Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Bonjour à tous !

J'ai conscience que ceux qui ont terminé cette fanfiction doivent être étonnés de voir ce chapitre aujourd'hui. La raison de son ajout est très simple : comme me l'ont fait remarquer plusieurs personnes, la fin pouvait paraître un peu abrupte et certains personnages avaient été laissés de côté, comme Anaïs notamment. Ce chapitre ne prétend pas tout arranger, mais je pense qu'il offre une meilleure fin que celui du précédent, encore dans le feu de l'action. A l'origine, j'avais d'ailleurs prévu ce chapitre mais, fatiguée par quatre ans d'écriture, j'avais décidé que je pouvais passer directement à l'épilogue. Aujourd'hui, je regrette ce choix et mon manque de patience mais après tout vaut mieux tard que jamais non ? Comme Booknode ne me laisse pas la possibilité de le mettre avant, c'est donc un peu dans le désordre que je vous offre ce dernier chapitre qui se déroule entre le 37 et l'épilogue : j'espère que vous aimerez.


Chapitre XXXVIII : Méfaits accomplis

Pendant plus de deux jours, Remus eut l’impression de retenir son souffle. À tout moment, il s’attendait à ce que l’arrestation d’Elizabeth Yaxley soit annoncée, mais rien ne vint. Il dû se résoudre à accepter ce que cela signifiait : elle avait réussi à fuir et probablement à quitter le pays. Remus ne savait pas s’il en était soulagé ou contrarié. Même si elle était innocente du meurtre pour lequel elle était soupçonnée, son implication dans la mort de Gemma Ackerley n’était pas neutre. Il n’aimait pas y songer car la question soulevait en lui un dilemme moral sur lequel il préférait éviter de se pencher : s’il condamnait en partie Elizabeth, que devait-il penser de Regulus ? Après tout, c’était lui qui avait jeté le sort fatal. Irrationnellement pourtant, il ne cessait de trouver des excuses au petit frère de Sirius… sûrement pour la simple raison qu’il était justement le petit frère de Sirius.
Finalement, il se refusa de juger. Ce n’était pas sa place et personne n’avait l’air d’avoir envie de soulever la question. Sirius était resté tendu pendant plus d’une semaine avant de recommencer à vivre normalement, James se montrait agacé dès que le nom de Yaxley arrivait dans la conversation, et Peter paraissait terrifié de dire un mot de travers qui énerverait ses amis. D’un commun accord tacite, les Maraudeurs décidèrent donc de mettre l’affaire Elizabeth derrière eux et de se concentrer sur leurs ASPIC.
Ils avaient passé des heures à la bibliothèque à réviser chaque matière, chaque cours, chaque parchemin gribouillé d’une prise de note illisible sous l’œil suspicieux de Mrs Pince. Un jour, ils étaient même partis en oubliant Dorcas, endormie sur une table, et ils étaient revenus en catastrophe la récupérer au moment où la bibliothécaire refermait les portes.
Aujourd’hui, il faisait un soleil de plomb alors que mourrait le mois de juin. C’était le dernier jour des examens et Remus avait l’impression d’étouffer dans son uniforme, sa cravate impeccablement nouée autour de son cou. Ils avaient passé les écrits ces deux dernières semaines et devaient maintenant se présenter aux épreuves pratiques. Le couloir dans lequel tous les élèves de septième année de Gryffondor patientaient était baigné par le soleil. Remus, qui avait toujours eu l’ouïe fine depuis sa morsure, entendait les élèves libérés des cours et des examens rirent dans le parc.

- Je vais vomir, marmonna Peter.
- Mais non, Queudver. On a révisé. Respire, c’est tout.
- T’es pire que Lily, se moqua James.
- Je t’entends !

A l’avant du rang, Lily adressa un signe ironique de la main à James.

- Je parlais de l’autre Lily, bien sûr, lança-t-il. Tu sais ? Lily, ma voisine ?
- Tu t’enfonces, lui indiqua Remus.
- Complètement…

Leur échange eut le mérite de faire rire Peter qui sembla oublier l’espace d’un instant l’épreuve de métamorphose.
Anxieux et impatient à la fois, Remus tendit le cou pour essayer de voir par-dessus la tête des autres. McGonagall se tenait devant les portes de la salle d’examen et faisait entrer les élèves par ordre alphabétique progressivement. Elle semblait avoir un mot pour chacun d’eux. Sirius et Alexia étaient déjà entrés et ce serait bientôt au tour de Lily. Lui-même était regroupé avec Frank, Alice, Dorcas, James et Peter. Il tourna la tête dans l’autre sens, espérant voir arriver Marlène qui aurait dû se trouver avec entre les L et les P, mais il ne vit aucune jeune fille blonde arriver dans le couloir.
Alice se mordit les ongles nerveusement.

- Je ne comprends pas, maugréa-t-elle. Elle voulait juste aller chercher ses fiches pour y jeter un dernier coup d’œil… Elle est tombée dans les escaliers ou quoi ?
- C’est un motif valable pour louper une épreuve ? Demanda Frank.
- Oh arrête…

Mais Remus commençait aussi à s’inquiéter. Ce n’était pas le genre de Marlène d’arriver en retard, surtout un jour si important. Il allait proposer d’aller prévenir le professeur McGonagall d’ici dix minutes lorsque Peter pointa soudain quelqu’un du doigt.

- Elle est là !

D’un même ensemble, ils tournèrent tous la tête. Marlène se dirigea vers eux d’un pas rapide, les joues rouges et le souffle court. Alice lui bondit pratiquement dessus.

- Par Merlin, où est-ce que t’étais ?
- Longue histoire, haleta-t-elle. Deux minutes.

Penchée en avant, elle inspira une grande goulée d’air, et Remus agita les parchemins qu’il tenait à la main mécaniquement comme une sorte d’éventail. Elle lui adressa un regard reconnaissant, puis s’expliqua :

- J’étais avec Reg, dit-elle, l’air embarrassé. Il avait mes notes de métamorphose et j’avais les siennes en potions. On a dû se tromper hier en rangeant nos affaires. J’ai dû descendre jusqu’aux cachots et demanda à Livia Fawley d’aller me le chercher.

Remus tiqua. Il ne se tenait pas particulièrement au courant des ragots qui circulaient dans les couloirs, mais si sa mémoire était bonne Livia Fawley sortait encore avec Regulus. Et s’il avait retenu une chose de la crise qui s’était jouée entre Marlène, Dorcas et Sirius, c’était que l’amitié de Marlène et Regulus pouvait être jugée ambiguë.

- Il m’a rendu mes notes, continua Marlène sans s’étendre sur le sujet à la déception visible d’Alice. J’allais venir vous rejoindre quand Charlotte Shelton m’a arrêtée dans le hall.
- La poursuiveuse de Poufsouffle ? S’étonna James. Pourquoi ?
- Pour me demander où vous étiez.
- Nous ? Dit Remus, surpris.
- Les Maraudeurs, explicita Marlène. Elle m’a dit que Rusard lui avait demandé de vous faire passer le mot qu’il vous veut dans son bureau à 14h, après l’épreuve pratique. Je lui ai dit que je vous préviendrai.

Immédiatement, Remus se tourna pour faire face à James et Peter qui reculèrent d’un pas devant son regard incendiaire.

- On n’a rien fait ! Jurèrent-ils ensemble.
- On est convoqué ! Il reste une semaine avant les vacances, les gars, sérieux.
- Ca doit être Sirius, dénonça Peter. Je te jure, je n’ai rien fait.
- Et Sirius aurait fait une blague sans James ?
- Eh ! Protesta l’intéressé. J’ai une volonté propre, tu sais.

Remus croisa les bras, agacé.

- Si je suis obligé de revenir au mois d’août faire des heures de colle alors qu’on a terminé notre scolarité à cause de vous…
- On vous enverra nos photos de vacances, promit Frank, amusé.

Cette fois-ci, Remus roula des yeux. Pour faire bonne mesure, il se replongea dans ses notes et tenta d’oublier leur convocation. Ce n’était pas le moment, il pourrait bien gérer Rusard après avoir assuré son avenir.
Sur ses parchemins, l’encre se brouillait pourtant devant ses yeux et il n’arrivait soudain plus à comprendre les schémas compliqués qu’il avait lui-même dessiné. Il n’arrivait pas non plus à prendre conscience que la fin approchait. Dans une semaine, il ne serait plus à Poudlard. Il n’arpenterait plus les couloirs en pierre, il ne monterait plus les marches qui menaient à son dortoir, il ne descendrait plus au terrain de Quidditch voir un match. Toutes ces activités quotidiennes et pourtant si banales lui procurèrent brusquement un intense sentiment de nostalgie. Il avait horriblement conscience que l’année qui venait serait différente. Frank pouvait bien plaisanter, mais ils ne passeraient pas leurs vacances sur une plage, mais avec les frères Prewett à s’entraîner pour intégrer l’Ordre du Phénix.

- Tu vas bien ? Lui murmura James soudainement.
- Hum ? Oh oui, oui… dit-il en sortant de ses pensées. Je… pensais.
- Quelle surprise.
- Oh tais-toi. Donne-moi la formule de…
- Non, refusa-t-il avec brusquerie. Je ne révise jamais avant une épreuve.

Remus haussa les épaules. A côté, Marlène et Dorcas aidaient Peter, l’une avec douceur, l’autre avec impatience. Devant ces deux styles, il songea un instant à Anaïs Delan. Les Serdaigle avaient passé leur épreuve de métamorphose avant eux et il se demanda si elle l’avait réussi. Il ne l’avait pas revu depuis plusieurs semaines : ils n’avaient échangé que quelques mots en dehors de leurs séances de tutorat ces derniers mois, faute de temps. Remus sentit la pointe familière du regret lui serrer le ventre mais il l’ignora avec obstination. Malgré ce que ses amis affirmaient, une relation avec elle aurait été inenvisageable.
Quand il releva la tête à nouveau, il vit Lily s’engouffrer dans la salle d’examen. Pris par le stress, il se vida l’esprit et se remit à réciter à voix basse son cours.

**
*


- Je pense que ça s’est bien passé, annonça Peter, l’air soulagé. L’examinatrice m’a souri à la fin en disant que mon verre à pied était réussi !
- Encore heureux, c’est un exercice de deuxième année, lança Sirius.

Remus lui adressa un regard de reproche.

- Et alors ? C’est le résultat qui compte, non ? Affirma-t-il. En tout cas bravo, Pete ! C’est génial.
- Merci Lunard…

Ils étaient tous dans le couloir et Peter venait tout juste de ressortir de la salle. James devait être en train de passer. Nerveusement, Remus pianota des doigts contre sa jambe. Il ne doutait pas d’avoir réussi, voire d’obtenir un Optimal. Son examinateur, un sorcier à la barbe taillé et au front dégarni, lui avait demandé s’il était bien l’élève qui avait participé au Tournoi en métamorphose et l’avait même félicité d’avoir représenté si brillamment Gryffondor. Remus aurait voulu lui dire qu’il n’était pas arrivé premier à son épreuve, mais ce n’était sans doute pas le jour pour jouer les modestes. Il se souvint alors que Dumbledore devait annoncer les résultats du Tournoi ce soir. Il ne savait même pas s’il était impatient ou non.
Après la fuite d’Elizabeth, Serpentard n’avait pas pu terminé son épreuve de Défense Contre les Forces du Mal et il ne faisait aucun doute qu’ils finiraient dernier. Remus songea que c’était dommage car ils n’avaient pas manqué de s’illustrer durant les autres épreuves, notamment en potions.
Soudain, la porte en bois s’ouvrit en grand sur un James Potter triomphant. Il avança vers eux, les bras écartés, et un grand sourire accroché aux lèvres.

- Messieurs ! Annonça-t-il avec grandiloquence. J’annonce la fin des examens !

Sirius, adossé contre le mur, se redressa et éclata de rire. Il passa un bras autour des épaules de James, extatique.

- Libres, James ! Nous sommes libres !
- Presque, nuança Remus, navré de devoir les ramener sur terre.
- Quoi ?
- Rusard nous attend dans son bureau, apprit-il à Sirius. On est convoqué. Une confession à faire ?
- Non ! Juré sur les Maraudeurs, Lunard. Je n’ai rien fait !

A moitié convaincu, Remus soupira. Tête haute, il se tourna vers les escaliers et dit d’une voix digne :

- Messieurs, faisons face à notre destin.

A nouveau, ses amis rirent et ils se mirent en chemin. La force de l’habitude sans doute, mais Remus n’était même pas véritablement inquiet. C’était la fin de l’année, Rusard ne pouvait plus faire grand-chose contre eux. Alors qu’ils parcouraient les couloirs qui l’avaient vu grandir, il se surpris à regarder plus attentivement les tableaux, les pierres centenaires, la lueur des torches… Il voulait tout graver dans sa mémoire.
Sans se concerter, ils passèrent par un passage dissimulé : un couloir poussiéreux, caché derrière une tapisserie aux couleurs vives. Une torche éclairait le sol, signe que les elfes ne le laissaient pas à l’abandon, mais un sentiment d’aventure perdurait dans cet espace étroit comme coupé de l’agitation du château. A l’arrière du groupe, Remus remarqua avec nostalgie que Sirius devait maintenant se baisser pour franchir la sortie sans se cogner la tête.
Quand ils émergèrent, ils ne se trouvaient plus qu’à quelques pas du bureau du concierge. Devant la porte, deux élèves étaient déjà là. Il reconnut sans en être certain la poursuiveuse de l’équipe de Poufsouffle, Charlotte Shelton. Le garçon avec elle arborait les couleurs de Serdaigle et lui ressemblait trop pour ne pas être son frère.

- Je n’ai pas fait exprès de faire exploser ce chaudron, Ju’ ! Était-elle en train de protester.
- Lottie, tout le monde sait qu’on ne met pas d’œil de triton marin dans une potion Volubilis, le mélange avec les crocs de serpent provoquent une explosion !
- Il faut mettre un œil de triton d’eau douce, lança Sirius, amusé. Pas vrai, James ?

Le frère et la sœur sursautèrent. Remus, lui, se contenta de rouler des yeux en se souvenant de la catastrophe qu’avait provoqué James en jetant un œil de triton dans le chaudron de Rogue l’année précédente. Il pouvait presque encore entendre Lily crier.

- Rusard nous attend ? Demanda-t-il à la jeune Poufsouffle.

Son visage s’embrasa et elle parut hésiter avant d’acquiescer précipitamment.

- Oui… dit-elle. Viens, Julian, on y va…
- Mais…
- Au fait Potter, bravo pour la finale. Beau match.

Elle tira son frère par la main et ils disparurent à l’angle du couloir. James souriait comme un imbécile et Sirius jeta ses mains vers le plafond, incrédule :

- Eh ! J’étais aussi dans l’équipe !
- Oui, mais tu n’es pas le capitaine qui a marqué onze buts à lui tout seul, nuança Peter, une note de fierté dans la voix.
- S’il a pu le faire, c’est parce que je le protégeais des cognards. T’entends, Cornedrue ? Tu n’es rien sans moi.
- C’est ça, Sirius… dit Remus patiemment. Nous te sommes tous immensément reconnaissant. On y va ?

Sirius se contenta de lui donner un coup dans l’épaule et Peter toqua à la porte avant de pousser le battant. Ils s’agglutinèrent à l’entrée du bureau, s’attendant à voir Rusard leur bondir dessus pour proférer des menaces, mais rien ne vint. Etonné, Remus s’avança légèrement. Le concierge n’était nulle part en vue, mais en périphérie de sa vision il distingua une silhouette dans l’ombre. Sa main se porta instinctivement vers sa baguette.

- Pas la peine, Lupin, lança une voix. Je veux simplement parler.

Ils pivotèrent tous vers la source du bruit et Peter recula jusqu’à heurter le bureau de Rusard. La silhouette émergea des ténèbres : Rogue.

- Servilus, railla Sirius. Quelle désagréable surprise !
- Ca n’a rien d’une surprise, contra Remus, soupçonneux. Rusard ne nous a jamais convoqué, pas vrai ?

Rogue plissa les yeux.

- Toujours le plus perspicace, pas vrai Lupin ? Se moqua-t-il. Non, c’était moi. J’ai demandé à la petite Shelton de vous amener ici. En échange, je ne disais rien sur son chaudron explosé. Elle a voulu s’entraîner avant son examen de potions toute seule et sans autorisation.
- Et tu t’es dis que le bureau de Rusard était le lieu de rendez-vous idéal ?
- C’était le seul endroit où vous viendrez sans vous poser de questions. La force de l’habitude, non ?

A côté de lui, Remus vit James se crisper et serrer les poings. L’appréhension le gagna.

- Qu’est-ce que tu veux, Rogue ? S’impatienta-t-il.

Cette fois, le Serpentard parut hésiter une seconde. Il les regarda longuement tour à tour et Remus se demanda ce qu’il voyait. Quatre garçons qui lui avaient rendu la vie impossible ? Celui que la fille qu’il aimait avait choisi, celui qui avait manqué de le tuer pour une simple blague, celui qui était un loup-garou et celui qui se moquait de lui par automatisme ?
Pour la première fois, il regretta sincèrement la façon dont il avait traité Rogue toutes ces années. Il ne lui était pas sympathique, mais il prit conscience qu’il avait sans doute une part de responsabilité dans leur animosité. Il aurait dû retenir James et Sirius avec plus de ferveur quand l’un d’eux suggérait une farce humiliante…
Au bout de quelques secondes pourtant, Rogue se reprit et redressa le menton.

- Vous avez une dette envers moi, déclara-t-il. Et je viens la réclamer.
- Une dette ? Répéta James, incrédule. Depuis quand ?
- Depuis l’épreuve de potions du Tournoi où j’ai accepté de donner le remède à Lily. Demande à ton frère, Black. Il était là et ce sont ses mots : « Considère ça comme une dette. Si un jour on a besoin de quelque chose, tu te souviendras que Rogue et moi t’avons aidé aujourd’hui ».

Remus fronça les sourcils. Il n’avait jamais su comment Lily avait réussi à obtenir le remède de la main de Rogue et il avait supposé, sûrement naïvement, qu’il lui avait donné en souvenir de leur amitié perdue. Il aurait dû se douter que Regulus, qui était là aussi pendant cette épreuve, n’aurait pas simplement cédé la trouvaille de Serpentard sans quelque chose en retour.

- Qu’est-ce que tu veux de Lily ? Gronda presque James.
- D’elle ? Rien. De vous, une promesse.

Déstabilisés, ils échangèrent des regards surpris. Peter, toujours en arrière contre le bureau, croisa les bras, l’air circonspect, tandis que Sirius paraissait échafauder cinq plans en même temps pour jeter un mauvais sort à Rogue. Quant à James, il ne faisait rien pour cacher son animosité, mais il veillait à ne rien laisser transparaître qui pourrait envenimer la situation.

- Viens-en au fait, s’impatienta Sirius. Quelle promesse ?

Rogue vrilla ses yeux noirs sur lui et un tic nerveux agita sa bouche avant qu’il ne détourne les yeux et reprenne la parole :

- On ne va pas se mentir. Vous savez aussi bien que moi ce qui se passera l’année prochaine. Ne perdons pas de temps à faire semblant… Comme dirait la Gazette, les « temps sont troubles », pas vrai ? Et d’après les rumeurs vous aimez jouer avec le feu, non ? Sauf qu’à force, c’est facile de se brûler… et tout le monde ne renaît pas de ses cendres.

Les mots cryptiques de Rogue firent frissonner Remus. Cela ne faisait aucun doute qu’il avait méticuleusement prévu cette rencontre et répété son discours. Aussi précis que lorsqu’il préparait une potion. Mais Remus n’était pas idiot. Rogue ne s’était pas découvert une âme de poète durant la nuit et la métaphore sur le feu et les cendres laissait peu de place au doute. L’initiative de Dumbledore commençait à se faire connaître dans les cercles concernés. Et si l’Ordre recrutait des jeunes à peine sortis de Poudlard, il ne voyait pas pourquoi Voldemort aurait des scrupules à en faire de même. Regulus Black en était la preuve.
Pourtant, Remus devait reconnaître sa surprise. Il connaissait Rogue et son attrait pour la magie noire, pour toutes les sortes de magie rare et complexe en vérité, mais il espérait que cela ne le pousserait à emprunter cette voie. Il voulait croire aux espoirs de Lily. Visiblement, c’était trop tard et la fascination de Rogue pour le pouvoir, la reconnaissance et l’obscurité magique l’avait emporté. Il se demanda combien de mangemort rejoignait Voldemort pour cela. Pour l’accès à des formes de magie enfouies que personne n’avait jamais osé explorer. Il se demanda surtout comment toutes ces personnes pouvaient cautionner ce que cela leur coûtait, le poids moral que cela représentait.
A ses côtés, le visage de James s’était contracté et il avança d’un pas, presque menaçant.

- Tu ne sais rien, Rogue, affirma-t-il d’une voix tranchante. Des mots, comme d’habitude. Des menaces en l’air.
- Ce ne sont pas des menaces. Tu sais très bien ce dont je parle. Et pour être honnête, ça m’est égal. Je serai même heureux de te voir consumer par cette guerre, Potter. Ca t’apprendra peut-être que tu n’es pas le centre du monde.
- Espèce de… siffla Sirius.
- Tu te fiches peut-être de nous, mais pas de Lily, intervint soudain Peter.

Ils se turent tous. Réduits au silence, ils se tournèrent vers Peter, toujours appuyé contre le bureau de Rusard, le plus loin possible de Rogue. Une lueur indéchiffrable brillait dans ses yeux et il sembla reprendre confiance en voyant l’attention de ses amis portée sur lui.

- C’est ça ta dette, n’est-ce pas ? Continua-t-il d’une voix qui tremblait à peine. Tu veux qu’on la protège des gens comme toi. Qu’on fasse attention à elle. Et évidemment tu ne veux pas qu’elle le sache.

Remus en resta stupéfait. Si la conversation avait continué encore quelques minutes, il serait sûrement parvenu à la même conclusion que Peter, mais le fait que celui-ci ait réussi à deviner les intentions de Rogue le laissait sans voix. Il ne doutait même pas de l’affirmation de Peter. Le teint blême et l’œillade assassine du Serpentard étaient explicites.
En réalisant que Peter avait raison, James laissa échapper un rire incrédule dépourvu de tout humour.

- J’y crois pas, souffla-t-il. Tu n’as aucune limite, Servilus.

Le vieux surnom semblait avoir franchit ses lèvres par habitude.

- Ecoute-moi bien. Je n’ai pas de besoin de toi pour me dire de protéger Lily. Je ferai ce que tu as été incapable de faire, je la soutiendrai jusqu’au bout et je ne la décevrai pas. Tu peux garder tes airs énigmatiques et tes dettes, Rogue. Et la prochaine fois qu’on se verra, n’oublies pas une chose : Lily pense peut-être que tu es quelqu’un de bien au fond de toi, mais ce n’est pas mon cas. Alors ne l’approche pas.

Au fond des prunelles de Rogue brûlait une haine féroce. Par instinct, Remus vint se placer à la droite de James et Sirius l’imita aussitôt sur sa gauche. Tous les trois, ils formaient un mur déterminé, indéfectible, tandis que Peter assurait leurs arrières. Rogue, lui, était seul comme il l’avait toujours été.

- Peu importe, lâche-t-il finalement. Crois ce que tu veux, Potter. Mais honore ta dette.

D’un coup d’épaule, il repoussa James et brisa leur ligne. Lorsqu’il passe devant Peter, il lui décocha un regard si glacial qu’il recula d’un pas, sa confiance envolée, et Remus ne pouvait lui reprocher. La porte se referma sur sa cape d’uniforme qui battit l’air sinistrement et son claquement résonna dans un bruit sourd.
En le voyant ainsi partir, Remus ne put s’empêcher de penser que son dernier acte envers eux aura été de vouloir protéger Lily malgré tout.
Sirius exhala fortement.

- Merlin ! Jura-t-il. Si je m’attendais à ça. Il est complètement timbré.
- Le culot, oui ! S’énerva James. Quel idiot. Je vous préviens, pas un mot à Lily.
- Tu es sûr ?

James remonta ses lunettes sur son nez.

- Pas maintenant au moins. Elle est assez stressée comme ça. Oh et Pete ?
- Oui ?
- Comment t’as su ? Pour ce qu’il voulait, je veux dire ?
- C’est vrai, ça ! S’exclama Sirius. C’est Remus notre psycho-mage d’habitude !

Embarrassé, Peter rougit et tira les manches de son pull sur le bout de ses doigts.

- Je ne sais pas, ça me semblait logique… Je veux dire, on peut lui reprocher beaucoup de choses mais il s’est toujours soucié de Lily, non ?
- En la traitant de tu-sais-quoi ? S’indigna James. Tu parles ! Mais peu importe, je ne veux plus penser à lui, il m’a assez énervé. Quelle connerie cette histoire de dette…
- Je reconnais bien Reg là-dedans, maugréa Sirius en secoua la tête.
- Et dire qu’il a embarqué la petite Shelton là-dedans.
- Tu la défend seulement parce qu’elle a dit que tu avais fait un beau match, se moqua Peter.
- C’est faux, rétorqua James sans conviction.

Remus sourit. D’un mouvement souple, il ramassa son sac.

- On ferait mieux de filer avant que Rusard ne revienne vraiment, dit-il. Vous venez ?
- Attends, je vais vérifier où il est.

James plongea la main dans sa poche et en sortit la Carte. Du bout de sa baguette, Sirius se chargea de prononcer la formule et l’encre se répandit sur le parchemin. D’un même ensemble, ils se penchèrent tous au-dessus, leurs quatre têtes si proches qu’ils en bloquaient presque la lumière.

- Là ! Indiqua Remus le premier. Il est encore dans les cachots. On a encore un peu de temps, on peut y aller.
- Non, attends, l’arrêta à nouveau James.

Il se tourna vers lui. Une lueur espiègle, que Remus n’avait pas vu depuis un moment, s’était allumée dans les yeux noisettes de son ami. Aussitôt, Sirius s’approcha à son tour, un rictus familier au coin des lèvres.

- Une idée, Cornedrue ?
- Je crois… Vous n’avez jamais voulu fouiller dans ces tiroirs ?

Intéressés, ils se tournèrent tous vers les étagères contre le mur. Classées par ordre alphabétique, chacune d’elles comportaient plus tiroirs étiquetés « Archives des punitions », « Rapports disciplinaires », « Objets dangereux », « Objets perdus » ou encore « Idées de châtiments ». Animé par son âme de Maraudeur, Remus ouvrit celui qui se trouvait devant lui, et en sortit un rapport disciplinaire au hasard. Le nom écrit maladroitement sur la pochette indiquait Dorcas Meadowes.

- Oh ! Chantonna Sirius. Intéressant.

Il feuilleta les quelques pages en diagonale.

- Le coup de poing à Mulciber, bien sûr, commenta-t-il. Le fait d’arme de Dorcas !
- Epique, approuva Peter.
- Eh ! Elle a été surprise un soir en dehors du dortoir avec Lucinda ! Lut James. Elle nous l’a jamais dit !
- Quelle cachotière.

Au ton de Sirius, Remus comprit qu’il serait ravi de se servir de cette information contre elle un jour pour l’agacer. Sans cérémonie, il remit le dossier à sa place et avança dans l’alphabet pour sortir celui de James, au moins cinq fois plus épais. Il siffla, impressionné.

- Ton héritage, Cornedrue, déclara-t-il solennellement.

Les autres éclatèrent de rire.

- T’avais vraiment jeté des bouts de pains dans le Lac Noir pour attirer le calamar ? Rit Peter.
- Ah oui ! C’était en troisième année. Il était à moitié sur la berge quand Hagrid est arrivé pour le repousser.
- Idiot, marmonna Remus. Y’a bien que toi pour avoir des idées pareilles.
- C’était celle de Sirius je crois…
- Evidemment.

Au détours des différents dossiers, ils apprirent qu’Alexia avait fait exploser un carreau de la serre n°2 en quatrième année en voulant jeter un sort à l’écharpe d’Alice qui s’effilochait ; que Lily n’avait qu’une seule remarque pour être arrivée en retard à un cours de Sortilège en première année après avoir erré dans le château pendant deux heures, perdue ; et que Regulus avait un jour claqué la porte du Hall sur les doigts de Rosier par « mégarde » selon son témoignage, ce qui lui avait valu une semaine de retenu. Sirius, qui avait hésité avant de se saisir du dossier de son frère, avait affiché un sourire indéchiffrable en lisant l’anecdote sans faire de commentaire.

- Bon les gars, il faut vraiment y aller maintenant. Il nous reste une heure avant le banquet et Rusard doit remonter des cachots maintenant.

Un coup d’œil à la Carte lui apprit qu’il avait raison. Ils se dirigeaient tous vers la porte quand James se figea, les yeux rivés sur le parchemin. Surpris, Peter manqua de lui rentrer dedans.

- Qu’est-ce que tu fiches ?
- J’ai une dernière chose à faire je pense…
- Quoi ?

Sans un mot, James se retourna et retraversa le bureau vers les étagères. Lentement, il ouvrit le tiroir « Objets dangereux », puis baissa à nouveau le regard vers la Carte. Une émotion étrange jouait sur son visage.

- Cornedrue ? Appela Sirius.
- On va partir, non ? Dit James dans un souffle. Elle ne nous servira plus…
- Mais…
- Et comme tu l’as dit Remus, c’est notre héritage pas vrai ?

Comprenant où il voulait en venir, Remus sentit une boule naître dans son ventre. Résolu, il échangea un regard avec Sirius et Peter et ils hochèrent la tête d’un commun accord, se passant de mots.

- Pour les futures générations de fauteurs de trouble, approuva Sirius.
- Les Maraudeurs les guideront ! Renchérit Peter.
- Les blagues et les farces continueront à Poudlard au nom de Patmol, Lunard, Queudver et Cornedrue, ajouta Remus.

Fort de leur approbation, James effleura le parchemin du bout de sa baguette.

- Méfaits accomplis, murmura-t-il.

Lentement, sous leurs yeux, les traits noirs commencèrent à s’effacer. Les couloirs, les étages et les élèves du château s’évanouirent en même temps que l’encre. Comme un dernier au revoir, la Carte se réduisit jusqu’à ne laisser que la représentation d’un espace réduit au rez-de-chaussée. Le bureau de Rusard. Leurs quatre noms, si proches qu’ils s’entremêlaient presque, étincelèrent brièvement avant de s’effacer eux aussi, emportant leur véritable identité. Et il ne resta plus qu’un simple parchemin dans les mains de James. Un parchemin si banal et si extraordinaire à la fois.
Avec révérence, James le déposa dans le tiroir et le referma sans attendre, sûrement par peur de changer d’avis. Enfin, ils sortirent du bureau avec l’impression de tourner une page d’eux-mêmes.
Tous les quatre alignés devant la porte, ils ne bougèrent pas pendant de longues secondes.

- Regardez nous ! S’exclama brusquement Sirius. On a l’air de vrais idiots. Ça suffit !
- T’as raison, se reprit James. On bouge.

Et sur ces simples mots, ils s’éloignèrent, plus légers. Remus se rendit compte qu’il mourait de faim et attrapa le poignet de Sirius pour regarder sa montre, celle offerte par les Potter pour ses dix-sept ans. Les étoiles du cadran accrochèrent la lumière et il vit avec satisfaction que les portes de la Grande Salle n’allait pas tarder à ouvrir. Même si le repas ne serait pas servi avant un moment, il pourrait grignoter la tablette de chocolat noisette qu’il avait dans son sac, cadeau de Lily avant l’épreuve de métamorphose.
Il réalisa qu’il ne l’avait pas vu à la fin de l’examen. Elle avait dû repartir avec les filles, mais il ne se fit aucune inquiétude. Elle aurait minimum un Effort Exceptionnel. Il aurait aimé aussi retourné voir McGonagall, au moins pour la remercier. Il se promit de se rendre à son bureau demain pour lui raconter son épreuve.

- Non, Pete, tu ne peux pas m’être passé devant à la bataille explosive. J’avais des points d’avance !
- Que tu as lamentablement perdu face à Sirius à Pâques.
- Impossible, fais voir le carnet.
- Il est dans le dortoir, tu verras par toi mê… Oh salut Dalen !

Remus releva la tête si vite que sa nuque protesta. Anaïs Dalen arrivait vers eux en sens inverse, sa cravate bleue et bronze dénouée autour de ses épaules et ses cheveux blonds ramenés en arrière. Elle leur adressa un sourire et s’arrêta.

- Salut ! Votre épreuve de métamorphose s’est bien passée ?
- Dans la poche, assura Sirius.
- Tant mieux.

Elle se tourna vers lui.

- Ca fait un moment qu’on ne s’est pas vus, désolée les Aspics m’ont un peu accaparé.
- Je comprends… moi aussi… balbutia-t-il nerveusement.

En périphérie de sa vision, il vit ses trois amis rouler des yeux, désespérés.
- T’as le temps de parler cinq minutes ? S’enquit-elle. Juste pour discuter un peu.
- Oh… Oui avec plaisir. Je vous rejoins dans la Grande Salle, les gars.
- Pas de problème ! Et attention aux placards, railla Sirius, goguenard.

Remus rougit. Il se souvenait parfaitement de leur mésaventure, coincés tous les deux dans un placard pendant plus d’une heure à cause du chat de Marlène. Sirius avait pris soin de les laisser attendre avant de les libérer. Anaïs devait aussi ce souvenir de cet épisode malencontreux car elle détourna le regard, gênée, jusqu’à ce que les Maraudeurs disparaissent à l’angle du couloir.
Lorsqu’elle osa lever les yeux vers lui à nouveau, une légère couleur rosée colorait ses joues.

- Encore désolée d’avoir un peu disparu ces derniers temps. Tes cours de soutien était vraiment géniaux, mais j’avais plein de choses à gérer…
- Vraiment, ce n’est pas grave ! Moi aussi l’année a été assez chargée.
- Tu sais qu’on m’a demandé de transformer un hérisson en pelote d’épingles pour mon épreuve de métamorphose ?
- Sérieusement ? Et alors… ?

Ils avaient travaillé cet exercice ensemble pendant des semaines durant leurs dernières semaines de cours et il eut le plaisir de la voir afficher un grand sourire.

- Parfaitement réussi, se vanta-t-elle. J’ai fait quelques erreurs, mais ce sortilège était maîtrisé !
- Je suis fier de toi ! Se réjouit-il. Oh et au fait je crois qu’on ne s’est pas vraiment croisés depuis, mais encore merci pour l’écharpe que tu m’as offert pour mon anniversaire. Je l’aime beaucoup.

Anaïs rayonna.

- Ca me fait plaisir, dit-elle. Et tu sais ce que tu vas faire l’année prochaine ?
- Pas tout à fait, mentit-il. C’est un peu compliqué, mais j’ai plusieurs pistes à approfondir pendant l’été. Et toi ?
- Je pars à Dublin. Un institut pour sorciers et sorcières diplômés proposent plusieurs formations, des stages, des choses comme ça… J’ai envie de changer d’air aussi.

Instinctivement, Remus ne put s’empêcher d’être déçu. Il avait espéré qu’elle resterait près de Londres et qu’ils auraient pu se voir de temps en temps. Elle parut le deviner car son sourire s’estompa.

- Je pense que ça sera compliqué de se voir régulièrement… Mais on pourra s’envoyer des lettres ?
- Bien sûr, oui… ça me fera plaisir.
- Génial. Tu sais… Si je ne partais pas, j’aurais bien aimé… enfin tu vois…

Entre les mots et les hésitations, il devina ce qu’elle voulait dire. Ce qu’il aurait lui-même voulu dire s’il n’apprêtait pas à s’engager auprès de l’Ordre.

- Je sais, souffla-t-il. Moi aussi.

Un long silence s’étira entre eux, rempli des possibilités qui auraient pu être mais ne seraient jamais. Finalement, Anaïs fit un vague mouvement de main et dit :

- Bon, je ferais mieux d’aller rejoindre mes amis. Ils m’attendent dans la salle commune avant le dîner. J’ai été contente de te parler en tout cas, Remus. Et encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi.
- Plaisir partagé. Prends soin de toi et bonne chance pour l’année prochaine.
- Merci…

Le cœur léger et lourd à la fois, il amorça un geste pour s’éloigner, mais la voix de la jeune Serdaigle le retint.

- Remus ! Appela-t-elle.
- Oui ?
- Une dernière chose… Pour ce que ça vaut… Je savais et…ça ne change rien.

Il se figea. Perplexe, il fronça les sourcils, son esprit divagant immédiatement vers une idée… mais c’était impossible. Elle ne savait pas…

- Tu savais ? Répéta-t-il d’une voix rauque. Tu savais quoi ?

Elle parut mal à l’aise et jeta un regard incertain autour d’eux. Puis, très lentement, elle répondit dans un murmure.

- Rien de particulier. Juste, tu ne trouves pas que les pleines lunes sont magnifiques ? La lumière nocturne dans le parc est vraiment belle, on voit tout depuis la tour de Serdaigle.

Sur ces mots, elle tourna les talons. Comme foudroyé sur place, il la regarda s’éloigner sans la retenir, incapable de comprendre pleinement ce qu’elle venait de lui faire comprendre à demi-mots. Dans un état second, il se remit en marche vers la Grande Salle et traversa le Hall sans s’en rendre compte. Il avait mis les pieds dans la salle commune de Serdaigle une seule fois lors d’une fête organisée en cinquième année. Il avait fait plus attention au dôme parsemé d’étoiles qu’à la vue sur le parc, mais il réalisa que la tour donnait sur le saule cogneur. Anaïs l’avait-elle vu une nuit de pleine lune par un soir d’insomnie ? Ou avait-elle deviner comme Lily en assemblant les indices et en regardant les calendriers lunaires ? Dans un cas comme dans l’autre, elle l’avait accepté. Elle n’avait rien dit à personne et avait gardé le silence même envers lui, elle avait continué à venir à leurs cours de soutien et à lui parler normalement. Les larmes aux yeux, sans savoir si c’était de peur, de colère ou de joie, Remus entra dans la Grande Salle.
Instinctivement, il se laissa guider par les rires de Sirius pour retrouver ses amis. Les filles étaient déjà là aussi et Alexia était en train d’imiter son inspecteur de métamorphose. Elle s’interrompit pourtant d’elle-même en le voyant arriver.

- Oh Remus, ça s’est mal passé ? S’inquiéta-t-elle. Tu as loupé un sortilège ?
- Non… Non désolé, je pensais à autre chose.
- Mais ça va ? Insista Lily, les sourcils froncés.
- Oui oui, la rassura-t-il, je vais juste prendre un peu de chocolat.

Joignant le geste à la parole, il posa devant lui la tablette qu’elle lui avait donnée et croqua doucement dans un carré. Le goût savoureux de la noisette se répandit sur sa langue. A sa gauche, Peter lui donna une tape réconfortante dans le dos et glissa un petit carnet vers lui.

- Je suis allé le chercher au dortoir, dit-il. Regarde, ça va te remonter le moral ! Tu es premier à la bataille explosive.

Remus sourit.

- Et encore une victoire ! James, Sirius, vous me devenez deux noises.
- Tu m’énerves, Lunard, maugréa James.

Alors qu’il empochait ses gains, Remus décida de reléguer le cas d’Anaïs Dalen au fond de son esprit. Ce n’était pas le
moment et il était heureux de la façon dont les choses s’étaient terminées. Il la reverrait peut-être un jour, mais les destins se croisaient parfois sans se rejoindre. Il n’avait qu’à être patient.
Sur cette pensée philosophique, il avala un nouveau carré de chocolat juste au moment où les plats apparaissaient. Ravi, il allait se jeter sur l’entrée la plus proche lorsque Dumbledore se leva et se rapprocha du pupitre. Les élèves se tournèrent vers lui, impatients. Pour une fois, le repas n’était pas au cœur des préoccupations.

- Bonsoir à tous, déclara-t-il de sa voix puissante, sa barbe planche impeccablement en place. Je ne vais pas vous faire l’affront d’étirer ce moment en un long et ennuyeux discours. Tout le monde ici brûle, j’en suis sûr, de connaître le fin mot de ce Tournoi. Avant d’annoncer les résultats, j’aimerais toutefois féliciter chacun et chacune d’entre vous. Au-delà de l’équipe de chaque maison, tous les élèves ont participé à cette compétition en soutenant leurs champions, en gagnant des points et en aidant les autres. Cet esprit d’entraide est votre plus grande ne l’oubliez jamais.

Le regard de Remus dévia vers la table des Serpentard. Rogue et Regulus étaient assis à quelques mètres l’un de l’autre. Au début de l’année, il n’aurait jamais cru que ces deux-là les aideraient. Pourtant, malgré tout ce que Dumbledore pouvait dire, il n’était pas sûr que l’entraide serait encore possible une fois dehors.

- Mais passons à ce que vous attendez : le classement.

En face de lui, Remus vit James et Sirius se mettre à faire un bruit de tambour. Imités par plusieurs élèves, une tension joyeuse monta d’un cran.

- Merci bien, dit Dumbledore, amusé. Les points sont donc la combinaison de ceux remportés durant les cinq épreuves et ceux récoltés tout au long de l’année. Avec 670 points et n’ayant pu terminer la dernière épreuve à cause de… circonstances particulières, Serpentard est quatrième. Leur détermination durant tout ce Tournoi mérite d’être grandement saluée. Bravo Serpentard.

D’abord timides, les applaudissements se renforcèrent. Surpris, Remus regarda autour de lui. Les autres ne le faisaient visiblement pas de guetter de cœur, mais ils avaient l’air de vouloir mettre un point d’honneur à être fair-play. Seule Marlène, un peu plus loin à sa gauche, applaudissait avec ferveur, le regard rivé vers Regulus qui eut un rictus amusé en la remarquant. Personne d’autre ne paraissait pourtant avoir remarqué ce bref échangé et Remus détourna les yeux.

- La bataille pour la troisième place a été rude. Seuls dix points séparent les troisièmes et les deuxièmes.

Tout le monde retint son souffle.

- Mais avec 730 points, Serdaigle remporte la troisième place. Leur esprit d’initiative aura été sans pareil. Félicitations à eux.

Cette fois-ci, une véritable vague de déception déferla dans les rangs à la table des bronze et bleu. Les autres eurent beau applaudir, les expressions dépitées en disaient long. Remus ne put que partager leur peine en pensant à Tiberius Ackerley. Il remarqua que le présentateur de Quidditch n’était même pas descendu dîner et son ventre se serra.

- Avec peu d’avance donc, mais suffisamment pour se hisser à la seconde place avec détermination et travail : Poufsouffle et 740 magnifiques points !

Une explosion de joie retentit à la table des Poufsouffle, incrédules d’avoir réussi à battre Serdaigle sur les points scolaires. Au loin, Remus vit même Charlotte Shelton adresser un sourire narquois à son frère, renfrogné. Autour de lui, le bruit était assourdissant. Les Gryffondor avaient naturellement compris que la victoire leur appartenait et n’attendaient pas l’annonce du directeur pour exprimer leur joie. Des chapeaux étaient lancés en l’air, voltigeant sous les bougies étincelantes et Remus sentit l’euphorie le gagner alors que Lily se jetait dans ses bras.

- On a gagné !
- Gryffondor ! Gryffondor ! Chantèrent les élèves.

Sur l’estrade des professeurs, Dumbledore souriait.

- Un peu de clame, s’il vous plait…

Peine perdue. Les élèves continuèrent à scander le nom de leur maison et Dumbledore se décida donc à parler au-dessus du vacarme pour annoncer avec force :

- Le Tournoi est donc remporté par la maison Gryffondor. 785 points ! J’appelle l’équipe à venir chercher son trophée.

Il renchérit son invitation d’un geste bienveillant et Remus se leva mécaniquement, accompagné de Lily, James, Sirius et
Mary McDonald. Tous les cinq, ils remontèrent entre les tables sous les applaudissements jusqu’à l’estrade où le professeur Dumbledore les attendait, le trophée dans les bras. Légèrement plus grand que celui de Quidditch, il était tout en or, et une plaque gravée sur son pied indiquait : « Gryffondor – Vainqueur du Tournoi de Poudlard – 1978 ».

- Pour votre assiduité, votre inventivité, vos talents et votre esprit d’entraide ; je vous remets ce trophée au nom de l’école en vous félicitant à nouveau.

Avec fierté, James s’empara du trophée et le souleva à bout de bras. Tous les Gryffondor bondirent sur leurs pieds pour crier leur joie. Remus regarda James faire un tour d’honneur le long de l’estrade, habitude acquise grâce au Quidditch, et Lily soupira sans cesser de sourire. Il lui donna un coup de coude, histoire de lui faire comprendre qu’elle pouvait indulgente et que James avait bien le droit de se pavaner juste ce soir.
Dans le fond de la salle, plusieurs personnes scandèrent leur nom et demandèrent à lever le trophée plus haut pour qu’ils puissent mieux voir. James tenta bien de se mettre sur la pointe des pieds, sans succès, et Sirius s’avança alors. Il fit signe à James de monter sur ses épaules. Catastrophés, Remus se précipita avec Lily pour aider James à monter sans se casser la figure. Emporté par l’euphorie générale, il ne put que rire en voyant James tanguer dangereusement mais Sirius le maintenu avec force pour qu’il puisse lever le trophée bien haut.

- J’aurais été moins lourde à porter, Lily aussi, remarqua Mary en riant. Quels imbéciles !
- Tu ne voudrais pas enlever une occasion à James de faire l’intéressant ? Rétorqua-t-il de bon cœur.

Comme pour lui donner raison, et à peine redescendu au sol, James se dirigea vers le professeur McGonagall. Cérémonieusement, il mit un genou à terre et lui présenta le trophée sous l’œil amusé de tous leurs camarades. Quelqu’un siffla dans la foule.

- Pour vous, professeur, déclara-t-il. C’est aussi votre victoire.
- Oh allons, Potter, relevez-vous, rabroua McGonagall, même si un sourire franc et rare ourlait ses lèvres. Croyez bien que ce trophée va se retrouver en bonne place dans mon bureau. Mais ce n’est pas devant moi que vous devriez mettre un genou à terre, surtout devant miss Evans.

Remus éclata de rire devant la tête de James, choqué par cette soudaine répartie. Ecroulé contre Sirius qui riait aussi, ils virent leur professeur McGonagall tendre ensuite le trophée à Mary qui le passa elle-même au premier élève de Gryffondor derrière elle. De main en main, il traversa la table sous les applaudissements et Remus ne sentit jamais aussi fier que d’appartenir à cette maison.

Voilà, cette fois c'est bon ^^
Et petite note: les personnages de Julian et Charlotte Shelton seront dans ma nouvelle fanfic qui arrivera bientôt ! :D
PtiteCitrouille

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Héhéhéhé MAIS QUI EST CE DONC? (est-ce que je commence à paniquer à l'idée de te voir à Paris et de remarquer tes yeux qui me jugent de pas avoir commenté ? OUI)
Partie 3: L'aurore du crépuscule
Oh c'est beauuuuu (wait on avait pas eu un débat sur ce titre d'ailleurs ? on parle de trop de trucs dans notre conv je me perds)
Le corps douloureux, Regulus émergea des ténèbres.
est ce que je m'avance en disant qu'il émerge EGALEMENT des Ténèbres de Voldemort ?
de renoncer aux ananas confits
PAS LES ANANAS CONFITS (sérieux ça a l'air dégueu, peut-être parce que j'aime pas l'ananas)

Ouuuh angoissant cette sensation de noyade dis moi Anna
Non mais la relation Sirius/Regulus, un régal à lire sérieux, c'est du génie. Leurs paroles pour l'un et l'autre, l'affection de Sirius et son inquiétude flagrante aaaah, et puis cette relation de frères que tu dépeints c'es un bonheur à lire
Mais euh Marion ? Ils ont dû reprendre le bateau pour partir non ? But le bateau peut pas prendre 2 sorciers, et Sirius ne s'est pas transforméééé
Regulus se laissa tomber sur le parquet
sur le parquet ciré lustré noir d'ébène des Black
Il n’était plus sur le parquet de Square Grimmaurd,
I see what you're doing Anna 8-)
Lily n’a jamais autant juré.
ça a dû envoyer du lourd haha
- Effondré, affirma-t-il. Tu crois que si je t’étouffe avec un oreiller maintenant quelqu’un le remarquera ?
- Marlène portera plainte pour moi à titre posthume.
- Ah oui Marlène… ton plus grand soutien dans cette maison, pas vrai ?
HAHA LALALALLALALALALALA
La Harpie n’a pas encore retourné le Chemin de Traverse en te cherchant
donc ça fait 3 jours qu'elle a pas de nouvelles de son fils et ça la perturbe pas ? OK :lol: :lol:
Je vous promets que vous serez tenue au courant le moment venu.
Harry 11 ans "le moment venu, tu sauras la vérité, Harry 17 ans "du coup Harry t'es un Horcruxe, tu dois mouriiiir", Dumby je me méfie de tes moments venus là
- Elle va revenir, t’en fais pas Reg, se moqua-t-il.
- Sirius !
mais ce moment je les aiiiiime aah, ils sont trop adorables à se taquiner comme de vieux frères je veux pleurer :cry: :cry: :cry:
avant de s’avancer pour récupérer l’oreiller
... et de se joindre à la bataille de polochon
Ah les affres de la jeunesse !
ok il a cassé l'ambiance avec son vocabulaire
- Euh oui… celui-là et dans divers documents…
moi dans la bibliographie de mes devoirs de partiels, "diverses et moult documents"
Sans vouloir jouer le Détraqueur qui casse l’ambiance,
je viens d'imaginer un Détraqueur débarquer dans une soirée en se déhanchant comme le 11ème Docteur au mariage d'Amy :lol:
la main de Sirius vint lui ébouriffer doucement les cheveux
AWWW
- Tiens Reg, étonnant de te trouver là ! Lança-t-il en guise de salutation. Tu as bougé de trois centimètres depuis hier non ?
je suis morte :lol: :lol: :lol:
en lui dictant des passages enflammés sur les paysages Irlandais
des terres brûlées, au vent des landes de pierres autour des lacs c'est pour les vivants
un peu d'enfer le CONNEMARAAAAAAAAAAAAAAA
DEEES NUAAAGES NOIRS QUI VIENNENT DU NOOOORD
Archibald Regulus Yaxley.
Awwww mais c'est trop adorable d'avoir glissé cette info, quel bel hommage
Vous pardonnerez mon accent.
mais t'as fait l'école du rire dis moi :lol:
- Tu ne danses plus comme ça, hein, Alastor ? Lança-t-il à l’Auror.
- Pourquoi, tu veux que je t’invite Bones ?
- Oh non ! Cassie pourrait être jalouse !
REFERENCE SPOTTED (au début je croyais que tu parlais de Cassidy j'ai bugué)
- Bonne idée. Tu… tu viens avec moi ?
WINK WINK SMILEY AMBIGUË
Ils étaient au milieu de l’escalier lorsque Sirius siffla d’un air suggestif. Regulus rougit.
JAMAIS il n'échapperas à la lourdeur de son frère
- Folle journée, hum ? Commenta Marlène.
*awkward silence* "sympa la météo en ce moment non ?"
- Tu es coincée avec moi, McKinnon, répondit-il simplement. Prépare-toi.
NOUS CA NOUS VA TRES BIEN

C'était TELLEMENT mignon comme OS, mais aussi grave et sombre; en fait encore une fois la relation Reg/Sirius c'est du chef d'oeuvre, mais t'as également remarquablement bien mené l'Ordre et le vis à vis avec Reg, la méfiance et la destruction de l'Horcruxe
C'était un OS génial, ça m'a fait trop plaisir de relire ton écriture (pardon pour le retaaard) et qu'est-ce que j'ai hâte de lire Julian :D :D :D
Gros bisous !!
Mimie99

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Coucou! Je n'ai pas encore lu le bonus sur Regulus, mais je te promets de le faire un jour! En lisant le nouveau dernier chapitre, je me suis rendue compte à quel point ta fanfic me manquait, ainsi que tous ses personnages :cry: En tout cas, il était vraiment super et ça va certainement encore me manquer :(

En lisant le passage avec la carte je me suis posée une question... Est-ce que c'est expliqué comment les jumeaux ont su comment ouvrir la Carte? J'ai un blanc à ce niveau :oops:
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Mimie99 a écrit :Coucou! Je n'ai pas encore lu le bonus sur Regulus, mais je te promets de le faire un jour! En lisant le nouveau dernier chapitre, je me suis rendue compte à quel point ta fanfic me manquait, ainsi que tous ses personnages :cry: En tout cas, il était vraiment super et ça va certainement encore me manquer :(

En lisant le passage avec la carte je me suis posée une question... Est-ce que c'est expliqué comment les jumeaux ont su comment ouvrir la Carte? J'ai un blanc à ce niveau :oops:
Salut ! Aucun problème, le bonus est là et ne bouge pas, tu as le temps :D C'est marrant, ça m'a aussi rappelé la même chose, genre j'adore écrire sur eux ^^ Trop contente que tu aies aimé !

Non on ne sait pas ^^ On peut supposer que la carte les a un peu aider en reconnaissant en eux les dignes héritiers des Maraudeurs :lol:
Perripuce

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par Perripuce »

annabethfan a écrit :Bonjour à tous ! Je suis la je suis la, j'ai pris le temps mais JE SUIS LAAA

J'ai conscience que ceux qui ont terminé cette fanfiction doivent être étonnés de voir ce chapitre aujourd'hui. La raison de son ajout est très simple : comme me l'ont fait remarquer plusieurs personnes, la fin pouvait paraître un peu abrupte et certains personnages avaient été laissés de côté, comme Anaïs notamment. Ce chapitre ne prétend pas tout arranger, mais je pense qu'il offre une meilleure fin que celui du précédent, encore dans le feu de l'action. A l'origine, j'avais d'ailleurs prévu ce chapitre mais, fatiguée par quatre ans d'écriture, j'avais décidé que je pouvais passer directement à l'épilogue. Aujourd'hui, je regrette ce choix et mon manque de patience mais après tout vaut mieux tard que jamais non ? Comme Booknode ne me laisse pas la possibilité de le mettre avant, c'est donc un peu dans le désordre que je vous offre ce dernier chapitre qui se déroule entre le 37 et l'épilogue : j'espère que vous aimerez.


Chapitre XXXVIII : Méfaits accomplis ça me rappelle trop la dernière phrase hyper stylée de ton mémoire ahah. En tout cas c'est génial comme titre pour une fin de fanfic' sur les Maraudeurs !

Pendant plus de deux jours, Remus eut l’impression de retenir son souffle. À tout moment, il s’attendait à ce que l’arrestation d’Elizabeth Yaxley soit annoncée, mais rien ne vint. Il dû se résoudre à accepter ce que cela signifiait : elle avait réussi à fuir et probablement à quitter le pays héhéhéhé pardon. Remus ne savait pas s’il en était soulagé ou contrarié. Même si elle était innocente du meurtre pour lequel elle était soupçonnée, son implication dans la mort de Gemma Ackerley n’était pas neutre. Il n’aimait pas y songer car la question soulevait en lui un dilemme moral sur lequel il préférait éviter de se pencher : s’il condamnait en partie Elizabeth, que devait-il penser de Regulus Ah bah ça ... ? Après tout, c’était lui qui avait jeté le sort fatal. Irrationnellement pourtant, il ne cessait de trouver des excuses au petit frère de Sirius… sûrement pour la simple raison qu’il était justement le petit frère de Sirius. C'est dingue, mais Remus représente un peu le lecteur sur la vision de Regulus : on n'arrête pas de lui chercher des excuses alors que mine de rien il a tué Gemma et s'engage dans une organisation absolument nauséabonde. C'est intéressant de se voir dans un miroir.
Finalement, il se refusa de juger. Ce n’était pas sa place et personne n’avait l’air d’avoir envie de soulever la question. Sirius était resté tendu pendant plus d’une semaine avant de recommencer à vivre normalement, James se montrait agacé dès que le nom de Yaxley arrivait dans la conversation, et Peter paraissait terrifié de dire un mot de travers qui énerverait ses amis. D’un commun accord tacite, les Maraudeurs décidèrent donc de mettre l’affaire Elizabeth derrière eux et de se concentrer sur leurs ASPIC. Ah çaaaaa. C'est vrai que c'est pas arrivé au meilleur des moments ...
Ils avaient passé des heures à la bibliothèque à réviser chaque matière, chaque cours, chaque parchemin gribouillé d’une prise de note illisible sous l’œil suspicieux de Mrs Pince. Un jour, ils étaient même partis en oubliant Dorcas, endormie sur une table J'imagine tellement la scène :lol: :lol: , et ils étaient revenus en catastrophe la récupérer au moment où la bibliothécaire refermait les portes.
Aujourd’hui, il faisait un soleil de plomb alors que mourrait le mois de juin. C’était le dernier jour des examens et Remus avait l’impression d’étouffer dans son uniforme, sa cravate impeccablement nouée autour de son cou. Ils avaient passé les écrits ces deux dernières semaines et devaient maintenant se présenter aux épreuves pratiques C'est pas théorique le matin et pratique l'aprem? Ou tu considères qu'ils n'ont pas le même rythme que les BUSEs? (ce qui s'entend parfaitement) . Le couloir dans lequel tous les élèves de septième année de Gryffondor patientaient était baigné par le soleil. Remus, qui avait toujours eu l’ouïe fine depuis sa morsure, entendait les élèves libérés des cours et des examens rirent dans le parc.

- Je vais vomir, marmonna Peter.
- Mais non, Queudver. On a révisé. Respire, c’est tout.
- T’es pire que Lily, se moqua James.
- Je t’entends !

A l’avant du rang, Lily adressa un signe ironique de la main à James.

- Je parlais de l’autre Lily, bien sûr, lança-t-il. Tu sais ? Lily, ma voisine ?
- Tu t’enfonces, lui indiqua Remus.
- Complètement… Je dirais même que tu rames mon petit.

Leur échange eut le mérite de faire rire Peter qui sembla oublier l’espace d’un instant l’épreuve de métamorphose.
Anxieux et impatient à la fois, Remus tendit le cou pour essayer de voir par-dessus la tête des autres. McGonagall se tenait devant les portes de la salle d’examen et faisait entrer les élèves par ordre alphabétique progressivement. Elle semblait avoir un mot pour chacun d’eux. Sirius et Alexia étaient déjà entrés et ce serait bientôt au tour de Lily. Lui-même était regroupé avec Frank, Alice, Dorcas, James et Peter. Il tourna la tête dans l’autre sens, espérant voir arriver Marlène qui aurait dû se trouver avec entre les L et les P, mais il ne vit aucune jeune fille blonde arriver dans le couloir.
Alice se mordit les ongles nerveusement.

- Je ne comprends pas, maugréa-t-elle. Elle voulait juste aller chercher ses fiches pour y jeter un dernier coup d’œil… Elle est tombée dans les escaliers ou quoi ?
- C’est un motif valable pour louper une épreuve ? Demanda Frank.
- Oh arrête…

Mais Remus commençait aussi à s’inquiéter. Ce n’était pas le genre de Marlène d’arriver en retard, surtout un jour si important. Il allait proposer d’aller prévenir le professeur McGonagall d’ici dix minutes lorsque Peter pointa soudain quelqu’un du doigt.

- Elle est là !

D’un même ensemble, ils tournèrent tous la tête. Marlène se dirigea vers eux d’un pas rapide, les joues rouges et le souffle court. Alice lui bondit pratiquement dessus.

- Par Merlin, où est-ce que t’étais ?
- Longue histoire, haleta-t-elle. Deux minutes.

Penchée en avant, elle inspira une grande goulée d’air, et Remus agita les parchemins qu’il tenait à la main mécaniquement comme une sorte d’éventail. Elle lui adressa un regard reconnaissant, puis s’expliqua :

- J’étais avec Reg, dit-elle, l’air embarrassé. Il avait mes notes de métamorphose et j’avais les siennes en potions. On a dû se tromper hier en rangeant nos affaires. J’ai dû descendre jusqu’aux cachots et demanda demander Anna? à Livia Fawley d’aller me le chercher.

Remus tiqua. Il ne se tenait pas particulièrement au courant des ragots qui circulaient dans les couloirs, mais si sa mémoire était bonne Livia Fawley sortait encore avec Regulus Merci de mettre un éclaircissement sur cette affaire que j'avais totalemeent perdu de vu, j'étais perdue sur leurs relations à eux deux. . Et s’il avait retenu une chose de la crise qui s’était jouée entre Marlène, Dorcas et Sirius, c’était que l’amitié de Marlène et Regulus pouvait être jugée ambiguë.

- Il m’a rendu mes notes, continua Marlène sans s’étendre sur le sujet à la déception visible d’Alice. J’allais venir vous rejoindre quand Charlotte Shelton m’a arrêtée dans le hall. FANGIRLAAAAAAAAAGE
- La poursuiveuse de Poufsouffle ? S’étonna James. Pourquoi ?
- Pour me demander où vous étiez.
- Nous ? Dit Remus, surpris.
- Les Maraudeurs, explicita Marlène. Elle m’a dit que Rusard lui avait demandé de vous faire passer le mot qu’il vous veut dans son bureau à 14h, après l’épreuve pratique. Je lui ai dit que je vous préviendrai.

Immédiatement, Remus se tourna pour faire face à James et Peter qui reculèrent d’un pas devant son regard incendiaire.

- On n’a rien fait ! Jurèrent-ils ensemble. :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
- On est convoqué ! Il reste une semaine avant les vacances, les gars, sérieux.
- Ca doit être Sirius, dénonça Peter Est-ce que c'est à dessein que c'est Peter qui cafarde comme ça? :lol: :lol: :lol: . Je te jure, je n’ai rien fait.
- Et Sirius aurait fait une blague sans James ?
- Eh ! Protesta l’intéressé. J’ai une volonté propre, tu sais.

Remus croisa les bras, agacé.

- Si je suis obligé de revenir au mois d’août faire des heures de colle alors qu’on a terminé notre scolarité à cause de vous…
- On vous enverra nos photos de vacances, promit Frank, amusé.

Cette fois-ci, Remus roula des yeux. Pour faire bonne mesure, il se replongea dans ses notes et tenta d’oublier leur convocation. Ce n’était pas le moment, il pourrait bien gérer Rusard après avoir assuré son avenir.
Sur ses parchemins, l’encre se brouillait pourtant devant ses yeux et il n’arrivait soudain plus à comprendre les schémas compliqués qu’il avait lui-même dessiné. Il n’arrivait pas non plus à prendre conscience que la fin approchait. Dans une semaine, il ne serait plus à Poudlard. Il n’arpenterait plus les couloirs en pierre, il ne monterait plus les marches qui menaient à son dortoir, il ne descendrait plus au terrain de Quidditch voir un match Arrête ça brise le coeur. Toutes ces activités quotidiennes et pourtant si banales lui procurèrent brusquement un intense sentiment de nostalgie. Il avait horriblement conscience que l’année qui venait serait différente. Frank pouvait bien plaisanter, mais ils ne passeraient pas leurs vacances sur une plage, mais avec les frères Prewett à s’entraîner pour intégrer l’Ordre du Phénix.

- Tu vas bien ? Lui murmura James soudainement.
- Hum ? Oh oui, oui… dit-il en sortant de ses pensées. Je… pensais.
- Quelle surprise.
- Oh tais-toi. Donne-moi la formule de…
- Non, refusa-t-il avec brusquerie. Je ne révise jamais avant une épreuve. EXACTEMENT

Remus haussa les épaules. A côté, Marlène et Dorcas aidaient Peter, l’une avec douceur, l’autre avec impatience. Devant ces deux styles, il songea un instant à Anaïs Delan. Les Serdaigle avaient passé leur épreuve de métamorphose avant eux et il se demanda si elle l’avait réussi. Il ne l’avait pas revu depuis plusieurs semaines : ils n’avaient échangé que quelques mots en dehors de leurs séances de tutorat ces derniers mois, faute de temps. Remus sentit la pointe familière du regret lui serrer le ventre mais il l’ignora avec obstination. Malgré ce que ses amis affirmaient, une relation avec elle aurait été inenvisageable.
Quand il releva la tête à nouveau, il vit Lily s’engouffrer dans la salle d’examen. Pris par le stress, il se vida l’esprit et se remit à réciter à voix basse son cours.

**
*


- Je pense que ça s’est bien passé, annonça Peter, l’air soulagé. L’examinatrice m’a souri à la fin en disant que mon verre à pied était réussi !
- Encore heureux, c’est un exercice de deuxième année, lança Sirius. Sois gentil Sirius.

Remus lui adressa un regard de reproche.

- Et alors ? C’est le résultat qui compte, non ? Affirma-t-il. En tout cas bravo, Pete ! C’est génial.
- Merci Lunard… Ouais Merci Remus qui est décidément celui qui vaut le mieux dans cette bande.

Ils étaient tous dans le couloir et Peter venait tout juste de ressortir de la salle. James devait être en train de passer. Nerveusement, Remus pianota des doigts contre sa jambe. Il ne doutait pas d’avoir réussi, voire d’obtenir un Optimal. Son examinateur, un sorcier à la barbe taillé et au front dégarni, lui avait demandé s’il était bien l’élève qui avait participé au Tournoi en métamorphose et l’avait même félicité d’avoir représenté si brillamment Gryffondor. Remus aurait voulu lui dire qu’il n’était pas arrivé premier à son épreuve, mais ce n’était sans doute pas le jour pour jouer les modestes. Il se souvint alors que Dumbledore devait annoncer les résultats du Tournoi ce soir. Il ne savait même pas s’il était impatient ou non.
Après la fuite d’Elizabeth, Serpentard n’avait pas pu terminé son épreuve de Défense Contre les Forces du Mal et il ne faisait aucun doute qu’ils finiraient dernier. Remus songea que c’était dommage car ils n’avaient pas manqué de s’illustrer durant les autres épreuves, notamment en potions. Puis en fin de compte, après ce qui s'est passé, le résultat doit totalement perdre de sa saveur ...
Soudain, la porte en bois s’ouvrit en grand sur un James Potter triomphant. Il avança vers eux, les bras écartés, et un grand sourire accroché aux lèvres.

- Messieurs ! Annonça-t-il avec grandiloquence. J’annonce la fin des examens ! :lol: :lol: :lol:

Sirius, adossé contre le mur, se redressa et éclata de rire. Il passa un bras autour des épaules de James, extatique.

- Libres, James ! Nous sommes libres ! Je les aime trop :lol: :lol: :lol:
- Presque, nuança Remus, navré de devoir les ramener sur terre.
- Quoi ?
- Rusard nous attend dans son bureau, apprit-il à Sirius. On est convoqué. Une confession à faire ?
- Non ! Juré sur les Maraudeurs, Lunard. Je n’ai rien fait !

A moitié convaincu, Remus soupira. Tête haute, il se tourna vers les escaliers et dit d’une voix digne :

- Messieurs, faisons face à notre destin.

A nouveau, ses amis rirent et ils se mirent en chemin. La force de l’habitude sans doute, mais Remus n’était même pas véritablement inquiet. C’était la fin de l’année, Rusard ne pouvait plus faire grand-chose contre eux. Alors qu’ils parcouraient les couloirs qui l’avaient vu grandir, il se surpris à regarder plus attentivement les tableaux, les pierres centenaires, la lueur des torches… Il voulait tout graver dans sa mémoire. OOOH BEBE CHAAAAT
Sans se concerter, ils passèrent par un passage dissimulé : un couloir poussiéreux, caché derrière une tapisserie aux couleurs vives. Une torche éclairait le sol, signe que les elfes ne le laissaient pas à l’abandon, mais un sentiment d’aventure perdurait dans cet espace étroit comme coupé de l’agitation du château. A l’arrière du groupe, Remus remarqua avec nostalgie que Sirius devait maintenant se baisser pour franchir la sortie sans se cogner la tête.
Quand ils émergèrent, ils ne se trouvaient plus qu’à quelques pas du bureau du concierge. Devant la porte, deux élèves étaient déjà là. Il reconnut sans en être certain la poursuiveuse de l’équipe de Poufsouffle, Charlotte Shelton. Le garçon avec elle arborait les couleurs de Serdaigle et lui ressemblait trop pour ne pas être son frère.

- Je n’ai pas fait exprès de faire exploser ce chaudron, Ju’ ! Était-elle en train de protester. MAIS FANGIRLAGE A FOND !!
- Lottie, tout le monde sait qu’on ne met pas d’œil de triton marin dans une potion Volubilis, le mélange avec les crocs de serpent provoquent une explosion !
- Il faut mettre un œil de triton d’eau douce, lança Sirius, amusé. Pas vrai, James ?

Le frère et la sœur sursautèrent. Remus, lui, se contenta de rouler des yeux en se souvenant de la catastrophe qu’avait provoqué James en jetant un œil de triton dans le chaudron de Rogue l’année précédente. Il pouvait presque encore entendre Lily crier. Ah cher James.

- Rusard nous attend ? Demanda-t-il à la jeune Poufsouffle.

Son visage s’embrasa et elle parut hésiter avant d’acquiescer précipitamment.

- Oui… dit-elle. Viens, Julian, on y va…
- Mais…
- Au fait Potter, bravo pour la finale. Beau match.

Elle tira son frère par la main et ils disparurent à l’angle du couloir. James souriait comme un imbécile et Sirius jeta ses mains vers le plafond, incrédule :

- Eh ! J’étais aussi dans l’équipe !
- Oui, mais tu n’es pas le capitaine qui a marqué onze buts à lui tout seul, nuança Peter, une note de fierté dans la voix.
- S’il a pu le faire, c’est parce que je le protégeais des cognards. T’entends, Cornedrue ? Tu n’es rien sans moi. En un sens c'est tellement vrai, ils sont tellement une partie l'un de l'autre ... Je me souviens que Cazo avait bien géré ça à un moment quand Lily était enceinte et que Sirius l'avait un peu mauvaise parce que James se construisait sans lui.
- C’est ça, Sirius… dit Remus patiemment. Nous te sommes tous immensément reconnaissant. On y va ?

Sirius se contenta de lui donner un coup dans l’épaule et Peter toqua à la porte avant de pousser le battant. Ils s’agglutinèrent à l’entrée du bureau, s’attendant à voir Rusard leur bondir dessus pour proférer des menaces, mais rien ne vint. Etonné, Remus s’avança légèrement. Le concierge n’était nulle part en vue, mais en périphérie de sa vision il distingua une silhouette dans l’ombre. Sa main se porta instinctivement vers sa baguette.

- Pas la peine, Lupin, lança une voix. Je veux simplement parler.

Ils pivotèrent tous vers la source du bruit et Peter recula jusqu’à heurter le bureau de Rusard. La silhouette émergea des ténèbres : Rogue. OK, je m'y étais pas attendue à cette apparition aprce qu'en fin de compte, Rogue est un personnage que tu as assez peu utilisé. Mais c'est cool de le voir quand même !

- Servilus, railla Sirius. Quelle désagréable surprise !
- Ca n’a rien d’une surprise, contra Remus, soupçonneux. Rusard ne nous a jamais convoqué, pas vrai ?

Rogue plissa les yeux.

- Toujours le plus perspicace, pas vrai Lupin ? Se moqua-t-il. Non, c’était moi. J’ai demandé à la petite Shelton de vous amener ici. En échange, je ne disais rien sur son chaudron explosé. Elle a voulu s’entraîner avant son examen de potions toute seule et sans autorisation. Ah, ceci explique cela ... On en entendra parler dans Ilvermorny?
- Et tu t’es dis que le bureau de Rusard était le lieu de rendez-vous idéal ?
- C’était le seul endroit où vous viendrez sans vous poser de questions. La force de l’habitude, non ? Quel enfoiré :lol: :lol: :lol:

A côté de lui, Remus vit James se crisper et serrer les poings. L’appréhension le gagna.

- Qu’est-ce que tu veux, Rogue ? S’impatienta-t-il.

Cette fois, le Serpentard parut hésiter une seconde. Il les regarda longuement tour à tour et Remus se demanda ce qu’il voyait. Quatre garçons qui lui avaient rendu la vie impossible ? Celui que la fille qu’il aimait avait choisi, celui qui avait manqué de le tuer pour une simple blague, celui qui était un loup-garou et celui qui se moquait de lui par automatisme ?
Pour la première fois, il regretta sincèrement la façon dont il avait traité Rogue toutes ces années. Il ne lui était pas sympathique, mais il prit conscience qu’il avait sans doute une part de responsabilité dans leur animosité. Il aurait dû retenir James et Sirius avec plus de ferveur quand l’un d’eux suggérait une farce humiliante… Je pense vraiment que ça a été l'un des regrets de la vie de Lupin. Je suis sûre que dans le 6 quand Dumby est mort de la main de Rogue, il y a repensé et s'est demandé s'il n'avait pas participé à faire de Rogue ce qu'il était en un sens. Bref.
Au bout de quelques secondes pourtant, Rogue se reprit et redressa le menton.

- Vous avez une dette envers moi, déclara-t-il. Et je viens la réclamer.
- Une dette ? Répéta James, incrédule. Depuis quand ?
- Depuis l’épreuve de potions du Tournoi où j’ai accepté de donner le remède à Lily. Demande à ton frère, Black. Il était là et ce sont ses mots : « Considère ça comme une dette. Si un jour on a besoin de quelque chose, tu te souviendras que Rogue et moi t’avons aidé aujourd’hui ». Ah bah c'est bien de réutiliser ça parce que je me demandais quelle allait être la dette en question, j'avais peeeur.

Remus fronça les sourcils. Il n’avait jamais su comment Lily avait réussi à obtenir le remède de la main de Rogue et il avait supposé, sûrement naïvement, qu’il lui avait donné en souvenir de leur amitié perdue. Il aurait dû se douter que Regulus, qui était là aussi pendant cette épreuve, n’aurait pas simplement cédé la trouvaille de Serpentard sans quelque chose en retour.

- Qu’est-ce que tu veux de Lily ? Gronda presque James.
- D’elle ? Rien. Menteur. Tu veux tout d'elle, même l'impossible. De vous, une promesse.

Déstabilisés, ils échangèrent des regards surpris. Peter, toujours en arrière contre le bureau, croisa les bras, l’air circonspect, tandis que Sirius paraissait échafauder cinq plans en même temps pour jeter un mauvais sort à Rogue. Quant à James, il ne faisait rien pour cacher son animosité, mais il veillait à ne rien laisser transparaître qui pourrait envenimer la situation.

- Viens-en au fait, s’impatienta Sirius. Quelle promesse ?

Rogue vrilla ses yeux noirs sur lui et un tic nerveux agita sa bouche avant qu’il ne détourne les yeux et reprenne la parole :

- On ne va pas se mentir. Vous savez aussi bien que moi ce qui se passera l’année prochaine. Ne perdons pas de temps à faire semblant… Comme dirait la Gazette, les « temps sont troubles », pas vrai ? Et d’après les rumeurs vous aimez jouer avec le feu, non ? Sauf qu’à force, c’est facile de se brûler… et tout le monde ne renaît pas de ses cendres. OOOOOOOH c'est beau Anna cette allusion voilée, super !!

Les mots cryptiques de Rogue firent frissonner Remus. Cela ne faisait aucun doute qu’il avait méticuleusement prévu cette rencontre et répété son discours. Aussi précis que lorsqu’il préparait une potion. Mais Remus n’était pas idiot. Rogue ne s’était pas découvert une âme de poète durant la nuit et la métaphore sur le feu et les cendres laissait peu de place au doute. L’initiative de Dumbledore commençait à se faire connaître dans les cercles concernés. Et si l’Ordre recrutait des jeunes à peine sortis de Poudlard, il ne voyait pas pourquoi Voldemort aurait des scrupules à en faire de même. Regulus Black en était la preuve. Putain ça me met toujours extrêmement mal à l'aise de me rappeler que Reg a été un Mangemort quoi.
Pourtant, Remus devait reconnaître sa surprise. Il connaissait Rogue et son attrait pour la magie noire, pour toutes les sortes de magie rare et complexe en vérité, mais il espérait que cela ne le pousserait à emprunter cette voie. Il voulait croire aux espoirs de Lily. Visiblement, c’était trop tard et la fascination de Rogue pour le pouvoir, la reconnaissance et l’obscurité magique l’avait emporté. Il se demanda combien de mangemort rejoignait Voldemort pour cela. Pour l’accès à des formes de magie enfouies que personne n’avait jamais osé explorer. Il se demanda surtout comment toutes ces personnes pouvaient cautionner ce que cela leur coûtait, le poids moral que cela représentait.
A ses côtés, le visage de James s’était contracté et il avança d’un pas, presque menaçant. Je trouve ça assez dingue, parce que des deux exemples qu'on a (Rogue et Reg), aucun des deux n'a rejoins Voldemort par conviction. Reg l'a rejoins par fidélité familiale et pour prouver sa valeur, Rogue par quête de puissance et de reconnaissance, par fascination du pouvoir magique, mais aucun des deux de l'a rejoins pour des raisons idéologiques (les nés-moldus ne valent rien). La bande à Voldy est vraiment hyper hétéroclite.

