Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !

Question banale AF : quel est votre perso préféré ?

Alice
2
17%
Achalmy
2
17%
Mars
2
17%
Soraya
2
17%
Ace
0
Aucun vote
Zane
2
17%
Connor
1
8%
Vanä
1
8%
Wilwarin
0
Aucun vote
 
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louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Bien, j'ai dû aller relire le ch9 Achalmy pour retrouver mes billes... et par la même occasion j'ai noté quelques bricoles qui ont fait tilt dans mon cerveau...
J'adore ce loup. C'est vrai que j'adore les loups en général, tu sais bien ! alors un dieu loup blanc... :lol: Heureusement qu'il est là, on dirait, sinon la neige serait couverte de cadavres ! Bande de sauvages ! Je serais Galadriel, je leur couperais le chauffage ! :lol:
J'ai aimé le voyage. C'est agréable à lire. J'espère que Mars va aider un peu à la guérison du jeune chasseur blessé, il doit savoir réparer une jambe, non ?

Quelques bricoles qui ont accroché mon attention :

Ch 9 Achalmy

Si la Chasseuse passait réellement à l’attaque, je mourrai.
- mourrais (pas corrigé)

Je suis ravi de constater que tu as finalement daigner faire le déplacement jusqu’ici. - daigné

Je suis pas fan du mot "cheffe"... mais bon, j'imagine que c'est un choix "politique" :lol: :D

Shir se releva soudainement, les yeux rivés vers la pente en contrebas. - pourquoi soudainement plutôt que soudain ? à moins que tu ne veuilles dire "brusquement"

elle ne répondit pas et se contenta de se lancer dans la pente d’un pas acharné. - acharné ? (je vois plutôt un mot qui parle de rage d'énervement, rageur, furieux...)

Quant à Mars, il suivait docilement derrière en observant le paysage. - "derrière nous" ça précise sa position, sinon "suivre derrière" ça fait pléonasme

pour assurer la sécurité du mont sacré comme de ses semblables. - je dirais "pour assurer aussi bien la sécurité du mont sacré que celle de ses semblables."

CH 10 Achalmy

Il n'était pas qu'une vulgaire mascotte, représentatrice du Mont Valkovjen - (ce mot n'existe pas :) ) Représentative si tu veux qualifier "mascotte" ou représentatif si c'est "il"? (ou représentant. te)

mais la route se fit sans trop d’accroches. le mot correct serait plutôt "anicroches" ou "accrocs"

la routine ancrée de ces Chasseurs. ça fait assez pléonasme ça aussi, rajouter un mot comme "bien", "bien ancrée" serait pas mal...

mais la cadence accéléra sans attendre. - mais la cadence s'accéléra sans attendre. (la cadence s'accélère ou on accélère la cadence)


Tout autre sujet, je suis outré de ce que tu as raconté sur les frais pour la recherche d'un master, décidément, ce monde a besoin d'une sacré révolution ! :(
Et pour répondre à une autre de tes questions qui date un peu : je suis bien incapable de dire combien de chapitres il me reste à écrire (Quéribus) vu que je n'ai pas de plan. 8-) Ouais je travaille à la sauvage. Mais cette semaine j'ai avancé un peu. Je n'ose plus dire quand j'aurai terminé, mais la fin est proche. :lol:
Zoux-Zoux :lol:
Oui, en plus j'avais hésité à faire un petit résumé des événements avant de poster puis j'ai complètement zappé :roll:
J'adore les gros loups aussi :D J'avoue que pour Shir, je me suis pas mal inspirée de la Désse Louve dans Princesse Mononoke de Hayao Miyazaki ! Et oui, ces Nordistes, un peu sauvageons, on règle d'abord les conflits avec l'épée puis après on parle (si quelqu'un est encore vivant) :lol:

Pour les bricoles :
- Certaines étaient déjà corrigées sur mon Word, mais j'avais pas fait la MAJ du chap sur BN... :oops:
- D'autres, c'est inédit, merci !
- Pour cheffe : oui j'aime bien écrire les métiers/statuts au féminin... docteure, professeure, autrice, etc. En revanche, l'écriture inclusive quand il s'agit de faire des groupements (pas mentionner une personne non-binaire par contre !) type docteur.e.s j'aime pas du tout :lol: Docteurs, c'est neutre, c'est bien !
(On pourrait en discuter pendant des heures... :roll: )
- Autrement, ce serait pas mal que j'utilise des mots qui existent aussi :lol:

Eh oui, j'ai été assez surprise pour Toulouse... Des frais de consultation de dossiers, j'en revenais pas :lol:
Je comprends ! Parfois il vaut mieux se laisser guider puis on voit bien où ça se termine 8-) Déjà, si tu imagines le bout, c'est du chemin de fait ;)
Bizouz !


TcmA a écrit :
MDRRR Ohlala oui, Alice sera insupportable, Al aussi, mais ce sera bien :lol:
(KoЯn!)
Aaaaah j'aime!
(MDRRR j'ai mal lu tes indications, j'y étais pas :lol: Et c'est bien ?)
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bon, on avance un peu avec Kan, il était temps !!
(Petite séance de coupage de veuchs, autrement, ce qui serait aussi sympa en cette période... :lol: )




Chapitre 11
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.



Ma nuit avait été agitée. Je l’avais passée en partie sur le matelas que les Gardiens avaient mis à ma disposition, dans une petite pièce en compagnie de Soraya. Mon amie avait vite sombré dans le sommeil, légèrement éclairée par le petit foyer qui occupait un coin de la salle. Trop angoissée par les questions laissées en suspens par Kan, j’avais tourné et tourné pendant des heures. Puis, résignée, je m’étais levée, un châle autour des épaules, pour prendre l’air. J’avais frissonné dans la brise nocturne tandis que je tâtonnais du bout du pied la terrasse pour y trouver les marches. J’étais restée assise peut-être une heure, le temps que mon corps me hurlât de retourner à l’intérieur.
Je n’avais pu fermer l’œil que lorsque les premiers oiseaux commençaient à gazouiller.
— Alice ?
Groggy, j’ouvris péniblement les yeux, les refermai aussitôt à cause de la luminosité puis repoussai doucement ma couverture. J’avais les membres lourds, l’esprit confus et la langue pâteuse. Ma frange trop longue me couvrit les paupières lorsque je me redressai, encore ensommeillée. L’air amusée, Soraya me toisait depuis le seuil de la pièce, un bol à la main. Elle avait attaché ses boucles brunes en hauteur et son visage dégagé la faisait paraître plus mûre.
— J’ai cru que tu allais dormir jusqu’au début d’après-midi, lança la Sudiste en se dirigeant vers moi pour y déposer le récipient.
C’étaient des baies écrasées mélangées à ce qui devait être une céréale en flocons. Reconnaissante, je hochai la tête, récupérai ma gourde au pied du matelas et en avalai plusieurs goulées. Soraya était toujours agenouillée près de moi, un petit sourire aux lèvres.
— Merci pour le bol, soufflai-je d’un air hésitant, étonnée qu’elle n’eût pas encore quitté la pièce.
— Tu as ronflé comme un buffle, cette nuit, finit par déclarer Soraya en se penchant en avant, les prunelles luisantes d’un rire contenu.
Alors, c’était ceci qui l’avait retenue dans la chambre. Toujours aussi mortifiée, mais moins gênée – ce n’était pas la première nuit que l’on dormait côte à côte – je ne répondis rien.
— Une princesse qui ronfle, murmura mon amie en se levant, sourire en coin. Tu aimes bien être pionnière dans nombre de domaines, Alice.
Encore trop ensommeillée pour être complètement polie, je me contentai de grommeler dans mon bol et fourrai une cuillère de baies dans ma bouche. C’était sucré, comme j’aimais, mais pas aussi bon que le jogurt nordiste.
Oneiris me manquait.

Les Gardiens nous toisaient toujours avec méfiance. Si j’étais blessée par leur réaction, je ne m’en plaignis pas. Leur attitude était justifiée et découlait de l’état d’épuisement de Kol Zou. J’avais brièvement aperçu la Gardienne en sortant du temple, mais elle était repartie aussi vite qu’elle était arrivée. Ses cernes et son visage froissé m’avaient sauté aux yeux et ma culpabilité s’était réveillée.
En attendant que Kol Zou acceptât de nous adresser à nouveau la parole, Soraya et moi nous installâmes dans les jardins pour profiter du soleil et d’un peu de solitude. En apercevant l’état déplorable de mes cheveux, la Sudiste avait emprunté une paire de ciseaux à l’un des Gardiens chargés de l’intendance et m’avait fait asseoir sur un parterre d’herbes tendres. Installée en tailleur, un caillou entre les mains pour satisfaire ma nervosité, je confiai ma chevelure à Soraya.
— Alice, soupira-t-elle en soupesant mes longueurs à l’aide d’une main. On ne peut pas dire que tu prennes beaucoup soin de toi.
Un sourire dépité tira faiblement mes lèvres vers le haut.
— J’avais tellement d’autres priorités, Soraya. Avant, au château… je n’ai jamais été très préoccupée par mon apparence, mais j’avais une coquetterie que mon statut royal m’accordait. Lorsque je me suis engagée sur les routes aux côtés d’Achalmy, j’ai vite compris que les bains, les soins et les beaux tissus ne seraient plus pour moi.
Soraya ne répondit pas tout de suite, sûrement concentrée sur mes cheveux. Puis, d’une voix douce, songeuse, elle s’enquit :
— Et ce confort te manque, j’imagine ? Ou est-ce qu’une bassine chaude et un pain de savon, des vêtements propres te suffisent ?
Troublée par sa demande – car je n’avais pas de réponse immédiate – je laissai les coups de ciseaux égrener les secondes. Je sentais les cheveux coupés me chatouiller la nuque. J’avais demandé à Soraya de ne se débarrasser que des pointes abîmées ; j’aimais ma nouvelle longueur de cheveux. Peut-être les raccourcirais-je une fois l’été bien installé, mais j’avais encore du temps devant moi.
— Je crois que je pourrais m’en contenter, si je menais une vie semblable à celle que je mène actuellement. En revanche… être reine suppose des obligations. Sentir bon, avoir bonne allure et posséder une garde-robe de qualité en font partie. Je ne suis pas foncièrement d’accord, mais l’image que je renvoie a trop d’importance pour que j’ignore tous ces protocoles.
— Il est vrai que je préfère que tu ne sentes pas le cheval, s’esclaffa Soraya et tirant doucement sur mes mèches pour vérifier leur longueur égale.
Visiblement satisfaite, elle décida d’attaquer une autre touffe de cheveux maltraités.
— Concernant Kol Zou, reprit mon amie d’un ton plus sérieux, est-ce qu’on attend qu’elle nous propose sa collaboration librement ?
— J’aimerais avoir une réponse claire et succincte à te donner, reconnus-je d’une voix défaite. On ne peut pas forcer Kol Zou à servir de réceptacle à Kan, mais elle est notre seul moyen de communication avec notre Déesse.
Soraya donna deux autres coups de ciseaux avant de lâcher :
— Et si un autre Gardien prenait le relai ? Pourquoi Kol Zou devrait-elle être la seule à servir de réceptacle ? Après tout, ils occupent tous la même fonction, non ? Ils ont donc les mêmes devoirs.
Étonnée par sa suggestion, je restai silencieuse le temps de trois mèches taillées, puis déclarai :
— Ce ne serait pas déplacé de notre part d’exiger le sacrifice d’un autre Gardien ? Kol Zou a déjà fait beaucoup pour nous, alors demander à l’un de ses camarades de nous aider…
— Ce n’est pas un sacrifice, marmonna la Sudiste en changeant de nouveau de côté pour s’occuper de la dernière partie de ma chevelure. On leur demande simplement de prêter momentanément leur corps à leur Dieu. Ils devaient être honorés, non ?
— J’aimerais que ce soit aussi simple. Il ne s’agit pas d’un simple « prêt ». Tu as vu comme moi à quel point Kol Zou était exténuée. On ne sait pas quelles sont les conséquences sur le corps lorsqu’une divinité en prend possession. Peut-être que c’est plus grave qu’une simple fatigue. Et puis, crois-moi, pour avoir été sous le contrôle d’un Dieu, c’est une sensation terrifiante de ne plus avoir de libre arbitre.
Soraya termina de couper mes pointes abîmées, maîtrisant les ciseaux comme jamais. Elle avait dû se couper elle-même les cheveux depuis son enfance. Dire qu’elle s’estimait bonne à rien… pour ma part, je n’étais même pas capable de tailler ma propre chevelure.
— Très bien, finit-elle par soupirer en venant se positionner face à moi.
Je me demandai si elle parlait de la situation de la Gardienne ou de ma coupe de cheveux.
— Si Kol Zou ne souhaite plus nous assister, on ne peut rien y faire, concéda la Sudiste en faisant tournoyer les ciseaux entre ses doigts agiles. On devrait quand même discuter de la situation avec les autres Gardiens. Pour savoir si l’un d’entre eux pourrait se porter volontaire pour nous aider.
Je hochai rapidement la tête pour accepter sa proposition puis poussai une petite exclamation de surprise quand Soraya tendit brusquement la main pour saisir mes cheveux de devant.
— Et, enfin, ta frange, Alice. (L’air dépité, elle me jeta un regard las et presque indigné.) Franchement, avec ton visage ovale, ça ne va pas. Personne ne t’a jamais fait la remarque ?
Ébahie – je n’avais jamais eu telle conversation – je ne répondis rien. Soraya poussa un soupir si lourd que son souffle tiède me parvint jusqu’aux joues.
— Tu es jolie, Alice, murmura-t-elle en soulevant doucement ma frange. Tu as un teint uni, des cheveux souples que tu peux facilement coiffer et d’un noir peu commun pour une Occidentale, de grands yeux à la couleur profonde et… tu ne te mets pas très en valeur.
— Soraya, je t’ai déjà dit que…
— Oui, tu m’as déjà dit que, me coupa-t-elle en faisant la moue. Écoute, moi aussi j’ai dû faire une croix sur bon nombre de mes conforts. Pourtant, j’ai fait attention à conserver ma féminité.
Cette fois-ci, je me rembrunis. C’était facile pour elle : ses longues boucles, son visage raffiné et ses formes voluptueuses attiraient l’œil même sans artifice. C’était moins évident quand on avait la silhouette d’une enfant.
— On dirait presque que tu as honte d’être une femme, conclut Soraya en me toisant d’un air perplexe.
J’ouvris la bouche pour répliquer, mais me ravisai à temps.
— Peut-être que oui, finis-je par acquiescer du bout des lèvres. Pour moi… contrairement à toi… (Agacée de ne pas trouver les mots, je finis par déclarer de but-en-blanc : ) Disons que ce n’est pas une évidence. Pour ma part, je crois que la féminité s’apprend. Et, comme on m’a toujours traitée en enfant au château, j’ai eu du mal à sortir de ma bulle de petite fille.
C’était si étrange de réaliser quelque chose de si important au moment où l’on le déclarait. Avec une moue compatissante, Soraya glissa une mèche de cheveux derrière mon oreille puis brandit sa paire de ciseaux.
— Alors, qu’est-ce que je fais de ta frange ?
— Je ne veux pas la garder, assurai-je en secouant la tête. Je vais la laisser pousser, pour que je puisse glisser les mèches sur le côté pour plus tard. En attendant, tu pourrais la tailler un petit peu ?
Avec un sourire satisfait, Soraya se mit à la tâche. J’observai mes cheveux tomber au sol avec l’impression de me débarrasser un peu plus des brumes collantes et désagréables de mon enfance.
— Regarde-moi, Lice.
Du doigt, la Sudiste me fit relever le menton. Ses yeux dorés me toisaient avec un mélange de satisfaction – autour pour son travail que pour moi – de bienveillance et de compassion.
— Là, tu es une belle reine en devenir.
Une étincelle espiègle éclaira brièvement son regard et je craignis une remarque qui me pousserait de nouveau à lui en vouloir. Mais elle se ravisa, soupira en fermant les yeux puis déposa les ciseaux à côté d’elle. Elle tapa finalement dans ses mains.
— Est-ce que je peux te faire des tresses ?
Déconcertée, je ne répondis pas tout de suite. Ce n’était pas une mode répandue ni dans l’Empire ni dans mes contrées. Les Sudistes préféraient les cheveux détachés ou remontés à l’aide de broches et diadèmes. Quant aux Occidentaux, nous étions plutôt adeptes des chignons et des nattes. Les tresses étaient typiquement nordistes.
— Oui, finis-je par souffler avec un petit sourire lorsque je compris enfin sa raison.

