Une nouvelle menace [Harry Potter]

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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit :MAIS ELLE SE MELE DE QUOI SKEETER !!!! De tout :lol: C'est une Skeeter, après tout :roll:

Bon ok, je me calme :lol: , donc je reprend depuis le début :
Alors d'abord sache que j'ai bien aimé la discussion entre Jo-Josh et Lulu (Weazy, les jumelles m'ont tuées Ce n'est probablement pas fini :lol: ). On sent que Louis veut l'aidé et tout et tout ! Je veux que tu me les mettes en couple !!! (m'en fous si c'est pas prévu dans le scénario :twisted: ) Et au fait, la discussion entre Scorp, Josh et Kieran m'a également beaucoup fait rire (courage Josh, on espère tous qu'un jour tu reprendras ta couleur normale :lol: :lol: ). Josh n'a pas fini de rougir (espérons seulement que ça ne deviendra pas sa couleur naturelle :lol: )
Sinon, un peu dégoutée que mon Jamie se souvienne de rien (aussi, heureuse que Josh et Amy se souvienne d'Alli!!) PAR CONTRE la scène Ruby / James une vraie pépite ! En plus il a la lettre et ahhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!! Héhé :twisted: Tu t'imagines pas à quel point j'ai eu du plaisir à écrire cette scène, en sachant à quel point Ruby avait tort :lol:
Et enfin, comme tu l'auras compris :roll: , j'"ai vraiment envie de mettre des claques à skeeter, nan mais ça sert à quoi de faire ça exactement ? Hein sale vipère ? Probablement la même motivation que sa mère, c'est à dire... j'en ai aucune idée. Semée la discorde? Créer du drama?
Je suis vraiment contente de voir que tu as apprécié ce chapitre! Désolée pour ta déception de savoir que Jam-Jam ne se souvient de rien, j'aurais dû me montrer plus claire dans le bonus :oops: Quant à une possible relation entre Jo-Josh et Lulu, qui sait? Seul l'avenir pourra nous le dire :twisted: En espérant qu'aucun des deux ne meurent, ça serait tragique... Quoique, techniquement, seul Josh pourrait mourir si on compte le fait que j'ai fait le serment personnel de ne tuer personne qui ne m'appartenait pas (Et comme Louis est un personnage de JK...) :roll:

On se revoit pour le prochain Bonus! Qui devrait arriver, si tout se passe bien, dans deux semaines, sauf si j'avance plus vite que prévu le chapitre 11! D'ailleurs, j'ai opter pour le Louis / Eleanor, parce que ça amènerait bien tout un tas d'autres choses :twisted:
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Salut! Je suis de retour avec un charmant bonus! Cette fois-ci vous allez avoir l'opportunité d'entrer dans la tête de Louis 8-) Ce ne sera pas pour une conversation avec Joshua, toutefois. Comme je l'avais dit précédemment, c'est pour celle qu'il a avec Eleanor! Sachez que si vous lisez ceci, c'est parce que je suis approximativement à la moitié du prochain chapitre. Avec un peu de chance je le finis en fin de semaine! Sur ce, bonne lecture!

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Bonus


Louis


# 3
Louis & Eleanor – Bibliothèque – Heure du midi (Journée de l’annonce du Journal – Avant)


Louis se retourna pour la dixième fois dans son lit. Peu importe ce qu’il avait pu faire dans les derniers jours, il n’arrivait pas à s’endormir. Ou du moins pas avant les petites heures du matin et il avait tôt fait de se réveiller à nouveau dû à son horloge interne qui lui indiquait que c’était l’heure de se lever pour les cours. Il essayait depuis déjà deux heures de se convaincre de glisser dans un sommeil nécessaire et réparateur.

Sauf qu’il n’y arrivait pas.

Il n’y arrivait pas pour plus d’une raison. En premier il y avait la discussion qu’il avait finalement eue avec Joshua, une semaine plus tôt. Puis tout ce qui avait été à moitié sous-entendu et ce qui avait trait à la cousine de ce dernier. Eleanor. Repenser à elle lui noua l’estomac. Il avait essayé de la voir. Essayé d’obtenir des réponses qu’il n’avait jamais pu avoir… Sauf qu’elle semblait l’éviter. En classe, elle l’ignorait et de toute manière elle arrivait toujours à la dernière seconde pour les cours et était la première sortie. Chaque fois qu’il disait son nom, il la voyait bien se tendre, mais elle l’ignorait.

Même avec l’aide de la Carte, il n’arrivait pas à la coincer quelque part pour pouvoir lui parler! C’était à penser qu’elle avait un sixième sens, un don, quelque chose! pour l’éviter. Sauf qu’il n’était pas prêt à laisser tomber. Il devait savoir. Savoir pourquoi à la fois Joshua et Eleanor le rejetaient sans y réfléchir pour la même raison. Bon… évidemment, avec le premier c’était encore plus compliqué. Il semblait surtout ne pas vouloir reparler de l’incident notamment à cause de sa « vie compliquée ». Quant au reste… il faudrait déjà que ça l’intéresse! Ce qui ne semblait pas vraiment être le cas.

Et lui, Louis, que voulait-il?

Sans doute qu’il arriverait plus facilement à trouver le sommeil s’il le savait… Sauf qu’il ignorait totalement ce qu’il voulait, ce qu’il attendait de tout ça. D’un côté, il était très… perplexe face à la situation. Intrigué, aussi. C’était la première fois qu’il soupesait l’idée. Et depuis, il regardait tous les autres autour de lui avec un regard nouveau. Sauf qu’immanquablement son regard finissait par s’arrêter sur Joshua. Il ne pouvait pas savoir s’il l’appréciait bien si ce dernier évitait de lui parler, ce qui se trouvait être la situation actuelle.

Ironiquement, il obtenait des renseignements de la part de la jeune cousine de l’intéressé.

Pour une raison inconnue, Mae le tenait au courant chaque soir dans la Salle Commune des humeurs de son cousin. Pourquoi elle faisait ça? Il n’en avait pas la moindre idée. Mais il n’était pas contre ces informations. Contre aucune information en fait. Ce n’était pas pour rien qu’on venait souvent le voir pour connaître quelques renseignements que ce soit. Tout le monde savait qu’il était le mieux renseigné sur presque tous les sujets. Dans toute l’école.

Mais il n’y avait pas que cette interrogation au sujet de ce qu’il voulait par rapport à Joshua. Non, parce que dès qu’il pensait à lui, il ne pouvait pas faire autrement que de penser à quelqu’un d’autre. À Eleanor. Et à tous leurs souvenirs en commun. Elle lui avait terriblement manqué pendant la dernière année, mais il avait été soulagé qu’elle ait rompu l’année d’avant. Essayer de maintenir une relation tout en faisant ses études à distance, car l’état de santé de sa sœur était instable? Il n’aurait pas été capable de le faire. Si elle n’avait pas rompu, il l’aurait sans doute fait au cours de l’année dernière et de la pire manière qui soit. Par une lettre. Mais il n’aurait pas été capable de vivre avec l’idée de ne lui prêter qu’une attention distraite et minime.

Il n’était pas comme ça.

Et Eleanor méritait mieux.

Sauf que là… Là il était de retour à Poudlard. Elle était là. Il la voyait chaque jour… Chaque fois que ses yeux tombaient sur le visage d’Eleanor, il revoyait tous les moments passés avec elle. Il l’aimait encore. Ça, il en était persuadé. Mais de quelle manière? Ça, il n’en était plus certain. Et il voulait le savoir! Plus que tout! Parce que ça le tuait de l’intérieur en ce moment. Parfois, quand il songeait qu’elle méritait effectivement mieux que lui, il l’imaginait avec quelqu’un d’autre. Sauf que chaque fois, il grimaçait.
Il n’aimait pas cette idée.

Et pourtant, il ne voyait pas comment revenir dans cette relation qui s’était terminée subitement et brutalement. Savoir que la vie d’Eleanor était apparemment trop compliquée pour lui, selon son point de vue à elle, l’énervait. Comment pouvait-elle savoir ce qu’il en penserait si elle ne lui disait rien? Les cachotteries de ce genre-là… ça lui donnait envie de frapper dans un mur! Car quelque chose en lui criait que ça ne pouvait pas être quelque chose de bénin et encore moins de joyeux. Et si quelque chose d’horrible se cachait dans ce « ma vie est compliquée »? Il ne pouvait pas vivre en connaissant ce fait et ne rien faire! Pourquoi ne lui faisait-elle pas confiance? Et pourquoi avait-il cet horrible doute concernant la mort de Kieran? Il se souvenait parfaitement de la réaction de Joshua en apprenant qu’il était devenu un fantôme. Puis du fait qu’il semblait en savoir plus concernant les causes de la mort de son cousin… Ces images se superposaient aux mots employés par Joshua et Eleanor : une vie compliquée.

Il sursauta brusquement lorsque la voix de James s’éleva :

- Alors, tu ne dors toujours pas, hein?

D’un regard vers d’où venait la voix, il comprit rapidement pourquoi elle lui avait semblé provenir d’aussi proche. James ne se trouvait plus sur son lit à lui, mais bien appuyé nonchalamment contre la table de chevet de Louis. Il poussa un soupir en demandant :

- Je peux savoir ce que tu veux?

- Ça fait plusieurs jours que tu ne dors pas, je te signale. Ou à peine, avant que tu ne me contredises.

- Je répète : qu’est-ce que tu veux?

En entendant son cousin soupirer, il comprit que la conversation que ce dernier voulait avoir ne lui plairait pas. Pas du tout. Un peu comme cette fois, une semaine plus tôt. Juste après l’incident avec Joshua. Il inspira longuement pour se donner le courage d’affronter l’insatiable curiosité de James. Heureusement, si ce dernier fouillait trop loin ou voulait en savoir trop, Louis possédait l’arme parfaite pour refroidir son intérêt. Il lui suffirait de retourner la situation et de parler de Ruby!

- Écoute, je me doute de ce à quoi tu penses, parce que j’y pense aussi, avança James.

Il passa à deux doigts de lâcher une réponse acerbe, mais comme elle se révélerait beaucoup trop révélatrice, il laissa tomber.

- Tu penses à ce que vous vous êtes dit Joshua et toi. Tu penses à Eleanor qui t’évite. Tu penses à Kieran et à sa mort plus que particulière. Je me trompe ou pas? J’ajouterais bien, sinon, que tu te questionnes beaucoup à propos d’un certain… incident, continua son cousin.

- Peut-être et qu’est-ce que ça change?

- Oh, absolument rien. Sinon que j’ai transmis un message en ton nom à une certaine Serdaigle de notre connaissance qui lui demande de te rejoindre à la bibliothèque, à un endroit bien précis. À midi. Demain. Enfin, tout à l’heure…

- Oh, Merlin… Pourquoi je t’ai parlé de ce passage secret! maugréa-t-il.

Ce ne fut que la seconde suivant qu’il comprit réellement ce qu’avait fait James.

- Attends, tu as fait quoi?!

- Je lui ai dit que tu voulais vraiment lui parler. Que c’était très important. Qu’elle te devait ça. Je lui ai donné l’heure et l’endroit pour te rejoindre.

- Tu veux dire que tu lui as parlé! s’étrangla-t-il.

- Ouais, parce qu’il semblerait que moi, elle ne cherche pas à me fuir. Ce que je peux comprendre, ceux qui essaient de me fuir, ça se termine toujours mal… Enfin, mal, c’est vite dit. Mais déclencher des éclats de rire ne plait pas à tout le monde, semble-t-il.

- Tu l’as menacé?

Il était maintenant prêt à disparaître dans le sol ou perdre connaissance au choix.

- Mais non! Tu me prends pour qui, au juste? Est-ce de ma faute si ma réputation me précède? Et puis, Eleanor est assez intelligente pour savoir que je ne lâcherai pas le morceau si je veux lui parler et que j’ai plusieurs moyens pour la forcer à m’accorder une minute d’attention.

Louis poussa un soupir. Parfois, son cousin était vraiment un cas désespéré. Et pourtant, c’était vrai que James avait une réputation dans l’école. Ceux qui l’évitaient n’y arrivaient jamais longtemps. Sauf une. Il avait très envie de mettre cette carte sur la table pour rendre son meilleur ami quelque peu… embarrassé, autant que lui l’était, tout au moins! Sauf qu’une question plus urgente se fraya un chemin jusqu’à sa bouche :

- Qu’est-ce qu’elle a dit?

- Eh bien… Pour reprendre ses mots : Je suppose que s’il est désespéré au point de te demander de passer son message, ça doit être vraiment important. Je serai là.

- Oh, Merlin…

Il ne put s’empêcher de se cacher le visage de ses mains. Dans quoi est-ce que son cousin l’avait mis? Déjà que la conversation serait délicate, il n’avait pas besoin que James y mette du sien! Et pourtant, il était trop tard maintenant. Il n’arriverait jamais plus à regarder Eleanor en face s’il ne se pointait pas demain… Mais il n’était pas certain d’arriver à le faire non plus. De la regarder en face alors qu’elle serait convaincue que c’était lui qui avait demandé à James de lui passer un message. C’était magnifique, vraiment!

- Il faut que tu commences à reprendre le contrôle de ta vie, Louis, lâcha soudain son cousin.

- Tu crois que je ne le sais pas, peut-être?

- L’année dernière n’a pas été facile et au train où vont les choses, celle-ci ne le sera pas plus. Tu ne peux pas passer tes nuits à te poser des questions quand il serait très simple d’avoir des réponses!

- Ah oui! Vraiment! Et si on parlait de toi, maintenant!

- Comment ça, de moi?

Un sourire étira les lèvres de Louis lorsqu’il répondit :

- Pourquoi tu ne dors pas? Comment peux-tu savoir que je ne dors pas depuis plusieurs jours s’il n’en va pas de même pour toi? Tu crois peut-être que je n’ai pas remarqué l’absence de tes coups de génie de début d’année? Pas une farce en près d’une semaine, c’est du jamais vu!

- De quoi tu parles! Pourquoi je ferais des farces quand… quand… tout ça.

La voix étranglée de James calma un peu ses ardeurs à l’agacer, mais pas complètement. Il savait bien pourquoi son cousin préférait ne pas faire de farces, mais ce n’était qu’une excuse pour autre chose. Car normalement, ça ne l’aurait qu’encouragé à tenter de remonter le moral de tout le monde. Mais s’il ne faisait rien, c’était précisément parce que lui n’avait pas le moral. Mais son cousin était suffisamment obstiné pour s’auto faire croire que la cause de son absence de farces était les attaques.

- Tu n’en fais plus, parce que tu es trop préoccupé, James! déclara-t-il. Tu le sais, Liam et Dylan le savent et je le sais. Tu n’arrêtes pas de repenser à ta fameuse discussion avec Ruby Shepherd! Et ça t’empêche de dormir!

- Pourquoi ça m’empêcherait de dormir? Ce n’est pas la première fois qu’elle me crie dessus, et sans doute pas la dernière…

- Sauf que c’est la première fois qu’elle mentionne une fameuse lettre. Et cette fameuse lettre elle croit que tu l’as jetée. Mais ce n’est pas le cas.

James ne répondit rien, mais il se leva brutalement de la table de chevet sur laquelle il s’appuyait. Alors qu’il rejoignait son lit, Louis asséna le coup de grâce :

- Tu t’es permis de mettre ton nez dans mes affaires, alors ne compte pas sur moi pour ne pas en faire autant.

- Tu ne lui dirais quand même pas que…

- Et pourquoi pas? Si tu veux mon avis, ça fait des années que tu aurais dû lui rendre!

- Je t’interdis de le faire!

- Depuis quand est-ce que je t’écoute, déjà?

Avec un sourire sur les lèvres, il se détourna de son cousin et remonta ses couvertures un peu plus sur lui. En enfonçant sa tête dans l’oreiller, il entendit en sourdine les grondements de James et son sourire ne fit que s’élargir. Étonnamment, il réussit à s’endormir dans la seconde.

Le lendemain, midi arriva beaucoup trop tôt à son goût. Il avait tout fait pour éviter de croiser le regard d’Eleanor, regard qu’il avait souvent senti poser sur lui. Rien d’étonnant vu la manière cavalière dont « il » avait décidé de lui faire parvenir un message. Il avait bien l’intention de lui dire que James avait tout manigancé tout seul, mais ça reviendrait à dire qu’il avait été perturbé assez longtemps et visiblement pour que son cousin agisse pour lui.

Il poussa un soupir en pénétrant dans la bibliothèque et sans trop avoir à regarder où il allait, il laissa ses pieds le guider. Il avait parcouru ce même trajet si souvent pendant sa cinquième année qu’il pourrait le faire les yeux fermés. Il savait qu’Eleanor n’avait qu’une parole, mais en un sens il continuait à se demander si elle viendrait vraiment. Après tout… elle le fuyait bien depuis qu’elle était de retour en classe, non?

Il s’en convainquit tellement que lorsqu’il pénétra dans le passage secret, il sursauta en tombant nez à nez avec le Lumos d’Eleanor. Pendant une minute entière, il n’osa plus bouger d’un muscle et se contenta de la dévisager avec des yeux écarquillés. Après un moment, celle qui lui faisait face commença à montrer des signes d’impatience.

- Est-ce que tu essaies d’imiter une chouette? Parce que l’effet est bien réussi, sauf que j’aimerais bien aller manger éventuellement, alors si on peut bien en venir aux faits…?

Ces paroles le sortirent immédiatement de sa stupéfaction et il s’exclama :

- Oui, bien sûr! Mais…euh… je ne voulais pas imiter une chouette…

- Je le sais bien, je me moque de toi! Mais depuis quand le grand Louis Weasley a-t-il si peu d’assurance?

- Depuis qu’il t’a rencontré.

Cette remarque sembla la mettre immensément mal à l’aise et il eut immédiatement envie de se frapper la tête contre le mur le plus proche. Pourquoi n’avait-il pas pu la boucler? Certes, ce n’était pas un mensonge. Dès qu’il avait posé les yeux sur Eleanor, l’assurance qu’il montrait au reste de l’école avait volé en éclat. Ces tentatives pour attirer son attention au début avaient été chaotiques et maladroites. Et apparemment… rien n’avait changé.

- Est-ce que je dois te rappeler qu’on… qu’on a rompu?

- Tu as rompu, précisa-t-il en essayant de ne pas avoir un ton de reproche.

Elle se raidit presque immédiatement et il sut que c’était raté.

- Écoute, ce n’est pas vraiment pour ça que tu es ici. Et je tiens à ajouter que ce n’est pas moi qui ai…

- Demandé à James de me passer un message? Je le savais déjà. Ton cousin n’est pas très subtil, tu sais.

- Ce n’est un secret pour personne, ça.

- Alors… Pourquoi tu voulais me voir? James a dit que c’était très important…

- Ce l’est. Et je suis quand même surpris que tu aies accepté. La dernière fois qu’on s’est parlé…

- Je sais ce que j’ai dit. Mais… Je… Je n’ai pas pu dire non.

Le regard qu’elle avait présentement lui faisait revenir des années en arrière. Était-il possible que… qu’elle…

- Alors que voulais-tu savoir? le coupa-t-elle dans ses pensées.

- Je veux connaître la raison précise pourquoi tu as rompu. Je veux savoir pourquoi Kieran aurait choisi de devenir un fantôme et… et pourquoi il est mort.

Le visage fermé qu’elle afficha aussitôt ne lui inspira pas confiance. Elle faisait toujours ça lorsque les émotions lui montaient à la gorge. S’il connaissait bien quelqu’un qui ne laissait jamais entrevoir ses émotions, c’était bien Eleanor. Mais elle le faisait souvent lorsque la colère et la tristesse régnaient. Et ça, ce n’était pas bon signe…

- Je t’ai déjà dit que ma vie était compliquée et ça devrait te suffire, grommela-t-elle. Tu n’as pas besoin de savoir.

- Si, j’ai besoin de savoir! Je n’arrive pas à penser à quoi que ce soit d’autre depuis que je suis tombé sur le fantôme de ton frère!

La voir détourner le regard en frissonnant était une première. La voir fermer les yeux plus d’une seconde aussi. Quelque chose en lui, lui souffla qu’Eleanor était à deux doigts de craquer. Il s’approcha d’un pas, mais en la voyant reculer imperceptiblement il renonça. Mais il donnerait n’importe quoi pour savoir ce qui se passait dans sa tête! Parce qu’il avait horreur de la voir comme ça… Fragile. Eleanor n’avait rien de fragile. Aucun des membres de la fratrie Aylin pourrait être considéré comme fragile. Pas même le jeune Ethan. Il y avait quelque chose dans son regard qui donnait l’impression que peu importe ce qu’on pourrait dire, il ne flancherait devant rien.

Mais il fallait beaucoup l’observer pour le savoir, ou le connaître.

Louis avait fait les deux. Il avait observé et appris à le connaître. Et il savait que sous la façade de discrète et timide du jeune garçon qu’il se cachait une force tout aussi grande que celle de son frère et de sa sœur aînés. En reportant ses pensées sur cette dernière, il plongea le regard dans celui d’Eleanor qui venait tout juste de rouvrir les yeux. Et ce fut à ce moment qu’il l’aperçut. La douleur. Si forte qu’elle avait réussi à faire monter des larmes à celle qu’il n’avait jamais vu pleurer, pas une seule fois…

- J’ai des problèmes, d’accord? souffla Eleanor. Mais il s’agit de mes problèmes. Je ne veux pas et n’ai jamais voulu t’impliquer dedans. Tu ne mérites pas ça.

- Attends, une minute… Tu veux dire que tu as encore les mêmes problèmes que lorsqu’on a rompu?

Elle n’eut pas besoin de répondre, son expression le fit pour elle. Ses sourcils se froncèrent et sa mâchoire se crispa. Il aurait préféré une autre réponse. Il aurait préféré qu’elle lui fasse confiance. L’avait-elle jamais fait, d’ailleurs? Si ce problème persistait depuis plus d’un an, ça voulait dire qu’il était énorme. Qu’elle aurait et aurait eu besoin d’aide. Mais pourquoi ne lui avait-elle jamais demandé de l’aider si ce n’était pas par manque de confiance en lui?

- N’as-tu jamais eu confiance en moi pour ne pas vouloir de mon aide? s’enquit-il, blessé.

Sa famille avait toujours considéré qu’aider son prochain et ceux que l’on aime comme la plus importante des choses. Alors, savoir qu’on ne désirait pas de son aide…

- Ce que tu peux être idiot, parfois! s’exclama-t-elle. Je te fais confiance, Louis. Je t’ai toujours… enfin, pas toujours… Pas au début. Mais avec le temps j’ai su que je pouvais te faire confiance et c’est justement ça le problème!

- En quoi est-ce un problème, au juste? Ce n’est pas être lâche que d’accepter de l’aide!

Elle poussa un soupir et évita son regard en détournant la tête. Encore une fois. Mais qu’y arrivait-il, exactement? Pourquoi agissait-elle ainsi si elle lui faisait confiance? Il ne comprenait rien à son charabia!

- Ce n’est pas par peur de paraître lâche que je ne veux pas de ton aide, Louis… murmura-t-elle.

- Alors quoi! Je ne comprends rien, là… Je crois que je mérite une explication. Parce que du jour au lendemain tu m’as largué comme si ce qu’on a été n’a jamais été important pour toi!

Le regard froid qu’elle lui jeta le foudroya sur place et son ton tout aussi glacial ne l’aida pas à retrouver l’envie de bouger d’un iota :

- C’était important pour moi. Et c’était le problème.

- Mais en quoi!

Elle inspira longuement avant de se lancer :

- Parce que j’ai une vie compliquée! Parce que quiconque s’y retrouve mêlé finit par en souffrir! Et je ne voulais pas que ça t’arrive. Hors si je t’avais demandé de l’aide, si je t’en avais même seulement parlé… Je te connais Louis. Je te connais assez pour savoir que tu aurais voulu t’impliquer. Et ça… ça je ne pouvais pas l’accepter. Je préfère que tu restes tel que tu es sans ajouter de la souffrance à tout ça.

- De quoi, de la souffrance!

Elle se mordit les lèvres comme si elle en avait trop dit et soudain il comprit. Pourquoi à chaque fois qu’elle rentrait de chez elle après les vacances de Noël, son masque était toujours enfilé. Pourquoi elle passait la première semaine à surveiller les moindres faits et gestes de ses frères. Pourquoi chacun des trois Aylin possédait une force surprenante. Il avait été suffisamment proche d’Eleanor pour déceler quelques cicatrices. Elle lui avait juré que c’était des accidents de lorsqu’elle était jeune… Mais était-ce vraiment des accidents? Son visage se décomposa et il plongea à nouveau le regard dans celui de celle qui se trouvait face à lui.

- Eleanor… Dis-moi que ce que j’ai en tête est faux. Dis-moi que tu n’aurais pas vraiment cru que me garder dans l’ignorance était la chose à faire. Dis-moi que ta famille est seulement bizarre, mais pas… pas…

Les mots qu’elle prononça furent aussi cinglants qu’un coup de fouet :

- Je ne peux pas.

Il passa à deux doigts de tomber à genoux, mais il ne le fit pas. Pour la simple et bonne raison qu’Eleanor était encore debout. Plusieurs de leurs conversations qui l’avaient laissé perplexe lui revinrent en mémoire. Certaines phrases prononcées avec des intonations étranges. Comme la fois où elle avait eu l’air envieuse de la vie de famille de Louis. De sa famille au complet. Des liens étroits qu’il possédait avec ses cousins et cousines. Tout avait du sens, maintenant… Même… Mais était-il vraiment possible que… Il avait bien surpris des propos concernant un incident dans le train. Concernant Joshua. Mais il ne pouvait pas… Lui aussi?

Une vie compliquée…

Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Non, ça ne pouvait pas en être une. C’était impossible. Et pourtant il voudrait croire que ce ne soit qu’une coïncidence. Mais les actions de Joshua envers ses jeunes cousines ressemblaient tellement au comportement d’Eleanor avec ses frères qu’il sut que la réalité était sans doute aussi grave qu’il le pensait, même s’il ne l’espérait pas.

- Et… Et Joshua?

- Sa vie n’est pas toute rose non plus, mais… moins… moins pire que celle à mes frères et moi. Même s’il en a eu un aperçu.

Ces propos le poussèrent à l’immobilisme une nouvelle fois.

- J’ai besoin de plus. J’ai besoin de savoir. De tout savoir. S’il te plaît.

- Tu sais que ma famille est de sang-pur, pas vrai? commença-t-elle. Eh bien, ce n’est pas seulement sur le papier.

Alors elle lui expliqua tout. Toute l’histoire. Ce que ses frères et elle enduraient depuis qu’ils étaient jeunes. Sévices corporels et verbaux en tout genre visant à leur forger le caractère. Comment ils n’étaient pas les seuls à subir ce traitement. Comment Joshua y avait eu droit avant que ses tuteurs légaux décident de laisser tomber pour s’en charger eux-mêmes. Comment la famille d’Eleanor possédait un endroit tout à fait illégal, mais au secret si bien gardé que personne d’autre que ceux qui appréciaient les services offerts en connaissait l’existence. Un établissement de remise sur le droit chemin de jeunes sang-purs. Par la violence physique et verbale. Même émotionnelle, parfois.

Ça expliquait l’attitude froide et dure qu’affichait généralement Eleanor. Tout comme l’attitude rebelle et exubérante de Kieran. Ou celle un peu plus effacée et lunatique d’Ethan. Louis comprenait tout à présent. Sauf une chose…

- Kieran… qu’est-ce qu’il lui ait arrivé?

Au moment précis où les mots franchirent ses lèvres, il sut qu’il n’aurait pas dû ouvrir la bouche, sauf qu’il était trop tard à présent et déjà les larmes s’accumulèrent au point de s’écouler sur les joues de celle face à lui. Sa voix était complètement brisée lorsqu’elle répondit :

- On a essayé de fuir, cet été. Je n’ai pas réussi à le faire, mais j’ai permis à mes frères de le faire. Sauf que ça n’a pas duré longtemps. Mon père les a retrouvés. Et il était furieux…

Il n’avait pas vraiment besoin de mots pour connaître la suite. Rien que la voir fermer les yeux dans une vaine tentative pour refouler les larmes suffisait à lui faire comprendre. Sauf qu’elle les rouvrit tout de même et en plantant son regard dans le sien, elle conclut :

- Mon père l’a tué.

Il sentit la chute venir avant qu’elle ne survienne, dès que les jambes d’Eleanor la lâchèrent il était déjà là et la rattrapa. Normalement, elle n’était pas friande des contacts physiques, il le savait. Il comprenait mieux pourquoi à présent. Mais il avait toujours senti que c’était différent avec lui… Alors il se permit de refermer les bras autour d’elle et de la serrer contre lui. Il sentit ses propres larmes envahir ses yeux, mais il les refoula, elle n’avait pas besoin de ça…

Ça ne prit que quelques secondes après qu’elle se soit raidie pour qu’elle relâche la tension. Dès que ce fut fait, elle referma ses bras autour de lui et enfouis son visage dans le cou de Louis. Ce simple geste le ramena très loin en arrière. Alors que tout était beaucoup plus simple, pour lui du moins. Avec ce qu’elle venait de lui dire, il songea qu’elle avait risqué gros pour une simple relation. Il comprenait mieux les regards inquiets que jetait souvent Kieran dans leur direction à l’époque. Ce n’était pas à cause de Louis en tant que tel, mais bien à cause de leurs parents et de leurs idéaux.

Il resserra sa prise autour d’elle.

L’idée qu’elle lui ait caché une aussi grosse partie de sa vie le rendait malade. Sauf qu’en un sens… il comprenait. Ou du moins, il comprenait le raisonnement d’Eleanor, même s’il ne l’acceptait pas. Si elle lui avait dit la vérité à l’époque, il aurait voulu l’aider. De tous les moyens possibles. Il en aurait parlé à ses parents, à toute sa famille. Et c’était sans doute ce dont elle ne voulait pas. Mais pourquoi?

Même en ce moment, il trouvait que c’était la meilleure chose à faire.

- Tu ne peux rien dire, Louis. À personne, souffla-t-elle dans son cou.

Un frisson le traversa, mais ignorant superbement sa cause, il lâcha :

- Et pourquoi? Je ne peux pas juste ne rien faire!

- Et pourtant, c’est ce que tu vas faire. Si tu en parles à qui que ce soit et que les parents ou quelques adultes que ce soit l’apprennent, c’en est fini. Et si je quitte ma famille, mon petit frère aussi. Je suis majeure, Louis. Je n’irai chez personne. Mais Ethan? Ethan… il va se retrouver chez mon oncle et ma tante. Les tuteurs de Joshua. Et ils ne valent pas mieux. Et même s’il se retrouve ailleurs… il ne sera pas avec moi! Je ne peux pas le perdre lui aussi!

Il n’avait pas vu les choses sous cet angle. Il n’avait pas pensé à cette conséquence pourtant évidente. Sauf qu’une question se fraya un chemin jusqu’à ses lèvres :

- Que font exactement les tuteurs de Joshua?

- Ce n’est pas à moi qu’il faut le demander, Louis.

- Mais… il ne veut pas plus m’adresser la parole que toi!

Elle le relâcha assez rapidement pour le dévisager et il sut qu’il venait de se mettre les pieds dans les plats.

- Je peux savoir pourquoi tu sembles aussi soucieux de mon cousin? Et pourquoi il ne voudrait pas te parler?

Louis ne put s’empêcher de rougir jusqu’aux oreilles avant de tout lui expliquer d’un ton morne, tout en évitant son regard. Lorsqu’il eut fini, il n’osa toujours pas croiser les yeux verts de celle à quelques centimètres seulement de lui. D’ailleurs, il devrait vraiment éviter de penser à ces quelques malheureux centimètres. Ce n’était pas le moment, par Merlin!

Pendant plusieurs secondes, il ne se passa rien.

Puis, finalement, le rire d’Eleanor emplit leur passage secret et il ne put s’empêcher de lever les yeux vers elle, complètement ahuri. Mais qu’y avait-il d’aussi drôle, au juste? Et comment pouvait-elle rire de ça!

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Alors, alors... Qu'avez-vous pensé de ce bonus? Ah et je en sais pas pour vous, mais j'ai du mal à m'habituer à la nouvelle mise en page de booknode, ça me fait mal aux yeux >_< Et j'aimais mieux l'ancienne version... Mais bon! Peu importe. On se reverra pour le prochain chapitre et n'hésitez pas à commenter si ça vous dit! Bonne fin de journée!

P.S: Éventuellement, je vais faire pour Louis comme pour les autres, car au train où vont les choses, il va être important, alors autant lui accorder le privilège d'avoir son nom en image xD
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Coucou! Je suis désolée de devoir affirmer que le chapitre ne viendra pas cette semaine, mais probablement plus en fin de semaine prochaine :? :oops: J'ai été pas mal occupée en fin de semaine et j'étais trop vidée mentalement pour faire quelque chose comme de l'écriture :oops: Breeef, ça ira à la prochaine. Sauf que cette fois je vais le faire. Au moins, ça ne dépassera pas un mois d'attente pour le chapitre! Mais encore désolée pour l'attente! :?
Charmimnachirachiva

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou !
T'inquiètes, prend tout le temps qu'il faut (enfin pas trop quand même ;) ).
Je suis super désolée de pas avoir com (j'étais SURE de l'avoir fait pourtant... :roll: ).
Du coup :
J'ai beaucoup aimé cette discussion et le perso d'Eleanor. Par contre Louis aime quand même beaucoup les gens avec une ''vie compliquée" :lol: . Mon pauvre Lulu, t'es bien paumé ! C'était touchant quand Eleanor a décrit le mort de son frère (c'est horrible !!!!!). Même quand c'est Josh qui raconte, ça me révolte toujours quand ils parlent des violences :evil: .
C'était un super bonus !
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit : mar. 20 oct., 2020 2:03 pm Coucou !
T'inquiètes, prend tout le temps qu'il faut (enfin pas trop quand même ;) ). J'espère que je ne t'aurai pas trop fait attendre :oops:
Je suis super désolée de pas avoir com (j'étais SURE de l'avoir fait pourtant... :roll: ). Aucun problème! Mieux vaut tard que jamais!
Du coup :
J'ai beaucoup aimé cette discussion et le perso d'Eleanor. Par contre Louis aime quand même beaucoup les gens avec une ''vie compliquée" :lol: . Mon pauvre Lulu, t'es bien paumé ! C'était touchant quand Eleanor a décrit le mort de son frère (c'est horrible !!!!!). Même quand c'est Josh qui raconte, ça me révolte toujours quand ils parlent des violences :evil: .
C'était un super bonus ! Tant mieux si tu as aimé Eleanor, j'avais peur que personne ne l'apprécie alors même que je l'aime assez :lol: Louis a des goûts bizarres et je crois qu'il apprécie de se compliquer la vie. :lol: Je plaide entièrement coupable des maltraitances subies par Josh et toute la famille Aylin :cry: En tout cas, je suis vraiment contente que tu aies aimé le bonus et tes commentaires font toujours vraiment plaisir :D Maintenant je vais à l'édition du prochain chap :mrgreen:
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Me voici, me voilà! Je sais que je n'ai pas vraiment publier lundi, comme ça aurait dû être le cas si j'avais terminé le chapitre dimanche dans la nuit... mais voilà pour une raison inconnue j'ai eu du mal à le terminer. Et je viens juste de le faire, à 1h20 du matin... Et parce que je n'étais pas certaine de pouvoir le publier avant d'aller travailler demain, 15h. (ou aujourd'hui? Enfin, peu importe) Bref, j'ai décidé de le faire tout de suite! Je tiens à dire qu'il y a un sujet sensible, il n'est pas énormément développer, mais surtout sous-entendu et à peine effleuré, mais voilà. Je tiens à vous prévenir. (Je sais que c'est vague, mais à moins de mettre un gros ATTENTION SUJET SENSIBLE EN APPROCHE juste avant le moment où il en est mention... je ne peux pas vraiment en dire plus s'en spoiler. Je suppose qu'on peut dire que ça peut être une « conséquence qui peut parfois subvenir en tant de guerre »? C'est très vague encore, mais vous comprendrez sans doute au moment voulu! :oops: Dans tous les cas, je suis vraiment désolée pour le délai de ce chapitre, mais au moins ça ne m'aura pas pris que quelques jours supplémentaires après le mois pour vous le donner! Je vais essayer d'écrire le prochain en trois semaines max, mais on verra bien :roll: Après, je me sentais très inspirée pour ce chapitre-là, donc ça devrait aller. Sauf si la fatigue me tue :roll: Mais comme je crois que je commence à m'égarer, je vais me contenter d'ajouter deux choses. La première, je vais m'arranger pour avoir un bonus à vous donner lorsque j'aurai la moitié du chapitre d'écrit et ce sera entre Josh et Louis :twisted: La dernière... Eh bien... C'est seulement : bonne lecture!


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Chapitre 11


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Je n’étais pas certaine d’arriver à bien comprendre ce que venait tout juste de dire Rose. Était-ce parce que sa poigne sur mon bras était atrocement familière ou parce que je peinais à respirer vu la vitesse à laquelle elle nous forçait à courir? Aucune idée. Mais ce qui tournait en boucle dans ma tête ce n’était plus les mots qu’elle avait prononcés, mais bien sa manière de le faire. Aucun dédain, aucune haine, aucune exaspération. Plus… de l’inquiétude.

Pour nous?

Sans doute pas. C’était tellement improbable! Bon, évidemment, si ce que j’avais compris était la vérité… ça pouvait se comprendre. Parce que peu importe à quel point la Rose d’ici agissait en Harpie, elle ne pouvait quand même pas être différente au point de vouloir laisser des gens mourir. Pas sans des raisons valables.

Mais est-ce qu’il y avait vraiment un troll?

Cette question me poussa à m’arrêter brusquement et ce simple fait nous fit tous tomber à la renverse, ce qui me valut un regard indigné de la part de mes trois camarades.

- Je peux savoir pourquoi on court comme ça? grommelai-je en me relevant, aidant mes amis à en faire de même.

- Parce qu’il y a un troll! s’énerva Rose en se relevant d’elle-même, ignorant sciemment la main que je lui tendais.

- Mais pourquoi tu t’enfuis? Tu n’es pas préfète? Et Scorpius aussi l’est. Vous devriez pas essayer de gérer la crise? D’aller chercher un professeur? Quelque chose?

L’air complètement ahuri qu’ils portèrent tous sur moi me confirma une chose : ils n’étaient définitivement pas les mêmes que chez moi. Ou du moins, pas encore. Est-ce que le changement commencerait ici? Peut-être… La seule manière de le savoir était d’essayer. Mais comment convaincre mes trois acolytes présents de me suivre dans une aventure complètement dingue? Surtout que Rose… ne m’appréciait pas. Pas complètement. Pas encore.

- Et vous êtes vraiment, tous les deux (je pointe Albus et Rose du doigt), les enfants d’Harry Potter, Ron Weasley et Hermione Granger? À notre âge, un troll ne représentait plus rien pour eux! Ce n’est pas ton père, à toi (cette fois je pointe seulement Rose) qui l’a assommé avec sa propre massue?

La principale intéressée me dévisagea en ouvrant légèrement la bouche. Qu’avais-je dit cette fois? Pourtant, contrairement à son regard meurtrier habituel, ses yeux semblaient plus refléter une intense stupéfaction. J’eus envie de me donner une gifle mentale à la simple évocation de « regard meurtrier » et « habituel » dans une même phrase décrivant Rose. Ma meilleure amie n’était pas comme ça. Si faire la distinction était simple… émotionnellement ce ne l’était pas. Pas du tout. J’avais toutefois légèrement espoir maintenant. Pour combien de temps? Ça, c’était la question.

- Je peux savoir comment tu es au courant? s’enquit-elle en me regardant avec toujours autant de surprise.

- Techniquement, tu le sais déjà. Mais en plus précis… Disons que ton père aime un peu trop raconter ses exploits passés avec ta mère et Harry. À chaque Noël, ça revient à tous les coups.

Cette fois, je craignis sincèrement qu’elle perde ses globes oculaires tellement ils sortaient de leur orbite.

- Mais… comment… Tu n’es jamais venu à Noël…

- Rose, elle t’a déjà dit comment. À la rentrée! s’emporta Albus.

- Mais pour répondre à ton observation, Rose. Disons simplement que ce n’est pas ici que j’ai assisté à vos fêtes de Noël.

- Mais c’est impos…

Elle ne réussit pas à poursuivre, car un hurlement aigu s’éleva de derrière nous. Ce n’était pas le cri typique d’un troll. De toute manière, est-ce qu’un troll pouvait seulement crier? Grogner, gronder, oui. Mais crier? J’avais des doutes, de sérieux doutes.

- Ça, ce n’était pas un troll.

- Belle observation, Al, lâcha Scorp. Vous croyez que le troll est là…

Le grondement sonore qui se répercuta sur les murs donna la réponse que Scorpius attendait. Un frisson me parcourut le dos tandis qu’un sourire étirait mes lèvres. Aucun de mes amis présents ne me firent de remarque contrairement à d’habi… Une douleur fulgurante me traversa la poitrine. Ce n’était pas mes amis. Pas ceux qui auraient pu trouver un commentaire à mettre sur mon sourire, en tout cas. J’inspirai brusquement pour me libérer de la sensation désagréable de tristesse et sans attendre j’attrapai les deux Serpentards par leur cravate et la seule Gryffondor présente par le bras. Puis, sans me préoccuper de leurs protestations, je les entraînai en direction des cris de plus en plus paniqués.

- Je ne sais pas où sont les professeurs, mais ils arriveront trop tard. Et cette fille a besoin d’aide, m’exclamai-je en en voyant deux geindre et l’autre m’invectiver avec force.

Cette fois, ils ne trouvèrent rien à redire. J’avais raison. Ils le savaient tous les trois, que ça leur plaise ou non. Je pus rapidement les relâcher et ils me suivirent jusqu’à l’endroit d’où provenaient les cris. Fus-je surprise de déboucher sur une salle de bain pour fille à la porte défoncée? Non. C’était à croire que le destin me donnait un coup de pouce! Pour une fois que ça m’arrivait, je n’allais pas cracher dessus…

Je déboulai comme une folle dans la salle de bain pour tomber sur un scénario particulièrement alarmant. Une jeune fille de peut-être treize ans se tenait face au troll. Ce n'était pas la partie qui m’alarmait le plus, même si ce l’était quand même. Non, c’était le garçon de première année qui se trouvait derrière la fille, recroquevillé sur lui-même. Et aussi… cette fille… Son apparence… Elle ressemblait à…

Je n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage que le troll se retournait vers moi avec son air de grand idiot mal dégrossi. Un frisson d’angoisse me traversa le dos en songeant qu’il était quand même diablement grand… Je n’avais pas l’habitude d’être face à face avec quelque chose de si grand que je me sentais presque comme une Hobbit devant un Humain. Je passai toutefois outre mes appréhensions et des mots quittèrent mes lèvres avant que je ne puisse les retenir :

- Al, occupe-toi des gamins. Scorp, Rose, on se charge du troll. Je vais attirer son attention, essayez de la mettre hors d’état de nuire.

Je m’étais adressée à eux comme je me serais adressée à mes amis… À mes amis de chez moi. Voyant qu’ils semblaient m’avoir écouté, je laissai tomber cette bévue et entrepris de faire ce que j’avais dit. C’était sans aucun doute la pire idée possible, pensai-je en enfourchant mon balai. Complètement débile. Mais pas complètement. Enfin, ça ne devait pas l’être puisque je le faisais, pas vrai?

Je m’élevai rapidement dans les airs et ce ne fut qu’à ce moment que je compris une chose. Le troll ne me lâchait pas du regard. Il semblait avoir complètement oublié la présence des élèves plus jeunes et n’avoir même pas remarqué celle de mes trois acolytes. Ses petits yeux suivaient chacun de mes mouvements comme si je l’hypnotisais. Or, j’étais certaine de ne pas le faire. Alors, pourquoi me prêter une aussi grande attention? Cette réflexion me sortit de l’esprit au moment précis où le troll leva sa massue pour tenter de me happer avec. Les possibilités de replis dans une salle de bain étant ce qu’elles étaient, je me retrouvai à manger une partie de son cou sur le bras ce qui réussit à me faire dévier vers le mur assez violemment pour qu’une grimace prenne possession de ma bouche.

J’atterris en catastrophe et en essayant d’ignorer le tiraillement qui élançait mon bras droit, je grondai :

- Est-ce que… vous pouvez… faire… quelque… chose?!

Je dus m’interrompre à plusieurs reprises pour éviter un nouveau coup de la part du troll. Chose particulièrement étrange… il semblait éviter de viser la tête. Il visait mes bras, mes jambes, mon corps, mais jamais la tête. Pourquoi? Je tentai de voir ce que fabriquaient les deux charger de s’occuper du troll, mais ce fut pour mieux constater… Qu’ils s’étaient tous les deux figés.

- Stupéfix à trois! lançai-je en me propulsant sur le côté pour éviter un nouveau coup.

- Mais on ne connait pas ce sortilège! protesta Rose.

- Oh, Merlin… grommelai-je entre mes dents.

L’habitude serait vraiment dure à perdre… Je bondis de l’autre côté tout en criant :

- Alors un Leviosa! Quelque chose!

Pourquoi avais-je l’impression qu’ils n’avaient vraiment pas l’habitude de se mettre dans de telles situations? Avais-je été casse-cou avec mes meilleurs amis au point qu’un troll dans le château ne soit rien du tout? Enfin… rien du tout. C’était une manière de parler. Mais jamais la Rose, le Scorpius et le Albus que je connaissais attendraient que je leur dise quoi faire pour agir! Et ils resteraient encore moins figés… Mes paroles durent avoir un effet positif sur les gènes de Rose, car elle s’écria :

- Wingardium Leviosa!

Avec soulagement je vis la massue commencer à remonter à moins de deux centimètres de mes épaules. Note à moi-même : se jeter par terre pour éviter un coup ne préviendra pas le prochain, à éviter, surtout en présence d’un troll. Pile au moment où ce dernier jetait un regard ahuri à son arme, je vis une feuille de papier tomber de ce qui lui faisait office de vêtement. Trouver autre chose pourrait sans doute être plus adéquat, car pour le moment je ne ratais rien de son anatomie atroce. Mais fermer les yeux était une très mauvaise idée, surtout lorsque le troll des montagnes en question n’était pas encore mort ou assommé. Détourner le regard, toutefois…

Je m’empressai aussitôt de le faire pour mieux apercevoir Rose qui semblait jouer au laser avec un chat. Le laser étant la massue et le chat le troll. J’écarquillai les yeux, complètement ahurie. D’accord… Je savais que les trolls étaient idiots, mais au point de sautiller en essayant de rattraper leur massue? Alors que la personne contrôlant ladite massue se trouvait juste devant? C’était un autre niveau de stupidité.

Je les rejoignis toutefois assez rapidement, délaissant ma position précaire pour une autre tout aussi incertaine. À peine étais-je à leur niveau que Scorpius s’écria :

- Merlin, ton poignet!

- Oh, ne commence pas!

- Mais il est bleu!

Je me contentai de lever les yeux au ciel, non pas que je démentais ce qu’il disait, car la douleur en provenance de mon poignet me disait que la probabilité qu’il ait changé de couleur était très élevée. Sauf que j’avais d’autres chats à fouetter que de m’inquiéter pour un autre membre mal en point. Était-ce normal de commencer à en avoir l’habitude?

- Je ne crois pas que je vais conserver son attention longtemps maintenant que tu es là… marmonna Rose. Une idée?

Je passai à deux doigts de m’offusquer de ce qu’elle avait insinué, mais me retint à la dernière seconde en constatant qu’elle avait raison.

- L’assommer? proposai-je.

- Ça ne marchera pas. Mon père l’avait eu pendant un moment de distraction. Et c’était accidentel, soupira-t-elle.

Je hochai de la tête avant de songer à quelque chose. Je ne pouvais pas le pétrifier ni le stupéfixer. Toutefois… Je pouvais le distraire le temps qu’elle l’assomme en relâchant la massue au-dessus de sa tête, reproduisant la scène que son père nous narrait un peu trop souvent.

- J’ai une idée. Tiens-toi prête!

Elle acquiesça, le front plissé par la concentration pour maintenir l’attention du troll. De mon côté je fis fi de la précarité de mon poignet droit pour saisir ma baguette. Mon balai trainait encore de l’autre côté, là où je l’avais lâchement abandonné. En prenant une grande inspiration, je lançai :

- Aguamenti!

Un jet d’eau d’une ampleur assez imposante s’échappa de ma baguette pour foncer tout droit vers la tête immonde du troll. Il en avala peut-être un litre avant de détourner la tête en se secouant comme s’il répugnait le contact. Ou qu’il ne tenait pas à mourir noyé, au choix. Cette distraction lui fit oublier complètement sa massue toujours au-dessus de sa tête. Il ne la vit donc pas chuter… jusqu’au moment où il la sentit lui percuter le crâne. Ses yeux roulèrent dans ses orbites avant qu’il ne se mette à tituber, puis il bascula. Vers l’arrière.

Vers mon balai.

Je me jetai vers l’avant pour essayer de l’attraper, mais comme si mes deux acolytes savaient ce que je mijotais, ils me rattrapèrent par les bras pour m’empêcher de me prendre l’intégralité d’un troll sur le corps. Le craquement qui emplit la salle de bain fit écho dans mon cœur. Et il y résonna longtemps. Un gémissement s’échappa de ma bouche lorsque je soufflai :

- Mon balai…

- C’est juste un balai, Allison! s’énerva Rose. Tu peux toujours en avoir un autre.

Une partie de moi réagit violemment à l’énonciation de mon prénom par la Harpie, mais la plus grande partie s’emporta.

- Juste un balai! m’exclamai-je. Juste un balai, tu dis! Mais… Mais c’est ma mère qui me l’avait acheté!

Je sentis la main de Scorpius se crisper sur mon bras gauche et elle devint rapidement moite. La main de Rose… elle… me libéra presque immédiatement. Son ton était livide lorsqu’elle lâcha :

- Alors… Alors ce que tu as dit… c’était vrai?

- OUI!

Je sentis des larmes s’échapper de mes yeux et je les fermai brusquement pour arrêter le flot qui continuait à s’accumuler. Ce n’était pas le moment. Je ravalai ma douleur et me libérai doucement de la prise de Scorpius. Il accepta sans protester que je le fasse, de toute manière le troll étant déjà par terre… ça ne servait plus à rien de me retenir. Je m’apprêtais à saisir à bras le corps la créature écrasée au sol lorsqu’il s’exclama :

- Hé, mais c’est quoi cette feuille de papier!

Mon attention et celle de Rose furent immédiatement attirées et on s’approcha de lui. Ce fut en le voyant tenir avec précaution ce qui ressemblait à une lettre que je remarquai que nous étions tous complètement trempés. Sans doute dû à l’utilisation de l’Aguamenti…

- Qu’est-ce que ç’a dit? m’enquis-je, curieuse.

- Ton nom. Des dizaines et des dizaines de fois… souffla Scorpius d’un ton mortifié.

- Fais-moi voir!

Il me le tendit et je l’attrapai d’un mouvement sec. L’écriture m’était familière… Trop familière. Et ce n’était pas le nom de l’Allison d’ici qui était écrit. Mais le mien. Celui qui me représentait l’année précédente.

« Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. Allison Lévesque. »

Mon nom remplissait entièrement la feuille. Mes mains se mirent à trembler, mais de colère je les refermai brutalement dessus jusqu’à ce que ce ne soit plus qu’une boule.

- On devrait peut-être le mentionner aux professeurs? proposa Scorpius.

- Mentionner quoi, Mr Malefoy? s’enquit la voix du professeur McGonagall.

J’étais presque certaine que je n’étais pas la seule à blêmir en me retournant vers l’entrée de la salle de bain. Là se trouvait le professeur McGonagall accompagné de mon… du professeur de Défense et de celui de Sortilèges. À leur côté il y avait Albus qui semblait vraiment mal à l’aise.

- Que le troll n’est plus une menace, dis-je rapidement avant qu’aucun des deux autres sachant la vérité ne puisse parler.

L’air dubitatif d’à la fois la directrice et de la version d’ici de mon père me donna des sueurs froides, sauf qu’heureusement ils ne dirent rien à ce propos. Par contre…

- Ce n’était pas de votre responsabilité que de vous occuper de ce troll, Miss Lévesque-Williams. Et ça vaut aussi pour Mr Potter, Mr Malefoy et Miss Granger-Weasley, déclara McGonagall d’un ton sombre.

- Mais on n’avait pas le choix! m’énervai-je. Deux élèves plus jeunes étaient attaqués par le troll! Vous auriez voulu qu’on prenne le risque d’aller vous chercher et qu’il soit trop tard?

Mon affirmation sembla faire mouche, car elle soupira bruyamment. À moins que ce soit le genre de réaction que j’inspirais aux deux McGonagall puisque celle de chez moi soupirait beaucoup aussi. Surtout lorsque je me trouvais de bonnes excuses pour des erreurs de jugement, d’ailleurs. Sauf qu’ici c’en était pas une.

- Nous étions trois sixième années, professeur, argua Scorpius. Puisqu’Albus s’occupait d’éloigner les plus jeunes. Et puis… Rose et moi on est préfet!

- Pas Miss Lévesque-Williams, fit remarquer notre professeur de Sortilèges.

- Mais Allison connaît des sortilèges plus avancés! rétorqua Rose. Elle a utilisé un Aguamenti pour distraire le troll pour que je puisse l’assommer.

Si ça avait été possible, ma mâchoire se serait probablement décrochée pour aboutir à mes pieds. Non seulement est-ce que la Harpie prenait ma défense, mais en plus elle disait mon prénom? Et pour la deuxième fois en moins de quinze minutes? C’était complètement surréaliste!

- Très bien, très bien. Je ne retirerai aucun point ni n’en donnerai d’ailleurs. Car c’était une entreprise insensée pour des étudiants, affirma McGonagall. Vous pouvez vous en aller, maintenant…

- Est-ce que je peux récupérer mon balai, avant? Ou du moins ce qu’il en reste…

- Votre balai? s’étonna le professeur Williams.

- Oui, je rentrais des essais de Quidditch…

Avec un hochement de tête irrité, la directrice m’accorda de les ramasser. Alors, les trois professeurs firent léviter le corps gigantesque du troll et je m’empressai de ramasser mon balai maintenant en deux morceaux séparé en m’efforçant de ne pas pleurer. Mon premier balai. Un cadeau de ma mère. Sans ajouter quoi que ce soit, je sortis à la suite de mes trois camarades.

Dès que l’on fut beaucoup plus loin, Scorpius s’écria en se plantant devant moi :

- Mais tu es folle ou quoi?

- Hein?

- Le professeur Blacksen t’a expressément dit que ton obstination serait ton tombeau! Et tu ne dis rien aux professeurs concernant la lettre qui répète ton nom à répétition!

- De quel tombeau? s’épouvanta Rose.

- Quelle lettre? s’étonna Albus.

- Quel est le lien entre mon obstination et ne pas parler de la lettre, au juste? grommelai-je.

- Tu ne veux pas demander de l’aide aux professeurs. Peu importe le problème. Je n’arrive pas à savoir si c’est de l’insouciance, de l’arrogance ou de la stupidité.

- Je vais éclairer ta lanterne tout de suite, grondai-je. Ce n’est rien de tout ça. Je ne suis pas la meilleure ni la plus talentueuse élève et j’ai perdu mon insouciance il y a longtemps, tu sauras! Je ne suis pas stupide non plus, et c’est justement pour ça que je ne dis et ne demande rien. Et tu sais pourquoi? Parce que sinon je vais me retrouver à nouveau avec des gardes du corps à mes basques ou pire, on va m’enfermer quelque part. Et sachant qui est à l’origine de cette lettre… ce n’est de l’affaire de personne sauf de moi.

- De quoi on parle! s’énerva Rose.

- Si tu n’avais pas été aussi tête de mule, Rose, tu le saurais, marmonna son cousin. C’est qui l’auteur de la lettre?

- Elliot Berkeley.

- QUOI! s’écrièrent Albus et Scorpius.

- Celui qui s’est évadé d’Azkaban? souffla la cousine du premier d’un ton horrifié. Mais il te veut quoi?

- Cette fois? Je ne sais pas. Mais ça ne peut pas être bon.

Devant l’insistance de la Gryffondor, je lui expliquai ma première altercation avec Berkeley et ce qui était en jeu à l’époque. Je ne m’attardai pas sur tous les aboutissants et rebondissements de cette affreuse histoire, mais la résumai suffisamment pour qu’elle comprenne.

- Il y a pas seulement ça de bizarre, reprit Albus après un moment. La lettre, je veux dire. C’est pas… la seule chose bizarre.

- Quoi d’autre? m’étonnai-je.

- La fille. Celle de troisième année… Elle te ressemblait. Pas beaucoup, hein. Mais elle avait aussi le teint clair, des yeux bleus et des cheveux noirs, précisa-t-il.

- C’est vrai ça! approuva Rose. Et le troll n’arrêtait pas de te suivre des yeux. Il ne prêtait attention ni à Scorpius ni à moi. Seulement toi.

Un frisson désagréable remonta le long de mon dos. Mais ce ne fut pas moi qui posai la question qui me brûlait les lèvres :

- Vous croyez qu’il a été ensorcelé ou quelque chose du genre pour courir après toutes les personnes ayant une apparence semblable à Alli? s’enquit Scorpius.

Je me figeai instantanément en l’entendant user de mon surnom. Il le fit d’ailleurs lui-même avant de me jeter un coup d’œil nerveux, mais je m’efforçai de rester impassible. Une chance que j’avais de l’exercice en la matière, car pour le moment je me sentais aussi bien que si on m’avait passé dessus avec un hippogriffe.

- Comment est-ce qu’on peut ensorceler un troll des montagnes pour faire ça, au juste? les questionnai-je, même si je me doutais qu’il ne le savait pas plus que moi.

- Aucune… commença Albus, avant de se faire interrompre par sa cousine.

- Attendez une seconde avant de changer encore de sujet! Je peux savoir c’est quoi cette histoire de tombeau?

- C’est une très longue histoire et je ne crois pas qu’elle t’intéresse, affirmai-je.

Pourquoi ce soudain intérêt pour ce que je racontais de toute manière? Ou même ce que Scorpius racontait, dans le cas présent! Qu’est-ce que ça pouvait lui faire si on parlait de la probable fin de quelqu’un et plus précisément la mienne? Elle serait débarrassée de ma présence si gênante après tout! C’était injuste de le penser, je le savais, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, car jusqu’ici… Rose la Harpie donnait l’impression qu’elle me voudrait n’importe où qu’ici. Et six pieds sous terre faisait partie du « n’importe où ».

- Et bien pourtant, ça m’intéresse, figure-toi, rétorqua-t-elle en croisant les bras.

- Pourquoi? Pourquoi soudainement ce que je dis t’intéresse?

- Je t’ai peut-être mal jugée. Je m’en rends compte maintenant. Et je tiens à me racheter, Allison.

J’en restai complètement sans voix. Mes yeux s’écarquillèrent et je la dévisageai pendant au moins une bonne minute. Elle ne détourna pas une seule fois le regard en soutenant le mien sans broncher, chose qui me rappela si fortement celle d’où je venais que je me sentis chanceler et ma stupéfaction disparut en même temps pour me laisser tremblante.

- Je peux avoir une réponse, alors? m’interrogea-t-elle en haussant un sourcil.

- Euh… fus le seul son qui sortit de ma bouche.

- Bien sûr! affirma Scorpius à ma place.

Cette brève interruption me permit de me reprendre et en inspirant brusquement pour me donner du courage, je me lançai dans la longue narration de tous les évènements qui s’étaient produits depuis mon arrivée dans le train. À commencer par ma rencontre avec Peeves et ces propos perturbants, puis par mon premier cours de Divination et les paroles du professeur Blacksen. Le tout mis ensemble donna une belle image de ce qui m’attendait, au point où je vis clairement le visage de Rose blêmir de plusieurs tons.

- Par Morgane, souffla-t-elle. Malgré que ma mère ait toujours eu des doutes singuliers pour la divination, je sais qu’elle tient en estime le professeur Blacksen… et aussi les prédictions qu’elle a faites se sont toujours avérées exactes depuis qu’elle est arrivée. Ce qui veut dire…

- Que mes chances de mourir sont grandes, la coupai-je. Merci, j’avais déjà remarqué.

- C’est complètement dingue comme histoire… Mais attends une seconde!

- Quoi?

- Si tout ce que tu as dit dans le train est vrai… Ça veut dire que… que le professeur Williams…

- C’est compliqué, oui, l’interrompis-je à nouveau.

- Maintenant que Rose est au courant de la partie « tombeau » de notre conversation, est-ce qu’on peut revenir à la partie « ensorceler un troll »? s’enquit Albus.

Un profond silence s’installa pendant lequel je tentai de réfléchir intensément sur si oui ou non j’avais déjà lu quelque part une information ayant trait à cette question spécifique… Mais rien ne me revenait. Logiquement, toutefois, si c’était possible il nécessiterait un sorcier d’une très grande puissance, voire même plusieurs. Un peu comme pour les dragons et autres créatures de bonnes tailles.

- J’ai déjà lu sur le sujet, lâcha Rose. Et il est possible de les ensorceler lorsque plusieurs sorciers s’y mettent, mais ce n’est pas simple. J’ai aussi appris dans ce même manuel… qu’on peut dresser les trolls les plus intelligents pour les avoir comme gardien. Ils peuvent même finir par comprendre certains mots simples et...

- Tu soupçonnes que le troll ait été dressé, pas vrai? grommelai-je.

- Oui, ça paraîtrait plus logique!

- Mais Berkeley s’est évadé il y a seulement une semaine! Il n’aurait pas eu le temps de….

- Sauf s’il a eu un complice.

Ma bouche s’assécha immédiatement. L’idée d’avoir à affronter à nouveau Berkeley ne m’enthousiasmait pas du tout, mais alors de penser qu’il puisse ne pas être seul? C’était la goutte d’eau! Déjà que ça avait été compliqué avec ses recrues dans l’école!
Des recrues dans l’école?

Je blêmis d’un seul coup, ce qui m’attira les regards inquiets de mes camarades. Je ne voulais pas songer à cette éventualité. Mais pourquoi penser qu’il agirait différemment? Le meilleur moyen de m’atteindre, c’était de savoir ce que je faisais, à chaque heure de chaque jour. Qui étaient mes amis, qui ne l’étaient pas… Je sentis mon souper me remonter l’estomac. Oh, Merlin… Je n’avais pas envie d’avoir à tout recommencer! Non, non et non!

- Qu’est-ce qui se passe? chuchota Scorpius comme s’il craignait de réveiller quelqu’un.

Ou s’il avait peur de poser la question, songeai-je en voyant son regard à demi terrifié.

- D’où je viens, Berkeley n’avait pas d’aide. Pas celle d’adultes, en tout cas. Sauf pour se cacher. Mais pour combattre et espionner? Il utilisait des élèves de l’école.

L’air catastrophé de ceux à mes côtés ne fit que me confirmer que mon hypothèse était sans doute la bonne.

- Si on y va avec des possibles candidats à l’espionnage, je dirais que Joshua en est un bon! lâcha Albus.

- Je ne crois pas, non, dis-je en fronçant les sourcils.

- Allison, prononça Rose d’un ton impérieux.

- Oui?

- Tu sais mon idée d’un troll domestiqué?

- Oui…

- Je crois que c’était une diversion. Je crois que c’était un « s’il lui tombe dessus, tant mieux, mais s’il peut occuper les professeurs, c’est encore mieux. »

- Ne me dis pas que tu penses qu’il…

- Oui. Je crois que ce machin Berkeley est dans l’école.

- En ce moment? S’étranglèrent Albus et Scorpius.

- Encore oui.

J’eus immédiatement l’impression que le monde tournait autour de moi. Ça ne pouvait pas être en train d’arriver. Pas encore une fois! Je ne le permettrai pas! Mais qui étais-je pour empêcher un idiot aux desseins sombres et inquiétants d’agir? La seule manière d’arrêter ce cercle vicieux serait…

De mourir.

Ma gorge se noua à cette seule pensée. Ce n’était pas la première fois que j’y songeais, pourtant. Lorsque tout espoir m’avait été retiré, j’avais juré que jamais je ne permettrais qu’on ramène Voldemort ou qu’on utilise mon don contre mon gré à des fins douteuses. Que je préférais mourir plutôt que ça n’arrive. Je fermai les yeux une seconde, laissant déborder une larme que je n’avais même pas sentie monter. Si je mourais ici… je n’aurais pas pu dire au revoir. Je n’aurais pas pu profiter de quelques instants avec mes meilleurs amis. Avec mon frère. Tout ce qu’il me resterait c’était les souvenirs des années passées et de l’été dernier. Mais rien d’autre. Plus de projets pour le futur.

Il n’y aurait plus rien.

Mes muscles se tendirent en revenant dans le présent. Je ferais ce que je devais, comme chaque fois. Mais j’espérais simplement qu’Al finirait par arrêter de m’attendre. Sentirait-il quelque chose si je rendais l’âme? Que se passait-il déjà avec l’Ancre humaine lorsque les gens comme moi mouraient? Pourvu qu’il ne me suive pas dans le néant…

J’ouvris brusquement les yeux en même temps que la porte du placard à balai où on s’était réfugié pour discuter. Sans prendre la peine de vérifier qui se trouvait devant moi, je lançai :

- Stupéfix!

Simultanément, j’entendis :

- Par Merlin, James, qu’est-ce… commença Rose.

- Allison! s’indigna-t-elle la seconde suivante.

- Oh, mince! marmonnai-je entre mes dents.

James Potter se trouvait présentement sur le dos devant la porte du placard à balai. Sans prendre la peine de réfléchir, je me saisis de sa Carte qui reposait aux côtés du Gryffondor de septième année, puis en jetant un coup d’œil à gauche et à droite, j’attrapai les deux pieds de mon ami pour le faire entrer avec nous. Dès qu’il y fut, je refermai la porte et pointai ma baguette sur l’énergumène.

- Enervatum.

Les paupières de James papillotèrent quelques secondes avant qu’il me regarde avec un air complètement indigné et s’exclame :

- Allison! Est-ce bien une bonne manière d’accueillir ses amis?

- Désolée, Jiminy, grommelai-je. J’ai paniqué.

- Toi, tu as paniquée?

Son ton amusé me donna envie de grogner, mais pourtant ce n’est pas moi qui m’indignai :

- Eh bien, oui! S’emporta Albus. Tu comprendrais sans doute si tu savais ce qui se passe!

- Et il se passe quoi? susurra son frère d’un ton doucereux.

- Absolument rie… commençai-je, mais je fus coupée par Rose.

- Beaucoup de choses apparemment.

James se tourna brusquement vers sa cousine avec des yeux écarquillés pour mieux la dévisager pendant les dix secondes suivantes. Chose qui finit par user la patience de l’intéressée, car elle croisa les bras et grommela :

- Quoi?

- Depuis quand tu traînes avec eux?

Rose leva les yeux au ciel et répondit, avec le rictus que je l’avais vue prendre bien souvent auparavant, mais pas ici :

- Depuis qu’un troll se promène librement dans le château et que ces trois-là allaient se diriger droit vers lui?

Je dus me retenir de toutes mes forces pour ne pas éclater de rire devant le ton provocateur et amusé de celle qui, chez moi, était ma meilleure amie. Elle se moquait ouvertement de son cousin, chose qu’elle avait toujours faite allègrement d’où je venais. C’était quelque chose qui m’avait manqué. Et que je ne croyais pas revoir de sitôt. Et pourtant…

- Attends, quoi? Un troll?! Comment tu peux dire qu’il ne se passe rien du tout! S’indigna l’aîné de notre groupe en pointant un doigt accusateur sur moi.

- Oh, et ce n’est pas fini, gronda Albus. Mais ça ne te concerne pas, alors tu peux rebrousser chemin!

- Allison est mon amie, petit frère. Alors, oui, ça me regarde!

- Absolument pas! Ça va déjà être assez compliqué comme ça, pas besoin de ton ego surdimensionné en plus!

À voir comment le corps de mon ami de Serpentard se tendait et à l’inconfort notable de Scorpius, je me doutais qu’une bêtise était sur le point d’être commise. Pas besoin d’être extrêmement connaissant en matière de langage non verbal pour savoir qu’Albus était sur le point de repousser, brutalement sans aucun doute, son frère en dehors du placard à balai.

- On n’a pas besoin de toi ici, trancha-t-il d’un ton si sec que je frissonnai.

D’accord… Le problème entre les deux semblait beaucoup plus profond que je ne le croyais. Pire que tout ce que je m’étais imaginée, à vrai dire. J’inspirai profondément histoire de m’interposer, mais James ne m’en donna pas l’occasion, car il rétorqua :

- C’est ce que tu penses, Al. Mais que tu le veuilles ou non, Allison est mon amie aussi. Et j’ai bien l’intention d’aider si c’est dans mes moyens. Et même si ce ne l’est pas.

- Mais bien sûr, parce que tu es parfait, c’est ça!

Au moment où l’intéressé allait répliquer quelque chose, la porte du placard à balai s’ouvrit en grand sur une Ruby légèrement contrariée. Elle porta immédiatement son regard sur Albus et dit :

- Potter. tout le monde sait très bien que ton frère n’est pas parfait. Moi la première.

- Hé! protesta son petit-ami.

- Comment… commençai-je, mais je fus coupée à nouveau.

- Les voix portent assez bien quand on hurle dans un placard à balai, me répondit la nouvelle arrivée.

Presque instantanément Albus et James rougirent jusqu’aux oreilles. D’un mouvement de la main j’invitai Ruby à entrer complètement dans le placard à balai pour pouvoir refermer la porte. La seconde suivante, je lançai un sort pour insonoriser notre lieu de réunion contre toutes oreilles indiscrètes qui pourrait traîner.

- Je peux savoir pourquoi vous vous disputiez à propos d’Allison? s’enquit ma camarade de Serpentard.

J’eus un léger pincement en l’entendant user de mon prénom plutôt que de mon surnom, chose qu’elle avait auparavant faite. Même si ça n’avait été que pendant une très, très courte période. Était-ce vraiment l’habitude ou le fait de savoir que ça devait lui être très douloureux de le faire alors même que la Allison qui était sa meilleure amie et moi… on se ressemblait comme deux gouttes d’eau puisque nous étions, dans le sens très général, la même personne? Je pariais plus pour la seconde option.

- Il se passe quelque chose du côté d’Allison, selon Rose. Pas mal de trucs, apparemment. Et l’une d’elles serait en lien avec un troll.

- Un troll?!

- Ouais.

En voyant leur regard se tourner vers moi, je poussai un soupir.

- Vous voulez vraiment savoir, pas vrai?

- Oui.

Nouveau soupir. J’interrompis Rose d’un mouvement de la main lorsqu’elle vint pour ouvrir la bouche. Si quelqu’un devait leur expliquer, c’était moi. D’autant plus que je devais remonter au tout début des évènements. Peeves. Le professeur Blacksen. Mes visions. Et… Berkeley. Au fur et à mesure que je m’expliquais, mes poings se crispèrent de plus en plus. Lorsque j’eus terminé, je fus accueilli par l’air ahuri des deux nouveaux arrivants.

- Tu veux dire que Berkeley veut te tuer? s’inquiéta Ruby.

- Non…

- Mais alors quoi! s’étonna James.

- Il veut m’utiliser. Et quelque part cette année, pour cette situation ou une autre, il y a de grandes chances que je meurs.

- Tu as sciemment négligé de mentionner que ton obstination serait ton tombeau, glissa Scorpius.

- Tu ne vas pas me lâcher avec ça, pas vrai? grondai-je.

- Pas si tu t’obstines à continuer sur une voie dangereuse.

L’idée de me frapper la tête contre un mur me traversa l’esprit.

- Quelle voie dangereuse? s’enquirent James et Ruby en même temps.

- Celle de ne pas en parler aux professeurs ni à aucun adulte, précisa Rose.

- J’ai déjà vaincu Berkeley une fois. Et plus il y aura d’adultes mêlés à tout ça, plus on devra assister à des enterrements. C’est ça que vous voulez?

- Non. Mais ce serait bien de ne pas assister au tien non plus, affirma Albus en croisant les bras.

Ils disaient tous que j’étais obstinée, mais est-ce qu’ils s’étaient regardés dans le miroir récemment? Surement pas! Si on prenait le problème de Berkeley, je savais beaucoup plus ce que je faisais en ce moment que l’année dernière. Mon obstination à croire, même si c’était une toute partie de moi, que les adultes pourraient régler le problème s’était avéré être la pire erreur de toute. Résultat plusieurs personnes avaient trouvées la mort inutilement, dont certaines qui m’étaient très chères.

Ne pas y penser.

Pas plus, en tout cas.

En inspirant brusquement je tranchai :

- Écoutez, votre avis sur la question ne changera pas mon point de vue. Je sais ce que je fais. Impliquer des adultes posera plus de problèmes, et de morts, qu’autre chose. Berkeley ne reculera devant rien pour arriver jusqu’à moi, surtout s’il s’agit d’adultes. D’adultes qui ne représentent rien pour moi, plus particulièrement. Ou même… même ceux auxquels je tiens.

J’aurais pu dire qu’il n’y en avait aucun à qui je tenais ici, mais ce serait faux. Qu’ils soient ceux de chez moi ou non, ils ne méritaient pas de mourir. Mes parents. Leur version. McGonagall. Sa version. Que je ne connaisse pas autant leur version d’ici ne changerait rien au résultat final si je devais être la cause indirecte de leur mort.

- Tu crois qu’il ira jusque-là? demanda Rose, soudain blême.

- Oui.

- Alors qu’est-ce qu’on peut faire? m’interrogea James. Rester les bras croisés à regarder le soleil se lever et se coucher ne me semble pas le meilleur des plans.

- On n’a pas besoin des adultes pour faire quelque chose, j’aurais cru que tu serais le premier à le savoir!

- Oh, mais je voulais simplement m’assurer que tu n’avais pas l’intention de rester là à… fainéanter.

Un sourire amusé étira mes lèvres. La référence m’avait paru aussi claire que de l’eau de roche. Il m’adressa un clin d’œil et ce simple geste sembla énerver Albus. Il allait vraiment falloir que j’aie une longue conversation avec lui. Et avec James, d’ailleurs. Comprendre le pourquoi du comment que leur relation avait pu s’envenimer à ce point.

- C’est quoi ton plan? s’enquit Ruby.

- Pour le moment? Il faut que je trouve le moyen de rentrer chez moi. Et peut-être de déterminer où se trouve Berkeley…

- Tu te souviens que j’ai dit que je croyais qu’il se trouvait ici, pas vrai? avança Rose.

- À mon avis, il est déjà parti… Je…

Les mots que j’allais prononcer moururent sur mes lèvres lorsqu’un frisson désagréable me traversa le dos. La seconde suivante, le sol tanguait sous mes pieds et je me sentis aspirer dans une vision, me laissant comme dernière impression celle que l’on criait mon nom :

- ALLISON!

La poussière du lieu passa tout près de me faire tousser à m’arracher les poumons. Sauf que ce qui se trouvait sous mes yeux m’en empêcha. Et aussi le fait que, techniquement parlant, je ne me trouvais pas physiquement sur les lieux. J’étais à nouveau dans des ténèbres presque insondable, mais la pièce… semblait encore plus ancienne et presque désaffectée. Le presque étant nécessaire puisqu’il se trouvait présentement quelqu’un ici.

Et je ne parlais pas de moi.

- Ne fais pas ton timide, Krum. Je sais que tu peux faire mieux que ça!

- Va te faire voir, Grindewald!

- Sympathique, mais je vais passer.

La faible lueur d’une bougie illumina soudain la pièce pour laisser entrevoir deux garçons. J’avais sursauté à la mention de Krum avant de me rappeler qu’il n’y avait aucune chance qu’il soit question de Viktor Krum. J’avais lu quelque part… Oui… Grindewald avait tué le grand-père de Krum. Mais était-ce ce grand-père que j’avais devant moi, à l’époque de sa jeunesse, évidemment. Ou quelqu’un d’autre? Se pourrait-il, si tel était le cas, que ce soit maintenant qu’il trouve la mort? Mais non! C’était impossible.

- Tu ne trouves pas que ce nouveau sortilège est intéressant? reprit Grindelwald.

- Tu veux une réponse sincère?

- Oui.

- Alors, non. Ce n’est pas intéressant. Laisse-moi partir maintenant!

- Très bien… Si c’est ce que tu veux.

D’un mouvement de baguette, Grindelwald libéra l’autre garçon et presque immédiatement ce dernier s’enfuit vers la sortie. Laissant derrière lui son tortionnaire. Du moins, c’était l’impression que ça m’avait donnée. Aussi silencieuse et invisible qu’un fantôme, je m’approchai de celui qui avant Voldemort avait été le mage noir le plus puissant, l’ennemi numéro un, la catastrophe d’un autre âge… Ses traits avaient encore une trace juvénile même s’ils commençaient à lui donner une apparence plus adulte. Je ne pouvais pas nier qu’il possédait un certain charisme, mais il me donnait aussi envie de le frapper.

J’arrêtai de le détailler au moment où il se mit en mouvement vers le fond de la salle, là où les lueurs de la bougie avaient du mal à se rendre. Je plissai des paupières en le voyant se planter devant une surface réfléchissante. Un miroir! J’écarquillai les yeux en le voyant se mettre à marmonner des mots, ou des phrases, si faiblement que ça m’empêchait d’en comprendre le sens.

