Oneiris - Duologie + Novella [Heroic fantasy]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !

Question banale AF : quel est votre perso préféré ?

Alice
2
17%
Achalmy
2
17%
Mars
2
17%
Soraya
2
17%
Ace
0
Aucun vote
Zane
2
17%
Connor
1
8%
Vanä
1
8%
Wilwarin
0
Aucun vote
 
Nombre total de votes : 12
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Coucou du salon du livre jeunesse "Frissons à Bordères" (64).
Moyenne d'âge 2 ans ce matin...
Je vais peut-être avoir le temps de lire ce nouveau chapitre...
:lol:
Ouh, avoir un public qui ne sait même pas déchiffrer les titres des livres, c'est dommage... :roll: :lol:
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par vampiredelivres »

Image


HELLOOOO ! :D
(Ce craquage. Ça commence bien.)
louji a écrit :
Chapitre 5
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, Lau Sak, Mor Avi.



Assise en tailleur dans la salle de prière du temple principal, je contemplais le plafond. Des guirlandes de griffes et de crocs de tigres étaient suspendues au-dessus de ma tête, certaines assez longues pour m’effleurer lorsque j’étais débout. Le plafond doit être particulièrement bas. :ugeek: D’après Lau Dih, il s’agissait de souvenirs de précédents Gardiens décédés. Je me demandais si les tigres du Lau Sak avaient la même espérance de vie que leurs cousins sauvages. Peut-être vivaient-ils plus longtemps grâce au toucher de Lau.

Les muscles de mes bras me faisaient grimacer à force de porter des seaux d’eau. J’aurais aimé qu’Al fût là, pour arroser les plantes rien que par la pensée. Et pour que je pusse voir les rayons du soleil éclairer ses yeux d’acier et le vent soulever ses mèches ébouriffées. Hawww, choupette. ♡ À une époque, je me serais tapée la tête contre un mur en lisant ce genre de phrase (anti-romantique par excellence), mais là, je me reconnais trop dans son comportement pour me le permettre. :lol:
Alors que je venais de m’asseoir sur le bord d’une terrasse pour reposer mes bras fatigués, un petit tigre noir s’approcha de moi. CHATON ! ♡ (pardon, j'ai la connerie infuse ce matin x) ) Le souvenir d’Opa toujours bien ancré dans ma tête, je me raidis. Mais le Gardien se contenta de frotter son museau contre mon pied puis de s’éloigner en me fixant avec insistance. Méfiante, mais résolue à le suivre, je m’engageai derrière lui et me laissai mener jusqu’au temple principal. Là, il me laissa près de l’entrée, où Lau Dih lui donna une caresse derrière l’oreille puis une friandise qu’il croqua en une fraction de seconde.
Je frissonnai légèrement lorsque la jeune femme, pourtant pas plus grande que moi, darda ses yeux aux pupilles fendues sur mon visage. C'est classe, les pupilles fendues. *-* Un sourire doux, étrange, étira ses lèvres de la même couleur que sa peau. Ses cheveux noirs aux reflets vert sapin ne semblaient pas avoir vu de peigne depuis des années. Une simple tunique de coton resserrée à la taille par une cordelette la vêtait. Elle n’avait pas l’air d’avoir froid en ce début de printemps. Ses pieds nus évoluaient sans gêne aussi bien sur les chemins caillouteux que sur les tapis moelleux des temples. J'adore ta description !
— Fille de la foudre, me salua-t-elle de sa voix légère et apaisée.
— Gardienne Lau Dih, répondis-je avec révérence.
L’appellation lui arracha un sourire gêné. Sans attendre plus longtemps, elle me fit signe de la suivre du poignet. Des bracelets de bois agrémentés de perles et petits cailloux peints tintèrent à ce geste. Sans attendre, je m’engageai après elle. Soraya n’avait pas semblé pressée de rencontrer la Gardienne. Les Aviriens, encore plus leurs prêtres, semblaient la mettre mal à l’aise. Je me persuadai que la Sudiste ne m’en voudrait :arrow: pas ? si j’allais à la rencontre de Lau Dih seule puis entrai dans le temple.
À la fois impatiente et craintive, j’emboitai :arrow: Y'a pas un circonflexe sur le i ? le pas à la Gardienne jusqu’à une porte coulissante. Tranquillement, Lau Dih la poussa puis m’invita à entrer d’une inclinaison du menton. Je me précipitai à petites foulées dans la salle. Elle referma derrière moi puis se dirigea vers l’angle de la pièce, juste assez grande pour que quatre personnes s’y sentissent à l’aise. Un service à thé y était installé. Lorsqu’elle se tourna vers moi pour m’en proposer, je secouai la tête comme une enfant avant que mon éducation ne prît le pas.

— Eh bien, Alice, comment t’expliquer ? Les Gardiens et moi, que nous soyons humain ou tigre, partageons la conscience de Lau. Nous sommes ses premières sources d’incarnation de l’esprit.
Je n’osai pas lui dire que j’étais déjà en partie perdue. C'est pas hyper compliqué pourtant. Concentrée, je restai silencieuse alors qu’elle continuait de sa voix apaisante :
— Tu sais que tout Mor Avi prie un Dieu unique, Rug Da. Le Changeur. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une entité unique. En effet, chaque Avirien est libre de donner à Rug Da l’essence qui lui plaît : la mer, le tigre, la rose ou même la femme. Il y a donc autant de… (Elle hésita sur le mot à employer. La traduction de l’avirien vers l’oneirian ne devait pas faciliter sa tâche.) Il y a autant de versions de Rug Da différentes qu’il y a d’esprits, d’askil, pour l’imaginer.
— Il y a autant de Rug Da qu’il y a d’Aviriens ? soufflai-je, car c’était une partie de leur foi que je ne comprenais pas bien.
— Pas tout à fait. Certains Aviriens croient en une même forme de Rug Da. C’est pour cela que les Sanctuaires existent. Ici, nous sommes trois Gardiens à croire que Rug Da est Lau, le tigre mystique. Il y a des décennies, un groupe d’Aviriens a commencé à croire que Lau était une forme de Rug Da, alors elle est devenue… tangible. Lau s’est manifesté par le biais de tigres sacrés et a commencé à envahir leurs askil de manière plus… imposante. Ils portaient donc une partie de l’essence de Lau en eux ; ils étaient ses premiers Gardiens – mais aussi ceux qui ont modelé sa nature pour la tirer de Rug Da.
Je hochais la tête distraitement au fil de son explication. Quand elle baissa la voix pour prendre une gorgée de thé, je cessai le mouvement pour réfléchir. Rug Da pouvait prendre une certaine forme lorsque plusieurs Aviriens croyaient en celle-ci. À partir de là, leur idée de Rug Da devenait… réelle et la nouvelle essence prenait racine dans leur askil. En fait, d'une certaine manière, ils créent une nouvelle facette du dieu par leur simple foi. C'est trop cool :o
J’étais tout bonnement émerveillée.

— Vous êtes devenue Gardienne il y a longtemps ? demandai-je à Lau Dih alors qu’elle reposait sa tasse de thé.
— Tout dépend de ta notion de temps. Dit-elle à une oneirianne (je l'écorche je crois) de l'ouest, qui vénère Kan :lol: Cela fait cinquante ans que je me suis dévouée à sauvegarder l’essence de Lau et à étendre son esprit en partageant mes croyances auprès des pèlerins.

Je déglutis péniblement. Même si j’avais déjà réfléchi à la façon dont je lui exposerais mon problème, je me sentis soudain incapable de tout lui raconter. Une idée se mit à bourgeonner dans ma tête et je décidai de la suivre :
— Mon amie et moi… Soraya et moi, nous sommes des voyageuses en provenance d’Oneiris. (Le visage de Lau Dih n’exprima rien de particulier ; nous ne devions pas être les premiers Oneirians à venir jusqu’ici.) Plus précisément, Soraya est une marchande sudiste et je… je suis son scribe, en quelque sorte. Sa traductrice, sa comptable… J’ai appris les lettres et les chiffres auprès d’un Noble occidental. Mmhm. C'est une idée débile que tu as eue, ma chérie.

— Fille de la foudre, Alice… j’aimerais te croire. Je sais que tu es Occidentale et que ton amie vient des Terres du Sud. Vos accents et vos pouvoirs ne mentent pas. Mais je suis attristée de voir que tu ne me fais pas assez confiance pour me confier la raison pour laquelle vous avez réellement vogué jusqu’à Mor Avi. => RIIIP… :lol: Alice et son don inné pour le mensonge. :roll:
Je me sentis pâlir – ou rougir, voire un mélange des deux. La honte et la peur grossirent en moi, bloquant mon estomac et encombrant mes voies respiratoires. Ma main, celle que Lau Dih retenait avec force, mais sans brusquerie, se mit à trembler.
— Des marchands sudistes ont déjà voyagé jusqu’à notre Sanctuaire, continua la Gardienne avec une expression blessée. Ils se déplaçaient en groupe, avec des chevaux, des calèches, des chiens et des enfants… Comment se sont-ils appelés, déjà ? Une ca… caravelle ?
— Caravane, chuchotai-je, mortifiée par mes mensonges et encore plus par le fait qu’elle les eût démasqués aussi rapidement. Les marchands sudistes voyagent en caravanes.
La Gardienne m’observa en silence pendant quelques secondes. Je n’osais plus la regarder dans les yeux. Je ne méritais pas son calme et sa patience.
— Alice… tu es une bonne personne, Lau me le souffle, mon cœur me le confirme. Pourtant, tu sembles avoir honte de ce qui vous a amenées à Mor Avi, ton amie et toi.
Je secouai la tête en sentant les larmes monter à mes yeux.
— Je n’en ai pas honte. Je me sens… terriblement gênée à l’idée de vous exposer mon problème parce qu’il pourrait… brusquer Lau. D'où tu te prends la tête à réfléchir à la place d'un dieu ?
louji a écrit :Je suis pas inspirée pour le petit message, alors bon automne ! Yes, merci. C'est kool l'automne :)


Chapitre 5
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois de l’automne, Terres du Nord.



Un bébé pleurait. Le soleil me brûlait les yeux et le sol humide rendait mon sommeil inconfortable. Je n’arrivais pas à respirer avec le nez. Un goût de sang et de terre ne quittait plus ma bouche. Avec un grognement, je roulai sur le côté et tentai de retourner dans les limbes obscurs. Mais un pilon dans ma tête m’en empêchait. La gueule de bois ! :lol: Franchement, tu l'as méritée. Irrité, je serrai plus fort les deux sabres que je tenais contre moi comme une mère son nouveau-né.
— Toujours pas debout ? railla une voix féminine au-dessus de moi.
— Il arrête pas de se retourner et de grogner, mais il se lève pas, répondit une autre, masculine et désespérée. J’ai essayé de lui faire avaler une tasse de thé contre les maux de tête, mais il l’a transformée en bloc de glace.
— Mars, ne te fatigue pas pour lui, soupira la femme en claquant la langue d’un air dégoûté. Ce petit malin a perdu face à Dalia. Sef a été vengé. Les Losov conservent leur honneur.
— Est-ce que c’était nécessaire de le laisser dormir dehors par ce froid ?
— Froid ? Pauvre Sudiste, l’automne vient juste de commencer. Si c’est un vrai Nordiste, il a connu bien pire.
Il y eut quelques secondes de silence avant que l’homme ne reprît. Son ton était angoissé.
— Je suis vraiment inquiet, je le connais bien, il résiste à la douleur. Mais là… il me fait peur.
— Une gueule de bois, mon cher Mars, ne se guérit pas aussi facilement que tu le crois. Encore moins une défaite. Surtout une défaite (et un égo blessé).
Le Sudiste me secoua doucement par l’épaule. Je grognai, tentai de me dégager, mais sa paume resta sur mon bras. Finalement, je me retournai dans sa direction, ouvris les yeux et sifflai :
— Laisse-moi dormir, foutu guérisseur.
— Al… soupira Mars en me jetant un regard préoccupé. Nous devons partir, midi est passé.
— Personne nous attend, que je sache, grommelai-je en me redressant péniblement. Si, un Dieu. :roll:
Le monde se mit à tanguer autour de moi. J’apposai une main contre le mur dans mon dos pour conserver mes repères puis clignai des yeux. Les traits de Mars et d’Olia étaient flous. Agacé, je me frottai le visage, grattant au passage les croûtes de sang qui s’étaient formées autour de mon nez, puis me laissai aller contre le mur. D’une pensée, je rassemblai de l’eau dans ma paume et bus jusqu’à plus soif.
— Ça va mieux ? s’enquit Mars en se penchant vers moi.
— Pas franchement, maugréai-je avant de zieuter tour à tour le Sudiste et la Nordiste. Alors, vous deux, ça s’est bien passé hier soir ?
Mars rougit brusquement en reculant. Olia m’adressa un sourire carnassier.
— Mieux que tu pourrais jamais imaginer, répondit-elle d’un ton moqueur.
Je lui rendis son regard puis tapotai l’épaule de mon ami.
— Content pour toi, Mars. Sincèrement.
— Achalmy, tu as vraiment affronté la sœur d’Olia en duel ? s’enquit soudainement Mars et je le soupçonnai de changer de conversation pour éviter le sujet de son aventure nocturne.
— Oui et non, répondis-je en baillant avec insistance. J’ai affronté Do… Da… Dalia, mais pas en duel. (Je haussai les épaules avec indifférence.) L’un de nous serait mort autrement. Permets-moi de te corriger, Al. Tu l'as pas affrontée, tu t'es fait latter la tronche. C'est pas la même chose. XD

Le lendemain, traversant les plaines légèrement vallonées :arrow: Deux "n" ;) des Terres du Nord, nous commençâmes à rencontrer de jeunes Nordistes. Ils avaient pour la plupart l’air d’avoir croisé Lefk en personne sur le chemin. Leurs vêtements de cuir et de fourrure étaient usés, parfois déchirés ou rapiécés, et leur peau abîmée par l’exposition au soleil et à l’air froid des montagnes. Certains marchaient voûtés, les yeux agonisant de désespoir et de honte. Ils avaient échoué. D’autres, bien qu’épuisés, voire blessés, criaient en bondissant dans les premières chutes de neige, brandissaient poings et armes vers le ciel pour montrer à tous leur réussite. Leurs Saphirs des Glace luisaient de l’éclat bleuté de la glace dans les rayons du soleil.
Tous revenaient de la Maturité après trois à six mois d’aventure.
Mars les observait dans un silence inquiet. Les gelures, entailles ou fractures que certains jeunes arboraient l’angoissaient secrètement pour moi. Ces Nordistes revenaient tard ; la Maturité commençait pendant le printemps, se poursuivait à l’été et finissait au milieu de l’automne. D’autres Nordistes devaient déjà être de retour auprès de leur clan, brandissant fièrement leur Saphir des Glaces pour clamer leur passage à l’âge adulte. Si l’on échouait à atteindre les grottes montagnardes qui fabriquaient les pierres précieuses, ou si l’on n’en trouvait pas, il valait mieux attendre l’automne avant de revenir. Se présenter défait à sa famille et à ses amis sans avoir poussé ses recherches jusqu’aux premières chute de neige sur les plaines était méprisable. Non seulement nous ne serions pas dignes d’être considérés comme des adultes, mais nous apporterions aussi le déshonneur sur notre clan.
Certains jeunes préféraient se laisser mourir de froid dans les grottes montagnardes plutôt que d’affronter la déception et la courroux de leur clan. Je ne comptais pas faire partie de ces malheureux. Voui, tu comptes trichouiller x)

— Ton nom ?
— Dwell. Dwell des Tyr. Tiens tiens. :lol:

Indigné, Mars me foudroya du regard, mais je l’ignorai. Nous avions du temps, ce n’était pas si grave que ça si le gars :arrow: Un chouïa familier à mon sens. nous retardait. En revanche, Mars allait utiliser des bandages et des onguents de nos réserves.

— Je me demande si certains de mes orteils n’ont pas des gelures. Une de mes molaires me fait un mal de chien. Et j’ai un mal de nuque affreux quand je me penche en avant.
Lorsque mon ami fit enlever ses chaussures et ses chaussettes au Chasseur, révélant quelques orteils noircis, je décidai de m’éloigner. C’était le travail de Mars. Mais c'est qu'il serait presque sensible, le p'tit chat. :roll:

À une vingtaine de mètres de Mars et de son patient, assis sur une roche, j’observais les horizons. Des forêts éparses se dispersaient çà et là dans la plaine, où quelques minces cours d’eau dévalaient les vallées jusqu’aux Collines de Minosth Meh, cet endroit. :lol: ou la Mer gelée. La terre était encore sèche de l’été, mais ne tarderait pas à s’humidifier et à se nourrir des premières neiges. Quelques flocons avaient déjà commencé à tomber, mais rien de sérieux pour tenir plus d’une heure. Un élan marchait paresseusement à deux cents mètres de moi. Quelques rapaces volaient bas dans le ciel, ayant repéré une carcasse non loin. J’espérais qu’elle était animale.
Bon. Je commence enfin à rattraper. :lol:

Franchement, j'aime beaucoup ces deux derniers chapitres. Autant Al est aussi ronchon que pénible, autant j'aime vraiment de plus en plus suivre les péripéties d'Alice. Pendant le premier tome, elle était assez effacée dans l'action, et même si elle n'est pas nécessairement beaucoup plus investie physiquement ou magiquement ici, c'est son regard sur le monde qui l'entoure qui fait que je l'apprécie maintenant. :) En plus, la manière dont tu décris la religion avirienne m'impressionne vraiment, j'adore l'univers que tu as construit de ce côté-ci de la mer !
Au niveau grammatical, je n'ai pas relevé grand-chose, Daniel a déjà fait tout le travail en amont, du coup, je ne peux même pas pinailler :cry:

Allez, je rattrape le dernier chapitre bientôt ^^
Bises !
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Ben... cette fois j'ai tout lu très vite et à part deux ou trois fautes pas trop gênantes pour la lecture, je n'ai rien noté.
Soit tu fais des progrès :lol: soit c'était trop passionnant et j'ai rien vu !
J'adore toutes ces images que ton texte a évoquées dans ma tête, le tigre et Lau Dih, la main entre les omoplates du félin, qui cheminent devant, le temple et les faucons qui sont plus redoutables qu'ils n'en ont l'air et le gardien au mains en serre de rapaces. En fait je l'ai trouvé très court, ce chapitre ! Et puis la fin... :lol:
J'adore voyager avec toi dans ces fabuleuses contrées ! Bon, c'est vrai qu'il y a quand même un petit risque de finir dans l'estomac de quelque bête furieuse...
:lol:
Bisous
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
Image


HELLOOOO ! :D
(Ce craquage. Ça commence bien.)
:arrow: Je vois ça :lol:
louji a écrit :
Chapitre 5
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois du printemps, Lau Sak, Mor Avi.



Assise en tailleur dans la salle de prière du temple principal, je contemplais le plafond. Des guirlandes de griffes et de crocs de tigres étaient suspendues au-dessus de ma tête, certaines assez longues pour m’effleurer lorsque j’étais débout. Le plafond doit être particulièrement bas. :ugeek: :arrow: Ilévré, surtout qu'elle est pas bien grande la Lilice (oui je reprends ton surnom :P ) D’après Lau Dih, il s’agissait de souvenirs de précédents Gardiens décédés. Je me demandais si les tigres du Lau Sak avaient la même espérance de vie que leurs cousins sauvages. Peut-être vivaient-ils plus longtemps grâce au toucher de Lau.

Les muscles de mes bras me faisaient grimacer à force de porter des seaux d’eau. J’aurais aimé qu’Al fût là, pour arroser les plantes rien que par la pensée. Et pour que je pusse voir les rayons du soleil éclairer ses yeux d’acier et le vent soulever ses mèches ébouriffées. Hawww, choupette. ♡ À une époque, je me serais tapée la tête contre un mur en lisant ce genre de phrase (anti-romantique par excellence), mais là, je me reconnais trop dans son comportement pour me le permettre. :lol: :arrow: Aïe aïe aïe, coup dur pépito :lol:
Alors que je venais de m’asseoir sur le bord d’une terrasse pour reposer mes bras fatigués, un petit tigre noir s’approcha de moi. CHATON ! ♡ (pardon, j'ai la connerie infuse ce matin x) ) :arrow: Je ferais pas de gros câlins à ce genre de chatons perso T-T Le souvenir d’Opa toujours bien ancré dans ma tête, je me raidis. Mais le Gardien se contenta de frotter son museau contre mon pied puis de s’éloigner en me fixant avec insistance. Méfiante, mais résolue à le suivre, je m’engageai derrière lui et me laissai mener jusqu’au temple principal. Là, il me laissa près de l’entrée, où Lau Dih lui donna une caresse derrière l’oreille puis une friandise qu’il croqua en une fraction de seconde.
Je frissonnai légèrement lorsque la jeune femme, pourtant pas plus grande que moi, darda ses yeux aux pupilles fendues sur mon visage. C'est classe, les pupilles fendues. *-* :arrow: Oué, j'ai enfin trouvé un endroit où les caser sans que ça fasse trop incongru :lol: Un sourire doux, étrange, étira ses lèvres de la même couleur que sa peau. Ses cheveux noirs aux reflets vert sapin ne semblaient pas avoir vu de peigne depuis des années. Une simple tunique de coton resserrée à la taille par une cordelette la vêtait. Elle n’avait pas l’air d’avoir froid en ce début de printemps. Ses pieds nus évoluaient sans gêne aussi bien sur les chemins caillouteux que sur les tapis moelleux des temples. J'adore ta description ! :arrow: Merci :D
— Fille de la foudre, me salua-t-elle de sa voix légère et apaisée.
— Gardienne Lau Dih, répondis-je avec révérence.
L’appellation lui arracha un sourire gêné. Sans attendre plus longtemps, elle me fit signe de la suivre du poignet. Des bracelets de bois agrémentés de perles et petits cailloux peints tintèrent à ce geste. Sans attendre, je m’engageai après elle. Soraya n’avait pas semblé pressée de rencontrer la Gardienne. Les Aviriens, encore plus leurs prêtres, semblaient la mettre mal à l’aise. Je me persuadai que la Sudiste ne m’en voudrait :arrow: pas ? :arrow: Oui, j'ai corrigé sur Word mais pas sur BN... :? si j’allais à la rencontre de Lau Dih seule puis entrai dans le temple.
À la fois impatiente et craintive, j’emboitai :arrow: Y'a pas un circonflexe sur le i ? :arrow: Si :ugeek: le pas à la Gardienne jusqu’à une porte coulissante. Tranquillement, Lau Dih la poussa puis m’invita à entrer d’une inclinaison du menton. Je me précipitai à petites foulées dans la salle. Elle referma derrière moi puis se dirigea vers l’angle de la pièce, juste assez grande pour que quatre personnes s’y sentissent à l’aise. Un service à thé y était installé. Lorsqu’elle se tourna vers moi pour m’en proposer, je secouai la tête comme une enfant avant que mon éducation ne prît le pas.

