Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

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louji

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Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir, tout le monde :D
Après avoir commencé à poster une autre histoire, The Debt, et ayant eu quelques réponses plutôt positives et motivantes, je poste aujourd'hui un autre roman, le tome 1 d'une duologie de fantasy.

Il s'agit pour moi d'un premier essai dans le genre fantasy, où la magie, la politique et l'aventure ont une part importante. Mes autres écrits étant plutôt réalistes, c'est un premier pas que je fais avec cette histoire.
De plus, c'est une espèce de "bébé" puisque l'idée de l'univers, du monde et des personnages m'est venue en janvier de cette année (edit : en 2017, ça remonte un peu). Il est donc très probable que le monde ou les personnages soient "creux"... Si vous lisez et que vous avez ce ressenti, n'hésitez pas à me le signaler.

Le système de magie est terriblement simple, mais comme il s'agit d'un premier essai pour moi et d'un premier tome tout neuf au niveau de la réflexion, je préférais faire ainsi (et, aussi, honnêtement, parce que j'ai pas d'idées assez précises pour un autre type de magie).

En espérant que ce récit vous plaise :D




© Tous droits réservés
Tout plagiat est évidemment interdit. Merci pour votre compréhension.



Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion

Voir en dessous



Oneiris, Tome 2 : Les Cinq Dieux

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Oneiris, Novella : L'Enfant des Tempêtes

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(Magnifique couverture réalisée par ©Reavario de La Taverne Graphique. Encore merci !)



Oneiris, Tome 1 : La Revanche d'Aion



Résumé :
Cinq Dieux primordiaux créèrent Oneiris : le Temps, l’Espace, la Matière, la Vie et la Mort. Pour être au plus près de leurs fidèles, les divinités acceptèrent de se montrer à eux dans des enveloppes charnelles. Nombreux échanges eurent alors lieu dans le Noyau d’Oneiris, cœur symbolique du continent.
Installés à l’Ouest et au Sud d’Oneiris, le Royaume des Tharros et l’Empire des Samay grandirent et prospérèrent à l’aide des Dieux. Désireux de plus de puissance, leurs dirigeants s’allièrent dans une quête pour implorer les divinités primordiales de leur accorder un peu de leur pouvoir.
Mais la quête de ces humains s’acheva brutalement dans le sang : trahis par l’un des leurs, méprisés par les Dieux, ils furent anéantis. Le Grand Désastre déferla sur Oneiris : pour les punir de leur orgueil, les divinités unirent leurs pouvoirs pour répandre sur le continent froid, désespoir et famine. Un châtiment encouragé par la douleur d’avoir perdu l’un des leurs. Car, lors de la rencontre entre humains et Dieux, Aion, maître de la matière, fut déchu des cieux.
Une chute d’autant plus brutale qu’elle libéra sur Oneiris une grande partie des pouvoirs d’Aion. Ainsi naquirent des humains affectés par le don des éléments, capables de faire trembler la terre ou de lever les vents.

Cinq cents ans plus tard, la rencontre fortuite entre un jeune Chasseur aux capacités remarquables et la princesse héritière de l’Ouest précipite les rouages d’un sombre dessein : Aion, déchu de son rang depuis des siècles, a enfin décidé de mener à bien sa revanche.




[CW / Contenu sensible]
- Violences physiques et verbales
- Manipulation psychologique
- Scènes à caractère sexuel (mais non explicite)
- Meurtre




Sommaire:

Prologue : voir ci-dessous
Partie 1 : La fuite
Chapitre 1 - Achalmy
Chapitre 1 - Alice
Chapitre 2 - Achalmy
Chapitre 2 - Alice
Chapitre 3 - Achalmy
Chapitre 3 - Alice
Chapitre 4 - Achalmy
Chapitre 4 - Alice
Chapitre 5 - Achalmy
Chapitre 5 - Alice
Chapitre 6 - Achalmy
Chapitre 6 - Alice
Chapitre 7 - Achalmy
Chapitre 7 - Alice
Chapitre 8 - Achalmy
Chapitre 8 - Alice
Chapitre 9 - Achalmy
Chapitre 9 - Alice
Partie 2 : Poursuites
Chapitre 10 - Achalmy
Chapitre 10 - Alice
Chapitre 11 - Achalmy
Chapitre 11 - Alice
Chapitre 12 - Achalmy
Chapitre 12 - Alice
Chapitre 13 - Achalmy
Chapitre 13 - Alice
Chapitre 14 - Achalmy
Chapitre 14 - Alice
Chapitre 15 - Achalmy
Chapitre 15 - Alice
Chapitre 16 - Achalmy
Chapitre 16 - Alice
Chapitre 17 - Achalmy
Chapitre 17 - Alice
Chapitre 18 - Achalmy
Chapitre 18 - Alice
Chapitre 19 - Achalmy
Chapitre 19 - Alice
Partie 3 : Le Noyau
Chapitre 20 - Achalmy
Chapitre 20 - Alice
Chapitre 21 - Achalmy
Chapitre 21 - Alice
Chapitre 22 - Achalmy
Chapitre 22 - Alice
Chapitre 23 - Achalmy
Chapitre 23 - Alice
Épilogue

Bonus
Récap sur le monde d'Oneiris
Remerciements
Petit jeu
Origine des noms et prononciation
Casting Picrew
Illustration des personnages




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Carte réalisée avec le logiciel gratuit AutoRealm



:!: Le prologue est un peu long et dense (je le retravaille régulièrement, mais les défauts persistent :? ), alors il fait un peu peur à la lecture, je sais, haha ! Il n'est pas obligatoire pour la compréhension du récit, mais apportera des réponses et précisions essentielles à partir d'un certain moment de l'histoire. Libre à vous de le lire plus tard ! :!:


Prologue
Le Grand Désastre



Au cœur du continent d’Oneiris, 3è mois de l’hiver, Temple de Timoria.



Ce fut ce jour-là qu’ils déclenchèrent la colère des Dieux.
Depuis de nombreux siècles se tenait au cœur des terres d’Oneiris le Temple de Timoria. Il était réputé pour être l’unique lieu où les Dieux entraient en contact avec les humains sans craindre un environnement hostile. On racontait qu’il avait été façonné par les divinités elles-mêmes. Elles étaient au nombre de cinq. Le temps ; l’espace ; la matière ; la vie ; la mort.
Ces cinq Dieux accordaient à leurs plus grands fidèles une Faveur. Cinq Élus, un par Dieu, se voyaient l’honneur de posséder une partie des pouvoirs de leur divinité. Ces dernières s’assuraient toujours qu’un Élu les représentât. S’il venait à disparaître, il était aussitôt remplacé.



Ce jour-là, six humains détruisirent la confiance des Dieux envers les Hommes.
Il y avait trois Élus parmi eux. Deux femmes et un homme. Amber venant du Royaume occidental, Samilia originaire du Sud et Dayen. Ces humains, possédant chacun une Faveur, représentaient respectivement la Déesse du temps, le Dieu de l’espace et le Dieu de la matière et des éléments.
Les trois autres étaient d’éminents représentants de leurs Terres. Se trouvait en compagnie d’Amber le roi Lawrence Tharros, porteur de la couronne des Terres de l’Ouest. L’impératrice Kala, de la dynastie des Samay, était accompagnée de Samilia. Le dernier était un chasseur des Terres Libres. Celles-ci se situaient au nord et à l’est d’Oneiris, mais n’étaient pas gouvernées. Forêts sauvages, vallées hostiles, toundra au nord et plages vierges à l’est, constituaient ses paysages. Ses habitants se composaient essentiellement de chasseurs nomades où la loi du plus fort régnait.
Le chasseur venu ce jour-là au Temple de Timoria, Argawaen, était réputé pour avoir survécu aux pires bêtes des forêts meurtrières de l’Est. Ses larges épaules et son visage balafré en disaient long sur sa ténacité et sa force.



Ils se réunirent ce jour-là par ambition.
Le roi Lawrence désirait faire de la partie nord des Terres Libres son acquisition. Kala, elle, souhaitait étendre son empire aux forêts de l’Est pour avoir accès à l’océan qui se trouvait au-delà. Argawaen, payé généreusement par ces deux dirigeants, était prêt à les aider et à les conseiller pour qu’ils se rendissent au Temple sans accrochages. Et le chasseur se moquait bien du fait que l’Impératrice et le Roi avaient pour but de conquérir les Terres où il vivait.
Amber, Élue occidentale à la longue chevelure blonde, était une grande fidèle de la couronne Tharros. Sa fidélité envers son Roi était égale à celle qu’elle vouait à sa Déesse, celle du Temps. Samilia, jeune femme à la peau caramel et à la voix douce, aurait accompagné n’importe où son amie d’enfance et dirigeante, encouragée par le fait qu’elle estimait sa Faveur trop faible par rapport à l’engagement qu’elle avait donné au Dieu de l’Espace.
Dayen, libre de toute emprise et de tout serment, voulait tous les dépasser. Il n’était le compagnon d’aucun dirigeant. Il savait son Dieu protecteur, celui de la matière et des éléments, capable d’aider le Roi et l’Impératrice à assouvir leurs désirs. Dayen était un Élémentaliste. Capable de faire appel à tous les éléments qui existaient sur Oneiris, il était le plus grand guerrier et combattant de son époque. S’il avait décidé d’aider et d’accompagner Lawrence et Kala au Temple de Timoria, c’était avec l’espoir d’acquérir toutes les capacités du Dieu des éléments, de son Dieu protecteur. Pour le tuer et prendre le pouvoir. Contrôler Oneiris.



Le Temple de Timoria s’avérait être une zone grande de plusieurs milliers d’hectares. Une forêt vierge humide, peuplée d’une faune et flore unique sur Oneiris, entourait le Temple. Les bois étaient délimités par un mur d’enceinte en roche noire et lisse haut d’une trentaine de mètres. Une seule et unique entrée existait pour le franchir. Les six passèrent par ce chemin pour rejoindre le Temple.
Il leur fallut quelques jours de marche pour l’atteindre. Le Temple était magnifique, d’une architecture singulière, jamais vue ailleurs sur Oneiris. Il y avait des sculptures des cinq divinités ; des arches plus ou moins grandes dédiées aux différents attributs des Dieux ; des hôtels de prière aux toits en pente, avec des tuiles noires faites de la même roche qui composait le mur d’enceinte ; des fontaines qui crachaient une eau pure et cristalline.
Le groupe de six monta un campement au milieu de trois petits temples avec l’espoir de trouver l’endroit où invoquer les Dieux.



La nuit précédant ce jour-là, Dayen découvrit la Place des Cinq.
Elle se trouvait à deux heures de marche du campement qu’ils avaient installé. Dayen l’atteignit au cœur de la nuit, alors que l’excitation l’empêchait de fermer l’œil. C’était une grande place circulaire, d’une cinquantaine de mètres de diamètre, avec des fontaines représentant les Dieux dispersées à intervalles réguliers. L’Élu éclairait son chemin en maintenant une flamme au creux de sa main et il la laissa mourir quand il parvint à la Place des Cinq. Celle-ci baignait dans une lumière argentée, éclairée par l’astre nocturne. Les pierres qui composaient la Place ressemblaient à celles du mur d’enceinte, lisses et brillantes, à la différence qu’elles étaient blanches. La lumière se reflétait et créait une atmosphère envoûtante.
Dayen marcha jusqu’à la Place et se laissa tomber à genoux au centre de celle-ci. Les yeux levés vers le ciel nocturne, il implora Aion, le Dieu des éléments, d’entrer en contact avec lui. Celui-ci accéda à sa prière en coupant l’eau de la fontaine qui lui était dédiée. Ce fut assez pour Dayen : il se releva, s’agenouilla devant la fontaine et pria une longue heure. Une fois son oraison terminée, il retourna au camp et réveilla les cinq autres.
Ils partirent ensemble vers la Place des Cinq alors que l’astre diurne remplaçait le nocturne.



Ce jour-là était arrivé.
Comme promis, Dayen les mena à la Place des Cinq en leur assurant qu’Aion allait leur fournir une aide précieuse. Le roi Lawrence restait dubitatif, mais l’impératrice Kala était plus confiante. Elle connaissait les capacités de Dayen et était persuadée qu’Aion pourrait augmenter leur puissance. Kala se voyait déjà repousser les intempéries, s’ouvrir un chemin dans les forêts de l’Est et chevaucher les vagues de l’océan inexploré.
Les deux autres Élues, Amber et Samilia, restèrent ébahies devant la beauté de la Place. Comme Dayen quelques heures auparavant, elles allèrent s’agenouiller devant les fontaines de leurs Dieux respectifs et prièrent. Les trois humains restèrent dans un silence solennel. Les Élus se rassemblèrent alors pour décider de la stratégie à adopter. L’objectif était concis : appeler les Dieux, attendre leur venue, et les implorer de leur octroyer une partie de leur pouvoir.
Les trois Élus se mirent alors à la tâche. Ils accomplirent des rites, sacrifièrent les animaux qu’ils avaient emmenés, à savoir quatre chevaux et deux ânes, donnèrent une mèche de cheveux, une goutte de sang et un ongle cassé de chaque personne présente.
Finalement, ce fut Galadriel, Déesse de la Vie, qui apparut la première. Elle se manifesta sous les traits d’une jeune femme d’une vingtaine d’années au teint de porcelaine et aux longs cheveux roux frisés. Apercevoir son essence divine, sa forme éthérée, aurait anéanti ses visiteurs. Elle se tenait nue devant eux, clamant la pureté et la simplicité de la vie.
Les trois Élus se jetèrent au sol, vite suivis de Kala et Lawrence puis, un peu plus tard, d’Argawaen. Ce fut sur celui-ci que Galadriel posa son regard en premier. Quand l’homme le rencontra, il se pétrifia. La vie baignait les yeux de la Déesse. De douces flammes brillaient dans ses orbites. C’étaient les flammes de la Vie. Celles qui animaient le cœur, remplissaient les poumons d’air et faisaient courir des frissons sur la peau.
Tu sens la mort, lui annonça-t-elle alors, et ces mots résonnèrent douloureusement dans son crâne. Les Dieux ne s’abaissaient pas à parler aux humains. Le seul langage qu’ils prononçaient à voix haute était celui du ciel, connu par les Dieux et uniquement par eux. Tu as fait couler beaucoup de sang. Les flammes qui habitaient le regard de la Déesse devinrent moins douces à ces paroles.

— Je suis chasseur, dame Galadriel, expliqua alors Argawaen d’une voix posée. J’ai été obligé de faire couler le sang.

Obligé ? Un scintillement puis la Déesse se dressa devant l’homme, le toisant de haut. Tu n’as été obligé à rien. Tu as toi-même choisi cette voie. Un trop grand nombre de vies ont été prises par tes mains.

— Dame Galadriel, intervint Amber, toujours inclinée. Pardonnez à cet homme ses actes. Nous sommes ici pour implorer les faveurs des Dieux.

D’un regard, Galadriel estima les trois Élus puis poussa un grondement qui fit frémir les humains.
Nos faveurs ? tonna la Déesse en se téléportant au centre de la Place des Cinq, près des cadavres des bêtes sacrifiées. Tuer des animaux, tuer des êtres vivants, tuer la Vie, c’est par ce moyen que vous comptiez m’implorer ?

— Au moins, on peut implorer Lefk ainsi, répliqua Argawaen avec un sourire suffisant.

Silence ! Un grand vide se fit dans l’esprit des hommes et le chasseur devint livide. Lefk représente peut-être la mort dans vos contrées, mais il n’est pas cruel et insensé comme vous l’êtes. La Mort est aussi pure que la Vie. Tout débute et tout finit. C’est l’ordre logique de notre monde.

— Ma Déesse.

Dayen venait de se lever. Il restait néanmoins la tête courbée devant la divinité. Il s’avança de quelques pas, les genoux tremblants, puis se laissa tomber avant de poser une main au sol. Quelques secondes plus tard, une fleur poussait entre les interstices des pierres à une vitesse anormale.
Tu possèdes la Faveur d’Aion, déclara Galadriel d’une voix plus douce. Que me souhaites-tu, Élu ? Toi et tes compagnons m’avez forcée à descendre ici-même pour mettre fin au massacre que vous perpétriez en notre nom. J’espère que vous avez une bonne raison de nous appeler.
S’apprêtant à répondre, Dayen, le visage rayonnant, se redressa, mais il y eut soudain un craquement dans l’air et une lumière intense illumina la Place. Tous se détournèrent, aveuglés, sauf Galadriel qui observait l’apparition d’un visage de marbre.

— Aion, souffla-t-elle à voix basse dans le langage des Dieux. Que fais-tu là ?
— Je viens au même titre que toi, déclara la divinité d’un ton malicieux.

Doucement, la lumière pure forma une silhouette puis se recouvrit d’os, de muscle, de chair et de pilosité. Un homme à la longue crinière blanche et à la peau translucide fit alors face à la Déesse. Ses yeux changeaient constamment de teinte, allant du bleu turquoise au rouge ocre en passant par le vert-jaune. Les couleurs se reflétaient sur lui, si bien que sa peau arborait des nuances verdâtres et bleuâtres.

— Mon seigneur, souffla alors une voix tremblotante.

Les deux divinités se tournèrent vers Dayen, qui avait repris ses esprits en premier. La mâchoire tombante, les yeux exorbités, les épaules basses, il dévisageait le Dieu sans parvenir à masquer sa surprise.
Dayen, souffla Aion dans l’esprit de l’Élu. Le Dieu des éléments s’avança sans toucher le sol vers l’homme. Ses lèvres pâles se recourbèrent en sourire affectueux lorsqu’il s’arrêta devant l’humain agenouillé.
Le Dieu fit un léger geste des doigts.
Allons, mon cher Élu, relève-toi. Sans se faire attendre, Dayen s’exécuta, toujours ébahi.

— Vous nous honorez… commença-t-il avant d’être coupé d’un claquement de langue divin.

Galadriel n’avait pas tort, tu sais, quand elle affirmait que le sacrifice de vos animaux était inutile. Il l’était. En pénétrant dans le Temple, vous avez déjà attiré l’attention des Dieux sur vous. De plus, tes prières ainsi que celles des autres Élus ont fini de nous prévenir de votre présence.

— Mais, alors… reprit Dayen en fronçant les sourcils. Qu’attendiez-vous de plus de notre part pour venir ?

Une bonne raison, siffla Galadriel en apparaissant aux côtés d’Aion. Ses yeux flamboyaient. Nous sommes les divinités protectrices d’Oneiris. Pas de simples sources de pouvoir.

— En parlant de pouvoir…

Le dirigeant des Terres de l’Ouest venait de se lever, secondé par Amber.

— Je suis le roi Lawrence Tharros. Mon royaume occupe le territoire des Terres de l’Ouest.

Nous savons qui tu es, roi, répondit Aion en posant son regard inconstant sur lui. Ce que j’ignore, c’est la raison de ta venue. Que désires-tu ?

— Nous aimerions plus de pouvoirs, déclara de but en blanc Kala en se levant brutalement.

L’Élue qui l’accompagnait, Samilia, écarquilla les yeux, passa devant sa camarade, et posa front contre sol.

— Pardonnez son arrogance, mes seigneurs, souffla la jeune femme à la peau caramel en tremblant. Elle ne voulait pas vous importuner.

Qui crois-tu être ? gronda Galadriel en observant la dirigeante des Terres du Sud.

— Je m’appelle Kala. Et je suis impératrice de la dynastie des Samay, répondit celle-ci, le menton levé dans une attitude de défi.

Aussitôt, Samilia se leva et s’interposa entre Kala et les Dieux. Les bras écartés, les yeux larmoyants, elle déclara d’un ton apeuré :

— Mes seigneurs, prenez ma vie à la place de la sienne. Elle n’a pas conscience de ce qu’elle dit.

Tu as là une Élue bien fidèle, souffla Aion en apparaissant derrière Kala pour passer une main autour de sa gorge. L’Impératrice ne bougea pas, une goutte de sueur perlant à son front, sa glotte tremblant sous le contact de la main divine. Ta vie ne mérite pas la sienne. Et tu mérites encore moins notre bienveillance.
Sur ces mots, il lui trancha la gorge en compressant l’air pour en faire une lame.
Samilia se jeta par terre auprès du cadavre de Kala en hurlant. Le visage baigné de larmes, elle redressa le cou pour regarder le Dieu.

— Seigneur Aion, pourquoi ?

Son arrogance, répondit le Dieu, les yeux brillants. N’oubliez pas qui nous sommes.
Les lèvres de Samilia se plissèrent de colère. Kala avait été son amie. Les deux femmes se connaissaient depuis l’enfance. Avaient été camarades. Certes, l’Impératrice était allée trop loin. Personne ne clamait le pouvoir ou l’orgueil en présence des Dieux. On inclinait la tête face à leur grandeur. Mais Kala ne méritait pas ça. Pas une mort aussi brutale et déshonorante.
Ce que fit ensuite Samilia fut le premier véritable faux pas des humains ce jour-là.



Ce jour-là, Samilia fit usage de sa Faveur pour piéger Aion dans l’espace.
Le Dieu devint incapable de se téléporter. Il pouvait encore user de ses pouvoirs ou cligner des yeux, mais ses pieds étaient figés dans le sol et il ne lui était plus possible de retrouver sa forme divine.
Aion ! cria Galadriel, stupéfaite. Elle toisa les humains d’un regard mortifié, gronda puis disparut dans un scintillement. C’était la première fois qu’un Élu utilisait sa Faveur à l’encontre même d’un Dieu. Cet acte était une hérésie, une insulte à leur nature.
Samilia, tenant le corps inerte de Kala dans ses bras, pleurait de tout son soûl. Ses compagnons la dévisagèrent avec horreur puis Amber s’exclama :

— Samilia, tu es folle ! Libère Aion tout de suite. Il va tous nous faire tuer !
— C’est trop tard ! cria soudain Dayen, le visage fermé. Nous avons déclenché la colère des Dieux. Nous n’avons plus le choix.

Alors qu’il venait de finir de parler, un violent orage éclata à l’horizon.

— Aion utilise ses pouvoirs, ajouta l’Élu en grimaçant. Je le sens. Et il veut nous tuer.

Dayen se tourna vers Amber et s’approcha d’elle pour la saisir par le bras.

— Amber, tu dois figer Aion dans le temps.
— Qu’est-ce que tu racontes ? murmura l’Élue, horrifiée. Je ne ferai jamais cela ! Pas au seigneur Aion lui-même.

Un silence pesant accompagna son refus. Le vent se leva et fit bruisser les branches des arbres alentours. L’air devint plus humide et les plantes se mirent à gonfler à leurs pieds. Lawrence Tharros fit un grand pas vers son alliée puis la prit par les épaules.

