Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
Répondre

Aimez vous Lorry ?

Non
0
Aucun vote
Oui
0
Aucun vote
Je ne sais pas trop, parfois elle a vraiment des réactions étonnantes qui sont pourtant très réalistes, mais qui lui donnent un côté narcissique.
2
100%
Je trouve qu'elle ressent des choses réalistes, et qu'elle est plus fragile et terrifiée qu'elle ne le montre.
0
Aucun vote
 
Nombre total de votes : 2
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

Hello, on m'appelle (ou du moins, j'aimerais.) Elly, et j'aurai 14 ans le 26 novembre (mais il ne faut pas le dire aux autres, je n'aime pas qu'on me le fête :lol: )

J'ai deux chiens adorables (et des poules, mais j'aime pas ça). J'ai peur des chats et de la nuit, des chats parce qu'ils ne m'aiment pas, aucun commentaire. :lol: et de la nuit, car je fais pas mal de cauchemars violents donc plutôt déplaisants :lol:
J'écris depuis très longtemps, et j'ai décidé de poster une histoire ici. Il y aura un peu plus que trente chapitres, qui seront postés les uns à la suite des autres dans les plus brefs délais (je vais essayer un chaque semaine).
Aucune reproduction autorisée, même partielle ! Tous les droits sont réservés à bibi (moi-puisque je suis l'auteur). Je m'engage à avoir recours à des méthodes des plus déplaisantes pour moi comme pour vous si vous recopiez, même une seule phrase, de mon livre. Alors pas touche !

J'espère avoir des commentaires autant positifs que négatifs, n'hésitez pas à partager votre avis sans hypocrisie, je ne vous en serais que plus reconnaissante.

Bisous :D

Ps : N'hésitez pas à faire des blagues (de préférence nulles et en rapport à la littérature) en commentaire XD.

Mémo des personnes à prévenir :
- Lanaau
Dernière modification par emaevansedventyr le dim. 07 nov., 2021 7:50 pm, modifié 1 fois.
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

PROLOGUE :
«Vous avez trente jours avant de mourir de votre cancer, Lorry»

Une phrase qui fait peur, qui nous brise, qui nous incendie d'une tragédie.

Une fois qu'elle fut parvenue à mes oreilles, je suis restée bouche-bée pendant bien quinze seconde alors que ma mère lâchait un sanglot à en faire trembler les murs.
Je ne savais plus comment réagir à une telle déclaration. Je sentais, ces derniers temps, que j'allais mal. Mais de là à me dire que l'opération avait sérieusement foirée et allait me faire mourir ? Moi ? Lorry Hasta ? La fierté de mes parents ? Jamais.

Alors je vais maintenant regarder la vérité en face, calmement, dignement. Ce soir, à 00h00, débutera mon chronomètre et s'ouvrira mon nouveau journal intime intitulé «Trente Jours pour une Vie», et dedans, j'y noterais mes dernières journées, dans l'espoir que ma souffrance silencieuse soit connue par les gens qui vivent pleinement. Et tout ça pendant une vie entière. Ceux qui se plaignent parce qu'ils ont mal à la main, essayez de comprendre ce que ça fait de vivre sans espoir.

Je veux montrer la vraie souffrance. Alors les mots le feront pour moi quand mes mains voleront sur mon clavier.
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

CHAPITRE UN : JourUn_LeRegardDesAutres
Cher Journal,

Introduction :
Les regards des autres m'avait toujours effrayée, voir prise au dépourvu les fois où j'étais vraiment dans une mauvaise position. Mais je crois que jamais je n'ai été préparée à vivre une humiliation telle que celle d'aujourd'hui.



Je ne m'étais jamais demandé ce que mes camarades penseraient de mon cancer. Seraient-ils moqueurs ? Auraient-ils de la pitié ? Je ne me l'étais jamais demandé puisque dès le jour ou ma maladie a été annoncée à moi et ma famille, ma décision avait été de garder cette nouvelle pour les proches, et ensuite mes professeurs puisqu'ils commençaient à me mettre des punitions pour mes endormissements fréquents en cours que je devais au traitement infernal que l'on m'affligeait.

Alors non, avant aujourd'hui, personne ne savait que j'étais gravement malade, au collège. Mais à l'annonce des Trente Jours, je me suis dit que je devais l'annoncer. Que ma mort ne devait pas prendre par surprise, puisqu'elle engendrerait sinon des rumeurs fausses et détournées de la réalité. Autant donner une dernière leçon à tous les idiots et idiotes de ma classe pour essayer de leur inculper la première bonne manière de leur vie.

Lorsque je suis arrivée avec Maman devant la grille du collège, je me suis une nouvelle fois dit : «Allez Lorry, on prend comme ça vient !» Parce que c'était à peu près la seule chose qui me faisait flotter à la surface, tout le reste m'entraînait dans le fond. Maman, Papa et moi avions beaucoup discuté la veille sur ma décision, sur ce que j'allais faire. Je leur avais dit avant même qu'ils n'ouvrent la bouche :

«Je veux continuer d'aller à l'école !»

Mais ils voulaient eux profiter du dernier mois dont ma maladie me graciait, et je n'étais pas d'accord. Je voulais et je veux toujours être une fille normale. Et si ma vie devait vraiment s'arrêter, alors que ce soit en héroïne. Je n'étais pas certaine qu'il était courageux de ma part de laisser derrière moi ce qui avait fondé ma vie : les connaissances. Alors j'avais argumenté, longtemps.

«Papa, Maman. Ce n'est pas en changeant nos habitudes que vous apprécierez ce mois. Je veux vivre le plus normalement possible ! Et puis, ai-je repris, je suis forte autant que vous l'êtes. Passer tout ce temps avec moi ne vous allègera pas de votre peine. Il ne fera que la rendre moins supportable ! »

Mais ils n'étaient toujours pas convaincus. J'ai soupiré mais ai encore poursuivi, avec une voix cette fois suppliante et teintée de tristesse :

«Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour moi !»

Ma mère a fondu en larmes, tandis que mon père s'est levé et a tourné les talons pour disparaître dans son bureau sans doute afin de s'y enfermer comme il le faisait en cas de désaccords entre nous deux. Je venais de leur faire de la peine, mais je ne pouvais cette fois encore me le reprocher. Je voulais continuer sur le droit chemin.

J'ai décidé de taire la bombe que j'allais faire exploser ce matin en cours ; mon cancer. Ils n'étaient pas au courant du discours que j'avais passé une bonne partie de la nuit à peaufiner dans les moindres détails et à apprendre par cœur.

J'avais prévu de le réciter en histoire géo, quand Madame Amidala aura fini son introduction. Le cours était le premier de la journée, ainsi, ils pourraient me poser toutes les questions qu'ils souhaiteraient.

D'un côté, j'avais hâte d'étudier leurs diverses réactions. Ce pouvait être très intéressent. Mais de l'autre j'avais un peu peur qu'ils s'en fichent et qu'ils continuent de me faire passer pour invisible. Mais bon, ce dernier point, ne l'avais-je pas cherché en ignorant tous les élèves depuis que j'ai su ?

La dame que mes parents viennent d'embaucher pour m'aider dans toutes les tâches que je ne peux plus faire est arrivée vers moi dès que Maman est partie. Elle était plutôt jolie ; jeune, brunette, les yeux noisettes légèrement allongés. De taille moyenne, elle abordait un air plutôt joyeux bien qu'elle sache parfaitement ce qui l'amenait à travailler pour nous. Nous nous sommes salué sans que je n'ai pu m'empêcher de remarquer qu'elle ignorait tous les regards surpris des élèves se poser sur elle. Aucune jeune femme ne venait me saluer habituellement le matin, et ça, tout le monde présent quotidiennement à cette heure-là le savait puisqu'il était difficile de ne pas se faire remarquer alors que j'étais en fauteuil roulant.

La porte d'entrée s'est ouverte dix minutes plus-tard pendant lesquelles je pus en apprendre plus sur la jeune femme. Elle s'appelait June et était assistante aux personnes atteintes d'un handicap, comme elle se plut à le réciter. Je n'aurais pas mal prit le fait qu'elle dise assistante aux incapables comme toi puisque je savais parfaitement que c'était que que j'allais rapidement devenir.

Malgré sa justesse, June a eu trop de tact pour que je ne vois pas clair dans son jeu : à la fin de ses services, mes parents allaient devoir faire un rapport complet de son séjour parmi nous pour améliorer son CV. Elle voulait juste gagner une bonne appréciation de leur part en se servant de moi pour raconter des choses sur elle.

Lorsque nous sommes rentrées dans la cour, les regards scrutateurs se sont tout de suite arrêtés. Comme tous les jours, en fait. June a ensuite insisté pour que je la laisse pousser le fauteuil roulant. J'ai accepté et l'ai guidée vers un banc tranquille de la cour.

«Tes amies et toi vous retrouvez ici le matin ?» m'a-t-elle demandé naïvement en cherchant du regards des potentielles personnes pouvant être dans mon cercle d'amitiés.

«Non», ai-je expliqué, «mes amies n'en sont plus depuis longtemps»

Elle m'a dévisagée après que j'eus prononcé cette phrase mystérieuse, et la sonnerie a retenti. Elle s'est levée et a pris les poignées de mon siège en me demandant là où ma classe se rangeait. Je lui ai répondu, et ai ajouté à la fin :

«Pendant le cours, je vous demanderais de me laisser exceptionnellement seule lorsque j'irais au tableau sous invitation de ma professeur. Lorsque ce sera le cas, j'estime pouvoir me passer de votre aide qui m'est pourtant essentielle à certains moments.»

Elle dû être interloqué par mon ton autoritaire et mes mots formulés d'une façon digne de Zola, car elle n'osa répliquer son désaccord. Je ne souris même pas comme cela aurait été le cas en temps normal. La boule au ventre que j'avais eu toute la matinée commençait à se resserrer douloureusement. Je voulais soudain m'enterrer et pleurer de toutes mes larmes.

L'idée de rire me donnait envie de pleurer.

Ma professeur est arrivée à l'heure, pour la première fois depuis le début de l'année. Elle s'est placée à côté de mon assistante et les deux ont discuté de la pluie et du beau temps jusqu'à ce que nous fûmes rangés devant la classe, et June est revenue vers moi, le sourire au lèvre.

«Je suis au fond de la classe,» l'ai-je informée en regardant si tous les élèves étaient bien là.

Heureusement pour moi, ils étaient tous bel et bien au complet. J'ai pris une grande inspiration pour calmer pour cœur qui battait à quatre cent à la minute et nous sommes rentrés en classe dans le silence le plus total, comme toujours.

Ma classe, constituée principalement d'incapables, est malgré les idiots qui l'occupent plutôt obéissante. Sans pour autant être des sages, évidement. Notre calme ne veut pas dire que nous respectons nous enseignants. Jonasse a insulté une dame de cantine l'autre jour, tandis que son ami Kevin s'est amusé à balancer des boulettes de papier dans le dos de notre professeur de sport. Evidement, aucun des deux n'a été sanctionné pour les comportements honteux dont ils ont fait preuve. Et même si ça avait été la cas, ils s'en fichaient à partir du moment où ils faisaient rire la galerie.

Mon cœur s'est serré alors que je me suis dit que j'aurais aimé pouvoir continuer de vivre pour encore voir leurs "farces", malgré tout. Mais je ne serais bientôt plus pour voir ça. Je me suis efforcée à changer de pensée, mais tout me ramenait vers l'idée que je ne verrais bientôt plus tout ça.

June ne parla pas pendant l'introduction quotidienne de Madame Amidala, et cela m'a confortée dans l'idée qu'elle ne me déconcentrera pas de mes cours. Lorsque la professeur m'a appelée, pour la première fois de l'année, tous les regards se sont posés sur moi. J'ai pris une grande respiration et me suis levée de mon fauteuil, la mâchoire crispée par l'effort.

En m'appuyant sur les tables, j'ai avancé. C'était la première fois que je marchais devant des individus que n'étaient pas dans mon entourage depuis des lustres, plus exactement quatre mois. Je suis de plus en plus maladroite, et mes pieds n'ont plus aucune résistance depuis deux mois ; plus aucun muscle de leur constitution ne réagit à mes ordres sans que je ne verse une partie de mon poids autre part.

