur les neuves invitations qui suivirent celle du prince Flavius, ils écartèrent ainsi celles de la petite noblesse mal pourvue dont Nora ne pouvait attendre aucun secours pour Fezzan. Ils examinèrent les autres et ne répondirent pas aux individus dont ils se méfiaient trop, comme Käruyr Bell, un ancien Corsaire devenu régent d’un Surplomb de la bordure de Bronze, qui offrait de prendre Nora comme sa troisième femme –chose barbare mais visiblement tolérée par l’Amirauté de Farø– et se disait prêt en échange à lui verser une dot incroyable et à rallier Fezzan avec sa flotte de guerre… mais sa parole ne valait pas grand-chose –leurs informateurs à la Capitale s’accordaient tous là-dessus.

Au final, Nora n’accepta que trois rendez-vous : le prince Flavius, premier à lui avoir écrit, Darshan Âraÿ Tyrkhun, Intendant des Lakshmï –et donc de la Rani Ajeya–, et Slaqio Rheodar Lokha, oncle du seigneur Lokha de Razabha. Tous trois nobles dotés de richesses, de soutiens puissants, et d’un intérêt pour la jeune héritière de Fezzan.

Pas un mot des Wöllner.

— Tu ne les a pas vu au bal, lui dit Taylor, soit ils n’y étaient pas, soit ils ne t’ont pas vu non plus. Le vieux Wöllner est quelqu’un de prudent, laissons-lui le temps de se décider à t’écrire et préparons tes rendez-vous.

Yulia aurait aimé posséder sa confiance, mais lesdites préparations l’occupèrent assez pour qu’elle n’y pensa plus. Yssandre encadra son travail comme lorsqu’ils préparaient ensemble le bal et elle retrouvait le matin, à l’hôtel de Méléon, les deux journalistes qui la conseillait quant à la conduite à adopter pour l’exercice.

Finalement, en début d’après-midi, deux jours après le bal chez le Sénateur Hackso, un page se présenta devant son hôtel. Cette rencontre leur servit en quelque sorte de répétition générale pour le piège qu’ils comptaient tendre à Marc Friedrich Wöllner, aussi l’héritière de Fezzan mobilisa sa petite armada privée : elle s’embarqua à bord de la même cabine qui l’avait conduite au bal deux jours plus tôt, réembaucha les deux porteurs de Méléon, et Angora –mercenaire anonyme– se mit à marcher à sa droite. Cependant, cette fois-ci, les deux femmes ne se déplaçaient pas seules et avaient recruté certains membres de l’Eclat pour augmenter leur garde.

— Une seule guerrière, quand bien même Dragon impérial, c’est trop peu pour assurer ta sécurité dans la rue et il nous faudra être beaucoup plus quand nous nous confronteront à Marc Friedrich. Habituons dès à présent tes prétendants à la présence d’une force armée plus importante… Après tout, ça paraîtrait bizarre que l’héritière d’une grande fortune, livrée à elle-même dans une ville hostile, n’embauche qu’une seule garde-du-corps.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L’armure à vapeur de Leoda lui fut amenée des cavernes et on y peint le blason d’une maison peu connue d’un Surplomb secondaire de Szávar.

— Ce serait improbable de croiser, ici et par hasard, un chevalier intime de cette maison, jugeait la Paladin sans titre.

Elle avait plutôt un bon coup de pinceau, ce qui surprit ses camarades. Aucun ne doutait de sa crédibilité en Chevalier de l’Ardre, puisqu’elle avait jadis intégré –malgré son sexe– leur académie.

Ashä complétait le trio des mercenaires, après avoir dans un premier temps refusé de se travestir. Ce n’était que parce qu’elle mourrait visiblement d’ennui, au bar, qu’elle accepta de se prêter au déguisement. Un foulard sur les cheveux, un grand poncho pour cacher ses formes, et la voilà devenue une silhouette anonyme, dont seule la couleur de peau et les deux sabres trahissaient l’origine.

— La classe guerrière de Thäma a été presque entièrement exterminée, commenta Taylor d’un œil dubitatif. On ne trouve guère plus d’épéistes Thämari que chez les pirates… il faut trouver plus crédible.

— Quelle importance ? s’impatientait la sabreuse. Je vais pas devoir raconter ma vie, alors on s’en fout.

Yulia répéta d’instinct ce qu’elle avait entendu dans la bouche d’Yssandre le comédien :

— Ton apparence raconte ton histoire, même sans employer de mots. Si celle-ci n’est pas cohérente, l’autre va se méfier avant même de poser des questions.

Ashä leva les yeux au ciel mais les laissa rectifier son attirail. On lui mit un fusil quelconque entre les mains et les deux sabres quittèrent ses hanches pour se balancer dans son dos.

— Jamais un sabreur ne les porterait ainsi ! protesta-t-elle.

— Justement, souriaient-ils, ces sabres passeront pour des trophées.

— Et qu’est-ce que je suis censé être maintenant, exactement ?

Yulia laissa parler son imagination :

— Une mercenaire d’Œcar, fille de traîtres Thamari passés à la solde de l’Amiral Rouge avant la guerre. Ils sont morts au combat, cependant, et tu as pris ton indépendance en t’emparant des sabres de guerriers qu’ils avaient tués. Tu aimes l’argent, le bon vin, mais si tu es à la Capitale c’est qu’un capitaine de navire a refusé de payer ton contrat et t’a abandonnée sur le port. Ton nom devrait être…

— Ça fera assez de détails, merci, la coupa Ashä, un peu gênée.

Toute l’assistance riait, surprise par la biographie que la jeune fille avait pu inventer en un instant. Yssandre, qui assistait à la scène de loin, lui adressa un discret signe du pouce tandis qu’Irïlan la harcelait pour qu’elle lui invente aussi une vie alternative.

Malgré ce début difficile, Asha compléta bien le trio et les mercenaires jouèrent très bien leur rôle. Celui-ci ne consistait cependant qu’à garder le silence et à scruter les ruelles d’un air menaçant, ce qui n’était guère un motif d’inquiétude pour Yulia.

Ils retrouvèrent le prince Rondoran à l’entrée d’un petit parc, sur les hauteurs du quartier Blanc. Celui-ci était vêtu d’un long veston nacre aux coutures dorées et aux boutons argent, un tricorne aux mêmes tons sur une tête de cheveux bruns légèrement bouclés et un pantalon aux plis croisés remonté par une paire de bottes blanches qui lui serraient le genou. Sa figure avait encore les rondeurs de l’enfance et les quelques poils qu’il avait brossés à son menton ne pouvaient pas encore être qualifiés du terme de barbe. Le personnage avait l’air de mal remplir son costume malgré son âge connu de vingt ans.

Yulia n’avait fait que décliner la robe qu’elle avait portée au bal. Elle se disait que peut-être elle lui avait plu ainsi et qu’il valait mieux faire bonne impression. Quand la jeune fille descendit de sa cabine, elle prit le bras du prince et ils se mirent à marcher entre les allées du parc. Ce dernier était quadrillé par des miliciens qu’elle devinait au service de l’héritier Rondoran. Ses propres mercenaires restèrent au portail et se contentèrent de surveiller les issues.

L’héritière de Fezzan n’était présente à ce rendez-vous que pour faire de la figuration, ayant de plus gros oiseaux dans son viseur. Elle prêta cependant une oreille attentive à la conversation et la relançait à quelques reprises quand celle-ci s’épuisait. Cela fut si naturel qu’elle aurait pu croire être encore en répétition auprès d’Yssandre.

Flavius Cocterion l’interrogea sur ses goûts généraux, ce qu’elle pensait plus être une preuve de politesse que d’intérêt réel pour sa personne. Il ne parla cependant pas une foi du drame de Fezzan que les corsaires avaient inventé, ce qui pouvait être signe de respect comme signe d’un malaise à aborder un sujet sensible. Si elle devait se fier à ses impressions, Yulia aurait dit que le prince était nerveux et peu expérimenté en matière de discussion galante, mais elle-même ne pouvait se vanter d’être une experte dans ce domaine et fut bien ravie de lui laisser l’initiative de la manœuvre. Elle le poussa en retour à parler davantage de ce qui lui tenait à cœur, par pure curiosité.

— Le seigneur Artus m’invite régulièrement à ses réunions politiques, il dit apprécier mes avis. Lui-même fréquente le Sénateur Niben, qui prête son hôtel au club qu’on appelle les légitimiens. Cette appellation est réductrice, je vous l’assure ! Car nous ne voulons pas seulement rétablir la légitimité testamentaire de la Numie sur les territoires d’Arkadie, mais plus largement œuvrer à une reconsidération de la culture Numienne dans l’Empire… Āto a unifié les cultes, certes, mais l’origine de nos civilisations est Donum, le premier Empire des Surplombs ! Saviez-vous que…

Senex avait assez enseigné l’Histoire antique à Yulia pour qu’elle connaisse le sujet. Son précepteur dénigrait par ailleurs ceux qui tenaient le discours du prince, car l’Empire de Donum avait été loin d’être exceptionnel en son temps. Nora Dihya Alvez n’avait cependant aucune raison de recadrer Flavius Cocterion sur de telles considérations, aussi se força-t-elle à écouter passivement mais n’hésita pas à couper court à l’exposé dès qu’elle le put :

— Vous fréquentez donc le Sénateur Niben ?

Il parut gêné, comme elle l’escomptait.

— Pas tout à fait.. Enfin, pas encore ! Je suis bien considéré par mes pairs, mais l’hôtel du Sénateur n’accueille qu’un nombre très réduit d’invités, et je n’ai pas encore assez de poids politique pour en faire partie.

Elle joua la naïve, se disant que ça le rassurerait quant à la subtilité de sa position.

— Pas encore ?

Il la couva d’un regard qu’il voulait sans doute tendre.

— Avec ma politique et votre fortune, nous serons un couple très en vue à la Capitale. Vous fréquenterez rapidement des Sénateurs et je serai l’égal du Seigneur Artus !

Le prince Rondoran entreprenait à présent de lui faire une déclaration enflammée :

— Je vous assure que mon cœur est pur. Plus je vous regarde, plus je vous trouve jolie, et votre présence ici me fait honneur. Il y a parmi mes alliés un puissant seigneur dont je ne vous ai pas encore parlé mais qui m’a assuré engager son armée pour ma cause. Si vous acceptez ma proposition, votre Surplomb sera sauvé. Si vous acceptez de m’épouser, vous ferez de moi le plus heureux des hommes. Je vous aime, Nora !

Il lui avait pris la main et la porta alors à sa bouche pour y déposer un timide baisé.

Yulia éprouva une sorte de malaise à recevoir ses attentions. Le jeune homme lui apparaissait comme un garçon qui avait mal grandi, mais plus que tout elle ne ressentait à ses mots rien de plus qu’une gêne persistante, comme si elle n’avait pas désiré son attention –ce qui était, fondamentalement, le cas. Flavius avait cinq ou six années de plus qu’elle, ce qui à son âge les séparait bien plus que s’ils avaient parlé une langue différente.

Après être restés presque deux heures dans le parc et avoir arpenté au moins cinq fois chaque allée, le prince la raccompagna à sa cabine et réveilla ses porteurs qui s’étaient endormis. Il lui offrit sa révérence et lui souhaita de profiter de la belle journée pour réfléchir à sa proposition.

— Vous trouverez mon hôtel un peu plus haut sur la rue, j’ai fait peindre la porte d’argent. J’attends de vos nouvelles !

— Soyez assuré de mon amitié, prince ! Je vous écrirai bientôt.

Elle n’en avait aucune intention.

Angora, Ashä et Leoda encadrèrent sa cabine et elle en tira le rideau. Pendant tout le trajet de retour, ses émotions hésitèrent entre le soulagement d’en avoir fini avec le premier des trois rendez-vous et la culpabilité d’avoir mené en bateau un garçon qui paraissait si sincère.

— N’en crois pas une miette, lui conseilla cependant Ashä quand Yulia se confia chez Méléon. C’est un petit seigneur noble un peu benêt, mais il n’est pas blanc comme neige : il se jette sur l’opportunité de s’approprier les richesses de Fezzan, voilà tout.

Elle conclut :

— Tu en verras d’autres.





Ses deux autres rendez-vous eurent lieu le lendemain et se déroulèrent pourtant de manière très différente.

Le matin, elle se présenta à l’hôtel où résidait Darshan Âraÿ Tyrkhun, le Paamien. Ce devait être la rencontre que Yulia avait le plus fantasmée, ce qui se comprenait étant donné le vaste imaginaire sur lequel ouvraient ses origines. Paam, Surplomb aux confins de l’Empire, dont elle admirait les arts, la philosophie et les navires raffinés. Elle gardait encore en mémoire le très vif bonheur qui l’avait saisi quand elle avait assisté à la pièce de la Princesse Jacinthe, jouée aux Trois Brises, et encore celui d’observer le Melajah au port de la Capitale.

L’homme qui l’accueillit devait avoir la trentaine. Un visage long, une barbe taillée en pointe, des petits yeux vifs et des cheveux nattés, retenus par un lacet de cuir. Il la fit entrer dans ses appartements qui, à la grande déception de Yulia, ne possédaient pas la moindre caractéristique Paamienne.

— Nous ne sommes que de passage à la Capitale, s’excusa-t-il, mais cet hôtel nous a toujours procuré de bons services et c’est avec plaisir que nous vous y recevons.

Il s’assit sur un canapé banal, une jambe repliée sous l’autre, dans une attitude beaucoup moins formelle que ce à quoi se serait attendue Yulia pour un rendez-vous. Ses habits n’étaient pas à proprement parlé galants, bien que riches : une chemise de lin s’ouvrait sur son col poilu, son pantalon bouffait sans avoir de plis particulièrement soigné et il allait nu-pieds. Nora fut invitée à s’asseoir en face de lui et se vit servir une coupe de vin par les domestiques qui tournaient autour de l’Intendant des Lakshmï.

— Vous n’êtes pas obligée de boire si vous ne le voulez pas, il ne s’agit pas de ce genre de rencontre.

La fausse héritière de Fezzan ne saisit pas bien le sens de ses paroles, mais comprit immédiatement que le Paamien jouait un autre jeu que le prince Flavius. Les trois mercenaires qu’il avait laissées entré échangèrent quelques regards, visiblement aussi désorientées que Yulia, mais il ne leur porta aucune attention et laissa ses domestiques leur servir des rafraîchissements. Il n’avait aucune arme visible dans la pièce, aucun mercenaire ou homme d’arme. Son seul outil pour témoigner de son pouvoir fut la parole, et il en usa sans détour.

— C’est un triste sort que connaît votre Surplomb à l’heure où les vôtres se querellent pour Cathuba. Nous doutons que vous trouviez un sauveur sincère, même en marchandant votre mariage. La Rani est cependant désireuse de vous aider, si son offre vous convient.

— La Rani ?

Yulia ne s’était pas imaginé que Darshan puisse parler au nom d’un autre que lui-même. Elle avait encore de nombreuses choses à apprendre en politique.

— Vous savez qui je suis ? demanda-t-il du ton que prend le précepteur quand il s’adresse à l’élève dissipée.

— Vous êtes Darshan Âraÿ Tyrkhun ? hésita Yulia.

Il la reprit sur la prononciation de son nom de patronage. Elle réessaya, échoua manifestement, mais il ne lui demanda pas de répéter l’exercice.

— Ma famille est depuis des siècles celle des Intendants de la famille des Rani Lakshmï. J’obéis donc à la Vice-Amiral de Paam, la Rani Ajeya Meena Lakshmï, gouvernante légitime de notre peuple.

Elle hocha la tête. La jeune fille savait cela, mais en avait visiblement mésestimé l’importance. Sans se laisser plus ralentir, Darshan reprit :

— Nous ne pouvons intervenir militairement à l’autre bout de l’Empire, encore moins nous permettre de nous mêler des affaires politiques de la Bérudie, mais nous souhaitons offrir l’exil à votre famille, les Alvez.

Yulia cligna des yeux, deux fois. L’autre continua :

— Celle qui était ma femme a fait une fausse-couche il y a un an de cela, alors que j’étais ici à opérer pour la Rani. Je suis veuf et j’offre de vous prendre comme ma nouvelle femme. Votre famille sera invitée à rejoindre la cour de Paam et pourra continuer à gérer ses affaires commerciales sans être présents à Fezzan et, donc, menacée par les pirates. Vous y gagnerez la sécurité, à condition de rejoindre ma maison et de laisser la Bérudie à ses démons.

Une fois exposée son offre, il se fit servir un verre de vin et observa la réaction de sa jeune invitée. Comment elle n’en affectait aucune, perdue dans ses réflexions, il entreprit de préciser :

— Je n’attendrais de vous aucun « devoir conjugal », soyez-en assurée. Vous ne vous offrirez à moi qu’à la condition que ce soit votre désir, et je n’accepterai pas que vous le fassiez avant que vous n’ayez gagné quelques années supplémentaires.

Yulia évita de penser à ce que l’homme décrivait et se concentra pour reprendre en main la conversation. L’offre, très étrange, devait intriguer Nora, et Nora devait poser des questions.

— Vous avez dit que vous n’interviendrez pas pour défendre Fezzan ?

Il confirma d’un mouvement ferme de la tête.

— C’est pourtant ce que je demande à celui qui sera mon mari, enchaîna-t-elle. Mon Surplomb a besoin d’aide militaire, je suis là pour en acheter.

— Nous n’avons pas la volonté de faire pareille offre, accorda le Paamien. Mais réfléchissez-y différemment : prendre pour mari un militaire, ou du moins un politicien qui peut disposer d’une armée, c’est prendre le risque d’entrer en guerre. L’Amirauté de Cathuba est convoitée par un certain nombre de personnages puissants, qui n’hésiteront pas à utiliser la force pour écarter leurs concurrents. Si vous vous mariez à une de ces personnes, vous lierez votre famille à un parti qui se prépare à faire la guerre aux autres pour s’emparer des vestiges du pouvoir de l’Amiral Ford. Sortir d’un drame pour se jeter dans un plus terrible encore ? Combattre pour votre Surplomb ne fera que faire souffrir davantage votre famille…

Il ouvrit les bras, en signe d’amitié.

— Nous vous offrons une voie différente : si vous vous mariez avec moi, votre famille sera à l’abri des conflits même si la Bérudie entière venait à brûler pour l’ambition de ses puissants. Le choix est vôtre : la guerre et ses souffrances, ou l’exil et la paix.

Nora ne pouvait répondre à cela, rien ne l’y avait préparé. Yulia elle aussi craignait de se faire retourner la tête et cherchait mentalement la faille qui révélerait une tromperie ou une demi-vérité quelconque. Elle ne trouvait rien et enrageait.

Heureusement, Darshan Âraÿ adoucit son approche une fois son offre énoncée, sans exiger d’elle une réponse immédiate. Ils parlèrent brièvement des tissus qui intéressaient Nora et qu’il pourrait lui offrir, puis elle lui demanda à quoi ressemblait Paam et il lui parla brièvement des paysages de son Surplomb natal. Rien que de très commun, mais cela tranchait avec le discours extrêmement direct qu’il lui avait tenu jusqu’alors. Un peu de papotage permit à la jeune fille de reprendre de l’aplomb mais, avant qu’elle ait pu reparler du sort de Fezzan, l’Intendant des Lakshmï lui signifia qu’il était temps de mettre fin au rendez-vous.

— Vous pouvez m’envoyer un messager ici-même, quand bon vous semble, lui dit-il. Évitez cependant de m’écrire, car ce sera intercepté, et payez assez vos mercenaires pour qu’ils gardent la bouche close pendant quelques jours. Vous me comprenez ?

Elle lui assura qu’elle le comprenait, et lui fit ses adieux sans qu’il ne lui envoie aucun signe de séduction. Aucun qu’elle ne saisisse, en tout cas.

Quand elles eurent regagné l’hôtel de Méléon, la jeune fille put constater que ses trois protectrices non plus ne savaient que penser de l’entretien avec l’Intendant de la Rani.





Le troisième rendez-vous non plus ne se déroula pas comme prévu. Slaqio Rheodar Lokha la fit venir à un restaurant où jouait un orchestre de Daqin, le tout encadré par ses gardes du corps –des mercenaires de Bérudie et de Rudenie. Il se régalait de palourdes des sables cuites à l’huile et fit servir à Nora un fumet de pygargue bleu qu’elle toucha à peine. Il mangeait à même l’assiette avec ses gros doigts et les agitait vainement une fois qu’il avait la bouche occupée. Il s’était cependant couvert d’une serviette jusqu’au col et éclaboussait donc toute la table de gras sans tâcher ses vêtements.

Sa bouche avait gardé une déformation de la fois où -ce fut une des trois premières anecdotes qu’il lui raconta- il avait pris une balle en combattant dans la flotte de son frère, quand il avait à peine vingt ans. Vingt ans plus tard c’était une seconde blessure dont il tut l’origine qui lui laissa un trou dans le crâne et la moitié de la tête dégarnie.

Le bosselé l’arrosait tout autant de paroles que de gras, tant et si bien que la jeune fille n’eut à ouvrir la bouche qu’à quatre ou cinq occasions au cour de leur rendez-vous. Il enchainait les histoires et récits des aventures de sa famille comme un enfant qui aurait appris sa poésie mais la réciterait dans le désordre, débordant d’enthousiasme.

Il évoquait la Bérudie, de Razabha à Sir-taly, insistant avec astuce sur les éléments de leur culture commune : les vents du Gharbia, la calligraphie rufique, les pâtisseries traditionnelles au miel, cette façon particulière qu’y ont les hommes de replier le tissu de leur uniforme sur l’épaule gauche et l’indécrottable malice qui caractérise le héros des contes que l’ont y raconte aux enfants. Certaines de ces choses déclenchaient immédiatement en Yulia de la sympathie car elles lui rappelaient Cathuba, d’autres une réserve certaine, mais elle n’en laissa rien paraître. Slaqio insistait pourtant :

— Une fleur de noble famille telle que vous ne peut que se trouver au désespoir de ne rencontrer que des hommes bouffis de suffisance, certains de leur connaissance et pourtant ignare de ce qui nous rend riche, nous, hommes et femmes de Bérudie !

— Il est vrai que personne, ici, ne semble connaître Fezan, répondit timidement Yulia en évoquant le Surplomb dont elle se faisait passer pour l’héritière.

— C’est fort vrai ! C’est fort vrai ! répétait-il en hochant vigoureusement la tête.

Après avoir récuré au couteau sa dernière palourde, l’homme aux trous dans le crâne se débarrassa de sa serviette après s’être essuyé le museau -il aurait également dû frotter ses bras et jusqu’à la pointe de ses bottes s’il avait prêté la même attention à ce qui sortait de sa bouche qu’à ce qui y entrait.

— On me dit que vous avez rencontré le jeune prince Flavius, hier.

— C’est exact…

— Un garçon, encore, et la tête farcie de romantisme Paamien, je présume ? renifla l’oncle du seigneur de Razabha. Croyez-moi : si vous écoutez ce genre de fadaises, ma Dame, vous vous retrouverez vieille dans un château en papier, couverte d’huiles étranges, sans avoir jamais connu le vrai plaisir que peut donner un mari à sa femme.

— Je…

La main du Razabhain s’abattit sur celle de Yulia tel un oiseau de proie. Il lui enserra la poigne avec force, promenant son gros pouce jusqu’à la base du poignet de la jeune fille. Il avait les doigts larges et calleux.

— Vous ne voulez pas de quelques puceaux, n’est-ce pas ma chère ? Vous aspirez à être femme, et avec moi vous serez traités en authentique reine de Bérudie.

Elle essaya de se dégager. Il ne lui permit pas et resserra sa prise.

Ashä fit deux pas en avant, une main sur la garde d’un sabre. Angora l’empêcha cependant de tirer sa lame. Si Slaqio remarqua la réaction des mercenaires de Nora Dihya Alvez, cela ne refroidit pas ses ardeurs.

— J’ai déjà eu deux épouses, dont une qui était plus jeune que vous. Et si elles n’avaient pas succombé à leur grossesse elles vous auraient assuré de mon caractère : vous n’aurez de ma part à craindre aucune timidité, aucune amitié pour l’intérêt des ennemis de la Bérudie, et n’aurez à pâlir devant aucune autre femme du Protectorat.

Il lui caressait à présent l’avant-bras.

— Tout ces impériaux vous font perdre du temps, ma Dame… Moi, je vous propose de vous épouser dès demain. Et de m’élancer au secours de Fezzan dès que vous serez débarrassée de votre pucelage. Qu’en dites-vous ?

Yulia était bousculée. Que dire ? Que faire ? Nora devait-elle… ? Elle ne savait pas ce que Nora devait faire. Les filles qui habitaient dans le corps de Yulia s’étaient toutes deux recroquevillées, comme un chien devant la main qui les bat. Les grandes mains du Razabhain pressaient contre sa paume et elle les imaginait presque autour de son cou.

— Je…

Il s’ébroua et lui coupa la parole avant qu’elle ait pu avancer plus d’un mot. Sa main gauche lui libéra le poing mais aussitôt ce fut sa droite qui lui serra le poignet. Une façon de dire « ne bouge pas ».

— Mais que dis-je ! Ceci n’est pas un lieu pour conclure un tel accord. Garçon !

Un homme aux yeux fuyants et à la carrure frêle accourut.

— Ma Dame a fini son repas, nous partons. Transmettez mes compliments au chef et adressez la note à l’hôtel du singe d’or.

Yulia n’avait, en vérité, qu’à peine entamé son assiette. Mais quand Slaqio parlait, ses déclarations avaient valeur de loi. Et on ne contredisait pas la loi sans encourir de sanction, voilà ce que lui rappelait son poignet, prêt à se tordre au moindre déplaisir de son bourreau.

Lorsqu’il se leva, elle fut bien obligée de le suivre pour ne pas avoir mal.

— Permettez-moi de vous raccompagner, ma Dame, ce serait un honneur.

— Je…

— Ne vous en faites, mes hommes s’occupent de tout.

Il claqua des doigts -ceux de sa main gauche, car sa droite tenait toujours le poignet de Yulia- et ses garde-du-corps se levèrent pour prendre sa suite. En moins de deux respirations, ils les avaient encadré et ouvraient les portes du restaurant pour leur offrir une sortie.
Paniquée, Yulia chercha Ashä et Angora, mais les deux femmes s’étaient retrouvées à l’écart, bousculées sans ménagements par les gros-bras de Slaqio. Elle fut un instant persuadée que Leoda –qui montait la garde derrière les portes– allait les renverse tous d’un mouvement de bras d’armure à vapeur… mais ils sortirent tous de manière si désordonnés que la Paladin n’eut pas la moindre chance de comprendre ce qui se déroulait. En deux respirations, elle était hors de vue, condamnée par sa lenteur.

Slaqio ne se préoccupait plus des mercenaires de la jeune fille. Qu’avait-il l’intention de faire ? Où l’emmenait-il ? Il était à présent clair qu’il avait prévu tout autre chose pour leur rendez-vous qu’un simple dîner au restaurant.

Nora Dihya Alvez eut du mal à suivre le pas de son ravisseur sur les premiers mètres de rues, trébuchant avec ses chaussures à talon, mais il ne ralentit pas et la tira à lui. Elle perdit un soulier et se tordit la cheville, ce qui ne le choqua nullement. Il ne voulait pas s’arrêter, pas une seconde. Il devait avoir peur qu’elle tente de filer à la moindre inflexion de sa part. Yulia se débarrassa elle-même de sa deuxième chaussure avant se faire plus mal encore et, aussitôt fait, fut tirée tout contre l’homme aux trous dans le crâne.

— Vous semblez fatiguée, ma Dame. Laissez-moi vous conduire à mon hôtel plutôt, le lit en est plus proche.

— Je…

— Il n’ait besoin de rien dire, je vous comprends.