— Eh bien, Alice, comment t’expliquer ? Les Gardiens et moi, que nous soyons humain ou tigre, partageons la conscience de Lau. Nous sommes ses premières sources d’incarnation de l’esprit.
Je n’osai pas lui dire que j’étais déjà en partie perdue. C'est pas hyper compliqué pourtant. :arrow: Shhh, on va dire que c'est le côté polythéisme VS monothéisme (chelou) :roll: Concentrée, je restai silencieuse alors qu’elle continuait de sa voix apaisante :
— Tu sais que tout Mor Avi prie un Dieu unique, Rug Da. Le Changeur. Néanmoins, il ne s’agit pas d’une entité unique. En effet, chaque Avirien est libre de donner à Rug Da l’essence qui lui plaît : la mer, le tigre, la rose ou même la femme. Il y a donc autant de… (Elle hésita sur le mot à employer. La traduction de l’avirien vers l’oneirian ne devait pas faciliter sa tâche.) Il y a autant de versions de Rug Da différentes qu’il y a d’esprits, d’askil, pour l’imaginer.
— Il y a autant de Rug Da qu’il y a d’Aviriens ? soufflai-je, car c’était une partie de leur foi que je ne comprenais pas bien.
— Pas tout à fait. Certains Aviriens croient en une même forme de Rug Da. C’est pour cela que les Sanctuaires existent. Ici, nous sommes trois Gardiens à croire que Rug Da est Lau, le tigre mystique. Il y a des décennies, un groupe d’Aviriens a commencé à croire que Lau était une forme de Rug Da, alors elle est devenue… tangible. Lau s’est manifesté par le biais de tigres sacrés et a commencé à envahir leurs askil de manière plus… imposante. Ils portaient donc une partie de l’essence de Lau en eux ; ils étaient ses premiers Gardiens – mais aussi ceux qui ont modelé sa nature pour la tirer de Rug Da.
Je hochais la tête distraitement au fil de son explication. Quand elle baissa la voix pour prendre une gorgée de thé, je cessai le mouvement pour réfléchir. Rug Da pouvait prendre une certaine forme lorsque plusieurs Aviriens croyaient en celle-ci. À partir de là, leur idée de Rug Da devenait… réelle et la nouvelle essence prenait racine dans leur askil. En fait, d'une certaine manière, ils créent une nouvelle facette du dieu par leur simple foi. C'est trop cool :o :arrow: C'est tout à fait ça ! :D
J’étais tout bonnement émerveillée.

— Vous êtes devenue Gardienne il y a longtemps ? demandai-je à Lau Dih alors qu’elle reposait sa tasse de thé.
— Tout dépend de ta notion de temps. Dit-elle à une oneirianne (je l'écorche je crois) de l'ouest, qui vénère Kan :lol: :arrow: C'est vrai, j'avais même pas tilté :lol: (tu l'écorches pas, c'est bon ;) ) Cela fait cinquante ans que je me suis dévouée à sauvegarder l’essence de Lau et à étendre son esprit en partageant mes croyances auprès des pèlerins.

Je déglutis péniblement. Même si j’avais déjà réfléchi à la façon dont je lui exposerais mon problème, je me sentis soudain incapable de tout lui raconter. Une idée se mit à bourgeonner dans ma tête et je décidai de la suivre :
— Mon amie et moi… Soraya et moi, nous sommes des voyageuses en provenance d’Oneiris. (Le visage de Lau Dih n’exprima rien de particulier ; nous ne devions pas être les premiers Oneirians à venir jusqu’ici.) Plus précisément, Soraya est une marchande sudiste et je… je suis son scribe, en quelque sorte. Sa traductrice, sa comptable… J’ai appris les lettres et les chiffres auprès d’un Noble occidental. Mmhm. C'est une idée débile que tu as eue, ma chérie. :arrow: Eh... oui :lol:

— Fille de la foudre, Alice… j’aimerais te croire. Je sais que tu es Occidentale et que ton amie vient des Terres du Sud. Vos accents et vos pouvoirs ne mentent pas. Mais je suis attristée de voir que tu ne me fais pas assez confiance pour me confier la raison pour laquelle vous avez réellement vogué jusqu’à Mor Avi. => RIIIP… :lol: Alice et son don inné pour le mensonge. :roll: :arrow: Yay :lol:
Je me sentis pâlir – ou rougir, voire un mélange des deux. La honte et la peur grossirent en moi, bloquant mon estomac et encombrant mes voies respiratoires. Ma main, celle que Lau Dih retenait avec force, mais sans brusquerie, se mit à trembler.
— Des marchands sudistes ont déjà voyagé jusqu’à notre Sanctuaire, continua la Gardienne avec une expression blessée. Ils se déplaçaient en groupe, avec des chevaux, des calèches, des chiens et des enfants… Comment se sont-ils appelés, déjà ? Une ca… caravelle ?
— Caravane, chuchotai-je, mortifiée par mes mensonges et encore plus par le fait qu’elle les eût démasqués aussi rapidement. Les marchands sudistes voyagent en caravanes.
La Gardienne m’observa en silence pendant quelques secondes. Je n’osais plus la regarder dans les yeux. Je ne méritais pas son calme et sa patience.
— Alice… tu es une bonne personne, Lau me le souffle, mon cœur me le confirme. Pourtant, tu sembles avoir honte de ce qui vous a amenées à Mor Avi, ton amie et toi.
Je secouai la tête en sentant les larmes monter à mes yeux.
— Je n’en ai pas honte. Je me sens… terriblement gênée à l’idée de vous exposer mon problème parce qu’il pourrait… brusquer Lau. D'où tu te prends la tête à réfléchir à la place d'un dieu ? :arrow: Bwah, elle est vraiment mal à l'aise alors elle extrapole un peu :roll:
louji a écrit :Je suis pas inspirée pour le petit message, alors bon automne ! Yes, merci. C'est kool l'automne :) :arrow: :| :evil: :( :| :x NON


Chapitre 5
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 1e mois de l’automne, Terres du Nord.



Un bébé pleurait. Le soleil me brûlait les yeux et le sol humide rendait mon sommeil inconfortable. Je n’arrivais pas à respirer avec le nez. Un goût de sang et de terre ne quittait plus ma bouche. Avec un grognement, je roulai sur le côté et tentai de retourner dans les limbes obscurs. Mais un pilon dans ma tête m’en empêchait. La gueule de bois ! :lol: Franchement, tu l'as méritée. :arrow: Ça fait du bien de pas le voir faire le fanfaron :mrgreen: Irrité, je serrai plus fort les deux sabres que je tenais contre moi comme une mère son nouveau-né.
— Toujours pas debout ? railla une voix féminine au-dessus de moi.
— Il arrête pas de se retourner et de grogner, mais il se lève pas, répondit une autre, masculine et désespérée. J’ai essayé de lui faire avaler une tasse de thé contre les maux de tête, mais il l’a transformée en bloc de glace.
— Mars, ne te fatigue pas pour lui, soupira la femme en claquant la langue d’un air dégoûté. Ce petit malin a perdu face à Dalia. Sef a été vengé. Les Losov conservent leur honneur.
— Est-ce que c’était nécessaire de le laisser dormir dehors par ce froid ?
— Froid ? Pauvre Sudiste, l’automne vient juste de commencer. Si c’est un vrai Nordiste, il a connu bien pire.
Il y eut quelques secondes de silence avant que l’homme ne reprît. Son ton était angoissé.
— Je suis vraiment inquiet, je le connais bien, il résiste à la douleur. Mais là… il me fait peur.
— Une gueule de bois, mon cher Mars, ne se guérit pas aussi facilement que tu le crois. Encore moins une défaite. Surtout une défaite (et un égo blessé). :arrow: :P
Le Sudiste me secoua doucement par l’épaule. Je grognai, tentai de me dégager, mais sa paume resta sur mon bras. Finalement, je me retournai dans sa direction, ouvris les yeux et sifflai :
— Laisse-moi dormir, foutu guérisseur.
— Al… soupira Mars en me jetant un regard préoccupé. Nous devons partir, midi est passé.
— Personne nous attend, que je sache, grommelai-je en me redressant péniblement. Si, un Dieu. :roll: :arrow: C'est un détail, nan... ? :roll:
Le monde se mit à tanguer autour de moi. J’apposai une main contre le mur dans mon dos pour conserver mes repères puis clignai des yeux. Les traits de Mars et d’Olia étaient flous. Agacé, je me frottai le visage, grattant au passage les croûtes de sang qui s’étaient formées autour de mon nez, puis me laissai aller contre le mur. D’une pensée, je rassemblai de l’eau dans ma paume et bus jusqu’à plus soif.
— Ça va mieux ? s’enquit Mars en se penchant vers moi.
— Pas franchement, maugréai-je avant de zieuter tour à tour le Sudiste et la Nordiste. Alors, vous deux, ça s’est bien passé hier soir ?
Mars rougit brusquement en reculant. Olia m’adressa un sourire carnassier.
— Mieux que tu pourrais jamais imaginer, répondit-elle d’un ton moqueur.
Je lui rendis son regard puis tapotai l’épaule de mon ami.
— Content pour toi, Mars. Sincèrement.
— Achalmy, tu as vraiment affronté la sœur d’Olia en duel ? s’enquit soudainement Mars et je le soupçonnai de changer de conversation pour éviter le sujet de son aventure nocturne.
— Oui et non, répondis-je en baillant avec insistance. J’ai affronté Do… Da… Dalia, mais pas en duel. (Je haussai les épaules avec indifférence.) L’un de nous serait mort autrement. Permets-moi de te corriger, Al. Tu l'as pas affrontée, tu t'es fait latter la tronche. C'est pas la même chose. XD :arrow: 1.5 sec de combat :lol:

Le lendemain, traversant les plaines légèrement vallonées :arrow: Deux "n" ;) :arrow: Oh, merci ! des Terres du Nord, nous commençâmes à rencontrer de jeunes Nordistes. Ils avaient pour la plupart l’air d’avoir croisé Lefk en personne sur le chemin. Leurs vêtements de cuir et de fourrure étaient usés, parfois déchirés ou rapiécés, et leur peau abîmée par l’exposition au soleil et à l’air froid des montagnes. Certains marchaient voûtés, les yeux agonisant de désespoir et de honte. Ils avaient échoué. D’autres, bien qu’épuisés, voire blessés, criaient en bondissant dans les premières chutes de neige, brandissaient poings et armes vers le ciel pour montrer à tous leur réussite. Leurs Saphirs des Glace luisaient de l’éclat bleuté de la glace dans les rayons du soleil.
Tous revenaient de la Maturité après trois à six mois d’aventure.
Mars les observait dans un silence inquiet. Les gelures, entailles ou fractures que certains jeunes arboraient l’angoissaient secrètement pour moi. Ces Nordistes revenaient tard ; la Maturité commençait pendant le printemps, se poursuivait à l’été et finissait au milieu de l’automne. D’autres Nordistes devaient déjà être de retour auprès de leur clan, brandissant fièrement leur Saphir des Glaces pour clamer leur passage à l’âge adulte. Si l’on échouait à atteindre les grottes montagnardes qui fabriquaient les pierres précieuses, ou si l’on n’en trouvait pas, il valait mieux attendre l’automne avant de revenir. Se présenter défait à sa famille et à ses amis sans avoir poussé ses recherches jusqu’aux premières chute de neige sur les plaines était méprisable. Non seulement nous ne serions pas dignes d’être considérés comme des adultes, mais nous apporterions aussi le déshonneur sur notre clan.
Certains jeunes préféraient se laisser mourir de froid dans les grottes montagnardes plutôt que d’affronter la déception et la courroux de leur clan. Je ne comptais pas faire partie de ces malheureux. Voui, tu comptes trichouiller x) :arrow: Oh bah, tant que personne s'amuse à faire les calculs... :roll:

— Ton nom ?
— Dwell. Dwell des Tyr. Tiens tiens. :lol: :arrow: :mrgreen:

Indigné, Mars me foudroya du regard, mais je l’ignorai. Nous avions du temps, ce n’était pas si grave que ça si le gars :arrow: Un chouïa familier à mon sens. :arrow: Faut que je trouve autre chose :c nous retardait. En revanche, Mars allait utiliser des bandages et des onguents de nos réserves.

— Je me demande si certains de mes orteils n’ont pas des gelures. Une de mes molaires me fait un mal de chien. Et j’ai un mal de nuque affreux quand je me penche en avant.
Lorsque mon ami fit enlever ses chaussures et ses chaussettes au Chasseur, révélant quelques orteils noircis, je décidai de m’éloigner. C’était le travail de Mars. Mais c'est qu'il serait presque sensible, le p'tit chat. :roll: :arrow: Les blessures ensanglantées le font pas ciller, mais... les orteils noircis chez autrui, oui :lol:

À une vingtaine de mètres de Mars et de son patient, assis sur une roche, j’observais les horizons. Des forêts éparses se dispersaient çà et là dans la plaine, où quelques minces cours d’eau dévalaient les vallées jusqu’aux Collines de Minosth Meh, cet endroit. :lol: :arrow: Traquenard-party yay :lol: ou la Mer gelée. La terre était encore sèche de l’été, mais ne tarderait pas à s’humidifier et à se nourrir des premières neiges. Quelques flocons avaient déjà commencé à tomber, mais rien de sérieux pour tenir plus d’une heure. Un élan marchait paresseusement à deux cents mètres de moi. Quelques rapaces volaient bas dans le ciel, ayant repéré une carcasse non loin. J’espérais qu’elle était animale.
Bon. Je commence enfin à rattraper. :lol:

Franchement, j'aime beaucoup ces deux derniers chapitres. Autant Al est aussi ronchon que pénible, autant j'aime vraiment de plus en plus suivre les péripéties d'Alice. Pendant le premier tome, elle était assez effacée dans l'action, et même si elle n'est pas nécessairement beaucoup plus investie physiquement ou magiquement ici, c'est son regard sur le monde qui l'entoure qui fait que je l'apprécie maintenant. :) En plus, la manière dont tu décris la religion avirienne m'impressionne vraiment, j'adore l'univers que tu as construit de ce côté-ci de la mer !
Au niveau grammatical, je n'ai pas relevé grand-chose, Daniel a déjà fait tout le travail en amont, du coup, je ne peux même pas pinailler :cry:

Allez, je rattrape le dernier chapitre bientôt ^^
Bises !
Pas de soucis, de toute façon, j'avance à 2 à l'heure donc je ferais peut-être d'autres mini-pauses dans la publication x)
Oh, contente qu'ils t'aient plu, je peine pas mal sur ces chapitres depuis deux mois, alors j'ai l'impression que mon écriture le fait ressentir :?
Yes, avec Alice c'est un peu l'objectif que je me suis donné ^^ Elle reste loin d'être un personnage guerrier, alors j'essaie d'en faire une curieuse/aventurière histoire de rendre les choses à peu près intéressantes de son PDV :roll: Et j'suis satisfaite aussi que vous adhériez à la religion avirienne, j'avais peur que personne la comprenne ou la trouve vraiment bizarre :lol:
Bah, t'as relevé 2-3 trucs déjà, merci bien !! ;)

Bises, merci beaucoup pour ton com :D
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Ben... cette fois j'ai tout lu très vite et à part deux ou trois fautes pas trop gênantes pour la lecture, je n'ai rien noté.
Soit tu fais des progrès :lol: soit c'était trop passionnant et j'ai rien vu !
J'adore toutes ces images que ton texte a évoquées dans ma tête, le tigre et Lau Dih, la main entre les omoplates du félin, qui cheminent devant, le temple et les faucons qui sont plus redoutables qu'ils n'en ont l'air et le gardien au mains en serre de rapaces. En fait je l'ai trouvé très court, ce chapitre ! Et puis la fin... :lol:
J'adore voyager avec toi dans ces fabuleuses contrées ! Bon, c'est vrai qu'il y a quand même un petit risque de finir dans l'estomac de quelque bête furieuse...
:lol:
Bisous
Hello Danou !
Pour les fautes d'orthographe (ou de grammaire/syntaxe...) ça dépend aussi beaucoup de l'efficacité de ma relecture... Je dirais pas que je me suis améliorée, au contraire je galère pas mal sur Oneiris depuis 2 mois :roll:
Oh, ça, ça me fait plaisir de savoir que tu as gardé des images en tête, car c'est vraiment quelque chose qui me plaît quand je lis, d'avoir des images marquantes en tête ;)
Court ? Sur mon Word, il fait 5 pages, effectivement c'est le nombre minimum de pages que les chapitres font, c'est vrai ! (Je tourne entre 5 et 7 pages par chapitre généralement :) )
J'aime bien aussi mettre en scène Mor Avi, ça offre plus de possibilités de découverte qu'Oneiris (dont on a déjà fait le tour en partie :roll: )

Merci beaucoup pour ton retour, comme toujours ;)
Bises !
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Hello ! J'espère que tout va bien en ce dernier (snif) week-end des vacances malgré le mauvais temps ! ;)
Un peu plus d'action du côté d'Al, avec un chapitre pas bien long non plus :geek:




Chapitre 6
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’automne, Terres du Nord.



Mars allait définitivement me rendre dingue.
Depuis que nous étions venus au secours de Dwell, deux jours plus tôt, mon compagnon de route avait réussi à s’occuper de trois autres Chasseurs blessés. La plaie de l’un d’eux avait encore fait diminuer notre réserve de bandages. Un autre avait vidé de moitié la fiole contenant les plantes médicinales destinées à la fièvre. Le troisième nous avait ralentis toute une matinée à cause d’une jambe cassée.
Je comprenais parfaitement l’appel que ressentait Mars à la vue d’un blessé. C’était le même qui me poussait à me battre, à me jeter dans les pistes enneigées pour sentir mon corps en éveil. Pour lui, s’occuper d’autrui relevait de la plus grande des satisfactions. Toutefois, nos réserves étaient limitées et peu de marchands voguaient sur mes Terres. Si nous voulions nous réapprovisionner en médicaments et bandages, il faudrait négocier avec des voyageurs croisés en route ou espérer tomber sur un petit bourg.
Or, notre deuxième journée de marche ne nous avait menés vers aucun village. Je n’étais pas encore réellement inquiété par nos réserves, mais, à ce rythme-là, il ne nous resterait pas assez pour soigner nos propres maux. Mars avait fait la sourde oreille lorsque je lui en avais fait part. Je lui donnais encore deux journées de test. S’il continuait à soigner le moindre Chasseur égaré, je serais obligé de lui poser un ultimatum : laisser tomber l’idée de s’occuper de chaque blessé croisé et m’accompagner jusqu’au bout de l’aventure, ou rester sur place à dépenser ses dernières réserves pour des inconnus sans exiger quoi que ce fût en retour.
Je gardais la pensée pour moi, mais mon visage fermé et mon mutisme devaient faire comprendre à Mars qu’il jouait dangereusement avec ma patience. Il avait deux jours pour me prouver qu’il pouvait se raisonner.

Nous nous étions emmitouflés près du feu, les restes de notre repas – un lièvre capturé au collet – encore sur la broche éloignée des flammes, lorsqu’un cri déchira l’air nocturne. Mars tressaillit et leva le nez, pâle et tendu, tandis que je me redressais lentement, paume sur le manche de Kan. C’était une voix féminine qui s’était exclamée. Une Chasseuse voyageait-elle près de nous ? Qu’est-ce qui avait déclenché sa peur ?
— Tu vas voir ? s’enquit Mars à voix basse en zieutant les alentours, nerveux.
Je ne répondis pas et tendis l’oreille dans l’espoir de détecter un autre bruit. Il y eut un craquement, comme une branche écrasée, puis de nouveaux cris. Le feu trahissait notre position ; si quelqu’un était en danger, il pouvait s’approcher de nous.
— Ne bougez pas ! beugla une voix masculine et lointaine dans l’obscurité de la nuit.
L’accent était nordiste. L’homme s’adressait-il à nous ? Avant que j’eusse le temps de me poser plus de questions, le crissement typique du métal contre le métal résonna près de notre campement. La femme qui avait crié quelques instants plus tôt hurla de nouveau. Mars bondit sur ses pieds, le visage parcouru de tics nerveux, et tourna la tête en tous sens.
— Julian !
Je fronçai les sourcils. D’après son accent, la femme qui criait devait être Occidentale. Voyageait-elle en compagnie d’un autre homme ? Étaient-ils attaqués par des bêtes sauvages et défendus par un Nordiste ?
— Mars, reste près du feu, lançai-je à mon ami avant de m’avancer vers l’origine des cris.
Le guérisseur serra les dents, visiblement mécontent de l’ordre que je lui avais jeté. Tant pis, de toute manière, il fallait quelqu’un pour surveiller nos affaires. Et pour assurer mes arrières.
— Vous avez besoin d’aide ? hurlai-je au noir qui m’entourait, espérant que je ne m’étais pas trompé de direction.
Quelques secondes s’écoulèrent avant que l’Occidentale ne beuglât avec frénésie :
— Au secours ! Au secou… (Sa voix s’éteignit avant la fin du mot. J’entendis des pas précipités, du froissement de tissu, de nouveau le crissement métallique, puis la femme reprit : ) Julian, non ! À l’aide !
Cette fois-ci, je me jetai vers les bruits, dégainant Kan dans un même mouvement. Je lançai une bulle d’eau droit devant moi, dans l’espoir de tomber sur une éventuelle silhouette. Lorsqu’elle s’éloigna trop de moi, je la fis revenir puis la transformai alternativement en gaz puis en liquide afin de capter la lumière de la lune.
— Par ici ! lançai-je à la cantonade, espérant que l’Occidentale pût m’entendre. Trouvez la lumière !
Des grognements et des souffles bruyants m’entouraient, sans que je pusse identifier leur provenance exacte. Frustré, je fis naître autour de moi un brouillard épais, que je m’efforçai d’étendre dans le périmètre. Rapidement, une silhouette entra en contact avec mes particules.
— Par-là, par-là ! hélai-je en agitant la lame dénudée de Kan dans l’espoir que les reflets des étoiles et de la lune seraient visibles à quelques mètres.
Quelqu’un se mit à courir dans ma direction. Je me tendis, prêt à tout, puis reculai à temps pour ne pas percuter la femme qui fonçait vers moi. Elle se redressa rapidement, l’air hagard et terrifié, puis s’accrocha à mon col.
— Par pitié, aidez-nous.
C’était l’Occidentale. Sa tenue, que je devinais à la mode de l’Ouest sous son épaisse cape de voyage, la trahissait en plus de son accent. Son bonnet en laine était de travers sur ses cheveux blond doré. Ses yeux bleus – banals, pas d’Élémentaliste – me toisaient avec un mélange d’appréhension et de désespoir. Un liquide sombre tachait son épaule gauche – du sang ?
— Quel est le problème ? soufflai-je en m’efforçant d’apaiser la tension de ma voix.
— On… on a été attaqués, bredouilla la jeune femme en lâchant finalement mon vêtement. Julian… Julian est en train de se défendre, mais j’ai peur qu’il se fasse mortellement blesser.
— Vous n’êtes que deux ? Qui sont les assaillants ? Vous savez combien il y en a ?
Elle resta un instant silencieuse, me dévisageant ouvertement sous la carté de la lune. Son visage innocent, ses accentuations et son expression mortifiée me firent momentanément penser à Alice. Poings serrés, je chassai la princesse de mon esprit pour agripper l’épaule saine de l’étrangère.
— Répondez-moi ! Plus j’aurai d’informations, mieux je pourrai vous aider.
Tout en tressaillant, elle se décida enfin à m’expliquer la situation :
— Il n’y a que Julian et moi. Je n’ai vu qu’un seul homme nous attaquer et il était… (Elle hésita une seconde avant de poursuivre, l’air embarrassée : ) C’est un Nordiste.
Que s’imaginait-elle ? Que je n’étais pas capable de soupçonner l’un de mes pairs d’attaquer un couple d’Occidentaux en voyage ? Que je n’allais finalement pas l’aider parce qu’elle était étrangère et que mon ennemi était un membre de mon peuple ?
Sottises, songeai-je avec aigreur, la colère faisant monter une tension bienvenue dans mon corps.
Bien au contraire, j’avais hâte de battre le fer avec ce Nordiste qui n’avait pas le courage d’attaquer en plein jour et attendait la nuit, période des lâches et des assassins, pour agir. Notre peuple n’était constitué ni de lâches ni d’assassins. Nous étions des guerriers et l’honneur érigeait notre réussite sociale. Je me sentais de le rappeler à ce Nordiste inconnu.