Je suis arrivée au tableau la tête haute, et sans que je ne réfléchisse un seul instant, j'ai tout raconté sans m'encombrer des formulations que j'avais passé des heures entières à préparer.

«Vous ne me connaissez pas plus que je ne vous connais» j'ai commencé, en parcourant la troupe du regard. «Vous n'avez jamais cherché à venir m'aider lorsque je tombais par terre sous les rires, vous m'avez laissé baigner dans un bain de solitude depuis ma première journée en quatrième, mais je l'ai voulu. Je n'ai pas essayé ne m'intégrer pour ne pas avoir à vous mentir. Alors je ne vais pas faire de chichis et je vais vous dire pourquoi. Hier, j'ai appris que je vais mourir dans trente jours. Depuis quelques mois, j'ai un cancer non-identifié. Et pendant ces trente jours, j'ai demandé à rester en cours pour vivre normalement. Je voulais vous prévenir pour qu'aucune fausse rumeur ne circule sur moi à ma mort, et parce que je le vous dois bien.»

Je me suis tue, attendant des réactions horrifiées ou des mines attristées. Mais rien de tout cela. Rien n'est arrivé à mes yeux à part une humiliation pire que tout : celle du désintérêt total des autres. Mon cœur s'est serré plus que jamais, et j'ai eu l'impression que le sol allait m'envouter.

Je suis retournée à ma place la tête rentrée dans mon cou sous les regards inactifs de mes camarades à peine touchés du fait que je vais disparaître. Ne se rendent-ils pas compte que c'est douloureux pour moi ? Que leur silence me montrait clairement que je ne suis dans l'estime de personne et que j'avais l'impression qu'on marche sur mon cœur en prenant plaisir à le piétiner ?

Le regard soudain plein de pitié de June s'est posé sur moi. J'ai voulu lui hurler de baisser ses yeux d'hypocrite, mais mon pied se prit contre le sac, et comme si je n'avais pas eu assez honte comme ça, je suis tombée au sol. Je me suis relevée seule, et le reste de ma journée a été sombre et silencieux, puisqu'ils ont continué de me "snober" et que June a du repartir en vitesse pour une autre de ses patientes qui a perdu les pédales.

Voilà comment, cher journal, a été achevé ma très chère dignité au sein de ma classe. Voilà comment cette première journée de mes trente dernières s'est déroulée. Je ne pose plus qu'une question : Aurai-je seulement le courage de me lever demain pour affronter la honte de ma vie ?

Prie pour moi,

Lorry.

04/06/2016
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

CHAPITRE 2 : Jour Deux_LaListe
Cher Journal,


Introduction:

Les listes n'ont jamais vraiment été le genre de chose que j'aime pratiquer bien que je sois toujours organisée et que j'aime toujours tout savoir. Mais je me dis, maintenant que je sais quand et comment je vais mourir, que peut-être noter toutes les choses à faire serait une bonne idée. Alors voilà, aujourd'hui, je vais trouver vingt-huit choses à faire avant de mourir. Et tous les jours qu'il me reste, j'en exécuterai une.


Ce matin, je pensais que cette journée ne pouvait être pire que la précédente, entre le vent que je me suis pris de face par mes camarades, la façon dont je suis tombée et la dispute de mes parents le soir, j'ai été généreusement servie en quota de mauvais moments.
Oui, j'ai été trop épuisée pour te raconter la façon dont la conversation d'hier soir à table s'est troquée pour avoir des hurlements de la part de mes deux géniteurs ainsi que des portes qui claquent à en faire trembler les murs.

Avant de te la raconter, je vais clarifier les choses en te présentant les deux personnages d'une façon bien distincte. Je vais essayer de te montrer autant leur bon côté que les mauvais, mais sache que les mauvais seront sans doute moins fort que la réalité puisque je sais que tu seras ouvert et lu par les deux personnes que les prochaines lignes vont concerner.

Maman est une femme incroyablement douce et attachante. Elle sait ce qui est juste, mais n'impose pas son avis comme le vrai pour autant. Je l'admire pour cela. Elle est professeur de philosophie dans une université, et m'a partagé son sens la réflexion dès mon plus jeune âge. Si elle fait en sorte que je réussisse à me faire ma propre caricature du monde en me laissant penser seule, elle refuse que je prenne des décisions sur ma maladie, ce qui la rend facilement touchable. Je pense que son principal défaut et celui de toujours vouloir tout contrôler pour sa fille unique.

Mon père est un homme autoritaire mais très sentimental, qui surtout aime la clarté.
Il est journaliste dans l'hebdo Les Nouvelles du Français, qui est, entre nous, très connu dans notre ville. Je ne cache pas ma fierté à avoir un père si doué pour écrire les histoires vraies et mystérieuse, parce que oui, mon papa travaille dans les faits-divers et est en plus le responsable de cette rubrique. Autant te dire que lorsque je vois sa signature sous l'un de ses formidables articles, je souris largement en pensant que cette personne, je la connais.
Papa est très solitaire dans ses phases de souffrance, comme en cas de disputes avec maman, avec moi, ou en cas de problème urgent à son travail. Dans ces cas-là, il s'enferme dans son bureau pour se plonger dans des articles.

Alors tu comprends que ma récente décision concernant l'école l'a chamboulé, et ne parlons pas du fait de ma révélation auprès de mes camarades (qui s'est finalement avérée parfaitement catastrophique, je précise).

Et c'est exactement sur cela que la discutions à dégénérée.

Nous nous sommes tous les trois installés sur la table du salon dans une ambiance conviviale, mais teintée de tristesse. J'ai ouvert la bouche la première fois pour amener doucement le sujet, mais papa m'a devancée.

«J'ai été prévenu de ton annonce au collège.» a-t-il déclaré en plongeant son regard gris dans le mien.

Il ne laissait aucune trace de déception, ou même de colère à la surface, et j'ai eu un sursaut d'espoir qui a fait gonfler ma poitrine.

«Oh !» me suis-je simplement exprimée sans comprendre comment j'ai réussi à ne pas voir les signes de son savoir à ce sujet pendant le début de la soirée.

«Je suis très fier de toi, ce que tu as fait était formidable et courageux.» m'a-t-il félicitée pour mon plus grand étonnement, en gardant néanmoins la même voix dénuée d'émotion.

Mon père est autant un mystère que les textes qu'il tourne. Il a cette discrétion agaçante lorsque nous parlons de lui, qui me pousse à toujours essayer d'approfondir ce qu'il révèle. Mais là, j'ai su que je n'obtiendrais pas plus, et ça me suffisait amplement.

«Puis-je savoir de quoi vous parlez ?» nous a interrogé maman en rompant mon instant rêveur.

J'ai tourné la tête vers elle, et ma première pensée a été "Quoi ? Papa ne lui a pas dit ?" et j'en ai conclu qu'il savait comme moi que maman ne réagirait pas bien à la nouvelle.
J'ai tourné la tête vers ce dernier, mais il s'est dérobé en commençant à attaquer son steak sans oser me regarder droit dans les yeux.

«J'ai dit aux gens de ma classe que j'allais décéder dans trente jours à cause du cancer, maman.» ai-je dit du bout des lèvres en imitant mon père en rivant mes yeux sur la viande de mon assiette.

C'est là que j'ai eu un silence pendant lequel une ambiance tendue s'est déposée sur nos têtes, flottant sans partir.

«Je te demande pardon ?» a-t-elle demandé avec une voix peu décidée.

Je n'ai pas répété, sachant qu'elle avait parfaitement entendu et compris.

«Puis-je savoir pourquoi tu as fait cela sans nous concerter avant ?» a-t-elle finalement demandé en gardant une voix calme.

J'ai levé les yeux vers elle, et dans son regard, j'ai lu de la colère. De la haine faisant surface.
Maman ne m'a, elle, pas comprise. Papa y était parvenu, mais elle non.

«Vous étiez bouleversé et...» ai-je commencé à argumenter avant de me faire interrompre.

«Et tu as pensé que nous n'étions pas en droit de savoir ?» a-t-elle soudain hurlé en se levant. «Dois-je te rappeler que la décision de garder cela secret était principalement la tienne ?»

Elle mentait, parce que c'était son idée, et elle qui avait su me convaincre. J'ai baissé les yeux une nouvelle fois en reposant mon couteau, tremblante de la tête au pied.
Maman ne s'est pas arrêtée là, elle a continué de me crier dessus. J'ai fini par fermer les yeux en respirant profondément pour m'empêcher de pleurer.

Si elle m'avait frappé, je pense que je l'aurais mieux supporté.

«Arrête maintenant !» a ensuite crié mon père en se levant d'un bond. «Ta fille vient de te prouver sa foi en assumant, en admettant sa mort prochaine ! Elle vient de te démontrer qu'elle était forte ! Ne trouves-tu donc rien d'autre à lui dire ?»

J'ai eu envie de me boucher les oreilles, mais je me suis dite que c'était lâche de ma part déchaper ainsi à ce que j'avais engendré. Alors j'ai continué d'écouter, et à chaque mot que l'un deux prononçait, je sentais mon cœur battre toujours un peu moins vite à cause de la façon dont il était noué.

«Vas-y !» lui a hurlé maman à la figure, «Fais le gentil papa ! Mais la vérité, c'est que tu n'es rien de plus qu'un inutile pour elle ! Tu n'es pas fichu d'être là pour prendre des décisions sages qu'elle ne peut pas prendre seule !»

«Comment oses-tu me dire de telles accusations ?» a crié papa en balançant son verre contre le mur. «Ce n'est pas moi le fautif, mais toi ! Tu la surprotèges tellement ! Regarde où elle en est ! Même le docteur l'a dit : si tu avais accepté qu'elle reste sans fauteuil roulant jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de marcher, alors elle serait plus en forme et n'aurait pas que trente jours !»

J'ai frémi, papa venait de toucher un point sensible de maman. Mais je n'ai pas voulu relever les yeux, ayant déjà trop mal pour en plus voir l'expression de son visage. Je pouvais clairement la deviner : douleur, colère.

Et ça, je l'ai causée, cette situation.

La soirée s'est finie aussi mal ; ils sont tous les deux allés s'enfermer dans une pièce distincte, la chambre pour maman, et le bureau pour papa.
Moi, je suis restée dans la cuisine, avec l'impossibilité de me rendre dans ma chambre puisqu'elle est à l'étage, et l'horrible envie d'en finir avec la vie plus rapidement que prévu pour que mes parents cessent de se disputer par ma faute.

Oui, tu m'as bien comprise. J'ai eu envie de me suicider. Après réflexion, je me suis dit que je n'étais pas le pire cas et que je voulais être courageuse depuis le début, et que ce ne serait pas le cas en faisant l'acte irréversible. Alors j'ai cessé d'y penser, et suis allée me coucher dans le canapé en espérant qu'aujourd'hui allait être un meilleur jour.

Accroche-toi bien. Je suis tombée encore bien plus bas, journal. Oh que oui.

Je me suis réveillée en plein milieu d'un cauchemar par mon père, qui me secouait. Ce rêve ne me présentait rien d'autre que l'Enfer.
Pour la première fois depuis l'annonce de ma maladie, il m'a emmenée au collège. Le silence dans la voiture était plus que pesant, mais papa a tout de même été formidable. Il m'a aidée à descendre de la voiture et m'a demandée :

«Est-ce que tu veux laisser ton fauteuil dans la voiture ?»

J'ai d'abord voulu refuser, et ça aurait été le cas si je n'avais pas vu l'espoir dans son regard. Il voulait que j'essaye. Non, je corrige, il voulait que je réussisse.

Alors il m'a sorti des béquilles, dont j'ignorais avant l'existence, du coffre, et me les a tendues en souriant. Je les ai prises et me suis levée, soulagée qu'il ne m'en veuille pas pour ce que j'avais causé la veille. Son air joyeux ne m'a pas échappée quand j'ai fait une démonstration de plusieurs pas à l'aide des cannes anglaises. Il est parti après m'avoir longuement serré dans ses bras, sous les regards interloqués des autres élèves attendant l'ouverture des portes, puis il m'a murmurée à l'oreille :

«Ne t'en fais pas pour ta maman, Lorry. Elle nous le pardonnera.»

