Comme un poisson dans l’eau
Enola avait pris le train pour arriver suffisamment tôt sur Boulogne, la nuit avait été très courte et elle était à la fois impatiente et anxieuse de retrouver Léo. Elle avait tant d’excuses à lui faire qu’elle se demandait s’il n’allait la rejeter. Elle chassa cette idée et pénétra dans le centre à l’aide de son badge. Le bâtiment était vide à cette heure-ci et à part quelques soigneurs, Enola ne croisa personne. Elle avait prit un plan sur le guichet de Mickael et avait cherché où se trouvait la Grande Faille. Quand elle arriva sur place, elle resta figée par la beauté du spectacle. Une immense baie de sept mètres de hauteur donnait sur les profondeurs d’un bassin où évoluaient de grandes raies et de majestueux requins. Elle n’entendit pas Léo arriver derrière tant elle était fascinée par la magie du lieu. Le jeune homme lui prit doucement la main, elle sursauta. Ils échangèrent un regard emprunt de non-dits.
- Tu es là. Souffla doucement Enola.
Il lui sourit et lui fit signe de le suivre.
Ils pénétrèrent dans une salle réservée aux soigneurs. La pièce sentait l’eau de mer, elle était composée de toute sorte de matériel destiné à l’entretien des aquariums et au nourrissage des animaux. Des combinaisons de plongée étaient suspendues au milieu la salle. Léo en attrapa une et la tendit à Enola, un sourire taquin sur les lèvres.
- Enfile ça, tu vas en avoir besoin là où on va. As-tu déjà plongé ? Demanda t-il avec une expression enfantine.
- Oui j’ai déjà plongé, mais il n’est pas question que je plonge ici. Je suis certaine que c’est interdit ! S’exclama la jeune fille qui commençait à comprendre où Léo voulait en venir.
- Marco que tu vois là-bas est le responsable des équipes de soin, il est d’accord pour que tu m’accompagnes aujourd’hui. Ne t’inquiète pas il est là pour nous superviser et nous aider en cas de problèmes. Je te promet que les requins du bassin sont inoffensifs, même pour les petites grenouilles. La rassura t-il avec un clin d’oeil complice.
Enola aperçut un des gars du bar un peu plus loin dans la salle, il lui fit un bref signe de main.
- Je ne sais pas Léo… hésitait Enola, légèrement anxieuse.
- Tu as encore la trouille ?
Elle vit qu’il lui souriait sincèrement et soupira. Elle saisit la combinaison qu’il lui tendait et alla l’enfiler dans la pièce d’à côté. Marco lui donna les consignes de base : Ne pas gêner les déplacements des requins et des raies, ne pas essayer de toucher les animaux, donner de petits coups de palmes afin de ne pas heurter le corail et la végétation de l’aquarium.
Son appréhension augmenta quand elle se retrouva assise au bord du bassin. Léo, déjà dans l’eau, lui prit la main et l’attira tout doucement près de lui. Elle fut happée par l’atmosphère feutrée et bleutée de l’aquarium. Ils plongèrent. Léo lui demanda si tout allait bien en signe de plongée, elle lui répondit par l’affirmative en formant un petit O avec son pouce et son index. Il lui fit signe de le suivre et Enola s'exécuta. Jamais elle n’avait vécu quelque chose d’aussi intense, les animaux marins passaient près d’eux tout en gardant leurs distances. Elle se sentait minuscule face à la majesté de ces créatures. Elle sentit Léo lui toucher le bras pour l’emmener vers le fond du bassin. Il vérifia quelques installations pour voir si tout était opérationnel pendant qu’Enola regardait la danse hypnotique des poissons autour d’elle. C’était un sentiment puissant, elle avait l’impression de faire partie d’un monde qui jusque là lui était étranger. Quand Léo eut terminé son tour de contrôle, il lui fit signe de remonter doucement en surface. Marco les aida à sortir de l’eau et écouta le compte rendu du jeune homme. Quand il s’éloigna, Léo se tourna vers la jeune fille tout sourire :
- Alors ? Qu’en as tu pensé ? Demanda t-il avec une voix vibrante.
