Maria Lacroix est une louve-garou et depuis ses cinq ans, soit la date de la découverte de sa véritable nature, la vie n'a pas été facile pour elle. Tout se complique lorsqu'elle est envoyée dans un pensionnat pour jeune à problème au Texas alors qu'elle se trouve être originaire du Québec. À partir de là combattre pour survivre ne sera plus une simple expression pour exprimer les difficultés de sa vie, mais la réalité. Pourra-t-elle seulement baisser la garde devant les jeunes de sa nouvelle école ou est-ce que cela se terminera en scandale comme dans les dernières?
Questionnaire en vue d'améliorer la fanfiction
Page de présentation tome 2
Présentation des personnages *\\Attention!! Risque de spoilers si vous n'avez pas lu le tome 1 de la fanfic!!//*
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Elicia
Marine78
Roxyfox
Quetzalbleu
Lea-Luttringer
Aly_165
Pourquoi! Mes parents en pouvaient plus de mes problèmes et avaient décidés de m’abandonner en pensionnat? Au Texas? Il y avait des endroits plus près du Québec quand même! Ok, oui, je parlais très bien l’anglais et tout… sauf que cela n’expliquait pas qu’ils m’abandonnent comme ça, sans rien dire! Je retins une larme amère, peut-être aurais-je mieux fait de leur dire la vérité quand ils me l’avaient demandée… mais ils n’auraient jamais accepté que leur fille unique se transforme en loup… non jamais! Shadow Falls, voilà l’endroit où ils m’avaient envoyée. Je me revoyais les supplier de ne pas m’abandonner, je me souvenais aussi de ma première métamorphose. Ma mère était venue me souhaiter bonne nuit un soir de Pleine Lune. Elle n’avait trouvé qu’un bébé loup qu’elle avait pris pour un chiot. Là elle m’avait jetée dehors sans savoir que c’était moi et s’était mise à crier mon nom avec une telle colère que je me souvenais avoir glapit. J’étais donc partie courir et m’étais faufilée par la trappe du chat qui m’avait toujours détestée. Je n’avais que cinq ans à ce moment-là. À partir de ce jour j’avais compris que mes parents n’étaient pas comme moi et que je devais leur cacher ce que j’étais. Je revins subitement dans le présent lorsqu’un visage gras se tourna vers moi, le chauffeur de taxi dit :
- Vous êtes arrivée.
Il me tendait sa main ouverte et j’y déposai l’argent sans un mot, le montant étant inscrit sur son compteur. Je sortis donc en traînant ma valise derrière moi ainsi qu’un gros sac de sport. Cela ne prit pas une seconde que le taxi était déjà parti dans un nuage de poussière. Je me tournai alors vers l’immense muraille qui encerclait le pensionnat en lâchant un soupir. « Pitié faites que je ne sois pas prise avec des fous… » Pensai-je amèrement. Une brise légère m’envoya mes cheveux noirs au visage alors que j’entendais une voix dire :
- Maria? Es-tu Maria Lacroix?
- Oui, c’est moi, acquiesçai-je en dardant mes yeux gris sur la femme qui m’avait interpellée.
Elle était magnifique d’ailleurs avec ses longs cheveux roux et ses beaux yeux verts. À côté d’elle se tenait un homme habillé de sombre et à l’aspect ténébreux. Il avait bien son charme d’ailleurs, mais beaucoup trop vieux pour moi. Quelque chose en moi me recommanda de montrer les crocs, mais je décidai de ne pas l’écouter. J’étais certes douée pour me battre, mais un petit quelque chose me soufflait qu’il aurait le dessus (et probablement facilement). De toute manière ce serait assez mal perçu pour un premier jour… Je m’avançai alors vers eux calmement. La femme me glissa lorsque je fus à leur hauteur :
- Bienvenue à Shadow Falls Maria! Si j’ai bien compris tu viens du Québec?
- En effet.
- Sais-tu ce que tu es? S’enquit l’homme.
- Je peux me transformer en loup, donc je suis un loup-garou. Pourquoi?
Je me mordis rageusement les lèvres, qu’est-ce qui m’avait pris de leur lâcher ça, comme ça! Ce ne devait probablement pas être la réponse à laquelle il s’attendait…
- Ne t’inquiètes pas, nous étions déjà au courant… Dès que tes parents nous ont dit que tu fuyais une fois par mois depuis que tu as cinq ans, tenta de me rassurer l’homme.
- Nous en sommes maintenant certains, d’ailleurs… En voyant ta configuration… ajouta la femme.
- Et puis… si nous t’avons posé la question c’était pour être sûr que, toi, tu sois au courant… renchérit l’homme.
- Attendez une seconde! C’est quoi une configuration? M’exclamai-je avant qu’il ne puisse ajouter quoi que ce soit. Et puis, où est-ce que je suis exactement?
Il y eut alors un long moment de silence assez gênant quand enfin l’homme se décida à reprendre la parole :
- Tu… Tu ne sais pas ce qu’est la configuration cérébrale d’une personne?
Je secouai négativement la tête, alors la femme expliqua :
- C’est ce qui montre ce que tu es. Elle permet de différencier les différents surnaturels entre eux ou entre surnaturel et humain. Cela peut ressembler un peu à ceci et cela se trouve au niveau du front…
Elle traça alors un dessin qui me rappelait quelque chose et soudainement je compris. Je lançai alors :
- Ah, mais j’en ai déjà vues alors! J’ai donc une autre faculté maintenant… Enfin… je savais que tout le monde avait ce truc étrange au front, mais j’ignorais ce que cela signifiait… Vous n’avez toujours pas répondu à ma deuxième question…
- Nous possédons un pensionnat pour jeunes surnaturels, précisa la fille.
- Et quels sont vos noms? M’enquis-je.
- Moi, c’est Burnett, répondit l’homme. Et je suis un vampire.
- Pour ma part, je m’appelle Holiday et je suis une fée, ajouta la femme.