— Amber, tu dois le faire. Ou nous sommes morts.
— Mais… mon roi, bredouilla l’Élue en pâlissant à vue d’œil. Il s’agit d’un Dieu. Je ne suis même pas certaine d’en être capable.
— Samilia l’a fait, rétorqua l’homme en haussant la voix. Dépêche-toi, Amber !

Cette dernière observa son roi dans les yeux pendant de longues secondes, secoua la tête puis se dégagea de l’emprise du souverain.

— Très bien, je vais le faire, déclara-t-elle en se positionnant devant le Dieu immobile. Mais vous ne le regretterez pas par la suite.

Et elle figea Aion dans le temps.



Ce jour-là, tout se déroula exactement comme Dayen le souhaitait.
Son propre Dieu protecteur se retrouva privé de ses capacités juste sous ses yeux. Aion venait d’être emprisonné dans l’espace-temps par les pouvoirs combinés des deux Élues. Ne restait plus qu’à lui prendre toute sa force.
Dayen dépassa Amber d’un pas déterminé puis se campa devant le Dieu de la matière. Les yeux de la divinité s’étaient figés sur une teinte violette. Dayen, un rictus aux lèvres, posa une main sur le torse d’Aion. En tant qu’Élu, il était profondément lié à sa divinité protectrice. Alors, quand il sentit sous ses doigts la peau froide du Dieu, il sentit aussi toute la puissance que renfermait cette enveloppe charnelle. Les orages éclataient sous ses doigts, les incendies brûlaient, la foudre claquait, l’eau coulait, les plantes poussaient, le vent soufflait, la terre se fendait.
Une grande inspiration puis Dayen plongea dans les profondeurs de son Dieu. Il trouva sa force et la fit sienne.



Ce jour-là, Aion poussa un hurlement de douleur qui s’entendit jusqu’au ciel lorsque son Élu le défit de ses pouvoirs. On lui arrachait la peau, on déchirait ses tendons et fracassait ses os. Cette douleur était humaine. Celle d’Aion, divine, manqua détruire sa conscience.
Il y avait aussi la douleur d’avoir été trahi. Il sentit sa force s’échapper de lui pour traverser le bras de Dayen et se loger dans sa poitrine. L’homme avait le visage levé, les yeux révulsés, le corps tremblant sous cette puissance divine qui déferlait en lui brutalement.
Ce fut Argawaen qui mit fin au transfert en tranchant le bras de Dayen avec sa hache. Ce dernier s’effondra au sol, inconscient, et le Dieu tomba à genoux, libéré de l’emprise des Élues. Quand la divinité redressa la tête, il aperçut celles-ci allongées au sol dans des mares de sang. Le roi Lawrence se tenait contre un arbre, la main sur une profonde entaille à l’abdomen. Argawaen, les vêtements et le visage ensanglantés, comptait bien terminer ce qu’il avait commencé.

— Quel sale traître, siffla le chasseur en donnant un coup de pied dédaigneux dans le flanc de Dayen. Ce salaud s’octroie pour lui tout seul les pouvoirs d’Aion.
— Tu parles de traîtrise ? siffla le roi en le foudroyant du regard. Mais tu as tué Amber et Samilia. Et tu as essayé de faire pareil avec moi.
— Ne vous inquiétez pas, votre majesté, répliqua Argawaen en exécutant une courbette maladroite. Vous y passerez aussi.

Le visage rayonnant du chasseur se défit lorsqu’il remarqua que Dayen s’était redressé et observait sans comprendre son bras tranché. Les traits de l’homme étaient impassibles, ses yeux vides. Il tendit alors sa main restante vers le moignon qui pendait après son épaule. Il se recréa un bras fait de glace en quelques secondes.

— La divinité a du bon, souffla-t-il en souriant.

Il leva les yeux au ciel et éclata de rire. Aion le regarda faire, paralysé par la faiblesse. Depuis qu’Argawaen avait mis fin au transfert, il avait déjà essayé de se transformer, mais il avait échoué. Il était aussi incapable de parler, aussi bien mentalement que physiquement puisqu’il ne savait pas prononcer la langue humaine. Néanmoins, le Dieu sentait qu’il avait encore la faculté de maîtriser les éléments.

— Je suis un Dieu, à présent, affirma Dayen en se levant.

Son apparence se modifia alors. Ses cheveux châtain devinrent noirs, comme les ténèbres d’une nuit sans lune, ses yeux marron laissèrent place à un jaune perçant, acide, et sa musculature se renforça.

— Je suis un Dieu.



Aion fut déchu de son statut de Dieu protecteur d’Oneiris, ce jour-là.
Trahi par les humains, il perdit sa force. Il lui resta son immortalité et ses capacités, mais elles furent amoindries. S’il ne vieillissait effectivement pas, il pouvait néanmoins mourir sous les coups, se noyer ou brûler.
La majeure partie de ses pouvoirs se libérèrent en réalité sur Oneiris – le corps de Dayen étant incapable de recevoir autant de puissance divine – et touchèrent des centaines d’humains. Ainsi naquirent les premiers Élémentalistes.
Dayen devint un Dieu mineur. Lui aussi ne vieillissait plus et était capable de plier la matière et les éléments à son bon vouloir.
Sa première action en tant que tel fut de se tourner vers Argawaen, qui le dévisageait avec méfiance, et de le tuer en lui transperçant la poitrine avec la branche d’un arbre qui se trouvait à côté. Le chasseur poussa un râle de douleur puis laissa tomber sa hache. Trop fragile pour le poids de l’homme, la branche cassa et le corps s’effondra dans un bruit mat.

— Par les Dieux, souffla Lawrence Tharros, le visage crispé par la peur.

Amusé par ces paroles, Dayen se tourna vers lui et marcha dans sa direction en sifflotant. Toujours conscient, mais incapable d’agir, Aion le suivit du regard, une lueur glaciale dans ses yeux qui avaient recommencé à changer de couleur.

— Par les Dieux, en effet, cher roi, murmura Dayen avec un sourire carnassier. Merci d’avoir été assez idiot pour me faire confiance et m’accompagner jusqu’ici.
— C’était ton but depuis le début, susurra le souverain en le fusillant du regard.
— Évidemment, s’esclaffa le récent Dieu mineur.

Dayen lui attrapa le menton pour que Lawrence Tharros le regardât dans les yeux puis il lui dit d’une voix cajoleuse :

— Merci de votre soutien, cher Roi. Grâce à vous, j’ai pu atteindre mes objectifs. Adieu.

Et, avec nonchalance, il posa un doigt sur son front et mit feu au corps du souverain.



Ce jour-là ne fut pas terminé après la mort du roi Tharros.
Aion n’en avait pas fini. Enragé et meurtri au plus profond de sa conscience divine, il usa des derniers contacts qu’il avait avec le ciel pour lancer un cri à ses anciens égaux.
Vengez-moi !



Les quatre autres Dieux vengèrent Aion ce jour-là.
Lefk, Dieu de la Mort, lança sur la partie nord des Terres Libres des hivers éternels qui apportèrent mort, désolation et famine aux habitants. À son tour, Galadriel fit pousser davantage de forêts sur la partie Est et rendit le peuple incapable de consommer de la chair animale. Les chasseurs disparurent des contrées orientales et les Terres Libres furent divisées en deux. Les derniers chasseurs au Nord, repoussés plus loin dans les tréfonds d’Oneiris par les neiges, et un peuple pacifique et respectueux de la faune et de la flore à l’Est.
La Déesse du temps, Kan, punit la couronne Tharros pour sa trop grande ambition en figeant les mers de l’océan de l’Ouest. Le royaume fut ainsi privé de son commerce maritime pendant plus de cent cinquante ans, provoquant un violent déclin qui l’obligea à maîtriser ses dépenses et à cesser son expansion. Et, finalement, Eon, Dieu de l’espace, étendit le désert des Terres du Sud pour compliquer les transits qui se faisaient dans l’empire des Samay.
Les humains furent ainsi punis de l’outrage qu’ils avaient commis envers les Dieux.



De ce jour-là, les hommes retinrent la colère des divinités qui frappa Oneiris et les bouleversements qui en découlèrent. Les paysages furent modifiés, l’empire et le royaume connurent deux siècles de déclin, les Élémentalistes firent leur apparition et compliquèrent les relations humaines. On appela ce jour-là le Grand Désastre.
Aion perdit son statut de Dieu protecteur. Personne ne sut ce qu’il devint après avoir été déchu. Personne ne sut non plus ce qui se passa exactement au Temple de Timoria. Comme aucun des six hommes qui y étaient entrés n’en revint, le Temple de Timoria fut déclaré maudit et personne n’osa franchir le passage qui y menait pour aller retrouver les disparus. Ils furent déclarés morts et le successeur de l’impératrice Kala, à savoir sa nièce, et celui du Roi, son fils, prirent la direction de leurs Terres respectives.
Dayen s’exila et erra sur les Terres d’Oneiris sans jamais révéler son ancienne identité. Cependant, là où il allait, le malheur s’abattait.
On le nomma alors Calamity. Dieu mineur du désastre.


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louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Merci à tous ceux qui s'arrêteront, ceux qui liront et merci beaucoup à ceux qui commenteront (même si ce n'est qu'une phrase ou deux, c'est déjà super!)



***

Partie 1 :
La fuite

***




Chapitre 1
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2è mois du printemps, Vasilias, Terres de l’Ouest.



Le tapage dans la taverne Wildave allait grandissant au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient. Je m’étais installé au comptoir environ une heure plus tôt, après avoir fait un tour à la guilde des chasseurs du coin. Ils m’avaient donné dix pièces de cuivre en échange des trois carcasses que je leur avais ramenées : deux lièvres et un petit chevreuil.
En une heure, j’en étais déjà à mon cinquième verre d’Eau-de-mer – une spécialité locale légèrement alcoolisée – et leur effet se faisait ressentir : la tension de mes épaules était partie, mes muscles engourdis après cette journée de chasse étaient plus détendus et l’ambiance bruyante du Wildave me revenait moins nettement qu’une heure auparavant. Je sirotais mon verre rempli du liquide bleu-violacé en humant les légères senteurs d’alcool et de fleurs. L’Eau-de-mer était un mélange d’eau océane dessalée thermiquement et de fleurs violettes fermentées qui tiraient leur nom, Vas, de Vasilias, seul endroit où l’on pouvait les trouver.
Et je me demandais ce que l’autre type assis au fond de la taverne pouvait bien me vouloir. J’avais surpris plusieurs fois son regard s’attarder sur moi, les rires étouffés de ses hommes répartis à travers la salle. Il s’agissait sûrement d’habitués du Wildave car, lorsqu’une rixe s’était déclenchée entre deux types éméchés, le propriétaire s’était contenté de jeter un regard las à cet homme au fond et celui-ci avait simplement claqué sa chope sur la table en bois. Les gars ivres étaient sortis pour continuer leur petite bagarre.
Ça ne me plaisait pas trop. C’était la deuxième fois que je venais ici depuis le début de la semaine. Il avait dû me repérer. Par mes vêtements de Chasseur du Nord, par mon accent, par mes armes. Je ne savais pas. Tant qu’il me fichait la paix, tout irait bien.
Mais, à sentir son regard perçant sur ma nuque, j’avais bien peur qu’il passât à l’action. Dès ce soir, j’aurais quitté Vasilias. Je n’aurais alors plus à m’inquiéter de ce gars. En attendant, les bas-quartiers de la capitale n’étaient pas bien famés et je ne comptais pas attendre les preuves de cette réputation sordide.

Je m’apprêtais à demander un sixième verre d’Eau-de-mer quand la porte d’entrée s’ouvrit pour la énième fois, laissant entrer une brise fraîche qui chatouilla désagréablement la peau exposée de ma nuque. Le son diminua aussitôt dans la taverne, attirant mon attention. Des pas légers sur le parquet grinçant du Wildave, une odeur atténuée d’orage et le nouvel arrivant s’installa sur le tabouret à ma droite. Intrigué, je levai les yeux.
C’était une nouvelle arrivante.

Comme la fille s’était assise à côté de moi, je n’eus le droit qu’à son profil, mais celui-ci m’en révéla déjà long. Un nez droit légèrement en trompette, des lèvres fines et joliment dessinées, une mâchoire douce, mais serrée en ce moment. Ses cheveux raides étaient aussi noirs que l’encre utilisée pour les tatouages dans mes Terres natales et coupés en carré à longueur de mi-cou. Néanmoins, ce qui attira le plus mon regard, et sûrement celui de tous les autres occupants de la pièce, furent ses vêtements. Typiquement occidentaux, en tissu souple et visiblement de bonne qualité et, surtout, aux anneaux d’or.

La mode occidentale consistait à rattacher des pièces de tissu les unes aux autres grâce à des boucles de différentes tailles. La demoiselle en possédait plus que la moyenne : un au niveau de chaque épaule, un à chaque hanche, pour son haut et son pantalon, et deux anneaux serrés à chaque cheville et aux poignets pour retenir les parties qui servaient de manche et pantalon. En or. Sidéré, je la dévisageai – et je fus loin d’être le seul –, mais elle ne prêta attention qu’à l’écriture serrée du tableau noir indiquant les boissons proposées. Elle portait une cape bleu marine pour se protéger de l’air encore frais de ce printemps tardif. Quelque chose attirait mon regard en plus de ses vêtements manifestement de bonne qualité et chers : leurs couleurs. Elle n’arborait pas le bleu marine et le gris argenté de la noblesse vasilienne. Mais du turquoise et du blanc. Les teintes de la royauté.
Mais qui était cette fille ? Je ne savais pas comment prendre son attitude dénuée de méfiance. Du bluff ? Était-elle une espionne déguisée en Noble de l’Ouest pour attirer une cible et la dépouiller de quelque chose ? Ou était-elle crédule au point de débarquer ici dans une telle tenue ? Dans ce cas-là, qui était-elle et que faisait-elle dans une taverne aussi médiocre que le Wildave ?
— Un verre d’Eau-de-mer, je vous prie, demanda-t-elle au serveur d’une voix directive sans même lui jeter un coup d’œil.
Son accent me fit tiquer : il n’était pas vasilien. Moins traînant, plus distingué. Étant natif des Terres du Nord et ne voyageant sur celles de l’Ouest que depuis deux ans, je n’étais pas un expert, mais c’était la première fois que j’entendais un tel accent.
— Tenez mademoiselle, souffla le serveur d’un ton pincé en posant un verre de la boisson violacée devant la fille.
Celle-ci ne daigna pas répondre et huma le liquide d’un air appréciateur, les yeux fermés. Du coin de l’œil, je la regardai frôler des lèvres le bord du verre avant d’en avaler une mini gorgée.
Aussitôt, son visage se crispa, lui retirant son charme, et elle reposa son verre dans un tintement sec. Je sentis une légère électricité statique dans l’air, qui hérissa les poils de mes avant-bras.
— Qu’est-ce que c’est que cette Eau-de-mer ? fit-elle en fronçant le nez. Je n’en ai jamais bu d’aussi mauvaise.
Son ton maussade et son air agacé me laissèrent perplexe. À quoi s’attendait-elle ? Nous étions dans un quartier pauvre de Vasilias, où les crimes étaient aussi courants que les déjections aux bords des habitations. Ce n’était pas ici qu’on allait trouver de l’alcool de qualité.
— Servez-moi autre chose, lâcha-t-elle ensuite en se redressant comme pour se donner plus de contenance face au regard torve du propriétaire.
Finalement, le serveur sortit une bouteille au liquide trouble, en versa un verre puis le posa devant la fille. Elle l’inspecta d’un air suspicieux, le sentit, sembla apprécier l’odeur, puis le goûta.
— C’est déjà un peu mieux.
— C’est mon meilleur alcool, mademoiselle, lui apprit le serveur en refermant la bouteille.
— Servez m’en un verre, déclarai-je aussitôt en levant les yeux. S’il vous plaît.
— Bien sûr.
Il sortit une chope et me la remplit tandis que la fille à côté de moi me dévisageait. Alors que le propriétaire poussait la boisson devant moi, l’inconnue me demanda :
— Vous n’êtes pas d’ici ?
— Vous non plus, répliquai-je sans sourciller.
Comme elle me dévisageait encore, je tournai la tête et pus admirer entièrement son visage. Il était d’un ovale charmant. Elle portait une frange inégale qui lui donnait un petit air rebelle. Sa peau de porcelaine d’une pureté étonnante trahissait un mode de vie aisé. Des teintes du parme à l’indigo nuançaient ses iris d’un violet sombre.
Plus de doute, elle était une Noble de l’Ouest – une Élémentaliste capable d’appeler les éclairs et de contrôler les vents.
— Vous venez du Nord ? souffla-t-elle en reportant son attention sur son verre.
— Mon accent et mon accoutrement répondent à cette question, déclarai-je d’un air désinvolte en faisant tournoyer ma boisson dans ma coupe.
— En effet, acquiesça-t-elle en riant.
Son rire léger était une note détonante au milieu des exclamations bourrues des hommes plus tout à fait sobres, des grincements du bois, du claquement des chopes et des verres.
— Ces sabres… commença la jeune Noble en basculant un regard admiratif sur les deux fourreaux posés contre le comptoir, à ma portée.
— Ce sont mes armes, murmurai-je en haussant les épaules. Rien de plus.
— Je vois, lâcha-t-elle d’un ton laconique devant mon air grincheux.
Plongeant le nez dans ma boisson au goût bien meilleur que l’Eau-de-mer de piètre qualité servie plus tôt, je coupai court à la discussion.
La fille resta assise à côté de moi en silence, se contentant de boire son verre à une vitesse d’escargot en inspectant avec insistance les marques anciennes laissées dans le bois du comptoir. Elle détonait dans la taverne Wildave. Sa place n’était manifestement pas ici, mais dans un château de la noblesse occidentale.
Et j’avais ma petite idée sur son identité.

Cela me paraissait improbable. Incroyable. Totalement incongru. Mais je soupçonnais bel et bien cette inconnue d’être la princesse héritière de l’Ouest. Les couleurs de ses vêtements étaient celles de la noblesse et ses yeux la marque d’une Élémentaliste capable de maîtriser les deux éléments occidentaux : la foudre et le vent. Son accent distingué, sa manière de se comporter comme s’il n’y avait aucun danger, étaient typiques des gens qui vivaient aisément. Pour finir de me convaincre, son visage me rappelait celui raffiné d’un portrait officiel que j’avais aperçu dans la capitale à mon arrivée.
Et je me demandais ce que la princesse pouvait bien fabriquer dans les bas-fonds de Vasilias.

Le roi Silvester Tharros dirigeait les Terres de l’Ouest depuis la demeure royale : le château du Crépuscule, aux murailles réputées impénétrables, perché sur une colline isolée et protégée par les gardes royaux. La succession du Royaume fonctionnait par ordre de naissance ; c’était donc Alice Tharros, fille aînée de Silvester et Trianna Tharros, qui gouvernerait à leur suite.
Et, si c’était bel et bien Alice Tharros à mes côtés, je ferais mieux de déguerpir au plus vite.

J’ignorais la raison pour laquelle la princesse héritière se retrouvait dans cette taverne et, honnêtement, je m’en moquais un peu. Son départ n’avait pas été annoncé et je ne voyais que deux explications à ceci : soit celui-ci était trop récent pour que les nouvelles fussent arrivées à Vasilias, soit on souhaitait que cela restât secret.
Mais j’étais certain d’une chose : je ne voulais pas me retrouver mêlé à la fugue de la princesse. Je finis donc mon verre d’une grande rasade, posai sur le comptoir quatre pièces de cuivre et me levai. Je sentis le regard de la fille glisser sur moi quand je récupérai mes katanas pour les ranger, mais l’ignorai. Mon sabre court passa à ma hanche gauche et le plus long fut rangé en diagonale dans mon dos. Ma besace en cuir était calée contre ma cuisse droite.
— Au revoir, lançai-je au propriétaire en tournant les talons.
Il ne me répondit pas, mais je n’y accordai que peu d’importance. Ce qui m’inquiétait le plus restait ce gars au regard perçant qui me suivait des yeux tandis que je me dirigeais vers la sortie. Même l’arrivée de la prétendue princesse ne semblait l’avoir détourné de son objectif premier. Je ne savais pas si je devais être flatté ou inquiet.

Comme je m’y attendais, deux types taillés comme des rocs se mirent en travers de mon chemin. Je leur jetai un regard noir, mais ils ne cillèrent pas, leurs bras épais croisés sur leur poitrail massif.
— Excusez-moi, murmurai-je en m’avançant à un mètre d’eux.
— Notre chef veut te parler, me répondit celui de droite en inclinant la tête vers la table où était installé le fameux gars.
Celui-ci prit la peine de se lever à la mention de son statut. D’un pas décontracté, assuré, il s’approcha de nous et vint prendre place près de ses hommes. À la vue de ses yeux d’un bleu électrique, peu naturel, ma méfiance augmenta d’un cran : un Élémentaliste. Sûrement ce qui lui avait permis de devenir chef de gang malgré sa carrure beaucoup moins impressionnante que celle de ses hommes. Son choix m’intriguait. Sur les Terres de l’Ouest, si vous étiez capable de maîtriser un élément parmi le vent ou la foudre, alors on pouvait vous donner un titre et des terres. Vous deveniez un Noble – un Élémentaliste occidental. Mais ce gars avait préféré être un malfrat. Peut-être était-ce plus rentable que de gérer des lopins de terre.
— Ian, tu veux qu’on s’occupe de lui ? proposa généreusement le type de gauche en se penchant vers son chef.
Celui-ci secoua négligemment la main en affirmant :
— Nan, c’est bon, je peux m’occuper d’un gamin tout seul.
— Très bien.
D’un geste de leur chef, les deux gaillards s’en allèrent pour continuer à boire. Je reportai mon regard sur le fameux Ian. Il arborait une lourde chaîne en or au cou, des anneaux aux lobes et des bracelets aux poignets dans le même métal.
— T’as là de bien jolies lames, me lança-t-il en zieutant tour à tour mes deux fourreaux.
— En effet, approuvai-je en lui rendant son sourire faussement amical. Mais elles ne sont pas à vendre, désolé.
— Je ne comptais pas te les acheter.
— Oh. Dans ce cas-là, vous pourriez me laisser sortir, s’il vous plaît ?
— Non, gamin, répliqua-t-il en soupirant. Vois-tu, j’ai remarqué que ta bourse était bien remplie, que tes vêtements chauds de Chasseur du Nord devaient bien se vendre sur le marché noir et que tes sabres étaient manifestement de bonne qualité. (Il pointa un doigt agrémenté d’une chevalière en or vers ma poitrine.) Deux options s’offrent à toi, jeune Chasseur. Soit tu nous laisses tes possessions bien gentiment et nous te laissons la vie sauve, soit tu fais l’idiot, tu refuses et… (J’entendis des raclements de chaises derrière moi, signe que ses hommes commençaient à s’agiter.) … je serai obligé de te tuer.
— Ce serait dommage, en effet, soupirai-je en baissant les yeux.
Franchement, ce soir, je n’avais aucune envie de me battre. Juste de marcher jusqu’au port pour prendre mon bateau et m’en aller loin d’Oneiris.
Néanmoins, plutôt mourir que de le laisser mettre la main sur mes sabres.