Enola ne sut quoi répondre tant elle était émue par ce qu’elle venait de vivre, elle s’approcha du jeune homme et se blottit contre lui. Il glissa doucement ses mains dans le bas de son dos et enfouit son visage dans les cheveux mouillés de la jeune fille. Elle murmura :
- Je n’ai jamais rien vécu d’aussi magique. C’était magnifique, merci.
Il s’écarta d’elle sans la lâcher et déposa un doux et unique baiser sur ses lèvres. Une promesse dans la tempête.
- Je pourrais dire la même chose de toi, souffla t-il doucement contre ses lèvres.
Il la lâcha et quitta la pièce en souriant. Enola se retrouva seule, tourmentée par ce qu’elle venait de vivre et ses émotions. Elle effleura ses lèvres du bout du doigt, elle y sentait encore l’empreinte du baiser de Léo. Pourquoi s’était-il échappé ? L'esprit ailleurs, la jeune fille regarda sa montre: huit heure trente, si elle ne voulait pas être en retard pour son deuxième jour de travail, elle avait plutôt intérêt de se dépêcher. Elle se changea et sécha ses cheveux et s’empressa de retourner à la boutique.
Jeanne était déjà derrière le comptoir, toujours le nez dans son grand livre de comptes. Enola lui adressa une rapide salutation avant de rejoindre Candice occupée à remplir le rayonnage de jouets. Cette dernière portait des lunettes de soleil si grandes qu’Enola était persuadée qu’elles cachaient une vilaine gueule de bois. Elle se moqua gentiment d’elle.
- La soirée a été longue après que je sois partie ? Demanda t-elle à son amie avec une moue moqueuse.
- Ne m’en parle pas, Christopher le baratineur a fait que me payer des verres ! J’étais ronde comme une queue de pelle quand je suis rentrée ! Ma mère s’est foutue de moi quand elle m’a vu ce matin !
Elle se pencha pour faire la bise à Enola et recula brusquement.
- Euh pardon Chérie mais tu sens le bigorneaux, et pourquoi as-tu les cheveux humides ? Demanda t-elle d’un air suspicieux.
- Oh…euh... disons que j’ai suivi le conseil de Mickael. Je me familiarise avec mes nouveaux collègues de travail. Déclara la jeune fille en menaçant Candice avec une marionnette en forme de tête de requin qu’elle était en train de mettre en rayon.
Elles éclatèrent de rire et continuèrent de bavarder joyeusement.
Laisser le temps au temps
La journée passa rapidement et Enola n’eut pas l’occasion de revoir Léo. Elle finissait de bonne heure cet après midi là et avait rendez-vous avec Louise qui rentrait seulement sur la Côte.
Après avoir passé quelques jours chez sa sœur avec Tiboy, la jolie blonde l’avait accompagné chez lui en Belgique. Il avait repris le travail et Louise avait dut rentrer pour préparer son inscription en école de stylisme pour la rentrée.
Enola lui envoya un sms pour la prévenir qu’elle arriverait à Hardelot dans l'heure. Elles avaient rendez-vous sur leur banc préféré, situé face à la mer sur la digue à deux pas d’une vieille ancre de bateau rouillée. Quand elles étaient petites, elles s’imaginaient être deux sirènes habitant près d’une vieille épaves sous l’eau. En grandissant, elles avaient trouvé un attrait tout autre à ce banc qui, situé entre le skate park, la plage et le poste de surveillance des baignades, était un lieu de prédilection pour l’observation des garçons.
Enola était assise dans le train reliant Boulogne à Hardelot. Elle regardait le paysage défiler par la fenêtre en repensant au baiser de Léo. L’avait-il pardonné ? Que voulait dire ce baiser ? Elle rougit quand elle songea à la manière qu’il avait eu de la regarder en lui disant qu’elle était magnifique. Personne ne l’avait jamais regardé ainsi.
Le contrôleur interrompit sa rêverie et elle sursauta en s’empourprant. Elle s’empressa de chercher son billet dans la poche de sa veste et le tendit à l’agent du train. Il lui sourit poliment mais avait l’air passablement agacé et pressé. Elle rougit de honte quand elle constata qu’elle ne tendait pas son billet mais une enveloppe toute chiffonnée. Embarrassée, elle posa l’enveloppe sur le siège et tendit son vrai billet. De-nouveau seule, elle jeta un coup d’oeil curieux à l’enveloppe posée sur le siège. Elle réalisa qu’elle n’avait pas porté sa veste depuis qu’elle l’avait oublié chez son père et qu’il l’avait renvoyé par colis quelques jours plus tôt. Intriguée, elle l’ouvrit.
