Bonsoir à tous !
Eh non, NHP n'est pas mort... Je poste enfin le
chapitre 31 !
Bon, une fois de plus, je voudrais m'excuser pour ce retard monumental...
[Le dernier chapitre a été publié... Il y a quatre mois
] C'est de plus en plus dur d'écrire avec la Prépa, non seulement parce que je n'en ai plus le temps, mais également parce que quand j'ai du temps libre, je le passe plus à glander devant Pinterest ou des séries, parce que je suis trop crevée pour être productive...
Il y a une autre raison à ce retard monstrueux, c'est que ce chapitre, comme je l'ai annoncé,
clôt la 2e partie de NHP. Du coup, j'ai dû faire face à toutes les
incohérences que j'avais accumulées depuis le début du bouquin, et résoudre un problème que je retardais le plus possible - Au passage, les blocages, ça arrive nécessairement quand on travaille sur un format long. Quand on approche d'un tournant de l'histoire et que toutes les lignes mises en places doivent s'accorder, on s'aperçoit des problèmes que l'on doit à tout prix résoudre et l'inspiration se tarit. Dans ces cas-là, je préconise d'écrire quelque chose - peut-être pas quelque chose de génial, mais quelque chose qui nous fera repartir.
Finalement, j'ai
improvisé à moitié ce chapitre, en le tapant directement, tout simplement parce que je n'en pouvais plus d'attendre. C'est pourquoi ce chapitre peut vous sembler un petit peu
poussif, tiré par les cheveux parfois, mais je suis toujours à votre écoute, si quelque chose vous dérange ou vous semble maladroit... N'hésitez par à me le dire
[Ah oui, et il fait 12 pages Word, au fait. Mon retard est un peu compensé par la longueur, non ? ^^']
Malgré toutes ces remarques, j'espère que le chapitre vous plaira !
Chapitre 31 : Trelawney
Quand elle était en Primaire, Ilåna était allée plusieurs fois faire des recherches à la bibliothèque – pour un exposé, par exemple, avec interdiction formelle de se renseigner sur Internet. Elle avait dû s’engouffrer dans les rayons de la bibliothèque municipale, tendre le cou pour essayer de lire les titres des livres sur les étagères du dessus, et s’accroupir pour voir ceux d’en bas, les yeux survolant les initiales inscrites sur la tranche pour essayer de s’y retrouver. C’était plus facile quand elle avait précisément le nom de l’auteur et de la collection, sinon elle devait parcourir chacun des titres avec attention en cherchant ce qui se rapprochait de près ou de loin de son sujet. Avec sa dyslexie qui s’amusait à mélanger les lettres, sa tête se mettait à tourner et l’exercice devenait un calvaire. Et il fallait encore qu’elle feuillette le livre et qu’elle le lise, pour en tirer des informations…
A Poudlard, la magie simplifiait quelque peu les choses. Il suffisait de dire à haute voix le titre du livre qu’on recherchait, et peu importe où il était rangé – deux rayons plus loin ou trois étagères plus haut, ou alors dans le coin inférieur gauche de l’étagère, coincé entre deux énormes répertoires de créatures dangereuses –, le livre se dégageait tout seul et venait tranquillement à celui qui l’avait appelé.
Encore fallait-il savoir ce qu’on voulait… C’est pourquoi, quand Fiona demanda « Quelque chose pour nous aider à s’en aller sans que personne ne s’en aperçoive », une bonne dizaine d’ouvrages s’écroulèrent sur sa tête, lui arrachant un « AOOOOWH » de douleur.
Ils se mirent à éplucher les ouvrages – tâche qui se révéla, pour Ilåna, encore plus difficile que d’habitude. Les livres de sorciers avaient généralement des illustrations animées, un dragon complètement inutile qui courait entre les pages, des colonnes entières de texte invisible ou des passages en alphabet runique. Elle tentait de se concentrer, mais c’était d’autant plus difficile qu’elle ne savait pas réellement ce qu’elle cherchait. Quelque chose pour pouvoir discrètement quitter Poudlard, oui, mais quoi ? L’idéal serait un hologramme hyper-réaliste ou une statue de cire animée qui pourrait prendre sa place, ou alors une hallucination collective qui ferait croire à tous les autres élèves ainsi qu’aux professeurs qu’elle était bien là. Ou encore un sort d’amnésie, qui leur permettrait à tous d’oublier sa présence.