Mais je n'en étais pas certaine, et ne le suis pas plus maintenant en t'écrivant cette scène. Il a ponctué sa phrase par un «Je t'aime», et les larmes ont remplies mes yeux.
J'avais le meilleur papa de toute la terre.

Comme hier, mon assistante June est arrivée après le départ de mon parent. Elle avait l'air un peu chamboulé, mais m'a sourie largement.
Elle a à peine relevé le fait que j'étais en béquille, mais j'ai su qu'elle en était plutôt contente car lorsqu'elle m'a dévisagée de la tête aux pieds, elle était encore plus joyeuse.

Cette fois dans la cour, tout le monde m'a dévisagée. J'étais le centre d'attention et je savais pourquoi. Mon discours de la veille avait sans doute atteint les quatre coins du collège. J'ai ignoré tous les regards sans essayer de voir leur expression, je la connaissais parfaitement : le désintérêt voir la moquerie.

Heureusement, la sonnerie a sonné plutôt qu'avant. June m'a aidée à aller en cours d'espagnol qui était en première heure. Pour faire les choses au complet dans ma quête de "normalité", j'ai décidé d'y aller sans prendre l'ascenseur. J'ai donc pris les escaliers avec les autres, et son aide m'a été précieuse puisqu'elle m'a retenue plusieurs fois de tomber et par la même occasion de m'humilier d'avantage devant les autres.

Le cours d'espagnol a été aussi intéressent que les autres cours de cette manière. Je ne te l'ai jamais dit, mais j'adore cette langue. J'ai participé, comme toujours, et June m'a laissée écrire les notes dans mon cahier, ce qu'elle est normalement censé faire pour moi.
Elle a pourtant rapidement cédée, et j'aurais pris cette réaction pour de la flemme, si la fierté qu'elle a montré en voyant mon écriture (pourtant très brouillon et peu soignée) ne m'était pas apparue.
Je me suis demandée ce qu'elle pouvait bien penser, alors qu'elle sautillait presque de joie sur sa chaise. Nous n'avions pas eu le temps de construire ne serait-ce une seule parcelle d'amitié, mais elle était déjà si heureuse de me voir réussir. Alors j'ai commencé, là aussi accroche-toi bien, à l'apprécier et à me dire que peut-être, elle n'était pas gentille seulement pour l'avis que j'allais rapporté à mes parents sur elle.

Jusqu'à là, ma journée se passe à merveille, pas vrai ? Et bien sache que ça va s'arrêter bien vite, puisque le cours d'après celui d'après était celui d'anglais, et que mon cher professeur d'anglais (qui me déteste, je précise) ma publiquement rabaissée, sous les rires et celui de June.

Nous sommes rentré dans la classe au garde à vous, puisque Jasper a entendu de la bouche d'un de ses copains pendant la pause que monsieur Cousin était de très très mauvaise humeur. Nous nous sommes installés dans le silence le plus total, et monsieur Cousin a passé ses yeux de serpent sur notre ensemble. Son regard s'est arrêté sur moi et June, qui, mal à l'aise, a remué sur sa chaise.

«Ah» a-t-il dit «Je vois que tes parents t'ont enfin trouvé une personne pour t'assister, Lorry. Je me disais justement que tes affaires tombant à longueur de temps par terre commençaient à m'agacer. Espérons donc que ta maladresse s'arrête là.»

J'ai rougi vitesse fusée, et mes camarades ont éclaté de rire. J'ai tourné la tête vers June, qui ne riait pas, mais osait les sourcils avec un air surpris. Monsieur Cousin s'est reconcentré, et Jasper s'est penché vers mon assistante et a demandé :

«June, c'est cela ?»

Cette dernière a fit un signe de tête comme quoi c'était bien cela, et il l'a longuement dévisagé avant de déclarer :

«J'espère pour toi que Lorry est assez courageuse pour te regarder dans les yeux en parlant. Quoique, il faudrait mieux qu'elle t'évite se massacre.»

Les rires se sont multipliés, et June a gloussé avec eux.

Dans ma bouche, un liquide amère a fait surfasse. J'ai empoigné mes béquilles et me suis levée d'un bond sous leurs visages moqueurs, mais mon pied a glissé sur le sol au bout de quelques mètres, et j'ai vomi sur le sol en me fracassant sur le carrelage.

Les rires se sont brusquement arrêtés, et j'ai fermé les yeux en me sachant parfaitement incapable de me relever seule.

Finalement, c'est mon enseignant qui m'a aidée à me relever avec June, qui avait arrêté de rire. Il lui a dit de m'amener à l'infirmerie, et a fait sortir tous les élèves pour laisser les femmes de ménage nettoyer mon vomi.

Voilà comment, pour finir, mon père est venu me chercher au collège, et m'a regardé avec un regard plein de déception. Comme pour venir, il n'a pas prononcé un mot. Une fois arrivée, il m'a installée dans ma chambre en me portant, et je ne suis plus ressortie après car je m'y suis enfermée, et j'ai écrit cette fameuse liste de choses à faire avant de mourir.

En espérant que mon prochain récit sera plus joyeux,

Lorry.

05/06/2016 (Plus que vingt-huit jours)
lanaau

Profil sur Booknode

Messages : 164
Inscription : jeu. 16 juil., 2020 9:32 pm

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par lanaau »

Salut!!
Pas mal hâte d'avoir la suite!
HermioneSerdaigle

Profil sur Booknode

Messages : 99
Inscription : mar. 27 oct., 2020 4:26 pm

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par HermioneSerdaigle »

Salut !
Je trouve ton histoire tres bien écrite ! Ca doit etre quand meme dur d'écrire sur ce sujet...
voila continue comme ca !
Hermione
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

lanaau a écrit : jeu. 21 oct., 2021 8:52 pm Salut!!
Pas mal hâte d'avoir la suite!
Coucou, merci ^^ :lol:
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

HermioneSerdaigle a écrit : ven. 22 oct., 2021 3:22 pm Salut !
Je trouve ton histoire tres bien écrite ! Ca doit etre quand meme dur d'écrire sur ce sujet...
voila continue comme ca !
Hermione
Hello @HermioneSerdaigle, en vrai je suis grave emballée, donc ça rend mes idées plus faciles à apparaître sur la page. J'ai toujours adoré ressentir des choses en écrivant des moments durs, ça me délivre, en quelque sorte.
Merci de ton commentaire, ça me fait très plaisir ! :mrgreen:
Bisous !
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

Jour Trois_Les Résaux
Cher Journal,

Introduction :
Alors voilà, cette première tâche est arrivée, et dans le titre de ce jour, tu dois avoir réussi à te faire une idée de ce que ça peut bien être. Comme je ne suis pas comme mon père, que je ne fais pas de ma vie un mystère, je vais te le dire : Je dois me faire un compte sur ChatScribous, le réseau par excellence des jeunes de notre époque.


J'ai débuté ma mission ce matin même, à cinq heures trente.

J'ai commencé par me trouver une photo de profil, pour finalement me décider à prendre une image où je suis en fauteuil. Dessus, je suis maigre et triste. C'est mon père qui l'a prise il y a un peu plus de cinq mois, donc avant qu'on ne sache ma maladie.
Comme à cette époque je ne suivais aucun traitement, j'étais au plus mal. Tout ce que je mangeais, je le vomissais, et évidement, les médecins ont cru que j'étais anorexique. J'ai donc à peine suivit les examens les premières fois où je me suis rendue à l'hôpital. Mais les docteurs se sont rendus à l'évidence : je devais être hospitalisée, et pas pour anorexie puisque je mangeais comme un ogre.

J'ai choisis d'avoir comme pseudo mon prénom et mon nom de famille, avec de tiret verticaux sur les côtés pour qu'il ait plus de "pep's". Et donc ça donne : ||LorryHasta||

Le résultat de mon profil était très satisfaisant, donc j'ai cliqué sur l'encoche "Valider" sans aucune once d'hésitation. Voilà, maintenant, c'était enfin fait.
J'ai commencé à visiter le site, et me suis abonnée à tous les gens de ma classe que j'y ai trouvé. Au total, j'ai vingt-quatre personnes sur trente et une.

Je me suis préparée seule pour la première fois depuis longtemps. Maman n'étant plus là pour me faire ma coiffure, j'ai décidé de les laisser détachés mais de les brosser.
Mon habillage s'est révélé être plus compliqué que prévu. J'ai eu les mains qui tremblaient du début à la fin, et j'ai aussi fait des acrobaties spectaculaires pour enfiler mon pantalon. Pour finir, je suis descendue seule en bas.
Arrivée au rez-de-chaussée, j'étais déjà épuisée. J'avais affreusement envie de dormir, mais j'ai laissé l'idée d'aller m'allonger dans le canapé, et suis allée manger bien que je manquais de faim.

Voilà que cette matinée de solitude était la matinée la plus fatigante. Et, comme hier, ce fut papa qui m'amena à l'école. Aujourd'hui, il n'y eut pas de câlin, ou d'aide pour descendre de la voiture. Il me laissa me débrouiller, si bien que je choisis de reprendre mon fauteuil, puisqu'il n'était pas là pour mettre mon sac sur mes épaules et que je ne pouvais pas le faire seule.

Dès qu'il est parti, June est arrivée et s'est confondue en excuse.

«Lorry, je suis désolée... Je ne pensais pas que tu prenais mal les blagues de tes camarades...»

Elle a continué son blabla même lorsque les portes se sont ouvertes, si bien qu'elle en a oublié de me pousser.
Lorsque la sonnerie a résonnée dans la cour, elle n'avait évidement pas arrêter de s'excuser, mais avait cette fois néanmoins trouvé le courage de m'aider à aller en cours. Je n'avais toujours pas ouvert la bouche, mais ça ne semblait pas la déranger plus que ça. Aujourd'hui, je commençais par sport, mais j'étais dispensée donc normalement j'allais devoir aller en permanence ou rester dans les cours.

Mais tu te doutes bien que s'y j'y allais, alors June aussi. Et comme je n'avais aucun travail à faire, elle aurait tenu à ce que je parle avec elle ou aurait continué ses jérémiades insupportables.

J'ai donc supplié Madame Vent de me laisser les accompagner au parc du Tonastaire pour leur cours de course, et a finalement cédée à condition que je reste sage. Pendant donc deux heurs, j'ai aussi été dispensée de mon assistante (qui aidait ma prof) qui s'était transformée en diable depuis d'hier.

Là que j'étais enfin au calme, je me suis demandé : sur qui puis-je compter, maintenant ? Maman, je ne l'ai pas revue depuis avant-hier, Papa me fait aussi la tête parce que je l'avais déçu, et June... est June.
Et c'est là qu'une idée m'a traversée l'esprit. J'ai des cousins, des cousines, des oncles et tantes, et des grands-parents formidables qui ne savent toujours pas qu'à partir de maintenant, mes jours sont comptés. Ils ne savent que pour le cancer, et c'est pour eux aussi trop injuste.

Je me suis éloignée du stade après avoir dit à ma professeur que j'avais besoin d'aller au toilette, et elle m'a laissée y aller sans me demander mon téléphone comme un autre enseignant l'aurait fait.

J'ai appelé toute ma famille au complet en commençant par ma marraine et mon parrain, et ils ont tous accepté que l'on fasse une visio ce soir à vingt-heures.

La soirée est bien vite arrivée, et pour mon plus grand soulagement. Je finissais à quatorze heures, sauf que mon père est arrivé en retard, et je n'ai été qu'à la maison à dix-sept heures trente après trois heures dehors sous la pluie. Mes parents voulaient profiter de moi ? Cette déclaration me semble être un mensonge puisque les deux se fichent pertinemment que dans presque vingt sept jours, je meurs.

Moi, ça, je l'ai accepté presque dès le début. Mon cancer, on ne sait même pas il se trouve où. On sait juste qu'il est dégénératif puisque des cellules de mon corps meurent à chaque microsecondes qu'il se passe. Mais mes parents, eux, ne veulent pas que leur fille unique meurt si vite. Bien que cette réaction de me laisser seule en démontre le contraire.