Cela n’empêchait pas le fait que je ne voulais pas me battre – et que ce type ne valait pas la peine que j’usasse de mes armes et capacités. J’eus donc vite fait de prendre une décision.
— Je ne voudrais pas finir auprès de Lefk aussi tôt, repris-je en levant les yeux vers Ian. Je suis trop jeune pour mourir.
Je ponctuai ces mots d’un rire gras, bientôt rejoint par Ian.
— En effet, gamin.
Son souffle venait juste de finir de franchir ses lèvres quand je bondis vers lui. Me voir arriver les bras ouverts vers lui dut le surprendre, car il me regarda le saisir à bras-le-corps sans vraiment réagir. Mon poids l’entraîna en arrière et il défonça à moitié la porte d’entrée en tombant.
Le malfrat poussa un grognement de douleur quand il s’écroula sur les pavés inégaux de la rue. Il pleuviotait et une obscurité morose s’était abattue sur le quartier. Une carriole à la roue brisée prenait les mauvaises herbes en face de la taverne. Un vieux chien à l’allure pitoyable, abrité sous la charrette, releva péniblement la tête en nous entendant.
Sans me soucier de l’état de mon ennemi, je me redressai et pris les jambes à mon cou.

Bientôt les cris fusèrent derrière moi. Des bruits de course. Des jurons. Le raclement métallique typique des armes. Puis une voix au-dessus des autres :
— Reviens, sale morveux !
Ian. Fâché.
Serrant les dents, j’accélérai et avisai une ruelle sur la droite à une vingtaine de mètres. J’allais l’atteindre quand quelque chose siffla à mon oreille, me faisant plonger au sol par réflexe. Je me redressai et observai le couteau planté entre deux pavés à quelques mètres de moi. Quelques étincelles crépitaient encore dessus.
— Rends-toi ou je devrais balancer ton corps à la mer, lança Ian en s’avançant, un poignard électrifié à chaque main.
Je lui adressai mon sourire le plus désinvolte.
— Faudra donc me balancer à la mer.

Moins d’une seconde plus tard, un nouveau couteau fusait dans ma direction. Je l’esquivai sans mal et surveillai du regard la deuxième arme dans la main de Ian. Ses hommes se trouvaient quelques mètres derrière lui ; Ian avait dû leur demander de rester en retrait : il voulait régler ça entre nous deux.
— Tu ne fais pas le poids, gamin, cria-t-il en lançant son deuxième couteau vers moi.
Avec un bond agile sur le côté, je l’esquivai. Était-ce tout ce qu’il pouvait me montrer ?
Soudain, un éclair me frappa par-derrière. Je poussai un cri et manquai m’effondrer sous le choc de l’électrocution. Il me suffit d’un coup d’œil pour vérifier qu’il s’agissait bien du couteau planté derrière moi qui m’avait lancé l’attaque : les étincelles frémissaient et bondissaient à la recherche d’un matériau conducteur. J’étais tombé dans le piège de Ian. J’avais deux poignards plantés derrière moi et le malfrat devant. Il m’avait coincé dans ce triangle mortel.
Agacé, je serrai les dents en le fusillant du regard.
— Tu devrais peut-être dégainer, me conseilla-t-il d’un air malicieux.
Je posai une main sur le manche de Kan, le sabre court qui se trouvait à ma hanche gauche. Il portait le nom de la déesse du temps. Avec précaution, je le sortis de son fourreau. Le bruit familier du raclement de la lame me ramena à mes nombreuses années d’entraînement.
Ce type ne pouvait pas me battre.

Il y eut un éclair argenté puis un couteau qui fusait vers moi. D’un mouvement leste, je plaçai Kan en travers de mon visage et déviai le poignard sans difficulté. Le crissement entre les deux lames fit teinter mes oreilles presque agréablement. J’étais dans mon élément.
En rabaissant Kan vers le bas, je fléchis les genoux et adoptai une posture défensive.
— Éviter, c’est tout ce que tu sais faire ? grinça Ian d’une voix ricaneuse.
— Tu ne mérites pas plus, répliquai-je d’un ton sec. Toi et tes hommes, allez-vous en avant que je ne me débarrasse de vous.
Il éclata alors de rire en posant une main sur son genou.
— La bonne blague ! Montre-moi donc ce que tu vaux.
Refusant de céder à son appel, je gardai la même position. La colère se mit à flamboyer dans ses yeux d’un bleu intense et il leva la main. Je resserrai les doigts autour de Kan, prêt à affronter la colère du ciel.
Au lieu de quoi, une violente bourrasque d’air froid balaya la rue.

Ce n’était pas un phénomène météorologique normal. Ce vent était trop puissant, trop soudain, pour être naturel. Je le reçus en plein dos, me faisant légèrement trébucher.
Ian, lui, se mit une main devant les yeux pour se protéger des aiguilles de froid provoquées par le vent et par la poussière soulevée.
— Qu’est-ce que… commença le malfrat une fois que la bourrasque fut calmée.
— Laissez-le tranquille, tonna alors une voix féminine de la ruelle où j’avais voulu fuir quelques minutes plus tôt.
Je dévisageai avec surprise la fille de la taverne avancer sans peur au milieu de la confrontation. Ses cheveux noirs et sa cape longue étaient soulevés par la brise légère qui l’entourait. Son regard passa sur Ian et ses hommes puis vint se poser sur moi. Ses yeux violets me sondèrent et je frissonnai.
— Allez-vous en, je m’occupe d’eux.
Hein ? Plutôt mourir !
Agacé, je raffermis ma prise sur Kan puis levai mon sabre, prêt à affronter les deux Élémentalistes si nécessaire.
Mais la fille se retourna vers Ian et leva gracieusement une main au ciel. L’air se chargea d’ozone. Mon cœur sauta un battement quand les nuages noirs qui planaient au-dessus de nous s’amassèrent et grondèrent entre eux. Puis ce que je craignais arriva : la foudre tomba.
À un endroit précis. Pile sur Ian. Pas pour me déplaire, hein. Mais tout de même. Les pavés éclatèrent sur un rayon de trois mètres et les hommes de Ian furent blessés par les projectiles. La terre s’éleva avant de retomber en poussière. Le flash me laissa à moitié aveugle pendant une trop longue minute.
Et, surtout, on avait dû voir l’éclair s’abattre depuis Vasilias. Mais à quoi pensait cette fille en faisant ça au juste ?
— Bon débarras, commenta la fille en se frottant les mains d’un air satisfait.
La brise tournoyait encore à ses pieds, soulevant les bords de sa cape. Énervé, je rangeai Kan dans son fourreau puis me dirigeai à grandes enjambées vers elle. Elle sursauta quand je lui attrapai le bras.
— Par les Dieux, pourquoi tu as fait ça ? m’exclamai-je en la fusillant du regard.
Visiblement stupéfaite que j’élevasse la voix devant elle, la princesse me fixa en silence, pâlotte, avant de susurrer avec rancune et agacement :
— Je viens de vous sauver la vie ! Et vous ne me remerciez même pas ?
Sidéré, je la dévisageai puis roulai des yeux.
— J’aurais très bien pu me sauver tout seul, répliquai-je en tenant toujours fermement son poignet. Et sans attirer l’attention de la moitié de la ville sur nous.
Elle me toisa d’un regard furibond en toute réponse. J’allais reprendre la parole quand une petite étincelle me fit retirer les doigts autour de son bras.
— Commencez par me lâcher, je vous prie, marmonna-t-elle avant de croiser les bras sur sa poitrine d’un air offensé.
Devant sa réaction puérile, je serrai les dents. Bon sang, c’était bien ma veine.
— Pas le temps de s’éterniser ici ! la rabrouai-je en montrant les hommes de Ian qui se remettaient rapidement de l’explosion due à l’éclair. Allons-nous-en avant qu’ils reprennent totalement leurs esprits.
Hésitante, elle m’observa pendant quelques secondes sans savoir quoi décider.
— Par les Dieux, viens avec moi ! lui criai-je en voyant l’un des deux gaillards qui m’avaient bloqué la route se relever.
— Mais… commença-t-elle avant de se taire quand je lui pris de nouveau le bras pour l’entraîner derrière moi dans la ruelle.
Je me demandais bien pourquoi j’embarquais cette fille avec moi. Surtout s’il s’agissait de la princesse. Enfin, tant pis.
L’important, pour l’instant, c’était de fuir les hommes de Ian.


Dernière modification par louji le mer. 26 juin, 2019 6:30 pm, modifié 9 fois.
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Je vais lire...
Question préalable tu travailles sur word ?
Question 2 : tu as fait exprès de mettre des guillemets dans tes dialogues du prologue et des tirets dans le ch 1 ?
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Je vais lire...
Question préalable tu travailles sur word ?
Question 2 : tu as fait exprès de mettre des guillemets dans tes dialogues du prologue et des tirets dans le ch 1 ?

Merci beaucoup d'être passé! :D :mrgreen: :oops:

Oui, je travaille avec Word, c'est d'ailleurs très frustrant de perdre toute la mise en page (alinéas, interligne plus ou moins important, taille de police, etc...).
Oui, c'est fait exprès :oops: A la base, je voulais faire tous les dialogues avec des guillemets, comme on devrait le faire normalement. Sauf que j'ai trouvé ça un peu dur et contraignant... J'ai donc décidé de les laisser uniquement pour le prologue, qui se passe bien avant le récit de base et avec des personnages vus d'un point de vue omniscient.
Je voulais donc faire une espèce de distinction en le prologue dans le passé et d'un PDV omniscient et le chapitre 1 dans le "présent" d'un point de vue interne à la première personne.
Bon, c'est aussi parce que je suis une fainéante et qu'il faudrait changer tous les dialogues du prologue :oops:
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Je te passe un message en MP...

Le prologue m'a semblé pas toujours évident, sur la place de chaque personnage et le déroulement de l'action. Il a fallu que je prenne mon temps pour bien comprendre. Ce que j'ai mis du temps à comprendre c'est que le transfert de pompage des pouvoirs du Dieu avait eté interrompu.... :lol:
Par contre le ch 1, ça a été un bonheur à lire. A part quelques maladresses (mais très peu) c'est bon. Bien sûr tu pourrais toujours compléter ton décor et appuyer certaines émotions, mais c'est super agréable.
Voilà, reste à continuer... ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir, merci à tous ceux qui liront :D
Et merci beaucoup à Daniel pour ses corrections ;) :oops: :mrgreen:



Chapitre 1
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2è mois du printemps, Vasilias, Terres de l’Ouest.



La lune éclairait notre chemin d’une lumière opaque. Seuls nos respirations haletantes, le bruit de nos pas, le claquement de nos vêtements dans la brise légère, les souffles des bêtes qui somnolaient dans les rues et les bruits nocturnes de la ville qui s’endormait se faisaient entendre.
Nous courions comme des voleurs en fuite dans les ruelles étroites de ce quartier pauvre de Vasilias. J’y avais mis les pieds pour la première fois ce matin-même. J’étais déjà venue à la capitale des Terres de l’Ouest plus d’une fois, mais jamais dans un endroit aussi mal famé. La saleté, que ce fut la terre boueuse et piétinée recouvrant les pavés inégaux, les déjections humaines comme animales ou les ordures jetées au bas des fenêtres m’avaient répugnée. Pour me donner du courage, je m’étais répétée que je serais plus discrète dans un endroit où je n’étais jamais allée.
Et voilà que je fuyais au clair de lune avec un illustre inconnu.

C’était un Chasseur du Nord. Son accent avait quelque chose de sauvage. Les mots entrecoupés, les intonations plates. Heureusement pour nous, nous parlions la même langue. Celle-là même qui était officiellement l’idiome d’Oneiris. Il y avait bien un dialecte au Sud ; sur les Terres de l’Empire qui s’étendaient tellement que la langue changeait.
Son physique était aussi typique du Nord. Les hommes étaient en moyenne plus grands que ceux de l’Ouest. Et mon tout nouvel allié devait faire un peu moins d’un mètre quatre-vingts. Cependant, ses épaules larges, ses bras et ses jambes musclés par les exercices quotidiens, lui donnaient une silhouette assez imposante. Il avait la peau claire, mais, là où elle était exposée, elle prenait des teintes ensoleillées dignes d’un marchand du Sud. Sa tignasse d’un brun clair était épaisse et ondulée. Mon poignet mince était presque écrasé par sa main puissante et calleuse. Je ne doutais pas qu’il avait dû passer des heures à manier l’épée.
Courir pendant des minutes était peut-être largement à sa portée, mais pas à la mienne. Plusieurs fois pendant notre fuite, je trébuchai et je l’entendis jurer à voix basse en me soutenant pour pas que je ne tombasse.
— Je n’en peux plus, haletai-je alors que j’avais l’impression que nous courions depuis vingt minutes. Arrêtons-nous.
À contrecœur, il s’arrêta et lâcha mon poignet. Ses traits comme taillés à la serpe étaient crispés et sa colère dégageait quelque chose de presque animal. Il était attirant et effrayant en même temps. La tresse qu’il possédait au niveau de la tempe droite et qui descendait jusqu’à sa mâchoire cassait quelque peu son aura brutale. Une pierre précieuse bleu clair retenait le tout.
— Nous ne sommes pas encore assez loin du Wildave, déclara-t-il à voix basse.
— Je trouve que si, rétorquai-je, pliée en deux par ma respiration saccadée. Ils ne nous poursuivraient pas jusqu’ici.
— J’en doute, tonna le jeune homme à voix basse. Ils m’avaient repéré. Puis, en foudroyant leur chef, tu n’as pas dû beaucoup leur plaire. Ils vont me tuer, prendre toutes mes possessions et faire pareil avec toi.
Devant sa déclaration, la bile monta jusqu’à ma bouche et je me redressai en m’efforçant de garder contenance. Le garçon se tourna vers moi, ses lèvres serrées, sa mâchoire volontaire contractée. À voir mon visage, il se détendit un peu et darda sur moi ses yeux aussi froids que les hivers du Nord. D’un gris-bleu métallique, ils étaient durs et implacables.
— Ou, puisque tu es une jolie fille au teint de lune et aux cheveux de nuit, ils vont peut-être te dépouiller de tes vêtements et se servir de ta chaleur humaine pour leurs désirs naturels.
Cette fois, ma peur dut être palpable, car il soupira en se tournant vers le port.
— Je suppose que tu es convaincue de continuer, à présent ? souffla-t-il avec un sourire sans joie à mon attention.
— Vous essayez de m’effrayer ?
— Peut-être un peu, reconnut-il avec une lueur dans les yeux qui leur enleva un peu de dureté.
Son attitude me laissait perplexe. Alors que je venais de lui sauver la vie, tout ce qu’il trouvait à faire, c’était de me tordre le poignet. Il m’entraînait ensuite dans le cœur du quartier sans me demander mon avis, puis il me laissait imaginer mon sort tragique si je refusais d’aller plus loin. Après quoi, il se radoucissait comme si la situation n’était qu’une mauvaise plaisanterie.

Malgré son impatience, j’eus quand même le droit à quelques minutes de repos et à boire une bonne partie de l’eau que je transportais dans un sac de toile sous ma cape. À peine avais-je rangé ma gourde que mon compagnon reprit son chemin.
— Nous allons vers le port ? m’étonnai-je en sentant les effluves iodés et de poisson dans l’air.
— Perspicace, répondit simplement mon guide en retenant un rire.
— Vous n’avez quand même pas l’intention de prendre un bateau ?
À ces mots, ses épaules se raidirent et il accéléra le pas sans prendre la peine de me répondre. Si je comptais effectivement fuir la bande de malfrats, je n’avais aucunement l’intention de partir en mer en compagnie d’un illustre inconnu. J’allais vite devoir séparer ma route de la sienne.

Nous nous rapprochions du port quand un homme déboucha devant nous en courant. Il se figea en nous apercevant puis hurla :
— Ici ! Ils sont ici !
Plus rapide que je ne le pensais, mon allié bondit comme un félin vers notre adversaire et l’attaqua d’un violent coup de poing à la tempe. Le malfrat s’effondra en grognant et mon allié l’assomma d’un coup de pied. Quand il releva les yeux vers moi, ils brillaient.
— On va faire un détour, annonça-t-il en s’avançant dans une ruelle dirigée vers la sortie de Vasilias. Dépêche-toi !
Face à son ton énervé, je pressai le pas et le suivis sans piper mot. J’avais relevé la familiarité et le ton péremptoire avec lesquels il s’adressait à moi, sans oser le faire remarquer. Personne n’avait jamais osé me parler ainsi. C’était étrange, mais je ne m’en sentais pas insultée. Au contraire, même.

Une heure plus tard, il estima que nous étions tranquilles. Nous nous trouvions au niveau d’un belvédère qui donnait sur une vallée à l’ouest de Vasilias. J’entendais l’océan au loin : nous n’étions pas si loin des côtes. Néanmoins, notre destination d’origine, le port, se trouvait à plusieurs dizaines de minutes.
Mon compagnon avait les bras posés sur le muret du belvédère et fixait la direction dans laquelle se trouvait l’océan. Son regard se perdait dans l’horizon obscur.
J’allais prendre la parole pour lui demander quel était notre programme quand il lâcha d’une voix sèche :
— Pourquoi est-ce que la princesse de l’Ouest se balade dans les bas-fonds de Vasilias ?
Aussi brutale qu’inattendue, sa question me laissa pantoise.
— Je… commençai-je, prise au dépourvu. Comment…
— Comment ? tonna-t-il en se tournant vers moi, incrédule. Tu te fiches de moi ? Tu pensais vraiment être discrète ?
Son ton me blessa. Je levai une main à mes cheveux et en enroula une mèche autour de mon doigt.
— Je me suis coupé les cheveux pour éviter qu’on me reconnaisse, avouai-je, me sentant idiote tout d’un coup.
— Ça ne suffit pas. (Le jeune homme s’approcha et écarta brusquement ma cape, me faisant rougir.) Regarde tes vêtements. Typiquement de la noblesse occidentale. Les couleurs de la royauté. (Le visage grave, il plongea son regard d’acier dans le mien.) Ton accent hautain, ton langage soutenu et tes yeux n’y arrangent rien. En plus de… tes pouvoirs d’Élémentaliste.
— J’ai été idiote, reconnus-je en baissant le nez, peu fière de moi.
Il resta silencieux puis rit à voix basse.
— Je ne ferais pas l’affront d’approuver la sottise d’une princesse.
Son commentaire m’arracha un sourire et je tournai la tête vers l’océan, comme si je sentais son appel au fond de ma poitrine. Le vent soulevait mes cheveux.
— Alors, vous pensez que ces hommes vont me poursuivre encore longtemps ?
— J’en sais rien, répondit-il en posant une main sur le fourreau de son sabre à sa hanche. Si tu n’étais pas intervenue, tu n’aurais pas eu à te soucier de cela.
— Je vous ai sauvé la vie. Je ne voulais pas que vous mouriez.
— Je suis un illustre inconnu à tes yeux, répondit-il en se tournant vers moi. Tu comptes sauver tous les gens que tu croises ?
Déterminée, j’affrontai son regard perçant.
— Si c’est dans mes capacités, oui.
Son visage se plissa dans l’obscurité puis je l’entendis rire à voix basse avant de souffler :
— Quelle idiote.
— Je suis la future reine de ces terres, déclarai-je d’un ton ferme. Mon devoir est de protéger mes sujets.
— Alors tu ferais mieux d’être chez toi qu’ici en train de risquer ta vie avec le banditisme de Vasilias, me rabroua-t-il en élevant la voix.
— J’ai fui, expliquai-je en me sentant d’un coup plus fébrile. Je ne peux pas retourner chez moi tout de suite.
— Une princesse qui fugue… Allons bon. Où va le monde ?
Sa désinvolture me fit serrer les dents, mais il n’avait pas tort. D’un point de vue extérieur, ma fuite devait être irréfléchie et digne d’une adolescente en crise.
Ce qu’il ne savait pas, c’étaient les menaces de mon père de me déshériter. Le manque d’attention de ma mère qui n’avait d’yeux que pour mon petit frère, Ash. L’hypocrisie de la noblesse occidentale. Le poids qu’on jetait sur mes épaules et qui devenait plus lourd chaque année.
Mon père avait des projets pour moi. Pour satisfaire son ambition trop importante, faciliter ses petites magouilles, améliorer ses relations avec les dirigeants des autres Terres… Il voulait me marier à Dastan Samay, le frère de l’Impératrice actuelle. Celle-ci et mon père avaient arrangé ce mariage l’année de mes quinze ans. Il s’était écoulé deux ans depuis et cela faisait vingt-quatre mois que je m’entêtais à refuser cette union, à faire comprendre à mon père que je souhaitais épouser un homme dont je serais tombée amoureuse. L’injustice de ces fiançailles était d’autant plus brûlante que les mariages arrangés n’étaient pas coutume dans mon royaume.
Et notre dernière dispute en date remontait à presque quatre jours. J’étais partie de la maison en remplissant un sac de toile d’affaires qui me semblaient importantes, j’avais pris mes meilleures chaussures de marche et j’étais sortie du château en prétextant une balade matinale. Mes parents n’avaient pas essayé de me retrouver. En réalité, mon départ les avait peut-être soulagés.

Je rejoignis mon allié qui s’était à nouveau installé contre le belvédère en direction de l’océan.
— Vous ne m’avez même pas dit votre nom, soufflai-je en fermant les yeux pour mieux sentir la brise océane sur mes joues.
— Al, déclara-t-il d’un ton sec.
— Al ? C’est tout ? m’étonnai-je en rouvrant les yeux pour l’observer.
— Ça convient très bien à notre relation : courte et sans durée.
J’esquissai un sourire crispé face à sa franchise. Al… sûrement un diminutif. Je ne pus m’empêcher de sourire en songeant qu’il s’agissait aussi d’un diminutif probable pour mon propre prénom.
— Je m’appelle Alice, annonçai-je alors en me tournant dos à la vue qui s’offrait à nous.
— Je sais, votre altesse, répondit-il en s’esclaffant à moitié. La princesse Alice Tharros. Pas moyen d’oublier qui vous êtes.
Je me rembrunis, mais ravalai mon agacement.
— Ce que je voulais dire, repris-je d’un air las, c’est que vous pouvez m’appeler Alice.
Il lui fallut quelques secondes, mais il finit par accepter.
— Ça me va. Et tu peux me tutoyer, Alice.
— Très bien, murmurai-je avec un petit sourire, soulagée de la facilité avec laquelle j’avais établi le contact avec cet étranger.

