Nouveau départ [Nés à Minuit]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.

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Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut,
Lire tes fanfics, c'est toujours aussi agréable, ce chapitre est trop cool et merci de m'avoir prévenue !!!
Continue comme ça, c'est génial !
A plus
b-pauline

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par b-pauline »

J'ai lu tes 2 derniers chapitres et j'ai toujours autant adoré de replonger dans cet univers et dans ton histoire... J'aime l'idée de plusieurs points de vue, ça permet de voir les sentiments des autres personnages même si parfois t'as juste envie de rentrer dans l'histoire et botter le *** de certains personnages...
Bref, j'adore
EncreBlanche

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par EncreBlanche »

Je viens de terminer ta fanfiction. Sincèrement je l'ai dévorer. Est ce que tu pourrais me prévenir de la suite? Merci. :D
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut la compagnie! Je vais commencer par les choses ennuyantes... :? Sachez que je suis profondément désolée pour cet énorme retard. :oops: Je n'avais pas du tout prévu prendre autant de temps pour ce chapitre, mais je compense cette attente avec un chapitre plus long! :D Environ vingt-sept pages! Pas trop mal, non? ;) Bon, par contre j'ai une mauvaise nouvelle à vous apprendre... :? Je vais prendre une petite pause pour la suite de cette fanfiction :cry: (je précise petite). Environ seulement deux semaines, peut-être trois. Disons d'ici aux vacances de Noël. Le but de cette pause c'est de me permettre d'avancer le plus possible une autre de mes fanfictions (pour celles que ça intéresse c'est sur l'univers des Harry Potter). Ensuite je vais me remettre sur les deux. :D Bon en même temps je dis ça, mais je vais voir. Peut-être que je vais décider de faire le prochain chapitre plus tôt :) ou plus tard :( Je vais voir ça. Enfin, peu importe! J'espère que vous allez apprécier ce chapitre et n'hésitez pas à me faire part de vos opinions :D Ah, et s'il y a des choses que vous ne comprenez pas, vous pouvez me l'écrire aussi et je me ferai un plaisir de répondre à vos interroagtions, que ce soit sur cette page ou par message privé. ;) Bonne lecture!


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Chapitre 5



Katryne roula des yeux. Apparemment elle avait deviné ce que j’avais l’intention de faire. Ce qui fut confirmé lorsqu’elle soupira :
- Tu comptes utiliser ta super voix, c’est ça? Comment peux-tu être certaine que ça va marcher sur lui?
- Parce que je suis plus forte que celle que j’étais quand on se fréquentait, ma vieille, roucoulai-je.
- Je ne comprends rien, signala Della.
Je levai les yeux au ciel comme Katryne l’instant d’avant. Je tentai donc d’expliquer à mon amie ce qu’il en retournait :
- Il y a longtemps j’ai découvert que je pouvais amener certaines personnes à me révéler ce que je voulais ou faire ce que je voulais. À l’époque je n’avais pas beaucoup de pratique en la matière et je ne le comprenais pas à moitié. Là je sais ce que c’était. Ma dominance. Je suis une Alpha, maintenant. Ce qui signifie que je peux asseoir ma dominance sur les autres. Je peux les obliger à faire quelque chose. Enfin… jusqu’à un certain point, quand même! Je ne pourrais pas convaincre Lucas de frapper ou pire tuer Kylie. Ni l’empêcher de la voir. Certaines choses ne peuvent pas être surpassées. Mais je peux amener les gens à me dire la vérité. Enfin, c’est dur à expliquer…
- D’accord. Je ne suis pas certaine de tout saisir, mais je crois que je comprends l’essentiel, affirma-t-elle.
- C’est normal, c’est un truc de loup. Ah et pendant que je questionne, prend des notes. Je crois que ça va être bon pour le rapport.
Ma coloc hocha de la tête et à la vitesse vampirique alla chercher son cahier de note. Dès qu’elle fut de retour je me penchai avec un sourire sardonique au niveau de mon « suspect ». Je sais, je sais, ce n’est pas très sympathique, car il n’était pas vraiment lui-même… sauf que plus il serait intimidé, plus ce que j’essayais de faire risquait de fonctionner. C’est en partie pour ça que je lui retirai son bâillon d’un mouvement plus brusque que nécessaire. Je puisai alors en moi la force de caractère qui m’était propre ainsi que dans la force de la louve avant de susurrer d’un ton faussement doucereux :
- Pourquoi faites-vous ça?
- Faire quoi? Dit-il en regardant partout d’un air très, très inquiet.
- M’empêcher de guérir.
- C’est faux! Plaida-t-il.
- Il ment, affirma Della sans que j’aie à lui demander.
- Est-ce que c’est quelque chose qui vous impose ça? M’enquis-je.
- Je ne dirai rien à une chienne de ton espèce! Cracha-t-il.
Je manquai voir tout rouge et le frapper à nouveau, sauf que je réussis à me contenir à cause d’un unique détail. Ce n’était pas du tout le vocabulaire du docteur. Je réagis au quart de tour, si la chose qui le contrôlait pouvait prendre possession de sa bouche, il n’y avait qu’une seule alternative pour avoir des réponses. Malheureusement c’était une cérémonie que je n’avais encore jamais effectuée moi-même ou même seulement aperçu. Tout ce que j’en savais c’était ce que mon père m’en avait dit.
Je saisis le docteur par les cheveux et lui tirai la tête vers l’arrière jusqu’à ce que la bouche s’ouvre sans tenir compte de l’exclamation indignée de ma partenaire de mission. D’ailleurs je me demandais bien pourquoi elle avait cette réaction, ce n’était quand même pas comme si elle était un ange! Éloignant mon amie de mes pensées je continuai le rituel d’Intégration. Normalement nous devions utiliser le poignet, mais je suppose que vue les circonstances le sang de ma main devrait faire l’affaire.
Ainsi je plantai les crocs (j’avais découvert que j’en étais capable en tant que transformation partielle avec mon père lors de son entraînement) nouvellement apparu dans la paume de ma main. Dès que le sang perla, je plaquai ma main contre la bouche du docteur et la laissai là. Je sentis presque la magie du loup s’écouler lentement dans la gorge de mon « prisonnier ». C’est d’une voix plus rauque que de coutume que je prononçai les mots qui devaient mettre un terme à la cérémonie :
- Par ce sang que je te donne, je te fais miens. À ma meute tu appartiens, maintenant. À partir de cet instant tu n’obéiras qu’à moi et seulement moi. Jusqu’à ce que la mort te délivre ou que je te laisse partir.
Je me rendis compte que maintenant que j’ignorais si ce pouvoir relié à ma famille fonctionnait avec ceux qui n’étaient pas des loups-garous. Nous le saurions bientôt…
Je manquai perdre connaissance lorsque j’eus l’impression que l’on me déchirait de l’intérieur. Je sus tout de suite que cela avait fonctionné, il faisait vraiment partie de ma meute maintenant. Sauf que la créature à laquelle il appartenait avant se battait pour le ravoir. Malheureusement pour elle le pouvoir du sang était plus fort que celui de l’esprit et la douleur causée à cause du déchirement avait disparue.
- Peux-tu m’expliquer ce que tu viens de faire?! S’exclama Della avec colère.
- Je l’ai intégrer à ma meute. Comme tous mes prédécesseurs l’ont toujours fait. C’est une méthode assez différente de celle des autres loups-garous. C’est une particularité de ma famille, expliquai-je. C’était le seul moyen pour… Oh, mais bon sang! C’est ça!
- Ça quoi! Grogna la vamp en croisant les bras de colère.
- Je sais comment ramener les autres. Du moins certains d’entre eux, car il y a une limite à ne pas dépasser. Et… Oh, merde.
- Quoi? Je ne comprends décidément rien à tous ces trucs de loups-garous, marmonna-t-elle.
- C’est simple. Maria en intégrant des personnes dans sa « meute » elle leur retire l’emprise de la créature. Sauf qu’il y a une quantité limité de place, participa Katryne et je fus surprise de découvrir qu’elle réussissait encore à me suivre dans mes discours.
- C’est exact, affirmai-je. Et le problème, que je viens juste de remarquer, c’est que… Sans le vouloir, en vous donnant mon sang, à vous les vampires, d’une manière ou d’une autre vous… vous avez été intégré dans ma meute. Ce qui veut dire qu’il ne me reste plus beaucoup de possibilité pour d’autres.
- Combien? S’enquit Della.
- Je l’ignore, le nombre varie selon les Alpha, selon ce qu’a dit mon père.
- Et c’est quoi le maximum connu? Demanda-t-elle ensuite.
- Cinquante. Mais c’était un très vieil Alpha. Si tu veux mon avis je devrais pouvoir avoir la force nécessaire pour posséder une vingtaine de personnes dans ma meute, pas plus, répondis-je.
- Il faudra choisir avec précaution, alors. Et trouver une manière d’arrêter cette chose, quelle qu’elle soit, pour que tous les autres pensionnaires soient libérés, soupira ma collègue de travail.
- Exactement, approuvai-je.
Je remarquai à ce moment que le docteur semblait étrangement amorphe. L’avais-je tué? Oh, bon sang! Je me laissai tomber brusquement à terre à ses côtés et alors que je m’apprêtais à tâter sa gorge pour trouver son pouls il ouvrit les yeux en prenant une très grande inspiration.
À peine avait-il fait ça qu’il tenta de bouger ses bras en marmonnant :
- Oh, ma tête… Mais qu’est-ce qu’il s’est passé?
Il semblait plus se parler à lui-même que réellement s’adresser à nous. Comme s’il ne se souvenait pas que nous étions là. Je crus tout de même bon de répondre :
- Je vous ai frappé à la tête, car vous avez manqué me tuer au lieu de me soigner. Ma chimère a d’ailleurs causé quelques dommages à votre établissement en venant me sauver. Après je vous ai intégrer dans ma meute pour vous soustraire au contrôle d’une créature dont j’ignore le nom.
Il me jeta un regard si éberlué que je compris qu’il pensait effectivement être seul et que ce que je lui avais raconté ne lui disait rien du tout. Avait-il perdu la mémoire? Pitié, faite que non! J’avais impérativement besoin de réponse!
- Vous avez… quoi? S’insurgea-t-il.
Oh, c’était donc ça! Il se demandait comment j’avais pu faire une telle chose sans lui demander son avis d’abord. Je grognai sur un ton légèrement offusqué (Et qui ne le serait pas? Je venais de le sauver tout de même!) :
- C’est réversible, ne vous inquiétez pas! Dès que la menace aura disparu je reviendrai ici et je m’arrangerai pour vous éjecter de la meute!
- Ce n’est pas de cela que je m’indigne, me fit-il remarquer avec un sourire légèrement amusé. Je ne comprends pas pourquoi vous avez été obligé de me frapper et pourquoi il a fallu que votre chimère mette en charpie les portes de mon établissement.
- L’avez-vous regardé une seconde? Lui demandai-je. Et puis, je vous ai frappé pour éviter que vous me nuisiez et aussi pour vous sauver la vie. Elle avait l’intention de… comment dire? Éliminer une menace? Ouais, c’est ça. Et c’était vous la menace.
- Je vois, dit-il en pinçant les lèvres.
Je ne pus retenir un sourire moqueur, mais je me repris rapidement et affichai une expression beaucoup plus neutre. Ce fut donc d’une voix calme que je poursuivis :
- Maintenant que vous êtes sous contrôle, je crois que je peux vous détacher. Mais après, j’aimerais que vous répondiez à quelques questions.
- Naturellement, approuva-t-il.
Tout en le délivrant de ses liens je me tournai vers Della en disant :
- Tu as tout noté? Et est-ce que tu vas pouvoir recommencer?
- Oui et oui, répondit-elle avec un air blasé.
- Bien. Alors recommençons, soupirai-je. Connaissez-vous la raison pour laquelle vous ne m’aidiez pas à guérir, mais tentiez plutôt le contraire?
À voir son visage se tordre d’une aussi peu gracieuse manière je m’attendis au pire. C’est vrai quoi, quand tout ton visage se couvre de plis, même aux endroits les plus improbables tout est à remettre en question. Et en ce moment je craignais qu’il ne se souvienne de rien.
- Vous êtes une menace pour elle… Actuellement.
- Pour elle? Pour qui elle? M’exclamai-je.
- La créature qui contrôlait mon esprit et mon corps. J’ignore son sexe, mais une chose est sûre elle vous craint. Mais pas suffisamment pour ne pas s’attaquer à vous. Elle essayait surtout de vous empêcher de… commença-t-il avant de s’interrompre brusquement. Je ne m’en souviens pas, ragea-t-il ensuite.
- Essayez de votre mieux, le suppliai-je.
Il fronça les sourcils et ferma les yeux, les doigts appuyés contre ses tempes. Par le lien qui nous unissait je pouvais sentir son intense concentration. Je lâchai un cri étouffé en comprenant ce que cela signifiait. Si j’arrivais à percevoir ses émotions à lui… Est-ce que je le pouvais avec tous les autres? Je me concentrai à mon tour et essayai de me focaliser sur Della. Au moment où je sentais que je l’avais trouvé, le docteur Whitman s’exclama :
- Il y a quelque chose… quelque chose que je n’arrive pas bien à saisir, mais… c’est très important. Elle en a besoin. Elle croyait qu’avec ça, toutes les chances seraient de son côté. Je… je crois que ce n’était pas la première fois qu’elle tentait cette expérience.
- Une expérience? Qu’elle expérience! Le pressai-je, le cœur au bord des lèvres.
- Je n’arrive pas à voir plus loin. Désolé, dit-il d’un air réellement dépité.
- Aucun problème. C’est déjà un bon début, affirmai-je même si je ne le croyais pas.
Il me fit un sourire triste et je le soupçonnai de parfaitement percevoir l’émotion que je tentais de dissimuler. Soit la déception. Je me rappelai soudain de quelque chose. Quelque chose d’énorme. Ethan était en train d’être transformé en quelque chose par une créature puissante. Une expérience. Un être plus puissant que la chimère. Contre deux d’entre eux, je ne ferais jamais le poids. Oh, bon sang…

********************


Ethan ne contrôlait plus rien. Absolument plus rien. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il avait été capable de faire ce qu’il aurait cru impossible une semaine plus tôt? Il avait blessé Maria. Et ce de toutes les manières possibles. Physiquement, émotionnellement et ça impliquait donc aussi… mentalement. Elle ne pourrait jamais le lui pardonner et ça le tuait à petit feu de le savoir. Et cette nouvelle louve qui n’arrêtait pas d’essayer de l’amadouer. De toutes les façons inimaginables. Il avait été si surpris de voir tout leur groupe dispersé! Miranda de retour avec les sorcières, Perry avec les métamorphes, les deux caméléons ensembles, Lucas avec les loups-garous et Derek avec les Faes. C’était tellement incroyable et improbable. Il avait essayé de questionner Lucas à propos de Kylie, mais ce dernier s’était contenté de hausser les épaules sans émotion d’aucune sorte. Ensuite il avait mentionné Maria. À ce nom-là, Lucas avait réagi. Il avait raidi les épaules, serrées les lèvres et trembler. Comme s’il voulait dire ou faire quelque chose, mais en était incapable.
Ethan pensait à tout ça, installé sur son lit. Quelque chose s’était brisé à Shadow Falls et il avait l’impression que seule Maria saurait le résoudre, le rectifier. Sauf que sans ses amis, sa famille et tous ceux qu’elle aimait, comment le pourrait-elle? Elle n’arrivait pas à se voir comme lui, la voyait. Comme tous ses proches la voyaient. Une battante. Une guerrière. Sa petite louve…
L’odeur d’herbe fraîchement coupée le fit se redresser d’un bond sur son lit. Son cœur se mit à battre à cent milles à l’heure sans qu’il en connaisse la raison. Du moins jusqu’à ce que…
- Ethan… C’est l’heure, Ethan… Viens me rejoindre… Allez… Viens… susurra une voix envoûtante comme il n’en avait jamais entendu.
La voix lui était familière. Mais où l’avait-il entendu? Et il s’en rappela. C’était la même qu’avant qu’il ne… Il fut incapable de terminer sa phrase, car il tomba subitement dans le noir le plus total.

Il se réveilla dans un endroit complètement trempé. Il pataugeait dans l’eau et une douce odeur marine flottait jusqu’à lui. Comme s’il se trouvait sur le bord d’une mer ou d’un fleuve… Mais c’était impossible. De longs cheveux mouillés lui effleuraient le torse et c’est avec cette sensation qu’il comprit qu’il n’avait plus son t-shirt sur le dos. Il tenta de se redresser brusquement, mais une main le plaqua par terre avec une force surprenante.
- Tout doux, mon beau. J’ai presque terminé les préparatifs…
Une autre main lui caressa le visage tendrement et des frissons glacés lui parcoururent le dos. Ce fut presque comme si une main glacée s’était refermée sur son cœur.
- Tu t’es réveillé plus tôt que je ne l’escomptais…
- Que… que faites-vous? Réussit-il à articuler malgré la chape de plomb qui semblait empêcher ses mâchoires de se mouvoir correctement.
- EST-CE QUE JE T’AI DEMANDÉ DE PARLER? Hurla la personne.
Il sentit immédiatement sa bouche se fermer avec force. Et contre sa volonté.
- Voilà, c’est mieux, susurra la voix, mielleuse.
Il sentit une joue douce se frotter contre son torse et il eut envie de déguerpir. Une seule personne avait le droit de le toucher ainsi. Et une chose était claire, ce n’était pas Maria qui se tenait au-dessus de lui. La personne, cette fille, car la voix était féminine, portait l’odeur la plus étrange qu’il n’avait jamais senti auparavant. C’était un mélange d’herbe fraîchement coupée et l’odeur détestable des algues. Il aurait bien froncé le nez, mais il en était incapable. Il tenta de remuer, mais c’était tout aussi impossible.
- Voilà, tu es prêt. Ne m’en veut pas trop, tu veux, Ethan? La deuxième et la troisième fois, vous êtes toujours conscient de tout.
Elle se pencha contre lui et lui mordilla la lèvre supérieure avant de l’embrasser. Ensuite elle lui adressa un clin d’œil. Et il la reconnut. Son nom traversa son esprit avant que la douleur causée par une griffe immense dans son abdomen le fasse hurler de douleur par l’intérieur. Maïa. C’était Maïa.


En se réveillant de nouveau, Ethan ne se souvenait de rien de ce qu’il s’était passé pendant la nuit. Tout ce dont il se rappelait c’était qu’il avait subi une attaque. Rien d’autre.

*********************


Je me trouvais au restaurant avec les filles. Nous avions rapidement quitté la clinique vétérinaire pour aller nous restaurer un peu. Tous les clients me dévisageaient sans arrêt à cause de mes blessures. Et je commençais à en avoir marre.
- Maria… Arrête de grogner.
Merde, j’étais vraiment en train de grogner? C’était incontestable en effet puisque j’entendais le grognement sourd qui sortait de ma gorge et que je sentais cette dernière vibrer sous mes doigts.
- Désolée, soupirai-je. Je commence à en avoir par-dessus la tête.
- C’est compréhensible, affirma Katryne à mon grand étonnement.
À me voir redresser la tête aussi vivement vers elle, la nouvelle vamp rougit jusqu’aux oreilles.
- C’est vrai quoi! Avec tout ce qui se passe… marmonna-t-elle en détournant les yeux.
Étrangement je sentais qu’elle me cachait quelque chose. Je continuai à la dévisager avec la ferme intention d’obtenir des réponses. Je pouvais sentir une certaine nervosité émaner d’elle, ce qui voulait dire qu’elle cachait délibérément quelque chose. Et ça me donnait l’irrépressible envie de savoir quoi, surtout que j’avais l’impression que c’était en rapport avec moi. J’ouvris la bouche pour entamer une nouvelle remarque, sauf que Della me devança :
- Tu sembles bien concernée soudainement?
- Qu’est-ce que ça peut bien faire, hein? Après tout, Maria me sert d’une certaine manière de garde du corps, non? Alors c’est pour une question de sécurité personnelle que je m’assure qu’elle va bien...
Et vlan! J’aurais probablement dû m’en douter avec elle! Il n’y avait jamais eu rien d’autre qu’elle d’important à ses yeux. Rien d’autre. Je m’apprêtais à détourner les yeux d’elle et ainsi éviter de causer un regrettable accident, mais j’aperçus pendant une brève seconde un éclair de culpabilité traverser son regard. Je me gardai bien de le lui faire remarquer et détournai tout de même les yeux. Peu importe ce qu’elle cachait je comptais bien le découvrir, mais seule à seule, sans témoin. Ça risquait de prendre un certain temps, mais cela adviendrait j’en étais sûre.
- Bon, ce n’est pas pour changer de sujet, mais tu dois m’expliquer quelque chose Maria, lâcha soudain Della coupant court à mes pensées.
- Expliquer quoi? Marmonnai-je, en regardant sans appétit mon repas.
- Comment tu as pu faire pour me parler dans ma tête! Je t’ai entendu tout à l’heure! Précisa-t-elle avec énergie.
- Hein, quoi? Mais je n’ai même pas eu le temps de le faire chez le docteur Whitman! M’exclamai-je en ouvrant des yeux ronds.
- Je ne parle pas de chez le docteur Whitman! Rétorqua-t-elle froidement. Tu as communiqué mentalement avec moi lorsque nous étions avec Burnett et qu’il voulait que l’on fasse des tests avec ton sang pour aider nos « camarades », ajouta-t-elle. Maintenant, explique-toi. J’attends.
- Je n’ai… J’ai fait ça? M’étonnai-je.
- Oui! Confirma-t-elle avec l’air de celle pour qui c’était l’évidence même.
- Je ne m’en suis pas rendue compte, désolée… Je disais quelque chose d’intéressant? Sinon, pour répondre à ta question, c’est en lien avec le fait que tu fais partie de ma meute. Donc j’ai accès à ton esprit. Théoriquement, car pour le mettre en pratique ça demande beaucoup de pratique, sauf lorsque c’est de manière inconsciente.
- Ah, très bien, soupira Della avec un air rassuré. Et non tu ne disais pas grand-chose d’intéressant.
J’haussai un sourcil interrogateur, car j’avais l’infime conviction qu’elle était en train de me mentir.
- La vérité, s’il-te-plaît.
- Tu parlais d’Ethan et tu ne voulais que j’aille accomplir ma menace.
- Oh… soufflai-je en baissant rapidement les yeux.
Après quelques minutes de silence, je n’avais toujours pas touché à mon repas, mais je proposai tout de même :
- Ça vous dit de vous en aller?
- Tu n’as même pas mangé! Protesta Katryne.
- Je n’ai pas faim, d’accord! Grondai-je. Et j’en ai marre d’être ici. J’ai des choses urgentes à faire à Shadow Falls.
- Très bien, alors on rentre, acquiesça Della en joignant le geste à la parole.
Nous nous levâmes alors les trois filles ensembles et quelques tables plus loin deux hommes en firent autant. Ils étaient respectivement un vampire et un loup-garou. Et tous deux étaient membres de l’URF, ils s’agissaient donc des agents que Burnett avait mentionnés.
Nous quittâmes rapidement le restaurant et en rejoignant la voiture les deux hommes nous suivirent sans un mot, jusqu’à ce que le loup-garou me barre l’accès à la portière menant au siège passager de la voiture. Je tournai un visage contrarié dans sa direction et marmonnai :
- Oui…?
- Où allez-vous? S’enquit-il.
- À Shadow Falls, je l’ai dit à l’intérieur du restaurant, vous n’écoutiez pas? Grommelai-je de manière légèrement accusatrice et provocatrice.
Il s’approcha dangereusement de mon visage et montra les dents, comme un loup. Ce qui était un signe clair que je l’avais contrarié. Sauf qu’en s’approchant à ce point je remarquai qu’il n’était pas très vieux. Il ne devait guère avoir plus de vingt ans. Peut-être vingt-et-un à la rigueur.
- Vous devriez faire attention. Votre manque de politesse pourrait vous faire tort, un de ces jours.
- Cela ne répond toujours pas à ma question! Fis-je remarquer avec encore un peu plus de provocation.
Il eut un sourire que l’on pourrait juger d’inquiétant et il s’appuya un peu plus sur la voiture. De ce fait il se trouva encore plus proche lorsqu’il susurra :
- J’écoutais, bien sûr. Mais je voulais m’assurer que vous aviez réellement l’intention d’y aller.
Je restai le regard plongé dans ses yeux quelques secondes de trop. Pour ma défense il était agréable à regarder, même s’il n’atteignait pas la cheville d’Ethan. Outch! Sujet sensible! Un pincement de douleur me fit cligner des paupières et je me retins de laisser une larme couler. Je ne devais plus rien à ce dernier, alors autant profiter de la proximité relative de ce charmant agent inconnu. Je le détaillai sans rien dire. Il avait une bonne musculature, sans être trop intense non plus… il possédait des yeux d’un vert incroyable que je n’avais encore jamais vu, des cheveux rappelant ceux de mon cousin, mais avec une peau mate… Ouais, pas mal du tout. J’eus un petit sourire en disant :
- Je n’ai pas l’intention d’aller ailleurs. Voyez-vous, j’ai du travail à faire là-bas.
Sur ces mots je posai un doigt sur son torse et le repoussai gentiment pour libérer la place pour ouvrir la portière de la voiture. Il répondit à mon sourire et ajouta sans s’éloigner :
- J’espère vous revoir bientôt au sein de l’URF, Miss Parker-Lechasseur.
Il ne semblait toujours pas prêt à bouger alors même que j’ouvrais la porte. Je m’apprêtais à lui demander s’il voulait quelque chose lorsque son collègue vampire soupira :
- Aiden, est-ce que tu as l’intention d’y passer tout le reste de la journée ou est-ce que ces filles peuvent rentrer à leur pensionnat?
- C’est bon, j’arrive! Lança le dénommé Aiden en se détournant de moi, mais en prenant la peine de tapoter la vitre de la portière de la voiture en guise de salutation.
Je regardai les deux hommes s’éloigner avec sans doute des yeux interrogatifs. J’ignorais à quoi avait bien pu rimer tout ce cirque. C’est vrai j’avais quand même au moins deux ans de moins que lui… Pourquoi s’intéresserait-il à… Ah, mais oui! Ce devait être ça! Il ne s’intéressait sans doute pas le moins du monde à moi, mais plutôt aux pouvoirs que je possédais. Je levai les yeux au ciel en m’engouffrant dans la voiture où les deux filles vampires m’attendaient déjà. À voir l’expression de Della, sa patience avait presque atteint sa limite. Je poussai un soupir et appuyai ma tête contre la vitre tandis qu’elle démarrait et quittait le stationnement du restaurant, la voiture des deux agents de l’URF derrière nous.
Environ deux minutes plus tard ma coloc augmenta le son de la radio et me dit à voix basse :
- Tu as conscience que ce loup-garou, Aiden, te draguait ouvertement, hein?
- Il ne me draguait pas! M’insurgeai-je.
- Je crois que si, rétorqua Katryne, mais suite à un regard de ma part elle ferma son clapet.
- Il ne s’intéressait pas à moi, continuai-je. Il était surement plus intéressé par mes pouvoirs que par autre chose chez moi, complétai-je.
- Ça, c’est ce que tu crois! Mais tu aurais dû sentir ce qui émanait de lui! Il était aussi exci…
- Tais-toi! m’exclamai-je.
- C’était donc ça l’odeur qui venait de lui? S’étonna Katryne. Je me demandais bien ce que ça pouvait être…
- Tu as bien des choses à apprendre, grommela Della, en jetant un regard chargé d’impatience en direction de Katryne de par le rétroviseur.
Je m’emmurai dans le silence pour deux raisons. La première : je n’avais aucune répartie valable parce que j’étais dans l’incapacité de prouver qu’elles avaient tort. La seconde : j’avais rougie comme une tomate à la simple idée que ce soit vrai et j’avais la honte de ma vie. Bon, ça faisait plus trois raisons que deux, mais… peu importe. Je n’avais pas l’intention d’ajouter quoi que ce soit. Même pas sous la torture.
- Tu as conscience que l’on risque de le revoir très bientôt, pas vrai? Ajouta soudain Della.
Je. Ne. Répondrais. Pas.
- Je me demande si c’était l’histoire d’une seule fois ou si cela va empirer à votre prochaine rencontre… continua-t-elle sur sa lancée.
JE. NE. RÉPONDRAIS. PAS.
- Tu sais, il n’est pas beaucoup plus âgé que nous… Il n’est pas trop mal, pour un loup-garou, s’entend. Et puis… c’est justement un loup-garou comme toi. Sans oublier qu’il ne possède aucune ressemblance avec Ethan physiquement!
Cette fois s’en était trop. La colère bouillonna en moi et je grognai, ivre de rage :
- Non, en effet, il n’a rien à voir avec Ethan! Et le fait qu’il soit mignon et guère plus beaucoup plus âgé que moi ne change absolument rien aux faits!
Je remarquai qu’à peine que mes ongles se transformaient en griffes et ma bouche se remplissait de crocs.
- Ah, ah! Je t’ai eu! S’enthousiasma alors Della avec un sourire triomphant.
- Ce n’était qu’un jeu pour toi? Donc rien n’est vrai dans ce que tu as dit?
- Oh, que si! Tout était vrai, mais je voulais savoir jusqu’où je devais aller avant que tu ne te mettes en colère.
Je marmonnai entre mes dents. Sérieusement, parfois j’avais l’impression qu’elle ne vivait que pour me mettre hors de moi. Je poussai un soupir et demandai :
- Ça ne fonctionnera jamais entre nous.
- Comment ça? S’enquit Katryne.
- Pas en ce moment, ajoutai-je, malgré que ça ne réponde pas vraiment à la question.
- Comment ça? Réitéra ma coloc.
- Parce que… parce que… parce que j’aime toujours Ethan, murmurai-je si bas que j’étais presque sûre qu’elles ne m’avaient pas entendue.
- Parfois tu m’exaspères, Maria, vraiment, soupira Della, dépitée.
Sa réponse me prouva que les deux vamps m’avaient entendue et cela ne me réjouissait pas vraiment. En fait, ça ne m’enthousiasmait pas du tout. DU TOUT. Je ne devrais plus rien ressentir pour lui après tout ce qu’il m’avait fait subir. Alors pourquoi est-ce que j’aspirais toujours autant à sa présence à mes côtés? Je le voulais près de moi, là tout de suite. J’avais envie de le retenir près de moi et de ne plus le lâcher. Ça c’était pour la moitié de mon être, l’autre moitié avait envie de le… de le faire souffrir autant qu’il l’avait fait avec moi.

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Della se demandait bien à quoi pouvait penser Maria en ce moment. La vamp avait certes les deux mains agrippées au volant et les yeux rivés sur la route, mais elle jetait parfois des coups d’œil à sa coloc loup-garou et voyait bien qu’elle semblait en grande réflexion. Elle devait trouver un sujet de conversation et vite. Surtout qu’elle avait le pressentiment de savoir de quoi il était question dans l’esprit de son amie. Elle sortit donc la première chose qui lui vint à l’esprit :
- Je suis sûre qu’Aiden serait ravie de te faire oublier Ethan!
Mais qu’elle idée merdique! Les histoires romantiques étaient le fort de Miranda et Kylie, surtout cette dernière en fait, mais peu importe, ce n’était pas son dada! Pourquoi avait-il fallu qu’elle dise ça! Devenait-elle comme ses deux autres amies, car celles-ci n’étaient plus elles-mêmes. Peut-être… Il fallait l’espérer sinon cela signifierait que ses meilleures amies avaient une bien mauvaise influence sur elle.
- Oh, bon sang, lâche-moi avec ça! Je suis certaine que c’est ton nez de vampire qui t’a joué des tours.
- Ça m’étonnerait! Protesta-t-elle en fronçant les sourcils. Tu pourrais toujours essayer… Tu sais, pour faire une comparaison!
Très bon conseil, Della, vraiment! Et ça servirait à quoi que Maria fasse ça, exactement? Respire un coup, vampire, et réfléchis de manière plus sage. Que feraient tes deux amies si elles étaient là pour changer les idées de Maria? Sujet trop douloureux!
- Tes idées sont vraiment… commença Maria, mais elle ne put compléter, car Della se retrouva dans l’obligation de freiner brusquement.
Ce qui les amena toutes à se retrouver la respiration coupée par la ceinture de sécurité et en surplus pour Della le nez collé au pare-brise à cause du corps massif de la chimère qui avait heurté l’arrière de son siège. Pourquoi avait-elle dû appuyer sur le frein? À cause de cet idiot nouveau vampire de Shadow Falls. Mais au fait… Que diable faisait-il là? Katryne lui amena en partie la réponse :
- C’est lui! Oh, mon dieu, c’est lui! C’est lui qui m’a transformé!
La vamp sentit le corps de Kelsea remuer derrière elle et la voix de cette dernière envahit sa tête et sans doute celle de toutes les personnes présentes dans l’habitacle :
- « Cette chose n’est pas un vampire. C’est une Hère. »
Son ton ressemblait à un grondement on ne peut plus menaçant. Sauf que Della ne comprenait rien à ce qu’elle avait dit. Le mec qui se tenait sur la route était un vampire. Elle le voyait bien à sa configuration. Et qu’est-ce que c’était une Hère, au juste?
- C’est quoi une Hère? S’enquit Maria ce qui la réconforta, elle n’était pas la seule à ignorer c’était quoi.
- « Une ancienne créature qui en règle générale ne possède aucun maître, sauf qu’elle peut parfois être sous le contrôle d’une créature plus puissante. Comme celle-ci. Elle est originaire du Québec. »
- De mieux en mieux, marmonna la louve-garou. Ses pouvoirs ressemblent à quoi?
- « Elle peut prendre l’apparence de plusieurs choses, c’est pourquoi vous voyez un vampire, mais je peux reconnaître sa magie. Sinon elle est une redoutable adversaire et rare sont ceux à survivre à ses attaques. »
- Très encourageant, marmonna Della en se massant le front. Et on fait quoi?
- Et comment a-t-elle pu transformer Katryne en vampire, si cette créature n’en es pas un? S’informa Maria.
- « Je l’ignore. Quant à ce qu’on doit faire… Vaudrait mieux sortir de la voiture avant que les deux agents dans la voiture en arrière de nous ne fassent quelque chose de stupide. Quant à Katryne, elle est mieux de rester dans la voiture. J’ai le sentiment qu’il est là pour elle. »
- Très bien, on va faire comme ça… soupira la louve en ouvrant la portière de sa voiture. Tu viens, Della?
Elle ne prit pas la peine de répondre et sortit à l’extérieur d’un bond en même temps que la chimère défonçait la portière de la voiture. Il faudrait qu’elle se souvienne de préciser à Burnett que ce n’était pas de sa faute quand elles lui rendraient la voiture… Della se frotta alors les mains en s’approchant du faux vampire.
- Que fais-tu ici? lâcha-t-elle avec de la menace dans sa voix.
- Reprendre l’un de mes biens, répondit l’autre et il y eut quelque chose dans sa voix qui la mit en alerte.
Cette voix n’était pas normale, on aurait dit qu’il avait eu la bouche éclatée par quelque chose et qu’il avait de la difficulté à articuler. Elle comprit rapidement pourquoi lorsqu’elle remarqua que son visage était littéralement en train de fondre. Il eut le temps de dire une dernière chose, malgré qu’elle soit un peu décousue et dépourvue de sens :
- Elle… appartenir… nous… besoin… sang… innocent.
- Non, je ne crois pas! Rugit Maria d’un ton que la vamp ne l’avait jamais vu prendre.
La louve s’apprêtait à bondir sur la créature, mais soudain le charme qui la faisait ressembler à un vampire et à un être humain par le fait même se rompit. Ils se retrouvèrent alors devant une créature d’assez petite taille comparé à ce qu’elle s’était imaginée. Elle faisait à peine un mètre de haut et possédait une épaisse fourrure d’un noir d’encre parcourut de rayures d’un rouge écarlate sombre qui se camouflaient presque dans le reste de son pelage. Par contre sa queue était du même genre de rouge, mais en beaucoup plus éclatant et devait faire au moins deux mètres de long. La vamp jeta un coup d’œil aux pattes de la bête et remarqua qu’elle possédait des griffes proéminentes pour sa taille. Ainsi que des crocs immenses pour une aussi petite tête.
Elle n’eut pratiquement pas le temps de voir le mouvement et avant qu’elle n’ait pu lancer un avertissement quelqu’un le fit une seconde avant elle.
- Maria, attention! Hurla Aiden en fonçant vers eux suivit par le vampire.
Sauf que la créature était plus vive qu’un vampire et donc qu’un loup-garou, excepté peut-être Maria et la chimère. La louve perdit l’équilibre sous le poids de la bête et celle-ci eut le temps de lui entaillé le visage, pratiquement de part en part, avant que Kelsea n’entre en scène. Elle attrapa la Hère par la peau du cou et la projeta un bon dix mètres plus loin. Maria put alors se redresser et malgré le sang qui s’écoulait abondamment de son visage Della apercevait la rage brute qui émanait de celui-ci également. À moins que ce ne soit l’odeur qu’elle dégageait? Enfin, peu importe. La vamp se précipita aux côtés de son amie pour lui prêter assistance en cas d’une seconde attaque.
Celle-ci eut effectivement lieu, mais pas à l’encontre de la louve. En fait ce fut plutôt le loup qui en souffrit. La créature attaqua de manière si rapide et vicieuse le loup-garou que celui-ci n’eut pas le temps de se défendre. Elle planta profondément ses griffes dans son torse et les descendit d’un coup, tranchant tout sur leur passage. Elle continua à s’acharner jusqu’au moment où Maria, Kelsea, le vampire et elle rejoignent le malheureux. Le collègue de la victime s’occupa de tirer son coéquipier à l’écart, tandis qu’elles s’occupaient de la créature. Kelsea réussit à lui porter un coup au poitrail et le sang se mit à jaillir… pendant deux secondes avant que la plaie ne se referme. Della tenta de toutes ses forces d’attraper la créature, mais elle était trop rapide pour elle. Toutes ses tentatives résultèrent par un échec total.
Au final se fut Maria qui réussit à la coincer en usant de ses propres griffes qu’elle avait ressorties pour l’occasion. Elle saisit la créature infernale par la tête, les griffes profondément planter à l’intérieur et la jeta de toutes ses forces le plus loin possible d’eux, croyant qu’elle était morte, car elle avait transpercé les tempes.
Sauf que ce n’était pas le cas.
La créature se releva une demi-seconde plus tard, leur adressa un sourire carnassier avant de détaler en leur adressant une phrase mentale qui les paralysa instantanément :
- « Le sang innocent est toujours le meilleur… »
C’était la même voix… La même voix que celle de la créature qui avait tué le professeur à Shadow Falls. Della en était sans voix, sauf qu’elle reprit rapidement ses esprits envoyant Maria fondre vers le corps presque éteint du malheureux Aiden. Étonnamment une larme roula sur la joue de son amie. Elle s’approcha alors et tendit l’oreille. Elle comprit alors pourquoi.
- J’aurais… J’aurais bien aimé… te connaître… plus… plus en détail.
- Chut… Chut… souffla Maria, la voix éteinte. Je suis désolée… tellement désolée…
- Pas… pas ta faute… bégaya de nouveau Aiden.
Elle pouvait presque voir le fil de la vie du loup-garou s’échapper de son corps en charpie dont seul le visage restait intact.
- On peut… On peut peut-être encore te sauver… Attends… Reste réveillé! S’empressa de dire Maria, des larmes contenues dans les yeux. Kelsea! Kelsea! Cria-t-elle presque désespérée.
Della ne put s’empêcher de trouver la réaction de son amie étrange… mais elle se souvint rapidement qu’elle avait laissé entendre, elle, Della, que son amie avait attiré le regard du loup-garou. Et que cette attraction était réciproque. Peut-être que leur lien était un peu plus fort qu’elle ne l’avait cru… ou sinon Maria n’en pouvait plus de tous ces morts autour d’elle. Tant de possibilité…
- « Maria… Je suis vraiment désolée… Mais je ne peux rien y faire… Mes pouvoirs ne peuvent que guérir les blessures causées par des armes normales ou par les créatures surnaturelles de base… Je voudrais tellement pouvoir faire quelque chose… » souffla Kelsea avec une tristesse infinie dans la voix.
La louve déglutit difficilement tandis que le loup-garou hoquetait de douleur dans ses bras, son regard braqué dans le sien.
- Si seulement je pouvais faire quelque chose… quelque chose pour enlever ta douleur… dit-elle dans un souffle presque inaudible.
La vamp n’en crut presque pas ses yeux en voyant que le loup-garou trouvait la force de sourire. Un sourire un peu ensanglanté, mais ça restait un sourire.
- Tu… tu peux… tu peux m’offrir… un… un souvenir… un souvenir agréable. Juste… juste avant… la… la fin…
Maria ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, mais rapprocha son visage du sien. Le collègue vampire de l’infortuné détourna pudiquement les yeux tandis que la louve embrassait son coéquipier. Della en fit autant, du moins jusqu’à ce que les bruits du baiser se transforment en sanglot de la part de son amie. Elle se retourna alors brusquement pour trouver l’origine du problème, mais ce fut ses oreilles, avant ses yeux, qui lui apprirent ce qui clochait.
Il y avait un cœur de moins qui battait. Le loup-garou venait de rendre l’âme. La vamp se rapprocha de son amie et lui tapota maladroitement l’épaule, mais manqua être propulsé vers l’arrière lorsque son amie bondit sur ses pieds avec un élan disproportionné. Elle comprit rapidement en l’entendant dire :
- Bien sûr, il fallait que ça apparaisse maintenant!
Elle suivit donc le regard de la louve, ou plutôt les mains de cette dernière, tandis que son amie se penchait pour ramasser quelque chose qui venait d’apparaître sur le torse de la victime. Encore ces satanées fleurs rouges. Ces glaïeuls écarlates! Mais quelles significations avaient-elles à la fin?
Au bout de quelques minutes de silence l’agent restant des gardes de l’URF annonça :
- Nous ferions mieux de rentrer à Shadow Falls. Dès que vous y serez toutes les trois, plus la chimère de Miss Parker-Lechasseur, en compagnie de Burnett je retournerai au Bureau avec… avec Aiden.
Elles hochèrent, Maria et elle, de la tête et retournèrent vers la voiture dont une porte était absente. Cela facilita au moins les choses pour faire entrer la chimère. À ce que Della put en voir de l’air abattu de Katryne celle-ci savait exactement ce qu’il s’était passé. Ce qu’avait coûté sa sécurité.
Le retour à Shadow Falls se révéla silencieux jusqu’à leur arrivé, là Maria annonça :
- On a appris quelque chose aujourd’hui.
- Ah, bon, quoi? S’étonna-t-elle.
- La créature, celle qui influence les gens… Elle contrôle non seulement une créature plus puissante que Kelsea et probablement Ethan si elle vient à bout de son truc de transformation, mais aussi celle qui a tué notre professeur. Celle-ci se trouvant être une Hère et qui était aussi jusqu’à maintenant, pour nous, un vampire qui avait transformé Katryne. Tout ramène à une seule créature qui tire les ficelles. Il suffit de trouver de quelle sorte elle est ainsi que son identité, puis de la tuer et peut-être que tout redeviendra normal, expliqua la louve.
- Je me demande si les choses normales existes par ici, maugréa Katryne. À ce que vous m’en avez dit, ça ne semble pas être de tout repos depuis plusieurs mois.
Della ne répondit rien à ces propos, mais après quelques minutes de silence durant leur trajet menant au bungalow de Burnett, elle lâcha :
- Que fait-on, maintenant?
- On va faire une petite visite à mon cousin. C’est le premier que j’ai l’intention de guérir, car je vais avoir besoin de ma famille, répondit Maria.
- Et ensuite? À qui le tour? S’enquit la vamp.
- À nos colocs. Kylie et Miranda. Après j’irai voir Holiday ainsi que Jenny, Derek et Perry. Notre petit groupe, quoi.
- Quant est-il d’Ethan? Demanda l’ancienne meilleure amie de la louve.
- Nous verrons pour lui s’il reste de la place, conclut l’interrogée.
La vamp comprit que son amie était dans un grave conflit intérieur seulement en voyant le front plissé de cette dernière, front qui d’ailleurs était encore recouvert de sang comme le reste du visage.

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Lucas ne comprenait pas ce qu’il se passait. On aurait dit que tout autour de lui n’était qu’un brouillard insondable. Brouillard qui semblait beaucoup moins épais dès que l’on faisait mention de sa cousine ou qu’elle était dans son champ de vision. Il avait l’impression d’avoir oublié quelque chose d’essentiel, mais il n’arrivait pas à déterminer quoi… Pourtant son corps semblait en état de manque, comme s’il avait impérativement besoin de quelque chose… ou de quelqu’un. Tout semblait lui échapper, lui glisser entre les doigts. Au moment où il avait l’impression de comprendre quelque chose, d’avoir la réponse à l’une de ses questions celle-ci lui filait entre les doigts.
Il réfléchissait à tout ça en étant assis à son bureau pendant le cours. Il ne prêtait qu’une oreille distraite à ce que racontai le professeur et s’il en jugeait par les regards vides de ses camarades c’était la même chose pour eux. Il commençait à retomber dans l’étrange transe qui l’habitait de plus en plus fréquemment cette dernière semaine lorsque le son d’une voix le ramena à la réalité brusquement.
- Merde… J’avais oublié qu’on avait des cours aujourd’hui! maugréait Maria d’un ton las.
- Mais pourquoi Burnett ne nous as pas dit de rentrer plus tôt! S’exclama ensuite Della.
- Moi je m’en moque un peu… je n’ai pratiquement rien compris la première journée… ajouta Katryne.
Que faisait sa cousine dehors? Songea Lucas. Étrangement cette pensée eut de la difficulté à traverser son esprit, comme si quelque chose ne voulait pas qu’il réfléchisse au sujet de sa cousine. Mais plus il y pensait et plus ses pensées se clarifiaient. Il s’apprêtait à demander congé avec la première excuse qui lui viendrait à l’esprit lorsque la porte de la salle de classe s’ouvrit à la volée sur Maria et les deux vamps.
- Désolée de vous déranger durant votre cours, professeur, lâcha Maria avec un faux air sincère. Mais j’ai besoin de Lucas Parker. Immédiatement. Il s’agit d’une urgence.
- Que faites-vous hors de votre salle de classe, Miss Lacroix? S’enquit le professeur comme si Maria n’avait rien dit.
- Premièrement, sans vouloir manquer de courtoisie, je m’appelle Maria Parker-Lechasseur. Secundo, j’ai besoin de Lucas Parker. Il s’agit d’un ordre venant du directeur.
Étrangement il avait la très forte impression que sa cousine mentait, mais quelque chose lui disait que ce n’en serait plus longtemps un.
- Et pourquoi Mr James n’est pas venu le chercher par lui-même? Demanda le professeur en fronçant les sourcils.
Maria eut un rictus de dédain et s’apprêtait sans doute à rétorquer quelque chose de fort impoli, mais Burnett entra en trombe, bousculant les files au passage pour dire :
- Lucas, vient avec nous, s’il-te-plaît. Nous avons à te parler.
Pourquoi est-ce qu’il avait l’impression que ça n’allait pas être une partie de plaisir? Il se leva néanmoins et commençait à s’avancer lorsque le directeur lui fit signe impatiemment de ramasser toutes se affaires.
Une fois qu’ils furent tous sorti le cours reprit comme s’il n’y avait jamais eu d’interruption d’aucune sorte. Il ne put contenir sa curiosité plus longtemps et… :
- Qu’est-ce que vous me voulez? Lâcha-t-il d’un ton sec.
Qu’est-ce qu’il lui prenait! Il n’était pas censé parler comme ça à sa cousine… ni à Burnett d’ailleurs. Les deux autres c’était plus ou moins grave, mais les premières… Il risquait d’avoir de très gros problème…
- Lucas, écoute-moi Lucas, je t’en prie… murmura Maria d’une voix qui lui semblait étrangement envoûtante et qui pénétrait jusqu’au plus profond de son âme.
- Qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu… Qu’est-ce que tu me veux! Grogna-t-il avec autant de hargne qu’au début, mais de manière moins intense à cause du bégayement.
Il avait l’impression qu’une partie de son cerveau combattait quelque chose. Quelque chose qui n’aurait pas dû être là. Une douleur lancinante commença à lui monter à la tête.
- Lucas Parker. Dis-moi pourquoi tu m’évite, pourquoi tout le monde s’évite… Parle, Lucas. Je t’écoute, continua sa cousine avec la même voix.
Il mourrait d’envie de lui répondre, il le désirait plus que tout, mais quelque chose le contrôlait. Il ne s’en était pas rendu compte avant, jusqu’à maintenant car il y avait un combat qui se déroulait dans son esprit. Un combat qu’il perdait… Tout le reste se passa comme dans une nappe de brouillard…
La douleur. La douleur était si forte… Il arrivait à peine à rester conscient… Tout ce qu’il souhaitait c’était fermer les yeux et dormir. Dormir, cela sonnait comme un doux chant à ses oreilles.
- Maria, dépêches-toi ou sinon tu ne réussiras pas! S’écria une voix qu’il ne reconnut pas.
- Je me dépêche, je me dépêche, répondit quelqu’un en grinçant des dents.
Soudain l’odeur du sang lui emplit les narines, juste avant que plusieurs gouttes lui tombent sur le visage. Sur sa bouche. Il tenta de le cracher, mais quelqu’un lui maintint la bouche ouverte, permettant au sang de s’écouler dans sa gorge. Il renâcla, mais rien n’y fit, la prise que l’on avait sur lui était trop forte. La douleur s’intensifia jusqu’à ce qu’il voit des éclairs rouges traverser son champ de vision. Tout ce que se trouvait autour de lui était confus. Une voix autoritaire dit avec un accent sauvage que l’on en retrouvait que chez les loups :
- Bois, Lucas Parker. Allez, bois!
Sans le vouloir il se mit à boire le sang, sans s’arrêter. La douleur dans sa tête eut beau augmenter jusqu’à presque en perdre connaissance, il continuait, car la voix le lui avait dit. D’ailleurs celle-ci reprit rapidement et à chaque mot il reprenait un peu plus connaissance de ce qui l’entourait :
- Par ce sang que je te donne, je te fais miens. À ma meute tu appartiens, maintenant. À partir de cet instant tu n’obéiras qu’à moi et seulement moi. Jusqu’à ce que la mort te délivre ou que je te laisse partir.
Alors que le dernier mot était prononcé il sentit une bourrasque d’énergie balayer toutes ses défenses et celles de son opposant. En à peine quelques secondes il était de nouveau maître de son esprit, sauf que la bataille l’avait tellement rongé mentalement qu’il s’évanouit d’un coup avec comme dernier souvenir un cri apeuré de la part de sa cousine :
- LUCAS, NON!


Il reprit connaissance et pour la première fois depuis plusieurs jours il avait l’impression d’être maître de son corps. Il comprit rapidement qu’il se trouvait sur son lit, quoiqu’il ignorait comment il s’y était rendu. Tout lui revint par contre rapidement et il se redressa d’un coup sur son lit en lâchant :
- Maria!
Il se trouva rapidement rassuré en apercevant sa cousine se réveiller brusquement de l’endroit où elle s’était avachie, soit par terre à côté de son lit. Elle se releva rapidement et dit avec une moue inquiète :
- Lucas, ça va? Tu ne m’en veux pas trop?
- T’en vouloir? Mais pourqu… commençait-il sauf qu’il comprit rapidement pourquoi elle avait dit ça.
Elle l’avait ajouté à sa meute comme son père le lui avait montré. Sauf que cela aurait dû être impossible, ou beaucoup plus difficile, car Lucas était déjà un Alpha. Pourtant il ne se sentait pas du tout en colère contre sa cousine, plutôt reconnaissant.
- Pourquoi est-ce que je t’en voudrais, Maria? Tu m’as permis de retrouver mon libre arbitre et ça c’est tout ce qui compte. De toute manière ce n’est pas définitif, non?
- Non, en effet, approuva-t-elle, soulagée.
Soudain un souvenir qu’il aurait cru ne jamais oublié s’imposa à son esprit. Le souvenir d’une personne pour qui il se dédiait corps et âme. Il s’écria sans le vouloir :
- Kylie!
Sa cousine afficha un air désolé et il sentit le monde s’effondrer sous ses pieds avant de se reformer lorsqu’elle dit :
- Je ne l’ai pas encore aidé à se déprendre de l’emprise de la créature. J’attendais que tu sois réveillé et que je sois certaine que tout allait bien avant de m’occuper des autres. J’ai l’intention de m’occuper de Kylie et Miranda ce soir, au bungalow. Et demain je m’arrangerai pour coincer Jenny, Derek et Perry. Ainsi que Holiday, bien sûr.
- Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi tout le monde est comme ça?
- Je t’expliquerai tout plus tard. Lorsque tout le monde sera de nouveau comme avant, car c’est une longue histoire et j’aimerais mieux ne pas avoir à la raconter plus d’une fois.
- D’accord, acquiesça-t-il comprenant la logique de ce raisonnement. Donc je ne saurai rien avant demain?
- Tu peux toujours demander des renseignements à Burnett. Della et moi avons une mission pour l’URF qui est en lien avec tout ce qu’il se passe en ce moment, lui dit-elle avec un sourire. Bon, il faut que j’y aille, ajouta-t-elle d’un ton fatigué.
Maria? Fatiguée? Il ne l’avait rarement vu être fatiguée au point que cela transparaisse dans sa voix!
- Tu es sûre que tu as l’énergie nécessaire pour t’occuper de Kylie et Miranda ce soir?
- Oui et je n’ai pas le choix de toute manière, trancha-t-elle. À demain, Lucas.
Il n’eut pas le temps de lui répondre qu’elle était déjà sortie en coup de vent. Il prit une grande inspiration et ne put s’empêcher de remarquer qu’il se sentait beaucoup plus léger que dans la dernière semaine. Malgré qu’il n’ait pas remarqué sur le coup qu’un poids s’était ajouté sur ses épaules. Il s’apprêtait à se recoucher lorsque la porte de sa chambre s’ouvrit sur Burnett.
- Il faut qu’on parle, je crois? Dit le vampire en haussant un sourcil.
Il sut immédiatement que cette conversation ne serait pas de tout repos.
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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Je courrais à vive allure pour rejoindre mon bungalow où m’attendaient déjà Katryne et Della en compagnie de mes deux autres colocs. Ces dernières avaient été assignées à résidence par Burnett. Pour me rendre la tâche plus aisée. Sauf que je n’avais pas franchement l’impression que ce serait facile. J’avais rencontré beaucoup plus de difficulté que je ne l’escomptais avec Lucas et ce n’était pas, pour la majeure partie, dû au fait qu’il était déjà Alpha. Non, ce que j’avais eu comme impression c’était que l’emprise de la créature était beaucoup plus forte chez Lucas que chez le docteur Whitman ce qui ne signifiait qu’une seule chose : elle était à Shadow Falls. Ou tout au moins dans les environs très proches. La base de mon raisonnement était simple. Plus la créature devait étendre son pouvoir de contrôle, moins il était efficace. De ce fait, être à peut-être seulement dans un diamètre de dix kilomètres de cette créature rendait le pouvoir de cette dernière immensément puissant. Dire que selon mon père avoir un lien du sang avec celui ou celle que l’on ajoutait dans la meute rendait les choses plus faciles… J’avais passé à deux doigts de perdre connaissance à plus d’une reprise en sentant la douleur de mon cousin me traverser de part en part. J’avais tout fait pour rendre le changement d’allégeance plus facile pour lui, mais au bout d’un moment je n’avais plus l’énergie de lutter et j’avais dû laisser le sang faire tout le travail. À quoi est-ce que cela allait ressembler avec Kylie, Miranda et les autres? Eux qui ne partageaient aucun lien de sang avec moi… Je ne voulais même pas me l’imaginer.
En arrivant dans le bungalow je me retrouvai avec une vision de cauchemar sous les yeux. Une personne que je ne pouvais pas identifier avec certitude qui s’était fait transformer en kangourou (quoique je soupçonne que c’était Katryne puisque je ne la voyais nulle part) par Miranda, qui se faisait plaquer dans le mur par une Della très en colère, tandis que Kylie empoignait cette dernière par les cheveux en la tirant vers l’arrière. C’était vraiment grotesque comme vision. Et ce fut la goutte d’eau de la journée. Je rugis alors avec toute la puissance et l’énergie qu’il me restait :
- ÇA SUFFIT, OUI! MIRANDA KANE RETRANSFORME KATRYNE IMMÉDIATEMENT! KYLIE GALEN LÂCHE DELLA. ET DELLA TSANG FAIS LA MÊME CHOSE AVEC MIRANDA, JE T’EN PRIE!
Dire le nom complet d’une personne permettait d’asseoir un peu plus fermement son pouvoir sur elle et aussi d’être plus sûr d’avoir une réaction. Sauf que le crier peut aussi amener une extinction de la voix dans les secondes suivantes, en particulier lorsque tu es déjà au bord de l’épuisement.
Je réussis à me rattraper à l’une des chaises de la cuisine avant d’avoir à dire bonjour au plancher. Au moins l’effort fourni avait servi à quelque chose, car les trois filles se calmèrent aussitôt et le kangourou retrouva son apparence normale, soit celle d’une adolescente dénommée Katryne. J’ajoutai alors d’un ton fatigué :
- Toi et toi (je désignai Della et Katryne) si vous voulez bien retenir Miranda pendant que je m’occupe de Kylie…
Les deux vamps m’obéir sans discuter, mais la caméléon, elle…
- TU N’IRAS NULLE PART KYLIE GALEN! Grognai-je avec tant de colère qu’elle arrêta tout net sa tentative de fuite.
Je décidai ensuite, malgré mon état avancé de fatigue de bondir dans sa direction et de la plaquer au sol. Elle tenta de se débattre, mais avec chance ma force physique ne m’avait pas quitté et je la surpassais encore.
Ce fut encore pire que ce que je craignais. Outre le fait qu’elle tenta à mainte reprise de s’enfuir et que Miranda nous hurlait des insanités au visage, la douleur qui émanait de Kylie et qui me frappait de plein fouet était insoutenable. Je m’en voulais terriblement de la faire souffrir ainsi, mais je m’en voudrais encore plus de la laisser sous le contrôle d’une créature dont j’ignorais le nom. D’ailleurs cela me rappelait qu’il faudrait que j’aille chercher des renseignements dans le livre de mes ancêtres. Tout comme Lucas elle perdit connaissance à la fin tandis que moi je m’effondrais par terre comme un chiffon.
- Maria! S’écria Katryne et une fois encore sa réaction me surprit.
Pourquoi agissait-elle avec autant d’inquiétudes à mon égard? Est-ce que cela cachait quelque chose?
- Ça va… ça va… marmonnai-je en faisant un vague signe de la main. Della peux-tu m’amener Miranda et aller porter Ky… vins-je pour continuer, mais je m’interrompis en entendant la porte s’ouvrir à la volée.
Je restai un moment interloqué en apercevant Burnett qui tenait une Holiday hystérique dans ses bras. Juste en arrière d’eux, en second plan, se tenait Lucas qui piétinait, semblant ne pas savoir sur quel pied danser.
- Relâche-moi! J’ai dit RELÂCHE-MOI! Hurla la fée en gesticulant de plus belle.
Bon sang! Mais qu’est-ce qu’il se passait là? Elle commença alors à griffer son mari et à lui hurler les pires insultes au visage comme s’il n’était qu’un moins que rien. Je finis par sortir de mon ébahissement pour demander :
- Je… Je peux savoir ce qu’il se passe?
- Figure-toi donc que moi aussi! S’impatienta Burnett. Est-ce que tu crois pouvoir t’occuper de Holiday? En plus de Miranda, évidemment.
- Je vais transporter Kylie dans sa chambre? Proposa Lucas.
- Oui et reste avec elle, veux-tu? Veille sur mon amie pour moi, car je crois que Holiday sera la personne de trop pour aujourd’hui.
Je pris une grande inspiration et fit signe à Della de s’exécuter. Miranda tenta de se débattre, mais comme deux vampires la retenaient elle n’avait aucune chance. Dès qu’elle me fut remise je grognai en voyant la directrice se remettre à gigoter dans tous les sens en de vaines tentatives pour se délivrer de son vampire de mari :
- HOLIDAY BRANDON-JAMES! POUVEZ-VOUS AVOIR L’AMABILITÉ DE VOUS IMMOBILISEZ ET DE VOUS TAIRE?
Cela fonctionna pendant exactement… trente secondes. Ce qui, en d’autres termes, me permit seulement d’immobiliser moi-même Miranda dans un presque silence complet. Sérieusement je me demandais ce que j’avais bien pu faire pour mériter autant de tracas dans ma vie... Je lâchai d’un ton profondément ennuyé :
- Della, peux-tu aller chercher du ruban adhésif et en mettre une bande sur la bouche de Holiday, s’il-te-plaît? Burnett, ne t’offusque pas, j’ai besoin d’un minimum de silence en ce moment (j’ajoutai ces mots en voyant sa mine consternée et sa bouche prête à rétorquer quelque chose comme une interdiction).
Ma coloc vampire s’exécuta sans tarder et je pus ainsi me concentrer sur notre amie sorcière. Avec un peu de chance elle se révéla un peu moins compliqué que Kylie, mais tout de même beaucoup plus que Lucas.
À la toute fin je tenais pratiquement plus debout et chacun de mes mouvements étaient raides. J’haletai entre deux souffles :
- Raccompagne… Miranda… à sa… chambre, Della… et reste… avec elle… s’il-te-plaît.
- C’est ce que je vais faire… Mais tu es sûre que ça va aller? s’enquit l’intéressée.
- Oui… absolument! Affirmai-je malgré que je n’en croie presque pas un mot.
Dès qu’elle eut ramassé notre amie qui reposait tranquillement par terre je fis signe à Burnett de déposer Holiday à mes côtés.
Ce fut loin d’être de tout repos, mais je réussis à l’immobiliser complètement. Par contre le directeur dut m’aider à faire couler de mon sang dans la bouche de sa femme, car je ne pouvais pas me permettre de la relâcher ne serait-ce qu’une seconde. Ma force surnaturelle m’avait momentanément quittée et je me retrouvais aussi faible qu’une humaine. Je recommençai alors la « cérémonie ».
Je n’aurais jamais cru que cela aurait pu être pire qu’avec Kylie, mais ce fut le cas. La créature semblait accorder une encore plus grande attention à Holiday et de ce fait son emprise était encore plus grande sur elle. Je réussis à conclure le rituel, mais à la fin je n’avais plus l’énergie pour rendre la chose la moins douloureuse possible. Ce qui fit que ce fut comme une longue agonie, lente et douloureuse. La douleur me frappa avec une telle force que je perdis immédiatement connaissance, sauf que j’eus le temps de prononcer deux mots :
- Ça marché.

