Anna et le portail de jade

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J4u5

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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

Hem, oui. Comme l'a dit Yaya2408, également je trouve qu'il est trop bien écrit !!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Tu sais comment on dit Bravo en anglais ??? XD)
En plus, ça donne vraiment envie de lire la suite, surtout l'étincelle bleue (même si nous nous le savons 🙄). Et ça m'amène à de nouvelles questions moi 😁 : pourquoi ces pouvoirs se sont déclenchés à ce moment là ? Parce qu'elle a eu un traumatisme ? Parce que ces parents ont disparus donc ces pouvoirs étaient libres ? Ou alors c plus compliqué...
Et aussi (tkt après je t'embête plus XD) est ce que les parents d'Ana sont en vie 🥺🥺🥺??? (Je sais j'aime me spoiler toute seule XD)
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

Yaya2408 a écrit : sam. 07 août, 2021 10:47 pm Alors je te dis bravo car je trouve qu'il est extrêmement bien écrit
Mais c'est trooooooop triste snif pauvre Anna
J'ai hâte de lire la suite bisous <3
merci ça fait plaisir !
j'espère que j'ai bien réussi mon effet ! :D
bisous<3
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : dim. 08 août, 2021 8:14 am Hem, oui. Comme l'a dit Yaya2408, également je trouve qu'il est trop bien écrit !!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Tu sais comment on dit Bravo en anglais ??? XD)
En plus, ça donne vraiment envie de lire la suite, surtout l'étincelle bleue (même si nous nous le savons 🙄). Et ça m'amène à de nouvelles questions moi 😁 : pourquoi ces pouvoirs se sont déclenchés à ce moment là ? Parce qu'elle a eu un traumatisme ? Parce que ces parents ont disparus donc ces pouvoirs étaient libres ? Ou alors c plus compliqué...
Et aussi (tkt après je t'embête plus XD) est ce que les parents d'Ana sont en vie 🥺🥺🥺??? (Je sais j'aime me spoiler toute seule XD)
XD heu....great ?
ha ! tu verras je v pas te spoiler :mrgreen:
aloooooors.....NON triste vie XD mais tu verras la fin du livre va se terminé sur un truc trooop chelou XD
:lol: :lol: :lol:
byyyye^^
J4u5

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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

cocovanilleguimauve a écrit : dim. 08 août, 2021 1:03 pm
J4u5 a écrit : dim. 08 août, 2021 8:14 am Hem, oui. Comme l'a dit Yaya2408, également je trouve qu'il est trop bien écrit !!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Tu sais comment on dit Bravo en anglais ??? XD)
En plus, ça donne vraiment envie de lire la suite, surtout l'étincelle bleue (même si nous nous le savons 🙄). Et ça m'amène à de nouvelles questions moi 😁 : pourquoi ces pouvoirs se sont déclenchés à ce moment là ? Parce qu'elle a eu un traumatisme ? Parce que ces parents ont disparus donc ces pouvoirs étaient libres ? Ou alors c plus compliqué...
Et aussi (tkt après je t'embête plus XD) est ce que les parents d'Ana sont en vie 🥺🥺🥺??? (Je sais j'aime me spoiler toute seule XD)
XD heu....great ?
ha ! tu verras je v pas te spoiler :mrgreen:
aloooooors.....NON triste vie XD mais tu verras la fin du livre va se terminé sur un truc trooop chelou XD
:lol: :lol: :lol:
byyyye^^
Ah ouais c peut être ça :lol: ! Bon bah Great Laylaaa :lol:
:evil:
Ah... J'ai espéré au moins :cry: :?
Non mais attends, je veux savoir maintenant moi ! Tu me dis que la fin est trop chelou alors que je t'ai rien demandé, c logique :lol: ?
Bon bah au revoir mademoiselle l'écrivaine. :lol:
Ah et aussi sur ton message dans ma messagerie privée, j'y répondrais un jour peut être :lol: :? :oops: ...
Voilà, ct J4u5, la reine du déblatererage.
Bisous <3
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : mer. 11 août, 2021 9:38 am
cocovanilleguimauve a écrit : dim. 08 août, 2021 1:03 pm
J4u5 a écrit : dim. 08 août, 2021 8:14 am Hem, oui. Comme l'a dit Yaya2408, également je trouve qu'il est trop bien écrit !!!!!!!!!!!!!!!!!!! (Tu sais comment on dit Bravo en anglais ??? XD)
En plus, ça donne vraiment envie de lire la suite, surtout l'étincelle bleue (même si nous nous le savons 🙄). Et ça m'amène à de nouvelles questions moi 😁 : pourquoi ces pouvoirs se sont déclenchés à ce moment là ? Parce qu'elle a eu un traumatisme ? Parce que ces parents ont disparus donc ces pouvoirs étaient libres ? Ou alors c plus compliqué...
Et aussi (tkt après je t'embête plus XD) est ce que les parents d'Ana sont en vie 🥺🥺🥺??? (Je sais j'aime me spoiler toute seule XD)
XD heu....great ?
ha ! tu verras je v pas te spoiler :mrgreen:
aloooooors.....NON triste vie XD mais tu verras la fin du livre va se terminé sur un truc trooop chelou XD
:lol: :lol: :lol:
byyyye^^
Ah ouais c peut être ça :lol: ! Bon bah Great Laylaaa :lol:
:evil:
Ah... J'ai espéré au moins :cry: :?
Non mais attends, je veux savoir maintenant moi ! Tu me dis que la fin est trop chelou alors que je t'ai rien demandé, c logique :lol: ?
Bon bah au revoir mademoiselle l'écrivaine. :lol:
Ah et aussi sur ton message dans ma messagerie privée, j'y répondrais un jour peut être :lol: :? :oops: ...
Voilà, ct J4u5, la reine du déblatererage.
Bisous <3
:lol: merci
ah...bon bah voilà hein... :? :cry:
haha dans tes rêves Justine :D
ah ! moi aussi j'ai trop la flemme avec les mess longs XD
bisous^^
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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

saluut ! et bonne lecture !
( le chap est hyper long ^^' )



Chapitre 22


Le long filet d'eau chaude qui me coule dans le dos me détend immédiatement. Je me sens apaisée.
De toute façon j'avais vraiment besoin de prendre une douche. Cela fait... depuis le matin avant le concert de mon faux-frère en fait. J'ai a l’impression que c'est à des années lumières de maintenant. Entre temps, j'ai passé deux jour à dormir sur un cheval, puis je me suis perdue en forêt pendant trois jours, et ensuite j'ai passé une après-midi entière à suer sous le soleil de Tanoris.
À présent je pue la crasse et le cheval. J’ai utilisé les différentes lotions mise en évidence sur une étagère pour dégraisser mes cheveux puants. Le palomino quant à lui, joue avec l'étrange mousse bleu qui sort d'un des robinets. J'espère qu'il n'en avalera pas. Mais je suis sûre qu'il est assez intelligent pour ne pas le faire.

J'ai déposé mes vêtements sur une chaise en osier à côté de la douche à l'italienne.
La salle de bain est divisée en trois parties. Quand j'ai ouvert la porte qui donne sur le couloir après être sortie de ma chambre, j'ai vu qu'elle donnait sur un carrefour qui se séparait en trois.
J'ai pris le premier couloir à gauche, dont le sol était tapissé de tomettes blanches et vertes. Je suis arrivé dans une magnifique salle de bain. Il y avait de grands bassins où se déversait une eau chaude et fumante.
Des étagères en pierre surplombaient les immenses baignoires. Sur chacune d'elles, trônaient des centaines de flacons en verres étiquetés, plus ou moins gros, où l'on pouvait lire dans une écriture biscornue :

- Shampoings à la fleur de cocasia,
- Huile de lilawix,
- Verni de yanak,

Et j'en passe...
Dans un coin, une petite douche à l'italienne me paraissait parfaite. J'ai laissé le palomino jouer avec les robinets et je me suis empressée de prendre place sous le filet d'eau chaude en soupirant d'aise. Je me sens calme. Sereine. Comme quoi une bonne douche efface tous les problèmes.
Je me sèche, et m'enveloppe dans une serviette moelleuse. Comparé à la salle d'eau dans la maison de Sylvie, cette salle de bain est un palais à elle toute seule. Je quitte la salle de bain, si chaude, pour entrer dans le couloir principale dont la froideur me fait frissonner. Tout à l'heure, j'avais trouvé cette température agréable mais maintenant que je sors de la douche, j'ai radicalement changé d'avis. J'entre dans la chambre que nous partageons, moi et Zia, toute grelottante. Mon amie, confortablement installée sur son lit me jette un regard inquisiteur. Elle est en train d'astiquer consciencieusement tous ses petits couteaux.
Je referme la porte et me hâte jusqu'à mon lit. Je sors de la besace ma chemise en toile et je m'apprête à l'enfiler quand Zia me saisit le bras.
- Attends ! Un serviteur est passé tout à l'heure et nous as déposé des vêtements pour le dîner de ce soir. Mais ils ne me feront jamais porter de robe, marmonna-t-elle.
Sur un coin de mon lit, une robe en soie verte est soigneusement pliée. Je l'examine. Elle doit m'arriver un peu en dessous des genoux. Elle est resserrée au niveau de la taille par une ceinture brodé de fils d'ors. De jolies boucles d'oreilles sont posés dessus. Je regarde une Zia maussade, qui m'agite un petit morceau de tissu sous le nez.
- Et encore, ils ne se sont pas arrêter là ! Ils veulent que le palomino enfile ce truc ! crie-t-elle d'un ton outré. Je vais réclamer un pantalon en toile de mélone, reprend-t-elle dans sa barbe.
Je fixe la robe, indécise.
- Tu en as une aussi Zia ? Elles sont tout de mêmes très belles.
Mon amie se dirige vers son lit. Elle saisit une robe identique à la mienne, à la différence près que celle-ci est bleu. Je tente de dédramatiser.
- Aller, ce n'est pas si grave ! C'est juste pour aujourd'hui, Zia, après tu pourrais ne plus jamais la toucher ! Je dois t'avouer que je n'ai pas trop envie de la mettre non plus. Je ne suis pas à l'aise avec les robes, dis-je avec sincérité. Mais c'est un cadeau. Ça ne se refuse pas !
Elle se passe une main sur le visage, passablement énervée.
- Je suppose que tu as raison. Bon, je vais me doucher, soupire-t-elle. Le dîner est dans vingt minutes. On se retrouve en bas. Prépare-toi à souffrir avec ce truc, lâche-t-elle en pointant un doigt suspicieux sur ma robe.
Je lève les yeux au ciel, les lèvres ornées d'un sourire.
Sur ce, elle claque la porte, et j'en profite pour enfiler la robe.
Elle est parfaitement à ma taille. Je serre la ceinture et je retire mes anciennes boucles d'oreilles. Ce sont deux petites boules en or pur, qui appartenaient à ma mère, et à sa mère avant elle, que je n'ai jamais connu. Après l'accident qui a détruit ma famille, je n'ai jamais eu la force de les enlever. Ça fait bientôt douze que je les porte sans jamais les retirer. Le visage de ma mère s'imprime dans mon esprit, toujours plus flou de jour en jour. Je le chasse avant que la douleur ne revienne. Finalement je décide de garder mes boucles d'oreilles. Je fais tout mon possible pour me décrocher du passé et aller de l'avant mais parfois, c'est plus fort que moi. Je ne n'arrive pas à oublier.
Je ne veux pas oublier.
Je me passe une main sur le visage. J'ai encore le temps de me démêler les cheveux mais pas d'entamer le livre que m'a prêté Talem.
Le palomino enfile sa cape après beaucoup d'effort, et grimpe sur ma main. Je le repousse délicatement.
Je ne peux pas t’emmener, je lui transmets en pensée. Je ne peux m'empêcher de penser que le lien qui nous unit est extraordinaire. Je me dépêche, et une fois que mes cheveux mouillé sont parfaitement lisse et sans aucuns nœuds, j'enfile mes bonnes vieilles bottes et je descends l'escalier à toute vitesse, en grimaçant à cause de ma cheville.
Arrivé en bas, je prends conscience d'une chose : Je n'ai absolument aucune idée de l'endroit où déroule le dîner.
Je me mords la lèvre, indécise. Je me trouve dans l'immense bibliothèque, quand un pan entier du mur couvert de livre coulisse, laissant apparaître un long et sinueux couloir.

Une jeune fille sort de l'ombre, les mains croisées sur le devant de sa robe, et me fait timidement signe de la suivre. Je m'engage derrière elle. J'aurais dû me douter que l'entrée serait quelque chose comme cela. J'ai l'impression que le conseil raffole des passages secrets et autre trucs dans le même genre.

Je hausse les épaules. Bon, en même temps, cette confrérie a un peu des allures de secte. Le détroit monte en pente douce. Un son de musique légèrement étouffés me parvient. J'arrive à entendre le piano, la flûte...Je fronce les sourcils. Les tanéors -je veux dire " mon espèce", je corrige, amère- possèdent les mêmes instruments que les humains ? C'est étrange. J'ai hâte de voir à quoi ressemble cette petite réception. Je presse le pas. Mes bottes claquent sur les vieilles dalles de pierre qui couvrent le sol. Je me demande s’ils cachent des trésors ici...
Le couloir s'élargit d'un coup, et sans savoir comment, je me retrouve derrière une banquette en velours. J'entends des gens discuter. Ils doivent être assis dessus. La jeune fille me fait signe, m'incitant à la suivre. C'est l'entrée de service, songeais-je avec ironie. Je rampe contre le mur, jusqu'à la fin de la banquette. Je soulève la délicate draperie qui me barre la vue, laissant émerger une immense salle à couper le souffle.
Tapis brodés d'or, lustres en cristal...Mais le plus impressionnant est sans doute le fait que les murs de la salle sont fait uniquement de verre, aux éclats bleu, vert, rouge, rose et une magnifique teinte nacrée qui laisse apparaître toute la ville de Saunae. J'ai l'impression que nous sommes au point culminant de la cité. D’immenses portes dorées sont placés à l’extrémité de la salle de bal. Ce doit être l'entrée pour les citoyens qui ne font pas partie du conseil.
De grandes tables de buffet sont placées contre les murs de la verrière, ainsi que quelques chaises, et le milieu de la salle semble aménagé en piste de danse. La jeune servante a disparue, me laissant le champ libre pour m'amuser.
Un seul problème.
Les gens sont partout. Un étau de fer se resserre sur mon cœur. Et si les individus qui étaient dans la rue quand j'ai utilisé mes pouvoirs étaient ici ? Il ne manquerait plus qu'un invité me reconnaisse...Je tente de me rassurer. Les Saunaéens qui m'avaient aperçue plus tôt cet après-midi avaient plutôt des allures de roturiers. Alors que les tanéors qui dansent, boivent et rient dans cette salle ont plutôt des parures de nobles. À la seule hypothèse qu'il existe bel et bien des nobles et des roturiers. Mais puisque il y avait une famille royale il n'y a pas si longtemps, je suppose que cela est vrai. Si c'est le cas, qu'est-ce que je fais ici, parmi les aristocrates bons sang ?! Je me dirige vers le buffet, clopin-clopant, bercée par le son mélodieux des violons qui joue sur la scénette placé dans un coin. Je me fraie un passage dans la foule, et je manque de bousculer un serveur qui ne tient pas moins de quinze flûtes de champagne sur son plateau. Il me dévisage, effaré, mais je ne prends pas le temps de m'excuser et je repars. Je cherche Zia des yeux, anxieuse. Est-elle une duchesse ou quelque chose dans le genre ?!
Un homme muni d'un étrange monocle et marqué par l’embonpoint me bouscule, avant de me couvrir d'un regard furieux et méprisant. Il lève son verre remplie d'un liquide rose foncé et avale goulûment un gorgée. Une grosse goutte perle sur sa lèvre inférieure tandis qu’il me postillonne à la figure :
- Vous n'avez pas honte, jeune fille ? Excusez-vous, par Rilae la lumineuse !
Je le regarde avec écœurement avant d'essuyer les postillons qui me couvre la figure.
- Vous me dégoûtez profondément, monsieur. Je ne suis même pas certaine que vous méritez cette appellation. Gros porc imbu de lui-même vous irez beaucoup mieux, à mon goût.
Sur ce, je le pousse d'un coup d'épaule, et il tombe sur son épouse, une femme maigre et décharnée dont les yeux malveillants sont enfoncés dans leurs orbites. J'ai perdu le buffet de vue. Je me perds à travers la foule, en bousculant des gens au hasard. Je n'ai pas envie de me faire remarquer donc j'essaie d'être plus discrète. Mon ventre gargouille. J'avise l'uniforme blanc et noir d'un serveur, et je me dirige à grands pas vers lui en essayant de ne pas écraser les longes traînes colorées des aristocrates. Sur le plateau, je pique une espèce de choux bleu, gorgé de crème blanche et constellé de tache noire. Il a un goût rance et amer.
Je l'avale avec une grimace, puis je repars dans la foule... Je frôle des corps inconnus, et mes bras se hérissent quand je sens une main me caresser le cou. Je me retourne furieuse, mais personne ne regarde dans ma direction.