Je me sentis à nouveau chanceler lorsqu’une partie du miroir se mit à onduler, à changer de forme puis à complètement se séparer pour laisser placer à un trou. Non… pas un trou. Ça, ce n’était définitivement pas un trou, songeai-je en le voyant poser la main sur une empreinte qui épousait parfaitement cette dernière. C’était un carré de trente centimètres carrés. Mes yeux s’ouvrirent encore un peu plus lorsque ce même carré commença à reculer, suivant les mouvements de la main de Grindelwald. À la fin, je pus constater que c’était un prisme à base rectangulaire constitué du mur. Avec le trou ainsi libéré, la main libre de Grindelwald s’enfonça dans la gueule obscure. À voir son bras se tendre, j’en déduisis qu’il se saisit de quelque chose. Ma vision se brouilla énormément et je me mis à chanceler encore une fois. La nausée m’envahit et je passai à deux doigts de perdre connaissance lorsque je reconnus l’objet que venait de sortir Grindelwald.

Une pierre de Bromeïro.

Je ne serais donc jamais libérée de leur pouvoir maléfique? Un grondement m’échappa, mais je fis tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas me laisser abattre ni renvoyer d’où je venais. J’avais résisté à plus de pierre. Une fois que Grindelwald eut remis la prisme en place dans le mur, il se plaça devant le miroir à nouveau, cette fois en tenant la pierre dans une main, bien visible, et la bougie de l’autre. Il se remit à psalmodier des paroles incompréhensibles et après une minute le miroir commença à onduler et j’étais presque certaine de voir une épaisse brume dans les méandres de l’objet. Mais c’était impossible… Il n’y avait aucune brume autour de moi! Mon pouls se mit s’emballa en voyant la brume s’amasser pour prendre une forme humaine.

Je reculai d’un bond lorsqu’un visage ensanglanté se présenta à ma vue. Par Merlin! Que se passait-il ici! La femme dans le miroir se mit à exécuter plusieurs mouvements grotesques qui me rappelèrent certains possédés dans les films d’horreur.

- Ça suffit, trancha Grindelwald d’un ton froid. Je ne suis pas l’un de ses idiots qui ne connaissent rien à la magie. Je sais qui tu es.

L’apparition, ou peu importe ce qu’elle était, s’interrompit aussitôt. Instantanément, le sang qui la recouvrait disparut et c’est une expression contrariée et agacée qui transforma les traits de la femme.

- Que veux-tu? s’enquit-elle.

- Des informations.

- À quel sujet?

- Les circonstances de ta mort. De l’homme qui t’a tué.

Le visage de la femme se ferma en même temps que ses yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, elle ne planta pas son regard dans celui de son interlocuteur, mais dans le mien. Alors même qu’elle affirmait à Grindelwald que c’était une longue histoire, j’entendis sa voix dans ma tête s’écrier « Pars! Tu n’as rien à faire ici! Fuis, si tu ne veux pas mourir! » Elle dévia un peu son regard, comme pour regarder quelque chose à mes côtés, mais il n’y avait rien. Absolument rien.

Presque aussitôt je me sentis aspirée vers l’arrière. Je tentai de hurler, mais aucun son ne franchit mes lèvres. En un battement de paupière, je me trouvais sur le chemin du retour…


La première chose que je vis en ouvrant les yeux fut le plafond de l’infirmerie. Un grondement enfla dans ma gorge et je me redressai sur un coude pour ainsi tomber face à face avec Madame Pomfresh. Mais pour la première fois, elle ne semblait pas être tout aussi irritée de me voir. La raison de cette absence me donna presque les larmes aux yeux, mais je m’abstins comme la dernière fois que j’avais fréquenté ces murs.

- La prochaine fois que tu vas tomber dans les pommes, Allison, prévenir serait sympa.

- Très drôle, James, grommelai-je.

- Tu n’as pas vraiment amélioré l’état de ton poignet, d’ailleurs, ajouta Scorpius.

Oh, magnifique.

- Il faut que je quitte cet endroit, marmonnai-je.

- Mais on n’est pas si terrible que ça! s’indigna James.

Je le regardai en écarquillant les yeux, mais de quoi parlait-il à la fin? Oh… Non, mais! Pouvait-il vraiment devenir plus débile? Je poussai un soupir, comment pouvait-il croire que je parlais de retourner dans ma réalité alors que je voulais simplement mentionner le fait de quitter l’infirmerie? Certes, je mourrais d’envie de rentrer chez moi, mais… je n’étais pas près d’y arriver. Et quelque chose me disait que tant que le problème avec Berkeley existerait, je ne pourrais pas vraiment m’en aller.

Déjà parce que je m’en voudrais de les abandonner avec un problème qui était le mien à régler. D’autre part… je ne me pardonnerais jamais s’il s’attaquait à ma famille d’ici. Enfin, à celle de la Allison de cette réalité. Je vivais déjà avec les conséquences désastreuses d’un Berkeley, comment pourrais-je laisser quelqu’un d’autre en subir les conséquences? Surtout qu’elle n’avait même pas les dons qui pourraient l’inciter à faire quelque chose. Son seul lien serait moi.

- C’est hors de question que vous quittiez l’infirmerie pour le moment, Miss Lévesque-Williams, affirma Madame Pomfresh qui avait apparemment suivi, elle. Et je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à partir…

- Oh… lâcha le frère aîné d’Albus.

- Parfois je me demande vraiment si on possède les mêmes parents, grommela d’ailleurs ce dernier.

- Est-ce qu’on t’a demandé ton avis?

- Ça n’arriverait jamais avec toi à côté, alors pourquoi j’attendrais?

- Non, mais par Morgane, vous allez arrêter? Ou vous êtes aussi idiots l’un que l’autre? m’écriai-je.

- Hé! s’exclamèrent les deux frères.

Le fait d’avoir parlé en même temps sembla les énerver davantage, car ils se jetèrent un regard incendiaire. Mon regard se posa presque immédiatement sur Rose en quête de soutien avant qu’un coup au cœur me rappelle que ce n’était pas ma meilleure amie qui était là. Toutefois sa réaction me surprit, car elle leva les yeux au ciel. Non pas pour mon geste, mais pour le comportement de ses cousins. Scorpius lâcha inopinément :

- C’est comme ça depuis la première année dès qu’ils se retrouvent dans la même pièce. Une vraie calamité!

- Je te crois.

Cette fois les regards furieux de James et Albus se lâchèrent pour se poser sur moi. J’arquai un sourcil dans leur direction, mais passai rapidement à un autre appel. Ma vision hantait encore mon esprit suffisamment pour me laisser dans un état d’urgence. Jamais, mais vraiment jamais, auparavant est-ce que l’on s’était adressé directement à moi alors que je n’étais même pas physiquement présente. Quelque chose avec cette histoire me semblait familier et horriblement inquiétant. Qu’est-ce que je savais à propos de Grindelwald? Pourquoi avais-je des visions à son propos et aussi à celui de Berkeley? Étaient-ils liés d’une manière ou d’une autre? Si oui, laquelle?

Sauf qu’il y avait une autre question qui me taraudait…

Grindelwald avait dit à la femme qu’il voulait tout savoir sur l’homme qui l’avait tuée. L’intéressée avait affirmé que c’était une longue histoire tout en me regardant fixement. Pourquoi m’avait-elle regardé? Pourquoi avait-elle dit ces propos précisément au moment où elle me donnait un avertissement. Elle aurait pu le faire avant, bien avant, parce que mon intuition me criait qu’elle m’avait repérée à la seconde où elle était apparue. Et le fait qu’elle ait été tuée par un homme me rappelait l’histoire de l’ancêtre du professeur Blacksen. Ça, et le fait qu’elle m’ait vu. J’étais presque certaine que ça voulait dire qu’elle possédait un don similaire au mien, voire le même. Et si c’était le même…

Il fallait que je parle au professeur Blacksen!

Parce que si cette femme que j’avais vue était bien son ancêtre, comment pouvait-elle être coincée dans un miroir! Et pourquoi aurait-elle répondu à l’appel de Grindelwald? Comment se faisait-il qu’elle m’ait vu même si elle possédait mon don? Elle était morte… Et à moins de devenir un fantôme, il n’y avait aucun moyen de rester « en vie ». D’être encore dans le même monde que les vivants. Pas vrai? Je n’avais jamais rien vu de tel dans tous les écrits que m’avait fournis Trelawney comme devoirs supplémentaires et encore moins pendant nos cours particuliers.

Quelque chose clochait, mais quoi?

Une information manquante, sans doute. Mais laquelle? Pourquoi est-ce que tout en moi me criait que je connaissais la réponse alors même que j’étais certaine que je n’avais jamais rien lu sur le sujet? Ou entendu. J’en avais pas la moindre idée, et ça, c’était embêtant. Vraiment très embêtant.

- Allison, lâcha soudain une voix d’un ton dur.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Je sursautai brusquement à cette intonation et sortie presque immédiatement de ma bulle méditative. J’avais reconnu la voix et son propriétaire. Une personne adulte depuis un moment sans être un ancêtre non plus. Ma bouche se crispa et je retins toutes les émotions qui bouillonnaient en moi pour ne pas en laisser paraître une seule sur mon visage. En me concentrant sur mon nouvel interlocuteur, je croisai un regard du même bleu que les miens.

- Oui, professeur?

- Je crois qu’une petite discussion s’impose… Tu ne crois pas?

- Probablement, professeur Williams.

L’intéressé arqua un sourcil et je savais qu’il prenait mes mots comme un affront, ou plutôt qu’il en donnait l’air. En ce moment, il était question de jouer la comédie. Devant ceux qui ignoraient ma véritable origine. Mais même s’il avait été préférable que je l’appelle « papa », je n’arrivais pas à formuler les mots dans ma bouche. Elle devenait aussi sèche qu’un désert et ce serait comme m’enfoncer de la lave en fusion dans la gorge par la suite.

Et après ça ce serait l’ouragan dévastateur. En avais-je besoin?

Non. Non, pas vraiment.

- Les deux Mr Potter, Mr Malefoy, Miss Shepherd et Miss Granger-Weasley, je vous prierais de rejoindre vos Salles Communes respectives. Le couvre-feu est dépassé depuis un long moment déjà et si vous ne voulez pas perdre de points… Par ailleurs, j’aimerais avoir une conversation privée avec ma fille.

Est-ce qu’on venait de m’enfoncer une lance dans le ventre? Parce que c’était vraiment l’impression que ça donnait. Sa fille. Il m’avait appelé sa fille. Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais je les ravalai en me mordant brutalement l’intérieur des joues. J’admirais tout de même l’homme devant moi. Il laissait mes amis et Rose s’en aller sans les gronder pour avoir dépassé le couvre-feu impunément et il trouvait un moyen discret de demander à Madame Pomfresh de s’en aller.

- Sans problème, Professeur Williams! lancèrent mes cinq accompagnateurs d’une même voix avant de déguerpir sans demander leur reste.

C’était compréhensible. J’étais presque certaine qu’eux comme moi savaient que le professeur Williams avait parfaitement conscience que nous avions continué à outrepasser le couvre-feu après l’incident avec le troll. Et ce volontairement cette fois.

- Je reviendrai dans une quinzaine de minutes avec le remède approprié, se contenta d’annoncer Madame Pomfresh en s’éloignant à son tour.

Ce ne fut qu’en la voyant disparaître que je permis à une larme de s’écouler, au même moment le professeur Williams lâcha un soupir. Je relevai les yeux vers lui et je ne lus que de la compassion et de la tristesse dans son regard. J’ignorais la tension qui habitait ses épaules ni pourquoi il semblait vouloir se tenir à l’écart, mais il semblait lutter intérieurement. À quel sujet? Je n’étais pas certaine de vouloir le savoir, même si j’avais quelques doutes, ou suppositions.

- Je sais que ça doit être très difficile pour toi et j’en suis désolé, affirma-t-il après une minute d’un silence.

Un silence plutôt long et angoissant.

- Ça va. J’ai l’habitude.

Cette information ne sembla pas lui plaire, car il plissa les lèvres. Mais que pouvais-je y faire? Pas grand-chose. Je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir la douleur, le manque et cette horrible impression de temps perdu. Je ne savais pas non plus si c’était surtout lui que ça rendait mal à l’aise. Peut-être que ma condition en elle-même ne l’affectait pas vraiment.

Mais qu’est-ce que je me racontais, au juste? Évidemment que ça l’affectait! Peut-être que mon père et lui n’étaient pas exactement les mêmes personnes… mais ça ne voulait pas dire qu’ils étaient diamétralement différents! Déjà le fait qu’il soit avec ma mère en était une preuve et aussi qu’apparemment l’autre Allison et moi nous ressemblions énormément au niveau du caractère. Suffisamment pour que j’aie réussi à tromper Ruby un moment.

- Tu voulais me parler, alors? m’enquis-je en sentant le silence s’éterniser à nouveau.

- En effet. C’est à propos de cette histoire avec le troll. Je me rendais à ta Salle Commune lorsque j’ai surpris discrètement ton petit groupe en train de te transporter en direction de l’infirmerie. Je les ai suivis sans m’annoncer.

- D’accord…

- Ce que je tiens surtout à comprendre, immédiatement, c’est pourquoi tu te trouves ici?

- J’ai perdu connaissance.

Il haussa un sourcil profondément dubitatif. Je poussai un soupir en m’empêchant de lever les yeux au ciel. Ce n’était pas le moment de montrer encore plus mon petit caractère. Je répondis donc d’un haussement d’épaules :

- J’ai vraiment perdu connaissance. Ça m’arrivait avant, parfois. Pendant mes visions.

- Était-ce le cas maintenant? As-tu eu une vision?

J’acquiesçai doucement de la tête en me mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Il me poserait des questions à ce sujet, c’était certain. Mais étais-je prête à y répondre en toute franchise? Après tout… la femme… elle représentait un total mystère pour moi! Et pourtant elle me disait que j’allais mourir si je ne partais pas.

- De quoi était-il question?

- D’évènements qui se déroulaient à Durmstrang.

En voyant le visage du professeur Williams blêmir de quelques tons, je compris que j’aurais sans doute dû inventer quelque chose plutôt que de rester vague en prononçant un mot de trop. Le nom de l’école, plus précisément.

- Quels évènements? Pourquoi aurais-tu eu une vision de ce genre?

- Je ne peux pas toujours deviner la raison des visions que j’ai… Et c’était seulement un élève qui avait une discussion un peu macabre avec un fantôme…

- Une discussion macabre?

- Oui. Il lui demandait comment le fantôme était mort. Les circonstances et tout. Apparemment il était question d’un meurtre.

Il fronça les sourcils en me dévisageant. Je sentis des sueurs froides m’envahir le dos. Je savais comment avoir l’air convaincante, mais pas devant lui. C’était plus fort que moi et je mourrais d’envie de lui dire la vérité. Sauf que je connaissais la chanson. Je n’avais pas des visions de Grindelwald par hasard. Ni de Berkeley. D’une manière ou d’une autre, les deux étaient liés et il me fallait comprendre ce lien. Or, dès que je mentionnerais le nom de Grindelwald et celui du nouvel évadé notoire, personne ne m’écouterait plus. On me mettrait sous la garde d’innocents qui perdraient immanquablement la vie et j’aurais encore plus de sang sur les mains sauf celui des coupables.

- Tu ne me dis pas tout, me fit remarquer mon professeur en croisant les bras.

- Peut-être parce que ce n’est pas important!

- Oh si, ce l’est. Je le vois dans tes yeux et dans la tension de tes épaules. Et si tu ne dis rien, c’est sans doute que cette information est dangereuse. Que ce soit pour quelqu’un ou pour autre chose.

Il poussa un soupir avant d’ajouter :

- Mais je n’insisterai pas là-dessus. Si tu ne veux rien me dire, alors qu’il en soit ainsi. J’espère pourtant que tu sais que tu peux avoir confiance en moi. Et en tous tes professeurs.

- Je le sais.

- Très bien alors… Concentrons-nous sur le second sujet.

Je me raidis un peu. Je n’avais pas particulièrement envie de discuter de toute l’histoire autour du troll, car encore là j’allais devoir faire de la rétention d’informations. Et je détestais ça!

- Il y a quelques petites choses qui ne fonctionnent pas dans cette histoire de troll… et des éléments on ne peut plus inquiétants, d’autre part.

Je déglutis difficilement. Comment est-ce que j’allais bien pouvoir me sortir de là sans me mettre dans l’embarras encore plus ni donner d’informations capitales et encore moins de mentir. Ou si je devais le faire… arriver à ce que celui devant moi ne s’en rende pas compte? Malheureusement, j’avais plusieurs éléments contre moi. Déjà j’étais la réplique conforme de sa fille, à quelques exceptions près.

- Quels genres de détails? L’interrogeai-je.

- Tu n’avais aucunement l’intention de nous dire que vous aviez vaincu le troll. Et ce n’était pas ce dont parlait le jeune Malefoy.

- Pourtant c’est ce que j’aurais fait. Et oui, il en parlait.

Techniquement ce n’était pas un mensonge, le sujet serait venu dans la discussion et il avait l’intention de retrouver les professeurs alors la question serait venue d’elle-même. L’amertume qui me nouait la gorge ne m’aidait toutefois pas à avoir la conscience tranquille avec ce que je débitais.

- Mais ce n’est pas tout… Nous avons repéré des traces indéniables que le troll semblait fouiller un espace précis du château. Il a avancé dans une direction, puis dans l’autre, pour ensuite revenir à son point de départ.

- Il faisait les cent pas? m’étonnai-je.

- Il semblerait. Or, seul un troll apprivoisé se contenterait d’arpenter le même chemin encore et encore en attendant de tomber sur quelque chose digne d’intérêt.

Je ne pus faire autrement que de retenir ma respiration. Pourquoi plus ça allait, plus j’avais l’impression que ça chauffait pour moi?

- Et qu’est-ce qu’il trouve en premier qui attire son attention? Une jeune fille. Des cheveux noirs, une peau claire, des yeux bleus… Tu sais qu’en arrivant avec le professeur McGonagall j’étais certain que c’était toi au loin? J’avais bien reconnu Albus et comme la jeune fille se tenait courbée…

- Je ne suis pas unique. Plein de personnes me ressemblent…

Cette simple pensée suffit à me faire blêmir. Est-ce que ça signifiait que toutes les filles qui me ressemblaient étaient en danger? Pourvu que non! Après tout, Berkeley ne pouvait pas avoir une armée de trolls apprivoisés. C’était impossible!

- Certes… accepta mon interlocuteur, mais quelque chose dans ses yeux m’empêcha de me sentir soulagé. Sauf que ce n’est pas tout… Un troll comme celui-là n’entre pas seul dans Poudlard. Quelqu’un l’y a fait entrer. Et que cela ne se tienne, l’école a subi une intrusion.

- Quelqu’un est entré?

Cette fois, c’était clair! Je venais de blêmir et de plusieurs tons!

- Effectivement. Et tu veux savoir ce qu’il y a de plus curieux?

- Non?

Ma voix était si petite et angoissée que je me demandai s’il m’avait seulement entendu. Tout ce que je savais c’était que je n’avais pas du tout envie de savoir ce qu’il avait à me dire.

- C’est à cause de quelques élèves que le professeur McGonagall, le professeur Jenkins et moi-même étions dans les couloirs. Ces élèves affirmaient avoir entendu une voix désincarnée appeler quelqu’un. Cette voix n’appartenait à aucun des fantômes qui peuplent Poudlard.

- Que disait la voix?

La question s’était échappée de ma bouche avant que ma raison ne puisse m’en empêcher.

- Elle prononçait « Allison Lévesque » et t’invitait d’ailleurs à le rejoindre. Si je me souviens bien, l’un des élèves à affirmer que la voix avait dit « On se connaît bien, Allison. Et on n’a quelques petites choses à régler toi et moi. Des choses à terminer aussi. » Une idée de qui il pourrait s’agir?

À voir son regard, il avait déjà sa petite idée. Déjà, le fait que l’on m’appelait par le nom de famille qui avait été le mien depuis que j’étais toute petite laissait deviner que cette personne savait d’où je venais. Et il n’y avait pas énormément de personnes avec qui je pourrais avoir un passif lourd. Toutefois… Berkeley, celui de chez moi, était mort. Celui d’ici n’avait aucun moyen de me connaître et encore moins mes dons! Alors pourquoi me chercherait-il?

- Aucune! finis-je par lâcher après quelques secondes.

- D’aucuns pourraient croire qu’il s’agit d’Elliot Berkeley. D’autant plus qu’il pourrait posséder des raisons de venir ici, autres que toi.

- Ah oui? Et lesquelles?

- C’est moi qui l’ai arrêté à l’époque avec l’aide de ma sœur. Elle en a d’ailleurs payé un terrible prix.

Ma bouche s’ouvrit en grand, mais rien n’en sortit. Déjà, parce que je revoyais l’image de la sœur de mon père de l’époque de la Bataille de Poudlard, puis ensuite celle du moment où elle se faisait torturer. Mes yeux se fermèrent d’eux-mêmes à ces souvenirs douloureux. Je les refoulai du mieux que je pus et je fis de mon mieux pour ne pas poser la question qui me brûlait les lèvres : que lui était-il arrivé ici. Parce que Ruby avait déjà sous-entendu quelque chose au sujet de ma tante.

- Tu dois savoir quelque chose… avança-t-il soudain.

- Quoi?

- Ta famille n’est pas la seule à posséder un lien étroit avec Berkeley. Ici aussi, c’est le cas. Ma sœur, ta tante, a été la première à le trouver… mais il a réussi à la piéger. Pendant trois mois il l’a tenue prisonnière avant que je les retrouve et l’envoi en prison…

Trois mois? Elle avait dû l’endurer pendant trois mois? Ma bouche devint rapidement sèche en voyant l’air de celui qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à mon père et qui possédait le même ADN. Quelque chose de terrible s’était produit pendant ces trois mois.

- Il l’a torturé, c’est ça? soufflai-je d’une toute petite voix.

- Pas seulement…

Que voulait-il dire par là?

- Si par chez toi toute la famille est morte et que tu n’as aucun cousin ou cousine. Ce n’est pas le cas ici. Tu en as quelques-uns. Trois à vrai dire. Mais c’est du cadet dont je veux te parler.

Pourquoi voulait-il m’en parler maintenant…? Une idée germa dans mon esprit, mais… non! Non! Tout sauf ça!

- Lorsque nous sommes rentrés à la maison, nous ignorions encore que ce n’était pas seulement ma sœur et moi qui y revenions. À peine un mois après qu’elle soit sortie des griffes d’Elliot Berkeley, ma sœur a constaté qu’elle était enceinte. Ai-je besoin de t’expliquer comment c’était possible?

Je secouai de la tête avant de répondre des larmes dans les yeux :

- Il a abusé d’elle…

- Exactement. Mais elle n’a pas voulu abandonner un enfant qui n’avait rien demandé et d’ailleurs son fils, ton « cousin », ne sait rien de tout ça. Il est né en mai 2005.

Je restai sous le choc par le nombre d’années qu’ils avaient pris à retrouver Berkeley, mais je n’étais pas particulièrement surprise. Je savais très bien de quoi il était capable et par chez moi… personne n’avait pu mettre la main dessus. La deuxième chose qui m’ébranla fut une chose. Toute simple. S’il était né en 2005, ça signifiait qu’il était encore à Poudlard! Dans l’année de James! Mais pourquoi personne ne m’en avait parlé? McGonagall devait bien être au courant! D’un autre côté elle ignorait même que Ruby et la moi d’ici étions amies, alors… comment pourrait-elle savoir si j’étais proche ou non de mes cousins?

- Mes cousins… ils ont quel âge? m’enquis-je.

- Eh bien, comme tu dois t’en douter, le cadet à dix-sept ans et se trouve en septième année. L’aînée, une fille, a vingt-trois ans. Quant à la benjamine… Elle a quatorze ans.

- Et son nom. À celui en septième année. C’est quoi? Pourquoi on ne m’en a pas parlé?

- Il s’appelle Lukas Ash. Comme tu l’as sans doute deviné, ma sœur était mariée depuis quelques années lors des évènements entourant Berkeley.

- Et vous êtes certains qu’il ne sait rien à propos de son géniteur paternel?

Je refuserais d’appeler Berkeley le « vrai père » de mon cousin dont j’ignorais tout. Et que je ne connaîtrais probablement jamais. Parce que je ne pouvais pas rester ici.

- Absolument. Il a surtout hérité des gènes d’Abigail. Toutefois…

- Vous vous demandez si Berkeley n’en aurait pas entendu parler d’une manière ou d’une autre.

- Oui, d’autant plus qu’il semblerait que sa sœur a disparu.

- Sa sœur, la sœur à qui? m’exclamai-je.

- De Berkeley. Amelia Berkeley, qu’elle s’appelle. Je ne crois pas qu’elle se soit jamais mariée.

Ma tête semblait toute prête à bourdonner. C’était un trop-plein d’informations. Vraiment beaucoup trop d’informations. Je me massai quelques secondes le crâne et je marmonnai :

- Je peux essayer de voir si… s’il le sait. Avec une boule de cristal de Trelaw… Enfin, du professeur Blacksen, j’y arriverais peut-être. Et je n’ai pas obligatoirement besoin de mon Ancre pour ça.

- Je t’en serais reconnaissant, car il est hors de question que mon neveu subisse quelques dommages à cause des évènements qui ont précédé sa naissance, et y ont donné lieu.

J’acquiesçai du chef et c’est à ce moment précis que j’entendis les pas de Madame Pomfresh qui revenait vers nous armée de ses incontournables remèdes qui goûtaient aussi bon que du jus de poubelle. Le professeur Williams eut un sourire en coin face à la grimace qui déforma ma bouche. J’étais presque certaine qu’il allait prononcer quelque chose, mais finalement il s’abstint.

- Est-ce que j’arrive trop tôt? s’enquit l’infirmière en chef de l’école.

- Absolument pas, Madame Pomfresh, la rassura mon professeur. Je m’en allais justement.

Il ajouta dans ma direction :

- Si tu apprends quoi que ce soit, tu me tiens au courant.

J’acquiesçai rapidement de la tête en attrapant le remède que me tendait Madame Pomfresh et ce fut à ce moment précis qu’il me relança :

- Oh et Allison! Tu es privée de sortie pendant un mois! Tu parles d’une idée d’attaquer un troll!

Un léger sourire étira mes lèvres à ses mots dépourvus de sens. Déjà parce qu’il ne possédait aucun droit sur moi ou mes agissements… et ensuite parce qu’on ne pouvait déjà pas sortir de Poudlard.

- Et je ne pourrais pas être plus fier, que tu sois ma fille ou non, ajouta-t-il plus bas.

J’ouvris la bouche pour dire quelque chose, mais il m’avait déjà tourné le dos et s’éloignait d’un pas nonchalant. Pensait-il que je ne l’avais pas entendu? Après tout… il l’avait bel et bien fait d’un ton si bas que j’avais passé à deux doigts de ne rien saisir. Peut-être que ça ne devait rester que pour lui, à la base. Et malgré que ça ne devrait rien me faire d’avoir ou non son approbation ou sa fierté… ces mots me donnaient tout de même le sentiment d’avoir été réchauffé de l’intérieur.

- Vous avez beaucoup de chance de l’avoir pour père, jeune fille, affirma Madame Pomfresh dès qu’il eut quitté l’infirmerie.

- Je sais, soufflai-je d’une toute petite voix.

- Bien! Maintenant, concernant votre remède! Il s’agit d’une décoction mélangeant des vertus curatives pour votre poignet, un puissant somnifère et aussi quelque chose pour contrer les nausées.

- Des nausées?

- Vous avez vomi une fois pendant votre transport jusqu’ici et deux fois lorsque vous étiez ici, toujours inconsciente.

Un frisson désagréable me traversa le dos. La pierre. J’avais complètement oublié la pierre! Mais ce n’était qu’une vision normale. J’étais une simple observatrice… Était-il possible que ça m’affecte tout de même? Mais bien sûr que si, idiote! me grondai-je. Ça avait été le cas avec la boule de cristal… Alors était-ce là le danger auquel faisait allusion la femme dans ma vision? Si elle possédait un don pareil au mien, elle devait connaître les pierres, forcément!

- Je vois…

- C’était probablement dû à votre blessure.

- Peut-être…

Je n’étais pas convaincue, mais absolument pas du tout! Toutefois, ça ne servait à rien de l’affirmer, car elle verrait la conviction dans ma voix. Et ça, ça entraînerait des questions, questions auxquelles je n’aurais aucune envie de répondre. D’un mouvement de la main, l’infirmière me fit signe d’avaler le remède et je m’y attelai sans attendre malgré mon manque d’envie flagrant.

J’allais avoir du retard dans mes devoirs, songeai-je en avalant d’un trait le breuvage au goût horrible. La seconde d’après mes angoisses disparurent aussi bien que ma vision puisque mes paupières se refermèrent sur mes yeux. Je m’endormis dans la seconde.

Le lendemain matin, j’eus assez rapidement le congé d’Hannah Londubat qui remplaçait Madame Pomfresh aujourd’hui. À peine sur mes deux pieds je me ruai à l’extérieur pour me rendre à ma Salle Commune et pouvoir me changer. Et aussi prendre mes livres pour mon cours du matin. Histoire de la magie. Je retins une grimace, mais ne m’y attardai pas. De toute manière, le cours passerait bien assez vite… à cause de l’angoisse.

J’avais une discussion à avoir avec le professeur Blacksen et j’avais bien l’intention de m’entretenir avec elle pendant ma période libre, juste avant le déjeuner.

J’avais seulement oublié une chose dans ma hâte et je le compris à l’instant où, en revenant de ma Salle Commune, on m’attrapa par le bras pour me faire entrer de force dans un placard à balai. Si l’idée de frapper la personne m’était venue, je m’étais ravisée en reconnaissant la main. Et puis, il n’y avait qu’une seule personne pour m’entraîner ainsi dans un placard à balai.

- Sérieusement, James! Tu ne pourrais pas trouver mieux qu’un placard à balai? me plaignis-je.

- Oh, arrête de râler, me tança-t-il. On veut des infos, alors parle.

Je compris ce à quoi le « on » faisait référence en me tournant sur moi-même. Ce fut ainsi que je constatai que se trouvaient exactement quatre autres personnes dans le placard à balai. Rose, Albus, Scorpius et Ruby.

- Qu’est-ce que vous voulez savoir, au juste? marmonnai-je en croisant les bras.

- Ce que te voulait le professeur Williams.

- Déjà… Il se devait de jouer le jeu de « mon père ». Ensuite… il m’a accusé de rétention d’informations et m’a aussi appris quelques petites choses. Et la plus effrayante c’est que… j’ai un cousin.

- L’idée d’avoir un cousin t’effraie? s’étonna James. Une chance que tu n’es pas née dans ma famille! rigola-t-il.

- Ce que tu peux être con! Ce qui m’effraie c’est ce qui entoure l’existence même de ce cousin. Ça… ça bouleverse un peu tout ce qu’on sait jusqu’à présent. Et ça concerne Berkeley… et… et ma tante.

Le visage de Ruby tourna presque immédiatement au blanc verdâtre tout comme celui de Rose. J’ignorais pourquoi cette dernière avait cette réaction, mais mon petit doigt me disait qu’elle devait connaître quelques informations concernant les Aurors et les missions qu’ils avaient accomplis. Surement grâce à son père. Ou peut-être même sa mère.

- Euh… Je ne comprends pas, lâcha Scorpius.

- Pourquoi vous faites toutes ces têtes? s’étonna Albus.

- J’aimerais bien savoir aussi, marmonna James en croisant les bras.

Je poussai un soupir et en échangeant un regard agacé avec les deux autres filles, je songeai que ça risquait d’être long. Et le pire dans tout ça, c’est que je mourrais de faim!

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Alors, alors... voilà la fin du chapitre! Qu'en avez-vous pensé? Je dois avouer une chose... Le cousin d'Allison n'avait jamais été prévu au programme, mais je me suis rendue compte que ça pourrait faire sens, et même beaucoup. Par ailleurs, il pourrait se révéler très pratique pour la suite. Mais je verrai bien ce que je vais en faire exactement en cours de route, tout comme vous. (malheureusement, ajout de personnages signifie aussi un ajout de chair à canon pour les victimes d'une certaine personne...) Sinon, j'ai une petite chose à ajouter. Si jamais certains parmi les lecteurs ou lectrices qui lisent ceci présentement... si vous êtes des nouveaux, n'hésitez surtout pas à commenter! Et si vous êtes trop timides pour le faire, vous pouvez toujours aller voir juste en haut du sujet et répondre au sondage, c'est complètement anonyme et ça me fait plaisir de voir de nouveaux votes! :D Si jamais c'est par manque d'inspiration, vous pouvez toujours commenter sur les actions des personnages, faire quelques choses de généraux, ou juste me dire si certains personnages vous plaisent ou vous déplaisent en ajoutant un pourquoi (autant pour l'un que pour l'autre) Ça peut être sur les chapitres présents ou anciens. Aussi, si vous désiriez que j'ajoute des choses entourant Poudlard dans ma fanfic, n'hésitez pas à me le dire! Je ne peux pas garantir que je vais arriver à le faire, mais ça peut toujours être intéressant d'avoir une contrainte supplémentaire ou juste d'entrer plus profondément dans l'univers de Poudlard :mrgreen:

P.S: Allez savoir pourquoi, mais j'ai écrit l'entièreté du chapitre en écoutant quelque chose de complètement différent que ma playlist habituelle. À savoir, la version de dix heures de « They are taking the hobbits to Isengard ». Si vous ne connaissez pas, je vous invite à aller voir la version originale (2 min et quelque chose) sur youtube! Si vous connaissez, n'hésitez pas à me le dire! C'est complètement débile, mais ça me faisait rire et je n'ai pas pu m'empêcher de l'écouter en boucle :lol:


Une nouvelle réalité
Une nouvelle menace
Charmimnachirachiva

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou !
Super chapitre ! Et désolée du retard de com, en vacances j'avais pas de co et ba la rentrée m'a un peu submergée... :roll:
Spoiler
ET POUR LA FILLE DANS LE MIROIR C'EST SUR QUE C'EST MARY L'ANCETRE DE BALCKSEN ALIAS BLOODY MARY !!!!!
Je crois que je me suis un peu emportée... mais comme j'ai deviner ça (enfin du moins je pense que c'est ça..) j'ai hâte qu'Alli comprenne :lol:
Et sinon, ouais, le viol c'est vraiment un truc dégueulasse, coeur pour la tante d'Alli (et toutes les vraies victimes de cette pratique ignoble).
Mais ceci mis à part, ça fait plein de paramètre en plus que j'avais pas du tout venu venir ! Donc j'ai hâte de connaitre un peu plus ce cousin...
Et aussi la soeur (bon celui là on l'avait un peu vu venir) de Berkley qui se rajoute à l'équation mais je sais pas du tout encore quel rôle elle va jouer (enfin si ce n'est celui de la méchante...)
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Salut! Toutes mes excuses, encore, d'être en retard. Je ne sais pas exactement de combien de temps (une semaine)? Mais bon, au moins ce chapitre-ci, car oui, c'est un chapitre! Surprise! C'est seulement que je me suis rendue compte que le bonus collait mal entre le chapitre 11 et 12, alors je vais seulement l'écrire après ce chapitre-ci tout compte fait. À la base je ne devais pas le faire parce que je pensais finir le chapitre rapidement... puisque j'avais écrit douze pages en une soirée, mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu :oops: Bref, la nuit dernière j'ai écrit vingt-trois autres pages pour conclure le chapitre! 8-) Et ça signifie qu'il possède cinq pages de plus qu'à l'habitude! Mais assez déblatérer à ce sujet! Je vous laisse au chapitre :D Bonne lecture!


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Chapitre 12


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Albus avait les mains si serrées autour de la photo de la fille dont il devrait se souvenir qu’il craignit un instant qu’elle serait abimée d’ici le moment où ils sortiraient tous du bureau de McGonagall. Ça faisait au moins dix minutes qu’ils s’étaient tous pointés là, les épaules voutées et le regard fuyant. Sauf qu’il n’y avait aucune directrice en vue. Cette absence mettait sa patience à rude épreuve. C’était du temps qu’il perdait à essayer de comprendre!

Comprendre pourquoi absolument rien ne lui était familier.

Ni le regard de cette fille. Ni sa bouche. Ni son visage. Pas même son sourire éveillait en lui quelque chose de familier. Il n’y avait qu’avec son nom que sa mémoire semblait s’éveiller un peu. Qu’il soit distrait ou non, dès que quelqu’un prononçait le prénom d’Allison… il relevait la tête aussitôt le cœur battant. Ça l’avait fait avant même qu’il sache réellement qui était cette fille ou même à quoi elle ressemblait. À vrai dire, dès que Parkinson avait prononcé ce nom… Sauf que la seconde suivante il se demandait pourquoi il réagissait ainsi, car personne qu’il connaissait portait ce prénom. Cette question l’avait obsédé… jusqu’au moment où il avait obtenu une réponse.

Mais il n’aimait pas cette réponse.

Pour la simple et excellente raison qu’il avait oublié, mais quelque chose en lui lui criait que c’était impossible qu’il ait pu oublier. Qu’il faudrait être le dernier des abrutis pour le faire… Et pourtant il l’avait fait. Alors qu’est-ce que ça disait de lui, au juste? Il pourrait se réconforter en pensant que tout le monde, pas que lui, avait oublié. Sauf qu’apparemment c’était de sa faute si Allison avait disparu. Il adorerait se souvenir du pourquoi on l’accusait. Pouvoir affirmer le contraire ou accepter la vérité en ployant la tête.

Sauf qu’il l’ignorait.

Et pour ne rien arranger, il avait reçu la veille la réponse de son père, réponse à une lettre qu’il avait envoyée cinq jours plus tôt à l’aide d’Hedwige. Sa chouette n’avait pas eu l’air très heureuse, comme si elle… se languissait. De quelqu’un. De quelqu’un ou d’une autre chouette? Mais si on exceptait l’état apathique d’Hedwige, la réponse de son père avait beaucoup plus contribué à son humeur déficiente. Il se souvenait mot pour mot de ce que lui avait répondu son père.

Hey, Al!

Je ne m’attendais pas à recevoir une lettre de ta part, tu préfères toujours éviter de le faire d’habitude! Pour répondre à ta question concernant une certaine Allison, je n’en connais pas. Du moins aucune qui soit de ton âge. Et je me souviendrais très bien du nom de la petite-amie de mon fils cadet, rassure-toi. Mais la seule fille qui soit parvenue à mes oreilles et ayant rapport avec toi s’appelle Rebecca. Et c’est seulement parce que Lily a écrit à ta mère pour dire à quel point elle était agaçante. Enfin, était-ce les réponses que tu attendais? Et pourquoi me demandes-tu de telles choses? J’espère que tu n’as pas eu un incident regrettable pendant un match amical de Quidditch! D’ailleurs, si tu peux éviter les bêtises cette année, ta mère et moi en serions ravies. Nous demanderions bien la même chose à James, mais tu connais ton frère… Bien, j’espère que tu nous donneras de tes nouvelles et que tout se passe bien pour la rentrée. J’ai entendu parler de l’attaque au train, comme tu t’en doutes. Mais tout devrait rapidement s’arranger, j’ai toute confiance en les professeurs de l’école pour s’en charger. Certains d’entre eux ont été des Aurors, après tout.

À bientôt!
Papa


Il ne connaissait pas Allison. Et le seul nom qu’il rattachait à Albus était celui de Rebecca? Il n’avait pas besoin de savoir que Lily en avait parlé à leur mère en disant que Rebecca était casse-pied! Tout le monde était au courant, y compris lui! Oh, elle pouvait bien avoir l’air toute gentille et sympathique avec sa bouille d’ange, chose qui l’avait séduite en premier chez elle, mais après plus d’un mois en sa compagnie? Il s’était vite rendu à l’évidence : il finirait pendu au bout d’une corde s’il restait un jour de plus avec cette fille.

Il se souvenait très clairement de leur rupture. Et sachant qu’il lui manquait un grand nombre d’éléments, il comprenait maintenant pourquoi chaque fois qu’il y repensait il se sentait confus. Rebecca l’avait traité d’abruti pour même songer à retourner jouer le toutou d’une « certaine fille ». Ce n’était pas le terme qu’elle avait employé, mais il préférait ne pas réutiliser les mêmes mots si… eh bien si le terme utilisé désignait sa petite-amie actuelle. Ou du moins qui devrait être sa petite-amie actuelle. Après avoir continué sur une liste tout aussi peu sympathique d’adjectif pour décrire, vraisemblablement, Allison, elle l’avait giflé. Il n’avait aucun mal à se remémorer la brûlure sur sa joue. Ni le soulagement qui l’avait envahi en la voyant s’en aller après lui avoir lancé un regard incendiaire.

La porte du bureau de la directrice s’ouvrit à grand bruit le faisant sursauter.

Et pas que lui, comprit-il, en voyant tout le monde se tourner avec un regard affolé dans la direction de l’entrée. Là se tenait McGonagall, le dos droit et les yeux aussi chaleureux qu’un feu dévorant le bois. Elle les détailla un à un, les narines frémissantes, et ce ne fut que deux minutes après cet examen vigoureux qu’elle lâcha d’un ton aussi tranchant qu’une lame :

- Quatre! Quatre d’entre vous étaient présents lorsque j’ai énoncé les nouvelles règles! Quatre d’entre vous devez représenter la bonne conduite et être des exemples pour les autres élèves de l’école et de vos Maisons respectives! Des exemples! Est-ce que je peux savoir comment vous pensez montrer l’exemple si on vous surprend à faire des rencontres illicites pendant le couvre-feu? Qu’est-ce que ça montre aux autres élèves, hein? Dites-le-moi!

Albus, Rose, Scorp et Ruby se replièrent sur eux-mêmes. Il savait très bien que c’était risqué. Mais n’avaient-ils pas le choix? Certes, enquêter sur les attaques n’était pas de leur juridiction, pourraient dire certains. Mais qu’en était-il de leur amie qu’ils avaient oubliée? Sauf qu’ils s’étaient tous mis d’accord pour ne pas en parler aux professeurs. Alors leur excuse la plus frappante et digne d’être mentionnée… devait rester dans le placard du silence.

- C’est de ma faute.

Il se retourna brusquement avec un regard ahuri pour dévisager son frère. James se tenait présentement devant tout le monde, les épaules aussi droites que possible et le regard fier, même un brin provocateur. Comme il en avait le secret… Les provocations à lui, Al, étaient toujours un peu plus subtiles et facilement invisible pour des regards non attentifs.

- Votre faute? En quoi pourriez-vous être responsable de toute cette… cette… comédie!

La colère de McGonagall était si inscrite sur son visage qu’elle lui faisait penser à la Harpie que… qui lui avait montré l’image d’une Harpie? Il déglutit avec difficulté. Semble-t-il que la directrice avait le même problème, car elle arrivait à peine à formuler ses mots.

- Je suis assez influent, professeur. Et… Et nous avions seulement désiré faire comme mon père, vous voyez? Se rassembler et apprendre à se défendre. S’entraider. Et aussi…

Ne le dis pas, ne le dis pas! le conjura-t-il intérieurement. Ne mentionne surtout pas notre enquête, abruti!

- On voulait aussi enquêter. Sur quelque chose qui nous touche tous et qu’on ne comprend pas, professeur.

- Les attaques ne vous concernent en rien, Mr Potter! s’énerva la directrice en leur lançant un regard chargé d’éclairs.

- Et ce n’est pas de ce qu’il s’agit, mentit son frère avec brio.

Mais était-ce vraiment un mensonge? Albus n’en était pas complètement convaincu. Il voyait trop bien la lueur de vérité qui dansait dans les yeux de son frère. Sauf qu’il ne pouvait pas vraiment parler d’Allison, pas vrai? Parce que c’était lui qui avait insisté pour ne pas en parler aux adultes de manière explicite! Mais ce ne serait pas la première fois que son frère revenait sur une de ses propres décisions. Il était aussi constant qu’une girouette quand venait l’heure de faire des choix! Surtout dans des circonstances telles que celle-ci.

- En réalité, on cherche tous à approfondir notre connaissance intérieure de nous-mêmes. Vous savez qu’on oublie près de plus de la moitié des informations qu’enregistre notre cerveau? J’ai appris ça cet été. Mais il semblerait qu’avec de l’entraînement pour peut ramener certains souvenirs, certaines informations à la surface.

Où est-ce que James était-il allé pêcher cette information, par Merlin? Auprès du calmar géant? Ou d’Hagrid, peut-être? Non, ça ne pouvait pas être Hagrid. Hagrid aurait proposé une créature magique qui aurait influencé leur jugement ou… enfin. Quelque chose dans ce goût-là.

- Vous plaisantez, j’espère!

Le ton de McGonagall était sans appel.

- Eh bien, non, professeur! Parole de Potter! On a tous un léger ennui avec notre mémoire. Rien de bien inquiétant. Mais on essaie de voir si on arrivera à s’en rappeler. Et vu que je suis certain que nous étions tous à l’évènement dont on ne se rappelle pas, j’ai rameuté tout le monde.

- Vous ne voulez pas me dire la vérité, est-ce bien ce que je dois comprendre, Mr Potter.

- Oh, mais c’est la vérité, professeur! Je n’oserais pas mentir!

Elle haussa un sourcil inquisiteur. Personne ne pourrait croire James lorsqu’il disait qu’il n’oserait pas mentir. S’il pouvait s’éviter une attention malvenue au mauvais moment, son frère était parfaitement capable de mentir. Cela dit… il ne l’avait jamais fait pour échapper à ses bêtises. Cette réflexion dut traverser l’esprit de McGonagall, car elle ajouta :

- Très bien, si vous le dites. Toutefois, vous avez tous été imprudents au-delà de l’imaginable. Vous pensiez peut-être bien faire, chacun d’entre vous, mais la sécurité de tout le monde est en jeu. Et je ne peux pas, et je n’en ai jamais eu l’intention, laisser passer un tel irrespect aux règlements. D’autant plus que quatre d’entre vous auraient dû essayer de vous en empêcher! Ou au moins, vous convaincre de le faire à des heures qui respectent le règlement! Ainsi donc… je respecterai pour ma part l’engagement que j’ai pris lors de la rencontre avec tous les préfets, avec quelques ajouts pour bien vous faire apprendre la leçon.

Des sueurs froides envahirent immédiatement le dos d’Albus. Il se souvenait de ce qu’avait dit la directrice lors de la rencontre. Beaucoup, beaucoup de points seraient retirés à la Maison d’un élève s’il était surpris dehors pendant le couvre-feu. Le professeur McGonagall ouvrit la bouche pour annoncer leur sentence lorsqu’il se sentit soudain très faible. Il fit un pas de côté involontaire, percutant Scorpius au passage. Ce dernier lui adressa un regard de travers, mais la seconde suivante sa vision se troubla et il n’arriva plus à distinguer quoi que ce soit dans la pièce. Ni le décor du bureau. Ni la directrice. Ni ses amis.

Lorsque ses jambes ne supportèrent plus son poids, il tomba à la renverse et ses mains battirent l’air en quête d’un support auquel se raccrocher. Ses doigts frôlèrent du tissu, mais ils étaient trop gourds pour se refermer dessus. Il n’eut pas conscience de sa rencontre douloureuse avec le sol, même le cri stupéfait de la directrice ne lui parvint qu’en sourdine, car déjà il s’enfonçait dans l’inconscience.

Du moins, c’était ce qu’il pensait, mais dès qu’il se trouva à ouvrir les yeux en toussant il comprit que ce n’était pas ça. Non, il se trouvait dans un autre endroit! Un endroit plein de poussière et… Elle était là! Son apparence diaphane luisait faiblement dans le décor sombre et austère qui l’entourait. Il tenta de dire son nom, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge comme si on lui avait retiré sa voix. Tout ce qu’il arrivait à faire c’était de remuer les lèvres. Et de s’abreuver de tous les traits de la fille devant lui. Ce ne fut que lorsque des éclats de voix retentirent qu’il prit conscience que la fille et lui n’étaient pas seuls dans cet endroit lugubre.

- Ne fais pas ton timide, Krum. Je sais que tu peux faire mieux que ça!

- Va te faire voir, Grindelwald!

- Sympathique, mais je vais passer.

Le cœur d’Albus battait à toute vitesse. Pourquoi parlait-il de Krum? Alors même qu’ils étaient présentement en présence de Grindelwald? Ça ne tenait pas la route! À moins… Son père ne lui avait-il pas raconté qu’apparemment le grand-père de Viktor Krum avait été assassiné par le mage noir? Cette fois encore ses pensées furent interrompues, mais pas par des voix ce coup-ci. Non, ce fut la faible lueur d’une bougie qui le ramena sur terre en éclairant la pièce. Suffisamment pour qu’il puisse apercevoir deux garçons. Sans pouvoir s’en empêcher, il s’approcha jusqu’à ce qu’il puisse voir les visages des deux élèves de Durmstrang. L’un des deux possédait un charme certain, presque le même qui attirait tout le monde vers James. Quelque chose de magnétique qui pouvait prendre le contrôle de l’attention d’autrui en une fraction de seconde… seulement en croisant leur regard. Un étrange malaise l’envahit en songeant que c’était celui dont il avait hérité le prénom qui avait mis fin au règne de celui auquel il faisait face. Lorsque son regard réussit à se concentrer sur l’autre, ce fut pour mieux constater qu’il avait des traits assez semblables à ceux du Krum qu’il connaissait, quoique « connaissait » fut un grand mot. C’était un ami très éloigné de la famille. Il ne l’avait vu peut-être qu’une ou deux fois en personne. Ses pensées furent à nouveau interrompues par la conversation des deux élèves, si on pouvait la réduire à une simple « conversation », évidemment!

- Tu ne trouves pas que ce nouveau sortilège est intéressant? reprit Grindelwald.

- Tu veux une réponse sincère?

- Oui.

- Alors, non. Ce n’est pas intéressant. Laisse-moi partir maintenant!

- Très bien… Si c’est ce que tu veux.

D’un mouvement de baguette, Grindelwald libéra le grand-père de Krum et presque immédiatement ce dernier prit la direction de la sortie en courant sans même songer à regarder derrière lui. Endroit où se trouvait toujours le mage noir en devenir. L’intéressé regardait fixement du côté où avait disparu son compatriote avec un léger sourire amusé aux lèvres. Quelque chose dans ce sourire donna froid dans le dos à Albus. C’était le sourire de quelqu’un qui possédait du pouvoir et qui appréciait particulièrement de s’en servir. À des fins plus ou moins… sympathiques. Quelques secondes plus tard, alors qu’il était possible d’entendre disparaître les bruits sonores d’une course dans un couloir, Grindelwald se remit à bouger. Ce fut à cet instant qu’il constata que la fille s’était rapprochée. Suffisamment pour qu’elle soit cette fois beaucoup plus proche du futur mage noir qu’il ne l’était lui.

Elle était passée à côté de lui sans même le voir… Comment cela pouvait-il être possible?

Il arrêta de songer à cette question en voyant l’individu principal de cette vision s’arrêter devant une surface miroitante. Il ne possédait aucun doute sur la nature de cette chose. Un miroir, forcément. Mais pourquoi l’autre s’arrêtait-il devant? À nouveau un malaise l’envahit lorsque Grindelwald se mit à psalmodier des mots, peut-être des phrases, mais de manière inintelligible. Tout devint flou autour de lui lorsque sous son regard horrifié le miroir se mit à onduler devant un mécanisme. Un peu comme ceux qu’il avait vus à Gringotts. Un coffre-fort. Mais que faisait un coffre-fort dans un miroir? Qui avait eu cette idée débile?

Sa vision devint de plus en plus troublée au fur et à mesure que le garçon continuait à aller vers le coffre et à se saisir de ce qui se trouvait à l’intérieur. Son rythme cardiaque s’affola en voyant sa propre image se mettre à clignoter. Que se passait-il? Pendant une seconde sa vision redevint plus claire. Suffisamment pour qu’il puisse apercevoir…

Une pierre?

Pourquoi une pierre? Qu’est-ce que ça pouvait bien avoir avec toute cette histoire? Il fronça les sourcils dans une veine tentative de se concentrer, mais la vue lui était refuser. Tout ce qu’il arrivait à constater c’était que la pierre devait être belle. Doré, s’il ne se trompait pas. Mais avec sa vue défaillante, comment pourrait-il en être sûr!

Il sursauta brusquement en entendant le grondement qui s’échappa de la fille devant lui. Pendant une fraction de seconde il eut l’impression que tout lui revenait. L’ombre d’un sourire, la sensation de ses lèvres sur les siennes, son regard pétillant de malice… mais l’instant suivant il ne lui restait plus rien. Rien que la sensation d’avoir ressenti quelque chose. Quelque chose de puissant, quelque chose de profond. Et le vide que ça laissait en lui à présent… Il crispa les mâchoires dans l’espoir d’éloigner tout ça de ses pensées. Il n’avait pas besoin d’en rajouter… pas vrai?

À nouveau, les mots à demi murmurés de Grindelwald le ramenèrent dans l’instant présent. Le coffre-fort avait disparu et le miroir ondulait fortement à nouveau. Un frisson lui traversa le dos en voyant apparaître une brume dans le miroir. Une brume qui n’était pas un reflet de l’environnement autour de lui. Le conseil que lui avait un jour formulé un sorcier dérangé au Trois Balais lui revint en mémoire « Lorsque la brume apparaît dans un miroir, il faut prendre garde. Car les morts sont là. » Sur ces mots le vieillard était reparti en marmonnant dans sa barbe que Merlin et Morgane avaient été fous de ne pas l’écouter concernant le destin d’un royaume… quelconque. Il avait oublié une partie des choses débiles que le fou avait prononcées après sa mise en garde. Et il n’avait jamais été capable d’oublier cette dernière.

Il ne fut donc que moyennement surpris lorsque la brume s’amassa pour prendre une forme humaine. Et féminine de surcroit. Mais qu’il ne soit pas surpris ne l’empêcha pas d’avoir le pouls qui s’emballe, loin de là. Son cœur se débattait dans sa poitrine, menaçant de s’échapper à chaque seconde qui s’écoulait. Et cela n’alla pas en s’arrangeant en voyant que la femme en question avait un visage ensanglanté qui accentuait ses traits de manière grotesque. D’ailleurs, les mouvements incessants de sa tête de tous les côtés ne l’aidaient pas non plus à conserver un rythme cardiaque serein.

- Ça suffit, trancha Grindelwald d’un ton froid. Je ne suis pas l’un de ses idiots qui ne connaissent rien à la magie. Je sais qui tu es.

Le cœur d’Albus rata un battement lorsque la femme arrêta d’un seul coup de s’agiter dans tous les sens. Plus de mouvements incessants, plus de sang. Tout ce qui restait sur son visage était l’agacement et la contrariété. Et une incroyable beauté. Son regard avait presque quelque chose d’irréel. Et probablement altéré par la mort. Car personne ne possédait un regard blanc comme neige qui semblait luire faiblement.

- Que veux-tu? s’enquit-elle.

- Des informations.

- À quel sujet?

- Les circonstances de ta mort. De l’homme qui t’a tué.

Le visage de la femme se ferma en même temps que ses yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, elle ne planta pas son regard dans celui de son interlocuteur ni dans celui d’Albus, mais bien en direction de la fille. Il était presque certain qu’elle ne faisait pas que parler à Grindelwald. Sa concentration était trop prononcée pour ça. Il était convaincu qu’elle disait quelque chose à la fille. Mais comment? Par télépathie? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage que déjà son regard déviait sur lui et cette fois il frôla l’arrêt cardiaque en entendant une voix féminine puissante et en colère hurler des paroles qui semblaient sans suite logique, certains s’apparentant à une conversation et d’autres non. « Là où toutes choses se trouvent, tu devras chercher. Dans les méandres de l’instrument trompeur, tu me trouveras. Dis mon nom et je viendrai à toi. Ignore mon appel et jamais les tiens tu ne rejoindras. Ils sont si près… et si loin. Leur parler tu as besoin. Si tu échoues, la mort t’attendra. Qui êtes-vous? Tu me connais. Je suis toi. Tu es moi. Réponds à mon appel, Allison Lévesque. Réponds-y, ou échoue et sois vouée à disparaître parmi les ombres. Tu dois y aller. Elle t’attend. Ne reste pas ici, ou tu mourras. Ton obstination sera ton tombeau. Ne tarde pas à partir. Les ombres s’étendent… Un jour viendra où tous douteront. Mais de la parole de la Passagère, ils se réfractèrent. À son arrivée, le retour des maux oubliés. À son départ, la mort sera à Poudlard. » Le regard de la femme s’arrima encore un peu plus au sien et elle ajouta d’un ton pénétrant « Elle viendra à toi. Elle a besoin de toi. Ensemble vous formez un tout, seuls vous êtes des morceaux brisés d’un autre temps. Prends garde à ne pas te perdre ou elle mourra. Seule ».

Il était en train de disparaître de la pièce contenant Grindelwald lorsque les derniers mots parvinrent à son esprit. Le tout dernier se répercutant à l’infini dans sa tête alors qu’il se sentait tourner, tourner, tourner… et tomber, tomber, tomber…


- Non, mais est-ce que vous allez lui laisser de l’espace? l'=’accueillit la voix grinçante de son frère alors qu’il peinait à cligner des paupières.

- Il revient à lui! s’écria Rose.

Il ne put s’empêcher de grimacer face au brouhaha qui s’ensuivit. Il se sentait incroyablement faible, et ce… pour aucune raison! Ne venait-il pas seulement de perdre connaissance? Et il était presque certain de n’avoir absolument rien fait… Peut-être que les propos sous-entendus par la femme dans le miroir l’avaient complètement vidé de toute énergie. Il n’y avait pas cinquante façons d’interpréter ces paroles : c’était des mises en garde on ne peut plus inquiétantes!

- Oui, je reviens à moi, grommela-t-il. Et assez pour faire remarquer à James que c’est nouveau de sa part de demander qu’on me laisse de l’espace.

- Très drôle, Al. Très drôle, rétorqua l’intéressé et il pouvait voir mentalement sa moue indignée.

Un léger sourire lui étira les lèvres, mais tandis qu’il essayait de se redresser tout se mit à danser autour de lui. Il se rallongea presque aussitôt avec une grimace.

- Vous devriez rester allongé encore un instant, Mr Potter. Le temps que votre organisme se remette de ce qui vient de vous arriver, lâcha le professeur McGonagall.

- Et il vient de m’arriver quoi, au juste?

- Tu as perdu connaissance, lui répondit sa cousine.

- Et on ne sait pas pourquoi, ajouta son meilleur ami.

- Tu as une idée? s’enquit Louis, curieux et inquiet à la fois.

- Pas vraiment… mentit-il.

Il savait que seules deux personnes comprendraient qu’il avait menti. Rose et Scorpius. À vrai dire, ce n’était pas vraiment un mensonge, d’où la raison qu’elle n’éveillerait l’attention que de deux personnes, celles qui le connaissaient le mieux. Car il n’était pas certain de comprendre ce qui lui était arrivé ni exactement ce qui lui était arrivé. Il avait vu des choses. Pour la troisième fois. Mais il ignorait complètement l’origine de cet évènement ni ce que cela impliquait. Il aurait besoin de l’aide de sa cousine, d’ailleurs, pour démêler les différentes paroles qu’avait prononcées la femme. En espérant qu’il n’oublierait rien, évidemment!

Mais connaissant sa chance…

Il essaya d’écarter cette pensée de son esprit et patienta quelques minutes étendu sur le sol dans un silence complet. Tout le monde semblait vouloir se contenter de sa réponse précédente et le laisser récupérer de « peu importe ce qu’il pouvait venir de lui arriver ». Lorsqu’il sentit qu’il pouvait se relever sans risque, il remua jusqu’à arriver à se redresser. Presque immédiatement il sentit des mains se saisir de ses bras pour l’y aider. Il n’eut pas de difficulté à reconnaître Scorpius et son frère.

- Bien maintenant que vous semblez être remis… Nous pouvons revenir à ce que je devais vous annoncer, à tous. Toutefois, Mr Potter, je vous conseillerai de vous rendre avec deux de vos amis, ou membres de votre famille, à l’infirmerie pour s’assurer que tout va pour le mieux, déclara la directrice.

- Je le ferai, professeur, promit-il.

- Bien. Donc maintenant, voici ce que vous aura coûté votre folle entreprise! Exactement cent points seront retirés à chacun d’entre vous sans aucune exception. Et cent points supplémentaires pour chacun des préfets parmi vous! Ce qui nous donne…

- Mais professeur! s’exclama en vain Lily, étouffant quelques cris en provenance des élèves présents qui ne causaient jamais de problème.

Ce qui incluait Malia, Teena, Amy, Kieran et Joshua. Ils étaient peu nombreux, à la réflexion… Ruby s’y serait sans doute ajouté si ce n’était qu’en tant que préfète il était certain qu’elle venait de faire une énorme bourde en toute connaissance de cause.

- Ce qui nous donne… reprit McGonagall d’un ton dur. Un retrait de mille deux cents points pour les Gryffondor et un de mille points pour les Serpentards. Je ne vous cacherai pas que vous me décevez tous profondément et pour cette raison, votre châtiment ne s’arrêtera pas là.

Ils auraient tous pu entendre une mouche voler tellement le silence régnait à présent. Albus était sous le choc. Autant de points? Mais ils n’arriveraient jamais à remonter tout ça pour ne serait-ce qu’avoir la chance de gagner la Coupe des Quatre Maisons! Ils avaient d’ores et déjà perdu! Et personne ne pourrait leur pardonner, jamais!

- Vous aurez des retenues, jeunes gens, poursuivit la directrice sur un ton encore plus tranchant qu’auparavant. Pendant un mois, tous les soirs de la semaine.

- Tous les soirs? s’étouffa James.

- Oui, Mr Potter. Tous les soirs.

- Mais! Et le Quidditch! s’indigna Ruby.

- Vous auriez dû y penser avant! rétorqua le professeur McGonagall avec brusquerie. Maintenant vous pouvez partir. Vous recevrez dès demain matin par hibou l’endroit et la nature de vos retenues. J’espère que vous avez bien compris le message…

- Oui, professeur, répondirent-ils tous en même temps dans une synchronisation plus ou moins parfaite.

D’un mouvement de la main, elle les invita à quitter son bureau, ce qu’ils firent sans hésiter. Il n’en revenait toujours pas de ce qui venait de se produire. La situation devait être drôlement grave pour nécessiter des mesures aussi extrêmes. Les professeurs avaient-ils découvert quelque chose qui leur échappait? Cela signifiait-il que les attaques étaient loin d’être terminées? Loin d’être résolues? Un frisson glacé lui parcourut le dos à cette seule idée.

Mais ce n’était la seule chose qui le tétanisait.

L’autre chose, c’était ce qu’impliquait le châtiment de McGonagall. Non seulement elle espérait ainsi les décourager d’agir à nouveau hors du couvre-feu, mais en plus elle pousserait les autres à non seulement le respecter, mais aussi à surveiller chacun d’entre eux pour ne pas qu’ils causent plus d’ennui. Ils venaient de causer la défaite de deux Maisons de l’école de manière aussi certaine que définitive. C’était impossible d’en remonter. C’était déjà compliqué d’amasser cinq cents points… Alors mille? Ou mille deux cents? Ils possédaient à peine cent cinquante points, et dans ce nombre il y avait les cinquante offerts gratuitement en début d’année à toutes les maisons.

- Qu’est-ce qu’on va faire? s’enquit en chuchotant Hugo.

- Continuer, évidemment, trancha Ruby d’un ton dur, à la grande surprise d’Albus. Mais plus discrètement qu’à la manière de Potter. On sait déjà que cette vieille aigrie de Skeeter surveille nos pas, ou ceux de tous les élèves. Elle nous a dévoilé une partie de sa botte cachée. Autant s’en servir.

- Et comment? s’étonna Joshua.

- En respectant les règles autant que possible de la manière qui nous arrange, mais sans qu’on puisse se faire taper sur les doigts, répondit Louis avec un sourire en coin. Et aussi en découvrant comment « cette vieille aigrie de Skeeter » a fait pour connaître nos activités illicites.

- Voilà, approuva la Serpentard avec un hochement de tête appréciateur.

Un léger sourire étira les lèvres d’Albus à l’idée qu’ils n’arrêteraient pas de chercher à retrouver la mémoire ni toutes les autres choses complètement illégales qu’ils avaient commencées. Il perdit toutefois rapidement son sourire, lorsque Rose l’attrapa soudain par le col pour le plaquer contre le mur d’un couloir :

- Toi et moi on va devoir avoir une petite discussion, Al! Et le plus tôt on ira à l’infirmerie, le mieux ce sera.

- De quoi tu parles! s’indigna-t-il.

- De ta perte de conscience, cousin!

- McGonagall a dit que nous devons être deux à y aller, alors je viens avec toi, avança James.

Ça, ça ne pouvait pas être bon, songea-t-il avec amertume. Son frère ne s’impliquait que dans des situations qui finissaient par être incontrôlables… qu’il agisse consciemment ou non, ça ne changeait rien. Le résultat restait le même.

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Pendant tout le trajet menant à l’infirmerie, Rose ne put s’empêcher de se dire que ça avait été une très mauvaise idée de s’emporter comme ça. Mais elle n’avait pas pu faire autrement! Toute la situation dans laquelle ils se trouvaient l’énervait et l’angoissait! À un point qu’elle n’arrivait pas à dormir. Enfin, presque. Elle dormait un peu ici et là, mais rarement dans son lit, parce que dès qu’elle le rejoignait elle sortait ses livres de runes et essayait de trouver celles sur les bouts de papier que James et elle avaient trouvés.

Sans résultat.

Et cette absence de résultat l’angoissait, l’énervait et la poussait complètement dans ses retranchements, au point où elle pouvait exploser pour un rien. Comme quelques minutes plus tôt. Avec Al. Mais le voir s’évanouir comme ça, aussi! Sans aucun signe annonciateur… En le voyant s’écrouler son cœur avait arrêté de battre et elle était presque certaine que celui de James s’était tu lui aussi, car il avait blêmi et elle ignorait encore comment il avait fait pour rattraper son frère avant qu’il ne touche le sol. Elle avait vu ses épaules se détendre lorsqu’il avait soufflé à tout le monde qu’il respirait.

Pour ce qui en était de Rose, c’était autre chose.

Elle avait complètement arrêté de respirer pendant plusieurs longues secondes, le temps que tout soit vraiment déclaré comme étant aussi normal que possible. C’était à peine si elle avait pris conscience de la main crispée de Scorpius dans la sienne. Son cousin de son âge était son meilleur ami, peu importe les décisions désastreuses qu’il avait pu prendre par le passé!

Les décisions désastreuses?

Pourquoi « les »? La seule qui lui venait à l’esprit c’était celle qu’il avait prise en choisissant de sortir avec Rebecca. Elle était terrible et horrible, certes, mais malgré son envie d’affirmer le contraire, elle ne comptait que pour une décision. Pas plusieurs. Alors d’où lui venait le pluriel? Un grondement rageur s’échappa de sa bouche en songeant que ça devait être sa mémoire défectueuse. Encore une fois! Arriverait-elle un jour à s’en défaire? Elle commençait à en avoir plus que marre de ne se souvenir de rien! Peu importe la douleur de savoir qu’elle pouvait avoir volontairement ou involontairement retiré celle qui était sa meilleure amie, selon les dires d’autres personnes… elle devait savoir. Ou elle deviendrait complètement dingue.

- Rose… Est-ce que ça va? On dirait que tu es sur le point d’assassiner quelqu’un…

- Je vais très bien, Al! Vraiment, très, bien. Pourquoi est-ce que ça n’irait pas!

Du coin de l’œil elle vit ses cousins lui jeter un regard inquiet.

- Rose, se contenta de lâcher James.

- Quoi!

- Qu’est-ce qui ne va pas?

- Ma mémoire, par Merlin! C’est ma mémoire qui ne va pas! Ni la tienne ou la sienne! J’ai des réflexions que je ne comprends pas la moitié du temps, des réflexes si ancrés qu’ils s’échappent d’eux-mêmes, mais dont l’origine, la logique… m’échappe. Comment je devrais aller, hein? Bien, peut-être?

- On vit tous avec ce problème… tenta Al, prudemment.

- Tu appelles ce que tu fais « vivre » avec le problème, Al? Sérieusement?

- Elle n’a pas tort.

- On ne t’a pas sonné!

- Taisez-vous, on arrive à l’infirmerie, gronda-t-elle.

À peine quelques secondes plus tard, ils ouvraient les portes du repère de Madame Pomfresh et d’Hannah. Elle avait profondément conscience d’être un peu injuste envers ses cousins. Enfin, pas « injuste », seulement un peu… raide. Mais toute cette horrible situation durait depuis trop longtemps à son goût et tant qu’elle n’aurait pas un début de réponse sur la fin de cette histoire, elle n’aurait pas de répit. Et lorsqu’elle manquait de sommeil… de beaucoup trop de sommeil… elle n’avait plus aucune patience.

Comme en ce moment.

Elle se mit à marcher de long en large à la seconde où Albus fut conduit par Hannah jusqu’au fond de l’infirmerie pour qu’elle puisse l’examiner. Elle voyait les secondes s’écouler, inlassablement, et c’était du temps perdu pour tenter de trouver ces runes étranges! Le pire étant qu’avec les jours qui passaient, sans voir l’ombre d’une réponse, elle commençait à croire que, peut-être, ce n’étaient pas un alphabet assez courant pour être connu de tous ou simplement transcrit dans un recueil.

Ça pouvait être un alphabet personnel d’une personne décédée depuis longtemps.

Mais dans ce cas-là, que ferait-elle? Sa famille et ses amis comptaient sur elle pour déchiffrer ces bouts de papier! Qu’arriveraient-ils si elle n’y parvenait pas? Décoder un alphabet à la méthode ancienne pouvait prendre des années! Et elle était certaine de ne pas avoir des années devant elle. Déjà, la culpabilité finirait par la tuer avant, car quelque part, au fond d’elle, elle sentait que ces mots possédaient un lien avec Allison. Les deux ou un seul? Elle l’ignorait. Sauf que son instinct lui criait que c’était très important!

- Rose.

Elle soupira.

- Arrête de faire les cent pas, ça ne fera pas passer le temps plus vite.

- Je sais… mais… c’est plus fort que moi.

- Je m’en doute, mais essaie quand même. Ça m’angoisse rien qu’à te regarder faire…

Elle jeta un coup d’œil vers James et lui trouva soudain un air légèrement verdâtre. Fronçant les sourcils elle l’interrogea :

- Est-ce que tu dors ces temps-ci, James?

- Pas vraiment…

Il passa une main dans ses cheveux en désordre, puis secoua la tête avant de planter ses yeux bruns dans les siens :

- J’ai peur, Rosie.

- Toi? Toi, tu as peur?

Au fond d’elle, elle savait bien que son aîné n’était pas incapable de peur. À vrai dire, elle trouvait surtout incroyable qu’il l’admette devant elle.

- Oui, j’ai peur. J’ai peur que ça recommence. J’ai peur que l’un de vous ne soit touché. J’ai peur… J’ai peur de faire une erreur. J’ai peur de ne pas arriver à réussir mes cours parce que je vais me concentrer trop sur notre… nos projets.

- Par Merlin, James! Si quelqu’un peut arriver à faire du multitâches, c’est bien toi! Et tu as assez d’intelligence dans ta cervelle pour révolutionner le monde des farces et attrapes autant qu’Oncle George si ce n’est pas plus! Alors franchement je ne m’inquiète pas pour tes cours. Quant à t’inquiéter pour nous… Nous sommes pour la majorité amplement capable de nous défendre, tu ne crois pas? Sans parler du fait qu’on se tient tous en groupe de deux et plus.

- Pas toi. Pas toi et Al ces derniers temps.

- Peut-être, admit-elle. Sauf que je suis rarement isolée, sauf dans mon dortoir. Et même là… J’ai Teena et Malia.

Elle savait qu’elle n’avait pas mentionné son cousin et meilleur ami. Albus traînait beaucoup seul en ce moment. Plongé dans ses pensées plus sombres que le puits le plus profond que l’on pouvait trouver. Plus sombres que le fin fond du Lac Noir. Mais rien qu’elle dirait ne pourrait rassurer son cousin et grand frère de l’intéressé. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse devant Albus, James se préoccupait de son frère. Elle garda donc le silence.

- Il reste Al, souffla doucement James. Et ce qui s’est passé aujourd’hui…

- Alors je le traînerai avec moi. Si ça peut te rassurer. Et puis… Je crois que Scorp commence à en avoir marre de rester tout seul, lui aussi. Alors il cherchera sans doute à trimballer Al avec lui aussi.

Son cousin se contenta de hocher de la tête et elle comprit pourquoi à la seconde où elle entendit les bruits de pas qui approchait. En tournant la tête, elle croisa le regard vert de son autre cousin. Avant même qu’elle ou James ait pu ouvrir la bouche, Albus affirma :

- Je n’ai rien d’anormal. Elle soupçonne un manque de sommeil…

Il leva les yeux au ciel et elle passa tout près d’en faire autant. Depuis qu’elle le connaissait, elle n’avait jamais vu Al perdre connaissance à cause du manque de sommeil. Et avec toutes les bêtises qu’ils avaient faites, à Poudlard ou dans leur enfance, elle savait que le manque de sommeil ne pouvait pas être la cause de sa perte de connaissance.

- Mais on sait tous les trois que ce n’est pas ça, lâcha James.

Al et elle hochèrent de la tête. D’un commun accord silencieux, ils sortirent rapidement de l’infirmerie et prirent la direction de leur Salle Commune. Ils allaient avoir une très longue conversation, ou courte. Selon ce qu’elle tirerait de son cousin et de la participation de James. Et des autres. Elle était presque certaine que d’autres membres de la famille, et amis se trouvant dans leur Maison, s’ajouteraient à la liste. Ils iraient probablement dans le dortoir de James et Louis, d’ailleurs. Puisqu’il n’y aurait qu’une personne à faire sortir de là. À savoir Samuel.

Ses soupçons furent confirmés lorsqu’en arrivant, elle repéra les deux compatriotes de James avec les membres de leur famille se trouvant à Gryffondor. Louis, Lily et Hugo. Même Teena et Malia se trouvaient là. Ils discutaient tous à voix basse, mais sous l’indication de la benjamine des Potter, tout le groupe se tourna vers eux. Sans prononcer un mot, ils se dirigèrent vers les escaliers menant aux dortoirs des garçons, les autres à leur suite.

Albus devait avoir suivi le cours de ses pensées, car même s’il se trouvait en tête de file, il ouvrit la porte menant au dortoir de son frère. Samuel ne s’y trouvant pas, ils s’engouffrèrent tous dans la chambre pour cinq. L’endroit sembla diminuer de superficie de manière alarmante en seulement quelques secondes. Ce ne fut qu’à cet instant où ils se trouvaient tous en rond qu’elle comprit une chose : aucun élève n’avait réagi violemment à leur entrée.

- Pourquoi personne n’a réagi quand nous sommes entrés? s’étonna-t-elle.

- Ils ne savent pas encore combien de points on a perdus… marmonna Louis.

- Et personne n’a été assez idiot pour essayer de poser la question, ajouta son petit frère. Pas quand Lulu faisait sa tête de tueur.

- JE n’avais PAS une tête de tueur! rétorqua l’intéressé.

- À vrai dire, si, Lulu, renchérit Lily.

- Je me range du côté des jeunes! affirma Dylan.

- Peu importe! s’écria-t-elle. On est ici pour éclairer un aspect très intéressant de ce soir. Al? Est-ce que tu peux nous dire ce qu’il s’est passé?

Son cousin se mit immédiatement à danser d’un pied sur l’autre en jetant des regards légèrement fuyants. Il ouvrit, puis referma la bouche à quelque reprise avant de soupirer et dire :

- Ceux qui se souviennent… Vous dites qu’Allison elle… elle possède un don, c’est ça? Un don de voyance.

- Oui, acquiesça Louis.

C’était le seul, comprit-elle soudain. Le seul chez Gryffondor qui s’en souvenait!

- Et vous dites aussi que j’étais connecté à elle… à son don… ajouta Al, incertain.

- C’est ce que les autres disent. Mais je n’étais pas là l’an dernier… Attends une minute… Tu en as eu une autre?

Les yeux de son cousin aux cheveux blonds étaient écarquillés. Et presque tout le monde se tourna vers lui pour le dévisager. Pourquoi semblait-il savoir de quoi Albus allait parler? Que voulait-il dire par « tu en as eu une autre »?

- Oui. Enfin, ce n’était pas vraiment un rêve cette fois et ce n’est pas la deuxième fois. Mais la troisième.

- La troisième quoi, à la fin! s’écria James.

- Je crois qu’on peut appeler ça une vision, précisa Al. La première, j’ai fait la malheureuse connaissance de Grindelwald et… j’ai vu la fille. Celle de sur la photo. La seconde vision, j’ai vu un mec. Je ne sais pas qui exactement, mais il m’était familier. J’ai lu une lettre, en désordre. Je ne sais pas ce que signifiaient ces deux visions, mais… elles ne me sont venues que pendant mon sommeil. Alors que… aujourd’hui…

- Tu étais réveillé, souffla Rose d’une voix blanche.

- Voilà. Et c’était encore Grindelwald. Et la fille. Et un Krum. Et… une femme dans un miroir, aussi.

- Une femme dans un miroir? pouffa James.

- Elle m’a parlé. La femme dans le miroir. Elle m’a dit des choses… Des choses qui ne m’ont pas vraiment remis le moral. C’était… inquiétant.

