Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25) [Terminé]

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Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par Chlawee »

Bonjour ! :D Voici le chapitre de la fameuse gueule de bois ! :lol: J'espère que ça vous plaira du coup !
Bonne lecture !


Chapitre 12


Je n’étais plus qu’une masse tremblante lorsque j’arrivai chez mon amie, une femme avec qui j’avais partagé de nombreux souvenirs depuis l’enfance. Après le désastre qui venait de se passer chez Connor, j’avais directement pensé à elle. J’étais paniquée, je ne savais pas quoi faire, et son visage m’était apparût comme une évidence. Elle m’avait prévenu tant de fois à propos de lui, mais aveuglée comme je l’étais, je n’avais rien écouté.

Je venais de conduire pendant plus d’une heure en tenant uniquement sur les nerfs, l’adrénaline et l’urgence de la situation. Je savais que je devais fuir, et vite. Le plus loin possible. Et par chance, Carla était une amie dont Connor ne savait presque rien. Il ignorait où elle habitait, il ne viendrait pas me chercher chez elle.

J’avais fait attention pendant toute ma conduite, car la concentration me permettait d’oublier le reste. De chasser les images qui me revenaient en tête inlassablement dès que j’avais le malheur de seulement m’arrêter à un feu rouge. J’entendais encore Connor me balancer des horreurs à la figure.

« Tu n’es vraiment qu’une allumeuse… »

« Tic, tac… »
Encore ce maudit son.

Je coupai le moteur lorsque j’arrivai chez mon amie, que j’avais prévenue au préalable, et qui se tenait déjà sous le porche. Je lui avais seulement dis que j’arrivais, mais c’était déjà assez rare pour paraître urgent, et mon timbre de voix n’avait rien arrangé. J’ouvris la portière et sortis en prenant mon sac.

Et dès que je mis un pied dehors, je m’effondrai. J’étais parvenue à mon but pour ce soir, et mon corps me faisait comprendre, après tout ça, qu’il était temps de lui laisser du répit.

« De toute façon, regarde-toi. Qui d’autre voudrait bien de toi ? »
J’entendis mon amie crier quelque chose et j’eus à peine le temps de la voir se ruer vers moi ; le monde devint ténèbres.



Je me mis à remuer, en nage. Un gémissement douloureux m’échappa. J’avais la sensation que mes entrailles se tordaient. Je crus sentir quelque chose de frais sur mon front et une personne s’adresser à moi d’une voix douce. J’ignorais de qui il s’agissait.
Je devais avoir de la fièvre. Et la nausée était atroce. Je me relevai péniblement, sûrement aidée par quelqu’un, et me remis à vomir dans le seau qu’on avait placé près de moi. Pendant un éclair de lucidité, je me souvins que je me trouvais dans ma chambre, au manoir, en prise avec les effets secondaires de l’Elixir. Les River avaient été soulagés lorsque je m’étais mise à déglutir, signe que je rejetais cette drogue vampirique. Depuis, j’oscillais entre les songes désagréables, ainsi que la réalité.

— Je ne veux… pas y… retourner…, bredouillai-je.

Mais je replongeai dans mon souvenir lorsque ma tête retomba sur l’oreiller.


— Neeve ? Neeve…

J’entendais la voix de Carla, qui devait avoir remarqué que j’étais en train d’émerger. Mes paupières se soulevèrent lentement. Son doux visage fut dans mon champ de vision. Ses longs cheveux châtains me chatouillaient la peau des bras, et je décelais de la peur dans ses yeux verts. Très lentement, comme pour repousser les souvenirs que mon réveil entraînerait irrémédiablement. Dès que j’ouvris les yeux, toute la scène défila dans ma tête et je sentis mon amie passer timidement un bras autour de mes épaules, alors que je tentais de me redresser et que deux sillons de larmes silencieuses se traçaient sur mes joues. Je n’avais pas besoin de parler, elle comprenait.
Je ne savais même pas combien de temps j’avais dormi.

— Quelle heure il est… ? la questionnai-je d’une voix fébrile.
— Il est quinze heures, me répondit-elle d’un ton empli de douceur.

J’avais dormi longtemps. Par réflexe, je me mis à penser à Connor. Nul doute qu’il s’était réveillé depuis. Et il devait être en train de me chercher. Je me mordis la lèvre inférieure et ne pus réprimer une vague de tremblements. Carla se mit à frotter mon épaule d’une main.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Mon regard se tourna vers la fenêtre et je restai silencieuse.
— C’est Connor qui t’a fait ça, pas vrai ? devina-t-elle.

Encore un silence. Elle n’insista pas mais je sentais son regard sur moi. Elle attendrait patiemment, et même si je ne me décidais pas à parler, je savais qu’elle serait là. Mais après un instant, je me mis à hocher la tête, et mes larmes redoublèrent. J’ouvris la bouche pour parler, mais un son étranglé s’en échappa. Je fermai les yeux un instant, puis réitérai.

Et je lui racontai tout. Tout ce que je n’avais pas osé lui dire. Du début à la fin. Quand les coups et les viols avaient commencé mais que je pensais qu’il ne s’agissait que d’une fois, puis seulement deux fois… Puis quand je pensais qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise période et enfin le moment où j’avais commencé à me dire que c’était parce que je le méritais sûrement. Les privations, les coups de pression sexuels, le fait qu’il me dictait comment m’habiller, et quand il allait jusqu’à gérer mes fréquentations. Le fait que je me sentais constamment espionnée, les injures, et l’enfer que ma vie était devenue.

Du peu que j’avais expliqué à Carla de Connor, je savais qu’elle ne l’aimait déjà pas. Elle se méfiait. Elle aussi, trouvait que j’avais changé et avais tenté de me mettre en garde. Mais je m’étais mise des œillères et m’étais laissée enliser dans cet amour toxique.
Cependant, alors qu’elle m’écoutait, je ne sentis aucun jugement. Je me rendis compte que je m’étais attendue à des remarques, du genre « Je te l’avais dit », mais rien. J’avais seulement pris la mauvaise habitude de me rabaisser constamment et je m’attendais à ce que les gens me rappellent ma médiocrité. Il fallait que je sorte Connor et ses commentaires acerbes de ma tête. Tout le monde n’était pas comme lui.

Elle resta simplement là, à ne rien dire, le temps que ma crise de larmes et de tremblements passe. C’était comme si on venait enfin d’appuyer sur un bouton pour que je lâche tout ce que je retenais depuis des mois.

Carla fut aux petits soins avec moi pendant tout le reste de la journée. Elle n’était que douceur et prévenance, même si je savais qu’elle bouillait de colère et que si elle croisait Connor dans les vingt prochaines années, je ne donnais pas cher de la peau de cette enflure. Ou même à vie, en fait. Sous ses airs d’ange à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession, elle pouvait être terrible, surtout lorsqu’on s’en prenait à ses proches.

Cela me faisait bizarre qu’on s’occupe de moi. Elle m’avait fait promettre de ne pas quitter ce canapé tant que je n’aurais pas repris des forces, et elle essayait de me divertir du mieux qu’elle pouvait. Elle parvint même à m’arracher quelques minces sourires. Mais tout ce que je repassais en boucle, dans mon esprit, c’était que Connor en était arrivé à un tel point, qu’il avait eu envie de me tuer.
Me tuer. Je n’arrivais même pas à réaliser que c’était bien réel. Et j’avais bien faillis commettre cet acte. Par légitime défense, certes, mais tout de même.

Je finis par craquer, le lendemain soir. Cela faisait un moment que je tentais de faire abstraction de la petite horloge posée sur le meuble du salon, et de ses « Tic, tac » affreux qui résonnaient dans ma tête comme si le son était décuplé. N’en pouvant plus, le lendemain, en passant devant, je me stoppai et mon poing se ferma. Puis sans que je ne me rende compte de ce que je faisais, j’attrapai l’objet et le jetai sur le sol de toutes mes forces pour faire cesser ce bruit. Plus de « Tic, tac » annonçant l’arrivée imminente de Connor.

Et je me rendis compte que je n’étais plus dans cette maison. Que Connor était loin. Que je venais de fracasser l’horloge de mon amie par terre, parce que je pétais un plomb.
Je me passai les mains sur le visage, honteuse et à bout de nerfs. J’inspirai un bon coup. Quand je rouvris les yeux, je vis que Carla était en face de moi, me regardant avec inquiétude.

— Je suis désolée… Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je t’en rachèterai une autre…
Elle haussa les épaules.
— Elle était vieille. Et affreuse. Au final tu m’as rendu service.

Elle capta mon regard, et un silence de quelques secondes passa. Puis sans savoir pourquoi, j’éclatai de rire. Elle me suivit sans pouvoir se retenir. Des rires pour relâcher un peu de toute cette pression, presque hystériques. Alors que nous nous tenions encore les côtes, nous nous baissâmes pour ramasser les bouts de verre.



J’ouvris péniblement les yeux. Je ne savais pas vraiment si j’étais dans la réalité, tout était si confus…
Je distinguai une silhouette, floue, sur un fauteuil qui n’était pas dans cette chambre avant, dans un coin. J’eus l’impression qu’il s’agissait d’April. Mais une chose me dérangea : une autre image sembla se superposer. Oui, je devais bien être dans un rêve.
Parce que je croisai le regard d’Adam, qui paraissait être très surpris de me voir. Mais pourquoi ? J’étais dans ma chambre, non ?
N’ayant pas le courage de réfléchir à cela, je laissai mes paupières se refermer, et sombrai à nouveau.

~


Je me retrouvai dans la clairière. Un grand sourire étira mes lèvres. Je n’avais pas fait ce rêve depuis seulement quelques semaines, mais cela m’avait paru être une éternité…

La couleur du ciel crépusculaire m’apaisa, m’emporta loin de tous les troubles que je ressentais au même moment, dans la réalité.
Je me mis à avancer dans l’herbe, habillée de ma chemise de nuit violette, laissant l’herbe effleurer ma peau. Le bruit de l’eau de la rivière accompagna mes pas, alors que mes pieds me menaient au grand saule pleureur, plus loin.
Adam. Il était là, lui aussi.

Je le vis approcher également, et petit à petit, je ralentis. Je m’arrêtai lorsque je me retrouvai à environ un mètre de lui. Son sourire acheva de me détendre et je le lui retournai.

— Merci, soufflai-je.
— Il n’y a pas de quoi.
— Je t’ai encore appelé ?
Il eut une hésitation.
— En quelque sorte.
J’inclinai la tête sur le côté, dubitative.
— En quelque sorte ? relevai-je.
— Tu ne l’as pas fait de la même manière. Tu es… venue me chercher.
C’était encore moins clair.
— Neeve, je pense vraiment que tu possèdes d’autres capacités dont tu ignores l’existence, poursuivit-il avec calme.

Sa voix si profonde, suave, m’aurait déclenché plus d’un frisson, comme cela arrivait souvent, si je n’avais pas été si confuse par ses paroles.

— Comment ça ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
— Tu m’es apparue.

Il fallait que je m’asseye. De plus, je sentais à nouveau mon ventre se tordre. Il suivit le mouvement. L’herbe fraîche procura un bien-être illusoire à mon corps, en chatouillant la peau de mes jambes et de mes bras.

— On appelle cela la « projection astrale ». Ton esprit sort de ton corps et peut aller où il veut. Tu peux te montrer à quelqu’un, tout en étant à distance. C’est ce que tu as fait.

Mon premier réflexe fut de m’esclaffer, puis je cessai lorsque je vis son sérieux. Et je me rappelai vaguement avoir vu son visage dans la chambre, tout en percevant également April, derrière lui, comme s’il était transparent. Je restai bouche-bée quelques secondes.

— Je n’ai pas rêvé, alors…
— Non. J’étais dans le salon, quand je t’ai vu flotter au milieu de la pièce, ajouta-t-il avec un sourire en coin, comme s’il ne venait pas de me lâcher une bombe.
Je me passai une main sur le visage, puis secouai la tête.
— Ce n’est pas possible…, chuchotai-je. Je ne sais pas comment j’y suis parvenue…

Je fronçai les sourcils.
Ni pourquoi c’était lui que j’avais choisi. Encore une fois.
Préférant ne pas penser à cela pour le moment, comprenant que cela ferait trop à gérer, tout de suite, je mis mon sérieux de côté. Le déni était une arme redoutable.

— Désolée de t’avoir dérangé, alors, fis-je avec un petit rire nerveux.
— Ne t’en fais pas. Je me suis dit qu’il y avait un problème, alors je suis venu.
— Tu as viré April de la chambre ? m’amusai-je.
— Disons que j’ai pris le relais, cela me semble plus juste.
Je me laissai tomber en arrière pour m’allonger dans l’herbe.
— Bien. Mais puisque nous sommes ici, autant en profiter. Les questionnements et les problèmes seront là à notre réveil, soupirai-je.

Ma gueule de bois aussi. Au moins, là, j’étais plutôt tranquille.
Mon estomac démentit mes paroles. J’avais pensé trop vite.

Il resta assis, mais ses yeux noirs se firent plus joyeux quand il me regarda faire. Décidément, j’étais trop bien ici, je n’avais aucune envie de partir. Seulement, mon état n’allait pas me laisser le choix.

— Oh non, pas déjà…, grommelai-je, une main sur mon ventre.
Son sourire se teinta de déception, mais son regard se fit rassurant.
— Je serai là au réveil.

Ses paroles allégèrent ma peine. Je n’étais même pas vraiment surprise par cette constatation.
La clairière disparût. Adam aussi.

Seulement, je ne me réveillai pas tout de suite. Et un visage que j’abhorrais, désormais, s’imposa à ma vue.
Celui de Connor.
Une grimace de haine tordait ses traits. Il me toisait avec hargne et dégoût. Il secoua la tête en soupirant et je voulus reculer, seulement, une force supérieure à la mienne, typique des cauchemars, m’en empêcha.

— Pourquoi crois-tu qu’il est parti ? me cracha-t-il.
Je fermai les yeux, incapable de le regarder plus longtemps, tremblante.
— Va-t’en… Va-t’en, serinai-je. Tu n’es pas réel…
— Adam ne voudra pas de toi. Ce n’est même pas la peine d’espérer. Non mais regarde-toi… Tu n’es pas dégoûtée par ton propre corps, sans raison, tu ne crois pas ?

Je mis mes mains sur mes oreilles, afin de ne plus entendre ses mots atroces, qui faisaient pourtant écho à ce que je pensais moi-même, la plupart du temps.

— VA-T’EN ! hurlai-je.



Le blanc du plafond emplit mon champ de vision. La nausée était encore bien présente, même si je n’avais plus rien à cracher. Ce qui était pire, car la douleur ne pouvait pas être soulagée.
Mon cœur battait à tout rompre et je mis un instant à réaliser que Connor n’était pas là, que j’étais dans ma chambre, au manoir. Et je n’étais pas seule.

Je tournai la tête sur le côté et repérai Adam, qui était debout près du lit. L’espace de quelques secondes, les injures prononcées dans mon cauchemar me revinrent, mais je les fis taire de force. Il paraissait inquiet mais sembla rassuré de me voir réveillée.

— Tu as hurlé…, m’informa-t-il.
Oh…
— Ce… n’était rien…, mentis-je.

Et voilà. Dans la réalité, j’étais encore trop sous l’emprise de l’Elixir pour parler correc-tement.
Il n’eut pas l’air de me croire.

— Donc… tu as vraiment pris la place… d’April…, chuchotai-je en voulant plaisanter, afin de changer de sujet.
Un ange passa avant qu’il ne me réponde :
— Il fallait bien que je m’endorme quelque part pour pouvoir rêver avec toi, fit-il remarquer avec malice.

Mmhh. En effet.
Je savais qu’il pouvait le faire à distance, mais il avait tout de même tenu à être dans la pièce pour s’informer de mon état de ses propres yeux.
Je me décalai un peu, afin de lui laisser de la place. Il devait s’être assis sur le fauteuil, pour veiller sur moi.

— Le lit est… plus confortable…
C’était la moindre des choses.
— Sauf si j’ai… une tête à faire peur et… une odeur désagréable…
Il rit puis s’approcha un peu plus afin de s’assoir à la place libre tout en respectant une certaine distance.
— Je pense pouvoir survivre, me taquina-t-il.
— Combien de temps… j’ai dormi ?
— Presque deux jours.
Je voulus écarquiller les yeux, mais cela augmenta ma migraine. Je portai mes doigts à mon front en grimaçant.
— Deux jours…
— Tu es restée inconsciente presque tout le temps. On a réussi à te faire boire quand tu revenais vaguement à toi.
Mes paupières se fermèrent à demi, mais je luttai pour rester éveillée.
— Dans peu de temps… je vais être si énergique… que vous allez regretter que j’aille mieux…, plaisantai-je.
— Je ferais mieux d’aller chercher quelques bouteilles, alors.
Je peinai à lever le pouce, mais y parvins.
— Je te voyais lutter contre tes cauchemars, m’apprit-il soudainement. J’ai essayé de nous plonger dans un rêve commun plusieurs fois. (Cette information piqua mon intérêt.) Mais tu n’allais pas assez bien pour rester ancrée dedans assez longtemps. Cela durait à peine deux secondes. Tu ne dois même pas t’en souvenir.
Je le dévisageai. Il n’y avait aucun signe de reproche. Seulement une constatation et un léger sourire.
— En effet… Je ne m’en souviens pas…
Mon expression dut se faire plus douce.
— Mais tu as réussi…, lui remémorai-je.
— C’est vrai.
Son regard se fit plus compatissant.
— Si tu veux parler de ce qui te tourmente autant, n’hésite pas.
C’était sûrement dû à mon état lamentable et à mon épuisement, mais je sentis les larmes me monter aux yeux. J’étais touchée.
— C’est gentil… (Je levai un index.) Quand… ça ira mieux…
J’avais tenté de prendre un ton léger afin de dédramatiser la situation. Je l’entendis souffler du nez, signe que ça avait marché.
— Et… on pourra avoir des rêves… plus longs… Si tu es d’accord…
— Je le suis. J’aime beaucoup cet endroit. C’était un lieu dans lequel j’appréciais me rendre, autrefois. Pour être tranquille.

Tiens, tiens ! Désormais, il voulait bien m’en dire plus, là-dessus. Ou peut-être qu’il pensait que je ne me souviendrai pas de cette conversation, plus tard ?

— C’était il y a… longtemps… ? m’enquis-je.
— Plusieurs siècles.
Cet endroit devait effectivement lui manquer, s’il s’en souvenait toujours aussi précisé-ment, aujourd’hui.
— Je suis la seule… à l’avoir vu, alors ?
— Oui.
Je me sentis étrangement flattée, à cette réponse.
— J’ai un dessin… du saule pleureur…, avouai-je subitement.
— Ah oui ?
— Oui. Il me rend… sereine…
— Je comprends.
— J’en ai un… de toi, aussi…

Je m’en voudrais plus tard, pour avoir dévoilé cela. Sur le moment, cela m’avait semblé être une superbe idée, de le mettre au courant.
Je croisai son regard et lui souris. Il ne savait visiblement pas quoi répondre.

— Pourquoi ? finit-il par murmurer, surpris.
— Eh bien… tu m’apaisais… également… Enfin, c’est toujours le cas…

Mes yeux se fermèrent un peu plus. Si bien que je ne vis plus son visage. À peine le contour de ses hanches et de ses cuisses. Je sentis ses doigts dans mes cheveux, tandis qu’il les caressait doucement. C’était très agréable. Je sentais un peu moins mon mal de crâne. Le petit personnage qui jouait du tambour à l’intérieur, réfrénait ses ardeurs.

— J’avais commencé le dessin… avant de te rencontrer. Il est toujours… en cours…
— J’aimerais beaucoup le voir.

Je ne me souviens pas en quoi c’est une bonne idée de le lui avoir dit.

— Il n’est pas fini…, contrai-je.
Je laissai mes yeux se fermer, tout en essayant de rester consciente.
— Qu’est-ce que… tu aurais fait si… si tu avais su que j’étais réelle ? Avant que je n’arrive… au manoir ? demandai-je.

Cette question m’avait échappé avant même que je me rende compte que ça devait me turlupiner depuis un moment.
Un court silence s’ensuivit et sa main s’immobilisa, avant de reprendre ses caresses. Tant mieux. J’avais été sur le point de protester.

— Je t’aurais cherchée.
Cet aveu me fit rouvrir légèrement les yeux. Mon cœur manqua un battement.
— Et… je n’aurais pas abandonné avant de t’avoir trouvée, acheva-t-il.
— J’aurais été effrayée…
Il eut un léger rire.
— Je m’en doute…
— Mais… je me serais… faite à l’idée… Comme c’est le cas aujourd’hui…
Même si je ne voyais pas son visage, je devinai son regard posé sur moi.
— Je voulais que tu sois réel… Je t’aurais cherché… moi aussi, admis-je.

Je savais que l’idée qu’il était quelque part m’aurait obsédé jusqu’à ce que je tente quelque chose. J’en étais certaine, maintenant.
Cette fois, le silence ne fut pas gênant. Je n’eus pas la force de lever la tête pour voir sa réaction, mais je la devinais. Sûrement un mélange de surprise et de… ravissement.

La nausée me reprit et je serrai les lèvres. J’étais dans un tel état que je laissai l’anxiété reprendre le dessus et me rendis à peine compte de ce que je disais :

— Adam… Est-ce que je…
Je déglutis.
— Est-ce que je… te dégoûte… ?
— Quoi ? Non, bien sûr que non. Pourquoi est-ce que tu penses ça ?
L’horreur transperçait sa voix.
— C’est lui qui… me l’a dit…, répondis-je.

Le silence fut tel que la tension devint palpable. S’il n’avait pas continué ses caresses dans mes cheveux, ou s’il ne s’était pas légèrement rapproché, j’aurais pu croire que sa colère était dirigée contre moi.

— C’est celui qui t’a fait ces cicatrices ? demanda-t-il avec une douceur contrastant avec la froideur émanant de lui.
Je hochai la tête d’une manière presque imperceptible.
— Quand te l’a-t-il dit ? me questionna-t-il, songeant peut-être qu’il m’avait contacté d’une manière ou d’une autre.
— Là… Quand je dormais…

Il parût se détendre quelque peu. Je me rendis compte à ce moment-là que mes propos étaient confus et qu’il s’était bien agi d’un cauchemar. Seulement, j’en avais parlé comme si Connor avait été présent. Il fallait dire qu’il était toujours là, quelque part. Dans mon esprit.

— Je te promets que je ne pense pas cela, m’assura-t-il. Il vaut mieux ne pas l’écouter, il ne sait clairement pas de quoi il parle.
Sans rouvrir les yeux, j’opinai. En effet, il vaudrait mieux…
— Neeve… Ne pense pas ça de toi non plus, je t’en prie, chuchota-t-il. C’est très loin de la vérité. Je te le répéterai encore et encore s’il le faut. Et si tu as besoin d’en parler, je suis là.

Je souris faiblement et un poids s’envola de mes épaules. Peut-être qu’il reviendrait bien trop vite à mon goût, mais en attendant, les paroles d’Adam venaient de contrer celles de mon ex-copain. C’était tout ce qui comptait.

Le sommeil finit à nouveau par m’emporter, bercée par les caresses de la main d’Adam, dans mes cheveux, et rassurée par sa présence.

~


Le lendemain, je réussis à me lever sans avoir envie de rendre le peu de nourriture que je réussissais à ingurgiter. Une chose était sûre, leur Elixir était très efficace. Mes yeux avaient manqué de sortir de leur orbite lorsque Lucian m’avait dit que j’avais eu de la chance, et que j’avais mieux supporté les effets que bien d’autres humains. Je n’osais imaginer ce qui avait pu arriver à ces personnes.

April, qui était une femme adorable, avait tenu à rester dans la chambre, afin de veiller sur moi et quand j’allais prendre une douche, afin de pouvoir intervenir si je venais à m’évanouir. Ces derniers jours, ils avaient tous été incroyables avec moi. Même Nora était passée pour s’excuser de ne pas avoir fait plus attention. Mais elle ne pouvait pas avoir des yeux partout. Anselme avait veillé à nous distraire, tandis que sa complice usait de sa rapidité et d’une autre forme de diversion, pour verser la drogue dans mon verre.

J’avais cependant assuré à April que j’allais mieux et qu’au moindre problème, j’appellerais à l’aide. Et depuis mon cauchemar, une idée tournait en boucle dans ma tête ; il fallait que j’appelle Carla. Je voulais être un peu seule, pour cela.
J’allai m’asseoir sur le bord de mon lit et attrapai mon téléphone portable. Mes doigts tremblaient encore légèrement, à cause de ma faiblesse. Je finis par trouver le bon numéro.

Durant les trois tonalités que j’entendis, j’eus envie de raccrocher, me disant que je ne pouvais pas me permettre de mêler mon amie à cela. Que ce n’était pas prudent, même si j’avais terriblement envie de lui parler.
Mais quel était le danger, après tout ? J’allais simplement lui donner de mes nouvelles, rien de plus…
Elle décrocha, ce qui décida pour moi.

— Salut toi ! s’éleva sa voix pleine d’enthousiasme.
Je pouvais deviner son sourire, ce qui fit relever les coins de mes lèvres.
— Salut, répondis-je.
— Comment tu vas ? Je voulais t’envoyer un message, ça faisait longtemps !

Je sentis ma poitrine se comprimer d’une manière désagréable. Je me passai une main sur le visage, puis pris sur moi pour paraître normale.

— C’est vrai, confirmai-je sur un ton faussement léger. Je vais bien, mais j’avais affreusement envie d’entendre ta voix.
Je lâchai un petit rire et elle me suivit.
— Tu me flattes ! Tout va bien de mon côté, même si je n’en peux plus des examens. Comment se passent les tiens ? Il faudrait qu’on fasse quelque chose, pour fêter la fin de ces atrocités.

Je tiquai. Je n’aimais pas lui mentir. Seulement, je ne pouvais pas non plus lui dire la vérité. Il fallait que je trouve un moyen de contourner tout ça.

— Euh… En fait, j’ai arrêté, soupirai-je.
— Arrêté ? (Il y eut un silence d’une seconde.) T’as abandonné les cours ?
Il n’y avait aucun jugement dans sa voix, surtout de la surprise.
— J’en ai eu marre, improvisai-je. Je ne sais pas si je fais une pause ou… si je stoppe réellement.
Ça, ça dépendrait des circonstances.
— Oh… Qu’est-ce qui t’a confortée dans cette idée ? Est-ce que tu vas bien ? s’inquiéta-t-elle.
Je fermai les yeux pendant un instant. Ce coup de fil était plus difficile que je ne l’aurais pensé.
— Oui je vais bien, répétai-je.
— Je peux venir te voir ce week-end ! On pourra parler de tout ça !
Aïe.
— Non ! répliquai-je.
Avant qu’elle ne soit peinée par ce refus, je me rattrapai :
— Ça fait aussi partie de la raison de mon départ, poursuivis-je. (Je fis appel à mon peu de talent d’actrice.) J’ai appris il y a quelques temps que des proches de mes parents habitent dans le Vercors.
Je me raclai la gorge.
— Alors j’ai pris contact et je suis allée chez eux pour un moment. On voulait apprendre à se connaître et… je peux en savoir plus sur mon père. Et ils m’ont connu quand j’étais petite. Ça leur fait plaisir, à eux aussi.

Carla resta silencieuse un moment, puis un « Oh » ému lui échappa. Je sentis mes yeux me piquer. J’avais envie de la voir. Je voulais ne jamais raccrocher. Elle était la seule personne de ma vie d’avant qui comptait, qui me reliait encore à ce que j’étais.

— Je suis contente pour toi…, chuchota-t-elle. Sincèrement. Et si ça te fait du bien, alors profite. Et sache que tu auras toujours tout mon soutien.
Ses paroles m’arrachèrent une larme, que je m’empressai d’essuyer du pouce.
— Merci, ma belle, répondis-je. Et c’est réciproque. Tu le sais, hein ?
— Il y a plutôt intérêt, plaisanta-t-elle. (Je souris.) Tu ne m’as jamais laissé tomber non plus. Qui a parcouru des kilomètres pour me faire une surprise, pendant notre première année de fac, avant de reprendre les cours plus tard dans la journée ? Qui m’a cuisiné mon plat préféré quand j’étais malade ? Qui m’a un jour ouvert sa porte à cinq heures du matin en douce, quand je venais de me faire larguer ?
Je pouffai.
— Moi, affirmai-je.
— Exactement. Et qui m’a laissé terminer tout le pot de glace pour me réconforter ?
— Je tiens à te rappeler que je n’ai pas vraiment eu mon mot à dire, là-dessus, ricanai-je.
— Ce n’est qu’un détail. Les faits sont là, argua-t-elle.
— Quand on se verra, je te payerai autant de glace que tu voudras, promis-je.
— Ça, c’est la plus belle preuve d’amitié.

J’eus un sourire amusé. Il se fit plus attendri quand je repensai à tout ce qu’elle avait fait pour moi. Sans elle, je n’aurais pas su où aller, lors de ma fuite de l’appartement que je partageais avec Connor. Elle m’offrait son soutien sans borne depuis toujours et nous savions toutes les deux que nous pouvions tout nous dire et compter l’une sur l’autre.

Mais je ne pouvais décemment pas lui raconter ce qui se passait dans ma vie, aujourd’hui.
Soudainement, je ressentis le besoin de faire cesser cet appel. Sinon je risquais de me laisser aller à lui révéler des choses, sous le coup de l’émotion. Cela ne devait pas arriver.

— Je dois y aller, fis-je après m’être raclé la gorge. Je te donnerai plus de nouvelles, juré.
— D’accord. Appelle-moi dès que tu le souhaites !
— Ça marche, m’étranglai-je presque.
— Hé Neeve ?
— Oui ?
— Ça m’a fait du bien, de parler avec toi.
Je clignai plusieurs fois des yeux pour refouler des larmes. Je voulais la prendre dans mes bras, là, tout de suite.
— À moi aussi, répondis-je sincèrement. À très vite.

Je raccrochai. Je restai quelques instants à fixer l’écran désormais noir de mon téléphone. Je finis par m’en détacher et par le poser sur le lit, à côté de moi.

À très vite…
J’ignorais si ces mots étaient faux ou non.

---


Chapitre 11
Chapitre 13
Dernière modification par Chlawee le mar. 27 juil., 2021 9:04 pm, modifié 1 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par Yaya2408 »

Oooooh ce chapitre est exceptionnel !! Je crois que c'est l'un de mes préférés je pense.
J'ai vraiment hâte de lire la suite ;)
Bisous
Tu gères vraiment pour ton histoire
Asco20

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par Asco20 »

Coucouuu!
C'est clairement mon chapitre préféré ^^ (enfin ils sont tous trop bien de toute façon :))
J'adoore ton style d’écriture :) <3
Hâte de savoir la suite :)
bisouus ^^
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par Pendergast »

Bonjour, un excellent chapitre, voir même le chapitre ! Parfait
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par lacrystal »

Hello !

Alors, tu sais exactement comment t'y prendre pour tes romans xDD Genre tu nous mets une scène méga triste, où on a envie de taper tout le monde et après tu nous mets une scène tellement chou que notre petit cœur de lecteur il fond, et du coup on se calme :lol: :lol: :lol:

Déjà wow le passé de Neeve :shock: Tu aimes torturer tes personnages :lol: Heureusement elle avait Carla qui était là pour elle <3 Leur amitié est vraiment adorable, j'espère qu'on pourra la voir en vrai et pas seulement par téléphone ou par les rêves de Neeve ! Parce que je l'adore déjà :D

Par contre Connor... Mais quel enf****
Adam ne voudra pas de toi. Ce n’est même pas la peine d’espérer. Non mais regarde-toi… Tu n’es pas dégoûtée par ton propre corps, sans raison, tu ne crois pas ?
NON MAIS TOI DÉJÀ TU VAS FERMER TA PETITE BOUCHE SINON J'ENVOIE ADAM TE CASSER LA FIGURE ON VERRA QUI FAIT LE MALIN APRÈS
Il est ouf ce gars :o Non mais j'ai pas les mots sérieux. J'ai envie de lui éclater la tête. Genre, vraiment, c'est pas possible d'être aussi tordu et méchant !

DIEU MERCI Adam est là à son réveil. A mon avis, Neeve va regretter de lui avoir dit qu'elle faisait un dessin de lui :lol: :lol: Parce que si j'étais Adam je demanderai à le voir, je vois la scène gênante pour Neeve arriver là :lol:
— Est-ce que je… te dégoûte… ?
— Quoi ? Non, bien sûr que non. Pourquoi est-ce que tu penses ça ?
L’horreur transperçait sa voix.
— C’est lui qui… me l’a dit…, répondis-je.
— Je te promets que je ne pense pas cela, m’assura-t-il. Il vaut mieux ne pas l’écouter, il ne sait clairement pas de quoi il parle.
Sans rouvrir les yeux, j’opinai. En effet, il vaudrait mieux…
— Neeve… Ne pense pas ça de toi non plus, je t’en prie, chuchota-t-il. C’est très loin de la vérité. Je te le répéterai encore et encore s’il le faut. Et si tu as besoin d’en parler, je suis là.
Neeve, Adam a totalement raison, il est très, très, très, très, loin de la réalité. Tu es une femme merveilleuse, forte et courageuse, tu es la best et on t'adore tous *-* *-*
Le sommeil finit à nouveau par m’emporter, bercée par les caresses de la main d’Adam, dans mes cheveux, et rassurée par sa présence.
Mooooowwwww *-*
Et sinon, je demande juste comme ça, hein, c'est possible d'avoir un Adam ? C'est pas pour moi, hein, c'est pour une amie :roll:
Attends je viens d'avoir une idée de génie. Faut trop qu'Adrien, Adam et Dean créé le club des mecs parfaits :o On pourrait faire des tee-shirt, des casquettes, des badges... ouais, je m'emporte mais chut
À très vite…
J'espère que ces mots sont vrais, j'ai trop envie de rencontrer Carla en vrai *-* :D

Sinon, c'était un super chapitre comme d'habitude, je tombe un peu plus amoureuse de tes personnages à chaque chapitre, c'est vraiment un régal de découvrir ton roman, même si parfois tu malmènes nos petits cœurs. Si on ressent autant d'émotions, c'est parce que c'est vraiment bien écrit alors vraiment félicitations pour ce magnifique roman <3
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 12)

Message par Chlawee »

Yaya2408 a écrit : mer. 21 juil., 2021 7:41 pm Oooooh ce chapitre est exceptionnel !! Je crois que c'est l'un de mes préférés je pense.
J'ai vraiment hâte de lire la suite ;)
Bisous
Tu gères vraiment pour ton histoire
Hey ! Merci beaucoup !! :D
Bisous !
Asco20 a écrit : mer. 21 juil., 2021 9:31 pm Coucouuu!
C'est clairement mon chapitre préféré ^^ (enfin ils sont tous trop bien de toute façon :))
J'adoore ton style d’écriture :) <3
Hâte de savoir la suite :)
bisouus ^^
Merci beaucoup ! :oops: <3 ça me touche !
Pendergast a écrit : mer. 21 juil., 2021 9:37 pm Bonjour, un excellent chapitre, voir même le chapitre ! Parfait
Merci !! :oops: :oops:
lacrystal a écrit : jeu. 22 juil., 2021 11:49 am Hello !