- Tu peux regarder nos configurations pour pouvoir reconnaître les autres comme nous… m’apprit Burnett.
J’acquiesçai en silence et finit par dire :
- Le trois quart de ceux dont j’ai observé la configuration avait la même que celle de mes deux parents… Et ils ne sont pas comme moi donc… Ils sont humains. Quelles autres configurations existent-ils?
- Il y a celle des sorcières, dit Holiday.
- Il y a aussi des métamorphes, ajouta Burnett.
- Et finalement… humm… les caméléons, conclut la fée.
- Des lézards? M’enquis-je un peu perdue.
- Une nouvelle espèce surnaturelle récemment découverte, mais qui existe depuis très longtemps, rétorqua le vampire. Ils ont un peu de toutes les races en eux. Nous avons présentement trois spécimens de l’espèce ici, expliqua-t-il.
- Ok, dis-je, incertaine. Est-ce qu’il y a beaucoup de gens comme moi ici? Des loups-garou, je veux dire…
- Bien sûr! En fait cette année nous sommes un peu débordé par le nombre d’élèves qui viennent. C’est sûr qu’avant nous n’étions qu’une colonie de vacances, alors… me dit Holiday avec un sourire chaleureux. D’ailleurs nous pensons agrandir les bungalows…
- Bon… Suis-nous on va te conduire à ton bungalow d’accueil le temps que l’on puisse t’accueillir dans l’une des nouvelles chambres, conclut l’homme.
- Et c’est où? Demandai-je.
- Dans le nôtre. Mais rassure-toi, ce ne sera que pendant deux ou trois jours. Les vampires sont des travailleurs rapides, me dit Holiday en serrant affectueusement l’épaule de son collègue.
Je ne pus m’empêcher de lâcher :
- Vous êtes ensemble, non?
- On aurait presque dit Kylie, tu ne trouves pas? S’enquit la fée.
- Un peu en effet, admit Burnett. Peut-être un peu plus sombre par contre…
- Qui est Kylie? Les interrogeai-je.
- L’une des trois caméléons présents ici, et la première d’ailleurs, me répondit Holiday.
Je fronçai les sourcils, mais je n’argumentai pas. La Fae ou fée adressa un sourire moqueur à Burnett avant de dire :
- Cette fois on pourrait presque croire avoir à faire à Della.
- Est-ce que vous pourriez arrêter de me comparer! Je suis qui je suis point! Grognai-je en serrant les poings.
- Oui, je suis d’accord, commença-t-il et je crus qu’il était d’accord avec moi, mais le reste me détrompa. C’est bien le caractère de Della!
Je soupirai bruyamment avant de lâcher :
- Pouvons-nous y aller maintenant?
Holiday m’adressa un sourire et Burnett dit :
- Bien sûr! Suis-nous, après nous te montrerons le réfectoire…
Je me contentai d’acquiescer en silence et ils se mirent en marche. On croisa plusieurs jeunes de mon âge qui tous, sans exception, me dévisagèrent avant de remuer les sourcils. Je commençais à vouloir baisser les yeux au niveau du sol lorsque je croisai un regard d’un beau bleu limpide. Sans savoir pourquoi je ne pus décrocher mes yeux de ceux de cette personne. Je me mis instinctivement à ralentir pour ne pas perdre ce contact visuel et du coup je remarquai que ce mec, car s’en était un, faisait de même. Ses cheveux mi-long étaient d’un châtain doré magnifique. Une peau joliment bronzée faisait ressortir avec effet son t-shirt noir qui moulait les muscles de ses épaules. Voyant qu’il me dévisageait à son tour je détournai les yeux rapidement. Pourtant une seconde plus tard je regardais de nouveau dans sa direction, mais il avait disparu.
- Dans quel pétrin est-ce que mes parents m’ont foutu, merde! Marmonnai-je en français.
- Qu’est-ce que tu as dit? S’enquit Burnett.
- Rien d’important, répondis-je en anglais.
Il pencha la tête sur le côté, avant d’acquiescer rapidement. Je le dévisageai et Holiday m’avoua :
- Les vampires ont une ouïe très développée et peuvent savoir lorsque les autres mentent, sauf ceux pouvant contrôler leur rythme cardiaque.
- Que pouvez-vous faire d’autre? M’enquis-je.
- Nous possédons une grande force, une vitesse exceptionnelle ainsi nous pouvons même voler. Notre odorat est très développé aussi, répondit Burnett.
- Je suis plus forte que les humains, plus rapide aussi, je sens et j’entends des choses qu’ils ne peuvent percevoir. Je ne suis pas vampire pour autant, répliquai-je en plissant les yeux.
- Les vampires, sans vouloir t’offenser, sont plus rapides que les loups-garou, me contredit-il.
Je ne lui répondis pas, mais je ne pus m’empêcher de serrer les dents. Nous arrivâmes bientôt devant un grand bungalow, ils m’invitèrent alors à pénétrer à l’intérieur et c’est à cet instant que retentit un pleurnichement de bébé. Burnett disparut dans la seconde et Holiday leva les yeux au ciel avant de lui emboiter le pas en m’invitant à la suivre. Nous fûmes bientôt dans une chambre où se tenait Burnett avec une petite fille dans les bras, ainsi qu’une autre plus vieille qui devait probablement avoir mon âge. Je vérifiai alors sa configuration et je ne la reconnue pas. Donc ce n’était ni une fée, ni une vampire. Alors quoi? Je ne pus m’empêcher de demander :
- Tu es quoi?
- Ah non, alors! Ça ne va pas recommencer! Holiday, c’est qui elle? S’exclama la fille.
- Ne soit pas trop dure Jenny, la gourmanda la Fae. Elle est nouvelle et ne connaît pas toutes les configurations…
- Sérieusement? S’étonna la dénommée Jenny.
- Ouais, sérieusement! Grognai-je.
Elle remua les sourcils pour vérifier ma configuration et dit comme si tout s’expliquait :
- Loup-garou.