C’était une lettre manuscrite, écrite avec une écriture fine et féminine.
Chère cousine,
J’espère que tu liras cette lettre, je ne savais pas trop comment te la faire parvenir et je ne me voyais pas la confier à ton père après ce qu’il s’est passé.
Je suis bien consciente que je n’ai aucun droit de te demander pardon pour ce que je t’ai fais. Mais je tenais sincèrement à m’excuser.
Il n’y a aucun mot que je pourrais écrire pour t’expliquer à quel point je m’en veux. Je ne savais pas ce que je faisais, j’étais guidée par une haine dont je ne connaissais même pas l’origine. Te voir entourée de tous ces gens merveilleux et si aimée de tous m’a confronté à ma propre solitude. Je voulais ce que tu avais et j’ai complètement déraillé.
Léo m’a appelé le lendemain de mon départ, il n’a pas élevé la voix, rien. Je crois que c’était encore pire que s’il m’avait hurlé dessus. Il m’a demandé d’effacer la vidéo puis a exigé à avoir le contact d’Aurélien. Je ne sais pas ce qu’il lui a dit mais je peux t’assurer que plus personne n’aura accès à ce film.
Quand je suis revenue à l’appartement, je n’ai pas reconnu ton père. Lui qui avait toujours été doux et conciliant avec moi... Il était furieux. Il a imposé que j’aille consulter un psychologue si je voulais que Maman continue de subvenir financièrement à mes besoins. Je l’ai insulté de tous les noms Enola, si tu savais comme j’ai été odieuse… Je lui ai dit qu’il n’avait aucun droit d’ordonner quoi que ce soit sous le toit de ma mère et que tout ça ne le regardait pas. Il m’a tellement engueulé que j’en ai pleuré. Ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps et ça m’a fait du bien. Il m’a fait penser à Papa et je crois que j’avais besoin qu’une figure paternelle me remette à ma place.
Depuis ce jour, je vois une psychologue trois fois par semaine et j’essaie de remettre en ordre mes émotions et ma vie. C’est elle qui m’a conseillé de t’écrire, elle m’a dit qu’il fallait d’abord que je te demande pardon avant de pouvoir me pardonner à moi même. Cela ne fait pas très longtemps que je la vois, mais elle m’aide déjà beaucoup à voir la vie autrement et à me débarrasser des gens toxiques.
Je sais que tu ne me dois rien et que tu as toutes les raisons de la terre de me détester, mais si il avait une chance pour que tu me pardonnes, je souhaiterai vraiment devenir la cousine que tu mérites. J’imagine que tu penses que je me joue de toi, pourquoi te le reprocherai-je ?
J’ai tout gâché avec toi et j’ai aussi tout gâché avec la seule personne qui m’a vu autrement que comme une jolie fille aguicheuse. J’étais tellement focalisée par l’idée d’avoir ce que tu avais que je suis passée à côté de l’homme de mes rêves... Si un jour tu reparles à Arthur et si tu es d’accord, pourrais-tu lui dire que je suis désolée et qu’il ne méritait pas ça ?
Je te souhaite tout le bonheur du monde Enola, je ne mérite pas ton pardon mais j’espère sincèrement qu’un jour tu me l’accorderas quand même et que je pourrais faire partie de ta vie.
Avec toute mon affection,
Lucie
Abasourdie, Enola relue la lettre à trois reprises. Quand elle avait décidé de donner les coordonnées de sa cousine à Frosti la veille, elle n’avait pas imaginé que celle-ci lui avait écrit une lettre d’excuses. Malgré sa rancœur et sa méfiance, la lettre l’avait touché. Elle savait qu’elle aurait beaucoup de mal à faire pleinement confiance à Lucie mais elle repensa à ce que Frosti lui avait dit après avoir pardonné son propre mensonge: “On est une famille et une famille pardonne tout”. Enola n’était pas tout à fait prête à oublier mais elle savait pardonner. Elle était convaincu que même si le pardon ne modifiait pas le passé, il changeait assurément l'avenir. Les rôles s'étaient inversés, aujourd'hui sa cousine avait besoin d’elle pour avancer. Elle composa un message à l’intention de Lucie :
J’ai eu ta lettre. Comme me la conseillé une amie qui m’est chère, il faut laisser le temps au temps. Prends soin de toi.