- Est-ce que tu crois que tu pourrais répéter? lui demanda sa sœur.

Rose sut dans la seconde que ce serait possible. Tout le monde parlait de sa mémoire à elle, mais Albus aussi en possédait une excellente. Surtout à court terme lorsque ça concernait des conversations. À long terme, sa mémoire avait tendance à retenir des choses dans un ordre étrange, sauf qu’elle était toujours juste. Son cousin s’éclaircit la gorge et récita :

- Là où toutes choses se trouvent, tu devras chercher. Dans les méandres de l’instrument trompeur, tu me trouveras. Dis mon nom et je viendrai à toi. Ignore mon appel et jamais les tiens tu ne rejoindras. Ils sont si près… et si loin. Leur parler tu as besoin. Si tu échoues, la mort t’attendra. Qui êtes-vous? Tu me connais. Je suis toi. Tu es moi. Réponds à mon appel, Allison Lévesque. Réponds-y, ou échoue et sois vouée à disparaître parmi les ombres. Tu dois y aller. Elle t’attend. Ne reste pas ici, ou tu mourras. Ton obstination sera ton tombeau. Ne tarde pas à partir. Les ombres s’étendent… Un jour viendra où tous douteront. Mais de la parole de la Passagère, ils se réfractèrent. À son arrivée, le retour des maux oubliés. À son départ, la mort sera à Poudlard. Elle viendra à toi. Elle a besoin de toi. Ensemble vous formez un tout, seuls vous êtes des morceaux brisés d’un autre temps. Prends garde à ne pas te perdre ou elle mourra. Seule.

- C’est long… remarqua Malia. Comment tu as pu tout retenir dans les moindres détails?

- C’est Al, se contenta d’expliquer Lily.

- C’était assez énervant quand on était jeune, grommela James.

- Pourquoi? l’interrogea Teena.

- Parce qu’il pouvait répéter, mot pour mot, toutes les bêtises que déblatérait James, ricana Louis. Al arrivait même à mettre les mêmes intonations, parfois. Au point où personne ne pouvait douter que c’était James qui avait dit ça.

Il y eut quelques rires, mais pas venant de Rose. Elle, elle avait le regard braqué dans celui de son cousin du même âge. Sans qu’ils n’aient à dire un seul mot, ils arrivaient à communiquer. Et ce, depuis qu’ils étaient tout petits. En ce moment, elle n’avait pas besoin qu’Al dise quoi que ce soit, elle savait ce qu’il attendait d’elle. Sans se préoccuper de l’exclamation indignée de Dylan, elle fouilla dans sa table de chevet pour trouver un parchemin, une plume et de l’encre. Dès que ces objets furent entre ses mains, elle se mit à noter ce qu’elle venait juste d’entendre.

- Je pense que je vais pouvoir y arriver, déclara-t-elle.

- Arriver à quoi? s’enquit James, perdu.

- À trouver ce qui va avec quoi. Ce n’est pas toutes des informations qui viennent ensemble. Et on dirait… on dirait des mises en garde adressées à une autre personne. À une fille.

- Allison… souffla la voix de plusieurs personnes.

- Probablement, acquiesça-t-elle.

- Tu crois que tu peux démêler ça tout de suite? demanda Malia.

- Je peux essayer…

Sans plus de cérémonie, elle s’écrasa sur le lit le plus proche. Sans doute celui de Dylan si elle se fiait à son début de protestation, coupée vertement par Louis. En tenant le parchemin dans une main, elle se mit à déchiffrer toutes les lignes qu’elle avait notées à peine une minute plus tôt. Elle détacha les phrases les unes des autres, tâchant de trouver celles qui se suivaient et celles qui ne se suivaient pas.

- Euh… Rose? lâcha son frère.

- Quoi?

- Tu ne crois pas qu’à force de triturer ton collier, tu risques de le briser? Tu dis toujours que c’est plus précieux que ta propre vie.

- Plus que sa propre vie, vraiment? Rigola James.

- Un collier? s’étonna Al.

Tout le monde le dévisagea, alors que l’intéressé même dévisageait le collier de sa cousine. Son visage se tordit d’une étrange manière, comme mue par une réflexion intense et profonde. Lorsque ses traits se détendirent, il bondit vers elle pour lui retirer son collier d’un mouvement adroit. Avec la voix de celui qui a finalement trouvé une réponse à ces questions, il souffla :

- Bloodyclaws…

Des mots se mirent à tournoyer dans la tête de Rose et elle en échappa le papier.

Mon collier. Bloodyclaws. Plus important que sa propre vie.

Allison… Icyeyes… Icyeyes?


Icyeyes? Mais qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir…

« À peine est-ce que le dernier mot quitta les lèvres d’Allison, Rose baissa à nouveau le regard sur le paquet qu’elle tenait entre les mains. Les paroles de sa meilleure amie tournant en boucle dans sa tête. Qu’avait-elle fait? Parce qu’elle avait forcément fait quelque chose! Sans attendre davantage, elle commença à déballer le paquet aussi délicatement que possible, par habitude plus que par envie de faire attention. Dès que le papier fut complètement retiré, elle écarquilla légèrement des yeux alors que l’émerveillement l’envahissait. Entre ses doigts se trouvait une magnifique boîte avec des loups et des faucons sculptés. Aucun doute ne traversait son esprit concernant l’artiste qui avait confectionné l’objet. C’était son amie. Sa meilleure amie. Et ils représentaient leur Patronus. Des larmes commencèrent à vouloir se former dans ses yeux, mais d’un regard vers Allison et elle comprit que ce n’était pas fini. Elle se souvint brutalement que cette dernière lui avait dit que son cadeau contenait quelque chose pour elle aussi.

Suivant ainsi les recommandations de sa meilleure amie, elle ouvrit la boîte.

Avec plus de délicatesse qu’elle n’avait sans doute besoin, elle releva le couvercle de la boîte. Les yeux de Rose s’écarquillèrent encore plus en voyant ce qui se trouvait à l’intérieur. Deux médaillons. Deux magnifiques médaillons! En à peine quelques secondes, elle retira les deux colliers de leur boîte pour les examiner. Elle prêta à peine attention à ce qui se disait autour d’elle, tant elle était subjuguée.

Les deux représentaient un loup et un faucon entouré d’un anneau tressé. Par-dessus les animaux sur l’un des deux était écrit « Bloodyclaws » et sur l’autre il y avait « Icyeyes ». Sur l’anneau du premier collier, on pouvait lire « Je t’offre mon amitié éternelle. Icyeyes ». Quant au second, il y avait la même inscription, mais c’était son pseudo à elle, Rose, qu’il y avait en signature. Tout le collier était en obsidienne si on exceptait les yeux des animaux qui avaient respectivement la couleur de leurs pierres de naissance, à Allison et elle. Une chaînette d’argent permettait de la glisser autour du cou.

Cette fois, ses yeux s’embuèrent pour de bon et elle les releva pour croiser le regard d’un bleu surprenant de sa meilleure amie. Cette dernière se mit d’ailleurs à préciser à toute vitesse :

- Mais, si ce n’est pas la même chose pour toi on peut toujours détruire le collier, seulement je…

- Tu es folle? La coupa-t-elle brusquement. Détruire le collier? Pas la même chose? Mais tu es ma meilleure amie, Alli! Bien sûr que je veux que tu le mettes ce collier! S’écria-t-elle ensuite et à la fin elle lui tendit le collier du nom d’Icyeyes.

Dès qu’Allison eut saisi son collier entre les doigts, Rose enfila le sien d’un mouvement. Presque immédiatement sa meilleure amie fit la même chose et lui avoua, un léger sourire aux lèvres :

- Ce n’est pas tout.

- Comment ça, ce n’est pas tout? s’offusqua-t-elle. C’est déjà énorme!

Elle eut un sourire et attendit une seconde, permettant ainsi à l’imagination folle de Rose de parcourir un millier de chemins aussi invraisemblables les uns des autres. Puis finalement elle lâcha :

- Tu te souviens que ma mère m’a expliqué dans une de ses lettres qu’elle m’a laissées comment ajouter des souvenirs ou encore comment fabriquer un médaillon, collier, etc.? Eh bien, j’ai inséré dans nos deux médaillons des souvenirs que nous avons en commun… Et tu pourras en rajouter, car je vais t’expliquer comment… Un de ces jours…

- Oh, Alli… souffla-t-elle et de nouvelles larmes envahirent ses yeux déjà pleins.

- Comme ça tu ne m’oublieras pas… ajouta-t-elle en regardant ses pieds.

Elle avait forcément mal entendu, n’est-ce pas? Comment Allison pouvait-elle croire une seule seconde qu’elle pourrait l’oublier? Après toutes leurs aventures? Toutes leurs confidences? Avec la relation qu’était la leur? Rose s’approcha fermement de sa meilleure amie avant de la serrer fortement dans ses bras en grondant férocement :

- Comment voudrais-tu que je t’oublie, Alli? Tu es ma sœur d’adoption, tu te souviens?

Jamais n’avait-elle prononcé de mots plus vrais. Elle l’avait dit et le redirait encore. Alli était sa sœur d’adoption. Jamais elle ne l’oublierait, jamais elle ne l’abandonnerait. Quoi qu’il advienne. Les larmes commencèrent à s’écouler et elle serra encore plus fortement son amie contre elle.
»

Rose revint dans le moment présent avec des larmes qui s’écoulaient sur ses joues sans s’arrêter, alors que des souvenirs continuaient à défiler derrière ses paupières. Elle l’avait trahi. Elle avait trahi sa meilleure amie, sa sœur. Elle avait fait les seules choses qu’elle s’était juré de ne jamais lui faire : l’oublier, l’abandonner. Mais maintenant, Alli n’était plus là et pendant un peu plus de deux semaines, elle ne souvenait d’absolument rien à son propos!

Un gémissement lui échappa.

Et ce fut à cet instant qu’elle constata qu’elle avait trouvé le moyen de tomber en bas du lit alors qu’elle s’était écrasée dessus. Sur le dos. Et maintenant qu’elle regardait autour d’elle, elle pouvait constater que tout le monde la dévisageait avec les yeux écarquillés et un air très inquiet. Elle se releva en attrapant rapidement le papier qui gisait au sol ainsi que son collier qui pendait au bout des doigts d’Albus. Tout en prenant la parole, elle le glissa autour de son cou pour ne plus jamais le retirer :

- Je m’appelle Rose Weasley. Je suis Bloodyclaws, une marcheuse d’ombre. Et par-dessus tout… je suis la meilleure amie d’Allison Lévesque et elle est ma sœur d’adoption.

Les autres affichèrent des traits encore plus interloqués et malgré que des larmes continuent de s’écouler de ses yeux, elle ajouta :

- Je me souviens. Je me souviens de tout.

- Tu… tu te souviens, bégaya Al.

- Oui…

- Est-ce que tu peux me dire ce que j’ai fait?

Elle n’aimait pas voir le visage torturé de son cousin. Elle détestait ça. Sauf qu’elle savait pertinemment que ce savoir ne ferait que le détruire encore plus. Elle le connaissait bien et même si certains de ses choix ne lui avaient pas toujours été très clairs… elle connaissait ses raisons. Pour chacune. C’était pour ça qu’elle pouvait lui pardonner. Parce qu’Albus n’était pas un mauvais bougre. Il prenait de mauvaises décisions pour des causes ou raisons qu’ils pensaient bonnes. Et souvent, c’était le cas. Mais pas les actions qu’il mettait en place.

Et il était très sujet à l’autoculpabilisation.

Il n’avait besoin de personne pour le faire culpabiliser au sujet de ses choix et actions. Dès qu’il prenait conscience d’avoir fait fausse route, il s’autoflagellait souvent. Un peu trop souvent. Comme en ce moment. Alors même qu’il ignorait complètement à quel point ce qui s’était produit était horrible ou à quel point ses actions passées l’étaient. Elle ne pouvait pas lui faire ça, elle ne pouvait pas l’aider à s’autodétruire alors qu’il le faisait déjà en étant complètement ignorant de tout. Autant attendre qu’il se souvienne de lui-même et là, faire en sorte d’utiliser ses bons choix pour le libérer du poids des mauvais.

- Je ne le ferai pas, Al. C’est des réponses que tu devras chercher seul.

- Mais pourquoi!

Elle ne l’avait jamais entendu prononcer des mots avec un ton aussi proche de la rupture émotionnelle. Pendant une fraction de seconde elle songea à tout lui révéler, mais elle se révisa à l’instant où ses raisons lui revinrent en mémoire. Il voulait une raison, mais si elle lui en donnait une, il envisagerait le pire. Et ça, ça serait aussi terrible que la vérité. Elle tint donc sa langue et lâcha à la place :

- Il faut que j’essaie un truc.

Sans autre forme de procès, elle glissa le parchemin avec les étranges informations d’Al dans une de ses poches et en ressortit un autre, beaucoup plus épais et qu’elle rangeait là chaque jour, automatiquement. À voix basse, elle formula la phrase d’ouverture et un pincement serra son cœur en lisant le mot d’accueil. Icyeyes. Cruelfangs. Bloodyclaws. Darkhaze.

Allison, Albus, elle et Scorpius.

Les fondateurs d’une nouvelle carte du château. Les larmes emplirent à nouveau ses yeux, mais rapidement elle ouvrit la carte pour libérer l’accès à la zone de discussion. Des caractères décousus semblaient y être inscrits. Des traits noirs qui ne formaient aucun mot… Qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier?

Une idée s’inséra en elle, mais elle la repoussa.

Si tel était le cas, ça ne ferait qu’exacerber leur culpabilité à tous les quatre. Elle ne pouvait rien y faire, d’ailleurs. Elle inspira et soupira doucement avant de poser sa baguette à l’endroit désiré. Rapidement des mots s’y inscrire :

Bloodyclaws : Icyeyes? Alli, est-ce que tu es là? Réponds… s’il te plaît.


Elle attendit une seconde.

Puis une autre.

Une minute entière s’écoula, sans réponse.

Une dernière larme s’écoula sur sa joue en même temps que le désespoir l’envahissait.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

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James s’approcha en même temps que tous les autres lorsque Rose affirma vouloir essayer quelque chose et que la première chose qu’elle fit fut de sortir un parchemin épais. Il fronça les sourcils en la voyant murmurer des mots de manière inintelligible. Il n’était pas certain de comprendre sa cousine en ce moment. Que voulait-elle dire en parlant de Bloodyclaws? Et pourquoi son frère avait aussi prononcé ce nom? Et puis, qu’étaient ces marcheurs d’ombre exactement? Il était seulement sûr d’une chose en ce moment.

Sa cousine se souvenait d’Allison.

Et ça, c’était un pas en avant. Il se sentait à la fois soulagé et encore plus déboussolé. Une personne de plus se souvenait… mais lui ne se souvenait toujours pas. Il comprenait le désarroi de son frère. Il désirerait plus que tout pouvoir l’aider, mais en voyant les rouages des pensées de Rose dans ses yeux et la lenteur de son changement de sujet… il savait. Il savait que quelque chose dans leur passé, concernant Albus et cette Allison n’était pas tout rose. Était-ce pire ou moins pire que ce que laissaient insinuer tous les autres en parlant de la conduite d’Al? Il aimerait pouvoir le savoir. Mais si Rose préférait se taire et attendre qu’Albus se souvienne de lui-même… ça ne pouvait pas être bon. Et encore plus si elle préférait ne rien répondre à son pourquoi.

Il revint dans le présent en percevant le mouvement de sa cousine lorsqu’elle déplia l’épais parchemin. Des inscriptions y étaient inscrites. Il reconnut rapidement ce que c’était. Le château! C’était tout Poudlard! Et… et ils pouvaient voir où se trouvait tout le monde! Comment sa cousine pouvait-elle se trouver en la possession d’une carte qui ressemblait presque en tout point à la Carte du Maraudeur?

Son ahurissement fut interrompu, ainsi que les questions qui montaient, par l’une des singularités de la carte qui la différenciait de la sienne.

Des mots venaient de s’inscrire dans un petit carré autrefois de la couleur du parchemin. Et ces mots… Son cœur s’alourdit en comprenant ce que ça voulait dire. D’une manière ou d’une autre, cette carte existait en plus d’une copie et l’une d’elles devait appartenir à Allison. Sinon Rose ne s’adresserait pas à elle présentement. Pas de manière à ce que l’on puisse attendre une réponse.

Et ils attendirent pour une réponse.

Mais aucune ne vint et la larme qui s’étala sur le visage de sa cousine lui confirma que ça ne pouvait pas être un bon signe. Tout en passant une main dans sa tignasse, il lâcha :

- Peut-être… Peut-être qu’elle dort?

- Je ne crois pas, souffla Rose. On… On a instauré un système de vibration dans la carte pour… pour toujours rester connecté.

- On? s’étonna Louis. Et on peut savoir pourquoi cette carte ressemble en tout point à celle du Maraudeur? Avec certains ajouts, évidemment.

Son cousin venait de lui retirer les mots de la bouche!

- Alli, Scorp, Al et moi, on a travaillé sur ces cartes.

- Ces? répéta Lily, interloquée.

Merci, petite sœur.

- On en possède chacun une, répondit Rose. On a choisi le nom de la Carte, nos pseudos et… et on les a relié pour qu’on soit toujours fidèle les uns aux autres, car sinon notre carte se détruirait. Alli avait emprunté la Carte du Maraudeur pour pouvoir avoir le plan de l’école. Elle a fait quelques ajouts… Puis on a dupliqué les dessins.

- Et vous nous en avez jamais parlé? s’indigna-t-il immédiatement.

- C’était notre secret…

Il s’en voulut immédiatement de s’être emporté en voyant le regard sombre de sa cousine. Mais c’était sorti tout seul. C’était le genre de chose qu’il aurait pensé que son frère lui aurait ramené sous le nez. Mais apparemment, leur petit secret était plus important que de le partager pour se moquer de James. Pas qu’il s’en plaindrait.

Comme l’affaissement de Rose semblait se répandre à tous, y compris à Al, il frappa dans ses mains. C’était l’heure de ramener tout le monde à l’ordre, qu’il le déteste pour ça, il en avait cure. Tout ce qui importait c’était qu’aucun d’entre eux patauge dans le négatif et tant pis si lui-même s’y noyait. Ou s’y perdait.

Va falloir dormir ce soir, se dit-il.

- Bon! lança-t-il. Ça n’a peut-être pas fonctionné tout de suite, mais ça le fera peut-être plus tard. On sait jamais! Et puis, il y a forcément d’autres moyens pour communiquer, mais! Mais en attendant, autant profiter du temps qu’il nous reste avant d’aller dormir pour régler la question qu’Al a mise sur le tapis il y a quelques minutes!

- Laquelle? L’interrogea Louis en haussant un sourcil perplexe.

- Les phrases, les phrases que lui a lancées une femme dans un miroir, affirma-t-il, un léger sourire moqueur aux lèvres.

Il savait bien que c’était quelque chose de sérieux, mais la simple idée que son frère avait eu un contact mental, ou quel qu’il soit, avec une femme prisonnière d’un miroir l’amusait énormément. Et il ne saurait dire pourquoi.

- Moque-toi autant que tu veux, grommela Al sans sa hargne habituelle.

Il n’aimait pas ça. James détestait lorsque son frère se trouvait dans un état de ce genre. Il ne se souvenait pas de l’avoir déjà vu dans un état aussi… déchu. Abattu. Détruit. Il inspira brusquement pour se changer les idées et se tourna vers sa cousine :

- Rose, tu crois toujours que tu peux t’en charger?

- Sans problème, affirma-t-elle. Si Al peut ne pas m’interrompre cette fois, ajouta-t-elle avec l’ombre d’un sourire aux coins des lèvres.

Ce qui tira l’un des très peu rarissimes roulements d’yeux d’Albus. Mais cette attitude était familière et habituelle. Quelque chose que son frère faisait quand il était de bonne humeur. Ou… d’une humeur moins sombre. Ces derniers temps, il n’avait pas vu son frère lever les yeux au ciel très souvent. À dire vrai, il n’avait pas vu son frère point, ces derniers temps… Sauf lors de leur réunion en groupe.

Le mouvement de Rose le tira à nouveau de ses pensées. Elle venait de ranger sa Carte et ressortit le parchemin de plus tôt où elle avait noté ce qu’avait narré Al. Elle s’installa à nouveau sur le lit de Dylan et cette fois ce fut lui, et non Louis, qui lui donna un coup de coude pour l’empêcher de se plaindre. Pour une raison particulière qu’il ne comprenait pas de la part de son meilleur ami, Dylan semblait avoir un besoin irrépressible que son lit soit fait sans qu’un seul pli ne soit visible.

Ils avaient tous leurs habitudes bizarres, sans doute.

Lui-même compris, évidemment.

Sauf que ce n’était pas le moment d’y penser.

Il était quand même prêt à parier que Dylan allait replacer son couvre-lit jusqu’au moment où il n’y aurait plus un pli, puis ensuite seulement il le déferait pour entrer dedans et dormir. La logique? James ne la voyait pas. Cela expliquait sans doute que son lit était toujours seulement à moitié fait. Enfin, à Poudlard. À la maison, sa mère le ramènerait jusqu’à sa chambre par les cheveux s’il le faisait.

Toujours dans l’optique du « si quelqu’un vient à la maison ».

Mais qu’est-ce qu’un invité viendrait faire au deuxième étage et plus particulièrement dans sa chambre à lui? Ce n’est toujours pas le temps d’y penser, se morigéna-t-il. À l’instar des autres, il s’éloigna de Rose pour aller s’asseoir. Il s’écrasa sur son lit et échappa un bâillement.

- Tu crois que tu vas réussir à dormir, ce soir? s’enquit Louis à voix basse.

Il jeta un coup d’œil à ses côtés pour mieux constater que son cousin s’était écrasé juste à côté de lui. Il soupira avant de répondre :

- Peut-être. Je vais essayer. Toi?

- Je ne sais pas.

Le ton de son cousin le surprit et il le dévisagea en fronçant les sourcils :

- Il y a quelque chose que tu ne me dis pas… Est-ce que ça possède un lien avec ta discussion avec Eleanor? Parce qu’on en a toujours pas parlé.

- On le fera plus tard.

Quand tous les autres seront partis, comprit-il. Pourquoi Louis désirait-il tellement que les autres ne soient pas là? Qu’avait-il appris qui pouvait le chambouler à ce point? À cette seule idée, il sentit une boule se former dans sa gorge. Encore une catastrophe! Assurément. Et lui qui venait juste de se dire qu’ils avaient enfin une bonne nouvelle à laquelle se raccrocher puisque Rose venait de se souvenir…

Mais il y avait les phrases d’Al qui ramenait du négatif.

Puis maintenant l’histoire avec Louis et Eleanor.

D’ailleurs, les concernant, James ne comprenait toujours pas comment ça avait pu se finir du jour au lendemain. Il n’avait jamais vu Louis aussi heureux que l’année où il sortait avec la Serdaigle de leur âge. Ni elle, d’ailleurs. Tous deux semblaient y avoir trouvé plus que leur compte. Et personne ne s’en était vraiment… plaint, ou s’être enragé à ce sujet. Pas même les groupies de Louis. Parce qu’il semblait y avoir une aura entourant Louis et Eleanor qui disait que les choses devaient être comme ça et pas autrement. Qu’il était, et elle aussi, avec la bonne personne. Le seul qui ne semblait pas l’accepter, c’était… c’était Kieran.
Penser au frère d’Eleanor qui avait partagé le dortoir d’Albus lui noua la gorge. Il pensait le recruter pour le Quidditch cette année, pour pourvoir le poste de Batteur libéré. Sauf qu’il n’était pas là. Et maintenant il savait pourquoi.

Il s’en voulait de ne pas avoir cherché à savoir pourquoi il ne se trouvait pas à l’école.

Lorsqu’il l’avait appris, en tombant face à face avec son fantôme, ça avait été comme si on lui remuait une épée chauffée à blanc dans l’estomac, puis qu’on la faisait remonter par son œsophage. La gorge en feu, il n’avait pas cru pouvoir parler. Mais il l’avait fait. Surement la force du choc, du déni. L’impression que tout ça n’était qu’un rêve, qu’un cauchemar. Qu’il se réveillerait, descendrait les marches et tomberait sur Kieran en train de rigoler avec ses amis.

Mais ça n’avait pas été le cas.

En se réveillant, toute l’école était en deuil. Le cauchemar n’avait fait que continuer, empirer et s’agglutiner dans une source de ténèbres de plus en plus épaisse. Et son petit frère qui semblait vouloir s’y noyer de toutes ses forces… Il se secoua la tête intérieurement pour retirer toutes ces pensées de son esprit. Sauf que ça ne servait à rien, il n’avait pas réussi dans les derniers jours, nuits… alors pourquoi maintenant les choses seraient-elles différentes?

- Je crois que j’ai réussi, lâcha soudainement Rose, le tirant efficacement de ses pensées désastreuses.

- Alors ça donne quoi? la pressa Al.

- La première section ressemblerait à ça : Là où toutes choses se trouvent, tu devras chercher. Dans les méandres de l’instrument trompeur, tu me trouveras. Dis mon nom et je viendrai à toi. Ignore mon appel et jamais les tiens tu ne rejoindras. Ils sont si près… et si loin. Leur parler tu as besoin. Si tu échoues, la mort t’attendra. Bon, là, je crois que c’est quelqu’un d’autre qui parle. Qui êtes-vous? Ici, on revient à l’intervenant précédent. Tu me connais. Je suis toi. Tu es moi. Réponds à mon appel, Allison Lévesque. Réponds-y, ou échoue et sois vouée à disparaître parmi les ombres.

- Qui serait l’autre personne? s’étonna Hugo.

- C’est évident que c’est Alli, car on s’adresse à elle, souffla doucement Rose. Bon, l’autre section serait celle-ci : Tu dois y aller. Elle t’attend. Ne reste pas ici, ou tu mourras. Ton obstination sera ton tombeau. Ne tarde pas à partir. Les ombres s’étendent…

- Tu crois que c’est le même intervenant qu’avant? s’enquit Lily.

- Non, trancha-t-il avant que sa cousine ne puisse parler. Si c’était le cas, elle ne dirait pas « d’aller la rejoindre ». C’est quelqu’un d’autre…

- J’ai eu la même déduction, affirma l’investigatrice de l’affaire. Ceci dit, je suis certaine qu’on s’adresse toujours à Alli.

- Mais alors c’est qui qui parle? l’interrogea Malia.

- Je ne sais pas. Mais voici l’avant-dernière partie : Un jour viendra où tous douteront. Mais de la parole de la Passagère, ils se réfractèrent. À son arrivée, le retour des maux oubliés. À son départ, la mort sera à Poudlard.

- D’accord… Ça, c’est quoi? marmonna Liam en se redressant de son lit.

- Rien de rassurant, grommela Dylan.

- Je ne sais pas, admit Rose. Mais ça ressemble à une prophétie. Je trouve. Mais voilà pour la dernière partie : Elle viendra à toi. Elle a besoin de toi. Ensemble vous formez un tout, seuls vous êtes des morceaux brisés d’un autre temps. Prends garde à ne pas te perdre ou elle mourra. Seule.

- Ce n’est toujours pas rassurant, avança Dylan.

- Ces mots s’adressent à quelqu’un, à qui? demanda Louis.

- À moi, soupira Al. Ça, j’en étais certain dès le départ.

- C’est ce que je pensais aussi, acquiesça Rose.

- En gros, on annonce beaucoup de morts, grinça-t-il.

- Je crois que c’est des avertissements. Avec des indices. Il suffit de trouver, rétorqua sa cousine. Déjà, elle a dit à Al qu’Alli viendrait. Qu’elle a besoin de lui. Je suis presque certaine que ça veut dire qu’il devra être prêt lorsqu’elle viendra.

- Mais venir comment? Et je suis censé faire comment pour être prêt si je ne me souviens de rien, elle compris? s’indigna Albus en bondissant sur ses pieds.

Et sans ajouter quoi que ce soit, il sortit en trombe de la chambre. Le silence emplit rapidement la pièce alors que tous dévisageaient la porte, comme si Al allait revenir sur ses pas et reprendre son calme. Sauf qu’il s’agissait de son frère. Et dans l’état où il se trouvait, il était trop à cran pour pouvoir supporter la présence de qui que ce soit dont il était proche. James le savait, c’était son petit frère, après tout. Et il n’avait aucun doute que Rose, Lily, Hugo et Louis le savaient, eux aussi. Ils se connaissaient tous très bien dans la famille, même si souvent ils agissaient ou réfléchissaient comme si ce n’était pas le cas.

- On fait quoi, maintenant? marmonna Teena.

- On continue d’y réfléchir dans notre coin, affirma-t-il. On en parle aux autres demain. Et si on trouve des réponses, on s’en parlera demain soir. D’une manière ou d’une autre. Pendant notre retenue, peut-être? Mais pour ce soir… autant aller dormir ou faire des devoirs. Je ne crois pas que se creuser la cervelle maintenant, tous ensemble, nous réussira très bien.

- Est-ce qu’on va vraiment tenir nos réunions pendant les retenues? s’étonna Malia.

- Jusqu’à ce qu’on trouve mieux, oui, grommela-t-il.

- Mais si on est jamais ensemble? argua sa petite sœur.

- On avisera.

- Bon, allons-y, clama Rose en entraînant ses deux amies par les bras.

Un seul regard suffit à sa cousine à entraîner tous les autres qui n’avaient rien à faire dans le dortoir. Dès qu’ils furent tous dehors, il se laissa retomber sur son lit avec un soupir. Il savait qu’une pile de devoirs l’attendait, mais en ce moment il n’aspirait qu’à une chose : dormir et oublier cette soirée. Sauf qu’il avait des choses à faire avant de dormir. Et l’une d’elles s’appelait « avoir une petite discussion avec cousin Louis Lulu Weasley ».

- Il faut parler, maintenant, lâcha-t-il de but en blanc.

- Je sais que tu veux, répondit l’intéressé.

- Et nous aussi! lança Dylan.

D’où il était, James pouvait parfaitement entendre que ce dernier était en train de replacer son couvre-lit. Les manies de Dylan étaient vraiment… contradictoires. Car la seule chose d’organisée chez son ami devait bien être son lit. Pour le reste? Il était un chaos sur pattes. Enfin, peut-être pas autant que lui-même. Pas quand sa seule chevelure le rendait désordonné, alors même que ce n’était pas sa faute! Ses gènes de cheveux désordonnés remontaient à plus d’une génération de Potter!

- Vous êtes vraiment des plaies, grommela Louis. Mais très bien. J’ai appris que la famille d’Eleanor, et celle de Joshua aussi selon ses sous-entendus, n’est pas du tout recommandable.

Il entendit son cousin inspirer avant qu’il ne lâche un simple mot :

- Maltraitance.

Son sang se mit à bouillir presque aussi intensément qu’il pouvait deviner celui de Louis bouillir dans le ton de sa voix. Ils avaient toujours eu une conscience aiguë de tout ce qui était de la maltraitance. Que ce soit par le vécu du père de Teddy et des préjugés en découlant. De l’enfance de son propre père. La maltraitance avait plus d’un visage.

Tous les membres de la famille le savaient.

Sauf que savoir que quelqu’un en était victime, c’était une autre histoire que juste se dire qu’on ferait tout pour l’en empêcher si on la voyait. Ils n’avaient rien vu, rien soupçonné. Et quelque chose dans la voix de son cousin lui disait que ce n’était pas de la maltraitance légère, mais plus importante que ça. Beaucoup plus.

- À quel point, gronda Liam.

- Au point où… Au point où ils ont voulu fuir de chez eux. Au point où on les enchaînait dans le sous-sol pour leur faire subir des tortures jusqu’à ce qu’il se soumette ou perde connaissance. Ils ont toujours perdu connaissance.

James ferma les yeux de rage. Il avait envie de hurler sa colère. Il avait envie de se rendre chez les Aylin et de leur montrer sa façon de penser. Ou du moins au patriarche de la famille, puisqu’il se rappelait maintenant que la matriarche était morte. Et lui qui avait souhaité ses condoléances à Ethan, Kieran et Eleanor pour leur perte! Il grinça des dents à cette idée, sauf qu’il revint aux propos de son cousin et… ça lui sauta aux yeux. Il était venu pour dire autre chose. Quelque chose d’encore plus terrible, peut-être, avant l’annonce suivante. Il s’était repris. Pourquoi?

- Tu nous caches quelque chose! cracha-t-il.

- J’ai promis de ne rien dire. Et je vais tenir parole. Pour le moment.

Il sut ce qu’insinuait Louis. Dès que le poids de la vérité serait trop dur à supporter, ou qu’il aurait trouvé une solution qui contournerait le problème qu’imposait cette promesse, il révélerait tout. Il avait peur de savoir ce que c’était. Après tout… n’avait-il pas dit qu’ils avaient essayé de fuir? Ethan et Eleanor étaient revenus. Mais pas Kieran… Était-ce lié, ou est-ce que l’incident remontait à beaucoup plus loin, trop loin pour les connecter entre eux?

- Tu as parlé de Joshua, fit soudainement remarquer Dylan alors que le silence s’éternisait.

- Oui. Eleanor a dit que ce n’était pas tout rose chez lui non plus, mais que c’était moins pire. Elle n’a pas donné plus de détails.

- Et ça t’agace, comprit-il. C’est ça qui te tracasse depuis ce midi! Tu te poses des questions à propos de Joshua!

- Encore une fois, ajouta Dylan en rigolant.

Suivi assez rapidement par Liam. Mais ils redevinrent rapidement sérieux en se rappelant de la raison pour laquelle Joshua avait été mis sur le tapis. Maltraitance. Et l’air que Louis affichait présentement prouvait parfaitement que lui ne l’avait pas oublié une seule seconde.

- L’un de nos amis, ou proches connaissances, vivait des trucs pas nets chez lui. Et ça implique surement ses jeunes cousines, Amy et Mae.

- Celle qui t’appelle toujours Weazy, précisa Dylan avec un sourire à la frontière entre l’amusement et l’horreur.

- C’est ça, oui. Et je ne peux pas ne rien faire! Pas avec notre famille, James! Notre… notre éducation. Sauf que je comprends le point de vue d’Eleanor. Je le comprends trop bien. Mais je n’y connais rien à ce genre de choses là… Et je ne peux pas demander à notre famille sans…

- Sans dire que tu connais des personnes dans une situation de ce genre-là, poursuivit-il à la place de son cousin.

- Et si je leur dis, ils feront quelque chose.

- Et ce quelque chose serait mal, parce que… s’enquit Liam.

- Parce que dans le cas d’Eleanor ou dans celui de Josh… ils seront retirés de leur famille pour aller dans celle de l’autre.

- Et le problème ne sera pas réglé. Surtout que… continua-t-il avant que Louis ne reprenne le flambeau.

- Surtout que dans le cas d’Eleanor, ce ne serait qu’Ethan qui bougerait.

- Oh, Merlin, lâchèrent Dylan et Liam en même temps.

Le silence se réinstalla à nouveau, lourd et insidieux. Les retranchant tous dans leurs pensées les plus sombres et les plus sinistres. James n’arrivait pas à savoir comment aider son cousin à sortir de l’impasse dans laquelle il se trouvait. Ni comment aider les Aylin et Joshua à sortir de leurs problèmes sans les empirer. Mais ils devaient faire quelque chose. Il y avait forcément une solution… Mais comment la trouver?

- Il faut que tu parles à Joshua, lâcha-t-il brusquement.

- Hein? s’étonna Louis.

- Il faut que tu parles à Joshua et que tu essaies de déterminer ce qui se passe chez lui exactement.

- Mais pourquoi?

- On ne peut pas s’adresser à notre famille. Mais on peut chercher à savoir ce qui se passe du côté des Moldus. On envoie une lettre, quelque part, à un ministre moldu ou je ne sais trop. Et! Une fois qu’on a obtenu nos réponses, on cherche à déterminer comment ça se passe chez les sorciers. Pendant nos sorties à Pré-au-Lard, par exemple. Quelqu’un, ici, à un intérêt suffisamment visible pour la Justice magique pour ne pas attirer l’attention?

- Allison aurait sans doute pu, marmonna son cousin d’un ton lugubre. Si ce n’était pas d’impliquer Rose dans l’histoire…

- Et pourquoi pas? rétorqua-t-il. Les adultes poseront des problèmes. Mais notre famille ici? Ils comprendront les raisons. Rose en particulier.

- Mais pour les Moldus? Les interrogea Dylan.

- Malia, peut-être? proposa Liam.

- Je ne crois pas… grommela Louis.

James réfléchit quelques instants, profondément. Toutes les personnes qui lui venaient spontanément à l’esprit pour tout ce qui concernait les Moldus possédaient des inconvénients. Et souvent c’était celui du « je ne les connais pas suffisamment bien ». Pas assez pour mentionner le problème de Joshua et ses jeunes cousines ni d’Eleanor et Ethan. La seule personne qui correspondait aux critères de base, et absolument nécessaires, c’était une personne qui n’accepterait jamais de lui parler.

- Et Ruby? proposa-t-il tout de même. Je peux essayer de lui demander, mais je ne crois pas que…

- Je vais le faire, ne t’inquiète pas. De toute manière, j’ai autre chose à parler avec elle.

Il tourna la tête vers son cousin en plissant des yeux. De quoi est-ce qu’il pouvait bien parler, au juste? Évidemment, ce n’était pas la première fois qu’il insinuait qu’il devait parler avec elle, mais pourquoi?

- C’est une excellente idée, ajouta l’intéressé après quelques secondes. Merci. Mais là, je crois qu’on ferait bien de dormir.

Sur ces mots, et avec l’assentiment de tous les autres, il se releva pour aller s’écrouler sur son lit. Au même moment, il put entendre le bruit du côté de Dylan. Il venait de défaire entièrement son lit pour s’effondrer à l’intérieur. Il secoua la tête avec un léger sourire teinté d’amertume. Beaucoup de secrets… et une occasion perdue. Il aurait bien apprécié pouvoir discuter avec Ruby. Encore une fois. Leur dernière conversation en tête à tête avait mal commencé, mais la fin s’était avérée… plus calme.

Il aurait peut-être dû insister auprès de Louis?

Non, non… ça aurait été une mauvaise idée. Ils auraient encore insisté sur le fait que James avait un intérêt non assumé pour la Serpentard. Ce qui était faux. Si ça avait été le cas, il avait tué la chose dans l’œuf au moment où il l’avait poussé à le détester. Chose qu’il ne se pardonnerait jamais.

Avec un soupir il se redressa et jeta un coup d’œil vers sa table de chevet. Il soupira encore une fois en succombant à la tentation d’ouvrir le tiroir et d’en retirer la lettre qu’il regarda de longues secondes, rejouant tous ses souvenirs de cette nuit-là en boucle. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Chaque soir, il devait le faire. Et ce, depuis qu’il possédait cette lettre. Il la rangea rapidement et résista à l’envie d’ouvrir sa Carte pour essayer de repérer une certaine Serpentard.

Avant de rejoindre à nouveau son lit, il se changea rapidement. S’il pouvait l’éviter, il préférait dormir avec son pyjama que dans ses vêtements de la journée. Sinon, il se réveillait le lendemain complètement désorienté et oubliait fréquemment de se changer. Contrairement à lorsqu’il portait son pyjama. Ce n’était arrivé qu’une fois qu’il avait oublié de porter son uniforme. Et il n’était même plus certain que ce fut vraiment un oubli. Peut-être plus un pari. Ça ressemblait à un pari que lui donnerait sa sœur…

En éloignant cette pensée il se glissa dans son lit, se cacha complètement sous les couvertures la tête bien enfoncée dans son oreiller et presque à son propre étonnement inconscient, il s’endormit dans les secondes suivantes.

Il papillonna des paupières, endormi, alors que les ténèbres l’entouraient. Seulement interrompu par le faible flamboiement d’une bougie qui se reflétait dans les abysses sans fond d’un miroir. James ne voyait pas son reflet et ce simple fait le perturba. Jusqu’à ce que le silence qui l’entourait disparaisse.

- Certains la connaisse sous le nom de Bloody Mary, d’autres sous celui de Marie la Sanglante, commença une voix d’un ton étrangement lugubre. Personnellement, j’ai toujours entendu Bloody Mary. Plusieurs histoires l’entourent et toutes sont plus angoissantes les unes que les autres. Mais je ne m’intéresserai pas à la Reine de ce nom, ce n’est pas mon truc… continua-t-elle.

Alors que les mots se mettaient à se chevaucher perdant peu à peu une logique et un sens, que la voix devînt plus aigüe ou plus grave, plus basse ou plus forte, le miroir devant lui se mit à tournoyer, tournoyer jusqu’à ce qu’il perde complètement le sens du haut et du bas, de la gauche et de la droite. Au moment où il se sentait tomber dans le vide devant un miroir sans fin, un visage commença à apparaître.

Mais ce n’était pas le sien, ça, il en était certain.

Un visage de femme, tuméfié au point de n’en rien reconnaître. Était-ce l’arcade du sourcil ou le nez? Un œil ou la bouche? Du sang, il y en avait partout. Dans des marques profondes ou des empreintes de doigts. À certains endroits, on pouvait voir le muscle au lieu du sang et de la peau.

Défiguré.

C’était le mot qui représentait le mieux le visage qui se trouvait devant lui. Et ce visage commença à bouger, de haut en bas, de gauche à droite, même s’il ne savait plus ce qui était quoi. Les mouvements s’accélèrent jusqu’à ce qu’il ne puisse plus les distinguer. Jusqu’au moment où la femme se rua hors du miroir vers lui. Il distingua ses traits alors. La bouche grande ouverte, des yeux blancs vitreux qui s’ouvraient sur du vide…


Il se redressa brusquement dans son lit. Son lit! Venait-il seulement de rêver? Et qu’était ce rêve exactement? Ou plutôt ce cauchemar? Bloody Mary… Avait-il inventé cette histoire de toute pièce? Mais la voix… La voix lui disait quelque chose. Le nom aussi. Mais qu’était-ce exactement? Son instinct lui soufflait avec force que ça n’avait rien avoir avec le monde des sorciers. Alors celui des Moldus? Peut-être aurait-il l’occasion de questionner Ruby, alors…

Un léger sourire lui étira les lèvres et il se rendormit.

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Alors qu'est-ce que vous en pensez? Rosie se souvient! :mrgreen: Et que dire du comportement d'Al? :? En tout cas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ou vos prédictions! Sur ce, on se reverra (bientôt, j'espère) pour le bonus de Joshua et Louis!

Ici, je m'adresse surtout à Charmimnachirachiva et à son spoiler
Spoiler
Je crois qu'avec ce chapitre tu dois être particulièrement confortée dans ton idée ;) Et je ne te démentirai pas :twisted:
Après comment est-ce que cet élément va être utilisé, telle est la question :twisted:


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Une nouvelle menace
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Hellooooooo !!!
hum, hum, non ça ne fait pas trois semaines que la chapitre a été posté et trois semaines que que je me dis qu'il faut que je commente... :roll: :roll: :roll: bon du coup désolée...
Alors déjà, premièrement : JE SUIS TROP CONTENTE QUE ROSIE SE SOUVIENNE !!!!!
et le souvenir qui remonte comme ça et tout et tout, c'était super émouvant, bravo (déjà pour rose s'était trop bien alors qu'est-ce que ce sera quand se sera à Al de s'en souvenir :lol: )
et deuxième chose : J'AI DES TALENTS DE DEVIN ET JE SUIS OMNISCIENTE MOUAHAHAHA !!!!! (je m'appelle Ali quoi :lol: )
Bon alors en vrai c'est juste que ma théorie s'étaye et que c'était vraiment la meilleur idée du monde d'essayer d'invoquer Bloody Mary N'EST-CE PAS JAMES ????
Et la scène de la carte, vraiment un pépite, ça fait le parallèle avec Ali ... 8-)
Et t'inquiète, ça ne me dérange pas d'avoir un chapitre au lieu d'un bonus hein 8-) :D (même si j'attends ladit bonus avec impatience :lol: )
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit : dim. 20 déc., 2020 2:47 pm Hellooooooo !!!
hum, hum, non ça ne fait pas trois semaines que la chapitre a été posté et trois semaines que que je me dis qu'il faut que je commente... :roll: :roll: :roll: bon du coup désolée... Sincèrement aucun mal ;) Pour le nombre de fois où je publie mes chapitres en retard... :roll:
Alors déjà, premièrement : JE SUIS TROP CONTENTE QUE ROSIE SE SOUVIENNE !!!!!
et le souvenir qui remonte comme ça et tout et tout, c'était super émouvant, bravo (déjà pour rose s'était trop bien alors qu'est-ce que ce sera quand se sera à Al de s'en souvenir :lol: ) Il reste aussi Scorpynouchet :lol:
et deuxième chose : J'AI DES TALENTS DE DEVIN ET JE SUIS OMNISCIENTE MOUAHAHAHA !!!!! (je m'appelle Ali quoi :lol: )
Bon alors en vrai c'est juste que ma théorie s'étaye et que c'était vraiment la meilleur idée du monde d'essayer d'invoquer Bloody Mary N'EST-CE PAS JAMES ???? Toutes les idées débiles trouvent de la valeur aux yeux de James xD
Et la scène de la carte, vraiment un pépite, ça fait le parallèle avec Ali ... 8-) Tant mieux :mrgreen:
Et t'inquiète, ça ne me dérange pas d'avoir un chapitre au lieu d'un bonus hein 8-) :D (même si j'attends ladit bonus avec impatience :lol: ) Tu vas être contente alors! Parce que je publie ledit bonus dès aujourd'hui :lol: Et normalement, on se croise les doigts, je devrais publier le prochain chapitre autour du 28 décembre. Pile poil entre Noël et le Jour de l'An! :mrgreen: Au début je voulais le publier pour Noël, mais je ne crois pas que ce sera possible >_< :cry: Merci encore pour tes commentaires réguliers :mrgreen:
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Hello, hello! J'avais prévu publier ce bonus beaucoup plus tôt, mais j'ai été enterré sous un tas de trucs à faire :oops: M'enfin, maintenant il est là. Je ne sais pas s'il répondra aux attentes, mais dans tous les cas, il ouvre le pas à plusieurs choses à venir, mais vous le découvrirez bien vous-mêmes, pas vrai? :twisted: :mrgreen: Au fait, j'ai eu quelques ennuis pour l'image de Louis... Je n'arrive plus à me glisser des images dans mes photos BN, alors pour cette fois ça sera une pièce jointe :( Sur ce, je vous souhaite une agréable lecture! :D


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Bonus

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# 4
Louis & Joshua – Salle de cours désaffectée – Mercredi matin (Heure du petit-déjeuner)


Le sommeil de Louis ne fut en aucun cas de tout repos. Il aurait adoré, pourtant. Déjà parce que la journée s’annonçait harassante avec deux doubles cours dans la même journée… et nul autre que Potion et Métamorphose! Le dernier en matinée et le premier en après-midi. Mais ce n’était pas les cours qui l’avaient tenu dans un sommeil aussi agité. Non, c’était l’idée de la conversation qu’il allait avoir. Elle ne serait pas simple ni agréable, il le savait.

Sauf qu’il avait besoin de savoir.

Sans les connaissances nécessaires, il ne pourrait pas aider ni Eleanor ni Joshua. Ni les plus jeunes de la famille Aylin. Rien que savoir ce qu’avait dû endurer Ethan et il avait envie de vomir. Quant aux jumelles… il ne connaissait peut-être pas très bien la jeune Amy, mais il apprenait à connaître Mae de plus en plus chaque jour. Il poussa un soupir et malgré qu’il se révoltait de simplement songer à utiliser cette méthode, il savait que ce serait la méthode la plus efficace pour parler au Serpentard. Car il était prêt à se mettre la main au feu que l’intéressé tenterait de l’éviter.

Comme il le faisait dès qu’il en avait l’occasion.

Pas que Louis avait cherché à lui parler depuis la dernière fois. Il avait assez bien compris que Joshua n’avait pas envie de le voir. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’était pas important. Si le Serpentard cherchait encore à le fuir par la suite, alors soit, mais aujourd’hui il ne lui donnerait pas le choix. Il avait besoin de réponses pour pouvoir résoudre le problème. Et il aurait besoin d’utiliser l’arme ultime contre Joshua.

Ses cousines.

Il ne serait pas en mesure de demander l’aide d’Amy sans paraître suspect, mais celle de Mae? Il était presque certain que ce serait possible. Déjà, parce que la jeune Gryffondor semblait avoir un plaisir fou à le tenir informé des moindres faits et gestes de son cousin. Et comme elle semblait aussi malicieuse que James, l’idée de l’aider à tendre un piège à Joshua ne devrait pas trop lui déplaire. D’autant plus qu’il n’avait pas l’intention de faire du mal à ce dernier! Enfin… pas volontairement. Mais il savait bien que parler de certaines choses faisaient encore mal.

Comme lorsqu’il pensait à sa sœur…

Dominique s’était remise, finalement. Après une année complète de maladie, mais il n’était pas près d’oublier l’ambiance à la maison, malgré que sa sœur déclarait haut et fort qu’elle aurait très bien pu rester à son appartement de Londres, au lieu de la résidence familiale. Du moins, c’était ce qu’elle disait au tout début, puis les mois avaient avancé et tout s’était dégradé drastiquement… Pendant des semaines, il avait désiré pouvoir se boucher les oreilles pour éviter d’entendre tout ce qu’il y avait à entendre. Les déclarations des Médicomages, les colères de Dominique, les pleurs de sa mère… Sa sœur avait changé pendant sa maladie, changé au-delà de l’imaginable.

Ni les cousins et cousines ni les oncles et tantes, pas même Mamie et Papi Weasley avaient eu le droit de venir. Ce n’était qu’eux, son père, sa mère, Victoire et lui qui avaient eu le droit de venir. Pas même Teddy, alors qu’il était fiancé avec Vic depuis… combien d’années déjà? Deux ans? Trois peut-être? Non… Pas trois. Il n’était même pas certain que ça faisait complètement deux ans... Un an et demi? Oui, oui, ça avait du sens. Il se souvenait parfaitement de ce Noël particulier au Terrier. C’était à ce moment que Vic et Teddy avaient annoncé à la famille leurs fiançailles. Au Jour de l’An, plus particulièrement. Il s’en souvenait comme si c’était hier, car il se rappelait avoir rigolé avec James alors qu’ils avaient aperçu Liam s’éclipser dehors.

Endroit où Allison se trouvait aussi.

Ils n’avaient été de retour qu’après le décompte avant la nouvelle année. Et malgré que le froid aurait pu être en cause, Louis n’avait eu aucun doute de la raison pour laquelle ces deux-là avaient les joues rouges pivoines. Ils s’étaient montrés doués pour se mélanger à la troupe familiale sans se faire remarquer, sauf que lui… lui il avait toujours eu l’œil pour ce genre de chose. Il se souvenait aussi de la réaction d’Al. Il les avait vus, lui aussi. Il aurait bien voulu lui glisser quelques mots, mais il connaissait bien son cousin. Il aurait nié tout en bloc! Un peu comme James, à vrai dire.

À ces souvenirs il poussa un soupir.

Son passé était truffé de souvenirs aussi heureux que malheureux et si intrinsèquement liés les uns aux autres qu’il ne pouvait pas s’empêcher de repenser à plusieurs tout en même temps. Sauf que ce n’était ni le moment de repenser à la relation entre Al et Allison ni celle de repenser à sa sœur. Tout allait bien pour la seconde… quant au premier, il n’y pouvait pas grand-chose dans l’instant présent.

Mieux valait poursuivre avec son plan!

- Alors, c’est aujourd’hui le grand jour? s’exclama James, le faisant sursauter du même coup.

- Oui, grommela-t-il.

- N’oublie pas de respirer ou tu vas tomber dans les pommes! lâcha Dylan.

- Parce que tu es blanc comme un drap, précisa Liam.

- Très, très drôle.

Il entendit James s’approcher, alors cette fois il ne fut pas surpris lorsque la main de son cousin lui tomba sur l’épaule pour la serrer chaleureusement. Puis, il le força à se tourner face à lui pour lui dire :

- Écoute… Ça va bien aller. Et on a tous besoin de savoir, tu sais. Les amis, c’est la famille. Et la famille des amis aussi. Alors, redresse les épaules, accroche-toi un sourire au visage et vas-y. On ne s’en mêlera pas, parole de Cavalier!

D’un regard en biais en direction de leurs deux amis, James les invita à dire pareil.

- Parole de Cavalier! lâchèrent-ils en même temps avant de s’incliner avec tout le sérieux dont ils étaient capables.

Et c’était étonnamment beaucoup pour le coup. Louis les remercia d’un hochement de tête avant de s’éclipser rapidement. Juste avant de refermer la porte il put entendre :

- Pourquoi j’ai l’impression que ça va se terminer en catastrophe?

- Oh, ferme la Liam!

- Qui sait, ils vont peut-être s’embrasser à nouveau!

- Par Merlin, Dylan…!

Bon, apparemment, seulement son cousin semblait croire que tout allait bien se passer… Et rien qu’à l’idée d’embrasser à nouveau Joshua et il se sentait terriblement gêné. Déjà, parce qu’il savait de source sûre que ce dernier n’avait aucune envie de le voir et de deux… à cause du point un, si ça devait se produire, ce serait parce que Louis aurait perdu le contrôle sur ses dons et qu’à nouveau il aurait privé Joshua de son libre arbitre.

Il se dégoûtait déjà assez comme ça, pas besoin de rajouter une seconde fois à la liste!

Il inspira profondément avant de descendre les escaliers à toute vitesse, il arriva juste à temps dans la Salle Commune, car déjà Mae s’éloignait en direction de la porte pour rejoindre les couloirs du château, et vraisemblablement la Grande Salle. En la hélant, il accéléra la cadence pour la rejoindre :

- Hé, apprenti Lion!

Elle se retourna vers lui et presque immédiatement un sourire mutin étira ses lèvres, puis elle demanda :

- Qu’est-ce que tu veux, Weazy?

Il soupira en l’entendant encore le nommer ainsi, mais ne protesta pas. Il avait essayé une dizaine de fois et elle s’était révélée aussi butée que Lily et Hugo avec leur surnom. Et à choisir, il préférait encore Weazy que Lulu… Enfin, ça restait qu’il n’appréciait vraiment ni l’un ni l’autre, mais tant pis. On ne lui avait pas demandé la permission.

- J’ai une faveur à te demander et je crois que ça t’intéressera…

- Ah bon et c’est quoi?

Par quelques égards, elle lui rappelait Allison à son arrivée à Poudlard. Elle n’avait pas permis à James de lui marcher sur les pieds ni qui que ce soit d’ailleurs. Pas même Parkinson alors qu’il était le dernier des imbéciles pendant sa première année. Il se souvenait encore de ce que lui avait raconté James sur la première confrontation entre ces deux-là. Sauf que ce n’était pas le temps d’y penser, se rappela-t-il.

- Ça concerne ton cousin, avança-t-il et il aperçut immédiatement une lueur d’intérêt traverser le regard de la première année.

- C’est intéressant, continu.

- Tu as sans doute remarqué qu’il me fuit, pas vrai?

- Oui, Jo-Josh nous entraîne toujours ailleurs dès qu’il te voit. Mais tu peux en venir aux faits, s’il te plaît?

- J’ai besoin de lui parler. C’est important. Mais comme il ne me laisse pas l’approcher… Je me suis dit que tu pourrais m’aider à l’entraîner dans un traquenard.

Cette fois, les yeux de son interlocutrice brillaient de malice et son sourire devint beaucoup plus narquois lorsqu’elle lui dit :

- Je ne sais pas pourquoi Jo-Josh te fuit comme la peste, mais je peux très certainement t’aider à lui… parler.

Elle insistait beaucoup trop sur le mot « parler », pourquoi? Et est-ce qu’il pouvait savoir pourquoi elle semblait en savoir beaucoup plus long que ce qu’elle ne disait? Quelque chose dans son regard semblait dire qu’elle connaissait la raison pour laquelle son cousin fuyait Louis. Sauf qu’elle ne le dirait pas, ça il en était certain. Est-ce que Joshua en avait parlé à ses cousines? Rien que d’y penser et il sentit la brûlure de la honte sur ses joues.

- Alors… Comment tu veux qu’on fasse ça?

- Je vais te montrer une salle de cours inutilisée en se rendant à la Grande Salle et lorsque vous aurez pris votre petit-déjeuner, conduit ton cousin à cette Salle-là.

- Et je m’en vais après qu’il soit entré, c’est ça?

- Ta sœur et toi pourriez rester, sans doute, mais je ne crois pas que ton cousin voudra répondre à mes questions si vous êtes là…

- Sans doute pas, approuva-t-elle.

Pourquoi avait-il l’impression qu’ils n’avaient pas les mêmes « questions » en tête? Il se retint de justesse de secouer la tête et lâcha :

- Alors, partante?

- Je le suis. Montre-moi c’est où, Weazy! Que je puisse aller manger.

Il hocha de la tête sans pouvoir s’empêcher de sourire. Cette gamine avait tout d’une Gryffondor pure et dure. Il perdit toutefois son sourire lorsqu’elle ajouta :

- Toi aussi va falloir que tu manges, parce que tu as l’air sur le point de vouloir vomir.

- Je te remercie de ta considération, apprentie Lion. Je le ferai, promis.

- J’espère, ça serait quand même dommage que tu t’écroules avant d’avoir pu parler avec mon cousin.

- C’est sûr…

Il la regarda disparaître de l’autre côté de la porte et cette fois il ne put s’empêcher de secouer la tête. Entre elle, ses amis et James, il finirait bien par perdre la tête. Tous semblaient éprouver un malin plaisir à l’agacer! En prenant une nouvelle inspiration pour se donner courage, il emboita les pas de la première année avant de se mettre à son niveau et de la guider pendant une partie du trajet pour lui montrer l’endroit exact où elle devrait conduire Joshua.

Dès que ce fut fait, il l’abandonna quelques couloirs avant la Grande Salle pour éviter que le cousin de la jeune fille ne les remarque ensemble, car à coup sûr il soupçonnerait quelque chose si c’était le cas! Sachant qu’il n’arriverait pas à manger même s’il le voulait, il fit demi-tour et alla se réfugier directement dans la salle de cours. Une très vieille salle et qui ne semblait pas avoir été utilisé depuis… des années! Sans doute des décennies même! Peut-être datait-elle de l’époque de son père? Ou de la génération de ses oncles et tantes? Possible. Ce n’était pas comme s’il y avait la date d’écrit quelque part de toute façon…

Il s’installa dans un coin de la pièce où on ne l’apercevrait pas immédiatement lorsqu’on y entrait. Le plus tard Joshua remarquerait sa présence, le mieux ce serait. Car il aurait moins de temps pour faire demi-tour. Il appuya la tête sur le mur derrière lui et referma ses bras autour de ses genoux, puis les yeux fermés il se mit à répéter inlassablement la manière dont il amènerait les choses. Manière qu’il avait cherchée toute la nuit, avant finalement de la trouver lorsque l’aube se pointait. Il avait dormi seulement une heure et cette seule heure avait été peuplée de cauchemars. La joie.

Après un moment qui lui parut interminable, il entendit la porte ouvrir et Joshua pénétra dans la pièce en grommelant :

- Mae, est-ce que je peux savoir pourquoi tu m’amènes ici?

- Parce que je te l’ai dit, j’ai découvert cet endroit ce matin! Et il y a un truc qu’il faut absolument que je te montre.

Suite à ces mots, il put voir les deux mains de la première année repousser son cousin plus avant dans la pièce. À ce moment précis, Louis se redressa et lâcha simplement :

- Salut, Joshua.

L’intéressé se retourna d’un bond dans sa direction en écarquillant les yeux. La seconde suivante, il jeta un regard furibond à sa cousine, mais alors qu’il commençait à se diriger vers la sortie il se produisit deux choses. La première, Mae se planta dans le cadre de porte, bloquant ainsi la sortie. Quant à la deuxième, ce fut lui qui prit la parole :

- Écoute, Joshua. Je sais parfaitement que je suis la dernière personne que tu veux voir, je l’ai bien remarqué… ces derniers jours. Mais il faut qu’on parle. J’ai… des questions.

- Je n’ai plus envie d’en parler, soupira l’intéressé.

- Je sais. Et ce n’est pas de ça que je veux parler.

Il jeta un coup d’œil à Mae et d’un mouvement du menton lui fit signe de s’en aller.

- Mae a l’air de penser le contraire… se contenta d’affirmer Joshua en croisant les bras.

- Et pourtant, elle se trompe. Mais au moins elle a accepté de m’aider, alors je m’en fous.

- Pourquoi tu veux me parler, au juste?

- Tu veux que je te le dise directement ou que je prenne des pincettes?

L’air de Joshua devint immédiatement beaucoup plus soupçonneux et une tension qui n’était pas présente la seconde précédente s’installa dans ses épaules. D’accord, Louis, se dit-il intérieurement, c’est le moment où jamais…

- Je n’ai pas toute la journée, alors… direct, lâcha le Serpentard.

Il ne semblait pas certain d’en avoir envie, pourtant, songea-t-il.

- D’accord. Alors, voilà. J’ai parlé avec Eleanor. Je sais ce qui se passe chez elle. Je sais pour Kieran… et je sais que pour toi aussi ce n’est pas simple chez toi. Et que donc c’est le cas pour tes deux cousines plus jeune. J’ai compris ce à quoi faisait référence « votre vie compliquée ». Alors, maintenant, ce que je veux savoir, c’est : qu’est-ce qui se passe exactement par chez toi, Joshua? Que font ton oncle et ta tante?

Le visage du sixième année se décomposa immédiatement en prenant ensuite un air blafard. Louis se rapprocha en voyant qu’il semblait sur le point de s’effondrer, mais son interlocuteur se reprit et en profita pour reculer de quelques pas. Il mettait de la distance entre eux, comprit-il. Il ignora l’agacement que ce comportement lui provoquait, ainsi que le pincement. C’était la première fois qu’on l’ignorait autant. Sauf si on comptait Eleanor, mais elle… il comprenait. Il comprenait parfaitement pourquoi elle avait préféré l’éviter. Pour Joshua, c’était un peu plus compliqué.

Déjà, parce qu’il n’était pas certain de le comprendre.

- Je n’ai aucune envie d’en parler, trancha soudain l’intéressé.

- Est-ce que j’ai laissé sous-entendre que je te laissais le choix? Parce que peut-être qu’Eleanor ne te l’a pas dit, mais dès qu’on met les pieds de près ou de loin à la famille Weasley et Potter, on est coincé avec eux. Et ils ne laissent jamais tomber leurs amis ou la famille de leurs amis lorsque ceux-ci sont dans les ennuis jusqu’au cou. Mais Eleanor m’a aussi expliqué pourquoi elle n’avait pas voulu en parler et je comprends. Je t’assure que je comprends, mais je ne resterai pas là les bras ballants à ne rien faire et en sachant la vérité. Pas plus que James. Pas plus que Rose. Ni qui que ce soit d’autre dans ma famille. Et je suis sûr que Ruby, Scorpius et les autres seront d’accord avec moi.

- Ils ont déjà essayé de me convaincre, mais je leur ai dit que je pouvais m’arranger seul. Je veux obtenir la garde de mes cousines, dès que j’aurai atteint dix-sept ans.

Cette fois, ce fut à Louis d’ouvrir grands les yeux.

- Je sais que je suis la dernière personne à qui tu veux parler… mais je veux savoir. Je ne te lâcherai pas tant que je ne saurai pas. Et si je n’y parviens pas, c’est James qui devra s’y mettre. Et… j’ai l’intention d’aider Eleanor, quoiqu’il m’en coûte. Mais je ne peux pas avoir la conscience tranquille si on ne t’implique pas aussi. Et sans oublier tes cousines, même si l’une d’elles continue à m’appeler Weazy.

Il crut apercevoir l’ébauche d’un sourire sur les lèvres du Serpentard, mais il disparut aussitôt qu’il comprit l’ampleur des paroles qu’il venait d’émettre. Il devint rapidement beaucoup plus blême et la panique avait empli ses yeux lorsqu’il dit précipitamment :

- Je n’ai aucune envie d’avoir James sur le dos.

- Alors, réponds-moi.

Il dut faire un effort pour ne pas sourire. Il avait su dès le départ que l’arme la plus efficace serait de ramener James sur le tapis. Personne n’avait envie d’avoir James sur les bras lorsque ce dernier désirait une information de votre part. Il était prêt à presque tout pour obtenir ce qu’il voulait… C’était bien la raison pour laquelle il avait été obligé d’accepter de jouer pour l’équipe de Quidditch, d’ailleurs.

- Ce n’est rien d’aussi dramatique que pour Eleanor, Kieran et Ethan… finit par commencer Joshua. Mon oncle et ma tante me trouvent seulement trop… mou. Trop jovial. Pour être à Serpentard. Selon eux, mes parents auraient honte de moi. Pas que je puisse le nier ou abonder dans leur sens puisque je ne les ai pas vraiment connus… mais bref. Il y a beaucoup de châtiments physiques. Et comme ils ont peur que j’aie une mauvaise influence sur les filles… ils essaient de les garder dans le droit chemin. Mais jusqu’ici je réussis assez bien à garder leur attention sur moi. J’ai une ou deux cicatrices sur le dos qui remonte à l’époque où j’ai eu l’immense chance d’aller chez les parents d’Eleanor… mais sinon je n’en ai pas d’autres. Enfin, rien de bien horrible. Elles sont presque invisibles…

- Mais encore?

- Il m’arrive quelques fois de ne plus pouvoir bouger pendant une journée, mais c’est rare. Peut-être une fois par été. Ou aux deux ans? Je ne sais plus trop. Quant à garder des marques visibles, ça, ça arrive souvent.

Avec une grimace, Joshua remonta un peu le haut de son uniforme pour dévoiler son ventre. Les yeux de Louis s’écarquillèrent en voyant qu’un hématome énorme s’y trouvait, malgré qu’il soit presque totalement estompé.

- Ça, ça date de la journée de la rentrée, juste avant de prendre le train, poursuivit le Serpentard. Ce n’est pas la première fois que ça arrive et ce ne sera surement pas la dernière si je ne fous pas le camp de là-bas. Chose qui est déjà prévue.

- Et tu comptes t’y prendre comment, au juste? marmonna-t-il en croisant les bras.

- À mes dix-sept ans, je vais obtenir mon héritage. Avec celui-ci je vais pouvoir déménager et avec un peu de chance obtenir la garde de mes cousines.

- Tu fréquentes encore Poudlard…

- Si ce qu’il faut pour que je puisse les garder c’est que je ne sois plus à Poudlard, alors je m’en irai.

- Mais tu ne peux pas travailler, ou à peine, sans avoir accompli tes études!

- Ça m’ait égal. Tout ce que je veux, c’est que mes cousines soient loin de leurs parents. Et puis… Je ne sais pas s’il était sérieux, mais Parkin… enfin, Williams, il a dit que je pourrais emménager avec lui. Apparemment, il a hérité une maison de ses parents, ses vrais parents.

- Il a vraiment dit ça?

- Ouais.

Il fronça un peu les sourcils en réfléchissant un peu à tout ça. Des sévices corporels, surement verbaux aussi. Et ce n’était pas seulement Joshua qui en était victime. Ses cousines aussi. En ce moment, il aurait vraiment eu envie de vomir de dégoût face à tout ça, mais il se devait bien de garder la tête froide. Du moins, autant que possible. Il reposa son regard sur le Serpentard en continuant à réfléchir. Ce dernier avait l’intention d’obtenir la garde de ses cousines, mais comment était-il possible de le faire? Et est-ce qu’Eleanor pourrait faire la même chose avec Ethan? Quant à la proposition de Parkinson/Williams, il faudrait vraiment qu’il ait une conversation avec lui un de ces jours… sauf qu’avant tout ça, il allait devoir parler avec Ruby.

Au moins, il ne devrait pas avoir trop de mal à le faire!

La seule personne que Ruby fuyait étant James. Quoique d’un autre côté… elle n’avait pas eu l’air très friande de l’idée lorsqu’il avait exposé avoir très envie de discuter avec elle. Mais bon, ça se réglerait assez facilement. Il n’aurait qu’à dire que ça concernait son ami et pas cette histoire avec James. Même s’il comptait bien en parler aussi. Parce que l’histoire avec la lettre… Il dut faire un effort pour ne pas sourire. Pour orienter ses pensées vers autre chose, il questionna encore un peu plus Joshua sur les antécédents de sa famille et il eut la grande joie de blêmir de plusieurs tons en écoutant attentivement toutes les scènes que lui narra son interlocuteur. Certes, ce n’était pas aussi pire que ce que vivait Eleanor et sa famille, mais… Merlin!

- Bon, écoute. Voilà ce qu’on va faire. Je vais avoir une longue et passionnante conversation avec Ruby et on va organiser quelque chose. Rassembler des informations… C’est quand ta fête, au fait?

- Le 12 novembre.

- Bon, très bien. Alors d’ici là, on va s’efforcer de comprendre comment on peut t’obtenir la garde de tes cousines et qu’Eleanor en fasse de même avec Ethan. Vous pourriez même voir si vous pouvez l’obtenir les deux ensembles, peut-être que ce serait plus simple! Mais bon, on verra ça en temps et en heure. Mais idéalement avant Noël.

- Pourquoi avant Noël?

- Parce que je suis presque certain qu’Eleanor a l’intention de faire une immense bêtise pour s’assurer que son père ne puisse plus les atteindre. Bref, si on ne réussit pas d’ici là… Je pourrai toujours utiliser un stratagème pour tous vous rassembler à la maison pour les vacances de Noël…

- Attends, quoi! Mais…

- Ce n’était pas une suggestion, Flint! gronda-t-il. Aucun membre de ma famille ne vous laissera retourner là-bas. Parole de Weasley.

Un rictus amusé apparut sur les lèvres de Joshua et Louis fut presque certain qu’il était sur le point de dire quelque chose. Mais quoi?

- Qu’est-ce que tu as à dire, ne te retiens pas!

- Oh, je pensais seulement à Mae.

Une rougeur apparut immédiatement sur les joues du septième année. D’accord, il voyait très bien où Joshua voulait en venir.

- Je te jure, ta cousine a le même genre de cerveau que la mienne pour trouver des surnoms aussi ridicules!

- Tu parles de Rose?

- Non, même si Rose peut se montrer vicieuse quand elle le veut… c’est Lily.

- Oh! Tu parles de « Lulu ».

- Oui, ce surnom-là, grinça-t-il.

Il se passa une main dans les cheveux et ce ne fut que la seconde suivante en regardant l’heure sur sa montre qu’il comprit qu’ils avaient parlé beaucoup trop longtemps. Il reporta son attention sur le Serpentard et annonça :

- Bon, je te remercie de m’avoir répondu. Je suis désolé si ça a fait remonter des mauvais souvenirs… Mais là on doit partir si on ne veut pas arriver en retard à nos cours. Alors… euh… Je vais continuer à planifier tout ça avec Ruby et elle te fera part de ce qu’on trouve. Comme ça, tu n’auras plus besoin de me supporter sauf pour l’histoire avec Allison. Bonne journée!

Sans attendre, il se rua vers la porte. Il entendit la voix de Joshua s’élever, prononcer son nom, mais il ne s’arrêta pas pour connaître la suite. Il devait s’en tenir à son plan. Obtenir les informations voulues et laisser le Serpentard tranquille. Puis ensuite… travailler sur tout ça pour régler le problème. Il le devait autant à Eleanor qu’à son précédent interlocuteur.

S’éloigner serait toutefois plus facile s’il n’avait pas l’intention qu’une chaîne le tirait vers l’arrière et que son cœur ne battait pas aussi vite.

Pense à la Métamorphose et à l’accueil que te réservera le professeur Bell si tu arrives en retard, songea-t-il.

Immédiatement, ses pieds accélérèrent la cadence. Même s’ils ralentirent l’espace d’une seconde en entendant la porte de la classe abandonnée se refermer une deuxième fois. Joshua venait de sortir. Sauf que comme il n’entendait pas les bruits de ses pas dans son dos, il en conclut qu’il se rendait lui aussi vers son cours. Un soupir soulagé lui échappa.

Apparemment il avait survécu à cette conversation…

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Bon, alors voilà pour le premier bonus entre Louis et Joshua ;) Je sais qu'il ne se passe pas nécessairement grand-chose, mais qu'importe. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez! :mrgreen: Sur ce, on se revoit pour le prochain chapitre! :mrgreen:
P.S: Sincèrement, j'en ai marre de la nouvelle mise en page de BN >_< Il y a pleins de problèmes qui n'existaient pas avant, comme celui des pièces jointes :roll: :|
Pièces jointes
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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Le voici, le voilà! Un cher petit chapitre qui nous arrive :D Et enfin, je vous le donne dans les temps! Je veux vraiment essayer de ne plus dépasser un mois entre chaque chapitre! Et cette fois-ci, j'ai réussi :mrgreen: Avec seulement trois jours d'avance, mais bon. Rien ne peut être parfait. La logique voudrait que je sois capable de les écrire en deux semaines (donc deux fins de semaine), mais la procrastination me colle à la peau (ou d'autres projets). Bref... Je ne me souviens plus si j'ai prévenu pour le bonus, mais dans tous les cas, il est juste en haut pour ceux qui ne l'auraient pas lu et qui sont intéressés! Donc, donc, donc... Est-ce que j'ai autre chose à ajouter? Je ne crois pas... Oh, si! Je vais avoir une demande à vous faire, mais ce ne sera qu'à la fin de ce chapitre-ci, alors on se revoit rendu là! Bonne lecture! :mrgreen:


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Chapitre 13


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- Pourquoi vous faites cette tête-là? s’exclama James en nous dévisageant tour à tour les filles et moi.

- La guerre n’apporte pas que la mort et des tortures, Jiminy, souffla Ruby.

- Et Allison a dit que son cousin était lié à ce Berkeley machin et à sa tante. Il ne te vient en tête en attendant ça?

- Non… enfin… peut-être, mais c’est impossible!

- Ton innocence est touchante, marmonna sa petite-amie en levant les yeux au ciel. Mais elle n’a pas sa place. C’est écrit dans plusieurs livres d’histoire. La guerre apporte beaucoup, beaucoup de lots dévastateurs.

- Et beaucoup de femmes en subissent des conséquences directes qui ne s’arrêtent pas toujours après que la guerre soit finie, ajouta sa cousine.

- Mais… quoi? souffla Albus d’une toute petite voix.

Je me tournai vers les filles qui semblaient tout aussi exaspérées que moi par le manque de compréhension des trois… non. Seulement des deux Potter. Quelque chose dans le regard de Scorpius me disait qu’il comprenait précisément de quoi on parlait, maintenant. Je le voyais dans la tension de ses épaules, dans son regard légèrement lointain.

- Ton cousin… Ton cousin est le fils de ta tante et de Berkeley, c’est ça? lâcha-t-il. Il a… Il lui…

- Attendez une minute… QUOI? s’écria Albus, interrompant son ami au passage. Ta tante a eu une relation avec Berkeley?

- Une relation? Merlin, Al! Est-ce qu’il t’arrive de réfléchir ou…

- Est-ce que je t’ai demandé ton avis! NON! rétorqua l’intéressé à son frère avec un regard meurtrier.

- Berkeley a détenu ma tante prisonnière pendant trois mois. Il l’a torturé… et il l’a violé. Une, ou plusieurs fois? Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir, répondis-je.

Parce que j’avais déjà envie de lui tordre le cou, de lui arracher la tête et de le voir partir en fumée. Sauf que ce n’était pas le moment pour me jeter à corps perdu dans une vengeance aveugle. De ce que j’en savais, c’était précisément ce qu’il attendait de moi. Il voulait que je me jette entre ses bras sans discernement, que la colère m’aveugle au point que je commette une faute. Je m’étais fait prendre une fois…

Il n’y en aurait pas de deuxième.

Mais alors pourquoi avais-je les poings serrés par la rage et le corps tourné vers la porte? J’inspirai longuement, tâchant de me contrôler. Ce ne fut qu’en sentant une main s’enserrer autour de mon poignet que je compris que je venais de faire un pas vers la porte, et de l’ouvrir.

- Ce n’est pas du tout le temps de sortir, Alli, grommela Ruby. Pas quand tu as l’air de vouloir tuer quelqu’un.

- Je vais le tuer.

Devrais-je avoir peur de la facilité avec laquelle j’avais prononcé ces mots? Peut-être. Était-ce le cas? Non. Il n’y avait qu’un moyen d’en finir avec ce cauchemar de manière à ce qu’il ne se reproduise plus jamais. Du moins dans cette réalité. Mais je n’irais certainement pas dans chacune d’entre elles pour tuer Berkeley des dizaines de fois. Ça donnait envie, mais je ne pouvais pas. Déjà, parce que j’avais mieux à faire de ma vie que de la passer à poursuivre un homme et à le tuer, encore et encore. Comment savoir le nombre de réalités qui existaient? Aucun, sauf en explorant. Et j’avais mieux à faire de mon temps.

Il fallait seulement s’en convaincre.

- Tu plaisantes, pas vrai? murmura Rose.

- Je crains que ce ne soit pas le cas, soupira la Serpentard.

- Est-ce que t’es dingue! s’énerva Albus. Tu peux finir à Azkaban pour ça!

- Une seconde… c’est vraiment la première chose à laquelle tu penses? s’étonna Scorpius.