Lorsque je revins à moi j’étais courbaturée de la tête aux pieds et j’avais l’impression que l’on m’avait donné des coups de massue sur le dessus de la tête. C’était profondément horrible comme sensation. J’entendis alors comme dans un rêve :
- Vous croyez qu’elle est réveillée, là?
- Je ne sais pas, elle a encore la même grimace que lorsqu’elle s’est évanoui.
- Les filles, taisez-vous, Maria mérite un peu de repos après ce qu’elle a fait.
- La Maria en question voudrait vous faire savoir qu’elle est réveillée, marmonnai-je, la langue pâteuse.
- MARIA! Hurla la voix hystérique de deux filles que je croyais avoir perdues de vue dans la dernière semaine.
Je me retrouvai immédiatement écrasée sous les bras d’acier de Miranda qui me dit :
- Je suis tellement, tellement désolée pour tout ce que je t’ai dit. Et fait. Merci, vraiment merci de m’avoir sorti des griffes de cette chose, quelle qu’elle soit!
- Oui, merci Maria! Répondirent en même temps Kylie et Lucas qui se trouvaient dans les bras l’un de l’autre.
- Nous te devons une fière chandelle, Maria, ajouta tendrement Holiday.
- C’est bon de te revoir, Holiday, dis-je avec un sourire encore fatigué. J’espère que tu n’es pas trop en colère pour l’adhésif.
- Pas du tout, m’assura-t-elle.
Je me relevai de manière tremblotante et je marmonnai :
- Bon, autant que j’aille m’occuper des autres maintenant. Terminer le travail que j’ai commencé hier soir.
- Comment ça, hier soir? S’étonna Della.
- Oui, j’ai intégré Lucas, Kylie, Miranda et Holiday dans la meute hier, non?
- Maria tu as été dans les pommes pendant deux jours, souffla Miranda d’une toute petite voix.
J’en restai sans voix avant de m’exclamer :
- COMMENT ÇA, DEUX JOURS!?
- Tu étais très fatiguée après l’effort démesuré que tu as fourni, tenta de me réconforter la directrice.
- Ça fait deux jours, deux jours de plus que nos autres amis sont dans l’état que vous étiez il y a ce même laps de temps? Mais je n’ai plus de temps à perdre, ma parole! m’écriai-je avec un soupçon de panique dans la voix.
Sans prendre compte de leur recommandation je m’empressai de fondre sur ma commode pour me prendre des vêtements propres, ce qui les força (en comprenant mon intention) à quitter ma chambre. J’enfiler rapidement ce que je m’étais pris et me ruai à l’extérieur… ou plutôt je claudiquai jusqu’à l’extérieur, les autres sur mes talons.
J’arrivai assez rapidement à retrouver la trace de Jenny et grâce à l’aide de mes amis de nouveau eux-mêmes l’immobiliser fut assez facile. Son transfert d’allégeance fut tout aussi douloureux qu’avec Kylie, mais cette fois comme j’étais reposée je réussis à le rendre plus facile. Par contre elle s’évanouit quand même et nous dûmes la reconduire à son bungalow.
Ce fut ensuite le tour de Derek et Perry. Tous les deux se révélèrent être, au niveau de la douleur, du même calibre que Miranda. À la toute fin je ne perdis certes pas connaissance, mais j’étais épuisée. Holiday me recommanda alors d’aller dormir un peu.

Le reste de la semaine se révéla plutôt calme, il n’y eut aucun nouveau meurtre, ni tentative d’agression à l’encontre de Katryne. Je repris donc les cours aussi normalement que possible, même si tous les profs sans exception me prenaient désormais pour leur souffre-douleur. Chaque midi nous nous assoyons ensemble, mes amis et moi, et nous discutions à propos de ce qui conviendrait de faire. Est-ce que je devais intégrer de nouvelles personnes dans ma meute pour les immuniser ou est-ce que l’on ne changeait rien? Et si je décidais d’opter pour la première option, qui choisir?
C’est ainsi que se déroula la semaine. Lorsque la fin de semaine arriva, cela signala un départ pour Della et moi au Bureau de l’URF pour notre rapport du samedi. Le lendemain, c’était la visite des parents. Je craignais fortement ce que me réservait cette journée, car mon père viendrait nous voir tous les deux, Ethan et moi. Comment allais-je réussir à faire comme si tout était normal alors que rien n’allait?

Je me réveillai le dimanche matin avec la peur au ventre. Cette sensation perdura et alla en s’amplifiant au fil des heures qui passaient. Lorsque sonna finalement le moment fatidique, j’attendais comme tout le monde que les parents fassent leur entrée. Ce qu’ils ne tardèrent pas à faire, mais parmi tous ceux qui entrèrent je ne vis pas la trace de mon père. Par contre je remarquai facilement un père à l’air perdu qui fouillait la foule à la recherche, vraisemblablement, de son enfant. Comme je n’avais rien de mieux à faire je m’approchai de lui, quelque chose m’attirait chez cet homme dans la quarantaine. J’avais presque l’impression de l’avoir déjà vu, malgré que je sache que c’était faux. Je me secouai mentalement et remarquai avec un peu de soulagement qu’il était un surnaturel et un loup-garou, comme ça je ne risquais pas de créer d’incident regrettable.
- Bonjour, lançai-je avec un sourire engageant. Est-ce que je peux vous aider à trouver la personne que vous cherchez.
- Oui, ce serait très gentil, de votre part, jeune fille… affirma l’homme avec un soulagement palpable. Mais pourrais-je connaître votre nom, avant?
- Maria. Maria Parker-Lechasseur, monsieur! Dis-je avec un grand sourire.
Sourire qui disparut aussitôt en voyant l’air scandalisé de l’homme devant moi. Je n’eus pas le temps de dire le moindre mot pour avertir quelqu’un ou appeler à l’aide que je me retrouvais entraîner par le bras à l’extérieur par cet étrange personnage…

J'espère que vous n'êtes pas trop déçu par la tournure des évènements et que ce chapitre vous a plu. C'est vraiment nul que j'aie dû faire une autre publication juste pour ce petit bout de chapitre, mais bon! Je n'y peux rien, hein! :D À bientôt j'espère!

Un devoir
Nouveau départ
EncreBlanche

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par EncreBlanche »

J'aime toujours autant cette histoire. Je ne m'attendais pas à une suite pareille. Tous les intégrer à sa meute, très bonne idée. Continue comme ça. Et d'ailleurs merci encore de m'avoir prévenue! :D
Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Coucou, j'ADORE toujours autant ta fanfic !!!
Et merci de m'avoir prévenue !
Continue comme ça !
b-pauline

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par b-pauline »

Hello :)
Désolée pour ce long retard, mais j'ai enfin lu la suite de ton histoire que j'attendais depuis longtemps... Elle est toujours aussi captivante et j'adore... Tu fais du super boulot, continue comme ça :)
(Et continue de me prévenir, stp)
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut, salut! Me voilà de retour! :D Tout d'abord je me sens vraiment, mais vraiment mal d'avoir pris autant de temps avant de revenir... :shock: On aurait dit que j'avais besoin de faire une pause avec Maria et les autres... :oops: Bref, je devrais être un peu plus présente et les chapitres devraient se publier environ au deux semaines. Car je vais écrire mes deux fanfic' en même temps, donc... :? Je vais écrire un chapitre de l'une et le publier, écrire un chapitre de l'autre le publier, ainsi de suite. C'est le plan de match. ;) Donc, théoriquement les chapitres devraient être un peu moins distancés :D Sur ce, je tiens à préciser que je m'excuse pour ce long et terrible retard! :cry: Voilà, c'est tout :D Bonne lecture!


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Chapitre 6



Il ne voulait pas arrêter de courir et étrangement je ne faisais rien pour le repousser. On aurait dit que mon instinct me criait de rester avec lui pour voir ce qu’il adviendrait. Cela n’empêchait toutefois pas mon cœur de battre la chamade à cause de la peur et de la colère que la situation m’inspirait. Enfin, « peur » était un grand mot. L’inquiétude serait sans doute plus juste pour décrire ce que je ressentais dans l’instant.
Il nous entraina très profondément dans les bois sans même sembler perdre de la vitesse. On aurait plutôt dit qu’il allait de plus en plus vite, comme s’il fuyait quelque chose. Comme si sa vie en dépendait. Et je le suivais. Pour la simple et bonne raison que je sentais au fond de moi que je le devais.
Lorsqu’il s’arrêta enfin, il était à bout de souffle. Ou du moins c’est ce qu’il prétendit pendant… une seconde. Car l’instant suivant il me plaquait contre un arbre avec une force étonnante et me crachait au visage :
- Qui es-tu? Qui es-tu réellement?!
- Je vous l’ai dit! M’offusquai-je en sentant la colère m’envahir et ce n’était jamais bon.
Le visage de l’homme inconnu devint rapidement très rouge de colère et ses yeux prirent la teinte du loup. Bon, apparemment je n’étais pas la seule…
- Tu mens! Persista-t-il, les yeux lançant des éclairs. Cette famille est morte et enterrée depuis longtemps!
La rage se diffusa en l’espace d’une seconde dans mes veines et je le propulsai sur un autre arbre. On ne devait jamais me traiter de menteuse. Jamais! Ou en tout cas certainement pas lorsque je disais la vérité! Je grognai alors en sentant le loup prendre possession de moi :
- Je ne mens pas.
La Pleine Lune toute proche n’aidait vraiment pas à ce que je me calme et je pouvais sentir l’odeur de la colère qui émanait de l’homme. Non, en fait c’était plus de la fureur.
- Tu ne peux pas être une Parker-Lechasseur! Poursuivit-il. C’est impossible.
- Ah bon? Alors expliquez-moi pourquoi c’est pourtant ce que je suis?! Explosai-je en sentant un grondement rouler dans ma gorge.
Sans l’avoir prémédité mes griffes transpercèrent mes doigts et prirent la place de mes ongles. J’entrepris de prendre des grandes inspirations pour me calmer, sauf que cela ne fonctionna pas. J’étais beaucoup trop sur les nerfs en ce moment pour… ne pas exploser.
Puisqu’il ne disait toujours rien j’hurlai :
- ALORS? J’ATTENDS UNE RÉPONSE!
En relevant les yeux vers lui je remarquai avec effarement qu’il dévisageait mes mains, ou plutôt mes doigts, avec ébahissement. Il tomba soudain à genoux et se prit la tête entre les mains, la secouant avec désarroi, en marmonnant :
- C’est impossible… Mais pourtant tu dois bien dire la vérité… Il n’y a que… Mais… Elle est morte… Ma sœur est morte.
Je me figeai brusquement lorsqu’il fit mention d’une sœur. J’avais un très gros mauvais pressentiment. Il ne pouvait pas… Non! C’était impossible! Quoique…
- Es-tu la fille de Rose Lechasseur et Matthew Parker? S’enquit-il soudain avec un calme étonnant.
- Oui, affirmai-je en déglutissant difficilement.
- Et tu as obtenu le pouvoir de la famille Lechasseur? Tu as vaincu la Chimère?
Il devait donc réellement être celui que je le soupçonnais être. Mon oncle. Mon oncle du côté maternelle. Le seul qui pouvait toujours être en vie. L’aîné. Je déglutis avec difficulté à nouveau et répondis d’une voix presque éteinte :
- Oui, je l’ai fait.
- C’est incroyable… murmura-t-il.
- Vous êtes mon oncle pas vrai? Le frère aîné de ma mère…
En le voyant hocher de la tête je sentis le monde basculer sous mes pieds. Mes griffes retournèrent d’où elle venait d’un coup et je tombai à genoux. Des larmes me montèrent aux yeux et je me détestai instantanément pour cette faiblesse. Je lâchai les yeux fermés en secouant la tête faiblement, complètement perdue :
- Pourquoi vous n’êtes pas venu? Pourquoi vous n’êtes pas venu quand ma mère aurait eu besoin de vous? Pourquoi…
Je ne terminai pas ma troisième phrase en « pourquoi », car je refusais de me déclarer à ce point faible. Sauf qu’elle me trottait dans la tête sans que je puisse la faire taire. Pourquoi m’avait-il abandonné? Il devait bien être au courant de… de la grossesse de ma mère. Non? Avais-je tort de vouloir croire qu’il n’en avait jamais rien su?
- Je ne suis pas venu, car je n’étais pas au courant, m’assura-t-il. Je n’ai jamais rien su de sa grossesse, car elle n’avait aucun moyen de me contacter. C’est par un total hasard que j’ai appris qu’elle, ton père et mon petit frère étaient morts. Nulle part il a été question du fait qu’elle ait eu un enfant.
- Elle est morte en couche, lui appris-je. En me donnant naissance, ajoutai-je. Et mon père n’est pas mort.
- Quoi?! S’étonna-t-il.
- Il s’est présenté ces dernières années comme s’appelant George. Sauf qu’il vous a cherché, sans jamais vous trouver.
Il poussa un soupir, paraissant trainer de lourd secret avec lui. J’ignorais ce dont il était question, sauf que mon petit doigt me soufflait que je le saurais bien assez tôt. Et peut-être un peu trop tôt pour mon cœur déjà trop fragile. Je risquais de tomber profondément. D’un côté… ou de l’autre. Soit dans la tristesse… soit dans une colère noire et sans limite. Aucun des deux n’était vraiment une bonne chose.
- J’ai changé de nom, moi aussi. À cause de mon métier. J’ai été pendant cinq ans un dénommé Jonathan Russell. Entre temps je suis… tombé amoureux. Et je suis devenu père. C’était trop dangereux donc je suis devenu quelqu’un d’autre à nouveau. Cette fois j’ai pris le nom de Jean-François Légaré. En souvenir de ma vie d’avant et de ce que j’étais devenu.
- Et votre vrai nom est? M’enquis-je en fronçant les sourcils.
- Jean-François Lechasseur.
- Et pourquoi « Légaré »? demandai-je ensuite.
- Parce que je me suis perdu en reniant ma famille. En la laissant seule… J’ai appris la mort de tous ceux que j’aimais, sauf mon père, alors que je les avais tous abandonné, m’apprit-il et je vis une larme couler sur sa joue.
Je respirai doucement pour diminuer la douleur que je ressentais en lui disant :
- Votre père… il est mort en me sauvant de personnes non-recommandables. Il savait qui j’étais, mais moi non. Il m’a sauvée et j’ignorais que je perdais à la fois un ami… et un grand-père.
- Mon père a toujours préféré risquer sa vie pour les autres plutôt que pour lui-même. Mon petit-frère a hérité de ça de sa part et il en est mort.
Je ne répondis rien, car j’étais à la fois peinée pour lui et en profond désaccord. J’avais pu entendre la colère sous-jacente dans ses paroles. Il reprochait, sans le dire clairement et sans peut-être en avoir conscience, à son père d’avoir causé la mort de son frère. Et ça je ne pouvais pas le lui accorder. Son frère était mort pour une cause qu’il défendait.
Je m’assis tranquillement dos à un arbre et le détaillai en silence. Il possédait les mêmes cheveux que ma mère. Était-ce pour cela que je l’avais suivi sans rechigner? Je ne pouvais pas le jurer, mais c’était possible. Par contre, ses yeux n’avaient rien de semblable à ceux de ma mère. Ils étaient plutôt brun chocolat. Je poussai un soupir. Pourquoi était-il venu? Et pourquoi fallait-il que je retrouve tous les membres de ma famille à Shadow Falls plutôt qu’à un endroit plus probable comme l’endroit où j’avais vécu plus de quinze ans?
- Pourquoi êtes-vous venu?
- Tu peux me tutoyer, se contenta-t-il de répondre.
- Ça ne répond pas à ma question, marmonnai-je.
Ce fut à son tour de pousser un soupir et il se laissa glisser par terre. Il passa la main dans ses cheveux et lâcha :
- J’ai entendu des malheurs qui ont frappés cet endroit dernièrement. Et malgré que j’ai tenté de renier mes origines je n’ai pas oublié tous les enseignements. J’ai reconnu la lutte de la Chimère de notre famille contre l’Héritier, ou l’Héritière, dans le récit des évènements. Et ensuite il y a eu l’autre chose. Ou plutôt les autres choses.
Je le regardai en fronçant les sourcils. De quelles choses est-ce qu’il pouvait bien parler?

*******************

Ethan entra lentement dans la salle bondée de parents et de résidents qui s’offraient de joyeuses retrouvailles. Enfin, joyeuse… ce n’était pas pour tout le monde. Il pouvait bien voir à quel point Della semblait abattue de devoir passer du temps avec ses parents. Il serait bien aller lui dire salut, si ça n’avait été du fait qu’il ne faisait plus partie du groupe.
Cette pensée augmenta encore un peu le volume de la boule d’amertume qui avait pris possession de sa gorge. Il jeta un coup d’œil aux alentours dans le vain espoir de trouver celle qu’il cherchait toujours sans le vouloir. Maria. Mais, bien sûr elle n’était pas là. Elle allait sans doute se priver de voir son père à cause de lui. Il soupira pitoyablement et alla s’asseoir sur un banc dans le fond de la salle, les épaules affaissées.
Il patienta une dizaine de minutes avant d’entendre des bruits de pas se dirigeant dans sa direction. Il aurait pu relever la tête pour regarder qui s’approchait, mais le loup-garou avait parfaitement reconnu la démarche de celui qui se tenait maintenant devant lui.
- Salut, Lucas, maugréa-t-il.
- Je te rendrais bien la pareille, mais je ne suis pas venu te voir pour échanger des civilités, gronda le cousin de celle qui le détestait à présent.
- Je m’en doutais, soupira Ethan en se redressant pour faire totalement face à Lucas.
Il n’avait pas prévu de recevoir un coup de poing en plein milieu du visage. Sauf que c’est exactement ce qu’il reçut. Intérieurement il se dit qu’il allait laisser couler, après tout il l’avait bien mérité, mais pourtant…
- C’est quoi ton problème! S’énerva-t-il en bondissant sur ses pieds.
C’est à peine s’il prêta attention au fait que plusieurs parents s’étaient retournés pour voir ce qu’il se passait. Il fit alors face à celui qu’il avait auparavant compté comme un ami. Pour toute réponse à sa question il reçut un second coup de poing, cette fois dans l’estomac.
- Ça, c’était pour Maria, grommela Lucas avec une colère noire dans la voix.
Le cousin de Maria le saisit ensuite par la gorge, le leva quelques centimètres dans les airs avant de le jeter violemment sur le sol. Pour conclure il lui balança son pied dans les côtes et grogna :
- Et ça, c’est pour t’être joué de moi! Je croyais que tu l’aimais et que tout ce que tu désirais c’était la protéger! Je te pensais mon ami!
Du coin de l’œil et malgré la souffrance qui lui traversait tout le corps, cœur compris, Ethan aperçut Burnett qui s’avançait vers eux d’un pas ferme. Il savait qu’il méritait tout ce que Lucas lui infligeait, mais cela ne l’empêcha pas de se relever avec une grimace et de fulminer :
- Tu te crois meilleur que moi, peut-être! Tu lui as menti, alors que tu savais que sa confiance était dure à gagner et facile à perdre!
Sur ces mots il lui balança à son tour un coup de poing en plein visage. Coup qui propulsa Lucas plusieurs pas en arrière. Ethan le suivit sans hésiter et alors que l’autre loup-garou venait pour le frapper à nouveau, il saisit le poing en plein vol et referma vivement ses doigts dessus. Il entendit distinctement les os de la main de Lucas craquer entre ses doigts et cela le dégoûta tout comme le consterna. Il tenta de desserrer les doigts, mais c’était comme si son corps ne lui appartenait plus.
Il leur jeta un regard épouvanté et voulut reculer à toute vitesse, mais tout ce qu’il fit fut de serrer les doigts encore plus. Lucas voulut le frapper de l’autre main, mais Ethan la rattrapa avec la sienne restante. Il lui réserva alors le même sort.
- Ethan Dawson! Gronda Burnett. Et Lucas Parker! Arrêtez tout de suite!
Le vampire vint alors pour s’interposer, mais Ethan se contenta de repousser Lucas avec vigueur, le projetant contre le directeur du pensionnat. Ensuite il s’enfuit à toute jambe et c’est à peine s’il remarqua qu’on le suivait de près.
Il était horrifié par tout ce qu’il avait fait. Comment avait-il pu se battre contre Lucas? Il l’avait toujours compté parmi ses amis! Et Maria… Comment avait-il pu lui faire mal à elle? Il pouvait encore sentir la sensation de ses mains écrasant les avant-bras de celle qu’il aimait de tout son cœur et de toutes les fibres de son être…
Il finit par s’arrêter dans une clairière et s’adossa à un arbre pour reprendre son souffle. Quelque chose ne tournait clairement pas rond chez lui et il ignorait totalement quoi. Il jeta un coup d’œil autour de lui dans l’intention de se changer les idées… sauf que cela ne fonctionna pas. C’était cette clairière. Celle où il avait rejoint Maria lors de leur toute première Pleine Lune. Et la veille de. Il ravala une boule d’émotion qui voulait rester coincé dans sa gorge et prit une grande inspiration pour se calmer et se changer les idées.
C’est là qu’il la sentie. Cette odeur. L’odeur de l’herbe fraîchement coupée qui lui semblait de plus en plus appétissante et attirante. Tout son corps se tendait à l’idée de suivre l’odeur. Sauf que celle-ci se dirigeait vers lui, alors… il attendit.
Il ne fut qu’à peine surpris de découvrir Maïa une minute plus tard, baignant dans cette odeur. Cette odeur qui lui était propre, comprit-il. Il n’y avait aucune trace de sa complice habituelle. Apparemment, cette fois Sarah ne la suivait pas comme un petit chien perdu. Ses longs cheveux noirs légèrement en bataille après la course cascadant dans son dos, Maïa s’approcha de lui de sa démarche de chat. Tout en elle incarnait la grâce et une facilité de mouvement qui le déconcertait chaque fois.
Il ne fit rien pour la tenir à distance, alors que pourtant il en avait envie plus que tout. Elle s’approcha jusqu’à être à seulement deux minuscules pas de lui. En son for intérieur il se dit que c’était à la fois trop loin et beaucoup trop près. Il détestait cette sensation de déchirement qu’il avait en lui-même depuis son retour à Shadow Falls. Depuis sa première rencontre avec Maïa. Tout semblait tellement confus. Rien ne semblait à sa place. Sauf avec Maria. Quand il était proche d’elle, quand il la touchait…
Au lieu du calme que d’ordinaire apportaient ses pensées une vision de cauchemar se ramena à lui. Celle où il écrasait entre ses doigts les avant-bras de Maria. Il secoua la tête légèrement, les yeux fermés, pour se sortir ses idées noires de l’esprit. Parfois, trop c’était trop. Lorsqu’il ouvrit de nouveau les yeux, Maïa se tenait à moins d’un pas de lui et sa respiration se figea.
Il ne l’avait ni sentie, ni entendue approcher. Et pourtant il était très doué. Une sueur froide lui parcourut le dos et il eut le réflexe de reculer. Réflexe qui pour une fois fonctionna, mais malheureusement l’arbre contre lequel il était appuyé l’empêcha de s’éloigner. Elle eut un petit sourire et lui susurra :
- Je ne comprends pas comment Maria a pu te lâcher aussi facilement… Moi, à sa place, j’aurais tout fait pour te garder…
Elle ajouta la deuxième phrase en posant sa main sur son torse. Il se raidit immédiatement. Maïa attendait visiblement une réponse et lorsqu’il ouvrit la bouche pour lui expliquer le fond de sa pensée et du pourquoi des agissements de Maria, il se contenta de lâcher en soupirant :
- Je ne sais pas…
- J’ai un conseil à te donner, proposa-t-elle avec un nouveau sourire, triste, cette fois.
- Quoi? Marmonna-t-il en regardant à gauche et à droite comme s’il y avait une échappatoire.
Elle prit une grande inspiration, baissa les yeux une seconde et les releva pour dire avec un sérieux très intense :
- Oublie-la.
Il ne sut quoi répondre et voulut la repousser gentiment, mais à peine ses mains touchaient-elles les épaules de la fille pour l’éloigner, celle-ci se rapprocha de lui en une fraction de seconde et posa ses lèvres sur les siennes. Il voulut la repousser pendant la première seconde, sauf qu’ensuite… il oublia tout, mais absolument tout. Plus rien ne comptait, mais quelque chose au fond de lui était désagréable. De la culpabilité. Une immense culpabilité l’habitait et il ne la comprenait pas…

***********************

Della rongeait son frein tranquillement pendant que son père lui expliquait à nouveau, en long et en large, à quel point il était déçu de son comportement et que la drogue, l’alcool et tous ces trucs révoltants s’étaient mauvais pour elle. Qu’elle renvoyait une piètre image de son éducation. Continue comme ça, Papa et je m’en vais avant que le temps ne soit écoulée, se dit-elle en serrant les dents subtilement. Sa mère n’était pas aussi sévère, mais elle restait toujours dans l’ombre de son mari. Et quant à sa sœur… elle n’oserait jamais contredire leurs parents. Jamais. Il n’y avait que Della pour penser à des trucs pareils. Que Della pour se montrer rebelle devant sans ses parents. Que Delle pour être la honte de la famille…
Elle ravala une boule de colère et de désespoir du fond de sa gorge. Elle chercha alors du regard sa toute nouvelle meilleure amie. Ça lui avait fait bizarre de l’avoir finalement accepté. Et en si peu de temps. C’était une louve-garou et aussi sa seule meilleure amie à vraiment lui ressembler. Et elle adorait ça. Sans oublier à quel point leur mission en commun qu’elles exécutaient en ce moment les avait rapprochées. Della aurait bien aimé que Maria soit là, elle aurait peut-être succombé et accepté le…
- C’est quoi ton problème! S’écria soudain une voix, coupant net ses pensées.
Elle aurait reconnu cette voix entre toute. C’était celle de ce sale petit morveux de loup-garou. Ethan. Elle se retourna d’un bond, comme ses parents et sa sœur, en direction de celui qui avait crié. Juste à temps pour assister en direct au, du moins le croyait-elle, deuxième coup de poing de Lucas. En plein ventre d’Ethan. Apparemment, maintenant que le cousin de Maria avait retrouvé sa liberté de mouvement il réglait quelques petits problèmes… familiaux, disons.
Elle commença à s’avancer d’un pas ferme vers eux, mais une main sur son poignet la figea immédiatement. Pourtant la seconde suivante son père la relâchait en ramenant brusquement sa main vers lui. Le cœur de la jeune vampire se serra douloureusement. C’était sans doute à cause de sa maudite peau froide. Encore. Elle ravala un sanglot non-désiré et elle croisa les bras en faisant légèrement face à son père. Elle s’expliqua rapidement, le vieux réflexe qu’elle avait toujours devant la présence paternelle :
- Il s’agit de mes amis… Il s’est passé plusieurs choses et… Enfin, bref, je ne veux pas qu’ils se battent en eux.
C’était un mensonge. Un mensonge honteux. En particulier puisque ce qu’elle avait vraiment voulu faire c’était déplacer le combat et non pas l'arrêter. Le déplacer pour qu’ainsi elle puisse y participer. Ethan méritait de se faire botter le cul. Et plutôt deux fois qu’une. Voire trois et quatre fois plutôt qu’une. Dire qu’elle était rancunière était… un doux euphémisme. Ou du moins ça dépendait avec qui.
- Tu n’as pas besoin d’y aller, gronda son père avec un regard légèrement en colère. Nous sommes venus pour te voir avec nous. Pas pour te voir empêcher tes « amis » de se battre, ajouta-t-il d’un ton toujours grondant. En plus M. James s’en occupe, conclut-il, les sourcils froncés.
Della se retint pour ne pas éclater de rire. Ils étaient venus pour la voir avec eux? De qui se moquait-il? D’elle, visiblement. C’était l’une des premières fois où elle avait envie de rire et de pleurer à la fois. Elle aimait sa famille. De tout son cœur. Sauf qu’eux ne l’acceptait pas. Ils n’arriveraient jamais à comprendre, pas même si elle… si elle leur disait tout. Elle déglutit avec difficulté et secoua la tête lentement. Elle savait que son père n’acceptait pas ses amis. Pour la simple et bonne raison qu’il croyait qu’ils étaient tous des scélérats qui jetaient le déshonneur sur leur famille respective. Même Kylie n’avait pas trouvé grâce aux yeux de son frère. Alors il ne fallait surtout pas parler de Miranda aux cheveux tricolores ou encore de Maria. Quoique cette dernière avait été très peu présente… Sauf une fois. Au scandale avec la mère de Miranda.
Della poussa un soupir et se retourna juste à temps pour voir Ethan propulser Lucas sur le directeur. Elle retint son souffle, sauf que le vampire n’eut pas le temps de se reprendre que le loup-garou fautif s’enfuyait à toute allure. Avec une Maïa à ses trousses. La vampire retroussa la lèvre supérieure pendant une demi-seconde. Elle n’aimait pas du tout la nouvelle.
Elle se retourna alors vers son père, les bras croisés et le regard déterminé. Ne flanche pas, se dit-elle intérieurement avec autorité. Elle ouvrit ensuite la bouche et clama :
- J’ai quelque chose à régler. Je vous suis très reconnaissante d’être venue me voir. Ça me fait vraiment plaisir. Mais il s’agit d’une urgence. Alors à dans une semaine!
Sur ces mots elle s’enfuit rapidement. Sans laisser la chance à son père de dire quoi que ce soit. Car si elle était restée une seconde de plus, elle aurait dit toute la vérité et rien que la vérité. Pas des beaux mensonges faits pour soulager ses parents et les rassurer. Elle aurait voulu ajouter quelque chose pour sa sœur. Mais elle aussi ne la comprenait pas. Seuls ses amis de Shadow Falls la comprenaient vraiment. Et Maria avait été dans une situation très similaire à la sienne, alors c’était celle qui la comprenait encore mieux que les autres.
Dès qu’elle fut dehors et loin du regard de n’importe quel parent, elle s’élança à la vitesse qui lui était propre. Elle avait vaguement entendu Burnett lui commander de rester là, sauf qu’elle ne pouvait pas. Ethan était peut-être devenu plus fort qu’elle, et encore plus avec la Pleine Lune toute proche, mais ça lui était égal. Elle devait mettre les choses au point avec lui. Et peut-être avec Maïa par la même occasion. Car c’était à cause d’elle que bon nombre de choses s’étaient produites entre les deux loups-garous. Entre sa meilleure amie et sa proie actuelle.
Sauf qu’avant de se jeter tête baissée dans la gueule du loup, il lui fallait un plan. Elle devait réfléchir. Ne serait-ce qu’une minute. Elle s’arrêta donc à un tronc d’arbre et bondit avec facilité sur une branche pour s’y installer confortablement.
Que devrait-elle faire? Malgré l’envie très intense qui lui tordait les tripes à l’idée d’utiliser la manière forte, ce n’était clairement pas le meilleur des scénarios. Elle pourrait toujours l’agonir d’injure, elle avait un assez bon vocabulaire de ce côté-là, ainsi que dans des conversations beaucoup moins sérieuses, mais cela ne changerait rien. Il devait comprendre. Le problème c’est que niveau « oratoire » elle n’était pas la meilleure. Inventer des expressions pour une même chose, c’était facile. Expliquer en quoi quelqu’un avait mal agis, alors que l’on déteste se faire faire la morale, c’était dur. Doublement plus dur.
Que faire dans ce cas? Devant l’absence de réponse immédiate, la frustration la gagna et elle frappa de toutes ses forces la branche sur laquelle elle était assise. Ce qui se révéla une erreur monumentale, car…
CRAC!
D’un mouvement rapide, rendu possible uniquement par son côté vampirique, elle réussit à éviter la chute disgracieuse qu’elle aurait subie sinon. Par contre, la branche s’étala par terre dans un rappel parfait de ce qui avait manqué se produire.
Un rire silencieux la fit se retourner d’un bond avec un rictus de colère. Rictus qui disparut pour laisser place à une moue exaspérée lorsqu’elle aperçut la personne qui riait. Lucas.
- Qu’est-ce que tu veux? Marmonna-t-elle.
- Te voir tomber d’une branche, ça compte? La taquina-t-il.
- Ferme ta boîte à parole, Lucas! Gronda-t-elle. Je ne suis pas d’humeur.
- Parce que tu l’es, parfois?
Elle poussa un soupir plein de frustration et serra les poings. S’il continuait comme ça, il n’aurait plus seulement mal à ses mains… Mais aussi au visage. Il dut le remarquer, car son air moqueur s’estompa pour dire :
- En fait, je suis venu pour être sûr que tu ne fasses pas de bêtise.
- Il faut que je lui parle, protesta-t-elle.
- Tu veux lui parler? S’étonna-t-il. Seulement ça?
- Oui… Enfin… À peu près.
En voyant l’air de Lucas s’assombrir, elle décida de changer de sujet rapidement.
- Sinon, tes mains…? Demanda-t-elle avec une inquiétude sincère qui l’étonna elle-même.
- Kylie s’en est chargée dans un coin à l’abri des regards, répondit-il. Il a drôlement plus de force que… qu’avant.
- Et tu n’as pas vu ce qu’il avait fait à Maria…
À cette affirmation l’air de Lucas se durcit à cause de la colère.
- Ouais et je crois que c’est une chance. Peu importe. Tu y vas, oui ou non?
- Aller où? S’enquit-elle de manière idiote.
Della ne s’en rendit compte qu’une fois que les mots eurent franchi ses lèvres.
- Faire la morale à Ethan, précisa Lucas en levant les yeux au ciel.
- Maintenant, dit-elle et elle se détourna pour s’élancer à courir en suivant l’odeur du loup-garou qu’elle cherchait.
Odeur qui était entremêlée à celle de Maïa. Cette constatation la fit grincer des dents et grommela quelques mots grossiers pour elle-même. Sauf qu’elle ne devait pas perdre son sang-froid. Ce qui était plutôt mal barré.
Et cela ne s’arrangea pas lorsqu’elle déboula dans la clairière où s’arrêtait l’odeur d’Ethan et de la louve qu’elle détestait. Maïa et Ethan étaient en train de… s’embrasser? Non! C’était impossible! Elle sentie la fureur monter en elle comme un raz de marée et elle s’écria, ivre de colère :
- NON, MAIS QU’EST-CE QUE VOUS CROYEZ ÊTRE EN TRAIN DE FAIRE, BANDES D’ABRUTIS!
Ce n’était pas initialement le genre de discours qu’elle pensait offrir à Ethan, sauf que cela se conclu tout de même ainsi :
- C’EST QUOI TON PROBLÈME, DAWSON? TU NE PENSES PAS QUE TU AS ASSEZ FAIT SOUFFRIR MARIA COMME ÇA, HEIN? TU ES PITOYABLE, PAUVRE CON! JE DEVRAIS T’ÉCRABOUILLER ET TE LAISSER À L’ÉTAT DE BOUILLI SANGLANTE.
Elle se tourna alors en direction de Maïa qui l’observait avec un air calme et un sourire arrogant. La garce! Elle prit une grande inspiration dans l’intention de calmer le feu de la colère qui bouillonnait en elle, sauf que cela ne fit qu’empirer et elle hurla :
- ET TOI, ESPÈCE DE PETITE GARCE PRÉTENTIEUSE! TU NE POURRAIS PAS T’ATTAQUER À DES PROIES DISPONIBLES? TU MÉRITERAIS JUSTE QUE MARIA TE FASSE BOUFFER TON SOURIRE SUFFISANT ET LA TIGNASSE QUE TU APPELLES DES CHEVEUX!
Elle sentit une main se poser sur son épaule. Une main raide. Au début, Della crut que Lucas voulait l’inciter à se calmer, puis elle remarqua l’orangé de ses yeux. Il était en colère et peut-être encore plus qu’elle. Ethan se retira alors de l’arbre où il était appuyé et il dit avec dédain :
- Tu devrais faire attention à tes paroles, Della. Un accident est si vite arrivé. Maïa ne t’a rien fait. Elle n’a rien fait de mal.
Elle en serait tombée par terre. Était-il idiot à ce point ou…? Elle sentie sa respiration s’accélérer encore et encore. Lorsqu’elle s’arrêterait, le déchaînement de sa colère serait… dangereux. Intense.
- TU VEUX RIRE DE MOI? S’exclama soudain Lucas, au grand étonnement de Della.
Et pour en rajouter, Maïa éclata de rire et tout en caressant le bras d’Ethan elle soupira :
- Ils ne comprennent pas à quel point elle était un fardeau pour toi… À quel point elle diminuait ton potentiel.
- Non, ils ne comprennent pas, répéta Ethan.
C’était étrange. Ce n’était pas le genre de comportement qu’Ethan avait normalement. Mais alors là vraiment pas! Il était beaucoup plus indépendant que ça! Della ne savait pas quoi comprendre ou que croire? Elle avait un terrible pressentiment et espérait plus que tout que ce soit sans fondement. Mais à voir le froncement de sourcil de Lucas, elle se doutait que lui aussi trouvait le comportement d’Ethan étrange. Une panique sourde se propagea dans ses veines et remplaça la colère à vitesse grand V.
Et soudain, alors que Maïa souriait tendrement à l’intention d’Ethan et que celui-ci nous jetait un regard noir qui en disait long. Sa bouche se contracta imperceptiblement et il mima ces mots « Aidez-moi ». Sauf que la seconde suivante il cracha :
- Vous pouvez dégager, maintenant!
Della jeta un bref coup d’œil à Lucas et ce dernier lui fit signe d’un mouvement de tête. Il fallait partir. Elle acquiesça du chef et ils disparurent tous deux de la clairière. Elle ne put s’empêcher de revoir la scène dans son esprit. Et l’incertitude la gagnait. Ethan était-il toujours lui-même?

***********************

Je continuais à le fixer sans comprendre son allusion. De quoi me parlait-il donc? Qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à venir jusqu’ici? Il poussa soudainement un soupir et cela me fit sursauter. Enfin, je réussis à le cacher un minimum.
- C’est une longue histoire. Il y a très, très longtemps j’ai perdu mes filles, entama-t-il sur un ton douloureux. L’une définitivement et l’autre à cause de ma bêtise. C’était deux jumelles, vois-tu? L’aîné, de quelques minutes à peine, avait toujours eu un côté plus… aventureux. Comme mon père. Alors que la seconde laissait souvent le devant de la scène à sa sœur, préférant rester dans l’ombre. Celle-là me rappelait un peu ta mère. Elle ne voulait pas que l’on voit la beauté qu’elle était, ni la force de son caractère. Je ne leur ai jamais caché ma véritable nature pas plus qu’à leur mère. Malgré qu’elle était déjà au courant avant même que je n’en parle. Elle était une demi-fée. Bien sûr elles ont toutes les deux hérités de ma lycanthropie, donc environ à leur cinq elles ont commencés leur métamorphose. Et peut-être cinq ans après, quelque chose à commencer à changer chez la cadette. Elle a arrêté de manger, ses métamorphoses étaient douloureuses et les jours passant, elle dépérissait de plus en plus. Cinq mois après le début des symptômes, elle est morte. Le choc a été si violent chez sa sœur aînée que son comportement a changée du tout au tout. Elle s’est renfermée sur elle-même et tout est devenu différent, continua-t-il, les yeux dans le vague.
Il prit quelques secondes pour essuyer les larmes qui s’écoulaient de ses yeux, prouvant que le sujet était encore très sensible. Il poursuivit alors :
- Deux ans à peine après, sa mère suivait sa sœur dans la tombe. Un cancer incurable. Nous l’avons vu dépérir pendant exactement cinq mois. Après ça, elle n’a plus voulu parler à personne. Elle se réfugiait sur le bord du fleuve pour perdre son regard dans le mouvement continu des vagues. Puis deux ans plus tard… elle a commencé à faire des trucs bizarres. Et ça le devenait encore plus au fil des mois. Cinq mois après et elle était partie.
Il s’arrêta à nouveau, sa voix étant devenu pratiquement inintelligible à la fin de son court récit à cause de la douleur. Il inspira longuement, puis expira avec la même lenteur, avant de me regarder à nouveau.
- J’aurais dû m’en rendre compte. J’aurais dû reconnaître les signes, soupira-t-il. Mais je me refusais à repenser à mon passé. Le fardeau de mes ancêtres était trop lourd pour mes épaules. J’étais l’aîné, c’était à moi que revenait cette tâche. Celui de protéger notre province. Notre territoire. De nous trois c’était Rose la plus forte. Elle n’avait peur de rien. Sur ce point, je crois que tu lui ressembles beaucoup. Tu…
- Tu te trompes, le coupai-je, la gorge nouée. J’ai peur. La peur me noue le ventre à chaque fois que je me dis qu’à cause de ce que je suis devenue, je pourrais perdre mes amis. Ceux qui sont devenus ma famille. Ma nouvelle famille, continuai-je. Je suis terrorisée à l’idée d’être vulnérable devant quelqu’un et qu’il me renvoie une gifle en plein visage, de manière figurée ou littéralement parlant. Je connais trop bien la peur, conclus-je.
Il hocha de la tête, mais je sentais son désaccord. De manière très palpable. Pourtant il ne dit rien, il se contenta de reprendre son récit :
- Il y a eu une constante entre tous les malheurs qui m’ont foudroyé. Un délai de deux ans entre chaque début de malheur. Et cinq mois avant que ça se termine. Je suis pertinemment convaincu qu’une créature s’est acharnée sur ma famille et moi. Pour quelle raison? Je l’ignore. Par contre, je sais qu’elle a convaincu ma fille de me fuir. Ma petite Sarah…
Cela me figea immédiatement. Il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas parler de… Non, c’était impossible! Pas celle-là! Sauf que tout concordait parfaitement. Enfin, sauf la présence de Maïa. Sauf que Maïa pouvait être une sorte de réincarnation de celle que Sarah avait un jour été et que maintenant elle reproduisait simplement le comportement de sa sœur cadette. De sa jumelle.
Sauf que je ne pouvais pas l’accepter. Non! Cette fille ne pouvait pas être ma… Nan, c’était forcément quelqu’un d’autre. Forcément! Jamais je ne pourrais accepter d’avoir pour cousine l’amie de la garce qui m’avait… Ne surtout pas y penser, me morigénai-je.
- J’ai réussi à retrouver sa trace, mais je l’ai toujours suivi de loin, car… car elle devenue autre chose, poursuivit Jean-François. Elle n’est plus réellement un loup-garou. Elle est un peu passée à un stade supérieur. Quelque chose qui n’est possible qu’avec l’aide d’une créature plus puissante.
- Et c’est? M’enquis-je, le cœur au bord des lèvres.
- Un… vint-il pour commencer, sauf qu’il s’interrompit brusquement. Cache-toi! me souffla-t-il rapidement.
Je ne compris pourquoi il me disait de me cacher que lorsque je tendis l’oreille et que j’entendis des bruits de pas qui s’approchait. Je reniflai un peu l’air ambiant et je reconnus l’odeur. Sarah. Je m’éloignai alors pour ne plus être dans le vent et me métamorphosai en loup. Mon odeur changeait légèrement sous cette forme et elle avait le mérite de n’avoir jamais été vue par celle qui approchait.
J’attendis quelques secondes avant de m’avancer de quelques pas jusqu’à pouvoir voir ce qui se passait. Je pouvais maintenant voir que celle qui était ma cousine par le sang avait les mains sur les hanches et foudroyaient son père du regard. Elle cracha soudain, en français, et je sentis la souffrance derrière ses paroles :
- Qu’est-ce tu fous ici? Je t’ai dit d’arrêter de nous suivre! Je ne peux pas désobéir. Tu le sais aussi bien que moi! La seule chose que j’arrive à contrôler, c’est par rapport à toi, P’pa. Je ne veux pas te faire de mal… Mais si elle découvre que tu es ici…
Les deux dernières phrases avaient été dites sur un ton plus doux. Presque suppliant. Elle l’exhortait à s’en aller. Et j’avais l’impression que ces mots lui demandaient beaucoup de force pour être dit. Sauf que ce n’était qu’une intuition.
- Je sais, j’en suis conscient! Mais est-ce qu’elle t’a dit qui elle était? Qui est celle que tu dois combattre.
- C’est Maria Parker-Lechasseur, admit Sarah en baissant la tête.
- Je ne t’ai jamais dit qui je suis, soupira alors son père. Mon vrai nom est Jean-François Lechasseur.
- Elle n’est pas… Non, elle ne peut pas…
- Elle est ta cousine, la coupa mon oncle, doucement.
- Tu mens! Hurla-t-elle, mais je sentais qu’elle doutait de son affirmation. Va-t’en maintenant! Je ne veux pas te revoir!
Je pouvais presque l’entendre ajouter « je ne veux pas te faire de mal ». Suite à sa commande elle s’enfuit en courant, à une vitesse bizarre. Comme si quelque chose la tirait vers l’arrière. Je vis son père retenir des larmes de désespoir et en s’éloignant à pas lent, il lâcha à moitié en grommelant :
- Cerbère.
Je savais ce que ça voulait dire. Et pourquoi il l’avait dit ainsi. Mais à ce mot un frisson me parcourut l’échine. Ça s’annonçait extrêmement mal. Pour moi et tout Shadow Falls, en tout cas. Ou plutôt, spécialement pour moi…

*********************

Miranda faisait les cent pas dans le bungalow. Seule. Kylie était encore avec sa mère, Della était on ne savait où à faire on ne savait quoi. Quant à Maria… N’en parlons même pas. Elle n’avait pas été très longtemps avec sa mère, cette dernière ayant apparemment un certain malaise à être en sa compagnie depuis que Maria lui avait ouvert les yeux. La jeune sorcière avait la vague impression que sa mère se sentait profondément coupable. Elle en pleurerait presque tellement elle avait cru ne jamais voir ce jour arriver. Non pas le fait que sa mère se sente coupable, mais plus du fait qu’elle avait ouvert les yeux.
Elle se sentait encore un peu bizarre à cause de ce qu’avait fait Maria. Elle ignorait encore tout de ce que signifiait faire partie de la meute de sa coloc louve, mais elle espérait que cette dernière lui offrirait bientôt quelques réponses. Et si elle ne le faisait pas, elle devrait lui tirer les vers du nez. Avec quelques sorts, s’il le fallait. Enfin… Elle espérait que Maria ne l’obligerait pas à aller jusque-là. En particulier, car elle ne tenait pas à faire une bêtise avec elle. Du genre de ne pas être capable de lui rendre sa forme originelle si jamais elle devait la transformer en kangourou… ou en mouffette, qui sait. Non, elle ne le souhaitait pas. Autant pour la dignité de son amie que pour sa survie à elle, Miranda.
Elle aurait bien voulu que Perry soit avec elle en ce moment, mais c’était toujours compliqué avec lui. Sauf que ça en valait généralement la peine. Elle poussa un soupir et se résigna à s’asseoir sur une chaise autour de la table. Malheureusement cela ne fit qu’accentuer le manque qu’elle ressentait face à l’absence de ses amies. Et cela lui rappelait les trop nombreuses fois où elle avait dû rester derrière. Pourquoi ne la croyait-on pas suffisamment forte pour participer au combat comme les autres? Certes, il y avait sa dyslexie, mais quand même. La force physique et la vitesse n’étaient pas tout dans la vie, non? Penser à tout ça la rendait toujours d’humeur maussade et à chaque fois elle était seule. Elle grommela quelques mots et soupira à nouveau.
- De mauvaise humeur? Dit une voix amusée, derrière elle.
Elle se redressa brusquement, toute l’énergie qu’elle possédait lui étant rendue et elle hurla en bondissant de sa chaise et en faisant volte-face :
- Perry!
Elle se jeta ensuite dans ses bras et le métamorphe la serra contre lui en souriant.
- Tu t’ennuyais déjà? On s’est pourtant vu au petit-déjeuner!
Son ton était moqueur et elle n’avait qu’une seule envie, lever les yeux au ciel. Qu’il pouvait être idiot, parfois.
- Bien sûr que je m’ennuyais déjà! S’exclama-t-elle en souriant. Surtout, car je commençais à m’ennuyer ferme ici, toute seule.
- On peut remédier à ce problème d’ennui! Tout de suite, assura Perry avec un sourire malicieux.
Cette fois elle ne put s’en empêcher et ses yeux roulèrent dans leur orbite. Par contre, elle ne put s’empêcher de sourire la seconde suivante lorsque les lèvres de son petit-ami rencontrèrent les siennes. Elle n’y avait pas eu droit pendant tellement longtemps. Durant tout le temps où la créature avait eu son emprise sur elle. Elle savoura alors la sensation délicieuse qui lui était offerte et s’y perdit avec joie.
Comme chaque fois, ou presque, cela dégénéra légèrement. Elle se retrouva plaquée contre le mur, les mains accrochées aux cheveux de Perry et ce dernier lui caressant le dos, sous le T-shirt. Ses mains à lui étaient en train de remonter lorsque…
- Pouah! Miranda, tu ne pourrais pas au moins faire ça ailleurs? Dans ta chambre, par exemple! S’exclama Della en balayant de la main l’air sous son nez.
Et le charme était rompu. Merci, Della, marmonna-t-elle pour elle-même. Perry changea immédiatement de position, mais s’empara de sa main. Il souriait comme un bienheureux, comme si l’idée d’avoir dérangé Della l’enthousiasmait. À la réflexion, c’était probablement le cas. C’est alors que Miranda remarqua que Lucas aussi se trouvait dans le bungalow, elle se laissait apparemment bien surprendre aujourd’hui! Perry, puis Della et enfin Lucas! Après ce petit moment de consternation, elle se rendit soudain compte de l’étrangeté de la situation. Rarement elle n’avait vu ces deux-là ensemble sans quelqu’un d’autre, Kylie en particulier autour. Ou maintenant Maria aussi. Que se passait-il?
Elle analysa rapidement leur visage, mais elle n’était pas aussi douée que Holiday ou Kylie. Elle possédait en général un bon instinct, mais… bref, il pouvait lui jouer des tours. Sauf qu’en ce moment, elle pouvait clairement voir que quelque chose les tourmentait. Et apparemment Perry aussi, car il demanda :
- Qu’est-ce qu’il se passe, cette fois?
- C’est Ethan, répondit Della avec les sourcils froncés d’incompréhension.
- Avant qu’on aille plus loin, promettez de ne pas en parler tout de suite à Maria, les obligea, à moitié, Lucas.
- Je promets! Assura-t-elle la main sur le cœur.
- Moi aussi, je le promets, lâcha Perry en haussant des épaules.
- Alors, dites, maintenant! dit-elle en se frottant les mains, avides d’avoir des informations.
Les deux se regardèrent une seconde, cherchant apparemment de la confirmation dans le regard de l’autre. Finalement ce fut Della qui commença :
- J’étais allée voir Ethan et Maïa pour leur dire ma façon de penser de leur agissement. Et Lucas m’a suivi pour… Bref, vous vous en doutez. (Ça, pour s’en douter, Miranda s’en doutait très fortement, elle connaissait que trop bien le tempérament de son amie) Alors, je suis allée où ils étaient et ils s’embrassaient. J’étais dégoûtée alors je leur ai hurlé dessus. Puis Ethan a répliqué, ensuite Maïa et encore Ethan. Mais il y a quelque chose de bizarre.
- Ethan a répété presque mot pour mot quelque chose que Maïa avait dite et ensuite, juste avant de nous crier de foutre le camp, il a mimé deux mots avec sa bouche, poursuivit Lucas, incertain.
- Et c’était? S’enquit Perry en fronçant les sourcils.
- Aidez-moi, dirent les deux personnes qui avaient assisté à la scène.
C’était vraiment bizarre. Elle ne savait pas trop quoi en penser. Et ce fut encore moins le cas, lorsque sa coloc et le loup-garou leur racontèrent en détails la rencontre. Chaque parole qu’avait prononcée Ethan sonnait comme du venin. Un venin qui ne lui était pas vraiment coutumier, en plus. Et à ça s’ajoutait les deux petits mots qui rendaient le tout encore plus bizarre. Aidez-moi. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Qu’Ethan était possédé? Qu’il n’était plus lui-même?? Qu’il avait un double maléfique??? Trop de choses à penser. Sauf qu’au moins elle comprenait pourquoi le loup-garou et la vamp ne voulaient pas en parler à Maria. Cela risquait de l’anéantir encore plus. Car c’était peut-être un piège. Un plan pervers, mis au point par le nouveau « couple ».
Miranda ne l’avait pas vu venir, celui-là. Elle avait toujours cru que le couple que formaient Maria et Ethan étaient un peu comme celui de Kylie et Lucas. Qu’une fois qu’ils étaient ensembles, c’était pour de bon. Contre vents et marées. Apparemment ce n’était pas le cas.
- Je ne sais pas quoi en penser, soupira Della après un long moment de silence. Et je ne sais pas ce qu’on doit faire… Doit-on le dire, ou pas, à Maria?
- Il vaut mieux ne pas lui dire, lâcha Lucas. Pas avant d’avoir compris si Ethan demande vraiment de l’aide.
- Mais s’il est sérieux et qu’au moment où on voit que c’était vrai il est trop tard? rétorqua-t-elle avec amertume.
Dans un sens elle pensait qu’il valait mieux le dire à Maria. Car si elle finissait par l’apprendre et qu’il était trop tard, elle leur en voudrait. À eux tous. Peu importe le visage qu’elle montrait aux autres, Miranda se doutait que Maria l’aimait encore et qu’elle en souffrait. En tout cas, ce serait le cas si jamais Perry devait lui faire subir le même genre de châtiment qu’Ethan avait fait à sa coloc louve. Mieux valait ne pas y penser, se dit-elle en prenant une grande inspiration.
- Je crois qu’il vaudrait mieux lui dire, continua-t-elle.
La porte d’entrée s’ouvrit alors à la volée sur une Maria à la fois en colère et affolée. Elle grogna en fronçant les sourcils :
- Dire quoi à qui?
Oh, merde! Ils étaient complètement dans la merde là. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma aussitôt. Comment pourrait-elle amener ça? Il n’y avait aucun moyen pour que le tout soit pris calmement. En particulier puisqu’il était question de Maria.
- Ethan et Maïa se sont embrassés, lâcha Della en croisant les bras.
Miranda aperçut facilement l’éclair de douleur traverser le regard de la louve, sauf qu’elle ne le démontra pas autrement. Maria se contenta de lever les yeux au ciel et grommela :
- Il fallait s’y attendre. C’est tout?
- À peu près… soupira Lucas en baissant les yeux.
- Quoi? Marmonna la louve les sourcils encore plus froncés.
Allait-il vraiment le lui dire? Si elle se fiait à l’inspiration longue qu’il était en train de prendre, c’était le cas. Elle craignait fortement la réaction de Maria lorsqu’elle l’apprendrait. Il y avait deux scénarios possibles. Le premier étant qu’elle se ruerait dehors dans l’intention d’ajouter Ethan à sa meute et la seconde étant qu’elle se mettrait dans une colère très, très noire. L’un comme l’autre cas ne l’enthousiasmait pas plus qu’il ne le fallait. Le dernier, on n’avait pas à préciser pourquoi. Quant au premier… Si c’était un piège, Maria foncerait tête baissée dedans. S’il y avait bien une chose dont Miranda était sûre, c’était qu’elle ne voulait pas que du mal soit fait à son amie.
Elle sentit un frisson glacé lui traverser le dos tandis que Lucas ouvrait la bouche pour annoncer :
- Il a demandé de l’aide.
Miranda vit immédiatement Maria se raidir. Et elle ne savait pas ce que cette réaction laissait envisager. Ou du moins elle ne voulait pas le savoir…

***********************

J’étais totalement figée. Ethan avait besoin d’aide? Mais pour quoi faire? Avant même d’en avoir décidé autrement, mon corps commença à se diriger vers la sortie. Malgré la fureur qui étreignait mon cœur je ne pouvais pas m’empêcher d’être inquiète pour lui. J’avais le sentiment qu’en arrivant face à lui je risquais de le gifler, de l’aider puis de le gifler encore avant de m’en aller.
Malheureusement je n’atteignis pas la porte. Della me barra le passage et gronda :
- Attends. C’est peut-être un piège.
- Un piège?! Grognai-je. En quoi est-ce que ça pourrait être un piège?
Sauf qu’en disant ces mots je compris ce en quoi cela pouvait en être un. Cerbère. Un chien à trois têtes. Trois têtes. Je pris une grande inspiration et d’un mouvement de la tête l’enjoignis à s’expliquer.
Ce qu’ils me révélèrent me laissa pantoise. Ethan n’était pas du genre à reprendre les propos de qui que ce soit! Ni à agir de manière aussi inconsidérée! Et son « aidez-moi » me rappelait clairement la difficulté pour Sarah d’exprimer certaines choses. Et je me souvins assez facilement ce que Kelsea avait dit. Une créature plus puissante qu’elle qui était sous les commandes d’une autre. Cette autre avait le pouvoir de transformer des loups-garous en… Non, pas Ethan! Pitié, pas lui! J’avais l’impression que je ne pourrais pas le supporter. Comment est-ce que je pourrais le combattre lorsque viendrait le moment de se battre? Car il viendrait, c’était sûr. Comment?
Je n’avais qu’une seule envie, m’effondrer par terre et ne plus me relever. Sauf que je devais rester debout. Je le devais… Je croisai alors le regard de mes amis qui était présent et je vis dans chacun de leurs yeux de la résignation. Peu importe ce que serait mon choix, ils me suivraient. Je n’en revenais toujours pas… Je tranchai soudain, en prenant une inspiration :
- J’ai moi aussi quelque chose à vous annoncer. J’ai rencontré mon oncle… (Je vis Lucas se raidir imperceptiblement) du côté maternel. Le seul toujours vivant. Et il m’a appris quelque chose. Sarah est ma cousine. Et elle n’est plus un simple loup-garou. Elle est passée au stade de Cerbère. Enfin… quelque chose comme ça.
À voir avec quel air horrifié et incompréhensif qu’ils avaient tous, j’en conclus que cela les paniquait autant que moi et qu’ils n’y comprenaient rien, eux aussi. Je lâchai en soupirant :
- Je crois que j’ai un peu de recherche à faire. Est-ce que vous pourriez aller chercher les autres? Kylie, Jenny, Derek, Katryne… J’aurais ajouté Burnett et Holiday, mais ils doivent être occupés avec les parents.
Mes amis hochèrent tous de la tête et s’éloignèrent en paire de deux. Della s’en alla aux côtés de Lucas pendant que Miranda et Perry se dirigeaient ensemble vers la porte.
Dès qu’ils furent dehors je m’empressai d’aller dans ma chambre et y ramassai le grimoire. J’avais toujours peine à croire qu’un truc aussi décrépi pouvait être d’une si grande et cruciale importance. Peut-être que ce serait une bonne idée d’en faire une nouvelle copie? Après tout, on ne sait jamais ce qui pouvait arriver. Une personne malintentionnée pourrait venir le prendre et le détruire, dans ce cas-là je serais dans de beaux draps. Ou sales. Enfin, qu’importe.
Je l’ouvris alors avec des mains tremblantes et commençai à le feuilleter. Heureusement mes ancêtres avaient eu assez de jugeote pour mettre les créatures en ordre alphabétique. C’était la deuxième fois que je le feuilletais et je me rendis compte que c’était une erreur monumentale de ne pas l’avoir fait plus tôt. Il regorgeait de tant d’informations capitales!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Lorsque je mis enfin le doigt sur l’information recherchée, je ne pus m’empêcher de pâlir en lisant les quelques pages qui les décrivaient.