Ils étaient dans le quartier de l’étincelle, dans une allée proche de l’avenue où Yulia avait mangé des marrons glacés avec Ashä et Angora –une nuit il y a deux jours de ça– mais Slaqio et ses gardes-du-corps empruntèrent des ruelles qui les menèrent vers l’est. L’oncle du seigneur de Razabha la gardait collée contre lui et lui avait même attrapé sa seconde main, qu’il tenait avec l’autre en forçant de temps en temps pour qu’elle cesse de lui résister. Il menait une si vive allure que la jeune fille fut incapable de tourner la tête pour s’assurer qu’Angora et Ashä les suivaient bien. Elle priait pour qu’un sabre vienne trancher l’épaule de son ravisseur pour qu’elle s’en défasse. Elle priait aussi pour avoir la force de saisir le petit pistolet qui palpitait contre sa cuisse…

Même si elle ne pourrait rien contre les mercenaires du Razabhain, au moins lui percerait-elle un nouveau trou dans le crâne.

Il la fit descendre une volée de marche en pierre dans une allée couverte de câbles sur lesquels pendaient du linge. Au bout, ils franchirent une passerelle en fer forgé et passèrent dans le quartier des terrasses. Tout ce que Yulia distinguait de ce voyage se résumait à l’épaule moite de Slaqio, le dos de trois de ses gardes et le bout de la ruelle. Elle vit cependant, quand ils bifurquèrent, que des échafaudages encombraient la rue où ils s’engageaient. Rentrant les épaules, son ravisseur se fit une place, mais ses mercenaires durent avancer les uns après les autres. La jeune fille aperçut les poutres, les cordes, les poulies… mais comprit avec un temps de retard que quelqu’un venait de crier : « Attention ! »

Une pièce de charpente fendit les airs. Elle se balança au bout de ses liens et renversa les hommes. Yulia, qui était plus petite, ne reçut qu’un léger coup sur le crâne. Mais Slaqio –le grand Slaqio aux mains si dures et au pas si assuré–, lui, la reçut en plein travers de la face et parti à la renverse.

Avant qu’elle ne comprenne quoi que ce soit, Yulia avait les mains libres. Elle chancela un peu en arrière, mais on la retint.

Un regard. C’était Angora.

Les ouvriers sur les échafaudages déclamèrent milles excuses et se saisirent des cordes pour arrêter le balancement fou de la poutre. Les mercenaires, sonnés, se relevaient. Certains empoignaient déjà leurs armes pour se venger sur les maladroits. Leur maître, tombé sur le cul, se frottait la trogne pour reprendre ses esprits. Personne ne put empêcher la Dragon de dégager sa protégée de leurs griffes.

Quand Slaqio Rheodar Lokha se remit debout, il trouva sa courtisée plus loin. Hors de son atteinte.

— Je vous remercie pour ce dîner, monseigneur, mais je me vois obligée de décliner votre invitation à l’hôtel.

Yulia se força à sourire, même si elle aurait désiré le foudroyer d’un noir regard, car elle savait que c’était ce que Nora aurait été contrainte de faire. Elle lui fit même une révérence, courte mais notable.

— Si vous souhaitez me revoir, faites apporter une lettre à l’hôtel de Méléon. Je la lirai.

— Je…

— Au revoir, monsieur.

Sans plus de manière, elle se détourna et partit dans la première allée venue. Tout plutôt que de rester une seconde de plus entourée d’hommes.





Ashä les retrouva au niveau de la passerelle. Elle tenait ses deux sabres à bout de bras et remuait le poing comme s’il le démangeait. Ou comme si elle se tenait prête à dégainer si jamais il venait à Slaqio l’idée d’envoyer ses mercenaires se saisir à nouveau de la fille cachée de Ford.

Cette dernière avait détaché quelques boutons de sa robe, pour mieux respirer. La course l’avait laissée exsangue, les pieds noirs et en sang, le visage rouge de colère et le cœur battant comme si elle venait de se battre. A vrai dire, elle avait bien l’impression d’avoir livré un combat, et la posture d’Ashä confirmait cela.

— Ils ne vous ont pas suivies ? demanda la sabreuse de Thäma.

— Non, confirma Angora, je crois que le Razabhain a compris qu’il venait de perdre la partie.
L’autre cracha par terre.

— Il aurait mérité de perdre la tête.

— On ne peut pas se permettre de jouer aux justiciers, tempéra la Dragon, pas ici, pas maintenant. Yulia est sauvée, c’est l’essentiel.

La petite hocha la tête pour se rallier au propos de sa protectrice. Aussi amère son ressenti soit-il, Nora Dihya Alvez n’enverrait pas ses garde-du-corps pour tuer son agresseur. Elle commencerait probablement même à considérer la conduite de l’oncle du seigneur de Razabha comme normale et une simple preuve de sa passion. Peut-être lui-même se justifiait-il ainsi.

— Mais pourquoi essayait-il de m’enlever ?

Ashä haussa les épaules, une grimace sur le visage. :

— Certains hommes sont juste des salopards.

Angora fut plus pragmatique.

— Je pense qu’il cherchait à prendre de vitesse ses concurrents. Le mariage d’une Alvez serait un signe politique fort, une prise de valeur dans la guerre civile en Bérudie… S’il te forçait à partager son lit dès ce soir, il t’aurait piégée pour l’épouser sans te laisser considérer tes autres prétendants. Pour lui, tu étais à conquérir.

— Il faut bien être un homme pour considérer le corps d’une femme comme une prise de guerre, grinça la Thämari.

— Oui. C’était un salopard, comme tu as dit.

Plutôt que de remonter vers l’étincelle, les deux femmes se laissèrent tomber dans la rigole qu’enjambait la passerelle. Elles firent passer Yulia au-dessus des coulées d’eaux usées et la déposèrent au sec. Ashä en profita pour lui examiner la tête d’une main et passa le doigt sur sa bosse.

— Hum… Je n’ai pas si bien visé que ça…

— C’est la poutre qui m’a… Attends, c’est toi qui a fait ça ?

La sabreuse haussa les épaules.

— Qui d’autre ? Je suis ta garde-du-corps je te rappelle.

Angora sourit et entreprit de lui raconter :

— Quand Slaqio Rheodar Lockha t’a entraînée, on t’a suivi à la trace. Affronter ses hommes aurait été compliqué, tu risquais d’être blessée, et nous n’avions reçu aucun ordre de ta part alors notre couverture de mercenaire aurait été suspecte.

— On s’est donc séparée, expliqua Ashä. Angora ne te lâchait pas des yeux et moi… je cherchais une occasion de perturber leur opération.

— Attends, l’interrompu Yulia. Comment tu as fait pour nous attendre sur le chemin en partant de derrière ?

— Je suis rapide, j’ai le pied sûr… et les toits sont plutôt accueillants ici.

Elle lui adressa un clin d’œil. Savait-elle que la fille de Ford s’amusait jadis à parcourir Cathuba de cette manière ? Angora aurait pu lui raconter, mais la petite ne savait pas si les deux femmes passaient ou non beaucoup de temps à discuter.

— Le plus dur, reprit-elle, a été d’échapper aux ouvriers ensuite. Ils me cherchaient pour me livrer au noble que ma maladresse avait blessée. J’aurais été un bon bouc émissaire, mais sans preuve ils vont avoir du mal à lui faire avaler qu’une étrangère se baladait au hasard et a saboté leur poulie.

— Espérons juste qu’ils ne soient pas trop sévèrement punis, pria Yulia…

Ashä hossa les épaules, indifférente.

— Cette ville est un des Surplombs les plus cruels pour les travailleurs, de toute façon. Ils seront tués à la tâche tôt ou tard.

Angora ne chercha pas à discuter sa morale et préféra ouvrir la marche pour regagner l’hôtel de Méléon. Yulia dut faire attention à où elle posait les pieds, sans chaussure, mais chaque pas qui l’éloignait de Slaqio Rheodar Lokha allégeait son esprit.

Elle ne répondrait jamais à ses lettres, elle passerait le mot pour qu’à son hôtel on le refuse, et jamais elle n’accepterait plus de rendez-vous avec lui. Le Razabhain avait sans doute déjà deviné tout cela. Et s’il tentait autre chose… Yulia était protégée par les deux plus terribles tueuses qu’elle ait connu.

Elle demanda du bout des lèvres, juste pour être sûre :

— Et si le coup de la poutre n’avait pas marché ? Et si on avait atteint son hôtel ?

Angora lui répondit sans hésitation :

— La Capitale aurait compté dix mercenaires et un noble de moins.





Elles retrouvèrent Leoda sur la grande rue du quartier de l’étincelle. La Paladin avait visiblement perdu la trace des ravisseurs à ce niveau et n’avait pas été capable de suivre la course d’Angora. Au vu de son gabarit et de la foule –qu’elle dépassait d’une bonne tête– cela n’avait rien d’étonnant : au moindre pas elle manquait de renverser un passant, de bousculer un enfant ou d’écraser un petit chien. Elle n’aurait jamais réussi à faire quoi que ce soit dans les ruelles.

Quand elle aperçut les deux femmes, de retour avec Yulia, l’inquiétude quitta son regard. A travers les fentes de son casque, elle leur cria de les rejoindre. Elle tenait dans son gantelet deux précieux petits souliers.

Yulia se jeta à son cou.

— Toujours aussi lourde et lente ! chambra Ashä.

Avant que la grande femme ne se vexe, Angora lui donna une tape amicale sur l’épaule.

— Ne t’en fais pas, tu seras utile une autre fois. Bon travail avec les chaussures.

Elle haussa les épaules :

— Chargez-vous des courses-poursuite, je m’occupe de fendre leur crâne s’ils s’approchent à nouveau.

C’était tout ce que la Dragon souhaitait entendre.


Fin du chapitre 22
à suivre : Chapitre 23, Dans la toile
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit :
REDEMARAGE DE LA MACHINE


Bonjour tout le monde ! ça fait... 10 mois que j'ai rien dit ici ? :oops: Je suis vraiment désolé d'avoir laissé le sujet et l'histoire autant ralentir, mais aujourd'hui je réussi à remobiliser ma plume et je pense qu'on va pouvoir reprendre là où nous nous en étions arrêté ;)
Je vais faire trois choses aujourd'hui :
1) Donner quelques explications sur le retard (je sais que je ne suis pas obligé de me "justifier", mais c'est nécessaire de parler de certains trucs, même en restant vague)
2) Répondre aux commentaires (j'ai laissé attendre les gens si LONNNNNGTEMPS :? désolé)
3) Une annonce :mrgreen:

Premièrement, donc, c'est ma situation personnelle qui a fait que l'écriture a été en stop pendant de longs mois... 2019 a été une année vraiment pourrie niveau perso ^^' Je ne rentrerais pas dans les détails, mais j'ai arrêté les cours (aujourd'hui je reprend, heureusement), ma vie sociale en a prit en sacrée gros coup, et ça a été difficile pour mes amis proches. Ces dernières semaines cependant quelques trucs se sont arrangés et j'ai enfin un rdv psy, des sortis régulières avec des amis, et une stabilité émotionnellement qui dure plus de quelques jours... Super positif !
Et donc en parallèle la reprise de mes cours se passent bien, de même que l'envie d'écrire qui est revenue !! :D Je me sens enfin les épaules pour reprendre.

Passons maintenant aux commentaires et... Oh. Quand même.

Louji : Désoléééééééééééééé :oops: ohlala je m'en veux tellement de ne pas t'avoir répondu :cry: Je crois que je t'ai notifié sur discord ou ailleurs... mais quand même
J'ADORE tes réactions à mes chapitres, vraiment je te l'assure ! Et oui tu avais bien senti la baisse de motivation... mais c'était lié à du perso pas à l'histoire qui (elle) ne m'a pas quitté ❤
Pour les Amiraux, je pense vraiment réécrire la partie 1... pour plusieurs raisons, mais aussi pour introduire ces personnages plus tôt ! Par exemple qu'on entende parler de temps en temps de l'Amiral Rouge à Cathuba ce serait logique et ferait du bon foreshadowing. Pareil, introduire des notions politiques de l'Empire ce serait pas mal :lol: Tout n'étais pas aussi net que maintenant quand j'ai commencé à écrire l'histoire, donc la réécriture sera un exercice intéressant :mrgreen:
Je suis content que le récit d'Ashä t'ai plu, pour moi c'était vraiment LA façon de raconter ça, en intimiste, pas avec un exposé de Taylor...
OUI il faut que je fasses + de points, que je sépare mes phrases :lol: Je suis accro aux phrases longues mais c'est pas ouf :roll: (je suis le premier de cet avis)
J'aime beaucoup décrire des villes, car je pense que je suis très sensible à la vibe urbaine. A Montpellier c'est quelque chose que j'aime : les quartiers sont tous très différents, avec des ambiances changeantes en fonction du moment de la journée, du temps... Y marcher est agréable, et pour moi c'est ça qu'il y a de poétique dans une ville : la façon dont les constructions orientent la vie de ses habitants, et celle dont les habitants s'approprient l'espace et le modifie. Et puis... j'adore les jeux de city building, c'est mon péché mignon :roll:
"C’était une vilaine manie qu’avait Taylor, de taire quelque chose pour se réserver un effet d’annonce. Plutôt désagréable pour ses collaborateurs. :arrow: C'est ce qui fait son charme non ? " Complètement oui :lol:
Fils-des-Brumes est une grosse inspiration pour ce passage à la Capitale (jusqu'à la construction du récit autour d'une "arnaque") mais j'essaye de m'en distancier dans la forme et d'avoir on propre fond.
AHAH ton dernier message est EXCELLENT ! :lol: :lol: :lol: Je vais te répondre sur ton mur aussi ❤

Daniel : Bon, toi je ne sais même plus comment te remercier avec le temps ❤
ça fait un moment que vous avez commenté avec Louji, mais j'espère que vous êtes encore partant.e.s !!!

ANNONCE : Alors... euh... un chapitre arrive... aujourd'hui 8-)
AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH
COUCOU
BON RETOUR



Bon, même si, effectivement, tu n'as pas nécessairement à te justifier pour ton absence (et que me doutais qu'il y avait quelque chose de plus sérieux qu'une simple perte de motiv), c'est gentil à toi de prendre le temps d'expliquer, même sans rentrer dans les détails. Et l'important c'est pas tant les Surplombs, mais ta santé de tous les points de vue, et je suis vraiment contente et soulagée que tu sois sur une pente ascendante ^-^
Tu as repris tes études en lettres du coup ou tu es parti vers d'autres horizons ? ;)

Y'a vraiment pas de soucis x') Puis je peux franchement pas te jeter la pierre, vu le temps que je mets à lire chaque chapitre... :oops:
Oh, tant mieux, si ça te fait plaisir, c'est encore plus cool :D
Ouais, tu m'étonnes, c'est normal ! L'avantage du recul que tu as sur l'univers et la narration, c'est que lors de la réécriture, tu vas pouvoir étoffer et disperser plein de détails/indices :)
Ashä, elle fait partie de ces figures charismatiques et féroces qui voguent sur l'Éclat, et apporter des précisions sur son passé et ses faiblesses participe évidemment à la rendre plus intéressante et attachante... Elle a aussi plus de duplicité qu'Angora et ça permet de bien les différencier, au cas où on les associerait pour leurs traits de caractère communs.
Ça se sent que tu aimes ça et tu le fais très bien, donc encore bravo :mrgreen: Ouais, tu as aussi la chance d'habituer une ville particulière et très marquée dans ses différents quartiers, comme tu dis ! (Je n'y suis passer que 2 fois et en coup de vent, il faudrait que je prenne un vrai temps pour visiter...)
Bien sûr, l'idée c'est d'avoir ton propre univers, et j'ai aucun doute là-dessus :D

À présent, je compte sur moi-même pour me bouger les fesses et vite lire les 2 chapitres qui me manquent !

A tout bientôt et courage pour tout ;)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :
dark-vince a écrit :
REDEMARAGE DE LA MACHINE


Bonjour tout le monde ! ça fait... 10 mois que j'ai rien dit ici ? :oops: Je suis vraiment désolé d'avoir laissé le sujet et l'histoire autant ralentir, mais aujourd'hui je réussi à remobiliser ma plume et je pense qu'on va pouvoir reprendre là où nous nous en étions arrêté ;)
Je vais faire trois choses aujourd'hui :
1) Donner quelques explications sur le retard (je sais que je ne suis pas obligé de me "justifier", mais c'est nécessaire de parler de certains trucs, même en restant vague)
2) Répondre aux commentaires (j'ai laissé attendre les gens si LONNNNNGTEMPS :? désolé)
3) Une annonce :mrgreen:

Premièrement, donc, c'est ma situation personnelle qui a fait que l'écriture a été en stop pendant de longs mois... 2019 a été une année vraiment pourrie niveau perso ^^' Je ne rentrerais pas dans les détails, mais j'ai arrêté les cours (aujourd'hui je reprend, heureusement), ma vie sociale en a prit en sacrée gros coup, et ça a été difficile pour mes amis proches. Ces dernières semaines cependant quelques trucs se sont arrangés et j'ai enfin un rdv psy, des sortis régulières avec des amis, et une stabilité émotionnellement qui dure plus de quelques jours... Super positif !
Et donc en parallèle la reprise de mes cours se passent bien, de même que l'envie d'écrire qui est revenue !! :D Je me sens enfin les épaules pour reprendre.

Passons maintenant aux commentaires et... Oh. Quand même.

Louji : Désoléééééééééééééé :oops: ohlala je m'en veux tellement de ne pas t'avoir répondu :cry: Je crois que je t'ai notifié sur discord ou ailleurs... mais quand même
J'ADORE tes réactions à mes chapitres, vraiment je te l'assure ! Et oui tu avais bien senti la baisse de motivation... mais c'était lié à du perso pas à l'histoire qui (elle) ne m'a pas quitté ❤
Pour les Amiraux, je pense vraiment réécrire la partie 1... pour plusieurs raisons, mais aussi pour introduire ces personnages plus tôt ! Par exemple qu'on entende parler de temps en temps de l'Amiral Rouge à Cathuba ce serait logique et ferait du bon foreshadowing. Pareil, introduire des notions politiques de l'Empire ce serait pas mal :lol: Tout n'étais pas aussi net que maintenant quand j'ai commencé à écrire l'histoire, donc la réécriture sera un exercice intéressant :mrgreen:
Je suis content que le récit d'Ashä t'ai plu, pour moi c'était vraiment LA façon de raconter ça, en intimiste, pas avec un exposé de Taylor...
OUI il faut que je fasses + de points, que je sépare mes phrases :lol: Je suis accro aux phrases longues mais c'est pas ouf :roll: (je suis le premier de cet avis)
J'aime beaucoup décrire des villes, car je pense que je suis très sensible à la vibe urbaine. A Montpellier c'est quelque chose que j'aime : les quartiers sont tous très différents, avec des ambiances changeantes en fonction du moment de la journée, du temps... Y marcher est agréable, et pour moi c'est ça qu'il y a de poétique dans une ville : la façon dont les constructions orientent la vie de ses habitants, et celle dont les habitants s'approprient l'espace et le modifie. Et puis... j'adore les jeux de city building, c'est mon péché mignon :roll:
"C’était une vilaine manie qu’avait Taylor, de taire quelque chose pour se réserver un effet d’annonce. Plutôt désagréable pour ses collaborateurs. :arrow: C'est ce qui fait son charme non ? " Complètement oui :lol:
Fils-des-Brumes est une grosse inspiration pour ce passage à la Capitale (jusqu'à la construction du récit autour d'une "arnaque") mais j'essaye de m'en distancier dans la forme et d'avoir on propre fond.
AHAH ton dernier message est EXCELLENT ! :lol: :lol: :lol: Je vais te répondre sur ton mur aussi ❤

Daniel : Bon, toi je ne sais même plus comment te remercier avec le temps ❤
ça fait un moment que vous avez commenté avec Louji, mais j'espère que vous êtes encore partant.e.s !!!

ANNONCE : Alors... euh... un chapitre arrive... aujourd'hui 8-)
AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHH
COUCOU
BON RETOUR



Bon, même si, effectivement, tu n'as pas nécessairement à te justifier pour ton absence (et que me doutais qu'il y avait quelque chose de plus sérieux qu'une simple perte de motiv), c'est gentil à toi de prendre le temps d'expliquer, même sans rentrer dans les détails. Et l'important c'est pas tant les Surplombs, mais ta santé de tous les points de vue, et je suis vraiment contente et soulagée que tu sois sur une pente ascendante ^-^
Tu as repris tes études en lettres du coup ou tu es parti vers d'autres horizons ? ;)

Y'a vraiment pas de soucis x') Puis je peux franchement pas te jeter la pierre, vu le temps que je mets à lire chaque chapitre... :oops:
Oh, tant mieux, si ça te fait plaisir, c'est encore plus cool :D
Ouais, tu m'étonnes, c'est normal ! L'avantage du recul que tu as sur l'univers et la narration, c'est que lors de la réécriture, tu vas pouvoir étoffer et disperser plein de détails/indices :)
Ashä, elle fait partie de ces figures charismatiques et féroces qui voguent sur l'Éclat, et apporter des précisions sur son passé et ses faiblesses participe évidemment à la rendre plus intéressante et attachante... Elle a aussi plus de duplicité qu'Angora et ça permet de bien les différencier, au cas où on les associerait pour leurs traits de caractère communs.
Ça se sent que tu aimes ça et tu le fais très bien, donc encore bravo :mrgreen: Ouais, tu as aussi la chance d'habituer une ville particulière et très marquée dans ses différents quartiers, comme tu dis ! (Je n'y suis passer que 2 fois et en coup de vent, il faudrait que je prenne un vrai temps pour visiter...)
Bien sûr, l'idée c'est d'avoir ton propre univers, et j'ai aucun doute là-dessus :D

À présent, je compte sur moi-même pour me bouger les fesses et vite lire les 2 chapitres qui me manquent !

A tout bientôt et courage pour tout ;)
Héhé, trop content de te lire ❤

Toujours en Lettre, j'essaye de valider ma licence et en parallèle je me fair des scéances aux divers centres d'orientations et ressources pour trouver un truc à faire après... le Master Métiers du livre qui continue ma licence est très sélectif (seulement 12 places) donc avec mon année 2019 à vide et mes redoublements j'ai aucune chance d'y être accepté. Donc je cherche autre chose, et je ne m'interdit plus de partir de Montpellier :)

Mon temps pour lire TES chapitres est pharaonique donc CHUT tu es une lectrice fanboy à côté de moi ! XD

Niveau ville je suis passé à Grenoble deux jours là (vendredi et samedi) et c'est super comme ville y'a des bâtiments de trois époques (19e, années 50/60, et très moderne) qui sont côte-à-côté à plein d'endroit de la ville c'est très étrange mais sympa (et ils ont un funiculaire... j'ADORE les funiculaires)

Merci beaucoup ❤
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Héhé, trop content de te lire ❤

Toujours en Lettre, j'essaye de valider ma licence et en parallèle je me fair des scéances aux divers centres d'orientations et ressources pour trouver un truc à faire après... le Master Métiers du livre qui continue ma licence est très sélectif (seulement 12 places) donc avec mon année 2019 à vide et mes redoublements j'ai aucune chance d'y être accepté. Donc je cherche autre chose, et je ne m'interdit plus de partir de Montpellier :)

Mon temps pour lire TES chapitres est pharaonique donc CHUT tu es une lectrice fanboy à côté de moi ! XD

Niveau ville je suis passé à Grenoble deux jours là (vendredi et samedi) et c'est super comme ville y'a des bâtiments de trois époques (19e, années 50/60, et très moderne) qui sont côte-à-côté à plein d'endroit de la ville c'est très étrange mais sympa (et ils ont un funiculaire... j'ADORE les funiculaires)

Merci beaucoup ❤
D'acc, chouette ! :D
Oh... Tu candidateras quand même ? Car ta force serait justement de valoriser cette année "à vide" (c'est jamais complètement vide) pour affirmer que ça t'a permis plus que jamais de prendre du recul sur toi-même et tes envies... Car ton objectif pro, pour l'instant, ce serait de partir dans les métiers du livre ? (peu importe le métier ou t'as une idée quand même ?) Et, comme tu dis, il y a des masters ressemblants dans d'autres villes ? ^^

Nan mais ne te sens absolument pas dans l'obligation d'y jeter un coup d’œil, hein :o

Alors Grenoble, j'y ai débarqué cette année pour ma poursuite d'étude et si ça me plaît pas mal car c'est pas loin de chez moi et que y'a des similarités avec Lyon (où j'ai vécu depuis toujours), ça reste une ville assez fade je trouve :lol: (juste pour être passée en coup de vent à Montpellier, par exemple, je trouve que ça a plus de "caractère", ça m'a plus marquée... Bref, on peut parler ville, ça me dérange pas, mais pas sûre que tu aies envie de polluer ton sujet avec ça :roll: )
(Le funiculaire, c'est sympa, c'est vrai :lol: Tu as fait "les bulles" autrement ? ;) )
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :
dark-vince a écrit : Héhé, trop content de te lire ❤

Toujours en Lettre, j'essaye de valider ma licence et en parallèle je me fair des scéances aux divers centres d'orientations et ressources pour trouver un truc à faire après... le Master Métiers du livre qui continue ma licence est très sélectif (seulement 12 places) donc avec mon année 2019 à vide et mes redoublements j'ai aucune chance d'y être accepté. Donc je cherche autre chose, et je ne m'interdit plus de partir de Montpellier :)

Mon temps pour lire TES chapitres est pharaonique donc CHUT tu es une lectrice fanboy à côté de moi ! XD

Niveau ville je suis passé à Grenoble deux jours là (vendredi et samedi) et c'est super comme ville y'a des bâtiments de trois époques (19e, années 50/60, et très moderne) qui sont côte-à-côté à plein d'endroit de la ville c'est très étrange mais sympa (et ils ont un funiculaire... j'ADORE les funiculaires)

Merci beaucoup ❤
D'acc, chouette ! :D
Oh... Tu candidateras quand même ? Car ta force serait justement de valoriser cette année "à vide" (c'est jamais complètement vide) pour affirmer que ça t'a permis plus que jamais de prendre du recul sur toi-même et tes envies... Car ton objectif pro, pour l'instant, ce serait de partir dans les métiers du livre ? (peu importe le métier ou t'as une idée quand même ?) Et, comme tu dis, il y a des masters ressemblants dans d'autres villes ? ^^

Nan mais ne te sens absolument pas dans l'obligation d'y jeter un coup d’œil, hein :o

Alors Grenoble, j'y ai débarqué cette année pour ma poursuite d'étude et si ça me plaît pas mal car c'est pas loin de chez moi et que y'a des similarités avec Lyon (où j'ai vécu depuis toujours), ça reste une ville assez fade je trouve :lol: (juste pour être passée en coup de vent à Montpellier, par exemple, je trouve que ça a plus de "caractère", ça m'a plus marquée... Bref, on peut parler ville, ça me dérange pas, mais pas sûre que tu aies envie de polluer ton sujet avec ça :roll: )
(Le funiculaire, c'est sympa, c'est vrai :lol: Tu as fait "les bulles" autrement ? ;) )
Franchement je ne sais pas si j'ai envie d'aller en master :lol: Je sais pas trop ce que j'ai envie de faire après la licence :roll:
Lyon j'ai bien aimé, y'a du caractère c'est sûr. Grenoble je dirais pas que c'est fade, y'a des montagnes quand même :o Mais ça manque d'un centre-ville ancien et "médiéval", y compris de la lumière qu'il y a à Montpellier qui colore beaucoup les bâtiments... mais je ne dirais pas que c'est fade :ugeek: (et oui il y a des points communs avec Lyon, ne serait-ce que le grand parc, et aussi surtout cette façon de colorer les façades des immeubles anciens avec des couleurs saumons-fades (j'aime pas) :twisted: ). Ce qui change c'est surtout la lumière : même par beau temps ça n'"éclate" pas, mais ça a aussi du charme de ce que j'ai vu

Ahah très bien arrêtons de parler ville ! :lol:
En ce moment je commence à réfléchir à des règles de jeu de plateau pour jouer aux Surplombs... je vais essayer de mettre la main sur un logiciel pour avancer là-dessus... j'en dirais plus à moment :mrgreen:
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Je traîne un peu... mais t'en fais pas, je vais lire et continuer à suivre ! Hasta la victoria, siempre !
Me remercier, c'est pas vraiment indispensable, pour moi c'est un plaisir de suivre certaines histoires et les jeunes écrivains qui se cachent derrière. Et ça fait longtemps que je ne l'ai pas écrit, mais Coline @louji et toi, humanistes comme vous êtes, et avec votre talent, je vous aime particulièrement. D'autres aussi, mais avec vous on est un peu plus proches.
Alors, gros bisous et je vais me replonger (faut que je relise un peu en arrière...) dans l'histoire de Yulia !
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit : Franchement je ne sais pas si j'ai envie d'aller en master :lol: Je sais pas trop ce que j'ai envie de faire après la licence :roll:
Lyon j'ai bien aimé, y'a du caractère c'est sûr. Grenoble je dirais pas que c'est fade, y'a des montagnes quand même :o Mais ça manque d'un centre-ville ancien et "médiéval", y compris de la lumière qu'il y a à Montpellier qui colore beaucoup les bâtiments... mais je ne dirais pas que c'est fade :ugeek: (et oui il y a des points communs avec Lyon, ne serait-ce que le grand parc, et aussi surtout cette façon de colorer les façades des immeubles anciens avec des couleurs saumons-fades (j'aime pas) :twisted: ). Ce qui change c'est surtout la lumière : même par beau temps ça n'"éclate" pas, mais ça a aussi du charme de ce que j'ai vu

Ahah très bien arrêtons de parler ville ! :lol:
En ce moment je commence à réfléchir à des règles de jeu de plateau pour jouer aux Surplombs... je vais essayer de mettre la main sur un logiciel pour avancer là-dessus... j'en dirais plus à moment :mrgreen:
D'acc ! Après y'a rien de choquant à se lancer dans la vie pro avec ta licence puis éventuellement revenir au master quelques années plus tard si tu en ressens le besoin ;) (tu serais loin d'être le 1er à y faire...)