- Oui. Qu’est-ce que ça peut te faire? Et puis, tu es quoi, toi?
- Une caméléon, dit-elle avec un petit sourire moqueur.
Je retins un grondement et demandai d’un ton profondément calme, peut-être même un peu trop :
- Où est-ce que je vais dormir?
- Viens je vais te conduire, proposa Holiday en posant sa main sur mon bras.
Au lieu de la repousser comme je le faisais habituellement je me relâchai en sentant le calme m’envahir. Mes muscles sous la défensive se détendirent et je suivis la fée hors de la chambre. À peine avais-je disparue que j’entendis Jenny dire :
- Elle sort d’où, celle-là?
- Ses parents nous l’ont envoyée depuis le Québec, au Canada, répondit Burnett.
- Elle parle bien l’anglais en tout cas pour quelqu’un dont ce n’est pas la langue première, observa Jenny.
- En effet, acquiesça le vampire.
Je grognai légèrement et Holiday me dévisagea. Je dis donc pour ma défense :
- Ils sont en train de parler de moi…
- Ah d’accord, dit-elle en souriant.
- La petite fille que Burnett tenait dans ses bras… c’est votre enfant? Demandai-je.
- Oui, répondit-elle en entrant dans une chambre. Elle se nomme Hannah.
Elle ajouta, en voyant que je ne poursuivais pas la conversation :
- Bon, voici ta chambre pour les prochains jours. Contente-toi de déposer tes choses… Nous devons aller au réfectoire pour le diner.
- D’accord, marmonnai-je en déposant ma valise sur le lit simple.
- Suis-moi, on va aller rejoindre les autres, ajouta-t-elle en me tendant la main amicalement.
Je l’ignorai et la suivit à l’entrée où nous attendaient déjà Burnett, Hannah et Jenny. Holiday alla prendre des bras du vampire la petite et nous sortîmes du bungalow. Jenny tenta de me parler, mais je la regardai en fronçant les sourcils alors elle s’interrompit. Nous fûmes bientôt devant un grand bâtiment pouvant sans doute accueillir plusieurs dizaines de dizaines de personnes. À peine avions-nous mis les pieds à l’intérieur que les deux directeurs furent appelés, Jenny quant à elle alla rejoindre un groupe un peu plus loin. Je me retrouvai donc seule lorsque tous les visages se tournèrent vers moi avec des yeux emplis de curiosité. Je me retins de toutes mes forces pour ne pas partir à toutes jambes. Soudain Jenny et son groupe se dirigèrent vers moi, une fille blonde aux yeux bleus à leur tête. Je sentais mon cœur battre à toute vitesse et de fait je n’entendis pas ce qu’elle m’adressa, je ne vis que ses lèvres bouger. Je demandai donc en m’éclaircissant la gorge :
- Quoi? Je n’ai pas entendu…
La blonde qui m’avait parlé m’adressa un sourire compatissant alors que la fille avec un certain air asiatique à côté d’elle eut un petit sourire moqueur.
- J’ai dit que je m’appelais Kylie. Ensuite je t’ai demandé ton nom… reprit la blonde.
- Oh… Je m’appelle Maria. Maria Lacroix, répondis-je en regardant ceux qui se trouvait près de moi.
Il y avait trois gars, un blond, un châtain et un aux cheveux brun foncé presque noir. Ce dernier me dévisageait étrangement ce qui me mettait légèrement mal à l’aise. Je posai alors le regard sur les filles, en plus de Jenny, Kylie et l’asiatique, il y en avait une dernière qui se tenait près du mec blond. Elle avait les cheveux blonds, noirs, roses et verts. Je jetai alors un œil à leur configuration et j’en reconnu trois. Kylie était une caméléon, le châtain un fae et l’asiatique une vampire. Kylie reprit alors en disant :
- Je te présente mes amis, Lucas un loup-garou comme toi, Miranda une sorcière, Della une vampire, Perry un métamorphe et Derek un fae.
Lorsqu’elle me désigna le châtain comme étant le certain Derek je remarquai alors l’agressivité qu’il semblait me porter et cela en fut trop. Alors au moment où Kylie reprenait en disant :
- On te souhaite la bienvenue à Shadow…
Elle n’avait pas encore fini que je me retournai d’un bond et sortit à l’extérieur en courant, sans tenir compte du fait que Burnett m’avait demandé de l’attendre là. Je m’arrêtai cependant quelques mètres plus loin, ne sachant pas où aller. J’entendis donc un gars dire, et je sentais le sourire dans sa voix :
- Je crois que c’est la première fois que l’on te fait ce coup, n’est-ce pas Kylie?
- Je croyais pourtant que je commençais à la mettre dans ma poche, ronchonna-t-elle. Qu’est-ce que j’ai dit de mal? S’enquit-elle ensuite.
- Rien, affirma un autre mec.
- Je suis d’accord, renchérit cette fois une fille. Elle commençait à se calmer, mais quand tu as terminé les présentations… son malaise a augmenté fois dix!
- J’ai dit le nom de qui en dernier? Demanda Kylie.
- Je crois que c’est celui de Derek, répondit une autre fille. D’ailleurs je me souviens qu’elle nous a tous observé au fur et à mesure que tu nous présentais.
Un court silence s’installa avant qu’un gars s’exclame sur la défensive :
- Quoi!
Derek, présumai-je. Jenny dit alors comme pour confirmer :
- Qu’est-ce que tu as fait Derek? Dis-moi que ce n’est pas à cause de ce que je vous ai dit tout à l’heure!
- Je n’apprécie pas que l’on soit méchant avec toi, d’accord! Grogna-t-il.