A cette pensée, Ilåna eut un frisson. Un sort d’amnésie, une hallucination collective… Tout cela lui semblait particulièrement malsain. Elle savait qu’elle fuyait Poudlard pour la bonne cause mais –
Étais-ce vraiment la bonne solution ?
Est-ce qu’ils n’étaient pas en train de faire n’importe quoi ? …
Elle recouvra ses doutes par des certitudes, qu’elle assénait dans son cerveau entre deux lignes du grimoire :
Je vais sauver Åna. Fiona et Mylon sont avec moi. Tout va bien se passer.
- Là ! dit soudain Fiona, en levant les yeux de son livre, brisant le silence du trio. J’ai trouvé quelque chose !
Elle tourna son livre vers Ilåna et Mylon et leur désigna une page intitulée « Disrapaître corrterecment, lacape d’insibivlité inservée », ou quelque chose comme ça.
- La cape d’invisibilité inversée, lut Fiona à haute voix.
- Cape d’invisibilité ? répéta Ilåna.
- Ce sont des capes enchantées, expliqua Mylon. Elles permettent à celui qui la porte d’être complètement invisible. Mais elles finissent par s’user et devenir de plus en plus opaques. On raconte qu’une cape parfaite circulerait depuis des générations, chez les descendants du frère Ignotus…
- Peu importe, coupa Fiona. Ce qui comte, c’est qu’avec la cape d’invisibilité, on ne te voit pas alors que tu es bel et bien là, d’accord ? Eh bien, avec cette potion, on a l’impression que tu es là, alors que tu es bien absent.
Un grand sourire pendait à ses lèvres – avec le grain de folie qu’Ilåna connaissait maintenant à son amie.
Une hallucination collective, songea-t-elle.
- Bon, très bien, dit Mylon, mais comment on la fait, ta potion ?
Il se pencha par-dessus la table pour lire la lise d’ingrédients à haute voix. Celle-ci comportait de l’aconite, une corne de Bicorne en poudre, du pus de Bubobulb, des plumes de Jobarbille, des cosses du Puffapod, ainsi que d’autres plantes et animaux dont Ilåna ne retint pas le nom.
- Je n’ai jamais entendu une liste d’ingrédients aussi longue, souffla-t-elle.
En cours de potions, ils ne manipulaient jamais plus de trois ingrédients à la fois, et déjà, ils avaient de la chance si leur potion n’explosait pas.
- Pareil, dit Mylon, mais ça reste faisable. La plupart des plantes poussent dans le parc de Poudlard, et pour les autres, il doit y en avoir dans les salles de botanique. Pour la corne de Bicorne et les plumes de Jobarbille, par contre, il faudra peut-être aller fouiller la réserve du Pr Slughorn…
- Aucun problème, dit Fiona en hochant la tête.
***
Les jours suivants, ils s’attelèrent donc à la préparation de leur potion. Ils avaient pris temporairement possession d’une salle de classe abandonnée au Troisième étage, la salle même où Fiona et Ilåna s’étaient entraînées à lancer des sortilèges Brise-Vitre et Reparo pendant les vacances de Noël. Ils avaient rassemblé assez vite tous les ingrédients, finalement : Ilåna avait été ramasser les plantes dans la cour de l’école tandis que Mylon avait gentiment demandé au Pr Chourave de lui emprunter son Bubobulb et ses Puffapod « Pour s’avancer sur le programme de botanique de 2e année », et que Fiona s’était discrètement introduite dans la réserve du Pr Slughorn.
Le problème, c’était le temps de préparation et la difficulté de la potion. Ilåna mettait des heures à déchiffrer les consignes et, comme Mylon et Fiona s’occupaient d’à peu près tout, elle se sentait complètement inutile. Cependant, quand c’était elle qui versait un ingrédient ou mélangeait la potion, celle-ci prenait immédiatement une couleur plus potable – un des effets de sa chance, peut-être.