Ils sont en train de rire, une coupe de champagne à la main. Je me retourne et je presse le pas en direction du buffet, presque sûr de trouver Zia là-bas. Les nobles ont les mains un peu trop baladeuses à mon goût. J'évite le moindre contact, sur mes gardes, et je me retiens de livrer une vague d’électrique brut quand quelqu’un me saisit le poignet. Je fais volte-face, la main en avant, prête à assener une claque dont ma victime se souviendra longtemps.
- Anna ! Par Nox, je t'ai enfin retrouvée !
Je lâche un soupir de soulagement. Ce n'est que Loam. Puis je rougis. Il est plutôt pas mal avec sa chemise verte brodé d'or. Une petite médaille honorifique est accroché dessus et une très belle épée en galir (comme j'en ai vu dans le magasin d'arme d'Hélios) est accroché sur sa ceinture. Ses bottes montantes sont identiques à celle que je porte avec cette robe. Il est affublé d'un pantalon gris foncé. L'uniforme des soldats, peut-être...? Puis je me ressaisis. J'ai des reproches à lui faire.
- J'ai passé une heure à vous chercher, toi et Zia ! Imagine que j'ai paniqué et déchaîné mes pouvoirs ! Ce serait la catastrophe !
J'ai légèrement haussé la voix, et les personnes à proximité doivent m'entendre. Ils me dévisagent, hautains. Sans doute doivent-t-ils se dirent que je me vante un peu en disant que se serai la catastrophe si je lâchais mes pouvoirs. Mais je n'ai aucune idée des dégâts que je peux causer dans cette salle pleine à craquer. Ils doivent aussi dire que ce n'est pas digne d'une jeune fille de bonne famille de faire ainsi une crise devant tout le monde. Que je suis mal éduquée !
Sauf que je n'en ai strictement rien à foutre de ce qu'ils pensent.
Je suis déjà à bout, et je n'ai qu'une envie : retourner dans ma chambre et lire le livre bien caché dans ma besace.
Mais Loam m’entraîne vers un coin de la salle.
- Il faut faire bonne figure devant le conseil. C'est une soirée qu'ils ont organisé pour fêter le retour des soldats de la couronne, murmure-t-il.
Je m'arrête, surprise.
- Vous êtes la garde royale ?!
Loam me sourit tristement.
- À l'époque où il y avait une famille royale, oui. La plus grande caserne de toute la province de Zun était évidemment à Aronix, la capitale. J'ai fait ma formation là-bas. Je suis monté en grade petit à petit puis je suis entrée en service dans la garde royale, sous le commandement du Général Huskaine, dit-il d'un air abattu. Tout était parfait. J'étais en déplacement avec la troupe de Huskaine quand la catastrophe s'est produite. C'était la première ville que les nérifléirs ont attaqué. Et tu sais quoi ? Aucun survivant. À part Zia, personne n'a pu sortir de la cité. Personne. C'était horrible. Quand je suis revenue avec les quelques soldats dont le Général Huskaine est responsable, il ne restait plus que des ruines et des corps carbonisé éparpillés dans les quatre coins de la ville. Il y en avait trop, avoue-t-il, la gorge serré. Nous n’avons pas pu leur offrir une sépulture convenable.
Je me tais, légèrement nauséeuse en pensant à tous les corps en décomposition qui peuplent maintenant la cité d’Aronix. Le visage de Loam est impassible, mais ses yeux expriment une tristesse sans fond.
Je pense à tous ces gens qui avaient une vie, des rêves, des espoirs... À tous ces gamins qui sont mort beaucoup trop tôt. Aux enfants dans les rue de Saunae qui ont dû grandir trop vite. Je sens la haine enfler en moi. Je déteste Ren et ses nérifléirs. C'est un fou avide de pouvoirs qui tue des innocents. Il...me dégoûte. Ma tête tourne. Tout ce sang versé pour rien, tous les corps, l'odeur du feu, l'odeur du vide, l'odeur de mort. La mort est partout dans ce monde. Je repense à la Terre, si calme, si douce, en comparaison avec ce pays dévasté, cette terre brûlée...
Mais qu'est-ce-que je fais ici ? Pourquoi je suis là ?
Je donnerais mon âme pour échapper à tout ça, pour échapper aux attentes, aux regards plein d'espoir que j'ai surpris dans les yeux de certains soldats, pour échapper à mon pouvoir. Pour échapper à ce que je suis.
Pour échapper à moi-même.
Je ravale les larmes qui pointent derrière mes paupières. Je ne pleurerais pas. Pas ici, devant tout le monde. Et puis se serait tellement égoïste. Je pose une main tremblante sur l'épaule de Loam. Il me l'a prends et la serre fort. On reste comme ça, figés dans notre tristesse. Puis Loam se tourne vers moi et il me fait un sourire remplie de tendresse.
- Tu viens Anna ? Zia et le Général doivent nous attendre.
- O.K., je souffle.
Nous traversons la salle, main dans la main.
Les gens s'écartent, nous laissant le passage. Ils ont peut-être remarqué l'uniforme de la garde royale que porte Loam. Je fronce les sourcils. Ils ne s'écartaient pas quand moi, je passais...
Le coin de la salle où nous sommes est un espace bondé par les tables de restaurants. J'aperçois Zia, qui agite la main dans ma direction. Comment a-t-elle fait pour arriver avant moi ?! Elle a tout de même revêtit cette robe bleu que lui a offert le conseil. Et ça lui va à merveille. Je tends le cou. Féliès et le Général, quant à eux, sont confortablement assis à côté de Zia, dans des tenues identiques à celle de Loam. Ugen, toujours aussi souriant, est assis côte à côte avec son neveu, Luneil. Talem est là aussi, ainsi que la devineresse. Elle me fait un sourire factice. Je détourne le regard. Cette vieille folle me terrifie. Tous les soldats sont présents, bien sûr. Zia remarque ma main dans celle de Loam, et elle me sourit d'un air goguenard. Je m’empourpre, sans pour autant dégager ma main. Loam m'entraîne vers une des tables, et je m'assoie, encore chamboulé par tout ce qu'il vient de me dire. Zia se penche vers moi avec un air de conspiratrice. Je redoute ce qu'elle va dire.
- Alors comme ça, pendant que moi j'étais attablée avec un bande de vieux croûtons que ne parle que sagesse, femmes et pouvoir, tu passais du bon temps avec Loam ? Hein ? Allons, Anna, arrête de rougir. Tu as la peau claire, ça se voit énormément.
Je ramène mes cheveux, qui sont à présent secs, sur mes joues rouges.
- Mais pas du tout ! C'est faux ! Je m'étais perdue, et je suis tombée sur lui, c'est tout! Arrête de t'imaginer n'importe quoi, lui sifflais-je tout en essayant d'ignorer la petite voix qui me souffle que ça ne m'aurais pas déplu que Zia aie raison.
Je secoue la tête pour chasser cette pensée.
Le Général m'a proposé de faire comme si j'étais une soldate de sa cohorte, moi aussi. Cela règle bon nombre de problème car, comment expliquer à un tanéor qu'il a une mi-humaine en face de lui ? Impossible. Tout simplement impossible. Je serre les dents pour faire abstraction à la douleur qui revient encore une fois à la charge. J'ai oublié de préciser au conseil que mon front est ouvert et que j'ai une cheville foulée. Je reste sur ma chaise, mais je ne suis pas la discussion, hochant distraitement la tête quand on s'adresse à moi. Beaucoup d’aristocrates aimeraient rencontrer les soldats de la couronne, et ils passent à tour de rôle à notre table pour nous serrer la main, nous féliciter pour notre courage innommable, ou encore pour saluer le Général Huskaine. Puisque avec Zia, nous sommes les seules femmes de la troupe, nous attirons plus de monde. Je me sens épuisée mais j'essaie de faire bonne figure devant tous les nobles qu'on me présente :
- Et voilà Zia Jilauw et Anna Lesdey, des vaillantes soldates royales ! Anna, Zia, voici Lady et Lord Ribotille, des membres éminents de la haute société !
En me plaquant un sourire affable sur le visage, je serre toutes les mains qu'on me présente. Au bout d'une heure, j'ai les doigts endoloris, et mon amie se retourne, la bouche tordue en une mimique de martyre.
- S'il vous plaît, sauvez-moi !
Je pousse un grommellement intelligible.
Le Général se lève brusquement, une fois que la dernière famille de noble soit partie. Il ont d'horribles petits enfants gâtés qui pose toutes sorte de questions tordues et qui n'ont aucun rapport avec la guerre et les soldats (Pourquoi t'as des taches sur le visage ? T'es moche avec. On dirait de la terre ! Soupir. - Ce sont des taches de rousseurs, petit.)
Le Général propose :
- Bon ! Maintenant que nous sommes libres, nous pouvons porter un toast ! Garçon, dit-il en interpellant un serveur qui passe par là. Pouvez-vous nous ramener, heu....cinquante-six coupe de vez ? Avec des petits fours, je vous prie.
Je me lève en chancelant. Je ne me sens pas très bien, et je ne suis pas sûre que le vin améliore mon état. En plus de ma stupide blessure à la tête, une gueule de bois ne m'aidera pas à me sentir mieux.
J'interpelle le Général :
- Je ne me sens pas bien, Général, il vaut mieux que je retourne me coucher. Bonne soirée à tous.
Zia se lève à son tour.
- Attends, je vais te raccompagner. Tu n'iras pas bien loin de cet état, observe-t-elle. C'est ta tête, non ? Tu as bu, Anna ?
Je proteste faiblement.
- J'ai toujours été sobre ! Et puis ne t'inquiète pas, je vais me débrouiller.
- Je ne te laisse pas le choix, en fait, rétorque-t-elle.
Elle me saisit le bras sans ménagement, et je pousse un pitoyable cri de protestation. Ma tête tourne et je vois légèrement flou...
Ce ne serait pas dû au gâteau ? Je me suis fait empoisonner ou quoi ?!
Zia me traîne sous le divan qui permet d'accéder au passage du conseil. Dans le tunnel, je tiens à peine sur mes pieds, comme soûle.
L'escalier qui mène à notre chambre est tout simplement un cauchemar. Je n'arrive pas à monter, je me traîne sur les marches en voyant flou pendant que Zia essaie désespérément de me relever. Dans l'état embrumé où je suis, je ressens de la peine pour elle. Mon amie finit par m'installer sur son dos, et monte l'escalier en soufflant comme un bœuf.
- Ça...ça va…Zia ? Demandais-je, à moitié dans les vapes.
- Super, halète-t-elle.
Elle me dépose doucement sur mon lit, et je contemple le plafond, détendue. Je me roule en boule, et le palomino s'installe entre mes bras. J'entends confusément la voix de Zia derrière moi.
- Bon. Tu dors comme ça je suppose ?
Je murmure un vague oui. Je n'ai qu'une envie : dormir et ne plus jamais me réveiller.
Le matelas de Zia grince. Peut-être qu'elle va dormir aussi, en fin de compte.
- Bonne nuit, Anna.
Je ne réponds pas, déjà plongée dans le sommeil.
Yaya2408

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Re: Anna et le portail de jade

Message par Yaya2408 »

Woooo le rapprochement avec Loam
Bravo pour le chapitre
Bisous 💗
Rebelle7

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Re: Anna et le portail de jade

Message par Rebelle7 »

Ouais^^) je confirme, hyper long^^!!!!
Salut, et encore désolé, pour le chapitre précédent j'était vraiment prise !
En tt cas c'est incroyable, tu as déjà fait tout un livre ! Je te souhaite bonne continuation !
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

Yaya2408 a écrit : mer. 11 août, 2021 11:24 am Woooo le rapprochement avec Loam
Bravo pour le chapitre
Bisous 💗
merci beaucoup !!
bisous^^
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

Rebelle2010 a écrit : mer. 11 août, 2021 11:49 am Ouais^^) je confirme, hyper long^^!!!!
Salut, et encore désolé, pour le chapitre précédent j'était vraiment prise !
En tt cas c'est incroyable, tu as déjà fait tout un livre ! Je te souhaite bonne continuation !
XD
tkt Rebelle, c pas grave ! ;) merci !!! :mrgreen:
J4u5

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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

