Hey! C'est moi! Je me trouve nulle d'avoir encore mis deux mois à publier un nouveau chapitre, mais... sérieusement, les deux derniers mois ont été un véritable enfer de travaux. Sauf pour les deux dernières semaines. Et puis après, la motivation et l'inspiration ne venaient pas. C'est pourquoi qu'il est possible que vous trouviez qu'il se passe des trucs... bizarres. Dans ce chapitre. J'ignore vraiment ce qui m'est passé par la tête, je vous jure. Mais bref, j'espère qu'il vous plaira quand même. Normalement, je devrais publier un autre chapitre d'ici la fin du mois de juin, mais je ne promet rien. Car je ne suis sûre de rien. Donc, voilà, place à ce chapitre et mille pardons d'avance pour les fautes qui doivent s'y retrouver Bonne lecture!
Chapitre 12
Je me retournai d’un bond, la lèvre supérieure retroussée sur un grondement encore plus puissant que le premier. Elle n’avait aucun droit d’être ici. Aucun. Je crachai avec hargne :
- Tu ferais mieux de dégager d’ici! Avant que ce ne soit moi qui te fasse partir!
- À coups de pieds au cul! Renchérit Della en venant se placer à ma droite.
Tous les autres se placèrent derrière moi, sauf Lucas. Il vint se poster à ma gauche avec le même rictus aux lèvres que moi. Maïa lâcha un petit rire en voyant notre offensive et Sarah, qui ne parlait jamais (et que je venais juste de remarquer), se contenta de croiser les bras en haussant un sourcil.
Elles se moquaient de nous. Toutes les deux. Mais je voyais bien le regard scrutateur que me jetait Sarah et je me demandais si c’était en lien avec ce que son père lui avait dit. D’ailleurs, ce dernier était-il revenu aujourd’hui? Je n’avais même pas songé à aller voir!
- J’aimerais bien voir ça, rétorqua la Dame aux Glaïeuls en affichant un air de dédain. Je vais partir d’ici dès qu’Ethan viendra me rejoindre.
- Jamais! Rugis-je en saisissant brusquement l’intéressé par le bras pour l’empêcher de faire un pas.
Je sentais la tension qui l’habitait sous mes doigts et je n’aimais pas ça. Pas du tout. J’avais le sentiment qu’il y avait encore une part de lui qui voulait aller la rejoindre. Ce que je n’approuverais jamais. Je l’avais déjà perdu deux fois. Il n’y en aurait pas de troisième. Je ferais en sorte qu’il soit l’exception qui confirme la règle des « jamais deux sans trois ». Quant à Maïa elle retournerait pourrir au fin fond du Fleuve Saint-Laurent pendant plusieurs dizaines années, comme il se devait!
- Je suis certaine qu’il n’a aucune envie de rester avec toi, Maria. Tu devrais te faire à l’idée… susurra Maïa en m’adressant un regard qui provenait du plus profond du monde des garces en puissance.
Mes poings se crispèrent et comme l’une de mes mains retenait Ethan, je le vis grimacer. Je me sentis légèrement désolée pour lui et je me sentis aussi coupable, car je détestais lui faire du mal. D’autant plus que là, maintenant, il avait toute sa tête. Pas comme les autres fois. Sauf qu’il était hors de question que je me laisse faire. En particulier pour Kelsea, qui reposait inconsciente dans le vieux bungalow derrière moi.
- Je ne sais pas si c’est à cause de l’eau salée que tu as au cerveau, mais tu es vraiment lente d’esprit, n’est-ce pas? J’ai dit qu’il ne retournerait
jamais avec toi. C’est fini.
J’aperçus le sourire satisfait de Della et elle ajouta :
- Je suis toujours aussi partante pour lui botter le derrière si elle ne s’en va pas d’elle-même.
Immédiatement.
- Toujours aussi agréable, à ce que je vois, Della! Railla Maïa en foudroyant la vamp du regard. Et Maria, ton pauvre
petit rituel… Ou appelles-tu cela une cérémonie? Enfin, ta petite
cérémonie n’est même pas achevée. Tu ne peux rien faire s’il décide de venir de son plein gré vers moi.
Une troisième fois.
- Il n’ira pas, dis-je d’un ton froid que j’espérais affirmatif.
Tout sauf incertain. S’il-vous-plaît. Maïa eut un grand rire sardonique qui me donna à la fois envie de vomir et de disparaître dans l’Ombre et la Lumière, sauf que je réussis à me forcer à l’immobilisme le plus total. Je ne réagirais pas. Je ne la laisserais plus avoir autant de pouvoir sur mes émotions. Ce temps-là était
fini.
- En es-tu
si sûre? Me provoqua-t-elle. As-tu toujours autant confiance en lui et son jugement pour le laisser prendre la décision?
J’étais dans une impasse profonde et impossible à défaire. Je n’avais que deux solutions qui n’en étaient pas. Soit je laissais Ethan choisir son destin et risquer, très probablement, de le perdre définitivement sans toutefois montrer de signe de faiblesse. Soit je le gardais sous le contrôle de ma main, m’arrangeais pour terminer la cérémonie, mais perdais toute crédibilité.
Je plongeai un regard froid dans les yeux verts de Maïa et tout en la défiant ainsi du regard je relâchai un à un les doigts qui enserraient le poignet d’Ethan. Restait plus qu’à espérer que je ne commettais pas de folie… Sauf que le sourire en coin qu’affichait ma rivale me donnait froid dans le dos.
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Ethan sentait la sueur coulée le long de son dos tandis que tout son être semblait être en train de se séparer en deux. Il était à la fois blessé et réjoui que Maria l’ait attrapé par le poignet pour l’empêcher de bouger. Sauf que maintenant elle le relâchait. Ce qui ne lui laissait que l’opportunité d’envisager le pire.
Quand Maïa était apparu il avait été immédiatement frappé par son odeur particulière d’herbe fraîchement coupé. L’envie de la rejoindre avait été très forte. Et l’était toujours. Sauf qu’il aimait Maria et c’était sa dernière chance d’avoir la possibilité de se racheter un peu à ses yeux. Il savait que les excuses ne servaient plus à rien. Que les mots n’arriveraient pas à faire oublier ce qu’il avait fait. Aucun.
Quand il fut complètement libre de ses mouvements, sa respiration s’accéléra. Il avança d’un pas, puis s’arrêta pour se prendre la tête entre les mains. Il devait se concentrer et combattre ce qui cherchait à reprendre la possession de son être. Il sentait le Cerbère le malmener. Sauf qu’il ne pouvait pas le libérer. Il devait se montrer fort. Pour Maria. Mais surtout… pour lui. Il n’avait plus envie d’être le jouet de quelqu’un. Quand il s’était battu aux côtés de Maria c’était… par amour. Par conviction. Pas à cause d’un contrôle mental stupide et répugnant.
Il relâcha finalement sa tête et la redressa en s’efforçant de respirer par la bouche. Apparemment ça l’aidait à se concentrer. Il remarqua le regard chargé d’angoisse, mais d’une résignation froide de Maria braqué sur lui. S’il s’écartait à nouveau du droit chemin, il le paierait probablement de sa vie. Et Christine aurait un soulèvement sur les bras après ce qu’elle avait dit au sujet de leur lien.
En y repensant un sourire moqueur étira ses lèvres et il se tourna vers Maïa. Il avança d’un pas vers elle et tandis que cette garce renvoyait un sourire triomphant à sa petite louve, il lança :
- Désolé Maïa, mais je n’ai jamais aimé l’odeur des algues. Ou des poissons.