D’autres questions fondamentales se posaient : A qui devraient-ils administrer la potion, et en auraient-ils assez ? Comment faire pour la faire consommer à d’autres sans qu’ils se doutent de quelque chose – en particulier les professeurs ? Combien de temps la potion ferait-elle effet ?
A en lire la notice, tout dépendait du dosage de potion et de la densité de celle-ci. Ils étaient bien avancés.
- On devrait mettre la potion dans des gâteaux, suggéra un jour Fiona, alors qu’ils s’étaient glissés dans leur salle secrète entre deux cours et qu’ils remuaient à tour de rôle la potion fumante. Et on offre les gâteaux aux gens qui entrent dans le château après la récréation. Avec le froid qu’il fait dehors, personne ne dira non à une bonne tasse de thé et un muffin… Et dans le lot, on arrivera bien à en faire manger à toute la classe et tous nos professeurs. En plus, comme on en donne à tout le monde, les gens ne se douteront de rien…
- Tu rigoles, j’espère ? répliqua Mylon. Admettons que tout le monde passe la porte du palais et accepte tes muffins, on n’aura jamais assez de potion ! Ou alors, elle sera tellement diluée qu’elle ne fera même pas effet !
Sans compter, ajouta Ilåna dans sa tête, qu’ils n’avaient pas franchement le temps de cuisiner mille muffins pour tous les élèves et professeurs de l’école.
- Le plus important, dit-elle, c’est Dumbledore. Si Dumbledore pense qu’on est là, alors les autres professeurs ne pourront que le croire. Et puis, on peut très bien demander à Jules Lafforge ou à Camille Arras de nous couvrir quand un prof nous note absent.
- Absent pendant deux semaines, ça passera jamais, dit Fiona.
- Qui t’a dit que ça durerait deux semaines ? –
Le trio fut soudain interrompu par un grincement de porte. Ils l’avaient laissée exprès entrebâillée pour guetter les éventuels intrus, mais leur vigilance avait dû baisser.
Un homme grand, mince, habillé d’une longue robe, d’une cape violette qui balayait le sol, et dont la barbe argentée descendait jusqu’à sa taille entra dans la pièce. C’était Dumbledore, qui leur sourit derrière ses lunettes en demi-lune.
- Qu’est-ce que vous faites là, les enfants ?
Ilåna sursauta.
- C’est… heu… la récré, répondit-elle, les yeux écarquillés.
Elle replia ses jambes et essaya de se mettre dans le bon angle pour que Dumbledore ne voie pas le chaudron, tout en sachant que c’était complètement absurde.
- Ah, je vois, dit Dumbledore en souriant. (Il leva la tête pour voir le chaudron). Mhmmm, fit-il. Je ne sais pas ce que vous préparez là, mais n’oubliez pas d’ajouter des fraises et du jus de betterave. Ça donne meilleur goût.
Fiona ravala sa salive.
- Heu… D’accord. Merci, Professeur.
- Il n’y a pas de quoi, fit Dumbledore.
Puis il repartit comme il était venu.
Ilåna, Fiona et Mylon poursuivirent leur journée, se félicitant d’avoir bizarrement échappé à la vigilance du directeur. Mais le soir-même, la préfète-en-chef de Gryffondor vint leur annoncer que Dumbledore les attendait dans son bureau le plus tôt possible.
- C’était trop beau pour être vrai… dit Ilåna.
***
Le lendemain matin, ils se rendirent tous les trois dans le bureau du directeur. Ilåna avait une sorte de boule au ventre : qu’allait-elle bien pouvoir raconter, cette fois-ci ?
Quand ils entrèrent, le professeur était absent. Ils prirent place sur des chaises face au bureau et se regardèrent, gênés. Mylon parcourut des yeux les portraits des anciens directeurs et les étranges instruments de Dumbledore, qu’Ilåna et Fiona connaissaient déjà.