Koukouuuu !
Honnêtement, j'ai a-do-ré ce chapitre !
Par contre, tu as fait un monde super acceuillant avec les nobles qu'on les mains baladeuses et l'amabilité de ceux-ci 🙄
J'ai envie d'en avoir de plus en plus là :D
Elle a bien fait de pas emmener le Palomino et à propos de lui, tu gardes vraiment bien le suspense parce que je pense que c un animal mythique et tout... Mais à part ça, je sèche TwT
Ça avance avec Loam dis donc :D par contre Layla, moi perso je trouve ça encore mieux et ça rend moins cliché, je pense que tu pourrais renforcer ses sentiments par écrit ? Je sais pas ce que tu vois ce que je veux dire mais peut être essayer de décrire plus les sentiments qu'Anna a pour Loam... Après je sais très bien que la romance n'est pas vraiment le point principal de ton récit mais c juste quelque chose que moi j'aurais fait :geek: :mrgreen:
Après, à part Great (XD) j'ai rien d'autres à dire !
Bisous Laylaaa <3
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : mer. 11 août, 2021 2:24 pm Koukouuuu !
Honnêtement, j'ai a-do-ré ce chapitre !
Par contre, tu as fait un monde super acceuillant avec les nobles qu'on les mains baladeuses et l'amabilité de ceux-ci 🙄
J'ai envie d'en avoir de plus en plus là :D
Elle a bien fait de pas emmener le Palomino et à propos de lui, tu gardes vraiment bien le suspense parce que je pense que c un animal mythique et tout... Mais à part ça, je sèche TwT
Ça avance avec Loam dis donc :D par contre Layla, moi perso je trouve ça encore mieux et ça rend moins cliché, je pense que tu pourrais renforcer ses sentiments par écrit ? Je sais pas ce que tu vois ce que je veux dire mais peut être essayer de décrire plus les sentiments qu'Anna a pour Loam... Après je sais très bien que la romance n'est pas vraiment le point principal de ton récit mais c juste quelque chose que moi j'aurais fait :geek: :mrgreen:
Après, à part Great (XD) j'ai rien d'autres à dire !
Bisous Laylaaa <3
merciii !
oui ils sont pas très cool :? :|
oui mais je suis vraiment trop nul pour çaaaa :( si tu as des idées, envoie-les moi par MP, j'en ai besoin !
XD T trop cool Justine :lol:
byyyye^^
Erelljh

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Re: Anna et le portail de jade

Message par Erelljh »

Saluuuuuuuuuuuut !!! Et oui c'est moi enfin ! :D :D
Sérieusement je pensais pas que y avais autant de chapitre TwT Ta beaucoup avancer quand même !!
Tes chapitres sont super tu as une belle écriture et beaucoup d'imagination ! Félicitation ! 👏👏👏👏👏
Ton Prologue en vérité il vas au tout début non ? Parce que j'était un peu perdu moi :?
Zia je l'aime trooooop c'est ma préférer sans oublier le Palomino bien sûr :D :lol:
Ouuh Loam et Anna !! XD Trop mignon ce là, il vas se passer quel que chose au prochain chapitre ? 8-) :mrgreen: :lol:
Hâte de savoir là suite et continu comme çà surtout !
Biosous 😁😉
Erell

P.S.: Je VEUX un PA-LO-MI-NO il est tellement cuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuute 😍😍🥰🥰 Es-ce que tu vas lui donner un prénom ??
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

Erelljh a écrit : lun. 16 août, 2021 4:55 pm Saluuuuuuuuuuuut !!! Et oui c'est moi enfin ! :D :D
Sérieusement je pensais pas que y avais autant de chapitre TwT Ta beaucoup avancer quand même !!
Tes chapitres sont super tu as une belle écriture et beaucoup d'imagination ! Félicitation ! 👏👏👏👏👏
Ton Prologue en vérité il vas au tout début non ? Parce que j'était un peu perdu moi :?
Zia je l'aime trooooop c'est ma préférer sans oublier le Palomino bien sûr :D :lol:
Ouuh Loam et Anna !! XD Trop mignon ce là, il vas se passer quel que chose au prochain chapitre ? 8-) :mrgreen: :lol:
Hâte de savoir là suite et continu comme çà surtout !
Biosous 😁😉
Erell

P.S.: Je VEUX un PA-LO-MI-NO il est tellement cuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuute 😍😍🥰🥰 Es-ce que tu vas lui donner un prénom ??
ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii Erell est de retour !!
haha t'as vu ça ?!
:D :D tu verras
moi aussi j'aimerais en avoir un !!! bah en fait j'y ai réfléchis et je me suis dis que " palomino " ct bien quand mm ( peut-être que je lui donnerais un nom symbolique pour Anna plus tard dans l'histoire )
BIOsous :lol: :lol:
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

COUCOU !!!
bonne lecture !
( et merci à J4u5 pour son aide )

CHAPITRE 23


Je me réveille en sursaut. La nuit est d'un noir d'encre irréel. La lune n'éclaire pas beaucoup le paysage sur Tanoris. J'essuie mon front trempé par la sueur. Un cauchemar. Je regarde la silhouette indistincte de Zia dans le noir, qui dort paisiblement. Sa faible respiration me parvient, comme un soupir. J'ai un demi-sourire. Pour une fois que ce n'est pas elle qui me réveille.
Je n'entends aucun bruit, hormis la respiration de mon amie. Tout est silencieux.

La réception n'est peut-être pas terminée ? Qui sait. Je me lève silencieusement et je marche vers la fenêtre. Le bruit de mes pas est étouffé par la moquette crème qui couvre le sol de la chambre. Je colle mon nez à la vitre, curieuse. En face de moi, la grande verrière où se déroulait la fête est vide, obscure. De petites lumières jaunes et violettes éclaire le long et sinueux escalier qui mènent à grande salle transparente. Mais personne n'est sur le grand balcon, un verre à la main. La ville est déserte.

C'est comme si la soirée d'hier était un rêve. Que en réalité, plus personne ne peuplait ce village. Que nous avions tout imaginé. L'ambiance qui plane autour de la ville est sinistre. Je me recroqueville un peu sur moi-même. J'ai besoin d'air frais. Je palpe la fenêtre. Je me demande si...
CLAC !
J'ai mis la main sur une poignée. La fenêtre s'ouvre d'un seul coup, en horizontale, comme un velux.
Je me penche en respirant une grande goulée d'air frais. Ça fait du bien.
Une légère brise rabat mes cheveux en arrière. Je lève les yeux vers le ciel. La lune est bleue. En partie caché par les nuages, elle n'éclaire pas grand-chose. Mais elle est magnifique. Je ne peux détacher mes yeux d'elle, subjuguée. La lune m'a toujours fascinée. Si froide, si belle. Et celle de Tanoris me montre que ce pays a encore beaucoup à offrir.

- C'est l'astre Létis. L'emblème de la déesse Nox.

Je sursaute violemment, manquant de tomber par la fenêtre.

- Zia ! Tu m'as fait peur ! Chuchotais-je furieusement. J'ai failli tomber !

L'intéressée s'approche de moi. Elle aborde un sourire fatiguée en se passant une main dans ses cheveux court et emmêlés. Sa mèche rose, que je distingue vaguement, lui tombe sur les yeux.

- Désolée, dit-elle, l'air pas désolée du tout.

Je plisse les yeux.

- Je ne peux pas m'en empêcher. J'adore prendre les gens par surprise, se justifie Zia.

Finalement, je souris.

- Même quand ça les balance du troisième étages ?

- Justement ! Rigole-t-elle.

Quelque chose me tire le pantalon. Je me baisse, surprise, pour apercevoir le palomino, dont le pelage est...fluorescent !
Zia hausse les sourcils.

- Il ne cessera jamais de m'étonner, ce palomino, dit-elle, stupéfaite, tandis que je le prends dans mes bras pour le placer sur mon épaule.

Je souris au palomino. Il pousse un petit cri ravi.

- Pareil ! Dis-je à Zia.

Elle s'éloigne de la fenêtre et se dirige vers les vasques qui contenaient les astres miniatures de Luneil. Puis elle retire une sorte de couvercle en pierre qu'elle a dû mettre hier avant de s'endormir.
La lumière revient dans notre chambre, et je réalise qu'elle est en jogging et en tee-shirt ample, les petits couteaux qu'elle portait en bandoulière sagement suspendue à un poignard fiché dans le mur. Son arc y est accroché aussi. Je ne crois pas que les conseillers vont apprécier la fissure que va laisser le couteau. La robe de soirée d’hier elle, est roulée en boule par terre sans aucun respect. Quant à moi, je porte toujours la robe verte assortis à mes yeux de la veille, mes bottes sont au pied jetées dans un coin de la chambre. Mon arc est accroché à un des poteaux du lit. Mes boucles d'oreilles en or sont à mes oreilles, évidemment.
Je ne les ai enlevés que hier, et je ne les retirerais plus jamais. Je tire sur le tissu de la robe. Je ne suis pas très à l'aise là-dedans...Je me demande comment j'ai fait pour dormir avec d'ailleurs.

Je fouille dans ma besace. Puis je ressors le livre que m’a prêté Talem, un jean (ou un pantalon en toile de mélone, cela va de soi) une chemise, et j'enfile le tout.
Je pousse un soupir de soulagement. Je suis bien mieux comme ça. C'est curieux, nous sommes en pleine nuit mais je n'ai pas du tout sommeil...Un effet secondaire de cet horrible gâteau que j'ai mangé à la fête, hier ? Je me passe une main dans les cheveux, pensive. Avant de retenir une grimace. Mes doigts sont coincés dedans. Je soupire avant de déloger ma main avec difficulté. Il faudrait que je trouve une brosse. Mais c'est le cadet de mes soucis.

Je m'installe sur mon lit, le livre entre les mains.
Je l'ouvre en magnant les pages avec précaution. Cet ouvrage est au conseil, et il est apparemment très ancien. Alors je ferai mieux de ne pas le casser.
Je passe les pages, en lisant en diagonale. Puis je m'arrête net.
J'ai trouvé la page des palominos.
Je lis à voix haute, pour que Zia entende :

- Les palominos sont des créatures légendaires, qui font régner la paix partout où ils vont. Ce sont les compagnons les plus fidèles des trois oubliés. Si un des trois oubliés et un palomino se rencontrent et qu’ils sont compatibles, ils partagent un morceau de leurs âmes. On les appelle les Lyenes. Ils sont ainsi liés jusqu'à la mort. Si l'un meurt, l'autre tombe avec lui. Mais en partageant leurs âmes, ils se partagent aussi leur longévité. Un Tanéor vit à peu près deux-cent ans, tandis qu'un palomino peut vivre plus de quatre mille ans. Ainsi, les Lyenes peuvent vivre plus de quatre-mille deux cent ans. Ils partagent aussi leurs pensées, et peuvent communiquer entre eux. Les palominos peuvent aussi se réincarner. Ils sont aussi un puits de pouvoir pour leur Lyene quand ce dernier a épuisé toutes ses capacités. Ils sont également très puissant et d'une sagesse sans faille. Leur pelage, leurs yeux et leurs museaux changent de couleur suivant les émotions. Manquer de respect à un palomino peut être fatal, car ce sont des créatures nobles et fières.

Je referme le volume d'un coup sec. O.K. Ça fait beaucoup à digérer. Le palomino et moi sommes liés. Nous sommes des...Lyenes. Maintenant je sais pourquoi les gens ont une peur bleu des palominos. C'est à cause de leurs pouvoirs. Et de leur fierté. Machinalement, je caresse le pelage de...ma Lyene.
Je secoue la tête. Décidément, je ne m’habituerai jamais à ce mot.
Je me lève en faisant les cent pas dans la chambre. Il n'y a pas que ce lien qui me préoccupe. Je peux vivre quatre-mille deux-cent ans. C'est beaucoup. Beaucoup trop. Tous les tanéors ordinaires vivent deux-cent ans. Je vais voir mourir tous ceux avec qui je me suis liée d'amitié et je serai seule, à me reconstruire petit à petit, puis à m'effondrer tous les deux cent ans environ en constatant la mort d'autres proches.

Mes yeux se remplissent de larmes. Je ne veux pas de cette vie.
Zia me regarde avec inquiétude.

- Anna...Tout finira bien par s’arranger un jour. Tu verras.

- Pour la première fois, j’en doute, dis-je, des sanglots dans la voix.

Elle passe sa main sur mon épaule, mais elle ne me contredit pas.
J'aurais tout donné pour ne pas être une des trois oubliées. Tout.
Une larme perle sur ma joue. Je soupire. Peu importe mes regrets, je ne peux pas changer ce que je suis. Cela ne sert à rien de se morfondre sur ce qu'on ne peut pas remédier.
Je fais mon lit à la lumière des astres de Luneil, je range mes affaires, je fais tout ce qui peut m'occuper l'esprit.
Zia me laisse faire. Je lis, je range, j’époussette, je plie jusqu'à ce que le soleil se lève.
Quelqu'un toque à la porte.

- Je peux entrer ?

- Oui, dis-je en m'asseyant sur le lit.

La porte s'ouvre sur Luneil.

- Le petit déjeuner est servi. Ou là, vous avez des têtes d'enterrement. Ça ne va pas ?

Je me tourne vers lui, le regard morne.

- Merci, mais je n’ai pas trop faim.

Luneil me dévisage, interrogateur.

- O.K., toi, ça ne va pas bien. Qu'est-ce qu’il y a ?

J'enfouis ma tête sous un coussin.

- Je viens juste d'apprendre qu'il me reste quatre mille deux cent ans à vivre. Youpi.
L’incrédulité se lit dans ses yeux.

- Anna, t’as bu ? Parce que certaine boissons ont des effets, comment dire…à longues durées.

Je lui jette mon coussin à la tête.

- Ce n’est pas une blague ! Et puis j’ai presque toujours été sobre !

Luneil me regarde d’un air inquisiteur en évitant mon coussin avec indifférence. Il faut dire que ce n’était pas mon plus beau lancé.

- Presque toujours, hein…
Je me masse les tempes tout en évitant mon bandage au front. Je n’ai pas révélé à Luneil ma véritable nature. Ça m’ai complètement passé au-dessus de la tête.
Je me lève et me place en face de lui, le plus sérieusement possible.
J’ai l’impression d’avoir fait ça des centaines de fois. Je me mords la lèvre. J’espère que Luneil ne va pas être trop ébranlé par ce que je vais lui dire.

- O.K. Luneil, tu dois me croire. Je suis une des trois oubliés. Je suis une…Lyene. J’ai un palomino. Oh et aussi, j’ai grandi sur Terre. Étrange, hein ?

Luneil recule, abasourdi.

- Mais…Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Oh… Alors c’est ça ton pouvoir ?! Tu…Tu es quoi, exactement ? Un bouillonnante ? Une glaçante ? Une électrifiante ?

C’est à mon tour d’être surprise.

- Que…Quoi ?!
Mais bien sûr. Que je suis bête. Je ne me suis jamais interrogé sur les pouvoirs des autres oubliés. Parce qu’il n’y en a pas qu’une, mais trois.
C’est à peine si je réponds à la question de Luneil.

- Je suis une électrique, mais...

Je suis presque sûre que la mâchoire de Luneil va se décrocher.

- Oh par Nox la terrible…
Subitement, l’image de ce pauvre Hélios en train de bredouiller les mêmes mots s’impose à moi. Je me précipite vers le garçon.

- Non s’il te plaît ne fais pas un malaise !!

Il me regarde, ébahi. Un éclair de lucidité passe dans ses yeux. De la peur, aussi.

- Ne me touche pas !

Il part en coup de vent. La porte se referme lentement. Je commence à être légèrement vexée que tout le monde réagisse ainsi à mon approche.
Zia, qui était adossée au mur, s’avance vers moi. Elle me tapote l’épaule, compatissante.