- Tu ne sais rien, Rogue, affirma-t-il d’une voix tranchante. Des mots, comme d’habitude. Des menaces en l’air.
- Ce ne sont pas des menaces. Tu sais très bien ce dont je parle. Et pour être honnête, ça m’est égal. Je serai même heureux de te voir consumer par cette guerre, Potter Olalala ce champs lexical du feu qui file la conversation ... Tellement douée Anna ! . Ca t’apprendra peut-être que tu n’es pas le centre du monde.
- Espèce de… siffla Sirius.
- Tu te fiches peut-être de nous, mais pas de Lily, intervint soudain Peter. héhéhé ! Le ptit Pete se rebelle

Ils se turent tous. Réduits au silence, ils se tournèrent vers Peter, toujours appuyé contre le bureau de Rusard, le plus loin possible de Rogue. Une lueur indéchiffrable brillait dans ses yeux et il sembla reprendre confiance en voyant l’attention de ses amis portée sur lui. Putain dire qu'un jour ils seront dans le même camp. Dire qu'un jour, Peter servira Rogue comme il a servi James. Je trouvais Rogue méchant avec Pettigrow dans le 6 à le traiter comme un esclave, mais il a du penser à toute ses fois où Peter étaient derrière James et Sirius à rire pendant qu'ils le martyrisaient.

- C’est ça ta dette, n’est-ce pas ? Continua-t-il d’une voix qui tremblait à peine. Tu veux qu’on la protège des gens comme toi. Qu’on fasse attention à elle. Et évidemment tu ne veux pas qu’elle le sache.

Remus en resta stupéfait. Si la conversation avait continué encore quelques minutes, il serait sûrement parvenu à la même conclusion que Peter, mais le fait que celui-ci ait réussi à deviner les intentions de Rogue le laissait sans voix. Il ne doutait même pas de l’affirmation de Peter. Le teint blême et l’œillade assassine du Serpentard étaient explicites.
En réalisant que Peter avait raison, James laissa échapper un rire incrédule dépourvu de tout humour.

- J’y crois pas, souffla-t-il. Tu n’as aucune limite, Servilus.

Le vieux surnom semblait avoir franchit ses lèvres par habitude.

- Ecoute-moi bien. Je n’ai pas de besoin de toi pour me dire de protéger Lily. Je ferai ce que tu as été incapable de faire, je la soutiendrai jusqu’au bout et je ne la décevrai pas. Tu peux garder tes airs énigmatiques et tes dettes, Rogue. Et la prochaine fois qu’on se verra, n’oublies pas une chose : Lily pense peut-être que tu es quelqu’un de bien au fond de toi, mais ce n’est pas mon cas. Alors ne l’approche pas.

Au fond des prunelles de Rogue brûlait une haine féroce. Par instinct, Remus vint se placer à la droite de James et Sirius l’imita aussitôt sur sa gauche. Tous les trois, ils formaient un mur déterminé, indéfectible, tandis que Peter assurait leurs arrières PUTAIN LE TABLEAU il est tellement fort et tellement significative, tu as traduit les Maraudeurs en une image, c'est tellement bien fait Anna t'es incroyable. . Rogue, lui, était seul comme il l’avait toujours été.

- Peu importe, lâche-t-il finalement. Crois ce que tu veux, Potter. Mais honore ta dette.

D’un coup d’épaule, il repoussa James et brisa leur ligne. Lorsqu’il passe devant Peter, il lui décocha un regard si glacial qu’il recula d’un pas, sa confiance envolée, et Remus ne pouvait lui reprocher. La porte se referma sur sa cape d’uniforme qui battit l’air sinistrement et son claquement résonna dans un bruit sourd.
En le voyant ainsi partir, Remus ne put s’empêcher de penser que son dernier acte envers eux aura été de vouloir protéger Lily malgré tout. Et son dernier acte dans la vie sera de protéger le sang de Lily ...
Sirius exhala fortement.

- Merlin ! Jura-t-il. Si je m’attendais à ça. Il est complètement timbré.
- Le culot, oui ! S’énerva James. Quel idiot. Je vous préviens, pas un mot à Lily.
- Tu es sûr ?

James remonta ses lunettes sur son nez.

- Pas maintenant au moins. Elle est assez stressée comme ça. Oh et Pete ?
- Oui ?
- Comment t’as su ? Pour ce qu’il voulait, je veux dire ?
- C’est vrai, ça ! S’exclama Sirius. C’est Remus notre psycho-mage d’habitude ! :lol: :lol: :lol: :lol:

Embarrassé, Peter rougit et tira les manches de son pull sur le bout de ses doigts.

- Je ne sais pas, ça me semblait logique… Je veux dire, on peut lui reprocher beaucoup de choses mais il s’est toujours soucié de Lily, non ?
- En la traitant de tu-sais-quoi ? S’indigna James. Tu parles ! Mais peu importe, je ne veux plus penser à lui, il m’a assez énervé. Quelle connerie cette histoire de dette…
- Je reconnais bien Reg là-dedans, maugréa Sirius en secoua la tête.
- Et dire qu’il a embarqué la petite Shelton là-dedans. Elle a grave dû flipper la pauvre Charlotte. En un sens c'est la première élève qu'il a terrorisé.
- Tu la défend seulement parce qu’elle a dit que tu avais fait un beau match, se moqua Peter.
- C’est faux, rétorqua James sans conviction.

Remus sourit. D’un mouvement souple, il ramassa son sac.

- On ferait mieux de filer avant que Rusard ne revienne vraiment, dit-il. Vous venez ?
- Attends, je vais vérifier où il est.

James plongea la main dans sa poche et en sortit la Carte. Du bout de sa baguette, Sirius se chargea de prononcer la formule et l’encre se répandit sur le parchemin. D’un même ensemble, ils se penchèrent tous au-dessus, leurs quatre têtes si proches qu’ils en bloquaient presque la lumière. Non mais t'as une plume pour les descriptions, je visualise toujours super bien, c'est à chaque fois des images fortes et percutantes !

- Là ! Indiqua Remus le premier. Il est encore dans les cachots. On a encore un peu de temps, on peut y aller.
- Non, attends, l’arrêta à nouveau James.

Il se tourna vers lui. Une lueur espiègle, que Remus n’avait pas vu depuis un moment, s’était allumée dans les yeux noisettes de son ami. Aussitôt, Sirius s’approcha à son tour, un rictus familier au coin des lèvres.

- Une idée, Cornedrue ?
- Je crois… Vous n’avez jamais voulu fouiller dans ces tiroirs ?

Intéressés, ils se tournèrent tous vers les étagères contre le mur. Classées par ordre alphabétique, chacune d’elles comportaient plus tiroirs étiquetés « Archives des punitions », « Rapports disciplinaires », « Objets dangereux », « Objets perdus » ou encore « Idées de châtiments ». Animé par son âme de Maraudeur, Remus ouvrit celui qui se trouvait devant lui, et en sortit un rapport disciplinaire au hasard. Le nom écrit maladroitement sur la pochette indiquait Dorcas Meadowes.

- Oh ! Chantonna Sirius. Intéressant.

Il feuilleta les quelques pages en diagonale.

- Le coup de poing à Mulciber, bien sûr, commenta-t-il. Le fait d’arme de Dorcas ! Oh je trouve ça trop mignon comment tu fais une petite rétrospective par de biais.
- Epique, approuva Peter.
- Eh ! Elle a été surprise un soir en dehors du dortoir avec Lucinda ! Lut James. Elle nous l’a jamais dit !
- Quelle cachotière.

Au ton de Sirius, Remus comprit qu’il serait ravi de se servir de cette information contre elle un jour pour l’agacer. Sans cérémonie, il remit le dossier à sa place et avança dans l’alphabet pour sortir celui de James, au moins cinq fois plus épais. Il siffla, impressionné.

- Ton héritage, Cornedrue, déclara-t-il solennellement.

Les autres éclatèrent de rire.

- T’avais vraiment jeté des bouts de pains dans le Lac Noir pour attirer le calamar ? Rit Peter.
- Ah oui ! C’était en troisième année. Il était à moitié sur la berge quand Hagrid est arrivé pour le repousser.
- Idiot, marmonna Remus. Y’a bien que toi pour avoir des idées pareilles.
- C’était celle de Sirius je crois…
- Evidemment.

Au détours des différents dossiers, ils apprirent qu’Alexia avait fait exploser un carreau de la serre n°2 en quatrième année en voulant jeter un sort à l’écharpe d’Alice qui s’effilochait ; que Lily n’avait qu’une seule remarque pour être arrivée en retard à un cours de Sortilège en première année après avoir erré dans le château pendant deux heures, perdue ; et que Regulus avait un jour claqué la porte du Hall sur les doigts de Rosier par « mégarde » selon son témoignage, ce qui lui avait valu une semaine de retenu. Sirius, qui avait hésité avant de se saisir du dossier de son frère, avait affiché un sourire indéchiffrable en lisant l’anecdote sans faire de commentaire. that's my brother" Non mais c'est adorable franchement.

- Bon les gars, il faut vraiment y aller maintenant. Il nous reste une heure avant le banquet et Rusard doit remonter des cachots maintenant.

Un coup d’œil à la Carte lui apprit qu’il avait raison. Ils se dirigeaient tous vers la porte quand James se figea, les yeux rivés sur le parchemin. Surpris, Peter manqua de lui rentrer dedans.

- Qu’est-ce que tu fiches ?
- J’ai une dernière chose à faire je pense…
- Quoi ?

Sans un mot, James se retourna et retraversa le bureau vers les étagères. Lentement, il ouvrit le tiroir « Objets dangereux », puis baissa à nouveau le regard vers la Carte. Une émotion étrange jouait sur son visage.

- Cornedrue ? Appela Sirius.
- On va partir, non ? Dit James dans un souffle. Elle ne nous servira plus…
- Mais…
- Et comme tu l’as dit Remus, c’est notre héritage pas vrai ?

Comprenant où il voulait en venir, Remus sentit une boule naître dans son ventre. Résolu, il échangea un regard avec Sirius et Peter et ils hochèrent la tête d’un commun accord, se passant de mots.

- Pour les futures générations de fauteurs de trouble, approuva Sirius.
- Les Maraudeurs les guideront ! Renchérit Peter.
- Les blagues et les farces continueront à Poudlard au nom de Patmol, Lunard, Queudver et Cornedrue, ajouta Remus.

Fort de leur approbation, James effleura le parchemin du bout de sa baguette.

- Méfaits accomplis, murmura-t-il. Tu sais que j'ai genre un sourire hyper ému et les larmes aux yeux?

Lentement, sous leurs yeux, les traits noirs commencèrent à s’effacer. Les couloirs, les étages et les élèves du château s’évanouirent en même temps que l’encre. Comme un dernier au revoir, la Carte se réduisit jusqu’à ne laisser que la représentation d’un espace réduit au rez-de-chaussée. Le bureau de Rusard. Leurs quatre noms, si proches qu’ils s’entremêlaient presque, étincelèrent brièvement avant de s’effacer eux aussi, emportant leur véritable identité. Et il ne resta plus qu’un simple parchemin dans les mains de James. Un parchemin si banal et si extraordinaire à la fois.
Avec révérence, James le déposa dans le tiroir et le referma sans attendre, sûrement par peur de changer d’avis. Enfin, ils sortirent du bureau avec l’impression de tourner une page d’eux-mêmes.
Tous les quatre alignés devant la porte, ils ne bougèrent pas pendant de longues secondes.

- Regardez nous ! S’exclama brusquement Sirius. On a l’air de vrais idiots. Ça suffit !
- T’as raison, se reprit James. On bouge.
Cette scène Anna. Elle est tellement émouvante ... C'est magnifiquement bien décrit. C'est un au-revoir à la fois à Poudlard avec le chateau qui s'efface mais également à leur enfance et leur adolescence, les gamins qu'ils ont été et qui ont crée cette carte pour faire les pire conneries. Maintenant il est tant de grandir et de laisser la carte et les conneries derrière eux ... PUTAIN QUE C'EST BEAU dans son écriture et son symbolisme magnifique !

Et sur ces simples mots, ils s’éloignèrent, plus légers. Remus se rendit compte qu’il mourait de faim et attrapa le poignet de Sirius pour regarder sa montre, celle offerte par les Potter pour ses dix-sept ans. Les étoiles du cadran accrochèrent la lumière et il vit avec satisfaction que les portes de la Grande Salle n’allait pas tarder à ouvrir. Même si le repas ne serait pas servi avant un moment, il pourrait grignoter la tablette de chocolat noisette qu’il avait dans son sac, cadeau de Lily avant l’épreuve de métamorphose.
Il réalisa qu’il ne l’avait pas vu à la fin de l’examen. Elle avait dû repartir avec les filles, mais il ne se fit aucune inquiétude. Elle aurait minimum un Effort Exceptionnel. Il aurait aimé aussi retourné voir McGonagall, au moins pour la remercier. Il se promit de se rendre à son bureau demain pour lui raconter son épreuve.

- Non, Pete, tu ne peux pas m’être passé devant à la bataille explosive. J’avais des points d’avance !
- Que tu as lamentablement perdu face à Sirius à Pâques.
- Impossible, fais voir le carnet.
- Il est dans le dortoir, tu verras par toi mê… Oh salut Dalen !

Remus releva la tête si vite que sa nuque protesta. Anaïs Dalen arrivait vers eux en sens inverse, sa cravate bleue et bronze dénouée autour de ses épaules et ses cheveux blonds ramenés en arrière. Elle leur adressa un sourire et s’arrêta.

- Salut ! Votre épreuve de métamorphose s’est bien passée ?
- Dans la poche, assura Sirius.
- Tant mieux.

Elle se tourna vers lui.

- Ca fait un moment qu’on ne s’est pas vus, désolée les Aspics m’ont un peu accaparé.
- Je comprends… moi aussi… balbutia-t-il nerveusement.

En périphérie de sa vision, il vit ses trois amis rouler des yeux, désespérés.
- T’as le temps de parler cinq minutes ? S’enquit-elle. Juste pour discuter un peu.
- Oh… Oui avec plaisir. Je vous rejoins dans la Grande Salle, les gars. C'est bien de mettre un point final à cette histoire aussi.
- Pas de problème ! Et attention aux placards, railla Sirius, goguenard.

Remus rougit. Il se souvenait parfaitement de leur mésaventure, coincés tous les deux dans un placard pendant plus d’une heure à cause du chat de Marlène. Sirius avait pris soin de les laisser attendre avant de les libérer. Anaïs devait aussi ce souvenir de cet épisode malencontreux car elle détourna le regard, gênée, jusqu’à ce que les Maraudeurs disparaissent à l’angle du couloir.
Lorsqu’elle osa lever les yeux vers lui à nouveau, une légère couleur rosée colorait ses joues.

- Encore désolée d’avoir un peu disparu ces derniers temps. Tes cours de soutien était vraiment géniaux, mais j’avais plein de choses à gérer… T'essaie de te justifier Anna, avoue?
- Vraiment, ce n’est pas grave ! Moi aussi l’année a été assez chargée.
- Tu sais qu’on m’a demandé de transformer un hérisson en pelote d’épingles pour mon épreuve de métamorphose ?
- Sérieusement ? Et alors… ?

Ils avaient travaillé cet exercice ensemble pendant des semaines durant leurs dernières semaines de cours et il eut le plaisir de la voir afficher un grand sourire.

- Parfaitement réussi, se vanta-t-elle. J’ai fait quelques erreurs, mais ce sortilège était maîtrisé !
- Je suis fier de toi ! Se réjouit-il. Oh et au fait je crois qu’on ne s’est pas vraiment croisés depuis, mais encore merci pour l’écharpe que tu m’as offert pour mon anniversaire. Je l’aime beaucoup.

Anaïs rayonna.

- Ca me fait plaisir, dit-elle. Et tu sais ce que tu vas faire l’année prochaine ?
- Pas tout à fait, mentit-il. C’est un peu compliqué, mais j’ai plusieurs pistes à approfondir pendant l’été. Et toi ?
- Je pars à Dublin. Un institut pour sorciers et sorcières diplômés proposent plusieurs formations, des stages, des choses comme ça… J’ai envie de changer d’air aussi.

Instinctivement, Remus ne put s’empêcher d’être déçu. Il avait espéré qu’elle resterait près de Londres et qu’ils auraient pu se voir de temps en temps. Après la distance chez les sorciers n'est pas du tout la même que chez les moldus ... Je veux dire, à partir du moment que tu transplanes, que tu habites à Glasgow ou à Dublin, on s'en fiche ahah Elle parut le deviner car son sourire s’estompa.

- Je pense que ça sera compliqué de se voir régulièrement… Mais on pourra s’envoyer des lettres ?
- Bien sûr, oui… ça me fera plaisir.
- Génial. Tu sais… Si je ne partais pas, j’aurais bien aimé… enfin tu vois…

Entre les mots et les hésitations, il devina ce qu’elle voulait dire. Ce qu’il aurait lui-même voulu dire s’il n’apprêtait pas à s’engager auprès de l’Ordre. Et que tu n'étais pas un loup-garou qui se refuse au bonheur?

- Je sais, souffla-t-il. Moi aussi.

Un long silence s’étira entre eux, rempli des possibilités qui auraient pu être mais ne seraient jamais Cette phrase est tellement belle Anna ... . Finalement, Anaïs fit un vague mouvement de main et dit :

- Bon, je ferais mieux d’aller rejoindre mes amis. Ils m’attendent dans la salle commune avant le dîner. J’ai été contente de te parler en tout cas, Remus. Et encore merci pour tout ce que tu as fait pour moi.
- Plaisir partagé. Prends soin de toi et bonne chance pour l’année prochaine.
- Merci…

Le cœur léger et lourd à la fois, il amorça un geste pour s’éloigner, mais la voix de la jeune Serdaigle le retint.

- Remus ! Appela-t-elle.
- Oui ?
- Une dernière chose… Pour ce que ça vaut… Je savais et…ça ne change rien. POUAHAHAHAHAHA

Il se figea. Perplexe, il fronça les sourcils, son esprit divagant immédiatement vers une idée… mais c’était impossible. Elle ne savait pas…

- Tu savais ? Répéta-t-il d’une voix rauque. Tu savais quoi ?

Elle parut mal à l’aise et jeta un regard incertain autour d’eux. Puis, très lentement, elle répondit dans un murmure.

- Rien de particulier. Juste, tu ne trouves pas que les pleines lunes sont magnifiques ? La lumière nocturne dans le parc est vraiment belle, on voit tout depuis la tour de Serdaigle. POUAHAHAHAHAHAHAHA la Serdaigle est intelligente ahah

Sur ces mots, elle tourna les talons. Comme foudroyé sur place, il la regarda s’éloigner sans la retenir, incapable de comprendre pleinement ce qu’elle venait de lui faire comprendre à demi-mots Je pense au contraire que c'est très clair mon cher Remus. . Dans un état second, il se remit en marche vers la Grande Salle et traversa le Hall sans s’en rendre compte. Il avait mis les pieds dans la salle commune de Serdaigle une seule fois lors d’une fête organisée en cinquième année. Il avait fait plus attention au dôme parsemé d’étoiles qu’à la vue sur le parc, mais il réalisa que la tour donnait sur le saule cogneur. Anaïs l’avait-elle vu une nuit de pleine lune par un soir d’insomnie ? Ou avait-elle deviner comme Lily en assemblant les indices et en regardant les calendriers lunaires ? Dans un cas comme dans l’autre, elle l’avait accepté. Elle n’avait rien dit à personne et avait gardé le silence même envers lui, elle avait continué à venir à leurs cours de soutien et à lui parler normalement. Les larmes aux yeux, sans savoir si c’était de peur, de colère ou de joie, Remus entra dans la Grande Salle.
Instinctivement, il se laissa guider par les rires de Sirius pour retrouver ses amis. Les filles étaient déjà là aussi et Alexia était en train d’imiter son inspecteur de métamorphose. Elle s’interrompit pourtant d’elle-même en le voyant arriver.

- Oh Remus, ça s’est mal passé ? S’inquiéta-t-elle. Tu as loupé un sortilège ?
- Non… Non désolé, je pensais à autre chose.
- Mais ça va ? Insista Lily, les sourcils froncés.
- Oui oui, la rassura-t-il, je vais juste prendre un peu de chocolat.

Joignant le geste à la parole, il posa devant lui la tablette qu’elle lui avait donnée et croqua doucement dans un carré. Le goût savoureux de la noisette se répandit sur sa langue. A sa gauche, Peter lui donna une tape réconfortante dans le dos et glissa un petit carnet vers lui.

- Je suis allé le chercher au dortoir, dit-il. Regarde, ça va te remonter le moral ! Tu es premier à la bataille explosive.

Remus sourit.

- Et encore une victoire ! James, Sirius, vous me devenez deux noises.
- Tu m’énerves, Lunard, maugréa James.

Alors qu’il empochait ses gains, Remus décida de reléguer le cas d’Anaïs Dalen au fond de son esprit. Ce n’était pas le
moment et il était heureux de la façon dont les choses s’étaient terminées. Il la reverrait peut-être un jour, mais les destins se croisaient parfois sans se rejoindre. Il n’avait qu’à être patient.
Sur cette pensée philosophique, il avala un nouveau carré de chocolat juste au moment où les plats apparaissaient. Ravi, il allait se jeter sur l’entrée la plus proche lorsque Dumbledore se leva et se rapprocha du pupitre. Les élèves se tournèrent vers lui, impatients. Pour une fois, le repas n’était pas au cœur des préoccupations.

- Bonsoir à tous, déclara-t-il de sa voix puissante, sa barbe planche impeccablement en place. Je ne vais pas vous faire l’affront d’étirer ce moment en un long et ennuyeux discours. Tout le monde ici brûle, j’en suis sûr, de connaître le fin mot de ce Tournoi. Avant d’annoncer les résultats, j’aimerais toutefois féliciter chacun et chacune d’entre vous. Au-delà de l’équipe de chaque maison, tous les élèves ont participé à cette compétition en soutenant leurs champions, en gagnant des points et en aidant les autres. Cet esprit d’entraide est votre plus grande ne l’oubliez jamais.

Le regard de Remus dévia vers la table des Serpentard. Rogue et Regulus étaient assis à quelques mètres l’un de l’autre. Au début de l’année, il n’aurait jamais cru que ces deux-là les aideraient. Pourtant, malgré tout ce que Dumbledore pouvait dire, il n’était pas sûr que l’entraide serait encore possible une fois dehors.

- Mais passons à ce que vous attendez : le classement.

En face de lui, Remus vit James et Sirius se mettre à faire un bruit de tambour. Imités par plusieurs élèves, une tension joyeuse monta d’un cran.

- Merci bien, dit Dumbledore, amusé. Les points sont donc la combinaison de ceux remportés durant les cinq épreuves et ceux récoltés tout au long de l’année. Avec 670 points et n’ayant pu terminer la dernière épreuve à cause de… circonstances particulières, Serpentard est quatrième. Leur détermination durant tout ce Tournoi mérite d’être grandement saluée. Bravo Serpentard.

D’abord timides, les applaudissements se renforcèrent. Surpris, Remus regarda autour de lui. Les autres ne le faisaient visiblement pas de guetter de cœur, mais ils avaient l’air de vouloir mettre un point d’honneur à être fair-play. Seule Marlène, un peu plus loin à sa gauche, applaudissait avec ferveur, le regard rivé vers Regulus qui eut un rictus amusé en la remarquant. On peut toujours compter sur Marlène ahah. J'adore cet échange de regard ;) ;) Personne d’autre ne paraissait pourtant avoir remarqué ce bref échangé et Remus détourna les yeux.

- La bataille pour la troisième place a été rude. Seuls dix points séparent les troisièmes et les deuxièmes.

Tout le monde retint son souffle.

- Mais avec 730 points, Serdaigle remporte la troisième place. Leur esprit d’initiative aura été sans pareil. Félicitations à eux.

Cette fois-ci, une véritable vague de déception déferla dans les rangs à la table des bronze et bleu. Les autres eurent beau applaudir, les expressions dépitées en disaient long. Remus ne put que partager leur peine en pensant à Tiberius Ackerley. Il remarqua que le présentateur de Quidditch n’était même pas descendu dîner et son ventre se serra.

- Avec peu d’avance donc, mais suffisamment pour se hisser à la seconde place avec détermination et travail : Poufsouffle et 740 magnifiques points ! ... T'aurais pas pu nous faire gagner, hein? Pourquoi il faut TOUJOURS que ce soit Gryffondor qui gagne?

Une explosion de joie retentit à la table des Poufsouffle, incrédules d’avoir réussi à battre Serdaigle sur les points scolaires DANS VOTRE FACE LES SNOB MOUAHAHHAHA. Au loin, Remus vit même Charlotte Shelton adresser un sourire narquois à son frère, renfrogné beaucoup trop drôle :lol: :lol: :lol: :lol: . Autour de lui, le bruit était assourdissant. Les Gryffondor avaient naturellement compris que la victoire leur appartenait et n’attendaient pas l’annonce du directeur pour exprimer leur joie. Des chapeaux étaient lancés en l’air, voltigeant sous les bougies étincelantes et Remus sentit l’euphorie le gagner alors que Lily se jetait dans ses bras.

- On a gagné !
- Gryffondor ! Gryffondor ! Chantèrent les élèves.

Sur l’estrade des professeurs, Dumbledore souriait.

- Un peu de clame, s’il vous plait…

Peine perdue. Les élèves continuèrent à scander le nom de leur maison et Dumbledore se décida donc à parler au-dessus du vacarme pour annoncer avec force :

- Le Tournoi est donc remporté par la maison Gryffondor. 785 points ! J’appelle l’équipe à venir chercher son trophée.

Il renchérit son invitation d’un geste bienveillant et Remus se leva mécaniquement, accompagné de Lily, James, Sirius et
Mary McDonald. Tous les cinq, ils remontèrent entre les tables sous les applaudissements jusqu’à l’estrade où le professeur Dumbledore les attendait, le trophée dans les bras. Légèrement plus grand que celui de Quidditch, il était tout en or, et une plaque gravée sur son pied indiquait : « Gryffondor – Vainqueur du Tournoi de Poudlard – 1978 » le seul et l'unique ahah .

- Pour votre assiduité, votre inventivité, vos talents et votre esprit d’entraide ; je vous remets ce trophée au nom de l’école en vous félicitant à nouveau.

Avec fierté, James s’empara du trophée et le souleva à bout de bras. Tous les Gryffondor bondirent sur leurs pieds pour crier leur joie. Remus regarda James faire un tour d’honneur le long de l’estrade, habitude acquise grâce au Quidditch, et Lily soupira sans cesser de sourire. Il lui donna un coup de coude, histoire de lui faire comprendre qu’elle pouvait indulgente et que James avait bien le droit de se pavaner juste ce soir.
Dans le fond de la salle, plusieurs personnes scandèrent leur nom et demandèrent à lever le trophée plus haut pour qu’ils puissent mieux voir. James tenta bien de se mettre sur la pointe des pieds, sans succès, et Sirius s’avança alors. Il fit signe à James de monter sur ses épaules. Catastrophés, Remus se précipita avec Lily pour aider James à monter sans se casser la figure :lol: :lol: :lol: :lol: . Emporté par l’euphorie générale, il ne put que rire en voyant James tanguer dangereusement mais Sirius le maintenu avec force pour qu’il puisse lever le trophée bien haut.

- J’aurais été moins lourde à porter, Lily aussi, remarqua Mary en riant. Quels imbéciles !
- Tu ne voudrais pas enlever une occasion à James de faire l’intéressant ? Rétorqua-t-il de bon cœur.

Comme pour lui donner raison, et à peine redescendu au sol, James se dirigea vers le professeur McGonagall. Cérémonieusement, il mit un genou à terre et lui présenta le trophée sous l’œil amusé de tous leurs camarades. Quelqu’un siffla dans la foule. :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: L'image est totalement tordante :lol: :lol: :lol: :lol:
ça me rappelle les intés de prépa, on devait faire des actions pour impressionner le BDE et établir après un classement des classes (on a fini dernier alors qu'on avait gagné plein d'épruve, grosse arnaque) et l'année d'avant nous un gars avait demandé la directrice adjointe en mariage devant tout le monde ahah


- Pour vous, professeur, déclara-t-il. C’est aussi votre victoire.
- Oh allons, Potter, relevez-vous, rabroua McGonagall, même si un sourire franc et rare ourlait ses lèvres. Croyez bien que ce trophée va se retrouver en bonne place dans mon bureau. Mais ce n’est pas devant moi que vous devriez mettre un genou à terre, surtout devant miss Evans. :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: Mais je suis morte :lol: :lol: :lol: :lol:

Remus éclata de rire devant la tête de James, choqué par cette soudaine répartie. Ecroulé contre Sirius qui riait aussi, ils virent leur professeur McGonagall tendre ensuite le trophée à Mary qui le passa elle-même au premier élève de Gryffondor derrière elle. De main en main, il traversa la table sous les applaudissements et Remus ne sentit jamais aussi fier que d’appartenir à cette maison.

Voilà, cette fois c'est bon ^^
Et petite note: les personnages de Julian et Charlotte Shelton seront dans ma nouvelle fanfic qui arrivera bientôt ! :D


C'ETAIT TELLEMENT BIEN ANNA ! Le chapitre qui manquait, qui conclut vraiment énormement de chose et qui permet de rester une note positive !
Je l'ai adoré, vraiment ! J'ai adoré qu'il soit entièrement du point de vue Remus parce que j'adore Remus et que c'était un point de vue parfait pour tout régler (notamment d'avoir un point final pour lui et Anaïs ahah). Gros plus pour le moment où ils rendent la carte, comme si en un sens elle ne leur appartenait pas à eux mais à Poudlard (j'ai jamais compris pourquoi Harry n'avait pas donné la carte à Ginny dans le 7), j'ai trouvé cette scène plein de symbole et de force, c'était magnifique !
Et bien sûr, c'est un bon magnifique vers l'histoire des Shelton QUE J'ATTENDS AVEC LA PLUS GRANDE DES IMPATIENCES ahhahahahhah

Bref, c'était génial !
PtiteCitrouille

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

oH mAiS çA aLoRs J'aVaIs PaS vU cE cHaPiTrE c'EsT FoU #mauvaisefoi
Chapitre XXXVIII : Méfaits accomplis
aww :cry: :cry:

Toi aussi tu finis ta fanfic sur le pdv de Remus ? Il est bien hein, pour avoir une vue d'ensemble sur la situation générale, tu trouves pas ? :lol:
un dilemme moral sur lequel il préférait éviter de se pencher
tuto Remus pour faire l'autruche
les Maraudeurs décidèrent donc de mettre l’affaire Elizabeth derrière eux et de se concentrer sur leurs ASPIC.
tuto Remus appliqué avec succès :D
ils étaient revenus en catastrophe la récupérer au moment où la bibliothécaire refermait les portes.
au pire elle connaît le chemin vers sa salle commune non ? :lol: :lol:
A l’avant du rang, Lily adressa un signe ironique de la main à James.
pourquoi dans ma tête elle lui envoie un doigt d'honneur ?
Elle est tombée dans les escaliers ou quoi ?
un escalier appelé Regulus alors
Livia Fawley sortait encore avec Regulus.
heu qwa ? J'avais oublié ce léger DETAIL
Charlotte Shelton
REFERENCE SPOTTED
Elle m’a dit que Rusard lui avait demandé de vous faire passer le mot qu’il vous veut dans son bureau à 14h, après l’épreuve pratique.
Oh naaaaan il va confisquer la caaaarte (je me rappelle chez Cazo ça m'avait brisé le 'tit cœur)
- Ca doit être Sirius, dénonça Peter.
"dénonça" HEIN
Pris par le stress, il se vida l’esprit et se remit à réciter à voix basse son cours.
typiquement il me stresserait à fond lui
Le garçon avec elle arborait les couleurs de Serdaigle et lui ressemblait trop pour ne pas être son frère.
SECOND REFERENCE SPOTTED
Sauf qu’à force, c’est facile de se brûler… et tout le monde ne renaît pas de ses cendres.
C'est beau, mais très drama mon petit Rogue :lol: (bon et du coup y a pas de carte confisquée) comment il indique joliment que l'Ordre, c'est pas une surprise pour lui
le fait que celui-ci ait réussi à deviner les intentions de Rogue le laissait sans voix.
comme quoi..
Crois ce que tu veux, Potter. Mais honore ta dette.
c'est quand même vicieux, parce que James va toujours avoir l'impression de respecter la dette de Rogue quand il protégera Lily
Mais sinon Lily peut se défendre toute seule, elle va envoyer bouler le 1er qui veuille le faire à sa place :lol:
- Eh ! Elle a été surprise un soir en dehors du dortoir avec Lucinda ! Lut James. Elle nous l’a jamais dit !
sinon la vie privée vous connaissez ? ^^' :lol:
Regulus avait un jour claqué la porte du Hall sur les doigts de Rosier par « mégarde » selon son témoignage,
je suis pliée :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: il a dû tellement douiller Rosier :lol: :lol:
- Et comme tu l’as dit Remus, c’est notre héritage pas vrai ?
ooooooooohh OOOOH très bonne idée !! c'est vrai qu'on part toujours du principe que la carte a été confisquée mais le canon ne le dit pas ! Et au lieu de pas savoir quel enfant de Maraudeur hériterait de la Carte, ce sera au plus maraudesque des futurs étudiants d'en hériter, parce que seul un blagueur ira fouiller dans ce tiroir ! Géniiiiiiiie
- Méfaits accomplis, murmura-t-il.
putain mais c'est normal que je ressente de la peine pour une carte ?
le paragraphe du dessous oooh trop trop beau, je m'imaginais la scène, comme dans un film je visualisais parfaitement, avec les Maraudeurs qui s'évanouissent dans un nuage de brume (exactement comme dans HP6 avec le souvenirs quand les personnnages disparaissent et Harry et Dumbledore ressortent de la Pensine)
- Non, Pete, tu ne peux pas m’être passé devant à la bataille explosive. J’avais des points d’avance !
- Que tu as lamentablement perdu face à Sirius à Pâques.
- Impossible, fais voir le carnet.
POUAHAHAHAHA est-ce que c'est nous avec les quiz HP ?? :lol: :lol: :lol: :lol: j'adore :lol:
Et attention aux placards, railla Sirius, goguenard.
oh le gros lourd :lol: :lol: :lol:
Je pars à Dublin
IIIIIRLAAAAAANNNNDE
- Génial. Tu sais… Si je ne partais pas, j’aurais bien aimé… enfin tu vois…
moiiiii auuuussiiiiii :cry: :cry:
La lumière nocturne dans le parc est vraiment belle, on voit tout depuis la tour de Serdaigle.
vos sorties nocturnes ? j'ai tout crâmé :lol: :lol: :lol:
Non mais j'adoooore qu'elle dise ça, ça apaise vachement le truc, même si du coup, leur relation pourrait un peu fonctionner puisque la peur principale de Remus c'était sa lycanthropie (bon ok y a l'Ordre et Dublin ET ALORS ??)
- Je suis allé le chercher au dortoir, dit-il. Regarde, ça va te remonter le moral ! Tu es premier à la bataille explosive.
Remus sourit.
- Et encore une victoire ! James, Sirius, vous me devenez deux noises.
- Tu m’énerves, Lunard, maugréa James.
Remake:

- Je suis allé le chercher au dortoir, dit-il. Regarde, ça va te remonter le moral ! Tu es première aux quiz HP.
Perri sourit.
- Et encore une victoire ! Clémence, Cazo, vous me devez deux noises.
- Tu m'énerves, Perri, maugréa Clémence." (pardon Marion t'es Peter)
de guetter de cœur,
tu nous as fait quoi là Marion ?? :lol: :lol: :lol:
- Pour vous, professeur, déclara-t-il. C’est aussi votre victoire.
CALIENNNN..
Non non trop chelou argh
Mais ce n’est pas devant moi que vous devriez mettre un genou à terre, surtout devant miss Evans.
POUAHAHAA bim bim bim :lol: :lol: :lol:


C'était troooop bien Marion, effectivement ça fait trop plaisir d'avoir une conclusion comme ça, ça recouvre tout ce qu'on voulait, c'était parfait ! Et toujours aussi bien écrit ! *-*

Et COMMENT CA t'as une nouvelle fanfic en cours ? Oh la la dis donc je-ne-savais-pas quelle surpriiiiise :o
Trêve de plaisanterie j'ai trop hââââte de voir Juliaaann !!

Gros bisous !!
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Allez j'ai que 5 mois de retard c'est rien :roll:
Partie 2 let's go (commentaire hybride un peu chelou je te préviens)

Mais ils sont sérieux, ils partent sans la baguette de Reg :lol: c'est quoi leur souci
elle pivota sur ses hanches
J'ai eu une image TRES bizarre dans la tête
Maugrey va être furieux.
Mais lol Maugrey est toujours furieux

J'aime trop la discussion entre les membres de l'ordre sur Sirius. Je sais pas, elle rend bien haha, j'aime les répliques voilà
- Un gamin de seize ans qui avait le poids du monde sur ses épaules et qui venait de vivre son premier chagrin d’amour.
J'adore cette phrase (la gênance pour Reg pouahahha)

J'aime trop que tu montres l'évolution de Marlène, la façon dont son caractère a changé d'adolescente à jeune femme

La scène de leur fuite est super bien décrite, j'étais stressée pour eux !
J’espère que Maugrey ne va pas lui beugler dessus pendant des heures à cause de ça…
Il va avoir peur
Avec toi, je préfère formuler l’incantation avant de jeter le sort.
Jolie formule !
- Punir Père de ne pas être comme Fleamont Potter ? Continua-t-il, haletant, comme s’il n’avait pas été interrompu. Tu voulais me punir de ne pas être James ? Qu’est-ce qu’on t’a fait qu’on n’a pas tous subi, Bella, Meda, Cissy et moi ? De quel droit tu crois pouvoir tout remettre en question ?
Ca fait mal ce paragraphe. C'est tellement cool ce que t'as fait de Reg !
Et la réponse de Sirius, c'est vraiment cool que tu aies creusé tout ça
En parlant de Marlène…
- Pitié tais-toi…
- Oh allez ! Tu…
- Kreattur !
Cette fuite :lol:
- Marlène est blonde, rétorqua-t-il immédiatement, l’air fier de lui. Après, je n’ai pas regardé sa poitrine… mais toi peut-être que si ?
Hahahahahah je meuuuuuuuuuuurs
si tu te poses la question de savoir si tu l’aimes, la réponse est sûrement positive, sinon tu ne te la poserais même pas.
Belle leçon de vie Anna' :lol:
l’herbe avait remplacé le parquet
LE PARQUET
- Tu comptes nager en ayant les deux mains prises ? Interrogea Regulus, espérant qu’il lui rendrait enfin sa baguette.
C'est bon c'est des baguettes pas une armoire en chêne massif dans chaque main :lol:
- C’est un elfe de maison, Reg ! Il est là pour ça. Et puis, il le mérite.
Sirius est abject parfois
- J’ai menti, admit-il sans sourciller. Bon, où est-ce que je mets mon sang si noble et précieux ?
Il est abject mais il me tue :lol:
Sirius n’était pas supposé être celui qui risquait Azkaban, bien au contraire. Il était le héros.
Ca fait mal ça Anna
a première qui apparut dans les brumes de son esprit fut Gemma Ackerley.
Noooon c'étiat horrible cette scène
l levait son verre, arrogant et furieux, avant de claquer la porte sans rien emporter qui appartenait à la famille. En le laissant derrière.
La conclusion est horriiiiiiiiiiible
Il aurait pu la tuer. Il aurait dû. Il n’avait pas pu.
Ca aussi aaah ce rythme Anna
il se traîna jusqu’au bord de l’eau et y plongea la main. L’eau fraîche lui éclaircit les idées.
ERREUR FATALE
Et tout devint noir.
Du coup j'ai la suite dispo mais violent ce suspens que t'as fait aux gens :lol:

Super 2e partie Anna', j'ai adoré la discussion au QG et celle des deux frères dans la chambre de Sirius ! Et puis tes descriptions sont oufs aussi (le parqueet) (en vrai je parlais surtout de la description de la fuite haha, et l'effet de la potion sur Reg) Bref, ça m'avait manqué un peu ton écriture ! Je commente la fin dans bientôt, puis le chapitre supplémentaire et peut-être que quand j'arriverai pour Djoulianne on en sera au chapitre 10 :lol:
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Partie 3 c'est partiiii

Je te préviens ça va être un commentaire comme ceux que je faisais à Perri pour les EDG, donc tu vas rien comprendre :lol:

Pouahahah, le "c'était celle de James Potter" on dirait qu'il est tombé dans un univers parallèle
:lol: Slughorn et les ananas confits :lol: T'es marrante un peu Anna'
J'avoue ça paraît complètement wtf quand James le présente comme "caverne et objets mystérieux dont Dumbledore refuse de parler"

GEEENRE c'est Kreattur qui a fait partir les Inferi je m'y attendais pas (mais c'est logique hein, j'oublie souvent que les elfes sont quand même super puissants) Ah bah voilà t'en parles :lol:
Sirius est quand même horrible avec Kreattur (même si c'était un peu marrant quand il lui propose de s'occuper de l'entaille) (en fait non)
DEGUEUUUU La morsure (à qui j'ai fait ça dans ma fic ? Benjy ? Gideon ? Je sais plus haha)
C'est horrible quand ils sont à Square Grimmaurd et qu'il souffre aaaaaaaaaaaah, avec SIrius qui panique en plus c'est trop parlant
Je pense…
- Arrête, ça n’a jamais été ton fort ! Debout, viens !
Mais Sirius :lol: :lol: :lol: :lol:

NAAAAN mais Anna' c'est horrible cette scène quand ils sont dans l'herbe làààà c'est trop triste et trop bien écrit

Quand Marlène raconte la scène de leur départ pouahahha
Et ça :
Lily n’a jamais autant juré.
- Quoi ? S’indigna Regulus.
On dirait qu'il est choqué que Lily jure :lol:

James et Sirius <3
Je serais mort si Sirius n’avait pas été là, dit-il en plantant ses yeux dans ceux de Marlène. J’aurais dû mourir… j’aurais dû mourir en emportant l’Horcruxe avec moi.
C'est bizarrement horrible de lire ça en sachant que c'est un UA
Ca claque comme phrase en tout cas

"Avant de passer un coup de cheminette" haha, j'avoue au début j'ai cru qu'elle parlait d'un produit de ménage

Comment Marlène demande des comptes à Dumbledore :o :o
Descendre dans cette caverne et dérober l’Horcruxe avaient été son dernier choix, un choix que personne ne pouvait lui enlever ou ne lui avait dicté.
Comment t'as compliqué sa vie en le faisant pas mourir :lol: Je crois qu'il aurait préféré que tu le laisses tranquille
Secrets les plus sombres des forces du Mal.
Nos titres de bouquins sont toujours absurdes je trouve :lol: (je dis ça en toute amitié hein)

Le nombre de fois où Reg dit "Sirius!" en italique, ça me tue :lol: :lol:

MAAAAAAAAH JILY QUI SE MARIIIIIIIIE (je me sens concernée) (j'ai un sourire niais sur le visage, et pas parce que c'est Jily) (j'ai trop hâte d'être demain, on le dit ça ses parents)

"c'est sérieux, Sirius" pas besoin de dire son nom deux fois (je sors)
La lettre vient des Etats-Unis.
Djoulianne ?
OOOOH ELIZABEEEETH c'est trop mignon, j'ai des frissons mais peut-être juste parce que je suis fatiguée :lol:
Nos contacts des marchés parallèles sont d’une efficacité remarquable.
Il a juste envoyé Hagrid mettre ses pieds dans le plat dans un bar douteux
’une main ferme, Dumbledore lui tendit le dard de manticore et Regulus s’en saisit
ET LA IL SEST PIQUE LE DOIGT DESSUS ET IL EST MORT HAHA ANNA VOUS A BIEN EU TOUT CA POUR CA

Okay c'est horrible la scène de l'horcruxe
C’est vrai. Tu veux remonter un peu au calme ?
ça manque de smiley suggestif par ici
Bah alors Reg pas envie de danser la chenille

SI SI
LA PASION !!!! (je vais même pas conclure, parce qu'on sait toutes que c'est la meilleure conclusion possible)






Non en vrai, je vais quand même conclure sur ce bonus :lol: C'était vraiment une bonne idée compte tenu de tes personnages. Tu les as super bien développés par rapport à ce qu'ils étaient à Poudlard et c'était un plaisir de retrouver plus particulièrement Reg, Marlène et Sirius ! C'était super bien écrit, il y avait vraiment des passages forts genre Reg qui meurt à moitié aaaargh
Mais aussi des plus légers vraiment sympas, des blagues de Sirius à la relation Reg et Marlène ! Bref, c'était trop chouette, t'es la meilleure <3 (avec Coch, Clem et Perri bien sûr :lol: )
elohane

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Re: Au temps des Maraudeurs - Terminé [Harry Potter]

Message par elohane »

Bonjour !
Je lis ta fanfiction depuis à peu prés un mois, et je viens de la finir.
J'ADORE. Tous tes personnages ( et ceux de Rowling ), ton écriture, ton imagination...
Je trouve que tu écrit super bien, tu es TROP forte !
J'ai même réussi à faire lire ta fanfiction à mon frère, ce qui veut TOUT dire...
Alors :
Mes trois personnages féminins préférés bien sur : Marlène, Lucinda et Lily. Les Meilleures ! :D
Mes trois personnages masculins préférés : Regulus ( keur ), James et Remus.
J'aime pas trop Sirius par contre...Je sais pas, je le trouve trop...insolent et désagréable : P
J'ai été étonnée par la gentillesse de Peter, le traitre...comment a-t-il pu ?!

Mon couple préféré :
MARLUS !!!!!!!!!!!!!!! Marléne et Regulus, les BESTS !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :D :D :D :lol: :lol: :lol:
Ils sont troooooooooooooops mignons, même si ce n'est pas vraiment un couple...ça se voit tellement qu'ils sont amoureux !
Et j'adore trop Reg ! Dommage qu'il finisse mangemort...tu as créé un personnage hors du commun...un anti-héros, je crois.
Et Marlène est TROP gentille...Super attentionnée...Ils se complètent vraiment !
J'aime bien Livia, mais bon...Pour moi c'est Marlène...


Merci beaucoup d'avoir écrite cette fanfiction.
Je ne sais pas si tu verras ce message...mais merci. Et bravo à toi !
elohane
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Au temps des Maraudeurs
- Tome 3 -
L'envol du Phénix


Well... Il faut croire que cette fanfiction n'est pas si terminée que ça :lol: Avis à la population s'il reste encore des lecteurs ici, mais ATDM reprend avec son troisième et ultime tome !

Vous pouvez sourire, crier, sauter et vous avez raison parce que ce tome n'aurait jamais dû voir le jour. J'avais juré haut et fort que j'en avais fini avec les Maraudeurs après quatre ans d'écriture. Well, ne jamais croire un auteur ou une autrice sur ce point. C'est comme Perripuce, si elle vous dit qu'elle n'écrira plus de fanfictions longues, vous pouvez rire avec moi. On sait que c'est faux. En vérité, j'avais juste l'impression - contre toute attente - de ne pas avoir tout dit sur les Maraudeurs et sur les personnages qui les entourent. J'avais envie d'explorer leur histoire au-delà de Poudlard, les faire évoluer alors qu'ils rentraient dans l'âge adulte au moment même où j'y entrais moi aussi... Il se peut également que j'ai été un peu poussée par ma demi-bêta (elle corrige quand elle oublie pas quoi) et accessoirement ma meilleure amie, Ophélie, qui milite pour cette histoire depuis ses débuts.

Bref, toujours est-il que j'ai fait une pause dans l'écriture, j'ai pris le temps de me ressourcer et surtout de commencer un autre projet que j'avais en tête depuis très longtemps, à savoir L'héritage d'Ilvermorny. Je vous remercie d'ailleurs tous au passage pour l'accueil que vous lui avez réservé. J'étais tellement inquiète que vous n'accrochiez pas et vous m'avez montré que vous seriez là quoique qu'il arrive donc vraiment un énorme merci ! Pour celles et ceux qui n'auraient pas encore été voir, je vous y encourage puisque LDHI fait partie du même univers que ATDM et c'est toujours pratique d'avoir tout lu pour comprendre les références.

En parlant de références... Vous le savez maintenant pour la plupart, mais ATDM entre dans un cycle de récits auquel il faudra que je trouve un nom un jour (Guerre et Paix a déjà été pris par un célèbre écrivain russe damn it). Dans ce cycle, vous retrouverez donc ATDM et LHDI avec 3 tomes chacun, mais également dans un futur lointain une fanfiction sur la NextGen (mais ça sera pour dans longteeemps).

Mais ça ne s'arrête pas là ! Ces différentes fanfictions sont en effet reliés à d'autres dont je ne suis cette fois pas l'autrice. En effet, j'ai commencé il y a presque un an maintenant une collaboration avec une de mes meilleures amies, la fabuleuse Perripuce ! Toutes les deux, nous avons créé un monstre : l'Hydraverse. C'est comme Marvel, mais en mode fanfictions HP haha ! Et non Hydra ne fait pas référence à une organisation nazie, mais bien à notre surnom d'Hydre puisque qu'on a tendance à penser les mêmes choses souvent en même temps. Je vous assure c'est flippant. Mais en tout cas un énorme merci à Perri parce que travailler, brainstrormer, et échanger avec elle est une inspiration chaque jour. Elle me poussa à m'améliorer et je ne pourrais pas prendre plus de plaisir à écrire qu'à ses côtés !

Tout ça pour dire que ATDM s'ancre donc dans un univers étendu qui comprend ou comprendra :

- Au temps des Maraudeurs [3 tomes]

- L'héritage d'Ilvermorny [3 tomes]

- Ombres et Poussières [4 tomes]

- La dernière page [1 tome]

- Les fantômes des oubliés [1 tome]

- Future fanfiction NextGen

- Des bonus

N'ayez crainte ! Vous pouvez tout à fait lire chacun des récits sans connaître les autres. Tout reste compréhensible, c'est juste que louperez des petites références.

Mais revenons sur le présent tome.

Comme je vous le disais, c'est un peu la surprise, le tome qui n'aurait jamais dû voir le jour. Mais que voulez-vous... Je n'aime pas les duologies. Ca me stress. Il fallait que je fasse trois tomes pour équilibrer (oui Perri, je suis psychorigide).

Dans ce tome, vous retrouverez donc les Maraudeurs, Marlène, Lily, Dorcas, Regulus, mais aussi de nouveaux personnages comme les frères Prewett, Emmeline Vance, et les autres membres de l'Ordre. La période couverte sera normalement de 1978 à 1980. Je refuse d'aller jusqu'à la mort de tout le monde. Lire Lily & James de Cazolie m'a assez traumatisé comme ça. En parlant de ce chef-d'œuvre absolu, je me rends compte que la barre est haute. Cazo a magistralement écrit la période de guerre au sein de l'Ordre et je ne prétends pas l'égaler. Je vais juste tenter de présenter ma version et surtout de m'amuser, comme ça a été mon but depuis le début alors que je n'avais que dix-sept ans. Concrètement, ça parlera de la guerre, des mangemorts, de l'entrée dans l'âge adulte, des problèmes de couple, de l'importance de l'amitié etc.

N'hésitez à me faire part de vos attentes, de vos envies, de vos idées... On ne sait jamais, ça pourra m'inspirer et je serais ravie d'échanger avec vous.

ATTENTION INFO IMPORTANTE : La fanfic est passée par une réécriture qui a vu disparaitre Alice et Frank de la génération des Maraudeurs. J'ai pu modifier sur Wattpad, mais pas ici sur Booknode donc je suis désolée pour cet écart. Tout ce que vous avez à savoir, c'est que Alice et Frank n'ont plus l'âge des Maraudeurs, ils sont plus âgés - une trentaine d'année - et sont Aurors, ce qui colle bien mieux au canon. Il est peu probable que Alice soit tombée enceinte en même temps que Lily si elles avaient eu le même âge et surtout qu'elle ait eu le temps de faire une carrière d'Auror entre ses 18 et 21 ans alors même que la formation et la grossesse lui auraient déjà pris du temps.

En ce qui concerne les publications, elles auront lieu un lundi sur deux en alternance avec LHDI ! Pour aujourd'hui, je vous poste la liste des personnages et les deux premiers chapitres ! Bonne lecture :D

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LISTE DES PERSONNAGES


Avant de commencer l'histoire, je me dis que ça serait peut-être bien pour vous aider de vous mettre ce petit récapitulatif des personnages, notamment de l'Ordre du Phénix, puisque selon les fanfictions tout change et il est facile de se perdre ! L'âge des personnages prend comme référence l'année 1978, soit le début de ce 3e tome. Je n'ai pas mis les mangemorts parce que sinon la liste aurait vraiment été indigeste mais si vous en sentez le besoin un peu plus tard n'hésitez pas à me le dire et je les ajouterai !

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Albus Dumbledore

Fondateur de l'Ordre - Directeur de Poudlard - 97 ans

Alastor Maugrey

Co dirigeant de l'Ordre - Second en chef du Bureau des Aurors - 40 ans

Edgar Bones

Co dirigeant de l'Ordre - Hautjuge au Département de la Justice Magique (Magenmagot) - 34 ans

Fabian Prewett

Membre et instructeur de l'Ordre - Inventeur de sort pour l'IRIS - 29 ans

Gideon Prewett


Membre et instructeur de l'Ordre - Briseur de sort en freelance - 27 ans

Emmeline Vance

Membre et instructrice de l'Ordre - Employée au Département de coopération magique internationale - 26 ans

Alice Londubat

Membre de l'Ordre - Auror au Bureau des Aurors - 28 ans

Frank Londubat

Membre de l'Ordre - Auror au Bureau des Aurors - 28 ans

Sturgis Podmore


Membre de l'Ordre - Brigadier au Bureau de la Police Magique - 36 ans

Benjy Fenwick

Membre de l'Ordre - Tireur d'élite de baguette magique au Bureau de la Police Magique - 23 ans

Caradoc Dearborn

Membre et ancien instructeur de l'Ordre - Directeur du département « Sortilèges » à l'IRIS - 46 ans

Dedalus Diggle

Membre de l'Ordre - Employé au Département de la maintenance magique - 27 ans

Elphias Dodge

Membre de l'Ordre - Retraité mais a un réseau important - 96 ans

Mondingus Fletcher

Membre de l'Ordre - Marchand / commerçant dans les marchés parallèles - 37 ans

Lily Evans


Nouvelle recrue de l'Ordre - Apprentie médicomage spécialiste en potions - 18 ans

Alexia Cassidy

Nouvelle recrue de l'Ordre - Secrétaire au Bureau de Désinformation du Département des accidents et catastrophes magiques - 18 ans

Peter Pettigrew

Nouvelle recrue de l'Ordre - Employé à la Poste de Pré-au-Lard - 18 ans

Marlène McKinnon

Nouvelle recrue de l'Ordre - Vendeuse chez Madame Guipure - 18 ans

Remus Lupin

Nouvelle recrue de l'Ordre - En recherche d'emploi - 18 ans

Sirius Black

Nouvelle recrue de l'Ordre - Riche de naissance - 18 ans

James Potter

Nouvelle recrue de l'Ordre - Financé par ses parents - 18 ans

Dorcas Meadowes

Nouvelle recrue de l'Ordre - Financée par ses parents - 18 ans

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Severus Rogue

Mangemort - Apprentie Potioniste chez LaboPotions - 18 ans

Lucinda Talkabot

Apprentie Langue-de-Plomb au Département des Mystères - 18 ans

Evan Rosier

Mangemort - Employé dans la Finance Magique - 19 ans

Elizabeth Yaxley

Sans emploi - en fuite - 19 ans

Augustus Rookwood

Mangemort - Etude supérieur dans la métamorphose - 18 ans

Darren Mulciber

Mangemort - Sans emploi - 18 ans

Marius Avery

Mangemort - Apprentie à la Justice Magique - 18 ans

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Antonin Dolohov

7e année - Serpentard - 17 ans

Regulus Black

7e année - Serpentard - 17 ans

Livia Fawley

7e année - Serpentard - 17 ans

Mary McDonald

7e année - Gryffondor - 17 ans

Tiberius Ackerley

7e année - Serdaigle - 17 ans

Walden Mcnair

6e année - Serpentard- 16 ans

Matthew Bones

5e année - Gryffondor - 15 ans

Julian Shelton

5e année - Serdaigle - 15 ans

Artemisia Meadowes

3e année - Serdaigle - 13 ans
Dernière modification par annabethfan le lun. 01 nov., 2021 12:36 pm, modifié 1 fois.
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre I : Aux portes de la guerre

- Allez ! On se bouge ! Plus vite !

- Je vais te tuer, Prewett...

- Ce sont les mangemorts qui vont te tuer si tu ne cours pas plus vite ! Allez ! Encore un tour ou je vous envoie Maugrey pour la prochaine séance.

James redoubla sa foulée. Plutôt mourir que de devoir affronter Maugrey à nouveau. Les frères Prewett étaient peut-être des instructeurs sans pitié, mais ils restaient dans les limites de la légalité. Ce que Maugrey leur faisait endurer devait forcément être répréhensible ou punie par une loi quelque part en Europe. Du moins, James en était persuadé.

Les poumons en feu, il accéléra davantage. Plus vite il ferait le tour de la maison, plus vite il pourrait s'affaler dans l'herbe et ne plus bouger. Ses jambes criaient grâce. Il trouvait quand même osé que Fabian lui fasse une remarque à lui alors qu'il était le premier du groupe. Il n'avait même pas besoin de se retourner pour savoir que les autres peinaient derrière, surtout Lily et Marlène, même si elles s'étaient grandement améliorées par rapport à la première séance d'entraînement en juillet dernier.

L'été avait été bien différent des précédents. D'habitude, James passait ses deux mois de vacances à dormir jusqu'à midi, à voler dans son jardin, et à rendre visite aux Maraudeurs tous les deux jours pour sortir en ville. Tout avait changé cette année. Il n'était pas retourné à Poudlard le 1er septembre pour commencer et cette simple perspective le déstabilisait encore. Surtout, ses journées avaient été rythmées par un réveil matinal, des duels de sortilèges, et des entraînements physiques. Avec comme instructeurs en chef les frères Prewett, Fabian et Gideon. James ne savait honnêtement toujours pas quoi penser d'eux. Le premier, l'aîné, avait la tête froide et l'esprit critique. Il était aussi un duelliste hors pair. Son cadet, lui, était bien plus sarcastique, voire cruel avec les mots, mais était tout aussi efficace lorsqu'il s'agissait de se battre. Il fonctionnait surtout à l'instinct et aux émotions, ce qui faisait qu'il pouvait se montrer plus compatissant que son frère, et James se sentait davantage proche de lui que de Fabian.

Il ne pouvait pas le nier : les Prewett lui appris en un été ce que Poudlard aurait mis un an à faire. Les cours particuliers aidaient à avancer plus vite, mais c'était surtout le fait de se faire pousser dans ses retranchements qui le faisait aller de l'avant. James aimait un défi. Il aimait se dépasser, aller au-delà de ses limites, et c'est exactement ce que l'Ordre lui demandait. Il avait conscience que ce n'était pas le cas pour tout le monde. Peter avait eu énormément de difficulté au début et James avait dû intervenir le jour où Gideon avait été si virulent avec lui qu'il en avait eu les larmes aux yeux, paralysé. Dorcas aussi avait eu du mal, mais pas pour les mêmes raisons. Son caractère s'était en effet souvent heurté aux ordres et au ton autoritaire des Prewett, à tel point que Edgar Bones avait repris en main son entraînement lorsqu'il le pouvait. Haut placé à la Justice Magique, son emploi du temps était pourtant déjà surchargé, mais il mettait un point d'honneur à passer les voir le week-end pour voir leurs progressions. Il avait non seulement donné des conseils à Dorcas, mais aussi Peter et Marlène.

De tous leurs instructeurs, James préférait de toute façon Emmeline Vance. Avec les frères Prewett, elle était chargée de les former cet été et sa méthode était bien plus douce que celle de Gideon et Fabian. Pédagogue, elle n'hésitait pas à leur montrer et à leur expliquer les choses plusieurs fois. Sirius aimait la surnommer « Em' » juste pour faire enrager Fabian.

- Et... terminé ! cria justement ce dernier. Pas mal, Potter. C'est ton meilleur temps ! McKinnon, bel effort, tu t'améliores. Lupin, tu m'as fait quoi aujourd'hui ? Tu t'es pris pour un escargot ? Et Evans, comme j'ai pitié de ton visage de tomate, je vais dire que c'était bien mais améliorable. Les autres, je veux encore mieux la prochaine fois !

James s'effondra littéralement. Le cœur battant à un rythme erratique dans sa cage thoracique, il se renversa sur le dos, haletant. Il essuya son front trempé de sueur et essaya de ne pas recracher ses poumons. A côté de lui, Lily se laissa tomber sur les genoux. Son teint avait effectivement pris une teinte rouge vif.

- Je vais mourir, annonça-t-elle.

- Mais... mais non... Tu as entendu Fabian : t'as fait une bonne performance.

- J'ai couru quatre tours de moins que toi, James.

Il grimaça, puis roula sur le côté pour lui faire face, une main sous la tête.

- C'est normal, je fais du sport depuis mes six ans et j'avais entraînement de Quidditch pendant toute notre scolarité. Toi, tu passais ton temps à la bibliothèque.

- Rembarre tout de suite ton air satisfait, Potter, j'ai compris... J'aurais mieux fait de sortir de mes livres.

- J'ai pas dit ça...

- C'est marqué sur ton visage.

James éclata de rire. Il tendit la main pour l'attirer contre lui, mais elle le repoussa avec une exclamation de protestation :

- Ah James ! Tu dégoulines de sueur ! M'approche pas !

- Tu ne disais pas ça hier soir, Evans, lança Gideon, goguenard.

Immédiatement, l'insinuation fit s'embraser le visage de Lily. James fusilla Gideon du regard, agacé. Depuis le début de l'été, il s'amusait à faire des plaisanteries dans ce genre en sachant pertinemment que cela mettrait Lily mal à l'aise, surtout qu'ils n'avaient jamais passé la nuit ensemble dans ce sens-là.

- Tu ne nous as pas assez martyrisé comme ça ? dit-t-il.

- Jamais. Vous êtes mes petites recrues !

- Allez les jeunes, leur cria Fabian. L'entraînement est fini pour aujourd'hui, on vous libère.

Un concert de soupirs soulagés lui répondit. Le corps douloureux, James se remit sur ses pieds et se tourna vers Remus qui arrivait vers lui, le souffle court. Il lui donna une tape dans le dos.

- Tu tiens le coup ? chuchota-t-il.

- Ça peut aller... Dure journée, c'est tout...

- Mauvais mois ?

- Non, il y a eu pire... Mais je suis fatigué avec la course, c'est tout.

James se retint de protester. Il voyait bien que le corps de Remus était épuisé par les effets de la pleine lune qui s'approchait et que son ami tentait de faire bonne figure. Le mois dernier, il avait réussi à tenir jusqu'au bout sans trop en ressentir le contre-coup. Au fil des années, James avait observé que Remus pouvait se sentir plus ou moins fatigué en fonction des mois et qu'il était impossible de prévoir à l'avance. En juillet, il avait voulu persuader Remus d'avouer son secret aux frères Prewett ou à Emmeline Vance pour qu'ils soient au courant de sa situation, mais il avait fermement refusé. Seul Dumbledore et Maugrey étaient au courant. La veille de la pleine lune, Remus se contentait de prétexter devoir retourner voir ses parents car sa mère était malade. James avait tellement entendu cette excuse au cours des dernières années qu'il en était venu à la détester, mais pour l'instant personne n'avait posé de questions. Ils n'étaient pas obligés de rester sept jours sur sept au QG, ni d'être disponibles hors des jours d'entraînements... Du moins pour l'instant. James avait peur que Remus ne puisse pas maintenir les apparences après leur période de formation qui devait prendre fin dans deux semaines.

- Tu es toujours sûr de toi pour... ton problème de fourrure ?

- Certain, James.

- Mais...

- Le lapin de Remus fait encore des siennes ? lança Fabian en arrivant brusquement. Tu devrais le passer à la casserole, tu serais tranquille !

- Sans cœur ! lui hurla Peter depuis l'avant du groupe.

Leur conversation avait dû lui parvenir aux oreilles et James le remercia intérieurement pour la diversion car Fabian se détourna tout de suite pour rejoindre les autres devant. Dès qu'il fut plusieurs mètres devant eux, Remus lui adressa un regard de reproche.

- James, sois discret par Merlin ! murmura-t-il furieusement.

- Désolé, désolé ! J'avais pas vu qu'il...

- Alors regarde mieux la prochaine fois !

Le ton tranchant de Remus prit James au dépourvu. Blessé, il ralentit le pas pour cacher l'expression de son visage. Depuis le début de l'été, il se rendait bien compte que Remus était stressé par son secret. Devoir être constamment sur ses gardes était épuisant au bout d'un moment, il le comprenait bien. Pourtant, ils avaient toujours fait front ensemble : les Maraudeurs étaient une unité, un groupe qui affrontait les problèmes des uns et des autres. Il n'avait pas l'habitude que Remus se renferme comme ça. Si Sirius lui avait déjà fait le coup, Remus était plus ouvert d'habitude.

- Pardon, s'excusa-t-il à nouveau. C'était ma faute, je ferai attention...

Son orgueil blessé devait s'entendre dans sa voix car Remus se retourna et avisa son expression. Il soupira, les épaules défaites, puis se passa une main fatiguée sur le visage.

- Non, c'est moi qui suis désolé... Je suis un peu à cran je crois en ce moment. Je n'ai plus l'habitude de me sentir comme ça, toujours sur les nerfs... A avoir peur que quelqu'un...

- Eh Remus, ça va aller, assura-t-il. Si tu ne veux pas leur dire, je comprends, vraiment...

Son ami afficha un sourire triste.

- Non, James, tu ne comprends pas. Mais je suis heureux que tu ne puisses pas comprendre justement, je ne le souhaite à personne. Et puis vous êtes toujours là les soirs de pleine lune, ça aide.

- Complètement ! approuva-t-il, soucieux de le rassurer. On fera toujours en sorte que l'un de nous soit disponible, t'en fais pas.

Remus laissa échapper un rire étouffé et s'arrêta devant la porte du QG, une vieille maison campagnarde perdu au milieu des landes irlandaises sans aucune trace humaine à des kilomètres à la ronde.

- Comment tu fais ça ? fit-il, un sourire en coin presque incrédule aux lèvres.

- Ca quoi ?

- Être toujours optimiste !

James joignit son rire au sien.

- Aucune idée, un énième talent pour moi ! Que veux-tu ? Je suis incroyable !

- C'est ton ego qui est incroyablement gonflé oui, rétorqua Remus.

- Eh !

A coups d'épaule, ils se poussèrent mutuellement pour rentrer en riant et Emmeline Vance, qui passait dans le couloir entre le cellier et la cuisine, s'arrêta pour les regarder. Elle secoua la tête, faisant se balancer ses longs cheveux châtains qui lui arrivaient au niveau des hanches.

- Les garçons ! Un peu de sérieux... Et moi qui croyais que tu étais le « sage » de la bande, Remus. Une telle désillusion.

- On ne t'avait rien promis, nous ! répliqua James. Fallait pas te faire de faux espoirs.

- Tu rejettes la faute sur moi, là ? Fais attention, demain je suis chargée de l'entraînement et je peux te faire vivre une séance bien difficile.

Immédiatement, le sourire de James s'effaça.

- Em' ! Je rigolais ! dit-il en courant après elle dans la cuisine. Allez !

- Arrête avec ce surnom, râla-t-elle. Sirius est déjà assez pénible.

- Mais je suis moins pénible que lui quand même, non ?

- C'est sujet à débat.

Gideon, assis à la table de cuisine devant une tasse de café fumante qu'il venait juste de se faire, s'esclaffa avant d'afficher un rictus en coin.

- D'ailleurs Potter, où est ta moitié ?

- Lily ? Partie prendre une douche sûrem...

- Non, pas Evans. Black. Il était prévu à l'entraînement, non ?

James se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer, agité. Le nom de Sirius était bien inscrit sur le tableau de présence de l'après-midi, mais il n'était jamais arrivé et James avait une petite idée de pourquoi. Ce matin, son meilleur ami avait prévu de passer prendre Alexia chez sa sœur en banlieue londonienne après qu'elle ait passé la soirée à garder sa petite nièce, Ellie. Ils devaient passer la matinée ensemble puisque Alexia ne travaillait pas au Ministère ce jour-là. Et il ne fallait pas être devin pour comprendre que la matinée s'était transformée en journée.

Mal à l'aise, il soutenu le regard de Gideon, inquisiteur, avant de répondre prudemment :

- Un empêchement, je crois... Mais il sera là demain.

- Y'a intérêt. Et dis-lui qu'il fera trois tours supplémentaires pour compenser.

- Gide, soupira Emmeline.

- Il faut être dur avec eux pour ça rentre ! (Il avala une gorgée de sa tasse puis se leva souplement). Bon je file ! J'ai rendez-vous avec Maugrey. A demain !

Emmeline tenta de le retenir, mais il était déjà presque à la porte :

- Gide ! Ton café, tu n'as pas... Roh !

- Moi aussi à sa place j'aurais peur d'être en retard à un rendez-vous avec Maugrey.

- James... Va te doucher.

Il sourit.

- Oui m'dame !

Et il disparut à l'étage.

**

*

Le corps encore endormi, Sirius se redressa sur un coude et jeta un coup d'œil à l'horloge murale qui semblait le narguer à l'autre bout de la pièce. Il était quinze heures passées. Il aurait dû être au QG depuis une éternité pour l'entraînement physique du jour des frères Prewett. Merlin, Gideon allait le tuer. Et Fabian allait l'enterrer pour faire bonne mesure.

En toute honnêteté, Sirius n'avait pas vu le temps défiler. Ce matin, il était passé prendre Alexia chez sa sœur et elle lui avait ouvert, sa petite nièce Ellie âgée de seulement un mois dans les bras, rayonnante. Après avoir babillé pendant dix minutes pour lui dire au revoir, il avait enfin réussi à l'emmener avec lui pour une balade à moto à pleine vitesse en périphérie de Londres. Sur les chemins de campagnes, il avait poussé l'accélérateur bien au-delà de la raison et les cris de joie d'Alexia s'étaient mêlés au bruit assourdissant du vent. Elle lui avait déjà confié que la vitesse lui donnait la sensation d'être vivante. Que l'air lui brûlait les poumons, violent et implacable, mais qu'elle se sentait indiciblement vivante. Et Sirius aimait lui offrir ce sentiment.

Il baissa les yeux sur Alexia, encore endormie à côté de lui. La couverture avait glissé jusqu'à sa taille, dévoilant sa poitrine, et il se contenta de contempler les mouvements de sa respiration qui animait son corps. Après leur balade à moto, ils étaient revenus chez lui dans son petit appartement du côté moldu de Londres. Ils n'avaient même pas mangé alors que l'horloge sonnait midi et leur début d'après-midi s'était déroulée dans son lit.

Incapable de se retenir, il tendit la main et frôla du bout des doigts la clavicule d'Alexia qui frissonna. Sirius sourit, amusé, puis renouvela son geste. Cette fois-ci, les paupières d'Alexia papillonnèrent et elle s'étira en grommelant.

- Tu m'as épuisé et tu me laisses même pas dormir...

- Moi je t'ai épuisé ? rit-il. Je crois me rappeler que c'est toi qui a...

- Tais-toi, coupa-t-elle en le repoussant.

Elle se laissa tomber sur son torse, leurs jambes entremêlées sous la couverture, et Sirius l'attira contre lui. Alexia fronça les sourcils.

- Tu ne devais pas partir pour l'entraînement ?

- Si...

- Sirius...

- Quoi ? Je brave la colère de Gideon et Fabian pour toi ! Sens-toi flattée.

Alexia le repoussa à nouveau en riant, mais il verrouilla ses bras autour d'elle. Il sentait la chaleur irradier de son corps mince et il déposa un baiser le long de sa clavicule, là où il l'avait caressé du bout des doigts quelques secondes auparavant.

- Sirius... souffla-t-elle. Tu devrais réellement filer...

- L'entraînement est presque terminé à cette heure-ci, protesta-t-il. Ça ne servirait à rien. (Il l'embrassa à nouveau juste au-dessus de la poitrine). Tu veux me mettre dehors ?

- Non, jamais. Mais j'ai peur que James débarque ici pour te chercher et on n'est pas vraiment visibles là tout de suite.

Sirius s'apprêtait à objecter, mais elle le coupa :

- Et même si tu as partagé un dortoir avec lui pendant sept ans, il ne m'a jamais vu nue, moi, et j'aimerais que ça ne change pas.

- Tu as partagé un dortoir avec lui aussi pendant une semaine ! rétorqua-t-il sans réfléchir. Et tu sais qu'on avait un minimum de vie privée même dans notre dortoir ?

- Quelle idée idiote...

- Quoi ? La vie privée ?

- Mais non ! s'esclaffa-t-elle. Moi dans votre dortoir. Si les profs avaient appris ça...

- McGonagall en aurait avalé son chapeau !

Alexia se mit à rire et passa une main dans ses cheveux châtains pour les repousser avant de se réajuster contre lui, une main soutenant sa tête. Au niveau de sa hanche et de sa taille, la couverture marquait un creux et Sirius se surprit à remarquer ce détail. Il y a encore quelques mois, le corps d'Alexia était si mince après sa crise qui l'avait mené à Sainte-Mangouste qu'il n'aurait pas pu voir ce fait. Aujourd'hui, elle affichait plus de formes, ses joues étaient plus rebondies et elle avait pris du poids. Marlène, qui avait perdu plusieurs tours de taille grâce à l'entraînement, plaisantait souvent en disant qu'Alexia avait récupéré ses kilos envolés.

- Tu te souviens que Remus avait retrouvé ton soutien-gorge dans son armoire ? se souvint soudain Sirius.

- Oh Merlin... (Alexia rougit et se couvrit les yeux, l'air catastrophé). Je reste persuadée que c'est James qui a fait ça ! Je ne portais même pas de soutien-gorge l'année dernière !

- Et je ne t'en remerciera jamais assez.

- Sirius !

Cette fois, elle lui donna une tape sur l'épaule et se dégagea, amusée. Aussitôt, Sirius frissonna.

- Rends-moi la couverture ! s'exclama-t-il.

- Non ! Lève-toi, espèce de paresseux. On va aller au QG et trouver une excuse pour ton absence de cette après-midi. Avec un peu de chance, Gideon n'en parlera pas à Maugrey.

- Alex...

- Dépêche-toi ou je prends ma douche sans toi ! lança-t-elle en s'engouffrant dans la salle de bain.

Le corps soudain bien éveillé, Sirius bondit sur ses pieds et se précipita à sa suite.

**

*

Les cheveux enroulés dans une serviette, Lily ressortit de la salle de bain et frissonna. Le QG avait beau être pratique, la vieille maison était mal isolée et maintenant que septembre commençait le vent s'engouffrait de plus en plus dans les fissures des murs. Epuisée par l'entraînement, elle se passa une main sur le visage et grimaça en sentant sa peau la tirer. Elle hésita une seconde à retourner dans la salle de bain prendre une lotion hydratante, mais renonça dès que ses yeux se posèrent sur son lit où elle s'effondra.

Si l'entraînement cet été avait été intense, ce n'était rien comparé à ce début de rentrée. Elle avait commencé à travailler en tant qu'interne au service des Potions et Elixirs de St-Mangouste pour être formée aux potions médicinales. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Son temps et son apprentissage étaient en réalité partagés en deux : les laboratoires avec les potionistes les plus renommés du monde magique et les heures de travail en tant qu'infirmière auprès des médicomages confirmés. Sa tutrice, Judith O'Hara, une irlandaise à l'accent prononcé, ne lui épargnait rien. Lily finissait souvent ses journées à bout de souffle, le dos douloureux après avoir enchaîné dix chambres de patients aux soins tous différents et particuliers. En rentrant au QG, elle maudissait les frères Prewett qui décidaient parfois de faire un entraînement inopiné.

Elle n'était pas la seule à avoir du mal à garder le rythme. Marlène s'était trouvée un travail de vendeuse chez Madame Guippure,, elle qui ne connaissait rien à la mode ou au prêt-à-porter il y a encore quelques semaines. Avec ses notes aux Aspics, elle aurait pu trouver bien mieux, mais elle n'avait pas voulu surcharger son emploi du temps. Une bonne idée que Lily enviait parfois. Peter aussi travaillait désormais. Il avait été embauché à la poste de Pré-au-Lard pour trier les colis. Il revenait certains soirs avec plein de plumes de hiboux dans les cheveux juste pour faire rire James et Sirius. Ces deux idiots ne travaillaient pas, eux. Ils n'en avaient pas besoin. James n'avait pas explicitement expliqué à ses parents ce qu'il faisait, mais monsieur Potter, enfin retraité, était assez perspicace pour en avoir une bonne idée et il donnait de l'argent à James tous les mois pour lui permettre de se consacrer à l'Ordre. James lui avait proposé de partager puisqu'ils vivaient de toute façon tous les deux au QG et qu'il avait donc largement assez pour tous les deux. Lily avait fermement refusé. Elle ne voulait pas vivre au crochet des Potter et la guerre ne durerait pas toute sa vie : être formée à Sainte-Mangouste était une chance inestimable. En ce qui concernait Sirius et Dorcas, ils semblaient eux aussi avoir des coffres en banque qui leur permettaient de ne pas travailler tout de suite. Alexia, elle, avait été la première à se trouver un travail avec son poste de secrétaire au Ministère et elle refusait désormais de servir un café à qui que ce soit au QG. Seul Remus n'avait pas trouvé alors qu'il l'aurait voulu. Le cœur de Lily se serra en repensant à sa mine défaite après son énième entretien d'embauche qui s'était soldé par un refus. Les employeurs refusaient de prendre quelqu'un qui risquait de disparaître un à trois jours par mois.

