S.U.I - Special Units of Intervention [Young Adult / Contemporain / Action]

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TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit :Rho bah si en plus on cumule les histoires... :roll: (mdr ça va le faire, faudrait te trouver des petits tips pour te motiver !)
Ah sympa ! :lol:

Pas mal ce titre alternatif, après Hugo & Emily, Intouchables 4ever 8-)
MDR Emily c'est, du coup :lol:
Ouais les doigts pétés (ils sont pétés, je confirme), on connaît hein :lol: M'enfin, ça sert le scénario, c'est pas gratuit non plus :ugeek:

Oui, Ryu :cry:

Ouais moi non plus !

(komen sa mwa non plu :ugeek: )

Mais oui, y'a des chances que ce soit pas fifou d'un coup :?

Merci pour ton com !
Si on cumule, ça n'en finit pas :lol: (Oui :'D Je vais bosser là-dessus)

MDRRR allez
Oui, je sais, mais je l'appelle plus :lol:
Ouch ouch ouch pauvre Jim :cry: Ui, j'imagine bien :')

MON BEBE.

Bon, go préparer les couvertures de survie et les couvertures à câlin.

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : Si on cumule, ça n'en finit pas :lol: (Oui :'D Je vais bosser là-dessus)

MDRRR allez
Oui, je sais, mais je l'appelle plus :lol:
Ouch ouch ouch pauvre Jim :cry: Ui, j'imagine bien :')

MON BEBE.

Bon, go préparer les couvertures de survie et les couvertures à câlin.

La bise~
Bon, très bien, on t'appelle pas et on l'appelle plus (ce niveau de private joke) :ugeek:
Ouais pauvre Jim, peut-être un jour trouverai-je le respect

(Prépare, prépare :lol: )
TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit :Bon, très bien, on t'appelle pas et on l'appelle plus (ce niveau de private joke) :ugeek:
Ouais pauvre Jim, peut-être un jour trouverai-je le respect

(Prépare, prépare :lol: )
MDRRRR (c'est carrément obscur là :lol: )
Un jour... :'D

(Oh boy :lol: )
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Attention, 2 chapitres sont sur ce même post !



- Chapitre 37 -



Vendredi 16 octobre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Lorsque Ryu sentit les mains de son ami sur ses épaules, il ferma les yeux et détendit ses muscles en asphyxie. Une fraction de seconde plus tard, il se retrouva projeté contre le mur, son cœur valdinguant dans sa cage thoracique au rythme de son soulagement et de ses regrets. Les mains plaquées contre le mur comme pour s’assurer qu’il ne tombait pas, Ryu redressa le cou. Jeremy respirait bruyamment, les doigts de sa main valide près de ses lèvres. Près de ce que Ryusuke venait d’y inscrire.
Ça n’avait pas duré deux secondes. Ou peut-être que si. Peu importe, Ryu venait de détruire cinq ans d’amitié. Ou Jim venait de refuser une multitude de possibilités. Peu importait aussi.
— Je…
Les milliers de mots qui auraient pu suivre furent soufflés par la hargne des yeux dépareillés de Jim. Même s’ils enfoncèrent un pieu de culpabilité dans son cœur, Ryu continua à les admirer. On avait traité son ami de démon, de malade, de borgne à cause d’eux, mais Ryusuke n’y avait jamais songé un seul instant. Il les avait trouvés magnifiques la première fois qu’il les avait vus, à moitié dissimulés par la réserve d’un garçon qui n’avait pas encore d’amis. Il les avait vus rayonnants de plaisir, suintants de colère, mouillés de larmes, troublés de frayeur, étincelants de malice, brûlants de haine, embrumés de désarroi et d’incompréhension. Comme en ce moment-même. Il les trouvait toujours magnifiques.
— Je… reprit Ryu d’un ton plus assuré, espérant exprimer la moindre parcelle de la tempête qui faisait rage dans sa tête et dans son cœur.
Mais Jeremy venait de se lever du lit. S’il respirait encore fort, ses bras étaient ballants le long de son corps. Ses épaules tendaient vers l’avant, son bassin vers l’arrière, comme si Jim ne savait pas s’il voulait confronter ou fuir la situation.
— Va-t’en.
Ses premiers mots. Même si Ryu fut soulagé d’entendre sa voix – il avait eu peur de lui voler plus que son premier baiser – son être se brisa de la percevoir. Jim n’avait même pas insufflé tant de dégoût dans ses mots lorsqu’il s’était adressé à son père après des années de séparation.
Des fontaines de peine, de déception, d’effroi et de honte s’amassèrent au bord des paupières de Ryusuke. Il n’avait même plus envie d’y penser, de s’en vouloir ou de lui en vouloir.
— Va-t’en, répéta Jeremy d’une voix sourde.
Dans le mélange de dépit et de colère qui tourmentait l’ambre et l’émeraude de ses yeux, Ryu décela une profonde impuissance. La même que Ryusuke avait ressentie pendant des semaines, alors qu’il sentait son affection muer, son regard s’aiguiser, sa perception changer. Par des mots hésitants, des gestes maladroits, il avait tenté de faire passer son message, de prévenir son ami de son cœur balbutiant.
Ryusuke avait échoué, Jeremy ne lui avait pas accordé assez d’attention et ils venaient tous les deux de se fracasser l’un contre l’autre de désillusions amères.
Même s’il aurait voulu l’étreindre pour le supplier de lui pardonner, de l’aimer, Ryusuke hocha la tête avec résignation, rassembla les miettes de son courage pulvérisé et sortit de la pièce.

Iris Cadez, infirmière à l’école de S.U.I, haussa un sourcil étonné lorsqu’elle vit l’un des deux élèves qu’elle avait accueillis sortir avec hâte de la salle d’auscultation. Elle comprit au visage meurtri de l’adolescent et à ses pas précipités qu’il fuyait quelque chose. Une minute plus tôt, des éclats de voix avaient percé le silence de l’infirmerie ; s’était-il disputé avec son ami ? Soucieuse, l’infirmière s’écarta du comptoir d’accueil pour rejoindre la pièce où elle avait laissé son jeune patient un peu plus tôt.
À peine rentrée, Iris se campa près du seuil en apercevant la silhouette affaissée de Jim. Il serrait sa main meurtrie contre son ventre et faisait le tour du lit d’un pas nerveux, les yeux hagards.
— Jeremy ? souffla-t-elle d’un ton incertain en s’avançant vers lui. Tout va bien ?
Le garçon parcourut quelques mètres avant de se figer en apercevant l’infirmière. Il ne semblait pas avoir entendu sa question. Ses épaules se redressèrent lentement, mais ses yeux restèrent à la fois vides et trop pleins.
— Tu as mal ? s’enquit Iris en faisant quelques pas prudents dans sa direction. Tu voudrais un calmant ?
Trop sonné pour infirmier, Jim se contenta de la dévisager d’un air absent. Considérant que sa proposition était judicieuse, Iris fit demi-tour et revint deux minutes plus tard avec une boîte en plastique à la main. Jeremy s’était rassis sur le couchage, la bouche morne, les yeux rouges de retenir des larmes qu’il ne comprenait pas.
Il accepta sans rechigner le médicament que lui tendait Iris, l’avala avec sa salive sans y réfléchir puis se laissa docilement faire lorsque l’infirmière l’empoigna par le bras pour l’accompagner dans une salle de repos. C’était une longue pièce rectangulaire où une demi-douzaine de lits côtoyaient des placards, des rangements et des tables de chevet. Le tout accompagné des odeurs du désinfectant aux agrumes, de la lessive des draps lavés et relavés et de celle diffuse de la javel. Un frisson nauséeux parcourut Jim tandis qu’Iris l’incitait à s’allonger. Ces relents écœurants lui rappelaient les mois qu’il avait passés à l’hôpital, à se faire opérer et manipuler pendant des heures au rythme des greffes de peau qu’il rejetait d’épuisement et de désespoir. Enfermé entre quatre murs écru pendant un an et demi alors qu’il avait l’âge d’apprendre à lire, Jim avait côtoyé un état de néant presque meurtrier. Sa vie s’était métamorphosée du jour au lendemain : ses parents, sa sœur, sa maison, son train-train quotidien puis la chambre médicale, le personnel médical, les interventions médicales et les consignes médicales. Son père avait disparu avec l’odeur de son foyer et le réconfort de ses jouets. Ses habitues s’étaient envolées en même temps que sa sérénité et son innocence.
C’était à cette époque qu’il avait commencé à appeler sa sœur « p’tit clown ». Tandis que Jeremy s’atrophiait dans son lit aseptisé, perclus de douleur, assommé de solitude, écrasé de peur, Thalia grandissait et changeait chaque jour. De bébé, elle était devenue un bambin. Capable de parler, de rire, de se déplacer, d’interagir avec les autres. Pressentant la détresse de son frère lorsque Maria l’emmenait à l’hôpital, Thalia s’était rapidement mise en tête de faire plus ample connaissance avec cet aîné qu’elle connaissait à peine. Elle lui présentait ses jouets favoris et leur histoire, lui expliquait ce qu’elle avait réalisé au jardin d’enfants, l’escaladait de partout pour le câliner et le bisouiller – prenant sans mal exemple sur leur mère affectueuse. Petit à petit, Jeremy avait développé une reconnaissance et une affection débordantes pour ce petit bout de vie qu’il s’était contenté de jalouser quand elle avait fait irruption dans sa vie cadrée d’enfant unique.
C’était cette sœur qu’il avait décrite dans son exercice d’expression écrite, cette sœur qu’il aimait si fort pour sa simplicité, qu’il admirait tant pour sa spontanéité et dont il chérissait le rire qui l’avait maintenu en vie pendant sa longue convalescence.

Jeremy avait les yeux mi-clos, la respiration calme, lorsque des voix diffuses chatouillèrent sa conscience étouffée. Au bord d’un sommeil lourd, le corps engourdi et l’esprit en veille, il remua faiblement sous la mince couverture dont l’avait recouvert Iris. Il reconnut d’ailleurs sa voix quand l’infirmière s’approcha de son lit et souffla à un interlocuteur qu’il ne voyait pas :
— Je lui ai donné un antalgique et un calmant il y a deux heures, alors il risque d’être un peu sonné. Comme il doit faire des radios et qu’il avait l’air vraiment angoissé, je me suis dit qu’il valait mieux vous appeler. Il y avait d’autres numéros dans son dossier, mais comme vous êtes son parent… (La femme fit une pause, comme si elle hésitait.) Je suis désolée si je vous ai dérangé.
— Non, non, vous avez bien fait de m’appeler. Je vais regarder s’il reste des créneaux demain pour des radios à la clinique de S.U.I.
— Vous voulez le ramener à la maison ? Je crois qu’il s’est disputé avec son ami.
— Ryusuke ? s’étonna l’homme dont la voix se fit plus proche et claire. Son binôme ?
— Oui, il me semble bien. S’ils partagent une chambre, peut-être qu’il vaut mieux que vous rameniez votre fils à la maison.
À la maison, songea distraitement Jeremy en serrant les dents. L’image de sa chambre où Thalia dessinait à même le sol et du salon où sa mère dévorait des romans à l’eau de rose lui emplit la tête. Tout comme l’identité de la personne avec laquelle Iris discutait. Mais il n’y avait pas de maison associée à cet individu.
Bien réveillé, Jeremy se tourna sur le dos et balança un regard irrité à son père.
— Bonjour, Jem, murmura Ethan en se rapprochant du lit. Mlle Cadez m’a expliqué ce qui t’est arrivé ce matin en cours. Il faut qu’on te fasse faire des radios, si j’ai bien compris. Je vais prendre rendez-vous demain à la clinique, j’espère qu’ils auront de la place.
Jim s’apprêta à l’envoyer paître, mais quelque chose l’en empêcha. Son cœur serré après sa dispute avec Ryu, la douleur qu’avaient laissé les souvenirs de sa sœur, ou le visage réellement inquiet de son père ? Ce dernier tira une chaise pour s’installer près de lui, son regard ambré planté sur Jim comme pour s’assurer qu’il ne perdait pas une miette de son attention.
Iris s’éloigna promptement, les laissant seuls face à leurs non-dits et leurs silences.
— Comment tu te sens ?
— Mal, asséna Jim sans pouvoir se retenir, regrettant aussitôt d’avoir dit la vérité.
Les traits de son père se plissèrent, le faisant soudain paraître plus vieux. Perplexe, Jim se demanda si Ethan avait déjà ces ridules aux coins des yeux lorsqu’ils s’étaient rencontrés dans la petite salle de l’École.
— Tu veux que je demande un nouvel analgésique à Mlle Cadez ?
Jeremy sentit ses yeux le brûler tandis qu’il secouait la tête, le cœur en déroute. Ethan comprit avec une vague d’impuissance et de peine que son fils ne souffrait pas vraiment de maux physiques. Il tendit la main pour lui toucher le bras, mais se retint à temps. Jeremy l’avait repoussé sans douceur la dernière fois qu’Ethan lui imposé un contact physique. L’époque des câlins spontanés et des bisous baveux était de loin révolue.
— Tout va bien, avec Ryusuke ?
Si Jim parvenait encore à retenir ses larmes, il ne put empêcher son menton de trembler. Il ne comprenait toujours pas. Il n’était pas sûr d’être capable de comprendre un jour. Est-ce que Ryu était seulement encore son ami ?
— Vous vous êtes disputés ? ajouta Ethan d’une voix douce dans l’espoir de ne pas froisser l’humeur susceptible de l’adolescent.
Jim se contenta de secouer la tête. On ne pouvait même pas parler de dispute : presque aucuns mots n’avaient été échangés. En revanche, des regards d’incompréhension, des gestes nerveux, des messages incompris…
— Je n’insisterai pas si tu ne veux pas en parler. Mais si tu veux qu’on en discute – ou quoi que ce soit d’autre – je suis là, mon grand.
Son ton encourageant crispa Jeremy jusqu’à la moelle des os. Exaspéré, Jim lui jeta un regard mauvais, se redressa dans son lit et y recula le plus loin possible– pas très loin, en définitive.
— Arrête, siffla-t-il d’une voix rendue rauque par les médicaments. Arrête avec ton faux intérêt, tes surnoms, tes… tes mensonges.
Visiblement blessé, Ethan le dévisagea dans un silence interdit. Un mutisme qui enflamma de nouvelles mèches de colère en Jim.
— Mais parle, putain ! Tu me dis jamais les choses jusqu’au bout, c’est insupportable ! Et arrête de te la jouer père modèle, on sait tous les deux que t’en es loin. Je préfère encore ne pas avoir de père – j’ai très bien fait sans pendant huit ans – que t’avoir comme ça.
Ethan n’était pas bien sûr de la signification de « comme ça » mais il comprenait parfaitement la supplique muette de son fils. De nouvelles couches de souffrance vinrent s’empiler dans son être. Mâchoires crispées, Ethan se leva.
— Je m’en vais, très bien, se résigna-t-il froidement.
Alors qu’il faisait demi-tour, Jeremy explosa dans son dos :
— Mais tu te fous de ma gueule ? (Ethan s’arrêta, jeta un coup d’œil consterné par-dessus son épaule et grimaça devant les joues rouges de colère du garçon.) Tu te casses alors que je t’ai même pas demandé de partir !
Désemparé, il se tourna de nouveau vers son fils, les bras ballants. Définitivement, il n’y avait que Michael pour comprendre les intentions de Jim.
— Jeremy, je suis désolé, je n’ai pas compris ce que tu voulais…
— Normal, le coupa l’adolescent d’un ton cassant, tu te fais des films sur ce que je veux. Tu m’écoutes… tu m’écoutes pas.
Secoué, Ethan l’observa pendant quelques secondes, le cœur au bord des lèvres. Jim rouvrit la bouche pour continuer ses accusations, mais seul un bruit d’étranglement s’échappa de sa gorge. Comme si un robinet venait enfin de s’ouvrir en lui, les larmes se mirent à dévaler ses pommettes roses de colère.
Mortifié à l’idée d’exposer sa peine, Jim se détourna en frottant ses joues avec frénésie. Il se détestait. Incapable de contrôler ses émotions, incapable de maîtriser ses humeurs… Son médecin affirmait que son syndrome de stress post-traumatique ne lui causait pas seulement des crises d’angoisse chroniques. Jeremy se serait aussi passé d’une émotivité si acérée.
Lorsqu’il sentit la main d’Ethan sur son épaule tremblante, une partie de lui se révolta du contact créé. Mais l’autre, celle qui s’épanchait de tristesse et de solitude, accepta l’attention avec un soulagement immédiat. Le matelas s’affaissa sous le poids de son père. Jim pouvait encore partir, ne pas le laisser entrer dans sa vie, mais il resta cloué sur place par le dilemme qui lui tordait les entrailles. Il perçut la respiration calme d’Ethan puis sa main qui se faisait plus insistante sur son épaule.
— Jemmy ?
Encore ce surnom… une nouvelle vague humide se déversa des paupières plissées de l’adolescent. Pourquoi fallait-il que les souvenirs enfouis resurgissent sous la voix apaisante de son père ? Que des émotions dissipées se ravivent au contact tiède de sa main ?
À la limite de casser quelque chose en lui, Jim préféra céder. Il relâcha les muscles prêts à s’enfuir d’ici, loin de son père, et laissa les sanglots l’envahir. Ethan se leva du lit, le contourna pour se retrouver face à son fils. Sa détresse lui broyait le cœur.
— Jem…
Ethan tendit les doigts, frôla son menton tremblant. Il ne voulait pas lui imposer un contact. Il ne pouvait pas non plus rester de marbre face à sa tristesse.
— Mon grand, chuchota-t-il en glissant un bras derrière son épaule.
Avec précaution, il l’attira à lui. Ethan garda les yeux fermés un instant, persuadé que Jim le repousserait d’une seconde à l’autre. Mais il n’en fit rien.
— Je veux maman.
La voix presque inaudible de son fils tira une grimace douloureuse à Ethan.
— Je sais, mon grand.
Avec le front de Jim plaqué contre son épaule, il prit conscience de la vulnérabilité de ses côtes saillantes, de la fragilité de son corps pas encore adulte, de la violence qui agitait sa cage thoracique. Le souffle coupé, Ethan le serra plus fort contre lui.
— Maman, geignit de nouveau Jeremy sans se soucier du mélange d’eau saline et d’écoulements nasales qu’il laissait sur la chemise de son père. Thallie…
Ethan comprit à ce moment-là qu’il ne pourrait plus mentir à son fils. Il était incapable de lui imposer plus longtemps la souffrance occasionnée par l’absence de réponses. Comme Jim continuait à fondre de larmes entre ses bras, Ethan souffla d’une voix réconfortante :
— Elles sont vivantes, Jem. Maman et Thalia. Je ne sais pas où elles sont, mais elles sont vivantes.
Jeremy ne réagit qu’après plusieurs secondes. Ses sanglots s’espacèrent, ses yeux cessèrent de cracher des torrents et sa respiration s’apaisa quelque peu. Son père desserra son étreinte pour lui permettre de se redresser.
— Comment ça, elles sont vivantes ?




- Chapitre 38 -



Vendredi 16 octobre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Une grimace, mélange de culpabilité, de honte et de colère, froissa brièvement le visage d’Ethan. Il lâcha complètement son fils pour récupérer son téléphone portable et s’installa avec précaution à côté de lui. Même s’il reniflait régulièrement, Jim avait enfin cessé de pleurer.
— Grace, l’une de mes amies et collègues, a reçu un message l’autre jour. L’homme qui lui a envoyé ce SMS voulait éviter qu’il soit intercepté alors il est passé par Grace et…
— Dis-moi directement, soupira Jim en lui jetant un regard épuisé.
Ethan pinça brièvement les lèvres avant de hocher la tête. Il déverrouilla son téléphone avec son empreinte puis le tendit à Jeremy. La vue troublée par ses larmes récentes, l’adolescent dut cligner des paupières pour déchiffrer les lignes manuscrites qui s’affichaient à l’écran.
Il resta un moment interdit, les doigts de sa main gauche se resserrant seconde après seconde autour de la coque de l’appareil. Même si le message pouvait avoir plusieurs sens, pour lui il y en avait qu’un seul. Les braises de colère qui avaient brûlé en lui quelques minutes plus tôt se rassénèrent.
— Qui c’est ? cracha-t-il en indiquant les initiales « E.S » à la fin du message d’un doigt rageur.
— Mon frère.
La stupéfaction vida le visage de Jim de sa fureur et de ses couleurs. Bouche entrouverte, paupières écarquillées, il observa tour à tour Ethan et son portable comme pour y trouver des réponses invisibles.
— Nous avons les mêmes initiales, ajouta son père après quelques secondes de silence. Il s’appelle Edward Sybaris.
Comme sa main se mettait à trembler nerveusement, Jim préféra rendre le téléphone à son propriétaire au risque de le laisser tomber. Un frère ? Cette information ne faisait pas partie des réminiscences brumeuses qu’il détenait de son enfance.
L’impression de duperie laissa une traînée amère au fond de sa bouche. En l’espace de quelques semaines, il en avait pris beaucoup à propos de sa mère, de son père et de leur famille, et chaque révélation en plus était une aiguille brûlante dans son cœur. Combien d’années aurait-il pu passer sans rien savoir des demi-mensonges et des non-dits qui les concernaient, aussi bien sa sœur et lui que leurs parents ?

— Tu lui parles encore, à ton frère ? murmura Jeremy une fois que sa colère se fut quelque peu apaisée, remplacée par une froide exaspération.
Avec un soupir qui affaissa sa poitrine engourdie d’angoisse, Ethan secoua la tête.
— Non, j’ai coupé les ponts avec lui il y a des années. Il représentait une menace pour nous au même titre que ma mère. Il n’a jamais cherché à me faire du mal directement – du moins, je crois – mais sa prise de position aux côtés de notre mère m’écœure encore aujourd’hui. Je ne lui ai jamais pardonné qu’il ait préféré l’accompagner plutôt que de rester auprès de moi et de ses proches à Modros.
Sourcils froncés, Jim tourna la tête vers lui pour s’enquérir avec désarroi :
— Il l’a accompagnée où ?
— Il l’a suivie à la Ghost Society, l’entreprise dont je t’ai parlé mercredi. Avec Edward, on était tous les deux à l’école de S.U.I alors on se destinait à rejoindre la A.A, comme la plupart des élèves. Mais, quelques mois avant l’obtention de notre diplôme, Ed m’a annoncé qu’il partait suivre une formation complémentaire pour devenir un Fantôme – le nom que l’on donne aux agents de la Ghost Society.
Malgré les vingt ans qui s’étaient écoulés depuis, une brume de colère et de chagrin titillait encore le cœur d’Ethan.
— Ed est mon jumeau et, avec Mike, c’était ma seule famille. Je les aimais autant l’un que l’autre, mais j’avais un lien particulier avec Edward. Nous avons grandi ensemble, nous avons… affronté ensemble l’éducation de notre mère et j’étais persuadé que nous resterions proches l’un de l’autre jusqu’à nos derniers jours.
Avec une vague de dépit et de colère envers Edward et envers lui-même, Ethan serra les poings.
— J’ai été soit naïf, soit aveugle. Dans tous les cas, j’ai perdu bêtement mon frère.
Jim resta silencieux le temps de digérer l’histoire de leur séparation. S’il se sentait désolé pour son père qu’il ait perdu son jumeau, il n’éprouvait en revanche que haine et dépit à l’égard de cet Edward.
— Mais pourquoi il me veut ? persiffla Jim, brouillonnant d’en savoir plus sur le marché immonde que leur proposait l’homme. Quel intérêt il a à m’échanger contre maman et Thalia ?
Une grimace de profonde incompréhension creusa les traits épuisés de son père. Son téléphone dans une main, l’autre agrippée au montant du lit médical, il serra brièvement les mâchoires avant de maugréer :
— Je ne sais pas, Jeremy. Sincèrement. J’aimerais comprendre les motivations d’Edward, mais je dois reconnaître que je ne les ai sûrement jamais comprises. (Avec un regard chargé d’appréhension, Ethan se tourna vers son fils.) Mais peu importe ce qu’il veut de toi. Il est hors de question de t’échanger contre ta sœur et Maria.
Le visage de Jeremy se défit aussitôt, médusé.
— Mais… on peut les sauver. C’est à portée de main et… (Comme les traits de son père restaient impassibles, il se rebiffa.) T’es sérieux là ? Tu veux pas les sauver ?
— Évidemment que je veux les sauver !
— Alors pourquoi tu m’as caché ce message ? Pourquoi tu m’as pas dit qu’elles étaient vivantes ?
Emporté par la hargne qui lui mordait le cœur, Jim agrippa le col de son père, les yeux luisants.
— Tu sais ce que je vis depuis un mois et demi ? Tu sais ce que c’est de t’imaginer que ta famille est morte, de ne pas avoir de nouvelles pendant des semaines ? De… de s’imaginer le pire ?
Avec un sourire d’une tristesse ironique, son père lui rendit son regard meurtri.
— Oui, je sais, je l’ai vécu avec Thalia et toi, expliqua-t-il en enroulant des doigts prudents autour du poignet gauche du garçon. Comme ta mère a bloqué les communications entre nous, je n’ai jamais eu une seule nouvelle de vous directement. Je devais tout le temps attendre que Mike passe vous voir pour savoir comment vous alliez.
— Dis tout de suite que c’est la faute de maman, susurra Jim en se décalant sur le lit pour s’éloigner, horripilé par les insinuations de son père.
Agacé par la vitesse à laquelle son fils interprétait ses mots, Ethan soupira de nouveau.
— Je ne sais pas exactement pourquoi Maria a fait ça, même si j’ai mes idées. Et je ne l’accuse pas de la situation actuelle dans laquelle nous sommes. Mais là n’est pas la question, Jeremy. Je sais à quel point c’était cruel de notre part de te maintenir dans l’inconnu, mais Mike et moi craignions trop que tu…
— Mike était dans le coup, comprit le garçon en se renfrognant, vexé plus que jamais.
— Que tu t’engages dans cet échange sans avoir conscience du danger, conclut son père en le couvant d’un regard las.
Bras croisés sur la poitrine, visage plissé par un sentiment de trahison de plus en plus prégnant, Jim ne réagit pas tout de suite. Puis il glissa un regard étincelant de défi vers son père.
— Et Mike et toi comptez faire quoi ? Ton frère dit dans son message qu’il veut de tes nouvelles avant la fin du mois. Il serait peut-être temps de se bouger.
Ethan commençait à être excédé par les piques de son fils, mais il s’efforça à respirer pour ne pas tomber dans son piège. Il avait lui-même été un ado d’une insolence effarante ; il connaissait bien les mécanismes de l’ironie, de l’attaque, pour se protéger d’une réalité douloureuse.
— Michael et deux de mes collègues de la A.A m’aident à monter une opération pour les retrouver et les récupérer, annonça l’homme d’un ton assuré en observant son fils droit dans les yeux pour lui témoigner sa sincérité.
Malgré tout, Jeremy afficha une moue dubitative. Deux semaines les séparaient de la fin du mois. Ils n’auraient jamais le temps de préparer une telle opération.
— Si vous le dites… finit-il par marmonner du bout des lèvres, les bras toujours croisés sur sa poitrine.
Derrière son expression prétendument songeuse tournaient les rouages de son esprit malmené par des semaines d’absence de réponses. Il ne comptait pas rester sans rien faire tandis que son père, son parrain et deux inconnues essayaient de sauver sa famille.