S’ensuivirent des répliques de plus en plus rapides et inintelligibles de toutes les personnes présentes dans la pièce. Après deux minutes où je n’arrivais pas à placer un seul mot et où j’entendis à quelques reprises un « va falloir la surveiller », « peut-être qu’on devrait l’attacher à l’un d’entre nous? » et « on peut prévenir les professeurs », je m’écriai :

- Non, mais ça suffit, oui! Personne ne va me surveiller ni m’attacher et vous allez encore moins prévenir les professeurs! Je suis beaucoup plus au courant de comment on doit gérer cette situation et toute personne qu’on implique qui est d’une façon ou d’une autre négligeable… finira par mourir. Et je refuse que ça n’arrive à nouveau. De par mon expérience… je sais qu’il n’y a qu’un moyen. Qu’un seul pour arrêter Berkeley.

- Et sa mort est la solution! s’énerva la seule rouquine de la pièce.

- Oui, dis-je simplement. La prison n’a pas très bien fonctionné, pas vrai?

Le silence qui s’installa après ma dernière remarque me rendit mal à l’aise. Je me détournai d’eux pour ajouter, un tremblement dans la voix :

- La dernière fois… Ce n’est pas moi qui l’ai tuée. Et… je ne laisserai aucun de mes amis le faire cette fois. C’est mon fardeau, le mien. À moi seule. Personne ne devrait le supporter à ma place.

James me manquait… Celui que je connaissais depuis ma première année. Celui qui avait donné le coup fatal à Berkeley pour nous sauver Al et moi. Je ne lui avais jamais demandé comment il se sentait après ça. Jamais. Et je me disais son amie? Certes, on détestait tous Berkeley. Mais tuer quelqu’un… Ça laissait des marques. J’étais prête à le faire. À ce moment-là. Enfin, je le pensais. Mais on ne pouvait jamais en être sûr… Parce qu’il y a toujours une marge entre affirmer quelque chose et poser l’action dont on se disait capable de commettre.

Et c’était vrai en n’importe quelle circonstance, pas seulement lorsqu’il était question de meurtre.

- Tu es en train de dire que la dernière fois… c’est l’un de tes amis qui l’a tué? Comment? Qui? s’enquit Ruby.

- Je ne répondrai pas à cette question, affirmai-je. Déjà, parce qu’elle va en apporter d’autres auxquelles je ne veux pas répondre et ensuite… personne n’a vraiment envie de le savoir, d’accord?

- Mais pourquoi tu ne voudrais pas répondre à ces autres questions? s’étonna James.

- Parce que c’est… compliqué. Et que c’est ma botte secrète que j’aimerais garder secrète pour une fois.

- Je n’y comprends absolument rien, grommela Albus.

- Ce n’est pas important de toute façon! grondai-je. Ce qui l’est, c’est que je dois parler avec mon cousin.

- Et pourquoi? m’interrogea Rose.

- Parce que je sais mieux que quiconque que lorsqu’on ne sait rien… c’est pire. Il finira par remarquer quelque chose. Et… enfin. Je dois lui dire de faire attention.

- Tu vas vraiment… Tu vas vraiment lui dire que son père est… commença Scorpius, mais je le coupai.

- Non. J’inventerai quelque chose. Quitte à dire que c’est parce qu’il est le fils d’Abigail et que Berkeley lui tient rancune de sa capture. À elle et mon père. Ça serait crédible.

- Sauf si tu ne parles pas à sa sœur, fit remarquer la seule Serpentard du groupe.

À part moi, songeai-je amèrement. J’avais encore du mal à m’habituer au fait que je n’étais plus dans la même Maison. C’était dingue, quand même! Sauf que ça démontrait bien que, souvent, une personne avait des affinités avec plus d’une Maison et que l’on change toujours tout au long de notre vie. Cela dit, j’aurais quand même préféré rester dans ma Maison des cinq dernières années. Déjà parce que… j’y étais habituée. J’en connaissais tous les coins et les recoins. Et aussi, je n’avais pas autant l’impression d’être une intruse.

Toutefois… je ne regrettais pas d’y être dans la réalité présente.

Car il fallait bien regarder les choses en face, le Joshua Flint d’ici avait bien besoin qu’on le remette à sa place! Juste pour ça, j’étais reconnaissante d’être là. Et si je devais être parfaitement honnête envers moi-même… je dirais que j’aimais aussi l’idée que cette fois, j’aurais la chance de me venger de Berkeley, de mes propres moyens.

- Je suppose que je devrai lui parler aussi alors! répondis-je. De toute manière, il faudra bien que je lui parle…

- Tu sais que… commença Ruby.

- Je sais que… quoi? m’impatientai-je.

- Tu n’es pas vraiment… comment dire… très proche de ton cousin.

- Hein?

- Si je me souviens bien, chaque année, c’est une guerre ouverte entre vous pendant les vacances de Noël.

- QUOI?

D’accord. D’accord, je devais bien l’avouer, mais ça, je ne m’y attendais pas. Et pourtant, je n’ai aucune idée du pourquoi ça m’étonnait, car j’étais la première à me dire que c’était incroyable que des gens me supportent et m’acceptent tels que j’étais.

- À quel point je suis différente de ta meilleure amie?

- Tu veux une réponse honnête?

- Oui.

- Pas tellement. Ce n’est pas pour rien que tu as réussi à me tromper aussi… facilement.

- Pas longtemps!

- C’est parce que je connais ma meilleure amie par cœur, Allison! Depuis que nous sommes bébés, on se voit régulièrement!

- Pas faux. Mais sur quoi on ne se ressemble pas? Il faut que je fasse en sorte de ne pas paraître suspecte!

- Déjà, elle n’irait pas lui parler.

Magnifique!

- Donc elle est plus bornée que moi?

- Si on veut. Je dirais plus qu’elle s’acharne moins sur les gens qu’elle n’apprécie pas, mais…

- De quoi « m’acharner »?

Toutes les personnes présentes dans le placard à balai se jetèrent un coup d’œil et je sus sans l’ombre d’un doute que j’étais la seule à trouver que je ne m’acharnais pas sur les gens. Enfin, oui, j’aimais taquiner à outrance ceux que je n’appréciais pas quand ils me prenaient de haut, mais… de là à m’acharner? Décidément, ils ne m’avaient jamais vu m’acharner sur quelqu’un pour penser que je l’avais fait ici!

Dit comme ça, ce n’était pas très flatteur.

Autant pour eux que pour moi.

Avec chance je n’avais rien dit à voix haute! Un peu sous-entendu, oui, mais rien de verbal! J’inspirai doucement en essayant de réfléchir au moyen de me sortir de cette histoire-là. Et sans paraître dingue devant les seuls amis que j’avais ici… enfin, presque tous des amis. Pour Rose? J’hésitais encore. Je finis par lâcher :

- De toute manière, ça ne sert à rien d’y penser tout de suite. On ignore si Berkeley en a après lui, jusqu’ici ce n’est que moi qu’il cherche et appelle.

- Et donc? m’enjoignit James.

- Et donc, ça veut dire que je n’ai pas à lui parler tout de suite. On trouvera un plan infaillible plus tard. Pour tout de suite, je dois discuter avec le professeur Blacksen. Et lui emprunter une boule de cristal, car c’est la seule chose qu’il me reste pour voir le futur, le présent et le passé.

- D’accord. Alors c’est quoi le plan pour le professeur Blacksen? s’enquit Scorpius.

- Le plan?

- Bah, oui, confirma Albus.

- J’avais seulement l’intention d’aller la voir pendant sa période libre et d’improviser…

Soupir collectif. Pouvais-je savoir ce qu’il y avait de mal avec cette manière de faire? Le professeur Blacksen m’avait explicitement dit qu’elle accepterait de me voir si j’avais des questions à lui poser ou seulement besoin d’aide! Ne leur avais-je pas dit, d’ailleurs? J’étais presque certaine que oui!

- Qu’est-ce qu’il y a? marmonnai-je en croisant les bras.

- Ton plan c’est seulement d’y aller et de lui poser tes questions, comme ça! lâcha Rose.

- Oui.

Je fronçai les sourcils et grommelai :

- Qu’est-ce qu’il y a de mal là-dedans? Ce n’est pas comme si j’avais plusieurs choix! Elle sait pour moi. Je n’ai rien à cacher, sauf peut-être mes intentions. Mais elle est l’une des premières à m’avoir prévenu que rester ici signifierait ma perte!

- Et, justement, tu crois qu’elle va prendre comment tes idées de meurtre à l’égard d’une certaine personne? s’emporta Albus.

- Je ne lui dirai rien à ce sujet! Au cas où vous l’auriez oublié, ce n’est pas la première fois que je suis impliquée dans ce genre de chose! Et si vous ne me faites pas confiance pour me débrouiller, et bien tant pis pour vous!

Je n’attendis pas qu’ils disent quoi que ce soit d’autre et je sortis en coup de vent du placard à balai, en refermant la porte bien violemment dans mon dos. Ce ne fut qu’à cet instant que je me rappelai que j’avais oublié de demander à James à quoi ressemblait mon cousin. Eh bien, tant pis! Je me débrouillerai sans eux! Que ce soit pour le professeur Blacksen ou Lukas! J’y arriverais bien, de toute façon!

La porte s’ouvrait tout juste à nouveau lorsque je me remis en marche et sans prêter attention à ceux qui, derrière moi, m’interpellaient avec une certaine dose de colère. Mes amis de chez moi auraient eu confiance en mon jugement. Et je comprenais maintenant ce qui clochait avec ce plan, à leurs yeux. Ce n’était pas que je n’avais pas de plan en soi, mais plutôt le fait que j’avais l’intention d’improviser. Jusqu’ici, ils me considéraient tous comme une impulsive qui ne se maîtrisait pas. Et à bien des égards, ils avaient raison. Mais pas sur ce point-là. J’avais retenu la leçon et quand bien même… je n’étais plus aussi impulsive que l’année dernière, sans même parler des années qui l’avaient précédée.

Était-ce plus facile d’accepter quelqu’un avec ses qualités et défauts lorsqu’on avait onze ans?

Si oui, ça expliquerait sans doute pourquoi mes amis de chez moi ne me jugeaient pas, complètement du moins, là-dessus. Ça leur arrivait, bien entendu, mais… quand même. Seulement quand je faisais quelque chose de complètement inconsidéré. Pas comme… pas comme là. Une boule se forma dans ma gorge et je me tordis les mains.

N’y pense pas, me morigénai-je.

Sauf que rien n’y fit et pendant tout mon trajet précipité vers la salle de cours d’Histoire de la Magie, je ressentis ce poids qui m’oppressait. N’ayant aucune envie de m’asseoir avec un seul d’entre eux, je m’empressai de m’écraser à côté de la première personne venue. Un seul coup d’œil me suffit à comprendre que c’était un très mauvais choix, mais déjà les autres entraient dans la salle.

Plus moyen de reculer, semblait-il.

- Est-ce que je peux savoir qu’est-ce que tu fous à ma table, Beauxbâtons? grinça Joshua en me jetant un coup d’œil dédaigneux.

- Tu n’attraperas pas de puces avec moi, Flint. Alors, arrête de me regarder comme si j’en avais! Et si tu veux vraiment savoir, je n’avais pas envie de m’asseoir avec quelqu’un que j’apprécie.

- Et bien, moi, oui. Alors, dégage.

- Non.

- Beauxbâtons…

- Je vais rester ici, insistai-je en affichant mon air le plus déterminé.

Il poussa un soupir.

- Tes talents au Quidditch ne suffiront jamais à me faire apprécier ta présence, tu le sais, ça?

- Je m’en doute, dis-je en souriant malicieusement.

- Très bien. Alors maintenant, fais ce que tu veux, pars ou reste, mais par Merlin, garde ton clapet fermé! J’ai bien l’intention de profiter d’une petite heure de sommeil supplémentaire…

Je le regardai en haussant un sourcil, mais préférai garder le silence. Toutefois, s’il croyait que j’allais le laisser dormir pendant un cours…! Certes, ça ne l’aiderait pas à m’apprécier, mais tant pis! Il devait y avoir une raison pour laquelle le Joshua d’ici était différent de celui que je connaissais. Il me suffisait de le découvrir et puis voilà! Je réussirais peut-être à remettre les choses en ordre, du moins… un peu. Peut-être. Je l’espérais.

Une impulsion me poussa à glisser une main dans la poche de ma robe et mes doigts se refermèrent sur ma Carte par habitude. Un soupir silencieux m’échappa, mais je la sortis tout de même. J’avais appris à faire confiance à mon instinct, même si souvent je le trouvais bien débile.

À demi-mot je murmurai les paroles pour ouvrir ma Carte et tentai d’ignorer les larmes que je sentais monter en voyant tout prendre forme devant mes yeux. Nos pseudos, la trace indélébile de notre amitié… Je dépliai rapidement la Carte pour laisser entrevoir l’intérieur et je manquai presque la relâcher en sursautant. Je pouvais parfaitement voir que mon message avait disparu, remplacé par des traces noires qui ne formaient aucun mot… mais qui démontraient leur existence.

Quelqu’un avait essayé de m’écrire!

Qui?

Albus? Scorpius? Rose? Lequel d’entre eux l’avait fait? Peut-être était-ce chacun d’entre eux? Et pourquoi je n’arrivais pas à lire ce qu’il y avait d’écrit! Était-ce ce qui était arrivé dans leur cas à eux aussi? Mes mains se mirent à trembler, la Carte à plier légèrement et le bruit du parchemin qu’on malmène se répercuta. Du moins, c’était l’impression que ça me donnait. Mais personne ne se tourna dans ma direction, en tout cas… pas parmi les élèves des autres tables.

- Merlin, Beauxbâtons! Un peu de silen…

J’aperçus le moment exact où son regard saisit ce qu’il voyait dans mes mains. Ce n’était pas un simple parchemin ni même une simple carte. Non, c’était beaucoup plus! Bon sang! Et maintenant il l’avait vu! Plusieurs jurons me vinrent en tête, la majorité provenant de la province de naissance à ma mère. Étonnamment c’était ceux-là qui me venaient plus facilement en tête quand j’étais en colère!

- Pourquoi tu trembles?

Ça, ce n’était pas la question à laquelle je m’attendais.

- Je ne crois pas que ce soit à cause de moi, poursuivit Joshua en plongeant son regard dans le mien.

Il y avait quelque chose de profondément intrusif avec sa manière de me détailler, comme s’il arrivait à lire ce qui se trouvait au plus profond de mon âme. On resta comme ça, plusieurs secondes, à se dévisager l’un l’autre dans le blanc des yeux et sans que mes mains n’arrêtent une seule seconde de trembler. Et ça me prit beaucoup trop de temps pour rétorquer :

- Qu’est-ce que ça pourrait bien te faire, hein, Flint?

- Eh bien, si tu as une maladie ou un truc du genre, qui te fait trembler des mains, va falloir que je trouve un nouveau Batteur. Autant que je le sache tout de suite!

Malgré la sincérité et la moquerie qu’il y avait dans sa voix, je voyais parfaitement que ce n’était pas la raison. Mais alors quoi?

- Je crois que tu peux trouver mieux, Flint.

- Peut-être. Peut-être que j’ai déjà vu quelqu’un avec les mains aussi tremblantes. Quelqu’un dans ton genre. Et dans son cas, ça ne voulait rien dire de bon.

Mais de qui est-ce qu’il parlait, par Merlin? Quelque chose dans son regard semblait légèrement plus doux. Pas de beaucoup, mais suffisamment pour qu’en étant à trente centimètres de lui je puisse le remarquer! D’ailleurs… nous nous regardions de beaucoup trop proche! Je détournai rapidement le visage et me décalai de plusieurs centimètres pour que l’on soit un peu plus éloigné. Ceci dit, ça ne servait presque à rien, car notre bureau commun ne me permettait pas de beaucoup m’éloigner.
Je surpris un sourire moqueur étirer ses lèvres, et comme il me regardait toujours, j’en déduisis qu’il avait suivi tous mes mouvements. Je fronçai les sourcils et passai à deux doigts de lui adresser un rictus mauvais ou un grondement de prévention, mais j’en fus interrompue par le professeur Binns qui commençait son cours.

- Est-ce que je t’aurais mise mal à l’aise, par hasard? souffla Joshua en se penchant légèrement vers moi.

La brûlure que je ressentis aux joues avait plus d’une cause. Eh oui, la gêne en faisait partie, mais aussi la colère. J’avais maintenant sous les yeux une autre preuve que le Joshua d’ici était définitivement différent de celui par chez moi! Celui qui était mon ami ne ferait jamais ça, enfin! Il ne laisserait jamais sous-entendre que je… ou qu’il… Il ne laisserait jamais planer des sous-entendus ridicules. D’accord, d’accord, ils n’étaient pas si ridicules que ça.

Car maintenant que je le regardais de plus près… Joshua était mignon.

Et celui devant moi le savait parfaitement.

Mais ça ne changeait rien à un fait indéniable : il n’y avait qu’une seule personne pour moi. Et c’était Al. Mon Al. Pas une version de lui. Aucune des versions de lui. Sauf la mienne. Celle qui partageait des milliers de souvenirs avec moi. Celle que j’avais embrassée… beaucoup, beaucoup de fois. Celle avec qui j’avais partagé un lit tout l’été. Alors peu importe à quel pouvait être mignon la personne devant moi, ça n’importait pas. Ça pouvait me gêner, voire m’intimider légèrement… sauf que je n’étais pas celle que j’étais sans raison.

Et s’il voulait jouer à ce jeu-là… il n’y jouerait certainement pas seul!

Et s’il devait y avoir un gagnant… ça serait moi!

Je penchai légèrement la tête sur le côté en m’approchant un peu de lui avant de susurrer :

- Je ne sais pas quel genre d’idée tu te fais à mon propos, Flint. Mais tu as tort. Et j’ai déjà un copain.

- C’est Potter?

- Hein?

- Il te dévore des yeux chaque fois que tu as le dos tourné, tu n’es pas au courant? me glissa-t-il avec un sourire amusé.

- James? m’indignai-je.

- Mais non, par Merlin! Beauxbâtons, je te croyais plus intelligente que ça!

- Oh. Albus?

- Ouais. Alors, c’est lui ton copain?

- Non, affirmai-je. Et en quoi ça t’intéresse?

- En rien, je t’assure. Seulement, c’en est gênant, parfois. Du moins, ça le serait sans doute si tu t’en rendais compte.

Je déglutis légèrement en m’éloignant à nouveau. D’accord… j’avais soupçonné que c’était une possibilité, mais j’espérais tellement avoir tort! Rien de bon ne pourrait sortir de cette histoire en plus! Ça ne ferait que compliquer des choses déjà bien ardues! Si seulement rien de tout cela n’était arrivé… Si seulement j’étais à la maison. À ma vraie maison. À mon Poudlard à moi!
Mais le destin en avait décidé autrement.

Ou au moins mon don l’avait fait…

- On dirait que tu as arrêté de trembler, remarqua Joshua.

Ce ne fut qu’une seconde plus tard que je me rendis compte qu’il venait de me prendre la main. Et me tordre le poignet. Pas de manière brutale, mais seulement pour avoir une vue dégagée de ma paume. Je tentai de ramener mon bras vers moi, mais il me tint fermement avant de lancer :

- Est-ce que tu as des ennuis? Est-ce que quelqu’un est après toi?

- Tu veux dire à part toi? grommelai-je.

- Si je voulais te faire du mal, je l’aurais fait depuis longtemps, Beauxbâtons.

- Non. Non, il n’y a personne après moi. Et pourquoi ça t’importerait, au juste?

- Parce qu’il n’y a que moi qui ai le droit de donner des leçons aux autres, évidemment!

Sur ces mots, il me relâcha et se détourna pour ensuite s’étaler le visage sur sa partie de bureau. Je le soupçonnai d’avoir fermé les yeux aussi, mais je ne pouvais pas en être certaine. En regardant vers l’avant de classe où le professeur Binns babillait à propos d’une énième guerre de gobelins, je surpris le regard d’Albus poser sur moi. Une humeur indescriptible dansait dans ses yeux et malgré qu’elle soit bien enfouie au milieu de plusieurs autres, je pouvais reconnaître l’émotion principale : la jalousie. Au moment exact où il remarqua que je le regardais, il se détourna prestement.

Sauf qu’il était trop tard.

Apparemment, Joshua avait raison à propos du Albus d’ici. Et semblait-il que je venais de vexer l’intéressé, car il avait sans doute mal compris ce qui se passait ici. Je me tournai avec un regard furieux vers celui dont je partageais la table et sans avertissement je lui donnai un coup de coude brutal :

- Beauxbâtons! s’écria-t-il immédiatement.

Tout en faisant attention que personne d’autre dans la classe ne puisse l’entendre.

- Tu ne dormiras pas pendant le cours. Hors de question! sifflai-je.

- Qu’est-ce qui te rend aussi agressive soudainement? Est-ce que ce serait à cause de Potter, par hasard?

Ma mâchoire se crispa et je lâchai sur un ton particulièrement mielleux et innocent :

- Et pourquoi ça semble autant te réjouir qu’il soit dans cet état? Est-ce que tu aurais oublié de me dire quelque chose, par hasard?

- Comme quoi? ricana-t-il.

- Je crois que tu ne me détestes pas. Pas autant que tu veux me le faire croire, en tout cas. Ni autant que les autres le croient. À vrai dire… je crois que tu m’aimes bien, soufflai-je en m’approchant légèrement de lui.

- Je pense que tu dérailles!

- Vraiment? Très bien, alors si tu ne veux pas être honnête à ce propos, peut-être que tu pourrais me dire qui avait tendance à trembler des mains comme moi…

Son regard se fit beaucoup plus dur et son expression devint immédiatement dédaigneuse lorsqu’il répondit :

- Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une bonne et gentille petite famille, Beauxbâtons. Maintenant, laisse-moi tranquille.

J’aurais pu rétorquer que c’était lui qui avait commencé, mais je n’en fis rien. Ma bouche restait obstinément clause alors que ses paroles se répétaient dans ma tête. De quoi parlait-il? Qu’insinuait-il? Je le regardai, les yeux écarquillés alors qu’il plaçait enfin son matériel scolaire sur le bureau, puis une fois qu’il eut une plume à la main, il tourna la tête vers le professeur et afficha un air d’intense concentration.

Sauf que pour ma part, je n’arrivais pas à me concentrer sur ce que disait le professeur Binns.

Qu’entendait-il par ce qu’il avait dit? Vivait-il des trucs pas nets chez lui? Ou peut-être quelqu’un de sa famille? Si ce n’était pas les deux… Mais que se passait-il exactement? Était-ce pour cela qu’il était si différent de celui que je connaissais? Ou peut-être… Peut-être… Non! Le Joshua que je connaissais ne pouvait pas vraiment vivre des choses comme celles sous-entendues ici, pas vrai? C’était impossible!

Mais comment le saurais-je?

Ce n’était pas comme si nous étions amis depuis des lustres! Ni même qu’il me faisait confiance pour me confier des choses comme celles-là… Ruby le savait peut-être. Scorpius aussi. Ceux de chez moi, pas d’ici. Mais je n’avais aucun moyen de demander. Pas en ce moment.

Sauf que le moment viendrait, et là… peut-être que je pourrai y faire quelque chose!

Mais pour que ça arrive, il fallait d’abord en finir avec plusieurs choses. D’abord, la conversation avec mon cousin. Ensuite, celle avec le professeur Blacksen. Ou inversement. Je n’avais aucun moyen de savoir si Lukas Ash avait un cours libre en avant-midi. En même temps que le mien, évidemment. Toutefois… je savais pour le professeur Blacksen. Et je pouvais vérifier sur la carte pour mon cousin.

Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt?

Je ressortis rapidement ma Carte, que j’avais apparemment rangée mécaniquement un peu plus tôt lorsque Joshua m’avait surpris. Je jetai un coup d’œil dans sa direction et comme il semblait toujours aussi concentré sur le professeur, je mis mon plan en action. Dès que les noms commencèrent à apparaître, je me mis à chercher celui de mon cousin. D’abord par toutes les salles de classe. Ne le voyant nulle part dans celles-ci, il y avait deux possibilités : il séchait son cours ou il n’en avait pas.

Je tentai la Salle Commune des Poufsouffles, sans résultat. J’essayai quelques couloirs au hasard au passage, puis me rendit à la bibliothèque. Apparemment, c’était l’endroit où il se trouvait. S’il faisait ses devoirs ou flânait, je ne pouvais pas le savoir. Sans l’avoir jamais rencontré, je ne pouvais pas affirmer s’il était, oui ou non, studieux. Mais je l’apprendrais bien assez vite, sans doute. Dommage qu’il n’y avait aucun moyen de quitter la classe discrètement… ça aurait été pratique! Comme ça, j’aurais pu avoir ma conversation à l’insu de ceux qui voulaient se prétendre mes amis!

Je savais que j’étais injuste envers eux.

Je le savais très bien, puisque je savais pourquoi ils agissaient ainsi. Mais tant qu’ils n’apprendraient pas à faire confiance à mon jugement, comment pourraient-ils être mes amis? S’attendre à que je reste bien sage à les écouter me dire qu’ils étaient mes amis, alors même qu’ils ne me faisaient pas confiance pour bien agir… c’était injuste de leur part. Pour moi. Comment pouvais-je accepter leur amitié s’ils me montraient à quel point… ils me pensaient trop dérangée pour agir convenablement?

J’avais déjà souffert d’une situation comme celle-ci.

Et je m’étais promis que ça n’arriverait plus.

Alors s’ils n’arrivaient pas à comprendre? Tant pis pour eux.

Et tant pis si ça signifiait que je devais m’offrir sur un plateau à la mort! Je n’agirai pas contre moi-même, je ne deviendrai pas quelqu’un d’autre pour leur faire plaisir! Jamais! Je pouvais faire des concessions. J’en étais capable. Et je le faisais. Mais me demander d’accepter l’amitié de personnes qui ne me faisaient pas confiance? À quoi ça rimait?

J’avais besoin qu’on me fasse confiance.

Pour que je puisse avoir confiance en retour.

J’espérais que ce n’était pas trop demander…

Mais si ce l’était… eh bien tant pis! J’agirai en conséquence. Comme toujours. Je pris une grande inspiration en refermant ma Carte. D’ici la fin de la journée je parlerai avec mon cousin, seule à seul. Et si je devais trouver un moyen de les leurrer, quelque part… alors, sois! Je savais très bien comment piéger James et les autres? Comme ils n’étaient pas les amis que je connaissais depuis cinq ans, ça devrait être assez facile de m’en occuper aussi.

Parce qu’ils ne connaissaient pas tous les tours que j’avais dans mon sac.

Un léger sourire étira mes lèvres et pour la première fois depuis que le cours avait commencé je me mis à tendre l’oreille aux informations et à prendre des notes. Peut-être que plusieurs choses se passaient en même temps ces dernières semaines, mais je ne voulais pas, le jour où je les rejoindrais, que mes meilleurs amis se rendent compte que j’avais négligé les cours. Surtout Rose, en fait. Je ne voulais même pas m’imaginer son expression si je devais admettre avoir échoué un examen. Non, vraiment… je n’en avais aucune envie!

Au moment où le professeur Binns annonça enfin la fin du cours, je poussai un soupir de soulagement et commençai à ramasser mes choses en vitesse. Il fallait que je sorte d’ici le plus rapidement possible pour éviter toutes les personnes qui m’étaient proche à Serpentard. Je me levai prestement de mon siège pour bondir hors de la salle de classe.

Unique problème.

Je ne fis pas même un pas que l’on m’arrêta par le poignet. Je jetai un regard furibond à Joshua, sauf que son air n’était ni désagréable ni moqueur, mais diablement sérieux.

- Quoi! grommelai-je.

- Va falloir qu’on parle. À propos de cette Carte que j’ai vue tout à l’heure…

- On s’en parlera le jour où tu voudras bien m’expliquer pourquoi tu as dit que ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir une bonne et gentille petite famille! rétorquai-je en me délivrant d’un mouvement sec.

Sur ces mots, je m’éloignai sans me retourner. Pas même lorsqu’il me cria un « Beauxbâtons » particulièrement colérique. Qu’il s’énerve si ça lui chantait, moi j’avais des choses à faire. Et la première étant bien évidemment de déguerpir d’ici aussi vite que mes jambes pouvaient me porter. Ensuite, se rendre jusqu’à la classe du professeur Blacksen. En entendant mon prénom crié par quelques personnes de ma connaissance, j’accélérai encore un peu le pas.

Connaître le château comme sa poche ayant des avantages indéniables, je me glissai rapidement dans un passage secret à l’insu de ceux qui me poursuivaient. Une fois à l’intérieur je ne ralentis pas pour autant, je savais pertinemment que la première chose que ferait mes prétendus amis ce serait d’aller chercher James, et la Carte du Maraudeur. Le plus distance que je pouvais mettre entre eux et moi, le mieux ce serait!

J’entrai brusquement dans la salle de divination et refermai la trappe avec plus de brusquerie que nécessaire, sans doute. Si je me fiais à l’air qu’affichait le professeur, en tout cas. Elle avait arqué un sourcil et me regardait avec insistance.

- Désolée, professeur. Mais il me fallait vous voir. Seule. Et…

- Certaines personnes veulent vous voir.

Je ne cherchai pas à lui demander comment elle le savait, car j’avais déjà compris. C’était sans doute sa double vue.

- Je croyais pourtant que vous aviez compris que la solitude ne vous servirait à rien pour la tâche qui vous attend, ajouta-t-elle.

- Je ne peux pas m’entourer de gens qui ne me font pas confiance, rétorquai-je. Mais je ne suis pas venue pour parler d’eux. Je suis venue pour une faveur et une question.

- Peut-être que tu dis la vérité, affirma-t-elle. Mais je connais tes hésitations passées et avant longtemps… elles reviendront. Alors, fais bien attention.

- Merci pour la mise en garde! Mais je ne suis pas venue pour ça!

Elle haussa des épaules et m’invita à venir m’asseoir près d’elle. Je m’approchai lentement, sentant encore la rage faire battre mon cœur à toute vitesse. J’en avais plus que marre qu’on me lance des avertissements sans me donner des explications! Que sous-entendait-elle par « mes hésitations passées »? Et où était le rapport entre ça et ce qui se passait maintenant? Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que je finisse par comprendre lorsqu’il était trop tard? Ce ne serait pas plus simple de tout m’expliquer dès le départ?

Peut-être pensait-elle que c’était déjà très clair?

Peut-être que ma colère aveuglait mon jugement?

C’était possible.

Je pris une grande inspiration pour me calmer et me laisser tomber sur un tabouret pas très loin du bureau. Elle s’y assoyait souvent pour donner ses cours. Sauf lorsqu’elle choisissait de s’asseoir sur son bureau. En tournant les yeux dans sa direction, je croisai son regard gris-vert et j’eus l’impression qu’elle avait vu beaucoup plus de choses qu’elle ne m’en avait dit. Me concernant. Mon petit-doigt me soufflait aussi… qu’elle ne m’en ferait pas part.

Était-ce pour me ménager ou encore pour rendre les choses plus compliquées qu’elles ne l’étaient déjà?

Par Morgane, calme-toi, Allison! me sermonnai-je.

J’inspirai à nouveau et fermai les yeux quelques secondes. J’étais complètement à cran et ça ne faisait que deux semaines que j’étais ici! Les choses iraient-elles en s’améliorant ou en se détériorant? Connaissant ma chance… ça serait la dernière possibilité! Tant que j’arrivais à survivre et à rentrer chez moi, j’en avais cure.

Enfin, presque.

- Alors, que voulais-tu, Allison?

J’ouvris instantanément les yeux avant de répondre :

- Je veux en savoir plus sur votre ancêtre. Ça, c’est concernant la question.

- Et la faveur?

- Je vais avoir besoin d’une boule de cristal pour vérifier un truc. Pour le professeur Williams, je lui ai promis.

- Alors ce sera avec plaisir que j’accepte.

Elle se cala un peu plus dans sa chaise avant de poser les deux pieds sur son bureau et de les croiser. Ensuite, elle planta son regard dans le mien pour me demander :

- Que veux-tu savoir au propos de mon ancêtre?

- Déjà, quel était son nom complet?

- Mary Bromeïro, née Peverell.

Un long frisson me traversa le dos. Bromeïro? Comme celui qui… mais… comment! Et Peverell… Ce nom me disait tout autant quelque chose! Je fouillai ardemment dans ma mémoire et un nouveau frisson se fraya un passage le long de ma colonne lorsque la lumière se fit dans mon esprit. Peverell, comme les frères Peverell. Les trois frères. Les reliques de la Mort!

- Je suppose que tu viens de faire le lien avec la fable sur les reliques et aussi…

- Les pierres!

- Voilà. Ce que peu de gens savent, même parmi les personnes douées de double vue, c’est le prénom de la voyante qui a su emplir le cœur de Bromeïro. Maintenant, tu le sais. Et tu sais aussi qu’ils se sont mariés.

- Que pouvez-vous me dire d’autre?

- Beaucoup de choses, sois-en sûre! m’assura-t-elle avec un petit sourire. Déjà, ils ont eu des enfants. Deux, pour être plus précise. Des jumeaux, une fille et un garçon. La fille a hérité du gène actif, le garçon d’un gène latent. Je parle évidemment des visions. Ce n’est que deux ans après la naissance des enfants qu’est survenu le drame qui a entraîné sa mort.

- Elle descend de quel Peverell?

- D’Antioche, celui qui serait le premier à avoir eu en sa possession la baguette de sureau. Et je crois que ça t’intéressera de savoir que nous avons un point commun, toi et moi.

- Vraiment?

- Nous descendons toutes les deux d’Antioche Peverell, et de sa fille Mary.

- Une minute… quoi!

- Les Williams, Allison, sont assez bien connus pour avoir des gènes actifs et latents dans leur arbre généalogique. Tu en es la preuve vivante. Mary était l’une des plus puissantes voyantes de son époque, et c’est pour ça que pendant longtemps, les pierres ne représentaient pas un obstacle majeur. C’est à peine si elle voyait la différence. Jusqu’au jour où elle a un peu trop poussé… Mais, ce n’est pas important. Mon point est le suivant : tu es une descendante directe, Allison. Ta lignée descend de la fille de Mary, qui elle aussi avait un pouvoir énorme. Et la mienne descend de son fils, qui ne possédait qu’un gène latent.

Plus elle prononçait le nom de Mary et plus j’avais l’impression que quelque chose clochait dans cette histoire. J’ignorais jusqu’au fait même que la femme dont m’avait parlé le professeur Trelawney avait eu des enfants. Et ce savoir… pour une raison obscure m’angoissait. J’avais l’impression d’avoir une réponse sur le bout de la langue. Une réponse que je désirais ardemment.

- Peux-tu me dire ce qui leur est arrivé? À Mary, à ses enfants, à Bromeïro.

- Déjà, Bromeïro est mort le cœur brisé des années après que ses enfants aient atteint l’âge adulte. Ce n’est que grâce à eux qu’il réussissait à tenir le coup après la mort de sa femme. Mais… enfin. Il n’a pas vécu assez vieux pour voir grandir ses petits-enfants. Il les a vus naître, mais… Enfin.

Et là, elle m’expliqua la suite.

Mary Bromeïro, née Peverell, est morte exactement deux ans après la naissance de ses jumeaux. En plein milieu de la nuit, elle s’est réveillée en hurlant après une vision-dormante particulièrement violente. Elle avait vu tout leur village partir en fumée et ses enfants brûlés vifs sur les buches rougeoyantes d’un bucher. Elle avait pu entendre leur cri de douleur et leur appel. Après ce réveil brutal, elle avait couru vers ses enfants qui, comme elle les avait laissés avant d’aller se coucher, dormaient paisiblement dans leur lit respectif. Cette constatation lui en apporta une autre.

C’était une vision du futur.

Mais elle ignorait encore pourquoi cet évènement devait se produire. Et sans ce savoir, elle ne pourrait rien y changer. Alors, dès le lendemain matin, elle en informa son mari et ils mirent en place tous les éléments qui lui permettraient une meilleure connexion avec son don. C’est au moment où le soleil atteignait son zénith qu’elle se précipita dans les méandres du temps et qu’ainsi elle précipita son trépas. Le fléau qui les guettait avait une cause magique et non magique. Une force extérieure qui poussait les sorciers à être moins prudent et les Moldus à se battre contre eux.

Cette force joua contre elle et c’est à ce moment que les pierres virent leur pouvoir se décupler. En sentant ses forces diminuer à force de creuser, elle revint au moment présent pour en prévenir son mari. Il comprit immédiatement la cause et tenta de se débarrasser des pierres, mais sa femme ne lui en laissa pas le temps. Après lui avoir assuré son amour une dernière fois, elle lui murmura un adieu plein de larmes, puis repartit dans le temps. Cette fois en utilisant sa magie pour transmettre sa vision en mots, permettant ainsi de prévenir Bromeïro de ce qui les attendait.

Mais le prix à payer fut plus qu’elle ne l’avait cru.

Elle savait qu’elle perdrait la vie…

Mais pas de cette façon-là.

Au moment où elle dépassait les limites psychique et physique de son corps, tout éclata en elle. Du sang se mit à couler de ses yeux, de son nez, de ses oreilles et de sa bouche, alors que quelque chose semblait creuser en elle de l’intérieur avec des griffes tranchantes et sans pitié. Mary ne conserva pas longtemps sa santé mentale. Rapidement, elle se mit à essayer de s’arracher la peau du visage et y parvenant, laissant des sillons sanglants sur tout son visage. Son mari parvint à l’empêcher de se faire plus de mal en la maintenant contre lui, et lui épargnant aussi de s’arracher les yeux.

Après des convulsions de plus en plus violentes, Mary finit par rendre l’âme. De sa mort, une légende se vit naître. Mais plus encore, c’est la suite de son histoire que plusieurs ignorent. Elle ne rejoignit pas l’au-delà, endroit si souvent défini pour accueillir les défunts. Non, elle, elle rejoignit un univers parallèle où tout s’entrecroisait. Elle eut le plaisir de voir bien des choses, horribles comme fabuleuses. Elle put voir ses enfants grandir, vieillir et mourir, comme elle put les voir périr sur ce même bucher qu’elle avait tenté d’éviter. Elle vit mille et un scénarios. Mais elle put voir l’avenir de sa famille, celle où elle était morte. Car dans certaines, elle avait vécu.

C’est comme ça qu’elle put voir ses petits-enfants. Trois enfants de sa fille, quatre de son fils. C’est aussi comme ça qu’elle assista à la mort de ses deux enfants alors qu’ils n’avaient que vingt-cinq ans. Et à peine un an plus tard, ce fut le tour de son mari. Ce dernier périt de sa propre main et ses enfants… périrent dans les flammes d’un incendie ravageur qui enveloppa quelques sorciers qui s’étaient réunis dans un bâtiment abandonné. Elle ne réussit jamais à savoir qui les avait tués.

- Bloody Mary, lâchai-je tout bonnement alors que le professeur Blacksen arrêtait de parler pour prendre une gorgée d’eau. Des miroirs! Bon sang, c’est elle que je dois contacter!

- Elle a effectivement eu la malchance de se faire donner ce nom, confirma ma professeur de divination. Et tous les inconvénients qui viennent avec. Sache donc qu’à un moment précis, des Moldus peuvent effectivement l’invoquer. Les nuits de nouvelle lune, de demi-lune et de pleine lune. Les sorciers peuvent le faire à tous les coups, mais aucun ne s’y risque généralement. Déjà, parce qu’aucun ne connaît la légende. Et qu’ils doivent être majeur, sinon leur magie n’est pas assez sous contrôle et vieille pour leur permettre. Quant à nous… les gens comme nous, je dis bien, on peut le faire à tout âge, à toute heure…

- Est-ce que je l’invoque sous le nom de Bloody Mary ou de Mary Bromeïro?

- Elle est toujours de mauvaise humeur lorsqu’on l’invoque de la mauvaise manière… donc sous l’appellation que sa légende a inspirée.

- Alors, va pour Mary Bromeïro, conclus-je.

- Avais-tu d’autres questions la concernant?

- Est-ce que tu sais ce qu’était la force en question qui a tenté de détruire son village?

- À ce jour, personne n’a encore de réponse. Mais peut-être que tu seras celle à la trouver?

- Peut-être…

Je n’en étais pas vraiment certaine. Et à quel point avais-je envie de courir après cette réponse alors même qu’elle était la cause de la mort de mon aïeule éloignée? Non, vraiment, je n’en avais pas la moindre envie. Et en même temps… Non! Tu as déjà suffisamment de problèmes sur les épaules comme ça, Allison! me raisonnai-je. Du moins, j’essayais très fort de me raisonner. Mon attention se reporta sur le professeur Blacksen lorsqu’elle retira les pieds de sur son bureau pour pouvoir se lever. Elle se dirigea rapidement vers une grande armoire.

Je savais ce qu’elle renfermait.

Je ne fus donc pas surprise lorsqu’elle ouvrit les panneaux et que mes yeux purent admirer les dizaines de boules de cristal réparties sur les étagères, toutes soigneusement déposées sur un pied avec coussin. Elle en saisit une avec délicatesse avant de revenir vers moi.

- Je crois que tu n’as plus de questions sur notre ancêtre commun, n’est-ce pas? Alors, je crois que je peux te permettre de passer à la seconde raison de ta présence ici. Mais fais bien attention dans ta quête d’informations, le moindre faux pas et tu perdras encore plus profondément dans les réalités alternatives.

- Merci de la mise en garde, soufflai-je en sentant les sueurs froides revenir.

Elle avait raison. Complètement et irrévocablement raison. Le moindre faux pas m’entraînerait à coup sûr autre part, et cet autre part ne pourrait jamais être chez moi, car j’avais besoin d’Al, de mon Al pour y arriver. Pour ce que j’en savais, je pourrais disparaître dans une réalité dix fois pire que celle où je me trouvais. Sans aucun allié.

Et malgré ce que j’en disais… je me doutais bien que j’en aurais besoin.

Même si ça ne me plaisait pas. Pas du tout. J’étais encore hantée par le visage de ceux qui n’étaient plus à cause de moi et de cette histoire avec Berkeley. Et maintenant que tout recommençait… je n’étais pas complètement certaine que j’avais envie que tout ce que j’avais vu se reproduise. Ana… Je papillonnai des paupières brusquement en saisissant la boule de cristal que me tendait le professeur Blacksen. Ce n’était pas le moment de penser à tout ça.

Là, c’était le lien entre mon cousin et Berkeley que je devais vérifier.

Avec mille et une précautions, je déposai la boule de cristal sur la table près de moi et m’installai confortablement. En posant mes mains sur la surface froide de l’objet de divination, je pris une grande inspiration et fermai les yeux. Pour certains, les visions apparaissaient directement dans la sphère, mais pour moi… je l’utilisais seulement que de moyens de transport vers mon don. Avec ma deuxième inspiration, je me sentis aussitôt aspirée.

Deux enfants, deux univers les séparant, les secrets du temps ils possèdent, de la mort ils seront l’intermède, à un grand sorcier ils causeront la fin.

Je fermai les yeux avec plus de force, ça n’avait aucun sens!

Une vision diffuse se présenta à mon regard artificiel. Deux personnes semblaient s’invectiver furieusement. Je reconnaissais le corps d’une femme et celui d’un homme. Par terre… il y avait un corps étendu. Immobile. Ce corps m’était… familier. Ma vue s’éclaircit et ce fut là que je la reconnus. Cette chevelure longue et sombre. Ce teint d’albâtre. C’était moi!

Mais ça n’avait rien avoir avec les réponses que je désirais, par Merlin! Je crispai les mains autour de la boule de cristal en essayant de puiser tout au fond de moi la force nécessaire pour clarifier ma question.

La vision immatérielle et légèrement floue d’une femme s’offrit à moi. Elle avait la pose typique de la personne contrariée : une main sur la hanche, un sourcil froncé et l’autre arqué, un rictus sur les lèvres. Elle affirmait d’une voix cassante :

- Ne fais aucune bêtise! Nous n’avons pas droit à l’erreur, cette fois, Elliot. Obtiens la fille, obtiens le gamin et on arrivera peut-être à notre but.

Un verre se fracassa brusquement sur l’image et une voix je reconnus s’écria :

- Le gamin est inutile! Un bon à rien, comme ses parents! Mais la fille, je l’aurai. Et c’est son pouvoir dont a besoin.

Comme si de rien était, la femme continua :

- Ils sont la clé. Ne l’oublie pas. Je n’aurais jamais pensé que tu aurais besoin de ce truc pour te le rappeler. Tu es vraiment pitoyable… Mais bon. N’oublie pas : tu lis le grimoire. Tu utilises mes cadeaux pour obtenir ce que l’on cherche. Dès que tu es au bon endroit, tu mets en marche le sortilège de rappel. C’est simple. Même toi tu devrais y arriver! Bonne chance!

En une seconde la femme avait disparu en un petit nuage de fumée. Mon regard se braqua sur Berkeley et tomba sur un calendrier. À la date d’aujourd’hui. Un mouvement de la part de celui que j’exécrais me ramena sur terre et je le vis déposer un petit objet sur la table. Il appuya de nouveau dessus et pour la deuxième fois je vis la femme contrariée. C’était un souvenir enregistré?

- Un frère et une sœur au destin maudit, l’ambition d’un renouveau où prospérer, arrivent l’enfant prédit, un lien du sang inespéré, les liera jusqu’à la dernière minute de l’incendie. Ça, ça, c’est la première chose que tu dois retenir. Fouille les arbres généalogiques et tu trouveras ce qu’on cherche.


J’avais besoin d’en savoir plus! Sauf qu’alors même j’essayais de refermer ma prise sur la boule de cristal, je sentis des mains fraîches sur mes avant-bras et d’un seul coup mon lien avec la sphère disparue. Je relevai un regard mauvais vers le professeur Blacksen, mais aussitôt ma vision s’embrouilla et je titubai. Je me rattrapai de justesse à la table avant de m’effondrer par terre.

- Tu étais en train de disparaître, Allison. Les secrets de la boule de cristal sont plus… difficiles pour toi. Particulièrement sans ton ancre. Tu risques de te perdre dans les visions mêmes que tu vois… ou pire.

Je hochai lentement de la tête face à ses propos. D’accord… Si je comprenais bien de ce que j’avais vu, il y avait trois éléments d’importance. La première une prophétie bizarre énoncée par une voix décharnée. Et elle faisait mention de deux enfants, deux univers les séparant. La dernière fois, je ne pensais pas que c’était lié à moi, que mes visions… ne me concernaient pas. Et j’avais eu tort. Mais aurais-je la prétention de croire que je faisais partie de l’un des deux enfants mentionnés? Avais-je seulement le choix?

Pouvait-il être question d’Albus et moi?

Après tout, nous n’étions pas dans le même univers, en ce moment… Sauf que ça ne pouvait pas être aussi simple. Un élément crucial me manquait, à savoir le moment où cette prophétie avait été énoncée. Le deuxième point. J’allais mourir. Probablement. J’espérais que non, mais j’étais diablement immobile dans la vision que j’avais eue. Et j’étais presque certaine que les deux personnes qui se disputaient étaient Berkeley et sa sœur. Quant au dernier point… Berkeley ignorait encore pour mon cousin, mais d’après la dernière prophétie énoncée, il ne tarderait pas à le comprendre.

- Alors? Tu as trouvé quelque chose d’intéressant? me demanda le professeur Blacksen.

- Oui… et non, soufflai-je. Pourrez-vous dire au professeur Williams que tout va bien pour le moment?

- Bien sûr. As-tu vu autre chose?

- Oui. Mais rien de particulièrement pertinent.

Elle arqua un sourcil et je n’eus aucune difficulté à comprendre pourquoi. Elle ne me croyait pas. Et elle avait parfaitement raison de ne pas me croire puisque c’était un mensonge éhonté. Je lui adressai un sourire que j’espérais innocent, mais elle se contenta d’afficher un air déçu.

- Tu sais, Allison… J’aimerais que tu me fasses confiance. Je suis sans doute l’une des seules qui peuvent te comprendre ici. Parmi tes professeurs et les adultes, évidemment. Je sais aussi que tu ne dois pas être certaine de pouvoir me faire confiance, puisqu’on ne se connaît pas. Et j’espère que j’arriverai un jour à l’obtenir, en espérant simplement qu’il ne sera pas trop tard…

Je déglutis difficilement, mais réussit à me ressaisir suffisamment pour répondre d’un ton neutre :

- Merci pour vos informations et pour la boule de cristal, professeur. On se reverra vendredi après-midi.

- Ce fut un plaisir, affirma-t-elle.

Sur ces mots, je m’éloignai sans un regard en arrière. Je sortis rapidement ma Carte de ma poche pour vérifier où se trouvait tous les autres et fut rassuré de voir qu’ils étaient tous à la Grande Salle. Quant à mon cousin… il était parti dans sa Salle Commune. Merveilleux!

- Si vous vous demandez si vos amis se trouvent de l’autre côté, Miss Lévesque-Williams, je peux vous assurer que ce n’est pas le cas. Pendant que vous consultiez la boule de cristal, j’ai pris le loisir de les renvoyer à la Grande Salle.

- Merci encore, professeur, me contentai-je de dire en rangeant précipitamment la Carte dans ma poche.

Sans plus ajouter un mot, je sortis rapidement par la trappe et m’éloignai à grands pas dans le château. Quelque chose avec le comportement de mon cousin me rendait mal à l’aise. Malheureusement je ne connaissais personne à Poufsouffle qui pourrait me dire qui étaient les amis de Lukas Ash et ainsi essayer d’obtenir un laissez-passer sur les habitudes d’école de mon cousin. Ça simplifierait bien les choses. Surtout si Ruby avait raison quand elle disait que la Allison d’ici n’avait pas la meilleure relation qui soit avec lui…

Mais pourquoi, au juste?

J’aurais donné n’importe quoi pour avoir des cousins! Ou des cousines! Mais oui! Ma cousine! Je pouvais commencer par elle. Ruby n’avait rien dit à son propos, alors peut-être que je pourrais la retrouver! Mais quel était son prénom? Sans doute que son nom de famille était Ash, mais… ça ne m’avançait pas vraiment. Ruby le savait sans doute, mais je n’avais aucune envie d’aller la voir pour lui demander.

On pouvait appeler ça de l’obstination ou de l’orgueil, j’en avais cure!

Bon, il y avait un autre problème, même si je devais apprendre son prénom par hasard. Était-elle au courant que sa mère avait eu des ennuis avec Elliot Berkeley? Savait-elle qu’Abigail avait été torturée et sous l’emprise de ce dernier? Car si elle l’ignorait… ça compliquerait horriblement les choses. Sauf si… je pouvais simplement dire qu’il n’appréciait pas beaucoup notre famille. Qu’il avait une dent contre elle. Ce qui était l’entière vérité. Et si elle savait pour sa mère, elle ferait elle-même le lien!

Bon, un problème de réglé!

Restait plus qu’à résoudre le plus important : trouver son prénom. Il y avait un endroit très simple où je pourrais me rendre pour l’obtenir. La seule question qui résidait quant à cette solution étant la suivante : en étais-je capable? Le moins d’interaction j’avais avec lui, le mieux je me porterais. Déjà que le voir en cours était presque insupportable…

Autant que l’idée qu’à mon départ, je ne le reverrais sans doute plus jamais.

J’inspirai brusquement pour me donner du courage. Je n’avais pas le choix, alors j’irais! Le seul problème avec le fait d’aller voir mon… le professeur Williams, c’était qu’il se trouvait lui aussi dans la Grande Salle, et qu’il y avait un certain nombre de personnes indésirables, là-bas. Mais! J’avais un cours de Défense en début d’après-midi! Il ne me restait qu’à y arriver d’avance!

Mais avant… il fallait que je mange!

Direction les cuisines! me dis-je en souriant. Ensuite, j’irais à la bibliothèque pour essayer de fouiller un peu concernant n’importe quoi qui pourrait m’aider à retourner chez moi. J’accélérai un peu la cadence en entendant mon estomac gargouiller. Je ne me rappelais que maintenant que je n’avais pas pris de petit-déjeuner! Alors même que je mourrais de faim en quittant l’infirmerie!
Sauf que je n’avais pas prévu une toute petite chose…

Celle où au moment que j’ouvrirais la porte des cuisines, le noir tomberait sur mes yeux en à peine quelques secondes.

Je poussai un soupir en reconnaissant l’environnement où je me trouvais. C’était l’endroit même où j’avais vu Berkeley ouvrir un coffre pour en sortir un grimoire et une lettre. Sauf que là, il se trouvait confortablement installé sur le canapé, les bras croisé derrière la tête et il sifflotait un air joyeux. Un air joyeux! Mes poings se crispèrent brusquement et en le voyant se lever, je regrettai amèrement de ne pas pouvoir lui faire une jambette.

Avant que mon don ne suive le courant de mes pensées, je les orientai vers autre chose : l’observation. Si je ne voulais pas m’attirer encore plus de problèmes, il valait mieux que je ne fasse qu’observer ce qui se passait. Je ne pouvais pas me permettre d’intervenir dans les évènements. J’eus donc tout le loisir d’observer Berkeley se masser le front et grommeler entre ses dents :

- Contrairement aux prédictions de ma stupide de sœur, Lévesque n’a pas du tout répondu à l’appel. Comme si un troll allait nous être utile. Quelle idée! Nous aurions dû dès le départ opter pour l’option suivante. Si je m’étais écouté, cette idiote serait sans doute ici! Et le gamin, pourquoi voudrait-on de lui? Il ne sera qu’un poids mort!

Il continua à marmonner de plus en plus inintelligiblement et dirigea ses pas vers une autre salle. Je pris tout le temps nécessaire pour le suivre en analysant bien les décors tout autour, essayant même d’apercevoir ce qui se trouvait de l’autre côté de la seule fenêtre disponible. Je ne vis rien, évidemment, mais au moins je pourrais avoir une idée précise de son environnement intérieur. On ne savait jamais quand on pourrait en avoir besoin…

Toutefois, en franchissant la porte menant à la pièce suivante, je ne m’attendais pas à ça. Même si je me l’étais souvent représentée lorsque mon parrain avait narré quelques aventures ayant eu lieu au 12, square Grimmaurd. Une tapisserie couverte de visage relié les uns aux autres. Un arbre généalogique. Oh, merde. Berkeley avait le doigt sur un nom tout en haut que je n’eus pas vraiment le temps de lire, j’étais trop préoccupée par le mouvement qu’il effectua ensuite. Il descendit, suivant toujours le modèle masculin de sa branche familiale. Et j’eus presque une crise cardiaque en voyant qui était son grand-père ou arrière-grand-père.

Grindelwald.

Oh, par la barbe et les caleçons de Merlin! Non! Ça ne pouvait pas être ça! Ou si? Est-ce que le fait d’avoir des visions simultanées de Berkeley et de Grindelwald était dû au fait qu’ils étaient apparentés? Y avait-il plus que ça? Si oui… Quoi? Quel pouvait être leur lien? À part qu’ils étaient de la même famille. Non, c’était forcément que ça. D’ailleurs, ça devait être à cause de Grindelwald si Berkeley avait connaissance des gens comme moi, à cause de Mary!

Mon regard se reporta sur celui que je détestais le plus en ce monde, ou dans le mien. Il avait maintenant le doigt sur lui-même.

- Ce ne doit pas être cet arbre généalogique que je dois regarder, souffla-t-il doucement. Allison Lévesque… Allison Lévesque-Williams. Oui, c’est sans doute le sien.

Il eut un léger sourire avant d’ajouter :

- Apparemment, c’est l’heure d’utiliser du Polynectar!

Il ne commençait qu’à s’éloigner à grands pas lorsque tout commença à disparaître à mes yeux et que le temps commençait à me renvoyer d’où je venais.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

J’inspirai brusquement en ouvrant les yeux et alors que toutes les sensations des lieux autour de moi me parvenaient, j’eus la surprise de me trouver sur le dos avec au-dessus de moi le visage à la fois inquiet et contrarié de la directrice.

- Miss Lévesque-Williams, me salua-t-elle. Puis-je savoir ce que vous faites dans les cuisines de l’école?

- Je venais chercher à manger?

- N’est-ce pas à la Grande Salle que vous devriez aller, dans ce cas? Rétorqua-t-elle d’un ton dur.

- Il y a trop de monde.

Elle poussa un soupir, mais m’offrit sa main pour m’aider à me relever. J’acceptai son aide pour éviter de la froisser davantage. Apparemment, elle n’appréciait pas que je sois ici. Était-ce interdit? Sans doute… mais je venais depuis si longtemps que je n’arrivais même plus à savoir si c’était effectivement écrit dans le règlement!

- Vous avez causé une horrible peur aux elfes de maisons, Miss, reprit-elle. L’un d’entre eux est venu me voir sur-le-champ, ce qui a causé bien des interrogations chez une partie des professeurs et chez tous les élèves.

- Je n’avais pas prévu m’effondrer! grondai-je. Je venais simplement manger.

- Vous sortez à peine de l’infirmerie, je me trompe? Peut-être devriez-vous retourner voir Madame Pomfresh et Hannah?

- Je n’en ai pas besoin! C’était… seulement une vision. Rien de grave.

La directrice poussa un soupir et soudain j’eus une illumination. Pourquoi parler à mon… oh, bon sang! Pourquoi parler au professeur Williams si je pouvais l’éviter en posant mes questions au professeur McGonagall? Je m’éviterais bien des déboires émotionnels ce faisant! Sauf qu’avant cela…

- Est-ce que j’ai des ennuis, professeur?

- Pour venir dans les cuisines? Non. Si je devais commencer à le faire, plus de la moitié des élèves se trouveraient en détention et le pointage des Maisons serait impossible.

- Est-ce que je peux vous poser une question, alors?

Un nouveau soupir lui échappa, mais elle me pressa d’un signe de la main pour que je m’exécute.

- Connaissez-vous le nom de ma cousine, enfin… de la benjamine d’Abigail Williams?

- Bien sûr. Il s’agit de Miss Margaret Ash. Mais j’ai cru entendre que ses camarades l’appellent tous Peggy, à sa demande.

- Dans quelle Maison?

- Serdaigle.

- Merci, professeur! m’écriai-je en souriant.

Je passai à deux doigts de la prendre dans mes bras avant de me rappeler brutalement que ce n’était pas la directrice que je connaissais qui était devant moi… et même celle-là aurait sans doute été étonnée d’une telle démonstration d’affection.

- Puis-je savoir pourquoi vous aviez besoin de ces informations?

- J’ai besoin de lui parler, mais ignorer le nom de sa cousine c’est… un peu… idiot.

Elle m’accorda ce point d’un hochement de tête et ajouta :

- Si vous affirmez aller bien et que vous n’avez pas d’autres questions, je retournerais à la Grande Salle.

- Je n’ai pas d’autres questions! affirmai-je.

À peine fut-elle sortie des cuisines que je poussai un soupir de soulagement. Les réminiscences de ma vision tournoyaient encore dans ma tête, ainsi que ce que j’avais vu au travers des boules de cristal. Il y avait des choses qui semblaient coïncider, mais tant que je n’aurai pas noté le tout quelque part, je risquais de perdre les informations.

Avec le plus de délicatesse possible, je demandai aux elfes de maison terrifiés si je pouvais avoir quelque chose à manger. Ils s’empressèrent de répondre à ma demande. Si vite que j’eus presque l’impression qu’il voulait se débarrasser de moi, impression qui fut confirmée à la seconde où ils me demandèrent si j’avais besoin d’autre chose… en regardant vers la porte. Je leur adressai un sourire désolé avant de leur assurer que c’était tout, de les remercier, puis de m’en aller rapidement.

Le reste de la journée fut particulièrement éprouvante, déjà, parce que je ne réussis à aucun moment à rejoindre ma cousine. Ensuite, parce que mes prétendus amis tentèrent à quelques reprises de me parler et… évidemment il y avait le cours de Défense qui me resta tout autant au travers de la gorge. Toutefois, au grand désespoir de Joshua, je mis un point d’honneur à envahir son espace personnel à chaque cours pour éviter de me retrouver avec les autres. Bon, c’était une arme à double tranchant, car il en profita pour essayer de me soutirer des informations concernant ma Carte, mais comme la première fois, je lui renvoyai ma propre question… ce qui lui clouait le bec à chaque fois.

Et ça m’inquiétait.

D’autant plus que les jours suivants ce fut la même chose. Et encore ceux d’après. Un peu plus d’une semaine s’écoula avant que j’arrive enfin à peaufiner un plan pour discuter avec ma cousine. Le seul truc qui pouvait mal tourner, c’était que j’allais me rendre dans la Salle Commune des Serdaigles. Ce qui, techniquement, était interdit. J’espérais simplement être en mesure de répondre à l’énigme avant que quelqu’un de cette Maison se rende là… et me trouve plantée devant la porte comme une imbécile.

Selon mes observations, le jeudi elle n’avait pas de cours pendant la deuxième période. Et semblait toujours retourner à Salle Commune en attendant le diner. C’était donc le moment le plus propice pour aller lui parler. Pour deux raisons : la première étant que je n’avais de cours non plus et la deuxième qu’il y avait moins d’élèves qui traînait là-bas à cette heure-là. Et aujourd’hui ne faisait pas exception!

Et je ne mentirai pas, j’espérais sincèrement pouvoir coincer son frère quelque part aujourd’hui aussi, si elle me donnait les réponses dont j’avais besoin. Idéalement avant dix-huit heures trente, puisque j’avais une pratique de Quidditch. L’avant-dernière pratique avant le premier match de la saison! Mais pour le moment, ce n’était pas l’important!

Mes pas me conduisirent naturellement et rapidement jusqu’à la Salle Commune des Serdaigles. Je ne croyais pas mentir en disant que ce serait la première fois que j’y mettais les pieds. Je connaissais toutefois le fonctionnement pour y entrer, contrairement à la Salle Commune des Poufsouffles. Au moment d’arriver devant la grande porte où se trouvait le fameux heurtoir en forme d’aigle, je sentis un frisson me parcourir le dos. Je n’aurais droit qu’à une seule chance et après… il me faudrait attendre un autre élève, ou me reprendre une prochaine fois.

En franchissant les derniers pas me conduisant jusqu’à la porte, mon esprit divagua vers les personnes que je fuyais ces dernières semaines. L’ironie de mon évitement, c’était qu’ils s’étaient tous rapprochés. Rose passait plus de temps avec Albus et Scorpius qu’elle n’en avait jamais passé. Tout comme pour James et Ruby avec le trio. Je ne pouvais pas savoir si leurs échanges étaient cordiaux, mais je l’espérais.

Je savais bien qu’un jour il faudrait que je leur adresse la parole à nouveau, mais… je n’y étais pas encore prête. Il fallait que je trouve le moyen de véritablement les différencier, car chaque fois qu’une différence frappante apparaissait… j’avais l’impression que l’on me passait au rouleau compresseur avant de me jeter de l’huile et une allumette enflammée dessus. Peut-être qu’une fois que j’aurais obtenu les réponses de la part de mon cousin… peut-être qu’après je tenterais de leur parler à nouveau. Mais il fallait impérativement que j’arrive à les dissocier, parce que sinon…

Une voix sortie de nulle part me ramena brutalement dans le présent.

Puis il n’y eut plus que le silence.

Environ deux minutes plus tard, je compris ce qu’avait dû être la voix et je me retins de justesse de me frapper la tête contre le mur. Timidement, je demandai :

- Pouvez-vous répéter?

Dans un ton aussi plaisant et plein de vie que l’audio de Google traduction, la voix répéta :

- Je n’ai jamais été et il en restera ainsi. Insaisissable, toutes et tous je fuis. Et pourtant j’entretiens la foi. De toutes et tous qui espèrent en moi. Qui suis-je?

Ma bouche s’entrouvrit et je dus faire un effort particulier pour ne pas demander de répéter à nouveau. Avions-nous un temps imparti pour trouver la réponse? Mes paumes devinrent rapidement moites alors que je répétais inlassablement les paroles prononcées. Quelque chose qui n’a jamais été… et qui ne sera jamais. C’était ce que sous-entendaient les premières paroles. Quelque chose qui fuit tout… Qui entretient la foi de ceux qui espèrent en elle… Humm…

Peu à peu une réponse me vint à l’esprit, mais la question qui me restait maintenant étant celle-ci : était-ce la bonne réponse? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir… j’espérais simplement que je n’aurais pas à recommencer plus tard, ou pire un autre jour. Je commençais à avoir hâte d’avoir mes réponses. Je lâchai donc en me tordant les mains :

- Demain?

La porte s’ouvrit lentement.

Ça voulait dire que… j’avais réussi? Un sourire étira mes lèvres et avant que la porte ne se referme et m’oblige à recommencer, je me propulsai à l’intérieur. Et presque immédiatement je fus accueilli par trois paires d’yeux stupéfiés. Dont une qui appartenait à ma cousine, si les informations de ma Carte s’avéraient exactes.

- Mais… comment… qu’est-ce que… souffla l’un des Serdaigles présents.

À vue de nez, c’était un élève de deuxième année. Je lui adressai un sourire narquois et répondit en tournant la tête en direction de celle qui devait être ma cousine :

- On peut faire n’importe quel genre de bêtise pour parler à sa famille… Salut, Peggy.

- Hey, Allison, se contenta-t-elle de dire. Tu sais que tu aurais pu venir me voir à la Grande Salle ou même n’importe où ailleurs. N’importe quand, aussi.

- Ah, mais c’était trop simple!

Elle m’adressa un léger sourire en levant les yeux au ciel, puis elle ajouta :

- Ça fait bizarre de te voir à Poudlard. Et en dehors des vacances de Noël. Alors… Tu es venue simplement pour le plaisir de ma compagnie ou tu as quelque chose à me demander?

- Eh bien, à vrai dire, oui j’ai quelque chose à te demander.

- Je m’en doutais, soupira-t-elle. Alors qu’est-ce que c’est?

- Il faut que je parle à ton frère. Et aussi… je veux que tu fasses attention.

- Attends, quoi?

Ses sourcils s’étaient complètement arqués, mais je n’arrivais pas à savoir d’où lui venait cette stupéfaction. Était-ce à propos de son frère ou de ma demande?

- Pourquoi je devrais faire attention? s’étonna-t-elle la seconde suivante et m’offrant ainsi une réponse. Et pourquoi tu veux voir mon frère? Tu sais qu’il m’a dit de ne pas m’approcher de toi?

- Hein? Mais pourquoi?!

Cette fois, c’était moi qui n’y comprenais rien. Pourquoi son frère lui aurait-il dit de ne pas s’approcher de moi? Parce qu’on ne s’aimait pas? Ça me paraissait un peu… minimaliste comme raison, d’autant plus que de ce que j’avais pu en voir, on semblait bien s’entendre elle et moi. Enfin, mon autre moi et elle, en tout cas.

- Tu sais bien… Son truc. Ses intuitions. Il a dit que tu étais bizarre. Perso, je ne vois pas pourquoi il a dit ça. Mais par principe je l’écoute. Mais bon, ce n’est pas important. Pourquoi, toi, tu dis que je dois faire attention?

Ses intuitions? répétai-je intérieurement. Mais quelles intuitions? De quoi est-ce qu’elle parlait, par Merlin! Sauf qu’apparemment… la moi d’ici semblait au courant. Était-ce à cause de ce truc qu’on ne s’entendait pas? C’était possible. Mais il faudrait déjà que j’arrive à obtenir des réponses à ce sujet sans paraître suspecte. Mon petit doigt me disait toutefois que personne à part Peggy la connaissait. Ni mon… le professeur Williams ni Ruby. Sans doute qu’Abigail la connaissait, mais je n’arriverais jamais à lui parler. Je finis par me reprendre en voyant que ma cousine me dévisageait toujours avec attention :

- Eh bien… Tu as sans doute lu dans le journal que… Enfin, qu’Elliot Berkeley s’était évadé, pas vrai?

Elle hocha de la tête et à voir comment elle perdit des couleurs, je me doutai qu’elle connaissait quelques petites choses le concernant.

- Je ne crois pas que j’ai besoin de te rappeler qu’il a une dent contre notre famille, alors… Sois prudente, d’accord? J’ai cru entendre qu’il avait des plans pour… pour se venger. Alors, voilà. Fais attention. Surtout si tu sors de l’école.

- Je le ferai, m’assura-t-elle, encore un peu plus blême qu’auparavant.

Je pris le temps de la regarder longuement, elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la sœur de mon père. Les mêmes cheveux bruns foncés, une peau claire, des yeux bruns… Un air légèrement mutin. Un poids s’ajouta d’un coup sur mes épaules alors que je me faisais la réflexion que… dans une autre vie, nous aurions sans doute été très proches. Si j’étais née ici, sans mon don. Si toute ma famille avait vécu…

- Et pour mon frère? Pourquoi tu veux lui parler? me relança-t-elle.

- Eh bien… un peu pour la même raison que pour toi…

- Je peux lui passer le message, si tu veux.

- J’ai autre chose à discuter avec lui.

- Et quoi? lâcha-t-elle en croisant les bras.

- Je veux… je veux qu’on fasse une sorte de… de trêve. Voilà. Mon… mon père se pose des questions.

Je me croisai les doigts mentalement pour que ma supposition soit juste et que Charles Williams ignorait effectivement tout des différents entre sa fille et son neveu. D’un autre côté, j’en étais presque certaine puisqu’il ne m’avait fait mention de rien du tout le concernant…

- Humm… souffla ma cousine sur un ton dubitatif. Je suis presque certaine que tu me caches quelque chose, mais tant pis. Qu’est-ce que tu veux savoir exactement? Car tu n’avais pas besoin de venir me voir simplement pour me dire que tu voulais lui parler, pas vrai?

- En effet. J’ai essayé plusieurs fois de le coincer pour lui parler, mais je crois qu’il m’évite, ou me fuit. Au choix.

- C’est clair qu’il t’évite. Est-ce que tu as essayé de l’attendre dans sa Salle Commune? Je veux dire, un délit de plus ou de moins à ton compte, ça ne devrait pas te déranger.

- J’ignore comment entrer chez les Poufsouffles, marmonnai-je.

Et c’était toute la vérité. Je n’avais jamais eu à y aller, alors apprendre comment… ne m’avait pas intéressé. Si j’étais mieux disposée avec certaines personnes d’ici, je savais à qui j’aurais pu poser la question. Mais dans les circonstances actuelles? On pouvait oublier.

- Eh bien, c’est assez simple. Pas de mot de passe, pas d’énigme. Seulement des mouvements à apprendre. Mais avant que je t’explique ça, voilà ce que tu dois faire pour mon frère. Il ne reste à la Grande Salle en général que vingt minutes, après il retourne directement à sa Salle Commune. Si tu t’arranges pour être là avant lui… Eh bien, ça devrait être assez simple pour le coincer.

- D’accord. Et maintenant, Poufsouffle?

Pendant toute la durée de ma période libre, Peggy me montra ce que je devais faire pour entrer. Dans quel ordre on devait toucher les tonneaux, lesquels il fallait éviter, le rythme à prendre et etc. Elle me fit même un croquis de leur disposition pour m’aider à y voir plus clair. Elle conclut en disant :

- Évite de faire une erreur si tu ne veux pas te retrouver pleine de vinaigre. Ça m’est arrivé une fois. Pas très charmant.
Merveilleux. Il manquerait plus que ça!

- Je vais faire de mon mieux, lui assurai-je.

- Alors, bonne chance, cousine!

Je lui adressai un sourire de remerciement et ne perdit pas une seconde pour quitter la Salle Commune. Ce n’était pas le moment de se faire remarquer par d’autres élèves de Serdaigle. Et encore moins des préfets. Je sortis rapidement les quelques mets que je m’étais mis de côté le matin pour mon diner et les enfournai tout en me rendant à la bibliothèque. C’était l’un des seuls endroits où je pouvais avoir la paix, puisque personne n’avait le droit de parler fort et que mes des chuchotements trop répétitifs poussaient la bibliothécaire à nous jeter dehors.

Alors personne ne pouvait venir m’ennuyer.

J’espérais simplement arriver à survivre à mon double cours de Soins aux Créatures magiques. Ma journée du jeudi était vraiment calme comparée aux autres. Aucun cours le matin, l’après-midi remplie, mais se déroulant dehors. Et un entraînement de Quidditch le soir! C’était de loin ma meilleure journée. Malheureusement, aujourd’hui compliquaient les choses. Il fallait que je réussisse à parler à mon cousin avant mon entraînement de Quidditch. Ce qui signifiait que je devais être là d’avance à la Salle Commune des Poufsouffles. Mais pour arriver d’avance… Je n’aurais pas une minute à perdre à la fin du cours de Soins. Si seulement c’était Hagrid qui le donnait! J’aurais peut-être eu une chance d’obtenir la permission de partir cinq minutes à l’avance, ce qui me faciliterait déjà la tâche!

Mais bon, il faudrait bien que je fasse avec ce que j’avais…

Les heures me séparant du souper me parurent durer une éternité. Et c’était à peine une exagération. Normalement, j’adorais mes cours de Soins aux Créatures, mais aujourd’hui… j’arrivais à peine à me concentrer dessus. Non, pas que ma professeur, le professeur Wood, ne soit pas compétente, mais… Peut-être que l’absence d’Hagrid me pesait plus que je ne voudrais l’admettre. Parce que ça ne pouvait quand même pas être seulement dû à tous mes problèmes extérieurs que j’avais du mal à me concentrer, pas vrai?

Enfin, fallait l’espérer, pensai-je en commençant à marcher, ou courir, en direction du château. Je n’aurais sans doute pas le temps de passer par la Grande Salle pour aller manger… et même si ça avait été le cas, ça aurait passé trop suspect de rester seulement dix minutes et de partir tout de suite après. La dernière semaine m’avait bien suffi à comprendre que mon cousin m’évitait, ou me fuyait, et la seule manière d’y arriver efficacement était qu’il me surveille. D’une manière ou d’une autre.

Je devrais avoir le temps de me prendre un petit quelque chose en cuisine, songeai-je plusieurs minutes plus tard alors que j’étais dans le château. Après tout, les cuisines se trouvaient juste à côté… Oui, j’aurais forcément le temps. Et puis, je le prendrais! Si je ne voulais pas mourir de faim à mon entraînement de Quidditch…

En arrivant dans le couloir où se trouvaient à la fois les cuisines et la Salle Commune des Poufsouffles, je ressortis le parchemin que m’avait donné ma cousine en guise d’aide-mémoire. En toute logique je devrais y arriver, pas vrai? Je n’avais aucune envie d’empester le vinaigre! Et surtout pas que mon cousin me tombe dessus alors que je dégoutterais de ce liquide à l’odeur si aigre… Pour une première rencontre, je m’en passerais bien!

Après mon arrêt rapide aux cuisines, je jetai un coup d’œil sur ma Carte et ayant la confirmation que la Salle Commune était vide, je me mis en position. Aller, Allison, tu peux y arriver! M’encourageai-je. Je fis un rapide tour d’essais sur mes cuisses pour être certaine que je me souvenais correctement de l’air et dès que je fus rassurée sur ce point, je me lançai. J’eus un soupir de soulagement lorsqu’en toquant pour la dernière fois, je ne reçus aucun litre de vinaigre sur la tête. À la place, un passage me fut offert à l’intérieur de l’un des tonneaux. Je m’y insérai prudemment avant de pénétrer dans ce qui ressemblait… à un trou de Hobbits. D’accord, d’accord, peut-être pas à ce point-là, ce n’était clairement pas aussi petit, mais la même sensation chaleureuse s’en dégageait. On se sentait presque immédiatement accueilli, ici. Comme si on était à la maison.

Une boule se forma dans ma gorge, mais je ne lui prêtai pas plus attention que nécessaire pour plutôt aller m’adosser contre le mur du côté de la porte. Ainsi, mon cousin ne s’apercevrait pas immédiatement de ma présence et je pourrais gentiment me glisser entre lui et la sortie dès qu’il aurait suffisamment avancé. Ce qui l’empêcherait de me fausser compagnie, au besoin. J’ouvris à nouveau ma Carte en grignotant ce que j’avais subtilisé à la cuisine et surveillai l’étiquette de Lukas Ash pour être certaine d’être prête lorsqu’il pointerait le bout de son nez.

Ce qu’il ne tarda pas à faire, d’ailleurs.

Il n’avait pénétré que de quelques pas dans sa Salle Commune que je me levais et me plantais devant la porte. Sur un ton que j’espérais neutre et pas complètement énervée, je lâchai :

- Salut, Lukas. Une belle soirée, n’est-ce pas?

- Allison! gronda-t-il en se retournant.

J’avoue que je ne m’attendais pas vraiment à l’apparence qu’il avait. À vrai dire, je ne savais même pas que j’avais des attentes. Mais ça devait être à cause de ma rencontre avec Margaret « Peggy » Ash. Contrairement à sa sœur, il n’avait pas les cheveux de sa mère, mais ceux de Berkeley. Mais il avait le même regard brun que sa sœur. Sa peau était légèrement plus foncée, mais à peine.

Et il était grand.

Plus que moi, à vrai dire. Toutefois, la différence n’était pas suffisamment importante pour que je me sente intimidée. Peut-être que je n’étais pas aussi confiante qu’à l’habitude, mais quand même.

- Il faut qu’on parle, me contentai-je de dire avant de le saisir par le bras et de l’entraîner par la sortie.

Nous n’aboutissions qu’à peine dans le couloir qu’il se débattit en s’écriant :

- Non, mais lâche-moi!

- Non.

Et je continuai à le tirer sans même prêter attention aux efforts qu’il mettait à essayer de se délivrer. Ou aux regards que certains Poufsouffles qui se dirigeaient vers la Salle Commune nous jetaient. En fait, j’adressai un grand sourire amusé à ces derniers. Leur incompréhension m’amusait énormément.