De manière générale, ils n'étaient pourtant pas à plaindre. Le QG offrait à ceux qui n'avaient pas d'appartement un logement et ils avaient transformé toutes les pièces disponibles en chambre. Même Sirius restait parfois quand il était trop fatigué pour rentrer chez lui. Ce n'était pas un grand luxe, mais c'était suffisant. Du moment que Lily avait un lit sur lequel s'écrouler en fin de journée, elle s'estimait heureuse.

Dans un grincement sonore, la porte s'ouvrit soudain et la tête de James passa dans l'embrasure. Il avait sa main plaquée devant ses yeux.

- T'es décente ? lança-t-il. Je peux entrer, Lily ?

- Entre, crétin.

A l'aveugle, James s'exécuta puis écarta lentement ses doigts et avisa son peignoir et la serviette dans ses cheveux.

- Tu as fini de prendre ta douche ?

- Non, James, je porte juste cette tenue pour m'entraîner avant de la prendre.

- Question idiote, désolé. Comment tu te sens ?

Lily grogna.

- Epuisée, fatiguée, harassée, exténuée, énuméra-t-elle dramatiquement. Je déteste la course. Et je déteste encore plus le sifflet de Gideon.

- Je te comprends... Je ne sens plus mes jambes.

- Tu m'étonnes, tu as dû faire cinquante tours de plus que nous ! Frimeur !

James n'arriva pas à retenir un sourire suffisant et se passa une main dans les cheveux. Lily retint un rire : il ressemblait à un hérisson qui serait passé dans une machine à laver.

- Va prendre ta douche, James ! dit-elle en souriant, lasse.

- Et je pourrais te rejoindre après ?

Cette fois, elle se sentit rougir. Sa voix l'abandonna un instant tandis qu'une chaleur agréable se rependait au creux de son ventre. Distraitement, elle se mit à jouer avec l'ourlet du couvre-lit et se contenta de hocher la tête. James fila à la vitesse de l'éclair dans la salle de bain.

Lily relâcha le souffle qu'elle n'avait pas eu conscience de retenir. Cela faisait deux mois qu'ils partageaient cette chambre tous les deux par manque de place. Dorcas s'était retrouvée avec Marlène même si cette dernière ne cessait de faire des allers-retours entre chez ses parents et ici, Remus était avec Peter, et Sirius partageait la sienne avec Benjy Fenwick quand ils étaient au QG. S'ils ne l'étaient pas, puisqu'ils avaient tous les deux un appartement à eux, c'était la chambre d'Alexia. Tous les trois n'ayant pas d'endroit fixe, leur chambre était un peu celle que tout le monde pouvait utiliser si besoin. Benjy avait râlé trois jours lorsque Sirius s'était trompé et il lui avait « emprunté » sa cape préférée.

Au début, la cohabitation avec James avait été étrange. Ils étaient tous les deux habitués à un dortoir collectif avec leurs amis respectifs et se retrouver d'un coup ensemble n'avait pas été évident. Gideon ne cessait de faire des insinuations sur eux juste pour le plaisir de voir le visage de Lily s'embraser. Après quelques semaines, Lily avait malgré tout appris à se détendre. Elle ne se crispait plus dès que le corps de James frôlait le sien sous les couvertures et ils avaient passé des dimanches matin simplement enlacés l'un contre l'autre. James aimait jouer avec ses cheveux pendant de longues minutes et elle le laissait faire avec plaisir.

De l'autre côté du mur, elle entendit soudain l'eau de la douche s'arrêter. Quelques secondes plus tard, James revint. Ses cheveux avaient retrouvé un semblant de naturel et il portait un simple t-shirt blanc et un pantalon noir. Lily haussa un sourcil, surprise, et il le remarqua immédiatement.

- Quoi ? demanda-t-il, un sourire dans la voix. Tu t'attendais à me voir juste en serviette, torse nu ? Arrête avec tes fantasmes, Evans !

- Crétin imbu de lui-même, rétorqua-t-elle.

- Tu ne déments pas, observa-t-il.

Lily n'eut pas le temps de répondre. Il se laissa tomber à côté d'elle, l'écrasant presque au passage, et elle se décala en poussant un cri.

- James !

- Non, protesta-t-il, reste là.

Il l'attrapa par la taille et l'attira contre lui avant de déposer un baiser sur sa tempe.

- Je dois aller m'habiller, James, rit-elle.

- Jamais ! Tu es coincée avec moi !

Elle éclata de rire puis se calma et lui rendit son étreinte en plongeant son regard dans le sien.

- Tu ne devais pas aller chez tes parents ? se souvint-elle.

- Si... Je ne vais pas tarder, j'ai promis à ma mère d'être là pour le dîner...

Lily se redressa doucement.

- Tu t'inquiètes pour elle ? souffla-t-elle.

- Tous les jours... Depuis que mon père a commencé à avoir les premiers symptômes. Je sais qu'elle va se faire tester pour la dragoncelle toutes les semaines, mais ça finira par arriver. Elle va être contaminée...

- Peut-être que ça ira pour elle... Que la maladie sera légère et qu'ils arriveront à la soigner ?

- Lily, tu vas devenir médicomage. Tu sais bien qu'à son âge... Elle a presque soixante ans.

- Je sais, murmura-t-elle, je sais... Si je pouvais inventer une potion, James...

Il ferma les yeux, le visage grave. Elle ressentait le poids qu'il avait sur les épaules, cette inquiétude qui lui pesait chaque jour sans qu'il ne puisse rien y faire. Lily avait vu des patients atteints de dragoncelle à l'hôpital. Les enfants se rétablissaient vite après des symptômes fulgurants et une forte fièvre. Les adultes en revanche... Encore hier, elle s'était occupée d'une mère de famille qui avait contracté la maladie un mois auparavant. Elles avaient discuté ensemble pendant la pause de Lily. Le soir, avant de partir, elle avait décidé de passer lui dire au revoir et avait trouvé la chambre vide. Sa tutrice l'avait informé du décès de leur patiente en la voyant plantée dans l'embrasure de la porte.

Bien évidemment, Lily avala la boule qui s'était formée dans sa gorge et se garda bien d'en parler à James.

- On ne peut rien faire, finit-il par soupirer. C'est leur décision à tous les deux.

- Tu es sûr de l'avoir attraper petit, pas vrai ? vérifia-t-elle pour la dixième fois au moins.

- Oui, Lily, sûr et certain. T'en fais pas. C'est toi qui m'inquiète... Je devrais éviter de trop t'approcher en rentrant de chez mes parents. Au moins pour 24h. (Il soupira à nouveau). Je resterai sûrement dormir chez eux d'ailleurs...

- Génial, dit-elle en essayant de garder un sourire de façade, tu ne me voleras pas la couverture comme ça.

James roula des yeux.

- Je ne vole rien du tout, Lily-jolie.

- C'est nouveau ce surnom ?

- Une inspiration soudaine. Un peu comme ça aussi.

Et sans prévenir il se pencha pour l'embrasser. Lily sourit et s'étira pour être à sa hauteur. Elle lui rendit son baiser, avide, et ne put s'empêcher de passer une main dans ses cheveux pour les ébouriffer à nouveau.

- Mieux comme ça, jugea-t-elle.

- Mieux ensemble, corrigea James.

Lily sourit sûrement comme une idiote à ces mots et approuva en l'embrassant. La journée ne lui paraissait plus si terrible.

**

*

Le pas vif, Gideon Prewett remonta le long corridor qui menait au bureau d'Alastor Maugrey. Un coup d'œil à sa montre lui apprit qu'il avait deux minutes de retard et il jura dans sa barbe. A vouloir faire durer l'entraînement des gamins, c'est lui qui allait avoir des ennuis. Il aurait aimé déléguer la réunion à Fabian, mais son frère s'était déjà chargé des deux précédentes et il ne pouvait plus passer son tour. Ça ne lui posait pas de problème outre mesure d'y assister, mais les réunions interminables n'étaient simplement pas sa tasse de thé. Il était un homme de terrain, un Briseur de sort aguerri qui travaillait à son compte depuis trois ans et surtout un accro à l'adrénaline. Emmeline disait souvent qu'il finirait mal à cause de ça, mais pour l'instant Gideon avait encore ses deux jambes. Il laissait la prudence et la stratégie à Fabian, toujours responsable. Issu d'une formation d'Inventeur de sort, Fabian était celui qui créait tandis que Gideon neutralisait. Complémentaires, ils formaient une équipe aux talents diverses, ce qui avait attiré l'attention d'Albus Dumbledore en personne au moment où il avait décidé de créer sa petite société secrète.

Gideon ne se souvenait même pas avoir longtemps hésité. On ne disait tout simplement pas non au plus grand sorcier du siècle lorsque celui-ci venait vous demander de l'aide pour arrêter la guerre en cours. Au début, l'année dernière, l'organisation avait été chaotique. Gideon enchaînait des journées de travail harassantes avec des missions de surveillance interminables et terminait sa semaine avec un combat contre trois mangemorts. Il avait tenu deux mois avant de s'effondrer. Il s'en souvenait encore : il était chez sa sœur Molly au Terrier. Il devait gardé ses neveux Bill, Charlie et Percy pendant que sa sœur se rendait à la maternité pour un contrôle de routine, enceinte à nouveau. Autant dire que Bill et Charlie l'avaient plus gardé qu'autre chose. Lorsque Molly était revenue, elle l'avait trouvé endormi dans le canapé, les deux petits garçons de quatre et six ans jouant dans le jardin sans surveillance. Au moins, Percy était resté sagement dans son lit à faire la sieste. Ses oreilles sifflaient encore du savon que sa sœur aînée lui avait passé. A partir de là, Gideon avait demandé à Dumbledore d'organiser un planning où les emplois du temps de chacun seraient optimisés. L'arrivée de deux Aurors sous la direction de Maugrey, Alice et Frank, les avaient considérablement aidés. Et même s'il n'osait pas l'avouer, les nombreuses nouvelles recrues à peine diplômées allaient l'être aussi. C'est bien simple, l'Ordre allait presque doublé ses effectifs.

Au bout de trois mois, Gideon s'était rendu à l'évidence : Dumbledore ne lui avait pas envoyé n'importe qui. Lily Evans était une sorcière particulièrement douée, mais surtout une potioniste exceptionnelle pour son âge. James Potter, Sirius Black et Remus Lupin se débrouillaient bien quand ils prenaient la peine d'écouter et le dernier de la bande, Pettigrew, pouvait se révéler étonnamment surprenant parfois. Gideon n'aurait pas misé deux noises sur lui au départ et pourtant il se souvenait encore du sortilège cuisant que Fabian avait reçu en pleine figure. Il avait eu l'air d'un œuf trop cuit toute une semaine. Dans la même veine, Marlène McKinnon savait se montrer précise et puissance dans ses sortilèges sous ses airs timides. Il ne parlait même pas de Dorcas Meadowes... Un vrai dragon.

C'était d'ailleurs sur eux que devait porter la réunion du jour. Enfin arrivé devant la porte du bureau de Maugrey, Gideon donna trois coups secs rythmés sur la porte, puis deux autres plus espacés. Une voix grondante lui répondit :

- Ramène tes fesses, Prewett !

- Ah Fol Œil, toujours aussi accueillant, dit-il théâtralement dès qu'il passa le pas de la porte.

- Tu es en retard ! Tu crois que je n'ai rien d'autre à faire que de t'attendre ?

- Désolé, désolé. Les gamins étaient lents pour courir aujourd'hui.

- La faute au formateur, peut-être ? suggéra Edgar Bones, assis dans un fauteuil près de la fenêtre.

Gideon lui rendit son sourire ironique. Il aimait bien Bones. Un homme solide et juste dont le poste dans les hautes sphères au Magenmagot du Département de la Justice Magique était d'une aide inestimable.

- Si t'étais au QG plus souvent, Bones, tu pourrais peut-être aider à les former, rétorqua-t-il.

- J'ai un Département à faire tourner, mon garçon.

- Parce que moi je suis chômeur ?

- Quel sens dramatique... Je n'ai pas dit ça. (Il secoua la tête avec patience, sûrement habitué en tant que père de garçons turbulents). Allez assieds-toi, Gideon. Faisons vite, j'ai un rendez-vous avec le Ministre français dans une heure.

De mauvaise grâce, Gideon obtempéra.

- Et Dumbledore ? Il ne vient pas ?

- Je lui ferai un compte-rendu, assura Maugrey. Bon commençons. Comment se passe l'entraînement ?

Il fixa son œil magique droit sur Gideon qui se redressa dans son siège. A vingt-sept ans, il avait encore l'impression d'être un gamin face à cet Auror si impressionnant. A côté de lui, Edgar Bones devait être plus détendu car il cala sa fameuse pipe entre ses dents pour l'écouter, nonchalant.

- Plutôt bien, répondit-il honnêtement. Ils ont fait des progrès, je dois le reconnaître. Certains sont même doués, même si j'ai peur qu'ils ne soient pas préparés à la réalité du terrain.

- Rien ne peut les préparer... objecta Bones. Ils le découvriront en mission, ils s'endurciront. Comme nous tous dans le fond. Rappelle-toi de ta première intervention, ce n'était pas brillant si ma mémoire est bonne. Rodulphus Lestrange avait failli t'avoir et tu as de la chance de bien savoir transplaner.

Gideon rougit. Il aurait préféré oublier cet épisode.

- Oui, oui... maugréa-t-il. Bon tout ça pour dire que ça se passe bien. La partie physique est aléatoire. Potter et Black ont une bonne endurance. Lupin est inconstant au possible. McKinnon est pleine de bonne volonté, elle fait des efforts et si elle continue, elle va y arriver. Pour la tête de mulle qu'est Meadowes, ça me fait mal de l'admettre mais elle se débrouille en parcours d'obstacle, elle a de bons réflexes. Par contre, j'espère qu'elle ne fera jamais de course poursuite. Elle s'essouffle vite. Pettigrew est dans la même veine, même s'il est doué en filature. Il sait se faire oublier, ce gars ! Quant à Evans, les exercices physiques ne sont pas son point fort, mais elle ne démérite pas.

Maugrey approuva d'un grognement. Il attrapa la plume posée sur son bureau et se mit à écrire ce que Gideon venait de lui livrer. Les mots, brouillons, noircissaient le parchemin rapidement et Gideon devina que Maugrey ajoutait ses propres remarques pour que Dumbledore ait un rapport complet. Parfois, il enviait le directeur de Poudlard. Aucune réunion de compte-rendu, pas d'entraînements de gamins. Il avait juste à donner les ordres.

- Et Cassidy ? demanda soudain Edgar Bones en expirant un épais nuage de fumée grisâtre et mal odorant.

- Alexia Cassidy ? Dur de juger. Elle n'est pas là tout le temps à cause de sa maladie et elle n'a pas le droit de courir au-delà d'un certain temps. Je peux lui reconnaître qu'elle se donne à fond et ne se plaint pas. Elle s'intégrera bien dans une équipe et respecte l'autorité. (Il marque une pause avant d'ajouter dramatiquement). Ce qui n'est pas le cas de son crétin de copain.

Un éclat de rire étouffé échappa à Bones.

- Une vraie tête brûlée ce petit, c'est sûr. On est sûr qu'il est vraiment un Black ? Quelqu'un a pensé à faire un test ?

- Tu l'as bien regardé ? Il a le mot « Black » écrit sur le front ! dit Gideon.

Edgar lui accorda le point d'un hochement de tête.

- On parlait de Cassidy, les rappela à l'ordre Maugrey brusquement.

Gideon reporta son attention sur lui.

- Oui, Cassidy... Elle ne brille pas non plus par ses savoirs, mais elle a le sens pratique. Elle est débrouillarde. Un peu le contraire d'Evans qui manque de spontanéité.

- Lily Evans est un atout en potion, contra Edgar. Elle a refait nos stocks de potions revigorante pendant tout l'été et j'en ai rarement vu des aussi efficaces. Sans parler de la puissance de ses sortilèges !

Gideon approuva en silence. Tout l'été, ils avaient mis en place des exercices variés pour tester les nouvelles recrues. Les entraînements physiques constituaient une grande partie de la formation pour entrer dans l'Ordre. Ce n'était pas possible d'affronter les mangemorts si on était essoufflé au bout de cinq minutes. L'endurance avait été une des priorités pour eux et Gideon ne se lassait pas de regarder les gamins faire des tours autour de la maison en crachant leurs poumons. Les parcours de vitesse et d'obstacles s'étaient révélés être de grands moments : Black avait manqué de se casser une cheville en sautant par-dessus une palissade avant de mordre l'herbe en pleine face. Potter s'était presque étouffé de rire et n'avait jamais terminé son propre parcours. Les entraînements de filature, quant à eux, avaient révélé des personnalités comme celles de Pettigrew et McKinnon. Ils avaient réussi à semer tous les autres et à rester cachés pendant toute une après-midi sans que personne n'arrive à les retrouver. Gideon soupçonnait encore Pettigrew d'avoir transplané quelque part... Ils avaient retourné tout le QG et ses alentours sans lui mettre la main dessus. Emmeline et Fabian avaient davantage supervisé la partie entraînements magiques, mais des résultats avaient émergé également.

- Justement, gronda Maugrey, comment se passe la formation pratique et théorique en sortilèges, en enchantements ? Et en défense contre les forces du mal ?

- Bien aussi. Evans, Black, Potter et Lupin n'ont aucun souci à se faire, même s'ils doivent encore gagner en concentration pendant les duels. Faudra voir comment ils se débrouillent en situation de stress. Pettigrew a un niveau correct mais il prononce ses sortilèges la moitié du temps. Meadowes a un talent pour comprendre le fonctionnement des enchantements et Fabian lui donne des cours en plus, elle commence à voir comment les neutraliser rapidement. McKinnon est douée en défense, mais manque de caractère pour l'offensif.

- On travaillera ça avec elle... Quoi d'autre ?

- Ils s'en sortent pas mal en défense. Quelques patronus dans le lot et on a prévu de refaire une séance sur ce point. Les boucliers sont maîtrisés, les contre-sorts aussi. Les connaissances sont à revoir. A part Lupin et Evans, ils ont des sérieuses lacunes sur les objets noirs, les créatures, les poisons... Quoique Black a quelques connaissances assez inattendues. (Gideon s'interrompit puis se corrigea soudain). Enfin, inattendues... Peut-être pas tant que ça. Vous savez ce que j'en pense.

Son ton laissait peu de place aux doutes. Il avait plusieurs fois fait part de son point de vue à Dumbledore et à Maugrey lorsqu'ils évoquaient les noms potentiels pour les recrus. Autant dire que le nom « Black » lui avait fait hausser un sourcil. Voire les deux sourcils.

A sa droite, Edgar Bones soupira et tira sur sa pipe, l'air agacé. Gideon ne s'en formalisa pas. Il avait l'habitude de mettre les nerfs d'Edgar à rude épreuve, lui qui avait été son instructeur lors de son entrée dans l'Ordre il y a presque deux ans.

- Mon garçon, tu as la tête dure, lui reprocha-t-il. Le cas de Black a été classé, il me semble ?

- Mais...

- Assez Prewett ! aboya Maugrey. Il s'est engagé avec nous, il va se battre avec nous. Alors, fais-lui confiance, ta vie pourrait en dépendre !

- Vigilance constante, je sais, je sais...

- Tu ferais bien.

Gideon décida d'abandonner. Ce n'était pas le moment. Finalement, Maugrey enroula le parchemin avec soin puis le scella avec un cachet et un sortilège. Ce document était codé, confidentiel, et ne devait pas tomber dans d'autres mains que celles d'Albus Dumbledore. L'œil magique de Maugrey tourna plusieurs fois dans son orbite avant de se poser à nouveau sur eux.

- Bien, bonne réunion. On refait le point à la fin de leur formation. Si tu as quelque chose à signaler, viens me trouver. Ça vaut aussi pour ton frère ou Emmeline. Et Bones, surveille tes arrières. La justice est un point sensible, ils tenteraient de vous infiltrer en ce moment.

- Je suis sur mes gardes, Alastor, ne vous en faites pas.

Après ses mises en garde d'usage, Maugrey les congédia d'un geste impatient. Gideon se leva, vidé, puis ressortit dans le couloir. Il hésita à passer voir Alice ou Frank, mais renonça. Il devait retourner au QG. Avant de partir, il se tourna vers Edgar Bones qui rangeait sa pipe dans son veston.

- Je retourne garder les gosses, dit-il. Portez-vous bien, Bones !

- Toi aussi, Prewett. Et ne les martyrise pas trop.

- Où serait mon amusement dans tout ça sinon ?

Bones s'esclaffa et secoua la tête.

- Rappelles-moi de ne jamais t'envoyer mon fils.

- Matthew ? Comment il va ? C'est sa dernière année à Poudlard ?

- Merlin non, pas encore ! s'exclama-t-il. Cinquième année. Qu'il passe déjà ses BUSES.

Gideon hocha la tête. La guerre pourrait attendre, Matthew Bones avait le temps d'être encore un enfant pour quelques années. D'un mouvement de main, il salua le haut juge de la Justice Magique et recula lentement.

- A bientôt, Bones, lança-t-il par-dessus son épaule.

- Au revoir, Gideon.

Et ils s'éloignèrent chacun de leur côté.

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Verdict ?
Dernière modification par annabethfan le lun. 01 nov., 2021 12:32 pm, modifié 1 fois.
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre II : Attaquons l'exercice

Le lendemain matin, Gideon s'était levé aux aurores pour préparer l'entraînement du jour. Ces dernières semaines, il avait véritablement dû travailler sur sa créativité pour concevoir des épreuves et des cours différents pour leurs nouvelles recrus sans jamais être prévisible. Fabian l'aidait énormément, mais Gideon se flattait en constatant qu'il avait un cerveau bien plus impitoyable que celui de son grand frère. Il prenait un malin plaisir à inventer des exercices presque vicieux pour les confronter à toutes les situations possibles. Et l'épreuve du jour allait justement les déstabiliser fortement.

Fier de lui, il rassembla ses fiches et avala sa dernière gorgée de café. Au même moment, Emmeline passa la porte du QG, ses longs cheveux châtains attachés en tresse dans son dos. Elle haussa un sourcil en le voyant.

- Déjà réveillé ? s'étonna-t-elle.

- Je me préparais pour le test des gamins.

- C'est bien la peine de prendre des congés si tu ne dors pas un minimum. Fabian s'est libéré aussi ?

- Non, il devait bosser aujourd'hui. Son chef commence à lui remonter les bretelles pour ses absences et la « grossesse difficile » de Molly ne va pas être une excuse encore longtemps, surtout qu'elle a accouché en avril. Heureusement qu'il n'a pas vraiment compté les mois de grossesse.

- Comment elle va d'ailleurs ? J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas vu ta sœur...

- Fidèle à elle-même, répondit-il avec fierté. Mère de famille qui manie la poêle d'une main de maître que ça soit pour cuisiner ou menacer ses fils.

Emmeline éclata de rire, puis lui piqua sa tasse pour se servir un café. Il ne protesta même pas. Il éviterait peut-être de faire la vaisselle comme ça.

- Un caractère de famille, commenta Emmeline avec flegme. Elle a toujours été gentille avec moi, cela dit.

- Tu reprenais de tous ses plats deux fois et tu as pris le temps de parler avec son petit de deux ans qui te racontait sa journée de crèche. Elle ne pouvait que t'adorer, Emy.

- Percy est un enfant vraiment éveillé, se justifia-t-elle. (Elle joua une seconde avec l'anse de sa tasse comme si elle hésitait puis ajouta à voix basse). Ça faisait un moment que tu ne m'avais pas appelé Emy.

Gideon retint un soupir et l'envie de partir en courant. Sa relation avec Emmeline avait toujours été ambiguë. Ils n'avaient qu'un an d'écart et s'entendaient déjà bien à Poudlard. Ils ne se fréquentaient pas réellement, mais ils se connaissaient et Emmeline avait toujours su le remettre à sa place avec humour, sans jamais être méchante comme lui-même avait pu l'être avec elle. En réalité, elle ressemblait davantage à Fabian au niveau du caractère et cela expliquait sans doute pourquoi elle s'était tout de suite bien entendu avec lui lorsqu'ils étaient brièvement sortis ensemble à la sortie de Poudlard. Fabian avait été enchanté de voir que son frère si caractériel avait enfin trouvé une fille pour lui tenir tête.

Pourtant, leur relation n'avait pas duré longtemps. A peine enrôlé dans l'Ordre, Gideon avait dû traîner une Emmeline inconsciente hors d'une bataille contre des mangemorts, laissant Fabian et Caradoc Dearborn seuls. Ce jour-là, il avait fait un choix qu'il ne voulait plus jamais avoir à refaire : la femme dont il commençait à tomber amoureux ou son frère. Il avait décidé qu'il ne voulait plus jamais ressentir non plus cette terreur paralysante ni cette impuissance criante. Le soir même, il lui annonçait leur rupture alors qu'elle était encore sur son lit d'hôpital. Etrangement, Emmeline ne l'avait pas insulté de tous les noms, elle n'avait pas pleuré ni crié... Elle s'était contentée d'hocher la tête, les traits impassibles, comme si elle se doutait déjà ce qu'il venait de lui annoncer. Molly et Fabian n'avaient pas compris bien sûr et ils ne s'étaient pas privés de le traiter d'idiot. Gideon les avait ignorés.

De toute façon, ce n'était pas comme si leur relation avait été « réelle ». Physique oui, mais émotionnelle ? Non pas complètement... C'était impossible de se consacrer à quelqu'un en temps de guerre lorsque vous entriez dans une société secrète. A l'époque, Caradoc Dearborn et Maugrey avaient été leurs instructeurs à lui, Fabian, Emmeline, et Benjy Fenwick. Et contrairement à plusieurs de ses nouvelles recrus, ils avaient tous un travail en même temps que leur entraînement. Gideon ne voyait Emmeline que pour des cours de duel entre deux repas pris au QG. Leur relation était vouée à l'échec.

Conscient que son silence devenait gênant, il se râcla la gorge et répondit finalement :

- Percy continue de t'appeler « Emy » ... C'est pour ça.

- Il se souvient de moi ?

- Peu de personne prenne le temps de l'écouter raconter comment il a réussi à faire un dessin en mélangeant les trois couleurs primaires pour obtenir d'autres couleurs. Crois-moi, il t'adore.

Emmeline sourit, l'air sincèrement touchée, et Gideon remercia intérieurement son neveu de lui sauver la mise. Pour éviter de prolonger la conversation, il donna un coup sur la table et se leva d'un bond.

- Bon allez ! Ce n'est pas tout ça, mais il est déjà 8h et j'ai des recrus à martyriser !

- Vas-y doucement aujourd'hui...

- Les mangemorts n'iront pas doucement, Emy. Je leur rends service.

- Je suppose que tu as raison. (Elle termina son café et se leva à son tour). Je suis désolée, je n'ai pas eu le temps de préparer un exercice pour eux... La régulation des fraudes magiques me prend tout mon temps en ce moment au Ministère.

- Aucun problème, j'ai tout prévu, dit-il en agitant ses fiches. Va me les réveiller, je vous attend dehors à l'arrière de la maison. Et si Black est en retard, je lui fais rattraper ses tours de course !

Sans attendre la réponse d'Emmeline, Gideon fonça vers la porte d'entrée et sortit dehors. Immédiatement, l'air frais du matin et l'odeur d'herbes fraîches l'assaillit. Il aimait le matin dans la campagne irlandaise. Au loin, le soleil éclairait d'une lumière dorée les bruyères violettes et il admira le spectacle quelques secondes avant de contourner la maison. Il ne savait même pas à qui elle appartenait véritablement. Dumbledore les avait simplement amenés ici le jour de leur recrutement dans l'Ordre en leur indiquant qu'il ne pouvait s'y rendre qu'en transplanant à l'extérieur du périmètre de sécurité et des barrières magiques. Il était interdit de relier la cheminée au réseau du Ministère pour des raisons de sureté.

Inspirant une grande goulée d'air, Gideon relu ses notes une dernière fois. Il avait passé des jours à analyser les points forts et les points faibles de chacun des petits nouveaux et l'épreuve d'aujourd'hui serait idéal pour voir leurs progrès et analyser davantage leurs failles. En attendant leur arrivée, Gideon hésita à s'allumer une cigarette puis renonça. Il ne fumait que rarement, souvent pour passer le temps lors des missions de surveillance interminables, mais il n'avait jamais vraiment aimé cela.

Comme il aurait pu s'y attendre, Lily et Remus furent les premiers à arriver.

- Les premiers de la classe, évidemment ! lança-t-il, amusé. Bien dormis ?

- On peut dire ça, marmonna Remus. On était obligé de se lever si tôt ?

- La guerre n'a pas d'heure, Lupin ! Va avaler un café si tu en as besoin, ça sera ma seule concession de la journée.

Remus grimaça.

- Si je bois un café, je vais vomir, dit-il. Ça ira.

- Y'a intérêt.

- Tu vas encore nous faire courir toute la matinée ? demanda Lily en fronçant le nez.

- Non, j'ai pitié de tes poumons, Evans. Mais je vais vous expliquer tout ça dans quelques minutes quand les autres seront là. J'espère que Potter ne t'a pas trop fatigué cette nuit.

Sa remarque grivoise eut l'effet escompté : le teint pâle Lily prit la même teinte que ses cheveux auburn frappés par le soleil et il s'esclaffa tandis que Remus secouait la tête.

- Prewett ! fit justement la voix de James. Laisse ma copine tranquille !

- C'est ta copine ? répéta-t-il sur un ton faussement surpris. Ça alors je ne l'avais pas remarqué ! Pourquoi tu ne nous l'a jamais dit ?

- Gide, le réprimanda Emmeline en arrivant à son tour. Laisse-les.

Gideon se contenta de sourire, goguenard, mais s'exécuta. Dans le fond, il aimait bien Lily. Et même James. Il avait rarement vu des jeunes si talentueux à peine sortie de l'école.

Quelques minutes plus tard, Sirius, Alexia, Marlène, Dorcas et Peter arrivèrent, les yeux encore ensommeillés. Ils tenaient leur tasse de thé ou leur tartine de confiture à la main et vu leur expression, Gideon comprit qu'ils le maudissaient sur les sept prochaines générations. Ah le plaisir d'être instructeur ! Il se demanda un instant si lui aussi affichait cette tête lors de sa formation mais il écarta cette hypothèse. Il ne l'admettrait jamais, mais il avait eu bien trop peur de Maugrey pour agir ainsi.

- Bonjour à tous et à toutes ! claironna-t-il d'une voix exagérément forte. Je vois que vous êtes en forme ! (Des grommèlements lui répondirent). Aujourd'hui, j'ai prévu un entraînement un peu différent de d'habitude ! Je sais que je m'occupe de la partie physique de votre formation, mais Fabian m'a lâchement abandonné pour ce qu'on appelle « un travail à plein temps ». Et Emmeline n'est visiblement pas impliquée dans votre réussite car elle arrive les mains dans les poches !

- La ferme, protesta-t-elle.

- Tu me vexes, Em', dit Sirius. Je croyais que tu pensais à nous toute la journée.

- La ferme aussi.

Les autres éclatèrent de rire et Gideon eut un rictus avant de continuer :

- Donc comme je disais, votre entraînement du jour sera centré sur vos compétences magiques. Et pour ça, on va faire des duels.

- Mais on en a déjà fait, souligna Marlène, il n'y a rien d'innovant là-dedans. (Elle parut réaliser qu'elle venait de le contredire ouvertement et rougit). Enfin, je veux dire...

- Très bon point, McKinnon, coupa-t-il en la pointant du doigt. Au moins une qui suit !

- Moi aussi, je l'avais remarqué... tenta de se rattraper James.

- Alors tu aurais dû t'exprimer, Potter. Bref, reprenons. Je ne vais pas vous demander de faire des duels classiques comme on l'a déjà fait. Non ! Aujourd'hui, vous allez me faire un tournoi de duels. Je veux voir votre esprit de compétition ressortir : celui ou celle qui gagnera aura le droit à la douche en premier pour l'eau chaude, sera épargné de corvée de vaisselle toute la semaine et surtout pourra avoir le droit de sauter un entraînement physique à l'avenir.

Avec plaisir, Gideon vit une lueur s'allumer dans les yeux de ses recrus. Sur sa droite, James et Sirius échangèrent un long regard, comme s'ils se mettaient déjà au défi de battre l'autre. Gideon ne fit pas durer leur espoir car il sortit sa fiche.

- Et bien sûr, dit-il, j'ai moi-même constitué les duels.

- Quoi ? Non !

- Désolé, Black. Je donne les ordres. (Il s'éclaircit la voix avant d'annoncer bien fort). Donc écoutez-bien tous : Remus contre Dorcas ; Alexia contre Peter ; Lily contre Sirius ; James contre Marlène ! Tous les coups sont permis, n'hésitez pas à prendre de la place, le terrain est vaste ! C'est une bataille autant qu'un duel, soyez stratégique. (Il marqua une pause, le temps de les laisser intégrer ses paroles). Ah et dernier détail, ajouta-t-il, la première phase se déroule pour tout le monde en même temps. Il faut que vous appreniez à vous battre pendant que les autres se battent aussi autour de vous. Les gagnants de chaque duo s'affronteront ensuite dans une deuxième phase et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il n'en reste que deux en finale. Que le meilleur gagne !

Etonnement mieux réveillés que quelques minutes auparavant, les jeunes se mirent en mouvement. Les tasses de thé furent déposées par terre et Dorcas envoya le reste de sa tartine vers un arbre où plusieurs oiseaux s'empressèrent d'en faire leur festin. Chacun sortit sa baguette pour se diriger vers son partenaire. Sur le côté, Emmeline les observait avec concentration et Gideon vint se placer à côté d'elle.

- Bonne idée d'épreuve, approuva-t-elle. C'est à la fois éducatif et ludique.

- Qu'est-ce que tu crois ? Je suis un excellent prof.

- Avant d'affirmer ça, attendons de voir s'ils en sortent tous vivants, d'accord ?

- Bon point, admit-il. Bon les mioches ? Prêts ?

D'un coup, ils se tournèrent vers lui et Gideon recula presque devant leurs expressions horrifiées. Même Emmeline haussa un sourcil.

- Plus jamais ! ordonna James. Plus jamais tu nous appelles « les mioches ».

- C'était déjà assez pénible la première fois, ajouta Dorcas en grimaçant.

- Quel timbré, marmonna Peter.

- Quoi ?

- Notre instructeur de transplanage pour notre permis, l'éclaira Lily. Crois-moi, trouves autre chose que les « mioches ». S'il te plaît.

Gideon secoua la tête, perplexe, mais haussa les épaules. C'était bien le dernier de ses soucis.

- Comme vous voulez... Bon prêts ? (Il n'attendit pas leur réponse). Alors allez-y ! Donnez tout ce que vous avez !

- 1... 2... 3... décompta Emmeline. Partez !

Des jets de lumières envahirent le champ de vision de Gideon. Par instinct, il recula jusqu'au mur de la maison et attrapa Emmeline par le coude pour qu'elle en fasse de même. Elle jeta un bouclier autour d'eux par précaution. Postés ainsi sur le côté, ils pouvaient parfaitement observés tout ce qu'il se passait sur le terrain et autant dire que les gamins ne retenaient pas leurs coups. Gideon vit Lily envoyer un maléfice cuisant à Sirius qui n'esquiva que par miracle.

Partout, les duos se battaient avec acharnement. La perspective de pouvoir louper une séance de course devait véritablement les motiver, songea Gideon. Amusé, il vit Remus tenter d'échapper à un sort de Dorcas et s'étaler de tout son long dans l'herbe. Elle tenta d'en profiter pour le désarmer, mais il roula sur lui-même et se remit sur ses pieds.

- Ils ont de la ressource, observa Emmeline, satisfaite. Leur niveau s'améliore.

- Au bout de deux mois et demi, le contraire m'aurait inquiété, répliqua-t-il. Mais oui, c'est encourageant. (Il tourna la tête et continua à juger les actions devant lui). Regarde, là-bas, indiqua-t-il d'un coup de menton.

- Marlène ?

- Ouais. Elle est encore trop dans la défensive, je lui ai dit trente fois ! Surtout contre Potter !

- Il se retient face à elle en plus, tu as remarqué ?

- Il ne veut pas l'éliminer trop tôt, jugea Gideon. Oh ! Ça a dû faire mal ! laissa-t-il échapper en voyant Alexia se prendre un stupéfix en pleine clavicule.

- Cassidy ! Eliminée ! cria Emmeline. Sors de la zone de duels. Pettigrew, bien joué. Viens par ici.

L'air maussade, Alexia s'exécuta après que Peter lui ai lancé le contre-sort. Il les rejoignit en petite foulée, le visage radieux, et Gideon s'autorisa à lui donner une tape dans le dos. De toutes les recrus, Peter était sans le doute le plus inconsistant. Il pouvait se révéler exceptionnellement doué pour certaines tâches et être tout juste médiocre certains jours. A son arrivée, Gideon avait émis des doutes auprès de Maugrey qui partageait son scepticisme. Dumbledore leur avait répondu dans une lettre brève mais ferme qu'il croyait en lui pour s'améliorer si on lui faisait confiance. Visiblement, le vieux directeur avait encore une fois eu raison.

- Lupin, terminé pour toi ! Meadowes, viens avec nous !

Gideon retint un soupir de dépit. D'ordinaire, un combat entre Remus et Dorcas aurait été bien plus équitable, mais depuis hier le jeune homme semblait... éteint. Et il n'avait pas de chance, Dorcas avait l'air d'être particulièrement déterminée aujourd'hui.

Sur le terrain, les deux dernières équipes s'affrontaient toujours avec hargne. Marlène paraissait avoir compris qu'elle se devait d'attaquer, mais James paraît ses coups sans trop de difficulté. Lily et Sirius en revanche... Gideon ne regrettait pas de les avoir mis ensemble pour la première phase. Leur style respectif donnait un combat des plus intéressant. Dans le soleil levant, les cheveux de Lily irradiait comme ses sortilèges qu'elle dégainait à une vitesse impressionnante. Elle manquait encore de coordination entre son esprit et son corps, Gideon le voyait à la manière dont elle laissait échapper des cris frustrés dès qu'un de ses sorts n'était pas axé. Sirius, lui, avait l'air de bien trop s'amuser pour ce genre d'exercice.

- Oh allez Lily ! dit-il justement à ce moment-là, sa voix portée par le vent. Imagine que je suis James en cinquième année !

- Pas besoin ! rétorqua-t-elle. Je te détestais tout autant, idiot !

- Patmol ! intervint James qui ne savait décidemment pas se mêler de ses affaires. Ne m'abîme pas ma Lily !

- Elle ne t'appartient pas, espèce de macho ! lui lança Marlène en même temps qu'un .

Gideon roula des yeux. Il allait les rappeler à l'ordre lorsque James jeta un sort de désarmement particulièrement vigoureux. La baguette de Marlène lui échappa et elle la contempla, impuissante, alors que James levait le poing en l'air.

- Victoire !

- C'est ça, c'est ça, Potter, tempéra Emmeline. Ce n'est que la première phase. Sur le côté, tous les deux.

Défaite, Marlène rejoignit Remus et Alexia à l'autre bout du terrain. Gideon n'en jurerait pas, mais il crut voir Remus vaciller une seconde sur ses jambes et il espéra qu'il ne s'était pas pris un mauvais sort par mégarde ou qu'il n'était pas blessé. A sa droite, l'expression d'Alexia le préoccupa aussi. Elle avait l'air sincèrement triste, comme si elle se retenait d'éclater en sanglot. Il se promit d'aller les voir entre les deux phases du tournoi de duels et se reconcentra sur le dernier en cours.

Sirius avait acculé Lily contre un arbre et elle tournait autour pour éviter ses attaques.

- Ne te cache pas, Lily ! C'est de la triche !

- C'est de la stratégie ! Mais il te faudrait un cerveau, Patmol, pour comprendre.

- Eh ! C'est mon surnom de Maraudeur, t'as pas le droit de...

Il se baissa juste à temps pour éviter un jet de lumière bleu. Gideon sourit : Lily savait jouer aussi.

- Vas-y Lily-Jolie ! encouragea James.

- Faux frère !

Malgré ses réparties incessantes, Gideon fut agréablement surpris par la concentration de Sirius. Il évita à nouveau un sort puis changea brusquement de direction pour essayer de feinter sur le côté gauche de Lily. Sa tentative fut payante : Lily tomba à terre et sa baguette roula plus loin.

- Sirius remporte le duel ! cria Emmeline. Bravo, belle bataille tous les deux.

- J'ai failli l'avoir, maugréa Lily en repoussant ses cheveux, clairement vexée.

- « Failli », répéta Sirius.

Elle le repoussa d'un coup dans l'épaule. Gideon leva les mains pour faire signe aux perdants au loin.

- Ok, venez tous ! Venez ! (Il attendit qu'ils fussent tous devant lui pour reprendre). C'était pas mal dans l'ensemble, vraiment. De belles idées et de belles stratégies. Pour les éliminés, il y avait des choses qui n'allaient pas quand même.

- Alexia, il faut mettre plus de puissance dans tes sortilèges, commença Emmeline avec fermeté. La moitié d'entre eux était inefficace. Et il va falloir t'entraîner à ne plus les formuler à voix haute. Ta stratégie en sera renforcée. Remus, je ne sais pas où tu étais, mais clairement pas avec nous. Tu étais imprécis au possible et surtout... lent ?

- C'est le mot, confirma Gideon. Tes gestes étaient trop lents. Je veux une amélioration pour la prochaine fois. McKinnon, rien de nouveau : plus d'offensif, moins de défensif par Merlin ! Quant à toi Evans... C'était bien, honnêtement. Bonne maîtrise des sorts et des maléfices. Très bonne puissance. Pratiquement que des informulés. Mais il va falloir déconnecter ton cerveau à un moment. Vas-y à l'instinct aussi, sinon ton corps sera toujours plus lent que ta tête.

Ils acquiescèrent tous sans broncher, mais Gideon vit à nouveau Alexia et Remus tressaillir devant leurs remontrances. Préférant ne pas les prendre à part devant les autres, il décida de continuer.

- La phase deux maintenant ! annonça-t-il. Dorcas contre Peter et James contre Sirius ! Allez ! En même temps encore une fois !

- Venge-moi, James ! exigea Lily.

En réponse, il lui envoya un baiser et Sirius éclata de rire avant de se mettre en position.

- 1... 2... 3 ! Allez-y !

Dorcas fut la première à attaquer. D'un mouvement souple, elle jeta un sortilège qui fusa droit sur Peter. Il émit un cri de surprise et se plaqua à terre pour l'éviter. Gideon admira à nouveau sa capacité d'esquive. Pourtant, les premières secondes de leur combat lui révélèrent ce qu'il savait déjà : Peter n'avait aucune chance. Dorcas avait immensément progressé ces dernières semaines. Elle s'était même révélée une fois sortie du cadre scolaire et Gideon savait qu'elle serait un atout considérable. Elle manquait simplement encore d'endurance, mais Peter ne lui donnerait pas de problème de ce côté-là. Il n'était pas rapide, il était vif. Surtout, il avait l'esprit de survie. Gideon n'avait jamais réalisé à quel point ce détail pouvait être important avant de devoir gérer des têtes brûlées comme James et Sirius. Peter était plus calme, il avait conscience des risques. Si cela le desservait parfois et le paralysait, il commençait à comprendre comment en faire une force. Gideon espérait simplement que cela serait le cas aussi dans la réalité face aux mangemorts.

- Accroche-toi, Pettigrew ! encouragea soudain Emmeline. Bats-toi, surveille tes arrières !

Surpris, Gideon lui coula un regard interdit, comme une question muette et elle joua avec sa tresse.

- Il a besoin de se sentir soutenu, plaida-t-elle.

- Il ne le sera pas pendant une vraie bataille.

- On n'en est pas encore là. S'il faut y aller par étapes alors on le fera.

- Tu n'es pas leur mère, Emy.

Elle claqua de la langue, agacée.

- Qu'est-ce qui te prend avec ce surnom tout d'un coup ?

- Je l'ai dit, j'ai trop vu Percy ces derniers temps. Ne détourne pas le sujet !

- On en reparlera plus tard, le rembarra-t-elle sèchement. On doit les évaluer, laisse-moi me concentrer.

- Emmeline...

Mais elle l'ignora, les yeux fixés sur les combats devant eux. Gideon se détourna, irrité, et l'imita. Il ne comprenait pas toujours le style d'enseignement d'Emmeline. Ils avaient clairement réparti les rôles en tant que « bon Auror » et « méchant Auror » – Fabian faisant office de milieu modéré – mais il trouvait qu'elle allait parfois trop loin. A vouloir être la grande sœur sympathique, Emmeline allait finir par trop leur faciliter la vie. Il s'estimait heureux qu'elle continue à les appeler par leur nom de famille pendant les entraînements contrairement aux moments de détentes, chose qu'il n'arrivait pas encore à se résoudre à faire.

Enervé contre lui-même, il secoua la tête pour arrêter de penser à Emmeline et accorda à nouveau son attention à ce qui se passait devant lui. Visiblement, James et Sirius n'avaient pas décidé s'ils se battaient l'un contre l'autre ou ensemble. Atterré, Gideon les observa s'envoyer des sorts sans réelles conséquences tout simplement parce que l'autre avait l'air de savoir à l'avance ce qu'il allait recevoir.

- Je rêve ou... marmonna Emmeline.

- Toi aussi tu as l'impression que... ?

- Ils s'entraînent souvent ensemble, leur apprit Remus, les mains dans les poches. Depuis le mois de juin quand Dumbledore nous a recruté. Ils ont des séquences de sorts-contre sorts précis pour s'exercer. Je crois qu'ils se sont un peu trop habitués...

Gideon faillit en lever les bras au ciel. Il ne l'avait pas vu venir celle-là...

- Potter ! Black ! hurla-t-il. Du spontané ! Je veux un vrai combat, pas une démonstration ! Surprenez-vous par la barbe de Merlin !

- D'accord ! répondit James.

Leurs attaques changèrent radicalement à partir de là. Plus fines, plus inattendues, ils se mirent à se déplacer davantage, le corps aux aguets. Sur leur droite, Dorcas attaquait toujours sans répit et Peter perdait du terrain. Ses mouvements, trop lents, se faisaient saccadés à mesure qu'il jetaient bouclier sur bouclier en reculant. Il n'eut aucune chance face à un maléfice de Jambencoton et il s'effondra par terre, ses jambes se dérobant sous lui. Dorcas poussa un cri de victoire.

- Meadowes va en finale ! cria Gideon.

Un grand sourire aux lèvres, Dorcas revint vers eux et se laissa même prendre dans les bras par Lily en riant.

- Tu es notre représentante, dit Marlène, achève-le surtout !

- Compte sur moi. Que ça soit James ou Sirius, il va souffrir.

- T'as fait de ton mieux, mon vieux, dit Remus pour réconforter Peter en lui posant une main sur l'épaule.

- C'était super, Pete, ajouta Alexia. Je suis fière de toi.

- Merci... souffla-t-il, l'air heureux.

Gideon s'autorisa à lui adresser un signe pour le féliciter et son visage s'éclaira.

De leur côté, James et Sirius se tournaient toujours autour, inflexibles. Ils se connaissaient trop bien pour laisser l'autre prendre l'avantage et Gideon siffla pour leur mettre un coup de pression. James parut comprendre qu'il devait changer de stratégie. D'un coup, il se mit à courir vers la maison et Sirius eut un temps de retard, déstabilisé. Alors que James disparaissait à l'angle, il s'élança à sa poursuite ; mais lorsqu'il voulut lui-même suivre le même chemin, James réapparut d'un bond.

- Surprise ! s'exclama-t-il, clairement amusé.

Et Sirius fut propulsé en arrière. Tout le monde se mit à rire, même Gideon. Il allait demander à Black de se mettre à l'écart, mais celui-ci se releva soudain, baguette tendue.

- Expelliarmus !

Le sort de désarmement fusa. James ne put rien faire à part regarder sa baguette tournoyer dans les airs avant de retomber sans bruit dans l'herbe. Il cligna des yeux sans réaliser et Emmeline applaudit.

- Black vainqueur ! annonça-t-elle. Mais bel esprit d'initiative Potter !

- C'est de la triche ! Je l'avais eu !

- Méfis-toi toujours de ton adversaire avant de lui tourner le dos, dit Gideon d'un ton docte. Ça t'apprendra.

D'un geste rageur, James ramassa sa baguette. Sirius lui envoya un sourire provocateur et il maintint sa façade une seconde avant de se mettre à rire. Il passa un bras autour des épaules de Sirius et les deux meilleurs amis revinrent vers eux en se poussant mutuellement.

- Sale clébard, marmonna James, je t'aurais la prochaine fois.

- Si ça t'aide à dormir la nuit, Cornedrue.

- C'était un beau combat, les garçons, les félicita Emmeline. Impressionnant. Et inventif. Certains sorts étaient vraiment intéressants. Vous avez appris tout ça à Poudlard ?

- Non, répondit James, mon père et moi on s'amusait à jouer à Auror et Voleur quand j'étais petit. On se lançait des sorts inoffensifs mais qui peuvent devenir efficaces si on y pense un peu.

- Je te l'accorde, ce sortilège pour rendre la terre glissante était très bien réalisé.

- J'ai failli me casser la cheville, oui, maugréa Sirius.

D'un mouvement souple, il enleva son pull pour révéler un t-shirt noir, le front trempé de sueur et Gideon sut que le prochain duel allait être plus éprouvant pour lui et Dorcas, fatigués par les précédents.

- Et toi, Sirius ? Tu avais des leçons privées avec Flitwick et McGonagall pour connaître tout ça ? se moqua Emmeline.

- Non, j'avais un frère à martyriser et une cousine qui me martyrisait, répondit-il sans visiblement réfléchir. Ça t'apprend des sorts.

Un silence embarrassé suivit les paroles de Sirius et lui-même parut réaliser ce qu'il venait de dire. Emmeline ne trouva rien à répondre à cette explication. Heureusement, James lui sauva la mise :

- Les seules leçons privées qu'il avait c'était avec Rusard en retenues. Pas vrai, Patmol ? Rappelle-nous combien il y a de trophées puisque tu les a tous nettoyés ?

- Cent cinquante-deux.

- Sans oublier le dernier que j'ai gagné lors de la finale de Quidditch !

- « Que j'ai gagné », se moqua Alexia. Tu étais le seul dans l'équipe peut-être ?

De manière très mature, James se contenta de lui tirer la langue et Gideon frappa dans ses mains pour les rappeler à l'ordre.

- Bon allez, on a une finale à voir ! Black, Meadowes, à vos baguettes !

Sirius et Dorcas se lancèrent un regard de défi et s'éloignèrent pour regarder la zone d'exercice à quelques mètres, face à face en position de combat. Le reste d'entre eux, alignés contre le mur, prit soin de bien s'écarter.

- Tu vas mordre la poussière, Black !

- Dans tes rêves, Meadowes !

Gideon aimait déjà cet esprit de compétition.

- Vous misez sur qui, vous ? demanda Peter.

- Sirius, répondit James sans hésiter.

- Trois noises sur Dorcas, contra Lily.

- Pareille, enchaîna Marlène.

- Ce n'est pas éthique de miser sur le dos de ses amis, non ?

- C'est une guerre, non, Em' ? Rien d'éthique !

- Potter, gronda Gideon, il n'y a rien de drôle là-dedans.

Evidemment, sa réprimande fut accueillie par des rires. Remus eut au moins la décence d'essayer de faire passer le sien en toux. Las, Gideon les ignora et se tourna à nouveau vers les finalistes qui attendaient son signal de départ.

- Bien, on y va ! 1...2...3 ! Que la finale commence !

Cette fois-ci, le combat était bien plus facile à suivre puisqu'ils n'étaient plus que deux et Gideon veilla à véritablement observer chaque détail. Leurs gestes avaient encore l'imprécision du manque d'expérience, mais ils se donnaient entièrement. Dorcas avait un style agressif, précis, iconoclaste. Pour avoir vu des duellistes professionnels comme Benjy Fenwick, Gideon savait que leur technique était aussi fine et dangereuse qu'une baguette entre de bonnes mains. La technique de Dorcas en revanche était celle d'une personne qui venait d'apprendre sur le tas et se révélait particulièrement douée pour l'exercice. Elle compensait en énergie ce qu'elle perdait en savoir-faire. Sirius, lui, avait une approche plus classique, voire vieille école. Comme toutes formes de magie, le duel évoluait avec le temps et il semblait s'être arrêté au début du siècle. Une trace de son éducation sang-pur à n'en pas douter.

Curieux, Gideon se concentra sur lui, tentant de déceler ce qu'il pouvait bien resté de son côté Black malgré ce qu'il affirmait. La posture qu'il prenait pour se battre était incontestablement familiale. Ou alors il partageait ce trait avec sa cousine Bellatrix. Gideon s'en rappelait suffisamment : elle lui avait cassé le nez il y a deux ans.

Pour tout dire, il n'était pas étranger à la famille Black. Il l'avait très peu côtoyé, mais il se souvenait encore du mariage de son oncle Ignatus. Il n'avait que sept ans mais les souvenirs flous qu'il conservait cette journée lui renvoyaient une image des Black peu chaleureuse. Son oncle, un homme grand à la figure allongée, s'était mariée à Lucretia Black avec sincérité et sentiments. Un rare mariage d'amour qu'avait désapprouvé la famille Black dès son annonce. Les Prewett n'étaient pas assez nobles pour eux. Gideon n'en avait rien à faire. De toute façon, ce qu'il trouvait encore étrange, c'était plutôt d'être le cousin par alliance de Sirius.

- N'essaye même pas, Dorcas, tu vas perde, nargua ce dernier en se baissant pour éviter un sort.

- Parle moins, bats-toi plus !

- Pourquoi ? T'aimes pas ma voix ?

Dorcas jeta un maléfice de saucisson qui le frôla au-dessus de la tête.

- Tu te déconcentres tout seul juste parce que tu aimes t'entendre parler ! fit-elle en se moquant, haletante. Ça me rappelle quelque chose !

Sirius plissa les yeux et répondit par un sortilège de stupéfaxion qu'elle dévia.

- On avait dit qu'on ne mentionnerait jamais ça...

- Il n'y a pas de règles dans une guerre ! Pas de ma faute si ce jour-là tu...

- Expelliarmus !

-... avec le drap !

La voix de Sirius, qui avait presque crié l'incantation, couvrit la phrase de Dorcas à la grande déception de Gideon. Il prenait toutes les anecdotes embarrassantes qui pourraient lui servir contre Sirius.

- Est-ce qu'elle vient... elle vient juste de tenter de le déstabiliser en évoquant leur ancienne vie sexuelle ? s'exclama Marlène, abasourdie et admirative à la fois.

- Pourquoi j'oublie toujours qu'ils sont sortis ensemble ?

- Parce que ça a duré quatre mois, Pete, répondit Remus. Et que c'était une horreur.

- Ils s'entendaient plutôt bien quand ils ne s'engueulaient pas, mesura James.

- C'est ce que tu te disais à propos de toi et Lily ? Se moqua Alexia.

Gideon aurait juré que sa voix paraissait forcée et il tressaillit en se rendant compte que la conversation devait être affreusement gênante pour elle. Remus, lui, était trop concentré sur le combat devant lui car il répondit à James sans même relever la tentative d'humour d'Alexia :

- C'est vrai, ils pouvaient bien s'entendre... Mais je crois que mes oreilles ont perdu un peu de leur audition à cause de leurs disputes donc ça me reste surtout en mémoire.

- Meadowes, attention à ta garde sur ton flanc gauche ! hurla brusquement Emmeline.

Cela suffit à faire taire les autres. Près du grand chêne qui bordait la limite du terrain, Sirius avait réussi à faire reculer Dorcas qui était de plus en plus essoufflée. Encore une fois, sa condition physique lui faisait défaut là où Sirius semblait mieux tenir le choc. Trois ans dans l'équipe de batteur de Gryffondor forgeait une endurance. Vif comme un balai lancé à pleine vitesse, il amorça un pas sur le côté pour tenter d'attaquer Dorcas sur son flanc droit maintenant qu'elle s'était reconcentrée sur son gauche. Malheureusement, elle le vit venir et se jeta à terre. Déstabilisé, il voulut changer la trajectoire de son attaque en abaissant sa baguette, mais Dorcas lui faucha les jambes d'un coup de pied désespéré. Il bascula en arrière et s'étala à son tour.

Gideon éclata de rire.

- Elle a le droit de faire ça ? vérifia Emmeline.

- Il n'y a aucune règle dans une guerre ! cita-t-il. Ça c'est bien joué !

Raide, Sirius se releva en même temps que Dorcas et ils se fusillèrent du regard.

- Harpie, jura-t-il, même si une note d'admiration perçait dans sa voix.

- Pitié, m'appelles pas comme ta mère, dit-elle, le souffle court. C'est cruel.

- T'as raison, t'es plus un croisement entre un dragon et une acromentule.

- Je prends ça comme un compliment, espèce de troll !

Les jets de lumières émanant de leurs baguettes se télescopèrent soudain et ils vacillèrent. Gideon grimaça.

- On peut leur donner des points pour l'inventivité des insultes ? murmura Emmeline.

- Je le noterai dans mon rapport à Maugrey, lui promit-il. Mais tu ne crois pas qu'on devrait les faire s'arrêter avant qu'ils se blessent ?

- Tu t'inquiètes pour eux maintenant ?

- Non, mais si on tue nos recrus, on aurait l'air idiot.

- Personne ne viendra arrêter une bataille parce qu'ils sont fatigués, objecta-t-elle.

Gideon allait protester que ce n'était qu'un entraînement lorsqu'il remarqua son sourire en coin et il comprit qu'elle se fichait de lui. Il roula des yeux. Mains en l'air pour se faire remarquer, il s'avança brusquement en avant et cria :

- Terminé ! Stop !

- Quoi ? s'indigna Dorcas, sa lourde poitrine se soulevant à un rythme erratique. J'allais l'avoir !

- N'importe quoi ! Tu allais faire une crise cardiaque d'ici deux minutes !

- J'ai encore assez de souffle pour t'insulter !

- Ok, ok, stop ! intervint Emmeline. On ne doute d'aucun de vous, mais on ne veut pas de blessés. Lily a mieux à faire que de jouer votre infirmière personnelle à cause d'une cheville cassée ou d'un mauvais sort.

- Je n'aurais soigné que Dorcas, affirma cette dernière.

Sirius porta sa main à son cœur, l'air peiné.

- Lily ! Et moi qui croyais... James, je t'interdis de continuer à la voir ! C'est elle ou moi !

- C'est ça, Patmol. Va prendre une douche.

Le rire des Maraudeurs couvrit le rugissement du vent qui s'était levé. Gideon avisa la sueur qui perlait sur le cou de Sirius et le visage de Dorcas et décida de les faire rentrer avant que l'un d'eux n'attrape une pneumonie. Il frappa dans ses mains.

- On rentre, les gamins, allez. Et félicitations.

- Un compliment, Prewett ? Je peux mourir en paix !

- C'est ça, Black...

D'un même mouvement, ils se mirent tous en marche vers l'entrée de la maison. Gideon ne put s'empêcher de remarquer qu'Alexia marchait en tête de groupe, éloignée des autres, et il se promit d'aller lui parler plus tard. Il se remémora aussi la remarque de Sirius seulement quelques secondes auparavant ... « Tu allais faire une crise cardiaque d'ici deux minutes ! » avait-il dit à Dorcas. Il espérait qu'elle ne l'avait pas pris personnellement.

- Eh Prewett ! l'appela soudain Dorcas.

- Hum ?

- Est-ce que ça veut dire qu'on a tous les deux remportés le droit de ne pas faire la vaisselle pendant une semaine et de louper un entraînement de course ?

- Non, ça veut dire qu'aucun de vous ne l'a gagné.

Un concert de cris indignés lui répondit et Gideon sourit. Décidément, il aimait ce rôle d'instructeur.

************************************************

Verdict ?

J'ai adoré écrire ce chapitre, l'ambiance de l'Ordre et de tout le groupe maintenant qu'ils sont sortis de Poudlard. Alors il y a aura des moments lourds à cause de la guerre, mais j'aime l'idée d'écrire aussi des moments plus légers surtout en phase d'entraînements.

A dans deux semaines !
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Well hello there 8-)
annabethfan a écrit : lun. 01 nov., 2021 12:31 pm Chapitre I : Aux portes de la guerre Eh, c'est le titre de ma 2e partie non :lol:

- Allez ! On se bouge ! Plus vite !

- Je vais te tuer, Prewett...

- Ce sont les mangemorts qui vont te tuer si tu ne cours pas plus vite Elle es facile celle-là :lol: ! Allez ! Encore un tour ou je vous envoie Maugrey pour la prochaine séance.

James redoubla sa foulée. Plutôt mourir que de devoir affronter Maugrey à nouveau Alors James, t'as peur de Maugrey ? . Les frères Prewett étaient peut-être des instructeurs sans pitié, mais ils restaient dans les limites de la légalité. Ce que Maugrey leur faisait endurer devait forcément être répréhensible ou punie par une loi quelque part en Europe. Du moins, James en était persuadé.

Les poumons en feu, il accéléra davantage. Plus vite il ferait le tour de la maison, plus vite il pourrait s'affaler dans l'herbe et ne plus bouger. Ses jambes criaient grâce. Il trouvait quand même osé que Fabian lui fasse une remarque à lui alors qu'il était le premier du groupe qu'est-ce qu'il doit dire aux autres alors :lol: . Il n'avait même pas besoin de se retourner pour savoir que les autres peinaient derrière, surtout Lily et Marlène, même si elles s'étaient grandement améliorées par rapport à la première séance d'entraînement en juillet dernier.

L'été avait été bien différent des précédents. D'habitude, James passait ses deux mois de vacances à dormir jusqu'à midi, à voler dans son jardin, et à rendre visite aux Maraudeurs tous les deux jours pour sortir en ville. Tout avait changé cette année. Il n'était pas retourné à Poudlard le 1er septembre pour commencer et cette simple perspective le déstabilisait encore. Surtout, ses journées avaient été rythmées par un réveil matinal dommage, des duels de sortilèges, et des entraînements physiques DUR. Avec comme instructeurs en chef les frères Prewett, Fabian et Gideon Coucou les garçons :')))). James ne savait honnêtement toujours pas quoi penser d'eux. Le premier, l'aîné, avait la tête froide et l'esprit critique. Il était aussi un duelliste hors pair. Son cadet, lui, était bien plus sarcastique, voire cruel avec les mots, mais était tout aussi efficace lorsqu'il s'agissait de se battre. Il fonctionnait surtout à l'instinct et aux émotions, ce qui faisait qu'il pouvait se montrer plus compatissant que son frère, et James se sentait davantage proche de lui que de Fabian. J'avais fait l'inverse (c'était Gideon l'aîné), j'ai juste pas suivi le canon ou on pouvait inventer ? :lol:

Il ne pouvait pas le nier : les Prewett lui appris en un été ce que Poudlard aurait mis un an à faire Poueheheh tu veux dire que quand on vire les cours d'histoire de la magie, on a plus de temps pour apprendre des choses ? . Les cours particuliers aidaient à avancer plus vite, mais c'était surtout le fait de se faire pousser dans ses retranchements qui le faisait aller de l'avant. James aimait un défi. Il aimait se dépasser, aller au-delà de ses limites, et c'est exactement ce que l'Ordre lui demandait. Il avait conscience que ce n'était pas le cas pour tout le monde. Peter avait eu énormément de difficulté au début et James avait dû intervenir le jour où Gideon avait été si virulent avec lui qu'il en avait eu les larmes aux yeux, paralysé J'ai presque de la peine pour lui. Presque. . Dorcas aussi avait eu du mal, mais pas pour les mêmes raisons. Son caractère s'était en effet souvent heurté aux ordres et au ton autoritaire des Prewett, à tel point que Edgar Bones avait repris en main son entraînement lorsqu'il le pouvait. Haut placé à la Justice Magique, son emploi du temps était pourtant déjà surchargé, mais il mettait un point d'honneur à passer les voir le week-end pour voir leurs progressions. Il avait non seulement donné des conseils à Dorcas, mais aussi Peter et Marlène. Moooow :') (aux dépens de ton fils par contre)

De tous leurs instructeurs, James préférait de toute façon Emmeline Vance. Avec les frères Prewett, elle était chargée de les former cet été et sa méthode était bien plus douce que celle de Gideon et Fabian. Pédagogue, elle n'hésitait pas à leur montrer et à leur expliquer les choses plusieurs fois. Sirius aimait la surnommer « Em' » juste pour faire enrager Fabian.

- Et... terminé ! cria justement ce dernier. Pas mal, Potter. C'est ton meilleur temps ! McKinnon, bel effort, tu t'améliores. Lupin, tu m'as fait quoi aujourd'hui ? Tu t'es pris pour un escargot ? Et Evans, comme j'ai pitié de ton visage de tomate, je vais dire que c'était bien mais améliorable Il est affreux :lol: . Les autres, je veux encore mieux la prochaine fois !

James s'effondra littéralement. Le cœur battant à un rythme erratique dans sa cage thoracique Erreur fatale, il faut marcher m'enfin, il se renversa sur le dos, haletant. Il essuya son front trempé de sueur et essaya de ne pas recracher ses poumons. A côté de lui, Lily se laissa tomber sur les genoux. Son teint avait effectivement pris une teinte rouge vif.

- Je vais mourir, annonça-t-elle.

- Mais... mais non... Tu as entendu Fabian : t'as fait une bonne performance.

- J'ai couru quatre tours de moins que toi, James.

Il grimaça, puis roula sur le côté pour lui faire face, une main sous la tête.

- C'est normal, je fais du sport depuis mes six ans et j'avais entraînement de Quidditch pendant toute notre scolarité. Toi, tu passais ton temps à la bibliothèque. Elle montait les escaliers de Poudlard quand même !

- Rembarre tout de suite ton air satisfait, Potter, j'ai compris... J'aurais mieux fait de sortir de mes livres.

- J'ai pas dit ça...

- C'est marqué sur ton visage.

James éclata de rire. Il tendit la main pour l'attirer contre lui, mais elle le repoussa avec une exclamation de protestation :

- Ah James ! Tu dégoulines de sueur ! M'approche pas !

- Tu ne disais pas ça hier soir, Evans, lança Gideon, goguenard. :lol: :lol: :lol: :lol: Je vis pour l'Ordre qui fait des remarques salaces à Jily

Immédiatement, l'insinuation fit s'embraser le visage de Lily. James fusilla Gideon du regard, agacé. Depuis le début de l'été, il s'amusait à faire des plaisanteries dans ce genre en sachant pertinemment que cela mettrait Lily mal à l'aise, surtout qu'ils n'avaient jamais passé la nuit ensemble dans ce sens-là.

- Tu ne nous as pas assez martyrisé comme ça ? dit-t-il.

- Jamais. Vous êtes mes petites recrues !

- Allez les jeunes, leur cria Fabian. L'entraînement est fini pour aujourd'hui, on vous libère.

Un concert de soupirs soulagés lui répondit. Le corps douloureux, James se remit sur ses pieds et se tourna vers Remus qui arrivait vers lui, le souffle court. Il lui donna une tape dans le dos.

- Tu tiens le coup ? chuchota-t-il.

- Ça peut aller... Dure journée, c'est tout...

- Mauvais mois ?

- Non, il y a eu pire... Mais je suis fatigué avec la course, c'est tout.

James se retint de protester. Il voyait bien que le corps de Remus était épuisé par les effets de la pleine lune qui s'approchait et que son ami tentait de faire bonne figure. Le mois dernier, il avait réussi à tenir jusqu'au bout sans trop en ressentir le contre-coup. Au fil des années, James avait observé que Remus pouvait se sentir plus ou moins fatigué en fonction des mois et qu'il était impossible de prévoir à l'avance. En juillet, il avait voulu persuader Remus d'avouer son secret aux frères Prewett ou à Emmeline Vance pour qu'ils soient au courant de sa situation, mais il avait fermement refusé. Seul Dumbledore et Maugrey étaient au courant. La veille de la pleine lune, Remus se contentait de prétexter devoir retourner voir ses parents car sa mère était malade. James avait tellement entendu cette excuse au cours des dernières années qu'il en était venu à la détester, mais pour l'instant personne n'avait posé de questions. Ils n'étaient pas obligés de rester sept jours sur sept au QG, ni d'être disponibles hors des jours d'entraînements... Du moins pour l'instant. James avait peur que Remus ne puisse pas maintenir les apparences après leur période de formation qui devait prendre fin dans deux semaines.

- Tu es toujours sûr de toi pour... ton problème de fourrure ?

- Certain, James.

- Mais...

- Le lapin de Remus fait encore des siennes ? lança Fabian en arrivant brusquement. Tu devrais le passer à la casserole, tu serais tranquille ! ça l'étonne pas qu'ils parlent d'un bête lapin de façon aussi grave ? :lol:

- Sans cœur ! lui hurla Peter depuis l'avant du groupe.

Leur conversation avait dû lui parvenir aux oreilles et James le remercia intérieurement pour la diversion car Fabian se détourna tout de suite pour rejoindre les autres devant. Dès qu'il fut plusieurs mètres devant eux, Remus lui adressa un regard de reproche.

- James, sois discret par Merlin ! murmura-t-il furieusement.

- Désolé, désolé ! J'avais pas vu qu'il...

- Alors regarde mieux la prochaine fois ! oups

Le ton tranchant de Remus prit James au dépourvu. Blessé, il ralentit le pas pour cacher l'expression de son visage. Depuis le début de l'été, il se rendait bien compte que Remus était stressé par son secret. Devoir être constamment sur ses gardes était épuisant au bout d'un moment, il le comprenait bien. Pourtant, ils avaient toujours fait front ensemble : les Maraudeurs étaient une unité, un groupe qui affrontait les problèmes des uns et des autres. Il n'avait pas l'habitude que Remus se renferme comme ça Pauvre bébé T.T . Si Sirius lui avait déjà fait le coup, Remus était plus ouvert d'habitude.

- Pardon, s'excusa-t-il à nouveau. C'était ma faute, je ferai attention...

Son orgueil blessé devait s'entendre dans sa voix car Remus se retourna et avisa son expression. Il soupira, les épaules défaites, puis se passa une main fatiguée sur le visage.

- Non, c'est moi qui suis désolé... Je suis un peu à cran je crois en ce moment. Je n'ai plus l'habitude de me sentir comme ça, toujours sur les nerfs... A avoir peur que quelqu'un...

- Eh Remus, ça va aller, assura-t-il. Si tu ne veux pas leur dire, je comprends, vraiment...

Son ami afficha un sourire triste.

- Non, James, tu ne comprends pas. Mais je suis heureux que tu ne puisses pas comprendre justement, je ne le souhaite à personne. Et puis vous êtes toujours là les soirs de pleine lune, ça aide.

- Complètement ! approuva-t-il, soucieux de le rassurer. On fera toujours en sorte que l'un de nous soit disponible, t'en fais pas.

Remus laissa échapper un rire étouffé et s'arrêta devant la porte du QG, une vieille maison campagnarde perdu au milieu des landes irlandaises sans aucune trace humaine à des kilomètres à la ronde.

- Comment tu fais ça ? fit-il, un sourire en coin presque incrédule aux lèvres.

- Ca quoi ?

- Être toujours optimiste !

James joignit son rire au sien.

- Aucune idée, un énième talent pour moi ! Que veux-tu ? Je suis incroyable !

- C'est ton ego qui est incroyablement gonflé oui, rétorqua Remus.

- Eh !

A coups d'épaule, ils se poussèrent mutuellement pour rentrer en riant et Emmeline Vance, qui passait dans le couloir entre le cellier et la cuisine, s'arrêta pour les regarder. Elle secoua la tête, faisant se balancer ses longs cheveux châtains qui lui arrivaient au niveau des hanches.

- Les garçons ! Un peu de sérieux... Et moi qui croyais que tu étais le « sage » de la bande, Remus. Une telle désillusion.

- On ne t'avait rien promis, nous ! répliqua James. Fallait pas te faire de faux espoirs.

- Tu rejettes la faute sur moi, là ? Fais attention, demain je suis chargée de l'entraînement et je peux te faire vivre une séance bien difficile.

Immédiatement, le sourire de James s'effaça.

- Em' ! Je rigolais ! dit-il en courant après elle dans la cuisine. Allez !

- Arrête avec ce surnom, râla-t-elle. Sirius est déjà assez pénible.

- Mais je suis moins pénible que lui quand même, non ?

- C'est sujet à débat.

Gideon, assis à la table de cuisine devant une tasse de café fumante qu'il venait juste de se faire, s'esclaffa avant d'afficher un rictus en coin.

- D'ailleurs Potter, où est ta moitié ?

- Lily ? Partie prendre une douche sûrem...

- Non, pas Evans. Black. Il était prévu à l'entraînement, non ? HAHAHAHA

James se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer, agité. Le nom de Sirius était bien inscrit sur le tableau de présence de l'après-midi, mais il n'était jamais arrivé et James avait une petite idée de pourquoi. Ce matin, son meilleur ami avait prévu de passer prendre Alexia chez sa sœur en banlieue londonienne après qu'elle ait passé la soirée à garder sa petite nièce, Ellie. Ils devaient passer la matinée ensemble puisque Alexia ne travaillait pas au Ministère ce jour-là. Et il ne fallait pas être devin pour comprendre que la matinée s'était transformée en journée. Il abuse Sirius

Mal à l'aise, il soutenu le regard de Gideon, inquisiteur, avant de répondre prudemment :

- Un empêchement, je crois... Mais il sera là demain.

- Y'a intérêt. Et dis-lui qu'il fera trois tours supplémentaires pour compenser.

- Gide, soupira Emmeline.

- Il faut être dur avec eux pour ça rentre ! (Il avala une gorgée de sa tasse puis se leva souplement). Bon je file ! J'ai rendez-vous avec Maugrey. A demain !

Emmeline tenta de le retenir, mais il était déjà presque à la porte :

- Gide ! Ton café, tu n'as pas... Roh !

- Moi aussi à sa place j'aurais peur d'être en retard à un rendez-vous avec Maugrey.

- James... Va te doucher.

Il sourit.

- Oui m'dame !

Et il disparut à l'étage.

**

*

Le corps encore endormi, Sirius se redressa sur un coude et jeta un coup d'œil à l'horloge murale qui semblait le narguer à l'autre bout de la pièce. Il était quinze heures passées Qu'est-ce qu'il fait au lit à 15h lui. Il aurait dû être au QG depuis une éternité pour l'entraînement physique du jour des frères Prewett. Merlin, Gideon allait le tuer. Et Fabian allait l'enterrer pour faire bonne mesure.

En toute honnêteté, Sirius n'avait pas vu le temps défiler. Ce matin, il était passé prendre Alexia chez sa sœur et elle lui avait ouvert, sa petite nièce Ellie âgée de seulement un mois dans les bras, rayonnante. Après avoir babillé pendant dix minutes pour lui dire au revoir, il avait enfin réussi à l'emmener avec lui pour une balade à moto à pleine vitesse en périphérie de Londres. Sur les chemins de campagnes, il avait poussé l'accélérateur bien au-delà de la raison et les cris de joie d'Alexia s'étaient mêlés au bruit assourdissant du vent. Elle lui avait déjà confié que la vitesse lui donnait la sensation d'être vivante. Que l'air lui brûlait les poumons, violent et implacable, mais qu'elle se sentait indiciblement vivante. Et Sirius aimait lui offrir ce sentiment.

Il baissa les yeux sur Alexia, encore endormie à côté de lui. La couverture avait glissé jusqu'à sa taille, dévoilant sa poitrine HMM HMM, et il se contenta de contempler les mouvements de sa respiration qui animait son corps. Après leur balade à moto, ils étaient revenus chez lui dans son petit appartement du côté moldu de Londres. Ils n'avaient même pas mangé alors que l'horloge sonnait midi et leur début d'après-midi s'était déroulée dans son lit.

Incapable de se retenir, il tendit la main et frôla du bout des doigts la clavicule d'Alexia qui frissonna. Sirius sourit, amusé, puis renouvela son geste. Cette fois-ci, les paupières d'Alexia papillonnèrent et elle s'étira en grommelant.

- Tu m'as épuisé et tu me laisses même pas dormir...

- Moi je t'ai épuisé ? rit-il. Je crois me rappeler que c'est toi qui a...

- Tais-toi, coupa-t-elle en le repoussant.

Elle se laissa tomber sur son torse, leurs jambes entremêlées sous la couverture, et Sirius l'attira contre lui. Alexia fronça les sourcils.

- Tu ne devais pas partir pour l'entraînement ?

- Si...

- Sirius...

- Quoi ? Je brave la colère de Gideon et Fabian pour toi ! Sens-toi flattée.

Alexia le repoussa à nouveau en riant, mais il verrouilla ses bras autour d'elle. Il sentait la chaleur irradier de son corps mince et il déposa un baiser le long de sa clavicule, là où il l'avait caressé du bout des doigts quelques secondes auparavant.

- Sirius... souffla-t-elle. Tu devrais réellement filer...

- L'entraînement est presque terminé à cette heure-ci, protesta-t-il. Ça ne servirait à rien. (Il l'embrassa à nouveau juste au-dessus de la poitrine). Tu veux me mettre dehors ?

- Non, jamais. Mais j'ai peur que James débarque ici pour te chercher et on n'est pas vraiment visibles là tout de suite.

Sirius s'apprêtait à objecter, mais elle le coupa :

- Et même si tu as partagé un dortoir avec lui pendant sept ans, il ne m'a jamais vu nue, moi, et j'aimerais que ça ne change pas.