Le trajet avec papa a été plus profitables que le dernier. Il n'y a pas eu de silence.
Papa avait mis de la musique, et la première chanson a été Memories, de Maroon5. Nous savions tous les deux ce que représentait cette chanson. C'était notre chanson.

Tandis que les mots défilaient en rythme du magnifique tempo, j'avais les yeux fermés et je me remémorai lorsqu'elle était devenue ma chanson favorite.
C'était cette chanson, que j'avais dans la tête quand j'ai appris mon cancer. Papa l'avait mise pendant le trajet, et il m'avait dit une fois que maman était sortie et que seule moi pouvait entendre ce qu'il voulait dire.

«Si dans ce bureau ce que l'on t'annonce est douloureux, Lorry, dis-toi qu'après tout ce que tu as traversé, tu es intouchable. Et si c'est trop dur à supporter, chante cette chanson dans ta tête jusqu'à ce qu'elle emporte tes pensées» m'avait-il dit.

Et c'est exactement ce que j'ai fait, avec rage, j'ai repoussé les larmes qui me montaient quand on m'a dit. Quand on m'a diagnostiquée. Et encore aujourd'hui, à chacune des mes visites chez le médecin, je me chante cette chanson.

Sans que j'ai pu retenir les mots, j'ai lancé à mon père :

«Tu sais papa, je te suis reconnaissante pour toute l'aide que tu m'as apportée pendant toutes ces années.»

Il a serré les poings autour du volant, et j'ai poursuivi :

«Je voulais te le dire, parce que je ne veux pas que tu penses que tu as quelque chose à voir avec ma maladie. Tu as été la personne qui me comprenait le mieux, et je te serais toujours reconnaissante pour ça.»

«Arrête, Lorry» a-t-il murmuré alors que la chanson passait sur Demons, de Imagine Dragons.

«Non, papa. Je dois te dire ce que j'ai sur le cœur avant que ce ne soit trop tard. Enfin, je veux dire, avant que je ne meurs.»

Il a serré la mâchoire à s'en faire mal, et j'ai poursuivi.

«Tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit.», je dis d'une voix ferme. «Je suis la seule fautive dans l'histoire, comme toujours. Si cela peut t'aider à surmonter ma mort, papa, dis-toi que dans vingt-sept jours inclus, tu pourras reprendre une vie normale et recommencer à aimer maman»

«ARRÊTE, LORRY !» a-t-il hurlé en freinant brutalement si bien que j'ai valsé en avant et me suis pris la tête dans le parebrise en plein fouet. «ARRÊTE DE RACONTER CE RAMASSI DE CONNERIES»

Le souffle coupé par la douleur du coup dans ma tête, j'ai fermé les yeux et me suis remise contre mon siège en attachant ma ceinture que j'avais laissée ouverte.
J'ai posé ma main contre ma tête, là où avait été le choc, et ai senti du liquide sous mes doigts. J'ai enlevé ma main, et j'ai vu qu'elle était couverte de sang. Papa m'avait fait saigner.

«Tu... Tu es horrible de dire ça» a-t-il poursuivit en se calmant légèrement sans remarquer qu'il m'avait blessée. «Je ne vais pas retourner dans les bras de ta mère après ta mort. Tu...tu n'es pas la source de nos disputes. »

Il a recommencé à conduire, plus doucement, mais les mains si serrées autour du volant que ses jointures de doigts en blanchirent.

«C'est faux» j'ai répliqué. «Tu le sais aussi bien que moi. Ma maladie vous fait vous disputer parce que vous n'êtes pas d'accord sur la manière avec laquelle vous devez posséder. Donc si, je sais que tout est ma faute.»

J'ai vu des larmes couler sur les joues de papa. Il a tourné la tête vers moi, et s'est arrêté cette fois plus doucement.

«Tu n'est responsable de rien, et je t'interdis de croire le contraire, Lorry.» m'a-t-il affirmé alors que sa voix se cassait. «Ta maman et moi nous disputons pour toi, pas à cause de toi.»

«C'est faux» j'ai encore répété en sentant que mes yeux me piquaient. «Tout est ma faute, de A à Z. »

«Chut» a-t-il soufflé en prenant ma tête entre ses mains. «Ne dis pas ça.»

Il a posé son front contre le mien, et les larmes ont dévalés mes joues alors qu'il passait sa main dans ma crinière brune.

«C'est difficile pour tout le monde à la maison, ma chérie.» a-t-il repris sans se détacher de moi. «Pour ta maman, parce qu'elle va perdre sa fille dans peu de temps. Pour moi, parce que je vais perdre a seule personne qui compte vraiment à mes yeux. Parce que cette personne, qui est ma fille bien-aimée, est le centre de ma vie »

«Ce n'est pas vrai !» ai-je crié en sentant les larmes couler à flots.

Je me suis reculée de lui, et j'ai terminé en tapant du poings :

«Tu as maman. Je ne suis pas le centre de ta vie, papa ! C'est maman !»

Il s'est à son tour reculé, et a posé la tête contre son siège.

«Je n'aime plus ta mère, Lorry. Elle le sait parce qu'elle non-plus de ressens rien pour moi, et moi aussi je le sais.»

J'ai lâché un sanglot désespéré et ai protesté vainement en sentant mon cœur non pas se serrer mais se briser.

«Tu mens, maman et toi, vous vous aimez plus que tout au monde. Vous... vous traversez seulement une crise... Mais quand je serais morte, tout redeviendra normal pour vous !»

«Arrête de dire ça, Lorry. Ça suffit maintenant ! RIEN n'est de ta faute ! Ne comprends-tu donc pas ?»

«Non, tu as raison. Je ne comprends pas.» ai-je murmuré en fermant les yeux, clôturant ainsi cette discussion.

Nous sommes rentrés dans la maison, et, à ma grande surprise, ne m'a pas laissé en plan dans mon fauteuil.

«Ne te sens pas obligé de faire ça» me suis-je sentie obligée de dire, la voix brisée et les larmes roulant toujours sur ma peau humide alors qu'il me soulevait.

Il n'a rien répondu et m'a déposée sur mon lit.

«Tu devrais dormir» m'a-t-il conseillée en fermant la porte derrière lui.

Mais j'étais trop triste et bouleversée pour fermer l'œil. Alors je me suis relevée, et en m'aidant du mur et des meubles, j'ai atteint mon placard à secours et me suis pansée la blessure, assise devant mon ordinateur.
Je l'ai ouvert après, et ai composé mes identifiants ChatScribous pour commencer ma réputation dessus.
Aucun de mes camarades de classe ne se sont abonnés à moi, sans éprouver une grande surprise, j'ai attrapé mon téléphone et ai transféré tous mes donnés sur l'ordinateur. Une fois que cela fut fait, j'ai cliqué sur mon dossier "Bulletin de Santé" et j'ai posté le premier sur mon mur avec une image de décompte.
Dans ma biographie, je tape un texte rapide, bref, et mystérieux puis le poste.

Soulagée.

Lorry,

06/06/2016 (plus que vingt-sept jours)
lanaau

Profil sur Booknode

Messages : 164
Inscription : jeu. 16 juil., 2020 9:32 pm

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par lanaau »

Aleena80 a écrit : lun. 01 nov., 2021 12:49 pm Jour Trois_Les Résaux
Cher Journal,

Introduction :
Alors voilà, cette première tâche est arrivée, et dans le titre de ce jour, tu dois avoir réussi à te faire une idée de ce que ça peut bien être. Comme je ne suis pas comme mon père, que je ne fais pas de ma vie un mystère, je vais te le dire : Je dois me faire un compte sur ChatScribous, le réseau par excellence des jeunes de notre époque.


J'ai débuté ma mission ce matin même, à cinq heures trente.

J'ai commencé par me trouver une photo de profil, pour finalement me décider à prendre une image où je suis en fauteuil. Dessus, je suis maigre et triste. C'est mon père qui l'a prise il y a un peu plus de cinq mois, donc avant qu'on ne sache ma maladie.
Comme à cette époque je ne suivais aucun traitement, j'étais au plus mal. Tout ce que je mangeais, je le vomissais, et évidement, les médecins ont cru que j'étais anorexique. J'ai donc à peine suivit les examens les premières fois où je me suis rendue à l'hôpital. Mais les docteurs se sont rendus à l'évidence : je devais être hospitalisée, et pas pour anorexie puisque je mangeais comme un ogre.

J'ai choisis d'avoir comme pseudo mon prénom et mon nom de famille, avec de tiret verticaux sur les côtés pour qu'il ait plus de "pep's". Et donc ça donne : ||LorryHasta||

Le résultat de mon profil était très satisfaisant, donc j'ai cliqué sur l'encoche "Valider" sans aucune once d'hésitation. Voilà, maintenant, c'était enfin fait.
J'ai commencé à visiter le site, et me suis abonnée à tous les gens de ma classe que j'y ai trouvé. Au total, j'ai vingt-quatre personnes sur trente et une.

Je me suis préparée seule pour la première fois depuis longtemps. Maman n'étant plus là pour me faire ma coiffure, j'ai décidé de les laisser détachés mais de les brosser.
Mon habillage s'est révélé être plus compliqué que prévu. J'ai eu les mains qui tremblaient du début à la fin, et j'ai aussi fait des acrobaties spectaculaires pour enfiler mon pantalon. Pour finir, je suis descendue seule en bas.
Arrivée au rez-de-chaussée, j'étais déjà épuisée. J'avais affreusement envie de dormir, mais j'ai laissé l'idée d'aller m'allonger dans le canapé, et suis allée manger bien que je manquais de faim.

Voilà que cette matinée de solitude était la matinée la plus fatigante. Et, comme hier, ce fut papa qui m'amena à l'école. Aujourd'hui, il n'y eut pas de câlin, ou d'aide pour descendre de la voiture. Il me laissa me débrouiller, si bien que je choisis de reprendre mon fauteuil, puisqu'il n'était pas là pour mettre mon sac sur mes épaules et que je ne pouvais pas le faire seule.

Dès qu'il est parti, June est arrivée et s'est confondue en excuse.

«Lorry, je suis désolée... Je ne pensais pas que tu prenais mal les blagues de tes camarades...»

Elle a continué son blabla même lorsque les portes se sont ouvertes, si bien qu'elle en a oublié de me pousser.
Lorsque la sonnerie a résonnée dans la cour, elle n'avait évidement pas arrêter de s'excuser, mais avait cette fois néanmoins trouvé le courage de m'aider à aller en cours. Je n'avais toujours pas ouvert la bouche, mais ça ne semblait pas la déranger plus que ça. Aujourd'hui, je commençais par sport, mais j'étais dispensée donc normalement j'allais devoir aller en permanence ou rester dans les cours.

Mais tu te doutes bien que s'y j'y allais, alors June aussi. Et comme je n'avais aucun travail à faire, elle aurait tenu à ce que je parle avec elle ou aurait continué ses jérémiades insupportables.

J'ai donc supplié Madame Vent de me laisser les accompagner au parc du Tonastaire pour leur cours de course, et a finalement cédée à condition que je reste sage. Pendant donc deux heurs, j'ai aussi été dispensée de mon assistante (qui aidait ma prof) qui s'était transformée en diable depuis d'hier.

Là que j'étais enfin au calme, je me suis demandé : sur qui puis-je compter, maintenant ? Maman, je ne l'ai pas revue depuis avant-hier, Papa me fait aussi la tête parce que je l'avais déçu, et June... est June.
Et c'est là qu'une idée m'a traversée l'esprit. J'ai des cousins, des cousines, des oncles et tantes, et des grands-parents formidables qui ne savent toujours pas qu'à partir de maintenant, mes jours sont comptés. Ils ne savent que pour le cancer, et c'est pour eux aussi trop injuste.

Je me suis éloignée du stade après avoir dit à ma professeur que j'avais besoin d'aller au toilette, et elle m'a laissée y aller sans me demander mon téléphone comme un autre enseignant l'aurait fait.

J'ai appelé toute ma famille au complet en commençant par ma marraine et mon parrain, et ils ont tous accepté que l'on fasse une visio ce soir à vingt-heures.

La soirée est bien vite arrivée, et pour mon plus grand soulagement. Je finissais à quatorze heures, sauf que mon père est arrivé en retard, et je n'ai été qu'à la maison à dix-sept heures trente après trois heures dehors sous la pluie. Mes parents voulaient profiter de moi ? Cette déclaration me semble être un mensonge puisque les deux se fichent pertinemment que dans presque vingt sept jours, je meurs.