Nous n’étions que deux couloirs plus loin de là où on arrivait qu’il réussit à se déprendre de ma prise. Malheureusement pour lui, nous étions pile-poil vis-à-vis un endroit trop utilisé pour les conversations privées, à savoir : un placard à balai. J’ouvris donc rapidement la porte et avant qu’il n’ait pu se rendre bien loin, je le poussai à l’intérieur. Là, je répétai :

- Lukas, il faut qu’on parle. Je sais bien qu’on ne s’apprécie pas beaucoup, toi et moi. Mais si je peux faire un effort, alors toi aussi.

- Et qu’est-ce que tu as à dire qui pourrait m’intéresser, hein?

- Déjà, la même chose que j’ai dit à ta sœur. Elliot Berkeley a l’intention de se venger de notre famille. On sait tous les deux qu’on a un passif assez lourd avec…. Avec ce… avec lui. Et je crois… que ce ne serait pas de trop que de faire attention.

- Tu aurais pu dire à ma sœur de passer le message, me fit-il remarquer en croisant les bras. Et ça m’aurait donné l’occasion de ne pas avoir à te parler!

- Et pourquoi tu…

- Ne fais pas l’innocente! Et puis, je ne devrais pas avoir à te le dire!

- Je suis peut-être devenue plus mature! arguai-je.

Le regard qu’il me jeta me donna des sueurs froides. Il ne me croyait pas. Pas le moins du monde. Mais pourquoi? Avais-je dit quelque chose de mal? J’étais presque certaine d’avoir fait attention, pourtant!

- Tu devrais arrêter tout de suite tes mensonges… ils ne fonctionneront jamais avec moi!

- Mais de quels menson…

Je ne réussis pas à aller plus loin, car il me coupait déjà.

- Je sais que tu n’es pas vraiment ma cousine, déclara-t-il en croisant les bras. Alors, tu peux arrêter ton baratin!

Mes yeux s’écarquillèrent et je restai là à le dévisager la bouche ouverte beaucoup plus longtemps que je l’aurais souhaité. Et ce fut au moment précis où je me décidais à dire quelque chose que des bruits de pas plus sonores que les autres se firent entendre de l’autre côté de la porte, me clouant le bec du même coup.

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Re-bonjour! Quelques petites choses à vous dire avant que vous ne passiez à autre chose! La première : comment avez-vous trouvez le chapitre? Certaines réponses sont offertes, certains questionnements s'ajoutent... Mais... je ne sais pas comment vous le trouvez de votre côté, mais j'ai l'impression d'avoir écrit de manière boiteuse à certains endroits :oops: Alors j'espère que ça n'aura pas été trop dramatique, mais n'hésitez pas à me le dire si c'est le cas! Soyez honnête (et précisez pourquoi, si possible, histoire que je puisse m'améliorer :mrgreen: )

Sinon! La deuxième chose. À un moment où j'aurais vraiment dû dormir, j'ai commencé à réfléchir à ma chère petite fanfic ici présente et au fait que ce tome 2 se déroule pendant la sixième année d'Alli et tout, et tout... Normalement, je ne prévoyais pas faire de tome 3. Sauf que dans mes réflexions nocturnes, j'ai entrevu une possibilité qui pourrait amener un tome 3 et de fait, conclure la scolarité d'Alli à Poudlard. Ceci dit, je n'ai même pas encore la moitié du tome 2 d'écrit, alors... :lol: Mais avant que je me mette à trop y réfléchir ou à rejeter l'idée, je voulais avoir votre avis. Un tome 3 ou pas de tome 3? Dans un cas comme dans l'autre je continuerai sans doute à faire des bonus ici et là. Alors, qu'en pensez-vous? C'est une bonne... ou une mauvaise idée?(surtout que si ça n'intéresse personne il y a peu de chance que je me lance dans un nouveau projet de mille pages :? )

Pour finir, deux derniers trucs... Déjà, le prochain bonus sera la fameuse conversation entre Ruby et Louis :mrgreen: Ça s'annonce croustillant à souhait, tout ça :twisted: Ensuite, petite information qui est pour assouvir la curiosité (et aussi pour répondre au truc de droits d'auteurs) l'énigme provient d'ici « Le grand livre des énigmes de la Terre du Milieu - inspiré de l'univers de Tolkien ». Bon, elle existe certainement ailleurs, mais moi c'est là que je l'ai trouvé. (et je n'ai surtout pas passé quinze minutes à le feuilleter en essayant de trouver une petite énigme de rien du tout... alors que ce n'était qu'un détail. Non, du tout. :roll: )

Sur ce... Je vous dis à bientôt pour un bonus! (Que je vais essayer d'écrire d'avance pour ne pas le publier seulement une semaine avant le prochain chapitre...)


Une nouvelle réalité
Une nouvelle menace
Charmimnachirachiva

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Hello !
De une : Pauvre de moi, toute la honte du monde s'abat sur mes épaules (bon ok j'exagère un peu :lol: ...) j'ai pas com le bonus ! :shock:
Du coup sache que je l'ai beaucoup apprécié et que j'adore encore plus et Josh et Lulu ! Sans oublier Mae qui est géniale !
Et quand Louis fait comprendre à Josh que ça lui fait mal qu'il veule pas lui parler, c'est super émouvant !!!!!!
Et Alexandre est remonté dans l'estime de Louis à une vitesse impressionnante :lol: !!
De deux : super chapitre !!!!!
A la fois c'est super triste pour Alli que les doubles de ses amis soient comme ça avec elle, mais d'un autre côté, je trouve ça un peu logique parce qu'ils ne la connaissent pas bien et qu'il est vrai que ça peu paraître à peine exagéré de vouloir tuer quelqu'un (c'est vrai qu'on s'est jamais demandé comment James le vivait, très bonne problématique soulevée !) mais quand on sait ce qu'à fait Berkley....
MAIS comme ça lui permet d'apprendre à mieux connaitre Josh (d'ici et d'ailleurs) c'est pas mal 8-) . J'ADORE JOSH !!!
Et elle est un peu dans la mouise avec le Al v2. Mais je pense qu'en vrai il va tomber amoureux de la Alli de son monde !
De trois : alors moi ça me ferait grandement plaisir d'avoir un tome 3 8-) 8-) 8-) :D :D :D :D Après, je peux comprendre que ce soit beaucoup de travail donc...
De quatre : bonne journée
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit : dim. 03 janv., 2021 6:27 pm Hello !
De une : Pauvre de moi, toute la honte du monde s'abat sur mes épaules (bon ok j'exagère un peu :lol: ...) j'ai pas com le bonus ! :shock: Pas de problème ;)
Du coup sache que je l'ai beaucoup apprécié et que j'adore encore plus et Josh et Lulu ! Sans oublier Mae qui est géniale !
Et quand Louis fait comprendre à Josh que ça lui fait mal qu'il veule pas lui parler, c'est super émouvant !!!!!!
Et Alexandre est remonté dans l'estime de Louis à une vitesse impressionnante :lol: !! Faut dire que Louis a loupé le moment « rédemption » d'Alexander xD Alors il a encore l'image du Alexander au début du tome 1 avec celui qui propose de l'aide à Jo-Josh :lol:
De deux : super chapitre !!!!!
A la fois c'est super triste pour Alli que les doubles de ses amis soient comme ça avec elle, mais d'un autre côté, je trouve ça un peu logique parce qu'ils ne la connaissent pas bien et qu'il est vrai que ça peu paraître à peine exagéré de vouloir tuer quelqu'un (c'est vrai qu'on s'est jamais demandé comment James le vivait, très bonne problématique soulevée !) mais quand on sait ce qu'à fait Berkley.... Faut dire que j'ai un peu oublié ce point à la fin du tome 1, mais après il ne restait pas beaucoup de « temps » pour le faire vivre ses émotions :oops:
MAIS comme ça lui permet d'apprendre à mieux connaitre Josh (d'ici et d'ailleurs) c'est pas mal 8-) . J'ADORE JOSH !!! Tant mieux si tu l'aimes :mrgreen: Tu peux remercier le fait que j'ai participé à des RPGs, car c'est grâce à celui sur l'univers d'HP que Josh a pris plus de place dans l'histoire.
Et elle est un peu dans la mouise avec le Al v2. Mais je pense qu'en vrai il va tomber amoureux de la Alli de son monde ! Qui sait? ;)
De trois : alors moi ça me ferait grandement plaisir d'avoir un tome 3 8-) 8-) 8-) :D :D :D :D Après, je peux comprendre que ce soit beaucoup de travail donc... J'ai déjà quelques idées, alors en soi... Ce n'est pas un problème 8-) Seulement je ne crois pas le faire aussi long que le tome 1 ou comme semble vouloir être le tome 2. Mais on verra bien, on en est encore loin :lol:
De quatre : bonne journée À toi aussi :D
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Hey! Me revoilà déjà avec un bonus! J'ai réussi à avancer le prochain chapitre suffisamment la fin de semaine dernière, et je vais continuer à l'écrire dès que ce bonus sera publié, pour être à peu près certaine que je vais pouvoir publier le chapitre 14 autour du 18 janvier. Sauf catastrophe majeure. Bref, je ne vais pas vous retenir plus longtemps! Bonne lecture! :mrgreen:

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Bonus


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# 5
Louis & Ruby – Couloir de l’Aile C du deuxième étage – Heure du déjeuner


Louis n’avait pas particulièrement réussi à prêter attention à son cours de Métamorphose de tout l’avant-midi. Évidemment, il avait pris des notes, mais tellement distraitement qu’il ne se souvenait même pas le moindrement de ce qu’il avait écrit. Heureusement qu’il se connaissait suffisamment pour savoir qu’il avait pris en note ce que disait le professeur Bell et non pas le cours de ses pensées.

De toute manière, si ça avait été le cas, James n’aurait pas raté l’occasion de le lui faire remarquer. Et ce n’était pas le cas, alors même qu’il avait passé l’avant-midi complet à réfléchir au problème de Joshua, ainsi qu’à l’un de ses problèmes… plus personnels. Qui se trouvait être : comment faire pour coincer Ruby quelque part sans que James ne s’en rende compte? Car il n’avait aucun doute que ce dernier chercherait à le suivre, ou encore… à l’espionner.

Et il ne tenait pas du tout à ce qu’aucun de ces scénarios se produise.

Au cours de ses réflexions concernant ce problème en particulier, il en était venu à la conclusion que passer par l’intermédiaire de Scorpius pourrait être une bonne idée. Il ne connaissait pas très bien les autres compatriotes de Serpentard de Shepherd, alors il n’avait pas vraiment l’embarras du choix. Et puis, il appréciait Scorpius. L’autre option aurait été Joshua, mais il avait promis de lui ficher la paix, alors il le ferait. Et ce n’était pas comme s’il connaissait vraiment Joshua, de toute manière.

Il augmenta la cadence de ses pas pour essayer de rattraper le Serpentard avant qu’il n’arrive à la Grande Salle. Il avait réussi à subtiliser la Carte du Maraudeur à James pendant le cours et sans doute que ce dernier craignait déjà de l’avoir égaré dans la salle de cours. Parfois, il se demandait vraiment comment il pouvait être aussi facile de subtiliser des trucs à son cousin, mais qu’importe. Ce n’était pas le moment. Selon la Carte, Scorpius revenait de la bibliothèque où il avait vraisemblablement passé l’avant-midi.

À l’aide d’un passage secret, il parvint à se glisser juste derrière le petit-ami de sa cousine à bien deux couloirs de la Grande Salle. Il accéléra encore un peu en s’écriant :

- Hé, Scorpius!

L’intéressé se retourna aussitôt et ne se priva pas de froncer les sourcils en l’apercevant. C’était vrai que jusqu’ici, Louis n’avait jamais cherché à entrer en contact en dehors de certaines situations. Les rencontres pour toute l’histoire entourant Allison et les attaques, ou les rares fois où ils s’étaient croisés au Terrier. En voyant apparaître de l’inquiétude sur le visage de son cadet, il s’empressa de dire :

- Je n’ai aucune mauvaise nouvelle.

- Tu me rassures, affirma son interlocuteur. Mais je peux savoir pourquoi tu veux me parler si ce n’est pas concernant… tu sais…

- C’est à propos de Ruby.

- Qu’est-ce que tu lui veux?

Et voilà le retour du froncement de sourcils. Un léger sourire s’imprégna de ses lèvres lorsqu’il répondit :

- Tu te souviens de l’esclandre de James et elle, l’autre soir? Eh bien, j’ai dit que j’avais des choses à lui dire et j’ai effectivement des choses à lui révéler. Mais, vois-tu, James n’a pas vraiment envie que je dise quoi que ce soit à propos des informations que je détiens. Alors j’ai besoin de ruser. Sauf qu’il n’y aurait rien de plus contre-productif que d’aller moi-même la voir pour lui donner un moment de rencontre, pas vrai?

Un sourire narquois se forma sur les lèvres de Scorpius et il replaça sa coiffure d’une main en disant :

- Oh, mais tu aurais dû le dire avant que c’était pour ennuyer James!

- Tu le trouves casse-pied?

- En certaines occasions? Absolument.

Le sourire de Louis s’élargit, mais il reprit suffisamment son sérieux pour ajouter :

- Alors? Tu me donnes un coup de main?

- James n’a aucun moyen de savoir qu’on se parle?

- J’ai subtilisé la Carte, alors il doit être en train de la chercher comme un dégénéré dans la salle de Métamorphose. Tu t’inquiètes qu’il apprenne ta coopération dans cette entreprise?

Cette fois, ce fut au tour du Serpentard d’élargir son sourire et il croisa les bras en répondant :

- Vraiment, Weasley? Je veillais surtout à ce que ton plan ne rate pas dès le début! Sincèrement, si j’avais peur de James et de ses remontrances, je n’aurais jamais fait long feu avec Rose, parce qu’être proche de l’un de vous, c’est accepter le lot complet. Et il s’avère que je suis proche de deux membres de votre famille.

- Pas faux. Alors tu es partant?

- Ouais. Où veux-tu la voir?

- Dans trente minutes. Dans le couloir de l’aile C du deuxième étage.

- Je vais passer le mot. Autre chose?

- Essaie d’empêcher tes amis de faire des trucs débiles, le temps qu’on trouve l’information que l’on cherche à propos de Skeeter.

Le Serpentard hocha de la tête avant de demander :

- Au fait, c’est pourquoi exactement que tu veux la voir?

- Tu dois être au courant de l’incident entre James et elle pendant votre première année?

- Oui.

- James a oublié de rendre quelque chose à Ruby, une certaine lettre, tu vois? Mais si Shepherd croit que mon cousin l’a jeté, ce n’est pas l’exacte vérité.

- Je vois.

Un sourire encore plus amusé étirait les lèvres de Scorpius à présent et il ajouta :

- Ces deux-là… Ils sont vraiment compliqués! Je ne me souviens pas d’avoir connu deux personnes aussi entêtées!

- C’est sûr qu’ils le sont, admit-il, mais avec un goût de cendre dans la bouche.

Non, en effet, Scorpius… Tu ne te souviens pas de deux personnes plus entêtées, car la plus entêtée de toutes t’as été retirée de la tête, songea-t-il en repoussant un soupir mal venu. Mais, lui, il se souvenait. Albus avait toujours nié quoi que ce soit lorsque Louis le taquinait à ce propos, mais c’était aussi visible que le nez au milieu du visage, sauf peut-être dans le cas de Voldemort, mais tel n’était pas la question. Pour Allison, ça lui avait pris un certain moment avant de le comprendre, mais après… Oh, après c’était presque aussi compréhensible que pour son cousin. À la différence qu’elle était beaucoup plus têtue que lui quand venait le temps d’admettre ce genre de chose. Il n’avait pas cherché à la pousser, après tout, ils n’étaient pas vraiment proches. Pas autant qu’elle l’était de Rose, d’Albus et de James. Même Hugo et Lily étaient plus proches d’elle que lui.

Ce qui était logique, en un sens.

Elle avait noué un lien d’amitié avec un membre de la famille immédiate de chacun d’eux. Sauf qu’elle avait toujours été là à Noël à partir de sa deuxième année, alors normalement, ils auraient dû se connaître un peu mieux… mais ce n’était pas le cas. Sans doute parce que James avait tendance à prendre beaucoup de place quand il voulait. Et même inconsciemment, parfois. Toujours est-il, qu’il n’avait pas cherché à la pousser à se le révéler à elle-même. Déjà, parce que justement ils n’étaient pas suffisamment proches. Il avait bien essayé de pousser Al dans ses retranchements dans l’été précédent leur cinquième année, mais… sans succès.

Du moins, c’était ce qu’il avait cru.

Mais peut-être avait-il eu un certain impact s’ils avaient fini par se mettre ensemble. Ce que tout le monde, parmi ceux qui se souvenaient, affirmait. Cela dit, il n’avait pas vraiment d’idée précise sur ce qui s’était passé. Peut-être pourrait-il le demander à Rose? Après tout, elle avait forcément été aux premières loges!

- Pourquoi tu fais cette tête-là? l’interrompit soudain Scorpius.

- Quelle tête?

- Comme si tu avais mangé la pire saveur des dragées surprises…

- Oh, je vois. C’est seulement…

- Quoi? s’impatienta le Serpentard.

- Ruby et James ne sont pas les personnes les plus entêtées que tu connais… pas question sentiment.

- Mais je te jure que…

En voyant le visage de son interlocuteur s’affaisser avant d’avoir terminé sa phrase, Louis sut qu’il venait d’additionner deux et deux. D’ailleurs, ça ne lui prit pas une seconde pour ajouter :

- Albus… et Allison, je présume?

Il se contenta de hocher la tête pendant que Scorpius poussait un long soupir en s’emmêlant les cheveux. Il avoua après quelques secondes :

- J’ai horreur de ça.

Puis avant que Louis n’ait eu le temps d’ajouter quoi que ce soit, le Serpentard reprit :

- Bon, je vais te laisser maintenant. Et t’inquiètes, je vais passer le mot à Ruby.

À peine avait-il prononcé les derniers mots qu’il s’éclipsait déjà. Il le regarda partir avec les sourcils froncés. Peut-être n’aurait-il pas dû dire ce qu’il avait dit. Apparemment, le Malefoy avait bien de la difficulté à l’accepter. D’un autre côté… ce n’était pas grand-chose à côté du comportement d’Al. Son cousin avait la particularité de réussir à s’enfoncer dans un puits sans fond et se critiquer sans l’aide d’autrui. Sauf que plusieurs personnes semblaient avoir des raisons de lui en vouloir et il ne les connaissait pas.

Il y avait cette histoire d’Ancre, ça, il le savait.

Même s’il ne la comprenait pas complètement, car il n’avait pas été là lorsque toute cette histoire s’était produite. Sauf qu’il y avait quelque chose de plus, et apparemment de plus ancien aussi. Il y avait de vieilles rancœurs chez certains d’entre eux vis-à-vis d’Albus. Il finirait bien par savoir pourquoi, après tout, il était passé maître dans la récolte d’informations.

En haussant les épaules, il prit la même direction que le Serpentard. L’idée de ne pas se pointer à la Grande Salle lui avait effleuré l’esprit, mais ça ne rendrait que James plus suspicieux. Et comme il avait déjà pu remarquer que Ruby ne restait jamais très longtemps à la Grande Salle sur l’heure du déjeuner… son cousin ne verrait donc pas quoique ce soit de particulier à sa sortie. Quant à la sienne, à lui, Louis. Eh bien, il avait déjà l’excuse parfaite. Enquêter sur cette stupide Breeta Skeeter et comprendre comment elle avait pu avoir vent de leurs rencontres.

Il s’installait à peine aux côtés de Liam et Dylan, qu’il sentit une main s’abattre sur son épaule. Un simple coup d’œil vers l’arrière lui permit de confirmer que c’était James. L’inquiétude qui apparaissait sur ses traits aurait pu l’alarmer, s’il n’avait pas reconnu le genre d’inquiétudes dont il était question dans l’instant. Ça n’avait rien avoir avec un drame supplémentaire, mais plutôt avec un drame personnel. À savoir : la Carte. Il dut se retenir de sourire et à la place fronça les sourcils comme en réaction au comportement de son cousin.

Contrairement à d’habitude, la brusque irruption de ce dernier n’intéressa personne. Depuis la veille, tous les membres de leur Maison les évitaient. Il y avait donc un large espace de libre entre eux, eux étant tous ceux compris dans l’annonce de la soirée d’avant, et le reste des Gryffondors. Le même phénomène se produisait chez les Serpentards. Ce qui pouvait se comprendre, puisque la perte de mille points en début d’année signifiait presque l’impossibilité de toute chance de gagner la Coupe.

- Oui? lâcha-t-il en voyant que James le dévisageait toujours.

- Est-ce que tu as la Carte? Est-ce que tu l’as vu?

Le ton de son cousin était très… angoissé. Pressant. La main sur son épaule s’était resserrée et il ne put s’empêcher d’arquer un sourcil en direction du propriétaire pour le lui faire remarquer. Dès que la pression se relâcha, il répondit avec les sourcils froncés :

- Non, je ne l’ai pas. Et je ne l’ai pas vu depuis que tu l’as sortie ce matin…

- Tu en es sûr?

- Oui.

Il voyait presque la sueur perler sur le front de James. Il aurait pu se sentir désolé pour lui, mais il avait surtout envie de rire. Il avait toujours eu une certaine facilité à mener son cousin en bateau. Pourtant, son meilleur ami était loin d’être crédule… sur la majorité des sujets, en tout cas. Quand il s’agissait de Ruby Shepherd, par contre… il pouvait gober n’importe quelles conneries. Même celles qui étaient de sa propre invention.

Liam, par contre, était moins crédule.

Il remarqua le coup d’œil en coin que son ami lui jeta, mais n’en fit pas de cas, puisqu’il vit aussi le sourire en coin de l’intéressé. C’était assez normal que ce dernier soit se doute de quelque chose, d’ailleurs, puisqu’il l’avait vu subtilisé la Carte à James. Tout comme Dylan, d’ailleurs. Il dut se mordre les joues lorsque son cousin les interrogea tous les deux et qu’ils affirmèrent ne pas l’avoir vu depuis la dernière fois que James l’avait sorti ni l’avoir pris. Les deux affirmations étant complètement vraies, leur comparse ne les accusa pas de mentir.

Ne surtout pas éclater de rire maintenant, songea-t-il.

Il continua d’observer son cousin alors que ce dernier portait son attention sur son jeune frère. Il vit presque James peser le pour et le contre. Sauf qu’il dut se rendre à la même évidence que lui, car il ne questionna pas Albus. Ce dernier… avait la tête dans la main et regardait son assiette d’un air morose. Leur cousine tentait de lui arracher quelques mots, mais tout ce qui en résultait c’était des soupirs agacés ou des commentaires tout aussi agacés.

Le plus tôt Al se souviendrait, le mieux ce serait.

Du moins… il l’espérait.

Sauf qu’il n’était pas certain que ce serait le cas, puisque plusieurs personnes affirmaient que c’était la faute de son cousin si Allison n’était plus là. Encore là, il ignorait s’il pouvait affirmer que c’était vrai ou non. Il lui manquait un an de souvenirs en commun avec ses amis et sa famille et pas parce qu’il les avait oubliés, mais parce qu’il n’avait pas été là.

Il poussa un soupir avant de se concentrer sur la nourriture. Son estomac était en train de le déchirer de l’intérieur tellement il avait faim! Il entreprit donc de se restaurer à une vitesse à la fois normale et accélérée. Et c’était à peine parce que le temps lui manquait qu’il s’engouffrait autant. Mais comme James ne lui fit pas de remarque, il supposa que ça n’avait pas l’air plus suspect que ça.

Au moment où il se levait, son cousin le retint par le bras et avec un regard soupçonneux lui demanda :

- Où est-ce que tu vas?

- Je veux essayer de résoudre le problème Skeeter.

- Ah. Parfait, alors. On se revoit en Potions.

Il hocha de la tête avant de s’éloigner rapidement. Il n’avait plus beaucoup de temps avant que Ruby elle-même s’en aille de la Grande Salle. S’il voulait éviter de sortir en même temps qu’elle… Ses pas accélérèrent d’eux-mêmes. Il continua à marcher à la même vitesse jusqu’à ce qu’il ait atteint l’endroit où devait le rejoindre Ruby. En l’attendant, il s’appuya contre le mur et laissa son regard dérivé vers le plafond alors que ses pensées s’éloignaient beaucoup plus loin.

Au moment où il entendit des pas s’approcher, il sut que c’était elle.

Elle avait toujours eu une démarche bien à elle. Il avait commencé à en prendre conscience lorsqu’il avait constaté que James avait un intérêt pour elle. Comme ça, il pouvait agacer son cousin sans même avoir à tourner la tête pour repérer Ruby. Un sourire lui étira les lèvres à cette pensée et ce fut donc avec le sourire qu’il accueillit son invitée lorsque celle-ci s’arrêta à son niveau :

- Salut, Ruby.

- Louis, se contenta-t-elle de répondre.

En tapant du pied.

- Je suppose que tu veux savoir pourquoi tu es là?

- En effet, admit-elle.

En baissant la tête pour croiser son regard, il remarqua son sourcil arqué. Son sourire s’élargit un peu plus lorsqu’il répondit :

- Eh bien… Tu es là pour deux raisons, Shepherd. La première, c’est concernant ton ami Joshua. La seconde… c’est à propos de James et du truc qu’il t’aurait pris.

Il la vit instantanément blêmir et son sourire devint narquois lorsqu’il demanda :

- Par quoi veux-tu qu’on commence?

- Josh, répondit-elle aussitôt.

Malgré qu’il se doute de cette réponse et que ça l’amusait beaucoup, il ne put s’empêcher de se frotter la nuque. La conversation serait délicate. Il ne connaissait pas beaucoup la Serpentard, mais il croyait la comprendre suffisamment pour savoir que les connaissances qu’elle avait au sujet de son ami lui donnaient envie de l’aider que de ne pas pouvoir le faire… la rongeait. Après avoir relâché sa nuque, il se frotta les mains ensemble en disant :

- Bon, alors, je me lance. Ton ami, il a des problèmes. Des gros problèmes. Sa cousine plus âgée et son jeune cousin aussi.

- Je… je n’étais pas au courant pour Eleanor et Ethan, avoua-t-elle d’une petite voix.

- Peu importe. Pour le moment, tu n’as pas besoin d’en savoir plus à leur sujet. Je voulais te parler pour te demander ton aide.

- Mon aide?

Elle semblait sous le choc. Mais pour quelle raison? Qu’y avait-il de surprenant à ça?

- Oui, ton aide, Ruby. J’ai réussi à convaincre toute cette troupe de têtus à accepter notre aide. À ma famille et moi. Et aux amis intéressés. Et comme tu es au courant depuis longtemps… tu figures dans la liste des éléments importants.

- Mais en quoi? Je ne suis pas une sang-mêlé et encore moins une sang-pure, Weasley. Je ne vois pas comment je peux être utile dans des histoires familiales de sorciers.

- Déjà, c’est ton côté moldu qui m’intéresse justement. Est-ce que tu sais comment on fait ça chez les Moldus? Prendre la garde de membres de sa famille, les jeunes battus… ?

- Pas vraiment, non.

- Est-ce que…

Elle ne lui laissa pas le temps de continuer qu’elle lançait déjà :

- Mais je peux me renseigner si tu penses que ça peut être utile.

- C’était justement ce que je voulais te demander. Si on parvient à comprendre la logistique moldue, on pourra peut-être s’en servir pour celle des sorciers.

- Et comment?

- L’arrogance. Tout le monde sait que beaucoup de sorciers auraient horreur de se faire dire qu’ils agissaient de manière plus débile que les Moldus. Et toute connaissance est bonne à prendre.

- Tu es sûr que tu n’aurais pas dû aller à Serdaigle, toi?

- Tous les Gryffondors ne sont pas idiots, tu sauras!

Elle acquiesça et une ombre traversa son regard lorsqu’elle souffla :

- Allison ne l’était pas. Un peu irréfléchie et impulsive, mais pas idiote.

- Je sais.

Il avait moins eu de contacts avec Allison, ou du moins pas suffisamment pour pouvoir dire de manière convaincante qu’elle était irréfléchie ou impulsive. Elle rendait toujours coup sur coup avec James, mais c’était plus une marque d’entêtement que quelque chose d’irréfléchi ou d’impulsif. Et puis, ça faisait en sorte que son cousin y réfléchissait un peu plus avant de faire un coup. Ça ne l’empêchait pas de le faire, évidemment, mais quand même. Il devait se donner plus de mal pour le faire. Et essayer d’éviter la contre-attaque.

- Donc, reprit la Serpentard rapidement. Que veux-tu que je cherche exactement?

- Tout ce que tu peux sur des cas similaires à celui de Joshua et les mesures que l’on peut prendre dans ces circonstances.

- Je vais devoir me renseigner à mon père… Mais je devrais arriver à lui inventer quelque chose concernant mes raisons.

- J’aimerais aussi que tu cherches à savoir s’il est possible pour des personnes qui viennent juste d’atteindre leur majorité s’ils peuvent obtenir la garde de membres plus jeunes de leur famille.

- D’accord. J’ai jusqu’à quand?

- Idéalement… il faudrait avoir trouvé une solution et l’avoir mis en marche avant Noël.

- Pourquoi avant Noël?

- J’ai mes raisons de croire qu’une personne de ma connaissance risque de faire une bêtise pendant les vacances de Noël.

Elle fronça un peu les sourcils et son expression lui fit comprendre qu’elle avait compris qu’il ne s’agissait pas de James, même si elle n’arrivait pas à déterminer de qui il parlait.

- Bon, alors… je ne pourrai pas utiliser Google, soupira-t-elle une seconde plus tard. Ça aurait évité que j’aie à demand…

- Googue-quoi?

- Google. C’est un truc très pratique pour faire des recherches. Entièrement moldu!

- Le professeur Montgomery ne l’a pas mentionné dans ces cours.

- Surement parce que ça fait partie d’un fonctionnement assez technique quand on y est pas habitué et que… eh bien… le cours est un peu dépassé.

- Ah!

Dommage, il aurait bien aimé que ce cours lui serve vraiment à quelque chose.

- Est-ce qu’il y avait autre chose ou je peux partir maintenant?

Un sourire étira les lèvres de Louis et il arqua un sourcil en lâchant :

- Oh, vraiment, Shepherd? Tu croyais vraiment arriver à t’en sortir comme ça?

- Pas vraiment, mais qui ne tente rien n’a rien! marmonna-t-elle.

Il élargit un peu son sourire et invita Ruby à s’installer à ses côtés. Évidemment elle ne bougea pas d’un pouce et il poussa un soupir. Surtout lorsqu’elle se mit à taper du pied à nouveau.

- Alors, qu’as-tu à me dire de si important à propos de ton idiot de cousin Potter!

- Eh bien, ça remonte à cette histoire de truc qu’il ne t’aurait pas rendu.

- Oui…

- Ce truc qui se trouve être une lettre, pas vrai?

Pour la deuxième fois pendant leur conversation, toute couleur quitta le visage de son interlocutrice. Il s’empêcha de sourire davantage en voyant les mains de l’intéressée se mettre à trembler. Il n’était pas certain si c’était de la colère ou autre chose, mais vu l’absence d’une contraction de la mâchoire et du fait que son regard semblait plus brillant que d’habitude, il opta pour la seconde option.

- Ça fait deux fois que tu l’affirmes, grommela-t-elle. Mais comment tu le sais?

Elle devait s’être fait la réflexion que ça ne servait à rien de nier.

- Parce que James l’a encore.

Elle éclata presque instantanément de rire ce qui le laissa complètement ahuri, mais il se reprit rapidement. Et après coup, un léger sourire étira ses lèvres malgré qu’il tenta de rester sérieux. Elle ne le croyait pas. Au point d’en trouver l’idée complètement farfelue.

- Tu mens!

Oh, magnifique.

- Et pourquoi je mentirais, hein, Ruby? James a gardé ta lettre pendant toutes ces années. Par culpabilité, entre autres. Il n’a jamais vraiment voulu tout nous dire à propos de ce soir-là, mais on n’a pas eu besoin de beaucoup d’informations pour comprendre, les autres et moi.

Cette fois, il la vit distinctement chanceler sur ses deux pieds. Il s’approcha pour l’attraper par le bras et l’empêcher de tomber, mais elle se reprit rapidement et leva impérativement une main pour lui ordonner de rester où il était. Après un moment, elle finit par marmonner :

- Comprendre quoi?

Il arqua un sourcil avec un sourire narquois. Décidément, ce n’était définitivement pas que James qui était aveugle!

- Si tu as besoin que je te le dise pour le comprendre, je crois que je préfère me taire. Mais de toute manière, ce n’est pas vraiment ça l’important. En ce moment.

- Et c’est quoi?

- Tu as tort à son propos. Tu pensais vraiment que James aurait simplement jeté ta lettre? Alors qu’on sait tous les deux ce qu’elle contient?

- IL TE L’A FAIT LIRE! s’écria-t-elle, le rouge de la rage lui mangeant le cou et les joues.

- Tu crois vraiment que James me l’aurait fait lire? Décidément, tu le détestes beaucoup pour le croire prêt à commettre les pires bêtises qui soient.

Il leva les yeux au ciel avant d’ajouter :

- Par Merlin, Ruby. Je suis quelqu’un de curieux. James l’a peut-être rangé à l’abri des regards, mais dès que j’ai connu l’existence de cette lettre, je n’ai pas pu faire autrement que de la lire. Et… je suis vraiment désolé pour toi.

- Arrête, gronda-t-elle. Je n’ai pas besoin de ta compassion. Ni de celle de Potter. Ou de qui que ce soit!

- D’accord.

Il ne voyait pas quoi dire d’autre pour éviter qu’elle ne s’énerve davantage. Il n’aurait pas pensé qu’elle réagirait autant, mais d’un autre côté… Comment aurait-il réagi à sa place? Ou si Dominique…

Il aurait détesté voir la compassion des autres pour lui.

Parce que la compassion signifiait que quelque chose d’horrible s’était passé. Et lorsqu’on était en deuil, on voulait surtout éviter d’y penser. Être dans le déni des évènements. C’était une des raisons pour laquelle personne n’avait eu le droit de voir Dominique, sauf lui, sa sœur et ses parents.

- Écoute, Ruby, reprit-il en essayant de garder un timbre de voix normal. Je tenais à ce que tu saches que James avait toujours la lettre pour ne pas que tu croies qu’elle avait complètement disparu. Et je crois que si tu le lui demandes, mon cousin te la rendra. Elle sera peut-être seulement un peu… abimée.

- Comment ça?

Le ton de Ruby était on ne peut plus agressif, mais il ne put s’empêcher de sourire en susurrant :

- Oh, mais seulement parce que James la relit à chaque fois que vous vous affrontez. Et si ce n’est pas le cas… au moins une fois par semaine.

Il éclata instantanément de rire en la voyant écarquiller les yeux. Avec un sourire narquois, il leva un chapeau imaginaire dans sa direction et après une courbette, il s’éloigna. Sa mission était accomplie maintenant. Pour le reste, c’était à eux de jouer.
Sauf s’ils prenaient encore trop longtemps avant de faire avancer les choses.

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Et voilà le bonus qui est fini! Comment l'avez-vous trouvé? Est-ce que la conversation entre Louis et Ruby est satisfaisante ou non? D'ailleurs, je vais le redemander, mais est-ce que vous avez des envies concernant d'autres bonus? Ça peut être en lien avec des évènements du premier tome que je n'ai pas exploré, ou certains que vous avez vu, mais que vous aimeriez du point de vue de quelqu'un d'autre? Je préfère rester dans la réalité principale, ceci dit. Pour ne pas m'embrouiller ni vous embrouiller. Vous pouvez aussi me proposer des scènes et je verrai si je peux faire quelque chose avec. Ou des interactions entre personnage qui ne se parlent pas souvent. À titre d'exemple : Albus/Alexander, Scorpius/Louis, Alexander/Rose... Ou n'importe quoi! Bref, n'hésitez pas à me donner votre opinion. Que ce soit ici, sur mon mur ou en privé!

Bonne journée! Ou soirée :lol:
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

L'bonjour tout le monde! Je suis vraiment contente pour le coup d'avoir réussi à écrire mon chapitre en trois semaines! :mrgreen: C'est presque un record! (pour moi, hein). J'espère toutefois qu'il en vaudra la peine :roll: J'aimerais bien pouvoir promettre d'essayer d'écrire mes chapitres en deux semaines ou que le prochain arrivera pour ce délai, mais je préfère m'abstenir :roll: Parce que si en théorie c'est très possible d'y arriver, pour la pratique c'est autre chose :oops: Mais bon, ce n'est pas très important, je vais essayer de le faire, mais sinon ça sera trois semaines comme pour cette fois-ci (ce qui est déjà une nette amélioration :lol: ) Alors... sur ce, bonne lecture! :mrgreen:



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Chapitre 14


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Ruby n’avait aucune envie de se rendre là-bas, mais alors là… absolument pas! Déjà, c’était complètement débile qu’elle se soit retrouvée dans cette situation et ensuite… il y aurait cet idiot de Potter! Et avec ce que lui avait dit Louis Weasley sur l’heure du déjeuner, elle avait encore moins envie de le voir que d’habitude! Sauf qu’elle n’aurait pas le choix. Elle le devait à Allison. Et aussi, il faudrait bien qu’elle en parle à cet imbécile, un jour ou l’autre.

Car apparemment, James Stupide Potter avait sa lettre.

Elle avait d’abord ri au nez de Weasley, mais devant son air à la fois sérieux et amusé, elle avait dû se rendre à l’évidence : il disait la vérité. De toute manière, pourquoi il lui dirait ça? Pourquoi il mentirait? Certes, il était tout aussi farceur que l’autre idiot, mais… aucun d’eux ne ferait ouvertement quelque chose d’incorrect, pas avec les sentiments d’autrui. Mettre la honte, oui. Volontairement blessé quelqu’un, elle avait des doutes.

Et quelque chose dans le regard de Louis lui avait fait comprendre qu’il savait.

Il connaissait le contenu de la lettre. La fureur l’avait d’abord emplie, puis elle avait remarqué la lueur qui dansait dans le regard du Gryffondor. Ce n’était pas James qui lui avait montré la lettre. D’ailleurs, le septième année devant elle lui avait rapidement fait comprendre que ce n’était, effectivement, pas son cousin qui lui avait montré.

Sauf que ça ne servait à rien de repenser à cette conversation.

Du moins à cette partie de la conversation. Il y avait eu la partie à propos de Joshua, et aussi de la cousine plus âgée de ce dernier. L’envie de son aîné de vouloir faire quelque chose à tout ça l’avait interloqué, sauf qu’elle avait conservé le silence, préférant écouter ce qu’il avait à dire avant d’émettre ses interrogations.

Elle ne savait pas trop comment prendre tout ça, toute fois.

Quelque chose en elle avait toujours voulu aider Josh et ses cousines! Et maintenant on lui donnait une réelle opportunité de le faire, mais pour ça, il faudrait qu’elle fasse ses recherches du côté de son univers de naissance : celui où la magie n’existait pas. Elle devrait en parler à son père… et elle ignorait comment se déroulerait cette conversation, d’autant plus qu’elle aurait lieu via le courrier des sorciers.

Elle pourrait toujours prétexter que c’était pour une présentation en lien avec un cours.

Non, pas un cours. Son père connaissait toutes ses options et l’Étude des Moldus n’en faisait pas partie! Toutefois… ça pourrait passer pour un travail optionnel avec les changements qu’avait apportés le professeur McGonagall l’année d’avant! Un peu comme un travail extrascolaire! Oui, ça marcherait! Bien, maintenant il ne resterait plus qu’à mettre tout ça en branle…

Mais après la retenue.

Elle poussa un soupir en entrant dans la salle de Métamorphose, c’était là qu’ils s’étaient tous fait donner rendez-vous pour cette stupide retenue! Retenue qu’ils n’auraient pas eue si cette idiote de Skeeter avait tenu sa langue! Maintenant, ça allait être dix fois plus dur pour eux de tous se retrouver pour résoudre le mystère avec Allison. Au moins, maintenant que Rose Weasley se souvenait… ainsi que Malia McDonald et Teena Bones, ça serait plus simple. Enfin, elle l’espérait.

Ruby parcourut la salle des yeux et croisa presque immédiatement le regard de Potter. Un rictus se formait sur sa bouche alors que le Gryffondor esquissait un sourire malicieux. Elle s’en moquait bien si sa manière de sourire le rendait particulièrement attirant. Ça faisait longtemps qu’elle avait cessé de s’en émouvoir. Et rien n’y changerait jamais. Surtout pas lorsqu’il semblait avoir des idées derrière la tête.

Elle tourna la tête pour regarder en direction du professeur Bell à la place, essayant de ne pas s’inquiéter des idées que Potter pourrait avoir. Elle n’avait pas besoin de problèmes supplémentaires, et le concernant, encore moins! Qu’est-ce qu’elle donnerait pour que ce soit déjà fini! Le professeur de Métamorphose devait être du même avis, car il prit la parole :

- Bien, vous êtes tous là, alors on va pouvoir commencer. Tout d’abord, j’aimerais que vous vous mettiez en binôme.

Elle se tourna instinctivement vers Amy avec un sourire, mais avant d’avoir pu dire le moindre mot en ce sens, quelqu’un la devança :

- Je choisis Shepherd!

La voix de James Potter. Elle s’apprêtait à l’envoyer paître, lorsque le professeur Bell accepta :

- Très bien, Mr Potter.

- Mais je n’en veux pas, moi! s’énerva-t-elle.

- Miss Shepherd, la retenue n’est pas censée être agréable, rétorqua son professeur.

Elle eut encore envie de protester, d’autant plus que par la suite tout le monde se retrouvait avec quelqu’un qu’ils appréciaient, ami, copain, copine, cousin... Et elle! Elle, elle était coincée avec un abruti! Où était la justice là-dedans? Nulle part! Sauf qu’elle n’avait aucun doute que ça avait été le plan de Potter. Elle ignorait pourquoi, toutefois. Certes, elle se doutait que Weasley lui avait probablement mentionné leur discussion, mais à quel point? Était-ce la curiosité qui le poussait à vouloir lui parler? D’autant plus qu’il était plus qu’au courant qu’elle n’avait aucune envie de lui parler! Ou de le voir, point!

- Bien, maintenant que la question des binômes est réglée, on peut passer aux choses sérieuses, reprit le professeur Bell d’un ton qui n’admettait aucune réplique. Pour des raisons évidentes, vos retenues se dérouleront dans les salles de classe. Sept de mes collègues et moi-même avons accepté de sacrifier une partie de notre soirée pour vous surveiller. Pour ce soir, vous vous contenterez de nettoyer de fond en comble les salles de cours des professeurs correspondant. Si vous prenez plusieurs soirs, par minutie de votre travail, vous aurez vos autres tâches plus tard. Miss McDonald et Mr Parkinson…

- Williams, ronchonna l’intéressé, coupant la parole au professeur.

- Pardon. Oui, donc Miss McDonald et Mr Williams resteront avec moi ici. Quant aux autres, mes collègues ne devraient pas tarder à arriver.

À peine prononçait-il ces mots que la porte de la classe s’ouvrit sur sept des professeurs de l’école. Assez rapidement ils se firent répartir entre chacun d’entre eux et elle se retrouva à suivre le professeur Montgomery. C’était celle qui s’occupait de l’Étude des Moldus. Elle avait entendu dire que cette dernière avait eu pendant une certaine période un poste du côté « non-sorcier ». Personne ne savait exactement quoi ni pourquoi elle l’avait quitté.

Alors qu’ils marchaient d’un bon pas en direction de la classe qu’ils auraient à nettoyer, Potter lui glissa :

- Je sais que tu n’as aucune envie de me voir…

- Ni de te parler! ajouta-t-elle.

- Mais ce n’est pas important, poursuivit-il. J’ai… j’ai quelque chose à te demander.

Sa voix…

Il y avait quelque chose de bizarre avec la voix de Potter, présentement! Il semblait presque… vulnérable. Elle ne l’avait vu qu’une seule autre fois ainsi et elle aurait préféré ne jamais le voir. Notamment, car c’était dur de lui en vouloir et de le détester lorsqu’il affichait son air de biche abattue. Sauf qu’elle ne se laisserait pas embobiner par cette apparence qu’il se donnait! Pas même si tout son être lui criait que ce n’était pas un piège ni une ruse.

- T’as vraiment le culot de vouloir me demander quelque chose, Potter? Sérieusement!

- Miss Shepherd, si vous pouviez baisser d’un ton, la réprimanda doucement le professeur Montgomery.

Ruby poussa un soupir, mais elle acquiesça au professeur d’Études des Moldus, par principe de respecter l’autorité. Sauf que si l’autre continuait, elle ne pourrait sans doute pas tenir cet accord silencieux qu’elle venait d’émettre. Elle espérait toutefois que Potter s’en tiendrait là et n’ajouterait rien du tout. Apparemment, c’était le cas puisqu’elle l’entendit soupirer. Un simple coup d’œil dans la direction de l’intéressé lui permit de constater qu’il se passait une main dans sa tignasse désordonnée. Est-ce qu’il avait les épaules voutées?

Mais, non! Impossible!

Potter avec les épaules voutées? C’était du jamais vu! Donc, oui, impossible! Sauf qu’il paraissait vraiment mal… C’était forcément une ruse, pas vrai? Un autre moyen de l’amadouer, comme avec ses excuses tardives de l’autre fois! Mais avec ce qu’avait dit Louis, elle ne savait plus vraiment sur quel pied danser. James Potter avait conservé sa lettre, pendant plusieurs années. C’était… complètement débile. Mais comme ce qualificatif représentait bien l’intéressé, était-ce vraiment surprenant qu’il l’ait fait? La réponse était simple : non. Mais le pourquoi… ça, c’était une autre paire de manches et quelque chose lui disait que Potter ne lui donnerait pas de réponse si elle lui demandait.

Ils rentraient tout juste dans la salle de cours que le Gryffondor reprit :

- Je suis désolé, d’accord? Combien de fois il va falloir que je te le dise?

- Tu ne l’as dit qu’une seule fois! grogna-t-elle. Et c’est loin d’être suffisant! Tu m’as humiliée!

Elle aurait préféré garder ces mots pour elle. Bon sang! C’était simple de garder la bouche close, non? En se retournant vers lui, elle croisa son regard et elle se pétrifia instantanément. Il semblait horrifié au-delà de ce qu’elle aurait cru possible. Son visage avait blêmi et si elle ne se trompait pas, ses mains tremblaient aussi.

- Je n’ai jamais voulu ça… souffla-t-il. Jamais.

Le professeur Montgomery passa dans son champ de vision et elle fut immédiatement capable de détourner les yeux de celui du septième année devant elle. Il y avait eu une intonation presque… presque brisée dans sa voix quand il avait affirmé qu’il n’avait jamais voulu ça. Mais comment en être certain? Et puis, qu’il l’ait voulu ou non, c’était arrivé. Ni l’un ni l’autre n’y pouvait plus rien maintenant! Elle se tourna donc vers leur professeur pour mieux la voir s’asseoir à sa chaise et négligemment poser les pieds sur la surface de son bureau.

- Que doit-on faire, exactement? s’enquit-elle à l’intention de sa professeure.

- Nettoyer, se contenta de dire le professeur Montgomery. Mais il y a plusieurs façons de l’interpréter, vous savez? Et je crois que vous, tous les deux, avez beaucoup de nettoyage à faire… pas vrai?

Mais de quoi parlait-elle, au juste? De quel nettoyage… Ne devait-il pas s’occuper de nettoyer la classe de fond en comble? Mais avec quoi? Et pourquoi disait-elle qu’il y avait plusieurs interprétations possibles? Nettoyer, c’était nettoyer, il n’y avait rien… d’autre. Avec un froncement de sourcils en direction du professeur d’Étude des Moldus, elle se dirigea vers les étagères à sa gauche. Autant commencer par quelque chose de simple comme nettoyer les tablettes et ranger les livres de manière cohérente…

Sauf qu’elle ne se rendit pas aux étagères.

Potter venait de l’agripper par le bras pour la tourner dans sa direction. Elle lui décocha un regard noir et il la libéra aussitôt. Contrairement à plus tôt, il semblait maître de lui et semblait plus… froid. Sa voix refléta cette émotion assez bien lorsqu’il cracha :

- Tu ne veux pas me parler, d’accord. Alors, ne parle pas. Mais, écoute-moi. S’il te plaît. J’ai l’impression… J’ai fait un rêve et j’ai…

- Tes rêves ne m’intéressent pas, Potter!

- Je crois que c’était un souvenir, rétorqua-t-il et cette fois ce fut à lui de la foudroyer du regard. Mais je ne le comprends pas…

Presque immédiatement, elle sentit la colère la quitter. Eh mince, elle qui croyait que c’était seulement pour essayer de faire amende honorable avec elle. Apparemment, elle venait de se mettre le doigt dans l’œil! Toutefois, elle appréciait beaucoup plus l’idée de conversation présente que l’autre d’avant.

- C’était quoi? Ton rêve? s’enquit-elle d’un ton qu’elle espéra plus aimable.

- Je n’ai pas trop compris tout ce qui en retournait, mais l’élément qui m’a marqué… c’est un nom. Ou un titre. Ou un surnom. Je ne sais pas…

- Et…?

- Est-ce que le nom de Bloody Mary te dit quelque chose?

Bloody Mary? Mais bien sûr que si! Enfin, ses parents lui en avaient parlé, disant que c’était une vieille histoire que leur amie du Canada leur avait racontée il y a longtemps à Halloween. Mais c’était typiquement moldu! Comment Potter pouvait-il être au cour… Allison! C’était forcément Allison! Sauf qu’il ne se souvenait pas d’elle, alors pourquoi se rappeler cet élément? Ça ne faisait aucun sens!

- Alors? la relança Potter, inquiet.

- Oui, ça me dit quelque chose. C’est une histoire de fantôme, chez les Moldus. Mais… Comment… Tu connais sans doute cette histoire à cause d’Allison, mais…

- Je ne me souviens pas d’elle, compléta-t-il. Pourquoi me souvenir de ce détail et pas de la fille qui me l’a raconté? Je crois… je crois que c’est en lien avec Rose.

- Rose?

Pourquoi parlait-il de sa cousine? Que venait-elle faire là-dedans? Apparemment, plus le Gryffondor ouvrait la bouche, moins ses propos avaient du sens à ses oreilles.

- Ma théorie est vraiment très peu plausible, mais… je crois que c’est à cause du pseudo de Rose. Bloodyclaws.

- Ça ne tient vraiment pas sur grand-chose, en effet, lâcha-t-elle en le dévisageant.

- Je sais, mais c’est tout… tout ce que je vois. Avant mon rêve, je n’ai jamais songé une seule fois à ce nom. Mais une fois entendu… j’avais la certitude que je connaissais cette histoire, sauf que je n’arriverais pas à la répéter.

- Tu penses que le pseudo de Rose aurait pu agir comme un élément déclencheur à ce souvenir précis?

- Oui. C’est la seule piste que j’ai, en tout cas.

Ruby plissa des yeux en essayant de réfléchir. Elle s’était donné la mission de leur faire rappeler à tous l’existence d’Allison, même à l’idiot face à elle. Idiot qui était étonnamment proche… Elle recula de deux pas en donnant l’impression qu’elle réfléchissait intensément. Et, techniquement, c’était le cas. Tout en le faisant, elle se mit à marcher de long en large dans la salle de classe. Il se souvenait d’un détail, certes minime, de son histoire avec Allison, alors peut-être… peut-être qu’il était sensible à de nouveaux déclencheurs. Il suffisait simplement qu’elle trouve le bon. Car jusqu’ici tous ceux qui s’étaient souvenus l’avaient fait dû à un élément précis, même si parfois confus. Cette histoire de Bloody Mary avait sans doute rien à voir avec ce qui se passait s’il ne se souvenait de rien.

- Je crois… Je crois que tu es…

- Je suis quoi? la coupa Potter avec un brin d’agacement.

- J’allais dire que je crois que tu es peut-être plus sensible, présentement, à te souvenir d’Allison. Vu que… tu te rappelles d’un truc qui vient d’elle.

- Et je suis censé faire comment pour me souvenir, exactement? Demander à la fée des étoiles, peut-être?

- D’où est-ce que tu conn…

- Pas important. Comment je peux arriver à me souvenir? La coupa-t-il à nouveau.

- Peut-être que si je te remémore des trucs qui se sont produits, entre toi et Allison… peut-être que ça t’aidera.

- Peut-être…

Il ne semblait pas convaincu, sauf que pour une fois elle ne pouvait pas lui tenir rigueur de son comportement, car elle doutait fortement de son idée elle aussi. Déjà, parce que ce serait compliqué de se rappeler de tous les éléments qui concernaient Allison et James. La partie de Potter étant la plus compliquée, puisqu’elle s’efforçait depuis longtemps de ne pas lui prêter attention sauf nécessité absolue.

- Il y a eu cette fois, à la Saint-Valentin, commença-t-elle. Comme à ton habitude, tu as piégé tout le monde dans ta famille qui formait un couple. Dont Allison. Elle s’est retrouvée couverte de petits cœurs.

Pourquoi, bon sang, fallait-il qu’elle commence par la Saint-Valentin?

- Ah bon? s’étonna l’intéressé. Je… ça ne me dit rien. Je me souviens pour Scorpius, mais…

Elle hocha de la tête et fouilla encore.

- Après ça, elle s’est vengée de toi, dit-elle en souriant. Pendant une semaine, tu ne pouvais plus rien dire. Les seuls mots qui sortaient de ta bouche devaient avoir un lien académique.

Il la regarda longuement et elle prit cette réaction comme une absence de souvenirs. Alors, elle tenta de chercher autre chose.

- Vous étiez très proche, tu sais, reprit-elle. De ce que j’en sais, dès que tu t’attaquais à elle avec tes coups, elle te renvoyait chaque fois la monnaie de ta pièce.

- La monnaie de ma quoi?

Elle poussa un soupir.

- Expression moldue, Potter, grommela-t-elle.

Elle crut entendre un petit rire en provenance du professeur Montgomery, mais elle ne pouvait pas le jurer. Elle reprit rapidement la parole en mentionnant exactement le lien qui les reliait Allison et lui de son point de vue. Elle ne les avait pas suffisamment fréquentés ensemble pour avoir une opinion complètement fiable sur le sujet, mais… elle ne la croyait pas fausse non plus.

Sauf que ça ne fonctionna pas non plus.

Pas plus que la dizaine d’autres souvenirs qu’elle parvint à donner par la suite. Elle tenta de mentionner Berkeley et tout ce qu’il avait fait. De tous les matches de Quidditch d’Allison. De son chien, Spock. Sauf que chaque fois, ça semblait être le néant total du côté de Potter. Au bout de quinze minutes à essayer des souvenirs au hasard, elle finit par perdre patience et s’écria :

- Non, mais, est-ce que tu essayes, au moins!

- Bien sûr que oui! Tu crois que quoi, je me contente de t’écouter?

- Ça en a tout l’air!

- Eh bien, ce n’est pas le cas! Peut-être que ç’a été facile pour toi de te souvenir, et pour Rose, et pour Parkinson qui n’a même pas perdu la mémoire, mais ça ne veut pas dire que ce le sera pour tout le monde!

Elle sentit instantanément ses joues surchauffées en même temps que la colère remontait en elle comme un raz-de-marée. Facile? Il avait dit, facile? Il se prenait pour qui?

- Tu crois que c’est facile? Tu penses que ç’a été facile? Vraiment, Potter! Moi je crois que tu es trop entêté pour même arriver à te souvenir d’elle! Je n’arrête pas de me creuser la tête pour voir ce qui va réveiller tes souvenirs, mais rien! Monsieur-Je-Fais-Toujours-Tout-Ce-Dont-J’ai-Envie!

- Parce que je fais toujours tout ce dont j’ai envie! Sérieusement, Shepherd? Si c’était le cas, je ne serais certainement pas ici!

- Oh, vraiment! Alors pourquoi tu n’arrêtes pas de me courir après… pour enfoncer le couteau dans la plaie?

Potter la dévisagea avec tant d’incrédulité qu’elle crut que ses yeux allaient s’échapper de leur orbite.

- Mais de quoi est-ce que tu parles, par Merlin!

- De ma lettre! Tu ne m’as jamais redonné ma lettre! Et d’après ton cousin, tu l’as toujours!

- Quoi?

Cette fois, sa voix avait perdu toute colère et à nouveau elle retrouva l’air vulnérable du Gryffondor avec un mélange d’ahurissement particulièrement prononcé.

- Mais non!

- Tu nies avoir ma lettre, sérieusement, Potter? Tu es tombé bas au point de m’offrir des mensonges débiles?

- Mais non! répéta-t-il. Je… je ne te cours pas après! Je suis juste…

- Tu es juste… quoi?

- Je… Je ne veux pas enfoncer le couteau dans la plaie, c’est juste que…

- Que quoi! Est-ce que tu vas finir par aboutir!

- Je suis désolé. C’est… je suis désolé. Je…

- Tu es désolé pour quelle raison? Ne pas m’avoir rendu ma lettre ou pour m’avoir livré sans état d’âme à Rusard!

Il se contenta de secouer la tête et il lui tourna le dos. Elle n’en était pas vraiment surprise. Depuis le début, Potter ne faisait que ça, fuir! D’il y a longtemps auparavant quand elle était en première année à aujourd’hui. Il ne voulait jamais l’affronter à ce sujet! À son tour, elle se positionna dos à lui pour éviter de céder à la tentation de le frapper et elle s’écria :

- Tu vas encore fuir cette conversation, Potter? Tu vas la jeter aux oubliettes comme bien des choses, c’est ça?

En prononçant ces mots, elle eut une idée. Une idée pour le mettre en colère. Et peut-être qu’elle marcherait qui sait. Elle prit une brusque inspiration et d’un ton particulièrement détestable elle ajouta, sachant très bien que c’était faux :

- Peut-être que tu ne veux pas te souvenir d’elle non plus, hein, Potter?! Peut-être qu’au fond, c’est de ta faute à toi et pas celle de ton frère! Peut-être que tu avais envie qu’elle ne soit pas là!

Elle se retourna d’un bond vers lui, s’attendant à ce qu’il la percute de nouvelles paroles brutales ou simplement qu’il dise n’importe quoi pour se défendre. Mais rien ne vint. Et il n’était pas là où elle s’attendait à le voir. Pas à la bonne hauteur, plutôt. Il se trouvait à ce moment même à genoux et se tenait la tête entre les mains. Des mains qui tremblaient. Encore.

- James? souffla-t-elle, incertaine.

Elle s’approcha de lui et posa doucement une main sur son épaule.

Il sursauta à son contact.

Ce contact lui était étranger. L’était-il pour lui aussi? Sans doute. Elle se surprit à donner plus de force à sa poigne, comme pour… mais non! C’était simplement pour tenter de réveiller cet idiot qui venait de s’effondrer pour une raison quelconque! Quand même, elle ne palperait pas l’épaule de Potter! Pas même si elle était très solide sous ses doigts! Oh, bon sang, Ruby, se morigéna-t-elle.

Soudain, il releva la tête, les mains toujours tremblantes, pour plonger son regard dans le sien. Pendant une seconde, elle oublia ce qui se trouvait autour d’elle, restant coincé dans le brun aussi doux que le chocolat des yeux de James Potter. Mais aussi triste… Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle constata les larmes sur les joues du septième année. Sans qu’elle ne puisse vraiment contrôler ses mouvements, elle se retrouva à s’accroupir devant lui et de poser sa main libre sur l’autre épaule du Gryffondor. Là, elle murmura :

- La, la… Calme-toi, James. Je… Je ne voulais pas que tu… Je suis…

- Elle me l’a dit. Elle a insinué la même chose… Elle…

- Qui, elle?

- Allison, répondit-t-il doucement. Je me souviens. De tout.

Elle en resta sans voix. Elle ne croyait pas que dire ces mots-là serait ce qui ferait revenir la mémoire à ce Gryffondor-là! Sauf qu’apparemment… mais de quoi parlait-il? Allison avait-elle vraiment insinué la même chose qu’elle? Comment était-ce possible? Ils semblaient si proches tous les deux…

- Elle n’a jamais compris… souffla-t-il.

- Compris quoi?

Il releva les yeux vers elle à nouveau et elle se sentit pétrifiée en les trouvant encore remplies de larmes. Ils étaient plus brillants, plus… Non. Sauf que son regard s’accrocha à une autre partie du visage de James avant d’avoir pu se convaincre que sa pensée n’était qu’une erreur. Il esquissait un sourire et elle, elle n’avait d’yeux que pour ça! Elle reporta brusquement son attention sur le regard de James alors même qu’il prononçait de nouvelles paroles :

- Je crois… je crois qu’elle ne m’a jamais cru quand je lui disais que je la considérais comme une sœur. Elle a sans doute cru à des paroles en l’air. Après tout, pourquoi je dirais quelque chose de profond, pas vrai? Tout le monde sait que ce n’est pas dans mes habitudes. Selon eux.

- Moi je l’ai compris, murmura-t-elle.

Il eut un nouveau petit sourire et elle sursauta légèrement en sentant la main de James se placer sur la sienne. Il la serra dans la sienne en ajoutant :

- Merci.

Puis sur ces mots, il se libéra et lui tourna le dos. Elle le regarda alors qu’il semblait essuyer ses larmes. Et soudain, une réalisation se fit dans son esprit. Est-ce que les larmes étaient en lien direct avec Allison? Ou avec ce qu’il s’était produit… juste avant les vacances d’été? Elle se souvenait encore du récit de tout ça qu’avait fait Allison. James Potter avait… il avait tué quelqu’un. Sous sa forme d’Animagus, certes, mais le résultat était le même. Il l’avait fait pour la sauver elle, ainsi que son frère.

Pour sa famille.

Mais personne ne devrait avoir à vivre avec ça sur la conscience. Était-ce pour cette même raison qu’il avait suivi des cours pour devenir Médicomage? Piétinant sur sa fierté, elle se releva d’un bond et s’approcha à grands pas de lui pour poser à nouveau sa main sur son épaule, puis glissa :

- James… Je me souviens aussi. De tout. Si… si jamais tu devais avoir besoin d’en parler…

- Je n’en ai pas besoin, trancha-t-il d’un ton froid. Et si tu te le demandes, je le referais sans hésiter. Je suis prêt à tout pour ma famille et mes amis. Maintenant, si ça ne t’ennuie pas, je crois qu’on a du ménage à faire.

Sans rien ajouter, il se libéra à nouveau de sa poigne et se dirigea de l’autre côté de la pièce avant de s’arrêter près des bureaux. De quelques mots, il se fit apparaître des brosses, un seau d’eau savonneuse et quelques autres objets de nettoyage avant de se mettre à récurer les bureaux.

Un grondement s’échappa de la gorge de Ruby et avec un second grondement, elle se tourna à nouveau vers les étagères. Très bien! Si Potter disait qu’il se débrouillait bien tout seul, alors tant pis! Qu’il se débrouille! Elle aurait bien essayé, que personne ne vienne affirmer le contraire! Malgré toutes ses paroles colériques, elle ne put empêcher une boule de se coincer dans sa gorge. Elle avait appuyé sans tact sur une corde sensible…

- Oh, et Shepherd, lâcha soudain James. Je vais te la rendre ta lettre, comme ça, je vais pouvoir avoir la paix! On aura plus jamais besoin de s’adresser la parole, ça devrait te plaire, pas vrai?

Image

Scorpius entra en soupirant dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner. Ça faisait près d’une semaine qu’ils se rendaient tous les soirs à leur retenue et ce n’était toujours pas particulièrement… sympathique. Oui, il passait son temps avec son ami, mais il aurait préféré pouvoir se concentrer sur le fait de se souvenir d’Allison. Et si le fait que Rose se soit souvenue lui avait donné espoir, tout comme avec la nouvelle que James, Liam et Dylan aussi se souvenaient maintenant… là il n’en avait plus.

Rose avait essayé pourtant.

Mais ce n’était pas seulement ça qui le déprimait. La tension entre James et Ruby s’était accrue, et depuis leur première retenue ensemble. Il avait bien essayé de savoir ce qu’il s’était passé, mais apparemment aucun des deux ne s’était ouvert sur le sujet. Et ils gardaient tous deux obstinément la bouche close dès que l’autre se trouvait dans la même pièce qu’eux. Ce qui était problématique, car depuis le début c’était James qui tirait les rênes de ce qu’ils faisaient.

Même si maintenant ils ne pouvaient plus faire grand-chose.

Aucun d’entre eux n’était parvenu à découvrir comment cette maudite Skeeter avait fait pour avoir connaissance de leur rencontre alors que personne d’autre, tous les professeurs compris, ne l’avait su. Et avec tout ce temps pour penser sans agir, Scorpius n’arrivait pas à se retirer les quelques phrases qu’ils avaient échangées Louis et lui. Depuis une semaine il détestait de plus en plus les phrases qui lui faisaient savoir tout ce dont il ne se rappelait pas. Rose essayait de lui raviver la mémoire avec plusieurs souvenirs.

Sans succès jusqu’à présent.

Lorsqu’il n’était pas avec elle ou coincé dans sa Salle Commune, il rejoignait Al. Parfois, ils étaient tous les deux assis dans un coin à fixer la photo qu’il avait retrouvée dans ses bagages. Rose affirmait que c’était Albus qui avait pris cette photo pendant l’été à la maison d’Allison. Et plus précisément, l’été dernier. Toujours selon elle, c’était suite à une visite au parc qui s’était terminée en combat rangé à l’aide de balle de sable mouillé. L’Auror qui veillait toujours sur Allison et sa maison les avait apparemment bien engueulés à ce propos.

Ni l’un ni l’autre ne s’en souvenait.

Et le pire dans tout ça, c’était qu’il voyait à quel point Rose souffrait de cette situation. Il le voyait à tous ses regards qu’elle portait autour d’elle, cherchant quelqu’un. Ou à toutes les choses qu’elle venait pour dire, mais s’interrompait avant qu’un seul mot franchisse ses lèvres. Parfois, il se surprenait à chercher quelqu’un lorsqu’il entrait dans la Grande Salle. Il trouvait toujours Rose et Al, mais parfois, son regard continuait à chercher.

Sans rien trouver.

Ça le perturbait… jusqu’au moment où il comprenait la raison du pourquoi ou plutôt qui il cherchait. Une partie de lui se souvenait d’elle et c’était ce qui l’énervait autant! S’il n’avait pas autant l’impression qu’il lui manquait quelque chose… ça serait sans doute un peu moins dur. Il aurait toujours ses problèmes de conscience, mais au moins il n’aurait pas besoin de se sentir en compétition avec lui-même!

L’une des techniques de sa Weasley préférée avait été de le faire essayer sa Carte, avant il avait dû la chercher pour la retrouver. Sauf que le résultat avait été pour le moins inattendu lorsqu’il avait cherché à l’ouvrir. Rien ne s’était passé. Le parchemin était resté aussi vierge que n’importe quel autre. Le même phénomène s’était produit pour Al. Leur théorie, c’était qu’il ne pourrait pas l’ouvrir tant qu’ils ne se souviendraient pas. Et une autre de leurs théories était qu’une fois qu’ils se souviendraient tous, ils arriveraient peut-être à communiquer avec Allison.

Rose restait persuadée que les traits qu’elle avait vus venaient d’Allison.

Qu’ils s’agissaient de mots qu’elle aurait tenté de leur transmettre. Cette idée le rendait malade, pas parce qu’il ne voulait pas y croire, mais surtout… parce que l’idée même que leur amie puisse essayer de les joindre et que l’inefficacité de la manœuvre soit de leur faute… parce qu’ils ne se souvenaient pas… Ça l’énervait. Au-delà de l’imaginable.

Avec un grondement il s’écrasa à sa place habituelle sans même renvoyer un regard d’énervement à ceux de sa Maison qui le dévisageaient avec animosité. Les joies d’avoir contribué à faire perdre mille points à sa Maison! Il prit rapidement un air dégoûté en voyant ce qui se trouvait à intervalle régulier sur la longue table… un journal. Pas n’importe lequel : le nouveau de Poudlard. Il pesa le pour et le contre un moment avant de se décider de s’en saisir.

Les Murs Ont Des Oreilles
Journal de Poudlard
Votre rédactrice en chef,
Breeta Skeeter,
vous présente

QU’EST-CE QU’IL Y A DE NOUVEAU?

Bonjour à vous, mes p’tits choux! Comme on se retrouve enfin après une semaine d’absence! Ah, que le temps passe lentement lorsqu’on a des choses aussi croustillantes à partager! Je ne vous cacherai pas que cette semaine nous a révélé son lot de surprises, de malheurs et de déceptions. Comme vous le savez déjà, un autre élève a été attaqué il y a de cela un peu plus d’une semaine. Tout notre soutien va évidemment à la famille de ce pauvre petit.

Sur une autre note, il y a cette note salée qui a été donnée aux Gryffondors et aux Serpentards. Alors que ces deux Maisons ont l’habitude de se disputer la victoire, il semblerait que cette année sera celle où ils se disputeront la défaite! Que de malheur pour eux, mais ils l’auront bien cherché! Ou du moins, certains d’entre eux.

Sur un terrain plus joyeux, il y a plusieurs évènements qui s’annoncent dans les jours prochains et un en particulier qui se déroulera aujourd’hui! Eh oui, c’est le retour du Tournoi de Duel, mes p’tits choux! Un rapide rappel des règles pour vous tous :

- D’ici le 1er décembre, les duels ne seront que des pratiques et aucun point ne sera comptabilisé.

- Les élèves de première et deuxième année seront dans le même groupe.

- Les élèves de troisième et quatrième années seront dans le même groupe.

- Les élèves de cinquième, sixième et septième années seront dans le même groupe.

- Ces différents groupes ne tiendront que pour les duels de la période allant jusqu’au mois de mars et les points seront comptabilisés de la manière suivante…

- Un combat de perdu équivaut à un point.

- Un combat gagné contre un élève de même niveau équivaut à deux points.

- Un combat gagné contre un élève de niveau supérieur équivaut à trois points.

- Du 1er mars au 30, il s’agira de combats pour élire les différents finalistes pour les groupes finaux. Le premier et le deuxième groupe auront droit à quatorze candidats chacun. Quant au troisième il y en a aura vingt-quatre.

- Pendant cette période, les combats gagnés donneront quinze points à l’élève. Cinq points seront accordés à l’élève qui a perdu.

- Les candidats choisis seront ceux ayant remporté le plus de points, et avec leur accord.

- Une fois tous les candidats choisis, les duels donneront plus de points à chaque échelon monté. Vingt points pour le premier et dix supplémentaires ajoutées à ce nombre à chaque nouvel échelon jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux compétiteurs par groupe. Un duel perdu équivaut à sa disqualification.

- Ces duels auront lieu pendant tout le mois d’avril et une partie de mai. À la mi-mai exactement aura lieu le duel final où les finalistes seront sélectionnés.

- Le duel final se déroulera à la mi-juin et se portera contre les champions des écoles de Beauxbâtons et Durmstrang.

- À la toute fin, les points rapportés par tous les élèves, candidats et non-candidats compris, seront comptabilisés avec les points des Maisons des élèves.

Pour revenir à notre actualité du jour, les premiers duels de pratiques ont lieu dès ce soir à 18h30. N’oubliez pas de venir et de consulter les tableaux d’affichage qui sont à votre disposition pour déterminer votre adversaire et la date de votre duel!


LA COUPE DES QUATRE MAISONS

Le début d’année a été bien peu clément pour certaines Maisons, mais il y a peut-être des chances de se rattraper, qui sait? L’espoir est toujours permis à Poudlard, si les principaux intéressés du précédent scandale évitent de répéter leur erreur passée. N’en parlons plus toutefois et voici le pointage de chaque maison jusqu’à présent, en ayant, évidemment, comptabilisé les points de départ accordés à chaque début d’année :

- Poufsouffle : 100 points
- Serdaigle : 95 points
- Serpentards : - 910 points
- Gryffondor : - 1135 points

On peut déjà voir que deux Maisons auront besoin d’un miracle pour remonter la pente, n’est-ce pas?


LA COUPE DE QUIDDITCH

Comme chaque année, le Quidditch nous revient en force! Les équipes sont finalement complétées, les horaires de pratiques se sont placés et maintenant le premier match se pointe déjà à l’horizon! Il s’agit tout au plus d’un match amical d’accueil, mais qu’importe, n’est-ce pas, mes p’tits choux? Que toutes les équipes se tiennent prêtes, car le premier match se tiendra le samedi 1er octobre et opposera l’équipe de Gryffondor et Serpentard.

UN BRIN DE FOLIE SENTIMENTALE!

Le bruit court qu’une certaine commentatrice de Quidditch et une joueuse aurait été vue en train d’échanger une accolade allant un peu plus loin qu’une simple amitié. Est-ce fondé? Il faudra le demander aux intéressées, mais sans doute que l’une des jeunes femmes impliquées sera plus encline à répondre que l’autre.

D’un autre côté, il y aurait une histoire d’une lettre échangée qui parcoure l’école présentement. De deux Maisons longtemps ennemies, les deux jeunes gens sont assez connus de la majorité des élèves, notamment due aux évènements récents. Que se trouvait-il dans cette lettre? Aucun moyen sûr de le savoir et il est très peu probable que les intéressés donneront des réponses satisfaisantes… Mais est-ce qu’il se passerait quelque chose entre eux?


QUI A FAIT QUOI?

Étonnamment, cette semaine a été d’un calme plat contrairement à ce que les années passées ont pu laisser comme impression à plusieurs élèves. Pour certaines, les fauteurs de troubles en chef auraient délaissé leurs activités principales pour les études. Est-ce bien le cas? Ou est-ce qu’ils ne prépareraient pas un coup encore plus grand? Cela reste à découvrir!

À VENIR!

Il y a deux éléments à vous annoncer, mes p’tits choux. La première étant que cette année la fête d’Halloween ne sera pas comme les autres. Avec une recommandation de votre professeur d’Études des Moldus, j’ai eu dans l’idée d’ajouter un nouvel élément à notre charmante fête! Cette année, comme les Moldus le font si bien, vous devrez vous présenter déguiser! Ne me décevez pas!

La deuxième annonce concerne le fait que dès la semaine prochaine, je vous tiendrai au courant de l’avancée de l’enquête des professeurs. Plusieurs d’entre vous m’ont approché pour essayer de savoir ce qui se passait, mais maintenant avec l’accord de la directrice je vous donnerai des informations directement avec le journal!

À bientôt, mes p’tits choux.
Votre dévouée,
Breeta Skeeter

Il regrettait amèrement sa décision d’avoir ouvert cette idiotie! Skeeter ne lâcherait aucun d’eux, c’était certain! Elle allait appuyer encore et encore sur leur bêtise pour renforcer le sentiment de colère de leurs camarades. C’était une bonne tactique si son but était de les empêcher de recommencer à ne pas respecter le règlement. Il était impossible de passer inaperçu si tous les élèves de leur Maison les surveillaient.

- Je vais la tuer! gronda quelqu’un à côté de lui.

Il n’eut aucun mal à reconnaître Ruby au moment où elle grommela quelques mots à propos de « cette maudite histoire avec Potter ». Une chose était sûre, elle devait être particulièrement en colère si elle avait le ton aussi grave pour qu’il ne l’ait pas reconnu au moment où elle avait ouvert la bouche. Il acquiesça toutefois à ce qu’elle disait et ajouta à voix basse :

- Tu ne dois pas être la seule avec cette envie. Arya n’avait pas vraiment envie de s’afficher en public pour le moment…

- C’est vrai, soupira son amie. Je n’y ai même pas pensé. Et je crois qu’elle a dit que Phoebe était même encore plus réticente, non?

Il hocha de la tête. Lors de l’entraînement matinal, quelques jours avant, Arya leur avait annoncé qu’elle fréquentait Phoebe. Ça aurait pu avoir quelque chose d’étonnant qu’elle leur en fasse part, mais Arya n’était pas du genre à avoir beaucoup d’amis et ce qui semblait le plus proche pour elle était l’équipe de Quidditch. Et ajouter à cela que Phoebe c’était pointé à l’entraînement. Chose qui n’était jamais arrivée auparavant alors même qu’elles étaient bonnes amies depuis déjà un moment, s’il se rappelait bien.

Mais à quel point pouvait-il se fier à sa mémoire?

Un reniflement de dédain lui échappa ce qui attira l’attention de Ruby vers lui. Elle arqua un sourcil dans sa direction et il se contenta de hausser les épaules. Il n’avait aucune envie d’en parler. Au moment où il sentit qu’elle allait ouvrir la bouche, il se leva brusquement.

- Scorp, tu n’as pas déjeuné! s’exclama-t-elle.

- Je n’ai plus faim.

Ce fut sa seule réponse et il sortit de la Grande Salle à grands pas. Les seuls problèmes avec sa démarche, c’était que un, il avait faim, et que deux il voulait être seul. Le problème avec le fait de rester seul, c’était qu’en sortant il croisa ses deux meilleurs amis et que sans un mot ils abandonnèrent l’idée de se rendre à la Grande Salle pour le suivre à la place.

Il n’avait pas envie d’obliger Rose à jeûner.

Ses pas le conduisirent donc automatiquement vers les cuisines. Pendant tout le trajet, aucun d’eux ne prononça un seul mot. Ça arrivait de plus en plus fréquemment ces derniers jours et il savait pourquoi. À vrai dire, c’était depuis que Rose se souvenait. Le poids de la vérité et de l’ignorance planait entre eux trois sans leur donner de répit. Alors ils se taisaient et se plongeaient dans leurs pensées, sauf que plus ils y plongeaient et moins ils avaient envie de prendre la parole.