— Heureusement que c’est ta main droite qui a été touchée et pas la gauche, souffla son père après une minute de silence. Tu peux continuer à écrire et à faire plein de choses.
Encore à moitié plongé dans la fomentation de ses plans, Jeremy haussa vaguement les épaules. Écrire, faire plein de choses… étaient actuellement le cadet de ses soucis.
— Moui, grommela-t-il en inspectant sa main blessée, son majeur, son annulaire et son petit doigt éclissés par les bandages. J’espère que c’est pas une fracture.
Ethan ne répliqua rien, se contentant de l’observer avec inquiétude. Ce qui était arrivé était vraisemblablement un accident, mais ils ne pouvaient être sûrs de rien. L’idée que son fils soit harcelé à l’école le rendait malade. Le fait de ne pas pouvoir agir directement, bouillonnant de rage. Il aurait pu l’aider. Il aurait pu contacter les familles des proches d’Emily Hobs et de Hugo Cowell. Ces familles-là n’auraient jamais l’influence des Sybaris sur la A.A. Mais ce serait jouer exactement au même jeu : utiliser un nom, un pouvoir, pour s’estimer légitime à outrepasser les règles. Ethan s’y était refusé pendant des années, même quand des rumeurs douloureuses couraient sur lui ou ses proches. Il n’allait pas commencer aujourd’hui.
Alors qu’Ethan pataugeait dans ses pensées de sombre amertume, Jeremy se tourna vers lui, l’air contrarié.
— Je peux te demander un service ? J’ai oublié mon portable dans ma chambre, mais Ryu risque d’y être alors… (Devant le regard assombri de son père, Jim précisa du bout des lèvres : ) À part le numéro de Mike, j’ai aucun contact. Si tu as le téléphone d’Alex et Dimitri et… le tien… je pourrai les récupérer.
— Oh, bien sûr ! s’exclama Ethan en se levant avant de déverrouiller son téléphone pour le tendre à Jim. Tiens, rassemble les contacts qui t’intéressent dans un message que tu enverras sur ton portable.
— Pas bête, affirma le garçon alors que c’était exactement ce dont il attendait de son père.
Tandis que ce dernier sortait de la pièce pour rejoindre l’internat, Jeremy se cala contre l’oreiller du lit et ouvrit les contacts. Il chercha directement la liste des numéros bloqués et ne tarda pas à tomber sur la fiche d’Edward Sybaris. Il n’y avait pas de photo, aucune information si ce n’était le numéro de téléphone. Jim se le répéta jusqu’à le connaître par cœur puis retourna sur la page des contacts principaux. Il sélectionna ceux qui l’intéressaient, l’esprit envahi par la suite de chiffres qui allaient peut-être signer le retour de sa famille.

Ethan avait comme des poids accrochés aux mollets. Avait-il bien fait de mettre Jeremy au courant ? De toute façon, il aurait fini par l’apprendre. Il n’empêchait qu’Ethan avait l’impression d’avoir confié à son fils un secret trop lourd à porter.
Au deuxième étage de l’internat, il retrouva sans mal la chambre de Jim et son ami. Quand il était lui-même élève à l’École, il avait occupé une pièce toute proche. L’esprit à moitié bloqué dans les souvenirs de son adolescence, Ethan frappa doucement contre le battant.
— Ryusuke ? C’est Ethan, le…
Il n’eut pas le temps de terminer que Ryu ouvrait la porte. Tapi dans l’obscurité, il avait l’air d’avoir rapetissé et vieilli. Ses cheveux noirs ressortaient comme des filaments sombres et indistincts autour de son visage blafard.
— Pardon, lâcha Ryusuke d’une voix écorchée, je pensais que c’était…
— Jeremy, comprit Ethan avec une grimace.
— C’est lui qui vous envoie ?
— Oui. Mais… ce n’est pas par rapport à votre dispute.
Le corps de Ryusuke tressaillit et se recroquevilla un peu plus. La main serrée autour de la poignée, il ne fit pas mine de bouger.
— C’est pas vraiment une dispute.
— Jem ne m’a rien dit. Je ne veux pas te forcer à en parler non plus, Ryusuke.
L’intéressé ferma les yeux, inspira une goulée nerveuse et ouvrit la porte en grand. Avec la lumière du couloir, ses yeux bouffis et ses traits creusés ressortirent cruellement.
— Tu vas rester seul aujourd’hui ? s’enquit Ethan d’un ton soucieux.
— Jeremy ne va pas revenir ?
— Je vais sûrement lui proposer de dormir à l’appartement, comme je dois l’emmener faire des radios demain.
Ryusuke ravala la déception qui lui était montée à la gorge. Ce n’était qu’un fragment que tout ce qu’il s’efforçait de repousser depuis une heure.
— Tu sais où Jeremy pose son téléphone ? Il en a besoin.
Ryu actionna l’interrupteur pour récupérer le portable de son ami sur leur bureau puis le tendit à Ethan. Il resta un instant planté face à l’adolescent puis murmura :
— Ryusuke, tu voudrais que j’appelle Dimitri pour qu’il vienne te chercher ?
Ryu resta un instant pétrifié. Dimitri se rendrait compte de son état et, contrairement à Jim et son père, il insisterait sûrement pour en connaître l’origine. C’était son rôle de recruteur de s’assurer de sa bonne santé.
Mais Ryu ne voulait surtout pas en parler. Pas tout de suite. Peut-être même jamais.
— Non, ça va, le rassura Ryusuke dans un souffle nerveux. J’ai besoin d’être seul un moment.
— Je comprends.
Ethan ouvrit la bouche, chercha une parole de réconfort. Comme il n’en trouvait pas, il tendit le bras et serra l’épaule de Ryu.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. Vraiment. Tu as tellement fait pour mes enfants, Ryusuke. Je ne voudrais pas que ce soit à sens unique.
Lèvres tremblantes, Ryu hocha la tête. Il avisa le bras tendu d’Ethan, son air préoccupé et se lança :
— Je peux vous demander quelque chose, alors ?
— Bien sûr.
— Vous pouvez…
Un sanglot lui comprima les lèvres avant qu’il atteigne la fin de sa phrase. Ethan lui jeta un regard désemparé, réalisa quelques gestes hésitants. Ryusuke recula, se dégonfla. Le poids dans son cœur remontait jusqu’aux bords de ses paupières.
Après quelques secondes, une fois son sang-froid recouvré, Ryu se redressa.
— Ryusuke, tu es sûr que tu ne veux pas que j’appelle Dimitri ?
L’intéressé hocha la tête, dents serrées. Sa poitrine s’était engourdie pour le soulager des brûlures de ses émotions. Même s’il se sentait gelé jusqu’aux os, Ryu gardait la maîtrise de son corps. Et c’était le plus important, qu’il conserve la tête haute malgré tout.
— Je suis désolé. Mais ça va, merci. (Avant qu’Ethan puisse ajouter quoi que ce soit, il conclut sobrement : ) Bonne journée.
Il referma la porte sans attendre. Dans le silence et le noir de sa chambre, il ne savait pas si les voix de son cœur le félicitaient ou le maudissaient.



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TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiello~

Bon. Ouch.
C'est pas que je ne sais pas quoi en penser, je savais que ça allait arriver. Franchement, ça s'est passé comme je le pensais. Mais ouch. Et maintenant, j'ai peur pour la suite yay :lol:
La douleur de Ryu fait mal, ptn. Et c'est tellement bien écrit, genre "ils venaient tous les deux de se fracasser l’un contre l’autre de désillusions amères" OUI. Ouch, mais oui (je suis pas maso, je jure).

Et puis il fait mal au cœur le p'tit Jemmy. Entre le passage sur Thallie (tellement touchant), les larmes et le petit "je veux maman", damn gurl, u wanna make me cry? (I know u do.)
J'adore toujours en apprendre plus sur un perso, et tout ce que tu nous dis sur lui est cohérent, c'est vraiment cool ! (Puis c'est sympa de voir l'évolution par rapport à la V1 :lol: )

Comme toujours, avec Ethan ♥, c'est complicado, mais y a du mieux (ou des montagnes russes, ça dépend de l'optimisme dont on fait preuve haha). Papa Ethan 4 the win, mais ça fait aussi du bien de voir qu'il a ses limites avec le comportement de Jim.
Et wow, tu as retrouvé la touche h, je suis toute émue ;^;

Bon bon bon, Jim a enfin découvert le pot aux roses. Par contre, faudrait pas qu'il nous fasse une connerie, le chaton émotif :v J'ai déjà une vague idée de ce qui va arriver au prochain chap :roll: (cf. message épinglé sur Discord, je suis allée le relire, je me tape un fou-rire :lol: )
Et puis wooow, sneaky Jemmy ! On avait pas encore trop eu l'occasion de vraiment voir ce côté de lui, et ça concrétise ce que disait Ryu : Jim est loin d'être bête. Très loin. Sneaky kitty.

C'est toujours un plaisir de lire un nouveau chap ! Bravo, parce qu'en plus ils sont longs et on y voit que du feu. Le rythme est toujours génial, c'est jamais lassant et toujours aussi bien écrit (ça s'améliore même de chap en chap).
J'ai toujours autant de questions, j'ai hâte de lire la suite !

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit :Hiello~

Bon. Ouch.
C'est pas que je ne sais pas quoi en penser, je savais que ça allait arriver. Franchement, ça s'est passé comme je le pensais. Mais ouch. Et maintenant, j'ai peur pour la suite yay :lol:
La douleur de Ryu fait mal, ptn. Et c'est tellement bien écrit, genre "ils venaient tous les deux de se fracasser l’un contre l’autre de désillusions amères" OUI. Ouch, mais oui (je suis pas maso, je jure).

Et puis il fait mal au cœur le p'tit Jemmy. Entre le passage sur Thallie (tellement touchant), les larmes et le petit "je veux maman", damn gurl, u wanna make me cry? (I know u do.)
J'adore toujours en apprendre plus sur un perso, et tout ce que tu nous dis sur lui est cohérent, c'est vraiment cool ! (Puis c'est sympa de voir l'évolution par rapport à la V1 :lol: )

Comme toujours, avec Ethan ♥, c'est complicado, mais y a du mieux (ou des montagnes russes, ça dépend de l'optimisme dont on fait preuve haha). Papa Ethan 4 the win, mais ça fait aussi du bien de voir qu'il a ses limites avec le comportement de Jim.
Et wow, tu as retrouvé la touche h, je suis toute émue ;^;

Bon bon bon, Jim a enfin découvert le pot aux roses. Par contre, faudrait pas qu'il nous fasse une connerie, le chaton émotif :v J'ai déjà une vague idée de ce qui va arriver au prochain chap :roll: (cf. message épinglé sur Discord, je suis allée le relire, je me tape un fou-rire :lol: )
Et puis wooow, sneaky Jemmy ! On avait pas encore trop eu l'occasion de vraiment voir ce côté de lui, et ça concrétise ce que disait Ryu : Jim est loin d'être bête. Très loin. Sneaky kitty.

C'est toujours un plaisir de lire un nouveau chap ! Bravo, parce qu'en plus ils sont longs et on y voit que du feu. Le rythme est toujours génial, c'est jamais lassant et toujours aussi bien écrit (ça s'améliore même de chap en chap).
J'ai toujours autant de questions, j'ai hâte de lire la suite !

La bise~
Hello !

Ouais, bon, voilà :v
Ça pouvait difficilement arriver à l'envers, disons :cry: Vu ce que j'ai laissé penser de leur décalage dans les chaps précédents... ouais :vvv
C'était pas agréable d'écrire ça, je reconnais. Et cette phrase que t'as relevée, j'en étais fière, car elle traduit très bien ce qui s'est passé, mais... OUCH comme tu dis :roll:

Ouais Jem il se laisse aller dans ce chap, mais ça m'a permis d'expliquer 2-3 trucs que j'avais pas encore eu le temps d'aborder (son vécu à l'hôpital notamment) !
J'espère que c'est cohérent oui ;-; :lol: (et clairement, par rapport à la V1... mais quelle tête-à-claques ptn)

Y'a du mieux, on va dire :roll: Ça s'améliore, mais c'est clairement pas encore ça (ils se comprennent absolument pas, déjà, ça fait une sacrée barrière entre eux x) )
Ah oui, la touche h ! Par contre, elle sera fluctuante dans les chapitres à venir :geek:

Le chaton émotif il a de drôles d'idées ouais :? (MDR c'est vrai que je l'avais presque oublié ptttttn)
Il est sneaky oui, surtout dans cette scène (globalement, j'aime dire qu'il peut se montrer malin !). Effectivement, jusqu'ici on a pas trop eu l'occasion de le voir, mais ça devrait arriver plus souvent à partir de maintenant ^^

Yes, ils sont globalement plus costauds, mais si ça reste fluide, tant mieux ;-; Merci beaucoup :oops: :cry:
(Je sais même plus sur quoi ce chapitre enchaîne, j'vais aller voir :lol: )

Tchuss (et merci ♥)
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Yosh !

Je suis à jouuuur :D

Bon. Ça va être dans le désordre, bordélique et sans liaisons ou transitions correctes, mais tu devrais pouvoir survivre.

J'ai envie de parler d'Emily en premier, je ne sais pas pourquoi. Au fond, je ne suis pas sûre qu'elle soit fondamentalement méchante. Quelque chose dans le chapitre précédent fait que… je ne sais pas, j'ai bien aimé sa réaction. C'était un accident, et quand elle a réellement vu le mal derrière, elle a presque eu l'air de s'en vouloir. Aussi, je ne suis pas sûre qu'elle soit au courant des agissements des plus vieux, donc ça peut être intéressant à suivre.

Ethan… Ethan j'ai l'impression que c'est un papa-poule qui n'ose pas s'affirmer en tant que tel x) Il est adorable, il supporte les crises de nerfs de Jeremy sans broncher, un peu comme Alex, même si Alex gueule un peu plus. Ceci dit, vu le passé et les embrouilles qui le suivent, ça risque d'être compliqué de construire une relation stable avec notre tête de mule préférée. Mikey, c'est pareil, je l'aime de tout mon cœur, c'est un nounours cet homme (un nounours avec des griffes quand il faut, certes, mais un nounours quand même).
Honnêtement, cette histoire de famille, c'est pénible. Les autres Sybaris pourraient pas leur ficher la paix et laisser Jem, Maria, Thalia et Ethan vivre leur vie ? Honte à la scénariste. :lol:

Ryu… Ryu mon chat, il mérite tellement pas ce qui lui arrive. Le pauvre, après son oncle, maintenant Jeremy qui l'envoie balader… il prend cher en ce moment, et même le soutien de Dimitri ne pourra pas tout compenser. J'ai à la fois hâte de voir ce qu'il va devenir, et en même temps, je suis très inquiète. Mais bon, comme il a l'air profondément gentil, ça devrait aller. (Ça devrait.)

Jem, j'ai même pas envie d'en parler. Emo-boy me fatigue et me casse les pieds en ce moment. On le sait, on le sait qu'il va faire une connerie et qu'il va mettre tout le monde encore plus dans la merde, et on ne peut rien faire pour l'en empêcher. Il est pénible. En plus il chouine tout le temps. M'enfin, ça me change des héros classiques, et j'avoue que j'ai souvent de la peine pour lui et ce qui lui arrive, mais son comportement me dépasse. J'ai hâte qu'il grandisse un peu.


Au niveau de ton écriture, franchement, je n'ai rien à dire. Je me suis fait un marathon sur Wattpad pour rattraper les 10-15 derniers chapitres (même moi je ne savais plus où j'en étais), et ça se lit vite et bien. C'est fluide, accrocheur, le rythme est là, et on sent que tu t'amuses quand tu écris, donc c'est super cool. Je n'ai pas relevé de fautes, mais j'avoue que j'ai surtout rushé au niveau de l'intrigue, donc je me repencherai peut-être dessus à l'occasion. Ou pas d'ailleurs, puisqu'il n'y avait rien de criant qui m'ait obligée à me couvrir les yeux. :mrgreen:

Merci pour cette histoire, ça fait toujours plaisir à lire ! Et j'ai vraiment hâte de lire la suite ^^
Bise !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Yosh !

Je suis à jouuuur :D

Bon. Ça va être dans le désordre, bordélique et sans liaisons ou transitions correctes, mais tu devrais pouvoir survivre.

J'ai envie de parler d'Emily en premier, je ne sais pas pourquoi. Au fond, je ne suis pas sûre qu'elle soit fondamentalement méchante. Quelque chose dans le chapitre précédent fait que… je ne sais pas, j'ai bien aimé sa réaction. C'était un accident, et quand elle a réellement vu le mal derrière, elle a presque eu l'air de s'en vouloir. Aussi, je ne suis pas sûre qu'elle soit au courant des agissements des plus vieux, donc ça peut être intéressant à suivre.

Ethan… Ethan j'ai l'impression que c'est un papa-poule qui n'ose pas s'affirmer en tant que tel x) Il est adorable, il supporte les crises de nerfs de Jeremy sans broncher, un peu comme Alex, même si Alex gueule un peu plus. Ceci dit, vu le passé et les embrouilles qui le suivent, ça risque d'être compliqué de construire une relation stable avec notre tête de mule préférée. Mikey, c'est pareil, je l'aime de tout mon cœur, c'est un nounours cet homme (un nounours avec des griffes quand il faut, certes, mais un nounours quand même).
Honnêtement, cette histoire de famille, c'est pénible. Les autres Sybaris pourraient pas leur ficher la paix et laisser Jem, Maria, Thalia et Ethan vivre leur vie ? Honte à la scénariste. :lol:

Ryu… Ryu mon chat, il mérite tellement pas ce qui lui arrive. Le pauvre, après son oncle, maintenant Jeremy qui l'envoie balader… il prend cher en ce moment, et même le soutien de Dimitri ne pourra pas tout compenser. J'ai à la fois hâte de voir ce qu'il va devenir, et en même temps, je suis très inquiète. Mais bon, comme il a l'air profondément gentil, ça devrait aller. (Ça devrait.)

Jem, j'ai même pas envie d'en parler. Emo-boy me fatigue et me casse les pieds en ce moment. On le sait, on le sait qu'il va faire une connerie et qu'il va mettre tout le monde encore plus dans la merde, et on ne peut rien faire pour l'en empêcher. Il est pénible. En plus il chouine tout le temps. M'enfin, ça me change des héros classiques, et j'avoue que j'ai souvent de la peine pour lui et ce qui lui arrive, mais son comportement me dépasse. J'ai hâte qu'il grandisse un peu.


Au niveau de ton écriture, franchement, je n'ai rien à dire. Je me suis fait un marathon sur Wattpad pour rattraper les 10-15 derniers chapitres (même moi je ne savais plus où j'en étais), et ça se lit vite et bien. C'est fluide, accrocheur, le rythme est là, et on sent que tu t'amuses quand tu écris, donc c'est super cool. Je n'ai pas relevé de fautes, mais j'avoue que j'ai surtout rushé au niveau de l'intrigue, donc je me repencherai peut-être dessus à l'occasion. Ou pas d'ailleurs, puisqu'il n'y avait rien de criant qui m'ait obligée à me couvrir les yeux. :mrgreen:

Merci pour cette histoire, ça fait toujours plaisir à lire ! Et j'ai vraiment hâte de lire la suite ^^
Bise !
Yoss !

Yees, en plus avec un chapitre par semaine, ça devait te faire pas mal à rattraper, bichette x)

Pas de problèmes, ça me fait tout aussi plaisir que ce soit bordélique ou pas de recevoir un com :mrgreen:

Pour Emily, t'as bien saisi sa nature, yep. Elle est pas foncièrement mauvaise. C'est juste qu'elle a grandi dans une bulle dorée que l'École entretient en les favorisant et le moindre éclat noir la rend furieuse et lui fait craindre de perdre cette bulle. Hugo est en réalité plus torve qu'elle, même si on l'a pas encore trop vu.

Mdr oui c'est ça pour Ethan ;-; Il se sent complètement illégitime vis-à-vis de ses gosses alors, même s'il veut tout faire pour les aider, il ose à peine les approcher. Mais ouais, la relation stable, c'est pas pour tout de suite, comme tu le relèves. Ethan doit faire des efforts pour assumer plus, Jim doit faire des efforts pour accepter mieux (y'a du chemin).
Mike ♥ C'est mon nounours oui :D (avec des griffes évidemment)
Est-ce que Sarah Lokinette vient de me dire que la famille Sybaris était compliquée ? Est-ce que Sarah Lokinette n'aurait pas une famille très étendue et extrêmement compliquée de type LOKI à gérer de son côté par hasard ? :geek: Hm, je pense que je t'arrive même pas à la cheville question coups bas et complots familiaux là :lol:

Ryu-peuchère bonjouuur :cry:
Mais ouais, il enchaîne les pertes et les rejets, lui. Et Dimi a beau être là... ben c'est tout neuf, tout frais, comme relation, ça n'a pas la profondeur de celle Jim-Ryu ou Ryu-Akira. Ouais, ça devrait plutôt bien aller.
Ouais

Emo-boi de service bonjouur :roll:
C'est chouette hein d'attendre ce moment 8-) Trop trop hâte : D Ah oui, c'est un gros crybaby Jim :lol: Et t'es pas la seule à avoir hâte qu'il grandisse, je te rassure :roll:

Baaaah, merci beaucoup ! :) Y'a des fois où je suis contente de ce que j'écris, d'autres où j'ai l'impression de faire n'importe quoi, de faire des phrases robotiques et redondantes (j'ai repéré quand même des passages qui se ressemblent, mes persos ont souvent les mêmes mécaniques de gestuelles, surtout dans les dialogues, mais j'ai du mal à changer c'est dingue :v)
Mais ouais, globalement, je kiffe écrire S.U.I c'est clairement l'histoire où je me prends moins la tête x) Et je suis contente que ça se ressente à l'écriture !
Idem pour les fautes, tant mieux si j'écorche les yeux de personne :''D

Un grand merci pour ton com ♥
La bise !
vampiredelivres

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Yoss !

Yees, en plus avec un chapitre par semaine, ça devait te faire pas mal à rattraper, bichette x)

Pas de problèmes, ça me fait tout aussi plaisir que ce soit bordélique ou pas de recevoir un com :mrgreen:

Pour Emily, t'as bien saisi sa nature, yep. Elle est pas foncièrement mauvaise. C'est juste qu'elle a grandi dans une bulle dorée que l'École entretient en les favorisant et le moindre éclat noir la rend furieuse et lui fait craindre de perdre cette bulle. Hugo est en réalité plus torve qu'elle, même si on l'a pas encore trop vu.

Mdr oui c'est ça pour Ethan ;-; Il se sent complètement illégitime vis-à-vis de ses gosses alors, même s'il veut tout faire pour les aider, il ose à peine les approcher. Mais ouais, la relation stable, c'est pas pour tout de suite, comme tu le relèves. Ethan doit faire des efforts pour assumer plus, Jim doit faire des efforts pour accepter mieux (y'a du chemin).
Mike ♥ C'est mon nounours oui :D (avec des griffes évidemment)
Est-ce que Sarah Lokinette vient de me dire que la famille Sybaris était compliquée ? Est-ce que Sarah Lokinette n'aurait pas une famille très étendue et extrêmement compliquée de type LOKI à gérer de son côté par hasard ? :geek: Hm, je pense que je t'arrive même pas à la cheville question coups bas et complots familiaux là :lol:

Ryu-peuchère bonjouuur :cry:
Mais ouais, il enchaîne les pertes et les rejets, lui. Et Dimi a beau être là... ben c'est tout neuf, tout frais, comme relation, ça n'a pas la profondeur de celle Jim-Ryu ou Ryu-Akira. Ouais, ça devrait plutôt bien aller.
Ouais

Emo-boi de service bonjouur :roll:
C'est chouette hein d'attendre ce moment 8-) Trop trop hâte : D Ah oui, c'est un gros crybaby Jim :lol: Et t'es pas la seule à avoir hâte qu'il grandisse, je te rassure :roll:

Baaaah, merci beaucoup ! :) Y'a des fois où je suis contente de ce que j'écris, d'autres où j'ai l'impression de faire n'importe quoi, de faire des phrases robotiques et redondantes (j'ai repéré quand même des passages qui se ressemblent, mes persos ont souvent les mêmes mécaniques de gestuelles, surtout dans les dialogues, mais j'ai du mal à changer c'est dingue :v)
Mais ouais, globalement, je kiffe écrire S.U.I c'est clairement l'histoire où je me prends moins la tête x) Et je suis contente que ça se ressente à l'écriture !
Idem pour les fautes, tant mieux si j'écorche les yeux de personne :''D

Un grand merci pour ton com ♥
La bise !
C'était tranquille, ça m'a fait une p'tite demi-heure, peut-être une heure, de bouquinage ^^

Je vois ce que tu veux dire avec Emily, c'est aussi ce que je me disais. Foncièrement, elle n'est pas mauvaise, elle est juste habituée à son petit cadre parfait, et quand quelqu'un ne colle pas dedans, elle flippe. Et Hugo, oui, il a l'air vachement plus vicieux qu'elle.

Pauvre Ethan… En même temps, d'un côté y'a Maria qui essaie de le faire disparaître de la vie de ses enfants, de l'autre y'a Jeremy qui le rejette totalement… et ça fait cinq ans que ça dure. Tu m'étonnes qu'il se sente pas légitime.
Alors pour ma défense, moi y'a de la mythologie dans mon histoire. Dès qu'il y a de la mythologie, c'est le bordel. :lol: (Et puis, soyons honnêtes, la Confrérie, c'est plus une corpo qu'une famille.) Mais après, j'ai aussi des cas plutôt retors – mama-Kaiser et mini-Kaiser – qui font remonter le taux de coups bas à un niveau mafieux. :lol:

Pauvre Ryu vraiment, j'espère qu'il va aller mieux après.

On a tous ce genre de phases, t'inquiète ! Mais si ça peut te rassurer, ça ne fait pas robotique à la lecture ^^ En soi, si les persos ont des mécaniques gestuelles fréquentes, ça peut venir de leurs habitudes… mais je vois ce que tu veux dire. Chez moi, ils ont tous tendance à hausser les sourcils trop souvent. x)
Tant que tu t'amuses, c'est le principal ;)

Avec plaisir ! La bise !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : C'était tranquille, ça m'a fait une p'tite demi-heure, peut-être une heure, de bouquinage ^^

Je vois ce que tu veux dire avec Emily, c'est aussi ce que je me disais. Foncièrement, elle n'est pas mauvaise, elle est juste habituée à son petit cadre parfait, et quand quelqu'un ne colle pas dedans, elle flippe. Et Hugo, oui, il a l'air vachement plus vicieux qu'elle.

Pauvre Ethan… En même temps, d'un côté y'a Maria qui essaie de le faire disparaître de la vie de ses enfants, de l'autre y'a Jeremy qui le rejette totalement… et ça fait cinq ans que ça dure. Tu m'étonnes qu'il se sente pas légitime.
Alors pour ma défense, moi y'a de la mythologie dans mon histoire. Dès qu'il y a de la mythologie, c'est le bordel. :lol: (Et puis, soyons honnêtes, la Confrérie, c'est plus une corpo qu'une famille.) Mais après, j'ai aussi des cas plutôt retors – mama-Kaiser et mini-Kaiser – qui font remonter le taux de coups bas à un niveau mafieux. :lol:

Pauvre Ryu vraiment, j'espère qu'il va aller mieux après.

