Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Terminé)

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par CordeLivre »

Hellow ! Alors j'ai pas encore commencé la lecture mais connaissant ton style d'écriture je t'assure que je vais le faire ^^ Alors n'hésite pas à me prévenir quand tu publieras un nouveau chapitre et je me ferai une joie de te donner mon avis ;) Bonne journée :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par Chlawee »

CordeLivre a écrit : ven. 02 avr., 2021 9:07 am Hellow ! Alors j'ai pas encore commencé la lecture mais connaissant ton style d'écriture je t'assure que je vais le faire ^^ Alors n'hésite pas à me prévenir quand tu publieras un nouveau chapitre et je me ferai une joie de te donner mon avis ;) Bonne journée :D
Hello ! Merci beaucoup d'être venue ! :D
Je te préviendrai avec plaisir !
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 3)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Voici le chapitre 3 ! J'espère qu'il vous plaira !

Chapitre 3

Son visage ne montra rien dans un premier temps. Puis, comme s’il venait tout juste de comprendre ce que je venais de dire, il recula d’un pas, le choc se lisant sur sa figure. Alors, il n’avait pas pensé à m’éliminer ? Je dus adopter la même expression en retour.

— Je ne vais pas te tuer, déclara-t-il d’un ton sec, un instant après.

Je restai bouche-bée une seconde puis me giflai mentalement. Je repenserais à tout cela lorsqu’il serait hors de danger. Je refusais de me dire que j’allais rester ici ou que j’allais devoir survivre à l’extérieur sans aucune aide et sans endroit où aller. Et comment ce métamorphe pourrait m’aider ? De ce que je savais sur eux, ils vivaient en groupes et une humaine ne serait jamais acceptée.

— Nous n’avons pas beaucoup de temps, repris-je.

Les deux premières clés ne rentrèrent pas dans la serrure de la cellule, mais la troisième fut la bonne. J’ouvris la lourde porte et je grimaçai en l’entendant grincer. L’homme m’aida à la pousser et fut enfin libre. Je pris un peu de distance. Notre proximité me laissait ressentir toute l’étendue de sa puissance et même s’il n’avait pas l’air hostile, il me faisait peur. Il me fixa pendant un instant, me déclenchant un frisson. Du coin de l’œil, je le vis lever une main dans ma direction et je me figeai. Il allait également faire un pas vers moi, mais se retint au dernier moment. Il secoua la tête et soupira.
Que venait-il de se passer ?

Son regard doré se posa sur les deux gardes inconscients et il se fit inquisiteur.

— On peut les laisser là. Le produit que je leur ai injecté les fera dormir des heures, lui appris-je.

Maîtrisant au mieux mon inquiétude concernant tout ce que j’étais en train de faire et avec qui je me trouvais, je ramassai les seringues et m’approchai de la seconde sortie.

— On va passer par là, chuchotai-je. Si on reprend mon chemin en sens inverse, la prochaine sortie sera loin. Est-ce que tu peux… flairer l’extérieur de là où…

Je me coupai en entendant un bruit de frottement. Je me retournai et vis le métamorphe traîner un des gardes jusqu’à la porte que j’avais emprunté en arrivant. Il le cala contre et entreprit de faire de même avec le deuxième. Je haussai les sourcils. Il avait encore pas mal de forces. Et cela ralentirait au moins un peu les personnes qui essayeraient d’entrer de ce côté-ci.
Une fois qu’il les eût entreposés, il vint vers moi en faisant de grands pas. Mes yeux se posèrent obstinément sur son torse, n’osant pas croiser les siens.

— Passons par-là, fit-il en ouvrant l’autre porte.

Moi qui me demandais s’il était capable de sentir une sortie, je pris cela pour une confirmation.

Je lui tendis une des seringues et il la prit, avant de se poster devant moi et d’avancer. Un geste de protection. Alors que je devais lui servir de guide et être en première ligne. Je fus à deux doigts de protester mais quelque chose me disait qu’il ne changerait pas d’avis.
Ou peut-être était-ce une tactique ? Si nous croisions des chasseurs, ils se focaliseraient sur lui et ne me verraient pas arriver, avec ma seringue ?

Nous ne vîmes personne pendant un bon bout de temps. Je trouvais cela étrange. Je tenais mon arme comme si ma vie en dépendait et je frissonnais, le froid que je ressentais par les courants d’air – il fallait dire que je ne portais qu’une robe de chambre et que nous étions en hiver –, étant accentué par la peur.

À chaque détour de couloir, nous nous immobilisions et le métamorphe prenait une seconde pour sonder les environs, utilisant sûrement ses sens surdéveloppés. Jusque-là, tout allait bien. Nous n’avions pas entendu d’alerte, d’alarme ou de cris. Personne ne semblait être à notre recherche pour l’instant. Avec un peu de chance, nous aurions déjà trouvé la sortie avant que ça ne soit le cas.

Alors que nous avancions à bons pas, l’homme s’arrêta et je faillis buter dans son dos. Sa mâchoire était serrée et tout son corps était crispé. Je n’avais pas besoin de lui demander pour comprendre ce qu’il y avait.

— La sortie est toute proche…, me murmura-t-il. Mais il y a quelqu’un.

Je hochai la tête, même s’il ne me regardait pas, par réflexe. Je serrais tellement la seringue entre mes doigts que mes jointures étaient blanches.

— Reste ici, m’ordonna-t-il.

Je voulus protester, mais il s’éloigna avant que je ne puisse le faire. Décidément, il ne comprenait pas que ce n’était pas à lui de risquer sa vie.

Aucun son ne me parvint avant une bonne minute, puis j’entendis des bruits étouffés. L’adrénaline et la panique se mélangèrent, formant un cocktail assez spectaculaire, pour moi. Tout en essayant de rester discrète, je sortis de ma cachette. Le métamorphe et la personne qu’il avait sentie étaient plus loin. Je dus parcourir deux couloirs avant de les trouver.
J’arrivai juste à temps pour voir mon « protégé » assommer le garde. Puis il se tourna vers moi et soupira.

— Je t’avais dit de rester…

Il n’eut pas le temps de terminer son reproche. Au même moment, la porte présente dans ce couloir s’ouvrit.
Dans un premier temps, j’eus seulement conscience du vent glacial qui s’infiltra à l’intérieur et qui me donna la chair de poule, et de la douce lumière du soleil. Puis je vis trois silhouettes se dessiner dans l’encadrement.
Évidemment. Une porte ne s’ouvrait pas toute seule.

Tout se passa très vite. Les nouveaux venus virent le métamorphe – qui était trop distrait par son combat vite expédié et ma présence pour percevoir leur arrivée – et se ruèrent sur lui. Ils ne firent pas attention à moi, préférant s’attaquer à la cible la plus forte, ou ne m’ayant tout simplement pas vu.

Je frémis d’horreur en les voyant s’en prendre à lui. Il laissa échapper des grognements qui n’avaient rien d’humain tout en faisant le maximum pour qu’ils ne l’atteignent pas avant qu’il les neutralise.
Et les coups pleuvaient.

Allez Lyn ! Bouge ! BOUGE !

Mais j’étais figée. J’avais l’habitude de la violence, mais pas comme ça.

Tu as mis K.O. deux gardes tout à l’heure ! Ce n’est pas le moment de te débiner !

Lorsque l’un des trois gardes commença à crier pour demander à l’aide, mon corps se remit enfin en marche. C’était le déclic dont j’avais besoin.
Je me ruai sur lui, alors qu’il était de dos.

Hors de question qu’il appelle au secours.
Personne ne doit s’en prendre à
lui.
Il doit sortir d’ici.

Ce fut comme si j’étais passée en mode automatique. Je ne réfléchissais plus à ce que je faisais, j’agissais.
Alors que le chasseur avait sorti un couteau, ma main agrippa le col de sa veste et je le tirai en arrière avec une force dont je ne me serais jamais crue capable. Il fut déstabilisé et je parvins à l’éloigner du petit groupe en pleine bagarre. Les grognements et les cris se poursuivaient. Je lui fis un croche-pieds et il s’étala par terre, sur le ventre, lâchant son poignard. Je ne perdis pas une seconde et me mis à califourchon sur lui, seringue à la main. Alors que j’allais l’abattre sur lui pour l’endormir, il se retourna avec vivacité, se débarrassant de moi comme si je ne pesais rien.
Et effectivement, je ne pesais pas grand-chose.

Je me retrouvai sur le dos. Ma tête rencontra le carrelage avec violence, et je vis des étoiles danser devant mes yeux. L'homme fondit sur moi à la vitesse de la lumière. Il profita de mon étourdissement pour me prendre ma seringue. Je clignai des paupières pour me ressaisir et voulus lui donner un coup de poing. Mais il retenait mes poignets et me maintenait au sol en collant son corps contre le mien.

— Que comptes-tu faire, maintenant ? me nargua-t-il, alors que j'entendis ses acolytes gémir de douleur.

Le métamorphe devait leur foutre une sacré raclée.

Je remontai mon genou d’un coup, le prenant par surprise, pour le frapper en plein ventre. J’enchaînai avec l’atterrissage plutôt approximatif de mon coude dans son visage.

Sans me laisser le temps de réfléchir, je récupérai la seringue et la relevai, prenant de l'élan pour la planter dans le torse de mon agresseur, le premier endroit que je voyais, mais il se ressaisit et dévia le coup avant de me gifler. Désorientée, je perdis de vue mon objectif pendant un court instant. Mes doigts refusèrent cependant de lâcher mon arme. Je levai une jambe afin de l’atteindre en plein dans les parties génitales, ce qui lui soutira un gémissement de douleur. Je fichai l’aiguille de mon arme dans son épaule. Je dus lutter pour lui injecter les restes du produit présent à l’intérieur, car il se débattait. Je serrai les dents pour garder l’emprise sur lui.

Il n’y avait plus de bruits de lutte, du côté du métamorphe. Je ne pouvais pas voir ce qui se passait, mais si personne n’accourait auprès de mon assaillant, c’était que ses camarades étaient neutralisés.
Ou pire.

Et l’homme que j’avais libéré devait être parti. Cette idée me soulagea.
Maintenant, je n’avais plus qu’à me débarrasser de mon agresseur, et ensuite…

Le produit était à peine introduit dans son corps que j’entendis un son métallique. La lumière se refléta sur la lame du couteau qu’il venait de récupérer sur le sol. Ma gorge s’assécha, tandis que je la voyais s’abattre sur moi.
Mais elle ne termina jamais sa course pour m’ôter la vie. En un éclair, le corps du garde fut soulevé et projeté en arrière, terminant son vol plané contre un mur. Je fermai les yeux à temps. Seul un craquement sinistre parvint à mes oreilles. Je me mis à trembler.
Je venais de frôler la mort. Et le garde venait très certainement de la trouver.

Qu’est-ce que j’ai fait… Qu’est-ce que j’ai fait…

Je sentis deux mains saisir doucement mes bras pour m’aider à me redresser, puis à me relever. Je me laissai faire, sachant très bien de qui il s’agissait. Et même s’il venait sûrement de tuer quelqu’un, il m’effrayait bien moins que les gardes, au final. Je savais qu’il ne me ferait pas de mal, et j’ignorais d’où me venait cette certitude.

— Ferme les yeux, me chuchota-t-il.
Sans chercher à savoir pourquoi il me disait cela, j’obéis.
— Ne regarde pas, insista-t-il.

Une sueur froide me glaça le dos. Je ne devais pas voir les dégâts. Je me demandais si ce n’était pas pire, au final, parce que je m’imaginais tout et n’importe quoi.

— Ils vont arriver…
— Il n’y avait personne d’autre à la ronde, m’assura-t-il, alors que j’entendais des frottements de vêtements sur le sol. Aucun chasseur n’a été alerté ou n’approche, mais il faut qu’on se dépêche.

Je me demandais ce qu’il était en train de faire. Je résistai à l’envie d’ouvrir les yeux, par curiosité morbide mais aussi pour jauger la dangerosité de cet homme. Mais comme je n’allais pas le faire, je jugeai que le plus sage était de ne surtout jamais le sous-estimer, même si je n’avais rien vu. Les démonstrations de force dont j’avais été témoin étaient amplement suffisantes.

J’attendis quelques instants, puis je sentis une de ses mains dans mon dos. Il me poussa gentiment en avant et je sentis la morsure du froid sur mon visage. J’avais l’impression d’enfin pouvoir respirer, également. Comme si je ne l’avais jamais vraiment fait, jusque-là.
La porte claqua, derrière nous.

— Tu peux rouvrir les yeux, me dit-il.

Je le fis.
La neige tapissait le sol en grande couche, formant une grande piste d’un blanc immaculé et cotonneux. Mes chaussures s’enfoncèrent dedans. Je ne l’avais jamais vu d’aussi près. J’étais à la fois émerveillée et prise par la panique. L’extérieur m’était inconnu. Ma limite avait été ma présence sur un balcon, une fois.
Je me tournai ensuite vers le métamorphe. Il avait récolté de nouvelles blessures au visage. Je me mordis la lèvre inférieure, une vague de culpabilité me saisissant.

— Pourquoi es-tu resté au lieu de t’enfuir ? le questionnai-je.
— Je ne pouvais pas te laisser là. Et il était hors de question qu’il te tue.

La rage qu’il ressentait à cette idée transperça sa voix.
Il n’y avait personne devant nous. Il aurait pu s’échapper rapidement sans récolter de blessures. Seulement, il avait choisi de me venir en aide. Je sentais que ce n’était pas seulement parce que je l’avais libéré, même s’il donnait l’impression d’être le genre d’homme qui n’aurait jamais laissé quelqu’un en arrière, en danger.
Je devais réellement le connaître. Il fallait juste que je me souvienne de lui.

Il me tendit un manteau. Je n’avais pas remarqué jusqu’ici qu’il en tenait deux. Je l’enfilai, accueillant avec joie la chaleur que ce vêtement volé me procurait. Il porta le deuxième sur ses larges épaules et remonta la fermeture éclair jusqu’en haut, afin qu’on ne voie pas sa chemise déchirée et les tâches de sang.

Une minute.

— Pitié… Dis-moi que le manteau que je porte ne vient pas d’un mort…, le suppliai-je, les yeux écarquillés.