Il ne s’était écoulé qu’une minute ou deux lorsqu’il sortit un papier froissé d’une poche de son manteau épais. Il était d’un jaune clair et je reconnus aussitôt de quoi il s’agissait.
— Tu dois donc prendre un bateau ? m’enquis-je en me penchant pour mieux voir.
— Je devais, rectifia Al en se détournant.
— Tu as changé d’avis ?
— Non, j’ai raté mon navire. Il partait à la fin du crépuscule, selon les traditions occidentales.
En effet, il était coutume, dans mes Terres natales, d’organiser le départ des bateaux sur l’océan au moment du crépuscule, pour que la chance et un temps clément leur soient accordés.
— Le soleil commençait à se coucher quand je suis entrée dans la taverne, déclarai-je, songeuse. Pourquoi étais-tu encore là-bas ?
— Je m’apprêtais à partir. Puis tu es arrivée. Une fille comme toi dans une taverne du genre du Wildave, ce n’est pas commun. (Il me jeta un coup d’œil et je fus presque certaine qu’il était gêné.) Tu m’as intrigué. Je savais que je n’allais pas cesser de me demander ce que tu étais devenue après mon départ si je m’en allais aussi tôt. Et, pour ne pas arranger les choses, il y avait ce Ian. Finalement, je suis resté jusqu’à ce que je sois presque sûr de ton identité et je suis parti. (Cette fois, il n’eut plus l’air gêné, mais un peu honteux.) Je ne voulais pas être mêlé à la fuite de la princesse royale.
Je ne pus lui en vouloir ; je comprenais sa position.
— Alors Ian m’a attaqué. (Avec un geste las, il passa une main dans sa tignasse ébouriffée en soupirant.) J’aurais encore pu attraper mon bateau après m’être débarrassé de lui.
— Et je suis arrivée, continuai-je d’une petite voix. Je l’ai foudroyé, attirant sur nous l’attention du quartier, et tu m’as entraînée avec toi pour qu’on prenne la fuite.
— Sauf que cela a duré bien plus longtemps que prévu, conclut Al d’un air frustré. Et, une fois en sécurité, il était trop tard pour mon bateau.
— Je suis désolée, murmurai-je en l’observant pour qu’il comprît que j’étais sincère. Où… où devais-tu aller ?
— Ce bateau marchand partait pour les Terres au-delà des Mers. J’ai négocié ma place dans la cale pour quelques pièces.
— Tu t’en allais aussi loin ? m’exclamai-je, étonnée.
Les Terres au-delà des Mers, aussi appelées Mor Avi, étaient un continent de l’autre côté de l’océan occidental. Je n’y étais jamais allée, mais on disait que les mœurs là-bas étaient bien différentes des nôtres.
— Le problème, reprit mon allié en observant de nouveau la direction de l’océan, c’est qu’il y en a plus avant l’automne prochain.
— C’était le dernier ?
— Oui.
Les Terres au-delà des Mers avaient ses saisons inversées par rapport aux nôtres. Ainsi, à l’heure actuelle, c’était l’automne là-bas. Pour des questions de sécurité, les capitaines refusaient de naviguer dans cette direction en plein hiver, raison pour laquelle on ne pouvait prendre ces navires qu’au printemps et en automne, lorsque les saisons intermédiaires étaient en place des deux côtés.
— Tu dois donc attendre au moins quatre mois avant de pouvoir faire de nouveau la traversée ?
— C’est ça, approuva Al en soupirant. Surtout que j’ai claqué les économies d’un an de chasse pour pouvoir me payer le passage.
Malgré moi, je poussai une petite exclamation. Les navires pour les Terres au-delà des Mers étaient les plus chers : ils étaient les plus résistants des flottes occidentales car la traversée était longue et dangereuse.
Ma main cherchait déjà ma bourse dans mon sac de toile.
— Je vais te rembourser, déclarai-je en la sortant. C’est le minimum que je puisse faire. Combien coûtait la traversée ?
— Non.
Al lâcha le mot aussi brutalement qu’autoritairement. Il me fit penser à mon père à ce moment. Intimidée, je relevai les yeux vers lui et sentis ma gorge s’obstruer face à son regard de glace. S’il ne voulait pas de l’argent, que désirait-il ?
— Je… Que désires-tu en échange ?
Mon ton oppressé dut me trahir car il me demanda d’une voix pleine de colère froide :
— Qu’est-ce que tu t’imagines, au juste ?
— Je-je ne sais pas, bredouillai-je, honteuse. Puisque tu refuses mon argent…
— Je refuserai tout ce que tu me proposeras, annonça mon compagnon en secouant la tête. Je ne veux rien de la part d’une princesse.
Cette fois, ce fut à mon tour d’être agacée. J’accrochai son regard puis demandai avec gravité :
— Et tu accepterais quelque chose de la part de la fille que tu as sauvée ? D’Alice ?
Il me fixa sans savoir quoi dire puis secoua la tête à nouveau.
— Écoute, Alice, je ne veux rien de ta part. C’est trop tard pour mon bateau. Je vais aller au port, voir si on peut me rembourser et, si non, j’économiserai pendant les quatre prochains mois de quoi me payer une nouvelle traversée.
— Je suis navrée, soufflai-je avant de pincer les lèvres.
Le vent souleva un peu de poussière entre nous puis Al posa une main sur mon épaule. Surprise, je redressai le cou et rencontrai son regard dur, mais non accusateur.
— Ta vie vaut plus que la mienne, Alice Tharros. Je ne dirigerai aucune Terres plus tard. Ma famille n’attend pas mon retour. Je ne suis rien de plus qu’un Chasseur.
— Ne dis pas ça ! m’exclamai-je en prenant sa main entre les miennes. Un bon dirigeant connaît la valeur d’une vie.
— Il sait aussi que la sienne a plus d’importance, car tout le monde n’a pas les épaules pour diriger, rétorqua fermement mon allié, refermant son cœur qu’il venait de m’ouvrir.
Il retira sans méchanceté sa main des miennes et je me sentis étrangement vide.
— Je ne vais pas te laisser comme ça en plan, reprit Al en étirant ses bras vers le ciel étoilé. On va d’abord se trouver une auberge, se reposer et, demain matin, on prendra la direction du port.
— Pour voir si tu peux être remboursé.
— Oui. Et aussi pour faire en sorte que tu sois plus discrète. (Il me jeta un coup d’œil.) À moins que tu ne souhaites cesser ta fuite et retourner chez toi.
— N-Non ! tonnai-je en serrant mon poing autour d’un pan de ma cape. Je ne rentrerai que si mes parents m’en donnent l’envie.
— Ils n’auront peut-être pas envie de rappeler une princesse capricieuse à l’ordre.
— Tu ne sais rien, le rabrouai-je en m’énervant. Alors cesse de faire comme si cela était le cas.
— Désolé, souffla-t-il en haussant les épaules.
Il n’était pas bien sincère, mais je n’aurais rien de plus de sa part, je le savais.
— Enfin, continua Al en s’engageant dans un chemin qui serpentait entre des buissons. On va aller au quartier commercial près du port et te trouver des vêtements de voyage plus discrets et confortables que ceux que tu portes en ce moment. Aussi de quoi masquer ta personne. Peut-être du maquillage. Des provisions, c’est sûr. Et de quoi te défendre.
— J’ai de quoi me défendre, répliquai-je en sentant la pression familière de ma lame courte dans le creux de mon dos.
Par-dessus son épaule, mon allié me jeta un coup d’œil étonné, mais ne voulut pas en savoir plus. Son manque de curiosité me soulageait et m’agaçait en même temps.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que mes jambes étaient aussi lourdes que du plomb, Al et moi nous arrêtâmes devant le seuil d’une auberge de moyenne gamme. Ni mal famée, ni grandiose.
Al poussa la porte, mais je le devançai et m’arrêtai devant le comptoir en bois qui servait d’accueil. Une vieille femme ronde aux cheveux poivre et sel attendait derrière, les yeux à moitié fermés. Une chaleur bienvenue provenait d’une grosse cheminée dans la salle à manger.
— Bonsoir, dis-je en posant de suite ma bourse devant son nez, ce qui la réveilla. Nous voudrions deux chambres pour la nuit, s’il vous plaît, madame.
— Une chambre avec deux lits, corrigea mon allié par-dessus mon épaule.
La dame lui jeta un regard puis se retourna pour prendre une clef suspendue à un crochet surmonté d’un numéro : le 105. Elle la posa à côté de ma bourse et déclara :
— Ça fera dix pièces de cuivre.
Stupéfaite du bas prix, je restai sans bouger pendant quelques secondes. Al donna un petit coup dans mon dos et je repris mes esprits. Je sortis dix pièces de cuivre de ma bourse – les dix que je possédais après m’être fait de la monnaie sur une pièce d’argent.
— Merci, lâcha la dame d’un ton rauque en récupérant la somme.
— Bonne nuit, lançai-je en récupérant la clef.
Al et moi montâmes au premier étage et, alors que je déverrouillais la serrure, je demandai :
— Pourquoi une seule chambre ?
— Parce que c’est moins cher que deux individuelles.
— J’ai les moyens, rétorquai-je en roulant des yeux.
—Oui et tu ferais mieux de garder au maximum ton argent pour pouvoir tenir le plus longtemps possible.
Face à sa logique, je restai muette et entrai dans la chambre. Une pièce ridiculement petite – plus petite que ma salle de toilette au château – seulement meublée de deux lits, d’un broc d’eau sur une table miteuse et d’une chaise branlante.
— Je comprends le prix ridicule de dix pièces de cuivre, murmurai-je en m’avançant dans la pièce. Il n’y a pas de cheminée ? On va mourir de froid !
— Cesse de te plaindre, princesse, lança Al d’un ton agacé. La chaleur produite par la cheminée au rez-de-chaussée sera largement suffisante.
Il fit passer sa besace par-dessus sa tête et la posa sur la chaise avant de commencer à s’installer. Pendant ce temps, je retirai ma cape – frissonnant au contact de l’air frais – pour la mettre sur le dossier du lit contre la fenêtre étroite. Assise au bord du couchage, je défis mes chaussures et massai mes pieds en poussant un soupir de soulagement.
Quand j’entendis des froissements de vêtements, je redressai la tête et vis Al se défaire de son manteau épais. Dessous, il portait une sorte de protection couleur fauve qui lui couvrait le torse.
— Utile contre les coups d’épée, m’informa-t-il quand il remarqua que je l’observais.
Gênée, je me détournai pour le laisser se déshabiller. Comme cela n’en finissait pas, je finis par marmonner :
— Tu as combien d’épaisseurs, au juste ?
— J’aime être protégé des lames et du froid, répondit-il simplement.
— Un vrai Chasseur, m’esclaffai-je en me tournant vers lui.
Je le regrettai en voyant qu’il ne portait plus que son pantalon fait dans une sorte de cuir léger. Il avait un torse musclé sans être massif. Je notai des coupures et entailles cicatrisées. Conformément à ce que je pensais, la peau de son torse et de ses bras était plus claire que celle de ses mains et de son visage.
Les joues un peu chaudes, je me détournai vers la fenêtre.
— Je ne suis pas pudique comme toi, déclara Al avec un amusement dans la voix qui me fit rougir. Mais, si tu veux que je sorte pour que tu te changes, je peux le faire.
— Non, pas la peine, répondis-je en l’observant à nouveau. Je n’ai rien d’autre comme vêtements.
— Bon, lâcha-t-il en dépliant les draps de son lit. Bonne nuit alors.
Je le regardai s’allonger dans son lit puis se blottir sous sa couverture. Cinq minutes plus tard, sa respiration devenait lente et profonde. Quelle insouciance ! Je ne doutais pas une seconde que m’endormir allait prendre beaucoup plus de temps pour moi.
Malgré ma fatigue corporelle, mon esprit était bien réveillé et alternait sans cesse entre les cris de mon père avant mon départ, le rire mauvais de Ian, les yeux d’acier d’Al.
Cependant, ce sont sûrement ces derniers qui m’accompagnèrent dans le sommeil.


Dernière modification par louji le mer. 26 juin, 2019 6:43 pm, modifié 9 fois.
vampiredelivres

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

Coucou,

Alors, j'ai vu Aion dans le titre, et... j'étais obligée. Tu mentionnes l'un de mes jeux préférés, je devais lire ça. En plus, c'est de la Fantasy médiévale... :lol:
(On va dire que c'est un moyen comme un autre de me faire accrocher !)

Déjà, on va commencer par le plus simple. C'est très fluide, très bien écrit, félicitations ! Au niveau du prologue, on se perd un tout petit peu entre les personnages, l'action, la magie... Ce n'est pas forcément clair, parce qu'on ne connaît plus ou moins personne, mais ça passe si on fait bien attention. L'avantage, avec un prologue aussi distant par rapport à l'histoire, c'est qu'on a à la fois le contexte historique, politique et magique qui servira plus tard.

Ensuite, j'adore tes descriptions, elles sont superbes ! Précises, claires, mais aussi accrocheuses ; on s'immerge très bien dans l'univers que tu nous montres. Dans l'action, c'est très bien aussi (en tout cas chapitre 1 et 2, tu sais ce que j'ai dit à propos du prologue).
J'adore tes personnages principaux ! Alice et Al m'ont l'air de former un "couple" (guillemets pour l'instant, parce qu'on sent que ça viendra plus tard) assez équilibré, entre efficacité et railleries. Je me demande, vu que Achalmy a raté son bateau, qu'est-ce qui va les pousser à continuer leur aventure ensemble...

Du coup, j'aimerais bien que tu me préviennes, parce que ce début me semble très prometteur :)
vamp'
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Coucou,

Alors, j'ai vu Aion dans le titre, et... j'étais obligée. Tu mentionnes l'un de mes jeux préférés, je devais lire ça. En plus, c'est de la Fantasy médiévale... :lol:
(On va dire que c'est un moyen comme un autre de me faire accrocher !)

Déjà, on va commencer par le plus simple. C'est très fluide, très bien écrit, félicitations ! Au niveau du prologue, on se perd un tout petit peu entre les personnages, l'action, la magie... Ce n'est pas forcément clair, parce qu'on ne connaît plus ou moins personne, mais ça passe si on fait bien attention. L'avantage, avec un prologue aussi distant par rapport à l'histoire, c'est qu'on a à la fois le contexte historique, politique et magique qui servira plus tard.

Ensuite, j'adore tes descriptions, elles sont superbes ! Précises, claires, mais aussi accrocheuses ; on s'immerge très bien dans l'univers que tu nous montres. Dans l'action, c'est très bien aussi (en tout cas chapitre 1 et 2, tu sais ce que j'ai dit à propos du prologue).
J'adore tes personnages principaux ! Alice et Al m'ont l'air de former un "couple" (guillemets pour l'instant, parce qu'on sent que ça viendra plus tard) assez équilibré, entre efficacité et railleries. Je me demande, vu que Achalmy a raté son bateau, qu'est-ce qui va les pousser à continuer leur aventure ensemble...

Du coup, j'aimerais bien que tu me préviennes, parce que ce début me semble très prometteur :)
vamp'
Oh, super ! Merci beaucoup de ta visite, de ta lecture et de ton commentaire, ça me fait bien plaisir! :D :mrgreen:

Arf, on a démasqué mon absence de don pour trouver des noms originaux... :oops: :lol: "Mon" Aion provient bien du MMORPG éponyme... J'ai toujours aimé ce nom, avec les voyelles, la façon dont il sonne... :D Ce n'est malheureusement pas une fanfiction :lol:

Merci beaucoup pour tes compliments... :oops: Oui, le prologue est un grand méli-mélo dans lequel on se perd rapidement... Je comprends parfaitement ton ressenti, je vais essayer d'alléger tout ça (peut-être en expliquant mieux qui est tel personnage ou en enlevant peut-être un des deux chasseurs...)

Ah oui, mes descriptions...? :shock: J'ai toujours trouvé que j'étais nulle pour ça :lol: :roll: Bon, si elles te plaisent alors c'est génial :D
Ha! Contente que ces deux imbéciles te plaisent (c'est affectueux, je les aime bien au fond :lol: ). Oh, les choses s'éclairciront petit à petit :D (Mais bon, on sent les choses venir, c'est vrai ;) )

Pas de soucis, je te préviendrai! ;)
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Ah ! suis content de ne pas être le seul à apprécier...
La 2e partie de ton chapitre confirme ton écriture sympa. Ça coule bien et il y a quelque chose de naturel dans tes dialogues. Tes descriptions apportent à l'imaginaire. J'adore les deux paragraphes du début. Pense qu'il y a aussi les odeurs qui sont très évocatrices...
Il y a au moins 3 fautes ! :lol: :lol: et j'ai tiqué sur le mot "couette" qui est très "moderne".
Super !
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Oh, super ! Merci beaucoup de ta visite, de ta lecture et de ton commentaire, ça me fait bien plaisir! :D :mrgreen:

Arf, on a démasqué mon absence de don pour trouver des noms originaux... :oops: :lol: "Mon" Aion provient bien du MMORPG éponyme... J'ai toujours aimé ce nom, avec les voyelles, la façon dont il sonne... :D Ce n'est malheureusement pas une fanfiction :lol:

Merci beaucoup pour tes compliments... :oops: Oui, le prologue est un grand méli-mélo dans lequel on se perd rapidement... Je comprends parfaitement ton ressenti, je vais essayer d'alléger tout ça (peut-être en expliquant mieux qui est tel personnage ou en enlevant peut-être un des deux chasseurs...)

Ah oui, mes descriptions...? :shock: J'ai toujours trouvé que j'étais nulle pour ça :lol: :roll: Bon, si elles te plaisent alors c'est génial :D
Ha! Contente que ces deux imbéciles te plaisent (c'est affectueux, je les aime bien au fond :lol: ). Oh, les choses s'éclairciront petit à petit :D (Mais bon, on sent les choses venir, c'est vrai ;) )

Pas de soucis, je te préviendrai! ;)
Oh, oui, Aion, ça sonne trop bien XD D'ailleurs, question à part : tu y joues ? :mrgreen:
Dommage, une fanfiction aurait été cool (tiens, ça me donne une idée... :lol: ) mais si c'est ton histoire, c'est d'autant mieux !

De rien, ils sont sincères ^^
Peut-être alléger un peu le prologue, oui, mais ne t'inquiète pas.
Après, les descriptions, c'est totalement subjectif, mais personnellement, je les trouve très bien. :)

Merci !
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Ah ! suis content de ne pas être le seul à apprécier...
La 2e partie de ton chapitre confirme ton écriture sympa. Ça coule bien et il y a quelque chose de naturel dans tes dialogues. Tes descriptions apportent à l'imaginaire. J'adore les deux paragraphes du début. Pense qu'il y a aussi les odeurs qui sont très évocatrices...
Il y a au moins 3 fautes ! :lol: :lol: et j'ai tiqué sur le mot "couette" qui est très "moderne".
Super !
Merci (oui, encore :lol: ) de ton passage et de ton commentaire! :D
Les odeurs... Arf, il me faut encore de l'entraînement pour les descriptions :)

Je vais partir à la chasse aux fautes alors :lol:

Oui, je n'y ai pas pensé, merci de faire la remarque! :o (Manquerait plus que je fasse des anachronismes...)

Oh, oui, Aion, ça sonne trop bien XD D'ailleurs, question à part : tu y joues ? :mrgreen:
Dommage, une fanfiction aurait été cool (tiens, ça me donne une idée... :lol: ) mais si c'est ton histoire, c'est d'autant mieux !

De rien, ils sont sincères ^^
Peut-être alléger un peu le prologue, oui, mais ne t'inquiète pas.
Après, les descriptions, c'est totalement subjectif, mais personnellement, je les trouve très bien. :)

Merci !
Et bien, j'y jouais. Au collège et début lycée mais j'ai arrêté car je ne m'impliquais plus assez dedans pour que ce soit efficace (et que la taille du jeu soit rentable sur mon ordi :lol: ). Mais j'ai adoré y jouer (team ély-asmo, pas moyen de choisir :lol: ) et j'étais comme une gamine dans les zones où on peut voler :oops: :D Et toi? J'ai vu que tu disais qu'il s'agissait de ton jeu préféré... Tu y joues encore régulièrement?
Pour te faire une confidence, j'ai commencé l'écriture avec une fanfiction d'Aion justement :lol: Mais j'ai tellement honte quand je relis ça... J'étais ambitieuse à l'époque :lol:
J'ai vu que tu faisais beaucoup de fanfictions et notamment avec des fandoms que j'apprécie ^-^ Après, pour être honnête, je suis pas une grande fane des fanfictions mais, si j'accroche, je reste :D
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Et bien, j'y jouais. Au collège et début lycée mais j'ai arrêté car je ne m'impliquais plus assez dedans pour que ce soit efficace (et que la taille du jeu soit rentable sur mon ordi :lol: ). Mais j'ai adoré y jouer (team ély-asmo, pas moyen de choisir :lol: ) et j'étais comme une gamine dans les zones où on peut voler :oops: :D Et toi? J'ai vu que tu disais qu'il s'agissait de ton jeu préféré... Tu y joues encore régulièrement?
Pour te faire une confidence, j'ai commencé l'écriture avec une fanfiction d'Aion justement :lol: Mais j'ai tellement honte quand je relis ça... J'étais ambitieuse à l'époque :lol:
J'ai vu que tu faisais beaucoup de fanfictions et notamment avec des fandoms que j'apprécie ^-^ Après, pour être honnête, je suis pas une grande fane des fanfictions mais, si j'accroche, je reste :D
Alors, oui, j'y joue toujours... même si je suis en période de bac, et que du coup, c'est un peu la galère. En fait, j'ai suivi un ami, qui m'a à moitié obligée à y jouer l'année dernière, et depuis, je n'ai pas lâché... :lol: Par contre, avec lui, la question ne s'est pas posée, c'était (et c'est toujours !) team asmo jusqu'au bout des ongles ! Même si j'avoue avoir fait un personnage ély rien que pour découvrir les zones... :oops:
Ah, toi aussi, les zones de vol... ? :mrgreen:
Allez, beaucoup de corrections et de relectures, et tu pourras la poster, courage !
Oui, je suis une fana de fanfictions. Vraiment. J'ai toujours de nouvelles idées, faut juste que je me retienne. Mais là, vu que je bosse sur mon "gros" morceau (Elsa/Loki) en plus d'un bouquin plus personnel, j'ai de quoi écrire tout et n'importe quoi. Et idem, quand j'accroche à quelque chose, c'est fichu, on n'arrive pas à me faire lâcher :D
À la limite, si tu passes un jour, j'espère que ça te plaira ^^
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir, merci à tous ceux qui lisent et encore plus à ceux qui commentent, ça fait chaud au petit cœur-cœur! :D


Chapitre 2
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2è mois du printemps, Vasilias, Terres de l’Ouest.