- Il a besoin de digérer le coup, Anna. Tu n’aurais peut-être pas dû lui balancer l’info comme ça, mais bon. Il s’en remettra. Et de toute façon, s’il ne veut pas nous adresser la parole, c’est tant pis pour lui dit Zia, le regard désinvolte.

Puis elle m’adresse un sourire.

- De toute façon, on part ce soir ! Le Général ne veut pas perdre de temps, finalement.

Je la regarde avec étonnement.

- Ah bon ?

- Et oui ! Fini le luxe ! Maintenant, on dort dans des sacs de couchage à la belle étoile. Trop cool, affirme mon amie d’un ton sarcastique.

Je lui fais un sourire en coin.

- Mais oui, tu ne te rends pas compte de la chance que nous avons de dormir avec les insectes et les trolls ? Sans oublier nos amis les horlis-goris, bien sûr.

Zia éclate de rire.

- Ça va être la fête.

Je ris.

- C’est sûr. Mais dis- moi, où allons-nous faire escale ?

Elle s’allonge sur son lit, pensive.

- Si ma mémoire est bonne…on devrait s’arrêter à…Sorcelis.

Je fronce les sourcils. Sorcelis, Sorcelis…j’ai déjà entendue ça quelque part. Ah ! Ça me revient.

- Veroniqua…Le serpent d’Ugen…Elle ne m’a pas fait don de la bénédiction de Sorcelis ?

Le visage de Zia s’éclaire.

- Mais oui tu as raison ! Tu es donc protégée de leurs enchantements. Sorcelis est une ville où vivent les sorcières, Anna. Uniquement des sorcières. Ce sont des tanéors un peu particulières. Elles n’ont pas de don à proprement parler. Enfin si…Elles sont sorcières. Elles fabriquent des potions dangereuses pour compenser leur absence de dons. Ce ne sont que des femmes. Pendant la grande guerre qui opposa les tanéors et les sorcières, il y a eu des millions de mort dans les deux camps ! C’était un vrai massacre. D’un côté, les sorcières jetaient des sorts de mort, des malédictions. Leurs lances et leurs épées étaient ensorcelés. Et plus que tout, leurs baguettes faisaient des ravages. Les tanéors étaient encore pire. Nous avions les canons les chars, les armes, nos pouvoirs, et surtout, nous avions un Lyene.

Je me penche en avant pour mieux entendre le récit de Zia.

- Et alors ?? la pressé-je. Qui était ce Lyene ?!

- Il s’appelait…euh…attends que je me remémore les cours d’histoires, hein ? Il s’appelait Wender. C’était un homme très grand d’après ce qu’on raconte, il était bon, et avec son palomino, il avait réglé tous les problèmes de son temps. C’était sûrement un de tes lointains ancêtres.

Je la regarde, interloquée.

- Pardon ?!
- L’électrique, le bouillonnant et le glaçant ne fonctionnent pas comme des autres dons. Ils sont héréditaires.
- Quoi ?!
Je m’accroche à la table de chevet pour ne pas tomber.
Plus aucun doute possible à présent. Mes parents étaient bien des tanéors. Ils avaient les dons des trois oubliés. Mais pourquoi ? Pourquoi vivre dans le monde des humains alors que leur place était ici, sur Tanoris ?! Pourquoi tout le monde s’accorde à dire que les Lyenes ont disparu depuis plusieurs siècles ? Pourquoi m’avoir dissimulé la vérité ? Si mes parents étaient restés ici, ils ne seraient peut-être pas morts dans l’explosion de l’usine. Je détourne la tête pour cacher mes larmes. Je me sens si seule.
Sans parents.
Sans famille.
J’ai toujours souffert du vide qui emplissait mon cœur. Là où aurait dû être la place de mes parents.
Sylvie et Patrick n’ont jamais eu de la place pour moi et je n’ai jamais eu de la place pour eux. C’étaient plutôt les-gens-qui-veulent-adopter-un-enfant-et-qui-tombe-sur-la-pire-petite-fille-au-monde.
Je ne les détestais pas. Je les haïssais.
Ils ont toujours été des étrangers.

Je suis à bout. Tout ce que je veux, c’est partir, loin, loin des problèmes, loin des responsabilités. J’ai un sourire amer. C’est impossible. Je me lève et fais les cent pas dans la chambre. Je vais me reprendre en main et arrêter de pleurer sur mon sort. Moi je ne me suis pas fait vider de mon sang par un nérifléir. Il est temps de j’aide mon peuple.
Je scrute la fenêtre, en réfléchissant au livre dont j’ai le plus besoin et qui se trouve en bas, dans la grande bibliothèque. Comment choisir ? Je ne vais tout de même pas passer la journée à chercher le volume qui me plaît le plus, je voulais proposer à Zia de passer l’après-midi à flâner dans le centre-ville de Saunae. Et puis de toute manière, je pars ce soir en direction de la montagne Crossley. Je n’aurais jamais le temps de lire un livre entier !

Pourrais-je demander au conseil de me faire don d’un de leurs livres ? Si j’en crois Talem, ces ouvrages datent de plusieurs décennies et ce sont les derniers répertoriés à ce jour. Malgré la générosité dont ils ont fait preuve en accueillant chez eux des étrangers, je ne crois pas qu’ils iraient jusqu’à léguer un des trésors de leurs nation à une parfaite inconnue. Je secoue la tête, dépitée. Puis une idée aussi lumineuse que logique me vient. Pourquoi ne pas tout simplement acheter un livre en librairie ? Il y a de nombreux commerces à Saunae, il doit sûrement y avoir une boutique de ce genre.

Je passe une main dans mes cheveux, pensive. Les tanéors ont-ils une presse ? Je n’ai pas remarqué de télévision, ni de radio et de téléphone. Les journaux, peut-être ? Tanoris était gouverné par un roi, dans le temps. Y avait-il la liberté d’expression ? Et qui est en charge du pays maintenant ? Les citoyens se gèrent tout seul ? Payaient-ils des taxes ? Est-ce que le roi était aimé du peuple ? J’ai tant de questions sans réponses sur ce pays - sur mon pays.

Bon. Revenons au problème principal : les moyens de paiements. Pour acheter un livre il faut payer, cela va de soi. Pour acheter des vêtements. Pour la nourriture aussi. Car Féliès ne trouve pas ses ingrédients dans la marmite. Comme tout cuisinier, il achète, se fourni chez un épicier. Féliès trouvait ses ingrédients en pleine forêt ? Où sont-ils, lui et le Général Huskaine, d’ailleurs ? Je ne les ai pas croisé de la journée, et il doit être presque midi. Mon estomac gargouille. Je n’ai pas encore mangé, et on ne peut pas dire que j’ai dîné hier. A part ce fichu gâteau… Je vais aller manger dehors quand j’aurais bouclé mes valises, mais il faut que je trouve un moyen de trouver de l’argent. Sur Terre, j’avais hérité de mes parents, mais...
C’est comme si une petite ampoule lumineuse venait de s’allumer au-dessus de ma tête. Plus l’ombre d’un doute, maintenant : mes parents étaient des tanéors. Ils avaient sûrement de l’argent stocké ici. Un poids tombe sur mes épaules. Le poids du chagrin. Je décide d’aller à la banque des tanéors pour récupérer ma carte malgré la tristesse qui me serre le ventre. Le visage de mes parents, toujours plus flou de jour en jours, s’impriment dans mon esprit. Ces derniers temps, je souffre encore plus de leur absence.
J’enfile mes bottes et je sors de la chambre d’un pas décidé.

- Zia ! Je l’interpelle.

Elle lève les yeux de son couteau.

- Quoi ? Demande-t-elle, surprise.

- Je vais à la banque pour retirer de l’argent.

- Tu as un compte ?!

- Non, mais mes parents vivaient ici. Ils m’ont peut-être laissé quelque chose.

Elle acquiesce d’un signe de tête. Puis, en voyant ma peine, elle tente de me consoler :

- O.K. On mangera dehors après ça ? Et puis tu as besoin de faire les boutiques.

Je lui fais un sourire forcé. Je saisis ma besace et j’y installe un petit nid douillet pour le palomino. Je prends la grande épée que m’a offerte Zia et je sors.

- Rejoins-moi à la bibliothèque ! dis-je à Zia d’une voix déterminé.

Mon amie me suit.

- Attends-moi !

J’essaie de m’arranger un peu en descendant les escaliers. Je me fais une queue de cheval haute, malgré mes cheveux emmêlés. Ma chemise est déchirée sur tout la longueur du coude jusqu’au poignet. Je hausse les épaules. Tant pis.
La douleur que j’avais essayé d’ignorer revient irradier ma cheville. Je pousse un grognement de douleur. Faisons abstraction. Zia me jauge du regard. Puis elle s’écrie.

- Tu ne t’es pas fait recoudre !!

- Ah, oui…j’ai oublié.

C’est vrai. Comme je ne voyais pas la plaie, je n’y ai pas pensé. Je retire le bandeau qui me couvre le front et tâte ma peau, prudente. Rien. Zia pousse une acclamation de surprise.

- Anna…Ta peau est toute lisse ! Comment est-ce possible ?!

- Je…Je ne sais pas, répondis-je, troublée. Ah si !! J’ai oublié de te le dire, Zian mais mon sang guérit n’importe quoi !

Elle me regarde d’un air entendu.

- Oui, oui, ça me revient. Les trois oubliés ont aussi ce pouvoir-là. Et puis, il y a autre chose : tu ne récite rien quand tu projette ton don n’est-ce pas ?

- Eh bien…je n’ai jamais eu besoin de parler, c’est vrai.

- Je crois que c’est quelque chose réservée aux Lyenes. Si j’en crois Mr. Vréliro, mon prof de langue ancienne, ton don est renforcé par la puissance du palomino, ce qui fait que tu n’as pas besoin de réciter. Mais les mots donnent beaucoup plus de force à ton pouvoir. Tu peux largement rivaliser avec un tanéor en restant muette comme un carpe. Alors qui sait ce que tu serais capable de faire en parlant…, murmure-t-elle.

La surprise se lit dans ses yeux. Elle reprend :

- Je crois que je réalise pleinement combien tu es puissante. Je le savais déjà, bien sûr, mais là…c’est incroyable Anna.

- Ah, euh…. Tu sais, je ne m’en rends pas bien compte moi-même, donc…, dis-je, un sourire ironique aux lèvres. Bon ! Ton sac est prêt ? Mieux vaut le faire avant de partir.

- Yep, je l’ai fait tout à l’heure, confirme-t-elle. Et toi ?

J’esquisse un sourire amer.

- De toute façon, à part un-t-shirt, une chemise en lambeaux et une cape, je n’ai pas grand-chose.

Zia me sourit.

- Ce sera l’occasion de remplir ton sac ! On pourrait même t’en acheter un deuxième.

- Pourquoi pas.

Trop occupée à discuter avec Zia, je ne remarque Loam seulement au moment où je me cogne contre lui. Il tombe en arrière et nous dévalons les escaliers sans pouvoir nous arrêter en poussant des cris de douleurs. Loam réussit à se saisir de la rampe. Il m’attrape la main et me tire vers lui au moment où j’allais dégringoler encore quelques marches. Je rougis, plaquée contre lui. Son épaisse cape verte a amorti sa chute. Je grimace. On ne peut pas en dire autant de ma chemise. Elle est déchirée sur les coudes et ma peau est rouge à cet endroit. Loam me sourit et me lâche.

- Ça va ? Tu avais l’air pressée !

Je fais un sourire en coin. Il est toujours aussi beau.

- Je sort en ville avec Zia. Il faut que j'apprennes encore pleins de chose sur le monde des tanéors. Ce sera l'occasion. N’oublie pas que je suis quasi une humaine !

- C’est vrai ! Au fait, Zia t’as mis au courant ? Nous partons ce soir. La troupe est un peu réduite parce que beaucoup de soldats ont leur famille ici. Ils vont rester à Saunae. Je crois qu’on sera…quinze, dans ces eaux-là.

J’écarquille les yeux.

- Que ça ?! Mais….

Je ne termine pas ma phrase mais je sais qu’il sait ce que j’allais dire et qu’il le pense aussi : si nous tombons entre les griffes des nérifléirs, nous sommes fichus. À quinze contre plus de cinq mille monstres buveurs de sang, nous ne tiendrons même pas deux secondes.

- Il faudra être extrêmement vigilant, poursuit Loam. Nous allons avancer plus lentement, pour plus de précaution. La route va être longue, conclut-t-il, l’air sombre.

J’acquiesce, les sourcils froncés. La forêt que nous allons devoir traverser déborde sûrement de monstres…

- Bon. (Loam coupe court à mes pensées.) je vais faire mes bagages. À plus tard !

Je le salue et dévale les escaliers à toute vitesse.
Zia me rejoint en pouffant de rire.

- Jolie chute !

- C’est ça, marre-toi, dis-je en essayant de cacher mon sourire.
Arrivée en bas, j’interroge mon amie.

- Par où on sort ?!

Elle saisit mon poignet et m’entraîne derrière elle.

- On passe par la grande salle de fête ! hurle-t-elle par-dessus son épaule tout en ouvrant le passage secret.

Nous courons dans le souterrain et arrivons à bout de souffle dans l’immense verrière. Vide et calme, elle est encore plus belle. Mais Zia ne s’attarde pas et fonce vers l’escalier. Je la suis à un rythme moins soutenue. À mon humble avis, j’ai assez couru ce matin.
Les rues bruyantes et ensoleillées me réchauffent le cœur. La nuit, Saunae est une ville complètement différente. Vide et lugubre. Froide et triste. Mais que dire de l’ambiance qui plane sur la cité ! Les gens discutent autour d’une boisson rafraichissante, les groupes de jeunes filles en robes colorées éclatent de rire à chaque pâté de maisons. Leurs pépiements résonnent dans le ciel… Je souris, et Zia me rend mon sourire.
Elle me mène vers les rues marchandes en demandant le chemin à des passants. Les gens répondent avec chaleur, en nous indiquant la route à suivre avec force de sourires. Les habitants de Saunae sont si gentils. Je crois que je vais regretter cette ville. Un groupe d’enfant s’est placé en cercle et les bambins font chacun à leurs tour une démonstration de leurs pouvoirs. Je me sens bien ici. Je me sens chez moi. Je ne suis pas différente des autres comme je l’étais sur Terre. Cela ne m’empêchera pas de regretter cette planète…
Je chasse ces pensées nostalgiques qui n’ont rien à faire dans une vague de bonheur.
Je prends garde à ne pas tomber sur les pavés grossièrement taillés de la ville. Au détour d’une rue, nous tombons nez à nez avec deux jeunes filles parfaitement identiques en grande discussion. Zia les regarde avec effarement.

-…Daya ? Dana ?! C’est vous ?!?

Les jeunes filles lui répondent en cœur.

- Zia ?!

Puis elles éclatent toutes les trois de rire en se balançant de grandes claques dans le dos.

- Papa nous avait bien dit que tu passerais d’abord chez lui avant d’arriver à la fête ! Maintenant je lui dois cinquante béliones ! Rigole une des deux filles.