C'est pas fade, fade, évidemment, parce que c'est habité déjà :lol: Mais disons qu'effectivement ça n'a pas eu l'attrait que d'autres villes ont pu avoir sur moi ^^ Les montagnes, je suis habituée à les voir depuis toute petite donc je les remarque moins :lol: (comme toi avec la mer j'imagine ;) ).
La lumière, on peut remercier les montagnes justement hein :lol: C'est une cuvette Grenoble, donc pollué et pas très lumineux :roll: J'ai envie d'être dans le sud là, c'est bon :(

Wow, stylé ! J'avoue que j'ai du mal à voir la forme que ça pourrait prendre, mais je te fais entièrement confiance :D (un jeu de stratégie pour gagner des territoires ?)


DanielPagés a écrit :Je traîne un peu... mais t'en fais pas, je vais lire et continuer à suivre ! Hasta la victoria, siempre !
Me remercier, c'est pas vraiment indispensable, pour moi c'est un plaisir de suivre certaines histoires et les jeunes écrivains qui se cachent derrière. Et ça fait longtemps que je ne l'ai pas écrit, mais Coline @louji et toi, humanistes comme vous êtes, et avec votre talent, je vous aime particulièrement. D'autres aussi, mais avec vous on est un peu plus proches.
Alors, gros bisous et je vais me replonger (faut que je relise un peu en arrière...) dans l'histoire de Yulia !
Merci Danou ♥ Pour ma part, tu as clairement été l'un des moteurs encourageants et de confiance concernant l'écriture... Toujours un plaisir de pouvoir en parler avec toi, d'avoir un interlocuteur tout aussi passionné en face de soi, qu'on ne rencontre pas forcément dans son entourage ;)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Animia8 »

Aloha !

Eh oui c'est bien moi, je ne suis pas morte contrairement à ce qu'on pensait :lol:
Après avoir fait mon grand retour sur Booknode, je me suis dis qu'il serait temps de me mettre à jour quant aux histoire que je suivais autrefois sur le forum ;)
Et pif paf pouf me revoilà après une absence prolongée de plusieurs mois (oh je crois que ça se compte en années) et apparemment tu n'as pas chômé pendant tout ce temps ! J'ai enfin fini de tout lire donc permets-moi de te donner mon humble avis sur ton oeuvre :mrgreen:
Merci d'avoir continué à m'informer de tes avancées bien que je n'aie jamais répondu :oops:


Well, well, well 8-)

Premièrement, je ne peux que féliciter la manière dont tu t'appliques et t'impliques dans ton projet (en même temps si tu souhaites le faire éditer, il vaut mieux y mettre du temps :D). Forcément avec toute l'énergie que tu y mets ça ne peut que être bénéfique.
Ton écriture est très diversifiée, fluide et facile à lire. J'ai parfois l'impression que tu décris des scènes cinématographiques :lol:
On a dès le début envie de suivre Yulia dans les aventures dont elle rêve, forcément l'univers (très complet par ailleurs) que tu as créé donne l'eau à la bouche (fin quoi, des bateaux volants ???). D'ailleurs, j'ai bien cru qu'elle ne quitterait jamais son Surplomb, cette pauvre petite Yulia, mais le début est important pour mettre en place tout le contexte.
L'univers que tu as créé est plein de créativité et d'idées sympathiques (j'aime bien le steampunk) D'ailleurs en parlant de steam j'aime beaucoup le culte que tu as créé autour de la vapeur et son importance.
Les évènements se déroulent de manière fluide et tu prends du temps dans ton écriture, ce qui est plutôt agréable bien que à certains moments un peu longuet.
Toutes les réactions des personnages et les dialogues sont très crédibles, ce qu'on ne retrouve pas tout le temps dans un texte fantasy, j'apprécie ! Tes personnages sont très complets et caractérisés, parfois même un peu caricaturaux sksks
En passant on n'a pas beaucoup d'indications physiques sur Yulia, c'est dommage. J'adore Asha et Irïllan (ai-je bien orthographié leurs prénoms ?), Irïllan me fait un peu penser à Dick-Tale mais en plus mature et moins démonstratif ! Bien-évidemment comment ne pas parler d'Angora, cette combattante qui paraît si robuste dans les premiers temps et en laquelle on découvre un personnage sentimental et tourmenté au fils des chapitres. Sans ômettre le reste du personnel de l'Eclat bien-sûr : qui aurait cru d'un équipage de pirates "barbares" étaient en réalité si attachants (chacun à leur manière évidemment...) et dignes de confiance (bon pas tous, ok) !

Bref je n'irai pas plus dans les détails puisque je commente sur tout ce que tu as posté jusqu'à maintenant, et puis si je le faisais ce serait trop trop long :roll:
J'attends avec impatience la suite !

Bon courage :p
Littérairement vôôôôtreu

Ani'
Dernière modification par Animia8 le jeu. 20 févr., 2020 1:08 pm, modifié 1 fois.
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Bon ! j'ai relu les cinq derniers chapitres (ou les cinq dernières publications) et c'est déjà énorme ! Plus de 100 000 signes déjà pour les ch 21 & 22 :shock:
Je me suis aperçu que je n'avais pas lu le 21... et que j'attendais toujours de savoir ce qui allait se passer pendant le fameux bal. Honte sur moi !
Le bal, je l'ai trouvé un peu long. Comme l'angoisse te serre la gorge parce que tu t'attends à ce qu'il arrive un malheur ou au moins un gros ennui, ça fait une longue tension ! Quel milieu immonde tu as imaginé là ! (Remarque dans les hautes sphères françaises on est pas mal non plus !)
Le 22 avec ses rendez-vous galants est plus vivant. Bien sûr on attend, on espère, on prie tous les dieux que Yulia donne enfin un coup de genou sauvage dans les ... (je peux ? oui on est entre grands enfants, ici ! :lol: ) couilles du gros lourd... mais bon, la vie est rarement parfaite ! :lol: Heureusement la poutre vient arranger les choses !

Côté orthographe, il y a quelques ratés sur les mots en é, ée, er

Et, pour répondre à ton commentaire, ça a toujours été un grand plaisir de te lire et de te soutenir.
Allez ! continue ! et si t'as besoin, je suis là...
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap... ? [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :
dark-vince a écrit : Franchement je ne sais pas si j'ai envie d'aller en master :lol: Je sais pas trop ce que j'ai envie de faire après la licence :roll:
Lyon j'ai bien aimé, y'a du caractère c'est sûr. Grenoble je dirais pas que c'est fade, y'a des montagnes quand même :o Mais ça manque d'un centre-ville ancien et "médiéval", y compris de la lumière qu'il y a à Montpellier qui colore beaucoup les bâtiments... mais je ne dirais pas que c'est fade :ugeek: (et oui il y a des points communs avec Lyon, ne serait-ce que le grand parc, et aussi surtout cette façon de colorer les façades des immeubles anciens avec des couleurs saumons-fades (j'aime pas) :twisted: ). Ce qui change c'est surtout la lumière : même par beau temps ça n'"éclate" pas, mais ça a aussi du charme de ce que j'ai vu

Ahah très bien arrêtons de parler ville ! :lol:
En ce moment je commence à réfléchir à des règles de jeu de plateau pour jouer aux Surplombs... je vais essayer de mettre la main sur un logiciel pour avancer là-dessus... j'en dirais plus à moment :mrgreen:
D'acc ! Après y'a rien de choquant à se lancer dans la vie pro avec ta licence puis éventuellement revenir au master quelques années plus tard si tu en ressens le besoin ;) (tu serais loin d'être le 1er à y faire...)

C'est pas fade, fade, évidemment, parce que c'est habité déjà :lol: Mais disons qu'effectivement ça n'a pas eu l'attrait que d'autres villes ont pu avoir sur moi ^^ Les montagnes, je suis habituée à les voir depuis toute petite donc je les remarque moins :lol: (comme toi avec la mer j'imagine ;) ).
La lumière, on peut remercier les montagnes justement hein :lol: C'est une cuvette Grenoble, donc pollué et pas très lumineux :roll: J'ai envie d'être dans le sud là, c'est bon :(

Wow, stylé ! J'avoue que j'ai du mal à voir la forme que ça pourrait prendre, mais je te fais entièrement confiance :D (un jeu de stratégie pour gagner des territoires ?)


DanielPagés a écrit :Je traîne un peu... mais t'en fais pas, je vais lire et continuer à suivre ! Hasta la victoria, siempre !
Me remercier, c'est pas vraiment indispensable, pour moi c'est un plaisir de suivre certaines histoires et les jeunes écrivains qui se cachent derrière. Et ça fait longtemps que je ne l'ai pas écrit, mais Coline @louji et toi, humanistes comme vous êtes, et avec votre talent, je vous aime particulièrement. D'autres aussi, mais avec vous on est un peu plus proches.
Alors, gros bisous et je vais me replonger (faut que je relise un peu en arrière...) dans l'histoire de Yulia !
Merci Danou ♥ Pour ma part, tu as clairement été l'un des moteurs encourageants et de confiance concernant l'écriture... Toujours un plaisir de pouvoir en parler avec toi, d'avoir un interlocuteur tout aussi passionné en face de soi, qu'on ne rencontre pas forcément dans son entourage ;)
Oui clairement, faut pas que j'ai peur d'avoir une "carrière" pas linéaire ^^ merci

Ouais j'ai envie de faire un jeu de plateau, un risque mais plus compliqué avec une grande taaaaaaable et des Flottes entières et des routes commerciales et des cartes d'évènements et des et des et des *débranchez moi* :roll: En vrai du coup j'ai installé un jeu steam sur conseil d'un ami qui fait de la prog de jeux : tabletop simulateur, et je vais teste avec lui de configurer des règles et quelques visuels, voir si on peut avoir une beta jouable en virtuel... Enfin bon, je ne me fais pas d'illusion, ça sera jouable dans 3-4 ans hein XD Le précédent jeu qu'on a fait avec des potes, entre les premières esquisses et une version jouable, il s'est passé 2 ans, et là je compte bosser tout seul :roll:

Danou je me joins à Louji sur ce coup, mais tu le sais ♥
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Animia8 a écrit :Aloha !

Eh oui c'est bien moi, je ne suis pas morte contrairement à ce qu'on pensait :lol:
Après avoir fait mon grand retour sur Booknode, je me suis dis qu'il serait temps de me mettre à jour quant aux histoire que je suivais autrefois sur le forum ;)
Et pif paf pouf me revoilà après une absence prolongée de plusieurs mois (oh je crois que ça se compte en années) et apparemment tu n'as pas chômé pendant tout ce temps ! J'ai enfin fini de tout lire donc permets-moi de te donner mon humble avis sur ton oeuvre :mrgreen:
Merci d'avoir continué à m'informer de tes avancées bien que je n'aie jamais répondu :oops:


Well, well, well 8-)

Premièrement, je ne peux que féliciter la manière dont tu t'appliques et t'impliques dans ton projet (en même temps si tu souhaites le faire éditer, il vaut mieux y mettre du temps :D). Forcément avec toute l'énergie que tu y mets ça ne peut que être bénéfique.
Ton écriture est très diversifiée, fluide et facile à lire. J'ai parfois l'impression que tu décris des scènes cinématographiques :lol:
On a dès le début envie de suivre Yulia dans les aventures dont elle rêve, forcément l'univers (très complet par ailleurs) que tu as créé donne l'eau à la bouche (fin quoi, des bateaux volants ???). D'ailleurs, j'ai bien cru qu'elle ne quitterait jamais son Surplomb, cette pauvre petite Yulia, mais le début est important pour mettre en place tout le contexte.
L'univers que tu as créé est plein de créativité et d'idées sympathiques (j'aime bien le steampunk) D'ailleurs en parlant de steam j'aime beaucoup le culte que tu as créé autour de la vapeur et son importance.
Les évènements se déroulent de manière fluide et tu prends du temps dans ton écriture, ce qui est plutôt agréable bien que à certains moments un peu longuet.
Toutes les réactions des personnages et les dialogues sont très crédibles, ce qu'on ne retrouve pas tout le temps dans un texte fantasy, j'apprécie ! Tes personnages sont très complets et caractérisés, parfois même un peu caricaturaux sksks
En passant on n'a pas beaucoup d'indications physiques sur Yulia, c'est dommage. J'adore Asha et Irïllan (ai-je bien orthographié leurs prénoms ?), Irïllan me fait un peu penser à Dick-Tale mais en plus mature et moins démonstratif ! Bien-évidemment comment ne pas parler d'Angora, cette combattante qui paraît si robuste dans les premiers temps et en laquelle on découvre un personnage sentimental et tourmenté au fils des chapitres. Sans ômettre le reste du personnel de l'Eclat bien-sûr : qui aurait cru d'un équipage de pirates "barbares" étaient en réalité si attachants (chacun à leur manière évidemment...) et dignes de confiance (bon pas tous, ok) !

Bref je n'irai pas plus dans les détails puisque je commente sur tout ce que tu as posté jusqu'à maintenant, et puis si je le faisais ce serait trop trop long :roll:
J'attends avec impatience la suite !

Bon courage :p
Littérairement vôôôôtreu

Ani'
Houlàlà déjà désolé du temps que j'ai mis à répondre :shock: j'ai lu ton message très vite mais j'ai attendu d'avoir finis mon boulot en cours pour me poser et y répondre ^^' (ça a mis plus de temps que prévu, j'ai du mal à me remettre à la fac :roll: )
Un énorme merci et super super super heureux de te revoir !! :o ça me fait trop plaisir :mrgreen:
J'aime beaucoup ce que j'ai fait avec Cathuba et, même si je compte tout retravailler avant d'envoyer à des éditeurs, j'espère réussir à garder les points forts de ce début du roman car, comme tu dis, c'est important pour poser le contexte (il faut que j'en pose plus, y compris introduire la politique plus tôt, uuuuuuh) mais aussi pour caractériser Yulia et son enfance que je veux qu'on capte comme plutôt heureuse :)
Oui c'est longuet, notamment la partie 2 que... arf, il faut que je la réécrive presque entièrement, que j'y ajoute des péripéties et quelques trucs pour que ce soit plus équilibré.
Ahah les personnages un peu caricaturaux c'est marrant :mrgreen: Mais c'est une ligne tendue, et je me questionne beaucoup sur certains aspects de certains personnages, à savoir que j'ai mis beaucoup de choses car je trouvais que c'était "cool", mais qu'est-ce qui motive ce "cool"... pour beaucoup je pense que ça passe, mais par exemple pour Ashä son côté "beauté exotique et sauvage" me gêne de plus en plus et je vais sans doute réécrire ça pour que ça soit moins une sorte de fétichisation raciste involontaire :roll: (je pense que c'est déjà moins le cas dans la troisième partie)
Si on a pas beaucoup d'indications physiques sur Yulia, c'est qu'au départ... je ne savais pas trop comment faire sans que ça paraisse forcé dans la narration. Et puis aussi je ne savais pas trop quels mots employés pour ne pas paraître raciste : son père est typé "européens-espagnol" (son nom parle pour lui non ?) mais sa mère est native de la Bérudie qui est inspirée du magreb. Notamment les cheveux de Yulia son plutôt secs et crépus, mais culturellement on utilise des huiles, et c'est quelque chose que j'aurais pu essayer de pousser dans le texte pour amener ce point (exemple : "Elle avait les mêmes cheveux que sa mère, secs et crépus, qui abimaient les peines ; mais Marisa avait appris les soins traditionnels de la Bérudie et elle les lui enduisaient d'huile deux fois par semaines") Bref, j'y réfléchis beaucoup pour la réécriture ! :mrgreen: En général, pour les descriptions d'ethnicité j'ai tendance à me reposer beaucoup pour la consonance des noms, mais je vais parfois au-delà et il y a des trucs que je regrette d'avoir écrit (comme Hikari que je décris avec des "yeux bridés" :evil: quel enfeeeer y'a pas plus cliché et inapproprié pour décrire une personne asiatique)
Irïllan on m'a fait remarqué que j'écrivais pas toujours son nom de la même façon... donc euh bah sens-toi libre de l'orthographié comme tu veux :lol:

Merci beaucoup beaucoup ❤
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Bon ! j'ai relu les cinq derniers chapitres (ou les cinq dernières publications) et c'est déjà énorme ! Plus de 100 000 signes déjà pour les ch 21 & 22 :shock:
Je me suis aperçu que je n'avais pas lu le 21... et que j'attendais toujours de savoir ce qui allait se passer pendant le fameux bal. Honte sur moi !
Le bal, je l'ai trouvé un peu long. Comme l'angoisse te serre la gorge parce que tu t'attends à ce qu'il arrive un malheur ou au moins un gros ennui, ça fait une longue tension ! Quel milieu immonde tu as imaginé là ! (Remarque dans les hautes sphères françaises on est pas mal non plus !)
Le 22 avec ses rendez-vous galants est plus vivant. Bien sûr on attend, on espère, on prie tous les dieux que Yulia donne enfin un coup de genou sauvage dans les ... (je peux ? oui on est entre grands enfants, ici ! :lol: ) couilles du gros lourd... mais bon, la vie est rarement parfaite ! :lol: Heureusement la poutre vient arranger les choses !

Côté orthographe, il y a quelques ratés sur les mots en é, ée, er

Et, pour répondre à ton commentaire, ça a toujours été un grand plaisir de te lire et de te soutenir.
Allez ! continue ! et si t'as besoin, je suis là...
Ahahah, c'est affreux oui je suis inarrêtable dans la longueur ! :lol: :twisted: Sérieusement je devrais faire moins mais c'est difficile :roll: Là par exemple, j'ai envoyé un chapitre en correction chez Enora... mais euh il y a un segment qui devait y figurer qui a... uh... été ralongé et que j'hésite à faire en chapitre à part entière :cry: Du coup il devait rester trois chapitres, il y en aura peut-être quatre... (et ce juste pour la troisième partie...)
Oui c'est vrai, et au final il n'arrive rien de "dramatique", c'est un peu aller contre une attente du lecteur, mais je suis content de ce que j'y introduit, et notamment des personnages qu'on va revoir :mrgreen:
Oui lui LATTER LES COUILLES ! Disons-le !! :evil: :twisted:
Pour le coup j'ai vraiment prit un énorme plaisir à écrire ce passage ^^ (:O Mais je me questionnais sur le traitement (correcte ou pas, trop léger ou pas assez, respectueux ou non...) de l'agression du pdv d'une femme, du sexiste et la menace du viol... Et pour le coup Enora m'a beaucoup rassuré là-dessus, disant que le traitement lui paraissait plutôt juste et que ce n'était pas déplacé de ma part de traiter ça. Et je n'hésiterais pas à redemander une expertise féminine si la situation se représente, car je veux tout sauf me complaire à traiter de culture du viol et de féminisme qui ne me concerne pas et sur lequel je pourrais avoir un propos foireux.

Oupsi, l'orthographe, on verra ça la prochaine fois :?
Je sais que tu es là et c'est le plus beau soutient que je puisse avoir ♥ Merci Danou !
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Animia8 »

dark-vince a écrit : Houlàlà déjà désolé du temps que j'ai mis à répondre :shock: j'ai lu ton message très vite mais j'ai attendu d'avoir finis mon boulot en cours pour me poser et y répondre ^^' (ça a mis plus de temps que prévu, j'ai du mal à me remettre à la fac :roll: )
Un énorme merci et super super super heureux de te revoir !! :o ça me fait trop plaisir :mrgreen:
J'aime beaucoup ce que j'ai fait avec Cathuba et, même si je compte tout retravailler avant d'envoyer à des éditeurs, j'espère réussir à garder les points forts de ce début du roman car, comme tu dis, c'est important pour poser le contexte (il faut que j'en pose plus, y compris introduire la politique plus tôt, uuuuuuh) mais aussi pour caractériser Yulia et son enfance que je veux qu'on capte comme plutôt heureuse :)
Oui c'est longuet, notamment la partie 2 que... arf, il faut que je la réécrive presque entièrement, que j'y ajoute des péripéties et quelques trucs pour que ce soit plus équilibré.
Ahah les personnages un peu caricaturaux c'est marrant :mrgreen: Mais c'est une ligne tendue, et je me questionne beaucoup sur certains aspects de certains personnages, à savoir que j'ai mis beaucoup de choses car je trouvais que c'était "cool", mais qu'est-ce qui motive ce "cool"... pour beaucoup je pense que ça passe, mais par exemple pour Ashä son côté "beauté exotique et sauvage" me gêne de plus en plus et je vais sans doute réécrire ça pour que ça soit moins une sorte de fétichisation raciste involontaire :roll: (je pense que c'est déjà moins le cas dans la troisième partie)
Si on a pas beaucoup d'indications physiques sur Yulia, c'est qu'au départ... je ne savais pas trop comment faire sans que ça paraisse forcé dans la narration. Et puis aussi je ne savais pas trop quels mots employés pour ne pas paraître raciste : son père est typé "européens-espagnol" (son nom parle pour lui non ?) mais sa mère est native de la Bérudie qui est inspirée du magreb. Notamment les cheveux de Yulia son plutôt secs et crépus, mais culturellement on utilise des huiles, et c'est quelque chose que j'aurais pu essayer de pousser dans le texte pour amener ce point (exemple : "Elle avait les mêmes cheveux que sa mère, secs et crépus, qui abimaient les peines ; mais Marisa avait appris les soins traditionnels de la Bérudie et elle les lui enduisaient d'huile deux fois par semaines") Bref, j'y réfléchis beaucoup pour la réécriture ! :mrgreen: En général, pour les descriptions d'ethnicité j'ai tendance à me reposer beaucoup pour la consonance des noms, mais je vais parfois au-delà et il y a des trucs que je regrette d'avoir écrit (comme Hikari que je décris avec des "yeux bridés" :evil: quel enfeeeer y'a pas plus cliché et inapproprié pour décrire une personne asiatique)
Irïllan on m'a fait remarqué que j'écrivais pas toujours son nom de la même façon... donc euh bah sens-toi libre de l'orthographié comme tu veux :lol:

Merci beaucoup beaucoup ❤

Toujours difficile de trouver du temps pendant ses études hein :lol:

Je suis moi aussi super contente d’enfin avoir tout terminé et pouvoir donner mon avis ♥

Pour ce qui est de Cathuba, si tu comptes la rallonger un peu je te conseillerais peut être de rajouter quelques événements qui ajoutent de l’action dans l’histoire, parce que je pense que va risque de décourager (Pour ne pas dire paumer) un peu les lecteurs. Tu as quand même raison sur le point de la politique : j’ai trouvé que sa présence manquait un peu dans la première partie même s’il n’est pas super dérangeant de l’introduire plus tard.
Pour Asha si ça peut te rassurer je ne l’ai pas du tout ressenti comme ça :lol: mais à toi de voir ce que tu comptes faire de tes personnages, pour l’instant je les trouve très bien. Pour Hikari il est vrai que j’ai un peu tiqué sur la description (mais bon en même temps je suis super sensible sur ce sujet lol) et après je me suis rendue compte que ça n’avait rien de raciste puisque beaucoup d’asiatiques ont en effet les yeux bridés. Si tu veux quand même essayer de le faire passer plus facilement je te conseille le formulation « les yeux en amande » ;) Et en effet, on devine légèrement les origines de Yulia par contre la description que tu me fais là n’a rien à voir avec ce que je m’imaginais ! :lol: Tu pourrais peut être faire la description de Yulia quand tu passes sous le point de vue d’une autre personne, par exemple Angora la décrit quand elle interagit avec elle ou bien une autre personne de l’Éclat.

Bonne continuation ;)
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Tu évoques dans ton dernier post un problème majeur de notre société et de notre littérature : la censure... ou plutôt les nouvelles censures et l'autocensure qui permet d'y échapper. C'est un problème, au point que le Centre régional du livre (qui s'appelle maintenant Occitanie livre et lecture) y a consacré des journées de réflexion et la totalité de son bulletin de fin 2019. (on peut le lire en ligne là : https://fr.calameo.com/read/00363818691 ... q49CNCstHc)


Pour moi, si le respect est important, la non-utilisation de certains mots ou expressions, n'efface pas les problèmes. Au contraire, elle occulte ou empêche souvent le débat. Pourquoi s'interdire de décrire Asha avec un côté "beauté exotique et sauvage" de peur de passer pour un affreux "fétichiste raciste". Ashä est ce qu'elle est et que l'on soit fasciné par sa beauté sauvage est tout à fait naturel et le côté exotique qui nous attire souvent est une stratégie de la nature pour mélanger les gênes. Pour moi ce n'est jamais un mot ou une phrase qui sont racistes, c'est la tonalité globale d'un texte.
Les yeux "bridés"... ben c'est comme ça qu'on décrit les asiatiques depuis des siècles. Alors, bien sûr, j'allais te proposer "les yeux en amande" (plus joli) mais Animia m'a devancé ! :lol: Mais pour moi ça n'a rien de raciste ni d'irrespectueux. C'est seulement une simplification pour décrire des yeux très différents en fonction des ethnies ou des individus.
On a tous notre couleur de peau notre forme de visage, nos cheveux différents, nos yeux... etc.
Quant aux cheveux de Yulia... j'avoue que je l'aime tellement cette gamine que je ne me suis jamais demandé à quoi ressemblaient ses cheveux. Mais en quoi avoir les cheveux "crépus" (plus l'Afrique noire que le Maghreb qui a des cheveux davantage bouclés ou frisés) serait un ennui qu'il faudrait soigner avec de l'huile... sauf que tous les matins c'est galère pour les lui peigner et qu'elle hurle ! (oui, j'ai été un spécialiste pour faire hurler une gamine dès que je prenais la brosse ! :lol: )

Je crois qu'il va falloir arrêter un jour (d'avoir peur et) de s'accuser de racisme, de sexisme et de tas d'autres choses lorsqu'on écrit, et de faire la guerre aux mots au lieu de la faire aux idées.

Et ne jamais oublier qu'un texte est l'occasion de débattre (débat interne dans la tête du lecteur ou ouvert au monde) et de réfléchir. Le racisme, le sexisme, ..., ce sont des milliers d'années de "civilisation" que l'on porte sur nos épaules, ils font partie des profondeurs de notre pensée depuis toujours. A nous d'avoir une vision claire de notre âme et de l'exprimer dans nos écrits.