- Tu as partagé un dortoir avec lui aussi pendant une semaine ! rétorqua-t-il sans réfléchir. Et tu sais qu'on avait un minimum de vie privée même dans notre dortoir ? Boarf, les mecs m'ont l'air d'avoir un sens de la pudeur assez restreint

- Quelle idée idiote...

- Quoi ? La vie privée ?

- Mais non ! s'esclaffa-t-elle. Moi dans votre dortoir. Si les profs avaient appris ça...

- McGonagall en aurait avalé son chapeau !

Alexia se mit à rire et passa une main dans ses cheveux châtains pour les repousser avant de se réajuster contre lui, une main soutenant sa tête. Au niveau de sa hanche et de sa taille, la couverture marquait un creux et Sirius se surprit à remarquer ce détail. Il y a encore quelques mois, le corps d'Alexia était si mince après sa crise qui l'avait mené à Sainte-Mangouste qu'il n'aurait pas pu voir ce fait. Aujourd'hui, elle affichait plus de formes, ses joues étaient plus rebondies et elle avait pris du poids. Marlène, qui avait perdu plusieurs tours de taille grâce à l'entraînement, plaisantait souvent en disant qu'Alexia avait récupéré ses kilos envolés.

- Tu te souviens que Remus avait retrouvé ton soutien-gorge dans son armoire ? se souvint soudain Sirius.

- Oh Merlin... (Alexia rougit et se couvrit les yeux, l'air catastrophé). Je reste persuadée que c'est James qui a fait ça ! Je ne portais même pas de soutien-gorge l'année dernière !

- Et je ne t'en remerciera jamais assez. Mais enfin :lol:

- Sirius !

Cette fois, elle lui donna une tape sur l'épaule et se dégagea, amusée. Aussitôt, Sirius frissonna.

- Rends-moi la couverture ! s'exclama-t-il.

- Non ! Lève-toi, espèce de paresseux. On va aller au QG et trouver une excuse pour ton absence de cette après-midi. Avec un peu de chance, Gideon n'en parlera pas à Maugrey.

- Alex...

- Dépêche-toi ou je prends ma douche sans toi ! lança-t-elle en s'engouffrant dans la salle de bain.

Le corps soudain bien éveillé belle périphrase :lol: :lol: , Sirius bondit sur ses pieds et se précipita à sa suite.

**

*

Les cheveux enroulés dans une serviette, Lily ressortit de la salle de bain et frissonna. Le QG avait beau être pratique, la vieille maison était mal isolée et maintenant que septembre commençait le vent s'engouffrait de plus en plus dans les fissures des murs. Epuisée par l'entraînement, elle se passa une main sur le visage et grimaça en sentant sa peau la tirer. Elle hésita une seconde à retourner dans la salle de bain prendre une lotion hydratante, mais renonça dès que ses yeux se posèrent sur son lit où elle s'effondra.

Si l'entraînement cet été avait été intense, ce n'était rien comparé à ce début de rentrée. Elle avait commencé à travailler en tant qu'interne au service des Potions et Elixirs de St-Mangouste pour être formée aux potions médicinales. Du moins, c'est ce qu'elle croyait. Son temps et son apprentissage étaient en réalité partagés en deux : les laboratoires avec les potionistes les plus renommés du monde magique et les heures de travail en tant qu'infirmière auprès des médicomages confirmés. Sa tutrice, Judith O'Hara, une irlandaise à l'accent prononcé, ne lui épargnait rien. Lily finissait souvent ses journées à bout de souffle, le dos douloureux après avoir enchaîné dix chambres de patients aux soins tous différents et particuliers. En rentrant au QG, elle maudissait les frères Prewett qui décidaient parfois de faire un entraînement inopiné. J'avoue ça fait beaucoup

Elle n'était pas la seule à avoir du mal à garder le rythme. Marlène s'était trouvée un travail de vendeuse chez Madame Guippure,, elle qui ne connaissait rien à la mode ou au prêt-à-porter il y a encore quelques semaines. Avec ses notes aux Aspics, elle aurait pu trouver bien mieux, mais elle n'avait pas voulu surcharger son emploi du temps. Une bonne idée que Lily enviait parfois. Peter aussi travaillait désormais. Il avait été embauché à la poste de Pré-au-Lard pour trier les colis. Il revenait certains soirs avec plein de plumes de hiboux dans les cheveux juste pour faire rire James et Sirius. Ces deux idiots ne travaillaient pas, eux. Ils n'en avaient pas besoin. James n'avait pas explicitement expliqué à ses parents ce qu'il faisait, mais monsieur Potter, enfin retraité, était assez perspicace pour en avoir une bonne idée et il donnait de l'argent à James tous les mois pour lui permettre de se consacrer à l'Ordre Ca c'est un gentil papa. James lui avait proposé de partager puisqu'ils vivaient de toute façon tous les deux au QG et qu'il avait donc largement assez pour tous les deux. Lily avait fermement refusé. Elle ne voulait pas vivre au crochet des Potter et la guerre ne durerait pas toute sa vie : être formée à Sainte-Mangouste était une chance inestimable. En ce qui concernait Sirius et Dorcas, ils semblaient eux aussi avoir des coffres en banque qui leur permettaient de ne pas travailler tout de suite. Alexia, elle, avait été la première à se trouver un travail avec son poste de secrétaire au Ministère et elle refusait désormais de servir un café à qui que ce soit au QG. Seul Remus n'avait pas trouvé alors qu'il l'aurait voulu. Le cœur de Lily se serra en repensant à sa mine défaite après son énième entretien d'embauche qui s'était soldé par un refus. Les employeurs refusaient de prendre quelqu'un qui risquait de disparaître un à trois jours par mois.

De manière générale, ils n'étaient pourtant pas à plaindre. Le QG offrait à ceux qui n'avaient pas d'appartement un logement et ils avaient transformé toutes les pièces disponibles en chambre. Même Sirius restait parfois quand il était trop fatigué pour rentrer chez lui. Ce n'était pas un grand luxe, mais c'était suffisant. Du moment que Lily avait un lit sur lequel s'écrouler en fin de journée, elle s'estimait heureuse.

Dans un grincement sonore, la porte s'ouvrit soudain et la tête de James passa dans l'embrasure. Il avait sa main plaquée devant ses yeux.

- T'es décente ? lança-t-il. Je peux entrer, Lily ?

- Entre, crétin. Tant d'amour :')

A l'aveugle, James s'exécuta puis écarta lentement ses doigts et avisa son peignoir et la serviette dans ses cheveux.

- Tu as fini de prendre ta douche ?

- Non, James, je porte juste cette tenue pour m'entraîner avant de la prendre. Elle a l'air de super humeur :lol:

- Question idiote, désolé. Comment tu te sens ?

Lily grogna.

- Epuisée, fatiguée, harassée, exténuée, énuméra-t-elle dramatiquement. Je déteste la course. Et je déteste encore plus le sifflet de Gideon.

- Je te comprends... Je ne sens plus mes jambes.

- Tu m'étonnes, tu as dû faire cinquante tours de plus que nous ! Frimeur !

James n'arriva pas à retenir un sourire suffisant et se passa une main dans les cheveux. Lily retint un rire : il ressemblait à un hérisson qui serait passé dans une machine à laver.

- Va prendre ta douche, James ! dit-elle en souriant, lasse.

- Et je pourrais te rejoindre après ?

Cette fois, elle se sentit rougir. Sa voix l'abandonna un instant tandis qu'une chaleur agréable se rependait au creux de son ventre. Distraitement, elle se mit à jouer avec l'ourlet du couvre-lit et se contenta de hocher la tête. James fila à la vitesse de l'éclair dans la salle de bain.

Lily relâcha le souffle qu'elle n'avait pas eu conscience de retenir. Cela faisait deux mois qu'ils partageaient cette chambre OULOULOUUUU tous les deux par manque de place. Dorcas s'était retrouvée avec Marlène même si cette dernière ne cessait de faire des allers-retours entre chez ses parents et ici, Remus était avec Peter, et Sirius partageait la sienne avec Benjy Fenwick quand ils étaient au QG. S'ils ne l'étaient pas, puisqu'ils avaient tous les deux un appartement à eux, c'était la chambre d'Alexia. Tous les trois n'ayant pas d'endroit fixe, leur chambre était un peu celle que tout le monde pouvait utiliser si besoin. Benjy avait râlé trois jours lorsque Sirius s'était trompé et il lui avait « emprunté » sa cape préférée.

Au début, la cohabitation avec James avait été étrange. Ils étaient tous les deux habitués à un dortoir collectif avec leurs amis respectifs et se retrouver d'un coup ensemble n'avait pas été évident. Gideon ne cessait de faire des insinuations sur eux juste pour le plaisir de voir le visage de Lily s'embraser. Après quelques semaines, Lily avait malgré tout appris à se détendre. Elle ne se crispait plus dès que le corps de James frôlait le sien sous les couvertures et ils avaient passé des dimanches matin simplement enlacés l'un contre l'autre Tellement bien ça. James aimait jouer avec ses cheveux pendant de longues minutes et elle le laissait faire avec plaisir.

De l'autre côté du mur, elle entendit soudain l'eau de la douche s'arrêter. Quelques secondes plus tard, James revint. Ses cheveux avaient retrouvé un semblant de naturel et il portait un simple t-shirt blanc et un pantalon noir. Lily haussa un sourcil, surprise, et il le remarqua immédiatement.

- Quoi ? demanda-t-il, un sourire dans la voix. Tu t'attendais à me voir juste en serviette, torse nu ? Arrête avec tes fantasmes, Evans !

- Crétin imbu de lui-même, rétorqua-t-elle.

- Tu ne déments pas, observa-t-il. Pouehehehhehe bien vu Jamesie

Lily n'eut pas le temps de répondre. Il se laissa tomber à côté d'elle, l'écrasant presque au passage, et elle se décala en poussant un cri.

- James !

- Non, protesta-t-il, reste là.

Il l'attrapa par la taille et l'attira contre lui avant de déposer un baiser sur sa tempe.

- Je dois aller m'habiller, James, rit-elle.

- Jamais ! Tu es coincée avec moi !

Elle éclata de rire puis se calma et lui rendit son étreinte en plongeant son regard dans le sien.

- Tu ne devais pas aller chez tes parents ? se souvint-elle.

- Si... Je ne vais pas tarder, j'ai promis à ma mère d'être là pour le dîner...

Lily se redressa doucement.

- Tu t'inquiètes pour elle ? souffla-t-elle.

- Tous les jours... Depuis que mon père a commencé à avoir les premiers symptômes. Je sais qu'elle va se faire tester Influence covid bonjour pour la dragoncelle toutes les semaines, mais ça finira par arriver. Elle va être contaminée...

- Peut-être que ça ira pour elle... Que la maladie sera légère et qu'ils arriveront à la soigner ?

- Lily, tu vas devenir médicomage. Tu sais bien qu'à son âge... Elle a presque soixante ans.

- Je sais, murmura-t-elle, je sais... Si je pouvais inventer une potion, James... Noooooooon T.T

Il ferma les yeux, le visage grave. Elle ressentait le poids qu'il avait sur les épaules, cette inquiétude qui lui pesait chaque jour sans qu'il ne puisse rien y faire. Lily avait vu des patients atteints de dragoncelle à l'hôpital. Les enfants se rétablissaient vite après des symptômes fulgurants et une forte fièvre. Les adultes en revanche... Encore hier, elle s'était occupée d'une mère de famille qui avait contracté la maladie un mois auparavant. Elles avaient discuté ensemble pendant la pause de Lily. Le soir, avant de partir, elle avait décidé de passer lui dire au revoir et avait trouvé la chambre vide. Sa tutrice l'avait informé du décès de leur patiente en la voyant plantée dans l'embrasure de la porte. Oh mais nooon

Bien évidemment, Lily avala la boule qui s'était formée dans sa gorge et se garda bien d'en parler à James.

- On ne peut rien faire, finit-il par soupirer. C'est leur décision à tous les deux.

- Tu es sûr de l'avoir attraper petit, pas vrai ? vérifia-t-elle pour la dixième fois au moins.

- Oui, Lily, sûr et certain. T'en fais pas. C'est toi qui m'inquiète... Je devrais éviter de trop t'approcher en rentrant de chez mes parents. Au moins pour 24h. (Il soupira à nouveau). Je resterai sûrement dormir chez eux d'ailleurs...

- Génial, dit-elle en essayant de garder un sourire de façade, tu ne me voleras pas la couverture comme ça.

James roula des yeux.

- Je ne vole rien du tout, Lily-jolie.

- C'est nouveau ce surnom ?

- Une inspiration soudaine. Un peu comme ça aussi.

Et sans prévenir il se pencha pour l'embrasser. Lily sourit et s'étira pour être à sa hauteur. Elle lui rendit son baiser, avide, et ne put s'empêcher de passer une main dans ses cheveux pour les ébouriffer à nouveau.

- Mieux comme ça, jugea-t-elle.

- Mieux ensemble, corrigea James.

Lily sourit sûrement comme une idiote à ces mots et approuva en l'embrassant. La journée ne lui paraissait plus si terrible. Ils sont si choux :')

**

*

Le pas vif, Gideon Prewett remonta le long corridor qui menait au bureau d'Alastor Maugrey. Un coup d'œil à sa montre lui apprit qu'il avait deux minutes de retard et il jura dans sa barbe. A vouloir faire durer l'entraînement des gamins, c'est lui qui allait avoir des ennuis. Il aurait aimé déléguer la réunion à Fabian, mais son frère s'était déjà chargé des deux précédentes et il ne pouvait plus passer son tour Toi aussi tu dois affronter le monstre. Ça ne lui posait pas de problème outre mesure d'y assister, mais les réunions interminables n'étaient simplement pas sa tasse de thé. Il était un homme de terrain, un Briseur de sort aguerri qui travaillait à son compte depuis trois ans et surtout un accro à l'adrénaline. Emmeline disait souvent qu'il finirait mal à cause de ça, mais pour l'instant Gideon avait encore ses deux jambes. Il laissait la prudence et la stratégie à Fabian, toujours responsable. Issu d'une formation d'Inventeur de sort, Fabian était celui qui créait tandis que Gideon neutralisait. Complémentaires, ils formaient une équipe aux talents diverses, ce qui avait attiré l'attention d'Albus Dumbledore en personne au moment où il avait décidé de créer sa petite société secrète.

Gideon ne se souvenait même pas avoir longtemps hésité. On ne disait tout simplement pas non au plus grand sorcier du siècle lorsque celui-ci venait vous demander de l'aide pour arrêter la guerre en cours. Au début, l'année dernière, l'organisation avait été chaotique. Gideon enchaînait des journées de travail harassantes avec des missions de surveillance interminables et terminait sa semaine avec un combat contre trois mangemorts. Il avait tenu deux mois avant de s'effondrer. Il s'en souvenait encore : il était chez sa sœur Molly au Terrier. Il devait gardé ses neveux Bill, Charlie et Percy pendant que sa sœur se rendait à la maternité pour un contrôle de routine, enceinte à nouveau. Autant dire que Bill et Charlie l'avaient plus gardé qu'autre chose. Lorsque Molly était revenue, elle l'avait trouvé endormi dans le canapé, les deux petits garçons de quatre et six ans jouant dans le jardin sans surveillance Oh elle a tellement dû gueuler :lol:. Au moins, Percy était resté sagement dans son lit à faire la sieste. Ses oreilles sifflaient encore du savon que sa sœur aînée lui avait passé Voilà hahaha. A partir de là, Gideon avait demandé à Dumbledore d'organiser un planning où les emplois du temps de chacun seraient optimisés. L'arrivée de deux Aurors sous la direction de Maugrey, Alice et Frank, les avaient considérablement aidés. Et même s'il n'osait pas l'avouer, les nombreuses nouvelles recrues à peine diplômées allaient l'être aussi. C'est bien simple, l'Ordre allait presque doublé ses effectifs.

Au bout de trois mois, Gideon s'était rendu à l'évidence : Dumbledore ne lui avait pas envoyé n'importe qui. Lily Evans était une sorcière particulièrement douée, mais surtout une potioniste exceptionnelle pour son âge. James Potter, Sirius Black et Remus Lupin se débrouillaient bien quand ils prenaient la peine d'écouter et le dernier de la bande, Pettigrew, pouvait se révéler étonnamment surprenant parfois. Gideon n'aurait pas misé deux noises sur lui au départ et pourtant il se souvenait encore du sortilège cuisant que Fabian avait reçu en pleine figure. Il avait eu l'air d'un œuf trop cuit toute une semaine. Dans la même veine, Marlène McKinnon savait se montrer précise et puissance dans ses sortilèges sous ses airs timides. Il ne parlait même pas de Dorcas Meadowes... Un vrai dragon.

C'était d'ailleurs sur eux que devait porter la réunion du jour. Enfin arrivé devant la porte du bureau de Maugrey, Gideon donna trois coups secs rythmés sur la porte, puis deux autres plus espacés. Une voix grondante lui répondit :

- Ramène tes fesses, Prewett ! Sympa

- Ah Fol Œil, toujours aussi accueillant, dit-il théâtralement dès qu'il passa le pas de la porte.

- Tu es en retard ! Tu crois que je n'ai rien d'autre à faire que de t'attendre ?

- Désolé, désolé. Les gamins étaient lents pour courir aujourd'hui.

- La faute au formateur, peut-être ? suggéra Edgar Bones, assis dans un fauteuil près de la fenêtre.

Gideon lui rendit son sourire ironique. Il aimait bien Bones. Un homme solide et juste dont le poste dans les hautes sphères au Magenmagot du Département de la Justice Magique était d'une aide inestimable.

- Si t'étais au QG plus souvent, Bones, tu pourrais peut-être aider à les former, rétorqua-t-il.

- J'ai un Département à faire tourner, mon garçon.

- Parce que moi je suis chômeur ? :lol: :lol: :lol:

- Quel sens dramatique... Je n'ai pas dit ça. (Il secoua la tête avec patience, sûrement habitué en tant que père de garçons turbulents). Allez assieds-toi, Gideon. Faisons vite, j'ai un rendez-vous avec le Ministre français dans une heure.

De mauvaise grâce, Gideon obtempéra.

- Et Dumbledore ? Il ne vient pas ?

- Je lui ferai un compte-rendu, assura Maugrey. Bon commençons. Comment se passe l'entraînement ?

Il fixa son œil magique droit sur Gideon qui se redressa dans son siège. A vingt-sept ans, il avait encore l'impression d'être un gamin face à cet Auror si impressionnant. A côté de lui, Edgar Bones devait être plus détendu car il cala sa fameuse pipe entre ses dents pour l'écouter, nonchalant.

- Plutôt bien, répondit-il honnêtement. Ils ont fait des progrès, je dois le reconnaître. Certains sont même doués, même si j'ai peur qu'ils ne soient pas préparés à la réalité du terrain. En même temps

- Rien ne peut les préparer Voilà... objecta Bones. Ils le découvriront en mission, ils s'endurciront. Comme nous tous dans le fond. Rappelle-toi de ta première intervention, ce n'était pas brillant si ma mémoire est bonne. Rodulphus Lestrange avait failli t'avoir et tu as de la chance de bien savoir transplaner.

Gideon rougit. Il aurait préféré oublier cet épisode.

- Oui, oui... maugréa-t-il. Bon tout ça pour dire que ça se passe bien. La partie physique est aléatoire. Potter et Black ont une bonne endurance. Lupin est inconstant au possible. McKinnon est pleine de bonne volonté, elle fait des efforts et si elle continue, elle va y arriver. Pour la tête de mulle qu'est Meadowes, ça me fait mal de l'admettre mais elle se débrouille en parcours d'obstacle, elle a de bons réflexes. Par contre, j'espère qu'elle ne fera jamais de course poursuite. Elle s'essouffle vite. Pettigrew est dans la même veine, même s'il est doué en filature. Il sait se faire oublier, ce gars ! Quant à Evans, les exercices physiques ne sont pas son point fort, mais elle ne démérite pas.

Maugrey approuva d'un grognement. Il attrapa la plume posée sur son bureau et se mit à écrire ce que Gideon venait de lui livrer. Les mots, brouillons, noircissaient le parchemin rapidement et Gideon devina que Maugrey ajoutait ses propres remarques pour que Dumbledore ait un rapport complet. Parfois, il enviait le directeur de Poudlard. Aucune réunion de compte-rendu, pas d'entraînements de gamins. Il avait juste à donner les ordres. Ouais enfin avoir cette responsabilité, c'est terrible

- Et Cassidy ? demanda soudain Edgar Bones en expirant un épais nuage de fumée grisâtre et mal odorant.

- Alexia Cassidy ? Dur de juger. Elle n'est pas là tout le temps à cause de sa maladie et elle n'a pas le droit de courir au-delà d'un certain temps. Je peux lui reconnaître qu'elle se donne à fond et ne se plaint pas. Elle s'intégrera bien dans une équipe et respecte l'autorité. (Il marque une pause avant d'ajouter dramatiquement). Ce qui n'est pas le cas de son crétin de copain.

Un éclat de rire étouffé échappa à Bones.

- Une vraie tête brûlée ce petit, c'est sûr. On est sûr qu'il est vraiment un Black ? Quelqu'un a pensé à faire un test ?

- Tu l'as bien regardé ? Il a le mot « Black » écrit sur le front ! dit Gideon.

Edgar lui accorda le point d'un hochement de tête.

- On parlait de Cassidy, les rappela à l'ordre Maugrey brusquement.

Gideon reporta son attention sur lui.

- Oui, Cassidy... Elle ne brille pas non plus par ses savoirs, mais elle a le sens pratique. Elle est débrouillarde. Un peu le contraire d'Evans qui manque de spontanéité.

- Lily Evans est un atout en potion, contra Edgar. Elle a refait nos stocks de potions revigorante pendant tout l'été et j'en ai rarement vu des aussi efficaces. Sans parler de la puissance de ses sortilèges !

Gideon approuva en silence. Tout l'été, ils avaient mis en place des exercices variés pour tester les nouvelles recrues. Les entraînements physiques constituaient une grande partie de la formation pour entrer dans l'Ordre. Ce n'était pas possible d'affronter les mangemorts si on était essoufflé au bout de cinq minutes. L'endurance avait été une des priorités pour eux et Gideon ne se lassait pas de regarder les gamins faire des tours autour de la maison en crachant leurs poumons Il ferait un très bon prof d'EPS. Les parcours de vitesse et d'obstacles s'étaient révélés être de grands moments : Black avait manqué de se casser une cheville en sautant par-dessus une palissade avant de mordre l'herbe en pleine face. Potter s'était presque étouffé de rire et n'avait jamais terminé son propre parcours. Les entraînements de filature, quant à eux, avaient révélé des personnalités comme celles de Pettigrew et McKinnon. Ils avaient réussi à semer tous les autres et à rester cachés pendant toute une après-midi sans que personne n'arrive à les retrouver. Gideon soupçonnait encore Pettigrew d'avoir transplané quelque part... Ils avaient retourné tout le QG et ses alentours sans lui mettre la main dessus coucou le rat. Emmeline et Fabian avaient davantage supervisé la partie entraînements magiques, mais des résultats avaient émergé également.

- Justement, gronda Maugrey, comment se passe la formation pratique et théorique en sortilèges, en enchantements ? Et en défense contre les forces du mal ?

- Bien aussi. Evans, Black, Potter et Lupin n'ont aucun souci à se faire, même s'ils doivent encore gagner en concentration pendant les duels. Faudra voir comment ils se débrouillent en situation de stress. Pettigrew a un niveau correct mais il prononce ses sortilèges la moitié du temps. Meadowes a un talent pour comprendre le fonctionnement des enchantements et Fabian lui donne des cours en plus, elle commence à voir comment les neutraliser rapidement. McKinnon est douée en défense, mais manque de caractère pour l'offensif.

- On travaillera ça avec elle... Quoi d'autre ?

- Ils s'en sortent pas mal en défense. Quelques patronus dans le lot et on a prévu de refaire une séance sur ce point. Les boucliers sont maîtrisés, les contre-sorts aussi. Les connaissances sont à revoir. A part Lupin et Evans, ils ont des sérieuses lacunes sur les objets noirs, les créatures, les poisons... Quoique Black a quelques connaissances assez inattendues. (Gideon s'interrompit puis se corrigea soudain). Enfin, inattendues... Peut-être pas tant que ça. Vous savez ce que j'en pense.

Son ton laissait peu de place aux doutes. Il avait plusieurs fois fait part de son point de vue à Dumbledore et à Maugrey lorsqu'ils évoquaient les noms potentiels pour les recrus. Autant dire que le nom « Black » lui avait fait hausser un sourcil. Voire les deux sourcils. Il va finir par s'en prendre une par Sirius

A sa droite, Edgar Bones soupira et tira sur sa pipe, l'air agacé. Gideon ne s'en formalisa pas. Il avait l'habitude de mettre les nerfs d'Edgar à rude épreuve, lui qui avait été son instructeur lors de son entrée dans l'Ordre il y a presque deux ans.

- Mon garçon, tu as la tête dure, lui reprocha-t-il. Le cas de Black a été classé, il me semble ?

- Mais...

- Assez Prewett ! aboya Maugrey. Il s'est engagé avec nous, il va se battre avec nous. Alors, fais-lui confiance, ta vie pourrait en dépendre !

- Vigilance constante, je sais, je sais...

- Tu ferais bien.

Gideon décida d'abandonner. Ce n'était pas le moment. Finalement, Maugrey enroula le parchemin avec soin puis le scella avec un cachet et un sortilège. Ce document était codé, confidentiel, et ne devait pas tomber dans d'autres mains que celles d'Albus Dumbledore. L'œil magique de Maugrey tourna plusieurs fois dans son orbite avant de se poser à nouveau sur eux.

- Bien, bonne réunion. On refait le point à la fin de leur formation. Si tu as quelque chose à signaler, viens me trouver. Ça vaut aussi pour ton frère ou Emmeline. Et Bones, surveille tes arrières. La justice est un point sensible, ils tenteraient de vous infiltrer en ce moment.

- Je suis sur mes gardes, Alastor, ne vous en faites pas.

Après ses mises en garde d'usage, Maugrey les congédia d'un geste impatient. Gideon se leva, vidé, puis ressortit dans le couloir. Il hésita à passer voir Alice ou Frank, mais renonça. Il devait retourner au QG. Avant de partir, il se tourna vers Edgar Bones qui rangeait sa pipe dans son veston.

- Je retourne garder les gosses, dit-il. Portez-vous bien, Bones !

- Toi aussi, Prewett. Et ne les martyrise pas trop.

- Où serait mon amusement dans tout ça sinon ?

Bones s'esclaffa et secoua la tête.

- Rappelles-moi de ne jamais t'envoyer mon fils.

- Matthew ? Comment il va ? C'est sa dernière année à Poudlard ?

- Merlin non, pas encore ! s'exclama-t-il. Cinquième année. Qu'il passe déjà ses BUSES.

Gideon hocha la tête. La guerre pourrait attendre, Matthew Bones avait le temps d'être encore un enfant pour quelques années Vraiment ? T.T . D'un mouvement de main, il salua le haut juge de la Justice Magique et recula lentement.

- A bientôt, Bones, lança-t-il par-dessus son épaule.

- Au revoir, Gideon.

Et ils s'éloignèrent chacun de leur côté.

********************************************************

Verdict ?
Je dois dire que revoir les mêmes persos que chez moi dans un même contexte mais pas tout à fait, ça fait très bizarre :lol: Mais ça l'était déjà moins à la fin du chapitre haha

Eh bieeeeen déjà c'est trop cool de les retrouver tous ! C'est chouette aussi de découvrir les nouveaux persos, même si 'jai l'impression de déjà les connaître haha
Je trouve que t'as très bien géré ce premier chapitre, tu poses pas mal de jalons déjà pour qu'on comprenne comment les choses s'organisent mais c'est pas lourd du tout ! Et voilà c'était bien haha, welcome back :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

C'est important la fac pour rester à jour de son commentage

POUR DEFAIIIIRE LES HUUUUUUUUUUUUUUUUNS

Bref
Ces dernières semaines, il avait véritablement dû travailler sur sa créativité pour concevoir des épreuves et des cours différents pour leurs nouvelles recrus sans jamais être prévisible.
Tu t'es inspiré de notre expérience de prof? :lol:
avait un cerveau bien plus impitoyable que celui de son grand frère
j'ai lu' "incroyable", je me suis dit qu'il avait les chevilles enflées
Son chef commence à lui remonter les bretelles pour ses absences et la « grossesse difficile » de Molly ne va pas être une excuse encore longtemps, surtout qu'elle a accouché en avril.
Ah oui, ça marche plus trop :lol:
Gideon retint un soupir et l'envie de partir en courant. Sa relation avec Emmeline avait toujours été ambiguë.
Héhéhéhéhé
A peine enrôlé dans l'Ordre, Gideon avait dû traîner une Emmeline inconsciente hors d'une bataille contre des mangemorts, laissant Fabian et Caradoc Dearborn seuls. Ce jour-là, il avait fait un choix qu'il ne voulait plus jamais avoir à refaire : la femme dont il commençait à tomber amoureux ou son frère.
Naaaaaaaaaaaaaaaan c'est affreuuuuuuuuux T.T
- Peu de personne prenne le temps de l'écouter raconter comment il a réussi à faire un dessin en mélangeant les trois couleurs primaires pour obtenir d'autres couleurs.
Insupportable dès l'enfance :lol:
- Les mangemorts n'iront pas doucement, Emy.
Il prend bien plaisir à l'appeler Emy quand même
Il avait passé des jours à analyser les points forts et les points faibles de chacun des petits nouveaux et l'épreuve d'aujourd'hui serait idéal pour voir leurs progrès et analyser davantage leurs failles
c'est la différenciation, bravo Gideon, tu peux travailler à l'éducation nationale
J'espère que Potter ne t'a pas trop fatigué cette nuit.
Il l'a fait tous les jours ? :lol:
Et pour ça, on va faire des duels.
Yayyy !
e veux voir votre esprit de compétition ressortir : celui ou celle qui gagnera aura le droit à la douche en premier pour l'eau chaude, sera épargné de corvée de vaisselle toute la semaine et surtout pourra avoir le droit de sauter un entraînement physique à l'avenir.
Il faut pas marcher à la récompense VOYONS
(okay qui se soumettrait à ça volontairement) (tu me diras c'est pour mieux survivre)
Ah et dernier détail, ajouta-t-il, la première phase se déroule pour tout le monde en même temps.
Yay ça veut dire qu'on peut prendre des sorts perdus :lol:
- Plus jamais ! ordonna James. Plus jamais tu nous appelles « les mioches ».

- C'était déjà assez pénible la première fois, ajouta Dorcas en grimaçant.
Ils sont fous :lol: :lol: :lol:
Il pouvait se révéler exceptionnellement doué pour certaines tâches et être tout juste médiocre certains jours.
Son grand paradoxe, il a quand même orchestré la plus grande erreur judiciaire de HP
Il a le même niveau que les Croupton qui ont fait sortir leur fils d'Azkaban
Dans le soleil levant, les cheveux de Lily irradiait comme ses sortilèges qu'elle dégainait à une vitesse impressionnante.
Joliiiiiiiii
Gideon n'en jurerait pas, mais il crut voir Remus vaciller une seconde sur ses jambes et il espéra qu'il ne s'était pas pris un mauvais sort par mégarde ou qu'il n'était pas blessé
Mais pauvre mumus il me fait de la peiiine
- Vas-y Lily-Jolie ! encouragea James.

- Faux frère !
Ils me font trop rire:lol:
- Alexia, il faut mettre plus de puissance dans tes sortilèges, commença Emmeline avec fermeté
Ah donc elle prépare pas mais elle observe bien
Remus, je ne sais pas où tu étais, mais clairement pas avec nous. Tu étais imprécis au possible et surtout... lent ?
C'est affreux il prend trop cher alors que c'est pas sa faute T.T
Dorcas contre Peter
Il va se faire démonter :lol:
Il émit un cri de surprise et se plaqua à terre pour l'éviter.
Tellement dessin-animéesque cette action :lol:
Pourtant, les premières secondes de leur combat lui révélèrent ce qu'il savait déjà : Peter n'avait aucune chance
Je suis contente d'avoir bien analysé la situation :lol:
Surtout, il avait l'esprit de survie
BONNE ANALYSE
A vouloir être la grande sœur sympathique, Emmeline allait finir par trop leur faciliter la vie
En vrai, même sur le champ de bataille tu peux avoir un vague encouragement de temps en temps :roll: Bref, je suis d'accord avec Emmeline
Ils ont des séquences de sorts-contre sorts précis pour s'exercer. Je crois qu'ils se sont un peu trop habitués...
Les glands :lol:
Sur leur droite, Dorcas attaquait toujours sans répit et Peter perdait du terrain
Je suis même étonnée qu'il soit toujours en jeu
James réapparut d'un bond.

- Surprise ! s'exclama-t-il, clairement amusé.
J'en peux plus de cet enfant :lol:
James ne put rien faire à part regarder sa baguette tournoyer dans les airs avant de retomber sans bruit dans l'herbe.
BIM BIM BIIIIIIM BIEN JOUE
mon père et moi on s'amusait à jouer à Auror et Voleur quand j'étais petit.
ça me parâit pas très légal ton idée :lol:
- Non, j'avais un frère à martyriser et une cousine qui me martyrisait, répondit-il sans visiblement réfléchir. Ça t'apprend des sorts.
Malaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiise
iconoclaste
Ah c'est marrant comme choix d'adjectif !
Un rare mariage d'amour qu'avait désapprouvé la famille Black dès son annonce.
Obviiiiiiiiiii
- Est-ce qu'elle vient... elle vient juste de tenter de le déstabiliser en évoquant leur ancienne vie sexuelle ? s'exclama Marlène, abasourdie et admirative à la fois.

- Pourquoi j'oublie toujours qu'ils sont sortis ensemble ?
........................... j'avais complètement oublié. Je suis choquée
mais Dorcas lui faucha les jambes d'un coup de pied désespéré.
Yayyyy on se bat comme des chiffonniers !!
- On peut leur donner des points pour l'inventivité des insultes ? murmura Emmeline.
:lol: :lol: :lol: :lol:
- Non, mais si on tue nos recrus, on aurait l'air idiot.
EFFECTIVEMENT
C'est elle ou moi !

- C'est ça, Patmol. Va prendre une douche.
Ils me font trop marrer :lol:
- Est-ce que ça veut dire qu'on a tous les deux remportés le droit de ne pas faire la vaisselle pendant une semaine et de louper un entraînement de course ?

- Non, ça veut dire qu'aucun de vous ne l'a gagné.
Mais quel fourbe :lol: :lol: :lol: :lol:

C'était fort divertissant comme chapitre ! T'as sauvé ma fin de cours hahaha
J'aime trop la façon dont tu analyses les forces et faiblesses de tout le monde !
c'était fort bien fait et pas lourd du tout d'un pdv action (nan parce que je trouve que c'est un écueil, quand on raconte des bastons, alors voià haha)
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »


Chapitre III : La douleur de l'attente


D'un geste rageur, Alexia referma la porte de sa chambre. Enfin sa chambre... Celle qui lui était assignée lorsqu'elle était au QG, c'est-à-dire au moins une nuit par semaine. Contrairement aux autres, elle rentrait chez sa mère le soir après ses journées au Ministère. La vieille maison qui leur servait de QG avait beau être grande, elle ne pouvait pas loger tout le monde et Alexia avait laissé les chambres à ceux qui en avaient véritablement besoin... à ceux qui allaient véritablement réaliser des missions.

Le souffle court, Alexia se laissa sur le lit et pressa la paume de ses mains contre ses yeux. Une migraine commençait à lui lanciner le crâne. Elle remerciait Merlin que Benjy Fenwick ne soit pas là ce soir. Elle avait besoin de se retrouver seule dans sa chambre qui servait aussi à Sirius et Benjy au besoin. Depuis hier, elle avait conscience d'être une humeur massacrante, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. L'entraînement de la veille avait été un des pires depuis le début de l'été. Du moins pour elle. Les autres avaient paru adorer.

En y repensant, les larmes lui montèrent aux yeux et elle déglutit pour essayer de ravaler la boule chauffée à blanc qui lui obstruait la gorge. Merlin, elle avait été battue par Peter en dix minutes. Par Peter ! Pour une fois, Gideon et Emmeline avaient été conciliants en disant qu'elle devait s'améliorer. Elle n'était pas au niveau des autres. Obliger de commencer son travail de secrétaire dès juillet l'avait contraint à sauter des entraînements. Sa maladie lui imposait de limiter ses efforts physiques. Le tout cumulé lui avait prendre du retard par rapport aux autres et cela lui avait explosé au visage hier. Particulièrement en regardant Dorcas.

Alexia ne se faisait pas d'illusion. Elle savait qu'elle ne pouvait pas prétendre atteindre le niveau de Lily qui avait toujours excellé partout, surtout en potions et en sortilèges, ni même de James, Sirius ou Remus dont les facilités étaient presque injustes. Même Marlène, sous ses airs timides, avait toujours été une bonne élève, travailleuse et naturellement douée. Dorcas et elle en revanche avaient souvent du mal à suivre en cours malgré quelques fulgurances. Sûrement la faute à leur manque d'investissement. Dorcas n'aimait pas passer des heures à réviser et prenait rarement son cours avec assiduité, ce qui ne voulait pas dire qu'elle avait de grandes capacités. Les professeurs s'étaient souvent désolés de son attitude désinvolte. Mais la guerre et les enjeux à venir semblaient avoir fait prendre conscience à Dorcas de l'importance de son implication et elle se révélait dans l'Ordre comme jamais auparavant. Alexia, quant à elle, n'avait pas la même chance.

Plus que tout – et elle se détestait pour ça – elle n'arrivait pas à arrêter de penser au regard admiratif de Sirius après son duel avec Dorcas. Derrière leur joute verbale habituelle, Alexia avait perçu une complicité entre eux qui n'était pas présente à Poudlard, mais elle supposait que s'entraîner ensemble à des missions potentiellement mortelles rapprochait... Et la plaisanterie sur leur brève relation le lui avait rappelé douloureusement. Alexia ne s'était pourtant jamais souciée de ça. Sirius et Dorcas étaient sortis ensemble trois mois et demi en cinquième année, plus pour l'expérience que par réels sentiments. Ce n'était pas important et ça ne l'avait jamais été. Et pourtant, l'étau dans sa poitrine en les revoyant tous les deux étendus dans l'herbe, vaincus à la fin de leur duel, ne se desserrait pas.

Soudain, on frappa à la porte et Alexia se redressa. D'une main, elle tenta d'essuyer ses yeux humides et se força à sourire.

- Entrez !

Le battant s'ouvrit. Lily se glissa dans la pièce.

- Hey... souffla-t-elle. Je venais voir si ça allait. Tu étais assez... silencieuse au dîner.

- Désolée, juste un peu fatiguée je pense. Plein de dossiers à traiter pour le Ministère aussi. Maintenant que ma collègue est partie en congé maternité, je me retrouve avec son boulot à traiter.

- Je comprends, ça ne doit pas être facile.

D'un pas lent, Lily traversa la pièce pour venir s'assoir à côté d'elle et Alexia remarqua ses traits tirés. Elle se sentit soudain idiote de parler de son état de fatigue à Lily qui faisait des journées interminables entre l'hôpital et les entraînements. Pourtant, Lily ne se plaignait pas. Elle allait voir les autres pour leur remonter le moral.

- Ça ne doit pas l'être pour toi non plus... Tu tiens le coup ?

- Il faut, dit-elle en haussant les épaules avant de rire. Quelqu'un doit faire tenir ce QG debout.

- Mais ce n'est pas à toi de te soucier de tout le monde.

- Non, c'est vrai, admit Lily. Mais ça ne me dérange pas, crois-moi. Et n'essayes pas de détourner la conversation de toi.

Les prunelles vertes de Lily lui jetèrent un regard équivoque. Percée à jour, Alexia tortilla le coin du couvre-lit.

- Qu'est-ce qui se passe, Alex ? Depuis la rentrée, j'ai l'impression que tu... enfin que tu n'as pas le moral. Remus pensait que c'était juste une phase mais tu...

- Oh parce que tu en as parlé avec Remus ? coupa Alexia durement.

Elle s'imagina Lily et Remus à la table du petit déjeuner à la lueur du soleil matinal – ces deux-là étaient toujours les premiers à se lever – en train de parler dans son dos entre une tartine de confiture et un café.

- Alex, pas comme ça et tu le sais, se défendit Lily. On est juste inquiets pour toi mais on a l'impression de moins te voir cette année... Je voulais juste vérifier avec Remus si je me faisais des idées ou s'il ressentait la même chose que moi.

- Et alors ? cingla-t-elle. Que disent mes psychomages personnels ?

- Ne le prends pas comme ça, Alex, je suis de ton côté...

Alexia soupira et se passa une main lasse sur le visage. Si elle commençait à s'en prendre à Lily, les choses allaient devenir compliquées.

- Désolée, murmura-t-elle. Je ne voulais pas... je crois que je suis un peu à cran en ce moment.

- C'est pour ça que je venais te parler. Depuis hier surtout, tu t'enfermes ici sans nous parler. Il s'est passé quelque chose.

A nouveau, Alexia sentit les larmes lui brûler les yeux et elle les leva vers le plafond pour les retenir. Elle contempla les poutres en bois de longues secondes avant de répondre :

- Je... je sais que c'est irrationnel, mais...

- Tous les sentiments sont irrationnels, Alex. Ne t'excuse pas de ce que tu ressens. Dis-moi juste, je te promets de pas en reparler avec Remus ni personne si tu ne le veux pas.

- Pas à Sirius, s'empressa-t-elle de demander. S'il te plaît.

Lily parut surprise mais ne commenta pas.

- Je t'écoute, se contenta-t-elle de dire en se calant contre la tête de lit, un oreiller derrière le dos. Qu'est-ce qui s'est passé hier ?

- L'entraînement... Je me suis rendue compte que... Enfin, tu as vu mon niveau, Lily ? Je me suis fait battre en à peine quelques minutes par Peter !

- Alex, ça ne veut pas dire que...

- Bien sûr que si ! C'est exactement ce que ça veut dire ! Je ne tiendrais pas deux secondes contre des mangemorts si je n'arrive pas à battre Peter.

- Peter peut vraiment se révéler par moments, il est doué, affirma Lily. Ne sois pas trop dure avec toi-même. Il est souvent éclipsé par James, Sirius et Remus, mais il ne faut pas le sous-estimé. Ça a d'ailleurs peut-être été ton erreur hier, mais vaut mieux que ça soit pendant un entraînement que pendant un vrai combat.

- Je sais bien, je ne veux pas rabaisser Peter... Mais même au-delà de Peter, tu as bien vu que je n'étais pas comme vous. J'ai loupé trop d'entraînements. J'étais essoufflée, lente, et mes sorts étaient imprécis...

Lily se redressa. Un feu déterminé animait soudain ses yeux verts et semblait embrasé tout son corps quand elle lui donna une tape dans l'épaule. Alexia poussa un cri indigné.

- Ça suffit ! Où est-ce que tu veux aller avec cette attitude ? Oui, tu as sûrement des choses à rattraper à cause des entraînements que tu as loupés. Bon. Est-ce que c'est une fatalité ? Certainement pas ! Il faut juste adapter les exercices à ce que ton corps peut supporter pour t'améliorer au maximum. Il faut que tu travailles la théorie autant que possible...

- Mais...

- Je sais, on est plus à Poudlard, tu ne veux plus passer ton temps dans les livres. Tu veux de l'action. (Elle repoussa ses longs cheveux roux d'un geste impatient). Mais crois-moi, la théorie est la base de tout. Je n'ai pas passé des heures à la bibliothèque pour le plaisir... Quand je suis arrivée à Poudlard, je ne connaissais rien. Pas même le nom ou l'utilité de certains sorts comme Marlène ou Dorcas ou même James. J'ai dû tout apprendre. Et la théorie m'a permis de comprendre tellement mieux ce que je faisais. Plus j'avançais dans les années, plus la théorie des manuels devenait précise et complexe. Alex, savoir lancer un bouclier est une chose. Savoir comment il fonctionne en est une autre. Et tu te rendras compte que c'est bien plus simple de lancer un bouclier puissant si tu connais les strates de magie qui le composent.

Grave, Lily s'interrompit. Le feu dans ses yeux était toujours présent comme des étincelles de détermination inflexibles. Sa fierté blessée, Alexia devait malgré tout admettre qu'elle avait raison. Elle ne s'était pas beaucoup investie dans la théorie pour rattraper son retard qui n'avait donc cessé de se creuser.

- Et crois-moi aussi quand je te dis que rien n'est irrattrapable, reprit Lily avec plus de douceur. Je peux t'aider si tu en as besoin...

- Non. Tu as déjà assez à faire sans te préoccuper de moi. Je vais travailler plus dur et je vais m'améliorer, tu as raison.

Lily sourit.

- Voilà ! C'est la Alexia que je connais là !

Plus légère, Alexia lui rendit son sourire. Pourtant son malaise n'avait pas complètement disparu et Lily parut le remarquer. Elle posa une main réconfortante sur son genou.

- Quoi d'autre, Alex ?

- Rien, c'est stupide et ça va passer.

- Ce n'est pas stupide si ça te pèse sur le cœur. Ma mère me dit toujours ça.

Un rire étouffé échappa à Alexia.

- Je sais déjà ce que tu vas dire, Lily. Que je me fais des idées, que je suis idiote...

- Je ne dirais jamais ça. Ecoute, si tu ne veux pas me le dire, je comprends, je ne te force pas et...

Mais Alexia ne laissa pas Lily finir. Peut-être qu'elle était là sa chance... Elle pouvait se décharger du poids dans sa poitrine.

- C'est Sirius, lâcha-t-elle brusquement. Je... Est-ce que tu as vu la façon dont il agissait avec Dorcas à l'entrainement d'hier ?

Un long silence suivit sa question et Alexia n'osa pas regarder la réaction de Lily en face. Les yeux résolument baissés, elle sentait ses joues chauffer et ses doigts se resserrèrent sur le couvre-lit.

- Avec Dorcas ? répéta Lily, les sourcils froncés.

- Je veux dire... Ils étaient hyper proches et...

- Alex, je ne penses vraiment pas que... Enfin, il n'y rien de ce genre entre eux.

- Ils sont sortis ensemble, rappela-t-elle, la voix incertaine.

- Et tu sais comme moi que ça ne voulait presque rien dire. C'était quelques mois en cinquième année pour expérimenter, il n'y avait pas vraiment de sentiments. En plus, Dorcas était encore avec Lucinda avant les vacances...

- Je crois que Dorcas a dépassé la question du genre depuis un moment.

Lily lui accorda le point d'un petit haussement d'épaules.

- Peu importe, martela-t-elle en agitant la main, l'histoire entre Sirius et Dorcas ne voulaient rien dire.

- Elle a perdu sa virginité avec lui.

Sa voix trembla. Elle se rappelait encore du matin où Dorcas était revenue au dortoir les cheveux ébouriffés et la cravate dénouée à la lueur de l'aurore. Elles les avait toutes réveillées pour leur annoncer, mal assurée, ce qui c'était passé pendant la nuit. A l'époque, la curiosité d'Alexia l'avait emporté. Elle commençait tout juste à voir Sirius autrement et ses questions lui avaient semblé plus pressentes que la pointe de jalousie au creux de son ventre. Quelques semaines plus tard, Sirius et Dorcas avaient de toute façon rompu en voyant que les choses ne fonctionnaient pas entre eux.

Lily se mordit la lèvre.

- C'est vrai, concéda-t-elle, mais ce n'était pas... enfin évidemment que c'était important, mais c'était physique, tu le sais comme moi, tu étais là pour écouter Dorcas le raconter. Elle n'a jamais parlé de sentiments, elle était même déçue. Rappelle-toi avec Lucinda par contre ! Merlin, j'en sais bien trop sur leur première fois.

- Tu n'arrivais pas à la regarder dans les yeux le lendemain, se souvint Alexia en riant.

Lily rougit et se couvrit le visage en éclatant de rire.

- Evidemment ! Dorcas avait passé la moitié de la nuit à nous raconter ça ! Et Lucinda débarque à la table du petit déjeuner ! Je ne pouvais pas... Ah !

Leurs rires résonnèrent si fort qu'elles l'étouffèrent au bout de quelques secondes. Plus légère, Alexia laissa Lily prendre sa main dans la sienne.

- Arrête de t'inquiéter, Alex, souffla-t-elle. Sirius n'est plus le garçon dragueur qu'il était à Poudlard, tout comme James n'est plus cet idiot suffisant à l'égo surdimensionné. (Elle marqua une pause et reconsidéra sa phrase). Enfin, la plupart du temps.

- Merci... Je crois que je me suis montée la tête toute seule.

- On est tous un peu un cran... Allez viens ! On va faire des parties de batailles explosives avec les autres en bas !

Elle la tira sur ses pieds et Alexia se laissa faire malgré sa fatigue. Rester enfermée dans sa chambre n'était sans doute pas la meilleure façon de se remonter le moral. En courant, elles descendirent l'escalier et leurs pieds martelèrent les marches en bois avec force. En bas de l'escalier, Peter s'écarta avant qu'elles ne les rentrent dedans.

- Oh j'allais aller vous chercher ! James a distribué les cartes.

- Sans tricher, j'espère ! lança Alexia avec force délibérément.

Comme attendu, la voix de James lui répondit dans la seconde :

- Tu me prends pour un Serpentard ?

- Oh gamin, n'insulte pas ma maison !

Surprise, Alexia entra dans le salon pour découvrir Caradoc Dearborn confortablement installé dans un fauteuil. Elle ne l'avait vu qu'une fois au début de l'été lorsqu'il était passé parler à Emmeline pour une mission. La quarantaine bien entamée, il arborait une calvitie certaine et un corps qui avait tendance à l'embonpoint. Pourtant, elle le savait, Caradoc pouvait les battre en une fraction de seconde s'il le voulait.

Directeur du département « Sortilèges » à l'IRIS – Institut de Recherche Intensive en Sortilèges – le prestigieux centre de formation et de recherche en magie, il savait se servir de sa baguette. C'est lui qui avait formé Gideon et Fabian – à l'IRIS et dans l'Ordre – et même si Gideon s'était finalement mis à son compte en tant que Briseur de sort, Fabian était encore à ses côtés aujourd'hui au département « Sortilèges » comme Inventeur de sort.

- Vous êtes un Serpentard ? s'exclama James, abasourdi.

- Je l'étais du moins. Ou peut-être qu'on le reste toujours. (Il agita la main). Peu importe, ravale juste tes aprioris avec moi gamin.

- Pardon... je ne voulais pas... enfin c'est étonnant...

- De voir un Serpentard dans l'Ordre ? compléta Caradoc en ricanant. Qu'est-ce que tu crois ? Qu'on pratiquait tous la magie noire dans les cachots ? Des rituels pour maudire les moldus ?

James, déstabilisé, rougit et redressa ses lunettes.

- Non, bien sûr que non...

- Alors accepte le fait qu'une maison ne te définit pas. Si un Black peut finir à Gryffondor, un Serpentard peut bien être quelqu'un de respectable, tu ne crois pas ?

- Si monsieur...

Derrière sa main, Alexia réprima un sourire amusé et elle vit les autres faire de même. Voir James perdre de sa superbe et de son assurance face à Caradoc était un spectacle divertissant. Désormais, Alexia savait au moins d'où venait la tendance de Gideon à les appeler les « gamins » à tout bout de champ.

- Bon, on la fait cette partie ? fit-elle pour lui sauver la mise.

James lui envoya un regard reconnaissant et se remit à battre les cartes. Ils s'installèrent tous autour de la table, mis à part Caradoc et Lily qui préférèrent regarder. Gideon, qui était resté après l'entraînement, se révéla particulièrement doué et manqua de griller les sourcils de Remus en abattant sa dernière carte dont personne ne posa le double assez tôt avant qu'elle n'explose.

- Merlin, Prewett !

- De beaux synonymes ! railla-t-il.

Remus roula des yeux.

- Si tu crois que je n'ai pas entendu cette blague trente fois de la part de James... Aucun tact, vraiment.

- Remus aime nous rappeler qu'on manque de tact, s'amusa Peter.

Un paquet de dragées surprises à côté de lui, il en lança une en l'air avant de la rattraper dans sa bouche, tête renversée en arrière.

- Parce que vous n'en avez aucun ! maugréa Remus. Distribue les cartes, Alex.

Un rire au coin des lèvres, Alexia s'empara du paquet et les partagea entre tous les joueurs. De l'autre côté de la table, Sirius lui adressa un rictus complice et elle soutint son regard dans un défi informulé. Elle l'avait éliminé à la dernière partie, il n'attendait que de se venger. Dès la première carte, James fut en difficulté, incapable de poser un double face à la carte principale qui ne cessait de vibrer et de fumer.

- James, tu vas perdre, dépêche-toi !

- Je sais ! Je sais ! Ah voilà !

Avec empressement, Alexia retourna sa première carte. Un double dès le premier coup ! Sirius grogna.

- T'as truqué le paquet, accusa-t-il.

- Parle moins, joues plus, rétorqua-t-elle. Ou tu vas encore perdre !

Mais Sirius passa son tour sans encombre et Marlène mit plusieurs secondes à poser un double, à tel point que les pointes de ses cheveux blonds se retrouvèrent grillées. Dorcas n'eut aucune chance et la carte explosa. Elle retira ses doigts au dernier moment.

- Merde, jura-t-elle en ramenant vivement sa main contre sa poitrine.

- Tu t'es brûlée ? s'inquiéta Lily depuis son fauteuil.

- Non, non, ça va. Ça a juste chauffé un peu.

- Fais-voir, dit Sirius.

Dorcas tendit le bras et il prit sa main dans la sienne pour l'examiner. Alexia sentit son ventre se contracter une seconde et elle croisa le regard de Lily qui lui fit un signe d'apaisement. Pourtant, elle continua à fixer la table là où les mains de Sirius et Dorcas s'étaient jointes quelques secondes auparavant.

Brusquement, une lueur bleue s'infiltra dans le salon. Elle ondula jusqu'à être au centre de la pièce et une voix s'éleva :

- Mission compromise ! Besoin de renforts devant le Chaudron Baveur ! Maintenant !

Le patronus de Fabian – car c'était bien sa voix que tout le monde avait reconnu – s'éteignit pour ne laisser qu'un silence abasourdi. Par réflexe, Alexia se redressa à moitié alors que Gideon était déjà sur ses pieds, le visage fermé. Il se tourna vers Caradoc.

- On y va ! dit-il avec brusquerie.

- On vient avec vous... lança Sirius.

- Non, l'arrêta Caradoc. Hors de question.

- Vous restez là, approuva Gideon.

- Mais... tenta de protester Lily.

Gideon frappa sur la table du plat de la main.

- On n'emmène pas des recrus sur le terrain. On ne sait même pas ce qui nous attend là-bas.

- Mais Fabian avait besoin d'aide !

- Tu crois que je ne le sais pas ? Tu me fais perdre du temps, Potter, alors assieds-toi !

- Justement, vous pourriez avoir besoin de baguettes supplémentaires, argua Dorcas.

Impatient, Caradoc secoua la tête.

- On se débrouillera. Vous restez ici, c'est un ordre.

Son ton ne soufflait aucune objection et aucun d'eux n'osa à nouveau protester. Ils se contentèrent de les regarder sortir de la pièce, puis la porte d'entrée claqua. Alexia les visualisa en train de traverser la pelouse, passer le périmètre de protection, et transplaner dans la nuit. Un lourd silence les enveloppa tous. Ils se regardèrent à la dérobée, incapable de vocaliser ce qu'ils pensaient tous : et maintenant ?

Sirius fut le premier à rompre leur torpeur.

- Merlin ! jura-t-il. On aurait pu les aider !

- Ils ont dit qu'on n'était pas prêts...

- On s'entraîne depuis presque trois mois, Pete !

Peter se renfonça dans sa chaise. Alexia se mordit l'ongle du pouce et Marlène lui donna une tape pour la faire arrêter.

- On ne peut rien faire à part attendre de toute façon, dit-elle pragmatique. Autant continuer la partie.

- Tu veux continuer à jouer à la bataille explosive alors que Fabian est peut-être en train de se prendre des Impardonnables là tout de suite ? rétorqua Sirius, cassant.

Marlène plissa les yeux, mais garda son calme. Alexia l'admira pour cela.

- Je n'ai pas dit que la situation me réjouissait non plus. Mais je me répètes : on ne peut rien faire à part regarder le plafond et attendre de leurs nouvelles. On se tient prêt au moindre message, mais ça ne sert à rien de s'enfermer dans le silence à attendre avec angoisse.

- On sait si Fabian était avec quelqu'un au moins ? Ou il était seul ? demanda Dorcas nerveusement.

- Aucune idée, souffla James. Ils refusent tous de nous parler de leurs missions. Top secret, vigilance constante, tout ça tout ça...

- Magnifique...

Nerveuse, Alexia détourna la tête pour ne plus voir les expressions des autres. Dans l'âtre, les flammes crépitaient et envoyaient des étincelles contre les briques noircies. Elle s'entendit soudain parler comme de loin :

- Il a dit le Chaudron Baveur, c'est ça ?

- Oui, je crois, murmura Lily.

- C'est positif, non ?

Un léger silence perplexe lui répondit.

- Je ne te suis pas, princesse, avoua Sirius.

- Je veux dire, il y a du monde au Chaudron Baveur, non ? Fabian n'était pas seul quand ils l'ont attaqué, il a pu avoir des renforts de sorciers présents. D'autres ont pu transplaner ou s'enfuir vers le Chemin de Traverse et donner l'alerte ?

- Oui, c'est vrai, concéda Remus, le poing contre sa joue l'air de réfléchir intensément. Ou ça pourrait aussi faire plus de victimes.

Alexia sentit sa gorge se fermer, une sensation glacée au creux du ventre. Elle songea à son frère qui sortait si souvent avec ses amis. Et s'il était au Chaudron Baveur en ce moment même ? A la simple idée, les larmes lui montèrent aux yeux.

- Je ne sais même pas où est Mathieu ce soir...

- Ne penses pas à ça, dit immédiatement Lily. Ça ne sert à rien de se monter la tête. Je suis sûre qu'il va bien.

- Mais...

- Elle a raison, approuva Marlène. Je ne sais pas non plus où sont Benjamin et Daniel, mais si on commence à penser comme ça, on va se rendre dingue.

Vaguement, une image de Benjamin et Daniel, les deux frères aînés de Marlène, lui revint en mémoire. Elle ne les avait pas vu depuis une éternité, mais elle se souvenait du coup d'éclat de Benjamin l'année dernière : il avait accusé publiquement Orion Black de s'associer avec les mangemorts. Quant à Daniel, si sa mémoire était bonne, il était en stage chez un botaniste du Chemin de Traverse depuis un an. La proximité de son lieu de travail avec l'attaque du Chaudron Baveur n'échappa pas à Alexia. Elle coula un regard en biais à Marlène et vit qu'elle avait pâli malgré son discours rassurant.

A l'autre bout de la pièce, Alexia regarda cette fois Sirius. Il paraissait tendu, comme eux tous, et elle se demanda s'il pensait à son propre frère qui pouvait, lui, être parmi les assaillants... Et puis elle se rappela que c'était impossible. Regulus était encore à Poudlard. Ce n'était pas les vacances et il devait dîner dans la Grande Salle à cette heure-ci. Alexia aurait aimer y être aussi, loin de toute la tension qui habitait la pièce.

- On sait où est le Chaudron Baveur, on sait comment s'y rendre, lança brusquement Dorcas. On pourrait...

- Non, coupa Lily. On ne peut pas. Tu as entendu Gideon et Caradoc.

- Tu n'es plus préfète, Lily, tu n'as plus à suivre les règles à la virgule près !

- Ca n'a rien à voir. S'ils avaient voulu de nous, ils nous auraient emmené c'est tout.

- On pourrait être un poids plus qu'autre chose, approuva Remus. Ils ont sans doute des stratégies, des protocoles, et on ne ferait que de les déstabiliser.

- Ou on pourrait au contraire renverser la situation et leur sauver la mise, protesta James.

- Il a raison !

- Non, Sirius, il n'a pas raison, dit Marlène, frustrée. Lily a raison. C'est trop incertain d'y aller.

Sûrement inconsciemment, deux camps s'étaient formés et ses amis s'étaient déplacés dans la pièce en conséquence. Sirius, James et Dorcas faisaient face à Lily, Marlène et Remus. Ils se défiaient du regard, inflexibles. Si les trois premiers avaient une sorte d'aura impatiente et énergique autour d'eux, comme s'ils étaient prêts se battre contre la terre entière, les autres renvoyaient une impression plus calme, plus maîtrisée. Alexia fut parcourue d'une vague nerveuse. Et évidemment, ce ne fut pas long avant qu'ils se tournent vers les deux seules personnes qui n'avaient pas encore manifester leur opinion : elle-même et Peter.

- Et vous ? lança Sirius, bras croisés. Vous en pensez quoi ?

Toute sa posture indiquait qu'il pensait déjà connaître leur réponse : ils rejoindraient son camp. Pourtant, Alexia n'était pas si sûre d'elle, et Peter ne devait pas l'être non plus car il se renfonça à nouveau dans son fauteuil. Encore un peu et il finirait par disparaître dedans.

- C'est trop dangereux d'y aller sans préparation, argua à nouveau Lily. Croyez-moi, je suis morte d'inquiétude aussi, mais je ne me le pardonnerai pas si la mission empire par notre faute, ou pire que quelqu'un est blessé.

- Le pire n'est même pas une blessure, rappela Remus durement. Ce n'est pas un entraînement. Emmeline ne sera pas là pour arrêter le combat si ça va trop loin.

- Merci, Lunard, on est au courant, railla Sirius.

Sa détermination sembla flancher une seconde, mais il échangea un regard avec James et Dorcas, et se reprit.

- Je ne me le pardonnerai pas non plus si on reste là sans rien faire alors que notre aide pourrait être décisive, dit Dorcas.

-Le Chaudron Baveur n'est pas grand, on risque de s'envoyer des sorts par accident si on est trop à l'intérieur, objecta Marlène.

- L'attaque avait lieu au Chaudron Baveur il y a plus d'une demi-heure, contra James. Qui nous dit que ça n'a pas débordé sur le Chemin de Traverse ? Ou du côté moldu ?

- Vous faites seulement des suppositions !

La voix de Lily, soudain plus ferme et en colère, fit comprendre à Alexia que les choses devenaient tendues. A sa plus grande surprise, Peter se racla la gorge et tout le monde se tourna vers lui. Il n'osa pas regarder Sirius et James dans les yeux avant de prendre la parole :

- Je suis d'accord avec eux... C'est trop risqué, on n'est pas encore des membres officiels de l'Ordre. Maugrey sera furieux si on ne respecte pas les ordres.

Sirius laissa échapper un rire presque méprisant.

- Evidemment, tu as peur de Maugrey.

- Il a raison d'avoir peur de Maugrey, le défendit Remus immédiatement. On pourrait être exclu de l'Ordre pour ça. Tu le connais, un soldat qui n'obéit pas et qui n'en fait qu'à sa tête est dangereux pour l'équipe. Il vous l'a assez répété.

- On n'est pas des soldats, protesta James.

Cette fois-ci, ce fut Lily qui rit amèrement. Alexia trouva que ça ne lui allait pas du tout.

- James, tu vis dans un idéal. On n'est pas non plus des sortes de justiciers sans peur. Les gentils ne gagnent pas toujours à la fin.

- Je n'ai jamais dit ça ! cria-t-il. Et où est passé ton optimiste sans faille ?

- Il n'est pas aveugle et sans un minimum de sens de la réalité !

- La réalité, c'est que des gens ont peut-être besoin de nous maintenant !

- Arrêtez tous les deux, dit Remus d'une voix sourde.

James et Lily s'interrompirent, la respiration haletante. Ils étaient habités par le feu de leur conviction et Alexia se demanda s'ils finiraient consumer... Contrairement au phénix dont leur organisation secrète se revendiquait, ils ne pourraient renaître de leurs cendres, eux...

Prise au dépourvu par ses propres pensées, Alexia secoua la tête. Elle promena son regard sur ses amis et son cœur se serra à nouveau en voyant Sirius et Dorcas, presque épaule contre épaule, l'air toujours déterminé. Elle ouvrit la bouche avant que son cerveau n'ait vraiment assimilé les mots qui sortirent de ses lèvres :

- Je suis du côté de Lily... Vaut mieux qu'on attende ici, comme Gideon nous l'a demandé.

- Alex, tu...

- Je sais, Sirius, je sais. J'ai peur pour eux aussi. Mais il y a trop de variables incertaines, on a aucun plan, rien du tout. Ça serait une mission suicide de s'y rendre comme ça.

- Il y a peut-être des blessés que Lily pourrait aider !

Près de la fenêtre, Lily blêmit. Elle se détourna pour échapper à leurs regards, mais parut changer d'avis et fit volte-face. Ses yeux vert émeraude étaient bordés de larmes.

- Arrête d'essayer de me faire culpabiliser ! cingla-t-elle, la voix brisée. C'est déjà assez dur comme ça ! Moi aussi j'aimerais juste transplaner et aller les aider. Mais je sais qu'on n'est pas prêts, Sirius, tu comprends ? Et on pourrait être plus dangereux pour eux qu'utiles ! Ils savent fonctionner en équipe, ils ont des stratégies qu'on ne connait pas parce que notre formation n'est pas terminée. S'ils doivent nous protéger et se battre en même temps, ils risquent de perdre leur concentration. C'est hors de question. Il faut savoir être rationnel, connaître ses limites...

- A t'entendre, on saurait à peine jeter un bouclier !

- Bien sûr que non...

- Stop ! s'écria brusquement Remus. Sirius, sérieusement, la ferme ! Et vous aussi ! Personne n'a raison, personne n'a tort. C'est un pari, un pile ou face, on ne sait juste pas. Donc ce que je propose, c'est qu'on se calme, on s'assoit, et on attend.

- Mais...

- On attend une heure. Si on a aucune nouvelle dans une heure, on y va.

Tout le monde parut évaluer la proposition de Remus en silence. L'atmosphère était si tendue qu'Alexia avait presque peur de respirer trop fort.

- Très bien, céda Dorcas. Une heure. J'accepte, même s'ils ont tous le temps de se faire tuer dix fois d'ici là.

Sur cette ultime provocation, elle se laissa tomber sur une chaise, bras croisés et s'enferma dans le silence. Peu à peu, les autres l'imitèrent. Alexia ramena les genoux contre sa poitrine et ne broncha pas. Elle avait la douloureuse impression de sentir chaque minute défiler à une lenteur extrême. Le bruit incessant de l'horloge dans son dos n'aidait pas. Elle marquait la mesure, implacable, et Alexia savait qu'elle ne pouvait rien faire pour accélérer ou ralentir le temps : l'horloge suivait son propre rythme.

Au bout d'un quart d'heure, Alexia se leva et étira ses bras au-dessus de sa tête. Elle avait mal au dos à force de rester assise. Ignorant les autres qui la suivaient du regard, elle sortit de la pièce pour se diriger vers la cuisine. Elle pesta contre Fabian qui ne remettait jamais la théière à sa place, puis se figea. Fabian était peut-être mort à cet instant et elle pensait à une stupide théière mal rangée.

- Princesse ?

Alexia sursauta si fort que sa tasse lui glissa entre les doigts et se brisa sur le sol.

- Merlin ! Fais du bruit en marchant !

- Désolé, désolé...

Il pointa sa baguette sur les éclats de céramique et la tasse se recolla. Elle se baissa pour la ramasser et la rinça sous l'eau avant d'ouvrir un placard au-dessus de sa tête pour attraper la boîte à thé.

- Je voulais juste voir si ça allait, dit Sirius en s'appuyant contre l'évier.

- A ton avis ?

- Alex... Je suis désolé pour tout à l'heure, je ne voulais pas m'énerver.

- C'est à Lily qu'il faut le dire.

- C'est fait. Elle m'a pardonné. Enfin, c'est Lily quoi.

Alexia émit un claquement de langue agacé.

- Ne la prends pas pour acquis. Un jour elle va vraiment t'en vouloir. Regarde Severus. Il n'y a pas eu de retour en arrière.

- Tu me compare à Servilus ?

- Je n'ai pas dit ça.

D'un coup de baguette, elle fit chauffer l'eau de la théière. Sirius se glissa dans son dos et elle le laissa enroula ses bras autour de sa taille. Il la dépassait de presque une tête et elle le sentit poser son menton sur le haut de son crâne.

- Parle-moi, Alex, souffla-t-il. Et avant que tu le dises, je sais que c'est Sainte-Mangouste qui se moque de la charité, mais depuis hier tu m'évites et j'arrive pas à comprendre pourquoi.

- C'est normal, j'ai juste eu... une baisse d'énergie, on va dire. Mais ne t'inquiète pas, j'en ai parlé avec Lily et ça va mieux.

- T'es sûre de ça ?

- Oui, assura-t-elle sans pourtant en être certaine. Je ne m'attendais juste pas à tout ça ce soir.

- Je crois que personne ne l'avait vu venir...

- Hum...

D'un air absent, elle se saisit de sa tasse de thé et la porta à ses lèvres. L'eau brûlante sur sa langue l'ancra dans le moment présent et elle savoura le goût âcre et sucré. Sirius déposa un baiser dans ses cheveux, puis attrapa sa main libre dans la sienne.

- Allez viens, on va rejoindre les autres.

Alexia le suivit. A leur retour, les regards se portèrent à nouveau sur eux, mais elle se sentit moins oppressée. Elle leva sa tassa et indiqua aux autres :

- J'ai fait chauffer de l'eau, si certains en veulent...

- Je crois que j'en ai besoin oui, dit Marlène. Quelqu'un d'autre ?

Peter et James levèrent la main. Remus afficha un sourire en coin.

- Boire du thé en temps de crise. On est des clichés.

- On est patriotes, corrigea Sirius.

- Et vive la reine ! s'exclama James.

Ils éclatèrent de rire.

Après cela, le silence reprit ses droits et le tintement de l'horloge se fit la seule parole. Blottie contre James dans le canapé, Lily regardait dans le vague et Alexia se demanda si elle n'allait pas finir par s'endormir, épuisée par l'émotion. Elle en aurait sans doute fait de même si elle n'avait pas eu conscience de l'heure qui passait et arrivait bientôt à son terme. Elle s'apprêtait à aller se resservir une tasse de thé lorsque le bruit caractéristique de la porte d'entrée résonna. Alexia se figea.

Ils amorcèrent tous un même mouvement pour se lever, mais bientôt plusieurs personnes entrèrent dans le salon. Caradoc, Fabian, Gideon et Emmeline. Tous intacts, sans une égratignure ni un cheveu décoiffé. Les frères Prewett tenaient même chacun une bièreaubeurre à la main. L'espace d'un battement de cœur, personne n'émit le moindre son.

- Bien joué, Fab ! s'exclama brusquement Gideon. Ils n'ont pas bougé. J'avoue, je n'y croyais pas au départ, mais t'avais raison !

- Quoi... ? Mais... balbutia Marlène, décontenancée.

- Une heure et demie quand même, dit Caradoc en jetant un œil à son poignet et la lumière des flammes accrocha le reflet de sa montre. Impressionnant.

- Attendez une seconde ! gronda James. Vous êtes en train de dire...

- Exactement, Potter, dit Gideon. C'était un test. Une partie de l'entraînement un peu inhabituelle, mais on devait vérifier si vous étiez aptes à suivre des ordres, même difficiles. Parfois, ça veut dire laisser les autres derrière, ou en difficulté.

Abasourdie, Alexia sentit son estomac se retourner. Même si elle avait réussi le test d'après Gideon, cette soirée d'angoisse lui semblait loin d'être une victoire. Au vu des visages des autres, elle n'était pas la seule à le penser. Lily se redressa d'un bond rageur.

- On s'est angoissés pendant plus d'une heure pour vous ! s'écria-t-elle. Sérieusement, à quoi vous pensiez ?

- Je t'avais dit que c'était peut-être un peu fort, marmonna Emmeline à Gideon.

- C'était formateur, argua-t-il.

Les mains de Lily se contractèrent, comme si elle se retenait d'attraper la tasse de thé la plus proche et de l'envoyer au visage de Gideon.

- Ce n'était pas formateur, dit-elle d'une voix dure. On n'a pas arrêté de se disputer pour savoir si on devait venir vous aider !

- Et laisse-moi deviner : les plus mesurés d'entre vous ont calmé les têtes brûlées ?

L'absence de réponse fut équivoque et il sourit, goguenard.

- C'est exactement pour ça que votre groupe est prometteur et peut bien fonctionner, vous vous équilibrez les uns les autres. Ce soir, la menace n'était pas si grande, vous n'aviez reçu qu'un seul signal de détresse de la part de Fabian en mauvaise posture. Situation délicate donc mais pas dramatique. Caradoc et moi étions déjà partis en renfort, il n'y avait aucune raison de compromettre davantage de membres de l'Ordre.

- Mais si...

- Si la situation avait empiré, coupa Fabian, vous auriez reçu d'autres alertes et là, votre intervention aurait été nécessaire. Ceux qui voulaient se jeter dans la bataille pour nous venir en aide auraient motiver les autres cette fois-ci. Chacun son rôle : calmer les ardeurs ou au contraire les attiser.

- C'est une question d'analyse des enjeux, conclut Caradoc. Vous comprendrez au fur et à mesure.

Il leur adressa un sourire tordu, presque ironique, comme s'il ressentait leur indignation à l'idée de s'être fait piéger de la sorte.

- Bien, ce fut une agréable soirée, mais je ne suis plus tout jeune et les trois bièreaubeurres du Chaudron Baveur vont me laisser un mauvais souvenir au réveil demain matin. Je ferais mieux d'y aller. (Il remit sa cape et son chapeau qu'il inclina en guise de salut). Les jeunes, portez-vous bien !

Sur ces mots, il s'en alla en sifflotant. Alexia aurait voulu lui courir après pour le gifler tant une boule de colère chauffait dans sa poitrine. Rationnellement, elle comprenait l'exercice. Emotionnellement, elle le détestait.

Cette nuit-là, elle ne laissa même pas le choix à Sirius de rentrer chez lui : elle l'attrapa par la main et le guida jusqu'à leur chambre. Ils s'endormirent l'un contre l'autre.

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Une ambiance plus lourde pour ce chapitre, mais je pense que ces moments sont aussi importants pour forger les Maraudeurs et cette génération que ceux du précédent chapitre, plus léger.

J'espère que vous avez aimé en tout cas ! On se retrouve dans deux semaines pour ATDM et dimanche/lundi prochain pour LHDI !

annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Hello ! Plusieurs choses aujourd'hui avant de commencer le chapitre.

Pour celles et ceux qui n'auraient pas vu sur instagram, je propose à toutes les personnes intéressées de se retrouver le dimanche 5 décembre au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil à côté de Paris ! Il y aura aussi la fabuleuse Perripuce et normalement 4 lectrices ont déjà répondu présentes pour venir, ça va être trop cool ! Si ça vous tente, hésitez pas à m'envoyer un MP, un message insta, ou n'importe quoi. On a déjà un groupe Whatsapp haha !

Sinon, deuxième info. Je vous avais parlé de mon concours donc je vous tiens au courant. Malheureusement, je ne l'ai pas eu... Ils avaient dit qu'il y aurait plus de 100 places et finalement il n'y en a eu que 79, ce qui est frustrant. Et ce qui est encore plus frustrant, c'est qu'il me manquait seulement... 0.25 points ! Mais bon, tant pis, ça sera pour une prochaine fois haha ! Je l'avais passé en freestyle juste pour l'expérience donc je suis déjà contente de moi ^^

Mais voilà, j'ai besoin de réconfort donc....

Lâchez-vous sur les commentaires !!! *keur sur vous*

Et maintenant, je vous laisse lire le chapitre !


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Chapitre IV : Le tourment des rendez-vous

D'un geste nerveux, Marlène ouvrit sa penderie pour la quatrième fois et la referma également pour la quatrième fois. Les deux portes en bois émirent un claquement sec. Elle soupira et avisa son lit, considérant une seconde avec sérieux l'idée de se jeter dessus pour s'y rouler en boule et y passer la soirée. Ses nerfs y gagneraient certainement. Pour la énième fois, elle se demanda ce qui lui avait pris d'accepter la proposition de Benjy d'aller boire un verre. C'était complètement ridicule : il était plus âgé qu'elle, le pays était en guerre, ils travaillaient tous les deux pour une société secrète et surtout... Merlin, elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle n'était jamais sortie avec un garçon de sa vie et il allait forcément s'en rendre compte. C'était embarrassant.

Les joues rouges, elle rouvrit ses portes de placard. Ses tenues la narguèrent. Récemment, elle avait acheté plusieurs moldus lors de virées shopping à Londres avec Lily et Alexia et elle aimait ce qu'elle avait trouvé. Des chemisiers, des vestes, des jeans... Elle avait commencé doucement à élaborer un style, mais elle réalisait ce soir qu'elle n'avait pas pensé à toutes les éventualités et certainement pas à celle qui impliquait un rendez-vous amoureux. Par réflexe, son regard dériva vers ses tenues sorcières, mais là aussi elle poussa un soupir de dépit. Rien de portable, trop classique, trop sobre... La plupart avait été acheté par sa mère. En plus, Benjy avait été clair : ils sortaient dans le monde moldu. Impossible de mettre une robe de sorcière.

Frustrée, elle claque la porte de son placard.

- Marlène ? appela sa mère depuis le salon. Tout va bien ?

- Oui, oui... Pardon ! La porte m'a échappé des mains !