Elle porte un jean dans un sale état et coupé aux genoux, et le t-shirt sans manches qui lui colle à la peau suit la courbe fine de ses hanches. Deux longues haches décorées de pierreries sont croisés dans son dos. Pas très étonnant de la part d’une des filles d’Hélios, le propriétaire du magasin d’armes. Ses longs cheveux bouclés lui tombe en cascade sur les épaules et lui descendent à la taille. Elle a entremêlés des plumes aux couleurs éclatantes dans ses belles boucles blondes pâles. Elle a le teint aussi clair que Zia, et ses yeux bleus sont aussi perçants que ceux de sa sœur jumelle. La jeune fille en question possède les mêmes traits à la fois délicats et farouches. Elle porte un t-shirt blanc orné d’une épée pointé vers le ciel, et son short en jean lui arrive à mi-cuisse. Elle a coiffé ses cheveux en queue-de-cheval haute et de petites tresses parsèment ses cheveux blonds presque blancs. Une grande épée est attachée sur son dos, et sa sœur et elles ont exactement les mêmes bottes que moi. La fille qui a les cheveux lâchés me tend la main en souriant chaleureusement.

- Salut ! Moi c’est Daya. Tu es Anna, non ?

Je la regarde, troublée.

- On se connait ?

- Non, répond Daya, mais quand nous sommes allée voir notre père Hélios, il était assis derrière le comptoir à divaguer sur le fait que Zia, (Elle se tourna vers l’intéressée, laquelle haussa un sourcil.) était accompagné d’une des trois oubliés quand elle était passé. Bien sûr on a cru qu’il avait abusé du vez, mais quand on a vu la flaque de galir sur le sol du magasin, ça a remis en cause toutes nos certitudes. Tu es donc une des trois oubliées, dit-elle sur le ton de la conversation, pendant que sa sœur m’adresse un sourire amical.
Je les regarde, émerveillée.

- C’est incroyable. Vous êtes les seules avec Zia depuis que je suis ici à ne pas : partir en courant en sachant ça.

- Quelle idée ! Me répond Dana en riant.

- Faire un malaise.

- C’est pour les faibles, dit simplement Daya en haussant les épaules.

- Grommeler dans sa barbe en murmurant que c’est impossible.

- J’espère que je n’ai pas de barbe, s’écrie Dana en passant un doigt sous son nez d’un air faussement désespéré.

J’éclate de rire. Elle a vraiment l’air idiote comme ça.
Même Zia et Dana pousse des ricanements hystériques.
Je sens qu’on va bien s’entendre, toutes les quatre.
Nous passons le reste de la matinée à nous promener dans les rues pleines de mondes de Saunae, Daya, Dana nous montrant les monuments important de la ville. Dana nous confie :

- Avec Day, on voulait sortir faire les boutiques. Ça vous dit de venir ? Allez, on va s’amuser !

- O.K., pas de problème pour nous, répond Zia avec mon approbation.

- Mais je dois d’abord aller à la banque pour retirer de l’argent, glissais-je.

Une soudaine appréhension me noue le ventre. Je ne sais pas si je suis prête à découvrir le nom de mes parents dans l’annuaire des tanéors.

- On a qu’à se séparer, deux de nous quatre vont réserver une table dans un resto sympa et les deux autres vont à la banque ! Daya, Zia, vous vous occuper du resto ? ça ne te dérange pas si je viens avec toi, Anna ? Je sais où est la banque, propose Dana en souriant.

J’accepte avec reconnaissance.

- Moi, ça me va !

- Très bien, approuve Zia

- Parfait, même, renchérit Daya.

- Bon. Le restaurant où Méliz travaillait s’appelle comment, déjà ? Demande sa sœur.

- Le Cricross’bar. J’espère que vous avez des dents solides, les enfants, parce le Cricross’bar ne vend que des produits croquants. Très croquant.

Je lui souris.

- à priori, ça devrait aller.

- Prends ça au sérieux. Dana s’est cassé la molaire en croquant l’apéritif.

- Mon père m’en a fondu une en galir, lance l’intéressée en désignant sa dent de métal.

Je grimace.

- Ah d’accord. C’est plus sérieux que je ne le pensais.

Mon sac remue doucement en poussant des gémissements outrés. Je me mords la lèvre. Le palomino. J’espère que Daya et Dana ne vont pas être effrayées en l’apercevant. Et qu’il n’est pas trop en colère contre moi.
Je secoue la tête. Franchement, je ne comprends pas. Comment les gens peuvent-ils avoir peur d’un truc aussi mignon ?! Mais Dana me sourit d’un air rassurant.

- On est au courant pour le palomino, ne t’inquiète pas. Mais ce doit être un bébé pour qu’il rentre là-dedans !

- Ah, oui, fis-je, rassurée. Il est encore petit.

Je sors le palomino du sac. Sa petite truffe frétille en tous sens, comme si il voulait intercepter toute les odeurs à lui tout seul. Daya s’écrie, la bouche en cœur :

- Mais comme il est mignon !!

Le palomino lui sourit, ravi. Je lui chatouille le ventre, moqueuse. Il aime un peu trop les compliments. Je lève la tête et lance aux filles :

- Bon. Il faudrait qu’on y aille maintenant. On se rejoint au Cricross’bar.

- Parfait, me répond Daya en faisant virevolter ses cheveux dans son dos. Vous nous rejoignez là-bas ? Dana connait le chemin.

- C’est d’accord pour moi, approuve Zia.

- Ça me va très bien, renchérit Dana sans quitter des yeux le palomino.

- Pareil, dis-je.

Le palomino pousse une exclamation approbatrice.
Nous éclatons toutes les quatre de rire et le palomino sourit. Dana me prends par la main et me mène à travers les rues de Saunae. Je la suis, une boule dans la gorge. Je suis sûre que ma mère était une tanéor. Mais le voir écrit noir sur blanc, c’est différent. Nous arrivons dans une immense place beaucoup plus chic que celle que nous venons de quitter. L’ambiance est calme et détendue, et une musique de jazz sort des deux poteaux de bois criblés de trous postés devant un café.

Les clients du salon thé se comporte si poliment que je me surprends à les comparer aux bars d’ivrognes où Sylvie et patrick allaient pour prendre un verre, quelque fois. Je me retrouvais alors seule avec mon idiot de faux-frère qui accaparait l’ordinateur du bureau, le frigo, et la télé. Pour être sûre de ne jamais le croiser, je restais enfermée dans ma chambre jusqu’au retour de mes tuteurs. Comme par hasard, leur fils modèle était resté faire ses devoirs dans sa chambre tandis que moi, la teigneuse, j’avais laissé l’ordinateur allumé sur un jeu de guerre très violent, le frigo était grand ouvert et j’avais mangé toutes les barres chocolatés, les sodas, et même une bouteille de bière ! Mais elle est folle, cet enfant ! Bien sûr, le tout était étalé sur le canapé, la bière renversée, le chocolat fondu. Sylvie me privait donc de sortie pendant un mois, et récompensait son fils de ne pas avoir fait la même erreur que sa « grande sœur ». J’avais beau m’expliquer, crier, hurler, ma tutrice ne m’écoutait jamais. Je serre les poings. Rien que de penser à elle je me sens en colère. La voix de Daya me fait l’effet du retour brutal à la réalité dont j’avais besoin.

- Anna, on est à la banque.

Je lève brusquement la tête. Le grand bâtiment qui me fait face n’a rien à voir avec la banque de ma ville, c’est certain. Je déglutis avec difficulté. Et j’entre dans la banque du pays des tanéors.
Dernière modification par cocovanilleguimauve le mar. 24 août, 2021 3:40 pm, modifié 1 fois.
J4u5

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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

cocovanilleguimauve a écrit : mar. 17 août, 2021 11:43 am COUCOU !!!
bonne lecture !
( et merci à J4u5 pour son aide )
Je t'en priiiie :mrgreen: . Oui, t'as vu, je suis là quand même tellement je suis fidèle à ton histoire :lol:
cocovanilleguimauve a écrit : mar. 17 août, 2021 11:43 am Je me lève et me place en face de lui, la plus sérieuse possible.
cocovanilleguimauve a écrit : mar. 17 août, 2021 11:43 am Il est temps que j'aide mon peuple.
cocovanilleguimauve a écrit : mar. 17 août, 2021 11:43 am - Anna…Ta peau est toute lisse ! Comment est-ce possible ?!

- Je…Je ne sais pas, répondis-je, troublée. Ah si !! J’ai oublié de te le dire, Zia mais mon sang arrive à guérir n’importe quoi !
Au début, j'avais pas compris cette phrase et j'avais oublier de te la corriger hier :roll:
Perso, ça m'a géné pdt ma lecture mais pour certaines personnes, je pense pas :shock: (je te l'ai mis qd même :roll: )

Enfin bon.
Je pense que tu as eu raison d'enlever tous les allers retours d'Anna, Layla, parce que c beaucoup plus clair comme ça ;) !
Ce que j'ai à dire d'autre :lol: ? Je te l'ai déjà dit mais en tout cas, continue surtout <3 ♥️
A + pour le prochain chap :D
Ah et d'ailleurs, ta rentrée c quand ? Est ce que je dis ça juste pour t'agacer ? Of course que non :lol: :mrgreen:.
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

Je posterai le chap ce soir, pas d'inquiétude !!
HermioneSerdaigle

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Re: Anna et le portail de jade

Message par HermioneSerdaigle »

bon alors, j avais beauuuuucoup de retard… en tout cas c’est genial ! Oh non pauvre Anna…
sinon j ai hate de lire la suite ! bisous
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

HermioneSerdaigle a écrit : mer. 25 août, 2021 2:11 pm bon alors, j avais beauuuuucoup de retard… en tout cas c’est genial ! Oh non pauvre Anna…
sinon j ai hate de lire la suite ! bisous
super ! justement, la voilà la suite:
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

hello, j'ai réécris le chap un qui n'était pas génial, j'ai hâte de savoir ce que vous en pensez !! donc imaginez vous au tout début de l'histoire là :


CHAPITRE 1

Je marche d'un pas pressé jusqu'à la porte. Je me suis toujours sentie à l'écart de la société à cause de mon don. C'est vrai que ce n’est pas courant quand même de pouvoir électrocuter les gens.
J'ouvre délicatement la porte en prenant garde de ne pas brûler le bois de chêne dont elle est composée. Je pose à peine mes mains dessus.
La nuit où j’ai découvert mon pouvoir a été la nuit la plus horrible de ma vie. Je me recroqueville.
La nuit où mes parents sont morts. Après avoir vu mes doigts crépiter ce soir-là, j’ai hurlé. Si fort que Mme Cook, ma voisine, m’a entendue et a tout de suite appelé la police. Je criais, et la lumière au bout de mes doigts s’intensifiait en même temps ma peur.

L’officier de police est arrivé, et il a tambouriné à la porte en me disant d’ouvrir immédiatement. Paniquée à l’idée d’être découverte avec de l’électricité au bout des doigts, la petite fille de six ans que j’étais a plongé sa main crépitante dans un verre d’eau, plie au moment où le policier défonçait la porte. L’eau. Un conducteur d’électricité. Elle a eu un effet miroir sur moi, mais je n’en suis pas morte. Je m’en souviens encore. Le picotement désagréable, la sensation d’engourdissement… L’homme m’a retrouvé évanouie dans la cuisine, et m’a tout de suite emmené à l’hôpital.

Je me suis éveillée dans une chambre où tout était blanc, où tout était froid, et j’ai pleuré en hurlant le nom de mes parents. Mais quand j’ai senti les picotements dans mes bras, les fils crépitant et bleu qui commençait à sortir de mes doigts, je me suis calmée. Vaincue. Résignée. Vide. La moitié de moi-même est morte ce soir-là, avec mon père et ma mère. Quand les infirmiers ont découvert que j’étais orpheline, ils m’ont rapatrié à la mairie. Je n’étais que l’ombre de moi-même. Je respirais sans vivre. Je marchais sans avoir un endroit où aller. Je regardais sans voir. J’écoutais sans entendre. J’étais un fantôme.

On m’a placé dans une famille d’accueil. J’ai pu récupérer quelque habits, mais c’était tout on ne m’a pas autorisé à reprendre mes jouets, les photos de papa et maman. Il fallait que « je tourne la page ». C’est la première fois que j’ai ressenti de la haine à l’état pur. On me demandait d’oublier mes parents.
Alors je me suis promis de ne m’accrocher à rien ni personne, sauf à leur souvenir.
Aucune émotion.
Pas d’ami.
Être froide.
Toujours.
Empêcher tout contact.

J'ai accepté mes tuteurs avec dégoût.
Ils ne m’aimaient pas non plus. Les premiers jours ont été difficiles. Je pleurais tous le temps dans la chambre qu’on m’avait attribué, et je refusais d’adresser la parole à qui que ce soit. Puis à mes sept ans, je suis allée me recueillir sur la tombe de mes parents. J’ai décidé que je ne pleurerais plus jamais. Je me suis enfermée dans mon univers, et mes tuteurs n’osent toujours pas m’en sortir. Mon électricité était un secret. J'ai dû faire attention à ce que personne ne découvre ma particularité sinon on m'aurait jetée dans un camion en direction des laboratoires les plus célèbres d'Amérique!
Je souris à cette idée et je me faufile dans l'embrasure de la porte sans faire le moindre bruit.

Le bon côté quand il nous suffit de toucher un câble pour que toute la ville s'éteigne, c'est que je pouvais mettre toute les chaînes que je souhaitais sans même utiliser la télécommande. Ce qui faisait grincer des dents à Sylvie et Patrick, mes tuteurs, pendant que je savourais ma victoire. Évidement, ils n'ont jamais compris comment je faisais.
Je traverse la cour silencieusement. Je ne leur ai pas révélé mon don, ils se seraient fait un plaisir de me dénoncer aux autorités. Je me réfugie derrière la voiture. Une paire de chaussures roses apparaît dans mon champ de vision. Quand je relève la tête, je prends sur moi pour ne pas éclater de rire. Le visage de Sylvie a pris une teinte magenta.
Le pire c'est que je ne contrôle pas ce pouvoir. Je me redresse calmement et je la défie du regard. Cela semble la rendre encore plus furieuse. Mes émotions prennent le dessus à chaque fois. Là par exemple je serai bien tentée de m'en servir...

- Anna, reste ici! Me hurle Sylvie en jetant les clés de son immonde voiture par terre avant que j'ai le temps de battre en retraite.

- Heu...non.

- je suis ta mère c'est moi qui décide!

- j'ai dix-huit ans je te signale! Rétorquai-je, exaspérée.

- Tu vas venir avec nous à ce fichu concert! Ce soir, après le lycée, tu n’y échapperas pas !

- Quoi?!! Non, hors de question que je mette les pieds là-bas!

- Ton frère est le guitariste du groupe!