Les premiers rayons du soleil avaient fait leur apparition lorsque j’ouvris les yeux. Il me fallut un moment pour me rappeler où j’étais. Des ronflements m’avaient réveillé. Avec un grognement, je me tournai dans le lit en maudissant l’épaisseur infime des murs. Quelques secondes plus tard, je compris que les ronflements venaient de la pièce où je me trouvais.
Je bondis aussitôt hors de mon lit, le cœur battant. Quelques secondes furent nécessaires pour que mes yeux s’habituèrent à la lumière du petit matin. Une fois ma vision plus claire, j’observai le deuxième couchage, occupé par une silhouette menue. C’était cette silhouette menue qui émettait les ronflements coupables de mon réveil.
La fille d’hier. Alice. La princesse de l’Ouest.
— Pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? marmonnai-je en me passant une main sur le visage. Quel crétin !
Quelle mouche m’avait piqué pour que j’aidasse cette princesse à fuir ? Pour rater mon bateau, me laissant obligé d’attendre quatre mois à Vasilias. Pour échafauder un plan dont l’objectif était de l’aider à être plus discrète dans la rue. Pour dormir avec elle dans une auberge.
Inspire un bon coup, mon vieux, m’ordonnai-je mentalement. Malgré tout, le fait qu’Alice m’accompagnât hier soir sans rechigner me troublait. Qui, de nos jours, dormait dans la même pièce qu’un illustre inconnu en lui faisant totalement confiance ? Je devais vérifier quelque chose.

Je récupérai, dans un mini fourreau accroché à la ceinture que j’avais abandonnée hier pour être plus à l’aise, un couteau. À pas légers, je m’approchai d’Alice puis me penchai au-dessus d’elle. Des cheveux lui tombaient sur la joue. Son visage, maintenant apaisé par le sommeil, avait quelque chose d’encore enfantin. J’observai ses longs cils noirs puis vint poser contre son cou pâle la lame de mon arme.
— Parle et je te tranche la gorge ! criai-je alors pour la réveiller.
Le résultat fut immédiat : elle ouvrit grand les yeux et resta immobile en sentant le fil de la lame contre sa glotte. Malgré les draps qui la recouvraient, je la vis se crisper et, lentement, elle leva les yeux vers moi. Aussitôt, incompréhension, douleur, honte et colère s’y succédèrent.
Comme elle ouvrait la bouche, j’appuyai plus fort mon couteau contre sa peau fine et elle pâlit en grimaçant de douleur.
— Je t’ai dit de la fermer, la rabrouai-je d’une voix sèche. À présent, princesse, je vais te dépouiller de tous tes biens, profiter de toi et te tuer avant de te balancer à la mer.
Je m’attendais à ce qu’elle blêmît un peu plus et se mît à pleurer, à paniquer ou à geindre. Au lieu de quoi, ses traits se durcirent, lui donnant aussitôt l’apparence d’une reine et non plus d’une princesse. Elle s’agita légèrement sous la couverture.
Sans douceur, je l’attrapai par les cheveux en diminuant légèrement la pression de ma lame contre son cou pour ne pas la blesser.
— Qu’est-ce que je t’ai dit, la prin…
Je bondis en arrière au moment où elle me lançait une décharge électrique. Malheureusement, je ne fus pas assez rapide et ma main droite retomba inerte, inutilisable et secouée de spasmes légers, contre mon flanc. Le couteau à présent au sol, il ne me restait que ma main gauche et mes sabres hors de portée.
Alice, quant à elle, glissa une main dans son dos pour en sortir une lame simple d’une vingtaine de centimètres. La poignée était un manche entouré de lanières de cuir. Pas de garde.
La brandissant devant elle, Alice se mit en position d’attaque en descendant du lit.
— Espèce de salaud, cracha-t-elle, les yeux embués, en s’avançant vers moi. Je t’ai fait confiance.
— C’est bien ton problème, rétorquai-je en reculant lentement. Tu t’es laissé amadouer. Il m’a juste fallu un joli sourire et tu tombais au piège. (J’agitai la main avec mépris.) Espèce d’idiote. Toujours là à vouloir sauver le monde. Regarde où ça t’a menée ! Tu vas mourir ici même dans cette chambre misérable.
— Jamais ! hurla-t-elle en se jetant alors sur moi.
Je ne doutais pas qu’elle s’était entraînée avec cette lame. Qu’on lui avait appris à se défendre. Cependant, sa colère et son amertume étaient telles qu’elle avait perdu tous ses moyens. Encore quelque chose à rectifier.
Je n’eus aucun mal à éviter sa lame en avançant mon pied sur son chemin. Nos chevilles se mêlèrent et elle s’écroula sans douceur sur le sol de la chambre. Elle se retourna aussitôt, sa lame pointée vers moi, sa poitrine soulevée par une respiration saccadée. Ses yeux violets étaient grands ouverts et ses cheveux formaient une auréole sombre autour de sa tête.
— Je me trancherais la gorge plutôt que de te laisser abuser de moi et me tuer.
Je la fixai encore quelques secondes, le visage fermé, puis j’éclatai d’un rire sonore.
Elle resta perplexe puis fronça les sourcils.
— Je suis sérieuse.
— Je vois ça, Alice, soufflai-je en lui tournant le dos pour aller récupérer la ceinture de mon pantalon. Allez, je vois bien que tu n’es pas sotte au point de te laisser faire. C’est simplement ce que je voulais savoir. Prépare-toi, nous partons.
Son souffle était le seul bruit derrière mois tandis que je passais l’accessoire entre les passants de mon bas. Finalement, je l’entendis se relever. Et, comme je l’avais prévu, elle bondit vers moi.
Me contentant de faire un pas en arrière, je l’évitai et elle se rattrapa au bord de mon lit avant de sauter de nouveau dans ma direction. Sa lame me frôla, mais ne me toucha pas.
— Sois plus précise ! m’exclamai-je en évitant un nouveau coup. Tu te précipites trop. Regarde le résultat : tu t’essouffles et tu me rates à chaque fois.
— Salaud, tais-toi ! Je vais te tuer !
— Dépêche-toi alors, je commence à m’ennuyer, déclarai-je en étouffant un bâillement factice.

Quelques minutes plus tard, nous en étions au même point : Alice se tenait face à moi, sa lame courte à la main, en nage, et je la fixais avec amusement. J’avais eu le temps d’enfiler ma seconde-peau – un vêtement typique de Chasseur en tissu spécial – ainsi que le protège-corps en cuir de loup que je portais par-dessus.
Au moment où elle bondissait vers moi dans une énième tentative désespérée, je lui agrippai les poignets, la désarmant au passage.
— Alice, ça suffit, maintenant.
Surprise par la douceur de ma voix, elle resta muette à me dévisager sans savoir quoi faire. Au moment où je sentais qu’elle allait se débattre, je me penchai un peu plus vers elle, plongeant mon regard dans le sien.
— Alice, regarde-moi. Est-ce que j’ai l’air de mentir ?
— Tu… commença-t-elle d’une voix essoufflée. Tu… m’as… trahie.
— Non, soupirai-je en secouant la tête. C’était un test. (Je la relâchai puis levai les mains au-dessus de ma tête.) Je ne te veux aucun mal. Et, si tu ne me crois pas, tu peux me trancher la gorge ici-même. Je ne me défendrai pas.
Enfin, je me contenterais de te désarmer.
Elle bondit hors de ma portée en ramassant son arme au passage. Et me mit en joue aussitôt. Devant son air courroucé, je me préparai tout de même à me défendre. Je n’avais pas très envie de périr de la main maladroite d’une princesse.
— Pourquoi ? cracha-t-elle avec colère.
— Pour savoir si tu méritais l’aide que je t’apporte.
— Tu… ne mens pas ?
— J’en ai l’air ? lâchai-je d’un air désinvolte.
Elle scruta mes yeux encore quelques secondes, à la recherche de je-ne-sais-quoi, puis laissa tomber ses bras le long de ses flancs.
— Par les Dieux, j’ai vraiment cru que je m’étais faite avoir.
— C’est ce qui aurait pu se passer, lui dis-je en allant enfiler mon manteau. Tu as de la chance d’être tombée sur moi. Sois plus prudente, Alice. Les gens que tu croiseras à l’avenir ne seront pas aussi bien intentionnés que moi.
Intimidée par mon ton sec et par mes paroles, elle baissa le nez.
— Néanmoins, tu as le mérite de savoir à peu près te défendre.
— Tu parles, murmura-t-elle en se laissant choir sur le bord de son lit. Je n’ai même pas réussi à te toucher.
Je m’esclaffai à moitié en m’agenouillant pour lacer mes chaussures épaisses.
— Je suis difficile à atteindre, c’est pour ça.
— Tu es bon combattant ? s’enquit Alice en s’emparant de sa cape de voyage.
— On peut dire ça ainsi.
Une fois mes chaussures lacées, je m’aspergeai le visage d’un peu d’eau, passai une main dans mes cheveux en bataille et enfilai mon manteau. Mes sabres eurent vite fait de rejoindra ma hanche et mon dos. Quand je passai la sangle de ma besace par-dessus ma tête, je me tournai vers Alice. Elle coiffait, avec une brosse visiblement de très bonne manufacture, ses cheveux sombres. Elle avait déjà mis ses chaussures et sa cape – ce dont je la félicitai mentalement.
— Je descends voir si je peux acheter une miche de pain pour le repas.
— Très bien, je te rejoins plus tard, répondit Alice en rangeant sa brosse dans son sac de toile.

J’avais commencé à petit-déjeuner un bout de pain avec du beurre quand Alice me rejoignit dans la salle à manger de l’auberge. À grandes enjambées, elle se dirigea vers moi, le visage fermé.
— Tu aurais pu m’attendre pour manger, maugréa-t-elle en s’asseyant.
— Désolé, votre altesse, répondis-je d’un ton léger, mais je mourais de faim.
Mon estomac gargouilla bruyamment, comme pour me donner raison. Le matin, je mangeais beaucoup. Encore une habitude de Chasseur.
N’attendant pas plus, Alice déchira en deux le bout de pain qui restait et se servit généreusement en beurre.
— Au fait, lâchai-je entre deux bouchées, je n’aurais jamais cru qu’une princesse puisse ronfler aussi fort !
Son visage devint cramoisi et elle leva les yeux vers moi, son pain à mi-chemin entre sa bouche et la table.
— Tu m’as entendue ?
— Pas qu’un peu, m’esclaffai-je avant de mordre dans ma tartine. Tu m’as réveillé.
— Par les Dieux… murmura-t-elle, ratatinée sur sa chaise. Je suis désolée.
— Je te pardonne, princesse, déclarai-je en ignorant le regard noir qu’elle me lança par la suite.
Une quinzaine de minutes plus tard, nous laissâmes deux pièces de cuivre – de ma poche, cette fois – pour le repas et prîmes le chemin de la sortie. Le soleil pointait timidement le bout de son nez derrière un ciel voilé. Mon manteau me protégeait du froid matinal, mais je remarquai Alice frissonner du coin de l’œil.
— Allons vite te trouver des vêtements adaptés, déclarai-je en prenant la direction du port.

Nous ne passâmes pas par le quartier pauvre dans lequel nous nous étions rencontrés la veille. Je choisis un chemin moins dangereux que les ruelles étroites, mais plus discret qu’une grande voie principale. Plus on s’approchait du port, plus Vasilias s’enjolivait. Les rues devenaient un peu moins sales, avec seulement quelques poules picorant, des chiens pourchassant des chats et des écoulements sur les bas-côtés qui permettaient aux ordures d’être dégagées plus rapidement. Les maisons devenaient plus hautes – jusqu’à trois étages – avec une architecture aux poutres apparentes, aux façades claires – du blanc au rose en passant par le bleu pâle et le vert doux – et aux volets aux nuances bleues. Les pavés des rues étaient façonnés dans la roche claire qui composait les côtes de Vasilias.
Des étals de marchands de fruits et légumes, poissons, bijoux en coquillage, vêtements typiques occidentaux, d’anneaux métalliques de tout genre, d’ustensiles de tous les jours, apparaissaient petit à petit dans les rues jusqu’à s’agglomérer sur une place qui donnait sur l’océan. Il faisait jour depuis deux heures à peine, mais déjà les rues étaient bondées d’habitants venus commercer, discuter avec leurs voisins ou tout simplement se promener dans la brise matinale.

Alice et moi marchions dans une rue secondaire épargnée par l’activité commerçante. Un chat se prélassait sous une fenêtre tandis qu’une mère de famille poussait ses rejetons à aller tremper leurs pieds noircis d’aventure et de jeux dans une bassine fendue.
J’avisai au bout de la rue une friperie. Parfait. Nous trouverions là-bas des vêtements de bonne qualité à bas prix et déjà usés. En se vêtant ainsi, Alice pourrait faire croire qu’elle était sur les routes depuis un moment.

Nous arrivions à la friperie, qui faisait l’angle de la ruelle et donnait en partie sur la place, quand je fus brutalement tiré en arrière.
Je perdis mon équilibre. Plus forts que moi, mon instinct et mes années d’entraînement prirent le dessus. En me retournant, j’agrippai mon agresseur et lui fis une clef de bras. J’étais prêt à lui disloquer l’épaule quand je remarquai qu’il s’agissait d’Alice. Mortifié, je la relâchai aussitôt avant de m’éloigner de quelques pas.
— Pardon, soufflai-je. J’ai cru qu’on m’agressait.
— Je vois ça, marmonna Alice, les traits crispés, en frottant son poignet endolori. Je ne voulais pas te faire peur. Juste t’éloigner de la rue.
Je notai alors que nous nous tenions dans un cul-de-sac servant de dépôt d’ordures entre deux habitations. L’air empestait et je fus surpris qu’Alice choisît cette cachette.
— Pourquoi donc ? la questionnai-je en jetant un coup d’œil à la rue calme et tranquille. Il n’y a aucun danger.
— Je… j’ai vu un homme sur la place. Je le connais. J’ai eu peur qu’il nous voie et me reconnaisse. J’ai agi un peu brusquement, je dois l’avouer.
— Un homme ? m’étonnai-je en me retournant vers elle. Qui ça ? Une connaissance en tant que princesse ?
— C’est… c’est un Noble, chuchota-t-elle, le visage grave. Il me connaît bien. Je ne doute pas qu’il me reconnaîtra si jamais il me voit.
— Alice, soupirai-je en me frottant le crâne. Il faut qu’on t’achète des vêtements. Tu as vu la friperie, juste à côté ?
— Oui, j’ai bien compris que tu voulais qu’on s’y rende. Mais, d’abord, on attend que le Noble s’en aille.
Agacé, je haussai les épaules.
— On perd du temps. Je n’ai qu’à prendre ta taille et je vais acheter les vêtements.
— Non, je veux les choisir, rétorqua Alice, les yeux flamboyants.
— Qu’est-ce qu’on s’en fiche ? maugréai-je en levant le regard au ciel. Si tu tiens vraiment à les choisir, alors viens avec moi.
Ne l’attendant pas plus longtemps, je sortis du cul-de-sac et, d’un pas tranquille, je me dirigeai vers la friperie. Juste avant d’atteindre l’entrée, je m’arrêtai et jetai un coup d’œil vers la place. Je repérai aussitôt le Noble dont parlait Alice. Il se situait à quelques mètres seulement de moi, en train de marchander avec un vendeur de bijoux faits en coquillages.
Il était impossible à louper avec son accoutrement. Il arborait des vêtements uniques en leur genre. Une veste bleu marine au liseré argenté, un pantalon en toile assorti, une chemise d’un blanc éclatant et bouffante, des chaussures bleues au bout pointu et, surtout, un haut-de-forme aux bords larges et surmonté de deux longues plumes, une blanche et une grise. Les couleurs de Vasilias. Pourtant, je savais que cet homme ne faisait pas partie de la noblesse vasilienne.
En réalité, je le connaissais.

Ace Wessex Bastelborn. Voilà comment il se dénommait. Un nom aussi farfelu que sa personnalité et son accoutrement. Le fourreau d’une épée très fine pendait à sa hanche. Il devait faire ma taille mais, contrairement à la mienne, sa silhouette était fine et élancée. Sa chevelure était aussi blanche que l’écume des vagues et bouclait. Il la portait nattée en arrière, bien que quelques mèches restassent libres sur le contour de son visage. Je ne savais pas son âge, mais il avait l’allure de quelqu’un entre vingt et trente ans.
— Al ! entendis-je souffler derrière moi. Reviens ici.
— Je connais cet homme, répondis-je à Alice sans cesser de l’observer. Le comte Wessex Bastelborn.
— Mais, comment… commença ma jeune alliée d’une voix confuse.
— C’est le propriétaire du bateau que je devais prendre, lui expliquai-je en me tournant vers elle. J’ai acheté ma traversée auprès du capitaine du navire, mais j’ai vu cet homme au moment où il venait vérifier l’état de son bateau. Il… m’a accordé quelques mots avant de disparaître aussi vite qu’il était apparu. Ce que j’ai retenu, c’est que l’embarcation faisait partie de sa flotte.
— Quelle coïncidence, souffla Alice en sortant à peine de sa cachette. Le comte Wessex Bastelborn est le Noble le plus riche des Terres de l’Ouest après la famille royale.
— Vraiment ? m’étonnai-je.
— Oui. Son passé reste mystérieux. Il est devenu Noble il y a une dizaine d’années, après s’être présenté à mon père. (Voyant que je ne bougeais pas, Alice sortit enfin de sa cachette et vint se placer contre le mur, près de moi.) Il lui a montré qu’il maîtrisait le vent et la foudre. Alors, conformément aux coutumes occidentales, le Roi lui a accordé un titre de noblesse et une propriété. Les terres de Bastelborn, tout au nord des Terres de l’Ouest.
— D’où venait-il ? m’enquis-je en jetant un coup d’œil au Noble par-dessus mon épaule. Il a un drôle d’accent et une façon de parler que je n’ai jamais entendue ailleurs.
Songeuse, Alice le toisa quelques instants puis détourna le regard.
— Il affirme être un ancien marchand maritime des Terres au-delà des Mers. Il avait déjà deux ou trois navires avant de devenir Noble ici. Ensuite, il a développé sa flotte et, aujourd’hui, il est l’homme le plus riche et influençant des Terres de l’Ouest.
— Après la famille royale, précisai-je en lui jetant un regard amusé.
— Après pour la richesse, mais peut-être avant pour l’influence.
À ce point ? Le bougre devait avoir le soutien de nombreux Nobles.
— Al.
Paniquée, la voix d’Alice me fit relever les yeux vers elle. Mes sourcils se froncèrent devant son air effrayé et son visage livide.
J’allais l’interroger sur ce soudain changement d’humeur quand elle lança d’un ton pressé :
— Il vient vers nous !
Brusquement, je me retournai.
Ace Wessex Bastelborn s’approchait d’une démarche légère et confiante, un sourire aux lèvres.

Aussitôt, je me dressai devant Alice, défiant du regard le Noble qui approchait. De près, je remarquai sa peau laiteuse, l’étoffe de qualité de ses vêtements, l’odeur fleurie qu’il dégageait à plusieurs mètres et ses yeux d’un violet clair qui me perçaient.
— Fuyons, chuchota Alice dans mon dos.
— Inutile, lady Tharros ! lança Ace Wessex Bastelborn d’un air ravi en écartant les bras.
Je sentis Alice se raidir derrière moi. Confiant, je me tournai légèrement de biais pour montrer mes armes au Noble et je le toisai d’un regard torve.
— Nous allions partir, sire.
— Je n’en doute pas, jeunes gens, souffla l’homme avec un sourire narquois. Mais, avant, il faut que je vous parle.
Finalement, Alice s’écarta de mon dos pour se tenir à mes côtés, suspicieuse.
— Qu’est-ce que vous nous voulez, comte Bastelborn ?
— Ce que je veux ? (Il exécuta une élégante courbette devant ma camarade.) D’abord, bien le bonjour, votre altesse. Belle journée, n’est-ce pas ? il ajouta en levant les yeux vers le ciel qui s’était dégagé.
— Vos intentions ? lui rappela Alice d’un ton sec.
Une petite moue offusquée se peignit sur ses traits fins. Dans la seconde qui suivit, son visage redevint grave et je sentis les poils de ma nuque se hérisser devant le rictus de sa bouche, l’éclat sauvage de ses yeux et la tension de ses épaules.
— Je devrais vous ramener chez vous, ma demoiselle, répondit finalement Ace Wessex Bastelborn en la toisant.
— Mais vous n’allez pas le faire, susurra Alice d’une voix glaciale.
— Non ?
— Non, confirma ma camarade en relevant le menton dans une attitude de défi. Car je ne souhaite pas rentrer chez moi et vous ne voulez pas vous frotter ni à moi ni à mon compagnon.
Le Noble me jeta un coup d’œil, estima visiblement que je n’étais pas digne d’intérêt, et reporta son attention sur Alice, qui restait aussi déterminée.
— Quelle attitude bornée, soupira le comte Wessex Bastelborn d’un air théâtral. Moi qui m’inquiétais pour votre santé.
— Certainement, siffla Alice avec un rire rauque. Vous vous souciez plutôt de la prime que vont vous accorder mes parents si jamais vous me ramenez.
— C’est aussi possible, reconnut l’homme avec un sourire large. Allons, votre altesse, réfléchissez sérieusement. (Sa voix s’aggrava.) Votre petite escapade est ridicule. Pour l’instant, vous avez la chance d’avoir un chaperon, mais cela ne durera pas éternellement. N’est-ce pas, jeune homme ?
Ses yeux se posèrent sur moi et me jaugèrent. Je ne pus retenir un deuxième frisson. Par les Dieux, pourquoi cet énergumène me filait-il la chair de poule ?
Comme le Noble et Alice attendaient ma réponse, je m’éclaircis la gorge.
— Eh bien… je l’accompagnerai jusqu’à ce que j’estime qu’elle puisse se débrouiller seule.
C’était une réponse assez vague pour éviter de donner de bons ou mauvais espoirs à Alice.
— Et pourquoi cet élan de générosité envers elle ? voulut savoir l’homme en me toisant avec amusement et réelle curiosité.
— Je l’ignore, répondis-je, prenant conscience que c’était la réponse la plus exacte. Quand je l’ai vue se mettre dans un pétrin pareil, je n’ai pas pu m’empêcher de l’aider. Je ne vais pas l’abandonner maintenant.
Je jurerais qu’Alice rougit mais, comme elle se tenait à l’angle de ma vision, je n’en fus pas certain.
— Et vous avez raté votre bateau pour cette princesse capricieuse ? souffla le Noble d’une voix méprisante.
Silencieux, je le dévisageai d’un regard méfiant, mais il ne cilla pas. La tension s’installa entre nous.
— Partez, comte Bastelborn, lança Alice en faisant un pas en avant. Je vous en prie. Retournez gérer votre flotte et vos affaires.
Ma camarade ne sentit pas l’aura menaçante qui venait d’entourer le Noble. Elle ne remarqua pas sa main qui descendait jusqu’au manche de son épée ridiculement fine. Ni ne fit attention à son regard qui s’assombrissait, à ses lèvres qui formaient un pli sévère.
Moi oui. Je pus bondir, en dégainant Kan, devant Alice au moment où l’homme attaquait.