- Fais attention !

Marlène ne prit pas la peine de répondre, les joues rouge. Elle fixa ses mains de longues secondes. Les contours de ses ongles étaient rouges à cause des entraînements. Instinctivement, sa tête se tourna pour observer le reflet que lui renvoyait son miroir de l'autre côté de sa chambre. Sa chambre... L'idée lui semblait encore un peu étrange après vécue sept ans dans son dortoir à Poudlard. Revenir chez ses parents et dans sa chambre d'enfant après son diplôme lui avait fait un drôle d'effet, mais elle n'avait pas eu le choix : le QG n'était extensible et toutes les chambres avaient été prises par les autres. Elle ne s'était pas battue. Elle s'entendait bien avec ses parents, elle n'avait de copain avec qui elle aurait prendre un peu d'indépendance... Les autres avaient eu plus besoin qu'elle d'habiter au QG. Dans les faits, elle aurait pu sans doute réussir à se payer un appartement, mais le salaire de vendeuse qu'elle touchait chez Madame Guipure n'était pas vraiment mirobolant. Elle ne pouvait pas se permettre de tout mettre dans un loyer et refusait tout net l'argent de ses parents pourtant prêts à l'aider sans problème. Ses frères n'avaient rien demandé en partant de la maison et elle comptait bien faire de même.

La réalité de sa situation la heurtait parfois, comme si elle se rendait compte d'un coup ce qu'elle était en train de vivre, mais elle essayait de ne pas s'y attarde. Le miroir eut le même effet : il lui renvoya sa réalité en pleine face. Littéralement. Le cœur lourd, elle contempla ses cheveux blonds qui lui arrivaient maintenant presque à la poitrine. Elle ne les avait plus coupés depuis deux ans et ils avaient légèrement foncés, bien plus que dans son enfance. C'était peut-être la partie qu'elle préférait chez elle... En même temps, le reste n'était pas à mettre en avant.

Découragée, elle passa une main sur ses hanches dessinées. Son reflet l'imita. Elle avait beau avoir perdu du poids cet été grâce aux entraînements, elle ne pouvait s'empêcher de comparer son corps à celui des autres... A Lily et sa silhouette mince. A Alexia et son corps filiforme. A Dorcas qui, même si elle avait des formes, faisait si femme avec sa poitrine opulente et ses hanches marquées. Marlène n'avait pas l'impression d'être femme. Ni même d'en avoir l'air. A la limite, elle avait perdu la rondeur de son visage, mais sa poitrine restait désespérément à peine visible sous son chemisier blanc. Et elle ne voulait même pas s'attarder sur son nez arrondi et petit qu'elle n'avait jamais aimé après le jour où son frère lui avait fait une remarque dessus juste pour rigoler.

- Rah, allez bouge-toi, s'invectiva-t-elle brusquement.

D'un bond, elle se releva et les ressorts de son lit protestèrent dans un grincement. Sans réfléchir davantage, elle attrapa un pantalon en velours côtelé marron pour aller avec son chemisier et passa une ceinture en cuire un peu plus claire à sa taille. Une paire de bottine complétait sa tenue. D'un mouvement souple, elle noua ses cheveux en chignon et se déclara prête. Elle n'osa pourtant pas regarder à nouveau le miroir et sortit de sa chambre sans un regard en arrière.

Elle descendit les escaliers à toute vitesse alors que l'horloge sonnait six coups. Il lui restait une heure avant que Benjy ne vienne la chercher au QG.

- Maman ! héla-t-elle. Je vais y aller.

- Quoi ? Maintenant ? Tu sors ?

- Oui, mais je rentrerai pas tard promis !

- Marlène attends ! Viens-là !

Marlène soupira, tête renversée en arrière. Elle se doutait à moitié que sa mère ne la laisserait pas partir aussi facilement. En traînant les pieds, elle se dirigea dans le salon. Sa mère, en robe d'intérieur, reposa le vase qu'elle était en train d'arranger.

- Tu sors encore ? attaqua-t-elle immédiatement, mains sur les hanches. Ce n'est pas prudent, Marlène, surtout en ce moment le soir... La Gazette en parlait encore ce matin.

- Maman... Je ne vais pas rester enfermée dans ma chambre pendant les dix prochaines années.

- Je n'ai pas dit ça. Mais je préférais que tu restes à la maison après la tombée du jour pour les semaines à venir. Avec le renvoi de Benjamin, ce n'est pas prudent pour nous...

- Benjamin s'est fait renvoyé il y a des mois, objecta-t-elle.

- Orion Black a la mémoire longue, ne crois pas que l'affront est oublié.

Sa mère le regarda d'un air grave et Marlène déglutit. Elle se souvenait parfaitement de la poigne de Mulciber et de son corps qui écrasait le sien le jour où il avait appris que Benjamin avait accusé haut et fort devant une dizaine de témoins Orion Black, alors son patron, de financer les activités des Mangemorts. Si Regulus n'était pas arrivé à temps, il lui aurait sûrement fait subir le même sort qu'à Mary McDonald en cinquième année. En y repensant, elle sentit son estomac se tordre, mais elle n'arriva pas à distinguer ce qui provoquait son angoisse : le souvenir de Mulciber et de ce qui aurait pu se passer, l'indignation qui brûlait dans ses veines, ou l'image de Regulus habillé de noir avec la marque en tête de mort sur le bras.

- Hier encore, je suis allée sur le Chemin de Traverse, raconta sa mère. Et j'ai croisé Caesar Yaxley avec ses fils, Malcom et Corben... Ils n'ont pas pu s'empêcher de me faire une remarque en me demandant comment allaient mes fils et si je savais où était ma fille en ce moment. La menace était à peine voilée !

- Maman...

- Si ton père avait été là, ils ne se seraient pas permis une telle chose, j'en suis sûre.

Perturbée, elle se détourna. Marlène eut soudain une envie de révolte contre Caesar Yaxley. Fabian et Gideon lui avaient parlé de lui : il agissait en périphérie et finançait les opérations des Mangemorts. Ses deux fils ne participaient qu'à des coups mineurs, comme des démonstrations de force sans autre utilité que terroriser la population. Autant dire qu'ils étaient des lâches. S'en prendre à Janice McKinnon, femme et mère de famille seule en pleine rue, en était la preuve.

- L'audace ! ragea-t-elle. Tu sais ce que j'aurais dû leur répondre ? Qu'ils feraient mieux de regarder leur propre famille. Je n'oublie pas l'histoire de la nièce enceinte qui a rompu ses fiançailles avec le fils Rosier. Quel scandale.

- Valait mieux pour Elizabeth qu'elle parte plutôt qu'elle épouse ce type, commenta Marlène.

- Peut-être bien mais enfin... A mon époque, on n'aurait jamais osé. Ce genre d'affaire se réglait autrement, tu peux me croire.

Marlène retint une grimace. Elle aimait sa mère, vraiment, mais c'était dans ce genre de remarque qu'elle percevait toute son éducation sang-pur. Née Abbot, sa mère aurait pu sûrement faire un mariage plus prestigieux si elle n'était pas tombée sincèrement amoureuse de Brent McKinnon. Bien que sang-pur, sa famille ne faisait pas partie des 28 sacrés, mais les Abbot avait toujours été plus souple sur la question du rang que d'autres grandes familles. Le mariage de ses parents avait donc pu avoir lieu et ils les avaient élevés, ses frères et elle, dans un milieu bourgeois modeste à l'image des Potter, bien loin de l'aristocratie conservatrice ou du faste des nouveaux riches qu'avaient pu connaître Sirius ou Dorcas.

- Enfin, peu importe... reprit sa mère en soupirant. Tout ça pour dire que personne n'est en sécurité et encore moins nous, Marlène. Et je trouve que tu sors un peu trop en ce moment, tu n'es pratiquement jamais à la maison, tu loupes les repas... Cet été, je t'ai à peine vu !

- Je travaille en ce semaine et je vois mes amis quand j'ai du temps libre, c'est tout.

Elle pria pour ne pas rougir devant ce mensonge qui n'en était pas vraiment un. Après tout, elle se trouvait bien avec ses amis lorsqu'elle était au QG pour les entrainements de l'Ordre.

- Je comprends et c'est important de se changer les idées en ce moment, mais tu es obligée de sortir autant ? Peut-être que tu pourrais plutôt inviter Lily, Dorcas et Alexia ici, non ?

- Maman, je n'ai plus douze ans, protesta-t-elle, embarrassée. En plus, Benjamin et Daniel sortent tout le temps et tu ne leur dis rien !

- Benjamin a quitté la maison depuis deux ans, il fait ce qu'il veut. Quant à Daniel, ce n'est pas pareil.

- Pourquoi ? Parce que c'est un garçon ?

- En partie, admit sa mère sans se démonter. Il ne faut pas se faire d'illusion, les rues son plus sûres pour lui la nuit, c'est une réalité. Nous pouvons la regretter, mais pas la changer, Marlène. Et Daniel commence sa vie d'adulte. Je t'ai dit que le professeur Arbor partait à la retraite et qu'il pensait lui laisser son cabinet d'apothicaire ? C'est une merveilleuse nouvelle, n'est-ce pas ? Oh ! Et ton père est passé à la boutique justement la semaine passée. Le professeur Arbor a recruté une nouvelle assistante depuis que ton frère a eu sa promotion. Bien figure-toi que Daniel semble la trouver charmante.

- Maman ! Laisse-le tranquille !

- Quoi ? Je ne lui ai rien dit. Je m'informe, c'est tout...

- Bien sûr, sourit-elle en roulant des yeux.

Son attitude lui valut une tape sur la main, mais Marlène savait qu'il n'y avait aucune colère derrière. C'était même un sujet de plaisanterie depuis des années dans la famille : leur mère avait une nette tendance à se mêler de leur vie sentimentale. Benjamin avait même refusé de lui présenter une de ses petites amies à cause de ça, même s'il avait finalement rompu avec elle au bout de quelques mois. Ce qui dérangeait davantage Marlène, c'était cette différence que sa mère faisait dans son traitement entre ses frères et elle. Si elle savait tout ce qu'elle était en train d'apprendre avec l'Ordre, elle n'aurait sans doute plus cette vision de petite fille fragile.

Soudain, les yeux de sa mère brillèrent d'une curiosité mal dissimulée et Marlène sentit le piège se refermer sur elle avant qu'elle n'ait pu l'éviter :

- Et toi alors ? Si tu sors autant, ça ne serait pas parce qu'il y a un garçon d'impliquer ?

- Oh Merlin maman...

Elle tenta de battre en retraite vers le couloir, mais sa mère la suivit.

- Voyons, tu peux me le dire, insista-t-elle. Tu sais j'ai rencontré ton père quand j'avais ton âge !

- Il n'y a pas de garçon, maman, dit-elle en omettant bien de mentionner Benjy.

Sa mère parut sur le point de creuser la question lorsqu'elle s'arrêta brusquement, comme si elle venait de penser à quelque chose. Marlène fronça les sourcils en attrapant sa veste dans l'entrée.

- Quoi ?

- Si ce n'est pas un garçon... Enfin, j'ai entendu les rumeurs concernant ton amie Dorcas...

- Maman ! Non, il n'y a pas de filles non plus. Et il faut que les gens arrêtent de parler de Dorcas !

Pourtant, sa mère poussa un soupir de soulagement.

- Je préfère ça, dit-elle, ça aurait été compliqué...

- Compliqué pour qui ? Tes amies du club de thé et de ragots ? (Elle retint un claquement de langue agacé et ouvrit la porte d'entrée). Bon allez, j'y vais. Je ne rentrerai pas tard, promis.

- Marlène, attends !

D'un geste précipité, sa mère la retint une dernière fois et l'attira contre elle. Les démonstrations d'affection de la sorte n'étaient généralement pas son genre, elle savait se montrer chaleureuse autrement. Pourtant, dans cette étreinte, elle lui fit passer toute son inquiétude et son amour. Son agacement s'envola et elle la serra aussi dans ses bras en inhalant profondément son parfum. Puis, elle se dégagea doucement et sourit. Elle se promit de revenir chaque jour auprès de sa mère, peu importe la mission ou le rendez-vous.

- Allez, amuse-toi bien, dit sa mère, la gorge enrouée. Et fais attention.

- Promis, maman !

Elle dévala les marches du perron. L'air chaud de début septembre fit voler ses cheveux blonds et elle traversa la petite cours devant sa maison avant de pousser le portail. Elle n'arrivait pas à calmer l'appréhension galopante qui revenait la ronger maintenant qu'elle partait de chez elle pour retrouver Benjy. Il ne lui avait même dit où il comptait l'emmener précisément. Elle baissa les yeux sur sa tenue. Peut-être qu'elle ne s'était pas assez habillée formellement... Ou alors trop... Et finalement elle ne connaissait pas grand-chose à la mode moldu, elle pouvait juste avoir l'air ridicule en ce moment-même. Pendant une seconde, elle envisagea de passer un coup de cheminée pour prévenir qu'elle était malade et préférait annuler, mais elle se fustigea. Si elle voulait affronter des Mangemorts, elle pouvait bien affronter une soirée avec un garçon.

En inspirant un grand coup, elle tourna sur elle-même, se concentra et le sol se déroba sous ses pieds. Le transplanage ne dura que quelques secondes. Elle ne trébucha même pas en arrivant, comme elle le faisait à ses débuts, et avisa la vieille maison en pierre qui leur servait de QG. Les ordres de Dumbledore et de Maugrey étaient clairs : ils ne pouvaient s'y rendre qu'en transplanant et après vérifié que personne ne se trouvait à proximité. Il serait facile pour un Mangemort de s'accrocher à eux et ainsi de percer leur secret. A moins de connaître l'existence de la maison perdue dans les landes irlandaises, personne ne pouvait vraiment l'atteindre.

Ici, le vent soufflait bien plus fort qu'à Londres et elle se dépêcha d'atteindre le périmètre de sécurité, celui au sein duquel ils ne pouvaient pas transplaner, et de jeter les sorts qui levaient les boucliers le temps qu'elle entre. Puis, le corps mordu par le froid, elle remonta jusqu'à la maison. Elle pria pour que Benjy ne soit pas sorti du travail en avance, juste pour avoir un peu de temps pour se préparer psychologiquement ou pour sombrer dans la panique, c'était encore à déterminer. Prudemment, elle avança dans le couloir étroit qui servait d'entrée et déboucha dans la cuisine. Une vague de soulagement la traversa en découvrant Alexia et Sirius, assis autour de la table, une partie de bataille explosive et deux tasses de cafés entre eux.

- Tiens Marlène ! s'exclama son amie. Tu devais passer ce soir ? Et Merlin, qu'est-ce que tu portes ?

Marlène baissa les yeux sur son chemisier blanc et son pantalon en velours côtelé.

- Quoi ? Je me suis trompée, ça ne se porte pas comme ça ? s'inquiéta-t-elle.

- Oh... Euh, si, si... Tu ressembles juste à une étudiante de psychologie qui traîne dans les cafés de Londres.

- Je peux pas juger, intervint Sirius, mais je préfère les vestes en cuir.

Alexia leva les yeux au ciel tandis que Marlène se laissait tomber à coté d'eux, mortifiée.

- Rah, j'ai l'air ridicule, déplora-t-elle.

- Mais non ! Si tu veux explorer un nouveau style, je trouve ça très bien.

- Ce n'est pas pour ça...

Les joues rouges, elle enfouit son visage dans ses bras. Elle ne savait même pas vraiment elle-même pourquoi elle n'avait pas parlé de son rendez-vous avec Benjy à ses amies. Ou plutôt, elle refusait de se l'admettre. Elle savait que c'était irrationnelle, mais elle avait peur de passer pour une gamine auprès d'elles. Alexia étaient déjà sorties avec deux garçons avant Sirius et était en couple avec lui depuis plus d'un an et demi. Lily avait toujours eu James qui lui courrait après et ils filaient le parfait amour depuis l'hiver dernier. Quant à Dorcas, son expérience n'était plus à prouver. Marlène, elle, ne s'était jamais intéressée plus que cela aux garçons. Elle ne leur avait d'ailleurs jamais vraiment plu non plus. Le seul semblant de relation qu'elle avait eu était avec Regulus et encore... Elle ne pouvait pas vraiment qualifier ce qu'ils avaient eu de réussite.

- Marlène ? Tout va bien ?

- Hum, hum... marmonna-t-elle avant de relever la tête pour affronter Alexia. Je ne t'ai pas dit mais j'ai en quelque sorte... rendez-vous avec Benjy ce soir.

La réaction d'Alexia fut plus rapide que l'envol d'un vif d'or.

- Quoi ? Benjy ? Benjy Fenwick ?

- Oui... Il m'a proposé d'aller boire un verre à 19h.

- Oh mon dieu ! Marlène !

- Je sais ! Mais je ne sais pas... Merlin, Alex, je ne sais pas comment on fait, avoua-t-elle en sentant ses joues s'embraser.

Gênée, elle coula un regard vers Sirius. Il devait la prendre pour une idiote. S'il y avait bien une personne qui s'y connaissait en rendez-vous, c'était lui. Il sembla réaliser qu'elle le regardait car un éclair de compréhension traversa son visage.

- Vous voulez que je vous laisse ? proposa-t-il. Entre filles ?

- Non, non, je ne voulais pas vous déranger... C'est bête, je...

Elle amorça un geste pour se lever, mais Alexia lui saisit la manche et tira dessus pour la faire retomber sur sa chaise.

- Tu ne bouges pas, intima-t-elle. Et toi non plus, Sirius. On va tous réfléchir calmement pour t'aider, ne t'inquiète pas. De toute façon, je perdais, ajouta-t-elle en jetant ses cartes sur le coin de la table. Bon, raconte tout !

Nerveusement, Marlène les regarda tour à tour. A bien y réfléchir, elle préférait que Sirius reste. Son avis pouvait être intéressant. Dorcas avait toujours dit que les garçons pensaient autrement et peut-être qu'il arriverait à lui donner des pistes concernant Benjy.

- C'était la semaine dernière après l'entraînement, raconta-t-elle. Je me suis mise à parler avec Benjy quelques minutes. Rien de vraiment intéressant, je ne sais pas si vous vous souvenez il était venu s'entraîner avec nous pour garder la forme et réviser quelques sortilèges. Il me racontait des anecdotes sur lui et un de ses amis quand ils avaient suivi la formation de l'Ordre ensemble. Et puis à la fin de la conversation, il m'a juste demandé si je voulais aller boire un verre avec lui pour faire davantage connaissance parce qu'il me trouvait sympa et... euh jolie.

- Il t'a dit qu'il te trouvait jolie ? s'enthousiasma Alexia.

- Je pense qu'il essayait d'être gentil, nuança Marlène. Je devais être en sueur et décoiffée.

- Mais même ! C'est hyper important ! Non ?

Elle se tourna vers Sirius.

- Quoi ? Qu'il lui ait dit qu'elle était jolie ?

- Oui ! C'est pas neutre pour vous, les gars, de dire ça, non ?

- « Les gars », répéta-t-il, moqueur. Comme si on était une espèce à part entière. (Il rassembla ses cartes en tas avant de répondre). J'avoue qu'il te l'a dit vite. Deux options : il a vraiment un coup de cœur sur toi et veut te le faire savoir, ou il veut juste te mettre dans son lit.

- Sirius !

D'un coup, le visage de Marlène la brûla et sa nervosité explosa. Elle s'était refusée à penser à cette éventualité, même si elle restait dans un coin de sa tête.

- Quoi ? Il est plus âgé que nous, non ?

- 23 ans, indiqua Marlène.

- Quand même, murmura Alexia, pensive. Je ne lui ai jamais vraiment parlé, mais ça ne serait pas son genre je pense...

- Parce qu'il y a vraiment un genre pour ça ?

Alexia plissa les yeux et menaça soudain Sirius de sa tasse de café.

- Tu n'es d'aucune aide, là ! s'exaspéra-t-elle. Arrête de vouloir lui faire peur.

- Je ne disais pas ça pour lui faire peur... J'essayais juste de la mettre en garde sur une potentialité potentielle.

- Beau pléonasme, railla Alexia.

- De toute façon, si c'est ça qu'il veut, il va déchanter avec moi, intervint Marlène. Je veux dire, je sais à peine embrasser !

- Personne ne « sait » embrasser, Marlène. On comprend juste au bout d'un moment, ne t'inquiète pas pour ça. Ce n'est pas comme s'il allait être ton premier baiser. Et n'oublie pas : rien le premier rendez-vous, laisse-le te courir après !

Marlène hocha la tête mécaniquement, essayant de tout retenir. Elle hésita une seconde avant de se décider à rectifier Alexia : elle n'était plus à une remarque gênante de près.

- Il ne serait pas techniquement mon premier baiser mais... c'est tout comme. Je n'ai embrassé qu'une seule fois avant...

A ce stade, elle était sûre que ses joues et ses oreilles avaient pris une teinte rouge pour l'éternité, mais elle ne mentait pas : elle refusait de considérer son premier baiser avec Regulus comme un premier. Ça avait été une impulsion momentanée et elle avait juste effleurer ses lèvres avant de partir en courant, terrifiée par sa réaction. Il lui avait dit ce jour-là que tout serait impossible entre eux et elle s'était faite une raison. Du moins pendant un temps. Elle n'oubliait pas leur baiser, le dernier jour avant la fin de l'année dans le parc du château lorsqu'il était venu lui dire adieu. Pourtant, même si elle n'oubliait pas, l'expérience avait été étrange : ses émotions faisaient rages à ce moment-là dans son esprit et c'était surtout l'impression de déchirement irrépressible qui l'avait marqué plutôt que la sensation physique du baiser en lui-même.

En face d'elle, Alexia et Sirius arboraient deux expressions différentes : elle semblait surprise et étonnée tandis que lui avait l'air moitié intéressé et moitié horrifié. Mais comme le baiser en question concernait son petit frère, Marlène ne pouvait pas l'en blâmer et sa gêne se renforça.

- Attends, tu veux dire que... dit Alexia en agitant la main comme pour chercher ses mots. Quand vous vous êtes embrassés dans le parc avant les vacances, c'était la première fois ? Il ne t'avait jamais embrassé avant ?

- Non... Non, pas vraiment.

La réaction d'Alexia fusa :

- Quoi ? Mais quel con !

- Alex !

- C'est vrai ! Je n'ai pas tout suivi et je n'ai jamais insisté pour que tu me racontes toute ton histoire avec lui, mais vous aviez une relation assez ambiguë et il t'embrasse juste avant que vous vous sépariez !

- Reg a toujours eu un talent dramatique... marmonna Sirius.

Alexia lui jeta un coup d'œil de biais.

- Comme si c'était pas de famille, rétorqua-t-elle avant d'embrayer sans lui laisser la possibilité de répondre. Bon, peu importe. Tu n'as pas d'expérience pour embrasser. Et alors ?

- Il ne va pas trouver ça bizarre... ?

- Chacun son rythme, affirma Alexia. S'il t'apprécie vraiment, ça ne sera pas un problème. Sois juste franche avec lui.

Rien qu'en s'imaginant devoir avouer quelque chose comme ça à Benjy l'angoissait déjà. Avec un soupir, elle posa sa tête contre son poing clos. Elle ne savait pas même plus pourquoi elle avait accepté ce maudit rendez-vous. Sirius parut alors hésiter une seconde et joua avec l'anse de sa tasse avant de s'adresser directement à elle :

- Je peux te poser une question, Marlène ?

- Au point où j'en suis...

- Est-ce que... est-ce que tu as encore des sentiments pour Regulus ? Parce que je pense que c'est important que tu te le demandes avant de donner des espoirs à Benjy. Et tu as le droit de ne pas me répondre, j'ai conscience que ça soit bizarre que ça soit moi qui te demande ça, mais...

Il laissa sa phrase en suspens et le silence s'étira soudain entre eux. Marlène avait maintenant trop mal au ventre pour respirer correctement. Elle essaya de réfléchir avec sincérité à la question de Sirius. Elle aurait même aimé prendre le temps d'y réfléchir, elle aurait aimé douter et peser le pour et le contre. Pourtant, la réponse s'imposa à elle avec une facilité désarmante : oui. Oui, elle avait encore des sentiments pour Regulus. C'était peut-être la seule évidence à laquelle elle pouvait se raccrocher en ce moment. Elle n'en avait pas été certaine avant. Même à Poudlard, elle doutait : peut-être qu'elle se montait la tête, elle ne savait rien de l'amour et pouvait bien juste avoir confondu son amitié profonde avec Regulus pour autre chose. Le baiser ne l'avait même pas aidé à y voir plus clair. Ce qui avait été radical, ça avait la douleur de le quitter. De s'entendre dire que les choses entre eux était impossible. Elle s'était endormie et réveillée avec une boule dans le ventre des semaines après le début des vacances. Il lui manquait. Et si cette douleur qu'elle ressentait n'était pas de l'amour, alors elle ne savait plus ce qu'était censé l'être.

Pourtant, aujourd'hui, elle avait conscience que Sirius et Alexia attendaient une certaine réponse. Et cette dernière lui monta aux lèvres facilement :

- Non, mentit-elle. J'ai tourné la page. Comme l'a dit Alex, ce n'était même pas vraiment une relation, c'était compliqué et ça fait trois mois maintenant. Je veux vraiment essayer avec Benjy.

Visiblement, c'était la réponse que ses amis voulaient entendre car ils parurent soulagés. Marlène se mordit la lèvre, coupable, mais ne flancha pas. Il y avait juste des limites à ce qu'elle était prête à avouer.

- Parfait ! s'exclama Alexia, ravie. Pour ce soir, ne te prends pas la tête. Laisse-le t'emmener quelque part, discute avec lui, et ça ira ! On verra le reste après !

- Tu dis ça comme si c'était la chose la plus simple...

- Crois-moi, ce n'est pas l'étape la plus compliquée !

- Comment tu peux le savoir ? Vous vous êtes mis en couple en deux minutes !

Sirius et Alexia échangèrent un regard entendu.

- En vérité, ça a été long, dit-elle, j'ai dû attendre qu'il se rende compte qu'il m'aimait bien un moment. Mais oui, on a un peu sauté toute l'étape des rendez-vous et des « je t'emmène boire un verre ». Ce qui ne veut pas dire que ça n'ira pas très bien pour toi, détends-toi. Et viens-là, on va arranger un peu ta tenue. Debout !

Mécaniquement, Marlène obtempéra. Elle laissa Alexia s'approcher et la détailler d'un œil critique avant de passer derrière elle.

- Tes cheveux seront mieux complètement détachés, jugea-t-elle en enlevant la pince qui retenait quelques mèches blondes. Et ton chemisier... (Elle repassa devant et ouvrit le premier bouton). Mieux ! Ça va, tu es à l'aise ? On pourrait en ouvrir deux, mais je me disais qu'il valait mieux commencer progressivement.

Marlène acquiesça. Elle était habituée aux tenues sorcières dont les cols et les tissus étaient souvent couvrants. La décomplexion de la mode moldu lui faisait encore étrange, même si elle l'intriguait de plus en plus. Satisfaite, Alexia se tourna vers Sirius, expectative.

- Qu'est-ce que t'en penses ?

- Bien...

- Comment ça « bien » ? Elle est magnifique !

L'exclamation arracha un sourire à Marlène. C'était sans doute toute bête, mais l'appréciation d'Alexia lui faisait plaisir. Sirius, lui, haussa un sourcil et se renversa contre le dossier de son siège.

- T'es en train de me demander de regarder une autre fille que toi ? s'amusa-t-il.

- N'importe quoi ! Je te demande de soutenir Marlène. Fais pas l'imbécile.

Elle lui donna une tape sur le bras en souriant et Sirius s'esclaffa avant de vraiment prendre le temps de la regarder de bas en haut. Elle se força à ne pas piétiner sur place, gênée et amusée en même temps. Elle poussa le jeu à poser une main sur sa hanche pour se donner un air de mannequin. Sirius rendit son verdict :

- Parfaite ! Si Benjy n'a pas l'impression d'avoir trouvé la femme de sa vie, je ne sais plus quoi faire !

- T'as rien fait, objecta Alexia.

- Eh ! J'ai donné des conseils ! Je m'implique dans cette relation. On veut des comptes rendus maintenant, Marlène, ajouta-t-il en s'adressant à elle.

Elle sourit.

- Vous serez les premiers au courant, promis.

Fiers d'eux, Sirius et Alexia se tapèrent dans la main. Pile à ce moment, la porte de l'entrée grinça et le bruit caractéristique d'une arrivée au QG leur parvint. Marlène perdit aussi sa légèreté et une bouffée de panique monta en elle.

- Reste calme et naturelle, conseilla Alexia en chuchotant.

- Hum...

Faute de ne pas réussir à se calmer, elle tenta au moins de prendre une pose naturelle et se retrouva simplement debout près de la table de la cuisine, la main crispée sur le dossier de son siège. Benjy entra dans la pièce et marqua un temps d'arrêt en les découvrant tous les trois avant de leur adresser un sourire confiant. Benjy Fenwick, du haut de sa vingtaine entamée, arborait de larges épaules, des cheveux châtains aux reflets clairs et un nez qui paraissait pointu à cause de ses yeux marrons un peu trop rapprochés. Un homme de charme comme dirait sa mère.

- Bonsoir, lança-t-il. Je ne pensais pas qu'il y aurait du monde au QG.

- On est samedi, répondit Alexia platement. Les secrétaires ne bossent pas les samedis. Et lui, il est juste rentier.

La réplique sarcastique eut le mérite de faire rire tout le monde, même si Marlène perçut – et pas pour la première fois – la lassitude et l'agacement qu'Alexia ressentait pour son travail de secrétaire.

- Eh, fit mine de protester Sirius, ça nous a permis de nous entraîner aujourd'hui.

- C'est vrai... Je suis claquée. Et dire qu'on recommence demain matin mais avec Gideon.

Benjy prit un air compatissant.

- Je crois que Gide se venge simplement de ce que nous a fait subir Maugrey quand on était à votre place. Vous en faites pas, c'est la partie facile. Quand vous serez sur le terrain, ça sera une autre paire de baguette, croyez-moi.

- Joyeux, commenta Sirius. Surtout, passe une bonne soirée Marlène.

En réponse, elle lui fit les gros yeux. S'il commençait à se moquer de Benjy, elle allait mourir d'embarras avant d'avoir pu franchir la porte du QG.

- Désolé, s'excusa Benjy sans se démonter. Je te promets qu'on parlera d'autres choses. Tu es prête ?

- Oui, oui... A plus tard !

- Amusez-vous bien ! dit Alexia.

Elles échangèrent un regard équivoque et Marlène savait qu'elle ne couperait pas à un récit détaillé de la soirée. Gagnée par l'excitation, elle se dirigea vers Benjy en souriant et il s'effaça pour la laisser passer avec chevalerie. Au moment de ressortir, elle se demanda si elle se moquerait d'elle-même dans quelques années en se traitant de naïve pour ne pas réaliser que Benjy était l'homme de sa vie. Dorcas la traiterait sûrement de romantique rêveuse si elle l'entendait. Secouant la tête, elle se concentra pour arrêter son esprit et saisit la main de Benjy dès qu'ils franchirent le périmètre de sécurité. Elle le laissa guider tandis qu'ils transplanaient ensemble vers leur premier rendez-vous...

*****************************

Et voilà ! Alors je sais, peu d'action dans ce chapitre, mais j'ai envie de prendre le temps de poser les choses et développer les changements qui ont lieu pour les personnages ^^

Concernant Marlène, je vais avouer que j'ai mis beaucoup de mon expérience personnelle dans ce personnage. J'ai envie de normaliser le manque d'expérience en début de vingtaine qui n'est d'ailleurs pas un manque ! C'est un rythme personnel, un parcours de vie propre à chacun. Et je sais que, moi la première, la fiction a tendance à banaliser les relations entre ados assez jeunes. C'est plus facile, surtout dans le cadre des fanfics parce qu'on préfère que l'intrigue se passe à Poudlard, donc fatalement on écrit sur des adolescents. Et encore, là Marlène a seulement 18/19 ans. Mais je veux faire passer le message que ce qui est dit dans ce chapitre est tout autant valable plus âgée, peu importe les circonstances. Chacun son parcours !

On se retrouve dans deux semaines ^^ Bisous !!!

PS : Quelqu'un regarde Get Back, la série documentaire sur les Beatles pour fangirler avec moi ?!
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Salut tout le monde ! Rien de spécial à dire aujourd'hui à part que le dentiste est pire que le diable voilà voilà haha !

Hésitez pas à commenter à max, ça me fait tenir toute la semaine et j'adore ça mouahaha !

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Chapitre V : Un semblant d'avant

Le visage baigné par le soleil, Lily offrit un peu plus son corps à la chaleur de ce début septembre et se laissa aller contre le dossier de son siège. Distraitement, elle piocha une frite dans le bol posé devant elle, puis regarda sa montre pour la troisième fois en dix minutes. Sa pause déjeunée se réduisait à vue d'aiguilles courant sur le cadrant et elle soupira. Elle s'apprêtait à héler le serveur pour commander un autre jus de fruit quand elle sentit du mouvement derrière elle.

- Désolée, on est super en retard ! s'excusa Alexia en entrant dans son champ de vision, suivie de Dorcas et Marlène. On n'arrivait pas à trouver.

- J'ai littéralement répété trois fois ce matin que c'était la brasserie devant St-Mangouste !

- On est là maintenant, tout va bien. Je peux t'en prendre une ?

Sans attendre sa réponse, Dorcas tendit la main par-dessus la table et Lily s'empressa d'attraper son bol de frites pour le protéger de ce pillage.

- Eh ! Prends-en toi un, mais laisse le mien tranquille.

- Sérieusement ?

- Je suis debout depuis six heures du matin et j'ai encore ma plage d'accueil public toute l'après-midi. Alors oui, sérieusement, parce que j'ai besoin de force avant d'affronter pour la dixième fois madame machin qui aura fait exploser sa potion ménagère sur son chat.

- Dit comme ça...

Mains en l'air, Dorcas battit en retraite. Elle portait une robe noire à motifs floraux, une paire de lunettes de soleil plantée dans son épaisse chevelure sombre. Lily fut presque surprise de la voir si apprêtée. Depuis le début de leur entraînement avec l'Ordre en juillet, elle ne l'avait plus vu aussi... féminine. Leur déjeuner entre filles, décidé à la dernière minute, avait visiblement été une bonne idée juste pour revivre un semblant de normalité.

- Je meurs de faim, s'exclama Alexia en attrapant le menu. (Elle le balaya d'un regard et grimaça). Merlin, j'avais oublié que les prix étaient si chers à Londres...

- Je peux vous payer le repas.

- Ce n'était pas une invitation à la charité, Dorcas.

- Comme tu veux...

- Mais je veux bien un cocktail si tu insistes.

Lily roula des yeux.

- Sans alcool, le cocktail alors, intervint-elle. Ton traitement pourrait mal réagir sinon...

- Oui, infirmière Lily ! Promis !

- Vous êtes là depuis deux minutes et vous m'énervez déjà. Laissez-moi manger mes frites.

En échangeant un regard complice, Alexia et Dorcas éclatèrent de rire. Lily décida de les ignorer et se tourna vers Marlène, restée silencieuse.

- Et toi ? Ça va ? J'ai l'impression qu'on ne s'est pas vu depuis des jours...

- Quatre pour être précis, dit Marlène en souriant tristement. Nos horaires au QG ont dû se croiser et je suis rentrée pas mal chez moi. Ma mère s'inquiète de plus en plus dès que je sors...

- Je la comprends, ce n'est pas facile...

- Toi au moins tes parents remarquent quand tu sors, commenta Dorcas d'un ton trop détaché pour être sincère.

Cachée derrière ses lunettes aux verres foncés, elle continua à lire le menu - piqué aux mains d'Alexia - sans rien ajouter et Lily se mordit la lèvre, mal à l'aise. Pour une fois, être née-moldu avait ses avantages. Ses parents n'étaient pratiquement au courant de rien en ce qui concernait la situation du monde sorcier et elle avait bien l'intention de les laisser dans l'ignorance. Les inquiéter ne servirait à rien. Ils ne pouvaient de toute façon rien faire. Justement, c'était à elle d'agir et son engagement dans l'Ordre allait dans ce sens.

- Peu importe la mère de Marlène, lança alors Alexia en posant son menton sur ses mains jointes, l'air conspirateur. Ce n'est pas ça qui m'intéresse.

- Alex...

- Comment ça ? Il y a un sujet intéressant et je ne suis pas au courant ? s'indigna Dorcas.

- Non, ce n'est...

- Marlène a eu un rendez-vous avec Benjy, dénonça Alexia.

Lily manqua de s'étrangler avec sa frite.

- Benjy ? Benjy Fenwick ?

- Lui-même !

- Mais il est pas... genre vieux ?

- Il a vingt-trois ans, répliqua Marlène sur la défensive. Ce n'est pas vieux !

Dorcas fit une moue peu convaincue. Avant que Lily n'ait pu l'en empêcher, elle réussit à lui prendre une frite et la fourra dans sa bouche, l'air songeuse.

- Quatre ans de différence, hum... Ce n'est pas grand-chose, mais ça reste important. Et alors, comment c'était ce rendez-vous ?

- Bien...

- Des détails, Marlène, des détails, pressa Lily.

Sous la pression de leur trois regard combiné, Marlène rougit soudain et joua nerveusement avec une mèche de cheveux blond. Lily se fit la remarque qu'ils avaient poussé depuis l'année dernière. Elle pouvait presque complètement se cacher derrière désormais.

- On est allés boire un verre hier soir, raconta-t-elle du bout des lèvres. Il m'a emmené dans un bar côté moldu. C'était étonnement... normal. Aucune conversation autour de nous sur des attaques, sur les décisions politiques du Ministère... Juste des jeunes de notre âge. J'avais presque l'impression d'être...

- Normale ? suggéra Lily, le sentiment qu'elle ressentait au creux de la poitrine résonant en écho tandis qu'elle observait ses amies rassemblées autour de la table.

- C'est ça, oui, confirma Marlène. C'était agréable. Je n'avais jamais vraiment parler avec Benjy... Enfin, comme nous toutes, je crois ?

Elles hochèrent toutes la tête. A vrai dire, Lily avait dû apercevoir Benjy trois ou quatre fois ces derniers mois. Il passait parfois au QG à l'improviste pour se reposer ou pour assister à leurs entraînements sous prétexte de garder la forme. Maintenant, elle se demandait s'il n'avait pas eu un motif caché en la personne de Marlène. Elle tenta de se rappeler si elle avait déjà eu une conversation avec lui, mais rien ne lui revint mis à part un compliment sur ses potions revigorantes dont elle lui avait donné un stock début juillet.

- Non, on ne le voit pas souvent, acquiesça-t-elle. Et alors ? Comment il est ? Tu l'as trouvé sympa ?

- Plutôt oui, admit Marlène. Il a terminé sa formation au Bureau de la Police Magique l'année dernière et vient d'intégrer la Brigade de Tireur d'Elite de Baguettes. Il a grandi en banlieue de Londres, il est fils unique, il aime les hiboux et il était à Serpentard.

- Encore un Serpentard ? s'exclama Dorcas.

Lily lui donna un coup dans les chevilles.

- C'est riche venant de toi, rappela-t-elle en lui faisant les gros yeux. Je te rappelle que Lucinda portait les couleurs verts et argent aussi ?

- Ramener l'ex dans la conversation... C'est un coup bas !

- Parce que t'as pas ramené le sien d'abord ? opposa Alexia avec un regard entendu.

Marlène s'empourpra.

- Regulus n'est pas mon ex, protesta-t-elle.

- Je n'ai jamais parlé de Regulus.

Prise au dépourvu, Marlène rougit encore plus tandis qu'Alexia souriait, l'air fière d'elle-même. Lily soupira. Pour couper court, elle héla le serveur qui passait à proximité et chacune commanda son plat. Comme promis, Dorcas demanda des cocktails pour toute la table sans se soucier de leurs protestations. Malheureusement pour Marlène, le serveur finit par repartir et elle fut à nouveau la cible de leurs regards incisifs. Lily se sentit mal pour elle, mais pas assez pour endiguer sa curiosité.

- Mais... Oh arrêtez ! se plaignit-elle en se cachant le visage.

- Toi arrête, rétorqua Dorcas. Ne fais pas la timide d'un coup après nous avoir botté les fesses aux entrainements. Je croyais que tu étais la nouvelle Marlène ?

- N'importe quoi... Et puis d'abord, Regulus Black n'est pas mon ex. Il faudrait qu'il se soit passé quelque chose pour ça.

- Il t'a embrassé le dernier jour des cours avant l'été, avança Lily comme s'il s'agissait d'une preuve irréfutable.

Elle revoyait encore leur dernière journée : tous assis dans l'herbe sous un arbre à plaisanter et rire, à jouer à la bataille explosive et à manger des chocogrenouilles... Si elle se souvenait bien, Peter avait pris une photo de ce jour-là. Peut-être que Sirius l'avait gardé. Il faudrait qu'elle songe à lui demander. En tout cas, elle revoyait aussi parfaitement le moment qui les avait laissés sans voix. Marlène s'était levée, comme dans un état second, pour rejoindre Regulus Black un peu plus loin. Ils avaient parlé un moment, puis ils s'étaient embrassés avant que Marlène ne revienne, les larmes aux yeux. Lily n'avait jamais voulu poser de questions, ni la juger pour cette histoire. Ce qui comptait, c'était maintenant. C'était son engagement dans l'Ordre et non sa relation avec un garçon potentiellement mangemort, même si elle détestait l'idée. Pourtant, Alexia secoua alors la tête et se pencha en avant.

- Attends, c'est vrai que vous ne savez pas... dit-elle à voix basse.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'on ignore encore ? fit Dorcas.

- Alexia...

- Je leur donne les clés pour comprendre ! A moins que... désolée, tu ne voulais pas... ?

Marlène se dandina sur sa chaise, mal à l'aise.

- Vas-y maintenant... Je comptais leur dire, juste pas à la terrasse d'un café bondée...

Sa curiosité définitivement piquée, Lily se pencha à son tour par-dessus son bol de frites vide pour mieux écouter.

- Bon, ce fameux baiser, reprit Alexia d'un ton conspirateur. Figurez-vous que c'était le premier.

- Le premier ? Comment ça le premier ?

- Exactement ce que ça veut dire, grommela Marlène, le rouge aux joues. Il n'y en avait pas eu avant. Ni avec lui, ni avec personne.

Le choc fit relever ses lunettes de soleil à Dorcas.

- Attends... Tu veux dire que... tu ne sortais pas avec lui ?

- Comme je me suis tuée à te le dire toute l'année dernière : non. On était amis, Reg et moi. C'était étrange... On se retrouvait souvent, on s'entendait bien. Il y avait un peu d'ambiguïté, c'est vrai, mais il était avec Livia Fawley. Il avait choisi Livia même.

- J'ai du mal à suivre, intervint Lily, perplexe. Il était encore avec Livia en juin ? Au moment du baiser ?

- Oui...

- Marlène !

Indignée, elle donna une tape sèche sur la table au moment où le serveur revenait avec ses plats. Elles le remercièrent brièvement avant de se reconcentrer. Marlène attrapa immédiatement son cocktail et y plongea le nez, comme pour échapper aux tensions, mais Lily lui arracha le verre des mains.

- Marlène Louisa Janice McKinnon ! siffla-t-elle. Comment tu as pu...

- Comment tu connais son nom complet ? coupa Dorcas, impressionnée.

- C'est le nom de sa grand-mère et de sa mère, c'est tout. Je le sais. (Elle agita la main, chassant la question). C'est pas le sujet.

- Mais tu connais le mien ?

- Dorcas Séraphine Meadowes. Et avant que tu te demandes, Alexia n'en a aucun. Le mien est Catherine.

- Pourquoi Marlène a eu le droit à deux prénoms ? demanda Alexia, sourcils froncés.

- Parce que sa famille est sang-pur et traditionnelle ? Qu'est-ce que j'en sais ? On ne parlait pas de ça !

- Ah oui pardon... Regulus et Livia.

A nouveau, elles se tournèrent d'un bloc vers Marlène. Celle-ci se tassa sur elle-même.

- C'était mal, oui, j'admets, avoua-t-elle finalement avec gêne. Mais ce n'est pas comme si on allait se revoir... Roh par Merlin, je croyais que vous vouliez parler de Benjy ?

- Ah oui, lui... marmonna Dorcas. Bon passons sur Livia, peu importe.

- Quoi ? voulut protester Lily. Mais...

- Oui, on sait, c'est moralement peu défendable. T'as jamais fait d'erreurs, toi ?

- Je n'ai jamais trompé James, se défendit-elle.

- Parce que ton histoire avec James est l'évidence même. Et pourtant, Merlin sait que ça a été compliqué quand tu refusais de le voir. Malheureusement, on n'a pas toutes la même chance. Il devait bien y avoir cent facteurs dans la décision de Marlène que tu ne connais pas. On peut en débattre pendant le reste de ta pause déjeuner ou on peut passer à Benjy, sujet beaucoup plus d'actualité.

Lily dévisagea Dorcas. Sur le fond, elle ne pouvait s'empêcher d'être en désaccord. Mais son amie avait raison sur un point : ce n'était ni le lieu, ni le moment, et encore moins la personne pour avoir ce débat. Elle connaissait Marlène. Elle la connaissait vraiment. Et elle savait qu'elle n'avait pas eu de mauvaises intentions. C'était juste une histoire compliquée à l'image de sa relation avec Regulus.

- Très bien, céda-t-elle. Donc, parles-nous de Benjy.

- En vérité, il n'y a pas grand-chose d'autres à raconter...

- Vous allez vous revoir au moins ? interrogea Alexia en enfournant une bouchée de gratin avec avidité.

- Oui, normalement... La semaine prochaine. Il faut qu'on trouve un jour sans mission tous les deux.

- Génial ! Et t'as bien retenu ma leçon : pas de baiser au premier rendez-vous ! Il n'a rien tenté ?

Marlène secoua la tête.

- Un vrai gentleman.

- Magnifique, même Marlène a une vie sentimentale plus remplie que la mienne, bougonna Dorcas en prenant une gorgée de son cocktail.

- Eh ! Ça veut dire quoi « même Marlène » ?

- Aucune nouvelle de Lucinda ? demanda en même temps Lily en tentant d'être aussi délicate que possible.

La fin de leur scolarité avait aussi coïncidé avec la fin de la relation entre Dorcas et Lucinda Talkabot. Elle n'avait jamais été proche de la capitaine de Serpentard, mais elle avait assisté à la douleur réelle de Dorcas. Le pire avait sans doute été dans la nature de la rupture. Ça n'avait pas été une dispute, ni un manque de sentiments... Juste des trajectoires séparées. Lucinda avait refusé d'entrer dans l'Ordre, sa mémoire avait été effacée, et elle était entrée au Département des Mystères pour devenir Langue-de-Plomb. Sa formation devait demeurer secrète, c'était un fondamental du métier. Et évidemment, l'Ordre n'était pas non plus l'activité la plus publique qui soit... Leur relation n'aurait jamais pu se poursuivre dans ces conditions et elles avaient décidé d'y mettre un terme d'un commun accord.

Alors Lily avait fait ce qu'elle savait le mieux faire : aider. La vocation de médicomage n'était pas un hasard pour elle. Dorcas avait eu besoin de soutien et elle lui avait fourni au mieux de ses capacités en étant simplement son amie. Elle savait combien Dorcas souffrait d'une peur panique de l'abandon à cause de ses parents absents et voir Lucinda partir n'avait fait que l'empirer, mais Lily espérait que leur été ensemble lui avait apporté un semblant de réconfort.

Malgré tout, confrontée à la question, Dorcas cligna des yeux et remit fermement ses lunettes de soleil en place.

- Non, aucune nouvelle... On avait dit que c'était mieux comme ça de toute façon.

- C'est peut-être effectivement pour le mieux, glissa Marlène, compatissante.

- Sans doute. Comme m'a dit Sirius, c'est elle qui y perd, pas moi. Tout le monde sait que je mérite le meilleur ! Je vais peut-être viser le prince Charles la prochaine fois.

Lily éclata de rire.

- L'héritier de la couronne, le célibataire le plus convoité du pays, rien que ça ?

- Quand je serai princesse, je ne vous oublierai pas, promis, assura Dorcas d'un air royal.

Toujours secouée d'un rire amusée, elle faillit manquer l'expression d'Alexia alors qu'elle jouait avec sa salade du bout de sa fourchette.

- T'en as parlé avec Sirius ? dit-elle d'un ton faussement neutre.

Dorcas ne parut rien remarquer.

- Oui, il y a quelques semaines. J'avais une baisse de moral et on était en mission. Vous savez celle de surveillance au Manoir Yaxley ? Où on est resté en plein soleil pendant trois heures ?

- Comme si Caesar Yaxley allait se permettre de faire une erreur en plein jour après ce qui s'est passé avec Elizabeth au Tournoi, commenta Marlène.

Un œil sur sa montre, Lily montra son accord d'un bruit de gorge affirmatif. Depuis sa fuite, et d'après ce qu'elle en savait, Elizabeth Yaxley n'avait plus donné signe de vie. Les Aurors n'avaient jamais réussi à lui mettre la main dessus et le dossier sur la mort de Gemma Ackerley allait sans doute être classé sans suite prochainement, faute d'éléments. Son ventre se contracta en songeant à la vérité qu'elle connaissait : Regulus Black était responsable et Elizabeth Yaxley devait avoir quitté le pays depuis longtemps maintenant, sûrement réfugiée en France ou aux Etats-Unis. Ça n'empêchait pas l'Ordre d'investiguer sur Caesar Yaxley, l'oncle d'Elizabeth suspecté d'aider les mangemorts grâce à son poste de greffier à la Justice Magique. Ses deux fils - Malcom et Corban - étaient quant à eux suspectés d'appartenir aux rangs de Voldemort. Alors que ses pensées se décalaient toujours un peu plus vers les Yaxley et par extension les missions, elle réalisa soudain que l'atmosphère détendue de son déjeuner entre filles venait d'éclater : la réalité était revenue, insidieuse et brutale.

Pendant une seconde, elle envisagea de relancer la conversation au sujet de la vie sentimentale de Dorcas, mais elle ne voulait pas accentuer le malaise d'Alexia au cas où si Sirius revenait sur le tapis. Visiblement, ses doutes n'étaient toujours pas apaisés et elle se promit de lui en reparler plus tard. Sa montre sonna les coups de 13h. Elle soupira et avala la fin de son cocktail.

- Bon, le filles, je vais devoir y retourner, annonça-t-elle finalement. Désolée...

- Non, ne t'inquiète pas. Je reprends aussi dans quinze minutes, dit Alexia avant de grimacer. Hâte de retrouver mes dossiers de secrétaire. Peut-être que mes supérieurs auront enfin appris à se faire un café seul, mais j'en doute.

- Toi au moins tu ne conseilles pas des clientes sur leur choix de robe toute la journée, déplora Marlène en soupirant. Je n'y connais rien en vêtements, je ne sais même pas comment Madame Guipure ne pas encore renvoyée.

Elles se levèrent d'un même mouvement tandis que Dorcas déposait l'argent en liquide à même la table. Lily n'eut pas le cœur de lui dire que la coutume moldu voulait qu'elle attende que le serveur revienne.

- Et bien personnellement je laisse les simples prolétaires que vous êtes, déclara son amie en remontant ses lunettes de soleil dans ses épais cheveux bruns. Je vais aller me promener du côté de Buckingham. On ne sait jamais, je pourrais croiser le prince Charles.

- C'est ça, rit Lily. Bon courage !

Trop amusée pour en vouloir à Dorcas de ne pas avoir à travailler, elle adressa un dernier signe aux autres puis se dirigea à nouveau vers Sainte-Mangouste et ses patients qui l'attendaient.

**

*

Remus ne s'était jamais senti autant comme un patient d'hôpital qu'à l'heure actuelle. Allongé dans son lit, il regardait les reflets du soleil jouer sur son plafond à mesure que le temps passait, rythmé par le bruit de l'horloge qu'il entendait depuis la cuisine. A chaque pleine lune, il avait l'impression que ses sens se renforçaient quelques heures : l'odorat, le toucher, l'ouïe, le goût et la vue. C'était presque insupportable par moment, il avait hyper conscience de tout... Il entendit d'ailleurs les pas de sa mère se diriger vers sa chambre bien avant qu'elle ne pousse la porte.

- Mon chéri, tout va bien ? demanda-t-elle en passant sa tête dans l'embrasure.

- Hum...

Sa réponse laconique ne parut pas la rassurer car elle entra franchement. Espérance Lupin avait un corps mince et des cheveux châtains plus que grisonnants qui frisaient autour de son visage gracile mais marqué par les rides et l'anxiété. Elle s'approcha, la mine inquiète.

- Tu as mal quelque part ?

- Un peu partout, comme d'habitude... C'est normal.

- Oh... Je peux peut-être te donner une potion revigorante ?

- J'en ai déjà pris trois, maman. Lily a dit que je devais attendre au moins deux heures entre chaque prise.

Espérance hocha la tête, les mains crispés sur son tablier.

- Quelle gentille fille ton amie Lily... murmura-t-elle. Tu lui diras qu'on la payeras, n'est-ce pas ? Pour les potions...

- Je te l'ai déjà dit, maman, elle nous les offre. Moi aussi ça m'embête, mais crois-moi, on n'arrivera pas à faire changer d'avis Lily Evans.

- Si tu le dis, mon chéri. Tes amis doivent toujours venir te chercher ?

- D'ici dix minutes, oui...

C'était sa seule consolation de la journée. Comme en juillet et en août, Dumbledore l'autorisait à utiliser la Cabane Hurlante pour sa transformation, même si l'organisation serait plus difficile aujourd'hui à cause de l'année scolaire qui avait commencé. Les élèves seraient présents cette fois-ci et ils devraient redoubler de vigilance. Il savait que la solution n'était que temporaire, mais il avait demandé cette faveur au directeur pour ne pas imposer chaque mois sa transformation à ses parents qui auraient dû renforcer les sorts de protection dans la remise de jardin. La Cabane Hurlante était bien plus fiable et surtout bien plus familière, ce qui ne manquait jamais d'apaiser un peu le loup. Dans tous les cas, dès qu'il avait eu la permission de Dumbledore, les Maraudeurs avaient décrété qu'ils l'emmèneraient eux-mêmes jusqu'à Poudlard avant de faire semblant de repartir pour ne pas éveiller les soupçons. Ils reviendraient ensuite le rejoindre sur leur forme d'animagus, comme au bon vieux temps. Tout l'été, la ruse avait fonctionné.

- Ils sont gentils aussi, approuva sa mère avec ferveur. Depuis que vous êtes tout jeunes, évidemment, mais je suis contente qu'ils continuent à te soutenir même maintenant...

- Pourquoi ? Tu croyais qu'ils me laisseraient tomber après Poudlard ?

- Je n'ai pas dit ça, Remus.

Il lui renvoya un regard grave, pas dupe.

- Mais tu le pensais, rétorqua-t-il, crispé.

- C'était une crainte, c'est tout, corrigea-t-elle. Et je suis heureuse d'avoir tort. Oh, tu crois que je devrais leur préparer des scones à emporter ? Peter les adore tellement !

Exaspéré, il se redressa sur un coude.

- Maman, tu n'as pas besoin de payer mes amis pour qu'ils restent mes amis !

- Ce n'était pas ce que je voulais dire, mon chéri...

- En plus, elle a raison ! héla une voix depuis la cage d'escalier. J'adore vos scones, Mrs Lupin !

Un peu trop vigoureusement, le battant s'ouvrit en grand sur Peter, James et Sirius. Ils se serrèrent tous les trois dans l'embrasure, tout sourire et énergiques. Sa mère sourit d'un sourire franc.

- Ah les garçons ! Je suis contente de vous voir. Mon dieu, vous n'arrêterez jamais de grandir ?

- Jamais !

- Peter, tu es pire que Remus ! J'ai encore dû lui acheter des nouveaux pantalons la semaine dernière...

- Maman, s'étrangla-t-il alors que ses amis éclataient de rire.

- Oh désolée... Je vais vous laisser. Vous êtes sûrs que ça ira pour aller jusqu'à Pré-au-Lard ? Lyall ne va pas tarder à rentrer, il pourrait vous aider à transplaner.

James secoua la tête en entrant dans la chambre avec assurance.

- Ne vous inquiétez pas, Mrs Lupin. On a tous notre permis de transplanage, on peut l'amener à bonne cheminée sans problème ! Et il sera de retour demain matin, sans soucis ! (Il attrapa une plume qui traînait sur son bureau et joua avec distraitement). On pourra goûter vos scones au petit déjeuner.

- Oh vous pourrez faire ceux aux pépites de chocolat ? demanda Sirius.

Le visage de sa mère s'illumina. Il supposait que ça faisait longtemps qu'elle n'avait reçu personne ni fait la cuisine pour des invités. Il regretta soudain d'avoir été si sec avec elle.

- Avec plaisir, assura-t-elle. Je vais vous laisser y aller avant que le soleil ne se couche. Faites attention.

- Promis, dit Peter. Et merci Mrs Lupin !

Avec un dernier sourire dans leur direction, elle ressortit de la chambre, sûrement pour aller redéterrer son vieux livre de cuisine dans lequel se trouvait toutes ses recettes. Sans cérémonie, Sirius se laissa tomber sur son lit et il écarta les pieds pour éviter de se faire écraser.

- Bon Lunard, prêt ?

- J'ai le choix ?

- Non, reconnut Sirius. Donc le plan : tu transplanes avec moi à Pré-au-Lard, les deux autres idiots ici présents nous rejoignes dans la minute, on va tous à Poudlard, on te dépose à Pomfresh et on revient ensuite. Ça ira ?

- Eh qui est-ce que tu traites d'idiot ? s'indigna James. Regarde-toi dans un miroir, Patmol.

- Ne me déconcentre pas, je dois transplaner avec Remus !

Peter roula des yeux.

- Bon courage, Lunard ! Tu vas finir en Alaska.

Et c'est sur cette phrase encourageante qu'il sentit Sirius lui agripper le bras avant que la sensation du transplanage ne le submerge. Il était reconnaissant envers Sirius de l'emmener parce qu'il était sûr que son corps n'aurait pas réussi à faire le voyage de lui-même à quelques heures de sa transformation. Confiant, il se laissa porter...

**

*

- Tout ira bien ? Je peux te laisser ?

- Oui, ça ira. Merci, madame Pomfresh.

- Avec plaisir. Ravie de te revoir, Remus. C'est rare que je garde contact avec des élèves après leur diplôme, et je sais que les circonstances sont particulières pour toi mais... Je suis contente d'avoir de tes nouvelles.

Le visage de l'infirmière était sincère. Remus se surprit à sourire. Il réalisa qu'elle avait été avec lui depuis le début, avant même les Maraudeurs, ce qui était un exploit. Depuis son premier jour de cours, Pomfresh avait été au courant de sa condition. Elle l'avait accompagné chaque mois à la Cabane Hurlante - elle continuait à le faire - et l'avait écouté, l'avait soigné, l'avait soutenu. Sous ses airs parfois revêche, elle détenait un cœur d'or.

- Moi aussi, je suis content de vous revoir... Encore merci. Pour tout, je veux dire...

- Ce n'est que mon travail, assura-t-elle en agitant la main. Oh avant de repartir ! Je t'ai apporté ça. Je me suis permis, maintenant que tu n'es plus étudiant ici...

De son sac où elle transportait d'habitude le matériel, elle sortit soudain une grande pochette carré et Remus l'attrapa lorsqu'elle lui tendit, étonné qu'elle lui offre quelque chose pour la première fois. Il reconnut la matière sous ses doigts en une seconde malgré la semi-pénombre de la Cabane Hurlante.

- Un vinyle ? dit-il, surpris.

- Pour le gramophone. J'ai remarqué que tu en avais mis un pendant ta cinquième année, j'ai toujours trouvé ça amusant.

Par réflexe, Remus tourna la tête vers le vieux gramophone qui trônait sur la commode. Elle avait raison. Il était apparu en cinquième année lorsque James, Sirius et Peter avaient commencé à assister à ses transformations et avaient voulu rendre la pièce plus agréable. Ils avaient acheté des livres, des couvertures, et ce gramophone. Et une pile d'albums de Celestina Moldubec pour se moquer de lui, même si Remus en était venu à apprécier certaines chansons. Les dits albums étaient d'ailleurs en évidence et il se sentit rougir en voyant le regard pétillant de Pomfresh qui semblait se retenir de se moquer de lui ouvertement.

- Hum... Les albums ne sont pas à moi, tenta-t-il de se justifier.

- Oh la musique adoucit les mœurs, répondit-elle sans commenter mais du ton de celle qui n'en croyait rien. J'espère que tu aimeras celui-ci, c'est un chanteur qui fait ses débuts. Les premières années n'arrêtent pas d'en parler.

- Je me tiendrais au courant comme ça... Merci.

Gêné et reconnaissant à la fois, il joua avec la pochette du vinyle et lui adressa un sourire qui se transforma en grimace lorsqu'une nouvelle crampe surgit dans sa jambe. Pomfresh s'assombrit.

- De rien... Je vais te laisser, la lune ne pas tarder. On se revoit demain matin. Bon courage, Remus.

Et elle referma la porte derrière elle. Il remarqua seulement à cet instant qu'elle l'appelait désormais par son prénom. Elle ne l'avait pratiquement jamais fait de toute sa scolarité.

Fatigué et courbaturé, il décida de s'allonger sur le lit à baldaquin après avoir posé soigneusement l'album au sol. Il sentit une boule chaleureuse se placer dans sa poitrine, sincèrement reconnaissant envers l'infirmière. Il commençait toute juste à trouver le temps long quand la porte se rouvrit, laissant entrer James, Sirius et Peter.

- Bon sang, le chemin est quatre fois plus long depuis Pré-au-Lard, grommela James.

- Ca te donnera de l'endurance pour les entraînements des Prewett, lui rétorqua-t-il mécaniquement.

- Moi ? Tu parles, je fais déjà plus de tours de terrain que vous trois !

- N'importe quoi, protesta Sirius, j'en fais presque autant que toi !

Remus n'arriva pas à retenir son haussement de sourcil et sa remarque sarcastique alors qu'il roulait sur le côté pour pouvoir leur parler.

- Tu veux dire quand tu daignes te pointer aux entraînements ?

Perchés sur le rebord de fenêtre, James et Peter éclatèrent de rire. Sirius, lui, feignit d'être indigné.

- C'était une fois ! J'ai été absent à un entraînement !

- Oui et Gideon te le fera payer jusqu'à la fin de l'année, le mit en garde Peter. J'espère que ça en valait le coup.

- Alexia en valait parfaitement le coup, merci bien, lui rétorqua Sirius d'un air entendu.

Face au sous-entendu, Remus roula des yeux, Peter émit un rire étouffé, et James se plaqua les mains sur les oreilles comme un enfant.

- Ah la la la, j'entends rien ! proclama-t-il. Je n'entends pas du tout mon meilleur ami parler de la fille qui est comme ma petite sœur !

- James, arrête, elle était mon amie avant d'être la tienne.

- Quoi ? N'importe quoi ! Elle était dans mon équipe de Quidditch !

- Où j'étais aussi ! T'étais même pas le capitaine à l'époque, c'était son frère !

Visiblement, James avait une remarque spirituelle à répliquer, mais elle fut interrompue par son grognement de douleur alors qu'il sentait soudain son corps se contracter entièrement. Il serra les dents.

- La pleine lune, souffla Peter. Elle arrive...

- Transformez-vous. Maintenant.

- Remus...

- On ne va pas se battre à chaque fois. Je veux que vous soyez transformés avant moi. Allez !

Son ton cinglant fit effet, comme toujours. Sirius l'appelait « sa voix de préfet ». Sans se départir de leurs expressions inquiètes, ses amis se métamorphosèrent et Remus ferma les yeux, prêt à affronter la nouvelle vague de douleur qui allait déferler sur son corps. Le coup de truffe humide qu'il sentit une seconde plus tard au creux de sa main lui rappela malgré tout que rien n'avait changé : il n'était pas seul. Dans toute cette situation, ce semblant d'avant avait les couleurs de l'enfance et de l'amitié indéfectible. Il s'y accrocha alors que le premier rayon de lune venait le frapper, inéluctable.

*******************************

Chapitre court, j'en ai conscience... Il ne se passe pas non plus grand chose mais c'est un peu ce que je voulais pour ce début de 3e tome : j'amène doucement les personnages vers l'âge adulte, je prends le temps de développer le calme avant la tempête on va dire haha ! La scène avec les filles qui se retrouvent, par exemple, m'a été inspirée par mes retrouvailles avec mes amies de fac maintenant en septembre maintenant qu'on travaille toutes et qu'on a moins le temps de se voir.

Bref, j'attends votre avis, hésitez pas à me dire !

Prochain chapitre techniquement le 27 décembre... Mais un cadeau de noël n'est pas à exclure ^^
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Mais vas-y je suis super en retard ici en fait

Le tourment des rdv ? ca promet :lol: :lol:
Marlène ouvrit sa penderie pour la quatrième fois et la referma également pour la quatrième fois.
Marlène ?? (moi mentalement depuis 10 jours pour savoir ce que je vais porter pour Noël dans ma belle-famille)
Pour la énième fois, elle se demanda ce qui lui avait pris d'accepter la proposition de Benjy d'aller boire un verre.
MOUAHAHAHAH
Mais Emmeline et Benjy T.T
Récemment, elle avait acheté plusieurs moldus
Et donc elle compte s'habiller avec les moldus qu'elle a acheté ? :lol:
Frustrée, elle claque la porte de son placard.

- Marlène ? appela sa mère depuis le salon. Tout va bien ?
J'avais pas du tout capté qu'elle était chez ses parents
Elle ne pouvait pas se permettre de tout mettre dans un loyer
Elle a raison, c'est pas fun
En même temps, le reste n'était pas à mettre en avant.
Mais faut pas dire çaaaa
Puis bon Benjy l'aurait pas invitée s'il se disait la même chose :lol:
Mais je préférais que tu restes à la maison après la tombée du jour pour les semaines à venir
Enfin c'est vraiment pas le bon soir pour commencer
S'en prendre à Janice McKinnon, femme et mère de famille seule en pleine rue, en était la preuve.
J'avoue, c'est moche
Qu'ils feraient mieux de regarder leur propre famille. Je n'oublie pas l'histoire de la nièce enceinte qui a rompu ses fiançailles avec le fils Rosier.
Comme je sors de LDHI je suis perdue, je ne sais plus dans quelle fanfic je suis :lol:
Après tout, elle se trouvait bien avec ses amis lorsqu'elle était au QG pour les entrainements de l'Ordre.
C'est donc la vérité pure, ils ont juste des activités un peu... Sportives
Et Daniel commence sa vie d'adulte.
Et Marlène non ?
- Et toi alors ? Si tu sors autant, ça ne serait pas parce qu'il y a un garçon d'impliquer ?
I meaaaaan
- Si ce n'est pas un garçon... Enfin, j'ai entendu les rumeurs concernant ton amie Dorcas...
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: C'est gentil de lui laisser la possibilité :lol: :lol:
A moins de connaître l'existence de la maison perdue dans les landes irlandaises, personne ne pouvait vraiment l'atteindre.
Mais bon suffit que Peter s'en mêle
juste pour avoir un peu de temps pour se préparer psychologiquement ou pour sombrer dans la panique, c'était encore à déterminer.
Elle me tue :lol: Je suis ravie de ne plus jamais avoir à revivre ça :lol:
- Quoi ? Je me suis trompée, ça ne se porte pas comme ça ? s'inquiéta-t-elle.
Pouahahahahahha
Je ne t'ai pas dit mais j'ai en quelque sorte... rendez-vous avec Benjy ce soir.
EN QUELQUE SORTE
- Vous voulez que je vous laisse ? proposa-t-il. Entre filles ?
Mais quel homme ce Sirius !
Et puis à la fin de la conversation, il m'a juste demandé si je voulais aller boire un verre avec lui pour faire davantage connaissance parce qu'il me trouvait sympa et... euh jolie.
Quel galant homme :lol: Tellement random :lol:
Comme si on était une espèce à part entière.
Hmm hmm c'est le cas
ou il veut juste te mettre dans son lit.
Merci Sirius pour ton intervention
Je n'ai embrassé qu'une seule fois avant...
Mais le dire devant SIRIUS ,
Ah il était au courant, j'avais oublié
Parce que je pense que c'est important que tu te le demandes avant de donner des espoirs à Benjy.
Quel homme sage
Oui, elle avait encore des sentiments pour Regulus.
Eh mais pauvre Benjy
Il lui manquait.
Noooooooooon
Non, mentit-elle.
MAIS
Mais oui, on a un peu sauté toute l'étape des rendez-vous
En même temps comment tu veux faire à Poudlard
- T'es en train de me demander de regarder une autre fille que toi ? s'amusa-t-il.

- N'importe quoi ! Je te demande de soutenir Marlène. Fais pas l'imbécile.
Poueheheh classique
- Eh ! J'ai donné des conseils ! Je m'implique dans cette relation. On veut des comptes rendus maintenant, Marlène, ajouta-t-il en s'adressant à elle.
C'était inattendu cette implication :lol: :lol:
Et lui, il est juste rentier.
Elle me tue :lol:
Secouant la tête, elle se concentra pour arrêter son esprit et saisit la main de Benjy dès qu'ils franchirent le périmètre de sécurité.
OLALA elle est entreprenante dis donc !

J'ai trop aimé ce chapitre haha, c'est sympa un peu de légerté et Marlène est trop mignonne !!
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Chapitre V

Mon cadeau de Noël pour vous c'est d'être à jour dans mes commentaires :lol:
Distraitement, elle piocha une frite dans le bol posé devant elle
Ca me donne faim
- J'ai littéralement répété trois fois ce matin que c'était la brasserie devant St-Mangouste !
Moi avec les élèves
avait visiblement été une bonne idée juste pour revivre un semblant de normalité.
Toujours une bonne idée ça
- Sans alcool, le cocktail alors, intervint-elle. Ton traitement pourrait mal réagir sinon...
Mon réflexe a été de croire qu'elle était enceinte
- Peu importe la mère de Marlène, lança alors Alexia en posant son menton sur ses mains jointes, l'air conspirateur. Ce n'est pas ça qui m'intéresse.
JE SUIS BIEN D ACCORD
LE DATE
LE DATE
- Mais il est pas... genre vieux ?

- Il a vingt-trois ans, répliqua Marlène sur la défensive. Ce n'est pas vieux !
Ouais on va se calmer :lol: :lol:
Ils avaient parlé un moment, puis ils s'étaient embrassés avant que Marlène ne revienne, les larmes aux yeux
Je me souviens plus de leurs réactions mais ça devait tellement leur paraître wtf :lol:
- Mais tu connais le mien ?

- Dorcas Séraphine Meadowes. Et avant que tu te demandes, Alexia n'en a aucun. Le mien est Catherine.

- Pourquoi Marlène a eu le droit à deux prénoms ? demanda Alexia, sourcils froncés.
Mais ellessont pire que les garçons, celles-là :lol: On veutla suite de l'histoire nous !
- Magnifique, même Marlène a une vie sentimentale plus remplie que la mienne, bougonna Dorcas en prenant une gorgée de son cocktail.

- Eh ! Ça veut dire quoi « même Marlène » ?
J'avoue, coup bas :lol:
e vais peut-être viser le prince Charles la prochaine fois.
JE
M ETOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUFFE
- Bon, le filles, je vais devoir y retourner, annonça-t-elle finalement. Désolée...
Du coup elles ont pas déjeuné pouahahha ?
- Quelle gentille fille ton amie Lily... murmura-t-elle. Tu lui diras qu'on la payeras, n'est-ce pas ? Pour les potions...
Mdr elle croit vraiment qu'elle va dire oui
- Maman, tu n'as pas besoin de payer mes amis pour qu'ils restent mes amis !
Olalaaaaaaaaaaaa il est tendu celui-là
- Non, reconnut Sirius. Donc le plan : tu transplanes avec moi à Pré-au-Lard, les deux autres idiots ici présents nous rejoignes dans la minute, on va tous à Poudlard, on te dépose à Pomfresh et on revient ensuite. Ça ira ?

- Eh qui est-ce que tu traites d'idiot ? s'indigna James. Regarde-toi dans un miroir, Patmol.

- Ne me déconcentre pas, je dois transplaner avec Remus !
Rectification, ils sont aussi terribles les uns que les autres
l réalisa qu'elle avait été avec lui depuis le début, avant même les Maraudeurs, ce qui était un exploit.
*
Tfaçon c'est une crème Madame Pomfresh
MAIS ELLE EST SI CHOU
- James, arrête, elle était mon amie avant d'être la tienne.

- Quoi ? N'importe quoi ! Elle était dans mon équipe de Quidditch !

- Où j'étais aussi ! T'étais même pas le capitaine à l'époque, c'était son frère !
Mais ils s'arrêtent jamais :lol:
Dans toute cette situation, ce semblant d'avant avait les couleurs de l'enfance et de l'amitié indéfectible. Il s'y accrocha alors que le premier rayon de lune venait le frapper, inéluctable.
C'est triste et beau enmême temps et déprimant quand on connaît la suite T.T

Non mais c'était chouette comme chapitre, ça faisait un moment qu'on avait pas vu chauqe groupe de son côté ! Puis voir Remus c'est toujours un plaisir <3
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Salut ! J'espère que votre Noël s'est bien passé !

Sinon, petit point patinage parce que ça faisait longtemps : Yuzuru Hanyu est le GOAT ! Il a presque réussi un quadruple axel là et genre c'est juste... j'ai plus de mâchoire tellement elle s'est décrochée. Tellement hâte de le voir au JO ! Et à part ça, les nationales russes m'ont donné de l'anxiété, genre mais Netflix fais-en une série. Le patinage russe c'est des dramas h24, j'ai l'impression de suivre une série tv haha !

Voilà, j'arrête de vous embêter et bonne lecture !

******************************************


Chapitre VI : Dans la peau d'un autre

Fatiguée, Alexia émergea des brumes de sommeil qui lui envahissaient encore l'esprit et se retourna dans son lit. Son réveil indiquait six heures. Elle maudit pour la trentième fois au moins les frères Prewett. Généralement, leurs entraînements avaient lieu le soir puisqu'ils travaillaient en semaine, mais ils en mettaient toujours un le samedi matin. Et Alexia détestait se lever tôt le samedi, particulièrement après une soirée de baby-sitting qui s'était étendue jusqu'à plus d'une heure du matin puisque Sarah avait dû faire l'aller-retour en train jusqu'à York, dans le nord, pour aller voir leur grand-mère hospitalisée qu'elle n'avait pas vu depuis son accouchement.

Pour garder des heures de sommeil, Alexia avait quand même consenti à rester dormir chez sa sœur, même si elle aurait préféré passer la nuit avec Sirius. Elle y avait finalement renoncé en se disant que ça ne servait de toute façon à rien. Ce n'était pas en dormant qu'ils passeraient véritablement plus de temps ensemble et elle n'avait même pas la certitude qu'il ai dormi chez lui hier soir. Il aurait très bien pu rester au QG comme il le faisait souvent, tout simplement parce que James le faisait.

Avec un grognement, elle finit par se redresser en position assise dans son lit et repoussa ses cheveux châtains qui lui obstruaient la vue. Elle n'avait pas intérêt à être en retard pour l'entraînement ou Gideon lui ferait payer en tours de terrain supplémentaires. A tâtons, elle attrapa sa fiole de potion sur sa table de chevet et l'avala d'une traite. Le goût acre ne le dérangeait même plus à force.

L'esprit s'éclairant au fur et à mesure, elle rassembla ses affaires et prit une douche rapide avant de descendre au salon. Tout juste rentrée de York, sa sœur était assise sur le canapé, sa fille contre son sein. Née prématurée à seulement sept mois au mois d'août, le nourrisson paraissait toujours minuscule, trop fragile pour être déjà confrontée au monde.

- Bonjour, l'accueillit-elle avec un sourire fatigué. Tu te lèves tôt ?

- Ah oui, j'ai... un examen de routine à passer à Ste-Mangouste. Rien de grave.

Sarah hocha la tête sans paraître relever le mensonge, sûrement bien trop épuisée, et Alexia sentit son ventre se tordre de culpabilité comme à chaque fois qu'elle mentait sur l'Ordre. Elle se redit pour la énième fois que c'était pour la protéger. Sarah avait assez à faire avec sa nouvelle famille et ses nuits sans sommeil. Elle avait refusé de transplaner à York par peur de finir dans l'océan vu son niveau de fatigue. C'était dire à quel point elle n'avait pas besoin de plus.

- Ca s'est bien passé hier soir ?

- Parfait. Je lui ai donné son biberon, comme tu m'avais dit. J'ai discuté un peu avec Nile et il est parti vers 23h.

Nile Wilson, le mari moldu de Sarah, était pompier et travaillait parfois de nuit. Autant dire que l'organisation était parfois compliquée. Doucement, pour ne pas déranger sa nièce, Alexia s'assit sur le canapé et ramena ses jambes sous elle.

- Eh Ellie, murmura-t-elle vers le bébé.

Cette dernière ne daigna même pas ouvrir les yeux, trop occupée à somnoler.

- Merci encore de l'avoir gardé, Alex. Tu me sauves.

- Avec plaisir.

- Mais tu ne devais pas passer la soirée avec Sirius ?

- Ce n'était même pas sûr, t'en fais pas. Je vais le retrouver tout à l'heure. (Elle se releva et attrapa son sac). Allez, bon courage. Et si t'as besoin d'une pause, hésite pas. Je suis là. A plus tard, Ellie, ajouta-t-elle en déposant un baiser sur le sommet de son crâne.

