Whaaa, ce que tu me dis me touche *-*
Dans quelques heures, je rentre en cours ! Je vous mentirais si je vous disais que cette perspective m'enchante particulièrement T-T Mais pour compenser, je vais poster le chapitre 24 de NHP, ça vous fera une distraction avant de reprendre les cours
Quelques personnes ont pris du retard dans NHP, mais je ne voulais pas ralentir ma publication. J'espère que ça ne posera pas trop de problèmes
J'espère que vous avez tous passé des vacances reposantes, riches et pleines de sensations.
Je vous souhaite de vous réhabituer vite, et pas trop difficilement, au rythme de cette année...^^'
Bonne lecture
CHAPITRE 24 : S’ÉCHAPPER
Némésis partie, Arachné recula lentement, pour s'endormir au bord de sa toile.
Åna se retrouvait seule, empêtrée dans un cocon gluant, face à la forêt humide. Les cris des oiseaux et des singes s'élevaient dans les arbres. Åna les écoutait distraitement, tentant de remettre les éléments en ordre dans sa tête.
Elle avait une sœur, une petite sœur.
Pour la première fois, elle avait -
Une famille.
Bon, il est vrai, sa mère lui était apparue en rêves, quelquefois. Elle avait même pu la voir, dans le miroir d'eau de Lupa, le jour où elle avait découvert qu'elle était une demi-déesse. Mais bon, Fortuna ne faisait pas office de mère modèle, à l'instar des autres dieux, d'ailleurs. Åna distinguait la mère de ses souvenirs de la Fortuna qu'elle connaissait - c'étaient deux personnes différentes.
Elle aurait pu dire que ses amis à la Colonie - Mo, Eléa, Raoul, ses amis du bengalow d'Aphrodide, sans oublier les Apollon - avaient été comme une famille pour elle, et Chiron, comme un père. Et puis bon, sa mère était fille aînée de Jupiter, elle pouvait donc, elle aussi, considérer tous les demi-dieux comme ses cousins. Mais quand on se fait passer pour une indéterminée pendant deux ans et qu'on a, en plus, une origine romaine dans un camp grec, difficile de se sentir totalement à sa place.
Restait Lupa. Difficile de faire plus romaine qu'elle, et puis, elle l'avait recueillie, élevée, et lui avait tout appris. Mais la rivalité existant entre les différents orphelins et le climat de camp militaire qui régnait au refuge de Lupa avaient contribué à ce qu'Åna s'y soit toujours sentie mal à l'aise.
Là... C'était différent.
Elle avait une sœur, une sœur véritable, qui partageait avec elle le père et la mère. Les liens du sang, ceux qu'on ne peux pas défaire. Åna avait toujours rêvé de connaître ça, la vraie famille. Avoir un père, un foyer, des frères et sœurs. Ce que Némésis lui avait révélé récompensait tous ses espoirs. Elle aurait sauté de joie si elle n'était pas empaquetée dans ce fichu cocon.
Qui que soit cette sœur, elle courait un grave danger. Elle représentait, pour une raison obscure, une arme d'un grand pouvoir pour Némésis. D'une manière ou d'une autre, la déesse devait s'être arrangée pour pousser sa sœur à venir la sauver, ainsi, elle pourrait la cueillir le moment venu...
Mais les demi-dieux n'étaient pas du gibier ! Et Åna n'était pas un bout de viande, prête à servir d'appât !
Réfléchis, s'intima-t-elle.
Elle avait appris, auprès de Lupa, à rester pragmatique en toute situation, compter ses possibilités, une à une. Même si elle la détestait, Åna respectait l'enseignement de Lupa.
Priorité numéro 1 : s'échapper. Quelles étaient ses possibilités ?
Dans le cocon d'Arachné, Åna ne pouvait pas esquisser un mouvement. Si Némésis lui avait pris son poignard, elle sentait toujours son arc et son carquois dans son dos. Si elle parvenait à attraper une flèche, peut-être pourrait-elle utiliser la pointe pour déchirer le cocon. C'était faible, mais ça pouvait marcher.
Il lui fallait juste un peu de chance.