- Ah, je vois que vous vous êtes déjà installés, dit Dumbledore en entrant. Prenez des Suçacides, dit-il en leur tendant un panier de friandises noir charbon qui n’inspirait rien à Ilåna.
Aucun des trois ne bougea. Mylon semblait toujours fasciné par la décoration.
- Pouvez-vous me dire, poursuivit Dumbledore, ce que vous faisiez hier, dans une salle de classe abandonnée du Troisième étage ?
Ils ne répondirent pas.
- C’est étrange, continua le directeur, mais les effluves qui émanaient de votre chaudron me faisaient penser à la Novis Inuisibilitas pallium, une potion bien trop difficile pour des Première Année…
- On… tenta Fiona.
- Ce qui est encore plus étrange, c’est que le Pr Slughorn m’a rapporté des vols dans sa réserve, et que le Pr Chourave reconnaît vous avoir prêté quelques plantes…
- Oui mais… fit Fiona.
- Sans oublier que le médaillon que je vous avais repris a soudainement disparu. Et que vous avez avoué vous être promenés dans la Forêt Interdite.
- Oui, mais… dit Ilåna.
Le directeur la fit taire du regard. Il avait perdu l’étincelle de malice qui brillait habituellement dans ses yeux.
- Si vous planifiez de quitter Poudlard, enchaîna-t-il, comment comptez-vous effacer la Trace ?
Fiona et Mylon se tournèrent brusquement l’un vers l’autre.
- La Trace ! s’exclamèrent-ils en même temps.
Fiona se frappa le front.
- Par la barbe de Merlin, comment on a pu oublier ça ?
- La… Trace ? demanda Ilåna.
- C’est une espèce d’aura magique que tu portes sur toi, expliqua Mylon. Elle permet par exemple au personnel de Poudlard de connaître la naissance d’enfants sorciers, et de leur envoyer leur lettre d’admission. Et elle disparaît à 17 ans.
- Donc… Si on quitte Poudlard, peu importe où on va, on pourra nous retrouver grâce à la Trace ?
- Exactement, dit Dumbledore.
Un silence passa, alourdi de gêne et d’incompréhension. Ilåna, Fiona et Mylon se regardèrent.
- Soyez honnête avec moi, poursuivit le directeur. Est-ce que cela a un rapport avec la déesse qui a pris possession du corps de Mlle Dunst ?
- Plus ou moins… fit Ilåna.
- Mais encore ?
Silence. Dumbledore ramena ses mains sous son menton, et Ilåna remarqua que la droite était étrange. Deux de ses doigts semblaient avoir… noirci. Un frisson lui parcourut le dos.
- Ilåna, dit-il enfin, si tu dois à tout prix quitter Poudlard, je te laisserai faire.
- Quoi ?! s’exclama l’un des portraits – encore ce même bavard, le Pr Dippet . Vous êtes malade ? Laisser une enfant de Première année…
Les autres portraits s’agitèrent. Ceux qui étaient réveillés lançaient des « Une telle folie ! On n’a jamais vu ça ! » et des « Poudlard n’est plus ce qu’il était ! » ; tandis que d’autres, encore avachis dans leur fauteuil, s’énervaient d’avoir été réveillés par les cris.
- Je sais, coupa Dumbledore. Mais comme je l’ai dit plus tôt, nous avons… (il frotta machinalement sa main noircie) d’autres problèmes à régler à Poudlard. Or, cette déesse représente une menace qu’il faut écarter au plus vite. Si cela nécessite que Mlle Stayne quitte Poudlard, alors je ne l’en empêcherai pas. Mais est-ce absolument nécessaire ?
Ilåna était perdue, son cœur battait à tout rompre. Quelques heures plus tôt, leur plan semblait infaillible : préparer la potion, l’administrer aux élèves et aux professeurs, s’enfuir le jour du week-end des parents, se servir de la carte magique pour se rendre à la « Colonie des Sang-mêlé » ; trouver sa sœur. Et abandonner les trois objets et le marché qu’elle avait fait avec la déesse – qui était, à coup sûr, un piège.
Mais le regard de Dumbledore venait perturber toutes ses pensées.