On a tous ce genre de phases, t'inquiète ! Mais si ça peut te rassurer, ça ne fait pas robotique à la lecture ^^ En soi, si les persos ont des mécaniques gestuelles fréquentes, ça peut venir de leurs habitudes… mais je vois ce que tu veux dire. Chez moi, ils ont tous tendance à hausser les sourcils trop souvent. x)
Tant que tu t'amuses, c'est le principal ;)

Avec plaisir ! La bise !
Ah oui, ça va, je m'attendais à pire ! ^^

Exactement, Jim la fait chier avec ses gros sabots et son je-m'en-foutisme mais elle lui veut pas spécialement du mal en soi. Hugo est un sale con en revanche :roll: :lol:

Avec Maria, ils ont pas mal de merdes à régler en plus x) Et ça fait même 8 ans que ça dure ! Bichette ptn
Oui, OK, dès que y'a de la mytho, ça complique les choses :lol: Mais oui on est clairement sur un plus haut niveau de filsdeputisme quand même

Tant mieux ♥ Ouais, c'est plus mes habitudes d'écriture que leurs habituelles gestuelles, mais j'essaie d'y penser ! (En vrai, ça va, c'est jamais un truc qui m'a choqué chez tes persos :o )

A plus !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Alors, pour rigoley un peu, quand j'écrivais ce chapitre, je discutais avec TcmA à côté. J'ai copié-collé un bout de notre discus' pour la citer car elle racontait des trucs rigolos sur The Debt, un autre de mes romans. Sauf que j'ai oublié de remettre mon tiret cadratin quand j'ai fait un dialogue. Sur ce :
ptdr.PNG
ptdr.PNG (5.11 Kio) Consulté 995 fois
(oui la capture s'appelle "ptdr" j'suis pas tout à fait adulte encore)



- Chapitre 39 -



Lundi 19 octobre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Valentina inspectait le dernier paragraphe qu’elle avait marqué dans son cahier lorsque Jim se glissa derrière le bureau accolé au sien. Elle fronça les sourcils et ne le quitta pas des yeux tandis qu’il sortait ses affaires de son sac.
— Que me vaut l’honneur de ta présence ? le railla-t-elle après quelques secondes d’observation. C’est la première fois que tu t’assieds à côté de moi.
Son voisin haussa les épaules avec indifférence, le visage tourné vers la fenêtre. Sa main blessée posée à plat sur la table attira sans tarder l’attention de Valentina.
— Alors, tes doigts ? On t’a pas vu en EPSA ce matin, alors je me doute que c’est assez grave pour que tu rates les cours de sport. (Comme il ne répondait pas, elle poussa un grognement agacé.) Bon, c’est quoi le problème ? Tu évites Ryu depuis tout à l’heure. Et lui, il ose même pas te regarder. Vous vous êtes engueulés ?
Irrité d’avoir été percé à jour, Jim se tourna vers elle pour la cingler du regard. Déterminée à ne pas ciller face à son camarade, Tina releva le menton. Jeremy daignait rarement regarder les gens ; il avait souvent le nez levé vers un repère quelconque. Alors, bien que troublée par les iris dépareillés de son ami, Valentina tint bon jusqu’à ce qu’il claque la langue d’agacement.
— Ce qu’il y a avec Ryu, ça regarde que lui et moi. (Refroidie par le ton de son ami, aussi sec et froid que le vent qui avait sifflé toute la matinée, Tina se renfrogna.) Et ma main… j’ai l’auriculaire et l’annulaire fracturés et une entorse au majeur.
— Ouch. Tu pourras plus faire de doigt d’honneur. (Comme un sourire parvenait à chasser quelques plis des lèvres de Jim, elle enchaîna : ) Combien de temps d’arrêt ?
— Au moins deux semaines, marmonna Jeremy en jetant un regard mauvais aux bandages qui éclissaient ses trois doigts blessés ensemble.
Dès le vendredi après-midi, son père avait pu obtenir un rendez-vous à la clinique privée de S.U.I pour lui faire passer une radio. Les résultats étaient arrivés peu de temps après. Un médecin avait refait un bandage propre avant de lui prescrire deux semaines d’arrêt pour l’EPSA.
— Autrement… reprit Valentina d’un air incertain en l’observant de biais, ça va un peu mieux question cours ? Je me rappelle que tu t’en voyais pas mal en début d’année.
Jeremy pinça légèrement les lèvres, les traits tirés par le week-end angoissant qu’il avait passé. Il appréciait Valentina pour sa spontanéité, mais ses questions commençaient à le lasser.
— Bof, j’ai toujours l’impression d’être une merde, avoua-t-il sans détour en tripotant sa gomme. Mon père m’a aidé à faire mes devoirs hier, mais ça suffira jamais pour rattraper tout mon retard.
Valentina perçut sans mal l’irritation croissante de son ami et retourna à la contemplation de sa trousse. Pour une fois qu’elle pouvait parler seule-à-seul avec lui, Jim était de mauvais caractère. À vrai dire, il était rarement rayonnant, mais son humeur sombre était palpable aujourd’hui. À la fois déçue et soulagée, Valentina se demanda brièvement pourquoi il avait fallu que ça tombe sur lui.
— Ton père ? réalisa-t-elle après coup. Je croyais que tu pouvais pas te l’encadrer.
— J’ai jamais dit le contraire, rétorqua Jim avec un rictus narquois. Mais ça m’a bien arrangé de dormir chez lui ce week-end et qu’il m’aide pour mes devoirs.
— À cause de Ryu, comprit Valentina en jetant un coup d’œil furtif à l’intéressé, assis à côté de Mia. Eh, je suis pas folle concernant ma coloc’ et le tien ? Ils craquent carrément l’un pour l’autre, non ?
Alors que Tina rougissait subtilement à cause de son propre pincement au cœur, Jim blêmit en empoignant sa trousse. Il n’osait pas regarder par-dessus son épaule. Dans le brouhaha de l’avant-cours, il distinguait sans mal l’intonation claire de son ami. La façon dont sa voix se modulait tantôt avec encouragement tantôt avec application tandis qu’il expliquait quelque chose à autrui.
— Jim ?
L’interpellé s’extirpa difficilement du souvenir d’une salle d’auscultation et de lèvres fantômes, interdites, sur les siennes. Valentina le fixait d’un air soucieux, sa bouche pliée par le désarroi. Ses iris à la couleur indescriptible s’étaient assombris.
— Ça va ? T’es devenu tout blanc.
Jeremy s’efforça à sourire. Tina eut un mouvement de recul face à la grimace qui tordit le visage de son voisin. Définitivement, il y avait un tas de choses qu’elle ne comprenait pas à son propos. Comme cette manie de prétendre que tout allait bien alors que, visiblement, c’était loin d’être le cas. Sans compter que Jeremy n’était pas très doué pour masquer ses sentiments.
— C’est rien, murmura-t-il en baissant la tête. J’ai juste repensé à un truc. Mais… mais t’as peut-être raison. Pour Mia. Et… et Ryu.
Face aux hésitations manifestes de son ami, Valentina ne sut choisir entre rire et lui serrer le bras. Pourquoi semblait-il si gêné d’évoquer une possible relation entre leurs partenaires respectifs ? Lorsqu’une réponse lui sauta à la tête, la jeune fille déglutit péniblement.
— Tu… t’es intéressé par Mia ?
La question de son amie plongea Jim dans un profond silence. Puis, alors qu’il n’aurait pas cru possible d’en émettre un avant d’avoir retrouvé sa famille, Jeremy lâcha un brusque éclat de rire. Soulagé, il se passa une main sur le visage puis secoua la tête en observant sa voisine.
— Mia est sympa, mais… non, je m’en fous. Pas d’elle, hein ! Je veux dire… de tout ça, de sortir avec des filles. (Jim souffla ce qu’il savait être la stricte vérité : ) Ça me passe complètement au-dessus de la tête. Ma priorité, c’est de revoir ma sœur et ma mère.
— Je comprends, chuchota en retour Valentina du même ton sincère, pourtant éraillé.
Au moins, elle pouvait rayer un élément de sa liste personnelle des questions en suspens. Jeremy n’avait pas la moindre attention de s’intéresser à son cas – ni à celui de qui que ce soit d’autre. Elle s’en sentait étrangement soulagée malgré la pointe de déception au fond de sa tête.

À l’intercours, Jeremy jeta un bref coup d’œil à l’écran de son téléphone. Maintenant qu’il avait ajouté quelques contacts, il espérait recevoir un message de temps à autre. Mais son père et Mike devaient travailler sur l’opération de sauvetage de sa mère et sa sœur, Alex était toujours aussi silencieux et Dimitri ne se souciait pas spécialement de lui. Le cœur serré, l’adolescent consulta ses notes, où il avait inscrit le numéro d’Edward Sybaris. Il n’avait pas encore eu l’opportunité de composer les chiffres. Non seulement il était incertain des mots qu’il allait employer, mais son père ne l’aurait jamais laissé appeler. Ethan avait hébergé son fils le temps du week-end et l’avait veillé d’assez près pour qu’il n’ait pu saisir une occasion de passer un coup de fil.
En réalité, Jim avait été bien assez accaparé par l’appartement d’Ethan et par Ethan lui-même pour penser à son oncle. Ses parents habitaient ce logement lorsqu’il était né, mais Jeremy ne conservait des souvenirs que de la maison qui avait brûlée. Il n’était pas resté assez longtemps dans l’appartement pour que les murs de son ancienne chambre réveillent quelque chose en lui. Il y avait pourtant trouvé de vieux jouets à moitié roussis et quelques photos miraculeusement sauves. Ethan avait affiché une mine tristement sombre en découvrant son fils assis sur le lit de la chambre d’amis – l’ancienne chambre de Jim – un cliché corné entre les doigts. Ils n’avaient pas pu sauver grand-chose de l’incendie et les rares photos provenaient en partie des proches qui avaient accepté de leur en redonner. Bien plus ému qu’il ne l’avait laissé paraître, Jim avait observé et détaillé la dizaine de clichés que son père lui avait apportée. Ses parents ensemble, plus jeunes, complices, Thalia et lui maladroitement enlacés, des amis qui les prenaient dans leurs bras, des photos du jardin avec leurs jouets d’enfant éparpillés, de la famille au complet… Même s’il avait été soulagé de découvrir des preuves de sa vie d’avant, Jeremy s’était aussi senti dépouillé. À présent, qu’avait-il ? Une mère et une sœur disparues, un père resurgi du passé et un ami qui n’était peut-être plus un ami. Il était resté morose une bonne partie de la journée et seules les frites maison que son père avait préparées le soir lui avaient redonné le moral.
Jim avait dû reconnaître que son père était devenu un vrai cordon bleu. Ethan lui avait soufflé, avec un mélange d’amusement et de dépit, que sa vie de célibataire l’avait aidé dans cette voie. Jeremy n’avait pas osé l’interroger sur ce dernier point. Il avait conscience que son père était encore assez jeune pour fonder une famille, qu’il avait un charme indéniable et un caractère plutôt facile. Il avait aussi conscience qu’Ethan avait l’air d’avoir subi quelques épreuves difficiles qui avaient érodé son envie de trouver un nouveau foyer. À défaut d’une nouvelle vie, l’homme avait réemménagé dans son ancien appartement et y avait reconstruit ses repères au fil des années. Le mobilier n’était pas du dernier cri, la décoration beaucoup moins chaleureuse et personnelle que chez Maria et un drôle de silence planait dans le trois-pièces, mais Jim n’avait pas eu trop de mal à se faire à ce nouvel environnement. Peut-être l’odeur des affaires de son père, redevenue familière, et les photos de leur famille avaient-elles aidé.
Même si le week-end avait été une partition de silences embarrassés, de non-dits étouffés et de sourires crispés, père et fils étaient parvenus à échanger quelques instants de complicité. Ils avaient ri des plats souvent ratés de Maria, maugréé à propos de l’humour piquant de Michael, échangé autour du rock, un genre musical qu’ils appréciaient tous les deux, débattu de l’opération concernant Thalia et sa mère et discuté à propos de l’École. Jim était parvenu, à force de soupirs, bredouillements et grognements, à reconnaître qu’il était prêt à faire plus d’efforts concernant les cours à quelques conditions. La première étant qu’il retrouve sa famille, la seconde qu’on lui permette de rattraper son retard scolaire afin d’être plus à l’aise. Ethan avait été soulagé de constater que son fils ne faisait pas complètement preuve de mauvaise volonté. Il avait aussi été décontenancé par les poids qu’il se trimballait par rapport à ses camarades. Retard scolaire, certes, mais aussi un cruel manque de confiance en lui, un dénigrement constant, venu de l’intérieur ou de l’extérieur à cause de certains Réguliers. Jeremy lui avait tout avoué, peut-être parce que le tout débordait et ne pouvait plus être contenu. Dépassé par les maux qui alourdissaient Jim un peu plus chaque jour, son père n’avait su trouver de réponse immédiate. Il n’était pas du genre à souffler des promesses idiotes ou à se lancer dans de grands discours. D’un air soucieux, il avait préféré observer le visage à la fois fermé et ouvert de son fils, espérant y déceler des indices sur ce que Jim attendait de lui. Même s’il n’avait pas trouvé grand-chose – ils étaient aussi éperdus l’un que l’autre – Ethan s’était senti utile et légitime pour la première fois depuis… depuis un moment.
Quant à Jim, même s’il avait encore du mal à être à l’aise en présence de l’homme, il se sentait capable de s’ouvrir un peu plus, d’avouer un peu mieux ce qui le taraudait et d’écouter ce qu’on lui disait. Même s’il avait été furieux d’apprendre aussi tard tout ce que son entourage lui avait caché pendant des années, Jim n’oubliait pas que c’était son père lui-même qui lui en avait révélé beaucoup. Il pressentait qu’Ethan était aussi mortifié que lui à propos de certains secrets dans lesquels avait grandi Jeremy et cette maladroite complicité les avait amenés à se confier plus sereinement.
Mais Jeremy ne se leurrait pas : c’était en partie une mascarade. Si tout se passait comme il le prévoyait, il n’aurait plus à se soucier de son père pour un moment.

Ryusuke n’avait pas croisé le regard de son ami de la journée. Ses pupilles vives et farouches lui manquaient déjà, tout comme sa voix aux intonations ondulantes et son caractère acéré. Mia avait presque réussi à lui faire oublier l’indifférence glaçante de son compagnon. La jeune fille lui avait parlé des cours, de sa famille, avait entamé un débat sur l’écologie avant de revenir à des sujets plus anodins en constatant l’humeur abattue de son camarade. Si Ryu avait répondu à chaque interrogation, relancé chaque affirmation, le cœur n’y était pas. Son cœur était encore vers Jeremy, vers une infinité de questions sans réponses, vers un trou noir d’émotions incomprises.
Ryu lui avait jeté quelques coups d’œil discrets, persuadé que Jim le massacrerait du regard s’il avait le malheur de croiser le sien. Si son besoin d’être rassuré le poussait à chercher le contact, la raison de Ryu lui interdisait de l’approcher. Et toute son âme hurlait de douleur à le voir si distant, tant bien physiquement que mentalement. Même si Ryusuke n’était pas assis à côté de Jim, il avait deviné que les pensées de son ami étaient loin, loin de la salle de classe. Songeait-il à sa mère, à sa sœur ? À son parrain, à son père ? Ou à Ryu ? À ce qui s’était passé – ou pas passé ?
L’esprit entassé par un tas d’interrogations sans réponse, Ryusuke fut incapable de se concentrer pendant les trois heures de cours qui s’étaient succédées. Lorsque la sonnerie libéra enfin leur classe, l’adolescent suivit Mia et sa partenaire avec autant de volonté qu’un fantôme enchaîné. Les yeux dans le vague, il remarqua au dernier moment que Jim approchait de la porte en même temps que lui. Leurs épaules se frôlèrent, mais ni l’autre ni l’autre ne se risqua à tourner la tête. Ils prirent deux directions opposées après avoir franchi le seuil et s’éloignèrent promptement. Ryu s’arrêta pourtant au bout de quelques mètres, étouffé par la distance qui s’accumulait. Il ne pouvait pas continuer comme ça. Ils ne pouvaient pas. Quitte à se faire plus de mal, ils devaient discuter.
— Jerem…
La voix de Ryusuke se dissipa au milieu du brouhaha, des exclamations et des rires. Il ne voyait déjà plus son ami dans le couloir envahi d’adolescents. Le cœur au bord des lèvres, il se résolut à faire demi-tour et retrouva Valentina et son amie quelques mètres plus loin. Les filles le couvèrent d’un regard inquiet, auquel Ryusuke répondit par un petit sourire.
Le même sourire qui avait dissimulé la mort de son oncle.

Les toilettes ne semblaient pas idéales pour contacter l’homme qui détenait sa mère et sa sœur, mais Jim ne pouvait se résoudre à retourner dans sa chambre. Il y croiserait Ryu et…
C’est mort ! lui asséna son esprit avec fermeté tandis qu’il s’asseyait sur la cuvette fermée et extirpait son portable de sa poche.
Son cœur battait si fort que ses mains en tremblaient. Il parvint tout de même à composer le numéro, les discussions lointaines des élèves dans le couloir en fond sonore. Enclencher l’appel envoya une nouvelle dose de venin angoissé dans son corps. La bouche sèche, Jim écouta la tonalité qui se mettait en place. Une onde glacée lui parcourut la poitrine tandis que la sonnerie se répétait en boucle. Le souffle coupé par la panique qui escaladait ses os un par un, Jeremy resta une seconde pétrifié lorsqu’une voix d’homme retentit enfin :
— Allô ?
La respiration de l’adolescent se débloqua quand l’adrénaline se mit à fuser dans ses veines. Mêmes leurs voix se ressemblaient.
— Vous êtes bien Edward Sybaris ? souffla Jim d’un ton qu’il voulut le plus clair possible.
— C’est bien moi. À qui ai-je l’honneur ?
Similaires, mais… pas complètement les mêmes. Le timbre de son père, bien que mélancolique, était moins dur et moqueur.
— Jeremy Wayne, répondit celui-ci d’un ton ferme malgré la trouille qui lui mordait les tripes. J’aimerais passer un marché avec vous.
Il y eut un silence de quelques secondes. Puis un souffle amusé. Enfin, Edward Sybaris l’invita à préciser la nature de sa demande.
— J’ai vu le message que vous avez envoyé, expliqua-t-il en agrippant son portable comme pour se donner contenance. Vous voulez échanger ma mère et Thalia contre moi, hein ?
— C’est exact, répondit son oncle avec un amusement non masqué dans la voix. Pour être honnête, je ne pensais pas que ce serait toi qui m’appellerais. J’attendais un appel de ton père.
Un mélange de colère, de peine et de résignation gagna la poitrine de l’adolescent. Il s’affaissa sur la cuvette, pris d’un millier de doutes, mais les mots franchirent quand même ses lèvres :
— Mon père acceptera jamais votre marché. Il veut récupérer ma mère et Thalia sans m’échanger. (Après avoir dégluti péniblement, Jim marmonna d’un ton étouffé, douloureux : ) Je sais que c’est impossible.
Il entendit vaguement Edward soupirer dans le micro. Puis d’une voix étonnamment calme, presque sereine, l’homme reprit la discussion.
— Tu es sûrement plus lucide et réaliste qu’Ethan sur ce point. Je suis plutôt curieux de savoir d’où te vient cette résignation.
Jim ne répondit pas, l’esprit comme le corps bien trop engourdis et concentrés sur les paroles de l’homme.
— Enfin, peu importe. Je vais quand même organiser l’échange selon mes propres directives, pour être certain que tu ne me tends pas un piège dont tu serais l’appât.
— C’est pas un piège ! s’exclama Jeremy d’un air révolté. Je veux vraiment…. sauver ma mère et ma sœur.
— Peu importe ce que tu veux, le rabroua sèchement Edward. Je te rappelle ce soir pour te donner plus d’informations sur l’échange. Je pense qu’on procédera de manière à ne pas s’exposer mutuellement.
Jim sentait la panique revenir au grand galop. Il ne comprenait pas grand-chose au jargon technique de son oncle. Il était même persuadé qu’Edward ferait tout pour l’entuber.
— Comment je fais pour savoir que vous mentez pas ? grommela Jim d’une voix nerveuse. Comme je peux être sûr que vous allez laisser ma mère et ma sœur repartir sans problème ?
L’homme rit doucement, comme si l’adolescent lui avait posé une question idiote à laquelle il savait lui-même répondre. Jeremy resta muet, irrité par le dédain silencieux d’Edward. Il soupira en constatant que Jim ne céderait pas sur ce dernier point.
— OK, tu as besoin d’être rassuré, je comprends. On va procéder ainsi : tu as le droit de prévenir une personne de confiance qui te rejoindra à Modros le jour où on fera l’échange. Il faudra évidemment qu’elle ne soit pas au courant de l’opération, mais elle sera là pour accueillir Maria et Thalia quand elles arriveront.
— Elles arriveront comment ?
— En train. Je vais me débrouiller pour trouver des horaires qui coïncident. Au moment où Thalia et ta mère débarqueront à la gare, tu monteras dans le train en compagnie de l’un de mes agents. La personne que tu auras choisie pourra repartir tranquillement avec ta famille tandis que tu nous rejoindras.
Crispé, l’adolescent ne répondit pas tout de suite. La procédure lui semblait plutôt correcte. Encore fallait-il qu’il se débrouille pour garder tout cela secret et pour trouver une « personne de confiance ».
Il restait toutefois une interrogation d’envergure à laquelle Jim n’avait pas la moindre piste d’explication. La gorge nouée, il la souffla à la seule personne qui en avait la réponse :
— Pourquoi vous voulez que je vienne avec vous ? Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Un nouveau rire discret, à la limite de la moquerie, lui picota les oreilles.
— Ça, mon garçon, tu ne le sauras que lorsque tu seras à mes côtés.



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Dernière modification par louji le lun. 26 juil., 2021 9:57 pm, modifié 4 fois.
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

Heuuuu... j'avais l'impression que j'étais pas venu depuis un certain temps... Que j'avais raté un épisode. Mais, après avoir fait le tour de ce que tu as publié depuis mon dernier com, je me rends compte que c'est un véritable gouffre temporel qui s'est inséré discrètement dans ma vie cet été. :lol: Mais j'ai toujours pensé à tes écrits pendant les nombreuses aventures que j'ai vécues. Alors je vais revenir lire tout ça. Je finis juste la correction d'Akio III (que Maïté Minot, abandonnée par son éditeur :? veut autoéditer) qui presse, me reste une centaine de pages... et je reviens voir ce que devient la bande à Jim et Ryu...
Gros bisous
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

DanielPagés a écrit :Heuuuu... j'avais l'impression que j'étais pas venu depuis un certain temps... Que j'avais raté un épisode. Mais, après avoir fait le tour de ce que tu as publié depuis mon dernier com, je me rends compte que c'est un véritable gouffre temporel qui s'est inséré discrètement dans ma vie cet été. :lol: Mais j'ai toujours pensé à tes écrits pendant les nombreuses aventures que j'ai vécues. Alors je vais revenir lire tout ça. Je finis juste la correction d'Akio III (que Maïté Minot, abandonnée par son éditeur :? veut autoéditer) qui presse, me reste une centaine de pages... et je reviens voir ce que devient la bande à Jim et Ryu...
Gros bisous
Haha, les semaines filent vite hein ! Et comme je publie chaque vendredi, ça va vite aussi... :?

Akio, c'était chez Y ? Ils ont abandonné la série ?? Je comprends pourquoi tu ne veux plus travailler avec eux... :? Courage pour la correction !

Je te retrouverai avec plaisir sur le forum ;)

Bisous !
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiello~

EDWARD SYBARIS
(décroche son téléphone)
Nick ta mère.

Légendaire.

Ahlala, cette pagaille familialo-amicalo-romantique...
J'adore Tina, elle est vraiment super. Par contre, la pauvre, elle doit se coltiner le chaton abruti :v
Ryu fait mal au cœur, comme d'hab, hein, pas de bonheur pour lui, hein. Comment ça, je suis salty? :lol: Le petit sourire, c'était un coup de surin entre les côtes, bien joué.
Ethan est un nounours. Je l'aime. ;w;
Bon, ben la voilà, la connerie de Jim. Il est tellement naïf, il va se faire rouler dans la farine, et il l'aura mérité. (Pardon chaton, mais là, tu me fatigues.) Maintenant, je me demande à qui il va demander de l'accompagner. Il serait capable d'y aller seul, l'abruti, parce qu'il ne fait confiance à personne. J'imagine qu'il envisagera même pas Mike, il se ferait griller. Je vois bien Alex, mais Alex le grillerait aussi. Quoique Jim pourrait l'enfariner, et Alex se sentirait assez coupable de pas faire attention à lui qu'il n'y verrait que du feu. Yes. Jim me fatigue :lol:

C'est toujours autant plaisant à lire, j'ai bien hâte de voir ce que tu nous réserves avec Edward x)
Courage pour la suite,
La bise~
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mar. 29 sept., 2020 12:27 pm Hiello~

EDWARD SYBARIS
(décroche son téléphone)
Nick ta mère.

Légendaire.

Ahlala, cette pagaille familialo-amicalo-romantique...
J'adore Tina, elle est vraiment super. Par contre, la pauvre, elle doit se coltiner le chaton abruti :v
Ryu fait mal au cœur, comme d'hab, hein, pas de bonheur pour lui, hein. Comment ça, je suis salty? :lol: Le petit sourire, c'était un coup de surin entre les côtes, bien joué.
Ethan est un nounours. Je l'aime. ;w;
Bon, ben la voilà, la connerie de Jim. Il est tellement naïf, il va se faire rouler dans la farine, et il l'aura mérité. (Pardon chaton, mais là, tu me fatigues.) Maintenant, je me demande à qui il va demander de l'accompagner. Il serait capable d'y aller seul, l'abruti, parce qu'il ne fait confiance à personne. J'imagine qu'il envisagera même pas Mike, il se ferait griller. Je vois bien Alex, mais Alex le grillerait aussi. Quoique Jim pourrait l'enfariner, et Alex se sentirait assez coupable de pas faire attention à lui qu'il n'y verrait que du feu. Yes. Jim me fatigue :lol:

C'est toujours autant plaisant à lire, j'ai bien hâte de voir ce que tu nous réserves avec Edward x)
Courage pour la suite,
La bise~
Alors euh je te permets pas de te moquer de mon spoiler qui marche pas d'abord euh ok ?

Mdr en vrai quelle couille ce screen, il me tue tellement ;-; :lol:

Ouais, joli bordel ! J'allais dire que c'était terminé, mais non :cry:
Mais ouais Tina ♥ Elle peut clairement trouver mieux que cet abruti de Jim ;-; (trouve mieux choupette ♥)
Haha Ryu, ouais. Haha. Non-non j'ai pas eu mal en écrivant cette phrase, pas du tout.
Ethan ♥
Il est naïf et désespéré, mauvais combo :v On verra pour le coup même si t'as de bonnes pistes :mrgreen: (en vrai il fait confiance à Mike, mais comme tu dis il se ferait griller en 2-2)

J'imagine que ça devient relou de pas savoir ce qu'il veut le frangin. J'espère que la raison semblera pas trop absurde, même si je m'efforce d'expliquer les raisons... de cette raison. On en reparle quand on saura hein :roll:

Merci à toi ! ♥
TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : mar. 29 sept., 2020 12:59 pmAlors euh je te permets pas de te moquer de mon spoiler qui marche pas d'abord euh ok ?

Mdr en vrai quelle couille ce screen, il me tue tellement ;-; :lol:

Ouais, joli bordel ! J'allais dire que c'était terminé, mais non :cry:
Mais ouais Tina ♥ Elle peut clairement trouver mieux que cet abruti de Jim ;-; (trouve mieux choupette ♥)
Haha Ryu, ouais. Haha. Non-non j'ai pas eu mal en écrivant cette phrase, pas du tout.
Ethan ♥
Il est naïf et désespéré, mauvais combo :v On verra pour le coup même si t'as de bonnes pistes :mrgreen: (en vrai il fait confiance à Mike, mais comme tu dis il se ferait griller en 2-2)

J'imagine que ça devient relou de pas savoir ce qu'il veut le frangin. J'espère que la raison semblera pas trop absurde, même si je m'efforce d'expliquer les raisons... de cette raison. On en reparle quand on saura hein :roll:

Merci à toi ! ♥

Mais qui t'a dit que je me moquais ? :lol: J'adore ce site en carton ♥
A chaque fois je ricane comme une hyène :lol:

Ca m'aurait étonnée, tiens :roll:
On est bien d'accord ;w;
HAHA.
Bébé ♥
Exactement :v Ohohoh C: (oui, voilà ! )

Absolument pas ! J'aime le mystère et puis de toute façon, tout sera dévoilé en temps et en heure, donc pas de relouïtude de ce côté-là ;)

La bise~
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : mer. 30 sept., 2020 1:11 pm
Mais qui t'a dit que je me moquais ? :lol: J'adore ce site en carton ♥
A chaque fois je ricane comme une hyène :lol:

Ca m'aurait étonnée, tiens :roll:
On est bien d'accord ;w;
HAHA.
Bébé ♥
Exactement :v Ohohoh C: (oui, voilà ! )

Absolument pas ! J'aime le mystère et puis de toute façon, tout sera dévoilé en temps et en heure, donc pas de relouïtude de ce côté-là ;)

La bise~
Je rigole comme une débile aussi t'inquiète ;-;

Yes, j'espère surtout que vous vous direz pas "tout ça pour ça" mais bon on verra ! :''D
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Un chapitre pas forcément fun, mais que je pense nécessaire !
(puis y'a un échange civilisé entre chaton émotif et papa-gâteau, faut en profiter)




- Chapitre 40 -



Lundi 19 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Son téléphone indiquait trois heures vingt du matin et aucune nouvelle notification. Avec un soupir dépité, Jim repoussa sa couette et se redressa, le tête lourde. Il avait reçu un message d’Edward à vingt-trois heures et avait été incapable de fermer l’œil depuis. Le SMS donnait des précisions sur les horaires des trains qui libéreraient Maria et Thalia – et condamneraient Jeremy.
Il plissa les paupières face à la luminosité de son portable puis le reposa sur la table de chevet. Il était retourné dormir chez son père, incapable de se trouver seul dans la même pièce que Ryu sans être mortifié sur place. Ethan l’avait interrogé sur son après-midi de cours en venant le récupérer à l’École, mais Jim s’était montré distant. Il craignait trop que la perspicacité de son père le pousse à tout avouer. Le garçon ne se sentait pas fier de cacher des choses à l’homme, pas alors qu’il avait lui-même vécu cette situation désagréable. Et si la culpabilité de maintenir son entourage dans le secret le rendait nerveux, l’idée de laisser tomber sa mère et sa sœur lui coupait l’envie de vivre.
Ethan lui avait apporté des détails sur l’opération qu’il montait en compagnie de Mike et de deux autres agents de la A.A, mais Jeremy ne croyait pas en son efficacité. Son père lui-même avait reconnu qu’ils ne savaient pas si Maria et Thalia se trouvaient au siège de la Ghost Society ou ailleurs. Obtenir cette information pourrait leur prendre des semaines… alors monter l’opération dans son ensemble ? Octobre serait terminé depuis longtemps.
Jim avait imaginé des plans, envisagé d’autres possibilités, mais il ne se sentait pas en mesure de les mettre en œuvre. La plupart impliquait de prévenir son entourage de ses intentions et l’adolescent était persuadé qu’ils n’accepteraient pas de l’exposer. Ils auraient pu tendre un piège à Edward, laisser Jim partir avec lui puis le récupérer pendant le trajet en train, infiltrer un agent au sein de la Ghost pour exfiltrer Jeremy… Mais ces éventualités demanderaient des ressources que Jim ne possédait pas. Sans compter que son père avait pu faire appel à des collègues, car ils étaient aussi ses amis, mais la A.A ne pouvait pas leur fournir plus de moyens. La Ghost Society était la société-mère et leurs relations diplomatiques s’en retrouveraient affectées.
À intervalles réguliers, Jim se sentait pris de bouffées de chaud et de froid qui compressaient son cœur, ses poumons, son estomac et même les muscles de ses jambes. Toute son âme lui hurlait de laisser tomber, de rester sain et sauf, de se réconcilier avec Ryusuke. Et pourtant… son sang le brûlait lorsqu’il envisageait l’idée de laisser son entourage mener les négociations. Jim n’était pas prêt à prendre le risque de perdre sa mère et Thalia.