Le Gardien qui accepta sans hésiter notre requête semblait tout juste âgé de douze ans. Même en sachant qu’il en avait réellement plus, je ne pouvais m’empêcher d’être mal à l’aise tandis que Soraya lui expliquait en détails ce dont nous avions besoin.
L’Avirien aux cheveux d’un brun-roux étonnant avait surpris notre conversation dans les jardins. Il s’était excusé de son indiscrétion avant de reconnaître son intérêt pour notre situation. Toujours assises sur le parterre d’herbe tendre, Soraya l’avait invité à se joindre à nous. À présent, mon amie lui contait nos défis et difficultés. Malgré son jeune âge apparent, le visage du Gardien était étrangement marqué. Ses sourcils froncés cassaient son front d’une sévère ride et des pattes d’oies plissaient les coins de ses yeux. Il devait définitivement être âgé pour avoir l’air si grave malgré son apparence juvénile.
— Je vais vous prêter mon corps, déclara-t-il d’un ton formel en croisant les bras sur sa poitrine chétive de jeune garçon.
— Tu… tu as quand même conscience des risques ? insista Soraya d’un air préoccupé.
Elle avait tutoyé le Gardien sans hésiter un instant. Son aspect enfantin aidait.
— Parfaitement, assura-t-il en hochant lentement la tête. J’ai vu Kol Zou, je sais à quel point elle est épuisée. Mais je suis plus expérimenté qu’elle. Pendant des décennies, j’ai été le réceptacle attitré de Kol. Mon corps comme mon esprit sont habitués à recevoir des essences divines.
Soraya sembla prendre conscience de l’âge du Gardien assis en tailleur face à nous. Son regard noisette aux reflets cuivre nous toisait sans ciller. Lorsqu’il reprit dans un oneirian sans accent, sa voix était encore plus ferme :
— Laissez-moi l’honneur de vous aider dans votre quête. Oneiris ne possède peut-être pas d’individus au service des Dieux comme nous en avons, mais vous êtes définitivement ce qui s’y rapproche le plus. Vous avez mis de côté vos proches et votre confort pour voyager jusqu’ici. Rien que pour ceci, vous avez ma reconnaissance et mon soutien.
— N-Non, bredouillai-je, gênée qu’un Gardien aussi âgé nous adressât de tels honneurs.
— Quel est ton nom ? embraya Soraya avec un sourire. Que je sache quel Avirien nos Dieux devront remercier lorsqu’ils seront de nouveau tous réunis.
Le Gardien s’esclaffa bruyamment et il eut de nouveau les douze ans de son enveloppe charnelle. Pommettes roses, il frotta ses cheveux dans un réflexe nerveux avant de répondre :
— Kol Our. Mais, je vous en prie, nul besoin de le communiquer à vos Dieux. Savoir que j’ai été utile à la sauvegarde – et au sauvetage – d’une divinité me suffit amplement.
Perturbée, je dévisageai le Gardien un moment avant de me pencher vers lui.
— Vous ne craignez pas les conséquences de l’emprunt de votre corps ?
— S’il s’agit simplement de fatigue… Comme je le disais, je suis habitué à prêter mon corps. Et puis, tant que l’essence de Kol vibre en moi, le temps… oui le Temps n’a pas d’effet sur moi. Quelques jours passés au repos ne sont rien face à une quête aussi noble que la vôtre.
Quel sens du sacrifice… Son air résigné et le petit sourire plein d’assurance collé à ses lèvres me dissuadèrent d’insister. C’était un homme bien plus âgé et sage que moi, je ne devais pas l’oublier.
— Alors, reprit calmement Kol Our en posant les mains sur ses cuisses. Vous sentez-vous prêtes à communiquer avec votre Déesse dès à présent ?
— Dès à présent ? s’étonna Soraya en écarquillant les yeux. Nous avons eu tellement de mal à la contacter… Tu serais en mesure de le faire immédiatement ?
— Si elle le veut bien, oui je pourrai. En revanche, j’ai besoin d’une extrême concentration pour contacter Kol et, par son biais, Kan. Il est possible qu’il me faille plusieurs dizaines de minutes tout de même.
Sans hésiter un instant, je déclarai solennellement :
— Nous attendrons. Avez-vous besoin de quelque chose ?
— Un peu d’eau, mais ce sera tout.
Avant que Soraya eût le temps de se lever, je bondis sur mes pieds, fis un signe de la main à mon amie puis me rendis aussitôt dans le temple réservé à l’accueil des visiteurs. La Gardienne qui tenait les lieux me jeta un regard méfiant, mais je surmontai ma crainte et m’approchai d’elle.
— Puis-je emprunter une gourde d’eau pour Kol Our ?
— Kol Our ? marmonna-t-elle en fronçant les sourcils. Que pouvez-vous bien vouloir à notre Gardien en chef ?
Stupéfaite par ses propos, je ne répondis pas tout de suite. Par les Dieux, le jeune Avirien occupait une telle position ? Il s’était bien gardé de nous le préciser. Mortifiée, je restai plantée devant la Gardienne sans savoir quoi dire.
— Il… il m’a demandé de lui apporter de l’eau, bredouillai-je enfin d’une petite voix.
La Gardienne me jeta un regard dubitatif avant de soupirer. Elle récupéra une gourde, la remplit dans la bassine d’eau potable à disposition puis me la tendit avec une moue pincée. Je la remerciai en avirien avant de faire demi-tour. Dire que Soraya avait spontanément tutoyé Kol Our…

Toujours installé en tailleur au milieu de l’herbe tendre, Kol Our avait les paupières closes et la respiration profonde. Ses bras étaient simplement posés sur ses jambes repliées et ses épaules détendues. Curieuses, mais discrètes, Soraya et moi l’observions dans un silence respectueux à quelques mètres de lui. Vingt minutes qu’il était plongé dans une introspection qui nous permettrait peut-être de contacter Kan.
— Elle arrive.
Les mots, soufflés du bout des lèvres par le Gardien, faillirent s’échapper dans une brise fugace. Soraya nous levâmes de concert pour nous installer près de lui. Le front de Kol Our était barré d’une ride soucieuse et sa lèvre inférieure remontait légèrement sous le coup de la concentration. Puis il fut parcouru d’un soubresaut et rouvrit les yeux. Ils étaient toujours de cette étonnante couleur cuivrée, mais leur éclat avait la malice de ma Déesse.
— Dame Kan, la saluai-je en inclinant la tête, apercevant du coin de l’œil mon amie faire de même.
— Alice, Soraya, répondit-elle avec la voix de jeune garçon de Kol Our. Je ne pensais pas vous revoir aussi rapidement… (Elle leva ses mains pour les observer puis sourit.) Je vois, un autre réceptacle. Hm, un puissant même. Kol Our ?
Stupéfaites par sa vivacité de déduction, Soraya et moi hochâmes la tête. Retrouvant un air plus sérieux, Kan reposa les poignets sur ses genoux et nous toisa avec attention.
— J’ai commencé à éveiller ma conscience propre. Kol a remarqué qu’une part de son essence commençait à se diviser et à s’échapper de lui. Nous avons commencé à… vos mots sont tellement rigides pour exprimer ceci. C’était à la fois un échange, une discussion, une négociation, des précautions, des avertissements… Kol se prépare à mon départ, mais je le laisserai affaibli et nous le savons tous les deux.
Les propos de la Déesse me soulagèrent autant qu’ils me crispèrent. Elle avait pris une décision ferme : elle retournerait sur Oneiris. En même temps… nous allions fragiliser l’une des incarnations de Rug Da. Nous n’avions pas le droit d’agir dans la précipitation.
— C’est pourquoi j’ai besoin de temps et… d’une assurance.
— Une assurance ? répéta Soraya d’un ton dubitatif.
Un drôle d’éclat illumina les prunelles cuivrées de Kol Our. Un air suspicieux… voire carrément ombrageux. Étions-nous la source de cette méfiance ?
— Je ne peux pas m’engager à rejoindre Oneiris – mettant en péril le Kol Sak – sans être certaine de retrouver ma place auprès des miens, expliqua Kan d’un ton sec.
Pas certaine de comprendre ce qu’elle sous-entendait, je préférai me taire en attendant la suite. Visiblement aussi confuse que moi, Soraya observait la Déesse d’un air crispé.
— Vous savez que je suis affiliée à un autre Dieu, Eon, mon jumeau de l’Espace.
— Bien sûr… murmura Soraya avant d’afficher une moue contrite. Il a néanmoins disparu en même temps que vous. Il s’est exilé lui aussi.
— Pas aussi loin que moi, mais il a effectivement quitté le monde des Hommes.
— Vous savez où il est ? embrayai-je aussitôt d’une voix étonnée. Nos amis sont à sa recherche, mais…
Avec un air de regret, Kan secoua la tête.
— Non, je ne sais pas où il se trouve exactement. Même moi, je ne peux percevoir un lieu que le Maître de l’Espace lui-même a décidé de cacher. (Avec un soupir, la Déesse serra les dents puis annonça : ) De la même manière que la Vie et la Mort vont de pair, Eon et moi sommes complémentaires. Je ne serai pas complètement moi-même à Oneiris s’il n’est pas à mes côtés. C’est pourquoi j’exige l’assurance qu’Eon soit de retour à Oneiris pour que je fasse moi-même mon exil inversé.
Aussi déconcertées l’une que l’autre, Soraya et moi restâmes muettes. La Déesse nous demandait-elle de nous lancer à présent à la recherche d’Eon ? Mais…
— Vos amis, reprit Kan, coupant court à mes réflexions, avaient-ils des pistes sûres lorsqu’ils se sont engagés dans leur quête ?
— Ils savaient simplement de la bouche de Galadriel qu’Eon s’était exilé en territoire lointain et inconnu des Hommes. Nos amis ont parié sur le Nord et estimé que le Seigneur Eon ne trouverait peut-être au-delà de la chaîne de montagnes.
Une expression satisfaite tira légèrement les traits de Kol Our tandis que la Déesse hochait distraitement la tête.
— Oui, j’aurais moi aussi commencé par chercher dans cette direction. Eon aurait aussi pu choisir le Sud, mais les peuples qui vivent au-delà des frontières australes auraient empêché sa solitude intégrale.
— Alors, si nos amis retrouvent bel et bien Eon, qu’ils parviennent à le convaincre de revenir, vous…
— Je quitterai définitivement Mor Avi pour Oneiris, approuva la Déesse d’un air solennel. Pour l’instant, je n’ai pas complètement détaché ma conscience de Kol. Toutefois, je… je le ferai, dès que je sentirai l’appel de mon frère. (Avec un air résigné, presque douloureux, elle ajouta : ) Celui des Humains aussi, je l’espère.
Son avertissement me tordit les tripes. Avec toute cette histoire de Dieux, j’avais presque oublié les raisons pour lesquelles nos Divinités Primordiales avaient fui. C’était par notre faute, à cause de l’ambition déplacée et de l’arrogance inconsciente de nos aïeuls.
Si nous convainquions Kan et Eon de revenir, c’était évidemment pour la sauvegarde d’Aion, leur petit frère, mais c’était aussi pour nous donner une seconde chance. Après cinq cents ans, nos Divinités semblaient prêtes à s’investir de nouveau dans notre monde.
— Je compte sur vous, Reine Tharros, Impératrice Samay, conclut la Déesse avec un sourire plus amical. Prouvez-moi… prouvez-nous que vous êtes aussi doués pour construire, envisager l’avenir et espérer que pour détruire et planifier pour la satisfaction de votre orgueil.
Avant que Soraya ou moi pûmes acquiescer – ou blêmir et regretter – la lueur de conscience s’éteignit dans les iris de Kol Our. Kan était repartie, mais le poids de ses faveurs reposait toujours sur nos épaules.


Dernière modification par louji le dim. 19 déc., 2021 4:49 pm, modifié 3 fois.
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello~
(Mdr les cheveux, on est bien d'accord :lol: )

Alice ♥ Elle et Soraya m'avaient manqué!
J'adore leur relation, leurs interactions dans le chapitre m'ont donné le sourire plusieurs fois. C'est... calme. Ça fait plaisir, c'était très doux, avec une pointe d'humour, et ME GUSTA A LOT leur conversation.
Aaaah, les petites tresses, wink wink C:
(J'entends mon subconscient chantonner "Sorayal" au loin. Il va se calmer de suite :lol: )

Ça avance, ça avance!
Kol Our est super cool! J'adore l'idée qu'il soit bloqué dans le temps lorsqu'il accueille la divinité!
La phrase "mon jumeau de l’Espace" me fait rire, je sais pas pourquoi.
Bon ben on croise les doigts pour qu'Al et Mars trouvent Eon, hein :? Non, plus sérieusement, c'est logique, les dieux ne peuvent pas revenir en un claquement de doigt.

Bon bon bon, c'était bien sympa! J'ai hâte de lire la suite!
(J'ai juste vu un petit smiley qui se balade à la fin du texte ;) )

Courage,

La bise~
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello~
(Mdr les cheveux, on est bien d'accord :lol: )

Alice ♥ Elle et Soraya m'avaient manqué!
J'adore leur relation, leurs interactions dans le chapitre m'ont donné le sourire plusieurs fois. C'est... calme. Ça fait plaisir, c'était très doux, avec une pointe d'humour, et ME GUSTA A LOT leur conversation.
Aaaah, les petites tresses, wink wink C:
(J'entends mon subconscient chantonner "Sorayal" au loin. Il va se calmer de suite :lol: )

Ça avance, ça avance!
Kol Our est super cool! J'adore l'idée qu'il soit bloqué dans le temps lorsqu'il accueille la divinité!
La phrase "mon jumeau de l’Espace" me fait rire, je sais pas pourquoi.
Bon ben on croise les doigts pour qu'Al et Mars trouvent Eon, hein :? Non, plus sérieusement, c'est logique, les dieux ne peuvent pas revenir en un claquement de doigt.

Bon bon bon, c'était bien sympa! J'ai hâte de lire la suite!
(J'ai juste vu un petit smiley qui se balade à la fin du texte ;) )

Courage,

La bise~
(J'ai coupé les veuchs de mon frère ce matin, c'est joli tant que tu regardes pas derrière MDR)

Oui, elles sont choupi ;-; Et moins bourrines que Mars et Al, ça fait du bien :lol:
Wink wink
(MDR nan mais continuons à shipper, vers l'au-delà et l'infini)

Yas, Kol Our, je l'aime bien :D
MDR c'est à cause de "de l'Espace"... c'est pas censé être positif :roll:
Oui, ce serait pas mal du coup :roll:

Merci beaucoup ! ♥
(Fôk. J'en ai marre. Merci)

La bise !
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit : (J'ai coupé les veuchs de mon frère ce matin, c'est joli tant que tu regardes pas derrière MDR)

Oui, elles sont choupi ;-; Et moins bourrines que Mars et Al, ça fait du bien :lol:
Wink wink
(MDR nan mais continuons à shipper, vers l'au-delà et l'infini)

Yas, Kol Our, je l'aime bien :D
MDR c'est à cause de "de l'Espace"... c'est pas censé être positif :roll:
Oui, ce serait pas mal du coup :roll:

Merci beaucoup ! ♥
(Fôk. J'en ai marre. Merci)

La bise !
(Oh, ça doit être quelque chose MDR Ma mère a coupé ceux de mon frère récemment, elle arrivait pas à se servir de la tondeuse :lol: )

Ouiiii, c'est ça! Et puis Al est un taiseux, donc y a pas énormément de conversations.
(Ouh ja, elles seraient trop choupinettes ensemble ♥ )

Ouiiiii, il est cool!

Wiz pléjur ♥
(It's okay (to be gay), c'est à cause de Word!)

La bisé~
DanielPagés

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Côté cheveux, ça fait longtemps que je ne les avais pas eu aussi longs, devant en tirant ils arrivent au milieu du nez, mais ils sont déjà arrivés au menton, dans une autre vie, du temps de la préhistoire. L'avantage des cheveux bouclés, c'est qu'ils restent sur la tête ! :lol:
Heu... revenons au vrai sujet !
Chapitre sympa ! enfin ça collabore ! On va y arriver !
Et l'espoir d'un monde nouveau... tiens c'est d'actualité ça ! Je parie qu'ils ont davantage de chances que nous de le créer cet avenir plus rose (bleu ou multicolore, c'est vrai, pourquoi rose ?) avec des reines comme Alice et Soraya... :D

Juste une phrase qui est bien tordue et dit trois fois la même chose :
En revanche… être reine suppose d’avoir des obligations implicites. - je supprimerais " d'avoir" et "implicite", inutiles : En revanche… être reine suppose des obligations.


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louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Côté cheveux, ça fait longtemps que je ne les avais pas eu aussi longs, devant en tirant ils arrivent au milieu du nez, mais ils sont déjà arrivés au menton, dans une autre vie, du temps de la préhistoire. L'avantage des cheveux bouclés, c'est qu'ils restent sur la tête ! :lol:
Heu... revenons au vrai sujet !
Chapitre sympa ! enfin ça collabore ! On va y arriver !
Et l'espoir d'un monde nouveau... tiens c'est d'actualité ça ! Je parie qu'ils ont davantage de chances que nous de le créer cet avenir plus rose (bleu ou multicolore, c'est vrai, pourquoi rose ?) avec des reines comme Alice et Soraya... :D

Juste une phrase qui est bien tordue et dit trois fois la même chose :
En revanche… être reine suppose d’avoir des obligations implicites. - je supprimerais " d'avoir" et "implicite", inutiles : En revanche… être reine suppose des obligations.


Bizoux
T'inquiète Danou, on a tous des coupes intéressantes en ce moment on va dire :lol:
Oui, ils ont des soucis d'un autre ordre, mais pas de réchauffement climatique ou de virus en vue chez eux :roll:

En effet, merci, je corrige !

Bizouze !
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Le temps passe tellement vite... Joyeux 1er mai et plein de courage pour la semaine et demie qui nous reste ! (C'est un peu glauque dis comme ça :lol: )
Et pour Al, une petite scène de BAGAR que j'ai bien aimé écrire




Chapitre 11
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’automne, Mont Valkovjen, Terres du Nord.



Venues du flanc rocheux qui occupait le nord du village, des brumes louvoyaient entre les bâtisses encore endormies, les clôtures délimitant les champs et les ruelles silencieuses. Les festivités de la veille avaient laissé leurs marques au sein du bourg : tas de bois encore fumants sur la place centrale, tables croulant sous la nourriture à moitié consommée, chaises renversées et chopes brisées au sol. Si les Valkov se permettaient un tel comportement, c’était qu’ils ne craignaient pas le manque de vivres ou de matériel.
Alors que le ciel pâlissait faiblement à l’est, je me dirigeai vers l’ouest du hameau, là où j’avais aperçu les champs et les vergers en arrivant la veille. Les maisons se raréfièrent au profit des fermes et des cabanes d’entretien. Des troupeaux de moutons et quelques vaches paissaient dans deux enclos séparés. À l’odeur, il devait y avoir des porcs dans la petite bâtisse que je dépassai en me rendant vers les cultures.
Je m’étais éveillé avant l’aube, agacé par Mars qui ne cessait de tirer la couverture à lui. On nous avait logés dans la chambre vide de la seule auberge du village – les Valkov tenant l’emplacement de leur foyer secret, ils ne recevaient presque jamais de visiteurs. L’esclandre qui avait eu lieu hier soir avait fini de me polluer l’esprit et, bougon, je m’étais tiré du lit. Que se passait-il au sein de ce clan ? Des dissensions à propos d’héritage, d’après ce que j’avais compris. Shir avait mentionné un conseil… qui devait se réunir dans quelques heures.
Lassé par la vue des champs, je tournai les talons, tripotai inconsciemment le manche de Kan à ma hanche gauche. Même si j’étais un invité du clan, je ne leur faisais pas encore assez confiance pour me balader sans mes armes – sans compter que Silja et Ljorn m’avaient tous deux ouvertement menacé.