Certes, ce n’était pas la priorité, mais j’aurais préféré avoir froid. Et comme je ne savais pas vraiment s’il les avait assassinés ou non…
Il me regarda droit dans les yeux et répondit avec aplomb :

— Il ne vient pas d’un mort.

Je soupirai de soulagement. En réalité, il pouvait très bien me mentir, mais je décidai que cela me suffisait et que je ne devais plus y penser, maintenant.

— Allons-y, m’enjoignit-il.
Je me raidis.
— Je ne sais pas où aller, avouai-je. Ils vont me retrouver…
Il me fixa pendant quelques secondes avec intensité. Je me demandais à quoi il pouvait penser. Puis il tendit sa main.
— On trouvera une solution, je te le promets. Ils ne remettront plus la main sur toi.

Mon cœur se mit à battre plus vite, tandis que je regardais ses longs doigts pointés vers moi. Je levai mon bras mais m’immobilisai, hésitante.

— Fais-moi confiance, ajouta-t-il, d’un ton presque suppliant.

Il ne comptait pas me tuer, il refusait de m’abandonner ici et m’avait secouru sans penser à lui en premier, alors qu’il aurait pu s’enfuir.
Je regardai l’étendue enneigée derrière lui et la grande forêt aux arbres me paraissant gigantesques. Un pic d’excitation et de trac me saisit.
Je pris finalement sa main dans la mienne. Je décidai de lui faire confiance.

— Tu es blessée ?

Je fis un rapide examen de mon corps meurtri par ces derniers jours et la lutte contre le garde. Mais dans l’ensemble, j’allais bien. Pas de plaie sanguinolente. Pas d’entaille. Enfin, si, celle que m’avait infligé Mike la veille, mais elle était entourée d’un pansement.

— Non, affirmai-je.
— Tu peux courir ?
Alors ça, j’en étais beaucoup moins certaine. Mais il fallait que je prenne sur moi et que j’y arrive.
— Oui. Je peux courir.

~


Haletante et à bout de forces, je tentais de suivre le rythme du métamorphe. Il faisait des pas immenses, et même si je n’avais pas des petites jambes, c’était assez difficile. Plusieurs fois, il ralentit pour être certain de toujours se trouver au même niveau que moi. Je me serais bien penchée sur le fait que ses intentions étaient touchantes dans un autre contexte.
La neige ne m’aida pas à aller plus vite, amortissant mes pas et craquant sous mes chaussures. L’homme, lui, semblait tout à fait à l’aise.

Nous courions depuis un long moment dans la forêt et j’étais à deux doigts de m’évanouir, après tout ça. Mais je tenais bon. Il le fallait. Je faisais de mon mieux pour trébucher au minimum. Jusqu’ici, j’avais manqué tomber trois fois à cause des racines, ce qui était assez correct. Je me prenais des branches dans la figure, mais je m’en fichais. Alors que c’était la première fois que je sortais, ce n’était absolument pas le moment pour profiter de la nature.

Je crus halluciner quand l’homme se mit à ralentir. Nous étions en bordure de forêt et une route se trouvait en face de nous. De l’autre côté, une gare routière. Je soupirai de soulagement. Un bus ! Nous pourrions aller loin et sans avoir à courir. Nous irions bien plus vite.
J’avais beau être amnésique, je me souvenais de tous les objets, des noms des aliments ou des habitudes des Américains. Les seules choses inconnues dans mon esprit, c’étaient moi, ma famille, et les gens que j’avais rencontré.

Nous traversâmes la route pour aller acheter des billets. Comme je ne savais absolument pas où on allait, je laissai le métamorphe faire. Il paya. Il devait avoir dépouillé les gardes de leur argent avant qu’on ne s’enfuie. C’était cela, qu’il faisait, pendant que j’avais les yeux fermés. Puis nous allâmes nous asseoir sur un banc. J’étais tendue, j’avais peur qu’on nous trouve. Mais par chance, le bus devait arriver dans moins de cinq minutes. C’était toujours mieux que de voler une voiture. Là, on aurait pu avoir des problèmes attirant l’attention sur nous.

Le silence nous entoura. Nous étions beaucoup trop aux aguets. Mais je décidai de le rompre, timidement :

— Tu ne pouvais pas te transformer en loup pour aller plus vite ? le questionnai-je.
Je me rendis compte que ma question pouvait être prise de travers.
— Ce n’est pas un reproche, me rattrapai-je. Je me demandais juste… Cela aurait été plus pratique pour toi.
Il secoua la tête et soupira.
— Ils m’ont drogué et mon corps n’a pas pu éliminer toutes les substances. Je ne peux pas encore me métamorphoser, m’informa-t-il.

J’aurais dû m’en douter.
Le silence revint. J’étais si nerveuse que mon pied se mit à taper le sol sans que je ne puisse le contrôler. Je me retenais de me lever et de faire les cent pas.

— Dean Sparks, déclara-t-il soudainement.
Je tournai la tête vers lui. Alors c’était son nom. Je me surpris à sourire légèrement.
— Ça te va bien, assurai-je.
J’entrelaçai mes doigts afin de les empêcher de pianoter un rythme imaginaire sur ma cuisse.
— Lyn Jones, me présentai-je à mon tour.

Il connaissait déjà mon prénom, mais puisqu’il venait de me donner son identité complète, je fis de même.
Il haussa les sourcils. Il avait l’air surpris et sous le choc, comme si je venais de lui porter un coup. J’inclinai la tête sur le côté, inquiète et curieuse.

— Qu’est-ce qu’il y a ? m’enquis-je.
— Rien. Je… Cela me rappelle quelqu’un.

J’attendais qu’il m’en dise plus, mais il n’avait pas l’air de vouloir s’étaler sur le sujet. Tant pis, nous verrions cela plus tard. Surtout que je voyais la forme et les couleurs rassurantes du bus approcher. Nous nous levâmes du banc.

— Ça te va bien aussi, finit-il par dire.


---


Chapitre 2
Chapitre 4
Dernière modification par Chlawee le ven. 09 avr., 2021 11:03 am, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par lacrystal »

*inspire*
*expire*
*inspire*
*expire*

BORDEL CE CHAPITRE ÉTAIT GÉNIAL

J'aime tellement les persos ! Olala je sens en plus que Dean connait Lyn depuis longtemps. Un rapport avec sa famille ? En plus je suis sûre que c'est faux le fait que la famille de Lyn ait été tuée par des métamorphes. Je vais mener mon enquête :ugeek:
Mais sérieusement, je les adore tellement !!!!!! *-*

Ton écriture est toujours aussi belle, elle est trop addictive ! La semaine va être loooooongue avant le prochain chapitre :cry:

Trop hâte de lire la suite ! :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par Chlawee »

lacrystal a écrit : ven. 02 avr., 2021 4:04 pm *inspire*
*expire*
*inspire*
*expire*

BORDEL CE CHAPITRE ÉTAIT GÉNIAL

J'aime tellement les persos ! Olala je sens en plus que Dean connait Lyn depuis longtemps. Un rapport avec sa famille ? En plus je suis sûre que c'est faux le fait que la famille de Lyn ait été tuée par des métamorphes. Je vais mener mon enquête :ugeek:
Mais sérieusement, je les adore tellement !!!!!! *-*

Ton écriture est toujours aussi belle, elle est trop addictive ! La semaine va être loooooongue avant le prochain chapitre :cry:

Trop hâte de lire la suite ! :D
*te fait de l'air*
T'inquiète pas, ça va aller ! :lol:
Merciiii ! :oops: ça me touche beaucoup.
Ah ben ça, tu verras. 8-) Si tu veux je peux t'arranger un coup avec Dean hein, je peux faire ce que je veux c'est mon perso. :ugeek:

Encore merci !!!! <3
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par melaivy »

Ça a démarré en fanfare et ça continue ...
Alors, est-ce que Lyn et Dean sont parents, amis ? Je crois bien qu'il la connaissait avant son enlèvement...
Et peut-être même que l'histoire qu'on a racontée à Lyn sur son passé c'est du pipeau...
Je suis contente qu'ils se soient échappés, même si te connaissant Chloé, la cavale risque d'être mouvementée.
A bientôt pour la suite.
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par Pendergast »

Bonsoir, ça y est le turbo est enclenché et tu as atteint ta vitesse de croisière ! Excellent chapitre, avec de nombreuses questions qui se posent, dont le lien mystérieux entre Lyn et Dean !! Rien à ajouter, c'est parfait!!
JaneSerpentard

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par JaneSerpentard »

Ouah !!!!!! Un des meilleurs chapitres pour le moment, en tout cas, c’est mon préféré ;)
Dean et Lyn se connaissent depuis longtemps donc... Un ami, un amant, un parent ? Pour le moment, nous n’en savons pas beaucoup mais c’est bien, comme ça, on a le suspens pour la suite de l’histoire ! Franchement, j’adore 🥰 C’est vraiment génial : les personnages sont attachants, les descriptions sont bien faites et puis, même, le côté « je le connais mais je ne sais pas qu’il y est » est hyper bien amené !
J’ai vraiment bien plus que hâte de lire le chapitre 4, je suis sûre et certaine qu’il sera tout aussi bien et encore pleins d’informations importantes pour la suite ;) En tout cas, ce chapitre était juste P-A-R-F-A-I-T !
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par Chlawee »

melaivy a écrit : ven. 02 avr., 2021 5:28 pm Ça a démarré en fanfare et ça continue ...
Alors, est-ce que Lyn et Dean sont parents, amis ? Je crois bien qu'il la connaissait avant son enlèvement...
Et peut-être même que l'histoire qu'on a racontée à Lyn sur son passé c'est du pipeau...
Je suis contente qu'ils se soient échappés, même si te connaissant Chloé, la cavale risque d'être mouvementée.
A bientôt pour la suite.
Ah, ah ! 8-) Mystère !
Peut-être pas la cavale, mais le reste, oui ! :lol: Tu me connais bien en effet !
Merci pour ton commentaire ! :D
Pendergast a écrit : ven. 02 avr., 2021 8:44 pm Bonsoir, ça y est le turbo est enclenché et tu as atteint ta vitesse de croisière ! Excellent chapitre, avec de nombreuses questions qui se posent, dont le lien mystérieux entre Lyn et Dean !! Rien à ajouter, c'est parfait!!
Merci beaucoup, ça me touche énormément ! :oops:
JaneSerpentard a écrit : sam. 03 avr., 2021 12:38 pm Ouah !!!!!! Un des meilleurs chapitres pour le moment, en tout cas, c’est mon préféré ;)
Dean et Lyn se connaissent depuis longtemps donc... Un ami, un amant, un parent ? Pour le moment, nous n’en savons pas beaucoup mais c’est bien, comme ça, on a le suspens pour la suite de l’histoire ! Franchement, j’adore 🥰 C’est vraiment génial : les personnages sont attachants, les descriptions sont bien faites et puis, même, le côté « je le connais mais je ne sais pas qu’il y est » est hyper bien amené !
J’ai vraiment bien plus que hâte de lire le chapitre 4, je suis sûre et certaine qu’il sera tout aussi bien et encore pleins d’informations importantes pour la suite ;) En tout cas, ce chapitre était juste P-A-R-F-A-I-T !
Je suis vraiment contente qu'il t'ait plu ! :oops:
Merci beaucoup ! <3 Vraiment, je suis ravie que ça te plaise et d'avoir réussi à produire cet effet !
Encore merci ! :oops:
paulette42

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par paulette42 »

ils se connaissent , est ce qu ils vont arriver à s'enfuir ? où vont il aller ?
j'aime bien l'histoire continue
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 1)

Message par Chlawee »

paulette42 a écrit : jeu. 08 avr., 2021 9:49 am ils se connaissent , est ce qu ils vont arriver à s'enfuir ? où vont il aller ?
j'aime bien l'histoire continue
Mystère ! 8-)
Merci ! :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Voici le chapitre 4 ! J'espère qu'il vous plaira et je vous souhaite une bonne lecture !
Je tenais à vous dire que vos commentaires me touchent beaucoup et me rendent vraiment enthousiaste, à chaque fois que je poste un chapitre ! :D

Chapitre 4


Afin de brouiller les pistes au maximum, nous avions pris le bus pendant quelques heures, avant d’en descendre. Je ne savais pas du tout où nous devions aller, mais je devais faire confiance à Dean, mon nouvel allié dans cette aventure inattendue. De toute façon, je n’avais pas vraiment d’autre choix. J’ignorais où nous nous trouvions vraiment et je n’eus pas le temps de le savoir : nous avions repris le même moyen de locomotion, menant à un autre endroit. Plusieurs fois. J’en étais même venue à me demander si nous ne nous rendions pas dans des lieux au hasard, s’il y avait vraiment un but.

Cela dura quasiment une journée entière. Lorsque j’avais démarré ma rébellion afin de libérer le métamorphe, c’était le matin. Tôt. On me faisait toujours prendre mes médicaments avant que tout le monde ne soit complètement réveillé chez les chasseurs, et qu’il y ait trop de mouvements. Je devais me faire la plus petite possible, même dans mon secteur.
Et là, la nuit commençait à tomber.

Le bus s’arrêta et les portes s’ouvrirent. Dean se leva et je quittai mon siège crasseux et dégageant une odeur désagréable pour le suivre. Je frissonnai et m’entourai de mes bras pour me tenir plus chaud lorsque le vent glacial de l’extérieur nous atteignit. Jusque-là, nous avions eu droit au chauffage.

Alors que mon compagnon d’infortune avançait avec confiance mais en restant en alerte en cas de danger, je regardais partout autour de moi, comme une enfant découvrant le monde. Et c’était vrai : même si j’avais des sensations de familiarité et des souvenirs flous d’endroits que j’avais pu observer des années auparavant, je pouvais enfin voir ce qu’était le monde extérieur, après deux années passées à être enfermée.
Même la pancarte lumineuse proclamant « Motel » me laissait bouche-bée. Malgré le fait que ça grésillait, que le « t » ne faisait que clignoter – et encore, pas beaucoup –, et que le « l » partait dangereusement sur le côté. J’avais peur qu’il tombe sur un passant malchanceux.