Alors, tu sais exactement comment t'y prendre pour tes romans xDD Genre tu nous mets une scène méga triste, où on a envie de taper tout le monde et après tu nous mets une scène tellement chou que notre petit cœur de lecteur il fond, et du coup on se calme :lol: :lol: :lol:

Déjà wow le passé de Neeve :shock: Tu aimes torturer tes personnages :lol: Heureusement elle avait Carla qui était là pour elle <3 Leur amitié est vraiment adorable, j'espère qu'on pourra la voir en vrai et pas seulement par téléphone ou par les rêves de Neeve ! Parce que je l'adore déjà :D

Par contre Connor... Mais quel enf****
Adam ne voudra pas de toi. Ce n’est même pas la peine d’espérer. Non mais regarde-toi… Tu n’es pas dégoûtée par ton propre corps, sans raison, tu ne crois pas ?
NON MAIS TOI DÉJÀ TU VAS FERMER TA PETITE BOUCHE SINON J'ENVOIE ADAM TE CASSER LA FIGURE ON VERRA QUI FAIT LE MALIN APRÈS
Il est ouf ce gars :o Non mais j'ai pas les mots sérieux. J'ai envie de lui éclater la tête. Genre, vraiment, c'est pas possible d'être aussi tordu et méchant !

DIEU MERCI Adam est là à son réveil. A mon avis, Neeve va regretter de lui avoir dit qu'elle faisait un dessin de lui :lol: :lol: Parce que si j'étais Adam je demanderai à le voir, je vois la scène gênante pour Neeve arriver là :lol:
— Est-ce que je… te dégoûte… ?
— Quoi ? Non, bien sûr que non. Pourquoi est-ce que tu penses ça ?
L’horreur transperçait sa voix.
— C’est lui qui… me l’a dit…, répondis-je.
— Je te promets que je ne pense pas cela, m’assura-t-il. Il vaut mieux ne pas l’écouter, il ne sait clairement pas de quoi il parle.
Sans rouvrir les yeux, j’opinai. En effet, il vaudrait mieux…
— Neeve… Ne pense pas ça de toi non plus, je t’en prie, chuchota-t-il. C’est très loin de la vérité. Je te le répéterai encore et encore s’il le faut. Et si tu as besoin d’en parler, je suis là.
Neeve, Adam a totalement raison, il est très, très, très, très, loin de la réalité. Tu es une femme merveilleuse, forte et courageuse, tu es la best et on t'adore tous *-* *-*
Le sommeil finit à nouveau par m’emporter, bercée par les caresses de la main d’Adam, dans mes cheveux, et rassurée par sa présence.
Mooooowwwww *-*
Et sinon, je demande juste comme ça, hein, c'est possible d'avoir un Adam ? C'est pas pour moi, hein, c'est pour une amie :roll:
Attends je viens d'avoir une idée de génie. Faut trop qu'Adrien, Adam et Dean créé le club des mecs parfaits :o On pourrait faire des tee-shirt, des casquettes, des badges... ouais, je m'emporte mais chut
À très vite…
J'espère que ces mots sont vrais, j'ai trop envie de rencontrer Carla en vrai *-* :D

Sinon, c'était un super chapitre comme d'habitude, je tombe un peu plus amoureuse de tes personnages à chaque chapitre, c'est vraiment un régal de découvrir ton roman, même si parfois tu malmènes nos petits cœurs. Si on ressent autant d'émotions, c'est parce que c'est vraiment bien écrit alors vraiment félicitations pour ce magnifique roman <3
Je veux pas que vous vous calmiez en fait. :lol: :lol: J'aime bien vous malmener. :twisted:
Naaaaan j'aime pas tant que ça torturer mes persos... :roll: :lol:
Ah alors attends. Prend le mégaphone. Carla est demandée à l'accueil ! Je répète : Carla est demandée à l'accueil !

:lol: :lol: :lol: :lol: Tu m'as tuée.
De toute façon Connor il est dans la B.A.C. La Boîte à Connards.

Ah mais Adam il va pas oublier, c'est sûr. :mrgreen:
Ah, Neeve me dit de te dire qu'elle te fait un gros bisou ! <3

Ouais ouais, genre c'est pas pour toi. :lol: Alors malheureusement je sais pas où en trouver, sinon j'en aurais pris un aussi. :cry:
Ah mais faut pas dire ça ils vont prendre la grosse tête...
Se tourne vers les persos qui ont l'air trop fier.
Bon bah trop tard...
Sinon chaud pour les fan clubs.

Merci beaucoup !! :cry: <3
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Bonjour à tous ! On me dit dans l'oreillette que pour une fois je poste le jour prévu et que c'est à marquer d'une pierre blanche. :lol:
Bonne lecture !


Chapitre 13

J’abaissai la poignée de la porte du placard et tirai. Des sanglots déchirants, ainsi que la mélodie entêtante d’une flûte, tourbillonnaient dans mon esprit, hurlaient à mes oreilles. L’appréhension me saisit. Je savais ce que j’allais voir, pourtant, je n’avais pas pu m’en empêcher.

J’étais vêtue de ma chemise de nuit violette. J’ignorais pourquoi je la portais en-dehors de nos rêves communs avec Adam, mais au moins, elle me permettait d’avoir quelque chose de rassurant, sur moi. Quelque chose qui me renvoyait à cette douceur-là, au milieu de ce chaos.

Je tombai en arrière en voyant une silhouette apparaître et se balancer. Je me rattrapai sur les mains puis me retournai, alors que ma gorge se serrait tant que je compris vite qu’il ne s’agissait pas que de l’émotion. J’étouffais. Je portai mes doigts à mon cou, afin d’ôter ce qui l’entravait, ou au moins le desserrer. Mais il n’y avait rien.


Tic, tac…

Tout comme la femme pendue, je ne pouvais plus respirer. Ses cheveux blonds cachaient son visage, mais je pouvais voir ses lèvres bouger, encore, et ses yeux d’un bleu profond rougir de plus en plus.

Tic, tac…

Tous les sons s’amplifièrent, devenant une véritable cacophonie à laquelle je ne pouvais pas échapper. Les pleurs. La musique. Les horloges.
Je hurlai d’effroi et me mis à reculer, sur le dos.



Je sentis quelqu'un me secouer pour me tirer de mes songes. Je me mis à tousser, après avoir eu l’impression, l’espace de quelques secondes supplémentaires, que mes voies respiratoires étaient toujours obstruées.

— Neeve ! me chuchota une voix à l'oreille.

Emma.
J'ouvris subitement les yeux et me redressai. Encore prise dans l’urgence du cauchemar, sans réfléchir, j'ouvris le tiroir du chevet à côté de moi et en sortis le pieu qui s'y trouvait. Je l’avais mis là dès que mon amie avait pu m’en procurer un, peu de temps après mon arrivée. Je me sentais plus rassurée, ainsi.

— Quoi ? Quoi ? m'affolai-je, déjà au garde-à-vous. Qu'est-ce qu’il se passe ?

Elle me dévisagea, ses yeux noisette écarquillés. Je finis par saisir qu’il n’y avait pas de danger immédiat. Je ne vis rien de suspect dans la chambre.
En réalité, j’étais la seule qui devait paraître effrayante, à ce moment-là.

— Tu me fais peur parfois, me lança Emma. Pose ça, avant de blesser la lampe.
Effectivement, la pointe du pieu était orientée vers l'abat-jour. Je reposai l'arme dans le tiroir et le refermai.
— Qu'est-ce qu’il se passe ? répétai-je.

Elle hésita quelques secondes, paraissant sur le point de me questionner, quant à ma réaction soudaine. Finalement, elle se ravisa, estimant sans doute qu’il valait mieux me laisser en parler de moi-même.

Elle joignit ses mains et arbora un sourire trahissant son excitation. Seulement… ses traits étaient également un peu crispés. L’inquiétude ?

— Lucian est allé voir le roi, afin de connaître sa réponse, m’apprit-elle.
Je me redressai.
— Savari ne connaît pas les messages ? Il faut vraiment que tout le monde se déplace, c’est ça ? plaisantai-je pour essayer de masquer mon appréhension.
— Oh tu sais… Une fois qu’on connaît bien cet énergumène, plus rien n’est étonnant, soupira-t-elle. En tout cas, Lucian ne va pas tarder à revenir, habille-toi et viens !
Alors qu’elle se retournait pour sortir, elle marqua une pause.
— Ou reste comme tu es, c’est très bien aussi. En fait, tu fais comme tu veux.
Je levai un sourcil.
— Tu es aussi stressée que moi, pas vrai ? remarquai-je.
— Ça se voit tant que ça ?
Je lui souris et me levai. Je tapotai doucement son épaule.
— Ça va aller, la rassurai-je. Et je vais me changer.
En réalité, j’ignorais si ça allait vraiment « aller ».
— Lucian aussi ignore l’existence des textos ? lançai-je.
— Je crois qu’il préfère te le dire en face.

C’était forcément une bonne nouvelle, non ? Il voulait observer la joie sur mon visage, j’en étais sûre.
Ou… pouvoir me rassurer devant ma détresse apparente. Oh misère.

Je me dirigeai vers la salle de bain pour éviter de me laisser trop de temps pour réfléchir à ça.
Je passai mon médaillon à mon cou, pour la première fois depuis que je l’avais enlevé, avant ma rencontre avec Savari. Son contact contre ma peau m’apporta un peu de réconfort.

~


Je sortis sur le perron. Le jour ne s’était pas encore levé, et un vent frais souleva mes cheveux roux. Malgré cela, le temps s’était réchauffé. Bientôt, la piscine me ferait de l’œil. C’était peut-être même déjà le cas.

Si Savari m’accorde sa sécurité, je plonge dedans.
Cette idée me fit sourire.

Je regardai autour de moi. Aucune trace des autres. Et où était passée Emma ?
Un mouvement attira mon regard. Plus haut, je repérai une petite silhouette, qui vola jusqu’à la façade du manoir, pour s’y poser. Je plissai les yeux. Sûrement une chauve-souris. Elle ne bougea plus et je la fixai pendant quelques secondes, soudainement intriguée. Emma m’avait dit que certains vampires pouvaient se transformer en cet animal.

Mon doute se fit encore plus grand quand, tout en m’approchant, je vis qu’elle restait à la même place, sans avoir peur du tout, bien qu’elle soit hors de ma portée.

Non… C’est juste une chauve-souris normale…
Je me mordis la lèvre et fis un autre pas en avant.

— April ? chuchotai-je. Nora ?
J’inclinai la tête sur le côté.
— Adam ?
Aucun mouvement.
— Si c’est l’un de vous, faîtes… euh… un geste de l’aile ?

J’étais ridicule. Pourquoi auraient-ils voulu se transformer maintenant ? Il s’agissait peut-être d’une de leurs habitudes ?
Aucune aile ne bougea. Je soupirai et secouai la tête, amusée par ma bêtise.

— N’importe quoi… C’est seulement une chauve-souris. Rien de plus normal, me murmurai-je à moi-même.
— En effet.
J’eus un hoquet de surprise et fis volte-face. Adam se tenait devant moi, un grand sourire moqueur plaqué sur les lèvres.
— T’es là depuis longtemps ? m’horrifiai-je.
— Suffisamment. J’ai entendu mon nom, j’ai failli te signaler ma présence, puis je me suis dit que ça serait drôle de te laisser continuer.
Je roulai des yeux.
— Tu veux peut-être que je batte de l’aile ? me taquina-t-il en bougeant un bras de haut en bas.
Je lui mis un coup de coude dans les côtes, en essayant de me retenir de sourire.
— Je me disais que tu pouvais peut-être te transformer, alors…
— Oh mais je le peux, répondit-il.
— Vraiment ? m’étonnai-je.
— Oui. Seulement, ce ne serait pas le meilleur moment pour une démonstration, là tout de suite, souligna-t-il.
Je hochai la tête.
— Bien sûr, oui. Lucian va arriver…, chuchotai-je.
— Par contre, je peux te montrer ça…

Il leva la tête vers l’animal et fit un geste de la main. Je fronçai les sourcils, puis vis la chauve-souris se détacher du mur et faire du surplace quelques secondes, ce qui me fascina. Puis elle s’envola pour aller se poser ailleurs, sortant de notre champ de vision.

— Le fameux contrôle des animaux…, soufflai-je.
Je regardais toujours l’endroit où elle avait disparu.
— Pas mal. On en parle, du fait que tu viens de déloger une pauvre petite chauve-souris qui n’avait rien demandé, simplement pour impressionner une humaine ? me moquai-je.
Il leva les deux mains en signe de reddition.
— Je l’admets, j’ai commis une faute, fit-il sur un ton théâtral.
La porte d’entrée s’ouvrit, et Emma nous rejoignit.
— Je voulais m’assurer que Stuart allait bien, déclara-t-elle.

Je hochai la tête, comprenant parfaitement. Stuart me faisait de la peine. J’aurais voulu qu’il ne soit pas dans un état aussi précaire.
Emma se posta à côté de moi, les yeux rivés vers le portail, attendant que Lucian se pointe.

— Tu sais, il y a une théorie qui dit que lorsque tu fixes quelque chose, ce que tu attends n’arrive pas. Il suffit que tu tournes la tête pour que ça finisse par se produire, lançai-je.
Elle m’offrit sa plus belle expression dubitative.
— Et d’où tu la sors, cette théorie ? ricana-t-elle.
— De mon vécu. Le pain ne sautait du grille-pain que lorsque je le quittais des yeux.

Elle avait l’air de trouver ça horripilant. Il ne m’en fallut pas beaucoup pour que je finisse par rire avec elle, la nervosité grandissant. Adam nous regardait comme s’il s’attendait à ce que ce soit nous qui finissions finalement par nous transformer en chauve-souris.

— Et si je ne bénéficie d’aucune protection ? finis-je par lâcher, après avoir repris mon sérieux. Si le roi est contre ?
— On fait un coup d’état, rétorqua-t-il du tac-au-tac.
Je pouffai.
— Bonne idée, approuvai-je.
Mais Emma plissait les yeux dans sa direction.
— Il doit être à moitié sérieux, observa-t-elle.
— Hein ?
Je regardai le vampire aux cheveux blonds.
— Jamais tu ne ferais ça, n’est-ce pas ? voulus-je m’assurer.
Son sourire ne me disait rien qui vaille. Et je n’étais toujours pas certaine de la réponse. Mon amie non plus.
— Adam…
— Quoi ? répondit-il avec une innocence feinte.
— Pas de coup d’état, le somma Emma.
— D’accord.
— Je suis sérieuse.
— Je n’en doute pas.

J’observai leur échange avec perplexité. Et lui, arborait toujours la même expression.

— Qui veut faire un coup d’état ? intervint April, qui venait d’arriver.
— Adam, lui appris-je.
— Je disais cela pour plaisanter, argua-t-il sans se départir de sa malice.
— Je n’aime pas ça. Je ne sais pas si tu veux nous faire comprendre qu’en effet, tu ne feras rien, ou si tu veux justement qu’on croit que tu le feras, alors que non. Ou que finalement, tu le feras, débitai-je.
C’était incroyablement confus.
— Tu ne le sauras jamais, rétorqua-t-il.
Je soutins son regard, mais il ne lâcha rien. Je croisai les bras pour me donner plus d’aplomb.
— Tu es en train de me défier ? sourit-il.
— J’essaye, rectifiai-je.
— Laisse tomber, c’est ridicule, intervint quelqu’un.

Tim. Forcément. Avec sa sœur, Ned et Cristobal dans son sillage. Je lui adressai une grimace, puis regardai à nouveau le grand portail, à l’autre bout de la cour.

Adam les salua rapidement d’un signe de tête, mais ne s’attarda pas sur eux. Je me mordis la lèvre en me souvenant de ces fameuses fiançailles non-voulues. Cela me porta un coup à l’estomac. Si en plus de cela, le roi ne m’accordait pas la protection, j’allais m’effondrer.

— Où est Nora ? demanda l’empathe.
Une silhouette atterrit à toute vitesse devant nous et je sursautai, manquant de faire un bond de plusieurs mètres.
— Je suis là, lâcha Nora en époussetant son chemisier.

J’arborai de grands yeux ronds. J’avisai le toit, puis elle, à nouveau. Elle venait de sauter, là ?
Elle surprit mon regard consterné et haussa une épaule.

— Ce n’est pas grand-chose, dit-elle.
Pour elle. Pour moi, c’était impressionnant.
— J’ai interrompu ma promenade nocturne pour entendre la nouvelle, j’espère qu’elle sera bonne, soupira-t-elle.

Moi aussi, je l’espère.

Je me tendis quand je vis une lumière provenant de phares, plus loin. Le portail s’ouvrit et la voiture de Lucian s’engouffra dans l’allée. Il se rapprocha et j’en oubliai de respirer, pendant un instant. Emma mit sa main sur la mienne, et la serra.
Le vampire aux longs cheveux bruns se gara, puis sortit de l’habitacle. Il s’empressa de nous rejoindre et je vis un sourire étirer ses lèvres. L’espoir commença à gonfler dans ma poitrine.

— Tu es sous notre protection ! annonça-t-il fièrement.

Une fois cette déclaration faite, il rejoignit April pour l’embrasser avec tendresse, un bras autour d’elle.
J’expirai soudainement, profondément soulagée. Mon amie me serra dans ses bras après avoir laissé échapper une exclamation emplie de joie. Je me mis à sourire. Seulement, son étreinte était plutôt forte.

— Emma, tu m’étouffes…
— Oh, pardon ! s’excusa-t-elle.

Elle me relâcha, mais garda ses mains sur mes épaules. Ses yeux pétillaient. C’était toujours le cas, mais là, c’était bien plus intense.

— Tu fais partie du clan ! s’enthousiasma-t-elle. Jusqu’à ce que tout se calme !

J’eus un pincement au cœur, mais ne laissai rien voir. J’étais à la fois heureuse et… perturbée. Perturbée parce que je n’allais pas retrouver de vie normale avant un moment, ou parce que je finirais par m’éloigner des River ?

— Eh oui ! répondis-je.

Je surpris le regard de Cristobal sur moi. Lui, savait ce que je ressentais.
Nora brandit le poing en un geste de victoire.

— Tu l’as fait ! s’exclama-t-elle dans ma direction. Je savais que tu y arriverais !

J’eus un petit rire.
April me serra contre elle à son tour, suivie de Lucian. Tim me félicita en tapotant mon épaule. Ned me sourit légèrement, mais je me fis la réflexion que ça devait être beaucoup, venant de lui. Brooke et Cristobal firent de même, un peu en retrait. Ce dernier devait être mal à l’aise devant autant d’émotions, aussi joyeuses soient-elles.
Puis je reportai mon attention sur Adam.

— Pas besoin de coup d’état, plaisantai-je.
— Quel dommage, rétorqua-t-il avec un air amusé.

Il m’offrit une accolade rapide, et mon sourire se fit plus serein. Son parfum envahit mes narines d’une manière agréable. Et s’il ne m’avait pas lâché, je ne savais pas si je l’aurais fait moi-même.

Quand nous nous détachâmes, je remarquai que Brooke me fixait d’une drôle de façon. Elle détourna finalement les yeux quand elle vit que je l’avais repéré. Seulement, j’avais eu le temps de percevoir un certain agacement.
Aïe.
Je savais qu’elle n’était pas amoureuse d’Adam, qu’elle avait Ned, mais il était vrai que la situation était compliquée.

— Un coup d’état ? releva Lucian, un sourcil haussé.
— Tu en rêves aussi, ne mens pas, répliqua l’intéressé avec un rictus en coin.
— Adam…
— Aucun humour, Lucian. Je crois que tu l'as perdu en même temps que ton look des années quatre-vingt. Tu penses que ça a un lien direct ? l’interrogea le vampire aux cheveux blonds.
Je dus me mordre les lèvres pour ne pas rire.
— Oublie pas qu'on a des photos de toi quand tu avais les cheveux noirs et une moustache. Cette preuve pourrait refaire surface, le menaça Lucian.
Ma curiosité fut piquée. Adam grimaça.
— C'était une période sombre de ma vie, se justifia-t-il.
— Je veux voir ces photos, exigeai-je, excitée.
— Hors de question.
— Une moustache ? C’est bizarre, tu as l’air totalement imberbe, le provoquai-je.
— Elle était fausse, précisa Lucian.

Je gloussai.

— Je m’en souviendrai, en tout cas, insistai-je.
— Je sais où sont ces photos, ajouta Nora avec un air espiègle.
Adam la fusilla du regard.
— Tu n’oserais pas, grogna-t-il.
— Je pensais que tu me connaissais mieux que ça, Moineau. Bien sûr que j’oserais.
Je me faufilai entre tous ces vampires afin de sortir du petit groupe qui s’était formé. J’avais une chose à faire.
— Où tu vas ? s’enquit April.

Je ne répondis pas et me mis à courir dans le jardin, jusqu’à la piscine. Je ne me laissai pas le temps de réfléchir et plongeai. L’eau était fraîche. Je pensais que mon corps en alerte n’aurait pu être plus réveillé, mais je me trompais.
Quand ma tête perça la surface, je me mis à rire. Encore plus lorsque je vis les visages consternés des autres, qui m’avaient suivie.

— Je m’étais promis de faire ça si je bénéficiais de votre protection ! expliquai-je.

La seconde d’après, Adam, Emma et Nora suivirent le mouvement.
J’allais être transie de froid, et peut-être même que je serais un peu malade, mais je m’en fichais complètement.

~


Je toquai à la porte et attendis qu’on m’invite à entrer avant de le faire. J’ouvris et adressai mon meilleur sourire victorieux à Stuart, qui était allongé sur son lit.

— Tadam !

Je brandis fièrement les deux photographies que j’avais prises, l’une arborant le lever de soleil et l’autre, le coucher. Quand il comprit ce dont il s’agissait, ses lèvres s’étirèrent. Il était absolument adorable.

Toute crainte à son égard avait déjà disparu. J’étais certaine que lui aussi, allait commencer à prendre de la place, dans mon cœur. Il allait s’y imposer sans que je n’aie besoin de l’inviter. Je le connaissais à peine, mais il n’y avait pas de doute.
Je m’approchai de lui et les lui tendis. Il les saisit de ses doigts frêles.

— Je ne suis pas photographe, mais je pense que je me suis plutôt bien débrouillée, déclarai-je.

Je tirai une chaise et m’assis dessus, près du lit, attendant son verdict avec impatience. Il les observa longuement, comme pour s’imprégner de ce qu’il voyait. Pour que le soleil fasse à nouveau partie de lui. Cela devait être réussi, car il eut l’air touché. Je me sentis fondre devant son expression.

— C’est parfait, commenta-t-il avec émotion.
— Je suis contente.

Il les déposa sur le meuble à côté de lui, puis son regard se baissa sur mes mains. Oh ! J’avais oublié.
Je lui donnai également la poche de sang que j’étais allée chercher pour lui.

— Tiens ! Et je me suis dit que je pourrais peut-être manger avec toi, si ça te va ? proposai-je.

Je voulais lui tenir compagnie. Je n’aimais pas le savoir seul ici, même si les River se relayaient pour être avec lui la plupart du temps. Et puis, je l’aimais bien.
Je m’étais confectionnée un sandwich, que j’avais hâte de dévorer. Il hocha la tête avec enthousiasme.

— Bien sûr !

Super !
J’enlevai le papier d’aluminium de mon casse-croûte, tandis qu’il ouvrait la poche, de son côté. Je pris une bouchée, afin de commencer à apaiser mon estomac, qui gargouillait depuis un moment.

— J’ai appris que tu faisais partie du clan, lança-t-il. Félicitations.
Je lui rendis son sourire.
— Merci. Et vous êtes tous si gentils, avec moi. Je n’aurais pas pu mieux tomber, déclarai-je après avoir avalé mon morceau de pain et de dinde.

Je grimaçai en me demandant ce que ça aurait donné, si celui qui avait tenté de m’enlever y était parvenu. Où je me serais retrouvée et avec qui. Puis je chassai cette pensée avant que l’image de son cadavre ne prenne trop de place dans mon esprit. Je l’avais suffisamment vu, au début, pendant mes cauchemars, ou parfois, en pleine journée, quand j’avais le malheur de fermer les yeux. Je revoyais sa peau devenir grisâtre, s’effriter, avant de tomber en poussière.

— Qu’y a-t-il ? s’inquiéta Stuart.
— Rien, mentis-je.
Il comprit que je ne voulais pas m’attarder sur le sujet et il s’empressa de le changer :
— Alors, tu vas pouvoir visiter le village.
— Oui ! Je vais découvrir Clelles cet après-midi.

J’avais hâte d’aller marcher et d’explorer le coin, sans craindre qu’un vampire d’un autre clan ne cherche à me nuire. Le roi avait fait passer le message à tous ceux qui m’avaient déjà vu, et Lucian et April s’étaient occupés de prévenir leurs congénères, qui se trouvaient dans les environs.

— Je penses que ça te plaira, m’assura-t-il.
— Je n’en doute pas une seconde.

~


Et de fait, cela me plaisait. Les maisons étaient petites mais coquettes, il y avait beaucoup de forêt, d’endroits où se balader. Des champs semblaient s’étendre à l’infini et nous avions une magnifique vue sur les montagnes.

Dès que j’avais mis un pied en dehors du terrain du manoir, j’avais entraîné Emma partout. J’étais ravie de découvrir le village avec elle. Nous parlions de tout, rigolions beaucoup et elle mettait un point d’honneur à me montrer tous les endroits importants. Il n’y avait pas beaucoup de commerces, mais ce qu’il y avait était suffisant. Et après avoir passé plusieurs heures à faire des tours dans cet endroit plutôt petit, je lui demandai de me montrer où travaillait Tim. Nous étions sûrement passées devant sa boutique, mais je n’avais pas dû faire attention, reportant sans cesse mon attention sur une nouvelle chose.

La devanture de la chocolaterie se présenta rapidement à nous. Elle était assez sobre, avec sa façade en pierre et seulement un écriteau arborant le nom « La Rivière de Chocolat ». Je tiquai, amusée.

— Est-ce que ça fait référence aux River ? demandai-je à Emma.

River signifiant « rivière », cela ne m’aurait pas étonné de la part du vampire.
Elle confirma par un sourire et un hochement de tête.

J’ouvris la porte, ce qui fit tinter une clochette, à l’entrée. Je fus agréablement surprise : les murs étaient peints dans des couleurs chaudes, le sol était recouvert d’un parquet grinçant à peine et ce tas de gourmandises, en vitrine, me donnait l’eau à la bouche. L’endroit rêvé. Il me paraissait difficile d’entrer sans en ressortir les bras chargés de chocolat. Très bon pour les affaires, ça.
La seconde d’après, une tête arborant des cheveux mordorés passa une porte, au fond de la pièce. Il fut surpris un instant, puis son air mutin reprit le dessus.

— Mesdames, nous salua Tim avec théâtralité. En quoi puis-je vous servir ?
Je m’approchai du comptoir et croisai mes bras dessus avec un sourire en coin.
— Il me semble que nous avons un pacte, lançai-je.
Il me jaugea du regard avec une pointe de dédain.
— Ah oui ?
— Eh bien, la réunion avec le roi s’est plutôt bien passée, puisque je suis toujours en vie et que je bénéficie de la sécurité du clan. Alors je suppose que le marché tient toujours ? pour-suivis-je. Je travaille ici ?
Du coin de l’œil, je vis Emma saisir un chocolat qu’elle porta à sa bouche. Aussitôt, Tim se tourna vers elle.
— Hé ! protesta-t-il.
— Quoi ? Tu peux bien m’en faire cadeau ! contra-t-elle.
Il roula des yeux. Emma était bien le genre de personne à repartir d’ici avec pleins de confiseries. Mais sans les avoir payés.
— D’accord, mais un seul, grommela-t-il.
Puis il reporta son attention sur moi et son sourire se fit plus adoucit.
— Une promesse est une promesse, soupira-t-il. Tu commences demain.
Je claquai mes mains l’une contre l’autre, ravie.
— Génial ! En plus, je pourrai t’aider à gérer la gourmandise d’Emma, ajoutai-je. Tu manques d’autorité, à ce niveau-là.
— Je ne vois pas de quoi…
— Tu lui as dit un seul chocolat, le coupai-je, mais elle en est déjà à son troisième.

L’intéressée lui adressa un signe de la main qui pouvait sembler insolent. Son rictus l’était d’autant plus.

— Ok, tu marques un point, céda-t-il. J’espère que tu pourras stopper ce désastre. Elle fait des trous dans mon inventaire à chaque fois qu’elle vient.
— Je ne te décevrai pas ! assurai-je.
Mon amie se rendit enfin compte de ce que ça voudrait dire. Elle prit un air offusqué.
— Je ne pourrai plus en manger ? s’indigna-t-elle.
— Si tu ne les payes pas, non, rétorqua Tim.
Elle m’adressa un regard suppliant et je levai les deux mains, avant d’éclater de rire.
— Les ordres sont les ordres, me justifiai-je. Et ne me dis pas que tu n’as pas de quoi les acheter ?
Elle suspendit son geste, alors qu’elle allait prendre un autre chocolat, pesant sûrement le pour et le contre.
— Si, affirma-t-elle. Mais j’aime bien l’embêter.

Sur ce, elle se servit quand même, sachant que les bonnes choses auraient une fin.

~


Tic, tac…

Je regardai l’horloge de la cuisine d’un sale œil. Depuis que j’étais entrée dans cette pièce pour me servir un jus de fruits, je n’entendais que ça. À vrai dire, c’était déjà le cas lorsque je me trouvais encore dans le couloir. Pourtant, jamais cette petite chose n’avait fait autant de boucan, auparavant.

Depuis quelques heures, j’étais tendue. Après avoir passé une bonne journée dans la chocolaterie, j’étais rentrée au manoir, guillerette. Mais étant un peu fatiguée, j’avais décidé de faire une petite sieste. J’avais fait un cauchemar et m’étais réveillée en nage. J’étais donc descendue pour aller boire quelque chose, et le « tic, tac » retentissait, depuis.

Seulement, ce son me paraissait étrange. Comme s’il ne venait pas réellement de l’horloge.
Plutôt de mon esprit.
Je terminai mon jus de fruits, puis me dirigeai vers l’évier.

Tic, tac…

Je lâchai mon verre. Je portai mes mains à mes tempes, à deux doigts d’aller arracher l’horloge du mur. Je n’en pouvais plus.
Connor va rentrer… L’heure tourne…

Il fallait que j’arrête, avec ça. Cependant, j’étais dans un tel état de stress après mon cauchemar, que je n’arrivais pas à garder la tête froide. Encore une fois, j’avais rêvé de lui, ce qui n’était jamais très joyeux.
Puis je me rendis compte de ce que je venais de faire.

Je regardai les bouts de verre sur le sol, éparpillés. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite et un frisson glacé me parcourut.
Oh non… Oh non.

Je savais que c’était irrationnel, que ce n’était qu’un verre, mais j’avais osé casser cela alors que je n’étais pas chez moi. Qu’allait penser Adam ?

La peur au ventre, alors même que je savais qu’il ne dirait rien et que ce serait sûrement le dernier de ses soucis, au fond de moi, mon ancienne inquiétude habituelle revenait à la charge. Je revoyais presque Connor qui me hurlait dessus. Je l’imaginais à l’entrée de la cuisine alors que j’étais consciente qu’il ne pouvait pas être là. Il détestait ça, quand je brisais des choses.

Je ne suis bonne à rien. Inutile.
Je secouai la tête. Non. Cela ne devait pas recommencer.

Je me baissai afin de ramasser les morceaux le plus vite possible, me coupant au passage, comme j’avais appris à le faire afin que Connor reste énervé le moins longtemps possible.

— Neeve ? Tout va bien ?

Emma. Elle rentra dans la cuisine et s’accroupit près de moi. Elle regarda mes mains qui saignaient et écarquilla les yeux. Je me demandai si elle était tentée par ce précieux liquide rouge. Pendant un millième de seconde, je crus voir ses iris se teindre de rouge, mais cela disparût très vite. Elle ne serait pas une menace. Elle pourrait se contrôler.

— Qu’est-ce que tu fais ? Tu t’es blessée ! Attends, on va balayer et…
— Non ! criai-je, terrifiée.
Elle me regarda, pétrifiée, se demandant sûrement ce qui me prenait.
— Et si… Et si Adam se mettait en colère parce que…

Comprenant soudainement ce qui m’arrivait - puisqu’elle avait deviné le jour où je lui avais montré mes cicatrices, que je n’avais pas eu que de bonnes compagnies dans ma vie -, Emma soupira puis prit mon visage en coupe dans ses mains. Je tressaillis à son contact, avant de me détendre en me disant qu’elle n’était pas Connor, et qu’elle n’allait pas me frapper ou me traîner de force dans son lit.

— Ma belle. Ce n’est qu’un verre. Et même si ça avait été plus que ça, personne ne t’aurait fait du mal, ici. Personne. Si quelqu’un avait osé, je le lui aurais fait regretter, ajouta-t-elle avec un sourire destiné à me rassurer. Et je suis sûre que Nora lui aurait cassé la gueule. Et Adam ne réagirait jamais de cette manière. Il serait même capable de tout casser en réponse, seulement parce que ça serait amusant.
Ses paroles m’arrachèrent un petit rire, malgré ma nervosité.
— Regarde, m’enjoignit-elle.

Emma se leva, ouvrit un placard, saisit un verre et tendit le bras à côté d’elle. Elle desserra les doigts et la vaisselle se fracassa par terre.

— Oups, fit-elle.
Elle haussa les épaules.
— Tout le monde s’en fout. Ne t’en fais pas pour ça.
Je hochai la tête et inspirai un bon coup. Reprenant petit à petit mes esprits, je m’avançai pour aller prendre le balais.
— Hop, hop, hop ! Laisse-moi faire, s’opposa-t-elle avec calme.
Elle pointa le couloir de son index.
— Je m’en occupe, assura-t-elle. Toi, tu vas aller désinfecter tes coupures.

J’étais sur le point de protester, mais elle me coula un regard appuyé. Je finis par battre en retraite et par sortir de la pièce.
Je haïssais Connor pour ces traumatismes. Je me haïssais moi, d’encore réagir ainsi, des années après.