Et si elle se fourvoyait ? Si la déesse la retrouvait ? Si Fiona et Mylon étaient blessés ? Si elle était attaquée par un monstre et ne pouvait pas répliquer ?
Elle sortit sa baguette. En la tournant dans sa main, elle repensa à la baguette-épée qu’ils avaient déterrée dans la Forêt Interdite. Une arme extrêmement puissante… Qu’ils avaient remise à la déesse, peut-être fonçant droit dans un piège.
- Quand bien même, poursuivit le Pr Dippet, vous n’allez pas laisser ces jeunes…
- Trainor et Dunst restent à Poudlard, confirma Dumbledore. Il est hors de question que je laisse deux élèves de plus vagabonder seuls hors de l’école, où les Mangemorts rôdent. Cependant, j’ai l’impression que rien ne peut stopper Ilåna…
Celle-ci hocha la tête.
- Merci. Je vous promets de faire attention à moi, et de revenir vite.
- Faire attention ne suffit pas, dit Dumbledore. Comme je l’ai dit, les attaques de Mangemorts se font de plus en plus fréquentes, et avec ton niveau de magie, tu ne pourras pas rivaliser. Mais au-delà de ça, les attaques du Manticore et du sphinx ne me disent rien qui vaille. Il est hors de question que tu voyages seule.
- Mais…
- Le week-end des parents sera un véritable week-end des parents pour toi, Ilåna. Je veux que tu ailles directement chez ton père, à Londres. Puis vous aviserez ensemble de la suite.
- Je…
Ilåna ne savait pas quoi répondre. Quoi, elle devait seulement aller voir son père, c’était tout ?! Le directeur la laissait partir comme ça ? A croire qu’il se fichait qu’elle vive ou non…
Elle regarda ses amis, dont les yeux brillaient de colère. Mylon se mordait la lèvre.
- … Merci, dit-elle finalement à Dumbledore.
Le directeur sourit.
- Et puis, si quelque chose tourne mal pour toi, la Trace devrait nous permettre de te venir en aide, alors tout ira bien ! Prenez donc un Suçacide, ils ne vont pas vous mordre !
Ilåna prit timidement une friandise, mais elle ne la porta pas à sa bouche. Les Suçacides faisaient des trous dans la langue – pas vraiment la chose dont elle avait actuellement le plus besoin.
Ils commençaient à se diriger vers la sortie, quand le directeur les rappela.
- Au fait, j’ai failli oublier ! Ilåna, un drôle de hibou a déposé ça sur ma table ce matin. Il me semble que c’est un cadeau de Noël tardif de la part de ta mère.
Il lui tendit un minuscule flacon rempli d’un liquide doré. Une étiquette portait les initiales « F. F. »
Ilåna prit le flacon et ils sortirent du bureau.
***
- Donne-moi ça ! s’exclama Fiona quand ils arrivèrent en bas des marches. Je veux en avoir le cœur net !
Elle la bouscula pour lui arracher le flacon des mains.
- Je le savais !
- Qu’est-ce que tu savais ? demanda Mylon.
- F. F. ! répliqua Fiona.
Felix felicis ! C’est de la chance liquide !
- Tu veux dire… Une sorte de potion de chance ? fit Ilåna.
- Oui, exactement, dit Fiona. C’est une potion super rare ! Et super difficile à préparer !
- C’est bizarre… dit Mylon en plissant les yeux. Pourquoi Ilåna aurait besoin d’une potion de chance ? Elle a de la chance naturellement, non ?
- Pas toujours, dit Ilåna.
Elle regarda la paume de ses mains, comme si celles-ci allaient lui apporter une réponse. Du peu qu’elle savait, sa chance semblait apparaître dans des cas précis – quand il s’agissait d’éviter un mauvais sort ou de tirer la bonne carte au jeu. Sinon, elle pouvait provoquer la malchance des autres sous le coup de la tristesse ou de la colère. Mais jamais grand-chose.
Pour le reste, elle se sentait complètement normale, et n’avait pas l’impression d’avoir plus de chance que n’importe qui.
- D’accord, dit Mylon, mais il n’empêche. Pourquoi ta mère t’a envoyé ça ?