Sur ces mots, il se retourna vers sa petite louve qui regardait avec défi sa rivale. Il ne put faire autrement que trouver ce spectacle magnifique. Il avait été anéanti de voir à quel point elle s’était effondrée suite à sa trahison. Il avait été anéanti de voir à quel point elle tenait à lui.
- NON! Hurla Maïa, sauf que déjà Christine tenait la chevalière à bout de bras dans les airs et poursuivait la cérémonie.
En voyant sans doute que la cheffe de cérémonie continuait son œuvre, Maïa s’élança vers eux. Il craignit un instant ce qui allait bien pouvoir se produire, mais il survint un évènement totalement improbable et incroyable.
Un boulet de canon version vampire.
Un boulet de canon qui n’était en aucun cas Della, Kylie ou même Jenny.
Non, c’était Katryne.
Et à voir l’éclat de colère qui faisait flamboyer ses yeux de vampire, elle n’était pas contente du tout. Le ton qu’elle prit par la suite pour hurler le confirma :
- JE T’AI DÉJÀ DIT DE FOUTRE LE CAMP, CR*SS DE GARCE!
Elle avait parlé en français. Mais Ethan l’avait très bien compris. Et encore mieux compris le juron typique des francophones Québécois. Maria avait une certaine contenance, mais il se doutait qu’elle devait en avoir très souvent envie. Surtout ces derniers temps…
Ce que fit Katryne ensuite le figea encore plus. Elle venait d’envoyer violemment ses deux pieds simultanément sur les ventres de Maïa et Sarah. Celles-ci furent projetées un bon quinze mètres plus loin. En virevoltant de façon plutôt inélégante.
- Par le Feu et par l’Eau. Par l’Air et par la Terre! Pour toujours et à jamais, jusqu’à ce que vous passiez de vie à trépas, vous serez unis! Plus personne ne pourra vous séparer! S’écria la sorcière en utilisant sa magie qui fit étinceler la chevalière comme un millier de diamant et sans sembler s’émouvoir des évènements alentours.
Maria se tourna vers lui et il la rejoignit en quelques enjambées, elle aussi, sans se préoccuper des évènements, car chaque seconde comptait. Puis sans avoir besoin de se consulter, ils se saisirent par les mains et prononcèrent les mêmes mots, ou presque, que Christine :
- Par le Feu et par l’Eau. Par l’Air et par la Terre. Pour toujours et à jamais, jusqu’à ce que nous passions de vie à trépas, nous serons unis. Plus personne ne pourra nous séparer maintenant!
Alors même que les derniers mots quittaient leurs lèvres, Ethan vit la sorcière mettre le collier où pendait la chevalière au cou de Maria. À l’instant même où la chaîne entra en contact avec la peau de sa petite louve, il sentit comme un souffle de fraîcheur traverser son esprit.
Il était libre.
Il inspira par le nez pour tester le tout jusqu’à sa limite et… rien. Il n’y avait aucune odeur d’herbe fraîchement coupée. C’était plutôt bizarre, quand on y réfléchissait. Pourquoi ne pouvait-il plus du tout sentir l’odeur?
Il n’eut pas l’occasion d’y réfléchir davantage, car Maïa poussa soudain un hurlement si strident qu’il craint un instant d’avoir les tympans éclatés. Par réflexe, il plaqua ses mains contre ses oreilles comme toutes les personnes autour qui possédait une ouïe plus développée. Il comprit avec une seconde de retard ce qui était en train de se passer. Elle se transformait…
Et Sarah avec.
Une peur incommensurable s’empara de lui à l’idée que l’un de ses amis, ou pire encore Maria, soit blessé. La rage monta elle aussi quand il s’imagina ce scénario se produire. Il ne le permettrait pas. Il commençait tout juste à essayer, en vain, de se transformer par lui-même lorsqu’il vit une Maïa aux traits déformés se lancer en direction de Maria.
De sa petite louve.
D’un coup, sa colère devint de furieuse à effroyable et il sentit tout son corps se déchirer. De l’intérieur, d’abord. Les muscles se détachèrent des os avec la même sensation qu’une blessure encore vive dont le sang aurait séché en collant le pansement sur dessus, et que l’on arracherait ledit pansement. C’était douloureux, et des pulsations continuaient même après qu’ils se soient rattachés.
Après quoi, il y avait les os en eux-mêmes qui craquaient, se tordaient dans des positions inextricables et inexplicables. Une douleur aussi intolérable que lorsque l’on s’est cassé le poignet et que l’on ne cesserait jamais de tomber dessus.
À vrai dire, tout le corps d’Ethan n’était plus que douleur.
Douleur et… colère.
Une colère sourde, aveugle et qui n’avait qu’une envie.
Avec ses griffes, arracher des yeux, avec ses crocs, fracasser des crânes. Faire mordre la poussière ou mettre K.O. définitivement? Il ne le savait pas. Ou du moins il tentait de se convaincre qu’il ne le savait pas. Car, en réalité, son cœur savait très bien ce qu’il voulait. Tout comme sa tête. La mort.
La mort de
Maïa.
Et de tous ceux qui voulaient du mal à sa petite louve.
C’est avec étonnement qu’il se retrouva sur ses quatre pattes de fauve gigantesque bien avant Sarah. Ce qui n’était pas très typique, car normalement l’ancienneté permettait une transformation plus rapide… Et Sarah était Cerbère depuis un bon moment déjà, beaucoup plus que lui, ça c’était sûr.
Il ne prit toutefois pas la peine de réfléchir à ce fait étrange plus longtemps. Il n’en avait pas le temps. Maïa était déjà presque sur Maria. Et elle avait terminé sa transformation, à la grande horreur de tous ceux autour.
C’était vrai qu’elle faisait frémir avec une telle apparence. Des écailles d’un bleu très clair reflétant le bleu du ciel et des nuages lui recouvraient tout le corps. Ses longs cheveux auparavant noirs et soyeux (il le savait tristement d’expérience) étaient désormais d’un vert bouteille sombre et fait d’algues aussi visqueuses que celles que l’on trouvait effectivement dans les fleuves. Ses bras étaient reliés à sa taille par une fine membrane extensible qui lui permettait de prendre plus de vitesse sous l’eau, ses mains palmées permettaient tout autant de prendre de la vitesse, mais aux doigts pourvues de griffes monstrueusement longues et crochues. Sa poitrine était toutefois la même, si ce n’est qu’elle semblait moulée dans une combine de plongée faite d’écailles.
Ensuite, il y avait ses yeux. Comme deux grosses amandes en oblique, sans blanc. Il n’y avait qu’un immense iris d’un vert émeraude profond et pourvu d’une large pupille noire verticale, comme celle des chats et de certains reptiles. Des yeux qui semblaient dire qu’elle avait soif, soif de sang. Puis, il y avait la bouche. Une bouche moins large que la précédente qui, une fois ouverte, donnait l’impression d’un cercle parfait et d’une broyeuse ou déchiqueteuse magistrales avec ses dents aussi triangulaires et acérés qu’une scie, tant en haut qu’en bas. Après quoi, elle n’avait pas de nez à proprement parlé, plutôt des fentes. Ou comme les branchies qu’elle avait dans le cou. Deux rangées de trois, parallèles.
Restait ensuite la pire partie de tout ça. Les jambes. Elle n’en avait plus. Il s’agissait plutôt de deux queues. Dans la même forme générale que celle des dauphins, sauf qu’elles étaient pratiquement aussi flexible que celles des serpents. Quand elle se déplaçait, sur terre, c’était avec les mêmes ondulations que les serpents ou plutôt que les
drakainas, ces créatures mythologiques grecques. Dans l’eau, elles lui permettaient d’aller à une vitesse infiniment grande, vous ne voulez pas savoir à quel point.