Sans réfléchir plus longtemps, je pris l’Occidentale par le bras et la menai vers notre campement, où Mars faisait les cent pas. Lorsqu’il nous vit arriver, il écarquilla les yeux puis s’exclama :
— Vous êtes blessée ?
Avant que la jeune femme n’eût pu répondre, je déclarai avec hâte :
— Mars, occupe-toi d’elle ! Je ne sais pas si le sang sur son épaule est le sien. (Alors que je tournais les talons, j’adressai un dernier coup d’œil à mon ami.) Protège-la !
Pâle, tendu, mais concentré, le guérisseur m’adressa un hochement de tête grave. Le manche de Kan bien ancré dans ma paume droite, je courus vers l’emplacement que j’occupais quelques secondes plus tôt. Des grognements, des pas et des claquements continuaient à emplir l’air. Ce fameux Julian était-il soldat pour avoir tenu aussi longtemps face à l’un de mes congénères ?
Me fiant à mon ouïe, je me rapprochai des deux combattants puis plantai les talons dans le sol rocailleux lorsque j’estimai les avoir repérés. J’attendis qu’une lame reflétât la lueur blafarde de la lune avant de me jeter en avant. Je distinguai l’Occidental du Nordiste grâce aux mouvements de leurs attaques puis m’interposai entre les deux en bloquant l’épée du Chasseur. Il jura tout bas de surprise tandis que l’étranger derrière moi hoquetait.
— Je suis de votre côté, soufflai-je rapidement en repoussant fermement l’assaillant.
— Enflure ! siffla celui-ci en reconnaissant mon accent et mes vêtements.
— Lâche, répliquai-je sans sourciller avant de lui asséner plusieurs coups vers la hanche. Tu devrais te sentir déshonorer de t’être pris à deux Occidentaux en voyage pendant la nuit.
L’homme s’assura que je n’allais pas lui taillader le flanc en réajustant sa garde avant de rétorquer :
— Tu devrais voir leurs bourses. Ces pue-le-parfum doivent être Nobles.
Il se trompait. La jeune femme ne l’était pas et le soldat n’avait fait appel ni au vent ni à la foudre. Il s’agissait sûrement d’un jeune couple en voyage de noces et qui avait économisé de quoi payer leur aventure. Évidemment qu’ils transportaient une certaine quantité de pièces sur eux.
— Je partagerai avec toi si tu m’aides à les abattre.
Sa proposition me figea sur place, aussi glacé que par une pluie d’hiver. Comment osait-il ? Ne lui restait-il pas la moindre trace de bravoure ? Pensait-il vraiment que j’allais retourner ma veste pour quelques pièces ?
L’idiot. J’aurai mon argent lorsque les Occidentaux se seront rendu compte que je leur ai sauvé la vie.
Irrité, je bondis violemment en avant, puis enchaînai plusieurs attaques frontales. L’homme résista vaillamment, jusqu’à ce que je déportasse soudainement la trajectoire de Kan sur la droite. Il abaissa vivement son épée, juste à temps pour bloquer ma lame. Puis le pic de glace que j’avais lancé de la main gauche alla s’enfoncer dans sa poitrine.
Il me jeta un regard stupéfait avant de faire un bond en arrière. Le sang gicla de sa plaie. Impassible, je le désarmai sans douceur puis marchai vers lui. Il recula en pressant une main contre le trou à sa poitrine, m’insultant sans discontinuer.
— Que choisis-tu, Chasseur ? grognai-je d’un ton sec en ramassant son épée pour la lui tendre. Duel à mort ?
— Va crever, cracha-t-il en m’adressant un annulaire dressé, insulte que l’on réservait d’habitude aux Occidentaux pour nous moquer de leur anneau conjugal.
— Bats-toi alors, répliquai-je avec mépris en lui lançant sa lame.
Il la rattrapa pour se jeter violemment sur moi. Je l’évitai en glissant de côté, coinçai ma cheville dans la sienne pour le déséquilibrer puis tapai son dos avec le manche de Kan. Il s’écrasa au sol sans douceur puis roula de côté pour esquiver le sabre qui fusait vers lui. Je remontai mon poignet avant que ma lame ne ripât contre la terre et piquai vers son épaule. Un sifflement de douleur répondit à mon geste. Tandis que le Chasseur se redressait péniblement, haletant, je remarquai que l’air ambiant était plus opaque. La faible lumière des astres nous atteignait à peine. Maîtrisait-il la forme gazeuse de l’eau ?
Une nouvelle vague de colère m’envahit lorsque je notai que le brouillard était de plus en plus épais. L’enflure allait sûrement tenter de fuir.
— Lefk te punira pour ta lâcheté ! assenai-je avec véhémence tout en courant vers le Chasseur.
Il me fallut quelques secondes pour le repérer à travers la brume. Dès que son corps se dessina au milieu des volutes sombres, je lançai Kan dans un mouvement rotatif. Il glapit de douleur lorsque son épée céda sous mon coup féroce. Profitant de sa garde exposée, j’enfonçai mon pied dans sa cuisse puis mon coude dans sa poitrine déjà meurtrie. Il grogna, tenta de me taillader le flanc, mais je repoussai son bras à temps. Nos regards se croisèrent une demi-seconde avant que Kan ne plongeât dans son cœur. La lame s’arrêta avant de ressortir de l’autre côté et je me servis de mon élan pour le pousser jusqu’au sol. Ses poumons relâchèrent brusquement leur souffle tandis que son sang coulait sur mes doigts.
— Ordure, murmura-t-il dans un dernier soupir furieux avant de geindre de douleur.
Le visage fermé, les muscles encore tremblants d’animosité, je me redressai et le toisai de toute ma hauteur. Je n’allais faire preuve ni de pitié ni de compréhension pour un Chasseur de si bas étage. Je retirai sans douceur ma lame de sa poitrine, essuyai le sang avec des brindilles puis rangeai consciencieusement Kan. L’homme crachota un filet de salive ensanglantée puis haleta un moment. Lorsque son cœur s’arrêta enfin, je récupérai deux pièces d’argent dans sa bourse – il n’était effectivement pas bien riche – puis agrippai l’épée usée dont il s’était servi.

Je retrouvai Julian quelques mètres plus loin. L’Occidental était encore en position de combat, le bout de son épée se baissant et remontant au rythme de sa respiration hachée. J’approchai en levant les mains en signe de paix.
— Julian ? lançai-je d’un ton hésitant.
— O-Oui ? bredouilla l’homme en abaissant légèrement sa lame. Je… je vous remercie de m’être venu en aide. Je n’étais pas certain d’être capable de le défaire tout seul.
— Je vous en prie, soufflai-je en avant de lui indiquer la lueur du feu que Mars et moi avions allumé. Votre compagne attend là-bas avec mon ami.
— Charlotte va bien ? s’enquit aussitôt le jeune soldat en accélérant la cadence.
Lorsque nous approchâmes du campement, il laissa le soulagement l’envahir et se précipita pour prendre sa compagne dans ses bras. Elle poussa un glapissement de joie en l’étreignant à son tour. Comme j’avais toujours l’épée du chasseur glissée dans ma ceinture, je la retirai et la tendis à la jeune Nordiste, dont les yeux bleus étaient brouillés de larmes.
— C’est l’arme du Chasseur qui vous a agressé. Récupérez-la, elle vous sera peut-être utile.
Le soldat était armé, mais pas sa compagne. Lèvres plissées, elle hocha la tête avec raideur avant de récupérer l’épée du bout des doigts. Sa main sembla minuscule autour de la garde, mais elle la tint fermement.
— Merci… Je ne sais pas si Julian et moi serions indemnes si vous vous n’étiez pas intervenu. (Elle posa la main sur le bras de son époux, ensanglanté jusqu’au coude, puis adressa un regard implorant à Mars.) Je suis désolée de vous demander ça, mais est-ce que vous pourriez le soigner ?
Mon ami m’adressa une paire d’yeux suppliants. Je soupirai avant d’agiter la main.
— Je vous ai sauvé, je compte bien aller jusqu’au bout de ma tâche.


Dernière modification par louji le jeu. 16 déc., 2021 11:29 am, modifié 3 fois.
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Hé ! c'est déjà fini ? :D
Décidément, c'est un pays dangereux, mais il s'y promène beaucoup de monde !!
Mais qui sont donc ces deux-là ? j'espère qu'on ne les a pas rencontrés par hasard... :twisted:
♡♡♡
Rien à dire, j'ai aimé...
Juste le verbe "zieuter" qui n'est pas très "littéraire" ! :lol:

Gros bisous de Bzh
(t'as dû voir quelques photos de mes activités de la semaine sur FB ;) )
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Hé ! c'est déjà fini ? :D
Décidément, c'est un pays dangereux, mais il s'y promène beaucoup de monde !!
Mais qui sont donc ces deux-là ? j'espère qu'on ne les a pas rencontrés par hasard... :twisted:
♡♡♡
Rien à dire, j'ai aimé...
Juste le verbe "zieuter" qui n'est pas très "littéraire" ! :lol:

Gros bisous de Bzh
(t'as dû voir quelques photos de mes activités de la semaine sur FB ;) )
Oui, pas bien long non plus ce chapitre... :roll:
C'est vrai, on y croise du monde quand même, mais c'est plus étrange de tomber sur des Occidentaux :lol:
Boh, je le dis de suite, ce sont des personnages tertiaires à ce niveau-là, on ne les reverra pas (je pense du moins) :lol:
Merci beaucoup :D
Effectivement, je vais changer :roll:

Bisous !
(Oui, j'ai vu... un peu de grisaille, mais c'est beau quand même ;) )
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

HEYO

Ça faisait longtemps!

Je doute que mon message soit plus construit qu'un bleuargh cétrocool mais on va tenter!

Chapitres 6 : pour le coup, je suis contente d'avoir attendu, ils sont vraiment cool!
J'aime beaucoup le contraste entre nos Al². Les 2 sortes de tensions différentes, c'est vraiment sympa et ça permet de pas perdre le fil, ça tient en haleine.
Y a pas photo, j'adore Lau Dih, elle est incroyable. Et le nouveau sanctuaire, super cool, super creepy, me likey a lot. Je sens qu'Alice et Soso vont pas likey du tout (et que Lau Dih va maudire les grands morts de Soraya mdr) dans le prochain chap.
(J'ai juste remarqué "Donnons-leur chance une chance" dans le chap, mais c'est pô grand chose!)
MACHALMY. Ahem. T'as entendu kekchose toi?
Ils me font marrer, tous les 2, j'adore l'exaspération d'Al. Et Mars, mon petit soleil choupi ♡ keur sur lui, jtm.
L'actioooooooon, me likey a lot aussi! Elle est fluide, on se représente bien ce qu'il se passe, top!
Le petit détail de l'annulaire levé comme insulte, j'adore (et en plus, ç'a une histoire qui rend vraiment bien).

En bref, bleuargh cétrocool, j'ai hâte de lire la suite *^*

La bise~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :HEYO

Ça faisait longtemps!

Je doute que mon message soit plus construit qu'un bleuargh cétrocool mais on va tenter!

Chapitres 6 : pour le coup, je suis contente d'avoir attendu, ils sont vraiment cool!
J'aime beaucoup le contraste entre nos Al². Les 2 sortes de tensions différentes, c'est vraiment sympa et ça permet de pas perdre le fil, ça tient en haleine.
Y a pas photo, j'adore Lau Dih, elle est incroyable. Et le nouveau sanctuaire, super cool, super creepy, me likey a lot. Je sens qu'Alice et Soso vont pas likey du tout (et que Lau Dih va maudire les grands morts de Soraya mdr) dans le prochain chap.
(J'ai juste remarqué "Donnons-leur chance une chance" dans le chap, mais c'est pô grand chose!)
MACHALMY. Ahem. T'as entendu kekchose toi?
Ils me font marrer, tous les 2, j'adore l'exaspération d'Al. Et Mars, mon petit soleil choupi ♡ keur sur lui, jtm.
L'actioooooooon, me likey a lot aussi! Elle est fluide, on se représente bien ce qu'il se passe, top!
Le petit détail de l'annulaire levé comme insulte, j'adore (et en plus, ç'a une histoire qui rend vraiment bien).

En bref, bleuargh cétrocool, j'ai hâte de lire la suite *^*

La bise~
Yo.

Ben écoute ça me fait déjà bien plaisir que tu me dises "bleuargh cétrocool" :lol:

Oui, puis c'est sympa aussi de lire plusieurs morceaux d'un coup que chapitre par chapitre... c'est vrai que ça casse le rythme :v
Merci, j'avais peur de cette partie de l'histoire fasse un peu mollassonne alors j'essaie d'amener de l'action d'une façon ou d'une autre :roll:
Aaaah, j'suis contente que Lau Dih soit bien appréciée, c'est aussi mon personnage préféré parmi les nouveaux introduits à Mor Avi :D Oui elles vont pas likey du tout :lol:
(Ah thanks ! :? )
Non rien ? T'as rêvé ? :geek: :lol:
Oui, c'est un p'tit soleil :mrgreen: (et Al un sale pic de glace, mais bon XD)
Noice, noice, j'ai eu un peu de mal à écrire le début de la scène, alors tant mieux si c'est cool =)
Ouaiiiis, j'adore cette insulte, elle est con mais elle fonctionne XD

Merci beaucoup pour ton retour ♥

Bizzouz
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit : Yo.

Ben écoute ça me fait déjà bien plaisir que tu me dises "bleuargh cétrocool" :lol:

Oui, puis c'est sympa aussi de lire plusieurs morceaux d'un coup que chapitre par chapitre... c'est vrai que ça casse le rythme :v
Merci, j'avais peur de cette partie de l'histoire fasse un peu mollassonne alors j'essaie d'amener de l'action d'une façon ou d'une autre :roll:
Aaaah, j'suis contente que Lau Dih soit bien appréciée, c'est aussi mon personnage préféré parmi les nouveaux introduits à Mor Avi :D Oui elles vont pas likey du tout :lol:
(Ah thanks ! :? )
Non rien ? T'as rêvé ? :geek: :lol:
Oui, c'est un p'tit soleil :mrgreen: (et Al un sale pic de glace, mais bon XD)
Noice, noice, j'ai eu un peu de mal à écrire le début de la scène, alors tant mieux si c'est cool =)
Ouaiiiis, j'adore cette insulte, elle est con mais elle fonctionne XD

Merci beaucoup pour ton retour ♥

Bizzouz
J'aspire à avoir un discours plus développé, quand même xD

Boh, chapitre par chapitre, cécool aussi! L'attente est différente, on peut être plus pris par le chap aussi!
Cétrécool!

Ooh *^* oui, Lau Dih est super classe, vraiment. Elle est mystérieuse, et bizarrement, je ressens pas le besoin de lever le mystère ou d'en savoir plus sur qui elle était avant. C'est Lau Dih. Me likey.

Je sais pas, je crois que j'entends des voix '^' Machalmyyyyyyy

Vouiiii, mon soleil et ma toundra polaire ♡ Ils me font marrer, je les aime.

'T'was very noice, m'lady. Both the fight scene and the insult xD
Elle fonctionne de ouf, attends, c'est magique xD

La bise~♡
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit : J'aspire à avoir un discours plus développé, quand même xD

Boh, chapitre par chapitre, cécool aussi! L'attente est différente, on peut être plus pris par le chap aussi!
Cétrécool!

Ooh *^* oui, Lau Dih est super classe, vraiment. Elle est mystérieuse, et bizarrement, je ressens pas le besoin de lever le mystère ou d'en savoir plus sur qui elle était avant. C'est Lau Dih. Me likey.

Je sais pas, je crois que j'entends des voix '^' Machalmyyyyyyy

Vouiiii, mon soleil et ma toundra polaire ♡ Ils me font marrer, je les aime.

'T'was very noice, m'lady. Both the fight scene and the insult xD
Elle fonctionne de ouf, attends, c'est magique xD

La bise~♡
Ouais, même moi j'ai pas spécialement pensé à son passé avant qu'elle soit Gardienne :geek: C'est vrai qu'on n'a pas spécialement envie de savoir ^^

Il est possible :lol:

Oh bah j'en suis ravie :mrgreen:
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Il neige et c'est l'heure du chapitre 7 oué.



Chapitre 7
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Ark Sak, Mor Avi.



Le tigre de Lau Dih bondit devant elle en feulant. Tout aussi vive, elle s’accroupit en levant les bras pour se protéger le visage. Soraya avait déjà brandi ses poings enflammés pour effrayer les rapaces. Quant à moi, je m’entourai d’une bulle d’air pour empêcher les faucons de m’atteindre.
— Ark Shan, s’exclama Lau Dih d’un air abasourdi. Tu outrepasses tes droits ! Je n’ai pas attaqué ton Sanctuaire, ni ta personne… Tu enfreins les lois de Rug Da !
— Et toi, que penses-tu être en train de faire ? siffla le Gardien en retour, deux faucons perchés sur ses épaules sévères. Tu amènes deux païennes dans mon Sanctuaire tout en laissant le tien sans défense. Qui est le plus impie nous deux, Lau Dih ?
— Le Lau Sak est gardé par mes deux paires ainsi que par les tigres sacrés, je ne me fais aucun souci, répondit l’Avirienne d’un ton ferme. Ark Shan, la violence ne nous mènera à rien. Nous ne sommes pas des barbares. Nous prônons la spiritualité par la connexion avec la faune et la flore.
— Les animaux sa battent lorsqu’ils se sentent menacés, gronda l’homme en s’avançant impérieusement vers la Gardienne. Je sais que tu es une pacifiste, Lau Dih, mais ces deux Oneiriannes te manipulent.
Comme Soraya ne maîtrisait pas très bien l’avirien, elle suivait l’échange d’un regard nerveux, le corps tendu comme une corde d’arc. J’avais peur qu’elle décochât sa flèche d’une seconde à l’autre.
— Je suis parfaitement lucide, soupira Lau Dih en surveillant les rapaces qui voletaient autour de nous. Si Alice et Soraya voulaient sincèrement porter préjudice à Rug Da ou à l’une de ses essences, elles auraient déjà essayé. Et elles n’auraient pas eu l’affront de venir me voir pour demander mon soutien. Elles sont dotées de bonnes intentions, mon frère.
— Je ne suis pas ton frère, cracha aussitôt Ark Shan en reculant, comme si les propos de Lau Dih l’avaient blessé. Et connaissant ta naïveté, ces deux enfants pourraient très bien être en train de t’utiliser pour parvenir à leurs fins.
— Nous ne sommes pas des enfants, intervint Soraya, qui avait compris ce bout de phrase. Alice et moi sommes peut-être jeunes, plus jeunes que vous, mais nous avons vu et vécu beaucoup de choses. Peut-être plus que vous.
Le Gardien partit d’un rire incrédule qui secoua sa cage thoracique et fit s’envoler quelques oiseaux dans les branches au-dessus de nos têtes. Une plume noire se déchiqueta au contact de la bulle d’air qui m’entourait. J’adoucis aussitôt la puissance des vents jusqu’à ne laisser qu’un souffle tournoyer autour de mes chevilles.
— C’est une plaisanterie ? finit par susurrer Ark Shan une fois son rire calmé. Pour qui te prends-tu, Oneirianne ? Tu n’as absolument aucune idée de ce qu’on ressent à être le fidèle de Rug Da. La félicité et la complétude apportées par le toucher d’Ark sur notre askil. Vous ne connaîtrez jamais ça, car vos Dieux sont des êtres éteints et silencieux.
Une bourrasque de colère et d’orgueil blessé s’engouffra dans ma poitrine. Je serrai les poings pour en calmer l’assaut. Toutefois, les mots s’échappèrent de mes lèvres avant que je pusse les retenir :
— Nos Dieux sont tout aussi réels que le vôtre. Ils n’ont peut-être pas la même essence et ne sont pas priés dans des temples. Au quotidien, nous n’entendons pas leur voix, nous ne… sentons pas leur toucher.
Je relâchai mon emprise sur le courant autour de mes jambes pour le lancer en brise amicale auprès des deux Gardiens. Lau Dih m’adressa un regard étrange, intense, soulagé, effrayé. Ark Shan recula en sifflant comme si un serpent l’avait mordu.
— Pourtant, c’est le Dieu Aion, le maître de la matière et des éléments, qui m’a permis de manipuler le vent et les éclairs. (Prudemment, j’avançai d’une dizaine de pas puis attendis quelques secondes : ) Eon et Kan, les jumeaux de l’Espace et du Temps, m’ont offert la sensation de voyager et la certitude du changement à venir.
J’apposai une main sur mon cœur tout en ramassant la plume déchirée qui était tombée au sol.
— Enfin, Galadriel et Lefk veillent à ce que chacun profite de son temps sans outrepasser sa chance.
Soraya avait baissé les poings, hochant la tête avec approbation au rythme de mes mots. Lau Dih m’adressa un sourire large et empreint de respect. Ark Shan s’esclaffa avec mépris.
— C’est bien ce que je disais… Vos Dieux sont archaïques, simplistes. Et ils imposent à vos peuples de croire en eux ; vous n’avez pas d’autres possibilités que ces cinq Divinités Primordiales.
— Nous sommes libres de croire en ce que l’on veut, répliquai-je avec plus d’assurance que je ne croyais en posséder. Nos Dieux sont conscients de leurs erreurs passées. Ils savent que la nature humaine est prompte à trahir. Mais ils savent aussi que nous pouvons aussi faire preuve de patience et de générosité. Nos Divinités protectrices sont complexes et puissantes. C’est pour cela qu’elles ne s’offrent pas à nous comme peuvent le faire les essences de Rug Da.
Je me tus, le cœur battant, les joues chaudes, mon ventre tordu dans une étrange satisfaction. Les faucons s’étaient calmés et la plupart avait rejoint des branches ou rebords pour se reposer. Même Soraya n’avait plus les mains en feu.
— Est-ce que tu es en train de sous-entendre… reprit Ark Shan d’une voix lente et grondante, que Rug Da et ses facettes ont moins de pouvoir et d’ancrage que vos divinités ?
— Non ! m’exclamai-je aussitôt en grimaçant. C’est simplement qu’il n’est pas dans la nature de nos Dieux de se montrer à nous, car leur vitalité vient en partie de l’aura de mystère et d’inaccessibilité qui les entoure.
Un masque de mépris mêlé d’irritation impatiente tirait les traits sévères d’Ark Shan. Il laissa traîner son regard austère sur moi quelques secondes supplémentaires avant de toiser Lau Dih.
— J’imagine que ce n’est pas simplement pour leur faire découvrir nos Sak et nos croyances que tu les accompagnes, maugréa-t-il en croisant les bras d’un air désabusé.
— Effectivement, répondit tranquillement la Gardienne en lissant le pelage hirsute sur la nuque de son tigre sacré. Je les accompagne dans une quête qui les mène au Kol Sak. Je tenais à faire le voyage avec elles pour leur indiquer le chemin, mais aussi pour les soutenir si les différences de culture les bloquaient. Exactement comme en ce moment.
Un nouveau claquement de langue dédaigneux nous parvint. Avec un geste désinvolte du poignet, Ark Shan fit demi-tour, avant de lancer d’une voix étouffée :
— Comme je te l’ai proposé, Lau Dih, toi et ton tigre pouvez profiter du Sak pour la nuit. Mais pas les deux païennes.
Sans attendre de réponse de la part de la Gardienne, il disparut dans l’obscurité des temples.