Ce côté insalubre n’arrêta pas Dean, qui me fit signe de le suivre à l’intérieur. Je le fis sans même me poser de questions. Il fallait vraiment que je m’inquiète un peu plus. Mais ce qui venait de nous arriver et les heures que nous venions de passer l’un à côté de l’autre renforçaient mon instinct qui me dictait que je pouvais me fier à lui.

Nous arrivâmes à un guichet derrière lequel un homme d’un âge avancé et portant de grosses lunettes rondes, lisait. En nous voyant, il posa sa revue sur le comptoir et se redressa. Il nous salua et nous lui répondîmes, Dean avec un ton soulignant son empressement et moi, en étant distraite. Mes yeux étaient rivés sur le magazine qui parlait de pâtisseries. J’inclinai même la tête sur le côté pour essayer de lire un minimum à l’envers. Pendant ce temps-là, le métamorphe devait demander une chambre.

Oh ! Des profiteroles !

Cela faisait partie des choses dont je me souvenais bien, même si je n’en avais pas mangé depuis… depuis toujours, pour moi. Mais le fait que je salive presque en voyant une photo de ce dessert démontrait qu’en réalité, j’y avais déjà goûté, plusieurs années auparavant.

— Lyn ? me héla doucement une voix.

Une tarte aux framboises ! Comme j’aimerais en…

— Lyn ?

Je revins à la réalité. Dean attendait quelque chose. Mince. Il m’avait posé une question ?
Il jeta un œil à l’objet de ma curiosité et je crus voir une étincelle d’amusement dans son regard. Il eut l’esquisse d’un sourire, ce qui me fit me sentir un peu plus légère.

— Tu viens ? s’enquit-il.
— Oh. Oui. Excuse-moi, répondis-je, confuse.
Je fis un signe d’aurevoir au vieil homme, qui me le rendit, perplexe.
— Ne t’excuse pas, me rassura Dean, tandis que nous ressortions.

Je faillis m’excuser de m’être excusée. Je parvins à me retenir juste à temps.
Nous atteignîmes un bâtiment jouxtant celui de l’accueil. Nous trouvâmes rapidement la porte de notre chambre pour la nuit. Ou pour plusieurs nuits, je l’ignorais. À l’intérieur, il y avait deux lits simples ornés de draps blancs et d’une couverture grisâtre, un petit réfrigérateur, une fenêtre que je trouvais immense comparée à ce à quoi j’avais droit chez les chasseurs, une penderie et une autre porte menant à une salle de bain. J’avais l’impression d’être au paradis.

— C’est super grand pour une chambre ! m’exclamai-je.

Enfin, j’avais la sensation que ce n’était pourtant pas grand-chose, mais je décidai de ne me fier qu’à ce que je connaissais bien, pour l’instant, et pas à de vagues souvenirs troubles ou des impressions.
Dean eut un petit rire jaune.

— Si tu le dis. Mais bon, ce n’est pas le pire motel que j’ai pu voir.

Je m’avançai pour aller toucher les draps. Ils n’étaient pas très doux mais ça ferait largement l’affaire. Je me laissai tomber sur le dos. Le matelas n’était pas mal non plus. Il changeait de celui qui s’affaissait trop par endroits dont j’avais l’habitude.

— On va bien dormir, commentai-je en me redressant pour être assise.
Je surpris son regard sur moi. Il le détourna rapidement, mais j’avais eu le temps de le voir. Il se racla la gorge, un peu gêné.
— J’ai aperçu une boutique, près de l’accueil. Je vais aller acheter de quoi manger et des vêtements, annonça-t-il en tentant de garder un air impassible. Est-ce que tu as des préférences ? Et quelle taille fais-tu ?
— Tu ne veux pas que je t’accompagne ?

Je n’aimais pas avoir l’air aussi fragile devant lui, mais l’idée d’être seule m’inquiétait beaucoup.
Ses traits s’adoucirent.

— Je préfère que tu restes au chaud et surtout, on risquerait de se poser des questions en te voyant habillée ainsi.

Il était vrai que j’étais toujours en robe de chambre. Dans le bus, j’étais assise, alors les gens ne pouvaient pas vraiment voir, surtout qu’il y avait mon long manteau qui cachait un peu. Mais dans les rues, on m’avait jeté des regards curieux ou de dédain. L’homme du motel n’avait sûrement pas fait attention. En revanche, plusieurs personnes avaient tilté sur les iris dorés de Dean. Mais jamais ils ne pourraient se rendre compte de sa nature avec seulement cet élément. Je ne doutais pas que c’était une caractéristique de métamorphes, d’avoir des yeux qui sortaient de la norme, mais moi, j’étais déjà au courant de leur existence. Les autres, non.
Je hochai la tête.

— D’accord, cédai-je.
Je lui donnai les informations dont il avait besoin, surtout pour les vêtements. Pour la nourriture, je m’en fichais.
— Je reviens vite. Promis.

J’opinai encore. Il se retourna pour sortir, mais s’arrêta, la main sur la poignée. Il tourna la tête vers moi, avec un air d’appréhension.

— Tu ne vas pas partir, n’est-ce pas ? me questionna-t-il, la crainte ressortant dans sa voix.
Je haussai les sourcils. Je ne m’étais pas attendue à cela.
— Non, pourquoi je ferais ça ? Je n’ai nulle part où aller.

Il faudrait d’ailleurs qu’on aborde ce sujet à un moment donné.
Il me jaugea pendant quelques secondes, puis se détendit. Il finit par sortir de la chambre. Ma soudaine solitude me saisit à la gorge et je sentis mes yeux me piquer. J’avais l’impression d’être une véritable gamine, mais c’était plus fort que moi.

Bon. Allez, on se reprend.

Mon ordre mental fut efficace, car je me ressaisis et empêchai des larmes de couler. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, dans le silence, ou je me remettrais à penser à… tout ce qui s’était passé. Et je ne voulais pas craquer maintenant, alors que Dean pouvait rentrer à tout moment. Je me retiendrais jusqu’à… Jusqu’à quand, exactement ?
Je ne le savais pas, mais il y aurait une meilleure occasion.

Après avoir tourné en rond un moment, en chantonnant des mélodies improvisées et en fouillant tous les tiroirs sans même chercher quelque chose en particulier, la porte de la chambre se rouvrit. Dean revint, des sacs en plastique dans les mains. Il les déposa sur un des lits.
Curieuse, je m’en approchai et inspectai l’intérieur : des sandwichs, de l’eau, des sodas, des chips, des salades, des desserts, des biscuits et des bonbons pour l’un. En grande quantité. Et divers vêtements pour l’autre.

Je dénichai un tee-shirt et un pantalon ample, ainsi que des sous-vêtements pour femme. Cela ferait largement l’affaire pour la nuit.
Le métamorphe prit les boissons et la nourriture et les disposa dans le mini-frigo.

— Je n’ai pas trouvé de profiteroles, désolé, lança-t-il sur un ton léger.

Je mis quelques secondes à me souvenir qu’il avait remarqué le magazine que je lorgnais, à l’accueil.
Tenant mes habits dans les bras, j’annonçai, d’une voix presque robotique :

— Je vais me laver. Merci, pour tout ça.
— Attends.
Je m’immobilisai. Il me tendit un sachet.
— Pour ta blessure, précisa-t-il en me voyant hésiter.

J’avais carrément oublié ma plaie au bras. Je pris le petit sac et en examinai l’intérieur. Il y avait des bandages et du désinfectant.
Je le remerciai et m’enfermai dans la salle de bain. Pourquoi je réagissais ainsi à ce moment-là précisément ? Aucune putain d’idée. Tout était brouillé.

Je profitai de la douche et de son eau réglée sur une haute température pour me décrasser le plus possible. J’avais l’impression qu’avoir passé du temps à l’extérieur pour la « première » fois m’avait rendu très sale. Le contraste entre le vrai monde et les locaux stérilisés des chasseurs était grand. Et je voulais que l’eau chaude brûle les mauvais souvenirs de cette journée, efface mes actes. Le fait que j’avais blessé des gens.

Et j’étais exténuée. La chaleur me permit de détendre un peu mes muscles. Je n’avais pas le loisir de le faire ainsi, avant. J’avais un temps limité et j’étais surveillée. Là, j’étais libre de prendre le temps que je voulais et de réfléchir.
Mais les habitudes ayant la vie dure, je ne mis pas longtemps dans la salle de bain. Une fois changée et ma blessure bandée, j’en sortis. Je laissai la place à Dean, qui me rappela que j’avais de quoi me nourrir. N’ayant rien mangé depuis… je ne savais même plus quand, mon ventre se mit à gargouiller à cette idée. Mais je n’osais pas. Et j’avais besoin de réponses, avant.

Aussi, j’attendis que l’homme revienne avant de le faire.
Il constata que j’avais laissé la nourriture intacte.

— Tu devrais manger, soupira-t-il.
— Je n’ai pas très faim, mentis-je.

Il n’insista pas pour l’instant mais je me doutais que ce n’était que partie remise. Il s’assit en face de moi, sur l’autre lit. Le silence nous enveloppa quelques secondes. Mon regard se perdit dans le plafond.

— Merci, finit-il par dire.
Je baissai les yeux, prise de court.
— Ne me remercie pas…
— Bien sûr que si. Tu as risqué ta vie pour venir me libérer.
— Et tu as sauvé la mienne ensuite. Alors que la priorité, c’était toi. Je te remercie également.

J’aurais même dû le lui dire plus tôt.
Je sursautai lorsqu’il se leva et se rapprocha de moi. Il s’accroupit devant moi. J’écarquillai les yeux. Doucement, il mit un doigt sous mon menton, afin de relever mon visage. Mes yeux croisèrent les siens.

— Mon Dieu, Lyn… Que t’ont-ils fait ?
Mon souffle se coupa.
— Comment peux-tu penser que tu n’es pas la priorité ? me questionna-t-il.

J’ouvris la bouche mais aucun son n’en sortit avant un moment. Pendant deux ans, on m’avait fait comprendre que je n’étais rien. Que j’étais tout juste bonne à soigner les autres, à leur obéir, et qu’en plus de cela, une fois que mon pouvoir serait transféré, je ne servirais plus.

— Parce que c’est la vérité ? répondis-je dans un souffle, fébrile.

Il ferma les paupières quelques secondes puis sa main caressa ma joue. Ce geste fut étonnamment émouvant. J’aurais plutôt pensé être du genre à me barrer en courant après ça, mais non. Juste un petit mouvement de recul.
Lorsque ses yeux se rouvrirent, ses iris dorés croisèrent les miens.

— J’ai cru que plus jamais je ne verrais ce regard…, souffla-t-il, l’émotion transperçant sa voix.

Plongeant dans ce paradis d’or et étant à deux doigts de m’y noyer, je mis quelques secondes avant de comprendre ce qu’il venait de me dire.

— Attends… quoi ? m’étonnai-je.
Il serra les lèvres mais ne bougea pas sa main, qui était toujours une caresse, sur ma peau.
— Tu me connais ? insistai-je.
Je le savais. C’était ce que je m’étais dit. Là, j’en avais la confirmation.
— Oui, avoua-t-il finalement.
— Alors tu… On se côtoyait, il y a deux ans ?

Étrange, pour une humaine et un métamorphe.
Il fronça les sourcils et il ramena sa main à lui. Je dus ignorer la pointe de déception qui me prit.

— Deux ans ? répéta-t-il.
— Avant que je n’arrive chez les chasseurs.
Un ange passa. Qu’est-ce que j’avais dit ? En tout cas, vu la lueur dans ses yeux, il avait l’air secoué.
— Les enfoirés…, grogna-t-il pour lui-même.
— Quoi ?
— Tu as disparu il y a trois ans.
Je fronçai les sourcils.
— Tu fais erreur. Je ne dois pas être celle à laquelle tu penses. Je suis restée chez les chasseurs seulement deux ans.

Pourtant… Cette impression qu’il m’était familier venait bien de quelque part. Mais je ne comprenais pas.
Il se pinça l’arête du nez, comme si cette conversation l’épuisait déjà. La peine que je lisais dans son regard était encore plus forte.

— Trois ans, Lyn, j’ai même pensé qu’ils avaient fini par te tuer. J’ignore ce qui s’est passé pendant une année – même si j’ai ma petite idée – mais je sais ce que je dis. Tu as oublié cette période, comme le reste. Le choc a dû être trop grand. Les souvenirs, insupportables.

Je blêmis. Il… sous-entendait que j’avais oublié toute une année à cause de ce qu’on m’avait infligé pendant ce laps de temps ?
Je repensai aux petites cicatrices parsemant mon corps, sans qu’elles ne soient trop grandes ou trop visibles. J’avais toujours mis ça sur le compte d’un potentiel passé de casse-cou ou de l’attaque de ma famille.

— Mais si tu es venue me libérer, c’est parce que quelque part, tu m’as reconnu. Et tu as dit que tu ne pouvais pas les laisser me traiter comme ils l’ont fait avec toi. Ils n’ont pas totalement réussi à maintenir leur emprise sur ton esprit. Tu savais que ce n’était pas normal.

J’étais incapable de répondre. J’avais envie de tout nier en bloc, mais rien ne sortait de ma bouche. Le déni allait devenir mon meilleur ami, c’était beaucoup plus facile. Plus facile que de croire ce que Dean m’expliquait : la première année, on m’avait torturé. Au point que les chasseurs avaient pu me faire un lavage de cerveau. Mais j’avais encore de vagues notions de ce qui était juste ou non. Et revoir cet homme me l’avait rappelé.

— Voici tout ce que je sais de toi : tu as actuellement vingt-trois ans. Tu t’appelles Lyn Miller. (Je sursautai. « Miller » ? Ce nom me semblait si douloureux à entendre…) « Jones » est mon nom, à moi. (J’écarquillai les yeux à un point que je n’aurais pas cru possible.) J’ai été recueilli par ta famille deux ans avant ta disparition, quand mon clan s’est divisé, alors que je n’avais nulle part où aller. Si tu t’es souvenue de mon nom de famille, c’est parce que nous étions très proches.
J’étais bouche-bée. Ma gorge était sèche.
— Si tu savais à quel point ça a été dur de me retenir de te serrer dans mes bras lorsque tu es apparue, là-bas, pour ne pas te faire peur… J’ai cru que j’hallucinais.