Ne croyez pas que dans ma tête tout est clair, je me pose aussi ce genre de questions lorsque j'écris... surtout que j'ai écrit pas mal d'aventures qui se passent au 19e et évoquent l'esclavage...
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Ahah mince en effet c'est parti en débat tout ça x)
Je vais pas répondre dans le détail car c'est plutôt complexe comme ensemble de questions et (heureusement) souvent les réponses ne sont pas à 100% tranchés, dans le tout se permettre de dire ou le tout s'empêcher de dire.
Cependant, je ne suis pas d'accord Danou, je pense qu'au contraire c'est important de se confronter régulièrement aux questions "est-ce que ce que je fais là est raciste ?". Et malheureusement je pense pas que l'intention soit un bon moyen d'être certain de ne pas être raciste ^^' Un texte parle tout autant (si ce n'est plus) dans sa réception que dans son intention, et c'est aussi à l'écrivain de déployer son humanité et son empathie pour, au lieu de dire "vous comprenez mal ce que je fais", orienter son travail vers "je comprends comment vous recevez ce que je fais, et c'est ce qui importe car j'écris pour être lu".
Au final, questionner l'orientalisme et ses questions politiques c'est chaud de ouf car ça touche à ce que (personnellement en tout cas) on a "naturellement envie d'écrire", et questionner ces envies d'écrire, qu'est-ce qui fait que ça me procure un sentiment d'exotisme, qu'est-ce qui fait que je trouve ça "cool" c'est essentiel si on ambitionne de créer en maitrisant son message et le propos de son œuvre (ce qui ne sera jamais à 100% le cas mais on peut s'en approcher)
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

Avant d'attaquer la lecture de ce chapitre, je dis juste un petit mot par rapport au questionnement des descriptions de persos... Je comprends aussi bien le PDV de Danou que le tien, Vince.
Pour ma part, je dirais que certains adjectifs ou expressions peuvent pas toujours s'appliquer à tes personnages ("beauté exotique" ou ce genre de chose) simplement car c'est se figer du PDV d'un personnage aux origines différentes. Yulia peut très bien être la beauté exotique d'Irïlan et ainsi de suite ! Dans ce cas-là, appliquer la méthode "Danou" ne me semble pas irrespectueuse ou déplacée : la curiosité pour une ethnie différente est propre à chaque ethnie.
Après, bien que tu t'inspires d'ethnies de notre chère Terre, tu restes dans un monde créé de toutes pièces par ton imaginaire. Le défi peut alors d'être d'apprendre à décrire ces ethnies d'après les caractéristiques globales de l'ethnie et en fonction des caractéristiques propres à un personnage donné. Les yeux en amande, ça marche bien et c'est vrai que ça accroche plus l'attention que de simples "yeux bridés". Si tu veux aller plus loin, tu peux t'amuser à décrire le placement de la paupière, la glabelle, le positionnement des coins internes et externes des yeux, leur taille... Les décrire ainsi te permettra de dépasser une description éventuellement ethnocentrée x') Puis quitte à être dans un monde imaginaire, tu peux aussi inventer de nouvelles ethnies... c'est rigolo et tu es sûr d'avoir une totale liberté !
Autrement, en ce qui concerne Yulia, j'ai aussi remarqué que c'était l'un des personnages dont on avait le moins de descriptions physiques, mais ça m'est complètement passé au-dessus de la tête au fil des chapitres. Certains personnages sont marqués par leur physique atypique (comme Angora avec ses cheveux rouge et son bras mécanique), donc ils ont une image plus forte en tête, mais Yulia fait partie de ses protagonistes dont le peu de description, à mes yeux, sert l'identification. Puis j'avais quand même en tête ses cheveux bouclés, grâce au dessin que tu avais un jour montré...
Dis donc, c'est vrai que ça donne envie de discuter tout ça... :D
Mais je file lire ! :evil:
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 20 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

(J'ai coupé des bouts du chapitre, je pouvais pas poster autrement :cry: :lol: )
dark-vince a écrit :
Chapitre 21 : le bal


De l’intérieur de sa cabine, Yulia jetait de petits coups d’œil anxieux à l’extérieur en entrouvrant les gros rideaux de velours. Le reste du temps, elle passait et repassait les doigts sur les plis de sa robe. Celle-ci, elle l’avait choisie entre trois modèles que Joshua et Margareth lui avaient apportés, insistant pour lui offrir une étoffe et ne jurant que par leur propre sens de la mode. Aucun principe n’avait pu la sauver de l’épreuve du corset. La pièce était en cuir, teinte d’un noir digne des pierres de chauffe, décorée à la main par des dorures reprenant les runes propre au Kharr Libe, un fameux récit mythologique Paamien. Ces attentions en faisaient une parure magnifique et désirable, à défaut d’être agréable à porter. Le corset enserrait une robe aux voiles safran, beige et cuivre, coupée droite et près du corps, sans manche. :arrow: Ptn, la robe a l'air trop belle T-T Horrible à porter, on s'entend, mais magnifique. Tu décris toujours aussi bien les vêtements, btw ! Sur les avant-bras, elle portait des bracelets en cuivre et, autour du cou, un collier du même métal, serré autour de sa gorge à la manière des reines de Saqqarah. Nora aurait sans doute trouvé, à raison, qu’il s’agissait là d’une tenue magnifique qui symbolisait parfaitement l’esprit des Alvez et de leur Surplomb de Fezzan, mais Yulia ne pouvait s’empêcher de se sentir piéger dans cette armure pour Dame, le torse emprisonné, la gorge serrée par un lien de métal.


De long :arrow: longS tapis rouges s’écoulaient comme des cascades du haut perron, dévalant la série de marches dans trois directions différentes jusqu’à atteindre l’endroit où les invités descendaient de leur cabine. Il se pressait sur ces tapis une petite foule de nobles, impatiente d’entrer à la fête. Au niveau de la porte, trois majordomes accueillaient les participants au bal pendant qu’un lettré remplissait avec attention un registre qui devait contenir la liste des invitations. A ses côtés se tenait un beau jeune homme, aux dents trop blanches, ses cheveux sans couleur coiffés avec soin, vêtu d’un costume carmin à la dernière mode, une cape aux couleurs de l’amirauté de Cent-Port sur les épaules. Il distribuait les sourires et plaisantait gaiement avec les convives en attendant que le registre soit signé. Une fois cela fait, il ouvrait grand les bras et offrait à ses interlocuteurs d’entrer dans le Bastion. Ce petit numéro, il le répétait à tous ceux qui se présentaient, et tous acceptaient de feindre de rire et de partager sa complicité.


Nora Dihya Alvez avait obtenu une invitation pour sa personne, mais la lettre précisait qu’il lui était permis de se faire accompagner par deux serviteurs de son choix. Angora la suivait donc, en tant que son garde du corps. Avec Taylor, ils avaient bien réfléchi à déguiser un autre membre de l’Eclat mais… personne n’avait trouvé le courage de demander à Asha de jouer les soubrettes. :arrow: omg j'ai eu une sale image :lol: Du moins, pas après avoir ri une demi-heure durant à cette idée saugrenue.

La fille de Ford monta donc les marches, sous le regard attentif de toutes les personnes alentours. Certains, plus informés que d’autres, chuchotaient déjà le nom de son identité d’emprunt : « Nora Dihya Alvez ! ». Joshua et Margareth n’avaient pas menti, la rumeur la précédait.

Henry Riula Hackso l’accueillit avec le même sourire satisfait que ses autres invités. De près, elle put constater qu’il n’avait pas hérité des yeux rouges, caractéristiques des origines Arkadienne :arrow: arkadiennes, plutôt ;) Un(e) Arkadien(ne) est un habitant. Mais on dit des origines arkadiennes, un fromage arkadien... de sa famille. :arrow: Héhé, voilà les ethnies inventées... I like it :D Il raconta une blague qu’elle écouta à moitié et rit seul. Yulia, pétrifiée, craignait de perdre sa contenance à l’instant où elle ouvrirait la bouche. Lorsque le scribe réclama son nom, elle desserra à peine les lèvres et parla aussi vite qu’elle put. Il lui demanda de répéter distinctement et elle dut inspirer profondément pour ne pas perdre ses moyens. Quand le lettré fut satisfait, il inscrivit du bout de sa plume la mention « accueillie » à côté du nom de l’héritière de Fezzan. Henry, lui, ne semblait pas vexé de ne pas avoir été considéré. Il lui fit passer la porte, lui glissant à l’oreille :

— Bienvenue chez nous, mademoiselle Alvez. Si vous avez besoin de quoi que ce soit… venez me trouver à la porte.

La proposition fut entendue, à défaut d’être considérée. :arrow: Bim :lol:

Dans la galerie, les gens qui étaient passés avant elle s’attardaient quelques instants. C’était un couloir très large, illuminé par des plafonniers en porcelaine. Manifestement, les Hackso n’avaient pas vu en l’électricité une dépense futile : la moindre pièce de leur Bastion en semblait équipée. Avaient-ils leur propre générateur quelque part ? Ou bien les Hauts quartiers partageaient-ils un réseau ? Elle chassa bien vite ce genre de question : Yulia s’y intéressait, pas Nora. Et elle devait garder en tête son personnage avant tout.

De grands miroirs couvraient les murs opposés de la galerie, si bien que, lorsqu’on y marchait, une armée de sosie défilait à vos côtés. Quand elle s’en aperçut, Yulia eut envie de prendre ses jambes à son cou. Mais c’était peut-être pour ces miroirs que les nouveaux arrivants flânaient ici quelques instants : ils se regardaient, examinaient leur mine une dernière fois et, sous couvert de papotages, rassemblaient leur force avant d’entrer dans l’arène. La fille de Ford, elle, sentait que si elle ne sautait pas immédiatement à l’eau, elle n’en aurait plus jamais le courage. Elle allongea donc le pas, rentra la tête dans les épaules, et se borna à ne regarder que la porte entrebâillée qui donnait sur le grand hall.

Un majordome lui ouvrit un battant pour lui économiser le mouvement. Alors, elle fut dans la salle de bal.

Le Bastion tout entier paraissait organisé autour de cette pièce. Il s’agissait d’un gigantesque pentagone, couvert d’un parquet lustré et brillant, dont les murs s’élevaient sur trois étages jusqu’à atteindre une verrière démesurée aux couleurs éclatantes. Des portes gravées de scènes mythologiques se distinguaient sur trois des cinq murs du parterre tandis que dans les étages s’ouvraient des galeries aux colonnes de marbre rose. Le quatrième mur était occupé par une estrade sur laquelle un orchestre installait ses instruments. Le cinquième mur, par contre, sur l’intégralité de sa hauteur de quinze mètres, présentait une magnifique fresque de couché de soleil vu du Temple de la Victoire : on y reconnaissait les différents quartiers de la Capitale, son port, et jusqu’aux flèches graciles du palais impérial, sublimé par la lumière du couchant. Au centre du panorama, un drapeau aux proportions exagéré flottait au vent : il affichait ce que Yulia devina être l’emblème de la famille Hackso, un faucon albinos aux yeux enflammés.

Le moindre élément de la salle se révélait décoré de gravures et de fioritures, des murs au mobilier en passant par les six imposants lustres en cristal qui pendaient, suspendus par de lourdes chaînes fixées à la pierre du troisième étage. Des câbles électriques couraient le long de celles-ci pour alimenter la centaine d’ampoules qui éclairait l’orchestre, la piste de danse et les tables de repos.

Il n’y avait pas encore foule dans la salle de bal, seulement une vingtaine de personnages, sans compter les domestiques et les serviteurs qui s’affairaient pour les servir. Le couple de journaliste l’avait prévenue : « plus un noble se voit comme important, plus il arrive en retard ». Comme Yulia s’était immobilisée en entrant, une petite femme en habits de gouvernante s’approcha pour lui demander où elle souhaitait s’établir. Ne sachant guère quoi répondre, elle se laissa guider jusqu’à une petite table –à peine digne du titre de guéridon– où elle s’assit.

On lui demanda si elle désirait manger quelque chose. L’heure du dîner était passée depuis un petit moment et elle n’avait certainement pas envie de remplir cet estomac qui se retournait et se tordait à cause du stress :arrow: Pure observation personnelle et c'est du chipotage, promis, j'en fais pas trop ! Mais je trouve que c'est un mot qui dénote un peu dans le récit... Surtout quand le français regorge de mots pour le remplacer (anxiété, angoisse, appréhension...) ;) Mais c'est vraiment un détail insignifiant, surtout pour un mot qui entre de plus en plus dans le langage courant :) . Voyant que personne d’autre ne mangeait dans la salle, elle déclina la proposition. La domestique s’éloigna alors après lui avoir souri et s’être inclinée.

Angora se positionna juste derrière son épaule gauche, sans afficher la moindre émotion. Sa protégée s’était inquiétée de sa venue : et si elle croisait un autre Dragon Impérial et qu’elle était découverte ? Et si un Sénateur la reconnaissait ? La femme au bras d’acier ne s’alarmait pourtant pas : elle jurait que la teinture sur ses cheveux faisait illusion et que les lunettes empruntées à Taylor la rendaient invisible. Elle avait pu le vérifier : depuis qu’elle était descendue de la cabine, tout le monde avait regardé Nora, et personne n’avait fait attention à sa garde du corps. Cela semblait également faire partie du protocole de politesse : il n’était pas rare, dans le Bastion, de croiser des hommes d’armes chargés de la protection d’un noble, mais on les ignorait ostensiblement lorsque l’on se parlait.
Angora n’avait pas tort quand elle disait être invisible.

La fille de Ford aurait aimé bénéficier du même traitement. Depuis la table qu’on lui avait choisie, elle avait vu sur toute la pièce, mais l’inverse était également vrai et on s’intéressait à elle. Dès qu’elle croisait certains regards, cependant, ses observateurs détournaient les yeux et faisaient mine de s’intéresser à autre chose, sans arrêter pour autant de discuter avec leur troupe. Combien de ces petits groupes discutaient actuellement de Nora et de l’histoire des Alvez ? Elle n’avait aucun moyen de le savoir, mais espérait que les journalistes n’avaient pas trop bien fait leur travail.

Elle n’était pas la seule à s’être assise. A mesure que les nouveaux arrivants sortaient de la galerie, les chaises autour d’elle se remplissaient, sans pour autant que l’on ose occuper une place trop proche de la curiosité venue du sud. La piste de danse occupait les deux tiers de l’espace de la pièce, en son centre parfait. Tout autour s’étalait l’espace dédié aux tablées. Les gens se tenaient encore pour la plupart debout, aux bords du cercle central, quand leur hôte apparut pour la première fois.

Elle entendit distinctement quelqu’un s’exclamer :

— Voici le Sénateur !

Tous levèrent alors les yeux vers une galerie du deuxième étage. Malheureusement, Yulia se trouvait dos à la façade qu’ils fixaient tous. Elle eut beau se retourner sur sa chaise, elle ne vit rien car elle était trop proche du mur. Le Sénateur ne dit pas grand-chose –il dut se contenter de remuer la main– mais ses invités ôtèrent leurs chapeaux et levèrent leurs canes en signe de respect. Pas tous, cependant, puisque certain et certaines poursuivirent leur discussion comme si de rien était. Etait-ce l’une de ces subtilités politiques auxquelles on lui demandait d’ouvrir l’œil ? Yulia n’en savait foutrement :arrow: Bah alors c'est quoi cette familiarité au milieu des lustres en cristal, de la porcelaine et des vitraux ? :lol: Nan, là, pour le coup, j'avoue que ça m'a sortie un peu de la lecture ;) rien, mais elle préféra se tenir immobile plutôt que d’envoyer un signe qu’elle n’aurait pas voulu.

L’orchestre commença à jouer peu après et la salle se remplit progressivement.
La constante exposée par Margareth se vérifiait bien : « plus un noble se voit comme important, plus il arrive en retard ». Elle ne pouvait identifier personne jusqu’à ce qu’entrent deux femmes, très grandes et fines, enroulées dans de longs pans de tissus mauves aux motifs d’argents. Leurs yeux presque entièrement blancs étaient soulignés par un fin tatouage au henné qui s’étirait de la base du nez à leurs oreilles. Yulia les reconnut, car on lui en avait parlé quelques fois à Cathuba, et parce que les journalistes lui en avait :arrow: avaiENT tantôt présenté des portraits. Les Harpir, mère et fille, matriarches d’une des trois Familles de Razabha. Leur regard acéré se saisit de la pièce et poignarda la moindre personne présente. Elles prirent cependant conscience qu’elles étaient arrivées avant leurs concurrents pour l’Amirauté… et cela faillit faire virer leurs yeux du blanc au rouge.
Vexées, elles s’assirent loin de tous et prirent une domestique en grippe pour se passer les nerfs.

Angora se pencha vers sa protégée :

— Tu as déjà rencontré les Harpir ?

— Non, elles ne sont jamais venues à Cathuba.

Elle anticipa également sa prochaine question :

— Impossible qu’elles connaissent mon visage : mon père n’a jamais fait faire de portraits de moi…

Elle s’en était parfois vexée, autrefois, car même Senex avait eu droit à sa peinture. Aujourd’hui, elle commençait à penser qu’il s’agissait d’une sage précaution prise par l’Amiral Ford. Angora hocha la tête et retourna à son observation passive. Elle lui toucha cependant l’épaule quelques secondes plus tard, pour lui indiquer un bonhomme ventru qui se faufilait hors d’une porte de service.

— Mercer de Qadim, présenta celle qui se faisait passer pour une mercenaire. Un riche marchand aux pratiques douteuses, ton père l’Amiral Ford a souvent hésité à le faire juger pour piraterie mais on manquait de preuve. Il est devenu frère par alliance du Seigneur Azkedir il y a trois ans de ça et, depuis, il intrigue pour lui.

— Qu’est-ce qu’il faisait dans les couloirs ?

— Il devait avoir un rendez-vous, une discussion à un balcon, peut-être même avec un Sénateur…

Yulia mourait d’envie de partir enquêter, mais elle devait se retenir pour continuer à jouer le rôle de Nora.

— Le Seigneur Azkedir m’a déjà vue à Cathuba il y a…

Elle hésita deux secondes.

— … cinq ans.

Angora sourit.

— Une chance qu’il ne soit pas là en personne à la Capitale, dans ce cas, mais peut-être est-il en chemin. C’est peu probable qu’il te reconnaisse, car une enfant change énormément en cinq ans. Cependant, Qadim n’est pas très éloigné de Fezzan… il connaît peut-être Nora Dihya Alvez.

— Merci de me rassurer, ironisa Yulia.

— Il n’est pas à la Capitale, Taylor n’aurait pas pris le risque sinon.

Ce point était discutable, mais la fille de Ford n’était pas d’humeur. Garder l’impassibilité de son rôle lui demandait déjà assez d’énergie.

Heureusement, il y avait de quoi se distraire, au bal. A commencer par la musique : elle retrouvait cet état de grâce qui l’avait envoûtée à Hab’Kir, servi par une vingtaine de musiciens. Les mélopées changeaient cependant, moins vives, plus lyriques, quelque chose de plus sage et poli.

Sa seconde distraction consistait à essayer d’identifier les nobles qui passaient les portes pour se joindre au bal. Elle avait l’impression de découvrir un nouveau jeu, dont elle n’avait pas disputé assez de partie pour y être douée. Joshua et Margareth lui en avaient cependant enseigné les bases et, de ce fait, elle ne manqua pas de remarquer l’entrée des sénateurs et de leur cour.

Ces hommes, composant l’organe de pouvoir le plus puissant de la Capitale, si ce n’est de l’Empire et du monde des Surplombs tout entier, entrèrent dans la salle comme un oiseau de proie fend :arrow: sur ? une nuée d’étourneaux. Les autres nobles se bousculèrent pour leur laisser le passage… et même les musiciens semblèrent marquer un temps d’arrêt respectueux. Ils marchaient lentement, chacun à la tête d’une procession réduite de courtisans, suivis de leurs femmes et de leurs enfants.

Costumes de velours, cols arrogants, souliers vernis, robes aux doublures carmin, colliers éclatants de perles, bagues d’or et d’argents, médailles et distinctions au cœur.

Angora parla bas, comme si elle craignait soudain de faire plus de bruit que nécessaire :

— Sénateurs Baumann, Aguillera, Kaltià et Bromsberg. Je ne pensais pas qu’ils seraient si nombreux à faire le déplacement…

— Ils ne sont pourtant que quatre, fit remarquer Yulia.

— Il y en a six de plus aux balcons, révéla la Dragon. Plus du tiers des familles sénatoriales est présent…

La fille de Ford ignorait comment sa protectrice pouvait être au courant de ce qui se passait dans les étages… avait-elle raté quelque chose plus tôt ? Comme s’ils souhaitaient confirmer les paroles de la fausse mercenaire, les Sénateurs et leur cour ne firent que traverser la salle de réception en répondant aux sourires et aux marques de respect. Les domestiques du Bastion Hackso s’empressèrent de leur ouvrir les portes menant aux étages. Les balcons étaient, semble-t-il, réservés aux gens de cette caste très restreinte.

Yulia pensait avoir assisté à la conclusion du premier acte de la soirée, l’apothéose qui clôturerait le défilé des acteurs. Tout avait suivi une logique rigoureusement théâtrale : les personnages indépendants, puis les serviteurs, et enfin les maîtres… Mais elle n’avait pas pensé à tous les acteurs de ce récit.

Derrière les maîtres suivaient les chiens.

Des hommes et des femmes au pied raide et au port de tête strict, serrés dans des uniformes noirs à col haut. Un croissant rouge leur était cousu au cœur. Ils étaient deux.

Deux Inquisiteurs Impériaux.

Le cœur de Yulia se figea et les yeux fous de Viral Hun Automne ressurgirent de sa mémoire, s’extirpèrent du cachot sombre où elle les avait exilés. :arrow: Hirk, j'ai eu un frisson.

Une seconde durant, elle se crut plongée dans un cauchemar. Autour d’elle des murs de briques se dressaient, dégoulinant d’eau croupie et de sang, les lumières s’éteignaient et elle entendait le métal se tordre. La terreur lui saisit la gorge et serra jusqu’à la faire suffoquer.

Puis Angora posa la main sur son épaule et l’obscurité éclata.

Elle fut de retour dans la salle de bal, qu’elle n’avait pourtant jamais quittée, et un long frisson lui parcourut l’échine.

Avec ses mains, elle palpa ses bracelets, sa robe, ce corset qui l’enserrait et la broche qui lui retenait les cheveux. C’était le corps de Nora Dihya Alvez qui était présent, là, dans cette salle. Ce n’était pas Yulia qu’ils pouvaient blesser, ce n’était pas Yulia qu’ils voyaient en cette jeune fille habillée comme une adulte.

Nora n’avait aucune raison d’avoir peur comme Yulia.

Alors elle sourit quand les Inquisiteurs balayèrent la salle du regard. Elle sourit malgré la peur qui saisissait ses muscles. Elle combattait cette peur qui n’était pas la sienne. Juste aujourd’hui, ici et maintenant, elle devait tuer Yulia Mangora. Elle ne devait plus exister.
La musique reprit. Les Inquisiteurs ne montèrent pas rejoindre les Sénateurs. Les chiens mangeaient avec les serviteurs.
:arrow: Franchement, chapeau, l'introduction des deux Inquisiteurs est très réussie. On sent la tension, l'appréhension, le froid... Hierk x')
Le plus grand des deux, un homme aux cheveux gris plaqués contre son crâne, adressa un regard ambiguë à sa camarade. Le second Inquisiteur était une femme, habillée à son pareil, mais il se sentait entre eux comme une résistance. La langue du premier claqua un ordre bref, que personne ne réussit à entendre, et il se détourna de sa consœur pour aller se mêler à quelques nobles qui s’attablaient près des musiciens.

Yulia observait l’Inquisitrice avec les yeux les Nora. Le silence qu’elle avait imposé à la fille de l’Amiral lui permit de ne pas paniquer lorsque la femme en noir passe entre les tables pour venir en sa direction.

La fille des Alvez regarda autour d’elle et constata que les dernières tables non-occupées l’entouraient. L’avait-on assise à un endroit déserté ? ou bien personne n’avait-il voulu s’asseoir proche de la nouvelle invitée à la cour ? Elle commençait à soupçonnait une méchante blague, quelque jeu mesquin, mais manifestement l’Inquisitrice s’en souciait peu.
Elle prit une chaise à la table voisine. Elles étaient à présent assez proches pour s’attraper si elles tendaient le bras.

Sa nouvelle voisine portait bel et bien l’uniforme de l’Inquisition. Sa peau était cependant plus pâle que la majorité des invités au bal et elle semblait être à peu près de l’âge d’Ashä. Elle avait des petits yeux las, qui brillaient pourtant d’un bleu éclatant. Ses cheveux soignés, châtain clair, tombaient en fines mèches bouclées jusqu’en haut de sa nuque qu’elle avait rasée. Son costume paraissait trop serré pour ses hanches et sa poitrine.

C’était comme si on l’avait rabotée et tassée pour entre dans le moule de sa fonction.
Quand le regard de l’inconnue croisa le sien, Yulia retint son souffle, honteuse de l’avoir ainsi dévisagée. Mais l’Inquisitrice ne s’en offusqua pas.

— Je ne vous ai jamais vue ici, remarqua-t-elle.

Un instant, Yulia crut être démasquée. Mais son interlocutrice se contenta de lui glisser un timide sourire.

— Bienvenue, je m’appelle Merriam.

— Je suis Nora Dihya Alvez, répondit Yulia qui savait qu’on attendait d’elle qu’elle réponde et fasse bonne impression.

Manifestement, son nom n’évoqua rien de particulier pour l’Inquisitrice qui fit mine de l’inscrire dans sa mémoire mais se désintéressa vite du sujet. La rumeur lancée par les journalistes n’avait-elle pas atteint l’Inquisition ? Peu probable, vu leur présence dans les rues et chez les nobles. Alors peut-être était-ce Merriam qui n’était pas tenue informée chez l’Inquisition ?

Cela soulevait soudain un certain nombre de questions chez Yulia, mais aucune d’entre-elle n’avait à sortir de la bouche de l’héritière des Alvez.

L’orchestre fit une pause et les domestiques se croisèrent pour servir le repas. On posa devant la jeune fille une pleine assiette de patates douces coupées en dés et cuites à l’huile, accompagnée de croquants de pois-chiche au cumin puis on lui apporta serviette et couverts. On lui proposa du vin, qu’elle refusa.

Elle n’était pas une experte en nourriture, mais ses connaissances suffisaient pour dire que ce repas devait avoir coûté plus d’argent que certaines de ses robes. La patate douce était un met raffiné, importé il y a peu du Nouveau Monde. Quant aux épices… ce n’était pas pour rien qu’une famille comme les Alvez avait pu s’enrichir considérablement par leur commerce.

Sa voisine ne montra pas le moindre étonnement devant la richesse du plat. Elle utilisa les petits couverts avec bien plus d’agilité que Yulia et le repas sembla la sortir un peu de sa morne humeur.

— C’est la fourchette à dessert que vous tenez… fit-elle-même remarquer à la jeune fille qui la maniait pour planter ses bouchées.

Elle s’empourpra. Voilà une erreur qu’elle n’avait jamais commise lors de ses entraînements avec Joshua et Margareth ! Ce devait être la présence de cette femme qui la perturbait. Derrière le masque de Nora, Yulia ressentait tour à tour de la peur et de la curiosité pour cette Inquisitrice au regard triste. L’affrontement de sa curiosité et de sa crainte monopolisait toute son attention.

Tandis que la jeune fille en robe s’efforçait de retrouver une contenance, Merriam s’attendrit et lui pointa discrètement la bonne fourchette à saisir.

Yulia fut bien forcée de la remercier d’un signe de tête et, alors, plus rien ne pouvait la soustraire à une conversation :

— Vous venez souvent chez le Sénateur Viull ?

— Non, madame, c’est la première fois.

— Ce doit être plutôt impressionnant…

Elle hocha la tête, penaude.

— Oui madame.

— Quel âge as-tu ?

— Quinze ans, madame.

— Tu fais plus jeune…

Yulia avait effectivement treize ans.

— On me le dit souvent, madame.

Merriam grimaça.

— Les gens ne m’appellent pas madame, en général. Ils préfèrent me donner du Lieutenant.

— Vous préférez que je vous appelle Lieutenant ?

— Non, je préférerais qu’on m’appelle par mon nom.

— Merriam ?