Les Cerbères existent depuis aussi longtemps que l’on peut se rappeler. En bref, depuis aussi longtemps que les loups-garous, car l’un ne va pas sans l’autre. Il y a eu plusieurs manières différentes de les appeler allant de chiens à trois têtes jusqu’à chiens des enfers. Ce dernier nom n’est pas la vérité, car ces créatures existent bel et bien, mais ne sont nullement des Cerbères.

Un Cerbère possède effectivement trois têtes, mais il faut être sans jugeote pour le comparer à un chien. Les têtes qu’ils possèdent sont celles de loup pour une excellente raison. La seule manière pour voir cette créature voir le jour est grâce aux loups-garous. Certains le deviendront par eux-mêmes à cause d’une immense volonté et d’une détermination sans faille qui les poussera à changer. Dans ces moments-là ils conservent leur personnalité d’origine, ce qui reste en soi un bien. À moins, bien sûr qu’il s’agisse d’une crapule de la pire espèce.

Dans le pire des scénarios il s’agira d’une transformation forcée causé par une créature plus puissante. Il en existe deux ou trois avec la puissance nécessaire. Il y aurait bien sûr les sirèn… du Golfe du Saint-Laurent, la Dame aux … et quelques autres. Ils peuvent ainsi provoquer ce qu’on appel… l’évolution du loup-garou. La transformation est longue et douloureuse lorsque l’on n’a pas fait ce qu’il faut pour la mériter.

Le processus reste encore inconnu à tous concernant la manière que les créatures dites plus haut s’y prennent pour rendre un loup-garou normal à son évolution gigantesque. Toujours est-il que le résultat reste le même.
Le Cerbère est beaucoup plus gros que la Chimère. En plus de posséder trois têtes, il obtient sous forme humaine une force plus élevée ou équivalente à celle de l’Héritier au summum de sa puissance. Il est aussi plus rapide, sans toutefois égaler la vitesse de l’Héritier. Quant à sa forme animale, il est dit qu’avec une certaine volonté il peut passer de sa forme géante à celle de son loup normal à volonté. Par contre cela demanderait un certain temps pour maîtriser ce pouvoir.

La forme animale du Cerbère, une fois l’évolution achevée, conservera les mêmes couleurs que son loup originel. Ce qui fait en sorte que les individus seront tous différents. Par ailleurs, la taille variera aussi, malgré qu’ils soient tous plus grand et plus fort que la Chimère. Certains seront plus athlétiques, d’autres plus bâtis. Cela dépend en général du loup qu’ils possédaient à la base. Les blessures qu’ils infligeront, sous forme humaine ou sous forme animale seront plus longues à guérir, à moins de posséder dans ses connaissances proches un habile guérisseur.

Par la suite…

Je m’arrêtai de lire à ce moment-là, car la suite était plus ou moins importante. C’était assez frustrant, car apparemment quelqu’un avait échappé de l’eau exactement sur le paragraphe où ils faisaient mention des créatures qui pouvaient provoquées « l’évolution » du loup-garou. Cela avait entraîné l’effacement de certains passages très importants. Que de frustration, en somme.
Je poussai un soupir résigné et une étrange impulsion me poussa à aller aux dernières pages du grimoire. Et ce que j’y lus me paralysa surplace…

À toi, Héritier. Nous espérons, nous tes ancêtres, que les informations contenus dans les pages précédentes t’auront été utile ou te seront utile dans ton avenir. Il est pourtant maintenant temps de te parler de ta condition. Normalement tu ne devais acquérir ce manuscrit que lorsque tu aurais en ta possession la pierre te reliant à la Chimère. Si ce n’est pas encore fait, tu te dois de la vaincre avant de lire les lignes qui suivent.

Nous espérons de tout cœur que tu t’entends bien avec Kelsea, elle sera, et ce jusqu’à la fin de tes jours, ta plus grande alliée dans les épreuves qui t’attendent. Elle ne peut pas mourir, car sa vie est reliée à la pierre. Si elle devait succomber, elle ne ferait que retourner dans la pierre en attendant un nouvel Héritier. Si cela devait subvenir cela signifiera sans aucun doute que tu seras mort, toi aussi. Mais peu importe, sache simplement que tu dois faire attention, car Kelsea n’est pas la plus puissante des créatures, loin de là. Certaines la surpassent en force. Donc, fais très attention.

Maintenant mentionnons tes pouvoirs. Tu dois sans doute avoir remarqué, surtout si tu as eu un mentor compétent, que tu peux désormais te transformer hors Pleine Lune et procéder à des métamorphoses partielles. Sans oublier que ta force et ta vitesse se sont sans doute grandement améliorées. Sache que, si tu es toujours en bas de cet âge, ta puissance et ta vitesse augmenteront encore, à un rythme plus ou moins lent, jusqu’à tes vingt-et-un ans. Si tu as cet âge ou moins, ce sera pendant deux à trois ans à la suite de ta victoire sur la Chimère.

Sache qu’une fois que tu seras entièrement connecté à Kelsea tu auras la capacité d’utiliser certains de ces pouvoirs. Comme par exemple disparaître à tous les sens de ceux qui t’entourent, excepté les membres de ta meute. Ensuite tu auras aussi la capacité à traverser l’Ombre et la Lumière. Pour plus d’informations à ce sujet, cherche le titre avec ce nom. Mais sache que c’est très dangereux. Tu pourras aussi communiquer par télépathie à tous les membres de ta meute. Que tu sois dans la même pièce ou à des kilomètres de distance. Tu sauras aussi les entendre te répondre, évidemment. Finalement, le dernier pouvoir que tu posséderas sera celui d’augmenter la taille de ton loup à volonté. Tu pourras prendre sur demande la taille de la Chimère. Ce qui est un net avantage quand tu dois affronter des créatures plus grandes que toi. Par contre, il s’agit d’un pouvoir très dur à maîtriser, très peu en sont capables. Mais nous te souhaitons la meilleure des chances. Protéger et servir, voilà notre vocation. Prends soin du Québec, Héritier.

Il faut que je réfléchisse une minute, pensai-je, sous le choc. Ils étaient en train de me dire que je… que j’allais pouvoir atteindre la grosseur de la Chimère? Tout en restant la louve que j’étais? Oh, bon sang… j’hésitais entre trouver cette information fantastique et géniale ou en être effrayée. Car qui disait augmenter en puissance, disait aussi ennemis plus puissants. Et je commençais déjà à en avoir beaucoup sur les bras.
Je poussai un soupir scandalisé. Apparemment ma vie ne serait jamais simple. C’était à en devenir fou. Je me souvins alors d’un détail et retournai feuilleter le grimoire jusqu’à atteindre le passage sur la Hère.

La Hère est une créature assez méconnue, mais terriblement puissante et vicieuse. Il vaut mieux pour la majorité d’entre nous de ne jamais avoir à croiser son chemin.

Rare sont ceux ayant réussi à survivre après l’avoir vu, ce qui implique que sa description est rarement identique et varie d’une personne à l’autre. Par contre, nous, nous avons une meilleure chance de survie à ses attaques. Donc, nous pouvons confirmer qu’elle possède bel et bien une longue queue rouge écarlate très touffue, d’approximativement deux mètres de long. C’est le seul point sur lequel tout le monde s’accorde. Ensuite, elle ne fait guère plus d’un mètre de haut, mais possède de terribles dents très tranchantes et assez longue comparativement à sa tête. Ses griffes sont assez similaires à ses dents compte tenu du fait qu’elles sont très grandes comparativement à la taille de ses pattes. Sa fourrure est aussi noire que la nuit parcourue de rayures d’un rouge plus sombre que sa queue.

Dans le combat, la Hère est impitoyable. Et sa deuxième griffe, de la patte droite, à partir du côté gauche peut injecter un puissant poison qui paralysera sa proie le temps qu’elle la dévore. Dans le meilleur des cas. Elle est très rapide et d’une agilité impressionnante.

L’une des caractéristiques très impressionnantes de cette créature est le fait qu’elle peut se faire passer pour le surnaturel de son choix. Un peu à la manière des Caméléons, être surnaturel non-reconnu qui existe en petite communauté. Cela rend les Hères très dangereuses, mais en règle générale la Chimère saura la reconnaître.

La pire chose qui pourrait se produire c’est que la Hère tombe sous le contrôle d’une créature plus puissante. Dans ces cas-là, ses victimes ne disparaîtront que très rarement, car elle ne vivra que pour tuer. Il s’agit d’une créature qui vit très difficilement sous le contrôle de qui que ce soit. Il a été dit, il y a fort, longtemps qu’un Héritier avait déjà accidentellement libéré une Hère de sous le contrôle de la créature à qui elle obéissait et que l’Héritier devait combattre. Le résultat en a été très surprenant. À peine la Hère fut-elle libre, qu’elle combattit aux côtés de l’Héritier qui l’avait libéré. Une fois le combat terminé, elle disparut tout bonnement, en laissant un simple mot derrière elle. « Ne t’avise pas de venir sur mon territoire, je ne te dois plus rien ». Ce qui laisse sous-entendre qu’elles ont un sens de l’honneur légèrement élastique. Par contre, personne ne peut certifier avec exactitude que cette histoire est vraie, donc bien faire attention si vous croisez une Hère contrôlée.

La Hère habite géné…

Que quelqu’un me dise pourquoi rien n’était jamais simple? Pourquoi est-ce que je devais toujours être coincée avec le pire des scénarios possible et imaginable? Je commençais à en avoir un peu marre. En fait, « un peu » était un euphémisme. Un très gros, euphémisme, à bien y réfléchir.
Je m’apprêtais à débuter les recherches sur les sirènes et la Dame aux quelque chose lorsqu’on ouvrit la porte du bungalow. Je rangeai alors précieusement le grimoire et retournai à la pièce principale qui regroupait l’entrée, le salon et la cuisine.
Je manquai retourner d’un bond dans ma chambre en voyant qui se trouvait là. Maïa. Ma lèvre supérieure se retroussa et je lâchai un grondement sonore. Pourtant je m’approchai jusqu’à être à deux pas d’elle et je lui grognai au visage :
- Qu’est-ce que tu me veux?
- Je voulais t’avouer quelque chose… soupira-t-elle en baissant les yeux, piteuse. Tes amis t’en ont sans doute parlé et ils ont sans doute tout compris de travers… Mais… Ethan m’a embrassé, lâcha-t-elle sans affronter mon regard. Je suis désolée…
Non, mais! Quelle sale petite garce menteuse elle faisait! Elle était tout sauf désolée, j’en étais certaine, je le sentais jusque dans mes os. Ce fut plus fort que moi et ma main partit rencontrer son visage. Je la giflai, sauf que cela ne diminua pas ce que je ressentais intérieurement. Les gifles ce n’étaient pas mon truc. Mes poings se serrèrent malgré moi. Et je dus combattre avec moi-même pour ne pas la plaquer dans le mur, j’en tremblais à force.
- Pourquoi… Pourquoi tu m’as giflé? Bafouilla Maïa en relevant des yeux surpris sur moi.
- Ne pense même pas que je ne sais pas à quel jeu tu joues, espèce de garce! Grondai-je avec fureur.
- Comment est-ce qu’Ethan a-t-il pu ne serait-ce posé les yeux sur toi? C’est étonnant qu’il ne t’ait pas largué plus tôt! Cracha-t-elle avec dédain.
Elle passa une main dans ses cheveux en ajoutant :
- Avec moi il se sent tellement bien. Tellement mieux.
Ce fut plus fort que moi et je l’agrippai par les épaules pour la plaquer avec force contre le mur. Tout le bungalow trembla dans ses fondations sous le coup. Je lui susurrai alors au visage :
- Tu ferais bien d’arrêter ton sale petit jeu tout de suite! Car j’ai bien l’intention de le gagner. Tu ne l’auras pas. Il n’est pas à toi.
- Mais il n’est plus à toi non plus! Rétorqua-t-elle avec un sourire condescendant.
Je ne retins pas mon poing et il la frappa en plein visage. Sa lèvre éclata et son sourire ne fit que s’élargir. Comme si elle s’en moquait. La fureur monta de plus en plus haut en moi, prenant de plus en plus de puissance.
- Je sais qui tu es. Je sais ce que tu es. Et je peux t’affirmer que tu ne vaincras pas!
Une lueur inquiète traversa un instant ses yeux avant qu’elle ne dise avec arrogance :
- Mais Maria… Tu es beaucoup trop faible pour ça! Tu n’arrives même pas à garder ce qu’il y a de plus important près de toi… Comment y arriverais-tu? Comment pourrais-tu me vaincre? Tu n’es même pas dans la compétition…
Je la frappai à nouveau et cette fois elle éclata de rire avec les dents ensanglantées. Elle secoua tristement de la tête en soupirant :
- Tu es pathétique.
Je vins pour la frapper à nouveau, sauf que l’on me retint douloureusement par le bras.
- Lâche-la. Tout de suite, gronda Ethan à mon oreille et je m’éloignai vivement.
Je le vis alors prendre Maïa dans ses bras, sans m’adresser un coup d’œil. Je sentis mon cœur et ses reconstructions se fissurer avant de s’égrener de nouveau. Tout était à recommencer. Je retins un sanglot lorsqu’il lâcha :
- Tu es vraiment folle.
À peine la porte fut-elle refermée que je m’effondrai par terre. Je n’en pouvais plus de ces combats interminables. La douleur était trop forte…
- On se reverra à la Pleine Lune demain, Maria, entendis-je Maïa murmurer et je pouvais sentir le sourire dans sa voix.
Je me frappai durement la tête contre le sol et ce dernier se fissura sous la force du coup. Comment est-ce que j’allais pouvoir continuer maintenant? Ethan était perdu, j’en étais presque convaincu. Et d’ici quelques minutes j’aurais la trace de ses doigts sur mon poignet, car il avait serré avec plus de force que nécessaire.
Lorsque la porte s’ouvrit de nouveau je me trouvais assise à la table. Dos à la porte. Je ne fis rien pour me relever et grondai sur un ton aigre :
- Va donc rejoindre celui que tu as pris sous ton aile et que tu connais mieux que ta propre fille, Matthew. Moi, je n’ai pas besoin de toi. Et on va se voir bien assez tôt comme ça, la fin de semaine prochaine. Va-t’en. Je n’ai pas envie de te voir.
- Maria… me supplia à moitié mon père.
Malheureusement pour lui je n’étais pas dans l’humeur pour avoir envie de changer d’idée. Je rugis donc après deux minutes d’attente :
- Tu vas t’en aller, oui?!
Je compris que j’avais obtenu ce que je voulais lorsque la porte se referma et que j’entendis les pas de mon père s’éloigner du bungalow. J’avais le cœur lourd, mais la colère vibrait si fortement dans ma poitrine que je n’arrivais pas à réfléchir correctement. Tout ce dont j’avais envie c’était de hurler. De hurler ma colère. De hurler mon désespoir. Mais surtout… du hurler ma peine.
Mes amis ne tardèrent pas à arriver et dès qu’ils furent là, je lâchai d’un ton presque trop bas pour être entendu :
- Il faut faire quelque chose. Je n’en peux plus.

Voilà, fini pour ce chapitre. J'espère que vous avez aimé :? Sachez que d'ici la fin du tome 2 de la fanfic' vous devriez avoir vu au moins une fois le point de vue de chacun des personnages. Sauf peut-être Holiday et Burnett. À moins que vous ne le vouliez? N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! Ah et j'espère aussi que le style n'a pas trop changé, et si oui, que ça ne vous déplaît pas.

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Nouveau départ
b-pauline

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par b-pauline »

Waouw, magnifique chapitre, l'histoire avance bien et ton écriture rend la lecture addictive et impossible à lâcher... :) Continue sur cette voie, ton histoire est vraiment super...

Et oui je veux continuer à être prévenue. (et ne t'en fait pas pour l'attente, c'est pas grave :) )
EncreBlanche

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par EncreBlanche »

Franchement super chapitre. Comme on pouvait s'y attendre. En plsu il etait long et sur plusieurs point de vue j'adore :D :D J'ai hâte de lire la suite :lol:
Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Coucou, j'ai adoré et franchement pauvre Maria !!!
J'attends la suite et merci de m'avoir prévenue !!!!
Eloise18

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Eloise18 »

Franchement j'ai adore le premier tome vraiment, j'arrive hyper tard genre 1 an après voire 2 mais voilà sache que je m'y suis vraiment cru! J'ecris moi aussi des histoires fantastiques mais je ne publie pas, j'ai seulement 14 ans mais j'adore écrire c est une passion pour moi. Bref assez parlé de ma vie juste ta fan fiction est juste parfaite ! :D ;) 8-)
Eloise18

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Eloise18 »

Je viens de finir le dernier des chapitre du tome 2 il me tarde tellement la suite ! J'ai adoré cette idée de point de vue mais j'ai particulièrement apprécié celui de Katryne. En ce qui concerne ton style d'écriture, il est génial, la lecture est addictive au possible. J'ai dévoré tout le tome 2 en deux jours! De plus, les chapitres sont long donc c'est le top. J'espere que la suite sortira vite ! Je suis hyper déçue de ne pas pouvoir continuer, pourras tu me prévenir pour le prochain chapitre ? Je me languis d'avance ! :D
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

ME REVOILÀ!!! Désolée si ça été un peu plus long que la dernière fois... :oops: J'ai un peu manqué de motivation et finalement quand je m'y suis vraiment mis, il y a quoi... trois ou quatre jours? J'ai finalement écrit un chapitre plus long que je ne croyais qu'il le serait à la base! :D Bon, j'annonce tout de suite qu'il y a une petite mini incohérence que je n'avais pas relevée au dernier chapitre. Il n'y aura pas trois semaines avant qu'elle n'aille chez son père. Mais deux. ;) Ensuite je tiens à préciser que j'ai un peu changé les créatures du folklore québécois, alors il y a plusieurs choses qui ne concorderont pas. Et aussi certaines d'avec d'autres mythologies. (Je fais référence entre autre aux Cerbères...) :? Bref, bref... Ah, j'oubliais désolée s'il y a des fautes ou des mots manquant. :( Maintenant, c'est l'heure de... LIRE! Alors, bonne lecture à vous!!!


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Chapitre 7



Je n’osais pas me retourner dans leur direction. Cela faisait une minute de silence depuis que j’avais mentionné qu’il fallait faire quelque chose. Et l’autre petit détail en plus. J’étais prête à parier que la moitié d’entre eux savait qui était venu ici et donc pourquoi j’avais ajouté la deuxième phrase. Et en y repensant je regrettais un peu de l’avoir dite. En particulier lorsque je remarquai le regard sanguinaire et furieux que me jeta Della.
- Alors, ça, non! Tu ne vas pas recommencer à t’apitoyer sur toi-même! Gronda la vamp en me regardant toujours furieusement.
- Della, s’il-te-plaît! Plaida Kylie en lui lançant un regard noir.
Notre coloc lui renvoya son regard en croisant les bras, mais n’ajouta rien, alors que j’étais persuadée qu’elle en mourrait d’envie. Ne pouvant affronter leur regard je leur tournai alors le dos et marmonnai :
- J’ai jeté un coup d’œil dans vous-savez-quoi. Et j’ai découvert… certaines choses.
- Comme quoi? S’enquit Lucas et je sentis son regard me transpercer le dos.
- Premièrement, Sarah est ma cousine. Secundo, elle n’est plus un loup-garou à proprement parler, elle a… évolué. Elle est un Cerbère. Vous savez, l’espèce de chien à trois têtes? Eh bien, là, il s’agit d’un loup à trois têtes, dis-je en ne les regardant toujours pas. Ensuite… continuai-je, mais je ne pus aller plus loin, car on me coupa.
- Parce que ce n’est pas fini? S’étonna Derek.
- Et non! Admis-je en serrant les poings. Je crois qu’il y a une créature qui contrôle Sarah, Ethan et la Hère. Je crois aussi qu’Ethan est… Il est en train de… en train de devenir… un… un Cerbère, bégayai-je à la fin.
On aurait pu entendre une mouche voler tellement c’était silencieux. Je pris alors le risque de me retourner et je remarquai qu’ils avaient tous la bouche ouverte, mais qu’aucun son n’en sortait. Apparemment soit ils avaient le souffle coupé par les révélations ou les mots qu’ils voulaient prononcer leur restaient en travers de la gorge…
- Est-ce que tu peux recommencer tout depuis le début? S’exclama finalement Jenny.
- Et avec plus de détails! Renchérit Katryne en évitant de me regarder fixement.
Je hochai lentement de la tête. Je n’avais pas envie de tout leur raconter, mais c’était ce qu’ils demandaient et je ne pouvais pas refuser. Entre autre, car ils étaient mes amis (pour la plupart en tout cas, Katryne je ne savais pas trop où la situer…) et d’un autre côté, car j’avais besoin d’eux. De leurs conseils. De leurs idées. De leur point de vue. Pour tout ça, j’avais besoin de mes amis, car je ne me sentais pas le cœur, le corps et l’âme assez forts pour le faire de moi-même.
Lorsque j’eus terminé, Miranda lâcha :
- On est dans de beaux draps.
- Je ne te le fais pas dire, maugréai-je.
- Tu ne devrais pas faire attention à Ethan, Maria… soupira Katryne. Quoi?! Protesta-t-elle lorsque je lui lançai un regard furibond. Tu ne peux pas tout faire en même temps! Et tu devrais plus te concentrer à découvrir contre qui tu te bats, plutôt qu’essayer de lui retirer ses pions un à un sans rien savoir sur son compte, expliqua-t-elle ensuite.
Elle avait raison. À ma plus grande honte, elle avait raison. Je poussai un soupir déchirant et me laissai tomber par terre, complètement anéantie. Pourquoi est-ce que malgré moi je ne pouvais pas m’empêcher de vouloir que tout redevienne comme avant? Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas accepté que c’était fini? Pour de bon. Pourquoi revenais-je sans cesse vers lui pour me faire de nouveau frapper à chaque fois? Je commençais à devenir ce en quoi j’avais toujours craint de me transformer. Un être pitoyable. Or, c’était ce que j’étais en ce moment. Pitoyable.
Je retins un sanglot et en grognant je grommelai :
- Lorsque je vais découvrir de qui il s’agit, il va passer un sale quart d’heure. Et après je vais régler le compte à Maïa. Pas avant.
- Ça, c’est bien parlé! S’enthousiasma Della. Et je me porte volontaire pour le sale quart d’heure! Ajouta-t-elle en se frottant les mains avec jubilation.
Je ne pus me retenir de lever les yeux au ciel en la voyant faire. Je me redressai donc avec lenteur et je dis :
- Mais je ne peux pas faire grand-chose pour le moment. Il vaut mieux que je me prépare pour la Pleine Lune de demain. Je sens que ce ne sera pas de tout repos…
- Tu comptes faire quoi? S’enquit avidement Lucas.
- Cette fois-ci je crois bien que je vais la passer avec toi. Hors de question que je reste seule, affirmai-je en le questionnant du regard.
- Pour une fois! Apprécia-t-il. Je me demandais quand viendrait le jour où je pourrais passer la Pleine Lune avec ma cousine!
Je lui adressai un sourire et pendant le reste de la journée, pour ce qui restait et ce n’était pas grand-chose, nous discutâmes entre autre de tout ce qu’impliquait la situation dans laquelle nous nous trouvions ainsi que ce qu’annonçait la Pleine Lune de demain.
- Il faudrait que l’on recommence à s’entraîner pour le combat, affirma ma coloc vamp. Et cette fois vraiment tout le monde. Tout notre groupe.
- Je suis d’accord! Lança Jenny. Les adversaires commencent à être autrement plus nombreux et s’ils continuent à arriver par ici… Mieux vaut s’y préparer.
Sa contribution à la conversation me fit la même sensation qu’une gifle en plein visage. Si ces créatures venaient par ici et m’étaient en si grand danger les pensionnaires de Shadow Falls, c’était à cause de moi. Uniquement de moi. Pourquoi est-ce que ce foutu truc avait dû me tomber dessus? J’étais tellement bien ici… et voilà que j’avais l’impression qu’il me faudrait partir. Un jour ou l’autre.
- Vaudrait mieux en parler avec Burnett, assura Lucas.
- Et Holiday! Renchérit Kylie.
Je hochai de la tête distraitement, ma tête était parcourue d’un millier de pensées soudainement et je n’avais pratiquement plus l’impression d’être là, dans la même pièce qu’eux…

************************

Ethan regardait par la fenêtre du bungalow sans faire le moindre bruit. En voyant Maria hocher de la tête de manière si distraite il comprit aussitôt qu’elle était ailleurs. Et il savait exactement ce qui se passait dans sa tête. Que donnerait-il pour être assis là, avec eux! Mais il en était incapable. Le simple fait d’être ici, à la fenêtre et de les regarder était un combat de tous les instants. À chaque seconde son corps était parcouru de tremblement involontaire.
Quelque chose ne voulait pas qu’il s’approche du bungalow. Il avait bien essayé d’aller sur le perron pour pouvoir frapper à la porte et avoir une chance de s’expliquer… Sauf que tout ce qu’il avait réussi à faire c’était tomber un genou au sol. Bon gré, mal gré il avait réussi à se rendre à la fenêtre. Et avait tout écouté. S’il avait pu il aurait hurlé à Maria que ce n’était pas de sa faute, qu’elle n’avait pas à se reprocher tout ce qui se passait. Que si vraiment il fallait jeter le blâme sur quelqu’un, c’était sur Matthew, son père. Il aurait pu tout venir lui expliquer beaucoup plus tôt. Avant qu’il ne soit trop tard pour y changer quoi que ce soit.
D’un autre côté il ne voudrait pas que Maria soit différente. Il l’aimait comme elle était et c’était ce qui rendait la chose si dure. Son cœur était en train de se rompre en deux. Littéralement. Ce dont il avait le plus envie c’était d’être avec Maria… et à la fois d’être à des centaines de kilomètres loin d’elle. Et il ne s’expliquait pas le dernier sentiment. Mais alors là pas du tout.
La nuit était tombée maintenant. Ils ne tarderaient sans doute pas à tous s’en aller. Mieux valait pour lui de quitter les lieux avant eux, sinon il se retrouverait pas avec un véritable soulèvement collectif sous les bras. Aucun d’eux ne le laisserait en paix après ça. Ni Perry, ni Derek, ni Jenny et encore moins Lucas. Il l’avait bien montré un peu plus tôt… Si seulement il avait réussi à s’expliquer plus convenablement! Peut-être qu’ils sauraient, eux, comment l’aider?
Ethan secoua tristement la tête en se laissant tomber sur ses pieds. Il était seul avec son nœud de problèmes. Ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à un, cela dit. Mais le plus récent avait été Maria, au tout début. Leur relation n’avait pas été très simple, mais il avait réussi à défaire le nœud. Pour mieux le retordre dans tous les sens ensuite… Il était pourtant si heureux à peine deux semaines plus tôt! Il donnerait n’importe quoi pour revenir à ce moment-là…
Il tourna enfin le dos au bungalow et commença à s’éloigner lentement lorsque la voix de Lucas, provenant du bungalow, le figea surplace :
- Je dois y aller, on se revoit plus tard.
Il entendit ensuite la porte s’ouvrir et se refermer. Il se retourna un instant et croisa le regard de l’autre loup-garou de l’endroit où il se trouvait. Merde! Il s’élança alors à courir. Mais c’était trop tard. Il voulut se débattre. Mais il était en trop mauvaise position. Bon, en même temps il n’avait pas vraiment essayé, car il méritait ce qui allait suivre.
Avant toute parole il reçut un coup de poing en plein visage, une fois que Lucas l’eut retourné face à lui.
- Ça, mon vieux, c’est encore une fois pour Maria, gronda Lucas d’un ton sourd de colère.
C’était étonnant comment tout recommençait encore et encore. Sauf que cette fois il se sentait maître de son corps. Ce qui… en somme n’était plus tout à fait normal. Il ouvrit la bouche dans l’intention de prononcer quelque chose et s’interrompit de lui-même. Rien ne l’en avait empêché. Mais pour combien de temps?
Tandis que Lucas levait de nouveau le poing, prêt à frapper à nouveau, Ethan l’arrêta d’un geste et dit sur un ton suppliant :
- Laisse-moi parler. Et ne répète rien à Maria. Elle en a assez sur les épaules comme ça.
Apparemment la mention de sa cousine eut plus d’impact que le reste, car il le relâcha. Mais conserva un air très soupçonneux et furieux sur le visage.
- Je ne comprends pas ce qui m’arrive, expliqua-t-il. Mais… ce n’est pas normal. Du tout. Je ne contrôle plus rien. Ou presque. Je subis… je subis…
Et voilà… Il n’arrivait déjà plus à parler. Que c’était frustrant à la fin! Il rugit de colère et frappa un arbre du poing. À son grand étonnement l’arbre se déracina de quelques centimètres. Il ouvrit de grands yeux étonnés et se retourna vers Lucas. Lucas qui ne semblait que plus ou moins surpris par les évènements. Il ne dit que quelques mots avant de s’en aller s’en rien ajouter :
- Résiste. Je ne sais pas exactement ce qui t’arrive, mais… Résiste.
Quelque chose sonnait faux, se dit Ethan en voyant Lucas disparaître entre les arbres. Il savait quelque chose sur ce qu’il lui arrivait. Sauf qu’il avait préféré le taire. Pourquoi?
Tandis qu’il s’apprêtait à retourner à son bungalow pour y dormir, Ethan se sentit appeler ailleurs. Il lutta, lutta et lutta encore… mais c’était en vain. Il ne pouvait pas résister à cette odeur. À cette si douce odeur d’herbe fraîchement coupée…

***********************

En voyant Lucas partir, Derek comprit qu’il se passait quelque chose. En effet, s’il se fiait à ce que son pouvoir lui transmettait comme émotion émanant du loup-garou… ce dernier était très en colère. Et vue comme il était sorti aussi précipitamment du bungalow il n’y avait qu’une raison qui pouvait l’expliquer. Ethan.
Il avait cru percevoir les sentiments de ce dernier, mais ça lui avait paru si confus, qu’il le mettait sur le coup de la fatigue. Après tout, pourquoi est-ce que le loup-garou serait revenu par ici? Après ce qu’il avait fait et dit à Maria?
Derek n’avait pas toujours été d’un naturel très gentil envers la louve… Et il ne se l’expliquait pas vraiment. La seule chose logique serait le fait qu’il avait été un peu trop protecteur envers Jenny. Il n’aurait jamais cru qu’il pourrait l’être plus qu’il ne l’avait été avec Kylie, mais pourtant c’était le cas. Et cet état de fait l’amenait à piétiner. Mais il avait confiance. Il aimait beaucoup la caméléon et il savait qu’elle n’était pas indifférente. Alors, les choses finiraient bien par se replacer d’elles-mêmes. Cela dit, il fallait qu’ils soient toujours vivant.
Le fae ne put s’empêcher de faire la grimace en sentant la foule d’émotions provenant de Maria le percuter de plein fouet. Parfois son don était utile, et d’autre fois… il aimerait pouvoir le cacher au fond d’un trou. Très, très profond le trou.
- Il était ici, grinça la louve-garou et il put ressentir la douleur qu’elle ne laissait pas paraître dans sa voix.
Il aurait voulu faire quelque chose pour elle. Vraiment. Et normalement il le ferait sans hésiter, si cela avait été quelqu’un d’autre. Pour une raison qu’il l’ignorait Maria et lui n’avaient pas une relation aussi forte qu’avec les autres. Peut-être était-ce dû à leur première rencontre? Ouais, probablement, maugréa-t-il intérieurement pour lui-même.
- Je vais aller lui bot… commença Della, mais Derek la coupa.
- Je m’en charge. Et j’ai l’impression que Lucas… Enfin, bref.
Il ne prit pas la peine d’élaborer, car s’il saisissait bien l’expression de tout le monde, ils avaient tous compris. Avant de sortir du bungalow il les salua tous et juste en refermant la porte il surprit un regard inquiet de Jenny posé sur lui. Sans doute qu’il n’aurait pas dû, mais il aimait bien le fait qu’elle s’inquiète pour lui. Plus que bien, en fait.
Il avait donc un léger sourire au visage lorsqu’il entama sa « poursuite ». Les deux loups-garous n’étaient pas très loin, cela dit. Il pouvait à la fois ressentir leurs émotions et… Eh bien, les entendre. Il n’était pas très discret, disons. Il attendit patiemment que les deux en aient terminé et que Lucas s’éloigne. Bien entendu, il avait tout entendu ce qu’ils avaient dit.
Il s’approcha alors en silence, ou du moins presque, et alors qu’Ethan commençait à avancer avec un air rêveur il lâcha :
- Salut, Ethan.
Il pouvait ressentir le déchirement qui habitait le loup-garou et c’était très désagréable. On aurait dit qu’il se faisait tirer de part et d’autre par deux allégeances différentes. Un peu comme s’il se faisait écarteler, en fait.
- Derek, qu’est-ce que tu fous ici? gronda le loup-garou avec colère.
Ce ton de voix n’annonçait rien de bon, mais Derek ne s’en préoccupa pas. Il tenta d’adopter une attitude calme et c’est avec un ton semblable à sa posture qu’il dit :
- Je me pose des questions à ton sujet, Ethan.
Le loup-garou se contenta de croiser les bras et de tourner légèrement la tête pour inspirer profondément. Comme s’il y avait une odeur particulièrement alléchante qui lui parvenait. Cela ne prit pas deux secondes qu’il comprit ce dont il devait être question.
- Tu sais que Maria nous a tous ajouté à sa meute, n’est-ce pas? Tous sauf toi… continua-t-il pour occuper l’esprit d’Ethan. Mais je crois qu’elle veut essayer de le faire. Car elle a horreur de te voir comme ça.
- Dis plutôt qu’elle a horreur de me voir avec Maïa! Cracha Ethan avec une bonne dose de venin dans la voix. Je vais beaucoup mieux depuis que je ne suis plus avec elle. Comme si on m’avait libéré d’un poids mort.
Aïe. Une chance que Maria n’était pas là pour entendre tout ça. En tout cas, une chose était sûre, Derek comprenait maintenant ce dont les autres avaient parlé. Ethan n’était définitivement plus lui-même.
- Ah, vraiment? Lâcha-t-il en essayant de gagner du temps, car le loup-garou reniflait de plus en plus souvent dans la direction qu’il avait voulu prendre une minute plus tôt.
- Ouais, vrai… commença Ethan, mais son visage se tordit douloureusement. Faut pas… Faut pas qu’elle… qu’elle fasse ça! Articula-t-il difficilement avec un air complètement paniqué qui jurait avec l’instant auparavant. Dangereux, souffla-t-il ensuite, les yeux exorbités.
Le fae n’eut aucun mal à comprendre ce dont il était question une nouvelle fois. Pour une raison ou une autre, Ethan ne voulait pas que Maria l’intègre à la meute. Car c’était dangereux? Mais en quoi cela l’était-il?
- Désolé, camarade, lâcha soudain le loup-garou en reprenant un air féroce. Mais je suis demandé ailleurs, ajouta-t-il en avançant de manière menaçante vers lui.
Derek aurait pu tenter de fuir. Mais il ne le fit pas. Il aurait pu essayer de frapper le loup-garou en premier. Mais il ne le fit pas. Pour une excellente raison, en fait. Il avait un bien meilleur plan. Un plan qui ne risquait pas de lui écraser tous les doigts de la main comme Lucas un peu plus tôt dans la journée.
Il attendit la seconde exacte où Ethan le touchait au bras pour puiser au fond de lui-même l’énergie nécessaire à une décharge émotionnelle. En moins d’une seconde le loup-garou était par terre, pratiquement sans connaissance. Il tenta de se relever, mais d’un bon coup de poing, Derek s’assura qu’il resterait un petit moment dans les pommes. Maintenant il restait à enfermer Ethan quelque part. Mais où?
Alors même qu’il commençait à tirer le corps étonnamment lourd du malheureux loup, une voix dans son dos l’interrompit :
- Qu’est-ce que tu fais, Derek?
Jenny? Mais qu’est-ce qu’elle faisait là?
- Je m’occupe d’un petit quelque chose, répondit-il évasivement. Toi, qu’est-ce que tu fais?
- Moi? Je te suivais parce que j’avais l’impression que tu t’apprêtais à faire un truc idiot… Et apparemment j’avais raison.
Il leva les yeux au ciel et maugréa quelque chose d’incompréhensible.
- Besoin d’un coup de main? Proposa la caméléon avec un air malicieux.
Il pesa le pour et le contre à accepter son aide. Il ne voulait pas la mettre en danger… mais il savait, même si c’était atroce à admettre, qu’elle était plus forte que lui. Et que d’une certaine manière il serait plus le maillon faible que le maillon fort. Il poussa un soupir et marmonna :
- Très bien. Ce ne sera pas de refus.
Elle eut un sourire ravi et s’empressa de saisir Ethan comme s’il ne pesait qu’une plume. Il croisa les bras et sentit un peu d’amertume monter en lui. Sauf qu’il l’évacua rapidement, il avait quand même réussit à s’occuper d’Ethan seul, non?
- Tu comptes faire quoi avec lui? Demanda-t-elle après une ou deux minutes d’un silence total.
- Je ne sais pas exactement encore. J’essayais simplement de sauver du temps.
- Pourquoi?
- Parce que j’avais l’impression qu’il s’en allait faire quelque chose qui n’était vraiment, mais vraiment pas une bonne idée, répondit-il.
Jenny sembla réfléchir un instant tout en continuant à marcher. Le poids supplémentaire dans ses bras ne semblait pas la déranger outre mesure. Elle avait drôlement changé depuis son arrivé à Shadow Falls. Et encore plus depuis que Maria était des leurs. Il était loin de ne pas apprécier ce changement. Il l’aimait beaucoup, en fait.
- Je crois que je vais l’enfermer quelque part. Tu aurais une idée?
Le sourire qu’elle lui offrit par la suite signifiait sans doute un oui, mais il oublia instantanément ce pourquoi il était là à marcher avec elle dans les bois, avec un Ethan inconscient.

***********************

En voyant Derek s’en aller à son tour et à peine deux minutes plus tard Jenny, je me rendis compte que je n’étais pas du tout sur le pas de la guérison. On aurait plus dit qu’avec les jours qui passaient plus je me sentais m’enfoncer. L’absence d’Ethan et sa présence me rendaient malade. J’avais besoin de lui. À tel point que c’en était douloureux. Mais malheureusement je me portais mieux sans lui. Ce qui était pour le moins… désagréable. Horrible. Horripilant.
Perry ne tarda pas à s’en aller lui aussi et ne restait maintenant plus que mes colocs, Katryne et la Chimère dans le bungalow.
- Je crois que je vais rester ici cette nuit, si ça ne vous gêne pas, lâcha la nouvelle vampire le regard baissé.
- Très bien, comme tu veux, maugréai-je en tentant d’oublier la douleur qui ne me lâchait plus.
Je me détournai ensuite d’elles et je me dirigeai vers ma chambre d’un pas mort. Il se passait beaucoup trop de choses en même temps. J’avais du mal à m’y habituer. Nous n’avions pas beaucoup avancé dans l’enquête, Della et moi, ce qui me laissait supposer que nous devrions sans doute y travailler un peu plus. Beaucoup plus.
Je m’affaissais tout juste sur mon lit, complètement épuisée émotionnellement et mentalement lorsque ma porte que j’avais fermée se rouvrit.
- Tu ne nous souhaites même pas bonne nuit? S’offusqua ma coloc vampire en s’appuyant contre le chambranle de la porte.
- Je ne suis pas d’humeur, Della, grommelai-je en lui tournant le dos.
- Je ne te laisserai pas te morfondre dans ton coin, ma vieille! Me gronda-t-elle. Je ne l’ai jamais vraiment fait, alors tu ne le feras pas non plus!
- Et pourquoi pas?
- Aurais-tu oublié que l’on a du travail à faire? S’enquit-elle en arquant un sourcil.
Un soupir s’échappa de mes lèvres et je m’assis sur le bord de mon lit, les bras croisés.
- Qu’est-ce que tu proposes? Lâchai-je en râlant légèrement.
- J’aime mieux ça, approuva-t-elle en venant s’asseoir à côté de moi. Tout d’abord tu vas prendre tu-sais-quoi et ensuite tu nous rejoins dans la cuisine. On va découvrir contre quoi on se bat. Ou plutôt contre quoi on va devoir se battre, ajouta-t-elle avec un air de jubilation intense.
Je marmonnai quelque chose pour moi-même et me levai en même temps qu’elle. Par contre, lorsqu’elle sortit de ma chambre je me dirigeai vers le coin où j’avais soigneusement rangé mon grimoire. Je le sortis en quelques secondes et d’une démarche de condamné je rejoignis la cuisine. Les filles avaient ajouté la chaise originalement installé devant l’ordinateur autour de la table pour que l’on puisse tous s’asseoir. Kelsea se contentait de nous observer depuis l’entrée, elle ne s’éloignait pas de la porte, comme si on risquait de se faire attaquer à tout instant. Ce qui était loin d’arranger mon humeur.
Depuis que j’avais un peu goûté à la vie sans combat je ne rêvais plus qu’à ça. Bon, bien entendu je ne détestais pas les petits combats occasionnels, mais me battre pour ma survie, et celle des autres, chaque jour pendant des semaines j’en avais un peu marre. Et bien entendu, c’était ça qui m’attendait au bout du compte. À moins de mourir prématurément, bien sûr. Et pour ne rien arranger il y a avait de fortes probabilités pour que mon espérance de vie soit bien moindre que pour le commun de mon espèce.
- Bien et si on commençait? Proposa Della dès que je fus assise à la table avec les autres.
Devant l’air d’approbation des autres filles, je consentis à déposer le grimoire dans le centre de la table. À peine ramenai-je ma main contre mon corps que Kylie s’empara du livre et dit :
- Alors, tu as dit que les créatures susceptibles d’avoir le pouvoir nécessaire étaient…?
- Il y a une partie de leur nom qui était effacé, soupirai-je. Mais sinon je suis presque sûr qu’il y avait des sirènes qui entraient en jeu. Et aussi une Dame au quelque chose.
La caméléon ouvrit le grimoire et vint pour commencer les recherches, mais elle lâcha :
- Mince! Je ne comprends rien à ce qu’il y a d’écrit! C’est en français…
Oups. J’avais oublié de le préciser?
- Au moins tu as reconnu que c’était du français, grommelai-je pour moi-même. Tu t’attendais à quoi, Kylie? Tous mes ancêtres à qui a appartenu ce tu-sais-quoi étaient francophone! Ajoutai-je en me sentant légèrement insultée. Je vous jure, que si je ne meurs pas cette année je vais vous forcer à apprendre le français. Que ce soit avec ou sans votre accord.
- Si tu comptes nous y obliger, ça va prouver que tu es de nouveau toi-même, alors j’essaierai! Approuva Della avec un grand sourire réjoui.
Je lui adressai une grimace, mais je ne pus m’empêcher de ressentir un élan de chaleur au creux de mon ventre. Elle allait essayer. Il ne pouvait pas y avoir un plus beau cadeau que voir ses amies faire l’effort d’apprendre une langue qui n’était pas la leur pour vous faire plaisir. Et pour faciliter les choses par le fait même.
- Moi je vais essayer d’améliorer mon anglais, affirma Katryne en français en me regardant fixement.
Pourquoi avais-je l’impression qu’elle ne parlait pas seulement d’améliorer la compréhension et l’utilisation d’une langue? On aurait dit qu’elle parlait de… N’y penses pas, Maria, m’obligeai-je. C’était un sujet qui risquait d’être douloureux. Surtout si je me berçais trop d’illusion.
- Je te promets d’essayer aussi, Maria! Annonça Miranda avec un ton légèrement anxieux.
Je la comprenais parfaitement, apprendre une nouvelle langue en étant dyslexique ça ne serait pas chose aisée. Mais elle avait dit qu’elle essaierait et c’était tout ce qui m’importait. Un petit sourire éclaira mes lèvres et je pris mon grimoire que me tendait Kylie.
- Moi aussi, je vais essayer, renchérit ma coloc aux longs cheveux blonds en m’adressant un sourire.
Mon sourire se fit immédiatement plus franc et c’est avec une ardeur renouvelée que j’ouvris le grimoire. Bien, maintenant restait à savoir où je risquais de trouver ces informations. Et comme ce livre était beaucoup trop vieux et n’arrêtait pas de grossir au fil des années, des générations, des siècles… il n’y avait aucune table des matières.
Tout en essayant de retrouver le passage sur les Cerbères je me promis que si je survivais aux prochains mois je prendrais quelques jours pour faire une table des matières. Cela faciliterait toutes mes recherches futures. Et le lire en entier ne ferait pas de mal non plus, d’ailleurs.
Lorsque finalement je retrouvai le passage que je cherchais, je lus à haute voix, tout en traduisant du mieux que je pouvais :
- Il en existe deux ou trois avec la puissance nécessaire. Il y aurait bien sûr les sirèn… du Golfe du Saint-Laurent, la Dame aux … et quelques autres.
- Bon, c’est clair qu’il est question de sirènes du Golfe du machin-truc, lâcha Della en déposant la tête dans une main.
- Et d’une Dame, renchérit Miranda. En espérant que nous avions affaire à l’une de ces deux créatures. Car ils disent qu’il y en a d’autres, mais sans les nommer.
- Je suppose que quelqu’un de plus méthodique que moi prendrait la peine de lire le grimoire en entier… et qu’ils doivent le mentionner dans les pages réservées aux créatures en question, dis-je en haussant des épaules.
- Tu veux rire? S’écria Della. Ce machin doit faire au moins dans les… quoi? Mille pages?
- Je n’ai pas dit que je le ferais! Protestai-je en montrant les dents.
Elle parut rassurée et je pus me mettre à chercher avec les titres. Au moins ils avaient eu la présence d’esprit de mettre le nom de la créature dans le haut des pages avant de faire la présentation. Je finis rapidement par repérer les sirènes du Golfe du Saint-Laurent. Les créatures n’étaient pas par ordre alphabétique, ce qui compliquait considérablement les choses. Je m’apprêtais tout juste à lire avec une certaine avidité lorsque je fus interrompu par ma coloc vampire :
- J’ai l’impression que ça va être une sirène. Tu te souviens, Maria? Il y avait des traces de mains palmées autour du cou des victimes…
- Tu leur as parlé de l’enquête? Dis-je en regardant suspicieusement autour de moi.
- J’ai toujours tout dit à Miranda et Kylie. Quant à l’autre, je lui ai fait promettre de ne parler de ça à personne. Et je lui ferai tenir parole, répondit celle que j’interrogeais.
- Peu importe, on va bientôt savoir s’il est question de sirènes, car j’y suis justement…
Je me concentrai alors de nouveau sur la fine écriture de l’un de mes ancêtres et je pus lire :

Il existe à l’embouchure du fleuve un petit groupe de jeunes sirènes qui eurent un jour la malchance de s’égarer alors qu’elles voyageaient en banc. Elles avaient pris la direction de la Méditerranée en compagnie de leurs aînées pour rejoindre ensuite leurs demeures situées en mer Rouge. Ces créatures à la tête et au torse de jeune femme, avec une queue de poisson, sont désormais perdues entre les îles de la Madeleine et l’île d’Anticosti.

C’est ainsi que l’on peut voir parfois ces ravissantes reines des mers s’approcher des bateaux de pêcheurs gaspésiens en espérant qu’un capitaine consentira à les conduire jusque chez elles. Leurs chants ont la même douceur enivrante et leurs gestes sont tout aussi gracieux et envoûtants que leurs semblables des mers. Les témoins de leurs apparitions prétendent qu’elles ont la peau de la couleur du flétan, une chevelure très fine leur tombant à la ceinture et que, sous le soleil, on la croirait recouverte d’une pellicule d’or.

Les marins racontent que l’une d’entre elles se glissa un jour sur le pont d’un navire et qu’elle demanda à un pêcheur de lui ôter, avec son canif, les sangsues qui couvraient la grande nageoire de sa queue. Le pauvre homme en tomba éperdument amoureux et, oubliant femme et enfants, se lança à l’eau derrière elle pour aller la rejoindre. On ne le revit jamais.

Plusieurs pêcheurs ayant résisté aux charmes des sirènes du golfe du Saint-Laurent reviennent néanmoins au port en chantonnant cette vieille complainte de marins :

Moi, je suis un pauvre mousse,
À bord d’un vaisseau royal,
Je vais où le vent me pousse,
Tout cela m’est bien égal.

C’est au ciel que j’espère,
Y connaître un peu d’amour,
Là, je reverrai ma mère,
Là, ma mère attendra mon retour.

Si ces chères sirènes aiment bien rester dans leur petit coin du fleuve, il peut leur arriver de faire de longs voyages pour suivre l’Héritier, ou simplement pour le plaisir de se dégourdir. Par ailleurs, il faut savoir qu’elles ne sont ni bonnes ni mauvaises. La nature de leur action dépendra de leur humeur du jour.

Cela dit, elles risqueront fort bien de se montrer désagréables si vous ne faites pas attention. Et à ce moment-là, gare à vous. Elles ont en effet d’étonnant pouvoir lorsqu’elles sont dans l’eau. Dans leur coin du fleuve, entre autre.
L’une de leurs particularités sera qu’elles pourront déclencher le processus d’évolution du loup-garou et ainsi créer des Cerbères. Par contre, il faut bien noter une chose. Si elles peuvent sortir de l’eau sans mourir et parcourir la terre avec des jambes bien humaines, leurs pouvoirs sont loin d’être assez puissant pour asservir les esprits, autre que celui des Cerbères qu’elles auraient créés, de tout un chacun.

Si vous deviez vous retrouver…


Je m’arrêtai instantanément de lire, car j’avais la confirmation que je cherchais. Il ne s’agissait effectivement pas d’une sirène. Il y avait bien de l’eau à Shadow Falls, mais je me doutais fort bien que ce n’était pas le bon type d’eau pour une sirène. Et de toutes manières je n’avais rien fait pour m’attirer leur foudre, n’est-ce pas? Pour une fois que je pouvais l’affirmer sans mentir!
- Ce n’est pas une sirène, annonçai-je aux autres.
- Alors il ne reste plus que la Dame aux trucs machin-chose, en espérant que c’est elle. Car sinon va falloir que tu lises tout ça… maugréa Della en se cachant la tête sur les bras, ceux-ci étant appuyés sur la table.
- Je m’y mets… soupirai-je en continuant à feuilleter le grimoire.
C’était assez long comme recherche, car parfois l’écriture de certains était à ce point illisible que je n’arrivais pas à lire ce qu’il y avait d’écrit. Apparemment je n’aurais pas seulement à faire une table des matières… il faudrait aussi que je le transcrive au complet! Et si on laissait l’écriture de côté, il y avait aussi les termes qui étaient parfois totalement incompréhensible pour moi. Et ça, ça n’aidait pas franchement mes lectures.
J’eus un moment de joie indescriptible lorsque je tombai sur « La Dame… ». Je perdis toutefois mon air victorieux lorsque je lus le reste. « La Dame Blanche » était-il écrit. Et on recommence, soupirai-je intérieurement. Il y avait de ces moments où la complexité de ma tâche entachait beaucoup mon morale. Et un peu trop sévèrement ces derniers temps. Pourquoi est-ce que j’avais l’impression que cela avait été moins compliqué avec la Chimère?
Je ne pris pas la peine de chercher la réponse à cette question et me remis à la recherche, mais cette fois en reposant ma tête dans ma main gauche et en tournant les pages du grimoire de la droite.
Au bout d’un moment qui me parut une éternité je tombai sur quelque chose qui me fit bondir de ma chaise en hurlant :
- Mais c’est ça!
- Que… Quoi? Marmonna Della avec semble-t-il la bouche pâteuse.
Ce n’est qu’à ce moment que je me rendis compte de deux choses. La première, mes amies s’étaient endormies autour de la table. Quant à la deuxième, j’avais parlé en français. Fallait croire que lire plusieurs heures des trucs en français m’avait fait reprendre certaines habitudes…
Comme il n’y avait que Katryne qui me regardait avec un air intéressé, je répétai en anglais cette fois :
- Je crois que j’ai trouvé ce que nous cherchons.
En un peu plus développé, évidemment.
- Et c’est? S’enquit Kylie, soudain beaucoup plus éveillée que la seconde plus tôt où elle bâillait à s’en décrocher la mâchoire.
- La Dame aux glaïeuls.
Je vis immédiatement les yeux de Della s’éclairer et elle s’exclama :
- Mais oui! Ça a du sens! C’est le genre de fleurs qu’on a retrouvé sur tous les lieux du crime! Et que tu étais la seule à trouver!
Je me contentai de hocher de la tête et me mis à lire avec avidité. Enfin des réponses! Mes yeux parcoururent les pages à toute vitesse et je lus :

Entre Québec et le Bas-du-Fleuve, il est parfois possible de distinguer sur les eaux du Saint-Laurent une dangereuse créature qu’on appelle la Dame aux glaïeuls. Yeux verts, peau cuivrée et cheveux noirs dansant dans le vent, elle affiche toujours un sourire magnifique et exhale un doux parfum d’herbe fraîchement coupée. Parée d’un halo lumineux à la manière d’un ange couronné, elle arrive ainsi à cacher ses véritables intentions malveillantes.
Apparaissant de nuit dans les rayons clairs de la nouvelle lune, le spectre, tout de blanc vêtu, est constamment à la recherche de nouvelles victimes à étrangler.