En tant que fille de Fortuna, on pouvait s'attendre à ce qu'Åna soit poursuivie par la chance dans la vie - du genre, avoir de bonnes notes, gagner au loto, rencontrer par hasard l'homme de sa vie, tout ça. Tu parles ! Elle n'avait eu que des malheurs dans sa vie, être fille de la déesse de la chance n'y changeait rien. Bien sûr, elle avait eu de gros coups de chance qui faisaient qu'elle était toujours en vie aujourd'hui, mais ils étaient accompagnés de sacrifices. Par exemple, si elle n'avait pas été prise dans la toile d'Arachné, elle serait tombée dans le précipice et en serait morte, mais elle n'était pas, actuellement, dans la meilleure situation possible. En même temps, qu'est-ce qui l'avait amenée dans cette toile ? Se mère répondrait le hasard, Trivia dirait son destin. Dans tous les cas, elle avait fini par obtenir plus de réponses qu'elle ne l'espérait.
Åna avait essayé d'en parler à sa mère, et à chaque fois, Fortuna lui répondait que la chance se provoquait, se méritait. Le hasard existait, le monde en était fait, et les dieux n'avaient qu'un contrôle mesuré. Fortuna ne faisait que donner un coup de pouce à ceux qui, selon elle, le méritaient.
En tout cas, Åna ne pouvait pas s'attendre à ce qu'un couteau tombe du ciel et atterrisse dans sa main, ou qu'un des singes hurleurs descende la délivrer. Mais elle avait tout de même quelques pouvoirs. Elle rencontrait la personne qu'il fallait, ses actions hasardeuses réussissaient, ses ennemis étaient frappés de malchance. Elle ne pouvait quand même pas tuer quelqu'un ou survivre à des chutes mortelles, mais si on rusait un peu, cela pouvait être très pratique. Åna n'avait jamais été très à l'aise avec la magie, elle lui préférait les bons vieux combats traditionnels. Mais elle devait reconnaître que, sans cette étrange aura de chance qui la sauva des pires situations, elle serait sûrement morte depuis longtemps.
Si tu es encore là, maman, merci de me protéger, songea Åna.
Merci vraiment.
Bon.
Elle regarda autour d'elle. Si elle rusait bien, elle pourrait forcer Arachné à la délivrer. Nan. Mauvaise idée. Elle n'était pas pour ainsi dire championne de la parlotte, et si l'araignée la délivrait, ce serait pour la manger une fois que Némésis aurait obtenu ce qu'elle voulait. Elle ne serait jamais dupe au point de la libérer !
Tenons-nous-en au plan A, donc. Comment faire pour que le cocon soit plus facile à déchirer ?
L'air était humide et de fines gouttes de pluie tombaient régulièrement d'entre les branches des arbres. En se concentrant, Åna parvint à créer une véritable pluie, une bruine, qui se condensa petit à petit pour former une véritable averse.
L'araignée, elle, recula lentement pour s'abriter à l'intérieur d'une grotte, sur le rebord du précipice.
La pluie redoubla. Tous les animaux coururent se réfugier sous les feuillages les plus épais. Åna s'agita dans son cocon, le plus possible,pour l'assouplir. Mais elle s'aperçut que cela ne faisait que la coincer encore plus, alors elle s'immobilisa. Elle se concentra pour faire en sorte que la pluie s'infiltre dans les mailles du cocon, jusqu'à son corps transi. A bout d'un moment, le fil de soie fut assez assoupli pour permettre à Åna de faire un petit mouvement. Tout en délicatesse pour éviter que l'étau se resserre, elle attrappa l'une de ses flèches. Son bras était dans une position parfaitement inconfortable et le moindre geste brusque qu'elle ferait épaissirait son cocon de soie. En plus de ça, l'effot qu'elle faisait pour maintenir la pluie lui faisait tourner la tête.
Elle interrompit la pluie. Elle devait agir vite, avant que le cocon ne sèche. Elle décida de percer son carquois d'un geste vif qui provoqua le resserrement du cocon. Peu importe. Elle relança la pluie, et, d'un autre geste vif, déchira le cocon avec sa flèche sortie par le bas. D'autres flèches pointaient dans son dos, et la griffaient par a-coups. Elle interrompit la pluie une nouvelle fois et se concentra sur le cocon de soie, qu'elle déchira lentement, petit à petit. Au bout d'un moment, l'ouverture fut assez grande pour qu'elle passe sa main, puis son bras... Alors armée de sa flèche, elle déchira d'autant plus qu'elle parvint, enfin, à une ouverture assez grande pour sortir.