Tic, tac…

---


Chapitre 12
Chapitre 14
Dernière modification par Chlawee le mer. 04 août, 2021 10:20 pm, modifié 1 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Yaya2408 »

Je suis trop méga giga trop contente que Neeve soit enfin sous leur protection officielle !! youpiiii 8-) 8-)
sinon bravo pour ce chapitre je l'adore
PS : on veut tous avoir une amie comme Emma et je commence à adorer autant Nora :lol:

bisous a+ :mrgreen:
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mar. 27 juil., 2021 9:02 pm On me dit dans l'oreillette que pour une fois je poste le jour prévu et que c'est à marquer d'une pierre blanche. :lol:
:lol: :lol: :lol: :lol: C'était l'exception qui confirmait la règle

Je tombai en arrière en voyant une silhouette apparaître et se balancer. Je me rattrapai sur les mains puis me retournai, alors que ma gorge se serrait tant que je compris vite qu’il ne s’agissait pas que de l’émotion. J’étouffais. Je portai mes doigts à mon cou, afin d’ôter ce qui l’entravait, ou au moins le desserrer. Mais il n’y avait rien.[/i]
Punaise mais ses rêves à Neeve :shock: :o :o Je serais à sa place, je me réveillerais traumatisée chaque matin xDDD

J'ouvris subitement les yeux et me redressai. Encore prise dans l’urgence du cauchemar, sans réfléchir, j'ouvris le tiroir du chevet à côté de moi et en sortis le pieu qui s'y trouvait. Je l’avais mis là dès que mon amie avait pu m’en procurer un, peu de temps après mon arrivée. Je me sentais plus rassurée, ainsi.

— Quoi ? Quoi ? m'affolai-je, déjà au garde-à-vous. Qu'est-ce qu’il se passe ?

Elle me dévisagea, ses yeux noisette écarquillés. Je finis par saisir qu’il n’y avait pas de danger immédiat. Je ne vis rien de suspect dans la chambre.
En réalité, j’étais la seule qui devait paraître effrayante, à ce moment-là.

— Tu me fais peur parfois, me lança Emma. Pose ça, avant de blesser la lampe.
:lol: :lol: :lol: :lol:
La pauvre lampe. Pourquoi elles sont toujours victimes des protagonistes dans les films, séries ou romans ? Faut créer une association d'aide aux lampes.
Si Savari m’accorde sa sécurité, je plonge dedans.
Cette idée me fit sourire.
Alors là, j'approuve mais totalement et j'espère vraiment qu'on va y voir !
— Tu veux peut-être que je batte de l’aile ? me taquina-t-il en bougeant un bras de haut en bas.
Il m'a tuée :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Pas mal. On en parle, du fait que tu viens de déloger une pauvre petite chauve-souris qui n’avait rien demandé, simplement pour impressionner une humaine ? me moquai-je.
Il leva les deux mains en signe de reddition.
— Je l’admets, j’ai commis une faute, fit-il sur un ton théâtral.
Ces deux-là, ils me font vraiment trop rire :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— De mon vécu. Le pain ne sautait du grille-pain que lorsque je le quittais des yeux.
Mais non c'est n'imp- réfléchit wait- réfléchit encore oh shit, elle a raison :o :lol: :lol:
— Et si je ne bénéficie d’aucune protection ? finis-je par lâcher, après avoir repris mon sérieux. Si le roi est contre ?
— On fait un coup d’état, rétorqua-t-il du tac-au-tac.
Je pouffai.
— Bonne idée, approuvai-je.
Alors moi j'approuve aussi encore plus depuis que j'ai vu un certain film il était génial je m'en remets toujours pas
Glisse mon numéro à Adam préviens moi quand tu veux le faire, je veux absolument y participerclin d'oeil qui est tout sauf discret

[
— Tu es sous notre protection ! annonça-t-il fièrement.
YYYYYAAAAAAAAYYYYYYYYYYY

— Pas besoin de coup d’état, plaisantai-je.
— Quel dommage, rétorqua-t-il avec un air amusé.
J'avoue :cry: :lol:
— Oublie pas qu'on a des photos de toi quand tu avais les cheveux noirs et une moustache. Cette preuve pourrait refaire surface, le menaça Lucian.
Ma curiosité fut piquée. Adam grimaça.
— C'était une période sombre de ma vie, se justifia-t-il.
— Je veux voir ces photos, exigeai-je, excitée.
— Hors de question.
— Une moustache ? C’est bizarre, tu as l’air totalement imberbe, le provoquai-je.
— Elle était fausse, précisa Lucian.
J'suis morte :lol: :lol: :lol: :lol: Je veux trop voir ces photos aussi
Je ne répondis pas et me mis à courir dans le jardin, jusqu’à la piscine. Je ne me laissai pas le temps de réfléchir et plongeai. L’eau était fraîche. Je pensais que mon corps en alerte n’aurait pu être plus réveillé, mais je me trompais.
Quand ma tête perça la surface, je me mis à rire. Encore plus lorsque je vis les visages consternés des autres, qui m’avaient suivie.
OH YEAAAAAAAH *-* *-* ATTENDEZ MOI J'ARRIVE
— Tu lui as dit un seul chocolat, le coupai-je, mais elle en est déjà à son troisième.
:lol: :lol: :lol: C'est trop moi. Jamais faut m’amener dans une chocolaterie

— Ma belle. Ce n’est qu’un verre. Et même si ça avait été plus que ça, personne ne t’aurait fait du mal, ici. Personne. Si quelqu’un avait osé, je le lui aurais fait regretter, ajouta-t-elle avec un sourire destiné à me rassurer. Et je suis sûre que Nora lui aurait cassé la gueule. Et Adam ne réagirait jamais de cette manière. Il serait même capable de tout casser en réponse, seulement parce que ça serait amusant.
Alors déjà, c'est vraiment pas gentil de donner un passé aussi compliqué à tes persos, ça me déchire le coeur :cry: :cry: :cry: :cry: J'ai trop envie d'aller lui faire un gros câlin. Par contre Emma elle est vraiment beaucoup trop chou je l'adore *-* *-*

Avant de te donner mon avis final sur ce chapitre, j'ai un truc à faire, je reviens
Cours chercher la BAC, cours chez Connor, le fous dans la boîte et balance la boîte par-dessus une falaise avant de revenir
C'EST BON.
Alors du coup, j'ai adoré *-* J'adore le clan des River sérieux, je suis trop fan *-* Et j'adore Neeve, genre vraiment, je sais pas ce que tu as fait pour que j'aime autant un personnage, mais je l'adore *-*
L'histoire est toujours aussi géniale (même si je sens que le répit "Neeve est protégée dans le clan" va être de courte durée te connaissant) et j'ai trop trop hâte de savoir ce que tu nous réserves pour la suite !

A bientôt :*
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Pendergast »

Hello ! Toujours aussi excellent, cool pour Neeve d'avoir la protection du clan, terrible qu'elle soit toujours autant perturbée par le passé ! Que va nous réserver la suite ! Bonne journée
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 14)

Message par Chlawee »

Bonjour à tous ! :D Merci beaucoup pour vos retours ! <3 Je n'y ai pas répondu mais sachez que je les lis tous et qu'ils me font vraiment plaisir !
Ce chapitre est peut-être trop long mais... :lol: Bon il me tient à cœur, c'est sûr !
Bonne lecture ! :D


Chapitre 14


Je regardais les pierres, à mes pieds, tout en me retenant afin de ne pas craquer. Je me trouvais au bord d’un ruisseau, dans la forêt, assise sur un rocher. Après avoir bandé mes coupures aux mains, j’étais sortie, sans trop m’éloigner. Après ce qui s’était passé et ma crise de panique, j’avais eu envie de me retrouver un peu seule. Je n’étais pas bien loin du manoir. S’il y avait un problème, je pouvais courir ou hurler pour que les River m’entendent. Et j’avais mon téléphone sur moi.

Je me concentrai et après plusieurs tentatives, je réussis enfin à soulever plusieurs galets du fond du ruisseau. C’était plus dur, puisque la pression de l’eau ne m’aidait pas, mais c’était un bon exercice. Je cessai ensuite de me focaliser dessus, et ils retombèrent dans un « plouf » général. Ce n’était pas grand-chose, mais j’essayais de recouvrir le « tic, tac » insupportable.
Je me raidis en voyant une silhouette du coin de l’œil. Mes cheveux se dressèrent sur ma nuque et une sueur froide me parcourût. Mon cœur se mit à battre plus rapidement. Je n’avais pas besoin de relever la tête pour savoir de qui il s’agissait.

— Va-t’en…, chuchotai-je.

Connor ne pouvait pas réellement être de l’autre côté du ruisseau, en train de me fixer. Il n’était que le fruit de mon imagination. Tout comme les paroles qui vinrent ensuite :

— Tu me dois tout, cracha-t-il.

Je fermai les yeux et crispai mes paupières. Je refusais d’affronter cette vision en face, je ne voulais pas lui donner plus de puissance.
Tic, tac…

— En effet, je te dois tout, répondis-je avec cynisme sans le regarder. Je te dois chacun de mes cauchemars, mes peurs, ma paranoïa ambiante que tu frappes à la porte ou de te voir à chaque coin de rue, l’impression que tu es dans mon ombre et le dégoût de moi-même.

Je soupirai intérieurement. J’aurais mieux fait de ne pas répondre tout court. Il avait déjà prononcé ces mots, par le passé, mais c’était moi, qui les faisait revivre, encore et encore et qui leur donnait encore du crédit.

— Personne ne voudra de toi.
— C’est cela…, chuchotai-je avec ironie. Disparais.

Sans réfléchir, je piochai une pierre au bord du ruisseau et la lançai droit devant moi en direction de la silhouette, quand je parvins à soulever mes paupières, la colère remplaçant momentanément la crainte.
Je cessai de respirer pendant quelques secondes en me rendant compte qu’il n’était plus là. Il ne l’a jamais été. Il est seulement dans ta tête.

Petit à petit, la fureur laissa la place à la tristesse, à la honte et la culpabilité. Je mis mes coude sur mes cuisses et posai mes doigts contre mon front. Je me mordis la lèvre et inspirai profondément en essayant de réprimer mes tremblements.

Je sursautai lorsque je ressentis des picotements familiers. Vampire. Et pas n’importe lequel. J’aurais dû m’attendre à ce qu’il vienne me retrouver.
J’esquissai un faible sourire en direction d’Adam, qui s’assit à côté de moi. Mais vu son expression inquiète, je ne devais pas être convaincante.

Étrangement, les « tic, tac » cessèrent. Ce fut un soulagement. J’ignorais si j’étais surprise qu’Adam parvienne à me rassurer ainsi par sa simple présence, quand personne d’autre n’y parvenait, ou si finalement, ce n’était pas réellement étonnant.

— Tu me suis ? lançai-je.
— Exactement, plaisanta-t-il.
— Comment tu m’as trouvée aussi vite ?
— C’est assez facile de suivre un humain à la trace. Ton odeur ne s’était pas encore estompée sur le chemin et il est plutôt simple de repérer les endroits où tu as marché.
Je haussai les sourcils.
— C’est flippant, ce que tu dis, commentai-je avec un léger rire.
Le silence nous enveloppa. Je regardai mes mains, triturant mes doigts, nerveuse.
— Emma m’a raconté ce qu’il s’est passé, déclara-t-il soudainement, d’un ton bas.

Je sentis ma poitrine se comprimer. Je plaçai mes mains entre mes cuisses, afin de les cacher, même s’il avait déjà eu le temps de voir les pansements. Mon regard fixa un point, droit devant moi. Il tomba sur le tronc d’un sapin immense.

— Ce n’était rien, répondis-je.
Je tentai de mettre tout l’aplomb dont j’étais capable dans ces paroles.
— Non, riposta-t-il doucement. Ce n’était pas rien. Tu avais peur que je réagisse mal à cause du verre, alors je tiens à te rassurer.
Son corps pivota vers le mien et je sentis ses yeux sur moi. J’hésitai un instant, puis finis par le regarder, timidement.
— Jamais je ne te ferai de mal, m’assura-t-il. Tu es ici chez toi, je me fiche bien de ce que tu pourrais briser, déchirer… De ce que tu pourrais dire ou faire de travers. Et même si tu étais seulement une invitée, ça ne changerait rien.

Je hochai la tête, ses mots me réconfortant. Quelque part, je le savais déjà. Mais cela faisait du bien de l’entendre.
Il baissa les yeux sur mes bras, là où mes manches cachaient mes cicatrices.

— Je ne suis pas cette personne. Et elle ne pourra plus t’atteindre. Je ne la laisserai pas faire.
— Je sais…, chuchotai-je. J’étais seulement prise dans une… crise de panique. Tu n’es pas comme lui. Je suis désolée si j’ai laissé penser que j’en doutais. Sincèrement.
Il secoua la tête.
— Hé… Ne t’excuse pas, me dit-il. Tu n’as rien fait de mal.
Je m’apprêtais à demander pardon pour m’être excusée, par réflexe, mais me ravisai juste à temps. J’opinai.
— D’accord.

Je me mordis la joue et reportai mon attention droit devant moi, sentant que j’allais m’effondrer, si je voyais encore ses yeux emplis d’une compassion ainsi que d’une tendresse profondes envers moi. Ce vampire avait un peu trop de pouvoir sur moi. Il était capable de tout faire chavirer. C’était effrayant. Je serrai un peu plus fort mes doigts contre mes cuisses.

— Rien n’est de ta faute, ajouta-t-il avec douceur. Il est le seul coupable. Et tu n’es pas repoussante.

J’écarquillai les yeux et pivotai à nouveau mon visage dans sa direction. Il leva un bras, lentement, et jaugea ma réaction. Voyant que je ne reculais pas, il fit délicatement passer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

— C’est ce que tu m’as dit, quand tu étais malade, m’apprit-il.
Je fouillai dans mes souvenirs, mais ce moment-là était assez flou.
— Pourquoi est-ce que…
— Tu avais fait un cauchemar, à propos de lui. Je me doute que c’est quelque chose qu’il a pu te répéter par le passé, et que c’est ancré dans ton esprit. Et même alors qu’il n’était pas là tu étais persuadée qu’il te le disait encore, parce que tu penses qu’il a eu raison. (Mes yeux se mirent à me piquer.) Il avait tort, Neeve.

Je hochai la tête, mais plus par automatisme que par réelle conviction. Cependant, ses paroles se frayèrent un chemin jusqu’à moi et m’achevèrent. Pour la première fois depuis longtemps, mes barrières s’effondrèrent, devant quelqu’un. Les larmes débordèrent et ne tardèrent pas à rouler sur mes joues. Mes épaules se mirent à tressauter et j’étouffai des sanglots qui, je le savais, me terrasseraient si je les laissais s’exprimer.

Tout d’abord, je sentis Adam se crisper et j’eus tout juste le temps de voir son expression horrifiée avant d’abaisser mes paupières. Ce vampire vieux de presque quatre siècles et qui devait avoir vu énormément de choses, était épouvanté par la vue d’une personne en pleurs. Cette idée me fit fondre et me serra également le cœur, faisant se rouvrir les vannes. Je me demandai si mes glandes lacrymales n’allaient pas se dessécher. J’étais si sensible à cet instant que j’aurais pu pleurer pour à peu près tout.

Puis il m’attira contre lui. Je me laissai faire et m’agrippai à son bras qui me retenait. Il s’immobilisa un instant, craignant sûrement de faire un geste trop brusque pour moi. Sa prévenance, qui contrastait vivement avec tous les affreux souvenirs qui me traversaient l’esprit, agissait comme un baume, sur mes plaies psychologiques encore à vif. Il me maintint contre lui en caressant mon dos, son visage enfoui dans mes cheveux, jusqu’à ce que je me calme.

— A-t-il été puni ? osa-t-il demander, d’un ton bas.
Je secouai la tête en signe de négation.
— Non…
Je reniflai et tentai de sécher mes joues, même si cela ne servait à rien.
— Au début, je ne voulais pas porter plainte, expliquai-je. Carla, mon amie d’enfance, m’a montré qu’elle serait là pour moi si je décidais de le faire quand même. J’y ai réfléchi. Puis mes psychologues et les gendarmes m’en ont dissuadée. (Une vague de colère que je connaissais bien me saisit, comme à chaque fois que j’en reparlais.) Je n’avais plus aucune trace physique de ce qu’il s’était passé, ce qui compliquait les choses, et ils avaient tendance à dire que c’était de ma faute ou que j’exagérais. J’en avais assez de lutter.

Je crus percevoir une tension, palpable, dans les airs, autour de nous. Alors même qu’il se montrait toujours tendre avec moi, je compris que cette aura sombre émanait de lui. Il était furieux.

— Sais-tu où il est, aujourd’hui ? s’enquit-il.

Je fronçai les sourcils. Je savais pourquoi il me demandait cela. Lui, pourrait le retrouver sans aucun problème et j’étais persuadée qu’il n’aurait aucun mal non plus à le faire disparaître.

— Laisse tomber, Adam, il n’en vaut pas la peine…
Il ne répondit rien.
— Réellement, insistai-je. Ignorer son existence et le laisser derrière, c’est ce qu’il déteste le plus. C’est une bonne punition.

Pas vraiment, mais je ne voulais pas qu’Adam perde du temps avec lui et c’était aussi pour me convaincre moi. Pour me convaincre que, quelque part, il y aurait une sorte de justice sans tomber dans la violence que lui, connaissait bien et n’hésitait pas à utiliser.

Toujours aucune réaction de sa part, mais petit à petit, son aura ténébreuse commença à refluer. J’eus la sensation que l’air était redevenu plus supportable. Son étreinte se raffermit autour de moi, mais il eut comme un sursaut et desserra sa prise.

— Désolé, je ne veux pas te faire peur…
Incapable de le voir s’éloigner ne serait-ce qu’un peu, je m’accrochai à lui avec plus de forces.
— Je ne crains pas que toi, tu m’approches, avouai-je. Je crains bien plus qu’il y ait de la distance.

Ce n’était plus la peine de me mentir à moi-même. Paradoxalement, ces moments de terreur étaient à la fois les pires et les meilleurs pour moi : au moins, je pouvais être certaine de ce que je désirais vraiment et ce dont j’avais besoin. Je ne pouvais qu’être sincère, les mots m’échappaient dans toute leur véracité.
Il me parût soulagé et déposa un baiser sur ma tempe.

— Tant mieux… La dernière chose dont j’ai envie, c’est bien que tu aies peur de moi, mon ange.

« Mon ange » ? Mon cœur fit une embardée et pourtant, je me sentis plus apaisée. Une douce chaleur se répandit dans mon corps et je me surpris à sourire.

Nous restâmes ainsi un long moment, sans bouger. Malgré tout, je sentis mon estomac se tordre d’une appréhension dont j’ignorais la provenance. Désireuse de revenir sur une discussion plus légère, je repris :

— Donc, j’ai l’autorisation de tout casser ? fis-je sur le ton de la plaisanterie.

Étrangement, avaler ma salive me fit mal. J’avais toujours la gorge nouée, même après cette conversation. Il fallait vraiment que je me détende.
Il haussa une épaule avec un sourire en coin.

— Ça pourrait être marrant, répondit-il. Je peux y apporter ma contribution ?
C’était exactement ce qu’avait prédit Emma. Elle le connaissait bien.
— Mmhh… Je me demande si ça serait aussi satisfaisant…

Devant moi, une pièce à moitié plongée dans l’obscurité. Un grenier.
Je clignai des yeux, confuse. J'étais de nouveau assise sur le rocher, à côté d'Adam. Pourquoi avais-je pensé à un grenier ? Je devais être épuisée et commencer à somnoler.

— Bon d’accord, acceptai-je. Mais retiens bien que c'est à contrecœur que...

Je m'interrompis au milieu de ma phrase. Je respirais de moins en moins bien. Quelque chose semblait entraver mes voies respiratoires.

La femme resserra un peu plus la corde, à son cou. Elle fit un nœud avec l'autre extrémité, autour de la poutre, au-dessus d'elle. Elle poussa la chaise sur laquelle elle se tenait debout, à l’aide de son pied. Ses jambes se balancèrent dans le vide.

Je portai ma main à ma gorge, essayant d'arracher ce qui commençait à m'étrangler, les yeux écarquillés. Je commençai à suffoquer.
Aussitôt, Adam me fit me tourner vers lui et son regard balaya mon corps, pour comprendre d’où venait le problème.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta-t-il.

Je pointai ma gorge de l’index. Je ne parvenais plus à respirer du tout.
Pourquoi la vie était-elle aussi injuste ?

Je ressentis si bien le désespoir de la femme, qu'il me fit autant mal qu'à elle. Je me pliai en deux, et je perçus un énorme vide dans mon cœur. Mais ce n'était pas le mien. C'était le sien. Son vide.

Le vampire mit une main dans mon dos, puis une autre sous mes cuisses. Il me souleva et se mit en route pour le manoir. Son expression d’ordinaire si impassible, laissait entrevoir une partie de son affolement. Il n’y avait qu’avec les River ou moi, qu’il acceptait de montrer ses émotions, même s’il était toujours dans la retenue. Là, une lueur de peur scintillait dans ses yeux noirs, ses mâchoires étaient serrées et il me jetait des coup d’œil réguliers.

Je parvins finalement à avaler une infime goulée d’air et une drôle de sensation me prit. Ou plutôt, un instinct. J’avais l’impression que je pouvais y arriver, parce que je n’étais pas la femme qui se pendait, mais elle, était sur le point de succomber, quelque part.
Son visage ruisselait de larmes.
Le mien aussi.

Autant se libérer de toute cette souffrance...
Je pus finalement inspirer un bon coup. Je toussai, puis recommençai, plusieurs fois. Adam me regarda, soulagé, même s’il ne s’arrêta pas.

— A… Att… Attend…, m’étranglai-je.
Je tapotai plusieurs fois son torse pour qu’il ralentisse et finisse par s’immobiliser.
— Il faut… la trouver…

Son regard toujours aussi inquiet, se fit également interrogateur. Le pauvre n’avait aucune idée de ce qu’il m’arrivait. Moi non plus, d’ailleurs.
Quelque chose de très grave était en train de se produire.

~


— À gauche…, indiquai-je.

Ma voix était presque inaudible. Encore une fois, je n’arrivais presque plus à respirer. Plus les secondes s’écoulaient, plus cette sensation d’étranglement se faisait plus forte. Plus la femme se rapprochait de la mort, plus j’en souffrais. Et guidée par un instinct que je n’expliquais pas, je parvenais à deviner où il fallait se rendre.
Je savais qu’il ne restait plus beaucoup de temps.

Adam me portait et courait sur les toits des maisons du village. La nuit était tombée, ce qui lui permettait de ne pas être vu. Et malgré moi, j’essayais d’enlever une corde invisible autour de mon cou. Je n’arrêtais pas de me tortiller car j’avais l’impression d’avoir les jambes dans le vide, et j’étais prise de vertiges.

— C’est par… là ! ajoutai-je quand Adam tourna à gauche.

Je pointai une maison d’un doigt.
On y était.

Je luttai pour cesser de griffer la peau de mon cou. Mon cerveau avait du mal à comprendre qu’il n’y avait pas vraiment de corde. Et petit à petit, cette impression s’effaça. Cela ne pouvait vouloir dire qu’une chose.
Non…

— Ne regarde pas, m’ordonna-t-il.

Il sauta dans la ruelle déserte et ouvrit la porte d’entrée de la maison. Elle n’était même pas verrouillée. La femme voulait que quelqu’un finisse par la trouver.
J’enfouis mon visage contre son torse afin de ne pas voir la scène macabre à laquelle il ferait face.

— Et… toi… ?
— Crois-moi, j’en ai vu, des choses.
Certes, mais il n’aurait pas dû avoir à le supporter encore une fois.
— Le grenier…, murmurai-je.

Je devinai aux secousses de son corps, qu’il grimpait des marches. Cela dura quelques secondes, puis j’entendis le grincement d’une autre porte.
Puis il se figea.

Même sans voir ce qu’il se passait, une énergie pesante, effroyable, planait dans la pièce qui sentait le renfermé.
Adam n’amorça pas un geste pour aller aider la femme. Je pouvais à nouveau respirer normalement.
Nous étions arrivés trop tard.

— C’est fini…, chuchota-t-il.

Je crispai les paupières et dus me mordre l’intérieur de la joue pour ne pas laisser échapper un sanglot.
Et, sans pouvoir m’en empêcher, je regardai.

Cela me frappa, au plus profond de mon âme. Le visage de la morte m’était familier. De longs cheveux blonds. Des yeux d’un bleu profond.
Il s’agissait de la femme pendue que j’avais vu plusieurs fois, en rêve.

~


— Tu as eu une vision.

Je ne relevai pas la tête. Je savais que je croiserais le regard inquisiteur de Lucian et j’étais encore trop secouée par ce qui venait de se passer pour pouvoir l’affronter.

Cela faisait environ une demi-heure que nous étions rentrés, Adam et moi. Il était d’ailleurs posté dans l’encadrement de la porte du salon, les bras croisés. Il paraissait toujours tendu, prêt à bondir. La lueur d’inquiétude dans ses yeux ne s’était pas éteinte, depuis qu’il m’avait vu peiner à respirer, même si c’était fini. Et avec l’affreux spectacle qui avait eu lieu par la suite, il n’avait pas été rasséréné.

Après notre découverte, nous étions sortis de la maison et il m’avait déposée sur le toit. Il m’avait demandé de ne pas bouger et de l’attendre ici. De toute façon, je ne pouvais pas aller bien loin. Ce n’était pas comme si je pouvais sauter d’une telle hauteur en espérant m’en sortir vivante.

Il avait interpellé un voisin qui rentrait visiblement chez lui, et lui avait murmuré quelque chose. Ensuite, il était revenu près de moi. Quand je lui avais demandé ce qu’il lui avait dit, il avait répondu qu’il l’avait hypnotisé, pour qu’il aille rendre visite à la femme au funeste destin, afin que quelqu’un retrouve son corps au plus vite.

— Je ne sais pas si on peut appeler ça comme ça, doutai-je.

Je savais, que c’était pourtant bien le cas. Comment expliquer cela autrement ? Mais j’étais encore dans le déni et chamboulée. Au départ, j’avais même dit que j’avais fait ces rêves parce que je vivais des moments particulièrement stressants et que les souvenirs de ma mère me revenaient, même si ce n’était pas son visage que j’avais vu.
Je mordillais l’ongle de mon pouce, de nervosité, et mon pied tapotait le sol de manière compulsive. Je ne pouvais plus l’arrêter.

— D’après ce que tu nous décris, cela y ressemble grandement, reprit Lucian.
Sa voix était posée, calme. Il devait craindre que je craque à tout moment.
— Mais non je... J’ai rêvé qu’elle se pendait oui, mais pas dans un grenier, c’était dans un placard ! m’exclamai-je.
Je me rendis compte de l’absurdité de ce que je venais de dire.
— Neeve…, commença le vampire assis en face de moi, sur le fauteuil.
— Je sais, le coupai-je. Je sais.

Je me pris la tête dans les mains. Je venais de leur expliquer que la nuit où j’avais été somnambule, j’avais aperçu cette femme pendue. Puis, à nouveau en rêve. Et peu de temps avant que le drame ne survienne. La première fois, je n’avais rien ressenti de spécial, j’avais seulement entendu des sanglots. Dans mon songe, il y avait aussi eu la sensation de ne pas respirer correctement. Et enfin, je m’étais mise à suffoquer.

J’avais eu la vision d’une mort à venir, et plus l’échéance approchait, plus ça en devenait douloureux pour moi. Si j’acceptais cette idée, alors je devais aussi accepter le fait que cela pourrait arriver à nouveau. Seulement, je ne voulais pas voir d’autres morts, ni les ressentir. C’était beaucoup trop.
J’avais envie de croire que ce n’était qu’un cas isolé. Pendant encore un instant.

— Est-ce qu’il y a déjà eu une autre fois, où quelque chose de similaire se serait passé ? me questionna le vampire brun.

Je secouai la tête.
Je relevai les yeux lorsqu’ils perçurent un mouvement. Adam avança dans la pièce.

— Peut-être que si, déclara-t-il doucement.
Je fronçai les sourcils. Il s’arrêta près du fauteuil sur lequel était assis Lucian. Ce dernier le regardait avec interrogation également.
— On s’est toujours demandé comment j’avais pu être appelé dans tes rêves, reprit Adam. Nous avons peut-être un élément de réponse, maintenant.

Je le fixai, surprise par ses paroles. Le fait qu’il vienne de dire ça devant Lucian, qui n’était pas au courant jusque-là, me semblait dérisoire. Le choc se lut sur son visage et son regard passa d’Adam à moi, puis à nouveau à lui.

— Vous avez partagé des rêves ? s’étonna-t-il.
— Oui, répondit son ami sans me quitter des yeux. Elle m’a appelé alors que nous ne nous étions jamais rencontrés.
J’avais peur de voir où il voulait en venir. Je me redressai et mon pied cessa subitement de battre la mesure.
— Tout comme tu m’es apparue en projection astrale parce que tu avais dû penser à moi, reprit Adam, tu m’avais peut-être aperçu en vision, sans que tu n’en aies le souvenir. Et inconsciemment, tu m’aurais appelé.

Je baissai les yeux, considérant ce qu’il venait de dire. Je me retins de protester par réflexe. Finalement, je ne voyais pas ce que ça aurait pu être d’autre. Il avait déjà vécu presque quatre siècles, il avait pleinement eu le temps de prendre conscience de chacun de ses pouvoirs. Il disait qu’il pouvait contrôler les rêves, ce qui était propre à lui seul, ainsi qu’être appelés dedans comme les autres vampires, mais qu’il ne pouvait pas établir de lien avec une personne qu’il n’avait jamais vu si elle ne l’invoquait pas en premier.
Moi, j’en étais encore à découvrir des choses sur moi-même. Alors cette part de mystère devait venir de moi.

— Ce ne serait donc pas seulement pour prédire des morts, intervint Lucian.
Je serrai les dents.
— Je préfère largement avoir une vision d’une personne que je vais rencontrer sans qu’elle ne meure, grommelai-je pour moi-même.

Je n’avais pas hâte de réitérer cette expérience de décès imminent.
J’eus un sursaut quand une idée atroce traversa mon esprit. Je rivai mes yeux sur Adam, le cœur battant à vive allure. Les deux hommes, qui devaient très bien entendre mon palpitant, affichèrent une expression inquiète.

— Que se passe-t-il ? s’enquit Lucian.

Et si j’avais eu une vision du vampire à la tignasse blond foncé, parce qu’il allait mourir ? Je n’aurais peut-être encore rien senti, ni rien vu de morbide, parce que cela arriverait dans plusieurs semaines ? Ou plusieurs mois ?
J’écarquillai les yeux.

Non. Non, non, non. Ça, je ne le supporterais pas.
Mes lèvres se mirent à trembler et je pris une grande inspiration pour m’exprimer avec clarté et ne pas laisser ma voix déraper.

— D’accord, débutai-je. À partir de maintenant je vais consigner tout ce que je pourrai voir en rêve ou en pleine journée - même si ce ne sont que des hallucinations, je m’en fous -, quelque part.

Je réfrénai une montée d’adrénaline et d’affolement, alors qu’ils étaient pendus à mes lèvres.
Des hallucinations... Non. Connor ne viendrait pas ici. Les « tic, tac » n’étaient qu’un reflet de mon traumatisme. Le fait de le voir alors qu’il n’était pas présent, également.

Je me repris. Je ne devais pas mettre cette idée de côté par simple déni.
Mais je me rendis compte que face à l’éventualité qu’Adam meurt, celle-là était plus tolérable.

— Dès que j’aurai un mauvais pressentiment, je vous en ferai part, promis-je. J’espère vraiment que les visions ne sont pas toujours liées à la mort parce que…
Je dus m’interrompre une seconde, sentant que je partais petit à petit dans les aigus, ce qui trahissait ma panique.
— Parce que je refuse d’assister à ta mort, terminai-je en fixant Adam. Jamais. Hors de question. Que ce soit en vrai, ou en vision, d’ailleurs. (Je levai un index dans sa direction.) Mais si ça arrive en vision, je vous dirai tout et on fera en sorte que ça ne se produise pas.
— Je ne vais pas mourir, fit Adam avec conviction en s’approchant encore.

Je me levai et soutins son regard. Je sentais mes yeux me piquer et une vague de colère m’envahir. Pas contre lui, mais contre l’univers tout entier s’il décidait que cet homme devait mourir. Et qu’en plus de cela, j’y assisterais par deux fois.

— Évidemment que non, rétorquai-je.
J’étais un peu trop agressive, pour quelqu’un qui était convaincu.
— Bien sûr que non, tu ne vas pas mourir, répétai-je. Je ne sais même pas pourquoi j’en ai parlé, en fait.
Et voilà. Le déni qui revenait au galop.
— C’était une vision qui n’avait rien à voir, j’en suis sûre, enchaînai-je.

Je faillis craquer devant ses yeux noirs sans fond. Son visage laissait voir sa peur, bien plus qu’auparavant, laissant de côté l’envie de rester impassible. Il n’avait pas peur pour lui - car il ne donnait pas vraiment l’impression de se soucier de lui-même, et ça me frustrait et me donnait envie de l’enlacer, de savoir qu’il se fichait sûrement de son sort -, mais pour moi. Ainsi qu’une autre émotion mêlée à de la tendresse, que je ne pourrais pas supporter à ce moment précis sans fondre en larmes.

Le silence tomba et je décidai de me rassoir. C’était ça, ou prendre la fuite, mais il y avait encore des choses que je voulais demander. Je sentais leurs yeux sur moi, mais pour ma part, je fus soudainement fascinée par le bois de la table basse.

— Bien, repris-je après m’être raclée la gorge. Jusqu’ici, on a vu que j’étais capable de contrôler des ombres, de télékinésie, d’envoyer des salves d’énergies, de projection astrale et maintenant, de visions. Ce qui me fait cinq dons, si on n’en découvre pas d’autres par la suite.
Manquerait plus que ça.
— Connaissez-vous d’autres personnes qui en posséderaient autant ? demandai-je, frôlant le rire nerveux. Et humains ? Déjà que des humains avec des pouvoirs ne doivent pas courir les rues…
— Je n’en ai pas connu personnellement, répondit posément Lucian. Mais ce n’est pas impossible. Ton père était puissant et… je crois bien qu’il était doté de visions et de projection astrale, lui aussi. Tu en as hérité, en plus des ombres.
Ma gorge s’assécha et mon attention fut toute à lui.
— Le reste devait venir de ta mère, poursuivit-il.
— Pardon ? fis-je du tac-au-tac, la surprise me saisissant.
Je secouai la tête.
— Elle n’avait aucun pouvoir, affirmai-je.
— Elle en avait peut-être bel et bien, soupira-t-il.

Non. Impossible. Elle ne pouvait pas avoir eu aussi peur de ma magie, alors qu’elle-même en était douée ? Cela aurait été profondément injuste, qu’elle refuse donc de m’aider.

— Vous comptiez m’en parler un jour ? m’agaçai-je.
— Je n’en étais pas certain. Elle était toujours restée assez secrète, m’expliqua-t-il. Les pouvoirs la rendaient méfiante, même si elle vivait avec ton père.

Cela fit écho à certains souvenirs. Lorsque j’avais découvert ma capacité d’ombres, ma mère m’avait immédiatement fait comprendre que je ne devais jamais y faire appel. Elle avait été le point de départ de ma crainte, vis-à-vis de cela. Alors que je lui disais que je pourrais mieux nous défendre, à l’avenir, contre d’autres vampires qui voudraient nous attaquer, elle m’avait répondu que c’était mal, dangereux. Et pendant des années, j’avais repoussé ce don autant que je l’avais pu.
Lucian ne mentait sans doute pas. Quelle raison aurait-il eu à le faire, d’ailleurs ?