Invariablement la Dame aux glaïeuls se manifeste dans une brume enchanteresse qui met aussitôt ses proies en confiance. Elle s’approche alors doucement de sa cible et lui tend ses fleurs avant de s’élancer sur elle avec force et violence. Les rares victimes qui ont survécu à son attaque ont d’abord ressenti un immense bien-être, avant d’entendre une douce musique émanant du brouillard environnant. Ainsi en confiance et charmées par l’exquise mélodie, elles se sont retrouvées sans défense, à la merci de la perfide créature.

Personne ne sait exactement pourquoi la Dame aux glaïeuls s’en prend aux voyageurs qui empruntent le fleuve.
D’autres caractéristiques importantes à son propos est qu’elle est immortelle. On ne peut jamais la vaincre réellement. Si elle est vaincue, car elle est une créature autrement plus redoutable que la majorité des autres, elle ne sera que renvoyée dans le fleuve et dans l’impossibilité de le quitter et d’influer sur le monde extérieur au fleuve pendant une cinquantaine d’années. Il faut dire que jusqu’ici seulement deux Héritiers ont eu à la vaincre. Et elle en garde légèrement rancune, alors, attention.

L’un de ses nombreux pouvoirs est la possibilité de changer d’apparence à volonté et aussi de devenir la créature surnaturelle de son choix. Comme elle a la capacité à survivre hors du fleuve, contrairement à quelques croyances populaires, il s’agit là d’un danger très réel.

D’autre part, elle a aussi la capacité de déclencher l’évolution en Cerbère des loups-garous, d’avoir une emprise mentale sur tous les êtres vivants sur une grande surface et elle peut aussi appeler à elle des Chiens des Enfers. Sans oublier qu’elle peut prendre possession du corps des autres, mort ou vif, peu lui importe. Elle a, par ailleurs, le pouvoir de contrôler bons nombres des autres créatures se trouvant dans ce grimoire, la Hère en est un bon exemple.
Son mode opératoire est toujours d’étrangler ses victimes et on pourra par la suite voir, sur le cou de ces dernières, des marques de paumes palmées. Car une chose à savoir sur elle, pour tuer ses victimes elle doit absolument reprendre sa forme d’origine, ce qui implique l’apparence marine.

Pour la vaincre, il n’y a pas vraiment de secret. En règle générale, si elle a le contrôle sur d’autres créatures il faut commencer par lui retirer ce contrôle. Soit en tuant lesdites créatures ou en changeant leur allégeance. Tuer est plus facile, cela dit. La perte de ce contrôle entraînera une baisse de puissance. Légère, mais suffisante pour peut-être la vaincre en combat. Lors de la mise à mort de cette malveillante créature, elle disparaîtra d’un coup lorsque son cœur « cessera » de battre. Évidemment, elle ne sera pas réellement morte. Par contre elle pourrira dans le fleuve pendant un bon moment en vous maudissant.

Elle a déjà…


Je ne continuai pas à lire, mon morale venait de retomber totalement.
- Et… Et? Me pressa Della avec énergie.
Je lui lançai un regard acéré et avec une certaine lenteur je me mis à relire le texte à voix haute en traduisant. Comme elle ne comprenait pas suffisamment l’anglais pour cela Katryne vint lire dans le grimoire par-dessus mon épaule.
- J’ai comme le pressentiment que ça ne sent pas bon, tout ça… marmonna-t-elle dans mon dos.
Non, effectivement, pensai-je alors que je continuais à faire la lecture aux autres filles. Lorsque j’eus fini nous avions toutes une tête d’enterrement. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il était dit clairement que c’était l’une des créatures les plus puissantes que renfermaient le grimoire? Ça avait le don de démoraliser n’importe qui.
- Bon… Quelqu’un aurait une idée pour un plan d’attaque? S’enquit Miranda avec espoir.
- Oui, moi, marmonnai-je. On va dormir et demain… on s’arrange pour s’entraîner en plus des cours. Je n’ai pas envie de tout recommencer… Après, on verra. Ça va être la Pleine Lune.
- Ah, c’est vrai ça, grimaça mon amie vamp.
- Qu’est-ce que tu comptes faire pour la Hèrrrre et ta cousine? S’enquit Kylie en butant sur le nom de la créature francophone.
- Aucune idée! Avouai-je en fronçant les sourcils et en haussant les épaules. Mais, là, je vais dormir. Je sens que je vais en avoir besoin demain…
Sur ces mots je saisis mon grimoire et m’en allai dans ma chambre en leur souhaitant bonne nuit. C’est à peine si je prêtai attention au fait que Katryne et Kelsea me suivaient. Ce n’est que rendue dans ma chambre que je pris conscience de la présence de la première.
- Qu’est-ce que tu fais, Katryne? Soupirai-je en français.
- Je dors ici, lâcha-t-elle simplement.
- Oui, ça je sais, mais qu’est-ce que… commençai-je avant de m’interrompre de moi-même.
Ah, mais bien sûr! Elle ne pouvait pas dormir sur le canapé, car c’était beaucoup trop près de l’entrée et on savait maintenant que ce n’était pas seulement un vampire, mais bien une Hère qui en avait après elle. Je poussai un soupir et lui fis signe de prendre mon lit. Mais elle ne bougea pas d’un pouce.
- Quoi, encore? Maugréai-je.
- Tu es beaucoup plus fatiguée que moi et tu as beaucoup plus besoin de te reposer que moi. Alors garde ton lit. Je vais m’installer par terre… J’y suis habituée maintenant.
C’est à peine si je pris conscience de ce qu’elle avait dit à la fin, car je m’écrasais déjà sur mon lit, à bout de force. Je lâchai juste avant de m’endormir :
- Comme tu veux.
Suite à cela je fus entraîné dans une course sans merci contre une créature sans visage accompagné de chiens à trois têtes et de chiens enflammés. Très tranquille, en somme. De quoi bien récupérer un manque de sommeil…
Lorsque je me réveillai le lendemain matin j’avais l’impression que je venais tout juste de me fermer les yeux. Je m’apprêtais à me dire « au diable les cours » lorsque la porte du bungalow s’ouvrit à la volée et que pas même dix secondes plus tard c’était la mienne qu’on ouvrait avec fracas.
Je bondis hors de mon lit en position d’attaque et Katryne se redressa sur ses pieds en reculant jusqu’au mur du fond. Quant à Kelsea elle se leva en retroussant les babines. Sauf que nous perdîmes toutes notre position de défense en reconnaissant une Jenny et un Derek à l’air très fatigué, mais avec un certain air euphorique.
- Qu’essquia? Grinçai-je de manière incompréhensible. Qu’est-ce qu’il y a? répétai-je ensuite en détachant chaque syllabe.
- La créature… commença Jenny.
- Je sais ce qu’elle est, la coupai-je.
- Elle a une… continuait Derek, mais il s’interrompit brusquement. Attends, quoi? S’étonna-t-il.
- Je l’ai découvert hier… Non, cette nuit, soupirai-je en me frottant le visage pour chasser le sommeil. Mais dites toujours vos informations, ça confirmera peut-être le tout, ou compliquera les choses…
- Ethan nous a dit qu’avant les deux fois où il s’est produit quelque chose de bizarre il sentait une odeur d’herbes fraîchement coupée.
J’eus un soupir soulagé et dit :
- Bien, alors il n’y a pas une nouvelle créature! Mais c’est bien la seule consolation.
- Pourquoi? s’enquit le fae en me dévisageant.
J’entrepris alors de résumer toutes les découvertes de la veille. Ils restèrent sans voix à la fin et je les fis sortir de ma chambre pour pouvoir me changer.
Une fois que ce fut fait je retrouvai avec bonheur mes trois colocs prêtes à partir. Le petit-déjeuner nous attendait, ainsi qu’une bonne mise en forme. Sans oublier la discussion obligatoire que nous devions avoir avec Holiday et Burnett. Que du bonheur en perspective, quoi!
Comme je le craignais lorsque nous allâmes voir le directeur et la directrice du pensionnat leur réaction ne se fit pas attendre.
- La quoi de quoi a fait quoi? S’exclama Burnett avec un air complètement incrédule.
- C’est hors de question! Trancha Holiday.
Je poussai un soupir. Chacun avait répondu à la partie de ce que je leur avais dit qu’ils avaient retenu. Le vampire n’avait retenu que la partie sur la créature et quant à la fée ce n’était que le bout où j’avais mentionné que nous devions nous entraîner pour le combat.
- Cette fois c’est à l’URF de s’en charger, affirma la directrice en lançant un regard en biais à son mari. Ils sont autrement plus qualifiés que vous tous.
- Della et moi on fait partie de l’URF, répliquai-je avec colère. Tout comme Lucas, Perry et Derek! Renchéris-je ensuite. De plus, c’est à cause de moi qu’elle est ici. Qu’ils sont tous ici. Alors, c’est à moi de m’en charger. Avec ou sans aide, conclus-je en les foudroyant tous du regard.
Je n’avais jamais vu un air d’aussi intense jubilation sur le visage de Della, ni autant de fierté chez Burnett. Air qu’il perdit aussitôt que sa femme tourna vers lui son regard en colère. Elle lâcha alors sur un ton dur :
- Il est hors de question que vous mettiez encore votre vie en danger! HORS. DE. QUESTION. C’est à nous de nous assurer que vous êtes en sécurité.
Elle regarda alors à nouveau son mari et il ajouta avec un ton neutre :
- Et vous ne faites que partiellement parti de l’URF. Car vous n’êtes pas encore majeure…
- Lucas, il l’est! Rétorquai-je en croisant les bras.
C’est à peine si je pris en compte les griffes qui venaient d’apparaître au bout de mes doigts.
- Maintenant, allez en cours! Gronda Holiday sur un ton que je ne l’avais jamais vu prendre (Sauf lorsqu’elle était sous le contrôle de la créature, bien sûr).
- On n’a pas pris notre petit-déjeuner, alors je crois qu’on va aller là avant! Susurrai-je en ouvrant la porte du bureau.
Que je refermai dans mon dos sans ajouter quoi que ce soit après que mes amis soient passés, évidemment.
Une fois dehors je ne pus m’empêcher de lâcher un grondement sonore et de frapper le sol du pied. Mes amis assistèrent à ma scène sans dire un mot et me suivirent dès que je me mis en marche. Mes griffes étaient toujours présentes et je ne pouvais m’empêcher de les laisser crisser contre le mur du bâtiment.
- Tu n’as pas l’intention de l’écouter, dit? S’inquiéta Della.
Je ne pris pas la peine de répondre, mais lui lançai un regard noir qui voulait tout dire. Heureusement elle eut la présence d’esprit de ne rien faire d’autre et de simplement arborer un sourire satisfait. Nous rejoignîmes alors le réfectoire sans prononcer un seul mot.
Dès que l’on fut tous assis autour de notre table, avec Lucas et Perry, car ils se trouvaient être les seuls à ne pas nous avoir suivi au bureau de la direction, je racontai pour la énième fois ce que nous avions appris pendant la nuit. Ainsi que la discussion que nous avions eue avec les deux responsables du pensionnat.
- Burnett semblait d’accord avec le truc de l’entraînement? S’enquit mon cousin.
- Oui, affirma Della.
- Mais pas Holiday? Demanda ensuite Perry.
- Non, Holiday n’avait pas du tout envie que l’on se retrouve mêlé à cette histoire, répondit Derek avec une grimace.
- Et pourtant j’y suis plongée jusqu’au cou depuis le tout début! Râlai-je en levant les yeux au ciel.
Cette constatation de ma part déclencha un léger éclat de rire parmi mes amis et Jenny me questionna :
- Tu as un plan, n’est-ce pas? Tu n’as pas voulu répondre à Della tout à l’heure, alors…
- En effet. On ne pourra pas s’entraîner en plein jour, car sinon Holiday finira par le remarquer. Par contre… Rien ne nous empêche de le faire la nuit, expliquai-je. On a le choix entre commencer à vingt-trois heures, ou à minuit. Et dans l’un ou l’autre cas on termine soit à une heure ou à deux heures du matin. Ce qui équivaudra à deux heures d’entraînement chaque jour.
- Et on se rejoindrait où? S’enquit Lucas.
- Ça reste à décider… soupirai-je. Et en fait je crois que nous ne devrions pas toujours revenir au même endroit, tranchai-je. Cette nuit on jettera un coup d’œil, proposai-je en regardant mon cousin en souriant.
Il hocha de la tête en répondant à mon sourire et la discussion s’arrêta là. De toute manière ce ne serait pas prudent, car Burnett et Holiday venaient de faire leur entrée. On se contenta alors tous de manger sans conviction notre petit-déjeuner.
Le reste de la journée me sembla passer à une vitesse folle. Tous les profs s’acharnaient sur moi avec une telle ardeur que je soupçonnais fortement la très Dame aux glaïeuls d’y être pour quelque chose. Peut-être était-elle au courant que j’avais connaissance de son existence désormais. Et que deux de mes prédécesseurs l’avaient déjà vaincu. Et qu’est-ce qu’on dit? Jamais deux sans trois. J’avais bien l’intention d’être la troisième. Et ce à n’importe quel prix. Enfin… presque.
Le diner au réfectoire fut presque aussi long et angoissant que lors de la Pleine Lune où j’étais morte et revenue d’entre les morts.
- Ça va aller, j’en suis sûre! M’assura Kylie en me tapotant légèrement l’épaule.
Je lâchai un grondement hargneux et grommelai :
- Ça c’est parce que tu ne vois pas comment l’autre me regarde!
La caméléon et tous mes autres amis se retournèrent pour voir ce dont je parlais. Une fois qu’ils eurent constaté l’air suffisant et provocateur de l’autre louve qui se frottait presque contre Ethan, Della gronda :
- Non, mais tu vas arrêter, oui?! J’en ai assez!
- Et bien tant pis pour toi! m’offusquai-je en sortant d’un bond de la table en passant proche de la faire voler dans les airs (et en manquant renverser la majorité des assiettes et des verres alentours du même coup).
Sur ces mots je me détournai d’eux et sortis à l’extérieur en coup de vent. La colère bouillonnait avec tant de force dans mes veines que j’avais l’impression que je risquais de tordre le cou à quelqu’un si on me contrariait un peu trop. Et la boule douloureuse au fond de mon ventre n’aidait en rien.
Je passai à deux doigts de frapper en plein ventre mon cousin lorsqu’il surgit derrière mon dos en disant :
- On se trouvera un coin tranquille pour la Pleine Lune…
Il dut remarquer qu’il m’avait prise par surprise, car un léger sourire étira ses lèvres tandis qu’il se plaçait à côté de moi. Il me serra maladroitement contre lui et murmura :
- Je suis certain que tout va bien se passer.
- Humm, humm… marmonnai-je, peu convaincue.
Il attendit un instant, cherchant apparemment les mots à employés. Il finit par lâcher :
- Tu ne devrais pas te laisser atteindre aussi facilement. Sinon, elle risque de te prendre pour une proie facile et fragile.
- Mais c’est ce que je suis. Je suis fragile, en ce moment, Lucas!
- Non, tu ne l’es pas! Gronda-t-il, hors de lui. C’est une illusion que tu te crées toi-même pour…
- Tu as aussi bien compris ce que c’était que moi! M’exclamai-je avec colère. Les autres, non. Mais toi, tu l’as compris. Elle me lançait clairement un défi. Et ça va se passer cette nuit.
Mon cousin poussa un soupir, mais ne me contredit pas. Car il savait aussi bien que moi que ce que je disais était la vérité.
Il me relâcha subitement et s’installa par terre en me faisant signe de le rejoindre. Je m’assis à mon tour sur le sol et le regardai avec une seule question dans les yeux « Pourquoi? ».
Sans me regarder il dit :
- Ne t’en fais pas avec ce défi, Maria. Que tu le perdes ou que tu le gagne le résultat sera le même. La Dame aux glaïeuls ne veut pas qu’il soit avec toi…
- C’est quoi ce défi? S’enquit Della en me faisant sursauter à tel point que je bondis sur mes pieds.
Je lui lançai un regard incendiaire auquel elle répondit par un grand sourire réjoui, mais je vis une lueur d’inquiétude dans ses yeux. Oui, moi aussi ça commençait à m’inquiéter. Pourquoi est-ce que je me laissais aussi surprendre facilement ces derniers temps? Sans doute que je n’étais plus assez attentive… Il fallait que ce soit ça. Il fallait que ce soit seulement ça.
- Alors, je vais avoir une réponse? Me relança ma coloc.
- En règle générale ça s’est plus souvent vu entre les gars, mais parfois il y a eu certaines filles qui l’ont fait, commença Lucas.
- Et c’est…? Ça ne me dit rien… marmonna-t-elle.
- Un combat, grommelai-je. Un combat pour… pour sa… compagne. Ou son compagnon. C’est un truc plutôt ancien, mais ça arrive encore de temps en temps de nos jours.
- Comment es-tu au courant de ça? S’étonna la vamp en ouvrant de grands yeux.
Sans doute faisait-elle référence au fait que je n’avais jamais vécu avec d’autres loups-garous avant d’arriver ici. Je marmonnai quelques mots pour moi-même et lâchai :
- Il y a des trucs que tu sens instinctivement. Le regard qu’elle me jetait m’aurait donné envie de me battre contre elle, même si je n’avais pas été au courant. Quant au reste… Matthew m’en a parlé… pendant la semaine où nous étions à ma maison au Québec.
- Oh… fut sa seule remarque.
La moue qu’elle affichait maintenant était hésitante. Comme si elle réfléchissait entre deux options sans arriver à trancher. Finalement elle souffla :
- Je suppose que tu ne peux pas… te retirer de ce combat, hein?
- Tu viens vraiment de dire ça?! M’étonnai-je en ouvrant de grands yeux incrédules.
- Ce n’est pas à cause du combat. Mais pour la cause du combat. Tu dois le laisser aller.
Je secouai lentement la tête et murmurai :
- Je ne peux pas laisser passer un affront comme ça.
- Je ne comprends pas… marmonna-t-elle.
- Normal, tu es une vampire, gronda Lucas. C’est une chose typiquement loup-garou, tu sauras.
Della dut se sentir légèrement insultée, car elle plongea sur Lucas pour sans doute lui faire ravaler ses paroles, mais je m’interposai au dernier moment. Je m’exclamai :
- Pas besoin de se battre entre nous, s’il-vous-plaît. J’en ai déjà assez sur les bras comme ça…
Ensuite, voyant qu’aucun des deux ne tentait de rétorquer quelque chose, je me détournai et en voyant la Lune apparaître dans le ciel je dis :
- C’est l’heure.
À peine formulai-je ces mots que les étudiants loups-garous sortaient à l’extérieur et que je sentis la métamorphose commencer.
Sans attendre je m’élançai en courant jusqu’à être sous le couvert des arbres. C’est à peine si je me rendis compte que Lucas me suivait, l’ivresse que les rayons de la Lune sur ma peau provoquaient était… indescriptible.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire je me retrouvai sur quatre pattes. Un seul petit coup d’œil en arrière me permit de constater que Lucas était lui aussi sous sa forme animale. Il s’approcha de moi en trottinant et frotta sa tête contre le mienne, en guise de salutation.
Je me sentais bien. On aurait dit que toute la misère du monde que j’avais porté sur mes épaules humaines avait soudain disparu. Je me doutais bien que c’était à cause de la Pleine Lune, mais je ne m’en préoccupais pas. Je me contentais de profiter du répit que me procurait la Pleine Lune. Cela ne durerait pas très longtemps, alors autant en profiter au maximum.
Je m’élançai alors à toute vitesse, la gueule entrouverte en un sourire purement canin, mon cousin sur les talons. Sentir mes muscles répondre à mon appel sans entrave et entendre tout ce qui se passait à une distance extrêmement grande autour de moi étaient si agréable que je ne me rendis pas compte que je ne cessais pas d’augmenter de vitesse.
Je finis par le constater lorsque je n’entendis plus les bruits des pattes de Lucas juste derrière moi. Je fis alors demi-tour à une vitesse similaire et ne ralentis qu’à peine lorsque je décidai de provoquer un face à face avec lui.
Notre rencontre se termina en un roulé-boulé très peu élégant et nous chahutâmes légèrement comme deux jeunes loups.
Du moins, c’est ce que l’on fit jusqu’à ce qu’apparaisse devant nous une louve que je ne connaissais pas. Accompagné d’un loup Oh, combien familier! Mon cœur de loup se serra à la vue du loup d’Ethan. En particulier parce qu’il était en compagnie de Maïa, si je me fiais à son odeur.
Je retins un gémissement involontaire en le voyant me montrer les crocs. Ce n’était pas le temps de montrer la moindre faiblesse. Lucas s’appuya légèrement contre moi pour me montrer son soutien pendant que je détaillais silencieusement la louve devant moi.
Elle semblait complètement inoffensive. Sa fourrure était un mélange de gris très pâle, de gris un peu plus foncé et de noir. Maïa semblait à première vue très chétive, mais je me doutais qu’il n’en était rien. Il ne fallait jamais se fier aux apparences. Et je ne l’avais jamais fait, alors je ne commencerais certainement pas aujourd’hui.
Je retroussai mes babines pour dévoiler mes crocs redoutables et avançai d’un pas. Qu’on en finisse rapidement, me dis-je intérieurement. Lucas recula légèrement et je fus soulagée de voir Ethan en faire autant. S’ils ne s’en mêlaient pas tous les deux, c’était beaucoup mieux ainsi. Maïa gronda et dévoila ses crocs à son tour en avançant de deux pas dans ma direction.
Je n’attendis pas davantage et bondis sur elle. Sa réponse à ma réaction prouvait qu’elle souhaitait toujours le défi qu’elle m’avait lancé. Mes pattes avant retombèrent sur son dos et je sentis ses dents claquer près de mes oreilles. Je réussis à la bousculer au sol et à m’esquiver avant qu’elle ne puisse me mordre. On commença à ce moment à se tourner autour en claquant des mâchoires et en grondant. Je pouvais sentir l’inquiétude de Lucas et la colère d’Ethan, ce qui me déconcentrait légèrement. Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, Maïa ne semblait pas éprouver d’émotions violentes. Pas comme moi. Elle, elle sentait l’amusement. À plein nez. Je fronçai le nez et grondai sourdement.
Soudain, sans que je m’y attende, elle bondit dans ma direction, tous crocs dehors. Je me préparai rapidement à l’accueillir, mais contrairement à ce que je m’étais imaginée elle ne me sauta pas à la gorge. Elle plongea à mes pattes et avant que je n’aie pu faire quoi que ce soit elle planta profondément ses crocs dans ma patte avant droite.
Je lâchai un glapissement de douleur avant de rugir comme aucun loup ne devrait être capable de le faire. Je lui sautai alors sur le dos et plantai sans aucune restriction mes crocs dans son épaule. Je le fis avec tant de force que le sang perla malgré l’épaisseur protectrice de cet endroit particulier.
Elle glapit pitoyablement et au lieu de me retirer je me retrouvai à serrer davantage. Et à secouer la tête. Ma puissance assez importante fit en sorte que je réussis à la balancer d’un côté et de l’autre. Dire que je la détestais était sans doute un euphémisme. Peut-être que c’était injuste. Peut-être pas.
J’entendis alors le grondement préventif que poussa Lucas, mais je n’eus pas le temps de regarder autour pour en comprendre la signification que l’on me fonça de plein fouet dans le ventre. J’étais encore en train de secouer Maïa, alors sous la force du coup je la relâchai et elle alla s’écraser contre un arbre plutôt imposant.
Au début j’avais cru que c’était Ethan qui s’était interposé. Mais j’avais tort. C’était une autre louve. Une louve dont je ne reconnais pas les couleurs. Elle avait une magnifique fourrure. Un mélange de roux-doré, de beige, de brun-gris et de noir. Ses yeux d’un gris clair rare chez les loups me regardaient avec une animosité palpable. D’une torsion compliqué je réussis à me déprendre de sa prise et reculai précipitamment, en ne tenant pratiquement pas compte de la douleur que je ressentais à ma patte blessée.
Cela ne prit pas une seconde qu’elle me gronda fortement dessus et me tourna ensuite le dos pour aller retrouver Maïa. Ethan aussi s’y dirigea, sans m’adresser un seul regard. Sauf que pour la première fois depuis un moment je ne m’en préoccupai pas. On aurait dit que ce combat venait de me libérer d’un poids que j’avais sur le cœur. Il avait fait son choix. Et je venais de faire le mien. Je me détournai alors de l’image qu’il projetait et fit signe à mon cousin de me suivre.
C’est donc à trois pattes que je quittai le champ de bataille, si je pouvais le dire comme ça. Et je n’avais pas l’intention d’y remettre les pieds avant un moment. Pas à cause de ce qui s’y était passé, mais bien parce que cela faisait maintenant parti de mon passé. Et je me devais de repartir vers l’avant. Au lieu de continuer à stagner au même endroit à cause de mon passé.
Le reste de ma nuit fut relativement calme pour une fois. Jusqu’à maintenant, à Shadow Falls, je n’avais encore jamais eu de Pleine Lune normale. C’était celle-ci qui s’en rapprochait le plus et ça voulait tout dire.
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Je repris forme humaine au petit matin en compagnie de mon cousin et c’est en titubant légèrement que nous sortîmes des bois pour ensuite se diriger vers nos bungalow respectif. J’espérais secrètement que tout le monde dormirait encore. Car j’avais l’intention de me coucher à nouveau.
Malheureusement rien n’est jamais aussi simple dans ma vie et lorsque j’ouvris la porte je tombai directement devant mes trois colocataires deb bungalow ainsi que Katryne et Kelsea. Elles n’avaient quand même pas attendu toute la nuit?
C’est à peine si elles réagirent à ma présence lorsque je pénétrai pour de bon dans le bungalow, que je refermai la porte derrière moi et que je vins m’asseoir avec elle à la table. C’est lorsque je posai les coudes sur la table et déposai mon menton dans mes paumes qu’elles bougèrent enfin.
- Qu’est-ce qu’il y a? demandai-je sur un ton nerveux, car je craignais qu’il se soit produit quelque chose de très grave pendant la nuit.
- Comment s’est passé ton défi? S’enquit Katryne avec un grand sourire.
Je me fis la réflexion, en me cachant la tête entre les mains par pure exaspération que c’était la première que Katryne souriait sincèrement depuis son arrivée ici.

***************************

Della ne put s’empêcher de rire intérieurement en voyant la réaction de Maria. Dès que les deux loups-garous étaient parti, la vamp avait en effet immédiatement été avertir ses deux autres colocs, ainsi que le reste du groupe par le fait même concernant le défi qu’avait lancé Maïa à Maria. Elle était d’ailleurs restée très surprise de voir que Perry était au courant. Elle ne l’aurait jamais soupçonné, pourtant.
La seule louve du groupe poussa alors un soupir déchirant et marmonna :
- Della vous a raconté, c’est ça?
- Exactement! Approuva l’intéressée en souriant de toutes ses dents.
Nouveau soupir. Pour une raison ou pour une autre Della adorait asticoter la louve-garou. Le contraire était peut-être vrai aussi, mais ces derniers temps Maria ne semblait pas vraiment d’humeur à asticoter qui que ce soit. Alors, c’était difficile d’en juger. Une chose était sûre, à son arrivée ici elle avait adoré lancer des piques à Della. À ce souvenir la vamp perdit un peu son sourire. L’ancienne Maria lui manquait légèrement.
- Bon, alors je suppose qu’il ne me reste plus qu’à vous raconter, soupira la louve en redressant légèrement la tête.
Ce qu’elle leur narra ensuite laissa Della pantoise. Maria avait finalement réussi à tirer un trait sur le passé? Elle avait vaincue l’autre louve? Mais pourquoi Ethan n’était-il pas revenu avec elle, si elle était la gagnante? Toutes ces questions tournoyaient dans son esprit sans aucun répit. Ce fut par contre Miranda qui les posa :
- Tu as vaincu Maïa? Vraiment? Mais pourquoi Ethan n’est pas là? Et tu veux dire quoi par « j’ai tiré un trait sur le passé » ? Tu parles d’Ethan?
Maria poussa un nouveau soupir, mais s’expliqua tout de même.
- Oui, je l’ai vaincu. En quelque sorte, du moins. Et si Ethan n’est pas là, c’est parce que c’est la « Dame » qui le contrôle et ne veut pas qu’il soit près de moi. Et j’ai tiré un trait sur lui, c’est lui mon passé. Je n’attendrai plus après son retour improbable et je vais continuer d’avancer sans lui. L’avenir me dira pour le reste.
Della comprit dans les non-dits de Maria que celle-ci aimait toujours l’autre loup-garou, mais que maintenant elle savait qu’il ne reviendrait pas. Ou du moins pas de lui-même. Et qu’elle n’avait pas l’énergie nécessaire pour le tirer définitivement vers elle. C’était tout ce que la vamp voulait entendre et un nouveau sourire éclaira son visage d’ordinaire beaucoup plus impassible. Apparemment la présence de quelqu’un comme elle dans les parages l’avait un peu changé.
Elle surprit le regard de la louve sur l’horloge et comprit rapidement que celle-ci avait voulu retourner dormir. Malheureusement leur discussion avait à ce point duré longtemps qu’il était maintenant l’heure du petit-déjeuner. Tandis que les autres filles se levaient, ainsi que Maria, Della annonça :
- Maria, on a quelque chose à faire, tu te souviens?
- Ah oui, le rapport, maugréa-t-elle en changeant immédiatement de direction pour se rendre à sa chambre.
C’est ainsi qu’elles arrivèrent en retard au premier cours de la journée, sans avoir eu ne serait-ce le temps de manger un petit quelque chose. La professeur d’anglais, comme à son habitude, s’acharna sur Maria sans même remarquer que Della aussi était arrivée en retard. La vamp grinça des dents devant cette injustice et se promit qu’elle trouverait un moyen pour contrer ce problème que représentaient les profs pour la morale de son amie. D’une manière… ou d’une autre.
Le soir venu, Della ne tenait plus en place. Cette nuit ils commenceraient à s’entraîner pour être plus apte au combat. Ils en avaient très peu discuté pendant la journée pour éviter d’être entendu par les mauvaises personnes, mais ils l’avaient tous eu en tête.
Lorsqu’arriva minuit, la vamp se rua brusquement hors de sa chambre et retrouva Kylie, Miranda, Katryne et Maria toutes vêtues de noir. Comme Della portait toujours en grande partie du noir, cela n’avait pas changé grand-chose à ses habitudes.
- On y va? Demanda-t-elle sur un ton très énergique et légèrement surexcité.
Maria hocha de la tête et leur fit signe de la suivre. Normalement Lucas devait se charger de ceux qui restaient. Elles se mirent alors toutes en marche et dès qu’elles furent à l’extérieur Kylie prit la main de Maria et Della qui prirent à leur tour Miranda et Katryne. Dès ce moment elles se retrouvèrent toutes invisibles. La chimère, quant à elle, était déjà invisible depuis un petit moment déjà. Maria les conduit donc par la main jusqu’à l’endroit que Lucas et elle avaient choisi pendant la nuit passée.
Elles finirent enfin par y arrivées et de surcroit en même temps que l’autre groupe. Une fois qu’ils furent tous de nouveau visible, Della se frotta les mains l’une contre l’autre, petite habitude qu’elle avait développé depuis qu’elle connaissait Miranda, mais… pas pour les mêmes sujets, par contre. La vamp eut un grand sourire lorsqu’elle vit Maria prendre de l’avant et ouvrir la bouche pour parler.
- Bon, je ne crois pas que j’ai à dire à nouveau pourquoi on est là… Alors je vais aller droit au but, affirma la louve avec fermeté. J’y ai beaucoup pensé et il m’est venu à l’esprit qu’il vaudrait mieux, pour cette nuit et la nuit prochaine, ne voir que la base. Soit, en bref, les mouvements de défense et d’offensives, déclara-t-elle. Après cela, désolée Miranda, nous commenceront par essayer d’éviter des sorts de notre chère amie sorcière. Cela te permettra aussi, mon amie, de t’exercer sur des cibles bougeant plus ou moins vite. Et te forcera peut-être à te défendre aussi. Après nous passerons à Perry et ses différentes métamorphoses (l’intéressé adressa un grand sourire malicieux à Maria ce qui lui fit lever les yeux au ciel). Après il y aura encore ce que j’appelle une « mise à jour », donc un retour aux bases. Pour perfectionner nos techniques ou encore en apprendre des nouvelles si jamais nous faisions des recherches sur le sujet.
La louve expliqua par la suite que la nuit suivante ce serait le tour aux vampires, puis aux loups-garous. Elle annonça d’ailleurs qu’elle n’en ferait pas partie, ou sinon qu’elle prendrait sa forme animale, car elle n’est pas une très bonne représentante de l’espèce. Après les loups-garous il y aurait une nouvelle mise à jour puis ce serait le tour au seul fae présent et aux deux caméléons de faire leur preuve. Suivit de deux nouvelles mise à jour qui précéderait la nuit contre Maria et par après une nuit contre la chimère. Une fois que tout ce cycle serait fait, la louve-garou conclut qu’ils recommenceraient et ainsi de suite.
Au départ, Della trouva un peu navrant de seulement revoir les bases. Pourtant elle se rendit rapidement compte que c’était vraiment nécessaire, car même si elle savait que Katryne ne connaissait rien à rien, elle avait oublié que Miranda aussi. Et d’eux tous, Miranda était parmi les plus fragiles. Oh, bien sûr elle pourrait se défendre avec sa magie, mais elle n’avait ni la force exceptionnelle des loups-garous et des vampires, ni leur vitesse sensationnelle.
Par ailleurs, parmi ceux qui possédaient ces attributs ils n’y avaient que Maria, Lucas et elle qui connaissaient réellement des mouvements de combat. Kylie n’y connaissait pas grand-chose sauf par instinct et Jenny pas du tout, ou presque. Ensuite pour ce qui était de Perry et Derek ils en savaient un peu plus que Kylie, mais moins que Maria. Quant à la chimère… elle n’entrait pas en ligne de compte.
Malgré la simplicité de ce qu’ils firent cette nuit-là, Della apprécia grandement le moment, car outre le fait qu’ils faisaient quelque chose tous ensemble et qu’ils apprenaient à se battre plus efficacement, il y avait le fait que Maria redevenait ce qu’elle avait été il n’y avait pas si longtemps.
Le reste de la semaine se passa beaucoup trop vite au goût de la vamp. Lorsqu’il fut temps de faire ses bagages pour la fin de semaine chez ses parents, elle aurait presque eut envie de vomir. Elle allait encore passé ces deux jours enfermés dans les toilettes pour passer un million de tests stupides qui ne donneraient rien. C’était désespérant à la fin! Pourquoi ses parents, surtout son père, ne comprenaient-ils pas que ça n’avait aucun lien?
Lorsqu’elle arriva finalement chez elle ça ne prit pas deux secondes que son père lui tendit ce qu’elle redoutait le plus. Avec un soupir elle alla déposer son sac de vêtements dans sa chambre et s’enferma dans les toilettes. Là, tout en préparant les choses pour réaliser le petit « test d’urine » demandé par son père elle saisit son cellulaire et composa un numéro. À la deuxième sonnerie on lui répondit :
- Salut, Della, marmonna la voix grincheuse de Maria.
- Devine où je suis, maugréa la vamp en serrant les dents.
- La salle de bain? Dit la louve d’un ton légèrement distrait.
- Ouais, je te l’avais bien dit qu’il me ferait y aller dès que j’entrerais dans ma maison, non?!
Elle entendit son amie pousser un soupir rageur et c’est en articulant bien ses mots que celle-ci répondit :
- Tu viens juste d’arriver chez toi, ça veut dire? Tu crois que je pourrais venir?
- Pourquoi tu demandes ça? S’étonna Della en ouvrant les yeux très grands, malgré que la louve ne puisse pas la voir.
- Attends une minute, grommela son interlocutrice.
La vamp entendit le combiné s’éloigner des oreilles de son amie et manqua se faire éclater les tympans lorsque Maria hurla avec une rage incroyable :
- NON, MAIS TU VAS LA FERMER, OUI?!
Si elle devait se fier à son jugement, il était question d’Ethan. Car Della s’imaginait pas très bien Maria hurler après son père avec autant de haine, de souffrance et de frustration. Non, vraiment pas.
- Désolée, Della. Je crois que je ferais mieux de te laisser. Je te rappelle plus tard, d’accord? J’ai quelque chose à aller régler… marmonna Maria et la dernière phrase sonna comme un grondement.
Avant que la vamp ait pu dire ou faire quoi que ce soit la ligne fut coupée. Elle se mordit les lèvres nerveusement. Ça s’annonçait mal. Très mal. Par contre l’idée que Maria vienne ici pendant la fin de semaine était très, mais vraiment très tentant. Sauf qu’elle connaissait déjà la réponse de son père.

*************************

Je raccrochai avec une mauvaise humeur décuplée. Il n’avait pas arrêté de m’insulter ou de me lancer des piques pendant tout le voyage jusqu’à l’appartement de mon père, ce dernier ne comprenait d’ailleurs rien à ce qui se passait et la seule fois où il avait cherché à en connaître la raison nous lui avions gueulé dessus tous les deux, Ethan et moi. Pour ensuite reprendre notre « dispute ». En réalité, lui parlait et moi je l’ignorais. Ou j’essayais de tout mon être en tout cas. Mais rendu à l’appartement je n’avais pas pu m’empêcher de le gifler. Ce qui m’avait valu de me faire envoyer dans ma chambre (que mon père dut me montrer, car je connaissais rien de cet appartement). Au moins Ethan se retrouva dans la même position et c’était la seule consolation.
Je sortis d’un bond de ma chambre et me ruai dans la sienne. Il arborait un sourire fendant et satisfait qui s’élargit encore plus lorsque je le plaquai dans le mur. Il dit :
- Tu aimes ça, pas vrai?
Je me donnai des gifles mentales pour ne pas le frapper, là tout de suite. Sérieusement, c’était un miracle qu’il soit encore en vie. Avec tout ce qu’il avait proférer comme insanité. Je déglutis difficilement à cause de la rage qui montait en moi comme un raz de marée et je lui crachai au visage :
- Arrête de me chercher, Ethan. Car le jour où tu vas me trouver pour de bon… il n’y aura pas de demi-mesure. Et il se pourrait que je pète un câble. Au point de commettre l’irréparable.
Il secoua la tête avec suffisance, mais je décelai une étrange lueur de tristesse dans ses yeux. Mais elle disparut si vite que c’était sans doute dut à mon imagination. Je le relâchai alors brusquement et sortis de sa chambre en vitesse. Son odeur avait encore trop d’effet sur moi. Je ne pris pas la peine de m’empêcher de claquer la porte dans mon dos.
Je rejoignis alors mon père et Katryne dans la cuisine qui discutaient tranquillement en français. Kelsea était étendue dans un coin et se léchait consciencieusement la patte avec un intérêt un peu exagéré.
- Je croyais t’avoir dit d’aller dans ta chambre, marmonna Matthew s’en se retourner vers moi.
- Peut-être, mais j’ai cru bon de venir t’expliquer toute la situation.
Cette fois il se retourna vers moi, un sourcil arqué. Je saisis alors un cahier à spirale qui traînait sur le comptoir et me mis à écrire à une vitesse folle. Pendant tout le moment où je lui écrivis ce qu’il se passait il me dévisagea avec des yeux ronds. Quant à Katryne elle arborait cet air entendu plutôt étrange compte tenu des circonstances. On aurait dit qu’avec les jours qui passaient je retrouvais ma meilleure amie d’antan. Sauf que c’était très dangereux de penser comme ça. Elle m’avait déjà abandonné une fois… Pourquoi pas deux?
Lorsque j’eus enfin terminé de tout écrire avec tout le nécessaire à la compréhension je lui tendis le cahier. Il lut en entier avec une minutie qui prouvait son côté perfectionniste d’avocat et dès qu’il eut fini sa lecture il me dit simplement :
- Je vois…
Ensuite il déchira une page sur lequel il inscrivit un numéro, précédé d’un nom. Christine. Si je me fiais à l’indicatif, c’était pour la joindre. Bien sûr, le nom était aussi très révélateur, mais… enfin, bref.
Je saisis prudemment la feuille et tandis que je lisais mon père arracha les pages que j’avais écrits dans le cahier et alla près du mélangeur où il déchira en grosse partie les feuilles qu’il laissa tomber dans le mélangeur. Il le démarra ensuite et tous les bouts de papier se déchiquetèrent joyeusement sous nos regards estomaqués à Katryne et moi. Mon père boucha ensuite le trou de l’évier, le rempli d’eau et jeta tous les petits bouts de papier à l’intérieur avant de les mélanger jusqu’à ce qu’il ne reste pratiquement plus rien. Là il ramassa ce qui restait et les mis en une boule bizarre avant de la jeter dans poubelle.
Je suppose que nous devions avoir l’air complètement ahurie, car il dit avec un sourire :
- C’est plus prudent comme ça.
- Oui, je suppose, admis-je en hochant de la tête lentement, toujours éberluée.
C’était quand même incroyable, non? Tout ça pour… ça. Quant à moi je me serais contentée de les brûler…
Mon père, en passant à côté de moi me glissa :
- Fais attention.
Ensuite il s’en alla en direction de la chambre d’Ethan. De là où j’étais je l’entendis dire :
- Ethan, tu viens? Nous avons des choses à aller acheter, tu te souviens?
J’entendis Ethan maugréer quelque chose, mais mon père ne lui laissa pas le choix. Lorsqu’il passa par la cuisine, Ethan lança avec un sourire moqueur :
- À tout à l’heure petite louve de mon cœur!
Je sentis mon cœur se serrer en l’entendant m’appeler ainsi et je vis distinctement les épaules de mon père se raidir. Je suppose que ça devait être dur pour lui de ne pas prendre parti…
- Ta gueule, Ethan! Gronda Katryne en lui jetant un regard enflammé par une fureur étrange.
Décidément son comportement devenait de plus en plus bizarre… On aurait vraiment dit que… Non, n’y pense pas, m’interdis-je vertement. Dès que je les entendis quitter le stationnement je poussai un soupir de soulagement et saisis le téléphone sans fil en murmurant :
- À nous de jouer maintenant, Katryne.
- On appelle qui, au juste?
- Tu ne sais pas lire? La raillai-je.
- Si, mais je ne la connais toujours pas! Argua-t-elle en faisant la grimace.
- Désolée, j’oubliais…
- Aucun problème, assura-t-elle.
Je lâchai alors un soupir prolongé, composai le numéro et ensuite je retins mon souffle. Pourvu qu’elle réponde, pourvu qu’elle…
- Oui, allo? Répondit la voix de celle que j’espérais.
- Christine! Lâchai avec un intense soulagement.
- Maria, c’est toi? s’étonna l’intéressée et je pouvais entendre la surprise dans sa voix.
- Oui, affirmai-je. Et il faut qu’on discute.
Elle me laissa alors continuer et pendant l’heure qui suivit je lui narrai tout ce qu’il s’était produit dernièrement et depuis le tout début. Soit depuis que nous étions revenus au Québec et qu’on avait trouvé Katryne, son histoire et tous les évènements qui avaient suivi. Elle me laissa parler tout du long sans jamais m’interrompre une seule fois, ce dont je lui étais très reconnaissante, car le récit était plutôt long.
Par la suite survint les millions de question auxquelles je m’attendais et une fois que j’eus répondu à toutes dans la mesure de mes capacités, Christine affirma :
- C’est une excellente idée de t’entraîner et d’entraîner tes amis, Maria. À l’époque de tes ancêtres, les Anciens Héritiers, donc, ils pouvaient compter sur l’appui de leur meute lorsque le danger était trop important. Et c’est le cas pour toi en ce moment (Super, pensai-je avec amertume). Mais, à ce que je peux constater tu as intégré tes amis à ta meute, ça les rendra plus résistants.
- Vraiment? M’étonnai-je en ouvrant de grands yeux.
- Oui, ils se remettront plus rapidement de leur blessure, seront un peu plus rapide, un peu plus fort et auront une meilleure résistance à tout contrôle physique et mentale, m’assura-t-elle.
- Intéressant… lâchai-je avec un petit sourire que j’adressai à Katryne et auquel elle me répondit.
Christine sembla alors réfléchir et dit :
- Donne-moi le numéro de ton amie Miranda.
- Euh… Pourquoi?
- Car j’ai une amie sorcière qui est aussi dyslexique et elle est l’une des meilleures sorcières que je connaisse.
- Tu ne parlerais pas de toi, là? dis-je, car en mon fort intérieur j’avais l’impression qu’elle mentait.
- Évidemment, que je parle de moi.
- Mais tu as une librairie! M’exclamai-je.
- Je n’ai jamais rien laissé m’arrêter! Répondit-elle avec une voix emplit de fierté.
J’eus un grand sourire satisfait et plein de reconnaissance, car je me doutais de la raison pour laquelle elle voulait communiquer avec Miranda. Je lui donnai alors son numéro et lui rappelai qu’elle allait devoir parler en anglais. Ce à quoi elle m’assura qu’elle ne l’avait pas oublié. Ensuite elle me demanda des renseignements sur la petite « garce » qui avait jeté son dévolu sur Ethan.
Je lui racontai alors tout et je me retrouvai par le fait même à libérer mon venin et à me délivrer de tout ce que j’avais gardé enfoui au fond de moi-même. Lorsque j’eus terminé de vider mon sac il y eut une longue minute de silence. Et tandis que j’entendais le bruit de la voiture de mon père se stationner dans la cour du bloc appartement. Déjà? Ils étaient déjà de retour? Bon, en même temps mon père ne pouvait pas s’absenter trois heures durant sans qu’Ethan ne se pose des questions. Soudain, Christine lâcha, complètement horrifiée :
- Oh, mon dieu! Bon sang de bonsoir, Maria! C’est elle! C’est cette Maïa!
Je sentis comme une chape de plomb qui me tombait sur les épaules et sans même prendre la peine de répondre je lâchai le téléphone et me ruai à l’extérieur pour rejoindre mon père et Ethan. Comment avais-je fait pour ne pas le comprendre plus tôt? Tous les signes étaient là, pourtant! Sarah qui protège Maïa, Ethan qui la protège aussi. Et même l’apparence de Maïa le laissait présager!
En dégringolant les escaliers comme une furie je m’attirai les railleries d’Ethan qui entrait tout juste dans le bloc.
- Tu étais trop pressée de me revoir que tu n’as pas pris l’ascenseur? Se moqua-t-il avec un sourire narquois qui était loin d’être le sien.
Ou peut-être qu’il lui ressemblait trop, mais que le ton condescendant qu’il prenait le rendait complètement différent? Je ne formalisai pourtant pas de ses paroles et grognai avec toute la puissance de l’Alpha qui sommeillait en moi :
- ETHAN DAWSON, TU ME SUIS IMMÉDIATEMENT!
Et sans prendre la peine de voir s’il allait m’écouter je remontai les marches quatre à quatre. Ce que j’allais faire allait être tout un défi et je ne savais même pas si c’était réalisable. Pourvu que oui, pourvu que oui, pensai-je en me croisant mentalement les doigts.
En entrant dans l’appartement je surpris Katryne qui raccrochait au téléphone. Elle s’expliqua rapidement :
- Elle pensait que tu avais perdu connaissance, alors je n’ai fait que la rassurer. Elle m’a dit que vous vous reparleriez bientôt et qu’en attendant elle appellerait Miranda.
Je hochai de la tête nerveusement et la vampire me demanda avec une inquiétude qui me paraissait sincère :
- Ça va?
- Pour le moment? Autant que ça peut aller… Dans une quinzaine de minutes? Je ne saurais te le dire…
- Tu ne vas pas faire…
- Oui, la coupai-je avec une nervosité qui m’était très peu familière.
Je saisis alors une planche à découpée qui m’avait l’air plutôt solide et qui reposait sur le comptoir et dès que la porte s’ouvrit sur Ethan je le frappai de toutes mes forces. Il perdit immédiatement connaissance. Je tombai à genoux à côté de lui et lorsque mon père arriva, la seconde suivante, il ouvrit la bouche, puis la referma et ce à trois reprises avant qu’il ne lâche :
- Est-ce que tu peux m’expliquer ou…?
- Ce serait trop long. Tout à l’heure, peut-être… dis-je en traînant Ethan par terre pour l’amener jusqu’à sa chambre. Dit, Katryne, tu voudrais bien venir avec moi?
- Aucun problème, m’assura-t-elle avec un sourire ravi.
Lorsque nous arrivâmes dans la chambre de mon ex-petit-ami elle m’aida à le poser sur son lit et me demanda :
- Tu veux que je fasse quoi?
- Retiens-le comme tu peux. Je vais le retenir aussi, mais j’ai peur qu’il soit… trop fort pour moi seule.
Elle hocha de la tête et posa ses mains sur les jambes d’Ethan pour le retenir dans le lit. Je me positionnai alors à peu près de la même façon, mais avec ses épaules. Et là je commençais le processus. Je le relâchai alors d’une main pour pouvoir planter mes dents dedans, ensuite je lui ouvris la bouche et fis en sorte que mon sang s’écoule à l’intérieur. Et pendant que je lui faisais avaler mon sang, je marmonnai avec une soudaine migraine très douloureuse :
- Par ce sang… que je te donne… je te fais miens. À ma meute… tu appartiens… maintenant. À partir de cet instant… tu n’obéiras qu’à moi… et seulement moi. Jusqu’à ce que la mort… te délivre… ou que je te laisse… partir.
Dès que je prononçai le dernier mot, Ethan se redressa brusquement et se débattit avec une telle vigueur que je pouvais à peine le contenir avec l’aide de Katryne. Surtout qu’en même temps une présence étrangère m’envahissait l’esprit et qu’un cri si puissant et si aigu me transperçait tout le crâne. Il était empli de rage, d’une fureur sans nom et à une puissance telle que je n’arrivais pratiquement pas à me concentrer sur ce que je faisais. Je devais rompre les liens. Tous les liens… Aller… un petit effort, Maria…
Au bout d’un moment, au fil des minutes qui passaient, Ethan commença à se tranquilliser, mais il tremblait maintenant de tous ses membres. Je sentis soudain une brusque perte d’énergie et avant que je n’aie pu y changer quoi que ce soit je m’affalai sur Ethan, vidée. En moins d’une seconde je perdis connaissance.
Lorsque je me réveillai, j’étais dans mon lit et au comble de l’étonnement Ethan était assis à mes côtés et me souriait tendrement. C’était probablement un rêve, pensai-je et je refermai les yeux.
- Ne fais pas semblant de dormir, Maria. J’ai bien vu tes yeux ouvert, il y a deux secondes, me dit Ethan avec un ton moqueur, mais sans aucune méchanceté.
- Alors je ne rêve pas? Dis-je en rouvrant les yeux.
Il secoua la tête tristement et je le soupçonnai de savoir parfaitement pourquoi j’avais dit ça. Mais à peine une minute plus tard, il dit avec un petit sourire :
- Tu sais… le coup de la planche à découpée, c’était peut-être un peu trop intense. Tu m’as faite une belle bosse sur la tête, tu sais.
- Je ne le regrette pas, affirmai-je malgré un petit pincement au cœur. Tu le méritais.
- C’est vrai, admit-il en baissant les yeux. Je suis tellement désolé, Maria, ajouta-t-il et je pus voir ses yeux devenir plus humide. Je n’ai jamais rien voulu de tout ça. Je n’aime pas Maïa. Mais… je suis contrôlé. Ou du moins je l’étais. Enfin… je ne sais plus. Je ne comprends plus rien…
J’avais plus que tout envie de le croire. Vraiment. Malheureusement je n’étais plus certaine de pouvoir lui accorder une confiance aveugle. Je tus donc les informations que j’avais en ma possession, entre autre celle qui lui aurait dit que Maïa était celle qui le contrôlait. Après tout, tout ça n’était peut-être rien d’autre qu’une mascarade? Qui me disait qu’il n’était pas toujours sous l’emprise de Maïa et qu’il ne cherchait pas simplement à récolter des informations?
- Tu sais que Katryne m’a… commença-t-il, sauf qu’à ce moment Matthew entra dans ma chambre et il s’interrompit brusquement.
- Qu’est-ce que tu fais là, Ethan? Je croyais t’avoir dit de rester dans ta chambre.
Je vis les yeux d’Ethan refléter une certaine colère. Une colère protectrice. Celle qu’il avait toujours eue envers moi. Avant. C’était avant, me rappelai-je alors que mon cœur commençait à trépigner.
Malgré tout, Ethan accepta de se lever sous la commande de mon père et il sortit de la pièce en m’adressant un dernier regard désolé. Pour une raison ou une autre je croyais en son sentiment de culpabilité, car elle me paraissait vraiment sincère. Mais la question était de savoir : pour combien de temps encore?
- Maria? J’ai Della au téléphone pour toi.
Oh, mince! Je lui avais dit que j’allais la rappeler. Oups.
- Est-ce que tu te sens assez en forme pour lui parler? C’est la deuxième fois qu’elle appelle, mais la première fois tu étais encore sans connaissance… ajouta mon père, les lèvres pincées.
- Oui, passe-la-moi! Dis-je avec empressement.
Il s’approcha alors de mon lit et il eut une réaction qui me pétrifia surplace. Il me baisa le front et souffla :
- Ne me refais plus jamais ça, Maria. Plus jamais.
À la suite de quoi il me passa le téléphone sans rien ajouter d’autre. Il sortit finalement de ma chambre et je manquai bondir dans les airs en voyant Katryne se faufiler dans ma chambre. Je me demandais bien pourquoi, car elle ne prononça pas un mot, se contentant de piétiner surplace, mal à l’aise.
- Maria? S’enquit Della à l’autre bout du fil.
- Oui, je suis là, affirmai-je en dévisageant la vampire qui était en face de moi.
J’entendis un soupir de soulagement à l’autre bout du fil, puis ce qui me sembla être des ongles que l’on faisait légèrement pianoter contre une surface dure. À la suite de quoi, ma coloc me demanda :
- Est-ce que Katryne est là?
- Oui, avouai-je, étonnée.
- Et est-ce qu’elle écoute?
Je jetai un coup d’œil vers l’intéressée et cette dernière hocha la tête sans que j’aie à prononcer un seul mot.
- Oui, annonçai-je.
- Je ne sais pas par quel miracle cela a pu se produire, mais… Mon père accepte que vous veniez toutes les deux chez moi demain après-midi et que vous dormiez. On rentrera toute ensemble à Shadow Falls.
Je restai sans voix pendant un long moment. Ne sachant pas trop quoi dire. Son père avait accepté? Ça me semblait tellement incroyable, car d’après ce que je savais de lui… enfin, bref.
- Alors qu’est-ce que vous en dites? S’enquit mon amie vampire avec de l’espoir dans la voix.