Dernière modification par louji le mer. 26 juin, 2019 6:57 pm, modifié 7 fois.
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Voilà qui confirme l'impression à la lecture du chapitre 1 : jolie écriture, très agréable à lire et à imaginer. Je viens de m'amuser à en lire un morceau à voix haute et c'est un vrai bonheur, le rythme et la musique.
Bon, tout n'est pas parfait quand même, hein !! :D Mais bravo !

Quelques bricoles qui m'ont fait grimacer :
le bout de pain qu’il restait traditionnellement on écrit "qui restait" C'est devenu à la mode de mettre des "il" partout mais pour moi ce n'est pas vraiment correct.
Et me mit en joug aussitôt. Ce sont les boeufs qu'on met en joug... :lol: avec une arme on met quelqu'un "en joue"
à la recherche que je-ne-sais-quoi à la recherche "de" je-ne-sais-quoi
dans la salle de repas de l’auberge ça fait un peu bizarre... la salle à manger ?
confrontant du regard le Noble confronter c'est mettre face à face deux choses pour les comparer. On pourrait dire "me confrontant au noble du regard" peut-être. Mais "confrontant" ne me semble pas le terme adéquat. Perso j'aurais plutôt dit " défiant du regard le Noble qui approchait".
je le dévisageai du regard ça c'est limite pléonasme. Quand tu dévisages quelqu'un, c'est forcément avec tes yeux. Mais... tu pourrais dire " je le dévisageai d'un regard noir" (ou suspicieux, ou ...) Tu vois la différence ?

Un petit truc que j'ai dû oublier de te recommander dans la correction de tes premier chapitres : avant "mais" ou "car", il faut une virgule.
Et bravo pour les cadratins, c'est nickel ! ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Voilà qui confirme l'impression à la lecture du chapitre 1 : jolie écriture, très agréable à lire et à imaginer. Je viens de m'amuser à en lire un morceau à voix haute et c'est un vrai bonheur, le rythme et la musique.
Bon, tout n'est pas parfait quand même, hein !! :D Mais bravo !

Quelques bricoles qui m'ont fait grimacer :
le bout de pain qu’il restait traditionnellement on écrit "qui restait" C'est devenu à la mode de mettre des "il" partout mais pour moi ce n'est pas vraiment correct.
Et me mit en joug aussitôt. Ce sont les boeufs qu'on met en joug... :lol: avec une arme on met quelqu'un "en joue"
à la recherche que je-ne-sais-quoi à la recherche "de" je-ne-sais-quoi
dans la salle de repas de l’auberge ça fait un peu bizarre... la salle à manger ?
confrontant du regard le Noble confronter c'est mettre face à face deux choses pour les comparer. On pourrait dire "me confrontant au noble du regard" peut-être. Mais "confrontant" ne me semble pas le terme adéquat. Perso j'aurais plutôt dit " défiant du regard le Noble qui approchait".
je le dévisageai du regard ça c'est limite pléonasme. Quand tu dévisages quelqu'un, c'est forcément avec tes yeux. Mais... tu pourrais dire " je le dévisageai d'un regard noir" (ou suspicieux, ou ...) Tu vois la différence ?

Un petit truc que j'ai dû oublier de te recommander dans la correction de tes premier chapitres : avant "mais" ou "car", il faut une virgule.
Et bravo pour les cadratins, c'est nickel ! ;)

Ohoh, merci beaucoup pour tes compliments :oops:

Super, c'est très sympa d'avoir relever les erreurs et les tournures maladroites! :) Je vais corriger ça de suite!
Pour ce qui est du "qu'il" et du "que je-ne-sais-quoi" ce sont des fautes d'inattention (j'espère) donc, normalement, il ne devrait plus en y avoir dans les prochains chapitres :lol:
Haha, la honte pour le "en joug" :lol: :oops: C'est le genre de fautes qui me fait rire quand je m'en rends compte (heureusement que tu es là :D ).
Pour le "je le dévisageai du regard", j'ai peur que cela ne m'arrive à nouveau... :oops: J'ai tendance à beaucoup faire passer les émotions par les yeux et, en conséquence, à jouer sur les verbes de vision en tout genre... J'ai peur que ça fasse redondant à force! Je vais faire attention pour la suite à ne pas refaire ce genre de maladresse ;)

Ah! Je ne savais même pas :o (la honte :oops: ) Bon, je vais corriger les "car" et "mais" alors :D
Merci, c'est vrai que ça aide à la lecture et ça fait plus propre :D ;)

Merci encore d'être passé, d'avoir commenté et relevé les fautes :D
Sahiane

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Sahiane »

Bonjour

Fantasy médiévale m'a interpellé donc je suis venue lire ça. J'ai lu les chapitres disponibles et j'ai bien aimé ma lecture.
Je n'ai pas lu le prologue (pas dérangée par la longueur), ces dernières années chaque fois que j'ai lu un prologue qui la plupart du temps sont des scènes clefs de la fin du livre en question. J'en ai tellement appris sur l'histoire que ça finissait toujours par me gâcher la découverte de celle-ci.

Du coup désolée, je suis passée directement au chapitre 1 du point de vu d'Al je ne pourrai donc pas faire de remarques sur le prologue.

chapitre 1 ton écriture est fluide, les descriptions ne sont pas trop lourdes et on se fait un portrait assez rapide d'Al et sa personnalité tout comme de ton univers. C'est très agréable de pouvoir se brosser un tableau mental aussi rapide.
L'arrivée de la princesse et la description qu'il en fait permet également d'avoir une idée du système social et pouvoir reconnaître chacun uniquement à ses vêtements et la couleur des yeux pour les compétences magiques.
J'ai juste un petit bémol, mon côté scientifique ne voit pas du tout comment il serait possible de dessaler de l'eau de mer dans du calcaire. Dans l'immédiat je ne vois qu'un filtre osmotique ou bien thermiquement.

La fuite et le début de combat qui s'ensuivent sont bien menés et très visuels, j'aurais voulu en découvrir plus sur les capacités d'Al.

Point de vu d'Alice j'ai quelques bémols. Par moment son langage me semble inégal par rapport à son statut et son éducation. Autre chose qui m'a troublé l'expression "à moitié agressée", autant du point de vu d'Al ça ne m'a pas gênée plus que ça. Par contre côté point de vu d'Alice ça m'a donné l'impression de ne pas être dans la tête d'Alice.
Je vais chercher un moyen intelligible de dire ça :D .
La raison qui l'a poussé à fuir est assez classique mais ça fonctionne toujours.

Chapitre 2 : J'ai beaucoup rigolé du fait que les ronflements de la princesse aient réveillé Al. Côté test c'était franchement sadique au saut du lit, même si je comprends le but. Personnellement il aurait quand même pris une gifle au moment d'offrir sa gorge :mrgreen: .

Ce noble Bastelborn m'intrigue pour l'instant. Je me demande ce qui va se passer entre ces trois là pour la suite.
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Sahiane a écrit :Bonjour

Fantasy médiévale m'a interpellé donc je suis venue lire ça. J'ai lu les chapitres disponibles et j'ai bien aimé ma lecture.
Je n'ai pas lu le prologue (pas dérangée par la longueur), ces dernières années chaque fois que j'ai lu un prologue qui la plupart du temps sont des scènes clefs de la fin du livre en question. J'en ai tellement appris sur l'histoire que ça finissait toujours par me gâcher la découverte de celle-ci.

Du coup désolée, je suis passée directement au chapitre 1 du point de vu d'Al je ne pourrai donc pas faire de remarques sur le prologue.

chapitre 1 ton écriture est fluide, les descriptions ne sont pas trop lourdes et on se fait un portrait assez rapide d'Al et sa personnalité tout comme de ton univers. C'est très agréable de pouvoir se brosser un tableau mental aussi rapide.
L'arrivée de la princesse et la description qu'il en fait permet également d'avoir une idée du système social et pouvoir reconnaître chacun uniquement à ses vêtements et la couleur des yeux pour les compétences magiques.
J'ai juste un petit bémol, mon côté scientifique ne voit pas du tout comment il serait possible de dessaler de l'eau de mer dans du calcaire. Dans l'immédiat je ne vois qu'un filtre osmotique ou bien thermiquement.

La fuite et le début de combat qui s'ensuivent sont bien menés et très visuels, j'aurais voulu en découvrir plus sur les capacités d'Al.

Point de vu d'Alice j'ai quelques bémols. Par moment son langage me semble inégal par rapport à son statut et son éducation. Autre chose qui m'a troublé l'expression "à moitié agressée", autant du point de vu d'Al ça ne m'a pas gênée plus que ça. Par contre côté point de vu d'Alice ça m'a donné l'impression de ne pas être dans la tête d'Alice.
Je vais chercher un moyen intelligible de dire ça :D .
La raison qui l'a poussé à fuir est assez classique mais ça fonctionne toujours.

Chapitre 2 : J'ai beaucoup rigolé du fait que les ronflements de la princesse aient réveillé Al. Côté test c'était franchement sadique au saut du lit, même si je comprends le but. Personnellement il aurait quand même pris une gifle au moment d'offrir sa gorge :mrgreen: .

Ce noble Bastelborn m'intrigue pour l'instant. Je me demande ce qui va se passer entre ces trois là pour la suite.

Bonjour ! Merci beaucoup pour ton passage, c'est très sympa et encourageant :D Ton commentaire est top, il m'aide beaucoup. Puis, c'est encore mieux quand on a l'avis d'un auteur :mrgreen:

Pour le prologue, pas de soucis! De toute manière, comme je l'ai indiqué au début, sa non-lecture n'empêche pas une bonne compréhension de l'histoire (normalement.) Disons qu'il apporte des informations politiques et historiques à l'univers :) Après, il faut que je le corrige pour l'alléger car c'est le défaut que les autres lecteurs ont relevé ;)
Mais si la longueur ne te fait pas peur et que tu le souhaites le lire, tu peux. Promis il n'y a pas de spoilers, ce n'est pas la fin du tome 1 ou je ne sais quoi... ;) Il raconte le "Grand Désastre", un événement qui a secoué Oneiris et grâce auquel on calcule les années. (Au début des chapitres, il y a une petite indication temporelle et géographique).

Pour le chapitre 1, tes remarques me font vraiment plaisir :D J'ai toujours un peu peur que les gens soient perdus dans ce que je raconte, n'arrivent pas à visualiser un décor ou un personnage... Evidemment, mes deux personnages seront approfondis... (encore un exercice périlleux, j'espère que je vais m'en sortir :D )
Ton côté scientifique ne me dérange pas du tout, au contraire! C'est vrai, je crois que j'étais un peu trop dans le délire marin lorsque j'ai imaginé l'Eau-de-mer :roll: Pourtant, je sors moi-même d'un bac S :lol: Je pense que je vais régler ça en expliquant une désalinisation thermique (transformer l'eau de mer en vapeur puis récupérer l'eau condensée, quelque chose comme ça...)

Concernant Alice, je vois ce que tu veux dire ;) C'est vrai que j'ai des facilités à me plonger dans la peau et la mentalité d'Al, qui est quelqu'un du commun, plutôt que dans celle d'Alice. Je ne veux pas en faire un personnage prétentieux car cela ne correspond pas à sa personnalité mais il faudrait qu'elle estime les événements qui l'entourent avec plus de peur ou de surprise, peut-être? Et utiliser un vocabulaire moins courant... Il faut que je voie ça! Pour l'expression "à moitié agressée", je suis d'accord avec toi, ça ne va pas très bien avec le statut d'Alice... Par contre, je n'ai pas retrouvé le passage... Cela ne te gênerait pas de me dire où tu l'as vu? :roll:
Oui, je pense que tout va être classique dans cette histoire... :lol: C'est la première fois que j'écris de la fantasy, j'ai du mal à faire original... Puis, je veux m'entraîner à créer l'univers d'une histoire de fantasy pour, peut-être, plus tard quand j'aurais des idées plus approfondies :D

Concernant le chapitre 2, je voulais inverser les clichés :lol:
Ouh, l'idée de la gifle est tentante! :mrgreen: Peut-être plus tard... :D

En tout cas, merci beaucoup pour ton commentaire, c'est vraiment sympa ! :D
Voudrais-tu que je te prévienne pour la sortie des prochains chapitres ? ;)
Sahiane

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Sahiane »

Concernant Alice, je vois ce que tu veux dire ;) C'est vrai que j'ai des facilités à me plonger dans la peau et la mentalité d'Al, qui est quelqu'un du commun, plutôt que dans celle d'Alice. Je ne veux pas en faire un personnage prétentieux car cela ne correspond pas à sa personnalité mais il faudrait qu'elle estime les événements qui l'entourent avec plus de peur ou de surprise, peut-être? Et utiliser un vocabulaire moins courant... Il faut que je voie ça! Pour l'expression "à moitié agressée", je suis d'accord avec toi, ça ne va pas très bien avec le statut d'Alice... Par contre, je n'ai pas retrouvé le passage... Cela ne te gênerait pas de me dire où tu l'as vu? :roll:
Peur et surprise pas forcément, ça peut être une partie intégrante de sa personnalité.

Mais oui du vocabulaire qui collerait mieux à son éducation corroborerait les mots de AL sur le fait qu'elle n'est pas plus discrète qu'un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaine. Pour moi un vocabulaire en adéquation avec son statut ne ferait pas d'elle quelqu'un de prétentieux, si elle se ventait en permanence ça en ferait quelqu'un de prétentieux.

Voilà pour le passage c'est ici.
louji a écrit :
Son attitude commençait à me taper sur les nerfs. Déjà, alors que je venais de lui sauver la vie, tout ce qu’il trouvait à faire, c’était m’agresser à moitié. Ensuite, il m’entraînait dans le cœur du quartier sans me demander mon avis, puis il me laissait imaginer mon sort tragique si je refusais d’aller plus loin avec lui.
Ton côté scientifique ne me dérange pas du tout, au contraire! C'est vrai, je crois que j'étais un peu trop dans le délire marin lorsque j'ai imaginé l'Eau-de-mer :roll: Pourtant, je sors moi-même d'un bac S :lol: Je pense que je vais régler ça en expliquant une désalinisation thermique (transformer l'eau de mer en vapeur puis récupérer l'eau condensée, quelque chose comme ça...)
ça permettrait même d'en faire une partie intégrante du processus de distillation et du coup de rejoindre le côté alcool. En soit un alcool à base d'eau de mer dessalé et de fleur ça peut le faire.
En tout cas, merci beaucoup pour ton commentaire, c'est vraiment sympa ! :D
Voudrais-tu que je te prévienne pour la sortie des prochains chapitres ?
Non ce n'est pas utile je me suis abonnée au sujet donc j'aurais les notifications. Bonne continuation en tout cas. :)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Sahiane a écrit :
Peur et surprise pas forcément, ça peut être une partie intégrante de sa personnalité.

Mais oui du vocabulaire qui collerait mieux à son éducation corroborerait les mots de AL sur le fait qu'elle n'est pas plus discrète qu'un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaine. Pour moi un vocabulaire en adéquation avec son statut ne ferait pas d'elle quelqu'un de prétentieux, si elle se ventait en permanence ça en ferait quelqu'un de prétentieux.
Je vois ce que tu veux dire, je vais me pencher de nouveau sur les chapitres d'Alice pour adapter son vocabulaire :)

Super, merci pour le passage.

Très bien, j'espère que les prochains chapitres te plairont ;)
vampiredelivres

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

Hello !
Après trente ans, me voilà enfin !
Ce nouveau chapitre est très bien. Peu d'action, à part le petit test d'Al – très sympathique et très drôle, au passage – mais une bonne cohérence dans le récit, de belles descriptions... Rien à dire de mon côté, puisque toutes les remarques ont déjà été faites avant.
Aussi, je m'interroge beaucoup sur ce nouveau Noble qui débarque comme ça, et sur cette amorce de combat que tu nous as présentés... Mais j'imagine que j'aurai mes réponses dans les prochains chapitres, non ? :mrgreen:
Bref, félicitations encore une fois !
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Hello !
Après trente ans, me voilà enfin !
Ce nouveau chapitre est très bien. Peu d'action, à part le petit test d'Al – très sympathique et très drôle, au passage – mais une bonne cohérence dans le récit, de belles descriptions... Rien à dire de mon côté, puisque toutes les remarques ont déjà été faites avant.
Aussi, je m'interroge beaucoup sur ce nouveau Noble qui débarque comme ça, et sur cette amorce de combat que tu nous as présentés... Mais j'imagine que j'aurai mes réponses dans les prochains chapitres, non ? :mrgreen:
Bref, félicitations encore une fois !
Super, contente de te revoir! :D
Pas de soucis, prends tout ton temps ^-^ On est en période de bac, brevet, partiels et autres-choses-horribles donc je comprends parfaitement qu'on ait autre chose à faire ;)

Ton commentaire me fait bien plaisir :D Je dois reconnaître que je me suis bien amusée à écrire le petit test qu'Al fait subir à Alice (c'est sadique :lol: ).
Oui, j'espère que le Noble balance un peu de mystère, car je voulais l'introduire avec cette intention. Pour tes questionnements, je pense qu'ils auront une réponse au fur et à mesure des chapitres :D

Merci encore beaucoup pour ton passage et ton commentaire ;)
Et un grand, grand, courage pour tes révisions (et bacs blancs s'ils tombent en ce moment)!
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir!
Merci à ceux qui lisent et merci beaucoup à ceux qui commentent :D



Chapitre 2
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2è mois du printemps, Vasilias, Terres de l’Ouest.



Un cri franchit mes lèvres lorsqu’Al me repoussa en arrière d’une main en dégainant de l’autre. Les lames s’entrechoquèrent dans un crissement sonore et désagréable.
— Fuis, Alice ! cria mon allié en parant un nouveau coup puissant d’Ace Wessex Bastelborn.
Je fus étonnée de la force dont il faisait preuve malgré sa carrure svelte et de la puissance de son arme épaisse comme un doigt.
— Pas sans toi ! répliquai-je en me collant au mur pour éviter Al qui reculait sous les assauts répétés de notre ennemi.
Les déplacements de ce dernier me faisaient penser à des pas de danse. Ses pieds frôlaient le sol pour s’élancer dans une nouvelle direction la seconde suivante. Ses cheveux flottaient derrière lui comme des filets de brume épaisse et ses vêtements souples lui donnaient clairement l’avantage sur Al, qui semblait se démener maladroitement dans ses habits épais.
— Par les Dieux ! lança Al alors que la lame du comte lui entaillait l’avant-bras. Qu’est-ce que tu attends, Alice ?
La peur grandit en moi, faisant trembler mes genoux et bloquant ma respiration. Qu’allai-je devenir ? Le comte Bastelborn m’emmènerait-il au Château du Crépuscule ? Et Al ?
— Vous vous battez bien, jeune homme !
La déclaration d’Ace me tira de mes pensées. Il se battait toujours plus ardemment contre mon allié, qui parait ses coups en grimaçant. Je fis alors plus attention au jeune homme et remarquai qu’il se déplaçait avec une vivacité et une intelligence qui me donnaient une impression familière. Ses bras bougeaient sans cesse, son sabre virevoltait pour protéger sa défense et son regard n’était pas bloqué sur les mouvements de son adversaire. Al analysait son environnement.
Il parvint à prendre l’avantage en réalisant quelques pas de courses dont l’élan lui permit de prendre appui contre un mur pour abattre avec violence son arme sur la lame du comte. Celui-ci tituba tandis que l’écho des armes se répercutait entre les maisons.
Sans lui lasser de répit, mon compagnon repartit à l’attaque. Il tenta de percer la garde de l’ennemi en attaquant à grande vitesse plusieurs parties du corps d’Ace Wessex Bastelborn. Ce dernier fut touché à l’épaule et au genou, mais sans gravité.
Finalement, après qu’Achalmy eût forcé le comte à reculer sur plusieurs mètres, ils se retrouvèrent l’un face à l’autre, haletants, sur la place.

Je les suivais d’un peu plus près, restant néanmoins à une certaine distance.
— Je suis impressionné, souffla le comte avec un sourire carnassier. Vous avez un grand potentiel, jeune homme.
— C’est ça, maugréa Al, son sabre tendu vers l’avant, ses genoux légèrement fléchis. Vous allez nous laisser repartir tranquillement, maintenant ?
— Oh, fit le comte en haussant ses sourcils pâles, je ne crois pas.
D’un regard, je fis le tour de la place et remarquai les badauds se rassembler petit à petit autour des deux combattants. Ce n’était pas bon ; il ne fallait surtout pas qu’Al fût encerclé.
Celui-ci bondit alors. Même le comte fut pris au dépourvu par sa rapidité. Il eut néanmoins le temps de mettre sa lame fine contre sa poitrine afin que le sabre de mon allié ne le transperçât pas. Emporté par son poids, le Noble tomba en arrière et Al maintint sans pitié la pression de son arme contre celle de son adversaire.
— Quel regard ! souffla le comte d’un air tranquille alors que son épée se rapprochait dangereusement de son torse. Je ne suis sûrement pas le premier que tu vas abattre froidement, n’est-ce pas, jeune chasseur ?
— Taisez-vous ! tonna mon allié d’une voix glaciale qui me fit frémir.
Ce fut alors qu’une bourrasque iodée s’abattit sur la place, arrachant des cris de panique à la foule et des exclamations aux vendeurs dont les marchandises s’envolaient. Les cheveux de mon allié étaient ébouriffés par le vent, ses vêtements claquaient, mais il ne se laissait pas impressionner par l’attaque d’Ace Wessex Bastelborn. Je ne voyais pas qui d’autre que lui aurait pu appeler la bourrasque.
Des nuages sombres s’amassèrent au-dessus de nous et ma gorge se serra d’appréhension. Je me décollai du mur contre lequel je me tenais et fis quelques pas laborieux vers la place, poussée sur le côté par le vent violent.
— Al ! criai-je pour attirer son attention.
En vain, le souffle puissant de l’air emporta mes mots au loin. Agacée, je levai les mains et tentai de prendre le contrôle des bourrasques. Mon cœur se recroquevilla dans ma poitrine quand je sentis l’énorme puissance qui contrôlait les vents. C’était plus fort que tout ce que j’avais eu affaire jusque-là. Plus vigoureux que les tempêtes déchaînées de l’océan occidental, plus puissant que les bourrasques de colère de mon père quand nous nous disputions, plus cinglant que n’importe quel vent connu. Et c’était Ace Wessex Bastelborn qui incarnait cette puissance phénoménale. Ce n’était pas possible. Aucun Élémentaliste n’avait cette capacité écrasante.
Abattue par cette force colossale, je laissai tomber mes mains. C’était inutile ; je ne pouvais pas reprendre le contrôle des éléments. Je ne pouvais pas aider Al.