Moi, ça, je l'ai accepté presque dès le début. Mon cancer, on ne sait même pas il se trouve où. On sait juste qu'il est dégénératif puisque des cellules de mon corps meurent à chaque microsecondes qu'il se passe. Mais mes parents, eux, ne veulent pas que leur fille unique meurt si vite. Bien que cette réaction de me laisser seule en démontre le contraire.

Le trajet avec papa a été plus profitables que le dernier. Il n'y a pas eu de silence.
Papa avait mis de la musique, et la première chanson a été Memories, de Maroon5. Nous savions tous les deux ce que représentait cette chanson. C'était notre chanson.

Tandis que les mots défilaient en rythme du magnifique tempo, j'avais les yeux fermés et je me remémorai lorsqu'elle était devenue ma chanson favorite.
C'était cette chanson, que j'avais dans la tête quand j'ai appris mon cancer. Papa l'avait mise pendant le trajet, et il m'avait dit une fois que maman était sortie et que seule moi pouvait entendre ce qu'il voulait dire.

«Si dans ce bureau ce que l'on t'annonce est douloureux, Lorry, dis-toi qu'après tout ce que tu as traversé, tu es intouchable. Et si c'est trop dur à supporter, chante cette chanson dans ta tête jusqu'à ce qu'elle emporte tes pensées» m'avait-il dit.

Et c'est exactement ce que j'ai fait, avec rage, j'ai repoussé les larmes qui me montaient quand on m'a dit. Quand on m'a diagnostiquée. Et encore aujourd'hui, à chacune des mes visites chez le médecin, je me chante cette chanson.

Sans que j'ai pu retenir les mots, j'ai lancé à mon père :

«Tu sais papa, je te suis reconnaissante pour toute l'aide que tu m'as apportée pendant toutes ces années.»

Il a serré les poings autour du volant, et j'ai poursuivi :

«Je voulais te le dire, parce que je ne veux pas que tu penses que tu as quelque chose à voir avec ma maladie. Tu as été la personne qui me comprenait le mieux, et je te serais toujours reconnaissante pour ça.»

«Arrête, Lorry» a-t-il murmuré alors que la chanson passait sur Demons, de Imagine Dragons.

«Non, papa. Je dois te dire ce que j'ai sur le cœur avant que ce ne soit trop tard. Enfin, je veux dire, avant que je ne meurs.»

Il a serré la mâchoire à s'en faire mal, et j'ai poursuivi.

«Tu n'as pas à te sentir coupable de quoi que ce soit.», je dis d'une voix ferme. «Je suis la seule fautive dans l'histoire, comme toujours. Si cela peut t'aider à surmonter ma mort, papa, dis-toi que dans vingt-sept jours inclus, tu pourras reprendre une vie normale et recommencer à aimer maman»

«ARRÊTE, LORRY !» a-t-il hurlé en freinant brutalement si bien que j'ai valsé en avant et me suis pris la tête dans le parebrise en plein fouet. «ARRÊTE DE RACONTER CE RAMASSI DE CONNERIES»

Le souffle coupé par la douleur du coup dans ma tête, j'ai fermé les yeux et me suis remise contre mon siège en attachant ma ceinture que j'avais laissée ouverte.
J'ai posé ma main contre ma tête, là où avait été le choc, et ai senti du liquide sous mes doigts. J'ai enlevé ma main, et j'ai vu qu'elle était couverte de sang. Papa m'avait fait saigner.

«Tu... Tu es horrible de dire ça» a-t-il poursuivit en se calmant légèrement sans remarquer qu'il m'avait blessée. «Je ne vais pas retourner dans les bras de ta mère après ta mort. Tu...tu n'es pas la source de nos disputes. »

Il a recommencé à conduire, plus doucement, mais les mains si serrées autour du volant que ses jointures de doigts en blanchirent.

«C'est faux» j'ai répliqué. «Tu le sais aussi bien que moi. Ma maladie vous fait vous disputer parce que vous n'êtes pas d'accord sur la manière avec laquelle vous devez posséder. Donc si, je sais que tout est ma faute.»

J'ai vu des larmes couler sur les joues de papa. Il a tourné la tête vers moi, et s'est arrêté cette fois plus doucement.

«Tu n'est responsable de rien, et je t'interdis de croire le contraire, Lorry.» m'a-t-il affirmé alors que sa voix se cassait. «Ta maman et moi nous disputons pour toi, pas à cause de toi.»

«C'est faux» j'ai encore répété en sentant que mes yeux me piquaient. «Tout est ma faute, de A à Z. »

«Chut» a-t-il soufflé en prenant ma tête entre ses mains. «Ne dis pas ça.»

Il a posé son front contre le mien, et les larmes ont dévalés mes joues alors qu'il passait sa main dans ma crinière brune.

«C'est difficile pour tout le monde à la maison, ma chérie.» a-t-il repris sans se détacher de moi. «Pour ta maman, parce qu'elle va perdre sa fille dans peu de temps. Pour moi, parce que je vais perdre a seule personne qui compte vraiment à mes yeux. Parce que cette personne, qui est ma fille bien-aimée, est le centre de ma vie »

«Ce n'est pas vrai !» ai-je crié en sentant les larmes couler à flots.

Je me suis reculée de lui, et j'ai terminé en tapant du poings :

«Tu as maman. Je ne suis pas le centre de ta vie, papa ! C'est maman !»

Il s'est à son tour reculé, et a posé la tête contre son siège.

«Je n'aime plus ta mère, Lorry. Elle le sait parce qu'elle non-plus de ressens rien pour moi, et moi aussi je le sais.»

J'ai lâché un sanglot désespéré et ai protesté vainement en sentant mon cœur non pas se serrer mais se briser.

«Tu mens, maman et toi, vous vous aimez plus que tout au monde. Vous... vous traversez seulement une crise... Mais quand je serais morte, tout redeviendra normal pour vous !»

«Arrête de dire ça, Lorry. Ça suffit maintenant ! RIEN n'est de ta faute ! Ne comprends-tu donc pas ?»

«Non, tu as raison. Je ne comprends pas.» ai-je murmuré en fermant les yeux, clôturant ainsi cette discussion.

Nous sommes rentrés dans la maison, et, à ma grande surprise, ne m'a pas laissé en plan dans mon fauteuil.

«Ne te sens pas obligé de faire ça» me suis-je sentie obligée de dire, la voix brisée et les larmes roulant toujours sur ma peau humide alors qu'il me soulevait.

Il n'a rien répondu et m'a déposée sur mon lit.

«Tu devrais dormir» m'a-t-il conseillée en fermant la porte derrière lui.

Mais j'étais trop triste et bouleversée pour fermer l'œil. Alors je me suis relevée, et en m'aidant du mur et des meubles, j'ai atteint mon placard à secours et me suis pansée la blessure, assise devant mon ordinateur.
Je l'ai ouvert après, et ai composé mes identifiants ChatScribous pour commencer ma réputation dessus.
Aucun de mes camarades de classe ne se sont abonnés à moi, sans éprouver une grande surprise, j'ai attrapé mon téléphone et ai transféré tous mes donnés sur l'ordinateur. Une fois que cela fut fait, j'ai cliqué sur mon dossier "Bulletin de Santé" et j'ai posté le premier sur mon mur avec une image de décompte.
Dans ma biographie, je tape un texte rapide, bref, et mystérieux puis le poste.

Soulagée.

Lorry,

06/06/2016 (plus que vingt-sept jours)
Merci préviens moi pour la suite... :D
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

Jour Quatre_ParlerDeMoi
Cher Journal,

Introduction :
Encore une fois, le titre dit ma mission du jour. Aujourd'hui, je vais faire parler de moi au collège.
Je sais bien que je risque le feu, puisque la dernier fois que j'ai fait une annonce publique, on s'est fichu de moi, mais je dois le faire, non ?

Ce matin, pour la première fois depuis très longtemps, je me suis réveillée le sourire au lèvre. Non pas par rapport à cette mission suicide que je me suis lancée, mais par rapport à ma discussion d'hier avec ma famille. Dieu que je les aime !
Alors voilà, je ne veux pas m'attarder sur les détails, puisque ce n'est pas ça qui concerne principalement ma mission et qu'en plus c'était hier, mais je veux quand même te raconter, parce que le but premier d'un journal intime, c'est se confier et raconter.

Nous avons fait une ChatScribousVisio à vingt heures tout pile, et c'est avec surprise que j'ai découvert que tout le monde était présent dès l'heure indiquée et aucun en retard. Leur mine à tous était inquiète, parce que la dernière fois que l'un d'entre nous a fait un regroupement visio, c'était pour nous annoncer un divorce.
Tout le monde s'est rapidement salué, puis ils ont coupé leur micro pour me laisser parler.

«Bon, je vais aller droit au but parce que ce n'est pas si grave que ça en a l'air, mais je voulais quand même vous le dire.»

Rien qu'à ma première phrase, j'ai raconté un mensonge d'une grande ampleur.

«Comme vous le savez tous, j'ai un cancer.» ai-je enchaîné «Alors voilà.»

Mais je ne trouvais pas mes mots. J'ai cherché pendant une minute, avant que Gaston ne me dise :

«Balance, cousine. Allez, ça ne peut pas être pire que la séparation de André et Nala»

«He !» a protesté cette dernière»

J'ai ouvert la bouche et l'ai refermée, dans savoir quoi répondre à ça. Non, sans doute pas. Enfin si. Une mort et un divorce, n'est-ce pas le divorce le plus dur?

«Non, tu as raison» ai-je donc répondu en ne voulant pas me faire passer pour trop importante.

Je me suis rendue compte que j'avais peur. Peur qu'ils aient la même réaction que mes camarades. J'ai fermé les yeux quelques secondes, avant de balancer :

«Selon les estimations, j'ai trente jour avant de mourir.»

Et comme pour dans ma classe, c'est un silence qui me répond à leur place.

«Désolée de vous avoir dérangé pour ça» ai-je balbutié. «C'était idiot de penser que ça vous intéresserait. Bon, salut.»

J'allais raccrocher, quand ma marraine m'a appelée.

«Attends, Lorry.»

J'ai levé les yeux vers son image en face de moi et j'ai vu les larmes couler sur ses joues.

«Soline» j'ai protesté «Ne pleure pas, voyons... C'est... Une mort parmi tant d'autres. Je ne voulais pas vous faire de la peine... Bon dieu mais pourquoi je ne peux pas me taire !»

«Ferme-la» m'a dit mon cousin Florice.

J'ai fait un petit signe de tête affirmatif en me mordant les lèvres et ai regardé sa caméra. Pour ma plus grande surprise, lui aussi pleurait. Comme tous les autres.

«Tes parents sont au courant ?» a demandé une tante dans un sanglot.

«Evidemment, tante Yana. Mes parents et tout le collège.»

Malgré le fait qu'ils pleurent tous, journal, je dois égoïstement avouer que j'étais soulagée qu'il réagissent comme ça. Le fait que tous s'en fichent m'aurait blessée. Vraiment blessée.

On a discuté pendant trois heures complètes, de ma maladie, ils m'ont rassurée concernant les cours, et m'ont félicitée. Je leur ai aussi parlé de ma liste de choses à faire, et tous ont affirmé que c'était une bonne chose.

Pour conclure, ça fait du bien.

Revenons-en, très cher journal, au fait.
Oui, j'ai fait cette annonce.

Ce matin, quand je suis arrivée au collège, j'ai été voir, après avoir casé June avec le surveillant, Mickael. C'est un troisième, comme moi, qui n'est pas dans ma classe, mais de ce que je sais a entendu parler du discours que j'ai fait. Il est très doué pour les photos, et je sais que son rêve le plus cher est de devenir un photographe célèbre. Je lui ai demandé s'il pouvait me rendre un service sans trop attendre, et il a aussitôt répondu «ça dépend, c'est quoi ?». Je lui ai dit ce que je souhaitais, et il m'a rétorqué en croisant les bras :

«J'ai quoi en échange ?»

«Un nom» ai-je répondu sans réfléchir.