Quoi? Parce qu’elle avait dit que j’avais été méchante avec elle. Je sentis mon pouls s’accélérer sous le coup de la colère et je m’apprêtai à aller lui montrer ce qu’était une Maria vraiment méchante lorsqu’elle reprit la parole, m’interrompant sans même le savoir :
- Je n’ai jamais dit qu’elle avait été méchante! Seulement qu’elle n’avait pas été super amicale. Ce qui est normale puisqu’elle ne me connaît pas et ne vient même pas des États-Unis!
- Sans vouloir rompre l’ambiance, j’aimerais vous faire savoir qu’elle est encore ici. Enfin… à quelques mètres… dit la voix de la première fille. Je sens son odeur et j’entends son cœur battre sous le coup de la colère.
- Alors elle a entendu ce que nous avons dit, marmonna le mec qui avait répondu à Kylie. Je vais aller la chercher. De loup-garou à loup-garou.
Alors ce devait être Lucas, me dis-je à moi-même. J’entendis alors des bruits de pas et, comprenant qu’il ne plaisantait pas, détalai à toute vitesse vers le bungalow où se trouvait mes choses. J’entendis tout de même :
- Elle vient de repartir à courir. Elle…
Je ne compris pas le reste, mais la personne qui me suivait venait de se mettre à courir à son tour. Je redoublai d’ardeur et réussit à le distancer. Lorsque je vis le bungalow devant moi je puisai dans mes dernières forces pour accélérer encore. En atteignant les marches du perron je bondis et ouvris la porte en une seconde. Je la claquai alors derrière moi et m’appuyai dessus, exténuée. Ce n’est qu’à cet instant que je compris que je n’entendais plus le bruit de course. Je poussai un soupir de soulagement et allai m’affaler sur le sofa, très confortable d’ailleurs. Cela ne faisait pas une minute que je relaxais que je perçus de nouveau le bruit de course. Je me redressai brusquement lorsque la personne bondit sur le perron, comme moi plus tôt. Je lâchai involontairement un grognement lorsqu’il cogna à la porte. J’espérais que mon grognement était assez clair comme message, mais apparemment il s’en moquait, car il ouvrit la porte tout de même. Il darda alors sur moi des yeux bleu foncé et en colère. Pourtant il n’eut pas le temps de dire un mot qu’il se retrouva le cul à terre à l’extérieur.
- Dégage! Grognai-je en m’essuyant les mains suite à cette légère confrontation.
En relevant la tête Lucas me donna une bonne idée du degré de sa colère avec ses yeux orangés vibrant. Normalement je supposai que l’on devait s’écraser quand il était dans cet état. Moi, par contre, je ne me laissai pas intimider et demandai :
- Qu’est-ce que tu me veux?
- Savoir pourquoi tu agis comme cela et aussi… les autres aimeraient que tu reviennes, dit-il d’un ton plutôt grondant.
- Parles pour eux, grognai-je. Derek ne m’apprécie pas… et maintenant toi non plus, ajoutai-je.
- Pourquoi dis-tu cela? S’étonna-t-il en fronçant les sourcils, mais cette fois sa voix était plus calme.
- Derek parce que j’ai apparemment mal agis avec sa copine et toi… parce que tu as que les autres aimeraient que je revienne. Donc, je ne suis pas la bienvenue ici, avec vous… De toute façon je n’aime pas être en grand groupe… répondis-je en détournant les yeux à la fin.
Il me dévisagea avec suspicion et finit par secouer la tête. La seconde suivante il se redressa en disant :
- Je ne bouge pas d’ici tant que tu ne te décideras pas à te déplacer.
Je vins pour répliquer vertement, mais il me coupa :
- Quand je parle de te déplacer… Je fais référence au fait de revenir au réfectoire. Si dans une heure je ne suis pas revenu, je suis presque sûr qu’ils vont rappliquer ici.
J’eus un petit sourire malicieux avant de susurrer :
- Très bien, tu peux rester dehors, mec! Ce n’est pas mon problème!
Sur ce je lui refermai la porte au nez. Dès que la porte cacha mon visage je perdis par contre mon sourire. Ce n’était pas intentionnel si je repoussais tout le monde, enfin pas totalement. De toute ma vie je n’avais eu qu’une seule et véritable amie. La douleur que j’avais ressentie lorsqu’elle m’avait délaissée… était encore présente aujourd’hui. Nous avions été amie pendant six ans, et elle avait décidé de ne plus être mon amie lorsqu’à nos dix ans je lui avais révélé ce qu’il m’arrivait à la Pleine Lune. Depuis ce temps j’avais toujours empêché les autres de m’approcher, croyant ainsi me mettre à l’abri de la douleur causée par le rejet des êtres aimés. J’avais eu tort, car je venais de revivre la même chose avec mes parents. Je m’éloignai alors de la porte lentement, craignant qu’il ne tente d’entrer. Une minute passa, puis deux… finalement je tournai les talons et allai m’écraser sur le lit de ma chambre d’accueil. Cela ne devait pas faire plus de dix minutes que je m’étais étendue à rêvasser que j’entendis la voix de Burnett s’exclamer :
- Que fais-tu ici, Lucas?
- Je… euh… Nous avons essayé d’intégrer la nouvelle, mais Derek l’a légèrement fait fuir et…
- Derek? S’étonna le vampire en l’interrompant.
- Oui… Enfin, j’ai suivi la nouvelle pour lui dire de revenir, mais elle n’a pas voulu. Alors j’ai…
- Suffit! Clama Burnett le coupant de nouveau. Pourquoi es-tu encore ici?
- Je… tenta encore Lucas, mais il se fit interrompre à nouveau.
- Peu importe. Tu peux y… commença-t-il avant de s’interrompre sans raison apparente.
Profitant de cet instant de répit j’ouvris la fenêtre de la chambre et sautai à l’extérieur. Je m’élançai alors à toute vitesse. Je ne devais pas avoir fait cent mètres qu’une voix me cloua sur place :
- Tu crois aller où comme ça?
Je me retournai d’un bond et me retrouvai devant l’asiatique, Della si je me souvenais bien. La seconde suivante Kylie apparut à nos côtés et cracha à l’intention de l’autre :
- Je croyais t’avoir dit que je m’en chargeais!