S’il disait la vérité, cela expliquerait pourquoi il avait tant réagi lorsque je lui avais révélé mon identité. Identité qui n’était même pas la mienne, au final. Et pourquoi il avait foncé vers moi quand il m’avait aperçue, la nuit où il avait lutté contre les chasseurs, alors que j’espionnais de ma chambre. Il m’avait reconnu. Et il avait reniflé avant de me voir. Il avait senti mon odeur qui lui était familière. De même pour sa tentative d’approche après être sorti de la cellule.
Et cela expliquerait aussi pourquoi il avait hanté mon esprit de cette manière, et ce que je ressentais en le voyant.

— Au début je me demandais pourquoi tu faisais semblant de ne pas me connaître, ou si tu avais un plan… Mais j’ai vite compris que tu ne te souvenais pas de moi.
C’est vrai qu’il avait eu l’air vraiment confus.
— J’ai des photos qui peuvent prouver ce que j’avance, ajouta-t-il. Du moins, j’en ai chez moi.
J’étais toujours sans voix. J’avais du mal à croire tout cela. Et quelque chose clochait.
— Ma famille t’a recueilli ? Mais pourquoi des humains auraient protégé leurs ennemis… ? (Je sentis une vague de crainte m’envahir et je me raidis.) Alors c’est toi le métamorphe qui a tué mes parents ? Je n’ai pas disparu, les chasseurs m’ont sauvé parce que…

Une ombre passa sur son visage. D’un coup, je pus presque sentir la fureur émaner de ses pores. Elle était quasiment palpable. J’eus l’impression d’étouffer. Sa colère devait être dirigée vers moi. Avais-je mis le doigt sur la vérité ?

— Pourquoi les chasseurs t’auraient-ils sauvé pour mieux te torturer ? laissa-t-il échapper entre ses dents.

Il laissa son regard dériver sur mon avant-bras, là où la plaie causée par Mike était recouverte d’un bandage. Je serrai les lèvres. Il n’avait pas besoin de demander comment je m’étais fait cela.

— Je… Parce que j’ai un don…
Merde. Je ne voulais pas qu’il soit au courant de ça. Mais sur le moment, j’avais voulu trouver une justification.
— Un don, répéta-t-il. Celui de guérison, oui.

S’il était au courant, alors ce qu’il disait… était vrai, en grande partie.
Il réduisit à nouveau la distance entre nous et me regarda droit dans les yeux.

— Je n’ai fait aucun mal à ta famille. Les chasseurs ont débarqué. Je n’étais même pas là quand… (Il serra les poings, des deux côtés de ses cuisses.) Je ne sais pas comment ils ont su pour ton pouvoir, mais tu as sûrement voulu soigner un de tes parents pendant l’attaque. Ils auraient alors décidé de te garder en vie pour mieux exploiter cette facette de toi.
Il soupira, alors que j’écarquillais les yeux.
— Nous ne sommes pas les ennemis des humains, poursuivit-il, contrairement à ce que pensent les chasseurs. Ils ignorent notre existence et nous cohabitons. Et à ton avis, comment se fait-il que tu oublies tout, jusqu’à ta première année chez eux, et qu’ils t’aient mis dans la tête que nous étions le danger ? Tu pourrais penser que j’essaye de te manipuler également, mais là, je ne peux rien y faire. Cela se jouera à la confiance et comme je te l’ai dit, je peux te le prouver.

Il prit une grande inspiration, alors que j’étais tout ouïe. J’intégrais les informations mais je ne savais absolument pas comment les prendre. Comme s’il ne s’agissait pas de moi et que j’étais extérieure à cette histoire.

— Et tes parents m’ont recueilli parce qu’ils étaient des métamorphes, tout comme toi.

Un silence de quelques secondes s’abattit sur la pièce.
Mon premier réflexe fut de protester :

— Je n’ai rien d’une…
— Tu en es bien une, me coupa-t-il avec douceur. Ils ont dû te droguer afin que tu ne laisses pas émerger cette part de toi, mais elle est bel et bien là, enfouie.
Des images de tous les produits qu’on m’avait fait ingérer traversèrent mon esprit totalement confus.
— Les médicaments étaient pour… mon… don… Pour que je puisse me… contrôler… ?
Cela sonnait beaucoup plus comme une question, et non une affirmation.
— La guérison est instinctive, naturelle, chez les métamorphes qui en ont le don. C’est un peu compliqué au début, mais ça s’apprend vite. Tu étais déjà très douée avant ta disparition.
— Pourtant j’avais des problèmes pour m’en servir… Ça me faisait mal…
— À cause des drogues. Et du fait qu’on a essayé de te séparer de ta louve.

Mon cœur rata un battement.
Ma louve…

— On ne peut pas faire disparaître notre animal et espérer que le don restera et pourra être utilisé normalement. C’est un tout. Sans ton loup, alors ce pouvoir était déréglé.
Heureusement que j’étais assise. Mon cerveau tournait au ralenti et j’allais finir par m’évanouir.
— Comment sais-tu tout ça… ?
Il hésita à répondre pendant quelques secondes, mais estima que je devais avoir besoin de plus d’informations.
— C’est arrivé à une métamorphe que je connais.

Un ange passa.
Voyant que je ne niais pas mais que je n’allais pas dans son sens pour autant, il continua :

— C’est pour cela que tu as été plus forte pendant un instant : ta vraie nature est remon-tée à la surface parce que j’étais en danger. Une part de toi m’a reconnu et s’est réveillée.

Je faillis tourner de l’œil. Je mis une main à plat sur le matelas afin de garder l’équilibre. Je me mis à respirer profondément pour pouvoir rester consciente, tandis que les révélations tourbillonnaient dans mon esprit. Je parvins à ne pas sombrer dans l’inconscience, mais je fus comme détachée de moi-même pendant un instant.

En l’espace de quelques minutes, tout mon univers venait de basculer.

---


Chapitre 3
Chapitre 5
Dernière modification par Chlawee le ven. 16 avr., 2021 10:44 am, modifié 1 fois.
Oce1510

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Oce1510 »

J'adore !! C'est devenu mon petit rituel du vendredi de lire ton histoire !
Vivement la suite :)
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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par lacrystal »

Hello !
Me voilà donc pour commenter ce nouveau chapitre.
Bon autant te dire que lorsque je l'ai lu c'était l'explosion dans ma tête, j'étais comme une dingue XD
Alors, Lyn et Dean. Bon Dieu, je les adore !!!!!!!! *-* J'en étais SURE que Dean connaissait Lyn bien avant mais de là à ce qu'elle soit en réalité une métamorphe elle aussi ! Je m'y attendais tellement pas ! :o
Puis le fait qu'elle ait complètement oublié 1 an, ça a dû être horrible pour elle :(
Enfin, je sens que les deux étaient peut-être plus que des amis ... et j'ai hâte de voir leur relation évoluer.
Aaah j'ai trop hâte de lire la suite !! *-*
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par melaivy »

Waouh^^

Alors là, c'est un twist que je n'attendais pas.

Mais ça s'intègre bien dans l'histoire.

Vivement la suite.
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Chlawee »

lacrystal a écrit : ven. 09 avr., 2021 3:51 pm Hello !
Me voilà donc pour commenter ce nouveau chapitre.
Bon autant te dire que lorsque je l'ai lu c'était l'explosion dans ma tête, j'étais comme une dingue XD
Alors, Lyn et Dean. Bon Dieu, je les adore !!!!!!!! *-* J'en étais SURE que Dean connaissait Lyn bien avant mais de là à ce qu'elle soit en réalité une métamorphe elle aussi ! Je m'y attendais tellement pas ! :o
Puis le fait qu'elle ait complètement oublié 1 an, ça a dû être horrible pour elle :(
Enfin, je sens que les deux étaient peut-être plus que des amis ... et j'ai hâte de voir leur relation évoluer.
Aaah j'ai trop hâte de lire la suite !! *-*
Hello ! :D
Yes ! Je suis contente alors ! :D *danse de la joie*
Oui tu as deviné. 8-) Et je suis ravie que sa nature ait été un effet de surprise, héhé ! :twisted:
Oui... Mes persos ont jamais de chance avec moi, mais alors Lyn... :cry: :lol:
Merci beaucoup ! *-* :oops:
melaivy a écrit : ven. 09 avr., 2021 4:29 pm Waouh^^

Alors là, c'est un twist que je n'attendais pas.

Mais ça s'intègre bien dans l'histoire.

Vivement la suite.
Cool ! :D Je voulais que ça soit une surprise et c'est réussi pour au moins deux personnes alors je suis contente !
Merci ! :D
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Pendergast »

Bonjour, alors même si on les voyait venir, les révélations sont exactement comme on l'espérait, et que dire de la relation entre nos 2 héros ! Vivement la suite !Bon WE!
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Chlawee »

Pendergast a écrit : sam. 10 avr., 2021 1:45 pm Bonjour, alors même si on les voyait venir, les révélations sont exactement comme on l'espérait, et que dire de la relation entre nos 2 héros ! Vivement la suite !Bon WE!
Hey ! :D
Contente que ça t'ait plus !!
Bon week-end !
Oce1510 a écrit : ven. 09 avr., 2021 12:34 pm J'adore !! C'est devenu mon petit rituel du vendredi de lire ton histoire !
Vivement la suite :)
Merci beaucoup ! :oops: ça me fait vraiment plaisir !
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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Yumeko »

Entre un chapitre 3 dans l'action et un chapitre 4 dans les révélations, c'est toujours aussi agréable de lire ton histoire et de vouloir la suite. Bonne continuation et à bientôt pour ton nouveau chapitre. ;)
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 4)

Message par Chlawee »

Yumeko a écrit : sam. 10 avr., 2021 3:48 pm Entre un chapitre 3 dans l'action et un chapitre 4 dans les révélations, c'est toujours aussi agréable de lire ton histoire et de vouloir la suite. Bonne continuation et à bientôt pour ton nouveau chapitre. ;)
Merci beaucoup ! :oops:
A bientôt oui ! :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Voici le chapitre 5 ! J'espère qu'il vous plaira !


Chapitre 5

- Tu ne manges que ça ?

Alors que le silence nous enveloppait, seulement rompu par les bruits des paquets de nourriture qu’on ouvrait, je sursautai lorsque Dean se manifesta. Je baissai les yeux sur la boîte en plastique contenant la salade que je venais de manger et le film plastique recouvrant un sandwich à la dinde, que j’avais à peine entamé et que j’avais déjà délaissé.
Après toutes ces révélations, il m’avait fallu un peu de temps pour me ressaisir, puis Dean avait insisté pour que je mange quelque chose.

— Oh… J’ai l’habitude de manger peu, expliquai-je.

Mes sourcils se levèrent haut sur mon front lorsque j’entendis un grognement animal résonner dans sa gorge. C’était puissant, comme son. Il me fascina plus qu’il ne m’effraya, même si j’eus un léger mouvement de recul.
Il se passa une main sur le visage.

— Pardon, je ne voulais pas te faire peur.
Je secouai la tête.
— Ce n’est rien…, assurai-je.
— C’est juste… Ils ont vraiment été cruels jusqu’au bout. Notre nature fait que nous avons besoin de manger beaucoup plus qu’un humain.
Je haussai les épaules avec un air désolé. Cela voulait tout dire. Et puis, ça se voyait que j’étais maigre.
— Encore une manière de brider ta louve.

N’aimant pas son air renfrogné et que je sois la cause indirecte de sa peine, je décidai de lui faire penser à autre chose. Je ne savais pas d’où me venait cet élan protecteur, mais il était bien là.
Je me penchai en avant et le regardai droit dans les yeux.

— Comment tu fais pour grogner ? le questionnai-je, réellement curieuse.
Il fronça les sourcils. Il ne s’était visiblement pas attendu à ça.
— Eh bien… ça me vient naturellement, répondit-il, perplexe.
— Je peux le faire ? Parce que c’est impressionnant. C’est utile.

J’étais plus enthousiaste que je ne l’aurais dû. Surtout que cela voulait dire que j’acceptais une partie de ma vraie nature.
Ce changement d’expression de ma part le désarçonna, mais cela dût lui faire du bien, car je le vis esquisser un sourire.
Il se pencha également en avant.

— Tu le peux, oui, confirma-t-il. Tu aimais beaucoup le faire, d’ailleurs.

Oh ?

Toute mon attention était rivée sur lui, comme si les instructions étaient notées sur son front.
Je plissai les yeux et émit un « Mmhh » ressemblant à une protestation. Mais très humain. Je retentai en le faisant plus fort, cette fois. Le résultat était ridicule. Loin du grognement inquiétant.
Alors que l’amusement brillait dans ses yeux, j’eus une moue de déception.

— Ne t’en fais pas, ça viendra, voulut-il me réconforter. Ça vient de notre animal, et comme le tien est… endormi, il faudra juste un peu de temps.
Je me mordis la lèvre et m’entourai de mes bras avant de prendre une grande inspiration.
— Je ne sais pas si je vais y arriver…, avouai-je.

Il avait très bien compris que je ne parlais pas des grognements, mais de ma nature en général.
Son visage refléta l’assurance et il répondit d’une voix douce, rassurante :

— Tu vas y arriver, je le sais. Je t’aiderai.
Je ramenai mes genoux contre ma poitrine.
— Tu m’aideras… ? fis-je d’un ton étranglé.
Il hocha la tête d’un air solennel.
— Je ne compte pas t’abandonner. Pas maintenant que je t’ai retrouvée.
Ses paroles me touchèrent. Un écho d’un passé dans lequel nous étions proches.
— Tu n’as pas peur que je t’apporte d’autres ennuis avec les chasseurs ?
— Tout ce qui m’importe, c’est toi.

Cette réponse me sécha. Je ne savais plus quoi dire. Je sentis mes yeux commencer à me piquer mais je respirai profondément. Si seulement je pouvais lui dire à quel point j’étais désolée d’avoir tout oublié. En sachant ce que ça lui faisait.

— Où irons-nous ? m’enquis-je d’une petite voix.

Le soulagement se lut dans son regard. Jusqu’ici, il avait eu peur que je décide de ne pas le suivre. Je l’avais ressenti lorsqu’il avait voulu s’assurer que je ne partirais pas pendant qu’il allait acheter de quoi nous habiller, nous soigner et nous sustenter.

— Chez moi. Tu y seras en sécurité. Plus jamais tu ne vivras une chose pareille, promit-il.