C'est après que je me suis dit "mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire pour qu'il soit connu ?"

Mais Mickael ne m'a pas laissé un temps de réflexion, ses yeux s'allumèrent.

«Alors c'est marché conclu. Mais sache que si tu ne tiens pas ta promesse, je veillerais à ce que ton projet tombe au sol.»

Après cette dernière phrase de sa part, on s'est serré la main, et j'ai tourné le fauteuil pour partir. Il m'a appelé au dernier moment.

«He, euh, Lorry.»

«Mmmh ?» ai-je répondu en tournant la tête sur le côté pour mieux entendre.

«Je suis désolé, pour ton cancer.» m'a-t-il dit.

Abasourdie, j'ai refait la manœuvre dans le sens contraire et ai demandé :

«Tu es sérieux ?»

«Bah oui, pourquoi pas ?»

«C'est gentil.» ai-je simplement dit en refaisant demi tour et en m'en allant pour de bon.

Les deux heures de cours avant la pause du matin sont passés vitesse flèche. Je les ai à peine suivis pour me concentrer sur mon plan, et même Jude s'en est inquiétée. Dès que la sonnerie a retenti, j'ai pris mes deux roues et suis partie en première de la salle à toute vitesse.

Mickael m'attendait déjà, les bras croisés, au banc que je lui avais montré pour notre rendez-vous.

Nous avons tout programmé au complet seuls puisque j'avais encore laissé June aux surveillants. Et ça donnait ça :

Lorsque la première sonnerie sonne, on demande à sortir de cours.
11h55 - On va chercher dans sa salle de stockage le matériel.
11h57 - Il installe son matériel de diffusion dans la cour et son matériel de film pendant que je vais voir le directeur pour le prévenir.
12h00 - On tourne.

Le programme était très serré, puisqu'en deux minutes on devait amener une trentaine d'appareils sur la cours, et qu'en seulement trois minutes si ça se passait mal chez le directeur et qu'il ne voulait pas décaler la sonnerie de quelques minutes, on devait tout installer.

Heureusement pour nous, la chance a enfin tourné de mon côté. Tout était près à temps, et grâce à la vie scolaire, on a même pu installer un vidéo projecteur pour que ma tête soit en gros plan pour qu'ainsi, les mille deux cent étudiants puissent me voir.

Lorsque les élèves sont sortis, c'était en masse. Le directeur lança un appel pour dire à tous les collégiens de s'asseoir autour de nous, et cela fut fait bruyamment mais rapidement. Une fois que le silence fut installé, non sans cris des pions, je pus enfin présenter le travail que j'ai fait pendant toute la nuit.

«Est-ce que vous m'entendez ?» je demande.

Des hurlements affirmatif me répondent aussitôt. Je grimace et fais signe de baisser le volume.

«D'accord. Bon. Déjà, merci à tous d'avoir accepté de m'écouter. J'invite tous les élèves qui ne sont pas autorisés par leurs parents à être filmé pour que ce soit publié sur internet à vous diriger derrière là caméra devant moi, et ceux qui veulent apparaître sans leur visage à aller vous présenter à la fin à Mickael.»

Je me suis tue pour laisser les premiers cités se déplacer où je l'ai indiqué, et une fois qu'il n'y a plus de mouvement, j'ai repris d'une voix forte dans le micro :

«Si je veux vous parler aujourd'hui, c'est parce que des rumeurs sur moi circulent à la vitesse flèche. Si vous ne me connaissez pas, je suis Lorry Hasta. Il y a deux jours, j'ai annoncé à ma classe de 3ème que j'allais décédé d'un cancer dans trente jours. Ma déclaration n'a rien engendré. Tout est resté similaire : on ne me calcula pas plus qu'avant, et on me laissa seule avec mes pensées sombres. Aucun d'eux n'a pensé à me témoigner le soutien que j'attendais, et j'ai du rester avec mon sentiment de mort sur les épaules. Mais j'avais d'autres projets que finir ma vie tristement et simplement. Alors voilà. Je vais être franche, j'ai décidé de me faire connaitre pour que les gens comprennent qu'une douleur à la main n'est pas une au cœur. Que personne qui n'a jamais vécu le présage de mort ne comprend ce que c'est. Je vais donc essayer de vous le faire comprendre un peu plus en vous racontant combien la vie peut-être injuste.»

Je me suis tue, et mon regard a croisé celui de Jasen, un garçon de ma classe. Je l'ai fixé avec dégoût, avant de reprendre :

«Quand mon médecin m'a dit cette phrase que je ne suis pas certaine d'oublier, qui m'annonçait à moi et à ma famille que j'allais mourir dans un mois, et que ce ne serait pas tranquillement dans mon lit, mais sans doute à l'hôpital et sous médicaments pour taire da douleur, alors j'ai cru que mon monde tombait. Cela faisait quatre mois que je tournais en rond à me demander "quand est-ce que je pourrais marcher ?" "quand est-ce que je serais débarrassée de cette... merde de cancer ?", et je souffrais. Je souffrais de ne pas savoir à quoi m'attendre. Mes parents m'ont soutenue chacun à leur manière, et cela les a porté à se disputer fréquemment. À présent, je n'ai plus que sur cette liste de dernière choses à faire avant les vingt-six jours qu'il me reste sur quoi compter, et mes deux parents qui ne savent plus quoi faire. Je n'ai même pas pu compter sur mes camarades de classe, qui au contraire, en ont profité pour se moquer de ma différence avec eux, et qui se sont amusés à dire des idioties pour que je sois comme toujours laissée de côté. Je n'attends pas de vous de la pitié, mais au moins une petite once, même minuscule, de gentillesse. Je ne veux pas finir ma fichue de vie seule et sans personnes autour de moi. J'ai des choses à accomplir. J'ai des choses à faire.»

Je me tourne vers la caméra et annonce.

«Je lance une collecte de fond pour créer une association de recherches contre les cancers et ainsi sauver des vies. Je ne veux pas que ce que je traverse actuellement se reproduise sur quelqu'un d'autre, je veux servir à quelque chose. Et c'est ce que je suis en train de faire. Aidez-moi à sauver des vies et la votre sera peut-être plus longue si vous aussi, vous vous avérez être porteur d'un cancer.»

Je m'arrête enfin, à bout de souffle.

Autour de moi, c'était le silence complet. Personne n'osait parler. Au bout de quelques secondes pendant lesquelles j'ai craint qu'ils se lèvent et partent, in-intéressés. Mais à peine cette pensée a effleuré mon esprit, qu'un applaudissement retentit. Je me tourne vers là d'où le son provient, pour voir que c'est nul autre que Mickael. Derrière la caméra, il s'est redressé et me regarde en applaudissement. Peu à peu, les élèves se lèvent et m'applaudissent. Mais je ne peux pas détacher mon regard de Mickael. Il me dit sans son sortant de ses lèvres que tout est en boite, et je lui rends son sourire. Le deuxième de la journée.

Cette journée s'est fini incroyablement bien. Les autres collégiens sont venus me féliciter, et l'un m'a même dit qu'il allait donner tout son argent économisée pour mon association parce que sa grand-mère était elle aussi morte d'un cancer. Je l'ai remercié et suis partie après lui avoir assuré que ce ne serait pas vain.

Même si le silence de maman était insoutenable pendant le trajet (oui elle m'a ramenée) j'étais heureuse. Et rien ne pouvait me l'enlever.

Lorsque je suis rentrée dans ma chambre et que j'ai ouvert mon ordinateur, Mickael venait de m'envoyer le film sur mon adresse mail que je lui avais donnée l'après-midi. Et lorsque je l'ai regardé, je suis devenue folle de joie. Il avait même mis un générique de fin super.

J'ai regardé où en était mon compte ChatScribous après ça, et là. Je me suis rendue compte que j'avais quatre-cent followers, et de ce que j'ai vu, tous étaient du collège.

Je suis comblée,

Lorry.

07/06/2016 (vingt-trois jours)
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

CHAPITRE 5 : JourCinq_Poster
Cher Journal,

Introduction :
Ouh la la. Grand jour est arrivé, aujourd'hui ma mission est chargée : je poste le film sur mon compte ChatScribous, qui je le précise quand même, a atteint depuis ce matin les neuf-cent abonnés ! Ce travail est quand même colossal, mais pas de temps à perdre. Les jours défiles.


Ce matin, comme hier, j'étais souriante. Bien que mon cancer affaibli mon quota de forces, je me sentais plus vivante que jamais et c'est d'autant plus le cas après aujourd'hui. Je ne m'y suis pas trop attardée hier, mais oui c'est bien maman qui m'a ramené des cours. Le silence pesant ne m'a pas touchée puisque j'étais sur mon nuage, mais si j'ai fait en sorte de ne rien en laisser paraître, au fond de moi j'étais d'autant plus heureuse d'être de nouveau avec elle. Évidemment, elle ne m'a pas aidée à monter, mais je ne lui en veux pas. Je me suis débrouillée seule, et c'était compliqué, mais j'ai réussi et c'est une habitude pour les autres, mais une victoire sublime pour moi.

Ça faisait trois dîner que je n'avais pas mangé avec eux, et j'étais contente parce que hier soir, ça a repris. Parce que ça veut dire deux choses : je peux manger, et j'ai deux parents. Après, papa m'a portée jusqu'à mon lit, et je me suis blottie contre son torse avant de m'endormir avec son doux parfum. Il a finalement dormi avec moi, puisque ce matin en me réveillant, j'étais dans ses bras.

Il ne dormait plus, et me regardait avec un léger sourire triste.

«Tu veux que j'appelle ta mère pour t'aider ?» a-t-il proposé.

«Non merci», j'ai répondu. «Je sais faire.»

Il a acquis d'un signe de la tête et s'est levé, puis a disparu dans le couloir en refermant la porte derrière lui. Je me suis habillée en vingt minutes et ai été regarder mon nombre d'abonné. Comme je te l'ai dit, il avait plus du double que la veille au soir. Je suis descendue, et j'ai trouvé mes parents à préparer le petit déjeuné.
Je me suis assise sans faire de bruit dans mon fauteuil roulant et me suis approchée.

«Bonjour Maman.» je l'ai saluée.

Cette dernière s'est retournée et m'a dévisagée avant de déclarer comme un reproche :

«Tu aurais dû m'appeler pour descendre.»

«Je m'en serais voulue.» ai-je poliment répondue en m'approchant de la table.

«Approche-toi, ma puce. Et mange.» m'a ensuite ordonné papa, témoin de la froideur de notre échange.

À son air, j'ai vu que quelque clochait, et je savais exactement quoi puisque ça concernait leur première dispute.

«J'ai reçu un appel du directeur ce matin» a dit maman.

«Cool !» me suis-je exclamée en ayant déjà la bouche pleine.

«Lorry...» a soupiré papa. «On te parle de choses sérieuses là. Tu vas trop loin avec toutes tes idées. Dire à tes camarades était très bien, mais à tout ton collège ?»

«C'est irresponsable de ta part» a renchérit maman en prenant sa voix douce.

J'ai songé à lorsqu'ils apprendraient que je ne veux pas seulement dire au collège, mais à toute la Terre. Et je me suis dit qu'ils m'imposeraient des limites. Sur le coup, je me suis mise à réfléchir très vite. Ils étaient en droit de m'obliger à rester à la maison. Et je ne voulais pas.

Alors je devais faire ce qu'il me restait à faire au collège le plus vite possible.

Je me suis empressée de finir de manger et j'ai demandé :

«Qui veut amener sa fille populaire à l'école ?»

Ils ont levé les yeux au ciel en même temps, et c'est sans surprise mon père qui m'a conduite dans le silence le plus total. Je continue de penser tout que je lui ai dit il y a quelques jours : les conflits proviennent de moi.

Lorsque je suis arrivée devant les grilles, des gens m'attendaient déjà. Je suis sortie de la voiture, et un groupe de quatrième se sont jetées sur moi.

«On voulait juste te dire qu'on te soutenait dans tes projets» a balbutié l'une d'entre elle en se tordant les doigts.