Enola
Elle replia la lettre et la rangea dans son sac avec précaution. Toute cette histoire n’avait aucun sens, elle avait été envieuse du charisme et du charme de Lucie alors que celle-ci jalousait secrètement son bonheur. Elle reprit sa contemplation du paysage en songeant à tout ce qu'elle avait vécu ces dernières semaines.
Perdus dans les dunes
Elle retrouva Louise sur la digue. Quand elle la vit assise sur le banc, droite comme un i, ses cheveux blond flottant au gré du vent, habillée d’une petite robe à fleur jaune, Enola songea que son ami avait mûrit. Elle semblait plus calme et posée. Elle s’approcha d’elle sans un mot et s’assit à ses côtés. Louise lui attrapa la main et elles regardèrent l’horizon ensemble.
Le vent charriait des parfums d’iode et d’algue dans l’air, le sable doux et clair voletait à leur pied. En contrebas, des enfants jouaient à faire des châteaux de sable sur la plage. Enola se sentait en harmonie avec tout ce qui l’entourait. La jeune fille sentit la main de son amie serrer la sienne, elle la regarda et Louise murmura :
- Merci pour tout ça.
- De quoi parles-tu ? Demanda doucement Enola.
Louise eu un petit sourire, elle poursuivit en gardant le regard fixé sur l’horizon :
- Tes bêtises, toi. Merci de m'emmener avec toi dans ton monde imaginaire. J’y vis des choses merveilleuses.
- Je ne comprends pas. Hésita Enola un peu déroutée.
La petite blonde tourna la tête vers son amie, un sourire sincère sur les lèvres.
- Ici par exemple, cet endroit peuplé de sirènes et de poissons qui parlent. C’est toi qui l’avait imaginé pour nous. Toutes ces choses qui sortent de tes romans dont tu me parles comme si tu les vivais. Ce monde imaginaire et virtuel dans lequel tu passes des heures. Tu m’as emmené avec toi à chacune de tes aventures Nono, tu ne te rends pas compte du pouvoir que tu as sur les gens. Sans toi je n’aurais jamais rencontré Eric, ces dernières semaines ont été les plus belles de ma vie et c’est grâce à toi.
Enola la regarda pendant un long moment. Son amie semblait heureuse et cela lui réchauffa le cœur.
- Quand est-ce que tu le revois? S'enquit-elle doucement.
Louise ferma les yeux pour profiter de la caresse du soleil sur son visage. Enola ne l’avait jamais vu aussi sereine et détendue. Quand elle rouvrit les yeux, la jeune fille vit un voile de tristesse dans le regard de son amie.
- Je vais partir Nono. J’ai été accepté à l’Atelier Lannaux près de Bruxelles, c’est une école de haute-couture et de stylisme.
Elle lança un regard inquiet vers son amie, appréhendant sa réaction.
- Tu dois te dire que je suis folle de tout quitter pour lui, je sais qu’on ne se connait que depuis moins d’un mois mais j’ai l’impression qu’il a toujours fait partie de ma vie. Il est tellement parfait avec moi, il m’écoute comme personne ne m’a jamais écouté. Je n’ai jamais l’impression d’être idiote quand je suis avec lui, je n’ai rien à prouver. J’aime ce que je suis quand je suis près de lui. Tu vois ce que je veux dire ?
Enola la regardait intensément. Son amie avait toujours été spontanée et impulsive mais pour la première fois, la jeune fille avait la sensation que Louise était vraiment décidée à aller de l’avant avec Tiboy. Elle ne pu s'empêcher de l’attirer vers elle et de l’enlacer. Elle chuchota en riant :
- Bien sûr que tu es folle, mais c’est pour ça qu’on s’entend si bien toi et moi. Tu vas faire un malheur dans cette école et si Tiboy ne te traite pas comme la princesse que tu es, il aura affaire à moi et à toute ma guilde.