Et je me jurai de ne plus le laisser tomber non plus.
J’opinai, mais une pensée me vint.

— Merde…, chuchotai-je.
— Quoi ? s’inquiéta-t-il.
— Je ne sais pas comment je vais faire sans… (Je me rembrunis.) Sans les médicaments…
Avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, j’ajoutai :
— Je sais qu’ils n’étaient pas bons pour moi, mais je sais aussi ce que ça me fait de ne plus en prendre et… ça ne donne rien de bon.
Je soupirai.
— Je vais passer par un sevrage, grimaçai-je.
Les prochains jours promettaient d’être agréables. Vraiment très agréables…
— Tu vas y arriver, répéta Dean. On surmontera ça ensemble.

Une minute.

Si les doses des médicaments étaient assez fortes pour endormir l’animal en moi, alors cela expliquait une chose : lorsque j’avais utilisé les seringues sur les gardes, j’avais été surprise que des colosses comme eux n’aient besoin que d’un peu de produit pour s’endormir, comparé à moi. Maintenant, je savais pourquoi.
La question était : est-ce que même ça, ça avait été beaucoup trop fort pour eux ? Est-ce qu’ils s’en sortiraient ?
Et Gina ?

Je me forçai à ne pas y penser. Je refusais de me dire que j’avais potentiellement tué des gens ou réalisé qu’ils devaient le mériter. Pour l’instant, je préférais me convaincre qu’ils allaient juste avoir la meilleure sieste de leur vie. C’était mieux.

~


Je n’arrivais pas à fermer l’œil. Beaucoup de questions tournaient dans mon esprit. Et je ressassais sans cesse ce que j’avais appris, les mensonges des chasseurs. Je me disais aussi qu’il y avait une probabilité pour que le métamorphe me mente également. Pourtant, j’étais persuadée que non.

Grâce aux rayons de la lune apportant un peu de lumière dans la chambre, je pus constater que Dean avait le même problème. Il fixait le plafond.

— Comment t’ont-ils attrapé ? murmurai-je.

La logique aurait voulu que je le questionne également à propos de ma propre disparition, mais j’estimais que j’en savais déjà suffisamment : les chasseurs avaient semé le chaos et m’avaient enlevé. Je ne voulais pas en découvrir plus. Pas maintenant. Et je ne voulais pas poser de questions sur mes parents non plus. Ce serait trop dur. Tout mon être me criait de ne pas me concentrer dessus.
Il ne répondit pas pendant de longues minutes. Je crus même qu’il ne le ferait pas, jusqu’à ce que sa voix s’élève, dans l’obscurité :

— Ça faisait pile trois ans que tu avais disparu, commença-t-il. (Une douleur profonde, ancrée en lui, transperçait ses mots.) Je n’ai pas réussi à surmonter cette période cette fois-ci, et je… Je suis retourné à l’endroit où a eu lieu l’attaque. J’étais à des années lumières de me douter que je te retrouverais vraiment. J’ai fait ça par désespoir. Ça m’obsédait : je ne savais pas ce qu’ils avaient fait de toi. Je devenais fou.

Je déglutis. J’étais heureuse qu’il ne me regarde pas : je savais qu’il voyait bien mieux que moi dans le noir et mon expression ne l’aurait pas aidé à se sentir mieux.

— Je ne sais pas comment ils ont su que j’y serai. Peut-être que c’était une coïncidence, que j’étais au mauvais endroit au mauvais moment, comme on dit… Je me suis transformé une fois, là-bas, mais il faut croire que je n’ai pas été assez attentif pour repérer une autre présence. Je pensais pourtant être seul.
— Ils n’étaient pas revenus les jours après l’attaque ? m’étonnai-je.
Au moins, il y avait échappé pendant quelques années.
— Non. Apparemment, ils ignoraient que je faisais partie du clan et comme j’étais absent… Ils n’ont pas pris le risque de revenir pour rien après ce qu’ils avaient fait. Ils devaient se faire petits pour ne pas être suspectés par les autorités.
— Je suis désolée qu’ils t’aient eu…
— C’est finalement la meilleure chose qui me soit arrivé. Je suis heureux de t’avoir retrouvé.

Il était satisfait d’avoir été capturé et maltraité, pour moi. Une immense vague d’émotions menaça de me submerger. Je fermai les yeux en crispant les paupières et serrai les lèvres, afin de la repousser. Je n’étais pas prête à la recevoir de plein fouet.

— Lyn ?
— Oui ?
— Tu es venue me libérer tout en étant convaincue que je te tuerais ?

Il me demandait cela comme s’il avait encore du mal à y croire. Je grimaçai. Je me revis, lui demandant de m’achever rapidement, avant de lui ouvrir pour qu’il s’échappe.
Je soupirai. Je pouvais percevoir le mélange d’incrédulité, de surprise mais aussi du reproche, dans sa voix. Ou de la colère.

— Oui. Je préférais mourir plutôt que passer une journée de plus dans cet enfer, avouai-je. Je n’ai pas osé espérer que tu m’aiderais à sortir. Et de toute façon, je ne savais pas où j’aurais pu aller. Et j’étais sûre qu’ils se lanceraient à ma recherche et toute seule, je n’aurais rien pu faire.

Je déglutis en me disant qu’ils devaient déjà être à nos trousses. Ils devaient s’être aperçus de notre fuite depuis des heures. Je repoussai la panique le plus loin possible de moi.

Pas maintenant… Pas maintenant…

Un silence suivit ma déclaration. C’en était trop, pour lui, mais il m’avait posé la question et j’avais décidé d’être honnête avec lui. Je ne pouvais pas reculer et retirer les paroles que j’avais eu, devant sa cellule. À ce moment-là, j’ignorais tout de ce qui allait se passer et il était trop tard, maintenant. Je n’osais pas tourner la tête vers lui pour voir son expression. Le plafond était, pour le moment, le seul objet de ma fascination.

Je restai donc comme ça, immobile, la couette remontée presque jusqu’à mon front, pour me cacher du reste du monde, mais aussi des magnifiques yeux de Dean. Ça faisait beaucoup. Je ne répondis rien et le laissai croire que je m’étais endormie, jusqu’à ce que je ne fasse plus semblant, et que le sommeil finisse par m’emporter, malgré tout.

~


Je rouvris les yeux mais les refermai immédiatement en grimaçant, une migraine lancinante enfermant ma tête dans un étau. J’avais à peine eu le temps de voir les rayons du soleil filtrer à travers le rideau de la fenêtre. J’avais l’impression que ma boîte crânienne battait comme un cœur. Je ne savais pas comment expliquer ça mieux.

Je finis cependant par me redresser, m’adossant au mur, une main sur le visage. Mes paupières se soulevèrent de nouveau. Malgré ça, j’avais quand même l’impression d’avoir réussi à me reposer. Mieux que d’habitude, en tout cas. Le sommeil procuré par les médicaments n’était, pour moi, qu’illusoire.

— Bien dormie ? me héla Dean.

J’émis un grognement pour seule réponse. Je me frottai les yeux avant de finalement hocher la tête. Étrangement, je n’avais pas fait de cauchemars. Ou bien je ne m’en souvenais pas.

Il était en train de rassembler les restes de nourriture et nos maigres affaires. Ses cheveux noirs étaient en bataille (ce qui lui allait plutôt bien) et ses vêtements, froissés. Il devait à peine se lever. Pourtant, il était déjà sur le qui-vive.
Il tourna la tête vers moi et me tendit un paquet de biscuits. Je me levai et m’approchai pour le prendre en le remerciant. Je m’assis sur un coin du lit que j’avais occupé et l’observai s’affairer. J’aurais voulu l’aider, mais il termina à peine une seconde plus tard. Il s’assit sur son matelas. Je piochai un cookie dans la boîte puis la lui tendis. Il la prit en me souriant, mais ce sourire était minuscule. Je le regardai un peu mieux. Lui, en revanche, n’avait pas l’air d’avoir trouvé le sommeil. Je fronçai les sourcils.

— Tu n’as pas dormi ? m’inquiétai-je.
Il soupira.
— Très peu, admit-il.

Je baissai les yeux. Avec tout ce que j’avais pu lui dire, ce qu’on avait appris tous les deux, il était normal que cela l’ait secoué. Mais il ne devait pas y avoir que ça. Maintenant que les brumes du sommeil s’étaient définitivement dissipées, je me souvins que les chasseurs devaient être en route. Et Dean était aux aguets, ça se voyait.

— Tu avais peur qu’ils débarquent… ? osai-je demander.
— Ils ne devraient pas nous retrouver, assura-t-il. Et je ne sais pas s’ils prendraient des risques pour nous chercher, nous. On leur a échappé, ils vont passer à autre chose.

Je me mordis la lèvre. Ouais. Il devait y avoir tellement de métamorphes pouvant servir de cobayes, pourquoi prendraient-ils la peine de nous traquer ? Ce serait plus simple de s’en prendre à des créatures ne se doutant de rien.
Je détestais cette idée.
Il dut se douter du cheminement de mes pensées, car il se passa une main sur le visage.

— Je suis désolé de dire ça comme ça. Nous ne sommes pas si faciles à débusquer non plus, tenta-t-il de me rassurer.

Je levai un sourcil.
Ah oui ?
Pourtant ils avaient bien trouvé ma famille. Et Dean. Et l’autre métamorphe qu’il connaissait.

— Au départ, poursuivit-il, les attaques arrivaient par surprise mais maintenant, notre espèce est plus vigilante. Le danger n’est pas nul, mais atténué. Et à mon avis, ils ne lanceront plus d’offensive avant un moment, après ce qui vient de se passer. Ils doivent renforcer leur sécurité. Néanmoins, je ne pourrai dormir tranquillement que quand nous serons chez moi.

Peu importe ce qu’il disait, j’étais loin d’être soulagée. Mais j’opinai, afin de le délivrer de ces explications, sachant qu’il était très mal à l’aise. Et puis qu’est-ce que je pouvais faire ? Retourner là-bas ?
Cette idée me remplit d’horreur. Je me mis à prier mentalement pour qu’il n’arrive rien aux autres métamorphes du coin. J’étais vraiment navrée, mais j’avais assez donné. Au point que j’avais voulu en finir avec la vie.

Et ce n’était pas la première fois, d’après les marques sur mes poignets. Avec le temps, j’avais appris à ne même plus les remarquer, mais au début, je m’étais demandée ce qui s’était passé.
Et je savais que Dean ne me laisserait jamais faire. Ou me suivrait. Il en était hors de question.

— Avant de venir te libérer, j’ai fouillé dans le dossier qu’ils avaient sur moi, lançai-je.
J’avais toute son attention.
— On a eu de la chance. Ils ont enlevé mon traceur GPS il y a quelques jours. Apparemment, ils devaient m’en implanter un autre.
Je passai une main sur mon front.
— Et je suppose que s’ils ne sont pas déjà à notre porte, c’est qu’il n’y en avait pas d’autres. Mais… Est-ce qu’il y aurait un moyen de vérifier ?
Il y eut un petit silence. Ses yeux se chargèrent d’éclairs à l’idée qu’on m’ait injecté une puce. Puis il hocha la tête.
— Oui. Il y a un moyen. On pourra même vérifier cela rapidement, répondit-il.
Je soupirai de soulagement et acquiesçai.
— Très bien.

Un ange passa.

— Tu as été une vraie guerrière, là-bas, commenta-t-il soudainement.
Je relevai la tête vers lui. Un sentiment de fierté incompréhensible me saisit.
— Tu t’es montrée vraiment courageuse. Ou inconsciente, je n’ai pas encore statué.
Un rire bref et nerveux m’échappa.
— Je préfère la première option, fis-je, faussement vantarde.
En réalité, j’essayais de trouver n’importe quoi pour détendre l’atmosphère.
— Et puis c’est le résultat qui compte, ajoutai-je.

Il approuva d’un sourire en coin.
Je finis par mordre dans mon cookie, alors qu’il en avait déjà mangé plusieurs. Mâcher augmenta ma migraine.

— Est-ce que ça va ?

Je désignai ma tempe en secouant la tête, me forçant à avaler le reste du biscuit.
Je savais ce que c’était : cela faisait plus d’une journée que je n’avais pas pris de médicament. La crise commençait doucement à s’installer.

~


Dean avait appelé un taxi de l’accueil, qui nous avait conduit dans un endroit un peu perdu. Nous marchions sur un trottoir bordé par une épaisse forêt. Ici, la neige craquait moins sous mes pas. Alors que nous approchions d’un petit village, elle avait fondu de plus en plus. J’avais pu voir sur plusieurs panneaux que nous étions dans le New Hampshire. J’avais également fini par comprendre que mon lieu de détention était dans le Maine. Voilà un État dans lequel je ne remettrais plus jamais les pieds.

Nous approchâmes d’une maison, et le loup frappa à la porte. Tendue, j’attendis que quelqu’un ouvre. Mais j’appréhendais. Néanmoins, si Dean avait confiance, c’était qu’il y avait une bonne raison. Mais je supposais qu’il me faudrait du temps pour ne plus me méfier ainsi.

La porte s’ouvrit quelques secondes plus tard sur un homme un peu plus petit que moi. Il avait les cheveux roux, de petits yeux d’un vert clair et des taches de rousseur lui donnant un air vraiment mignon. Il avait encore une tête un peu enfantine, malgré le fait qu’il devait avoir mon âge. Il n’était pas si effrayant, au final… Ou bien c’était justement une tactique. Pour qu’on le sous-estime et qu’on soit surpris.
Il lui fallut une bonne seconde avant de réaliser qui se tenait devant lui.

— Dean ! s’exclama-t-il. Enfin !
— Salut, Tony, répondit l’intéressé avec empressement.
— T’étais passé où ?! commença à s’agacer l’homme après avoir montré du soulagement. Je me suis inquiété, bordel ! On ne pouvait même pas te joindre !

Je haussai les sourcils. Ah. Je n’aurais pas imaginé que la conversation se déroulerait ainsi. En même temps, je ne savais même pas ce que nous faisions ici, ni qui était cet homme.