Le salon-cuisine de l’appartement de son père donnait sur la cour de la résidence et sur un petit square au-delà. Accoudé à un plan de travail, l’adolescent observait les lumières nocturnes, imaginant les vies qui pouvaient se cacher derrière, rêvassant d’une douce soirée en compagnie de sa famille. Maria et Thalia dormaient-elles ? Ou, comme lui, étaient-elles trop étouffées d’angoisse pour passer une nuit d’un bout à l’autre ?
— Jeremy ? souffla la voix d’Ethan depuis le couloir. Tu n’arrives pas à dormir ?
Passée la frayeur qu’avait provoqué son père en débarquant sans faire de bruit, Jim acquiesça avant de se rappeler qu’ils étaient tous les deux dans la pénombre.
— Ouais. Je pense à maman et Thalia.
Sans un mot, Ethan approcha d’un pas léger et vint s’appuyer contre les plans de travail. Il avait mis un mètre de distance entre eux et Jim le remercia silencieusement de cette attention.
— Tu fais souvent des insomnies ?
Jim appuya son menton sur sa paume sans quitter le ciel nocturne des yeux.
— Pas tout le temps. C’est par périodes. Genre la rentrée scolaire, tout ça. Ou… maintenant. Ça va avec mes crises d’angoisse. Si je commence à en faire beaucoup, je sais que j’aurai aussi des insomnies.
Les épaules d’Ethan tombèrent un peu plus dans la semi-obscurité.
— Tu n’as que des anxiolytiques ?
— Maman voulait pas que je prenne trop de médoc’, expliqua Jeremy en se redressant, perturbé d’en parler avec quelqu’un d’autre que Maria ou son médecin. Quand j’étais à l’hôpital, je voyais un psychologue. Mais j’ai arrêté quand le traitement pour mon dos s’est fini. Mon médecin m’a dit que les anxiolytiques suffiraient pour les crises d’angoisse et le stress. Quand j’ai commencé à faire des insomnies, il m’a proposé d’autres médicaments, mais maman a refusé et dit qu’on trouverait un moyen détourné.
— La médecine douce ? supposa Ethan en se retournant pour faire face à son fils.
Hésitant, Jeremy hocha la tête. Maria avait tenté de nombreuses choses pour adoucir les conséquences de son stress post-traumatique. Hypnose, huiles essentielles, activités manuelles et artistiques… Si aucun remède n’avait été un miracle, certaines pratiques avaient aidé Jim à passer des nuits plus paisibles. Ses insomnies s’étaient raréfiées depuis quelques années et seule la disparition de sa famille les avait ravivées.
— Si ça s’est plutôt bien passé pour toi, reprit son père à voix basse, ce n’est pas plus mal que Maria ait refusé qu’on t’administre tout plein de médicaments.
Jeremy acquiesça en silence, troublé par la conversation. En parler avec sa mère ou Mike le rendait nerveux, alors avec Ethan… Pourtant il n’avait senti la moindre trace de jugement ou de réserve dans les mots de son père.
— J’ai pris des médicaments, moi aussi, murmura Ethan en basculant un regard terne sur son fils. Des antidépresseurs. Pendant quelques mois, environ trois ans après l’incendie.
Stupéfait, Jim ne sut pas quoi répondre. Son cœur accéléra, mais il resta aussi pâle que la lune qui pointait par la fenêtre. Pourquoi son père lui confiait-il cette information ?
— Tu… tu allais mal ? parvint-il à bredouiller en jetant un coup d’œil à Ethan.
Ce dernier lui rendit un sourire torve avant de hocher la tête.
— J’ai fait une dépression. Pendant un an et demi. (Il haussa mollement les épaules, le regard vide.) Même si je suis persuadé que je n’en guérirai jamais vraiment.
Jeremy garda les yeux rivés au visage de son père, abasourdi. Pourquoi ne remarquait-il ses traits creusés, sa bouche morne et ses iris éteints que maintenant ? Faisait-il bonne façade le reste du temps – tout comme Maria ?
Soudain perturbé par l’idée que ses parents ne puissent pas exprimer leur peine librement, Jim baissa le nez. Conscient du trouble qu’il avait provoqué en l’adolescent, Ethan se força à lui serrer doucement l’épaule.
— On ne parle pas trop de ce genre de choses, je sais, surtout aux enfants. Pourtant, je sais que tu as traversé des périodes très difficiles, Jem, et je voulais que tu comprennes que… que je l’ai connu aussi, que tu n’es pas tout seul. Je ne veux surtout pas effacer ta douleur, mais sache que toute notre famille a connu la souffrance. (Jim releva le cou pour interroger son père du regard.) Je ne veux pas que tu aies l’impression d’être seul avec toi-même concernant tes crises. Je ne sais pas comment Maria les gérait, mais si sa méthode te convient, alors je suis prêt à adopter le même fonctionnement.
Ethan avait eu l’air d’avoir autant de mal à prononcer tout ça que Jim à le recevoir. Il se sentait reconnaissant et apeuré, incapable de savoir si son père avait bien fait de lui avouer tout ça ou pas.
— Je crois pas que maman a une méthode particulière, finit par articuler Jim en s’intéressant brusquement à l’évier sous son nez. Quand je commence à faire une crise, elle me donne tout de suite un anxiolytique et… elle reste avec moi.
— C’est tout ?
— Y’a pas vraiment de méthode miracle, maugréa-t-il, vexé par l’étonnement de son père. Mais avec maman, ça, ça marche.
— Très bien, acquiesça Ethan en s’efforçant à inspirer profondément pour détendre les muscles crispés de son cou. Si jamais tu fais une crise ici… je serai là.
— D’accord.
Quelques secondes s’écoulèrent au rythme des respirations gênées et du tic-tac mécanique de l’horloge. Décidé à aborder le sujet avec son fils, Ethan enchaîna d’un ton prudent :
— Tu voudrais me parler de ta dispute avec Ryusuke ?
Même dans la pénombre, la réaction physique de Jeremy fut perceptible. Il se tendit, comme traversé par un courant électrique, puis s’affaissa sous le poids d’un orage invisible.
— C’est pas une dispute.
Comme Ethan gardait les yeux rivés sur lui, interdit, Jeremy ajouta entre deux rangées de dents serrées :
— Et c’est compliqué.
— Trop compliqué pour que tu m’en parles ?
— En partie, marmonna Jim en se décalant du plan de travail pour retourner dans le salon. Puis je veux pas t’en parler, c’est tout.
— C’est ton droit, répondit Ethan d’un air lointain.
Sa réponse était sincère, tout comme la peine qui lui mangeait le cœur. Il se doutait que ce qui se passait entre son fils et Ryu était plutôt sérieux. Ethan ne pouvait pas prétendre bien les connaître, mais il en savait assez pour comprendre que les éloigner l’un de l’autre requérait un événement particulier. Il espérait surtout que ce ne soit pas quelque chose de très grave. Mais son espoir tremblotait à chaque fois qu’il apercevait le vide confus dans le regard de son fils.
— Je retourne me coucher, annonça ce dernier d’un ton morne en traînant les pieds dans le couloir. À demain.
— À demain, lança Ethan, persuadé qu’il ne parviendrait pas à fermer un œil de la nuit.

Les immeubles indistincts, les locaux professionnels et les commerces se succédaient sous les yeux de Ryu sans le faire réagir. Le moteur vrombissait, la musique pop-rock créait un fond sonore, la respiration posée de Dimitri égrenait les secondes, mais rien n’attirait l’attention du garçon. Même le poids de son sac sur ses genoux et la pression de la ceinture contre son torse étaient diffus.
— … encore… bientôt les vacances… avec Alex… à la maison. Ryu ? Rysu… Ryusuke !
Il cligna des yeux, émergea du brouillard et reprit conscience de l’environnement autour de lui. Dimitri l’observait avec inquiétude, ses yeux plus sombres que jamais dans cette grise matinée d’octobre. Un pli soucieux fit presque disparaître ses deux lèvres fines au milieu de sa barbe taillée.
— Ryu, tu peux manquer un jour d’école, il y a pas de problème.
L’adolescent écarquilla les yeux puis secoua la tête avec virulence. Il n’avait jamais séché de sa vie ; ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer.
— Tu me fais une tête d’enterrement depuis la veille, ajouta l’agent de la A.A en basculant de nouveau les yeux sur la route lorsque le feu passa au vert.
Exténué par sa presque nuit blanche et ses émotions en roue libre, Ryu n’eut pas la force de répondre. Que pouvait-il répondre, en plus ? Il reconnaissait qu’il n’était pas très loquace depuis que Dimitri était venu le chercher la veille au soir à l’École. Mais rien ne lui venait à l’esprit lorsqu’il s’agissait de parler de ce qu’il avait sur le cœur.
— Mon garçon, reprit Dimitri d’une voix adoucie, je n’ai rien de spécial à faire à la A.A aujourd’hui. Je peux parfaitement prendre ma journée.
Stupéfait, Ryu fronça les sourcils et maugréa :
— Pourquoi tu ferais ça ? Même si vous n’avez pas de mission en cours, avec Alex, tu dois bien avoir des réunions, des rapports, des entraînements… je ne sais pas, moi.
— Si, si, j’en ai, affirma Dimitri en ralentissant à hauteur d’un parking de supermarché à quelques minutes à peine de l’École. Mais rien d’urgent.
Ryusuke serra son sac-à-dos contre lui lorsque son recruteur gara la voiture le long d’un trottoir. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond avec Dimitri ?
— Ryu, souffla ce dernier d’un air sérieux en coupant le moteur, je m’inquiète pour toi. En tant que recruteur et en tant que… l’un des derniers adultes de ton entourage. (L’agent laissa ses mains glisser sur le volant puis retomber sur ses cuisses.) J’ai l’impression que tu souffres d’une grande solitude. Dis-moi si je me trompe.
Il ne se trompait pas. Mais Ryusuke s’était toujours senti plus ou moins seul, même lorsque Jeremy le regardait encore dans les yeux, même lorsque son oncle était en vie.
— Et j’ai l’impression que tu compenses cette solitude en te donnant à fond dans ce que tu fais, travail ou loisirs. (L’agent grimaça, incertain de la tournure de sa phrase, puis continua après un juron en russe : ) Je suis content que tu t’investisses dans ce qui te plaît, Ryu. Tu es un garçon sérieux qui sait ce qu’il veut et, à ton âge, c’est pas banal.
Ryusuke ne savait pas s’il devait se sentir flatté ou méfiant. Ce genre de conversation déviait toujours sur des reproches. L’adolescent était tout à fait capable d’en essuyer en temps normal, mais aujourd’hui… aujourd’hui, son cœur était en déroute, sa raison l’avait abandonné et ses nerfs l’enquiquinaient à la moindre contrariété.
— Mais j’ai l’impression que… j’ai vraiment peur que tu sois en train de te perdre, Ryu. Tu te ronges de l’intérieur pour surmonter quelque chose, je ne sais pas quoi, mais tu… (Il tapota la poitrine maigre du garçon.) Tu n’as pas assez de ressources là-dedans pour faire ça sereinement.
Frappé par la douleur que provoqua ces paroles en lui, Ryusuke ne répondit rien. Les yeux songeurs et brillants de Dimitri étaient rivés aux siens, en attente d’une vérité que Ryu n’était pas certain de connaître lui-même.
— Je suis perdu.
Ces trois mots lui arrachèrent des lambeaux de fierté, de souffrance et de soulagement. Mortifié par sa propre déclaration, l’adolescent observa sans les voir les clients matinaux qui décrochaient des caddies devant le supermarché. Sa vue se brouilla, sa poitrine se convulsa, et il se retrouva plié sur son sac-à-dos, incapable de savoir s’il voulait rugir, respirer, ou rigoler.
Dimitri glissa une main chaude dans son dos et lui frotta doucement la colonne vertébrale.
— Ryu, tu retiens tes larmes depuis deux mois. Tu viens de lâcher ce qui te pesait sur le cœur, tu peux bien lâcher un peu d’eau en plus.
Cette fois, Ryusuke rigola. Puis il hoqueta en prenant conscience du vide dans ses poumons. Enfin, quand l’air fut de retour, il poussa un cri enragé. Il ne sentait même plus ses larmes.



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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

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louji a écrit : ven. 02 oct., 2020 10:42 pm Un chapitre pas forcément fun, mais que je pense nécessaire !
(puis y'a un échange civilisé entre chaton émotif et papa-gâteau, faut en profiter)

Tiens, notre enfant préféré saurait-il maîtriser ses émotions une fois de temps en temps sans engueuler tout le monde autour ?




- Chapitre 39 -



Lundi 19 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Son téléphone indiquait trois heures vingt du matin et aucune nouvelle notification. Avec un soupir dépité, Jim repoussa sa couette et se redressa, le tête lourde. Il avait reçu un message d’Edward à vingt-trois heures et avait été incapable de fermer l’œil depuis. Le SMS donnait des précisions sur les horaires des trains qui libéreraient Maria et Thalia – et condamneraient Jeremy. Aïe aïe aïe… Dis, j'ai une question. Depuis que j'ai commencé SUI, j'ai l'impression d'avoir déjà lu, fut un temps, quelque chose de semblable où deux gamins sont d'abord scolarisés ensemble puis se retrouvent dans deux écoles différentes et ne se retrouvent qu'à l'âge adulte… tu ne comptes pas nous faire la même j'espère ?
L’adolescent plissa les paupières face à la luminosité de son portable puis le reposa sur la table de chevet. Il était retourné dormir chez son père, incapable de se trouver seul dans la même pièce que Ryu sans être mortifié sur place Est-ce que le "sur place" va bien avec "mortifié" ? J'ai l'impression que mortifié désigne plus un état d'esprit, alors que là, la tournure donne l'impression que c'est un évènement plus brusque… comme s'il était foudroyé… Je sais pas. :ugeek: . Ethan l’avait interrogé sur son après-midi de cours en venant le récupérer à l’École, mais Jim s’était montré distant. Il craignait trop que la perspicacité de son père le pousse à tout avouer. Le garçon ne se sentait pas fier de cacher des choses à l’homme, pas alors qu’il avait lui-même vécu cette situation désagréable. Et si la culpabilité de maintenir son entourage dans le secret le rendait nerveux, l’idée de laisser tomber sa mère et sa sœur lui coupait l’envie de vivre.
Ethan lui avait apporté des détails sur l’opération qu’il montait en compagnie de Mike et de deux autres agents de la A.A, mais Jeremy ne croyait pas en son efficacité. Son père lui-même avait reconnu qu’ils ne savaient si Maria et Thalia se trouvaient au siège de la Ghost Society ou ailleurs. Obtenir cette information pourrait leur prendre des semaines… alors monter l’opération dans son ensemble ? Octobre serait terminé depuis longtemps.
Jim avait imaginé d’autres plans, envisagé d’autres possibilités, mais il ne se sentait pas en mesure de les mettre en œuvre. La plupart impliquait de prévenir son entourage de ses intentions et l’adolescent était persuadé qu’ils n’accepteraient pas de l’exposer. Ils auraient pu tendre un piège à Edward, laisser Jim partir avec lui puis le récupérer pendant le trajet en train, infiltrer un agent au sein de la Ghost pour exfiltrer Jeremy… Mais ces éventualités demanderaient des ressources que Jim ne possédait pas. Sans compter que son père avait pu faire appel à des collègues, car ils étaient aussi ses amis, mais la A.A ne pouvait pas leur fournir plus de moyens. La Ghost Society était la société-mère et leurs relations diplomatiques s’en retrouveraient affectées. Ouais. D'où la discrétion d'Ethan et de ses collègues d'ailleurs. Du coup, Jerem va juste se sacrifier. (Quel emo-boy bordel :lol: )
À intervalles réguliers, Jim se sentait pris de bouffées de chaud et de froid qui compressaient son cœur, ses poumons, son estomac et même les muscles de ses jambes. Toute son âme lui hurlait de laisser tomber, de rester sain et sauf, de se réconcilier avec Ryusuke. Et pourtant… son sang le brûlait lorsqu’il envisageait l’idée de laisser son entourage mener les négociations. L’adolescent n’était pas prêt à prendre le risque de perdre sa mère et Thalia.

Le salon-cuisine de l’appartement de son père donnait sur la cour de la résidence et sur un petit square au-delà. Accoudé à un plan de travail, l’adolescent observait les lumières nocturnes, imaginant les vies qui pouvaient se cacher derrière, rêvassant d’une douce soirée en compagnie de sa famille. Maria et Thalia dormaient-elles ? Ou, comme lui, étaient-elle trop étouffées d’angoisse pour passer une nuit d’un bout à l’autre ? Probablement la deuxième option.
— Jeremy ? souffla la voix d’Ethan depuis le couloir. Tu n’arrives pas à dormir ?
Passée la frayeur qu’avait provoqué son père en débarquant sans faire de bruit, l’adolescent acquiesça avant de se rappeler qu’ils étaient tous les deux dans la pénombre.
— Ouais. Je pense à maman et Thalia.
Sans un mot, Ethan approcha d’un pas léger et vint s’appuyer contre les plans de travail. Il avait mis un mètre de distance entre eux et Jim le remercia silencieusement de cette attention.
— Tu fais souvent des insomnies ? reprit l’homme d’un ton sourd.
Jim appuya son menton sur sa paume sans quitter le ciel nocturne des yeux.
— Pas tout le temps. C’est par périodes, souvent dans les moments de changements. Genre la rentrée scolaire, tout ça. Ou… maintenant. Ça va avec mes crises d’angoisse. Si je commence à en faire beaucoup, je sais que les insomnies vont arriver.
Les épaules d’Ethan tombèrent un peu plus dans la semi-obscurité.
— Tu n’as que des anxiolytiques pour tes syndromes ?
— Maman voulait pas que je prenne trop de médoc’, expliqua Jeremy en se redressant, perturbé d’en parler avec quelqu’un d’autre que Maria ou son médecin. Quand j’étais à l’hôpital, je voyais un psychologue. Mais j’ai arrêté quand le traitement pour mon dos s’est fini. Mon médecin m’a dit que les anxiolytiques suffiraient pour les crises d’angoisse et le stress. Quand j’ai commencé à faire des insomnies, il m’a proposé d’autres médicaments, mais maman a refusé et dit qu’on trouverait un moyen détourné.
— La médecine douce ? supposa Ethan en se retournant pour faire face à son fils.
Hésitant, Jim hocha la tête. Maria avait tenté de nombreuses choses pour adoucir les conséquences de son stress post-traumatique. Hypnose, huiles essentielles, activités manuelles et artistiques… Si aucun remède n’avait été un miracle, certaines pratiques avaient aidé le garçon à passer des nuits plus paisibles. Ses insomnies s’étaient raréfiées depuis quelques années et seule la disparition de sa famille les avait ravivées.
— Si ça s’est plutôt bien passé pour toi, en fin de compte, reprit son père à voix basse, ce n’est pas plus mal que Maria ait refusé qu’on t’administre tout plein de médicaments.
Jeremy acquiesça en silence, troublé par la conversation. En parler avec sa mère ou Mike le rendait nerveux, alors avec Ethan… Pourtant il n’avait senti la moindre trace de jugement ou de réserve dans les mots de son père.
— J’ai pris des médicaments, moi aussi, murmura alors Ethan en basculant un regard terne sur son fils. Des antidépresseurs. Pendant quelques mois, environ trois ans après l’incendie.
Stupéfait, Jim ne sut pas quoi répondre. Son cœur accéléra, mais il resta aussi pâle que la lune qui pointait par la fenêtre. Pourquoi son père lui confiait-il cette information ?
— Tu… tu allais mal ? parvint à bredouiller Jim d’un air incertain en jetant un coup d’œil à Ethan.
Ce dernier lui rendit un sourire torve avant de hocher la tête faiblement.
— J’ai fait une dépression. Pendant un an et demi. (Il haussa mollement les épaules, le regard vide.) Même si je suis persuadé que je n’en guérirai jamais vraiment. Possible. (Malheureusement…)
Jeremy garda les yeux rivés au visage de son père, abasourdi. Pourquoi ne remarquait-il ses traits creusés, sa bouche morne et ses iris éteints que maintenant ? Faisait-il bonne façade le reste du temps – tout comme Maria ? Ou es-tu juste un p'tit peu égocentré et focalisé sur tes propres crises existentielles, mon jeune ami ?
Soudain perturbé par l’idée que ses parents ne puissent pas exprimer leur peine librement, Jim baissa le nez. Conscient du trouble qu’il avait provoqué en l’adolescent, Ethan se força à lui serrer doucement l’épaule.
— On ne parle pas trop de ce genre de choses, je sais, surtout aux jeunes. Pourtant… je sais que tu as traversé des périodes très difficiles, Jem, et je voulais que tu comprennes que… que je l’ai connu aussi, que tu n’es pas tout seul. Je ne veux surtout pas effacer ta douleur, mais sache que toute notre famille a connu la souffrance. (Jim releva le cou pour interroger son père du regard.) Je ne veux pas que tu aies l’impression d’être seul avec toi-même concernant tes crises. Je ne sais pas comment Maria les gérait, mais… si sa méthode te convient, alors je suis prêt à adopter le même fonctionnement.
Ethan avait eu l’air d’avoir autant de mal à prononcer tout ça que Jim à le recevoir. Il se sentait reconnaissant et apeuré, incapable de savoir si son père avait bien fait de lui avouer tout ça ou pas.
— Je crois pas que maman a une méthode particulière, finit par articuler l’adolescent en s’intéressant brusquement à l’évier sous son nez. Quand je commence à faire une crise, elle me donne tout de suite un anxiolytique et… elle reste avec moi.
— C’est tout ?
— Y’a pas vraiment de méthode miracle, maugréa Jim, vexé par l’étonnement de son père. Mais avec maman, ça, ça marche. Parce que c'est maman en même temps ♥
— Très bien, acquiesça sobrement Ethan en s’efforçant à inspirer profondément pour détendre les muscles crispés de son cou. Alors… si jamais tu fais une crise ici… je serai là.
— D’accord.
Quelques secondes s’écoulèrent au rythme des respirations gênées et du tic-tac mécanique de l’horloge. Décidé à aborder le sujet avec son fils, Ethan enchaîna d’un ton prudent :
— Tu voudrais me parler de ta dispute avec Ryusuke ?
Même dans la pénombre, la réaction physique de Jeremy fut perceptible. Il se tendit, comme traversé par un courant électrique, puis s’affaissa sous le poids d’un orage invisible.
— C’est pas une dispute. (Comme Ethan gardait les yeux rivés sur lui, interdit, le garçon ajouta entre deux rangées de dents serrées : ) Et c’est compliqué.
— Trop compliqué pour que tu m’en parles ? supposa son père avec une grimace.
— En partie, marmonna Jim en se décalant du plan de travail pour retourner dans le salon. Puis je veux pas t’en parler, c’est tout. ZE VEU PA !
— C’est ton droit, répondit Ethan d’un air lointain.
Sa réponse était sincère, tout comme la peine qui lui mangeait le cœur. Il se doutait que ce qui se passait entre son fils et Ryu était plutôt sérieux. Ethan ne pouvait pas prétendre bien les connaître, mais il en savait assez pour comprendre que les éloigner l’un de l’autre requérait un événement particulier. L’homme espérait surtout que ce ne soit pas quelque chose de très grave. Mais son espoir tremblotait à chaque fois qu’il apercevait le vide confus du regard de Jim.
— Je retourne me coucher, annonça ce dernier d’un ton morne en traînant les pieds dans le couloir. À demain.
— À demain, lança Ethan en le suivant des yeux, persuadé qu’il ne parviendrait pas à fermer un œil de la nuit.