Je manque de m’étrangler. Mon frère. Hum. Hum hum. Elle veut sans doute parler de l’ermite qui vit dans la chambre d’à côté. Physiquement, un mur nous sépare. Mais nous sommes à des années lumières l’un de l’autre. Il a un an de moins que moi, et nous sommes dans le même lycée. Je fais tout pour l’éviter, et lui m’ignore depuis des années. Il reste dans sa chambre, scotché à son ordinateur, et ne sort que pour aller voir des films d’horreur avec ses copains. Qui sont tout aussi insupportables que lui. Même pire encore. Ils ont décidé de fonder un groupe. C’est leurs premier concert, et ils ont rameuté pas mal de lycéens. Mais si c’est pour les entendre s’égosiller sur un play-back remplis de fausses notes, je passe mon tour. J’ai une moue dégoûté.

- Il joue mal. Et puis ce n'est même pas mon vrai frère!

- Comment oses-tu! S’offusque Sylvie, choquée.

Nous sommes ta famille depuis ce terrible accident!

- Mes tuteurs pas ma famille, murmurai-je entre mes dents serrées et en fermant les poings pour empêcher les courants électriques de toucher ma tutrice.

Sylvie consulte sa montre, inquiète.
- Et voilà, nous sommes en retard, piaille-t-elle. Oh seigneur, mais que va dire Mr Russell ?!
Mr Russell est le proviseur. Et à dire vrai, je ne me suis jamais souciée de ce qu'il pouvait penser.
Sylvie pointe un doigt parfaitement manucuré dans ma direction.

- C’est ta faute ! Monte vite dans la voiture ou je t’y fais monter de force. Mais où est donc ton sac, bon sang ?!

Je lui jette un regard assassin et ouvre la portière. Mon sac est sur le siège bien sûr, comme je l’y ai laissé hier. Dans le coin le plus éloigné possible de moi, mon pas-tout-à-fait-frère Ethan est absorbé dans la contemplation de son téléphone. Je me laisse lourdement tomber sur le siège.

- Salut Ethan.

Pas de réponse. Comme toujours.
Sylvie s’assoit à l’avant et fais démarrer la voiture.

- Mon dieu, il est huit heures vingt ! s’écrie ma tutrice d’une voix suraiguë. Vous aviez cours tous les deux à huit heures précises !

Je me bouche les oreilles. Ce matin, je ne me sens pas la force de l’écouter se parler à elle-même. Ethan, impassible, enfonce ses écouteurs dans ses oreilles et retourne à son téléphone.
Merde. J’ai oublié les miens.
Le fils de Sylvie sourit. Instagram, sans doute. J’ai toujours méprisé les réseaux sociaux. Mon « frère » en raffole. Il adore se prendre en photo. Pourtant, Ethan n’a pas grand-chose d’original. Cheveux brun foncé, yeux marron et globuleux, les traits tirés et banal, il est dans la norme. Le portrait craché de ses parents. C’est évident que les gens soit septique que nous leur expliquons que nous sommes frère et sœur. Nous n’avons rien en commun. J’ai les cheveux châtains clairs, presque blond, mes yeux sont vert éclatant et mon visage est constellé de tache de rousseurs. Je ressemble à ma mère. Mon père, lui, avait les yeux noisette et les mêmes cheveux que moi. Je tourne la tête en caressant d’un geste machinal les boules en or à mes oreilles. Elles appartenaient à ma mère. Je les touche toujours quand je me sens triste. Elles m’apportent du réconfort, un peu comme si ma mère me consolait. Le seul objet que je tiens d'elle.
Mon téléphone vibre dans ma poche. Emma. Ma fausse-amie.
T’es où ? tu sèches ?
Je soupire et range mon téléphone dans ma poche.
Je me suis disputée avec elle en troisième et ça n’a plus jamais été pareil. Elle m’a accusé de traîner avec elle juste pour avoir quelqu’un quand on fait des groupes en sport. Ce qui n’était pas tout à fait faux. Les trente premières secondes de notre rencontre m’ont suffi pour savoir qu’Emma n’était qu’une fille écervelée qui croyait aux histoires d’amours. Personnellement, je n’y crois plus depuis le CE2. Mais elle restait gentille. Je traînais avec elle parfois. Mais jamais en dehors des cours. Je préfère la solitude. Et puis au lycée, elle est devenue bizarre. Toujours aussi bête, toujours aussi accro aux garçons, mais maintenant, elle se maquillait, portait des habits moulants et des talons. Faisait des « après-midi shopping » avec ses autres copines. Je déteste le shopping. Elle essayait de se caser avec la moitié des garçons du bahut. Elle était tombée dans ce que j’appelais : « le gouffre à pétasses » On ne peut pas tomber plus bas que ça. C’est le début de la fin. J’ai voulu m’éloigner, mais Emma n’a pas capté. On se voyait moins, mais elle venait toujours manger avec moi, ou bien elle me traînait à la table des « populaires ». Je l’aurais plutôt nommé « la table des cons ». Tout simplement parce que Mike y était assis. Rien que de penser à lui, j’ai envie de vomir. Je le connais depuis l’école primaire, et il a toujours été horrible. Grand, assez beau, yeux vert et cheveux blonds bouclés. Les filles tombent en pamoison devant lui, Emma comprise. Je fronce le nez avec dégoût. Moi je le hais. Tout le monde sait qu’il est raciste, mais tout le monde ferme les yeux. Il fout la pagaille en classe, mais les professeurs laissent passer parce que c’est le fils du maire. C’est un privilégié. Un riche. Toujours bien coiffé, toujours bien habillé. Le fils à papa par excellence. Et dire que tous les jours, je mange à la même table que lui.
Je le déteste depuis le jour où en maternelle, il a dit à toute la classe que mes parents étaient pauvres et moches puisqu’ils travaillaient à l’usine. La plupart des enfants de cet âge ne pensent pas réellement ce qu’ils disent. Lui, si. C’était intentionnel. Alors ce jour-là à la cantine, j’ai pris ma fourchette et je lui ai griffé la mâchoire avec une pointe. Il a hurlé de douleur. Toute la cantine était silencieuse. Le sang a lentement perlé de la plaie. Mike pleurait comme le bébé qu’il était et moi, du haut de mes cinq ans, je lui ai souri. Ma fourchette était tachée de sang. Du coin de l’œil, j’ai vu une des nounous qui surveillait s’évanouir. Une nuée de bonnes femmes s’est précipité pour la soutenir, tandis que qu’une dame nous prenait moi et Mike par le bras pour nous emmener chez la directrice. Mes parents ont reçu une lettre d’avertissement et c’est la première fois que je les ai vus autant en colère, mais il faut dire que j’étais fière de moi. Je souris à mon reflet dans la vitre de la voiture de Sylvie.
Mike a encore une cicatrice sur la mâchoire.
La voiture de ma tutrice s’arrête brusquement.

- Allez, descendez ! vous êtes déjà en retard, s’écrie-t-elle avec brusquerie.

J’ouvre la portière et Ethan en profite pour descendre. Quel flemmard. Sylvie redémarre, nous laissant seuls devant le portillon de Jefferson High School. Le lycée est tout ce qu’il y a de plus basique. Un peu vieux, un beau coup de peinture ne lui ferait pas de mal. Surtout quand on voit l’argent de la mairie tant dépensé dans la salle de sport… A mon avis, le maire voit plutôt ça comme un cadeau pour Mike.
Comme Ethan n’a pas du tout l’air de vouloir appuyer sur le bouton pour ouvrir le portillon, je m’avance en soupirant. J’ai hâte d’être débarrassée de lui pour toute la journée.
La porte s’ouvre avec un biiiip strident et j’entre. Avant de fermer la porte au nez d’Ethan.

- Débrouille-toi mon vieux.

Il me regarde d’un air stupéfait.

- Ben quoi ? Allez, salut. Il est temps que t’apprennes à ouvrir une porte, dis-je avant de m’engager dans l’allée qui mène aux bâtiments.

Quand je pousse le battant, j’entends la voix nasillarde de la secrétaire.

- Ah ! Lesdey ! Encore en retard, comme toujours ! Ta mère en sera avertie, tu peux me croire !

Mes doigts crépitent d’électricité, et je me dépêche de les cacher dans mon dos. Je me retourne en prenant la voix avec laquelle on s’adresserait à un enfant en bas âge :

- Mme Clark, je ne sais pas comment vous le dire plus clairement, Sylvie Timpsons n’est PAS ma mère ! Ma mère est morte !

Mme Clark a l’air désemparé. Sans doute croie-t-elle que je vais fondre en larmes d’un instant à l’autre. Elle fuit mon regard, gênée.

- Oui, euh…bon, dépêche-toi d’aller en classe.

Je fais volte-face et monte l’escalier. Les couloirs sont silencieux. Tous les élèves doivent être en cours.
Je pousse la porte de la salle de français sans toquer, car je sais bien que cet horrible Mr Munfirk déteste qu’on entre sans frapper.
Ce dernier, en plein monologue, s’interrompt pour me lancer un regard mauvais. Sa moustache frémit.

- Je commencer à espérer que vous ne viendriez pas.

Je m’assois lourdement sur la seule chaise vide.

- Je n’avais pas spécialement envie d’écouter votre cours monsieur, répliquais-je.

Si le regard de Mr Munfirk pouvait tuer, je serai déjà morte.
Il reprend son discours d’un air suffisant. Quant à moi, je sors un cahier pour faire croire à mon professeur que je suis une élève assidue, et je me prépare à dormir. Heureusement qu’Emma n’est pas dans ma classe. Sinon elle passerait son temps à m’envoyer des petits messages. L’année dernière, j’ai failli craquer, assaillie que j’étais par les SMS. Le cours passe à une vitesse incroyable. Sans doute parce que je me suis endormie sur mon bureau. Les autres cours de la matinée passent tout aussi vite. En sport, je gagne la course à pied haut la main. J’adore courir. Courir plus vite que le vent, c’est tellement agréable. Personne autour de toi, juste la vitesse. Malheureusement, la cloche sonne. Les élèves autour de moi poussent des soupirs de soulagement. Quant à moi, je me change aux vestiaires en grommelant. Youpi. Tout le monde à la cantine. Pour moi, c’est le pire moment de la journée. Parce que je suis en face de Mike. Et qu’Emma est à côté de moi. J’ai essayé tellement de fois de changer de table ! Mais dès que j’entre dans la cantine, toutes les tables sont prises. A croire qu’ils le font exprès.
Je marche dans les couloirs bondé en essayant d’éviter Emma.

- Annaaaaaaa !

Peine perdue.
Tous les regards se tournent vers elle. Je soupire. Je déteste être au centre de l’attention. Et c’est le truc préféré d’Emma.
En mini-jupe, comme d’habitude, son haut à bretelles lui arrive à hauteur du nombril et elle est juché sur de ridicules petits talons rose. C'est autorisé, ce genre de tenue ?!
Elle s’approche en souriant. Pourquoi moi ?!
Elle me prend par le bras et m’emmène vers la cantine. Tout en marchant, elle me jauge du regard.

- Quoi, encore ?!

- Anna, chérie, tu devrais peut-être changer de vêtements, on dirait un garçon !

- Pardon ?

Je baisse les yeux sur mon jean collant, mes converses rouges, et mon t-shirt blanc XXL.

- Je en vois absolument pas où est le problème, Emma. Et je t’ai déjà dit que je ne voulais pas être « relookée ».

- Achète-toi au moins une jupe ! supplie Emma.

- Non ! j’ai horreur de ça !

Emma veut à tout prix que je fasse plus féminine.
Elle n’a pas compris que je n’aime pas son style. Plus qu’un an à la supporter…
La porte de la cantine s’ouvre et nous allons faire la queue au self. Emma reste silencieuse tandis que nous nous servons. Mais je sais qu’elle reviendra à la charge plus tard. Nos plateaux en main, nous allons nous asseoir à la seule table libre.
La table des « populaires ». Je prends place en face de Mike, et je ne peux réprimer un petit sourire moqueur en voyant la cicatrice sur sa mâchoire. J’avoue que en y repensant, je me sens un peu folle. Mais ça ne m’empêche pas d’être fière.
J’attache mes cheveux en queue-de-cheval et je commence mon repas. Emma discute avec une de ses amie sur l’après-midi shopping qu’elles ont prévu demain. Puis elles iront sur la plage avec leurs nouveaux maillots pour impressionner les garçons. Je lève les yeux au ciel. Si superficielles. En plus, elles ne sont pas du tout discrètes. Du coin de l’œil, je vois Mike et ses copains se faire des sourires de pervers. Je les fusille du regard. Bande de sales types. Peter, un des amis débiles de Mike, surprends mon regard meurtrier et m’interroge :

- T’as un problème Lesdey ? Toi aussi tu veux nous voir en maillot de bain ?

- Le spectacle serait tellement immonde que mes yeux ne le supporteraient pas, Peter, ripostais-je du tac au tac.

Le garçon me regarde, humilié. J’aborde un petit sourire autain. C’est lui qui lance les hostilités, mais il n’a aucune répartie. Minable. Je retourne à mon déjeuner tandis qu’un garçon dont j’ai oublié le nom donne une tape dans le dos de Peter.

- Elle t’a tué, mon pote.

Peter pousse un grommellement intelligible. Je ne peux retenir un petit ricanement moqueur. J’ai les yeux baissés sur mon assiette, mais du coin de l’œil, je regarde Peter.
Il se lève brusquement en saisissant son assiette de soupe aux carottes. Il s’apprête à me la verser dessus mais je lui assène une tape sur le bras et tout le contenu du bol fumant tombe sur la tête de Mike. Il hurle en sentant la soupe bouillante entrer en contact avec sa peau. Je place une main sur ma bouche pour ne pas rigoler. Mais la vision de son beau visage rendu orange par la soupe à raison de moi. J’éclate de rire assez fort pour que toute la cantine m’entende. Les élèves des tables alentours s’esclaffent en voyant la figure barbouillé de Mike. A la table des populaires, par contre, c’est une autre histoire. Personne ne rigole, ne prenant pas le risque de fâcher Mike. Emma ma jette un coup d’œil choqué. Mais je m’en fous. Moi, je regarde Mike, un sourire aux lèvres. Il pointe un doigt furieux vers moi en s’essuyant le visage.

- Mon père le saura !

Je souris de plus belle. Toute la haine que j'ai contre ce type parle à ma place.

- Je n’en ai rien à foutre de ton père, Mike.

Il se rapproche en me couvrant d’un regard haineux.

- Tu n’en as rien à foutre du maire ? ou alors t’es complexée parce toi, t’as plus de parents ? Oh, papa, tu me manques !

Intérieurement, je suis secouée. C’est douloureux. Mais c’est vrai. Je suis jalouse de tous les enfants qui ont la chance d’avoir un papa et une maman. Pourquoi moi, et pas eux ? Mais le dire comme Mike l’a fait, ça fait mal. Le premier qui m’aurait dit ça, je lui aurais asséné une belle claque, mais avec Mike, il ne vaut mieux pas tenter le sort. A la place, je souris, un sourire craquelé, qui n'arrive pas à cacher toute ma douleur, et je prends mon plateau en disant :

- Oh le bébé de papounet est fâché ? Apportez-lui son jouet, enfin ! ou alors il veut qu’on lui lise une histoire ? Allez, bon appétit sale gosse !