Mon mal de tête ne m’empêcha pas de ressentir une sorte d’aura de puissance, comme chez mon compagnon d’aventure, mais en moins prononcé. Un métamorphe ? Oui, ça devait être ça.
Les habitudes ayant la vie dure, mon inquiétude fut accentuée par ce fait. Pour tenter de la canaliser, je me mis à faire des suppositions mentales sur quel animal il était.

Un renard ? Trop facile, non ? Un loup alors ? Un chien ? Un joli chat roux ? Non, sûrement un renard.

— On est obligés d’en parler dehors ? grommela Dean. On gèle.

Il était vrai que je devais me retenir de claquer des dents malgré mon manteau.
Tony parût enfin me remarquer. Il me détailla des pieds à la tête, puis ses lèvres s’étirèrent en un sourire. En réponse, je levai timidement la main pour lui adresser un salut.

— Mais oui à quoi je pensais ? répondit-il de manière théâtral. Il est très impoli de faire attendre une personne aussi charmante dehors.

Je me retins de lever les yeux au ciel, mais au moins, j’avais moins peur de lui.
Il s’effaça un peu pour nous laisser entrer et referma la porte derrière nous.

— Lyn, voici Tony, un ami. Tony, je te présente Lyn, annonça Dean.
— Enchanté, s’inclina le camarade de mon sauveur.
— De même… ? répondis-je, ma réponse sonnant plus comme une interrogation qu’une affirmation.
Cela le fit rire.
— Je ne sais pas ce que t’es allé faire, mon cher Dean, mais si c’était pour elle, ça valait le coup ! J’aurais relevé tous les défis, moi aussi !

Si j’avais pu grogner, je l’aurais fait. Nul doute que Tony n’était pas méchant, mais je trouvais ça déplacé.
Le loup lui envoya une baffe derrière la tête. Je dus réprimer un sourire.

— Enfoiré de renard, l’insulta-t-il.
Ah ! J’avais raison !
— Connard de loup, répondit Tony de manière automatique.

Eh ben… Je ne savais pas comment s’était formée leur amitié, mais c’était… intéressant ? Ils avaient l’air d’avoir l’habitude de se bâcher ainsi.
Le renard nous invita à nous assoir sur la canapé et lui, prit place sur un fauteuil en face de nous.

— Bon. On ne va pas passer par quatre chemins, lança-t-il, ayant recouvré son sérieux. Qu’est-ce que t’es parti foutre ? T’avais l’air complètement désespéré. Tu m’as tout laissé et tu t’es barré !

Ok. Je voyais dans quoi on partait. Je fus mal à l’aise d’avance.
Dean pressa doucement mon bras pendant quelques secondes, pour me rassurer.

— Je vais faire vite, commença-t-il. (Il prit une inspiration.) Je suis retourné sur le lieu de l’attaque. Si je t’ai tout laissé, c’était pour pouvoir me transformer librement et sans prendre de risques. Sauf que j’ai été – disons – mal accueilli et je me suis retrouvé chez les chasseurs. (Les yeux de Tony s’écarquillèrent.) Là-bas, j’ai été libéré par Lyn et on s’est enfuit.

Un silence pesant tomba sur la pièce. Nerveuse, je mis mes mains entre mes cuisses et les serrai, encore pour m’empêcher de tapoter quelque chose avec mes doigts.

— Attends…, finit par faire Tony d’une voix étranglée. Tu étais là-bas ? Et tu as réussi à t’enfuir ? (Il tourna la tête vers moi.) C’est toi qui l’as libéré ? Mais…
Il plissa les yeux, comme s’il me sondait. J’osai à peine respirer.
— Comment en as-tu eu la force ? me questionna-t-il. Je sens à peine le loup en toi, tu ne devais pas avoir de puissance.

Je me mordis la lèvre. Je me doutais qu’il n’était pas méchant et qu’il ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie, il était seulement sous le choc.

— C’est compliqué…, parvins-je à répondre de manière évasive.
— Une minute… Comment as-tu dit que tu t’appelais ? relança le renard.
En réalité je n’avais rien dis, c’était Dean qui m’avait présenté. Mais soit.
— Lyn, répétai-je.

Ce fut comme si ses tâches de rousseur venaient d’être effacées. Il devint pâle et se renfonça dans le dossier du fauteuil, comme s’il n’avait plus de forces.

— Oh bordel… Comment ai-je pu ne pas capter plus tôt…

Je lançai un regard interrogateur à Dean. Il me fit un sourire triste. Il était vrai qu’il avait parlé de l’attaque à Tony, donc il devait être au courant de ce qui s’était passé pour ma disparition. En revanche, il ne devait pas m’avoir déjà vu avant, sinon il m’aurait reconnu. Là, il n’avait pas tilté sur mon nom, mais des Lyn, il devait y en avoir plein.

— Tu es vivante…, souffla le renard.
Je hochai la tête.
— J’en ai bien l’impression, lâchai-je avec un rire nerveux.
— Tu viens de sauver la vie de mon ami et de lui redonner son espoir, continua-t-il.

Il joignit ses deux mains, les yeux brillants. Il n’avait plus rien de taquin. Son regard débordait de reconnaissance. Je ne pensais même pas en mériter autant. Ma gorge se serra d’émotion.

— Tu es un petit miracle. Un putain de miracle.

---


Chapitre 4
Chapitre 6
Dernière modification par Chlawee le ven. 23 avr., 2021 10:41 am, modifié 1 fois.
melaivy

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par melaivy »

On avance bien. Cette pause est bien positionnée : après le mystère, l'action, les premières révélations, un intermède pour voir un peu plus d'interaction entre Dean et Lyn et un nouvel (ancien ?) ami...

A bientôt pour la suite.
lacrystal

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par lacrystal »

Bon, j'ai foncé direct sur le chapitre quand j'ai vu que tu l'avais posté xD
Donc, du coup, j'ai vraiment adoré. Lyn est tellement adorable, sans parlé de Dean, j'aime vraiment trop ces deux personnages principaux, genre vraiment.
Ensuite, c'est vraiment super ce nouveau personnage ! En plus ce n'est pas un métamorphe loup, donc ça change, c'est chouette *-* Puis, il a l'air marrant x)
En tout cas, j'ai tellement hâte de lire la suite *-* Je suis comme une dingue xD
J'adore vraiment ton histoire
Et aussi, j'ai hâte que Lyn se transforme en louve et qu'il y est un plus grand rapprochement entre Lyn et Dean *-*
A bientôt pour la suite !
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Pendergast »

Bonjour, je me suis également précipitée, et j'ai bien fait ! Chapitre intéressant marquant une pause dans l'action, permettant d'affiner la relation entre nos héros et de faire connaissance avec un nouveau personnage.
Oce1510

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Oce1510 »

Hello!
Top cette suite! Je suis sure que Lyn et Dean sont des âmes sœurs 😍
Hâte d’avoir la suite pour savoir 😊
Oce1510

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Oce1510 »

Hello!
Top cette suite! Je suis sure que Lyn et Dean sont des âmes sœurs 😍
Hâte d’avoir la suite pour savoir 😊
Charmimnachirachiva

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou !
Ton histoire est super, j'adore !!! :D
Ca me fait toujours plaisir de retrouver ton style d'écriture, dynamique mais qui permet quand même de bien ressentir les émotions des personnages !
J'aime beaucoup Lyn, elle est courageuse et déterminée. On comprend qu'elle a vraiment vécu un enfer et la perte de ses souvenirs l'a forcée à se reconstruire une nouvelle identité mais ces co**ards l'ont manipuler et torturés :evil: . Je sens que son sevrage va être horrible :cry: Je lui apporterai mon soutient mental :lol: .
Par contre Dean, je sais pas, même s'il n'a pas l'air méchant, j’accroche moins à sa personnalité... Enfin à voir ;) Je trouve que pour l'instant on a beaucoup vu son côté où il veut protéger Lyn (ce qui est tout à son honneur) mais on n'a pas encore vraiment vu comment il vit, ce qu'il aime... mais après c'est normal comme l'un des enjeux est la redécouverte de l'autre (enfin je le perçois comme ça moi) donc on va apprendre, en même temps que Lyn, à connaitre Dean.
Tony est extraordinaire par contre, même si il n'a pas beaucoup de tact ! :lol:
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 5)

Message par Chlawee »

melaivy a écrit : ven. 16 avr., 2021 11:15 am On avance bien. Cette pause est bien positionnée : après le mystère, l'action, les premières révélations, un intermède pour voir un peu plus d'interaction entre Dean et Lyn et un nouvel (ancien ?) ami...

A bientôt pour la suite.
Hey ! :D
Merci beaucoup ! :D
lacrystal a écrit : ven. 16 avr., 2021 12:17 pm Bon, j'ai foncé direct sur le chapitre quand j'ai vu que tu l'avais posté xD
Donc, du coup, j'ai vraiment adoré. Lyn est tellement adorable, sans parlé de Dean, j'aime vraiment trop ces deux personnages principaux, genre vraiment.
Ensuite, c'est vraiment super ce nouveau personnage ! En plus ce n'est pas un métamorphe loup, donc ça change, c'est chouette *-* Puis, il a l'air marrant x)
En tout cas, j'ai tellement hâte de lire la suite *-* Je suis comme une dingue xD
J'adore vraiment ton histoire
Et aussi, j'ai hâte que Lyn se transforme en louve et qu'il y est un plus grand rapprochement entre Lyn et Dean *-*
A bientôt pour la suite !
xD ça me fait trop plaisir !
Je suis vraiment contente que Lyn te plaise ! :cry: J'étais si peu sûre de moi, pour elle. :lol: Et Dean aussi !
Ah Tony c'est... Tony. :lol: Mais je suis contente que tu l'aimes bien aussi !
Oh ben peut-être bientôt hein... :ugeek: On sait pas... (Oui je fais du teasing, hehe.)
Encore merci !! *-*
Pendergast a écrit : ven. 16 avr., 2021 5:32 pm Bonjour, je me suis également précipitée, et j'ai bien fait ! Chapitre intéressant marquant une pause dans l'action, permettant d'affiner la relation entre nos héros et de faire connaissance avec un nouveau personnage.
Merci beaucoup ! :oops:
Oce1510 a écrit : ven. 16 avr., 2021 9:27 pm Hello!
Top cette suite! Je suis sure que Lyn et Dean sont des âmes sœurs 😍
Hâte d’avoir la suite pour savoir 😊
Merci ! :D
Ah ça... 8-)
Charmimnachirachiva a écrit : sam. 17 avr., 2021 12:22 pm Coucou !
Ton histoire est super, j'adore !!! :D
Ca me fait toujours plaisir de retrouver ton style d'écriture, dynamique mais qui permet quand même de bien ressentir les émotions des personnages !
J'aime beaucoup Lyn, elle est courageuse et déterminée. On comprend qu'elle a vraiment vécu un enfer et la perte de ses souvenirs l'a forcée à se reconstruire une nouvelle identité mais ces co**ards l'ont manipuler et torturés :evil: . Je sens que son sevrage va être horrible :cry: Je lui apporterai mon soutient mental :lol: .
Par contre Dean, je sais pas, même s'il n'a pas l'air méchant, j’accroche moins à sa personnalité... Enfin à voir ;) Je trouve que pour l'instant on a beaucoup vu son côté où il veut protéger Lyn (ce qui est tout à son honneur) mais on n'a pas encore vraiment vu comment il vit, ce qu'il aime... mais après c'est normal comme l'un des enjeux est la redécouverte de l'autre (enfin je le perçois comme ça moi) donc on va apprendre, en même temps que Lyn, à connaitre Dean.
Tony est extraordinaire par contre, même si il n'a pas beaucoup de tact ! :lol:
Coucou ! :D Merci beaucoup ! Et ça me fait plaisir de voir que tu aimes suivre mes histoires !
Je suis contente que tu aimes Lyn ! Ah ben hé tu me connais, tu sais que j'aime bien semer des conn*ards un peu partout dans mon romans. :twisted: :lol:
Pour Dean ouais il est encore un peu effacé. :) J'espère qu'il te plaira plus par la suite !
Clairement ! :lol:
Encore merci ! :D
Chlawee

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 6)

Message par Chlawee »

Bonjour à tous ! Voici le chapitre 6 ! J'espère qu'il vous plaira et je vous souhaite une bonne lecture ! :D


Chapitre 6

Après avoir dû expliquer à Tony que je ne me souvenais de rien, parce qu’il commençait à me poser des questions, un malaise s’était développé dans la pièce. Mais il avait fini par affirmer que cela ne changeait rien, que c’était tout de même prodigieux. En ce qui concernait le sauvetage de Dean, j’étais tout à fait d’accord. Pour le reste, concernant le fait que j’étais l’espoir du loup, je n’en aurais pas mis ma main à couper. Il s’apercevrait bien vite qu’après l’euphorie de m’avoir retrouvé, mon amnésie et le fait qu’un fossé s’était creusé entre nous après trois ans sans aucune nouvelle de moi, il n’y aurait plus qu’une tension, de la nostalgie, et je ne serais qu’un fantôme à ses yeux. Celui de la Lyn qu’il connaissait autrefois.

J’ignorais à quel point nous étions proches, lui et moi, avant, et je n’avais pas osé le lui demander. Cela aurait pu être le sentiment d’appartenir à la même famille, une amitié extrêmement forte ou bien… ou bien un sentiment amoureux.
Avec les sensations que j’avais, des échos de souvenirs perdus, j’aurais plutôt penché pour la dernière option. Ou bien le fait que j’aie oublié qui il était pour moi, m’a donné l’opportunité de ressentir quelque chose de nouveau envers lui ?

Seul Dean pouvait me donner la réponse mais ce n’était pas le bon moment : nous venions de nous échapper et nous n’étions même pas encore arrivés chez lui.

Je me rendis compte que le « moyen » d’être certains que je n’avais plus aucune puce électronique sous cutanée, portait le nom de Tony. C’était un guérisseur, lui aussi. Et il était assez fort dans ce domaine pour repérer les anomalies, les corps étrangers. Il avait posé ses mains sur mes bras, puis mon cou, et s’y était attardé de longs moments. Je trouvais ce contact gênant, mais je pris sur moi. Il ne faisait ça que pour être sûr qu’il n’y avait pas besoin de s’alerter. Les ondes de son don se répercutaient dans mon corps. Je me sentais analysée. Et après avoir touché ou effleuré d’autres parties de mon être, il avait secoué la tête et rendu son verdict :

— Il n’y a rien.