Les immeubles indistincts, les locaux professionnels et les commerces se succédaient sous les yeux de Ryu sans le faire réagir. Le moteur vrombissait, la musique pop-rock créait un fond sonore, la respiration posée de Dimitri égrenait les secondes, mais rien n’attirait l’attention du garçon. Même le poids de son sac sur ses genoux et la pression de la ceinture contre son torse étaient diffus.
— … encore… bientôt les vacances… avec Alex… à la maison. Ryu ? Rysu… Ryusuke !
Il cligna des yeux, émergea du brouillard et reprit conscience de l’environnement autour de lui. Dimitri l’observait avec inquiétude, ses yeux plus sombres que jamais dans cette grise matinée d’octobre. Un pli soucieux fit presque disparaître ses deux lèvres fines au milieu de sa barbe taillée.
— Ryu, tu peux manquer un jour d’école, il y a pas de problème.
L’adolescent écarquilla les yeux puis secoua la tête avec virulence. Il n’avait jamais séché de sa vie ; ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer. P'tain on dirait moi x)
— Tu me fais une tête d’enterrement depuis la veille, ajouta l’agent de la A.A en basculant de nouveau les yeux sur la route lorsque le feu passa au vert.
Exténue par sa presque nuit blanche et ses émotions en roue libre, Ryu n’eut pas la force de répondre. Que pouvait-il répondre, en plus ? Il reconnaissait qu’il n’était pas très loquace depuis que Dimitri était venu le chercher la veille au soir à l’École. Mais rien ne lui venait à l’esprit lorsqu’il s’agissait de parler de ce qu’il avait sur le cœur.
— Mon garçon, reprit Dimitri d’une voix adoucie, je n’ai rien de spécial à faire à la A.A aujourd’hui. Je peux parfaitement prendre ma journée.
Stupéfait, Ryu fronça les sourcils et maugréa :
— Pourquoi tu ferais ça ? Même si vous n’avez pas de mission en cours, avec Alex, tu dois bien avoir des réunions, des rapports, des entraînements… je ne sais pas, moi.
— Si, si, j’en ai, affirma l’homme en ralentissant à hauteur d’un parking de supermarché à quelques minutes à peine de l’École. Mais rien d’urgent.
Ryusuke serra son sac-à-dos contre lui lorsque son recruteur gara la voiture le long d’un trottoir. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond avec Dimitri ?
— Ryu, souffla l’homme d’un air sérieux en coupant le moteur, je m’inquiète pour toi. En tant que recruteur et en tant que… l’un des derniers adultes de ton entourage. (L’agent laissa ses mains glisser sur le volant puis retomber sur ses cuisses.) J’ai l’impression que tu souffres d’une grande solitude. Dis-moi si je me trompe.
Il ne se trompait pas. Mais Ryusuke s’était toujours senti plus ou moins seul, même lorsque Jeremy le regardait encore dans les yeux, même lorsque son oncle était en vie. Cet enfant me fait décidément trop de peine. :cry:
— Et j’ai l’impression que tu compenses cette solitude en te donnant à fond dans ce que tu fais, travail ou loisirs. (L’agent grimaça, incertain de la tournure de sa phrase, puis continua après un juron en russe C'est pas parce qu'ils comprennent pas qu'il faut jurer devant les gamins :lol: : ) Je suis content que tu t’investisses dans ce qui te plaît, Ryu. Tu es un garçon sérieux qui sait ce qu’il veut et, à ton âge, c’est pas banal.
Ryusuke ne savait pas s’il devait se sentir flatté ou méfiant. Ce genre de conversation déviait toujours sur des reproches. L’adolescent était tout à fait capable d’en essuyer en temps normal, mais aujourd’hui… aujourd’hui, son cœur était en déroute, sa raison l’avait abandonné et ses nerfs l’enquiquinaient à la moindre contrariété.
— Mais j’ai l’impression que… en fait… j’ai vraiment peur que tu sois en train de te perdre, Ryu, continua Dimitri en se penchant vers lui. Tu te ronges de l’intérieur pour surmonter quelque chose, je ne sais pas quoi, mais tu… (Il tapota la poitrine maigre du garçon.) Tu n’as pas assez de ressources là-dedans pour faire ça sereinement.
Frappé par la douleur que provoqua ces paroles en lui, Ryusuke ne répondit rien. Les yeux songeurs et brillants de Dimitri étaient rivés aux siens, en attente d’une vérité que Ryu n’était pas certain de connaître lui-même.
— Je suis perdu. Ouch.
Ces trois mots lui arrachèrent des lambeaux de fierté, de souffrance et de soulagement. Mortifié par sa propre déclaration, l’adolescent observa sans les voir les clients matinaux qui décrochaient des caddies devant le supermarché. Sa vue se brouilla, sa poitrine se convulsa, et il se retrouva plié sur son sac-à-dos, incapable de savoir s’il voulait rugir, respirer, ou rigoler.
Dimitri glissa une main chaude dans son dos et lui frotta doucement la colonne vertébrale.
— Ryu, tu retiens tes larmes depuis deux mois. Tu viens de lâcher ce qui te pesait sur le cœur, tu peux bien lâcher un peu d’eau en plus.
Cette fois, Ryusuke rigola. Puis il hoqueta en prenant conscience du vide dans ses poumons. Enfin, quand l’air fut de retour, il poussa un cri enragé. Il ne sentait même plus ses larmes. Bébé-chat… :cry:
J'ai teeeeeellement envie de lui faire un câlin. Autant l'autre p'tit abruti d'emo-boy m'insupporte parfois, autant Ryu le pauvre, il ne mérite que de l'amour.
Question pour toi, Cocotte :) Est-ce que tu dirais que la tendance de Ryu à intérioriser ses émotions vient de son éducation à la japonaise (un peu cliché mais vrai malgré tout qu'ils parlent peu de leurs émotions) ou plutôt de lui-même ?
Sinon, pauvre Ethan aussi (oui, dans cette histoire, ils sont tous de pauvres petits chats pour moi… à part emo-boy. Et Hugo, m'enfin, lui il mériterait même pas d'être mentionné.) Je te jure, on va faire des Hug Squads pour tout le monde avec Sasa :lol:

Les deux discussions en parallèle étaient hyper intéressantes. D'un côté, un vécu un peu plus adulte sur la situation merdique qui entoure la famille de Jeremy, et qui montre bien que personne n'est à l'abri des dommages psychologiques, et de l'autre, des problèmes "jeunes", vus par des gamins, dont l'un est un peu trop mature pour son âge, et l'autre ne sait pas comment gérer ses émotions et ses crises. C'est joli, y'a un fil commun entre les deux : cet aspect de gestion des traumatismes à des périodes différentes d'une même vie… mais je serais curieuse de savoir si c'était voulu. :ugeek:

Allez, à pluche !
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : mer. 07 oct., 2020 7:53 pm
louji a écrit : ven. 02 oct., 2020 10:42 pm Un chapitre pas forcément fun, mais que je pense nécessaire !
(puis y'a un échange civilisé entre chaton émotif et papa-gâteau, faut en profiter)

Tiens, notre enfant préféré saurait-il maîtriser ses émotions une fois de temps en temps sans engueuler tout le monde autour ? :arrow: MDR continue de le saquer, j'adore ;-;




- Chapitre 39 -



Lundi 19 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Son téléphone indiquait trois heures vingt du matin et aucune nouvelle notification. Avec un soupir dépité, Jim repoussa sa couette et se redressa, le tête lourde. Il avait reçu un message d’Edward à vingt-trois heures et avait été incapable de fermer l’œil depuis. Le SMS donnait des précisions sur les horaires des trains qui libéreraient Maria et Thalia – et condamneraient Jeremy. Aïe aïe aïe… Dis, j'ai une question. Depuis que j'ai commencé SUI, j'ai l'impression d'avoir déjà lu, fut un temps, quelque chose de semblable où deux gamins sont d'abord scolarisés ensemble puis se retrouvent dans deux écoles différentes et ne se retrouvent qu'à l'âge adulte… tu ne comptes pas nous faire la même j'espère ? :arrow: Rho mais c'est pas mon genre allons.
L’adolescent plissa les paupières face à la luminosité de son portable puis le reposa sur la table de chevet. Il était retourné dormir chez son père, incapable de se trouver seul dans la même pièce que Ryu sans être mortifié sur place Est-ce que le "sur place" va bien avec "mortifié" ? J'ai l'impression que mortifié désigne plus un état d'esprit, alors que là, la tournure donne l'impression que c'est un évènement plus brusque… comme s'il était foudroyé… Je sais pas. :ugeek: :arrow: Ah, si, je vois ce que tu veux dire ! Ça fait bizarre effectivement. Je vais regarder autre chose, merci ;). Ethan l’avait interrogé sur son après-midi de cours en venant le récupérer à l’École, mais Jim s’était montré distant. Il craignait trop que la perspicacité de son père le pousse à tout avouer. Le garçon ne se sentait pas fier de cacher des choses à l’homme, pas alors qu’il avait lui-même vécu cette situation désagréable. Et si la culpabilité de maintenir son entourage dans le secret le rendait nerveux, l’idée de laisser tomber sa mère et sa sœur lui coupait l’envie de vivre.
Ethan lui avait apporté des détails sur l’opération qu’il montait en compagnie de Mike et de deux autres agents de la A.A, mais Jeremy ne croyait pas en son efficacité. Son père lui-même avait reconnu qu’ils ne savaient si Maria et Thalia se trouvaient au siège de la Ghost Society ou ailleurs. Obtenir cette information pourrait leur prendre des semaines… alors monter l’opération dans son ensemble ? Octobre serait terminé depuis longtemps.
Jim avait imaginé d’autres plans, envisagé d’autres possibilités, mais il ne se sentait pas en mesure de les mettre en œuvre. La plupart impliquait de prévenir son entourage de ses intentions et l’adolescent était persuadé qu’ils n’accepteraient pas de l’exposer. Ils auraient pu tendre un piège à Edward, laisser Jim partir avec lui puis le récupérer pendant le trajet en train, infiltrer un agent au sein de la Ghost pour exfiltrer Jeremy… Mais ces éventualités demanderaient des ressources que Jim ne possédait pas. Sans compter que son père avait pu faire appel à des collègues, car ils étaient aussi ses amis, mais la A.A ne pouvait pas leur fournir plus de moyens. La Ghost Society était la société-mère et leurs relations diplomatiques s’en retrouveraient affectées. Ouais. D'où la discrétion d'Ethan et de ses collègues d'ailleurs. Du coup, Jerem va juste se sacrifier. (Quel emo-boy bordel :lol: ) :arrow: Je dirais même emo-drama-boy 8-)
À intervalles réguliers, Jim se sentait pris de bouffées de chaud et de froid qui compressaient son cœur, ses poumons, son estomac et même les muscles de ses jambes. Toute son âme lui hurlait de laisser tomber, de rester sain et sauf, de se réconcilier avec Ryusuke. Et pourtant… son sang le brûlait lorsqu’il envisageait l’idée de laisser son entourage mener les négociations. L’adolescent n’était pas prêt à prendre le risque de perdre sa mère et Thalia.

Le salon-cuisine de l’appartement de son père donnait sur la cour de la résidence et sur un petit square au-delà. Accoudé à un plan de travail, l’adolescent observait les lumières nocturnes, imaginant les vies qui pouvaient se cacher derrière, rêvassant d’une douce soirée en compagnie de sa famille. Maria et Thalia dormaient-elles ? Ou, comme lui, étaient-elle trop étouffées d’angoisse pour passer une nuit d’un bout à l’autre ? Probablement la deuxième option. :arrow: Ou si ça se trouve, elles dorment super bien depuis qu'elles sont plus obligées de se le coltiner :twisted: (je suis la pire autrice aled)

— J’ai fait une dépression. Pendant un an et demi. (Il haussa mollement les épaules, le regard vide.) Même si je suis persuadé que je n’en guérirai jamais vraiment. Possible. (Malheureusement…) :arrow: Ouais :v
Jeremy garda les yeux rivés au visage de son père, abasourdi. Pourquoi ne remarquait-il ses traits creusés, sa bouche morne et ses iris éteints que maintenant ? Faisait-il bonne façade le reste du temps – tout comme Maria ? Ou es-tu juste un p'tit peu égocentré et focalisé sur tes propres crises existentielles, mon jeune ami ? :arrow: J'te dis, bébé égocentrique :roll:
Soudain perturbé par l’idée que ses parents ne puissent pas exprimer leur peine librement, Jim baissa le nez. Conscient du trouble qu’il avait provoqué en l’adolescent, Ethan se força à lui serrer doucement l’épaule.
— On ne parle pas trop de ce genre de choses, je sais, surtout aux jeunes. Pourtant… je sais que tu as traversé des périodes très difficiles, Jem, et je voulais que tu comprennes que… que je l’ai connu aussi, que tu n’es pas tout seul. Je ne veux surtout pas effacer ta douleur, mais sache que toute notre famille a connu la souffrance. (Jim releva le cou pour interroger son père du regard.) Je ne veux pas que tu aies l’impression d’être seul avec toi-même concernant tes crises. Je ne sais pas comment Maria les gérait, mais… si sa méthode te convient, alors je suis prêt à adopter le même fonctionnement.
Ethan avait eu l’air d’avoir autant de mal à prononcer tout ça que Jim à le recevoir. Il se sentait reconnaissant et apeuré, incapable de savoir si son père avait bien fait de lui avouer tout ça ou pas.
— Je crois pas que maman a une méthode particulière, finit par articuler l’adolescent en s’intéressant brusquement à l’évier sous son nez. Quand je commence à faire une crise, elle me donne tout de suite un anxiolytique et… elle reste avec moi.
— C’est tout ?
— Y’a pas vraiment de méthode miracle, maugréa Jim, vexé par l’étonnement de son père. Mais avec maman, ça, ça marche. Parce que c'est maman en même temps ♥ :arrow: Oui ♥
— Très bien, acquiesça sobrement Ethan en s’efforçant à inspirer profondément pour détendre les muscles crispés de son cou. Alors… si jamais tu fais une crise ici… je serai là.
— D’accord.
Quelques secondes s’écoulèrent au rythme des respirations gênées et du tic-tac mécanique de l’horloge. Décidé à aborder le sujet avec son fils, Ethan enchaîna d’un ton prudent :
— Tu voudrais me parler de ta dispute avec Ryusuke ?
Même dans la pénombre, la réaction physique de Jeremy fut perceptible. Il se tendit, comme traversé par un courant électrique, puis s’affaissa sous le poids d’un orage invisible.
— C’est pas une dispute. (Comme Ethan gardait les yeux rivés sur lui, interdit, le garçon ajouta entre deux rangées de dents serrées : ) Et c’est compliqué.
— Trop compliqué pour que tu m’en parles ? supposa son père avec une grimace.
— En partie, marmonna Jim en se décalant du plan de travail pour retourner dans le salon. Puis je veux pas t’en parler, c’est tout. ZE VEU PA ! :arrow: RYU ZÉ PLU MON KOP1
— C’est ton droit, répondit Ethan d’un air lointain.
Sa réponse était sincère, tout comme la peine qui lui mangeait le cœur. Il se doutait que ce qui se passait entre son fils et Ryu était plutôt sérieux. Ethan ne pouvait pas prétendre bien les connaître, mais il en savait assez pour comprendre que les éloigner l’un de l’autre requérait un événement particulier. L’homme espérait surtout que ce ne soit pas quelque chose de très grave. Mais son espoir tremblotait à chaque fois qu’il apercevait le vide confus du regard de Jim.
— Je retourne me coucher, annonça ce dernier d’un ton morne en traînant les pieds dans le couloir. À demain.
— À demain, lança Ethan en le suivant des yeux, persuadé qu’il ne parviendrait pas à fermer un œil de la nuit.

Les immeubles indistincts, les locaux professionnels et les commerces se succédaient sous les yeux de Ryu sans le faire réagir. Le moteur vrombissait, la musique pop-rock créait un fond sonore, la respiration posée de Dimitri égrenait les secondes, mais rien n’attirait l’attention du garçon. Même le poids de son sac sur ses genoux et la pression de la ceinture contre son torse étaient diffus.
— … encore… bientôt les vacances… avec Alex… à la maison. Ryu ? Rysu… Ryusuke !
Il cligna des yeux, émergea du brouillard et reprit conscience de l’environnement autour de lui. Dimitri l’observait avec inquiétude, ses yeux plus sombres que jamais dans cette grise matinée d’octobre. Un pli soucieux fit presque disparaître ses deux lèvres fines au milieu de sa barbe taillée.
— Ryu, tu peux manquer un jour d’école, il y a pas de problème.
L’adolescent écarquilla les yeux puis secoua la tête avec virulence. Il n’avait jamais séché de sa vie ; ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer. P'tain on dirait moi x) :arrow: Wah, quelle assiduité, j'admire (j'ai commencé en primaire en faisant mine d'oublier mon cours d'allemand du jeudi qui raccourcissait mes récrés. quelle plaie pour même pas se rappeler comment dire "Je suis Trucmuche" correctement :| )
— Tu me fais une tête d’enterrement depuis la veille, ajouta l’agent de la A.A en basculant de nouveau les yeux sur la route lorsque le feu passa au vert.
Exténue par sa presque nuit blanche et ses émotions en roue libre, Ryu n’eut pas la force de répondre. Que pouvait-il répondre, en plus ? Il reconnaissait qu’il n’était pas très loquace depuis que Dimitri était venu le chercher la veille au soir à l’École. Mais rien ne lui venait à l’esprit lorsqu’il s’agissait de parler de ce qu’il avait sur le cœur.
— Mon garçon, reprit Dimitri d’une voix adoucie, je n’ai rien de spécial à faire à la A.A aujourd’hui. Je peux parfaitement prendre ma journée.
Stupéfait, Ryu fronça les sourcils et maugréa :
— Pourquoi tu ferais ça ? Même si vous n’avez pas de mission en cours, avec Alex, tu dois bien avoir des réunions, des rapports, des entraînements… je ne sais pas, moi.
— Si, si, j’en ai, affirma l’homme en ralentissant à hauteur d’un parking de supermarché à quelques minutes à peine de l’École. Mais rien d’urgent.
Ryusuke serra son sac-à-dos contre lui lorsque son recruteur gara la voiture le long d’un trottoir. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond avec Dimitri ?
— Ryu, souffla l’homme d’un air sérieux en coupant le moteur, je m’inquiète pour toi. En tant que recruteur et en tant que… l’un des derniers adultes de ton entourage. (L’agent laissa ses mains glisser sur le volant puis retomber sur ses cuisses.) J’ai l’impression que tu souffres d’une grande solitude. Dis-moi si je me trompe.
Il ne se trompait pas. Mais Ryusuke s’était toujours senti plus ou moins seul, même lorsque Jeremy le regardait encore dans les yeux, même lorsque son oncle était en vie. Cet enfant me fait décidément trop de peine. :cry: :arrow: N'est-ce pas :(
— Et j’ai l’impression que tu compenses cette solitude en te donnant à fond dans ce que tu fais, travail ou loisirs. (L’agent grimaça, incertain de la tournure de sa phrase, puis continua après un juron en russe C'est pas parce qu'ils comprennent pas qu'il faut jurer devant les gamins :lol: :arrow: Tu rigoles ? Meilleure chose à faire, c'est important pour le développpement du langage 8-) : ) Je suis content que tu t’investisses dans ce qui te plaît, Ryu. Tu es un garçon sérieux qui sait ce qu’il veut et, à ton âge, c’est pas banal.
Ryusuke ne savait pas s’il devait se sentir flatté ou méfiant. Ce genre de conversation déviait toujours sur des reproches. L’adolescent était tout à fait capable d’en essuyer en temps normal, mais aujourd’hui… aujourd’hui, son cœur était en déroute, sa raison l’avait abandonné et ses nerfs l’enquiquinaient à la moindre contrariété.
— Mais j’ai l’impression que… en fait… j’ai vraiment peur que tu sois en train de te perdre, Ryu, continua Dimitri en se penchant vers lui. Tu te ronges de l’intérieur pour surmonter quelque chose, je ne sais pas quoi, mais tu… (Il tapota la poitrine maigre du garçon.) Tu n’as pas assez de ressources là-dedans pour faire ça sereinement.
Frappé par la douleur que provoqua ces paroles en lui, Ryusuke ne répondit rien. Les yeux songeurs et brillants de Dimitri étaient rivés aux siens, en attente d’une vérité que Ryu n’était pas certain de connaître lui-même.
— Je suis perdu. Ouch.
Ces trois mots lui arrachèrent des lambeaux de fierté, de souffrance et de soulagement. Mortifié par sa propre déclaration, l’adolescent observa sans les voir les clients matinaux qui décrochaient des caddies devant le supermarché. Sa vue se brouilla, sa poitrine se convulsa, et il se retrouva plié sur son sac-à-dos, incapable de savoir s’il voulait rugir, respirer, ou rigoler.
Dimitri glissa une main chaude dans son dos et lui frotta doucement la colonne vertébrale.
— Ryu, tu retiens tes larmes depuis deux mois. Tu viens de lâcher ce qui te pesait sur le cœur, tu peux bien lâcher un peu d’eau en plus.
Cette fois, Ryusuke rigola. Puis il hoqueta en prenant conscience du vide dans ses poumons. Enfin, quand l’air fut de retour, il poussa un cri enragé. Il ne sentait même plus ses larmes. Bébé-chat… :cry: :arrow: Sad-kitty :cry:
J'ai teeeeeellement envie de lui faire un câlin. Autant l'autre p'tit abruti d'emo-boy m'insupporte parfois, autant Ryu le pauvre, il ne mérite que de l'amour.
Question pour toi, Cocotte :) Est-ce que tu dirais que la tendance de Ryu à intérioriser ses émotions vient de son éducation à la japonaise (un peu cliché mais vrai malgré tout qu'ils parlent peu de leurs émotions) ou plutôt de lui-même ?
Sinon, pauvre Ethan aussi (oui, dans cette histoire, ils sont tous de pauvres petits chats pour moi… à part emo-boy. Et Hugo, m'enfin, lui il mériterait même pas d'être mentionné.) Je te jure, on va faire des Hug Squads pour tout le monde avec Sasa :lol:

Les deux discussions en parallèle étaient hyper intéressantes. D'un côté, un vécu un peu plus adulte sur la situation merdique qui entoure la famille de Jeremy, et qui montre bien que personne n'est à l'abri des dommages psychologiques, et de l'autre, des problèmes "jeunes", vus par des gamins, dont l'un est un peu trop mature pour son âge, et l'autre ne sait pas comment gérer ses émotions et ses crises. C'est joli, y'a un fil commun entre les deux : cet aspect de gestion des traumatismes à des périodes différentes d'une même vie… mais je serais curieuse de savoir si c'était voulu. :ugeek:

Allez, à pluche !
Ouais, Ryu, je l'ai jamais trouvé insupportable moi non plus :'c (Jim... bon, emo-drama-boy tu connais)

Je dirais que ça vient de noooombreux facteurs. L'éducation de son oncle, en partie, oui, avec des mœurs culturelles indéniables (mais je suis déjà pas mal dans le cliché avec Akira, donc j'insiste pas trop non plus :''D ). D'une autre, son enfance particulière (avoir perdu ses parents, avoir grandi dans un quartier très dur). Mais aussi ses rencontres (il avait pas franchement d'ami avant Jim et a appris assez tard à discuter de tout et de rien avec des enfants de son âge). Puis sa personnalité, sa maturité en décalage qui lui donne un sentiment de "don't fit in" qui peut l'amener à intérioriser beaucoup de choses. Puis les tabous, l'inavouable (comme ses sentiments pour Jim) qui le poussent plus loin dans ses retranchements.

C'est le club des pauvres p'tits chats, on est bien d'accord :roll: (bwarf, même Jim, même si c'est plus difficile de compatir pour lui :lol: ).

Merci ! C'est un truc qui va pas mal revenir dans les chapitres de la partie 2, la mise en parallèle de 2 PDV =)
Mais ouais, Jim et Ryu vivent des choses assez dures, assez intenses, mais sans un recul d'adulte. Alors forcément ça créé un décalage avec les PDV et les discussions des adultes qui les entourent. Mais ce côté "adulte" c'est ce qui manquait beaucoup à la V1 et que je voulais mettre dans cette V2. Parce que c'est important à mes yeux d'aborder des sujets pas toujours faciles avec le recul du regard d'un adulte.
Oui, c'est complètement voulu les parallèles entre personnages :mrgreen: En fait, les adultes de S.U.I ont tous un passé que je connais bien (ces passés ne seront pas nécessairement dévoilés pour tous, c'est surtout pour constituer un background) et ces passés peuvent complètement résonner avec le présent des "jeunes". Typiquement, il y a beaucoup de boucles dans la famille Wayne-Sybaris (si je me motive à faire ce recueil de OS sur la génération de Maria & co, ça prendra tout son sens) ou des problèmes/vécus communs entre persos (Ryu-Dimi, c'est expliqué dans quelques chaps).
Clairement, l'un de mes objectifs avec cette V2, c'est de rien laisser au hasard et de donner du sens à chaque épreuve, chaque vécu, chaque difficulté. Mon ancienne version avait des clefs, mais manquait de liens entre ces clefs, de cohérence... Des années de pause m'ont permis d'éclaircir tout ça ^^

Merci pour ton retour ;)
Apluss !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Bonzour les zamis.
L'hiztoire avanze bien, voilà z'est tout pour moi.




- Chapitre 41 -



Mardi 20 octobre 2020, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Maria disputait une partie de cartes avec sa fille, toutes les deux installées sur le lit double qu’elles partageaient depuis plus d’un mois, quand la porte s’ouvrit. La femme se débarrassa immédiatement de sa main, alerte. Ce n’était pas l’heure du repas et les agents de la Ghost ne s’amusaient pas à passer les voir sans raison valable.
Lorsqu’Edward entra d’un pas tranquille dans la pièce, Maria était déjà debout au pied du lit, les traits tendus par l’appréhension. Deux agents suivaient, arme au poing, mais elle les devança en balançant sa main serrée en direction d’Ed. Il esquiva à la dernière seconde, les phalanges de son adversaire frôlant sa mâchoire rasée de frais. Maria poussa un juron en constatant que son coup droit avait manqué puis se tint à carreau face aux pistolets levés vers elle. Elle s’était placée de façon à faire barrière de son corps devant Thalia.
— Allons Maria, soupira Edward avec un sourire penaud, comment tu salues ton beau-frère ?
— Tu n’as jamais été et ne seras jamais mon beau-frère, rétorqua-t-elle d’une voix acide, tendue par la proximité de l’homme qui avait fracassé son quotidien.
Un amusement faussement blessé plissa le visage charmant d’Edward, qui fit signe à ses agents d’abaisser leurs armes. Maria ne se décontracta pas pour autant, prête à bondir au moindre signe d’animosité. Elle avait beau avoir changé de métier depuis des années, son expérience d’ancienne agente de S.U.I avait ancré des réflexes dans les fibres de ses muscles.
— J’ai une bonne nouvelle pour toi et ta fille, reprit leur kidnappeur en se penchant de côté pour adresser un sourire à Thalia. Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Dès la semaine prochaine.
Maria s’était attendue à tout sauf à cela. Désemparée, elle cligna des yeux cernés d’angoisse et laissa tomber ses épaules de surprise.
— Comment ça ?
— Je suis sur le point d’obtenir ce que je convoitais en vous enlevant, expliqua Edward avec un rictus satisfait. Thalia et toi monterez dans un train pour Modros mercredi prochain.
La nervosité et la colère emplirent de nouveau Maria, dont les yeux se firent flamboyants. Dents serrées, elle fit un pas prudent vers Ed et siffla :
— Je ne sais pas ce que tu t’imagines, mais je vais pas tomber dans le panneau comme ça. Dis-nous plutôt ce que tu attends de nous, ce sera plus rapide.
Un soupir excédé creusa la poitrine de son interlocuteur. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette conversation. Edward avait eu beau le répéter, Maria n’était toujours pas décidée à le croire.
— Je n’attends rien de toi, Maria, susurra Ed en perdant peu à peu le masque nonchalant qu’il s’était constitué. Je n’attends rien de toi, ni de ta fille.
Désabusée par l’absence d’explications, Maria se retint de l’agripper par le col au risque d’alarmer ses deux gardes du corps et explosa :
— Dans ce cas-là, sur qui tu fais pression en nous détenant ? Tu joues sur un fil dangereux, Edward, si tu comptes impliquer Ethan là-dedans. Il est trop lié à la A.A pour que les relations avec la Ghost n’en pâtissent pas si tu lui fais du chantage.
Un sourire narquois retroussa les lèvres d’Ed. Ses yeux ambrés s’éclairèrent tandis qu’il secouait la tête avec une expression presque condescendante. Maria eut encore plus envie de lui briser le nez.
— Ethan n’est pas directement impliqué dans cette histoire, déclara-t-il en faisant fi de l’expression furieuse de son interlocutrice. Ce n’est pas sur lui que je fais pression – pas complètement du moins. Et je ne veux pas impliquer la Ghost Society et la A.A dans notre histoire. Ce serait effectivement fâcheux de froisser leurs relations diplomatiques. Et de mettre en péril les positions durement acquises par ma famille depuis des décennies.
L’incompréhension chassa petit à petit la colère du visage de Maria. Elle ne connaissait personne qui soit à la fois lié à Edward et soit prêt à faire des sacrifices pour les sauver Thalia et elle. Devant la moue interdite de la femme, Ed lui adressa un clin d’œil et un sourire suffisant.
— Tu comprendras en temps venu, ma belle. Tu n’auras plus à t’en faire pour Thalia.
— Je ne suis pas « ta belle » gronda Maria en sentant sa poitrine la chauffer brusquement. Et je n’ai encore aucune preuve que tu nous laisseras tranquilles, ma fille et moi.
Et elle ne mentionnait même pas la personne qui avait cédé au chantage d’Edward et risquait de souffrir à leur place. Si ce n’était pas Ethan la cible, alors qui ? À part peut-être Mike, aucune connaissance de Maria ne serait prête à faire des sacrifices pour leur famille.
— Je suis un homme qui tient ses promesses, souffla Edward avec un sourire en coin.
— Pourriture, se contenta de répliquer Maria d’un ton mordant.
Ed lâcha un nouveau soupir avant de faire demi-tour. Maria haussa un sourcil décontenancé face à son air décontracté. Il enlevait une mère et sa fille, faisait pression sur leurs proches pour obtenir on ne savait quoi et conservait une attitude nonchalante pareille à une provocation.
Avant de sortir de la pièce, Edward jeta un dernier coup d’œil à Maria et sa fille.
— Rappelez-vous, semaine prochaine. Vous serez libres.
Sans un mot de plus, il leur adressa un sourire en coin et ferma la porte derrière lui.