Donc, oui, elle était effrayante. Horrifiante, même. Surtout lorsqu’elle criait. Mais pour l’heure il se moquait de tout. De ses cris, comme de son apparence.
Sans prendre la peine de réfléchir à ce qu’il faisait il bondit devant Maria et d’un revers de la patte envoya valdinguer à nouveau la répugnante créature avant qu’elle ne puisse toucher sa petite louve.
La puissance de sa nouvelle forme était incroyable, se dit-il en admirant la culbute magistrale que se prit la si puissante Dame aux Glaïeuls en rencontrant violemment un arbre vingt mètres plus loin. Il tourna ensuite son attention immédiate sur Sarah qui poussait des rugissements en sa direction. Il lui fondit immédiatement dessus, mais à ce moment, il y eut comme une détonation et il eut l’impression d’être près d’une centaine de mètres sous la surface de l’eau.
La pression était presque insoutenable.
Ses pattes antérieures commencèrent à ployer, tout comme sa tête sous la puissance dévastatrice de leur ennemie marine. Maria avait les genoux qui fléchissaient lentement en tremblant légèrement. Dans le cas de Della, Katryne et Lucas, ils étaient à genoux, la tête redressée avec une grimace de dégoût et de rage, et les mains profondément enfoncées dans la terre, comme des serres. Tous les autres… tous les autres étaient déjà étendus au sol, les mains sur les oreilles en essayant vainement de calmer la sensation incroyablement désagréable.
C’est avec les yeux larmoyants qu’Ethan aperçu Maïa revenir avec des étincelles meurtrières dans le regard. C’était la première fois qu’il la voyait avec ses yeux là. S’était-elle rendu compte que Maria n’était peut-être pas la plus faible de ses prédécesseurs, au bout du compte? Probablement, pour qu’elle soit aussi en colère. Ou sinon, c’était peut-être à cause de lui? Il l’ignorait, et pour l’heure, la réponse ne l’intéressait que moyennement. D’autant plus qu’elle faisait encore plus peur sous cette forme avec un regard aussi meurtrier.
Sarah profita de leur impossibilité à bouger pour terminer sa métamorphose et puis bondit sur Maria. Sauf que… cette dernière venait juste de disparaître. Ethan ouvrit grand les yeux, interloqué.
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Elle détestait vraiment, mais vraiment quand la louve faisait ça! Se dit la vamp intérieurement en retenant un grondement. Et déjà qu’elle se trouvait dans une situation particulièrement embarrassante, cette contrariété supplémentaire n’était pas pour enthousiasmée Della, loin de là même.
Si la métamorphose d’Ethan et aussi son choix définitif de camp l’avait rassurée au départ, quand elle avait vu à quoi ressemblait l’autre Dame-aux-Fleurs réellement… Ça avait plutôt jeté un froid sur son optimiste. Et Della s’y connaissait très bien en froid.
Et maintenant que l’autre cerbère se décidait à attaquer, voilà que Maria se décidait à disparaître dans l’Ombre et la Lumière! Pourquoi les abandonnait-elle ains… la vamp n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage que la louve réapparaissait soudainement derrière le cerbère et d’un bond prodigieux rejoignit la tête du milieu de la créature. Et avec un grondement qui, malgré qu’elle ne l’avouera jamais, fit frémir la Della profondément.
Avec un rictus hargneux, la louve empoigna les oreilles du cerbère avec des doigts griffus et tira vers l’arrière. Violemment. Cette soudaine sauvagerie de la part de Maria sembla redonner de l’énergie à la vamp et elle réussit, avec un sourire mauvais à relever une jambe. Du coin de l’œil elle vit que, déjà, Lucas en faisait autant et qu’Ethan… Ethan avait une longueur d’avance sur eux, car il s’élançait déjà sur sa congénère à trois têtes.
Après un autre petit coup d’œil, elle remarqua que Katryne aussi avait réussi à se lever à moitié. Quant à tous les autres, ils commençaient à peine à se mettre à genou. Elle ne se préoccupa pourtant plus d’aucun d’eux lorsqu’elle vit Maria effectuer un vol plané incroyable dans les airs. En direction de Maïa. La louve réussit à amortir sa chute en une roulade avant de faire face à son ennemie. Sauf qu’elle n’avait aucune chance contre ça. Pas seule. La vamp en était convaincue.
Dans un ultime effort elle se leva complètement, en même temps que Lucas et Katryne. Et tous les trois se lancèrent en direction de Maria. Pourtant, ils furent interrompus dans leur lancée par deux créatures tricéphales aux très grands crocs qui se combattaient à coup de mâchoires et de pattes. Écrasant quelques malheureux arbres au passage. Et manquant de peu de faire de la crêpe de vampires et de loup-garou.
Elle prit une seconde pour analyser le combat d’Ethan. Ils en étaient à tête pour tête et patte pour patte. Le combat était si rapide et acharné qu’elle avait des difficultés à décrypter leur mouvement. Et aussi à ne pas finir en bouilli, il fallait l’avouer. Un coup d’œil vers l’arrière lui fit comprendre que les autres avaient finalement réussi à se relever. Et qu’il manquait deux… non, trois personnes. Kylie et Jenny ne semblaient pas au rendez-vous, ni Miranda. Cela prit une seconde à la vampire avant de comprendre où elles étaient. Et quand elle saisit, elle aurait bien voulu se frapper la tête contre un arbre. Elles étaient avec Kelsea, bien sûr! Celle-ci était la plus vulnérable en ce moment, étant incapable de se défendre… Malheureusement, elle ne voyait pas comment Derek et Christine pourrait réellement être d’une grande aide, ici.
Elle n’eut pas l’opportunité d’y réfléchir davantage, car soudain, Maïa hurla d’une voix à la fois stridente, profonde et angoissante :
- Maria Lechasseur! Nous n’en avons pas terminé toutes les deux… Je peux te l’assurer.
À ce moment, il se passa plusieurs choses simultanément que la vamp n’était pas certaine de pouvoir énumérer dans le bon ordre. Tout d’abord, du moins le croyait-elle, il y eut une grande vague d’énergie brute qui les frappa tous au niveau du cœur et elle eut l’impression en étant entraînée brusquement vers l’arrière sur plusieurs mètres, qu’elle avait avalé un litre d’eau salée.
Tout le monde, à l’exception des Cerbères se retrouvèrent à nouveau au sol et Maïa s’avança jusqu’à Maria, qui gisait contre un arbre en essayant de se relever. Il y eut comme un coup de tonnerre et Della se retrouva entraver par des algues à l’odeur particulièrement répugnante. Mais c’était encore pire pour Maria, car les algues…les algues lui entravaient le cou. La vamp entendit Ethan pousser un grondement et écrasa violemment Sarah au sol avant de bondir vers Maïa au moment où cette dernière semblait à deux doigts de trancher la gorge de la louve. Sauf qu’elle se contenta de pousser un nouveau hurlement strident en montrant ses dents horriblement pointues à Ethan et au moment où ce dernier allait l’atteindre d’une patte, elle se volatilisa en une sorte de brume d’un vert-bleu très sombre et laissa une odeur d’algue pourrie dans les airs.
En même temps que la stupide Dame-aux-fleurs disparut, toutes les algues disparurent à leur tour et elle put voir la louve prendre une grande inspiration avant de se mettre à crachoter. Ethan était si concentrée sur la louve qu’il ne sembla pas voir que Sarah se redressait déjà et…
- Attention! Hurla-t-elle avec à la fois de l’inquiétude et de la colère dans la voix.