Je débarrasse mon plateau à peine entamé et récupère la pomme en passant. Puis je quitte le self et me dirige vers la cour. Je croque dans le fruit. Il a un goût amer. Les blagues sur les orphelins, il n’y a que les grosses brutes comme Mike qui les font. Pour me calmer, je pense à la tête toute orange de Mike à la cantine. Mon sourire revient instantanément. La pomme est bonne, en fait.
J’ai de la chance, mes cours finissent à trois heures. Le reste de l’après-midi passe comme dans un rêve.
Je passe mon temps à dormir. Au dernier cours, pourtant j’essaie d’écouter. Demain, c’est le jour de l’évaluation et je ne veux pas la rater. Mais la professeure n’arrête pas de répéter des leçons déjà apprises…Ennuyant…je pose ma tête sur le bureau, épuisée. Quand je ne libère pas mon pouvoir tous les deux heures, il faut que je dorme. Sinon, mes doigts comment à me démanger, puis ça pique, et ensuite ça brûle…jusqu’à ce que je craque et que je livre une vague d’énergie brut. Autant vous dire que ça peut faire cramer le décor. Je ferme les yeux et cesse de lutter contre le sommeil.

Je nage dans une espèce de coton brumeux, ou tout est doux, ou tout est mou. Une silhouette s’avance vers moi. C’est ma mère, je veux la serrer dans mes bras mais je ne peux pas la toucher. Je la traverse. Une larme perle sur ma joue. Elle n’a pas changé. Cheveux blond, yeux vert comme les miens. Elle me sourit.

- Ma chérie, je t’aime.

Je veux lui répondre que moi aussi je l’aime, qu’elle me manque, mais je ne peux pas. J’ai les lèvres scellées. Elle continue.

- Tu n’es pas à ta place ici, Anna. Tu dois partir. Tu dois retourner dans ton monde natal. Va en Alaska, trouve la forêt de Tongass. C’est important, Anna. Un jour, tu comprendras tout. Au revoir ma chérie.

Ma mère s’évapore petit à petit, ne laissant qu’une brume nacré et brillante derrière elle.
Je pleure à présent. Maman…

- Mademoiselle Lesdey ! C’est n’est pas l’heure de la sieste !

La voix de Mme William me réveille en sursaut. J’essuie à la va-vite les quelques larmes qui maculent mes joues. Quel étrange rêve. Je n’en avais encore jamais fait de semblable. Comme si ma mère me parlait. Était-t-elle une anomalie elle aussi ? Je suis une anomalie, je le sais. Mais-est-ce mes parents qui m’ont transmis ça à la naissance ? Je soupire en me mettant au travail. Je ne le saurais jamais.
Mes parents sont morts.
Dernière modification par cocovanilleguimauve le dim. 29 août, 2021 10:40 am, modifié 2 fois.
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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

Siluuuuuut :D (et preums aussi :mrgreen: )
Hâte de voir comment tu l'as réécris ^^
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Je me suis éveillée dans une chambre où tout était blanc, où tout était froid
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm - Et voilà, nous sommes en retard, piaille-t-elle. Oh seigneur, mais que va dire Mr Russell ?!
Mr Russell est le proviseur. Et à dire vrai, je ne me suis jamais souciée de ce que pouvait dire Mr Russell.
Répétition Layla ;)
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Je les touche toujours quand je me sens triste. Elles m’apportent de la tristesse et malgré tout du réconfort.
Re-dsl mais il y a de nouveau une répétition avec le "triste" 😅
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Ma mère s’évapore petit à petit, ne laissant qu’une brume nacré et brillante derrière elle.
Je pleure à présent. Maman…
:shock: :shock: :shock:
J'ai adoré. Ce chapitre que tu viens de réécrire est... Excellent ! Vraiment ! On voit la différence, clairement. En plus, c'est beaucoup moins rapide que la première fois !
Après, je me pose une question, ce n'était pas une lettre sur le premier tout premier chapitre (😅) ? Comment tu vas réatrapper ça sur les chapitres qui viennent après ? Tu vas les modifier ? Enfin bon dsl pour ces questions mais c'est que je me rends compte que changer le premier chapitre, ça a des conséquences sur la suite de ton histoire...
En tout cas, Layla ce chapitre un réécrit était vraiment bien réalisé ^^. Je retrouve ton style d'écriture ! :D
Félicitations pour ce chapitre <3
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : ven. 27 août, 2021 4:09 pm Siluuuuuut :D (et preums aussi :mrgreen: )
Hâte de voir comment tu l'as réécris ^^
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Je me suis éveillée dans une chambre où tout était blanc, où tout était froid
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm - Et voilà, nous sommes en retard, piaille-t-elle. Oh seigneur, mais que va dire Mr Russell ?!
Mr Russell est le proviseur. Et à dire vrai, je ne me suis jamais souciée de ce que pouvait dire Mr Russell.
Répétition Layla ;)
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Je les touche toujours quand je me sens triste. Elles m’apportent de la tristesse et malgré tout du réconfort.
Re-dsl mais il y a de nouveau une répétition avec le "triste" 😅
cocovanilleguimauve a écrit : mer. 25 août, 2021 6:29 pm Ma mère s’évapore petit à petit, ne laissant qu’une brume nacré et brillante derrière elle.
Je pleure à présent. Maman…
:shock: :shock: :shock:
J'ai adoré. Ce chapitre que tu viens de réécrire est... Excellent ! Vraiment ! On voit la différence, clairement. En plus, c'est beaucoup moins rapide que la première fois !
Après, je me pose une question, ce n'était pas une lettre sur le premier tout premier chapitre (😅) ? Comment tu vas réatrapper ça sur les chapitres qui viennent après ? Tu vas les modifier ? Enfin bon dsl pour ces questions mais c'est que je me rends compte que changer le premier chapitre, ça a des conséquences sur la suite de ton histoire...
En tout cas, Layla ce chapitre un réécrit était vraiment bien réalisé ^^. Je retrouve ton style d'écriture ! :D
Félicitations pour ce chapitre <3
Merciiiiî ok je modifierais pour les répétions 😉
Bah ouais ça m'embête un peu parce que je devoir modifier imperceptiblement le premier jet par exemple Anna faut qu'elle soit moins étonné elle est trop ahurie je trouve 😑 fin bref
Depuis la prochaine fois je poste le chapitre un ou le chapitre 25 ?

Que de questions XD
Bizz
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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

cocovanilleguimauve a écrit : sam. 28 août, 2021 9:53 am Bah ouais ça m'embête un peu parce que je devoir modifier imperceptiblement le premier jet par exemple Anna faut qu'elle soit moins étonné elle est trop ahurie je trouve 😑 fin bref
Depuis la prochaine fois je poste le chapitre un ou le chapitre 25 ?
Je n'ai absolument rien compris à cette partie XD 😅 et je n'ai pas non plus compris ta question re-XD....
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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : sam. 28 août, 2021 1:20 pm
cocovanilleguimauve a écrit : sam. 28 août, 2021 9:53 am Bah ouais ça m'embête un peu parce que je devoir modifier imperceptiblement le premier jet par exemple Anna faut qu'elle soit moins étonné elle est trop ahurie je trouve 😑 fin bref
Depuis la prochaine fois je poste le chapitre un ou le chapitre 25 ?
Je n'ai absolument rien compris à cette partie XD 😅 et je n'ai pas non plus compris ta question re-XD....

ok ok je réexplique ( parce que j'avoue que mm moi g pas trouvé ça très clair ) :
vu que j'ai bcp modifié le chap un, je vais devoir modifier un peu tout les autres chapitres pour accorder ce qui ne concorde pas. ça va jusque là ?! XD je suis nulle pour expliquer. le premier jet en fait c'est un peu le premier manuscrit que t'as rédigé pour un écrivain. ya beaucoup d'auteurs qui reprennent leur manuscrit pour le modifier et donc qui ne garde pas le premier jet. ( jsp si c clair mais j'espère que oui XD ) enfin pour ma question, je te demandais ton avis sur le prochain chapitre à poster. Le chap 2 que j'ai réécrit ou le chap 25 ?
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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

cocovanilleguimauve a écrit : dim. 29 août, 2021 10:02 am
J4u5 a écrit : sam. 28 août, 2021 1:20 pm
cocovanilleguimauve a écrit : sam. 28 août, 2021 9:53 am Bah ouais ça m'embête un peu parce que je devoir modifier imperceptiblement le premier jet par exemple Anna faut qu'elle soit moins étonné elle est trop ahurie je trouve 😑 fin bref
Depuis la prochaine fois je poste le chapitre un ou le chapitre 25 ?
Je n'ai absolument rien compris à cette partie XD 😅 et je n'ai pas non plus compris ta question re-XD....

ok ok je réexplique ( parce que j'avoue que mm moi g pas trouvé ça très clair ) :
vu que j'ai bcp modifié le chap un, je vais devoir modifier un peu tout les autres chapitres pour accorder ce qui ne concorde pas. ça va jusque là ?! XD je suis nulle pour expliquer. le premier jet en fait c'est un peu le premier manuscrit que t'as rédigé pour un écrivain. ya beaucoup d'auteurs qui reprennent leur manuscrit pour le modifier et donc qui ne garde pas le premier jet. ( jsp si c clair mais j'espère que oui XD ) enfin pour ma question, je te demandais ton avis sur le prochain chapitre à poster. Le chap 2 que j'ai réécrit ou le chap 25 ?
Ah okkk, j'ai compris XD.
Bah sinon tu postes le chap 25 vu que la semaine dernière tu as posté le nouveau chap 1. C pour alterner. Dis moi si tu feras ça ou si tu continueras sur le chap 2 en tt cas.
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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

je suis désolée mais j'ai perdu le document sur lequel j'écrivais le portail de jade. Je fais tout pour le retrouver parmi les autres dossiers et je vous dirai la semaine prochaine si je l'ai retrouvé. à la semaine prochaine !!!
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

hello !!
je l'ai retrouvé !!! désolée pour le retard du coup ^^' Chapitre 24


La porte se referme derrière nous.
BAM !
La température descend en flèche. Les parois du couloir ou nous sommes dégagent une fraîcheur inattendue. Nous nous avançons en silence. De grandes colonnes de marbres bordent le long couloir qui mène à une pièce ronde et vaste. Le plafond et si haut que je dois renverser la tête en arrière pour le voir. Il n’y a pas de fenêtre, rien d’autre que de la pierre. Au milieu de la pièce, un grand comptoir en marbre noir trône majestueusement. Derrière, un tanéor à la peau foncée consulte un immense livre, de petites lunettes en demi-lunes posé sur le nez. Il lève les yeux lorsque nous pénétrons dans la pièce.

- Que puis-je faire pour vous ? Demande-t-il d’une voix douce.

- Je…je tiens à retirer de l’argent, dis-je d’une petite voix.

- A quel nom, s’il vous plait ?

Je prends une grande goulée d’air. C’est le moment de vérité.

- Lesdey, je lâche dans un souffle.

L’homme consulte son livre d’un air placide.

- Lesdey, Lesdey…Ah ! J’ai plusieurs Lesdey, je vous cite les plus jeunes : Lord Tolman Lesdey et sa femme, Lady Liseil Lesdey; et leur enfant : Lady Annialis Lesdey …Tous trois ont mystérieusement disparus il y a dix-sept ans environ…le bébé aussi, c’était dramatique…

Je ne sais pas quoi dire. Mon père s’appelait Tom ; et ma mère Lisa. Du moins c’est ce que je croyais. Ils ont juste modifié leurs noms dans le monde des humains. Alors mes parents vivaient ici. Je vivais ici. Ils ne m’ont jamais dit la vérité. Même si, depuis que ma mère m’est apparue en rêve je m’en doutais un peu. Je me masse les tempes. Ça fait quand même un choc. Le plus étrange : je suis une Lady et je m’appelle Annialis Lesdey. Je crois que je préfère Anna. Je me passe une main sur le visage, vidée. L’homme derrière le comptoir me regarde d’un air inquiet.

- Tout va bien mademoiselle ?

Je relève la tête.

- Tout va parfaitement bien, dis-je d’une voix amère. Accordez-moi deux seconde s’il vous plaît.

Ma vie est basée sur un mensonge. Mes parents m’ont menti. Ils auraient pu m’apprendre à utiliser mon pouvoir, à ne pas avoir peur lorsqu’il viendra. Tous ses jours, recroquevillée dans un coin de ma chambre chez mes tuteurs, à pleurer, à avoir peur de moi-même, à me dégoûter, à me dire que j’étais une erreur de la nature. Je ne peux pas m’empêcher de leurs en vouloir.
Le choc que m’a causé leur mort a déclenché mes pouvoirs. J’en suis sûre. Je relève la tête. Je me suis promis de ne plus regretter. C’est fini de toute façon. J’ai la voix neutre quand je m’adresse au tanéors de l’accueil.

- Je voudrais retirer trois-cents…béliones.

- Dans ce compte ci ?

- Oui.

- Votre nom, je vous prie, demande en tournant les pages de son livre.

Je réponds, la tête haute.

- Je suis Annialis Lesdey.

Le tanéor lève les yeux vers moi. Son air flegmatique a disparu.

- Je vous demande pardon ?!

- Je suis la fille de Tolman et de Liseil Lesdey.

Il me regarde d’un air réprobateur. Il croit que je suis un truand ?!
Il se lève et saisit un objet carré et noir comme la nuit. Il appuie et passe son doigt sur chaque arrêtes du cube, puis me le met sous les yeux.

- Très bien, je vais tester vos empreintes ADN avec le xair si vous le permettez.

- Bien sûr, dis-je en tendant la main vers l’objet noir et lisse.

A peine l’ai-je effleuré qu’il émet un biiip sonore. L’homme me regarde, estomaqué.

- Alors c’est bien vous…Impossible…

Finalement, il sort de son bureau et me fait signe de le suivre. Daya, adossé à un pilier, me crie :

- On se retrouve tout à l’heure !

J’acquiesce en direction de la jeune fille et je calque mon pas sur celui de l’intendant. Nous arrivons dans la salle des coffres. Très vaste, le plafond est nettement moins haut que dans la salle précédente. Mon guide cherche quelque chose dans sa poche. Je m’approche, curieuse, pour apercevoir la petit clé qu’il glisse dans la serrure de la porte devant nous.
La petite pièce où nous sommes est remplies de coffres. Incroyable. L’homme prend la parole :

- Vos parents ont tous leur argent stocké dans cette salle. Saunae est la ville du commerce, alors beaucoup de gens garde leurs économies ici.

Je regarde autour de moi, ébahi. Mes parents étaient riches ! Pourquoi ont-ils sacrifié tout ce luxe pour aller travailler à l’usine sur une planète pollué ?!
Si seulement je pouvais les revoir. Tout deviendrait clair.

- Combien voulez-vous retirer ? Me demande l’homme.

J’ignore pourquoi, je me sens un peu mal de fouiller dans l’argent de mes parents comme ça. Même si maintenant c’est le mien…

- Trois-cent béliones, je vous prie.