Ilåna était trop choquée pour répondre. Elle tenait entre ses mains le minuscule flacon, qui émettait une légère lueur dans le couloir sombre.
Sa mère lui avait fait cadeau de cet objet.
Sa –
Sa mère.
***
Le week-end des parents était dans trois jours. La potion de « Cape d’invisibilité inversée » (ou Novis Inuisibilitas pallium, comme l’avait appelée Dumbledore) était restée à moitié finie dans la salle abandonnée, où elle avait refroidi et pris une teinte verdâtre. Ils avaient songé quelque temps à l’utiliser tout de même pour dissimuler l’absence d’Ilåna, mais ils décidèrent que ce serait plus simple si Fiona et Mylon la couvraient.
- On dira que tu es malade, lança Fiona. Et que tu ne peux pas suivre les cours pour une durée indéterminée.
- Non, dit Mylon. Il faut trouver quelque chose de plus solide. Nommer la maladie et expliquer pourquoi tu dois te soigner chez les Moldus…
Ils le prenaient étonnamment mieux qu’Ilåna aurait pensé. Après qu’ils aient tout fait pour l’aider, travaillé encore plus qu’elle sur la potion, c’était retour à la case départ : elle partirait, mais sans eux. Ilåna se sentait coupable de laisser ses amis… plus, elle avait peur. Quand ils étaient tous les trois, elle avait l’impression qu’ils pouvaient tout surmonter, tout réussir. Par contre, si elle était seule…
Un élément perturbateur se pointa cependant – comme d’habitude, au petit déjeuner, au milieu des élèves, des jus de fruits, des œufs et des paquets de céréales.
Une lettre.
- On n’avait vraiment pas besoin de ça maintenant… soupira Ilåna en la saisissant.
Ils l’ouvrirent un peu plus tard, dans leur coin de la Salle Commune de Gryffondor.
Le troisième objet se cache
Dans la salle ou toute chose est cachée
Cherche une petite corne dorée
C’est en la voulant vraiment que tu pourras la trouver.
- C’est carrément une énigme ! s’exclama Fiona.
- Ouais, soupira Ilåna. La dernière fois, on avait toute la forêt à fouiller… Cette fois-ci, on n’a même plus d’endroit où chercher !
- Mais… Est-ce que ça vaut vraiment le coup de le chercher ? demanda Mylon.
Ilåna et Fiona lui jetèrent un œil interrogateur.
- Bah, on avait prévu d’abandonner tout ça, non ? En quittant l’école ?
Pas faux, se dit Ilåna. Mais si Fiona et Mylon restaient à Poudlard, la situation était légèrement différente. S’ils n’allaient pas eux-même chercher l’objet, la déesse pourrait à nouveau prendre possession du corps de Fiona… ce qui la mettrait en danger de mort.
Ilåna expliqua cela à Mylon, qui hocha dans la tête.
- Dans ce cas, il faut qu’on s’en occupe, affirma-t-il.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire…
Ilåna pensait plutôt à trouver l’objet le plus vite possible, avant de partir. Elle se rappela l’étrange sensation qu’elle avait eue dans la forêt, qui les avait menés directement à l’épée. Si Fiona et Mylon étaient seuls, ils auraient bien plus de mal à trouver la corne… Peut-être même étais-ce sans espoir.
- Oui, on fait ça, dit Fiona avec enthousiasme. Je ne sais pas par où chercher mais… ça nous occupera en attendant ton retour !
***
Au matin du week-end des parents, Ilåna rassembla ses affaires, aidée par Fiona. Elle ne prit pas la grande malle qu’elle avait emportée pour son année à Poudlard, mais un sac à dos qui appartenait à Fiona. Elle y mit quelques vêtements, dont son écharpe et son bonnet de Gryffondor. Elle laissait son uniforme, ses manuels et tout son matériel à l’école – en espérant pouvoir revenir bientôt. Elle glissa dans son sac le flacon de Chance liquide ainsi que la carte magique. Elle prit également la lettre que son père lui avait envoyé à Noël et tout son argent. Finalement, elle enfila sa veste en jean et glissa sa baguette dans la poche intérieure.