Lau Dih préféra dormir avec nous à la belle étoile. Je l’en remerciai, mais la Gardienne m’assura que son choix relevait aussi en grande partie de l’attitude d’Ark Shan à son égard. Qu’elle n’avait aucune envie de passer la nuit dans un Sak aussi peu enclin à accueillir les visiteurs.
Nous nous éloignâmes d’une centaine de mètres de l’Ark Sak pour être certaines que ses Gardiens ne nous accuseraient pas de corrompre leurs terres sacrées.
— Tous les Gardiens que nous allons croiser seront comme ça ? maugréa Soraya au bout de longues minutes de silence.
Lau Dih nous toisa d’un regard à la fois triste et étonné. Ses yeux de bronze luisaient doucement dans la lueur des flammes, mais ils semblaient avoir perdu une partie de leur chaleur.
— Non, finit-elle par déclarer fermement. Je savais que l’Ark Sak avait des habitudes d’accueil des pèlerins plus restrictives que mon Sanctuaire ou que d’autres Sak de la Faune et de la Flore. Toutefois, je ne m’attendais pas à un refus aussi sévère.
— Peut-être ont-ils eu de mauvaises expériences par le passé ? supposai-je d’un ton hésitant en faisant tournoyer une pomme entre mes mains.
— C’est déjà arrivé, acquiesça Lau Dih en hochant la tête. J’ai moi-même été témoin d’Oneirians outrepassant les règles de courtoisie et de diplomatie. Il s’agissait de marchands Sudistes, dont l’intérêt pour nos sculptures et nos outils de prières était déplacé. Nous leur avons simplement demandé de reporter leurs négociations commerciales à d’autres circonstances. Ils ont accepté.
— Évidemment, grommela Soraya en croisant les bras sur sa poitrine d’un air revêche. Mon peuple n’est pas sauvage non plus.
L’Impératrice baissa légèrement le menton et souffla du bout des lèvres :
— Mais… je suis désolée que vous ayez été importunés par des marchands de mes Terres.
L’entendre s’excuser me laissa étonnée un instant. Soraya était une jeune femme fière et débordante d’assurance. Elle ne s’était guère remise en question au cours de son règne et seule la prise du pouvoir par son frère l’avait ébranlée dans ses convictions. Depuis, elle semblait prendre conscience de ses erreurs et des fautes qu’un individu pouvait commettre à l’encontre d’un autre.
— Tu n’es en rien responsable de ceci, la rassura Lau Dih avec un sourire bienveillant. Pas plus que je ne suis responsable du traitement que vous a réservé Ark Shan. Faire des généralités ne mène pas à grand-chose, si ce n’est aux amalgames.
Soraya et moi restâmes bouches-bées devant son vocabulaire recherché. Consciente de notre admiration, Lau Dih rougit légèrement en souriant.
— Il n’y a pas d’autres Sanctuaires sur la route directe au Kol Sak, reprit la Gardienne à voix basse. J’espérais pouvoir faire le plein de vivres à l’Ark Sak. Nous allons sûrement devoir faire un détour pour nous procurer de la nourriture.
— Un long détour ? geignit Soraya en mordillant faiblement un grain de raisin.
— De quelques jours tout au plus. Il y a l’Uko Sak, au sud de notre position actuelle. Le Jala Sak se situe à peu près à égale distance, en direction du nord-ouest.
Le Sanctuaire de la Rose et celui du Renard. Je me demandai si ce dernier avait des renards sacrés au même titre que le Lau Sak. Est-ce qu’ils approchaient les visiteurs ?
— Alice ? souffla Lau Dih en posant une main sur mon bras. Tu te sens bien ?
— Oui, oui, répondis-je rapidement en récupérant la pomme que j’avais laissée rouler au sol pendant ma rêverie. Je suis juste un peu fatiguée.
— Tu t’es mise à sourire toute seule, les yeux dans le vague, prit soin de préciser Soraya d’un air pensif. Tu rêvais de ton Chasseur ?
Comme à chaque fois qu’elle mentionnait Achalmy, je ne pus lui cacher ma gêne.
— Je pensais aux renards, avouai-je à mi-voix, le nez baissé pour masquer mes joues roses. Je me demande si le Jala Sak a des renards sacrés comme Gardiens.
— Tout à fait, affirma Lau Dih en m’adressant un sourire amusé. Nous pourrons les voir si nous choisissons de nous y rendre pour nous réapprovisionner. (Une étincelle s’alluma dans ses iris de bronze, mais sa voix ne perdit en rien son sérieux lorsqu’elle poursuivit : ) Qui est le Chasseur mentionné par Soraya ? Une connaissance commune ? Est-ce qu’il est au courant de votre quête ?
Je n’aurais jamais cru qu’Al fut l’un de nos sujets de conversation. Pétrifiée, je restai silencieuse un moment, ne sachant quoi faire. Lau Dih ne connaissait qu’une partie de l’histoire de nos Dieux, déchus ou exilés. Je lui avais avoué que d’autres Humains avaient aidé à vaincre Calamity, sans préciser leur identité. Je ne voyais pas quel mal je pourrais faire en avouant qui était Al et, pourtant, j’avais l’impression d’ouvrir une partie de mon cœur en parlant de lui.
— C’est le futur roi de l’Ouest, chuchota alors Soraya d’un air conspirateur.
Cette fois-ci, le rouge me grimpa jusqu’aux cheveux. J’ouvris la bouche pour protester, mais Lau Dih se prêta au jeu en portant les mains à ses lèvres.
— Oh ! Mais les Chasseurs ne sont-ils pas Nordistes ?
— Mais il est Nordiste, acquiesça Soraya d’un air mortellement sérieux. Pour tout dire, on ne fait pas plus homme-de-glace que ce Chasseur.
L’Impératrice glissa un regard narquois dans ma direction en découvrant ses canines d’un rictus moqueur.
— Il faut croire qu’Alice se moque bien des origines. Et je pense qu’elle a raison. Son Chasseur est un peu rustaud, mais il a un certain charme.
— Nous ne m’aviez pas dit que vous étiez fiancée, souffla Lau Dih avec un sourire ravi. Je vous souhaite beaucoup de bonheur !
Je n’étais pas certaine de ma réaction dans les secondes à venir : allais-je me mettre à pleurer ou à rire ? Une boule d’angoisse mêlée de gêne bloquée contre la glotte, je pris le temps d’avaler quelques gorgées d’eau avant de murmurer d’une voix encore étranglée :
— Achalmy et moi ne sommes pas fiancés. Nous... sommes juste amis.
— Tu as une drôle de conception de l’amitié, s’étonna Soraya d’un air bougon. Les personnes que je regarde comme tu regardes ce Chasseur, je les retrouve dans mon couchage.
— Soraya !
Elle s’esclaffa de mon air outragé. Intriguée, Lau Dih nous observait en silence, n’y comprenant sûrement pas grand-chose. L’Impératrice reprit son sérieux avant de lancer :
— Ils ne sont peut-être pas fiancés, mais la future reine occidentale aura peut-être déjà un héritier à présenter à son peuple lorsqu’elle montra enfin sur son trône.
Cette fois-ci, je n’eus ni envie de pleurer, ni de rire. Furieuse, je me levai brusquement, adressai un regard foudroyant à la Sudiste et sifflai :
— Soraya, tu n’éprouves peut-être aucuns remords à fréquenter tout ce que tu croises, mais je ne suis pas aussi volatile que toi. Mes sentiments et ce que je souhaite passent bien après les besoins de mon peuple. Car je ne suis pas aussi légère et égoïste que toi.
Haletante, je la toisai en silence encore quelques secondes, prenant conscience de mes propos en même temps qu’elle. Dire que, quelques mois plus tôt, j’avais fui mes Terres pour échapper à un mariage diplomatique. À ce moment-là, je ne pensais qu’à mon avenir, pas à celui de l’Ouest. Je faisais des reproches à Soraya, mais j’avais adopté le même comportement qu’elle en fuyant mes devoirs. Malgré tout, je voulais croire qu’aujourd’hui, j’étais digne d’être reine et de la confiance de mon peuple. J’étais prête à sacrifier mon bonheur personnel pour la pérennité d’Oneiris et de mon royaume.
Les traits déconfits, Soraya ne pipait mot, la bouche plissée. Je me détournai de son expression affligée et m’enfonçai dans les bois. Cette fois, j’avais bien envie de pleurer.

Le lendemain matin, nous prîmes la direction de l’Uko Sak, dans l’espoir de remplir nos sacs de provisions. Le Jala Sak étant à l’exact opposé du Kol Sak, nous préférâmes le Sanctuaire de la Rose à celui du Renard. Tant pis pour mon envie de découvrir les canidés sacrés.
Depuis notre dispute d’hier soir, Soraya et moi ne nous adressions plus la parole. J’étais déroutée par cet éloignement, mais encore trop en colère pour envisager de lui présenter des excuses pour mes propos crus de la veille. Je m’étais sentie insultée par ses sous-entendus. J’avais conscience des différences de mœurs entre nos peuples, mais elle aussi. Elle s’était oubliée en pensant qu’un membre de la famille royale pouvait avoir partagé la couche d’un étranger hors mariage. Si les Impératrices du Sud étaient réputées pour avoir engendré des enfants aux pères bien différents, les dirigeants de l’Ouest mettaient un point d’honneur à respecter leurs vœux de fidélité.
Diplomate, Lau Dih nous traitait impartialement, adressant la parole aussi bien à l’une qu’à l’autre. Elle n’avait pas essayé de nous réconcilier, mais je la soupçonnai d’y réfléchir en silence. Cette situation devait aussi lui peser et je me sentais terriblement coupable de lui imposer notre dispute. Elle avait quitté son rôle et ses repères pour aider deux inconnues à trouver la piste d’une Déesse disparue. Tout ce que Soraya et moi lui avions offert, c’était un échange de propos destinés à blesser.

En fin de journée, Lau Dih estima que nous arriverions à l’Uko Sak dans un ou deux jours, en fonction de notre rythme de marche. L’humeur morose que Soraya et moi avions imposée au groupe nous ralentissait inconsciemment. Tandis que je faisais le tour des bois près de notre campement en quête de baies comestibles, je réfléchissais à un moyen de nous réconcilier. Nous n’étions plus des enfants ; si Soraya ne voulait pas réaliser le premier pas, alors je le ferais. Notre quête était trop importante pour que de simples propos nous en éloignassent.
Mes mains étaient pleines de fruits lorsque je retrouvai mes compagnes près du feu. Soraya était partie remplir nos gourdes à un ruisseau voisin, mais Lau Dih était penchée au-dessus d’un petit faitout où mijotaient morceaux de lièvre, navets, carottes et jeunes pousses aromatisées au romarin.
— Je vais demander pardon à Soraya, annonçai-je sans préambule en déversant mes trouvailles dans un bol. Je ne veux pas vous imposer notre dispute plus longtemps.
— Je pense que Soraya est en train de se dire exactement la même chose, souffla la Gardienne d’un air complice. Elle paraît très fière, mais elle est aussi très soucieuse de ce que l’on pense d’elle… surtout de ton avis.
— Mon avis ? répétai-je sans le croire vraiment.
— Elle t’admire, Alice. Tu possèdes des qualités qui lui font défaut. Ta patience, ta bienveillance, ton altruisme… tout ceci n’est pas inné chez elle, mais elle le voudrait. C’est une jeune femme plus vulnérable qu’elle ne le laisse paraître.
Je restai un moment coite, à la fois subjuguée et atterrée par les propos de Lau Dih. Soraya, m’admirer ? C’était le monde à l’envers !
— Moi aussi, je l’admire, repris-je d’un ton faible. Elle a de l’assurance, elle assume ses choix et ses idées, elle est plaisante et charismatique…
Un raclement de gorge discret me fit brusquement lever la tête. Soraya se tenait là, à la lisière de la lueur des flammes. Nos gourdes entre les bras, son expression embarrassée et sa posture raide nous indiquaient qu’elle avait tout entendu.
— Je suis désolée, Alice, finit-elle par déclarer d’un air grave en s’approchant de nous.
Avec des gestes précautionneux, elle déposa les gourdes puis s’installa sur sa couverture, l’air coupable, les yeux dans le vide.
— Je n’aurais jamais dû sous-entendre que tu fréquentais Achalmy au-delà de ce que les mœurs occidentales imposent. Je vous ai vus ensemble ; votre attirance réciproque crève les yeux, mais il est évident que vous refrénez vos sentiments. (Elle planta ses iris de miel sombre dans les miens, ce qui me raidit la nuque malgré moi.) Pour ceci, je t’admire. Je suis incapable de résister. Je me laisse aller à mes émotions, à mes envies, à mes dégoûts… je ne fais que ce dont j’ai envie, quand j’en ai envie, avec qui j’en ai envie. Je ne fais guère d’efforts et je ne supporte pas d’aller à l’encontre de mes idées.
Elle observa ses paumes, vierges de cals dus au travail ou à l’entraînement, puis sourit avec dépit.
— Une vraie petite protégée incapable. Je me moque de toi, Alice, mais on t’a au moins enseigné les bases de l’art guerrier, les chiffres, les langues, la diplomatie… Moi, je sais négocier ce dont j’ai envie et c’est tout.
Elle pinça les lèvres si fort que je la soupçonnai de retenir ses larmes. J’étais sincèrement peinée par sa confidence. J’étais si concentrée sur les qualités qu’elle possédait et que j’enviais que j’en avais oublié ses faiblesses. Les rumeurs disaient donc vrai : depuis toujours, Soraya Samay ne vivait que selon ses propres directives, sans se soucier de son entourage politique, des attentes de son peuple, des règles de diplomatie. Une Impératrice égoïste dont les œillères l’avaient à la fois cachée et protégée de la réalité.
Je compatissais à son sort. Je m’étais souvent plainte du manque d’apprentissages en tout genre dont je souffrais. Pourtant, je me sentais étonnamment polyvalente comparée à Soraya.
— Je suis désolée, moi aussi, finis-je par murmurer en m’approchant d’elle. Je me suis laissé aller en t’insultant. Ce n’est pas digne d’un membre de la famille royale.
La Sudiste m’adressa un sourire dépité et un regard brouillé. Elle devait se sentir terriblement perdue, au milieu d’un continent inconnu, sans la promesse d’un foyer accueillant une fois de retour à Oneiris. Après tout, après avoir été poussée du trône par son frère, que lui restait-il au Palais d’Or ? Un aîné froid et calculateur, dont l’ambition était de renverser les coutumes sudistes afin de sauver son empire. Des conseillers impériaux hostiles à son retour, car craignant la nonchalance de la sœur. Un peuple prêt à lui pardonner ?

Un grondement sourd me tira de mes réflexions. Étonnée, je jetai un coup d’œil au tigre de Lau Dih, qui venait de se redresser et montrait les crocs à la nuit. Non ; une silhouette approchait. Je me raidis, inquiète, avant de ma raisonner : ce n’était peut-être qu’un voyageur…
— Qui va là ? lança Lau Dih en touchant doucement l’épaule de ton animal sacré pour le calmer.
La silhouette s’avança jusqu’à ce que les flammes pussent l’éclairer. C’était une femme aux courts cheveux noirs et à l’air sévère. Ses chausses disparaissaient sous sa tunique, elle-même surmontée d’une pèlerine en peau de mouton. Incapable de lui donner un âge ou de deviner ses intentions, je restai silencieuse tandis qu’elle nous toisait l’une après l’autre.
Elle finit par plisser les yeux en se penchant vers moi.
— Alice Tharros, je présume ? Je vous cherchais. (Lau Dih entrouvrit la bouche d’un air étonné lorsque la femme s’approcha encore du feu. Elle semblait l’avoir reconnue.) Je suis Kol Zou, une Gardienne du Kol Sak. Il était temps que nous nous retrouvions, enfant du Temps.


Dernière modification par louji le ven. 17 déc., 2021 10:41 am, modifié 2 fois.
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello~

Et beh, ce chapitre est bien chargé!
J'avoue qu'avec tout ce qu'il se passe dedans, j'ai eu un plus de mal à accrocher.

La discussion avec Ark Shan était intéressante, les points que soulevaient Alice étaient super cools. Les deux points de vue se comprenaient très bien, mais bon sang qu'il est bouché, cet Ark Shan. Ahlala.

J'ai un peu eu l'impression de voir 2 ados qui s'engueulaient, quand Alice et Soraya s'échangaient des piques :lol: (pique qui s'est plutôt transformée en baffe quand Alice a clap back :'D ouch)
LES FILLES, VOUS DEVEZ BOSSER ENSEMBLE, NE VOUS FAITES PAS LA TRONCHE PENDANT DES JOURS.
J'ai bien aimé la résolution de leur dispute! On découvre un autre aspect de Soraya, plus vulnérable et humble, et une Alice égale à elle-même, ouverte et compréhensive.

Soraya qui embête Alice et Lau Dih qui est très intéressée par la conversation sur Al, par contre, ça m'a fait rigoler :lol:

Ooooh, ce cliffhanger *^* j'ai hâte de lire la suite! Kol Zou à l'air bieeeeeen classe *^*

La bise ~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello~

Et beh, ce chapitre est bien chargé!
J'avoue qu'avec tout ce qu'il se passe dedans, j'ai eu un plus de mal à accrocher.

La discussion avec Ark Shan était intéressante, les points que soulevaient Alice étaient super cools. Les deux points de vue se comprenaient très bien, mais bon sang qu'il est bouché, cet Ark Shan. Ahlala.

J'ai un peu eu l'impression de voir 2 ados qui s'engueulaient, quand Alice et Soraya s'échangaient des piques :lol: (pique qui s'est plutôt transformée en baffe quand Alice a clap back :'D ouch)
LES FILLES, VOUS DEVEZ BOSSER ENSEMBLE, NE VOUS FAITES PAS LA TRONCHE PENDANT DES JOURS.
J'ai bien aimé la résolution de leur dispute! On découvre un autre aspect de Soraya, plus vulnérable et humble, et une Alice égale à elle-même, ouverte et compréhensive.

Soraya qui embête Alice et Lau Dih qui est très intéressée par la conversation sur Al, par contre, ça m'a fait rigoler :lol:

Ooooh, ce cliffhanger *^* j'ai hâte de lire la suite! Kol Zou à l'air bieeeeeen classe *^*

La bise ~
Holà !

Oui, il est bien plus costaud que les précédents (en termes de longueur aussi) c'est peut-être aussi pour ça que tu as eu plus de mal à accrocher effectivement :geek:

Bouché as fuck oui x') Aled (mais y'a vraiment des gens comme lui malheureusement :v)

Oui, c'était assez voulu, même si du côté d'Alice c'était plutôt du subi jusqu'au clap back comme tu dis :lol:
Faut qu'elles bossent ensemble, of course, mais c'est impossible de toujours bien s'entendre aussi... jusqu'ici, elles s'étaient pas trop embrouillées, mais fallait bien que ça arrive... :?
... histoire de mettre les points sur les I comme tu le relèves :)

Quitte à les faire passer pour des gamines, je voulais au moins que ce soit léger :lol:

On en saura plus sur Kol Zou dès le prochain chap d'Alice... mais elle est un peu space à sa manière elle aussi :roll:

Merci beaucoup pour ton retour, comme toujours ;)

La bise !
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit : Holà !

Oui, il est bien plus costaud que les précédents (en termes de longueur aussi) c'est peut-être aussi pour ça que tu as eu plus de mal à accrocher effectivement :geek:

Bouché as fuck oui x') Aled (mais y'a vraiment des gens comme lui malheureusement :v)

Oui, c'était assez voulu, même si du côté d'Alice c'était plutôt du subi jusqu'au clap back comme tu dis :lol:
Faut qu'elles bossent ensemble, of course, mais c'est impossible de toujours bien s'entendre aussi... jusqu'ici, elles s'étaient pas trop embrouillées, mais fallait bien que ça arrive... :?
... histoire de mettre les points sur les I comme tu le relèves :)

Quitte à les faire passer pour des gamines, je voulais au moins que ce soit léger :lol:

On en saura plus sur Kol Zou dès le prochain chap d'Alice... mais elle est un peu space à sa manière elle aussi :roll:

Merci beaucoup pour ton retour, comme toujours ;)

La bise !
Oui, aled >~< (oui... oskur).

Oui, bien sûr, ce serait un peu naïf de penser que leur voyage se passerait sans soucis ni engueulades (parfois, comme ici, c'est même bénéfique).

Elle a l'air space, oui, mais ça va être cool *^*

Toujours! La bise ~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

On s'attaque enfin au Mont Valkovjen du côté d'Al et Mars... Première étape d'un long chemin :roll: :lol:
(De mon côté, j'ai enfin terminé la partie 1 du roman... J'ai de nouveau un petit "retard" sur mon planning d'écriture, alors il est possible que je prenne un petit mois de pause vers la fin-décembre, quand j'aurais terminé de poster les deux derniers chapitres de la part.1 sur le fow-fow (et je pourrai réviser mes partiels et manger plein de chocolats en même temps :( :lol: ). D'ailleurs, il est possible qu'un ou deux autres écrits sur lesquels je travaille actuellement rejoignent le forum, début 2020, une fois que j'aurai terminé la publication de The Debt et pris un peu d'avance =) ).




Chapitre 7
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’automne, Terres du Nord.



Il faisait un sale temps pour notre traversée de la chaîne montagneuse. Un air plutôt doux soufflait dans la vallée depuis deux jours, si bien que les averses ne se transformaient pas en flocons, mais en pluie moite. Le ciel gris et bas nous cachait les sommets enneigés, des brumes louvoyaient le long des flancs de montagnes et les sentiers étaient boueux.
Six jours que nous avions laissé le couple d’Occidentaux derrière nous. Les tourtereaux avaient passé la nuit avec nous avant de reprendre la route pour l’Ouest. Comme je l’avais prévu, Julian et Charlotte avaient allégé quelque peu leur bourse pour nous remercier de les avoir sauvés. Mars et moi avions pu faire le plein de bandages et onguents auprès d’un guérisseur itinérant rencontré au pied de l’un des premiers monts de la chaîne nordiste.
Mars était inquiet à l’idée de traverser diverses montagnes avant d’atteindre le Mont Valkovjen. Je l’avais vite rassuré : plutôt qu’une véritable chaîne, nos montagnes se rassemblaient plutôt en massif. Cette disposition permettait à chaque mont d’être assez écarté de son voisin et taillait des vallées où mon peuple avait pris ses marques depuis des générations. Il y avait quelques bourgs répartis entre ces montagnes, où certaines familles n’ayant pu fuir les neiges virulentes à temps pouvaient se réfugier pour l’hiver. Le reste de l’année, ces petits villages accueillaient des jeunes en quête de leur Maturité, des clans voguant d’une montagne à l’autre pour commercer ou de rares boutiques physiques. Même si les Nordistes étaient majoritairement nomades, nous connaissions aussi le plaisir d’avoir un foyer et de se retrouver dans des lieux spécifiques pour célébrer ensemble.

Nous traversions en ce moment l’une des vallées qui séparaient les montagnes. Même si on ne pouvait pas l’apercevoir à cause du brouillard, je savais que le Mont Valkovjen se dressait droit devant nous, à seulement quelques heures de marche, entouré de ses voisins plus petits. On l’appelait aussi le Seigneur du Nord, car son emplacement central dans le massif et sa présence imposante donnaient l’impression qu’il s’élevait au-dessus des autres monts, comme placé sur un piédestal.
C’était sur ce Seigneur du Nord que j’étais né, à mi-chemin entre le pied de la montagne et le territoire de mon clan maternel. Né en plein hiver, alors que mes Terres n’étaient rien de plus qu’un immense voile blanc où le sang et la boue des combats tachaient l’immaculé du paysage. Lors d’une tempête de neige, dans un petit cabanon de fortune, où ma mère avait péri.
J’étais à la fois impatient et anxieux de retrouver ces terres. Elles étaient miennes sans l’être. Mon sang m’identifiait comme étant originaire du Mont Valkovjen. Pour autant, je n’y avais jamais mis les pieds et mon père m’en avait toujours tenu éloigné. Me sentirais-je vraiment dans mon élément une fois sur la montagne sacrée ? Ou la mémoire ensanglantée de ma mère resurgirait-elle pour empoisonner mon expérience ?
Sans compter sur les témoignages de plusieurs Chasseurs croisés en chemin qui affirmaient que des éclaireurs du clan Valkov forçaient tout voyageur à rester à une certaine distance à l’aide de flèches et de pièges. Pourquoi cette hostilité ? S’il était su et reconnu que les Valkov étaient gardiens de notre montagne sacrée, aucune loi ne les plaçait au-dessus du reste de mon peuple. Le Mont Valkovjen devait être accessible à tout Nordiste souhaitant se rendre sur le point culminant d’Oneiris. C’était une liberté et un droit qui me semblaient essentiels.
Si les Valkov s’imaginaient qu’ils pouvaient me les retirer, ils se fichaient un doigt dans l’œil.