L’air crépita et je compris ce qui allait se passer. Cette fois, je me mis à courir et hurlai à plein poumons :
— AL !
Heureusement, mon compagnon m’entendit et se tourna vers moi, son visage crispé par le combat.
— Le ciel ! m’exclamai-je en pointant du doigt les nuages d’un gris sombre qui tournoyaient les uns autour des autres comme des poissons dans l’eau.
Je le vis se raidir davantage quand il remarqua les éclairs qui naissaient du frottement des nuages. Il baissa alors la tête vers le comte et son expression se teinta d’une détermination glacée. Je vis ses lèvres remuer, mais je ne pus entendre ses paroles.
Sous mes yeux écarquillés, le bout de son sabre, en contact avec la lame fine du Noble, se déconsolida. Le gris métallique de l’arme se changea en un liquide transparent qui gagnait la lame de seconde en seconde. De l’eau. Par les Dieux, c’est une arme élémentaire.
Le visage du comte devint livide quand le sabre d’Al se mit à traverser sa propre épée tandis que le métal se changeait en eau. La lame gardait sa forme, mais était constituée de liquide.
Finalement, la pointe se retrouva contre la gorge du Noble.
— Attention ! criai-je à Al alors que je sentais la foudre prête à s’abattre.
Mon avertissement lui sauva la vie : il bondit sur le côté, en exécutant un roulé-boulé pour s’éloigner un peu plus, au moment où un éclair tombait sur le comte. Ace Wessex Bastelborn, immunisé comme tous les Élémentalistes de la foudre, se redressa tranquillement, ses vêtements néanmoins en lambeaux.
Al se releva lui aussi, son sabre toujours en état liquide. Je me demandais comment il avait pu obtenir une telle lame. Les armes élémentaires étaient rares, souvent uniques en leur genre, et coûtaient très cher.
Je devrais en discuter avec lui. Je tenais à savoir avec qui je voyageais. Si ce jeune homme était le simple Chasseur qu’il prétendait être.

Je fus sortie de mes pensées par une petite exclamation du Noble. Ses yeux d’un violet clair étaient fixés sur son adversaire. J’eus moi aussi un léger mouvement de recul face au courant aqueux qui se déplaçait dans l’air. Le sabre de mon allié s’était défait d’une partie de son eau.
Le Noble para la lame d’eau qui fusait vers lui d’une violente bourrasque. Je suivis du regard le liquide transparent qui se reformait pour se diriger à haute vitesse vers le comte Bastelborn. Une simple arme élémentaire ne pouvait avoir autant d’autonomie… quelqu’un contrôlait le liquide.
Tu es aussi un Élémentaliste, songeai-je en dévisageant mon compagnon qui avançait d’un pas confiant vers le Noble.
Ce dernier exécuta un geste rapide et un éclair s’abattit tout près d’Al.
— Nous devons partir ! criai-je à son attention.
Il me regarda un instant. Mon cœur bondit dans ma poitrine. J’étais loin, mais j’étais presque sûre que ses yeux avaient changé de couleur pour devenir d’un gris très pâle, presque transparent. Comme de l’eau.
Il y eut une nouvelle rafale quand notre ennemi dissipa le courant d’eau qui l’attaquait. J’entendis Al jurer puis, après une hésitation, il se mit à courir dans ma direction.
— Nous partons Alice ! me cria-t-il tandis que le courant liquide revenait vers lui.
Son sabre récupéra l’eau qu’il avait laissé s’échapper et retrouva son métal d’origine.
— Où croyez-vous aller ? tonna le comte derrière nous alors que Al venait de me rejoindre.
Alors que le Noble allait lancer les éléments contre nous, je lui envoyai à la figure une bourrasque gelée qui venait des quartiers bas de Vasilias. J’ajoutai quelques éclairs avec lesquels il devrait se démener puis je rejoignis mon allié qui m’attendait à l’embouchure de la rue par laquelle nous étions arrivés.
— Pauvres fous ! lança la voix du comte derrière nous.
C’est toi le fou.
Avant que nous disparitions de son champ de vision, je jetai un coup d’œil au Noble par-dessus mon épaule et frissonnai. D’un regard perçant et cruel, il nous regardait partir. Ce que je gardai pourtant à l’esprit, alors que je suivais Al dans les rues de la capitale, fut le sourire de loup du comte.
Cet homme n’était pas humain. J’en étais presque sûre.

Je ne repris vraiment mes esprits que lorsque nous franchîmes les portes de la ville. Quand je m’en rendis compte, je plantai les talons dans le sol, obligeant Al – qui me tenait par la main depuis un petit moment – à s’arrêter.
— Qu’est-ce qu’il y a ? me demanda mon compagnon en me dévisageant.
Avec un certain soulagement, je notai que ses yeux avaient repris leur couleur gris-bleu.
— Pourquoi quittons-nous la ville ? demandai-je en me tournant vers les lourdes portes en bois qui restaient ouvertes la plupart du temps.
— Pourquoi y resterions-nous ? rétorqua Al avec un soupir. Le comte Wessex Bastelborn nous poursuit.
— Je sais… lâchai-je d’une petite voix avant de prolonger mon regard vers le quartier riche de Vasilias, près de l’océan, dont les maisons reflétaient le soleil matinal. Je ne comprends pas pourquoi il s’est acharné sur nous. J’aurais au moins aimé pouvoir acheter des vêtements et des vivres.
— Sûrement pour la prime que tes parents lui auraient offerte. Et moi aussi, j’aurais aimé trouver des vivres, reconnut mon allié avec un regard las vers la ville. Mais nous sommes en fuite à présent et nous n’en avons plus le temps. (Il reprit avec douceur mon poignet pour me forcer à avancer.) Allons-nous en avant qu’il ne nous rattrape.
Pensive, je parcourus quelques mètres en le suivant docilement avant de dégager mon bras.
— Je peux marcher seule.
Sans même me regarder, Al haussa les épaules puis s’éloigna de moi de quelques mètres.
— Je ne crois pas que le comte Bastelborn viendra lui-même nous chercher.
— Non ?
— Il va envoyer des hommes nous récupérer, marmonnai-je entre mes dents. Le combat qu’il a engagé contre toi est exceptionnel. Depuis qu’il est devenu Noble, il évite de se salir les mains le plus possible.
Un flot de colère montait en moi : j’avais été idiote. Si le Noble me rattrapait, et vu sa puissance, je doutais de pouvoir le contrer. Pourtant, il était hors-de-question que je rentrasse au Château maintenant.

Nous marchions près d’une route souvent fréquentée quand Al me fit signe de me cacher derrière un arbre. Après m’être exécutée, il me montra du doigt une troupe de soldats qui trottinaient sur la route. Ils portaient les couleurs de Vasilias, mais l’écusson qu’ils arboraient à l’épaule était celui du comte Bastelborn. J’avais donc raison : il nous envoyait ses hommes.
— Nous devons nous éloigner le plus vite possible, souffla Al à mon oreille après que la troupe de soldats fût passée.
Comme je ne l’avais pas entendu arriver, je sursautai puis me renfrognai.
— Comment fais-tu pour être aussi discret ?
— C’est un secret, déclara-t-il d’un air très sérieux en reprenant sa marche.
— Imbécile, marmonnai-je pour moi-même en le suivant.
Nous marchâmes d’un pas rapide pendant près d’une heure.
Alors que les muscles de mes cuisses commençaient sérieusement à me faire mal et que je nous pensais enfin en sécurité, des bruits de course et des voix me parvinrent. Al me bondit dessus pour me faire plonger à terre. Je me tournais pour voir ce qui se passait. Quelque chose siffla au-dessus de nos têtes, et je relevai des yeux médusés vers une flèche plantée dans le tronc d’un arbre proche. La hampe vibrait encore.
— Viens vite ! s’exclama mon allié en me soulevant comme si je ne pesais rien.
Ses doigts fermement agrippés à mon poignet, je le suivis en courant. D’autres flèches nous frôlèrent, se plantant dans les arbres ou tombant au sol. Les voix de nos poursuivants se faisaient de plus en plus proches et mon estomac se tordait d’appréhension. Pourquoi s’en prenaient-ils aussi à moi ? Le comte Wessex Bastelborn ne leur avait-il pas dit qui j’étais ?
Soudain, une main gelée m’agrippa les tripes : pire, et si mes parents se moquaient à présent de mon sort ? Et si ma fugue les avait définitivement convaincus de m’écarter du trône ?

Perdue, je laissai Al me mener à travers les bois parsemés de la périphérie de Vasilias. Nous courûmes entre les arbres, traversant des plaines d’une cinquantaine de mètres durant lesquels nous étions exposés – une flèche frôla Al si près que je le vis grimacer – ou escaladant des montées boueuses et rocailleuses.
Nous courions toujours. Nos poursuivants n’avaient pas encore abandonné. Les quelques fois où je les avais aperçus, je n’avais identifié que des hommes du comte Wessex Bastelborn.
— Ils ne nous lâchent pas d’une semelle, marmonna Al alors que nous approchions d’une étendue d’eau que j’identifiai comme étant une mare d’une vingtaine de mètres de diamètre.
— J’en peux plus, révélai-je à mon allié alors qu’il fonçait droit vers l’eau. Qu’est-ce que tu fais ?
— Ça ne se voit pas ? lâcha-t-il d’un ton cassant en s’avançant dans la mare. Nous n’avons pas le temps de faire le tour, Alice. Dépêche-toi.
Agacée, je marmonnai à voix basse avant de le suivre. Au contact de l’eau froide et croupie contre mes mollets, je poussai un petit glapissement.
— Toi et tes habitudes royales, grommela mon compagnon en passant un bras sous mes épaules pour me soulever un peu et m’épargner le trajet dans la mare.
— Toi et tes manières de Chasseur, répliquai-je d’un ton las.
Nous atteignions l’autre bout de la mare quand une flèche se ficha dans le sol à quelques centimètres de nos pieds. Al se tourna vivement en me lâchant – ce qui faillit me faire perdre l’équilibre.
— Ils sont là, annonça simplement mon allié d’un ton grave.
Son visage n’était qu’un masque de glace au regard aussi intense qu’une tempête. La ligne de sa mâchoire volontaire était soulignée par sa colère.
— Ils sont trop nombreux, soufflai-je d’un air défaitiste en voyant une dizaine d’hommes rejoindre la demi-douzaine qui se tenait déjà au bord de la mare.
Silencieux, Al jaugea nos adversaires puis balaya l’environnement du regard. Alors qu’il s’avançait dans la mare, il leva la main au-dessus de sa tête pour saisir le manche du long sabre qu’il portait en diagonale dans le dos. Celui-ci devait faire un mètre.
— Tu ne vas quand même pas les affronter… ! susurrai-je, inquiète et stupéfaite. Ils sont trop nombreux, Al. Même si tu sembles fort.
— Tais-toi et observe, rétorqua sèchement mon allié.
Vexée, je fis la moue. Il faudrait peut-être que je rappelasse à ce rustre du Nord que je faisais partie de la famille royale. Et que même sans rang de noblesse, je méritais la politesse et le respect. En attendant, je restai en retrait de la mare, en partie abritée derrière un gros rocher.
D’un pas assuré, Al avança dans l’eau boueuse en dégainant lentement son arme. Je restai ébahie devant la lame : le sabre était magnifique. Son manche était fait d’un tissu tressé étroitement de couleur bleu pâle et blanche. La garde était une espèce de cercle dont je ne percerais pas les motifs à cette distance. Quant au métal en lui-même, il scintillait comme la neige au soleil et luisait d’une lueur bleutée.
— Rends-toi bien gentiment ! lança un homme armé d’un arc de l’autre côté de la mare.
Mon compagnon ne prit pas la peine de répondre et pointa négligemment son arme vers nos ennemis.
— Je vous propose de fuir avant que vous le regrettiez.
Quelques hommes échangèrent des regards étonnés puis éclatèrent de rire.
— Tu es amusant, petit.
— Amusant ? maugréa Al d’une voix glaciale.
Ce qu’il réalisa alors m’étonna : il fit un cercle avec son sabre puis le planta dans le sol sablonneux de la mare. Les yeux rivés à l’eau, je l’entendis murmurer quelque chose.
La suite me laissa muette d’étonnement. L’eau qui entourait le sabre commença à geler. Le liquide se solidifiait et congelait. Comme une avalanche dévale une pente, la glace gagna du terrain et gela l’eau à une vitesse étonnante jusqu’à la rive où se trouvaient les soldats. Ceux-ci, ébahis par la démonstration d’Al, réagirent trop tard et finirent les chevilles coincées dans la glace. L’un d’eux, qui avait compris à temps, sauta sur la plaque gelée avant qu’elle ne l’atteignît et arma son arc en visant mon compagnon.
Dans un réflexe stupide, je bondis hors de mon abri et criai :
— Al !
Mais celui-ci avait vu venir la flèche. Sa main droite étant occupée à tenir le sabre, il leva légèrement la gauche et le projectile fut détourné par un jet d’eau à haute pression. Ma gorge se serra : il n’y avait plus de doutes, Al était un Élémentaliste. Et il possédait non pas une, mais deux armes élémentaires. Une d’eau et une de glace. À ma connaissance, seuls un ou deux Élémentalistes pouvaient se vanter de posséder deux pareilles armes.
D’où est-ce que ce Chasseur à l’aura sombre, au visage de glace et aux capacités étonnantes sortait ?

Mes interrogations furent repoussées à plus tard : Al, après avoir gelé la mare, quitta l’étendue d’eau d’un pas confiant et me rejoignit.
— Nous partons, annonça-t-il simplement en reprenant sa route, son sabre de nouveau rangé dans le fourreau en travers de son dos.
— Mais… mais, les hommes, ils… bredouillai-je en jetant des coups d’œil inquiets par-dessus mon épaule.
— Ils sont soit coincés dans une mare congelée, soit évanouis, répondit-il avec un soupçon de sourire sur les lèvres.
— Tu es sûr qu’ils ne vont pas nous poursuivre ?
— Tu ne me fais pas confiance ? tonna avec sévérité mon compagnon en se tournant vers moi.
Je retins un hoquet de surprise devant le bleu très pâle de ses yeux. Dans la seconde qui suivit, je repris contenance et déclarai d’une voix ferme :
— Je te connais à peine et, plus je passe de temps avec toi, plus j’ai l’impression que tu me caches des choses. Donc, non, je ne te fais pas vraiment confiance.
— On a tous nos secrets, n’est-ce pas, princesse ? rétorqua mon allié en reprenant la marche.
Sa réplique me fit taire et augmenta le malaise entre nous. Il ne souhaitait pas s’étendre sur le sujet de son identité et il m’en voulait de ne pas lui expliquer clairement la raison de ma fuite.
— Il n’empêche, grommelai-je alors que nous nous enfoncions dans un bois un peu plus dense, que tu affirmes être un simple Chasseur du Nord alors que tu es un Élémentaliste visiblement expérimenté. Sans parler du fait que tu possèdes deux armes élémentaires.
— Je reste néanmoins qu’un simple Chasseur à côté de la princesse de l’Ouest.
— Tu m’agaces, soufflai-je avec lassitude avant de m’éloigner un peu de lui.
Le lourd silence qui accompagnait nos pas n’était entrecoupé que des cris des oiseaux, du bruissement des feuilles et des brindilles et du frottement de nos sacs contre nos vêtements.
Quand le malaise atteignit son paroxysme, je m’arrêtai en lançai :
— Tu pourrais au moins me dire ton prénom en entier.
Al finit sa marche de quelques pas lents puis se tourna. Son regard se promena sur le chemin que nous venions d’emprunter avant de finalement venir se poser sur moi. Ses yeux avaient repris leur couleur d’origine. C’était une marque des Élémentalistes nordistes : leurs iris changeaient de teinte en fonction de la forme de l’eau à laquelle ils faisaient appel.
— Je m’appelle Achalmy. (Il frotta légèrement sa chevelure brune.) Mais je préfère qu’on m’appelle Al.
— D’accord, Al. (Comme il continuait à me regarder, je haussai les épaules.) Tu sais, c’est un joli prénom Achalmy.
Il resta muet face à ma déclaration puis fit quelques pas dans ma direction pour sonder les environs.
— Je vais faire en sorte de retarder un peu leur progression, annonça-t-il en levant légèrement les mains, les paumes grandes ouvertes.
Le ciel s’était clairsemé durant notre fuite, rendant la luminosité faible, mais celle-ci diminua encore quand l’air s’épaissit et se troubla. Il me fallut un moment pour comprendre que la brume des sous-bois se rejoignait pour former un brouillard plus dense.
— D’où est-ce que tu tires toute cette brume ? murmurai-je, intriguée.
— Du gaz contenu dans l’air. Je le transforme en liquide, expliqua d’une voix calme Achalmy en baissant les bras. Un simple changement d’état.
— Alors tu maîtrises les trois éléments du Nord, soufflai-je, surprise. J’ai entendu dire que c’était rare.
Un haussement d’épaules et il se retourna pour continuer de marcher.
— Les gens pensent que les Élémentalistes du Nord maîtrisent trois éléments, mais c’est faux. Nous n’en avons qu’un seul : l’eau. La subtilité est de savoir comment alterner ses différents états : liquide, solide et gazeux. Si tu veux croire que je maîtrise trois éléments, libre à toi.
— Oui, vu sous cet angle… Néanmoins, certains Chasseurs passent leur vie à essayer de contrôler les trois sans jamais y parvenir. De la même manière que des Nobles de l’Ouest sont incapables de contrôler la foudre ou d’autres le vent tandis que certains font appel aux deux sans problème. Tu comprends ?
— Oui. Et la vie n’a jamais été juste. Je ne vois pas pourquoi ça aurait été le cas pour les Élémentalistes. La plupart des humains ne sont pas Élémentalistes. Pourquoi cette différence ?
— Il n’y a pas eu d’études là-dessus, reconnus-je en prenant conscience de cette réalité. J’aimerais beaucoup me renseigner dessus.
— Alors, tu sais ce qu’il te reste à faire. (Je lui lançai un regard étonné et il poursuivit : ) Rentrer chez toi, demander pardon à tes parents, mener ta petite vie de Noble, et faire ces fameuses études.
Vexée, je fis la moue.
— Non, je ne rentrerai pas tout de suite.
— Qu’est-ce que tu attends, alors ? Un signe des Dieux ?
Il lâcha un rire moqueur puis secoua la tête en marmonnant à voix basse.
— J’attends, c’est tout, répliquai-je fermement.

Dernière modification par louji le mer. 26 juin, 2019 7:07 pm, modifié 9 fois.
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Bon, ben voilà ! maintenant on a une idée des capacités du monsieur. Mais aussi de certains de ses ennemis ! ça ne va pas être de tout repos !
Toujours curieux de voir où tu nous emmènes ! ;)


Relis-toi bien à voix haute... il y a quelques tournures... moyennes :lol:
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Bon, ben voilà ! maintenant on a une idée des capacités du monsieur. Mais aussi de certains de ses ennemis ! ça ne va pas être de tout repos !
Toujours curieux de voir où tu nous emmènes ! ;)


Relis-toi bien à voix haute... il y a quelques tournures... moyennes :lol:
Oh, merci beaucoup pour ton passage et ton commentaire, Daniel :D J'apprécie vraiment ton intérêt, il m'encourage et me fait bien plaisir.

D'acc, je vais faire une relecture :lol: Merci ! ;)
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par Sahiane »

Bonsoir

Eh bien on découvre enfin une partie des talents d'Al, j'aime bien l'idée qu'il utilise l'eau et qu'il soit capable de faire varier son état. Petit truc pour former du brouillard on condense l'humidité de l'air pour en faire des micro gouttelettes en suspension. Donc on passe du gaz à du liquide pas l'inverse.

Alice m'a étonné dans ce chapitre, elle est vraiment au second plan alors que c'est son point de vue, c'est un peu dommage. Elle abandonne de suite contre les éléments déclenchés par le compte. C'est tout juste si elle leur permet de s'échapper aprés le duel entre Al et Ace. Alors que dès sa première apparition elle était fière, sans peur et sûre de ses capacités.
Elle a quand même grillé ce chef de bande, elle aurait aussi bien pu lancer un éclair sur la mare. Enfin c'est mon côté féministe qui parle :mrgreen: girl power.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens que Ace est l'ancien dieu Aion. ça ne m'étonnerait pas qu'il ait dans l'idée de faire payer les descendants de la famille royale, ça expliquerait son côté excentrique et son désir de dépasser la famille royale.

Je rejoins Daniel sur le fait qu'il y a une ou deux tournures à revoir et sans doute quelques virgules manquantes.

Bon courage pour la suite :)
Dernière modification par Sahiane le sam. 03 juin, 2017 11:38 am, modifié 1 fois.
vampiredelivres

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par vampiredelivres »

Hellow !
Alors, oui, pour une fois, je suis à l'heure ! Et je dois avouer, j'adore ce chapitre. Enfin, j'adore Al, ce n'est pas tout à fait la même chose. :mrgreen:
Plus sérieusement, c'est quand même un bon chapitre, malgré quelques petites tournures un peu décalées. Mais comme la remarque a déjà été faite plusieurs fois, je ne m'y attarderai pas. Alice est un peu au second plan, c'est dommage, mais ça permet réellement à Al de faire ses preuves, pour une fois. Enfin, pas qu'il ne les ait pas déjà faites dans le premier chapitre, mais... Bref. Il a la classe, et il est mystérieux, c'est tout ce qui importe.
Je retiendrai un seul petit truc au niveau de la mise en forme (et ce uniquement parce que c'est Booknode) :
louji a écrit :(Je lui lançai un regard étonné et il poursuivit :) Survivre.
:arrow: :lol: :lol: :lol:
Au début, je me suis sérieusement posée la question "Pourquoi elle met un smiley, ici, elle ?". Et puis j'ai compris que c'était juste une gaffe de mise en forme... !
Voilààà, bonne continuation ^^
vamp'
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Sahiane a écrit :Bonsoir

Eh bien on découvre enfin une partie des talents d'Al, j'aime bien l'idée qu'il utilise l'eau et qu'il soit capable de faire varier son état. Petit truc pour former du brouillard on condense l'humidité de l'air pour en faire des micro gouttelettes en suspension. Donc on passe du gaz à du liquide pas l'inverse.