Elle lui adressa un drôle de regard, aussitôt suivi d’un petit sourire qui paraissait bien plus franche :arrow: franC que les précédents. Ce n’était plus juste de la politesse.

— Ce n’est pas à ce nom-là que je pensais, mais c’est bien mieux que madame. Merci.
La petite hocha la tête.

— Tu ne sais pas qui je suis, n’est-ce pas ? demanda sa voisine, soudainement beaucoup plus amicale.

Elle commençait à sourire sans se retenir. Ses yeux avaient retrouvé un peu de vie.

— Vous êtes… Lieutenant d’Inquisition ? tenta Yulia.

L’autre pouffa de rire, puis joua des épaules pour se redonner une contenance. Son rire n’était cependant pas une moquerie. Il ressemblait davantage à… un soulagement ?

— Ça oui, je suis Lieutenant ! Mais je doute de devenir Colonel un jour…

Elle pointa le doigt vers l’autre bout de la salle, droit vers son camarade Inquisiteur, tout de noir vêtu.

— Tu vois mon partenaire ? C’est Rawen Mozang Shiqqera, l’un des dix Colonel Inquisiteurs qui servent le Sénat. Je suis sa Seconde, c’est-à-dire que je l’accompagne partout et lui obéit jusqu’au jour où il me promeut officiellement Colonel. Shiqqera lui-même a passé un an à être Second avant de devenir Colonel… Mais tout le monde sait parfaitement qu’il ne compte pas me promouvoir. Je resterais :arrow: resterAI Lieutenant.

— Pourquoi ?

La curiosité l’avait emporté sur la peur de l’uniforme. En plus, Merriam dégageait quelque chose, une impression qui ne faisait pas très autorité. Quelque chose qu’elle n’avait connue, il lui semble, que chez Smath, le chef des Gardes du Surplomb de Cathuba. Et c’était un Inquisiteur qui l’avait tué…

Peut-être que Merriam, si elle avait remplacé Viral, n’aurait pas commis toutes ces atrocités ?

— C’est compliqué…

Elle se dandinait sur sa chaise, mal à l’aise. Ce n’était définitivement pas une attitude d’Inquisiteur mais, avant que Yulia ne puisse l’interroger davantage, une domestique vint les interrompre :

— Le Seigneur O’zir vous sollicite, mademoiselle Alvez. Il vous invite à partager un verre au deuxième balcon en compagnie de sa fille.

Yulia fut prise de court, mais les leçons de Joshua et Margareth lui revinrent vite à l’esprit. On ne refusait pas l’invitation d’un noble, en tout cas pas avant d’être certain de pouvoir le vexer sans conséquence. Ce furent ensuite les leçons d’Yssandre qui lui revinrent et elle adopta le bon parlé :

— Je suis pleinement disposée à le rencontrer. Me montreriez-vous la voie ?

La domestique hocha poliment de la tête et invita la jeune fille à se lever pour la suivre.
Angora leur emboîta le pas mais Merriam, qui n’avait pas raté une miette de la scène, siffla l’héritière des Alvez.

Yulia se retourna, intriguée. L’Inquisitrice paraissait disposée à la conseiller sur la marche à suivre.

— Il est mal vu d’emmener son garde-du-corps lorsqu’on est invité dans une loge. C’est une preuve de méfiance inutile qui ne jouera pas en votre faveur, Nora.

Comme tous les autres invités, Merriam n’avait pas une fois posé précisément les yeux sur Angora, aussi Yulia était bizarrement surprise qu’elle l’ait remarquée. Le conseil était cependant avisé, mais elle pouvait voir que l’idée ne plaisait pas à Angora qui fronçait les sourcils.

La Dragon devait pourtant se résigner. Ce n’était pas elles :arrow: elle qui faisaient les règles ici.
Alors que l’Inquisitrice Merriam se voyait servir un verre de vin, Angora retournait à sa place, derrière le siège à présent vide de Nora qui partait remplir son devoir, la boule au ventre.





On l’avait fait monter par un escalier en colimaçon étroit, caché derrière les cuisines. Elle était certaine qu’il ne s’agissait pas là de l’accès officiel aux étages et pensait donc que le noble qui la convoquait ne souhaitait pas forcément que son invitée soit vue.

Ce qui arrangeait Yulia. Elle ne croisa que des domestiques et n’eut pas à subir les regards intéressés. Ce qui lui permit de prendre quelques grandes inspirations avant de se confronter à l’épreuve du Seigneur O’zir.

Il s’agissait d’un noble plutôt en vue, que Yulia reconnut d’après les descriptions de Joshua et Margareth. Sa famille était originaire du Surplomb de Göreh, dans le Protectorat d’Œcar, mais il avait fait sa vie à la Capitale. Cori Habilum O’zir était ainsi devenu, après des années de zèle courtisan, l’un des trois Régulateurs :arrow: sans S ;) Commercial au port Impérial, une charge prestigieuse.

C’était un gros bonhomme, ventru et huileux, qui se régalait des petits fours que lui offrait la maison. Il avait sous le menton une masse de graisse formidable qui le faisait ressembler à un crapaud et qui, dès qu’il partait dans un éclat de rire, se dodelinait comme une danseuse de charme. :arrow: Mon prof de SVT en 6eme. Dire que c'est marquant :lol:

Il accueillit l’héritière des Alvez avec manière et la fit s’asseoir face à lui, sur un gros coussin, tout en lui proposant des gâteaux qu’elle refusa par crainte de rendre le repas dont elle sortait tout juste.

La loge se situait à mi-hauteur de la salle et présentait bien plus de confort que le rez-de-chaussée : il y avait des draperies, des fauteuils garnis et le service accourait au moindre son de clochette. Six personnes entouraient Cori Habilum O’zir, mais une seule lui fut présentée : Lucia Aeria O’zir, sa fille cadette, assise aux côtés de son père sur un coussin semblable à celui de Yulia. Frêle et timide, elle semblait encore plus étrangère au monde de l’intrigue que l’héritière des Alvez.

La personne qu’observait Yulia, cependant, se tenait debout, derrière son père, la main posée consciencieusement sur la poignée de son épée. Reth Saïd O’zir, second fils du Seigneur, Sergent du Palais. D’après Joshua et Margareth, c’était cela la plus grande fierté d’O’zir : qu’un membre de sa famille intègre le plus prestigieux des corps militaires : la Garde Impériale.

Sur l’échiquier politique, cela faisait en théorie de Cori Habilum O’zir un partisan de l’Empereur. En théorie seulement, puisque, vu son poste de Régulateur Commercial, le bon-vivant devait entretenir également de bonnes relations avec le Sénat. Un schéma fort classique en vérité, selon ses instructeurs, que celui du courtisan opportuniste qui essaye d’éviter les querelles partisanes. Beaucoup jugeaient cependant que cette position n’est pas tenable sur le long terme, mais le Seigneur O’zir ne semblait pas en avoir encore fait les frais.

Si ce dernier avait invité Nora Dihya Alvez à partager sa loge, c’était pour lui proposer une affaire qu’il formula sans l’enrober d’aucun artifice : il souhaitait que Nora devienne la demoiselle de compagnie de sa fille, Lucia, le temps de son séjour à la Capitale, en échange de quoi il se proposait de l’aider dans sa tâche et de mettre à sa disposition les moyens de sa maison.

C’était, sans surprise, tout à son bénéfice : Nora Dihya Alvez était l’héritière d’une famille noble, d’un rang bien supérieur à la fille d’un noble qui n’était même pas le souverain de son Surplomb. Si la fille O’zir se voyait pourvue d’une si prestigieuse amie, sa cote monterait en flèche et son père pourrait vendre son mariage à un meilleur prix. De l’autre côté du tableau, il était aussi gagnant car il avait correctement entendu les rumeurs qui disaient que Nora était venu :arrow: venuE chercher un mari à la Capitale en échange d’une aide pour le Surplomb de Fezzan : en hébergeant l’héritière, il se plaçait de facto au centre des négociations quant à la nomination du nouvel Amiral de Cathuba, une position dont il pouvait abuser pour percevoir pots-de-vin et cadeaux de titres. Il investissait très peu –tout au plus une centaine de pièces d’or– pour des gains possiblement très conséquents.

Yulia déclina son offre, le plus poliment qu’elle put. Suivant un conseil de Taylor et du couple de journalistes, elle lui confirma qu’elle était la recherche d’un mari puissant désirant venir au secours de Fezzan.

— Je vous remercie pour votre proposition, Seigneur O’zir, mais Fezzan a besoin de navires, de soldats et d’argent. Trouver un mari est la seule chose que je demande.

Elle avait craint un instant qu’il lui propose effectivement un mariage, mais le Régulateur Commercial n’était manifestement pas prêt à investir tant que ça pour s’immiscer dans les affaires du Sud.

Après un dernier échange de frivolités, il la renvoya.




Regagner le plancher de la grande salle fut plus difficile que prévu. La porte par laquelle on l’avait introduite à cet étage s’était volatilisée sans qu’elle y ait prêté attention. Peut-être était-elle cachée derrière une draperie ou un de ces lourds rideaux, mais comment en être sûre ? Plutôt que de balader ses doigts n’importe où, Yulia se résigna à suivre la galerie jusqu’au prochain escalier.

Cette marche l’exposa cependant aux regards des nobles qui, comme O’zir, avaient pris leurs aises dans les loges. La quasi-totalité d’entre-eux laissaient en effet leur porte entrebâillée –quand elle n’était pas totalement ouverte– et ne manquaient pas de prêter un coup d’œil à toute ombre distinguée qui passait furtivement devant leur battant. La fille de Ford ne s’en étonnait pas beaucoup : leur jeu ne changeait pas, en bas aux tables comme en haut aux loges, l’important était de se faire voir aux côtés de certains, sans oublier de surveiller les acoquinements de ses rivaux et alliés.

Elle croisait plus de monde que dans les couloirs de service mais, à son grand soulagement, il s’agissait pour la plupart de courtisans et courtisanes sans importance qui montaient ou descendaient comme elle pour répondre à la volonté d’un noble –bien qu’elle soupçonne que certains d’entre-eux se promenaient ici uniquement pour se donner de l’importance, prétendant être demandés par une loge.

Elle s’engageait à peine dans un escalier aux marches couvertes de tapis Paamiens quand lui parvinrent :arrow: parvINT, du bas, l’écho des voix d’une petite troupe. Elle se raidit immédiatement car personne, dans ces couloirs, n’osait faire autant de bruit, parler sans couvrir sa voix… personne ne se sentait aussi légitime à imposer sa présence. Yssandre le lui répétait souvent : la marque la plus évidente de hiérarchie sociale se trouve être la voix, la façon de parler, de couvrir, de dominer l’autre dans la prise de parole. Il trouvait son interprétation de Nora convaincante, mais il la trouvait encore trop timide, disait qu’elle ne parlait pas assez fort pour une noble.

Une critique qu’on ne pouvait pas faire au groupe qui montait alors son escalier. C’était presque s’ils criaient, tant ils s’esclaffaient et beuglaient avec plus d’entrain les uns que les autres. Etaient-ils ivres ? Elle sût que non lorsqu’elle les vit enfin : une demi-douzaine de jeunes hommes, vêtus de pourpoints impeccables et de longues capes en satin mauves ; ils gesticulaient bien dans tous les sens -levant les bras, désignant leur gorge quand ils riaient, s’amusant à sauter de marches en marches- mais pas un ne perdait le contrôle de ses mouvements ou ne renversait son verre de vin. Il y avait deux grands bruns, aux sourires d’ange, qui portaient au cou le nœud des magistrats de Justice – un ordre de notable qui arbitrait les procès lorsque l’Inquisition préférait envoyer un malfrat en prison plutôt que de l’abattre dans une ruelle-, un grassouillet gratte-papier qui transportait une besace plus large que lui, un maigre rouquin dont les joues pelaient de façon inquiétante -on aurait dit qu’il avait essayer de gommer ses taches de rousseur avec quelque produit chimique inefficace-, et un spadassin pas plus grand qu’eux mais au visage féroce, dont les longues canines étincelaient presque qu’autant que la lame nue du long sabre qu’il avait négligemment passé à sa ceinture.

Et, au centre de leur cohue, un jeune homme dont rien ne gênait le pas, qui parfois riait avec eux mais qui, le plus souvent, passait sous l’examen de son regard acéré le moindre grain de poussière qui osait croiser sa route.

Quand ces yeux se posèrent sur la jeune fille déguisée en héritière de Fezzan, l’homme sembla se désintéresser des pitreries de ses compagnons. Il ralentit l’allure, ce qui intrigua sa cohorte, et s’arrêta sur la même marche que Yulia qui, elle, s’était immobilisée à l’instant où elle les avait vus. L’homme avait un visage commun dans ses traits mais unique dans son expression. C’était comme s’il contrôlait le moindre de ses muscles faciaux et qu’il leur imposait une immobilité complète. Yulia, qui essayait de réduire ses mimiques depuis quelques jours, ne pouvait qu’être effrayée par cette perfection surnaturelle. Seules ses paupières se mouvaient, modifiant les touches de couleurs que l’on voyait dans ses yeux. Ceux-ci étaient de feu et de glace, conjointement. Il vous glaçait le sang et vous donnait l’impression que vos entrailles prenaient feu, tout à la fois, sans manifester le moindre effort.

Bien entendu, elle connaissait son nom. Joshua et Margareth l’avaient assez mise en garde.
« Il est Caesar Russ. On dit qu’il eut autrefois un nom de patronage mais qu’il en a banni la mention à son neuvième anniversaire, déclarant n’être sous le patronage de personne d’autre que lui-même. Jeune, ambitieux, sans morale. Il est le plus jeune Sénateur qui ait jamais siégé pour sa maison… certains disent également le plus dangereux. »
:arrow: Charmant jeune homme !

— Vous êtes Nora Dihya Alvez, dit-il quand il la tint dans son regard, on me l’a dit en bas.

Elle déglutit difficilement.

— Bonsoir, Sénateur… je vous présente mes hommages.

Se plier en deux pour lui faire la révérence fut difficile, tant son estomac se contractait. Il était le premier Sénateur qu’elle rencontrait en face… et il fallait qu’elle le croise dans un escalier, sans avoir pu préparer sa rencontre. Que pouvait-elle lui raconter ?

— Que faisiez-vous à cet étage ? Votre table est en bas.

— Le Seigneur O’zir m’avait invitée…

— Ce gros-lard est bien insolent de se mêler des affaires de la Bérudie ! pesta un des magistrats. Ne peuvent-ils donc jamais se contenter de ce qu’on leur donne, ces sales parvenus ? On devrait…

Le Sénateur tourna l’œil vers lui et il ravala ses paroles. La courte diatribe avait néanmoins choqué Yulia, qui autorisa Nora à afficher cette émotion. Cori Habilum O’zir était noble, et pas le dernier d’entre-eux ! A quel type élite :arrow: D'élite fallait-il donc appartenir pour être légitime à le traiter de parvenu ?

— Veuillez excuser l’emportement de ma suite, le vin leur monte à la tête.

— Il n’y a eu aucun mal, assura l’héritière des Alvez.

Elle était cependant consciente que son regard témoignait de l’inverse. C’était bien : Yssandre lui conseillait de ne pas trop jouer. Réfléchissait-elle trop ? Il serait préférable qu’elle soit plus naturelle, mais c’était plus facile à dire qu’à faire lorsqu’on se retrouvait face à face avec l’un des hommes les plus craints de l’Empire.

— Vous êtes en ville depuis deux jours, à ce que l’on dit. Vous avez fait bon voyage ?

— Les vents ont été favorables et je n’ai pas été trop bousculée, répondit-elle d’abord. Mais… je n’avais pas l’esprit tranquille, après ce qui est arrivé à Fezzan –à ma famille – et je pensais sans cesse à ce qui m’attendais, ici, à la Capitale.

Un peu trop larmoyant à son goût, mais c’était probablement ce qu’un homme comme Caesar voulait entendre. Ses yeux se plissèrent et son regard se fit plus froid.

— Votre famille a affrété l’un de ses navires pour cette mission ?

— Non, ma mère les a tous mobilisés pour notre défense… J’ai embarqué à bord d’un navire marchand de passage, jusqu’à Qadim. J’y ai pris une fausse identité et j’ai payé un capitaine pour me conduire au nord, sans lui dire qui j’étais. J’ai encore changé de voile à Cent-port avant d’atteindre la Capitale.

Il était bien trop facile de vérifier si un navire de Fezzan avait accosté au port dans les derniers jours, encore plus s’il affichait les armoiries de la famille Alvez. Des navires anonymes arrivant de Cent-port, par contre… on devait en compter, au bas-mot, une trentaine par jour. Et combien d’autres avaient rallié Qadim ? L’information était impossible à vérifier.

— Quels étaient les noms de ces bâtiments ? demanda tout de même Caesar Russ, sans avoir l’air de l’interroger.

— Je ne m’en souviens pas.

Personne ne peut reprocher à une jeune fille noble de ne pas prêter attention à ce genre de détail. On attendait d’elle qu’elle se comporte en Dame, pas en marin.

— Puis-je donc demander où vous logez ?

— Ce n’est pas un secret, cher Sénateur…

Elle se fendit d’un timide sourire, voulant paraître agréable. Ce n’était en effet guère difficile à savoir : ils avaient fait fuiter l’information dans la presse, par l’intermédiaire de Joshua et Margareth, car on devait savoir où lui envoyer courriers et invitations. Caesar Russ jouait-il l’ignorant ? Sans doute que cet échange relevait plus de la politesse que d’un véritable intérêt de sa part.

— Je loge chez Méléon, hôtelier du quartier des Terrasses. Vous pouvez m’y envoyer une carte si…

Il l’arrêta par un mouvement sobre de la main. Avait-elle commis un impaire ?

— Ne vous méprenez pas, je ne souhaite pas jouer à ce jeu-là.

Derrière lui, ses gens pouffaient et couvraient par politesse leurs rictus de la main. Un sourire cruel se dessina sur les lèvres du Sénateur. Yulia en fut effrayée, car elle savait que le jeune homme choisissait sciemment d’afficher cette expression.

— Ce n’est pas que je ne puisse trouver d’amusement à éduquer une enfant, mais pensiez-vous réellement que je pourrais m’intéresser à votre… personne ? Sous votre robe, je ne vois qu’une gamine maigrichonne aux cheveux secs, cassants et ternes, sans parler de ce qui vous sert de poitrine. Ne vous mentez pas : vous aurez déjà de la chance si le chien du seigneur O’zir éprouve jamais du désir pour vous.
:arrow: Je m'attendais à ce qu'il décortique ses propos pour tenter d'y trouver une faille, mais il lui balance ça ? Il a du coton à la place du cerveau ou quoi ? :o Il a buggué ? mal interprété les propos de Yulia ? C'koi c'te pourriture ? :v

La sentence, terrible, retentit dans son crâne avec la violence des coups de canons qui avaient troublés :arrow: troublé la paix de Cathuba. Le choc fut si grand qu’elle en resta muette –et c’était probablement mieux ainsi. D’un commun accord, les mignons de Caesar se joignirent à la moquerie, par leurs regards acérés, par les mots qu’ils se glissèrent à l’oreille, par les rires francs qu’ils échangèrent enfin. Leur patron acheva d’écrabouiller l’insecte quand il fit un pas vers elle, pénétrant sans ménagement dans son espace vital, déclenchant en elle un long frison glacé qui naquit au bas de son dos et grimpa le long de ses vertèbres jusqu’à enserrer sa nuque. Quand il posa sa main délicate sur son épaule tremblante, elle étouffa un hoquet d’horreur.

Il la conseilla, d’un ton ferme :

— Mariez-vous pour sauver votre famille ridicule, mais ne vous imaginez pas mériter un seul des ronds de jambe qui vous seront faits dans les prochains jours. Et ne m’adressez plus jamais la parole sur ce ton.

Puis il partit, remontant l’escalier sans lui adresser plus d’attention. Pétrifiée, Yulia regarda passer ses compagnons, un à un, alors qu’ils lui adressaient des grimaces dévalorisantes. Seul le dernier de la troupe, le spadassin à l’air féroce, s’attarda plus que le temps d’un regard. Elle crut qu’il voulait lui dire quelque chose, car il semblait réfléchir, mais il se ravisa et sauta quatre à quatre les marches pour rattraper ses amis.

Après ça, l’escalier fut silencieux, mais on y entendait encore l’écho de la poudre. Yulia en avait oublié la raison de sa présence ici et mit quelques secondes à reprendre ses esprits. Ce ne fut que quand d’autres courtisans dévalèrent les marches, suivis par d’autres serviteurs, qu’elle se remit à marcher, machinalement. Ses pas la ramenèrent dans la salle du bal, sans qu’elle sache trop quels couloirs elle avait empruntés.

Angora fut à ses côtés avant qu’elle n’ait atteint sa place. La Dragon paraissait inquiète et la serrait plus près qu’à l’accoutumée.

— Quelque chose s’est mal passé en haut ? s’enquit-elle tout bas en serrant les dents. Tu nous reviens blême comme la mort !

— Tout va bien, mentit-elle.

Elle ajouta, un peu plus honnête :

— Il n’est arrivé rien de grave.

Mais qu’était-il arrivé au juste ? Yulia aurait bien du mal à y poser des mots à ce moment précis. Ses pensées s’étaient immobilisées comme un navire dont aucun souffle ne gonfle le Ballon :arrow: Tellement sympa ce genre de comparaison propre à ton univers... Ça fait complètement le charme du récit !. Arrêtées, au-dessus du Contrebas, sans un seul Surplomb en vue.

Le mieux était encore de ne plus y penser. Cet échange la grignoterait probablement lorsqu’elle essayerait de trouver le sommeil, mais dans l’immédiat Yulia avait des obligations à remplir. Nora avait des obligations à remplir.

Quand elle fut de retour à sa table, elle constata que sa voisine, l’Inquisitrice, n’avait pas bougé d’un poil. Peut-être avait-elle décroisé et recroisé les jambes, et encore ce n’était pas sûr. A la voir revenir avec sa petite mine, la dame en noir prit un air contrit. Sans doute imaginait-elle que Nora avait rencontré quelque déconfiture car elle lui dit :

— Quand un homme nous convoque, c’est trop peu souvent pour notre intérêt… Besoin de réconfort ?

Yulia fut forcée de répondre :

— Vous êtes bien bonne, mais je vais bien.

C’était un demi-mensonge, mais elle ne souhaitait pas qu’un Inquisiteur s’immisce dans ses affaires. Enfin, Yulia ne souhaiterait pas, car ce serait dangereux pour sa couverture. Nora, elle, aurait bien besoin d’une amie. Mais comme toutes ces choses étaient compliquées ! Ce jeu de double identité, d’intérêts parfois concordants parfois opposés, lui brouillait la tête.

Le Lieutenant d’Inquisition Merriam eut une moue guère convaincue à sa déclaration.

— Alors rassemble ton courage, jeune fille, car tu n’en as pas fini avec les sollicitations…

L’orchestre jouait sans temps mort. Avec la fin du repas, les gens s’étaient levés et avaient écarté les tables. A présent, on dansait au centre de la salle.

Yulia, encore un peu déboussolée par son aventure, ne comprit pas tout de suite le sens des paroles de la dame en noir. Ce ne fut que lorsqu’un jeune aristocrate –large col immaculé et fine moustache peignée– se faufila jusqu’à elles pour tendre sa main vers l’Inquisitrice, qu’elle identifia enfin la musique :

C’était une valse.

Merriam, sans ménagement, reconduisait chacun des prétendants qui se présentait devant elle. La fille de l’Amiral Ford l’observait avec un mélange d’étonnement et fascination. Pourquoi ces hommes venaient-ils trouver une femme qui ne portait pas de robe, pas de fins souliers, rien qui indique, enfin, qu’elle ait dans l’idée de se comporter en dame dans cette cérémonie aux codes bien ficelés ? Et si elle refusait leurs avances, était-ce parce qu’elle n’aimait pas danser ? Ou avait-elle d’autres raisons ?

Yulia, elle, en avait des raisons de refuser de se lever pour aller prendre part aux virevoltes. La jeune fille avait d’abord cru que personne ne s’intéresserait à elle, ayant constaté lors du dîner que bien peu souhaitait s’approcher de sa table. Mais elle avait tort au moins sur ce point car ils finirent par venir. Ils furent six à se proposer d’être son cavalier. Six qui se présentèrent successivement, devant sa table, en lui tendant une main gantée de blanc. Elle déclina toutes les offres.

— Je croyais que tu participais à cette fête, pas que tu souhaitais rester assise…

Merriam était intriguée par sa conduite. Il était vrai que, contrairement à l’Inquisitrice, la jeune prétendue héritière de Fezzan affichait tous les signes extérieurs d’une sociabilité noble. Robe, souliers, bijoux.

— Je ne suis pas une bonne danseuse, se justifia Nora. Et puis, je suis tout juste arrivée à la Capitale, je ne connais pas la moitié des hommes qui sont venus me voir. Qui sait leur rang ? leur allégeance ? ce que leur association apportera à mon image ? Je n’en sais pas assez pour choisir un cavalier qui ne me mette pas dans une situation délicate dont je ne serais pas avertie. Il y a trop de codes que j’ignore ici, je préfère être prudente.

Elle ne savait pas trop pourquoi elle s’était tant expliquée. Sans doute attendait-elle une validation de sa voisine, un signe enfin rassurant quant à sa conduite à cette soirée. Sa rencontre fortuite avec le Sénateur Russ l’avait laissée troublée, bien qu’elle se refusa à l’admettre.

Merriam afficha un petit rictus qui ne correspondait à rien de ce à quoi elle s’attendait. Était-ce de l’amertume ?

— Bien évidement, souffla-t-elle, il est toujours question de cela : la politique. L’étiquette, les bals et même les petites discussions n’ont que cela en objectif, ne servent qu’à matérialiser la concordance des intérêts de famille, de régions, de partis… Qu’est-ce donc que notre entente, à toutes les deux ? Qu’est-ce que cela leur dit, à eux, de nous voir discuter ? Leurs regards sont constamment braqués sur moi, m’interrogent, ils interprètent le moindre de mes actes comme la parole de mon allégeance, des intérêts de ma famille…

— C’est pour cela que vous les refusez tous ? tenta de décrypter Yulia. Pour vos intérêts ?
Elle fulminait à présent.

— Non ! Si je les renvois tous, ces grappilleurs de prestige, ces goûteurs de vins âcres, c’est parce que je refuse de jouer leur jeu. Suis-je habillée en dame de cour ? Je ne porte pas la robe mais l’uniforme de l’Inquisition. Je refuse qu’on m’utilise à des fins politiques. Je suis une militaire, pas une poupée, avatar de mon frère ! Tous semblent l’avoir oublié, à commencer par mon salaud de Colonel.

Elle attrapa la carafe de vin de son poing ganté et se versa un plein verre.

Yulia se garda bien de faire le moindre commentaire. Nora aurait dû être effrayée par cette infraction au protocole et prendre gare à ne pas être associée à une conduite qui puisse la desservir. Mais la fille de l’Amiral, sous le masque de l’héritière de Fezzan, se trouvait des excuses pour tolérer –voir :arrow: voirE apprécier– la conduite de l’Inquisitrice qui lui rappelait la sienne propre à l’époque où, sur Cathuba, elle refusait de devenir une dame et désirait voyager sur son propre navire.

Il y avait cependant quelque chose qui lui échappait, qui glissait entre les doigts de sa pensée lorsqu’elle essayait de l’identifier.

Sa discussion avec le Lieutenant Inquisiteur Merriam ne sembla cependant pas lui porter préjudice puisqu’ils furent encore trois à se proposer de la faire danser. Elle resta polie, tâchant d’éviter la tournure de phrase qui lui avait valu la colère du Sénateur Russe, mais déclina leurs offres comme les précédentes. C’était un conseil de Joshua et Margareth, car ceux-ci jugeaient son niveau de danse indigne de la cour. Et Yulia n’était pas contre éviter de se faire remarquer plus que nécessaire.