- Rectification. JE m’occupe de Maria et VOUS vous retournez au réfectoire! siffla Burnett me faisant du coup sursauter, ne l’ayant pas entendu arriver.
- Nous avons déjà mangé! Rétorqua Della en levant le menton.
- En plus entre filles on devrait se comprendre! Renchérit Kylie.
- C’est non les filles, retournez à votre bungalow et dites aux autres d’en faire autant, Holiday doit venir vous voir tout à l’heure, se fâcha Burnett.
Della plissa les yeux et Kylie soupira, mais toutes deux firent demi-tour.
- Maintenant toi… murmura le vampire en se tournant vers moi. Peux-tu me dire pourquoi tu ne m’as pas obéi tout à l’heure! M’hurla-t-il à la figure.
Je le regardai sans ciller malgré mon envie de m’enfuir en courant. Heureusement lorsque je lui répondis ce fut avec un ton dénué d’émotion :
- C’était ça ou un scandale. J’ai préféré le « ça ».
- Un scandale? Tu es sérieuse? S’insurgea-t-il.
- Tout à fait! Dis-je avec un petit sourire narquois totalement déplacé. Vous savez, je réagis très mal quand on me dévisage sans arrêt. En plus, lorsque je vois que l’on ne m’apprécie pas sans raison apparente… Je peux réagir un peu impulsivement… ajoutai-je les yeux dans le vague en me remémorant quelques mois plus tôt lorsque j’avais pété un câble à l’école et que je m’étais battue contre une gang de salopard.
Des salopards certes, mais des salopards qui avaient le total soutient de leur parent, contrairement à moi. C’est vrai quoi, c’était la troisième école que je fréquentais en un an… pour des causes similaires, ce qui m’avait mise en fâcheuse situation avec mes parents.
- Comme quoi? S’enquit-il apparemment suspicieux.
- Je ne crois pas que vous voudriez le savoir, m’sieur, dis-je avec un petit sourire, cette fois moqueur.
Il plissa les yeux et finit par trancher :
- Soit c’est la vérité, soit tu es une excellente menteuse.
- Je suis en effet une bonne menteuse, mais… commençai-je sans poursuivre. Seulement avec les humains normaux, si je puis dire cela ainsi, ajoutai-je rapidement en voyant qu’il venait pour répliquer. De toute manière j’aimerais bien que ce soit un mensonge pour le coup… avouai-je en détournant les yeux.
- Veux-tu bien me dire ce qu’il s’est passé avec Kylie et les autres tout à l’heure? Me demanda-t-il.
Je me raidis immédiatement et grognai :
- Vous êtes déjà au courant!
- Je voudrais entendre ta version.
- Ce n’était pas grand-chose. Seulement trop de monde qui me dévisageait et un qui me fixait avec animosité. C’est tout, maintenant j’aimerais bien aller me reposer, ajoutai-je plus durement.
Il n’eut pas le temps de répondre que je me mettais déjà à courir. Je l’entendis tout de même, distinctement, soupirer, découragé. Eh bien… il n’était pas le seul à l’être, je l’étais tout autant! Je rentrai alors à l’intérieur du bungalow et tombai sur Holiday qui patientait devant ma chambre d’accueil avec Hannah dans les bras. Elle me dit après un court silence :
- J’ai choisi tes futures colocs et j’ai décidé de te les présenter toutes les trois immédiatement. On va simplement attendre que Burnett revienne pour s’occuper d’Hannah.
- D’accord, soupirai-je en m’appuyant nonchalamment contre le mur.
Cela ne prit pas une minute que le vampire était déjà là. Il prit délicatement la fillette des bras de sa femme et lui demanda :
- Veux-tu que je vous accompagne?
- Je saurai très bien gérer les filles, merci, marmonna-t-elle.
Il hocha la tête et Holiday me fit signe de la suivre. Une fois à l’extérieur elle entama une discussion :
- Lorsque tu es arrivé tout à l’heure… Tu nous as dit que tes parents avaient une configuration humaine, c’est bien cela?
- Oui, pourquoi? Répondis-je, suspicieuse.
- Normalement il faut des êtres surnaturels comme parent pour en devenir un. Est-ce que tu as déjà rencontré tes grands-parents?
- Oui et des deux côtés. Chacun d’eux avaient la même configuration que mes parents.
Holiday plissa les yeux et sa mâchoire se contracta, mais elle continua à marcher sans rien ajouter.
- Qu’est-ce qu’il y a? m’enquis-je finalement, inquiète.
- Le gène ne saute généralement jamais une génération, alors surement pas deux. Et puis de toute manière tu es à cent pour cent une louve-garou…
- Et donc…? La pressai-je.
- Je préfère ne pas t’induire en erreur en te donnant mon hypothèse… Alors je vais te donner des informations sur le fonctionnement ici.
- D’accord, maugréai-je de mauvaise grâce.
- Chaque élève ici doit se trouver une quête personnelle dont il devra trouver la réponse. Cela peut être tout et n’importe quoi. Lorsque tu la termines, tu en trouves une autre et ainsi de suite.
- C’est bon à savoir, murmurai-je, pensive.
- Autre chose. Chaque matin vous êtes tous obligés de participer à une heure pour faire connaissance. Ceci a pour but d’apprendre au différent surnaturel à bien s’entendre.
- Je ne veux pas y participer, grognai-je.
- C’est obligatoire, alors tu n’as pas le choix…
- Bon sang, qu’est-ce que j’ai fait pour aboutir ici, marmonnai-je entre mes dents en français.
- Tu as dit quoi? S’enquit Holiday, confuse.
- Commentaire personnelle, répondis-je en revenant à l’anglais.
- Très bien… dit-elle en fronçant légèrement les sourcils.
Je soupirai légèrement en détournant les yeux et finis par demander :
- Arrivons-nous bientôt?