Ethan fit brusquement volte-face et cueillit Sarah en plein vol, sauf que la vamp constata rapidement que Sarah semblait beaucoup mieux contrôler le corps de Cerbère que le leur. Et si ce dernier semblait avoir eu l’avantage, c’était pour une seule raison. L’effet de surprise. Sauf que là, la colère qui flambait dans les yeux de Sarah était très personnelle, et ne semblait donc plus essentiellement celle de Maïa comme auparavant.
Ils recommencèrent à se plaquer mutuellement au sol et à s’entraîner dans des roulades mortelles pour chacun des êtres plus petits qu’eux, Della inclut et elle dut faire preuve d’une grande agilité, tout comme Katryne, Lucas et les autres pour rejoindre Maria, qui étrangement ne semblait pas angoissée le moins du monde, mais plutôt pensive.
Dès qu’ils arrivèrent auprès d’elle, la louve grommela :
- Ça ne colle pas. Elle pouvait me tuer. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait?
- Je crois que j’ai une idée, mais… c’est une chose terrible si cela doit s’avérer, lâcha Christine. Et il vaut mieux en parler ailleurs, ajouta-t-elle au moment même où Della ouvrait la bouche pour demander des explications.
Les deux mastodontes à trois têtes passèrent juste à côté d’eux avec force grondement qui faisait trembler les os de la vamp dans son corps (sensation pour le moins très peu intéressante et qu’elle ne recommandait pas).
- Alors… on va… commença Maria, mais elle s’interrompit brusquement en regardant derrière la vamp.
Cette dernière fit brusquement volte-face et eut un frisson en voyant que Sarah venait de frapper violemment sur deux des têtes d’Ethan et que ce dernier chancelait sur ses pattes, l’air confus. La femelle Cerbère eut un grondement victorieux et leva à nouveau sa patte pour frapper son congénère qui, étant trop assommé, ne fit rien pour l’empêcher de lui porter un dernier coup.
Quand la patte de la cerbère retomba, Ethan s’écroulait comme une masse, inerte. Maria poussa immédiatement un grondement de fureur et se rua vers la cerbère, sauf qu’elle se fit interrompre. Non pas par la cerbère qui s’élançait vers elle à son tour, mais plutôt par…
- SARAH LÉGARÉ! Rugit la voix d’un homme avec une fureur incroyable.
La vamp ne tarda pas à apercevoir l’homme qui sortait des arbres avec une mine à la fois triste et très en colère. Sarah sembla le voir aussi, mais au lieu de se rendre auprès de lui ou de continuer son attaque, elle s’enfuit en courant. Et Della aurait juré avoir entendu un couinement de douleur provenir de la louve évoluée. Qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, au juste?
Elle comprit rapidement la seconde suivante…
- Mon oncle, lâcha Maria.
Puis elle ne se préoccupa plus de l’homme et se rua vers Ethan, qui (à entendre les ronflements qui soulevait son ventre énorme) était toujours profondément assommé. Della la suivit sans attendre avec les autres aux talons. Du coin de l’œil elle avisa que l’oncle de Maria s’approchait aussi et que Christine le dévisageait profondément.
Alors qu’ils atteignaient son amie, la sorcière lâcha :
- Jean-François? C’est… c’est vraiment toi?
- Chr… Christine? Souffla-t-il, incrédule.
La vamp se retourna d’un bond pour voir ce qui pouvait bien être encore en train de se produire et… elle ne comprit pas grand-chose en voyant Christine tomber dans les bras du loup-garou. Est-ce qu’elle avait manqué un bout ou…?
- Euh… Je peux savoir ce qu’il se passe? S’enquit Maria, ayant apparemment quand même suivit ce qui se passait autour.
- Je croyais que ton oncle était… enfin, qu’il avait disparu, souffla Christine en relâchant brusquement le dénommé Je… Jeaun… enfin, truc-muche.
La sorcière se passa une main sur le front et semblait légèrement confuse. Ce que ne comprenait pas la vamp, car elle était presque certaine que…
- Je crois bien t’avoir dit que mon oncle avait refait surface, non? Lâcha Maria au moment où elle se faisait cette même réflexion.
- Certes, tu m’as dit que l’un de tes oncles avait refait surface, Maria. Mais pas que c’est le cadet qui a survécu.
- Attends… que… quoi?! s’exclama la louve incrédule.
La vamp tourna la tête d’un côté et de l’autre avec, sans doute, un air tout aussi incrédule que son amie. D’ailleurs, toute leur petite troupe ne semblait pas avoir la moindre idée de ce qui se passait. Enfin, sauf les deux adultes dont l’un, le truc-muche, avait l’air on ne peut plus coupable et se massait la nuque avec embarras.
- Qu’est-ce que j’ignore, encore? Gronda son amie avec colère.
- Vous feriez mieux de répondre, ou sinon je vous botte le derrière en dehors de Shadow Falls. Tous les deux! Grommela la vamp à son tour en faisant mine d’approcher.
Elle en avait plus que marre de toutes ses cachotteries qui sortaient de nulle part! Est-ce que c’était trop demander de tout savoir d’un coup, sans surprise? D’abord elle apprenait que les loups-garous pouvaient être plus puissant dans certaines familles, ensuite des trucs de meute bizarre, les chimères, puis l’évolution des loups-garous et des créatures qui ne devraient même pas exister… Est-ce que les découvertes allaient un jour avoir un terme? Car elle en avait marre. Enfin, pour être plus honnête, elle en avait marre d’en avoir autant en si peu de temps.
- J’aimerais bien te voir essayer, ricana le loup-garou en la jaugeant du regard.
- Ne me tentez pas,
monsieur, cracha-t-elle en insistant bien sur la fausse marque de courtoisie.
Il leva les yeux au ciel une seconde avant de reprendre un air embarrassé lorsqu’il dit :
- Je n’ai pas vraiment menti, Maria. Je suis effectivement le frère aîné de Rose. Mais à vrai dire, nous l’étions tous les deux, mon frère et moi. On était jumeaux. Et, comme il aimait me le rappeler si souvent, j’étais le plus jeune de dix minutes. Dix minutes qui ont changé bien des choses, car nous ne sommes pas nés le même jour. Il est né à vingt-trois heures cinquante-cinq le 31 mars et moi à minuit cinq le 1er avril. Il faut dire que j’ai toujours eu plus le sens de l’humour que lui.
- Mais… Mais… on m’a toujours dit que c’était… c’était toi qui était allé à la guerre et que tu… tu étais…
- Mort? Mon frère avait un problème, très léger, mais qui l’empêchait d’aller au front. Alors, je suis allé à sa place pour l’inscription. Comme on se ressemblait comme deux gouttes d’eau, tout le monde n’y a vu que du feu. Ton père… ton père avait promis de garder le secret. Après, j’ai disparu de la circulation pendant que mon frère allait jouer les héros en mon nom. Tout le monde nous confondait sauf…
- Sauf moi, trancha Christine. J’ai toujours su vous différencier.
- Exact. Au grand désespoir de mon frère d’ailleurs, il aurait bien voulu avoir droit à un petit…
- JF, tais-toi! grommela la sorcière en rougissant légèrement.
- J’ai raté quelque chose d’intéressant? S’enquit soudain Miranda en se joignant au groupe en compagnie de Kylie et Jenny.
À voir comment elle se frottait les mains l’une contre l’autre, Della se fit la remarque que son amie sorcière devait très bien savoir ce dont il était question. Elle se passa la main sous le nez en regardant fixement Miranda et cette dernière eut un grand sourire gourmand. Les deux adultes avaient clairement une attirance mutuelle l’un pour l’autre. Récente ou passée? La vamp pariait beaucoup sur la seconde option, mais aussi pour la troisième. Celle qui alliait les deux.