En entrant dans le repère principal des Elfes de Maisons de Poudlard, ils demandèrent gentiment à ces derniers de leur donner quelques victuailles et dès qu’ils les eurent en main, s’éloignèrent dans un coin pour s’écraser au sol. Suite à quoi les deux cousins le dévisagèrent sans prononcer un mot ni cligner de l’œil.

- Quoi? marmonna-t-il.

- Pourquoi tu quittais la Grande Salle? s’enquit immédiatement Rose.

- J’en ai marre.

Il n’eut nullement besoin de préciser de quoi exactement, car Al acquiesça en disant :

- Moi aussi.

- Savoir n’est pas aussi bien que je le pensais, leur dit sa rouquine préférée. J’ai tous mes souvenirs… mais ça ne rend son absence que plus… marquante.

- Merci de me réconforter, grommela-t-il.

Quant à son meilleur ami, il conserva le silence, mais à voir sa mâchoire se contracter et ses épaules se tendre, il n’appréciait pas non plus. D’un autre côté, qui était-il pour affirmer que savoir ne pouvait pas être pire que ne pas savoir? Si Rose disait que se souvenir n’aidait pas à leur sentiment, avait-il vraiment envie de s’en rappeler maintenant? Alors qu’ils n’avaient aucun plan pour la ramener parmi eux? Ni même la possibilité de se rencontrer pour échanger à propos d’un plan! Pourtant… la réponse restait la même et était implacable.

Oui.

Oui, il voulait se souvenir. Oui, il préférait encore la torture de savoir sans avoir. Oui. Il voulait tous ses souvenirs. Il désirait plus que tout se rappeler de cette amie qui avait tant compté pour lui que son absence se faisait sentir malgré qu’il ne s’en rappelle pas! Pour la première fois, il se sentait complètement démuni et sans ressource dans son univers magique. Il ignorait encore pas mal de choses concernant l’univers des Moldus, mais le peu qu’il en savait… lui avait toujours démontré qu’il préférait vivre dans son univers que dans le leur, parce que leurs problèmes étaient plus simples à régler.

Sauf que ça?

Ça, c’était tout sauf simple.

- Je vais continuer à creuser, lâcha Rose soudainement. Je vais trouver ce qui vous permettra de retrouver la mémoire, promis.

Il eut un léger sourire et se saisit de la main de sa copine. Il remarqua du coin de l’œil le regard nostalgique d’Al posé sur leurs mains enlacées et il se sentit brusquement coupable. Sauf qu’il ne lâcha pas prise pour autant. Il sentait que sa Gryffondor en avait autant besoin que lui.

- On t’a suivi pour autre chose, affirma son meilleur ami quelques secondes plus tard.

- Ah bon?

- Oui, pour ça, dit Rose nonchalamment en lui tendant un parchemin. Tout le monde l’a vu de notre côté.

Elle parlait à demi-mot, sans vraiment préciser de quoi ou de qui il était question. Cette manière de faire lui fit instantanément comprendre que ce n’était pas un sujet anodin. Et donc, c’était forcément en lien leurs rencontres secrètes qui ne pouvaient plus avoir lieu. Il se saisit rapidement du parchemin et le déplia pour en lire le contenu.

L’bonjour, tout le monde!

Je ne crois pas avoir besoin de préciser à qui je m’adresse, ceux pour qui c’est le cas se reconnaîtront sans problème. Alors, voilà, je crois que j’ai déterminé le problème que l’on rencontre en ce moment, mais je n’ai encore aucune preuve. Je sais, étonnant. Surtout de ma part. Toutefois… j’ai eu une idée. Pour m’expliquer plus clairement, vous voyez ce dont je veux parler, je suppose? Les murs ont des oreilles. Voilà déjà un indice. Bref, on a deux possibilités pour en parler. Là où les serpents ont connu la fin de leur roi et là où tout est possible. Le premier, je le conseille pas. Je n’ai pas encore le bon ingrédient pour le faire fonctionner. Donc… on ira avec l’autre. Mais ça ne sert à rien de parler tous en même temps et depuis les éclats de la dernière fois… Le milieu de la journée semble le moment adéquat pour ne pas s’arracher le visage, vous en pensez quoi?

Lulu
Il passa tout près de ne pas comprendre de qui il était question, puis il se souvint brusquement du surnom que Lily avait donné à son cousin de septième année. Très bien, alors Louis avait une idée de comment Skeeter les avait épiés? Mais sans preuve… Il n’avait aucune idée à quoi rimait tout ça, sauf qu’il avait le vague sentiment que le Gryffondor prenait sur lui que cette fois ils ne se fassent pas prendre et encore moins que quiconque sache ce qu’ils faisaient.

Mais déjà, éviter qu’ils soient dehors pendant le couvre-feu, c’était bien. Parce que le milieu de la journée faisait certainement référence au déjeuner. Quant à ne pas parler tous en même temps… ce n’était jamais vraiment arriver qu’ils le fassent, alors ça devait faire référence à autre chose. Forcément.

Peut-être ne devaient-ils tout simplement pas se déplacer en grand groupe pour éviter d’attirer l’attention?

Ça avait du sens. Il ne doutait pas un instant qu’il retournait à la Salle sur Demande, mais cette histoire de roi des serpents faisait référence à quoi exactement? Tout le message l’entourant le laissait perplexe. Un ingrédient? Quel ingrédient? Voulait-il qu’ils usent de polynectar éventuellement? Ce serait complètement déraisonnable puisque c’était complètement interdit et qu’ils essayaient justement de limiter leur infraction, non? Enfin… ils le sauraient sans doute plus tard.

- Je vais conserver ceci précieusement, lâcha-t-il après un moment.

Aucun doute ne résidait dans son esprit concernant le fait qu’ils devaient faire passer le message du côté des autres Serpentards. Après tout, Rose avait précisé que tout le monde de son côté l’avait vu. Et comme elle hochait de la tête, c’était d’autant plus certain maintenant.

- Je ferais mieux d’y aller, dit-elle ensuite en se redressant. Si je veux avoir le temps de passer à la bibliothèque avant mon cours…

- Alors on se voit plus tard, lui répondit-il avec un sourire alors qu’elle relâchait sa main.

Pendant au moins cinq minutes après le départ de la rouquine, Al et lui restèrent immobiles et silencieux. Si avec la troisième de leur petit groupe, ça arrivait souvent, c’était encore plus le cas lorsqu’ils restaient seulement eux. C’était comme si le poids de leur oubli commun les poussait à essayer de se rappeler tandis qu’ils le pouvaient sans la pression de celle qui se souvenait.

- Est-ce que tu sais c’est qui doit passer en duel ce soir? demanda-t-il néanmoins pour éviter que le silence s’éternise.

- Non. On est censé le savoir comment?

- Un tableau d’affichage, apparemment.

Il se releva et sans qu’il n’ait besoin d’ajouter quoi que ce soit, Albus en fit de même et lui emboita le pas jusqu’à ce qu’il se rende devant les portes de la Grande Salle. En effet, sur le mur du couloir se trouvaient affichés de longs parchemins avec beaucoup, beaucoup d’écriture dessus. Ils s’approchèrent tous deux rapidement et au moment où il aperçut les noms marqués à la date de la journée, il poussa un grondement.

- Merlin, c’est à moi de commencer!

- Tu es contre la nouvelle, s’étonna son meilleur ami ce qui le fit regarder de nouveau le tableau.

Al avait raison. Le nom inscrit avec le sien, c’était celui d’Autumn Parker. Il ignorait pas mal de choses sur la nouvelle élève, mais ce dont il était certain, c’était qu’elle était de la même année qu’eux. Il l’avait vu dans quelques cours, ceux qu’ils partageaient avec Poufsouffle. Notamment Sortilèges et Histoire de la magie. Elle ne s’était pas vraiment démarquée et pour être honnête, il n’avait pas cherché à savoir si oui ou non elle dormait pendant les cours avec le professeur Binns. Il n’avait pas l’impression qu’elle participait beaucoup dans le cours de Sortilèges, car il en aurait sans doute eu connaissance.

Du moins, il l’espérait, car maintenant il donnerait n’importe quoi pour avoir une idée de son niveau… Il était profondément plongé dans ses pensées lorsque quelqu’un derrière lui lança :

- Scorpius Malefoy? Albus Potter?

- Euh… oui? lâchèrent-ils tous les deux en même temps.

Il devait l’avouer, il avait sursauté en entendant son nom. Surtout qu’il ne reconnaissait pas la voix et que les gens ne cherchaient pas vraiment à l’interpeller pour des raisons diverses ces dernières semaines. Tout en commençant à se retourner, il songea que c’était peut-être en lien avec une histoire de préfet. Après tout, Al et lui l’étaient. Si c’était ça, il allait avoir vraiment envie de se frapper la tête contre un mur, parce que ça n’avait rien de surprenant. Sauf qu’à voir la personne qui se tenait maintenant devant lui…

Il était presque certain que ça n’avait aucun lien.

Apparemment, le fait qu’ils l’aient mentionné l’avait attiré vers eux, car devant eux se tenait Autumn Parker. Elle n’avait aucun trait particulièrement exceptionnel, sauf peut-être ses yeux d’un bleu clair particulier. Sa peau basanée et ses longs cheveux bruns bouclés ne la démarquaient pas énormément du commun des élèves.

- Il faut que je vous parle, c’est important, leur souffla-t-elle en se rapprochant.

Un peu trop pour sa bulle personnelle.

- À quel propos? s’enquit-il en essayant de reculer d’un pas.

Tout comme Al, apparemment, mais tous deux avaient l’air des idiots de service maintenant, car derrière eux c’était un mur, par Merlin! S’il avait pu le faire sans avoir l’air encore plus débile, il se serait frappé le front. Il la vit se mordre la lèvre inférieure comme pour réprimer un rire et il eut envie de gronder. Il n’avait pas de temps pour des stupidités! Il ne se souvenait pas de sa meilleure amie, par Merlin! Il n’avait pas le temps de gérer une Poufsouffle expédiée d’une autre école!

- C’est… Euh… Compliqué? Et j’aime mieux ne pas en parler ici, marmonna-t-elle.

Est-ce que c’était censé leur donner envie de la suivre? Elle recula d’un pas, pour les inviter à poursuivre la conversation ailleurs ou pour leur laisser leur bulle? Il n’en avait pas la moindre idée.

- Je ne veux pas être désagréable, mais… on ne te connaît pas, personnellement. Même pas un peu. Alors pourquoi est-ce qu’on voudrait te…

Il coupa rapidement Albus avant qu’il se montre plus désagréable et précisa :

- Il va nous falloir un peu plus si tu veux qu’on te suive sans faire d’histoire.

Il s’attendait à ce qu’elle s’énerve, s’emporte, provoque quelque chose de particulièrement inconsidéré… parce que c’était déjà arrivé avec une fille qui avait voulu les voir tous les deux, Al et lui, enfin, longue histoire. Sauf que là, ce ne fut pas vraiment cette réaction qui se produisit. À vrai dire, elle se contenta de pousser un long soupir très près du désespoir, se mordit un peu plus les lèvres… Un regard en direction de son meilleur ami lui permit de constater que ce dernier avait le regard rivé dans la direction de ces dernières. En levant les yeux au ciel, il donna un coup de coude dans les côtes d’Albus pour le ramener à l’ordre.

Avant de se rendre compte que… il ignorait pourquoi il l’avait fait?

L’effet escompté se produisit toutefois et l’attention de son ami se porta ailleurs. Il était presque certain de ne pas l’avoir fait parce qu’on lui avait dit qu’Al sortait avec Allison. Et tout aussi certain que c’était pour cette raison même qu’il l’avait fait. Sauf que ce n’était pas parce qu’on lui avait dit. C’était instinctif. Peut-être la réminiscence d’un souvenir?

Il revint au moment présent en voyant la fille devant eux prendre une grande inspiration :

- J’ai besoin de votre aide. Je crois que vous connaissez un membre de ma famille et en fouillant beaucoup, mais vraiment beaucoup, j’ai obtenu vos deux noms.

Un membre de sa famille? Alors c’était pour ça qu’elle voulait leur parler? Mais il ne connaissait aucun Parker! D’accord, ça ne voulait pas dire qu’ils possédaient le même nom de famille, mais tout de même… Il échangea un regard avec son meilleur ami et il n’en fallut pas plus pour qu’ils hochent de la tête. Oui, ils avaient tous les deux la mauvaise manie de ne pas pouvoir résister à leur curiosité. Et il était très curieux de savoir qui était le membre de sa famille en question. Il n’avait aucun doute que c’était aussi le cas pour Al.

Ils la suivirent sur plusieurs couloirs jusqu’à un placard à balai. C’était sans doute le lieu le plus reconnu pour avoir des discussions à l’écart des autres. Et aussi l’un des plus nombreux dans tout le château. Le plus étonnant étant qu’il n’y avait que très rarement des balais. D’un murmure la Poufsouffle fit en sorte que personne à l’extérieur puisse les entendre et d’un autre elle installa une sorte de bourdonnement bizarre qui couvrait les bruits extérieurs et même le bruit de sa propre respiration. Avant de dire quoi que ce soit, Al et lui, sans même se consulter, firent illuminer l’extrémité de leur baguette pour éclairer autour d’eux :

- Je peux savoir à quoi sert le bourdonnement? grommela son meilleur ami.

Parfois, il avait autant de tact que son frère, c’était incroyable… et ce n’était pas un compliment.

- C’est pour brouiller ce qu’on dit, lâcha-t-elle.

Bon, s’il se demandait un peu plus tôt à quoi ressemblaient les compétences de celle qu’il devait affronter, maintenant il en avait une petite idée.

- Et donc… pourquoi veux-tu t’en notre aide pour retrouver ce membre de ta famille dont nous ignorons le nom?

- Parce que vous êtes ses meilleurs amis, répondit-elle en croisant les bras. Et parce que je ne la trouve nulle part.

L’usage du féminin lui donna des sueurs froides. Oh, Merlin… faites que j’aie tort! supplia-t-il.

- Son nom?

Le ton d’Al était réticent, inquiet aussi peut-être. Et il comprenait très bien les sentiments de son meilleur ami, ce dernier avait apparemment suivi le même chemin de réflexion. Sa respiration s’accéléra tout comme son rythme cardiaque alors qu’il répétait les mots « je ne la trouve nulle part ». Ça ne pouvait pas être l’un des élèves qui avaient été attaqués, car leur nom était sur toutes les lèvres. Il n’y avait qu’une seule élève qui manquait à l’appel.

Allison.

- Je cherche ma cousine, Allison Lévesque. On m’a assuré cet été qu’elle fréquentait Poudlard et pas Beauxbâtons.
Cette fois, c’était sûr, il avait vraiment envie de se frapper la tête contre un mur!
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

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Alexander triturait le parchemin en se rendant au lieu de rendez-vous donné, sous nom de code plus ou moins… bien trouvé. Joshua lui avait remis un peu plus d’une heure plus tôt lorsque ce dernier se dirigeait vers son cours. Ce qui lui avait laissé toute sa période libre pour ressasser ce qui était écrit sur le parchemin. Apparemment, Weasley avait une idée de la manière que s’y prenait Skeeter pour les espionner, sauf qu’il n’avait pas de preuve.

Si Allison était là, il lui aurait demandé si elle avait des idées sur ce que ça pourrait être.

Mais si Allison était là, leurs rencontres secrètes auraient moins d’importance, car il suffisait de lui demander ce qui se passait dans le château et tout irait bien! Il aurait sa sœur avec lui, il pourrait profiter de cette dernière année à Poudlard pour enfin mettre une définition adéquate sur l’idée de « famille ». Et il essaierait de remédier à leurs cinq dernières années en commun où il n’avait rien fait d’autre que lui nuire. Elle lui avait rendu la pareille, évidemment. Sauf qu’elle n’aurait rien fait contre lui s’il n’avait pas commencé.

Il se souvenait encore de la fois où elle lui avait cassé le nez. C’était la dernière réaction à laquelle il s’attendait, pourtant! Les combats corps à corps chez les sorciers étaient beaucoup moins fréquents qu’avec baguette, même en première année! Il eut un demi-sourire en se disant qu’elle arrivait toujours à surprendre ses adversaires. Comme ce moment pendant leur duel où elle avait usé d’un Patronus pour le décontenancer.

Évidemment, ça avait fonctionné.

Ces souvenirs lui donnaient autant envie de sourire que de s’isoler dans un coin pour ruminer ses pensées. Il appréciait le fait de se souvenir de sa sœur, l’idée même de savoir à quoi il ressemblerait sans ces souvenirs… lui donnait envie de vomir. D’un autre côté, Mali ne lui aurait jamais permis de redevenir comme un an auparavant. Ça, il en était certain, car elle n’hésitait plus à le remettre à sa place s’il dépassait les bornes. Heureusement, ça arrivait de moins en moins souvent. Toujours était-il que se souvenir venait avec un prix.

Ce fut donc avec un visage de marbre qu’il franchit la porte menant à la Salle sur Demande. Il avait fait le chemin seul, car selon sa compréhension du message confus de Weasley, il ne fallait pas attirer l’attention en s’en allant en groupe ou tous en même temps. Jusqu’ici, il n’y avait que Louis lui-même ainsi que les autres de son groupe.

Contrairement à son habitude d’idiot illuminé, Potter semblait particulièrement atterré. Ou furieux. Alexander n’arrivait pas vraiment à déterminer ce qui prédominait chez le Gryffondor. Toujours étaient-ils que les trois autres affichaient à la fois une mine inquiète et un air goguenard. Apparemment, ils s’en faisaient un peu pour leur ami, mais trouvaient surtout la situation drôle.

Était-ce dû au contenu du journal?

À cette simple idée, un sourire étira ses lèvres aussi. L’idée d’asticoter Potter lui brûla la langue, mais par respect pour Allison il n’en fit rien. D’un côté, il était certain qu’elle ne lui en aurait pas voulu puisque c’était seulement pour taquiner rien de vraiment méchant et d’un autre… il était particulièrement convaincu qu’elle aurait préféré être celle à le faire. Alors il lui laisserait le plaisir pour lorsqu’elle rentrerait.

Parce qu’elle allait revenir, ça ne pouvait pas se passer autrement.

Ils attendirent une vingtaine de minutes pour que tout le monde arrive et c’est précisément au moment où le dernier d’entre eux franchit la porte que James et Louis sortirent de nulle part de la nourriture qu’ils distribuèrent à tout le monde. Il acceptait volontiers sa part lorsque Ruby grommela :

- Alors on est là pour quelle raison, Weasley?

- La même que d’habitude, répondit l’intéressé en levant les yeux au ciel. Mais déjà, je dois vous dire que tout ce qu’on dit en dehors d’ici, est écouté.

- Hein? s’exclamèrent presque toutes les personnes présentes sauf Alexander.

Lui, il préférait attendre en silence que les explications viennent, car elles arriveraient forcément dans les secondes suivantes.

- Je crois que Skeeter utilise un système d’écoute quelconque. Si on était chez les Moldus, je dirais que c’est des micros. Mais jusqu’ici, je n’en ai pas la preuve. Alors je ne peux rien faire pour les contrer, ou du moins en bloquer certains.

- Tu disais qu’il y avait deux endroits à l’abri, fit remarquer Lily Potter.

- Vraisemblablement, l’un d’eux, c’est ici. La Salle sur Demande change d’aspect à tout moment, alors impossible d’imprégner un sort comme celui-là ici. Et l’autre… Eh bien, c’est la Chambre des Secrets, bien sûr! Puisque seul un Fourchelang peut l’ouvrir! annonça Louis avec un sourire.

- Mais aucun de nous n’est un Fourchelang, marmonna Ruby en croisant les bras.

- Tu veux parler à mon père, c’est ça? lâcha Rose Weasley en souriant. Il ne manque jamais de faire cette imitation de Fourchelang lorsqu’il raconte comment ils se sont rendus dans la Chambre ma mère et lui pour détruire l’Horcruxe. C’était ça, l’ingrédient dont tu parlais.

- Voilà! affirma l’instigateur de toute cette histoire. Alors soit je l’invite à venir nous voir à la sortie à Pré-au-Lard… ou j’attends aux vacances de Noël. Je préférais le second cas, toutefois…

- Pourquoi? s’étonna Hugo Weasley.

- Parce que comme ça… je vais être sûr de n’être entendu que par la famille et les amis. Et je suis sûr que Skeeter va suivre à Pré-au-Lard.

Ça avait du sens, en effet, songea-t-il. L’idée de se rendre dans la Chambre des Secrets, toutefois, ne l’enchantait pas particulièrement. Et s’il y avait un deuxième Basilic qui rôdait par-là? Ils n’auraient pas tous autant de chance que le père des Potter présents. Ils avaient eu de la chance de vaincre Berkeley… et Berkeley était humain.

- Bon, maintenant que ceci est au point… entama à nouveau Louis. Revenons au sujet principal : Allison et les attaques, est-ce que quelqu’un a du nouveau? Parce que moi j’ai rien.

- J’ai une mauvaise nouvelle, annonça Rose.

- Rosie, c’était vraiment la dernière chose dont on avait besoin, ronchonna James.

- Va voir ailleurs si j’y suis, James, cracha-t-elle. Les grimoires, livres et autres que j’ai pu feuilleté m’ont servi à rien. Je ne retrouve l’alphabet nulle part. Ce qui signifie que je vais devoir y aller à l’ancienne.

- C’est-à-dire? s’enquit Joshua.

- Déduire chacun des symboles et les associer avec une lettre. J’ai comparé nos messages avec des textes comportant vraisemblablement le même nombre de mots et… Le nombre de répétitions de certaines lettres, donc leur fréquence d’utilisation semblait avoir une similitude avec le nombre de répétitions de certains caractères présents dans nos messages. Alors je crois que c’est dans écrit dans notre langue, avec un alphabet que l'on peut traduire avec le nôtre. Ça risque d’être long, mais je crois que je peux y arriver.

Le désespoir et l’espoir flottèrent pendant un moment dans la pièce. L’idée que ce soit encore plus compliqué que prévu pour trouver la signification de tout ce qui se passait à présent était détestable, mais si la Weasley affirmait pouvoir s’en tirer… tout espoir n’était pas perdu! D’ailleurs, après sa sœur, c’était bien la meilleure amie de cette dernière qui risquait de s’en sortir le mieux avec ce genre de chose.

- J’ai déjà fait quelque chose de similaire avec Allison, ajouta-t-elle, d’ailleurs par après.

Le silence qui s’installa suite à ces mots était lourd de sous-entendus. Encore une fois, Allison leur manquait cruellement, et pour plus d’une raison. Et leurs raisons pouvaient différer les uns des autres. Lui, déjà, il en avait des dizaines des raisons! Sauf que ça ne servait à rien d’y penser tout de suite. Il sentit soudainement quelqu’un se presser contre lui, mais au lieu de s’éloigner comme il l’aurait fait normalement, il passa un bras autour de la personne à ses côtés. L’odeur qui lui avait flotté aux narines était celle de Mali. Ça ne faisait pas très longtemps qu’elle se souvenait, mais maintenant le sujet était rendu sensible.

Et peut-être se souvenait-elle de cette histoire de traduction de texte.

Après tout, elle partageait un dortoir avec Rose Weasley, Teena et Allison. Forcément, les quatre filles devaient avoir bon nombre de souvenirs en commun. Il serra un peu plus sa petite sauvageonne à lui et il porta son attention sur Albus et Scorpius. Ces deux-là avaient un air bizarre sur le visage depuis qu’ils étaient entrés. Et maintenant, ils se jetaient des coups d’œil comme s’ils échangeaient des paroles inaudibles pour les autres. Après quelques secondes, le Serpentard fit quelques pas en avant suivis rapidement par le Gryffondor et annonça :

- Nous aussi on a… quelque chose.

- Et on ne saurait dire si c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle… ajouta Potter numéro deux.

- Apparemment, Allison aurait une cousine à Poudlard. Et elle se souvient d’elle… si on peut dire, continua le Malefoy.

- Une cousine?! s’exclama-t-il. De quoi, une cousine?! On n’a pas de cousine!

C’était sorti tout seul et dans son exclamation il avait relâché Malia pour s’avancer vers les deux imbéciles de sixièmes années qui proféraient des stupidités! C’était impossible qu’il ait une cousine! Allison le lui aurait dit! N’est-ce pas? Il n’aimait pas l’incertitude qui se répandait en lui. Pourquoi lui aurait-elle caché ça? Ça ne faisait pas de sens! Ils s’étaient un peu rapprochés pendant l’été! Et…et… elle lui avait tout raconté ce qu’elle pouvait sur leur famille! Aurait-elle menti? Caché des choses?

Le doute se faisant de plus en plus présent dans son esprit, il fronça les sourcils et s’approcha encore plus. Presque assez près pour attraper les deux idiots par les épaules et les secouer jusqu’à ce qu’ils admettent avoir menti. Le problème, c’était qu’aucun des deux n’était vraiment du genre à mentir. Encore moins concernant Allison… dans les circonstances actuelles, c’était encore plus vrai.

- Alex… tenta Malia alors qu’il commençait à crisper des poings.

- Ne dis rien, Mali! Ils n’ont pas… ils n’ont pas le droit de…

- Oh, par Merlin, Williams! gronda immédiatement Rose, le coupant brusquement au passage. Alli ne nous a jamais parlé d’une cousine non plus!

Venait-elle de l’appeler par son véritable nom de famille? Il se tourna d’un coup vers la rouquine, la bouche ouverte sur de nouvelles paroles brutales, mais elles l’avaient toutes complètement quitté au moment où le reste des mots qu’elle avait prononcés se frayèrent un chemin jusqu’à son cerveau. Elle n’avait pas entendu parler d’une cousine elle non plus? Mais si Rose Weasley n’en avait pas entendu parler… ça voulait dire… quoi? Qu’elle n’existait pas? Car assurément, Allison l’aurait dit à sa meilleure amie si elle en avait eu vent…

Peut-être l’ignorait-elle?

- Mais alors quoi? Elle nous a menti? s’indigna Albus.

- Peut-être pas, se risqua-t-il à dire. D’après Allison, il n’y a que notre père qui avait des frères et sœurs. Et encore là, qu’une sœur.

- Alors elle serait la fille de la sœur de votre père? spécula Scorpius.

- Mais pourquoi est-ce qu’Alli n’en aurait jamais entendu parler? s’étonna Rose.

Apparemment la Weasley pensait la même chose que lui. Si elle ne lui en avait jamais parlé, c’est parce qu’elle ignorait son existence. Mais pourquoi ignoreraient-ils l’existence de leur cousine? Pourquoi personne ne leur en aurait jamais parlé? Ou du moins à Allison? Parce qu’il ne serait pas vraiment étonné d’être gardé dans l’ignorance, au vu de ses antécédents. Il y réfléchit encore quelques secondes avant qu’une réponse toute simple se présente à lui.

Et elle était si simple qu’il se trouvait débile de ne pas y avoir pensé avant.

- J’ai peut-être une idée, lâcha-t-il rapidement de peur de perdre l’envie de tout dire. Allison a été séparée du reste de la famille et notre mère par la même occasion s’est complètement retirée du monde des sorciers. Pour protéger ma sœur. Alors peut-être qu’en voyant ce qui se préparait, ma tante a fait quelque chose de similaire, mais en plus… grand.

- Genre de l’envoyer sur un autre continent? s’interloqua Ruby.

- Ce n’est pas un peu… poussé? marmonna Kieran.

- Si on se fie au fait qu’Alli a été trouvé malgré les précautions de sa mère, je dirais que non, lâcha Rose. Peut-être que si elle avait été à Ilvermorny, Berkeley ne l’aurait jamais trouvé.

- Et nous l’aurions jamais connu! s’énerva Albus.

Aux dernières nouvelles le deuxième Potter ne s’en souvenait pas, alors pourquoi prenait-il ce ton? De quel droit s’énervait-il à ce sujet alors même qu’il était la source de leur problème actuel! S’il avait été avec Allison au moment fatidique, rien de tout ceci ne serait en train de se produire! Sa sœur serait revenue et ils n’en parleraient plus! Ils pourraient même comprendre ce qui se passait présentement!

- Ce n’est pas le point, Al, marmonna la cousine de l’intéressée. Le point est que si la sœur du père d’Alli et Alexander a pris autant, voire plus de précautions que leur mère… Il se peut très bien que personne n’ait été mis au courant. Peut-être une simulation d’accident, un nouveau nom…

- L’adoption? proposa-t-il en sentant sa gorge se nouer.

- Peut-être, oui, admit la rouquine.

- Est-ce que vous avez d’autres informations? s’enquit James Potter.

C’était la première fois qu’il prenait la parole depuis le début du délire concernant leur potentielle cousine à Allison et lui. Depuis le début de la rencontre, il semblait faire en sorte de ne pas être à l’avant, de ne pas diriger les choses. Non, à cette place, il laissait faire son cousin blond, le seul Weasley présent avec cette couleur. Ce genre d’attitude n’était pas dans les habitudes de Potter numéro un, du moins de celles qu’il avait pu observer. Toutefois son intervention présente reprenait ce qu’il avait fait depuis le début de toute cette histoire.

Et il faut dire que c’était une question importante.

Il reporta son regard sur les deux sixièmes années près de lui et attendit. Finalement après quelques échanges visuels entre les deux meilleurs amis, ce fut Scorpius qui reprit la parole :

- Bon, déjà, la personne qui lui a dit que nous étions amis avec Allison c’est Rebecca.

Grondement de la part d’Albus.

- Après, quand on lui a dit que nous avions perdu la mémoire, elle a dit que ça semblait le cas de tout le monde et que ça l’inquiétait. Qu’avec les autres trucs, ça, ça ne pouvait qu’empirer la situation, poursuivit le Serpentard de sixième année.

- Quels autres trucs? demanda Joshua en fronçant les sourcils.

- On n’a pas pu en savoir davantage, marmonna le seul autre témoin de la discussion qui avait eu lieu. C’était déjà presque l’heure d’aller en cours. Mais elle nous a donné rendez-vous demain, sur l’heure du déjeuner. On a essayé de lui demander de nous fournir une preuve, mais elle a dit « ça sert à quoi si vous vous ne souvenez de rien d’Allison? ».

- Ce qui n’est pas faux, acquiesça Rose. Je viendrai avec vous! Comme ça, on pourra être fixé à ce sujet!

Comme tous les autres autour de lui, il hocha de la tête au propos de la Gryffondor. Il n’arrivait toutefois pas à se retirer de la tête une chose… Pourquoi, si elle affirmait être la cousine d’Allison, pourquoi n’avait-elle pas demandé à le voir lui? N’était-il pas son cousin? Si l’idée de la Weasley s’avérait et que c’était par sécurité qu’ils n’avaient jamais entendu parler de cette cousine… ça devait forcément être le cas des deux côtés, non? Alors comment pouvait-elle connaître Allison?

Quelque chose ne tournait pas rond, dans cette histoire.

Et si par un miracle quelconque elle avait appris la vérité, pourquoi n’avoir que le nom d’Allison à la bouche? D’autant plus que lui, il était présent. L’ignorait-elle tout bonnement ou cherchait-elle à l’éviter pour une raison quelconque? Il fronça les sourcils à cette idée et avant de se dégonfler, il prit la parole pour partager ses doutes avec les autres.

Les réactions ne se firent pas attendre.

- C’est vrai que c’est bizarre, admit Mali. Pourquoi connaître l’un, mais pas l’autre?

- Park… Williams a été adopté, peut-être que d’une manière ou d’une autre, l’information n’a pas pu se rendre à cause de ça? proposa Ruby.

- Je n’y crois pas, lâcha Rose. Je crois que c’est autre chose. Mais ça, on pourra le lui demander demain. Ce que je me demande, c’est qu’est-ce qu’on va faire de cette cousine si elle est bien ce qu’elle affirme être… Parce que si c’est le cas, ça veut dire qu’elle cherchera à la retrouver. Et elle semble avoir une raison précise pour la retrouver.

- Est-ce que tu demandes à ce qu’on l’intègre parmi nous? s’étonna Louis.

- Un peu, oui.

- Il manquerait plus que ça, oui! grommela James. Qu’on entraîne aussi les Poufsouffle dans la décadence!

- Elle serait la seule de sa Maison, James! s’énerva Lily. Avant qu’elle leur fasse perdre autant de points, ça va prendre longtemps!

- On a un autre problème, marmonna Joshua.

- Quoi, encore! grondèrent le premier des Potter.

- Mes cousines… les plus jeunes. Et aussi Eleanor, maintenant que j’y pense… Elles savent que je trempe dans une histoire bizarre et un jour ou l’autre elles chercheront à me suivre.

- Tu es en train de demander quoi, là? lâcha Dylan Faucett, confus.

- J’aimerais savoir mes cousines avec moi plutôt qu’à la vadrouille dans le château à ma recherche. Alors… je peux arrêter de venir ici et tenir informé quelqu’un si je trouve des informations importantes. Ou encore elles viennent ici. Sauf que je ne suis pas certain d’avoir envie de les attirer dans les ennuis dès leur première année…

Un silence pesant s’installa suite à ces paroles, lourd de sous-entendus. Il y avait plus d’une raison pour laquelle Joshua n’avait pas envie de voir ses cousines impliquées dans l’histoire. Déjà, si leurs parents l’apprenaient ils seraient tous dans la bouse de dragon jusqu’au cou et ensuite… Mae n’avait sans doute pas besoin de leur aide pour s’attirer des ennuis. À elle, et à sa sœur au passage.

Déjà qu’ils avaient passé proche de perdre la jeune Amy, Alexander n’avait pas particulièrement envie qu’un évènement plus malheureux se produise. D’autant plus qu’ils les connaissaient bien, ces petites. Aucune d’elles ne méritait un sort aussi horrible que tous ceux qui avaient croisé le chemin de la personne ou de la chose qui sévissait à Poudlard cette année.

- Si tu veux te retirer, Joshua, tu peux. Pas de problème avec ça, affirma Louis peu de temps après. Tout comme tout le monde ici.

- Comme si j’allais le faire, renifla Ruby avec dédain.

- Ou moi! s’indigna Rose.

- Je n’ai pas envie d’arrêter, mais je ne veux pas tout… rater avec mes cousines.

- Elles peuvent venir, gronda James sur un ton bourru. Mais l’apprenti Lion devra bien se tenir!

- Si Eleanor se rend compte que les jumelles manquent à l’appel en même temps que Joshua… commença le Weasley blond avant d’être interrompu par son cousin.

- Non, mais est-ce que c’est un appel à tous qu’on fait là? Plus on entraîne de gens dans cette histoire, plus on risque de se faire prendre! Je dis qu’on n’en souffle pas un mot à personne d’autre tant qu’on ne sait pas comment neutraliser Skeeter!

- À ce propos… glissa Albus. Je crois qu’on pourrait utiliser le même sortilège qu’Autumn Parker pour s’assurer de ne pas être entendu… par des micros, peu importe ce que c’est.

- De quoi est-ce que tu parles? s’étonna Teena.

Scorpius et Potter deuxième du nom expliquèrent alors ce qu’avait fait la nouvelle élève de sixième année de Poufsouffle. C’était effectivement judicieux et pourrait très bien leur être utile. À condition de connaître la formule exacte, évidemment. Sauf que si tout se révélait exact parmi les choses qu’avait affirmées Autumn Parker, peut-être que l’inhabituel trio pourrait se charger d’obtenir cette information.

Il ne devrait pas être trois, rumina une partie de lui.

Sauf que ce n’était pas le moment d’y penser. Une fois la question de la cousine de conclut, ainsi que celles d’ajouter des membres à leur groupe, ils mirent au point un semblant de plan pour les prochaines rencontres, les limitant à deux fois par semaine d’ici le moment où ils trouveraient un bon moyen de contrecarrer Breeta Skeeter. Juste avant de quitter pour ses cours de l’après-midi, il souffla à l’oreille de Malia un moment de rendez-vous plus tard dans la journée.

Ils ne passaient plus beaucoup de temps ensemble, ou du moins, pas autant qu’ils le souhaiteraient. Autant l’un que l’autre, mais dans les circonstances actuelles, il en avait encore plus besoin qu’elle. De toutes les personnes qu’ils fréquentaient en ce moment, c’était la seule qui l’appréciait vraiment. Joshua et Ruby l’acceptaient certes un peu mieux maintenant, surtout le premier en fait, mais ce n’était pas suffisant. Il avait besoin de plus, beaucoup plus.

Alors lorsqu’arriva enfin l’heure du duel où les seules personnes impliquées qui lui importaient un tant soit peu était Scorpius et Autumn Parker, il en vibrait presque d’impatience. Il aurait pu se rendre là-bas pour assister au spectacle, mais il préférait passer son temps avec Malia… seul avec elle. Donc il lui avait donné rendez-vous à leur endroit habituel.

Il était tout juste en train d’effleurer d’étranges écritures marquées dans les murs lorsqu’il sentit deux bras minces se glisser autour de lui. Un léger sourire étira ses lèvres et il se retourna pour refermer ses propres bras autour de sa charmante sauvageonne. Pendant un moment il se contenta de la serrer contre lui, savourant sa présence et profitant du silence qui régnait. La seule lumière qui régnait était celle de leur baguette déposée sur une table de pierre un peu plus loin, comme à leur habitude.

Au bout d’un moment, il releva la tête de Malia de l’endroit où elle l’avait posée et planta un baiser rapide sur le bout de ses lèvres. Contrairement à d’habitude, ce ne fut pas lui qui approfondit le baiser, mais elle. Ça lui arrivait, mais moins souvent qu’à lui. Ce n’était certainement pas le manque d’expérience en la matière, car il était presque certain qu’elle s’y connaissait bien plus que lui en relation. Sauf qu’il n’avait jamais cherché à savoir jusqu'à quel point exactement… parce qu’il savait qu’il vivrait mal avec cette vérité.

Il ignorait si c’était par jalousie ou autre chose.

Mais il ne serait pas surpris de pouvoir ajouter le qualificatif de jaloux à la longue liste de ses défauts. Jaloux en relation, évidemment. Il savait très bien qu’il pouvait se montrer envieux dans d’autres situations. Ce n’était pas un secret. Ni pour lui ni pour les autres, sans doute. Il resserra un peu sa prise autour de Malia et profita un peu plus de la douceur de ses lèvres sur les siennes, de ses mains délicates qui s’étaient glissées à leur endroit habituel, soit sous l’uniforme au bas du dos. Ça faisait déjà un moment qu’elle le faisait et après le premier sursaut passé, il n’aurait jamais voulu qu’il en soit autrement.

Il n’avait jamais trouvé la situation désagréable, pas même la première fois qu’elle l’avait faite. Seulement… il avait été un peu surpris et pris complètement au dépourvu. Il s’était senti très bien, en fait. Peut-être un peu trop bien. Maintenant, il ne se rendait presque plus compte du moment où elle s’installait comme ça. Sauf qu’il en prenait toujours connaissance et savourait ces instants avec toujours autant de satisfaction intérieure.

Au bout d’un moment, ils se délogèrent de leur position actuelle pour s’installer par terre, l’un à côté de l’autre. Mali déposa sa tête sur son épaule et il lui prit la main rapidement avant de jouer distraitement avec ses doigts.

- Elle me manque, tu sais, souffla-t-elle d’une petite voix.

- À moi aussi, assura-t-il.

Il y eut un moment de silence avant que la voix de Malia se fasse entendre à nouveau :

- Qu’est-ce que tu vas faire si cette fille est vraiment ta cousine?

Il prit le temps de réfléchir avant de répondre. Après tout, que ferait-il? Il allait sans doute s’énerver pour la forme au départ, et pas seulement pour la forme, évidemment, mais autant en avoir l’illusion. Après, que ferait-il? Demanderait-il des explications? Chercherait-il à apprendre à la connaître? Ou préférerait-il l’ignorer en attendant qu’Allison soit de retour?

- Je ne sais pas, finit-il par marmonner. Surement poser des questions.

- Si tu veux, je viendrai avec toi.

- Pour ne pas que je m’énerve? tenta-t-il de plaisanter.

Elle lui donna une tape sur la cuisse en levant les yeux au ciel, mais un sourire flottait sur ses lèvres alors il ne s’en préoccupa pas. La voir sourire lui donnait tout autant envie de sourire, alors ses lèvres s’étirèrent encore un peu plus pour en former un plus gros. Elle lui glissa rapidement par la suite :

- Je vais venir, car je veux que tu saches que tu n’es pas seul.

- Tu sais que je ne sais pas ce que je ferais sans toi, pas vrai? souffla-t-il en s’efforçant de la regarder dans les yeux.

- Tu l’as déjà dit, affirma-t-elle en souriant. Mais je crois que tu t’en sortirais. Éventuellement.

Ce fut à son tour de lever les yeux au ciel. Il n’était pas aussi certain qu’elle à ce sujet, mais pour lui assurer qu’il avait bien compris ce qu’elle disait et la remercier de sa foi en lui, il serra un peu plus sa main dans la sienne, cessant pour se faire de jouer avec ses doigts. Il donnerait n’importe quoi pour ne plus jamais sortir d’ici, sauf qu’il était beaucoup trop au courant que la vie n’était pas comme ça. Et que… des gens comptaient sur lui.

Pour la première fois, ça arrivait.

Elle n’était peut-être pas là pour qu’il puisse lui promettre en face à face, mais il donnerait jusqu’à la dernière partie de son être pour faire en sorte qu’Allison revienne. Il ne l’abandonnerait pas. Jamais. Elle était tout ce qui lui restait concernant un passé qu’il n’avait pas pu connaître et un avenir qui aurait pu être. S’il pouvait avoir ne serait-ce qu’une portion d’un futur heureux avec une famille qui comptait pour lui… et qui ne l’utiliserait pas à des fins douteuses… c’était mieux que tout ce qu’il aurait pu avoir s’il était resté un membre de la famille Parkinson.

- Va falloir qu’on y aille, soupira Mali après un moment.

- Oui, grommela-t-il en se relevant.

Dès qu’il fut sur ses deux pieds, il tendit son autre main à sa partenaire pour l’aider à se redresser. Une fois qu’elle fut sur pieds à son tour, il sépara leur main pour commencer à retirer la poussière qui s’était posée sur l’uniforme de sa Gryffondor préférée. Elle en fit de même avec lui et ils se prirent rapidement la main pour suive le chemin menant au couloir du château, sans oublier de reprendre leur baguette, évidemment!

À peine quelques minutes plus tard, ils approchaient de l’intersection où ils devraient se séparer pour se rendre à leur Salle Commune respective, mais des bruits sourds provenant de ce couloir les poussèrent à s’arrêter en fronçant les sourcils. D’un commun accord, ils reculèrent de plusieurs pas et au fur et à mesure que les sons se poursuivaient, Alexander sentit la pression et l’adrénaline monter.

- Mali… souffla-t-il doucement. Va-t’en.

- Tu veux rire? Je peux me débrouiller, par Merlin! s’énerva-t-elle.

- S’il te plaît.

Il n’avait jamais pris un ton aussi geignard, mais avec ce qui était arrivé à deux reprises l’année dernière à sa sauvageonne, il n’avait aucune envie de lui faire prendre un risque inutile. Pas avec les attaques qui se produisaient. Il ne serait sans doute pas capable d’empêcher quoi que ce soit de se produire… mais peut-être donnerait-il suffisamment de temps à Malia pour qu’elle s’en sorte, elle.

- Alex…

- Va-t’en! gronda-t-il.

Elle n’en fit ni une ni deux, et avec un regard rageur elle fit demi-tour. Quant à lui, dès qu’il fut certain qu’elle était loin, il s’avança en direction du couloir suspect. Sauf qu’il n’eut que le temps de mettre un pied dedans qu’il vit quelque chose fondre sur lui et la seconde suivante il sentit qu’on lui frappait l’arrière de la nuque. Une odeur particulièrement pestilentielle envahit ses narines au moment de l’impact et il ne vit plus qu’un truc sombre devant lui. Le choc passé, il s’effondra par terre et juste avant de perdre connaissance, il entendit des bruits de pas et sentit l'odeur du sang.

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Bon et bien voilà qui termine ce chapitre quatorze! Il s'est produit quand même plusieurs trucs, pas vrai? James qui se souvient, sa dispute (pour changer) avec Ruby, Scorpius qui commence à déprimer, cette nouvelle d'une cousine (encore une?) pour Allison et Alexander, et qu'est-ce qui se passe à la fin? Mystère, mystère! Dommage que le prochain chapitre se passe du côté d'Allison, pas vrai? :lol: Sauf qu'il faut se rappeler que la dernière fois, Alli avait justement une conversation particulièrement intéressante avec son cousin de cette réalité-là! :twisted: Bref, dites-moi ce que vous en pensez de tout ça! Du chapitre, du bonus, de tout ce que vous voulez!

Et j'ai encore la même question qu'au moment du bonus... Pour le prochain, que voulez-vous? J'ai quelques idées, mais je ne sais pas si vous les trouverez intéressantes :roll: Bref, les voici:

- Le souvenir de James qui lui a fait se rappeler d'Allison.
- Le souvenir de Ruby concernant ce même scénario.
- La conversation complète entre Al, Scorp et Autumn.
- Le duel de Scorp et Autumn.
- Les évènements entre Ruby et James (celui où ils sont respectivement en première et deuxième année), mais du point de vue de James cette fois.
- Autre chose?

N'hésitez pas à me donner des idées! J'en prendrai avec plaisir! Parce que mon but est d'avoir un bonus entre chaque chapitre! Et au point où on en est... Il me reste au moins quinze bonus à écrire :lol: (et peut-être que j'en ferai plus pour aider à patienter si je fais un tome 3! :twisted: ) Sur ce, à la prochaine!


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Charmimnachirachiva

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Hello !
Le chapitre et le bonus sont super ! L'intrigue commence à bien se complexifier (en fait on obtiens trois bout de réponse qui engendre encore plus de questions qu'autre chose !!!), je me demande bien comment ils vont tous se sortir de là...
AUTUMN PARKER, très beau retournent de situation, je ne m'y attendais pas du tout (enfin je savais qu'elle était liée à l'histoire mais j'avais pas deviné...) Je la voyais plutôt comme la méchante ... :lol:
Et j'aime beaucoup le moment entre Alex et Malia, on a trop tendance à oublier qu'ils sont ensemble et qu'ils s'aiment vraiment. Ce qui me donne une idée de bonus si tu as le temps : la mise en couple et la naissance des sentiments entre Malia et Alex (peut-être même du pdv de Malia qu'on ne voit pas beaucoup mais que j'aime bien ! )
En parlant de bonus : La discussion entre Ruby et Louis est super, je trouve très intéressante l'idée d'aller voir auprès du système moldu comment ça marche ! Parce que clairement côté sorcier ça à l'air d'être la galère ! Et l'histoire de la lettre est juste trop drôle (enfin Ruby et James se crient dessus, c'est ça qui est drôle à ce sujet en vrai, aprce que le contenu de ladit lettre est plutôt déprimant...)
D'ailleurs, meilleur nouvelle du chapitre : JAMES SE SOUVIENT D'ALLI !!!!!!!!!!!!!!! *danse de la joie*
Et pour finir, je trouve la situation de Scorp et Al trop déprimante et touchante, le fait qu'ils se coupent de leurs amis (entre eux compris) montre à quel point la disparition de leurs souvenirs les ronge..
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit : sam. 23 janv., 2021 7:02 pm Hello !
Le chapitre et le bonus sont super ! L'intrigue commence à bien se complexifier (en fait on obtiens trois bout de réponse qui engendre encore plus de questions qu'autre chose !!!), je me demande bien comment ils vont tous se sortir de là...
AUTUMN PARKER, très beau retournent de situation, je ne m'y attendais pas du tout (enfin je savais qu'elle était liée à l'histoire mais j'avais pas deviné...) Je la voyais plutôt comme la méchante ... :lol: Contente d'avoir réussi à te surprendre à son propos :twisted:
Et j'aime beaucoup le moment entre Alex et Malia, on a trop tendance à oublier qu'ils sont ensemble et qu'ils s'aiment vraiment. Ce qui me donne une idée de bonus si tu as le temps : la mise en couple et la naissance des sentiments entre Malia et Alex (peut-être même du pdv de Malia qu'on ne voit pas beaucoup mais que j'aime bien ! ) C'est une excellente idée! Je crois que ce sera le prochain bonus 8-)
En parlant de bonus : La discussion entre Ruby et Louis est super, je trouve très intéressante l'idée d'aller voir auprès du système moldu comment ça marche ! Parce que clairement côté sorcier ça à l'air d'être la galère ! En effet, ce n'est pas simple :roll: Et l'histoire de la lettre est juste trop drôle (enfin Ruby et James se crient dessus, c'est ça qui est drôle à ce sujet en vrai, aprce que le contenu de ladit lettre est plutôt déprimant...) J'avais peur d'être la seule à trouver drôle les engueulades de James et Ruby :lol: Bon après la situation dans le chapitre est un peu plus... comment dire... malheureuse? :?
D'ailleurs, meilleur nouvelle du chapitre : JAMES SE SOUVIENT D'ALLI !!!!!!!!!!!!!!! *danse de la joie* Oui, il s'en souvient enfin!! :mrgreen:
Et pour finir, je trouve la situation de Scorp et Al trop déprimante et touchante, le fait qu'ils se coupent de leurs amis (entre eux compris) montre à quel point la disparition de leurs souvenirs les ronge.. C'est vrai que c'est déprimant, mais je me disais que c'était une situation «normale» vu la perte qu'ils ont subi (et si on regarde l'autre réalité, on voit bien que c'est compliqué entre Rose, Al et Scorp :lol: )
Merci énormément pour tous tes commentaires et je re-confirme que le prochain bonus sera la mise en couple / début de relation entre Malia et Alex :twisted: Je n'ai jamais vraiment développé sur le sujet, alors ça sera intéressant 8-) :mrgreen: Normalement, je commence à écrire le chapitre 15 ce soir 8-)
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Coucou! Je suis déjà de retour avec le bonus, n'est-ce pas incroyable? :lol: Je me suis auto jouer un tour, parce que j'ai beaucoup plus avancé le chapitre 15 la fin de semaine dernière que ce que je croyais... et jusqu'il y a peut-être deux jours, le bonus n'était pas commencé :lol: Et comme je veux laisser du temps entre un chapitre et un bonus... Bref. Alors le voilà! Peut-être cinq jours avant le prochain chapitre (si tout se passe bien, mais je suis sûre que tout va bien se passer :twisted: En tout cas pour l'écriture :lol: Je ne peux rien garantir pour le contenu :roll: ) Alors voilà, selon la demande de Charmimnachirachiva, ce bonus-ci se concentre sur Alexander et Malia. Je ne voyais pas comment résumer leur histoire de manière cohérente en un seul bonus de dix pages, alors j'ai décidé de séparé le tout en trois! Dont chacun narrera un moment clé de leur passé en commun ;) J'espère que cette première partie vous plaira :mrgreen: Bonne lecture!

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Bonus


# 6
Malia et Alexander – Fête du Jour de l’An – 31 décembre 2021 – Partie 1


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Malia était étendue sur son lit dans sa chambre trop grande et dans le noir le plus total. Du moins, c’était l’impression que ça lui faisait depuis quelque temps, que sa chambre était trop grande. La raison derrière cette impression était assez simple : elle lui offrait un espace bien plus que suffisant pour faire les cent pas. S’il y avait une chose qu’elle détestait, c’était bien de faire les cent pas. Sauf qu’avec tout ce qu’il s’était passé dernièrement… elle n’arrivait pas à faire autrement que de se mettre à bouger dès qu’elle réfléchissait trop.

D’où la raison pour laquelle elle s’était affaissée sur son lit, en essayant très fort de ne songer à rien. Malgré tout, ça ne changeait rien, car ses pensées n’en faisaient qu’à leur tête et elles la rendaient complètement dingue. Des larmes roulaient donc tranquillement sur ses joues alors que toutes les catastrophes qui lui étaient tombées dessus dernièrement se rejouaient dans son esprit. Le pire étant que sa rupture était le moindre de ses soucis…

Mais qui larguait quelqu’un juste avant Noël, hein?!

La colère, la tristesse et le désespoir se prélassaient en elle sans lui laisser le temps de respirer et elle commençait à en avoir assez. Elle aimerait bien pouvoir s’endormir pour pouvoir échapper à ses problèmes, mais dès qu’elle fermait les yeux, la terreur de son existence revenait la narguer. C’était encore tout récent… d’ailleurs. Sans doute était-ce donc normal que ça ne la lâche pas. Ses parents lui avaient dit qu’elle finirait par faire la paix avec ce qu’il s’était passé, mais comment le pourrait-elle alors qu’eux-mêmes ne voulaient plus adresser la parole à son oncle? Sa mère lui assurait sans arrêt que ça ne changeait rien à ses yeux et qu’avec toutes les réformes des dernières décennies, sa situation n’était pas si grave…

Sa situation… Elle aurait préféré se contenter d’une situation d’adolescente normale, apprendre à gérer sa rupture.

Si elle était honnête avec elle-même, toutefois, elle s’avouerait que la rupture ne la tourmentait pas tellement. Certes, elle avait eu le cœur en mille morceaux en se faisant larguer, mais… après l’incident c’était produit et elle s’était sentie soulagée de ne plus être en couple. Au moins n’aurait-elle pas à expliquer pourquoi elle devenait malade une fois par mois. Ou pourquoi elle était un peu plus à cran… Elle ferma les yeux très fort pour oublier à quel point, malgré tout ça, ça faisait mal de penser qu’elle était toute seule.

Malheureusement, fermer les yeux était la dernière chose qu’elle aurait dû faire, car la fatigue qu’elle tentait d’ignorer l’emporta sur elle et elle s’endormit, se laissant engloutir par le même cauchemar qu’à l’habitude.

Comme toutes les années pendant les vacances de Noël, sa famille se rendait à la demeure familiale de sa mère pour passer une semaine. Malia dormait généralement qu’un seul soir chez elle et dès le lendemain, ils se rendaient chez ses grands-parents maternels, bref, le côté sorcier de la famille. Ses grands-parents paternels étaient décédés lorsqu’elle n’avait que cinq ans et elle n’en gardait donc pas vraiment de souvenirs, si on exceptait les photos.

Ils arrivèrent donc chez ses grands-parents le 20 décembre en après-midi. Comme à l’habitude, ce fut l’effusion d’affection entre chacun des membres de la famille et encore une fois, elle se montra distante avec son oncle, le frère de sa mère, donc. Elle n’arrivait pas à faire autrement. Dès le moment où elle avait su qu’il était un loup-garou, peu de temps avant d’arriver à Poudlard, elle ne s’était plus jamais montrée affectueuse avec lui. Elle ne voulait pas lui faire de peine et ne se montrait pas méchante envers lui, seulement distante… et effrayée. Elle avait toujours fait des cauchemars étant petite concernant les loups-garous. Sans jamais vraiment comprendre pourquoi.

Toujours est-il qu’elle n’arrivait plus à supporter la présence de l’Oncle Nounours près d’elle. C’était le surnom qu’elle lui donnait quand elle était petite, car il se montrait toujours d’humeur joyeuse, généreuse, et il n’acceptait pas de voir qui que ce soit de la famille être malheureux. Elle adorait son oncle… mais elle n’arrivait plus à accepter sa présence près d’elle. Elle avait essayé, pourtant. Sans résultat. Et aujourd’hui ne faisait pas exception.

Elle ne tarda pas à se réfugier dans sa chambre à l’étage, évitant ses nombreux cousins, tous enfants de la sœur de sa mère. Dès qu’elle fut seule, elle s’étala sur le lit, le cœur lui débattant dans la poitrine. Elle s’en voulait énormément de faire du mal à son oncle en agissant ainsi. Ils avaient toujours été proches tous les deux, avant. Plus qu’aucun de ses cousins. Sans doute était-ce parce qu’elle lui rappelait sa fille longtemps perdue. Son oncle était l’aîné de la famille et si sa cousine avait été encore en vie, elle serait plus âgée qu’elle de trois ans. Sauf que la vie en avait décidé autrement. Onze ans auparavant, sa cousine avait trouvé la mort lors de la même attaque où son oncle avait été transformé en loup-garou. Il n’était pas arrivé à temps pour sauver sa petite fille et maintenant… à chaque pleine lune, il se rappelait ce jour funeste. Une double malédiction…

Elle ne montra pas le bout de son nez de tout le reste de la journée, même si elle n’eut d’autres choix que de se joindre à la famille pour le repas du soir. Elle resta silencieuse, n’ayant aucune envie de discuter. Tout ce qui hantait ses pensées, c’était que son copain l’avait largué. Apparemment, il avait compris qu’il ne ressentait plus rien pour elle la journée du bal. Charmant, quand même. Il avait attendu quelques jours pour le lui dire, parce qu’il voulait être certain qu’il ne se trompait pas.

Au moins, il avait fait preuve d’une certaine considération.

Dommage qu’il n’ait pas songé que se faire larguer juste avant Noël, c’était horrible! Elle toucha à peine à son assiette ni même aux desserts alors même qu’elle en raffolait. Tout ce dont elle avait envie, c’était de retourner à sa chambre et pleurer. Comme elle l’avait fait une partie de la nuit, et tout l’après-midi. Alors, dès qu’elle en eut l’occasion, elle quitta la table et retourna à sa chambre. Elle avait bien surpris le regard chagriné et inquiet de son oncle sur elle plusieurs fois pendant le repas, mais il n’avait rien dit.
Lorsque la nuit tomba et que plus un seul bruit se fit entendre dans la maison, elle essuya ses larmes et sortit de sa chambre. Dès qu’elle fut dans l’entrée, elle entreprit de prendre son manteau d’hiver et s’éclipsa à l’extérieur. Une chose qu’elle adorait avec la maison de ses grands-parents était qu’il existait un passage pour monter sur le toit. Très peu s’y risquait, mais elle avait appris longtemps auparavant comment procéder pour s’y rendre sans risque. Depuis, c’était son endroit préféré pour réfléchir ou pour observer les étoiles et se laisser bercer par leur éclat.

Elle n’aurait pas dû s’avancer vers le garage lorsqu’elle entendit un grand bruit dans cette direction. Non, elle n’aurait pas dû. Sauf qu’elle le fit, d’autant plus qu’elle ne voyait pas de risques à s’y rendre puisque maintenant le seul bruit qui régnait était celui de ses pas dans la neige. Du moins, en fut-il ainsi pendant une toute petite minute. Elle était à peut-être deux mètres du garage lorsque les doubles portes s’ouvrirent en une explosion de morceaux de bois.

Ses yeux s’écarquillèrent et elle commença à reculer de quelques pas maladroits. Ses quelques pas se transformèrent en un grand cri lorsqu’elle aperçut ce qui se tenait entre les débris des portes. Un loup. Même pour une nuit étoilée sans nuages, il faisait trop clair… sauf si c’était la pleine lune. Son corps se mut de lui-même alors qu’elle faisait demi-tour. Le grondement du loup la poussa à partir à toute vitesse vers le seul endroit sécuritaire. Son perchoir.

Elle ne fut pas suffisamment rapide.

Des pattes se glissèrent entre ses jambes et la firent culbuter. Rapidement un poids s’ajouta sur son dos et elle laissa échapper un gémissement. Puis ce fut une intense douleur à l’épaule. Son instinct de survie s’éveilla à nouveau et malgré les larmes qui roulaient sur ses joues, elle se mit à ruer, donnant des coups de pieds à tout va.

Deux d’entre eux portèrent et un couinement canin s’échappa de la gueule du loup. Ses pattes lourdes lui labourèrent les jambes dans sa tentative de reculer. Malgré la douleur, elle profita de ce moment pour se relever et repartir à toute vitesse. Elle n’aurait pas de seconde chance. Elle ne tarda pas à entendre le loup se remettre à sa poursuite.

Elle commençait tout juste à grimper qu’elle sentit une vive douleur à la cheville tandis que des crocs tranchants transperçaient sa peau. Elle poussa un hurlement de douleur et rua à nouveau. La pression se relâcha et elle s’empressa de monter jusqu’en haut du toit. Là, elle s’écrasa sur la neige qui le recouvrait et se mit à trembler. Quelques secondes plus tard, des éclats de voix lui parvinrent et elle se figea.

Ses grands-parents, sa tante et sa mère sortaient.

- Malia? entendit-elle crier.

Juste avant que des cris d’effroi s’élèvent.


- Malia, chérie, est-ce que tu vas être prête? Nous partons dans une quinzaine de minutes!

Elle se réveilla en sursaut à la voix de son père. Son cœur battait la chamade et des larmes inondaient ses joues. Elle était devenue un monstre ce soir-là. À cause de son oncle. Et de son imprudence à elle. Ils avaient bien discuté pendant le diner que son oncle se transformerait dans le garage, mais elle avait tellement tout fait pour l’ignorer qu’elle n’avait pas retenu l’information.
Et maintenant, elle en subissait les conséquences.

Et son oncle aussi.

La veille de Noël, lorsque tous avaient eu la certitude qu’elle survivrait à ses blessures, mais avec en prime une nouvelle nature, son oncle s’était senti extrêmement coupable. Ce n’était que grâce à la vigilance accrue de ses sœurs qu’il n’avait pas eu l’occasion de mettre fin à ses jours. Elles l’avaient trouvé dans le sous-sol, les mots d’un sortilège atroce aux lèvres.

Malia détestait l’idée qu’on puisse vouloir se suicider.

Alors elle avait ravalé sa terreur et le peu de rancune qu’elle avait pour aller discuter avec son oncle. Ils avaient parlé deux heures d’affilée et à la fin, elle ne lui en voulait plus. Sauf que c’était toujours le cas pour lui, il lui avait toutefois promis qu’il n’attenterait plus jamais à sa vie. Elle l’avait cru et elle lui avait promis une chose à son tour, qu’elle le tiendrait informé.

Retrouvant tous ses esprits, elle bondit de son lit et se précipita vers son garde-robe en s’écriant :

- Oui, P’pa!

Elle avait complètement oublié qu’aujourd’hui ne serait pas un 31 décembre comme les autres. Sa mère lui avait dit quelques jours auparavant, qu’ils se rendraient tous chez son supérieur pour fêter le Nouvel An. Apparemment, ce dernier avait invité tous ses employés et leur famille pour célébrer l’arrivée de cette nouvelle année. Elle ne pouvait s’empêcher d’espérer qu’ils ne resteraient pas très tard.

Et que la nouvelle année lui apporterait de meilleures choses que celle-ci…

Elle sortit avec précipitation l’une de ses robes préférées. Celle-ci était rouge avec deux fines bretelles, un décolleté présent sans être obscène et qui moulait le haut de son corps comme un gant jusqu’à la taille. Le bas de la robe lui arrêtait au niveau des genoux et la laissait libre de tous ses mouvements. Si elle devait la décrire en quelques mots, ce serait : une robe évasée. Elle l’enfila en quelques mouvements adroits, pour ensuite se rendre à la salle de bain pour se rincer le visage. Elle se mit un peu de crayon pour souligner ses yeux et du mascara bien noir.

La dernière étape et non la moindre : se brosser les cheveux.

Sa sieste improvisée avait donné un aspect de nid d’oiseau à sa longue chevelure noire. Elle n’avait pas le temps pour faire une coiffure sophistiquée, alors elle se contenta de les laisser tomber sur son dos. Avant de descendre à toute vitesse les escaliers, elle saisit les talons noirs qu’elle avait déposés sur le comptoir de la salle de bain, elle les enfilerait avant de sortir. À peine arrivait-elle à l’entrée de la maison, sa mère déclara :

- Ah, te voilà enfin! Je commençais à croire que tu t’étais endormie là-haut!

- Mais non! mentit-elle.

Elle n’aimait pas mentir à sa mère, mais elle n’avait aucun mal à le faire. Ou plutôt elle ne se faisait jamais prendre à le faire quand elle s’y mettait, chose qu’elle préférait éviter autant que possible, car elle détestait avoir à le faire. Toutefois, ce n’était pas un très gros mensonge, cette fois-ci, alors il n’y avait rien de mal, non? D’un même mouvement, sa mère et elle mirent leurs souliers à talon, puis au moment où elles enfilèrent leur manteau, son père entra à l’intérieur en disant :

- La voiture est prête!

Sur ces mots, sa mère et elle le suivirent à l’extérieur et embarquèrent dans la voiture. Si ça n’avait été que sa mère, ou sa mère et elle, sans doute qu’elles auraient opté pour un transport plus rapide, mais dans les circonstances actuelles, l’option la plus sécuritaire restait la voiture. Le chemin menant jusqu’à cette soirée lui sembla interminable.

Lorsque Malia entra à la suite de ses parents dans l’immense demeure du supérieur maternel, elle resta sans voix. C’était luxueux presque à outrance et malgré qu’ils n’étaient pas sans moyen à la maison, elle n’avait jamais eu autant de prestige en un seul endroit. Son regard suivit un coin de la maison à un autre et elle se retrouva rapidement dans l’immense salon où la majorité des convives se trouvaient déjà et où se déroulait apparemment le plus gros de l’action.

Un soupir léger lui échappa en voyant autant de personnes rassemblées et malgré l’immensité des lieux, elle n’aimait pas vraiment se sentir aussi… entourée. Pas en ce moment. Elle repéra des fauteuils dans un coin où personne ne se trouvait et s’y dirigea à grands pas, avant de s’asseoir et de regarder le temps qui passe grâce à une horloge murale.

À un moment, elle observa autour d’elle les personnes présentes et elle ne put retenir un grondement en reconnaissant un autre élève de Poudlard qu’elle aurait préféré ne pas voir ici. Avec sa grande taille et sa carrure imposante, il ne pouvait pas faire autrement qu’attirer l’attention. Et si ses cheveux bruns foncés accompagnés d’une paire d’yeux bleus clairs pouvaient le rendre séduisant, il n’y avait personne de plus insupportable qu’Alexander Parkinson! Il ne s’était jamais intéressé à elle, mais avec toutes les choses qu’il avait fait endurer à Allison et à quelques autres, elle ne l’appréciait pas du tout.

Elle sut que les ennuis approchaient lorsque leurs regards s’accrochèrent et qu’il se mit à avancer dans sa direction.

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Alexander n’avait aucune envie d’être ici. S’il avait pu choisir, il serait resté chez lui à réfléchir au meilleur moyen de malmener Lévesque pour que Berkeley puisse éventuellement parvenir à ses fins. Après tout, ce dernier avait promis de lui annoncer qui était ses parents biologiques s’il lui fournissait des informations concernant un enfant qui serait à Poudlard et possédant un don. Il n’aurait jamais misé sur cette idiote de Sang-de-Bourbe, toutefois.

Et pourtant, c’était elle, l’enfant qu’il cherchait depuis déjà quatre ans!

Il reporta son attention sur ce qui se passait autour de lui et observa les alentours, les mains dans les poches. Sa « mère » l’avait traîné ici de force, prétextant qu’il était un Parkinson et que de ce fait il devait se tenir. Elle visait une promotion et l’idée d’utiliser son fils ne semblait pas lui paraître mal venue. Et s’il ne voulait pas avoir droit à une correction bien sentie, il valait mieux qu’il se tienne tranquille et lèche les bottes du patron.

Mais il n’en avait aucune envie.

Alors il se contentait de traîner ici et là, de sourire une fois de temps en temps en direction de sa mère et de son supérieur. Il faisait semblant de s’amuser lorsqu’il sentait leur regard sur lui, mais sinon le reste du temps, il se contentait de faire la statue. Sa mère adoptive n’avait aucune idée qu’il savait qu’il n’était pas d’elle. Elle ignorait encore moins son contrat avec Elliot Berkeley, même s’ils se connaissaient très bien tous les deux. À vrai dire, même s’il rêvait du moment où il pourrait cracher à la figure maternelle qu’il avait ce qu’il savait, il se doutait que c’était mieux de garder cette information pour lui jusqu’à ce qu’il en sache davantage. Il savait se montrer patient lorsqu’il le voulait.

Même s’il perdait souvent son calme avec cette idiote de Lévesque!

Cette manière qu’elle avait eue de lui faire sauter un mur au nez à l’Halloween! Il pensait pourtant pouvoir lui causer une frayeur réelle et qu’enfin elle saurait où était sa place, soit à ses pieds. Mais non! L’idiote n’avait pas pu s’empêcher de jouer les malignes et avant même qu’elle le fasse, cet idiot de Potter était venu lui jeter un sort dans le dos! Quel lâche! Mais fallait-il s’attendre à autre chose de sa part? Sa famille était pourrie jusqu’à la moelle!

Il n’admettrait jamais à quiconque qu’il était jaloux de leur famille.

Non, pas de leur famille, mais de la taille de leur famille. La solitude lui pesait parfois. Theo n’était qu’un imbécile qui ne savait pas agir intelligemment de lui-même et ses autres amis ne valaient pas mieux. Tous des imbéciles qui tournaient autour de lui, dû entre autres à leurs liens avec Berkeley, mais aussi parce qu’ils n’arrivaient à rien sans lui. Du moins, c’était l’impression que ça donnait.
Tandis qu’il observait toujours les alentours, il surprit un éclair de couleur dans un coin du salon plus dégagé. Ses yeux s’arrêtèrent dans cette direction et il croisa le regard sombre, dans tous les sens que pouvait couvrir ce terme, de Malia McDonald. Une amie de Lévesque. Un sourire narquois étira ses lèvres. Il n’avait jamais cherché à embêter McDonald. Déjà, parce que contrairement à Lévesque, ce n’était pas une Sang-de-Bourbe, mais une Sang-Mêlée. Et puis, leurs mères étaient collègues. Pourtant, ce soir, il s’en moquait. Il avait besoin d’un divertissement. Et puis, il n’allait pas se mettre à lui balancer des insultes non plus.

D’autant plus, il devait bien se l’admettre, cette fille était très, très belle dans cette robe rouge.

L’agacer serait sans doute encore mieux que des insultes. Et puis, tout ce qu’il voulait c’était une distraction de cette soirée particulièrement barbante. Son sourire s’étira en voyant l’air profondément contrarié qu’afficha la Gryffondor au fur et à mesure qu’il approchait. Il s’installa nonchalamment sur le fauteuil voisin au sien et lâcha :

- N’est-ce pas une magnifique soirée pour se retrouver?

- Tu peux aller voir ailleurs si j’y suis, Parkinson! gronda la fille.

Son sourire ne fit que s’élargir et il s’étonna :

- Mais c’est qu’elle mord, la petite!

Il ne s’attendait pas du tout à la réaction qu’elle eut. D’accord, il voulait la faire réagir, peut-être la faire sortir de ses gonds, mais il ne pensait pas qu’elle allait perdre plusieurs tons de couleur pour cette seule remarque! Pourquoi avait-elle blêmi?

- Va te faire voir! finit-elle par rétorquer.

Mais sans la même énergie qu’avec sa première réplique. Il fronça les sourcils en plissant des yeux. Il y avait quelque chose de différent avec McDonald. Il ne saurait dire quoi exactement, mais… quelque chose n’était pas pareil que lors de la dernière qu’il l’avait vu. Au bal de Noël, donc. Venait-il d’admettre qu’il l’avait observé lors de cette occasion? Possible. Mais personne n’arriverait à lui faire avouer cette information. Était-ce sa faute si les filles avec qui traînait Lévesque avaient un certain… attrait?

Sur ce point, il n’était pas difficile.

S’il voyait quelque chose d’intéressant, il le regardait. Il se pencha outrageusement vers elle pour la regarder dans les yeux. Il sourit en la voyant effectué un mouvement de recul et il déclara :

- Mais pourquoi tant de violence! Je suis seulement venu parce que tu avais l’air d’être aussi… ennuyé que moi par cette soirée.

- Eh bien, je ne l’étais pas! Alors tu peux repartir.

- Je ne crois pas, non.

Une lueur étrange flottait dans son regard si foncé qu’il serait possible de s’y perdre. Évidemment, il ne s’y perdit pas, ce serait bien la dernière des stupidités que de se laisser prendre au piège du charme d’une amie de Lévesque. Des plans pour qu’on lui lave le cerveau et qu’il en vienne à apprécier cette idiote! Ça n’arriverait jamais!

- Qu’est-ce que tu me veux, Parkinson! gronda-t-elle à nouveau.

Sa voix. Sa voix aussi avait quelque chose de différent. C’était très peu perceptible, mais on aurait dit la voix de quelqu’un de brisé. Il savait ce que c’était, il l’avait bien vécu lorsqu’il était petit. La transition entre un foyer agréable et les bras froids de Pansy Parkinson n’avait pas été simple. Il ne se souvenait pas clairement de la période avant son arrivée dans la famille de Pansy, mais il avait toujours gardé en mémoire une ambiance chaleureuse. Il ne devait pas avoir plus d’un an lorsqu’il avait atterri chez cette vipère. Il s’était toujours trouvé étrange de ne pas aimer sa mère, contrairement à tous ceux qu’il avait fréquentés.

Ça n’avait pas pris de temps avant qu’il comprenne pourquoi.

Il avait cherché longtemps à comprendre pourquoi ses souvenirs diffus de lorsqu’il était bébé semblaient aussi joyeux alors que le reste n’était que d’un gris morne. La réponse n’avait pas tardé à arriver lorsqu’il avait fouillé dans le bureau de sa mère et avait déniché le contrat d’adoption. Le nom de ses parents biologiques n’y apparaissait pas, malheureusement.

- Tout ce que je veux, c’est de la compagnie, répondit-il avec un sourire moqueur.

Elle se contenta de le foudroyer du regard. À ce moment précis il comprit ce qu’il avait raté jusque-là. Malia McDonald n’était pas seulement sur le point de craquer, mais était dans une période de transition! La lueur prédatrice qui luisait au fond de ce regard brun foncé n’avait jamais été présente auparavant! Il analysa discrètement la peau visible de la Gryffondor, cherchant d’autres traces de ce qu’il soupçonnait…

Et il les trouva.

Très, très pâles, des restes de blessures profondes se voyaient sur la cheville de sa comparse de Poudlard. Il releva les yeux et croisa son regard qui n’avait pas perdu de sa fureur. D’accord, peut-être devait-il changer de sujet? Ou plutôt de tactique. Il n’avait pas seulement vu la présence du prédateur dans les yeux de Malia, mais aussi la peur. Une peur profonde et viscérale… de sa propre nature.

- De la compagnie c’est bien, mais le silence, ça craint. Alors, que penses-tu de discuter? proposa-t-il.

- Dans tes rêves!

Magnifique, soupira-t-il.

- Comment ça se passe avec ce benêt qui te sert de petit-ami?

Il aurait pu, franchement, trouver mieux comme amorce à une conversation. Il le sut en la voyant le foudroyer de nouveau du regard, un regard beaucoup plus humide que quelques secondes auparavant. Bravo, Alex, grommela-t-il intérieurement. L’élément curieux dans tout ceci, toutefois, était la présence d’une rougeur sur les joues de la Gryffondor. Rougeur qui n’était pas là quelques instants auparavant.

- Ce n’est pas un benêt, cracha-t-elle et une larme s’échappa.

Que devait-il faire à présent?

Tout en poussant des grognements intérieurs, il tendit la main vers son visage et avant qu’elle puisse se détourner, il essuya la larme avant de ramener son bras vers lui comme si rien ne s’était passé. Il continua ensuite :

- Il s’est passé quoi avec ton benêt?

- En quoi ça t’intéresse? grommela-t-elle.

- En rien, affirma-t-il même si une partie de lui criait au mensonge. J’essaie juste de tenir une conversation.

Le regard de McDonald avait l’air plus que suspicieux. D’accord, il ne mentait peut-être pas très bien. Ou sinon, c’était elle qui savait les déceler facilement.

- Il ne se passe plus rien avec mon benêt, gronda-t-elle. Il m’a plaqué avant les vacances.

Il ne put s’empêcher de sourire en la voyant utiliser son terme pour décrire celui qui avait réussi par miracle à sortir avec elle.

- Et pourquoi il a fait ça?

- Aucune idée. Il s’est lassé, apparemment.

- Et comment pourrait-on se las… commença-t-il avant de s’arrêter brusquement avant d’en dire trop.

Sauf qu’à voir le visage encore plus rouge de Malia, et ce malgré sa peau joliment basanée, il comprit que c’était raté et qu’elle avait compris ce qu’il voulait dire. Bon, c’est le temps de changer de sujet de conversation, songea-t-il.

- Est-ce que tes parents sont au courant que tu as été attaqué par un loup-garou?

Elle écarquilla tellement les yeux qu’il craignit un instant qu’elle ne les perde. Il aurait pu choisir n’importe quel autre sujet de conversation! Pourquoi fallait-il qu’il prenne tous ceux qui faisaient le même effet qu’un sortilège explosif en plein visage.

- Je ne...

- N’essaie pas de mentir, la prévint-il. Je suis doué pour ce genre de chose.

Le fait que ce soit sa mère adoptive qui l’avait forcé à apprendre et reconnaître tous les signes caractéristiques des loups-garous alors qu’il n’avait que six ans, lui donnait une grande expérience en la matière et lorsque la question avait été mise pendant ses BUSES, il n’avait eu aucune difficulté à y répondre.

Elle ne répondit rien, mais hocha de la tête.

Cela signifiait-il que ses parents étaient au courant? Surement, puis que c’était sa question première. Il fronça les sourcils :

- Tu reviens à Poudlard?

Elle hocha de nouveau la tête, mais cette fois la terreur semblait prendre de plus en plus possession d’elle. Magnifique… Que devait-il faire maintenant? Il aurait préféré sauter du haut de la tour d’Astronomie que de se trouver dans la situation présente… Merlin, dans quoi s’était-il mis les pieds? Malheureusement pour lui, il croisa à nouveau le regard de la Gryffondor et sans pouvoir s’en empêcher une nouvelle question lui échappa :

- Est-ce que vous savez ce que vous allez faire?