— Donc c’est à elle que je dois la télékinésie et les énergies…, chuchotai-je.
J’essayai de me souvenir de moments où elle aurait laissé voir cela, par inattention. Mais rien ne me revenait.
— Si ce n’était pas elle, alors tu dois tenir ça de certains de tes ancêtres, continua-t-il.

Je hochai la tête, puis poussai un long soupir. Ça faisait beaucoup pour cette nuit. Je me relevai, plus lentement, cette fois. Le reste des révélations m’avait vidée.

— Je vais aller me coucher, annonçai-je.
Je les regardai tout de même avant de m’éloigner.
— Merci. Pour tout, fis-je avec sincérité.

Ce qu’ils me disaient ne me plaisait pas, mais j’étais capable de reconnaître l’aide que cela m’apportait.
Alors que j’avançais dans le salon, je m’arrêtai près d’Adam. Bien que je veuille regagner ma chambre pour être un peu seule, je craignais d’être assaillie par des images horribles en fermant les yeux, ou seulement en était face à mes pensées. Mais lui aussi, avait vécu ça.

— Est-ce que ça va ? lui soufflai-je.

Il ne répondit pas tout de suite, me regardant avec un mélange d’anxiété et de surprise. Cette fois, ma poitrine se serra pour une autre raison. Je me demandai si les gens prenaient la peine de lui demander s’il allait bien, quand il était clair que non, même s’il essayait de ne rien montrer. Si oui, pourquoi était-il aussi étonné que quelqu’un s’inquiète de ce qu’il ressentait ?
Il finit par hocher la tête. J’esquissai un sourire triste et mis ma main sur son bras, avant de sortir de la pièce.

Peut-être que j’aurais pu accepter un pouvoir en plus : celui de contrôler les rêves, moi aussi. Car j’aurais pu l’aider, à son tour, pendant ses cauchemars.
J’étais certaine qu’il en faisait souvent.

~


Je rouvris les yeux, incapable de me concentrer. En face de moi, Cristobal affichait une mine patiente, presque paternelle, comme s’il essayait d’apprendre quelque chose à une enfant.

Je parvenais à faire apparaître mes ombres, seulement, j’avais plus de mal que d’habitude à remplir les consignes données. Je ne cessais de repenser à la femme pendue et, cette image renvoyait à ma mère, puis au seul autre cadavre que j’avais vu, le vampire que Lucian avait achevé pour me sauver.
Cela ne quittait pas mon esprit, depuis que je m’étais réveillée.

— Je suis épuisée, lâchai-je en ramenant mes mains vers moi, sur la table.
— Tu as surtout l’âme encombrée, commenta-t-il.
J’eus un petit sourire. C’était joliment dit.
— Sais-tu à quoi je pense ?
— Je n’en ai pas la moindre idée. Je ne suis pas encore télépathe. Je vous préviendrai quand ça sera le cas, répondis-je très franchement.

Cela ne me paraissait pas impossible, en plus. Au point où j’en étais…
Il secoua la tête avec un sourire amusé.

— Tu devrais faire une pause. Prends quelques jours pour souffler ou faire seulement ce dont tu as envie. Si tu veux t’entraîner, d’accord, mais il faut que tu le désires. Ne le fais pas simplement parce que tu te sens obligée, me conseilla-t-il. Si tu décides de le faire, débrouille-toi pour que ça te serve de défouloir.

Je méditai là-dessus, puis opinai. Depuis que j’avais commencé les entraînements, il ne s’était passé que quelques jours pendant lesquels je n’avais pas fait appel à mes pouvoirs : quand il s’agissait des débuts et que je devais me reposer après plusieurs démonstrations, ou lorsque j’étais malade à cause de l’Elixir.
Il se leva.

— Je vais travailler, annonça-t-il. Si tu veux continuer, alors je suis là, même si tu as vraiment besoin d’une pause. Si non… Eh bien, je serai quand même là pour discuter, si tu le souhaites.

Il se dirigea vers son bureau et fit tomber un stylo sur le sol. Je savais que s’il était aussi maladroit, c’était à cause de sa magie qui lui en faisait voir de toutes les couleurs. Je me rendis compte que mes émotions négatives devaient le heurter, alors je tentai de me détendre. Quand il refit surface, son stylo à la main, il leva un sourcil dans ma direction.

— Je sais ce que tu es en train de faire, déclara-t-il. (J’avais l’impression d’avoir été prise la main dans le sac en train de commettre une bêtise.) C’est gentil de ta part. Mais ne t’en fais pas, tu n’y es pour rien et surtout, je sens quand même ton malaise, au fond.
Je grimaçai.
— Tant pis.
— Défoule-toi, répéta-t-il. Et n’hésite pas à parler à ceux qui t’entourent, si ça ne va pas. Tu peux aussi compter sur moi.
— Merci. Et vous m’aidez déjà beaucoup.
— Ah et dernière chose. (Il leva un index.) Tu peux me tutoyer. Je me sens trop vieux, sinon.
Sa remarque m’arracha un rire, auquel il répondit par un sourire. Je hochai la tête pour marquer mon accord.
— Tu peux rester ici, si tu le souhaites, me dit-il. Tu ne me dérangeras pas. Et contrairement à ce que tu penses, tu dégages quelque chose de serein.

J’étais surprise. Moi qui croyais ajouter du stress à sa vie…
Il traversa la pièce et alla s’asseoir sur sa chaise. Il sortit un cahier dans lequel il se mit à écrire frénétiquement. Il me semblait qu’il rassemblait autant d’informations que possibles sur mon avancée, ou sur les pouvoirs en général. Du reste, je ne lui avais jamais vraiment demandé en quoi consistait son travail.

Je me demandais ce que j’allais faire, maintenant. Je ne devais pas travailler et je venais de décider de me laisser au moins le reste de la journée pour souffler, sans m’entraîner. Seulement, j’allais finir par me retrouver avec mes pensées morbides, sans rien pour me distraire.

J’optai pour une autre solution : rester ici, dans cet endroit calme, et dessiner. Cela me permettrait de m’occuper l’esprit. Je branchai mes écouteurs et lançai ma playlist, sur mon portable, puis sortis mon carnet à dessin ainsi que mes crayons. Après une hésitation, je tournai les pages jusqu’à tomber sur le croquis d’Adam, que je n’avais pas encore terminé et que je n’osais pas vraiment poursuivre, de peur que quelqu’un ne tombe dessus. Déjà que Nora l’avait vu…
Là, Cristobal était accaparé par ses notes, et il n’y avait personne.

Avec enthousiasme, je saisis mon crayon et commençai. Je perdis la notion du temps mais je veillais à garder un œil sur le vampire à l’autre bout de la pièce, au cas-où il voudrait me parler, attirer mon attention.

Je me mis à chantonner sur Thunderstruck, de ACDC, tandis que je dessinais les épaules. Je me rendis compte que j’étais bien plus détendue. Et ce n’était pas tant grâce à l’activité, que le croquis en lui-même.

J’étais profondément absorbée par ma tâche. Si bien que je sursautai lorsque Adam prit place sur la chaise en face de moi, alors que je fredonnais « I was shaking at the knees/Could I come again please? » J’enlevai mes écouteurs, le cœur battant, et éteignis la musique.

— Je te trouve toujours ici, sourit-il.

Je refermai mon carnet et le reposai sur la table, comme si de rien n’était. Je me maudis de ne pas avoir fait plus attention. J’avais fini par être vraiment distraite, contre toute attente.

— Eh bien c’est plutôt calme… Et Cristobal dit que ma présence est apaisante.

Le vampire jeta un regard curieux au quadragénaire qui était plongé dans ses écrits et ne faisait pas attention à nous. Je rouvris mon carnet, mais à une autre page. Je me mis à improviser la silhouette d’un chaton.

— C’est vrai qu’il a l’air beaucoup plus serein que d’habitude, remarqua-t-il.
— Je suis peut-être magique, me vantai-je, les yeux baissés sur mon travail pour me donner une contenance.
Il se mit à suivre mes gestes du regard et je finis par relever les yeux vers lui avec un air interrogateur.
— Tu avais besoin de quelque chose ? m’enquis-je.
— Cris m’a demandé de lui rapporter un livre, ce que j’ai fait.
J’attendis qu’il développe, mais il ne dit rien. Je savais qu’il le faisait exprès, en plus. Il n’y avait qu’à voir son sourire en coin.
— Et… ? l’encourageai-je à poursuivre.
— Je t’ai vu assise là, et j’ai eu envie de te tenir compagnie. Mais je t’en prie, continue.
Je sentais que je n’allais pas m’ennuyer.
— Qu’est-ce que tu dessines ? me demanda-t-il.
Je tournai le carnet vers lui.
— Ça ne ressemble pas à grand-chose, en attendant, mais ça va devenir un chat, précisai-je.
Il fit mine d’étudier les traits, un doigt sous le menton.
— J’espère pour lui que ça ira vite, il n’a pas l’air d’aller bien, me taquina-t-il.

J’attrapai ma gomme et la lui lançai en visant son visage. Mais il la rattrapa en plein vol en un réflexe d’une rapidité surhumaine. Mince.

— Je t’aurai la prochaine fois, le prévins-je.

Il souffla du nez, visiblement amusé. Je fis en sorte de ne pas montrer que je l’étais également. Mais c’était peine perdue.
Le silence retomba et je continuais à dessiner en me faisant la réflexion qu’il allait bien finir par s’ennuyer, seulement, il ne cessa de me regarder fixement. Si bien que j’étais à deux doigts de laisser tomber ce que je faisais pour aller ailleurs ou lui demander s’il voulait aller se balader, tant qu’il arrêtait. Parce que je luttais pour ne pas rougir.

— Quoi ? finis-je par lui chuchoter.
— J'ai envie de savoir au bout de combien de temps tu commenceras à en avoir marre de moi, fit-il avec malice.
— Ça t’aiderait si je te disais que c’est déjà le cas ?
— Tu n’en penses pas un mot.
Et si je lui lançais ma trousse complète dessus, au lieu de me contenter de la gomme ?
— Est-ce que je peux jeter un œil à tes autres dessins ? m’interrogea-t-il subitement, l’air très sérieux.

Je ne répondis pas tout de suite.
Alerte ! Alerte !

— Euh… Je… Il n’y a rien de bien intéressant…
— J’aimerais beaucoup voir le saule pleureur.
Je me figeai.
— Comment sais-tu… ?

Et soudain, je me souvins. C’était assez flou, mais il me semblait que je lui en avais parlé, alors que j’étais malade. J’avais totalement oublié ça.

Mes joues menaçaient de prendre feu. Je finis néanmoins par acquiescer et lui montrer le saule pleureur, terminé et colorié. Il l’observa un moment, avec un sourire attendri sur les lèvres, ce qui me fit fondre. La vue de ce lieu, même dessiné, était aussi apaisant pour l’un que pour l’autre.

— C’est très réussi, me complimenta-t-il.
— Merci…
— Et… où est-ce que je suis ?

Je compris qu’il ne parlait pas de son habituelle présence près du saule, mais bien du croquis le représentant. Ma gorge s’assécha. Évidemment… j’avais lâché cette information, également.
Je me mordis la lèvre inférieure, puis lui montrai.

Il étudia longuement son dessin et une certaine surprise se lut sur ses traits. Même… un choc. Quelque chose de plus sombre passa dans son regard, mais je n’aurais su dire ce dont il s’agissait.

— C’est… comme ça que tu me voies ? murmura-t-il avec étonnement.

J’inclinai légèrement la tête sur le côté, puis rivai mes yeux au dessin. Avais-je fait quelque chose de mal ? Était-ce si peu flatteur ?
Même si ce n’était pas terminé, j’avais déjà tracé un sourire sur son visage. Pas son sourire en coin qu’il arborait presque toujours, mais un autre, que j’avais déjà entrevu, plus joyeux, sans malice. Et j’avais tenté de reproduire la lueur de tendresse que j’avais perçu parfois, dans son regard. J’ignorais si c’était réussi ou non. Et si c’était le cas, peut-être qu’il n’aimait pas ça ?
Je haussai une épaule et lui repris le carnet des mains. Je le refermai en me forçant à paraître désinvolte.

— Il n’est pas terminé alors ce n’est peut-être pas une réussite, pour le moment, fis-je en commençant à ranger mes affaires.
— Ce n’est pas ça. C’est juste…

Il ne termina pas sa phrase et je stoppai mon geste. Je le regardai avec inquiétude, alors que ses yeux étaient tout à coup dans le vague.

Et je compris. Après tout ce qu’il avait pu dire, notamment sur le fait que les vampires n’avaient sûrement pas leur place dans ce monde, et après avoir observé son comportement, le fait qu’il ne faisait pas vraiment attention à lui, je fis le lien.
J’avais réussi à retranscrire ses émotions, là n’était pas le problème. Il devait simplement penser qu’il était bien plus monstrueux que ce que j’avais dessiné.

— Oui, répondis-je enfin à sa question. C’est comme ça que je te vois.
Je lui souris et me levai. Il revint à la réalité et son regard sur moi fut d’une telle intensité que je faillis en avoir le souffle coupé.
— Tu veux aller prendre l’air ? proposai-je.

~


— Comment tu te sens ?

La voix d’Adam me tira de mes pensées. Je continuai à regarder le bout de l’allée menant au portail, les mains enfoncées dans les poches de ma fine veste beige.

— Encore un peu secouée, admis-je.

C’était un euphémisme. Je n’avais pas réussi à fermer l’œil car la silhouette pendant dans le vide de la femme, le visage de ma mère, ainsi que le cadavre disparaissant du vampire, hantaient mon esprit.

— Et toi ? soufflai-je.
— Ça va, répondit-il sur un ton plutôt neutre.

Je me demandais si c’était réellement le cas, parce qu’il avait déjà vu des horreurs, ou s’il essayait de s’en convaincre lui-même. Je lui jetai un bref regard discret. Il n’exprimait pas d’émotion particulière. J’ignorais même ce qu’il pouvait éprouver, intérieurement, bien que je puisse avoir ma petite idée.
Je cessai de marcher et me tournai vers lui.

— Tu en es sûr ? insistai-je avec douceur.
Il fronça les sourcils et se stoppa à son tour. À nouveau, il arbora un rictus en coin.
— Pourquoi ne le serais-je pas ?
— Parce que j’ai l’impression que tu essayes de cacher ce que tu ressens, la plupart du temps.

Je soutins son regard, alors que son sourire s’effaçait. J’avais visé juste. Il inclina la tête sur le côté, toujours avec son air sérieux, et fit un pas en avant, en face de moi. Je ne bougeai pas.

— Qu’est-ce qui te donne cette impression ? releva-t-il.
Sa voix grave, un brin sévère, me fit frissonner.
— Je ne le sais pas vraiment, avouai-je sans détourner les yeux des siens. Si je ne me trompe pas, alors je le sens. C’est tout.

Il ne répondit rien, se contentant de m’observer pendant encore quelques secondes. Puis il recula et se remit en marche, mais lentement, pour m’attendre. Je le rattrapai. J’avais conscience que je venais de mettre un malaise entre nous.

— Notre petite virée sur les toits du village était assez impressionnante, lâchai-je en me forçant à sourire.

Je retins une grimace. Ce n’était peut-être pas le moment de faire référence à la course folle, visant à arriver à temps pour sauver la femme pendue. Et pas l’idéal pour me rattraper.

— Tu trouves ? répondit-il.

Je fus soulagée. Il ne l’avait pas mal pris.
J’opinai. Il haussa une épaule.

— Sûrement. J’ai l’habitude alors je ne m’en rends pas vraiment compte, expliqua-t-il en regardant droit devant lui.
— Oh non, ricanai-je. Tu vas nous la jouer « vampire blasé » ?
J’affichai un sourire moqueur auquel il répondit par une expression similaire.
— Je ne peux plus être blasé tranquillement, alors ?
— C’est juste que ça fait un peu cliché, le taquinai-je.
— C’est dingue, ça. Personne ne me jugeait avant que tu n’arrives, soupira-t-il de manière théâtrale.
— Pas sûr.
— Au moins, je n’entendais personne le faire, répliqua-t-il.
Je retins un nouveau rire et fis mine de fermer ma bouche à double tour, avant d’en jeter la clé imaginaire.
— Je ne dirai plus rien là-dessus, promis-je.

Son regard me fit comprendre qu’il ne me croyait pas. Il avait bien raison.
Je décidai de revenir au sujet principal :

— C’est vrai qu’il y a des tas de choses que vous pouvez faire qui ont l’air… vraiment cool.
— Comme quoi ?
— Sauter du haut d’un toit sans vous faire mal, vous rattraper à un autre bâtiment, grimper sur les murs, énumérai-je.
— Alors tu trouves ça cool d’être Spider-Man ?
— Carrément.
Mes lèvres s’étirèrent et mon regard se perdit dans l’horizon, pour laisser place à une expression rêveuse.
— Voler, ajoutai-je.
— Voler ?
— Oui. J’aimerais beaucoup savoir ce que ça fait.
Je sortis mes mains de mes poches pour croiser mes bras.
— Ça doit être… génial. Mieux que de courir sur les toits ou de marcher dans le vide avec Lucian. Et je n’étais pas vraiment moi-même, dans ces moments-là.
Cette fois, ce fut à son tour de s’arrêter. Je l’imitai, surprise.
— Et là, tu es toi-même ? s’enquit-il.
— Euh… oui ?

Il tendit sa main vers moi avec un sourire qui aurait pu être un peu effrayant, si je n’avais pas décelé une douce lueur dans ses yeux. C’était un sourire qui invitait à le suivre avec fascination, et une pointe d’appréhension.

— Tu veux savoir ce que ça fait ? insista-t-il.

J’hésitai pendant une seconde seulement. Puis je tendis ma main pour prendre la sienne. Il me tira doucement vers lui. Je me rapprochai de plus en plus, jusqu’à ce que mon visage soit presque collé à son torse. Il passa ses bras autour de moi.

— Accroche-toi, me murmura-t-il.

Ce que je fis. Je m’agrippai à ses épaules et il resserra son étreinte. Nous étions si proches que je devais lever la tête pour le regarder.

Pendant un court instant, il laissa entrevoir un air attendri. Puis, en un geste qui m’étonna, il se pencha pour déposer un baiser sur mon front. Et je me rendis compte, lorsqu’il se recula légèrement, que j’étais déçue que ce contact ne se prolonge pas.
Je baissai les yeux lorsque je sentis que nous étions soulevés. Mes pieds quittèrent la terre ferme. Nous nous élevâmes de plus en plus haut et mon souffle se coupa. Au début, mes jambes battirent légèrement, mon cerveau ayant du mal à se faire à l’idée que je me trouvais suspendue dans le vide. Mais je cessai rapidement et au lieu d’avoir peur, l’excitation et l’allégresse montèrent en moi. Une exclamation de joie m’échappa. Son odeur fraîche et poivrée parvenant à mes narines contribua à mon état extatique.

Bientôt, nous allâmes plus haut que la cime des arbres du jardin. Mon regard finit par retrouver celui d’Adam. Il souriait également en voyant ma réaction.

— C’est…

Incroyable.
Il nous fit nous stabiliser. Nous faisions du surplace, oscillant seulement légèrement de haut en bas. Le vent faisait onduler nos cheveux et même si j’avais un peu froid, ce n’était rien comparé à ce que je ressentais à ce moment précis, à léviter, dans les bras d’Adam. J’étais si légère que quelques ombres m’échappèrent, inoffensives.
Quand je voulus les ramener à moi, le vampire secoua la tête.

— Laisse-les s’exprimer. Sers t’en pour essayer de voler par toi-même, me conseilla-t-il.
Je haussai les sourcils.
— Tu penses que je peux faire ça ?
— Tu peux faire bien des choses, avec ce pouvoir, renchérit-il. Pourquoi pas ?

Après tout, je n’avais rien à perdre à essayer. Je rassemblai mes ombres et en invoquai d’autres. De grosses volutes apparurent et j’en visualisai certaines sous mes pieds. Elles furent tout autour de moi, pour me tenir, puis je sentis comme de fins coussins, sous mes chaussures. J’écarquillai les yeux et regardai en bas. Je marchais sur des nuages obscurs.

— Bien…, fit Adam.

Il desserra son étreinte, ce qui m’inquiéta au début, mais il me rassura d’un regard. Il ne me lâchait pas pour autant, il voulait simplement que je constate…
… que je flottais par moi-même.

Du moins, en grande partie, parce qu’il me maintenait. Mes ombres n’étaient pas encore assez puissantes pour que je tienne toute seule. Mon cœur se gonfla d’un tel bonheur que je crus qu’il allait exploser.
C’était tout simplement magique.

Je fermai les yeux un instant, pour m’imprégner de ce qui nous entourait. J’avais la sensation que nous étions enfermés dans une bulle de sérénité. Mes paupières se soulevèrent à nouveau.

— C’est si… silencieux…, chuchotai-je.
— Pas pour moi, sourit-il.
Mes yeux survolèrent la forêt avoisinante, et je lui rendis son sourire.
— C’est vrai. Tu dois entendre la faune, le vent, chaque craquement, de manière amplifiée.
— Oui, mais ce n’est pas de ça dont je parle.

Je le toisai avec un air curieux, et je retrouvai mon sérieux en voyant son sourire disparaître petit à petit, laissant place à une expression sincère. Ses yeux noirs, rivés aux miens, étaient deux puits sans fond d’une intensité rare.

— Ton cœur, révéla-t-il. Je l’entends battre si fort, comme s’il allait t’échapper…
Il leva une main pour écarter une mèche rousse de devant mon visage.
— Il paraît prendre toute la place, au milieu de tous ces vampires si discrets.
Je ne répondis rien, me contentant de le couver des yeux, incapable de faire quoi que ce soit d’autre.
— J’aime beaucoup ce son… Dans ce silence, il résonne comme une véritable mélodie.

Ses mots transperçaient ce cœur dont il parlait de la plus douce des manières et laissaient une chaleur diffuse dans leur sillage. Le silence nous enveloppa et aucun de nous ne détacha son regard de l’autre.

Ses doigts passèrent de mes cheveux à ma joue, s’y attardant. Je ne fis rien pour m’écarter. Je ne voulais pas m’écarter.
Quelque chose dans l’atmosphère changea. Tout le reste semblait avoir disparût. J’inclinai mon visage et il abaissa le sien afin qu’il soit plus proche du mien. Mais il suspendit son geste, hésitant, bien que je puisse lire son envie dans ses yeux. Il ne voulait pas me brusquer.

J’ordonnai à mes ombres de me surélever légèrement. Je me retrouvai à sa hauteur, et je fermai les yeux, lui montrant que j’étais prête.
Nos lèvres se rencontrèrent un instant plus tard. Au début, ce fut un frôlement, puis le baiser se fit plus appuyé. À mon tour, je passai une main sur sa joue, sa peau étant si douce sous ma paume. Il accentua sa caresse sur mon visage, tandis que nos bouches commençaient à se mouvoir ensemble, l’une contre l’autre.

J’avais à la fois pleinement conscience de ce qui était en train de se passer et en même temps, j’avais peur que tout ça ne soit qu’un doux rêve. Ce que je savais, en revanche, c’était que je ne voulais pas que ça s’arrête. Pour rien au monde. Je me laissai porter.

Je finis par être déconcentrée, et je perdis le contrôle sur mes ombres. Je me sentis happée par le vide, mais j’eus à peine le temps d’être surprise. Adam resserra son emprise sur moi, son bras dans mon dos, afin que je ne chute pas. Je m’accrochai d’autant plus à lui, mais pas par peur de tomber.

Je sentis la pointe de sa langue contre mes lèvres, et je les entrouvris pour qu’elle aille à la rencontre de la mienne. Ce contact m’électrisa et un soupir m’échappa. Ce son dut lui faire de l’effet, car le baiser se fit plus fougueux. Je sentis même la pointe d’une de ses canines. Ses crocs avaient poussé, sans que je ne saisisse pourquoi, dans mon esprit embrumé. Mais contrairement à ce que j’aurais pensé, cela ne m’inquiéta pas. Ils ne m’égratignèrent pas. Et c’était Adam.

Il détacha cependant ses lèvres des miennes. Je fus un peu confuse pendant une seconde, ne comprenant pas pourquoi il s’était reculé. Puis je me rendis compte que ses iris noirs étaient striés de rouge. Je sentis mon cœur battre plus vite. Se méprenant sur ma réaction, il détourna les yeux. Je mis mes doigts sous son menton pour qu’il me regarde à nouveau, lui montrer que je n’étais pas effrayée.

— Ne te cache pas de moi…, le priai-je.
Je lui souris afin de le rassurer.
— Est-ce que tu as faim ? tentai-je de deviner.
Un léger rire fit vibrer sa cage thoracique.
— Nos yeux ne changent pas seulement sous le coup de la faim, m’apprit-il.

Oh. Oh.
Alors il s’agissait de l’excitation. Je me sentis rougir, pourtant, je souriais toujours.

— Pourquoi t’es-tu reculé ? demandai-je.
— Parce que je n’ai pas pu retenir mes crocs et le changement dans mes yeux. Je ne voulais pas que ça te fasse peur, si ça s’intensifiait, avoua-t-il.
Je mis ma tête contre son torse et l’entourai de mes bras. Il fit de même.
— Je sais que tu es un vampire, Adam, murmurai-je. Si j’accepte de t’embrasser, j’accepte aussi le fait que ce côté-là de ta nature peut faire surface.
Ma main se mit à caresser son dos de haut en bas, en un geste réconfortant. En réponse, il me serra plus fort contre lui.
— Je sais que tu ne me ferais pas de mal, lui assurai-je.

Il enfouit son visage dans mes cheveux et le silence retomba, seulement troublé par les battements de mon cœur, à ses oreilles, comme il l’avait si bien dit.

J’avais presque oublié que nous étions toujours dans les airs. Il parût lire dans mes pensées, car nous commençâmes à redescendre doucement. Je gardai les yeux ouverts pour profiter des dernières secondes du vol. Je vis le sol se rapprocher, petit à petit. Quand mes pieds retrouvèrent le plancher des vaches, je ne bougeai pas. Lui non plus.

— En réalité, il y a bien quelque chose qui ne va pas, déclara-t-il soudainement. Tu as vu juste, tout à l’heure. J’ai eu peur. Pour toi.
Je me reculai un peu pour pouvoir le regarder. Son expression était anxieuse, comme lorsque j’étouffais, lors de ma vision.
— Je ne savais pas quoi faire, poursuivit-il. Je craignais de ne pas pouvoir t’aider, que tu ne perdes la vie.
Ma poitrine se serra. J’effleurai son front de mes doigts, chassant une mèche blonde, doucement.
— Je suis bien vivante, soufflai-je.
— Je sais. Mais cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu aussi peur, dévoila-t-il. Je crois que tu ne te rends pas compte à quel point tu as tout bouleversé en arrivant. Et pas seulement au manoir.

Il parlait aussi des rêves.
Je déglutis.

— Est-ce que tu aurais préféré… que je ne vienne jamais ? m’enquis-je.
Il écarquilla les yeux.
— Non ! protesta-t-il. Je ne pense pas ça. Je ne penserai jamais ça.

Je me sentis bien plus soulagée que je ne l’aurais dû. Puis je réfléchis à tout ce que ses mots voulaient dire, l’ampleur qu’ils prenaient.

— Peu de choses peuvent me mettre à genoux, reprit-il. Mais savoir que tu es en danger… C’est l’une de ces choses.

J’eus la sensation qu’on venait de me priver d’oxygène et qu’en parallèle, une nuée de papillons s’envolait dans mon ventre. J’étais partagée entre la joie de compter autant pour lui et la tristesse que tout cela puisse lui causer de la peine. Puis, l’effroi me saisit.

— Quelles sont les autres ? m’inquiétai-je.

Je voulais me dresser contre ce qui pouvait l’atteindre. Quoi que ce soit, ou qui que ce soit. Je ne supportais pas l’idée qu’il ait mal.
Il soutint mon regard, hésitant, mais finit par soupirer.

— Rien de très important, mentit-il.

Voyant que j’étais sceptique, il fut sur le point d’ajouter quelque chose. Seulement, je lus une détresse semblant ancrée en lui depuis si longtemps, au fond de son regard, que je sus que cela lui coûterait bien trop de se confier, pour le moment. Je mis une main sur sa joue et l’en empêchai :

— Adam, si tu as envie d’en parler, n’hésite pas. Mais je ne te forcerai pas à m’en dire plus si tu ne te sens pas prêt, ne t’en fais pas, le rassurai-je.

Ses yeux se remplirent de gratitude et il porta ma main à sa bouche pour déposer un baiser sur mes doigts.
Il tourna soudainement la tête et je sentis des picotements dans ma nuque. Je suivis son regard.

Nora se tenait près des marches menant à l’entrée du manoir. Elle nous observa pendant quelques secondes, puis commença à s’approcher. Nous nous détachâmes l’un de l’autre, mais il garda une main dans mon dos. Je crus voir les lèvres de la vampire bouger.
Je n’entendis pas ses paroles, mais Adam, si.

— Rien qui ne te concerne, fit-il sèchement, dans sa direction.

Il était aisé de deviner ce qu’elle avait demandé.
Elle nous rejoignit en un rien de temps. Ses yeux noisette nous balayèrent avant de s’arrêter sur lui, et semblèrent lui dire « Mais qu’est-ce que tu fabriques ? ». Il lui décocha un regard noir, sûrement agacé que nous ayons été interrompus.

— Tu es certain de vouloir t’embarquer là-dedans ? grommela-t-elle.
Elle me jeta un bref coup d’œil. Je sentis la main d’Adam se crisper, dans mon dos.
— Laisse tomber, Nora, rétorqua-t-il.

Je baissai la tête. Évidemment. Il y avait cette histoire de fiançailles, avec Brooke. Je ne devais pas l’oublier. Cela me brisait le cœur qu’il se sente piégé par cette décision, mais personne ne pouvait faire un autre choix à leur place. Et je ne voulais pas être celle qui lui posait un ultimatum alors que la situation était compliquée. Je ne pouvais pas lui dire quoi faire.
C’était à lui de décider.

— Je vais vous laisser, dis-je, rompant le silence. J’ai froid et je suis un peu fatiguée.

C’était un mensonge, et personne ne devait être dupe, mais je n’avais pas mieux. À regret, je m’éloignai d’Adam et me mis à marcher en direction du manoir, sans oser lui jeter un dernier regard. J’avais peur de voir l’étendue de sa détresse dans ses yeux et de me ruer vers lui.

Quelque part, j’espérais que ce que m’avait dit Nora, à propos du fait qu’ils allaient faire durer les fiançailles jusqu’à ce que le roi abdique, arriverait. Cependant, rien n’était moins sûr.

J’eus soudainement envie de compter sur mes visions. Peut-être que j’aurais finalement la réponse, et que je n’aurais plus besoin de me torturer en me demandant si ce mariage aurait bien lieu, ou non ? Si non, alors tout irait bien.
Si oui, alors il fallait que ce qui se passait entre nous cesse. Avant qu’il ne soit trop tard et que nous en ressortions brisés.

---


Chapitre 13
Chapitre 15
Dernière modification par Chlawee le mer. 11 août, 2021 2:05 pm, modifié 2 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Yaya2408 »

Oh mon Dieu je crois que ce chapitre est le meilleur de tous. Ton écriture est vraiment géniale et cette histoire avec ces personnages est juste super méga giga trop cooool.
Bisous
Ps : je n'arrive plus à patienter pour la suite <3
MGT_

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par MGT_ »

Hello ! Ouah superbe chapitre ! J'aime les chapitres long aha !
Non sérieux, tu nous fait passer dans tout un tas d'émotions aussi prenantes les unes que les autres et j'adore !
Petit bémol, sur une phrase, j'ai un peu tiqué.

"Ce n’était pas parce que ce qu’ils me disaient ne me plaisait pas, que j’étais incapable de reconnaître l’aide que cela m’apportait."

Peut-être que la première partie de la phrase peut être mieux arrangée pour une lecture plus fluide. (Surtout quand tu n'es pas encore bien réveillée le matin.) Je ne sais pas trop comment mais fin voilà.

Sinon, superbe chapitre encore un fois 😁
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Pendergast »

Bonjour, alors là, trop fort, excellentissime chapitre !!
cocovanilleguimauve

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par cocovanilleguimauve »

encore un super chapitre !
continue comme ça ;)
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 14)

Message par lacrystal »

Me voilà pour commenter Neeve :D (note la vitesse à laquelle j'ai rattrapé mon retard 8-) )
— Tu me dois tout, cracha-t-il.
Il est ouf lui (bon d'accord, il est pas vraiment là donc techniquement c'est Neeve qui l'imagine dire ça MAIS si elle l'imagine dire ça, c'est qu'il l'a tellement marqué que soit, elle le pense d'elle-même soit elle lui a déjà dit donc je répète) IL EST OUF LUI
Heureusement pour lui je ne sais pas où il est sinon il serait déjà six pieds sous terre.
— Jamais je ne te ferai de mal, m’assura-t-il. Tu es ici chez toi, je me fiche bien de ce que tu pourrais briser, déchirer… De ce que tu pourrais dire ou faire de travers. Et même si tu étais seulement une invitée, ça ne changerait rien.
Raaaah lala Adam qu'est-ce que je l'aime <3
— Au début, je ne voulais pas porter plainte, expliquai-je. Carla, mon amie d’enfance, m’a montré qu’elle serait là pour moi si je décidais de le faire quand même. J’y ai réfléchi. Puis mes psychologues et les gendarmes m’en ont dissuadée. (Une vague de colère que je connaissais bien me saisit, comme à chaque fois que j’en reparlais.) Je n’avais plus aucune trace physique de ce qu’il s’était passé, ce qui compliquait les choses, et ils avaient tendance à dire que c’était de ma faute ou que j’exagérais. J’en avais assez de lutter.
On me dit dans l'oreillette que si quelqu'un ne m'arrête pas, je vais pas tarder à tous les déglinguer (remarque ils auront ce qu'ils méritent tu me diras donc techniquement, je fais juste justice puisqu'ils sont pas capables de la faire eux-mêmes)

— Sais-tu où il est, aujourd’hui ? s’enquit-il.

Je fronçai les sourcils. Je savais pourquoi il me demandait cela. Lui, pourrait le retrouver sans aucun problème et j’étais persuadée qu’il n’aurait aucun mal non plus à le faire disparaître.

— Laisse tomber, Adam, il n’en vaut pas la peine…
Oui, laisse tomber, je m'en occu... euh je voulais dire il en vaut pas la peine eyes
— Ça pourrait être marrant, répondit-il. Je peux y apporter ma contribution ?
Je peux aussi ?