Le soir arriva avant que nous ne pussions attaquer le flanc du Mont Valkovjen. La pluie se calma au moment où Mars allumait un petit feu pour griller nos restes de légumes et de viande du midi. Emmitouflés dans nos couvertures respectives, nous restâmes un moment silencieux à contempler le ciel dont le vent dégageait les nuages. Même si l’obscurité ne nous permettait pas de le distinguer correctement, je devinais la silhouette majestueuse du Mont Valkovjen là où les étoiles disparaissaient.
Une drôle d’appréhension grandissait en moi au fur et à mesure que nous nous approchions de la montagne sacrée. Elle renfermait de nombreux espoirs que j’avais peur de ne pas satisfaire. Serais-je vraiment capable de rapporter un Saphir des Glaces comme je le proclamais haut et fort ? Le clan Valkov accepterait-t-il ma venue ou serais-je repoussé au même titre que les autres voyageurs ? Et le Dieu Eon était-il vraiment passé par là en s’exilant ?
— Al ?
La voix ensommeillée de Mars m’arracha à mes rêveries. Sa couverture serrée fermement autour de ses épaules, l’Occidento-Sudiste observait le ciel d’un air pensif, la bouche maussade.
— Tu es sûr que nous allons réussir à grimper cette montagne ?
— Ma mère l’a fait, répondis-je instinctivement, grimaçant aussitôt de mon argument.
— Ta mère était une puissante Chasseuse, si j’ai bien compris ? De l’un des clans les plus réputés du Nord. (Mars m’adressa un petit sourire dépité dans la lueur des flammes.) Je suis un guérisseur bâtard, Al. Tu es un Chasseur, le fils de deux guerriers et héritier de clans ancestraux. Le sang des Dieux est puissant dans tes veines. Évidemment que tu y arriveras. Mais moi… ?
— Je ne sais pas faire de feu à partir de rien, répliquai-je aussitôt en donnant un coup de menton vers les flammes qui nous éclairaient dans l’obscurité des sous-bois. Je ne sais pas soigner une plaie ou une infection comme tu sais le faire.
Je sortis un bras de mon couchage pour le dégourdir puis laissai s’attarder mon regard sur Mars pour qu’il s’assurât de mon sérieux.
— Sans toi, j’ai bien plus de chances de mourir en tentant l’expédition. Mars, je t’aime bien, mais si tu étais réellement un fardeau pour moi, je t’aurais laissé auprès de Zane et de mon père dans l’Ouest. Je sais que tu peux m’aider et c’est pour ça que j’ai accepté que tu me suives dans cette aventure.
Mon ami poussa un reniflement, mélange d’agacement, de gêne et de dépit.
— J’espère que tu ne comptes quand même pas trop sur moi pour te sauver.
Il y avait un léger tremblement dans sa voix. Il ne s’estimait pas à la hauteur de ce que j’attendais de lui. On ne lui avait sûrement jamais vraiment dit qu’il était capable de réaliser des choses qui eussent du sens, de l’importance, des conséquences. Il se voyait comme une énième âme qui foulait le sol pour un jour s’éteindre dans l’anonymat. Il n’y avait rien de mal à ce dernier point, tant qu’on s’était poussés à bout le reste de notre existence.
— Mars, tu es utile, ajoutai-je d’un ton ferme après quelques secondes de silence. Tu m’es utile. Et je te vois pas non plus comme un vulgaire outil. Tu es mon ami et je sais que je peux compter sur toi. Voilà ce que ça veut dire.
Les traits du guérisseur se défirent un par un tandis qu’il prenait la mesure de mes paroles. Moi-même légèrement embarrassé par mes paroles, je pris soin de fixer le ciel. Je ne mettais pas souvent mon cœur à nu et sûrement pas avec n’importe qui. Mais j’avais appris de mes erreurs ; Zane, Alice et mon père avaient déjà fait les frais de mon caractère réservé. Pas la peine d’effilocher le lien qui m’unissait à Mars en le délaissant et en ignorant les craintes qu’il osait m’avouer.
Mars me dévisageait en silence, la bouche légèrement entrouverte, l’air songeur. Finalement, il sourit puis souffla d’un air conspirateur :
— Toi qui joues avec la mort, tu apprends enfin à jouer les cartes des vivants.

Le ciel s’était dégagé. Dès que j’ouvris les yeux à l’aube, je repoussai ma couverture et grimpai un promontoire recouvert de neige. Il m’élevait au-dessus des arbres les plus bas et m’offrait une meilleure vue sur le mont imposant qui se dressait face à moi. Je l’observais en silence, ma respiration formant un nuage de buée sous mon nez. Puis je souris. Le Mont Valkovjen était beau. Majestueux, puissant, glorieux. Les premières neiges avaient parsemé de blanc ses forêts de sapins et ses flancs rocheux. Des brumes lointaines masquaient encore son sommet immaculé, mais le soleil levant le nimbait d’un halo doré vers l’est.
Dans un geste d’impatience, je refermai la main autour du manche de Kan, trépignant à l’idée d’enfin fouler ce sol sacré. Le katana vibra familièrement entre mes doigts. D’ailleurs… les Valkov possédaient-ils eux aussi des armes élémentaires ? Après tout, Eon, mon long sabre de glace, appartenait originellement à ma mère.
— Al !
La voix de Mars m’arracha à la contemplation de la montagne sacrée. Je l’aperçus entre deux troncs d’arbre, tournant la tête dans tous les sens en quête de ma personne. Avec un soupir, je dévalai le promontoire et allai à sa rencontre.
— Mars, par ici !
Il sursauta puis relâcha un souffle de soulagement en me voyant arriver.
— J’ai eu peur, grommela-t-il une fois que je fus assez près pour qu’il n’eût pas à crier. Tu es parti du campement en ne prenant que tes sabres. J’ai cru qu’on avait été attaqués.
— Je suis juste allé voir le Mont Valkovjen dans le lever de soleil, expliquai-je d’un ton conciliant en prenant la route inverse. Désolé de t’avoir inquiété.
Il maugréa de nouveau avant d’accepter mes excuses.

Au zénith, nous avions atteint les contrebas du Mont Valkovjen. Même si nous n’avions pas croisé grand-monde ces derniers jours, le silence et l’absence d’âmes humaines semblaient peser dans l’air ambiant. La neige crissait sous nos pas synchronisés, le vent léger filant entre les troncs complétait nos respirations régulières et le soleil réchauffait agréablement nos nuques. Mais il n’y avait pas un bruit de plus. Les animaux fuyaient en nous sentant venir.
Comme le Mont Valkovjen n’était pas la destination première qu’empruntaient les Nordistes en expédition, il n’y avait pas ou très peu de sentiers. Nous dûmes tracer notre route de nous-mêmes, nous fiant aux marques de passages animaliers et à la topographie des lieux.
Une première trace de sang m’accrocha l’œil en milieu d’après-midi, assez fraîche pour que le liquide rouge eût attiré mon attention. Une éclaboussure sur une pierre saillant de la mince couche de neige. L’ayant remarquée lui aussi, Mars s’approcha et passa le doigt dessus avant de le lécher.
— Sang humain, annonça-t-il en m’adressant une grimace.
Songeur, j’inspectai les environs à la recherche d’autres traces sanglantes. Après quelques pas, j’en trouvai une nouvelle sur un lit de feuilles mortes épargnées de la neige par les branches basses d’un sapin. Intrigués, Mars et moi remontâmes les gouttes de sang sur une dizaine de mètres jusqu’à un petit bord rocheux. Deux mètres plus bas, une Chasseuse respirait laborieusement, dos appuyé contre le mur de roc.
— Vous allez bien ? souffla Mars d’un ton préoccupé en se penchant en avant.
Je plaçai une main sur sa poitrine pour le pousser en arrière au moment où un pic de glace jaillissait devant nous. Le sang éclatant brusquement dans mes veines, je dégainai Kan et frappai le nouveau bloc gelé qui fonçait vers nous. À son contact avec ma lame, il se liquéfia et je profitai de cette source aqueuse immédiate pour la projeter vers l’ennemie. Plutôt que de la blesser directement, je me servis de l’eau pour lui entraver poings et pieds en solidifiant le liquide.
— On te veut pas de mal, lançai-je à la Chasseuse en me penchant prudemment dans sa direction.
Un pic gelé jailli de terre s’arrêta à quelques centimètres de ma joue. Sans ciller, je levai le doigt et en appuyai la pulpe contre la pointe. Une goutte vermeille coula le long de ma peau.
— Qui t’a attaqué ? enchaînai-je sans plus attendre en brisant le bloc gelé grâce à mon toucher.
— Vous faites pas partie de ces salauds de Valkov ? gronda la jeune femme en m’adressant un rictus meurtrier.
En théorie, oui, en pratique, non, songeai-je avec un sourire en coin.
— On est de passage, c’est tout, répondis-je à la place d’un air conciliant avant de glisser Kan dans son fourreau.
Une fois ma lame rangée, je gardai la main autour du manche puis m’inclinai. D’une pensée, je brisai les menottes de glace qui avaient retenu ses poignets. La Chasseuse se dérida doucement, jusqu’à reproduire le salut à son tour. Nous n’étions plus en conflit.
— Alors… vous êtes blessée ? intervint Mars en s’avançant timidement sur le rebord du promontoire.
L’inconnue lui jeta un regard étonné, avant de saisir son épaule ensanglantée.
— J’ai reçu une flèche. Les éclaireurs Valkov plaisantent pas.
— Voudriez-vous que je regarde votre blessure ?
— Par un Occidental ? marmonna la Chasseuse d’un air dérouté en fronçant le nez.
Je m’esclaffai, m’accroupis sur le rebord rocheux pour me laisser tomber presque deux mètres plus bas puis désignai Mars qui m’imitait, plus maladroitement pour sa part.
— Occidental, mais plutôt doué pour soigner, faut le reconnaître. Et le bougre est à moitié Sudiste, il peut allumer des feux.
Sur ces paroles, Mars glissa et termina les fesses dans la mince couche de neige. La Chasseuse blessée le toisa en silence puis soupira.
— J’ai pas d’autre choix, hein ?

Nous proposâmes à la Chasseuse de partager la soirée avec nous. J’allai chasser notre repas tandis que Mars aidait la jeune femme à nettoyer la plaie et à la bander. Heureusement, elle avait sur elle sa propre réserve de bandages.
À mon retour, Mars racontait des anecdotes à propos de sa jeunesse aux côtés d’un mystérieux guérisseur Oriental. L’air ennuyée, la Chasseuse fixait les flammes sans cacher son désintérêt. Je la comprenais ; Mars était sacrément bavard.
— Alors, ce sont des Valkov qui t’ont fait ça ?
Les lèvres pincées en une fine ligne amère, elle acquiesça, avant de donner un coup de menton vers le lièvre que je tenais par les pattes arrière.
— Besoin d’aide pour dépecer le bestiau ?
— Ça va aller, souris-je avant d’adresser un regard moqueur à Mars. Mon ami t’a soigné, tu lui dois bien d’écouter ses histoires interminables.
Elle pouffa tandis que le guérisseur rougissait en enfonçant la tête dans les épaules.
Je m’attelai sans tarder au dépeçage du lièvre puis à sa cuisson. Rapidement suspendu au-dessus du feu à l’aide d’une broche artisanale constituée de branchages trouvés aux alentours, je me laissai enfin choir sur ma couverture. Comme le ciel ne s’était pas recouvert dans la journée, les étoiles étaient flamboyantes au-dessus des monts obscurs. Je trouvais les cieux toujours plus beaux observés depuis mes Terres.
— Tu es en quête de ta Maturité ? finis-je par souffler à l’adresse de la Chasseuse, qui s’était emmitouflée d’une épaisse couverture.
Elle releva ses yeux d’un bleu de glace dans ma direction, l’air maussade.
— Oui. Je comptais rapporter un Saphir des Glaces du Mont Valkov. J’ai pas encore abandonné, mais ces enfoirés d’éclaireurs aident pas.
— Des éclaireurs ? répéta Mars d’un ton dubitatif en faisant tourner la viande au-dessus des flammes. Tu es certaine qu’ils appartiennent au clan Valkov ?
— Ils l’ont proclamé quand je les ai interrogés. Au début, ils m’ont simplement demandé de faire demi-tour et, quand j’ai insisté, ils ont brandi leurs armes. J’ai riposté, mais ils étaient plus nombreux. J’ai pris la fuite quand j’ai été blessée à l’épaule.
Perplexe, je tripotais le manche d’Eon. Pourquoi repousser les Chasseurs en quête de leur Maturité ? Ça ne s’était jamais fait jusqu’ici, alors pourquoi maintenant ?
— Ils ont pas dit pourquoi ils refusaient qu’on marche sur leurs terre ? lançai-je à l’attention de la Chasseuse, qui se renfrogna un peu plus.
— Pas spécialement. Juste qu’ils pouvaient pas accueillir plus de Chasseurs sur le Mont Valkovjen. Qu’ils étaient débordés et pouvaient pas gérer l’afflux de personnes à cause de la Maturité.
— Peut-être que les grottes sont vides ? supposa Mars en grattant le bouc à son menton.
— Ça m’étonnerait, à moins que les Valkov se soient lancés dans la joaillerie et qu’ils pillent leurs propres cavernes, maugréai-je en me laissant aller en arrière sur ma couverture. Comme les grottes du Mont Valkovjen sont difficilement accessibles, peu de personnes s’y aventurent. Les stalagmites sont donc pleines de Saphirs des Glaces.
Songeur, je récupérai les fourreaux de mes sabres pour les dresser au-dessus de ma tête. Les symboles sur la garde d’Eon luisaient à la lumière des flammes et des étoiles.
— Non, ça doit être autre chose. Peut-être qu’ils ont peur de pas être assez nombreux pour surveiller les actes de chaque Nordiste. Ils craignent un éventuel pillage des grottes valkovjennes.
— Quand même, susurra la Chasseuse en se tenant l’épaule. Ils sont vraiment agressifs pour des prétendus gardiens d’une montagne sacrée.
Je tiquai face à son ton méprisant. Le Mont Valkovjen n’était pas une simple montagne sacrée. C’était une légende, le plus grand défi de tout Nordiste, une aventure à laquelle seuls les meilleurs pouvaient prétendre.
— D’autres Chasseurs ont été blessés ?
— Je voyage seule, donc je ne sais pas. Mais les éclaireurs semblaient nombreux et, d’après les accusations qu’ils ont portées sur moi, je dirais que j’étais pas la première à tenter l’expérience. (Elle nous adressa un regard grave tour à tour.) Vous comptez y aller, vous aussi ? Pourquoi vous voyagez, au fait ?
— On pense y aller, oui, répondis-je rapidement. Je veux aussi récupérer un Saphir des Glaces qui soit originaire du Mont Valkovjen. Mon ami ici présent fait le voyage avec moi pour s’endurcir et s’améliorer sur la voie des armes.
J’omis de mentionner mon affiliation au clan Valkov et notre recherche de Dieu exilé. Pas la peine de compliquer les choses avec une inconnue que j’aurais déjà quittée le lendemain.
— Belle ambition, approuva la Chasseuse en hochant la tête. Peut-être qu’être deux vous aidera à passer outre la vigilance des éclaireurs. J’espère vous recroiser sur la route menant aux grottes du Mont Valkovjen.
— L’espoir est partagé, s’enthousiasma Mars avant de se pencher vers notre broche de fortune. Le repas est prêt !
L’espoir n’était pas spécialement partagé de mon côté, mais j’avais trop faim pour me prendre la tête avec de stupides formulations.


Dernière modification par louji le ven. 17 déc., 2021 10:45 am, modifié 2 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Salut !
J'aimerais un jour vivre dans un monde où les saisons sont décalées... Le printemps commencerait le 1er mars, l'été le 1er juin, l'automne le 1er septembre et l'hiver le 1er décembre. Pourquoi ? :geek:
Parce que c'est tout simplement inadmissible qu'on soit toujours pas officiellement en hiver :cry: :evil: (puis, vrai de vrai, vous en pensez quoi de décaler la date des saisons ? C'pas plus logique ? :geek: )
Bref, bonne lecture hein :roll:




Chapitre 8
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.



Éreintée, je ne tardai pas à me laisser aller sur un lit d’herbe tendre après qu’on eût passé la clôture de buissons du Kol Sak. J’avais les jambes lourdes, le dos raide et l’esprit confus. Presque dix jours s’étaient écoulés depuis notre rencontre avec Kol Zou. Dix jours de marche sans répit durant lesquels notre meneuse nous avait à peine adressé la parole. Dix jours pour rejoindre le Kol Sak, en plein cœur de Mor Avi.
— Je ne fais pas un pas de plus, gémit Soraya en se laissant tomber à genoux près de moi, son sac à dos glissant de son épaule jusqu’au sol.
J’approuvai d’un hochement de tête avant de passer une main entre les brins d’herbe à mes pieds. Ils étaient d’un vert chatoyant, assez surprenant à cette époque de l’année. Une observation plus détaillée des alentours m’apprit que la plupart des végétaux étaient en fleur ou en pleine croissance. On se serait crus à la fin du printemps, quand les pluies ont nourri les sols et que le soleil du début d’été fait gonfler les plantes de vitalité.
Contrairement aux Sanctuaires rencontrés précédemment, le Kol Sak ne possédait pas de bâtisses à étages. Une demi-douzaine de temples de plain-pied occupaient l’espace ceint d’une barrière naturelle de buissons à feuilles épaisses. Les murs en bois, vert sombre, étaient recouverts d’inscriptions, de formules et d’objets étranges avec des aiguilles, des cadrans, des rouages.
— Debout ! lança Kol Zou d’une voix ferme en nous dépassant sans ralentir.
La femme aux courts cheveux noirs et à la mine revêche fut saluée par plusieurs Gardiens qui vaquaient à leurs occupations. Ces derniers nous avaient à peine jeté un coup d’œil.
— Qu’est-ce qu’on fait ? soupira Soraya en massant son épaule endolorie d’avoir porté son sac toute la journée.
Nous avions dû rendre la jument qui transportait nos affaires quelques jours plus tôt. Même si nos provisions s’étaient allégées de jour en jour, nos effets personnels avaient pesé lourd sur nos épaules ces dernières heures. Je n’osais pas non plus ôter mes chaussures de peur de trouver mes pieds couverts d’ampoules. Je sentais certaines mèches de cheveux rebiquer sur mes tempes et ma nuque à cause de la sueur.
Plus que lasse, je relevai les yeux vers Soraya, qui terminait les dernières gouttes précieuses de sa gourde. Notre voyage s’était transformé en calvaire depuis que Kol Zou nous avait rejointes. La Gardienne n’avait eu en tête que de nous amener à son Sanctuaire, sans se soucier des lieues que nous avions pu parcourir avant son arrivée.
— Nous devrions y aller, finis-je par souffler d’une petite voix en me redressant péniblement. Kol Zou risque de se mettre en colère si nous tardons.
— Elle est constamment en colère, marmonna Soraya en se levant à son tour. Lau Dih me manque. Elle était assez laconique, mais, au moins, elle avait de l’empathie.
Ne pouvant infirmer ses propos, je me contentai de soulever mon sac pour suivre les pas de la Gardienne, qui patientait à l’entrée d’un petit temple. Elle afficha une expression irritée lorsque nous fûmes près d’elle et claqua la langue.
— Il sera trop tard pour le repas si vous continuez à prendre des pauses à tout-va.
Son oneirian, bien qu’impeccable en termes de vocabulaire, était plus haché et disgracieux que celui de Lau Dih. Elle faisait beaucoup moins d’efforts sur la prononciation, même si je lui étais déjà reconnaissante d’employer notre idiome.
— Excusez-nous, murmurai-je du bout des lèvres en gardant les yeux rivés au sol pour esquiver son regard sévère.
Avec un grognement agacé, elle tourna les talons pour entrer dans la bâtisse. Lorsque j’empruntai les petits escaliers menant à la terrasse qui entourait le temple, je pus mieux distinguer les étranges mécanismes accrochés au mur. Je me figeai quelques secondes, le temps d’en appréhender le fonctionnement. Certains possédaient des aiguilles qui tournoyaient sur elles-mêmes, d’autres des rouages glissant les uns sur les autres.
— Des horloges, annonça Kol Zou d’une voix moins hostile lorsqu’elle remarqua ma curiosité. Certaines s’adaptent au cycle lunaire, d’autres à la course du soleil, d’autres encore aux saisons.
— Merveilleux, soufflai-je avec franchise en me penchant pour mieux voir les instruments de mesure.
Kol Zou ne répondit rien, mais ses traits se détendirent légèrement. Soraya était déjà entrée à l’intérieur pour observer les décorations. Un autre Gardien était affairé dans un coin de la pièce d’où s’échappait un délicat fumet de viande saisie à feu vif. Sans plus m’attarder, je rejoignis ma compagne puis me plantai devant Kol Zou, qui nous jaugeait du regard. Elle donna un petit coup de menton sec vers un coin de la salle où s’amassaient coussins, couvertures et édredons.
— Vous pouvez vous reposer ici. Le repas sera prêt d’ici quelques minutes. (Elle s’avança plus profondément dans la pièce pour nous inviter à faire de même.) Ce temple est réservé à la cuisine et à l’accueil des visiteurs. Si vous souhaitez faire vos ablutions, il y a une bassine que nous pouvons remplir d’eau chaude à votre demande.
Elle nous toisa en fronçant le nez.
— Ce que je vous recommande vivement.
Avant que n’eûmes le temps de la remercier – ou de nous indigner – elle partit comme une furie vers la sortie et disparut entre deux allées d’hortensias roses. Soraya soupira de soulagement en allant déposer son sac près de nos couchages. Quant à moi, j’observais avec résignation le chemin qu’avait pris Kol Zou en s’éclipsant. Après tant de jours à marcher dans le presque-silence, à m’interroger sur les objectifs de la Gardienne, à regretter le retour de Lau Dih pour son Sanctuaire, je devais encore attendre.
J’espérais que les informations que devait m’apporter Kol Zou étaient cruciales.

Le bain fut aussi agréable que nécessaire. Comme promis, les Gardiens nous laissèrent une bassine d’eau chaude, des pains de savon, des serviettes ainsi que des vêtements de rechange. J’étais reconnaissante de cette dernière attention, car mes habits n’avaient pas été lavés depuis notre débarquement à Mor Avi et étaient raidis par la crasse.
Comme Soraya m’avait laissée y aller en premier, je la retrouvai près des cuisines en train d’observer avec délectation le contenu d’une marmite. C’était une soupe agrémentée de morceaux de viande.
— Tu peux aller faire tes ablutions, soufflai-je à la Sudiste en resserrant autour de moi le gilet en laine qu’on m’avait prêté. Ils nous ont laissé des vêtements de rechange, le temps que nous lavions les nôtres.
Soraya quitta enfin des yeux le faitout pour apprécier les habits que je portais. Elle pinça les lèvres puis haussa les épaules.
— Ce n’est définitivement pas de la soie ou du coton doux, mais cela fera bien l’affaire. (Elle m’adressa un sourire en coin tandis qu’elle s’éloignait vers la salle d’eau.) Tu as l’air d’une charmante petite Occidentale en vadrouille dans la campagne, Alice.
Je restai plantée sur place, sans trop savoir comment réagir, alors que l’ancienne Impératrice tirait la porte coulissante derrière elle. J’avais hâte de savoir à quoi elle allait ressembler avec les mêmes vêtements que moi.