Il devait y avoir une centaine d’habitants dans le village. Ils ne s’étaient pas tous présentés la veille au soir, car certains devaient être trop occupés, malades ou indifférents pour faire le déplacement. Tout en frottant mes mains l’une contre l’autre pour les réchauffer dans la brise glacée qui glissait sournoisement entre les maisons, je remontai le village vers le nord. Là-bas, les habitations y étaient plus importantes. Non pas en taille, mais en prestance. Moulures en bois doré, petite terrasse, colonnades taillées pour soutenir les toits, cadres des portes et des fenêtres peints… Je soupçonnai les familles imminentes et les membres du conseil de loger ici.
Dans la pénombre du jour naissant, je faillis manquer la silhouette qui se déplaçait furtivement de maison en maison. Plissant les yeux, je me figeai à l’angle d’une bâtisse pour mieux l’observer. Une femme, d’après la carrure qui se cachait sous une pélerine sombre descendant jusqu’aux coudes. L’inconnue avait le fourreau d’une petite épée à la hanche. Après un coup d’œil par-dessus son épaule, elle traversa la rue devant moi d’un pas rapide, mais léger, et fila derrière la maison que j’observais. Intrigué, je n’hésitai pas longtemps à me lancer sur sa trace.
Je m’arrêtai juste à temps tandis que la femme tournait à un croisement pour prendre sur la droite. Main sur le manche de mon sabre, prêt à dégainer au moindre signe suspect, je la suivis tout en prenant garde de rester à distance respectueuse. L’inconnue s’arrêta brusquement une vingtaine de mètres plus loin, en plein milieu de la rue. Je me jetai dans une impasse adjacente, le cœur battant. M’avait-elle repéré ?
Une porte grinça, un tissu se froissa. Sourcils froncés, je tendis l’oreille : aucun bruit ne venait vers moi. Avec précaution, j’effectuai quelques petits pas sur le côté, me collai au mur puis jetai un coup d’œil dans la rue. La femme avait disparu. Je me retins à temps de jurer à voix haute. Il y eut de nouveau un froissement de tissu puis un grognement dans l’air. Étonné, j’avançai prudemment en rasant les murs des habitations. Alors seulement je vis la silhouette penchée près du porche d’une maison qui fermait le chemin. Tout en me glissant de nouveau dans l’obscurité d’une ruelle, je toisai plus longuement cette dernière. Ce n’était pas la femme que j’avais suivie.
— Bordel, ça fait du bien, gronda une voix masculine alors qu’un bruit caractéristique d’écoulement liquide emplissait l’air glacé.
Dépité, je secouai la tête en souriant. Juste un gars sorti vider sa vessie sûrement gonflée de bière de la veille.
Et la femme ?
J’observai les alentours à sa recherche, mais il y avait tellement de zones d’ombre, de cachettes, d’impasses entre les habitations… Bon sang, j’étais trop intrigué pour abandonner maintenant.
Avec un claquement de langue agacé, je sortis de ma ruelle puis me figeai. La femme était de retour. Plantée devant l’homme qui remontait maladroitement son pantalon. Stupéfait par ce qui se déroulait devant mes yeux, je me rangeai de nouveau à l’angle de la maison et contemplai la scène. La silhouette féminine dégaina son épée dans un chuintement discret.
— Sil…
L’homme connaissait visiblement son interlocuteur. Il poussa un cri étranglé lorsqu’elle se jeta sur lui. Un pic de glace soudainement dressé devant l’inconnu lui sauva la vie. La femme jura, bondit en arrière lorsqu’une nouvelle stalagmite jaillit du sol puis reprit sa position.
— Silja, gronda l’homme en s’avançant. Il est un peu tôt pour le conseil… Papa a dit qu’on se réunissait dans quelques heures.
— On ne va pas au conseil, Jukaïs.
La voix de ma tante était aussi viciée et gelée que le courant qui sifflait entre les maisons. La capuche de sa pélerine glissa sur ses épaules lorsqu’elle se jeta vers son adversaire. Le dénommé Jukaïs jura, se déporta sur le côté puis recula. Il devait sortir de son lit : il n’était pas armé, portait des pantoufles de fourrure et des vêtements débraillés.
— Jukaïs, je tiens pas à te blesser. Contrairement à ton père, je prends pas plaisir à attaquer mes neveux.
Ah bon ?
— Dis-moi où se trouve Maëva. Dis-moi et je m’en irai. C’est aussi simple que ça.
Celui qui était vraisemblablement mon cousin lâcha un rire désabusé et repoussa ses longues mèches brunes en arrière. Il était aussi élancé que son père, mais un peu moins costaud. À cette distance, j’étais incapable d’estimer son âge, mais nous ne devions pas avoir beaucoup d’écart.
— Je sais pas où est Maë, répondit-il d’un ton las en levant des bras impuissants. Je veux pas me mêler de vos histoires, à papa et toi.
Il n’eut qu’à peine le temps de cligner des yeux lorsque ma tante fendit sur lui avec son épée. D’un geste maîtrisé, elle arrêta le fil de sa lame à quelques centimètres de la gorge de son neveu. Excellente archère, mais aussi bonne épéiste il fallait croire.
— Jukaïs, ne joue pas aux idiots naïfs, je sais que tu l’es pas. Maëva et toi êtes au cœur du conflit qui agite le clan. Je sais parfaitement que tu agis en connivence avec ton père ; il peut pas en être autrement. Alors… (Jukaïs dut reculer jusqu’à cogner le mur de sa maison lorsque Silja le menaça de son épée.) Où est ma fille ?
J’étais trop loin pour déchiffrer leurs expressions ou la subtilité de leur posture. Mais Jukaïs ne fit pas mine de bouger, toisa notre tante en silence. Puis, tout en repoussant brutalement Silja par les épaules, il se mit à hurler. Ce fut d’abord un pur cri guttural, rapidement suivi de paroles déformées de peur :
— Papa ! Silja est là ! PAPA !
Avec une exclamation furieuse, Silja se jeta sur lui tandis que Jukaïs tambourinait contre la porte de chez lui. Je grimaçai par réflexe lorsque je perçus le bruit mat que provoqua le manche de l’épée de ma tante sur le crâne de mon cousin. Elle repoussa le jeune homme sonné d’un coup de pied entre les côtes puis, impitoyablement, planta son arme dans le bras étendu de son adversaire. Réveillé par la douleur, Jukaïs hurla de nouveau.
Cette fois-ci, la porte s’ouvrit brutalement et Ljorn apparut, les yeux exorbités, la mâchoire si serrée que son visage en était déformé. Tout aussi débraillé que son fils, il avait néanmoins pris le soin de s’armer.
— Bonjour, Ljorn, lança calmement ma tante en enjambant le corps de Jukaïs pour se tenir derrière lui, en position de force. N’approche pas, ou je blesse sérieusement ton fils.
— Parce qu’il est pas suffisamment blessé ? siffla l’homme d’une voix outragée. Silja, tu dépasses tes droits !
— Je peux sectionner les nerfs de son bras pour qu’il puisse plus jamais s’en servir, répliqua ma tante d’un ton acerbe.
Mon cœur martelait ma poitrine tandis que j’observais l’affrontement entre frère et sœur. Que faire ? Ce conflit ne me concernait pas. Mais c’étaient les membres de ma famille qui s’entredéchiraient sous mes yeux. Mon cousin et ma cousine qui étaient utilisés comme otages par leurs parents dans une dispute qui les dépassait sûrement.
Indécis, je jurai tout bas, main crispée sur le manche de Kan. Je ne connaissais pas la puissance de Ljorn et Silja n’avait pas à rougir de ses capacités. Même si je me lançais dans la confrontation pour les séparer, pourrais-je au moins y arriver ?

— Ljorn, je te propose quelque chose de simple : ma fille contre ton fils. Point.
La voix maîtrisée de Silja arracha un rictus haineux à son frère. Ce dernier ne bougea pourtant pas tout de suite, son regard passant de son adversaire à son fils mal en point. Jukaïs émit un geignement sourd quand Silja retira brusquement son épée de son bras pour la pointer vers son flanc.
— Que dirais-tu que je lui passe une lame entre les côtes, en dessous des poumons ?
Un craquement sourd perça le silence froid du village quand Ljorn abattit sauvagement son poing contre le chambranle de la porte sous laquelle il se trouvait. Sa colère en était devenue palpable : des vagues de puissante brute déferlaient dans l’air jusqu’à moi. Les deux Chasseurs se toisèrent encore quelques instants avant que Silja ne levât de nouveau son arme.
— Attends ! cria aussitôt Ljorn en tendant le bras. Je… nous pouvons trouver un compromis.
— Ton fils contre ma fille, voilà le compromis, le railla Silja d’un ton méprisant.
Comme Ljorn ne bougeait toujours pas, le corps aussi raide que la lame pointée à quelques centimètres de son fils, la cheffe de clan lâcha un rire désabusé.
— À moins que tu aies assassiné Maëva. Dans ce cas-là, dis adieu à ton fils.
Elle fit glisser la pointe de son épée tout près de la joue de Jukaïs pour appuyer ses propos.
— Non, assura aussitôt son frère d’une voix lasse. Je vais chercher Maëva. Mais si tu blesses Jukaïs entre temps…
— Je le toucherai pas.
Méfiant, Ljorn recula lentement à l’intérieur de la maison avant de faire demi-tour. Disparu dans l’obscurité d’un foyer tiré de force du sommeil, le Chasseur revint une demi-minute plus tard, tirant par le bras une jeune fille un peu plus jeune que moi. Ses cheveux noirs à longueur d’oreille étaient ébouriffés, son teint exsangue et sa bouche entravée d’un bâillon. Ses sourcils s’arquèrent lorsqu’elle reconnut sa mère, mais ses faibles mouvements de rébellion ne firent pas ciller Ljorn.
— Tu n’as donc aucun honneur ? souffla Silja en secouant la tête.
Sa voix résonnait d’une douleur et d’une déception sincères. Le frère et la sœur pouvaient mal s’entendre, mais c’était autrement plus grave lorsque l’un d’eux s’en prenait à la famille de l’autre.
— Où est l’honneur lorsqu’on vit dans un clan dirigé par une tyran ? rétorqua abruptement Ljorn en découvrant ses dents d’un rictus furieux.
— À quoi sert le conseil, si ce n’est à contrebalancer mes pouvoirs ? siffla en retour Silja d’un ton exaspéré.
— Nous pourrions parler de responsabilités partagées si seulement tu nous écoutais ! Tu as beau la détester pour ce qu’elle a fait, tu te comportes exactement comme Nikja ! En égoïste, qui en fait qu’à sa tête et agit selon ses propres directives.
La remarqua me blessa peut-être autant que ma tante. Celle-ci se laissa quelques secondes de répit pour maîtriser ses nerfs – elle aussi émanait de puissance retenue – avant de répondre :
— Contrairement à elle, je n’ai pas fui mes responsabilités. Je dirige le clan seule depuis presque vingt ans, Ljorn. Je pense avoir acquis assez d’expérience pour savoir ce qui est bon ou moins bon.
Un air dépité traversa le visage agacé de mon oncle. Tout en obligeant Maëva à s’agenouiller devant lui, baladant lui aussi sa lame à quelques centimètres du cou de la jeune fille, il fit un pas en avant et susurra :
— Et tu nous mènes droit au mur, Silja. C’est vrai, passé un temps, notre gouvernance actuelle fonctionnait. Quand Nikja et toi dirigiez conjointement, nous étions plus sereins. Quand l’une était en chasse, l’autre écoutait les besoins des villageois. Quand l’une partait guerroyer avec le clan voisin pour s’assurer nos positions, l’autre assurait la sécurité du clan. Mais aujourd’hui ? Tu as refusé, après la mort de Nikja, de gouverner avec autrui. Le conseil a pas insisté et ça a été une grossière erreur. Tu possèdes trop de pouvoirs et nous arrivons plus à te contrôler, Silja. Tu chasses excessivement les visiteurs du Mont Valkovjen, tu ignores les troubles de Shir, tu…
— Tu sais bien que ce n’est pas ma faute ! siffla ma tante avec hargne. Shir perçoit des choses étranges depuis quelques temps, il est vrai, mais que veux-tu que j’y fasse ? C’est un demi-divin, sa perception de la vie est différente de la nôtre. Et tu mens en affirmant que j’ai ignoré ses troubles… c’est bien à cause de ça que j’ai interdit l’accès au Mont !
Un courant tendu voguait entre les deux Nordistes. Je commençais à mieux cerner la situation, à saisir les enjeux de gouvernance qui pesaient sur un clan dont les traditions semblaient s’effondrer. Ma mère et ma tante avaient autrefois dirigé conjointement le clan Valkov, secondées par un conseil – sûrement constitué d’élus du village – pour contrebalancer leurs pouvoirs. Mais aujourd’hui Silja décidait seule de nombreuses questions et les Valkov semblaient s’en être lassés.

— Tu sais que tu seras condamné pour tes agissements ? lança Silja d’un ton rauque en levant son épée pour la pointer vers son frère. Tu as franchi une limite impardonnable en enlevant ma fille.
— J’espérais te raisonner, marmonna Ljorn en saisissant Maëva par l’épaule. Cette gamine a pas l’étoffe d’une cheffe de clan. Si encore elle était une véritable Chasseuse, passerait… Mais elle combat mal, elle maîtrise que la glace… et tu voudrais en faire ton héritière ?
— Ce sont les traditions de notre clan, répliqua ma tante d’un ton qui présageait qu’ils avaient déjà eu cette conversation des dizaines de fois.
— Et il est temps de les changer, assura Ljorn en agrippant le bras de sa nièce pour la relever.
Tout en se toisant nerveusement, le frère et la sœur entreprirent de s’approcher l’un et l’autre, leur otage placé devant eux pour se protéger. Tendu, je me penchai en avant, délogeai Kan de son fourreau sur quelques centimètres et observai. De Silja, je ne voyais que le dos, mais son port de tête était toujours aussi fier. Un peu raide, même. Son bras armé était en position de frappe plutôt que de garde. Quant à Ljorn, ses épaules légèrement en avant trahissaient son envie fébrile de sauter à la gorge de sa sœur.
Bientôt, Jukaïs et Maëva furent presque à la même hauteur. Je me concentrai, analysai mon environnement, éprouvai un élan de satisfaction en percevant les éléments aqueux des alentours vibrer à mon appel discret, puis fis un pas dans la rue. Silja devait me cacher, car Ljorn garda les yeux rivés sur sa sœur, la mâchoire crispée, sa main fermement enroulée autour du bras de sa nièce. Maëva observait son cousin plutôt que sa mère. D’un air désolé.
— Lâchons-les, proposa Silja en retirant lentement sa main de l’épaule de Jukaïs. Laissons-les venir à nous. Puis chacun fait demi-tour sans un regard en arrière.
D’un hochement de tête tendu, Ljorn acquiesça. Ils étaient tous les deux bons menteurs. Mais leurs muscles raidis et les pulsations d’énergie qu’ils émettaient les trahissaient malgré tout.
— Viens, Maë, souffla gentiment Silja en tendant le bras vers sa fille.
Celle-ci accéléra soudainement le pas pour rejoindre sa mère et se laissa étreindre brièvement. Ljorn serra l’épaule de son fils puis, le repoussant en arrière d’une main puissante, se rua vers sa sœur. La cheffe de clan para aussitôt son coup puis lui asséna un brusque coup de pied dans le genou. Le Nordiste gronda, s’affaissa, mais parvint à maintenir sa garde. Les lames ricochant emplirent la rue de leur bruit métallique tandis que Maëva reculait en rampant à moitié, ses mains liées dans son dos l’empêchant de se redresser correctement.
— Si tu me tues, Silja, ils t’exileront du clan ! cracha Ljorn en projetant un filet d’eau à haute pression vers le visage de sa sœur.
Celle-ci esquiva de peu, sacrifiant quelques mèches de cheveux noirs au passage. Elle repartit à la charge en lançant sa lame en arc ascendant, forçant sur la garde de son frère. Deux pics jaillirent dans le dos de ce dernier, prêts à le transpercer tandis que Silja l’assaillait par devant.
— Papa !
Jukaïs tendit son bras valide vers les stalagmites et plissa le visage dans son élan de concentration. Il dut parvenir à freiner la glace, car son père se déporta sur le côté avant d’être blessé et frappa sa sœur au flanc d’un coup de pied retourné. Silja expira brutalement, brandit son épée pour repousser une attaque d’estoc et rassembla autour d’elle plusieurs bulles d’eau. L’une d’elle fusa vers Jukaïs, prenant de court père et fils. Le jeune Chasseur n’eut pas le temps d’esquiver : le jet puissant lui perça l’épaule en le projetant contre le mur de la maison. Furieux, Ljorn poussa un cri rauque et traça une longue estafilade sur le coude de sa sœur. Jurant entre ses dents, Silja le maintint à distance à l’aide de ses bulles d’eau restantes puis pressa les doigts sur sa blessure pour en évaluer la gravité.
Jukaïs était adossé au mur de sa maison, une main sur son épaule en sang. Je priai pour lui que l’eau n’eût percé que la chair et les muscles et que sa clavicule fût encore en un seul morceau.
— Espèce de chien, gronda la cheffe de clan en se redressant, sa main fermement enroulée sur le manche de son épée malgré la coupure à son bras.
Le visage toujours rouge de rage, Ljorn l’insulta tout bas, se débarrassa de la dernière bulle d’eau et fit un mouvement du poignet. Une fine lame de glace fusa vers Silja depuis le flanc rocheux qui s’étendait de l’autre côté de la rue. Alors que la Nordiste l’esquivait habilement, d’autres apparurent aussitôt.
Impressionné par le combat à forces égales – car aucun des deux n’avait pris le dessus pour l’instant – je remarquai trop tard la pointe de glace mal contrôlée qui fonçait vers Maëva. Mon sang brûla dans mes veines lorsque je bondis en avant, main tendue pour prendre le contrôle du projectile glacé, mais je n’y parvins pas à temps. Ma cousine lâcha un couinement de surprise lorsque le pic lui traversa la poitrine. Incapable de me retenir, je hurlai lorsqu’elle s’effondra face contre terre.
— MAËVA.
Le cri de Silja, terreur et douleur mélangées, couvrit le mien. Sans plus se soucier de son frère, elle se précipita vers sa fille et plongea à genoux auprès d’elle. Loin de se laisser attendrir, Ljorn en profita pour s’approcher d’elles épée brandie.
— Non ! lançai-je à mon oncle alors qu’il abaissait vivement son arme sur le dos de sa sœur.
Je parvins in extremis à repousser son attaque en dressant une fine couche de glace sur la trajectoire de sa lame. Cette dernière ripa, se déporta sur le côté et déséquilibra Ljorn le temps de précieuses secondes. Suffisamment pour que Silja reprît contenance et se relevât, froidement résignée à reprendre le combat.
C’était définitif, ils allaient s’entretuer.