Louise fit un sourire timide et lança un regard inquiet vers son amie.
- Et toi ? Qu’est ce que tu vas devenir ?
- Moi ? Déclara Enola en haussant les épaules. Je vais certainement me planter, recommencer, faire des bêtises. Mais tu sais quoi ? Ça m’est égal en fait. Le principal c’est d’être heureux non ?
- Tu es heureuse ? S’enquit la jolie blonde avec tendresse.
Enola repensa aux événements de la journée, la plongée dans l’aquarium, le baiser volé de Léo, son merveilleux sourire à fossettes, ses nouveaux amis, la lettre de Lucie.
- J’essaie en tout cas, je te promet que j’essaie. Répondit-elle finalement avec un sourire sincère.
Louise lança un regard derrière elle et serra le bras de son amie.
- En parlant de bonheur…
Enola la regarda sans comprendre, Louise fit un petit signe de tête en direction du parking et la jeune fille suivit son regard. Elle vit Léo appuyé sur sa vieille voiture vert pomme, regardant dans leur direction. Quand il croisa le regard d’Enola, un sourire éclatant illumina son visage.
- Mais comment …
- Je lui ai dit où te trouver, je crois qu’il avait des choses à te dire. Profite bien du feu d’artifice ma Nono.
Louise lui déposa un petit baiser sur la joue et se leva, elle fit un petit signe de main à Léo et repartit en direction du centre ville.
Enola sentit une petite boule de nervosité monter en elle quand elle se leva à son tour. Elle rejoignit Léo près de sa voiture. Il portait une chemise en jean aux manches retroussées sur un t-shirt blanc simple et un jean noir. Ses avants bras étaient parcourues par quelques veines saillantes qui faisaient craquer la jeune fille. Elle s’approcha timidement de lui et lui demanda d’une petite voix :
- Que fais-tu ici ?
- Je voulais voir le feu d’artifice, c’est le quatorze juillet. Tu ne ne connaîtrais un endroit tranquille d’où l’on pourrait le regarder par hasard ?
- Le feu d’artifice n’est que dans trois heures. Répondit-elle troublée par le jeune homme.
- Il vaudrait mieux qu’on soit bien installé alors. Lança Léo avec un adorable sourire complice.
Enola hésita un instant, elle le détailla. Il était tellement beau. Ses cheveux bruns en bataille, ses yeux noisettes et pétillants qui la transperçaient à chaque regard. Elle inspira profondément et l’air de la mer la calma. Elle lui prit lentement la main et lui fit signe de la suivre.
Elle l’emmena un peu plus loin, là où la digue s’arrêtait. Le petit cour d’eau de la Becque séparait la ville des dunes sauvages. C’était l’endroit préféré d’Enola. Elle dénicha un petit coin isolé face à la mer et s’arrêta, nerveuse.
- Ce sont les Dunes d’Ecault, c’est une réserve naturelle. Dit-elle en agitant ses bras maladroitement.
- C’est parfait. Déclara Léo en la fixant.
- On a qu’à aller un peu plus haut, on verra surement mieux le feu. Murmura Enola en commençant à avancer.
Elle trébucha sur une racine et perdit l’équilibre, Léo tenta de la rattraper mais ils s’effondrèrent tous les deux lourdement dans le sable. Enola essaya de se relever en pestant contre sa maladresse légendaire mais le jeune homme la retint en riant :
- Qu’est ce que je vais faire de toi Agatha...
Elle ignorait pourquoi, mais Enola aimait qu’il l’appelle ainsi. C’était comme quelque chose d’intime qu’eux seuls partageaient. Ils échangèrent un regard complice et il l’embrassa. Le baiser était timide et doux au début, leurs lèvres se cherchaient, se caressaient délicatement. Le parfum boisé de Léo enivrait la jeune fille qui sentait son cœur s’affoler et une chaleur monter doucement en elle. Léo la fit basculer pour se positionner au dessus d’elle, son baiser se fit plus insistant. Enola sentit les lèvres et la langue du jeune homme sur l’arrête de sa mâchoire et la pulpe de son cou. Elle poussait des petits gémissements incontrôlables qui le rendait fou. Léo enleva sa chemise. Les mains de la jeune fille glissèrent sous son t-shirt et caressèrent son ventre. Elle sentait chaque nerf, chaque muscle contracté sous ses mains. Léo l’embrassait tendrement dans le cou, quand il fut proche de son oreille il chuchota d’une voix rauque :
- Tu es prête à m’écouter maintenant ?