La suite m'a tellement captivée j'ai oublié de relever les passages où je pouvais commenter :lol: :lol: :lol: Wow, je sais même pas quoi dire :shock: C'est juste... vraiment j'ai pas les mots. Neeve a le pouvoir déjà d'avoir des visions mais punaise la scène avec la femme :cry: :cry: Si à chaque fois qu'elle a la vision de quelqu'un qui meurt elle ressent ce qui lui arrive comme ça a été le cas, elle est pas dans la merde ^^"

— Évidemment que non, rétorquai-je.
Bien sûr que non. Hein Chloé, bien sûr que non ?! BIEN SÛR QUE NON ??!!! regard menaçant
Je faillis craquer devant ses yeux noirs sans fond. Son visage laissait voir sa peur, bien plus qu’auparavant, laissant de côté l’envie de rester impassible. Il n’avait pas peur pour lui - car il ne donnait pas vraiment l’impression de se soucier de lui-même, et ça me frustrait et me donnait envie de l’enlacer, de savoir qu’il se fichait sûrement de son sort -, mais pour moi. Ainsi qu’une autre émotion mêlée à de la tendresse, que je ne pourrais pas supporter à ce moment précis sans fondre en larmes.
Tu veux me faire chialer en fait avec des passages comme ça :cry:
— Le reste devait venir de ta mère, poursuivit-il.
— Pardon ? fis-je du tac-au-tac, la surprise me saisissant.
Je secouai la tête.
— Elle n’avait aucun pouvoir, affirmai-je.
— Elle en avait peut-être bel et bien, soupira-t-il.
:o :o :o :o :o :o
— Euh… Je… Il n’y a rien de bien intéressant…
— J’aimerais beaucoup voir le saule pleureur.
Je me figeai.
— Comment sais-tu… ?
Oooooooh va-t-il demander à voir un autre dessin ?
— Et… où est-ce que je suis ?
AH ! je le savais :lol: Je l'adore

La suite par contre roh lalalalalalalalala *-*
ENFIIIIIIIIIIIIIIIIIIN
Je l'attendais cette scène. Tu l'as tellement bien écrite :o Genre vraiment. Vraiment, vraiment, elle est super bien écrite et c'est magnifique cette scène. Dans les airs là *-* Ils sont vraiment adorables, même là quand Adam il fait ressurgir sa nature de vampire et que Neeve le rassure, mais- mais- mais- ok je pleure :cry: :cry: :cry: C'était beaucoup trop beau

Mais la fin là, la scène magique m'avait totalement fait oublier les fiançailles avec Brooke, je suis dégoutée je vais pleurer et pas de joie/d'émerveillement cette fois-ci :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

J'espère qu'ils vont pouvoir être ensemble regarde menaçant sinon, je vais pas être contente. Du tout :cry:

En tout cas, j'adore ton roman, vraiment, tu écris super bien et que ce soit les personnages ou l'histoire, c'est juste .... WAAAAH j'adore *-*
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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 13)

Message par Chlawee »

Yaya2408 a écrit : mer. 04 août, 2021 11:59 pm Oh mon Dieu je crois que ce chapitre est le meilleur de tous. Ton écriture est vraiment géniale et cette histoire avec ces personnages est juste super méga giga trop cooool.
Bisous
Ps : je n'arrive plus à patienter pour la suite <3
Hey ! :D Merci beaucoup ! <3
Bisous !
MGT_ a écrit : jeu. 05 août, 2021 8:47 am Hello ! Ouah superbe chapitre ! J'aime les chapitres long aha !
Non sérieux, tu nous fait passer dans tout un tas d'émotions aussi prenantes les unes que les autres et j'adore !
Petit bémol, sur une phrase, j'ai un peu tiqué.

"Ce n’était pas parce que ce qu’ils me disaient ne me plaisait pas, que j’étais incapable de reconnaître l’aide que cela m’apportait."

Peut-être que la première partie de la phrase peut être mieux arrangée pour une lecture plus fluide. (Surtout quand tu n'es pas encore bien réveillée le matin.) Je ne sais pas trop comment mais fin voilà.

Sinon, superbe chapitre encore un fois 😁
Hello ! :D Merci ! :oops: ça me rassure !
Oui c'est vrai que cette phrase est compliquée. :lol: Je l'ai changé du coup, ça donne ça : "Ce qu’ils me disaient ne me plaisait pas, mais j’étais capable de reconnaître l’aide que ce-la m’apportait." C'est plus fluide ! Merci en tout cas d'avoir relevé cette phrase ! :D
Encore merci ! :)
Pendergast a écrit : jeu. 05 août, 2021 5:16 pm Bonjour, alors là, trop fort, excellentissime chapitre !!
Merci beaucoup ! :D :D
cocovanilleguimauve a écrit : sam. 07 août, 2021 7:38 pm encore un super chapitre !
continue comme ça ;)
Merci ! :oops: :)
lacrystal a écrit : mar. 10 août, 2021 9:57 pm Me voilà pour commenter Neeve :D (note la vitesse à laquelle j'ai rattrapé mon retard 8-) )
— Tu me dois tout, cracha-t-il.
Il est ouf lui (bon d'accord, il est pas vraiment là donc techniquement c'est Neeve qui l'imagine dire ça MAIS si elle l'imagine dire ça, c'est qu'il l'a tellement marqué que soit, elle le pense d'elle-même soit elle lui a déjà dit donc je répète) IL EST OUF LUI
Heureusement pour lui je ne sais pas où il est sinon il serait déjà six pieds sous terre.
— Jamais je ne te ferai de mal, m’assura-t-il. Tu es ici chez toi, je me fiche bien de ce que tu pourrais briser, déchirer… De ce que tu pourrais dire ou faire de travers. Et même si tu étais seulement une invitée, ça ne changerait rien.
Raaaah lala Adam qu'est-ce que je l'aime <3
— Au début, je ne voulais pas porter plainte, expliquai-je. Carla, mon amie d’enfance, m’a montré qu’elle serait là pour moi si je décidais de le faire quand même. J’y ai réfléchi. Puis mes psychologues et les gendarmes m’en ont dissuadée. (Une vague de colère que je connaissais bien me saisit, comme à chaque fois que j’en reparlais.) Je n’avais plus aucune trace physique de ce qu’il s’était passé, ce qui compliquait les choses, et ils avaient tendance à dire que c’était de ma faute ou que j’exagérais. J’en avais assez de lutter.
On me dit dans l'oreillette que si quelqu'un ne m'arrête pas, je vais pas tarder à tous les déglinguer (remarque ils auront ce qu'ils méritent tu me diras donc techniquement, je fais juste justice puisqu'ils sont pas capables de la faire eux-mêmes)

— Sais-tu où il est, aujourd’hui ? s’enquit-il.

Je fronçai les sourcils. Je savais pourquoi il me demandait cela. Lui, pourrait le retrouver sans aucun problème et j’étais persuadée qu’il n’aurait aucun mal non plus à le faire disparaître.

— Laisse tomber, Adam, il n’en vaut pas la peine…
Oui, laisse tomber, je m'en occu... euh je voulais dire il en vaut pas la peine eyes
— Ça pourrait être marrant, répondit-il. Je peux y apporter ma contribution ?
Je peux aussi ?

La suite m'a tellement captivée j'ai oublié de relever les passages où je pouvais commenter :lol: :lol: :lol: Wow, je sais même pas quoi dire :shock: C'est juste... vraiment j'ai pas les mots. Neeve a le pouvoir déjà d'avoir des visions mais punaise la scène avec la femme :cry: :cry: Si à chaque fois qu'elle a la vision de quelqu'un qui meurt elle ressent ce qui lui arrive comme ça a été le cas, elle est pas dans la merde ^^"

— Évidemment que non, rétorquai-je.
Bien sûr que non. Hein Chloé, bien sûr que non ?! BIEN SÛR QUE NON ??!!! regard menaçant
Je faillis craquer devant ses yeux noirs sans fond. Son visage laissait voir sa peur, bien plus qu’auparavant, laissant de côté l’envie de rester impassible. Il n’avait pas peur pour lui - car il ne donnait pas vraiment l’impression de se soucier de lui-même, et ça me frustrait et me donnait envie de l’enlacer, de savoir qu’il se fichait sûrement de son sort -, mais pour moi. Ainsi qu’une autre émotion mêlée à de la tendresse, que je ne pourrais pas supporter à ce moment précis sans fondre en larmes.
Tu veux me faire chialer en fait avec des passages comme ça :cry:
— Le reste devait venir de ta mère, poursuivit-il.
— Pardon ? fis-je du tac-au-tac, la surprise me saisissant.
Je secouai la tête.
— Elle n’avait aucun pouvoir, affirmai-je.
— Elle en avait peut-être bel et bien, soupira-t-il.
:o :o :o :o :o :o
— Euh… Je… Il n’y a rien de bien intéressant…
— J’aimerais beaucoup voir le saule pleureur.
Je me figeai.
— Comment sais-tu… ?
Oooooooh va-t-il demander à voir un autre dessin ?
— Et… où est-ce que je suis ?
AH ! je le savais :lol: Je l'adore

La suite par contre roh lalalalalalalalala *-*
ENFIIIIIIIIIIIIIIIIIIN
Je l'attendais cette scène. Tu l'as tellement bien écrite :o Genre vraiment. Vraiment, vraiment, elle est super bien écrite et c'est magnifique cette scène. Dans les airs là *-* Ils sont vraiment adorables, même là quand Adam il fait ressurgir sa nature de vampire et que Neeve le rassure, mais- mais- mais- ok je pleure :cry: :cry: :cry: C'était beaucoup trop beau

Mais la fin là, la scène magique m'avait totalement fait oublier les fiançailles avec Brooke, je suis dégoutée je vais pleurer et pas de joie/d'émerveillement cette fois-ci :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

J'espère qu'ils vont pouvoir être ensemble regarde menaçant sinon, je vais pas être contente. Du tout :cry:

En tout cas, j'adore ton roman, vraiment, tu écris super bien et que ce soit les personnages ou l'histoire, c'est juste .... WAAAAH j'adore *-*
Hey ! :D
Je note. 8-)

Tu m'as fait rire avec le "Il est ouf lui" :lol: :lol:

Adam : Merci. 8-)

(Ouais on peut tous aller les défoncer. J'ai des pelles, de l'acide et deux immenses frigos au boulot où je travaille. :ugeek: Je dis ça juste comme ça, attention.)

J'ai comme l'impression que tu t'es déjà chargée de Connor. :mrgreen: Adam est un peu jaloux de pas avoir eu le temps de le faire lui-même. :lol:

Je suis contente que la scène t'ait impacté ! ça veut dire que c'est réussi ? :oops: Je suis touchée !
Bien sûr que non. Hein Chloé, bien sûr que non ?! BIEN SÛR QUE NON ??!!!
Mais bien sûr que non voyons... :mrgreen:

Merci !! Je suis heureuse que ça t'ait plu ! :cry: <3 Désolée de t'avoir fait pleurer du coup. :lol:
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 15)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Voici le chapitre 15 ! Bonne lecture et j'espère qu'il vous plaira !
On ne va pas tarder à entrer dans les moments plus... dramatiques ? Je sais pas trop comment les qualifier. :lol: Jusqu'ici c'étaient des vacances.

Chapitre 15


Je serrai le drap dans mon poing, sous l’effet d’une vague de plaisir. Mon dos se cambra et un soupir franchit la barrière de mes lèvres. La bouche enivrante du vampire se promenait sur la peau nue de mon ventre, tandis que ses mains me caressaient partout où elles le pouvaient.

Je gardai les paupières closes, afin de profiter de toutes ces sensations au maximum. Mais quand son corps remonta le long du mien, je les soulevai pour croiser son regard. Deux puits noirs sans fond me fixèrent.

Il se pencha pour frôler mes lèvres des siennes. Je passai une main dans sa nuque et plaçai l’autre sur son épaule, mes ongles le griffant légèrement. Ses mèches blond foncé chatouillèrent mes joues.

— Adam…, susurrai-je.



J’ouvris les yeux et les clignai plusieurs fois afin d’émerger complètement. J’écarquillai légèrement les yeux, le cœur battant. Venais-je vraiment de faire un rêve érotique à propos d’Adam et moi ?

La chaleur que j’éprouvais et les souvenirs encore vivaces de ce songe tendaient à me démontrer qu’il n’y avait aucun doute.
Dans ce cas, j’étais un peu déçue de m’être réveillée. En revanche, mes joues devaient être cramoisies. Et puisque j’étais vigilante à propos de mes rêves, désormais, la pensée que ce soit une vision me traversa l’esprit. Ce qui rendit mon visage carrément écarlate.

Ce n’est qu’un rêve. Rien de plus.

Je me passai une main sur le visage, puis repoussai la couverture. Je me levai et me rendis dans la salle de bain à grands pas, direction la douche froide. Après en être ressortie, je quittai la chambre. Je rassemblai mes cheveux en une queue de cheval, en descendant les escaliers. J’avais fini par me décider à sortir de ma chambre. Je craignais un peu de croiser Adam, après le baiser échangé la veille et le rêve que j’avais fait pendant la nuit.
Oui, j’y pensais beaucoup. Impossible de faire autrement.

Mais je ne pouvais tout de même pas rester cloîtrée dans ma chambre éternellement. Surtout quand mon estomac me faisait bien comprendre qu’il devait être nourri. J’étais adulte, je pouvais prendre du recul et surtout, ce n’était qu’un rêve. Et qu’un baiser.

Mensonge. C’était quand même plus que ça, pour moi. À vrai dire, je n’avais jamais ressenti autant de choses en embrassant quelqu’un.

J’entrai dans la cuisine et attrapai un verre, que je remplis d’eau. Je fis pivoter mon corps afin d’ouvrir le placard contenant les gâteaux.

Et je me retrouvai face à un visage. Un cri de surprise s’échappa de ma gorge. À cause de mon sursaut, une partie de l’eau se précipita hors de son récipient afin de se répandre sur moi et le verre chuta, avant de se briser.
Combien de verres allais-je détruire, ici ?

En face de moi, la femme jeta un œil à la catastrophe avec un air plutôt détaché. Puis ses yeux d’un marron si foncé qu’ils en étaient presque noirs, revinrent sur moi. Sa longue chevelure ondulée couleur corbeau lui retombait jusqu’au milieu du dos.
Elle afficha un rictus moqueur et je tressaillis. Elle me semblait terrifiante.

— Oups, fit-elle sur un ton léger.
Elle ne recula pas, même en ayant remarqué que j’avais eu peur. Je fis donc un pas en arrière moi-même.
— Regarde-moi cette petite créature tremblante, ma chère sœur, susurra-t-elle sans me quitter des yeux.
— Les humains sont si fragiles…, retentit une autre voix semblable à la première, à savoir douce et glaçante à la fois.

Je rivai mes yeux de l’autre côté de la cuisine, là où se tenait une deuxième vampire, assise sur un coin de la table. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, même si cette dernière avait les cheveux raides et que son maquillage ainsi que sa tenue laissaient penser qu’elle aimait plus le style gothique. Elle me donnait également l’impression d’être bien plus dangereuse, mesquine. Le sourire sardonique qu’elle m’adressait y était pour quelque chose.

Les jumelles. Les « Harpies », comme les surnommait Tim. Il n’y avait pas de doute, c’étaient bien elles. Et en effet, elles étaient terrifiantes.
Au moins, j’avais enfin rencontré tout le monde.

— Dîtes-moi que vous n’avez pas fait de connerie sinon je vous tue ! s’écria une troisième personne.

Emma apparût, puis sonda la scène d’un regard sévère. Il était plutôt rare de la voir ainsi. Elle me jeta un regard interrogateur après avoir constaté les dégâts sur mon tee-shirt, ainsi que sur le sol.

— Tout va bien, on n’y a pas touché, à votre humaine, soupira celle qui se tenait près de moi.
— J’ai appris que vous étiez rentrées et je l’ai entendu crier, il ne faut pas m’en vouloir. Et elle a un nom ! grogna mon amie.
— Oui, oui. Je l’ai oublié. Attends, tu nous prends vraiment pour des monstres ?

Bizarrement, elle ne paraissait pas si offusquée que cela à cette idée. Emma roula des yeux.
Je finis par me ressaisir, même si mon cœur ne s’était toujours pas calmé. Je pris une grande inspiration.

— Neeve, finis-je par lâcher en secouant la tête.
« Votre humaine »… Et puis quoi encore ? J’avais l’impression d’être l’animal de compagnie des River.
— Neeve…, répéta-t-elle en susurrant presque mon prénom.

Cela me faisait froid dans le dos.
Je me dirigeai vers un coin de la pièce, afin d’attraper le balais.

— Ce n’est pas la peine, intervint l’autre jumelle.

Elle se leva de la table, faisant voleter les pans de son long manteau noir. Elle s’approcha des morceaux de verre et leva une main.

Je fus bouche-bée en voyant les brisures s’élever, puis se rapprocher les unes des autres et s’assembler. Quelques secondes plus tard, le verre était à nouveau comme neuf. Celui-ci retomba ensuite et elle l’attrapa au vol, avant de me le tendre. Je fis de mon mieux pour que mes doigts ne tremblent pas, et m’en saisis.

Je m’immobilisai ensuite en voyant des gouttes d’eau s’extirper littéralement de mon tee-shirt. J’écarquillai les yeux. Mon vêtement se mit à sécher à vitesse grand V, tandis que les gouttes en formaient une plus grosse, avant d’atterrir dans le verre. Ce fut comme si je ne l’avais jamais renversé.

— Waouh…, soufflai-je.

Plus rapide et plus efficace qu’un séchoir. En revanche, je n’avais plus très envie de boire cette eau. Je posai le verre sur le bord de l’évier.
La jumelle aux cheveux ondulés arbora un sourire désinvolte.

— De rien, fit-elle. Nous sommes désolées de ne pas être venues plus tôt. (La manière qu’elle eut de prononcer le mot « désolées » me fit penser que ce n’était pas le cas du tout.) Je m’appelle Crystal. Et celle qui fout les jetons, c’est Harper.

Je me retins de préciser qu’elles me fichaient toutes les deux les jetons.
Les yeux réhaussés de noir de Harper pétillèrent de malice.

— Nous ne voulions pas te rencontrer avant d’être certaines que tu allais survivre au roi, avoua-t-elle.
Plus loin, Emma mit une main sur son visage, exaspérée. Je dus lutter pour ne pas rire nerveusement.
— Évidemment, cela évite de perdre du temps, ironisai-je.

J’eus peur d’avoir eu un excès de confiance, mais cela parût les amuser. Le sourire de Crystal s’intensifia et elle passa une main sur ma joue. Ce contact déclencha une sonnette d’alarme dans mon cerveau. Je me demandai si elles jouaient avec le fait qu’elles semblaient redoutables, ou s’il arrivait que ce soit malgré elles, sans qu’elles n’aient envie de toujours passer pour des prédatrices. Clairement, je me faisais l’effet d’une brebis égarée face à deux louves.
De plus, avec mes cheveux attachés, j’offrais une superbe vue sur mon cou bien saignant.

— T’es mignonne, commenta-t-elle.
Elle tapa ensuite dans ses mains, soudainement enthousiaste.
— Je sens qu’on va s’amuser ! déclara-t-elle.

Pas sûr…

Je les vis tourner la tête et je fis de même. Adam et Nora nous observaient, depuis l’encadrement de la porte. Le premier paraissait soulagé en me voyant toujours en vie, tandis que la deuxième était sceptique.

— Quoi ? lança Crystal, un sourcil levé.
— On avait peur que vous la dévoriez, fit la vampire blonde avec sarcasme.
— Pourquoi tout le monde pense qu’on allait s’en prendre au garde-manger sur pattes ? s’enquit Harper.
Adam plissa les yeux, n’appréciant pas vraiment ce surnom.
— Justement parce que tu l’appelles le « garde-manger sur pattes », rétorqua-t-il.
Puis il haussa un sourcil.
— C’est mon manteau, ça. Je me demandais où il était passé, fit-il remarquer.
— C’est le mien, maintenant, répliqua-t-elle.

Nora tapota l’épaule de son meilleur ami avec un air faussement compatissant.
Je croisai le regard du vampire, mais le détournai rapidement, avant de me mettre à rougir, me laissant seulement le temps de lui adresser un léger sourire forcé. Je ne sus s’il me l’avait rendu ou non.
Après ce qui s’était passé, il allait falloir un peu de temps avant que tout ne redevienne comme avant. Si tant est que ce soit possible.

Je sentis le regard de Nora sur moi. Après tout, elle avait assisté à la scène de la veille.
Je revins à la réalité lorsque Harper laissa traîner un de ses doigts le long de mon cou.

— Quel beau petit jouet…, chuchota-t-elle.

Ses yeux virèrent au rouge.
Je voulus m’écarter, mais je n’en eus pas le temps. Une main attrapa le poignet de la jumelle pour écarter sa main de ma gorge. On me tira en arrière et Adam s’interposa entre elle et moi.

— Attention à ce que tu fais, exigea-t-il d’un ton menaçant.
Je frémis en croyant percevoir un grognement dans sa voix. Profond. Animal. Harper afficha un air mauvais.
— Lâche-moi si tu ne veux pas que je t’arrache le bras, le prévint-elle.
— Essaye un peu, la provoqua-t-il.

Mon souffle se coupa. Je me rendis compte que c’était Emma, qui m’avait éloignée. Elle avait toujours sa main sur mon épaule. Je lui jetai un regard d’inquiétude, auquel elle répondit en secouant la tête, m’invitant à ne pas intervenir. Nora se tenait près d’Adam, comme pour se jeter au milieu si les choses dégénéraient.

Avaient-ils tous l’habitude de ce genre de scène, entre eux ?
Crystal soupira et fit reculer sa sœur, d’un air blasé.

— Calme-toi, lui conseilla-t-elle. Et tu aurais dû te nourrir avant de venir.

Harper refusa de lâcher le regard d’Adam pendant encore un instant qui me parût interminable. Puis elle finit par battre en retraite. Elle lui adressa un « tss ! » sifflant et cinglant, avant de me regarder une dernière fois.

— Je n’allais pas te mordre, assura-t-elle. Ce n’est pas parce que mes yeux ont changé que j’allais forcément le faire.

Je ne demandais qu’à la croire, surtout que j’avais déjà pu voir ça avec Adam et Emma, et ils ne m’avaient pas attaquée. Seulement, elle, je ne la connaissais pas encore.

— Ce n’est pas parce que ton ventre gargouille que tu vas forcément te jeter sur la première nourriture venue, non ? ajouta-t-elle.
Mmh. Bon argument. Mais je savais aussi que les pulsions des vampires pouvaient être intenses.
Elle mima une révérence, avant de faire volte-face et de s’éloigner.
— Et en plus, elle n’a même pas rendu le manteau, lança Nora, comme si c’était le moment.
Le rire effrayant d’Harper résonna dans le rez-de-chaussée et nous parvint. Elle leva le majeur sans même se retourner.
— Il faut l’excuser, elle n’a pas le même contrôle que nous, m’expliqua Crystal avant de quitter la pièce à son tour.

J’opinai, ne sachant pas comment réagir. Je ne savais pas si j’avais encore du mal à réaliser qu’elle avait été à deux doigts de me mordre, ou si j’étais calme parce qu’elle ne m’avait rien fait. J’allais me contenter du fait que je me sentais mieux que je ne l’aurais cru, sans chercher plus loin.

Emma me lâcha et je me redressai. Adam se tourna vers moi et m’inspecta, sûrement pour se rassurer, même s’il avait bien vu que Harper n’avait pas eu le temps de m’attaquer. Je hochai la tête pour lui confirmer que je n’avais rien.

— Comme l’a dit Crystal : je sens qu’on va s’amuser, soupira Nora.

Chouette.
Là-dessus, Tim fit son entrée avec un air amusé. Il cala son épaule contre l’encadrement de la porte.

— J’ai vu les Harpies sortir et je me demandais quel genre de tête vous étiez en train de faire.
Il nous observa tour à tour et ricana.
— Je ne suis pas déçu, conclut-il.

~


J’étais réellement en train de me demander si je pouvais me téléporter. Et le pire dans tout ça, c’était qu’au final, je n’aurais pas été tellement surprise. Quelques mois auparavant, si quelqu’un était venu me dire que j’aurais pu essayer de faire cela, je lui aurais demandé s’il n’avait pas de la fièvre.

Seulement, j’en découvrais un peu plus chaque jour, sur moi-même. Et je me demandais quelles étaient les limites de mes ombres. J’étais quasiment certaine que ça n’allait pas marcher, mais j’avais un trop plein d’énergie, et je voulais me le confirmer. J’avais fait une pause pendant quelques jours, sur les conseils de Cristobal, et j’avais besoin de me servir de mes pouvoirs.

Je levai une main et une masse d’ombres s’érigea devant moi. Parfait. Je fis quelques pas en arrière pour prendre de l’élan. Je me mis à courir et passai à travers le mur d’ombres en pensant de toutes mes forces à l’autre bout du jardin.

Mais au lieu de changer d’endroit comme je l’avais espéré, je m’étalai de tout mon long. Je m’en doutais. Au moins, j’en étais certaine maintenant : je pouvais enlever la téléportation de la liste de mes probables capacités.
Je grimaçai et pestai, avant de me retourner sur le dos, frustrée.

— Tout va comme tu veux ?
Je mis ma main en visière pour protéger mes yeux du soleil. Je vis Adam, qui arborait un sourire en coin. Manquait plus que lui.
— Super.

Il tendit sa main pour m’aider à me relever et je la pris.
Ces derniers jours, je m’étais montrée plutôt distante avec lui. Cela m’avait fait de la peine de le voir tenter de me faire la conversation, tandis que je ne répondais que par des phrases courtes, avant de finir inéluctablement par sortir de la pièce.

— Qu’est-ce que tu essayais de faire, au juste ? me questionna-t-il. Foncer dans le vide ?
Je me mis à fuir son regard, un peu honteuse.
— Je voulais voir si je ne pouvais pas me… téléporter grâce à des portails d’ombres, avouai-je.
La fin de ma phrase avait été débitée à toute vitesse. Il afficha un air incrédule, puis son éternel rictus narquois apparût.
— On peut dire que ça a fonctionné, fit-il remarquer. Avec cette chute, tu as bien atterri plusieurs centimètres plus loin.
— Ah, ah, ah. Tu sais, je t’aime bien, mais parfois je voudrais t’enfoncer un pieu dans l’œil.
J’époussetai mon jean en soupirant. Il prit un air faussement terrifié.
— Et ça serait un pieu en frêne ! ajoutai-je en dissimulant mal un sourire, en faisant référence à la dispute qui avait eu lieu entre Emma et lui, sur les bois qui causaient le plus de douleur à un vampire.
Il mit une main sur son cœur.
— Tu n’oserais pas, s’insurgea-t-il.
— Tu ne me connais pas bien, renchéris-je.

La plupart de mes ombres s’étaient résorbées d’elles-mêmes avec ma chute, mais il en restait un peu. Je les rappelai à moi. Je souris légèrement en songeant à quel point cela m’était devenu facile.

— Est-ce que ça va ? me demanda Adam.
Je relevai la tête.
— Oui, pourquoi ?
— Parce que tu as vécu des choses terrifiantes. Et tu semblais ailleurs ces derniers jours, observa-t-il.
Je me mordis la lèvre.
— Pour ce qui s’est passé, il va me falloir un peu de temps, c’est vrai, admis-je. Mais ces derniers jours… Ce n’était pas que pour ça.
Il hocha la tête et baissa les yeux.
— Je vois. Je n’aurais pas dû t’embrasser. Je suis désolé si ça t’a mise mal à l’aise, s’excusa-t-il.
— Non, non, intervins-je. Et puis, je t’ai bien rendu ce baiser. Nous étions deux. C’est juste que…
Je levai mon regard vers le ciel, comme s’il allait m’aider à trouver les mots. Je finis par le reposer sur Adam.
— Tu es fiancé, soufflai-je.

Il se raidit et ses yeux s’assombrirent. Il ne dit rien pendant un instant, puis ses traits se tordirent pour former une expression agacée.

— Nora…, comprit-il.
— Elle m’a prévenu avant que je ne rencontre Savari, poursuivis-je. Et en sachant cela, j’aurais dû rester éloignée, mais comme tu as pu le constater, ça n’a pas vraiment fonctionné.
Je fronçai les sourcils et croisai les bras.
— Mais tu n’as pas à en vouloir à Nora. Certes, tu aurais pu le dire toi-même, mais tu ne l’as pas fait, lui reprochai-je.
— Je voulais le faire, assura-t-il en faisant un pas vers moi. Mais tout est allé si vite et… Je ne savais pas comment dire ça.
Il secoua la tête.
— Surtout qu’on fait tout pour éviter ce scénario, ajouta-t-il.
Je me passai une main sur le visage puis mis mes mains sur mes hanches. Je savais que cette situation était compliquée.
— Je sais, répondis-je.
Et, parce que je ne supportais pas de voir cette lueur sombre dans ses yeux, je me surpris à vouloir le rassurer :
— Je suis certaine que vous trouverez. Je vous aiderai à trouver.

Je venais de me mettre dans un sacré pétrin. Mais sur le moment, je crus en mes paroles. Il y avait forcément une solution, quelque part, pour que Brooke et lui puissent vivre comme ils l’entendaient. J’ignorais ce qu’avait vécu Adam par le passé, mais je savais qu’il ne voulait pas être forcé à faire quelque chose, encore une fois. Je lui souhaitais d’échapper à ça. Et cela me faisait mal au cœur d’imaginer la peine que pourraient ressentir Ned et Brooke, en étant séparés.
Il haussa les sourcils, surpris.

— Brooke ne pourrait pas… changer de pays ? proposai-je.

Comme s’ils n’y avaient jamais pensé !

— C’est le même roi pour tous les vampires ?
— Non. Mais les autres rois et reines ne voudraient probablement pas se mettre Savari à dos. Et la fuite pour échapper à son roi n’est pas très bien vu. Si elle était repérée, elle pourrait avoir plus de problèmes encore, répondit-il.
Je serrai les dents. Non mais c’était quoi, ce système monarchique tyrannique ?
— Je comprends mieux ta plaisanterie sur le coup d’état, grommelai-je.
— Encore une fois, tu ne peux pas être sûre que je plaisantais.
Je roulai des yeux.
— Ah non, ne recommence pas avec ça !

Je sentis des picotements dans ma nuque. Je me retournai. Nora s’approchait de nous. Elle sourit à Adam.

— Tu es encore là ? lança-t-elle. Je croyais que ton départ était imminent. Il y a genre… une heure ?
Je lançai un regard interrogateur à l’homme en face de moi.
— Tu t’en vas ? demandai-je.
Je ressentis une pointe de déception. Ainsi que de l’inquiétude.
— Oui, confirma-t-il. J’allais justement partir. Je voulais d’abord dire au revoir.
En voyant mon expression, il s’empressa de me rassurer :
— Je reviendrai vite. J’ai une petite chose à régler.
Il allait falloir que j’apprenne à mieux camoufler mes émotions.
— Une petite chose à régler ? répétai-je.
Ils se jetèrent un regard interrogateur. Je soupirai.
— Vous savez, je pense que je ne suis plus à une révélation près, lançai-je. Je pense qu’on sait tous maintenant, que je ne vais pas partir en courant.
Nora haussa une épaule.
— D’accord. Parfois, nous recevons des missions de la part de vampires haut placés, expliqua-t-elle.
— Oh… Vos fameuses « occupations », chuchotai-je.

Des occupations qui leur rapportaient apparemment de l’argent. C’était ce que Lucian m’avait dit, sans s’attarder sur le sujet. Maintenant, je comprenais pourquoi il n’avait pas tenu à le faire.

— C’est cela. Puisque nous sommes censés préserver la paix et faire en sorte que les humains n’apprennent pas notre existence - même s’il y a des ratés -, nous devons arrêter certains d’entre nous qui sèment la zizanie. Ceux qui sont entrés en frénésie.

J’inclinai la tête sur le côté. J’étais surprise, mais au final, cela me paraissait plutôt logique. J’attendis qu’elle développe. Même si j’avais ma petite idée sur ce dont il s’agissait, je ne pouvais pas en être sûre.

— Ce sont ceux qui ont cessé de lutter contre la soif de sang et qui se laissent porter par leurs pulsions. On les repère plutôt facilement. Ils craignent le soleil, même s’ils sont vieux, tant qu’ils ne sont pas redevenus contrôlables. Mais il est assez rare de les faire revenir à la raison. Ils ont plus de forces lorsqu’ils viennent de se nourrir mais sont très vulnérables le jour, même chez eux, dans l’ombre. Alors même s’ils donnent du fil à retordre, ils se retrouvent vite piégés. Et ils ne couvrent pas bien leurs traces. Ils ont tendance à semer des cadavres partout sur leur passage.

J’eus un haut-le-cœur, puis pris une profonde inspiration. Cela me rappela douloureusement l’agresseur de ma mère. Pourtant, nous étions en pleine journée, lorsque c’était arrivé. Il n’était même pas en frénésie. C’était probablement un acte totalement gratuit.

Savoir qu’il y avait des vampires encore pires que lui me confortait dans l’idée que c’était finalement une bonne chose qu’ils soient neutralisés.

— Vous réglez leur compte à ceux qui sont incontrôlables, alors…
— C’est ça. Soit on les tue s’il est impossible de les neutraliser autrement, soit on les livre à des Exécuteurs, confirma Adam. Des vampires désignés par le roi pour rendre justice. Ils les récupèrent et ils sont ensuite jugés.
— Vous les surprenez en plein jour, alors ?
— Quand nous le pouvons.
Je tiquai sur un point. Je me tournai vers Nora.
— Tu as dit « même s’il y a des ratés ». D’autres humains sont au courant ?
— Eh bien, cela arrive. Généralement, ce sont des personnes de confiance. Comme a dû l’être ton père, pour Lucian, puisqu’il n’a pas révélé leur existence.

Effectivement… Lucian avait dit qu’il avait été tué pour sa puissance. S’il avait dévoilé quoi que ce soit, son décès aurait peut-être été causé par un autre vampire, haut placé.

— Il y a aussi les Exterminateurs, enchaîna-t-elle.
J’ignorais ce dont elle parlait, mais rien qu’au nom, cela n’augurait rien de bon.
— Qui sont-ils ?
— Des sortes de… chasseurs. Ils partent du principe que nous sommes tous mauvais. Que nous méritons tous de mourir pour laisser les humains tranquilles. À croire qu’ils n’ont pas leur lot de personnes dangereuses…, grogna Nora.
J’eus une brève vision du visage de Connor. Je plissai les yeux.
— Vous n’avez pas le monopole de la monstruosité, approuvai-je. Il y a des monstres de chaque côté.
— Exactement.

Il y eut un court silence, puis je levai les yeux vers Adam.

— Fais attention à toi, le priai-je.
— C’est promis, répondit-il d’une voix douce. Et je le répète : je serai vite revenu.
— Oh tu sais, tant que tu reviens en un seul morceau c’est le principal, intervint sa meilleure amie d’un ton détaché. Tu peux prendre tout ton temps.
« En un seul morceau. » J’écarquillai les yeux. Adam lui lança un regard noir avec l’air de dire « Ah ben bravo ».
— Tout va bien se passer, me rassura-t-il. J’ai l’habitude.
Je hochai la tête.
— Je te fais confiance, répondis-je.