- J’avoue que je ne comprends pas, marmonna Maria. Pourquoi… Pourquoi garder ça secret? Après toutes ces années? Et pourquoi à moi? Pourquoi me mentir à moi?
Della serra les dents, elle avait l’impression de revivre ce qui s’était produit avec George/Matthew à peine quelques mois plus tôt. N’apprendraient-ils donc tous jamais? Maria avait des difficultés à faire confiance, alors lui mentir… c’était… Oh, bon sang! Elle allait vraiment avoir à botter des derrières maintenant!
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Je ne comprenais vraiment pas pourquoi le secret avait été nécessaire avec moi. D’accord, oui, on s’était rencontré dans des circonstances inhabituelles. Mais en même temps, tous les membres de ma famille biologique je les avais rencontrés ainsi. Et chacun d’eux m’avait menti. Ou avait omis de me dire certaines vérités. Mais à quoi rimait tout ce cirque? Pourquoi fallait-il toujours qu’on me mente?
J’en avais plus que marre.
Et l’air coupable qu’affichait à la fois Christine et mon oncle n’arrangeait pas mon humeur. Loin de là. Un grondement sourd s’échappa de ma gorge et je croisai les bras furieusement. Une partie de moi s’inquiétait encore pour la Chimère, pour Ethan et pour mes ennemies qui étaient partis bien trop facilement, mais la majeure partie de mon être n’avait qu’une idée en tête. Et qu’une envie. Savoir finalement la vérité et frapper quelques mâchoires.
Malheureusement, il y avait quelques politiques que je me devais de respecter. Ne pas frapper ses alliés en était un. Surtout dans un moment où je prenais parfaitement conscience que mon ennemie était bien plus puissante que je ne le croyais. Et bien plus laide encore. Mais effrayante. Terriblement effrayante.
- Alors, vous allez lui répondre?! Grommela Della sur un ton qui m’annonça qu’elle s’apprêtait à faire une bêtise.
Je lui jetai un coup d’œil en fronçant les sourcils et en voyant le regard qu’elle avait je compris immédiatement ce qu’elle avait en tête. Je m’apprêtais à lancer une protestation à ce sujet au moment où Christine rétorqua :
- Personnellement, je n’ai rien fait. Je n’ai retenu aucune…
- Information? La coupai-je en haussant un sourcil. Et le fait que les frères de ma mère étaient jumeaux tu ne le jugeais pas intéressant?
- Maria, s’il-te-plaît, calme-toi. Il y a des enjeux autrement plus importants qui se jouent en ce moment. Notamment Maïa et ses acolytes. Pardonne-moi si je n’ai pas trouvé un moment pour te parler des frères de ta mère.
Elle marquait un point. C’était indéniable. Sauf que…
- PEUT-ÊTRE. Mais tu ne m’as jamais dit que tu les connaissais tous personnellement. Je savais pour mon père. Mais pour eux? Non. Tu ne m’as jamais rien dit de tout ceci, jusqu’au moment où est venu le moment de faire cette cérémonie.
Je m’interrompis un instant en sentant des larmes me monter aux yeux. Non. NON. J’ai dit que je ne verserai plus AUCUNE larme. Je ravalai avec toute la volonté dont j’étais capable toute cette saleté d’émotivité et tranchai sur un ton dur :
- J’
exige de savoir. J’ai
besoin de savoir.
C’est à peine si je remarquai que j’avais usé de la force d’Alpha qui sommeillait en moi. Je le compris toutefois rapidement en voyant Christine blêmir, toussoter et se porter la main à la gorge avec un regard confus. Je rougis légèrement avant d’ajouter :
- S’il-te-plaît.
Ce qui annula presque instantanément l’ordre présent dans ce que j’avais dit précédemment. Du moins, selon ma perspective des choses. Sauf qu’apparemment ce n’était pas la réalité… car Christine ouvrit la bouche de manière un peu trop brusque en disant d’une voix franchement anormale :
- Je… ne… peux… pas… te… dire… quoi… que… ce… soit… ici…
Je mordis les lèvres, en une moue désolée et sur un ton reflétant cette émotion je lâchai :
- Oublie le « exige ». Où pourrait-on en parler, sinon?
- Pas ici. Peut-être dans ton bungalow si j’y effectue certaines modifications. Mais avant tout, il faudra faire rappliquer Burnett et Holiday là-bas.
Oh, mince! Je ne pensais plus du tout à Burnett et Holiday. Ils allaient clairement avoir envie de m’assommer pour avoir entraîné mes amis quelque part sans leur en parler. Je blêmis brusquement à la pensée qu’ils pouvaient avoir retourné sens dessus dessous Shadow Falls dans l’unique but de nous retrouver. De s’assurer, entre autres, que je n’avais pas encore foutue le camp avec eux ou que nous n’étions pas… eh bien… morts. Je pris une seconde pour me masser les tempes et la nuque puis je lançai :
- Quelqu’un a son portable?
- J’ai le mien, affirma Lucas en me le tendant.
Je le remerciai d’un hochement de tête et l’attrapai d’un mouvement rapide de la main avant de l’ouvrir et de composer le numéro de Burnett que, allez savoir comment, je connaissais par cœur. Malgré que ce n’était pas particulièrement nécessaire avec mon ouïe je plaquai le portable contre mon oreille droite.
Il répondit à la première sonnerie :
- Lucas, où êtes-vous?
Son ton était pressant, légèrement sec et beaucoup trop calme. Clairement, il se faisait du souci pour nous. Je retins un sourire déplacé dans les circonstances actuelles et répondis :
- Ce n’est pas Lucas. Et je veux seulement que vous…
- MARIA! JE VEUX SAVOIR OÙ VOUS ÊTES. IMMÉDIATEMENT! M’hurla Holiday aux oreilles.
Bon sang, Burnett avait dû mettre son téléphone sur haut-parleur. Je me retins de me frotter les oreilles pour répondre avec un ton sec dut à mes tympans très douloureux et à cette impression qu’une cloche sonnait dans ma tête :
- Ça n’a pas d’importance. Rejoignez-moi à mon bungalow. On vous y rejoindra. C’est important.
Sans ajouter quoi que ce soit ou attendre une réponse je raccrochai. En rendant le portable à Lucas, je constatai que tout le monde me dévisageait avec incrédulité. Je fronçai les sourcils et lâchai sur un ton inquiet :
- Quoi?
- Tu viens vraiment de raccrocher à Burnett et Holiday? S’enquit Kylie.
- Oui, je n’avais pas le temps pour des explications. Donc, la meilleure façon d’avoir une réaction rapide, c’est de ne pas donner tous les détails au téléphone. Et de couper au plus court. Voilà, maintenant il faut y aller.
Je me retournai en direction d’Ethan. Bon… Que faire de lui? Je ne pouvais décemment pas l’abandonner ici. Mais je ne pouvais pas le traîner jusqu’au bungalow non plus, pas quand il était sous cette forme. J’étais certes plus puissante que la majorité des loups-garous, mais il y avait une limite, quand même.
- Et on s’en va comment, au juste? me demanda Della sur un ton provocateur.
- Laisse-moi y réfléchir… grommelai-je en me prenant les tempes.