Profitant de l’absence de Soraya, je quittai le temple pour m’aventurer dans les jardins. Au milieu des haies taillées et des parterres de fleurs étaient positionnés d’autres mécanismes comme ceux accrochés aux murs des bâtisses. Des cadrans sur des colonnes, des inscriptions faites à même la pierre qui indiquaient des angles, des directions et des nombres, ainsi que des fontaines dont je soupçonnais que l’écoulement parfait donnait la mesure d’un certain temps.
Je me sentais drôlement intriguée par tous ces instruments, bien que je n’en comprisse pas l’utilisation pour la plupart. Observer toutes ces horloges, cadrans solaires et autres outils rassemblés au milieu du Sanctuaire devait perturber plus d’un visiteur. Pourtant, je me rendis compte du temps que j’avais passé à flâner au milieu des allées seulement lorsque Soraya me tira par le bras, l’air agacé.
— Alice, je t’appelle depuis tout à l’heure. Le repas est prêt. Kol Zou m’a chargée de te dire que nous pourrons discuter après le déjeuner.
Bien que mon estomac se réjouit de son annonce, le reste de ma personne s’en irrita.
— Elle repousse encore ses explications, marmonnai-je en suivant la Sudiste le long des chemins de graviers et des lignes de fleurs multicolores. Elle nous a arrachées à Lau Dih en se présentant à peine, l’a forcée à faire demi-tour pour qu’elle retrouve rapidement son Sanctuaire, puis nous a guidées jusqu’ici sans un mot.
Je poussai un nouveau soupir mécontent en gravissant les petites marches du temple. J’essayais de ne pas trop me plaindre de peur d’agacer Soraya, mais le comportement de Kol Zou me pesait de plus en plus. Sans compter que je soupçonnais mon amie de partager mon ressentiment.
— Et maintenant que nous sommes enfin arrivées, elle laisse la situation traîner en longueur.
Je me tus en remarquant les Gardiens du Sanctuaire installés en cercle pendant qu’un de leurs congénères leur servait la soupe dans des bols en céramique. En nous apercevant, Kol Zou nous fit signe de les rejoindre. Intimidées, Soraya et moi nous installâmes près d’elle, dans un espace laissé vide. On nous servit notre portion de potage ainsi qu’un morceau de pain. Comme les autres Gardiens n’avaient pas attaqué leur assiette, je m’abstins de me jeter sur mon repas. Soraya observait elle aussi nos voisins dans l’espoir que l’un d’entre eux commençât enfin à manger.
L’un des Gardiens prononça quelques mots en avirien – « Remercions Kol pour ce repas » – avant de prendre une louche de soupe. Les autres l’imitèrent, bientôt suivis de Soraya et moi.
Le délicieux potage à la viande apaisa quelque peu mon impatience et ma fatigue.

Le repas se déroula dans le silence et la quiétude. Soraya et moi étions les seules pèlerins, si bien que le Sanctuaire baignait dans une atmosphère sereine et reposante.
Dès la fin du repas, je m’approchai de Kol Zou. Ses yeux noirs me sondèrent attentivement tandis que je m’installais en tailleur à ses côtés. J’avais peur de la brusquer en abordant le sujet de notre quête divine sans attendre qu’elle le fît d’elle-même.
— Vous n’avez pas souvent de voyageurs, au Kol Sak ? finis-je par souffler d’un ton hésitant en observant les jardins par l’ouverture du temple.
— Rares sont ceux qui y séjournent pour la nuit, avoua-t-elle d’un air pincé en tendant son assiette vide au Gardien chargé du ramassage. Nous ne sommes pas une essence de Rug Da très populaire. La plupart des Aviriens ont du mal à se faire à l’idée que notre Dieu puisse s’incarner dans le Temps. Nous n’avons pas de… d’enveloppe physique où l’essence de Kol pourrait s’incarner, qui plus est.
— Contrairement aux animaux sacrés des Sanctuaires de la Faune et de la Flore, compris-je d’un ton désolé. À mes yeux pourtant, il semble évident que le temps est une dimension essentielle de notre existence et qu’elle s’incarne à travers une entité supérieure.
— Les Aviriens aiment associer leurs croyances à des présences physiques, que ce soient des êtres vivants ou non. Pour nous, même si nous représentons le temps à l’aide d’outils et d’instruments, ça ne suffit pas.
Compatissante, je hochai la tête. Ma naissance dans un royaume où l’on priait une entité liée à la temporalité aidait sûrement à mon approbation. Mais pour un peuple qui avait l’opportunité d’apercevoir l’essence physique d’un être supérieur en se rendant dans des Sanctuaires de la Faune, un concept aussi vaporeux que le Temps devait être rebutant.
— Les Aviriens ne sont-ils pas curieux de leur histoire ? De leurs origines, de leurs gloires passées ? (L’enthousiasme fusait en moi au fur et à mesure que je me plongeais dans mes idéaux.) Ou bien de leur avenir ? Des possibilités qui s’offrent à eux tandis que les changements s’opèrent sur vos terres ?
Un sourire approbateur avait pointé sur les lèvres de Kol Zou au rythme de mes paroles. Dès que je relâchai mon souffle, elle enchaîna :
— Les Avirien sont avant tout volatiles et indécis, expliqua la Gardienne en triturant la manche de sa tunique. C’est en raison de ces traits de caractère que nous avons tant de Sanctuaires dédiés à tant d’essences de Rug Da. Comme certains Sak leur offrent la possibilité d’apercevoir les implications physiques d’une entité, ils préfèrent s’y référer. Après tout, qui croire lorsqu’on nous montre un animal sacré au comportement presque humain et des outils destinés à mesurer les saisons ou prévoir le cycle lunaire ?
Yeux dans le vague, elle soupira, avant de grimacer d’un air contrit en apercevant ma mine défaite. Finalement, elle haussa les épaules avant d’ajouter :
— Je comprends ta perplexité. Pour moi qui suis Gardienne depuis trois siècles, seul le toucher de Kol sur mon askil m’a permis de résister à la simplicité d’esprit de nombreux Aviriens. J’ai conscience des possibilités que m’offre en plus Kol dans ma foi. J’admire tous les autres Gardiens de mes contrées, même si je reste dubitative face à un Sanctuaire dédié à la Rose ou au Vol.
— Au Vol ? répétai-je d’un air effaré avant d’enchaîner vivement : vous êtes Gardienne depuis trois siècles ? Quel engagement… c’est très honorable.
L’admiration que je ressentais soudainement pour Kol Zou se mêlait d’une pointe de crainte. Comment pouvait-on vivre aussi longtemps sans en ressentir les conséquences sur son esprit ? Pour le corps des Gardiens, j’avais déjà compris grâce à Lau Dih que le toucher de leur Dieu leur permettait de conserver l’apparence qu’ils avaient au moment de leurs vœux de Gardien.
— On ne voit pas le temps passer, si j’ose dire, souffla malicieusement Kol Zou avec une étincelle dans les yeux.
C’était la première fois qu’elle se montrait réellement agréable à mon égard. Soraya et moi avions rapidement compris que Kol Zou ne serait pas aussi chaleureuse et compatissante que Lau Dih. Elle me faisait plus penser à Ark Shan, avec ses mimiques renfrognées, ses directives sèches et la distance aussi bien physique que morale qu’elle avait instaurée avec nous dès le premier jour. Heureusement, elle n’avait pas souhaité nous blesser d’une quelconque manière.
Au contraire, c’était elle qui était venue nous retrouver au milieu des terres aviriennes pour nous presser de rejoindre le Kol Sak. Elle nous avait brièvement expliqué que Kol l’avait enjointe à nous guider jusqu’à son Sanctuaire sans en dire bien plus.
À présent, je vibrais d’une angoissante curiosité. Je ne prenais pas pour un terrible hasard que l’entité du Temps avirienne souhaitât rencontrer deux voyageuses Oneiriannes à la recherche de leur Déesse du Temps perdue.

— Soraya ! hélai-je mon amie alors qu’elle passait à proximité en aidant au ramassage des gamelles – elle semblait s’être décidée à découvrir l’intendance d’un foyer.
Elle s’approcha de sa démarche chaloupée avant de se pencher vers moi pour écouter ce que j’avais à lui dire. Ses iris mordorés scintillaient à la lueur des braises du four installé tout près.
— Il faut qu’on explique à Kol Zou ce qui nous amène ici, soufflai-je avec gravité.
Elle hocha lentement la tête en basculant son attention sur la Gardienne, qui nous observait en silence, l’air pensive. Tout en ramenant son gilet de laine autour d’elle, la Sudiste s’agenouilla pour que nous formions un triangle.
— Je sais que vous êtes à Mor Avi pour une raison qui concerne vos Dieux, déclara aussitôt Kol Zou à voix basse pour ne pas être entendue de tous. Kol me l’a soufflé. Toutefois, nous ne savons pas quelles sont vos motivations exactes. Qu’espérez-vous trouver dans les Sak ?
— Kan, notre Déesse du Temps, annonçai-je sans préambule, plus que lasse de toute cette attente.
Quelques secondes de silence s’écoulèrent avant que la Gardienne ne fronçât les sourcils en plissant les lèvres. Ses pupilles noires me dévisageaient avec étonnement.
— Pourquoi trouverez-vous votre Déesse dans nos Sanctuaires ?
— Parce que Kan s’est exilée il y a plusieurs siècles, confia Soraya d’un ton distant. D’après Galadriel, notre divinité de la Vie, son égale s’est enfuie dans vos terres suite… à la suite d’un événement terrible qui a eu lieu à Oneiris.
La perplexité envahissait trait après trait le visage de la Gardienne. Je comprenais sans mal ses doutes ; la situation inverse m’aurait aussi ébranlée.
— Un événement terrible ? De quel genre ? Que s’est-il passé de si grave pour que vos propres Dieux vous abandonnent ?
— Ils ont été trahis par nos ancêtres, révéla Soraya d’un air morne en détournant le regard. L’un d’eux, le maître de la matière et des éléments, a été déchu et s’est retrouvé coincé dans une enveloppe charnelle. De peur d’être soumis de nouveau à la volonté des Hommes, Kan et Eon, les divinités jumelles du Temps et de l’Espace, ont pris la fuite et ont quitté leur berceau.
— Quel drame, soupira Kol Zou avec sincérité tout en se mordillant une lèvre. Et vous espérez donc retrouver Kan à Mor Avi ? Mais une Déesse ne traverse pas ainsi les continents. Où pourrait-elle avoir trouvé assez de force pour subsister en terres inconnues ?
Embarrassées de lui donner notre réponse, Soraya et moi restâmes silencieuses tandis que l’idée s’infiltrait naturellement dans l’esprit de Kol Zou. Celle-ci se redressa soudain, le visage affaissé, les yeux écarquillés.
— Non, ce n’est pas possible. Une Déesse ne peut devenir une entité de Rug Da.
— Et pourquoi pas ? rétorqua Soraya en haussant un sourcil.
Sa témérité m’arracha une grimace, mais Kol Zou se contenta de secouer la tête, l’air éperdue.
— Rug Da… une essence de Rug Da ne tolérerait pas la présence d’une autre entité. Elles entreraient en conflit.
— Même si les deux entités en question représentent la même notion ? murmurai-je doucement en me penchant vers Kol Zou, espérant la convaincre de notre folle idée.
Avant que je pusse la frôler, elle recula subitement, livide. Son regard perdu dans le vide luisait de crainte. Elle referma les bras autour de ses genoux en baissant la tête comme une enfant perdue et esseulée. Peinée, je m’agenouillai de nouveau en observant le parquet sous mes jambes. Avions-nous été idiotes et effrontées d’avoir émis telle théorie ?
Un froissement de tissu me fit relever le nez. Kol Zou nous toisait avec attention, le visage inexpressif. Lorsqu’elle prit la parole, sa voix avait perdu les inflexions dures que la Gardienne avait toujours exprimées.
Kol souhaite échanger avec vous. Avec toi, plus précisément, Alice.


Dernière modification par louji le ven. 17 déc., 2021 11:08 am, modifié 2 fois.
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Oh ! purée ! tout ce que tu as écrit depuis la dernière fois que je suis passé ! ou alors c'est moi qui me suis absenté longtemps.
Mais, je vais essayer de reprendre où j'en étais avant mes vagabondages dans le grand nord, à deux pas de la banquise ! :lol:
Faudra aussi que je te fasse un grand mail pour te raconter les dernières nouvelles.
Je suppose que tu es en vacances, alors, profite ! ;)
A très bientôt !
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Hé ! c'est quand même agréable de lire plusieurs chapitres à la suite ! je finis par être touché par le syndrome de Booknode, réaction allergique au saucissonnage des romans... :lol:
Sinon, c'est agréable à lire, je n'ai quasiment rien trouvé de tordu ou bizarre, je te dis que tu fais des progrès ! ;)
Je suis toujours admiratif devant ton imagination et ta capacité à écrire... Il me manque juste à combler un gros trou gris dans le paysage quand je te vois en train d'écrire : ta bouille de clown ! :lol:

Je suppose que tu es en vacances ? tu bouges ou tu hibernes sous ta couette ?
Bisoux

Et ton projet de décaler les saisons : ça y est on est en hiver... mais vu la température, le vent et la pluie, ça ressemble assez à l'automne par ici... Et puis avec l'inertie thermique, même si le soleil est au plus bas en ce moment c'est plutôt janvier et février les mois les plus froids... Enfin bon, moi je serais pour doubler l'été et supprimer l'hiver... :lol:

Ah un truc que j'avais noté en relisant un chapitre précédent : Je retirai sans douceur ma lame de sa poitrine, essuyai le sang avec des brindilles puis rangeai contentieusement Kan. - "contentieusement" ??? (en relisant le ch 6, je crois) tu confonds pas contentieux et conscience ? :lol: pardon, je me moque ! tu voulais dire consciencieusement, je suppose...
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Oh ! purée ! tout ce que tu as écrit depuis la dernière fois que je suis passé ! ou alors c'est moi qui me suis absenté longtemps.
Mais, je vais essayer de reprendre où j'en étais avant mes vagabondages dans le grand nord, à deux pas de la banquise ! :lol:
Faudra aussi que je te fasse un grand mail pour te raconter les dernières nouvelles.
Je suppose que tu es en vacances, alors, profite ! ;)
A très bientôt !
DanielPagés a écrit :Hé ! c'est quand même agréable de lire plusieurs chapitres à la suite ! je finis par être touché par le syndrome de Booknode, réaction allergique au saucissonnage des romans... :lol:
Sinon, c'est agréable à lire, je n'ai quasiment rien trouvé de tordu ou bizarre, je te dis que tu fais des progrès ! ;)
Je suis toujours admiratif devant ton imagination et ta capacité à écrire... Il me manque juste à combler un gros trou gris dans le paysage quand je te vois en train d'écrire : ta bouille de clown ! :lol:

Je suppose que tu es en vacances ? tu bouges ou tu hibernes sous ta couette ?
Bisoux

Et ton projet de décaler les saisons : ça y est on est en hiver... mais vu la température, le vent et la pluie, ça ressemble assez à l'automne par ici... Et puis avec l'inertie thermique, même si le soleil est au plus bas en ce moment c'est plutôt janvier et février les mois les plus froids... Enfin bon, moi je serais pour doubler l'été et supprimer l'hiver... :lol:

Ah un truc que j'avais noté en relisant un chapitre précédent : Je retirai sans douceur ma lame de sa poitrine, essuyai le sang avec des brindilles puis rangeai contentieusement Kan. - "contentieusement" ??? (en relisant le ch 6, je crois) tu confonds pas contentieux et conscience ? :lol: pardon, je me moque ! tu voulais dire consciencieusement, je suppose...

Hello Daniel ! :D

En soi, ça ne fait pas si longtemps que ça que tu n'étais pas passé, c'est juste que je publie toutes les deux semaines donc ça passe vite ! ;)
Il a fait si froid ? :lol: Faut dire que pour toi qui viens du Sud-Ouest... :roll:
Oui en vacances depuis jeudi soir ! ;) Et je profite, mais la révision des partiels et la finalisation des dossiers arrivent aussi... :(

Oui, en fin de compte, c'est pas plus mal d'attendre que plusieurs chapitres soient sortis... C'est plus agréable d'avoir plusieurs morceaux à lire d'un coup (moi aussi ça m'agace le saucissonnage des romans... mais tout mettre d'un coup serait beaucoup trop intimidant pour les lecteurs... :? )
Oh ben ça me fait plaisir que tu me dises ça, comme quoi les leçons finissent par rentrer ;)
Eh merci beaucoup :D Toujours un peu une tête de clown, mais je sais manger au moins maintenant (je crois?) :lol:

Je bouge un peu pour voir les amis et la famille, mais j'hiberne pas mal aussi :lol:

Oui, ça me fait rire car quelques jours après mon cri de guerre à la nature, il faisait 15° degrés dehors... C'est effrayant et à n'y rien comprendre... :? Oui je suis complètement d'accord pour l'été, c'est ma saison préférée :D

Oula, oui, c'est bien "consciencieusement" que je voulais dire :lol: Merci pour avoir relevé ! ;)

Encore un grand merci pour ton retour, qui fait toujours autant plaisir :)
Passe de bonnes fêtes de fin d'année (même si tu manges pas de chocolat :( ) !
Bizoup
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Bonsoir ! (bonjour ?)
En attendant, bonne lecture !




Chapitre 8
Achalmy



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois de l’automne, Mont Valkovjen, Terres du Nord.



Nous avions franchi les premières lignes d’éclaireurs Valkov.
Un détour de deux jours nous avait permis de contourner les voies directes aux territoires Valkov – celles qu’empruntaient la majorité des Nordistes – et d’éviter leur surveillance. Depuis trois jours, nous revenions progressivement vers les terres protégées pour en arpenter les chemins dégagés. En effet, sur les flancs est et nord, le Mont Valkovjen était trop abrupt et sauvage pour en fouler le sol. Nous devions retrouver les plateaux de la face sud, même s’ils menaient inexorablement aux Valkov. J’espérais toutefois, qu’à cette hauteur, ils se montreraient plus cléments.
Nous avions croisé quelques-uns de leurs membres, mais leur nombre diminuait au fil des lieues. Ce n'était pas un clan très nombreux ; ils avaient placé l’essentielle de leurs forces au pied de la montagne, en contact direct avec les voyageurs. Heureusement, un seul des éclaireurs nous avait repérés et avait engagé le combat. J’avais préféré l’épargner et l’attacher à un tronc d’arbre plutôt que de le tuer. Après tout, nous étions du même clan et je préférais avoir les faveurs des Valkov si nous en venions à négocier avec eux.
Mars tenait plus ou moins bien mon rythme maintenant que nous arpentions une véritable montagne et non pas un quelconque sentier de vallée. Le dénivelé était bien plus conséquent et il était rare d’avoir un chemin tout tracé. Nous taillions notre route à travers d’épais sous-bois et des bosquets aux arbres plus épars, nous retrouvant parfois coincés face à une paroi rocheuse.
Même si notre voyage avait pris un tournant plus éprouvant, j’étais plus excité que jamais. Enfin, je foulais le sol sacré du Mont Valkovjen. Enfin, j’approchais de mon désir de rapporter un Saphir des Glaces pour acquérir ma Maturité. Enfin, j’allais rencontrer mon clan maternel.

Alors que nous grimpions une pente enneigée et bordée de bois clairsemés, j’observais l’horizon face à nous. Des brumes que le soleil ne parvenait pas à chasser cachaient la pointe du Mont, mais je distinguais la base du sommet, mélange fascinant de blanc et de gris, de glace et de roc. Je me demandais si un être humain était déjà parvenu à escalader aussi haut. S’il était seulement possible de le faire… Après tout, le Mont Valkovjen s’élevait si près des Cieux que sa cime appartenait peut-être au domaine des Dieux. Eon avait-il trouvé refuge là-haut, à la fois proche et éloigné de ses égaux ? Ou était-il parti bien loin, en contrées inconnues, par-delà nos montagnes et nos frontières ?
Un sifflement traversa l’air une pincée de secondes avant qu’une flèche furtive déchirât mon manteau et la peau de mon épaule en-dessous. Sonné par la rapidité et la puissance du projectile, je sifflai de douleur, dressai un mur de glace devant moi et l’étendis jusqu’à Mars qui marchait deux mètres plus loin. En apercevant le sang qui perlait de ma blessure, il pâlit et me jeta un regard stupéfait.
— Cours jusqu’au sous-bois et abrite-toi derrière les arbres ! lui lançai-je d’un ton autoritaire en lui indiquant les troncs solitaires qui se dressaient dans son dos.
Conscient qu’il n’avait aucun moyen de se défendre contre des flèches, il ne se fit pas prier. Il fila se poster derrière un arbre tout en me surveillant du regard. Je diminuai ma paroi de glace pour qu’elle me protégeât uniquement et dégainai Kan. Si je me fiais à la puissance du projectile, le tireur ne devait pas être bien loin, mais…
Un coup d’œil par-dessus mon épaule m’apprit que la flèche n’était pas là. Perplexe, je fouillai la neige autour du moi à la recherche d’une hampe, mais ne trouvai rien. Le jet avait-il été trop fort et avait-il disparu dans les sous-bois ?
Mon mur de glace émit un craquement sinistre quand il vola en éclats sous l’impact d’une nouvelle flèche virulente. Abasourdi par la brutalité du projectile, je me déportai vivement sur le côté en dressant une nouvelle paroi gelée. Cette fois-ci, la hampe s’était écrasée à quelques mètres. Elle n’était pas en bois. Façonnée dans un étonnant matériau brillant, elle était d’une jolie couleur bleutée. Ce n’est que lorsque la flèche se désintégra sous mes yeux que je compris.
Le projectile était de glace. Et l’arme qui le tirait était donc élémentaire.

Une vague d’appréhension mêlée d’impatience monta jusqu’à ma poitrine. Sourire aux lèvres, je dissipai mon mur de glace en brouillard opaque et me mis à courir en zigzag. Un nouveau sifflement emplit l’air silencieux de la montagne. Plutôt que de ralentir en dressant un mur de glace, j’accélérai en espérant que le nuage brumeux que j’avais formé cachait ma position exacte. Un léger dérapement dans la poudreuse me sauva la vie : la flèche me frôla le cou en me ratant.
Stupéfait, je me jetai derrière un tronc, le souffle court et le sang battant contre les tempes. L’archer était doué, mais sûrement pas au point de changer la trajectoire de ses flèches en plein vol. C’était ce qui s’était passé, car j’étais certain de ne pas être sur sa ligne de mire au moment où le projectile avait sifflé. À moins que ce fût un Élémentaliste et qu’il dirigeât sa flèche en cours de route… Je n’avais encore jamais vu ceci, mais c’était éventuellement possible.
— La poisse, marmonnai-je en inspectant le fil étincelant de Kan.
D’une pensée, j’allégeai mon arme en transformant une partie de sa lame en bulle d’eau. Si je ne pouvais pas éviter les flèches, je pouvais les briser. Ou en prendre le contrôle ? Je ne préférais pas tenter l’expérience : je savais déjà qu’un Chasseur ne pouvait pas contrer les éléments que je tirais de mes sabres… Les armes élémentaires n’obéissaient qu’à leurs possesseurs.
— Al ! siffla Mars en passant d’un arbre à un autre pour approcher de ma position. C’est un éclaireur Valkov ?
Je constatai avec satisfaction et soulagement qu’il avait dégainé le sabre que mon père et Zane lui avaient offert deux semaines plus tôt. Le bougre prenait enfin de bons réflexes.
— J’en sais rien, avouai-je en jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule. Mais fais attention : je crois que notre archer possède une arme élémentaire. Les flèches sont de glaces et bien plus puissantes que des projectiles en bois. Je peux pas les détourner avec mes propres pouvoirs et tes flammes sont sûrement trop faibles. Sans compter que le Chasseur peut les diriger en plein vol.
Même à quelques mètres de distance, je le vis blêmir et grimacer.
— Alors qu’est-ce qu’on peut faire ? lança-t-il nerveusement en resserrant sa prise sur son katana flambant neuf.
— Briser les flèches ou les amener à se désagréger en les esquivant au dernier moment. Une fois enfoncées dans le sol ou dans un tronc, le Chasseur perdrait trop de temps à reprendre le contrôle plutôt qu’à en tirer une nouvelle.
Toujours livide, le Sudiste ne répondit rien, mais garda les yeux rivés au sommet de la pente où l’éclaireur se trouvait sûrement.
— Je vais remonter vers l’archer par les sous-bois, annonçai-je à mon compagnon en me retournant lentement. Reste ici, je t’appellerai une fois que la menace sera passée.
— Et si tu ne m’appelles pas ?
Sa question me laissa pantois un moment. Il venait d’envisager ma défaite. Soudain secoué par cette possibilité – c’était tout de même un Chasseur armé d’un arc élémentaire qui nous faisait face – je serrai les dents et susurrai :
— Tu as plutôt intérêt à courir vite.
Sans lui laisser le temps de répondre, je bondis vers l’arbre le plus proche et m’y abritai. Puis, recommençant la même manœuvre à chaque tronc, je remontai les sous-bois à la recherche de l’archer.