Tandis que la cheffe de clan repartait à l’assaut de son adversaire, visiblement bien décidée à lui arracher son dernier souffle, je me glissai près de Maëva. La jeune fille avait les lèvres et les paupières bleuies par le froid, une gouttelette de sang au coin de la bouche. Concentré, méticuleux, j’apposai ma paume sur le pic qui transperçait sa poitrine, fis disparaître les extrémités tout en laissant la partie gelée à l’intérieur pour éviter l’hémorragie et la suppuration des chairs meurtries. J’apposai une fine couche de givre aux abords de la blessure pour être certain de la contenir le temps de trouver un guérisseur puis je passai mon bras dans le dos de Maëva. Elle geignit, plissa le visage dans un rictus de douleur, mais se laissa faire. Cahin-caha, je me déplaçai jusqu’à Jukaïs, toujours misérablement adossé au mur, tête baissée sur la poitrine et visage caché par ses longues mèches brunes. Lui aussi saignait plutôt abondamment. Je répétai la même manœuvre sur sa plaie ouverte pour limiter la perte de sang et agrippai son poignet pour le passer autour de mon propre cou.
Ils pesaient lourds.
— Où tu vas, bâtard ? susurra Silja dans mon dos.
Je grimaçai en me dévissant le cou. Avec mes cousins avachis dans les bras, je n’étais pas en mesure de me défendre. Heureusement pour moi, la cheffe de clan était trop occupée à repousser son frère pour se jeter immédiatement sur moi.
— Je les emmène en sécurité ! répondis-je d’un ton féroce, irrité que Jukaïs et Maëva eussent été impliqués dans un conflit dont se souciaient essentiellement leurs parents.
Je ne leur laissai pas le temps de me retenir plus longtemps et m’avançai vers une ruelle adjacente, peinant sous le poids combiné de mes cousins. Maëva n’était pas très lourde, mais elle se reposait entièrement sur moi, trop faible pour marcher correctement. Quant à Jukaïs… il devait être bon vivant et profiter de la nourriture comme de la boisson autant qu’il le pouvait. Autant dire que le traîner à moitié n’était pas une mince affaire.
— Par les Dieux, grondai-je à voix basse en rehaussant Jukaïs contre mon épaule de peur de le faire tomber.
Il nous fallut une éternité pour rejoindre la place centrale du village. Les premières lueurs de l’aube nimbaient les lieux d’une clarté opaque, ramenant les couleurs et la tiédeur du printemps. Maëva gémissait de temps à autre, mais sa respiration se faisait erratique. Jukaïs s’affaissa alors que j’approchais d’une chaise encore debout. Je jurai, lui agrippai la manche avant qu’il ne s’étalât, puis le hissai de force sur le tabouret. Il grogna, se recroquevilla puis ne bougea plus.
— Un guérisseur ! criai-je alors d’une voix forte en dévisageant les quelques villageois matinaux qui sortaient de chez eux. Un guérisseur s’il vous plaît !
D’un ample mouvement du bras, je débarrassai une table de quelques couverts et de restes de la veille, puis y allongeai Maëva avec précaution. Je me souciai plus pour elle. Le pic de glace lui avait sûrement perforé un poumon.
— Il y a des blessés ?
Une quarantenaire accourait vers moi. Supposant qu’il s’agissait d’une femme qui avait entendu mes suppliques et était en mesure de les satisfaire, je me mis aussitôt à lui expliquer la situation. Elle m’écouta gravement en fouinant dans la pochette accrochée à sa ceinture et se mit sans tarder au travail.
J’avais fait ma part du boulot… le reste ne dépendait plus de moi.


Dernière modification par louji le dim. 19 déc., 2021 4:56 pm, modifié 4 fois.
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello~

GODDAMN

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Tout était bon, les descriptions, le rythme de la narration, l'action... Quel chapitre et quelle BAGAR.
On sent que tu as aimé l'écrire, c'est fluide, ça claque des fesses, c'est incroyable.

Tous le passage de filature qui mène à la rencontre entre Jukais (prononcé "Yukaïss/Youkaïss"? Parce que j'aurais du mal à concevoir qu'il s'appelle "Juké" MDR) et Silja, Y E S. C'était teeeellement plaisant à lire.

Et la tension entre Ljörn et Silja... Wow. C'est définitivement pas l'amour fou entre eux... Leurs différents se dessinent un peu plus, on voit mieux pourquoi ils s'entendent si mal... Et on comprend le points de vue des deux, malgré leur virulence. Entre Silja qui s'est sentie trahie par Nikja (d'ailleurs, ouch le commentaire de Ljörn, même s'il a raison) et qui ne veut sûrement plus que ça n'arrive jamais, donc qui pense qu'elle doit mener seule; et Ljörn qui voit sa sœur être autant bornée et ça le frustre par rapport au clan car il la trouve inconsciente... On part sur une bonne famille.
En tout cas, on peut être sûrs que Jukais et Maeva ne vont pas offrir des tasses #1 Uncle/Aunt. Pauvres gosses, ils sont pris dans les engrenages rouillés d'une machine sur laquelle ils n'ont aucun contrôle.
Pour résumer : ME GUSTA.

Heureusement qu'Al est un peu sensé. (Par contre, Silja, "Où tu vas, bâtard ?" sérieusement? Ça me fait bien rire, tiens. Arrêtez de vous mettre sur la tronche, on en reparle après. Aaaaah, ça m'énerve.)

J'ai remarqué un petit truc :
Je peux sanctionner les nerfs de son bras pour qu’il puisse plus jamais s’en servir, répliqua ma tante d’un ton acerbe. -> sectionner?

Bravo pour ce chap, j'ai hâte de lire le prochain! Courage pour la suite,

La bise~
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello~

GODDAMN


Tout était bon, les descriptions, le rythme de la narration, l'action... Quel chapitre et quelle BAGAR.
On sent que tu as aimé l'écrire, c'est fluide, ça claque des fesses, c'est incroyable.

Tous le passage de filature qui mène à la rencontre entre Jukais (prononcé "Yukaïss/Youkaïss"? Parce que j'aurais du mal à concevoir qu'il s'appelle "Juké" MDR) et Silja, Y E S. C'était teeeellement plaisant à lire.

Et la tension entre Ljörn et Silja... Wow. C'est définitivement pas l'amour fou entre eux... Leurs différents se dessinent un peu plus, on voit mieux pourquoi ils s'entendent si mal... Et on comprend le points de vue des deux, malgré leur virulence. Entre Silja qui s'est sentie trahie par Nikja (d'ailleurs, ouch le commentaire de Ljörn, même s'il a raison) et qui ne veut sûrement plus que ça n'arrive jamais, donc qui pense qu'elle doit mener seule; et Ljörn qui voit sa sœur être autant bornée et ça le frustre par rapport au clan car il la trouve inconsciente... On part sur une bonne famille.
En tout cas, on peut être sûrs que Jukais et Maeva ne vont pas offrir des tasses #1 Uncle/Aunt. Pauvres gosses, ils sont pris dans les engrenages rouillés d'une machine sur laquelle ils n'ont aucun contrôle.
Pour résumer : ME GUSTA.

Heureusement qu'Al est un peu sensé. (Par contre, Silja, "Où tu vas, bâtard ?" sérieusement? Ça me fait bien rire, tiens. Arrêtez de vous mettre sur la tronche, on en reparle après. Aaaaah, ça m'énerve.)

J'ai remarqué un petit truc :
Je peux sanctionner les nerfs de son bras pour qu’il puisse plus jamais s’en servir, répliqua ma tante d’un ton acerbe. -> sectionner?

Bravo pour ce chap, j'ai hâte de lire le prochain! Courage pour la suite,

La bise~
Merci pour ton super com ♥ :o

Vraiment merci, j'ai tellement pas confiance pour les chapitres de BAGAR :( Mais celui-ci, je m'étais senti plutôt à l'aise et je l'aimais bien... Je suis contente qu'il ressorte bien pour toi aussi =D

Oui, ça se prononce "Yu-ka-i-ss" :D Faudrait que je fasse un point prononciation pour certains noms :lol: Mais, dès que ça concerne le nord, les "j" se prononcent "i/y-" effectivement ^^ MDR attends encore mieux : ju-kè :roll:

Eh oui, Ljorn et Silja... Pas rigolo hein x') Mais bon, ce serait pas la 1ère fratrie à se déchirer pour des questions de pouvoir, de manquements familiaux... C'est pas drôle, mais j'aime beaucoup mettre leurs différends en scène, surtout d'essayer de rentrer dans la tête de chacun d'entre eux pour tenter d'expliquer leurs motivations... MAIS BONNE FAMILLE HEIN. T'es bien tombé, pauvre Al :lol:
Et Maeva et Jukais sont concernés, évidemment, mais comme tu dis ils ont l'impression de rien pouvoir gérer, de pas avoir leur mot à dire, alors qu'ils sont le "sujet" du conflit :v

Ouais, Al ça le gonfle clairement et l'injustice de la situation le rend un poil furax x)

Ah oui, merci ! :o

Merci à toi, c'est toujours sympa de lire tes retours :D

La bise et bon week-end !
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit :Merci pour ton super com ♥ :o

Vraiment merci, j'ai tellement pas confiance pour les chapitres de BAGAR :( Mais celui-ci, je m'étais senti plutôt à l'aise et je l'aimais bien... Je suis contente qu'il ressorte bien pour toi aussi =D

Oui, ça se prononce "Yu-ka-i-ss" :D Faudrait que je fasse un point prononciation pour certains noms :lol: Mais, dès que ça concerne le nord, les "j" se prononcent "i/y-" effectivement ^^ MDR attends encore mieux : ju-kè :roll:

Eh oui, Ljorn et Silja... Pas rigolo hein x') Mais bon, ce serait pas la 1ère fratrie à se déchirer pour des questions de pouvoir, de manquements familiaux... C'est pas drôle, mais j'aime beaucoup mettre leurs différends en scène, surtout d'essayer de rentrer dans la tête de chacun d'entre eux pour tenter d'expliquer leurs motivations... MAIS BONNE FAMILLE HEIN. T'es bien tombé, pauvre Al :lol:
Et Maeva et Jukais sont concernés, évidemment, mais comme tu dis ils ont l'impression de rien pouvoir gérer, de pas avoir leur mot à dire, alors qu'ils sont le "sujet" du conflit :v

Ouais, Al ça le gonfle clairement et l'injustice de la situation le rend un poil furax x)

Ah oui, merci ! :o

Merci à toi, c'est toujours sympa de lire tes retours :D

La bise et bon week-end !
Beh de rien du tout :oops: Ouais, c'est chaud x) Mais tu gères très bien!

Ouais, j'avais capté les sonorités nordiques! ;) MDRRRRR Jukè. C'est comme ça que je l'appellerai désormais :lol:

Ah non, c'est sûr... Et c'est très bien mené, la gymnastique mentale doit être sympa! :D YES. Al : "j'avais pas signé pour ça :v"
Oui, clairement, ça doit être désemparant...

Totalement, c'est rageant! Et connaissant Al, il ne supporte pas.

De rien ;)

A toi aussi!
vampiredelivres

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

Oh boy, I'm late.

Bonjour !

Déjà, le sanctionner/sectionner que j'ai vu passer à la première lecture m'a bien fait rire :lol: Mais ça doit être la seule chose que j'ai relevée, donc todo bene. Sinon, je rejoins totalement Sasa sur le fait que ce chapitre de bagarre est vraiment génial ! Ça se sent que tu étais à l'aise, c'est fluide, ça s'enchaîne bien, et c'est hyper intéressant qu'Al ne soit pour une fois pas au cœur du combat, mais seulement spectateur-touriste venu observer dans quel genre de merdier se fourre décidément tout le temps sa famille. Et clairement, les enjeux sont pas inintéressants non plus. x) Ça part sur une bonne famille psychotique.
Aussi, j'ai beaucoup aimé l'agacement d'Al vis-à-vis de la situation et de Maeva et Jukais, qui n'ont rien demandé dans tout ça. C'est un sentiment que je connais bien, et ça fait du bien de voir quelqu'un s'interposer pour les sortir de là.

Je vais aussi revenir sur le chap précédent, du coup, avec Lilice et Sora. J'adore l'évolution de leur relation ! :D Bon, il risque d'y avoir encore quelques tensions et pas mal d'incompréhensions une fois de temps en temps, au vu de leurs cultures différentes. Leur dynamique est vachement sympa, leurs échanges sont constructifs et les développent toutes les deux, et j'aime beaucoup le côté "mentor" de Soraya, d'une certaine manière… ne serait-ce que parce qu'elle donne de l'assurance à Alice.
Par contre, une grosse remarque. Si j'ai bien compris, Soraya lui a coupé la frange, on est d'accord ?
Si c'est le cas… c'est le pire truc à faire !!!! Pour avoir porté une frange longtemps, quand tu en as marre… tu coupes pas, tu laisses pousser. Sinon, d'ici trois semaines, tu te retrouves avec un truc atroce, de petits cheveux qui partent dans tous les sens sur le front, et retour à la case départ. C'est un enfer. Donc non, pour se débarrasser d'une frange, on laisse pousser. Et oui, c'est long, mais c'est nécessaire.
Wala pour le point capillaire x)

Maintenant, dernière remarque, Kol Our. Il est beaucoup trop bien ! ♥ J'ai vraiment aimé son intervention et sa manière d'aborder le problème, beaucoup moins sèche que Kol Zou. Et du coup, j'adore l'échange avec Kan, la condition qu'elle pose (logique). Du coup, maintenant, objectif retrouver Eon pour Al et Mars ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner ^^

Allez, merci pour ces p'tits moments de lecture sympas entre deux révisions. La bise !
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Oh boy, I'm late.

Bonjour !

Déjà, le sanctionner/sectionner que j'ai vu passer à la première lecture m'a bien fait rire :lol: Mais ça doit être la seule chose que j'ai relevée, donc todo bene. Sinon, je rejoins totalement Sasa sur le fait que ce chapitre de bagarre est vraiment génial ! Ça se sent que tu étais à l'aise, c'est fluide, ça s'enchaîne bien, et c'est hyper intéressant qu'Al ne soit pour une fois pas au cœur du combat, mais seulement spectateur-touriste venu observer dans quel genre de merdier se fourre décidément tout le temps sa famille. Et clairement, les enjeux sont pas inintéressants non plus. x) Ça part sur une bonne famille psychotique.
Aussi, j'ai beaucoup aimé l'agacement d'Al vis-à-vis de la situation et de Maeva et Jukais, qui n'ont rien demandé dans tout ça. C'est un sentiment que je connais bien, et ça fait du bien de voir quelqu'un s'interposer pour les sortir de là.

Je vais aussi revenir sur le chap précédent, du coup, avec Lilice et Sora. J'adore l'évolution de leur relation ! :D Bon, il risque d'y avoir encore quelques tensions et pas mal d'incompréhensions une fois de temps en temps, au vu de leurs cultures différentes. Leur dynamique est vachement sympa, leurs échanges sont constructifs et les développent toutes les deux, et j'aime beaucoup le côté "mentor" de Soraya, d'une certaine manière… ne serait-ce que parce qu'elle donne de l'assurance à Alice.
Par contre, une grosse remarque. Si j'ai bien compris, Soraya lui a coupé la frange, on est d'accord ?
Si c'est le cas… c'est le pire truc à faire !!!! Pour avoir porté une frange longtemps, quand tu en as marre… tu coupes pas, tu laisses pousser. Sinon, d'ici trois semaines, tu te retrouves avec un truc atroce, de petits cheveux qui partent dans tous les sens sur le front, et retour à la case départ. C'est un enfer. Donc non, pour se débarrasser d'une frange, on laisse pousser. Et oui, c'est long, mais c'est nécessaire.
Wala pour le point capillaire x)

Maintenant, dernière remarque, Kol Our. Il est beaucoup trop bien ! ♥ J'ai vraiment aimé son intervention et sa manière d'aborder le problème, beaucoup moins sèche que Kol Zou. Et du coup, j'adore l'échange avec Kan, la condition qu'elle pose (logique). Du coup, maintenant, objectif retrouver Eon pour Al et Mars ! J'ai hâte de voir ce que ça va donner ^^

Allez, merci pour ces p'tits moments de lecture sympas entre deux révisions. La bise !
Tranquille, t'inquiète ! :D

Veux-tu que je punisse son nerf de rébellion ? :geek: Bref, typiquement le genre de faute que je fais (et résonner/raisonner, heureusement grâce à toi j'y pense bien maintenant :roll: )
Wah, merci, ça fait vraiment plaisir que tu complimentes cette scène de BAGAR (je vais plus le lâcher ce mot) comme j'aime beaucoup ta façon d'écrire les scènes d'action ! Et, clairement, c'était super plaisant d'écrire du PDV d'Al en spectateur, je trouve ça plus fluide et simple en vrai :geek:
Ouais, pas dingue l'ambiance familiale autrement :v Et Al va clairement vouloir y mettre son nez x)

Yes, Alice et Soraya je suis aussi contente du petit bout de chemin que je leur ai fait faire ^^ Mais oui, tu as tout très bien décrit, entre le côté "mentor" et les tensions qui subsistent logiquement en raison de leurs backgrounds différents !
Oh damn, je dois avoir fâché un tas de coiffeurs en attente de clients qui n'en peuvent plus de leurs veuchs. J'avoue ne jamais avoir porté la frange :lol: Après, si je peux me faire à moitié pardonner, Soraya ne la coupe pas complètement, elle en laisse une partie sur les côtés en faisant une espèce de dégradé pour qu'Alice les fasse pousser et avoir des mèches plus tard... Elle doit avoir une sacrée coupe bien moche du coup à l'heure actuelle, nickel pour pécho de l'Avirien et de l'Oneirian :mrgreen:

Kol Our était pas du tout prévu et au final je l'aime beaucoup moi aussi ;^; :lol: C'était plaisant d'écrire un personnage moins sec que Kol Zou et encore plus bavard que Lau Dih ^^
Yes, maintenant retrouver Eon, allez les gars on se bouge :?

Merci à toi pour ton super commentaire (et tes précisions sur la frange, ça pourra toujours m'être utile :lol: ) !
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Origine des noms et prononciation



C'est le confinement, je retrouve des trucs improbables dans mes notes de préparation d'Oneiris, les prénoms nordistes avec des "j" cassent la tête et j'suis beauf du coup.
J'ai fait une 'tite liste avec les noms des persos (et leur prononciation pour ceux dont ça ne coule pas de source) et d'où ils sortent (quand je m'en rappelle).
C'est pas palpitant, vous pouvez zapper hein ;-; :lol: Puis j'parle pas trop francé alors oui.
(La prononciation de certains noms, vous pouvez vous les imaginer aussi, hein, je suis pas psycho-rigide :roll: Typiquement, j'ai beaucoup de prénoms anglo-saxons et un accent français honteux alors je les prononce pas franchement à l'anglaise de manière correcte :? Idem pour les noms que j'ai piqués à d'autres univers, je ne sais pas comment les créateurs les prononcent en réalité).


Achalmy des Dillys [a-kal-mi / di-li-ss] : Prénom inventé, que je ne tire de je-ne-sais-où, mais, qui, de manière amusante (ironique, oui), rappelle le nom « accalmie » en français. Le nom de famille inventé aussi, mais je ne saurais dire à partir de quoi.

Alice Tharros [ta-ro-ss] : J’aime bien la sonorité et la douceur du prénom « Alice ». Il a un côté assez franc, aussi, ce qui correspond assez bien au personnage, je trouve. Pour le nom de famille, c'est sûrement encore une de mes manipulations douteuses de Google Trad en tapant des mots et en les mixant dans plein de langues différentes (même si ça sonne grec af pour le coup).

Ace Wessex Bastelborn [èye-ss] (ouais je sais je le prononce pas correctement) : Ace provient du personnage éponyme de One Piece, que j’adore. Wessex est une ancienne région d’Angleterre et Bastelborn, c’est un peu inventé, avec l’idée du mot « bastel » qui fait penser à la bataille (ça fait un peu « né pour la BAGAR » quoi).

Wilwarin [wil-wa-rine] : Provient du monde du Seigneur des Anneaux de Tolkien.