Je ne pouvais pas prendre traîner Ethan dans cet état. Trop lourd. Même à plusieurs, ça reviendrait à une perte de temps considérable. D’autant plus que… nous avions aussi Kelsea à emporter. Et que les obstacles de la forêt ne rendraient pas les choses plus aisées. Je lâchai un grondement involontaire en me laissant tomber par terre, la tête entre les mains. Comment? Comment?! Je pourrais sans doute traîner Kelsea à moi toute seule, mais en prenant beaucoup plus de temps que je n’en avais et en prenant plusieurs pauses. Ce que je ne pouvais pas me permettre.
Que me restait-il comme aux solutions? Perry. Perry pourrait toujours se transformer en semblant de lion tricéphale comme la dernière fois et tirer… Ethan. Mais ce serait quand même long. Et je ne pouvais pas jurer que Maïa n’était pas dans les environs en train de nous observer. Donc, pas de Perry.
Mais, bon sang! Que devais-je faire? Pourquoi fallait-il que je sois celle qui prenne les décisions… Oh, mais… Je pourrais passer par l’Ombre et la Lumière. Certes, ce genre de voyage m’épuisait. Surtout dans l’état actuel des choses et avec autant de personne à trimballer, mais… c’était possible. Oui… Fallait juste trouver une solution pour qu’Ethan et Kelsea suivent le mouvement.
Un sourire triomphant étira mes lèvres et je bondis d’un coup sur mes pieds. Je vis ma coloc vamp analyser mes traits et elle gronda :
- Non. Non, c’est hors de question!
- On n’a pas le choix! Dis-je avec un sourire moqueur.
Elle m’offrit une grimace très mature avant de hausser les épaules.
- Donc… on fait quoi? s’enquit Miranda.
- On retourne par l’Ombre et la Lumière, râla Della en croisant les bras.
Je vis bien l’air très peu enchanté de la majorité des membres de ma meute. Ma meute… Oh, merde… Je me retournai d’un bond vers mon oncle et lui dis :
- Tu ne pourras venir, n’est-ce pas? Car tu ne fais pas partie de ma meute…
- Désolé d’avoir à te contredire, Maria, mais comme je suis du sang des Lechasseur, j’ai automatiquement une protection me permettant d’aller dans ce passage. Même si je ne l’ai jamais emprunté, car je n’ai pas le pouvoir de l’Héritier, me répondit-il avec un sourire contrit.
- Ne soit pas désolé, ça m’arrange. Car tu viens avec nous.
Je fis rapidement un petit calcul mental en sortant mon oncle de ma tête. Lucas, Kylie, Jenny, peut-être Perry?, Della, Katryne, mon oncle et moi. Ça faisait… huit. L’idéal serait sans doute que j’arrive à réveiller Ethan, comme ça on pourrait facilement déplacer Kelsea. Sans risquer la vie de personne. Mais comment réveiller un gros balourd à trois têtes?
Un sourire moqueur étira mes lèvres et je demandai :
- Christine? Tu peux me faire apparaître trois bassins d’eau, à tout hasard?
L’intéressée me dévisagea, mais finit par répondre sur un ton incertain :
- Euh… oui. Pourquoi?
- J’ai besoin d’eau, répondis-je simplement avec un sourire innocent.
Elle fronça les sourcils, mais obtempéra et dans la seconde son petit-doigt remua, faisant ainsi apparaître trois bassins d’eau d’une dimension parfaite. Mon sourire s’élargit et je me tournai vers les autres en disant :
- Della, Katryne. Prenez chacune un bassin. S’il-vous-plaît.
Tandis qu’elles s’exécutaient en échangeant un regard curieux, je me saisis du troisième en me dirigeant vers la tête du milieu d’Ethan. Della sembla comprendre immédiatement, car un sourire très intéressé étira ses lèvres. Et si je me fiais au fait que Katryne venait de lever les yeux au ciel, elle avait compris aussi.
Elles se postèrent ainsi à ma gauche et à ma droite pour s’occuper respectivement des deux têtes de ces deux côtés là et je comptai :
- Dans 3… 2… 1…
À peine disais-je le « go » qu’elles lançaient déjà le contenu de leur bassin sur leur tête respective. Tout comme moi. Pas même une seconde avant l’impact, elles s’étaient déjà éloignées, moi de même, d’ailleurs. Et la seconde suivante, eh bien… ce fut l’impact.
Le cerbère qu’était Ethan dans le moment ouvrit brusquement les yeux avec colère et se redressa si brusquement que je craignis qu’il se mette à attaquer. Chose qui m’inquiéta encore davantage quand il claqua des mâchoires. Avec ses trois têtes.
Pourtant, l’instant suivant il eut l’air confus et regarda autour de lui avec incompréhension. Je crus bon de lui dire :
- Sarah t’a assommé et j’ai décidé de te réveiller avec des bassins d’eau.
Son regard, ou plutôt ses regards, semblaient quémander des réponses, mais je n’avais pas le temps pour ça maintenant. Mais alors là… pas du tout. J’étais déjà en retard. Et j’étais prête à mettre ma main à couper que Burnett et Holiday étaient déjà au bungalow.
- Maintenant, suis-moi, dis-je d’un ton rauque, car je m’empêchais de rire.
Chose que Della ne se privait pas de faire. Ni Perry. Je le vis même sortir son portable et prendre quelques photos, un sourire très amusé aux lèvres. Mais comment faire autrement en voyant l’air qu’avait Ethan en ce moment? Il semblait tout hagard, les yeux (les six) complètement perdus et le poil de sa tête était soit tout aplati sur son crâne, ou relevé en crête par endroit. Ce n’est pas tous les jours qu’on avait droit à ce genre de choses, pas vrai?
En essayant de ne pas y penser, je me dirigeai vers le vieux bungalow où quelques heures auparavant on avait séquestré Ethan. Une fois là, je n’eus qu’à jeter un coup d’œil en direction de Lucas, Katryne et Della pour qu’ils viennent d’un même mouvement.
On sortit donc Kelsea de là, avec quelques difficultés, car la porte n’était pas faite pour une créature de sa corpulence. Mais dès que l’on fut dehors, les choses ne s’améliorèrent pas. Il fallait que je trouve une solution pour dans le passage. Et celle qui me venait à l’esprit… était… bien trop farfelue.
Et pourtant, c’est celle que je choisis d’employer.
Car je n’en avais pas de meilleure. Je poussai un soupir et demandai :
- Ethan, peux-tu te coucher sur le ventre? Je vais embarquer Kelsea sur ton dos.
Le cerbère que j’avais sous les yeux s’exécuta et au moment où je requérais de nouveau de l’aide du regard, Della s’enquit :
- Tu es sérieuse? C’est ça ton plan?
- Oui, c’est ça mon plan. Lucas, Jenny, Kylie, Katryne et toi, vous allez monter sur Ethan pour la maintenir en place. En fait, pendant que vous allez l’installer, je vais m’occuper de reconduire Miranda, Christine, Perry, Derek et mon oncle au bungalow. Puis je reviens vous chercher. D’accord?
- Est-ce qu’on a vraiment le choix? Grommela la vamp.
- Non, dis-je sans émotion.
Elle leva les yeux au ciel, mais immédiatement ceux que j’avais désignés se mirent en action tandis que les autres vinrent me rejoindre. Je les attrapai donc par les mains et avant qu’ils n’aient eu le temps de respirer, je les entraînais déjà dans le passage.
Cette fois-ci me semblait moins difficile que les dernières. Toutefois, mon énergie était grugée plutôt rapidement quand même. Ce qui était plutôt pratique, c’était que maintenant je savais
exactement comment me repérer. J’économisai ainsi plusieurs précieuses secondes.
Lorsque l’on débarqua devant le bungalow, ça ne prit pas une seconde avant que Burnett et Holiday ne sortent. La seconde s’exclama :
- Ça fait dix minutes! Dix minutes depuis que tu…
- Désolée, Holiday, mais j’ai une dernière chose à faire.