Hé, hé, hé! Comment avez-vous trouvé ce cher chapitre 7? Nul ou correct? Trop long ou trop court? ;) Bon, petite chose je tiens à préciser qu'une partie des descriptions des Sirènes du Golfe du Saint-Laurent et de la Dame aux glaïeuls est tiré de « l'intégrale des Créatures Fantastiques du Québec », alors voilà pour les références! :D Ah, et il y a aussi quelques liens entre ma description de la Hère et celle fourni par ce même livre. Ensuite, passons à quelque chose de plus intéressant. Je sais que j'avais déjà donné une image du loup de Maria, mais pour une raison ou pour une autre, elle n'apparaît plus, alors en voici une nouvelle qui fonctionne parfaitement aussi. En bonus, il y a aussi l'image du loup de Maïa et de Sarah. :D J'espère que les images vous plairont. ;)


Maria:
[attachment=2]Maria_louve.png[/attachment]



Maïa:
[attachment=0]Maïa_louve.jpg[/attachment]



Sarah:
[attachment=1]Sarah_louve.png[/attachment]



Un devoir
Nouveau départ
Pièces jointes
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Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut,
Je trouve que ton chapitre est très bien fait : l'histoire, la taille... Il est aussi très intéressant, je ne connaissais pas du tout la Dame aux glaïeul
Voila, voila, bonne continuation !
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Coucou, ce n'est pas un chapitre, c'est seulement pour prévenir que ça pourrait prendre encore une semaine avant la suite... J'ai pris du retard avec mon autre fanfic, je n'ai pas beaucoup écrit dernièrement, je n'étais pas chez moi, donc... :| Mais bon, je m'y mets dès demain, ou aujourd'hui, dépendamment de mon humeur... :lol:
Morgane-Feroldi: Tant mieux si tu trouves que le chapitre est bien fait! Et que tu l'aies apprécié! :D Et je suis aussi contente de t'avoir fait connaître la Dame ;) Et merci!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut! Après une longue absence que j'espère être la dernière aussi longue... je suis de retour! Et avec un chapitre 8 qui, je crois, se trouve plus long que le précédent. Et peut-être tous les autres du tome 2, en fait... Bon, je n'ai pas envie de m'éterniser en blabla inutile, alors... Ne prêtez pas trop attention aux fautes. Bonne lecture


Image



Chapitre 8



Ce que j’en disais… Ce que j’en disais?! Mais c’était oui à cent pour cent, ma parole! Ce n’était pas que je ne voulais pas être avec mon père, mais… Enfin. Il y avait une certaine personne que je ne tenais pas trop à côtoyer plus longtemps que nécessaire.
Je jetai un œil à Katryne et elle acquiesça lentement de la tête. Elle ne semblait pas absolument certaine, sauf qu’elle n’avait pas le choix de me suivre à l’endroit où j’allais. Et ayant sans doute vu l’espoir dans mes yeux, n’avait pas voulu dire non. Je pouvais comprendre la raison de son hésitation. De toutes mes colocs, Della était celle qui acceptait le moins Katryne.
- Pour moi, ça marche. Mais il faut que j’en parle avec mon père.
- D’accord, alors… Rappel-moi dès que tu as une réponse, me dit Della avant de raccrocher.
Bon, comment annoncer à mon père que je voulais aller passer une partie de la fin de semaine chez une amie que je côtoyais tous les jours de la semaine plutôt que de la passer en sa compagnie, surtout compte tenu du fait que nous nous connaissions à peine? Ça n’allait vraiment pas être facile…
- Tu as une idée de comment tu vas expliquer ça à ton père?
- Oui, affirmai-je, alors que ce n’était pas totalement le cas.
Katryne haussa un sourcil qui signifiait clairement qu’elle ne me croyait pas. Je poussai un soupir en levant les yeux au ciel. Je me dirigeai alors d’un bon pas vers la porte, la franchis et allai rejoindre mon père dans le salon.
Arrivée là je me mis à piétiner surplace. Quelle serait la meilleure manière de commencer?
- Tu voulais quelque chose, Maria? Me demanda mon père en me jetant un coup d’œil curieux.
- Euh… commençais-je en figeant complètement.
Je détestais ce genre de situation. J’avais l’impression qu’il comptait sur moi pour essayer d’approfondir notre relation. Qu’il voulait que j’y mette du mien. Et c’était compréhensible. Le problème, c’était que je ne le connaissais pas suffisamment encore.
En voyant son regard interrogateur, je pris une grande inspiration et annonçai :
- Della m’invite à passer l’après-midi chez elle demain et à dormir aussi. Nous rentrerions ensembles à Shadow Falls. Et Katryne viendrait avec moi.
- Quoi? S’étonna-t-il et je pouvais sentir de la douleur dans sa voix.
Je le blessais en le lui demandant, car si je le faisais c’était parce que je voulais y aller. Il ne comprenait sans doute pas pourquoi…
- J’aimerais vraiment y aller, insistai-je.
- Mais… je viens juste de te retrouver! Plaida Matthew et je sentis une certaine urgence dans son ton.
Je sentis mon cœur se serrer, mais je savais au plus profond de moi que tant qu’Ethan serait ici, je ne pourrais pas m’y sentir bien.
- Je ne peux pas rester… J’étouffe. À cause de lui, dis-je en pointant la direction de la chambre d’Ethan.
- Je vois… soupira mon père et je compris que j’avais gagné par son ton défaitiste.
- Mais on pourra se reprendre la prochaine fois! J’ai bien l’intention d’en finir rapidement avec la créature! Affirmai-je en souriant.
Il répondit légèrement à mon sourire, mais de la tristesse flottait toujours dans son regard. Il ajouta :
- Bien entendu, on se reprendra… Alors, tu peux lui dire que j’accepte.
- Merci! M’exclamai-je avec un vif soulagement qui détendit tous mes muscles tendus.
Il eut un sourire un peu plus grand et vint me serrer dans ses bras avant de s’en aller à la cuisine. J’attendis quelques secondes pour savoir ce qu’il faisait et bientôt l’odeur de pâtes fraîches envahies mes narines. Apparemment nous mangerions bientôt. J’attrapai alors le combiné et composai le numéro de chez Della. Je restai profondément figé pendant une seconde lorsqu’une voix d’homme me répondit :
- Allo?
Je déglutis difficilement. C’était son père. Je ne m’y étais pas préparée… et pourtant j’aurais dû. Ne fait pas de bêtise, Maria, me sermonnai-je. Sois poli, me conjurai-je ensuite.
- Mr Tsang? Est-ce que Della est disponible? C’est Maria Lechasseur-Parker…
- Oui, un instant, me répondit-il d’un ton légèrement bourru.
Je pus entendre qu’on éloignait le téléphone et il dit, sans se douter que j’entendais tout :
- Della, le téléphone pour toi!
Son ton était on ne peut plus aigre. Je me retins de justesse de grogner et soudain mon idée d’aller chez Della ne me sembla plus très bonne. N’allais-je pas empirer la relation qu’elle avait avec son père? Après tout j’avais la très fâcheuse tendance à mettre tout le monde en colère et à faire des scandales familiaux. Ou peut-être serait-ce la chance de tenir ma promesse et de leur montrer que leur fille ne se droguait pas? Humm…
- J’arrive! Entendis-je mon amie hurler.
- Dépêche-toi, un peu, elle attend! Gronda son père.
Je fronçai les sourcils. Comment diable était-il possible qu’il ne soit pas pris avec un véritable soulèvement en parlant ainsi à Della? La connaissant j’aurais cru que… Bon, en fait, elle faisait simplement comme moi. Notre ressemblance était… un peu trop frappante, parfois. Au niveau du caractère, tout au moins.
- Maria, c’est toi? demanda mon amie en prenant sans doute le téléphone à son père.
- Oui, affirmai-je avec un sourire dans la voix. Mon père a accepté!
- Parfait! S’enthousiasma-t-elle et je pus sentir du soulagement dans sa voix. Alors, on viendra vous chercher demain chez toi, d’accord? Enfin, si tu me donnes ton adresse!
Je la lui donnai avec un sentiment agréable. J’allais enfin pouvoir souffler un peu. Du moins, en théorie, car avec tout ce qui m’était arrivée dernièrement je me demandais s’il m’était simplement possible de me reposer…
- Bon, on se revoit demain, dans ce cas. Mon père me dit de venir prendre le diner…
Le verbe dire était un euphémisme, il semblait plutôt la gronder pour qu’elle vienne. Je la saluai alors rapidement, les sourcils toujours froncés. Une fois que j’eus raccroché, je dévisageai longuement le téléphone sans fil que j’avais dans la main comme s’il pouvait répondre aux questions que je me posais.
- Il a quelque chose d’intéressant, ce téléphone? S’enquit Katryne en me rejoignant.
- Non, rien du tout, maugréai-je. Seulement, je n’arrive pas à comprendre le père de Della.
- Mes parents non plus ne comprendraient pas s’ils me voyaient maintenant, avoua mon ancienne meilleure amie. Ils sont très… peu ouverts d’esprit. Ils penseraient sans doute que je me drogue, ou que je fais autre chose d’aussi… enfin, tu vois.
Je n’aurais jamais pensé que les parents de Katryne étaient comme ça. Ils m’avaient toujours paru si gentils et aimables. Elle dut percevoir mon étonnement, car elle dit d’un ton plus sec, mais ce n’était pas envers moi :
- Ils cachent bien leur jeu, n’est-ce pas?
- C’est pour ça que tu n’es pas retournée chez toi, pas vrai? Compris-je soudain.
Elle hocha de la tête en détournant le regard. J’eus la surprise de ma vie en voyant une larme rouler sur sa joue. Elle ajouta d’une toute petite voix :
- Je n’ai pas eu la vie que tout le monde croyait que j’avais. Il y a plusieurs choses que tu ignores, Maria.
Cette réponse me laissa sans voix. Qu’insinuait-elle par-là?
- Je suis plus ouverte d’esprit que mes parents, mais ils ont beaucoup déteint sur moi, soupira-t-elle ensuite.
- Ça explique plusieurs choses… soufflai-je.
Elle m’adressa un regard chagriné que je n’étais pas sûre de comprendre et de vouloir comprendre. Pourquoi avais-je l’impression qu’elle me cachait quelque chose sur notre passé commun?
- Bon, si ça ne te dérange pas je vais aller trouver ton père, pour voir s’il a besoin d’un coup de main avec le souper…
Je hochai distraitement de la tête en la suivant des yeux pendant qu’elle s’éloignait. Qu’est-ce qui était en train de se passer? Pourquoi tout semblait soudain devenir plus simple entre nous? Pourquoi est-ce que je ne ressentais plus autant de colère qu’avant à son égard? Peut-être était-ce dû à la présence de Maïa. Peut-être était-ce parce que je détestais plus Maïa que je ne détestais Katryne. Ou peut-être tout simplement parce que je ne détestais pas vraiment Katryne… Il y avait beaucoup trop de questions sans réponse dans ma vie et c’était diablement frustrant!
Je me dirigeai alors d’un pas pensif jusqu’à ma chambre et au moment d’ouvrir la porte je rencontrai une surface chaude. Je relevai brusquement la tête et tombai sur Ethan. Je voulus retirer ma main rapidement, mais j’en fus incapable. Je mourrais d’envie de le toucher, de le sentir… Je mourrais d’envie d’être près de lui, tout simplement.
Après un moment beaucoup trop long, soit un bon dix secondes, je réussis à éloigner ma main, mais ce fut pour mieux être rattrapée par la main d’Ethan. Il me regarda alors droit dans les yeux avec son magnifique regard bleu limpide.
- Maria… Tu ne t’en vas pas à cause de moi, si?
- Je…
Mon visage dut lui en apprendre beaucoup plus que le début de phrase que j’avais voulu prononcer, car il me relâcha la main avec une expression douloureuse sur le visage.
- Tu me détestes, soupira-t-il en baissant les yeux.
- Non, affirmai-je.
- Ne me mens pas, Maria. Je vois bien comment tu me regardes! Gronda-t-il en me foudroyant de ses yeux que j’aimais tant.
Que j’aimais à en faire mal. Douloureusement mal.
- Je ne te mens pas. Je t’aime Ethan. Et t’aimer me fait mal. Alors, dans ce cas, oui, je te déteste. Je te déteste parce que je t’aime trop. Et que t’aimer trop, ce n’est pas une bonne chose.
Sur ces mots douloureux, je le bousculai pour passer. Je réussis à ouvrir la porte, mais en venant pour pénétrer dans ma chambre il me retint par le bras.
- Je suis terriblement désolé, Maria. J’aimerais vraiment pouvoir faire quelque chose… pour te retirer toute cette douleur.
Sur cela il m’abandonna et retourna à sa chambre. Je restai plantée là sans savoir exactement ce que je faisais. Est-ce que j’espérais secrètement qu’il revienne? Ou est-ce que je le maudissais pour avoir dit ça?
Sans l’ombre d’une réponse j’allai m’écraser sur mon lit et écoutai tranquillement la discussion entre mon père et Katryne. Étrangement ces deux-là semblaient plutôt bien s’entendre… Qui aurait cru?
Je rêvassais tranquillement, à moitié endormi, lorsqu’une voix dans ma tête me fit me redresser d’un bond dans mon lit.
- « Elle devrait être au courant… Mais je ne peux pas parler, il ne voudrait pas. »
Qui était-ce? Et qui devrait être au courant de quoi? Et qui ne voudrait pas? Mais le plus important : pourquoi entendais-je cette voix dans ma tête?! Est-ce que j’étais en train de devenir folle? Faites que non, pitié! Marmonnai-je au fond de moi.
Je m’apprêtais à poser des questions à Kelsea par télépathie lorsque l’on dit depuis la cuisine :
- Ethan, Maria! Venez manger! C’est prêt!
Je me levai de mon lit de mauvaise grâce. Je n’avais que très peu envie d’aller manger avec eux. Pour la simple raison que je ne serais pas du tout à l’aise. Pas après tout ce qu’il s’était passé…
En sortant de la chambre je tombai face à face avec Ethan. Il me jeta un nouveau coup d’œil rempli de regrets avant de me dépasser en évitant mon regard par la suite. Je le suivis sans un mot.
Une fois dans la salle à manger, j’allai m’asseoir à la chaise à côté de celle de Katryne et Ethan s’installa avec un certain malaise à côté de mon père. Pouvait-il y avoir pire situation que celle-là? Pour chacun d’entre nous, cela dit. J’étais forcée de côtoyer mon ex vingt-quatre heures sur vingt-quatre, car mon père était son tuteur. Quant à Ethan, il devait me côtoyer, car son tuteur était mon père. Et pour ce dernier, il ne pouvait pas vraiment prendre parti de l’un ou de l’autre, car il avait des engagements envers nous deux. Pour terminer, il y avait Katryne qui ne collait tout simplement pas dans le tableau et qui rajoutait au malaise ambiant.
Je remerciai silencieusement mon père lorsqu’il me tendit une assiette fumante de côtes levées. C’était l’un de mes plats préférés… comment l’avait-il su? Est-ce qu’il avait prévu autre chose pour les autres jours de la fin de semaine? Avais-je ruiné ses plans? Je me sentie brusquement mal et la bouchée que je venais d’avaler manqua se coincer dans ma gorge.
Le repas fut si silencieux que j’aurais cru être en plein cauchemar. Katryne grignota que du bout des lèvres les côtes levées comme si elle n’avait pas vraiment faim. Je compris instantanément le problème et je grommelai pour moi-même :
- Oh, zut! J’avais complètement oublié… Désolée…
Je saisis alors le verre vide et sans même trop y réfléchir laissai mes griffes apparaître au bout de mes doigts. Avec l’index de ma main droite je me coupai l’intérieur de ma main gauche au-dessus du verre. Je serrai alors du poing, le gauche évidemment, et le sang s’écoula paresseusement dans le verre.
Lorsqu’il fut suffisamment plein, ma blessure s’était refermée et je pus ranger… Eh bien, les griffes.
- Merci, souffla Katryne en baissant les yeux, les joues rougissantes.
Elle en avait vraiment honte, pensai-je. Et sans que je m’y attende, cela me rendit triste. Triste pour elle. Je lui dis alors sur un ton aimable :
- Tu n’as pas à avoir honte de ce que tu es, Katryne. Un jour, tu découvriras que cela peut t’être utile.
- J’espère, soupira-t-elle en buvant mon sang les yeux fermés.
Je savais bien que je ne devais pas le prendre personnelle. Ce n’était pas de la répulsion contre mon sang, mais plutôt contre le fait d’en boire.
- Alors, les cours, comment ça se passe? S’enquit mon père alors qu’il nous servait le dessert.
- Aussi bien que ça peut aller dans les circonstances actuelles, maugréai-je.
- Pas trop mal, affirma Ethan, la tête toujours autant baissée qu’en début de repas.
- Je ne comprends pas grand-chose, se contenta de grommeler Katryne.
Mon père nous dévisagea tous tour à tour, comme s’il essayait de lire entre les lignes. De comprendre tout ce qu’impliquaient nos réponses. Lorsqu’il eut terminé de nous analyser il dit :
- Je suis content de voir que tes performances scolaires se sont améliorés depuis l’an passé, Ethan (l’intéressé grimaça et je me demandai ce que j’ignorais… à ce propos). Katryne, tu verras que plus ça ira, mieux ce sera. Quant à toi, ma fille, (je tressaillis légèrement en entendant ces mots dans sa bouche) ne perd pas espoir, les choses finiront par s’arranger.
Ou pas, pensai-je, mais je conservai cette réponse pour moi. Pour moi seule.
Et ce fut à peu près tout ce que l’on eut de conversation. Il n’y avait absolument aucun sujet qui n’était pas sensible. On ne pouvait pas parler de famille, d’école, d’amis ou peu importe, car tout cela se rapportait à des choses un peu trop… délicate. Et qui touchaient de très près aux évènements actuels.
Environ cinq heures plus tard, je n’arrêtais pas de me tourner et de me retourner dans mon lit. Nous avions écouté un film juste après le souper. Enfin… si on peut dire. « Écouter » était sans doute un grand mot, car à la moitié, la tension était si grande qu’il avait fallu que l’on aille chacun de notre côté. Mon père était retourné dans la salle à manger pour travailler dans des papiers, Katryne avec Kelsea se trouvaient dans le bureau qui servait aussi de chambre d’ami et Ethan… Eh bien, il se trouvait dans sa chambre, lui aussi.
Je n’arrêtais pas de penser à lui. Et à sa présence toute proche. Et sans aucune influence. Je savais que c’était une très mauvaise idée, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir espoir. Peut-être que… Ne va pas plus loin, me morigénai-je, mais au même moment le bruit reconnaissable entre tous d’une porte que l’on ouvre se fit entendre. Je tendis les oreilles et me pétrifiai en comprenant d’où provenait le son. De la chambre d’Ethan. Et il y avait des bruits de pas qui se dirigeaient vers… ici.
Que tu peux être idiote, grommelai-je en moi-même. Pour aller à la salle de bain il fallait nécessairement passer par ma chambre, alors il ne devait même pas songer à venir ici. Pourtant… je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir l’impression que c’était bel et bien ici qu’Ethan se dirigeait.
J’arrêtai soudainement de respirer lorsque celui dont je redoutais le plus de voir le visage en cet instant s’arrêta devant ma porte et cogna doucement en chuchotant :
- Maria, je sais que tu ne dors pas… Est-ce que je peux entrer?
Ne réponds pas, me conjurai-je. Ne réponds surtout pas! Malgré que ma bouche ne s’ouvrit pas d’un iota, j’entendis la poignée tourner, puis finalement la porte s’ouvrit sur celui dont je ne voulais pas du tout la présence. Ou peut-être la désirai-je un peu trop?
- Je n’arrive pas à dormir, s’excusa-t-il devant mes sourcils froncés d’indignation.
- Tu n’as rien à faire ici, maugréai-je.
- Je sais, soupira-t-il et la douleur que j’entendis dans sa voix me fit grincer des dents. Mais je n’arrive pas à dormir en sachant que tu es juste à côté. Et accessible. J’ai besoin de toi, Maria…
Et oh combien avais-je besoin de lui, songeai-je en silence. Mais je ne pouvais pas le lui dire. Je ne pouvais pas admettre qu’il avait encore un si fort pouvoir sur moi. Même si je l’avais déjà beaucoup avoué un peu plus tôt.
Je me relevai dans la ferme intention de le sortir bon gré, mal gré de ma chambre, sauf que ce ne fut pas du tout ce qu’il se produit. Premièrement j’avais à peine posé les mains sur ses bras (toujours en vue de le repousser, je le rappelle) qu’il releva brusquement ses yeux vers moi et que son regard s’accrocha au mien. Dès cet instant, je n’eus plus qu’une vague idée du pourquoi je voulais le sortir de ma chambre.
J’avais besoin de lui. C’était irrémédiable. Il était comme ma drogue. Je ne pouvais pas lui résister. Mon cœur battait si fort lorsqu’il approcha lentement son visage du mien que j’avais l’impression que j’allais exploser d’un instant à l’autre.
Lorsque nos lèvres se retrouvèrent ce fut comme si un feu d’artifice explosa en moi. Je me sentais renaître. C’était une fabuleuse drogue. Une drogue qui me rendait forte… Je me sentais capable de tout lorsqu’il était avec moi. Et j’étais si faible sans lui… Pitoyable serait d’ailleurs un mot plus juste.
Notre baiser devint rapidement beaucoup plus intense et je m’agrippai à lui comme l’on s’accroche à une bouée de sauvetage. Tout me semblait exacerber, à tel point que j’avais presque l’impression que nous avions partagé nos âmes.
Ses mains s’arrimèrent à ma taille et me pressèrent contre lui. Il embrassa chaque centimètre de peau qu’il avait à sa portée comme s’il était en manque. Je pouvais le comprendre, car je l’étais tout autant. On se retrouva je ne sais comment sur mon lit et on continua à s’embrasser comme si nous n’avions plus que quelques secondes devant nous. C’est à cet instant que je compris quelque chose. Il était à moi. À moi. Et j’étais à lui. À lui seul. Pour toujours. Cela ne changerait jamais. Nous venions de sceller notre destin aussi surement que si l’on s’était marié. Il était à moi et j’étais à lui. Pour le meilleur ou pour le pire. Et sans doute beaucoup de pire…
Je me réveillai le lendemain matin entre les bras d’Ethan. Je me sentais bien. Je me sentais à ma place. Chose que je n’avais pas ressenti depuis un très long moment. Je me blottis un peu plus au creux de ses bras et il me serra davantage contre lui.
- Bon matin, petite louve, me glissa-t-il à l’oreille avant de m’embrasser tendrement dans le cou. J’ai finalement pu dormir et toi?
- Oui, soupirai-je d’aise.
Je sentis son sourire et le devinai plus que je ne le vis. Il chuchota :
- Je ferais mieux de… de retourner dans ma chambre. Avant que… avant que ton père…
Je hochai frénétiquement de la tête et le regardai s’éloigner, après qu’il m’eut embrassé une dernière fois sur les lèvres avec tendresse. Il attrapa son t-shirt qui traînait par terre, l’enfila rapidement et sortit silencieusement de ma chambre.
Ce n’est que lorsqu’il ne fut plus dans mon champ de vision que je me frappai la tête contre le mur. Bon sang de bon sang! Dans quel merdier est-ce que je m’étais encore mise?

***********************

Della n’en revenait toujours pas. Son père avait accepté. C’était un vrai miracle! Elle n’avait pas été capable de dormir de la nuit à cause de cette nouvelle… Maria viendrait ici! Certes, Katryne aussi, mais bon, tout ne pouvait pas être parfait. La vampire n’avait pas encore trop d’idée de comment elle allait faire pour trouver un trou à la Chimère, car cette dernière venait, c’était certain.
Tandis qu’elle grignotait son petit-déjeuner sans grand appétit sous les regards scrutateurs de sa famille, elle réfléchissait au temps qu’ils perdaient tous à être chez leurs parents. S’ils avaient pu être à Shadow Falls, ils auraient pu continuer à s’entraîner! Après tout, le danger était réel! Bon, en même temps, ils ne pouvaient pas dire cela aux parents. Sinon, Holiday et Burnett risquaient d’avoir de très gros problèmes sur les bras.
- J’espère que tu en profiteras, Della, gronda soudain son père.
- Profiter de quoi pour faire quoi? S’étonna-t-elle en ouvrant des yeux ronds.
- De leur présence à toutes deux! Grommela-t-il avec l’air de celui qui prenait tout cela pour une évidence. Tu m’as dit qu’elles parlaient le français. Tu devrais en profiter pour apprendre. Le savoir, c’est important.
Elle aurait dû y penser, rouspéta-t-elle contre elle-même. Ça devait bien être l’unique raison pour laquelle il avait accepté! À cause de tout le côté académique que pouvait prendre l’affaire… Soudain, cette fin de semaine en compagnie de Maria et Katryne s’annonçaient beaucoup moins passionnante…
Quelques heures plus tard, ils étaient en route pour l’appartement du père de Maria. Sans doute que le métier d’avocat de ce dernier avait aussi beaucoup penché dans la balance. Sans compter que, elle n’en doutait pas une seconde, son père pourrait en profiter pour savoir si son amie et Katryne se droguaient. Pouvant confirmer ou non, ce qu’il redoutait chez sa fille. Cela exaspérait grandement Della et… l’attristait. Sauf que cela, elle ne l’avouerait jamais! Ou du moins, pas à n’importe qui et certainement pas n’importe quand!
En arrivant devant chez Maria, Della ne put s’empêcher de soupirer de soulagement. Ils y étaient enfin! Toute la durée du voyage en voiture avait été si longue et pesante qu’elle avait craint de ne jamais y arriver! Un sourire voulut étirer ses lèvres lorsqu’elle aperçut Maria descendre les rejoindre avec son sac de sport sur l’épaule, suivit de près par Katryne et Matthew.
La vamp ne prit pas la peine de réfléchir ou de demander la permission et sortit immédiatement de la voiture. Elle n’avait pas fait trois pas en direction de son amie que son père la suivait à l’extérieur. Une fois qu’ils eurent rejoint l’autre groupe, son père tendit la main à celui de Maria en se présentant :
- Chao Tsang!
- Matthew Parker! Répondit le père de Maria en prenant la main que le sien lui tendait.
Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être nerveuse. Il ne fallait surtout pas que quelque chose de mauvais se passe maintenant, car sinon c’était fini. À coup sûr!
- Je suis ravi de faire votre connaissance, M. Tsang, affirma Matthew avec un sourire engageant. Je vous remercie d’accueillir ma fille et son amie chez vous pour la fin de semaine. Si jamais il y a quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’appeler, poursuivit-il et il tendit un papier comportant un numéro de téléphone, ou plutôt deux.
Son père hocha de la tête gravement, sans ajouter quoi que ce soit. Ou du moins, il le fit après quelques instants :
- Je suis ravi aussi de faire votre connaissance, M. Parker.
Matthew lui adressa un sourire engageant auquel son père répondit plus parce qu’on appelait un rictus qu’un sourire. Della aurait voulu disparaître. Elle savait que son père respectait celui de Maria à cause de son statut et ses manières, mais il n’était pas un grand émotif. Alors, sourire… ce n’était pas son fort. Sans doute était-ce un trait qu’elle avait hérité de lui, dans ce cas. Mais en beaucoup moins pire… enfin, dépendamment des personnes avec lesquelles la vamp se retrouvait.
Della accompagna les deux filles à la voiture et ouvrit la valise pendant que les deux pères discutaient entre eux. Au moins ils semblaient s’entendre légèrement, car sinon son père aurait fait demi-tour depuis un moment déjà.
La vamp retourna alors auprès de son père en compagnie des deux autres et annonça :
- Papa, je te présente mes amies Maria et Katryne. Les filles, mon père, Chao Tsang.
En présentant ses deux « amies » (il n’y avait que Maria qui pouvait vraiment prétendre au titre…) elle les avait pointé toutes deux en prononçant leur nom. Pour que son père puisse avoir un nom et un visage associé.
- Je suis ravie de faire votre connaissance, M. Tsang! Déclara Maria avec un sourire que Della devina crispé.
Merde, pensa-t-elle. Elle avait oublié ce qu’avait dit Maria quelques semaines plus tôt. Et aussi une particularité du tempérament de la louve. Elle n'approuvait pas l’injustice parentale… Et son père… Mieux valait ne pas y penser.
- Ravi de vous rencontrer, M. Tsang! Renchérit Katryne en bégayant légèrement. Désolée si mon anglais…
- Ce n’est rien, dit son père en pinçant légèrement les lèvres, irrité. C’est bon de faire la connaissance des amies de ma fille, ajouta-t-il en les détaillant longuement du regard.
Les épaules de Maria étaient tendues, constata Della. Et c’était mauvais signe. Sans doute avait-elle remarqué aussi comment la difficulté de Katryne de parler en anglais avait irrité son père? Cela énervait aussi la vamp, mais elle ne pouvait pas le démontrer. Pas si elle tenait à ce que les deux filles viennent chez elle.
- Bon, je crois qu’il vaudrait mieux partir, lâcha son père au bout d’un petit moment. À un de ces jours, peut-être, Mr Parker! Lança-t-il ensuite en s’éloignant.
- Bien sûr, assura le père de Maria avec un sourire et en le saluant de la main.
Della rejoint alors la voiture à la suite de son père et accompagné de Katryne. Cette dernière, sans demander quoi que ce soit, alla s’asseoir directement en arrière, sur le siège juste derrière celui du conducteur. C’était sans doute un choix prémédité, pensa la vamp. Katryne se plaçait à un endroit où discuter avec le conducteur serait le plus compliqué, ce qui entraînait sans doute le moins de rapport possible. Elle laissait ainsi le champ libre pour que Maria puisse parler à sa place.
Malgré qu’elle soit déjà dans la voiture, elle entendit tout ce qui se passait du côté de Maria et son père.
- Hé, ho, du calme! Lâcha la louve-garou. On va se revoir en fin de semaine… Tu viens à la visite, n’est-ce pas? Alors, pas besoin de me serrer si fort, ce n’est quand même pas comme si on risquait de ne plus jamais se revoir, non?
- Si, bien sûr, tu as raison, admit Matthew, mais la vamp sentit le mensonge, même d’où elle était. À dimanche prochain, ma fille.
- Oui, à bientôt, ajouta Maria en se détournant déjà.
Son père la retint par contre pour lui glisser quelques recommandations à l’oreille. Della aurait bien voulu écouter, mais Katryne attira son attention.
- Tu ne dis rien, Della.
Cela pouvait ressembler à une question, mais la vamp ne se laissait pas berner. C’était une demande de ne rien dire que lui faisait sa congénère.
- Pourquoi? lâcha-t-elle. Je n’ai rien à dire pour le moment, ajouta-t-elle pour continuer dans le semblant qu’avait imposé Katryne.
- Très bien, souffla cette dernière en haussant les épaules.
Après quoi elle mima avec ses lèvres « Pas ici, pas maintenant. Seule. » Della comprit le message et n’ajouta rien d’autre. Maria les rejoignit finalement et son père démarra la voiture.
En arrivant dans la cour de sa maison, la vamp sentit l’angoisse se frayer un passage au fond de son ventre pour remonter tout le long de sa gorge. Maintenant c’était au tour du reste de la famille.
À peine m’étaient-ils les pieds à l’intérieur que sa petite sœur, Marla, se postaient devant eux.
- Alors, c’est elle? S’enquit sa cadette en dévisageant les deux invités.
- Marla Tsang, quel genre de manière est-ce que c’est que ça? Gronda sa mère en arrivant.
- Oui, c’est elles, marmonna Della en se contenant. Marla, je te présente mes amies Maria et Katryne. Les filles, je vous présente ma petite sœur, Marla.
- C’est bon de faire ta connaissance, Marla, assura Maria avec un petit sourire. Della nous a beaucoup parlé de toi, ajouta-t-elle.
L’air surpris qui passa sur le visage de sa petite sœur scandalisa Della de bien des manières. Pourquoi semblait-elle surprise? Se demandait la vamp. Et pourquoi est-ce que ce qu’avait dit Maria n’était pas la vérité? Pourquoi cachait-elle tout de sa famille? Une boule se forma dans sa gorge et elle adressa un petit sourire gêné à sa sœur lorsque celle-ci la dévisagea. Pour un peu elle aurait rougie, mais elle avait assez de contenance pour ne pas le faire.
Katryne adressa un signe de tête et un sourire à sa sœur, sans rien dire, mais la rougeur de ses joues témoignait de la honte qu’elle ressentait en ne disant rien.
Della les présenta ensuite à sa mère et une fois qu’ils eurent échangé quelques phrases, la vamp entraîna ses deux invités à sa chambre où elles purent déposer leur sac.
Elles s’apprêtaient à sortir dehors, lorsque son père leur bloqua la route.
- Où allez-vous comme ça? Gronda-t-il.
- Dehors, affirma Della en affrontant son père du regard, mais elle blêmit en voyant ce que son père tenait dans ses deux mains.
Il n’avait pas vraiment l’audace de le faire! S’étonna-t-elle avec désarroi. Il tendit alors les deux boîtes à ses amies qui rougirent toutes les deux jusqu’aux oreilles.
- M. Tsang, commença Maria, mais son père la coupa.
- Vous n’y verrez pas d’inconvénients, je suppose. Après tout je vous accueille sous mon toit.
La vamp vit immédiatement le regard d’acier de Maria se durcir, et ça, ça n’annonçait rien de bon. La louve lui jeta un coup d’œil, comme si elle demandait une permission, mais malgré qu’elle secoue la tête avec véhémence, son amie grommela :
- Non, M. Tsang, j’y vois en effet des inconvénients! C’est très mal élevé de faire ça.
Della en aurait perdu connaissance. Maria ne venait pas vraiment de dire ça à son père, pas vrai? À voir l’air de colère qui se peignait sur le visage de ce dernier c’était effectivement le cas. Elle aurait bien fermé les yeux, mais elle ne le pouvait pas. Mais la confrontation qui allait suivre risquait de ne pas être jolie.
- Je ne permettrai pas que l’on me parle sur ce ton! S’exclama son père avec fureur.
- Mais votre fille ne se drogue pas, M. Tsang! Gronda Maria sur un ton qui aurait fait frémir n’importe qui, Della comprit, sauf son père. Après tous les tests que vous lui avez fait faire, vous ne l’avez toujours pas compris? Elle n’a aucun problème! Poursuivit la louve sur un ton dur.
La dispute sembla alerter sa mère et sa sœur, car toutes deux arrivèrent l’instant suivant.
- Comment oses-tu! Cracha son père, de plus en plus en colère.
Della tenta d’avertir Maria pour l’empêcher d’aller plus loin, mais la remarque suivante de son père déclencha la totale colère de son amie :
- Tu ne m’apprendras pas comment prendre soin de ma fille, petite!
Un seul mot était vraiment en trop. Mais il changeait absolument tout pour la louve.
- Ah oui? Prendre soin de votre fille? Vous appelez ça prendre soin! Rétorqua Maria avec des yeux qui venaient soudainement de changer de couleur.
Ce qui ne manqua pas d’effrayer sa famille. Sa sœur avait surtout les yeux grands ouverts par la surprise, mais son père et sa mère c’était… de la peur.
Son père tenta d’attraper la louve par le bras, mais cette dernière, plus vive que l’éclair, attrapa le sien avant lui et le plaqua contre le mur.
- Vous allez m’écouter, maintenant… le menaça-t-elle avec colère.
- J’appelle la polic… commença sa mère, mais elle se retrouva soudainement immobilisé par la main libre de Maria.
Sa sœur semblait complètement figée. Comme si elle ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer. Et avec raison. Même Della avait l’impression d’en avoir manqué un bout.
- Votre fille vous aime, bande d’abruti! S’écria Maria avec une colère telle que ses griffes apparurent aux bouts de ses doigts. Et avec vos agissements de gamins vous lui faites mal! Le changement n’est pas mauvais, il est souvent bénéfique! Il faut évoluer dans la vie et votre fille, à tous les deux, est l’une des meilleures personnes que je connais. Avec ses mauvais côtés comme tout le monde! Ajouta-t-elle avec des yeux qui lançaient des éclairs. Elle a subi un changement que la majorité des gens ne connaîtront jamais! Et elle a dû le traverser seule! Car vous, vous ne vouliez rien entendre! Rien entendre et rien voir!
La louve marqua une pause et leur cracha ensuite au visage :
- Je ne suis pas humaine. Katryne non plus. Personne à Shadow Falls ne l’est. Ou du moins, pas en intégralité. Allez-vous nous rabattre qu’on est des jeunes stupides et sans cervelles qui ne font rien de leur vie, alors que beaucoup des nôtres vivent dans l’ombre pour ne pas vous effrayer?
- Ça suffit, maintenant, Maria! Gronda Della avec colère et à sa plus grande horreur elle sentit ses canines sortir.
Ses parents ouvrirent des yeux estomaqués par l’horreur et le découragement. Elle n’osa pas jeter un coup d’œil du côté de sa sœur. Elle ne voulait surtout pas voir son visage à elle.
La louve relâcha ses deux parents qui tombèrent par terre, complètement anéantis.
- J’appelle Burnett, trancha la vamp en disparaissant en coup de vent, les larmes aux yeux.
C’était définitivement le pire jour de sa vie! Elle avait cru que la présence de Maria serait bénéfique, mais finalement… c’était tout le contraire! En fin de compte, c’était Katryne qui avait causé le moins de tort!
Elle saisit le téléphone avec rage et composa automatiquement le numéro du co-directeur du pensionnat. Il répondit rapidement, à la deuxième sonnerie, plus précisément :
- Oui?
- Burnett?
- Qu’est-ce qu’il y a, Della? Demanda l’autre vampire avec un soupçon d’inquiétude.
- J’ai un gros problème à la maison.
- Quel genre?
- Peut-être qu’il faudrait effacer certaines personnes. J’ai invité Maria chez moi et…
- Je vois, la coupa Burnett avant de raccrocher.
Elle prit cela comme une promesse de faire quelque chose et elle s’effondra sur le divan du salon, la tête entre les mains. En ce moment, elle aurait préféré être partout sauf chez elle.
Lorsque Burnett arriva finalement en compagnie d’Holiday, leur fille et Derek (apparemment il devait être l’effaceur le plus proche…), le soulagement l’envahi.
Ils s’avancèrent alors vers ses parents qui reculèrent avec répulsion et le directeur dut retenir son père pour que Derek puisse manœuvrer sans risque. Ce fut ensuite le tour à sa mère. Jusqu’à maintenant tout s’était bien déroulé, mais lorsque vint le tour de sa sœur, cette dernière recula.
- Non… Non! S’écria-t-elle en gesticulant pour se libérer de Burnett qui venait de l’attraper par les bras.
- Marla, c’est pour ton bien, soupira Della en sentant son cœur se déchirer en deux.
- Non! Gronda sa sœur cadette avec plus de force. Je ne veux pas oublier! Je sais que c’est ce que vous faites et… je ne veux pas! Tu es ma sœur. Ma grande sœur! Ajouta-t-elle sur un ton suppliant. Je ne veux pas oublier… Je ne veux pas oublier qui tu es… Je ne comprenais pas… Je ne savais pas pourquoi… souffla-t-elle ensuite les larmes aux yeux. Mais maintenant c’est le cas. Et je ne veux plus être tenue à l’écart. Tu es ma sœur, Della.
La vamp jeta un regard déchiré en direction des deux directeurs du pensionnat et celui de son espèce trancha, après de longues secondes interminables :
- Je suis d’accord pour ne pas l’effacer, si et seulement si elle n’en parle à personne d’autre qu’à toi. Lorsque vous êtes seules ou en compagnie d’autres membres de la communauté surnaturelle.
- Je suis du même avis, ajouta Holiday avec un grand sourire en serrant sa petite fille contre elle.
- Je ne dirai jamais rien! Promit immédiatement sa petite sœur avec une sincérité dont ne pouvait douter.
Le directeur la relâcha alors et elle se jeta dans les bras de son aîné avec force. Della l’accueillit avec joie et pour l’une des premières fois elle s’autorisa à pleurer en public. Elle ne serait plus seule à la maison désormais. Sa sœur, sa petite sœur allait être au courant. Et avec un peu de chance elle redeviendrait aussi proche qu’avant.

*********************

Je me sentais un peu mal pour Della après coup… Mais pourtant ça n’avait pas totalement été un échec! Maintenant la sœur de mon amie était au courant de tout et je pouvais déjà voir que leur lien s’était resserré. Et pour cela je ne regrettais rien. Par contre, je n’avais rien pu faire pour ses parents. Bon, je ne m’étais peut-être pas prise de la bonne manière, mais… il m’avait tellement mis hors de moi!
Au moins le reste de la fin de semaine se déroula sans autre incident regrettable et je pus même apprécier la compagnie de Marla. Elle n’était pas exactement comme Della, loin de là même, mais restait agréable et gentille. Elles avaient certaines choses en commun. Ah, et je n’avais jamais vu la petite vamp sourire autant de tout mon séjour à Shadow Falls. Et ce n’était même pas des sourires moqueurs!
Bientôt arriva l’heure de rentrer et je le regrettais sincèrement. Nous rentrerions à Shadow Falls le lendemain matin très tôt et… je n’avais pas encore avoué à Della ce qu’il s’était passé entre Ethan et moi. Mais cela m’angoissait tellement que je ne pouvais pas ne pas lui en parler avant.
Profitant que tout le monde dormait dans la maison, je chuchotai très, très bas :
- Della? Est-ce que tu dors?
- Plus maintenant, maugréa l’intéressé d’un ton aussi bas que le mien.
- Il faut que je te dise quelque chose…
- Quoi?! Grommela-t-elle en lâchant un bâillement.
- Il s’est… il s’est passé quelque chose entre Ethan et moi… chez mon père.
- Oui, je sais vous vous… Attends, quoi?! S’écria-t-elle en se redressant brusquement pour me dévisager. Tu lui as pardonné?
- Je l’ai ajouté à la meute, précisai-je. Et… on s’est embrassé.
- Non! Non, non, non! Gémit-elle. Et moi qui croyais que tout… Attends, une minute! Vous n’avez quand même pas… fait la bête à deux dos, hein?
- La quoi?! Protestai-je avant de finalement comprendre. Non, bien sûr que non! M’offusquai-je. Je ne suis pas idiote à ce point.
Della sembla réfléchir un moment et cela me mit les nerfs en boule. Qu’allait-elle me dire?
- Tu es nerveuse pour demain, c’est ça? Soupira-t-elle finalement.
- Oui, admis-je.
- Tu n’as pas à t’en faire, Maria, lâcha soudain Katryne en soupirant. S’il refait quelque chose d’aussi stupide et horrible que la dernière fois, je lui arrache les yeux, lui casse les bras et les jambes et je le jette dans le lac dont tu m’as parlé.
- Je me disais bien aussi que tu devais avoir un peu de sadisme quelque part! s’enthousiasma ma coloc vampire en souriant. Et moi je le castrerai, ajouta-t-elle en claquant silencieusement des mains.
Pour toutes réponses je m’enfouis la tête dans l’oreiller. Quelle aide! Je demandais à être en quelque sorte rassuré et elles, elles me disaient ce qu’elles comptaient faire subir à Ethan s’il… s’il devait… s’il devait recommencer. Cette simple idée me rendait complètement malade. Elles rigolèrent légèrement de ma réaction et nous finîmes par nous rendormir.
Le trajet de voiture le lendemain fut drôlement silencieux et c’est à peine si le père de Della prononça une phrase en nous déposant au pensionnat. C’est avec une joie indicible que nous traversâmes le portail et retrouvâmes nos amis de l’autre côté. Et Ethan était parmi eux. Je fondis sur lui et je n’eus pas besoin de prononcer quoi que ce soit qu’il me serra contre lui. Presqu’à m’en étouffer.
Je me perdis de nouveau dans son odeur et je n’en jurerais pas, mais j’avais l’impression qu’il en faisait de même.
- Tu m’as manqué, petite louve, me chuchota-t-il à l’oreille.
J’aurais bien voulu lui dire que c’était la même chose pour moi. Mais quelque chose me retenait. J’avais de la difficulté à croire que tout ceci était réel. Comme si quelque chose me disait de ne pas trop m’y accrocher, car tout pouvait retomber à nouveau. Il n’y avait pas pire sentiment au monde que d’avoir ce que l’on voulait le plus, mais avec l’intuition que tout était compté. Que d’une seconde à l’autre tout allait s’effondrer.
Une ombre apparut sur son visage et je me sentis mal. Pourtant il ne me faisait aucun reproche. Mais il savait exactement ce à quoi je pensais. Il me surprit en posant soudainement un genou au sol et en sortant une petite boîte de l’une de ses poches. Je rougis violemment en voyant que tous les autres autour de nous nous dévisageaient avec incrédulité.
- Maria Parker-Lechasseur. Je sais que je ne mérite pas les sentiments que tu as envers moi. En particulier présentement… Mais je veux que tu saches que les miens sont plus que réels. Peut-être que je me suis perdu en cours de route. De corps et de tête. Mais mon cœur et mon âme t’ont toujours appartenu. Je t’aime Maria. De toute mon âme, déclara-t-il en me regardant fixement dans les yeux.
Il ouvrit alors la petite boîte qui fit apparaître une chevalière d’argent avec la tête d’un loup. Juste en dessous on retrouvait une petite chaîne d’argent aussi. Ethan me regarda alors dans les yeux plus profondément et dit :
- Je t’aime Maria. Et j’ai l’intention que ce soit un fait établi pendant très longtemps. Je souhaite que tu portes cette chevalière à ton cou, en signe et preuve que tu m’appartiens. Mais si un jour je devais de nouveau te décevoir, sache que… sache que tu pourras la jeter à bout de bras et lui tourner le dos. Par cette chevalière, je promets qu’un jour un autre type de bague ornera ton doigt, si tel est ton désir.
Je ne pouvais plus bouger, ni parler. Il venait de me faire le genre de déclaration que bons nombres de filles accueilleraient en sautant surplace comme une débile et avec des petits cris aigüe. Mais je n’étais pas comme la majorité. Et ce qu’Ethan avait fait me bouleversait et m’effrayait. Croyait-il réellement tout ce qu’il avait dit? Je le voulais tellement plus que tout…
Malgré mes doutes je saisis la chaînette à laquelle la chevalière était rattachée et la glissai à mon cou. Ethan se redressa alors et me prit de nouveau dans ses bras... avant de m'embrasser comme s’il n’y avait personne autour. Et je les oubliai instantanément.
Ou du moins jusqu’au moment où Lucas se racla la gorge et grommela avec un soupçon de colère :
- J’ai manqué quelque chose?
Je me détachai rapidement de mon compagnon et me tournai vers mon cousin les mains sur les hanches. Je grognai :
- Tu as quelque chose contre?
- Avant non. Maintenant, si, affirma Lucas en me défiant du regard ce qui me fit échapper un grondement involontaire. Il t’a fait du mal, Maria… Et je ne l’accepte pas. Je ne l’accepterai jamais.
Ma lèvre supérieure se retroussa légèrement. Mais je n’étais pas revenue pour me mettre mes amis, famille et meute à dos. Surtout pas après ce qu’avait dit Christine. Comme quoi ils étaient très importants. Je tranchai finalement :
- Merci de t’inquiéter de mon sort, mais pour le moment je vais bien. Par contre, tu devras bien l’accepter, car Ethan fait partie de la meute maintenant.
Toutes les personnes autour ouvrirent grands les yeux, à tel point que je craignis qu’ils ne leur sortent par les orbites.
- Tu as fait quoi?! S’insurgea mon cousin.
Je croisai les bras en signe d’impatience. Alors que je m’apprêtais à répondre, Ethan souffla :
- Je crois que je vais aller ailleurs…
- TOI, TU RESTES ICI! rugis-je en l’attrapant par le col avant qu’il n’ait eu le temps de faire un seul pas dans la direction opposée.
Je pris ensuite une grande inspiration pour me calmer et ouvrit de nouveau la bouche pour parler… mais on me coupa la parole à nouveau!
- Ça suffit, oui! Gronda Katryne alors que plusieurs tentaient de prendre la parole aussi. Vous êtes les amis de Maria, oui ou non? Grommela-t-elle ensuite en se croisant les bras. Figurez-vous donc qu’elle a pris cette décision pour une excellente raison. Raison qu’elle vous expliquera elle-même. La question que vous devez vous poser c’est : lui faites-vous confiance? Si oui, vous ne devriez pas remettre ses choix en question, conclut-elle en les foudroyant tous du regard.
Je restai muette une seconde devant l’audace dont elle avait fait preuve. Et puis… elle avait parlé en anglais d’un bout à l’autre! Sans aucune aide de ma part. Je finis par dire avec du défi dans la voix :
- Est-ce qu’il y a encore des objections?
Devant l’absence de réponses j’eus un petit sourire en ajoutant :
- Alors… si on allait faire vous-savez-quoi?
Si au départ j’aperçus un air réjoui sur les visages, la seconde suivante ce fut de l’effroi. Et je compris exactement pourquoi l’instant d’après.
- Et que veux dire ce « vous-savez-quoi », Maria? S’enquit Burnett sur un ton doucereux.
- De la remise en forme! Répondis-je rapidement.
- De la remise en forme? S’étonna le directeur en haussant un sourcil inquisiteur. Je ne crois pas que vous en ayez besoin. Vous tous, affirma-t-il ensuite.
- Ne poses pas de question dont tu ne veux pas connaître la réponse, dis-je en croisant les bras et en défiant le vampire des yeux.
- Si tu veux parler de votre activité illicite entre minuit et deux heures du matin, je suis déjà au courant, m’assura-t-il en me tapotant l’épaule.
Je crois que je ne fus pas la seule à afficher un air de défaite, car Burnett afficha un grand sourire en ajoutant :
- Je suis au courant, mais pas Holiday. C’est un petit secret que je garde pour moi, car… je sais pertinemment que vous vous retrouverez tous à sauter à pieds joins dans les problèmes, alors je préfère que vous vous y prépariez.
Soupir de soulagement provenant de tout le monde.
- Bon, je dois vous laisser maintenant, conclut le directeur avant de s’en aller dans la seconde.
Pendant au moins une minute personne ne prononça le moindre mot. Apparemment nous étions tous éberlués par ce qui venait de se passer. Le silence fut rompu lorsque Miranda s’exclama :
- Mais on ne saute pas les pieds joints dans les problèmes! C’est eux qui nous engloutissent à chaque fois!
- Tu veux plutôt dire qu’ils me suivent comme de gentils petits chiens bien dressés! Rétorquai-je.
Je vis Della levé les yeux au ciel, mais décidai de couper court avant que des commentaires ne s’élèvent :
- Et si on y allait?
- Bon, plan, maugréa la vamp.
Sur ces mots nous nous dirigeâmes tous vers notre premier coin. Nous en avions quatre. Cette fois Ethan nous accompagnait et cela me rendait plus confiante. Plus heureuse aussi. Malgré que l’inquiétude ne me lâchait pas. Je me surpris à avoir agrippé la chevalière à mon cou en pensant à ce qui pourrait encore se produire. Ou plutôt se reproduire.
Cette fois j’eus la satisfaction de voir que tout le monde avait enfin bien assimilé les mouvements de bases de combat. Ça donnait bon espoir pour la suite. Un jour, bientôt, Maïa allait regretter d’avoir mis les pieds ici. Beaucoup regretter en fait. Je pouvais déjà constater ce que m’avait révélé Christine. Je le voyais surtout sur Miranda, et un peu sur Derek. Leurs mouvements se faisaient de plus en plus rapide et leurs coups, plus puissants. Certes, leur puissance était loin d’égaler la mienne, ou celle de Della, Lucas et compagnie, mais c’était déjà beaucoup mieux que ce que cela avait été.
Quant à ceux possédaient déjà une force et une vitesse surhumaine les changements étaient beaucoup plus subtiles. Mais comme je connaissais beaucoup la force de frappe et la vitesse de Della j’avais pu constater le changement. Et elle aussi. Ce qui la rendait très enthousiaste.
Lorsque l’entraînement fut terminé, c’était l’heure d’aller en cours.

**********************

Ethan savait bien que ce qu’il avait dit à Maria la perturberait. Mais il n’avait pas pu faire autrement. Lorsqu’il était allé en ville à nouveau avec Matthew dimanche, ils étaient tombés sur cette sorte de bijouterie. Sans trop savoir pourquoi il s’était senti attiré par l’endroit, alors il avait entraîné son tuteur à cet endroit. Il avait alors déboursé tout son argent de poche dans la chevalière.
Pourtant il ne le regrettait pas. Car au fond de lui, il savait. Il savait que ça ne durerait pas. Ce qui rendait chaque moment passé en compagnie de Maria d’autant plus importants. Un jour ou l’autre, on lui arracherait à nouveau sa vie. Il le savait. C’était pour ça qu’il avait dit à Derek qu’il ne fallait pas qu’elle l’ajoute à la meute. Mais malgré tout elle l’avait fait. Et l’avenir serait très douloureux pour tous les deux.
Il passa l’entièreté du cours à regarder en direction de Maria. C’est à peine s’il prit conscience des mouvements de Maïa dans sa direction. Tout ce qui lui importait c’était sa petite louve. Il voulait marquer sa mémoire de chacun de ses traits. De chacune de ses manies. Comme par exemple lorsqu’elle fronçait les sourcils lorsque la professeure disait quelque chose qu’elle ne comprenait pas, ou la manière que ses yeux avaient de s’illuminer avec la compréhension soudaine. Ou encore sa manière de le regarder en coin avec un petit sourire.
Tout ça. Tout ça il voulait le garder en mémoire. Pour ne plus jamais l’oublier. Il désirait plus que tout que ce qu’il avait promis à Maria se réalise. Mais il craignait que le « jusqu’à ce que la mort vous sépare » soit beaucoup plus tragique que prévu dans leur cas. Car il avait l’intention de demander l’impossible à sa petite louve. Il refusait de retourner du mauvais côté et de leur faire encore du mal. À eux tous. Mais surtout à elle. Non, il ne pourrait pas y survivre.
Lorsque la journée de cours se termina il sortit de la salle de classe avec Maria, en la tenant par la main. Il lui fit alors prendre un détour pour se rendre au réfectoire. Il voulait lui parler seul à seule. Elle le suivit sans discuter tandis que les autres prenaient le chemin habituel pour se rendre au réfectoire.
- Tu voulais me parler de quelque chose? S’enquit-elle au bout d’un moment de marche silencieuse.
- En effet, admit-il en sentant sa gorge se nouer.
Comment pouvait-il lui demander cela? Il n’était même pas certain que dans le cas contraire il serait capable d’accepter! Comment osait-il demander quelque chose qu’il ne serait pas capable de lui accorder si les situations étaient inversées?
- Je t’écoute, l’encouragea-t-elle en pressant légèrement sa main, comme pour le rassurer.
Mais cela ne le rassurait pas. Il était encore plus terrifié par ce qu’il allait dire. Sauf qu’il le devait, car dans le cas contraire… il ne pourrait pas continuer. Le loup-garou prit alors une grande inspiration et se lança :
- J’ai quelque chose d’important à te demander, Maria.
- Et c’est?
- Si jamais… Si jamais je devais… je devais me retrouver une nouvelle fois du mauvais côté… Je ne pourrai pas l’accepter. Je ne pourrai pas me pardonner si je devais te faire du mal. À toi, ou à un seul membre du groupe. Même Katryne.
- Où veux-tu en venir…? Murmura-t-elle.
- Si ça doit se reproduire… Je ne veux plus… Je ne veux plus vivre. Je sais que ce que je te demande est horrible, Maria. Mais si jamais je retombe du mauvais côté, je veux que tu mettes fin à mes jours.
Les yeux de sa petite louve s’ouvrirent en grand et des larmes apparurent. Elle secoua la tête violemment et avec horreur. Elle souffla :
- Non! Non, c’est hors de question!
- Maria, s’il-te-plaît… Je ne le supporterai pas une deuxième fois, la supplia-t-il.
- Mais, Ethan! S’insurgea-t-elle. J’en serai incapable!
- Bien sûr que si, tu en seras capable, la rabroua-t-il en la serrant contre lui tandis que des larmes coulaient sur les joues de celles qu’il aimait.
Pour toute réponse elle lui planta un coup de poing dans le ventre et gronda :
- Ne redis jamais ça, Ethan Dawson! Ne redis jamais ça avec ce ton-là!
Il savait exactement ce dont elle voulait parler. Car en disant qu’elle en était capable, il avait pris le ton correspondant au fait que ce serait facile. Alors qu’il en était rien. Il le savait que trop bien, car encore maintenant il se doutait que de son côté il ne pourrait jamais mettre fin au jour de Maria.
Au bout d’un moment terriblement silencieux pendant que sa petite louve semblait peser le pour et le contre de ce qu’il avait dit, elle finit par trancher :
- Je t’aime, Ethan Dawson. Et… je le ferai. Mais je refuse que tu te laisses écraser par l’idée que tout est perdu d’avance!
- D’accord, céda-t-il en souriant. Je ne m’avouerai pas vaincu sans me battre.
Ils se rendirent alors au réfectoire en courant, car ils avaient un peu trop tardé dans les bois. Ethan sentait sa course plus légère maintenant qu’il savait qu’il n’avait plus rien à craindre de l’avenir. Pourtant une ombre restait au tableau. Si ses pires craintes devaient advenir, il n’aurait pas l’occasion de faire quelques vœux que ce soit avec Maria, car la mort l’aurait fauché avant que ce ne soit le cas… et de la main de celle qu’il aimait de toute son âme.
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Il se réveilla soudain en nage dans son lit. Une douleur si fulgurante lui fit lâcher un gémissement sourd. Elle irradiait de partout dans son corps, mais plus particulièrement à la tête. Il se la prit entre les mains en retenant d’autres gémissements.
- « Ethan… Qu’est-ce qu’il se passe? » gémit une voix dans sa tête.
Il la reconnut immédiatement. C’était Maria!
Comment avait-elle fait? Comment était-elle au courant? Au moment où il venait pour poser la question, une autre voix, plus détestable, lui parvint par la fenêtre ouverte. Fenêtre qu’il était certain d’avoir fermé avant de s’endormir…
- Ethan… C’est l’heure, Ethan… Viens à moi… Allez viens! Ethan…
Il tenta de se rebeller contre la force qui le poussait à sortir de son lit et à bondir par la fenêtre. Soudain, alors que sa résistance allait lâcher, il sentit une nouvelle force s’ajouter à la sienne. Maria.
- « Maria… Ne viens pas… Arrête… » la supplia-t-il mentalement, car sans trop savoir comment, il avait cru la sentir sauter de son lit.
- « Si tu crois que je vais te laisser seul! » gronda-t-elle.
Il aurait voulu pouvoir la convaincre. Mais il savait qu’il en serait incapable. Elle était beaucoup trop têtue pour cela. Mais cela allait être douloureux. Car tous deux savait qu’ils ne pouvaient pas arrêter le processus, seulement le retarder.
La douleur ne cessa pas de s’intensifier et il commença à se tordre dans son lit. Les appels de Maïa se firent de plus en plus insistant et à plusieurs reprises il se retrouva à avancer de quelques centimètres vers la fenêtre. Sans être capable de reculer après coup.
Lorsque Maria arriva enfin, il était arrivé à l’extérieur. Elle le plaqua alors au sol et le serra contre elle. Il savait qu’elle ressentait aussi le déchirement qui s’opérait en lui. Et en elle. Maïa était en train de rompre leur lien de meute. Un câble à la fois… Des élancements douloureux lui parcouraient le corps et des soubresauts l’agitaient. Tout comme pour sa petite louve. Elle s’agrippait à lui et lui s’agrippa à elle. La tenir contre son corps lui permettait d’oublier par moment l’appel qui le poussait à rejoindre une autre. Une qu’il était loin d’aimer.
Il commença à sentir le lien qui le reliait à Maria disparaître de plus en plus, il n’en restait que quelques fils épars. Des larmes lui coulèrent dans le cou tandis que Maria s’approchait de lui. Il la pressa plus fortement contre lui et l’embrassa. Un baiser humide et salé. Un baiser pour un ultime adieu. La fin avait été beaucoup plus proche qu’il ne l’avait prémédité.
- Fais-le, souffla-t-il entre deux élancements.
Maria lui jeta un regard plein d’eaux et secoua la tête.
- Fais-le, insista-t-il.
Il la vit ravaler un sanglot et hoqueter. Elle prit une petite inspiration et laissa poindre ses griffes. Au moment où elle posait une de ses griffes sur sa tempe elle marmonna :
- Je ne p…
Elle n’eut pas le loisir de poursuivre qu’une voix la coupa, une voix lointaine, mais qui résonnait si fortement à ses oreilles :
- Très bien… Tu as fait ton choix, mais sache que ce ne sera que plus douloureux de loin.
Tandis que le dernier mot leur parvenait, une chose qu’il aurait préféré ne jamais avoir l’opportunité de croiser dans sa vie sortit d’entre les arbres. La bête avait trois têtes. Trois têtes de loup, plus précisément. Et elle mesurait au moins dans les trois mètres et demi de haut!
Dans un souffle Ethan repoussa Maria loin de lui. À ce moment-là leur lien se rompit brusquement et un hurlement rauque sortit de la gorge de Maria. La douleur était si terrible que ce ne fut qu’avec peine qu’il réussit à se glisser entre la créature et Maria. Cette dernière se relevait déjà pour l’affrontement, mais dans un dernier effort il réussit à souffler :
- Fuis.
Ne la voyant toujours pas bouger, il le dit avec un peu plus de force :
- Je suis déjà perdu, Maria. Fuis! Allez, fuis!
En secouant la tête et avec des larmes coulant encore sur ses joues elle fit demi-tour. Mais environ dix mètres plus loin elle s’effondra et la bête en profita pour bondir dans sa direction.
Mais Ethan ne le lui permit pas.
- NON! Hurla-t-il et il s’interposa à nouveau.
Elle le percuta alors de plein fouet, les griffes en avant. La douleur fut si terrible, qu’il en oublia de respirer. Toutes ses fonctions vitales semblaient s’être arrêtées en même temps.
Alors qu’il croyait qu’il allait mourir là, une douleur plus puissante encore que ce qu’il avait connu jusqu’alors le traversa de part en part et il poussa un hurlement effroyable de douleur. Sa vision s’obscurcit et il perdit connaissance en sentant ses os se tordre partout dans son corps.