Åna jeta un œil à l'araignée, qui semblait dormir encore. Lentement, elle se détacha de la soie visqueuse et glissa hors du cocon. Cela provoqua une ondulation de la toile mais, par chance, Arachné n'était plus sur sa toile, donc ne pouvait se réveiller.
Yes. Åna s'avança, en équilibre sur la toile au-dessus du vide, jusqu'à la terre ferme, triomphant en silence.
J'y suis.
Lorsqu'elle arriva enfin sur la terre ferme, elle se mit à courir, le plus vite possible. Il était clair que Némésis l'observait et avait vu son évasion. Si elle venait réveiller Araché, ou envoyait des monstres à sa poursuite, elle était cuite.
Alors elle courut dans l'épaisse forêt, sans regarder où elle allait. Son cerveau tournait à mille à l'heure. Comment se faisait-il qu'elle soit libre ? C'était inconcevable.
Tout à coup, un Lestrygon surgit d'entre les arbres et lui barra la route.
Voilà qui est mieux, songea Åna. Némésis était donc décidée à la garder prisonnière.
Elle connaissait les Lestrygons, parce qu'elle avait dû les affronter lors de sa Quête, avec Eléa et Mo. Ces Géants cannibales avaient défié Ulysse au même titre que les Cyclopes, et plus récemment, avaient dérobé la Toison d'Or qui protégeait la Colonie. Åna, Eléa et Mo avaient dû pénétrer leur repère pour la récupérer. Alors, même si celui-ci faisait trois fois sa taille, elle savait comment le vaincre.
Le Géant allongea une botte avec son épée aussi grande qu'Åna, mais Åna l'esquiva. Trop lent, comme la plupart des géants. Elle porta sa main à la ceinture pour attraper son poignard et...
Et merde. Elle ne l'avait pas.
Le Géant lança d'autres attaques, qu'Åna fut assez rapide pour esquiver, mais il lui barrait définitivement la route. Soudain, il lui envoya un coup de pied qui la propulsa dix mètres plus loin.
Åna envisagea de fuir par l'autre sens, mais un autre Lestrygon surgit d'entre les arbres. Ils l'encerclaient.
Elle porta sa main à son carquois, espérant décocher une flèche explosive, mais...
Elle n'attrapa rien. Son carquois était vide.
Flûte. Bonne idée de l'avoir transpercé par le bas pour sortir la flèche plus facilement. Bravo.
Les deux Lestrygons se rapprochaient, et celui de droite asséna son épée. Åna glissa sur le côté, mais elle était à présent dans le secteur de l'autre, qui l'attaqua également. Elle esquiva une fois de plus. Elle devait à tout prix réparer son carquois, qui se remplirait tout seul. Elle attrapa une feulle de bananier et une liane, qu'elle noua grossièrement, avant de remettre le carquois sur son épaule, espérant que ça suffirait. En attendant, elle essaya de miser sur la chance.
Allez, Åna, cherche. Si là, maintenant, un animal surgissait d'entre les branches, type tigre, et bondissait sur un des Lestrygons, cela lui accorderait peut-être un peu de répit.
Elle se concentra, imaginant la scène. Soudain, un gigantesque serpent tomba d'entre les arbres et s'enroula autour du Lestrygon de gauche. Le géant fut pris dans son étau et s'agita vainement.
Bien, mais il restait l'autre, et elle doutait de pouvoir agir de même. Rassemblant son courage, Åna bondit sur le Géant et lui asséna l'arc sur la tête.
Il ne le sentit même pas et propulsa Åna au sol.
De son côté, l'autre s'était débarrassé du serpent. Peu importe, cela lui avait donné le temps suffisant. Accroupie, Åna tendit le bras vers son carquois et, cette fois-ci, décocha une flèche explosive. Elle la lança sur le Lestrygon de droite, puis en lança une autre sur le second. Les deux explosèrent dans une détonation sonore.