Il alla chercher ses affaires. Quand il reparût, nous l’attendions sur les marches du perron, Nora, Emma et moi. Nous lui dîmes au revoir et il commença à s’éloigner. Mon cœur se serra. J’avais peur de ne plus le revoir. Je me mis à me maudire en me disant que je devrais lui courir après pour le retenir ou bien l’embrasser. Ou les deux. En tout cas, je m’en voulais de ne rien faire du tout à part lui dire au revoir. Pour une fois, je souhaitais que mes émotions soient facilement lues sur mon visage. Ainsi, il saurait que j’espérais vivement qu’il reviendrait sain et sauf, le plus tôt possible.

Et cela me tuait, d’imaginer qu’il s’en allait en pensant que ça ne nous faisait rien de le voir partir. Ce n’était pas le cas. Ce n’était pas mon cas.

Alors qu’il était au milieu du chemin, je me mis à dévaler les marches du perron, avant même de me rendre compte de ce que je faisais.

— Attend ! m’exclamai-je.

Il s’arrêta et se retourna. En me voyant courir vers lui, il se mit à avancer pour aller à ma rencontre. Je lui sautai presque au cou lorsque je l’atteignis. Il referma ses bras dans mon dos et me souleva légèrement. Je reculai mon visage afin de le regarder. Je l’inclinai vers le sien et il fit de même. Nos bouches se trouvèrent et il pressa doucement ses lèvres sur les miennes. Il rompit ce contact et me couva d’un regard attendri.

— Je ne vais pas mourir, tu sais, m’assura-t-il.
— Je sais, mais j’aurais regretté de ne pas l’avoir fait, chuchotai-je.
Il me reposa sur le sol.
— Et tu as intérêt à rester en vie sinon je viendrai te chercher. Peu importe où tu seras, le menaçai-je.
— Je n’en doute pas.
Je mis mon visage contre son épaule.
— À très vite, lui soufflai-je.

Je me détachai de lui à contrecœur et m’avançai à nouveau vers les marches du perron. Je me retournai une dernière fois et je le vis me sourire. Puis il s’en alla.
Je soupirai en voyant les têtes que faisaient les deux femmes. Elles étaient surprises, touchées. Et Emma était également inquiète.

— Je sais, fis-je. Ne dîtes rien.

~


Nous avions fini par rentrer. Emma m’avait proposé une partie de cartes, à laquelle Nora, April et Lucian se joignirent. Le temps sembla passer trop lentement. J’avais conscience de chaque longue seconde sans Adam dans le manoir, l’imaginant au-devant du danger.

Emma et moi grignotâmes pendant les longues parties, mais je n’avais pas tellement d’appétit. Cependant, leur enthousiasme et le fait qu’ils n’étaient pas inquiets pour leur ami, me laissait penser que tout irait bien et je parvins finalement à me détendre un peu.
Je les quittai tard dans la nuit, pour aller me coucher. Arrivée dans ma chambre, je m’affalai sur mon lit, les bras écartés. Je mis du temps à m’endormir et une fois que j’y parvins, je ne tardai pas à me réveiller, secouée par des cauchemars dans lesquels Adam était blessé, ou pire.
Je me retrouvai assise, dans ce grand lit, le cœur battant la chamade, l’esprit encore embrumé par le sommeil.

« Trouve Sander. »

Je sursautai et tournai la tête de tous les côtés. Je ne tardai pas à comprendre que cette voix venait de ma propre tête et qu’elle avait mon timbre. Je fronçai les sourcils. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Avais-je halluciné ?
Ou tentais-je de me prévenir de quelque chose ? Comme une vision, un instinct ?

Qui était Sander ? Était-ce quelqu’un capable d’aider Adam ? Après tout, c’était en m’inquiétant pour lui que j’avais pensé à cela.
Je me passai une main sur le visage. J’avais beau chercher dans ma mémoire, je n’arrivais pas à me rappeler si on m’avait déjà parlé de cette personne.

J’attrapai mon carnet, dans le tiroir du chevet, pour noter cette identité. Je m’étais promis d’écrire tout ce que je voyais ou entendais lors de mes rêves, de probables hallucinations ou de mes visions. Cela pourrait peut-être me servir.

Je me sentais impuissante. J’avais des pouvoirs, mais aussi la sensation de ne pas encore assez bien les exploiter pour me défendre, défendre ceux que j’aimais, ou attaquer, si besoin. Et finalement, les capacités qui m’auraient été très utiles étaient impossibles, pour moi. Je me mis à fixer un coin du plafond, qui était tapi dans l’obscurité. J’eus un petit sourire en songeant que ça serait bien pratique de pouvoir disparaître dans un coin sombre, en cas de danger.

Je me redressai soudainement, une idée en tête, sans quitter ce recoin des yeux.
Je ne pouvais peut-être pas me téléporter pour rejoindre Adam, mais je pouvais essayer de m’améliorer afin de l’aider, les prochaines fois. Et si je représentais les ombres, pourquoi ne pourrais-je pas en devenir une ?

Je me levai et me dirigeai vers un coin reculé de la pièce, assombri. Je m’immergeai dans le noir et appelai mes ombres, qui m’entourèrent. Je fis en sorte qu’elles me recouvrent et me mis à respirer profondément.
Je me collai contre le mur, pour mieux me fondre avec l’obscurité. J’essayai de visualiser mon pouvoir, qui prendrait totalement le pas sur mon être, afin d’effacer mon corps.

Je sursautai en voyant une de mes mains devenir une masse informe, dont les contours se faisaient de plus en plus flous. Je relâchai ma concentration pendant un instant, et elle réapparût.
Petit à petit, un grand sourire victorieux étira mes lèvres. Je pouvais le faire. Je pouvais être une ombre.

Je fermai les yeux et inspirai un grand coup, avant de recommencer.

Je peux le faire.

---


Chapitre 14
Chapitre 16
Dernière modification par Chlawee le lun. 16 août, 2021 1:01 pm, modifié 1 fois.
J4u5

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 15)

Message par J4u5 »

Saluuuuut !
Ça fait un bail que j'ai pas mis de commentaire ici dis donc :roll:
Le chapitre commence avec une scène explosive :lol: :lol: :lol: !!
En tout cas, j'apprécie beaucoup ton écriture et surtout, que Neeve et Adam se soit embrassé :mrgreen: (peut être le truc que j'aime le plus dans ce roman :lol: )
J'adore la tournure des évènements :o et comme tu dis, je sens que ça ne va plus être des "vacances"...
Et la fin :o 😱, ça laisse présager tellement de choses, de possibilités... J'aimerais bien avoir le chapitre 16 sous la main, là 🙄 :?
Bon bah continue surtout, c génial !!!!!!!!!
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 15)

Message par Yaya2408 »

Oooh le moment du au revoir avec adam était trop mim's
Bravoooo j'ai trop hâte de lire la suite
Bisous 💗
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 15)

Message par Pendergast »

Hello, alors le passage sur les harpies est top, elles sont vraiment flippantes...Et la scène du départ d'Adam est tellement pleine d'émotions. Et la découverte du nouveau pouvoir de Neeve, prometteuse ! Bonne journée
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 15)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 11 août, 2021 2:04 pm Hello ! :D Voici le chapitre 15 ! Bonne lecture et j'espère qu'il vous plaira !
On ne va pas tarder à entrer dans les moments plus... dramatiques ? Je sais pas trop comment les qualifier. :lol: Jusqu'ici c'étaient des vacances.
AH d'accord. On a pas la même définition des vacances xDDD

OK alors j'espère vraiment que ce qu'elle a vu était une vision et pas juste un rêve, je veux absolument les voir ensemble surtout après le baiser qu'ils ont échangé *-*

— Regarde-moi cette petite créature tremblante, ma chère sœur, susurra-t-elle sans me quitter des yeux.
— Les humains sont si fragiles…, retentit une autre voix semblable à la première, à savoir douce et glaçante à la fois.
Eh oh on se calme, hein, on est trop forts nous les humains 8-)
Les jumelles. Les « Harpies », comme les surnommait Tim. Il n’y avait pas de doute, c’étaient bien elles. Et en effet, elles étaient terrifiantes.
En effet je suis d'accord avec Neeve, elles ont l'air vraiment flippantes :lol:
Je m’immobilisai ensuite en voyant des gouttes d’eau s’extirper littéralement de mon tee-shirt. J’écarquillai les yeux. Mon vêtement se mit à sécher à vitesse grand V, tandis que les gouttes en formaient une plus grosse, avant d’atterrir dans le verre. Ce fut comme si je ne l’avais jamais renversé.
Trop fort :o :o :o

Je me retins de préciser qu’elles me fichaient toutes les deux les jetons.
J'allais le dire :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Et en plus, elle n’a même pas rendu le manteau, lança Nora, comme si c’était le moment.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Bon elles ont l'air vraiment spéciales les Harpies :lol: Mais bon, si elles font parties du clan des River, c'est qu'elles le méritent donc elles ont juste l'air flippante, ça veut pas forcément dire qu'elles sont mauvaises doooonc ça peut bien se passer (mais je les ai à l'oeile quand même :ugeek: )

Mais au lieu de changer d’endroit comme je l’avais espéré, je m’étalai de tout mon long. Je m’en doutais. Au moins, j’en étais certaine maintenant : je pouvais enlever la téléportation de la liste de mes probables capacités.
ça valait le coup d'essayer :lol: :lol: :lol:

Ces derniers jours, je m’étais montrée plutôt distante avec lui.
Mais nan D: :(

— Qu’est-ce que tu essayais de faire, au juste ? me questionna-t-il. Foncer dans le vide ?
:lol: :lol: :lol: En effet, vu de l'extérieur, ça devait ressembler à ça
— On peut dire que ça a fonctionné, fit-il remarquer. Avec cette chute, tu as bien atterri plusieurs centimètres plus loin.
:lol: :lol: :lol:

— Je vois. Je n’aurais pas dû t’embrasser. Je suis désolé si ça t’a mise mal à l’aise, s’excusa-t-il.
J'arrive pas à savoir si je dois être triste ou super en colère contre toi là :x
— Non, non, intervins-je.
Ouais, ouais, je préfère ça parce que moi je les veux ensemble regard menaçant

— Tu es fiancé, soufflai-je.
Naaaaaaaan D: Je veux pas se bouche les oreilles J'AI RIEN ENTENDU ADAM N'EST PAS FIANCE LALALALALALA

Je serrai les dents. Non mais c’était quoi, ce système monarchique tyrannique ?
J'avoue :o

Waouh, le monde des vampires est compliqué :o
Alors qu’il était au milieu du chemin, je me mis à dévaler les marches du perron, avant même de me rendre compte de ce que je faisais.

— Attend ! m’exclamai-je.

Il s’arrêta et se retourna. En me voyant courir vers lui, il se mit à avancer pour aller à ma rencontre. Je lui sautai presque au cou lorsque je l’atteignis. Il referma ses bras dans mon dos et me souleva légèrement. Je reculai mon visage afin de le regarder. Je l’inclinai vers le sien et il fit de même. Nos bouches se trouvèrent et il pressa doucement ses lèvres sur les miennes. Il rompit ce contact et me couva d’un regard attendri.
Mon.
Coeur.
Fond.
*-* *-* *-*

Oh lala mais Neeve en fait elle est méga super badass :o Je suis vraiment impressionnée, je sens qu'elle nous réserve encore beaucoup de surprises !
Quand à ce fameux Sander, s'il peut venir en aide à Adam, alors là je dis OUI, il faut absolument qu'elle le trouve !
C'était un super chapitre comme d'habitude et j'ai toujours aussi hâte de lire la suite ! *-*
Bisous :*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par Chlawee »

Coucou ! :D Je suis en avance mais je serai sûrement pas disponible les prochains jours, alors j'ai préféré poster mon chapitre aujourd'hui !
Merci pour vos commentaires, ils me touchent et me font rire ! <3
Bonne lecture !

Chapitre 16

Je tendis un sachet à une cliente et lui souris avant de lui souhaiter une bonne journée. Le tintement de la clochette de l’entrée était plutôt réconfortant. Je me mis à siffloter tout en allant tourner l’écriteau sur la porte, afin d’indiquer que nous étions fermés.

J’entrepris de passer le balais, afin de continuer à m’occuper, avant de partir. Adam n’était toujours pas revenu et plus le temps passait, plus j’avais la gorge serrée. J’avais espéré, avant de m’endormir tant bien que mal, que nous partagerions un rêve. Une manière de me montrer qu’il allait bien. Mais rien. Peut-être qu’il ne dormait même pas.

Je refusais de penser que ça serait pour une autre raison, bien pire. Mais quelque part, j’étais persuadée que s’il lui était arrivé quelque chose, je l’aurais su.

J’avais demandé à Cristobal s’il connaissait un « Sander ». Il m’avait répondu par la négative. De même pour Emma. Je n’avais fais que croiser les autres, trop brièvement, et je commençais à me dire que ce prénom était le fruit de mon imagination. Les membres du clan ne semblaient pas avoir de secrets les uns pour les autres et si cette personne était aussi importante que je l’avais pensé, ils la connaîtraient sûrement tous.

— C’était une bonne journée, lança Tim.
Je hochai la tête.
— Tes chocolats à la mangue se sont presque tous vendus, ajoutai-je.
J’affichai un sourire en coin en le regardant.
— C’est grâce à moi ! me vantai-je.
Il roula des yeux et secoua la tête, amusé.
— Si tu le dis, répondit-il.

Je terminai de nettoyer pendant qu’il rangeait, puis il finit par me dire que je pouvais y aller, qu’il s’occuperait de fermer. Ce que je fis. Mais une fois à l’extérieur, je traînai un peu des pieds. Les mains dans les poches, je regardais partout autour de moi, me demandant si je ne pouvais pas trouver de quoi m’occuper afin de ne pas rentrer tout de suite. J’hésitais à me rendre dans un bar ou un café et appeler Emma au cas où elle aurait voulu me rejoindre.

J’en étais là de mes pensées, au milieu d’une rue déserte, lorsque j’entendis un cri d’effroi, féminin. Mon cœur fit une embardée et je me figeai. Je me mis à courir en direction de la voix quand cela se reproduisit.
Je finis par me retrouver sur un parking, en face d’une boulangerie qui avait fermé également. Plus loin, une jeune femme luttait, s’accrochant désespérément à son sac à main, tandis qu’un homme tirait l’objet de son côté.

Je dus combattre un vieux réflexe. Celui qui m’avait suivi pendant ma relation avec Connor, et qui faisait que j’étais terrifiée en voyant quelqu’un être violent, crier, injurier. Mais cette fois, je laissai la colère me submerger. La femme sanglotait et l’homme lui hurlait dessus pour qu’elle lâche.

Elle finit par le faire, à bout de forces. Il se mit à courir dans ma direction, regardant encore derrière lui pour être sûr qu’elle ne le suivait pas. Il ne me vit donc pas. Je fis un pas sur le côté et tendis ma jambe. Au moment où il arriva à ma hauteur, il se heurta à elle et s’étala de tout son long sur le sol. J’en profitai pour me baisser et saisir le sac, puis je fis un bond en arrière et commençai à reculer, pour éviter qu’il ne m’attrape.

Il laissa échapper des jurons et se releva péniblement. Il m’incendia du regard, ce qui me pétrifia, mais il décida finalement de battre en retraite. Dans les maisons voisines, des gens avaient déjà commencé à regarder aux fenêtres. Il avait peur de la soudaine attention qui pesait sur lui.

Il détala sans demander son reste. Une fois qu’il eut disparût de mon champ de vision, je soupirai de soulagement. Je finis par rejoindre la jeune femme, en lui tendant son sac. La vue de son visage me serra le cœur. Ses grands yeux d’un marron doré étaient pleins de larmes, ses lèvres tremblantes. Ses cheveux bruns et ondulés coupés au carré étaient emmêlés à cause de la lutte. Sa joue était meurtrie, rouge, sûrement à cause d’une gifle.

De plus, elle paraissait si innocente… Elle possédait des traits fins, un visage paraissant un peu enfantin. Elle me donnait envie de la protéger.
La colère en moi enfla, même si l’homme était parti.
Elle ouvrit la bouche pour me dire quelque chose, mais n’y parvint pas. Elle récupéra doucement son sac. Ses mains tremblotaient.

— M… Merci…, balbutia-t-elle.
Mon expression s’adoucit immédiatement. Je lui offris un sourire réconfortant.
— C’est normal…
Je lui désignai le rebord de la fontaine, qui se trouvait au centre du parking.
— Tu feras mieux de t’asseoir, lui conseillai-je.

Elle opina et s’exécuta, reprenant son souffle et serrant son sac contre elle comme si sa vie en dépendait. Je pris place à côté d’elle, le temps qu’elle se remette de ce qui venait de se passer.

— Est-ce que tu as besoin de quoi que ce soit ? lui demandai-je d’un ton calme.
Elle hocha vivement la tête.
— Ouais, renifla-t-elle. J’ai besoin d’un verre.

~


Cela faisait bien une heure que nous nous trouvions dans le bar le plus proche que nous avions trouvé. Le barman avait vu tout de suite que quelque chose n’allait pas et nous avait proposé d’appeler la police. Mais nous ignorions qui était cet homme qui l’avait agressée et nous étions à peine capable de dire à quoi il ressemblait.

La jeune femme s’appelait Madelaine. Elle avait un an de plus que moi et travaillait dans une librairie, dans le village. Elle se rendait tranquillement à sa voiture lorsque l’homme avait surgi. Elle avait réellement pris qu’un seul verre, afin de pouvoir conduire, plus tard. Après un cocktail, elle était passée au soda. Je l’avais suivi. L’alcool avait été plutôt bénéfique : après ce qui venait de se produire, cela m’avait réchauffé d’une manière agréable.

Elle m’avait remercié un nombre incalculable de fois, les premières minutes. Je lui avais répété qu’elle n’avait pas à le faire, mais elle y tenait. Elle était adorable. Elle me faisait un peu penser à Emma, avec son sourire et ses yeux pétillants, même si Madelaine paraissait bien plus fragile.

Elle avait fini par se ressaisir, et depuis un moment déjà, nous parlions de tout et n’importe quoi. C’était apaisant de l’entendre rire et de la voir aller mieux.

— Il est sympa, ton médaillon, dit-elle.
Par réflexe, je touchai mon pendentif.
— Merci.
— Où est-ce que tu l’as déniché ?
— Il appartenait à ma mère, expliquai-je. Je ne lui ai jamais demandé d’où il venait.

Je haussai une épaule. Puisque je parlais d’elle au passé, Madelaine parût comprendre qu’elle était morte. Elle n’en parla plus.
Je cessai de toucher le collier présentant une boussole, après un instant. Et avant qu’une vague de nostalgie puisse m’envahir, elle reprit :

— Il n’a pas dû comprendre ce qu’il lui arrivait, quand il s’est retrouvé à terre. Bien joué.
Elle leva son verre et je fis de même. Nous les fîmes tinter l’un contre l’autre.
— Il n’a eu que ce qu’il méritait, affirmai-je.

Et encore, je trouvais qu’il s’en était trop bien tiré.
Elle termina son verre d’un trait puis le reposa sur le comptoir. Elle m’offrit un sourire que je lui rendis.

— Il faut que j’y aille, déclara-t-elle.

Je regardai l’heure. Il était vrai qu’il commençait à se faire tard. J’opinai et sortis mon porte-monnaie pour régler nos consommations. Madelaine mit une main sur mon bras.

— Laisse, c’est pour moi ! s’exclama-t-elle. Je te dois bien ça !
— Tu ne me dois rien du tout, protestai-je.
— J’insiste.

Elle posa deux billets sur le bar. J’enfilai ma veste et la suivis ensuite à l’extérieur. La température était tombée. Nous marchâmes jusqu’au parking et je restai en alerte, au cas où un autre problème nous tomberait dessus.

— Je te ramène ? me proposa-t-elle, une fois arrivée à sa voiture.
Je secouai la tête. Si elle s’approchait trop et qu’elle était témoin de choses étranges…
— Merci, j’habite vraiment tout près d’ici, refusai-je. Mais c’est très gentil.
Elle acquiesça et s’installa au volant. Je lui fis un signe de la main, mais elle ouvrit la vitre.
— N’hésite pas à passer à la librairie ! me lança-t-elle avec un sourire enthousiaste.
Sa joie fut contagieuse.
— Promis ! répondis-je.

Je me retournai et me mis en route vers le manoir. Je vis la voiture de Madelaine s’éloigner. Il commençait à faire sombre, mais le soleil éclairait encore un peu les ruelles. Des lampadaires s’étaient déjà allumés.
Je hâtai le pas, restant vigilante. Au moins, je n’étais pas totalement seule : certains marchaient, regagnant leur maison après une journée de travail. Je saluai quelques personnes qui commençaient à m’être familières.

Lorsque je fus seule sur le chemin, mon niveau d’alerte redoubla. J’avais ma main sur mon portable, prête à appeler April. Elle était le premier numéro de mes contacts, après Adam. Mais ce dernier n’était pas là.

Il n’y eut aucun incident sur le trajet. Je soupirai de soulagement en apercevant le portail de l’immense bâtisse des River. J’entrai sur le terrain et me dirigeai vers l’entrée.
Quand je passai devant le salon, je vis Lucian, qui faisait les cent pas. Il avait l’air soulagé de me voir.

— Salut, fis-je. Qu’est-ce qui se passe ?
Il tenta de prendre un air détaché, mais il ne convainquit personne.
— On se demandait juste où tu étais… On a vu Tim rentrer il y a un moment et…
Oh.
— J’ai discuté avec quelqu’un, annonçai-je. Je n’ai pas vu le temps passer.
— Ne t’en fais pas, tu n’as pas de compte à nous rendre ou quoi que ce soit, voulut-il me rassurer.

Je souris. Il était adorable. Même s’il était inquiet, il essayait de ne pas le montrer ou être étouffant. À vrai dire, Lucian m’attendrissait. L’impression qu’il m’était familier, que j’avais ressenti à notre rencontre et qui était désormais explicable, puisque je l’avais connu étant petite apparemment, s’était muée en un attachement assez solide. Il était un peu comme une figure paternelle. Tout comme April était douce et attentionnée comme une mère.

Comme j’aurais voulu que la mienne le soit.
Je fronçai les sourcils.

— Attends… (Sa femme et lui m’avaient demandé, des jours plus tôt, de les tutoyer. Finalement, j’y parvenais assez bien, comme si cela m’était naturel.) Tu as dit « on »…
Je soupirai.
— Où est April ? demandai-je.

Il mit ses mains dans son dos, l’air nerveux. Il n’eut pas besoin de répondre, j’avais compris. Je commençais à bien les connaître, mes vampires.

— Elle est partie à ta recherche, avoua-t-il d’un ton bas.

Je le savais.
Je passai une main sur mon front.

— Et si ça n’avait pas été elle, ça aurait été toi ? devinai-je.
— Oui. (Il leva ses mains en signe d’innocence.) Il faut nous pardonner. On ne veut pas t’espionner ni te fliquer, mais on a passé tellement de temps à nous inquiéter pour tout, et à raison, souvent, que…
Je m’approchai.
— Ne t’en fais pas, le coupai-je d’une voix douce. Je comprends. Et j’ignore tout ce que vous avez pu traverser. La prochaine fois, je vous préviendrai si je rentre plus tard.
— Tu n’es pas obligée, vraiment…
— J’y tiens. Au moins le temps que vous n’ayez plus à craindre pour ma survie, souris-je. Et si ça peut te rassurer, j’étais prête à vous appeler en cas de problème. Et tu es mon sauveur, n'est-ce pas ?

Cette idée réchauffait d’ailleurs mon cœur. Et à voir son expression, visiblement, c’était aussi son cas.
Il soupira, visiblement soulagé que je le prenne bien. Je décidai de ne pas lui parler de l’épisode avec Madelaine et l’agresseur. Pas besoin d’en rajouter.

J’allai m’asseoir sur un des canapés et il prit place dans son fauteuil préféré en velours rouge. Sa chevelure brune entoura sa silhouette.

— C’est un truc de vampires, d’avoir les cheveux aussi longs ? lançai-je sur un ton ta-quin.
Il souffla du nez, amusé.
— Les vieilles habitudes ont la vie dure, répondit-il. (Il saisit une de ses mèches entre ses doigts.) Quoi ? Ose me dire que ça ne me va pas bien ?
Je ris.
— Je n’ai pas dit ça ! contrai-je.

La porte d’entrée s’ouvrit et une furie arborant une crinière noire tout aussi longue que celle de son mari, nous rejoignit en vitesse.
April nous observa, puis mit une main sur sa poitrine.

— Dieu merci…, souffla-t-elle. J’avais peur de suivre une fausse piste.
Je haussai un sourcil.
— Une fausse piste ? relevai-je.
— Oui. J’ai senti que ton odeur revenait au manoir, mais je ne savais pas si mon odorat me jouait des tours, précisa-t-elle.
Si ça n’était pas venu d’elle, j’aurais flippé. Elle parût capter ce qu’elle venait de dire, et pris une mine désolée.
— Hum…, commença-t-elle. On s’inquiétait un peu alors…
Je chassai ses paroles d’un geste de la main et souris.
— Je sais. Ce n’est rien.

Elle vint s’asseoir à l’autre bout du canapé. Elle avait toujours l’air coupable. Lucian la rassura d’un regard, ce qui parût la détendre légèrement.
Le silence fit remonter la bouffée d’émotions que j’avais repoussé quand je me trouvais avec Madelaine. Mes doigts se refermèrent sur mon médaillon.

— Vous pourriez me parler de mes parents ? demandai-je timidement.
— Bien sûr, répondit Lucian. Tu as d’autres questions ?
— Euh… Pas à propos de nos pouvoirs mais… Plutôt sur leur personnalité.
Ma requête parût les surprendre. Je ne leur avais encore jamais demandé une telle chose.
— Je n’ai jamais connu mon père. Comment était-il ? Je connais seulement son nom.
Un sourire nostalgique apparût sur les lèvres de Lucian. April baissa les yeux.
— Il était extraordinaire, répondit-il. (Rien que ces premiers mots me firent sourire.) Le cœur sur la main. Il était prêt à aider tout le monde, tout le temps.
— Comment vous vous êtes rencontrés ? m’enquis-je.

Je me redressai, intriguée par la réponse.
Il hésita quelques secondes, semblant ne pas savoir par où commencer.

— En fait, je l’ai directement connu alors qu’il avait des ennuis, ricana-t-il. Ce bon vieux Christopher… Toujours à s’attirer des problèmes. Des vampires en avaient après lui, et je l’ai sauvé de leurs griffes. Il est entré dans mon clan.
— Savari doit se marrer en voyant que ça recommence avec moi, fis-je remarquer avec un rire amer.
— Savari a tendance à se marrer pour à peu près n’importe quoi, de toute façon, répliqua April avec un rictus en coin.
— Par la suite, nous nous sommes beaucoup rapprochés, poursuivit Lucian. Si tu avais vu sa tête quand il a appris qu’il allait être père…
Son regard se perdit dans le vide et il afficha un sourire attendri.
— Il était l’homme le plus heureux du monde, ajouta la vampire assise à côté de moi.
Mes lèvres s’étirèrent, au point que je crus que j’allais en avoir mal aux joues. Mais je retrouvai un peu mon sérieux.
— Et ma mère ? osai-je demander. Comment était-elle ? Est-ce qu’elle était… heureuse, elle aussi ?
Il y eut un silence qui dura quelques secondes.
— Oui, finit-il par répondre avec douceur. Elle débordait de joie. Elle qui était toujours plutôt discrète, timide, quand elle a su qu’elle était enceinte, elle s’est épanouie. Avec une rapidité remarquable.

Je sentis mes yeux me piquer et me renfrognai. Sans la mort de mon père, et l’agression qu’elle avait subie, ma mère serait restée la femme pleine d’énergie et enthousiaste à l’idée d’être maman, qu’elle avait été. Mais on l’avait privée de son bonheur. Par la suite, elle était devenue distante, peu attentionnée. Souvent, j’avais l’impression qu’elle aurait préféré que je ne sois pas présente dans sa vie.
J’aurais voulu tuer celui qui avait changé nos vies. Sa vie.

— J’aurais aimé… qu’elle le soit toujours, admis-je.

La vampire prit ma main dans la sienne et la pressa. Je fis de même en retour. Son mari hocha la tête une fois d’un air grave, ses yeux cobalt empreint de compassion. Il se leva soudainement.

— Viens, j’ai quelque chose à te montrer, annonça-t-il.

Je lui lançai un regard interrogateur et il me fit un clin d’œil. Il nous invita à le suivre, ce que je fis. Nous traversâmes le dédale des couloirs, puis nous arrivâmes jusqu’à une chambre. La leur.
Elle était un peu plus grande que la mienne, mais restait très simple. Les murs étaient dans les tons chauds, avec des nuances de marrons. Mes chaussures firent grincer le parquet, tandis que je marchais dans les pas de Lucian, April derrière moi. Il ouvrit un tiroir d’une commode, puis fouilla dedans.

— Ah ! Les voilà…

Il en tira une petite boîte, qu’il ouvrit. Il m’en présenta le contenu. Avec curiosité, je me penchai en avant pour mieux voir.
Des photographies.
Je m’en saisis et me mis à examiner la première. Ma bouche forma un « o ».

— C’est…
— Christopher, me coupa Lucian. Ton père.

J’étais subjuguée. Je voyais enfin à quoi avait ressemblé mon géniteur. Ma mère n’avait pas de clichés de lui, ou alors, elle refusait de me les montrer. Cela avait déjà été compliqué de connaître son prénom.

Il était plutôt grand et arborait de courts cheveux châtain. Son expression était emplie de douceur. Il avait passé un bras autour de la taille de ma mère, qui souriait comme jamais je ne l’avais vu le faire, sa longue chevelure rousse soulevée par le vent. Il avait le regard rivé sur l’objectif, tandis qu’elle, le contemplait avec amour. Sur une autre, c’était l’inverse.

Ma gorge se serra.
Je passai les photos. Parfois il était seul, parfois avec elle. Il y en avait même une avec Lucian.

— Elles sont superbes, m’étranglai-je sous le coup de l’émotion.

Ils mirent tous les deux une main sur mes épaules. J’étais à deux doigts de pleurer. April se pencha pour déposer un baiser sur ma joue.

— Tu as hérité tes yeux d’émeraude de lui, ajouta Lucian.

Cela me fit sourire. Moi qui pensais avoir récolté cette teinte, de ma mère. Je finis par ranger les photos dans la boîte et par la lui tendre. Il secoua la tête.

— Garde-la, me dit-il. J’ai pu regarder ces photos pendant des années. C’est à ton tour, maintenant.

Je lui offris un regard reconnaissant. J’allais donc emmener cette boîte dans ma chambre, même si je doutais d’avoir la force de l’ouvrir souvent.

— Oh ! Une dernière chose, intervint April.

Elle sautilla presque jusqu’à une grande armoire. Elle en ouvrit les deux portes principales et s’accroupit, afin de chercher quelque chose, tout en bas. Elle en ressortit un ours en peluche marron foncé, qui avait connu des jours meilleurs. Une de ses oreilles était un peu décousue et sa couleur beige d’origine avait perdu de sa superbe. Une bouffée de nostalgie me saisit, alors que cet ours m’avait l’air très familier. Je m’en approchai et April me le donna. Je gardai la boîte sous mon bras, tandis que j’examinais la peluche.

— Un jour, alors que tu étais toute petite, tu l’as oublié chez nous, m’apprit-elle. Nous n’avons pas eu l’occasion de te revoir, après ça… Mais tu y tenais beaucoup, alors il a dû te manquer.
Je plissai les yeux, alors qu’un souvenir affluait.
— C’est Nounours ? demandai-je, surprise.
— Oui ! s’enthousiasma Lucian. Tu t’en souviens, alors.

J’eus un léger rire. Certes, il n’avait pas un nom très original, mais je devais à peine savoir parler, quand je l’avais nommé. J’avais fait au plus simple. Mais je me rappelais, désormais, que j’avais joué avec cette peluche. Mais puisqu’il s’agissait d’une période précédent mes dix ans, tout le reste était un peu flou. J’avais seulement la sensation qu’il y avait souvent quelqu’un pour jouer avec moi. Mon père étant mort peu de temps après ma naissance, c’était sûrement ma mère.
Quand elle jouait encore avec moi.

— Je m’en souviens, confirmai-je avec un sourire. Merci…
— C’est normal, répondit Lucian
Nous ressortîmes de la chambre et j’allais me diriger vers la mienne, quand je décidai de leur poser une autre question :
— Est-ce que vous avez des nouvelles d’Adam ?

J’aurais pu lui envoyer un message, mais je n’avais pas osé, de peur que sa sonnerie ou le mode vibreur ne le distraie pendant sa mission - puisque j’ignorais où il en était -, ou ne le trahisse. Évidemment, ce serait surtout irresponsable de sa part, de garder son portable allumé sur lui pendant un combat.

— Oui, il va bien, affirma Lucian. Sa mission s’est bien passée.
Je soupirai de soulagement.
— Il devrait rentrer dans la nuit, ou demain matin, poursuivit-il.
— D’accord. Merci, répondis-je, me sentant soudainement plus légère.
— Tu tiens beaucoup à lui, hein ?
Je le regardai pendant un instant, puis passai à April, avant de finalement observer le sol avec une soudaine fascination.
— Oui, avouai-je.

Je relevai les yeux juste à temps pour les voir s’échanger un regard. Ils paraissaient inquiets. Cependant, ils masquèrent rapidement cette émotion. April me fit un grand sourire empreint de tendresse.

— Fais attention à toi, ma chérie, me conseilla-t-elle.
J’aurais bien voulu l’écouter. Seulement, c’était plus fort que moi.
— Je sais que c’est compliqué, soupirai-je. Et… de toute façon, il ne se passe rien.

Quel mensonge.
Et de fait, ils me regardèrent avec un air absolument pas convaincu. Je me mordis la lèvre et ce fut compliqué de soutenir leur regard. Je me sentis rougir légèrement.

— Tu es au courant, alors, soupira April.
— Pour Brooke et lui ? Oui.
— Il n’y a pas que ça, intervint Lucian.

Je haussai les sourcils. À quoi devais-je m’attendre, encore ?
Il fit un pas vers moi et mit une main sur mon épaule. Avec d’autres personnes que les River, j’aurais sûrement trouvé ce contact insupportable. Pourtant, le vampire devant moi, ainsi que sa femme, me donnaient l’impression d’être aimants et doux, Adam paraissait protecteur, Emma, amicale et Nora, encourageante. Quant aux autres… Je n’avais pas encore réellement statué.

— Quoi ? demandai-je.
— Plus tard tu voudras… rentrer chez toi. Retrouver ta vie d’avant, fit April d’une petite voix, comme si cela lui coûtait de me dire cela.
Ma gorge s’assécha.
— Ça pourrait être plus dur, s’il se passe quelque chose, et si tu veux repartir, continua-t-elle. Il faut que tu te préserves, ma chérie.
— « Si » ? relevai-je en m’étranglant à moitié.
— Si tu choisis de rester, tu es aussi la bienvenue, assura Lucian.
Je me figeai. Il se méprit sur ma réaction, ce que je pouvais comprendre.
— Il est évident que tu veux retrouver une existence paisible, se reprit-il. Mais sache que c’est une possibilité. Quoique tu décides, et même si cela arrive dans dix ans, nos portes te seront toujours ouvertes.