************************

Je glapis pitoyablement en entendant le cri que poussa Ethan. Je n’arrivais pas à y croire. Il m’échappait encore une fois! Et ces foutus larmes qui n’arrêtaient pas de couleur. Le Cerbère sembla s’intéresser de nouveau à moi à cause de mon glapissement et il lâcha Ethan qui avait commencé à se convulser au sol… alors même que j’étais certaine qu’il avait perdu connaissance.
Je tentai de reculer de quelques pas, mais je n’avais plus de force pour ça… Non, j’étais complètement vidée. La créature de cauchemar m’adressa un sourire carnassier et vint à nouveau pour me fondre dessus, mais se retrouva encore interrompu. Cette fois par un grondement sonore et en colère.
Mon cœur manqua cesser de battre en voyant qu’Ethan avait maintenant triplé de volume et qu’il avait une forme des plus grotesques. Sauf qu’il regardait le Cerbère avec animosité et non pas moi. Son corps continuait à se moduler et à grossir. Je savais très bien ce que cela signifiait.
La première créature s’avança à pas lent vers son futur congénère et gronda sourdement.
Une minute plus tard, je faisais face à deux Cerbères. Deux Cerbères en colère l’un contre l’autre. Je pouvais constater que la forme Cerbère de Sarah et Ethan ressemblait effectivement à leur loup. Enfin… au niveau de la couleur de leur fourrure. Car pour le reste…
Soudain, ils bondirent l’un sur l’autre et je n’eus que le temps de reculer de quelques mètres avant qu’ils n’écrasent l’endroit où je m’étais tenue juste avant. Je voulus me redresser, mais en fut incapable.
- Ça SUFFIT, Ethan. ARRÊTE! Gronda une voix très proche que je ne reconnaissais pas, mais dont je me doutais de l’identité.
Soudain, on me releva par les aisselles. Je me retournai vers la personne qui m’avait redressé et tombai nez à nez avec Katryne. Celle-ci me souffla avec le visage très blême :
- Fuyons!
Je regardai de nouveaux en direction des Cerbères et me rendit compte qu’ils avaient cessé de se combattre. Et qu’ils nous regardaient comme si nous étions des proies très intéressantes.
J’attrapai alors la main de Katryne et m’enfuis à toute jambe. Je la traînais plus qu’elle ne me suivait. Si Della, qui était plus rapide que la majorité des vampires, n’arrivait pas à me suivre, alors Katryne n’avait aucune chance.
- À la prochaine, Lechasseur! Hurla Maïa avec sa vraie voix, celle de la Dame aux Glaïeuls.
Mes muscles se contractèrent et j’eus la soudaine envie d’en finir une bonne fois pour toute avec elle. J’avais envie de lui arracher la tête. Katryne dut sans doute s’en apercevoir, car elle m’empêcha de ralentir.
- Ce n’est pas le bon moment pour commettre un homicide, Maria, haleta-t-elle.
Apparemment mon rythme était un peu trop grand pour elle… Oups.
Finalement arrivée à mon bungalow, je m’écrasai par terre, le cœur battant à tout rompre. Et pour plus d’une raison. La colère et la peur.
- Kelsea n’est pas venue avec toi? m’enquis-je après un petit moment que j’avais mis à profit pour reprendre mon souffle
- Non… Je ne sais pas où elle est. Elle s’est absentée un moment donné. Sans dire pourquoi, répondit Katryne avec le souffle encore un peu court.
Cette annonce me fit l’impression d’une main glacée qui se serrerait sur mon cœur. Pourquoi Kelsea était-elle partie? Qui avait-il de plus important que d’assurer la protection de Katryne? La Hère n’avait pas fait de nouvelles victimes depuis un petit moment et cela commençait à m’inquiéter. Qui serait la prochaine? Et quand? L’attente était la chose la plus horrible.
- Maria! S’exclama soudain la voix de Della et cette dernière apparut la seconde suivante devant moi.
Rapidement suivit de Kylie et quelques secondes plus tard de Miranda.
- Est-ce que ça va? S’enquit la caméléon en me regardant avec inquiétude.
- Non, pas du tout, soufflai-je et je m’écrasai à nouveau par terre, la tête entre les mains.
Je ne pleurerai pas. Pas encore, me m’invectivai-je avec autorité. Tu dois montrer l’exemple… Leurs réactions dépendent de la tienne.
- On t’a entendu cette nuit, Maria, avoua Miranda. Et on a aussi ressenti la douleur que le départ d’Ethan a causée.
- Venant de moi ou…? Demandai-je d’une voix cassée.
Pour faire dans les subtilités on oubliait. Ils étaient tous au courant.
- Des deux, annonça soudain Lucas en apparaissant à côté de moi.
Avec chance aucun d’eux ne m’aperçut sursauter.
- Tu n’aurais pas dû t’infliger ça, cousine, ajouta-t-il en me pressant l’épaule de sa main.
Cette constatation me rendit en colère. Très en colère.
- AH NON?! Grondai-je. Et tu voulais que je fasse quoi, hein?! Que je lui renvois Ethan sur un plateau?! Mais, bon sang, Lucas! C’est Maïa. C’est elle la Dame aux Glaïeuls! Qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre, hein?! DIS-LE-MOI! M’exclamai-je en sentant mon sang bouillir dans mes veines.
Mon cousin sembla se faire plus petit soudain et j’obtins ma réponse d’une personne qui venait aussi de faire son apparition.
- On ne pouvait pas savoir, Maria, grommela Perry. Tu ne nous as rien dit. Ce qui prouve que… que tu ne lui faisais pas entièrement confiance.
- Bien sûr que non! Crachai-je. Nous savions tous les deux que… que ce n’était que temporaire. Que tout pouvait s’effondrer à nouveau d’une seconde à l’autre… ajoutai-je faiblement en portant machinalement la main à la chevalière à mon cou. Je n’ai pas pu faire la dernière chose qu’il m’a demandée, soufflai-je en sentant les larmes envahir de nouveau mes yeux.
En voyant le regard interrogateur qu’ils se portèrent tous je me souvins qu’ils n’étaient pas au courant. Et à la réflexion, j’aimais mieux que ça reste ainsi… Le problème, c’est que j’avais déjà trop parlé.
- Et c’est quoi? S’enquit Jenny.
Ma respiration se figea et au lieu de répondre à sa question je grommelai :
- Non, mais vous vous êtes tous donné rendez-vous ici, ou quoi?!
- On s’inquiétait, avoua Derek en me regardant avec effectivement des yeux inquiets.
- Et vous ne vous êtes pas dit que ça pourrait être très dangereux de venir me voir, hein? Grondai-je. Il y a dix minutes à peine je me tenais face à face avec des Cerbères haut d’au moins trois mètres et demi!
En les voyant tous blêmir je compris qu’ils n’y avaient pas réfléchi. Pourtant, Derek affirma en croisant les bras :
- Peu importe, ça n’aurait rien changé, Maria. N’as-tu pas dit qu’on faisait partie de ta meute? Que nous sommes tes amis? Dans ces deux situations on se serre les coudes, non?
- Mais je ne veux pas que vous mouriez ou que vous soyez blessé à cause de moi! M’exclamai-je en bondissant sur mes pieds.
- Comment, à cause de toi?! s’énerva Della. Ce n’est pas de ta faute si la Dame aux fleurs est ici! Et si elle a décidé de tuer tout le monde!
- Bien sûr que si! Répliquai-je. Elle est ici pour moi. À cause de moi.
Je me détournai d’eux en croisant les bras et je soufflai faiblement :
- Je ne crois pas que je pourrais le supporter s’il arrivait quelque chose à un ou plusieurs d’entre vous.
- Alors on a qu’à s’entraîner encore plus, Maria! Affirma la vamp. Car que tu le veuilles ou non, pour ma part, je serai de la partie. Tu… Tu es mon amie, Maria. Et en tant que tel je dois t’aider. Sans oublier, bien sûr, que je suis sur cette affaire à cause de l’URF.
J’aurais voulu rétorquer quelque chose, mais au moment où j’ouvris la bouche, Kylie renchérit :
- Malgré que me battre ce n’est pas dans mes habitudes et l’activité que je préfère, tu peux compter sur moi.
- Et il ne faudrait pas m’oublier surtout! Ajouta Miranda en croisant les bras et en relevant le menton. Avec les conseils de Christine j’ai pu comprendre deux ou trois choses que je n’arrivais pas à saisir auparavant…
Je me retournai vers eux pour les dévisager. Étaient-ils réellement sérieux?
- N’aie pas cet air si surpris sur le visage, cousine! Se moqua gentiment mon cousin en souriant. Tu devrais t’y être habitué! Et je m’ajoute aux autres. Tu peux compter sur moi.
- Je n’ai pas demandé des volontaires! M’emportai-je.
- Et bien c’est pourtant ce que tu auras! Affirma Perry. Peut-être que j’arriverais à me métamorphoser en une créature semblable qu’eux… Je n’ai jamais essayé, mais ça pourrait être une expérience intéressante, dit-il avec un sourire amusé à cause, sans doute, de mon air scandalisé.
Mon cœur balançait entre deux émotions contradictoires. Soit la colère et la reconnaissance. Ils ne me laissaient pas seule, ils voulaient m’aider… Mais ce faisant ils risquaient d’être blessé ou pire… de mourir.
- Je suis partante aussi, Maria, m’assura Katryne à mon plus grand étonnement. Plus vite cette chose sera six pieds sous terre, plus vite tu seras débarrassé de moi.
J’eus l’étrange constatation de voir qu’elle n’avait pas précisé qu’elle aussi serait débarrassé de moi. Qu’est-ce que c’était censé signifier au juste?
- Tu peux compter sur moi, ajouta Derek.
- Et sur moi, renchérit Jenny. Cela va de soi.
Holiday allait sans doute péter un câble. Un très gros. Car tous mes amis étaient prêts à se battre. Et je venais tout juste de me résoudre à ne pas les en empêcher. Malgré tous les risques que cette décision comportait. Il fallait agir. Mais agir seule serait du suicide pur et simple.
- Alors je crois qu’il… commençai-je, mais un hurlement douloureux et rauque me coupa.
- Au secours!!
Je ne reconnaissais pas la voix, mais une chose était sûre, cette personne avait besoin d’aide. Cela ne prit qu’une seconde avant que je me mette à courir. Et pas deux avant que les autres me suivent. Miranda monta sur le dos de Kylie, Perry se métamorphosa et Derek… monta sur le dos Jenny. La scène était si étrange que je manquai m’arrêter pour les dévisager. Mais je ne pouvais pas me le permettre. Les appels au secours étaient déjà beaucoup plus faibles et distancés. On aurait dit que la personne courrait, ou sans doute plus probable fuyait.
Malgré la rapidité de notre réaction, on n’arriva pas à rejoindre l’individu avant qu’il ne soit trop tard. Les appels s’étaient tu depuis un moment lorsqu’on tomba sur le cadavre. Et la scène qui nous attendait était horrifiante.
J’entendis distinctement Jenny, Kylie et Miranda retenir un haut le cœur en se détournant de la scène. Le corps… était absolument non-identifiable. Il avait été lacéré de partout par des griffes énormes et la tête qui semblait avoir été mâchouillé reposait cinq mètres plus loin que le corps.
Je m’approchai du corps, tout comme Della, en faisant attention où je m’étais les pieds pour ne pas risquer de détruire des preuves conséquentes. En étant plus près je pus constater qu’un bras (le droit) et une jambe (la gauche) manquaient à l’appel. D’un regard circulaire je les trouvai à égale distance du corps que la tête. Ce faisant je remarquai un message ensanglanté qui se poursuivait sur tous les arbres autour de la macabre scène. Il était écrit :
Avec un badge ou non, vous mourrez tous. D’ici un mois vos corps serviront de nourriture au charognard! Et si vous aidez la Lechasseur, votre sort sera encore plus terrible et rempli de tourmente! Ma vengeance a assez attendu!
Faisant comme si rien de tout cela ne m’affectait, et c’était bien le contraire, je dis en regardant le badge qui avait été soigneusement déposé sur le corps en charpie :
- Désolée de vous l’apprendre, mais je crois que vous feriez mieux de reculer d’au moins… dix mètres. Della? Peux-tu appeler Burnett? Ensuite, j’aimerais que tu raccompagne tout le monde à notre bungalow si possible… On va avoir à discuter, plus tard. Reviens ensuite, seule et avec les carnets.
- Je suis aussi de l’URF, Maria, me fit remarquer Lucas.
- Et moi aussi, ajouta Perry.
- Tout comme moi, renchérit Derek.
- Aucune espèce d’importance! Grondai-je. Cette affaire nous a été confiée à Della et moi. Pas à vous.
Ils n’ajoutèrent rien et acceptèrent de mauvaise grâce de suivre Della qui ne manqua pas de me jeter un regard mauvais. Sans doute était-ce à cause du fait que je lui avais donné un ordre.

***********************

Kylie n’arrivait pas à se sortir cette scène irréelle et affreusement macabre de son esprit. Et elle s’y connaissait en scène sanglante, pourtant! Peut-être était-ce que tout cela était pire à cause du fait qu’elle savait tout ceci réel? Et que ce n’était, cette fois, pas dû à cause d’une vision qu’un fantôme lui imposait.
La caméléon pouvait sentir la main de Lucas effleurer la sienne pendant qu’ils courraient côte à côte jusqu’au bungalow. Elle avait la très nette impression de savoir ce que Maria leur dirait une fois qu’elle serait de retour. Que c’était trop dangereux et qu’il était hors de question maintenant qu’ils risquent leur vie pour ça. Pour elle. Kylie voyait bien que Maria ne se rendait pas compte à quel point elle faisait partie intégrante de leur groupe et qu’ils étaient prêts à se mettre en danger pour l’aider. Mais elle comprenait aussi le besoin de faire les choses par elle-même. À cause de la peur que l’un d’entre eux soit blessé ou pire. Elle l’avait bien connu… ce sentiment.
Ils arrivaient tout juste au bungalow lorsque Kylie trébucha en sentant un froid soudain envahir l’espace autour d’elle. Elle n’avait pas besoin de lever la tête pour savoir ce qui allait se trouver devant elle. Un fantôme. Lucas émit un grondement et elle supposa qu’il connaissait la cause de sa chute. Les coups d’œil inquiet qu’il portait autour de lui ne lui échappaient pas.
Elle releva finalement la tête et manqua défaillir en voyant la personne qui se trouvait devant elle. Le fantôme… Le fantôme était… Non, c’était impossible! Ça ne pouvait pas être lui! Il ne pouvait pas être mort, non, c’était injuste! Pauvre Maria!
- Dis-lui… Dis-lui… souffla le fantôme de Matthew Parker.
Matthew Parker. Le Matthew qui était non seulement le père de Maria, son amie, mais aussi l’oncle tout juste retrouvé de Lucas… Elle savait pertinemment qu’elle avait dû blêmir, car Lucas l’observait sans ciller avec inquiétude. En fait, maintenant qu’elle jetait un œil autour d’elle tout le monde c’était arrêté.
- Je peux savoir ce qu’il se passe? Grommela Miranda en se massant les poignets et les chevilles.
Kylie avait complètement oublié qu’elle portait la sorcière sur son dos pour aller plus vite. Tout comme Jenny l’avait fait à nouveau avec Derek. Perry venait tout juste de se poser près d’eux.
- C’est… un fantôme.
À voir les airs inquiets et terrifiés de la majorité de ceux autour d’elle cela lui fit regretter que Maria ne soit pas là. Et en même temps, ce n’était mieux pas, songea-t-elle. Il n’y avait que la louve-garou qui avait complètement accepté ce côté chez elle sans réserve ni aucune crainte. En fait, elle avait même l’air de trouver ça intéressant. Derek aussi l’avait accepté avec une certaine facilité, mais il n’avait jamais dit que c’était « cool ».
La caméléon ne trouvait pas sa « cool » du tout en ce moment.
- Est-ce que c’est l’agent de l’URF? Demanda Della avec une grimace.
- Non… souffla Kylie en secouant tristement la tête. Je suis désolée, lâcha-t-elle ensuite en regardant Lucas droit dans les yeux.
Elle n’y lut que de l’incompréhension. Et c’était normal, son petit-ami n’avait plus que très peu de famille dont il se souciait réellement. Comme il était presque impossible que ce soit Maria…
- Ne me dit pas que ma… commença-t-il, mais elle le coupa.
- Ta sœur va bien.
Et soudain la lumière se fit dans son esprit. Elle pouvait le constater dans ses yeux et dans sa réaction. Il chancela et s’appuya légèrement contre elle.
- Il est… Il est mort? Croassa-t-il. Matthew est… mort?
- Oui, affirma-t-elle. Je suis tellement, tellement désolée…
- Ce n’est pas moi qu’il faut plaindre, gronda-t-il, mais elle sentait la douleur dans sa voix. C’est Maria… Elle n’avait plus que lui et… maintenant qu’Ethan… Ça ne pouvait pas être le pire moment.
Le fantôme de Matthew s’éclipsa, comme s’il voulait leur laisser un peu d’espace.
- Je crois qu’il veut que j’aille lui annoncer, ajouta calmement la caméléon malgré l’ouragan d’émotions qui prenait vie dans son cœur.
- Pas tout de suite! Rugit Della. Si tu y vas maintenant, Maria va s’effondrer devant tout l’URF. Ce qui va la tuer, presque littéralement. Attends au moins qu’on revienne au bungalow…
- Mais… tenta de protester Kylie.
- Elle a raison, affirma Derek. Ce sera la goutte d’eau, Kylie.
Elle soupira, mais décida de se résoudre à les écouter. Après tout ils avaient raison. Autant que Maria puisse se laisser aller autant qu’elle veut dans un lieu connu et entouré de ses amis. Ils se dirigèrent alors vers le bungalow qui se trouvait une vingtaine de mètres plus loin d’une démarche de condamné.
Della venait tout juste de repartir avec deux calepins de notes. Juste avant elle avait appelé Burnett pour lui annoncer ce qui s’était produit cette nuit.
- Est-ce que tu as une idée de comment… comment il est mort? S’enquit Lucas avec difficulté.
- Non, soupira-t-elle.
Elle manqua faire une crise cardiaque, tout comme Miranda et Jenny, lorsque la Chimère apparut d’un coup dans le bungalow. Lucas laissa échapper un grondement, preuve qu’il avait été surpris. Quant à Derek elle avait surpris ses épaules tressautées et Perry avait brusquement changé de couleur d’yeux.
- Kelsea? Qu’est-ce qu’il y a? demanda Kylie.
Aucune réponse.
- Je sais la cause de la mort de Matthew, finit par lâcher Katryne après un moment et la caméléon eut la surprise de constater des larmes dans les yeux de la vampire.
- Comment ça? S’offusqua Lucas en fronçant les sourcils. Pourquoi toi et pas…
- Il me la dit pendant que Maria était sans connaissance tout comme Ethan, répondit la vamp en baissant les yeux. Il m’a dit… Et je dois avouer que je n’ai pas trop compris, mais peut-être que ça fera du sens pour vous… La Chimère, enfin, Kelsea a seulement guéri la blessure qui a causé sa mort, pas celles qu’il avait avant que ça ne se produise.
En voyant Lucas blêmir, Kylie comprit que ça faisait beaucoup de sens pour lui. Il murmura, sans doute pour lui-même :
- C’est sa maladie… Je croyais qu’il ne l’avait plus…
- Il m’a aussi dit qu’il faudrait appeler Christine pour en savoir plus… ajouta Katryne le regard toujours rivé vers le sol.
La caméléon se doutait que ça devait être dure pour la vampire de leur dire tout ça, car jusqu’à maintenant aucun d’entre eux n’avait été plus que neutre avec elle. Quand ils lui avaient porté attention en tout cas. Lucas ne lui avait jamais adressé la parole avant aujourd’hui. Ou enfin… presque. Quant à Kylie elle essayait de ne pas trop penser aux histoires que Maria lui avait racontées, mais sans y parvenir tout à fait.
- Vous croyez qu’on ferait mieux d’être direct ou d’enrober la nouvelle pour l’annoncer à Maria? S’enquit-elle en questionnant du regard les personnes tout autour.

***********************

Burnett arriva environ six minutes après le départ du groupe. Della ne tarda pas à arriver, environ… dix secondes après lui. Pendant que j’attendais des nouvelles, j’avais commencé à analyser avec mon nez les odeurs que je percevais et leur signification.
- Merde! Lâcha le directeur en voyant l’état du cadavre.
- J’ai pensé la même chose, approuvai-je.
Je m’approchai alors de Della et surprit son regard avec une étrange lueur à l’intérieur sur moi. J’haussai un sourcil et lui retirai mon cahier de ses mains. Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle soudainement?
- C’est clairement l’œuvre d’un… des Cerbères, lâchai-je en retenant une boule d’émotions de se coincer dans ma gorge au mauvais moment.
- Des renforts vont bientôt arriver, annonça Burnett. Je les ai prévenus en venant ici. Noter ce que vous pouvez et partez ensuite. Je vous fournirai un rapport. Et surtout la raison pour laquelle cet enquêteur se trouvait ici à ce moment précis.
Nous hochâmes de la tête Della et moi. Je me mis alors rapidement à écrire tout ce que je pouvais et les informations que j’avais pu retirer des odeurs. Le tout avec le plus de détails possibles des plus anodins au plus… macabre.
Il vaudrait peut-être mieux que je parte d’ici, pensai-je. Je n’étais peut-être que la cause indirecte de la mort de tous ces gens, mais c’était quand même à cause de moi que des créatures surnaturelles non répertoriés par l’URF arrivaient ici. Des créatures qui n’étaient pas du tout, et de loin, originaires d’ici…
Lorsque j’eus terminé de tout noter ce que je croyais essentiel, j’empruntai l’appareil photo que Burnett avait autour du cou et que je venais tout juste de remarquer. Je pris alors des photos sous différents angles de la scène de crime, comme je l’avais vu si souvent dans des séries télévisées. Suite à quoi je pointai les empruntes que j’avais laissé avec Della et les autres à Burnett pour qu’ils puissent ne pas en tenir compte.
Dès que tout cela fut terminé, le directeur annonça :
- Retournez à votre bungalow maintenant, les filles. Vous en avez assez fait pour ce soir.
Cette annonce sembla rendre Della nerveuse, car elle avait les épaules crispées. Comme si elle redoutait quelque chose. Mais quoi?
En pénétrant dans le bungalow je compris immédiatement que quelque chose clochait. En particulier en voyant à quel point ils affichaient tous des têtes d’enterrement. Qu’est-ce que j’avais manqué, au juste?
- Maria… On a quelque chose à te dire, lâcha Lucas en s’approchant de moi doucement.
- Qu’est-ce qu’il y a? m’enquis-je en me sentant trembler de l’intérieur.
Qu’est-ce qui allait encore me tomber dessus?
- C’est ton père, annonça Kylie et venant d’elle se fut comme si on me donnait un coup de poing dans l’estomac. Matthew est mort, Maria, ajouta-t-elle d’un ton doux et désolé. Ton père est mort, précisa-t-elle comme pour que la signification de ce qu’elle me disait soit plus claire.
Comme si les choses n’allaient déjà pas assez mal comme ça, pensai-je en m’écrasant par terre, effondrée. Lucas parvint tout juste à me rattraper avant que je ne touche le sol et il me serra contre lui. Sauf que je ne pouvais ni le voir, ni le sentir. Mes larmes me brouillaient la vue et la douleur que je ressentais en moi me foudroyait.
Mon père était mort. Et la dernière chose que j’avais faite c’était le repousser encore. Et encore.


Alors, voilà, le chapitre 8 est finie. Comment l'avez-vous trouvé? :D Enfin, je voulais aussi annoncer que ce soir, demain, ou après demain je publierai quelque chose avec une photo pour tous les personnages. Faire une espèce de récapitulatif. Donc, la section personnage de la page de présentation du tome 2 va disparaître. Bref, à plus!
Ah, et voici une image de mes gentils petits cerbères ainsi que de la chevalière. ;)


[attachment=1]Cerbère.png[/attachment]


[attachment=0]chevalière.jpg[/attachment]


Un devoir
Nouveau départ
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Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

**Petite note: Il se peut que j'ajoute des personnages au fur et à mesure et je modifie des trucs. ET ce n'est pas terminé...**


Liste des personnages:



Maria Parker-Lechasseur

[attachment=10]Maria.jpg[/attachment]

Race:
Louve-garou évoluée

Loup:

[attachment=5]Maria_louve.png[/attachment]

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier chapitre du tome 1 et fait partie de tous les chapitres depuis, car c'est le personnage principal.



Ethan Dawson

[attachment=18]Ethan.jpg[/attachment]

Race:
Loup-garou

Loup:

[attachment=19]Ethan_loup.jpg[/attachment]

Caractère:

Récurrence et présence:
Depuis le premier chapitre du tome 1 et présent dans tous les suivants.



Katryne Lévesque

[attachment=12]Katryne.jpg[/attachment]

Race: Vampire

Caractère:

Récurrence et présence:
Première apparition à la fin du chapitre 1 du tome 2 et présentes dans tous les autres qui suivent.



Matthew Parker

[attachment=6]Matthew.jpg[/attachment]

Race:
Loup-garou

Loup:

Caractère:

Récurrence et présence:
Première apparition à la fin du chapitre 9 et présent dans la majorité des autres par la suite.



Lucas Parker

[attachment=7]Lucas.jpg[/attachment]

Race:
Loup-garou

Loup:

[attachment=8]Lucas_loup.jpg[/attachment]

Caractère:

Récurrence et présence:
Présent depuis le premier chapitre du tome 1 et dans tous les chapitres suivants.



Della Tsang

[attachment=16]Della.jpg[/attachment]

Race:
Vampire évoluée

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier chapitre du tome 1 et se trouve dans tous ceux qui suivent.



Miranda Kane

[attachment=4]Miranda.jpg[/attachment]

Race:
Sorcière

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier tome et se trouve dans tous les suivants.



Kylie Galen

[attachment=13]Kylie.jpg[/attachment]

Race:
Caméléon

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier chapitre du tome 1 et se trouve dans tous les autres.



Jenny Yates

[attachment=11]Jenny.jpg[/attachment]

Race:
Caméléon

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier chapitre du tome 1 et se trouve dans la majorité des autres.



Derek Lakes

[attachment=17]Derek.jpg[/attachment]

Race:
Fae

Caractère:

Récurrence et présence: Présent depuis le premier chapitre du tome 1 et se trouve dans la majorité des autres.



Perry Gomez

[attachment=2]Perry.jpg[/attachment]

Race:
Métamorphe

Caractère:

Récurrence et présence:
Présent depuis le premier chapitre du tome 1 et se trouve dans la majorité de ceux qui suivent.



Holiday Brandon-James

[attachment=14]Holiday.jpg[/attachment]

Race:
Fée

Caractère:

Récurrence et présence:
Présente depuis le premier chapitre du tome 1 et fait de nombreuses apparition par la suite.



Burnett James

[attachment=15]Burnett.jpg[/attachment]

Race:
Vampire évolué

Caractère:

Récurrence et présence:
Présent depuis le premier chapitre du tome 1 et fait de nombreuses apparitions par la suite.


Maïa

[attachment=0]Maïa.jpg[/attachment]

Race:
Louve-garou

Loup:

[attachment=9]Maïa_louve.jpg[/attachment]

Caractère:

Récurrence et présence:
Première apparition dans le deuxième chapitre du tome 2 et se trouvent dans tous ceux qui suivent.



Sarah Légaré

[attachment=1]Sarah.jpg[/attachment]

Race:
Louve-garou

Loup:

[attachment=3]Sarah_louve.png[/attachment]

Caractère:

Récurrence et présence:
Première apparition dans le deuxième chapitre du tome 2 et se trouvent dans la majorité de ceux qui suivent.
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Matthew.jpg
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Holiday.jpg
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Ethan.jpg
Ethan.jpg (43.84 Kio) Consulté 595 fois
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Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut, c'est vraiment trop trop triste !!!! Pauvre personnage, tu leur rends vraiment la vie dur !
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut! Me revoilà déjà avec le chapitre 9! J'ai un peu d'avance, un jour ou deux, c'est bien, non? Enfin, peu importe. ;) J'espère que vous l'aimerez qu'il n'y a pas trop de faute... :oops: Je n'ai pas grand-chose à ajouter si ce n'est que vous avez passé à deux doigts de ne pas avoir ce chapitre. Pour une raison que j'ignore j'avais un problème avec Booknode. Et je l'ai toujours, mais j'ai réussi à trouver une solution que j'espère temporaire. :? Sur ce, bonne lecture!


Image



Chapitre 9



Je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer. Je n’avais pas connu mon père très longtemps, mais j’avais toujours su qu’il comptait pour moi. Et jamais je ne l’avais appelé « Papa ». Maintenant je ferais n’importe quoi pour pouvoir lui dire au moins une fois. Pour pouvoir le revoir et le serrer dans mes bras une dernière fois…

J’aurais eu envie de disparaître. Là, maintenant. J’en avais assez. Assez! Tout le monde mourrait autour de moi. À commencer par ma mère que j’avais tuée en venant au monde, ensuite mon grand-père maternel qui était mort pour me permettre de fuir, sans parler de mes parents adoptifs… puis mon père biologique. Qui avait ressuscité pour mieux mourir encore par la suite. Je n’en pouvais plus. C’était trop. Trop pour moi.

L’air vint à me manquer et je me mis à hoqueter. Des vagues de chaleur se mirent à me traverser le corps de part en part et mon cœur battait si vite que je n’arrivais pas à le suivre. Je me délivrai violemment des bras de Lucas en essayant d’avoir plus d’air. Mais j’étais incapable de respirer.

- Maria? Maria, qu’est-ce qu’il se passe? S’exclama Della, mais sa voix me parvint comme étouffée.

Je commençais à voir des étoiles lorsque soudain on me gifla. Je relevai brusquement les yeux, surprise et en colère. Et tombai sur le regard profondément inquiet de mon cousin. Il me prit alors par les épaules et gronda :

- Ce n’est pas le temps de paniquer, Maria!

Et tout en disant cela il me secoua comme un pruneau.

J’étais si outrée que je me surpris à retenir ma respiration. Comment osait-il…?! Et en rouvrant la bouche pour parler, je me rendis compte que j’arrivais à nouveau à respirer. Mes larmes s’apaisèrent soudain rapidement et je m’essuyai les yeux rageusement. Je jurai alors avec colère :

- C’est terminé. Je ne verserai plus une seule foutue larme! J’en ai marre que des gens meurent autour de moi. C’est pour ça que… que je vais m’en charger seule. Maïa me veut moi, pas vous. Tant que je serai seule… elle ne cherchera pas à…

- Est-ce que tu es idiote à ce point, Maria? S’écria Della avec colère. Elle ne nous lâchera pas, car elle sait que tu tiens à nous. Et puis tu ne pourras pas m’empêcher de te suivre.

- Pas plus que moi, renchérit Lucas. Et je parie que c’est la même chose pour les autres. Alors tu peux oublier ça, cousine. On est avec toi. Tu te bats, on se bat. Tu t’en vas, on te suit.

Je sentis mon cœur s’alourdir, mais je ne répondis rien. Je ne savais pas quoi dire. Je ne comprenais pas pourquoi… pourquoi ils pouvaient tous avoir tellement confiance en moi qu’ils étaient prêts à risquer leur vie pour ce qui était mon devoir à moi. Devoir que j’étais censée m’occuper seule. Ou avec ma meute, me souffla une petite voix dans ma tête. Je la fis taire d’un grondement intérieur, mais le mal était fait. J’avais besoin d’eux. Je trouvai pourtant la force de lâcher :

- Vous ne me suivriez pas au Québec.

Et c’était vrai. Ils pouvaient dire ce qu’ils voulaient, ils ne me suivraient pas là-bas. C’était à peine s’ils pouvaient comprendre quelques mots divers en français! Et de toute manière leur vie était ici. Cette révélation me fit comprendre quelque chose. Je ne pouvais pas rester. Quand bien même je vaincrais Maïa, je ne pourrais pas rester. Car cela les mettait en danger. Il était maintenant clair que dès que j’aurais réglé le présent problème, je m’en irais. Pour leur sécurité. Et je retournerais là où était ma place.

- Bien sûr que si! Protesta Miranda.

- Bien sûr que non! Répliquai-je. Pas si je dis que je compte y rester toute ma vie. Ma vie est là-bas. La vôtre ici.

Lucas s’apprêtait à rétorquer quelque chose, mais je levai la main pour l’interrompre.

- Regardez, j’apprécie vraiment votre sollicitude à mon égard. Mais vous avez réussi à vivre sans moi jusqu’ici. Et vous pourrez continuer à vivre beaucoup mieux lorsque je ne serai plus ici. En fait, vos chances de survivre vont grandement s’améliorer.

Un silence étrange s’installa alors. En fait, ce silence me rendait mal à l’aise, car tous mes amis présents me dévisageaient avec colère. Une colère froide et noire.

- Apparemment, tu n’as rien compris, grommela Della. Que tu ailles dans ton coin de pays ou que tu te sauves à Tombouctou… On va te suivre. Et si pour ça il faut apprendre le français, alors soit! Gronda-t-elle. Tu ne te débarrasseras pas de nous aussi facilement! Et si tu veux mon avis… ce serait sans doute moins compliqué pour moi de m’en aller d’ici.

- Et l’URF? Qu’est-ce que tu en fais? Tu as conscience que tu ne pourras pas faire ça dans mon coin de pays comme tu dis? Arguai-je en croisant les bras.

- Et toi? me nargua-t-elle. Et puis, si j’ai bien compris il y a plein de créatures bizarres qui vont rôder autour de toi, alors je suppose qu’on ne s’ennuiera pas!

Je ne répondis rien, elle me tenait là. C’est vrai que j’avais très envie de faire partie de l’URF. Mais pour cela il faudrait que je renie mes origines. Et je ne pouvais pas m’y résoudre. De plus, les créatures n’arrêteraient pas de me suivre pour autant.

Je poussai un soupir et lâchai d’une voix faible :

- J’ai compris… Mais… Est-ce que Holiday et Burnett sont au courant pour…

- Non… répondit Kylie d’une voix douce et compatissante.

Le problème c’est que je détestais que l’on prenne ce ton avec moi. Je me raidis et sentis mon échine se hérisser. Je réussis de justesse à garder les paroles méchantes et gratuites qui me venaient à l’esprit et je me convainquis à revenir à l’important. Matthew était mort. Et… Ethan! Il n’était pas au courant! Et dans l’état actuel des choses… il s’en moquait probablement. Je parvins difficilement à me sortir cette idée de la tête, mais un gémissement s’échappa de ma gorge sans que je puisse le retenir.

- Qu’est-ce qu’il se passe, cette fois? Maugréa Della.

- Rien, crachai-je en relevant ma lèvre supérieure. Il vaudrait mieux aller le dire à…

- Maria! S’écria soudain la directrice en entrant en trombe dans le bungalow sans frapper.

- Et dire que tu as osé faire une remarque sur mes bonnes manières, lâcha Burnett en arrivant derrière elle.

Malgré le ton affable qu’il avait pris je sentais l’inquiétude et la nervosité qui se cachaient derrière.

Je ne pus m’enquérir de quoi que ce soit, car d’un coup je fus écrasée entre les bras de la directrice. Et d’un autre coup je perdis toute la panique et la terreur que je ressentais au fond de moi à cause de l’annonce de la mort de mon père.

Je relevai des yeux incrédules sur Holiday et ses yeux verts ne reflétaient que de la compassion et de l’inquiétude. Mais la question était : comment l’avait-elle su?

- Matthew est venue me voir, m’expliqua-t-elle avant même que je n’aie pu prononcer un petit mot.

La compréhension m’envahit et je fis un petit hochement de tête pour éviter de devoir ouvrir la bouche.

- Ça va? Me demanda-t-elle.

- Autant que possible avec les circonstances actuelles… marmonnai-je avant de me souvenir que Burnett et elle ignoraient tout à propos des Cerbères et du revirement de situation avec Ethan. D’ailleurs il faut qu’on parle de… commençai-je, mais Burnett me coupa.

- Une autre fois.

- Ce n’est pas au sujet de l’enquête, grommelai-je.

Le vampire haussa les sourcils, étonné. Apparemment il ne me croyait pas. Ou pas vraiment, malgré que je n’aie pas menti.

- Il est arrivé quelque chose… tout à l’heure. Avant… avant la découverte du cadavre, dis-je en baissant les yeux.

- Et qu’est-ce que c’est? S’enquit le directeur d’une voix doucereuse.

Je déglutis et réussis qu’à peine à surmonter la boule d’émotions qui s’était coincée dans ma gorge.

- Ethan. Ethan est devenu un Cerbère. Comme ma cousine, Sarah. Ils sont tous les deux sous le contrôle de Maïa qui est la Dame aux Glaïeuls. Celle qui contrôle aussi la Hère qui, apparemment, n’est pas pressée de refaire son apparition. Et je ne m’en plains pas.

- Attends…?! Tu as dit quoi?! S’offusqua Burnett d’une voix qui me sembla à la fois complètement perdue et terriblement en colère.

Je relevai les yeux une seconde et à voir son visage je compris que c’était plus de la fureur, en fait. Mes mains tremblèrent un instant avant que je ne réussisse à les contrôler. La panique manquait d’affluer en moi à nouveau si je ne prenais pas garde. Et pour rien au monde je ne désirais ravoir cette émotion en moi.

Je sentis le vampire s’approcher de moi et ses mains se posèrent sur mes épaules avant de me forcer à relever la tête. En me regardant droit dans les yeux, il exigea :

- Explique-moi.

J’avais en effet un tas de choses à lui raconter. On ne pouvait pas dire que les choses avaient été tranquilles durant les derniers jours.

Je lui racontai alors tout ce que j’avais découvert dans la dernière semaine, en commençant à ce qui remontait à plus loin jusqu’à ce qu’il s’était produit aujourd’hui. Il m’écouta tout du long sans jamais m’interrompre une seule fois.

Lorsque finalement je m’interrompis, j’avais les yeux qui semblaient sur le point de fondre tellement je me concentrais pour ne pas laisser s’écouler une seule foutue larme.

- Tu es en train de me dire qu’un Cerbère, qui est l’évolution d’un loup-garou, mesure trois mètre et demi? Et qu’on en a deux à Shadow Falls? Sans compter… QU’ILS SONT CONTRÔLÉS PAR UN ÊTRE DONT J’IGNORAIS MÊME L’EXISTENCE?

- Oui, affirmai-je.

- Et Ethan est l’un d’entre eux? S’enquit Holiday d’une voix horriblement inquiète.

Je hochai de la tête sans être capable de rien ajouter, ou de prononcer le moindre mot surtout.

- Malgré qu’il ait été dans ta meute?

Nouveau hochement de tête de ma part. Soudain, alors même que Burnett venait pour ajouter quelque chose, je m’écrasai à terre en me serrant la tête. Une douleur incommensurable venait de s’infiltrer dans mon cerveau. Une douleur… qui était lié à une émotion. De la colère.

En temps normal cela ne m’aurait pas inquiété, j’étais tout le temps en colère, ou presque. Mais là, cette colère ne venait pas de moi. Non… elle ne provenait pas de mon corps. Mais de celui de quelqu’un d’autre. Je jetai un regard douloureux sur les personnes autour de moi, mais tout ce que je pus en retirer c’était de l’inquiétude. De leur part et de la mienne. Aucun d’eux n’était en colère, sauf peut-être Burnett. Mais elle ne venait pas de lui.

Alors qu’un gémissement sortait de ma gorge, je compris de qui cette colère provenait. Et cela me pétrifia surplace. En particulier, car cette personne venait tout juste de se faire percevoir par mes sens. Et elle venait ici.
Je me relevai d’un bond la main toujours sur le crâne avec une grimace au visage. Que foutait-il ici?

- Marrriiiiaaaa… Ouvreeee-mooooiii, minauda Ethan de l’autre côté de la porte. Je sais que tu es là, Marrria. Et je t’attends. Viens courir sous la lune avec moi, ma douce Marrrriaaa.

C’était impossible. Non, non, non! Ça n’avait pas pu avoir cette importance! Clairement pas! On n’avait rien fait. Aucune cérémonie. Aucun… échange. Rien. Nada. Nothing.

Je me ruai sur la porte en essayant de rassembler le plus de colère que je pouvais et l’ouvris en grand en lâchant un grondement.

- Tu vas déguerpir vite fait d’ici, Ethan Dawson! Hurlai-je en sentant ma lèvre supérieure se retrousser.

Et le pire c’est que je n’eus même pas à feindre cette émotion. Pour une excellente raison. Maïa se trouvait derrière lui et riait légèrement avec des yeux comportant tant de moquerie que je dus prendre sur moi pour ne pas aller lui tordre son sale petit cou.

- Pourquoi ça, Maria? Susurra Ethan. Tu n’es pas bien avec moi?

Il ne semblait pas déçu. Son air montrait plus de moquerie et de condescendance. Il se foutait de moi.
Ses mains se posèrent sur ma taille et il me rapprocha suffisamment de lui pour me souffler au visage :

- Aller, laisse tes très petits amis derrière et viens avec moi…

Je me sentis chauffer de l’intérieur et de deux manières différentes. L’une d’elle était une sensation agréable que je détestais dans l’instant et la seconde une sensation totalement justifiée. Je lui appartenais corps et âme. Et c’était le côté âme qui posait problème.

La fureur me disait de l’envoyer balader alors que mon âme et mon corps le voulaient plus près. Beaucoup plus près.
Il approcha son visage tout près du mien et me chuchota :

- Viens avec moi, petite louve…

Je devais résister. Ce n’était pas à cause d’une stupide connexion d’âme à âme avec lui que je le laisserais me manipuler. Non… Non… Mais c’était si tentant. Mon visage s’approcha de quelques millimètres du sien.

- Lâche-la, gronda soudain la voix de Lucas dans mon dos.

- Ou je te fous dehors à coup de pied au derrière, renchérit Della.

Je trouvais leur engagement envers moi admirable, mais c’était peut-être une très mauvaise idée. Particulièrement si je me fiais aux yeux soudain rubis d’Ethan.

Ses mains se resserrèrent sur ma taille et je sentis quelque chose m’entailler la peau. En regardant ses mains je compris qu’il avait lui aussi des transformations partielles... Mais que malheureusement pour moi ses griffes étaient beaucoup plus grandes que les miennes.

Je tentai de le repousser, mais cela ne fit qu’enfoncer les griffes encore davantage. Il soupira :

- Tu aurais dû me choisir, Maria. Maintenant fais attention. Sinon… et bien tu pourrais rejoindre ton père beaucoup plus tôt que tu ne le crois.

Sur ces mots il eut un sourire si cruel que je me sentis faiblir un instant. Il me relâcha en me renvoyant brusquement dans le bungalow, endroit où j’allai percuter brutalement le mur.

Je l’entendis s’éloigner en compagnie de Maïa et je crus surprendre un rire qu’ils échangèrent… en parlant de moi. Et d’à quel point j’étais pitoyable.

Je me relevai d’un bond en lâchant un rugissement et m’élançai pour sortir dehors en même temps que Della lâchait avec satisfaction :

- Voilà enfin la Maria que je connais!

Je n’eus par contre pas le temps de me rendre bien loin, car je fus interrompu à la fois par Burnett et par Lucas. Je me débattis. Je refusais de laisser une telle injure impunie. Je devais me venger. Je devais…

- Maria, ça ne servira à rien! Gronda Burnett alors que je me débattais toujours. Arrête, maintenant!

J’avais encore envie d’éclater en sanglot et c’était l’une des raisons pour laquelle je continuais à me débattre. Je ne voulais pas de nouveau m’abaisser à ce niveau. Il fallait que je frappe. Aussi fort et aussi douloureusement qu’ils l’avaient fait. Sinon… Sinon ce serait très mauvais.

- Maria, s’il-te-plaît, grommela Lucas.

Je m’arrêtai brutalement et retombai par terre. Je lâchai au bout de quelques secondes de silence :

- Il était en colère. Après moi…

- Qui ça? Ethan? S’enquit Miranda en haussant les sourcils, surprise.

- Oui.

- Comment tu le sais? S’étonna Kylie.

Je me sentis rougir brutalement et à voir la manière dont les yeux de Lucas tout comme ceux de Burnett s’écarquillèrent, sans oublier Holiday, je compris qu’eux se doutait du « comment ».

- Vous n’avez pas…commença mon cousin, mais je l’interrompis rapidement.

- Non! M’offusquai-je. Je ne suis pas stupide à ce point!

- Mais alors… comment est-ce que ça s’est produit?! Protesta le directeur vampire.

- Je… Je l’ignore… soufflai-je en blêmissant.

- Je sens que tu as ta petite idée, Maria, fit remarquer Holiday.

- Mais c’est impossible! M’écriai-je en me relevant. Ça ne voulait rien dire! Ça ne peut pas être ça! M’exclamai-je ensuite en tendant la chevalière que je portais toujours autour du cou.

Je sus que je me trompais en voyant l’air affligé de Burnett. Il jeta un coup d’œil nerveux à sa femme et elle lui renvoya son regard. Ça s’annonçait très mal pour moi…

- Je suis la seule à être perdue? S’enquit Della.

- Non, affirma Katryne. Je ne comprends rien du tout.

- Comme c’est surprenant, railla l’autre vamp.

Katryne la gratifia d’une mimique hargneuse que je ne lui avais pas vue depuis longtemps et se reconcentra sur nous.

- Tu ne veux pas savoir, affirmai-je en regardant ma coloc vampire, car je savais qu’elle le prendrait sans doute mal.

En particulier à cause de ce que cela signifiait. Mais surtout à cause du fait que jusqu’ici j’avais très mal gérer mes surdoses émotionnelles. Surdoses causées par des émotions négatives, bien entendu.

Della m’envoya un regard de défi qui me fit lâcher un grondement préventif, mais je finis par leur expliquer.

Dans les traditions des loups-garous, lorsque l’on se mariait l’on donnait son âme à l’autre. Ça, c’était la première étape. La partie « parole ». Il y en avait une autre qui était plus… intime. C’était la partie « physique ». Est-ce que j’ai besoin de préciser? Non? Parfait. Une fois cela achevée, les deux âmes des loups-garous étaient liés. Pour toujours et à jamais. Jusqu’à la mort de l’un d’eux. Or, il semblerait que sans avoir célébrer de mariage à la mode loup-garou, ni sans avoir « consommé le mariage » comme on dit, nos âmes s’étaient liées. Sauf que c’était censé être… impossible!

Ou en tout cas dans la majorité des cas. Et apparemment pour la énième fois j’étais hors des « statistiques ». Comme si j’en avais besoin.

- Tu es en train de nous dire que tu es encore lié à lui?! S’exclama Della avec colère. Et qu’il peut influencer tes émotions, voire tes agissements.

- Ça va dans l’autre sens aussi, grommelai-je.

- Mais c’est une question de force, c’est ce que tu as dit, fit remarquer Kylie avant de se mordre la lèvre inférieure.
Je lâchai un grondement et soupirai :

- C’est bien ça le problème. Soit je suis plus forte que lui, ou soit c’est lui qui est plus fort que moi.

- Merde, lâcha Jenny. On avait pas besoin de ça.

- Je ne te le fait pas dire, marmonnai-je en m’enfonçant le visage dans mes mains.

**********************

Ethan était incroyablement satisfait. Il avait réussi à semer la pagaille une nouvelle fois chez Maria. Plus elle serait tourmentée et plus se serait facile pour sa Dame. Il se tourna vers elle et la louve lui envoya un sourire réjoui avant de l’approcher d’elle pour l’embrasser.

Il se laissa aller au baiser, malgré que quelque chose au fond de lui ressentait de la culpabilité et du dégoût. Il repoussa ces sentiments inopportuns et lâcha :

- Maria est faible. Tu l’as vaincra facilement.

- Il ne faut pas se montrer trop confiant, Ethan, murmura Maïa en effleurant sa mâchoire du bout des doigts. Ne jamais sous-estimé les Lechasseur. J’ai appris cette leçon à la dure. Mais tu as raison. Elle est plus faible qu’aucun de ses prédécesseurs.

- J’ai hâte de pouvoir cracher sur sa tombe, souffla-t-il en approchant son visage de celui de sa Dame.

Elle eut un sourire et en se rapprochant davantage elle susurra :

- Ça devrait arriver plus tôt que tu ne le penses, Ethan. Beaucoup plus tôt.

Sur ces mots elle l’embrassa de nouveau à pleine bouche. Langoureusement. Il se laissa aller au baiser et bientôt il perdit le fil.

Une journée passa et il s’amusa à coincer Maria dans tous les coins possibles avant et après les cours pour la titiller. Il aimait lui faire se rappeler ce que l’ancien Ethan faisait avant de la planter là. Ou encore de laisser ses marques sur elle. Il était toujours immensément furieux que leurs âmes soient liées entre elles, mais il savait en tirer des avantages. De juteux avantages.

Il était assis tranquillement dans un coin, Maïa perchée sur lui. Ils s’embrassaient lentement, mais avec une passion évidente, lorsque Holiday s’arrêta à son niveau. Il fit fi de l’air contrarié de la directrice et il grommela :

- Qu’est-ce qu’il y a?

- Les funérailles de Matthew ont lieu ce soir. Je tenais à t’en informer, car tu n’auras pas le choix d’y assister.

- Qu’est-ce que ça peut me faire si on l’enterre? Marmonna-t-il. Je me fous complètement de lui, et de sa famille.

- Tu n’as pas le choix, trancha la directrice et elle fit demi-tour.

Ethan poussa un soupir frustré, mais Maïa eut tôt fait de lui retirer sa frustration en soufflant :

- Tu pourras faire tes preuves, avec elle.

- Sérieusement? S’enquit-il en sentant la joie l’emporter sur sa mauvaise humeur.

- La dernière fois j’ai laissé faire Sarah, car c’était à elle de te montrer le chemin, mais… maintenant je crois que c’est à ton tour de t’amuser.

Un sourire sadique étira les lèvres du garçon et il embrassa sauvagement sa Dame. Celle-ci eut un petit rire satisfait en répondant à son baiser.

Le soir venu, il s’obligea à enfiler le genre d’horrible vêtement que l’on devait porter en circonstance de deuil et etc. Il avait toujours détesté porter ce genre de truc, que ce soit l’ancien ou le nouveau lui. À dire vrai, le nouveau Ethan détestait encore plus.

D’une démarche désinvolte il se dirigea vers le portail d’entrée du pensionnat, un sourire amusé sur les lèvres. Toutes les occasions étaient bonnes pour embêter Maria.

En arrivant il la repéra immédiatement et il dut s’avouer à contrecœur qu’elle avait fière allure dans cette robe noire à fine bretelle. Cela la rendait en quelque sorte plus froide encore. Surtout avec son regard d’acier qui pouvait s’avérer impénétrable par moment. Mais seulement par moment, se dit-il en souriant davantage en la voyant s’approcher avec des yeux plus orangés que gris.

- Que me vaut l’honneur de ta compagnie, douce Marrrrria? Susurra-t-il en roulant bien le r de son prénom.

- Te péter la gueule, gronda-t-elle en français. Tu ne viendras pas!

Il ne vit même pas le coup partir. À vrai dire, il ne ressentit le choc du coup, que lorsque ses dents se refermèrent malgré lui sur sa langue. Le sang perla immédiatement et en passant sa langue douloureuse sur ses lèvres il constata que sa lèvre supérieure était éclatée.

- Allons, Maria. Un peu de retenu, on s’en va aux funérailles de ton père! La railla-t-il. Tu pourrais faire un effort pour supporter mon beau visage! Ajouta-t-il avec un sourire charmeur et ensanglanté.

Pour toute réponse elle cracha à ses pieds et partit rejoindre ses amis en lui tournant le dos. Son sourire s’élargit pour une merveilleuse raison. Juste avant de se retourner il avait surpris les yeux humides de la fille.

Saisissant cette nouvelle avec une joie non-dissimulée il se dirigea vers l’une des voitures noires d’un pas de conquérant. Sans oublier de lancer un clin d’œil à Maria juste avant de rentrer dans la voiture. C’était si jouissif de la malmenée comme ça! Soupira-t-il d’aise mentalement.

Une fois là-bas il ne put s’empêcher de bâiller à six reprises pendant le service. Lorsque Holiday s’approcha de lui pour savoir s’il voulait dire quelques mots il lança :

- C’est bientôt fini?

L’air offusqué de la directrice le fit sourire et il se contenta de dire :

- Et ben, quoi? Il ne servait plus à grand-chose dans son état!

Il entendit le grondement rageur de Maria et celui affirmatif du cousin de cette dernière juste après. Cela ne fit qu’améliorer son humeur.

Tandis que Maria lançait la première pelletée sur la tombe de son père, Ethan entendit au fin fond de son cœur et de sa tête :

- « Maintenant! »

Sachant d’ores et déjà ce que cela signifiait il entama sa métamorphose sans attendre, un sourire malveillant sur les lèvres en constatant tous les regards horrifiés qui se posaient sur lui.

**********************

Un long frisson me parcourut l’échine lorsque je constatai avec horreur qu’Ethan entamait sa métamorphose. Cela n’augurait rien de bon. Mais alors là, pas du tout. Surtout que ça allait beaucoup trop rapidement. En tout cas beaucoup plus que lors de la toute première. Et il était beaucoup trop près de Holiday.

Cette dernière tenta de reculer, mais tout le monde commençait à paniquer et se bousculaient les uns les autres. Je tentai de les repousser pour rejoindre la directrice. Mais je ne fus pas assez rapide. Burnett non plus.

Ethan, ou plutôt le Cerbère ouvrit grand la gueule en un sourire canin et carnassier avant de pousser un hurlement que l’on devait entendre à des centaines de kilomètres à la ronde. Il baissa alors deux de ses têtes en direction de Holiday et son regard devint affamé.

La fée se débattit avec les fuyards, mais pas suffisamment rapidement. Elle se fit happer brusquement par l’une des pattes du Cerbère enjoué, pour ensuite atterrir dans la gueule de la tête de droite. Qui se referma. Les yeux de la directrice devinrent instantanément vitreux et Burnett devint immédiatement très, très en colère.

Moi j’avais le souffle coupé. Je n’arrivais plus à respirer, mais mon corps se bougeait de lui-même et je me surpris à être en train de me métamorphoser. La Chimère apparut soudainement à mes côtés et c’est ensemble que nous chargeâmes notre ennemi. En compagnie de Katryne, Derek, Lucas, Kylie, Miranda, Della, Perry et Jenny. Tous avaient des envies de meurtre dans les yeux.

Ethan rejeta le corps de Holiday plus loin et commença à courir après les autres personnes qui étaient venues assister aux funérailles de mon père. Avant que je ne réussisse à l’atteindre il en avait déjà tué deux.

Je bondis sur son dos sans hésiter. Ou du moins j’essayai. Kelsea réussit son coup et nous nous retrouvâmes les crocs plantés dans la fourrure rêches du cerbère qu’était Ethan. Il tenta de se déprendre de nous, mais voilà que Burnett lui envoya un direct en plein sur le nez de sa tête du milieu. Il poussa un grondement assourdissant avec ses trois gueules et commença à essayer d’attraper mes amis les uns après les autres. Mais c’était hors de question que je le laisse faire. Je me frayai alors un passage à coup de griffe et de crocs sur son dos et montai centimètre par centimètre. La chimère en faisait autant.

Du coin de l’œil j’aperçus Kylie auprès du corps de la directrice avec Miranda. Cette dernière lançait des espèces d’éclairs sur Ethan, mais cela ne changeait pas grand-chose, alors elle abandonna.
Une fois que j’eus atteint la tête du centre et Kelsea celle de droite, je lui dis :

- « Dans trois, deux, un… »

Lorsque je prononçai le un on planta nos crocs profondément dans la tête du cerbère. Ce dernier chancela, mais il lui restait toujours une autre tête. Il tenta de me mordre, mais je réussis à me laisser glisser sur son dos.

Je ne voulais pas avoir la mort de Holiday sur la conscience. Je ne le voulais pas. Pas du tout. Il fallait que Kylie soit en mesure de la ramener parmi nous. Il le fallait.

Soudain, un lion gigantesque apparut et bondit sur le dos d’Ethan à côté de moi. Je manquai ne pas en croire mes yeux lorsque l’animal me dit :

- Je m’occupe de celle de gauche.

Pas un animal. Perry. J’avais oublié qu’il pouvait parler sous ses autres formes. Je me contentai de hocher de la tête dans sa direction. Il comprit le message et nous commençâmes notre ascension. Ou recommença dans mon cas.

Parvenu de nouveau en haut, je m’apprêtais à lancer de nouveau le compte à rebours lorsqu’une voix dans ma tête me déconcentra :

- « Pas assez… Pas assez d’énergie! Non, non, non! Holiday! Debout! Allez, fonctionne! »

Après quelques secondes je finis par reconnaître Kylie. Apparemment sa tentative pour ressusciter Holiday n’allait pas comme prévu. Elle avait besoin d’énergie…

Je ne pris que deux secondes avant de prendre ma décision. Je relâchai ma prise sur Ethan et commençai à suivre les liens de meute jusqu’à atteindre Kylie. Elle n’avait pas assez d’énergie à elle seule, mais je pouvais lui en fournir.

J’ouvris alors les valves qui allaient de ma réserve d’énergie à la sienne et cela ne prit qu’une demi-seconde avant que je tombe sans connaissance. Mes paupières se fermèrent d’elle-même et la dernière chose que j’entendis fut un corps lourd et mou qui tombait à côté du mien….

Lorsque je me réveillai, j’étais tellement ankylosée que j’avais l’impression de m’être fait piétiner par une centaine de Cerbère. J’ouvris une paupière, mais la lumière vive me donna mal à la tête, alors je la refermai immédiatement.