Une nouvelle flèche fila dans l’air après mon cinquième déplacement. Je me baissai en fléchissant brusquement les genoux au moment où le projectile traversait l’arbre sans encombre. Désarçonné, j’observai un moment la hampe gelée s’enfoncer dans la neige à quelques mètres puis disparaître dans une pluie bleutée. C’était définitivement une arme élémentaire ; des flèches fabriquées dans la glace par un Chasseur ne pouvaient être aussi puissantes.
— Qui êtes-vous ? finis-je par crier au vide en me redressant, arme au poing.
Je brandis Kan devant mon visage lorsqu’un nouveau projectile fusa dans ma direction. L’impact contre ma lame me fit déraper d’une vingtaine de centimètres. Quelle force… je n’allais pas tenir longtemps comme ça.
— Êtes-vous un Valkov ? ajoutai-je d’un ton puissant en courant vers un nouvel abri.
Je brisai un nouveau projectile et me dirigeai vers la source du tir. Une flèche m’obligea à m’arrêter pour l’esquiver. J’étais encore trop loin du tireur… et clairement désavantagé. Mon style de combat était dévoué au corps-à-corps et je n’avais que quelques couteaux de lancer en guise d’armes à distance. Je devais obligatoirement approcher l’archer pour espérer le vaincre. Or, s’il continuait à me ralentir ou à me faire reculer à l’aide ses flèches puissantes…
Un projectile gelé coupa le fil de mes pensées. Avec un juron, je dressai Kan pour dévier le tir et lâchai un petit soupir soulagé en le voyant se désintégrer.
— Nous voulons simplement passer ! déclarai-je en me levant, les bras écartés en signe de paix.
Peut-être aurais-je dû être plus convaincant, car une flèche jaillit droit devant moi pour m’embrocher la poitrine. Agacé, je brisai le tir d’un mouvement sec de ma lame et avançai d’un pas déterminé. Une nouvelle volée de projectiles fusa vers moi et j’en brisai chacun de ses traits. Si l’archer voulait jouer ce petit jeu…
— N’avance pas plus !
Surpris que le tireur eût daigné prendre la parole, je me figeai en plein milieu de la pente enneigée, vulnérable sans arbre ou rocher pour m’abriter. Deux flèches – des normales, cette fois-ci – vinrent se planter autour de moi à quelques secondes d’intervalles.
— Mon ami et moi aimerions rejoindre les grottes du Mont Valkovjen, lançai-je à la cantonade, ignorant toujours l’emplacement exact de l’archer.
— C’est impossible, répliqua sèchement la voix au moment où une silhouette sombre apparaissait au sommet de la pente.
Sourcils froncés, je repris tranquillement mon avancée en faisant des moulinets de la main droite. Pour qui se prenaient ces Valkov ? Le Mont Valkovjen – malgré son nom – ne leur appartenait pas. Ils avaient franchi la limite entre protection et possession.
— Aucune loi ne m’interdit de fouler le sol de la montagne sacrée des Nordistes, grondai-je d’une voix féroce en pointant Kan dans la direction du tireur. Valkov ou pas, laissez-nous passer. Nous comptons pas vous importuner ou que sais-je encore. Nous voulons simplement trouver des Saphirs des Glaces.
Et Eon.
— Impossible, asséna autoritairement l’archer en levant de nouveau son arc. Reculez.
— J’ai cassé tes flèches de misère, Valkov, et, dès que je serai à portée, ce sont tes os que je briserai ! cirai-je d’un ton véhément en bondissant.
La neige crissait sous mes talons tandis que je fusais vers le tireur. Implacable, celui-ci arma son arc et tira. De nouveau les flèches de glace. J’en brisai deux à la suite et en esquivai une dernière. Ces foutus projectiles devaient se forger d’eux-mêmes d’une simple pensée, car l’intervalle entre deux tirs était rageusement court.
— Tu te crois invincible avec ton arme élémentaire ? lançai-je à l’archer d’un ton moqueur en cassant en plein vol un trait qui m’aurait creusé un troisième œil.
Le silence me répondit. À ma propre surprise, le tireur abaissa son arme, le bord de sa cape enneigée soulevé légèrement par un souffle timide. Méfiant, j’abaissai légèrement la pointe de Kan et rappelai la bulle d’eau qui avait brisé des flèches en plein vol lorsque mon arme n’était pas en mesure de les atteindre. Le sabre se fit plus lourd dans ma paume quand sa lame se reconsolida entièrement.
— Tu possèdes toi aussi une arme élémentaire, lança alors le Chasseur d’une voix distante.
Et t’as pas vu Eon, songeai-je avec un soupçon de plaisir, m’empêchant de porter une main instinctive au long katana sanglé en travers de mon dos.
— C’est vrai, finis-je par répondre en m’approchant lentement du tireur. Entre Chasseurs porteurs d’armes élémentaires, pourrait-on pas discuter paisiblement ?
J’apercevais plus nettement mon adversaire. Capuche remontée sur le front, sa cape ne laissait pas paraître grand-chose. Une épée pendait à sa hanche, mais son arme de prédilection était définitivement le grand arc logé dans sa main. Fabriqué dans un étonnant bois presque noir, je distinguais vaguement des motifs plus clairs le long de ses branches. C’était la première fois que j’avais affaire à une autre arme élémentaire autre que mes propres sabres. J’étais à la fois intrigué et méfiant. Je savais parfaitement à quel point ces outils étaient puissants et imprévisibles…
En sentant Kan vrombir dans ma paume, je souris.
… non pas des outils. Des âmes guerrières dans des fourreaux divins.
— Encore une fois, je peux pas vous laisser passer, reprit l’archer en faisant quelques pas dans ma direction. Le Mont Valkovjen n’est plus accessible aux voyageurs. Nous… le clan Valkov peut plus gérer les flux de Nordistes. C’est pour ça que je peux pas vous laisser passer.
— Et moi je peux pas faire demi-tour, répliquai-je sans ciller.
Une bourrasque souleva la cape de l’archer et un écran de poudreuse avant de retomber. Le silence plana encore quelques secondes avant que le tireur redressât son arc.
— Alors je devrai vous tuer.
Un rictus glacé étira mes lèvres. Nous en venions à la loi primordiale de notre peuple, celle du sang. C’était son devoir de m’arrêter et c’était ma destinée d’avancer. L’un de nous y laisserait la vie, mais aurait l’honneur de rejoindre Lefk.
Comme j’avais déjà tenté l’expérience pour ma part, c’était au tour du mystérieux archer.

Profitant de ma proximité avec l’adversaire, j’envoyai un harpon de glace dans sa direction. Sa flèche fusa vers moi en même temps. L’archer évita souplement mon attaque tandis que je brisais la sienne de mon sabre.
Nous nous toisâmes en silence, tendus, concentrés, mortels.
— Tu es si jeune, lança l’archer d’un ton presque coupable, ça m’attriste d’avoir à achever une vie comme la tienne.
Alors que j’avançais à grandes enjambées vers l’adversaire, je ralentis. Cette voix…
Mon attention détournée faillit me coûter un membre. Je me déportai vivement lorsque le trait gelé glissa dans l’air face à moi, mais mon bras y laissa tout de même un bout de chair. L’entaille était plus profonde que la précédente et mon sang ne tarda pas à humidifier ma manche.
À la fois furieux contre moi-même et contre ce fichu Valkov, je dégainai Eon et me lançai à l’assaut de l’archer. Conscient qu’il ne lui restait plus que quelques flèches à tirer avant d’être submergé, il arma vivement son arc. Sous mes yeux ébahis, je vis le projectile de glace se former directement contre la corde tendue et être projeté à toute vitesse. Eon le pulvérisa en mille morceaux bleutés. Mon long sabre luisait d’un éclat gelé dans la lumière crue du soleil.
Un silence stupéfait envahit la pente enneigée. Mon adversaire restait planté sur place, son bras armé baissé sous le coup de la surprise. Je savais qu’Eon était plus impressionnant que Kan, mais de là à s’en figer en plein combat…
— Eon ?
Si le souffle d’air ne m’avait pas apporté l’interrogation de l’archer, je ne l’aurais sûrement pas entendue. À présent tout aussi étonné que l’ennemi, je fronçai les sourcils. Comment le tireur pouvait-il reconnaître mon sabre ?
L’évidence me fit grimacer. L’arme élémentaire était un héritage de ma mère, ancien membre du clan Valkov. La personne qui me faisait face était donc quelqu’un qui l’avait connue.
Alors qu’une drôle de curiosité teintée de joie me parcourait de la tête aux pieds, l’adversaire poussa un cri féroce, saisit son épée et commença à dévaler la pente immaculée. Je me ressaisis aussitôt et plaçai ma garde.
— Sale chien ! beugla le Valkov en me lançant plusieurs jets d’eau à haute vitesse.
Je les fis s’évaporer et armai Eon pour projeter une vague de froid. La lame de glace déchira un bout de la cape de l’ennemi. Frustré, je glissai sur mes appuis et tournai au moment où l’épée adverse fendait l’air. D’un mouvement rotatif, j’envoyai Kan vers l’épaule du Valkov, qui détourna habilement mon coup et balança son talon d’une même traite. De la main droite, je bloquai son pied et tranchai l’air à l’aide d’Eon de la gauche. L’archer esquiva souplement en grognant et reconstitua sa garde.
— Où l’as-tu trouvé ? asséna le Valkov d’une voix brûlante de colère.
Et ce que je soupçonnais depuis quelques minutes se confirma lorsque la capuche retomba sur les épaules de mon ennemi après qu’il eût reculé de quelques pas. Ses cheveux d’un noir de corbeau étaient ramenés en arrière à l’aide de plusieurs tresses et ses iris alternaient entre bleu glacé et gris translucide tandis que ses capacités d’Élémentaliste entraient en action. Sous mes pieds, le sol s’était mis à trembler, mais cela ne me détourna pas du visage crispé qui me faisait face. Même si les traits étaient tirés de fureur et de mépris, ils étaient fins, charmants bien que marqués par les années, et incontestablement féminins. C’était une archère, une Chasseuse, une Valkov.

— Qui êtes-vous ? soufflai-je d’un ton prudent en affermissant ma prise sur mes sabres.
Elle fronça le nez et retroussa les lèvres sous le coup de l’indignation et de la colère. Elle ressemblait à une louve. Une louve cheffe de meute. Un mélange de crainte et d’admiration m’envahit la poitrine. Presque subjugué, je me penchai légèrement en avant, anticipant son prochain mouvement.
Mais elle se contenta de donner un coup de menton vers Eon et de susurrer :
— Je ne répèterai pas trois fois ma question : où l’as-tu trouvé ? Dernière chance.
— Dernière chance ? répétai-je d’un air provocateur en haussant les sourcils.
— Je ramasserai Eon sur ton cadavre, expliqua la guerrière avec un sourire sans joie. À présent, réponds à ma question. Peut-être que je t’épargnerai en fonction de ta réponse.
Perplexe, j’abaissais légèrement les bras. Elle ne semblait pas vouloir attaquer. Plutôt que de chercher le conflit, je me pliai à sa volonté.
— Je l’ai trouvé nulle part, avouai-je à mi-voix en soulevant légèrement Eon pour mieux l’observer. Ce sabre élémentaire est un héritage, un cadeau de mon père. Je l’ai obtenu à la fin de mon entraînement, quand j’ai obtenu la Marque Noire.
Je me tournai légèrement de biais pour qu’elle pût voir mon tatouage. Indifférente, elle me dévisagea sans rien manifester, si ce ne fût un certain dédain.
— Un cadeau de ton père ? siffla la Chasseuse en grimaçant de dégoût. Un héritage ? Je ne crois pas, non. Eon appartient à mon clan depuis des décennies et il nous a été volé il y a presque vingt ans.
Volé ? Quelle méprise… Venait enfin l’instant où j’allais avouer ma parenté avec les Valkov. J’étais à la fois impatient et angoissé. Comment allait réagir la femme en l’apprenant ?
— Eon n’appartenait pas à mon père, reconnus-je d’une voix conciliante. Il me l’a légué, mais c’est un héritage de ma mère. Le sabre lui appartenait.
Je n’eus pas le temps de réagir lorsque la femme bondit vers moi. Elle me fit basculer dans la neige et appuya dangereusement le fil de son épée contre ma pomme d’Adam. Je pouvais la repousser, mais ce serait au prix de ma vie.
— Mensonges, cingla-t-elle en me fusillant de ses yeux bleu ciel – leur couleur naturelle.
Dérouté, je lui adressai un rictus tout autant irrité que le sien. Qu’avais à gagner en mentant ? Rien du tout.
— Je dis la vérité, marmonnai-je en ramenant lentement Eon vers moi. Vous qui portez un arc élémentaire, vous devez savoir que ces armes choisissent leurs possesseurs. Comment pourrais-je me servir d’Eon si j’étais pas légitime ?
La Chasseuse me dévisagea intensément, les lèvres pincées de colère – ou de résignation ?
— C’est faux, rétorqua la femme en secouant la tête. Eon… c’est impossible…
Sa voix mourut. Un vide s’était installé dans ses yeux. Grimaçant face à son expression amère, chagrinée, je me dégageai lentement de son poids. Elle me laissa faire, comme perdue dans ses pensées.
— Je suis désolé de vous l’annoncer ainsi, mais Eon a pas été volé. Il m’a été légué.
Je me reçus un regard noir en guise de réponse. Contrit, je haussai les épaules puis tendis la lame à la Chasseuse, qui la toisa avec un mélange d’émerveillement et de stupeur.
— C’est la seule chose qui me reste de ma mère. Peut-être… peut-être la connaissiez-vous ?
Une flamme s’alluma dans ses yeux féroces. Je me raidis, prêt à me battre, mais elle secoua la tête. Sans dire un mot, elle se releva, épousseta ses chausses couvertes de poudreuse et me toisa de haut.
— Eon appartenait à l’ancienne cheffe des Valkov. Nous dirigions à deux et protégions notre clan en comptant sur nos armes élémentaires respectives. (D’un air pensif, elle baissa les yeux sur son arc.) Elle avec Eon, moi avec Narkel. Mais ma sœur a disparu il y a des années en emportant avec elle l’un des plus grands trésors de notre clan.
Alors que je comprenais enfin qui était la femme qui me dévisageait avec tant de mépris, elle arma son arc juste au-dessus de ma tête et tendit la corde. Une sueur glacée m’envahit la nuque.
— Si tu es bien le fils de Nikja, alors tu mérites que la mort. Car nous ne tolérons pas le sang des traîtres.


Dernière modification par louji le ven. 17 déc., 2021 11:14 am, modifié 2 fois.
DanielPagés

Profil sur Booknode

Messages : 2595
Inscription : mer. 09 mars, 2011 4:04 pm
Localisation : France sud-ouest
Contact :

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par DanielPagés »

Décidément, ils sont un peu fêlés ces Nordistes !! Ici on se plaint des chasseurs qui tirent n'importe où, mais chez eux c'est pire, ils essaient de te faire la peau à chaque pas !! :lol:
Depuis le départ ça fait une belle collection de filles sauvages et puissantes qui n'ont peur de rien... j'aime bien ! :D

Bon, ça se voit que t'as trop mangé et trop bu, ces temps-ci... :lol: je trouve que t'as ramé au début. Ça a été un peu laborieux, on dirait...

Les remarques habituelles :

Un détour de deux jours nous avait permis de contourner les voies directes aux territoires Valkov – celles qu’empruntaient la majorité des Nordistes – et d’éviter leur surveillance. Depuis trois jours, nous revenions progressivement vers les terres protégées pour en arpenter les chemins dégagés. En effet, sur les flancs est et nord, le Mont Valkovjen était trop abrupt et sauvage pour en fouler le sol. Nous devions retrouver les plateaux de la face sud qui menaient inexorablement aux Valkov. - je comprends bien que c'est pour arriver plus discrètement qu'ils font un grand tour, mais je trouve ce paragraphe un peu confus et il n'explique pas vraiment, on a l'impression que c'est un tour pour rien...

Heureusement, un seul des éclaireurs nous avait repérés et engagé le combat. - là aussi tu essayes d'économiser les verbes !!!

Nous taillions notre route à travers les sous-bois et les bosquets - ça fait assez bizarre : il manque quelque chose qui fasse la différence entre "sous-bois" et "bosquets". Juste un qualificatif qui nous ferait mieux visualiser ça ? Genre (comme disent les ados) : "à travers d'épais sous-bois et des bosquets aux arbres plus épars"

L’archer pouvait être doué, mais… sûrement pas changer la trajectoire de ses flèches en plein vol. -tu penses que "pouvait" peut servir pour les deux parties de la phrase ?
Tu pourrais dire plutôt : "mais... sûrement pas au point de changer la trajectoire..."

j’allégeai mon armé d’une partie de sa lame en la transformant en bulle d’eau. - hum ! pas bien compris ! :)

je savais déjà qu’un Chasseur ne pouvait pas faire la main mise sur l’eau que je tirais de Kan… - heuuu... :lol:

J’étais un combattant au corps-à-corps et n’avait que quelques couteaux - "n'avais" et puis tu dois pouvoir exprimer ça mieux...

le sang des traites - traîtres


Gros bisous
Je n'oublie pas tes questions du dernier mail ;)
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Décidément, ils sont un peu fêlés ces Nordistes !! Ici on se plaint des chasseurs qui tirent n'importe où, mais chez eux c'est pire, ils essaient de te faire la peau à chaque pas !! :lol:
Depuis le départ ça fait une belle collection de filles sauvages et puissantes qui n'ont peur de rien... j'aime bien ! :D

Bon, ça se voit que t'as trop mangé et trop bu, ces temps-ci... :lol: je trouve que t'as ramé au début. Ça a été un peu laborieux, on dirait...

Les remarques habituelles :

Un détour de deux jours nous avait permis de contourner les voies directes aux territoires Valkov – celles qu’empruntaient la majorité des Nordistes – et d’éviter leur surveillance. Depuis trois jours, nous revenions progressivement vers les terres protégées pour en arpenter les chemins dégagés. En effet, sur les flancs est et nord, le Mont Valkovjen était trop abrupt et sauvage pour en fouler le sol. Nous devions retrouver les plateaux de la face sud qui menaient inexorablement aux Valkov. - je comprends bien que c'est pour arriver plus discrètement qu'ils font un grand tour, mais je trouve ce paragraphe un peu confus et il n'explique pas vraiment, on a l'impression que c'est un tour pour rien...

Heureusement, un seul des éclaireurs nous avait repérés et engagé le combat. - là aussi tu essayes d'économiser les verbes !!!

Nous taillions notre route à travers les sous-bois et les bosquets - ça fait assez bizarre : il manque quelque chose qui fasse la différence entre "sous-bois" et "bosquets". Juste un qualificatif qui nous ferait mieux visualiser ça ? Genre (comme disent les ados) : "à travers d'épais sous-bois et des bosquets aux arbres plus épars"

L’archer pouvait être doué, mais… sûrement pas changer la trajectoire de ses flèches en plein vol. -tu penses que "pouvait" peut servir pour les deux parties de la phrase ?
Tu pourrais dire plutôt : "mais... sûrement pas au point de changer la trajectoire..."

j’allégeai mon armé d’une partie de sa lame en la transformant en bulle d’eau. - hum ! pas bien compris ! :)

je savais déjà qu’un Chasseur ne pouvait pas faire la main mise sur l’eau que je tirais de Kan… - heuuu... :lol:

J’étais un combattant au corps-à-corps et n’avait que quelques couteaux - "n'avais" et puis tu dois pouvoir exprimer ça mieux...

le sang des traites - traîtres


Gros bisous
Je n'oublie pas tes questions du dernier mail ;)
Hello Danou et désolée pour le retard, j'attendais de terminer mes partiels... :cry:
Les Nordistes sont clairement rustauds et... un peu entamés par le froid, il faut le reconnaître :lol:
Ah bah pour ça, on partage le même plaisir d'avoir des personnages féminins classes et puissants, sans qu'ils aient besoin de le crier haut et fort ;)

J'ai corrigé toutes les remarques et à la relecture j'ai compris en quoi les phrases qui faisaient sens pour moi n'en avaient pas forcément pour le reste du monde :lol: Merci beaucoup ;)
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello ~

Désolée pour le retard!!! J'avais lu les derniers chapitres, mais je n'avais pas répondu :oops:

Kol Zou est franchement super cool. J'aime bien son côté brut de pomme, ça fait un changement radical avec Lau Dih. Comme d'habitude, les discussions qu'Alice peut avoir avec les divers Gardiens de Rug Da sont vraiment très cool *^* Ça fait un moment, et je n'ai pas relu les chapitres (je les parcours en écrivant cette réponse), mais je me souviens bien de celle sur les aspects plus ou moins physiques/concrets de certaines entités de Rug Da... Very noice *^*
Et puis ce petit cliffhanger, avec Kol qui débarque sans pression :o j'adore! J'ai hâte de voir ce que ça va donner!

MACHALMY. Voilà, c'est sorti, ça fait du bien. C'est un peu comme un Tourette, je ne peux pas résister
Les scènes d'action étaient bien cools, Al est dans son élément et ça se sent, c'était bien fluide à lire *^*
Vive les réunions de famille...? :'D Allez, tata, tue pas ton neveu, ceseraitpascooldetapart :''D On s'attendait à ce que ce personnage soit important, et le reveal était sympa!

J'ai hâte de lire la suite! Profite bien de ta pause! 0/

La bise~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello ~

Désolée pour le retard!!! J'avais lu les derniers chapitres, mais je n'avais pas répondu :oops:

Kol Zou est franchement super cool. J'aime bien son côté brut de pomme, ça fait un changement radical avec Lau Dih. Comme d'habitude, les discussions qu'Alice peut avoir avec les divers Gardiens de Rug Da sont vraiment très cool *^* Ça fait un moment, et je n'ai pas relu les chapitres (je les parcours en écrivant cette réponse), mais je me souviens bien de celle sur les aspects plus ou moins physiques/concrets de certaines entités de Rug Da... Very noice *^*
Et puis ce petit cliffhanger, avec Kol qui débarque sans pression :o j'adore! J'ai hâte de voir ce que ça va donner!

MACHALMY. Voilà, c'est sorti, ça fait du bien. C'est un peu comme un Tourette, je ne peux pas résister
Les scènes d'action étaient bien cools, Al est dans son élément et ça se sent, c'était bien fluide à lire *^*
Vive les réunions de famille...? :'D Allez, tata, tue pas ton neveu, ceseraitpascooldetapart :''D On s'attendait à ce que ce personnage soit important, et le reveal était sympa!