Je ne m’étais pas figée parce que l’idée de rester ici me répugnait. Mais bien parce que ses paroles faisaient échos à ce que j’avais pu penser. Pourrais-je seulement retrouver une vie « paisible » ? J’avais traversé les années en restant seule. Ici, je m’étais rapprochée de personnes qui étaient devenues plus importantes en peu de temps que tous ceux que j’avais pu connaître en plus de deux décennies. J’avais Carla, bien sûr, et j’avais envie de la voir sans la mêler à tout ça, mais elle avait aussi sa vie de son côté et nous pourrions toujours nous voir en dehors du clan.

Pour autant, étais-je prête à embrasser cette vie ? Dans laquelle je serais toujours « l’humaine », sous le charme d’un homme qui avait de fortes chances de se marier avec une autre ? Dans un monde de violence ?
Je me giflai mentalement. La violence n’existait pas que de leur côté. Ce serait hypocrite de le penser. Et ma mère et moi en avions fait les frais alors que nous étions en dehors de tout cela.

Et si on mettait ça de côté, ainsi qu’Adam, je savais que les mariés River et Emma me manqueraient. Terriblement. Et je ne pourrais pas être pleinement moi-même sans mes pouvoirs, or, il fallait que j’évite de les utiliser parmi les miens.
Il fallait seulement que je comprenne où était ma place.

— Et si cela vous apportait surtout des ennuis ? m’enquis-je.
April laissa échapper un ricanement sinistre. C’était si étrange d’entendre un tel son venir d’elle, que j’en fus surprise.
— Les ennuis frappent à notre porte depuis des siècles, déclara-t-elle. Et depuis le temps, ils savent que nous avons des griffes. Ne t’en fais pas pour ça.

Lucian approuva ses paroles d’un geste du menton. Je secouai doucement la tête en songeant au fait qu’ils n’étaient pas croyables. Un sourire ému étira mes lèvres.

— Merci, leur chuchotai-je.

Ce n’était pas une réponse claire, mais au moins, ils savaient que je leur en étais reconnaissante pour leur proposition.
Armée de mon ours en peluche et de la boîte contenant les photos, je me dirigeai vers les escaliers, après les avoir salués.

~


— Qu’est-ce que tu fais ? me héla une voix.

Je relevai la tête. Nora se tenait en face de moi, alors que j’étais assise sur le canapé du salon, mon carnet à dessins dans les mains, le regard dans le vague. Impossible de me concentrer.

— J’essaye de dessiner.
— On dirait surtout que tu t’attends à trouver les réponses de l’univers dans cette page blanche, se moqua-t-elle.

Je lui tirai la langue et reposai le carnet sur la table sans ménagement, en soupirant. Puis mes yeux se posèrent sur elle. Je fronçai les sourcils. Elle avait troqué ses talons pour des baskets et avait enfilé une tenue de sport.

— Où tu vas ? la questionnai-je.
— J’ai une petite mission qui m’attend, m’apprit-elle.
Cela m’alarma autant que ça m’intrigua. Je me redressai. Elle eut un sourire en coin.
— Ne t’en fais pas, je peux me défendre. Et je pars seulement en reconnaissance. Il s’est passé quelque chose dans un coin de la forêt, apparemment. Pas de bagarre en vue. (Elle jeta un regard presque dédaigneux à ses chaussures.) Sinon j’aurais pu le faire en talons, ça fait bien plus mal.
J’inclinai la tête sur le côté.
— Je vois.

J’hésitai à lui soumettre une requête. Je ne tenais pas trop en place et je n’avais pas envie de dormir maintenant. J’étais tendue, m’attendant à ce qu’Adam rentre à tout moment, en vain. Je n’arrivais pas à m’empêcher de m’inquiéter.

— Un genre de randonnée, quoi…, fis-je pour moi-même.
— C’est ça.
Elle se retourna et s’apprêtait à s’éloigner, lorsqu’elle fit à nouveau volte-face.
— Tu veux m’accompagner ? m’interrogea-t-elle.
Je me levai avant même de répondre.
— Je n’osais pas te le demander, avouai-je. Laisse-moi juste enfiler mes baskets.

~


Nora se frayait un chemin à travers les branches et les hautes herbes sans trop de difficulté, contrairement à moi, qui ne cessait de trébucher et de me prendre les pieds dans des racines. Elle s’en amusait régulièrement. Mais il valait mieux ça plutôt qu’elle se dise que j’étais un poids mort qui la ralentissait.

Même s’il faisait nuit, avec elle, je n’avais pas peur. La vampire était bien l’élément le plus dangereux des environs pour moi, à cet instant précis. Et elle ne semblait pas vouloir me tuer, là tout de suite. Et si les choses se gâtaient, je savais qu’elle ferait en sorte que nous restions en sécurité et que nous partions. J’avais la sensation qu’il y avait peu de choses dont cette femme pouvait avoir peur. Et peu de choses qui pouvaient lui résister.

Je tenais une lampe torche dans la main. Elle n’en avait pas besoin, grâce à sa nyctalopie qui se trouvait dans le packaging donné après une transformation en vampire.

— On devrait bientôt arriver, me dit-elle.
— Rappelle-moi ce qu’on cherche ? soufflai-je.
— Apparemment il y a eu du grabuge, répondit-elle en restant évasive. Mais ne t’en fais pas, ça ne devrait pas être dangereux.
— Je te fais confiance, répondis-je.

Je me rendis compte que c’était vrai. Je lui faisais vraiment confiance, sur ce point.
Elle tourna la tête vers moi et haussa un sourcil.

— D’ailleurs, pourquoi est-ce que tu tenais autant à venir en forêt avec moi, en pleine nuit ? Je pensais que je t’effrayais.
J’eus un petit rire. Elle paraissait presque déçue.
— C’est le cas, rassure-toi, répliquai-je. Et je voulais me changer les idées.

Elle m’étudia un instant. Je sentais son regard sur moi, alors que j’avais baissé le mien pour éviter de trébucher pour la énième fois sur des racines.

— Tu es inquiète, remarqua-t-elle.
— Oui. Peu importe ce que vous pouvez me dire, je ne suis pas habituée à toutes ces missions et à vous voir combattre. Je sais que vous savez vous défendre, mais pour cette fois, tant que je n’aurai pas vu Adam sain et sauf… alors je continuerai à me poser des questions.
Elle dirigea à nouveau ses yeux droit devant elle.
— Je comprends, souffla-t-elle. Il te faudra du temps.
— En fait, je me dis que même au bout de la centième fois, je serais toujours un peu inquiète.
Un sourire entendu étira ses lèvres.
— Je le pense aussi, déclara-t-elle. Pour tout te dire, je le suis également. Même si au fil du temps, j’ai appris à lui faire confiance, à penser qu’il allait forcément revenir, ce n’est jamais simple. Alors j’imagine que pour toi, c’est encore pire.
Elle soupira. J’eus envie de mettre ma main sur son épaule, mais ne sachant pas comment elle le prendrait, je m’abstins.
— Tu t’attaches à lui, dit-elle. Du moins, encore plus que lorsqu’il s’agissait uniquement de vos rêves.
Je grimaçai.
— Ce n’est plus un secret pour personne, visiblement.
— C’est réciproque, continua-t-elle.

Mon cœur manqua un battement. À vrai dire, je m’en doutais déjà, mais que cela soit confirmé par une des personnes les plus proches de lui, ce n’était pas la même chose.

— Et je ne sais pas vraiment pourquoi, ricanai-je. Enfin… Il m’a dit que je dégageais quelque chose d’authentique. Il a précisé que ce n’était pas seulement grâce à mon humanité, mais…
— Il n’est pas attiré par toi parce que tu es humaine, me coupa-t-elle. Je sais que tout ce qui vous entoure, votre cœur, votre chaleur, votre vie, peut être fascinant, pour nous. Mais je le connais assez bien pour remarquer que ce n’est pas que ça.

Une vague d’émotion me parcourut. Je baissai la tête et mes cheveux encadrèrent mon visage de manière à masquer le sourire qui étirait mes lèvres. Je glissai ma main libre dans ma poche afin de ne pas montrer qu’elle tremblait. J’avais déjà du mal à cacher cela en tenant la lampe torche.

En revanche, elle avait une manière de parler de la fascination autour des humains, qui me laissait penser qu’elle en savait vraiment quelque chose. Mais je n’eus pas le temps de la questionner là-dessus, puisqu’elle continua :

— La dernière fois, quand je vous ai surpris, dans le jardin, je voulais qu’il se rende compte de ce qu’il faisait. (Je revoyais très bien cette scène. J’avais fui.) Pas parce qu’il a promis à Brooke de la sortir de sa situation épineuse, mais parce que je désirais qu’il choisisse plutôt ce qu’il souhaitait vraiment. Et ce qu’il souhaite, ce n’est pas être avec elle.
Elle releva la tête, paraissant sûre d’elle et pleine d’aplomb.
— Ce que je veux, c’est qu’il soit enfin heureux. Quand je t’ai vu partir, j’ai eu peur que tu penses que je voulais vous éloigner. Ce n’était pas le cas. Justement.
— Et pour Brooke… ?
Elle observa un silence de quelques instants.
— Je sais que ça serait horrible pour elle, reprit-elle. Je ne prétends pas être parfaite, ni gentille et je sais que ce que je dis peut paraître cruel. Je n’ai pas non plus l’habitude de prendre des gants. Mais Adam n’a pas à payer toute sa vie pour satisfaire les autres et aider tout le monde. Il a fait ça pendant plus de trois siècles. Trois putain de siècles. Il doit aussi penser à lui. Et il doit exister une autre solution. Il faut seulement qu’on trouve.
— Je lui ai dit qu’on trouverait, quand on en a parlé. Là-dessus, on se rejoint, toutes les deux.
Elle afficha une moue appréciatrice.
— Alors je pense vraiment que tu serais bien, pour lui. Tout comme il le serait pour toi.
— Et je pense qu’il a de la chance de t’avoir pour meilleure amie, répondis-je sincèrement.

J’étais certaine qu’elle le soutiendrait toujours, quoiqu’il arrive. Elle devait être le genre d’amie à être toujours là, tout en n’hésitant pas à vous secouer, si besoin. À la fois redoutable et débordante d’amour. Elle s’inquiétait toujours pour lui. Je savais que ça devait être pareil pour Lucian, car un lien d’amitié très fort semblait se dégager d’eux, lorsqu’ils étaient côte à côte. Mais ce dernier paraissait bien plus serein, moins alerte quant aux préoccupations autour d’Adam.

— Mais fais quand même attention, me menaça-t-elle. Si jamais tu lui fais du mal, alors tu goûteras à nouveau à ma glace.
— Pitié, non, grimaçai-je.
Elle rit.
— Et pour lui faire du mal, il faudrait que nous soyons plus proches. Ce qui n’arrivera peut-être pas, fis-je. Au-delà des fiançailles, que se passera-t-il si je rentre chez moi ?
Je me fis la réflexion que j’avais dit « si », et non pas « quand ».
— Même si tu finissais par partir, vous pourriez toujours vous voir, soupira-t-elle. Tu sais, de nos jours il existe des transports en commun. Des voitures.

Je me mordis la lèvre, mais finis par acquiescer. Je doutais que tout soit aussi simple, mais je décidai que j’avais envie d’y croire un peu, là tout de suite.

— Tu as raison, cédai-je.

Elle parût satisfaite.
Il y eut un petit silence. Je décidai de revenir sur une chose qu’elle avait dite :

— Tu parles des humains comme si… tu l’avais vécu. Cette attirance. (Je plissai les yeux.) Ou que tu le vivais en ce moment-même.

Un sourire que je ne lui avais jamais vu, à la fois joyeux et tendre, éclaira son visage, le rendant bien plus doux que d’ordinaire. Son expression paraissait si innocente, ainsi…

— Elle s’appelle Lilou, m’apprit-elle.
Mes yeux s’écarquillèrent et mes lèvres s’étirèrent à leur tour. Au point que j’allais en avoir mal aux joues.
— Ce n’est pas très sérieux, mais je l’aime beaucoup, termina-t-elle.
— Je suis contente pour toi !

Elle roula des yeux mais elle ne cessait pas de sourire. Elle voulait faire comme si ce n’était pas important, pourtant, cela se voyait. Ce sujet la touchait tout particulièrement.

Elle n’ajouta rien et je me demandai à quel point je pouvais être curieuse. Mais je décidai de ne pas tester les limites de sa patience. Nous n’étions pas des amies et ma curiosité aurait été déplacée.
En revanche, je pouvais la questionner sur un autre sujet.

— Est-ce que tu connais un dénommé Sander ? m’enquis-je.

Je crus voir ses lèvres tressaillir légèrement, mais de manière si infime que je ne sus si elle avait réagi à mes paroles ou à autre chose. Son visage resta impassible et elle secoua la tête.

— Non, pourquoi ? répondit-elle.
Je soupirai. J’hésitais à abandonner cette recherche.
— J’ai eu l’impression d’avoir une… sorte de vision à propos de ce nom. Qu’il faut que je le trouve, mais tout le monde a l’air d’ignorer de qui il s’agit.
Elle fronça les sourcils.
— Que tu le trouves ? releva-t-elle.
— Oui. Comme s’il pourrait aider Adam. Que Sander était très important. En tout cas pour moi, même si j’en ignore la raison.
— Pour toi…, répéta-t-elle.

J’eus la sensation qu’elle était tout à coup bien impliquée dans cette histoire, pour quelqu’un qui ne connaissait aucun Sander. Elle m’avait probablement menti. Seulement, elle n’avait pas l’habitude de cacher des choses, au contraire, elle était très franche en toutes circonstances. Et je venais de dire qu’il pourrait aider son meilleur ami. Si elle taisait la vérité, c’était pour une raison valable.

Même si elle ne me disait rien et me tenait à l’écart, elle protégerait Adam quoiqu’il arrive. Elle ne resterait pas sans rien faire, j’en étais certaine. Au moins, cette pensée me soulageait.
Je secouai les mains devant moi en voyant son expression légèrement méfiante et confuse.

— Le plus important à mes yeux, c’est Adam, déclarai-je. En aucun cas ce Sander ne pourrait le remplacer, il ne s’agit pas de ça. Mais… il devrait être là. Je ne sais pas comment l’expliquer. C’est simplement mon instinct.

Alors pourquoi avais-je le cœur brisé à l’idée de ne jamais comprendre de qui il s’agissait ? Allait-il se passer quelque chose, pour Adam, s’il n’apparaissait jamais ?
Elle hocha doucement la tête.

— Je te crois, affirma-t-elle. Je suis désolée, je ne peux pas t’en dire plus.

Elle ne le pouvait pas, parce qu’elle ignorait tout, ou parce qu’elle ne pouvait rien me révéler, comme je le pensais un peu plus tôt ?
Soudainement, elle s’immobilisa et mit un bras devant moi pour me stopper. Elle fronça les sourcils et son nez fin se retroussa.

— Je sens quelque chose.

Mon cœur se mit à tambouriner comme un fou dans ma cage thoracique.
En effet, il y avait bien quelque chose. Une odeur horrible me prit à la gorge et me piqua les yeux. Je mis une main sur ma bouche.

— Qu’est-ce que…, murmurai-je pour moi-même.

Nora fit quelques pas et je la suivis. À nouveau, elle se figea en regardant plus loin. Puisque je ne pouvais pas voir ce qu’elle décelait, j’orientai la lumière de ma lampe torche de sorte à voir plus loin.

Devant nous, des cadavres d’animaux de toutes sortes étaient étendus au milieu de l’herbe.

---


Chapitre 15
Chapitre 17
Dernière modification par Chlawee le mer. 25 août, 2021 11:02 pm, modifié 1 fois.
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par Pendergast »

Hello ! Toujours aussi génial, le passage avec les photos et le nounours était très touchant, j'ai adoré ! Quant à la fin :o :o :o
MGT_

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par MGT_ »

Coucou ! Tu me perturbes à poster un lundi aha mais c'est la bonne nouvelle de la semaine !
J'aime beaucoup ce chapitre très touchant avec l'histoire de son père. Et la fin nous laisse littéralement sur les fesses !
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par Yaya2408 »

J'adore ce chapitre et la fin Aaaaah c'est pas possible tu veux ns tuer ou quoi ?????
Allez bisous <3
J'ai trop hâte de revoir Adam
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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par lacrystal »

Hello ! Je ne peux que dire oui à un chapitre à l'avance ! :D J'avoue, j'avais oublié de commenté alors que je l'ai lu, j'ai eu un éclair de lucidité y'a 5 min xD Mais bon au moins j'ai eu le plaisir de le relire !
Chloe38200 a écrit : lun. 16 août, 2021 1:00 pm Elle finit par le faire, à bout de forces. Il se mit à courir dans ma direction, regardant encore derrière lui pour être sûr qu’elle ne le suivait pas. Il ne me vit donc pas. Je fis un pas sur le côté et tendis ma jambe. Au moment où il arriva à ma hauteur, il se heurta à elle et s’étala de tout son long sur le sol. J’en profitai pour me baisser et saisir le sac, puis je fis un bond en arrière et commençai à reculer, pour éviter qu’il ne m’attrape.
IN YOUR FACEE !!!!! Je m'emballe xDDD
Plus sérieusement, GG Neeve !
Il détala sans demander son reste.
C'est ça va-t-en !
Sa joue était meurtrie, rouge, sûrement à cause d’une gifle.
Cours après le gars pour lui régler son cas
— Il n’a eu que ce qu’il méritait, affirmai-je.
Et encore, je trouvais qu’il s’en était trop bien tiré.
Je suis totalement d'accord avec Neeve
— N’hésite pas à passer à la librairie ! me lança-t-elle avec un sourire enthousiaste.
L'invitation vaut pour moi aussi ? :roll: Par contre je risque de la squatter h24 xD


Bon OK, je pleure là :cry: :cry: :cry: :cry: La scène qui suit est juste adorable. Bon déjà Lucian et April je les trouve trop chou genre vraiment je les aime d'amour <3
Et ensuite le nounours là :cry: :cry: :cry: ça va pas d'écrire des choses aussi touchantes ? Tu veux m'achever ? :cry: :cry: :cry:
Tu passes super bien les émotions vraiment, j'avais les larmes aux yeux *-*
— Je sais que c’est compliqué, soupirai-je. Et… de toute façon, il ne se passe rien.
C'est sûr juste des rapprochements trop mignons et un baiser ardent fait un clin d'oeil avec un sourire en coin
Par contre je veux plus donc va falloir trouver une solution pour Brooke pour qu'ils puissent tous deux vivre la vie chacun avec celui qu'il aime
— J’essaye de dessiner.
— On dirait surtout que tu t’attends à trouver les réponses de l’univers dans cette page blanche, se moqua-t-elle.
:lol: :lol: :lol:
— Je n’osais pas te le demander, avouai-je. Laisse-moi juste enfiler mes baskets.
C'est parti 8-) Hé attendez moi, je viens aussi !

— Elle s’appelle Lilou, m’apprit-elle.
Ooooooooooooooooh *-*

— Le plus important à mes yeux, c’est Adam, déclarai-je.
Mooowww :cry: :cry: Mon coeur fond
Devant nous, des cadavres d’animaux de toutes sortes étaient étendus au milieu de l’herbe.
wtf :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:


Bon comme d'habitude ce chapitre était excellents. Je me demande bien comment ça va se passer, si Neeve va rester auprès d'eux. Je l'espère en tout cas (bon c'est le tome 1 alors je me dis elle doit rester avec eux pour la suite des aventures mais avec toi je me méfie xDD la confiance règne )
Sinon je me demande vraiment qui peut-être ce Sander. Quelqu'un du passé d'Adam ? De Lucian ? De Nora ? Parce qu'elle semblait le connaître du coup... Bref plein de questions
Sans parler de la fin :o
J'ai hâte d'en apprendre plus *-*
A bientôt :*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 16)

Message par Chlawee »

Pendergast a écrit : lun. 16 août, 2021 5:13 pm Hello ! Toujours aussi génial, le passage avec les photos et le nounours était très touchant, j'ai adoré ! Quant à la fin :o :o :o
Hey ! :D
Moooow je suis contente que tu aies aimé !
Ah la fin... :mrgreen:
MGT_ a écrit : mar. 17 août, 2021 8:28 am Coucou ! Tu me perturbes à poster un lundi aha mais c'est la bonne nouvelle de la semaine !
J'aime beaucoup ce chapitre très touchant avec l'histoire de son père. Et la fin nous laisse littéralement sur les fesses !
:lol: :lol: Ben du coup pour rétablir l'équilibre, je poste un mercredi.
Merci beaucoup ! :D
Yaya2408 a écrit : mar. 17 août, 2021 11:21 am J'adore ce chapitre et la fin Aaaaah c'est pas possible tu veux ns tuer ou quoi ?????
Allez bisous <3
J'ai trop hâte de revoir Adam
Peut-être... :twisted:
Merci ! Bisous ! <3
Ah Adam... :roll: <3 (Oui je suis en kiff sur mon propre perso kestuvafer. :lol: )
lacrystal a écrit : mer. 18 août, 2021 10:48 pm Hello ! Je ne peux que dire oui à un chapitre à l'avance ! :D J'avoue, j'avais oublié de commenté alors que je l'ai lu, j'ai eu un éclair de lucidité y'a 5 min xD Mais bon au moins j'ai eu le plaisir de le relire !
Chloe38200 a écrit : lun. 16 août, 2021 1:00 pm Elle finit par le faire, à bout de forces. Il se mit à courir dans ma direction, regardant encore derrière lui pour être sûr qu’elle ne le suivait pas. Il ne me vit donc pas. Je fis un pas sur le côté et tendis ma jambe. Au moment où il arriva à ma hauteur, il se heurta à elle et s’étala de tout son long sur le sol. J’en profitai pour me baisser et saisir le sac, puis je fis un bond en arrière et commençai à reculer, pour éviter qu’il ne m’attrape.
IN YOUR FACEE !!!!! Je m'emballe xDDD
Plus sérieusement, GG Neeve !
Il détala sans demander son reste.
C'est ça va-t-en !
Sa joue était meurtrie, rouge, sûrement à cause d’une gifle.
Cours après le gars pour lui régler son cas
— Il n’a eu que ce qu’il méritait, affirmai-je.
Et encore, je trouvais qu’il s’en était trop bien tiré.
Je suis totalement d'accord avec Neeve
— N’hésite pas à passer à la librairie ! me lança-t-elle avec un sourire enthousiaste.
L'invitation vaut pour moi aussi ? :roll: Par contre je risque de la squatter h24 xD


Bon OK, je pleure là :cry: :cry: :cry: :cry: La scène qui suit est juste adorable. Bon déjà Lucian et April je les trouve trop chou genre vraiment je les aime d'amour <3
Et ensuite le nounours là :cry: :cry: :cry: ça va pas d'écrire des choses aussi touchantes ? Tu veux m'achever ? :cry: :cry: :cry:
Tu passes super bien les émotions vraiment, j'avais les larmes aux yeux *-*
— Je sais que c’est compliqué, soupirai-je. Et… de toute façon, il ne se passe rien.
C'est sûr juste des rapprochements trop mignons et un baiser ardent fait un clin d'oeil avec un sourire en coin
Par contre je veux plus donc va falloir trouver une solution pour Brooke pour qu'ils puissent tous deux vivre la vie chacun avec celui qu'il aime
— J’essaye de dessiner.
— On dirait surtout que tu t’attends à trouver les réponses de l’univers dans cette page blanche, se moqua-t-elle.
:lol: :lol: :lol:
— Je n’osais pas te le demander, avouai-je. Laisse-moi juste enfiler mes baskets.
C'est parti 8-) Hé attendez moi, je viens aussi !

— Elle s’appelle Lilou, m’apprit-elle.
Ooooooooooooooooh *-*

— Le plus important à mes yeux, c’est Adam, déclarai-je.
Mooowww :cry: :cry: Mon coeur fond
Devant nous, des cadavres d’animaux de toutes sortes étaient étendus au milieu de l’herbe.
wtf :shock: :shock: :shock: :shock: :shock:


Bon comme d'habitude ce chapitre était excellents. Je me demande bien comment ça va se passer, si Neeve va rester auprès d'eux. Je l'espère en tout cas (bon c'est le tome 1 alors je me dis elle doit rester avec eux pour la suite des aventures mais avec toi je me méfie xDD la confiance règne )
Sinon je me demande vraiment qui peut-être ce Sander. Quelqu'un du passé d'Adam ? De Lucian ? De Nora ? Parce qu'elle semblait le connaître du coup... Bref plein de questions
Sans parler de la fin :o
J'ai hâte d'en apprendre plus *-*
A bientôt :*
Hey ! :D
Moooow merci ! <3 T'en fais pas ! :P

:lol: :lol: Ce "in your face" venu de l'espace !
Et après tu dis que moi je suis violente... :lol:
Yes, on va aller dans sa librairie ensemble. 8-) Elle en aura marre de nous voir.

Ooooh merci ! :( <3 Je suis heureuse que cette scène t'ait touchée !
Par contre je veux plus donc va falloir trouver une solution pour Brooke pour qu'ils puissent tous deux vivre la vie chacun avec celui qu'il aime
Adam : Ok keskonfé ?
Nora : ça devient sérieux, les menaces...
Brooke : Elle me fait plus peur que Savari. :shock:
Ned : On the road to trouver une solution vite vite avant que Lacrystal débarque avec une poêle.
Neeve : Ah non, la poêle c'est moi.

Comment ça avec moi tu te méfies ? :o Je suis choquée et profondément outrée. :o :o :o :o
Ah, Sander, Sander... 8-)

Merci !! <3 Bisous ! :*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 17)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Puisque ça a perturbé tout le monde que je poste en avance -c'est faux-, je poste en retard. Comme ça tout le monde il est bien content. :mrgreen: Les astres s'alignent à nouveau, le monde retrouve un équilibre et tout, et tout.
Comment ça hier j'ai maté un livre intégral de Kaamelott, ce qui m'a mise en retard ? Je proteste. Calomnies.
Bref. :lol:
Voici donc le chapitre 17 à base de cadavres d'animaux (youpi joie), de Nora (non parce que quand même faut avouer qu'elle a la classe. 8-) Oui elle pointe un flingue sur ma tempe. Call 911.), de balade en forêt (par ces temps radieux c'est extraordinaire) mais la nuit eeeeeet... Bon ben je vais pas vous spoiler le reste hein, mon intro est déjà assez longue ! (On dirait une youtubeuse jpp.)
Oui je suis fatiguée du coup je raconte n'importe quoi. :mrgreen: Et puis ça me plaît de parler un peu avec vous aussi. Comment vous allez ? J'espère que vous êtes prêt(e)s pour la rentrée ! :D Et si non, beeeen... J'espère que ce chapitre vous remontera un peu le moral. :lol: (Sachant qu'il est pas joyeux joyeux c'est pas gagné.) Enfin bref, bonne lecture et j'espère que ce chapitre vous plaira !
Des bisous ! <3
PS : On est à plus de la moitié de l'histoire. Oui c'est long. :lol:


Chapitre 17


Je restai là, à regarder les silhouettes inanimées de ces bêtes qui n’avaient rien demandé. De tailles et d’espèces diverses et variées. Je finis par parvenir à m’arracher à cette contemplation morbide et j’éloignai le faisceau de la lampe torche, avant de fermer les yeux un instant. Nora, quant à elle, regardait toujours. Je ne savais pas comment elle faisait.

— Qu’est-ce qu’ils font tous rassemblés ainsi…, chuchota-t-elle pour elle-même.

C’était la seule question qu’elle se posait ? Non parce que j’en avais bien quelques-unes qui me venaient, à moi. Et peut-être une dizaine, si je prenais un instant pour y réfléchir.

Elle se mit à avancer et au début, mes pieds refusèrent d’obtempérer, mais je finis par les convaincre de faire de même, avec réticence. Je luttai contre des haut-le-cœur, à cause de l’odeur. Elle se pencha au-dessus des corps et sembla les examiner, sans pour autant les toucher.

— Ils ont été vidés de leur sang, observa-t-elle.
Je mis une main devant ma bouche.
— Et ils ont des traces de morsure.
— De vampire, devinai-je.
— Exactement.
— Je vais vomir, prévins-je.
Nora croisa les bras et eut une moue pensive, sans quitter ce spectacle macabre du regard.
— Bon, au moins ce n’étaient pas des cibles humaines, admit-elle alors que je me sentais de plus en plus mal. C’est déjà ça de gagné. Mais ça reste étrange qu’ils aient tous été entreposés là. Ils devaient y avoir plusieurs vampires et ils ne savaient pas quoi en faire. (Elle ricana, comme si la situation était drôle.) Ils ont voulu partager un repas convivial entre eux.
Il faisait de plus en plus chaud. Je me mis à reculer. Je n’aimais pas tellement cette comparaison.
— Mais ça explique pourquoi on m’a dit de venir voir, ils ne doivent pas en être à leur premier coup dans les environs et ils n’effacent pas bien leurs traces.
Je me retournai, une main sur le cœur.
— Pauvre petit lapin…, soupira-t-elle.

Je me penchai en avant et me mis à vomir. Je ne pouvais plus me retenir. Elle était vraiment obligée de dire ça ?
J’entendis à peine les brindilles craquer sous ses pas lorsqu’elle se rapprocha de moi pour attraper mes cheveux. Foutus vampires avec leur discrétion légendaire et leur souplesse et agilité innées.
Je pensai à Cristobal. Oh non, l’agilité n’était pas innée chez tous les vampires, finalement.

— Chérie, tu n’étais clairement pas faîte pour ce monde, constata-t-elle avec empathie.
— Je vais m’adapter, hein…, parvins-je à dire avant de déglutir à nouveau.
Je faisais référence à ses propres paroles mais je n’étais pas très convaincante. Cela l’amusa.
— Je n’en doute pas.

Elle attendit que ma nausée se calme puis me lâcha. Je pris un mouchoir pour m’essuyer.
Alors que je me retournais vers elle, j’eus à peine le temps de la voir foncer sur le côté. La lampe torche que j’avais laissé tomber s’éteignit. Je ne voyais plus grand-chose. Elle se rapprocha assez de moi pour que je puisse déceler son index sur ses lèvres. Elle me faisait signe de me taire. Je me tendis. Qu’avait-elle senti ? Ou entendu ?

Elle me rendit la lampe mais me fit comprendre par un geste de ne pas l’allumer. Je la vis tourner la tête de plusieurs côtés, comme si elle suivait une piste, de loin.

Soudainement, elle me souleva. J’étais à moitié avachie sur son épaule et nous nous mîmes à filer à toute allure dans la nuit, au milieu des bois. Je ne sus comment je parvins à garder ce que j’avais dans les mains. Je fermai les yeux, m’attendant à ressentir les griffures des branches, mais rien. Les réflexes de Nora nous permettaient d’éviter les obstacles. Dans d’autres circonstances, j’aurais trouvé qu’il était bien plus pratique de voyager ainsi.
En attendant, je commençais à être vraiment inquiète.

Elle finit par s’arrêter et j’attendis quelques secondes pour être sûre qu’elle ne repartirait pas à vive-allure, pour oser regarder à nouveau.
Nous étions à l’orée d’une forêt. Devant nous, s’étendait une prairie et, quelques mètres plus loin, se tenait une maison vieillotte, décrépite.

— Tiens, murmura Nora.

J’écarquillai les yeux en la voyant me tendre un pieu en bois. Elle en tenait également un autre, pour elle. Je m’en saisis, ne comprenant pas trop ce qui se passait.

— Normalement, tu n’auras pas à t’en servir, mais on ne sait jamais.
Je déglutis et sentis mon cœur battre bien plus vite.
— Tu es sûre que ça va aller avec ça ? me demanda-t-elle.
J’étais très peu à l’aise avec cette arme.
— Oui, mentis-je.
Clairement pas. J’avais peur de me blesser. Cela sembla pourtant lui suffire.
— Bien. J’en ai senti deux. Le vent a joué contre eux, ils n’ont pas dû se rendre compte de notre présence. On va se rapprocher, mais tu resteras à l’extérieur. Ils chercheront surtout à s’en prendre à moi. Si je sens que tu coures un danger, on détale.

J’étais si paniquée que mon cerveau se mit en mode instinct de survie et une froide détermination m’engourdit, afin de ne pas me laisser penser à ce qui était en train de se passer.

— Et s’il t’arrive quelque chose ? soufflai-je.

Comment pouvais-je l’aider ? Et comment pourrais-je espérer m’en sortir si elle était blessée, ou pire, morte ? Et même en mettant ma survie de côté, je ne voulais pas qu’elle connaisse cette fin funeste, là tout de suite.

— Il ne m’arrivera rien.

Je priai pour qu’elle dise vrai.
Elle me transporta à nouveau, nous approchant de la bâtisse. Les vampires à l’intérieur devaient nous avoir repérées. Elle leva deux doigts pour confirmer qu’elle avait vu juste quant à leur nombre.

— Reste là et attends mon signal pour entrer dans la maison.

Avant que je ne puisse lui demander quel signal j’attendais, au juste, elle fila. Elle entra si rapidement que sa silhouette fut invisible pour mon œil humain. Je ne vis que la porte d’entrée claquer.

Il y eut un grand silence. Horriblement pesant. Il devait se passer beaucoup de choses dans cette maison, mais je n’entendais pourtant rien. Pas de cris, pas de grognements. Je ne savais pas si c’était un bon signe parce que Nora les neutralisait rapidement, ou si c’était parce qu’il s’était produit un drame. Mais si c’était le cas, j’aurais déjà été attaquée, non ?
En revanche, comment avait-elle su que ces vampires-là étaient des dangers ? Certes, leur petit tour avec les animaux était atroce, mais il ne s’agissait pas d’humains, ils survivaient donc comme ils le pouvaient, non ?

Un long sifflement retentit, suivi de mon prénom, prononcé par une voix féminine familière. Je soupirai de soulagement.
Je m'empressai de rejoindre la maison. À peine eu-je passé la porte, que j’écarquillai les yeux en distinguant deux masses sur le sol, malgré l'obscurité. Des personnes inconscientes.

Je fronçai les sourcils. D’après les picotements dans ma nuque, même s’ils étaient très légers, il s’agissait de vampires. Pourtant, il y avait d’autres silhouettes, plus loin. Elle avait pourtant dit qu’ils n’étaient que deux…
Cette sensation me rappela celle que j’avais éprouvée, près de Stuart. Tous ces vampires étaient-ils de stade trois ?

Je me ressaisis et m’approchai des escaliers. Les marches étaient obstruées de cadavres d’animaux, ainsi que d’un corps, qui trônait au milieu. Je fis de mon mieux pour ne pas les regarder. Je rallumai ma lampe afin de mieux voir.

Pour trouver Nora, suivre les corps jonchant le sol. Noté.

Je la dénichai à l’étage. Les corps de deux vampires étaient inertes, à ses pieds. Comme pour s’assurer qu’ils étaient bien assommés, elle les titilla un peu du bout de ses baskets. Aucune réaction.
Ces vampires-là étaient en bien meilleure santé que les autres, en tout cas. Je le sentais aux picotements dans ma nuque.