Le bébé s'agita une seconde, puis se remit à dormir. Alexia sourit. Elle supposait qu'elle avait de la chance : Ellie n'était pas un bébé compliqué et faisait assez bien ses nuits, même si elle avait besoin d'être surveillée constamment en tant que prématurée. Elle savait que tout le monde n'avait pas cette chance. Edgar Bones arborait des cernes immenses et elle se doutait qu'elles n'étaient pas seulement dues à son travail, mais aussi à son petit garçon né au mois d'août.

Dès qu'elle sortit dehors, l'air frais de mi-septembre la frappa. Les journées étaient encore pourtant assez chaudes, comme si l'été voulait bien s'attarder, mais même lui n'arrivait pas à lutter contre le vent anglais à six heures du matin. Inspirant profondément, elle s'assura qu'aucun voisin ne pouvait la voir depuis l'arrière de la maison et transplana. Depuis la crise respiratoire qui l'avait envoyé à St-Mangouste en début d'année pendant la sortie à Pré-au-Lard, elle essayait de transplaner le moins possible pour ne pas aggraver son état, mais elle se voyait mal faire le voyage entre la banlieue de Londres et la campagne irlandaise à la moldu si elle voulait arriver à l'heure. En une seconde, elle réapparut au milieu des landes couvertes de bruyère et l'air embaumé par la verdure environnante la frappa encore plus fortement que celui de la ville.

Lorsqu'elle poussa la porte du QG et entra dans la cuisine, elle trouva les frères Prewett et Emmeline Vance en train d'étudier un tableau accroché au mur.

- Cassidy, pile à l'heure ! s'exclama Fabian. Comment ça va ?

- Bien, mis à part que je me suis levée bien trop tôt pour un samedi matin. Pitié, dis-moi qu'on ne va pas courir tout de suite.

- Non, t'en fais pas. On a fait assez de course. L'exercice du jour sera un peu plus...particulier.

- Particulier ? répéta-t-elle, méfiante. Comment ça ?

Fabian n'eut pas le temps de lui répondre. James, Lily, Peter, Remus, Sirius, Marlène et Dorcas entrèrent dans la cuisine les uns après les autres, plus ou moins réveillés. Ceux qui avaient dormi chez eux avait déjà les yeux un peu mieux ouverts, mais James traîna les pieds comme s'il venait tout juste de sortir de son lit, ce qui était sûrement le cas. Gideon le détailla des pieds à la tête.

- C'est bien, Potter, tu t'es coiffé, se moqua-t-il.

- Très drôle...

- Allez, avale un café ! On a un programme chargé. Et Meadowes qu'est-ce que tu fiches ?

Alexia se tourna vers Dorcas et éclata de rire en la voyant adossé à la porte, sa brosse à dents dans la bouche. Elle haussa un sourcil avant de répondre :

- Ça se voit, non ? dit-elle sur le ton de l'évidence. Ou tu veux que je te fasse un schéma sur ton tableau ?

A cause du dentifrice qui lui emplissait la bouche, son articulation était un peu hachée et surtout elle postillonna en direction de Gideon qui grimaça.

- Je veux que tout le monde soit prêt dans dix minutes ! s'exaspéra-t-il. Allez ! Les jeunes, je vous jure...

- C'est drôle que tu dises ça. Je me souviens précisément de toi qui était arrivé à l'entraînement avec Benjy et surtout avec une gueule de bois terrible, se remémora Emmeline. Un grand moment. Tu n'avais pas vomi dans le buisson là-bas ?

- C'est bon, c'est bon... C'était une fois !

- Si y'avait eu que ça !

- Em', tais-toi.

Fière d'elle, Emmeline se contenta de sourire, mutine, et se reconcentra sur le tableau de formation alors que Fabian se moquait ouvertement de son frère. Alexia sourit. Elle aimait ce genre de moments au QG. Ça lui faisait oublié quelques minutes qu'ils étaient là pour apprendre à se battre dans une guerre qui ravageait le pays et c'était réconfortant. Pour s'occuper avant que l'entraînement ne commence, elle se mit à faire du thé pour tout le monde, sortant plusieurs tasses du placard.

Elle sentit soudain quelqu'un se glisser derrière elle et reconnut Sirius lorsqu'il enroula ses bras autour de sa taille. Son estomac réagit en retour, comme si elle venait de monter dans des montagnes russes, et elle se laissa aller contre lui.

- Eh, souffla-t-il. Ça a été avec Ellie ?

- Ouais, ça va... Elle s'est endormie assez tôt, mais j'ai dû rester plus tard parce que Nile a eu une urgence à régler au boulot. Désolée d'ailleurs... je sais que j'avais dit que j'essayerai de passer.

- T'inquiète pas, je suis resté au QG finalement. On a fait des parties de batailles explosives.

- Qui a gagné ?

- Dorcas, grogna-t-il, l'air dépité. Mais je suis déterminé à récupérer mon titre au plus vite.

A nouveau, son estomac se retourna, mais une raison bien différente. C'était logique après tout : Dorcas n'habitait presque plus du tout chez ses parents, elle passait son temps au QG. Il était normal qu'ils se retrouvent tous à passer leur soirée ensemble et elle ne pouvait pas leur en vouloir pour ça. Ravalant sa gêne, elle se força à ne rien laisser paraître quand elle se retourna pour faire face à Sirius.

- Ne te fais pas d'illusions, on sait tous que Lily va finir par tous vous battre à la bataille explosive. Ou Remus. Je mise toutes mes noises dessus.

- J'essayerais bien de me défendre mais je sais que t'as raison.

- Evidemment. Et c'est toujours le cas !

Sur cette remarque, elle lui fourra une tasse de thé dans la main et il s'en saisit par réflexe. Il allait répliquer lorsque Emmeline s'avança au milieu de la pièce puis donna trois grand coups du plat de la main sur la table.

- Allez tout le monde ! J'estime que vous êtes à peu près tous réveillés puisque vous êtes sur vos pieds. On va commencer l'entraînement !

Abandonnant sa répartie, Sirius se dirigea vers elle et Alexia les suivit jusqu'au salon. Plus les semaines passaient, plus elle trouvait qu'il commençait vraiment à ressembler à quelque chose. Grâce aux efforts collectifs de chacun, ils avaient réussi à le remeubler pour le rendre un peu plus chaleureux. Au début, il n'y avait qu'un seul canapé et ils se battaient tous pour l'avoir. Aujourd'hui, un deuxième avait été ajouté, tout comme un tapis vaguement ancien mais qui donnait à la pièce une atmosphère feutrée et même deux pairs de gros fauteuils près de la fenêtre. Gideon se laissa tomber dans l'un deux sans cérémonie alors qu'ils se positionnaient tous face à lui.

- Merci à tous d'être là et à l'heure, commença-t-il avec un regard entendu vers Sirius qui fit mine de ne rien remarquer. J'ai décidé de vous épargner un peu aujourd'hui. On ne fera pas d'entraînement physique, ni de combat. On va plutôt faire une sorte de... concours. Ou de jeu. Rendre ça un peu ludique.

- Tu nous as pris pour une colonie de vacances ?

- Parfois je me demande, Meadowes. Mais non, ne t'en fais pas, ça ne va pas non plus être de tout repos. Comme on a essayé de vous le faire comprendre depuis maintenant plus de deux mois, les missions auxquelles vous allez être confrontées sont variées. Il ne s'agira pas seulement de duels ou de combats avec des mangemorts, mais aussi – voire surtout – de recueillir des informations qui pourront nous être utiles.

- Ou utiles pour le Bureau des Aurors du moins, intervint Fabian, bras croisés derrière son frère. N'oubliez pas que vous n'avez pas le droit légalement d'intervenir.

- Exactement ! Ce n'est pas pour rien que nous avons Fol Œil, Londubat n°1 et n°2, et Mr le Brigadier avec nous.

- Maugrey, Alice, Frank et Sturgis, traduisit Emmeline en roulant des yeux.

Alexia se mordit la lèvre pour ne pas rire. Elle n'avait pas rencontré Alice et Frank Londubat, deux Aurors sous les ordres de Maugrey qui travaillaient aussi avec Cassie Bones, l'épouse d'Edgar. Même si cette dernière ne faisait pas partie intégrante de l'Ordre, elle fermait parfois les yeux quand ils avaient besoin d'obtenir des informations censées être classées et c'était une aide inestimable pour ne pas perdre du temps. Sturgis Podmore, lui, était Brigadier au Bureau de la Police Magique qui – à seulement 36 ans – montait les échelons à une vitesse impressionnante. Sa connaissance des affaires en cours et de toutes les anomalies magiques détectées dans le pays leur facilitaient aussi bien les choses. Elle ne l'avait jamais vu encore, à part de loin un jour au Ministère, mais elle n'avait pas osé lui faire signe. Ça n'aurait eu aucun sens qu'une simple secrétaire connaisse un Brigadier et elle savait qu'elle devait se montrer discrète.

- Tout ça pour dire, reprit Gideon, que vous devez savoir être multitâches. Et ça comprend la filature, l'infiltration et les missions sous couvertures. (Il marqua une pause et regarda Sirius droit dans les yeux, rictus aux lèvres). Pas ce genre de « couvertures », Black, efface-moi ce sourire.

Tout le monde émit un rire amusé et Alexia, mortifiée, lui donna un coup de coude.

- Bon donc on fait quoi aujourd'hui ? lança James, impatient. On doit infiltrer la maison de Maugrey sans se faire prendre ?

- Je ne vous envoie pas encore dans des missions suicides voyons. Non, on ne va pas bouger d'ici en vérité. Tout va reposer sur... ceci !

D'un geste souple, il baissa et sortit une caisse cachée sous le fauteuil. Son contenu émit à un tintement de verre et un raclement contre le parquet alors qu'il la poussait vers eux. Ils se penchèrent tous en avant.

- Qu'est-ce que c'est ? interrogea Marlène en avisant les fioles en rangs ordonnés, perplexe.

- Ca, McKinnon, c'est...

- Du polynectar, dit Lily.

Gideon haussa un sourcil et eut un sourire tordu derrière sa barbe rousse.

- Et un point pour notre petite prodige des potions, approuva-t-il. C'est bien du polynectar ! Et si vous avez suivi vos cours avec attention, vous savez ce que ça fait ?

- Ca permet de prendre l'apparence de quelqu'un d'autre, non ? se souvint Remus.

- Tout à fait. L'épreuve du jour va donc mettre en avant vos talents d'acteurs. Il faut que vous sachiez que le polynectar peut être vraiment utile pour récolter des informations, mais c'est un processus compliqué. Pour peu que votre interlocuteur connaissance très bien la personne dont vous emprunté l'identité, il peut vous percer à jour très facilement. Alors évidemment, on essaye toujours de se préparer avant, mais apprendre à connaître quelqu'un en quelques jours ou quelques heures est pratiquement impossible. C'est pour ça qu'on a très peu recours à cette technique. (Il se tourna vers Emmeline et Fabian). On l'a fait... Quoi ? Deux fois en trois ans ?

- Je crois oui, confirma son frère. Et encore, j'avais pris l'apparence d'un de mes anciens camarades de dortoir quand je l'ai fait. Enfin bref, ne vous en faites pas. Si ça se trouve, vous n'en aurez jamais besoin, mais on préfère vous préparer à toutes éventualités.

Alexia hocha la tête pour marquer son accord. Elle observa plus attentivement les fioles de potions dans lesquelles se trouvaient une mixture épaisse et peu ragoûtante. A son sens, c'était presque fascinant combien la magie pouvait agir sur les corps parfois...

- Et alors ? demanda-t-elle. On va faire quoi ?

- Je vais désigner deux équipes de deux, expliqua Emmeline. Le but sera qu'un des deux membres du duo prenne le polynectar et devienne littéralement son partenaire. L'équipe se prépara dans la cuisine pendant quinze minutes. Ensuite, elle reviendra ici devant nous sans qu'on sache laquelle des deux personnes est laquelle. L'équipe devra tenir cinq minutes pendant qu'on essayera de découvrir la vérité.

- Oh ! J'adore l'idée ! dit James avec enthousiasme.

Elle devait avouer qu'elle était d'accord. L'épreuve était d'autant plus intéressante qu'ils se connaissaient tous très bien, ce qui agitait une dimension particulière à l'exercice. Fabian sortit un bout de parchemin et se mit à lire.

- Alors les deux équipes sont : Pettigrew et Evans, puis Black et Potter. Le reste, vous serez juges et devrez démasquer celui ou celle qui aura pris le polynectar. Tout le monde a compris ?

Personne ne se donna la peine de lui répondre. James et Sirius s'étaient déjà précipités l'un vers l'autre, excités, et Alexia secoua la tête en les voyant se taper dans la main. Elle se demanda si les frères Prewett avaient conscience de ce qu'ils faisaient en les mettant ensemble. Mais à bien y réfléchir, elle se demanda si le fait qu'ils se connaissent si bien allait être un avantage ou inconvénient. S'ils se surestimaient, elle savait que Gideon et Fabian n'hésiteraient pas à les épingler sans remords.

- Les deux là, vous avez qu'à commencer si ça vous fait autant plaisir, décréta justement ce dernier. Prenez une fiole, allez-y. Maintenant, vous avez quinze minutes pour choisir qui prendra le polynectar et pour vous donner les informations essentielles à la réussite de la mission. Vous trouverez des robes de sorciers identiques dans la cuisine pour vous changer (Il leva son poignet pour observer sa montre au bracelet en cuir patiné). Top chrono !

James et Sirius ne se le laissèrent pas dire deux fois. Ils se précipitèrent vers la cuisine, manquant de se heurter au chambranle dans leur précipitation et Lily eut l'air désespéré. Dans son fauteuil, Gideon renversa même la tête en arrière en soupirant.

- On est sûrs que c'est ça qu'on veut envoyer face aux mangemorts ? marmonna-t-il.

Emmeline s'assit sur le bras du fauteuil près de lui.

- Au moins, ils seront peut-être un peu déstabilisés, commenta-t-elle avec un haussement d'épaule.

- Hum... Tu sais quoi ? Si j'étais eux, je filerais ma démission juste pour ne plus entendre Potter et Black ensemble. T'imagines ? Ils vont aller voir Tu-Sais-Qui et diront « non désolés, on n'avait pas signés pour ça, on se tire ».

Les autres se mirent à rire et Alexia se dirigea vers la longue table qu'ils n'utilisaient presque jamais pour s'assoir dessus, les jambes dans le vide. Lily vint la rejoindre aussitôt.

- Alors c'était ça le plan de Dumbledore depuis le départ ? réagit Dorcas, sarcastique. Incroyable !

- Du grand Dumbledore, approuva Peter en riant.

- Eh il n'est pas devenu le plus grand sorcier de tout les temps pour rien !

A nouveau, Alexia sourit. Elle devait avouer qu'elle avait craint de perdre ça en sortant de Poudlard. Leur esprit de groupe. Elle avait eu peur que la guerre ne les dévore avant qu'ils aient pu faire quoique ce soit et ce genre de moments la rassuraient un peu. Elle n'était pas naïve au point de croire que tout irait bien quand ils seraient vraiment sur le terrain, mais la formation s'était révélée moins cassante que prévu sur leur dynamique de groupe. Chacun affrontait des défis et des difficultés personnels, c'était une évidence, mais ça aurait pu être pire. Elle s'accrochait à cette idée.

- Au fait, vous le voyez souvent ? s'interrogea-t-elle tout haut. Dumbledore je veux dire ? On sait qu'il est censé diriger, mais on ne le voit jamais.

- Ah c'est le privilège de ceux qui dirigent justement ! s'exclama Gideon avec emphase. Ils peuvent déléguer.

- Ce n'est pas tout à fait ça, nuança Emmeline. On vous en reparlera quand on abordera le fonctionnement précis de l'Ordre avec vous, mais pour faire court Dumbledore est surtout occupé à traiter avec les autorités et les grandes pompes du Ministère. Nous, on fait nos rapports à Maugrey et Edgar Bones principalement.

Alexia accepta la réponse. Après ça, le silence retomba entre eux et ils attendirent que le temps s'écoule, les yeux rivés sur l'horloge dans le coin du salon ou sur Fabian qui ne cessait de vérifier sa montre comme s'il ne voulait pas accorder une seule seconde en plus à Sirius et James. Au bout de quinze minutes enfin, il s'écria d'une voix forte :

- Phase de préparation terminée ! Revenez ici !

Rien n'aurait pu alors la préparer à la vision qui surgit devant elle quelques secondes plus tard. Elle n'avait pas songé que voir double aurait été si perturbant et pourtant... Elle écarquilla en voyant revenir deux James Potter. Un cri de surprise collectif parcourut la pièce et les deux James sourirent avant de se planter devant eux en parfaite synchronisation. Le polynectar avait fait des miracles : ils étaient identiques. Même cheveux bruns en bataille, même yeux noisette, même corps noueux enveloppé dans leur robe de sorcier d'un noir simple et banal.

- Oh Merlin, c'est presque terrifiant... dit-elle d'une voix blanche.

- Je suis d'accord, approuva Remus. Donc l'un d'eux est... Sirius ?

- C'est ça. Et on va devoir deviner lequel. (Gideon se releva de son fauteuil). Allez-y, posez des questions.

- Quel genre ?

- Je ne sais pas moi, ce sont vos amis, non ?

Remus déglutit. Son regard alterna entre les deux James. Celui de droite haussa un sourcil, expectatif, tandis que celui de gauche se contentait de continuer à sourire.

- D'accord, d'accord... Date de naissance ?

- 27 mars 1960, répondirent-ils ensemble.

- Ah arrêtez ça, je vais en avoir des cauchemars, dit Lily.

Fabian parut irrité.

- On se concentre, allez. Des questions, des questions ! Votre temps file et vous devez découvrir lequel est le faux James. Pensez à des choses plus difficiles que la date d'anniversaire. Des choses qui pourraient venir dans une conversation normale pendant une mission.

Tout le monde plissa les yeux en se creusant la tête. Alexia avait l'impression qu'elle en était encore à se remettre de la sensation étrange de voir double.

- Le surnom de ta mère ? demanda Peter en premier.

- Mia, dit le James le plus à droite.

- Et celui de ton père ?

- Il n'en a pas, dit l'autre James. Fleamont est assez ridicule comme ça.

Lily secoua la tête, l'air peu convaincue.

- Ca n'aide pas... Sirius connait les Potter depuis longtemps. Il a vécu avec eux par Merlin. Faut trouver autre chose. (Elle se pencha en avant, concentrée, comme si son seul regard pouvait lui révéler lequel des deux étaient sous l'emprise du polynectar). Le goût de la glace qu'on a mangé le soir où tu m'as embrassé pour la première fois ?

- Citron, clamèrent-ils de concert.

Lily grogna.

- Ca non plus ça n'aide pas, dit Remus, bras croisés. James nous a raconté la scène au moins dix fois.

- Quoi ?

- Oh ne fais pas l'indigné, toi aussi tu nous as raconté, lança Dorcas. En plus, même sans ça j'aurais pu deviner le parfum de cette maudite glace. Est-ce que James mange autre chose que des desserts au citron par Merlin ?

Par expérience, Alexia savait que oui, mais que si une tarte au citron était présente dans son champ de vision, James délaisserait le reste. Soudain, Marlène s'éclaircit la gorge.

- Ils pourraient peut-être marcher un peu, non ? suggéra-t-elle, incertaine. On arriverait mieux à voir comment ils bougent, ça peut donner un indice.

- Bonne réflexion, McKinnon, approuva Emmeline.

Devant eux, les deux James se mirent donc en mouvement. Leur posture était un peu tendue, comme s'ils se concentraient vraiment pour ne rien laisser paraître, mais Alexia jugea que celui de droite avait une démarche déjà plus naturelle. Celui de gauche se tenait plus droit et marchait avec moins d'équilibre. Elle supposa que s'approprier un nouveau corps devait avoir ce genre d'effets. L'air de rien, elle se mit à mieux observer ce James-là.

- Passez-vous une main dans les cheveux, ordonna-t-elle sur une inspiration soudaine. Ça peut être révélateur ça.

- Oh bien vu ! approuva Peter.

D'un même mouvement, ils exécutèrent donc le mouvement signature de James en s'ébouriffant les cheveux. A nouveau, Alexia trouva que celui de droite le fit avec moins de naturel, même si les deux étaient presque identiques. A côté d'elle, Lily émit un « hum » de réflexion et se pencha vers elle :

- Toi aussi tu penses que Sirius est celui de droite ? murmura-t-elle.

- J'ai des doutes, oui...

- Je pense que y'aurait un moyen de savoir.

- Lequel ?

- Je te le dis après. Il nous reste encore quelques minutes pour découvrir la vérité. (Elle se redressa alors). Vous pourriez vous présenter ? demanda-t-elle. Faire un portrait de James Potter en trente secondes ?

- Tous les deux ?

- L'un après l'autre. Pour qu'on compare.

Alexia devait reconnaître que c'était une bonne idée. Les deux James échangèrent un regard, comme pour décider lequel d'entre eux allait commencer, et celui de gauche hocha finalement la tête. Elle tiqua. Ce n'était peut-être pas neutre que celui qu'elle suspectait être le vrai James commence puisque ça permettrait à l'autre de mieux l'imiter juste derrière. Elle donna un coup de coude à Lily pour lui faire remarquer et elle lui rendit immédiatement, signe qu'elle avait remarqué aussi.

- Alors... Je m'appelle James Fleamont Potter, j'ai 18 ans, j'habite principalement au QG mais aussi chez mes parents. Hum... J'aime la tarte au citron.

- On sait, marmonna Dorcas.

- Remus dit que je manque souvent de tact.

- Si c'était seulement de tact...

- Eh ! (Il se passa à nouveau une main dans les cheveux). Je ne sais pas quoi dire d'autres ?

- Oh allez, encouragea Peter. Il y a quand même plus à dire.

- Comme le fait que je suis très doué au Quidditch, poursuivit le second James. J'ai été capitaine de l'équipe pendant deux ans et j'ai participé au Tournoi de Poudlard l'année dernière. Je détiens aussi sûrement le record de retenu en un semestre d'après McGonagall.

- Une source imparable, approuva l'autre.

Apparemment, ils arrivaient mieux à s'exprimer en retombant dans leurs joutes verbales habituelles et Alexia fut soulagée de cette vision plus familière.

- J'ai obtenu toutes mes BUSES et ASPICS, notamment avec un O en métamorphose.

- Mais un T en divination.

- Briser la première boule en cristal qu'on m'a donné n'était peut-être pas une si bonne idée...

- Peut-être pas non. Ah oui ! Et je sors avec Lily Evans évidemment. Ce qui est ma principale qualité au passage.

- C'est complètement vrai.

Les deux James hochèrent la tête de concert. Fabian pointa sa montre.

- Une minute ! prévint-il.

- Ok, on va passer aux grands moyens, décida Lily en sautant de la table pour se remettre debout. J'ai une idée. (Elle se retourna une seconde vers elle). Tu me fais confiance ?

Perplexe, Alexia acquiesça sans réfléchir. Elle regarda alors Lily s'approcher des James, le regard déterminé et le menton relevé comme si elle se lançait en mission, ce qui était sans doute un peu le cas. Tout le monde la suivit des yeux tandis qu'elle se plantait devant le James de droite, celui sur lequel s'était porté leurs suspicions à toutes les deux.

- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demanda-t-il, mal assuré.

- Un test.

Avec un sourire enjôleur, elle se pencha lentement jusqu'à être si proche de lui qu'elle n'avait qu'à se hisser sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Alexia retint son souffle. C'était évident que Lily faisait durer son geste, attendant une réaction, mais elle se penchait toujours un peu plus à mesure que les secondes s'égrenaient. Elle poussa même l'audace à remonter sa main le long du bras de « James » pour venir la poser derrière sa nuque et l'attirer contre elle. Aussitôt, Alexia redressa son regard vers le second James pour voir sa réaction. Son expression était fermée, mais il crispait les poings. Elle fut certaine de son jugement à cet instant.

Une seconde plus tard – au moment où les lèvres de Lily allaient se poser contre les siennes – Sirius recula brusquement en la repoussant, les mains en l'air.

- Ok stop ! s'exclama-t-il. Je ne peux pas...

- Oui ! clama Dorcas. Démasqué ! C'est Sirius !

- Perdu pour Black et Potter !

Les deux garçons grognèrent, dépités.

- Et voilà, chantonna alors Lily, l'air fier d'elle en retombant sur le plat de ses pieds, légèrement déséquilibrée.

Elle souriait avec amusement et ils se mirent tous à l'applaudir. James – le vrai – fronça le nez.

- On s'en sortait bien...

- C'est vrai, confirma Gideon. Vous connaissiez très bien les infos dont vous aviez besoin, mais on en attendait pas moins de vous. Il fallait juste pousser votre illusion plus loin. C'est une erreur grossière que vous avez commise en plus.

- Grossière ? répéta Sirius qui retrouvait petit à petit ses maniérismes maintenant qu'il ne cherchait plus à imiter James. Je n'allais pas embrasser Lily !

Il avait l'air tellement indigné qu'un éclat de rire les parcourut. Alexia ne savait ce qui l'amusait le plus : le fait de voir cette expression dégoûtée sur le visage de James à l'idée d'embrasser Lily Evans – bien une première – ou le fait que le vrai James hochait la tête avec vigueur derrière lui.

- C'est exactement ce que tu aurais dû faire justement, objecta Emmeline d'un ton ferme. Tu t'es démasqué en une seconde alors même que tu tenais le rôle à la perfection. C'est juste un baiser, tu es en mission et c'est ça qui passe avant tout.

- Evans par contre, bien joué, félicita Fabian. Bonne idée.

- Merci.

- Mais... tu ne l'aurais pas fait, pas vrai ? demanda soudain James. Tu ne l'aurais pas vraiment embrassé ?

- Bien sûr que si elle l'aurait fait. Parce qu'elle le doit, Potter.

De là où elle était toujours assise sur sa table, Alexia pu toutefois apercevoir l'expression de Lily. Sa grimace lui indiquait clairement qu'elle ne serait pas allée jusqu'au bout et c'était d'ailleurs pour ça qu'elle lui avait demandé si elle lui faisait confiance. Elle n'aurait jamais osé embrasser Sirius, pas devant elle et James.

- Allez, on continue. Prochaine équipe à passer : Evans et Pettigrew. Voyons si Evans est aussi douée en actrice qu'en détective. Vous avez cinq minutes !

Cette fois-ci, Lily et Peter s'emparèrent des fioles avec moins de précipitation et ils passèrent dans la cuisine en chuchotant déjà pour se donner des informations. Alexia suivit Sirius des yeux alors qu'il venait la rejoindre. Le polynectar commençait déjà à s'estomper, signe que celui ou celle qui l'avait préparé n'avait pas voulu faire durer ses effets, et elle passa une main dans ses cheveux moitié en épis moitié lisses.

- C'est un look intéressant, jugea-t-elle, amusée.

- Imagine je reste bloqué comme ça... Tu m'aimerais toujours si je ressemblais à un James fondu ?

Elle éclata de rire.

- Evidemment. Oh Merlin, t'as un œil marron et un œil gris, c'est perturbant.

- J'imagine.

- En tout cas, c'était pas mal. J'ai eu des doutes plusieurs minutes avant de comprendre.

- T'avais deviné que c'était moi ? s'étonna-t-il.

- On a eu des doutes en même temps avec Lily.

Il parut déçu sur le coup et croisa les bras sur son torse avant de lui jeter un regard de biais.

- Qu'est-ce qui m'a trahi ? voulut-il savoir.

- Ta démarche. Tu connais trop bien James pour te faire avoir sur les questions, mais c'est plus difficile d'imiter quelqu'un parfaitement. Tu as une certaine façon de te tenir plus droite que James. Tu sais, il est toujours... nonchalant et énergique. Comme un chiot excité. Toi, t'as une nonchalance étudiée. Ça change tout.

- Etudiée ? répéta-t-il, indigné. Pas du tout.

- Sirius, je te connais depuis des années. Tu n'es jamais le même s'il y a du monde autour. J'ai mis du temps à m'en apercevoir, mais tu es complètement différent quand tu es juste avec les Maraudeurs ou avec moi. Tu ne t'en rends même pas compte, je crois.

Face à son portrait, il ne cessa de faire la moue mais ne chercha pas à protester. Elle prit ça comme une acception et en ressentit une certaine fierté. Elle n'avait même pas été complètement honnête puisqu'elle avait passé sous silence son avis selon lequel cette habitude de Sirius venait sûrement de sa famille. D'après ce qu'elle avait appris, les Black se devaient de présenter un visage respectable au monde, une certaine image de leur grandeur devant le reste de la société sorcière. Sirius avait appris à jouer un rôle depuis l'enfance. Ce n'était pas étonnant qu'il s'en soit construit un autre en entrant dans l'adolescence, entouré par des centaines de camarades de classe.

Sans répondre, il se contenta finalement de passer un bras autour de ses épaules et elle se laissa aller contre lui. Ils attendirent un quart d'heure pendant lequel James et Dorcas se défièrent à marcher sur les mains le plus longtemps possible. Sans surprise, Dorcas arriva à peine à maintenir la position et manqua de renverser un vase alors que James se prit le canapé, ne regardant pas où il allait.

- Je vous mets un point pour l'effort, dit Emmeline.

- On prend.

- Achevez-moi, soupira Gideon d'un air dramatique. Fab, dis-moi qu'on n'était pas aussi terrible quand Bones nous entraînait ?

- Non, mais seulement parce que Emmeline était là pour relever le niveau.

Gideon parut vouloir s'indigner, mais Peter et Lily revinrent à cet instant. Ou plutôt Lily et Lily.

- Potter, regarde, ton plus grand fantasme ! lança-t-il, goguenard.

Ils éclatèrent tous de rire, surtout en voyant James rougir d'un coup, et Fabian dû frapper dans ses mains pour réclamer le calme.

- Allez on se concentre. Même principe : vous avez cinq minutes. Et trouvez-moi des questions originales par Merlin. Le but c'est de les percer à jour !

- J'en ai une, dit Remus en regardant tour à tour les deux Lily au visage impassible. Je veux que vous répondiez en même temps : à quelle place on était en arithmancie tous les deux ?

Alexia approuva mentalement. Remus et Lily avaient été les deux seuls à prendre arithmancie en option. C'était quelque chose qu'ils partageaient ensemble.

- Deuxième rang, répondit la première Lily.

- Toi près de la fenêtre, moi du côté de l'allée, ajouta la deuxième.

- C'est pas en même temps ! protesta Dorcas.

- Mais elles ont toutes les deux raison, dit Remus, défait. Lily l'a bien briefé.

- On peut réessayer la stratégie de tout à l'heure, non ? Déplacez-vous un peu pour voir.

Les deux Lily obtempérèrent. Pourtant, Alexia vit tout de suite que c'était biaisé. Les deux boitillaient, rendant leur démarche inhabituelle dans les deux cas.

- Eh ! C'est de la triche ! dénonça-t-elle.

- Non, je me suis juste tordue la cheville hier en faisant mon service à St-Mangouste, expliqua la Lily qui était la plus proche d'elle d'un ton de fausse excuse. C'est tout.

Gideon émit un rire profond et rejeta la tête en arrière en applaudissant.

- Malin ! C'est complètement le genre d'excuse que vous devrez inventer si vous prenez l'apparence de quelqu'un. Vous n'avez pas à vous préoccuper d'imiter complètement sa façon d'être et ça vous facilite la tâche. Bien pensé !

A côté d'elle, Sirius grommela qu'il aurait dû y penser.

- Je suppose que James pourrait essayer d'en embrasser une, dit-il soudain, mais j'ai peur qu'elles se laissent faire toutes les deux maintenant.

- Hors de question que je prenne le risque d'embrasser Peter, décréta James, catégorique.

- Comme si tu ne l'avais jamais embrassé. Je suis sûre que ça a dû arriver au moins une fois pendant une soirée ou un jeu à boire stupide.

- N'importe quoi ! Pour qui tu nous prend Dorcas ?

Vu l'expression de Remus, la réfutation ne devait pas être tout à fait vrai et Alexia ravala un halètement de surprise. Elle se pencha vers Sirius pour chuchoter furieusement :

- T'as déjà embrassé un des Maraudeurs ?

- Quoi ? Non !

- Jamais ?

- Pas assez sobre pour m'en souvenir en tout cas. Mais on a déjà fait un action ou vérité avec la moitié des Gryffondor et j'avoue que j'ai quelques trous noirs.

- Oh Merlin... Et j'étais pas invitée ? J'aurais pu t'embrasser à un de ces jeux !

Sirius étouffa un rire.

- C'est tout ce que t'as à dire ? Que t'aurais pu m'embrasser plus tôt ?

- C'est un argument valable.

- Hum... Et tu n'étais pas invitée parce que tu étais amie avec madame préfète parfaite qui nous détestait en cinquième année. Tu penses bien que ça aurait fait mauvais genre.

Aux mots de Sirius, une idée s'imposa à son esprit et elle se redressa.

- Oh ! Lily, qu'est-ce que t'as mère a dit quand elle a appris la première que tu avais été nommée préfète ?

- C'était ma sœur qui a appris en première...

- Pétunia l'a su d'abord, pas ma mère.

Les deux réponses, prononcées presque en même temps, se télescopèrent et Alexia grogna.

- C'était bien tenté, admit Marlène.

- Plus que deux minutes.

- On pourrait peut-être fonctionner à l'envers, non ? suggéra James. Je veux dire, poser une question que seul Peter connait.

- Ils n'auraient qu'à ne pas répondre tous les deux en faisant semblant de ne pas savoir, rétorqua Remus. Ça ne fonctionnera pas.

- Ah oui... A moins que...

Il s'interrompit lui-même et fronça les sourcils. Alexia sut qu'il venait d'avoir une idée en voyant la lueur familière dans son regard, celle qui disait qu'un Maraudeur entrait en action, et effectivement James fit signe à Remus et Sirius de s'approcher. Tous les trois, ils formèrent un cercle au milieu de la pièce, les bras autour des épaules et têtes penchées en avant, puis ils se mirent à chuchoter entre eux. Dorcas haussa un sourcil.

- Je ne me sens pas du tout exclue, dit-elle.

- Laisse-les, intima Marlène.

Alexia approuvait. Elle ne le lassait jamais de les voir fonctionner ne groupe, surtout si ça pouvait lui rapporter la victoire sur cette épreuve. Après quelques secondes de conciliabule secret et mystérieux, les Maraudeurs finirent de toute façon par se séparer et ils se placèrent en ligne devant les deux Lily qui n'avaient pas l'air rassuré. Alexia ne l'aurait pas été non plus si elle avait dû faire face à la ligne que formaient James, Sirius et Remus.

Soudain, ils crièrent d'une même voix :

- Baignoire !

L'effet fut presque immédiat. Après quelques secondes le temps que tout le monde comprenne, une des Lily cligna des yeux, perplexe, tandis que l'autre s'empourpra avec force, l'air choqué. Les Maraudeurs poussèrent de grands cris en la pointant du doigt.

- C'est Peter ! hurlèrent-ils tous.

James bondissait presque sur place alors que Sirius continuait à pointer la fausse Lily furieusement. Remus, lui, répétait en boucle « c'est sûr, c'est sûr ! ».

- Ok, terminé ! dit Fabian. Je ne sais pas trop ce qui vient de se passer mais... est-ce qu'ils ont raison ?

- Oui, marmonna Peter avant de foncer droit sur ses amis en écartant ses cheveux roux derrière lui. Les gars ! On avait dit qu'on n'en parlait plus jamais !

- C'était efficace !

- Mais quand même !

- Eh je veux connaître cette histoire maintenant, intervint Dorcas. Vous n'avez pas le choix.

- Non !

Alexia descendit de la table.

- Oh si, dit-elle en s'accrochant au bras de Sirius. Raconte-moi !

- Non, non ! On ne raconte rien !

- Allez Peter, c'est nous !

- Je veux savoir pourquoi on a perdu, intervint Lily elle-même.

Peter poussa un gémissement dépité et se cacha la tête dans les mains. Il retrouvait progressivement sa véritable apparence, mais il avait encore le teint plus pâle qu'à l'ordinaire et ils purent tous admirer ses joues cramoisies.

- Eh les enfants là ! s'écria Fabian. On reviendra sur cette histoire de baignoire et de Peter plus tard, d'accord ? (Il ignora leurs protestations). C'était un bon entraînement. Evans et Pettigrew, vous avez su échanger de bonnes informations en peu de temps et l'idée de boîter pour vous donner l'avantage était excellente. Il faudra juste travailler sur le fait de maintenir le rôle quoiqu'il arrive.

- Allez, on vous laisse une pause, dit Gideon. On se retrouve tout à l'heure !

Dès qu'ils furent libérer, ils se jetèrent sur Peter et Alexia n'entendit plus rien à part leurs cris qui demandaient à connaître l'histoire. Elle n'avait plus sentie cet effet de groupe depuis longtemps. Elle s'y fondit avec plaisir, emportée par la joie d'avoir encore le droit d'être insouciante pour quelques temps.

*********************

Verdict ?

Je me suis beaucoup amusée avec ce chapitre haha ! On se retrouve dans deux semaines ^^
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Yuzuru Hanyu est le GOAT !
Désolée hein mais j'ai lu qu'il était la chèvre, voilà :lol:
Pour garder des heures de sommeil, Alexia avait quand même consenti à rester dormir chez sa sœur
Ah c'est sa soeur, j'étais perdue
Ce n'était pas en dormant qu'ils passeraient véritablement plus de temps ensemble
Non, mais la proximité c'est sympa
enfin pas que j'ai l'habitude de dormir avec un mec anyway :lol:
Née prématurée à seulement sept mois au mois d'août,
Il est roux le bébé aussi ?
mais aussi à son petit garçon né au mois d'août.
Ptdr merci Simon hein
James, Lily, Peter, Remus, Sirius, Marlène et Dorcas entrèrent dans la cuisine les uns après les autres, plus ou moins réveillés
Lequel s'est chargé de réveiller tous les autres ?
se remémora Emmeline. Un grand moment. Tu n'avais pas vomi dans le buisson là-bas ?
YEEES merci Emmeline
A nouveau, son estomac se retourna, mais une raison bien différente.
Oh alleeeeeeeeeeeez ça suffit la jalousie
Emmeline s'avança au milieu de la pièce puis donna trois grand coups du plat de la main sur la table.
Je devrais faire ça avec les élèves. Ma technique actuelle c'est d'agiter les bras en l'air en mode "ohé du bateau"
Ca ou "OooOOOOOOOOOOH!!!!!" quand ils me saoulent trop
Plus les semaines passaient, plus elle trouvait qu'il commençait vraiment à ressembler à quelque chose.
J'étais pas concentrée, j'ai cru qu'elle parlait de Sirius :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
turgis Podmore, lui, était Brigadier au Bureau de la Police Magique qui – à seulement 36 ans – montait les échelons à une vitesse impressionnante.
J'allais dire "ah donc c'est Anna qui va nous expliquer comment il s'est fait virer de la Brigade" mais non, c'est plus tard ça
Pas ce genre de « couvertures », Black, efface-moi ce sourire.
Mais SIRIUS!!!!! :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
- Ca permet de prendre l'apparence de quelqu'un d'autre, non ? se souvint Remus.
Ca me tue qu'ils soient passûrs, c'est tellement évident pour nous :lol: Mais bon c'est la seule potion qu'on connaît avec l'amortentia

Y a un truc que je pige pas dans les règles. Ils sont deux, et y a forcément l'un des deux qui prend le Polynectar. Donc bah on sait que Sirius est James est vice versa ?
Bref, je comprendrai peut-être mieux en lisant haha
Ils se précipitèrent vers la cuisine, manquant de se heurter au chambranle dans leur précipitation et Lily eut l'air désespéré. Dans son fauteuil, Gideon renversa même la tête en arrière en soupirant.

- On est sûrs que c'est ça qu'on veut envoyer face aux mangemorts ? marmonna-t-il.
Je meurs ils sont tellement bêtes :lol: :lol: :lol:
Elle écarquilla en voyant revenir deux James Potter.
Okay j'ai compris du coup c'est bon :lol:
- Ah arrêtez ça, je vais en avoir des cauchemars, dit Lily.
Va en embrasser un Lily, si l'autre ne réagit pas c'est que c'était le bon :lol:
Le goût de la glace qu'on a mangé le soir où tu m'as embrassé pour la première fois ?

- Citron, clamèrent-ils de concert.
Ce moment où Lily va se rendre compte qu'il cafte tout à ses potes
- Qu'est-ce que tu comptes faire ? lui demanda-t-il, mal assuré.
MDR est-ce que j'avais raison? :lol: :lol: :lol:
Avec un sourire enjôleur, elle se pencha lentement jusqu'à être si proche de lui qu'elle n'avait qu'à se hisser sur la pointe des pieds pour l'embrasser.
Je me marre comme une baleine alors que Joseph est au téléphone avec une conversation sérieuse à côté :lol: :lol: :lol: :lol:
- Perdu pour Black et Potter !

Les deux garçons grognèrent, dépités.
C'est tellement déloyal en vrai :lol: :lol: :lol: :lol:
Evans et Pettigrew. Voyons si Evans est aussi douée en actrice qu'en détective. Vous avez cinq minutes !
Ca mé dégoûte d'imaginer l'un en l'autre je dois dire hahaha
Tu m'aimerais toujours si je ressemblais à un James fondu ?
ça fait clairement pas rêver :lol:
Ils attendirent un quart d'heure pendant lequel James et Dorcas se défièrent à marcher sur les mains le plus longtemps possible
Ils sont bêtes ou bien :lol: (oui, la réponse est qu'ils sont bêtes)
plutôt Lily et Lily.

- Potter, regarde, ton plus grand fantasme ! lança-t-il, goguenard.
Du coup il va embrasser Peter ? :lol:
- Hors de question que je prenne le risque d'embrasser Peter, décréta James, catégorique.
:lol: :lol: :lol: :lol:
- Baignoire !

L'effet fut presque immédiat. Après quelques secondes le temps que tout le monde comprenne, une des Lily cligna des yeux, perplexe, tandis que l'autre s'empourpra avec force, l'air choqué.
Mais QUE SE PASSE T IL :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Je suis morte cette scène est tellement absurde, c'est trop drôle :lol: :lol: :lol:

Ah je meurs, c'était excellent ! J'ai trop aimé cette idée, c'était vraiment bien pensé même si j'ai pas capté au début haha, mais j'étais peut-être pas assez concentrée ! C'était vraiment marrant en tout cas haha
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre VII : La fissure du doute

Ça allait bientôt faire une bonne quinzaine de minutes qu'Alexia était plantée devant la fenêtre de l'appartement, sa nièce Ellie dans les bras, à regarder la pluie tomber. Et à guetter l'arrivée d'une moto conduit par son idiot de copain qui ne savait visiblement pas lire une pendule. Du moins, elle espérait qu'il n'avait juste pas vu passer l'heure... En ce moment, elle avait l'impression que les attaques ou les disparitions étaient quotidiennes et Sirius était une cible de choix à plus d'un titre.

Anxieuse, elle réajuste sa prise sur Ellie en chuchotant des paroles réconfortantes qui lui étaient davantage adressées à elle-même, puis lorgna sa baguette posée sur le rebord de fenêtre. Elle pouvait toujours envoyer un patronus à Lily au cas où, juste pour s'assurer que Sirius était bien reparti du QG. Elle se fustigea aussitôt. Si elle commençait à tomber dans la paranoïa maintenant, elle finirait comme Maugrey d'ici un mois et autant dire qu'elle avait d'autres ambitions.

A l'extérieur, le vent changea de direction et la pluie vint s'écraser contre les vitres, brouillant sa vision. Le temps estival avait pourtant été vaillant mais il fallait croire qu'avec le mois de septembre mourrait également l'été. Elle soupira.

- Si ça continue, on va finir en tête à tête toi et moi, murmura-t-elle à Ellie. Hum ? T'es contente d'être avec tata ? Oui ?

Pour toute réponse, sa nièce ouvrit à peine ses yeux – les mêmes grands yeux bruns que Sarah – et Alexia sentit son cœur fondre. Elle n'avait pourtant jamais particulièrement aimé les enfants. Elle les trouvait mignons, comme tout le monde, mais elle ne s'était jamais illustrée par une volonté forte d'en avoir elle-même. Les médecins lui avaient de toute façon assez recommandés de ne pas tomber enceinte tout de suite, pas tant que sa maladie ne serait pas suffisamment stabilisée. Mais l'arrivée d'Ellie l'avait fait changer de perspective. Pas pour elle-même, pas encore et certainement pas en pleine guerre, mais elle avait découvert un amour dont elle ne se serait pas crue capable : un amour presque maternel, un amour né de l'émotion de voir sa grande sœur devenir mère. Elle se revoyait encore à la maternité lorsque la sage-femme lui avait mis Ellie pour la première fois dans les bras. Sa poitrine avait failli exploser tant la vague d'émotion avait été forte, même si le trophée du meilleur moment revenait à sa mère qui avait purement et simplement fondu en larmes en tenant contre elle son premier petit enfant. Nile, le mari de Sarah, ne se lassait pas de raconter l'histoire. Ils n'avaient de toute façon eu le droit qu'à quelques minutes avec Ellie, née prématurée, avant qu'elle ne reparte en couveuse. Sarah et Nile avaient opté pour un hôpital moldu afin de ne pas compliquer les choses pour la famille de ce dernier et Alexia devait reconnaître que la médecine moldu n'avait rien à envier à celle sorcière sur les pratiques médicales communes entre les deux mondes. Et s'il y avait bien une chose qui restait universelle, c'était donner la vie.

De toute façon, plus les choses avançaient et plus Alexia voyait bien que sa sœur prenait le chemin qu'avait suivi leur propre mère : sorcière mariée à un moldu, elle se fondait de plus en plus dans leur monde au point de délaisser progressivement la magie. Elle essayait de ne pas juger Sarah. Vraiment, elle essayait... Mais elle ne pouvait pas se résoudre à la comprendre. Peut-être que c'était dû à leur presque neuf ans de différence, mais lors du divorce de ses parents, Alexia avait subi de plein fouet les disputes et la vision de sa famille qui volait en éclat. A tout juste 7 ans à l'époque, elle n'avait pas tout compris, mais être enfermée à la maison avait été difficile à vivre, même si elle avait eu son frère avec elle. Sarah, elle, avait vécu le divorce autrement : loin de tout à Poudlard, elle avait justement mal vécu de ne rien pouvoir faire, enfermée dans le mythique château sorcier. Quelques années plus tard, les rôles s'étaient inversés à l'arrivée de leur beau-père, Charles Harkness. Sarah avait tenu à être présente, accueillant le moldu qui avait redonné un semblant de normalité à leur famille, là où Alexia s'était accrochée à Poudlard pour ne pas perdre pied devant cet homme qui tentait de remplacer son père. Ce n'était pas son statut de moldu qui l'avait dérangé. Après tout, son père en était déjà un et elle n'avait jamais eu honte de ses origines sang-mêlé. Mais Charles avait eu beaucoup plus de mal à accepter le magie, à tel point que sa mère avait décidé de s'en éloigner par amour pour lui. Alexia se rendait bien compte qu'elle avait encore du mal à lui pardonner, même aujourd'hui, et que même si Sarah et Nile étaient complètement différents, sa sœur reproduisait le même schéma.

- C'est pas grave, souffla-t-elle à Ellie, j'ensorcèlerai tes peluches pour les faire voler. Je serai ta tata sorcière, on va s'amuser toutes les deux. Je t'apprendrai à faire de la magie, hum ? Et tonton Mathieu t'apprendra à faire du Quidditch.

- Pitié, ne la laisse pas entre les mains du « capitaine Cassidy », il va la traumatiser.

La voix dans son dos la fit sursauter si vivement qu'elle resserra sa prise un peu trop vivement autour d'Ellie et la petite émit un cri pleurnichard.

- Mille gorgones, Sirius ! s'écria-t-elle. Préviens la prochaine fois, je tiens un bébé dans les bras bon sang ! Si je l'avais lâché...

- Oh arrête, tu ne l'aurais pas lâché, elle est attachée dans tes bras dès qu'elle est là, répliqua-t-il en enlevant sa veste qui était en train de mettre de l'eau partout autour de lui. (Il traversa la pièce et s'avança jusqu'à elle). Salut Ellie, dit-il à voix basse avant de lui caresser la joue du bout du doigt. Je ne savais pas que tu serais là ce soir.

- Sarah m'a demandé de la garder pour passer la soirée avec Nile et des amis...

- Et t'as dit oui ? Alors qu'on devait passer la soirée ensemble nous aussi ?

Le ton n'était pas accusateur, mais elle sentait bien qu'il n'était pas ravi non plus malgré son attachement à Ellie. Elle lui fit une grimace d'excuse.

- Je ne voulais qu'elle soit gardée par ma mère et Charles, avoua-t-elle. Il est effrayé que sa magie se manifeste... Comme si ça risquait d'arriver, elle a deux mois bon sang.

- Et les parents de Nile ?

- Je sais, je sais, ils auraient pu mais... Ils sont moldus, Sirius, j'ai toujours peur que si des mangemorts arrivent...

- On a jeté des sorts de protection autour de leur maison pour ça !

- Je sais, répéta-t-elle, mais j'ai jamais l'esprit tranquille quand elle est là-bas. Je suis désolée, d'accord ? Mais je n'étais même pas sûre que tu reviennes à l'appartement.

Il haussa un sourcil. Autour de son visage, ses cheveux noirs – qui lui arrivaient maintenant au menton puisqu'il ne les avait pas coupé depuis la sixième année – étaient perlés de gouttes de pluie.

- Pourquoi je ne serais pas revenu ? dit-il, perplexe. On avait dit qu'on se verrait ce soir.

- Parce que la dernière fois t'avais oublié ?

- Non, la dernière fois Fabian a programmé un entraînement à la dernière minute et je suis resté ensuite plus longtemps avec James que prévu, c'est vrai, mais je suis venu !

- Il était presque minuit !

- C'est pas si tard, t'as pas quatre-vingts ans...

- Non, mais j'ai un boulot auquel je dois être à huit heures le matin.

Le « contrairement à toi » était fortement sous-entendu. Elle n'en voulait pas à Sirius de ne pas avoir à travailler, se reposant pour l'instant sur la fortune que lui avait légué son oncle Alphard, mais elle trouvait agaçante sa manie d'oublier que ce n'était pas le cas de tout le monde. Et elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser aussi de lui envoyer ça à la figure alors même qu'il la laissait habiter son appartement à mi-temps quand elle n'était pas chez sa mère ou au QG sans lui demander de participation pour le loyer.

En face d'elle, l'expression de Sirius se crispa d'ailleurs et elle enchaîna avant qu'ils ne commencent à vraiment se disputer :

- Pardon, je retire, dit-elle. Allez, s'il te plait, je n'ai pas envie que l'un de nous parte en claquant la porte alors que c'est notre première soirée ensemble depuis une éternité. En plus, il pleut, on aurait l'air idiot tous les deux.

Sa touche d'humour parut faire effet : Sirius se détendit. D'un geste de la main, il balaya leur début de dispute et tendit les bras, résigné.

- Très bien, Ellie peut rester. Passe la moi au moins.

- Eh c'est ma nièce !

- Elle m'adore !

- Tu parles, elle ouvre à peine les yeux. Non, recule ! se récria-t-elle en riant. Sirius, t'es trempé !

- C'est juste un peu d'eau !

- Elle va attraper froid ! Ah !

Dans un éclat de rire, elle se détourna pour ne pas se prendre les gouttes d'eau glaciales que Sirius envoyait vers elle alors qu'il s'ébrouait comme un chien mouillé. Il sourit, l'air fier de lui, et elle attrapa une de ses mèches ébènes entre ses doigts.

- Ils sont vraiment longs, remarqua-t-elle.

- Je sais. Ça fait un moment que je veux les couper, j'ai juste jamais le temps. Gideon me les a tirés la semaine dernière à l'entraînement de combat rapprocher, ça faisait un mal de chien.

A nouveau, il sourit comme s'il venait de faire une blague qu'il était le seul à comprendre et elle déposa Ellie dans le berceau derrière elle avant de se retourner.

- Je peux te les couper, proposa-t-elle spontanément.

- Toi ? (Il fit une moue sceptique). Rappelles quand est-ce que t'as suivi des cours de coiffure à Poudlard ?

- Très drôle. Saches que je coupais ses cheveux à Lily parfois !

- Hum, ça explique beaucoup de choses...

- Sirius !

Elle lui donna une tape sur le bras, indignée, et il éclata d'un grand rire grave semblable à un aboiement. Il leva les mains en signe de paix.

- Désolé, désolé ! Tu sais quoi ? Pourquoi pas. Mais me loupe pas !

- Promis !

Avant de lui donner une chance de changer d'avis, elle se rua vers la cuisine et se saisit d'un ciseau qui traînait dans un tiroir, puis fit un crochet dans la salle de main pour prendre un peigne.

- Viens là ! héla-t-elle à travers l'appartement. Il faut que tu te mouilles les cheveux !

- Je viens de prendre la pluie !

- Mais ils ont déjà séchés ! Allez !

En grommelant, il la rejoignit après avoir mis en marche le mobile au-dessus du berceau d'Ellie d'un coup de baguette. Les chouettes et les dragons accrochés dessus s'animèrent, tournant au-dessus de sa tête, et sa nièce émit un babillement intelligible.

Sans cérémonie, Sirius se pencha et passa sa tête sous le jet du robinet. Quand il se redressa, ses cheveux pendaient de chaque côté de son visage et il frissonna en sentant l'eau dégouliner le long de sa nuque. Alexia lui indiqua de s'assoir sur la chaise qu'elle venait de tirer.

- Enlève ton t-shirt, enjoignit-elle, le col est trempé.

- Je croyais que tu devais me couper les cheveux, pas qu'on passait à ce genre d'activité tout de suite.

Elle roula des yeux devant son rictus goguenard.

- T'es pire qu'un gamin, dit-elle en lui en lui enlevant elle-même son t-shirt, hissée sur la pointe des pieds. Pas alors que Ellie est là. Et pas cette semaine en fait si tu vois ce que je veux dire.

En écho à ses paroles, elle sentit une crampe légère lui tordre le bas-ventre, comme souvent les premiers jours de ses règles et, comme souvent également, Sirius se détourna, mal à l'aise. Elle l'avait déjà remarqué, mais même s'il ne disait rien ouvertement, le sujet le déstabilisait. Elle supposait que c'était le cas de beaucoup d'hommes et que c'était d'autant plus compréhensible dans son cas, lui qui avait été élevé dans une famille traditionnelle avec un frère où ce genre de sujet restait tabou. Chez elle, les femmes avaient été un supériorité numérique, ce qui avait aidé, mais elle doutait que Walburga Black ait pris la peine de parler de ce genre de choses à ses fils.

- Allez assieds-toi, dit-elle pour lui épargner de devoir trouver une réponse. Et ne bouge plus, je ne voudrais pas te couper une oreille.

- Ouais, elles me sont utiles.

- Pour t'écouter parler certainement.

Il se contenta d'émettre un rire étouffé mais se tint tranquille. Concentrée, elle se mit au travail. Le début était facile, elle coupa les pointes à grands coups pour raccourcir et très vite le sol fut jonché de mèches noirs à ses pieds. Elle fredonna en continuant.

- Alors ? Comment s'est passé l'entraînement ? demanda-t-elle après quelques minutes d'un silence confortable.

- Bien... Edgard Bones est passé. Apparemment, le Mangenmagot s'enlise dans des affaires impossibles. Plusieurs personnes sont suspectées d'aider les mangemorts, mais ils n'ont pas assez de preuves pour les condamner. La sœur d'Edgard, Amelia, lui envoie des tonnes de dossiers mais il dit qu'il ne peut rien faire.

- Pas surprenant... Il doit être épuisé avec son fils qui vient de naître. Rien que garder Ellie de temps en temps m'épuise, j'ose même pas imaginer...

- Hum... Je ne suis pas sûr qu'il soit souvent chez lui. Sa femme est encore en arrêt maternité heureusement.

- Heureusement, ça dépend pour qui, commenta-t-elle. J'ai l'impression d'entendre Maugrey râler de l'absence de Cassie Bones toutes les deux minutes.

- Le départ à la retraite de Fleamont est dur à encaisser je pense.

Même s'il ne pouvait pas la voir, elle hocha la tête en accord.

- T'as des nouvelles d'ailleurs ? voulut-elle savoir. De Fleamont et Euphemia ?

- Un peu. James est passé les voir hier. Fleamont est de plus en plus faible, il a dû mal à descendre les escaliers. Euphemia est moins atteinte pour l'instant, mais ça peut aller vite.

Dans sa voix mal assurée, Alexia entendit toute sa détresse et elle lui pressa l'épaule doucement, consciente que le sort des Potter n'étai plus qu'une question de mois. Elle comprenait mieux que personne la détresse face à la maladie, face à une mort inarrêtable malgré l'amour des proches. Fleamont et Euphemia étaient comme des parents de substitutions pour Sirius et elle sentait à mesure que le temps passait que leur mort allait l'atteindre avec une force que personne n'anticipait véritablement.

- Et Edgar ? reprit-elle en revenant au sujet premier. Il est passé pour quoi ?

- Oh pour superviser l'entraînement des Prewett. J'ai fait un duel contre lui.

- Et alors ?

- Je me suis fait battre à plat de couture.

Elle sourit, peu étonnée.

- Mais il nous a laissé essayer sa pipe à James et moi ! ajouta-t-il, enthousiaste. Et tu savais que son fils était pressenti pour être capitaine l'année prochaine ?

- Matthew Bones ? Mais Adrian Connelly est le joueur le plus âgé et le plus expérimenté de l'équipe, ça devrait être lui, non ?

- Apparemment, Connelly voudra se concentrer sur ses Aspics. Mais je ne m'inquiète pas, Bones peut faire un bon capitaine.

- S'il arrive à trouver des bons joueurs, oui, sûrement...

Elle n'avait joué qu'une année dans la même équipe que Matthew Bones avant d'arrêter le Quidditch, incapable de suivre le rythme à cause de sa maladie, mais elle avait toujours bien aimé ce gamin sûr de lui et brillant devant de ses buts. Enfin toujours aimé... Intérieurement, elle ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir encore aujourd'hui de l'avoir retenu au Trois Balais pendant l'attaque de Pré-au-Lard. Elle se souvenait de sa prise autour de sa taille alors qu'elle se débattait, impuissante, pour rejoindre Sirius encore dehors sous les assauts. James avait refusé qu'elle vienne avec lui pour aller le chercher et avant qu'elle ne comprenne ce qui se passait, il avait fait signe à Matthew Bones pour qu'il la retienne. Leur différence d'âge n'avait pas fait grand-chose : même avec ses trois ans de moins, il avait eu plus de force qu'elle. Un souvenir humiliant et traumatisant. Si un gamin de treize ans à l'époque avait pu la surpasser, qu'est-ce que ça disait d'elle maintenant ? Au moment où un mangemort se dresserait-elle devant elle, la faiblesse de son corps pourrait la trahir à nouveau et son cœur s'accéléra rien qu'à cette idée.

Elle avait dû se figer un peu trop longtemps à cette pensée car Sirius finit par se retourner à moitié, préoccupé.

- Alex ? appela-t-il. Ça va ? Tu m'as loupé et t'oses pas me le dire, c'est ça ?

- Quoi ? lâcha-t-elle en sortant enfin de sa transe. Oh non, non, t'en fais pas. J'ai presque terminé. Reste tranquille.

- T'es sûre ?

- Hum.

D'un geste ferme, elle le saisit par les épaules pour le remettre en place et il se laissa faire. Elle venait de terminer de couper les cheveux récalcitrants à la base de sa nuque quand il se décida à briser le silence à nouveau :

- Alex ? Sérieux, qu'est-ce qui se passe dans ta tête ? En ce moment, j'ai l'impression de ne pas arriver à comprendre.

- Seulement en ce moment ?

Sa tentative d'humour ne détourna malheureusement pas son attention.

- Allez princesse, s'il te plait...

Elle déglutit. Dernièrement, ce surnom se faisait plus rare et elle sentit son ventre et sa poitrine y répondre en se comprimant dans une émotion familière que seul Sirius arrivait à provoquer chez elle.

- Ce n'est rien, minimisa-t-elle. Je repensais juste à l'attaque de Pré-au-Lard pour être honnête.

- A Pré-au-Lard ? Pourquoi ?

- Je repensais à Matthew Bones pour être précise. James lui avait demandé de me garder au Trois Balais avant de repartir pour te chercher... Je voulais venir avec lui et il ne m'a pas laissé.

- C'était pour te protéger, défendit Sirius.

Une pointe d'agacement la transperça et elle donna un coup de ciseau plus brusque que les autres.

- Et moi ? Je ne voulais pas vous protéger tous les deux peut-être ? rétorqua-t-elle. Il n'aurait pas fait ça à Lily ou Dorcas. D'ailleurs, il ne l'a pas fait avec Lily. Il n'arrête pas de répéter que c'est grâce à elle qu'il s'en est sorti ce jour-là. (Elle battit des cils, refusant de se mettre à pleurer). Et moi j'étais coincée dans un café stupide alors que des mangemorts...

- Ce n'étaient pas des vrais mangemorts, coupa-t-il. C'étaient la bande de Rosier qui s'amusait à terroriser un village.

- En majorité peut-être, il y en avait trois ou quatre dans le lot. Celui qui t'a attaqué notamment.

Au souvenir de Sirius dans son lit d'infirmerie, inconscient, ses mains se mirent à trembler une seconde. Ils avaient été en froid à ce moment-là et elle s'était sentie tellement démunie, comme si elle n'avait pas eu le droit d'être à son chevet alors même que James refusait de le quitter. Sirius devait aussi se rappeler de cette période – et du chantage qu'elle avait fait subir à Remus et qu'elle regrettait encore aujourd'hui – car ses épaules se tendirent.

- Je m'en suis sorti, dit-il finalement. Fin de l'histoire.

- Si tu le dis... N'empêche que James ne me croyait pas capable d'affronter les mangemorts, j'ai été maîtrisé par un troisième année et t'as été blessé. Si ça se trouve, ça va se reproduire.

- Mais de quoi tu parles ?

Cette fois-ci, il se retourna franchement. Elle le laissa faire. De toute façon, elle avait terminé sa coupe de cheveux, il faudrait simplement qu'il enlève les mèches humides qui étaient restées accrochées contre sa peau au niveau de son cou. Face à face, il accrocha son regard et elle se fit la réflexion que le gris de ses prunelles paraissaient presque de la même couleur que le ciel d'orage à l'extérieur.

- Je parles du fait que ça commence à m'inquiéter... avoua-t-elle, soudain nerveuse de lui révéler ce qui la rongeait en partie depuis des semaines. Je loupe des entraînements parce qu'on ne me laisse pas participer aux combats physiques ou à certaines épreuves et vous progressez tous alors que moi je suis coincée au Ministère à jouer les secrétaires. (Elle inspira un souffle tremblant). Qu'est-ce qui se passera le jour où j'aurais des mangemorts en face de moi ? Je n'ai jamais brillé par mes capacités magiques ni par ma force physique.

- Alex...

- Tu sais que pendant l'attaque de Pré-au-Lard Matthew Bones a réussi à me retenir donc ? Et que Julian Shelton, son meilleur ami, jetait mieux des sortilèges de défenses autour des Trois Balais pour aider à protéger les clients que moi ? Ils étaient en troisième année ! Je n'ai...

Sirius leva les mains et haussa la voix pour l'interrompre.

- Alex, écoute-moi. Ça ne veut rien dire. Tu savais que Bones ne te ferait aucun mal, tu n'as pas cherché à vraiment te battre contre lui. Et si je me souviens bien, Shelton était une sorte de prodige en sortilèges. Te comparer à lui est idiot...

- Idiot ? J'étais en sixième année, j'aurais dû...

- Tu étais paniquée parce que la moitié de tes amis étaient dehors, comme tu l'as dit ! James et Lily venaient d'échapper à un mangemort, c'était une situation angoissante, et tu ne pensais juste pas à lancer des sorts de protection à ce moment-là, c'est tout. Laisse tomber Pré-au-Lard, c'était il y a deux ans ! Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'Ordre, c'est réussir à se battre contre Tu-Sais-Qui.

- Justement Sirius ! Justement ! Si... si je n'y arrive pas ? Si j'en suis incapable ?

Elle vit clairement l'instant où le visage de Sirius se ferma. Anxieuse, elle serra ses bras contre son ventre, comme si ça pouvait suffire à apaiser ses soubresauts, et elle se fustigea d'avoir évoqué ses doutes ce soir.

Lily avait eu tort. Sirius ne pouvait pas comprendre parce qu'il faisait partie de ces personnes qui ne doutaient jamais de rien. Il était comme James à cet égard. Trop Gryffondor dans le mauvais sens du terme. Sirius s'était construit sur cette croyance indéfectible qu'il ne pouvait pas échouer à se battre contre la magie noire : s'il flanchait, c'était sa famille qui gagnait. Et s'il y avait bien une chose que Sirius refusait, c'était de laisser le triomphe au Black et à ce qu'ils représentaient.

Alors il n'avait jamais douté. Il avait été le premier à affirmer qu'il s'engagerait dans l'Ordre, sans l'ombre d'une hésitation, parce qu'il savait qu'il pouvait se battre. C'était une autre facette qu'il prenait pour acquise. Sirius était un grand sorcier. Quand il ne prétendait pas le contraire à enchaîner les heures de colles, il était doué en magie et tous leurs professeurs l'avaient reconnu d'où leur affection pour lui malgré son comportement. Alexia avait assez vu l'air mi-exaspéré mi-fier de McGonagall pour le savoir. Mais Sirius avait un défaut : parfois il se laissait prendre par son ego – typiquement Black – et oubliait que les autres n'avaient pas ses facilités. Alexia détestait lui rappeler parce qu'elle ne supportait paraître moindre face à lui, mais la réalité la rattrapait devant l'imminence de la guerre.

- C'est ce que ce que tu crois ? demanda-t-il après un silence étouffant. Que t'en es incapable ?

- Je... honnêtement je ne sais pas... Et je ne dis pas ça parce que j'ai peur ou que je ne veux pas me battre, d'accord ? Je dis ça parce que ce... c'est une réalité. Les mangemorts ne sont pas tous comme Mulciber qui savait à peine tenir sa baguette sans Avery pour lui montrer. Ils ont une puissance magique incroyable.

- Alors quoi ? On arrête de lutter parce que certains sont meilleurs que nous ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais lutter contre eux ne suffit pas, il faut réussir à les arrêter. Et ça, je ne suis pas sûre d'en être capable. Ce n'est pas une question de volonté, c'est une question de réalité.

L'aveu lui brûla la langue et la conscience. Elle se rendait bien compte qu'il ne voulait pas entendre ça, pas alors que leur entraînement n'était même pas terminé, mais elle ne pouvait plus garder ses peurs pour elle. Malgré tout, en voyant l'expression sur son visage, elle se retint de parler de Dorcas. Ça serait l'étincelle de trop.

- Je crois que tu oublies quelque chose, Alex, déclara-t-il alors d'une voix plus calme à ce qu'elle se serait attendue. Personne ne te demande d'aller te battre contre les mangemorts toute seule. A vrai dire, personne ne te demande de te battre tout court. Je sais qu'on se concentre beaucoup sur cet aspect de l'Ordre avec les autres, mais Emmeline nous le rappelle assez : il y des missions tout aussi importante. Des informations à chercher, des gens à surveiller, des ressources à trouver. Il y a pleins de façons de lutter. Et tu ne seras jamais seule pour le faire. On sera tous avec toi. (Il hésita une seconde puis ajouta dans un murmure). Je serai avec toi, princesse.

Elle ferma les yeux. Sirius ne faisait pas souvent de grandes déclarations. Ce n'était pas dans son caractère, il gardait une certaine pudeur vis-à-vis de ses émotions héritée de son enfance contrairement à quelqu'un comme James qui n'hésitait pas à clamer haut et fort ses sentiments. Un aveu comme celui-ci, même si elle le savait bien avant qu'il lui dise, lui apporta plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Parce qu'elle avait eu besoin de l'entendre à voix haute.

Sans hésiter, elle combla la distance entre eux et il enroula ses bras autour d'elle immédiatement tandis qu'elle enfouissait son visage contre son torse. Ça lui fit presque étrange un moment de ne plus sentir les cheveux longs de Sirius lui frôler la peau, mais elle chassa l'impression bien vite.

- Merci... murmura-t-elle.

- De quoi ? De te rassurer ? Plutôt normal si tu veux mon avis.

- Non, d'être là. Je sais que c'était pas vraiment la soirée prévue, mais merci... (Elle releva la tête doucement pour le regarder). Et encore désolée, ajouta-t-elle par réflexe.

Il roula des yeux.

- Encore une fois : de quoi ? D'avoir peur ? Ce qui m'inquiéterait, ça serait l'inverse.

- Mais toi t'as pas peur...

Dès que les mots lui échappèrent, elle se trouva puérile et elle détourna le regard. C'était évident que ce n'était pas vrai, mais elle le ressentait tellement comme tel que l'idée était difficile à occulter.

- On va juste dire que je n'ai pas les mêmes peurs que toi, objecta-t-il.

- Comment ça ?

Il ne répondit pas immédiatement. Elle sentait ses muscles se tendre contre elle et elle reconnut la retenue qui scellait ses lèvres à cet instant car elle avait été dans la même position il y a quelques minutes. Pour lui laisser le temps de trouver les mots, elle s'éloigna un peu et vérifia qu'Ellie allait bien dans son berceau. Sa petite nièce dormait, poing fermés de chaque côté de sa tête. A la maison, elle avait une photo de sa sœur, bébé, dans la même position et c'est en pensant à Sarah qu'elle comprit soudain.

- C'est Regulus, c'est ça ? souffla-t-elle en restant dos à lui. T'as peur pour lui...

Un silence passa entre eux, le temps d'un battement de cœur, avant que Sirius ne réponde :

- Pour lui, oui un peu... J'ai surtout peur pour moi en vrai. C'est égoïste non ?

- C'est-à-dire pour toi ?

Il déglutit.

- J'ai peur de ne pas arriver à l'affronter, avoua-t-il, l'air presque honteux. A chaque fois que je dis que j'en ai fini avec lui ou les Black, c'est Regulus qui me fait craquer. Je sais qu'il est trop tard et que je ne pourrais rien faire, mais... C'est plus fort que moi. Cet imbécile va nous faire tuer tous les deux.

- Ne dis pas ça, protesta-t-elle d'une voix sourde. Ce n'est peut-être pas encore perdu. Marlène disait...

- Non, même Marlène a abandonné. C'est dire. (Il expira dans un rire dépourvu d'humour). Soyons réalistes, si Marlène n'a pas réussi avec toute sa compassion, je n'ai aucune chance. De toute façon je m'énerve dès que je le vois... dès que je le voyais plutôt. Et je ne me fais aucune illusion : il est seul à Poudlard maintenant. Bellatrix, les Lestrange et Rosier ont la voie libre pour l'enfoncer encore plus profondément dans la magie noire.

- Tu ne peux pas faire de choix à sa place.

- Je sais, je sais...

Pendant une seconde, il parut abattu, puis il secoua la tête comme pour chasser son frère de son esprit.

- Mais Marlène a raison de passer à autre chose, reprit-il. T'as des nouvelles d'ailleurs de ce qui se passe avec Benjy ?

Alexia sourit, amusée.

- T'es la pire commère du groupe, dit-elle en riant. Mais oui, elle m'a un peu raconté. Elle a eu un deuxième rendez-vous avec lui.

- Quoi ? Et tu m'as rien dit ?

- Je n'ai pas eu le temps ! Mais ça s'est bien passé. Ils sont retournés boire un verre et ils ont même mangé ensemble cette fois. Marlène est encore un peu nerveuse, mais c'est parce que Benjy est... impressionnant. Il est venu la chercher dans son uniforme de la Brigade Magique.

- Carrément ? Il a fait ça pour lui en mettre plein la vue, c'est sûr.

- On est d'accord ! C'est ce que lui ai dit !

La conversation, si simple et triviale, chassa ses dernières inquiétudes et ils s'assirent tous les deux sur le canapé que Sirius avait trouvé en début d'été dans un magasin qui liquidait son stock. Face à face les jambes croisés devant eux, elle pouvait mieux observer son visage avec sa nouvelle coupe de cheveux qui dégageait ses traits aristocrates. Il avait l'air plus mature comme ça, moins insolent aussi, et elle décida qu'elle ne s'en était pas trop mal sorti.

- Maintenant ça va être à ton tour d'aller parler à Benjy, exigea-t-elle. Pour savoir ce qu'il veut vraiment à Marlène.

- Est-ce qu'elle sait ce qu'elle veut elle ?

- Honnêtement ? Je ne suis pas sûre. Mais je pense qu'elle sait ce dont elle ne veut pas et c'est une nouvelle relation impossible ou un coup d'un soir.

Sirius hocha la tête, pensif. La mention de son frère le replongea un instant dans une vague mélancolie avant qu'il ne change de sujet, prenant des nouvelles de ses collègues de travail au Ministère. Elle joua le jeu. Elle savait que ce n'était que temporaire et que le sujet reviendrait le hanter dans un avenir proche, mais ils ne pouvaient rien y faire ni l'un ni l'autre. Les doutes étaient comme des fissures qui venaient craqueler une façade bien en place, un masque supposé faire face à la guerre et aux angoisses qui se cachaient sous la surface. Et elle commençait à comprendre que les fissures ne faisaient que commencer à apparaître...

***************************

Chapitre un peu plus lourd que les précédents, mais il était temps aussi ! J'ai bien aimé me concentrer sur le couple Sirius/Alexia (on n'a pas de nom de couple hyper établi pour eux non ? allez au boulot !) et j'espère que vous avez aimé !

Prochain chapitre dans deux semaines, comme d'habitude ^^
naomiiiz

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par naomiiiz »

ANNAAAAA JE VAIS HURLER.....
JE LISAIS ATDM QUAND J'ÉTAIS EN SECONDE.... J'AI FINI COMME LA MOITIÉ DE CE FORUM EN : PRÉPA (ecs btw)... PTN, J'AVAIS COMMENCÉ NEXT GEN QUAND J'ÉTAIS EN 4E..... je suis trop trop contente que tu fasses un tome 3... (je voulais t'envoyer un mp, mais je sais plus comment on fait ??? ça fait tellement lgt que je suis pas venue su bookNode..
BREF, je lirais tout ce que j'ai manqué ce soir !!! mais je veux carrément être prévenue pour la suite !!!!
omg je m'en remets pas... retour inespéré !!! 🤎
j'aimerais bien t'ajouter sur instant !! (c'est quoi ton @ + je te donne le mieeeen en mp si j'arrive à trouver comme on fait mdrrr)
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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

naomiiiz a écrit : ven. 21 janv., 2022 12:10 pm ANNAAAAA JE VAIS HURLER.....
JE LISAIS ATDM QUAND J'ÉTAIS EN SECONDE.... J'AI FINI COMME LA MOITIÉ DE CE FORUM EN : PRÉPA (ecs btw)... PTN, J'AVAIS COMMENCÉ NEXT GEN QUAND J'ÉTAIS EN 4E..... je suis trop trop contente que tu fasses un tome 3... (je voulais t'envoyer un mp, mais je sais plus comment on fait ??? ça fait tellement lgt que je suis pas venue su bookNode..
BREF, je lirais tout ce que j'ai manqué ce soir !!! mais je veux carrément être prévenue pour la suite !!!!
omg je m'en remets pas... retour inespéré !!! 🤎
j'aimerais bien t'ajouter sur instant !! (c'est quoi ton @ + je te donne le mieeeen en mp si j'arrive à trouver comme on fait mdrrr)
Haha j'aime ce retour nostalgique ! Nan mais ça fait trop bizarre aussi pour moi, j'ai commencé au lycée et maintenant ça y est j'ai fi,i mes études ^^
Alors vu le peu de monde qu'il y a sur Booknopde maintenant je ne préviens plus, mais je poste une fois toutes les deux semaines en alterné avec mon autre fanfic dans le même univers HP/timeline que ATDM, elle s'appelle L'héritage d'Ilvermorny si ça te tente !
Pas de problème, on insta c'est @annabethfan15, envoie moi un MP dessus et je t'ajouterai haha!
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

annabethfan a écrit : mar. 11 janv., 2022 8:29 pm Je tiens à dire qu'il y a des petits voisins qui sont à la recherche d'une sorcière dans le jardin (sisi) et l'un d'eux est en train de gueuler "C EST DE LA POUDRE D ESCAMPEEEETTE!!!!"
Chapitre VII : La fissure du doute

Ça allait bientôt faire une bonne quinzaine de minutes qu'Alexia était plantée devant la fenêtre de l'appartement, sa nièce Ellie dans les bras, à regarder la pluie tomber. Et à guetter l'arrivée d'une moto conduit par son idiot de copain Oupsy qui ne savait visiblement pas lire une pendule. Du moins, elle espérait qu'il n'avait juste pas vu passer l'heure Ca se saurait... En ce moment, elle avait l'impression que les attaques ou les disparitions étaient quotidiennes et Sirius était une cible de choix à plus d'un titre. Ah okay donc elle est quand même plus inquiète que saoulée!