Mercredi 28 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Alex fumait sa cigarette, Dimitri touillait son café. C’était une routine bien rythmée, onze heures quinze, l’heure du petit creux, la salle de repos qui donnait sur l’extérieur grâce à un petit balcon, l’un accoudé à la rambarde, l’autre adossé au mur.
— Je pense qu’on devrait intervenir.
Les paroles de Dimitri, les premières qu’il prononçait depuis qu’ils avaient pris leur pause, arracha Alex à la contemplation de la ville en contrebas.
— T’as dit quoi ?
Le Russe leva le nez de sa boisson chaude, sa barbe noire masquant difficilement la tension de ses mâchoires. Il cessa de touiller dans son gobelet pour s’approcher de son partenaire.
— Nos Recrues sont en froid, Alex, et on peut plus faire semblant de rien.
Un air désabusé gagna progressivement le visage d’Alexander. Il claqua la langue avec agacement, écrasa son mégot contre la rambarde de sécurité puis le jeta dans la poubelle fixée aux barreaux. Puis il s’accouda de nouveau au parapet, ses yeux noisette tournés vers les immeubles.
— Ils forment un binôme à l’École, reprit Dimitri de son habituelle voix profonde, songeuse, et ils ne peuvent pas travailler correctement s’ils refusent de se parler.
— Je croyais qu’ils s’étaient simplement embrouillés, un truc de rien du tout, marmonna Alex en fronçant les sourcils.
Son partenaire lui retourna son regard, la mine sombre.
— C’est plus grave que ça, apparemment. Je me suis bien rapproché de Ryu depuis quelques semaines, mais, là, je n’ai pas réussi à le faire parler. Je lui propose souvent de dormir à la maison pour pas qu’il soit seul dans sa chambre, mais il a du mal à s’ouvrir à moi quand on est ensemble.
Alexander se renfrogna un peu plus. Il avait su par Dimitri que leurs Recrues ne se parlaient plus, mais il n’avait pas pris le temps d’interroger Jim pour en savoir plus. Confus, il se passa une main dans les cheveux et maugréa :
— Jeremy ne dort plus à l’internat ?
— Tu ne savais même pas ça ? s’étonna son partenaire en lui faisant les gros yeux. Ethan passe le chercher tous les soirs après l’École. Et il l’emmène le matin avant d’aller au travail – on se croise de temps en temps.
Embarrassé par le ton de reproche qu’avait employé son ami en début de phrase, Alex serra les dents et détourna le regard. Il avait conscience de faire beaucoup moins d’efforts que Dimitri concernant sa Recrue et, quelque part, il s’en voulait. L’agent s’était appuyé sur leurs missions successives, leurs rapports, leurs entraînements, leurs suivis et sur sa propre vie personnelle pour se donner de bonnes excuses. Pourtant, il savait aussi parfaitement qu’il aurait pu dénicher quelques heures au milieu de tout ce planning pour rendre visite à Jim et prendre de ses nouvelles.
— Et tu voudrais qu’on les réconcilie ?
Dimitri termina son café d’une traite avant de répondre.
— J’ai l’impression qu’ils continueront à s’éviter encore un moment si on ne fait rien. Je ne propose pas de les forcer à se voir, mais déjà de les amener à nous expliquer ce qui s’est passé. Pour qu’on puisse essayer de trouver un moyen de les rabibocher.
Dubitatif, Alexander observa ses ongles rongés puis enfonça les mains dans ses poches. Ce faisant, il sentit son portable vibrer contre ses doigts et les ressortit aussitôt. Le nom affiché à l’écran le prit assez au dépourvu pour qu’il laisse filer la sonnerie.
— Jeremy vient de m’appeler, déclara-t-il d’une voix blanche, encore hébété par la coïncidence.
— Ben rappelle-le ! s’exclama Dimitri en lui adressant un regard exaspéré. Normalement, ça devrait être à toi de prendre de ses nouvelles, Alex. Il a peut-être quelque chose d’urgent à te dire.
— OK, OK, grommela l’agent en ouvrant son journal pour lancer l’appel retour.
Dimitri lui fit signe qu’il rentrait et le laissa en tête-à-tête téléphonique avec sa Recrue. Alexander n’eut pas à attendre très longtemps avant que la voix de l’adolescent résonne dans son portable :
— Euh, allô ? Alex ?
— C’est moi. Désolé, j’ai manqué ton appel, tu voulais me dire quelque chose ?
Évidemment qu’il voulait me dire quelque chose, soupira-t-il.
— Euh… reprit Jim d’une voix bouffie d’hésitation. Ben… je voulais te dire… enfin, te demander…
Alex se remémora sa discussion avec Dimitri et inspira un bon coup. Peut-être qu’il tenait le début du bon fil. Peut-être que Jim avait trouvé le courage de le contacter pour lui expliquer sa dispute avec Ryusuke.
— Dis, je dois rentrer de la gare en fin d’après-midi, mais mon père est pas dispo pour me récupérer. Ça te dérangerait de venir à sa place ?
Comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt, Alex resta planté sur place de stupéfaction. Il ne s’était pas réellement attendu à une telle demande.
— Euh… en fin d’après-midi, tu dis ?
— Oui, vers dix-sept heures.
Alex ferma brièvement les paupières pour se remémorer son emploi du temps de la journée puis soupira :
— J’avais une réunion, mais…
— Laisse-tomber, déclara Jim d’un ton abattu. Je vais demander à quelqu’un d’autre.
— … mais c’est pas une réunion très importante, termina Alexander, agacé d’avoir été coupé. Je peux venir te chercher, Jeremy.
Il y eut un silence de quelques secondes. Puis Jim reprit, d’une voix bien plus enthousiaste cette fois :
— C’est vrai ? Super ! Merci beaucoup, Alex, tu me sauves. (Avant que l’intéressé ne puisse répondre – ce n’était pas la peine de se mettre dans un état pareil – Jim conclut : ) Désolé, je dois y aller, le bus arrive !
Alexander fronça les sourcils. Pourquoi sa Recrue n’était-elle pas en cours ? Il s’apprêta à le rappeler pour lui remonter les bretelles puis se ravisa à temps. Jeremy s’était cassé deux doigts et avait été dispensé d’EPSA pour deux semaines minimum. Comme les vacances arrivaient juste derrière, il aurait en réalité un peu plus de temps pour se reposer.
L’agent soupira en rangeant son téléphone. Jim n’avait pas mentionné son embrouille avec son ami. Alex profiterait peut-être de se retrouver seul avec l’adolescent pour aborder le sujet.

Alexander parcourait la petite place que desservait la gare de Modros en fronçant les sourcils. Voilà dix minutes qu’il cherchait sa Recrue des yeux sans avoir de nouvelles. Il était déjà dix-sept heures vingt et Jim ne répondait ni à ses messages ni à ses appels.
Foutu gamin de mes deux, s’exaspéra Alex en se plantant face à un plan de la ville où la gare était marquée d’une croix rouge surmontée d’un « Vous êtes ici » en grosses lettres.
Il braqua le regard vers la station, où un train venait de s’arrêter et ouvrait ses portes pour recracher un flot de passagers. De plus en plus tendu, l’agent observa les badauds dans l’espoir de reconnaître sa Recrue. Quand il l’avait eue au téléphone quelques heures plus tôt, il n’avait même pas eu l’idée de l’interroger sur la raison de sa présence à la gare. Jim avait-il fait un aller-retour en train dans la journée ? Et pourquoi ?
— Excusez-moi ?
Alex se tourna vivement vers la femme qui venait se planter devant lui. Il aurait aimé que ce soit Jeremy, pour qu’il puisse le sermonner et le ramener chez lui. L’agent avait dû annuler une réunion – certes, guère importante – pour rendre service à l’adolescent et il comptait bien ne pas se faire poser un lapin.
Persuadé que la femme secondée d’une fillette cherchait à observer le plan de la ville, Alex se décala en grommelant.
— Excusez-moi ? insista la femme en se rapprochant pour capter son regard.
Cette fois, Alexander dut baisser les yeux vers elle. Proche de la quarantaine, vêtue d’un coupe-vent beige qui enserrait sa silhouette mince, elle affichait une mine aussi inquiète que déroutée.
— Vous travaillez pour la A.A ?
La phrase était bien une question, mais Alexander y décela une pointe de méfiance. Surpris, il hocha mécaniquement la tête. Comment l’inconnue avait-elle deviné ? Il se rappela vaguement qu’il portait son costume de travail – avec le symbole de la A.A imprimé sur son nœud de cravate – mais ne s’y attarda pas quand la femme baissa la tête.
— Dieu merci, soupira-t-elle d’une voix à peine audible.
Lorsqu’elle redressa le cou, ses yeux vifs frappèrent Alex. Ce n’était pas tant leur teinte verte que leur éclat ardent qui accrocha l’attention de l’agent. Il avait le sentiment d’avoir déjà croisé pareil regard.
— Vous pouvez me rendre un service ? reprit-elle d’une voix tendue, comme si elle s’attendait à essuyer un refus.
Réfléchissant à cette histoire de regard familier, Alex hocha de nouveau la tête. En fait, ce n’étaient pas simplement les yeux. C’était aussi la voix. Non, l’intonation. Les fins de mots britanniques, les influences d’une langue latine.
— Je peux vous emprunter votre portable ? s’enquit l’inconnue en tendant la main. Je dois appeler un ami qui travaille à la A.A. S’il vous plaît, c’est urgent.
La fillette restait scotchée à l’ombre de sa mère, tête baissée, comme si elle craignait d’affronter le ciel. Une nouvelle boule se logea dans la gorge d’Alex lorsqu’il tendit son téléphone à la femme.
— Je peux consulter vos contacts ? En toute logique, vous devriez avoir son numéro si vous faites répertoire commun.
— Comment vous le savez ? murmura enfin Alexander, de plus en plus perturbé.
L’inconnue continua ses recherches en l’ignorant délibérément. Loin d’être vexé, Alex jeta un nouveau coup d’œil vers la fillette. Pendant une seconde, leurs regards se croisèrent. La petite ne put s’empêcher d’esquisser un timide sourire spontané. Puis elle baissa hâtivement le cou.
Mais Alexander venait de la reconnaître. Il l’avait brièvement aperçue sur une photo de famille presque deux mois plus tôt, dans un appartement anonyme de Seludage.
— Vous…
Alexander n’eut pas le temps de terminer sa phrase, car la femme avait porté le téléphone à son oreille et entamé la discussion :
— Allô, Michael ? (Une pause de deux secondes à peine, durant laquelle Alex sut qu’il avait raison.) Non, ce n’est pas « Alexou ». C’est Maria. Mike, je suis à Modros, à la gare. Thalia est avec moi, il faut que tu viennes nous chercher.
Hébété, Alex n’écouta pas la suite. Son champ de vision se brouilla, les sons s’étouffèrent, même son équilibre devint incertain. Seule la poigne ferme de Maria Wayne lui permit de rester debout lorsqu’il manqua s’effondrer sous le coup de l’ébahissement.
— Vous allez bien ?
Toujours médusé, Alexander leva le nez vers la femme qui le dominait de quelques centimètres à présent qu’il était avachi. Si son regard ne perdait pas de son ardeur, ses lèvres étaient plissées d’angoisse et ses traits creusés d’épuisement.
— Jeremy, murmura alors Alex en se redressant, sonné. Où est Jeremy ?
Maria Wayne recula d’un pas sous le coup d’un poing invisible.
— Vous connaissez mon fils ?
Un sentiment d’effroi inexplicable grimpait les vertèbres d’Alexander. Tout ceci faisait trop de coïncidences. Maria et Thalia Wayne perdues à la gare de Modros alors que Jim venait de s’y évaporer ?
Ça va pas recommencer, songea le jeune homme avec crainte en jetant des coups d’œil nerveux autour de lui. Jeremy, tu peux pas disparaître alors que ta famille est de retour.
Pourtant, il ne vit sa Recrue nulle part. Pire, il aperçut Maria Wayne s’affaisser brusquement sur le banc le plus proche, aussi blanche que le sac en plastique qu’elle tenait à la main. Sa fille s’approcha d’elle et lui saisit timidement la main.
— Maman ?
Le corps comprimé d’angoisse, Alex dévisagea la femme qui semblait se fondre dans le banc.
— Je comprends, souffla-t-elle d’une voix à peine audible. Je comprends maintenant.
Alex, lui, ne comprenait rien du tout. Il se rapprocha de la mère et de la fille pour se planter face à elles, nerveux.
— Mme Wayne, vous savez où est votre fils ?
Il fallut plusieurs secondes à Maria pour trouver le courage de lever le cou vers l’agent. Ses yeux verts suintaient de larmes écœurées et désespérées.
— Il est parti, s’étrangla-t-elle en lâchant son sac, qui s’affaissa aux pieds de Thalia dans un bruit étouffé. Il est parti, il a pris notre place.
Thalia desserra à son tour la main de sa mère et ne bougea plus, transformée en statue de pierre vivante. Perturbé, Alexander dut se pencher pour accaparer encore un peu d’attention à la femme.
— Comment ça, il a pris votre place ? Il est parti où ?
— Il a rejoint la Ghost Society, geignit-elle d’une voix abattue, incapable de réprimer les gouttes qui ruisselaient sur ses joues creusées. C’est lui qu’Edward voulait.



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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

Bon bah voilà, ça c'est fait.

(N'empêche, Jerem a plutôt bien géré son coup, j'avoue.)
TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

Hiello ~
Oopsies, j'avais forgotten de lire le chap de last week.

Chapitre 39
Aaaah, emo-drama-boi reste fidèle à lui-même :lol: J'adore les tacles de Sarah, ça me fait mourir de rire :lol:
Il va sans dire que j'aime Ethan du plus profond de mon cœur. C'est vraiment un papa gâteau, je fonds ;w; Il a tellement la bonne méthode pour se rapprocher de Jim, et GODDAMN j'aime les hommes avec des fêlures. (Fêlures-man à la rescousse!) J'aime qu'il soit vulnérable et qu'il ne le cache pas, qu'il parle franchement à Jim, ça les rapproche (mais bon, dès le prochain chapitre, Jim les éloigne, cet emo).

...
Coline, on avait dit pas les chatons. ;w;
Ok, j'ai terminé de pleurer. J'ai mal pour ce gosse, ptn. Ces deux dernières phrases :cry: Ca prend aux tripes, bien joué. Et puis merci Dimi, il a bien senti qu'il en faudrait pas beaucoup pour que Ryu craque, et il en a besoin, le pauvre. Parce qu'un Ryu qui pète un plomb, j'ai pas envie de voir ça (je l'imagine, et je veux pas le voir).

Allez Sarah, viens, on va faire toute la paperasse pour pouvoir passer à l'action.

Chapitre 40
Pauvre Maria, ptn, elle ne sait pas ce qui va lui tomber dessus... Aïe.
Et Edward, avec son p'tit sourire de fouine, là. Okay, il m'a démarrée.

"Jeremy ne dort plus à l’internat ?" ALEX PUTAIN. Tu mérites de te faire enfumer par Jim. Oh il me fatigue.
Bon, ben j'avais raison mdr. Il en a pas fallu beaucoup à Alex par contre, il s'est fait avoir comme un bleu. En même temps, s'il était un peu plus proche de Jim, ce ne serait pas arrivé (100% salty). Et c'est bien entendu pas totalement de sa faute (coucou Jim, tu vas te faire soulever par un paquet de monde quand ils te retrouveront).

Okay ouch.
C'est terrible, j'ai éclaté de rire pour le "non, ce n'est pas Alexou".
Voilà voilà, tout le monde s'est fait enfumer par l'emo-boi, vaillamment parti se sacrifier. Il s'y est bien pris. Non non, je ne suis pas en train de penser à ce que ça fait à Maria d'apprendre ça et à ce que ça va faire à Ethan. Non non.

J'essaie de comprendre les motivations d'Edward. Parce que si l'objectif est simplement de récup Jim pour le former à la Ghost, mec trouve-toi une vie :cry: :lol: . J'imagine bien que ce n'est pas pour ça (faire pression sur Ethan et l'utiliser pour manipuler la A.A. de l'intérieur ? Ethan n'a pas la main si longue, pourquoi manipuler la A.A., et ils se feraient bien moins ierch à mettre un agent de la Ghost direct. Créer un incident diplomatique entre la Ghost et la A.A. ? Ca n'aurait pas de sens, vu que tout est officieux et que les deux partis souhaitent que ça le reste). Ah, cette bonne mif quand même :lol:

Je me demande aussi comment Ryu va réagir au départ de Jim, avec l'état émotionnel dans lequel il est :? J'ai peur qu'il vive ça comme un nouvel abandon. Y a moyen qu'il soit très en colère aussi. On verra bien, mais je sens que nos cœurs vont encore en prendre un coup :'D


J'aime toujours autant lire S.U.I. ♥ Chaque chapitre est encore meilleur que le précédent, franchement bravo !
J'adore me poser toutes ces questions et faire toutes ces petites théories :lol: Et non, avant que tu commences, c'est pas relou de ne pas avoir toutes les réponses ! ;)
J'ai hâte de voir ce que tu nous réserves pour la suite ♥ ♥ ♥

La bise~
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : ven. 09 oct., 2020 12:49 pm Bon bah voilà, ça c'est fait.

(N'empêche, Jerem a plutôt bien géré son coup, j'avoue.)
Oué, ça c'est fait.

(C'est un p'tit con mais il a bien géré, ça résume la situation je crois :lol: )


TcmA a écrit : dim. 11 oct., 2020 4:35 pm Hiello ~
Oopsies, j'avais forgotten de lire le chap de last week.

Chapitre 39
Aaaah, emo-drama-boi reste fidèle à lui-même :lol: J'adore les tacles de Sarah, ça me fait mourir de rire :lol:
Il va sans dire que j'aime Ethan du plus profond de mon cœur. C'est vraiment un papa gâteau, je fonds ;w; Il a tellement la bonne méthode pour se rapprocher de Jim, et GODDAMN j'aime les hommes avec des fêlures. (Fêlures-man à la rescousse!) J'aime qu'il soit vulnérable et qu'il ne le cache pas, qu'il parle franchement à Jim, ça les rapproche (mais bon, dès le prochain chapitre, Jim les éloigne, cet emo).

...
Coline, on avait dit pas les chatons. ;w;
Ok, j'ai terminé de pleurer. J'ai mal pour ce gosse, ptn. Ces deux dernières phrases :cry: Ca prend aux tripes, bien joué. Et puis merci Dimi, il a bien senti qu'il en faudrait pas beaucoup pour que Ryu craque, et il en a besoin, le pauvre. Parce qu'un Ryu qui pète un plomb, j'ai pas envie de voir ça (je l'imagine, et je veux pas le voir).

Allez Sarah, viens, on va faire toute la paperasse pour pouvoir passer à l'action.

Chapitre 40
Pauvre Maria, ptn, elle ne sait pas ce qui va lui tomber dessus... Aïe.
Et Edward, avec son p'tit sourire de fouine, là. Okay, il m'a démarrée.

"Jeremy ne dort plus à l’internat ?" ALEX PUTAIN. Tu mérites de te faire enfumer par Jim. Oh il me fatigue.
Bon, ben j'avais raison mdr. Il en a pas fallu beaucoup à Alex par contre, il s'est fait avoir comme un bleu. En même temps, s'il était un peu plus proche de Jim, ce ne serait pas arrivé (100% salty). Et c'est bien entendu pas totalement de sa faute (coucou Jim, tu vas te faire soulever par un paquet de monde quand ils te retrouveront).

Okay ouch.
C'est terrible, j'ai éclaté de rire pour le "non, ce n'est pas Alexou".
Voilà voilà, tout le monde s'est fait enfumer par l'emo-boi, vaillamment parti se sacrifier. Il s'y est bien pris. Non non, je ne suis pas en train de penser à ce que ça fait à Maria d'apprendre ça et à ce que ça va faire à Ethan. Non non.

J'essaie de comprendre les motivations d'Edward. Parce que si l'objectif est simplement de récup Jim pour le former à la Ghost, mec trouve-toi une vie :cry: :lol: . J'imagine bien que ce n'est pas pour ça (faire pression sur Ethan et l'utiliser pour manipuler la A.A. de l'intérieur ? Ethan n'a pas la main si longue, pourquoi manipuler la A.A., et ils se feraient bien moins ierch à mettre un agent de la Ghost direct. Créer un incident diplomatique entre la Ghost et la A.A. ? Ca n'aurait pas de sens, vu que tout est officieux et que les deux partis souhaitent que ça le reste). Ah, cette bonne mif quand même :lol:

Je me demande aussi comment Ryu va réagir au départ de Jim, avec l'état émotionnel dans lequel il est :? J'ai peur qu'il vive ça comme un nouvel abandon. Y a moyen qu'il soit très en colère aussi. On verra bien, mais je sens que nos cœurs vont encore en prendre un coup :'D


J'aime toujours autant lire S.U.I. ♥ Chaque chapitre est encore meilleur que le précédent, franchement bravo !
J'adore me poser toutes ces questions et faire toutes ces petites théories :lol: Et non, avant que tu commences, c'est pas relou de ne pas avoir toutes les réponses ! ;)
J'ai hâte de voir ce que tu nous réserves pour la suite ♥ ♥ ♥

La bise~
No souc, t'inquiète !

Chap 39
Emo-boi un jour, emo-boi toujours :mrgreen:
Oui, je crois pas avoir vu un seul père dans des bouquins qui s'intéressait réellement à l'état psychique de son.es gosse.s :))) J'avais clairement besoin d'écrire ça, pour mes persos comme pour moi x) Et aussi besoin d'écrire un homme très vulnérable mentalement parlant et qui en a conscience. Sans pour autant tomber dans le côté "bouquin qui parle troubles mentaux et suit les persos sur la voie de la guérison"... Je voulais aborder ces sujets sans en faire une "priorité" quoi, ni les faire passer comme "anodines". Zé pas fazile :(

Nan mais en vrai c'est essentiellement aux chatons que les merdes arrivent, ils seraient pas sur le devant de la scène autrement :roll:
Mais ouais, Ryu. J'ai toujours plus de peine (dans le sens où ça fait bobo à moi aussi :lol: ) à écrire son PDV que celui de Jim (ça doit se sentir mdr) alors qu'en réalité ils souffrent autant l'un que l'autre, pour des raisons différentes. Mais tandis que Jim extériorise beaucoup, j'ai moins cette impression "d'étouffer" de son côté. Ryu... il intériorise tellement, et de manière si naturelle... Quand ça sort, c'est pas jojo :)
Et Dimi, ouais ♥ Il va clairement être l'étoile polaire de Ryu x)

Chap 40
Edward, mdr, en vrai je le kiffe :lol: C'est clairement ce perso facile à détester et facile à dé-détester x) C'est une pourriture manipulatrice et égoïste, mais... en réalité ses motivations font pas mal écho à celles d'Ethan, Maria, Mike, etc... C'est juste qu'il est dans un autre camp et qu'il empiète sur la vie des autres :v

ALEX. Aleeeex, grande histoire :roll: Quel boloss, et je pèse mes mots mdr
Mais merci Alex d'avoir été un imbécile avec Jim, ça m'a été utile pour le scénar :lol:
Clairement, ils sont plus d'un à s'être fait entuber par Jim là par contre :? Et ouais emo-boi, ils vont pas être contents ton entourage :c

C'était totalement voulu, je suis contente que t'aies rigolé :lol: (trop de drama, je voulais désamorcer la tension x) )
Jim a été un gros con égoïste, c'est incroyable : ))) (j'ai essayé de faire paraître ce côté "S'il se barre, c'est aussi parce qu'il supporte plus la culpabilité d'être sain et sauf alors que c'est lui qui était recherché et veut donc étouffer ces sentiments" au début du chapo 39, mais peut-être que c'est pas assez évident :geek: )
Maria et Ethan... Ben Maria, t'as eu un aperçu et Eth... ouais voilà hein :lol: Retrouver son gosse après 8 ans, espérer un truc, puis... RIP fêlures-man :?

C'est plus que ça, heureusement, même si fondamentalement, ça fait parie des objectifs... Arf, j'appréhende, mais bon x)
Comme l'une des raisons pour lesquelles Ed fait venir Jim à la Ghost est pas du tout mentionnée jusqu'ici, j'ai peur que ça fasse "cheveu sur la soupe" en fait. Surtout que c'est une raison qui concerne la Ghost, mais pas la A.A, alors c'est pas comme si vous pouviez faire le rapprochement. BREFOUILLE on verra bien !

Ben Ryu va pas réagir avec des cœurs et des grands smiles, on est d'accord :lol: Ça va être un gros mélange de sentiments contradictoires, hein, histoire de le malmener encore un peu :)

Merci beaucoup, hein, comme d'hab :cry:
Vos théories auront bientôt leurs réponses de toute manière :D

Bisous et encore merci ! ♥
TcmA

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par TcmA »

louji a écrit : dim. 11 oct., 2020 5:08 pm No souc, t'inquiète !

Chap 39
Emo-boi un jour, emo-boi toujours :mrgreen:
Oui, je crois pas avoir vu un seul père dans des bouquins qui s'intéressait réellement à l'état psychique de son.es gosse.s :))) J'avais clairement besoin d'écrire ça, pour mes persos comme pour moi x) Et aussi besoin d'écrire un homme très vulnérable mentalement parlant et qui en a conscience. Sans pour autant tomber dans le côté "bouquin qui parle troubles mentaux et suit les persos sur la voie de la guérison"... Je voulais aborder ces sujets sans en faire une "priorité" quoi, ni les faire passer comme "anodines". Zé pas fazile :(

Nan mais en vrai c'est essentiellement aux chatons que les merdes arrivent, ils seraient pas sur le devant de la scène autrement :roll:
Mais ouais, Ryu. J'ai toujours plus de peine (dans le sens où ça fait bobo à moi aussi :lol: ) à écrire son PDV que celui de Jim (ça doit se sentir mdr) alors qu'en réalité ils souffrent autant l'un que l'autre, pour des raisons différentes. Mais tandis que Jim extériorise beaucoup, j'ai moins cette impression "d'étouffer" de son côté. Ryu... il intériorise tellement, et de manière si naturelle... Quand ça sort, c'est pas jojo :)
Et Dimi, ouais ♥ Il va clairement être l'étoile polaire de Ryu x)

Chap 40
Edward, mdr, en vrai je le kiffe :lol: C'est clairement ce perso facile à détester et facile à dé-détester x) C'est une pourriture manipulatrice et égoïste, mais... en réalité ses motivations font pas mal écho à celles d'Ethan, Maria, Mike, etc... C'est juste qu'il est dans un autre camp et qu'il empiète sur la vie des autres :v

ALEX. Aleeeex, grande histoire :roll: Quel boloss, et je pèse mes mots mdr
Mais merci Alex d'avoir été un imbécile avec Jim, ça m'a été utile pour le scénar :lol:
Clairement, ils sont plus d'un à s'être fait entuber par Jim là par contre :? Et ouais emo-boi, ils vont pas être contents ton entourage :c

C'était totalement voulu, je suis contente que t'aies rigolé :lol: (trop de drama, je voulais désamorcer la tension x) )
Jim a été un gros con égoïste, c'est incroyable : ))) (j'ai essayé de faire paraître ce côté "S'il se barre, c'est aussi parce qu'il supporte plus la culpabilité d'être sain et sauf alors que c'est lui qui était recherché et veut donc étouffer ces sentiments" au début du chapo 39, mais peut-être que c'est pas assez évident :geek: )
Maria et Ethan... Ben Maria, t'as eu un aperçu et Eth... ouais voilà hein :lol: Retrouver son gosse après 8 ans, espérer un truc, puis... RIP fêlures-man :?

C'est plus que ça, heureusement, même si fondamentalement, ça fait parie des objectifs... Arf, j'appréhende, mais bon x)
Comme l'une des raisons pour lesquelles Ed fait venir Jim à la Ghost est pas du tout mentionnée jusqu'ici, j'ai peur que ça fasse "cheveu sur la soupe" en fait. Surtout que c'est une raison qui concerne la Ghost, mais pas la A.A, alors c'est pas comme si vous pouviez faire le rapprochement. BREFOUILLE on verra bien !

Ben Ryu va pas réagir avec des cœurs et des grands smiles, on est d'accord :lol: Ça va être un gros mélange de sentiments contradictoires, hein, histoire de le malmener encore un peu :)

Merci beaucoup, hein, comme d'hab :cry:
Vos théories auront bientôt leurs réponses de toute manière :D

Bisous et encore merci ! ♥
Chap 39
C'est vrai, et ça manque ! Je te rassure, SUI ne passe pas pour un bouquin se focalisant sur les troubles mentaux, ni ne les fait passer pour anodins ! Ils font juste partie de la vie de tes persos ;) Mais ui, zé diffizile :v

Ouiii, bien sûr, et un chaton perso principal est là pour qu'il lui arrive des merdes pour que l'histoire avance :lol:
Ca se sent oui ;w; Mais c'est sûr, chacun sa souffrance et chacun sa manière de la traiter ! Comme tu dis, Ryu intériorise tout, c'est pour ça que quand ça sort, ça fait encore plus mal, ça prend les feels à revers.

Chap 40
En vrai, j'ai envie de le baffer, avec son p'tit sourire, mais il me fait bien rire aussi :lol: Et puis l'imaginer avec les mêmes traits qu'Ethan mais des personnalités si différentes, c'est plutôt drôle :lol: J'ai hâte de comprendre ses motivs (et, de fait, le comprendre).

MDRRR merci Alex d'avoir été émotionnellement constipé :lol:
Oui, clairement, on les compte plus ! Ils vont faire un club.