Du reste, elle observa les danseurs et les musiciens. De temps en temps, elle reconnaissait des visages ou des uniformes que lui avaient décrits le couple de journalistes et essayait de se rappeler leurs familles et fonctions, mais les individus les plus élevés ne dansaient pas. Les acteurs de la bataille pour l’Amirauté de Cathuba ne s’étaient plus montrés, d’ailleurs. Mercer de Qadim comme les Harpir. Et elle n’avait pas vu les autres familles. Les choses sérieuses se déroulaient sans doute dans les étages, comme lorsque le seigneur O’zir l’avait fait monter. Hors des regards et pourtant à portée de main.

Quand, enfin, les premiers invités commencèrent à repartir, elle sut qu’elle n’allait plus s’attarder longtemps. Il s’était écoulé plus ou moins quatre heures depuis qu’elle avait passé les portes. Amplement suffisant pour que tous aient remarqué sa présence, mais pas assez pour qu’elle eut risqué de commettre l’impair de trop.

Cependant, ce fut Merriam qui tira sa révérence la première. En effet, elle se leva dès qu’elle vit que son compagnon, le Colonel Inquisiteur, avait quitté le groupe qu’il fréquentait jusqu’alors. Il n’avait pas dansé, bien entendu, mais personne ne lui avait offert d’être sa cavalière. Ce devait être mal vu, de valser avec l’avatar de la mort.

— Shiqqera en a enfin fini avec ses affaires ! Nous n’allons plus nous attarder…

— Qu’est-ce qu’il faisait avec ces gens ?

La Lieutenant lui glissa un petit sourire en coin.

— Essayeriez-vous de me soutirer des informations ? A qui comptez-vous les vendre ?

Yulia rougit jusqu’aux oreilles mais, avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche pour se défendre de telles intentions, l’Inquisitrice leva la main pour prévenir :

— Je plaisante ! Ne vous excusez pas si vous faites preuve de maladresse, c’est normal si vous venez d’arriver à la Capitale.

Elle désigna son compère du menton.

— Mon supérieur fait son boulot d’Inquisiteur. Il rappelait sa présence à ceux qui semblaient avoir oublié que le regard des Sénateurs pèse sur chacun d’entre-nous. Parmi les trois seigneurs avec qui il a dîné, deux se sont livrés, ces derniers mois, à des activités de contrebandes et de ventes non déclarées dont l’Inquisition a eu vent. Il ne leur a rien dit, notez bien, mais sa compagnie a suffi à servir d’avertissement… S’ils ne démantèlent pas leurs activités, les choses se passeront mal pour eux, et ils s’en souviennent à présent.

La fille de Ford était un peu perdue.

— Pourquoi me révélez-vous ça ?

Elle haussa les épaules.

— Les intérêts de l’Inquisition ne sont pas forcément les miens, et puis je veux vous faire comprendre quelque chose.

— Quoi donc ?

Merriam pointa son pouce contre son torse.

— Ne vous fiez à rien de ce que peut dire un agent qui porte cet uniforme. L’Inquisition n’est l’amie de personne, nous sommes les chiens de garde des Sénateurs et vous devez apprendre à voir lorsque nous montrons les dents. Vous devez apprendre vite, sinon vous vous ferez mordre.

Pleine d’une confiance un peu idiote, qu’elle était en réalité loin de posséder, Yulia répondit :

— Toi, tu ne me mordras pas.

Leur discussion l’avait mise en confiance et elle s’était reconnue dans certains reflets du portrait de l’Inquisitrice. Cette proximité de circonstance avait détaché totalement Merriam des Inquisiteurs qu’elle connaissait. C’était à peine si elle ne prétendait pas que la dame en noir n’avait jamais appartenu à cet ordre.

— Je l’espère pour vous, Nora.

La jeune fille réalisa alors qu’elle l’avait tutoyée par inadvertance, et son affirmation lui parut plus insensée que jamais. Est-ce que Nora aurait agi ainsi ?

La Lieutenant d’Inquisition la regardait à présent avec un regard indescriptible. Une sorte de mélange entre de l’étonnement et l’amusement ? Un brin de soupçon également, ou n’était-ce que son imagination ?

— Tu ne sais toujours pas qui je suis, n’est-ce pas ?

— Tu ne sais pas qui je suis non plus, répondit la jeune fille un peu trop vite en voulant se montrer malicieuse.

Merriam se tapota la tête.

— Nora Dihya Alvez, j’ai bonne mémoire. Et j’ai posé des questions sur toi pendant que tu étais avec O’zir. Ton histoire n’est pas commune, j’espère t’avoir aidé à saisir un peu mieux ce qui pouvait se jouer lors de ces soirées… Tu auras besoin de courage lors des jours à venir.

La femme lui offrit un salut de la tête, du genre de ceux qu’on adresse juste avant de s’éclipser. Dans un sursaut de lucidité, Yulia bondit :

— Attends ! Qu’est-ce que ça signifiait je ne sais toujours pas qui tu es ?

— Je ne t’ai pas donné mon nom complet, admit-elle. Je suis Lieutenant d’Inquisition, mais je suis aussi Merriam Téorine Matthias.

Yulia aurait alors juré avoir déjà entendu ce nom quelque part, mais il était trop tard.

Le Colonel Shiqqera passa non loin et lui adressa un signe de la main. L’Inquisitrice le suivit alors sans accorder à l’héritière des Alvez plus qu’un au revoir. Le duo passa la porte sous le regard de l’assemblée qui se mit à respirer plus librement suite à leur départ.

Angora s’approcha pour lui glisser à l’oreille qu’il serait, selon elle, temps de se retirer, mais qu’elle préférait attendre encore une dizaine de minutes pour ne pas risquer de croiser les Inquisiteurs dehors. Yulia approuva d’un hochement de tête distrait.

Les départs se faisaient à présent plus nombreux que les danseurs. L’héritière de Fezzan remercia les domestiques et se retira finalement avec le gros des nobles, escortée par sa mercenaire anonyme.
(à suivre immédiatement)
Eh bien, ce fut un 1er bal à la hauteur de ses attentes !
On pressentait bien évidemment les désagréments auxquels Yulia/Nora devrait forcément faire face, mais je dois avouer qu'ils n'ont pas pris la forme à laquelle je m'attendais, alors c'était encore plus frustrant ! Ce Sénateur Russ est un drôle de personnage... j'avoue qu'il a eu des propos auxquels je ne m'attendais pas du tout, déplacés par rapport à son comportement suspicieux face à Yulia. Après, ça participe à la déstabilisation de notre protagoniste (et du lecteur :x )
Autrement, les descriptions toujours au top, autant pour le décor que pour les personnages. J'ai beaucoup aimé Merriam et j'aimerais bien savoir d'où peut bien sortir cette drôle de dame... qui n'est pas une dame !
Allez, je sais que le chapitre est coupé, je vais lire la fin ^^
louji

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 20 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

Il est immense ce chapitre, la vache :lol:
Par curiosité, tu en es à combien de mots ? :geek:
dark-vince a écrit :Chapitre 21, suite


Quand elles franchirent enfin les portes du Lynch Bar après une heure passée à simuler un peu de vie dans l’hôtel puis une autre à se faufiler dans les ruelles pour éviter d’être vues, c’était un sacré comité qui les attendait. Tous les membres de l’Eclat qui les avait accompagnés à la Capitale étaient présent :arrow: présentS et avaient débouché quelques-unes des plus fameuses bouteilles d’Emy. On les accueillit par une ovation, on les prit par les épaules et on les assit pour leur porter un toast.

Quand Yulia demanda ce qui leur valait un tel accueil, Taylor retroussa ses babines dans l’un de ses plus fameux sourires.

— Méléon ne vous a donc pas dit ? On en a reçu une !

— Une quoi ? demanda Angora qui devait commencer à penser qu’on leur jouait quelque sorte de blague.

Le Capitaine Corsaire glissa sa main dans le replis de son manteau, comme s’il avait préparé une scène de théâtre. Non, pas comme si : Yulia était certain qu’il avait préparé son effet avec minutie. Dans la mesure où la situation ne jouait pas contre elle, elle ne bouda cependant pas son plaisir.

Ce fut une lettre qu’il abattit sur la table.

— Elle a été délivrée à l’hôtel pendant que vous étiez au bal. C’est une demande de rendez-vous !

— Déjà ?

Elle s’était imaginée que décrocher ce genre d’honneur prendrait beaucoup plus de temps.

— Notre campagne dans la presse a dû porter ses fruits, suggéra Angora, mais le seigneur en question a dû attendre de t’observer au bal pour se décider à envoyer sa lettre.

La Dragon se tourna vers Taylor :

— Qui est-ce ?

— Flavius Cocterion Rondoran, un Silusien encore célibataire, héritier du Surplomb d’Užka. Proche du parti légitimiens de Donum mais lié par sa famille à l’Amiral d’Œcar.

— Le Rouge a donc tiré le premier, releva Ashä en vidant son verre. Voilà qui arrange nos affaires.

— Ce n’est pas Mark Friedrich Wöllner, fit remarquer Yulia.

— On ne pouvait pas espérer tirer le bon oiseau du premier coup, tempéra le Capitaine de l’Eclat. Mais nous sommes en bonne voie pour l’approcher.

Son sourire gagnait des proportions jusque-là rarement atteintes. Il commença à s’agiter, excité comme une puce.

— Je vais contacter Joshua et Margareth dès ce soir : la lettre d’intérêt du prince d’Užka doit fuiter dans la presse ! Quand ça se saura, les invitations vont pleuvoir et les Wöllner devraient suivre !

— Pourquoi ça ?

— Il n’y a rien que les nobles aiment plus que la concurrence ! affirma le Corsaire avec un sourire féroce. Ils sont comme ça. Tu pourrais être le plus immonde des gâteaux qu’ils voudraient tous croquer dedans si leur voisin te convoitait !

La fille de Ford baissa les yeux à ses paroles. Elle se remémorait soudain celles du Sénateur Caesar Russ : « une gamine maigrichonne aux cheveux secs, cassants et ternes, sans parler de ce qui vous sert de poitrine. Vous aurez déjà de la chance si le chien du seigneur O’zir éprouve jamais du désir pour vous. ». Elle n’aimait pas être un gâteau, mais imaginer être le moins attirant des gâteaux lui tordait le ventre. :arrow: Mais ma petite Yulia adorée... :cry: T'es pas un gâteau, t'es pas une pâle maigrichonne non plus. T'es un magnifique brasier en devenir :D (d'ailleurs, Russ se serait pas un peu trop attardé sur les cheveux de Yulia, au passage ? 3 adjectifs dans une phrase orale, c'est peut-être un peu beaucoup... ?

— Fezzan est loin d’être un gâteau de troisième plan, nuança Angora sans remarquer la gêne de sa protégée. Les Wöllner ne pourront pas l’ignorer.

Ashä leva son verre à nouveau remplit :arrow: remplI, comme si elle portait un toast :

— Et quand Yulia obtiendra un rendez-vous avec lui... on lui tombe sur le râble et on le fait parler !

Unanimement, les ex-Corsaires brandirent leurs verres et le Lynch Bar gronda d’un rugissement d’approbation. On but, on rit, et Yulia se prit au jeu de célébrer l’arrivée de cette lettre. La soirée au bal avait été très éprouvante, et certaines choses lui tournaient encore en tête, aussi se trouva-t-elle plus que ravi :arrow: raviE de cette opportunité de décompresser.

Quand elle alla fureter du côté d’Yssandre –occupé à échanger des anecdotes salaces avec Emy Lynch et Hikari qui rougissait– pour lui parler de ce qu’il s’était passé au bal, il la renvoya, mécontent d’être dérangé.

— Amuse-toi ce soir, lui dit-il, nous parlerons demain.

Elle trouva Taylor en de meilleures dispositions. Il vidait son verre avec Angora et préparait son manteau. Visiblement, il allait partir dans peu de temps, peut-être pour aller trouver les deux journalistes et leur faire copier la lettre ?

— Quelque chose ne va pas ? lui demanda-t-il.

Yulia aurait pu lui parler du Sénateur qui l’avait insultée, mais la honte l’en empêcha. A la place, elle lui dit qu’une Inquisitrice lui avait parlé pendant le bal, et que son nom lui avait paru familier.

Taylor et Angora échangèrent un regard, puis le Capitaine lui répondit en soupirant :

— Nous en parlions justement avec ta protectrice. C’est une rencontre qui risque de nous attirer des ennuis si nous n’y faisons pas attention… Elle t’a dit son nom ?

La petite hocha la tête.

Merriam Téorine Matthias, elle ne pourrait pas l’oublier si facilement.

— Elle est l’une des sœurs de l’Amiral Matthias de Veleria, continua-t-il, la cinquième, je crois. Ses ainées occupent toutes des fonctions importantes dans le Protectorat de son frère, mais elle a été envoyée à l’Inquisition. Certains disent qu’elle lui sert à garder un œil sur le Sénat, d’autres disent l’inverse : qu’elle constitue un otage de luxe qui assure à l’Empereur la paix entre Veleria et Ato, deux anciens empires qui se vouent une haine tenace. Quoi qu’il en soit, elle est au centre d’intérêts politiques dont il vaut mieux se tenir à l’écart.

— Je n’aurais pas dû lui parler ? demanda Yulia, confuse.

— Non, rectifia le Sans-nom, nous ne voulons pas nous mettre le Sénat ou les Veleriens sur le dos… mais, à l’avenir, essaye de l’éviter. Les observateurs pourraient y voir une manœuvre politique des Matthias ou du Sénat, voire leur ingérence dans les affaires de la Bérudie, et nous ne sommes pas en mesure de faire face aux conséquences d’une telle crise politique.

Yulia choisit ses mots avec soin, comme si elle marchait sur du verre :

— Merriam m’a dit haïr ce genre de considération politique… Je ne crois pas qu’elle veuille m’utiliser, elle me proposait juste de l’aide.

— Qu’elle le veuille ou non, ces considérations politiques sont là, trancha Angora. Elle n’est pas stupide au point de l’ignorer. Est-ce qu’elle n’agit que par provocation ? C’est possible, mais ce serait inconscient de sa part. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas nous permettre de jouer son jeu.

— Tu penses qu’elle essayera de te recontacter ? lui demanda Taylor.

La petite haussa les épaules d’un air éloquent : elle n’avait aucune idée des intentions de l’Inquisitrice Merriam.

— Si cela arrive, lui conseilla malgré tout Taylor, reste poli :arrow: poliE, mais prends tes distances. Si les nobles se disent que la sœur de Matthias te courtise, le jeu devient beaucoup plus dangereux et ça risque de décourager beaucoup de prétendants au mariage, dont peut-être les Wöllner.
Yulia tiqua.

— Merriam me… courtise ?

Angora rougit.

— Pas dans ce sens- !

— Elle pourrait chercher à te rallier aux intérêts de Veleria, reformula Taylor.

Il ne parvint cependant pas, malgré tout son sérieux, à réprouver un sourire taquin quant à la gêne de la Dragon.

A quelques tables de là, Irïlan roulait sous la table. Ashä avait visiblement gagné le concours de boisson. :arrow: Mdr mais eux aussi... :lol:

Avant de s’éclipser, Taylor se confia à la guerrière de Ford :

— J’espère qu’Hellshima reviendra vite. Cela fait trois jours qu’il n’est pas rentré, je commence à m’inquiéter.

— Il cherche toujours Connor ? s’enquit Angora.

— Toujours. Aux dernières nouvelles, notre déserteur nous a volé une trentaine de pièces d’or et avait loué une chambre dans le quartier du limon. Il n’y est resté qu’une nuit, après nous perdons sa trace.

Il se mordillait le doigt.

— Je n’aime pas ça. Nous sommes à peu près en sécurité dans les quartiers au sud de l’Azurite, mais au nord tout est beaucoup plus incertain… Les allégeances des gangs changent continuellement et il y a certains gros poissons qu’il ne faut vraiment pas déranger… Même mes anciens amis ne sont plus fiables, je suis parti trop longtemps.

— Nadejda m’a parlé de Pistache, révéla Angora.

Yulia ne voyait plus de quoi ils discutaient.

— J’ai fait affaire avec elle, oui, reconnu :arrow: reconnuT Taylor, et pour la contrebande je lui fais confiance. Pour le reste… il y a des possibilités que je dois considérer.

Il refusa d’en dire plus.

— Il se fait tard, finit-il par déclarer. Je ferais mieux d’y aller si je ne veux pas réveiller Joshua et Margareth… ils sont plutôt soupe-au-lait en ce qui concerne leur sommeil.

Yulia le regarda enfiler son manteau sans dire un mot. Malgré ses frasques habituelles, le Capitaine de l’Eclat s’était montré bien plus sombre qu’à son habitude. Cette fête n’était-elle pas pour se réjouir ? Quand elle observait ceux qui s’amusaient, elle louait leur ignorance. Entre les intérêts de Veleria, les affaires des mafias et l’ombre du Sénat, leur arnaque pour approcher les Wöllner semblait se révéler bien plus risquée que prévue. Qui pouvait savoir quel allait être le prochain intriguant à entrer dans la danse pour la succession du Protectorat de Cathuba ?

Fatiguée, elle décida de laisser les ex-Corsaires s’amuser et monta se coucher, suivie d’Angora.





Son esprit peinait à accepter le repos. Elle repensait constamment à l’Inquisitrice qui lui avait offert son amitié lors du bal. Angora et Taylor se méfiait :arrow: se méfiaiENT d’elle mais, vu sous un certain angle, les deux filles se montraient bien semblables :

Merriam était la sœur d’un Amiral quand Yulia en était la fille. Son affiliation l’empêchait pourtant d’obtenir la considération qu’elle cherchait dans l’Inquisition. Elle enrageait de ne pas pouvoir exister indépendamment de sa famille. Si Yulia avait pu faire librement sa vie de navigatrice, aurait-elle aussi souffert que chacune de ses actions soit vue comme une émanation de son père ?

Elles avaient ça en commun : un parent à la figure écrasante. Yulia s’y raccrochait cependant comme une partie irremplaçable de son être. Parce que son père avait essayé de ne pas lui faire porter le poids de ses responsabilités ? Avait-il tenté de préserver son enfance ? Adulte, que serait-elle devenue ?

Toutes ces questions tournaient dans sa tête sans qu’elle parvienne à trouver le sommeil.

Elle voulait son père. Lui sauter au cou, le serrer dans ses bras. Elle voudrait qu’il soit là, qu’il la rassure, qu’il lui murmure une histoire jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Mais il y avait entre eux des milliers de kilomètres et plus d’ennemis que d’amis.

A deux mètres d’elle, Angora récurait le canon de son fusil pour trouver le sommeil.

fin du chapitre 21.
à suivre
Aie aie aie, Yulia et Angora... C'est dingue, j'ai l'impression de les connaître depuis un bail T-T Elles me font tellement de peine, quand elles paraissent vulnérables dans l'obscurité d'une chambre... Tu sais vraiment bien gérer tes personnages et manier leurs émotions, leurs relations... toujours bravo de ce PDV-là (de tous les PDV en fait !)

Mais oui, beaucoup de tensions et d'intrigues politiques présentes ou à venir... Je sens que ça va se densifier, s'intensifier... jusqu'à l'explosion ? x') On en est où là, à peu près, de la fin du T1 ? :D (histoire que je prépare mon fragile kokoro)
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :Avant d'attaquer la lecture de ce chapitre, je dis juste un petit mot par rapport au questionnement des descriptions de persos... Je comprends aussi bien le PDV de Danou que le tien, Vince.
Pour ma part, je dirais que certains adjectifs ou expressions peuvent pas toujours s'appliquer à tes personnages ("beauté exotique" ou ce genre de chose) simplement car c'est se figer du PDV d'un personnage aux origines différentes. Yulia peut très bien être la beauté exotique d'Irïlan et ainsi de suite ! Dans ce cas-là, appliquer la méthode "Danou" ne me semble pas irrespectueuse ou déplacée : la curiosité pour une ethnie différente est propre à chaque ethnie.
Après, bien que tu t'inspires d'ethnies de notre chère Terre, tu restes dans un monde créé de toutes pièces par ton imaginaire. Le défi peut alors d'être d'apprendre à décrire ces ethnies d'après les caractéristiques globales de l'ethnie et en fonction des caractéristiques propres à un personnage donné. Les yeux en amande, ça marche bien et c'est vrai que ça accroche plus l'attention que de simples "yeux bridés". Si tu veux aller plus loin, tu peux t'amuser à décrire le placement de la paupière, la glabelle, le positionnement des coins internes et externes des yeux, leur taille... Les décrire ainsi te permettra de dépasser une description éventuellement ethnocentrée x') Puis quitte à être dans un monde imaginaire, tu peux aussi inventer de nouvelles ethnies... c'est rigolo et tu es sûr d'avoir une totale liberté !
Autrement, en ce qui concerne Yulia, j'ai aussi remarqué que c'était l'un des personnages dont on avait le moins de descriptions physiques, mais ça m'est complètement passé au-dessus de la tête au fil des chapitres. Certains personnages sont marqués par leur physique atypique (comme Angora avec ses cheveux rouge et son bras mécanique), donc ils ont une image plus forte en tête, mais Yulia fait partie de ses protagonistes dont le peu de description, à mes yeux, sert l'identification. Puis j'avais quand même en tête ses cheveux bouclés, grâce au dessin que tu avais un jour montré...
Dis donc, c'est vrai que ça donne envie de discuter tout ça... :D
Mais je file lire ! :evil:
C'est une affaire d'équilibre et d'humilité, tu as raison :)
En fantasy j'ai l'impression qu'on "crée" toujours un peu ses ethnies, ou du moins ses cultures car elles ont forcément un vécu historique différent. Physiquement on peut s'inspirer de ce qu'on a dans notre monde ou pas du tout (Ursula K. Le Guin le fait dans Terremer par exemple, que je suis en train de lire, où tout ses persos sont décris avec la peau brune, cuivre ou noire, sauf des mecs de l'est qui ressemblent à des vikings ; ou encore mieux j'ai lu cette année l'EXCELENTE trilogie de la Terre Fracturée de N. K. Jemisin où le travail sur la construction des ethnies est brillant et super complet). C'est ce que j'ai commencé à faire vraiment (et tu l'as vu ♥) avec les Arkadiens, mais plus largement le reste de mes ethnies se sont construites petit à petit dans ma tête (la Bérudie c'est clairement la méditerranée, le Languedoc et l'Afrique du Nord ; Paam c'est l'Inde) mais par exemple Thäma c'est une "ethnie physique" africaine (et au niveau de la nomenclature) mais avec une société calquée pour beaucoup sur le japon médiéval avec des seigneurs de guerres qui contrôlent des royaumes du riz, qui ont une caste de guerriers qui manient traditionnellement le sabre, avec des armures (que j'ai pas encore décrites) de samurai... BREF c'est du "black samurai" avec une guerre coloniale qui a crée une diaspora. Et du coup j'ai un défi pour les Atoli (que j'ai pas encore de ouf décrit) qui sont très technologiques (mécas, automates, etc.) MAIS je veux pas tomber dans le cliché absolue du Tradition VS Modernité :lol: Donc il faut que ce soit des "japonais" avec une culture assez différente des japonais 8-)
Pour finir un peu le sujet, j'ai vu cet extrait de l'interview de Pénélope Bagieu qui me parle beaucoup : https://twitter.com/CPolF5/status/12367 ... 79937?s=20

Réponses aux commentaires du chapitre :

- J'A-DORE décrire des robes :oops: C'est devenu mon plaisir coupable (pas si coupable, ok :lol: )
- Excellente remarque sur le "stress" et je suis plutôt d'accord ^^ Je remplace par angoisse donc ;)
- Le foutrement sonne en effet très bizarre dans la bouche de Yulia... ça pourrait sortir mais uniquement si elle était vraiment vraiment furax hors d'elle j'imagine ^^' Ce qui n'est pas le cas ici... Hop, je remplace sur mes fichiers.
- "comme un oiseau de proie fend :arrow: sur ? une nuée d’étourneaux" Non, fend du verbe fendre. Il fend une masse, il divise un bloc en deux par son passage
- Merci, les Inquisiteurs je voulais vraiment pas les ratés car c'est quelque part l'incarnation du trauma de Yulia... content que ça marche :3
- (merci pour la conjugaison et tout ça)
- Oh nooooon ton prof de SVT ne devait pas être très agréable à regarder :lol: :')
- Eheh ta réaction à l'agression de Caesar Russ, ça me fait plaisir car c'est exactement ça : Yulia ne comprends pas du tout d'où ça vient, et c'est bien que l'incompréhension soit aussi chez le lecteur. Si tu veux un indice sur le pourquoi, je dirais que la conversation était juste du papotage de politesse mêlé à une vague curiosité, mais le fait que Yulia lui propose de lui envoyer une carte laisserait penser que Caesar pourrait être l'un de ses prétendants... Ce qui ne passe pas, c'est perçu par cet homme comme une prétention à le charmer. Et c'est typiquement une nuance qui est passée à 10.000 lieux de l'esprit de Yulia qui répondait juste pour être charmante. Bien entendu, Caesar est un connard, qui aime exercer son pouvoir pour écraser les autres... et les femmes d'autant plus, comme tout bon connard :evil:
- Ahah oui c'est long x) Le chapitre 21 fait 11.300 mots (67.700 signes) ; et au total pour l'instant j'ai écrit 220.000 mots environ sur l'histoire complète (c'est... pas mal ^^')
- Oui, le Sénateur a pas mal insulté les cheveux de Yulia... racisme ;) :evil: (cheveux loin des critères de beautés Paamiens des cheveux noirs et lisses, ou blancs et lisse des Arkadiens, bref pas assez lisses)
- Merci beaucoup ! ♥

Oui on approche de la fin, il y a encore 2 (ou 3 si je me décide à allonge une petite péripétie... j'essaye de m'en empêcher mais j'en ai de plus en plus envie :lol: :roll: ) avant de conclure cet arc narratif de la Capitale ;)
Ensuite, j'aurais un petit premier tome... où je dois retravailler la partie 2, et qui va peut-être devenir 3 tomes indépendants en fonction de si je veux envoyer un manuscrit de 240.000 signes ou trois de 80.000 (ce qui est plus susceptible d'intéresser un éditeur)
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

dark-vince a écrit :
C'est une affaire d'équilibre et d'humilité, tu as raison :)
En fantasy j'ai l'impression qu'on "crée" toujours un peu ses ethnies, ou du moins ses cultures car elles ont forcément un vécu historique différent. Physiquement on peut s'inspirer de ce qu'on a dans notre monde ou pas du tout (Ursula K. Le Guin le fait dans Terremer par exemple, que je suis en train de lire, où tout ses persos sont décris avec la peau brune, cuivre ou noire, sauf des mecs de l'est qui ressemblent à des vikings ; ou encore mieux j'ai lu cette année l'EXCELENTE trilogie de la Terre Fracturée de N. K. Jemisin où le travail sur la construction des ethnies est brillant et super complet). C'est ce que j'ai commencé à faire vraiment (et tu l'as vu ♥) avec les Arkadiens, mais plus largement le reste de mes ethnies se sont construites petit à petit dans ma tête (la Bérudie c'est clairement la méditerranée, le Languedoc et l'Afrique du Nord ; Paam c'est l'Inde) mais par exemple Thäma c'est une "ethnie physique" africaine (et au niveau de la nomenclature) mais avec une société calquée pour beaucoup sur le japon médiéval avec des seigneurs de guerres qui contrôlent des royaumes du riz, qui ont une caste de guerriers qui manient traditionnellement le sabre, avec des armures (que j'ai pas encore décrites) de samurai... BREF c'est du "black samurai" avec une guerre coloniale qui a crée une diaspora. Et du coup j'ai un défi pour les Atoli (que j'ai pas encore de ouf décrit) qui sont très technologiques (mécas, automates, etc.) MAIS je veux pas tomber dans le cliché absolue du Tradition VS Modernité :lol: Donc il faut que ce soit des "japonais" avec une culture assez différente des japonais 8-)
Pour finir un peu le sujet, j'ai vu cet extrait de l'interview de Pénélope Bagieu qui me parle beaucoup : https://twitter.com/CPolF5/status/12367 ... 79937?s=20

Réponses aux commentaires du chapitre :

- J'A-DORE décrire des robes :oops: C'est devenu mon plaisir coupable (pas si coupable, ok :lol: )
- Excellente remarque sur le "stress" et je suis plutôt d'accord ^^ Je remplace par angoisse donc ;)
- Le foutrement sonne en effet très bizarre dans la bouche de Yulia... ça pourrait sortir mais uniquement si elle était vraiment vraiment furax hors d'elle j'imagine ^^' Ce qui n'est pas le cas ici... Hop, je remplace sur mes fichiers.
- "comme un oiseau de proie fend :arrow: sur ? une nuée d’étourneaux" Non, fend du verbe fendre. Il fend une masse, il divise un bloc en deux par son passage
- Merci, les Inquisiteurs je voulais vraiment pas les ratés car c'est quelque part l'incarnation du trauma de Yulia... content que ça marche :3
- (merci pour la conjugaison et tout ça)
- Oh nooooon ton prof de SVT ne devait pas être très agréable à regarder :lol: :')
- Eheh ta réaction à l'agression de Caesar Russ, ça me fait plaisir car c'est exactement ça : Yulia ne comprends pas du tout d'où ça vient, et c'est bien que l'incompréhension soit aussi chez le lecteur. Si tu veux un indice sur le pourquoi, je dirais que la conversation était juste du papotage de politesse mêlé à une vague curiosité, mais le fait que Yulia lui propose de lui envoyer une carte laisserait penser que Caesar pourrait être l'un de ses prétendants... Ce qui ne passe pas, c'est perçu par cet homme comme une prétention à le charmer. Et c'est typiquement une nuance qui est passée à 10.000 lieux de l'esprit de Yulia qui répondait juste pour être charmante. Bien entendu, Caesar est un connard, qui aime exercer son pouvoir pour écraser les autres... et les femmes d'autant plus, comme tout bon connard :evil:
- Ahah oui c'est long x) Le chapitre 21 fait 11.300 mots (67.700 signes) ; et au total pour l'instant j'ai écrit 220.000 mots environ sur l'histoire complète (c'est... pas mal ^^')
- Oui, le Sénateur a pas mal insulté les cheveux de Yulia... racisme ;) :evil: (cheveux loin des critères de beautés Paamiens des cheveux noirs et lisses, ou blancs et lisse des Arkadiens, bref pas assez lisses)
- Merci beaucoup ! ♥

Oui on approche de la fin, il y a encore 2 (ou 3 si je me décide à allonge une petite péripétie... j'essaye de m'en empêcher mais j'en ai de plus en plus envie :lol: :roll: ) avant de conclure cet arc narratif de la Capitale ;)
Ensuite, j'aurais un petit premier tome... où je dois retravailler la partie 2, et qui va peut-être devenir 3 tomes indépendants en fonction de si je veux envoyer un manuscrit de 240.000 signes ou trois de 80.000 (ce qui est plus susceptible d'intéresser un éditeur)
J'ai encore jamais lu de Ursula K. Le Guin ou de N. K. Jemisin... J'vais jeter un coup d’œil :D
Yes, j'ai vu en lisant, c'était super chouette ! Et je partage tes idées sur le fait d'inventer ses ethnies, même si on peut complètement s'inspirer de notre monde (c'est aussi difficile de tout inventer de 0 faut dire).
Oh stylé ça donne tellement envie d'en savoir plus :o J'espère que tu auras l'occasion d'y mettre en scène ! Et pour le côté modernité VS tradition... en soit les Thäma et les Atoli (pas sûre d'avoir respecté leurs gentilés... j'ai un peu sûrement violé tes yeux là, désolée :lol: ), ce sont 2 peuples parmi tous les peuples de ton univers... J'imagine que les Atoli et les Thäma sont en confrontation directe si tu mentionnes ce Modernité VS Tradition, mais si tu tournes cette confrontation de manière "indirecte" il y a peut-être moins cet aspect T VS M justement ? ^^
Effectivement, c'est intéressant comme extrait !