Anxieuse, elle réajuste sa prise sur Ellie en chuchotant des paroles réconfortantes qui lui étaient davantage adressées à elle-même, puis lorgna sa baguette posée sur le rebord de fenêtre. Elle pouvait toujours envoyer un patronus à Lily au cas où, juste pour s'assurer que Sirius était bien reparti du QG. Elle se fustigea aussitôt. Si elle commençait à tomber dans la paranoïa maintenant, elle finirait comme Maugrey d'ici un mois et autant dire qu'elle avait d'autres ambitions. ETONNANT

A l'extérieur, le vent changea de direction et la pluie vint s'écraser contre les vitres, brouillant sa vision. Le temps estival avait pourtant été vaillant mais il fallait croire qu'avec le mois de septembre mourrait également l'été. Elle soupira.

- Si ça continue, on va finir en tête à tête toi et moi, murmura-t-elle à Ellie. Hum ? T'es contente d'être avec tata ? Oui ?

Pour toute réponse, sa nièce ouvrit à peine ses yeux – les mêmes grands yeux bruns que Sarah – et Alexia sentit son cœur fondre. Elle n'avait pourtant jamais particulièrement aimé les enfants. Elle les trouvait mignons, comme tout le monde Oh, et encore :lol: , mais elle ne s'était jamais illustrée par une volonté forte d'en avoir elle-même. Les médecins lui avaient de toute façon assez recommandés de ne pas tomber enceinte tout de suite, pas tant que sa maladie ne serait pas suffisamment stabilisée. Mais l'arrivée d'Ellie l'avait fait changer de perspective. Pas pour elle-même, pas encore et certainement pas en pleine guerre, mais elle avait découvert un amour dont elle ne se serait pas crue capable : un amour presque maternel, un amour né de l'émotion de voir sa grande sœur devenir mère. Elle se revoyait encore à la maternité lorsque la sage-femme lui avait mis Ellie pour la première fois dans les bras. Sa poitrine avait failli exploser tant la vague d'émotion avait été forte, même si le trophée du meilleur moment revenait à sa mère qui avait purement et simplement fondu en larmes en tenant contre elle son premier petit enfant MOOOOOOW. Nile, le mari de Sarah, ne se lassait pas de raconter l'histoire. Ils n'avaient de toute façon eu le droit qu'à quelques minutes avec Ellie, née prématurée, avant qu'elle ne reparte en couveuse. Sarah et Nile avaient opté pour un hôpital moldu afin de ne pas compliquer les choses pour la famille de ce dernier et Alexia devait reconnaître que la médecine moldu n'avait rien à envier à celle sorcière sur les pratiques médicales communes entre les deux mondes. Ah ben ça, je pense même qu'on s'en sort mieux Et s'il y avait bien une chose qui restait universelle, c'était donner la vie.

De toute façon, plus les choses avançaient et plus Alexia voyait bien que sa sœur prenait le chemin qu'avait suivi leur propre mère : sorcière mariée à un moldu, elle se fondait de plus en plus dans leur monde au point de délaisser progressivement la magie. Elle essayait de ne pas juger Sarah. Vraiment, elle essayait... Mais elle ne pouvait pas se résoudre à la comprendre. Peut-être que c'était dû à leur presque neuf ans de différence, mais lors du divorce de ses parents, Alexia avait subi de plein fouet les disputes et la vision de sa famille qui volait en éclat. A tout juste 7 ans à l'époque, elle n'avait pas tout compris, mais être enfermée à la maison avait été difficile à vivre, même si elle avait eu son frère avec elle. Sarah, elle, avait vécu le divorce autrement : loin de tout à Poudlard, elle avait justement mal vécu de ne rien pouvoir faire, enfermée dans le mythique château sorcier J'avoue, ça devait être super moche. Quelques années plus tard, les rôles s'étaient inversés à l'arrivée de leur beau-père, Charles Harkness. Sarah avait tenu à être présente, accueillant le moldu qui avait redonné un semblant de normalité à leur famille, là où Alexia s'était accrochée à Poudlard pour ne pas perdre pied devant cet homme qui tentait de remplacer son père. Ce n'était pas son statut de moldu qui l'avait dérangé. Après tout, son père en était déjà un et elle n'avait jamais eu honte de ses origines sang-mêlé. Mais Charles avait eu beaucoup plus de mal à accepter le magie, à tel point que sa mère avait décidé de s'en éloigner par amour pour lui. Alexia se rendait bien compte qu'elle avait encore du mal à lui pardonner, même aujourd'hui, et que même si Sarah et Nile étaient complètement différents, sa sœur reproduisait le même schéma.

- C'est pas grave, souffla-t-elle à Ellie, j'ensorcèlerai tes peluches pour les faire voler. Je serai ta tata sorcière, on va s'amuser toutes les deux. Je t'apprendrai à faire de la magie, hum ? Oui j'allais dire, a priori les enfants ont toutes les chances d'être magiques Et tonton Mathieu t'apprendra à faire du Quidditch.

- Pitié, ne la laisse pas entre les mains du « capitaine Cassidy », il va la traumatiser.

La voix dans son dos la fit sursauter si vivement qu'elle resserra sa prise un peu trop vivement autour d'Ellie et la petite émit un cri pleurnichard.

- Mille gorgones, Sirius ! s'écria-t-elle. Préviens la prochaine fois, je tiens un bébé dans les bras bon sang ! Si je l'avais lâché... En vrai je doute que ce soit le réflexe :lol:

- Oh arrête, tu ne l'aurais pas lâché, elle est attachée dans tes bras dès qu'elle est là, répliqua-t-il en enlevant sa veste qui était en train de mettre de l'eau partout autour de lui. (Il traversa la pièce et s'avança jusqu'à elle). Salut Ellie, dit-il à voix basse avant de lui caresser la joue du bout du doigt. Je ne savais pas que tu serais là ce soir.

- Sarah m'a demandé de la garder pour passer la soirée avec Nile et des amis...

- Et t'as dit oui ? Alors qu'on devait passer la soirée ensemble nous aussi ?

Le ton n'était pas accusateur, mais elle sentait bien qu'il n'était pas ravi non plus malgré son attachement à Ellie. Elle lui fit une grimace d'excuse.

- Je ne voulais qu'elle soit gardée par ma mère et Charles, avoua-t-elle. Il est effrayé que sa magie se manifeste... Comme si ça risquait d'arriver, elle a deux mois bon sang.

- Et les parents de Nile ?

- Je sais, je sais, ils auraient pu mais... Ils sont moldus, Sirius, j'ai toujours peur que si des mangemorts arrivent...

- On a jeté des sorts de protection autour de leur maison pour ça !

- Je sais, répéta-t-elle, mais j'ai jamais l'esprit tranquille quand elle est là-bas. Je suis désolée, d'accord ? Mais je n'étais même pas sûre que tu reviennes à l'appartement. Calme toi Sirius, à 2 mois elle va pas franchement ruiner ta soirée

Il haussa un sourcil. Autour de son visage, ses cheveux noirs – qui lui arrivaient maintenant au menton puisqu'il ne les avait pas coupé depuis la sixième année – étaient perlés de gouttes de pluie.

- Pourquoi je ne serais pas revenu ? dit-il, perplexe. On avait dit qu'on se verrait ce soir.

- Parce que la dernière fois t'avais oublié ?

- Non, la dernière fois Fabian a programmé un entraînement à la dernière minute et je suis resté ensuite plus longtemps avec James que prévu, c'est vrai, mais je suis venu !

- Il était presque minuit !

- C'est pas si tard, t'as pas quatre-vingts ans...

- Non, mais j'ai un boulot auquel je dois être à huit heures le matin. On dirait Jo et moi pouahahah

Le « contrairement à toi » était fortement sous-entendu. Elle n'en voulait pas à Sirius de ne pas avoir à travailler, se reposant pour l'instant sur la fortune que lui avait légué son oncle Alphard, mais elle trouvait agaçante sa manie d'oublier que ce n'était pas le cas de tout le monde. Et elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser aussi de lui envoyer ça à la figure alors même qu'il la laissait habiter son appartement à mi-temps quand elle n'était pas chez sa mère ou au QG sans lui demander de participation pour le loyer.

En face d'elle, l'expression de Sirius se crispa d'ailleurs et elle enchaîna avant qu'ils ne commencent à vraiment se disputer :

- Pardon, je retire, dit-elle. Allez, s'il te plait, je n'ai pas envie que l'un de nous parte en claquant la porte alors que c'est notre première soirée ensemble depuis une éternité. En plus, il pleut, on aurait l'air idiot tous les deux.

Sa touche d'humour parut faire effet : Sirius se détendit. D'un geste de la main, il balaya leur début de dispute et tendit les bras, résigné.

- Très bien, Ellie peut rester. Passe la moi au moins. Il allait pas la déposer par terre dans la rue non plus :lol:

- Eh c'est ma nièce !

- Elle m'adore !

- Tu parles, elle ouvre à peine les yeux. Non, recule ! se récria-t-elle en riant. Sirius, t'es trempé !

- C'est juste un peu d'eau !

- Elle va attraper froid ! Ah !

Dans un éclat de rire, elle se détourna pour ne pas se prendre les gouttes d'eau glaciales que Sirius envoyait vers elle alors qu'il s'ébrouait comme un chien mouillé. Il sourit, l'air fier de lui, et elle attrapa une de ses mèches ébènes entre ses doigts.

- Ils sont vraiment longs, remarqua-t-elle.

- Je sais. Ça fait un moment que je veux les couper, j'ai juste jamais le temps. Gideon me les a tirés la semaine dernière à l'entraînement de combat rapprocher, ça faisait un mal de chien. C'est vrai qu'elle sait pas, c'est chaud quand même

A nouveau, il sourit comme s'il venait de faire une blague qu'il était le seul à comprendre et elle déposa Ellie dans le berceau derrière elle avant de se retourner.

- Je peux te les couper, proposa-t-elle spontanément.

- Toi ? (Il fit une moue sceptique). Rappelles quand est-ce que t'as suivi des cours de coiffure à Poudlard ?

- Très drôle. Saches que je coupais ses cheveux à Lily parfois !

- Hum, ça explique beaucoup de choses... Sympa :lol:

- Sirius !

Elle lui donna une tape sur le bras, indignée, et il éclata d'un grand rire grave semblable à un aboiement. Il leva les mains en signe de paix.

- Désolé, désolé ! Tu sais quoi ? Pourquoi pas. Mais me loupe pas !

- Promis !

Avant de lui donner une chance de changer d'avis, elle se rua vers la cuisine et se saisit d'un ciseau D UNE PAIRE DE CISEAUX MARION qui traînait dans un tiroir, puis fit un crochet dans la salle de main pour prendre un peigne.

- Viens là ! héla-t-elle à travers l'appartement. Il faut que tu te mouilles les cheveux !

- Je viens de prendre la pluie !

- Mais ils ont déjà séchés ! Allez !

En grommelant, il la rejoignit après avoir mis en marche le mobile au-dessus du berceau d'Ellie d'un coup de baguette. Les chouettes et les dragons accrochés dessus s'animèrent, tournant au-dessus de sa tête, et sa nièce émit un babillement intelligible.

Sans cérémonie, Sirius se pencha et passa sa tête sous le jet du robinet. Quand il se redressa, ses cheveux pendaient de chaque côté de son visage et il frissonna en sentant l'eau dégouliner le long de sa nuque. Alexia lui indiqua de s'assoir sur la chaise qu'elle venait de tirer.

- Enlève ton t-shirt, enjoignit-elle, le col est trempé.

- Je croyais que tu devais me couper les cheveux, pas qu'on passait à ce genre d'activité tout de suite. Qu'il est bête :lol:

Elle roula des yeux devant son rictus goguenard.

- T'es pire qu'un gamin, dit-elle en lui en lui enlevant elle-même son t-shirt, hissée sur la pointe des pieds. Pas alors que Ellie est là. Et pas cette semaine en fait si tu vois ce que je veux dire.

En écho à ses paroles, elle sentit une crampe légère lui tordre le bas-ventre, comme souvent les premiers jours de ses règles et, comme souvent également, Sirius se détourna, mal à l'aise. Elle l'avait déjà remarqué, mais même s'il ne disait rien ouvertement, le sujet le déstabilisait. Elle supposait que c'était le cas de beaucoup d'hommes et que c'était d'autant plus compréhensible dans son cas, lui qui avait été élevé dans une famille traditionnelle avec un frère où ce genre de sujet restait tabou. Chez elle, les femmes avaient été un supériorité numérique, ce qui avait aidé, mais elle doutait que Walburga Black ait pris la peine de parler de ce genre de choses à ses fils. Ptdr j'imagine la conversation

- Allez assieds-toi, dit-elle pour lui épargner de devoir trouver une réponse. Et ne bouge plus, je ne voudrais pas te couper une oreille.

- Ouais, elles me sont utiles.

- Pour t'écouter parler certainement.

Il se contenta d'émettre un rire étouffé mais se tint tranquille. Concentrée, elle se mit au travail. Le début était facile, elle coupa les pointes à grands coups pour raccourcir et très vite le sol fut jonché de mèches noirs à ses pieds. Elle fredonna en continuant.

- Alors ? Comment s'est passé l'entraînement ? demanda-t-elle après quelques minutes d'un silence confortable.

- Bien... Edgard Bones est passé. Apparemment, le Mangenmagot s'enlise dans des affaires impossibles. Plusieurs personnes sont suspectées d'aider les mangemorts, mais ils n'ont pas assez de preuves pour les condamner. La sœur d'Edgard, Amelia, lui envoie des tonnes de dossiers mais il dit qu'il ne peut rien faire.

- Pas surprenant... Il doit être épuisé avec son fils qui vient de naître. Rien que garder Ellie de temps en temps m'épuise, j'ose même pas imaginer...

- Hum... Je ne suis pas sûr qu'il soit souvent chez lui. Sa femme est encore en arrêt maternité heureusement.

- Heureusement, ça dépend pour qui, commenta-t-elle. J'ai l'impression d'entendre Maugrey râler de l'absence de Cassie Bones toutes les deux minutes.

- Le départ à la retraite de Fleamont est dur à encaisser je pense.

Même s'il ne pouvait pas la voir, elle hocha la tête en accord.

- T'as des nouvelles d'ailleurs ? voulut-elle savoir. De Fleamont et Euphemia ?

- Un peu. James est passé les voir hier. Fleamont est de plus en plus faible, il a dû mal à descendre les escaliers. Euphemia est moins atteinte pour l'instant, mais ça peut aller vite. Nooooooooooooooooooooooooooooooon

Dans sa voix mal assurée, Alexia entendit toute sa détresse et elle lui pressa l'épaule doucement, consciente que le sort des Potter n'étai plus qu'une question de mois. Elle comprenait mieux que personne la détresse face à la maladie, face à une mort inarrêtable malgré l'amour des proches. Fleamont et Euphemia étaient comme des parents de substitutions pour Sirius et elle sentait à mesure que le temps passait que leur mort allait l'atteindre avec une force que personne n'anticipait véritablement.

- Et Edgar ? reprit-elle en revenant au sujet premier. Il est passé pour quoi ?

- Oh pour superviser l'entraînement des Prewett. J'ai fait un duel contre lui.

- Et alors ?

- Je me suis fait battre à plat de couture.

Elle sourit, peu étonnée.

- Mais il nous a laissé essayer sa pipe à James et moi ! Gé-nial :lol: Ils sont chelous ajouta-t-il, enthousiaste. Et tu savais que son fils était pressenti pour être capitaine l'année prochaine ?

- Matthew Bones ? Mais Adrian Connelly est le joueur le plus âgé et le plus expérimenté de l'équipe, ça devrait être lui, non ?

- Apparemment, Connelly voudra se concentrer sur ses Aspics. Mais je ne m'inquiète pas, Bones peut faire un bon capitaine.

- S'il arrive à trouver des bons joueurs, oui, sûrement...

Elle n'avait joué qu'une année dans la même équipe que Matthew Bones avant d'arrêter le Quidditch, incapable de suivre le rythme à cause de sa maladie, mais elle avait toujours bien aimé ce gamin sûr de lui et brillant devant de ses buts. Enfin toujours aimé... Intérieurement, elle ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir encore aujourd'hui de l'avoir retenu au Trois Balais pendant l'attaque de Pré-au-Lard. Elle se souvenait de sa prise autour de sa taille alors qu'elle se débattait, impuissante, pour rejoindre Sirius encore dehors sous les assauts whaaaaaaat est-ce que c'était dans la version originale ou tu l'as modifié ? J'ai aucun souvenir de l'identité de la personne qui retenait Alexia, mais sans doute parce que Matthew Bones voulait pas dire grand chose pour moi à l'époque haha. James avait refusé qu'elle vienne avec lui pour aller le chercher et avant qu'elle ne comprenne ce qui se passait, il avait fait signe à Matthew Bones pour qu'il la retienne. Leur différence d'âge n'avait pas fait grand-chose : même avec ses trois ans de moins, il avait eu plus de force qu'elle. Un souvenir humiliant et traumatisant. Si un gamin de treize ans à l'époque avait pu la surpasser, qu'est-ce que ça disait d'elle maintenant ? Au moment où un mangemort se dresserait-elle devant elle, la faiblesse de son corps pourrait la trahir à nouveau et son cœur s'accéléra rien qu'à cette idée.

Elle avait dû se figer un peu trop longtemps à cette pensée car Sirius finit par se retourner à moitié, préoccupé.

- Alex ? appela-t-il. Ça va ? Tu m'as loupé et t'oses pas me le dire, c'est ça ?

- Quoi ? lâcha-t-elle en sortant enfin de sa transe. Oh non, non, t'en fais pas. J'ai presque terminé. Reste tranquille.

- T'es sûre ?

- Hum.

D'un geste ferme, elle le saisit par les épaules pour le remettre en place et il se laissa faire. Elle venait de terminer de couper les cheveux récalcitrants à la base de sa nuque quand il se décida à briser le silence à nouveau :

- Alex ? Sérieux, qu'est-ce qui se passe dans ta tête ? En ce moment, j'ai l'impression de ne pas arriver à comprendre.

- Seulement en ce moment ?

Sa tentative d'humour ne détourna malheureusement pas son attention.

- Allez princesse, s'il te plait...

Elle déglutit. Dernièrement, ce surnom se faisait plus rare et elle sentit son ventre et sa poitrine y répondre en se comprimant dans une émotion familière que seul Sirius arrivait à provoquer chez elle.

- Ce n'est rien, minimisa-t-elle. Je repensais juste à l'attaque de Pré-au-Lard pour être honnête.

- A Pré-au-Lard ? Pourquoi ?

- Je repensais à Matthew Bones pour être précise. James lui avait demandé de me garder au Trois Balais avant de repartir pour te chercher... Je voulais venir avec lui et il ne m'a pas laissé.

- C'était pour te protéger, défendit Sirius.

Une pointe d'agacement la transperça et elle donna un coup de ciseau plus brusque que les autres.

- Et moi ? Je ne voulais pas vous protéger tous les deux peut-être ? rétorqua-t-elle. Il n'aurait pas fait ça à Lily ou Dorcas. D'ailleurs, il ne l'a pas fait avec Lily. Il n'arrête pas de répéter que c'est grâce à elle qu'il s'en est sorti ce jour-là. (Elle battit des cils, refusant de se mettre à pleurer). Et moi j'étais coincée dans un café stupide alors que des mangemorts...

- Ce n'étaient pas des vrais mangemorts, coupa-t-il. C'étaient la bande de Rosier qui s'amusait à terroriser un village.

- En majorité peut-être, il y en avait trois ou quatre dans le lot. Celui qui t'a attaqué notamment.

Au souvenir de Sirius dans son lit d'infirmerie, inconscient, ses mains se mirent à trembler une seconde. Ils avaient été en froid à ce moment-là et elle s'était sentie tellement démunie, comme si elle n'avait pas eu le droit d'être à son chevet alors même que James refusait de le quitter. Sirius devait aussi se rappeler de cette période – et du chantage qu'elle avait fait subir à Remus et qu'elle regrettait encore aujourd'hui – car ses épaules se tendirent.

- Je m'en suis sorti, dit-il finalement. Fin de l'histoire.

- Si tu le dis... N'empêche que James ne me croyait pas capable d'affronter les mangemorts, j'ai été maîtrisé par un troisième année et t'as été blessé. Si ça se trouve, ça va se reproduire.

- Mais de quoi tu parles ?

Cette fois-ci, il se retourna franchement. Elle le laissa faire. De toute façon, elle avait terminé sa coupe de cheveux, il faudrait simplement qu'il enlève les mèches humides qui étaient restées accrochées contre sa peau au niveau de son cou. Face à face, il accrocha son regard et elle se fit la réflexion que le gris de ses prunelles paraissaient presque de la même couleur que le ciel d'orage à l'extérieur.

- Je parles du fait que ça commence à m'inquiéter... avoua-t-elle, soudain nerveuse de lui révéler ce qui la rongeait en partie depuis des semaines. Je loupe des entraînements parce qu'on ne me laisse pas participer aux combats physiques ou à certaines épreuves et vous progressez tous alors que moi je suis coincée au Ministère à jouer les secrétaires. (Elle inspira un souffle tremblant). Qu'est-ce qui se passera le jour où j'aurais des mangemorts en face de moi ? Je n'ai jamais brillé par mes capacités magiques ni par ma force physique. C'est sûr que c'est un peu flippant. La vraie question c'est : est-ce que quelqu'un compte vraiment la laisser se battre un jour ?

- Alex...

- Tu sais que pendant l'attaque de Pré-au-Lard Matthew Bones a réussi à me retenir donc ? Et que Julian Shelton, son meilleur ami, jetait mieux des sortilèges de défenses autour des Trois Balais pour aider à protéger les clients que moi ? Ils étaient en troisième année ! Okay donc tout ça tu l'as rajouté :lol: Je n'ai...

Sirius leva les mains et haussa la voix pour l'interrompre.

- Alex, écoute-moi. Ça ne veut rien dire. Tu savais que Bones ne te ferait aucun mal, tu n'as pas cherché à vraiment te battre contre lui. Et si je me souviens bien, Shelton était une sorte de prodige en sortilèges. Te comparer à lui est idiot...

- Idiot ? J'étais en sixième année, j'aurais dû...

- Tu étais paniquée parce que la moitié de tes amis étaient dehors, comme tu l'as dit ! James et Lily venaient d'échapper à un mangemort, c'était une situation angoissante, et tu ne pensais juste pas à lancer des sorts de protection à ce moment-là, c'est tout. Laisse tomber Pré-au-Lard, c'était il y a deux ans ! Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'Ordre, c'est réussir à se battre contre Tu-Sais-Qui.

- Justement Sirius ! Justement ! Si... si je n'y arrive pas ? Si j'en suis incapable ?

Elle vit clairement l'instant où le visage de Sirius se ferma. Anxieuse, elle serra ses bras contre son ventre, comme si ça pouvait suffire à apaiser ses soubresauts, et elle se fustigea d'avoir évoqué ses doutes ce soir.

Lily avait eu tort. Sirius ne pouvait pas comprendre parce qu'il faisait partie de ces personnes qui ne doutaient jamais de rien. Il était comme James à cet égard. Trop Gryffondor dans le mauvais sens du terme. Sirius s'était construit sur cette croyance indéfectible qu'il ne pouvait pas échouer à se battre contre la magie noire : s'il flanchait, c'était sa famille qui gagnait. Et s'il y avait bien une chose que Sirius refusait, c'était de laisser le triomphe au Black et à ce qu'ils représentaient.

Alors il n'avait jamais douté. Il avait été le premier à affirmer qu'il s'engagerait dans l'Ordre, sans l'ombre d'une hésitation, parce qu'il savait qu'il pouvait se battre. C'était une autre facette qu'il prenait pour acquise. Sirius était un grand sorcier. Quand il ne prétendait pas le contraire à enchaîner les heures de colles, il était doué en magie et tous leurs professeurs l'avaient reconnu d'où leur affection pour lui malgré son comportement. Alexia avait assez vu l'air mi-exaspéré mi-fier de McGonagall pour le savoir. Mais Sirius avait un défaut : parfois il se laissait prendre par son ego – typiquement Black – et oubliait que les autres n'avaient pas ses facilités. Alexia détestait lui rappeler parce qu'elle ne supportait paraître moindre face à lui, mais la réalité la rattrapait devant l'imminence de la guerre.

- C'est ce que ce que tu crois ? demanda-t-il après un silence étouffant. Que t'en es incapable ? Ca m'énerve qu'il s'énerve pour ça alors que c'est une question de vie ou de mort et qu'elle a des raisons de douter. C'est pas qu'une question de manque de confiance sur sa coupe de cheveux quoi haha

- Je... honnêtement je ne sais pas... Et je ne dis pas ça parce que j'ai peur ou que je ne veux pas me battre, d'accord ? Je dis ça parce que ce... c'est une réalité. Les mangemorts ne sont pas tous comme Mulciber qui savait à peine tenir sa baguette sans Avery pour lui montrer. Ils ont une puissance magique incroyable.

- Alors quoi ? On arrête de lutter parce que certains sont meilleurs que nous ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais lutter contre eux ne suffit pas, il faut réussir à les arrêter. Et ça, je ne suis pas sûre d'en être capable. Ce n'est pas une question de volonté, c'est une question de réalité.

L'aveu lui brûla la langue et la conscience. Elle se rendait bien compte qu'il ne voulait pas entendre ça, pas alors que leur entraînement n'était même pas terminé, mais elle ne pouvait plus garder ses peurs pour elle. Malgré tout, en voyant l'expression sur son visage, elle se retint de parler de Dorcas. Ça serait l'étincelle de trop.

- Je crois que tu oublies quelque chose, Alex, déclara-t-il alors d'une voix plus calme à ce qu'elle se serait attendue. Personne ne te demande d'aller te battre contre les mangemorts toute seule. A vrai dire, personne ne te demande de te battre tout court. Je sais qu'on se concentre beaucoup sur cet aspect de l'Ordre avec les autres, mais Emmeline nous le rappelle assez : il y des missions tout aussi importante. Des informations à chercher, des gens à surveiller, des ressources à trouver. Il y a pleins de façons de lutter. Et tu ne seras jamais seule pour le faire. On sera tous avec toi. (Il hésita une seconde puis ajouta dans un murmure). Je serai avec toi, princesse. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH bah voilà, il se rattrape en fait :lol: Bon ça va, tu es pardonné Sirius, et je dirais même : BIEN PARLE

Elle ferma les yeux. Sirius ne faisait pas souvent de grandes déclarations. Ce n'était pas dans son caractère, il gardait une certaine pudeur vis-à-vis de ses émotions héritée de son enfance contrairement à quelqu'un comme James qui n'hésitait pas à clamer haut et fort ses sentiments. Un aveu comme celui-ci, même si elle le savait bien avant qu'il lui dise, lui apporta plus qu'il ne pouvait l'imaginer. Parce qu'elle avait eu besoin de l'entendre à voix haute.

Sans hésiter, elle combla la distance entre eux et il enroula ses bras autour d'elle immédiatement tandis qu'elle enfouissait son visage contre son torse. Ça lui fit presque étrange un moment de ne plus sentir les cheveux longs de Sirius lui frôler la peau, mais elle chassa l'impression bien vite.

- Merci... murmura-t-elle.

- De quoi ? De te rassurer ? Plutôt normal si tu veux mon avis.

- Non, d'être là. Je sais que c'était pas vraiment la soirée prévue, mais merci... (Elle releva la tête doucement pour le regarder). Et encore désolée, ajouta-t-elle par réflexe.

Il roula des yeux.

- Encore une fois : de quoi ? D'avoir peur ? Ce qui m'inquiéterait, ça serait l'inverse.

- Mais toi t'as pas peur...

Dès que les mots lui échappèrent, elle se trouva puérile et elle détourna le regard. C'était évident que ce n'était pas vrai, mais elle le ressentait tellement comme tel que l'idée était difficile à occulter.

- On va juste dire que je n'ai pas les mêmes peurs que toi, objecta-t-il.

- Comment ça ?

Il ne répondit pas immédiatement. Elle sentait ses muscles se tendre contre elle et elle reconnut la retenue qui scellait ses lèvres à cet instant car elle avait été dans la même position il y a quelques minutes. Pour lui laisser le temps de trouver les mots, elle s'éloigna un peu et vérifia qu'Ellie allait bien dans son berceau. Sa petite nièce dormait, poing fermés de chaque côté de sa tête. A la maison, elle avait une photo de sa sœur, bébé, dans la même position et c'est en pensant à Sarah qu'elle comprit soudain.

- C'est Regulus, c'est ça ? souffla-t-elle en restant dos à lui. T'as peur pour lui...

Un silence passa entre eux, le temps d'un battement de cœur, avant que Sirius ne réponde :

- Pour lui, oui un peu... J'ai surtout peur pour moi en vrai. C'est égoïste non ?

- C'est-à-dire pour toi ?

Il déglutit.

- J'ai peur de ne pas arriver à l'affronter, avoua-t-il, l'air presque honteux. A chaque fois que je dis que j'en ai fini avec lui ou les Black, c'est Regulus qui me fait craquer. Je sais qu'il est trop tard et que je ne pourrais rien faire, mais... C'est plus fort que moi. Cet imbécile va nous faire tuer tous les deux. Mooow Sirius T.T T.T T.T

- Ne dis pas ça, protesta-t-elle d'une voix sourde. Ce n'est peut-être pas encore perdu. Marlène disait...

- Non, même Marlène a abandonné. C'est dire. (Il expira dans un rire dépourvu d'humour). Soyons réalistes, si Marlène n'a pas réussi avec toute sa compassion, je n'ai aucune chance. De toute façon je m'énerve dès que je le vois... dès que je le voyais plutôt. Et je ne me fais aucune illusion : il est seul à Poudlard maintenant. Bellatrix, les Lestrange et Rosier ont la voie libre pour l'enfoncer encore plus profondément dans la magie noire.

- Tu ne peux pas faire de choix à sa place.

- Je sais, je sais...

Pendant une seconde, il parut abattu, puis il secoua la tête comme pour chasser son frère de son esprit.

- Mais Marlène a raison de passer à autre chose, reprit-il. T'as des nouvelles d'ailleurs de ce qui se passe avec Benjy ? Pouehehehe la question qui nous intéresse tous

Alexia sourit, amusée.

- T'es la pire commère du groupe, dit-elle en riant. Mais oui, elle m'a un peu raconté. Elle a eu un deuxième rendez-vous avec lui.

- Quoi ? Et tu m'as rien dit ?

- Je n'ai pas eu le temps ! Mais ça s'est bien passé. Ils sont retournés boire un verre et ils ont même mangé ensemble cette fois. Marlène est encore un peu nerveuse, mais c'est parce que Benjy est... impressionnant. Il est venu la chercher dans son uniforme de la Brigade Magique.

- Carrément ? Il a fait ça pour lui en mettre plein la vue, c'est sûr. #j'aimeL'Uniforme

- On est d'accord ! C'est ce que lui ai dit !

La conversation, si simple et triviale, chassa ses dernières inquiétudes et ils s'assirent tous les deux sur le canapé que Sirius avait trouvé en début d'été dans un magasin qui liquidait son stock. Face à face les jambes croisés devant eux, elle pouvait mieux observer son visage avec sa nouvelle coupe de cheveux qui dégageait ses traits aristocrates. Il avait l'air plus mature comme ça, moins insolent aussi, et elle décida qu'elle ne s'en était pas trop mal sorti.

- Maintenant ça va être à ton tour d'aller parler à Benjy, exigea-t-elle. Pour savoir ce qu'il veut vraiment à Marlène.

- Est-ce qu'elle sait ce qu'elle veut elle ?

- Honnêtement ? Je ne suis pas sûre. Mais je pense qu'elle sait ce dont elle ne veut pas et c'est une nouvelle relation impossible ou un coup d'un soir.

Sirius hocha la tête, pensif. La mention de son frère le replongea un instant dans une vague mélancolie avant qu'il ne change de sujet, prenant des nouvelles de ses collègues de travail au Ministère. Elle joua le jeu. Elle savait que ce n'était que temporaire et que le sujet reviendrait le hanter dans un avenir proche, mais ils ne pouvaient rien y faire ni l'un ni l'autre. Les doutes étaient comme des fissures qui venaient craqueler une façade bien en place, un masque supposé faire face à la guerre et aux angoisses qui se cachaient sous la surface. Et elle commençait à comprendre que les fissures ne faisaient que commencer à apparaître...

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Chapitre un peu plus lourd que les précédents, mais il était temps aussi ! J'ai bien aimé me concentrer sur le couple Sirius/Alexia (on n'a pas de nom de couple hyper établi pour eux non ? allez au boulot !) et j'espère que vous avez aimé !

Prochain chapitre dans deux semaines, comme d'habitude ^^
Siria ? Alexius ? Alexius !

C'était super intéressant de les voir dans une situation "normale", avoir cette discussion à coeur ouvert, avec les difficultés que ça peut représenter de se livrer. Je suis contente qu'il ait rassuré Alexia, même si comme tu le dis fort joliment à la fin, ça veut pas dire que ça a guéri ses doutes.
Le passage sur Reg, ça promeeeeeeeeeeet je te vois venir
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Le chapitre du jour voit le retour d'un personnage qui me tient à coeur comme vous le savez... Donc bonne lecture ;)

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Chapitre VIII : La guerre et la fleur


- Regulus ! T'es prêt ou tu me retrouves au stade ?

- J'arrive !

Agacé, Regulus donna un coup de pied dans son coffre au pied de son lit, incapable de remettre la main sur son écharpe verte et argent. Avec le mois d'octobre était revenu le vent écossais dans toute sa vigueur et il refusait de passer une heure dans les gradins à mourir de froid devant un match de Quidditch, surtout alors que sa maison ne jouait même pas. Pourtant, la voix empressée de Livia en haut de l'escalier le décida à sortir de son dortoir. Celui des garçons était un niveau en-dessous de celui des fille, lui-même en-dessous de leur salle commune, et il dut remonter les deux volées de marches avant de la retrouver.

Ses cheveux blonds tirés en queue de cheval, elle avait nouée par une attache en or sa cape sur ses épaules et ses yeux vert eau – presque semblable à la lueur que jetait le Lac Noir en été sur le sol de leur salle commune – le détaillèrent des pieds à la tête.

- Tu ne mets pas d'écharpe ? s'étonna-t-elle.

- Antonin a dû me la prendre. Encore. Laisse tomber.

Elle ne commenta pas davantage. Depuis le début de l'année, il trouvait de plus en plus difficile de lui parler et elle lui semblait distante, même s'il supposait qu'il devait renvoyer la même image. Il avait essayé de s'y préparer, mais il n'avait pas réalisé à quel point cette année allait être différente des précédentes et cette impression pesait sur tout le monde. Les couloirs et la Grande Salle paraissaient paradoxalement vides – alors même que le bruit des conversations de centaines d'élèves était toujours bien là – sans les Maraudeurs et les autres anciens septièmes années. C'était comme voir une page de Poudlard se tourner. Regulus avait cru qu'il aurait apprécié de ne plus avoir son frère dans son champ de vision tous les jours... Ce n'était finalement qu'à moitié vrai. Ne plus voir quotidiennement Sirius l'aidait à se détacher de lui, il le sentait bien, mais en même temps sa présence constante lui manquait. Tant qu'il avait eu Sirius avec lui, sa fugue de la maison n'avait pas été aussi radicale pour lui puisqu'il pouvait encore le voir. Cette fois-ci, il ne savait même pas s'il le reverrait avant dix ans.

Et il n'y avait pas que l'absence de Sirius qui lui pesait.

Il y avait surtout celle de Marlène.

Tous les jours, il se fustigeait de faire un détour pour passer devant leur ancien repère et tous les jours il empruntait pourtant le même chemin, incapable de passer la porte pour y entrer. Il ne voulait pas s'infliger la vision de cette salle sans Marlène à l'intérieur tout en sachant qu'ils ne s'y retrouvaient plus jamais tous les deux à réviser, discuter, ou dessiner à la craie sur le vieux tableau branlant.

Maintenant qu'il y pensait, son éloignement avec Livia était peut-être dû à ça aussi... Il ne savait pas exactement à quel point elle était au courant de sa relation avec Marlène et ils n'en avaient plus reparlé depuis le jour où elle lui avait avoué être au courant de ses « escapades avec une Gryffondor » grâce aux jumelles Zabini à qui rien n'échappait dans ce château. Seulement, cette discussion remontait à l'attaque de Pré-au-Lard quand ils étaient en cinquième année et ils n'étaient pas ensemble à cette époque. De toute façon, ils étaient ensemble sans l'être. Il s'en était bien rendu compte au fil des mois l'année dernière. Si Livia lui avait avoué ses sentiments, ils relevaient plus d'un attachement amical que d'un véritable amour, il en était persuadé. Ils s'embrassaient à peine, même s'ils passaient du temps ensemble, et ils n'avaient jamais vraiment pris la peine de poser les mots sur ce qu'ils étaient en train de devenir. Leur couple était une façade pour faire plaisir à leurs parents et leurs amis respectifs et à choisir Regulus préférait maintenir cette fameuse façade avec elle.

Quelques pas derrière Livia, il la suivit jusqu'au stade et la laissa monter dans les gradins pour prendre place. Ils retrouvèrent les sœurs Zabini et Antonin Dolohov déjà installé, une écharpe bien enroulée autour de son cou.

- T'as pas l'impression de m'avoir pris quelque chose ? fit Regulus à peine assis.

- Quoi ?

- Mon écharpe, Antonin !

- Ton... ? Oh ! C'est la tienne ?

Phyllida tira sur le bout de l'étoffe en lorgnant la laine, yeux plissés.

- Evidemment, espèce d'idiot, se moqua-t-elle. Regarde là, c'est l'emblème des Black. A moins que les Dolohov ait changé de blason, tu viens de commettre un vol.

- C'est bon, désolé. Ne me collez pas un procès.

Il entreprit de dérouler l'écharpe de son cou puis il l'a lui jeta par-dessus la tête de Livia. Regulus l'attrapa au vol. Le mouvement lui rappelait presque celui pour attraper un vif d'or et Dymphna dû avoir la même idée car elle se pencha, sa natte sombre lui frôlant l'épaule.

- Alors ? Qu'est-ce que ça fait d'être dans les gradins pour le premier match de l'année ?

- Etrange, répondit-il honnêtement. Mais ça ne me dérange pas. Je préfère vraiment affronter Gryffondor qu'une équipe réduite.

Ses amis hochèrent la tête en accord. Traditionnellement, le premier match qui ouvrait la saison de Quidditch à Poudlard voyait toujours s'affronter Gryffondor et Serpentard dans une rivalité séculaire, mais cette année le planning avait été modifié. Serdaigle et Poufsouffle seraient les premiers à jouer pour laisser le temps à Mary McDonald, nouvelle capitaine de Gryffondor à la suite de James Potter, de reconstituer son équipe bien entamée. Ils avaient perdu trois joueurs cette année : deux batteurs et un poursuiveur. Potter et Sirius étaient évidemment partis de Poudlard et le second batteur n'avait pas voulu poursuivre dans l'équipe, ce qui avait laissé Mary McDonald désemparée. En un mois, elle avait fait passer plusieurs essais mais n'était pas parvenue à remplacer tout le monde. Regulus le savait d'expérience : perde un joueur était déjà difficile, mais perde en plus un capitaine l'était d'autant plus. Il ne portait pas Potter dans son cœur, mais il devait avouer qu'il avait réussi à mener Gryffondor à la victoire deux années de suite avec panache à son plus grand agacement.

De toute façon, le changement de planning n'avait pas été fait que pour les Gryffondor. Serpentard avait accepté aussi pour la simple et bonne raison qu'ils étaient dans le même cas : l'équipe avait vu partir leur deux batteurs, Mulciber et Avery, et leur capitaine Lucinda Talkabot. Regulus regrettait déjà cette dernière. Avec ses yeux bleus glace et son autorité naturelle, Lucinda avait été une capitaine compétente, uniquement desservie par son statut de née-moldu qui lui avait explosé au visage l'année passée. La révélation, couplée à sa relation que tout le monde savait ambiguë avec Dorcas Meadowes, avait achevé de lui faire perdre le respect de beaucoup de personnes au sein de leur maison. Regulus mettait clairement leur défaite de l'année dernière sur ce compte.

- Bienvenue à tous ! lança soudain la voix de Tiberius Ackerley depuis sa tribune. Ne vous en faites pas, vous n'avez pas perdu la tête ni la notion du temps, la rencontre du jour va bien voir s'opposer Serdaigle et Poufsouffle ! Ne vous inquiétez pas non plus, personne n'a décidé d'éradiquer Gryffondor et Serpentard ils reviendront pour le prochain match.

En écho, les supporteurs marquèrent leur approbation en applaudissant. Regulus fut rassuré d'entendre que Tiberius commençait à retrouver sa joie de vivre coutumière, lui qui n'avait été que l'ombre de lui-même après la mort de sa sœur. Penser à Gemma lui donna pourtant la nausée, comme toujours, et il dût se raidir un peu brusquement car Livia lui coula un regard de biais.

- Toi aussi ça te fait étrange ? murmura-t-elle.

Il se figea.

- Quoi ?

- De revenir au stade... J'ai l'impression de revoir Yaxley et son épouvantard avec le corps de... enfin tu sais...

Sa voix l'abandonna et Regulus refoula la nouvelle vague de nausée qui déferla en lui. Evidemment que Livia parlait de la dernière épreuve du Tournoi et pas de sa cérémonie d'initiation dans les rangs des mangemorts. Mais entendre l'horreur qui perçait dans sa voix suffisait à le rendre malade. Il avait passé du temps avec des mangemorts cet été pourtant. Bellatrix l'avait emmené dans l'Allée des Embrumes acheter des objets emplis de magie noire pour le compte du Seigneur des Ténèbres et il l'avait même vu revenu avec ses lourdes boucles noires poissés de sang un soir de juillet. Il avait vu Malcom Yaxley jeter un sort de torture sur un elfe de maison pour s'entraîner. Mais tout le monde lui répétait que c'était pour la noble cause du Seigneur des Ténèbres et son esprit avait fini par mettre un filtre entre les horreurs auxquelles il assistait et sa raison. Personne ne pouvait arriver à changer les choses sans mesures extrêmes, c'était nécessaire... et presque fascinant. Cette fascination, il l'a percevait chez tous les mangemorts, il l'a voyait briller dans les yeux de Bellatrix, de Rogue ou des Carrow dès que le Seigneur des Ténèbres faisait usage de sa magie, si puissante qu'il avait l'impression de la ressentir. Mais malgré tout cela, Gemma Ackerley échappait au filtre... Elle était la seule qui le laissait éveillé la nuit, les yeux grands ouverts alors qu'il se remémorait le bruit de son corps s'écroulant sur le tapis ouvragé des Lestrange. Il revoyait son regard empli de crainte et de détermination mêlés : « Quand mon petit frère pleurera ma mort, ne détourne pas la tête. Tu seras responsable ».

- Regulus ? l'apostropha soudain Livia, sourcils froncés. Tu te sens bien ?

Il ne répondit pas, incapable d'articuler le moindre son. Il avait l'impression que sa gorge s'était emplie de particules, comme le jour où Sirius avait découvert la vérité et que le dégoût s'était peint sur ses traits.

- Regulus ? Eh ! Reg ?

Le surnom lui fit l'effet d'une gifle. Marlène l'appelait Reg. Sirius l'appelait Reg. Livia ne le faisait que lorsqu'elle pensait qu'il avait besoin de réconfort. De très loin, il entendit Tiberius commenter le match, signe que celui-ci avait commencé, mais il voyait à peine les silhouettes bleue et jaunes s'affronter dans le ciel.

- Je reviens, déclara-t-il d'une voix sans timbre. Garde-moi ma place.

- Quoi ?

Livia tenta de le retenir, mais il s'était déjà levé. D'un pas vif, il redescendit les marches des gradins sans se faire remarquer. Tout le monde était trop occupé à regarder Artemisia Meadowes filer à toute vitesse pour chercher le vif d'or et, même dans son état, il ne put ignorer le talent pur qui émanait de la troisième année si frêle. Au moment où il quittait le stade, il entendit même Matthew Bones, le gardien de Gryffondor, siffler d'admiration en mettant deux doigts dans sa bouche alors qu'un de ses amis de Serdaigle à côté de lui tressaillait face au bruit aiguë.

Regulus ne s'attarda pas davantage. Il contourna le stade, le vent de face, mais son esprit ne s'éclaircit pas pour autant. Le visage de Gemma Ackerley était imprimé dans sa rétine et son estomac se contracta à nouveau. Même si son fantôme ne l'avait jamais vraiment quitté, il n'avait plus ressenti sa présence au sein de sa conscience avec autant de force depuis l'année dernière, comme si l'évocation de l'épouvantard d'Elizabeth Yaxley avait réveillé quelque chose en lui.

Les jambes tremblantes, il s'arrêta finalement au milieu du parc et se laissa glisser à terre le long d'un tronc d'arbre. Avec un temps de retard, il leva la tête pour vérifier que ce n'était pas le saule cogneur, mais heureusement ce n'était qu'un simple pin. Il supposait qu'autrement il aurait déjà pris une branche en pleine figure de toute façon. Pour refouler sa nausée, il plaça son visage entre ses genoux et se mit à inspirer puis expirer lentement, une technique que lui avait donné Andromeda quand ils étaient enfants il y a longtemps. Il se souvenait l'avoir lui-même conseillé à Elizabeth alors qu'elle paniquait après sa fuite du stade lorsqu'il l'avait emmené dans son repère au canapé vert pour la cacher le temps d'aller chercher Sirius et la faire évader. L'ironie ne lui échappa pas : aujourd'hui c'était lui qui fuyait le stade à cause du souvenir de Gemma Ackerley.

Il n'était pas sûr que la distance suffise à lui échapper de toute façon.

**

*

- T'es sûr que tu vas mieux ? T'étais vraiment pâle hier et...

- Livia par Merlin arrête ! s'exclama Antonin Dolohov. Tu te prends pour sa mère ou quoi ?

Regulus retint une grimace alors que Phyllida ricanait.

- Ce n'est pas un compliment, lâcha-t-elle avant de lui jeter un faux regard d'excuse. Le prend pas mal, hum, mais ta mère est effrayante.

- Elle fait peur à tout le monde, je sais.

A part peut-être à Sirius qui s'était toujours fait un devoir de la faire enrager, pensa-t-il avec aigreur. Mais il n'ajouta rien de plus, laissant le soin à Phyllida et Antonin de débattre sur le comportement de Livia. Cette dernière les ignorait d'ailleurs, concentrée sur lui, et il veilla à garder l'expression la plus neutre possible.

Ils étaient tous en route pour Pré-au-Lard et Regulus s'était plus ou moins remis de sa crise de culpabilité de la veille pendant le match de Quidditch remporté contre toute attente par Poufsouffle. D'après ce qu'on lui avait raconté, Artemisia Meadowes avait attrapé le vif d'or, mais Serdaigle n'avait pas réussi à rattraper son retard en but après un triplé brillant de la poursuiveuse remplaçante de Poufsouffle, Charlotte Shelton. Dès qu'elle était rentrée du match, Livia ne l'avait plus lâché, l'air suspicieux malgré ses affirmations répétées que « oui, Liv, je vais bien par Merlin ». Il n'avait plus l'habitude de subir son inquiétude poussive. Marlène était généralement plus douce, plus compréhensive, et il s'en voulait de les comparer toutes les deux alors même qu'il admirait d'ordinaire la force de caractère de Livia. Le problème en ce moment c'est qu'il ne pouvait s'empêcher de reprocher à Livia tout ce qu'elle n'était pas – ou plutôt tout ce que Marlène était – car elle avait le désavantage d'être là contrairement à l'ancienne Gryffondor.

- Très bien, j'arrête, céda finalement Livia. On se retrouve plus tard ? Quand t'auras terminé avec tes cousines ?

Il se força à lui sourire.

- Je t'attendrai devant la Poste, promit-il. A tout à l'heure.

Il partit en direction des Trois Balais pendant que ses amis continuaient dans les ruelles de Pré-au-Lard. Il avait reçu en début de semaine une lettre de sa tante Druella qui l'informait qu'il était tenu de venir rejoindre Bella et Cissy à la sortie prévue dimanche pour parler « d'affaires familiales ». Autant dire qu'il avait haussé un sourcil.

Pourtant, lorsqu'il passa la porte du célèbre pub, il repéra bien ses deux cousines à une table, assises côte à côte. Il se fraya un chemin jusqu'à elles.

- Ah Regulus ! s'exclama Narcissa dès qu'elle l'aperçut. Viens, on t'a commandé un jus de citrouille !

Il faillit en rouler des yeux. Il supposait que pour sa famille, il ne cesserait jamais d'être le petit dernier même maintenant alors que sa majorité approchait. Sans commenter, il s'assied en face d'elles.

Pour lui qui était le portrait de son frère, c'était toujours déstabilisant de constater à quel point les deux sœurs étaient différentes. Bellatrix et Narcissa étaient des miroirs inversés : l'une avait la blondeur des Rosier, l'autre la chevelure sombre des Black ; l'une était une femme forte, l'autre la parfaite future épouse ; l'une était une guerrière consciente de ses talents magiques, l'autre une fleur consciente de sa beauté au même titre que la plante dont elle avait hérité le nom. Elles se retrouvaient seulement sur leur charisme naturelle et Regulus savait qu'elles se valaient autant l'une que l'autre contrairement à ce que les gens avaient tendance à croire.

- Désolée de t'avoir prévenu aussi tardivement, s'excusa Narcissa en étirant ses lèvres écarlates dans un sourire sincère. J'espère que tu n'avais rien de prévu pour aujourd'hui.

Il haussa les épaules.

- Pas vraiment. J'ai surtout été surpris que vous veniez.

Il était honnête. En maintenant plus de six ans à Poudlard, il pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il avait passé la journée avec ses cousines à Pré-au-Lard.

- C'était plus simple de discuter en personne, se justifia Narcissa. Les préparatifs pour les fiançailles prennent énormément de temps et tout le monde s'est dit que tu devais être tenu au courant en tant que... nouvel héritier. (Elle buta légèrement sur le mot, mais se reprit). Donc on a préférées se déplacer, c'est tout.

- Et tu ne pouvais pas m'informer par lettre ?

- Si, j'aurais pu. Mais... Bella avait aussi des choses à voir avec toi alors on s'est dit qu'on allait finalement venir toutes les deux.

La crispation de Narcissa n'échappa pas à Regulus. Il jeta un regard suspicieux vers Bellatrix qui n'avait toujours pas décroché un mot et qui pianotait du bout de ses longs ongles sur la table en bois des Trois Balais. Elle avait l'air d'un prédateur forcé au repos, son beau visage figé dans un masque de marbre.

- Quelles choses à voir avec moi ?

- Des affaires plus confidentielles, répondit-elle d'un ton solennel. Cissy, commence.

- D'accord. Bon, Regulus, comme tu le sais ma fête de fiançailles aura lieu le mois prochain chez les parents de Lucius. Ils nous remettront la clé du manoir pour l'occasion et on a environ deux cents invités.

- Deux cents ? s'étrangla-t-il.

- Il faut bien marquer l'évènement.

Regulus serra ses lèvres l'une contre l'autre pour ne pas commenter, même s'il trouvait déjà la fête bien trop extravagante. Il n'osait pas imaginer ce que serait le mariage. La fête de fiançailles de Bellatrix, en début d'été, avait été pourtant tout aussi extravagante et il aurait dû s'attendre à la même chose. Il avait juste pensé naïvement qu'en tant que troisième fille de sa fratrie, Narcissa n'aurait pas eu le droit au même faste, mais il supposait qu'avec les départs successif d'Andromeda et de Sirius, les Black devaient compenser pour réaffirmer leur puissance.

- Donc on fait la fête pour tes fiançailles 4 novembre et le mariage de Bellatrix le 10 décembre ? résuma-t-il.

- C'est ça. Les Lestrange ont accepté de prêter leur demeure dans le Sussex pour le faire. On a déjà prévenu Poudlard que tu devrais t'absenter et n'oublies pas que tu devras faire la troisième danse avec Bellatrix.

- Je sais...

En face de lui, Bellatrix trahit son agacement et il ne lui en voulut pas. Elle avait aussi peu hâte d'être à son mariage que Narcissa trépignait pour le sien. En même temps, elle avait reculé tant qu'elle avait pu mais à vingt-huit ans, il était inacceptable pour elle d'être une femme non mariée plus longtemps malgré son engagement auprès du Seigneur des Ténèbres. Il savait qu'elle n'était pas vraiment amoureuse de Rodolphus Lestrange, mais il lui assurait une situation convenable et surtout un lien privilégié au sein des mangemorts, cercle dans lequel il l'avait introduit il y a plusieurs années. Bellatrix ne laisserait rien lui coûter sa place au plus proche du Seigneur des Ténèbres, même si ça signifiait se marier.

- Pour les fiançailles, il faudrait que tu arrives la veille pour aider à préparer, continua Narcissa, imperturbable. Les elfes de maison vont s'occuper de tout bien sûr, mais il faudra renforcer les sortilèges autour du manoir Malefoy, assurer l'arrivée des invités, et faire quelques répétitions. Tu as bien ta cavalière ?

- Il faut vraiment que j'en ai une ?

Narcissa lui envoya un regard sévère sous ses longs cils.

- Tes parents insistent, dit-elle. Je crois que ta mère a évoqué la fille des Fawley ?

- Livia, oui... Elle doit être invitée de toute façon. Je viendrais avec elle. (Il songea brusquement aux noms qui devaient aussi figurer sur la liste des invités). Hum... Il y aura qui d'autres ?

- Je t'ai dit, plus de deux cents personnes, je ne vais pas tous te les citer.

- Mais dans les familles sang-purs je veux dire... Les McKinnon par exemple ?

Il prit soin de prendre un ton ennuyé, comme s'il avait choisi le nom au hasard, et ses cousines le dévisagèrent. Son cœur se mit à battre plus vite.

- Peut-être bien, finit par répondre Narcissa, perplexe. Oui, je crois qu'on leur a envoyé une invitation pour la forme, mais après ce qu'un des fils a osé dire sur oncle Orion l'année dernière je ne sais pas s'ils prendront la peine de venir.

- Hum...

Intérieurement, il maudit Benjamin McKinnon, le frère aîné de Marlène, qui avait accusé publiquement son père d'être un allié des mangemorts. Avec volonté, il se força à ne rien laisser paraître et Narcissa parut considérer que la question était close car elle changea de sujet, balayant l'air d'un geste élégant.

- Je voulais aussi te demander une faveur, dit-elle d'une voix mielleuse. Tu pourras jouer du piano pendant la soirée ?

- Moi ?

- Oui, tu as toujours été doué !

Moins qu'Andromeda, se retint-il d'objecter. Avec prudence, il décida d'amener le sujet.

- Je suppose qu'Andromeda et Sirius n'ont pas reçu d'invitation... ?

La réaction fut immédiate : Narcissa fronça le nez, contrariée, et Bellatrix se redressa avec furie.

- Certainement pas, cracha-t-elle, venimeuse. Les effacer de la tapisserie n'était pas un acte suffisant pour que tu comprennes qu'ils ne seraient plus invités ?

- Si, si, bien sûr... C'était juste de la curiosité.

- Et bien cesse d'être curieux.

- Et ne prononce surtout pas leur nom pendant la fête, prévint Narcissa. Je ne veux aucun scandale.

Il s'empressa d'hocher la tête. Bellatrix émit un claquement de langue agacé.

- Puisqu'on en parle quand même... Je voulais te demander si tu avais des nouvelles de Sirius justement.

- Des nouvelles de... Mais tu viens de dire qu'on ne devait plus leur parler. Ni parler d'eux.

- Je sais ce que j'ai dit, Regulus, s'impatienta-t-elle. Mais il y a des rumeurs qui courent et je veux m'assurer de quelque chose. Alors ? Il t'a contacté ?

- Non. Non, évidemment que non... Sirius me déteste, je ne vois pas pourquoi il prendrait la peine de me reparler maintenant qu'il n'est plus à Poudlard.

- Si tu crois qu'il te déteste, alors tu es naïf, répliqua Bellatrix avec dédain.

Il décida d'ignorer la remarque, tout autant que son ventre qui se contractait, et se concentra sur ce qu'elle venait de dire :

- Quelles rumeurs ? Il y a des rumeurs sur Sirius ?

Bellatrix et Narcissa échangèrent un regard chargé de sens. Regulus retint un juron. Il détestait être loin de tout à Poudlard et ne pas avoir conscience de ce qui se jouait pour sa famille en dehors du château. C'était comme s'il avait toujours un portoloin de retard sur tout le monde.

- Disons qu'on a des soupçons sur ses activités, lâcha Narcissa du bout des lèvres, mal à l'aise. Je ne suis pas au courant de tout, Lucius préfère que je ne m'implique pas, mais j'entends ce que les autres disent quand je viens lui rendre visite. Amycus Carrow en parlait encore mardi dernier...

- Cissy, parle moins fort, cingla Bellatrix. Ce n'est pas le lieu pour en parler.

Regulus se pencha vers elle.

- Mais je veux savoir, objecta-t-il à voix basse. J'ai le droit de savoir même, ajouta-t-il en touchant sa marque sous sa manche dans un geste mécanique. Quel genre d'activités, Bella ?

Un éclat de colère froide traversa ses prunelles grises alors qu'elle hésitait à répondre, comme toujours lorsque Sirius était mentionné dans une conversation, mais elle finit par céder.

- Disons que Dumbledore a réuni quelques-unes de ses... connaissances dernièrement. Ça fait déjà plus d'un an qu'il nous surveille et on a repéré certains de ses alliés au Bureau des Aurors ou au Ministère. Alastor Maugrey, Edgar Bones. Les frères Prewett aussi. Ils se sont donnés un nom.

- Lequel ?

- L'Ordre du Phénix, cracha-t-elle presque dans un souffle.

Regulus se mordit la joue. C'était bien un nom à la Dumbledore. La symbolique de l'oiseau ne lui échappa pas et il sentit la curiosité bouillonner en lui.

- Et qu'est-ce qu'ils font ?

- Pour l'instant pas grand-chose. Comme je te dis, ils nous surveillent principalement et ça nous ralenti. Les autorités deviennent suspicieuses avec ceux qui entourent le Maître. Caesar Yaxley a déjà subi deux perquisitions cet été. (Elle laissa courir sa baguette, tordue en une sorte de griffe menaçante, sur la surface de la table). On a aussi dû les affronter à plusieurs reprises. Si tu vois Gideon Prewett avec un nez tordu, il me le doit, ajouta-t-elle avec un sourire glacial.

- Bella, gronda Narcissa.

Elle jeta des coups d'œil nerveux autour d'eux, mais l'ambiance enthousiaste des Trois Balais noyaient le bruit des conversations dans un brouhaha incompréhensible.

- Et les rumeurs sur Sirius alors... reprit Regulus, un mauvais pressentiment dans la poitrine. Il ferait partie de cet Ordre ?

- Est-ce que ça étonne une âme sur cette terre ? Il fera tout pour faire honte à notre nom ! ragea Bellatrix furieusement. Mais oui, c'est ce qu'on soupçonne. On a plus entendu parler de lui depuis son départ de Poudlard. Pas de travail, pas de voyages, rien. Il a un apparemment à son nom à Londres, mais il y est peu d'après ce que nos contacts nous ont dit. On pense que l'Ordre recrute de nouvelles personnes.

Comme les mangemorts, songea Regulus en écho. Si Rosier avait fait du recrutement à Poudlard – il en était bien la preuve – il ne voyait pas pourquoi Dumbledore se priverait d'agrandir ses rangs lui aussi. Et Bellatrix avait raison. Si cet Ordre du Phénix existait, il n'y avait aucune chance pour que Sirius n'en fasse pas partie. Il connaissait assez son frère pour le savoir.

- Mais quand tu dis que vous les avez déjà affrontés... Ça veut dire qu'on pourrait se battre contre Sirius ? Vraiment se battre ?

- C'est probable. J'attends même l'opportunité, se délecta Bellatrix. Que ce traître ose se tenir devant moi. Il hurlera la devise des Black, même si je dois y passer des jours.

Narcissa blêmit. La lumière des Trois Balais lui donna soudain un teint maladif et Regulus sut à quoi elle pensait. Est-ce que Bellatrix serait capable de faire la même chose à Andromeda, à sa propre sœur, si elle en avait l'occasion ? Il comprenait parce qu'il ressentait la même peur qu'elle malgré sa colère sourde envers son frère.

Imperturbable, Bellatrix remarqua néanmoins leur expression et son regard se fit plus dur. Une lueur de folie y dansait presque.

- Pourquoi Regulus ? Affronter Sirius te pose un problème ? susurra-t-elle. Tu n'es pas prêt à tout donner pour la cause du Seigneur des Ténèbres ?

Il déglutit. A cause de leur dix ans d'écart, Bellatrix lui avait toujours paru effrayante : elle était cette cousine plus âgée, si sûre d'elle et battante, une Black dans toute sa splendeur. Mais depuis qu'il était entré dans les mangemorts, il la voyait sous un autre jour. Elle n'était plus la jeune femme de bonne famille au caractère fort, elle était une lieutenante loyale et fanatique qui le faisait frissonner au moindre faux pas qu'il commettait.

- Si, bien sûr que si, s'empressa-t-il d'assurer. Je voulais juste savoir...

- J'espère bien. Notre nom est un honneur et tu te dois d'en être digne désormais, tu m'entends ?

Il acquiesça. Ce discours avait le mérite d'être au moins familier. Il l'avait assez entendu dans la bouche de ses parents, de son grand-père Arcturus, de son oncle Cygnus... Il l'avait aussi assez entendu parodié ou moqué dans celle de Sirius.

Intérieurement, il maudit son frère de s'être embarqué dans la petite armée de Dumbledore. Comme si les choses n'étaient pas assez compliqués comme ça. Brusquement, il se demanda si Sirius avait entraîné ses amis là-dedans. Fort probable. Les Maraudeurs ne faisaient jamais rien séparés. Une inquiétude sourde lui comprima soudain la poitrine.

- Tu as dis que Dumbledore recrutait de nouvelles personnes, dit-il. On sait qui elles sont ? Que je sache de qui me méfier ?

- Encore une fois, aucune certitude, répondit Bellatrix. Sûrement toute la bande de Sirius. Le fils Potter et les deux autres.

- Remus Lupin et Peter Pettigrew.

- Voilà, eux... On soupçonne aussi la sang-de-bourbe de Potter.

Regulus visualisa les cheveux auburn de l'ancienne préfète-en-chef de Gryffondor. C'était affectivement probable qu'elle en fasse partie. Mais ce n'était pas son nom qui hantait son esprit.

- Qui d'autre ? pressa-t-il.

- Je ne sais pas encore, ils doivent être formés en ce moment... On le saura bien assez tôt de toute façon.

La note de menace dans la voix de Bellatrix ne lui échappa pas. Il pria Merlin pour que Marlène ne se soit pas engagée dans l'Ordre. Il ne savait pas s'il arriverait à l'affronter elle et Sirius... Puis il repensa à l'aura du Seigneur des Ténèbres, la seule fois où il l'avait aperçu, et il sut qu'il n'aurait pas le choix.

- Il y a autre chose dont je voulais parler avec toi, ajouta brusquement Bellatrix.

- Hum ?

- Yaxley.

Pendant une seconde, Regulus crut qu'elle parlait de Caesar Yaxley, le patriarche de la famille qui finançait en partie les mangemorts sans être dans leurs rangs, ou encore Malcom et Corban, ses deux fils qui eux en faisaient partie. Il comprit une seconde plus tard en voyant la moue indigné de Narcissa qu'elle ne faisait que devant les comportements qu'elle jugeait inapproprié. Comme une grossesse hors mariage et des fiançailles rompues par exemple... Son cœur rata un battement.

- Tu veux dire Elizabeth Yaxley...

- Elle-même, confirma Bellatrix avec agacement. Cette petite traînée peut nous causer des ennuis.

- Je croyais qu'elle s'était enfuie, dit-il en veillant à garder un visage neutre. Après le Tournoi. Les Aurors la recherchent toujours ?

- Le mandat d'arrêt devrait être levé sous peu. Ils n'ont aucune preuve et Rosier affirme qu'elle est partie aux Etats-Unis, ce n'est plus de leur juridiction.

Il retint une expiration soulagée. Il n'avait eu aucune assurance qu'Elizabeth soit parvenue à quitter le pays après qu'il l'ai aidé à s'échapper du château, même s'il l'avait soupçonné, et il espéra qu'elle arriverait à refaire sa vie avec son bébé loin de l'Angleterre.

- Alors il est où le problème ? demanda-t-il.

- Le problème, petit cousin, c'est qu'elle est toujours en liberté et susceptible de parler, déclara Bellatrix d'un ton sec. Et si elle décide de le faire... Disons que ton nom pourrait très vite apparaître dans la conversation.

L'angoisse le reprit aussi vite qu'elle l'avait quitté.

- Tu veux dire... Tu penses vraiment qu'elle pourrait parler de ce qui s'est passé pendant ma cérémonie...

- Reg ! Pas ici ! siffla Narcissa, affolée.

- Désolé. Je veux dire... ce qui s'est passé chez les Lestrange ? reformula-t-il. Mais elle était là aussi ! Si elle parle aux Aurors, elle se dénonce.

- Ou elle sauve sa peau. Après tout, ce n'est pas elle qui est allée jusqu'au bout.

L'euphémisme était presque déplacé et Regulus visualisa à nouveau le corps de Gemma Ackerley avec horreur. Narcissa ne le regardait plus dans les yeux.

- Elle ne ferait pas ça, assura-t-il après quelques secondes d'une voix blanche. Elle ne parlerait pas aux Aurors, c'est trop risqué pour elle avec son bébé.

- Ah oui, le bâtard de Rosier... Peut-être qu'elle ne parlera pas aux Aurors, mais si elle le fait avec quelqu'un d'autre... Si la rumeur se répand.

- Ca sera sa parole contre la nôtre.

Bellatrix le toisa, puis un léger rictus retroussa ses lèvres fines.

- Tu n'as pas tort, admit-elle. Le nom des Black aura toujours plus de poids que celui de cette traînée. Il faut juste faire attention.

- Tant qu'elle reste aux Etats-Unis...

- Elle a intérêt à y rester. Si elle repose un pied dans ce pays, je peux t'assurer que je m'occuperais d'elle moi-même, petit cousin. Il ne t'arrivera rien.

- Je n'aurais qu'à dire quelques mots et elle sera plus bas que terre, ajouta Narcissa dans un élan protecteur.

Les promesses de Bellatrix et Narcissa auraient dû le rassurer. La guerrière et la fleur, chacune capable de terrasser les ennemis des Black avec leurs propres armes. Bellatrix n'avait pas peur de sa magie ni de s'en servir à ses fins et Narcissa avait un cercle social si étendu qu'elle pouvait faire et défaire une réputation dans simple regard. Tel était le pouvoir qu'elles avaient obtenus à la naissance rien qu'en portant le nom des Black dont seules les étoiles surpassaient l'éclat.

Et pourtant Regulus n'arriva pas à chasser l'inquiétude dévorante qui s'était installée en lui depuis des mois.

************************************

Chapitre un peu court, mais je voulais en garder l'unité. Qu'est-ce que vous en avez pensé ? ^^

On se retrouve dans deux semaines !
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

J'ai vraiment besoin d'avoir un cours pour être à jour dans mes commentaires

Chapitre 8, la guerre et la fleur ! (chapitre V i i i comme disent certaines élèves)
Agacé, Regulus donna un coup de pied dans son coffre au pied de son lit, incapable de remettre la main sur son écharpe verte et argent.
Accio?
il refusait de passer une heure dans les gradins à mourir de froid devant un match de Quidditch, surtout alors que sa maison ne jouait même pas.
Pouhahahah tu m'étonnes
- Tu ne mets pas d'écharpe ? s'étonna-t-elle.
Ne remue pas le couteau dans la plaie !
alors même que le bruit des conversations de centaines d'élèves était toujours bien là – sans les Maraudeurs et les autres anciens septièmes années
Réflexion fort inattendue de la part de Regulus
Je pensais qu'il allait prendre la place haha
Tant qu'il avait eu Sirius avec lui, sa fugue de la maison n'avait pas été aussi radicale pour lui puisqu'il pouvait encore le voir. Cette fois-ci, il ne savait même pas s'il le reverrait avant dix ans.
Oh non c'est triiiste
Il y avait surtout celle de Marlène.
OUUUUUUUUUUUUUUH
Leur couple était une façade pour faire plaisir à leurs parents et leurs amis respectifs et à choisir Regulus préférait maintenir cette fameuse façade avec elle.
Mais c'est d'une tristesse ça
Quelques pas derrière Livia
Bah alors, il se prend pour le prince consort
tu me diras, c'est vraiment un petit roi comme ça
Ils avaient perdu trois joueurs cette année : deux batteurs et un poursuiveur.
DUR
il devait avouer qu'il avait réussi à mener Gryffondor à la victoire deux années de suite avec panach
Mais évidemmment que c'était avec panache, c'est James
l'équipe avait vu partir leur deux batteurs, Mulciber et Avery, et leur capitaine Lucinda Talkabot.
AH OUI
La révélation, couplée à sa relation que tout le monde savait ambiguë avec Dorcas Meadowes, avait achevé de lui faire perdre le respect de beaucoup de personnes au sein de leur maison
Je sais qu'il faut pas être trop méchant avec les Serpentards, mais parfois ils font pas d'efforts :lol:
Penser à Gemma lui donna pourtant la nausée, comme toujours, et il dût se raidir un peu brusquement car Livia lui coula un regard de biais.
J'allais dire qu'il m'avait l'air bien détaché
- De revenir au stade... J'ai l'impression de revoir Yaxley et son épouvantard avec le corps de... enfin tu sais...
Oh waouh j'avais complètement oublié ça
- Je reviens, déclara-t-il d'une voix sans timbre. Garde-moi ma place.
Il me fait de la peine et en même temps c'est sa faute
siffler d'admiration en mettant deux doigts dans sa bouche alors qu'un de ses amis de Serdaigle à côté de lui tressaillait face au bruit aiguë.
Salut Djulianne
Il n'était pas sûr que la distance suffise à lui échapper de toute façon.
Je me demande si c'est ça qui va le poursuivre et le décider à déserter les Mangemorts
Phyllida
Je suis désolée mais ce mot m'a fait penser à Syphillis hahaha
Charlotte Shelton
BRUH on dit Charly
Le problème en ce moment c'est qu'il ne pouvait s'empêcher de reprocher à Livia tout ce qu'elle n'était pas – ou plutôt tout ce que Marlène était – car elle avait le désavantage d'être là contrairement à l'ancienne Gryffondor.
Ca me fait vraiment de la peine pour Livia même si apparemment elle tient pas plus à Reg qu'il ne tient à elle
Mais c'est moche d'être un vague substitut
Il partit en direction des Trois Balais pendant que ses amis continuaient dans les ruelles de Pré-au-Lard. Il avait reçu en début de semaine une lettre de sa tante Druella
Tous ces prénoms sont vraiment une catastrophe
Autant dire qu'il avait haussé un sourcil.
Cette phrase m'a tué hahaha peut-on dire que c'est une litote ?
- Ah Regulus ! s'exclama Narcissa dès qu'elle l'aperçut. Viens, on t'a commandé un jus de citrouille !
Pouehehehe
l'une était une femme forte, l'autre la parfaite future épouse
EH OH on peut être parfaite future épouse et femme forte, merci bien :lol:
En maintenant plus de six ans à Poudlard, il pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il avait passé la journée avec ses cousines à Pré-au-Lard.
En même temps, est-ce vraiment un plaisir
Ils nous remettront la clé du manoir pour l'occasion et on a environ deux cents invités.

- Deux cents ? s'étrangla-t-il.
T'as fini de t'inspirer de mon mariage :lol:
Il n'osait pas imaginer ce que serait le mariage.
Don't ask
- C'est ça. Les Lestrange ont accepté de prêter leur demeure dans le Sussex pour le faire. On a déjà prévenu Poudlard que tu devrais t'absenter et n'oublies pas que tu devras faire la troisième danse avec Bellatrix.
J'aurais peur qu'elle me morde
- Mais dans les familles sang-purs je veux dire... Les McKinnon par exemple ?
PAR EXEMPLE
AU HASARD
C'était comme s'il avait toujours un portoloin de retard sur tout le monde.
Belle expression !
- Mais je veux savoir, objecta-t-il à voix basse. J'ai le droit de savoir même, ajouta-t-il en touchant sa marque sous sa manche dans un geste mécanique
COMMENT JAI PU OUBLIER CA
On a aussi dû les affronter à plusieurs reprises. Si tu vois Gideon Prewett avec un nez tordu, il me le doit, ajouta-t-elle avec un sourire glacial.
ON TOUCHE PAS A GIDEON
pardon faut que j'arrête de hurler
- Est-ce que ça étonne une âme sur cette terre ? Il fera tout pour faire honte à notre nom !
C'est pas faux
Comme les mangemorts, songea Regulus en écho. Si Rosier avait fait du recrutement à Poudlard – il en était bien la preuve – il ne voyait pas pourquoi Dumbledore se priverait d'agrandir ses rangs lui aussi.
C'est pas faux non plus
Ça veut dire qu'on pourrait se battre contre Sirius ? Vraiment se battre ?
Petite maligne, tes deux chapitres sont en écho
Elle n'était plus la jeune femme de bonne famille au caractère fort, elle était une lieutenante loyale et fanatique qui le faisait frissonner au moindre faux pas qu'il commettait.
Fanatique, c'est le mot
Intérieurement, il maudit son frère de s'être embarqué dans la petite armée de Dumbledore. Comme si les choses n'étaient pas assez compliqués comme
Ptdr et toi, t'as bien fait d'entrer chez lesMangemorts peut-être
Les promesses de Bellatrix et Narcissa auraient dû le rassurer.
Ca donne envie de vomir surtout
Et pourtant Regulus n'arriva pas à chasser l'inquiétude dévorante qui s'était installée en lui depuis des mois.
BIEN CE QUE JE DIS

C'était chouette d'avoir les deux chapitres sur les frères Black en écho ! Et de voir les dynamiques familiales Black
Bella me dégoûûûûte tu la rends très bien !
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Les JO ont commencé ! Je suis trop heureuse même si c'est galère à suivre entre le décalage horaire et le boulot haha ! Le patinage s'annonce déjà comme plein de drama, mais si vous aimez la chanson La Bohème de Charles Aznavour je vous conseille d'aller voir le programme de Nathan Chen qui est génial ^^

A part ça, voici le nouveau chapitre !

*******************************************************************

Chapitre IX : Des chemins tortueux


Marlène remontait les couloirs du Ministère d'un pas pressé, un œil sur sa montre. Elle avait quitté plus tard que prévu chez Madame Guippure, la boutique dans laquelle elle travaillait comme vendeuse à cause d'une cliente exaspérante et elle continua à la maudire intérieurement alors qu'elle passait plusieurs portes, yeux plissés pour lire le nom sur les plaques. Benjy lui avait indiqué que son bureau était au bout d'un couloir, mais tous les couloirs se ressemblaient au Ministère par Merlin.

Elle espérait qu'elle était au moins au bon étage, mais normalement l'ascenseur avait bien indiqué « Département de la Justice Magique »... Fallait-il encore qu'elle soit dans la bonne aile du bâtiment, mais son espoir se réduisit fortement en voyant Edgar Bones émerger d'une pièce. Elle s'arrêta tout juste avant de lui rentrer dedans.

- McKinnon, s'étonna-t-il, sa pipe à la main. Je dois dire que je ne m'attendais pas à vous voir ici.

- Bonjour monsieur... Hum, à vrai dire je ne suis pas sûre d'être au bon endroit... Quand vous dites « ici » c'est-à-dire... ?

Bones eut un sourire amusé derrière sa barbe.

- L'aile dédiée à la magistrature, l'informa-t-il. Vous avez les bureaux et un peu plus loin, si vous continuez votre course folle, vous trouverez les salles de jugements. (Il la détailla du regard). Je peux vous demander où vous vouliez vous rendre ?

-Oh... Oui, oui, bien sûr. Je voulais aller dans les bureaux de la Brigade Magique à vrai dire...

- Je vois. C'est dans l'autre sens.

Il indiqua le bout du couloir derrière elle avec sa pipe, par là où elle était arrivée.

- Vous avez dû vous tromper en sortant de l'ascenseur. Rebroussez chemin et continuez tout droit. A un moment, vous arriverez à une intersection : prenez à droite, pas à gauche, sinon vous arriverez au Bureau des Aurors et personne ne voudrait déranger Maugrey inutilement n'est-ce pas ?

Marlène laissa échapper un rire nerveux.

- Non, monsieur, concéda-t-elle avec un sourire. Merci beaucoup.

- Je vous en prie, McKinnon. Et on se revoit ce soir de toute façon.

- Oh vous serez au... enfin vous venez ce soir ?

Elle se rattrapa à temps pour ne pas évoquer le QG dans un endroit si public et Bones lui envoya un regard équivoque, approbateur. Elle savait qu'une réunion avait été programmée ce soir par les frères Prewett, mais elle ne savait pas qu'Edgar Bones devait y participer.

- En effet. Vous verrez, ça sera une réunion un peu... spéciale. Mais je ne vous retiens pas plus longtemps, je dois moi-même me dépêcher de rentrée, ma femme doit être fatiguée.

- Oh son congé maternité se passe bien ?

- Fort bien, mais elle manque de sommeil et moi de patience, même si Simon est un bébé moins compliqué que pouvaient l'être ses frères.