Alice m'a étonné dans ce chapitre, elle est vraiment au second plan alors que c'est son point de vue, c'est un peu dommage. Elle abandonne de suite contre les éléments déclenchés par le compte. C'est tout juste si elle leur permet de s'échapper aprés le duel entre Al et Ace. Alors que dès sa première apparition elle était fière, sans peur et sûre de ses capacités.
Elle a quand même grillé ce chez de bande, elle aurait aussi bien pu lancer un éclair sur la mare. Enfin c'est mon côté féministe qui parle :mrgreen: girl power.

Je ne sais pas pourquoi mais je sens que Ace est l'ancien dieu Aion. ça ne m'étonnerait pas qu'il ait dans l'idée de faire payer les descendants de la famille royale, ça expliquerait son côté excentrique et son désir de dépasser la famille royale.

Je rejoins Daniel sur le fait qu'il y a une ou deux tournures à revoir et sans doute quelques virgules manquantes.

Bon courage pour la suite :)
Bonjour, merci pour ton commentaire, c'est top ! :D

Merci beaucoup pour les conseils scientifiques, j'avais des doutes :)
Oui, c'est vrai qu'Alice se fait un peu bousculer par les événements sans vraiment en prendre le dessus dans ce chapitre... Mais elle se rattrapera :mrgreen: Et ne t'inquiète pas, elle piquera de nouveau la vedette à Al au cours des chapitres ;)

Oui, je vais faire une relecture dans la journée, j'espère que je saurais trouver de meilleures tournures!

Merci encore !

vampiredelivres a écrit :Hellow !
Alors, oui, pour une fois, je suis à l'heure ! Et je dois avouer, j'adore ce chapitre. Enfin, j'adore Al, ce n'est pas tout à fait la même chose. :mrgreen:
Plus sérieusement, c'est quand même un bon chapitre, malgré quelques petites tournures un peu décalées. Mais comme la remarque a déjà été faite plusieurs fois, je ne m'y attarderai pas. Alice est un peu au second plan, c'est dommage, mais ça permet réellement à Al de faire ses preuves, pour une fois. Enfin, pas qu'il ne les ait pas déjà faites dans le premier chapitre, mais... Bref. Il a la classe, et il est mystérieux, c'est tout ce qui importe.
Je retiendrai un seul petit truc au niveau de la mise en forme (et ce uniquement parce que c'est Booknode) :
louji a écrit :
(Je lui lançai un regard étonné et il poursuivit :) Survivre.

:arrow: :lol: :lol: :lol:
Au début, je me suis sérieusement posée la question "Pourquoi elle met un smiley, ici, elle ?". Et puis j'ai compris que c'était juste une gaffe de mise en forme... !
Voilààà, bonne continuation ^^
vamp'
Super, je suis contente de te revoir aussi tôt! :D Après, ne te sens pas obligée de lire dans les jours qui suivent, hein! Je sais que tu es pas mal occupée en ce moment.

Contente que tu apprécies Al =D Puis Alice aura son tour de gloire x)

Oh m**de, heureusement que tu me le fais remarquer pour le smiley :lol: Je vais aller modifier ça.
Merciii, puis encore grand courage pour tes révisions. C'est bientôt terminé! ;)
louji

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

Bonjour à tous, voilà la suite :D
Un chapitre plus court et un peu plus de calme, en espérant que cela ne vous dérange pas :lol:




Chapitre 3
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, à quelques lieues au nord de Vasilias, Terres de l’Ouest.



L’aube ne s’était pas encore levée lorsqu’Alice me réveilla. Cette fois-ci, ce ne furent pas des ronflements, mais des sanglots étouffés.
Après le combat contre la troupe du comte Bastelborn, nous avions pris le nord et marché jusqu’en fin de journée. Nous étions arrivés à un campement saisonnier de chasseurs. C’était une pratique courante dans les Terres de l’Ouest : une troupe de chasseurs, souvent un clan constitué de familles plus ou moins liées au fil des générations, s’installait dans un lieu stratégique et chassait abondamment durant le printemps et l’été pour constituer une bonne réserve de vivres, vêtements et argent pour se préparer aux saisons froides.
J’avais voulu contourner le campement, mais l’état de ma compagne de route m’en avait dissuadé : elle semblait abattue depuis notre départ de Vasilias, comme si quitter la capitale lui avait fait prendre l’entière mesure de sa décision puérile. Il m’avait donc semblé plus approprié de lui accorder une nuit à l’abri d’une tente plutôt qu’à la belle étoile.
Toujours sur mes gardes, j’étais entré dans le campement, suivi de près par Alice. Le chef de clan nous avait questionné sur notre destination. Il s’était heureusement contenté de ma réponse évasive : « le nord ». Pour quelques pièces de cuivre, il nous avait prêté une de ses tentes, une place auprès du feu et un bol de soupe accompagné d’un peu de pain et de viande séchée. En voyant la mine déconfite de la princesse à la découverte de notre dîner, je m’étais retenu de rire. Néanmoins, elle n’avait pas protesté, sûrement trop affamée.

Ainsi, Alice et moi avions partagé la même tente pour la nuit. Malgré l’air frais, j’avais proposé à la princesse de dormir près du feu pour qu’elle pût avoir un peu plus d’intimité, mais elle avait refusé. Elle avait été choquée par la perspective de dormir à la belle étoile avec ce temps. Encore une fois, j’avais manqué m’esclaffer : si elle avait su où je m’étais parfois endormi… Et par quelles conditions.
Maintenant, allongé près d’elle, je devais faire sembler d’ignorer ses reniflements et les tressaillements de ses épaules frêles. Trop frêles pour le fardeau qu’elle devait porter. À ce moment-là, j’aurais mille fois mieux voulu dormir dehors. J’aurais pu gagner un peu de sommeil et, surtout, éviter d’être confronté au chagrin de la princesse.

Elle pleura ainsi encore quelques minutes puis cessa de renifler. Sa respiration ne retrouva pas le rythme paisible du sommeil et elle tourna et se retourna dans son couchage.
Au bout d’un moment, exaspéré, je me redressai et grommelai :
— Je croyais que les princesses étaient de bonnes filles bien éduquées qui connaissaient la définition du mot « silence ».
Le visage pâle, elle me fit face avec une expression coupable. Ses cheveux emmêlés, ses yeux bouffis et son nez rose lui donnaient une allure de petite fille.
— Je t’ai encore réveillé ? Je suis navrée.
— Pas grave, soupirai-je en tendant le bras vers mes vêtements pour enfiler mes couches supérieures.
Je me levai puis me rhabillai en silence avant de sortir de la tente. Les timides lueurs de l’aube pointaient vers l’est. Les étoiles les plus brillantes luisaient dans le ciel encore sombre de l’ouest. J’inspirai un grand coup en appréciant l’air pur qui s’infiltra dans mes poumons. Il sentait la pluie, la mousse et la sève.
J’étais en train de vérifier l’état de mes sabres quand Alice sortit de la tente, vêtue pour la marche. Elle avait ramené ses cheveux en arrière en une courte natte qui tenait bon gré mal gré.
— Tu as faim ? lui demandai-je avant de donner un coup de menton vers le cercle de pierres dans lequel rougeoyaient quelques braises. J’ai fait réchauffer du lait de chèvre.
— Merci, se contenta-t-elle de dire d’un ton distant avant de s’installer sur un vieux tronc.
Dos à moi, penchée sur son bol de lait chaud, elle ne pipa mot tandis que je nettoyais Eon. Ce sabre, avec la pierre précieuse qui retenait ma tresse, était tout ce qui me restait de ma mère.
Chassant de mon esprit ma génitrice, je rangeai Eon dans son fourreau, le calai contre la pierre sur laquelle je m’étais assis puis m’éloignai de quelques mètres dans les bois. J’en revins quelques minutes plus tard avec des baies rouges dans les mains.
— Avec un peu de miel et du pain, c’est très bon, expliquai-je en m’installant sur une bûche près d’Alice. On a une longue journée de marche en perspective, tu ferais bien de te remplir la panse.
Comme surprise que je me fusse assis à côté d’elle, elle me dévisagea puis baissa les yeux sur les fruits que je tenais entre mes mains. Au bout de quelques secondes, elle récupéra un morceau de pain, un pot de miel et un couteau qui traînaient sur une planche en bois à côté du feu. Elle fit sa tartine et je me penchai pour disséminer des baies sur le condiment sucré. Puis elle mordit dedans et mâcha longuement.
Perplexe, je me demandais si elle allait râler et se plaindre de ce repas simpliste, mais elle hocha doucement la tête et souffla d’une voix légère :
— C’est très bon. Et sucré. Comme j’aime.
Sa déclaration me fit sourire : au moins, elle avait l’air d’aller un peu mieux.

Je vérifiais le contenu de ma besace en exécutant une liste mentale des vivres que je devais acheter auprès des chasseurs quand Alice se pencha vers moi.
— Cette marque, dans ton cou, c’est un des fameux tatouages du Nord ?
— En effet, acquiesçai-je en redressant la tête.
— Et… c’est censé représenter quelque chose ? Ça ressemble à des cicatrices, comme si tu t’étais pris trois coups de griffes difformes qu’on aurait remplies d’encre noire.
Je m’esclaffai, ce qui la fit légèrement s’empourprer.
— Pardon. En fait, c’est presque ça. Le fait que ça ressemble à des griffes est voulu : nous sommes des chasseurs après tout. Mais il s’agit en réalité de la Marque Noire.
— La Marque Noire ? s’étonna-t-elle en se redressant. C’est le tatouage qu’on attribue aux meilleurs combattants, non ?
Devant son air perplexe, je sentis poindre un sourire narquois sur mon visage.
— Eh bien, quelqu’un comme moi ne pourrait pas l’obtenir ?
— Si, bien sûr que si, se rectifia Alice en rougissant un peu plus.
— En fait, repris-je en portant une main à la gauche de mon cou, où je sentis le renflement léger du tatouage, cette Marque est avant tout attribuée aux Chasseurs les plus doués. La couleur varie en fonction du nombre d’éléments maîtrisés.
— Mais… tu dois être âgé de dix-neuf ans, quelque chose comme ça ? Ce n’est pas un peu jeune ?
— J’ai vingt ans, grommelai-je. Et… j’ai eu la Marque Noire à seize ans. (Devant ses yeux écarquillés, je haussai les épaules avec un embarras feint.) Je suis le plus jeune Chasseur à l’avoir obtenue. Mais, vu le Maître d’Armes qui me l’a accordée, ce n’est pas un miracle.
— De qui s’agissait-il ? De ton maître ?
— Non, la Marque Noire ne peut être donnée que par un autre Maître d’Armes que le sien. Pour que le jugement soit plus objectif et que la valeur du demandeur soit reconnue par deux personnes différentes.
— Je ne savais pas, souffla Alice avant de m’adresser un petit sourire. Alors, j’ai un bon garde du corps avec moi ?
Je lui rendis son sourire, mais le mien se dissipa vite. Je lui avais menti. Toute cette histoire de Marque Noire était vraie. Je l’avais bel et bien obtenue à seize ans par un Maître d’Armes qui n’était pas celui qui m’avait entraîné. Cependant, je n’avais pas vingt ans, seulement dix-huit.
Lorsque j’avais quitté mon Maître d’Armes après obtention de la Marque Noire, j’avais vite compris que je ne serais pas pris au sérieux du haut de mes seize ans et, ce, malgré mes capacités reconnues par deux des grands guerriers de notre époque. Car c’était là la nature des Maîtres d’Armes : cette distinction était attribuée aux plus grands combattants des quatre Terres. On en comptait six dans les Terres du Nord, quatre à l’Ouest, deux dans l’Est et cinq sur les contrées australes.
Parfois, les Maîtres d’Armes passaient leur vie à entraîner et former des disciples dans l’espoir de les voir un jour prendre leur relève. J’étais l’un d’eux. Cependant, je n’avais jamais eu le goût de former et j’avais décidé de suivre ma propre voie. Mon maître n’en avait jamais été déçu. Je le savais et je lui en étais reconnaissant.
J’avais décidé de mentir sur mon âge l’année de mes dix-sept ans. Aux yeux des Nordistes, je n’étais pas encore majeur : on devenait « adulte » à l’âge de dix-neuf ans. J’avais alors prétendu avoir deux ans de plus. Ce n’était pas grand-chose en soi, mais les personnes avec lesquelles je devais traiter m’avaient tout de suite pris plus au sérieux. Et mon mensonge durait depuis plus d’un an. Ce n’était pas un gros mensonge, mais je me sentis tout de même mal à l’aise pour Alice.
Nous avions cassé la glace ; elle méritait un peu de sincérité. Et moi aussi après tout. Les raisons de sa fuite étaient encore obscures et je doutais qu’elle me les révélât au bout de deux jours.

Je dépensai une pièce d’argent pour nos vivres. Quand elle apprit que j’avais payé, Alice vint me voir, agacée, et faillit me faire céder à force de me rabâcher qu’elle souhaitait participer aux dépenses.
— Et… continua la princesse en me regardant ranger dans ma besace des tranches de viande séchées, du fromage, des miches de pain et quelques légumes, vu la taille de ton sac, on ne va pas pouvoir prendre beaucoup de vivres.
— On n’en prendra que peu, confirmai-je en me redressant. Au cours de notre route, on croisera d’autres campements comme celui-ci. Nous nous ravitaillerons à ce moment-là.
— Et si les chasseurs ne sont pas aussi accueillants que ceux qu’on a croisés ?
— Alors nous ferons sans, déclarai-je simplement avant d’ajouter avec un demi-sourire : N’oublie pas que je suis chasseur. Je saurai nous nourrir.
— B-Bien sûr, bredouilla Alice d’un air manifestement gêné.
Elle vint s’accroupir près de ma besace puis appuya un doigt dessus.
— Tu veux que je l’allège un peu ? Je pourrais en prendre avec moi.
— Non, c’est bon, refusai-je en récupérant mon sac. Tu es déjà assez lente sans qu’on alourdisse ton chargement en plus.
— Je vois, lâcha-t-elle d’une voix blanche.
Ignorant son malaise évident, j’allai voir un des chasseurs qui nous avait accueillis la veille. La trentaine, il arborait une barbe rousse fournie et des yeux sombres.
— Tu penses qu’on croisera d’autres campements d’ici les collines de Minosth ?
— Ça dépend du chemin que vous empruntez, répondit l’homme en frottant sa barbe. Vous comptez longer la côte ?
— Non, nous traverserons les plaines et la Petite Forêt pour rejoindre les collines le plus rapidement possible.
— Je vois, marmonna le chasseur d’un air pensif. Il me semble qu’un campement assez imposant s’est installé dans la Petite Forêt. Pour le reste du trajet, je dois reconnaître que je ne sais pas. (Il m’adressa un sourire édenté.) Mais il y a de fortes chances que vous croisiez d’autres chasseurs entre la Petite Forêt et les collines de Minosth.
— Merci, lâchai-je avant de m’éloigner pour rejoindre Alice. Nous partons.
— Déjà ? soupira ma camarade d’un air dépité.
Je ne lui répondis pas et me préparai à partir. Nous marchions environ sept ou huit lieues par jour. Mon propre rythme de marche montait jusqu’à douze. Néanmoins, je savais que je ne pouvais imposer à Alice cette cadence qui risquerait de vite l’épuiser. Avec un peu de chance, nous atteindrions la Petite Forêt après-demain.

Alice m’imposa une heure de pause, quand l’astre diurne fut à son zénith, pour déjeuner. Installés dans une petite clairière au milieu de sous-bois parsemés, nous mangions en silence jusqu’à ce que ma camarade demandât :
— Où allons-nous ?
— Vers la Petite Forêt.
— Je sais, répliqua Alice en me regardant droit dans les yeux. Mais, après, où irons-nous ?
— Aux collines de Minosth. (Devant son regard torve, je reposai ma cuillère en soupirant.) Nous arriverons vers le milieu de la frontière.
Car c’était là l’origine principale de cette chaîne de collines qui s’étendaient du Noyau jusqu’à l’océan. Elles séparaient les Terres de l’Ouest de celles de Nord.
— Qu’est-ce que nous allons faire dans le Nord ? souffla Alice d’un ton perplexe.
— En fait nous nous arrêterons aux collines. J’ai l’intention de retrouver là-bas quelqu’un qui, j’espère, pourra nous aider pour un moment. Du moins, jusqu’à ce que tu te décides à rentrer chez toi.
Ignorant royalement mes dernières paroles et visiblement curieuse comme une enfant, ma camarade se pencha vers moi.
— Qui ça ?
— Mon ancien maître, répondis-je avant d’engouffrer une cuillère de bouillon de viande.
— Celui qui t’a entraîné ?
— Oui. C’est grâce à lui si j’ai pu obtenir la Marque Noire si jeune. C’est un très bon enseignant en plus d’être un excellent guerrier.
Les yeux d’Alice se mirent à pétiller et je craignis d’être noyé sous les questions. Avant que la jeune femme ne commençât à me questionner, je posai mon bol à terre, me levai et lâchai d’une voix nonchalante :
— Je vais me soulager.
Cela coupa court à son enthousiasme. Plutôt fier de moi, je sortis de la clairière.

Dernière modification par louji le jeu. 27 juin, 2019 2:15 pm, modifié 5 fois.
DanielPagés

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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par DanielPagés »

Oui, toujours un plaisir de te lire. Du coup je vais te faire travailler ! ;)

Allez, quelques remarques !

pour constituer une bonne réserve de vivres, vêtements et fonds monétaires pour se préparer aux saisons froides
Dans le contexte qu'on peut qualifier de "médiéval" ces mots me font tiquer. Pourquoi ne pas parler simplement de "pièces d'or" ?

éviter d’être inclus dans l’intimité de cette jeune fille.
hum... c'est un peu bizarre, tu dois trouver mieux !! :D

quand Alice sortit, vêtue pour la marche, de la tente
plusieurs fois dans le texte tu utilises ce genre d'inversion. Quel intérêt ? Pourquoi pas "quand Alice sortit de la tente, vêtue pour la marche" ça coule mieux, non ? Je me répète, mais relis-toi à voix haute tu entendras aussi la musique de tes phrases !

avant de s’installer sur une bûche renversée une bûche c'est pas très gros... et pourquoi renversée ? est-ce qu'une bûche tient debout ? un vieux tronc ? une souche crevassée ? un tas de bûches...

Elle fit sa tartine puis me je penchai ;)

si elle allait râler et se plaindre de ce repas trivial,
Trivial appliqué à repas... mouais. Ça ne serait pas toi j'aurais demandé si tu ne voulais pas dire plutôt "frugal"

Je m’esclaffais, ce qui la fit légèrement s’empourprer.
Là, j'aurais écrit "esclaffai" plutôt au passé simple

Je l’avais belle et bien obtenue
"bel et bien", invariable toujours

Je suis le plus jeune Chasseur à l’avoir obtenu
obtenu quoi ? la marque... obtenue" suis content j'ai trouvé une faute !! :lol: :lol:

retrouver quelqu’un là-bas qui, j’espère, pourra nous aider
là aussi je trouve que tu tords ta phrase pour rien. "là-bas" va avec "retrouver"... "retrouver là-bas quelqu’un qui, j’espère, pourra nous aider"
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Re: Oneiris, Tome 1 : la revanche d'Aion [Fantasy médiévale]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Oui, toujours un plaisir de te lire. Du coup je vais te faire travailler ! ;)

Allez, quelques remarques !

pour constituer une bonne réserve de vivres, vêtements et fonds monétaires pour se préparer aux saisons froides
Dans le contexte qu'on peut qualifier de "médiéval" ces mots me font tiquer. Pourquoi ne pas parler simplement de "pièces d'or" ?

éviter d’être inclus dans l’intimité de cette jeune fille.
hum... c'est un peu bizarre, tu dois trouver mieux !! :D

quand Alice sortit, vêtue pour la marche, de la tente
plusieurs fois dans le texte tu utilises ce genre d'inversion. Quel intérêt ? Pourquoi pas "quand Alice sortit de la tente, vêtue pour la marche" ça coule mieux, non ? Je me répète, mais relis-toi à voix haute tu entendras aussi la musique de tes phrases !

avant de s’installer sur une bûche renversée une bûche c'est pas très gros... et pourquoi renversée ? est-ce qu'une bûche tient debout ? un vieux tronc ? une souche crevassée ? un tas de bûches...

Elle fit sa tartine puis me je penchai ;)

si elle allait râler et se plaindre de ce repas trivial,
Trivial appliqué à repas... mouais. Ça ne serait pas toi j'aurais demandé si tu ne voulais pas dire plutôt "frugal"

Je m’esclaffais, ce qui la fit légèrement s’empourprer.
Là, j'aurais écrit "esclaffai" plutôt au passé simple

Je l’avais belle et bien obtenue
"bel et bien", invariable toujours

Je suis le plus jeune Chasseur à l’avoir obtenu
obtenu quoi ? la marque... obtenue" suis content j'ai trouvé une faute !! :lol: :lol:

retrouver quelqu’un là-bas qui, j’espère, pourra nous aider
là aussi je trouve que tu tords ta phrase pour rien. "là-bas" va avec "retrouver"... "retrouver là-bas quelqu’un qui, j’espère, pourra nous aider"

Waouh, merci beaucoup Daniel ! :D Merci d'avoir relevé les tournures maladroites et... LA faute :lol:
Pas de soucis, "j'adore" travailler! ;) Non, sans plaisanter, plus j'aurais de remarques, mieux je pourrais m'améliorer. Alors merci beaucoup =)

Oui, se relire à voix haute est sûrement très bien, mais... Je pense que j'aurais du mal car je me sentirais très bête et je rigolerais toute seule :oops: Mais je vais essayer pour la suite!

- Oui, fonds monétaires fait un peu trop moderne... un peu comme la couette dans un chapitre précédent.

- Oups, j'espère ne pas faire des tournures cochonnes sans le vouloir :lol:

- En fait, j'ai l'image typique en tête de ces espèces de gros morceaux de bois sur lesquels on s'assied autour d'un feu de camp. Peut-être que je suis la seule à avoir cette image en tête :oops: Je vais modifier ça

- Hum, en fait, je voulais surtout dire "simple", "basique" par rapport aux repas plutôt raffinés qu'une princesse mangerait. Mais je suis têtue, je voulais caser mon "trivial" :twisted: Mais, je l'enlève sans problème, j'ai eu la satisfaction de le voir placé au moins quelques temps :D

- Arf, je ne savais même pas que c'était invariable (ou je l'avais oublié..?). Merci ! =)

- Ouille ouille la faute :lol:

Encore un grand merci pour ta lecture et tes conseils :) Je vais les mettre en place dès maintenant
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