Je lui ai souri et les ai poliment remerciées, et suis ensuite descendue de la voiture pour prendre les béquilles et jeter un coup d'œil à mon père. Son regard a croisé le mien dans le rétroviseur du milieu, et malgré son air sévère et ses sourcils, j'ai vu dans ses yeux la fierté. Je lui ai souri, et les filles m'ont aidée à mettre mon sac sur mes épaules après que j'eus refusé qu'elles ne le portent pour moi.
Sans un mot, le moteur a vrombit, et la voiture a disparu. C'est alors que j'ai ressenti un étrange pressentiment désagréable. Tu sais, le genre ou tu sens que quelque chose cloche très très fort mais que tu n'arrives pas à mettre la main sur quoi. La petite boule qui n'avait pas fait son apparition depuis hier (un record) a refait surface sans que ne n'ai eu le temps de dire ouf, et elle m'a portée toute la journée bien que ces neuf heures au collège aient été les meilleures de toute ma scolarité dans cet établissement.

En effet, dès que je suis rentrée, toute l'attention était portée sur moi. Les élèves venaient me féliciter et me dire que cette école n'oublierait jamais mon nom grâce à mon discours "formidable" d'hier.

June était presque invisible en dehors des cours, bien que je savais qu'elle observait tout ce qui se passait autour de moi. Mais Mickael était là pour veiller à ce que personne ne me fasse tomber. Il est resté près de moi à chaque fois qu'on était trop entouré, mais s'est arrivé tellement de fois qu'on a demandé l'autorisation de nous écarter pour ainsi se rendre dans la salle de stockage de ce dernier pour travailler sur notre vidéo avant de la poster.
On s'est acharnés dessus, et il m'a même avoué à la fin qu'il n'avait pas vu le temps passer. Je n'ai pas osé lui dire que moi non-plus, parce que nos occupations n'ont pas forcément été dénuées de gêne et qu'il aurait pu mal l'interpréter.

Oui, il y a eu des moments de gêne, et ça a commencé dès le moment où je me suis excusée de n'avoir pas pu me protéger seule des autres.

«C'est idiot de t'excuser.» a-t-il maladroitement fait remarquer en allumant l'ordinateur.

Il y a eu un blanc, pendant lequel je n'ai pas compris si c'était un reproche ou une remarque sans importance. J'ai évidemment choisi la première solution pour ne pas paraître hypocrite au point de ne rien assumer, et j'ai eu un petit rire gêné sur lequel il a de suite enchaîné.

«Enfin,» a-t-il repris en triturant ensuite la souris en attendant que l'ordinateur charge. «Je veux dire, c'est normal de faire ça, tu vois. Je suis aussi responsable de la foule, puisque je t'ai aidée à faire le discours.»

«C'est sans doute la plus belle chose qui me soit arrivée, en fait.» ai-je dit rêveusement en oubliant l'instant de vide dans la conversation et en tirant une chaise pour m'assoir.

J'ai aussitôt poussé un soupire de satisfaction et ai fermé les yeux. Je venais de faire l'effort de rester debout pendant beaucoup de temps, et j'étais épuisée.

«Dis-moi, Lorry.» a repris le jeune homme en s'asseyant en face de moi. «Est-ce que tout ce que tu as raconté est vrai, où tu veux juste que les gens aient pitié de toi ?»

J'ai brusquement réouvert les yeux, mi-indignée, mi-surprise.

«Mais c'est vrai !» me suis-je écriée. «Tu me crois vraiment capable de mentir sur quelque chose comme ça ? Ce que j'ai dit, je l'ai vécu ! Et j'en ai souffert !»

Sur le coup, j'étais vraiment vexée. Mais devant son air de regret, je me suis aussitôt calmée. Il avait le droit de douter de moi, non ? Je ne suis pas une sainte, mais je sais reconnaitre quand j'ai tort de m'énerver.

«Je te crois» a-t-il balbutié. «Je voulais en être certain, parce que ce que tu t'apprêtes à mettre public est une véritable bombes. Si une personne un peut sensible le voit, alors ça va sans doute prendre une immense ampleur ! »

J'ai froncé le nez en me disant qu'il exagérait vraiment. Mais juste après me suis une nouvelle fois remise en question. Et si tout évoluait d'une façon incontrôlable et que je devenais célèbre. J'ai vu une seconde l'image de moi, interviewée à la télé, devant une immense foule de fans, mais suis vite revenue sur Terre. Rien de tout cela ne se produirait.

«Ce ne sera le cas, et si jamais on devait vraiment en arriver, alors au moins, j'aurais tenu ma promesse et tu seras aussi célèbre.» ai-je répondu.

«Je ne veux pas être célèbre, je veux me faire un nom auprès des plus grands photographes pour intégré une école avec une bourse !» a-t-il rétorqué.

«Alors dans ce cas, réfléchis à comment tu veux que je présente la personne avec laquelle j'ai réussi à faire tout ce que je voulais !» ai-je insisté. «Et moi, en admettant que je devienne populaire, alors je te trouverais des contacts ! Mais je veux respecter ce contrat ! Et je vais le faire !»

Notre conversation s'est finie là, et nous nous sommes mis à travailler durement sans que cela ne se ressente comme une corvée. Notre coopération était plutôt soignée, et nous ne nous disputions jamais sur quoi contre quoi, puisque nous étions en général d'accord sur tout.
Lorsque nous sommes sortis de la salle, nous n'avions pas terminé, pourtant. Et pour moi les minutes comptaient. Je lui ai alors demandé :

«Tu veux venir chez moi ce soir pour qu'on continue de travailler ?»

Il m'a regardée, un peu surpris par cet élan.

«Euh, tu sais...» a-t-il balbutié, «Je ne suis pas certain que on arrive à terminer ce soir...»

«Si, on doit terminer ce soir. Même si c'est à vingt-trois heures cinquante-neuf.»

«Bon bah, si tu veux viens plutôt chez moi... J'ai tout le matériel là-bas. Tu veux que je t'amène directement là-bas ?»

Je lui ai souri et ai dit :

«Comme tu veux, sinon mes parents me déposeront.»

«Ok, dix-sept heures trente chez moi !»

«Super ! Bon bah on se voit dans la cour ?»

Il a acquis d'un signe de la tête et est parti dans sa classe. J'ai fait de même, le sourire au lèvres.

Le reste de la journée a été plutôt agréable, tout le monde voulait m'aider pour tout, et ça même les garçons de la classe. Ils m'ont suivie de près pendant tout le cours de sport, si bien que madame Vent en a eu marre et les a tous collés ce week-end. J'ai bien essayé de les défendre, mais en vain puisque quand cette professeur à quelque chose en tête, on ne peut pas la lui retirer.

Lorsque les cours ont sonné, Jason est venu me voir.

«Eh, Lorry.» a-t-il appelé. «Envoie un message à tes parents. Je te ramène.»

Je me suis retournée, sous l'œil attentif de June, et lui ai demandé :

«Pourquoi cela ?»

Il a souri du coin des lèvres en prenant un air charmeur qui m'a fait lever les yeux au ciel.

«Parce que je veux te parler.»

J'ai froncé les sourcils et ai regardé autour de nous. Tout le monde qui n'était pas sortis (des garçons) nous regardaient. Même madame Kologo semblait écouter la conversation avec le plus grand intérêt qu'il est possible d'avoir.

«J'ai un rendez-vous ce soir» lui ai-je simplement dit. «Alors je ne vais pas pouvoir. En revanche, tu peux me raccompagner à la sortie en attendant que mon père arrive.»

J'ai regretté mes mots à a seconde où ils sont sortis de ma bouche. Je venais de faire une belle gaffe.

«Un rendez-vous ?» a-t-il répété innocemment. «Avec qui ?»

«C'est confidentiel» j'ai grommelé.

Il a souri, sans doute amusé par mon embarra, puis a soulevé mon sac d'un geste souple et l'a balancé sur son épaule.

«Tu viens ?»

Il a tourné les talons, et je n'ai rien pu faire d'autre que de le suivre en m'insultant de tous les noms possibles.

Finalement, ce ne s'est pas passé si mal que cela. On a papoté de tout et de rien, il a essayé d'en savoir plus sur moi, jusqu'à connaître ma couleur préférée, et June qui nous suivait derrière a encore été mise à l'écart. Elle s'est fait aussi discrète que depuis deux jours, ce qui l'a rendue moins insupportable pour mes nerfs.
Lorsque mon père est arrivé, à l'heure, aujourd'hui, il nous a vu et est aussitôt sorti de la voiture. June est partie en un rien de temps, et nous a laissé seuls contre mon père trop protecteur à mon goût.

«Salut, papa» ai-je dit en regrettant de ne pas avoir quitté Jason en voyant sa voiture arriver.

Sur son visage se peignait clairement la colère injustifiée. J'ai retenu un grimace de mon père alors que ce dernier croisait les bras.

«Je peux savoir à qui ai-je l'honneur ?» a-t-il demandé à Jason qui tendait la main dans le vide.

«Bonjour monsieur, je suis un ami de classe de votre fille. Jason Will.»

«Ah, tu es celui qui s'est moqué d'elle, donc. Ton père est Arold Will. Je me trompe ?»

«C'était avant de la connaître, monsieur. Et je m'en suis excusé à plusieurs reprises. Et oui, c'est exact.»

C'était vrai que Jason était venu me voir pour me confier ses regrets au sujet de ce qui a dit sur moi. Mais à plusieurs reprises ?
Lorsqu'il a évoqué son père, sa voix a montré une grande fierté. Son père était entrepreneur immobilier, et gagnait très bien sa vie.

Mon père l'a salué, moi aussi, et nous sommes tous les deux partis dans la voiture

«C'était quoi, ça ?» m'a-t-il tout de suite attaqué.

J'ai pris soin d'attacher ma ceinture pour ne pas me refaire mal, et j'ai répliqué comme une flèche :

«Je ne vois pas le problème de me faire des amis !»

Il a serré la mâchoire et a grogné :

«Je ne te reconnais plus, Lorry ! Tu ne nous parles plus de rien depuis quelques jours, alors que tu es en train de changer radicalement de vie !»

«Ah oui ?» ai-je explosé. «Tu voudrais que je te raconte plus ma vie ? Et bien essaye de t'y intéresser un minimum ! Il n'y en a que pour tes disputes avec maman, en ce moment !»

J'ai tapé du poings sur le devant de la voiture et ai poursuivi, bouillonnante de colère :

«Je n'ai pas mangé pendant deux soirs parce que j'étais malade à en crever à cause de vos foutus hurlement ! Je viens d'apprendre que je vais crever, alors tu vois, je n'ai pas envie de mourir en étant seule ! Parce que c'est exactement ce que vous faites ! Vous me laissez seule ! Alors NON ! Non je ne m'excuserais pas de ne plus rien pouvoir vous dire, parce que c'est entièrement votre faute !»

Il est resté silencieux quelques secondes, et a fini par rétorquer :

«Nos disputes n'expliquent pas tout, contrairement à ce que tu sembles croire. Tu justifies comment le fait que je viens de te trouver avec le fils d'un des hommes les plus égoïstes et malhonnête ? Que sans même nous concerter, tu as réuni ta famille ? Que tu as fait un discours à toute ton école ?»

«Je ne veux pas mourir sans avoir fait quelque chose de bien. Et ce n'est pas toi qui va m'en empêcher !»

Après ça, je suis sortie de la voiture comme nous étions arrivés, j'ai claqué la porte, et j'ai monté les escaliers seule et difficilement.

Le week-end promettait d'être long, mais pas forcément ennuyeux.
Je te raconterais demain la publication de notre film ainsi que mon rendez-vous avec Mickael. Pour l'instant je dois aller manger, mais sache que le film est bel et bien publié sur ChatScribous.

Lorry,

08/06/2016
emaevansedventyr

Profil sur Booknode

Messages : 11
Inscription : mer. 13 oct., 2021 8:24 pm
Localisation : Mercure

Re: Trente Jours pour Une Vie [roman-journal intime]

Message par emaevansedventyr »

Chapitre Six : JourSix_Fuite
Cher Journal,

Introduction :


Aujourd'hui, une journée de dingue s'annonce. On est samedi, donc je n'ai pas cours. En revanche, après notre rendez-vous d'hier soir, Mickael et moi avons pris une décision après que mon discours a été posté. En fait, pas vraiment après ça. Mais après qu'il eut atteint vingt-mille vues en deux heures. Oui, deux heures après, j'étais toujours chez lui. Sa mère m'a gentiment proposé de dîner avec eux, et comme si j'avais mangé chez moi je n'aurais rien pu avaler, alors j'ai accepté. Alors voilà notre décision :Aujourd'hui, nous allons mettre en place un site sur Internet de chaque jour qui passe pour moi, avec toutes les épreuves que je dois faire. Piquant, c'est le mot. Parce que depuis hier soir, je suis célèbre.