- Les derniers sont toujours plus sages d'après ma mère, dit-elle d'un ton docte. Mais j'ai aussi deux frères aînés, alors ce n'était pas bien compliqué en comparaison j'imagine. En tout cas, merci encore monsieur ! Et passez le bonjour à votre femme.

- Je n'y manquerai pas. A ce soir, McKinnon.

Avec un dernier signe de la main, Marlène repartit donc sur ses pas et remonta à nouveau le long couloir aux multiples portes. A un moment, elle dû se plaquer contre le mur pour laisser passer Bartemius Croupton qui ne lui n'accorda même pas un regard, les bras chargés d'une pile de dossier en équilibre précaire. Elle supposait que le directeur de la Justice Magique devait être occupé en cette période de trouble.

Quand elle repassa devant l'ascenseur, elle veilla à suivre les instructions de Bones. Si elle était arrivée en avance, elle aurait pu faire un crochet par le Département des Accidents et Catastrophes Magiques pour voir Alexia, mais il était probable qu'elle soit déjà partie à cette heure-ci. Elle le disait elle-même : elle détestait son travail de secrétaire et en tant que fonctionnaire de seconde zone, il était hors de question qu'elle fasse une minute supplémentaire à la fin de la journée.

Finalement, après cinq minutes d'errance, Marlène déboucha enfin dans un vaste open space où une vingtaine de bureaux étaient aménagés et croulaient autant sous les dossiers que les bras de Croupton. Intimidée, elle se figea entre les doubles portes, près d'une plante, et chercha Benjy des yeux. Sa haute stature aurait dû le rendre facilement identifiable, mais être grand semblait être un critère de recrutement dans la Bridage et Marlène ne parvint pas à le repérer au milieu de l'océan d'uniforme marine frappé du logo du Ministère. Au bout d'une longue minute pourtant, elle repéra un visage familier, bien que ça ne soit pas celui qu'elle cherchait initialement.

- Brigadier Podmore ! appela-t-elle en se dirigeant vers son bureau.

Sturgis Podmore se retourna, surpris. Contrairement à Edgar Bones, il fronça les sourcils en la voyant et s'approcha d'un pas vif.

- Que puis-je pour vous, miss ? dit-il avant qu'elle n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche.

Perplexe, Marlène crut un instant qu'il ne se souvenait pas d'elle – elle l'avait vu une seule fois lors d'un entraînement de l'Ordre et avait compris qu'il en faisait partie – mais Podmore pinça les lèvres dans un pli sévère, comme un avertissement, et elle comprit brusquement. Ils n'étaient pas censés se connaître : elle était une simple vendeuse sur le Chemin de Traverse, bien plus jeune que lui, et être trop familière en sa présence pourrait éveiller les soupçons d'éventuels espions à la solde des mangemorts.

Elle prit donc le temps de réfléchir à sa prochaine phrase, puis reprit avec prudence :

- Je suis désolée de vous déranger, s'excusa-t-elle, mais je cherche un de vos employés : Benjy Fenwick. Une personne que j'ai croisée en arrivant m'a indiqué que je devais m'adresser à vous et à votre service pour le trouver.

- Je vois... C'est tout ? Rien d'urgent ?

- Non, Brigadier, rien de plus.

Elle hocha la tête fermement pour faire comprendre à Podmore qu'elle n'était pas là pour l'Ordre et celui-ci se détendit imperceptiblement.

- Benjamin ! héla-t-il. Oh Fenwick ! Viens un peu par-là, t'as de la visite !

Entendre le nom complet de Benjy qui s'avérait être le même que celui de son frère fit étrange à Marlène, même si elle savait que Benjy le détestait et ne voulait être appelé que par son surnom. Celui-ci arriva d'ailleurs en grommelant et décocha un coup d'œil agacé à son supérieur.

- Vous le faites exprès, pas vrai ? gronda-t-il.

- Parfaitement ! se moqua Podmore, l'air ravi. Particulièrement devant tes admiratrices.

- Parce qu'il y en a plusieurs ? lâcha-t-elle en haussant un sourcil.

Benjy écarquilla les yeux.

- N'importe quoi ! Ne l'écoute pas, Marlène, il aime juste me martyriser !

- Je n'ai pas d'enfants, il faut bien que je trouve une distraction et des gens à embarrasser, fit valoir Podmore. Considère-toi flatté, gamin.

- Et bien je ne le suis pas, rétorqua-t-il en roulant des yeux. Je peux y aller maintenant ?

- Vas-y, file. Mais tu n'oublieras pas de me faire ton rapport sur l'affaire Yaxley !

- Sur votre bureau lundi, chef !

Podmore hocha la tête, satisfait. Benjy lui présenta son bras en une invitation muette et Marlène le lui prit, rougissante. Elle n'arrivait pas à s'habituer à voir Benjy flirter avec elle, surtout face à d'autres personnes, comme si leur relation était officielle alors qu'elle avait encore l'impression de balbutier dans ce nouveau monde de rendez-vous et d'histoire naissante.

- Eh Fenwick ! appela une dernière fois Podmore derrière eux.

Ils se retournèrent.

- Ramène-la à l'heure, ordonna-t-il.

Le remarque aurait pu passer pour un ultime trait d'humour si le regard de Podmore n'avait pas retrouvé tout son sérieux et Benjy acquiesça sans protester. Elle supposait que même lui ne voulait risquer la colère acerbe de Gideon Prewett s'il la faisait revenir en retard au QG pour la fameuse réunion de ce soir.

- Tu y seras toi ? demanda-t-elle dès qu'ils ressortirent du bureau. Tu sais pourquoi on nous a demandé de venir... ?

- Plus tard, dit-il dans un souffle. On en parlera quand on sera sorti du Ministère.

- Oh...

Elle se sentit soudain idiote. C'était évident qu'elle ne devait pas en parler entourée de tant de personnes, Maugrey leur avait assez répété avec virulence en début d'été : « Vigilance constante ! ». James n'en pouvait tellement plus qu'il avait déclaré qu'il songeait à se faire tatouer la phrase sur le front et Sirius avait surenchéri que si les mangemorts pouvaient avoir la Marque des Ténèbres sur le bras, il ne voyait pas pourquoi l'Ordre ne pouvait pas prendre la célèbre phrase de Maugrey comme symbole sur leur peau. En y repensant, sa gêne se changea en amusement et elle retint un sourire.

Puis, tout aussi soudainement qu'il lui était monté aux lèvres, il disparut alors que le souvenir de Regulus s'imposa à elle. Elle revoyait encore nettement l'encre noire qui s'étalait sur son avant-bras gauche et son air désespéré lorsqu'il lui avait demandé de ne pas l'abandonner. Une boule chauffée à blanc lui brûla la gorge. Elle s'accrocha plus fermement à Benjy pour s'ancrer au moment présent. Ce n'était pas le moment de se laisser envahir par le passé, elle n'avait rien pu faire à l'époque et elle ne pouvait certainement plus rien faire aujourd'hui, à part lutter contre Voldemort.

Plongée dans ses pensées, elle serait rentrée dans la personne qui arrivait depuis l'autre couloir à la fameuse intersection si Benjy ne l'avait pas retenu au dernier moment.

- Oh pardon ! s'exclama-t-elle. Je ne vous avais pas... Professeure !

-Miss McKinnon !

Marlène dévisagea Minerva McGonagall, hébétée. Ça commençait à faire de beaucoup de personnes qu'elle rencontrait ce soir, et pourtant c'était bien son ancienne professeure de Métamorphose qui se trouvait devant eux, digne et droite dans sa cape à motifs en tartan. Elle n'avait pas changé depuis juin dernier : même lunettes carrées, même chignon strict, même air sévère, et la vision si familière lui mit du baume au cœur.

- Je suis désolée, professeure, je n'avais pas vu que vous arriviez.

- Ce n'est rien, ce n'est rien, assura McGonagall d'un ton empressé, toujours teinté de son accent écossais. Je suis ravie de vous voir, miss McKinnon. Comment allez-vous ?

- Très bien. Je suis étonnée de vous voir ici. Vous ne devriez pas être à Poudlard ?

McGonagall la toisa par-dessus ses lunettes.

- Même les professeurs ont le droit de sortir du château, vous savez. J'avais une affaire à régler tout simplement.

- Au Bureau des Aurors ? intervint Benjy en désignant le couloir par lequel elle était arrivée.

Le regard perçant de McGonagall dériva sur lui.

- Il se trouve oui, monsieur Fenwick. Cela vous-pose-t-il un problème ?

- Aucunement, madame... hum, professeure.

- M'en voilà rassurée, j'avais peur d'avoir interrompue votre... moment avec miss McKinnon, dit-elle en avisant leurs bras noués et leur proximité.

Marlène se mordit la lèvre. Elle était certes gênée, mais elle trouvait surtout ça amusant de voir un homme comme Benjy perdre ses moyens devant une femme comme McGonagall. Pourtant, une pointe d'inquiétude germa en elle malgré tout. Ces derniers temps, tout le monde pouvait être touché par une attaque de mangemorts ou perdre un proche et elle demanda à voix basse, inquiète :

- J'espère que tout va bien, professeure... Je veux dire, si vous allez voir les Aurors.

- Votre sollicitude me touche, miss McKinnon, mais ne vous en faites pas. Tout va bien, ce n'est qu'une question administrative à régler. (Elle agita la main). Assez parlé de moi, dites-moi tout. Que faites-vous-en ce moment ?

- Moi ? Oh, j'ai trouvé un poste chez Madame Guippure sur le Chemin de Traverse.

- En tant que vendeuse ?

- C'est ça...

McGonagall cligna de yeux. Visiblement, elle n'osait pas lui demander comment elle avait décroché ce travail, mais son scepticisme était inscrit sur son visage et Marlène se sentit rougir, surtout lorsque le regard de Benjy se joignit à celui de son ancienne professeure. Elle avait conscience son choix devait paraître étonnant à ses yeux. Même si elle n'avait pas eu les résultats de Lily à Poudlard, elle avait toujours été bonne élève, voire elle pouvait admettre avoir réussi à briller dans certaines matières même si elle aimait rester discrète. Lors de son entretien d'orientation l'année dernière, elle avait avoué à McGonagall être un peu perdue quant à son avenir, sans véritable idée fixe, et sa directrice de maison lui avait proposé plusieurs pistes. Inutile de dire que Marlène n'en avait suivi aucune à partir du moment où elle avait pris la décision d'entrer dans l'Ordre. Même si elle ne pouvait pas faire comme Sirius et Dorcas qui n'avaient pas besoin de travailler pour vivre, elle tenait à gagner un peu d'argent et épargner tant qu'elle vivait encore chez ses parents. A partir de là, elle avait cherché un emploi stratégique qui pourrait lui servir, qui n'était pas contraignant, et qui s'avérait flexible. Être vendeuse chez Madame Guippure n'était pas l'idéal – elle travaillait les samedis – mais ce travail lui assurait des horaires fixes, un revenu correct, et surtout une source d'informations en continu. L'Ordre l'avait bien compris et Emmeline Vance l'avait encouragé à accepter ce poste pour la simple raison que toutes les familles sangs-purs venaient y faire confectionner des habits. Et Marlène s'en était rendue compte : les langues se déliaient souvent lors des séances d'essayages ou des discussions en caisses. Pour le moment, elle n'avait rien appris de vital, mais elle avait déjà une bien meilleure connaissance des dynamiques qui agitaient la société sorcière, notamment au sujet de la division d'opinions entre ceux qui soutenaient ou condamnaient les mangemorts.

- Si je puis me permettre, miss McKinnon, entonna McGonagall de sa plus belle voix de professeur, vous pourriez certainement aspirer à un poste différent si vous le souhaitiez.

- Justement. Celui-ci me convient pour l'instant.

Elle mit toute sa conviction dans sa voix, mais McGonagall ne parut pas convaincue. Elle semblait vouloir insister, puis son regard glissa sur Benjy avant de revenir sur elle et une étincelle de compréhension sembla s'allumer dans ses prunelles. Les ailes de son nez se mirent à frémir.

- Dans ce cas... Si vous changez d'avis, n'hésitez pas à me contacter. Je pourrais vous écrire une lettre de recommandation.

- C'est très gentil, professeure. J'y penserai.

- Parfait. Je ne vais pour retenir plus longtemps dans ce cas. Monsieur Fenwick, heureuse de vous avoir revu.

- Moi aussi, professeure.

- Quant à vous miss McKinnon, je vous souhaite bonne chance pour la suite... Faites bien attention aux projets que vous entreprenez.

Prise au dépourvu, Marlène resta une seconde sans savoir quoi répondre, puis hocha la tête mécaniquement.

- Oui professeure... Merci.

Sans rien ajouter, McGonagall se détourna et repartit d'un pas ferme. Marlène la regarda s'éloigner, une sensation étrange à placer dans la poitrine, et elle se tourna vers Benjy.

- Sa dernière remarque... murmura-t-elle. Tu ne crois pas qu'elle sait ? Pas vrai ?

- Aucune idée. Normalement, non... Elle ne fait pas partie... Mais on ne sait jamais avec cette femme.

- Je suppose. C'est quand même étrange, elle avait l'air presque déçue ou réprobatrice...

- A cause de nous, tu crois ?

Marlène leva un regard surpris vers lui.

- J'aurais plus dit que c'était à cause de mes activités. (Elle appuya sur le mot pour ne pas avoir à prononcer le nom de l'Ordre). Pourquoi est-ce tu penses qu'elle n'approuverait pas... nous ? s'étonna-t-elle après quelque secondes.

Benjy haussa les épaules et continua à la guider dans le couleur.

- Je crois qu'elle ne m'a jamais trop aimé à Poudlard déjà... Tu sais, comme j'étais un Serpentard. Et puis je suis plus âgé que toi... Je sais que pour certaines personnes ça peut être inquiétant.

Le ton de Benjy interpella Marlène. Alors qu'elle appuyait sur le bouton de l'ascenseur, elle fronça les sourcils.

- Quelqu'un t'a fait une remarque ? dit-elle, suspicieuse.

- Pas vraiment une remarque... éluda-t-il.

- Quoi ?

Benjy se râcla la gorge, mal à l'aise d'avoir apparemment laissé échapper une information malencontreuse, et Marlène s'engouffra dans l'ascenseur à sa suite. Elle voulut insister, mais quelqu'un se glissa entre les grilles avant qu'elles ne se referment, les saluant d'un bref signe de tête, et elle se tut, gênée. Tout le monde garda le silence pendant tout le trajet jusqu'à l'atrium du Ministère, bondé à cette heure-ci. Marlène ravala à nouveau ses questions. Benjy ne l'aurait pas entendu avec le bruit ambiant et elle préférait se concentrer sur là où elle mettait les pieds pour ne pas se perdre dans la foule ou trébucher. Elle continua à s'accrocher au bras de Benjy et se promit de l'interroger dans quelques minutes, même si Alexia la réprimanderait plus tard d'agir ainsi pendant un rendez-vous.

Ils atteignirent enfin la zone réservée au transplanage. Benjy ne la lâcha pas. C'était lui de toute façon qui savait où ils allaient, comme les deux fois précédentes, et Marlène se laissa entraîner en transplanage d'escorte. La dernière chose qu'elle vit furent les flammes vertes des cheminées en face d'elle alors qu'ils quittaient le Ministère.

Une seconde plus tard, ils se retrouvaient dans une ruelle à côté d'une grande rue animée et Marlène cligna des yeux pour chasser la sensation d'étourdissement qui la saisissait à chaque fois qu'elle transplanait.

- Où est-ce qu'on est ? demanda-t-elle.

- A Soho. J'ai réservé une table dans un restaurant que je connais bien. Viens.

A nouveau, elle ne put que suivre Benjy, trottinant presque pour ne pas se faire distancer. Le restaurant qu'il avait choisi avait le mérite d'être à seulement quelques minutes à pied et un serveur les installa immédiatement dès que Benjy lui donna son nom. Une rose fraichement coupée trônait entre eux sur la table. Marlène retint un soupir de soulagement : elle ne s'était pas trop habillée pour l'occasion, ni trop peu. Elle commençait à mieux saisir la mode moldu et d'après ce qu'elle observer des personnes autour d'eux – des couples, des familles et des amis – son chemisier blanc et son jean étaient tout à fait acceptables. Benjy dut intercepter son regard car il sourit, accentuant le tracé carré de sa mâchoire.

- Tu es très jolie, assura-t-il. Tout va bien.

- Tu dis ça pour me faire plaisir, c'est dans le manuel du parfait rendez-vous je suis sûre, plaisanta-t-elle avant de reprendre son observation des clients autour et d'ajouter en chuchotant. C'est juste que... je n'ai pas l'habitude de sortir du côté moldu et je ne voulais pas me faire remarquer.

- Et je suis sincère : tu t'en sors très bien.

- Merci. Alexia m'a un peu aidé et j'avoue que Lily m'a aidé à renouveler ma garde-robe cet été. La mode moldu peut être un peu... déconcertante.

- Tu t'y feras vite. Il suffit de traîner un peu dans les magasins. Même si je comprends qu'après une journée de boulot chez Madame Guippure, t'es plutôt envie d'autres choses !

- C'est sûr ! Mais et toi ? Comment tu t'y connais ?

Benjy lui adressa un sourire railleur.

- Pourquoi est-ce que je ne m'y connaîtrais pas ?

- Parce que... enfin je pensais que tu étais...

- Sang-pur ? devina-t-il. Pourquoi ? Parce que j'étais à Serpentard ?

Marlène ne trouva rien à répondre, gênée. Elle reconnaissait qu'elle avait sans doute une vision biaisée et étriquée de la maison des serpents. Après tout, Lucinda Talkabot avait bien prouvé que même des nés-moldus pouvaient être à Serpentard. Simplement, les sangs-purs étaient peut-être surreprésentés dans cette maison par rapport aux autres et de grands noms de l'histoire sorcière s'y succédaient depuis des générations, forgeant ainsi sa réputation.

- Tu as raison, désolée, c'était idiot de supposer, s'excusa-t-elle. Tu as un parent moldu alors ?

- Mon père, oui, acquiesça-t-il. Ça m'a permis d'avoir un peu la double culture. Evidemment, je ne m'en vante pas par les temps qui courent, mais venir dans un restaurant comme celui-ci au lieu d'aller au Chemin de Traverse par exemple je trouve que c'est un petit acte militant à mon échelle.

- J'aime l'idée. J'avoue que ça fait aussi du bien de prétendre que tout est normal, juste une soirée...

- Ravi de te permettre de t'échapper quelques heures alors ! déclara Benjy avec un sourire charmeur.

Elle lui en rendit un timide et se maudit intérieurement. Elle trouvait qu'elle avait gagné de l'assurance depuis un an, et surtout depuis cet été, mais il suffisait qu'elle se retrouve en tête à tête avec Benjy pour redevenir la Marlène effacée. En même temps, Benjy lui paraissait si sûr de lui, plus âgé, et tellement plus adulte. Elle supposait que cette impression finirait par s'estomper avec le temps quand elle le connaîtrait davantage.

- Sinon, je voulais te demander comment se passait l'entraînement, reprit-il en baissant la voix même si leur table était isolée dans un coin et que personne ne faisait attention à eux.

- Bien et difficile à la fois, dit-elle avec franchise. Tu connais Gideon quand il s'y met.

- Fabian peut être pas mal dans le genre aussi. On a été tous été formés ensemble avec Emmeline et ils me faisaient presque peur, crois-le ou non.

- Toi ? rit-elle. Tu avais peur des frères Prewett ?

Elle avisa sa carrure imposante de Brigadier et son visage de garçon toujours sûr de lui, sceptique. Il parut amusé.

- Quand je devais les affronter tous les deux en même temps, carrément ! Tu sais qu'ils ont fait l'IRIS après Poudlard ?

- L'Institut de Sortilèges ?

- Celui-là même ! C'est beaucoup pour les têtes pensantes et les chercheurs, mais il faut s'y connaître en magie pour y entrer. Disons qu'ils ne font pas exception. Caradoc était leur tuteur là-bas !

- Je reconnais, c'est impressionnant. Je comprends mieux leur personnalité d'instructeurs formateurs tyranniques.

Benjy éclata de rire devant ce portrait.

- J'exagère un peu, reconnut-elle en ayant horriblement conscience de minauder et de flirter avec lui. Ce n'est pas toujours terrible, on s'amuse même parfois comme avec l'entraînement au Polynectar. Il y a juste des séances un peu plus... marquantes. (Elle se mit à jouer avec sa manche en se souvenant de celle de la semaine dernière). Par exemple, celle sur les pratiques de tortures...

- Je me souviens de celle-ci, grimaça Benjy. Et dis-toi que c'était Maugrey qui était venu nous la faire.

- Merlin...

- Et pour vous ? Comment ça s'est passé ?

- Tendu... On nous a représenté les sortilèges Impardonnables et ils ont fait une démonstration de l'Imperium et du Doloris sur une souris. J'ai failli pleurer...

- Si ça peut te rassurer, même Gideon s'était senti mal ce jour-là. Ne le laisse pas jouer à l'insensible. Et ensuite ?

- Ensuite, on est tous passé au veritaserum. C'était la sensation la plus étrange de ma vie...

Benjy se pencha en avant, l'air conspirateur.

- Et alors ? Quelqu'un a révélé de sombres secrets ?

- Non, ils ont été assez prévenants pour ne poser que des questions banales. C'était juste pour qu'on se rende compte de l'effet et qu'on essaye de lutter, mais ils nous referont faire l'exercice en conditions réelles une autre fois. Emmeline a dit que c'était une « pédagogie par étapes ».

- Vous avez de la chance d'avoir Emmeline !

- Je sais, approuva-t-elle. On a aussi revu quelques créatures que Tu-Sais-Qui recrute dans ses rangs, comme les géants et les détraqueurs, pour savoir comment les vaincre.

- Et ton patronus ressemble à quelque chose ?

- A un chat !

Elle songea à Chamallow, sûrement roulé en boule sur son lit à cette-heure-ci, et faillit louper l'expression de stupeur de Benjy. Il la dévisagea, yeux écarquillés.

- Attends sérieusement ? T'arrives à en faire un corporel ?

- Hum oui, reconnut-elle, gênée. Mais je ne suis pas la seule. C'est une question de sensibilité, je pense.

- Et de puissance magique. Je n'ai jamais réussi à faire plus qu'un peu de fumée épaisse. Emmeline non plus d'ailleurs, ça la rendait dingue.

Mal à l'aise devant l'admiration évidente dans la voix de Benjy, Marlène se creusa la tête pour changer de sujet. Elle n'avait jamais aimé être au centre de l'attention, mais surtout elle trouvait ça injuste de continuer la comparaison alors même que Benjy était un sorcier très doué sur plein d'autres points. Elle repensa soudain à sa remarque avant qu'ils ne montent dans l'ascenseur et se jeta sur ce sujet, soulagée.

- Qu'est-ce que tu voulais dire tout à l'heure ? s'enquit-elle sans se laisser le temps d'avoir peur de poser la question. Quand tu disais que tout le monde n'approuvait pas qu'on se voit ?

- Oh ça ? Pas grand-chose, ne t'inquiète, rassura Benjy en balayant l'air de la main dans une parodie de geste détaché.

Marlène plissa les yeux. Une main pausée sous le menton, elle insista :

- Mais je veux savoir. Quelqu'un t'en a parlé ?

- C'était juste au détour d'une conversation, rien de méchant ni de grave. Disons juste que tu as des amis qui se soucient de toi.

Sans le savoir, Benjy venait de trahir une information capitale et Marlène retint un grognement dépité. Seuls deux de ses amis étaient investis pleinement dans sa relation naissante.

- Alexia ou Sirius ? dit-elle, fataliste.

- Quoi ?

- C'est forcément un des deux. Alors ? Lequel ?

Benjy soupira, vaincu.

- Sirius, admit-il avant de faire signe au serveur. Je suis passé au QG en début de semaine et il était là. Je lui ai proposé une cigarette, on fumait simplement en discutant. Il s'est mis à me demander comment ça se passait avec toi. J'ai été sincère : j'ai l'impression qu'on s'entend bien, qu'on aime bien sortir tous les deux et que les choses suivaient leur cours. Ma réponse a eu l'air de lui plaire et il m'a juste fait savoir d'être prudent avec toi.

- Prudent ?

- D'y aller au rythme que tu voudrais, précisa-t-il, légèrement mal à l'aise même s'il maintenant une façade nonchalante avec conviction. Il m'a dit de ne pas oublier qu'on avait quelques années d'écart et que....

- Oui ?

- Que tu n'avais pas beaucoup d'expérience à part une relation qui ne s'était pas très bien terminée. Il m'a dit de faire attention à ça, sinon c'est à lui que je rendrais des comptes. Là je me suis chargée de lui rappeler qu'entre lui et moi, c'était moi qui était Tireur d'Elite de Baguettes et ça l'a fait rire !

Mortifiée, Marlène contempla Benjy de longues secondes. Il n'avait pas l'air perturbé, au contraire, même si sa gêne était perceptible sur les bords. La sienne au contraire devait être bien visible. Elle n'arrivait pas à croire que Sirius ait osé confié ce genre de choses à Benjy, particulièrement la partie sur Regulus. Au fond d'elle, elle savait qu'il n'avait eu que de bonnes intentions : il ne cessait de la soutenir avec Alexia depuis le jour où elle s'était confiée à eux sur son premier rendez-vous. Mais si ça n'avait tenu qu'à elle, Benjy n'aurait pas su pour son inexpérience. Pas tout de suite du moins. Il devait de toute façon s'en douter, pas besoin de venir le conforter dans le portrait de la pauvre fille perdue qui avait eu le cœur brisé.

Heureusement, elle n'eut pas à répondre tout de suite car le serveur passa à cet instant prendre leur commande et elle laissa Benjy s'occuper de choisir pour elle. Elle devait pourtant faire une expression étrange puisqu'il perdit un peu de sa légèreté dès que le serveur fut reparti.

- Eh ? T'es contrariée ? demanda-t-il, surpris.

Elle s'empressa de tenter de maîtriser son visage et secoua la tête.

- Non, non, bien sûr que non... Prise au dépourvu on va dire. C'est gentil de la part de Sirius de t'avoir informé et de m'avoir défendu si on peut dire, mais j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas...

- Pourquoi ? Il n'y a pas de mal, tu sais. Je savais déjà que tu étais plus jeune que moi et que ça impliquait forcément des choses. Ça me va. Je n'attends rien, Marlène. Je veux vraiment que tu le saches.

- Vraiment ?

- Non. J'aurais dû être plus clair avec toi dès le début d'ailleurs... (il se passa la main le long de son nez pointu, pensif). Ecoute, tu me plais, c'est tout. Quand je t'ai vu à l'entraînement, j'ai bien aimé ta personnalité et je me suis dis que je ne perdais rien à t'inviter à boire un verre. Pour tout dire, ça fait longtemps que j'étais sorti avec une fille. Tu sais, à cause de l'Ordre, du boulot... Et puis disons que ma dernière relation ne s'est pas très bien terminée non plus.

Etonnée, Marlène se sentit brusquement mal pour Benjy en voyant l'émotion jouer sur son visage. Du peu qu'elle avait pu observer, Benjy était un gars un peu taciturne mais ouvert, toujours prêt à faire des expériences et mordre la vie à pleine dent, voire un peu accro à l'adrénaline sur les bords. Elle supposait qu'avec son métier, c'était un peu une déformation professionnelle. A cet instant pourtant, elle distinguait une blessure interne et profonde qu'elle n'avait pas soupçonné.

- Je suis désolée... souffla-t-elle avec sincérité.

- Je sais. C'est ce que j'ai bien aimé chez toi quand je t'ai vu pour la première fois : ta compassion.

Surprise, elle haussa un sourcil et Benjy lui adressa un sourire amusé quoiqu'encore teinté de mélancolie.

- Quoi ? Quand ?

- Le jour où je suis venu à votre entraînement début juillet. On a parlé une minute, mais avant ça t'étais en train d'aider Remus. Il devait avoir un mauvais jour et vous aviez tous terminé de courir mais il lui restait deux tours de maison. Gideon ne voulait rien entendre, évidemment. Pour l'encourager, t'as fait le dernier tour avec lui. Tu t'es remise à courir à sa hauteur et t'as attendu que sa bande le récupère pour l'aider avant de t'éloigner. C'est là que j'ai compris que je voulais en savoir plus sur toi, Marlène McKinnon.

Il ponctua son récit d'une main tendue par-dessus la table et, par réflexe, elle glissa sa main dans la sienne. Des fourmillements lui remontèrent le long du bras. La sensation était étrangère, peu familière, mais pas désagréable. Et pourtant, elle avait beau regarder le visage de Benjy, elle n'arrivait pas à se défaire du sentiment qu'elle avait connu plus, tellement plus... Mais c'était injuste de sa part de comparer à leur troisième rendez-vous. Frustrée contre elle-même d'y penser, elle se força à sourire.

- C'est un beau portrait que tu fais de moi, admit-elle, flattée. Mais j'aidais juste un ami. Tout le monde protège un peu Remus, il a une santé fragile. James, Sirius et Peter ont fait dix fois plus que moi.

- Peut-être, mais pour l'instant mon intuition ne s'est pas détrompée. Tu me plais toujours et tu es quelqu'un de bien. Ça me suffit.

- C'est ce que t'as dit à Sirius ?

- A peu près. Je ne voulais pas que tous tes amis me tombent dessus.

Cette fois, Marlène se permit un sourire plus franc, amusée par l'image. Benjy pressa sa main.

- A ce propos... commença-t-il d'un ton prudent. Je peux te demander quelque chose ?

- Tu peux toujours essayer.

- L'histoire dont parlait Sirius, celle qui s'est mal terminée... J'espère que ce n'était pas trop grave ?

Son sourire se fana aussi vite qu'il était apparu. Elle songea à retirer sa main une seconde, mais elle se retint en prenant conscience que ça serait sans doute trop rude. Embarrassée, elle se demanda comment elle s'était retrouvée à avoir la conversation sur les ex en plein dîner romantique et pria pour ne pas rougir. De toute façon, c'étaient la douleur et l'amertume qui dominaient en elle à cet instant et elle détestait ça. Elle ne pouvait pas s'empêcher de revoir Regulus, droit et digne, venir lui faire ses adieux le dernier de cours sous un soleil de plomb. Elle se revoyait, comme si elle regardait la scène de l'extérieur, alors qu'elle s'était accrochée à lui et l'avait supplié une ultime fois de ne pas s'engager auprès des mangemorts. Pour toute réponse, il l'avait embrassé... Il avait scellé leur relation d'un baiser au goût salé de ses larmes et elle lui en voulait encore. Benjy pouvait parler de sa compassion tant qu'il voulait, elle n'arrivait pas à se débarrasser de sa colère. Parce que Regulus ne s'était pas condamné tout seul ce jour-là, il l'avait aussi condamné à porter le poids de la culpabilité : elle avait échoué. Elle s'était battue de toutes ses forces pour le retenir de se noyer dans la magie noire et pour le faire remonter à la surface, mais Voldemort était plus fort. Il était plus fort qu'eux tous. Et même si elle tentait de repousser cette pensée chaque jour en s'engageant dans l'Ordre avec conviction, le poids de son échec continuait à lui peser telle une charge qui l'entraînait vers le fond.

Avec horreur, elle réalisa que les larmes lui étaient montées aux yeux. Un sanglot gonflait aussi dans sa poitrine et elle le ravala avec douleur, la gorge contractée, puis battit des cils. Benjy la contempla avec gravité.

- Je vois... souffla-t-il.

- Je suis désolée... Je ne voulais pas... Pardon, c'est idiot...

- Non, c'est de ma faute, je n'aurais pas dû poser la question. C'était indélicat.

- Je ne veux pas que tu crois que ce qui s'est passé avec... avec cet autre garçon m'empêche d'être avec toi et d'apprécier aussi nos rendez-vous. C'est faux...

- Mais tu as besoin de temps pour guérir. C'est normal. Comme je t'ai dit, on y va à ton rythme. (Il retira sa main en premier et se mit alors à jouer avec son verre de vin, l'air de réfléchir intensément). Ecoute, ajouta-t-il brusquement, si je dois être parfaitement honnête... Je pense que c'est mon cas aussi. Je ne voulais juste pas t'effrayer.

- Histoire compliquée aussi ? devina-t-elle en tentant une touche d'humour.

Benjy ne sourit pas. Il gardait les yeux baissés sur son verre et elle retint son souffle. Elle comprenait parfaitement son tourment : elle venait de le vivre.

- Tu n'es pas obligée de m'en parler non plus, tu sais, s'empressa-t-elle de le rassurer.

- Je sais, mais... Je ne veux pas minimiser ce que tu as vécu, mais disons que mon histoire est assez... dure.

Marlène se mordit la lèvre sans le corriger. Elle ne lui en voulait pas de croire que ce qui l'avait blessé était une simple première histoire d'amour adolescente qui avait pris fin, il ne pouvait pas savoir à quel point les choses avec Regulus étaient plus complexes. Elle laissa le temps à Benjy de se recomposer un visage plus apaisé, mais il soupira soudain, comme s'il s'apprêtait à se jeter dans le vide.

- La vérité c'est que... je suis sortie avec une fille pendant deux ans et je l'aimais, déclara-t-il d'une voix cassée. Et je n'ai pas pu la sauver...

- La sauver ?

- Elle s'appelait Gemma Ackerley. Je pense que tu en as entendu parler. Elle était apprentie Auror et...

Marlène eut l'impression de ne plus entendre la suite. Pourtant, elle comprenait ce que Benjy était en train de lui dire. Gemma avait deux ans de moins que lui. Il l'avait rencontré lorsqu'elle était entrée en formation chez les Aurors et alors qu'il venait d'intégrer officiellement la Brigade. Ils avaient eu des entraînements communs, ils se retrouvaient parfois pour manger ou discuter, et ils en étaient venus à sortir ensemble jusqu'à la mort de Gemma en début d'année.

La nausée la saisit si fortement qu'elle eut peur une seconde d'être malade et ses oreilles tintèrent, prises par un bourdonnement sourd. C'était impossible. Le destin ne pouvait pas être aussi cruel. Elle avait l'impression de ressentir la même sensation de vide glacé que le jour où elle avait appris ce que Regulus avait fait à Gemma... Elle ferma les yeux brièvement en réalisant soudain.

Benjy avait été amoureux de Gemma Ackerley. Elle avait été amoureuse de Regulus Black. Et Regulus avait tué Gemma.

Merlin, les chemins du destin pouvaient être tortueux.

*********************************

Moi cruelle ? Jamais ! Mouahaha!

Prochain chapitre le 21 février !
Cazolie

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Pauvre Marion et ses déconvenues des Jo

CETTE FOIS JE SUIS A L HEURE OKAY
Marlène remontait les couloirs du Ministère
Mon esprit a lu "les couloirs du temps".
Benjy lui avait indiqué que son bureau était au bout d'un couloir, mais tous les couloirs se ressemblaient au Ministère par Merlin.
Alors comme ça on va voir Benjy au travail ? wink wink
-Oh... Oui, oui, bien sûr. Je voulais aller dans les bureaux de la Brigade Magique à vrai dire...
"j'ai un date avec Benjy"
prenez à droite, pas à gauche, sinon vous arriverez au Bureau des Aurors et personne ne voudrait déranger Maugrey inutilement n'est-ce pas ?
Rajoute pas la mauvaise direction, c'es confusant :lol:
A un moment, elle dû se plaquer contre le mur pour laisser passer Bartemius Croupton qui ne lui n'accorda même pas un regard, les bras chargés d'une pile de dossier en équilibre précaire. Elle supposait que le directeur de la Justice Magique devait être occupé en cette période de trouble.
Moi jdis, il a un larbin pour porter ses dossiers
- Je suis désolée de vous déranger, s'excusa-t-elle, mais je cherche un de vos employés : Benjy Fenwick. Une personne que j'ai croisée en arrivant m'a indiqué que je devais m'adresser à vous et à votre service pour le trouver.
Bien rattrapé
Podmore hocha la tête, satisfait. Benjy lui présenta son bras en une invitation muette et Marlène le lui prit, rougissante
Ouuuuuh contaaaaaaaaact (cf. mon commentaire chez Clem)
Ils se retournèrent.

- Ramène-la à l'heure, ordonna-t-il.
Pouahahahahahha
Puis, tout aussi soudainement qu'il lui était monté aux lèvres, il disparut alors que le souvenir de Regulus s'imposa à elle
TOUS CES CHAPITRES QUI SE REPONDENT
Elle s'accrocha plus fermement à Benjy pour s'ancrer au moment présent.
C'est l'heure de tâter du biceps
Elle n'avait pas changé depuis juin dernier : même lunettes carrées, même chignon strict, même air sévère, et la vision si familière lui mit du baume au cœur.
Comme je viens juste de lire le chapitre de Clem ça me fait trop bizarre de la voir plusâgée :lol:
- M'en voilà rassurée, j'avais peur d'avoir interrompue votre... moment avec miss McKinnon, dit-elle en avisant leurs bras noués et leur proximité.
RAGOTS RAGOOOOOOOOOOOOTS
Être vendeuse chez Madame Guippure n'était pas l'idéal – elle travaillait les samedis –
Ouais c'est relou de travailler le samedi on peut pas voir les gens
Et Marlène s'en était rendue compte : les langues se déliaient souvent lors des séances d'essayages ou des discussions en caisses.
Ah bah ça, après avoir eu le décolleté tripoté par le mec de la boutique de robes de mariée, ça me dérangeait pas de lui raconter toute ma vie :lol:
Elle continua à s'accrocher au bras de Benjy et se promit de l'interroger dans quelques minutes, même si Alexia la réprimanderait plus tard d'agir ainsi pendant un rendez-vous.
Mais quoi, c'est important la communication
Evidemment, je ne m'en vante pas par les temps qui courent, mais venir dans un restaurant comme celui-ci au lieu d'aller au Chemin de Traverse par exemple je trouve que c'est un petit acte militant à mon échelle.
Moooow t'es un chic type Benjy
- Je reconnais, c'est impressionnant. Je comprends mieux leur personnalité d'instructeurs formateurs tyranniques.

Benjy éclata de rire devant ce portrait.
Aaaaw ils ont l'air plus naturel
Elle songea à Chamallow, sûrement roulé en boule sur son lit à cette-heure-ci, et faillit louper l'expression de stupeur de Benjy. Il la dévisagea, yeux écarquillés.

- Attends sérieusement ? T'arrives à en faire un corporel ?
Eh oui, jolie ET intelligente !
- D'y aller au rythme que tu voudrais, précisa-t-il, légèrement mal à l'aise même s'il maintenant une façade nonchalante avec conviction. Il m'a dit de ne pas oublier qu'on avait quelques années d'écart et que....

- Oui ?

- Que tu n'avais pas beaucoup d'expérience à part une relation qui ne s'était pas très bien terminée
Il est pas cooooooooooooooooooooooooooooooool c'est vache de sortir ses secrets et ses insécurités
C'est là que j'ai compris que je voulais en savoir plus sur toi, Marlène McKinnon.
Roh mais ils sont choux, je les shippe d eplus en plus
Et pourtant, elle avait beau regarder le visage de Benjy, elle n'arrivait pas à se défaire du sentiment qu'elle avait connu plus, tellement plus...
Naaaaaaaaaaaaaan !!
Et même si elle tentait de repousser cette pensée chaque jour en s'engageant dans l'Ordre avec conviction, le poids de son échec continuait à lui peser telle une charge qui l'entraînait vers le fond.
Oh mais nooooooooooooon mais Marlène il est libre, c'était pas ta décision T.T
- La vérité c'est que... je suis sortie avec une fille pendant deux ans et je l'aimais, déclara-t-il d'une voix cassée. Et je n'ai pas pu la sauver...

- La sauver ?

- Elle s'appelait Gemma Ackerley.
AAAAAAAAAAAAAAAH MAIS QUOI
QUEUUUUUUUUUUUUUUUWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHRJZEHFHZRUGHUH

Ptdr ça va être sympa quand l'histoire de Reg va sortir au grand jour
Ah elle sait ! Olala
OLALA
mais ça va être difficile de rester avec Benjy du coup

ARGH
AAAAAAAAAAAAARGH
Ils sont hyper choux mais cet entrelacement c'est PAS COOL
BOUH
annabethfan

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Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Oui, je poste tard désolée ^^ Journée chargée en compagnie de Perri et Clem aka Perripuce et PtiteCitrouille, on devait trouver nos robes de princesses pour le mariage de Cazo haha ! Mais ne vous inquiétez pas, il est bien là !

Au-delà de ça les JO sont terminés, je suis à nouveau en déprime, ça fait un vide énorme. Mais c'était trop bien !

Bonne lecture ^^

***************************************


Chapitre X : You are in the army now

Une réunion. C'est ce qu'ils avaient dit. Sirius n'était plus sûr que ça soit une simple réunion.

Il regarda tour à tour toutes les personnes présentes, encore surpris de voir autant de membres de l'Ordre dans la pièce ce soir. Il ne s'était pas attendu à cela. Le salon du QG, pourtant assez grand, paraissait avoir rétrécit alors que tout le monde déambulait dans la pièce, attendant les retardataires, ou patientait autour de la longue table en bois.

En face de lui, Edgar Bones était en plein dans son champ de vision et fumait sa pipe en attendant que la réunion ne commence. A ses côtés, Podmore – toujours en uniforme de la Brigade – et Caradoc Dearborn – encore vêtu quant à lui de la robe bleu nuit des chercheurs l'IRIS – discutaient ensemble à voix basse. Sirius avait beau tendre l'oreille, il n'arrivait pas à entendre ce qu'ils disaient à sa plus grande frustration. Près de la fenêtre, les frères Prewett et Emmeline passaient en revu plusieurs parchemins et il essaya cette fois de plisser les yeux pour arriver à déchiffrer ce qu'ils contenaient, sans succès non plus.

D'un geste, il fit signe à James de le rejoindre. Ce dernier obtempéra dans la seconde, animé d'une énergie nerveuse, et se laissa tomber sur la chaise libre à sa droite.

- Toi aussi ça te paraît bizarre ? lui souffla-t-il, empressé.

- Carrément, acquiesça James. Maugrey me file les jetons dans son coin, j'ai l'impression qu'il nous observe depuis tout à l'heure.

Sirius suivit le regard de son meilleur et aperçut soudain Maugrey. Il avait dû se glisser dans la pièce sans qu'il le remarque, mais il ne fut pas surpris. Maugrey n'était pas un des meilleurs Aurors de ces dix dernières années pour rien et il pouvait se montrer particulièrement subtil quand il le voulait bien, chose que Sirius n'aurait jamais cru possible au début.

- Y'a quelque chose qui se prépare, jugea-t-il, suspicieux. C'est obligé. Ils ne sont jamais venus comme ça, tous en même temps.

- Un entraînement spécial tu crois ?

- Possible... Mais ça m'angoisse plus qu'autre chose si c'est ça. (Il se passa une main dans cheveux). Ou tu crois que c'est Gideon qui veut se venger de la fois où j'ai coupé l'eau chaude pendant sa douche ?

- T'as fait quoi ?

Etonnés, ils relevèrent la tête en même temps pour voir Remus qui les avait rejoints. Sirius retint un sourire amusé devant son air outré et James tenta de prendre une expression coupable, sans succès.

- Moi ? Je n'ai rien fait ? T'as dû mal entendre, Lunard. C'est le début de la vieillesse !

- C'est ça, maugréa-t-il. Si je pouvais encore le faire, je t'enlèverai des points tiens. T'as vraiment aucun tact pour te mettre Gideon à dos.

- Oh allez c'était drôle ! Il est sorti en serviette et même Fabian a rigolé !

- Hilarant.

Sirius rit sous cape. Mais même si Remus tentait de maintenir sa façade de préfet responsable, un rictus au coin des lèvres le trahissait. Il tira une chaise pour s'assoir près d'eux.

- Mais pour info, moi aussi je trouve ça étrange cette réunion, abonda-t-il en se penchant en avant, coudes sur les genoux. Personne ne vous a rien dit ?

- Rien, dit James. Juste de se pointer à l'heure.

- Et qui aurait cru que celle qui ne le serait pas allait être Marlène ? commenta Sirius avec une grimace. Benjy va se faire étriper par les Prewett.

- Benjy ? s'étonna Remus. Pourquoi Benjy ?

Sirius se raidit. Il avait oublié que les autres – à part Alexia et lui-même – ne savaient encore rien sur la relation naissante entre Marlène et Benjy. Ou peut-être que les filles devaient être au courant maintenant... En tout cas, ses amis à lui ne savaient rien et il se maudit intérieurement. C'est juste qu'il n'avait pas l'habitude de ne pas tout raconter aux Maraudeurs. Mal à l'aise, il tenta de dévier la question en promenant une fois plus son regard sur le reste de la pièce.

- Et Peter ? Il est où ? demanda-t-il d'une voix qu'il espéra neutre.

- Dans la cuisine, il prépare du thé avec Lily. Mais...

Remus n'eut pas le temps d'achever sa phrase, ni de revenir sur le sujet de Benjy, tout simplement parce que celui-ci arriva enfin, Marlène dans son sillage. Immédiatement, tout le monde se tourna vers eux.

- Mais ils se pointent enfin ! s'exclama Gideon près de la fenêtre. J'ai cru qu'on allait devoir venir vous chercher au pieu ! Vous savez lire l'heure au moins ?

- Désolé, désolé... On est là.

D'un geste qui se voulait sans doute trop décontracté, Benjy adressa un signe de la main apaisant à tout le monde en guise d'excuse, mais Sirius se préoccupa davantage de Marlène. A moitié dissimulée derrière la carrure imposante de Benjy, elle paraissait perturbée et pâle, et il tenta de croiser son regard. Elle l'évita soigneusement. Aussitôt, une alarme s'alluma dans son esprit. Sans réfléchir, il se leva et se dirigea vers le couple... s'il pouvait les appeler comme ça du moins.

Marlène écarquilla les yeux en le voyant foncer sur elle et Benjy fronça les sourcils, l'air de peu apprécié de voir l'attention des autres continuer à se concentrer sur eux.

- Je peux te l'emprunter une seconde ? dit-il.

- Hum c'est-à-dire que...

- Merci !

Il attrapa Marlène par le bras pour l'entraîner à sa suite. La voix de Fabian fusa :

- Eh Black ! Tu crois aller où ? On a une réunion bordel !

- J'en ai pour deux minutes ! lança-t-il par-dessus son épaule. Le temps de faire un tour en cuisine. Pas de bonne réunion sans tasse de thé, non ? C'est ce que disait ma mère ! A moins que ça ne soit une fiole de poison, mais ça revenait au même avec elle !

- Sirius... protesta Marlène.

Mais il ne s'arrêta pas. En quelques secondes, il avait réussi à l'entraîner hors du salon et le long du couloir sans que personne ne l'en empêche. Près de lui, il sentait le corps de Marlène qui suivait le mouvement, comme vidé de son énergie, et son inquiétude redoubla. Il la poussa presque dans la cuisine dans son empressement.

Devant la bouilloire, Peter et Lily sursautèrent. Ils étaient visiblement en train de plaisanter avant d'être interrompus et leur sourire s'effrita dès qu'ils virent le regard hagard de Marlène et sûrement son agitation qui devait être marqué sur ses traits. Comme d'habitude, ce fut Lily qui réagit la première : elle fourra un plateau entre les mains de Peter sur lequel s'entassaient plusieurs tasses et le poussa vers la sortie.

- Vas-y, commence à apporter ça, indiqua-t-elle. Je rapporte le reste après. Et dit aux autres qu'on arrive dans cinq minutes.

- D'accord. Mais... ça va ?

La question de Peter, dirigée vers Marlène, resta sans réponse. Sirius se retint de retourner dans la salle à manger mettre son poing dans la figure de Benjy. Peu importe ce qu'il avait fait, il le méritait visiblement.

- Cinq minutes et apporter le thé, marmonna Peter, mal à l'aise. Je gère.

Et il fuit la tension ambiante en quelques enjambées. Lily referma la porte de la cuisine d'un coup de baguette, puis les regarda tour à tour.

- Vous m'expliquez ? dit-elle, presque autoritaire.

Remus n'était pas le seul à avoir gardé sa voix de préfet.

- Je... je ne sais pas, Sirius m'a traîné là, mais la réunion va commencer et...

- Et tu as vu ta tête en entrant ? coupa-t-il. Merlin, qu'est-ce qui s'est passé pendant ce rendez-vous ?

- Attends, attends ! C'était ce soir ton rendez-vous avec Benjy ? réalisa Lily. Oh je suis désolée, j'avais complètement oublié. Avec mes journées à l'hôpital je perds un peu la notion du temps... James doit me rappeler de ne pas me lever le dimanche !

- Ce n'est pas grave, t'en fais pas, assura Marlène d'une voix atone. On devait vraiment retourner avec les autres...

Sirius s'interposa entre elle et la porte. Son instinct lui disait que quelque chose n'allait pas. Marlène avait beau être une fille calme et posée, elle irradiait le plus souvent la bonne humeur et une énergie solaire communicative, ce qui n'était clairement pas le cas ce soir, comme si une éclipse était tombée sur elle. Et il préférait comprendre pourquoi avant de la faire assister à une réunion qui se promettait déterminante.

- Marlène, murmura Lily. Dis-nous, il s'est passé quelque chose ? Benjy... Il a fait quelque chose ?

- Non, non, bien sûr que non... C'est moi qui... Laissez, on en parlera plus tard, je ne veux pas vous imposer ça maintenant.

- Si t'as pas encore remarqué, on est là de notre plein gré. Allez, assied-toi deux minutes juste pour reprendre un peu ton souffle. Et prend une tasse de thé.

Sans lui laisser la possibilité de refuser, Lily fourra une de ses tasses entre les mains de Marlène et la guida sur une chaise en bois. Sirius les rejoignit à pas lents pour éviter de la brusquer. Un instant, il songea à aller chercher Alexia, mais il renonça. Marlène n'avait pas besoin d'être entouré de trente personnes pour se confier, bien au contraire.

Prudemment, il s'abaissa pour être à sa hauteur tandis que Lily se plaçait à côté d'elle en une présence rassurante.

- Là, ça va mieux ?

- Hum hum...

- Marlène... Qu'est-ce qui se passe ?

- Juste le destin, répondit-elle en levant les yeux vers le plafond, comme si elle luttait contre les larmes. Un destin dont l'humour ne me fait pas rire.

Sirius échangea un regard perplexe avec Lily. Voir leur amie dans cet état était si inhabituel qu'il sentait bien qu'elle était aussi perdue que lui sur la manière d'agir.

- On ne comprend pas, avoua-t-il. Pourquoi... ?

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Marlène serra sa tasse à s'en faire blanchir les jointures et le coupa :

- Gemma Ackerley, lâcha-t-elle brusquement dans un souffle haché.

- Quoi ?

Le nom lui fit l'effet d'un sort en pleine face. Un sort qu'il n'avait pas vu arriver. Entendre ce nom surgir dans la conversation était sans doute la dernière chose à laquelle il s'attendait et il revit le portrait de la jeune apprentie Auror, de son nez en trompette et de son sourire discret, s'afficher en une de La Gazette.

- Benjy m'a raconté votre conversation... Il m'a dit que tu lui avais parlé de « ma relation difficile l'année dernière » et qu'il devait se montrer prudent et patient avec moi.

- Marlène, je ne voulais pas...

- Ce n'est pas grave. Je comprends pourquoi tu l'as fait. Mais... mais Benjy s'est aussi confié en retour. (Elle se prit la tête entre les mains une seconde). Il a eu une relation assez sérieuse qui s'est terminé douloureusement on va dire.

Marlène n'avait pas besoin de poser les mots : il comprit. A côté de lui, Lily porte son poing contre sa gorge, comme si elle retenait une émotion bloquée dans sa trachée, et il ressentit la même chose. Si Benjy avait été en couple avec Gemma... Merlin, ce n'était pas étonnant que Marlène se mette dans un état pareil.

- Comment je peux le regarder en face ? souffla-t-elle alors, la voix encore plus cassée qu'il y a quelques secondes. Comment je peux regarder Benjy en sachant ce qui est arrivé à Gemma ?

- Gemma a été tuée par les mangemorts. Il le sait.

- Ne joues pas sur les mots, Sirius. On sait tous les deux que... que... Regulus...

- Il a été forcé. C'était pour sa cérémonie d'initiation. Tu ne peux pas prendre le blâme ! On a tenté de l'en dissuader, on lui a offert des échappatoires. Il a choisi de s'enrôler chez les mangemorts, Marlène. Ce qui s'est passé après, il ne pouvait plus y échapper, il le savait et nous aussi.

- Mais justement ! On l'a su et on n'a rien fait ! Benjy va passer sa vie à se demander ce qui s'est passé exactement, à vouloir une justice... Et nous, on... on...

Mais Marlène s'étouffait avec ses mots. Des sanglots énormes lui entravaient maintenant la gorge et Sirius la contempla, impuissant. Il sentait sa détresse se joindre à la sienne, violente et implacable, et Lily dût comprendre qu'il était trop pris par ses propres émotions pour faire quelque chose car elle le repoussa doucement afin d'atteindre Marlène. Elle l'engloutit dans une étreinte réconfortante. Il entendait à peine les paroles apaisantes qu'elle lui chuchotait. Il se sentait soudain vide : il n'arrivait pas ressentir de la compassion pour Benjy. Il ne le connaissait pas. S'il avait couvert le meurtre de Gemma Ackerley, c'était pour son petit frère. Et encore aujourd'hui, même si l'acte lui soulevait l'estomac, il savait qu'il ne pourrait pas prendre une autre décision que le soir où il avait supplié les autres de ne pas dénoncer Regulus. La détresse de Marlène venait peut-être de là. Elle aussi ne pouvait pas se résoudre à changer d'avis, à dénoncer Regulus, et la culpabilité lui revenait en pleine figure aujourd'hui.

- Là, ça va allez, murmura Lily. Calme-toi. T'es juste sous le choc...

- Je suis désolée... La réunion...

- La réunion peut attendre. On inventera un prétexte, ne t'en fais pas. Pour l'instant, respire un grand coup.

Marlène s'exécuta. Sirius, lui, avait justement l'impression de ne plus réussir à respirer.

- Bien, approuva Lily avec un hochement de tête encourageant. Maintenant, écoute-moi. Non en fait, vous allez m'écouter tous les deux. (Elle lui jeta un regard éloquent). On ne peut rien faire au sujet de Gemma ce soir. D'ailleurs, je ne suis pas sûre qu'on puisse faire grand-chose plus tard. On a tous pris une décision l'année dernière et on va s'y tenir. Les Aurors nous tomberaient dessus s'ils savaient qu'on a retenu des informations concernant un crime de cette ampleur et Maugrey ne pourrait pas nous protéger.

- Mais...

- Et je sais que c'est dur. J'ai passé des nuits entières à regarder le plafond en me disant que j'empêchais Gemma Ackerley d'avoir droit à la justice qu'elle mérite. Ce n'est pas juste. Mais rien n'est juste dans cette histoire. Regulus n'aurait jamais dû avoir à faire ça pour épargner à Elizabeth Yaxley de le faire et cette guerre ne devrait pas ravager des familles comme ça... On lutte justement pour que ça s'arrête. On sera plus utile dans l'Ordre que devant un tribunal, d'accord ?

Elle ponctua son discours d'un nouveau regard sérieux et ferme, plein d'espoir et de conviction.

- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de la Lily Evans morale et consciencieuse ? lâcha Sirius, surpris.

Lily eut un sourire amer et remit une de ses mèches auburn derrière son oreille, un bras toujours passé autour de Marlène.

- Elle est devenue pragmatique pour arrêter la guerre, dit-elle avec fatalisme.

- Et Benjy alors ? intervint Marlène. Qu'est-ce que je fais vis-à-vis de lui ?

- C'est à toi de voir... Si tu penses que tu n'arriveras pas à supporter le poids du secret de Gemma...

- Je ne sais pas...

- Tu n'es pas obligé de décider ce soir. Laisse-toi un peu de temps, d'accord ?

Marlène hocha la tête dans un mouvement imperceptible. Sirius marqua son accord en l'imitant. Ils étaient tous engourdis par le choc, ça ne servait à rien de prendre une nouvelle décision hâtive maintenant, surtout au vu du développement de sa relation avec Benjy qui était encore récente.

L'air d'avoir déjà l'esprit plus clair maintenant que le fardeau lui avait été enlevé, Marlène se redressa alors et essuya ses joues sur lesquelles des traînées de larmes avaient laissé des traces.

- Allez, il faut qu'on y retourne, déclara-t-elle. C'est gentil de m'avoir écouté, mais on pourra en reparler. Maugrey va finir par nous jeter un Accio pour nous ramener.

- Qu'il essaye tiens.

- Ne fais pas ton dur à cuir, Sirius, toi aussi t'as peur de lui, se moqua Lily.

- Il est humain en somme.

Pour toute réponse, il adressa une grimace grotesque aux filles, intérieurement soulagé de voir Marlène redevenir elle-même. Elle avait juste eu besoin d'une décharge émotionnelle pour se remettre sur pied, même s'il savait par expérience que la question reviendrait la hanter quand elle essayerait de s'endormir en vain. A croire que Gemma Ackerley n'en finissait pas de vivre dans les esprits des vivants...

Expirant un soupir libérateur, il se releva et pris la tête de leur petit groupe pour revenir vers le salon. Avant d'ouvrir la porte, il coula un dernier regard vers Marlène et Lily, s'assurant qu'elles étaient prêtes, et il poussa le battant.

Un silence écrasant les accueillit.

- Ca y est ? La récré est terminée ? jeta Gideon, acerbe.

- Quoi ? T'as un rendez-vous avec le Ministre juste après ? lui rétorqua Sirius. Tu ne peux pas attendre dix minutes ?

- Certains d'entre nous ont une famille à rejoindre le soir, Black. Ma sœur va me balancer sa poêle au visage si on n'arrive pas à l'heure au dîner. Non, en fait ça ne sera même pas ma sœur le problème, ça sera mon neveu Percy qui du haut de ses deux ans va me faire la morale sur mon retard. Et je déteste ça.

- Avec son air de je-sais-tout, marmonna Fabian.

- Mais je suppose que ça te parle assez peu la famille, pas vrai Black ?

- Gideon ! claqua Emmeline, indignée.

Sirius serra les poings. Depuis le début de l'été, il encaissait les piques et les remarques de Gideon sur sa famille sans broncher, encouragé par James qui lui disait que Gideon le faisait exprès pour le faire réagir. Le problème, c'est ce que ça fonctionnait. Il avait pourtant anticipé les doutes que son arrivée dans l'Ordre allait soulever. Un Black dans la résistance, ça aurait pu être le début d'une mauvaise blague de Peter. Et le pire, c'était sans doute qu'il ne pouvait pas lui en vouloir : lui aussi aurait été suspicieux à sa place.

Décidant de ne pas déclencher un esclandre qui ne ferait que retarder encore plus la réunion, il retourna à sa place entre James et Remus qui fusillaient tous les deux Gideon du regard et il leur en fut reconnaissant. Au moins, il savait qu'il aurait toujours leur soutien.

En face d'eux, Edgar Bones les observait, deux doigts sur la tempe, l'air blasé.

- Parfois, j'ai l'impression de diriger une classe d'enfants, les informa-t-il d'une voix plate. Et pourtant j'ai trois garçons à la maison.

- Désolée, s'excusa Marlène. C'est de ma faute, je me sentais juste un peu mal à cause du transplanage. On peut commencer.

Le visage toujours si sincère de Marlène parut convaincre tout le monde – même Benjy – et Sirius fut impressionné que personne n'aille chercher plus loin. Un atout pour de futures missions à n'en pas douter.

En bout de table, Maugrey se leva.

- Bien, maintenant que vous êtes prêts à m'écouter et surtout à arrêter de parler pour ne rien dire, commençons, décréta-t-il de son ton bourru coutumier. Comme vous l'avez sans doute remarqué, ce rassemblement est un peu particulier. Nous sommes plusieurs à être venus pour l'occasion.

- On va former un groupe de rock ? lança James.

- Potter, si je t'avais sonné tu le saurais !

Sirius baissa la tête pour éviter de rire et Remus lui donna un coup de coude.

- Il est temps que vous preniez tout ça au sérieux, aboya à nouveau Maugrey. Parce que tout commence ce soir !

- Ce soir ? répéta Dorcas.

- Ce qu'Alastor essaye de vous dire avec dramaturgie, intervint Caradoc, c'est que votre formation arrive à son terme.

- Quoi ? Déjà ?

- Ca va faire presque trois mois, nous avons tenté de vous préparer au mieux et de vous apprendre tout ce que nous pouvions, dit Edgar Bones. Nous ne pouvons pas faire plus. (Il désigna le côté droit de la table). Gideon, Fabian et Emmeline ont tenu leur rôle d'instructeurs avec ferveur et détermination, nous leur en sommes reconnaissants, ajouta-t-il en inclinant la tête dans leur direction. Maintenant, ça va être à votre tour de prendre part aux missions de l'Ordre. Pour être honnête – et ça va sans doute vous paraître injuste aux vues de tous les efforts que vous avez fourni cet été – je ne pense pas que vous soyez prêt. Personne ne pourrait l'être, pas face à ce que vous allez devoir affronter. Tout ça vous dépasse, vous allez vous sentir plus bas que terre, et j'en suis désolé. Ce n'est pas une façon de commencer à vivre sa jeunesse, mais la guerre n'épargne personne. Car ne vous détrompez pas, nous sommes bien en guerre.

Le poids des mots parut s'abattre sur eux tous. Sirius se remit à observer les visages fermés et solennels autour de lui : ils les connaissaient pour la plupart depuis sept ans. Il avait grandi à leurs côtés, elles étaient devenues les personnes les plus importantes de sa vie, à l'image d'une famille qu'il avait tenté de se recomposer après avoir fait voler en éclat la sienne. Il devait sûrement plus aux Maraudeurs qu'à quiconque, il était tombé amoureux d'Alexia, il considérait le reste des filles comme des sœurs... Et il avait conscience qu'il pouvait tous les perdre. Cette possibilité n'était pas une idée vaporeuse et lointaine dictée par les incidents de la vie, mais par la menace prégnante de la guerre en cours. Edgar Bones avait raison. Le Ministère pouvait s'entêter à garder le silence et à refuser de nommer ce qui se passait aussi sûrement qu'il taisait le nom de Voldemort, mais il s'agissait bien d'une guerre. Et une guerre faisait des victimes. Mais Sirius ne se laissa pas flancher.

Ce que les autres ne comprenaient peut-être pas, c'est qu'il avait l'impression d'être en guerre depuis longtemps. Des années peut-être. Bien avant que la Marque des Ténèbres ne déchire le ciel pour la première fois l'année dernière, il avait mené cette guerre idéologique au sein même de sa maison. Lui contre les Black. Lui contre des siècles de traditions qui prétendaient que la hiérarchie des sangs devait exister. Il avait résisté.

A bien des égards, il était entré dans la résistance avant même que la guerre ne commence.

- Alors qu'est-ce que ça signifie ? demanda finalement Remus après s'être râclé la gorge. Concrètement je veux dire ? D'entrer dans l'Ordre...

- Excellente question, monsieur Lupin. Je suis justement là pour y répondre.

Pris au dépourvu, Sirius se décrocha la nuque pour regarder derrière lui, mais ses oreilles ne l'avaient pas trompé. Albus Dumbledore venait d'arriver en robe de sorcier bleu nuit, sa barbe blanche impeccablement noué par un cordon d'argent au niveau du torse alors qu'il venait se poster près de Maugrey et de Bones.

- Comment vous faites pour toujours débarquer comme ça ? maugréa Gideon en jetant un œil suspect vers la porte comme si elle était l'assistante complice du magicien venant de réaliser son tour.

- Un simple sens dramatique acquis avec l'âge, monsieur Prewett, veuillez m'excuser je ne m'en rends plus compte, lui répondit le vieux directeur. Et veuillez m'excuser également pour mon retard, le conseil des parents d'élèves s'est éternisé. Apparemment, il y a eu des réclamations pour avoir plus de tartelettes au citron lors des repas. Je me demande bien où est-ce que les élèves ont pu avoir l'idée d'une telle revendication à transmettre à leurs parents.

Par-dessus ses lunettes en demi-lune – personne ne s'y trompa – Dumbledore jeta un regard pétillant vers James. Celui-ci affichait d'ailleurs un air de fierté digne d'une mère de famille dont les enfants venaient d'obtenir leur diplôme et Sirius secoua la tête alors que Lily levait les yeux au ciel.

- Mais trêve de bavardages. Monsieur Lupin venait de poser une question pertinente : que signifie faire partie de l'Ordre ? (Il prit le temps de promener à nouveau ses yeux bleus perçants sur chacun d'entre eux). Dans l'ensemble, vous le savez déjà. Votre formation vous l'aura appris. Dès que cela s'avèrera nécessaire, nous vous confierons des missions afin de lutter contre Voldemort et ses alliés. Votre rôle sera de vous acquitter de ces missions avec le plus d'efficacité possible.

Il marqua une nouvelle pause, le temps de laisser passer le tressaillement collectif qui parcourut l'assemblée au nom de Voldemort, et Sirius se pencha pour écouter avec attention. Il avait l'impression d'avoir pris un coup d'adrénaline dans les veines.

- Je pense que cela vous a déjà été expliqué, mais les missions pourront couvrir un registre d'actions large. Plus que tout, nous avons besoin d'informations et de soutiens. Le Ministère se refuse à nous fournir l'un et l'autre. Il va donc falloir que nous établissions dans les prochains mois une liste concrète des partisans et adeptes de Voldemort. Pour battre un ennemi, il faut le connaître. Se battre dans le vide serait vain.

- Mais... on connait certains mangemorts non ? dit Peter en tirant sur ses manches, mal à l'aise d'être le centre d'attention.

- C'est vrai, nous en connaissons certains car ils ne se cachent pas. Du moins pas de nous. Mais ils ont tout intérêt à rester dans l'ombre vis-à-vis du Ministère s'ils ne veulent pas être arrêtés et la plupart des soutiens de Voldemort gravite autour de lui sans faire partie intégrante des mangemorts. Lutter contre eux s'avère ainsi plus difficile et les missions de surveillance que vous allez être amenés à faire nous aideront considérablement.

Sirius acquiesça en silence à chacun des points. Ça lui paraissait évident que les mangemorts et les personnes qui les aidaient, les finançaient, ou se montraient complaisantes envers eux agissaient le plus possible dans l'ombre en attendant le jour où Voldemort aurait assez de pouvoir pour renverser le Ministère.

Du coin de l'œil, il vit soudain Emmeline lever la main pour réclamer la parole.

- Miss Vance, je vous en prie, accorda Dumbledore.

- Je voulais juste informer tout le monde qu'on a eu l'idée avec Gideon et Fabian d'afficher certains portraits et noms de mangemorts reconnus comme tels sur le tableau dans la cuisine, celui qui servait pour indiquer les entraînements. Maintenant que la formation est terminée, on s'est dit qu'il serait plus utile pour afficher des informations essentielles.

- Bonne initiative, approuva le directeur. J'invite tout le monde à aller se tableau dès que possible et à vrai dire vous m'offrez une transition parfaite pour le second point dont je voulais vous parler. S'il est important de connaître nos ennemis, il est tout aussi important de connaître vos alliés.

Dorcas eut l'audace d'émettre un ricanement moqueur.

- Pitié, professeur, ne me dites pas qu'on va devoir afficher la tête de Gideon en gros plan dans la cuisine aussi ?

- Oh non, on y prend nos repas ! renchérit Emmeline.

- Emy, si mon thé n'était pas encore brûlant, je te le balancerais à la figure, lui répliqua l'intéressé.

Le ton bourru et brute de Gideon ne parut pas déstabiliser Emmeline qui se contenta de faire couler entre ses doigts sa longue tresse, amusée, et Sirius réalisa avec un temps de retard qu'ils étaient en train de flirter ensemble à leur façon. Il avait assez vu James et Lily se disputer pour le savoir.

- C'est bon, vous avez fini ? On peut reprendre ? s'amusa Benjy en face d'eux. Je croyais que t'avais un dîner chez ta sœur, Prewett.

- Penses à Percy et sa leçon de morale, renchérit Fabian.

Gideon reposa immédiatement sa tasse de thé dans un geste exagéré.

- Comme je disais donc, reprit Dumbledore sans être perturbé le moins du monde, il faut que vous appreniez à connaître vos alliés. Dans l'idéal, vous n'en aurez pas besoin car vos missions se dérouleront toujours parfaitement mais...

- Mais l'idéal n'existe pas, compléta Caradoc. Et vous risquez d'avoir des ennuis à un moment.

Sirius se tourna vers lui. Assis au fond de sa chaise, son embonpoint en était d'autant plus visible, et pourtant il dégageait un aplomb sans faille.

- Plusieurs cas de figures, entonna-t-il alors en se mettant à compter sur ses doigts, vous vous retrouvez en mauvaise posture à devoir enfreindre la loi et vous êtes arrêtés : vous appliquez le protocole défini par l'Ordre. Le silence.

- On ne se défend pas ? interrogea Marlène, surprise.

- Non. Vous attendez qu'on vous défende. Nous avons la chance d'avoir plusieurs personnes au Département de la Justice. L'une d'elles s'occupera d'effacer votre dossier et de vous faire sortir, mais ne révélez rien.

- Plusieurs personnes... ?

Caradoc hocha la tête.

- Bones au Magenmagot pour commencer, dit-il en désignant l'intéressé qui inclina sa pipe vers eux, même si on espère que vous n'irez jamais jusqu'au procès. On a aussi Benjy et Podmore à la Brigade de Police, ils vous seront sûrement les plus utiles en cas d'accrochages. Et évidemment du côté des Aurors, il y a Maugrey et les Londubat, Frank et Alice. Je crois que vous ne les avez pas encore rencontrés ? Un jeune couple, même pas trente ans, mais déjà de très bons éléments.

Sirius fronça les sourcils. Il trouvait ça intéressant de savoir à qui se fier et à qui demander de l'aide – il se doutait que la situation viendrait à se présenter plus tôt qu'il ne le croyait – mais il ne pouvait s'empêcher de voir les failles dans ce protocole. L'entraînement sur la torture et les interrogatoires à coups de veritaserum lui restait en mémoire.

- Ce n'est pas dangereux ? lâcha-t-il instinctivement. Je veux dire, si on connait les noms de tout le monde et que les mangemorts nous capturent ?

- On s'est posé la question, reconnut Podmore. Mais on a estimé qu'avoir un réseau soudé était plus important que notre anonymat. Certains membres le restent quand même, surtout ceux qui ne nous aident qu'occasionnellement ou nous servent de contacts dans certaines sphères. Eux, vous ne les rencontrerez que si besoin. Seuls Dumbledore et Maugrey les connaissent.

- Je vois...

- Justement, j'ai une question, intervint Marlène. Est-ce que McGonagall fait partie de l'Ordre ?

La question sembla prendre les autres membres de l'Ordre au dépourvu.

- Pourquoi est-ce qu'elle le serait ? dit Fabian.

- Pour revendiquer l'indépendance de l'Ecosse en même temps que la chute de Tu-Sais-Qui ? suggéra Alexia avec humour.

Les lèvres de Marlène s'ourlèrent d'un petit sourire, signe qu'elle reprenait de plus en plus contenance, et elle écarta la plaisanterie en secouant la tête.

- Non, je demande ça parce qu'on a croisé le professeur McGonagall tout à l'heure avec Benjy au Ministère. Et j'ai juste eu l'impression qu'elle... savait. Elle m'a dit de faire attention aux « projets que j'entreprenais ».

La formulation fit tiquer Sirius. Pour avoir côtoyer McGonagall pendant sept ans, il avait appris que chacune de ses remarques était soigneusement pensé, surtout quand elle prenait la peine d'adresser des conseils à ses élèves. Ou anciens élèves en l'occurrence. Pourtant, il ne voyait pas non plus comment elle pouvait se douter de quelque chose alors même que leur entrée dans l'Ordre n'était pas encore officielle. Peut-être que voir Marlène en compagnie de Benjy l'avait mis sur la voie, mais dans ce cas cela signifiait que McGonagall avait en partie conscience de ce qui se tramait dans le dos du Ministère et qui était impliqué. A bien y réfléchir, Sirius n'était en fait presque pas étonné. Il l'avait appris à ses dépens : on ne pouvait rien cacher à une femme comme Minerva McGonagall.

- Quelle vieille chouette perspicace, pesta d'ailleurs Gideon.

- Eh ! Un peu de respect ! la défendit James contre toute attente. Ce n'est pas une vieille chouette, c'est la noble vieille chouette.

- Vous avez conscience qu'elle doit à peine avoir plus quarante ans ? les informa Bones. Ce n'est pas vieux.

Ni James ni Gideon ne répondirent, mais leur expression parlait pour eux : il considérait que quarante ans était vieux. Dumbledore laissa échapper un rire bienveillant.

- Laissez, Edgar, ce sont les affres de la jeunesse, déclara-t-il. J'ose quand même espérer que vous écouterez la vieille antiquité que je suis lorsque je vous dis que Minerva est un cas à part. Sa droiture d'esprit l'a toujours honorée et il s'avère que l'idée de participer à des actions illégales, hors du cadre reconnu par le Ministère comme nous sommes amenés à le faire, n'est pas à son goût... Elle ne sait rien explicitement, mais nous ne pouvons jamais être certains de rien.

- Mais vous voulez dire qu'elle travaille avec le Ministère, professeur ?

- Je ne peux vous l'affirmer, monsieur Black. Minerva ne se mêle pas de mes affaires et en retour je ne me mêle pas des siennes, voyons cela comme ça.

Sirius acquiesça. Il commençait à comprendre le fonctionnement de l'Ordre et sa hiérarchie au fur et à mesure : Dumbledore dirigeait au sommet ; Bones et Maugrey le secondaient ; certains des plus impliqués jouaient aux instructeurs quand cela s'avérait nécessaire à l'image des frères Prewett, Emmeline ou Caradoc à un moment ; d'autres étaient des membres à part entières comme Benjy, Podmore ou eux-mêmes ; et puis il y avait le cercle élargi, soit ces gens proches de Dumbledore qui donnaient un coup de main, fournissaient une information ou fermaient les yeux lorsque c'était nécessaire. Il ne les connaissait pas encore, mais il savait qu'il serait amené à les croiser.

- Autre protocole important, reprit Maugrey avec sérieux, celui d'évacuation en cas de blessures. Le maître mot, c'est de faire profil bas ! On ne veut pas attirer l'attention du Ministère : moins on le voit, mieux on se porte.

- Mais si on est en train de perdre un bras ?

- Alors tu pars sur tes jambes, Meadowes !

Dorcas eut un mouvement de recul et Edgar Bones soupira.

- Ce qu'Alastor veut dire, c'est qu'il vaut mieux éviter de se rendre à St-Mangouste à part en cas de force majeur. Les médicomages sont obligés de reporter toutes blessures suspectes, surtout en ce moment. Si vous deviez toutefois vous y rendre, demandez à voir Evans si elle est en service, ça sera déjà un bon point.

Tout le monde se tourna vers Lily qui rougit. Vu sa tête, Sirius devinait parfaitement ce qu'elle pensait : elle venait tout juste de commencer sa formation de médicomage, il était peu probable qu'elle arrive à gérer des cas graves. Mais comme eux tous, il supposait qu'elle devrait faire de son mieux.

- En parlant de protocole d'évacuation, n'oubliez pas non plus ce qu'on vous a appris : vous obéissez aux ordres. Si on vous dit de partir, vous partez. Même si ça signifie laisser quelqu'un derrière vous. Vous risqueriez d'aggraver la situation ou de vous mettre en danger dans le cas contraire.

Malgré le visage grave de tous les adultes présents à la mention de cette consigne, Sirius sut que ça serait celle qu'il aurait le plus de mal à appliquer. On lui avait déjà reproché de n'en faire qu'à sa tête, voire de jouer à la tête-brûlée, et il reconnaissait que c'était en partie le cas. Mais lui demander d'abandonner les Maraudeurs ou ses amies si la situation venait à se présenter... Il ne savait pas s'il en serait capable. Comment abandonner quelqu'un quand on était persuadé que la personne ne le ferait jamais pour vous ?

Dumbledore parut deviner les doutes et le scepticisme qui les habitaient tous car il reprit la parole lui-même, ses longs doigts fins croisés devant lui.

- J'ai conscience que nos mots vous paraissent cruels et vides de sens pour l'instant. Et pourquoi en serait-il autrement ? Il faut attendre que les mots deviennent réalité, deviennent peut-être même des maux si vous me permettez ce glissement de langage, pour qu'ils prennent sens. Et je m'excuse à nouveau auprès de vous d'imposer sur vos jeunes années ce fardeau, mais le prix pour battre les ténèbres n'est jamais faible. Nous avons besoin de vous.

Maugrey approuva d'un grognement bourru.

- On vous confira vos missions dans les prochains jours. En attendant, prenez le temps d'assimiler toutes les informations. Et n'oubliez pas le plus important : vigilance constante ! Les forces du mal sont imprévisibles.

- Et ne mettez pas vos baguettes dans vos poches arrières pour ne pas perdre une fesse, railla Gideon dans sa barbe.

Maugrey l'ignora. Son visage couturé de cicatrices s'anima soudain en un sourire sinistre et il se contenta de proclamer avec force :

- Bienvenue dans l'Ordre du Phénix.

A nous de pas nous brûler, songea Sirius en retour.

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Ca y est, la phase de formation est terminée ! On va rentrer dans le vif du sujet dans les chapitres suivants ^^ Verdict de ce chapitre ?

A dans deux semaines !
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