- Doucement, Maria, souffla une voix douce, à côté de moi. Tout va bien maintenant.

Holiday. C’était Holiday. La fée était en vie!

J’ouvris les yeux d’un coup et me redressai à la même vitesse. Sans même prendre en considération les milliers d’étoiles qui dansaient devant mes yeux je pris dans mes bras avec force la personne assise sur le coin de mon lit.

- Tu… tu étais… tu étais morte… soufflai-je épouvantée.

- Calme-toi, Maria. Kylie, Kelsea, Lucas et toi vous m’avez sauvé la vie. Et je vais mieux que jamais, j’ai l’impression d’avoir dormi toute une semaine!

- Comment ça, Kylie, Kelsea, Lucas et moi? Demandai-je en me prenant la tête douloureusement.

- Il semblerait que tu aies permis à Kylie de puiser dans l’énergie des membres de ta meute, si j’ai bien compris les explications de Lucas et de Christine.

- Tu as parlé à Christine?! M’étonnai-je.

La directrice poussa un soupir, mais n’eut pas le temps de répondre que je m’exclamais déjà :

- Où est Ethan? Est-ce que tout…

- Tout le monde va bien, et Ethan a pris la fuite. Mais il est de retour à Shadow Falls.

- Quoi?! Mais pourquoi vous ne les expulsez pas Sarah, Maïa et lui.

- Tu es aussi bien que moi que ce n’est pas aussi simple, me gourmanda-t-elle.

- L’espoir fait vivre, soupirai-je.

Elle m’adressa un sourire et murmura :

- Tu ferais bien de te reposer encore un peu. Lucas et Kelsea sont encore bien assommés.

- Et Kylie? M’enquis-je.

- Elle s’est réveillée il y a une vingtaine de minutes. Mais sous mes ordres elle s’est rendormie.

J’eus un soupir de soulagement et me rallongeai.

- Je suis contente que tu sois de nouveau parmi nous, Holiday, soufflai-je avant de fermer les yeux.

- Moi aussi, avoua-t-elle, émue.

Sur ces dernières paroles je me rendormie avec deux dernières pensées. La première : Combien de temps avais-je dormi? La seconde : Bon sang, que j’allais avoir du retard dans mes cours…

***********************

Della n’en revenait toujours pas. Comment tout pouvait-il se détériorer aussi vite? À peine quelques jours plus tôt tout redevenait plus ou moins stable et voilà qu’un nouvel amoncellement de catastrophe se présentait. En commençant par la mort de Matthew, puis par le changement d’Ethan en Cerbère, après quoi la faiblesse de Maria et pour finir avec la mort de Holiday!

Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que tout se transforme en n’importe quoi? Une chance que Kylie, avec l’aide de Maria, Kelsea et Lucas, avait réussi à ramener la directrice parmi eux, car sinon… La vampire aurait sans doute péter un câble. Et ce n’était rien à côté de Burnett. Il avait fallu qu’elle le retienne avec l’aide de Katryne, Jenny et Perry pour ne pas qu’il s’élance au trousse d’Ethan lorsque ce dernier s’était enfui.

En ce moment Della n’arrêtait pas de faire les cent pas devant la chambre de Maria. Elle détestait quand la louve était vulnérable, car elle s’était habituée à la louve qu’elle avait rencontrée quelques mois plus tôt. Et c’était dur de voir que malgré tout ça on pouvait quand même tomber. Et qu’en fait on tombait même de plus haut…

- Non, mais tu vas arrêter, à la fin? Grommela Miranda, nerveuse. C’est déjà assez dur comme ça, mais te voir marcher comme ça, ça me met encore plus sur les nerfs.

La vamp s’interrompit aussitôt, mais en jetant un regard mauvais à son amie sorcière.

- Viens donc t’asseoir, au lieu d’user le plancher, ajouta sa coloc en pointant une chaise du menton.

Della s’y dirigea lentement, sans conviction. Elle ne tenait pas en place! Alors comment envisager de s’asseoir?

- Il faut trouver une solution.

- Pour? S’enquit la vamp en dévisageant son amie.

- Au sujet d’Ethan et de Maria!

- De quel genre de solution est-ce qu’on parle, là?

- Il faut rompre leur lien, le truc au sujet de leur âme, là… avança la sorcière en posant son menton dans sa main droite.

Della hocha la tête sans dire un mot. Elle était d’accord. Le lien qui les unissait risquait de briser leur coloc louve s’ils ne tentaient rien. Et elle refusait que Maria s’effondre de manière irrévocable. Hors de question, pas après ce qu’elle avait fait pour elle. Après tout, c’était grâce à son amie louve-garou que Della était de nouveau proche de sa sœur. Et pour la vamp, ça valait plus que tout.

Elle se releva et ne manifesta aucune réaction devant le soupir découragé de Miranda. Elle se contenta de lui dire :

- Appelle-moi si jamais elles se réveillent pour de bon, d’accord?

La petite sorcière hocha de la tête avec soulagement et Della sortit à l’extérieur en trombe. Elle n’avait pas envie de traîner là et de risquer de se prendre la tête avec sa coloc. Elle n’était pas d’humeur et de toute manière ce n’était pas le temps de se battre entre eux.

Elle prit soudain conscience que depuis l’arrivée de Maria à Shadow Falls elle s’était beaucoup moins disputée avec sa coloc sorcière. Apparemment la louve avait permis de changer le mal de place et de rééquilibrer les choses dans le bungalow. En effet, maintenant la vamp pouvait se mesurer à quelqu’un qui pouvait encaisser les coups… plus facilement.
Elle se mit à courir sans réfléchir à une destination précise. Elle avait seulement besoin de se défouler et d’oublier ses problèmes un instant. Problèmes qu’elle partageait avec tous les résidents de Shadow Falls, en fait.

Elle commençait tout juste à sentir ses muscles s’échauffer, lorsqu’une voix la fit s’arrêter net, en dérapant.

- Mais qui vois-je? Ce ne serait pas Miss Vampirette en personne?

Ethan.

À ce nom, Della releva sa lèvre supérieure et cracha :

- Qu’est-ce que tu me veux?

- Mais parler, voyons! Dit le loup-garou en souriant. Je croyais qu’on était ami…

Elle n’aurait jamais vraiment abordé leur relation sous cet angle. Certes, elle ne le détestait pas, mais… c’était avant. Avant qu’il ne devienne aussi détestable.

- Jamais de la vie! S’écria-t-elle en affichant une grimace de dégoût.

- Tu m’attristes, Vampirette, vraiment, renifla pitoyablement Ethan, mais elle voyait que trop bien l’amusement dans ses yeux.

- Va donc voir ailleurs si j’y suis! Gronda-t-elle en sentant ses yeux changer de couleur et ses canines s’allonger.

Le loup-garou ne se retint pas et éclata de rire. Toujours en ricanant, il lâcha :

- Mais pourquoi est-ce que j’irais ailleurs alors que je t’ai là juste devant moi!

- Tu n’es pas mon type, rétorqua-t-elle en croisant les bras.

Elle aurait bien eu envie de le plaquer contre un et de lui faire avaler de l’écorce brûlée et encore chaude, mais malheureusement elle craignait la nouvelle force du loup-garou pour s’y risquer. Et de toute manière, elle n’avait pas d’écorce brûlée sous la main. Si tel avait été le cas… peut-être aurait-elle tenté l’expérience tout de même? Après tout, qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas?

- Rassure-toi, toi non plus tu n’es pas du tout le mien. Je ne suis pas intéressée par les feuilles papiers, lança Ethan par la suite en souriant avec condescendance.

Elle rougit sous l’insulte et répliqua :

- C’est vrai tu préfères les garces!

- Tu n’en es pas une? S’étonna-t-il. Eh bien, j’en apprends des bonnes, apparemment. Et tu ne serais pas en train de traiter ta chère amie louve comme étant une garce, par hasard? Ajouta-t-il avec beaucoup de moquerie.

- Absolu… commença-t-elle, mais il la coupa.

- Au fond, tu as raison. Elle en est une! Bon, je dois y aller, Vampirette. On se revoit plus tard.

Alors qu’il était déjà en train de s’en aller, elle rugit :

- Arrête de m’appeler vampirette! La prochaine fois que tu le dis je te donne à bouffer aux tigres d’à côté!

Comme seule réponse ce fut un rire qui lui parvint. Elle grommela quelque chose entre ses dents et commença à faire demi-tour. Elle en avait assez de courir, soudainement. Mais surtout elle ne voulait pas risquer de le recroiser.

Et ce pour deux raisons. La première elle risquait de lui tordre le cou et la seconde… elle ne voulait pas le provoquer plus qu’il le fallait. Elle craignait un peu trop qu’il décide de nouveau de faire un carnage, mais cette fois en plein Shadow Falls. S’occuper toute seule de la scène de crime là-bas n’avait pas été très agréable. Surtout pas avec Burnett sur les bords d’une crise de nerf.

En franchissant la porte du bungalow, Della fut accueillie par une Miranda soulagée :

- Maria est debout. J’allais justement t’appeler.

Les deux faits établis furent prouvé l’un à la suite de l’autre. Pour commencer la porte de la chambre de la louve s’ouvrit sur cette dernière qui semblait ne pas avoir dormi depuis des jours, alors que pourtant elle avait dormi une journée entière. Le deuxième était dans le fait que Miranda tenait son téléphone dans la main.

- Alors, comment va la revenante? S’enquit la vamp en regardant sa coloc loup-garou dans les yeux, malgré qu’elle sache que cela irritait son amie.

*********************

Je retins de justesse un grondement à l’encontre de Della alors qu’elle me défiait du regard. Mais pourtant j’aurais dû y être habituée depuis le temps, elle ne pouvait pas s’en empêcher! Je poussai un soupir découragé et marmonnai :

- Ça peut aller. J’ai dormi combien de temps?

- Une journée, répondit Miranda en regardant ailleurs.

Je titubai légèrement sous l’annonce. J’avais l’impression de n’avoir dormi que deux heures à peine!

- Où sont Katryne et Kelsea?

- Je suis ici, annonça l’intéressée en sortant de la chambre de Kylie.

- Bon, les filles, je crois que je vais vous laisser, annonça Holiday. Katryne, comment va Kylie?

- Elle vient juste de se réveiller, répondit mon ancienne meilleure amie.

La directrice nous salua alors et sortit comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Dans sa position et après ce qui lui était arrivée je ne crois pas que j’aurais été capable de sortir dehors comme ça.

- Elle ne vient pas vraiment de… commençai-je, mais à ce moment j’entendis Burnett chuchoter quelque chose.

- Il la couve comme une vraie mère poule, affirma Della. Elle ne peut aller nulle part sans qu’il soit sur ses basques.

J’eus un hochement de tête compréhensif et je lâchai :

- C’est de ma faute. Tout ça, c’est entièrement de ma faute. Il faut y mettre un terme.

- Je suis d’accord sur le fait qu’il faut y mettre un terme, approuva ma coloc vampire. Mais…

- Ce n’est pas de ta faute, ajouta Katryne. C’est cette garce qui n’est pas capable de supporter d’avoir échoué. À deux reprises.

- Et il y en aura une troisième, j’en suis sûre, poursuivit Miranda et je vis une étincelle déterminée dans son regard.

Je les regardai toutes avec une certaine émotion au fond du cœur. Pourquoi continuait-elle à me suivre alors que la mort les guettait à chaque nouveau pas?

- Ne fais pas cette tête, Maria, lâcha soudain Kylie en apparaissant soudainement à nos côtés. On te l’a déjà dit qu’on était avec toi, enchaina-t-elle. Donc, que faut-il faire pour mettre fin à tout ça?

- S’entraîner. Il faut s’entraîner plus. Ils sont deux Cerbères. Et on a eu de la difficulté à s’occuper d’un seul.

Un sourire éclaira le visage de Della et elle affirma :

- Moi ça me va. Je vais m’arranger pour aller chercher Lucas, Jenny et Derek.

- Je m’occupe de Perry, ajouta Miranda.

- Et je viens avec toi, gronda Kylie.

Les filles s’en allèrent alors suite à mon hochement de tête. Je poussai un soupir et me massai les tempes.

- J’ai hâte que ça s’arrête.

- C’est vrai que tu dois en avoir marre, acquiesça Katryne. Déjà que… tu as eu la chimère juste avant, puis un esprit maléfique…

Je hochai de la tête à nouveau et au moment où je m’apprêtais à sortir mon téléphone vibra. Je regardai qui est-ce qui m’avait écrit et constatai que c’était un numéro que je ne connaissais pas. Je fronçai les sourcils, mais allai tout de même lire le message.

« Il faut qu’on parle. Christine. »

Bien, alors je suppose que c’était maintenant qu’elle voulait parler. Je poussai un nouveau soupir et composai le numéro.

Elle me répondit à la deuxième sonnerie.

- Salut, Maria. Est-ce que tu tiens le coup?

Au moins elle ne faisait pas semblant que ça allait. Ce dont je lui étais très reconnaissante.

- Autant que possible, soupirai-je. Tu voulais me parler?

- Oui, dit-elle et le ton qu’elle prit me fit supposer qu’elle se mordait les lèvres.

- Qu’est-ce qu’il y a?

- Il faut que tu saches pourquoi ton père est mort, Maria.

- Je ne sais pas si j’ai envie de savoir, Christine… marmonnai-je.

J’entendis la sorcière pousser un soupir. Apparemment elle aurait aimé que je garde ce commentaire pour moi.

- Tu te souviens qu’il était atteint d’une maladie dégénérative qui ne touche qu’un loup-garou sur mille, n’est-ce pas? Continua-t-elle néanmoins.

- Plus ou moins… je savais seulement que la maladie qu’il avait avant de mourir et d’être ressuscité par Kelsea le tuerait…

Nouveau soupir de sa part, mais cette fois il semblait plus dû à une grande inspiration de départ. J’avais le très net pressentiment que je n’aimerais pas ce qui allait suivre. Mais alors là, vraiment pas.

- L’action de Kelsea n’a pas soigné sa maladie. Cela a seulement donné un sursis à ton père, Maria. Il le savait très bien et c’est pour ça qu’il a voulu régler tout le côté d’héritage et le testament de tes parents adoptifs le plus tôt possible.

Elle prit une pause et lorsqu’elle reprit sa voix s’était durcie :

- J’ai essayé d’aider ton père. Je lui donné une potion qui permettait de rallonger son espérance de vie et de diminuer la vitesse à laquelle ses pouvoirs se désintégraient. Sauf que ce n’était pas fait pour durer éternellement.

- Est-ce que c’est héréditaire comme maladie? M’enquis-je, inquiète.

- Non, pas en temps normal. Et de toute manière avec ton Héritage, tu es à l’abri de ce genre de chose, répondit-elle d’une voix douce.

Je retins de soupirer de soulagement et continuai :

- Qu’est-ce que ça faisait exactement, comme dommage?

- Ses sens devenaient de moins en moins puissants, aussi faible que ceux des humaines normaux, en fait. Sa force le quittait peu à peu et les métamorphoses en loup devenaient douloureuses.

Ça expliquait plusieurs choses. Comme pourquoi il avait insisté pour que je laisse la porte de ma chambre ouverte lorsque nous avions été à la maison de mes parents adoptifs. À cette pensée mon cœur se serra. J’avais été si méchante

Je retins un sanglot non-désiré et lâchai :

- Il a souffert.

L’absence de réponse immédiate m’informa bien plus que la réponse qu’elle me donna ensuite.

- Oui, soupira-t-elle. Je suis vraiment désolée, Maria. Mais je veux que tu saches que ton père t’aimait beaucoup. Et que malgré qu’il ait commis plusieurs actions stupides il a toujours voulu te protéger.

- Kylie n’aurait pas pu le soigner, n’est-ce pas?

- Non, c’est… Bon, tant pis. Il m’avait fait promettre de ne rien dire et d’inventer un mensonge honteux. Mais tu dois connaître la vérité.

Un petit quelque chose me disait que ça s’annonçait très mal pour moi. Ou du moins, la nouvelle ne serait pas du tout réjouissante. Pourquoi est-ce que je ne recevais que des mauvaises nouvelles, au fait? Une bonne de temps en temps ça ne ferait pas de mal! Pour une fois…

- Sa maladie ne touche que les loups-garous, ça c’est vrai. Mais c’est impossible que ce soit héréditaire, car cette maladie… a une cause magique. Il a été atteint par le sortilège d’un sorcier durant la guerre. Ou plutôt un effet secondaire du sortilège de base. C’est ton plus jeune oncle qui a pris le véritable sortilège et c’est comme ça qu’il est mort. Mais, il y a eu une partie du sort qui a rebondit et a frappé ton père.

- Et pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas que tu me le dises?

- Car le sorcier… Le sorcier s’est juré de retrouver tous les loups-garous plus ou moins proche de la famille Lechasseur. Pour tous les tuer. Il veut tuer tous les membres de ta famille jusqu’aux derniers.

Je restai sous le choc un instant.

- Tu plaisante, pas vrai? Lâchai-je sans pouvoir m’en empêcher.

- J’aimerais, affirma-t-elle.

Pourquoi est-ce que je devais subir les conséquences de ce qu’avaient causé certains de mes ancêtres, hein? C’était injuste! Mais bon, la vie était injuste. Life is unfair. Mon professeur de monde contemporain adorait cette phrase et la disait au moins une fois par cours. Bon sang que cette classe semblait remonter à longtemps!

- Est-ce que ce type sait que j’existe?

- Aucune idée. Mais c’est possible. Alors, fais bien attention…

- Au rythme où vont les choses j’ai de fortes chances d’être déjà morte lorsqu’il va arriver. Entre les Cerbères, la Hère et une Dame aux Glaïeuls qui me veulent la peau… Il risque d’être déçu.

- Ne désespère pas. De toute manière, il ne risque pas d’être capable d’entrer dans Shadow Falls. Pas avec tous les surnaturels qui y sont. Et tu es entourée de tes amis.

Certes, mais pour combien de temps? Qu’est-ce qui m’assurait qu’ils survivraient tous? Rien. Et c’était bien ce qui m’angoissait.

- Christine, je te remercie pour toutes ses informations, mais… Il faut que j’y aille. Je vais m’entraîner avec les autres. Et si j’arrive en retard, Della va me remonter les bretelles, comme on dit.

Christine laissa échapper un petit rire, mais dit :

- Très bien, dans ce cas je te laisse. Mais fais bien attention…

- Promis.

- Dernière chose. Je serai là pour la prochaine visite des parents. Holiday et Burnett sont d’accord. J’irai à l’appartement de ton père à Houston.

- Mais… Comment? M’étonnai-je.

- J’ai les clés.

- Oh…

- Bon, à plus tard, Maria! Me salua-t-elle.

Je la saluai à mon tour et raccrochai. Je repensai alors à la nouvelle menace qui s’ajoutait à celles déjà présentes et je poussai un soupir. Pourquoi tout devait toujours devenir plus compliqué?

- Je suis sûr qu’on va réussir à tout démêler ce sac de nœuds, affirma Katryne avec un sourire.

- J’aimerais avoir ton optimisme.

Elle leva les yeux au ciel et dit :

- Bon, on y va?

Il y avait une étincelle déterminée dans son regard qui me surprit. Jusqu’ici elle avait toujours été… Comment dire? Soumise aux évènements.

- Oui, répondis-je et nous sortîmes à l’extérieur, Kelsea sur les talons.

*****************

Perry était assis tranquillement sur le perron de son bungalow lorsque Miranda et Kylie apparurent dans son champ de vision. Un sourire éclaira son visage et il descendit pour accueillir sa petite sorcière préférée comme il le fallait.

- Tu faisais quoi, assis là? s’enquit-elle, curieuse.

- Je réfléchissais, dit-il avec un air mystérieux.

- À quoi?

- À toi, ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil.

La sorcière leva les yeux au ciel et le sourire du métamorphe s’élargit. Il jeta un coup d’œil vers Kylie et demanda :

- Vous êtes venu ici pour quoi?

- Maria prépare un nouveau tu-sais-quoi, répondit la caméléon.

- Très bien, alors je vais pouvoir essayer le truc auquel je pensais lorsque vous m’avez interrompu dans mes pensées.

- Alors tu ne pensais pas à moi? L’agaça Miranda.

- Eh non, pas cette fois! Affirma-t-il en lui volant un baiser rapide sur le bout des lèvres.

Depuis le soir des funérailles de Matthew, Perry n’avait pas arrêté de se remémorer tout ce qui s’était produit devant ses yeux. La violence de l’attaque du Cerbère qu’était Ethan et aussi à quel point c’était une créature gigantesque et… dangereuse. Très dangereuse. Il ignorait s’il serait capable de se transformer en quelque chose d’aussi gros. Il se savait puissant. Très puissant, même, mais c’était là un tout autre niveau de métamorphose.

- Tu réfléchissais à propos de quoi? le questionna Kylie.

- Au Cerbère. Je me demandais si je serais capable de me transformer en quelque chose du genre.

La caméléon fronça les sourcils et il se demanda pourquoi.

- Parler de ça me rappelle de mauvais souvenir, lâcha Miranda en frissonnant.

À lui aussi, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il serra alors sa petite sorcière entre ses bras et changea de sujet :

- Et si on rejoignait Maria?

Les deux filles hochèrent de la tête et ils se mirent en chemin vers leur terrain d’entraînement. Du moins celui auquel ils étaient rendus, car il changeait de manière plus ou moins aléatoire.

Tout en marchant pour aller là-bas, il essaya de se remémorer tous les détails du Cerbère. Il ne fallait pas qu’il en rate un seul, sinon la métamorphose risquait d’être ratée.

En arrivant enfin au terrain, il fut surpris de constater que Maria n’était toujours pas arrivée. Par contre, ce devait être bel et bien là, car Della, Lucas, Derek et Jenny s’y trouvait.

- Maria n’est pas encore là? s’étonna Kylie.

- Non, répondit Lucas. Surement un contretemps.

- J’espère qu’elle n’est pas en… commençait Miranda, mais celle qu’ils attendaient tous la coupa.

- Je suis là!

Ils se retournèrent tous vers elle et Perry lâcha avec amusement :

- On arrive en retard, Maria? Ce n’est pas dans tes habitudes.

La louve le gratifia d’une grimace et il sourit davantage. Il adorait l’asticoter. En fait, il aimait bien asticoter tout le monde aux alentours.

- Tu as des plans pour aujourd’hui? demanda Derek.

Maria hocha la tête et dit :

- Mais avant il faut que je vous fasse part de quelque chose…

Cela annonçait rien de bon, songea le métamorphe en croisant les bras.

La louve leur annonça alors qu’un espèce de sorcier s’était lancé au trousse de sa famille et leurs amis dans le but de les tuer. Décidément Maria n’avait aucune chance, pensa-t-il avec amertume. C’était même pire que pour lui…

- S’il se pointe ici, je le transforme illico! Déclara Miranda avec détermination.

- Et après je l’écrase, compléta Della avec un sourire mauvais.

Il eut un sourire en voyant l’air passablement soulagée et énervée de Maria. Celle-ci semblait choquée que son annonce ne les décourage pas de lui venir en aide.

Le métamorphe ignorait comment c’était arrivé exactement, mais il la considérait comme une amie. Cela c’était renforcé lorsqu’ils avaient combattu l’un contre l’autre et ensemble lors de la journée intensive d’entraînement de Matthew. Enfin… de George.

- Vous ne comprenez pas que vous risquez tous d’être pris entre deux feux?

- Tout comme toi, fit-il remarquer.

Elle poussa un soupir énervé, mais ne tenta pas d’aller plus loin. Apparemment elle avait compris qu’essayer de les dissuader ne faisait que renforcer leur position. Il eut un sourire et demanda :

- Donc, on fait quoi?

Maria se tourna vers lui et il comprit simplement par ce regard qu’elle avait la même idée en tête que lui.

- C’est à toi de jouer Perry, lui dit-elle. Est-ce que tu crois que tu serais en mesure de te transformer en… en Cerbère?

- Je ne sais pas, avoua-t-il. Mais je vais essayer.

Il ferma alors les yeux pour obtenir une meilleure concentration et sentit les autres autour de lui s’éloigner de quelques mètres pour lui laisser de l’espace.

Il visualisa mentalement avec tous les détails le seul Cerbère qu’il avait vu et lorsqu’il se sentit prêt, il entama la métamorphose. Il sentit comme à l’habitude les scintillements lui picoter la peau et son corps commença à augmenter en taille.

Sauf qu’alors qu’il croyait y être parvenu il sentit que quelque chose ne tournait pas rond. Il était incapable de bouger d’un iota. Il ouvrit les yeux brusquement et la vision d’horreur qui s’offrit à lui le pétrifia un peu plus encore.

- Ouah, mais quelle horreur! S’exclama Della avec une grimace de dégoût.

Et il était bien d’accord. Techniquement parlant il avait bien toutes les caractéristiques d’un Cerbère, mais… elles n’étaient pas aux bons endroits. Il avait une tête difforme à la place de sa patte avant droite, une autre se trouvait dans le milieu de son dos et se trouvait être encore plus difforme que la première. La troisième se trouvait au bon endroit, mais ses yeux étaient aveugles. L’une des pattes arrière était tordue bizarrement, tandis que sa patte avant gauche était reliée par une étrange membrane à son autre patte arrière.

En un mot c’était horrible. Il se dépêcha de revenir à sa forme humaine et marmonna :

- On dirait que ça ne fonctionne pas.

Maria pinça les lèvres et fronça les sourcils, comme si elle était déçue et qu’elle réfléchissait intensivement. Elle finit par dire :

- Peut-être que tu devrais essayer de modifier un peu son allure générale. Tu as déjà réussis à te transformer en licorne sans jamais en avoir vu… Alors, tu devrais être capable… de faire ça, non?

Ce n’était pas bête. Mais que devrait-il changer exactement?

- Changer quoi? s’enquit-il.

- La couleur de la fourrure pour commencer et peut-être qu’au lieu de prendre un loup pour animal de base tu pourrais prendre… Je ne sais pas un lion?

Il y réfléchit un instant. Ça pourrait marcher. Et en plus, ce serait pas mal comme métamorphose. Il hocha alors de la tête et se mit à imaginer la créature. Il espérait simplement que le fait que cette créature n’existait pas vraiment ne poserait pas de problème.

Lorsqu’il entama de nouveau sa métamorphose, il sut immédiatement que cela avait fonctionné. Et cela le réjouit au plus haut point.

*****************

J’étais complètement émerveillée. Ça avait fonctionné! Devant moi se trouvait une magnifique créature semblable aux Cerbères, mais possédant trois têtes de lion majestueux à la place. Perry avança d’un pas et s’étira de tout son long avant de tourner sa tête du milieu vers moi, celle de gauche vers Miranda et celle de droite légèrement vers l’arrière pour surveiller.

La tête qui me regardait ouvrit alors la bouche pour dire :

- Eh bien, ça fonctionne! Et j’ai presque une vision à trois-cent-soixante degrés!

Cette partie semblait beaucoup l’amuser et il commença à bouger ses têtes en différentes directions. Je levai les yeux au ciel et je dis :

- En tout cas, c’est… fantastique!

Je devais l’admettre, j’étais un peu jalouse. Il fallait être fort, j’en étais convaincue, pour parvenir à se métamorphoser en ça. J’eus un sourire et j’ajoutai :

- Et si on s’entraînait?

Je n’eus pas à le répéter que déjà Della fondait sur Perry.

Je m’élançais à mon tour lorsque j’entendis un bruit de course dans notre direction. Oh, merde! C’était encore Ethan. Un grondement emplit ma gorge et je lâchai avec un peu de panique :

- On arrête tout!

Perry sembla comprendre instantanément, car il reprit immédiatement sa forme humaine. Juste à temps, car le loup-garou que je détestais autant que j’aimais déboulait dans notre petite clairière.

- Alors comme ça on s’amuse sans moi, Maria? Dit-il en me toisant du regard. Ce n’est pas bon de me mettre en colère, ma douce.

Au même moment je sentis un torrent de rage se déverser en moi et je lâchai un gémissement douloureux en m’écrasant par terre.


Alors, comment avez-vous trouvé le chapitre? :D Désolée si le début semblait un peu... décousue. J'ai eu quelques difficultés à revenir dans l'histoire. :oops: Mais bon, je me suis reprise par la suite! :D Et est-ce que vous préférez cette manière si de présenter les chapitres. Je parle entre autre des espaces entre chaque paragraphe... Ou l'ancienne méthode? Dans les deux cas, ça ne me dérange pas :D Bref, à la prochaine!

Un devoir
Nouveau départ
Eloise18

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Eloise18 »

ca y est j'ai fini le neuvieme chapitre et je l'ai trouvé super somme les autres !
Par contre au niveau du chapitre de Della, il y a un passage (avec Ethan) où j'ai l'imporession qu'il manque un mot ou bien alors ce n'est pas très clair, c'est le passage qui parle de l'écorce qu'elle voulait lui faire avaler ou quelque chose qui y ressemble.
Enfin bref, j'au trouvé ce chapitre tout de même relativement calme malgrès les scènes avec Ethan et j'ai eu un peu de mal à m'y mettre dedans. C'est peut être en rapport avec le fait que je n'ai pas lu ta fanfic depuis longtemps.
Dans tous les cas continue, ce que tu fais est génial ! :D ;) :lol: 8-)
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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut, c'est génial !!!
Bon j'ai pas grand chose à dire, j'adore Della et je plains Maria qui est un aimant à problème
Voila, bonne continuation et publie vite la suite !
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Eloise18 a écrit :ca y est j'ai fini le neuvieme chapitre et je l'ai trouvé super somme les autres !
Par contre au niveau du chapitre de Della, il y a un passage (avec Ethan) où j'ai l'imporession qu'il manque un mot ou bien alors ce n'est pas très clair, c'est le passage qui parle de l'écorce qu'elle voulait lui faire avaler ou quelque chose qui y ressemble.
Enfin bref, j'au trouvé ce chapitre tout de même relativement calme malgrès les scènes avec Ethan et j'ai eu un peu de mal à m'y mettre dedans. C'est peut être en rapport avec le fait que je n'ai pas lu ta fanfic depuis longtemps.
Dans tous les cas continue, ce que tu fais est génial ! :D ;) :lol: 8-)
C'est possible que le chapitre semble un peu plus lent... J'ai vraiment eu de la difficulté à le commencer, en fait... :oops: Quant au truc avec l'écorce, je ne m'en souviens pas, mais c'est fort possible que j'aie oublié un mot. Je suis présentement en relecture de ce tome-ci, alors je vais surement le voir. Et si c'est le cas, je changerai ça.
Merci beaucoup pour ton commentaire et ta petite remarque! :D


Morgane-Feroldi a écrit :Salut, c'est génial !!!
Bon j'ai pas grand chose à dire, j'adore Della et je plains Maria qui est un aimant à problème
Voila, bonne continuation et publie vite la suite !
En effet, Maria est un vrai aimant à problème et ça ne risque pas de s'arranger en vieillissant! :lol: Et tant mieux si tu aimes Della, mais je n'ai presque aucun mérite dans son cas ;) Et je vais faire de mon mieux pour publier la suite rapidement... Mais j'ai une certaine baisse d'énergie et je n'ai pas envie de rendre un chapitre bâclé... :oops:
Mais je vais faire de mon mieux! Merci de ton commentaire! :D
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Message important!


C'est simplement pour vous annoncer que je vais mettre en pause la fanfic pour deux semaines et demies environ. :oops: Je suis en plein dans ma fin de session et je veux me concentrer un peu plus sur mes cours (et ce n'était pas vraiment le cas dernièrement, alors...) :? Donc voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire. J'arrête mes deux fanfics en cours pour cette période de temps. :oops: Mais au moins par la suite je vais pouvoir écrire plus vite et je vais pouvoir écrire quand et aussi longtemps que j'en ai envie. :D Alors, ça, c'est le point positif de la chose. Donc... à la prochaine! :D

P.S: Ça devrait être aux alentours du 16 mai normalement. Que je recommence à écrire. ;)
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Hey! C'est moi! Enfin, je suis de retour! Je suis terriblement désolée d'avoir mis autant de temps avant de revenir... :oops: Mais pour me faire pardonner, j'ai ici un chapitre plus long que tous les précédents, je crois ;) J'espère que vous l'apprécierez :? Enfin, bref, c'est tout. Je m'excuse encore pour les fautes qu'il y aura surement. Bonne lecture! :D


Image



Chapitre 10



La rage qu’il me transmettait était si forte que je sentis ma métamorphose s’enclencher sans que je ne la demande. Je tentai en vain de la dominer, mais je ne contrôlais plus rien. La panique me serra le cœur et je rugis en direction de mes amis avec une voix gutturale qui ne m’appartenait pas :

- Allez-vous en! Allez, partez!

- Vous feriez mieux de l’écouter, elle est dans une mauvaise passe… renchérit Ethan en ne leur jetant aucun regard et en étirant ses lèvres en un sourire de salopard.

Kylie et les autres commencèrent à reculer lentement, mais soudain Della s’élança en direction d’Ethan, suivit rapidement de Katryne.

- Frrrruyeez! Grondai-je alors que je n’arrivais presque plus à prononcer un mot.

Le côté de protectrice de Kylie s’anima alors et elle saisit les deux vampires par les bras en les entraînant ensuite avec elle. Ils disparaissaient à peine à mes yeux que je me retrouvai sur quatre pattes, avec une envie de meurtre et de sang au cœur.

Ethan s’approcha alors et posa sa main sur ma tête.

- Tout est si facile… Tu es une bien piètre descendante de ta famille, Maria.

Il n’en fallut pas plus pour me faire sortir de mes gonds totalement. Je me retournai derechef vers lui et sans même réfléchir je lui plantai mes crocs dans le bras. À peine son sang s’écoulait-il dans ma gueule que je compris l’horreur de la situation.

Je reculai d’un bond, mais il était déjà trop tard. Ethan me jeta un regard victorieux et un sourire encore plus mauvais que plus tôt. Il lâcha ensuite :

- Voyez-vous ça! Pour une fois tu me donnes exactement ce que je veux!

Il se pencha alors à mes côtés et reposa doucement sa main sur ma tête. L’air qu’il me renvoyait était celui d’un pur et dur salopard. Malgré tout, je n’arrivais pas à bouger. Tout ce que je réussis à faire fut de pousser un grondement.

- Allons, allons, calme-toi, ma douce Marrriaaa. Tu n’as rien à craindre de moi… Mais de tes amis, peut-être, me souffla-t-il à l’oreille. Chasses-les, m’ordonna-t-il ensuite.

Lorsque deux loups-garous étaient connectés, ils étaient très dangereux de boire le sang de l’autre. Car le risque principal était de finir par être assujetti à l’autre. Bon sang de bon sang, dans quel pétrin est-ce que je m’étais encore mise?

Si j’en avais eu la possibilité j’aurais secoué la tête de découragement. Mais il était déjà trop tard. J’étais partie en courant dans la direction que mes amis avaient pris, le nez au vent pour repérer leur odeur. Le pire dans tout ça, c’était que je sentais la soif de sang monter en moi. Je désirais déchirer, mordre et déchiqueter tout ce qui me tomberait sous les dents. Que ce soit ou non des amis ne changeraient rien.

Mais je ne pouvais pas faire ça! Je ne pouvais pas… Je tentai vainement de m’arrêter, mais son pouvoir était trop grand. La douleur qui me traversa de part en part me foudroya surplace et je m’affalai par terre avec un gémissement.

- Non, non, non, Maria… Tu vas faire ce que je te dis de faire. Tout. De. Suite, me gronda Ethan avec une voix amusée.

Un grognement sortit de ma gorge lorsque je m’élançai à nouveau. Et à chaque mètre parcouru je sentais mes valeurs, mes principes et tout ce qui faisait mon identité partir en fumée, remplacée par celles de Maïa et du nouveau Ethan. L’écume qui débordait de ma gueule en était d’ailleurs une preuve incontestable.

Malgré moi mes pattes accélérèrent. Et soudain tout bascula.

Soif. Sang. Proies. Devant moi. Je courrais à en perdre haleine pour rejoindre mes proies. Proies dont je savourerais le sang avec une délectation incroyable. Proies que je me ferais un plaisir de déchiqueter en morceaux. À cette simple idée tout mon corps se couvrit de frisson de plaisir. Je poussai alors un hurlement sauvage et empreint de défi. Ils n’avaient qu’à bien se tenir, car j’arrivais. Et je ne ferais pas de quartier.

Derrière moi j’entendis l’éclat de rire de mon compagnon et cela me força à accélérer. Il ne faudrait pas que je le déçoive… Mes pattes foulaient le sol à une vitesse incroyable et exaltante. Je n’avais plus aucun contrôle sur elles. Je claquai des mâchoires avec une joie malsaine. Mon ventre et mon cœur se réchauffaient déjà à la simple idée de mon prochain festin. Du moment où je verrais la peur dans leurs yeux. Un vrai régal. Je laissai ma langue pendre suite à mon léger léchage de babines.

Et soudain j’entendis leurs voix. À ce que je pouvais en déduire ils s’étaient arrêtés. Car leurs voix me parvenaient de plus en plus forts. Je poussai un nouveau hurlement, mais cette fois de triomphe. J’accélérai une dernière fois et des grognements bas sortirent de ma gueule. J’avais soif. J’avais soif de sang. La brûlure au fond de ma gorge me le prouvait.

- C’est Maria! S’exclama Kylie avec soulagement. Elle va bien… souffla-t-elle ensuite avec la même intonation.

Mais toi, tu n’iras bientôt plus très bien, crois-moi, me dis-je intérieurement alors que je ralentissais pour bien les visualiser avant l’attaque.

- Non, ce n’est plus elle, gronda Lucas d’une voix sourde. Courrez, hurla-t-il au moment même où je déboulais dans la clairière.

Je rugis de frustration et me lançai à leur poursuite une nouvelle fois. Malheureusement pour eux, ils ne faisaient pas le poids face à moi. Je repérai rapidement une proie facile. Et vulnérable. Miranda…

Je bondis dans sa direction et j’aurais sans doute refermer mes crocs méchamment sur son bras, si une vamp ne s’était pas interposée avant.

- N’y compte pas! Rugit Perry en fondant du ciel pour attraper la petite sorcière.

Cette dernière me jeta un regard épouvanté. Bah quoi? Elle croyait que je l’épargnerais? Je grondai à l’intention de Della et bondis sur elle. Elle m’esquiva sans effort. Du moins mon premier mouvement, car elle rata le second et mes crocs se refermèrent comme un étau sur sa jambe. Elle tomba à la renverse et je serrai la gueule plus fortement. Je l’entendis grincer des dents et au moment où elle vint pour m’empoigner par la tête, je secouai cette dernière de gauche à droite violemment et rapidement, ce qui fit en sorte de la faire ballotter d’un côté, puis de l’autre.

- Della! Hurla Kylie et elle se retourna vers nous d’un bond prodigieux.

- Kylie, non! S’exclama son petit-ami en tentant de la retenir, mais avec une seconde de retard.

Je relâchai immédiatement ma proie actuelle pour me concentrer sur la caméléon. Le sang de vampire dans ma gueule m’inonda d’extase et j’eus un grondement enjoué en bondissant sur Kylie. Sans doute que je l’aurais eu à la gorge si ce n’avait été que quelqu’un venait de m’attraper par les pattes arrières et me projeta durement sur le sol.

Je me retournai brusquement et grognai férocement à l’intention de l’autre caméléon. Della n’avait pas bougé et tenait sa jambe en sang. Je commençai alors à m’avancer en direction de Jenny et en me pourléchant les babines. J’avais soif. J’avais faim. N’importe lequel d’entre eux ferait l’affaire.

- Qu’est-ce que tu attends pour les achever, Maria? S’écria Ethan, du haut d’un arbre.

Il se laissa tomber élégamment par terre et offrit un regard moqueur à notre assistance. Je profitai de leur moment d’inattention pour fondre sur Jenny. Malheureusement l’un d’eux me surveillait toujours, car je ressentis une décharge d’émotions brutes dans tout mon corps. Derek. Malheureusement pour lui, je résistais beaucoup mieux à ses attaques qu’à notre toute première tentative. Je me retournai alors aussi vite que l’éclair et son bras fut coincé entre mes crocs. Je mordis jusqu’au sang et devant son regard époustouflé, je le secouai avant de le relâcher. Il alla tout droit foncé dans un arbre et si je me fiais à son corps ramolli qui retombait par terre, il était assommé. Ou mort. Dans les deux cas… ça en faisait un de moins!

Je regardai alors les autres, mais tandis que je réfléchissais au moyen le plus simple et pratique de tous les tuer rapidement, voilà que l’on me fonçait de plein fouet dans le poitrail. J’eus le souffle coupé instantanément sous la force de l’impact et ce fut le cas une deuxième fois lorsque le corps de mon attaquant me retomba dessus. Odeur de vampire et de… Katryne. Je grondai et tentai de me débattre. Je n’en eu malheureusement pas la possibilité, car d’un coup je sentis des chatouillements étranges dans tout mon corps. Que diable se passait-il encore?

- Tu me déçois beaucoup, Maria… Vraiment, marmonna Ethan et je le vis s’éloigner alors que mon corps prenait une forme qui était loin de m’être familière.

Lorsque la sensation disparut Katryne me relâcha et je tentai de me relever d’un bond. Malheureusement je m’enfargeai dans mes propres pattes arrière beaucoup trop longues et encombrantes. Attendez, une seconde… Comment ça beaucoup trop longues?

Je n’eus guère le loisir d’y réfléchir plus ardemment. Car j’entendis Kylie demander :

- Vous croyez… Vous croyez qu’elle redevenu elle-même?

- Non, grommela Lucas. Si c’était le cas, elle ne serait pas en train de se débattre pour se relever. Et elle ne nous jetterait pas ce regard sanguinaire et assoiffée.

- Comment elle réussit à avoir cet air-là en étant un kangourou? S’étonna Perry et je sentais clairement son amusement.

Je poussai un rugissement qui sortit très mal à cause de ma gorge qui n’était pas faite pour ça. Cette fois le métamorphe éclata de rire et il dit :

- Une chose est sûre, je ne lui ferai pas oublier cet instant. Maria le Kangarou grogneur!

Tous les autres pouffèrent à leur tour, tous sauf Della. Et Katryne, évidemment. Je grognai à nouveau et essayai de nouveau de me relever. Comme je ne réussissais toujours pas, je tentai de ramper dans leur direction. Mon cœur était serré à l’idée de ne pas réussir et la douleur qui commençait à compresser tous mes membres me rappelaient ce qui risquait d’arriver si je ne réussissais pas. Tout en avançant encore et toujours vers eux, je ne pouvais m’empêcher de grogner férocement. Ou du moins autant que je le pouvais.

- Qu’est-ce que je disais, hein? S’esclaffa Perry. Un vrai kangarou grogneur. Tu es d’une sale humeur, pas vrai, Maria?

Ce fut les paroles de trop et dans un mouvement incroyable je bondis sur mes deux pieds. Je montrai les dents à la manière des loups et me ruai sur eux. Bien entendu, comme je ne maîtrisais pas cette nouvelle forme je me retrouvai de nouveau au sol.

- Perry! Ne la provoque pas! Elle pourrait toujours nous tuer sous cette forme, surtout si on lui laisse le temps de comprendre comment son nouveau corps fonctionne… gronda Lucas en foudroyant le métamorphe du regard.

- Allons, Lucas, tu vois bien qu’elle ne peut pas faire grand mal! Protesta Miranda!

- Peut-être, mais si elle ne fait rien, elle va mourir, grommela-t-il.

- Attends… Quoi?! S’exclama Kylie d’une voix blanche.

Mon cousin lui expliqua alors dans quelle situation je me trouvais. Au fur et à mesure qu’il leur expliquait, je me souvenais de quelques brides de ma personnalité passée. Mais heureusement ce n’était pas suffisant pour me faire oublier mon but et surtout, qui j’étais maintenant!

Cette fois je réussis à me relever du premier coup et je bondis de manière littérale sur Lucas. Il n’eut pas le temps de réagir que déjà j’utilisais la méthode de boxe des kangourous. Il fut projeté contre un arbre, mais au contraire de Derek il se releva immédiatement, quoiqu’avec une certaine raideur.

- « Tues-les, Maria. C’est un ordre. Pas de quartier… » me dicta une voix dans ma tête.

Une voix que je reconnaîtrais entre mille. Je bondis alors à nouveau, mais pour la deuxième fois on me percuta de plein fouet. Par contre, cette fois-ci, ce n’était pas l’une de mes proies. Non, c’était un autre prédateur.

Je m’apprêtais à retourner à mes activités sans y prêter attention, sauf que je reconnus la Hère. Un grondement bas sortit de ma gorge de kangourou. Intérieurement je sentais que l’on m’enjoignait à oublier la présence de cette créature détestée, mais j’avais d’autres plans.

Mais je ferais mon règlement de compte plus tard. Pour le moment… la soif de sang d’abord. Je bondissais déjà en direction de Della lorsque je perçus du coin de l’œil la Hère foncé sur Kylie, cette dernière me fonçant dessus. D’un seul coup, alors que j’évitais une caméléon boulet de canon, je me souvins de qui j’étais.


Juste à temps pour m’appuyer sur ma queue de kangourou et projeter mes pattes arrières dans le poitrail de la Hère et ainsi la projeter une quinzaine de mètres plus loin. Alors de quelques petits bonds je rejoins la Hère, mais malheureusement elle s’était déjà relevée. Et fonçait de nouveaux sur Kylie.

Lucas tenta de s’interposer, mais la Hère le griffa au torse avec LA griffe. Mon cousin s’écroula immédiatement au sol, complètement paralysé. Miranda lança alors quelques sorts, mais la créature les évita tous tout en continuant sa course vers Kylie. J’avançais le plus rapidement possible, mais ce corps qui m’était étranger ne m’aidait pas vraiment.

Mes autres amis tentèrent de s’interposer à leur tour, mais ils finirent tous dans le même état que Lucas, quoiqu’un peu moins pire, car la réserve de poison de la Hère n’était pas infaillible. Bien entendu, c’est dans ce genre de situation que la Chimère décide d’être absente. Tellement pratique!

Je vins pour attaquer la Hère à nouveau, lorsqu’un tiraillement désagréable à ma tête me déconcentra. Je tentai de chasser la sensation, mais rien n’y fit. Je secouai la tête dans tous les sens, mais toujours rien. De rancœur, je poussai un nouveau grondement. Alors que la créature se tenait juste au-dessus de Kylie, je me postai derrière elle et cette fois je projetai mes pattes postérieures sur son arrière-train, mais en même temps, d’une manière complètement saugrenue je lui attrapai sa longue queue touffue, et duveteuse étrangement.

Un cri aigu s’échappa de la gueule de la Hère et si je n’avais pas été aussi en colère qu’elle retente de tuer l’un de ceux qui faisait partie de mon groupe, j’aurais peut-être eu pitié. Mais là, j’étais dans une colère noire et pas seulement pour ça. Je tirai alors encore un peu plus fort sur sa queue pour ramener la créature vers moi et reculai pour m’éloigner de Kylie. Lorsque je fus dans le bon angle je me reposai à nouveau sur ma queue et frappai une nouvelle fois la créature sur le postérieur, mais cette fois en y mettant toute la force que je pouvais.

Elle couina et s’enfuit en courant. Comme je n’étais pas suffisamment certaine que ce soit réellement son intention de s’enfuir, je m’élançai à sa suite. Je n’avais pas vraiment envie qu’elle revienne par ici et s’attaque de nouveau à mes amis. Malheureusement, alors même que je commençais à la rejoindre le tiraillement que je ressentais à ma tête me foudroya surplace en augmentant de douleur. Je m’effondrai par terre et perdis immédiatement connaissance.

********************

Ethan tentait tant bien que mal de ravaler sa colère. Autant qu’il avait été fier de lui et complètement amusé par la situation dans laquelle il avait mis Maria, autant que maintenant il en était frustré. Elle était plus forte qu’il ne l’avait escompté. Elle avait réussi à redevenir elle-même en moins d’une heure. Apparemment il lui restait encore du travail avant de pouvoir l’assujettir pour de bon.

Il poussa un soupir et se passa une main rageuse dans les cheveux. Maria ne perdait rien pour attendre en tout cas. Soudain un grondement lugubre s’éleva au loin.

Il releva brusquement la tête, mais avant même d’avoir pu réussir à identifier la provenance et son origine, une douleur familière traversa son corps en un éclair. La transformation. Il sentit tous ses os se briser et s’allonger, sa peau s’étira et se fut comme si des épines la traversaient lorsque sa fourrure poussa.

À la fin de sa métamorphose, comme presque chaque fois, il poussa un terrible hurlement. D’un coup il saisit de qui provenait le précédent hurlement. Sarah. Il s’élança alors en direction du bruit tandis qu’il résonnait à nouveau. Apparemment Maïa venait d’avoir une nouvelle idée. Il en salivait déjà d’avance, ce qui laissa à une distance régulière des flaques de baves nauséabondes.

Il courrait à en perdre haleine dans la direction du bruit, mais il ignorait exactement où il devait se rendre. Il se guidait donc plus par ses oreilles que par ses yeux. Ce qui entraina un accident. Il avait atteint sa vitesse maximale lorsqu’il entra en collision avec une autre masse aussi imposante que la sienne.

Il gronda d’un air rageur alors que Sarah et lui se retrouvait à rouler par terre à toute vitesse puis à foncer dans un arbre. Ou plutôt… à en écraser un. Il se releva rapidement et se jeta sur l’autre cerbère, car c’était elle qui s’était mise sur son chemin. Cette dernière ne fut guère réceptive à admettre sa faute, car elle répondit à son attaque par une autre.

- Ça suffit, oui! Gronda alors sa Dame avec une intonation rageuse. Vous avez une proie plus intéressante à vous mettre sous la dent que de vous battre l’un contre l’autre, ajouta-t-elle d’un ton sec.

Ethan baissa la tête, honteux. Il détestait décevoir sa dame. Ou du moins la plus grande partie de son être détestait cela. L’autre, la minorité, se battait bec et ongle pour reprendre les hostilités avec Sarah et donc contrarié Maïa. Il réussit toutefois à la faire taire et put ainsi écouter attentivement les instructions de sa maîtresse.

Apparemment cette dernière désirait mettre en charpie la Chimère et ainsi porter un dur coup à Maria. Maria qui était en ce moment même aux prises avec quelques problèmes. La Hère, en fait. L’idée de combattre Kelsea enthousiasmait beaucoup Ethan. Il en trépignait d’impatience.

Lorsque Maïa donna le signal, les deux cerbères se lancèrent à la poursuite de la chimère. Cette dernière ne pouvant pas disparaître dans le monde invisible, car ils la percevraient tout de même, ainsi était fait les cerbères.

Ils ne tardèrent pas à la coincer et là le combat débuta. Ethan se rua sur Kelsea, tous crocs dehors. Son adversaire au lieu de foncer sur lui comme il s’y attendait fonça en direction de Sarah. Il changea sa trajectoire comme il put, mais voilà que la chimère changeait de nouveau de direction… à la dernière minute. Il n’eut ni le temps de ralentir ni de changer de trajectoire. Il fonça alors de plein fouet dans Sarah pour la deuxième fois en très peu de temps. Une voix cassante empli alors ses oreilles :

- « Alors, on a des difficultés à se mouvoir, maintenant, Ethan? »

Il y avait tellement de railleries dans la voix de Kelsea qu’Ethan ne prit pas le temps de réfléchir au comment elle avait pu pénétrer son esprit et fonça de nouveau en direction de son ennemi. Elle réussit à nouveau à l’éviter, mais comme elle était autant préoccupée par lui, Sarah en profita pour la frapper de sa patte avant.

Le hurlement de douleur qu’elle poussa alors lui fit parcourir un frisson de plaisir. Il rejoint alors sa congénère et réussit à enfoncer l’une de ses gueules dans la patte arrière de Kelsea. Celle-ci couina de douleur, cette fois. Pourtant, alors qu’ils allaient la frapper à nouveau, elle réussit à les éviter et s’enfuit à toute vitesse. Elle était plus rapide qu’eux. Mais ils étaient deux.

Ils ne tardèrent pas à la coincer à nouveau et cette fois ils se jetèrent les deux sur elle. Ils avaient besoin de sang. Ils voulaient le sentir s’écouler dans leurs gueules. Ils voulaient s’enivrer de son sang. Alors qu’ils s’apprêtaient à lui donner le coup fatal qui la tuerait et la ramènerait dans sa stupide petite pierre, voilà qu’elle se relevait.

- « Je n’ai jamais rien vu des dégénérés comme vous, vous faites hontes à votre espèce en vous soumettant à une créature aussi perfide qu’hideuse! Sans oublier le côté de stupidité, bien sûr! » lui dit la voix de la Chimère dans sa tête.

Comment osait-elle! rugit-il intérieurement. Il poussa un grondement aussi menaçant qu’assourdissant et au moment où il venait pour frapper à nouveau… elle avait disparu! Il tourna en rond en grognant, cherchant où elle pouvait bien être.
Alors qu’il allait s’élancer dans les bois, la voix de celle qu’il voulait lacérer de part en part pénétra à nouveau son esprit avec la force brute et glaciale qui lui avait un jour été propre :

- « Couché, Ethan! Fais donc ton bon toutou pelucheux! »

Sans même qu’il ne le veuille, il se retrouva à s’écraser par terre. Il voulut lutter, mais il en fut incapable. Car non seulement la Chimère luttait-elle pour le contraindre à rester par terre, mais une partie de lui-même aussi l’empêchait de se relever. Il comprit alors quelque chose. Une terrible chose.

Kelsea était plus forte que lui. Kelsea s’immiscer dans le lien qu’il partageait avec Maria. La dernière chose qu’il entendit fut la voix de la Chimère qui le contraignait à s’endormir. Et en fond sonore, les cris de colère de Maïa qui n’arrivait pas à détruire le contrôle qu’exerçait Kelsea sur son être.

********************

Lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, je me trouvais dans ma chambre. Et j’étais installée de manière plutôt étrange. Je regardai alors autour de moi et remarquai avec consternation que j’étais encore en kangourou. Et que mes amis se trouvaient tous là à me dévisager avec inquiétude. Et amusement dans le cas de Perry. Je grognai alors et tentai de me relever, sans succès. Lucas se précipita à ma suite et souffla :

- Ne bouge pas trop, Maria, s’il-te-plaît.

Pourquoi il ne voulait pas que je bouge? C’est seulement à cet instant que je vis dans quel angle se trouvaient mes jambes. Ou, enfin, mes pattes. Je poussai un nouveau grondement et jetai des regards meurtriers à mes pieds, ou plutôt ce qui tenait lieux de pieds. C’était mieux que de regarder la coupable de ma métamorphose. La douleur réapparut alors en flèche et les larmes me montèrent aux yeux. Et un nouveau grondement.

- Apparemment, le kangarou grogneur est toujours là, pas vrai, Maria? Se moqua Perry avec amusement.

Je le foudroyai du regard avec tant de colère, sans doute la douleur n’aidait-elle pas, qu’il leva les mains, paumes dévoilées, en disant :

- Désolé!

Je ne pris pas la peine de le regarder plus longtemps, car un gémissement m’échappa sans que je ne le veuille. Et puis, il y avait encore ce foutu tiraillement. Je cherchai alors Miranda du regard et une fois que je l’eus trouvé, je lançai par les liens de meute :

- « Retransforme-moi immédiatement! »

- Je ne peux pas, Maria, s’excusa-t-elle avec des yeux emplis d’abattement.

Que l’on ne vienne pas me dire qu’elle ne se souvenait pas de comment inverser le processus, car sinon j’allais perdre la boule, c’était sûr! Une petite voix dans ma tête me souffla : « Tu ne crois pas qu’une fois par jour suffit? » À ce simple souvenir, ma gorge se serra. Ethan avait raison, j’étais faible. Sauf que je ne pouvais pas abandonner. Par égard pour mes amis. Toujours par télépathie je soufflai à mes amis :

- « Je suis désolée… Terriblement désolée… »

Je pouvais voir d’ici le bras en sang de Derek, tout comme la jambe encore rouge de sang séché de Della. Certes, la blessure de cette dernière était guérie, mais…

- Tu n’étais pas toi-même, tenta de me rassurer Kylie.

- « Mais je vous ai fait du mal. À vous tous. » dis-je en baissant les yeux.

- Pas à moi! Affirma Miranda avec détermination.

- « Mais je l’ai voulu. » crachai-je.

J’attendis quelques instants, la douleur que je ressentais à l’idée même de ce qui aurait pu arriver. Ou plutôt qui serait arrivé sans l’intervention de la Hère me paralysait totalement. Je finis par ajouter :

- « Je suis trop faible. Vous devriez vous en aller, laissez-moi toute seule. »

- Désolée, ma vieille, mais on a l’interdiction formelle de Burnett de quitter le bungalow.

- « Le bungalow n’est pas ma chambre. » fis-je remarquer en haussant un sourcil de kangourou.

- Je rêve ou elle vient de hausser un sourcil? S’étonna Perry avec encore plus d’amusement. Attendez, il faut que je prenne ça en photo!

Je le foudroyai du regard et en souriant il ajouta :

- Va pour le kangarou fâché dans ce cas. Ça ne te dirait pas de grogner un peu? Je pourrais faire une vidéo et mettre ça sur…

- Perry! Protesta Lucas avec autant de colère que d’amusement dans les yeux.

- Pour en revenir à ce que tu disais… enchaîna Derek.

- On s’en moque, conclut Della en croisant les bras. On se moque royalement de ce que tu veux, ajouta-t-elle en se penchant légèrement en avant pour appuyer ses propos.

- « C’est bon à savoir… » grommelai-je.

- De presque tout, rattrapa Kylie en foudroyant la vamp du regard.

Cette dernière leva les yeux au ciel et je soupirai, exaspérée. Décidément ils n’avaient aucun instinct de conservation. Moi, à leur place, j’aurais fui à toute jambe. J’attaquai alors le dernier point que j’avais contre eux :

- « Et puis… Depuis quand vous obéissez à Burnett? »

En voyant ma coloc vampire se figer je compris que quelque chose clochait. Je ne tardai pas à comprendre quoi, lorsqu’une voix se fit entendre, en provenance de la porte. Porte qui venait de s’ouvrir sur… Burnett. Il lança en me jetant un regard inquisiteur :

- C’est bon de voir à quel vous me respectez tous… Merci, d’avoir éclairé ce point, Maria.