Ce fut un véritable soulagement.
Le loup avait récupéré ses papiers qu’il avait confié au renard, son portable, ainsi que la clé de sa voiture. Il devait vraiment avoir confiance en lui.
Tony nous avait raccompagné à la porte et avait abandonné son air taquin pour nous dire aurevoir chaleureusement.

— Prenez soin de vous, nous avait-il demandé avec douceur.

Il m’avait adressé un regard appuyé. Il n’avait pas besoin de parler pour que je comprenne : « Prends soin de lui ». Il dut voir à ma tête que j’avais saisi, car il m’avait adressé un clin d’œil avant de rentrer chez lui. Dean avait déjà commencé à s’éloigner et s’était stoppé en se demandant pourquoi je m’étais arrêtée.

Nous avions fini par arriver à sa voiture et j’avais écarquillé les yeux en la voyant. Je la trouvais superbe, avec sa peinture noire. Un style un peu ancien, mais vraiment classe. J’avais fouillé dans ma mémoire pour voir si je possédais des notions d’automobile, les yeux plissés.

— Une Impala ? avais-je tenté.
Alors que Dean s’apprêtait à déverrouiller les portières, un sourire s’était timidement immiscé sur son visage.
— C’est exact.

Eh ben ! Il me restait des connaissances que je n’aurais pas soupçonnées !
Le ronronnement du moteur avait eu raison de moi en un rien de temps : je m’étais endormie dès les premières minutes du trajet. Il fallait aussi dire que j’avais toujours la migraine. Tony m’avait proposé un cachet, mais la simple idée d’en reprendre m’horrifiait et j’avais refusé. De toute façon, cela ne m’aurait pas aidé longtemps.

L’arrêt de la voiture me réveilla car je n’étais plus bercée par son mouvement. J’ouvris les yeux. La migraine s’était légèrement calmée, ma sieste m’ayant fait du bien.

— Nous sommes arrivés, chuchota Dean.

Apparemment, nous avions cinq heures de route à faire. Ce n’était même plus une sieste, à ce niveau-là. Nous devions être au milieu de l’après-midi, d’après la position du soleil.
Curieuse de voir enfin la maison du loup, j’ouvris la portière sans attendre et sortis de la voiture.

Je faisais face à un chalet. L’extérieur tout en bois était très joli et donnait immédiatement envie d’entrer. De plus, cela collait bien avec la saison que nous traversions actuellement. Tout autour, il y avait de la forêt, et plus loin, je pouvais apercevoir les toits d’autres maisons, mais c’était comme si nous étions dans une bulle : un peu isolés, mais pas trop.

Un petit chemin de gravillons menait à l’entrée. Nous grimpâmes les quelques marches débouchant sur une petite terrasse entourée de balustrades de bois, faisant office de porche. Dean ouvrit la porte d’entrée et se décala sur le côté pour que je m’engouffre à l’intérieur.
Je regardai tout autour de moi, bouche-bée. Comme à l’extérieur, tout était en bois et avec des poutres apparentes.

— Bienvenue chez moi…

Malgré le peu de décoration, je trouvais cet endroit plutôt chaleureux, accueillant. Des images de feu de cheminée – car il y en avait une ! – et de chocolats chauds envahirent mon esprit. Le couloir de l’entrée débouchait sur un salon vraiment grand arborant une immense baie vitrée, sur le mur du fond, donnant une superbe vue sur la forêt.

J’ai envie d’y courir.

Je ne savais pas pourquoi je venais de penser à ça. Un vieil instinct de… loup ? Les bois semblaient m’appeler. Je frissonnai. Je devais commencer à délirer.
Je souris à Dean.

— C’est vraiment joli, fis-je, enchantée.

Le salon possédait un grand canapé rond, au centre de la pièce, un autre plus petit, en cuir noir, tourné sur le côté mais éloigné des murs, un fauteuil en velours rouge, un grand tapis blanc qui avait l’air si moelleux que j’avais envie d’y enfoncer mes pieds, un écran plat au-dessus de la cheminée, et quelques étagères à moitié vides. Mais aucun élément trop personnel. Pas de photos, pas d’objet un peu atypique, rien qui détonnait. La seule autre couleur mis à part le fauteuil, provenait des coussins bleus. Le plaid recouvrant le canapé rond était gris. Plus loin, il y avait un coin salle à manger, avec une grande table en bois.

En voyant cela, j’en eus les larmes aux yeux. Ce changement de décor me faisait tellement de bien ! Je ne savais pas si j’allais y rester longtemps, mais c’était tellement plus que ce que j’aurais pu imaginer, chez les chasseurs.

Il me fit visiter le reste du chalet. Au rez-de-chaussée, c’était le salon, qui était la pièce maîtresse, la plus grande. La cuisine était assez petite, mêlant modernité et bois, mais bien équipée et la pièce des toilettes… Eh bien, pas besoin qu’elle soit immense, non plus. Le garage était grand, en revanche. Dean en profita justement pour y garer la voiture. Encore une fois, je faillis baver en la voyant. Oui, ce serait dommage que quelqu’un l’abîme si elle restait dehors.

Une autre belle surprise attendait, à l’étage : dans la chambre de Dean, qui n’était pas très colorée non plus, il y avait un lit double, une armoire, une étagère et un bureau sans fioritures, mais surtout, une baie vitrée. C’était encore plus impressionnant de voir la forêt de cette hauteur.

— Ça doit être génial de voir ça en se réveillant… Ou de regarder les étoiles avant de dormir, commentai-je dans un souffle, émerveillée.
Il eut un sourire en coin et croisa les bras, suivant mon regard sur la cime des arbres.
— Ça l’est, en effet, confirma-t-il.

Je crus voir une ombre passer sur son visage, gâchant la lueur joyeuse dans son regard. Cela lui avait-il rappelé quelque chose ?
Je voulus changer de sujet et pointai du doigt une porte, au fond de la pièce.

— Qu’est-ce qu’il y a, derrière ?
Il prit un air mystérieux et je sus que je venais de le tirer d’une mauvaise pensée. Son expression m’arracha un petit rire.
— Que peut-il y avoir de si génial… Oh, bordel ! jurai-je.

Je ne savais pas si mes yeux pouvaient s’écarquiller plus. Ma mâchoire allait se décrocher. Il gloussa, amusé.
Devant moi, il y avait une grande baignoire, contre un mur, qui semblait pouvoir se transformer en jacuzzi. Et plus loin, il y avait un coin de douche à ciel de pluie. Avec tout pleins de boutons pour régler le jet et un carrelage sombre.

— On est au paradis ?
Cette fois, il s’esclaffa.
— C’est un peu trop, fit-il, mais disons que des amis qui m’ont aidé à construire cette pièce m’ont fait des recommandations – pour ne pas dire qu’ils m’ont harcelé – et j’ai fini par céder. Je les soupçonne d’avoir fait ça pour pouvoir en profiter quand ils viennent.
Je hochai la tête. Son explication venait de me réchauffer le cœur : il n’était pas seul. Il avait des amis.
— Et ce n’est pas fini, il faut que je te montre la chambre où tu vas dormir, déclara-t-il.

Alors là, j’avais hâte de voir ça.
Il m’y conduisit et je souris en observant la pièce. Une grande fenêtre sur le mur que le lit double venait coller, une grande armoire à glaces, une table de chevet avec une lampe et un petit bureau en bois. Encore une fois, pas de décoration, mais cette simplicité me convenait parfaitement.

— Il n’y a pas de baie vitrée pour admirer les étoiles, commença-t-il, reprenant ce que je lui avais dit, mais la fenêtre est grande et…
Il désigna le plafond. Entre deux poutres, il y avait une lucarne, juste au-dessus du lit. J’avais mal aux joues à force de sourire.
— C’est parfait, assurai-je.
Mes yeux se mirent à pétiller.
— Et la porte du fond… ?

Ses lèvres s’étirèrent. Il n’avait pas besoin d’en dire plus : salle de bain !!
Je ne savais pas pourquoi j’étais aussi excitée par ça, mais savoir que j’avais droit à plus de luxe que d’habitude me faisait un bien fou. Ma fixette là-dessus se dissiperait sûrement rapidement.

— Elle n’est pas aussi géniale que la mienne, mais…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que j’étais déjà dans la pièce. Elle était certes un peu plus petite que la sienne et il n’y avait pas de douche, mais j’étais déjà amoureuse de la baignoire. Je n’avais jamais pris de bain depuis mon arrivée chez les chasseurs. Je ne pensais même jamais que ça arriverait un jour.

— C’est déjà beaucoup, m’enthousiasmai-je.
— Il me fallait absolument une chambre d’amis convenable, ricana-t-il, avec tous les passages qu’il y a chez moi.

J’inclinai la tête sur le côté, avec un air interrogateur. Je ne me rendis compte qu’après avoir fait ce mouvement que ses fréquentations ne me regardaient absolument pas. Mais je n’avais pas pu m’en empêcher. J’étais curieuse de le connaître, d’en savoir plus sur lui et sur sa vie. Et aussi… une part de moi voulait s’assurer qu’il était bien entouré.
Il se passa une main dans les cheveux, un peu gêné.

— Il y a encore une chose dont je dois te parler…, avoua-t-il.
Oh. Alors finalement, si, ça me concernait ?
— Je suis à la tête d’un clan. C’est pour cela qu’il y a souvent quelqu’un, ici.

Je haussai les sourcils. Il était vrai qu’il m’avait parlé de clan, lorsqu’il m’avait informé que ma famille l’avait recueilli après que le sien se soit divisé.

— Comment est-ce que tout ça fonctionne ? le questionnai-je.
— Les métamorphes se regroupent entre membres de la même espèce et ils veillent les uns sur les autres, tout en instaurant une hiérarchie. Chez les loups, l’Alpha est tout en haut, et je suis celui du clan Sparks. Les Alphas sont suivis des Bêtas. Ils sont censés commander s’il arrive quelque chose à leurs supérieurs. Le Bêta de ce clan est Griffin.
Griffin ?
— Il y a aussi les Omégas mais… (Il grimaça.) Ils sont souvent victimes des autres membres. Chez moi, c’est hors de question. Personne n’est mis de côté ni agressé. Nous nous protégeons tous.
Je m’assis sur le lit, pendue à ses lèvres.
— Il arrive que des métamorphes ne veuillent pas former de meute, comme dans le cas de tes parents. Ils aimaient vivre comme ils l’entendaient, comme les humains, expliqua-t-il.

J’eus une drôle de sensation, désagréable, comme à chaque fois que ma famille était mentionnée. Mais je repoussais encore et encore cette impression, ne voulant pas y faire face.

— Alors tu es l’Alpha de tous les loups de ton clan…, repris-je, pour moi-même.
— C’est ça. Enfin, il n’y a pas que des loups.
— Ah oui ?
La surprise transperçait vraiment dans ma voix. Il opina.
— J’ai décidé que je n’en avais rien à foutre des conventions, railla-t-il.
Je pouffai.
— Je suppose que c’est une raison tout à fait louable, répliquai-je.

Si son commentaire m’avait amusé, je me demandais tout de même s’il ne s’attirait pas d’ennuis, en procédant ainsi. Mais en me remémorant à quel point Dean pouvait être imposant, je me fis la réflexion que personne ne devait avoir envie de se le mettre à dos.

— Comment est-ce que ça s’est fait ? demandai-je.
Je me mordis la lèvre.
— Enfin tu n’es pas obligé de m’expliquer…
— Je le peux, me rassura-t-il.
Je repliai mes genoux contre ma poitrine, l’écoutant attentivement.
— Après ta disparition, j’ai passé du temps à me morfondre et je l’ai joué loup solitaire, jusqu’à ce qu’un ami vienne me secouer, Griffin. J’ai assisté au déclin de sa meute, alors que je venais à peine d’y être accepté. Son Alpha maltraitait son clan. J’ai décidé, sans prendre le temps d’y réfléchir, de le provoquer en duel et j’ai gagné. Je suis devenu l’Alpha mais cela n’a pas plu à tout le monde.

Une vague de colère me parcourut à l’idée que toute une meute ait été maltraitée par un tyran. Je détestais l’idée qu’une telle personne puisse avoir trop d’emprise sur les autres pour que quiconque qui en ait l’habitude ne se révolte. Comme l’avait fait Mike avec moi. Heureusement que Dean était là.

C’est aussi parce qu’il était là, que j’ai réussi à échapper à l’emprise des chasseurs.

Je me fis la réflexion que malgré ce qu’avait dit Tony, c’était finalement le loup qui me faisait face, qui était mon miracle.

— Plusieurs sont partis, poursuivit-il sans se douter une seconde de ce à quoi je pensais. Et d’autres métamorphes dans le besoin sont venus. Il n’y avait pas que des loups, et comme cela ne se fait pas, les derniers sceptiques ont plié bagages aussi. Deux loups sont cependant restés. Griffin et sa fille. Les membres du clan habitent tous dans les maisons autour du chalet. (Celles que j’avais aperçues, donc.) Nous restons proches en cas de problème.

Il n’était pas que mon miracle. Il était celui de pleins d’autres personnes. Un sentiment de fierté qui sortait de je ne savais où, me saisit, tandis que je le regardais. Il était incroyable.

Je m’enflamme, là.

Je hochai la tête, assimilant toutes ces informations.

— Waouh… C’est…
Je me raclai la gorge pour gagner du temps, afin de trouver les mots.
— Tu as fait ce qu’il fallait, affirmai-je. C’est génial, ce que tu as pu apporter à ces gens.
Il haussa les épaules et parût gêné.
— Si ça n’avait pas été moi, quelqu’un aurait fini par le faire. J’ai fait ce qui était juste.
Je ne pus m’empêcher de sourire.
— Quoi ? fit-il, sceptique.
— Trop modeste, monsieur Sparks ?

Il leva les yeux au ciel pour essayer de camoufler le fait qu’il était mal à l’aise. Mais je n’étais pas dupe.
Il vint s’assoir à côté de moi.

— Lyn, il faudrait que tu aies une fausse identité, lança-t-il.

Je ne m’étais pas attendue à ça. Je retournai sa phrase dans mon esprit pendant plusieurs secondes. Au final, ça paraissait logique. Les chasseurs me chercheraient peut-être, plus tard. Je me passai les mains sur le visage.