- Oui et j’aimerais que tu me laisses prendre un peu d’avance pour leur annoncer la nouvelle…
- Au cas où leur réaction serait négative, c’est ça?
- Je…
- C’est bon je comprends! La coupai-je.
Elle hocha la tête avec un petit sourire désolé et commença à avancer plus rapidement. Je la suivis à distance raisonnable jusqu’à un bungalow d’où s’élevait des voix féminines que je ne saisissais pas encore suffisamment pour reconnaître ou non les propriétaires. Lorsque Holiday cogna à la porte je m’approchai d’une dizaine de mètres pour bien entendre ce qui se dirait. Une fois rendu là, j’entendis Della dire :
- Voilà Holiday.
Une minute… La fée m’envoyait avec elles? Non, ce n’était pas vrai! Cela ne pouvait être vrai! Je reportai mon regard sur le bungalow lorsque Holiday prit la parole :
- Salut les filles.
- Pourquoi voulais-tu nous voir? S’enquit une voix que je reconnus sans pour autant savoir à qui elle appartenait.
- Humm… En fait je suis venue vous parler de votre future nouvelle coloc, dit Holiday.
- Quand va-t-elle venir s’installer? Demanda Kylie.
- Après-demain, car à ce moment la chambre aura été construite, mais je suis surtout venu vous dire qui allait s’installer avec vous trois…
- Mais Holiday, nous savons déjà l’identité de notre coloc. C’est Jenny! Nous te l’avions demandé, répliqua Della.
- Ce ne sera pas Jenny, désolée les filles. Celle-ci, sur la demande de son frère, va continuer à vivre avec ce dernier. Il veut garder un œil sur elle, rétorqua la fée sur un ton doux.
- Alors qui? S’enquit la fille dont j’ignorais toujours le nom.
- Ce sera Maria Lacroix, répondit Holiday.
- Quoi! S’insurgea Della. Je ne veux pas de loup-garou dans notre bungalow! S’exclama-t-elle ensuite.
- Mais on ne la connaît même pas en plus! S’écria l’autre fille.
- Pourquoi, Holiday? Je croyais que tu étais d’accord pour Jenny… marmonna Kylie.
- J’ai changé d’idée avec l’annonce de son arrivée, Kylie… Et je ne mets personne de la même espèce dans les bungalows. Pour ce qui est de ton commentaire, Miranda, dois-je vous rappeler que vous étiez de totale inconnue avant de devenir meilleure amie? Quant à toi, Della. J’aimerais que tu revoies tes priorités, sinon je serai obligé d’en parler à Burnett. Et tu sais qu’il n’est pas seulement le directeur de cette école, n’est-ce pas? Leur dit Holiday d’un ton dur.
- Ça ressemble nettement à du chantage ça! Marmonna Miranda, la sorcière.
- Reste que je n’aime pas les loups-garou, grogna Della.
- Les filles je vous… commença la fae, mais c’est à ce moment que je décidai de débarquer, l’interrompant au passage.
- Holiday, tu perds ton temps. Elles ne veulent pas de moi ici, dis-je en les regardant fixement. J’y suis habituée, vous savez…
- Tu es tellement agréable en plus! S’exclama Della, hargneuse.
- Parce que tu l’es plus, peut-être! Grognai-je.
Les yeux de la vampire s’illuminèrent de colère et ses canines s’allongèrent alors que je claquai des dents dans sa direction. Holiday vint pour me toucher le bras, mais je la repoussai brusquement, lui faisant ainsi perdre l’équilibre. Kylie me regarda immédiatement avec une colère froide, tout comme la petite sorcière et la vampire. Celle-ci grogna :
- Là tu es allé trop loin! Dégage ou je sors ton derrière de loup-garou moi-même!
- Essaye juste pour voir! Lui soufflai-je au visage tout en me campant sur mes jambes avec un petit sourire narquois.
Au moment où elle s’apprêtait à bondir Holiday cria :
- Ça suffit maintenant toutes les deux! Je ne changerai pas d’idée.
Della et moi nous nous fusillâmes du regard, quant à Kylie et Miranda elles se détendirent. D’ailleurs cette dernière lâcha :
- Peut-être que Della sera moins sur mon dos désormais!
Della grogna en même temps que moi, ce qui nous énerva encore plus.
- Va te faire voir! Siffla la vampire en foudroyant son amie du regard.
- Je crois que je vais partir! Marmonnai-je en serrant les dents.
Sur ces mots je tournai les talons et me mis à courir. À peine cent mètres plus loin je fus rejointe par Kylie. Croyait-elle que son petit air d’ange allait changer quelque chose? Elle se trompait amèrement si c’était le cas.
- Qu’est-ce que tu me veux? Grondai-je en me retenant à grande peine d’ajouter un « encore ».
- Tu aurais pu t’excuser après avoir bousculé Holiday! Me dit-elle d’une voix étrangement grave.
- Attends! Tu viens jusqu’ici pour me sermonner? M’exclamai-je, incrédule en m’interrompant de courir dans un dérapage risqué.
Elle s’interrompit brusquement à son tour et répondit :
- Je… En fait je ne sais pas exactement pourquoi je t’ai suivie. Peut-être parce que tu me fais un peu penser à moi lorsque je suis arrivée ici…
- Je ne crois pas, rétorquai-je. Tes parents ne t’ont pas envoyés dans un autre pays pour se débarrasser de toi comme les… commençai-je avant de m’interrompre brusquement au moment de révéler trop de choses sur moi.
Je n’en fus pas sauvé, car Kylie s’exclama :
- Comme les… quoi?
- Comme les autres d’où je viens, mentis-je.
- Tu mens, me fit-elle remarquer.
- C’est peut-être parce que je ne veux pas te dire la vérité? Grognai-je méchamment, car la vérité me mettait d’humeur triste et je détestais pleurer en public.