J'ai fini de mettre mes chaussures alors qu'il n'était que six heures du matin, et que mes parents dormaient encore. Mickael m'a envoyé un message comme quoi il était en route, et aussitôt, j'ai pris mon sac avec mon ordinateur dedans et suis sortie de la maison avec mes béquilles. Il est arrivé cinq minutes plus tard, emmené par son père qui est plutôt matinal, et qui nous a proposé hier soir de venir me chercher ce matin pour qu'on aille bosser dans la chambre de Mickael toute la journée.

Son fils et lui pensent que mes parents sont au courant, et n'ont donc pas vu d'inconvénients à ce que je passe toute la journée chez eux.

Si seulement ils savaient que j'avais juste déposé un petit mot à mes parents disant que je serais toute la journée chez une amie pour les devoirs...

Bon, d'accord. Il y a beaucoup d'interrogations qui viennent surgir dans ta tête.

1 - Mickael et sa famille étaient-ils au courant de la vidéo au moment où ils sont venus me chercher ? Mickael oui, il savait qu'elle en était à des millions de vues et que j'avais atteint les cent-milles abonnés. Mais ses parents, non. Pourtant, il l'a de suite accepté, et comme nous avions mis du flou pour cacher mon visage tout le long de la vidéo, ses parents ne risquent pas de l'apprendre rapidement.

2 - Et les miens ? Non, mais cela ne saurait tarder puisqu'ils sont très connectés et attachés à Internet. Ils risquent de l'apprendre dans la journée, et c'est pour cette raison que j'ai choisi de disparaître ce Samedi.

3 - Tu dois te dire que je dois avoir une foule de journalistes devant chez moi pour me poser beaucoup de questions, mais non puisque je n'ai pas mis mon visage dessus. Quant à mon compte ChatScribous qui contient mon nom dans le pseudo, ce n'est pas sur lui que la vidéo a été diffusée, mais sur celui intitulé RyKa, comme Lorry et Mickael puisque lui aussi a participé. Aucune information ne sont citées, et les commentaires de la vidéo ont filtré pour qu'aucun de nos deux noms ne circulent. Évidemment, nous savons que l'information va fuiter. Et Mickael a finalement accepté d'être populaire après notre longue discussion.

Et toi, comme tu es intelligent, tu sais exactement ce qui va clocher dans notre affaire, n'est-ce pas ? Les droits parentaux.

Nous n'avions pas prévu la réaction de nos parents.

Alors lorsque ma mère m'a appelée dans la matinée, pour me dire que mon nom avait déjà été diffusé et l'ASE (Aide Social à l'Enfance) avaient contacté mon père et elle, j'étais complètement chamboulée.

Mickael a été épargné, les gens ne s'intéressaient pas au monteur/réalisateur, mais a l'handicapée qui avait parlé. Son nom est donc resté dans l'ombre, et le mien non.

Dès que ma mère eut raccroché, j'ai vu sur son visage l'horreur de la situation.

«Je suis désolée» ai-je prononcé dans un souffle en même temps que lui m'a dite :

«Désolé, Lorry.»

Nous nous sommes regardés quelques secondes, incapables de réagir.

«MICKAEL ! LORRY !» a hurlé la voix de sa mère depuis le rez-de-chaussée.

J'ai pris mes béquilles, me suis levée toute tremblante, et il m'a aidée à descendre en me tenant la taille.

Dès que nous sommes arrivés, sa mère nous attendait, furieuse. Elle m'a regardée avec haine, avant de tendre son téléphone sous mon nez. J'ai aussitôt reconnu la vidéo.

«Est-ce que je peux savoir pourquoi ton nom circule sur ce téléphone, Lorry ?» a-t-elle grincé.

«Je suis désolée, madame.» ai-je dit en baissant les yeux, honteuse.

Sans réfléchir une seule seconde, j'ai dit :

«J'ai forcé à Mickael contre son gré à m'aider à réaliser cette vidéo en le menaçant de briser toutes ses chances de réussir dans le métier, et il a dû m'écouter.»

Elle a reculé d'un pas, brûlante de sueur et de rage.

«Lorry...» a ensuite murmuré son fils.

Je me suis tournée vers lui et j'ai dit en le regardant droit dans les yeux avec un air de "garre à toi si tu lâches la vraie bombe" :

«Je suis désolée, Mickael. Je t'ai forcé à le faire, et tu as dû t'exécuter sous les menaces que je t'ai dites.»

Il est resté bouche-bée, et je me suis encore retournée vers sa mère :

«Je suis désolée, madame Greg.»

Elle s'est approchée, et m'a giflée de toutes ses forces en m'envoyant valser au sol. Ma tête s'est cognée sur le carrelage blanc, et j'ai poussé un cri de douleur. Les larmes ont rempli mes yeux, mais elles n'ont pas coulé.

Mickael a crié mon prénom, alors que, sonnée, j'essayais de me relever. Il a voulu m'aider en voyant que je n'y arrivais pas, et je l'ai repoussé malgré ma tête qui jouait à la toupie.

J'ai finalement réussi à me mettre debout en chancelant, et sa mère m'a hurlée :

«Je ne veux plus jamais te revoir toucher mon fils, Lorry Hasta !»

«Je sais,» me suis-je entendue répondre avant de prendre mes béquilles et de partir en oubliant mon sac avec mon précieux ordinateur, en l'occurrence toi.

J'ai commencé à marcher, et pendant une heure j'ai traversé les rues en laissant les larmes couler sur mes joues. J'étais furieuse, et triste, parce que j'ai vraiment aimé la compagnie de Mickael au point de le considérer comme mon ami.

J'ai repensé à la violence dans la gifle que sa mère m'a donnée. C'était plus que mérité après ce que je lui avais avoué malgré le fait que c'était faux, mais la douleur était la même.

J'ai pleuré jusqu'à ce que je ne sorte mon téléphone pour répondre à l'appel de mon père.

«Allô ?» j'ai demandé d'une voix épuisée.

«Où es-tu ?» l'ai-je entendu crier. «Les journalistes sont à la porte, et ils veulent te parler !»

J'ai raccroché net, et ai regardé l'heure, il était déjà quatorze heures, ce qui voulait dire que j'avais marché perdue dans mes pensées pendant plus de deux heures. J'ai fermé les yeux en m'arrêtant, et l'envie de dormir m'a soudainement rattrapée. Je me suis assise sur un banc et m'y suis endormie.

Lorsque je me suis réveillée, j'étais encore au même endroit, sauf que c'était Mickael qui était accroupi en face de moi.

«Que fais-tu là ?» ai-je demandé.

«Je viens te ramener chez toi.»

Je me suis relevée et ai reculée en me frottant les yeux.

«Tu as disparu pendant plus de six heures, Lorry.»

«Ah bon ?»

J'ai vite sorti mon téléphone, et au-dessus de toutes les notifications d'appels et de SMS, j'ai vu qu'il était en effet dix-huit heures.

Il s'est approché de moi et a dit :

«Tes parents sont fous d'inquiétude, Lorry. Il faut que l'on rentre rapidement. J'ai fugué après avoir reçu sur ton ordinateur un mail de tes parents. Ils te recontactaient via lui en ayant remarqué qu'il avait disparu avec toi. J'ai répondu et dit que tu n'étais pas chez moi, mais tu n'étais pas chez eux non plus. Donc je suis venu te chercher.»

«D'accord» j'ai simplement murmuré.

Il m'a tendu mes béquilles que j'ai refusé d'un signe de la tête avant de me mettre à marcher. Plus nous avons avancé, et moins j'allais vite. J'avais mal partout, je sentais mes membres courbaturés se fléchir à tous mes pas, et ma tête bourdonnait.

«Je suis désolée pour ma mère. Elle a excessivement réagi.»

Je n'ai même pas eu la force de répondre.

«Est-ce que tu es toujours ok pour notre site ?» a-t-il enchaîné.

«Je le suis. Mais j'imagine que toi non,» ai-je répondu en m'arrêtant de marcher pour souffler.

«Lorry ? Est-ce que ça va ?» s'est-il inquiété.

«Tout va bien, ce sont mes antidouleurs. Ils me fatiguent.»

Il s'est tu et a posé sa main dans mon dos pour m'aider. Je me suis aussitôt écartée en reprenant mon chemin pour ne pas paraître faiblarde. Mais le rythme de mon cœur s'est accéléré, et j'ai aussitôt compris que c'était mon cancer et pas mes médicaments.

Pourtant, je ne lui ai rien dit. J'ai continué de marcher, et vingt minutes plus tard, nous étions devant chez moi, où plutôt derrière, dans l'entrée dissimulée, pour ne pas croiser les journalistes.

«Tu devrais rentrer chez toi. On se revoit au collège lundi matin.»

«D'accord. Mais avant, est-ce que je peux rencontrer tes parents ?»

«Si ça t'amuse...»

J'ai ouvert la porte de l'arrière et suis rentrée, et aussitôt, une espèce de musique a résonné. J'ai reculé, et mon nouvel ami m'a demandée :

«Qu'est-ce que c'est ?»

«Je ne sais pas...»

Il a pénétré dans la maison sur ces gardes, alors que c'était la chanson Despacito de Luis Fonsi qui était en train d'être diffusée. Nous avons refermé la porte, et tout d'un coup, la musique a cessé, et mon cousin a surgi devant nous en hurlant :

«BOUH !»

J'ai hurlé de peur et ai trébuché en arrière. Je me suis fracassée au sol dans un petit cri de douleur, et Mickael s'est jeté sur moi pour m'aider à me relever.

Il m'a soulevée par la taille et m'a reposée debout, droite. J'ai fait quelques pas pour avancer jusqu'à mon cousin, et il m'a prise dans ses bras en me soulevant du sol.

«On vient tous d'arriver !» a-t-il expliqué en me reposant sur la terre ferme. «Tes parents étaient tellement fiers de toi ! Tu n'imagines même pas !»

«Hein ? Fiers ? Mais...»

«Laisse tomber, ils ne te font pas la tête ! Tu viens ?»

J'ai oublié Mickael et me suis avancée sous la poigne de Gaston, qui a posé son bras autour de ma taille pour m'aider à marcher.

Et en effet, pour mon plus grand bonheur, ma famille était réunie dans le salon. Dès que je suis rentrée, ils se sont tous mis à applaudir. C'est là que le plus inattendu s'est passé : mes parents se sont avancés, puis après une seconde de silence, ils se sont jetés sur moi pour m'étreindre avec force.

«On est si fiers,» a murmuré maman en me serrant plus que fort.

«Tu es formidable,» a renchérit papa.

Je ne me suis même pas demandé ce qui les avait fait changer d'avis, je les ai moi aussi serré le plus fort possible contre moi en mélangeant ainsi leurs deux présences merveilleuses.

Ensuite, je vais te faire un bref résumé.

Toute ma famille s'est installée dans le salon avec des matelas, et deux de mes cousines sont venues dans ma chambre pour dormir. J'ai appris qu'ils restaient tout le weekend, et la soirée s'est merveilleusement bien passée. Mickael est parti après avoir discuté avec nous, et je l'ai moi-même raccompagné à la porte pour lui dire au revoir en privé.

Il m'a embrassée sur les deux joues et m'a remerciée de l'avoir couvert auprès de sa mère, puis il est parti dans la pénombre de la douce nuit d'avril.

Pour finir, je t'avoue que cette journée a été trop floue pour que je n'ai le temps de faire ma mission : être ami avec quelqu'un. Sauf si Mickael me considère comme son amie, alors j'ai rompu ma promesse.

Alors oui, crois-moi journal, demain, je vais faire une des missions les plus sérieuses pour moi.

En famille.

Lorry,

09/06/2016
Répondre

Revenir à « Essais et créations en plusieurs parties »