Soraya Samay [sa-mèye] : Ce prénom est assez connu il me semble et connote pour moi le soleil, les peuples du désert… Quant à « Samay », je serais incapable de dire d’où je le sors !

Dastan Samay [dasse-tane] : Dastan est le prénom du protagoniste de Prince of Persia. Il me semblait particulièrement approprié ! (Surtout que je m’imagine mon personnage lui ressemblant physiquement).

Connor des Dillys : Je crois que j’aime beaucoup ce prénom depuis Assassin’s Creed III, surtout que dans Connor, il y a « honnor », ce qui va bien au père d’Al (on est sur un bon niveau de pathétisme question sonorités).

Zane Soho [zay-ne / so-o] (là aussi une bonne prononciation anglaise déchiquetée) : Le prénom vient du personnage éponyme de la série Fils-de-Brumes, de B. Sanderson. J’ai adoré ce personnage et sa psychologie tordue et j’ai flashé sur son prénom. Soho est un quartier de Londres, mais j’aime bien la sonorité.

Mars Hook : Malgré les blagues qu’on peut faire dessus, c’est un nom que je n’ai jamais croisé dans les bouquins et le côté décalé correspond bien au perso. En revanche, si je devais garder une inspiration principale, je dirais que ça vient du dieu romain de la guerre, Mars (et son pendant grec, Ares), ce qui, pour le coup, n’est vraiment pas approprié au personnage :roll:

Vanä [va-na] : Prénom inventé, j’aime bien la sonorité

Neil Wilson : Pas d’origine particulière, juste des noms qui étaient présents dans ma liste de prénoms que j’alimente de temps en temps (ouais j'ai une liste de noms).

Nikja des Valkov [nik-ya / val-ko-v] : Le prénom de la mère d’Al est inventé, il me semble, mais provient d’une espèce de transformation douteuse de « Nicky ».

Aion [a-ionne] : Provient du jeu éponyme, un MMORPG free-to-play en France, originaire de Corée.

Eon [é-onne] : On peut retrouver ce nom à plusieurs endroits, mais, pour moi, c’est le nom du continent de Final Fantasy XV qui m’a fait (re)découvrir le nom !

Galadriel : Provient de l’univers du Seigneur des Anneaux de Tolkien.

Kan [kanne] : Nom inventé !

Lefk [lèf-k] : Je crois que le nom de mon Dieu de la Mort est né après une manipulation douteuse du mot « mort » en plusieurs langues sur Google Trad :roll:

Silvester Tharros : Hum, faisait aussi partie de ma liste d’idées de noms !

Trianna Tharros [tri-anna] : Je crois que j’ai inventé le prénom de la mère d’Alice, en partant du prénom « Anna ».

Milash Tharros [mil-ach] : modification de "ash" « Cendre » en anglais. Je trouvais que j'avais trop de prénoms en "a" alors j'ai fait genre c'était un diminutif en scred, ni vu ni connu.

Calamity : Tout simplement « calamité » en anglais, mais c’est le prénom d’un personnage de la version originale de l’Assassin Royal qui m’a fait flasher dessus.

Dayen [da-yenne] : Alors là, je crois qu’il sort de ma liste, encore une fois…

Sereanda [sé-ré-ann-da] : Aucune idée d’où je sors ce nom, désolée :v

Lau Dih [lao-di] : mama mia, ça vient de loin. Avant Oneiris, avant que je me lance dans des fictions de l’imaginaire, j’avais construit un petit univers RPG et un perso se nommait ainsi. Je crois, ça remonte.

Silja des Valkov [sil-ya] : Euuuh, je voulais quelque chose de très ressemblant à Nikja comme elles sont jumelles et je suis pas originale. DU coup, ça doit être une transformation de "Sylvie" un truc comme ça :roll:

Corn des Valkov [korn] : chais pô. Très laconique je suis. Mémoire poisson rouge je possède. (Comment ça "korn" ça fait maïs en anglais ? Mais shh)

Ljorn des Valkov [lior-n] : Très sûrement une modification du prénom scandinave "Björn".

Maeva des Valkov [ma-é-va] : J'sais pas, Maeva c'est un prénom comme ça !

Jukais [Yu-ka-ï-ss] (c'est pas un "u" dur ni un "ou" mais ce "uou" où vous prononcez "you" tout en insistant sur la fin de syllabe, dont ça met le "u" en avant) : Je dois l'avoir inventé... je crois... je sais plus... comment... où... pourquoi


Omg je dois reconnaître que j'avais zappé l'existence de quelques persos (j'en ai enlevé certains de la liste même mdr (ils étaient assez insignifiants, déso)).
Dernière modification par louji le lun. 04 mai, 2020 7:49 pm, modifié 1 fois.
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Lutte au sommet ... (t'aurais pu les appeler Pécrasse et Micron ! :lol: ) oui ce sont de vrais malades ! comment veux-tu que les gosses de la tribu ne passent pas leur temps à se chamailler ! :lol:
Heureusement les guérisseurs sont efficaces ! avec trois tisanes, ils t'extermineraient le Vid et le Covid et ressusciteraient Louis XVI !

Bravo pour les noms, mais niveau prononciation (surtout si c'est anglo-saxon) je suis pas trop doué, c'est plutôt une forme floue dans ma tête quand je lis... :roll:

Deux bricoles qui m'ont sautées aux yeux :
chaises renversées et échoppes brisées au sol. - ohoh ! sais-tu ce qu'est une échoppe ? et une chope ? Maintenant, choisis !^^
Mars (et son penchant grec, Ares) - son pendant grec... (Pendant, nom masculin ◆Chacun des deux objets formant une paire et destinés à être disposés ensemble. Ce tableau est le pendant de l’autre.◆Personne, chose semblable, comparable, complémentaire.)

Byzous (j'ai bientôt épuisé ma collection de mots - désignant une action désormais interdite - pour montrer mon affection à ma Coline préférée) Continue ! :D
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Lutte au sommet ... (t'aurais pu les appeler Pécrasse et Micron ! :lol: ) oui ce sont de vrais malades ! comment veux-tu que les gosses de la tribu ne passent pas leur temps à se chamailler ! :lol:
Heureusement les guérisseurs sont efficaces ! avec trois tisanes, ils t'extermineraient le Vid et le Covid et ressusciteraient Louis XVI !

Bravo pour les noms, mais niveau prononciation (surtout si c'est anglo-saxon) je suis pas trop doué, c'est plutôt une forme floue dans ma tête quand je lis... :roll:

Deux bricoles qui m'ont sautées aux yeux :
chaises renversées et échoppes brisées au sol. - ohoh ! sais-tu ce qu'est une échoppe ? et une chope ? Maintenant, choisis !^^
Mars (et son penchant grec, Ares) - son pendant grec... (Pendant, nom masculin ◆Chacun des deux objets formant une paire et destinés à être disposés ensemble. Ce tableau est le pendant de l’autre.◆Personne, chose semblable, comparable, complémentaire.)

Byzous (j'ai bientôt épuisé ma collection de mots - désignant une action désormais interdite - pour montrer mon affection à ma Coline préférée) Continue ! :D
Les gosses de la tribu sont plus sages que les adultes :cry: :roll:
Haha, oui, j'en suis pas encore à la résurrection, mais ils soignent au moins les plaies !

Oui, moi aussi, je te rassure... :roll: Puis il arrive parfois que je sache même pas prononcer un nom de perso car je les "prononce" pas justement... Grande histoire :lol:

Les échoppes brisées au sol, c'est violent dis donc :lol: C'est plus une fête qu'il y a eue, mais une course de géants... Merci d'avoir relevé...
Pour le pendant, aussi...
Définitivement, les plus grosses erreurs que je fais, c'est sur les mots qui sonnent pareil :geek: Je fais pas attention au moment d'écrire, j'écris "trop vite" la phrase et je relis pas directement ! :?

Merci à toi Danou ♥
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Tranquille, t'inquiète ! :D

Veux-tu que je punisse son nerf de rébellion ? :geek: Bref, typiquement le genre de faute que je fais (et résonner/raisonner, heureusement grâce à toi j'y pense bien maintenant :roll: )
Wah, merci, ça fait vraiment plaisir que tu complimentes cette scène de BAGAR (je vais plus le lâcher ce mot) comme j'aime beaucoup ta façon d'écrire les scènes d'action ! Et, clairement, c'était super plaisant d'écrire du PDV d'Al en spectateur, je trouve ça plus fluide et simple en vrai :geek:
Ouais, pas dingue l'ambiance familiale autrement :v Et Al va clairement vouloir y mettre son nez x)

Yes, Alice et Soraya je suis aussi contente du petit bout de chemin que je leur ai fait faire ^^ Mais oui, tu as tout très bien décrit, entre le côté "mentor" et les tensions qui subsistent logiquement en raison de leurs backgrounds différents !
Oh damn, je dois avoir fâché un tas de coiffeurs en attente de clients qui n'en peuvent plus de leurs veuchs. J'avoue ne jamais avoir porté la frange :lol: Après, si je peux me faire à moitié pardonner, Soraya ne la coupe pas complètement, elle en laisse une partie sur les côtés en faisant une espèce de dégradé pour qu'Alice les fasse pousser et avoir des mèches plus tard... Elle doit avoir une sacrée coupe bien moche du coup à l'heure actuelle, nickel pour pécho de l'Avirien et de l'Oneirian :mrgreen:

Kol Our était pas du tout prévu et au final je l'aime beaucoup moi aussi ;^; :lol: C'était plaisant d'écrire un personnage moins sec que Kol Zou et encore plus bavard que Lau Dih ^^
Yes, maintenant retrouver Eon, allez les gars on se bouge :?

Merci à toi pour ton super commentaire (et tes précisions sur la frange, ça pourra toujours m'être utile :lol: ) !
Ça a peut-être pu t'aider aussi, que Al soit spectateur, parce que mine de rien ça change totalement la dynamique d'une BAGAR :lol: Après, pour Lily par exemple, c'est plus dur de faire ça parce que c'est clairement pas son genre… et paradoxalement, j'ai plus de mal à écrire les scènes de combat où mon perso narrateur ne participe pas. Au bout du compte, on s'équilibre x)
Pas dingue est un euphémisme à ce stade pour parler de l'ambiance familiale… mais j'espère qu'Al pourra nettoyer un peu ce bordel, ou au moins apaiser un peu les tensions.

Elles sont vachement sympas ensemble. ^^
Ui, t'as dû en fâcher plus d'un… et oui, Alice doit du coup avoir un truc chelou sur la tête. Et de rien pour les précisions, si ça a pu t'aider c'est le principal :lol:

Les persos imprévus, c'est en général les meilleurs, ils ont tendance à se pointer au milieu de nulle part avec déjà un caractère préétabli, une bonne histoire et une mentalité sympa x)
Allez, hop hop hop les gars, on se dépêche ! :mrgreen:
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Ça a peut-être pu t'aider aussi, que Al soit spectateur, parce que mine de rien ça change totalement la dynamique d'une BAGAR :lol: Après, pour Lily par exemple, c'est plus dur de faire ça parce que c'est clairement pas son genre… et paradoxalement, j'ai plus de mal à écrire les scènes de combat où mon perso narrateur ne participe pas. Au bout du compte, on s'équilibre x)
Pas dingue est un euphémisme à ce stade pour parler de l'ambiance familiale… mais j'espère qu'Al pourra nettoyer un peu ce bordel, ou au moins apaiser un peu les tensions.

Elles sont vachement sympas ensemble. ^^
Ui, t'as dû en fâcher plus d'un… et oui, Alice doit du coup avoir un truc chelou sur la tête. Et de rien pour les précisions, si ça a pu t'aider c'est le principal :lol:

Les persos imprévus, c'est en général les meilleurs, ils ont tendance à se pointer au milieu de nulle part avec déjà un caractère préétabli, une bonne histoire et une mentalité sympa x)
Allez, hop hop hop les gars, on se dépêche ! :mrgreen:
Ça doit être clairement ça ! C'est pas non plus le genre de scène auxquelles je suis habituée, alors peut-être que la nouveauté a aidé ;)
Pour Lily, effectivement, ça paraît étrange qu'elle en soit la simple spectatrice :lol:
Yes, c'est bien le but qu'Al mette le nez dedans :)

C'est vrai :( Tu en as eu pas mal toi, des imprévus au scénario ? :lol: (typiquement, Mars était pas prévu non plus :roll: )
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Saloutassionnes !
Pas de chapitre pour cette semaine, j'suis de nouveau à court de chapitres d'avance... Rdv dans 2 semaines donc ! ;)
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Ça doit être clairement ça ! C'est pas non plus le genre de scène auxquelles je suis habituée, alors peut-être que la nouveauté a aidé ;)
Pour Lily, effectivement, ça paraît étrange qu'elle en soit la simple spectatrice :lol:
Yes, c'est bien le but qu'Al mette le nez dedans :)

C'est vrai :( Tu en as eu pas mal toi, des imprévus au scénario ? :lol: (typiquement, Mars était pas prévu non plus :roll: )
Il doit y avoir de ça… et puis, raconter un combat d'un pdv externe, c'est analytique et descriptif, c'est relativement simple. Le faire en interne, avec le méli-mélo des émotions, sans même parler du pdv qui te bloque pour pouvoir décrire certaines choses, ça devient tout de suite plus complexe.
Lily, spectatrice ? Mdr. :lol:
Yes, un peu de castagne familiale (verbale ou physique, hein, les deux me vont :mrgreen: )

Heuuu… Si je dis que tout dans mes histoires est un imprévu scénaristique, ce serait presque la vérité, en fait.
Plus sérieusement, la deuxième moitié de la P3 de LCDS est telle qu'elle est un peu par hasard, par exemple. De base, j'avais prévu que Lily s'échappe par elle-même, par exemple au cours du dîner où les Freyr sont arrivés, je l'ai écrit… et là, à la relecture, j'ai fait "Nope, ça passe pas. On va improviser la fin." :D
Sinon, oui, Vanessa est arrivée un peu en touriste aussi, mais ça avait son charme de la voir débouler un peu de nulle part (d'où le fait que, dans la réécriture, j'ai un peu plus insisté sur la fameuse mission Moscou où elle a disparu).
En général, y'a des persos ou des évènements qui débarquent un peu à tout va dans mes histoires, comme j'écris sans plan. Forcément, pour mettre un peu de cohérence, ça m'oblige à revenir en arrière, réécrire certains passages, c'est pour ça que j'aime bien avoir une bonne moitié de l'histoire "pré-écrite" avant de commencer à publier, parce que je sais que je vais revenir en arrière tout le temps. (Genre là j'ai changé la moitié de l'intrigue du T2 y'a quoi… trois semaines ? :lol: )
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Il doit y avoir de ça… et puis, raconter un combat d'un pdv externe, c'est analytique et descriptif, c'est relativement simple. Le faire en interne, avec le méli-mélo des émotions, sans même parler du pdv qui te bloque pour pouvoir décrire certaines choses, ça devient tout de suite plus complexe.
Lily, spectatrice ? Mdr. :lol:
Yes, un peu de castagne familiale (verbale ou physique, hein, les deux me vont :mrgreen: )

Heuuu… Si je dis que tout dans mes histoires est un imprévu scénaristique, ce serait presque la vérité, en fait.
Plus sérieusement, la deuxième moitié de la P3 de LCDS est telle qu'elle est un peu par hasard, par exemple. De base, j'avais prévu que Lily s'échappe par elle-même, par exemple au cours du dîner où les Freyr sont arrivés, je l'ai écrit… et là, à la relecture, j'ai fait "Nope, ça passe pas. On va improviser la fin." :D
Sinon, oui, Vanessa est arrivée un peu en touriste aussi, mais ça avait son charme de la voir débouler un peu de nulle part (d'où le fait que, dans la réécriture, j'ai un peu plus insisté sur la fameuse mission Moscou où elle a disparu).
En général, y'a des persos ou des évènements qui débarquent un peu à tout va dans mes histoires, comme j'écris sans plan. Forcément, pour mettre un peu de cohérence, ça m'oblige à revenir en arrière, réécrire certains passages, c'est pour ça que j'aime bien avoir une bonne moitié de l'histoire "pré-écrite" avant de commencer à publier, parce que je sais que je vais revenir en arrière tout le temps. (Genre là j'ai changé la moitié de l'intrigue du T2 y'a quoi… trois semaines ? :lol: )
Ouais, le pdv interne, c'est clairement plus compliqué, avec le mélange de tout plein de choses, comme tu dis !

Ah oui, à ce point :lol:
Je ne sais pas comment tu avais prévu qu'elle s'échappe seule, mais, en effet, la fuite à plusieurs me semble plus plus pertinente et palpitante comme ça ! Mais effectivement c'est de sacrés morceaux du scénar qui sont arrivés en impro :shock: Du coup là tu sais même pas vraiment comment se passent les autres tomes de LCDS ?
Ouais la mission de Moscou effectivement j'en ai plus entendu parler en relisant ;)
Oui, le souci de la cohérence, c'est pour ça que j'aime bien écrire à l'avance au moins les grandes lignes et pas trop trop improvisé, car ça me frustre énormément d'avoir à réécrire des scènes entières x')
(omg ça doit être un tel bordel dans ta tête... Je pourrais pas MDR)
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Ouais, le pdv interne, c'est clairement plus compliqué, avec le mélange de tout plein de choses, comme tu dis !

Ah oui, à ce point :lol:
Je ne sais pas comment tu avais prévu qu'elle s'échappe seule, mais, en effet, la fuite à plusieurs me semble plus plus pertinente et palpitante comme ça ! Mais effectivement c'est de sacrés morceaux du scénar qui sont arrivés en impro :shock: Du coup là tu sais même pas vraiment comment se passent les autres tomes de LCDS ?
Ouais la mission de Moscou effectivement j'en ai plus entendu parler en relisant ;)
Oui, le souci de la cohérence, c'est pour ça que j'aime bien écrire à l'avance au moins les grandes lignes et pas trop trop improvisé, car ça me frustre énormément d'avoir à réécrire des scènes entières x')
(omg ça doit être un tel bordel dans ta tête... Je pourrais pas MDR)
Ah mais oui, totalement, ma tête c'est toujours un gros bordel en ce qui concerne les scénarios !
Alors j'ai de vagues idées du déroulement du T3 de LCDS (les axes principaux de chaque partie, on va dire), mais je prends toujours en compte la possibilité d'un potentiel revirement de situation ^^ En fait, je sais que même si je pose mes idées, de toute manière, je vais dérailler à un moment donné, donc c'est même plus la peine x)
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Ah mais oui, totalement, ma tête c'est toujours un gros bordel en ce qui concerne les scénarios !
Alors j'ai de vagues idées du déroulement du T3 de LCDS (les axes principaux de chaque partie, on va dire), mais je prends toujours en compte la possibilité d'un potentiel revirement de situation ^^ En fait, je sais que même si je pose mes idées, de toute manière, je vais dérailler à un moment donné, donc c'est même plus la peine x)
OK je vois ! D'un autre côté, ça favorise vachement la créativité d'avoir les grandes lignes puis champ libre pour mettre les muscles et la chair autour des os x)
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bonzour, z'espère que vous zallez bien.
J'ai une blague à deux balles : pan-pan.