Bien joué :lol:
C'est vrai, mais c'est aussi compréhensible :v Avec son bagage émotionnel + son histoire de vie + il a 13 ans bordel, comment est-ce qu'il pourrait faire autrement. Et oui, tu l'as bien fait ressortir ! Il a une raison tout à fait valable de vouloir sauver sa mère et sa soeur. Sa façon de penser est totalement compréhensible, c'est la solution la plus simple et logique pour lui.
Yes :'D

Oui, bien sûr ! It's okay, j'ai pas envisagé toutes les situations ! Et je suis sûre que ça n'arrivera pas comme un cheveu sur la soupe! J'ai hâte de voir !!

Ca m'aurait étonnée :lol: Ohlala, je sens la cocote minute arriver, jépeur :?

Wiz plézur (jémal) ♥♥♥ Alwaïz e plézur ~
Yaaaaaaaaaas ! Vivement vendredi pro !

Merzi à toué~
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

TcmA a écrit : dim. 11 oct., 2020 6:32 pm
Chap 39
C'est vrai, et ça manque ! Je te rassure, SUI ne passe pas pour un bouquin se focalisant sur les troubles mentaux, ni ne les fait passer pour anodins ! Ils font juste partie de la vie de tes persos ;) Mais ui, zé diffizile :v

Ouiii, bien sûr, et un chaton perso principal est là pour qu'il lui arrive des merdes pour que l'histoire avance :lol:
Ca se sent oui ;w; Mais c'est sûr, chacun sa souffrance et chacun sa manière de la traiter ! Comme tu dis, Ryu intériorise tout, c'est pour ça que quand ça sort, ça fait encore plus mal, ça prend les feels à revers.

Chap 40
En vrai, j'ai envie de le baffer, avec son p'tit sourire, mais il me fait bien rire aussi :lol: Et puis l'imaginer avec les mêmes traits qu'Ethan mais des personnalités si différentes, c'est plutôt drôle :lol: J'ai hâte de comprendre ses motivs (et, de fait, le comprendre).

MDRRR merci Alex d'avoir été émotionnellement constipé :lol:
Oui, clairement, on les compte plus ! Ils vont faire un club.

Bien joué :lol:
C'est vrai, mais c'est aussi compréhensible :v Avec son bagage émotionnel + son histoire de vie + il a 13 ans bordel, comment est-ce qu'il pourrait faire autrement. Et oui, tu l'as bien fait ressortir ! Il a une raison tout à fait valable de vouloir sauver sa mère et sa soeur. Sa façon de penser est totalement compréhensible, c'est la solution la plus simple et logique pour lui.
Yes :'D

Oui, bien sûr ! It's okay, j'ai pas envisagé toutes les situations ! Et je suis sûre que ça n'arrivera pas comme un cheveu sur la soupe! J'ai hâte de voir !!

Ca m'aurait étonnée :lol: Ohlala, je sens la cocote minute arriver, jépeur :?

Wiz plézur (jémal) ♥♥♥ Alwaïz e plézur ~
Yaaaaaaaaaas ! Vivement vendredi pro !

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Oui, c'est exactement ça, ça "fait partie" de leur vie, donc difficile de passer à côté, mais c'est une couche d'identité parmi d'autres et je veux pas me focaliser là-dessus =)

Ryu nous réserve encore quelques moments de bad feelings, mais il va pas déprimer tout le tome non plus ;)

C'est tout à fait ça ! En vrai, j'espère que Sarah et toi l'apprécierez en fin de compte (ou que vous le détesterez moins :lol: )

Jim a clairement pas les moyens d'affronter la situation sereinement, hors on lui impose tellement de changements (l'école de S.U.I, renouer avec son père, rencontrer de nouvelles personnes) qui l'empêchent d'accepter d'attendre tranquillement en attendant que d'autres (plus compétents, certes) fassent le boulot :v Mais, dans tous les cas, pas ouf pour lui et pour sa famille x)

Mais non t'as pas mal, c'est biotifoule ennegliche :mrgreen:
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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit : ven. 09 oct., 2020 10:40 am Bonzour les zamis.
L'hiztoire avanze bien, voilà z'est tout pour moi. Pfff, t'es pas drôle. :D




- Chapitre 40 -



Mardi 20 octobre 2020, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Maria disputait une partie de cartes avec sa fille, toutes les deux installées sur le lit double qu’elles partageaient depuis plus d’un mois, quand la porte s’ouvrit. La femme se débarrassa aussitôt de sa main, alerte. Ce n’était pas l’heure du repas et les agents de la Ghost ne s’amusaient pas à passer les voir sans raison valable.
Lorsqu’Edward entra d’un pas tranquille dans la pièce, Maria était déjà debout au pied du lit, les traits tendus par l’appréhension. Deux agents suivaient, arme au poing, mais la femme les devança en balançant sa main serrée en direction d’Ed. Ce dernier esquiva à la dernière seconde, les phalanges de son adversaire frôlant sa mâchoire rasée de frais. Maria poussa un juron en constatant que son coup droit avait manqué puis se tint à carreaux à carreau ;) face aux pistolets qui la tenaient en joue. Elle s’était placée de façon à faire barrière de son corps devant Thalia.
— Allons Maria, soupira Edward avec un sourire penaud, comment tu salues ton beau-frère ?
— Tu n’as jamais été et ne seras jamais mon beau-frère, rétorqua-t-elle d’une voix acide, tendue par la proximité de l’homme qui avait fracassé son quotidien.
Un amusement faussement blessé plissa le visage charmant d’Edward, qui fit signe à ses agents d’abaisser leurs armes. Maria ne se décontracta pas pour autant, prête à bondir au moindre signe d’animosité. Elle avait beau avoir changé de métier depuis des années, son expérience d’ancienne agente de la A.A avait ancré des réflexes dans les fibres de ses muscles. Muscle memory, le corps se souvient de tout…
— J’ai une bonne nouvelle pour toi et ta fille, reprit leur kidnappeur en se penchant de côté pour adresser un sourire à Thalia. Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Dès la semaine prochaine. Héhéhé :twisted:
Maria s’était attendue à tout sauf à cela. Désemparée, elle cligna des yeux cernés d’angoisse et laissa tomber ses épaules de surprise.
— Comment ça ?
— Je suis sur le point d’obtenir ce que je convoitais en vous enlevant, expliqua Edward avec un rictus satisfait. Thalia et toi monterez dans un train pour Modros mercredi prochain.
La nervosité et la colère emplirent de nouveau Maria, dont les yeux se firent flamboyants. Dents serrées, elle fit un pas prudent vers Ed et siffla :
— Je ne sais pas ce que tu t’imagines, mais je vais pas tomber dans le panneau comme ça. Dis-nous plutôt ce que tu attends de nous, ce sera plus rapide.
Un soupir excédé creusa la poitrine de son interlocuteur. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette conversation. Edward avait eu beau le répéter, Maria n’était toujours pas décidée à le croire.
— Je n’attends rien de toi, Maria, susurra Ed en perdant peu à peu le masque nonchalant qu’il s’était constitué. Je n’attends rien de toi, ni de ta fille.
Désabusée par l’absence d’explications, Maria se retint de l’agripper par le col au risque d’alarmer ses deux gardes du corps et explosa :
— Dans ce cas-là, sur qui tu fais pression en nous détenant ? Tu joues sur un fil dangereux, Edward, si tu comptes impliquer Ethan là-dedans. Il est trop lié à la A.A pour que les relations avec la Ghost n’en pâtissent pas si tu lui fais du chantage. En vrai, je suis sincèrement curieuse, même si j'ai une vague supposition. Admettons qu'il veuille récupérer Jeremy pour en faire un agent de la Ghost. Derrière, il fait valoir les droits de Jeremy Sybaris pour le mettre à la tête de la A.A. et avoir du coup la mainmise dessus au travers du gamin. Je pars trop loin ?
Un sourire narquois retroussa les lèvres d’Ed. Ses yeux ambrés s’éclairèrent tandis qu’il secouait la tête avec une expression presque condescendante. Maria eut encore plus envie de lui briser le nez.
— Ethan n’est pas directement impliqué dans cette histoire, déclara l’homme en faisant fi de l’expression furieuse de son interlocutrice. Ce n’est pas sur lui que je fais pression – pas complètement du moins. Et je ne veux pas impliquer la Ghost Society et la A.A dans notre histoire. Ce serait effectivement fâcheux de froisser leurs relations diplomatiques. Et de mettre en péril les positions durement acquises par ma famille depuis des décennies.
L’incompréhension chassa petit à petit la colère du visage de Maria. Elle ne connaissait personne qui soit à la fois lié à Edward et soit prêt à faire des sacrifices pour les sauver Thalia et elle. Devant la moue interdite de la femme, Ed lui adressa un clin d’œil et un sourire suffisant. Ehehehe :lol:
— Tu comprendras en temps venu, ma belle. Tu n’auras plus à t’en faire pour Thalia. Nan, elle aura à s'en faire pour son fils, c'est du pareil au mêem choupi.
— Je ne suis pas « ta belle » gronda Maria en sentant sa poitrine la chauffer brusquement. Et je n’ai encore aucune preuve que tu nous laisseras tranquilles, ma fille et moi.
Et elle ne mentionnait même pas la personne qui avait cédé au chantage d’Edward et risquait de souffrir à leur place. Si ce n’était pas Ethan la cible, alors qui ? À part peut-être Mike, aucune connaissance de Maria ne serait prête à faire des sacrifices pour leur famille.
— Je suis un homme qui tient ses promesses, souffla Edward avec un sourire en coin.
— Pourriture, se contenta de répliquer la femme d’un ton mordant.
Ed lâcha un nouveau soupir avant de faire demi-tour. Maria haussa un sourcil décontenancé face à son air décontracté. Il enlevait une mère et sa fille, faisait pression sur leurs proches pour obtenir on ne savait quoi et conservait une attitude nonchalante pareille à une provocation.
Avant de sortir de la pièce, Edward jeta un dernier coup d’œil à Maria et sa fille.
— Rappelez-vous, mercredi prochain. Vous serez libres. Elles ont un calendrier à disposition ? Ça a un sens de leur dire "mercredi" ?
Sans un mot de plus, il leur adressa un sourire en coin et ferma la porte derrière lui.


Mercredi 28 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Alex fumait sa cigarette, Dimitri touillait son café. C’était une routine bien rythmée, onze heures quinze, l’heure du petit creux, la salle de repos qui donnait sur l’extérieur grâce à un petit balcon, l’un accoudé à la rambarde, l’autre adossé au mur.
— Je pense qu’on devrait intervenir.
Les paroles de Dimitri, les premières qu’il prononçait depuis qu’ils avaient pris leur pause, arracha Alex à la contemplation de la ville en contrebas.
— T’as dit quoi ? Niveau d'écoute de qualité… m'enfin Dimitri ne mentionne pas non plus ce dont il parle, donc bon.
Le Russe leva le nez de sa boisson chaude, sa barbe noire masquant difficilement la tension de ses mâchoires. Il cessa de touiller dans son gobelet pour s’approcher de son partenaire.
— Nos Recrues sont en froid, Alex, et on peut plus faire semblant de rien.
Un air désabusé gagna progressivement le visage d’Alexander. Il claqua la langue avec agacement, écrasa son mégot contre la rambarde de sécurité puis le jeta dans la poubelle fixée aux barreaux. Puis il s’accouda de nouveau au parapet, ses yeux noisette tournés vers les immeubles. Mode rien à foutre activé. :lol:
— Ils forment un binôme à l’École, reprit Dimitri de son habituelle voix profonde, songeuse, et ils ne peuvent pas travailler correctement s’ils refusent de se parler.
— Je croyais qu’ils s’étaient simplement embrouillés, un truc de rien du tout, marmonna Alex en fronçant les sourcils.
Son partenaire lui retourna son regard, la mine sombre.
— C’est plus grave que ça, apparemment. Je me suis bien rapproché de Ryu depuis quelques semaines, mais, là, je n’ai pas réussi à le faire parler. Je lui propose souvent de dormir à la maison pour pas qu’il soit seul dans sa chambre, mais il a du mal à s’ouvrir à moi quand on est ensemble.
Alexander se renfrogna un peu plus. Il avait su par Dimitri que leurs Recrues ne se parlaient plus, mais il n’avait pas pris le temps d’interroger Jim pour en savoir plus. Confus, il se passa une main dans les cheveux et maugréa :
— Jeremy ne dort plus à l’internat ?
— Tu ne savais même pas ça ? s’étonna son partenaire en lui faisant les gros yeux. Ethan passe le chercher tous les soirs après l’École. Et il l’emmène le matin avant d’aller au travail – on se croise de temps en temps.
Embarrassé par le ton de reproche qu’avait employé son ami en début de phrase, Alex serra les dents et détourna le regard. Il avait conscience de faire beaucoup moins d’efforts que Dimitri concernant sa Recrue et, quelque part, il s’en voulait. L’agent s’était appuyé sur leurs missions successives, leurs rapports, leurs entraînements, leurs suivis et sur sa propre vie personnelle pour se donner de bonnes excuses. Pourtant, il savait aussi parfaitement qu’il aurait pu dénicher quelques heures au milieu de tout ce planning pour rendre visite à Jim et prendre de ses nouvelles. Ouais, il sert bien le cours de l'intrigue en n'offrant aucune attache potentielle à Jeremy x)

— Et tu voudrais qu’on les réconcilie ? souffla Alex d’un air sceptique en se redressant.
Dimitri termina son café d’une traite avant de répondre.
— J’ai l’impression qu’ils continueront à s’éviter encore un moment si on ne fait rien. Je ne propose pas de les forcer à se voir, mais déjà de les amener à nous expliquer ce qui s’est passé. Pour qu’on puisse essayer de trouver un moyen de les rabibocher.
Dubitatif, Alexander observa ses ongles rongés puis enfonça les mains dans ses poches. Ce faisant, il sentit son portable vibrer contre ses doigts et les ressortit aussitôt. Le nom affiché à l’écran le prit assez au dépourvu pour qu’il laisse filer la sonnerie.
— Jeremy vient de m’appeler, déclara-t-il d’une voix blanche, encore hébété par la coïncidence.
— Ben rappelle-le ! s’exclama Dimitri en lui adressant un regard exaspéré. Normalement, ça devrait être à toi de prendre de ses nouvelles, Alex. Il a peut-être quelque chose d’urgent à te dire. Normalement, hein. Mot très important.
— OK, OK, grommela l’agent en ouvrant son journal pour lancer l’appel retour.
Dimitri lui fit signe qu’il rentrait et le laissa en tête-à-tête téléphonique avec sa Recrue. Alexander n’eut pas à attendre très longtemps avant que la voix de l’adolescent résonne dans son portable :
— Euh, allô ? Alex ?
— C’est moi. Désolé, j’ai manqué ton appel, tu voulais me dire quelque chose ?
Évidemment qu’il voulait me dire quelque chose, soupira mentalement Alexander. Ce moment où tu ne sais pas quoi dire et tu parles pour ne rien dire… :lol:
— Euh… reprit le garçon d’une voix bouffie d’hésitation. Ben… je voulais te dire… enfin, te demander…
Alex se remémora sa discussion avec Dimitri et inspira un bon coup. Peut-être qu’il tenait le début du bon fil. Peut-être que Jim avait trouvé le courage de le contacter pour lui expliquer sa dispute avec Ryusuke.
— Dis, je dois rentrer de la gare en fin d’après-midi, mais mon père est pas dispo pour me récupérer. Ça te dérangerait de venir à sa place ? soupir
Comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt, Alex resta planté sur place de stupéfaction. Il ne s’était pas réellement attendu à une telle demande.
— Euh… en fin d’après-midi, tu dis ?
— Oui, vers dix-sept heures.
Alex ferma brièvement les paupières pour se remémorer son emploi du temps de la journée puis soupira :
— J’avais une réunion, mais…
— Laisse-tomber, déclara aussitôt Jim d’un ton abattu. Je vais demander à quelqu’un d’autre.
— … mais c’est pas une réunion très importante, termina Alexander, agacé d’avoir été coupé. Je peux venir te chercher, Jeremy.
Il y eut un silence de quelques secondes. Puis l’adolescent reprit, d’une voix bien plus enthousiaste cette fois :
— C’est vrai ? Super ! Merci beaucoup, Alex, tu me sauves. (Avant que l’homme ne puisse répondre – ce n’était pas la peine de se mettre dans un état pareil – le garçon conclut : ) Désolé, je dois y aller, le bus arrive ! Ce moment où c'est censé te mettre la puce à l'oreille, mais t'as la flemme d'allumer ton cerveau et de faire les connexions nécessaires. x)
Alexander fronça les sourcils. Pourquoi sa Recrue n’était-elle pas en cours ? Il s’apprêta à le rappeler pour lui remonter les bretelles puis se ravisa à temps. Jim s’était cassé deux doigts et avait été dispensé d’EPSA pour deux semaines minimum. Comme les vacances arrivaient juste derrière, il aurait en réalité un peu plus de temps pour se reposer.
L’agent soupira en rangeant son téléphone. Jim n’avait pas mentionné son embrouille avec son ami. Alex profiterait peut-être de se retrouver seul avec l’adolescent pour aborder le sujet. Mmhm, bien sûr. Pour ça, faudrait encore que tu aies l'occasion de lui parler. :ugeek:

Alexander parcourait la petite place que desservait la gare de Modros en fronçant les sourcils. Voilà dix minutes qu’il cherchait sa Recrue des yeux sans avoir de nouvelles. Il était déjà dix-sept heures vingt et Jim ne répondait ni à ses messages ni à ses appels.
Foutu gamin de mes deux, s’exaspéra Alex en se plantant face à un plan de la ville où la gare était marquée d’une croix rouge surmontée d’un « Vous êtes ici » en grosses lettres. Ah, les fameux points de ralliement.
Il braqua le regard vers la station, où un train venait de s’arrêter et ouvrait ses portes pour recracher un flot de passagers. De plus en plus tendu, l’agent observa les badauds dans l’espoir de reconnaître sa Recrue. Quand il l’avait eue au téléphone quelques heures plus tôt, il n’avait même pas eu l’idée de l’interroger sur la raison de sa présence à la gare. Jim avait-il fait un aller-retour en train dans la journée ? Et pourquoi ? Un peu tard pour te poser ce genre de questions…
— Excusez-moi ?
Alex se tourna vivement vers la femme qui venait se planter devant lui. Il aurait aimé que ce soit Jeremy, pour qu’il puisse le sermonner et le ramener chez lui. L’agent avait dû annuler une réunion – certes, guère importante – pour rendre service à l’adolescent et il comptait bien ne pas se faire poser un lapin. Ah là c'est plus qu'un lapin que tu te fais poser, mon cher ami… c'est un cyclone qui vient de passer, actuellement.
Persuadé que la femme secondée d’une fillette Thallie ! ♥ cherchait à observer le plan de la ville, Alex se décala en grommelant des excuses.
— Excusez-moi ? insista la femme en se décalant pour capter son regard.
Cette fois, Alexander dut baisser les yeux vers elle. Proche de la quarantaine, vêtue d’un coupe-vent beige qui enserrait sa silhouette mince, elle affichait une mine aussi inquiète que déroutée.
— Vous travaillez pour la A.A ?
La phrase était bien une question, mais Alexander y décela une pointe de méfiance. Surpris, il hocha mécaniquement la tête. Comment l’inconnue avait-elle deviné ? Il se rappela vaguement qu’il portait son costume de travail – avec le symbole de la A.A imprimé sur son nœud de cravate – mais ne s’y attarda pas quand la femme baissa la tête.
— Dieu merci, soupira-t-elle d’une voix à peine audible.
Lorsqu’elle redressa le cou, ses yeux vifs frappèrent Alex. Ce n’était pas tant leur teinte verte que leur éclat ardent qui accrocha l’attention de l’agent. Il avait le sentiment d’avoir déjà croisé pareil regard. Noooon, jure…
— Vous pouvez me rendre un service ? reprit la femme d’une voix tendue, comme si elle s’attendait à essuyer un refus.
Réfléchissant à cette histoire de regard familier, Alex hocha de nouveau la tête. En fait, ce n’étaient pas simplement les yeux. C’était aussi la voix. Non, l’intonation. Les fins de mots britanniques, les influences d’une langue latine.
— Je peux vous emprunter votre portable ? s’enquit l’inconnue en tendant la main. Je dois appeler un ami qui travaille à la A.A. S’il vous plaît, c’est urgent.
La fillette restait scotchée à l’ombre de sa mère, tête baissée, comme si elle craignait d’affronter le ciel. Une nouvelle boule se logea dans la gorge d’Alex lorsqu’il tendit son téléphone à la femme.
— Je peux consulter vos contacts ? En toute logique, vous devriez avoir son numéro si vous faites répertoire commun.
— Comment vous le savez ? murmura enfin Alexander, de plus en plus perturbé. Choupinou, RALLUME TON CERVEAU !
L’inconnue continua ses recherches en l’ignorant délibérément. Loin d’être vexé, Alex jeta un nouveau coup d’œil vers la fillette. Pendant une seconde, leurs regards se croisèrent. La petite ne put s’empêcher d’esquisser un timide sourire spontané. Puis elle baissa hâtivement le cou.
Mais Alexander venait de la reconnaître. Il l’avait brièvement aperçue sur une photo de famille presque deux mois plus tôt, dans un appartement anonyme de Seludage.
— Vous…
Alexander n’eut pas le temps de terminer sa phrase, car la femme avait porté le téléphone à son oreille et entamé la discussion :
— Allô, Michael ? (Une pause de deux secondes à peine, durant laquelle Alex sut qu’il avait raison.) Non, ce n’est pas « Alexou ». :lol: C’est Maria. Mike, je suis à Modros, à la gare. Thalia est avec moi, il faut que tu viennes nous chercher.
Hébété, Alex n’écouta pas la suite. Son champ de vision se brouilla, les sons s’étouffèrent, même son équilibre devint incertain. Seule la poigne ferme de Maria Wayne lui permit de rester debout lorsqu’il manqua s’effondrer sous le coup de l’ébahissement.
— Vous allez bien ?
Toujours médusé, Alexander leva le nez vers la femme qui le dominait de quelques centimètres à présent qu’il était avachi. Si son regard ne perdait pas de son ardeur, ses lèvres étaient plissées d’angoisse et ses traits creusés d’épuisement.
— Jeremy, murmura alors Alex en se redressant, sonné. Où est Jeremy ?
Maria Wayne recula d’un pas sous le coup d’un poing invisible.
— Vous connaissez mon fils ? Aïe aïe aïe, le réveil est dur des deux côtés…
Un sentiment d’effroi inexplicable grimpait les vertèbres d’Alexander. Tout ceci faisait trop de coïncidences. Maria et Thalia Wayne perdues à la gare de Modros alors que Jim venait de s’y évaporer ? Drôle de coïncidence décidément.
Ça va pas recommencer, songea le jeune homme avec crainte en jetant des coups d’œil nerveux autour de lui. Jeremy, tu peux pas disparaître alors que ta famille est de retour.
Pourtant, il ne vit sa Recrue nulle part. Pire, il aperçut Maria Wayne s’affaisser brusquement sur le banc le plus proche, aussi blanche que le sac en plastique qu’elle tenait à la main. Sa fille s’approcha d’elle et lui saisit timidement la main.
— Maman ?
Le corps comprimé d’angoisse, Alex dévisagea la femme qui semblait se fondre dans le banc.
— Je comprends, souffla-t-elle d’une voix à peine audible. Je comprends maintenant.
Alex, lui, ne comprenait rien du tout. Il se rapprocha de la mère et de la fille pour se planter face à elles, nerveux.
— Mme Wayne, vous savez où est votre fils ?
Il fallut plusieurs secondes à Maria pour trouver le courage de lever le cou vers l’agent. Ses yeux verts suintaient de larmes écœurées et désespérées.
— Il est parti, s’étrangla-t-elle en lâchant son sac, qui s’affaissa aux pieds de Thalia dans un bruit d’étouffement L'étouffement fait un bruit ?. Il est parti, il a pris notre place.
Thalia desserra à son tour la main de sa mère et ne bougea plus, transformée en statue de pierre vivante. Perturbé, Alexander dut se pencher pour accaparer encore un peu d’attention à la femme.
— Comment ça, il a pris votre place ? Il est parti où ?
— Il a rejoint la Ghost Society, murmura la femme d’une voix abattue, incapable de réprimer les gouttes qui ruisselaient sur ses joues creusées. C’est lui qu’Edward voulait.
Image

Je ne crois pas avoir autre chose à dire. Alex, un agent "d'expérience" se fait balader par un gamin de quatorze ans. C'est d'une tristesse…
Mais sinon, ce chapitre était vachement cool :) Et ça fait du bien de lâcher le pdv de Jeremy un p'tit moment, surtout pour ce genre de passage de transition.
Hâte de voir ce qui va se passer maintenant !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : mar. 13 oct., 2020 11:56 am
louji a écrit : ven. 09 oct., 2020 10:40 am Bonzour les zamis.
L'hiztoire avanze bien, voilà z'est tout pour moi. Pfff, t'es pas drôle. :D




- Chapitre 40 -



Mardi 20 octobre 2020, Nevada, États-Unis d’Amérique.


Maria disputait une partie de cartes avec sa fille, toutes les deux installées sur le lit double qu’elles partageaient depuis plus d’un mois, quand la porte s’ouvrit. La femme se débarrassa aussitôt de sa main, alerte. Ce n’était pas l’heure du repas et les agents de la Ghost ne s’amusaient pas à passer les voir sans raison valable.
Lorsqu’Edward entra d’un pas tranquille dans la pièce, Maria était déjà debout au pied du lit, les traits tendus par l’appréhension. Deux agents suivaient, arme au poing, mais la femme les devança en balançant sa main serrée en direction d’Ed. Ce dernier esquiva à la dernière seconde, les phalanges de son adversaire frôlant sa mâchoire rasée de frais. Maria poussa un juron en constatant que son coup droit avait manqué puis se tint à carreaux à carreau ;) :arrow: Oui madame ! face aux pistolets qui la tenaient en joue. Elle s’était placée de façon à faire barrière de son corps devant Thalia.
— Allons Maria, soupira Edward avec un sourire penaud, comment tu salues ton beau-frère ?
— Tu n’as jamais été et ne seras jamais mon beau-frère, rétorqua-t-elle d’une voix acide, tendue par la proximité de l’homme qui avait fracassé son quotidien.
Un amusement faussement blessé plissa le visage charmant d’Edward, qui fit signe à ses agents d’abaisser leurs armes. Maria ne se décontracta pas pour autant, prête à bondir au moindre signe d’animosité. Elle avait beau avoir changé de métier depuis des années, son expérience d’ancienne agente de la A.A avait ancré des réflexes dans les fibres de ses muscles. Muscle memory, le corps se souvient de tout… :arrow: Yas
— J’ai une bonne nouvelle pour toi et ta fille, reprit leur kidnappeur en se penchant de côté pour adresser un sourire à Thalia. Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Dès la semaine prochaine. Héhéhé :twisted:
Maria s’était attendue à tout sauf à cela. Désemparée, elle cligna des yeux cernés d’angoisse et laissa tomber ses épaules de surprise.
— Comment ça ?
— Je suis sur le point d’obtenir ce que je convoitais en vous enlevant, expliqua Edward avec un rictus satisfait. Thalia et toi monterez dans un train pour Modros mercredi prochain.
La nervosité et la colère emplirent de nouveau Maria, dont les yeux se firent flamboyants. Dents serrées, elle fit un pas prudent vers Ed et siffla :
— Je ne sais pas ce que tu t’imagines, mais je vais pas tomber dans le panneau comme ça. Dis-nous plutôt ce que tu attends de nous, ce sera plus rapide.
Un soupir excédé creusa la poitrine de son interlocuteur. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient cette conversation. Edward avait eu beau le répéter, Maria n’était toujours pas décidée à le croire.
— Je n’attends rien de toi, Maria, susurra Ed en perdant peu à peu le masque nonchalant qu’il s’était constitué. Je n’attends rien de toi, ni de ta fille.
Désabusée par l’absence d’explications, Maria se retint de l’agripper par le col au risque d’alarmer ses deux gardes du corps et explosa :
— Dans ce cas-là, sur qui tu fais pression en nous détenant ? Tu joues sur un fil dangereux, Edward, si tu comptes impliquer Ethan là-dedans. Il est trop lié à la A.A pour que les relations avec la Ghost n’en pâtissent pas si tu lui fais du chantage. En vrai, je suis sincèrement curieuse, même si j'ai une vague supposition. Admettons qu'il veuille récupérer Jeremy pour en faire un agent de la Ghost. Derrière, il fait valoir les droits de Jeremy Sybaris pour le mettre à la tête de la A.A. et avoir du coup la mainmise dessus au travers du gamin. Je pars trop loin ? :arrow: Oh, c'est une chouette théorie ! Mais il avait aussi Thalia sous la main et elle est tout aussi Sybaris que son frère ;) (quelque part, on pointe du doigt le problème : il y a quelque chose qui différencie Thalia de Jim et qui explique d'Ed ait préféré avoir Jim sous la main)
Un sourire narquois retroussa les lèvres d’Ed. Ses yeux ambrés s’éclairèrent tandis qu’il secouait la tête avec une expression presque condescendante. Maria eut encore plus envie de lui briser le nez.
— Ethan n’est pas directement impliqué dans cette histoire, déclara l’homme en faisant fi de l’expression furieuse de son interlocutrice. Ce n’est pas sur lui que je fais pression – pas complètement du moins. Et je ne veux pas impliquer la Ghost Society et la A.A dans notre histoire. Ce serait effectivement fâcheux de froisser leurs relations diplomatiques. Et de mettre en péril les positions durement acquises par ma famille depuis des décennies.
L’incompréhension chassa petit à petit la colère du visage de Maria. Elle ne connaissait personne qui soit à la fois lié à Edward et soit prêt à faire des sacrifices pour les sauver Thalia et elle. Devant la moue interdite de la femme, Ed lui adressa un clin d’œil et un sourire suffisant. Ehehehe :lol: :arrow: Il est insupportable cet homme :roll:
— Tu comprendras en temps venu, ma belle. Tu n’auras plus à t’en faire pour Thalia. Nan, elle aura à s'en faire pour son fils, c'est du pareil au mêem choupi. :arrow: Oui :( (il a pas dit qu'elle aurait plu à s'en faire, juste qu'elle s'inquièterait plus pour sa fille. Ed fourbe coucou)
— Je ne suis pas « ta belle » gronda Maria en sentant sa poitrine la chauffer brusquement. Et je n’ai encore aucune preuve que tu nous laisseras tranquilles, ma fille et moi.
Et elle ne mentionnait même pas la personne qui avait cédé au chantage d’Edward et risquait de souffrir à leur place. Si ce n’était pas Ethan la cible, alors qui ? À part peut-être Mike, aucune connaissance de Maria ne serait prête à faire des sacrifices pour leur famille.
— Je suis un homme qui tient ses promesses, souffla Edward avec un sourire en coin.
— Pourriture, se contenta de répliquer la femme d’un ton mordant.
Ed lâcha un nouveau soupir avant de faire demi-tour. Maria haussa un sourcil décontenancé face à son air décontracté. Il enlevait une mère et sa fille, faisait pression sur leurs proches pour obtenir on ne savait quoi et conservait une attitude nonchalante pareille à une provocation.
Avant de sortir de la pièce, Edward jeta un dernier coup d’œil à Maria et sa fille.
— Rappelez-vous, mercredi prochain. Vous serez libres. Elles ont un calendrier à disposition ? Ça a un sens de leur dire "mercredi" ? :arrow: Non, pas spécialement ! Je vais mettre "semaine" ^^
Sans un mot de plus, il leur adressa un sourire en coin et ferma la porte derrière lui.