Et sans ajouter quoi que ce soit, je repartis dans l’Ombre et la Lumière, sans emporter mes camarades, toutefois.
*******************
Christine porta la main à son cœur en réprimant un haut le cœur. Ah, c’était horrible comme sensation! Et elle espérait bien ne plus jamais avoir à le vivre. Enfin… Si elle se mettait à fréquenter plus souvent Maria, ce genre de chose risquait de lui arriver plus souvent. Surtout si… surtout si elle lui disait toute la vérité. Et la jeune louve le méritait bien. Elle n’avait pas eu toute son enfance pour assimiler le poids qui reposait sur ses épaules et la multitude d’informations que son « poste » engendrait.
- Tu n’as pas apprécié la balade? Se moqua gentiment Jean-François en français, tout en la regardant, une lueur malicieuse dans les yeux.
- Ne commence pas, répliqua-t-elle dans la même langue et en pointant son petit-doigt sur lui.
Du coin de l’œil, elle aperçut Miranda qui semblait prendre beaucoup trop de plaisir à observer leur petite chamaillerie qu’elle ne comprenait probablement même pas. Elle se passa une main dans les cheveux pour évacuer la gêne qui risquait d’affluer à nouveau. Elle avait bien vu l’échange de regard entre Della et…
- Je peux savoir vous êtes qui? Gronda soudain Burnett en dévisageant férocement Jean-François.
Ce dernier plissa des paupières et serra très légèrement des poings. L’espèce d’une seconde, car après il enfonça les mains dans ses poches et prit une attitude plutôt détendue. Il répondit d’un ton neutre :
- Je suis le père de Sarah Légaré, même si elle n’a sans doute pas le même nom de famille, ici. Et je suis aussi l’oncle de Maria.
- Son… oncle? Celui dont elle nous a… commença Holiday.
- Oui, affirma Miranda.
Les deux directeurs semblaient sur le point de poser des questions supplémentaires, mais Christine les coupa rapidement en disant :
- Ce n’est pas le moment pour les questions. Maria veut des réponses, et elle les aura avant vous. Si vous voulez bien rentrer à l’intérieur du bungalow, maintenant. Je vais pouvoir l’insonoriser.
Ils se mirent tous en marche vers le bungalow à trois mètres de là, y compris Miranda. La sorcière eut un sourire et lâcha :
- Pas toi, Miranda. Tu vas m’aider.
La jeune sorcière sembla immédiatement ravie de l’invitation et fit demi-tour, un sourire plaqué au visage.
Christine savait bien ce que c’était de ne pas pouvoir exercer aussi bien que les autres ses dons à cause de la dyslexie. Elle en souffrait encore, mais elle avait réussi à la surmonter pour devenir une sorcière d’exception. Du moins, c’est ce qu’elle croyait. Et ce que sa mère lui avait dit juste avant de mourir. Mais pourtant, aller jusqu’à ses dix-sept ans, ni sa mère, ni elle-même n’aurait cru qu’elle pourrait succéder à sa mère en tant que prêtresse de Sorcières des Bois.
Et pourtant, ce fut le cas.
Elle avait travaillé très fort pour en arriver à ce résultat, toutefois. Et ça n’avait pas toujours été facile… tout particulièrement lorsque Jean-François était aux alentours. Mais c’était proscrit. Les liaisons entre sorcière de l’Ordre et les loups-garous de la meute Lechasseur n’étaient pas possibles. Jamais. Elles, les sorcières, étaient là pour leur prêter main forte et pratiquer leur magie pour leur rendre la tâche plus facile. Et en échange… en échange eux leur fournissait une énergie magique pratiquement inépuisable tant que leur sang existait toujours.
Mais ça, Maria l’ignorait. Tout comme elle ignorait bien d’autres choses encore…
Comme par exemple le fait que Christine la suivait depuis qu’elle était toute petite. À vrai dire, elle était déjà au Texas du temps de sa jeunesse. Car la famille Lechasseur y était. Ainsi, sa propre famille avait suivi. Puis quand sa mère et toute sa famille était morte, au même rythme que les Lechasseur… elle s’était rapidement retrouvée toute seule. Jean-François n’était plus non plus. Ni Rose. Personne. Il ne restait plus que le grand-père de Maria et cette dernière. Puis Médric l’avait fait adoptée.
Christine était restée aux alentours, puis en constatant qu’il déménageait elle avait déménagé aussi. Et même si elle n’avait pas suivi tout leur déménagement des trois dernières années, elle avait toujours gardé un œil sur Maria. À distance. Car elle était connectée à elle. Par une puissance magique ancestrale.
Ce n’est pas le moment d’y penser, se morigéna-telle.
D’un mouvement de la main elle fit signe à Miranda de la suivre et elle lui expliqua ce qu’elles allaient faire et comment. La minute suivante elles se séparaient pour prendre chacune un côté du bungalow.
Elles étaient rendues à l’arrière lorsqu’elle sentit la pression de l’air changé, signifiant ainsi que Maria était de retour avec les autres. Elle s’empressa ainsi de conclure le rituel, tout en vérifiant le travail de Miranda de loin. Travail qui était tout à fait excellent. Le seul problème de sa jeune apprentie, c’était qu’elle ne se faisait pas suffisamment confiance la majorité du temps. Et ça, c’était un facteur qui jouait sur la réussite d’un sortilège.
Elle s’empressa de rejoindre Maria et s’inquiéta immédiatement de la retrouver si pâle. Pourtant, elle écarta d’un geste son cousin qui voulait l’aider à marcher et leur fit signe d’amener Kelsea à l’intérieur. Ensuite, elle se tourna vers Ethan :
- Tu crois que tu peux reprendre ta forme normale?
Il secoua ses trois têtes et Christine pinça les lèvres. Ça s’annonçait mal. Elle ignorait tout à propos des transformations de cerbère. Elle savait que sa grand-mère avait connu un loup-garou qui avait évolué de la bonne manière… Mais elle n’avait pas eu la chance de la connaître elle-même et toutes les informations à ce propos avaient disparues…
Maria afficha elle aussi une moue, mais trancha :
- On essaiera de régler… de régler ce problème après. En attendant, tu peux toujours monter la garde…
Malgré que ce ne soit pas une question, Ethan acquiesça de nouveau avec ses trois têtes et se tourna immédiatement dos à elles. La louve sembla flageoler une seconde avant de se reprendre et de se diriger vers le bungalow. Tous les autres, y compris Miranda, se trouvaient déjà à l’intérieur. Christine suivit donc sa jeune amie jusque dans ce que l’on pourrait appeler « l’antre de la meute ».
Dès que la porte se referma dans le dos de la sorcière, les bruits extérieurs s’évanouirent. Ce fait la réconforta, car cela signifiait que l’inverse était vrai aussi. Elle se permit donc de prendre une grande inspiration et à ce moment Maria lâcha, inquiète :
- Ça m’angoisse. De ne pas entendre dehors… J’ai l’impression qu’on m’a dépossédé de quelque chose.
- Je pourrai, un peu plus tard, faire en sorte que seulement l’extérieur ne puisse pas entendre l’intérieur. Mais ça demande du temps, et des herbes, proposa-t-elle.
La louve acquiesça avant d’aller s’installer sur une chaise de la cuisine en poussant un soupir. Puis, d’un signe net de la main, elle l’invita à la rejoindre. Christine s’approcha à un rythme calculé en essayant de ne pas prêter attention aux regards soupçonneux des deux directeurs. En arrivant à la table, elle prit le siège face à la louve. Presque immédiatement, Della et Lucas s’installèrent à la gauche et à la droite de leur amie ou cousine.