Mes yeux s’arrondirent comme deux billes, ou du moins je le supposai, et mon cœur sauta un battement.

- Bon, ça alors, il faut que je le prenne en photo! S’exclama Perry en sortant son cellulaire.

- Perry! Gronda le directeur en le foudroyant du regard.

- Ce que vous pouvez tous être rabat-joie, grommela le métamorphe en soutenant le regard du vampire.

Ce dernier poussa un soupir et leva les yeux au ciel. Il se tourna alors vers Kylie en disant :

- Tu as la permission de soigner Derek en attendant Holiday, elle devrait arriver d’ici quelques…

- Non, mais! Tu n’aurais pas pu m’attendre?! Hurla la directrice fée depuis l’entrée du bungalow.

Elle avait crié suffisamment fort pour qu’on l’entende tous, même moi avec mes oreilles de kangourou, et non pas kangarou comme s’amusait à m’appeler Perry. Qu’il pouvait faire n’importe quoi, parfois, celui-là!

Ce fut alors l’entrée dans ma chambre d’Holiday et… Jonathon? Que faisait-il ici? Je fronçai de nouveau les sourcils, mais avant que je n’aie eu le temps de demander quoi que ce soit, j’aperçus Perry du coin de l’œil prendre une photo. Mes sourcils se froncèrent davantage et… hop, une deuxième. Je grondai et… Non!

- « Perry! Dès que je vais être de nouveau moi, je te jure que si tu n’as pas supprimé ces photos, je vais t’y obliger! » hurlai-je mentalement.

Et malheureusement j’oubliai de m’adresser seulement à lui.

- Eh, merde, Maria! Ma tête, marmonna Della en grimaçant.

- « C’est de la faute à Perry. » rétorquai-je.

- Tout ce que je voulais, c’était détendre l’atmosphère! Plaida-t-il.

Bah, ouais, c’est ça! Comme si j’allais le croire… Et si je me fiais aux regards que les autres lui portèrent, ils étaient d’accord avec moi. Il poussa un soupir en grommelant :

- Vous êtes vraiment pas drôles.

Je me désintéressai rapidement de sa petite scène et me tournai vers Jonathon. Je lui demandai alors gentiment :

- « Pourquoi es-tu ici? »

On ne s’était pas vraiment beaucoup côtoyé, même si on ne se détestait pas. La douleur dans mes jambes reprit de plus belle et je lâchai un gémissement. Lucas posa sa main sur mon épaule de kangourou et me m’adressa un sourire désolé en disant :

- Ça va bientôt s’arranger. T’inquiète.

Pourquoi est-ce que j’avais la mauvaise impression qu’il mentait? Probablement parce que c’était le cas, si je me fiais à l’air courroucé de Della et de tous les autres. Pourtant je n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage, car Jonathon me répondit, légèrement mal à l’aise :

- Je devais accompagner Holiday jusqu’ici. Burnett devait venir au plus vite… et il n’était pas avec elle. D’autres vampires et moi, si. Ils attendent dehors.

Oh. Que je pouvais être idiote. Non seulement j’aurais dû y penser, mais en plus je m’étais invitée dans sa tête sans demander sa permission. Je m’octroyai alors une dernière fois de le faire pour lui dire, et seulement à lui :

- « Désolée pour ça. Je n’ai… Je n’ai pas réfléchi. »

- Pas de problème, affirma-t-il et il se tourna vers Burnett.

Ce dernier hocha la tête et Jonathon sortit en coup de vent. Bon, qu’allait-il se passer maintenant? En voyant Holiday s’approcher, j’eus un nouveau pressentiment. Elle posa sa main sur l’une de mes pattes antérieures de kangourou et avoua :

- Maria, ce qui va se passer prochainement… Ça va être douloureux. On ne veut pas risquer que Kylie te soigne sous cette forme, alors il va falloir que Miranda te fasse redevenir toi-même avant…

Je n’aimais pas ça. Mais alors là, pas du tout. J’avais le sentiment que ce serait…

- « Ça va aller. » affirmai-je en tentant de me montrer plus courageuse que je me sentais.

- Je t’avertis, ce ne sera pas une partie de plaisir.

- « Comme si j’en avais douté une seule seconde! » grommelai-je en levant les yeux au ciel.

Clic! Clic! Clic!

- « PERRY! » hurlai-je de nouveau mentalement.

- PERRY! S’exclamèrent tous les autres la seconde suivante en se prenant la tête.

- C’est bon, c’est bon! J’ai compris! Soupira-t-il, excédé. On n’a vraiment pas moyen de s’amuser par ici… lâcha-t-il ensuite en croisant les bras.

Sauf qu’il ne paraissait pas outré pour un sous. Non, il semblait fier de lui et… très amusé. Pourvu qu’il n’est rien fait de stupide! Bon, en même temps, en le connaissant… Je poussai un soupir et grommelai :

- « Allez-y… »

Je détournai les yeux de mon amie sorcière pour ne pas voir le moment arrivé. La main de Holiday et celle de Lucas s’écartèrent rapidement. À peine une seconde plus tard, je sentis des picotements me parcourir tout le corps. Mon corps de kangourou se couvrit rapidement de sueur alors que je commençais à redevenir moi-même. Et que l’on me croit sur parole, un corps velu de kangourou mouillé de sueur ce n’est pas fameux! Autant niveau sensation qu’au niveau de l’odeur. Si je me fiais au nez plissé de Katryne, Della et Lucas, en tout cas.

Sauf que le après fut bien, bien pire. À peine étais-je de nouveau moi-même et reluisante de sueur, la douleur dans mes jambes fut décuplé. Je lâchai un long gémissement de douleur et je ne pus m’empêchai de me tordre sur le lit. On aurait dit que du fil barbelé se promenait dans mes réseaux sanguins tout le long de mes jambes. Du fil barbelé chauffé à blanc, en plus. Je passai à deux doigts de perdre connaissance.

**********************

Jenny vit les yeux de Maria rouler dans leurs orbites et les mains de la louve s’agrippèrent férocement aux draps de son lit. La caméléon grinça des dents devant la douleur de son amie. Elle n’aimait pas ça. Du tout. Ah, mais bien sûr elle évitait de regarder les jambes de la louve, car… le seul petit coup d’œil qu’elle y avait porté lui avait soulevé le cœur. Disons simplement qu’elles faisaient un angle de quatre-vingt-dix degrés dans le mauvais sens.

Rien que d’y pensez à nouveau et son ventre faisait des siennes. Elle regarda Kylie s’approcher de Maria du coin de l’œil. L’autre caméléon était complètement blême. Ou verte. Jenny ne l’enviait pas du tout dans le moment présent. Elle vit les mains de sa congénère frôlé les jambes de Maria puis…

Le hurlement de Maria fut si terrible qu’elle dut se boucher les oreilles, comme toutes les personnes présentes dans la pièce, sauf Kylie évidemment. Lucas paraissait blême. D'effroi ou de colère? Elle ne saurait le dire, mais elle pariait pour les deux. Un coup d’œil vers Miranda informa la caméléon que celle-ci se sentait coupable pour ce qui était en train de se passer. Et pourtant, ce n’était pas la faute de la sorcière. Bon, c’est sûr que si Maria n’avait pas été en kangourou lorsqu’elle avait perdu connaissance, rien de tout ça ne serait arrivé, mais… Peut-être que ça aurait été pire? Et puis, la petite sorcière ne pouvait pas savoir que la louve allait perdre connaissance et mal tomber sur ses pattes, non? Vraiment mal tombé, pensa Jenny en entendant des gémissements en provenance de Maria.

Derek lui saisit la main et le calme l’envahit aussitôt. Un coup d’œil dans la direction de ce dernier et elle vit qu’il s’inquiétait aussi pour la louve. Ethan avait fait fort sur ce coup-là. Amener Maria à se mettre contre eux… La caméléon n’aimait pas l’endroit où ses pensées l’amenaient lorsqu’elle y pensait. Car, Maria n’avait-elle pas dit que leur lien leur permettait de contrôler l’autre? Et que c’était une question de force? Alors, comment leur amie parviendrait-elle à prendre le dessus sur Ethan si ce dernier arrivait à lui faire tourner le dos à ses amis? Elle ne voulait plus y penser. Mais entendre Maria ne lui plaisait pas davantage.

Lorsque Kylie eut terminé de guérir Maria, la louve était reluisante de sueur et ses draps étaient complètement trempés. Holiday leur dit alors :

- Bon, sortez, maintenant… Maria a besoin d’un peu de repos, vous ne croyez pas?

- Je reste ici, trancha Lucas.

- Lucas, gronda Burnett sur un ton préventif.

- Elle est ma cousine. Et l’un des seuls membres de ma famille qu’il me reste, répliqua le loup-garou en défiant le directeur du regard.

Jenny n’attendit pas de connaître la fin de leur joute autant verbale que visuelle et s’empressa de sortir de la chambre de Maria. Suivit rapidement par une Kylie toujours aussi blanche ainsi que les autres. Ils se rassemblèrent alors tous autour de la table, sans rien dire. Ils ne pouvaient rien planifier tant et aussi longtemps que les deux directeurs se trouvaient dans le bungalow. Ou en tout cas Holiday, surtout.

En sortant de la chambre de Maria, la directrice fée avait des yeux humides et marmonna :

- Nos élèves devraient être en sécurité ici. Pas devoir se battre encore et encore…

Burnett la saisit par les épaules et la pressa contre lui en lui murmurant doucement :

- Ce n’est pas de ta faute. Ni celle de qui que ce soit. Nous finirons par nous en débarrasser, ne t’inquiète pas.

Pendant une terrible seconde, Jenny se demanda si le vampire parlait de Maïa et sa compagnie ou de Maria. Après tout, la louve n’arrêtait pas de dire que c’était de sa faute. Que si elle n’était pas là, rien de tout ça n’arriverait. Qu’ils seraient tous en sécurité… Enfin, tant que personne décide de nouveau de s’en prendre à Kylie et que Chase ne revienne pas dans le décor pour encore tout chamboulé avec Della, évidemment. En fin de compte, Shadow Falls n’est pas ce qu’on peut appeler un endroit tranquille…

- Je sais, répondit finalement Holiday à voix basse. Bon, les jeunes, enchaîna-t-elle avec plus d’énergie et un peu plus fort. Je compte sur vous pour nous appeler à toute heure du jour ou de la nuit s’il y a quoi que ce soit d’anormal qui se passe.

- Si ce n’est pas urgent, n’appelez pas trop pendant la nuit, par contre, ajouta Burnett ce qui lui attira un coup de poing sur le bras de la part de sa femme.

Tout le monde eut un petit sourire et Kylie affirma :

- On va faire comme ça.

- Et puis, tu nous connais, on n’oserait jamais te déranger pour rien, Burnett, renchérit Perry en souriant malicieusement.

Le vampire leva les yeux au ciel et grommela :

- On va dire que je vous fais confiance…

- Merci, râla Della. C’est bon de savoir que tu nous fais entièrement confiance.

Le directeur poussa un profond soupir et les salua avant de sortir en compagnie de Holiday. Sauf qu’elle eut le temps de lancer :

- Pas de bagarre!

À peine une minute après ce commentaire, Della lâcha :

- Bon, on va faire comme les derniers jours et ne pas écouter Holiday, rassurez-moi?

- « Vous devriez peut-être l’écouter… » souffla une voix affaiblie dans leur tête.

C’était Maria. Et elle semblait si faible. Comment était-ce seulement possible? Elle avait déjà été plus blessée que ça! Jenny ne comprenait rien…

- Désolée, miss louve-garou, mais tu n’as pas voix au chapitre, cette fois. Les personnes alitées n’ont pas à participer aux conseils de guerre! Lança Della en élevant la voix.

- « Merci de ton vote de confiance. » railla la louve et ils pouvaient tous sentir son agacement.

- De rien, affirma la vamp en souriant.

Sourire que Maria ne pouvait pas voir, mais la caméléon avait la forte impression que Della s’en moquait un peu.

- Arrête de l’asticoter, Della! Lança Lucas de la chambre.

La vampire soupira théâtralement avant de se tourner vers les autres et de dire :

- On fait comment? On ne peut pas risquer que tout ceci se reproduise.

- Je l’ignore, soupira Kylie en appuyant sa tête dans ses mains, les coudes sur la table.

- Une certaine Christine vient le jour des parents, lâcha Katryne à la grande surprise de tout le monde.

- Christine? S’étonna Miranda. Dans ce cas on aura qu’à lui demander quelques petits conseils. Elle connaît presque autant de choses que le père de Maria!

La discussion se conclut en laissant la chose en suspens. Chacun devait essayer de trouver une solution d’ici le lendemain. Si tel n’était pas le cas, ils n’auraient qu’à attendre pour Christine.

Jenny ignorait ce qu’elle allait faire lorsqu’elle sortit du bungalow de Kylie, Miranda, Della et Maria. Toujours est-il que sans l’avoir demandé, Derek se trouvait sur ses talons.

- Tu vas où comme ça? Nous sommes presque à la nuit tombée, tu sais? Lui demanda-t-il, légèrement inquiet.

- Je suis au courant, affirma-t-elle. Mais je n’ai aucune idée d’où je vais. Je me contente de… marcher. Avec tout ce qu’il s’est passé ces derniers jours…

Le fae hocha de la tête, apparemment il la comprenait. Elle le prit alors par la main et lui proposa :

- Un moment dans le monde invisible, ça te dit?

Il eut un grand sourire et elle ne tarda pas à les faire disparaître, des papillons au creux du ventre à cause du sourire de Derek. Ils marchèrent un instant au fil des arbres, les papillons ne la quittaient pas, car la main du fae était toujours arrimée à la sienne. Et c’était agréable. Très agréable. Pourtant les petits papillons s’éparpillèrent et disparurent d’un coup lorsqu’elle tomba sur… ce spectacle. Elle lâcha d’une voix blanche et épouvantée, le cœur au bord des lèvres :

- Il faut aller le dire à Maria!

**********************

J’étais complètement épuisée. Et pour rien, en plus. À ce que m’en avait dit Lucas, j’étais simplement mal tombé sur mes pattes en perdant connaissance. J’avais déjà été en plus piteux état que ça… Alors pourquoi est-ce que cela m’avait autant affecté? Je n’avais aucune réponse. Satisfaisante, en tout cas.

- Tu sais que tu peux t’en aller, dis-je à Lucas tout en regardant le plafond.

- Je ne te quitterai pas tant et aussi longtemps que tu ne seras pas totalement rétabli.

- Même chose pour nous! Renchérit Kylie et Miranda en même temps.

- Et pour moi, ajouta Della.

Je sentais la présence de Katryne, mais elle ne disait rien. Se contentait simplement d’être là. Pourtant, elle me détrompa en lâchant un moment après les autres :

- Je ne ferai pas deux fois la même erreur.

Qu’entendait-elle par-là? Je ne n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage, car quelqu’un criait de l’autre côté :

- Quelqu’un! De l’aide… ne serait… pas de refus!

C’était Jenny. Et elle semblait exténuée. Kylie ne prit qu’une seconde à se ruer en dehors de ma chambre, suivit rapidement par Della et finalement en plus lentement par Miranda. Des réactions ne se firent pas attendre :

- Oh, merde! Souffla Kylie et je pouvais mentalement voir son air catastrophé.

- La vache! Lâcha Della et elle je la voyais complètement figée.

- Oh, non! Couina Miranda et j’étais certaine qu’elle avait une main devant la bouche.

Apparemment je commençais à bien connaître mes colocs. Du moins… si j’avais raison. Par contre, les paroles suivantes de la petite sorcière me firent me redresser droit comme un i sur mon lit :

- Pauvre Kelsea… Qu’est-ce qu’ils t’ont fait?

Kelsea? Qu’avait Kelsea? Et qui avait fait quoi? La panique commença à enfler en moi et encore plus lorsque je pris conscience que je ne pouvais pas communiquer avec elle. Comme si le lien qui nous reliait avait été rompu. Pourtant je ne m’avouais pas vaincu et de toute la force de mon esprit je hurlai :

- « KELSEA! »

Je me moquais royalement de leur éclater les tympans (même si ça se passait dans la tête). Je me moquais de réveiller tout le monde. Kelsea était en danger et j’étais trop faible pour aller la voir. Mais aucune réponse.

Je vins de ce fait pour me relever, mais je fus interrompu brutalement par Lucas qui me hurla à la figure :

- Toi, tu ne bouges pas de là!

- Mais… Mais c’est Kelsea, Lucas! Je… Je ne peux… Je ne peux pas rester ici!

- Tu le devras, pourtant! Gronda-t-il.

Il ne me forcerait pas à rester à un endroit où je ne voulais pas être alors que quelqu’un à qui je tiens était en danger. Jamais on ne me forcerait à faire une telle chose. Jamais.

- Tu ne peux rien faire, Kylie? S’enquit la voix inquiète de Della.

Ce qui n’était pas bon signe. Sans plus me soucier de mon corps faible et meurtri par la fatigue je bondis sur mes deux pieds. Je chancelai un moment, mais repoussai immédiatement Lucas lorsqu’il tenta de me ramener sur mon lit.

Je courus alors jusqu’à ce qui servait à la fois de salon et cuisine, en manquant m’effondrer à chaque nouveau pas. Pourtant, en voyant l’état pitoyable dans lequel se trouvait Kelsea, je ne pus faire autrement que m’écraser par terre, à côté d’elle. Sans la toucher, bien sûr.

D’un simple coup d’œil je pus constater qu’elle avait d’innombrables traces de morsures, réparties partout sur son corps et au moins l’une de ses pattes était cassée et probablement plusieurs côtes. Je pris une grande inspiration. Il fallait faire quelque chose, mais quoi? Je ne pouvais pas communiquer avec elle, sans doute parce qu’elle était trop proche de ne plus… être vivante. Je savais qu’elle ne pouvait pas mourir, qu’à la place elle retournerait dans la pierre jusqu’à ce que le prochain héritier la fasse sortir. Mais pour ça, il fallait qu’il y en ait un.

Sauf que je me refusais à la laisser retourner poireauter dans cette pierre de malheur. D’un ton plus calme que mon véritable état émotionnel je demandai :

- Est-ce que tu peux faire quelque chose, Kylie?

En voyant l’air de la caméléon s’affaisser, j’en conclus que non. Elle répondit tout de même :

- J’ai essayé, mais… ça ne marche pas.

Je hochai de la tête et me retins de verser une larme. N’ai-je pas dit que je n’en verserais plus une seule? Je pris une grande inspiration pour m’obliger à être calme. Il fallait que je le sois, pour moi et pour mes amis. J’expirai lentement avant de redresser la tête et de dire :

- Très bien. Alors, va falloir s’arranger sans.

Mon ton était déterminé et à ma plus grande joie il ne semblait pas empreint de désespoir. Alors que pourtant je le ressentais jusqu’au tréfonds de mes os. Je continuai alors sur le même ton :

- Della, appelle Burnett et Holiday. Dis-le de faire rappliquer le vétérinaire ici. Je ne me souviens plus de son nom…

- Le docteur Whitman, me coupa ma coloc vamp.

- C’est ça. Donc, appelle-les. S’ils ne répondent pas, va les chercher.

Elle hocha de la tête en fonçant chercher son portable, alors je poursuivis :

- Kylie et Miranda, allez chercher mes draps et ramenez-les ici.

Les filles acquiescèrent et se précipitèrent dans ma chambre. Je me tournai ensuite vers Lucas qui m’avait suivi et dis :

- Toi, va chercher la trousse de premier soin dans la salle de bain.

Il n’attendit pas une seule seconde avant de foncer vers l’endroit que je lui avais indiqué.

- Et nous? S’enquit Jenny.

- J’avais avoir besoin de vous pour m’aider à couper les draps en bandelettes, alors des ciseaux pourraient s’avérer utile.

La caméléon se lança à la recherche de ciseaux tandis que Derek venait s’accroupir à côté de moi. Il me demanda alors :

- Ça va aller?

Je savais qu’il connaissait déjà la réponse. Après tout il pouvait lire les sentiments des autres. Je secouai la tête, des larmes emplissant mes yeux. Je lâchai en grommelant pour ne pas gémir :

- Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus quoi faire. J’en ai assez.

Il hocha de la tête et me prit par la main. Je sentis immédiatement une douce sensation de calme m’envahir. Je la laissai me pénétrer totalement et soufflai :

- Merci, Derek.

Après quoi je me dégageai de sa prise. Je n’étais pas friande des contacts physiques. Du moins… ceux qui étaient positifs et doux. Ah, et pas avec n’importe qui non plus.

- Pas de quoi. Mais tout va s’arranger, j’en suis sûr, me dit-il et il me tapota l’épaule avant de s’éloigner.

Au début je ne compris pas pourquoi il s’éloignait, mais la seconde suivante Kylie lâchait l’un de mes draps à côté de moi. Ils étaient tous revenus avec ce que je leur avais demandé. Et j’entendais Della discuter avec Burnett au téléphone.
J’attrapai rapidement une paire de ciseau et mes amis en firent autant. Je leur montrai alors la largeur à laquelle il fallait couper les bandes. On y allait sur le long du drap pour être capable de les faire passer tout autour de la chimère.

À chaque seconde qui s’écoulait je voyais le sang de Kelsea s’accumuler par terre. Alors dès que nous en eûmes déjà cinq, je demandai à Derek, Katryne, Lucas et Kylie pour retourner Kelsea pendant que je la panserais. Pendant ce temps, Jenny et Miranda continuaient à couper des bandes.

Je commençais tout juste à en installer une première sur son poitrail lorsque Della revint et m’annonça :

- Burnett arrive avec Holiday et Hannah. Il les laissera toutes les deux ici et ensuite il retournera à l’entrée pour s’assurer que personne ne cause d’ennui au docteur Whitman.

- Parfait, dis-je les dents serrées alors que je nouais la première bande.

Ma coloc vampire s’octroya d’elle-même le rôle de me passer les bandes au fur et à mesure. À ce rythme nous eûmes rapidement couvert Kelsea de bandages.

- Je ne sais pas si ce sera suffisant… soupirai-je d’un ton las.

- On a fait tout ce qu’on pouvait, m’assura Kylie en me serrant l’épaule.

Comme je restais encore assise par terre, mes amis me rejoignirent au sol. Après quelques minutes, Miranda lâcha, nerveuse :

- Vous ne trouvez pas que ça prend du temps avant que Burnett et Holiday arrivent?

- Tu as raison, approuva ma coloc caméléon sur un ton grondant.

Je n’eus pas le temps de les rassurer que déjà la porte du bungalow s’ouvrait en grand sur notre ténébreux directeur et notre merveilleuse directrice. Ainsi que leur petite fille, évidemment. Le premier déclara :

- Content de voir que vous vous faites du souci pour nous, mais on va très bien.

Il n’ajouta rien d’autre et s’empressa de ressortir du bungalow. Holiday se précipita vers nous et en voyant l’état de Kelsea, malgré nos bandages, elle retint un hoquet de stupeur. L’horreur que je lisais dans ses yeux se répercutait dans mon cœur. Tout ceci était incroyablement affreux.

On manqua tous de sauter dans les airs lorsqu’à peine dix secondes après ça, la porte s’ouvrit en grand.

- J’ai manqué quelque ch… entama la voix de Perry, mais il s’interrompit d’un coup en voyant l’état de Kelsea. Oh, merde! Lâcha-t-il ensuite en s’approchant et en prenant soin de refermer la porte.

Miranda se jeta sur lui et il referma les bras autour d’elle. Son air était étrangement sérieux lorsqu’il posa les yeux sur moi. Il se dandina d’un pied sur l’autre, apparemment il ne savait pas trop sur quel pied danser. Il finit par dire :

- Je dois te dire quelque chose. Mais tu n’aimeras pas ça.

Super… comme si j’avais besoin de ça… Des mauvaises nouvelles!

- Quoi? grommelai-je.

- En venant par ici… j’ai vu qu’Ethan approchait. Il va être là dans cinq minutes maximum, m’apprit Perry en se grattant le dessus de la tête.

Il n’avait pas terminé sa phrase que je me levais déjà d’un bond en grondant :

- Il est hors de question qu’il vienne ici!

- Maria, non! Hurla Holiday, mais il était trop tard.

Pour cause, j’avais déjà franchi la porte. Malgré ma faiblesse je courrais comme une dératée. Je ne le laisserais pas revenir. Pas cette fois. Peut-être jamais.

J’entendis Della s’exclamer :

- Je la ramène!

Et la porte se rouvrit pour à nouveau claquer. Si la vamp croyait que j’allais la laisser faire, elle se trompait. Elle arrivait tout juste à mon niveau lorsque je lui crachai :

- Tu ne me ramèneras pas!

- Bien sûr que si, répliqua-t-elle. Simplement, pas tout de suite.

J’eus un sourire en comprenant ce qu’elle voulait dire. Cela ne prit que quelques secondes supplémentaires avant que l’on arrive à l’endroit où se trouvait Ethan. Le revoir me chamboula à nouveau, mais cette fois ce ne fut pas la tristesse qui prédomina. Non, ce coup-ci c’était la colère. Une colère immense et incommensurable.

C’est sans doute pourquoi je ne pris pas la peine de ralentir en le croisant. Della freina sec, tandis que moi je me contentai de foncer de plein fouet dans Ethan. Il tomba à la renverse et s’écria avec colère :

- Mais tu es complètement ma folle, ma parole?!

- Tu n’as pas idée à quel point, connard! Grognai-je en le plaquant par terre.

Me positionnant à califourchon sur lui pour restreindre ses mouvements, je me permis de lui coller mon poing dans la figure. Une première fois… puis une deuxième. Et enfin, une troisième et une quatrième. Avant que je ne puisse le frapper une cinquième fois, il ricana, la bouche en sang :

- Allez, frappe encore, Maria! Je vois bien que ça te plaît… Tu peux dire ce que tu veux, mais je sais que ce que tu aimes vraiment, c’est faire souffrir les autres. Alors, vas-y! Ne te gêne pas!

- Tu ne retoucheras plus jamais à Kelsea, espèce de gros loup mal léché stupide! M’exclamai-je en le frappant à nouveau et en lâchant deux ou trois mots sortis tout droit du jargon de mon coin de pays.

Mots que je ne répèterai pas. Il cracha un filet de sang lorsque je le relâchai. Puis il dit en s’essuyant la bouche :

- C’est fini, oui? Car j’ai à terminer le travail.

Il me repoussa aisément et je fus projeté dix mètres en arrière. Pour faire bonne mesure je tombai sur le cul et bien entendu sur une roche pointue. Della fonça sur lui et je l’arrêtai en grognant :

- Reste en dehors de ça, Della.

Je me relevai d’un bond et alors qu’il se dirigeait tout droit vers le bungalow, je pris mon élan, couru dans sa direction et en utilisant ma vitesse à mon avantage, je le saisis par le bras. Ensuite, je fis un demi-tour sur moi-même et le lançai en direction des arbres. Je le suivis sans hésiter pendant qu’il percutait un arbre de plein fouet. Il était légèrement assommé, alors j’en profitai pour grogner :

- Pour ça il faudrait que tu sois réveillé, espèce de salaud!

Sur ces mots, je le frappai à nouveau, assez fort et au bon endroit. Il perdit immédiatement connaissance. Cerbère ou pas, lorsque l’on frappait au bon endroit, il pouvait perdre connaissance aussi. Je m’en réjouis un instant, mais au fin fond, je me sentais sale. J’avais frappé celui que j’aimais le plus. Celui qui m’avait permis de devenir meilleure.

- Ça c’était… fantastique! S’enthousiasma Della. Je suis ravie que tu sois redevenue… toi.

- Ouais, grommelai-je. Moi aussi.

Je ne pus toutefois m’empêcher d’échapper une larme. Larme que je m’empressai aussitôt d’essuyer. Ma coloc vampire s’approcha et me fit signe que nous devions rentrer au bungalow. Je la suivis, mais avant que nous arrivions trop proche, elle lâcha :

- On ne peut pas rien faire. Si ça continue, ça va te consommer de l’intérieur. Et nous tous avec.

- Je sais. Et j’ai une idée. Mais il faut que j’en parle avec Christine.

- Parfait. Car j’ai horreur de te voir comme ça.

Je levai les yeux au ciel et nous rejoignîmes le bungalow.

********************

Une heure plus tard, Della était assise à la table de la cuisine en compagnie de tous les autres. En ce moment même le docteur Whitman était en train de recoudre les blessures de Kelsea. L’état pitoyable de la chimère rendait la vampire maussade. C’était l’une de leur plus puissante alliée. Et aussi une amie. Ou, enfin, presque.

Le docteur intervint alors, avec un peu d’essoufflement :

- J’ai fait tout ce que j’ai pu, mais je crois qu’elle devrait survivre. Mais vous avez eu un excellent réflexe de la bander avant que je n’arrive, sinon… il aurait été trop tard.

Maria lâcha un soupir de soulagement et alla lentement s’installer aux côtés de Kelsea. Della n’aimait pas trop de voir la louve aussi fatiguée et vidée. Et si elle se fiait au regard que posait Lucas sur celle-ci… c’était la même chose pour lui. Le pire dans tout ça, c’était qu’ils n’étaient même pas sûrs de pouvoir être d’une grande aide à Maria dans son combat présent. Déjà que contre la chimère ça avait été compliqué… Certes, grâce au lien qu’elle partageait avec Maria, la vamp possédait une force supérieure qu’auparavant, mais là ils n’avaient pas qu’un seul adversaire à combattre. Mais quatre. Et peut-être cinq si le sorcier pointait le bout de son nez. Avec un peu de chance, s’il venait avant que Maïa et ses disciples soient morts, il se ferait tuer par eux accidentellement.

- Merci, vété… Docteur Whitman, dit soudain Maria en se passant une main sur le front.

La louve avait complètement interrompu les pensées négatives et pessimistes de Della. Et la vamp lui en était reconnaissante. D’une certaine manière, en tout cas.

- Pas de quoi, Maria. Je crois que je te le devais, affirma le docteur Whitman.

L’intéressée haussa les épaules, sans chercher à approfondir. Elle semblait complètement abattue. La vamp se demanda comment elle pouvait être aussi abattue alors que plus tôt elle vibrait de détermination. Peut-être que ceci n’était qu’une comédie? Mais adressée à qui?
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Elle jeta un coup d’œil alentour et comprit immédiatement. La louve ne voulait pas attirer l’attention de Holiday. Et si elle avait trop débordée de détermination, la fée aurait compris qu’elle mijotait quelque chose. Apparemment, au grand soulagement de Della, Maria avait définitivement reprit du poil de la bête. Par contre, elle aurait bien aimé savoir ce que sa coloc mijotait. En tout cas, au moins un minimum. Certes, la louve-garou devait peut-être demander quelques informations à Christine d’abord, mais… elle devait quand même avoir une base de plan si elle avait des questions à poser!

Le docteur Whitman les informa alors qu’il devait rentrer à sa clinique et qu’il reviendrait dans deux jours pour voir comment cela allait et vérifier ses points. Il précisa par contre qu’il allait prendre des nouvelles deux à trois fois par jours. Pour éviter tout risque inutile. Della approuvait la manœuvre, car ils ne pouvaient pas se permettre de la perdre. Holiday, Hannah et Burnett l’accompagnèrent après avoir émis quelques propositions à leur petit groupe. L’une d’elle étant que tous ceux qui n’avaient pas affaire à être dans le bungalow s’en aille d’ici dix minutes. À voir l’air déterminé sur le visage de Lucas, il n’en ferait qu’à sa tête. Ce qu’approuvait parfaitement la vamp, Maria n’était pas au meilleur de sa forme et avoir son cousin proche ne ferait pas de mal.

Un petit coup d’œil à tous les autres autours et elle constata qu’en réalité ils avaient tous le même air sur le visage. Apparemment ils auraient de la compagnie cette nuit. Maria dut le remarquer aussi, car elle grommela :

- Vous ne resterez pas. Si vous restez, cela me fera paraître faible.

Son ton résonnait comme de la glace, froid et dur. Apparemment elle avait changé de comportement aussi facilement que l’on changeait de soulier. Étrangement, elle n’était pas certaine d’apprécier ce changement. C’était trop radical, on aurait presque dit que la Maria du tout début était de retour. Ce n’était peut-être pas complètement une mauvaise chose en soit, mais… ce côté-là avait son lot de désavantages. Beaucoup, de désavantages.

- Si tu crois que tu nous feras changer d’avis… avança Lucas en croisant les bras. Tu peux tout de suite oublier ça.

Les sourcils de la louve se froncèrent et elle cracha :

- J’aurais pourtant cru que tu comprendrais.

- Et moi, j’aurais cru que tu comprendrais ce qui était le mieux pour Kelsea, au lieu de te préoccuper de ton image, répliqua son cousin et la vamp le perçut clairement serrer les dents.

En voyant le visage de Maria blêmir, Della comprit que ça s’annonçait mal. Et cela fut confirmé lorsque les poings de la louve se crispèrent et que sa bouche forma un rictus de colère. Elle se sentit obliger d’intervenir avant que cela ne s’envenime trop :

- Euh, Maria? Tu ne voudrais pas nous faire part de ton plan pour…

La vamp n’eut pas le temps de terminer que Maria se ruait sur elle avec un air épouvanté sur le visage et lui plaquait une main sur la bouche. Elle sentit immédiatement le contact familier de l’esprit de la louve sur le sien et entendit :

- « Tais-toi, Della! »

Elle aurait bien voulu demander pourquoi, mais elle ne pouvait pas communiquer d’esprit à esprit comme Maria et ignorait comment tout ce truc fonctionnait. Elle se promit de demander des précisions à sa coloc dès qu’elles auraient un moment de libre. Della soupira alors par le nez pour faire comprendre à son amie qu’elle capitulait et ne formulerait pas un mot.

- Pour répondre à ta question, Della. C’est simplement que je ne veux pas… qu’on sache ce que je mijote. Alors maintenant, vous allez venir avec moi et on va utiliser ça, annonça Maria et à la fin elle eut un sourire narquois en leur révélant cinq seringues.

- C’est quoi? demanda Kylie en fronçant les sourcils.

- « Du sédatif. Je l’ai réquisitionné dans la bourse du docteur Whitman pour Kelsea. Mais elle vient de me dire que ça ne fonctionnera pas sur elle. Alors, j’ai eu une meilleure idée. Qui est liée avec mon plan de demain. » répondit la louve en les interrogeant du regard.

La question qu’elle semblait leur poser était : êtes-vous avec moi?

- Je te suis! Déclara joyeusement la vamp.

Ça s’annonçait absolument parfait, malgré qu’elle ignorait totalement où ils se rendraient. Les autres abondèrent dans son sens et bientôt la louve les conduisait à l’extérieur sur le sentier qu’elles avaient toutes les deux pris en revenant de leur confrontation avec Ethan. Sauf que la vamp ne s’imaginait pas qu’ils allaient réellement à l’endroit où elles avaient laissés le loup-garou.

- Ah, parfait, il est encore assommé, se réjouit Maria.

Suite à ces mots elle attrapa Ethan comme s’il s’agissait d’un sac de patate et le mis sur son épaule. Un sourire mystérieux flottait sur ses lèvres et la vamp aurait tout donné pour comprendre ce qu’elle mijotait exactement. Ils retournèrent ainsi jusqu’au bungalow. À ce qu’elle pouvait en juger, tous les autres membres du groupe se demandaient ce que la louve trafiquait. Et pourquoi cela impliquait Ethan.

Dès qu’ils furent arrivés, Della remarqua que Maria ne se gêna pas pour jeter le loup-garou sur le canapé, sans ménagement. Elle se tourna alors vers eux et sans sembler se rendre compte de l’étrangeté de son geste, elle… s’installa sur Ethan. Elle haussa un sourcil dans leur direction et leur communiqua par télépathie :

- « Voilà mon plan. J’ai l’intention de lui retirer tous ses pions, un à un. Sans engager de combat de front. Car de ce côté-là nous n’avons aucune chance. Pas avec la Dame en question, deux cerbères et une Hère. J’ai déjà une bonne idée du comment je compte y parvenir avec Ethan. Mais pour se faire je dois le garder inconscient jusqu’à l’arrivée des parents. De là l’idée du sédatif. »

Della était complètement désarçonnée par l’idée de Maria. Non pas de la mauvaise manière, mais de la bonne. Comment avait-elle eu cette fantastique idée? À voir le visage des autres, ils étaient du même avis qu’elle. La louve continua alors :

- « Par contre, il y a un problème. Je ne peux pas le garder ici. Car Elle va savoir que c’est moi qui le retiens. Donc, il faudra que je le cache ailleurs que ici. Mais je ne peux pas me risquer à utiliser la voie normale pour le déplacer. Je crois ne pas avoir à expliquer pourquoi… »

Non, en effet, elle n’avait pas besoin de spécifier. Tous ceux présent ici savait que les sens développés d’une bonne partie des résidents de Shadow Falls représentaient un risque pour tous ceux ne désirant pas être découvert. Ou suivi. Pourtant Della ne voyait pas comment elle avait l’intention d’amener Ethan d’un endroit à un autre sans que l’on puisse… Oh merde! Non, ça ne pouvait pas être ça, si?

- Ne me dis pas que tu vas utiliser… commença la vamp, mais la louve l’interrompit mentalement.

- « Je vais utiliser le passage entre l’Ombre et la Lumière. Et je vais avoir besoin de vous pour m’aider à mener ce plan à bien. »

Pourquoi diable fallait-il qu’elle ait raison, cette fois-ci? Elle aurait tellement préféré avoir tort!

************************

Je restai figée un instant en attendant leur réaction. Je savais que c’était risqué. Très risquée. Je ne l’avais encore jamais fait et la première fois que je voulais l’expérimenter, j’emmenais des personnes avec moi. Mais c’était pourtant l’unique solution envisageable. Je ne pouvais pas demander à Kylie et Jenny, car je ne faisais pas entièrement confiance à leur don d’invisibilité pour mon plan. Et je n’avais pas droit à l’erreur.

Par ailleurs, j’étais assez confiante de pouvoir réussir. Kelsea m’avait donné plusieurs tuyaux et conseils sur comment fonctionnait le passage. Et m’avait aussi affirmé l’incapacité de la Dame et ses disciples de le traverser d’eux-mêmes. De plus, j’avais profité d’un moment libre pendant la période de soins du docteur Whitman pour aller dans ma chambre et lire tout ce qu’il y avait comme référence sur le passage entre l’Ombre et la Lumière. J’avais entre autre appris que tous les membres de ma meute pouvaient m’accompagner sans problème dans ce passage. Par contre, ils seraient incapables d’y aller par eux-mêmes.

Avant qu’ils n’aient le temps de dire quoi que ce soit, je sentis Ethan remuer sous moi. Je me doutais bien que mes amis s’étaient posé beaucoup de question sur ma position, mais c’était précisément pour ce qui était en train de se produire que je m’étais installée ainsi. Car en étant sur lui, je pouvais connaître le moment précis où il se réveillait. Je bondis alors sur le sol en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et préparai une seringue dans mon dos, sous les regards estomaqués de mon petit groupe.

- Qu’est-ce que… Aïe… grommela Ethan en se massant la mâchoire et le front.

Apparemment, il ne vivait pas très bien avec les conséquences de notre petit affrontement. Après s’être gentiment malaxé le front et la mâchoire il regarda autour de lui. D’un coup il comprit où il se trouvait en se retrouvant le regard braqué sur moi. Je lui adressai une moue amusée.

Il se redressa d’un bond, mais plus vive que l’éclair je le renfonçai dans le canapé et je dis :

- Non, non, non, Ethan… Tu ne bougeras pas de là…

C’était à mon tour de faire la garce. Enfin… de l’agacer, quoi. Et sans vouloir me montrer injuste, je ne pouvais pas m’empêcher de trouver cette petite vengeance très douce et ô combien agréable.

- Tu ne me garderas pas ici contre mon gré, bâtarde! Gronda-t-il en colère.

Il força alors pour m’éloigner de lui et malgré toute ma force concentré sur lui, il y réussit facilement. Pourtant, je ne me laissai pas abattre et avec un sourire qui faisait vraiment très… garce, je lui susurrai en roucoulant légèrement :

- Oh, mais c’est pourtant ce que j’ai l’intention de faire, mon cher.

Et sans plus attendre je lui plantai l’aiguille de ma seringue dans la veine principale qui saillait dans son cou. Je pus voir la surprise dans son regard juste avant que ses paupières tombent et qu’il devienne tout mou. Je me sentis un moment coupable avant que je ne me souvienne que je faisais cela pour lui. Ou du moins… en partie.

Je le relâchai complètement dès que j’eus inséré l’entièreté du liquide que contenait la seringue dans son organisme. Je me retournai alors vers mes camarades et je continuai :

- Donc… Où en étais-je? Ah, oui. Je vais vous conduire quelque part. Certains d’entre vous. Et vous veillerez sur lui.

- Avant que tu nous expliques comme il faut cette partie… Tu ne pourrais pas nous dire comment diable tu sais comment donner un vaccin, ou peu importe? S’exclama Derek avec de l’étonnement sur le visage.

- Vous ne voulez pas savoir et ce n’est pas important, marmonnai-je.

- Tu t’es droguée? S’enquit Perry.

- Oh, mais bien sûr, Perry. Je trouvais que mes parents ne me faisaient pas suffisamment vivre un enfer à cause de mes fugues alors j’ai ajouté à ça l’utilisation de drogues, dis-je avec tellement de sarcasme dans la voix que cela tourna sa question en ridicule.

Et pourtant, elle aurait pu être légitime auprès de n’importe qui d’autre que moi. Le métamorphe grommela quelque chose pour lui-même, mais je voyais clairement de l’embarras dans son regard, ainsi que ses excuses. Je haussai les épaules pour lui signifier que je m’en moquais et je poursuivis :

- Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes.

- Devrait? S’offusqua Lucas.

Je poussai un soupir découragé. Pourquoi ne me faisait-il pas confiance? Je grommelai alors avec colère :

- Regardez, les premières fois sont toujours effrayantes et risquées. Que ce soit dans ça ou autre chose. Alors, s’il-vous-plaît, arrêtez de me mettre de la pression ou c’est clair que ça ira mal. Je suis certaine que ça peut marcher. Mais si vous ne voulez pas tenter votre chance, soit. Je ferai sans vous. Je croyais simplement que vous me faisiez confiance. J’ai pris conseil auprès de certain, alors je sais ce que je fais. (ou à peu de choses près, ajoutai-je mentalement pour moi-même) Mais je n’ai pas de temps à perdre avec des… personnes indécises.

Ce que j’avais vraiment voulu dire c’était « poules mouillées », mais je ne crois pas qu’ils l’auraient bien pris. Della afficha immédiatement un air déterminé et s’avança vers moi en disant :

- Moi je suis partante.

- Je suis contente de ton enthousiasme à vouloir le faire, mais… tu restes ici.

- Quoi? gronda-t-elle.

- J’ai besoin de personne de confiance pour veiller sur Kelsea pendant mon absence. C’est pourquoi que Miranda, Kylie, Katryne et toi vous resterez. Il faut conserver les apparences, spécifiai-je.

Les filles concernées hochèrent de la tête, mais je vis nettement le soulagement chez la petite sorcière et Kylie. Cela me chagrina un moment, mais ce n’était pas le temps d’y penser. Le prochain à s’avancer fut Perry, il me dit en souriant de manière narquoise :

- Tu peux compter sur moi et je ne suis pas contre passer un moment avec monsieur. Peut-être qu’on aura l’occasion de… s’expliquer.

Je levai les yeux au ciel, mais remerciai le métamorphe d’un sourire. Pourtant, je me crus bon d’ajouter :

- Ne faites rien de stupide, ceux qui garderont un œil sur Ethan. Parce que s’ils s’échappent j’aurai un peu plus de difficulté à mener mon plan à bien.

J’étais un peu déçue que Lucas n’ait pas été le premier à s’exprimer. J’avais cru que de tous, ce serait celui qui me suivrait en premier. Je croyais qu’on était plus proche que cela. Apparemment j’avais tort. Et cette constatation faisait mal.

- Moi aussi, je viens, affirma Jenny.

- Et de ce fait, moi aussi, ajouta Derek.

Je leur adressai un sourire reconnaissant. Manquait plus que Lucas, maintenant. Je me tournai vers lui, ainsi que tous les autres. Il me regarda longuement et après une longue minute avoua :

- Je serai toujours derrière toi, cousine. Sache-le. Seulement, je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. Et… si cela devait arriver, je me sentirais coupable de ne pas avoir essayé de t’en empêcher. Mais si tu dis en être capable, alors je te crois.

Mes yeux s’embuèrent un instant, mais je réussis à ravaler mes larmes. Ce n’était pas le moment. Mais alors là, pas du tout. Je fis alors signe à ceux qui devaient faire partie de l’expédition de se rapprocher et de tous s’accrocher très fort les uns aux autres. Alors que j’attrapais dans mes bras Ethan et l’arrimai comme il faut après moi et que Perry tout comme Lucas s’accrochait fermement à mes bras, la voix de Kelsea envahit ma tête :

- « Ta vision de l’Ombre et la Lumière risque d’être différente de la mienne. Elle change pour chaque individu. Mais je sais que tu sauras te repérer, car elle change selon toi. C’est pourquoi tu n’arrives pas à te repérer dans ma vision à moi, car nous sommes différentes. »

Elle se tut ensuite, apparemment l’effort avait été un peu trop grand. J’étais un peu angoissée par ce qu’elle m’avait dit. Mais en même temps rassurée. Ce qui était pour le moins étrange. Je ne m’en préoccupai par contre pas trop, car, eh bien, je n’avais pas le temps pour ça. Je regardai alors derrière moi et dès que je fus certaine que tout le monde s’accrochait bien je me mis à observer autour de moi, comme Kelsea m’avait dit de le faire.

Je repérai assez rapidement le petit passage et je m’exclamai en m’élançant :

- On y va!

J’entendis quelqu’un émettre un doute derrière moi, mais il était trop tard. Nous étions déjà dans le vortex. Enfin, façon de parler. Je me sentis immédiatement aspirer dès le moment où je touchai le passage. Je fus alors englouti immédiatement en même temps que mes amis.

Je tombai ensuite dans un environnement à la fois familier et étranger. Il y avait toujours autant de couleur que dans le passage de Kelsea, mais dans le mien il formait un tunnel avec un millier de sortie différente que l’on distinguait à peine dans cette infinité de couleurs. J’entendais mes amis qui suffoquaient à moitié derrière moi, sans doute à cause de cette espèce d’impression de se faire tirer dans tous les sens. Mais je ne pouvais pas les rassurer, car comme c’était ma première fois, je ne pouvais pas rester bien longtemps ici au risque de mourir d’épuisement. Chose que je m’étais gardée de leur dire, évidemment.

J’observai alors attentivement les différentes sorties autour de moi et remarquai avec étonnement qu’à chaque fois que je posais les yeux sur l’une d’elles je voyais dans ma tête l’endroit exacte où elle menait, ainsi que géographiquement. De ce fait je me mis à marcher plus rapidement en ne tenant pas compte qu’à chaque pas supplémentaires je me sentais faiblir de plus en plus.

L’endroit que je cherchais n’était pas très loin, par le passage entre l’Ombre et la Lumière, s’entend. Je ne tardai donc pas à le trouver, car outre le fait que c’était très près, je venais de découvrir qu’en focalisant mon esprit sur ma destination, mes pas me conduisaient d’eux-mêmes à la bonne sortie. Je m’engageai donc rapidement dans cette dernière et nous fîmes irruption dans un vieux bungalow vide et abandonné. Il était en dehors de la propriété de Shadow Falls, mais pas très loin non plus. De ce fait, c’était l’endroit parfait.

Je m’effondrai par terre immédiatement avec une respiration saccadée. J’éloignai Ethan de moi et tentai de reprendre mon souffle.

- On a réussi, souffla Perry, étonné.

- Tu t’attendais à quoi? grommela Lucas.

Mon cousin s’approcha alors de moi et me demanda en posant une main sur mon épaule :

- Ça va?

- Oui… Seulement, je ne croyais pas que tous vous transporter serait aussi épuisant… avouai-je. Vous, ça va?

- Si on excepte le fait que j’ai envie de vomir, ça peut aller, lâcha Jenny en mettant une main devant sa bouche.

- À peu près comme pour Jenny, ajouta Derek, mais en faisant preuve de plus de retenue.

Bon, ils étaient les deux verts, mais je passai outre. Sans doute que comme ils étaient plus éloigner de moi, ils s’étaient plus fait balloter d’un côté et de l’autre.

- Pour moi, ça va, m’assura Perry.

- Moi aussi, affirma Lucas en souriant.

Je leur adressai un sourire rassuré et tendis les seringues à mon cousin. Je me permis de souffler encore un peu avant de leur expliquer mon plan. J’avais besoin de reprendre un peu de calme si je voulais être claire. Car je n’avais pas l’intention de m’éterniser. Car plus longtemps je restais ici, plus Maïa aurait de chance de me retrouver si elle se lançait à ma poursuite.

Une fois suffisamment calme, je dis :

- Bon, pour faire entrer le sédatif dans le mécanisme à Ethan, ça ne devrait pas être trop compliqué. Il vous suffit de trouver une veine assez visible pour faire pénétrer l’aiguille et le tour est joué. Bon, je vous demanderais d’économiser le plus possible le sédatif, à moins que vous voyez qu’ils ne se réveillent pas avant encore un bon quatre à cinq heures. Là, vous pourrez lui en donner une autre dose. Sauf que s’ils se réveillent dans deux heures… Assommez-le. Je ne crois pas avoir besoin d’expliquer comment on fait ça, je me trompe?

Lucas eut un grand sourire et affirma :

- Non, aucunement besoin. Et je me ferai un plaisir de… le garder endormi.

- Je te crois sur parole, marmonnai-je en levant les yeux au ciel. Essayez de ne pas vous endormir et surveillez les alentours discrètement. Évitez aussi de faire trop de bruit, d’accord?

Ils hochèrent de la tête. Je pris alors une grande inspiration et annonçai :

- Bon, alors dans ce cas… Bonne chance. Je dois retourner auprès des filles. Mais si ça tourne mal, partez. N’essayez pas de le retenir. Je ne veux pas qu’ils vous arrivent quoi que ce soit par ma faute.

Mon cousin me surprit alors en venant me prendre dans ses bras et en me chuchotant à l’oreille :

- T’inquiète, cousine. Je vais veiller sur eux. Et… Prends soin de toi, d’accord? Et si tu pouvais veiller sur Kylie pour moi…

- Je te promets de le faire, lui jurai-je en le regardant droit dans les yeux.

Je lui rendis ensuite son étreinte rapidement avant de le repousser. Je ne devais pas m’attarder ici. Je pris une nouvelle grande inspiration et m’élançai vers l’étroit passage. Juste avant de disparaître je vis l’air inquiet de Lucas sur moi. Moi aussi, j’étais inquiète. Car beaucoup de choses pouvaient mal tourner avec mon plan. Après tout, je ne savais pas si le lien que je partageais avec Ethan était assez profond pour ce que je voulais faire.

Une fois entre l’Ombre et la Lumière, j’oubliai instantanément mes soucis pour me concentrer sur ce que je faisais. J’étais déjà épuisée à la base, alors là… Je réussis pourtant, quoique avec difficulté, à retrouver mon chemin.

Lorsque j’atterris dans le bungalow, je m’étalai par terre sans aucune grâce. D’ailleurs Della me railla en disant :

- Si ça continue comme ça, Maria, je vais commencer à croire que le plancher et toi vous avez eu une histoire.

- Si seulement! Grommelai-je en me relevant difficilement.

Je demandai alors à mes deux colocs possédant une force surhumaine, ainsi que Katryne à m’aider pour transporter Kelsea jusqu’à ma chambre. Là, je proposai mon lit à mon ancienne meilleure amie et me transformai en loup. Sous cette forme, j’aurais plus conscience de ce qu’il se passerait autour de moi.

Une fois fait, je prévins mes trois colocs par télépathie que j’allais dormir. J’en avais rudement besoin. Et j’allais en avoir besoin encore plus le lendemain, ça c’était clair. Après tout, toutes les actions que je devais mener à bien dans la journée de demain serait exténuante. Mais avec un peu de chance, ce serait une réussite. Il fallait l’espérer, sinon tout risquait d’être perdu. Je venais à peine de reposer ma tête par terre que mes yeux se fermèrent et que je m’endormis.

Lorsque je me réveillai le lendemain, je me métamorphosai aussitôt en humaine. Je n’avais pas été dérangé de toute la nuit et c’était vraiment parfait! Pas de Maïa furax, pas d’attaque en douce… Que rêver de mieux? Une Kelsea en santé, pensai-je en jetant un coup d’œil sur mon amie Chimère. Je détestais la voir dans cet état. Cela me donnait envie d’aller tailler de la Dame aux Glaïeuls et faire un immense barbecue à la loup-garou par la suite. Mais bon, je n’avais pas l’impression que le goût serait très fameux. Après tout, les algues… ce n’étaient pas très fameux.

Je me changeai rapidement et Katryne en fit autant. Je rejoignis alors mes trois colocs dans la cuisine et je dis :

- C’est aujourd’hui.

Elles hochèrent toutes de la tête avec bonne humeur, mais aussi avec une certaine inquiétude. Je me dirigeai alors vers la porte et tandis que je posais la main sur la poignée, celle-ci tourna d’elle-même dans ma main. Si je n’avais pas été aussi prompte à réagir, j’aurais reçu la porte en pleine face, ou encore j’aurais été coincée entre elle et le mur.

Dans le cadre de la porte du bungalow se trouvait Maïa. Une Maïa très rouge et très en colère. Avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche je lui fis remarquer :

- Tu sais, tu devrais éviter d’aller trop au soleil. Parce que franchement, le look homard n’est pas très en vogue c’est dernier temps.

En la voyant rougir davantage j’ajoutai en souriant et comme si je venais d’avoir une illumination :

- Oh! À moins que ce soit intentionnel? Ton fleuve te manque, Maïa? Moi aussi, car comme ça je pourrais te noyer dedans et peut-être que du même coup cela te permettrait de perdre tes rougeurs?

Elle s’empourpra encore un peu plus et me cracha au visage :

- Ne me cherche pas, espèce de chienne galeuse! Lorsque j’en aurai fini avec toi, ton corps finira dévoré par des asticots gros et gras!

- Ah, seulement ça? Me moquai-je avec une joie malsaine.

C’était que j’adorais pouvoir la narguer comme ça. Sincèrement, cette partie de moi m’avait drôlement manqué! Je regardai alors mes ongles pendant une seconde avant de lui demander :

- Bon, tu voulais quoi, au juste?

Apparemment je l’avais bouché pendant un moment, car elle avait encore le visage figé sur le même rictus de colère. Sauf que lorsqu’elle hurla, par la suite, je crus un instant qu’elle m’avait explosé les tympans tellement c’était aigu :

- OÙ EST-IL?!

- Qui? Grommelai-je malgré que je sache la personne qu’elle cherchait.

Elle feula alors comme un chat et vint pour bondir à l’intérieur toute griffe dehors, mais Della et moi fûmes plus rapide et nous la fîmes retourner d’où elle venait. Durement. Bon, j’aurais préféré qu’elle tombe sur le cul, mais apparemment il ne fallait pas trop en demander. À voir l’air déçu de ma coloc vampire, elle pensait la même chose que moi.

- Sale garce! Siffla Maïa en me fusillant du regard. Tu vas me dire immédiatement où se trouve Ethan exactement, sinon je tue tous tes amis devant tes pauvres petits yeux d’incapable!

Je fronçai les sourcils et fis mine de réfléchir. Je jouai cette carte jusqu’au bout et je pouvais voire l’exaspération imprégner ses traits au fil des secondes qui s’écoulaient. J’aimais trop jouer à ce jeu, décidément. Je finis par lâcher :

- Désolée, j’ai réfléchi profondément et sérieusement, mais pas moyen de savoir où se trouve Ethan exactement.
Peut-être que tu aurais dû le traîner avec toi à la laisse pour éviter qu’il ne s’échappe.

- Il ne me fuirait jamais, moi. Pas comme avec toi, gronda Maïa et elle partit à courir à une vitesse incroyable.

Dès qu’elle eut disparu, je me tournai vers les filles. Toutes avaient la bouche grande ouverte, complètement incrédules. J’eus un grand sourire en leur disant :

- Fermer la bouche, les filles, ou vous aller avaler une mouche!

- C’était quoi ça? S’écria Miranda.

- Ça, c’était de l’art! s’exclama Della avec des yeux admiratifs.

- Merci, dis-je en faisant la révérence. Maintenant si on allait manger?

Elles acquiescèrent, mais en cours de route ma coloc vampire me questionna :

- Je n’arrive pas à comprendre comment tu as fait pour ne pas mentir au sujet de la position d’Ethan.

J’haussai un sourcil dans sa direction. Elle ne le comprenait vraiment pas? Alors, ça! J’eus un grand sourire lorsque je déclarai :

- C’était toute la vérité, ce que j’ai dit. Je ne savais pas où il se trouvait exactement. Tu sais, au centimètre près!

Elles éclatèrent de rire et je me joins à elle de bon cœur. Ça faisait du bien d’avoir le cœur léger. Pour une fois, j’avais le sentiment de prendre le dessus sur mon ennemi. Et j’adorais ça.

Plus tard, lorsque les parents firent leur entré, je ne tardai pas à apercevoir Christine qui se frayait un passage. Nos regards se croisèrent, s’arrimèrent et on se rejoignit rapidement. Avant même que j’aie pu prononcer un mot, elle me prit dans ses bras et me demanda :

- Est-ce que ça va?

Je haussai les épaules, car je savais à propos de quoi elle me posait cette question. Et à vrai dire, j’essayais de ne pas y penser. Au moins, elle semblait elle-même pour le moment. Je lui dis :

- Pas le temps de parler de ça. J’ai besoin de toi.

Sur ces mots, je l’attrapai par le bras et l’entraînai à ma suite, suivit de près par amies qui avaient décidé de remettre les retrouvailles avec leur parent à plus tard.



Alors? Comment, c'était? J'espère que ça vous a plu, en tout cas. :D Ah, et voici une petite image pour vous aider à visualiser le « passage » selon la vision de Maria. En tout cas... un tout petit peu. ;) Pour le reste, je m'en remets à votre imagination. À la prochaine, normalement dans maximum deux semaines.

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