Elle garda le silence un moment avant de dire :
- Si tu gardes tout à l’intérieur et que tu n’arrêtes pas de repousser tout le monde… tu ne pourras jamais être réellement heureuse. Tu en a conscience, non?
- Tu te prends pour qui? M’écriai-je en colère. Pour ma mère, peut-être! Ajoutai-je et au moment où les mots franchirent mes lèvres je sentis ma gorge se nouer sous le coup de l’émotion.
C’était bien ça le problème. Je n’avais plus de mère. Et en avais-je vraiment eu une? Je me passai une main sur le visage pour empêcher les larmes de jaillir et recommençai à avancer. Kylie dit alors :
- Regarde je croyais aussi que mes parents m’avaient envoyés ici pour se débarrasser de moi… Enfin, surtout de la part de ma mère. Pourtant j’ai appris plus tard que c’était ma psy qui avait convaincue ma mère de m’envoyer ici. Les surnaturels font en sorte que cet endroit soit vu comme étant un établissement pour ado à problème. Avant ce n’était qu’une colo. Il n’y a pas d’endroit comme cela au Canada?
- Probablement, mais ce que tu ne comprends pas c’est que mes parents ne veulent plus de moi.
- Mais c’est impossible! Ce sont tes parents! S’exclama-t-elle, éberluée.
- Non, justement, murmurai-je pour moi-même, mais elle m’entendit.
- Quoi?
- Ils ne le sont plus s’ils m’ont abandonnée ici, me repris-je rapidement. Et pourquoi est-ce que je te parle, d’ailleurs? Tu ne veux même pas de moi, pas plus que tes deux colocs, dans votre foutu bungalow! M’exclamai-je.
- Ce n’est pas vrai! Rétorqua-t-elle.
- Ne mens pas, la prévins-je. Nous savons toutes les deux que c’est la vérité.
Au moment où elle vint pour répliquer de nouveau je repartis à courir et lançai en criant :
- Cette fois je te préviens, ne me suis pas!
Elle sembla m’écouter, car en arrivant au bungalow je n’avais perçu aucun bruit de poursuite pendant le trajet. Au moment d’entrer à l’intérieur je croisai un regard que je reconnu aussitôt. Ce bleu limpide je ne risquais pas de l’oublier de sitôt… Il dut remarquer que je l’avais aperçu puisqu’il rabattit sa capuche sur sa tête et s’éloigna à grand pas. Pourquoi avais-je l’impression qu’il me fuyait? Je ne le connaissais pourtant pas… J’ouvris alors la porte rageusement, mais je me promis que demain j’allais découvrir son identité. Malheureusement je ne savais pas trop pour quelle raison exactement je désirais la connaître… Était-ce uniquement parce qu’il me semblait louche ou… pour autre chose? Ne voulant pas y réfléchir davantage je me dirigeai vers ma chambre et m’écrasai sur le lit. Pourtant à peine deux minutes plus tard on cogna à ma fenêtre. Je maugréai en me redressant pourtant tout sens aux aguets. Je m’approchai lentement de la fenêtre et avec stupéfaction je découvris Jenny qui tenait quelque chose dans ses mains. J’ouvris alors la fenêtre et demandai :
- Que fous-tu ici?
- J’ai cru que tu aurais faim… me dit-elle en désignant ce qu’elle tenait entre les mains.
Comme pour lui donner raison mon ventre lâcha un grondement de famine. Je me souvins alors que je n’avais pas mangé de la journée… Je descendis d’un bond fluide à ses côtés et m’enquis, suspicieuse :
- Pourquoi fais-tu cela? Je n’ai pas été très sympathique avec toi…
- Ce n’est pas très grave… En plus, c’est un peu de ma faute si tu n’as pas pu manger tout à l’heure…
- Non, tu n’as rien à te reprocher… Je ne suis pas douée pour sympathiser avec les gens en général. Je suis trop habituée à tenir tout le monde loin de moi. Et de toute manière je n’aurais jamais été capable de manger avec autant de personne autour qui me dévisageait.
- Dis-toi que c’était encore pire pour Kylie. Elle était une caméléon, mais personne, y compris elle, ne savait ce qu’elle était. À l’époque nous n’étions pas connus, m’apprit-elle.
- Ne me parle pas d’elle! Grondai-je.
- Pourquoi?
- Est-ce que tu es au courant pour le…
- Ah, Holiday est allée leur annoncer alors? Dit Jenny avec une étincelle de compréhension dans le regard.
- Tu le savais déjà?
- Bien sûr, en fait je l’ai su hier matin. Et je crois que Holiday le savait depuis le moment où tes parents l’ont appelée. Si je ne leur ai pas dit, à Kylie, Della et Miranda je veux dire, c’est que la directrice ne voulait pas que j’en parle.
- Ah…
- Est-ce que tu voulais manger? Parce que plus tu attends, plus ce sera froid…
- Manger froid ne me fais pas peur, murmurai-je. C’est arrivé très souvent…
Je lui pris néanmoins l’assiette de carton des mains et commençai à manger. Au bout d’un moment de silence Jenny me demanda :
- Il y a quelque chose que je ne comprends pas… Pourquoi?
- Pourquoi quoi? M’enquis-je, perdue.
- Tu ne voulais pas m’adresser la parole et… eh bien, là, tu me parle…
- Tu m’as quand même apporté à manger, fis-je remarquer. Et pour tout te dire je ne suis pas aussi méchante que je peux en avoir l’air… Pas au point d’être grossière avec quelqu’un qui pense à m’apporter de la nourriture en tout cas!
- Un peu comme Della, en bref! Dit-elle en souriant, mais moi j’étais loin de trouver ça drôle.
- Pas du tout! Je n’ai rien avoir avec cette peste de vampire qui croit que ses petites canines font peur.
- Tu ne devrais pas la mettre à l’épreuve… car, sans vouloir t’offenser, elle te vaincra.