— Oui, soupirai-je. J’imagine bien…
— Mais ne te prends pas la tête avec ça, je me charge de tout.
— Et toi ? Pourquoi as-tu changé d’identité ? m’enquis-je. Tu étais recherché ?
Il secoua la tête.
— Je l’ai changée après… l’attaque. Aucun chasseur n’a eu accès à mes papiers d’identité et ils ne savent pas comment je m’appelle, mais on m’a… convaincu de le faire pour ne pas avoir de problèmes avec les autorités. Je n’en avais absolument rien à foutre mais Griffin refusait de me laisser tomber.

Ce Griffin semblait être un homme vraiment bien. Je comprenais pourquoi il était son second. Je me rendis compte que j’avais envie de le rencontrer, afin de m’en assurer mais aussi pour le remercier. Qui savait où en serait Dean, sans lui ?

— Lyn…, reprit le loup après un petit silence.

Je tournai la tête vers lui et nos yeux se croisèrent. J’eus le souffle coupé une seconde lorsque je vis l’intensité de ses émotions dans ses yeux. Ce qu’il m’apprêtait à me dire devait être sérieux. Tout en appréhendant la suite, je fis un léger mouvement de tête pour l’encourager à poursuivre.

— Tu pourrais…
Il hésita, comme si ses prochains mots allaient l’écorcher vif.
— … choisir. De rester ou de partir. D’entrer dans un autre clan. (Mon visage se décomposa. J’ignorais que ces mots pourraient m’atteindre autant.) Mais je t’ai promis de veiller sur toi alors même si tu devais partir… je trouverais un moyen de t’aider. Sauf si… Sauf si évidemment, tu ne le voulais pas.

De façon tout à fait égoïste, je fus soulagée qu’il me dise qu’il voudrait tout de même être présent dans ma vie, alors même que j’étais la cause de sa peine.

— Est-ce que c’est… ce que tu voudrais ? Que je reste ? Ou…
Je déglutis.
— … que je parte ? terminai-je. Si tu ne devais te fier qu’à ce que toi, tu voudrais et ce dont tu aurais besoin, qu’est-ce que tu dirais ?

J’avais conscience que mon amnésie et le fait que les choses ne seraient peut-être plus jamais comme avant, devaient lui faire énormément de mal.
Nos regards restèrent soudés, alors que le silence était tombé sur la chambre. J’eus l’impression qu’il avait cessé de respirer, tout comme moi. Puis je le vis prendre une inspiration.

— Je veux que tu restes, admit-il, après des secondes qui me parurent interminables.

J’expirai enfin. J’étais soulagée. Soulagée, et en même temps, la pression me serra les épaules, comme un étau. Je ne savais pas ce que tout ça donnerait. Les choses pouvaient bien se passer comme mal se terminer.

— Tu en es sûr ?
— Sûr et certain.
Son ton démontrait que rien ne pourrait remettre cette décision en question.
— Et toi, chuchota-t-il, qu’est-ce que tu veux ?

J’avalai ma salive. Le soulagement ainsi que d’autres émotions que je ne comprenais pas étaient bien plus forts que mes craintes. C’étaient eux, qui allaient me guider jusqu’à la réponse :

— Je veux rester.

Tout comme moi, il parût soulagé. Il ferma les yeux pendant une seconde, puis se pencha vers moi et je sentis ses lèvres sur mon front. Surprise, j’eus un léger mouvement de recul. Immédiatement, il s’éloigna à nouveau et leva les mains.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.
— Non, ce n’est rien…

Je n’avais pas trouvé cela désagréable. Mais il était vrai que je n’avais pas l’habitude.
Il se leva et me fit un petit sourire.

— Tu peux considérer que c’est ta chambre, maintenant, m’informa-t-il. (Cette idée me provoqua un pic d’excitation.) Tu peux utiliser ma magnifique salle de bain si tu en as envie.
Il avait dit cela avec un air amusé. Je souris.
— Ou on peut même échanger les chambres, reprit-il. Je veux que tu sois à l’aise.
— Oh, ici, ça sera très bien, assurai-je.
— Super. Il faut que je passe quelques coups de fil, excuse-moi. Dorénavant, tu es ici chez toi, tu peux faire ce que tu veux et aller où bon te semble.
— D’accord…
— Si tu as besoin de quoi ce que ce soit, n’hésite pas.

Il sortit de la chambre, non sans un dernier coup d’œil afin de s’assurer que j’allais vraiment bien. Mais même moi, je n’aurais pas su le dire.

Il voulait que je reste. Alors si je ne pouvais pas redevenir celle que j’étais, il faudrait composer avec la nouvelle version de moi-même. Mais pour la première fois depuis ma fugue de chez les chasseurs, je ressentis de la détermination. Et de l’espoir.
On m’offrait une seconde chance. Je devais la saisir. L’idée de m’éloigner de Dean m’était insupportable.
Je verrais bien où ça me mènerait.

~


Après avoir passé un long moment à fixer le ciel, allongée sur mon nouveau lit, je décidai de retourner au rez-de-chaussée, afin de demander si je pouvais être utile à quoi que ce soit.
À peine me levais-je, que la migraine me revint, encore pire qu’avant. Elle enserrait mon crâne, causant une pression dessus. Et j’avais la nausée. Je mis une main devant ma bouche, mais je n’étais pas sur le point de vomir. C’était déjà ça de gagné.

Je me rendis compte que mes jambes tremblaient un peu, mais je les forçais à avancer. Je parvins à descendre les marches, en prenant mon temps et en m’aidant de la balustrade. J’entendais la voix de Dean, qui devait encore être au téléphone.

— Non, Griffin. Ça va être compliqué pendant un petit moment mais ensuite tu pourras venir, entendis-je. Je ne veux lui en imposer trop d’un coup.

Je fronçai les sourcils. J’étais certaine qu’il parlait de moi.
Et c’était Griffin, au bout de la ligne !

— Je te tiens au courant. Oui. À plus tard.

Il dut raccrocher, car le silence s’ensuivit. Puis je le vis sortir de la cuisine au moment où j’entrais dans le salon. Il s’arrêta en me voyant, puis son front se plissa d’inquiétude.

— Merde… ça a commencé, devina-t-il.
Je haussai une épaule.
— Pour l’instant, je gère, tentai-je de nous convaincre.

Il faisait plus chaud, je venais tout juste d’en prendre conscience. Un feu crépitait dans la cheminée. Je regardai les flammes pendant quelques secondes, fascinée. Je me reculai un peu pour atteindre le canapé rond, et m’affalai dessus sans pouvoir me retenir. Je ne pensais pas qu’il serait aussi moelleux. Je m’enfonçais dedans. J’eus un petit rire qui me donna le tournis et renforça mon mal de tête, puis me redressai en me tenant sur les bras.
Dean s’approcha.

— Tu as encore mal à la tête ? demanda-t-il.
— Ouais…

Il posa doucement le dos de sa main sur mon front, puis disparût dans la cuisine et j’entendis le bruit de l’eau qui coule ainsi que la porte du réfrigérateur s’ouvrir et se fermer. Il revint vers moi et me fit signe de m’allonger. J’obéis et il appliqua un gant mouillé sur mon front puis appuya une bouteille d’eau fraîche contre ma joue. Je soupirai d’aise. Ça faisait du bien.

— J’ignore si ça va te soulager longtemps, si jamais ça empire, dis-le moi. Je reste là.
— Merci…

Il fallait cependant que je pense à autre chose, tant que c’était encore possible. J’étais en train de m’imaginer reprendre une dose de médicament. Je me souvenais de la sensation de bien-être m’envahir, après certains traitements. Ou bien le sommeil… Le sommeil qui m’éloignerait de cette douleur.

— Tu m’as parlé… de photos, fis-je d’une petite voix.

Je pensais que ça allait, en sortant de la chambre, mais il semblait que cet effort ait accéléré le processus. Je ne savais même pas si en me relevant du canapé, je pourrais me tenir debout.

— C’est vrai, répondit-il.

Il se dirigea vers la grande table et s’installa ensuite près de moi, son portefeuille à la main. Il en sortit deux photographies qui attisèrent ma curiosité.

— Mais il faut que je te prévienne : ça risque de te secouer, ajouta-t-il, la voix empreinte de prévenance.

Il m’en montra une, qui me fit un choc.
Dean souriait à l’objectif et j’étais à ses côtés, aussi joyeuse que lui. D’après ce que je voyais de mon bras, il était tendu devant moi, en hauteur. Je prenais la photo. Nous devions être dans un parc. Nous étions assis sur une grande couverture à carreaux, et ce que je devinais être un reste de pique-nique était étalé un peu partout. J’avais plus de poids, mes cheveux semblaient bien plus chatoyants et j’étais plus vivante. Mais d’autres éléments retinrent mon attention.

Ignorant mon vertige, je me redressai et le gant mouillé tomba sur mes cuisses. La bouteille d’eau bougea légèrement sur le canapé.
Je saisis le cliché de mes deux mains.

Derrière nous, deux autres personnes étaient présentes. Je me penchai en avant pour mieux voir. Je blêmis et mes doigts se mirent à trembler. Un homme aux cheveux blonds, qui devait avoir la cinquantaine, paraissait plus heureux que jamais, entouré de sa famille. Il avait passé un bras autour de la taille d’une femme qui semblait avoir son âge, aux longs cheveux presque blancs. Elle souriait également.

Je leur ressemblais énormément. Mes parents.
Je me mordis tellement la lèvre inférieure que je crus que j’allais la faire saigner.

— Comment s’appelaient-ils… ? osai-je demander, ne pouvant m’en empêcher.
— Aiden et Zoey, répondit-il avec douceur.

Je fermai les yeux. Aiden et Zoey…

Je hochai la tête et lâchai la photo comme si elle m’avait brûlé les doigts. Dean posa sa main sur mon bras en signe de réconfort et je levai la tête vers lui. L’inquiétude se refléta dans son regard doré. Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi de la tristesse. Lui aussi, les avait bien connus et il avait dû les considérer comme des membres de sa famille. Sinon, pourquoi garderait-il cette photo ? Et pire encore : lui, il se souvenait de tout.

Je mis à mon tour ma main sur son bras et nous laissâmes le silence nous envelopper.
Puis je m’armai à nouveau de courage et pris le deuxième cliché.
Celui-ci m’ôta mon souffle. J’en oubliai même ma migraine et ma nausée.

Je ne savais pas qui nous avait photographié, mais le rendu était magnifique. Je nous voyais, Dean et moi, l’un en face de l’autre. Nos fronts se touchaient et nous nous regardions dans les yeux. Il souriait en coin, tandis que moi, je le faisais de toutes mes dents. Ou peut-être que j’étais en train de rire ? Ses bras étaient refermés autour de mon dos, et les miens étaient autour de son cou.

Alors nous étions proches à ce point-là…

Même si je m’en étais doutée, là, j’en avais la confirmation. Je déglutis, les larmes aux yeux, et pas à cause de la fièvre.
Je fixai le cliché pendant de longues minutes, m’acharnant à essayer de me rappeler, en vain, alors que j’avais la sensation que je n’avais qu’à tendre la main pour attraper toutes ces réminiscences. Je laissai tomber, déjà exténuée à cause de mon état. Alors, le reste de mon observation, je ne cherchai pas à lutter, juste à profiter de ce que je voyais, à graver chaque détail dans mon esprit. J’allais me faire de nouveaux souvenirs, mais je voulais garder cette photo en tête. Parce que je la trouvais belle. Et qu’elle me troublait au plus haut point.

Je m’aperçus que le regard de Dean était posé sur moi. Je finis par lui rendre le cliché. Je n’avais pas besoin de mettre des mots sur ce que je ressentais : il le voyait sur mon visage. Même si j’avais oublié, cela me touchait bien plus que je ne l’aurais pensé.
J’avais la sensation désagréable d’être scindée en deux : d’un côté, j’avais l’impression d’être une voyeuse épiant les souvenirs d’étrangers, et de l’autre, une intense sensation de familiarité et de nostalgie me prenait.

— J’ai toujours gardé ces photos sur moi…, finit-il par murmurer.
— Ce sont les seules ?
— Non. J’en ai d’autres sur mon téléphone.
Je résistai à l’envie de lui demander de me les montrer. Cela faisait déjà beaucoup pour aujourd’hui.
— Mais… dans ton portefeuille, je veux dire ? Que tu aurais gardé avec toi ? D’autres personnes ?
Il ne répondit pas pendant de longues secondes.
— Non, avoua-t-il. Juste toi. Ça a toujours été toi. Il n’y avait pas la place pour d’autres… photos.

Je savais qu’on ne parlait plus vraiment de photos.
Je l’admirais pour sa facilité à exprimer ce qu’il ressentait, sans détour. Peu importe comment je pourrais réagir. S’il me ménageait parfois, afin de ne pas me brusquer, ou qu’il était hésitant, j’étais certaine que si je demandais la sincérité, il me la donnerait.

Alors depuis trois ans, il n’avait eu personne d’autre. Il n’était jamais parvenu à passer à autre chose. J’étais peinée pour lui mais en même temps, je ne pouvais pas ignorer le bond que mon cœur venait de faire, dans ma poitrine. Maintenant que j’étais là, ça passait ou ça cassait : soit nous nous rendrions compte que rien ne serait plus comme avant, soit, finalement, quelque chose de beau allait arriver. Pour nous deux.

Et alors que j’avais rencontré cet homme deux jours avant, en ayant l’impression de le connaître depuis toujours, tout était confus, dans mon esprit.

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Chapitre 5
Chapitre 7
Dernière modification par Chlawee le ven. 30 avr., 2021 10:52 am, modifié 1 fois.
Pendergast

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Re: Métamorphes, Tome 1 : La mémoire du loup [Fantastique, romance] (Chapitre 6)

Message par Pendergast »

Bonjour, j'aime les vendredis, car cela signifie un nouveau chapitre !! Je prends de plus en plus de plaisir à lire cette histoire, les personnages prennent de plus en plus d'épaisseur, le voile commence à se lever sur le passé, en un mot, plus on découvre le monde d'avant, plus on a envie de savoir et comprendre. Excellent, plus qu'à attendre vendredi prochain ! :mrgreen: Bonne journée
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