Chapitre 12
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.



Kol Our fut de nouveau sur pied dès le lendemain matin. Je le croisai au détour d’un temple, occupé à arroser un petit arbuste en pot. Comme il était concentré sur sa tâche, je restai silencieuse et attendis qu’il remarquât ma présence.
— Bonjour, Alice, finit-il par souffler en se relevant.
Il vérifia le niveau d’eau dans son arrosoir puis posa ses étonnants yeux cuivrés sur moi. Avec un sourire affable qui plissa ses paupières, il me fit signe de le suivre. Comme j’étais sortie pour profiter du jour naissant et d’une petite balade dans les jardins, je m’exécutai avec entrain. D’abord en silence, nous remontâmes le chemin de graviers vers le temple le plus éloigné – et le plus petit. Divers instruments de mesure apparaissaient et disparaissent tandis que nous traversions les pelouses entretenues et les buissons taillés.
— Vous avez l’air en forme, déclarai-je d’un ton soulagé en observant le visage paisible du Gardien. Je craignais que notre discussion de la veille avec Kan vous ait épuisé.
— Tout va bien. Comme je vous le disais, j’ai autrefois beaucoup prêté mon corps à Kol. Votre échange avec Kan n’a pas été très long ; une bonne nuit de sommeil et la vie reprend son cours.
Amusée et étonnée par la légèreté de son ton, je haussai les épaules et grimpai les marches du petit temple à sa suite. Au ras des murs étaient disposés des dizaines et des dizaines de petits pots de fleurs dont les parfums mélangés donnaient mal à la tête. Kol Our commença à en arroser puis arriva vite à court de réserve.
— Vous ne maîtrisez pas l’eau, n’est-ce pas ? Je vous aurais bien demandé de remplir mon arrosoir…
— Non, effectivement, me désolai-je avec une grimace contrite. Je… peux faire appel au vent. Et aux éclairs.
— Vraiment ? s’étonna le Gardien en se dressant comme un ressort. C’est… c’est déjà fabuleux ! Mais… la vie ne doit être de tout repos, à Oneiris, si chacun est libre de plier les éléments à sa volonté ?
— Étonnamment, ce n’est pas notre don divin qui est à l’origine du plus grand nombre de conflits… Toutes les Terres du continent ne sont pas égales face à cette capacité. Les Orientaux, par exemple, sont pratiquement tous Élémentalistes, mais ils ont un don plus faible que les autres peuples. Les Chasseurs, originaires du Nord, sont généralement plus puissants, notamment car ils allient leurs pouvoirs à l’art du combat. Sur mes Terres, être Élémentaliste définit avant tout notre statut social. Quant aux Sudistes… eh bien, ce n’est qu’un détail à leurs yeux, un atout, mais guère plus. Depuis l’arrivée des Élémentalistes sur Oneiris, nous n’avons jamais connu de tyran qui aurait profité de ses pouvoirs pour asservir un peuple.
Les yeux du Gardien luisaient d’une curiosité qui seyait parfaitement à son visage enfantin.
— Je pourrais vous écouter pendant des heures ! soupira-t-il avec un sourire dépité tout en observant les fleurs qui n’avaient pas encore été arrosées. Mouiller la terre d’une simple pensée ou défricher sur son passage à l’aide d’un mouvement des mains… tout ça me semble tellement inaccessible.
— C’est un don divin, acquiesçai-je avec un rictus quelque peu embarrassé. Un don divin né de la chute de l’une de nos Divinités Primordiales. Même si cet aspect merveilleux est indéniable, je n’oublie pas les circonstances qui ont mené à l’apparition des Élémentalistes.
D’un air plus grave, Kol Our hocha la tête puis sortit du temple pour se diriger vers un puits installé à une vingtaine de mètres et envahi par du lierre aux fleurs orange.
— C’est l’essence de votre Dieu Aion qui a mené à la naissance de vos pouvoirs ?
— Oui. Lorsqu’on lui a arraché sa conscience divine, le corps de l’homme qui l’a trahi n’a pas pu supporter toute cette puissance. Il en a absorbé une partie et le reste s’est disséminé aléatoirement chez des Humains de toutes les contrées.
— Les premiers Élémentalistes, comprit le Gardien en maniant habilement la corde qui retenait son arrosoir au fond du puits. Votre famille aussi peut maîtriser les vents et les éclairs ?
— Pas exactement. Mon père… (J’inspirai rapidement pour éviter que ma voix ne s’éraillât.) J’ai hérité des capacités de mon père, mais ma mère et mon frère ne font appel qu’au vent.
— Oh, vous avez un frère, souffla le Gardien en me jetant un coup d’œil tandis qu’il réceptionnait son ustensile sur le rebord en pierre.
— Oui, souris-je en sentant ma peine se dissiper quelque peu. Ash… Milash Tharros. C’est mon cadet.
— Il gère votre royaume en attendant votre retour ?
— Je ne sais pas, avouai-je à demi-mot. Je n’ai pas revu ma famille depuis des mois.
Compatissant, Kol Our m’adressa un rictus maussade avant de retourner vers le temple. Je restai sur le seuil de l’ouverture le temps qu’il arrosât tous les pots – les effluves qui en émanaient me donnaient le tournis.

— Soraya et moi avons discuté hier soir, après notre entrevue avec Kan, repris-je d’un ton formel en joignant les mains devant moi. Nous pensons partir demain.
Kol Our me jeta un coup d’œil étonné alors qu’il se redressait au-dessus d’un pot de géraniums.
— Vous avez déjà établi votre itinéraire ? Vous ne m’aviez pas dit que Kan s’était déjà glissée dans votre conscience.
— Pardon ? lâchai-je en cillant.
— Eh bien… Votre Déesse va sûrement exiger de s’abriter dans votre corps le temps que vous atteigniez Oneiris.
Stupéfaite – Kan n’avait jamais mentionné cela – je ne répondis pas tout de suite. En apercevant mon expression estomaquée et ma raideur, le Gardien s’assombrit.
— Pardonnez mon manque de tact, je pensais que vous étiez au courant.
— Non, je…
— Peut-être Kan s’est-elle imaginé que vous étiez familière du processus comme vous avez déjà échangé avec deux autres de vos Dieux.
Dépitée – et étrangement amère – je secouai la tête. Je fis toutefois l’effort de prononcer péniblement :
— J’ai déjà été sous le joug d’un Dieu. J’ai trouvé l’expérience déplaisante au plus haut point.
— Vous m’en voyez navré, souffla Kol Our avec sincérité en s’approchant de moi. Dans quelles circonstances avez-vous été soumise au bon vouloir d’une divinité ? D’après mon expérience personnelle et ce que je sais du transfert partiel de conscience divine, c’est un moment étrange, mais certainement pas désagréable.
— Nous n’avons pas dû vivre la même chose, murmurai-je en me crispant malgré moi. Aion… Lorsqu’il était encore notre ennemi, il s’est amusé à prendre possession de mon corps. J’avais encore l’esprit intact, mais mes membres ne me répondaient pas, ma voix ne fonctionnait pas.
Un éclat de surprise déroutée luisit dans les prunelles cuivrées de mon interlocuteur. Lèvres plissées, il secoua la tête avec fermeté.
— Il ne s’agit pas d’un transfert de conscience divine, Alice. Le Dieu qui vous a fait ça s’est contenté de vous voler votre corps. J’ignorais que c’était possible. J’imagine que les bribes de pouvoir qui coulent en vous lui ont permis un tel acte.
Le soulagement immédiat qui déferla en moi chassa les spectres de peur et d’appréhension qui avaient commencé à me parcourir le corps de leurs doigts gelés. Ainsi, ce n’était pas ce qui m’attendait avec Kan… La possibilité inverse m’arracha toutefois un frisson de malaise. Aurais-je trouvé la force nécessaire si j’avais dû prêter mon corps à la Déesse le temps que nous eussions atteint Oneiris ?
— En quoi consiste un transfert de conscience ?
Avec une moue pensive, Kol Our reposa son arrosoir puis s’adossa au chambranle de l’ouverture. Bras croisés sur sa poitrine chétive de jeune adolescent, il resta silencieux un moment, sûrement le temps d’organiser ses idées, puis déclara :
— Ce n’est pas l’entièreté de la conscience divine de Kan qui va investir votre esprit. Et je parle bien de votre esprit. Vous n’aurez à subir aucune intervention sur votre enveloppe physique. Kan va séparer une partie de son essence pour la glisser dans votre âme… votre askil. Vous ne pourriez pas supporter sa conscience entière, de tout manière.
— Mais… soufflai-je, dubitative. À quoi sert ce transfert ?
— Eh bien, votre Déesse pourra ainsi vous accompagner jusqu’à Oneiris. Elle vous a demandé une assurance, celle de convaincre son frère de retourner auprès des autres Divinités Primordiales. Laisser une partie de sa conscience avec vous lui permettra d’être certaine que vous répondez à cette exigence. Si c’est le cas, elle se retirera de votre esprit et se détachera complètement de Kol pour retrouver ses égaux. Si vous échouez, elle restera auprès de notre Dieu.
Je ne savais pas trop comment réagir à l’annonce. L’idée d’avoir une partie de l’essence de Kan en moi me serrait la gorge. J’étais reconnaissante de la confiance de la Déesse, mais la savoir dans ma tête pendant plus d’un mois m’arrachait quelques sueurs froides.
— Vous êtes pâle, chuchota Kol Our en se redressant, inquiet.
— Pardon, répondis-je en me ressaisissant sans attendre. C’est simplement que… j’ai besoin d’un peu de temps pour encaisser la nouvelle.
— Vous n’en avez malheureusement pas beaucoup si vous souhaitez partir dès demain. Il faudra faire le transfert d’ici là.
J’efforçai de ne rien laisser paraître du froid anxieux qui grimpait dans ma gorge et hochai doucement la tête. Alors que Kol Our ramassait son arrosoir et commençai à descendre les marches, je lançai d’un ton pressé :
— Une fois le transfert effectué, Kan verra tout ce que je fais, entendra tout ce que je pense ?
Le Gardien à la silhouette de jeune adolescent s’esclaffa en s’arrêtant. Avec un sourire qui plissait les coins de ses yeux, il se tourna vers moi.
— Alice, bien sûr que non ! En réalité, vous ne sentirez pas Kan et elle ne sera pas en permanence en train d’épier vos actions. J’imagine que, la seule fois où elle se manifestera, sera pour vous dire si vous avez réussi ou échoué dans votre quête.
— Oh.
Je rougis sans pouvoir m’en empêcher. Qu’avais-je imaginé avec ce transfert de conscience ? Ça n’avait effectivement rien à voir avec le sort que m’avait fait subir Aion à plusieurs reprises. Avec un sermon mental pour moi-même, je me détendis enfin. Kan allait simplement s’assurer par mon biais de l’achèvement de notre mission. Rien de plus.

Nous profitâmes d’un soleil généreux et d’une brise tiède pour déjeuner dans les jardins. Soraya avait aidé à la cuisson du repas commun tandis que je coupais les légumes. C’était étrange de nous fondre sans soucis au milieu des Gardiens quand il s’agissait de tâches aussi simples. Kol Our avait dû parler en notre bien auprès de ses collègues, car les regards se firent moins froids et les paroles échangées, plus nombreuses.
Nous trouvâmes un banc sur lequel nous installer. Le velouté de légumes était accompagné de fromage de chèvre et rehaussé par le romarin. Alors que nous partagions en deux notre bout de pain, la silhouette revêche de Kol Zou se dessina au milieu des hauts buissons qui nous entouraient. Les yeux à moitié cachés par ses courtes mèches noires, elle approcha d’un pas déterminé malgré la crainte qu’elle dégageait ostensiblement.
— Bonjour, Kol Zou, la saluai-je courtoisement.
— Alice Tharros, répondit-elle de son oneirian haché. Soraya Samay.
Ma compagne salua d’un mouvement du menton, la bouche pleine de pain et de fromage.
— Je… je peux me joindre à vous ?
Surprise, il me fallut quelques secondes avant de me décaler sur le banc pour lui faire un peu de place. Visiblement frustrée de partager son repas avec la Gardienne bougonne, Soraya détourna la tête, le nez dans sa gamelle. J’étais au milieu des deux femmes et l’impression de jouer les médiatrices me rendit quelque peu mal à l’aise. Je n’étais pas certaine des ressentiments qui les opposaient, mais je ne pouvais pas prétendre qu’ils n’existaient pas pour autant.
— Kol Our m’a parlé de votre échange avec votre Déesse, déclara Kol Zou sans détour. Je… je suis contente pour vous. Notre Gardien en chef a été très généreux avec vous, vous pourrez le remercier.
— C’est déjà fait, expliquai-je à brûle-pourpoint, l’estomac noué. Nous le remercierons encore quand nous quitterons le Sanctuaire demain. Kol Our nous a permis d’avancer de manière significative dans notre quête. Sans lui, nous ne saurions toujours pas comment contacter Kan.
— Vous l’auriez fait par mon biais, marmonna sombrement Kol Zou en touillant distraitement son velouté. Mais contrairement à Kol Our, recevoir un Dieu dans mon askil me fatigue beaucoup. (Avant que j’eusse pu la remercier encore pour ce qu’elle avait fait, elle cessa de tripoter sa cuillère et planta les yeux dans les miens pour demander : ) Vous partez demain ?
Je hochai la tête, mon bout de pain dans une main et mon bol dans l’autre. Comme Kol Zou tarda à répondre, je pris une cuillerée de velouté et soupirai. C’était bon.
— Où irez-vous ? s’enquit finalement la Gardienne après quelques gorgées de soupe.
Soraya et moi échangeâmes un regard. Nous avions établi un premier trajet pour notre retour à Oneiris. Nous étions en plein milieu des terres aviriennes et la ville la plus proche qui affrétait des bateaux pour notre continent était Jen Si. C’était aussi ce qui se rapprochait le plus d’une capitale pour les Aviriens. Si Gahana était la cité marchande la plus importante de Mor Avi, Jen Si en était le cœur culturel et politique. Cette ville était connue jusque chez nous pour ses Sak aussi nombreux que curieux : Sanctuaire de la Bonté, Sanctuaire du Ciel, Sanctuaire du Châtiment, Sanctuaire des Chats… Une multitude de lieux spirituels occupaient la cité et en faisaient une place forte pour la politique. En effet, la vie des Aviriens était régie par les Sak et leurs Gardiens, qui influençaient les mœurs de la vie locale.
— Nous pensons nous rendre à Jen Si, annonça alors Soraya en se redressant. Nous y prendrons le premier navire pour Vasilias, la capitale occidentale.
Les yeux sombres de la Gardienne luisirent d’approbation pendant un instant.
— Jen Si est ma ville natale, avoua-t-elle avec une ébauche de sourire. Je n’y ai pas remis les pieds depuis longtemps, alors je ne sais pas à quoi elle ressemble aujourd’hui. Mais, en tant que voyageuses, vous prendrez sûrement plaisir à découvrir les différents Sanctuaires. Si vous avez un bon rythme, vous y serez en dix jours.
Reconnaissante pour ses précisions, j’avalai ma cuillère de velouté et soufflai :
— Nous avions estimé une dizaine de jours, effectivement, pour le trajet. Il y a des Sanctuaires à Jen Si qui vous semblent essentiels à visiter ?
Elle prit le temps de réfléchir quelques instants, son bol en équilibre sur ses cuisses serrées.
— Je ne pense pas que celui du Châtiment vous plaira. Celui de la Bonté te parlera peut-être, Alice. Celui de l’Économie pourrait plaire à Soraya. (Celle-ci esquissa un sourire en coin.) Mon préféré est celui du Ciel. Il est magnifique et ses Gardiens n’ont pas l’arrogance à laquelle on peut faire face dans les Sak très anciens.
— Merci pour tes recommandations, murmurai-je d’une voix sincère en l’observant avaler une gorgée de velouté. Nous n’aurons peut-être pas le temps de tout visiter, mais nous essaierons de passer voir celui du Ciel.
Kol Zou se dérida de nouveau quelque peu en hochant la tête. Elle avait un petit air espiègle quand elle se décidait à sourire pour de bon.