Elle haussa des épaules avant de murmurer :

- Ma mère a dit qu’elle prétexterait des rencontres familiales très, très importantes auprès du professeur McGonagall. Les journées de pleine lune. Je manquerai donc toujours deux jours à ces moments-là.

- Mais c’est complètement débile comme idée!

D’accord… ça lui avait échappé.

Le regard interloqué et assez furieux de McDonald le pétrifia surplace. D’accord, elle n’aimait pas qu’on insulte les idées de sa mère. Il tenterait de s’en souvenir à l’avenir. Une minute… pourquoi devrait-il s’en souvenir? Ce n’était pas comme s’ils allaient se revoir! Enfin, discuter, surtout.

- Et que devrait-on faire selon toi, si tu es si intelligent que ça? rétorqua-t-elle en croisant les bras.

- Trouver quelqu’un pour te concocter la potion de Tue-Loup et te la fournir à chaque pleine lune. Il te suffirait ensuite de te rendre avec quelqu’un dans la forêt interdite pour te transformer. Je pourrais le faire.

Sur ces mots, il se leva brusquement et s’éloigna sous le regard, qu’il sentait interrogatif et suspicieux, de Malia McDonald. Il n’avait aucune idée de ce qui lui avait pris de dire tout ça et encore moins pourquoi il avait envie de le faire. Peut-être parce qu’il savait que même l’idiote de Lévesque ignorait tout de cette histoire. Ou peut-être parce que l’idée de passer du temps avec la Gryffondor aux yeux bruns lui faisait envie depuis un moment. Mais non! Il s’empêcha de fourrager dans ses cheveux et resta le dos et la tête droite en disparaissant dans la foule.

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Eh bien, eh bien... voilà cette première partie de l'histoire de Malia et Alex :mrgreen: Qu'est-ce que vous en pensez? Est-ce que cette histoire vous a donné d'autres idées que vous aimeriez que j'explore? Sinon, une fois les deux prochaines parties de cette histoire terminée, je passerai au bonus dont j'avais eu l'idée. :D Sur ce, on se revoit bientôt pour le chapitre! :mrgreen:
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Eh bien, je suis là! Pour la première fois ici, je crois, j'ai écrit un chapitre en deux semaines! Je me sens fière :lol: Et en plus, il est un peu plus long que d'habitude! Avec un petit quarante-deux pages Word au lieu de trente. Et devinez quoi? Je viens de franchir la barre des cinq cent pages pour la fanfic et on n'en est pas encore à la moitié :lol: Presque, mais pas tout à fait. Il reste encore deux chapitres avant d'y être. Breeef... Sur cet étalage de paroles, je crois que je vais vous laisser lire, alors... Bonne lecture! :mrgreen:


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Chapitre 15


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Je me mordis l’intérieur des joues pour ne pas risquer d’attirer l’attention en prononçant les mots qui me brûlaient la langue. De son côté, mon cousin se contentait de me toiser de son regard perçant. D’accord, il ne devait vraiment pas aimer la version de moi qu’il connaissait. Mais j’aimerais vraiment savoir pourquoi! Et aussi pourquoi il semblait encore moins m’apprécier moi et pourquoi, pourquoi il disait que je n’étais pas vraiment sa cousine!

Sauf que les pas ne firent pas mine de s’éloigner.

Non, à vrai dire ils semblaient même se rapprocher de l’endroit où on se trouvait et maintenant que le bruit se faisait plus proche, je pouvais enfin entendre la différence entre ces bruits-là et ceux que provoquaient les gens. Parce que non, ces bruits n’étaient pas humains. Chaque fois qu’un pied touchait le sol, j’entendais une sorte de petit clic sonore. Un peu comme… des griffes.

Un chat ne ferait pas autant de bruit, songeai-je. Et Spock non plus. Enfin, Spock n’était pas assez gros pour vraiment attirer autant l’attention. Ce qui voulait dire… que si ce n’était ni un chat ni mon chien… c’était autre chose. Un frisson me traversa le dos, le genre de frisson que je connaissais trop bien. Non! Ce n’était pas le moment! Mes poings se crispèrent et je fermai les yeux fortement en penchant la tête sur le côté. La sueur perla immédiatement sur mon front et des tremblements incontrôlables me parcoururent tout le corps.

Il y avait un moyen pour transformer une vision-qui-me-déplace en une vision mentale. Sauf que les efforts demandés pour ce faire sont souvent beaucoup trop élevés pour en valoir la peine. Sauf que là, je n’avais plus le choix. Je ne pouvais pas me permettre d’être coincé ailleurs et de finir mes jours dans une énième réalité. Celle-ci était suffisamment éprouvante, je n’avais pas besoin de tout recommencer ailleurs!

Des images passèrent rapidement derrière mes paupières clauses. Une longue queue reluisante comme le métal. Une épaisse et sombre crinière. Des longues pattes puissantes aux griffes tranchantes comme des lames de rasoir en diamant. Un regard noir et malfaisant. Un dard pointu et mortel… Je rouvris les yeux brusquement en me sentant glisser au sol, aussi molle qu’une poupée de chiffon. Le regard de mon cousin perdit presque instantanément de son dédain pour refléter ce qui ressemblait à de l’inquiétude.

- A… commença-t-il, mais je réussis par miracle à bondir sur mes pieds pour poser un doigt sur ses lèvres.

Il s’interrompit aussitôt en sentant mon contact et à ce dernier ce fut comme si je recevais une décharge électrique. Je réussis de justesse à ne pas lâcher un cri de surprise et reculai d’un pas chancelant. L’énergie due à la panique m’avait déjà quitté. Je dus me rattraper au mur d’une main pour ne pas m’effondrer au sol à nouveau. De mon autre main, je bloquai ma bouche, espérant atténuer l’effet de ma respiration hachée et bruyante.

Ce ne fut qu’à ce moment que je constatai la soudaine blancheur de mon cousin.

Pourquoi faisait-il cette tête? Je comprendrais s’il avait vu ce que j’avais vu, mais ce n’était pas le cas! Pourtant, il avait imité mon geste et l’une de ses mains bloquait le son émis par sa respiration. On échangea un regard et à cet instant je compris qu’il savait. J’ignorais totalement comment c’était possible, car je ne pouvais pas partager mes visions avec qui que ce soit à part Al. Et je ne pouvais pas non plus imposer mes pensées à quiconque! Peut-être est-ce que je me faisais des idées?

Je fus assez rapidement démentie lorsque mon cousin prit une seconde pour dévoiler sa bouche et mima le mot « Manticore ». Mon rythme cardiaque s’accéléra encore plus que dans son état de panique généralisée et je dus faire un effort pour ne pas laisser cette émotion prendre le pas sur la meilleure version de moi-même. Dans l’état où j’étais, ma nature impulsive prenait souvent le dessus. Très souvent. Et si d’habitude les conséquences n’étaient pas trop graves, car j’avais une certaine chance… Là…

Là, la chance ne me serait d’aucun secours.

Et je ne pouvais certainement pas me croiser les doigts en espérant que ce soit suffisant contre une Manticore. Ce ne le serait pas. J’inspirai doucement en essayant de me donner du courage. En vain, parce que la seconde suivante, un trou béant déformait la porte du placard à balai. Un dard imposant et menaçant se trouvait désormais à moins de deux centimètres de mon visage.

Je sentis la main de mon cousin se refermer sur la chemise de mon uniforme et il me ramena brutalement vers l’arrière. Par Merlin, mais j’avais figé! Ce n’est pas le moment de se juger, Allison! me sermonnai-je en sortant précipitamment ma baguette, délaissant l’idée de bloquer le bruit de ma respiration.

- Allison Lévesque, roucoula une voix à la fois humaine et terriblement animale.

Le dard s’effaça du milieu de la porte, laissant un trou béant d’où on pouvait voir une énorme créature remuer. Jusqu’au moment où un regard noir et froid se positionna devant l’ouverture. Ce visage avait tout d’un humain, si on exceptait les bordures de la mâchoire où une barbe mangeait la peau, mais une barbe semblable à la crinière de la Manticore.

- Elliot Berkeley a très envie de faire ta connaissance, Allison. Et moi aussi. Sors donc que je puisse savourer de mes yeux ta présence, reprit la Manticore.

De tes yeux, mon œil! répliquai-je mentalement. Mes avis qu’elle voulait plutôt avoir une croquée! J’échangeai un regard avec mon cousin et d’un mouvement de la tête lui fit signe de ne pas émettre un seul bruit ni un seul geste. J’ouvris alors la bouche et grommelai :

- Je me trouve plutôt bien ici, alors je crois que je vais rester!

- Mais non, Allison, susurra la créature. Tu vas venir me rejoindre.

La seconde suivante, une autre partie de la porte vola en éclat et c’en fut sans doute trop pour mon cousin, car il s’écria :

- Oh, par Morgane!

Je m’apprêtais à lui donner un violent coup de coude pour l’enjoindre à se taire et le punir d’être aussi idiot, mais je fus interrompu par une tête qui passait par le trou de la porte en disant :

- Mais quelle surprise! Tu n’es pas seule! Comme c’est gentil de ta part de m’offrir ainsi un tel repas!

- Jamais! grognai-je.

On ne pouvait pas se défendre contre ce truc. Aucun sort ne pouvait franchir la muraille qu’était sa peau. Tout ce qu’on pouvait faire, c’était fuir. Les Manticores n’étaient pas bêtes comme les trolls. Mais comment fuir en étant acculé dans un placard à balai? Ma respiration s’accéléra encore en même temps qu’une idée germait dans mon esprit. Ce ne serait pas aussi facile que cette fois-là… et ça n’avait déjà pas été simple.

En même temps que cette idée commençait à prendre forme dans ma tête, une théorie pour venir à bout de la Manticore se faisait un chemin jusqu’à mon cerveau embrumé par la panique. Au moment où la créature retira sa tête du trou de la porte, je formulai rapidement et mentalement un sort d’attraction, prier pour survivre jusqu’à l’arrivée de ce dont j’avais besoin et chuchotai à mon cousin :

- À mon signal, tiens-toi prêt. On va sortir d’ici. Et foutre le camp.

- T’es dingue! s’écria-t-il.

- S’il te plaît.

Ma supplication semi-muette sembla le forcer à ne pas émettre de nouvelles objections et il hocha lentement la tête. J’inspirai doucement, soulagée. Du moins, autant que je pouvais l’être dans la situation actuelle. On frémit en cœur, Lukas et moi lorsque la Manticore arracha une nouvelle partie de la porte avec son dard. Cette fois, il y avait amplement de place pour qu’elle puisse passer la patte, ou son dard au complet. Et il n’y avait aucune marge d’erreur pour elle… dans tous les coups, elle nous aurait.

Pouvais-je ruser contre une Manticore?

Je n’avais pas vraiment d’autre option. Je me tournai moins d’une demi-seconde vers mon cousin et lui adressai un léger hochement de tête en mimant du bout des lèvres « prépare-toi ». L’instant suivant je me retournais vers la porte et avant que la créature ne puisse attaquer à nouveau j’attirai son attention d’un grand cri de rage, me ruai sur la porte et lançai mon Patronus du même coup.

Un immense loup d’argent sortit de ma baguette, crocs dévoilés et bondit sur la Manticore qui ouvrit de grands yeux surpris… avant de recevoir le restant de la porte de plein fouet sur la gueule. Les quelques mouvements qu’elle effectua vers l’arrière nous permirent à Lukas et moi de sortir de là et de nous placer dans le corridor. La créature envoya un coup de patte et de dard en direction de mon Patronus et voyant que tout passait au travers, elle eut un sourire mauvais.

- Belle tentative, Allison Lévesque. Mais pas suffisante… me dit-elle.

Se concentrant sur moi, elle ne remarqua pas mon Patronus qui filait dans les couloirs. J’espérais sincèrement que McGonagall recevrait mon message à temps et qu’elle aurait le temps de rappliquer avec quelques professeurs avant que le pire ne se produise. Mon instinct me soufflait que si la mort ne m’attendait pas à la fin de cet affrontement, ce n’était pas le cas de mon cousin ou de quelques élèves que ce soit qui pourraient passer par ici.

Une Manticore ne pouvait pas réfréner ses envies de chair humaine. Mais qu’en était-il de celle-ci? Assurément, Berkeley avait besoin de moi en vie. Avait-il passé un marché avec cette chose? Me laisser la vie sauve, me ramener à lui et en échange elle pouvait faire un festin à Poudlard? Ça ressemblerait bien à ses méthodes! Une grimace de dégoût et de rage déforma ma bouche et je fis l’effort de piétiner ma peur pour nous donner un peu plus de temps.

Assez pour que mon plan A arrive.

En espérant que ce dernier suffirait à nous maintenir en vie pour le plan B. Je tâtonnai derrière moi pour déterminer la position de Lukas et une fois fait, je le repoussai. Je le voulais aussi loin que possible de la créature devant nous. Elle lui portait une trop grande attention pour que je doute du fait qu’elle soit affamée. Je grinçai rapidement entre mes dents :

- Dégage.

- Mais tu es vraiment folle si tu crois que je vais te…

- Dégage!

Cette fois, j’élevai la voix et avançai d’un pas pour attirer l’attention de la Manticore sur moi. Malheureusement, mon cousin ne voyait pas ma tentative d’un bon œil, car il me ramena brusquement en arrière en tirant à nouveau sur la chemise de mon uniforme. Je passai à deux doigts de me retourner pour lui lancer un regard noir. Seule la présence de notre ennemie bien létale m’empêcha de le faire.

- Mais comme c’est mignon! Vous essayez de vous protéger? Si seulement c’était possible… susurra la créature.

Oui, c’était possible. Il fallait seulement que je gagne du temps. Normalement, d’ici une minute je devrais être en mesure de rendre notre combat un peu plus égal. Pas complètement, mais au moins… on ne risquerait pas de mourir en deux secondes. Contrairement à en ce moment.

Sans signe annonciateur, la Manticore projeta son dard vers nous, ou plus précisément vers mon cousin. Je n’eus que le temps de sauter sur le côté en repoussant d’un sort Lukas. La queue de scorpion passa à seulement dix centimètres de ma tête et je vis le dard faire éclater le sol en pierre du couloir. Un frémissement me parcourut à nouveau et c’est précisément au moment où je relevais la tête pour regarder en face la créature que je vis ce que j’avais appelé arriver.

Mon balai.

J’évitai de trop le regarder pour ne pas que l’attention de la bête soit attirée vers lui et me relevai en affichant un sourire arrogant. D’une voix particulièrement hautaine, ou du moins autant que j’y arrivais avec mon cœur qui se débattait dans ma poitrine, je lançai :

- C’est tout? C’est tout ce que tu peux faire, Manticore? Sincèrement… je m’attendais à mieux!

Un sifflement de rage sortit de la bouche de la créature et j’esquissai un sourire. Ou une grimace. En ce moment, mon ventre me donnait l’impression que quelqu’un y avait fait un nœud et qu’on le serrait de plus en plus en essayant de le dénouer. Mon regard repéra à nouveau mon balai et d’un mouvement discret de ma baguette, je le forçai à flotter au moins trois mètres au-dessus de la Manticore. Le hoquet de mon cousin derrière moi me donna la confirmation qu’il l’avait vu. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’il ne donnerait pas l’idée à la chose de relever la tête. Maintenant, c’était l’heure de l’étape la plus délicate…

Pouvait-on atteindre une Manticore avec un sort si on le dirigeait vers sa bouche?

Je me doutais qu’un sortilège de stupéfixion ne serait jamais suffisant, il faudrait être plusieurs à le faire et avec un espace aussi étroit, nos sorts se feraient tous mutuellement dévier de trajectoire. Toutefois, il y avait un sortilège qui pourrait amener la créature à s’étouffer. Et qui pouvait affecter n’importe quoi ou n’importe qui si on avait le bon angle.

Et je l’avais utilisé il n’y a pas si longtemps…

Sauf que pour que ça fonctionne, il fallait que je prenne bien soin de calculer chacune de mes manœuvres et faire en sorte que la Manticore reste la bouche ouverte assez longtemps… sans mourir entre temps. Je mis rapidement ma tête en veilleuse et mit cette deuxième partie du plan A en action. D’un mouvement de baguette adroit et rapide, je formulai un sortilège mentalement et propulsai mon cousin encore quelques mètres plus loin.

La seconde suivante je repris la parole :

- Alors? Le chat a mangé ta langue, espèce de scorpion mal dégrossi?

Un nouveau sifflement s’échappa de la bouche de mon adversaire et je me demandai brièvement si je ne m’y étais pas prise de la mauvaise manière… Et si la provoquer ne lui donnait envie que de me tuer en silence, rapidement? Ce n’était toutefois pas le moment d’y penser et j’éloignai ces pensées aussi vite qu’elles étaient arrivées. Lorsqu’elle m’envoya sa patte griffue, j’étais prête. Je bondis sur le côté et avec un sourire lançai :

- C’est tout? Même un chaton est plus adroit!

Nouveau sifflement et elle s’écria :

- Aucun repos ne t’attend, petite vermine! Ce n’est que la mort que tu trouveras ici!

As-tu autre chose à m’apprendre? songeai-je en déglutissant. Sauf que cette pensée ne m’empêcha pas de reprendre la parole. Je devais la faire parler. Je devais la forcer à me jeter toute sa haine à la figure pour que je puisse la faire s’étouffer avec ses propres mots!

- Tu sais, tout le monde finit par mourir! Tu as d’autres choses à m’apprendre? répliquai-je avec un sourire narquois.

- Si c’est la mort que tu veux, la mort tu auras, sale gamine! gronda-t-elle. Je vais enfoncer mes griffes dans tes entrailles, mon dard dans cette cervelle qui est la tienne et lorsque la douleur sera trop…

Elle n’eut pas l’opportunité de poursuivre. Alors qu’elle avait débuté son discours qui s’annonçait passionnant, j’avais appelé mon balai à moi et dès la seconde suivante, je m’étais écriée mentalement « Aguamenti ». Maintenant un jet puissant d’eau se déversait de ma baguette et entrait en trombe dans la bouche grande ouverte de la créature. Celle-ci commença rapidement à essayer de la recracher, complètement prise au dépourvu et une seconde plus tard, elle se mit à tousser brusquement. À la seconde où elle finit par venir à la conclusion qu’elle pouvait fermer la bouche et se décaler de quelques pas, je sautai sur mon balai et fit demi-tour en vitesse.

Je tendis la main à mon cousin et je crois que ce fut à ce moment qu’on eut la meilleure compréhension de ce qu’attendait l’autre. Il se saisit rapidement de ma paume et je le hissai, avec un peu d’aide de sa part, avant de rapidement voler plus haut, bien à l’abri du dard de la Manticore. Ce ne fut qu’à cet instant que l’interrogation suivante me parvint : pouvait-elle grimper sur des murs? Je me croisai mentalement les doigts pour que ce ne soit pas le cas, car sinon, il faudrait entamer une course poursuite et faire ça… c’était risquer qu’elle tue tous ceux qu’elle trouverait sur son passage.

- On fait quoi maintenant? s’enquit mon cousin alors que la Manticore levait un regard haineux dans notre direction en poussant des feulements de rage.

- J’ai appelé des renforts.

- Attends… quoi? Mais quand!

- Mon Patronus.

- Tu… tu peux faire ça? Utiliser ton Patronus comme messager?

Je me contentai de hocher de la tête. Mon attention était complètement rivée sur la créature à quelques mètres sous nos pieds. Elle sautait dans les airs en poussant des cris très peu humains. À tous les coups, ça allait attirer l’attention des mauvaises personnes… Si un seul élève se pointait ici, ça allait mal finir. Mon regard passa de gauche à droite et dans toutes les autres directions pour essayer de déterminer la meilleure approche.

Comment empêcher qui que ce soit d’approcher?

J’aurais bien ajouté à ma question mentale la notion du « sans enfreindre le règlement », mais dans la situation présente, pourrait-on vraiment m’en tenir rigueur? Je ne voyais qu’une solution au problème actuel… et j’espérais sincèrement que j’arriverais à le faire, car forcément, il devait y avoir des sorts empêchant les élèves de procéder à un sortilège pareil en plein milieu d’un couloir, pas vrai?

Pourtant, sans attendre, je lançai :

- Incendio!

Assez rapidement, des flammes jaillirent hors de ma baguette et j’entendis l’exclamation de Lukas derrière moi, mais ne prêtai pas attention à ses paroles tandis que j’effectuais des manœuvres à la fois dangereuses en balai et avec ma baguette. L’idée, c’était d’entourer la Manticore d’un cercle de feu. Certes, ça n’empêcherait pas cette dernière de sortir, mais au moins, les élèves devraient en théorie faire demi-tour à la vue des flammes. Quant aux professeurs… avec un peu de chance, ils seraient avec McGonagall et comprendraient mes raisons. Sinon… je suppose que je n’avais pas terminé d’en entendre parler et de m’expliquer. Évidemment, la théorie derrière cette idée était bonne. La mise en pratique, par contre?

Pas tellement.

À peine les flammes touchaient-elles le sol qu’elles se faisaient absorber aussitôt. Ma main droite se mit rapidement à être moite et à trembler légèrement. La sueur me perla au front et la chaleur devint insupportable. Pourtant, après quelques minutes à maintenir fermement les rênes de mon plan d’action, je fus couronnée de succès en voyant les flammes commencer à lécher le sol et à y rester. Le feu magique avait tendance à pouvoir rester collé à toutes les surfaces lorsqu’on y mettait suffisamment de volonté. Même avec la pierre.

- Ta mort sera lente et douloureuse, petite mortelle! siffla la Manticore. Je n’en aurai pas encore fini avec toi lorsque tu réclameras une mort rapide!

Je ne répondis rien, occupée à tenter de fermer toutes les voies d’accès à la créature. Si les paroles de cette dernière ne m’atteignirent pas, celles que lança mon cousin subitement me firent perdre toute concentration :

- Hé! Mais qu’est-ce que ce chien fout-là! Va-t’en!

Un chien?

Cette simple pensée suffit à interrompre le jet de flamme qui sortait de ma baguette et j’ouvris grands les yeux en voyant Spock bondir par-dessus les quelques restes de flammes qui dansaient au sol et se précipiter vers la Manticore. Mon cœur rata un battement et je fondis vers le sol pour essayer d’arrêter l’inévitable, mais en voyant mon chien bondir à nouveau, mais cette fois vers la queue de la créature, je hurlai à plein poumon :

- NON!

Évidemment, il choisit ce moment pour ne pas m’écouter et continua sur sa lancée. Mon cri reporta l’attention de la Manticore sur moi et ce n’est qu’en sentant, je le supposai, les crocs de mon chien se refermer sur sa queue, qu’elle comprit que l’attaque ne provenait pas de moi. Elle se retourna en hurlant de rage vers mon chien, mais il était de justesse hors de sa portée. La chose sous moi se mit à tourner en rond avec rage, tentant encore et toujours d’atteindre mon chien, mais sans y parvenir.

Spock, quant à lui, grognait furieusement et ce n’est qu’à ce moment que je pris connaissance d’une chose… Spocky junior était plus grand que la moyenne des Jack Russel. Et pour un chien qui n’avait rien de magique, sa mâchoire était diablement puissante! Un frisson me parcourut le dos alors que je continuais à dévisager le combat sans pouvoir rien faire.

- C’est ton chien? s’enquit soudain Lukas en chuchotant à mon oreille.

Je ne parvins qu’à hocher la tête, aucun mot n’arrivait à sortir de ma bouche. Mon cousin ne me posa aucune nouvelle question et je lui en étais reconnaissante, car je venais juste de comprendre ce que mon pauvre petit chien était en train de faire. C’était complètement inconsidéré et ça n’aurait jamais dû être possible. Mais, vraiment, jamais. À ce que j’en savais, aucun animal moldu ne devrait être en mesure de gruger la queue d’une Manticore. Mais alors là, jamais!

Et pourtant, c’était ce que Spock était en train de faire. Peu à peu, en mâchouillant bien gentiment la section de queue prise entre ses mâchoires, il détruisait la chair qui lui était accessible. Et plus il le faisait, plus je voyais un trou se former au niveau de la queue de la créature. D’accord… j’avais maintenant la certitude que mon chien était plus malin que moi. Sans son dard, une majorité de la dangerosité de la Manticore disparaissait. Certes, pas complètement, mais suffisamment pour nous mettre sur un pied d’égalité plus important.

- Ton chien est aussi dingue que toi… lâcha mon cousin, mais il ne put empêcher une touche d’admiration de transparaître dans sa voix.

Pour mon chien, évidemment.

Sa réflexion me permit toutefois de reprendre tous mes esprits et en me secouant, je décidai de venir en aide à Spocky. Peut-être qu’aucun de mes sorts ne pouvait faire mal à la Manticore, mais au moins si je pouvais détourner son attention quelques secondes ici et là, ça pourrait donner une chance à mon chien de parvenir à ses fins. Au moment où je me mis à lancer mes sortilèges, je vis d’autres sorts fondre en direction de la créature.

J’eus une seconde de fol espoir, croyant que c’était les professeurs, mais rapidement je compris que les sortilèges provenaient de derrière moi. Juste derrière moi. C’était Lukas qui se joignait à la partie. J’aurais pu me plaindre qu’il ne participait que maintenant, mais pour être honnête… sa participation avant ça m’aurait énormément embêtée.

Après une minute supplémentaire, je vis la mâchoire de mon chien se refermer complètement en même temps que le dard de la Manticore tombait par terre avec un bruit sourd. Spock chuta au même instant, mais malgré mes tentatives, je ne réussis pas à détourner l’attention de la créature et d’une patte elle le projeta contre le mur tout en poussant un nouveau feulement de rage. En la voyant bondir vers lui, je fonçai à nouveau vers elle, sentant ma bouche s’ouvrir sur un cri qui verrait certainement mon cœur en sortir…

Mais les choses ne se passèrent pas comme je le pensais.

Déjà, d’un coup, toutes les flammes que j’avais fait apparaître disparurent d’un coup. Ensuite, au moins huit sortilèges de stupéfixion différents fusèrent en direction de la Manticore ce qui attira assez bien son attention et la détourna de Spock. Mon regard se tourna dans la même direction et le soulagement m’envahit en voyant les professeurs accompagnés de McGonagall. Je poursuivis toutefois ma trajectoire et atterrit brutalement sur mes pieds. Mes jambes, mes mains, et pour tout dire, tout mon corps, furent parcourues de tremblements incontrôlables. J’avançai à pas chancelants jusqu’à mon chien, immobile au sol, et m’accroupit à ses côtés. Je ne pris conscience que mon cousin était là, juste parce qu’il posa une main sur mon épaule pour me soutenir et m’empêcher de bouger. Là, il se pencha vers mon Spocky à ma place et fit en sorte de prendre ses signes vitaux.

- Il est vivant, finit-il par murmurer.

Du moins, c’était l’impression que j’en avais, sauf que je n’eus pas le temps d’y réfléchir davantage, car le noir me tomba sur les yeux et je sombrai dans l’inconscience.

Lorsque j’ouvris les yeux, je fus accueilli par une vision beaucoup trop familière : l’infirmerie. La seconde chose qui me fut familière, ce fut une sensation. Le mal de tête poignant qui m’habitait en ce moment me ramenait à toutes les fois où je m’étais réveillée ici à cause du Quidditch. C’était à la fois de joyeux souvenirs si on réfléchissait très profondément, mais aussi de mauvais. J’avais eu ma dose de visite à l'infirmerie et chaque fois que j’atterrissais ici, j’espérais que c’était la dernière.

Malheureusement, ce n’était jamais le cas.

- Alors… comme ça tu te décides enfin à te réveiller? lâcha une voix familière, mais aussi inconnue.

Je me redressai en position assise pour analyser mon entourage et c’est comme ça que je découvris que l’infirmerie n’était pas vide, et même loin de là. Se trouvaient à mon chevet exactement cinq personnes. Déjà, il y avait Madame Pomfresh et Hannah, évidemment. Ensuite, à ma plus grande surprise il y avait aussi McGonagall. Les dernières personnes mais non les moindres étaient le professeur Williams et mon cousin. En tout cas, maintenant, j’avais les idées suffisamment claires pour savoir qui avait parlé.

C’était Lukas.

Il se tenait assis sur le lit voisin en affichant un air à la fois inquiet, agacé et ennuyé. J’ignorais totalement si toutes ces émotions me concernaient, mais je n’en serais pas particulièrement surpris, puisque je semblais attirer très souvent ces émotions chez les personnes qui m’entouraient. Notamment, le professeur McGonagall et Williams, si je me fiais à leurs traits pincés. Pourquoi est-ce qu’on me mettait toujours sur le dos les situations dont j’étais victime? Ce n’était pas comme si j’avais choisi volontairement de me faire envoyer une Manticore au basque, quand même!

Et je n’avais pas non plus envoyé une correspondance à Berkeley pour lui proposer! Pas plus que pour le troll! Et si je m’étais impliquée les deux fois, ce n’était quand même pas de ma faute! Non? Pour le troll, on pourrait peut-être m’accuser de m’être jeté devant, mais la Manticore? Certainement pas! En même temps, à quoi je m’attendais? À ce qu’on me félicite? Ce n’était jamais vraiment arrivé, ou du moins pas sans remontrance d’aucune sorte. Elles étaient toujours là à suivre chacun de mes faits et gestes…

Je poussai un soupir en les regardant tour à tour. La conversation qui allait suivre allait être extrêmement longue et pénible, je le sentais. Avec un peu de chance, du moins, je pourrais m’en débarrasser en prétextant des devoirs, ou encore la fatigue… Les devoirs ne fonctionneraient certainement pas avec aucun d’entre eux. La seconde option, donc, était la plus susceptible de fonctionner. D’autant plus que les deux infirmières risquaient d’abonder dans mon sens.

Enfin, en théorie.

- Miss Lévesque-Williams, soupira soudainement la directrice en me regardant de ses yeux réprobateurs.

- Oui, professeur?

- Est-ce que vous vous assurez toujours de regarder où se trouvent les ennuis avant de sauter à pieds joints dedans?

Sa question semblait très sérieuse. Sauf que je ne pouvais pas m’empêcher de la trouver… farfelue. Pour ne pas dire autre chose. Je jetai un regard en biais à celui qui me tenait lieu de « père » dans la situation présente, mais il se contenta de hausser un sourcil à mon intention. Magnifique! Mes yeux croisèrent ensuite ceux de mon cousin et de son côté je ne trouvai pas le même genre d’interrogations.

- Mr Ash, lâcha soudain le professeur Williams. Je vous demanderais de rejoindre votre Salle Commune maintenant, puisque Madame Pomfresh semble vous trouver en suffisamment bonne forme et que vous avez déjà partagé tout ce que vous saviez.

À quel point est-ce que ça faisait bizarre de vouvoyer son neveu? Et à ce dernier? Est-ce que ça semblait… bizarre que son oncle lui parle comme ça? J’étais presque contente que ce ne soit pas vraiment mon père qui se trouvait là, en étant mon professeur. Ou de ne pas devoir le vivre avec qui que ce soit d’où je venais. Déjà, ma tendance à devenir rapidement familière avec certaines personnes ne m’aiderait en rien. D’autant plus que je n’arrivais pas toujours à me restreindre de ce côté.

Je surpris le soupir de Lukas lorsqu’il se leva, agréant ainsi aux paroles de son oncle et professeur. Toutefois, alors que je l’imaginais déjà s’en aller sans me dire salut, il s’approcha de moi et prit ma main dans la sienne avec une tendresse qu’il n’avait pas l’air d’éprouver pour moi à peine… je ne sais combien de temps plus tôt. Il me glissa en ajoutant une pression supplémentaire à sa prise :

- Prends soin de toi, cousine.

Sur ce, il me relâcha et en le regardant s’éloigner, mes doigts se refermèrent sur ce qu’il avait glissé entre ceux-ci. C’était un bout de parchemin. Assurément, il y avait quelque chose d’écrit dessus, sans doute des mots qu’il ne pouvait pas prononcer devant aucune des personnes présentes. Ce qui signifiait… quoi? Qu’il me disait froidement ne plus jamais vouloir me revoir? Qu’il aurait préféré que je disparaisse avec la Manticore?

Bon, d’accord, je ne pensais pas vraiment qu’il puisse me dire ce dernier point.

Nous n’avions semble-t-il pas la meilleure relation familiale, mais j’étais prête à parier qu’aucun des deux ne laisserait l’autre mourir, peu importe ce qu’ils pouvaient avoir comme grief entre eux. Délaissant la vision de mon cousin qui s’éloignait, je reportai mon attention sur les adultes de la pièce qui me jaugeait du regard. Je lâchai avec tout l’aplomb que je pouvais rassembler :

- Je ne cherche pas les ennuis, professeur. Et avant votre interrogatoire, j’ai besoin d’avoir la réponse à deux questions.

- Quelles questions? s’enquit le professeur Williams.

- Où est Spock? Où est mon chien? Et… je suis restée inconsciente combien de temps?

- Vous êtes restée inconsciente deux heures, Miss, me signala Hannah.

Et mon chien? Pourquoi ne me répondaient-ils pas à propos de mon chien? Pourquoi échangeaient-ils ces regards lourds de sous-entendus? Allait-il bien? Était-il… souffrant? Il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas être… Sans doute qu’en voyant mon visage blêmir, le professeur McGonagall se sentit dans l’obligation de me répondre rapidement, car elle m’assura :

- Votre chien va très bien, Miss Lévesque-Williams. Toutefois…

- Toutefois, il semblerait que ce cher Spock ne rentre pas précisément dans les normes, continua mon père. Nous l’ignorions, évidemment, au moment de l’achat…

Je donnerais n’importe quoi pour pouvoir lui grogner à la figure en ce moment. D’accord, c’était injuste pour lui, parce qu’il ne faisait que me couvrir en ce moment, mais ça n’empêchait pas mon cœur de voler en éclat. Ce n’était pas lui qui m’avait acheté Spock junior. C’était ma mère. Son dernier cadeau pour moi… À l’exception de sa vie, bien sûr. Des larmes me montèrent instantanément aux yeux et je dus les fermer pour ne pas qu’on les remarque.

- Où est-il? grondai-je sans pouvoir m’en empêcher.

- Allison.

Le ton préventif de mon « père » ne me donna pas les frissons habituels. En ce moment, la distinction entre les deux me semblait très claire et tout ce que je voulais c’était de pleurer tranquille. J’avais rouvert les yeux, malgré que je sentais qu’ils étaient toujours humides. Sauf que je ne pouvais pas les défier du regard avec des paupières closes, n’est-ce pas?

- J’aimerais un moment seul à seule avec ma fille, souffla-t-il ensuite. Je prendrai toutes les informations nécessaires auprès d’elle concernant l’attaque, ajouta-t-il à l’intention du professeur McGonagall.

J’avais l’impression de me retrouver une semaine plus tôt après l’attaque du troll. Ce moment ne s’était pas vraiment déroulé comme j’aurais pu le souhaiter et l’idée de l’avoir une deuxième fois dans mon état actuel ne me plaisait pas non plus. Toutefois, en voyant les infirmières et la directrice céder à la demande du professeur de Défense, je poussai un soupir.

- Ton chien va bien et il est sous les bons soins d’Hagrid, me dit rapidement la dernière personne présente dans la pièce, excepté moi.

- Je… je croyais qu’Hagrid n’était plus ici…

- Il n’enseigne plus, c’est vrai, mais il habite toujours ici. C’est d’ailleurs lui qui nous a appris, après avoir procédé aux soins nécessaires, que ton chien était un peu plus qu’il ne semblait être.

Je fronçai les sourcils en le dévisageant en silence. De quoi, par Merlin, pouvait-il être en train de parler?

- À voir ta réaction, tu n’es pas au courant…

- Au courant de quoi, par Morgane!

- Spock est à un quart Croup. Ces derniers, selon Hagrid, peuvent être croisés à des chiens humains, à l’instar des Fléreurs avec les chats. Et malgré que les croisements doivent être notifiés auprès du Ministère, nous n’avons aucun moyen de vérifier ce fait. Par ailleurs, il est tout à fait possible qu’avec seulement un quart de Croup… quelqu’un ait jugé que ce n’était pas nécessaire.

- Mais les Croups ressemblent plus à des Fox Terriers, pas à des Jack! protestai-je avec véhémence.

C’était impossible! Impossible que ma mère n’ait pas été au courant! Mais si ça avait été le cas, ne me l’aurait-elle pas dit? L’occasion ne s’était peut-être jamais présentée… Des larmes inondèrent à nouveau mes yeux. Maman était trop pointilleuse pour ne pas être au courant, songeai-je en essuyant rageusement mes larmes. Mais malgré la logique de mes réflexions, j’ajoutai d’un ton rageur :

- Impossible! C’est impossible! Spock est un Jack Russel Terrier, point! Rien de plus…

Sauf que ma réflexion de quelques heures plus tôt me revint en mémoire. Il est plus grand qu’aucun Jack que je connais. De nouvelles larmes remplacèrent les autres et je vis le professeur Williams approcher. Je voyais la compassion dans ses yeux et le début de mouvement de ses bras. Je levai rapidement la main pour interrompre ses mouvements. Je ne voulais pas de son contact! Je ne voulais pas de sa tendresse ou de sa pitié! Je ne le supporterais pas…

Plus tard.

Plus tard je ne supporterais plus de ne pas l’avoir. Je préférais encore vivre sans jamais connaître le réconfort paternel que d’avoir à continuer à avancer sans cette promesse de protection, de confort… Je recommençai à essuyer mes larmes, les faisant disparaître au fur et à mesure qu’elles s’étalaient sur mes joues. J’en avais marre de cette situation! Tout ce que je désirais, c’était rentrer à la maison! Et ne plus avoir à faire face à tout ça.

- Certes, un croisement entre un Fox Terrier et un Croup passerait plus facilement niveau apparence, mais un terrier est un terrier. Hagrid soupçonne qu’un Croup a été croisé avec un Jack Russell et que l’un des rejetons a été à son tour accouplé avec un autre Jack. Ça expliquerait pourquoi il ressemble en tout point à cette race de chien… Et tu as forcément remarqué qu’il était plus grand et plus costaud qu’un Jack Russell normal…

Touché.

- Mais… tentai-je, sauf qu’il me coupa.

- Ce n’est pas tout. Hagrid a aussi constaté des preuves que ton chien a eu une ablation de la queue. Celle-ci devait être fourchue à la naissance…

Je secouai longuement la tête. Ce n’était pas que je n’y croyais pas, les preuves amassées ce soir me le démontraient bien… Non, le problème n’était pas ça. C’était que je ne voulais pas y croire. Je ne possédais aucune envie de le faire, car accepter cette réalité, signifiait d’accepter que ma mère était au courant et ne me l’avait jamais dit. Je connaissais bien ma mère, elle était forcément allée voir les chiots avant de prendre sa décision sur lequel choisir. Et l’ablation indolore de la queue fourchue d’un Croup se faisait à l’âge de six ou huit semaines. Donc un mois et demi minimum. C’était à un mois que la majorité des éleveurs accueillaient les futurs propriétaires pour le choix du chiot…

Ana ne connaissait peut-être pas la vérité, ce qui expliquerait son silence.

Mais qu’en était-il de ma mère? Je ne pouvais plus lui poser la question! Mais en avait-elle parlé à quelqu’un? Était-ce pour cette raison que McGonagall avait accepté que je garde mon chien? Que certains avaient plaidé ma cause? Ça expliquerait aussi pourquoi Spock avait su qu’il devait japper… lorsque j’étais allée à la maison pour récolter des informations. Mon cœur fit un bond dans sa poitrine à cette réflexion.

Non, non, non!

C’était impossible qu’Ana n’ait pas été au courant. Et si mon instinct ne me faisait pas défaut, Berkeley aussi en avait eu conscience. Rien de tel qu’une créature magique pour formuler un sortilège. D’où l’enlèvement de mon chien. Et toutes les fois où Spocky s’était montré d’une loyauté à toute épreuve… Sa relation privilégiée avec Nuage. Son attaque contre Rebecca.

Je ne pouvais pas me voiler la face.

Des gens autour de moi, les adultes en particulier, avaient été au courant. Mais personne, absolument personne n’avait cru bon de m’en faire part. Et je n’avais jamais cherché à obtenir les papiers d’adoption de Spock! Lorsque je rentrerais à la maison… j’aurais des comptes à rendre auprès de certaines personnes! Un grondement m’échappa et ma voix en avait toujours les accents lorsque je grommelai :

- Ils m’ont caché ça.

- Tu crois qu’ils étaient au courant?

- Ma mère ne ferait jamais l’erreur d’acheter quelque chose sans être convaincue que ce qu’elle obtient est ce qu’elle recherche.

En le voyant hocher la tête avec assurance et compréhension, mon ventre se serra et je dus faire un effort de volonté incroyable pour ne pas me mettre à pleurer à nouveau. Que ce soit une comédie ou non, il semblait vraiment agir comme mon père l’aurait fait et ça me rendait malade. Malade de jalousie. Malade de nostalgie.

Et je détestais ces émotions.

- Ce n’était pas seulement de Spock dont tu voulais me parler, alors quoi d’autre?

- Raconte-moi ce qu’il s’est passé et pourquoi tu t’es conduite de manière aussi… insouciante.

À sa manière de prononcer le dernier mot, je compris qu’en réalité il ne m’en voulait pas. Il approuvait ce que j’avais fait, mais il m’en voulait pour une autre raison. Que ma vie soit en danger, mais ça je ne pouvais pas y faire grand-chose et lui non plus. Alors au lieu de le rabrouer sur ses émotions qu’il ne devrait pas avoir à mon propos, je lui racontai ce qu’il s’était passé. Je ne voulais même pas savoir à quoi pouvait avoir ressemblé le récit du point de vue de Lukas. Déjà, il ne savait pas la moitié de ce qui me traversait l’esprit à tout moment pendant les évènements de plus tôt.

Évidemment, en racontant ce qu’il s’était passé, je mis de côté toute la scène concernant ma rencontre initiale avec mon cousin, disant simplement qu’on s’était rejoint dans un placard à balai pour parler tranquillement. Comme je ne remarquai aucun signe de suspicion du côté de mon professeur, j’en déduisis que Lukas s’en était tenu à la même chose. Je passai donc à la suite des évènements sans pouvoir m’empêcher de frissonner ici et là en repensant à tout ça.

- Je comprends mieux pourquoi le Choixpeau t’a mis à Gryffondor à ton arrivée à Poudlard, se contenta de soupirer Charles Williams lorsque j’eus fini. Tout comme je comprends pourquoi tu es à Serpentard maintenant.

- Moi je ne comprends toujours pas, rétorquai-je, mais il ne me prêta pas attention.

- Tu as pris d’énormes risques, Allison, mais dans les circonstances… Je ne vois pas ce que tu aurais pu faire d’autre. Quelqu’un avec moins de ressources serait déjà bien loin d’ici, entre les pattes de cette Manticore et surement devant Berkeley.

Je hochai la tête, ne sachant pas ce que je pourrais dire. J’avais toutefois l’impression que par « ressources », il entendait aussi une question d’habitude. Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais dans ces situations où je devais faire preuve de sang-froid, il le savait. Et je ne doutais pas que c’était de cette manière qu’il arrivait à me distinguer de sa fille. Je me doutais aussi qu’en disant que quelqu’un avec moins de ressource ne s’en serait pas sorti… il faisait référence à mon cousin. À son neveu. Peut-être même à sa propre fille, maintenant que j’y réfléchissais. Il se passa une main lasse sur le visage avant d’ajouter :

- Si un autre incident comme celui-ci devait se produire, Allison, nous allons devoir prendre des mesures de sécu…

- Non!

- Allison…

- Je ne veux pas de garde du corps, par Merlin! Je vais devoir le dire combien de f…

Je m’interrompis de moi-même avant de compléter ma phrase. Chez moi… chez moi ils étaient au courant. Chez moi je pourrais affirmer que j’avais demandé trop de fois à ne pas avoir de garde du corps. Mais ici? Non. Je me massai le visage pour essayer de retrouver un peu de bon sens et repris en le regardant droit dans les yeux :

- Je ne veux pas de garde du corps. La dernière fois… Ça ne s’est pas bien fini pour eux. Berkeley me veut vivante. Les autres autour de moi, il s’en fout. Mon histoire le prouve assez bien.

Je vis mon professeur de Défense tressaillir un instant et blêmir d’un ton. Il souffla simplement :

- Je vois. Alors pas de garde du corps. Mais nous trouverons des mesures qui pourront te protéger et empêcher qu’il ne puisse t’atteindre.

J’acquiesçai doucement et ne précisai pas que ça ne changerait probablement rien. Berkeley avait évité tous les obstacles une fois et il le referait. Nous aurions notre face à face, je n’en doutais pas. Quand, où? Je l’ignorais. Mais je sentais ce moment se profiler à l’horizon. Et cette fois, je serais prête à faire ce qu’il faut. Cette fois, c’est mon nom qu’il maudirait en sentant la vie le quitter. Et s’il devait faire le moindre mal à un membre de ma famille de cette réalité-ci… il souffrirait.

Une mort rapide… non. Pas pour lui.

Jamais pour lui.

Je retins un rictus d’apparaître sur mon visage pour ne pas inquiéter la personne qui se trouvait ma figure paternelle dans la réalité présente. Ce n’était pas le moment d’attirer ses soupçons sur mes plans, car assurément il serait comme tous les autres adultes de ma réalité et tenterait de m’arrêter, ce qui n’était pas envisageable. Et ne le serait jamais. Nos regards se croisèrent à nouveau et il annonça :

- Je crois qu’on peut s’arrêter ici pour aujourd’hui. Madame Pomfresh?

Il éleva un peu la voix à la fin et ça ne prit que quelques instants avant que l’infirmière en chef n’apparaisse à nos côtés.

- Est-ce que je peux retourner à ma Salle Commune? Je n’ai aucune envie de dormir ici. Sans vouloir vous offenser!

J’ajoutai rapidement la dernière phrase en me souvenant que je n’avais pas une aussi longue relation avec la Madame Pomfresh d’ici que celle de chez moi. Elle me jeta un regard soupçonneux ô combien familier et arqua un sourcil en s’enquérant :

- Vous irez directement vous reposer?

- Oui, promis-je.

Et c’était la vérité. Mon mal de tête n’avait fait qu’empirer depuis que je m’étais réveillée, mais je me gardai bien de le dire. Pas besoin de lui donner une excuse pour me forcer à rester! Elle poussa un soupir et secoua lentement la tête en ajoutant :

- Prenez ceci pour votre tête. Je vous laisse partir sous deux conditions.

Elle me tendit rapidement un verre rempli d’un breuvage à l’aspect repoussant, mais je le pris tout de même d’un trait. Si ça pouvait aider, l’apparence et le goût n’avaient plus d’importance! Une fois que mon verre fut vide, elle reprit :

- Premièrement, vous rentrez à votre dortoir et vous couchez immédiatement. Ensuite, avant votre cours demain matin, vous viendrez me voir pour que je m’assure que tout va bien.

- Je vais faire ce que vous dites, assurai-je.

Sur ces mots, le professeur Williams me tendit une main pour m’aider à me lever. Au départ, je l’écartai doucement, mais au moment précis où mes pieds touchèrent le sol et que je n’eus plus aucun support autre, je me sentis chanceler. Je poussai un léger soupir, mais acceptai qu’il passe mon bras autour de ses épaules et me soutienne par la taille.

On ne prononça pas une seule parole sur tout le chemin menant jusqu’à la Salle Commune des Serpentards et en y arrivant je restai complètement figée en sentant sa main me caresser les cheveux avant de frôler ma joue du bout des doigts. Je restai encore plus stupéfaite lorsqu’il m’embrassa sur le crâne, puis souffla :

- S’il te plaît, Allison. Fais attention à toi. Tu es ma responsabilité ici et…

J’acquiesçai rapidement de la tête en faisant tout mon possible pour ne pas pleurer. Mes efforts précédents pour éviter les effusions paternelles venaient d’être réduits à néant. Il eut un sourire triste l’espace d’un instant avant d’ajouter :

- Repose-toi bien, surtout.

- Bonne nuit, murmurai-je du bout des lèvres avant de faire volte-face pour ne plus avoir à le regarder.

Je n’entendis pas ses pas s’éloigner d’où nous étions. Je sentais parfaitement sa présence dans mon dos et ce simple fait me poussa à prononcer le mot de passe rapidement et à pénétrer à l’intérieur. En essayant de rassembler toute ma contenance pour ne pas m’effondrer devant l’intégralité de ma nouvelle Maison. Ça ne m’empêcha toutefois pas de laisser échapper un grondement en voyant Joshua Flint se planter devant moi à la seconde où j’atterris dans la Salle Commune.

- Tu as manqué l’entraînement, Beauxbâtons, me grinça-t-il au visage en m’attrapant par les épaules lorsque je tentai de le contourner. Je n’accepte pas les déserteurs.

La colère me monta aux joues au même moment où mes jambes se mirent à ramollir. Je fis un effort pour me raccrocher à cette émotion puissante, mais tout ce dont j’avais envie en ce moment, c’était de fermer les yeux. En papillonnant des paupières, je grondai :

- Je n’ai pas déserté, par Morgane! J’ai simplement eu un… empêchement.

Surprenant que toute l’école n’était pas déjà au courant pour la Manticore! Est-ce que pour une fois les professeurs auraient fait un miracle en empêchant que l’histoire se répande?

- Un empêchement! s’écria-t-il. Si tu continues à men…

Il s’interrompit brusquement au moment où je chancelai de manière assez prononcée. Son regard se fit plus insistant et soupçonneux, puis il pencha la tête dans ma direction avant de renifler tout près de mon visage. J’essayai de l’éloigner en posant mes deux mains sur ses bras pour donner une poussée, mais toutes mes forces semblaient m’avoir abandonné.

- Bon, tu n’es pas soûle. Alors qu’est-ce que tu as, par Merlin! grommela-t-il.

- Soûle! m’exclamai-je en retrouvant toute mon énergie d’un seul coup. Non, mais t’es complètement débile ou quoi! Comment peux-tu penser que…

Je le repoussai violemment et il se retrouva à culbuter vers l’arrière, puis à s’écraser au sol. Sur le cul. Il me jeta un regard furieux et se redressa sous le regard médusé de toute la salle. Magnifique, maintenant j’avais attiré l’attention de tout le monde! Des sueurs froides se présentèrent à mon dos lorsque je croisai le regard de trois Serpentards de ma connaissance, mais je fus rapidement détourné d’eux lorsque Joshua revint se planter devant moi en hurlant :

- Tu devrais faire très attention à ce que tu fais, Beauxbâtons!

- Moi, je crois que c’est toi qui devrais faire attention! Je n’ai pas tout fait pour survivre contre une débile Manticore pour me faire bassiner sur le fait que j’ai manqué un entraînement de Quidditch parce que j’étais dans les pommes, par Morgane! Je vais être là les prochaines fois, Flint et fais gaffe aux Cognards, ça serait malheureux que tu en reçoives un sur la tête!

Sur ces mots, je le bousculai à nouveau férocement, puis me mit à marcher en direction de mon dortoir. Mais à chaque pas je voyais mon énergie repartir vers mes pieds et à peine deux mètres plus loin, mes jambes me lâchèrent. Étonnamment, je ne rencontrai pas la surface froide de la céramique. Une main m’avait retenu par le bras.

- Alors cette histoire est vraie? s’étonna Joshua en m’aidant à me relever. Quelqu’un a affirmé avoir vu les professeurs traîner une Manticore inconsciente et que des élèves étaient à l’infirmerie, mais…

D’accord, je devais l’admettre, des rumeurs de ce genre existaient beaucoup à Poudlard. Si incroyable et dingue que c’était forcément inventé de toute pièce. Avoir été dans un état mental plus affuté, je n’aurais rien dit et inventé une excuse. Ou du moins, j’aurais compris pourquoi l’idiot devant moi n’avait pas additionné deux et deux. Je poussai un profond soupir et marmonnai :

- Oui. Maintenant, est-ce que je peux aller dormir?

Il leva les yeux au ciel, mais ne me relâcha pas. Il me questionna à la place.

- Où est ton chien? Il est parti en trombe quelques heures plus tôt…

- Il m’a aidée à ne pas finir dévorée vivante par une créature monstrueuse et maintenant il est sous les bons soins d’Hagrid.

J’aurais préféré que ma voix ne se casse pas, mais elle me trahit. Surprenant! Les sourcils de Joshua se froncèrent, mais il me relâcha en disant :

- La prochaine fois, tu es mieux d’être là. Et si tu manques un match…

- Plutôt mourir! sifflai-je et je me détournai.

Malheureusement pour moi, personne ne semblait prêt à me laisser dormir en paix, car je ne fis que quelques pas supplémentaires vers la porte menant aux dortoirs des filles que l’une d’elles aux cheveux bruns familiers se planta devant la porte et me jeta un regard noir. Fabuleux! Tout ce qu’il me fallait! Les personnes précises que je tentais d’éviter depuis une semaine avant enfin l’opportunité de me coincer. Charmant, très charmant. Un long soupir m’échappa et je râlai :

- Je suppose que je ne peux pas aller dormir tout de suite, c’est ça?

- En effet, gronda Ruby.

- Mais peut-être qu’on… tenta Albus, mais Scorpius le coupa.

- Al, elle va encore nous fausser compagnie demain et les jours d’après si on attend.

Merveilleux.

- Premièrement, est-ce que ça va? Louis nous a dit que tu étais à l’infirmerie pour cette histoire de Manticore, reprit la seule fille des trois.

Je n’étais même pas surprise, pensai-je en réprimant un bâillement et un nouveau soupir. Louis avait toujours connaissance de tout…

- Ça pourrait aller mieux, affirmai-je. Si j’allais dormir.

Ils levèrent tous les trois les yeux au ciel, malgré qu’une lueur de sollicitude sincère brille dans leur regard. C’était nouveau, ça! Je n’aurais pas cru qu’ils pourraient m’accorder cette simple considération! Après tout, ils n’acceptaient même pas que je puisse en savoir plus long qu’eux sur un ennemi que j’avais déjà affronté! Je ne l’avais certes pas vaincu seule… mais mon expérience en la matière était tout de même plus grande que la leur.

Et ils ne se fiaient pas à mon jugement.

Je me montrais injuste, je le savais. Sauf que j’en avais marre de toute cette histoire! Je croyais sincèrement que je pourrais me faire d’eux des amis à nouveau, mais plus ça allait et plus je songeais que je n’y arriverais jamais. Chaque obstacle qui se jetait devant nous me rappelait à quel point ils n’étaient pas ceux que je connaissais…

- Qu’est-ce que vous voulez? grondai-je. Que je joue cartes sur table? Que je vous prête une oreille attentive et vous écoute pour qu’on coure tout droit vers les mêmes résultats que j’ai obtenus avant? Je ne peux pas me permettre d’erreur, par Merlin! Je n’ai pas d’amis, ici.

- Pas d’amis! s’indigna Scorpius. Et on est quoi, nous, alors?

Il se pointa lui-même ainsi qu’Albus. Un rictus s’accrocha à mon visage :

- Des amis se font confiance. Et jusqu’ici, je n’ai reçu que du doute de la part de chacun d’entre vous.

- Ce n’est pas vrai! s’emporta Al en me foudroyant du regard.

- En quoi est-ce un mensonge? rétorquai-je.

- On était de ton côté quand tout le monde disait que tu mentais!

Peut-être, songeai-je. Mais ce n’était pas la partie la plus douloureuse. Non, j’aurais pu survivre à être exclue des versions des personnes dont j’étais le plus proche. Je me serais isolée… peut-être. J’aurais tenté de trouver un moyen par moi-même. Mais là? Là, ils m’ont tendu la main pour ensuite me jeter dans un gouffre.

- Ça ne suffit pas, soufflai-je.

Je sentis les larmes emplirent mes yeux et je tentai de les empêcher de couler. Je n’avais pas besoin de ça. Je croisai le regard de Ruby et j’eus l’impression qu’elle commençait à comprendre ce que j’insinuais. Sauf qu’elle ne prononça pas un mot, se contentant de soutenir mon regard.

- Vous vous êtes dit mes amis. Vous avez affirmé pouvoir être mes amis ici aussi… Vous m’avez soutenu dans un moment de détresse, oui. Sauf qu’au moment le plus important, vous m’avez jeté des pierres. Je ne peux pas être amie avec des gens qui ne font pas confiance à mon jugement.

Je vis la bouche d’Albus et Scorpius s’ouvrir pour rétorquer quelque chose, mais j’en avais déjà marre de cette conversation. Rassemblant le peu de force qu’il me restait, je bousculai Ruby d’un coup d’épaules et écartai les deux autres à bout de bras. La seconde suivante je m’engouffrais dans l’obscur passage menant aux dortoirs des filles, des larmes roulant sur mes joues.

Dire que j’avais toujours cru que l’année dernière avait été la pire de toute mon existence! Ô comment je me trompais! Rien ne pouvait être pire qu’ici et maintenant. Peut-être devrais-je arrêter de comparer mes années à Poudlard… ça ne semblait pas me porter chance. Plutôt malheur, en fait. Je donnerais toutefois n’importe quoi pour simplement avoir une année tranquille. Sans personne qui cherche à abuser de mes pouvoirs, sans perte de membres de ma famille, sans rupture… Sans… absence.

Je m’effondrai sur mon lit à la seconde où je l’atteignis. Mon cœur se serra en apercevant le jouet à Spock. Je n’avais pas trouvé celui qu’il préférait dans mes affaires, alors je supposais qu’il se trouvait encore chez les Potter… mais pas ceux d’ici. Il allait bien, me rappelai-je. Spock irait bien. Hagrid allait bien s’occuper de lui et tout irait pour le mieux.

Mon petit chien qui semblait croisé avec du Croup.

Est-ce que la McGonagall de chez moi était au courant? Mon parrain et ma marraine? Assurément quelqu’un devait l’avoir remarqué? Hagrid? C’était fort probable, mais pourquoi ne pas me l’avoir dit? Étendue sur le dos, toutes ces pensées envahissaient mon esprit jusqu’au moment où mes mains palpèrent l’une de mes poches. Le bruit d’un parchemin me ramena brutalement à ce qu’il s’était passé avec mon cousin à l’infirmerie.

Le message!

Je le sortis vivement de ma poche, espérant sincèrement qu’il ne m’annonçait pas qu’il ne voulait plus jamais me revoir. Je ne sais pas comment je le prendrais si c’était le cas. Mais apparemment, ce n’était pas son intention, compris-je en dépliant le parchemin pour lire son contenu.

Allison

Je crois qu’on doit effectivement avoir une petite discussion. Rejoins-moi demain à la bibliothèque avant ton premier cours. Et, je t’en prie, ne remets pas les pieds dans ma Salle Commune sans invitation.

Lukas


Bon, apparemment j’avais rendez-vous avec mon cousin le lendemain! Tant mieux! Peut-être qu’au moins lui me prêterait une oreille attentive et… que je pourrais obtenir certaines informations qui me taraudaient à son propos. Comme la raison pour laquelle il semblait aussi certain que je n’étais pas sa cousine. Ou comment il avait pu savoir pour la Manticore. Sauf que ça attendrait demain. Je rangeai à nouveau le parchemin dans ma poche et sans plus attendre m’endormit dans la seconde. Sans avoir d’arrières pensés pour mes devoirs en retard.

Je me réveillai le vendredi matin en étant encore plus fatiguée que la veille, ce qui, pour être honnête, me semblait impossible. Et pourtant, c’était le cas. Je donnerais n’importe quoi pour simplement rester là à dormir. Pendant une seconde, j’envisageai réellement cette possibilité… jusqu’à ce que je me souvienne que je ne pouvais pas me permettre de manquer le rendez-vous avec mon cousin! Je me redressai vivement et regrettai immédiatement cette décision en voyant trente-six chandelles.

Je trouvai le bord de mon lit à tâtons et me levai lentement pour me rendre à ma valise où je pris le nécessaire pour me changer. Dès que ce fut fait, je déguerpis de mon dortoir et de la Salle Commune en direction de la Grande Salle. J’allais avoir besoin de toute l’énergie que je pouvais si je voulais traverser cette horrible journée. Malheureusement, je n’étais pas au bout de mes peines…
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

À peine franchissais-je les portes de la Grande Salle qu’on m’attrapa par les bras pour me traîner dehors… jusqu’à un placard à balai. Mon dégoût de ces derniers n’était qu’amplifié depuis les récents évènements. De mouvements rageurs, je me dépris de la poigne de mes ravisseurs et en plongeant mon regard dans les leurs m’écriai :

- Qu’est-ce que vous me voulez, encore!

- Déjà, on aimerait préciser certaines choses, répondit James en croisant les bras.

- Deuxièmement, on aimerait avoir la chance de nous expliquer, continua Ruby.

- Et enfin, on a quelque chose à t’apprendre, Allison, grommela Rose.

Je ne m’habituerais jamais à ce qu’elle m’appelle comme ça. Évidemment, c’était une amélioration si on repensait à mon arrivée ici, mais quand même. J’aimerais sincèrement pouvoir arrêter de souffrir à chaque fois qu’elle prononçait mon prénom. Je ne prononçai toutefois aucun mot concernant mon inconfort, attendant qu’ils en viennent à ce qu’ils voulaient dire.

- Alors, tu nous laisses parler? s’enquit Scorpius.

J’arquai un sourcil et croisai les bras.

- Je crois que son silence est une réponse, fit remarquer Albus.

Je hochai de la tête et attendit. Sans doute qu’ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit aussi simple d’avoir l’occasion de s’expliquer, mais j’avais plus urgent à faire. Alors autant qu’ils me disent ce qu’ils avaient à me dire pour que je puisse aller manger et avoir la discussion plus que nécessaire avec mon cousin!

- Déjà… on est désolé si on a donné l’impression de ne pas faire confiance à ton jugement, lâcha James. Mais je tiens à préciser que je n’étais pas celui qui l’a remis en doute!

- James! s’indigna Ruby.

- Bah quoi? C’est vrai!

- Ton visage en disait long, Criquet, grommelai-je. Quoi d’autre?

Plus tôt ils termineraient, le mieux je me porterais.

- On est vraiment désolé, Alli…son, lâcha Scorpius. Tu sais, Al et moi, on n’a pas vraiment l’habitude d’avoir des amis, sauf pour l’un envers l’autre et on n’est pas vraiment très… connaisseur dans le domaine.

- Alors on fait des bêtises. Tout le temps, continua Albus.

- Quant à nous, on n’a pas l’habitude de se trouver dans des situations aussi… grotesques, ajouta Rose. Même si James peut être un chaos ambulant très souvent. Et comme tu l’as dit auparavant… nous ne sommes pas nos parents. Notre expérience en la matière n’existe pas.

James et Ruby approuvèrent d’un hochement de tête vigoureux les paroles de la rouquine. D’accord, peut-être que ça avait du sens, tout comme le fait qu’ils ne me connaissaient pas vraiment. Je soupirai légèrement en précisant leurs pensées :

- Et vous ne me connaissez pas vraiment.

Plusieurs hochements de tête honteux acquiescèrent à mes paroles. Un nouveau soupir m’échappa et je me massai le front. Toute cette histoire devenait de plus en plus compliquée. L’idée d’aller dormir me sembla plus réconfortante que jamais, mais je ne pouvais pas. Déjà, manquer une journée complète de cours volontairement, ce n’était pas dans mes habitudes. Ensuite… il y avait mon cousin. Et encore après ça… je ne pouvais pas leur tourner le dos.

Pas même s’ils n’étaient pas vraiment ceux que je connaissais.

Mon instinct me disait que continuer à faire comme s’ils n’existaient pas et à les éviter ne résoudrait rien, mais ne ferait qu’empirer la situation. Sans mes amis, je ne me serais jamais rendu où que ce soit la première fois. Je ne pouvais pas me permettre de perdre ici. Pas alors que cet endroit avait encore tant à perdre… Je déglutis discrètement avant de dire :

- Je vais arrêter de vous éviter. Maintenant, qu’aviez-vous à me révéler? J’ai quelque chose d’urgent à aller faire…

- Et c’est quoi? s’enquit James avant de recevoir un coup de coude de Ruby.

- Je dois parler avec mon cousin. Et il m’a demandé de le rejoindre avant mon cours. Maintenant, à vous.

- Ça, me répondit Rose en me tendant le journal.

- Ne fais rien d’inconsidéré, s’il te plaît, me conjura Scorpius.

Je les dévisageai un instant, me donnant un moment pour rassembler mes émotions et les cacher dans un coin. Je n’avais pas besoin qu’un nouveau truc me tombe dessus, mais apparemment ça allait être le cas. Je pris une grande inspiration et retournai le journal pour voir la première page. Grand bien m’en prit, car en lisant les premières lignes, tout l’air de mes poumons se retrouva brusquement éjecté.

PRÉ-AU-LARD, BARRICADEZ VOS PORTES!

Le criminel notoire du nom d’Elliot Berkeley aurait été aperçu dans le petit village de Pré-au-Lard. Évidemment, on ne peut que se demander ce qu’il compte y faire… ce n’est certainement pas pour aller au Trois Balais prendre un Whiskey-Pur-Feu ou une Bièraubeurre. Que cherche-t-il à accomplir en y allant? Quel dessein se dessine-t-il dans son esprit torturé? Les Aurors…


J’arrêtai rapidement de lire. Je savais très bien ce qu’il cherchait. Moi. Et vu la date du journal… en date d’aujourd’hui… je n’avais aucun doute concernant le fait qu’il avait été présent pour envoyer la Manticore à Poudlard. Mais était-ce le cas pour le Troll aussi? Probablement. Un long frisson d’angoisse me traversa le dos alors que ce que j’avais vu une semaine plus tôt me revenait à l’esprit. Des prédictions. Une sœur. Deux enfants… Mes mains se mirent à trembler.

De rage ou de peur?

Peut-être ni l’un ni l’autre, peut-être les deux. Peut-être un seul. Je n’arrivais pas à saisir ce que je ressentais en ce moment. Tout ce que je savais, c’était que mon corps réagissait. Les paroles de Scorpius me revinrent ensuite en mémoire. Ne pas agir de manière inconsidérée. Inconsidéré comme se précipiter hors de Poudlard en direction de Pré-au-Lard. Et pourtant… Et pourtant j’en aurais les moyens. Un passage secret, ma forme de loup et le tour serait joué. Et ceux d’ici ignoraient mon statut d’Animagus.

Sauf que je ne pouvais pas faire ça.

Je savais très bien ce que me dirait Rose. Ma Rose. Et mon Scorp… et mon Al. Tous mes amis de là-bas me supplieraient de ne pas y aller. Et je me souvenais que trop bien ce qu’il s’était produit la dernière fois que je m’étais jetée dans la gueule de cet être immonde. Le souvenir de la douleur me revenait parfois en pleine nuit.

C’était plus dur maintenant que je n’avais plus Al…

Je déglutis à nouveau et mes poings tordirent le journal. J’inspirai longuement et lâchai :

- C’est un piège.

- Quoi? s’étonnèrent toutes les personnes présentes et qui jusqu’à maintenant m’avaient dévisagé avec appréhension.

- On ne l’aurait pas vu s’il ne l’avait pas voulu. Il veut que je vienne à lui. Le Troll, la Manticore… C’est seulement des épreuves. Il veut faire en sorte que je vienne à lui. Il l’a déjà fait… sauf que ça, il ne peut pas le savoir.

- Va falloir que tu nous racontes absolument tout ce qui t’est arrivé par chez toi, un de ces jours, affirma Albus. Parce que j’ai vraiment de la difficulté à suivre.

Les autres semblaient être d’accord avec lui. Je hochai de la tête, mais précisai :

- Une autre fois. Pas maintenant. Là, il faut que j’aille manger et rejoindre mon cousin.

Sans ajouter quoi que ce soit, je sortis précipitamment du placard à balai et marchai à pas vif vers la Grande Salle. Le journal était toujours déformé dans mon poing. À la première poubelle à papier que je croisai, je le jetai sans l’ombre d’un regret. Les paroles de Maeva m’étaient revenues un peu plus tôt. Mon obstination serait mon tombeau. M’obstiner à me tenir à l’écart n’était pas la bonne solution si je tenais à survivre…

Mais y tenais-je vraiment?

N’était-il pas plus important de s’assurer que le plus de vies soient épargnées? Quitte à mourir? Mon parrain avait été prêt à le faire à l’époque. Pouvais-je en faire autant? Mes parents l’avaient fait. Toute ma famille, ou presque, l’avait fait. Ne serait-ce pas un juste retour des choses? Mais et mes amis? J’avais promis à Al… Une boule se forma dans ma gorge et je me forçai à m’asseoir à ma table. Je devais manger. Je ne pouvais pas me permettre de passer mon avant-midi avec rien dans l’estomac. Je sentis tout du long le regard de Joshua sur moi, mais ne tentai rien pour lui demander d’arrêter. Je n’avais aucune envie de commencer une conversation.

Dès que j’eus enfourné la quantité maximale de nourriture que je pouvais avaler sans devoir aller tout rendre aux toilettes, ce que je préférais éviter, je me levai et sortis à grands pas de la Grande Salle. Avec toujours le regard brûlant de Joshua Flint dans le dos. Qu’avait-il à me dévisager comme ça, aujourd’hui? Je ne cherchai toutefois pas à en savoir davantage et me dirigeai aussi rapidement que possible vers la bibliothèque. Les courants d’air du château me parurent étonnamment plus froids que d’habitude pour la période de l’année.

En pénétrant dans mon lieu de rendez-vous, je repérai immédiatement mon cousin. Celui-ci en fit de même, car il arriva en quelques secondes à mes côtés et lâcha :

- Tu es en retard.

- J’ai eu des comptes à rendre, grimaçai-je.

- Avec Scorpius Malefoy, Ruby Shepherd, Rose Weasley, Albus et James Potter? précisa-t-il et je le dévisageai. Je sais me garder informé.

Son sourire avait tout ce qu’il y a de plus mystérieux, alors je continuai à le dévisager, les sourcils froncés. Sauf que ça ne fit qu’élargir ce dernier, mais avant que je puisse soupirer ou me lamenter à ce sujet, il fronça à son tour des sourcils.

- Est-ce ça va? s’enquit-il.

Pourquoi y avait-il de l’inquiétude dans sa voix?

- Oui, affirmai-je néanmoins.

- Tu as de la sueur sur le front…

Il tendit la main vers moi et me frôla le front de son index. Ce dernier me paraissait anormalement froid. Il éloigna rapidement sa main en s’exclamant :

- Mais, par Merlin! Tu es brûlante de fièvre!

- Hein? Mais non! J’ai simplement dû avoir chaud en venant ici… j’ai peut-être ignoré une règle stipulant que l’on ne peut pas courir dans les couloirs.

Il sembla soulagé et un sourire en coin étira ses lèvres lorsqu’il dit :

- Alors comme ça, tu ne respectes pas non plus les règles?

- Tu ne les respectes pas? m’étonnai-je.

- Je ne parlais pas de moi. Mais de ma cousine.

- Mais je suis…

- Oh, Merlin, je t’en prie! Arrête de me bassiner avec ton baratin!

Je le foudroyai du regard et grognai :

- J’arrêterais peut-être de te bassiner avec mon baratin si je savais pourquoi tu dis que c’est du baratin!

Il soupira, mais acquiesça en silence. D’un mouvement de la tête, il me fit signe de le suivre un peu plus loin et on alla se perdre dans les rangées de livres les moins fréquentés de l’école. Là, il m’arrêta et dit tout simplement :

- Je sais que tu n’es pas ma cousine. Pas celle que je connais en tout cas. Quand j’ai vu ce que j’ai vu, je croyais que c’était une question de polynectar, même si je n’en voyais pas l’intérêt… sauf qu’avec ce que tu m’as montré…

- Une minute! l’interrompis-je brutalement. Qu’est-ce que tu as vu exactement? Et comment est-ce que je t’ai montré quelque chose? C’est impossible!

- Pas si impossible que ça puisque tu l’as fait! répliqua-t-il en levant les yeux au ciel, exaspéré. Et pour répondre à ta première question… je suis comme toi.

- Comment ça, comme moi?

- Bon, pas exactement comme toi, précisa-t-il. Mais presque. J’ai des visions. Principalement quand je dors, mais enfin.

Oh, par la barde Merlin et les cheveux ébouriffés de Morgane! C’était impossible! Totalement et irrévocablement impossible! Ça… Non! Le professeur Blacksen n’avait pas mentionné mon cousin, pas à un seul moment! Et elle l’aurait fait, non? Si elle l’avait su? Forcément! L’ignorait-elle? Mais pourquoi…

- Avant que tu ne me le demandes… Non, je n’ai pas pris Divination. Et non, le professeur Blacksen n’est pas au courant. Dès que j’ai compris ce que j’avais, j’ai tout fait pour éviter Divination. À cause de toi.

- Comment, à cause de moi! m’emportai-je.

- Pas toi, toi. La toi d’ici. Ma cousine. C’est vraiment compliqué cette histoire…

- Ne m’en parle pas! Je ne comprends toujours rien!

- Tu en comprends surement beaucoup plus que moi, car jusqu’ici j’ignorais même qu’un don comme le mien pouvait déboucher à quelque chose comme… bah, toi.

- Merci?

Il eut un petit rire avant de poursuivre :

- Lorsque tu m’as partagé ce que tu as vu, j’ai compris d’un coup qui tu étais. Ce que tu étais. Peu importe. J’ai vu d’autres choses.

- Comme quoi?

- Pas mal de choses. Au point de savoir que tu es vraiment dans la pire bouse de dragon de l’histoire… et que tu as vécu plus d’horreur que l’on devrait pouvoir en vivre en un si court laps de temps.

Je me mordis l’intérieur des joues pour éviter de repenser à tout ça et grommelai :

- Pas besoin d’en parler.

- Je… Désolé.

- Pas la peine. Alors… tu sais tout?

- Tout, affirma-t-il. En ce qui concerne ton histoire en tout cas.

- D’accord… Mais… euh… mon « père » est-ce qu’il est au courant pour… pour toi?

Je mimai les guillemets de mes doigts et en voyant Lukas secouer la tête, j’eus un soupir de soulagement. Soudain, ce qu’avait dit Peggy me revint en mémoire et je fronçai les sourcils.

- Une minute… Pourquoi est-ce que la moi d’ici ne t’aime pas? Et que c’est réciproque? J’ai bien compris qu’elle n’a pas mon don, mais…

- J’ai eu des intuitions qu’elle n’a pas aimé quand on était gamin. Elle m’a traité de monstre.

Un long frisson me parcourut le dos et je grognai :

- Je n’ai jamais eu autant envie de me frapper moi-même. À la différence que pour la première fois je pourrais le faire en me faisant face!

- On t’a déjà dit la même chose, pas vrai?

Je hochai lentement de la tête avant de préciser :

- Mon petit-ami.

- Et c’est toujours d’actualité? s’étonna-t-il.

J’acquiesçai en souriant et m’expliquai :

- Il prend parfois des décisions très douteuses. Et on pourrait dire que moi aussi, sans doute.

- Albus Potter t’a traité de monstre…

Il semblait vraiment étonné. Je n’avais même pas envie de chercher à comprendre pourquoi. Non, en ce moment, quelque chose de plus important me taraudait. Cette histoire d’enfants… « Deux enfants, deux univers les séparant, les secrets du temps ils possèdent, de la mort ils seront l’intermède, à un grand sorcier ils causeront la fin. » Était-il vraiment question d’Al et moi comme je l’avais d’abord cru?

Où serait-il plutôt question de mon cousin et moi?

Un nouveau frisson me parcourut alors que je repensais à l’autre prédiction entendue, mais de la bouche de la folle sœur à l’autre fou. Un lien du sang inespéré. Avec qui? Qui avec qui, plutôt? Plus j’en apprenais, moins j’avais l’impression d’avoir envie de savoir.

- Bon… Alors, tu as des visions toi aussi, repris-je. Je suppose que débarquer ici n’est pas un hasard.

- Je ne crois pas non plus… Surtout que pendant tout l’été j’ai eu des visions de ma cousine à Poudlard. Du moins… je pensais que c’était ça. Jusqu’à ce que je te vois pour la première fois et que la vision que j’ai eu… mette des doutes dans mon esprit.

Des visions tout l’été…

- C’est aussi mon cas. Je revivais ma Répartition à plusieurs reprises… Mais je n’étais pas là. C’était Scorpius et Albus. Tous deux à Serpentards.

- Et ce n’est pas le cas d’où tu viens, continua-t-il. Tu penses que c’est en lien avec Elliot Berkeley?

- Oui. Apparemment, c’est ma malédiction personnelle que de toujours être coincé avec lui…

Je regardai quelques instants le plafond en essayant d’éloigner toutes les pensées qui s’engouffraient dans ma tête. Ce n’était pas le temps pour repenser à tout ça, mais absolument pas. J’avais des trucs plus importants à faire, comme trouver un moyen de me sortir de là. Et vivante, si possible. Ainsi que tous les autres autour de moi…

- Je suis désolé, dit-il après un moment de silence.

- Je ne vois pas pourquoi tu le serais. Ce n’est pas de ta faute si ma vie est une suite d’ennuis plus désagréables les uns que les autres.

- Il y a un truc qu’il faut que je t’avoue… j’ai vu autre chose. Pendant que tu étais dans les pommes.

- C’est à ce moment que tu as vu toute ma vie?

- Oui. Mais… j’ai aussi appris quelque chose.