Pour toute réponse, Enola échappa un petit soupir de plaisir. Il sourit contre son épiderme et murmura :
- Tu n’es pas faite pour moi car tu es beaucoup trop bien pour moi.
Il lui déposa un doux baiser sur le front, elle l'observa attentivement de ses grands yeux bleus. Léo poursuivit :
- Tu es intelligente, créative et obstinée.
Il fit glisser ses lèvres sur la joue de la jeune fille.
- Tu es belle, ta peau est sucrée, douce et délicate...
Puis sur sa bouche.
- Tes lèvres sont faites pour être embrassées, j’aime ta voix et ta façon de m’envoyer bouler quand je t’agace...
Il continua de déposer de doux baisers dans le cou et sur la clavicule de la jeune fille.
- J’adore ton odeur et la façon dont ton corps réagit quand je le touche… j’aime sentir ton cœur battre plus fort quand je suis près de toi...
Il remonta doucement le débardeur de la jeune fille au dessous de sa poitrine, dévoilant son nombril et son ventre potelé. Elle se contracta et eu le réflexe de vouloir se cacher. Il lui attrapa la main et déposa un baiser dessus en lui souriant tendrement. Elle se détendit et Léo posa ses lèvres près de son nombril.
- Tes rondeurs me rendent fou et j’aime chaque centimètre de ton corps.
Il continua son exploration par de tendres baisers déposés sur ses côtes. La jeune fille le regardait faire sans bouger, comme hypnotisée.
Il remonta vers son visage et leurs lèvres s’unirent à nouveau, leurs langues se mélangèrent avec passion comme alimentées par toutes les frustrations qu'ils avaient enduré ces dernières semaines. La jeune fille se perdit dans l'étreinte du garçon de ses rêves. Elle bascula dans un néant d’oubli d’une volupté incroyable, et lâcha inconsciemment trois petits mots qui transpercèrent le cœur du jeune homme.
- Je t’aime tellement.
Quelques minutes plus tard (ou plusieurs heures, ils n’avaient plus la notion du temps) la jeune fille reprenait doucement ses esprits. Léo s’était allongé près d’elle, il déposa un doux baiser sur son épaule. Elle plongea son regard azuré dans le sien et son visage s'éclaira d'un sourire si délicieux qu’elle ne pu s'empêcher de l’embrasser encore et encore.
- Tu as du sable dans les cheveux Petite Grenouille, chuchota t-il au creux de son oreille en lui caressant une mèche de cheveux.
Elle rit; Son état lui importait peu comparé au plaisir d’être enfin dans les bras de Léo.
Ils restèrent allongés dans le sable à discuter pendant des heures. Ils avaient le sentiment d’être seuls au monde face à l’immensité de la mer.
La nuit était tombée doucement sur la côte. La fraîcheur de la nuit avait remplacé la douce chaleur du coucher de soleil. Enola était assise entre les jambes de Léo, la tête appuyée sur son torse. Il l’avait entouré de ses bras fermes et chauds pour la réchauffer. Le feu d’artifice éclata au dessus d’eux, éclairant leur visage d’une multitude de couleurs. Léo déposa un petit baiser dans les cheveux flamboyant de la jeune fille et murmura à son oreille :
- Je t’aime aussi.
Enola sourit. Un sourire si spontané, discret, irrépressible. Un sourire que seul le bonheur sait dessiner sur les lèvres.
FIN
Chapitre 1 et 2Chapitre 3 et 4
Chapitre 5 et 6
Chapitre 7 et 8
Chapitre 8 (suite)
Chapitre 9 et 10
Chapitre 11
Chapitre 11(suite) et 12
Chapitre 13, 14 et 15
Chapitre 16 (fin)
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