- C'est un plaisir coupable assez sain, ça va :lol:
- Oui, dans un moment de grosse colère, ce serait pas trop trop choquant, mais là ça sortait un peu du contexte :v
- OK j'étais pas sûre, j'apprends des trucs !
- Ah oui, ça marche clairement :(
- Yes, c'était déjà expliqué en partie dans le récit, le côté agression sortie de nulle part, mais ça reste violent pauvre Yulia... Argh, j'espère ne pas le revoir x')
- Ah ouais, les chapitres de 11 000 mots, je comprends mieux :lol: Ah ouaiiiiis 220 000 mots :D Et c'est juste le T1 ?? Ou tu vas découper ça en petits tomes ?
- Bichette, c'est déjà assez chiant d'avoir des cheveux bouclés pour en plus se prendre des remarques :evil:

Et du coup tu découperais ce premier "tome" (250 000 mots environ à la fin j'imagine ?) en 3 plus petits pour que ce soit plus accessible à l'édition ? ^^
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Mais qu'est-ce que vous avez contre les cheveux bouclés ? c'est tellement plus joli que les cheveux lisses ! :lol: Je me souviens d'un stage Bafa où j'avais au moins trois filles qui passaient des heures à se lisser les cheveux alors qu'elles avaient des magnifiques chevelures brunes bouclées... je n'avais pas fait le lien avec le racisme à l'époque. C'était une question de mode, mais si on va à la racine du pourquoi...

Vous m'avez un peu perdu avec votre compte en mots, (je suis obligé de multiplier par 6 pour avoir une idée approximative) mais ça fait beaucoup ! :lol: Pour accrocher un éditeur il vaut mieux ne pas lui présenter un manuscrit de 1 000 pages... par contre lui dire que derrière les premières 300 pages il y a la suite qui est déjà écrite, ça peut être bien.

Bon, les amis, si vous vous ennuyez pendant les vacances forcées ( :twisted: ) montez me voir, j'ai un cabanon pour vous mettre en quarantaine et ici on respire bien !

(ouais c'était juste pour vous faire un petit coucou ! :lol: )
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Mais qu'est-ce que vous avez contre les cheveux bouclés ? c'est tellement plus joli que les cheveux lisses ! :lol: Je me souviens d'un stage Bafa où j'avais au moins trois filles qui passaient des heures à se lisser les cheveux alors qu'elles avaient des magnifiques chevelures brunes bouclées... je n'avais pas fait le lien avec le racisme à l'époque. C'était une question de mode, mais si on va à la racine du pourquoi...

Vous m'avez un peu perdu avec votre compte en mots, (je suis obligé de multiplier par 6 pour avoir une idée approximative) mais ça fait beaucoup ! :lol: Pour accrocher un éditeur il vaut mieux ne pas lui présenter un manuscrit de 1 000 pages... par contre lui dire que derrière les premières 300 pages il y a la suite qui est déjà écrite, ça peut être bien.

Bon, les amis, si vous vous ennuyez pendant les vacances forcées ( :twisted: ) montez me voir, j'ai un cabanon pour vous mettre en quarantaine et ici on respire bien !

(ouais c'était juste pour vous faire un petit coucou ! :lol: )
Non, moi je râle dessus parce que j'ai les veuchs bouclés et que ça se me casse les pieds, mais je sais qu'il y en a qui les voudraient bouclés plutôt que lisses (c'est toujours la même chose : on a jamais ce qu'on veut :roll: )
Mais oui la mode du lissage commence à passer, mais y'a encore du chemin à faire :?

Oui, ça fait beaucoup beaucoup :lol: Et comme tu dis c'est plus intéressant de présenter un ""petit"" manuscrit avec une suite déjà préparée qu'un gros pavé !

Aie aie aie, m'en parle pas, j'avais plein de choses à faire, je sais pas comment je vais me débrouiller...
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

louji a écrit :
dark-vince a écrit :
C'est une affaire d'équilibre et d'humilité, tu as raison :)
En fantasy j'ai l'impression qu'on "crée" toujours un peu ses ethnies, ou du moins ses cultures car elles ont forcément un vécu historique différent. Physiquement on peut s'inspirer de ce qu'on a dans notre monde ou pas du tout (Ursula K. Le Guin le fait dans Terremer par exemple, que je suis en train de lire, où tout ses persos sont décris avec la peau brune, cuivre ou noire, sauf des mecs de l'est qui ressemblent à des vikings ; ou encore mieux j'ai lu cette année l'EXCELENTE trilogie de la Terre Fracturée de N. K. Jemisin où le travail sur la construction des ethnies est brillant et super complet). C'est ce que j'ai commencé à faire vraiment (et tu l'as vu ♥) avec les Arkadiens, mais plus largement le reste de mes ethnies se sont construites petit à petit dans ma tête (la Bérudie c'est clairement la méditerranée, le Languedoc et l'Afrique du Nord ; Paam c'est l'Inde) mais par exemple Thäma c'est une "ethnie physique" africaine (et au niveau de la nomenclature) mais avec une société calquée pour beaucoup sur le japon médiéval avec des seigneurs de guerres qui contrôlent des royaumes du riz, qui ont une caste de guerriers qui manient traditionnellement le sabre, avec des armures (que j'ai pas encore décrites) de samurai... BREF c'est du "black samurai" avec une guerre coloniale qui a crée une diaspora. Et du coup j'ai un défi pour les Atoli (que j'ai pas encore de ouf décrit) qui sont très technologiques (mécas, automates, etc.) MAIS je veux pas tomber dans le cliché absolue du Tradition VS Modernité :lol: Donc il faut que ce soit des "japonais" avec une culture assez différente des japonais 8-)
Pour finir un peu le sujet, j'ai vu cet extrait de l'interview de Pénélope Bagieu qui me parle beaucoup : https://twitter.com/CPolF5/status/12367 ... 79937?s=20

Réponses aux commentaires du chapitre :

- J'A-DORE décrire des robes :oops: C'est devenu mon plaisir coupable (pas si coupable, ok :lol: )
- Excellente remarque sur le "stress" et je suis plutôt d'accord ^^ Je remplace par angoisse donc ;)
- Le foutrement sonne en effet très bizarre dans la bouche de Yulia... ça pourrait sortir mais uniquement si elle était vraiment vraiment furax hors d'elle j'imagine ^^' Ce qui n'est pas le cas ici... Hop, je remplace sur mes fichiers.
- "comme un oiseau de proie fend :arrow: sur ? une nuée d’étourneaux" Non, fend du verbe fendre. Il fend une masse, il divise un bloc en deux par son passage
- Merci, les Inquisiteurs je voulais vraiment pas les ratés car c'est quelque part l'incarnation du trauma de Yulia... content que ça marche :3
- (merci pour la conjugaison et tout ça)
- Oh nooooon ton prof de SVT ne devait pas être très agréable à regarder :lol: :')
- Eheh ta réaction à l'agression de Caesar Russ, ça me fait plaisir car c'est exactement ça : Yulia ne comprends pas du tout d'où ça vient, et c'est bien que l'incompréhension soit aussi chez le lecteur. Si tu veux un indice sur le pourquoi, je dirais que la conversation était juste du papotage de politesse mêlé à une vague curiosité, mais le fait que Yulia lui propose de lui envoyer une carte laisserait penser que Caesar pourrait être l'un de ses prétendants... Ce qui ne passe pas, c'est perçu par cet homme comme une prétention à le charmer. Et c'est typiquement une nuance qui est passée à 10.000 lieux de l'esprit de Yulia qui répondait juste pour être charmante. Bien entendu, Caesar est un connard, qui aime exercer son pouvoir pour écraser les autres... et les femmes d'autant plus, comme tout bon connard :evil:
- Ahah oui c'est long x) Le chapitre 21 fait 11.300 mots (67.700 signes) ; et au total pour l'instant j'ai écrit 220.000 mots environ sur l'histoire complète (c'est... pas mal ^^')
- Oui, le Sénateur a pas mal insulté les cheveux de Yulia... racisme ;) :evil: (cheveux loin des critères de beautés Paamiens des cheveux noirs et lisses, ou blancs et lisse des Arkadiens, bref pas assez lisses)
- Merci beaucoup ! ♥

Oui on approche de la fin, il y a encore 2 (ou 3 si je me décide à allonge une petite péripétie... j'essaye de m'en empêcher mais j'en ai de plus en plus envie :lol: :roll: ) avant de conclure cet arc narratif de la Capitale ;)
Ensuite, j'aurais un petit premier tome... où je dois retravailler la partie 2, et qui va peut-être devenir 3 tomes indépendants en fonction de si je veux envoyer un manuscrit de 240.000 signes ou trois de 80.000 (ce qui est plus susceptible d'intéresser un éditeur)
J'ai encore jamais lu de Ursula K. Le Guin ou de N. K. Jemisin... J'vais jeter un coup d’œil :D
Yes, j'ai vu en lisant, c'était super chouette ! Et je partage tes idées sur le fait d'inventer ses ethnies, même si on peut complètement s'inspirer de notre monde (c'est aussi difficile de tout inventer de 0 faut dire).
Oh stylé ça donne tellement envie d'en savoir plus :o J'espère que tu auras l'occasion d'y mettre en scène ! Et pour le côté modernité VS tradition... en soit les Thäma et les Atoli (pas sûre d'avoir respecté leurs gentilés... j'ai un peu sûrement violé tes yeux là, désolée :lol: ), ce sont 2 peuples parmi tous les peuples de ton univers... J'imagine que les Atoli et les Thäma sont en confrontation directe si tu mentionnes ce Modernité VS Tradition, mais si tu tournes cette confrontation de manière "indirecte" il y a peut-être moins cet aspect T VS M justement ? ^^
Effectivement, c'est intéressant comme extrait !

- C'est un plaisir coupable assez sain, ça va :lol:
- Oui, dans un moment de grosse colère, ce serait pas trop trop choquant, mais là ça sortait un peu du contexte :v
- OK j'étais pas sûre, j'apprends des trucs !
- Ah oui, ça marche clairement :(
- Yes, c'était déjà expliqué en partie dans le récit, le côté agression sortie de nulle part, mais ça reste violent pauvre Yulia... Argh, j'espère ne pas le revoir x')
- Ah ouais, les chapitres de 11 000 mots, je comprends mieux :lol: Ah ouaiiiiis 220 000 mots :D Et c'est juste le T1 ?? Ou tu vas découper ça en petits tomes ?
- Bichette, c'est déjà assez chiant d'avoir des cheveux bouclés pour en plus se prendre des remarques :evil:

Et du coup tu découperais ce premier "tome" (250 000 mots environ à la fin j'imagine ?) en 3 plus petits pour que ce soit plus accessible à l'édition ? ^^
C'est très sympa, je conseille ! Les livres de la Terre Fracturée, meilleure trilogie de fantasy de ces dernières années ;) (mais c'est giga dépressif donc... hésites pas à faire des pauses et ne lis pas en période de déprime ^^')
Ouep, entièrement d'accord. Ce que je trouve particulièrement difficile c'est le choix des noms... on reste avec une langue d'usage de notre monde (le français ou l'anglais traduit) mais les prénoms ça se traduit pas généralement :/ Donc il faut qu'ils soient originaux si c'est une ethnie inventée... et si on utilise un prénom marqué (ex : Hikari = japonais) ça fait directement référence à une culture de notre monde... c'est pas simple :?
Non quand je dis "tradition VS modernité" c'est LA phrase clichée sur le japon justement, celle que tout les reportages M6 utilisent, c'est le poncif ABSOLUE pour décrire une culture ^^

A voir j'ai pas encore décidé
Judas_Cris

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

DanielPagés a écrit :Mais qu'est-ce que vous avez contre les cheveux bouclés ? c'est tellement plus joli que les cheveux lisses ! :lol: Je me souviens d'un stage Bafa où j'avais au moins trois filles qui passaient des heures à se lisser les cheveux alors qu'elles avaient des magnifiques chevelures brunes bouclées... je n'avais pas fait le lien avec le racisme à l'époque. C'était une question de mode, mais si on va à la racine du pourquoi...

Vous m'avez un peu perdu avec votre compte en mots, (je suis obligé de multiplier par 6 pour avoir une idée approximative) mais ça fait beaucoup ! :lol: Pour accrocher un éditeur il vaut mieux ne pas lui présenter un manuscrit de 1 000 pages... par contre lui dire que derrière les premières 300 pages il y a la suite qui est déjà écrite, ça peut être bien.

Bon, les amis, si vous vous ennuyez pendant les vacances forcées ( :twisted: ) montez me voir, j'ai un cabanon pour vous mettre en quarantaine et ici on respire bien !

(ouais c'était juste pour vous faire un petit coucou ! :lol: )
Aaaaaah Danou, tu sais que j'y ai réfléchis :roll: Mais les premiers jours avant le confinement total mon boulot à la médiathèque était maintenu jusqu'à preuve du contraire... et quand cette preuve est arrivée il était trop tard pour bouger. D'autant que dans les immeubles autour de mon lieu de travail il y a des cas déclarés de COVID-19... autant ne mettre personne en danger et rester chez moi :geek:
D'ailleurs c'est affreux de bosser depuis chez soit :oops: J'arrive à rien... et mon moyen d'évacuer l'anxiété c'était justement sortir me promener, me voilà dans de beaux draps :evil:
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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 22 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par Judas_Cris »

Voilà la suite !
Bon, avec le COVID-19 Enora et moi on a eu quelques problèmes avec nos taff et pas mal de stress, ce qui a affecté notre productivité. Mais là on se reprends et on part pour continuer comme ça ;)

On s'approche de la fin de la partie 3 ! Je suis à la fois impatient et craintif... Mais confiant ^^ Notamment aujourd'hui on va avoir un début de réponse à un élément que j'avais teasé il y a un petit moment, et de nouvelles péripéties.
Enjoy !



Chapitre 23 : Une histoire de famille


Une pluie fine et glaçante tombait sur la Capitale. Dans les ruelles de la pissotière, celle-ci se fracassait contre les toits en tôle et ruisselait jusqu’aux gouttières percées d’où elle tombait au rythme d’une mélodie carillonnante. À la fenêtre du couloir, Yulia soupirait.

Elle s’était faufilée derrière le tableau de sa chambre d’hôtel pour rejoindre les Corsaires juste après le déjeuner, espérant y trouver un peu d’agitation. C’était peine perdue : les membres de l’Eclat faisaient les cent pas pour la plupart, dépouillés de leur argent et –donc– de leur joie de vivre.

— Quelle idée de se planquer dans un bar ! s’était désespérée Ashä. La tentation est beaucoup trop grande…

Yulia aurait pour sa part ajouté qu’Emy se montrait impitoyable. La rousse était certes la première à tendre un verre au chaland… mais n’oubliait jamais de rappeler la facture. À la fin de chaque journée, elle comptait ses sous sur un petit boulier et menaçait de décharger du plomb sur ceux qui avaient encore des dettes à son égard.

On lui avait rapporté qu’Hikari avait osé suggérer de visiter un autre bar, un où on leur ferait crédit. Emy avait chargé son arme. Aucun Corsaire n’en avait plus parlé.

Depuis, ils s’ennuyaient ferme. Seules les femmes qui étaient attachées à la garde de Yulia sortaient parfois. Pour les autres, c’était l’attente, interminable. Yulia ne désirait rien d’autre que de leur apporter cette nouvelle qui les tirerait du sommeil et qu’ils attendaient tous depuis deux semaines.

Angora la tira de ses contemplations.

— Taylor apporte des nouvelles. Il nous attend en bas.

La petite soupira.

— J’espère que ce n’est pas un nouveau rendez-vous… Si je dois encore sourire à un noble immonde, je jure de vomir mes tripes.

Ce jeu la dégoûtait. Elle aimait son rôle, porter les robes de Nora et se promener dans les rues de la Capitale pour attirer les regards. Mais le revers de la médaille était trop dur. Quand un homme se penchait vers elle, quand il la complimentait sur sa tenue ou quand il lui offrait un présent, il ne s’intéressait qu’à ce qu’il pourrait posséder chez elle. Elle était à acheter, une vraie marchandise. Au fond, ils la méprisaient tous autant que le Sénateur Russ qui l’avait insultée sans se cacher.

Comment Yssandre pouvait-il accepter de jouer ce rôle pour ces salauds ? Prendre leur argent était-il sa forme de vengeance ? Pour Yulia, ce n’était pas assez, et ça ne serait jamais assez pour qu’elle continue à s’offrir aux rapaces de la Capitale. Il lui fallait sa vengeance. Il lui fallait les Wöllner, qui avaient trahis son père.

— Je ne sais pas, avoua Angora. Taylor n’a pas encore vendu la mèche. Tu sais comment il est : très…

— Théâtral, termina Yulia.

La Dragon haussa les épaules, indécise.

— C’est une façon de le dire.

La fille de l’Amiral s’ébroua. Elle réajusta le châle sur ses épaules et suivit sa protectrice jusqu’à l’escalier. Toutes les portes des chambres étaient ouvertes, car Yorik avait commencé le ménage. Toute sauf une, qu’elle avait déjà surprise entrouverte une fois. Le vieil homme était-il de retour ? Elle ne le voyait jamais en bas, mais peut-être que les autres membres de l’Eclat pourraient la renseigner.

Dans la salle du bar, Taylor le Sans nom parlementait avec leur hôte.

— Allons Emy, tu ne vas pas me dire non à moi ?

— Non c’est non. Un achat est un achat.

— Mais j’étais ivre ! Tu ne peux pas me faire ça !

— Quel est le problème ? intervint la Dragon, curieuse.

Les Corsaires, aux tables alentours, pouffaient de rire. Leur Capitaine cachait à peine sa gêne.

— L’autre jour, avoua-t-il, j’avais très soif, mais…

— Le Capitaine est comme nous, se fendait Hikari, il n’a plus le moindre cercle de bronze !

— … mais, oui, j’étais un peu à sec.

— Et donc ? s’impatientait Angora, qui ne voyait toujours pas où il voulait en venir.

— Et donc, coupa Emy, cet idiot m’a échangé sa longue vue contre une bière.

— Tu as profité d’un moment de faiblesse ! s’indigna le Sans-Nom.

— Quel est le problème ? hésita la guerrière.

— Mais, enfin ! Ma longue-vue ! Je ne peux pas être Capitaine sans longue-vue ! Ce serait comme être un borgne sans cache-œil !

Ashä se pencha vers Irïllan :

— Est-ce qu’il insinue vraiment qu’être Capitaine est un handicap ? Ou est-ce qu’il est juste stupide ?

Yulia avait du mal à s’y retrouver.

— Mais… Emy ne peut pas te la rendre ?

La rousse lâcha le tripotage de sa verrue pour foudroyer la jeune fille du regard.

— Un. Achat. Est. Un. Achat. La maison ne fait pas crédit et la maison ne rembourse pas.

Un souffle glacé s’immisça entre les omoplates de la fille de Ford et la pétrifia de la nuque aux chevilles. Elle nota mentalement de ne plus jamais contredire leur hôte. Ou même de croiser son regard.

— Je te la rembourserai ! argua Taylor.

— Bien. Alors envois la monnaie.

— Je n’en ai pas là tout de suite, mais…

Ses traits se refermèrent immédiatement.

— La. Maison. Ne. Fais. Pas. Crédit.

Yulia avait du mal à considérer Emy Lynch comme une femme. Un bloc de granit paraissait plus proche du genre humain quand il s’agissait d’établir un compromis.

La prise de bec continua assez pour qu’on craigne l’incident diplomatique. Puis Nadejda apparut aux côtés de leur Capitaine et abattit son poing sur la table. Elle l’ouvrit et une dizaine de cercles de bronze roulèrent sur le comptoir.

— Voilà de quoi régler la bière, déclara-t-elle sobrement. Rends-lui son gage maintenant.

Sans un mot, Emy empocha l’argent et se pencha vers sa malle.

— Nad’, s’empourpra Taylor, tu n’es pas obligée de…

— Ces bêtises sont ridicules, mais tu tiens à cette longue-vue. Considère que je rembourse une partie de ma dette pour… le cadeau.

Yulia ne savait pas de quoi parlait leur mécano, mais fut soulagée de voir que tout s’arrangeait. Emy rendit l’objet à leur idiot de Capitaine et ils furent quittes.

— Maintenant qu’on a résolu un problème, soupira Angora… Vas-tu enfin nous révéler quelque chose ?

Il s’empressa de glisser sa longue-vue dans une des poches intérieures de son manteau rouge et se tourna vers elles.

— Oui ! Oui ! Oui ! Voilà…

Il se jeta –les jambes par-dessus l’accoudoir– sur un fauteuil prês des tables où traînassaient ses équipiers. Comme le craignait Yulia, il ouvrit grand les bras pour prendre la pause. La moitié de l’équipage levait déjà les yeux au ciel.

Cependant, il plongea une main dans la doublure de sa veste et en sortit une lettre inédite.

— Ceci, mes aimés… Ceci, est ce pour quoi nous sommes venus à la Capitale.

Yulia n’osait y croire.

— Est-ce… ?

— Oui. Méléon vient de me l’envoyer…

D’un coup de couteau, il fit sauter le cachet. Un sceau de cire noir, figurant trois boules entourant un cygne déployant ses ailes. Il en tira un papier, délicatement plié, puis lut :


Adriann Kars Wöllner de Sir-Taly envoie ses hommages distingués à Nora Dihya Alvez, Dame de Fezzan et fille d’Hassan Timoun Alvez.

Chère demoiselle, je n’ai pas eu le plaisir de connaître personnellement votre honorable famille, mais je vous assure par la présente lettre partager toute la peine qui doit être la vôtre. C’est toute la Bérudie qui saigne avec les vôtres et il est regrettable qu’un nouvel Amiral n’ait déjà été désigné pour rétablir la juste protection de l’Empire sur ses territoires. C’est actuellement à cette tâche que s’emploie mon très cher fils Marc Friedrich.

Il s’agit d’un garçon charmant, alliant la pureté d’âme d’un saint et la force de caractère de l’homme de pouvoir. Son bras ne faiblit pas lorsqu’il s’agit de défendre les causes honorables et de punir les criminels. Sa charge de Vice-Amiral par intérim le dote d’inflexibles devoirs, mais ceux-ci ne devraient pas entraver sa vie de jeune homme et il mérite plus qu’aucun autre de connaître l’amour et de fonder une famille. C’est mon opinion en tant que père, et l’avis de nombre de ses amis et admirateurs.

Son bonheur de rencontrer une dame si distinguée et d’un nom si honorable que le vôtre serait grand, à n’en point douter. Acceptez de le rencontrer, dès demain, et vous pourrez faire connaissance en toute intimité.

Si vous le souhaitez, vous serez reçue avec les honneurs à notre hôtel, le Norâtre. Mais si vous avez envie de spectacles ou de promenades, sachez que ma famille ne subit aucune limitation de moyens et que votre désir sera le nôtre. Ce ne sont pas le genre de choses à manquer en la Capitale de notre bel Empire.

Envoyez un messager au Norâtre une fois que vous aurez réfléchi à notre offre. N’ayez aucune crainte quant à l’heure de votre envoi, vous ne me réveillerez pas. Je veille tard, car nos ennemis communs ne dorment pas.

Soyez assurée de mes sentiments les plus distingués et de ceux de mon fils,

Adriann Kars Wöllner.



Yulia put observer les Corsaires se ranimer au fil des phrases. Les dos courbés se redressaient et les yeux fatigués retrouvaient leur vigueur. Avant que Taylor ait énoncé les derniers mots, certains sautillaient déjà sur place… Et par certains, elle entendait bien sûr Ashä.

— Fantastique ! s’exclama Irïlan. On a enfin attiré le bon oiseau !

— On le tient, exultait la sabreuse. Bien sûr qu’on va le rencontrer hors de son hôtel !

— Il nous faut une voiture, commençait à établir Nadejda, on passe le chercher pour une promenade et…

— POUM !

— BAM !

— Cuit, le zoziau !

Taylor, lui, replia la lettre, la remit dans son enveloppe, et la rangea en douceur dans son manteau. Il jubilait, évidement, mais prenait le temps de savourer l’instant. Yulia et sa protectrice, comme les autres, ne brûlaient que d’en finir.

Le Capitaine attendit patiemment que l’excitation retombe. Lorsqu’enfin son équipage se tourna vers lui, il fit craquer ses phalanges.

— Voilà ce qu’on va faire.