Elle se releva et souffla un peu. Elle s’apprêtait à repartir lorsque d'autres Lestrygons surgirent. Trois, quatre, cinq, six... Mais il y avait aussi des ogres de Terre et un lion géant. Comment Némésis avait-elle pu rassembler autant de monstres ?
Åna prit la solution la plus évidente : courir. Elle balança plusieurs flèches enflammées et prit la fuite.
Le lion la coursa et tomba sur elle. Elle s'agita, mais ses griffes profondes s'enfonçaient dans sa chair. Elle faiblissait. C'est alors qu'elle aperçut sa modeste cabane, seulement quelques mètres plus loin. Sa course machinale l'avait menée à chez elle.
Elle esquiva quelques coups de griffe du lion, mais son poids était trop énorme pour qu'elle espère se dégager de lui. Alors, elle envoya une flèche en direction d'un des Lestrygons, qui se planta dans son pied. Elle ne le blessa pas, mais elle réussit ce qu'elle voulait : l'énerver.
Le Géant s'avança, et dégagea le lion d'un geste ample. Il brandit alors son arme vers Åna.
- Toi, la fausse élue, dit-il d'une voix caverneuse. Tu as tué mes camarades et volé la Toison d'Or que gardait notre Clan.
Åna se releva.
- Sauf votre respect, dit-elle, la Toison appartient désormais à la Colonie. Vous nous l'avez volée, alors je l'ai récupérée, tout simplement.
- Imbécile de sang-mêlé ! Ce stupide fils de Poséidon n'a fait que voler la Toison à Polyphème, roi des Cyclopes, qui l'avait acquise dignement.
- Mhm, ça reste encore à prouver, répliqua Åna.
- Tu oses me défier ? s'enflamma le Lestrygon. Tâte désormais du fer de mon épée !
Il abaissa sa botte, mais comme Åna l'avait vu venir à des kilomètres, elle esquiva.
- Vos camarades étaient moins bavards, au moins, lança-t-elle. Ils auraient dû vous l'apprendre !
Sur ce, elle s'élança vers sa cabane, coursée par des dizaines de monstres.
En quelques secondes, elle fut à l'intérieur, mais les Lestrygons, les Ogres de Terre et le lion géant tapaient si fort dessus qu'ils faisaient trembler les murs. D'un coup d'épée, un Lestrygon pouvait abattre le toît de sa cabane...
Par ses interstices de celle-ci, Åna entreprit donc de tirer sur les monstres, Lestrygons en priorité. Mais d'autres Ogres de Terre se formaient, et des animaux sauvages les rejoignaient : guépards, serpents et panthères encerclèrent aussi la cabane d'Åna.
Tout à coup, elle se rendit compte d'une chose : elle était en vie. Même si elle avait tué la plupart des Lestrygons, ses ennemis étaient assez nombreux pour détruire la cabane et tuer Åna sur-le-champ. Alors pourquoi ne le faisaient-ils pas ?
Lentement, elle recula jusqu'au centre de son abri.
Les animaux ne voulaient pas la tuer, mais la maintenir en vie. Pour que sa sœur veuille encore venir la sauver.
Elle était prise au piège, exactement comme dans la toile.
C'était un blocus.
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Au fait, quand Åna fait l'éloge de la famille RÉELLE, les liens du sang, tout ça, il faut bien se figurer que c'est parce qu'ELLE n'en a pas, et ça lui a manqué. Mais c'est sa façon de penser. Pour moi, liens du sang ou pas, une famille peut prendre des dizaines de formes. Familles recomposées, demi frères et sœurs, cousins et cousines proches, amis très proches, professeurs, oncles et tantes, grands parents, parents adoptifs, et j'en passe. La famille "normale"
Papa, Maman, grand frère et petite sœur, que défendent les anti mariage gay, n'existe pas. Ils faudrait bien qu'ils finissent par s'en rendre compte. Donc, qu'on aie deux mères, deux pères, juste un père, ou qu'on soit élevé par ses grands-parents importe peu, car on peut y trouver un foyer, et une famille. Je suis sûre que personne ne l'avait noté, mais je voulais vous en parler, parce que c'est un sujet qui me tient à cœur.
Bonne rentrée à tous !