Il remplit une bourse en cuir. C’est étrange. Sur Tanoris, par quelques aspects, j’ai l’impression de faire un saut dans le temps vers l’époque de Louis XIV. Parfois, au contraire, la technologie me parait très avancée par apport à celle de la terre.
Par exemple la charrette que j’ai vue hier dans la ville. Sans chevaux, sans moteur, elle flottait, littéralement dans le vide. C’est pour le moins surprenant.
Le tanéor me tend la bourse et me désigne d’un geste de la main la sortie. O.K., j’ai compris. Je me dirige à grands pas vers la porte. Daya, adossé à une colonne, se relève et me sourit.

- Je n’y ai pas pensé, mais tu n’aies jamais monté dans un maxitrame ! On va rentrer avec ça, ce sera cool.

Je la regarde, inquiète. Ce nom ne me dit rien qui vaille.

- Qu’est-ce que c’est que ce truc ?!

- C’est un moyen de transport typiquement Tanéor, et hyper chouette ! Je suis sûre que tu vas adorer.

Avant que je puisse protester, Daya me saisit la main et m’entraîne en dehors de la banque. Je me laisse faire. Elle a un peu le même caractère que Zia. La lumière du soleil m’éblouit et je mets une main sur mes yeux.
Dans la banque, aucune fenêtre ne laisse passer la lumière et mes yeux se sont habitués à l’obscurité.
Les rues sont moins animées et plusieurs personnes mangent dans des cafés. Il commence à faire vraiment très chaud. J’attache la bourse à ma ceinture de mes mains moites avant qu’elle ne glisse par terre. Le boulevard que nous traversons en ce moment est bordé d’arbres centenaire. Ils sont immenses, et ils ressemblent à de grands saules pleureurs. A la différence près que ceux-ci sont mauve.
Un grand bâtiment rond nous fait face. Il est décoré de carreaux blanc et noir, et un wagonnet est en train de s’envoler est fixé sur le haut du demi-cercle. Je déglutis. Je le sens mal, là…
Daya entre et je la suis à contrecœur. Ce bâtiment me fait penser à une gare. Au centre de la pièce, plusieurs guichets sont répartis en forme de cercle et derrière eux, il y a un grand escalator noir et blanc. Daya pique un sprint et s’arrête juste devant le comptoir. La tanéor qui est derrière la regarde, surprise. Moi aussi. Elle a couru tellement vite que la voyait flou. C’est peut-être son don. Il est incroyable ! Moi aussi j’aimerais courir comme ça.

- Eh, Anna ! approche !

Je m’avance en marchant pour rejoindre la jeune fille devant le guichet. Elle me tend un billet en damier, avec quelque chose écrit dessus. Ça ressemble à des arabesques. Indéchiffrable. Je penche un peu mes yeux dessus. Puis je les agrandis de surprise. Les lettres bougent. Elles changent de place à un rythme effréné, et quand elles s’arrêtent enfin, je peux lire sans problèmes ce qu’il y est écrit.
Gare Eleste. Maxitrame Saunae.
12 béliones.
Je monte l’escalator machinalement. C’est énorme. Les tanéors n’ont pas la même écriture que nous mais je peux quand même la lire ?
L’escalator mène à un grand plateau. J’en ai le souffle coupé. La vue est magnifique. Encore mieux que celle que nous avions de la chambre chez les conseillers. Au centre du plateau, un wagon fermé qui ressemble à un œuf nous attend. On peut facilement rentrer à deux dedans, et de petites vitres sur les côtés permettent de voir à l’intérieur. J’ai un sourire. On dirait un wagon de parc d’attraction. Avec un toit, bien sûr. Les rails serpentent dans le ciel en formant des montagnes russes qui découragerait les plus grands cascadeurs. Je fronce les sourcils. C’est étrange. Je n’apercevais aucuns rails tandis que je me promenais dans la ville. Daya suit mon regard et s’empresse d’expliquer :

- Le train est généralement conduit par Caméléon. Ou un teinteur, si tu préfères. Il rend le train et les rails invisibles, et c’est une des particularité géniales du maxitrame. Tu viens ?

- Oui…dis-je, hésitante. Mais où est le chauffeur ?

- Au-dessus !

Comme par magie, un deuxième wagon apparait, juste au-dessus du premier wagon. On dirait un petit train à étages. Je laisse échapper un éclat de rire stupéfait. Je suis en overdose de trucs étranges. Même si je sais que ça ne devrait plus m’étonner.
Daya ouvre une petite portière sur le wagon du bas et m’invite à monter d’un geste de la main. J’entre, encore un peu réticente, et m’installe sur un des deux sièges bleu en mousse. Ils sont décorés d’étoiles et une ampoule nue au-dessus de nous apporte un semblant de lumière. Le tout me semble un peu miteux mais je ne fais pas de commentaires.
Daya prend place à côté de moi et appuie sur un petit bouton rouge entre les deux fauteuils. Je ne l’avais même pas remarqué. Il ne se passe rien. Je me détends un peu, soulagée. Peut-être n’y a-t-il plus d’essence. D’ailleurs comme est alimenté ce truc ? Je me demande si….
Le train démarre brusquement, me coupant le souffle. Je contemple les murs du wagon, effarée. Ils sont en train de disparaître pour laisser place au ciel de Tanoris. Mes yeux furètent un peu partout. Le train démarre sur les rails, et je me retrouve plaquée au siège par la vitesse. Daya parfaitement détendue, fixe le ciel devant elle. Et quel ciel ! Une planète rouge qui m’est inconnu irradie sa lumière pourpre sur un côté de la voute céleste. Le caméléon accélère. Puisque le train est invisible, je peux le voir. C’est un tanéor assez grand, et sa tenue se fond parfaitement dans le décor. Comme un caméléon. Il me salue de la main. Je fais de même, souriante. Daya me confie :

- Il ne peut pas rendre un objet invisible en même temps que lui. Pas assez de force. Ce doit être un roturier.

Je lui jette un regard surpris.

- Les titres sont décernés selon les pouvoirs ?

La jeune fille acquiesce.

- Exact. Les dons sont généralement notés sur dix. Moi je suis une quatre ; donc je suis une roturière. Si tu dépasses cinq, comme Zia, tu deviens noble.

Je fronce les sourcils.

- Donc le fils d’un duc peut à tout moment devenir roturier ?

Daya hésite.

- C’est plus compliqué que cela. Quand tu nais noble, tu bénéficie d’un point en plus dans ton résultat. Si j’étais née noble, j’aurais eu un point en plus et j’aurais gagné mon titre.

- Mais c’est injuste ! je m’écrie.

Mon interlocutrice hausse les épaules.

- Peut-être, mais c’est ainsi. On ne peut rien changer. Plus ton don est commun, moins tu as de chance de devenir noble. Les dons ne se transmettent pas avec les gènes ; c’est le hasard qui choisit.

« Sauf pour les trois oubliés », me dis-je.

- Dana est aussi une quatre, poursuit Daya. Elle est télékinésiste. C’est un pouvoir commun, dans cette région. Ah oui ; j’oubliais. Les dons peuvent varier selon les provinces. La province de Zun englobe Saunae, un village à l’ouest du nom de Bixie, et la forêt infranchissable. Enfin, presque infranchissable : avec Zia, vous vous en êtes sorties indemnes. La dernière personne qui y est entré n’est jamais revenue.

Je déglutis. Les affreuses têtes des horlis-goris et des trolls flottent encore derrière l’écran de mes paupières.

- Tanoris est divisé en plusieurs provinces, poursuit Daya comme si de rien était. La province de Zun, où nous sommes ; la province d’Electra, qui englobe deux petites villes, la capitale, Aronix et les cascades de Méocolia ; la province d’ismek, un désert aride et chaud. C’est là que se trouvent les dunes de l’infini. Et puis la province de Gòrr, une terre brûlée et sauvage, dévasté par la guerre bien avant l’arrivée des nérifléirs. Et la dernière, la province de Muv, terre ancestrale, l’entrée du pays de nos ancêtre et des dieux. C’est une terre sacrée, et elle ne peut qu’être foulée par les citoyens de Tanoris. Des âmes pures, qui n’ont jamais tué par plaisir. C’est dans cette province que se trouve la montagne Crossley, le dernier espoir de notre peuple pour les uns, la promesse de notre mort pour d’autres. Une promesse de mort, car, très souvent, Ren et son armée tente de pénétrer dans l’enceinte de la montagne. Mais lui et ses nérifléirs sont les créatures du mal, et ils ne peuvent passer la barrière de protection du temple qui est situé au creux de la montagne. Le but de Ren est évident. Il faut que t’explique. Tanoris est réputé pour ses mines : nos diamants sont les plus gros de la voie lactée. Mais ils sont spéciaux. En fait, c’est une drogue. Ils contiennent une essence pure qui optimise radicalement les dons. Et qui rend immortel et dépendant au bout de trois doses. Tu l’avales, et ça s’infiltre dans ton cœur, jusqu’à ce que tes capacité soit dix fois plus puissantes, c’est énorme. Moi qui suis une quatre, et serai alors une…quarante ! Je serai trop puissante. Rien ne pourrait m’arrêter. Alors imagine ton don…, me dit Daya, d’une voix d’où perce la gravité. Tu serais un danger pour toi et pour les autres. C’est aussi pour ça que la montagne Crossley est un site réputé inviolable. Elle est, enfin était, gardé nuit et jour par les soldats de la couronne. Ils ont été mangé jusqu’au dernier par les nérifléirs. C’est au cœur de la montagne Crossley que se tiennent les mines de diamants. Elles sont abandonnées depuis la grande guerre où des nobles enhardi et drogués jusqu’à la moelle qui souhaitaient prendre le pouvoir s’affrontèrent pour savoir qui allait régner et tuer le souverain de ce temps. Le roi de l’époque avait refusé tout net d’y gouter quand les diamants ont été découverts. Et il a bien fait, sinon cette nation ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Ce même roi a élaboré un plan habile. Il a promis sa couronne et des millions de diamants à ceux qui entreraient dans la mine et tous les drogués l’ont suivi. Il a pris bien soin d’éliminer d’abord les phaseurs, ceux qui passe à travers les murs, et as enfermé les autres dans la mine. Malgré leur force, les monstres n’ont pas réussi à sortir, car pour être sûr de lui, le roi avait prié la reine des sorcières de rendre la porte invincible à l’aide de ses enchantements. Ainsi, en suivant aveuglément le roi, les tanéors aux cœurs noirs ont scellé leur sort et sont enfermés pour toujours, avec leurs précieux diamants. On dit qu’ils dorment encore en attendant patiemment leur heure, et que si tu passes à côté de la montagne Crossley, tu sentiras le sol vibrer sous leurs ronflements. La paix est revenue depuis mais bien des années plus tard, cette histoire, fait encore frissonner ceux qui l’entendent. Le but de Ren est de plus en plus clair : il veut libérer les Drogués, et par la même occasion, les diamants.
Je secoue la tête. Quelque chose me chiffonne.

- Alors pourquoi le Général Huskaine tient-il tant à aller à la montagne Crossley ?!

- Parce que ce lieu n’est pas sous l’emprise de Ren, explique Daya. Jusqu’à preuve du contraire, Ren et ses nérifléirs sont bloqués. Leurs âmes sont beaucoup trop salies pour pénétrer dans un lieu saint. Anna, ce n’est pas un délire de religieux. Je suis athée, et je sais que ce mythe n’en est pas un. C’est réel. Tu sais pourquoi Saunae n’est pas tombée sous l’attaque des nérifléirs ? au centre de la ville, il y a un très vieux temple. Il s’est mis à irradier de bleu et un dôme transparent a recouvert toute la cité. Chez les tanéors, le bleu est synonyme de protection. Ce temple est une relique. Il nous protègera jusqu’à ce qu’il s’écroule, ce qui n’arrivera probablement jamais. Saunae a été bénie.

Daya reprend son souffle. Après un si long monologue,j'imagine qu'on doit avoir mal à la gorge.
Je suis estomaqué. Personnellement, je suis athée, et je n’ai jamais cru en dieu. Mais là, je n’ai rien à dire. Même si je pense que le phénomène et tout simplement magique, et que ce n’est pas l’œuvre d’un quelconque dieu. Comment savoir ? En tout cas, le but de Ren est clair. Et le jeune homme ne m’en effraie que davantage. Pourquoi lâcher sur le monde ceux qui détruiront sa patrie ? Perdue, je contemple le ciel, peut-être en espérant qu’il me donnera les réponses. Mais bien sûr, il n’en fait rien et me laisse seule, moi et mes milliers de questions sur cette planète étrange.
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Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

:o :o :o
Je t'enverrais mon avis complet demain parce que là j'ai beaucoup de devs en perspective (allez, on reconnaît, nan :lol: ) mais en tout cas j'adooorreeee ❤️
cocovanilleguimauve

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Re: Anna et le portail de jade

Message par cocovanilleguimauve »

J4u5 a écrit : jeu. 09 sept., 2021 6:00 pm :o :o :o
Je t'enverrais mon avis complet demain parce que là j'ai beaucoup de devs en perspective (allez, on reconnaît, nan :lol: ) mais en tout cas j'adooorreeee ❤️
Eh ouais la rentrée, cauchemars des collégien.e.s. !! XD moi aussi j'en ai beaucoup, donc je suis souvent en retard au niveau des chapitre ^^'
J4u5

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Inscription : sam. 25 juil., 2020 4:41 pm

Re: Anna et le portail de jade

Message par J4u5 »

Hum, hum...
Alors, alors :mrgreen: ...
Mon commentaire va être assez court, Layla, parce que je ne sais pas quoi dire d'autres que : "SU-PEEEEERRRR !"
Reprenons notre sérieux.
Honnêtement, j'avais déjà pas mal de questions avant le chapitre 24, mais après ma lecture de justement ce chapitre ci, eh bah, un MILLIERS de questions se bousculent dans mon cerveau :lol:.
Merci beaucoup de m'avoir embrouillé le crâne, Layla :? :lol: :shock:.
Quand à ton écriture :mrgreen: ,👏, 😎. Je crois que les smileys parlent d'eux même :lol:
Layla, la personne que je suis et qui regorge de remarque (😂) n'en a aucune pour ce chapitre 24. Enfin si. Peut être une petite minuscule remarque. Mais en fait, je trouve ça vraiment sympa tout ce que tu as ajouté et ce que l'on a découvert mais peut être que tu aurais pu en parler avant des révélations de Daya (ou Dana jsp pu 😅). Ou au moins y faire allusion dans les précédents chapitres et que ça creuse encore plus le mystère ?
Je ne sais pas si tu m'as comprise mais en tout cas, je suis surtout dans le détail là donc c'est tout à fait normal que tu ne veuilles pas. Mais ct juste pour te faire remarquer, parce que moi je trouvais ça étrange 😅
Bon en tout cas Layla, pour écrire une histoire comme ça, au chapitre 24, c'est que tu dois y être sacrément accroché et que tu dois avoir une volonté d'acier. Bravo :D <3.
La madame se nommant J4u5 est fière de toi Layla :mrgreen:

P.S. Au final mon commentaire n'est pas si court que ça enfin de compte :lol:
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