Avec Mylon, ils descendirent prendre leur petit déjeuner. A quelques sièges d’eux loin se trouvait Pierre-quelque-chose, l’élève de 2e année qui avait embêté Mylon quelques semaines plus tôt, avec deux autres garçons et deux filles. Ils ricanaient ostensiblement en les regardant.
- Laisse, dit Ilåna. Ça vaut pas le coup de s’énerver pour ça.
Ce genre de phrase ne lui ressemblait pas. Elle savait ce que ressentait Mylon à cet instant précis, et une forte envie de frapper ce Pierre la démangeait.
Mylon inspira et la regarda.
- Alors, dit-il, c’est le grand jour pour toi, hein ?
Il pointa son doigt en fronçant les sourcils, comme pour la menacer.
- Tu as intérêt à revenir en vie, sinon je te frappe !
Ilåna éclata de rire.
- Compte sur moi, dit-elle.
- Et tu nous ramènes ta sœur, ajouta Fiona. Vivante et en pleine forme !
- Absolument, dit Ilåna. Et vous, vous clouez le bec à ces faces de crapaud.
- Avec plaisir, sourit Mylon.
Ils échangèrent une poignée de main – et leur rire couvrit les ricanements de Pierre et sa bande.
***
Lorsque l’heure du départ sonna, la pluie s’était remise à tomber doucement. Les rails et le quai étaient recouverts d’une fine poudreuse, la fumée de la cheminée du train s’élevait dans le ciel blanc. La foule qui chahutait sur le quai empêchait la neige d’y tenir. Beaucoup de jeunes partaient pour le week-end des parents – ceux qui n’avaient pas pu partir pendant les vacances mais aussi ceux dont des parents un peu trop aimants les pressaient de revenir dès que l’occasion se présentait, au cas où le manque les ferait tomber dans une grave dépression.
Mais encore une fois, pour Ilåna, c’était différent.
Fiona la prit dans ses bras.
- Bon courage. Reviens en un seul morceau, surtout.
Son sourire était d’une tendresse qu’Ilåna ne lui avait jamais vue.
- Mais oui, rolala, répondit Ilåna en lui tapant l’épaule.
Puis Mylon s’avança vers elle, sans la regarder dans les yeux.
- Hum… pareil, dit-il. Bonne chance.
- Bonne chance à vous aussi, dit Ilåna. Merci pour me couvrir et vous occuper de l’objet… merci pour tout, en fait…
- Y a pas de quoi, fit Mylon.
Il leva ses yeux bleus sur elle. Ilåna le dépassait de quelques centimètres à peine, mais pour la première fois, elle se rendit compte qu’elle était plus grande que lui.
- Tu vas nous manquer, dit-il finalement.
- Allez… dit Ilåna. On se quitte pas pour l’éternité, non plus.
J’espère, ajouta une voix dans sa tête.
Elle la fit taire et sourit à ses amis.
- On se revoit dans un mois, tout au plus, dit-elle. Faites pas n’importe quoi en mon absence, surtout.
- Quoi, nous ? fit Fiona. C’est mal nous connaître !
Ils rirent tous les trois. Cela rappela le moment où Mylon était parti en vacances et que Fiona et Ilåna étaient restées pour trouver le médaillon. Cette fois-ci, c’était son tour de partir – et elle ne faillirait pas.
Une sonnerie stridente retentit, et Ilåna fut emportée par la foule d’élèves qui se pressaient aux portes du train.
- Allez, salut ! dit Fiona en lui faisant un signe de la main, alors qu’Ilåna venait de monter à une des portes.
Les roues du train commencèrent, lentement, à se mettre en marche. Mylon et Fiona accélérèrent sur le quai, pour rester près d’elle.
- Oh, attendez ! s’exclama Ilåna.
Elle venait tout juste d’avoir une idée. Elle fouilla frénétiquement son sac et en sortit le flacon de Felix felicis, qu’elle lança à ses amis.
- Bonne chance ! leur cria-t-elle.