— Je croyais qu’il ne devait y en avoir que deux ? lui soufflai-je.
— Je voulais dire qu’il y en avait deux pleinement conscients et en bon état de marche.

Elle avait une manière de voir les choses, avec cette ironie bien caractéristique, qui me laissait souvent sans voix.
Un frisson glacé parcourût ma colonne vertébrale lorsque j’éclairai d’autres masses inertes, plus loin. Je remarquai enfin une chose que j’avais ignoré jusqu’à présent, car j’avais grimpé les marches en vitesse sans m’attarder sur les personnes.
Leurs cheveux étaient grisâtres, voire blancs. Ils arboraient d’immenses cernes bien noirs. Leur peau paraissait avoir vieilli d’un coup. Cette vision m’emplit d’horreur. Effectivement, comme l’avait dit Stuart, ils étaient semblables à des zombies.

Ne pas regarder les corps la prochaine fois. Noté aussi.
Comment ça, « la prochaine fois » ?

— Ce sont des stade quatre…, compris-je.
Elle soupira et hocha la tête d’un air fataliste.
— Oui. Mais je ne comprends pas ce qu’il se passe. Il n’y aurait pas dû y en avoir autant. Pourquoi un vampire qui raterait toutes ses transformations, persévérerait tout en connaissant le résultat ? Et pourquoi y avait-il autant de cadavres d’animaux ? D’autres vampires devaient être là.

Je déglutis. Je me fis la réflexion que l’endroit où nous nous trouvions n’était pas si éloigné que ça du manoir. Certes, nous avions d’abord pris la voiture, avant de nous aventurer à pied dans les bois, mais c’était encore trop proche à mon goût.

— Bon, reprit-elle. Ne restons pas là. Je vais appeler les autres pour qu’ils viennent jeter un œil et je te ramène. Les deux lascars devraient dormir un moment.

J’ignorais ce qu’elle leur avait fait, mais c’était efficace. Apparemment, il en fallait quand même beaucoup pour mettre un vampire à terre.

— Comment as-tu su qu’ils étaient une menace ? Et… pourquoi avoir assommé les stade quatre ? l’interrogeai-je.
— On m’a rapporté que leurs victimes n’étaient pas que des animaux, dans les environs. Alors, ils vont essayer de les remettre dans le droit chemin si cela est encore possible. Si non, ils les tueront. Pour les autres… ils étaient déjà comme ça. Mais ils ne sont pas vraiment assommés. C’est simplement trop dur pour eux d’ouvrir les yeux.
Je m’entourai de mes bras. J’avais envie de pleurer.
— Les Exécuteurs ? devinai-je.
Elle opina. Puis elle tourna vivement la tête sur le côté.
— Reste là, m’ordonna-t-elle.

Et elle sauta par la fenêtre de la pièce. Je me précipitai vers le rebord et me penchai en avant. Je vis sa silhouette atterrir souplement avant de se ruer dans une direction.

J’étais donc seule, avec pour compagnie des vampires inertes. Je voulus inspirer un bon coup, mais l’air de l’étage était saturé d’une puanteur que je n’aurais su décrire. Un mélange entre les chairs en putréfaction des animaux présents dans les lieux ou celles des stade quatre. Je pris donc une grande bouffée en passant ma tête à l’extérieur, puis fis quelques pas dans la pièce. Je levai le nez en l’air pour ne pas regarder. J’aurais pu rester à mon poste, mais je ne pouvais pas attendre sans bouger. Je fis donc les cent pas en essayant de ne buter sur personne.

— S’il… vous… plaît…

Je me figeai et mon cœur menaça de cesser de battre. Tout mon corps était tendu. Je ne me retournai pas, dans un premier temps.

— S’il… vous… plaît…

La fin de la phrase était presque inaudible. Lentement, je finis par pivoter. Plus loin, dans un coin, un vampire de stade quatre avait réussi à entrouvrir les yeux. Il me fixait. Il faisait si peine à voir que je sentis mon cœur se briser.

— Tuez-moi…, m’implora-t-il.

Un grognement ressemblant à un sanglot lui échappa. Je serrai si fort les dents que cela me fit mal.
Quoi ? Non. Je ne pouvais pas faire ça…

— Pitié…

Quelques secondes s’écoulèrent, puis je jurai intérieurement avant de m’approcher. Son aura de vampire était si faible que je ne craignis pas qu’il m’attaque. Il paraissait ne même pas pouvoir ramper, ou se redresser. Il finirait comme ses camarades, qui avaient à peine la force de rester conscients.
En me voyant avancer, je perçus du soulagement dans ses yeux. Puis il les ferma, devant la lumière de ma lampe. Je l’éteignis en vitesse.

— Désolée…

Je m’accroupis près de lui, en respectant une certaine distance au début. Voyant qu’il ne faisait aucun geste, je tirai mon pieu de la poche de ma veste.

Je ne peux pas faire ça.

— Allez-y…, souffla-t-il faiblement. Je ne… peux pas…
Je sursautai lorsqu’il leva une main. Mais au lieu de m’attraper, il la posa doucement sur mon bras.
— Je… ne… peux… plus…

Des larmes se mirent à rouler sur mes joues, en silence. S’il avait voulu me faire du mal, et qu’il l’avait pu, il m’aurait attiré à lui ou aurait cherché à écarter mon arme. Il ne fit rien de tout cela.
Je hochai la tête.

— D’accord…, acceptai-je.

Que m’avait dit Emma, déjà ? Dans le cœur, et deux fois.
Je joignis mes mains au-dessus de son torse, mes doigts crispés au point qu’ils en blanchirent. Le temps sembla se suspendre. Je restai immobile un moment. J’avais conscience que l’homme souffrait et qu’il ne changerait pas d’avis, mais j’attendais. Juste… au cas-où.

Seulement, rien ne vint. Je pris une grande inspiration et abaissai mes bras, visant l’emplacement du cœur. La pointe du pieu fendit la peau meurtrie avec une facilité qui me fit pleurer encore plus. Le vampire laissa échapper un gémissement étouffé, à peine audible.

Allez Neeve… Encore une fois…

Je retirai l’arme, avant de l’enfoncer à nouveau.
Sa peau se mit à craqueler. À devenir grisâtre. Et juste avant qu’il ne devienne poussière, je crus le voir esquisser un faible sourire.

— Merci…

Ma gorge se serra un peu plus, alors que je pensais que cela serait impossible.
Alors que son corps avait disparu, ne laissant qu’un amas de vêtements, je restai figée, le pieu dans les airs, là où s’était trouvée sa cage thoracique.

— Neeve…, entendis-je.

Je sursautai, revenant soudainement à la réalité. Je lâchai le pieu, qui roula sur le sol, dans la direction de Nora. De son côté, elle laissa tomber le corps inanimé d’un autre vampire - celui qu’elle avait dû sentir avant de partir. Elle se pencha pour ramasser l’arme. Puis elle releva la tête vers moi. Son expression de pure compassion me frappa. Elle s’approcha de moi et posa une main sur mon épaule.

— Viens…, me dit-elle d’une voix douce. Rentrons.

Je la laissai me prendre par le bras et je me relevai. Étrangement, mes jambes ne tremblaient pas et je ne chancelais pas. Je devais être sous le choc. Je n’arrêtais pas d’entendre les supplications du vampire, alors même qu’il était mort. Au point que je tournai même la tête une fois avant de gagner les escaliers, en pensant qu’il était toujours là, tant sa voix me paraissait forte. Mais je l’avais bel et bien tué. Ou achevé.
Ou libéré, d’après son sourire.
Il n’était plus.

Je la laissai me guider jusqu’à l’entrée de la maison. Elle avait gardé une main sur mon bras pendant tout le chemin, craignant peut-être que je ne m’effondre. Se demandait-elle pourquoi j’avais fait ça, ou avait-elle assisté au remerciement de l’homme et deviné ? Je n’eus pas le courage de la questionner.

— Je suis désolée, souffla-t-elle au bout d’un moment, alors que nous venions de regagner l’extérieur. Cela ne devait pas se passer comme ça.
Je n’étais pas sûre que mes frissons soient dus au vent. Et il venait de se mettre à pleuvoir. C’était si ironique que je faillis en rire.
— Ne le sois pas, répondis-je d’une voix monotone. C’est moi qui ai voulu venir.

Malgré tout, elle n’était pas convaincue. Elle avait toujours un air coupable. J’avais peur de craquer en la voyant ainsi, alors je fis en sorte que nous parlions d’autre chose que de ce que je venais de faire, au moins pour le reste du trajet jusqu’à la voiture :

— Qu’est-ce que tu leur as fait pour qu’ils soient inconscients ? J’ignorais que les vampires pouvaient être assommés.
— Je leur ai injecté de l’argent liquide, m’apprit-elle. Et il est possible d’assommer un vampire. Il faut simplement y mettre beaucoup de force, et ça ne dure pas longtemps.

Le tonnerre gronda. Superbe coïncidence.
Les traits de mon visage ne bougèrent pas, mais intérieurement, j’étais surprise par ces informations. J’ignorais qu’elle avait cela sur elle, et que l’un des leurs pouvait être mis K.O. à cause d’un coup.

— Tu étais drôlement armée pour quelqu’un qui ne pensait pas que ça en viendrait là, remarquai-je.
Pour autant, cela ne sonnait pas comme un reproche. Plutôt une constatation.
— Je ne sors jamais les mains vides, déclara-t-elle.

Compréhensible.
Finalement, le silence retomba sur nous, alors que nous marchions dans la forêt. Elle évoqua rapidement le fait que Lucian et April étaient en route de leur côté, pour mettre cette affaire au clair et prévenir les Exécuteurs. Je hochai la tête mais je fis presque immédiatement abstraction de cette information.

J’avais l’impression d’avoir laissé une part de moi, dans cette maison délabrée.

~


— Et ça c’est leur poney ! m’enthousiasmai-je.

Ce n’était pas ma voix habituelle. Celle-ci était fluette, bien plus aiguë. Jeune. Je me vis lever un petit bras pour montrer une figurine représentant la monture de mes poupées. Je les présentais à quelqu’un, mais j’avais du mal à distinguer le visage de cette personne.

— Waouh… Et comment il s’appelle ? demanda une voix masculine qui me paraissait bien familière, sans que je ne parvienne à mettre le doigt sur ce qui devait être évident.
Je réfléchis à peine une seconde.
— Il va s’appeler « Jaune » !
— « Jaune » ?
— Ben oui, il est jaune ! répondis-je, comme si c’était une évidence.
L’homme en face prit un petit chat en plastique, qui, lui, était bleu.
— Il s’appelle « Bleu », c’est ça ?
Je plissai les yeux, comme s’il venait de dire une énormité.
— N’importe quoi ! Lui c’est Nestor !
— Au temps pour moi.
— Tiens papa !


Papa ?
Je lui refilai une poupée dans les mains.

— Elle, elle doit kidnapper Nestor et ensuite la princesse Isabelle va venir le sauver ! expliquai-je.
— Isabelle, d’accord…

Le ton de sa voix indiquait qu’il paraissait dépassé par de simples poupées.
Quelqu’un entra dans la pièce. Une voix féminine, elle aussi familière, s’éleva :

— Le goûter est prêt, annonça-t-elle. Tu veux des gâteaux en forme de petits cœurs toi aussi, mon chéri ?

Son ton était moqueur. Mais j’y fis à peine attention : au mot « goûter », j’étais déjà debout. Je me mis à sautiller vers la porte, empoignant mon ours en peluche marron sur le passage. Je n’allais nulle part sans lui.

Mais tout cela était étrange. Pendant un instant, je pris du recul dans mon propre rêve, chose qui avait tendance à m’arriver de plus en plus souvent, ces derniers temps.
Mon père étant mort peu de temps après ma naissance, qui appelais-je « papa » ? Ma mère avait-elle eu quelqu’un d’autre, des années après ?
Était-ce seulement réellement la voix de ma mère ?

Le décor changea. Je me retrouvai subitement dans un hall immense et ancien, fait de pierres. J’avais la sensation de me trouver dans cet endroit, tout en n’y étant pas vraiment. Les différentes odeurs m’effleuraient à peine. Les sensations des courants d’air également. Pourtant, je n’étais vêtue que de ma chemise de nuit violette, encore une fois. Et au milieu de cet endroit peu rassurant, c’était un élément plutôt réconfortant.
Que se passait-il ?

Et lorsque je vis Lucian, plus loin, je me demandai si je n’étais pas en train d’avoir une vision. Et en quelle année nous étions.
Il ne semblait pas me voir du tout. Ses cheveux étaient aussi longs qu’aujourd’hui mais ses habits, bien plus vieux. Son visage était tordu par l’inquiétude.

— Je t’en prie… Libérons-le…, supplia-t-il.

Le ton de sa voix me provoqua un sursaut. Je ne l’avais jamais entendu parler ainsi. Lucian, le Lucian, chef du clan River, qui paraissait si fragile…

Il s’adressait à une femme dont je ne voyais que le dos et une longue crinière noire lisse, à peine ondulée. Au début, je crus qu’il s’agissait d’April. Mais elle était loin de dégager la même aura, la même sérénité. Intriguée, je fis quelques pas vers eux, afin de mieux la voir. Elle possédait des yeux couleur saphir, un teint hâlé et un visage très sévère. Elle était d’une grande beauté, mais dégageait quelque chose d’inquiétant. À côté d’elle, l’impression que m’avait laissée Savari était gentillette.

En effet, en dehors de la couleur des cheveux et des yeux, April et elle étaient à l’opposé l’une de l’autre.
Elle soupira avec lassitude, comme si elle avait affaire à un enfant exaspérant.

— Non, mon amour, répondit-elle catégoriquement.


Mon amour ?
Qui était cette femme ? Ou plutôt : qui avait été cette femme, pour Lucian ?
Si c’était un rêve, j’avais une sacré imagination.

Elle s’approcha de lui et planta un baiser sur ses lèvres, avant de caresser sa joue. Il eut l’air déchiré entre deux émotions bien distinctes : la tendresse et la peine. Quant à moi, une sorte de colère commença à m’envahir, sans que je ne m’explique bien pourquoi. Je sentais le danger et j’avais envie de protéger mon sauveur, même si ces images appartenaient à un passé immuable.

— Sander mérite son sort. Il ne sortira pas de cette pièce avant que je ne l’ai fait ramper. Pendant des semaines.


« Trouve Sander. » Encore ce nom.

Le visage de Lucian se décomposa. Je vis ses yeux rougir et une larme de sang rouler sur sa joue. En voyant cela, je tentai de pousser Viviane. Mes mains passèrent à travers elle comme si je n’étais qu’un fantôme.

— Je t’en prie, répéta-t-il. Viviane, il a commis une erreur. Il ne le refera plus.
— Tu m’as également dit cela après ses trois dernières tentatives pour me tuer, rétorqua-t-elle sèchement. J’en ai assez de son comportement. Sander restera là-dedans, un point c’est tout.

Jamais de ma vie je n’avais autant eu envie de comprendre ce qu’il se passait.
Sur ces mots, elle fit volte-face dans sa longue robe blanche, puis s’éloigna à grands pas, la tête haute et le corps bien droit, de sa démarche féline, laissant un Lucian désemparé planté là. Déchiré entre son amour pour elle et son affection pour ce fameux Sander qui était enfermé quelque part.

Alors que je me tournai vers Lucian, son visage se mit brusquement à changer. Je laissai échapper un cri d’horreur lorsqu’il prit l’apparence caractéristique d’un vampire de stade quatre. Ses yeux cobalt devinrent sombres et cernés, sa peau vira au gris, tout comme ses cheveux, qui se firent d’ailleurs plus courts.

Ce n’était pas n’importe quel stade quatre. C’était celui que j’avais tué.
Il arbora un sourire empli de gratitude.

— Merci…

Il s’effondra, se répandant en cendres sur le sol. Le décor bascula. Tout se mélangea.
La vision avait cédé la place à un cauchemar.



Je me réveillai en sursaut, prise d’effroi. Mais je n’eus pas le temps de m’épancher sur ce que je venais de voir. Des picotements dans ma nuque me firent tourner la tête.

Je m’étais endormie près de la fenêtre, puisque je guettais le retour d’Adam. Je ne pensais d’ailleurs pas parvenir à trouver le sommeil, même je n’avais pas dû fermer les yeux très longtemps. J’ignorais quand il allait revenir exactement, mais je ne voulais pas bouger de cet emplacement.

Plus bas, il marchait justement dans la cour, approchant les marches du perron. Je bondis et ouvris la fenêtre de mes mains tremblantes. Le grincement lui fit lever la tête. Je me penchai en avant.

— Adam…

Malgré la distance, je fus certaine qu’il avait arboré son habituel sourire en coin. Sans me lâcher des yeux, il s’approcha encore du manoir, puis bondit. Un hoquet de surprise m’échappa. J’écarquillai les yeux et me penchai encore plus pour l’apercevoir. Il se trouvait juste en-dessous de la fenêtre, accroché au mur avec ses mains et ses pieds comme s’il était une araignée. Emma avait beau m’avoir prévenu que certains pouvaient faire ça, c’était très impressionnant.

Bouche-bée, je l’observai réduire la distance entre ma fenêtre et lui. Je reculai afin de lui laisser de la place. Quand il arriva à mon niveau, il se hissa sur le rebord.

— Salut, fit-il.
Je dus me ressaisir afin de ne pas juste gober des mouches.
— Tu es acrobate à tes heures perdues, lançai-je.
— J’avais envie de t’impressionner.
Son sourire s’était fait insolent.
— Admets que tu ne pouvais pas couvrir toute la distance d’un seul bond et que tu devais te rattraper au mur, le repris-je.
Il haussa une épaule et balaya mon commentaire d’un geste.
— C’est le résultat qui compte, affirma-t-il en quittant le bord pour entrer dans la pièce.
Il referma la fenêtre afin de bloquer l’air frais.
— Tu as l’habitude de rentrer dans les chambres des gens comme ça ? Sans passer par la porte ?
— Seulement dans la tienne.

Je secouai la tête, exaspérée, mais petit à petit, mon expression faussement blasée se transforma, reprenant son sérieux. Je le pris subitement dans mes bras, le serrant fort contre moi, mon visage contre son torse. Mon geste le surpris, car il ne réagit pas pendant une seconde. Puis il m’étreignit à son tour, un bras dans mon dos et un autre au niveau de mes épaules.
Je souris, soulagée et apaisée par sa présence. Tout ce qui s’était passé, ainsi que mon rêve, m’attendaient quelque part, mais je les repoussais pour l’instant.

— Qu’est-ce que tu faisais à la fenêtre ? s’enquit-il doucement.
— Je t’attendais.
— Tu m’as attendu ? s’étonna-t-il.
— Bien sûr ! Pourquoi ne l’aurais-je pas fait ?

Il ne répondit pas. Il devait penser que malgré le baiser échangé avant son départ, j’avais peut-être changé d’avis sur lui et décidé que finalement, son sort m’importait peu. Ou que je voulais à nouveau être distante. De plus, il n’avait absolument pas l’habitude qu’on se soucie de lui. Ce constat me donna à la fois envie de le serrer plus fort contre moi et de le secouer.

— Tu es important, Adam, lui chuchotai-je sans toutefois le regarder. Tu n’en as pas l’impression, mais tu l’es.

Les autres ne s’angoissaient peut-être pas quand il partait en mission, ou bien ne le montraient pas, pour autant, je savais qu’ils l’aimaient.

— En tout cas, tu l’es pour moi. Et tu m’as manqué, avouai-je. J’étais inquiète.
Je me reculai légèrement puis me mis à l’examiner pour être sûre qu’il n’était pas blessé.
— Comment tu te sens ? Est-ce que tout va bien ? Personne ne t’a fait de mal ? m’affolai-je soudainement.

Rien sur ses vêtements. Pas de tâches de sang. Mon regard remonta jusqu’à son visage. Pas de plaies. En même temps, ils pouvaient se régénérer rapidement. Peut-être qu’il avait quand même reçu des coups.

Je me rendis compte qu’il me fixait intensément. Je dus lutter pour ne pas rougir. Il devait encore être en train d’assimiler ce que je lui avais dit juste avant. Une certaine tension naquît entre nous, alors que nos regards étaient rivés l’un dans l’autre.

— Je vais bien, finit-il par dire si bas que je faillis ne pas l’entendre.
Je soupirai de soulagement. Je m’arrachai à ses yeux noirs magnifiques pour l’inspecter une toute dernière fois, pour être sûre.
— Tu as fini de m’ausculter ? se moqua-t-il gentiment.

Je lui fis une grimace en retour, puis me laissai à nouveau aller contre lui. Je me rendis compte que nous ne nous étions pas lâchés, depuis la première étreinte.

— C’est calme, ici, observa-t-il. Il n’y a que Nora qui rôde dans le couloir. (Même si elle me laissait de l’espace, elle veillait sur moi, non loin, au cas-où il m’arriverait de craquer à cause de l’épisode horrifique de la maison abandonnée. Il avait senti sa présence.) Où sont les autres ?

Je me crispai. Devant mon silence, il comprit que quelque chose n’allait pas. Je me mordis la lèvre inférieure, tandis que les images du vampire que j’avais tué me heurtaient de plein fouet. Lui. Son sourire. Son corps qui s’affaissait.

— Ils sont en mission, répondis-je.

Ma voix s’étrangla. Je fermai les yeux alors que je sentais les premières larmes couler. Mes mains se serrèrent en poing, dans son dos.

— Neeve, qu’est-ce qu’il se passe ? me murmura-t-il, inquiet.

Je fondis en larmes. Mes épaules furent secouées par mes pleurs et des sanglots s’étouffèrent dans ma gorge. Il m’étreignit un peu plus fort contre lui, son odeur fraîche me rappelant l’extérieur, m’apaisant. Il allait bien. Les autres s’occupaient des vampires de stade quatre. Je n’étais plus dans la maison.

— Qu’est-il arrivé ? insista-t-il. Quelqu’un est blessé ?

Il se recula légèrement pour m’inspecter, voulant constater par lui-même que je n’avais rien, bien qu’aucune odeur de sang s’écoulant d’une plaie ne lui parvienne.
Je me rendis compte que de son point de vue, j’étais bouleversée sans qu’il ne sache pourquoi et que les autres étaient partis en mission. Il pouvait s’imaginer le pire. Je secouai donc la tête.

— Non… Tout le monde va bien.
— Parle-moi…

J’en fus incapable pendant un moment. Il continua à me serrer dans ses bras. Il enfouit son visage contre le sommet de ma tête et il se mit à caresser doucement mes cheveux. Mes sanglots se firent de plus en plus faibles et espacés, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des larmes silencieuses. Seulement, mes tremblements ne cessaient pas.

Il me souleva et passa un bras sous mes jambes, pour me porter jusqu’au lit. Il me déposa dessus et s’adossa au sommier puis m’attira à lui. Il remonta la couverture pour me réchauffer et frotta ses mains sur mes bras. En effet, maintenant que je faisais attention, je pouvais entendre mes dents claquer et j’avais effectivement l’impression d’être gelée. Même si son corps n’était pas à une haute température, notre contact m’apaisa.
Je finis par lever les yeux vers lui. Son expression me frappa. Je ne l’avais vu aussi anxieux que lorsque je ne pouvais plus respirer à cause de ma vision.

Il leva une main pour sécher mes larmes du pouce, d’un geste si délicat que j’en fermai les yeux. Je me laissai aller contre lui. Il me berça et reprit ses caresses dans ma chevelure. Je finis par délier ma langue et lui raconter ce qu'il s’était passé, avec Nora. Il m’écouta sans m’interrompre, réagissant à peine à ce que je disais, sûrement pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Je ne percevais que de la compassion, au fond de ses deux yeux noirs. Quand arriva le moment de mon acte envers le vampire affaibli, il déposa un baiser sur ma tempe, puis mit son front contre le mien.

— Je suis désolé pour ça.
— Tu n’y es pour rien…
Un ange passa.
— J’ai l’impression de lui avoir rendu service mais…
Je ne pus terminer cette phrase.
— Mettre fin à la vie de quelqu’un n’est jamais aisé, reprit-il doucement. Je sais ce que ça fait. Alors si tu as besoin d’en parler, surtout n’hésite pas…
J’opinai. Je savais que je pouvais compter sur lui. Je ne le connaissais que depuis deux mois, mais j’en étais certaine.
— C’est réciproque, répondis-je. Je suis là pour toi.

Un faible sourire étira ses lèvres. Il ne répondit pas, mais je savais qu’il tenait compte de mes paroles.
Le silence nous enveloppa pendant un moment, mais ce n’était pas désagréable. Je n’avais pas besoin de parler, avec lui. Je ne sus combien de temps s’était écoulé avant que je ne reprenne la parole.

— Est-ce que tout s’est bien passé, de ton côté ? m’intéressai-je.
Je voulais penser à autre chose. Néanmoins, je n’étais pas sûre que les terme « bien passé » soient adéquats.
— Oui, chuchota-t-il. Il y avait deux vampires en frénésie et j’ai pu les amener à un Exécuteur.
Je hochai la tête. Puis, un petit sourire fit son apparition sur mon visage.
— J’ai progressé, déclarai-je.

Il me jeta un regard interrogateur. Je soulevai un peu la couverture et laissai une de mes mains en-dessous, dans l’ombre du tissu, mais tout de même visible. Je me concentrai et, petit à petit, ma peau sembla s’estomper, se fondre dans l’obscurité. Une vague d’excitation me saisit, comme souvent lorsque j’utilisais mes pouvoirs.
Les ombres se propagèrent du bout de mes doigts jusqu’au milieu de mon avant-bras, puis je relâchai le tout, afin que mon membre redevienne normal.

Je me tournai vers lui, arborant une mine victorieuse. Il avait l’air surpris et… fier. Fier de moi. Mon cœur se mit à battre un peu plus vite.

— Je suis parti à peine deux jours et quand je reviens, tu peux faire ça, fit-il faussement offusqué.
— Que veux-tu, les humains, ça pousse vite.
— Si je pars une semaine, est-ce qu’il y a un risque que je te retrouve avec un sabre laser ou en train de manier la Force ?
J’écarquillai les yeux puis pouffai de rire. Après toutes ces émotions, ça faisait du bien.
— Je n’imaginais pas que tu aimerais Star Wars.
Il haussa un sourcil.
— Sous prétexte que je suis un vampire, je ne peux pas aimer ? s’amusa-t-il.
— C’est juste que je te voyais mal… regarder la télévision.
Il rit.
— Ça n’arrive pas souvent, en effet, répondit-il. Et puis je connais vaguement, ce n’est pas comme si j’avais tout regardé.
— Mmh, mmh…

Nous continuâmes de parler de choses légères, afin que je puisse me détendre. Cela fonctionna, puisque je me mis à somnoler. Je finis par m’allonger sur le côté et regardai Adam.

— Est-ce que tu veux bien… rester ? demandai-je.
Il s’allongea également, ses yeux pleins de tendresse.
— Je n’allais nulle part, assura-t-il.

Je souris.
Puis je repris mon sérieux et pris une inspiration.

— Qui est Sander ? m’enquis-je.

Il fallait réellement que je sache. Si Lucian l’avait connu, alors il y avait de fortes chances pour que ce soit également le cas d’Adam.

Au début, ce fut comme s’il avait du mal à réaliser ce que je venais de demander. Mais ses traits se tordirent enfin pour exprimer un profond choc et l’inquiétude mêlée de colère que je décelai dans ses yeux m’alertèrent.

Les souvenirs qu’entraînait ce prénom étaient en train de le heurter de plein fouet. J’aurais voulu ne jamais avoir posé cette question. Je ne pensais pas que cela susciterait une telle réaction. Si je l’avais vu avoir peur pour moi, là, c’était assez semblable. Une panique tout aussi viscérale. Qui le prenait aux tripes.
Je mis une main sur sa joue et secouai la tête.

— Oublie ça, murmurai-je. Je te demande pardon. Tu n’es pas obligé de me répondre.

Il mit sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts, d’un geste tendre qui contrastait avec son air mi-affolé, mi-furieux. Cette rage n’était pas dirigée contre moi. Mais contre cette mystérieuse personne. Ou peut-être Viviane, s’il l’avait connue.

— Redis-le, exigea-t-il avec calme.
Je fronçai les sourcils. Quoi ?
— Sander… ? fis-je, obéissante.

Il ferma les yeux un bref instant, puis un rire légèrement amer lui échappa. Comme si m’entendre le prononcer ajoutait de l’importance à ce nom.

— J’ai l’impression que je dois retrouver cette personne, expliquai-je. Qu’elle peut nous aider… Qu’elle est importante.

Quand ses paupières se soulevèrent à nouveau, je vis que la lueur dans ses yeux s’était adoucie. Il ne lâcha pas ma main. Il paraissait… touché ?
Alors, il n’était pas réellement en colère contre ce Sander, qui qu’il soit ?
Pourquoi avais-je l’impression qu’il m’était nécessaire de le retrouver ? J’ignorais de qui il s’agissait.

— Sander est mort, annonça-t-il. Il y a bien longtemps.

Je ressentis un pincement au cœur. Je ne comprenais pas pourquoi, mais les larmes faillirent me monter aux yeux à cette idée. Bon sang… Pourquoi étais-je dans cet état ? Ma gorge se noua.
Mais ce n’était pas le moment de me préoccuper de moi. Adam avait connu cet homme. Je passai une main dans son dos.

— Je suis désolée…
— Pourquoi penses-tu devoir le retrouver ?
— J’ai la sensation qu’il serait bénéfique pour nous. Pour toi. Et…
Ma gorge se noua.
— Tu es triste qu’il soit mort, constata-t-il.
Je dus me mordre les lèvres quelques secondes pour ne pas laisser échapper un nouveau sanglot. J’avais envie de me gifler.
— Oui, avouai-je parce qu’il était difficile de nier la vérité. Mais je ne sais absolument pas pourquoi.

Ma voix s’étrangla à la fin de ma phrase et je pris une grande inspiration pour me ressaisir. Mes yeux croisèrent les siens, habités d’une émotion profonde, que je n’aurais pu décrire. J’ignorais comment qualifier cette alliance de tourment, de rage et d’affection. L’inquiétude s’y mêlait également.

Comme avec Nora, je craignis qu’il ne se méprenne sur la signification de ma confession. Après tout, il me voyait pleurer un fantôme simplement évoqué lors de visions, que je n’avais pas connu. Et au fond de moi… quelque chose me disait qu’il ne s’agissait pas d’un simple chagrin parce que ce Sander aurait pu être un ami ou un protecteur pour Adam. C’était bien plus que cela. À l’idée qu’il soit mort, j’avais la sensation qu’on m’avait arraché un bout de mon âme. C’était incompréhensible.

Pourtant, m’imaginer avoir des sentiments pour un autre qu’Adam me faisait me sentir si mal que j’en avais des frissons glacés. C’était hors de question.
Je me redressai, ressentant le besoin de le lui faire comprendre, de me justifier.

— Je ne sais pas ce qu’il se passe, admis-je. J’éprouve des… choses, mais ce n’est pas comme avec toi. Et ça me tue parce que personne ne pourrait jamais te remplacer, à mes yeux. Je tiens à toi. Réellement. Je ne veux pas que tu penses qu’une vision a pu tout changer…
— Ce n’est pas ce que je pense, me souffla-t-il doucement en pressant ma main.
— Tu es extraordinaire, continuai-je. Et tu m’as sauvée de bien des manières… Je ne pensais pas pouvoir me sentir… mieux, ainsi, un jour, pourtant c’est le cas grâce à toi. Alors ce Sander…
— Neeve… Je t’assure que je ne pense pas que tu…
— Et tu es sûrement la seule personne qui puisse me redonner mon souffle quand j’ai l’impression de suffoquer. La seule qui compte autant. Et ça, ce n’est pas rien.

Il y eut un grand silence, qui s’étira pendant des secondes interminables. J’étais partagée entre la fascination et l’inquiétude, devant son regard. Il était si secoué par ses émotions que ses iris en étaient devenues encore plus sombres. Plus agitées.

— Si tu comptes t’éloigner, fais-le maintenant, ou bien tu devras attendre un moment.
Je fronçai les sourcils, la respiration courte.
— Parce que je vais t’embrasser, me prévint-il.

Mon cœur se mit à battre plus vite. Il n’y eut plus de chambre, plus de manoir, plus de maison abandonnée dans les bois et plus de cauchemars. Plus de fantôme entre nous. Seulement lui et moi.

— Alors viens, qu’est-ce que tu attends ? grondai-je presque.

Il se pencha vers moi et, à l’inverse de ce à quoi je m’étais attendue, son baiser fut d’une douceur inégalée. C’était différent de ceux, passionnés, que nous avions échangé, mais non moins exquis. Au contraire : celui-ci me faisait fondre comme ce n’était encore jamais arrivé. Il n’y avait pas de note de désespoir, comme si quelque chose allait nous séparer d’une minute à l’autre. Pas d’empressement.

Nous avions le temps. La certitude insensée - que je ne saisissais pas bien -, que nous nous étions réellement trouvés et que nous étions si profondément ancrés dans l’âme de l’autre que rien n’aurait jamais rien pu changer à cela. Rien, ni personne.
Ce que je savais, en revanche, c’était que je n’avais aucune envie de réfléchir à la raison d’un tel moment, pour l’instant.

Nos lèvres dansèrent lentement ensemble, prenant le temps de s’apprivoiser, nous laissant nous délecter de ces sensations, de la saveur de l’autre.
Ce baiser prit fin un instant plus tard, me laissant pantelante après tant de tendresse.

— Je t’assure que je ne pense pas que tu as plus de sentiments pour lui que pour moi, termina-t-il enfin.

C’était cela, qu’il tentait de me dire, avant que je ne lui avoue que je tenais autant à lui ? Comment pouvait-il ne pas douter ? Surtout au vu de mes réactions ? J’aurais pu comprendre qu’il soit un peu jaloux.

Mais il ne l’était pas, et il avait raison. C’était le principal. Il passait avant tout. Personne d’autre. Malgré ce que je pouvais éprouver d’étrange envers une personne qui n’existait plus depuis sûrement des siècles, pour peu que l’emprisonnement ordonné par Viviane se soit couronné d’un véritable désastre.

J’opinai. J’étais entourée d’une chaleur diffuse qui semblait me bercer. Puis, ce furent les bras d’Adam, qui me bercèrent à leur tour. Il m’attira contre lui et j’enfouis mon visage contre son torse. Cette fois, le silence fut moins empreint de tension, plus apaisant.

— Cela faisait une éternité que je n’avais pas entendu ce nom, déclara-t-il au bout d’un moment.

« Trouve Sander… »

Mais étrangement, cette voix dictée par mon instinct, était plus étouffée, cette fois-ci. Moins audible.
Je resserrai mon étreinte.

— Une éternité…, répéta-t-il.

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Chapitre 16
Chapitre 18
Dernière modification par Chlawee le jeu. 02 sept., 2021 3:18 pm, modifié 1 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 17)

Message par Yaya2408 »

Wow alors la chapeau tu m'as encore une fois époustouflée. Ton écriture est vraiment super agréable à lire et ton histoire est juste PARFAITEEEE
J'ai vraiment hâte de lire la suite
Gros bisous
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