J'ai hâte de lire la suite! Profite bien de ta pause! 0/

La bise~
Pas de soucis, on en avait parlé dans le bus, je pensais pas que tu ferais un retour en plus... merci ;)

Ouais, elle est plus antipathique que Lau Dih, mais on peut pas avoir des personnages "soft" et compréhensibles à chaque fois :) Merci beaucoup ! C'est vrai que même pour moi, c'est sympa de parler de tout ça, ce sont des sujets plutôt intéressants ^-^
Haha, va y en avoir d'autres dans le genre :lol:

MDR bientôt tu vas te mettre à insulter les gens ?
Mercééééé, ça faisait longtemps que y'avait pas eu d'action comme ça, c'était cool à écrire !
Yes, on en avait parlé, c'était en fin de compte assez prévisible, mais c'est ce qui arrive derrière qui sera peut-être plus sympa à suivre ^^

Merci ! J'en ai profité pour avancer tout sauf Oneiris, aled, mais bon :lol:

Azbiento
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

louji a écrit : Pas de soucis, on en avait parlé dans le bus, je pensais pas que tu ferais un retour en plus... merci ;)

Ouais, elle est plus antipathique que Lau Dih, mais on peut pas avoir des personnages "soft" et compréhensibles à chaque fois :) Merci beaucoup ! C'est vrai que même pour moi, c'est sympa de parler de tout ça, ce sont des sujets plutôt intéressants ^-^
Haha, va y en avoir d'autres dans le genre :lol:

MDR bientôt tu vas te mettre à insulter les gens ?
Mercééééé, ça faisait longtemps que y'avait pas eu d'action comme ça, c'était cool à écrire !
Yes, on en avait parlé, c'était en fin de compte assez prévisible, mais c'est ce qui arrive derrière qui sera peut-être plus sympa à suivre ^^

Merci ! J'en ai profité pour avancer tout sauf Oneiris, aled, mais bon :lol:

Azbiento
Yes, c'est vrai, mais j'avais envie d'en faire un un peu plus approfondi que ce que j'avais pu te dire!

Oui, bien sûr! Et c'est justement ce qui la rend encore plus intéressante ;)
HA YES, je veux :lol:

Allez, je les insulte avec un nom de ship différent à chaque fois MDRRRR
On sent qu'elle était kiffante à écrire!
Yaaaaas, totalement, et j'ai bien hâte de lire ça!

Eeeeh, déjà tu as avancé des choses!

La bise~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

Chapitre 9
Alice



An 500 après le Grand Désastre, 2e mois du printemps, Kol Sak, Mor Avi.



Ébahie, je ne répondis pas tout de suite à Kol Zou. Soraya était tout aussi immobile, ses mains graciles figées en plein enroulage d’une mèche de cheveux. On aurait pu croire que Kan elle-même l’avait coincée dans le temps.
— Êtes-vous… finit par souffler timidement la Sudiste en se penchant légèrement. Êtes-vous Kol ?
La poitrine comprimée, je dévisageai la Gardienne à la recherche d’informations. Elle avait pris un aspect un peu figé : ses yeux ne nous regardaient pas directement, ses traits étaient d’une neutralité déroutante et ses lèvres ne cillaient pas.
— Je m’adresse à vous par le biais de Kol Zou, reprit celle-ci d’une voix posée, égale. Mais elle peut m’entendre et m’interrompre ; tel est son droit alors que je prends possession de son enveloppe.
Comprenant que nous faisions bel et bien face à un Dieu, Soraya et moi nous inclinâmes en déglutissant péniblement. Comment se comportaient les divinités aviriennes en présences des Humains ? Attendaient-elles de nous dévotion et respect ? Ou un traitement d’égal à égal ?
— Nous… nous sommes honorées de votre présence et de votre intérêt, murmurai-je d’un ton étranglé d’anxiété.
— Redressez-vous, enfants Oneiriannes, nous intima la divinité sans brusquerie. M’incarner dans mes Gardiens les vide de leur force, alors je serai bref.
Intimidée, je hochai la tête et m’efforçai à la plus grande concentration. Même si j’avais déjà côtoyé et interagi avec des Dieux, je n’en étais pas moins anxieuse. Admiration, crainte, espoir et honte s’entrecroisaient en moi, faisant trembler mes mains et s’acharner mon cœur. Je craignais de reprendre la parole, pourtant Kol Zou ne disait toujours rien.
Soraya se replaça précautionneusement sur ses jambes avant de s’enquérir avec respect :
— De quoi vouliez-vous nous entretenir ?
Les prunelles sombres de Kol Zou n’avaient pas quitté leur point d’ancrage, une zone indistincte entre les épaules de la Sudiste et les miennes. Même lorsqu’elle ouvrit la bouche pour répondre, ses yeux ne bougèrent pas.
— J’ai perçu vos angoisses et vos interrogations par le biais de ma Gardienne. J’ai entendu votre histoire et vos espoirs. J’ai un message à vous transmettre.
Plus pâle qu’à son habitude, Soraya inclina légèrement le menton pour inviter la divinité à poursuivre.
— Il se pourrait que votre Déesse du Temps, Kan, se soit effectivement exilée à Mor Avi suite à la trahison et aux machinations de vos ancêtres. (Ce qui ressemblait à un sourire étira maladroitement les lèvres de Kol Zou.) Il me semble que c’est d’ailleurs cette divinité qui m’a permis de connaître l’oneirian.
Déconcertées, Soraya et moi échangeâmes un bref regard médusé avant de réaccorder notre attention à Kol. L’ébauche de sourire avait disparu, mais le visage de la Gardienne conservait son impassibilité.
— Kan est une essence familière, avoua la divinité d’un ton bienveillant. Si je la sens se rapprocher de moi à l’avenir, je l’informerai de votre venue.
— Vous l’avez donc déjà rencontrée ? m’enquis-je avec un mélange de surprise et d’enthousiasme.
Je me maudis aussitôt de mon impolitesse et me recroquevillai, priant que Kol s’en moquât. La divinité ignora heureusement mon excès d’impatience et reprit posément :
— Oui. Nous nous sommes touchés, même. C’était une essence vulnérable et en perdition, mais… sa nature profonde résonnait si bien avec la mienne que j’en ai éprouvé un vif intérêt.
Sa déclaration – si étrange, si déroutante de la part d’un Dieu étranger – me laissa interdite un moment. On aurait presque dit la rencontre de deux amants. Aussitôt, je me repris : pourquoi les Dieux ne pourraient-ils pas partager d’idylle comme nous le faisons ? Après tout, chez nous, nos Divinités Primordiales s’étaient déjà unies pour créer en tandem.
— Vous lui avez donc parlé ? l’interrogea poliment Soraya avec un sourire sincèrement ravi.
— Non, non… ce… Ce n’est pas aussi simple, entre Dieux, surtout lorsque nous sommes nés de croyances divergentes. Nous nous sommes rencontrés, touchés, identifiés… mais…
Sa phrase mourut et ses yeux vinrent nous observer tour à tour, Soraya et moi.
— Kan est là, mais pas réellement présente, murmura Kol d’un ton incertain. Il n’existe pas de mots pour décrire son existence actuelle.
La déception laissa un relent amer dans ma gorge, mais je m’efforçai de paraître enjouée en prenant la parole :
— Vous ne savez donc pas où pourrait se trouver Dame Kan en ce moment même ?
Par le biais de Kol Zou et de ses iris d’encre, la divinité m’adressa un regard perturbé.
— Je vous l’ai dit, elle est là. Elle est là, en ce moment même, mais… elle ne peut pas venir.
— Elle… est bloquée, coincée ? supposa Soraya d’un air déconfit.
— Non, Kan… Kan n’est plus vraiment consciente. Depuis quelques décennies déjà, je crois. Mais elle se réveille parfois et, dans ces moments-là, nous échangeons beaucoup.
De plus en plus perturbée, je ne répondis rien. Je ne comprenais pas grand-chose aux propos de Kol. Il semblait avoir fait la rencontre de notre Déesse, la connaître plutôt intimement et pourtant… il n’avait pas l’air en mesure de la contacter ou de lui transmettre quoi que ce fût.
— Je pourrai lui parler de vous la prochaine fois qu’elle s’éveillera, souffla Kol d’un ton légèrement pâteux. Je ne peux pas vous promettre que ce sera dans les semaines à venir, mais…
— Semaines ? le coupa Soraya avec une grimace consternée.
Loin de s’indigner de la rudesse de la Sudiste, Kol inclina la tête et murmura d’une voix fatiguée :
— Kol Zou est en train de s’épuiser, je vais devoir repartir. Sachez que j’informerai Kan de votre présence et de vos inquiétudes lorsque… si je la recroise bientôt.
Alors que son annonce noircissait soudain nos espoirs, le menton de Kol Zou tomba sur sa poitrine. Soraya et moi la rattrapâmes avant qu’elle ne s’effondrât sur le sol du temple.

Les Gardiens avaient rapidement pris en charge Kol Zou et l’avaient installée au calme dans le temple où nous avions déjeuné. Soraya et moi, conscientes des regards méfiants, voire accusateurs, qu’ils nous avaient jetés, nous étions isolées dans les jardins.
Le soleil apparaissait et disparaissait entre les nuages, jetant parfois des ombres sur les parterres de fleurs ou sur les outils de mesure du temps. Une horloge solaire était fixée à un bloc de pierre taillée à côté du banc en bois où nous nous étions installées. Je l’observais sans rien dire.
— Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, révéla Soraya à demi-mot alors que le silence s’étirait étrangement entre nous – mélange d’espoirs confus, de doutes indéfinis et de gêne mutuelle. Toi qui as été instruite depuis ton plus jeune âge, est-ce que tu as saisi les propos de Kol ?
Je ne voyais pas en quoi mon instruction aurait pu m’aider à comprendre les propos d’une divinité inconnue, mais je ne relevai pas.
— En partie ; je ne suis pas non plus certaine d’interpréter correctement les paroles de Kol. Les divinités ne s’expriment pas vraiment comme nous, alors quand, en plus, elles sont étrangères… soufflai-je d’un ton dépité en toisant une touffe de mauvaises herbes entre mes bottines.
Se penchant en arrière pour capter le moindre petit rayon de soleil sur son visage, Soraya soupira et étendit les bras pour s’étirer.
— En tout cas, nous pouvons être certaines que Dame Kan s’est exilée à Mor Avi. Kol l’a rencontrée et a même interagi avec elle. Nous sommes sur une bonne piste, non ?
Même si je savais qu’elle insufflait à sa voix plus d’optimisme qu’elle n’en ressentait réellement, je ne pus m’empêcher de répliquer fermement :
— Une piste, oui, mais pour quels résultats ? Kol a précisé que Kan ne s’était pas manifestée depuis des décennies. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre si longtemps. À Oneiris, Aion, Lefk et Galadriel nous attendent. (Je me penchai pour arracher la touffe d’herbes entre mes pieds.) Nos familles nous attendent.
Je me rendis compte de mon erreur alors que Soraya restait aussi silencieuse que les pierres qui nous entouraient. Famille… l’ancienne Impératrice Samay avait péri dans une fausse couche, le père de Soraya – pas le même que celui de son frère – avait été assassiné au Palais d’Or et sa tante avait fui l’Empire pour échapper à un éventuel héritage du trône. Le dernier membre de la famille Samay était Dastan, l’aîné de Soraya. Un frère qui l’avait trahie et était allé jusqu’à envisager son sacrifice pour accéder au pouvoir. Un frère qui était peut-être capable de redorer l’éclat terni de l’Empire austral, mais qui n’avait pas la moindre affection pour sa cadette.
— Je suis désolée, Soraya, chuchotai-je en laissant tomber la motte de terre et d’herbes écrasées entre mes doigts. Je n’avais pas pensé à…
… à l’absence de ton foyer.
Grimaçante, je priai en silence qu’elle me pardonnât ma maladresse. Je tressaillis quand elle posa sa paume tiède sur mon épaule puis tournai la tête dans sa direction, déconfite.
— Alice, même si… personne ne m’attend à Oneiris, je ne compte pas non plus m’éterniser à Mor Avi. Quand je t’ai demandé de me laisser t’accompagner, il y a des mois, je me suis fait la promesse de ne pas être un fardeau. Je l’ai déjà été pour mon Empire, je ne veux pas l’être pour mon amie. Alors ne t’en fais pas pour moi, je t’en prie.
Ses propos me cinglèrent le cœur et manquèrent m’arracher des larmes. Avant elle, je n’avais jamais eu de véritables compagnons de confiance. Les demoiselles et jeunes hommes que j’avais rencontrés pendant mon enfance et mon adolescence au château ne m’avaient jamais touchée. Lorsqu’enfin je trouvais un esprit qui semblait résonner avec le mien, le ou la jeune Noble devait repartir pour ses terres et seules restaient les lettres de courtoisie et d’obligation.
— Et puis, même si je n’ai pas de famille qui attend mon retour, ce n’est pas ton cas, reprit Soraya avec conviction. Il est plus que temps que tu retournes auprès des tiens, de ta mère et de ton frère, que tu retrouves ton Royaume et ses sujets.
Alors qu’elle ouvrait la bouche pour poursuivre, je l’interrompis en venant l’entourer de mes bras. Mon front cogna son épaule ronde et mes bras enserrèrent maladroitement son torse. Une princesse Occidentale ne s’amusait pas à étreindre ses proches à tout-va et jamais je n’avais réalisé la mesure de cette bêtise.
— Merci, me contentai-je de soupirer en la lâchant.
Mais elle rattrapa ma main et m’étreignit contre elle avec une étonnante possessivité. J’eus soudain l’impression d’avoir une grande sœur et la pensée m’arracha un sourire soulagé.
— Merci à toi, Lice.
Elle embrassa gentiment mon crâne et me relâcha. J’avais les joues humides, mais je les essuyai sans un mot. Même si Soraya avait parfois une présence écrasante, elle était aussi indéniablement rassurante. Je ne m’estimais pas assez forte pour croire que je pouvais m’en sortir seule. Jusqu’ici, j’avais toujours été accompagnée : ma famille, Achalmy, Zane Soho ou le chef de troupe Errick… Je n’aurais jamais été la hauteur du voyage à Mor Avi sans Soraya. Son impulsivité complétait ma prudence, son audace ajustait ma réserve et son honnêteté pouvait déverrouiller les silences de ma politesse.
Elle était bien plus précieuse qu’elle ne le pensait, mais n’avait jamais eu la bonne place pour en prendre conscience.
— Et… finit par souffler Soraya après une longue minute de silence. Que faisons-nous pour Kan ? Tu crois que nous pourrions demander à Kol d’essayer de la contacter ?
Songeuse, je ne répondis pas tout de suite, suivant des yeux l’aiguille d’une horloge installée sur une tablette en bois verni à quelques mètres. Le Temps… Les Aviriens le considéraient-ils au moins de la même manière que nous ? Voyaient-ils dans le défilement des saisons la progression de l’humanité ou n’était-ce qu’une notion de mesure abstraite ?
Comme mes jambes s’étaient mises à fourmiller, je me levai et fis quelques pas sur le sentier de graviers. Le soleil réchauffait ma peau là où elle n’était pas protégée et avait fait sortir les oiseaux et insectes qui gazouillaient librement.
Kol a affirmé que Kan existait, mais… n’était pas joignable. Et si Kol était dans l’impossibilité d’interagir avec elle de son plein gré ? Peut-être que Kan s’isole et ne se manifeste que lorsqu’elle en a le besoin ou l’envie.
La tête de nouveau penchée en arrière pour profiter des rayons solaires, Soraya affichait une mine songeuse et dubitative. Comme elle ne répondait rien, je continuai sur ma lancée :
— Or, une entité comme Kan ne pourrait subsister à Mor Avi sans prières. Dans ce cas-là, comment a-t-elle fait pour continuer d’exister ?
Soraya redressa légèrement le cou pour marmonner :
— Elle s’est fait passer pour une divinité avirienne ?
Étonnée, je la dévisageai en silence. Comment une Déesse oneirianne pourrait-elle se faire passer pour avirienne ? Comme les Aviriens priaient les entités qu’ils estimaient leur correspondre, Kan ne pouvait s’être bâti seule un culte.
— Et si Kan avait… s’était intégrée au culte de Kol ? soufflai-je doucement en m’approchant de la Sudiste.
Elle tira la moue lorsqu’un nuage masqua le soleil puis glissa son regard mordoré sur moi.
— D’après toi, Kan se serait fondue dans l’entité de Kol ?
— C’est ce qui me paraît le plus plausible, expliquai-je en m’asseyant de nouveau. Kol a affirmé avoir été en contact avec Kan, avoir échangé avec elle, mais être incapable de s’adresser à elle directement. Il est possible que Kan ait mélangé son essence à celle de Kol en s’exilant à Mor Avi. En tant que Déesse du Temps, elle pouvait s’associer sans mal à l’entité du Temps Avirienne.
— Kan serait donc une partie de Kol ? conclut Soraya en haussant les sourcils.
Gênée, je haussai les épaules et précisai :
— Ce n’est rien de plus qu’une supposition. Nous ferions mieux d’attendre le réveil de Kol Zou pour l’interroger. Savoir s’il sera de nouveau possible d’échanger avec Kol ou si cela épuise trop la Gardienne.
— En tout cas, souffla la Sudiste en me jetant un regard complice, j’aimerais que ta supposition soit la bonne. Car nous aurions au moins une chance de contacter Kan et d’en savoir plus.
Petit sourire aux lèvres, je hochai la tête. Oui, moi aussi, j’aimerais que ce fût la bonne. L’appel de mon foyer se faisait de plus en plus fort et le voyage m’avait épuisée aussi bien physiquement que mentalement. Je ne rêvais plus que des cuisines royales où bondissaient ragots et commentaires sur les vêtements des Nobles, de la Gran’Salle et ses immenses cheminées où ma mère s’installait parfois pour terminer un tricot, des vergers de pommiers, abricotiers et cerisiers idéales pour des balades à cheval.

Soraya et moi profitâmes encore un peu des jardins avant de rentrer, pressées par une brise fraîche qui soufflait depuis le nord-ouest. Nous saluâmes de la tête un couple d’Aviriens en visite du Sanctuaire puis nous faufilâmes à l’intérieur du temple où nous avions laissé Kol Zou.
Nous profitâmes d’un instant de calme pour participer à un jeu de cartes et de dés en compagnie d’un Gardien qui parlait un peu l’oneirian. Soraya prit rapidement le coup de main et gagna sa première partie après trois tentatives. Pour ma part, même si j’avais compris les règles, c’était une tout autre histoire de les appliquer.
Au bout d’une heure, dépitée par mes défaites successives, je me levai et rejoignis une Gardienne qui préparait le thé. Je l’aidai à servir quelques tasses puis les apportai à Soraya et son compagnon de jeu. Ils me remercièrent de concert avant de se pencher de nouveau sur la partie en cours.
Derrière nous, Kol Zou était allongée sur un amas d’édredons et couvertures, son visage encore pâle sous ses mèches de cheveux sombres. Je me sentais déjà coupable de lui demander de contacter Kol et de prêter son corps. Nos propres Dieux s’incarnaient dans des enveloppes charnelles qu’ils créaient eux-mêmes. J’imaginais mal la sensation de sentir une entité tierce prendre possession de soi. J’avais bien expérimenté quelque chose de semblable lorsque le Dieu Aion déchu exerçait son contrôle mental sur moi. Mais ce n’était alors qu’une privation de ma liberté de mouvement, pas un vol complet de mon corps.
Ma tasse de thé à la main, je me dirigeai vers Kol Zou puis m’agenouillai près d’elle. Elle avait l’air moins sévère, plus vulnérable, plongée dans le sommeil. Qu’avait-elle ressenti lorsque Kol avait pris possession de son corps ? De l’honneur ? De la peur ?
— Une fille du Temps.
La voix de Kol Zou m’arracha à la contemplation des coussins brodés. Son regard sombre et indéchiffrable me sondait avec un mélange de soulagement et de stupeur.
— Kol Zou ? soufflai-je avec hésitation. Je t’ai réveillée ? Je suis navrée…
— Oui et non, répondit la Gardienne avec une pointe de malice dans la voix qui ne lui ressemblait pas.
L’Avirienne observa les alentours avec attention, ralentit son regard lorsqu’il passa sur Soraya puis revint vers moi. Cette fois, la Gardienne avait l’air terriblement sérieuse.
— Ta compagne et toi m’avez appelée, reprit celle-ci d’un ton affirmé. Et je me présente à vous dans l’espoir de répondre à vos interrogations. (Le regard de Kol Zou s’assombrit tandis qu’elle levait les mains devant elle.) Mais ne tardez pas, je n’ai pas pour habitude de m’incarner dans des êtres déjà pleins. Ce n’est agréable ni pour la Gardienne, ni pour moi.
Cette franchise, cet Oneirian impeccable, cette capacité à interagir avec les Humains sans barrière… Un sourire crispé d’appréhension m’étira les lèvres.
J’avais enfin retrouvé ma Déesse.


Dernière modification par louji le ven. 17 déc., 2021 11:22 am, modifié 2 fois.
TcmA

Profil sur Booknode

Messages : 407
Inscription : dim. 02 sept., 2018 10:44 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par TcmA »

Hiello ~

Eeeeet c'est la partie 2! Intro très recherchée, j'aime beaucoup :lol:

Pas de soucis pour la nouvelle pause! Prends tout le temps dont tu as besoin! :D

Oh gahd, génial! *^* Je vais aller lire ça directement après!!! (Avec Mike??? ;^; ... Tu vas encore briser mon pauvre cœur ;^; ) J'ai hâte de voir ce que ça va donner *^*

Maintenant, le chapitre!
MHOOOOOOOOOOOO, Alice et Soraya ;^; C'était très choupi, bien placé, parfait. Alice a une grande sœur ;^; mhooooooo (oui, j'ai totalement fondu aaaah).
L'intervention de Kol était vraiment très cool, et comme d'hab, les discussions autour de Kan et la religion avirienne sont intéressantes *^*
La pauvre Kol Zou, elle va dormir pendant 2 semaines après Kan :lol:
J'ai bien hâte de voir comment ça va se passer avec Kan...

Le chap était bien sympa, bien rythmé! Ça promet plein de bonnes choses pour la suite *^*

Courage pour tout 0/

La bise~
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1725
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Oneiris - Tomes I (terminé) et II (en cours) [Heroic fantasy]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello ~

Eeeeet c'est la partie 2! Intro très recherchée, j'aime beaucoup :lol:

Pas de soucis pour la nouvelle pause! Prends tout le temps dont tu as besoin! :D

Oh gahd, génial! *^* Je vais aller lire ça directement après!!! (Avec Mike??? ;^; ... Tu vas encore briser mon pauvre cœur ;^; ) J'ai hâte de voir ce que ça va donner *^*

Maintenant, le chapitre!
MHOOOOOOOOOOOO, Alice et Soraya ;^; C'était très choupi, bien placé, parfait. Alice a une grande sœur ;^; mhooooooo (oui, j'ai totalement fondu aaaah).
L'intervention de Kol était vraiment très cool, et comme d'hab, les discussions autour de Kan et la religion avirienne sont intéressantes *^*
La pauvre Kol Zou, elle va dormir pendant 2 semaines après Kan :lol:
J'ai bien hâte de voir comment ça va se passer avec Kan...

Le chap était bien sympa, bien rythmé! Ça promet plein de bonnes choses pour la suite *^*

Courage pour tout 0/

La bise~
Yoss

Ouais, on fait dans la philosophie hein 8-)

(Oui, avec Mike, mais ton cœur devrait rester en place cette fois-ci :lol: )

T'inquiète, ça me fait plaisir de voir que ça a l'air plutôt crédible et que arrive pas comme un cheveu sur la soupe ;) Mais ouais je voulais faire un peu évoluer leur relation, car ça fait quand même un moment qu'elles voguent ensemble x')
Bon tant mieux ! J'avais peur que ça fasse trop effet "boucle" comme il y a des scènes ressemblantes à la fin de ce chapitre et du précédent d'Alice :?
Oui, très sûrement :roll: :lol:

Merci ! :D
Et encore merci pour ton retour ;)

Tchuss
Répondre

Revenir à « Essais et créations en plusieurs parties »