- Qu’est-ce que tu en sais? Tu ne connais rien de moi! Hurlai-je avec rancœur, car je commençais à en avoir marre du monde qui me sous-estimait, c’était justement ce qui s’était produit à l’autre école.
Ou devrais-je dire « aux autres » ? Je me retournai avec l’assiette vide dans les mains en direction de la fenêtre et bondit pour m’agripper au rebord. Ensuite à la simple force de mes bras je me hissai à l’intérieur. J’entendis les pas de l’autre fille commencer à se retourner, mais rempli de remord je lançai :
- Jenny?
- Quoi? Dit-elle en se retournant.
- Merci pour le repas.
- De rien, glissa-t-elle en souriant avant de recommencer à marcher.
Après tout elle n’avait pas à encaisser mon passé, pensai-je pour expliquer mon geste. Je retournai alors à la cuisine pour jeter mon assiette dans la poubelle et en me retournant pour aller à ma chambre je tombai sur Burnett.
- Qui était-ce? Me demanda-t-il.
- Jenny, comme tu le savais déjà, répondis-je simplement en le contournant.
Je sentis son regard me brûler le dos, mais par orgueil je n’accélérai pas le pas. Dès arrivée dans la chambre j’allai vers ma valise pour prendre mon pyjama et l’enfilai rapidement avant de m’étendre sur le lit. Alors, sachant qu’il devait vérifier mon rythme cardiaque pour savoir si je dormirais bientôt je fis comme ces dernières années quand je ne voulais pas parler à mes parents. Je calmai ma respiration pour faire en sorte que l’on puisse me croire endormie, malheureusement je ne saurais probablement pas si ma ruse allait fonctionner. La seule raison pourquoi je faisais cela au lieu de dormir réellement c’était que j’avais le pressentiment que Burnett et Holiday allaient parler de moi dès que cette dernière serait de retour.
Je n’eus pas à attendre très longtemps, car ce ne fut qu’environ dix minutes plus tard que la fée se pointa. Je les entendis s’assoir autour de la table et finalement le vampire demanda :
- Et puis… Comment ont-elles réagi?
- Mal, comme tu peux te l’imaginer. En particulier Della, mais nous savons tous les deux comment elle est derrière ce masque.
- En effet, dit Burnett, pensif.
- Miranda semble y avoir trouvé son compte à la fin, par contre… dit Holiday et je pus sentir le sourire dans sa voix.
- Comment ça?
- Puisque j’ai eu la regrettable constatation que Della et Maria ne s’entendent pas très bien… Miranda croit que notre petite vampire sera moins sur son dos.
- À quel point est-ce que tu crois qu’elles ne s’aiment pas? S’enquit Burnett.
- Disons seulement que nous risquons d’y aller souvent dans les premiers jours. Mais je ne sais pas si Maria aime vraiment se prendre la tête avec Della. Je crois plutôt qu’elle est toujours sur la défensive et que dès que l’on l’attaque le moindrement elle se défend. Violemment.
- Un peu comme Della, non?
- Notre jeune vampire n’est pas vraiment ainsi. Mais en effet elles ont beaucoup de chose en commun… Comme le fait qu’elle aime bien être sur le fil du rasoir. Si tu avais vu l’air de Maria quand elle a invité Della à essayer de la faire sortir dehors… Elle était comme… elle ne semblait même pas appréhender ce qui allait se produire, comme si elle s’y attendait.
- Crois-tu que cela posera problème à la longue? S’inquiéta Burnett.
- Eh bien… Probablement. Tu ne te souviens pas ce qu’on a lu sur son passé?
- Oui bien sûr, mais nous ne sommes pas au courant de tout, fit-il remarquer.
- C’est aussi ce que je me disais, mais… Elle nous cache des choses sur son passé. J’ai parlé avec Kylie tout à l’heure, alors qu’elle revenait d’une discussion avec notre nouvelle louve-garou.
- Et…? L’encouragea son mari.
- Kylie est persuadée que quelque chose la rend aussi réservé et peu encline à se rapprocher des autres… avoua la fée.
- Della semblait-elle ne pas apprécier particulièrement Maria, ou était-ce simplement à cause de son statut de loup-garou? Demanda le vampire complétement hors sujet.
- Est-ce que j’ai à faire à mon mari et co-directeur du pensionnat ou à l’agent de l’URF?
- Ton mari. Je te promets de ne pas en parler, peu importe la réponse.
- Je crois que c’était surtout Maria qui la mettait sur les nerfs, mais… à la fin elle a dit et je cite « reste que je n’aime pas les loups-garou ».
- D’accord, mais je crois que ce n’était qu’une excuse. Della a dû voir elle aussi les ressemblances entre Maria et elle, ce qui ne lui plaisait sans doute pas.
- J’espère que tu ne penses pas à… commença Holiday, mais Burnett la coupa.
- Elle serait sans doute excellente dans l’URF, Holiday… Elle n’a pas froid aux yeux et…
- Il est hors de question que tu l’embarque elle aussi! Imagine si Della et elle devaient devenir amies! Nous serions dans de beaux draps!
- Non justement! Maria semble avoir une certaine prise de conscience des risques ainsi qu’un peu plus de retenue que notre Della. Les deux ensembles en mission seraient sans doute un duo remarquable!
- Où est donc passé monsieur le Macho?
- La dernière mission m’a ouvert les yeux, tenta-t-il.
- Dis plutôt que ce n’est que pour ce cas-ci et que tu voulais me contredire, rétorqua sa femme.
- Tu as raison, admit-il.
- Nous devrions aller dormir… Nous aurons sans doute une dure journée demain…
- Ce serait bien en effet, approuva-t-il.
- Dis-moi… Tu es certain qu’elle dormait? S’enquit soudain Holiday, inquiète.
- Oui.
Je les entendis se lever de table et s’approcher de ma chambre. Je fis très attention pour ne pas dévoiler ma ruse qui avait, apparemment, fonctionnée. Lorsque je les entendis avoir une respiration plus calme je me permis enfin de m’endormir…