Le bar se vida un temps de ses squatteurs. Les Corsaires s’étaient dispersés comme une nuée de petits oiseaux, afférés à préparer leur pièce. Yulia, cependant, ne retourna pas à l’hôtel de Méléon. Elle ne s’y sentait pas si bien. Seule, dans un lit aux draps de soie, dans des appartements débordants de dorures et de coussins douillets ? Le lieu était confortable, mais elle craignait d’avoir à en payer le prix, d’une façon ou d’une autre. Elle ne portait même plus de robe au quotidien, tant elle fuyait ce qui pouvait lui donner des airs nobles. Pour quelques heures au moins, elle avait besoin de quitter la carapace de Nora, de se sentir Yulia à nouveau.

Elle discutait avec Yssandre. De tout et de rien. Le comédien parvenait à être aussi serein en chemise qu’en robe de reine, et c’était une capacité qu’elle lui enviait soudain. Il portait depuis deux jours la même jupe en mousseline, qu’il avait agrémentée ce jour d’un châle en laine. La jeune fille n’avait pas pu s’empêcher de lui poser une question :

— Tu viendras avec nous ? Quand tout sera fini ?

Il n’avait pas vraiment répondu.

— Tout ne sera jamais fini. Ma place est là où il y a constamment des rôles à jouer. Des rôles qui doivent être joués.

Quoi que cela veuille dire, il semblait très content de sa formule et ne s’expliqua pas plus. Ils continuèrent de bavarder et jouèrent même une partie de domino pour passer le temps. Plus loin, Angora et Ashä buvaient un verre ensemble et discutaient à voix basse. Même Emy ne chercha pas à s’immiscer dans leur confidence et préféra recompter ses stocks dans le fond de la pièce.

Ils n’étaient pas plus nombreux lorsque le vieil homme descendit des chambres.

Son apparition figea les témoins. Yulia en perdit l’usage des mots. Elle l’avait aperçu une fois dans l’entrebâillement d’une porte, mais elle n’avait pas imaginé qu’il était si… si abimé. Un vieux jouet cassé, dont un enfant se serait lassé.

C’était un homme très grand, presque autant que Leoda, mais d’une maigreur alarmante. Il avait des côtes saillantes et tordues, des bras squelettiques et des yeux creusés dans une roche aride. On l’avait bandé, sur presque l’entièreté du corps, et en particulier autour du moignon de sa main gauche. Quelques mèches de cheveux seulement tombaient de son chapeau : un vieux modèle du Nouveau-Monde, taillé pour la poussière et le vent. Son pantalon lui tombait, il l’avait noué avec une sorte de drap ou d’écharpe salle. Sur son dos, une longue veste aux insignes que Yulia n’avait jamais vus faisait pendre ses manches vides.

On se serait attendu à distinguer les fils de sa marionnette pendre du plafond, manipulés par un quelconque esprit, mais le vieil homme avançait pourtant de lui-même. Un pas après l’autre. La tête baissée, une force molle animant sa carcasse. Emy lui jeta un regard de pitié que personne ne manqua de remarquer, mais se détourna aussitôt, fixant ses bouteilles.

Quand l’homme entreprit de traverser la salle, les Corsaires ne manquèrent pas de remarquer l’objet qui reposait dans le holster à sa hanche. Un long révolver. Etrange relique éclatante de soin, portée par un corps qui se décompose.

Alors qu’il avait presque atteint la porte, la tenancière se retourna sans prévenir, et l’apostropha d’un ton cinglant.

— Quand vas-tu rentrer cette fois ? Tu comptes mener ce petit jeu encore longtemps ?

L’homme ne répondit pas. L’avait-il seulement entendu ?

Il activa avec peine la poignée de sa main valide et s’écroula presque sur le porche. La porte se referma en claquant alors qu’il commençait à se relever.

Pas un témoin de la scène n’osa prononcer un mot. Tous fixaient Emy, qui s’empressa de se concentrer sur la première corvée venue pour ne pas soutenir leurs regards. Sa mâchoire était encore plus serrée qu’à l’accoutumée.

Yulia était tenter d’aller poser des questions, mais Yssandre s’empressa de proposer une nouvelle partie de domino pour vite changer de sujet. Il en fallait cependant plus pour en finir avec la curiosité de la jeune fille. Il lui trottait toujours en tête que peut-être Taylor saurait quelque chose à ce sujet. D’eux tous, il était le seul à connaître l’armurière depuis des années et non quelques jours.

Mais Taylor n’était pas ici. Elle était même certaine de l’avoir entendu discuter avec Angora d’un papier que lui avait fait parvenir Hellshima. Il devait être parti le retrouver.





Aux pieds du Temple de l’Autorité, un pont très particulier enjambait le Lazuli. Sa base était en pierre, mais on l’avait étalée à l’aide de poutrelles, de planches et de ferraillerie, jusqu’à ce qu’il dépasse en largeur bien des bâtiments publiques. On avait donc élevé de nouvelles colonnes pour le soutenir, et l’étalement s’était continué. De rue il s’était fait quartier et, depuis de nombreux empereurs déjà, le Pont de Lazule était connu pour habiter le plus fouillis et tortueux des marchés couverts.

Dans ce quartier, à deux pas du Sénat et pas si éloigné du Port, les nobles s’y mêlaient aux marchandeurs de tout poil pour dénicher oiseaux, animaux rares, amulettes ésotériques ou prostituées acceptant de répondre aux plus dérangeantes des propositions. Il s’y échangeait de la monnaie, des informations, des promesses et parfois même du sang humain.

De ce ballet étrange, Taylor était un simple témoin. Il ne convoitait aucune de ces choses qui se négocient derrière un rideau épais et il ne souhaitait pas s’immiscer dans des affaires qui risquaient fort –en cas d’impair– de l’envoyer goûter les cailloux au fond du cours de l’Azurite. Mais c’était là que lui avait donné rendez-vous son ami de toujours, Hellshima. Alors il s’était laissé servir un thé au whisky dans la gargote convenue et attendait depuis la moitié d’une heure.

L’endroit devait habiter de bien plus terribles secrets que ceux qui pesaient sur la personne du Sans-Nom. Il pouvait le dire rien qu’en regardant le nombre de rideaux qui dissimulaient un arrière-salon. Et il espérait secrètement qu’on ne finisse jamais de l’étonner.

La Vigie de l’Eclat entra par la porte la plus improbable, celle qui donnait sur le fleuve. Une échelle tombait dans l’Azurite et on pouvait s’y faire hisser depuis une barque. Encore fallait-il avoir réservé sa table. Mais c’était le genre de chose que le Rapace prévoyait bien.

Quand il s’assit face à son Capitaine, il poussa un long soupire las.

— Tu as trouvé facilement ?

— Absolument charmant comme coin, répondit le blond. Dans le temps, j’y ai connu un contrebandier qui vendait des écailles de lézard au prix d’écailles de basilic. Le gars était une ordure, certes, mais je suis sûr que mon nouveau style lui aurait plu…

Il tapa des mains et désigna son accoutrement. Un beau costume, taillé un peu petit mais du plus bel effet… si on omettait sa couleur prune, criarde et de mauvais goût. Taylor était très fier de l’avoir dégoté dans un boui-boui en venant.

— C’est ma nouvelle veste, tu aimes ? Je me suis lassé du rouge…

— Elle est immonde, concéda Hellshima, mais tu as bien fait de venir sous couverture. Je pense que je suis suivi depuis quelques jours. C’est… attends, mais qu’est-ce que tu bois ?

Il avait tendu la main pour se servir dans la coupe de son Capitaine –une vieille habitude entre eux deux– mais s’était arrêté.

— Du whisky dans du thé. Il parait que c’est nouveau, ou en tout cas c’est ce que m’a raconté la serveuse.

— Et c’est comment ?

— Nouveau.

— Mais encore ?

— … Franchement dégueulasse.

— Je me disais bien.

L’Ātoli se passa une main sur le visage, exaspéré. Taylor prenait pas mal de plaisir à voir les autres tenter de reprendre leur contenance devant une bêtise, et ne s’en cachait pas. Pour être tout à fait honnête, il pensait même que ça ajoutait à son charme. Pas qu’il souhaitait charmer Hellshima –au sens où l’entendent certaines personnes– mais il pensait qu’une amitié durable se nourrissait aussi de ces petits moments de complicité imprévus.

— Je disais que je pense être suivi, mais en fait j’en suis quasiment sûr. Je dors peu, et chez des contacts extrêmement fiables, pourtant j’ai surpris des ombres et des murmures lorsque je baissais ma garde. J’ai remué pas mal de merde chez la pègre, et ça me joue des tours.

— Les mafias Ātoli ne te tolèrent plus ?

— Ce n’est pas ça le problème. J’y ai toujours mes entrées, mais il y a eu des scissions et le milieu s’est désenclavé. Certains font affaire avec des milices proches de Sénateurs et je n’aime pas du tout ça.

— Rien de rassurant…

— Non, mais j’ai malgré tout de bonnes nouvelles !

Taylor versa discrètement le contenu de sa coupe entre les planches pour ne pas avoir à la boire. Il se pencha ensuite un peu plus en avant.

— Raconte-moi.

— Nos infos étaient bonnes : Connor est bien passé par les Ātoli. Mais toutes les traces s’arrêtent ensuite… Quelqu’un l’a protégé, et le protège sans doute encore.

— Il ne faut absolument pas qu’il tombe entre les mains d’un Sénateur ou d’un Inquisiteur, rappela Taylor. Si tu penses que certains seraient tenter de le livrer aux impériaux…

— Je devrais être fixé ce soir, révéla Hellshima. Les derniers à avoir vu Connor disent qu’il avait rendez-vous dans les rues de la passe de nacre, à l’est de la ville. Et j’ai justement rendez-vous avec celle qui y fait la loi.

— C’est sûr ? voulut estimer le blond.

— Aussi sûr que peut l’être un repaire de mafieux. Mais c’est ma dernière carte. Si je trouve Connor, je saurais m’en occuper.

Taylor hésita.

— Si tu peux… essaye de le ramener en vie.

Hellshima lui prit la main.

— Taylor… Je sais que tu tenais à ce gamin. Mais tu en attendais trop. Il était un mauvais corsaire, méchant et sans morale.

— Il aurait pu… devenir meilleur. J’y croyais.

— Ce qui doit être fait sera fait.

La sentence du Rapace était tombée. Le Sans-nom s’inquiéta :

— Promets-moi au moins… !

— Bien sûr que je te le promets ! Tu me connais. Si le garçon accepte de revenir sur l’Eclat et s’il se repend… alors je le ramènerai en vie.

C’était tout ce que Taylor pouvait demander à son ami. Il lui serra la main en retour et ils reprirent des poses détendues sur leurs sièges. On leur proposa une nouvelle tournée de thé, qu’ils refusèrent.

— Demain, c’est le grand jour, lui apprit-il.

— Vraiment ? s’étonna l’Ātoli. Je pensais que ça vous prendrait plus de temps.

— Tu seras rentré chez Emy pour le départ ?

L’autre fit une grimace.

— Je n’y repasserai pas, j’ai trop peur d’y conduire ceux qui me surveillent. Que j’ai trouvé Connor ou non, je vous retrouverai directement à l’Eclat pour le départ.

— Très bien. Ce sera donc demain, au coucher du soleil.

— J’ai hâte, avoua la Vigie. Cette ville… ne m’avait pas manqué.

Son Capitaine ne réussit pas à réprouver un sourire, mais se sentit coupable.

— Je ne peux pas dire de même, hélas…

Ils discutèrent encore un moment, jusqu’à excéder la tenancière qui vint les menacer de les jeter à l’eau s’ils refusaient de consommer. Alors ils se séparèrent, à contrecœur. Taylor appréciait trop Hellshima pour bien vivre leur séparation, quand bien même elle résultait de ses ordres. L’Ātoli repartit par son échelle et héla une barque. Il s’éloigna sur l’eau, non sans saluer de son chapeau l’homme qu’il s’était choisi pour Capitaine.

Le voilà qui replongeait vers de dangereux fonds, seulement armé de son fusil et de sa furieuse intelligence.

— Fais un grand détour avant de rentrer chez Emy, lui avait-il conseillé. Et jette donc cet affreux costard dans un caniveau à l’occasion.

Taylor allait le prendre au mot. En sortant –par la porte principale, lui– il jeta quelques pièces de pourboire à la serveuse et résista à l’envie de soulever des rideaux pour s’intéresser aux autres clients. Il ne manquait lui-même pas de magouilles, pourquoi vouloir s’en rajouter ?

En passant la porte, il dut bousculer un petit groupe qui s’était attroupé là. Par effet domino, un jeune homme à trois pas de là en fit tomber sa choppe. Elle roula aux pieds du Sans-nom, qui se pencha pour la ramasser. Son propriétaire, penaud, vint la lui reprendre et Taylor remarqua chez lui quelque chose de curieux. Il avait un tatouage au creux de la main, fait d’une légère encre mauve. Un œil barré.

Le jeune homme partit si vite qu’on eut juré qu’il s’enfuyait. Le Capitaine de l’Eclat était tenté de se lancer à sa poursuite… mais sa propre quête l’attendait. Alors qu’il quittait tranquillement le Pont de Lazule, passant entre quelques étranges échoppes et se préparant à brouiller les pistes sur son chemin, son équipage s’activait en secret pour rassembler les éléments qui leur permettrait de faire tomber Marc Friedrich Wöllner.





Au bar, Yulia restait seule avec Yssandre, Ashä et Angora. Léoda et Hikari étaient repassés brièvement après le déjeuner, pour déposer quelques affaires qu’ils avaient déposées derrière la porte secrète de l’armurerie d’Emy Lynch. Depuis, la fille de Ford s’ennuyait fort.

Yssandre avait bien entendu entreprit de la tester sur son rôle de Nora Dihya Alvez. Mais c’était dérisoire : Yulia se répétait ses scènes jours et nuit. Quand elle se sentait triste, elle répétait. Quand elle sentait la colère et la haine l’étreindre, elle répétait. Quand elle s’ennuyait, elle répétait. Ses phrases, elle les connaissait par cœur. Et elle croyait bien avoir imaginé tous les scénarios possibles, jusqu’à la moindre réponse de Marc Friedrich Wöllner.

La Dragon et la Sabreuse étaient de garde. Le plus souvent, elles restaient assisses, fixaient les issues de la pièce ou somnolaient sans se cacher. Mais parfois elles échangeaient entre elles, à voix basse, et riaient ensuite de bon cœur. Il semblait même à la jeune fille que, parfois, lorsqu’elle tournait le dos, les deux femmes se tenaient la main. Mais peut-être était-ce juste son imagination.

Nadejda et Irïllan étaient partis chercher des sortes d’uniforme, il lui semblait. Aussi s’attendait-elle à les voir débarquer lorsque la porte du bar s’ouvrit à la volée.

Il n’en fut rien.

Le vieil homme était revenu, encore plus pâle, encore plus faible. Ses yeux étaient clos. Un filet de bave noirâtre coulait sur son menton. Etait-il seulement encore conscient ?

On le soutenait, car il ne pouvait pas avancer seul. Un homme, borgne, avait passé son bras autour de sa taille, un homme qui n’avait rien à faire au Lynch Bar. Yulia le sut dès que ses yeux se posèrent sur lui. Il était beau, bien habillé, propre. Pas le genre de client qu’attirait le sous-sol d’Emy.

Son entrée, le borgne la fit en riant.

— Enfin chez toi, mon vieux ! On s’est bien marré, mais tu ne tiens plus debout… Voilà ce que c’est, à fumer et boire comme si t’avais vingt ans !

Les paroles d’un camarade de beuverie qui en raccompagne un autre. Mais le ton était faux, Yulia le flairait sans avoir besoin de mobiliser ses semaines de pratiques théâtrales. Personne, d’ailleurs, ne s’y trompa dans la pièce. À commencer par Emy qui s’était raidie dès qu’elle avait vu que son invité n’était pas seul. Elle n’asticotait plus de vaisselle, mais ses mains n’avaient pas quitté le couvert du comptoir.

Le nouveau venu avança ses chaussons cirés sur le parquet et laissa le vieil homme s’effondrer sur une chaise au bar. Il continuait cependant de le tenir à la nuque avec une main faussement amicale. Il était habillé d’un pantalon parfaitement taillé selon la mode et d’un gilet gris brodé d’or dépourvu de la moindre tâche de gras ou de suie. Un long manteau en feutre lui cachait un peu les bras, mais on distinguait sans peine les deux holsters à révolver sanglés à ses épaules. Un cache-œil de cuir lui fendait le visage, ne suffisant pas à gâcher son allure de dandy.

Derrière lui, la porte laissa entrer deux autres hommes. Mêmes vestes en feutre, mais des trognes plus en adéquation avec le quartier. Ils portaient leurs carabines à bout de bras et se placèrent chacun d’un côté de la porte après y avoir passé le verrou.

— Qu’est-ce que tu viens foutre là ? grogna Emy Lynch en fusillant le borgne du regard.

— Je raccompagne mon nouvel ami, répondit-il nonchalamment. C’est fou les gens que l’on rencontre autour d’un fumoir, n’est-ce pas ? Avant de débarquer dans la pissotière, je pensais –comme tout gentleman qui se respecte– qu’on y trouvait que des ouvriers fauchés et des va-nu-pieds sans intérêts… Mais depuis que je fais la tournée des bars et des bordels, j’ai fait connaissance avec plus d’un profil intéressant !

Il pointa l’index sous le menton du vieil homme.

— Ton oncle, par exemple ! Extraordinaire ! Je ne savais pas qu’on pouvait trouver des Justiquaires renégats juste sous les fenêtres de l’Inquisition…

Emy tapa du poing sous la table, furieuse.

— Arrêtes tes conneries ! Laisse-le en dehors de ça, il ne bosse pas pour moi, il ne bosse pas pour Sullivan, il ne bosse pour personne.

Le vieux dodelinait de la tête comme s’il participait à la conversation. Mais ses yeux étaient clos et il bavait, incapable de fermer convenablement la bouche. Sans doute ne réagissait-il qu’aux éclats des phrases sans en comprendre le sens.
La déclaration de la patronne amusa le nouveau venu. Il tira ses cheveux en arrière de sa main libre et découvrit ses canines en souriant.

Oh, mais voyons… Ta famille est dans le quartier depuis quoi ? trois ? quatre générations ? Tu devrais le savoir depuis le temps…

Il resserra son emprise sur la nuque de l’oncle d’Emy.

— Tout le monde bosse pour quelqu’un. Aucune petite fille, aucun vieillard, aucun infirme ne peut se soustraire aux jeux de la rue. Si je peux atteindre quelqu’un en ciblant la plus blanche des colombes, je n’hésiterai pas un seul instant à tirer. Et je ne connais pas un seul chef de bande qui ne procèderait pas ainsi.

Emy serra la mâchoire et ravala ses mots. Intriguée, Yulia glissa hors de sa chaise et entreprit de se rapprocher pour mieux entendre en longeant le mur et les alcôves. Mais un des deux gars du mafieux la pointa du viseur de sa carabine. Angora lui fit signe de ne plus bouger et elle s’immobilisa entre deux tables. Ashä et elle attendaient un signe de la tenancière… Devait-on se battre ? Devait-on attendre ?

Au bar, la rousse révéla lentement sa seconde main et la posa sur le bois. Vide. Elle avait renoncé à sortir les armes.
— Qu’est-ce que tu veux ? Pourquoi tu es vraiment venu ?

Satisfait, l’homme relâcha un peu sa prise sur le vieux Lynch.

— Je m’installe. Je visite mon nouveau quartier et je m’assure de bien m’entendre avec mes nouveaux protégés.

— Le territoire de ta famille est au nord-est de la ville, Japhet. Tu t’es lassé des Hurleuses ?

Japhet… Où donc Yulia avait-elle déjà entendu ce nom-là ?

— Certes, les Lucyiem n’ont que rarement franchi l’Indigo ou le Lazuli. Mais depuis que mon père m’a confié ses Lieutenants, j’ai... réorienté la politique familiale. Et la pissotière avait désespérément besoin d’un nouveau protecteur, tu ne trouves pas ? Comment il s’appelait ? Cunnivan ? Rulivan ? Fu…

— Sullivan.

— Sullivan, c’est ça ! Un mafieux respectable, mais faible. Il s’est fait zigouillé par un de ses gars, un certain… Anbô ?

— Antton.

— Antton, c’est ça !

Il s’esclaffa comme seuls le font les mauvais comédiens.

— Tu m’excuseras, je suis encore nouveau dans le coin…

Emy fronça les sourcils. Cette scène ne l’amusait manifestement pas.

— Quoi qu’il en soit, cet Antton s’est révélé encore moins doué que son mentor. La moitié des bandes ne lui obéissaient même pas… Alors je suis venu mettre un peu d’ordre. Antton n’est pas prêt de réapparaitre, j’ai pris son repaire, ses hommes, et je suis en train de réviser les contrats qu’il avait négligés.

Il promena ses doigts sur le bois du comptoir sur un rythme en trois temps.

— Parmi eux… Il y avait des gars de Crogg qui se chargeaient de collecter la taxe dans les rues autour de chez toi. Il a disparu, et la plupart des gars se disaient qu’il s’était fait tué par une bande rivale ou un lieutenant sécessionniste. Mais on ne me la fait pas à moi ! Vouloir faire perdre de l’argent à Emy Lynch ? Crogg aurait eu plus de chance de survie s’il s’était jeté en Contrebas.

— J’ai pas vu sa sale tronche, le contredit l’armurière sans perdre son calme. On a dû le buter avant qu’il arrive chez moi, ou alors il s’est tiré avec le fric des taxes et tant mieux pour lui.

Japhet balaya l’hypothèse d’une main ennuyée.

— À d’autre, Emy ! Je t’ai vu bosser, dans le temps, je sais que tu n’as laissé aucune trace. Mais c’est pas mon problème : Crogg était un gars d’Antton, moi j’ai d’autres projets.

— À savoir ?

Le mafieux tourna le col vers le fond de la salle et le grand rideau rouge.

— Cet idiot sans-oreille savait ce qui se trouvait derrière ta porte blindée, mais il n’en mesurait pas la valeur. Tu as vu comment ils se sont armés ? Des surplus militaires d’un autre temps, sans doute réassemblés en cachette sous l’Arsenal ! Du vieux métal qui rouille et des cartouches qui ont pris l’eau. Si je ramenais une seule de ces armes à mon père, il me ferait déshériter sans attendre et il aurait sacrément raison ! Les armuriers clandestins de la Capitale sont soit des incapables soit des escrocs. Mais avec toi… je sais que je paye le prix fort, mais j’en ai pour mon argent.

— J’avais un deal avec Sullivan, affirma Emy en posant les coudes sur son comptoir.

— Je ne suis pas venu ici pour discuter les prix. Je veux reprendre ton contrat aux mêmes termes que l’ancien chef de bande. À la ligne près.

Il lui tendit une main ouverte, proposant l’accord. Emy mit quelques secondes à accepter. Les deux porte-flingues de Japhet tenaient toujours en joue Yulia et ses "clients". Quand finalement elle se décida à serrer la poigne du borgne, elle joua du muscle pour imposer sa domination. L’autre fit la grimace mais, lorsqu’elle le relâcha, il libéra son oncle pour se masser la main.

Elle le désigna du menton.

— Tu n’avais pas besoin de mêler mon oncle à tout ça. Je croyais que les Lucyiem respectaient la famille.

— C’est le cas, c’est le cas… Mais, soyons honnête : si tu m’avais vu passer ta porte sans ce joker, tu m’aurais laissé parler ?

— Non, tu aurais probablement reçu une balle dans la tête avant d’avoir fait trois pas.

Elle n’avait pas hésité un instant à prononcer ces mots. Cette femme terrifiait Yulia.

— Je ne peux pas t’en vouloir… On ne s’est pas quitté en très bon terme la dernière fois, hein ? Mais j’ai changé.

Il réajusta les plis de son manteau, l’air satisfait.

— Tu vois, je sais laisser les anciennes querelles dans le passé. Car nous sommes dans le futur ! L’Empire est en train de changer, et ses bas-fond doivent changer avec lui, n’est-ce pas ? Alors oublions les menaces que j’ai pu te faire, et profitons de ce partenariat restauré ! Sers-moi donc un remontant !

Elle lui servit une pinte de bière, moussante et collante. Le gredin la leva bien haut, saluant sa victoire, et entreprit de la savourer.

Quatre coups retentirent cependant contre la porte et les deux gros bras se consultèrent du regard. Les cheveux de Yulia se dressèrent sur sa tête. Et si c’était Nadejda et Irïllan qui revenaient ? Ils ne comprendraient rien à la situation. Et s’ils attaquaient les mafieux ? Tout pouvait dégénérer si vite…

Le plus chauve des gars de Japhet releva son fusil et tira le loquet. Ce fut un jeune homme qui se présenta. Et ils semblaient se connaître puisqu’ils le laissèrent passer. Il se faufila jusqu’à Japhet et entreprit de lui murmurer quelque chose à l’oreille. Quand il se pencha, Yulia put distinguer un cours instant le tatouage qu’il avait au creux de la paume. Un drôle d’œil barré.

Son patron engloutit sa bière en trois gorgés puis se releva aussi sec.

— Je dois partir pour une affaire urgente, ne le prends pas personnellement. Un de mes lieutenants va passer dans trois jours pour te passer commande. Il se fera reconnaître en frappant trois coups sur une lune d’argent. D’ici là, je serais occupé mais si tu veux me joindre laisse un mot au garçon de l’auberge du cour-glaise et je le lirai. Pour ton oncle…

Il lui tapota l’épaule deux fois. Un étrange signe d’amitié auquel le principal intéressé ne réagit même pas.

— … j’ai payé ses dettes au fumoir pour cette fois, mais il devrait sérieusement réfléchir à arrêter la fumette dans son état. Il laisse littéralement des bouts de poumons sur les canapés.

Emy ne se fendit pas du moindre commentaire. Elle attrapa la chope vide et la plongea dans son bac à vaisselle avant d’attraper un chiffon. Japhet se tourna, rappela ses gars. Le dernier canon de fusil se releva et Yulia put enfin respirer à nouveau. Alors qu’il allait partir, cependant, il leva l’index.

— Une dernière chose. Si jamais tu revois la sale tête de Taylor ou de Pistache, tu…

— Je ne leur parle pas de toi et je préviens le garçon du cour-glaise, le coupa la rousse. C’est ça que tu me conseille ?

Il haussa les épaules.

— En ce qui me concerne, tu peux aussi bien les descendre aussi sec. Mais je comprends que tu respectes votre amitié. Et puis… je mentirai à dire que je n’éprouverai aucun plaisir à tuer moi-même le Sans-Nom.

Il caressait tendrement son cache-œil.

La porte claqua peu après, et un silence pesant tomba sur la Lynch bar.

Yulia, hébétée, digérait lentement les échanges. Elle marmonna :

— C’est donc de ce Japhet-là qu’il parlait ?

Emy Lynch soupira.

— Oui… Et il est à présent mon principal client. Espérons que ça n’annonce rien de terrible.
DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 23 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Juste pour le plaisir de vous offrir un peu de couleur du bord du chemin.
Tenez bon ! je vous aime !

Sinon, je vais revenir lire d'ici peu ! la cuisine m'appelle !! (oui, en temps de crise faut se faire des petits plats, c'est bon pour le moral !) :lol:

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DanielPagés

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Re: Le Temps des Surplombs - Chap 23 [Fantasy-Steampunk-Aventure]

Message par DanielPagés »

Voilà ! j'ai un peu traîné, j'ai beaucoup de mal à me concentrer en ce moment, à structurer ma pensée et mon action, je me laisse balloter par le vent et les événements (qui sont souvent des non-événements d'ailleurs) mais j'ai lu. Et même avec plaisir. :lol:
Je me suis dit : " ouf ! on arrive au bout !" et puis vlan... un gros maffieux qui s'invite dans le jeu, et il a l'air méchant, celui-là... Et on se demande bien où on va. Attends ! Je vérifie que j'ai bien une cartouche dans la chambre de mon flingue avant de tourner la page, ça craint de plus en plus !
Et il me tarde de lire la suite...

J'espère que vous allez tous bien.
Je vous embrasse !
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