L’après-midi, Kol Our vint me trouver près d’un appareil de mesure à engrenages et poulies. Il resta silencieux le temps que j’observasse la façon dont étaient imbriquées deux pièces puis me sourit avec chaleur dès que je me tournai vers lui.
— Kol Our, commençai-je d’une voix enjouée en reculant de quelques pas pour me trouver face à lui. Je tenais à vous remercier, encore une fois, pour tout ce que vous avez fait.
— Votre gratitude est acceptée et je vous la retourne, répondit tranquillement le Gardien. J’ai vu que Kol Zou vous avait rejointes pour le repas ; tout s’est bien passé ?
— Oui… et je dois reconnaître que je suis soulagée. Je craignais de partir du Kol Sak en étant en froid avec elle.
Visiblement satisfait, Kol Our acquiesça et observa l’appareil de mesure en continuant :
— Je lui ai soufflé d’aller vous voir. Elle vous évitait, car elle avait peur que vous insistiez pour votre quête. Recevoir Kan dans son askil l’a ébranlée plus qu’elle ne devait s’y attendre. Elle craignait de ne pas être à la hauteur face à votre demande et a préféré vous fuir. À présent, elle non plus n’aura pas de regrets.
— Merci, murmurai-je avec un petit sourire. Maintenant que vous êtes là, je me posais une question à laquelle vous pourriez peut-être répondre. (Comme il me regardait de nouveau, en attente de mon interrogation, j’enchaînai sans tarder : ) Quand doit avoir lieu le transfert divin de Kan ? Comme nous partons demain matin, je voudrais être sûre de ne pas retarder notre départ.
Une expression amusée envahit son visage enfantin. Il indiqua un carré d’herbe tendre derrière nous et déclara :
— Eh bien, nous pouvons nous en occuper dès maintenant.
Désemparée, je ne répondis pas tout de suite, puis clignai des yeux.
— Il n’y a pas besoin de… préparation ? D’un rituel ?
— Tout ce dont nous avons besoin, c’est votre concentration, Alice. Et de la bonne volonté de Kan, mais je crois qu’elle se tient prête pour ce transfert depuis votre échange avec Soraya.
Mon cœur accéléra sans attendre alors que je fixais le carré d’herbe. Je n’étais pas certaine d’être prête pour le transfert. Je n’avais aucune idée de ce que je devais accomplir et la sensation d’avancer dans le noir était plus pesante que jamais.
Avec un soupir fébrile, je suivis Kol Our jusqu’au parterre de gazon d’un vert tendre et m’agenouillai face à lui. Avec un sourire réconfortant, il se pencha légèrement vers moi et annonça :
— Installez-vous dans la même position que moi, Alice. (Je m’efforçai d’adopter la même stature, ni trop raide, ni avachie, genoux croisés, poignets posés.) Bien. À présent, suivez mes indications. Vous n’aurez rien de spécial à faire à part vous détendre, ouvrir votre askil et écouter votre foi.
Écouter ma foi ? Par les Dieux, que c’était étrange. Comment étais-je censée faire ceci ?
— Fermez les yeux et prenez une respiration profonde et régulière. (J’obéis sans attendre, détendis mes épaules crispées et relâchai mes doigts refermés. Le soleil réchauffait ma nuque, les oiseaux gazouillaient et les insectes bruissaient tout autour de nous.) À présent, pensez à votre Déesse. Vous êtes native des Terres protégées par Kan, votre askil est tout à fait adapté à ce transfert. Le plus important, c’est que vous restiez détendue et calme.
Puis Kol Our se tut, me laissant seule face aux bruits et au silence, face au noir et aux couleurs. Mes muscles continuèrent de se détendre, mon esprit de se calmer. Je finis par perdre la notion du temps, simple vie au milieu du Kol Sak et des âmes qui y dédiaient le reste de leur temps.
Puis je fus parcourue d’un frisson mental. Je n’avais pas de meilleurs mots. L’impression de frémir à l’intérieur, comme si une brise discrète frôlait mon esprit. Un toucher délicat sur mes pensées, sur ma conscience. Un bonjour à mon âme.
Alice.
Mes lèvres ne bougèrent pas, mais je souris à ma Déesse à l’aide de mon esprit. C’était si différent du contrôle total qu’Aion m’avait imposé. Je sentais quelque chose à l’effleurement de mes barrières mentales. Une présence, que je pressentais étourdissante d’envergure, mais non hostile. Au contraire, elle frôlait doucement mon esprit, dans l’attente de mon accord.
Dame Kan.
Il y eut comme une approbation entre la divinité et moi. Un échange de compréhension et d’acceptation. Mes pensées communiquaient pour moi, mais elles n’avaient ni son ni forme linguistique. C’était à la fois bien plus simple et bien plus complexe qu’une discussion verbale.
Je pensais que tu étais au courant, pour le transfert divin, reprit la Déesse en m’envoyant une vague que j’assimilai à de la gêne presque coupable. Je suis désolée que tu l’aies appris assez tard.
Tout va bien, la rassurai-je avec sincérité. Kol Our m‘a expliqué de quoi il s’agissait et m’a guidée pour vous contacter. Je ne me sens pas en danger, au contraire. C’est avec plaisir et honneur que je reçois une partie de votre essence pour le voyage jusqu’à Oneiris.
Tout en prononçant ces mots, je pris conscience de ce que devaient ressentir les Gardiens lorsque leur vision de Rug Da touchait leur askil. C’était une conversation sans limites avec un être qui connaissait tout de nous d’une seule pensée. L’idée avait de quoi intimider, mais… c’était grisant, surprenant, enrichissant.
Je ne serai pas une présence constante dans ton esprit, Alice, ajouta la Déesse d’un air bienveillant. J’ai senti tes craintes enfouies lorsque nous sommes entrées en contact. Je ne me manifesterai à toi que lorsque ce sera nécessaire. En attendant, tu n’as pas à craindre pour le cheminement de tes pensées ou ta vie privée. Tu es un être libre d’esprit comme de corps. Ne crains pas d’être surveillée ou dérangée par le bout de mon être en toi.
Rassurée cette fois-ci jusqu’au bout des orteils, je m’autorisai un soupir physique et acquiesçai mentalement avec respect. Puis la présence de Kan sembla s’enfoncer en moi. Je me raidis, désarçonnée, mais la sensation se dissipa aussitôt.
Comme je ne sentais plus le contact subtil de la Déesse, je rouvris les yeux, déroutée. Kol Our était toujours assis en tailleur devant moi, un sourire aux coins des lèvres. Sans que j’eusse prononcé quoi que ce fût, il déclara d’un ton assuré :
— Vous vous en êtes très bien sortie, Alice. Vous pouvez être fière de vous.
Embarrassée, je hochai la tête puis me figeai. Ce n’était pas souvent que je m’autorisais à être fière de moi. Ce n’était pas un sentiment que je voulais éprouver tous les jours, mais ressentir cette chaleur de satisfaction personnelle me galvanisa.
J’étais plus que prête à retourner chez moi.


Dernière modification par louji le mar. 21 déc., 2021 11:34 am, modifié 3 fois.
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiel-lo~
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Je vais rien dire, je crois que c'est mieux...

Alice, Alice, Alice *^* Je l'aime, cette petite ♥ Encore une fois, je suis impressionnée par l'évolution de son personnage! Elle est plus mature, plus sûre d'elle, elle se pose les bonnes questions, elle est vraiment cool. C'était super intéressant de voir les séquelles laissées par Aion et ses questionnements par rapport au transfert divin. Me gusta :D

Kol Our ♥ Vraiment, il est super cool. Il dégage une impression de calme et de respect, c'est très agréable. Sa curiosité quand il discute avec Alice des Élémentalistes est tellement pure ;^; J'adore!

Globalement, j'ai beaucoup aimé ce chap! :D Les craintes d'Alice sont fondées, et ta façon de les apaiser est vraiment bien menée! J'ai vraiment apprécié les explications de Kol Our, les excuses et le respect de Kan, c'était vraiment important pour Alice. Me gusta a lot *^*
Et puis ma choupinette qui est fière d'elle ;^; Oui ♥

J'ai remarqué quelques petites choses :
- Au début, il y a un Kol souligné
- "Si vous échouez, elle restera auprès de notre propre Dieu." -> le "propre" fait peut-être un peu lourd ;
- "la romarin" ;)
- "Où allez-vous aller ?" -> "Où irez-vous ?" ? Ou alors c'était volontaire, pour montrer encore que Kol Zou a un Oneirian haché ?
- "Si Gahana était la cité marchande la plus importante, Jen Si en était le cœur culturel et politique." -> Si Gahana était la cité marchande la plus importante de Mor Avi, Jen si en était le coeur culturel et politique : bien sûr, on sait que tu parles de Mor Avi, mais si tu ne le mentionnes pas, la 2nde partie de la phrase fait étrange :0
- "Je tenais à vous remercier encore une fois, pour tout ce que vous avez fait." -> Soit il y a une virgule sauvage (vilaine virgule), soit il en manque une (avant encore) ?

Voili-voilou! Merci pour ce chap! :D

J'ai hâte de lire le prochain (avec la famille dysfonctionnelle, yé!)

La bise~
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Bonzour, z'espère que vous zallez bien.
J'ai une blague à deux balles : pan-pan. Magnifique cette blague !




Chapitre 12
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.



Kol Our fut de nouveau sur pieds dès le lendemain matin. Je le croisai au détour d’un temple, occupé à arroser un petit arbuste en pot. Comme il était concentré sur sa tâche, je restai silencieuse et attendis qu’il remarquât ma présence.
— Bonjour, Alice, finit-il par souffler en se relevant. Yo toi :)
Il vérifia le niveau d’eau dans son arrosoir puis posa ses étonnants yeux cuivrés sur moi. Avec un sourire affable qui plissa ses paupières, il me fit signe de le suivre. Comme j’étais sortie pour profiter du jour naissant et d’une petite balade dans les jardins, je m’exécutai de bon entrain. D’abord en silence, nous remontâmes le chemin de graviers vers le temple le plus éloigné – et le plus petit. Divers instruments de mesure apparaissaient et disparaissent tandis que nous traversions les pelouses entretenues et les buissons taillés.
— Vous avez l’air en forme, déclarai-je d’un ton soulagé en observant le visage paisible du Gardien. J’avais peur que notre discussion de la veille avec Kan vous ait épuisé.
— Tout va bien. Comme je vous le disais, j’ai autrefois beaucoup prêté mon corps à Kol. Votre échange avec Kan n’a pas été très long ; une bonne nuit de sommeil et la vie reprend son cours. Eazzzzy. Tandis que Kol Zou…
Amusée et étonnée par la légèreté de son ton, je haussai les épaules et grimpai les marches du petit temple à sa suite. Au ras des murs étaient disposés des dizaines et des dizaines de petits pots de fleurs dont les parfums mélangés donnaient mal à la tête. Kol Our commença à en arroser puis arriva vite à court de réserve.
— Vous ne maîtrisez pas l’eau, n’est-ce pas ? Je vous aurais bien demandé de remplir mon arrosoir…
— Non, effectivement, me désolai-je avec une grimace contrite. Je… peux faire appel au vent. Et aux éclairs.
— Vraiment ? s’étonna le Gardien en se dressant comme un ressort. C’est… c’est déjà fabuleux ! Mais… la vie ne doit être de tout repos, à Oneiris, si chacun est libre de plier les éléments à sa volonté ? C'est vrai que vu comme ça… ça doit être le foutoir pour pas grand-chose…
— Étonnamment, ce n’est pas notre don divin qui est à l’origine du plus grand nombre de conflits… Toutes les Terres du continent ne sont pas égales face à cette capacité… Les Orientaux, par exemple, sont pratiquement tous Élémentalistes, mais ils ont un don plus faible que les autres peuples. Les Chasseurs, originaires du Nord, sont généralement plus puissants, notamment car ils allient leurs pouvoirs à l’art du combat. Sur mes Terres, être Élémentaliste définit avant tout notre statut social. Quant aux Sudistes… eh bien, ce n’est qu’un détail à leurs yeux, un atout, mais guère plus. Depuis l’arrivée des Élémentalistes sur Oneiris, nous n’avons jamais connu de tyran qui aurait profité de ses pouvoirs pour asservir un peuple. C'est un miracle, dis donc ! :shock:
Les yeux du Gardien luisaient d’une curiosité qui seyait parfaitement à son visage enfantin.
— Je pourrais vous écouter pendant des heures ! soupira-t-il avec un sourire dépité tout en observant les fleurs qui n’avaient pas encore été arrosées. Mouiller la terre d’une simple pensée ou défricher sur son passage à l’aide d’un mouvement des mains… tout ça me semble tellement… inaccessible.
— C’est un don divin, acquiesçai-je avec un rictus quelque peu embarrassé. Un don divin né de la chute de l’une de nos Divinités Primordiales. Même si cet aspect merveilleux est indéniable, je n’oublie pas les circonstances qui ont mené à l’apparition des Élémentalistes. C'est pas comme si ta famille avait quelque chose à voir dedans non plus… ou que tu aies failli le payer de ta vie… :roll:

— Soraya et moi avons discuté hier soir, après notre entrevue avec Kan, repris-je d’un ton formel en joignant les mains devant moi. Nous pensons partir demain.
Kol Our me jeta un coup d’œil étonné alors qu’il se redressait au-dessus d’un pot de géraniums.
— Vous avez déjà établi votre itinéraire ? Mais, surtout, vous ne m’aviez pas dit que Kan s’était déjà glissée dans votre conscience.
— Pardon ? lâchai-je en cillant.
— Eh bien… Votre Déesse va sûrement exiger de s’abriter dans votre corps le temps que vous atteigniez Oneiris. Mdr. Je sens le bordel. :lol:

— Une fois le transfert effectué… Kan verra tout ce que je fais, entendra tout ce que je pense ?
Le Gardien à la silhouette de jeune adolescent s’esclaffa en s’arrêtant soudain. Avec un sourire qui plissait les coins de ses yeux, il se tourna vers moi.
— Alice, bien sûr que non ! En réalité, vous ne sentirez pas Kan et elle ne sera pas en permanence en train d’épier vos actions. J’imagine que, la seule fois où elle se manifestera, sera pour vous dire si vous avez réussi ou échoué dans votre quête.
— Oh.
Je rougis sans pouvoir m’en empêcher. Qu’avais-je imaginé avec ce transfert de conscience ? Ça n’avait effectivement rien à voir avec le sort que m’avait fait subir Aion à plusieurs reprises… Avec un sermon mental pour moi-même, je me détendis enfin. Kan allait simplement s’assurer par mon biais de l’achèvement de notre mission. Rien de plus. En même temps, ma Lilice, Aion est un abruti et un goujat. Faut pas croire qu'ils sont tous comme lui. Et encore heureux, j'ai envie de dire.

Nous profitâmes d’un soleil généreux et d’une brise tiède pour déjeuner dans les jardins. Soraya avait aidé à la cuisson du repas commun tandis que je coupais les légumes. C’était étrange de nous fondre sans soucis au milieu des Gardiens quand il s’agissait de tâches aussi simples. Kol Our avait dû parler en notre bien auprès de ses collègues, car les regards se firent moins froids et les paroles échangées, plus nombreuses.
Nous trouvâmes sans difficulté un banc sur lequel nous installer et attaquâmes sans attendre notre velouté de légumes accompagné de fromage de chèvre et réhaussé :arrow: rehaussé ^^ par la romarin. Alors que nous partagions en deux notre bout de pain, la silhouette revêche de Kol Zou se dessina au milieu des hauts buissons qui nous entouraient. Les yeux à moitié cachés par ses courtes mèches noires, elle approcha d’un pas déterminé malgré la crainte qu’elle dégageait ostensiblement.


— Eh bien, nous pouvons nous en occuper dès maintenant.
Désemparée, je ne répondis pas tout de suite, puis clignai des yeux.
— Il n’y a pas besoin de… préparation ? D’un rituel ?
— Tout ce dont nous avons besoin, c’est votre concentration, Alice. Et de la bonne volonté de Kan, mais je crois qu’elle se tient prête pour ce transfert depuis votre échange avec Soraya.
Mon cœur accéléra sans attendre alors que je fixais le carré d’herbe. Je n’étais pas certaine d’être prête pour le transfert. Je n’avais aucune idée de ce que je devais accomplir et la sensation d’avancer dans le noir était plus pesante que jamais.
Avec un soupir fébrile, je suivis Kol Our jusqu’à la parterre de gazon d’un vert tendre et m’agenouillai face à lui. Avec un sourire réconfortant, il se pencha légèrement vers moi et annonça :
— Installez-vous dans la même position que moi, Alice. (Je m’efforçai d’adopter la même stature, ni trop raide, ni avachie, genoux croisés, poignets posés.) Bien. À présent, suivez mes indications. Vous n’aurez rien de spécial à faire à part vous détendre, ouvrir votre askil et écouter votre foi. Si simple à dire et si dur à mettre en pratique…
Écouter ma foi ? Par les Dieux, que c’était étrange. Comment étais-je censée faire ceci ?
— Fermez les yeux et prenez une respiration profonde et régulière. (J’obéis sans attendre, détendis mes épaules crispées et relâchai mes doigts refermés. Le soleil réchauffait ma nuque, les oiseaux gazouillaient et les insectes bruissaient tout autour de nous.) À présent, pensez à votre Déesse. Vous êtes native des Terres protégées par Kan, votre askil est tout à fait adapté à ce transfert. Le plus important, c’est que vous restiez détendue et calme.
Puis Kol Our se tut, me laissant seule face aux bruits et au silence, face au noir et aux couleurs. Mes muscles continuèrent de se détendre, mon esprit de se calmer. Je finis par perdre la notion du temps, simple vie au milieu du Kol Sak et des âmes qui y dédiaient le reste de leur temps.
Puis je fus parcourue d’un frisson mental. Je n’avais pas de meilleurs mots. L’impression de frémir à l’intérieur, comme si une brise discrète frôlait mon esprit. Un toucher délicat sur mes pensées, sur ma conscience. Un bonjour à mon âme.
Alice.
Mes lèvres ne bougèrent pas, mais je souris à ma Déesse à l’aide de mon esprit. C’était si différent du contrôle total qu’Aion m’avait imposé. Je sentais quelque chose à l’effleurement de mes barrières mentales. Une présence, que je pressentais étourdissante d’envergure, mais non hostile. Au contraire, elle frôlait doucement mon esprit, dans l’attente de mon accord.
Dame Kan. Kikou ! :)
Il y eut comme une approbation entre la divinité et moi. Un échange de compréhension et d’acceptation. Mes pensées communiquaient pour moi, mais elles n’avaient ni son ni forme linguistique. C’était à la fois bien plus simple et bien plus complexe qu’une discussion verbale.
Je pensais que tu étais au courant, pour le transfert divin, reprit la Déesse en m’envoyant une vague que j’assimilai à de la gêne presque coupable. Je suis désolée que tu l’aies appris assez tard. En même temps, c'est toi la déesse, donc bon, c'est à toi de gérer le transfert de ta propre conscience…
Tout va bien, la rassurai-je avec sincérité. Kol Our m‘a expliqué de quoi il s’agissait et m’a guidée pour vous contacter. Je ne me sens pas en danger, au contrainte. C’est avec plaisir et honneur que je reçois une partie de votre essence pour le voyage jusqu’à Oneiris.
Tout en prononçant ces mots, je pris conscience de ce que devaient ressentir les Gardiens lorsque leur vision de Rug Da touchait leur askil. C’était une conversation sans limites avec un être qui connaissait tout de nous d’une seule pensée. L’idée avait de quoi intimider, mais… c’était grisant, surprenant, enrichissant.
Je ne serai pas une présence constante dans ton esprit, Alice, ajouta la Déesse d’un air bienveillant. J’ai senti tes craintes enfouies lorsque nous sommes entrées en contact. Je ne me manifesterai à toi que lorsque ce sera nécessaire. En attendant, tu n’as pas à craindre pour le cheminement de tes pensées ou ta vie privée. Tu es un être libre d’esprit comme de corps. Ne crains pas d’être surveillée ou dérangée par le bout de mon être en toi. Aion, 'spèce de…!
Rassurée cette fois-ci jusqu’au bout des orteils, je m’autorisai un soupir physique et acquiesçai mentalement avec respect. Puis la présence de Kan sembla s’enfoncer en moi. Je me raidis, désarçonnée, mais la sensation se dissipa aussitôt.
Comme je ne sentais plus le contact subtil de la Déesse, je rouvris les yeux, déroutée. Kol Our était toujours assis en tailleur devant moi, un sourire aux coins des lèvres. Sans que j’eusse prononcé quoi que ce soit, il déclara d’un ton assuré :
— Vous vous en êtes très bien sortie, Alice. Vous pouvez être fière de vous.
Embarrassée, je hochai la tête puis me figeai. Ce n’était pas souvent que je m’autorisais à être fière de moi. Ce n’était pas un sentiment que je voulais éprouver tous les jours, mais ressentir cette chaleur de satisfaction personnelle me galvanisa. +1 en assurance pour Alice !
J’étais plus que prête à retourner chez moi.
Bon. Bon bon bon. (J'ai pensé à Boum Boum Boum de Mika :lol: )
J'aime beaucoup ce chapitre. Il est enrichissant, comme le dit si bien Alice, il apporte beaucoup à son caractère et à son personnage. Comme Sasa, j'ai beaucoup aimé le fait qu'elle ait des séquelles post-Aion, si on peut dire ça comme ça, et sa manière d'aborder le problème, avec pas mal de maturité mine de rien compte tenu du traumatisme qu'elle a vécu, est plaisante.
Le retour de Kol Zou et ses propres craintes sont aussi un p'tit inside bienvenu dans la tête d'un autre personnage, surtout qu'on n'avait effectivement aucune idée de pourquoi elle fuyait Alice et Soraya comme ça. Puis Kan est sympa aussi, même si un peu déconnectée du coup de la réalité des oneirians (comment ça le transfert de conscience ne se fait pas tous les deux jours, à Oneiris ?).
Je n'ai pas grand-chose à dire de plus, je n'ai rien relevé que Sasa n'ait pas déjà dit (à part le fait que j'adore croiser un verbe au subjonctif imparfait une fois de temps en temps, c'est trop drôle :D ).
À bientôt !
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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiel-lo~
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Je vais rien dire, je crois que c'est mieux...