- Merci ! cria en retour Fiona, qui attrapa le flacon au vol. Toi aussi !
Et leurs visages se perdirent dans la foule du quai, qui s’éloigna peu à peu avant d’être masqué par le voile blanc de la neige.
***
Ilåna, qui s’était assoupie dans une cabine vide, fut réveillée par les cahots du train alors qu’il descendait une montagne.
Elle se sentit seule – horriblement seule. Elle essayait de faire taire son malaise, de même que l’angoisse qui n’avait cessé d’enfler dans ses tripes depuis le début du voyage.
Ses rêves lui avaient rappelé ce qu’elle avait voulu oublier – elle n’en avait parlé ni à Dumbledore, ni à Mylon et Fiona, parce qu’elle n’avait pas voulu les alarmer. Résultat, le secret pesait encore plus lourd dans sa poitrine.
Après leur escapade dans la Forêt de Traverse, ils avaient écopé chacun de deux heures de colle. Pour une raison obscure, ils étaient chacun seul à seul avec un professeur dans une salle différente. Ilåna s’était retrouvée dans la classe de divination, avec le Pr Trelawney. Comme la divination commençait en Troisième année, Ilåna n’avait jamais eu affaire à la veille folle auparavant – mais elle l’avait croisée dans les couloirs, et en avait entendu parler. Ses cheveux ramenés en arrière par un foulard explosaient tout autour de sa tête. Elle portait plusieurs châles les uns par-dessus les autres, et de nombreux bracelets qui tintaient quand elle bougeait les bras.
Pendant la colle, elle tenta de lui faire copier des lignes, mais l’interrompait toujours pour lui faire part des vertus miraculeuses du thé divinatoire ou de ses doutes quant à la mort prochaine d’un de ses élèves. Elle parlait comme une illuminée, les yeux écarquillés derrière ses énormes lunettes rondes qui lui faisaient une tête de mouche. Malgré tout, Ilåna l’aimait bien. Elle lui faisait penser à sa tante Elisa, qui avait l’air d’une folle dans ses souvenirs mais qui était finalement très douce et attentionnée – juste un peu maladroite.
Mais tout à coup, la voix de Trelawney avait changé – elle était plus posée, plus profonde, alors que ses yeux étaient devenus vitreux. Ilåna avait reculé instinctivement, croyant que la déesse avait pris possession de son corps. Mais les mots que Trelawney prononça éliminèrent à coup sûr cette possibilité.
«
Venant le soir de la nouvelle lune de Mars,
Dans un lieu hors du monde, qui défie tout espace
Les trois déesses enfin pourront se rassembler.
A l’aube d’un combat d’ampleur mondiale
L’Elue au Trois Sangs du conflit familial
Et du monde magique décidera le sort. »
// FIN DE LA PARTIE 2 //
Voilà, les amis, on y est enfin ! Une
troisième partie s'ouvre, l'occasion pour notre petite Ilåna de traverser l'Atlantique, de découvrir les dieux, de se frotter à quelques monstres... Et bien plus encore
J'ai prévu d'écrire 60 chapitres, alors nous sommes actuellement pile au milieu de l'histoire. J'ai tellement hâte d'écrire la suite *^* Je voulais remercier ceux qui me lisent d'être toujours présents après tant de temps, sans vous, l'histoire mourrait <3
Le chapitre 32 n'est pas pour tout de suite... Cette fois-ci, je préfère vous prévenir ^^' Il se trouve qu'il est sujet d'un autre blocage (moins grand que celui de ce chapitre, mais un blocage tout de même) que je vais devoir résoudre avant de m'atteler à l'écriture de ce qui suit. En attendant, je vous propose une petite
pose dessin, vous en pensez quoi ?
J'ai scanné beaucoup de mes fanarts de NHP, et ce serait l'occasion d'en laisser quelques-uns ici ^^ Je posterai aussi quelques-uns de Jeanny héhé ~
A bientôt pour de nouvelles aventures ! :3
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PS : Au fait, je félicite ceux qui auront remarqué que Dumbledore s'est transformé en Panoramix le temps d'un chapitre.