- Maria, avant que tu ne poses tes questions à Christine, on veut savoir où tu étais passé, trancha Burnett avant que la louve n’ait pu ouvrir la bouche.
- J’ai fait ce que j’avais à faire pour faire pencher la balance en notre faveur, Burnett, grommela Maria d’un ton éteint. Je ne pouvais pas laisser Ethan à Maïa, tant d’un point de vue personnel que de notre puissance de frappe. Nous ne faisons pas le poids. Pas même maintenant qu’Ethan est avec nous… À moins que tous les élèves de Shadow Falls se battent, et encore ce n’est pas sûr, nous n’avons que l’ombre d’une chance de l’emporter.
Elle prit une pause dans son discours et Christine, lisant les signes sur le visage de Maria, comprit à quel point cette dernière avait envie de dormir. La fatigue rendait son regard normalement d’un gris acier, d’un gris orageux, voire brumeux. La louve continua rapidement :
- C’est pourquoi que dès que j’aurai obtenu mes réponses de la part de Christine, je vais chercher un plan pour lui retirer la Hère et Sarah de ses griffes. Une fois cela fait, nous aurons une chance. Une vraie chance. Mais elle est… elle est vraiment forte.
- Vous ne vous battrez pas, lâcha Holiday. Je ne le permettrai pas. C’est une école ici, pas une arène... Ni un champ de guerre.
- Tu préfères que tout le monde ici meure? Rétorqua Maria d’un ton inquisiteur.
La directrice serra davantage la petite Hannah dans ses bras et souffla, de la douleur dans la voix :
- Je veux que personne ne meure, Maria. Pas encore. Aucun de vous.
- Holiday, je suis prête à mourir. Si ça peut permettre de tous vous sauver, c’est un sacrifice que je suis prête à faire. Un risque que je suis prête à prendre. C’est ma tâche, ma responsabilité.
- Tu es déjà morte une fois, Maria, c’est suffisant! S’exclama la fée d’un ton où semblait vouloir pointer des larmes.
Le visage de Maria se durcit, mais elle n’ajouta rien. Christine savait pour quoi. Elle avait peur. Non pas pour elle, mais pour ses amis, ainsi que les directeurs et les autres résidents. Elle se sentait coupable, car elle les mettait en danger. Et elle ne savait pas comment faire pour mener ce combat seule. Même si c’était la dernière chose qu’elle devait faire, car son ennemi était trop grand pour elle.
Christine comprit brusquement pourquoi Maria tenait tant à retirer un à un les sujets de la Dame aux Glaïeuls. C’était pour l’affronter seule. Avec Kelsea. Et ainsi protéger tous les autres.
- Tu ne feras pas ça, Maria! Gronda la sorcière d’un ton dur. Tu ne peux pas te permettre de te séparer de ta meute! Si elle ne s’attaque qu’à toi, tu n’as aucune chance, Maria. Chacun de tes prédécesseurs le sav…
- Répond à mes questions, Christine, c’est tout ce que je te demande, la coupa Maria d’un ton extrêmement dur. Je n’ai… je n’ai pas besoin que tu me dises ce que je peux et ne peux pas faire. Et puis… Je n’ai rien décidé.
La sorcière poussa un soupir, mais elle constata que plusieurs regards froids s’étaient tournés vers Maria. Apparemment, la possibilité que Maria veuille tous les doubler ne les enchantait pas. Du tout. Elle n’y porta toutefois pas attention pour pouvoir répondre à la louve.
- Par quoi veux-tu que je commence? Et que veux-tu savoir exactement?
- Commence par ton lien avec ma mère et mes oncles. Puis peut-être par m’expliquer ce qu’est l’Ordre des Sorcières machins… Puis que veut faire Maïa, exactement?
Christine poussa un long soupir, mais trancha :
- Je vais commencer par l’Ordre, car le reste va suivre de manière logique.
- Comme tu veux, lâcha Maria en se massant les tempes.
La sorcière afficha un air légèrement inquiet. Maria se surmenait beaucoup trop. Ou du moins aujourd’hui. Mais si elle voulait que la louve aille dormir, il lui fallait avant tout lui offrir des réponses. Elle croisa le regard de Jean-François et sentit à nouveau son cœur se serrer, comme bien longtemps auparavant… lorsqu’elle avait dû le voir partir. Au moment précis où elle devenait la nouvelle prêtresse de l’Ordre. Elle se secoua mentalement la tête et commença son récit.
L’histoire de l’Ordre remontait à bien des générations, plusieurs siècles en fait. Dès que les Lechasseur avait rejoint le nouveau continent et avait pris racine, puis changé d’appartenance. Il n’était plus Français à l’époque. Ils étaient autre chose qui n’était pas encore tout à fait déterminé à l’époque. Les Lechasseur étaient la famille de loups-garous la plus puissante de la Nouvelle-France, respecté par tous leurs pairs surnaturels, les vampires étant moins nombreux parmi la population.
Peu à peu, les surnaturels du coin commencèrent à constater qu’ils n’étaient pas les seules espèces existantes. Et que les seuls parmi eux à arriver à quelque chose contre ces créatures étaient les loups-garous. Ils ne savaient ni comment c’était possible ni pourquoi. Toujours est-il que, rapidement, ils se tournèrent tous vers les Lechasseur pour de la protection. Ceux-ci rencontrèrent dans le silence une très grande famille de sorcière de l’époque. La sienne. À ce moment, elle était un peu désorganisée, mais en formant un pacte avec les Lechasseur, leur renommée s’intensifia.
Ils effectuèrent alors une cérémonie à l’époque de l’année où la lune était la plus grosse. Cette cérémonie eut un effet imprévu, car si à la base cela devait permettre aux Lechasseur de toujours pouvoir repérer les menaces, la puissance du sort fut décuplé. Ainsi à la fin de cette nuit survint deux choses. Les Lechasseur obtinrent une force, une rapidité et des réflexes encore plus hors normes que ce qu’ils avaient déjà. Et… une créature nouvelle fit son apparition. La Chimère. Le chef des Lechasseur de l’époque dut donner tout ce qu’il avait pour la vaincre et aussi étrange que cela pouvait paraître pour les surnaturels de l’époque celle-ci se rangea à leur côté. Et leur expliqua d’où elle provenait et pourquoi il avait été nécessaire de faire ceci. Au même moment, la cheffe du clan des sorcières vit apparaître une pierre étrange dans sa main. Elle l’offrit rapidement à la Chimère qui, à son tour, la donna au chef des Lechasseur. Elle lui expliqua ainsi que cette pierre était reliée à elle et que jusqu’à l’extinction de leur famille, elle s’ouvrirait au contact de l’Héritier qui devrait à son tour la vaincre.
À partir de ce moment, la coopération entre les sorcières et les loups-garous, du moins ces deux clans en particulier, devint encore plus puissante. Et d’une génération à l’autre ils observèrent la puissance de leurs progénitures augmenter jusqu’à ce qu’elle atteigne sa limite en 1760. La même époque où la Nouvelle-France a été cédé aux forces britanniques. Il faut savoir une chose, toutefois. Aucune créature surnaturelle anglophone n’a réussi à dominer les Lechasseur. Avec la Chimère à leur côté ils étaient pratiquement invincible. Par ailleurs, c’est à cette époque que le premier Lechasseur a pu voir son évolution en Cerbère. Du moins sur le continent américain. Enfin, toujours était-il qu’avec la Chimère et un Cerbère, les forces surnaturelles anglaises n’avaient aucune chance.