Mercredi 28 octobre 2020, Down-Town, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Alex fumait sa cigarette, Dimitri touillait son café. C’était une routine bien rythmée, onze heures quinze, l’heure du petit creux, la salle de repos qui donnait sur l’extérieur grâce à un petit balcon, l’un accoudé à la rambarde, l’autre adossé au mur.
— Je pense qu’on devrait intervenir.
Les paroles de Dimitri, les premières qu’il prononçait depuis qu’ils avaient pris leur pause, arracha Alex à la contemplation de la ville en contrebas.
— T’as dit quoi ? Niveau d'écoute de qualité… m'enfin Dimitri ne mentionne pas non plus ce dont il parle, donc bon. :arrow: Ouais, Alex. Ça résumé bien je crois :roll:
Le Russe leva le nez de sa boisson chaude, sa barbe noire masquant difficilement la tension de ses mâchoires. Il cessa de touiller dans son gobelet pour s’approcher de son partenaire.
— Nos Recrues sont en froid, Alex, et on peut plus faire semblant de rien.
Un air désabusé gagna progressivement le visage d’Alexander. Il claqua la langue avec agacement, écrasa son mégot contre la rambarde de sécurité puis le jeta dans la poubelle fixée aux barreaux. Puis il s’accouda de nouveau au parapet, ses yeux noisette tournés vers les immeubles. Mode rien à foutre activé. :lol: :arrow: Alex² :lol:
Pourtant, il savait aussi parfaitement qu’il aurait pu dénicher quelques heures au milieu de tout ce planning pour rendre visite à Jim et prendre de ses nouvelles. Ouais, il sert bien le cours de l'intrigue en n'offrant aucune attache potentielle à Jeremy x) :arrow: Oui :lol:

— C’est moi. Désolé, j’ai manqué ton appel, tu voulais me dire quelque chose ?
Évidemment qu’il voulait me dire quelque chose, soupira mentalement Alexander. Ce moment où tu ne sais pas quoi dire et tu parles pour ne rien dire… :lol: :arrow: Embarras x 100

— C’est vrai ? Super ! Merci beaucoup, Alex, tu me sauves. (Avant que l’homme ne puisse répondre – ce n’était pas la peine de se mettre dans un état pareil – le garçon conclut : ) Désolé, je dois y aller, le bus arrive ! Ce moment où c'est censé te mettre la puce à l'oreille, mais t'as la flemme d'allumer ton cerveau et de faire les connexions nécessaires. x) :arrow: Le truc délicat, c'est que les infos ont pas forcément circuler entre Ethan/Mike (qui sont au courant du chantage) et Alex/Dimitri. Alors, forcément, la garde est baissée...
Alexander fronça les sourcils. Pourquoi sa Recrue n’était-elle pas en cours ? Il s’apprêta à le rappeler pour lui remonter les bretelles puis se ravisa à temps. Jim s’était cassé deux doigts et avait été dispensé d’EPSA pour deux semaines minimum. Comme les vacances arrivaient juste derrière, il aurait en réalité un peu plus de temps pour se reposer.
L’agent soupira en rangeant son téléphone. Jim n’avait pas mentionné son embrouille avec son ami. Alex profiterait peut-être de se retrouver seul avec l’adolescent pour aborder le sujet. Mmhm, bien sûr. Pour ça, faudrait encore que tu aies l'occasion de lui parler. :ugeek: :arrow: Oups hein

Alexander parcourait la petite place que desservait la gare de Modros en fronçant les sourcils. Voilà dix minutes qu’il cherchait sa Recrue des yeux sans avoir de nouvelles. Il était déjà dix-sept heures vingt et Jim ne répondait ni à ses messages ni à ses appels.
Foutu gamin de mes deux, s’exaspéra Alex en se plantant face à un plan de la ville où la gare était marquée d’une croix rouge surmontée d’un « Vous êtes ici » en grosses lettres. Ah, les fameux points de ralliement.
Il braqua le regard vers la station, où un train venait de s’arrêter et ouvrait ses portes pour recracher un flot de passagers. De plus en plus tendu, l’agent observa les badauds dans l’espoir de reconnaître sa Recrue. Quand il l’avait eue au téléphone quelques heures plus tôt, il n’avait même pas eu l’idée de l’interroger sur la raison de sa présence à la gare. Jim avait-il fait un aller-retour en train dans la journée ? Et pourquoi ? Un peu tard pour te poser ce genre de questions… :arrow: Alex^3 je crois hein :lol:
— Excusez-moi ?
Alex se tourna vivement vers la femme qui venait se planter devant lui. Il aurait aimé que ce soit Jeremy, pour qu’il puisse le sermonner et le ramener chez lui. L’agent avait dû annuler une réunion – certes, guère importante – pour rendre service à l’adolescent et il comptait bien ne pas se faire poser un lapin. Ah là c'est plus qu'un lapin que tu te fais poser, mon cher ami… c'est un cyclone qui vient de passer, actuellement. :arrow: Ouch x)
Persuadé que la femme secondée d’une fillette Thallie ! ♥ cherchait à observer le plan de la ville, Alex se décala en grommelant des excuses.
— Excusez-moi ? insista la femme en se décalant pour capter son regard.
Cette fois, Alexander dut baisser les yeux vers elle. Proche de la quarantaine, vêtue d’un coupe-vent beige qui enserrait sa silhouette mince, elle affichait une mine aussi inquiète que déroutée.
— Vous travaillez pour la A.A ?
La phrase était bien une question, mais Alexander y décela une pointe de méfiance. Surpris, il hocha mécaniquement la tête. Comment l’inconnue avait-elle deviné ? Il se rappela vaguement qu’il portait son costume de travail – avec le symbole de la A.A imprimé sur son nœud de cravate – mais ne s’y attarda pas quand la femme baissa la tête.
— Dieu merci, soupira-t-elle d’une voix à peine audible.
Lorsqu’elle redressa le cou, ses yeux vifs frappèrent Alex. Ce n’était pas tant leur teinte verte que leur éclat ardent qui accrocha l’attention de l’agent. Il avait le sentiment d’avoir déjà croisé pareil regard. Noooon, jure… :arrow: Alex n'est absolument pas physionomiste, c'est une cata :lol: Il avait remarqué la ressemblance entre Jim et Ethan en début de tome, mais il arrive pas à faire les liens directement quoi x)
— Vous pouvez me rendre un service ? reprit la femme d’une voix tendue, comme si elle s’attendait à essuyer un refus.
Réfléchissant à cette histoire de regard familier, Alex hocha de nouveau la tête. En fait, ce n’étaient pas simplement les yeux. C’était aussi la voix. Non, l’intonation. Les fins de mots britanniques, les influences d’une langue latine.
— Je peux vous emprunter votre portable ? s’enquit l’inconnue en tendant la main. Je dois appeler un ami qui travaille à la A.A. S’il vous plaît, c’est urgent.
La fillette restait scotchée à l’ombre de sa mère, tête baissée, comme si elle craignait d’affronter le ciel. Une nouvelle boule se logea dans la gorge d’Alex lorsqu’il tendit son téléphone à la femme.
— Je peux consulter vos contacts ? En toute logique, vous devriez avoir son numéro si vous faites répertoire commun.
— Comment vous le savez ? murmura enfin Alexander, de plus en plus perturbé. Choupinou, RALLUME TON CERVEAU ! :arrow: Maman-Jim-ancienne-agente-SUI-allô-Alex-tu-reçois ? :roll:

— Vous connaissez mon fils ? Aïe aïe aïe, le réveil est dur des deux côtés… :arrow: Assez violent ouais :'c
Un sentiment d’effroi inexplicable grimpait les vertèbres d’Alexander. Tout ceci faisait trop de coïncidences. Maria et Thalia Wayne perdues à la gare de Modros alors que Jim venait de s’y évaporer ? Drôle de coïncidence décidément. :arrow: Rho bah.

— Il est parti, s’étrangla-t-elle en lâchant son sac, qui s’affaissa aux pieds de Thalia dans un bruit d’étouffement L'étouffement fait un bruit ? :arrow: Mmh, je vais mettre "étouffé" hein :lol: Il est parti, il a pris notre place.
Thalia desserra à son tour la main de sa mère et ne bougea plus, transformée en statue de pierre vivante. Perturbé, Alexander dut se pencher pour accaparer encore un peu d’attention à la femme.
— Comment ça, il a pris votre place ? Il est parti où ?
— Il a rejoint la Ghost Society, murmura la femme d’une voix abattue, incapable de réprimer les gouttes qui ruisselaient sur ses joues creusées. C’est lui qu’Edward voulait.
Je ne crois pas avoir autre chose à dire. Alex, un agent "d'expérience" se fait balader par un gamin de quatorze ans. C'est d'une tristesse…
Mais sinon, ce chapitre était vachement cool :) Et ça fait du bien de lâcher le pdv de Jeremy un p'tit moment, surtout pour ce genre de passage de transition.
Hâte de voir ce qui va se passer maintenant !
C'est triste, mais pas trop tiré par les cheveux j'espère ? x) Pour moi, ça semble cohérent, mais c'est possible que le lecteur ait un PDV différent ?
Merci ! Oui, le but c'est pas de faire l'entièreté du T1 du PDV de Jim, je péterais un câble et vous aussi je pense :roll:

Merci pour ton com !
louji

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par louji »

Alors j'ai passé la barre des 150k mots avec le dernier chapitre que j'ai écrit (le 53) et j'ai peur d'où va m'emmener cette histoire... Je vais essayer de pas dépasser les 200k, c'est mon petit objectif perso :roll:



- Chapitre 42 -



Mercredi 28 octobre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.


Son cœur effréné emplissait son crâne d’échos douloureux. Front collé à la vitre, Jim s’efforçait d’ignorer le regard pesant de la femme qui le surveillait et la voix automatique qui donnait les consignes de sécurité. Le train prenait sa lancée ; d’ici quelques secondes, la gare de Modros serait derrière eux.
— Ça sert à rien de les chercher, elles sont descendues du train il y a quinze minutes, elles doivent déjà être loin.
L’adolescent s’arracha à la contemplation des voies ferrées pour fusiller la jeune femme du regard. Elle devait avoir l’âge d’Alex, sa nonchalance en moins. Ses cheveux tressées au ras du crâne et sa bouche pincée exagéraient le sérieux qu’elle s’efforçait de laisser paraître. Elle portait une veste de jogging assortie d’un pantalon et dissimulait son arme de service dans un petit sac en toile calé contre sa hanche.
Jim ne connaissait même pas son prénom, mais il l’avait déjà vue. C’était l’inconnue métisse qui l’avait poursuivi après l’enlèvement de sa mère et de sa sœur.
— On se dirige où ? Ce train va jusque dans le Nevada.
Sa question n’arracha même pas un clignement des yeux à l’agente. Agacé, Jim retourna à la contemplation du paysage semi-urbain. Son corps tremblait d’un mélange de peur, de regret et d’excitation. Alex était-il bien tombé sur sa mère et sa sœur comme il l’avait espéré ? Avaient-ils déjà contacté Michael ou son père ? Si oui, essaieraient-ils de récupérer Jim avant qu’il rejoigne Edward ?
Nerveux, Jeremy bascula de nouveau son regard troublé vers la femme au visage de marbre. Dire qu’elle avait essayé de lui tirer dessus…
— Vous vous appelez comment ? finit-il par murmurer, plus impressionné par l’aura sévère de l’inconnue qu’il ne voulait le laisser penser.
— Tu n’as pas besoin de le savoir, rétorqua-t-elle d’une voix égale en daignant le regarder dans les yeux. Si tu veux t’adresser à moi, appelle-moi agent Colms.
Intimidé par la posture rigide et les yeux perçants de l’agente, Jim baissa légèrement le nez et marmonna :
— Vous travaillez pour mon oncle ? À la Ghost Society ?
— Oui et oui.
— On vous appelle les Fantômes ?
— Oui.
L’agent Colms n’avait l’air ni agacée ni enthousiasmée par la curiosité nerveuse de l’adolescent. Elle lui répondait, car c’était dans ses obligations de lui accorder de l’attention, mais elle se fichait bien de ce que pouvait penser le garçon. Il était sa mission et elle s’apprêtait à la terminer.
— C’est vous qui avez enlevé ma mère et ma sœur ?
Jeremy avait dû puiser dans les restes de son courage compressé d’angoisse pour oser lever la voix. Les prunelles sombres du Fantôme glissèrent lentement vers lui, comme si elle réfléchissait à sa réponse. Puis, avec un infime haussement d’épaules, elle répondit :
— Non, ce sont mes collègues qui s’en sont chargés, McRoy et Weil.
Jim était bien avancé. Malgré tout, il se sentit légèrement moins hostile à la femme assise en face de lui. Certes, elle l’avait poursuivi dans l’espoir de le capturer directement – n’hésitant pas à ouvrir le feu sur lui dans cette optique – mais elle n’avait touché ni à Maria ni à Thalia.
— Vous m’emmenez voir mon oncle ?
Un muscle se crispa dans la joue de l’agente, mais sa bouche forma tout de même une réponse :
— Oui. (Comme Jim entrouvrait de nouveau les lèvres, elle le devança : ) M. Sybaris nous a ordonnés de te traiter correctement et de répondre à tes interrogations, mais je ne peux évidemment pas tout te dire. Notamment la destination à laquelle nous nous arrêterons et les raisons pour lesquelles tu dois rejoindre ton oncle. N’essaie donc pas de poser de questions en ce sens.
Brutalement refroidi par le ton cassant du Fantôme et son expression lasse, Jim referma la bouche et ne pipa plus mot. Par-delà la fenêtre, la banlieue urbaine avait laissé place à la campagne de la Vallée Centrale. Quand reverrait-il sa ville natale ?

Jim comptait les trous dans la toile de ses chaussures lorsque le train ralentit en gare. Il redressa le nez et interrogea du regard l’agent Colms. Comme pour les trois stations précédentes où ils avaient fait escale, elle l’ignora. Après cet arrêt, c’était le Nevada. Perplexe, l’adolescent retourna à la contemplation de ses baskets. Le siège de la Ghost Society se trouvait-il là-bas ? À vrai dire, l’emmenaient-ils au moins au siège ?
— Agent Colms.
Jeremy sursauta et se cogna le coude contre la paroi du train au son de la voix formelle. Un homme au crâne rasé et aux lunettes élégantes était planté devant eux. Il avait dû monter parmi les passants qui patientaient sur le quai. L’inconnu ne se gêna pas pour dévisager intensément Jim, qui finit par se détourner d’embarras.
— M. Sybaris devrait être satisfait, déclara-t-il avec un semblant de sourire avant de s’installer à côté du garçon dans un mouvement fluide. Tout s’est bien passé ?
— Oui, répondit laconiquement sa collègue de son ton égal.
— Parfait. (Il se tourna vers Jim, qui l’avait observé tout du long à la dérobée.) Je ne me suis même pas présenté. Je suis l’agent McRoy, spécialement rattaché à la section de M. Sybaris aux côtés des agents Weil et Colms.
— Je, je, bredouilla Jim en baissant les yeux, intimidé par l’intensité des prunelles brunes du nouvel arrivé. Je m’appelle Jer…
— On sait comment tu t’appelles, on cherche à t’obtenir depuis bientôt deux mois, le coupa l’agent McRoy avec un sourire.
L’obtenir ? Une boule d’écœurement bloqua le souffle de l’adolescent. Alors il n’était qu’un objet, un but, à leurs yeux ? Ces Fantômes avaient-ils au moins une once de compassion ?
C’est l’homme qui a enlevé maman et Thalia, réalisa Jim après coup. Le froid envahit sa poitrine en même temps que l’effroi et la colère. Cet agent McRoy devait approcher la quarantaine et faire le double du poids de sa mère. Avait-il malmené une femme deux fois plus menue que lui et une fillette de neuf ans ? Pourrait-il user de la force sur Jeremy s’il avait le malheur de ne pas répondre à leurs exigences ?
— Tu as soif ?
Coupé au milieu de son cheminement morose, Jim tourna un regard craintif vers l’agent McRoy. Il ressemblait à une parodie de Hitman avec une myopie et une chemise de touriste en voyage. Mais Jeremy ne doutait pas une seconde qu’il avait la même efficacité à tuer. Comme il tardait à répondre, le Fantôme haussa ses fins sourcils bruns en lui secouant la bouteille sous le nez.
Sans un mot, Jim prit l’eau et en avala quelques gorgées. Il n’avait pas bu une seule goutte depuis son départ de chez son père des heures plus tôt et la peur constante ne l’aidait pas à garder la bouche humide. L’agent Colms l’observa avec attention lorsqu’il revissa la bouteille pour la poser sur la tablette qui les séparait.
— Bien, nous voilà partis pour un délicieux petit trajet, souffla l’agent McRoy en se laissant aller dans son siège, les paupières mi-closes.
Quant à Jim, il fut incapable de se détendre, écrasé par la menace silencieuse que représentaient les deux Fantômes. Puis, tandis que le train repartait et que le paysage défilait à toute allure, sa vue se brouilla et ses sens s’amollirent. Avant qu’il ait pu comprendre qu’il avait été drogué, sa tête s’alourdit et bascula contre la vitre.

Une main le tenait fermement par le bras pour lui indiquer le chemin. Il manqua s’étaler dans des petites marches, mais on le retint de justesse. Quand ils quittèrent le toit roulant, ils ressortirent sous un autre toit, frais et noir. Dans l’obscurité, il entrevoyait vaguement le béton sous ses pieds, percevait difficilement les éclats de voix qui explosaient en tous sens, sentait parfois l’odeur et la fraîcheur du soir tombant.
Jim voyait les trous dans la toile de ses baskets et ses lacets défaits. Lorsqu’il marcha dessus, il partit brusquement vers l’avant, à peine conscient qu’il perdait l’équilibre, mais la main ferme l’agrippa de nouveau. Une exclamation titilla ses tympans assourdis, mais il ne la comprit pas.
L’asphalte laissa place à de la terre meuble. On le fit arrêter au bruit d’un claquement puis on le poussa dans un habitacle sombre qui fit hurler son semblant de conscience. On l’enferma, on le priva de lumière et de son, de sensations et d’explications.

Jeremy était allongé, les yeux entrouverts, son corps recroquevillé tressautant au rythme des aspérités sous les pneus de la voiture. La vitre teintée qui le séparait des sièges avant étouffait aussi la conversation entre les deux Fantômes. La drogue avait faibli et l’adolescent s’éveillait peu à peu. Son angoisse en profitait pour l’étreindre de minute en minute, le faisant rapetisser sur la banquette arrière et disparaître dans un brouillard confus.
Lorsque son cerveau cessa de tanguer dans sa boîte crânienne, Jim se redressa prudemment et observa l’habitacle. On lui avait mis de l’eau et un paquet de biscuits à disposition, mais il n’osa pas les toucher après l’épisode de la bouteille piégée. Les deux fenêtres comme la plage arrière étaient masquées par des vitres teintées. Il n’y avait que le bruit distant du moteur et le travail des amortisseurs pour lui indiquer que la voiture était en marche.
Comme Jeremy avait laissé son portable chez son père, il n’avait aucun moyen de connaître l’heure. Il laissa les irrégularités de la route le bercer et égrener les secondes, son esprit envahi de regrets apeurés, de questions sans réponse et d’espoir écrasé. Sa mère et sa sœur étaient en sécurité, c’était le plus important. Elles étaient en sécurité. En sécurité.
En sécurité.

Mercredi 28 octobre 2020, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.

Ils s’étaient réfugiés dans le café le plus proche pour éviter l’orage naissant. Maria discutait à voix basse avec Michael, aussi désemparés l’un que l’autre par la tournure des événements. Quant à Alex, incapable de savoir quoi faire des larmes de la femme et du désarroi de l’homme, il observait la fillette. Thalia n’avait pas pipé mot depuis sa descente du train si ce n’était pour remercier Mike lorsqu’il avait glissé un chocolat chaud sous son nez. Elle n’y avait pas touché.
Ses prunelles vertes étaient cachées par sa frange de cheveux bruns. Alexander ne voyait de son visage qu’un bout de nez rougi par des larmes silencieuses et un menton tremblotant de peur refreinée. Dans la tristesse et l’anxiété, elle ressemblait à son frère.
— Alex ? lança Mike en se tournant vers lui. Tu peux nous redire ce que Jeremy t’avait demandé par rapport à la gare ?
Avec un soupir, l’agent s’exécuta. Il comprenait à présent que sa Recrue l’avait piégé, qu’il n’avait jamais eu l’intention de repartir avec Alexander, qu’il ne l’avait appelé que pour retrouver Maria et sa fille sur place. En toute sincérité, Alex ne l’aurait jamais cru capable d’un tel plan.
— Ce que je comprends pas, marmonna Michael qui avait de nouveau vieilli de quelques années, c’est comment il a pu entrer en contact avec Edward pour organiser l’échange. Ethan m’avait prévenu qu’il avait craqué et informé Jeremy de la situation, mais ça n’explique pas comment il a obtenu le numéro de son oncle.
Les yeux dans le vague, la bouche morne, Maria ne répondit rien. Elle avait l’impression d’avoir été vidée, chassée de son propre corps, bousculée au plus profond de son âme. Puis un prénom lui fit lever le nez et cligner des yeux.
— Ethan ?
Une grimace furtive plissa les traits graves de Michael.
— Jem dormait chez lui depuis quelques temps. Il a dû prendre son portable pendant qu’il avait le nez ailleurs et récupérer le numéro d’Edward.
Ébahie, son amie ne répondit pas tout de suite. Elle était déjà livide depuis qu’elle avait appris que son fils avait servi de monnaie d’échange, mais elle parvint à blêmir encore plus.
— Ethan a pas été foutu de retenir Jeremy ? susurra-t-elle brusquement en se penchant par-dessus la table. C’est lui qui le gardait et il l’a laissé filer ?
La colère avait jeté du rouge sur les joues creusées de Maria et des étincelles brûlantes dans ses yeux gonflés. Mike comprit avec amertume qu’il ne pourrait pas complètement la convaincre de l’innocence d’Ethan.
— Maria, il était au travail ce matin avec moi. Si tu l’accuses d’avoir laissé filer Jeremy, alors il faut m’accuser aussi. Jem a été assez malin pour nous duper tous.
— Tu m’as dit que Jeremy avait fini à l’École ! s’exclama Maria avec véhémence. Pourquoi il n’y était pas ce matin ? Ethan a bien dû l’emmener ? Il n’a pas vérifié qu’il se rendait en cours ?
— Le matin, ils ont cours d’EPSA et Jem était suspendu à cause de ses doigts cassés, expliqua Mke avec une moue défaite. Il devait être chez son père ce matin et il a profité de son absence pour appeler Alex et procéder à l’échange.
Un mélange de colère aveugle, de désarroi écœuré et de culpabilité sauvage ravageait les traits de Maria. Mike savait qu’elle s’en voulait autant qu’elle en voulait à Ethan et à lui. Par besoin d’extérioriser, elle jetait son dévolu sur son plus proche interlocuteur. Ce n’était pas agréable, mais Michael ne lui reprochait pas. Comment aurait-il pu, alors qu’elle avait passé deux mois enfermée dans un deux-pièces à se ronger les sangs pour ses enfants ?
— Ethan et moi étions en train de monter une opération pour vous sauver sans sacrifier Jem, expliqua Michael d’une voix sombre après quelques secondes de silence.
Encore bouillonnante de colère et d’angoisse, Maria se contenta de le dévisager avec intensité.
— On avançait peu, car on n’était même pas sûrs de l’emplacement où Edward vous retenait prisonnières. Sans compter qu’on ne pouvait même pas faire appel à la A.A pour nous épauler. (Maria se mordillait la lèvre en pianotant sur la table, attentive aux dires de son ami, mais incapable d’ouvrir la bouche sans se mettre à gronder d’impuissance.) Peut-être que Jeremy a été le plus lucide et le plus courageux d’entre nous tous, en fin de compte. Il a été capable de contacter son oncle pour accepter son marché. Il a préféré remettre sa vie entre les mains d’un inconnu que de vous abandonner. Ethan et moi avons été aveuglés par notre lâcheté. On s’est crus à la hauteur de tout ça. Mais on a rien fait du tout. On a pas levé le petit doigt. C’est lui qui vous a sauvées. C’est mon p’tit gars.
Mike avait conclu sans pouvoir retenir une larme solitaire, la mâchoire contractée sous sa barbe taillée. Ce fut comme un signe d’approbation pour Maria : elle relâcha les épaules, écrasa les bras sur la table pour enfouir sa tête dedans et poussa un brève plainte gutturale. Elle avait l’air d’un animal blessé. Thalia se recroquevilla à ses côtés, ses yeux agrandis de crainte dans l’ovale de son visage pâle. Pétrifié par les sanglots hachés de la femme, Alex resta avachi sur place à dévisager ses interlocuteurs.
Ce n’étaient pas seulement Ethan et Michael qui avaient échoué. Ils avaient tous échoué.



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Dernière modification par louji le lun. 26 juil., 2021 10:10 pm, modifié 2 fois.
DanielPagés

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Re: S.U.I - Tome 1 : Ghost & Butterfly [Action / Young Adult]

Message par DanielPagés »

Ne pense jamais que je t'oublie !! :lol:
Totalement bousculé, j'avais commencé à lire, mais j'ai dû arrêter un moment. Et je vais reprendre. J'ai rajouté les 3 chapitres qui sont tombés du ciel... :lol:
En fait, c'est super agréable de le lire comme un vrai bouquin avec plein de chapitres à la suite !!!
A très bientôt...
Bizzzouxxx
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