Alice, Alice, Alice *^* Je l'aime, cette petite ♥ Encore une fois, je suis impressionnée par l'évolution de son personnage! Elle est plus mature, plus sûre d'elle, elle se pose les bonnes questions, elle est vraiment cool. C'était super intéressant de voir les séquelles laissées par Aion et ses questionnements par rapport au transfert divin. Me gusta :D

Kol Our ♥ Vraiment, il est super cool. Il dégage une impression de calme et de respect, c'est très agréable. Sa curiosité quand il discute avec Alice des Élémentalistes est tellement pure ;^; J'adore!

Globalement, j'ai beaucoup aimé ce chap! :D Les craintes d'Alice sont fondées, et ta façon de les apaiser est vraiment bien menée! J'ai vraiment apprécié les explications de Kol Our, les excuses et le respect de Kan, c'était vraiment important pour Alice. Me gusta a lot *^*
Et puis ma choupinette qui est fière d'elle ;^; Oui ♥

J'ai remarqué quelques petites choses :
- Au début, il y a un Kol souligné
- "Si vous échouez, elle restera auprès de notre propre Dieu." -> le "propre" fait peut-être un peu lourd ;
- "la romarin" ;)
- "Où allez-vous aller ?" -> "Où irez-vous ?" ? Ou alors c'était volontaire, pour montrer encore que Kol Zou a un Oneirian haché ?
- "Si Gahana était la cité marchande la plus importante, Jen Si en était le cœur culturel et politique." -> Si Gahana était la cité marchande la plus importante de Mor Avi, Jen si en était le coeur culturel et politique : bien sûr, on sait que tu parles de Mor Avi, mais si tu ne le mentionnes pas, la 2nde partie de la phrase fait étrange :0
- "Je tenais à vous remercier encore une fois, pour tout ce que vous avez fait." -> Soit il y a une virgule sauvage (vilaine virgule), soit il en manque une (avant encore) ?

Voili-voilou! Merci pour ce chap! :D

J'ai hâte de lire le prochain (avec la famille dysfonctionnelle, yé!)

La bise~
Alors euh ton gif condescendant, j'te permets pas, j'suis sûre que y'a des gens qui rigoleront un jour de cette blague formidable. T'es mauvais public c'tout :vvvv

Oui, Alice, même à moi, ça fait plaisir, son évolution :lol: (j'ai relu les 1er chapitres du T1 y'a pas longtemps, aled...)
Et Aion lui a clairement fait du mal, même si elle l'a beaucoup plus intériorisé qu'Al, qui a pété un bon câble pour expulser tout ça.

Kol Our, c'est bébou gentil et respectueux. Il en faut bien hein x)

Merci ♥ Et clairement Alice, c'est un personnage qui me challenge un peu à écrire, car elle est tellement emplie d'incertitudes et de sentiment d'illégitimité... C'est l'un des persos qui me ressemblent le plus parmi ceux que j'ai pu inventer et c'est jamais facile de les traiter quand on s'identifie beaucoup x)

Merci pour les remarques, je corrige ça ! =D

Oui la famille dysfonctionnelle, yes :roll:

Merci à toi ! ♥
louji

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :Bonzour, z'espère que vous zallez bien.
J'ai une blague à deux balles : pan-pan. Magnifique cette blague ! :arrow: Ah bah voilà des gens qui apprécient, enfin, rho




Chapitre 12
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.




— Vraiment ? s’étonna le Gardien en se dressant comme un ressort. C’est… c’est déjà fabuleux ! Mais… la vie ne doit être de tout repos, à Oneiris, si chacun est libre de plier les éléments à sa volonté ? C'est vrai que vu comme ça… ça doit être le foutoir pour pas grand-chose… :arrow: Ils sont étonnamment disciplinés, ces Oneirians, en fait :D
— Étonnamment, ce n’est pas notre don divin qui est à l’origine du plus grand nombre de conflits… Toutes les Terres du continent ne sont pas égales face à cette capacité… Les Orientaux, par exemple, sont pratiquement tous Élémentalistes, mais ils ont un don plus faible que les autres peuples. Les Chasseurs, originaires du Nord, sont généralement plus puissants, notamment car ils allient leurs pouvoirs à l’art du combat. Sur mes Terres, être Élémentaliste définit avant tout notre statut social. Quant aux Sudistes… eh bien, ce n’est qu’un détail à leurs yeux, un atout, mais guère plus. Depuis l’arrivée des Élémentalistes sur Oneiris, nous n’avons jamais connu de tyran qui aurait profité de ses pouvoirs pour asservir un peuple. C'est un miracle, dis donc ! :shock: :arrow: En fait, l'explication toute simple, c'est qu'aucun Élémentaliste n'est assez puissant pour asseoir une domination basée sur des capacités magiques (y'a qu'Aion qui pourrait faire ça :lol: )
Les yeux du Gardien luisaient d’une curiosité qui seyait parfaitement à son visage enfantin.
— Je pourrais vous écouter pendant des heures ! soupira-t-il avec un sourire dépité tout en observant les fleurs qui n’avaient pas encore été arrosées. Mouiller la terre d’une simple pensée ou défricher sur son passage à l’aide d’un mouvement des mains… tout ça me semble tellement… inaccessible.
— C’est un don divin, acquiesçai-je avec un rictus quelque peu embarrassé. Un don divin né de la chute de l’une de nos Divinités Primordiales. Même si cet aspect merveilleux est indéniable, je n’oublie pas les circonstances qui ont mené à l’apparition des Élémentalistes. C'est pas comme si ta famille avait quelque chose à voir dedans non plus… ou que tu aies failli le payer de ta vie… :roll: :arrow: De quoi tu parles ? Aion s'est fait tout seul, voyons :geek:


— Une fois le transfert effectué… Kan verra tout ce que je fais, entendra tout ce que je pense ?
Le Gardien à la silhouette de jeune adolescent s’esclaffa en s’arrêtant soudain. Avec un sourire qui plissait les coins de ses yeux, il se tourna vers moi.
— Alice, bien sûr que non ! En réalité, vous ne sentirez pas Kan et elle ne sera pas en permanence en train d’épier vos actions. J’imagine que, la seule fois où elle se manifestera, sera pour vous dire si vous avez réussi ou échoué dans votre quête.
— Oh.
Je rougis sans pouvoir m’en empêcher. Qu’avais-je imaginé avec ce transfert de conscience ? Ça n’avait effectivement rien à voir avec le sort que m’avait fait subir Aion à plusieurs reprises… Avec un sermon mental pour moi-même, je me détendis enfin. Kan allait simplement s’assurer par mon biais de l’achèvement de notre mission. Rien de plus. En même temps, ma Lilice, Aion est un abruti et un goujat. Faut pas croire qu'ils sont tous comme lui. Et encore heureux, j'ai envie de dire. :arrow: Ouais, les autres Dieux sont plus... "lointains", moins soucieux de se mêler aux petites querelles humaines. Aion a pris toutes les tares humaines en étant déchu.

Nous profitâmes d’un soleil généreux et d’une brise tiède pour déjeuner dans les jardins. Soraya avait aidé à la cuisson du repas commun tandis que je coupais les légumes. C’était étrange de nous fondre sans soucis au milieu des Gardiens quand il s’agissait de tâches aussi simples. Kol Our avait dû parler en notre bien auprès de ses collègues, car les regards se firent moins froids et les paroles échangées, plus nombreuses.
Nous trouvâmes sans difficulté un banc sur lequel nous installer et attaquâmes sans attendre notre velouté de légumes accompagné de fromage de chèvre et réhaussé :arrow: rehaussé ^^ :arrow: Marci ! par la romarin. Alors que nous partagions en deux notre bout de pain, la silhouette revêche de Kol Zou se dessina au milieu des hauts buissons qui nous entouraient. Les yeux à moitié cachés par ses courtes mèches noires, elle approcha d’un pas déterminé malgré la crainte qu’elle dégageait ostensiblement.


— Eh bien, nous pouvons nous en occuper dès maintenant.
Désemparée, je ne répondis pas tout de suite, puis clignai des yeux.
— Il n’y a pas besoin de… préparation ? D’un rituel ?
— Tout ce dont nous avons besoin, c’est votre concentration, Alice. Et de la bonne volonté de Kan, mais je crois qu’elle se tient prête pour ce transfert depuis votre échange avec Soraya.
Mon cœur accéléra sans attendre alors que je fixais le carré d’herbe. Je n’étais pas certaine d’être prête pour le transfert. Je n’avais aucune idée de ce que je devais accomplir et la sensation d’avancer dans le noir était plus pesante que jamais.
Avec un soupir fébrile, je suivis Kol Our jusqu’à la parterre de gazon d’un vert tendre et m’agenouillai face à lui. Avec un sourire réconfortant, il se pencha légèrement vers moi et annonça :
— Installez-vous dans la même position que moi, Alice. (Je m’efforçai d’adopter la même stature, ni trop raide, ni avachie, genoux croisés, poignets posés.) Bien. À présent, suivez mes indications. Vous n’aurez rien de spécial à faire à part vous détendre, ouvrir votre askil et écouter votre foi. Si simple à dire et si dur à mettre en pratique… :arrow: Surtout que les Oneirians sont tellement pas dans ce genre de pratiques... x)
Écouter ma foi ? Par les Dieux, que c’était étrange. Comment étais-je censée faire ceci ?
— Fermez les yeux et prenez une respiration profonde et régulière. (J’obéis sans attendre, détendis mes épaules crispées et relâchai mes doigts refermés. Le soleil réchauffait ma nuque, les oiseaux gazouillaient et les insectes bruissaient tout autour de nous.) À présent, pensez à votre Déesse. Vous êtes native des Terres protégées par Kan, votre askil est tout à fait adapté à ce transfert. Le plus important, c’est que vous restiez détendue et calme.
Puis Kol Our se tut, me laissant seule face aux bruits et au silence, face au noir et aux couleurs. Mes muscles continuèrent de se détendre, mon esprit de se calmer. Je finis par perdre la notion du temps, simple vie au milieu du Kol Sak et des âmes qui y dédiaient le reste de leur temps.
Puis je fus parcourue d’un frisson mental. Je n’avais pas de meilleurs mots. L’impression de frémir à l’intérieur, comme si une brise discrète frôlait mon esprit. Un toucher délicat sur mes pensées, sur ma conscience. Un bonjour à mon âme.
Alice.
Mes lèvres ne bougèrent pas, mais je souris à ma Déesse à l’aide de mon esprit. C’était si différent du contrôle total qu’Aion m’avait imposé. Je sentais quelque chose à l’effleurement de mes barrières mentales. Une présence, que je pressentais étourdissante d’envergure, mais non hostile. Au contraire, elle frôlait doucement mon esprit, dans l’attente de mon accord.
Dame Kan. Kikou ! :)
Il y eut comme une approbation entre la divinité et moi. Un échange de compréhension et d’acceptation. Mes pensées communiquaient pour moi, mais elles n’avaient ni son ni forme linguistique. C’était à la fois bien plus simple et bien plus complexe qu’une discussion verbale.
Je pensais que tu étais au courant, pour le transfert divin, reprit la Déesse en m’envoyant une vague que j’assimilai à de la gêne presque coupable. Je suis désolée que tu l’aies appris assez tard. En même temps, c'est toi la déesse, donc bon, c'est à toi de gérer le transfert de ta propre conscience… :arrow: Mdr oui x')
Tout va bien, la rassurai-je avec sincérité. Kol Our m‘a expliqué de quoi il s’agissait et m’a guidée pour vous contacter. Je ne me sens pas en danger, au contrainte. C’est avec plaisir et honneur que je reçois une partie de votre essence pour le voyage jusqu’à Oneiris.
Tout en prononçant ces mots, je pris conscience de ce que devaient ressentir les Gardiens lorsque leur vision de Rug Da touchait leur askil. C’était une conversation sans limites avec un être qui connaissait tout de nous d’une seule pensée. L’idée avait de quoi intimider, mais… c’était grisant, surprenant, enrichissant.
Je ne serai pas une présence constante dans ton esprit, Alice, ajouta la Déesse d’un air bienveillant. J’ai senti tes craintes enfouies lorsque nous sommes entrées en contact. Je ne me manifesterai à toi que lorsque ce sera nécessaire. En attendant, tu n’as pas à craindre pour le cheminement de tes pensées ou ta vie privée. Tu es un être libre d’esprit comme de corps. Ne crains pas d’être surveillée ou dérangée par le bout de mon être en toi. Aion, 'spèce de…!
Rassurée cette fois-ci jusqu’au bout des orteils, je m’autorisai un soupir physique et acquiesçai mentalement avec respect. Puis la présence de Kan sembla s’enfoncer en moi. Je me raidis, désarçonnée, mais la sensation se dissipa aussitôt.
Comme je ne sentais plus le contact subtil de la Déesse, je rouvris les yeux, déroutée. Kol Our était toujours assis en tailleur devant moi, un sourire aux coins des lèvres. Sans que j’eusse prononcé quoi que ce soit, il déclara d’un ton assuré :
— Vous vous en êtes très bien sortie, Alice. Vous pouvez être fière de vous.
Embarrassée, je hochai la tête puis me figeai. Ce n’était pas souvent que je m’autorisais à être fière de moi. Ce n’était pas un sentiment que je voulais éprouver tous les jours, mais ressentir cette chaleur de satisfaction personnelle me galvanisa. +1 en assurance pour Alice ! :arrow: Hallelujah, on y arrive :roll:
J’étais plus que prête à retourner chez moi.
Bon. Bon bon bon. (J'ai pensé à Boum Boum Boum de Mika :lol: )
J'aime beaucoup ce chapitre. Il est enrichissant, comme le dit si bien Alice, il apporte beaucoup à son caractère et à son personnage. Comme Sasa, j'ai beaucoup aimé le fait qu'elle ait des séquelles post-Aion, si on peut dire ça comme ça, et sa manière d'aborder le problème, avec pas mal de maturité mine de rien compte tenu du traumatisme qu'elle a vécu, est plaisante.
Le retour de Kol Zou et ses propres craintes sont aussi un p'tit inside bienvenu dans la tête d'un autre personnage, surtout qu'on n'avait effectivement aucune idée de pourquoi elle fuyait Alice et Soraya comme ça. Puis Kan est sympa aussi, même si un peu déconnectée du coup de la réalité des oneirians (comment ça le transfert de conscience ne se fait pas tous les deux jours, à Oneiris ?).
Je n'ai pas grand-chose à dire de plus, je n'ai rien relevé que Sasa n'ait pas déjà dit (à part le fait que j'adore croiser un verbe au subjonctif imparfait une fois de temps en temps, c'est trop drôle :D ).
À bientôt !
(Mdr on a tous nos délires hein ;-;)
Les séquelles post-Aion, j'aime bien le concept :lol: Mais, ouais, j'avais pas forcément eu l'occasion d'en parler en plus, alors c'était l'occasion. Et elle a clairement laissé passer du temps avant de songer pour de bon au trauma que ça lui a laissé, mine de cray... rien.
Yes, Kol Zou, c'est une espèce de chat sauvage qui a du mal à accorder sa confiance et, si t'as le malheur de la contrarier une fois... :v Et Kan est clairement déconnectée, même si ça se comprend, bichette x)
Fôk, le subjonctif imparfait, tellement une attaque à l'intégrité ce truc.

A plous !
TcmA

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit : Alors euh ton gif condescendant, j'te permets pas, j'suis sûre que y'a des gens qui rigoleront un jour de cette blague formidable. T'es mauvais public c'tout :vvvv

Oui, Alice, même à moi, ça fait plaisir, son évolution :lol: (j'ai relu les 1er chapitres du T1 y'a pas longtemps, aled...)
Et Aion lui a clairement fait du mal, même si elle l'a beaucoup plus intériorisé qu'Al, qui a pété un bon câble pour expulser tout ça.

Kol Our, c'est bébou gentil et respectueux. Il en faut bien hein x)

Merci ♥ Et clairement Alice, c'est un personnage qui me challenge un peu à écrire, car elle est tellement emplie d'incertitudes et de sentiment d'illégitimité... C'est l'un des persos qui me ressemblent le plus parmi ceux que j'ai pu inventer et c'est jamais facile de les traiter quand on s'identifie beaucoup x)

Merci pour les remarques, je corrige ça ! =D

Oui la famille dysfonctionnelle, yes :roll:

Merci à toi ! ♥

MDRRRR, j'avoue. Mais sois honnête, la blague était so-so.

Ouiiiii! Exactement, elle a tout gardé pour elle...

Alice est vraiment super! Ça la rend vraiment humaine et accessible.
C'est sûr! Et bravo!

Wiz plézur 0/

On adore :lol:
DanielPagés

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Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Bien, bien ! Alice rentre avec sa déesse dans son sac à dos ! Et tout à coup me vient une petite angoisse : que va-t-il encore leur arriver qui leur barrera la route ? (j'ai le syndrome d'Ulysse ! :lol: )

Quelques bricoles :
- Kol Our fut de nouveau sur pieds dès le lendemain matin. - sur pied (comme à pied, toujours pied au singulier même s'il y en a deux !)
- je m’exécutai de bon entrain. - entrain exprime déjà quelque chose de positif. je ne suis pas certain que ce soit nécessaire de rajouter bon, ça fait un peu redondant...
- Aurais-je trouvé la force nécessaire si j’avais dû prêter mon corps à la Déesse le temps que nous atteignîmes Oneiris ? - "atteignîmes" m'a sauté aux yeux, :cry: ça me choque, instinctivement. Il me semble qu'il faudrait le subjonctif PqP pour concorder parfaitement : le temps que nous eussions atteint Oneiris
- Comme vous partons demain matin, je voudrais être sûre de ne pas retarder notre départ. - vous partons... :lol:
- Je ne me sens pas en danger, au contrainte. - ...


Hasta pronto !
bisoux
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