À voir sa tête, ce n’était pas un truc sympathique. Pendant un instant, ma tête chercha en tous sens ce qui pouvait expliquer une telle réaction de sa part. Et si tout d’abord je ne compris pas, la réponse me vint assez rapidement par la suite : Berkeley. Je me sentis instantanément blêmir.

- Oh, Merlin, s’il te plaît, dis-moi que ce n’est pas ce à quoi je pense! Il y a de meilleures manières pour l’apprendre! m’exclamai-je.

- J’étais… déjà au courant. Que mon père biologique n’est pas le mari de ma mère. Je le sais depuis déjà cinq ans. Je l’ai découvert par hasard, mais je n’ai jamais essayé d’en parler avec ma mère parce qu’elle… Elle n’aime pas trop se souvenir de cette période-là. Et je comprends mieux pourquoi maintenant.

- Je suis désolée, soufflai-je.

- Ne le sois pas. Ça pourrait être pire…

Je n’eus pas le temps de lui demander comment ça pourrait être pire qu’il me donna la réponse :

- Berkeley pourrait être au courant. Et jusqu’ici, il ne le sait pas. S’il le savait, la Manticore aurait surement cherché à nous ramener tous les deux.

- Tu n’as pas tort. Sauf que…

- Sauf que quoi?

- Je crois qu’il ne tardera pas à l’apprendre.

J’aurais peut-être dû me taire, si je me fiais à l’air qu’il affichait à présent. Ni lui ni moi n’eûmes l’opportunité d’ajouter quoi que ce soit, car la cloche pour l’appel en classe résonna à ce moment-là. Toutefois, notre réaction fut identique et on se jeta un regard de pure panique. Apparemment, je n’étais pas la seule à ne pas vouloir être en retard!

- On se reparle! lançai-je.

- Je ne sais pas quand, mais oui! approuva-t-il.

Sur ces mots, on s’empressa de quitter la bibliothèque. Ce ne fut qu’alors que j’arrivais devant la porte des serres pour le cours de Botanique que je me souvins d’un truc très important : Madame Pomfresh m’avait demandé de venir la voir avant les cours! J’allais être dans la merde! En pénétrant à l’intérieur, je croisai le regard légèrement ennuyé du professeur Londubat. J’étais en retard, après tout. Je m’empressai d’aller m’asseoir à ma place habituelle des derniers temps, soit avec Joshua et tout ce à quoi j’eus droit comme salutation fut un grognement.

Quelques minutes plus tard, toutefois, alors que nous étions en travail pratique, mon voisin grommela :

- Tu sais que plus personne s’assoit à côté de moi à cause de toi?

- Comme si ça t’ennuyait! répliquai-je.

- Beauxbâtons, tes allusions sont aussi douteuses que tes habitudes.

J’arquai un sourcil dans sa direction et il ajouta :

- Et je ne sais pas quel genre de course tu faisais, mais tu es couverte de sueur.

- Hein?

Je me tâtonnai le front rapidement et ne put que me rendre à l’évidence : c’était la vérité. Une sueur froide recouvrait toute la peau de mon visage et de mon corps, maintenant que j’y regardais de plus près. Que se passait-il maintenant? Certes, je n’avais pas tardé à me rendre ici, mais contrairement à plus tôt, j’avais veillé à ne pas courir…

- Je vais te le redemander une dernière fois : est-ce qu’on t’ennuie?

- À ce rythme, Flint, je vais commencer à croire que tu m’apprécies encore plus que je ne le croyais.

- Réponds à la question, par Merlin!

- Personne à l’école ne me pose de problème, affirmai-je avec un sourire. Sauf toi, peut-être. Est-ce que ça compte?

Il poussa un soupir qui mélangeait l’exaspération et la fureur. Je me souvenais parfaitement de ce qu’il m’avait dit plusieurs jours plus tôt. Du moins, ce qu’il avait insinué. Je n’arrivais toujours pas à comprendre pourquoi ça l’intriguait autant que je puisse avoir quelques problèmes que ce soit ou même que j’agisse comme quelqu’un qu’il connaissait.

- Alors c’est quelqu’un de l’extérieur? s’enquit-il.

Mes épaules se tendirent immédiatement et à voir le regard qu’il me porta, je sus qu’il l’avait remarqué. Oui, évidemment, quelqu’un à l’extérieur m’embêtait beaucoup, mais je n’y pouvais rien pour le moment et personne d’autre n’y pouvais quoi que ce soit non plus.

- Je suppose que si je demande qui, tu ne me diras rien?

- En effet, approuvai-je.

- Ton petit-ami, peut-être?

- Hein?

- C’est ton petit-ami qui te pose problème?

Il se rapprocha légèrement et je le foudroyai du regard :

- Non, ce n’est pas lui le problème! m’exclamai-je.

Ou peut-être que si. Indirectement. Si nous avions été ensemble dès le départ, je ne serais pas en ce moment coincé avec un Joshua Flint colérique ni avec quelques versions bizarres de mes amis que ce soit. Tout irait bien et je me contenterais de suivre mes cours comme à l’habitude, à plaisanter avec mes amis et à énerver James quand j’en avais l’occasion. J’essaierais sans doute aussi d’améliorer ma relation avec Alexander.

Je n’y avais pas pensé depuis un moment, songeai-je avec culpabilité.

Je ne saurais dire s’il me manquait… ou si ce n’était pas le cas. Une partie de moi penchait beaucoup pour le premier scénario. Je préférais amplement lorsque c’était lui qui était le Serpentard désagréable. Et aussi, il restait un membre de ma famille tangible, venant de la même réalité que moi et avec les mêmes horreurs. Il avait fait des progrès aussi, je l’avais bien vu. Il essayait de bien se comporter. Il essayait de se mettre à la hauteur de nos parents et je le respectais pour ça.

Alors, oui, il me manquait.

Peut-être pas autant que ça pourrait l’être, mais certainement pas moins. Je poussai un soupir et dus brutalement me rattraper à la table en me sentant tituber fortement.

- Beauxbâtons?

Ce fut à peine si j’entendais la voix de Joshua ou que je voyais son regard étrangement inquiet dans ma direction. J’entendis de nouvelles voix, mais trop confuse que je sache à qui elles appartenaient. Mon prénom fut répété à quelques reprises et mes yeux se plantèrent dans ceux de mon voisin lorsque je me sentis lâcher prise et tomber vers l’arrière. Le noir complet tomba immédiatement autour de moi.

Je fus réveillée par une langue mouillée qui passait à répétition sur mon bras. J’inspirai longuement, mais le mal de tête virulent qui m’assaillait le cerveau me convainquit de ne pas ouvrir les yeux immédiatement.

- Je lui avais pourtant dit de venir me voir avant son cours! rouspéta Madame Pomfresh.

Je supposai que si elle en était encore à cette partie de son discours, ça signifiait que je n’étais pas ici depuis très longtemps! Du moins, je l’espérais volontiers!

- Elle a dû oublier, affirma Ruby. Elle a eu du mal à se lever ce matin…

- Et vous l’avez laissé partir sans lui conseiller l’infirmerie! s’emporta l’infirmière.

- Elle semblait seulement de mauvaise humeur d’avoir dû se réveiller, protesta Scorpius.

- Pour ce que ça change, argua Joshua.

Une minute… il faisait quoi ici, lui?

J’ouvris brusquement les yeux et me redressai en position assise sur ce satané lit d’hôpital. Je pus ainsi constater que Spock était à mes côtés, je m’en doutais déjà, il n’y avait qu’une seule personne ici qui pourrait être en train de me lécher le bras. Pour qui que ce soit d’autre, ce serait simplement… étrange. Très étrange. Pour ce qui était du reste, se trouvait deux mètres plus loin, en cercle, Madame Pomfresh, Joshua, Ruby, Scorpius et Albus. Pourquoi ils étaient tous les quatre ici, c’était au-delà de ma compréhension…

À moins que j’aie été plus inconsciente que prévu. Sans faire cas de leur air ahuri, je lâchai d’un grondement sourd :

- J’ai été inconsciente combien de temps?

Je retins les mots « cette fois », parce qu’ici ce n’était pas arrivé assez souvent pour que je puisse l’employer sans avoir l’air de débarquer d’une autre planète. Même si dans un sens… c’était exactement ça. En voyant le regard songeur de Joshua planté sur moi, je compris qu’il avait compris que je m’étais empêchée de prononcer quelques mots. Qu’il sache lesquels précisément, je le doutais fortement. Mais dans tous les cas, ce n’était pas bon.

- Une heure, répondit Ruby. C’est le moment de notre pause, là.

Je soupirai de soulagement et entrepris de me lever, mais le grondement que poussa l’infirmière à ce moment précis m’empêcha de remuer un seul muscle. Sauf peut-être ce désagréable tressaillement de la paupière que je ne pouvais pas contrôler.

- Vous ne bougerez pas d’ici tant que je n’aurai pas compris ce qui cloche, Miss Lévesque-Williams.

- Mais je sais très bien ce qui cloche, Madame Pomfresh! J’ai simplement manqué mon petit-déjeuner. Rien d’autre.

D’accord, c’était un mensonge éhonté. Et tous ceux qui se trouvaient là savaient à quel point c’était un mensonge, car je m’étais efforcée de manger comme un ogre. Sauf que l’infirmière ne pouvait pas vraiment être au courant.

- Vraiment? s’étonna-t-elle.

- Vraiment. Je suis désolée d’avoir manqué à ma parole. J’ai eu du mal à m’endormir et du mal à me lever. En voyant que j’allais être en retard à mon cours, j’ai oublié tout le reste.

Le regard qu’elle me portait était toujours très dubitatif, mais je m’obligeai à afficher mon air le plus innocent et aimable. Elle finit par soupirer, hocher de la tête et affirmer :

- Très bien. Je vais vous ramener un petit quelque chose pour tenir jusqu’au prochain repas et n’oubliez pas de manger, cette fois!

- Je n’oublierai pas! promis-je.

À l’instant où l’infirmière disparut dans son bureau, j’eus droit à une multitude de regards noirs. Je les ignorai toutefois pour me concentrer sur Spock. Je le gratouillai gentiment derrière les oreilles et à chaque fois où ma peau touchait sa douce fourrure, je me sentais mieux. Plus sereine. Il allait bien. Mon état de sérénité ne dura toutefois pas, car je perdis tout d’un coup mon souffle en voyant quelque chose sur mon poignet qui n’aurait pas dû s’y trouver. Avant d’avoir pu ouvrir la bouche pour échanger à ce sujet avec les personnes présentes, Madame Pomfresh revenait déjà avec sa décoction.

Ne pas vomir, il ne fallait surtout pas vomir, me rappelai-je.

Pourtant, lorsque je saisis le verre que me tendait l’infirmière en chef de Poudlard et que je le pressai contre mes lèvres pour boire, le goût qui inonda mes papilles me rappelait toutes les choses que j’adorais manger. Que ce soit les bonbons, les gâteaux de ma grand-mère ou la lasagne de ma mère. Mon regard devait être ahuri, car Madame Pomfresh me dit :

- Je sais que le goût est particulièrement savoureux, mais ne vous avisez pas à retenter une telle expérience dans l’espoir d’en ravoir. J’ai deux mélanges et le prochain ne vous plaira surement pas autant, même s’il est tout aussi efficace.

J’acquiesçai de la tête avant de demander :

- Est-ce que je peux y aller maintenant?

- Oui, Miss Lévesque-Williams. Et s’il vous plaît, tâchez de faire attention à l’avenir.

- J’y veillerai, lui assurai-je.

Du moins, autant que je le pourrais, en tout cas, complétai-je intérieurement. Tenir une promesse de ce genre, ce ne serait pas facile. Déjà parce que le truc que j’avais au poignet ne me semblait présager rien de bon. Sans un mot supplémentaire, je sortis de l’infirmerie avec le quatuor de Serpentard et un chien tout content sur les talons.

Dès que je fus hors de vue de Madame Pomfresh, je relevai la manche de ma robe de sorcière et regardai froidement la sorte de tatouage qui s’y trouvait maintenant. Ça ressemblait fortement à une rune. À une rune avec une apparence de… flamme. Enfin, quelque chose qui donnait une résonance flamesque. Ce mot n’existait pas et j’en prenais l’entière responsabilité.

- L’obstination sera mon tombeau… murmurai-je tout bas.

- Quel tombeau? s’enquit Joshua en me saisissant brusquement le poignet. Je ne croyais pas que tu étais du genre à te faire marquer la peau, Beauxbâtons.

Apparemment, pas suffisamment bas. Je tentai de délivrer mon poignet, sans répondre, mais à ce moment les trois autres s’y mirent aussi et analysèrent la peau de mon poignet.

- On dirait une rune! lâcha Albus.

- Sans blague, Al! le charia Scorpius. Une rune bizarre et… qui ne me semble pas particulièrement récente.

- Tu n’avais pas ça sur le bras en arrivant à l’infirmerie, fit remarquer Ruby.

- Alors personne n’est surpris qu’elle parle de tombeau? grommela Joshua en les dévisageant tour à tour.

Ils rougirent tous d’un coup et ce n’était pas très compliqué d’en comprendre la cause, du moins, pour moi. Ils savaient tous pour la possibilité de ma mort prochaine et que mon obstination m’y amènerait. Mais la raison pour laquelle ils rougissaient était la suivante : ils avaient complètement oublié que Joshua Flint n’était pas au courant de toute cette histoire.

- Vous allez m’expliquer pourquoi ou je vais devoir me montrer plus persuasif? Ajouta-t-il après un moment, mais avec un ton que je n’approuvais pas du tout.

D’autant plus que je n’avais pas la moindre intention de répondre ou de les laisser répondre.

- Il faudra te montrer plus persuasif, rétorquai-je.

Et sans lui donner le temps de réagir, j’attrapai ma baguette et lui jetai le sortilège du saucisson sans avoir à ouvrir la bouche. Il tomba lourdement au sol et je me délivrai de sa prise avant d’être entraîné dans sa chute. Un échange de regard suffit entre ceux qui restaient et moi pour savoir ce qu’il restait à faire : foutre le camp de là.

Il allait sans doute avoir envie de me tuer.

Sauf que pour être honnête, je n’étais pas très inquiète à ce sujet, parce qu’entre lui et Berkeley… il était le moindre des deux mots et loin d’être menaçant, d’ailleurs. On s’élança donc dans les couloirs et dès que l’on parvint près de la serre pour le reste du cours de Botanique, on s’arrêta dans un coin pour échanger sur ce que pouvait être cette rune sortie de nulle part. Nous avions plusieurs hypothèses, mais aucune réponse.

Et ce fait ne changea pas dans les jours qui suivirent. Malgré que j’en discutai avec tous les autres du groupe et que je cherchai même à avoir un avis d’un professeur en présentant les choses de manière détournée. À l’aide d’un dessin, donc. Personne ne semblait savoir ce dont il s’agissait. Personne de vivant. Ni de morts. Du moins, le seul résidant non vivant qui eut une réaction positive à l’apparition du symbole ne nous donna aucune réponse.

Ou du moins, aucune qui était précise.

Mais sa réaction en elle-même et son silence en disait long. Mon petit-doigt me criait que c’était en lien avec Mary. Avec mon ancêtre. L’envie de l’appeler Bloody Mary était forte, mais j’essayais d’éviter, même si c’était plus court. Il fallait se montrer minimalement respectueux, n’est-ce pas? Alors, à partir du moment où nous comprîmes ça, on se remit en tête toutes les choses que m’avait dites Peeves et le professeur Blacksen.

Et on se mit à chercher dans la Salle sur Demande pour le miroir.

En tombant hier devant le miroir du Riséd, je sus que c’était le bon. Tout le monde avait toujours dit qu’il avait été détruit lors de la Bataille de Poudlard! Et pourtant, ils avaient tort puisque je l’avais trouvé! Une puissante magie devait l’avoir protégé… Évidemment, ça aurait pu ne pas être le miroir que je cherchais. Après tout ça aurait pu être n’importe quel miroir… puisque les propos de Peeves avaient été on ne peut plus flous. Mais en voyant ce miroir, j’avais su. Ça ne pouvait être que lui. Mon instinct me l’avait crié.

Alors je me trouvais là, aujourd’hui, en ce 1er octobre, six heures du matin, devant ce cher miroir. Ça faisait une semaine que nous cherchions ce qui m’aiderait à communiquer avec mon ancêtre. Et une semaine aussi qu’on cherchait à savoir pourquoi j’avais une marque sur le poignet. Entre temps, il avait aussi fallu que j’échappe à Joshua. Ce qui avait été plus compliqué qu’on pourrait le croire avec les entraînements de Quidditch.

D’ailleurs, aujourd’hui c’était notre premier match.

Il faudrait donc que je tâche de ne pas arriver en retard. Normalement, avec en heure je devrais avoir le temps d’avoir quelques réponses à mes questions, n’est-ce pas? Il restait plus qu’à l’espérer, car sinon j’allais devoir me lancer sur mon balai sans manger, et je préférais pouvoir l’éviter. Sauf que je ne parviendrais pas à cette possibilité si je ne me mettais pas dès maintenant au travail.

Avec un autre pas vers l’avant, je me mis dans le champ d’action du miroir. Presque immédiatement je vis apparaître plusieurs personnes autour de moi, dans mon reflet. Des personnes que je connaissais très bien, d’autres moins et certaines… pas du tout. Mon regard les survola tous, mais s’arrêta sur quelques-uns en particulier. Trois, plus précisément.

Albus, Rose, Scorpius.

Ma gorge se noua et je tendis la main vers la surface du miroir. Des larmes se formèrent dans mes yeux, mais je les ravalai avec rage. J’allais les revoir! Je reverrais en vrai ces sourires qu’ils affichaient! Mon regard dériva vers certaines autres figures et le nœud se serra davantage. Maman… Mon père… Je ne les reverrais jamais, si je m’en allais. Ni mes grands-parents… Je repérai rapidement ma tante et, je le supposai, mes grands-parents paternels ainsi que d’autres membres de la famille dont j’ignorais leur nom ou leur lien avec moi. Je vis aussi James, Ruby, Malia, Teena et tous les autres.

Je voyais bien mon frère, aussi.

Entre nos parents, il semblait rayonner d’une joie plus intense que je n’avais jamais vu sur son visage, sauf peut-être la fois où on lui avait annoncé que tout irait bien pour Malia. Quelque chose de plus semblait émaner de lui toutefois. De l’acceptation. Une bienveillance sincère et présente. Peut-être celui qu’il aurait toujours dû être…

Je me secouai brusquement. Ce n’était pas le moment d’y penser ni même d’envisager d’avoir une autre perspective pour ce que l’avenir me réservait. Soit je rejoignais les miens, soit je mourrais en essayant. Je ne pouvais pas rester ici, ce n’était pas ma place. Je posai donc calmement ma main contre la surface fraîche devant moi, au niveau de mon visage et je psalmodiai, les yeux fermés :

- Mary Bromeïro. Mary Bromeïro. Mary Bromeïro…

Je continuai ainsi pendant ce qu’il me sembla une éternité, même si c’était loin d’être le cas. À chaque nouvelle énonciation de son nom, je sentais quelque chose s’ouvrir en moi et la surface du miroir sous ma paume se réchauffait considérablement aussi. Au moment où je prononçai pour la treizième fois son nom, une brûlure insoutenable me fit retirer ma main et reculer d’un bond en ouvrant les yeux.

Je passai à deux doigts de m’arracher le cœur avec un cri en regardant le miroir.

Ce que je désirais le plus au monde ne se trouvait plus devant moi. Non, maintenant, c’était une silhouette brumeuse, presque complètement impossible à identifier. Elle semblait se mouvoir au même rythme que la brume qui flottait autour d’elle. Je frissonnai fortement lorsque sa voix désincarnée lâcha :

- Allison Lévesque, comme on se rencontre enfin. Ça fait des siècles que je t’attends.

- Quoi?

C’était sorti tout seul.

- J’ai vu ton arrivée en ce monde bien longtemps avant que ça ne se produise, petite, répondit mon aïeule. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour, n’est-ce pas?

Les paroles qu’elle prononçait me semblaient presque incompréhensibles tellement sa voix était aussi peu consistante que son corps. Elle eut ce qui semblait être un sourire indulgent et affirma :

- Plus tu communiqueras avec moi et plus je te paraîtrai tangible.

- D’accord… Euh… Vous… vous vouliez me parler? finis-je par lâcher.

- En effet, mais je crois que tu as une question pour moi avant, n’est-ce pas?

Je hochai tranquillement de la tête et levai le bras pour lui montrer mon poignet. Elle eut immédiatement ce que je considérai comme le visage de quelqu’un qui se concentre intensément. Son regard blanc et laiteux ne lâcha pas la rune qui se trouvait sur mon poignet.

- Je reconnais ce symbole, finit-elle par dire. Je l’ai déjà vu, mais je ne saurais te dire ce qu’il signifie.

Je soupirai profondément. Apparemment, je n’aurais pas la réponse à ce mystère tout de suite.

- Toutefois, je crois savoir où tu pourras obtenir la réponse, reprit-elle.

Je relevai brusquement la tête vers elle avec espoir et elle eut un sourire avant de continuer :

- Je t’ai fait venir pour avoir une connexion avec toi, Allison. Et aussi pour te mettre en garde contre tes choix. Ils auront tous un grand rôle à jouer dans les évènements à venir… Mais je veux aussi te conseiller.

- Me mettre en garde et me conseiller ne sont pas la même chose?

- Pas exactement. Je te mets en garde contre les décisions que tu prendras, mais je ne peux savoir lesquels seront la cause de ton échec et lesquels te porteront vers la réussite. D’où l’impossibilité de te conseiller.

- D’accord… Alors pour le conseil?

- Tes amis ont des informations qui t’aideront. Trouve un moyen de communiquer avec eux. Certaines règles régissent l’endroit où je me trouve et je ne peux pas te dire exactement ce que tu peux faire pour y parvenir même si je connais la réponse. Je peux toutefois t’affirmer que d’aller à la bibliothèque du Ministère est une bonne idée. Un secret enfoui depuis des siècles s’y trouve caché et toi seule en possèdes la clé. Ouvre ton âme, donne ta vie et prononce ton nom.

- Ma vie? Rien que ça?

- Tu trouveras la réponse lorsque tu en auras besoin, me gourmanda-t-elle. Je ne peux pas tout te dire…

- À cause des règles, complétai-je à sa place.

Elle acquiesça de la tête et ajouta :

- À Poudlard, un endroit qui ouvre bien des secrets se trouve caché. La famille en possède la connaissance. Si tu veux comprendre ta destinée, tu devras t’y rendre.

- Est-ce que les énigmes sont vraiment nécessaires?

Elle eut un drôle de sourire, mais continua :

- Bien des choses reposent sur tes frêles épaules, Allison. Je me souviens de ma scolarité, bien qu’elle remonte à bien longtemps et à l’époque l’école était bien plus jeune qu’aujourd’hui. J’aurais adoré que tu puisses bénéficier d’une scolarité aussi calme que la mienne.

- Il me reste encore un an pour arriver à ce calme, affirmai-je.

Son sourire s’élargit et elle acquiesça. Pourtant, j’avais l’impression qu’elle en savait plus long. Avec ma connaissance de ce que pouvait causer un savoir concernant son propre futur, je conservai le silence plutôt que de poser des questions à ce sujet. De toute manière, à tous les coups, elle me dirait qu’elle ne pouvait rien me dire. Ou n’en avait pas envie, pour ma sécurité.

- Fais très attention dans tes entreprises prochaines, Allison. Beaucoup d’épreuves t’ont malmené, mais beaucoup d’autres t’attendent.

- Magnifique…

- Ne te décourage pas, tu ne l’as pas fait jusqu’ici alors je ne vois pas pourquoi tu commencerais maintenant, jeune fille, me rabroua-t-elle. Tu seras assez rapidement une adulte pour tous les sorciers, Allison. Et ce qui vient avec ce statut… n’est pas toujours des plus simples. Surtout pour les gens comme nous.

- Quelque chose de positif?

- Lorsque tu reviendras me voir, à ton anniversaire et pas avant, je pourrai t’offrir un cadeau. Quelque chose que tu souhaites ardemment… mais tu dois savoir une chose avant de partir.

- Quoi?

- Tes amis t’ont oublié. Leurs souvenirs ont été effacés. Si tu ne trouves pas un moyen de les contacter rapidement… chaque jour passé rend les choses plus compliquées. Un jour, il sera trop tard.

Mes jambes flanchèrent et je tombai à genoux, des larmes emplissant mes yeux. Ils m’avaient oublié? Tous? Chacun d’entre eux? Même… même Rose? Al? Scorp? Je relevai les yeux pour questionner Mary à ce sujet, mais elle commençait déjà à disparaître. Je réussis à surprendre quelques phrases encore avant qu’elle ne soit emportée je ne sais où :

- Certains se sont souvenus, mais le danger les guette. Si tu n’entres pas en contact, à jamais tu les perdras. Le piège est en train de se refermer.

C’était précisément ce dont j’avais besoin… D’autres énigmes! D’autres mauvaises nouvelles! J’essuyai rageusement mes joues humides et ravalai autant que possible mes larmes avant de me lever d’un bond et de sortir de la Salle sur Demande avec la fureur habitant chacun de mes pas. Je ne m’étais toujours pas calmée lorsque je fis irruption dans la Grande Salle.

Heureusement, j’avais pensé à mettre mon uniforme de Quidditch avant de quitter mon dortoir pour me rendre à la Salle sur Demande, parce que je crois que ce détour m’aurait causé quelques ennuis. Notamment, avec certains de mes compatriotes de classe qui commentaient souvent dans mon dos sur mon passage. Normalement, je n’en avais rien à faire.

Mais aujourd’hui?

Oh, maintenant j’étais d’une humeur massacrante et tout ce dont j’avais envie c’était de frapper quelqu’un! Une chance que j’avais insisté pour y aller ce matin avant le match! Et seule! Si j’avais été avec quelqu’un, ça n’aurait pas pu bien se terminer. Et le match? Il me permettrait de me décharger d’une partie de mon énergie négative. Du moins… je l’espérais.

Quelques heures plus tard, je tapais du pied dans la tente de Quidditch de l’équipe de Serpentard. Nous étions à quelques minutes d’entrer en scène et tout ce que Joshua avait trouvé pour motiver les troupes était « Rester concentrer. Ne faites aucune bêtise. On gagne, la défaite est proscrite. » Rien à voir avec les longs discours rassembleurs de James ni même ses longues mises en place d’une tactique que l’on connaissait déjà d’avance.

Un froid me pétrifia un instant en songeant que je ne jouerais plus jamais au Quidditch avec James. Pas alors qu’il était capitaine à Poudlard. L’année prochaine, il y avait des chances que Rose ou Albus prenne le relais. Plus de discours enflammé à la Jiminy. Plus de réveil brutal spécial James. Je ne le vivrai plus jamais…

J’inspirai longuement et croisai le regard peu amène de Joshua. D’accord, peut-être qu’il avait gardé son discours aussi concis que possible parce qu’il était trop occupé à me dévisager avec insistance, et colère. Sauf qu’avec Ruby, nous avions trouvé une tactique très simple pour éviter d’avoir à lui parler : on l’ignorait. Et royalement, avec ça. Je détournai rapidement les yeux de manière nonchalante pour échanger un regard de connivence avec ma voisine. Elle eut un sourire et malgré que je me sentais plus en colère que joyeuse je lui rendis.

Une chose qu’avait omis de préciser Ruby lorsque je l’avais interrogé au sujet du Quidditch en début d’année, c’était qu’Eleanor Aylin n’avait pas quitté Poudlard. Elle se trouvait présentement en septième année, mais elle avait préféré privilégier ses études plutôt que de continuer au Quidditch. D’où le fait qu’elle avait cédé sa place à Joshua. Le fait que l’âge d’Eleanor ait pu changer entre ma réalité et la leur m’avait perturbée à l’époque, mais maintenant je comprenais. C’était seulement une mauvaise compréhension de ma part.

D’une vision d’ensemble, je contemplai mes compatriotes d’équipe de Quidditch. Malheureusement pour moi, Ashley Davidson faisait partie du lot, mon année. Elle jouait au poste de Poursuiveuse avec Ruby. D’après cette dernière, elle faisait l’équipe seulement pour m’agacer, car elle n’était pas là l’année d’avant. Ensuite, au même poste nous avions Victoria Pucey, septième année, qui agissait comme si je n’étais pas là. Un autre septième année était présent en la personne de Kai Montague, sa seule présence me donnait envie de grogner. Il était toujours au poste de Gardien. La seule autre membre de l’équipe qui ne m’embêtait pas avec Ruby, était Arya Eastwood au poste d’Attrapeur. Elle était aussi, d’ailleurs, d’une année supérieure à la nôtre. Et évidemment… le dernier membre de l’équipe était l’autre Batteur et notre Capitaine : Joshua. J’ignorais totalement comment se déroulerait ce premier match, mais j’espérais sincèrement que ça ne se terminerait pas en catastrophe.

Je le saurais bien assez tôt, pensai-je, alors que des applaudissements se faisaient entendre à l’extérieur. C’était l’heure d’y aller. Nous nous levâmes tous d’un même geste et sous un regard particulièrement menaçant de Joshua. Apparemment, il risquait de nous en tenir rigueur si nous perdions ce match, alors même que c’était qu’un match d’ouverture qui ne comptait pas! D’un autre côté, James avait cette même énergie avant un match, même s’il l’employait différemment. D’un autre côté, les menaces de James étaient réelles, seulement… différentes.

Très, différentes.

Je ne voyais pas Joshua nous forcer à passer la journée en portant le rouge de la honte sur tout le corps. Oui, James l’avait déjà fait. Malheureusement. Pourtant, même cette histoire après coup me rendait nostalgique. Heureusement, je n’avais pas besoin de le lui dire si on se revoyait, car il prendrait ça comme une demande détournée de revivre cet instant mémorable et terriblement désagréable.

Au coup de sifflet, je m’élevai dans les airs à la poursuite des Cognards. Une partie de l’équipe des Gryffondors m’était très familière, mais je ne pus m’empêcher d’être surprise en voyant d’un, Lily en tant que Poursuiveuse et de deux, Sebastian McLaggen en tant que Batteur. Je n’aurais jamais cru voir le jour où cet idiot dragueur de première se fraierait un chemin jusque dans l’équipe! J’ignorai royalement le sourire charmeur qu’il me lança et frappai le Cognard avec toute la rage qui m’habitait… et l’envoyai dans sa direction.

J’ignorai sciemment les commentaires que lançait Phoebe Jordan.

Je m’étais arrêtée au moment où elle m’avait décrite comme la fille au professeur Williams qui tentait de faire ses preuves. Je n’aurais jamais cru pouvoir un jour avoir de la difficulté à écouter Phoebe. Normalement, c’était le contraire. Peut-être était-ce en lien avec la rage muette présente dans sa voix lorsqu’elle avait annoncé Arya? Plus j’en apprenais sur cette réalité et moins je la comprenais, c’était un fait!

Je me concentrais donc uniquement sur le match.

Je croisai à quelques reprises le regard furieux de James posé sur moi, mais n’en tint pas vraiment compte. Je connaissais son obsession avec le Quidditch et sa rancune lorsque les choses n’abondaient pas en son sens. Ce qui était le cas puisque nous menions cinquante à trente. À chaque fois qu’il m’envoyait sa colère, je lui renvoyais mon sourire le plus flamboyant.
D’accord, d’accord, je devais l’avouer, c’était marrant de pouvoir le narguer.

Ce qui n’était pas marrant, c’était de voir le même regard rageur de la part de Lily. Elle n’était pas comme James, normalement, mais comme dans cette réalité-ci nous ne nous connaissions pas… il n’y avait rien de plus normal à ce qu’elle n’apprécie pas mes manœuvres pour les faire échouer. Sauf que ça ne m’empêchait pas d’avoir ce pincement à la poitrine. Tout comme chaque fois où je croisais le regard de Rose qui n’était rien de plus que songeur. Pas un sourire ni rien.

Pour être honnête… c’était l’un des pires matches de Quidditch de mon existence.

Et pourtant, ce fut le seul qui ne se termina pas avec l’un de mes membres fracturés. Lorsque j’atterris suite à la victoire d’Arya sur le Vif d’Or, j’avais du mal à croire que tout allait pour le mieux. Je n’étais pas en train de me tenir le bras ou éviter d’appuyer sur une cheville mal en point. Je compris toutefois que je m’étais réjouie trop vite au moment où je sentis qu’on m’emprisonnait le poignet.

- Plus de fuites, Beauxbâtons. Toi et moi on va avoir une petite conversation… gronda Joshua Flint en me traînant derrière lui.

Et ce n’était pas en direction de la tente de notre équipe.

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Voilà la fin du chapitre 15! Je me doute que la fin est un peu... bancale. Je m'en excuse. Toujours est-il que j'espère que vous aurez apprécié le reste du chapitre, en tout cas! N'hésitez pas à me partager votre opinion! Et on se retrouve prochainement pour la partie 2 du bonus sur Malia et Alexander! :mrgreen:

P.S: Pour ceux que ça pourrait intéresser, le premier tome de cette fanfic se trouve aussi sur Wattpad, en intégralité. Mon pseudo là-bas est : Mimie0499. Le titre de la fanfic reste le même et peut-être qu'éventuellement je commencerai à publier les chapitres du tome 2 là-bas aussi, mais je verrai bien :mrgreen:


Une nouvelle réalité
Une nouvelle menace
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Hello, hello! J'aimerais être en train d'écrire ces quelques lignes pour annoncer des nouvelles plus joyeuses, mais bon, ce n'est pas le cas, alors on va devoir faire avec. :oops: Que personne ne s'inquiète, ce n'est rien de catastrophique :roll: Bref, c'est seulement pour dire qu'il y a très peu de chance que je publie le prochain chapitre ce lundi (22 février). Ça ira probablement à la fin de semaine prochaine ou, dans le pire des scénarios, au lundi suivant donc le 1er mars. Je ne crois d'ailleurs pas que je publierai de bonus ce tour-ci, sorry :cry: j'ai eu du mal à trouver le temps pour l'écrire et je ne veux pas non plus empiéter sur le temps pour
le chapitre, alors voilà :| Je ne sais pas exactement ce que j'ai ces temps-ci, mais j'ai envie de dormir chaque fois que je viens pour écrire :evil: Ce n'est pas un manque de motivation ou d'envie, c'est juste mes yeux qui se ferment tout seul. Et doubler à ça, mon téléphone portable est mort vendredi dernier et depuis je n'ai plus vraiment accès à ma musique comme je le voudrais (j'ai une piste de lecture exclusive pour ma fanfic d'HP). Bref, bref, j'ai un manque d'énergie et de moral en même temps :? Ce qui n'aide pas trop pour rendre un chapitre ET un bonus dans les temps impartis.

Toujours est-il que je suis toujours (actuellement) en train d'essayer d'avancer le chapitre 16, mais que ça va lentement. :oops: N'hésitez pas à commenter le chapitre précédent ou tous ceux d'avant aussi si vous voulez :lol: Ça donne toujours un regain d'énergie très salvateur dans des situations comme celle-ci :mrgreen:

Sur ce, toutes mes excuses pour le délai et on se revoit (avec un peu de chance) très bientôt! :roll: :mrgreen:
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Hello !
Bon alors, déjà je m'excuse de tout le retard que j'ai pris pour les com. J'avais le brevet blanc sauf qu'il a été repoussé, puis j'avais pas de co en vacances donc je suis désolée de pas avoir pris le temps de com... :oops:
Courage à toi ! T'inquiètes, on peu attendre un peu pour le prochain chapitre (mais pas trop non plus hein ;) , sinon tu vas avoir mon fantôme sur le dos qui viendra te hanter ! :lol: )
Sinon ce sont des super chapitres comme d'habitude !
Même dans la réalité 2 quand Josh est un ...imbécile (pour ne pas dire plus...) Ba je le trouve trop bien !!!!!!!!!!!!! Il parait être une grosse brute sans coeur mais en vrai il se soucie quand même (un peu) des autres....
Et c'est trop touchant quand Alli repense aux discours de Quidditch de James !
Finalement Bloody Mary est plutôt sympa (je l'aimais pas avant...) mais elle parle toujours en phrase sibyllines, ça m'énèrve ! (un jour la prophétie ça devrait être : va tuer Berkley puis emprunte l'armoire à disparaître (que vient elle faire la ?) pour retrouver tes amis ET au mois là c'est CLAIR !!! ) :lol: :lol: :lol: ok, je suis un peu énervée après les prophéties ...
Juste, le combien de fois je suis restée inconsciente "cette fois-ci" est magique (j'étais morte, elle est tellement habituée à s'évanouir !)
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Charmimnachirachiva a écrit : lun. 22 févr., 2021 2:09 pm Hello !
Bon alors, déjà je m'excuse de tout le retard que j'ai pris pour les com. J'avais le brevet blanc sauf qu'il a été repoussé, puis j'avais pas de co en vacances donc je suis désolée de pas avoir pris le temps de com... :oops: Ah, mais il n'y a aucun problème! Je comprends tout à fait, ne t'inquiètes pas :D
Courage à toi ! T'inquiètes, on peu attendre un peu pour le prochain chapitre (mais pas trop non plus hein ;) , sinon tu vas avoir mon fantôme sur le dos qui viendra te hanter ! :lol: ) J'en prends bonne note :lol: Mais normalement ça ne devrait pas être trop long, j'ai le 2/3 du chapitre de fait :mrgreen:
Sinon ce sont des super chapitres comme d'habitude ! Tu m'en vois rassurée!
Même dans la réalité 2 quand Josh est un ...imbécile (pour ne pas dire plus...) Ba je le trouve trop bien !!!!!!!!!!!!! Il parait être une grosse brute sans coeur mais en vrai il se soucie quand même (un peu) des autres.... Peu importe où il se trouve, Josh est un personnage complexe :lol: Mais le faire en « salopard » (est-ce que c'est le bon mot? :lol: ) ça fait changement et je trouve ça trop drôle :lol:
Et c'est trop touchant quand Alli repense aux discours de Quidditch de James ! En effet :cry:
Finalement Bloody Mary est plutôt sympa (je l'aimais pas avant...) mais elle parle toujours en phrase sibyllines, ça m'énèrve ! (un jour la prophétie ça devrait être : va tuer Berkley puis emprunte l'armoire à disparaître (que vient elle faire la ?) pour retrouver tes amis ET au mois là c'est CLAIR !!! ) :lol: :lol: :lol: ok, je suis un peu énervée après les prophéties ... Pour être honnête, on parle d'Alli, alors clairement elle ne peut pas obtenir des réponses aussi claires :lol: Sa vie est compliquée et restera compliquée :lol:
Juste, le combien de fois je suis restée inconsciente "cette fois-ci" est magique (j'étais morte, elle est tellement habituée à s'évanouir !) Oui, Alli commence à être beaucoup trop habituée et agacée de s'évanouir tout le temps :lol:
En tout cas, un énorme merci pour avoir pris le temps de commenter!! :mrgreen: Comme je l'ai dit plus haut, ça donne vraiment, mais vraiment un regain d'énergie pour continuer à écrire! Je le fais quand même si ce n'est pas le cas, mais parfois, il y a des doutes qui s'installent et quand les doutes sont là, le processus d'écriture est plus long :roll: Et si on ajoute de la fatigue à tout ça, c'est horrible :roll: :lol: Bref, je devrais revenir assez rapidement avec le chapitre (et le bonus, qui sait :twisted: Il y a certains trucs qui se sont débloqués, alors tout est possible :lol: )
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

L'bonjour à tous! Je suis un tout petit peu en retard. Je croyais vraiment pouvoir publier le chapitre hier, mais bon, apparemment il aura fallu attendre à aujourd'hui! Mais encore une fois, il est plus long que ma moyenne, encore un petit dix pages de plus! Bref, quarante pages au lieu de trente ;) Je tiens aussi à dire que le bonus a très bien avancé, mais qu'il sera presque deux fois la longueur des bonus habituel, d'où mon incapacité à le placer avant ce chapitre-ci... Mais normalement, je devrais arriver à le publier lundi prochain! :mrgreen: Ce qui signifie qu'il ne restera plus qu'une partie pour les bonus concernant l'histoire entre Alex et Malia. Sinon, concernant ce chapitre, je ne sais pas exactement ce que vous allez en penser, mais j'espère qu'il vous plaira. Ceci dit, il n'y a qu'une manière de le savoir alors... Bonne lecture! :mrgreen:


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Chapitre 16


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Rose serra tendrement l’épaule de Malia en quittant l’infirmerie. Ça faisait déjà deux jours que le frère d’Allison se trouvait dans une sorte de coma particulier. À première vue, les professeurs avaient déclaré que c’était probablement la même chose ou personne qui avait causé la blessure d’Alexander que celle qui s’en était prise aux élèves depuis le début de l’année. Et une nouvelle victime venait de s’ajouter à la liste. Certes, elle ne comptait que deux personnes dans un état grave…

Mais c’était quatre élèves au total qui avaient été attaqués!

En commençant par Amy Aylin, la jeune cousine de Joshua, puis ensuite le troisième année de Poufsouffle, Bradley Smith. Et maintenant… on pouvait ajouter Ella Coote et Alexander Williams à cette liste. Contrairement à l’élève de quatrième année de Gryffondor, le Serpentard n’avait pas eu besoin d’être transféré à Sainte-Mangouste. C’était bien le seul soulagement qui semblait habiter son amie, d’ailleurs.

Parce que depuis deux jours, Malia donnait l’impression d’être un fantôme.

Elle leur avait raconté ce qu’il s’était passé, à elle et Teena. Apparemment, ils avaient entendu des bruits dans un couloir voisin et son petit-ami lu ayant expressément demandé de s’en aller, leur amie avait cédé à sa demande. Sauf que ça ne faisait pas cinq minutes qu’elle marchait en direction de leur Salle Commune, qu’elle avait fait demi-tour. Puis, elle les avait trouvés. Ella et lui.

Rose tenta d’écarter ces pensées de son esprit, mais n’y parvint pas totalement. Alors lorsqu’elle aperçut Scorpius en sortant de l’infirmerie, elle ne put s’empêcher de se jeter dans ses bras, les larmes aux yeux. Quelque chose en elle lui criait que toute cette histoire était encore plus importante que ce qu’ils pouvaient imaginer, que ce n’était pas le délire de quelqu’un ni l’action d’une créature. Son instinct lui soufflait que ce fût des actes purement réfléchis… donc doublement dangereux. Et deux personnes de leur groupe sur quatre avaient été touchées jusqu’à présent. Et même trois personnes indirectement. Malia, Joshua et Liam étaient touchés de près par les évènements récents. Chacun était très proche d’une victime des différents incidents.

C’était effectivement la jeune sœur de Liam qui avait été attaqué cette fois.

De la même année que sa cousine Lily, du même dortoir d’ailleurs. Celle-ci se montrait d’ailleurs beaucoup plus taciturne depuis que la nouvelle avait fait le tour de l’école et atterrit dans ses oreilles. Elle avait souvent vu les deux jeunes filles traîner ensemble. Et si Ella Coote n’était pas une aussi grande farceuse que son frère… elle ne l’était pas beaucoup moins. Leurs interactions avaient toujours apporté du divertissement dans leur Salle Commune. Comme c’était le cas entre Hugo et elle pour les autres sans doute. Ou pour Al et James. Les relations fraternelles dans une même Maison apportaient toujours son lot de distractions pour les autres résidents. Que ça leur plaise ou non, d’ailleurs.

- Comment il va? s’enquit soudain Scorp, la sortant de ses pensées.

- Madame Pomfresh affirme que rien n’a changé. Mal… elle ne se sent pas bien.

Il la serra un peu plus contre lui et lorsqu’elle se détacha de son emprise, elle gronda :

- Je crois que si c’était toi sur ce lit, je serais en train de remuer le château dans tous les sens.

- En particulier la bibliothèque, ajouta-t-il, malicieux.

- Je ne rigole pas.

- Je sais. Et je ferais la même chose, Rosie.

Il l’embrassa sur le front et elle demanda :

- Tu continues à parler à Al?

Le silence lui donna sa réponse et elle poussa un soupir. Ces deux-là ne pouvaient pas continuer sur cette pente-là. Et elle ne pouvait pas les laisser faire. Elle avait bien essayé de leur laisser un peu d’espace, sachant qu’ils ne devaient pas trouver cela facile d’être près d’elle alors qu’elle se souvenait. Sauf que sa tentative première ne semblait pas les avoir aidés, au contraire.

- Vous ne pouvez pas continuer comme ça, grommela-t-elle après un moment. Vous êtes meilleurs amis! Vous êtes mes meilleurs amis. Et ses meilleurs amis.

- Mais on arrive pas à s’en souvenir, par Merlin! gronda-t-il. J’aimerais! Je te jure que j’essaie! Mais ça ne marche pas. Tout le monde semble arriver à se souvenir, sauf nous! James et toi… Lily et Hugo à une journée d’intervalle…

- Je sais que ce n’est pas facile! Je l’ai très bien vécu! Mais ce n’est pas parce que vous avez du mal à vous souvenir d’Alli que vous devez arrêter de vous voir! Ou de me voir.

- Dernièrement, c’est toi qui t’éloignais, énonça-t-il en regardant ailleurs.

Un nouveau soupir lui échappa, mais elle n’essaya pas de nier. C’était simplement la vérité après tout. Malgré tout, une colère sourde monta en elle. Elle n’avait pas cherché à les repousser! Elle essayait seulement de trouver des réponses et si elle devait passer son temps à la bibliothèque pour se faire, alors soit! Mais elle n’avait jamais décrété qu’ils ne pouvaient pas venir! Après tout, ils avaient toujours eu l’habitude d’aller faire leurs devoirs tous ensemble à la bibliothèque. Peut-être pas l’année dernière, mais celles d’avant. Leurs fous rires lui remontèrent en mémoire et elle saisit son pendentif, celui que lui avait remis Allison.

Elle n’arrivait pas à croire qu’elle avait pu oublier non seulement son amie, mais aussi le collier qui définissait leur amitié même. Depuis qu’elle se rappelait, elle n’avait pas arrêté de faire jouer différents souvenirs qu’Allison y avait insérés, ainsi que ceux qu’elles avaient ajoutés sur leurs colliers respectifs juste avant… juste avant que tout ne change. Que le combat avec Berkeley ait lieu et qu’elle, Rose, se retrouve à l’hôpital.

Elles n’avaient pas pu en ajouter de leurs souvenirs d’été…

Elles n’en avaient pas eu l’occasion puisqu’elles n’étaient pas encore majeures et que l’usage de la magie était proscrit en dehors de l’école, sauf circonstances exceptionnelles. Mais depuis qu’elle se souvenait, elle avait ajouté le plus de souvenirs qu’elle pouvait dans son collier. Des plus importants aux plus insignifiants. Malgré la rougeur qui lui est montée aux joues, elle avait même mis la fameuse bataille d’eau de leur quatuor, y compris les commentaires d’Al et Scorp en rapport avec les concours de t-shirts mouillés.

Ça lui semblait affreusement loin… et si proche.

Elle secoua de la tête et tourna son attention vers Scorpius. En plongeant son regard dans le sien, elle affirma :

- Tu vas te souvenir, Scorp. Et Al aussi. Je vais faire tout ce que je peux pour que ça marche! Je te le promets!

- Tu le fais déjà, Rosie, souffla-t-il avec un sourire triste.

- Ne fais pas cet air-là!

- D’accord.

Son affirmation ne semblait porter aucune foi particulière. Elle ne prononça toutefois aucun mot supplémentaire pour l’enjoindre à la croire. Il pouvait croire qu’elle avait tout essayé, mais elle savait que non. Elle trouverait un moyen, elle le savait. Tout comme elle avait su qu’elle parviendrait à se souvenir. Mais pour éviter d’alourdir encore plus l’atmosphère, elle changea de sujet :

- Alors… Autumn a bien accepté de nous rencontrer aujourd’hui, pas vrai?

- Oui, acquiesça-t-il, et il sembla soulagé qu’elle n’insiste pas sur leur conversation précédente. Elle a compris lorsqu’on lui a dit l’autre jour qu’on allait devoir remettre ça.

- Parfait. J’ai toutes les questions en tête.

- Je n’en attendais pas moins de toi!

Elle lui adressa un petit sourire et il lui répondit de la même manière tout en se saisissant de sa main. Suite à quoi, ils accélérèrent le pas pour rejoindre l’endroit où devrait les attendre Autumn et Al. Elle n’avait pas pu faire autrement que d’accompagner Malia ce matin, ne pouvant décemment pas la laisser seule. Normalement, Teena devait la relayer dans quelques minutes.

Heureusement que ce n’était que dimanche!

En plein milieu de la semaine, ça aurait entraîné quelques ennuis… de concentration, déjà. Et elle n’aurait certainement pas fait de devoirs. Au moins, pour la fin de semaine, elles avaient pu se débrouiller pour veiller sur Mal. Le matin, c’était Rose. L’après-midi, c’était Teena. Et malgré que personne n’était vraiment proche du frère d’Allison, tous les membres du groupe étaient venus de le voir. Peu importe leur passé commun, Alexander Williams était l’un des leurs désormais et, donc, savoir qu’il était inconscient sur un lit d’infirmerie sans savoir précisément ce qu’il avait…

C’était dur.

- Est-ce que tu as faim? s’enquit Scorp alors qu’ils approchaient de leur destination.

- Ça peut attendre, affirma-t-elle, malgré le gargouillement de son ventre.

Chose qui avait initialement attiré l’attention de son Serpentard préféré. Elle serra un peu sa main dans la sienne en essayant d’oublier le fait que son ventre hurlait pour avoir à manger. Elle n’était pas vraiment surprise puisqu’en se levant ce matin, elle avait à peine pris le temps de manger quelque chose et que maintenant c’était déjà l’heure du prochain repas. Si elle arrivait en retard pour le déjeuner, elle pourrait toujours aller aux cuisines, songea-t-elle.

Elle ne pouvait pas se permettre de reporter ou arriver en retard à cette rencontre.

Plus ça prendrait de temps avant qu’ils discutent avec cette fille qui se proclamait la cousine d’Alli, plus elle deviendrait folle. Et c’était à peine un euphémisme! Ces derniers jours, elle n’avait fait que des devoirs, supporté ses amis, cherché à décoder les différents messages runiques qu’ils avaient trouvés et ressasser tous les derniers évènements.

Elle dormait à peine.

Des cernes de plus en plus proéminents se formaient sous ses yeux, mais elle s’en moquait. Elle avait bien entendu des commentaires mesquins en provenance de certaines personnes de ses classes, sauf qu’elle se contentait de les dévisager et souvent ils se taisaient instantanément. Tous se souvenaient sans doute trop bien de la fois où quelqu’un l’avait énervé au-delà de sa capacité à le supporter. Elle n’était pas comme Alli. Ça lui en prenait parfois beaucoup, mais vraiment beaucoup pour que des connaissances puissent la pousser à bout.

Mais elle restait une Weasley et elle avait plus d’un tour dans son sac.

Que ce soit les adultes de la famille ou de ses nombreux cousins et cousines, elle avait une très grande connaissance des farces et des vengeances en tout genre. Et James était toujours très heureux de lui donner quelques pistes si jamais elle devait vouloir frapper très fort. Non pas qu’elle en avait besoin souvent, mais comme la majorité la sous-estimait souvent à ce propos… elle usait de la réputation de son cousin à son avantage.

- Bon, vous êtes enfin là, grommela Albus en les voyant arriver.

Il n’y avait pas qu’elle qui manquait de sommeil, songea-t-elle en voyant son cousin. Il paraissait encore plus désespéré et découragé que la dernière fois qu’elle l’avait vu… et c’était dans la matinée. Elle ne pouvait pas se regarder dans le miroir pour le confirmer, mais elle était presque certaine d’avoir blêmi d’un coup. L’état de son cousin ne cessait de se dégrader et elle n’arrivait pas à y faire quoi que ce soit…

La prise de Scorpius sur sa main se fit plus forte et elle comprit qu’elle n’était pas la seule à avoir remarqué l’état d’Albus. Elle déglutit difficilement et se tourna vers la Poufsouffle de leur âge qui se tenait en retrait. Elle paraissait à la fois intriguée et intimidée. Ce n’était pas la première fois que des nouveaux élèves montraient ces deux émotions à leur rencontre… mais bien la première que l’élève en question était de la même année.

- Salut, Autumn Parker, la salua-t-elle. Je suis Rose Weasley.

- Je sais, acquiesça l’autre fille avant de se mordre la lèvre. Et salut. Désolée.

- Pas de problème, lui assura-t-elle.

Elle donna un coup de coude à Scorpius et ce dernier s’empressa de saluer à son tour la nouvelle élève. Rose eut un petit sourire et lança :

- Alors… tu voulais nous parler, c’est ça?

L’intéressée hocha de la tête et leur fit signe de la suivre. Le trio ne prit pas même une seconde avant de suivre le mouvement, sans manquer de s’échanger des regards. Peut-être que ces deux meilleurs amis ne pouvaient pas s’en souvenir, mais ils avaient eu leur content de mauvaises expériences dans le passé. Elle se rappelait encore de la journée où Alli avait été enlevée sous ses yeux. Elle n’avait rien pu faire. Aucun d’eux n’y avait pu quelque chose.

Et c’était encore le cas cette fois-ci.

Elle espérait sincèrement que ce serait la dernière fois qu’une chose pareille allait se produire. Elle ne le supporterait sans doute pas longtemps… Une chose qu’elle désirait cette fois-ci, c’est qu’Allison ne revienne pas dans un état dramatique contrairement à la dernière fois. Elle se souvenait que trop bien des quelques cauchemars qui l’avait hantée par la suite… Elle n’en avait jamais rien dit pour ne pas inquiéter son amie ni faire monter le niveau de culpabilité que cette dernière possédait déjà.

Elle échappa à ses pensées désagréables lorsqu’ils mirent les pieds dans un placard à balai. Un sourire triste lui monta aux lèvres en songeant à ce que dirait Alli si elle les voyait. Un jour ils trouveraient un meilleur endroit. D’un autre côté, il n’y en avait aucun d’aussi pratique et présent partout dans le château. Mais ils trouveraient bien quelque chose. Elle en avait la conviction.

Le murmure d’Autumn la ramena complètement au moment présent et en quelques secondes un bourdonnement s’éleva autour d’elle, couvrant le bruit de sa respiration et certains des sons extérieurs qu’ils avaient pu entendre auparavant. Après quoi, la jeune sorcière utilisa un sortilège qu’elle connaissait bien, celui qui empêchait aux personnes de l’extérieur d’entendre ce qui se disait entre les quatre murs du placard à balai. Rose se contenta de souffler un « Lumos » rapide pour éclairer leur environnement, rapidement suivi par les trois autres.

- Bon, ben, on t’écoute, lâcha Al en regardant directement Autumn Parker.

Oh, Merlin, Al, maugréa-t-elle intérieurement. Pourtant, sa mauvaise humeur disparut au moment où elle aperçut l’étincelle brisée dans les yeux de son cousin. Il n’y arrivait plus… Il ne le supportait plus… D’où sa brusquerie actuelle, tout ce qu’il voulait, c’était d’en finir au plus tôt. Par contre, la Poufsouffle ne sembla pas s’en rendre compte, car elle lui adressa un regard mauvais en disant :

- Tu n’es pas en position de faire des demandes, Potter.

Son ton était tout sauf sympathique.

- Ah bon? Mais c’est quand même toi qui voulais nous voir! rétorqua son Albus.

- Et c’est à cause de toi qu’Allison n’est pas là. N’essaie pas de mentir. Je l’ai vu.

- Une minute… qu’est-ce que tu as dit? s’interloqua-t-elle en dévisageant la nouvelle.

- Je n’ai pas compris sur le coup ce que j’ai vu cet été… Mais avec les récents évènements…

L’air déjà blafard de son cousin le devint encore plus et il détourna la tête en crispant les poings. Elle eut peur une seconde qu’il fasse une bêtise, comme s’emporter, mais elle ne s’attendait pas à voir ce qui se produisit la seconde suivante. Albus secoua la tête, une fois, puis une deuxième avant de grommeler quelque chose pour lui-même et de tous les bousculer pour se rendre jusqu’à la porte. Au moment où la porte allait se refermer derrière lui, elle entendit distinctement :

- Je n’y arriverai pas.

Sur ces mots, la porte du placard à balai claqua et un silence particulièrement désagréable s’installa.

- Désolée, murmura Autumn et grâce à la lumière de leurs baguettes, elle put voir la rougeur sur ses joues. Je ne voulais pas l’énerver, c’est juste que…

- Il s’est montré grossier, la coupa Rose. Il est un peu à cran en ce moment…

- Et c’est compréhensible, soupira la Poufsouffle. Je n’aurais pas dû m’emporter.

- Je sais que tu veux nous parler, mais on aurait des questions avant, lâcha Scorpius.

L’intéressée hocha de la tête et leur fit signe de parler.

- Pour commencer, tu as parlé à Al et Scorp d’une preuve que tu avais, mais que ça ne servait à rien de la leur montrer puisqu’ils ne se souvenaient pas… commença-t-elle.

- C’est vrai…

- Eh bien, pour ma part, je me souviens de tout à propos d’Alli. Alors tu peux me la montrer.

Elle acquiesça à nouveau de la tête et ses épaules se voutèrent légèrement en sortant quelque chose de sa poche. Après quoi, elle prit la parole en lui tendant les deux objets.

- Ce n’est pas grand-chose… Mais mon père a su que c’était le moment quand il a vu passer dans les journaux qu’Elliot Berkeley était enfin mort.

Rose saisit rapidement les deux objets toujours tendus dans sa direction. C’était de tous petits objets, fragiles, d’ailleurs, puisqu’ils étaient tous deux composés de papier. L’un se trouvait être un parchemin, sans doute une lettre et l’autre… Ça ressemblait en tout point à une photographie sorcière. Elle commença par la lettre, ne se sentant pas prête à jeter un coup d’œil à la photo. Un pincement s’empara de son cœur en voyant qui avait signé la lettre. Abigail Williams. La tante d’Alli.

Et la mère d’Autumn.

Sans doute en tout cas. Elle leva rapidement les yeux pour lire le reste et elle retrouva un compte rendu des mesures mises en place par la sœur du père d’Alli. Elle avait fait en sorte que son mari, Owen Ash, devienne Owen Parker et qu’il possède un dossier dans l’univers sorcier des États-Unis. Elle fit la même chose pour sa petite fille qui devint Autumn Parker. Elle avait ensuite fait en sorte de détruire toute trace de leur existence de l’univers sorcier britannique. Avec l’accord de ceux qui les connaissaient, elle leur avait fait perdre la mémoire. Ce qui impliquait que la mère d’Alli n’aurait jamais pu le lui dire. Et qu’ainsi Parkinson/Williams n’avait pas pu connaître la vérité non plus concernant leur cousine.

Elle apprit aussi que normalement, Autumn aurait eu un frère plus âgé… mais qu’Abigail avait fait une fausse-couche. Tout cela, c’était écrit dans la lettre. Avec des informations concernant Berkeley et aussi la promesse que la jeune femme avait arrachée à son mari avant de le voir partir : que dès qu’Elliot Berkeley serait mort, il devait révéler la vérité à leur fille et l’envoyer à Poudlard. La ramener à la maison. Et c’était ce qu’il avait fait en lui remettant cette lettre. Et aussi…

Elle jeta un coup d’œil à la photographie et déglutit difficilement. Il s’agissait d’une photo de famille. Elle avait déjà pu voir à quoi ressemblait Abigail Williams, ainsi que les deux parents d’Alli, alors elle n’eut aucun mal à tous les identifier sur la photo. Elle se doutait d’ailleurs que le bébé dans les bras de Marianne devait être… Alli?

Non…

Non, ça, c’était Parkinson! Si ça avait été Alli, Autumn serait aussi sur la photographie! Mais comment le père d’Autumn avait-il pu ne pas spécifier cette information à sa fille? Concernant son cousin… Que la tante d’Alli ne l’ait pas fait pouvait se comprendre, après tout, elle n’avait qu’expliqué les raisons qui l’avait poussé à les exiler et à quel point elle l’aimait. Alexander Williams n’avait donc rien à y faire. Pas vraiment, en tout cas. Même s’il restait en tout point son neveu…

À moins que…

La mère d’Alli avait-elle pu faire la même chose au mari de sa sœur par alliance que celle-ci avait faite avec eux? Mais à propos de son fils? Mais pour quelle raison? À quoi est-ce que ça pourrait bien servir, au juste? Il devait y avoir une raison… car s’il y avait bien une chose qu’elle avait apprise au sujet de la mère de sa meilleure amie, c’était bien qu’elle ne laissait jamais rien au hasard. Comme sa mère… Oh, Merlin!

Est-ce que sa mère se souvenait de Marianne Williams, née Lévesque?

Elle lui avait bien demandé si le nom d’Allison Lévesque lui disait quelque chose. Ou même Allison Williams. Mais sa mère avait affirmé que non. Tout comme les parents de Scorpius ainsi que ses oncles et tantes. Ce qui ne signifiait qu’une chose : personne ne se rappelait d’Alli. Alors même que sa propre mère était la marraine et oncle Harry le parrain.

Mais peut-être qu’ils n’avaient pas oublié les parents…

Il faudrait qu’elle tente le coup, mais pas tout de suite. Ce n’était pas le plus urgent pour le moment, là, c’était le moment de confirmer qu’Autumn Parker ne connaissait rien quant à l’existence même de son cousin Alexander Williams. Elle prit une inspiration pour se calmer les nerfs et affirma en pointant le bébé qui gesticulait sur la photo :

- Ça, ce n’est pas Alli. C’est ton cousin.

- Quoi?

Le visage d’Autumn venait tout juste de tourner au blafard alors même que son teint assez bronzé aurait dû l’empêcher d’avoir l’air aussi blême.

- C’est impossible! s’écria-t-elle une seconde plus tard. Je n’ai pas de cousin. Et c’est forcément Allison, mon père m’a dit que ça devait être elle sur la photo.

- Je t’assure que tu as un cousin. Si c’était Alli… Où es-tu? Même si vous n’êtes pas née la même année, ta mère devrait présenter un signe de grossesse puisque nous sommes du même âge. Environ. Et ce n’est pas le cas. Et ta tante, Marianne Williams, née Lévesque, elle a eu deux enfants.

- Non! C’est faux!

- Alors où es-tu?

Le regard paniqué de la Poufsouffle parcourut la photographie à plusieurs reprises et en voyant qu’elle ne trouvait rien, ses yeux se remplirent de larmes. Sa voix était complètement cassée lorsqu’elle souffla :

- Mais mon père m’a promis… Il m’a juré qu’il m’avait tout dit!

- Et je crois que c’est le cas, acquiesça-t-elle.

- Hein? s’étonnèrent les deux autres personnes présentes.

Apparemment, Scorpius n’avait pas suivi tout son raisonnement. Il avait bel et bien lu la lettre et vu la photographie en même temps qu’elle, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu’il avait suivi le cours de ses pensées. Ce n’était pas vraiment étonnant, d’ailleurs. Parce que c’était une théorie complètement ahurissante.

- Ce que je veux dire… c’est que je crois que toute cette histoire est beaucoup plus compliquée qu’on ne le pensait. Ton père peut très bien ignorer tout de ton cousin, si ta tante, ou ta mère, a fait en sorte qu’il ne s’en rappelle pas. Mais pour ça, il va falloir qu’on te raconte toute l’histoire d’Allison et de ta famille du côté des Williams pour que tu comprennes. Mais pas maintenant.

- Pourquoi pas? demanda Autumn avec un ton provocateur.

- Parce que c’est long. Et qu’on a d’autres sujets à traiter, avant. D’ailleurs, ce serait mieux qu’on en parle en présence de ton cousin, parce qu’une partie de cette histoire le concerne de très près.

- Très bien… mais c’est quoi son nom?

- On l’a toujours connu sous le nom d’Alexander Parkinson, répondit Scorp. Mais apparemment, les évènements récents lui ont permis de reprendre sa véritable identité. Celle de Williams.

- Alexander Williams, répéta lentement la Poufsouffle.

Ils hochèrent tous deux de la tête et Rose reprit :

- Maintenant… il nous reste une question.

- Et c’est?

- De quels autres trucs est-ce que tu parlais l’autre jour? s’enquit le seul Serpentard présent.

Elle avait cru qu’Autumn Parker ne pouvait pas devenir plus blême, mais apparemment, c’était faux, car elle le fit à la seconde où la question franchit les lèvres de Scorpius. Mais pourquoi? Elle remarqua assez rapidement que les mains de leur camarade de classe s’étaient mises à trembler et que sa mâchoire s’était crispée. Que craignait-elle?

- Va falloir que ça reste entre nous autant que possible, d’accord? murmura-t-elle finalement.

Scorp et elle hochèrent à nouveau de la tête, témoignant ainsi de leur accord, alors l’autre fille reprit :

- Vous êtes au courant… pour le don d’Allison, pas vrai?

- Oui, affirma Rose.

- Alors… voilà… j’ai aussi un don. Pas aussi développé que le sien. Je ne peux pas influencer les évènements ni rien, mais… J’ai des visions. Des visions pendant que je dors, la plupart du temps. Je ne les contrôle pas, pas vraiment, en tout cas.

- Pourquoi tu dis « pas vraiment »? l’interrogea Scorpius.

Ça l’intriguait aussi.

- Quand j’ai appris pour Allison, c’est à ce moment que j’ai commencé à voir… des trucs. Des trucs spécifiques, pas des évènements anodins. À propos de Poudlard. À propos d’elle. Elle était avec vous tous, mais…

- Mais quoi? souffla-t-elle, inquiète.

- Albus Potter n’était pas un Gryffondor. Ni Allison. Ils portaient tous les deux l’uniforme de Serpentard.

- Quoi?

L’exclamation était autant sortie de sa bouche que de celle de son petit-ami, ce qui n’aurait pas dû être le cas, puisqu’il ne se souvenait de rien. Et si elle se fiait à son air confus, c’était toujours le cas.

- Ce n’est pas tout, ajouta leur interlocutrice.

Ça n’annonçait rien de bon. Ils lui firent signe de continuer, malgré la raideur qui s’était emparée de tout leur corps.

- Je suis presque certaine de l’avoir vu… par terre. Immobile. Comme… sans vie. Et… euh… ce n’est pas le pire.

- Comment est-ce que ça pourrait ne pas être le pire! hurla-t-elle en sentant son cœur voler en éclat.

- Il y avait beaucoup… beaucoup de fumée. Et juste avant que je me réveille… les flammes… les flammes étaient presque sur elle.

- Oh, Merlin… murmura-t-elle en étouffant un sanglot involontaire.

Ce n’était pas le moment de fondre en larmes alors que sa meilleure amie, sa sœur d’adoption, par Morgane, pouvait très bien être encore en vie et échapper à ce triste sort! Pour ce qu’elle en savait, la vision d’Autumn pouvait ne pas être aussi juste que celles qu’avait Allison. Ou encore, elle pouvait être mal interprétée. Il n’y avait aucun moyen de savoir si son amie était morte dans cette vision. Elle n’avait pas été dévorée par les flammes, ce qui signifiait qu’il y avait une chance, même infime, qu’elle soit encore en vie. Et si elle était encore en vie dans cette vision, ça signifiait que quelqu’un pouvait toujours venir la sauver.

- Est-ce que tu as vu autre chose? s’enquit Scorpius.

Ce fut le côté étonnamment détaché de son petit-ami qui la ramena d’un coup sur terre. Elle y avait bien lu de l’inquiétude, mais ce n’était pas la réaction qu’il aurait eue s’il se souvenait. Les mots de son cousin lui revinrent en mémoire et elle ne put qu’acquiescer mentalement.

Elle n’y arriverait pas non plus.

Elle n’arriverait jamais à faire face à ce qui approchait, peu importe ce que c’était, si ses meilleurs amis ne se souvenaient pas d’Alli. Au moins, l’ambiance dans son dortoir était un peu moins tendue maintenant que Malia et Teena se souvenaient aussi… mais pas moins triste. Elle avait besoin d’un minimum de normalité dans ce monde qui ne cessait de s’effondrer autour d’elle. Et ça commencerait avec Albus et Scorpius, de nouveau en pleine possession de leur mémoire.

Le mouvement de la tête d’Autumn dans ce qui représentait un acquiescement la ramena dans le moment présent. Mais son esprit continuait à aller à toute vitesse dans des réflexions qu’elle aurait dû avoir des jours auparavant! Alors qu’elle essayait de leur faire se rappeler Alli, à Scorp et Al. Le premier n’avait pas arrêté de revenir sur un point… la toute première rencontre. La barque. Peut-être que si elle reproduisait cette rencontre, en utilisant le collier… et les souvenirs y étant renfermée… Oui!

- Ce n’était pas grand-chose pour… pour la majorité. Mais… il y a une vision qui ne me lâche pas depuis que je suis arrivée ici, à part celle de… de… Enfin. L’autre vision qui me lâche pas, c’est celle d’une salle. Elle est sombre, poussiéreuse et semble très ancienne. Des ombres s’y déplacent et il y a toujours une sorte de reflet… comme métallique. J’ai cherché partout dans le château, mais je ne l’ai pas trouvé.

Rose doutait fortement qu’elle ait pu chercher partout dans le château, mais pour le moment c’était bien le moindre de ses soucis. D’autant plus que ce n’était pas elle qui connaissait le château comme sa poche, mais ses cousins. James et Louis, plus spécifiquement.

- James doit probablement savoir c’est où, mais sinon, peut-être que quelqu’un d’autre le sait, dans le groupe, répondit-elle.

- Quel groupe?

- Tu n’as pas lu le Journal de Skeeter? s’étonna Scorpius.

- Non. Je ne l’aime pas.

- Tu n’as pas besoin de savoir qui en fait partie, de toute façon, rétorqua-t-elle. Parce que la prochaine fois qu’on va se rencontrer, tu vas venir. Et tu pourras du même coup rencontrer ton cousin et aussi toutes les autres personnes qui étaient proches d’Alli.

- Ça semble un bon plan. Ça sera quand?

- On essaie d’être… tranquille, pour le moment, marmonna Scorp. Alors probablement pas avant une semaine, au moins.

- On te tiendra au courant, d’accord? Mais là, il faut vraiment que je règle un truc!

Sans ajouter quoi que ce soit, Rose attrapa la main de son Serpentard préféré et l’entraîna à l’extérieur avec un salut rapide pour Autumn Parker. Celle-ci semblait complètement interloquée, mais pour le moment, la Gryffondor n’en avait rien à faire. Elle avait un plan à mettre en œuvre et très peu de temps pour le réussir. Et avant toute chose, elle devait trouver Albus.

- Je peux savoir pourquoi on court? s’enquit son meilleur ami.

- On court, parce que je crois que j’ai trouvé le moyen de vous faire retrouver la mémoire!

Elle ne se préoccupa pas de son hoquet d’étonnement et l’entraîna encore plus vite dans les couloirs de l’école.

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Albus sortit en coup de vent du placard à balai et dès qu’il fut dans le couloir, il se mit à courir. Les battements de son cœur résonnaient à ses tempes et il avait l’impression que chacun d’entre eux le faisait vibrer en entier et risquait à tout moment de le faire exploser. Évidemment, ce n’était pas le cas. Tout comme son cœur n’était pas vraiment en train de complètement se dessécher à force d’essayer de se rappeler sans succès.

Ou avec l’idée de vivre avec des horreurs qu’il avait apparemment commises.

Chacun de ses pas le faisait tressaillir alors qu’il courait sans vraiment avoir de destination en tête. Tout ce qu’il voulait, c’était s’éloigner de là. Et de toutes ces accusations. Encore des accusations. Il commençait à avoir envie de s’arracher les cheveux à force d’essayer de comprendre comment… comment il pourrait être responsable. Tous ceux qui se souvenaient avaient bien essayé de lui faire comprendre cette histoire d’Ancre… après l’avoir sermonné, évidemment. Pourtant, malgré leurs explications, il ne comprenait toujours pas.

Il ne comprenait pas comment il aurait pu être débile à ce point.

Chaque fois qu’il regardait cette photo… celle qu’il traînait partout avec lui… chaque fois qu’il la regardait, il sentait quelque chose se déchirer en lui. Il s’était déjà déchiré un muscle en jouant au Quidditch… et pourtant la sensation qui l’habitait chaque fois que ses yeux étaient posés sur cette photo, c’était dix fois pire.

Parfois, il en avait du mal à respirer.

À ce moment, tout devenait flou autour de lui et c’était comme s’il s’était lancé à tout cœur dans une ronde infernale. Jusqu’au moment où le noir tombait sur ses yeux et qu’il était enfin délivré de cette situation. Ça n’arrivait pas très souvent… mais généralement juste avant d’aller dormir. Pour remédier à cet inconvénient, il essayait de dormir moins.

Ce n’était pas comme s’il dormait beaucoup plus sans ça, de toute manière.

Il se tira brutalement de ces pensées en arrivant dans des couloirs plus fréquentés. Là, les éclats de voix de plusieurs élèves le firent grimacer. Il commençait à s’habituer à la solitude. Il poussa un soupir et avec un grondement, il emprunta le premier passage où il n’y avait personne, à première vue du moins.

Il put marcher pendant quelques minutes en toute quiétude, mais en arrivant dans le couloir où se trouvait son lieu de prédilection pour se recueillir… quelqu’un s’y trouvait déjà. Il n’avait pas besoin de s’approcher davantage pour savoir qui c’était. Après tout, il l’avait cherché suffisamment souvent de loin pour la reconnaître. Et le fait d’avoir été proche d’elle pendant plusieurs semaines y aidait grandement aussi…

Elle aussi n’eut aucun mal à le reconnaître, s’il devait se fier au sourire en coin qu’elle afficha.

- Salut, Albus, lui dit Rebecca d’un ton de velours.

- Au revoir, Rebecca, rétorqua-t-il en tournant les talons rapidement.

Elle était bien la dernière personne qu’il avait envie de voir. Il avait connu beaucoup de problèmes pendant leur très courte fréquentation, trop pour qu’il puisse désirer lui reparler. Et le simple fait qu’elle, elle puisse se souvenir de cette Allison et pas lui… C’était une seule raison, plus que suffisante, pour ne pas vouloir passer du temps avec elle.

D’autant plus qu’elle était complètement folle.

Et pas seulement à cause de son obsession avec lui. Il ne l’avait pas remarqué avant, cette obsession. Sinon, il n’aurait jamais rien tenté pour développer une relation avec elle. Toujours était-il qu’au fil des semaines, certaines observations lui permirent de parvenir à la conclusion que ce que ressentait Rebecca à son égard était un peu trop… obsessionnel. Le moment où votre copine est jalouse du temps que vous passez avec votre cousine, il y a un problème.

Après, peut-être qu’elle avait raison de s’inquiéter.

Parce qu’il n’avait jamais été complètement… amoureux. Pas même une petite seconde. Il y avait eu de l’attirance, oui. Des terrains d’entente, aussi. De très bons moments, tout autant. Mais jamais rien d’extraordinaire. Il pouvait aussi bien passer sa journée avec elle que sans et ça ne changeait rien à sa vie. C’est à ce moment-là qu’il avait décidé de rompre, mais pas seulement pour ça. Le comportement de la Serdaigle commençait à prodigieusement lui tomber sur les nerfs et il y avait eu autre chose. Avant que toute cette histoire avec Allison commence, il n’était pas arrivé à savoir ce que cette autre chose avait pu être…

Mais maintenant, Rose et tous les autres, James compris, lui disaient que c’était parce qu’il avait des sentiments plutôt forts pour Allison. Ses pensées furent rapidement éjectées de son esprit en même temps qu’une main se saisissait de son bras. Il se retourna avec agacement et tomba nez à nez avec son ex. Un sentiment de profonde aversion le fit secouer brutalement son bras, mais la prise de Rebecca était solide.

- Ne t’enfuies pas, Al, s’il-te-plaît, murmura-t-elle en lui offrant son regard parfait de chiot battu.

- Je n’ai pas spécialement envie de te voir, grommela-t-il. Ni aujourd’hui ni demain, d’ailleurs. Plus jamais serait sans doute pour le mieux.

La fureur remplaça la douceur dans ses traits et elle siffla :

- Tu n’as pas besoin d’être grossier!

- Tu crois ça?

Le sarcasme dans sa voix n’échappa pas à Rebecca et il n’eut pas le temps de voir le mouvement de son autre main qu’il ressentit une vive douleur sur la joue. La seconde suivante, l’air meurtrier qu’avait affiché la Serdaigle disparut aussitôt, remplacée par l’effroi et elle lui caressa la joue du bout des doigts en s’exclamant :

- Je… Je suis désolée! Je… Je n’avais…

- Tu peux conserver ta salive, Rebecca, gronda-t-il.

Sur ces mots, il exerça une plus grande pression pour se délivrer et la prise de cette ex complètement folle se relâcha. Malheureusement, elle était aussi vive que l’éclair et elle referma sa main sur la sienne. Il poussa un grognement de prévention, mais elle ne le relâcha pas. À la place, elle exerça une pression plus délicate et il eut l’impression de revenir un an plus tôt. Avec l’envie de vomir en prime, pour avoir cette simple idée.

- Je veux seulement te parler, expliqua-t-elle.

- Moi pas.

La main libre de Rebecca se transforma en poing et il vit l’agacement s’emparer de son visage. Tant mieux! Si elle pouvait être suffisamment agacée pour le laisser tranquille, ça l’arrangerait bien! Malheureusement, les choses n’étaient pas aussi simples avec cette fille-là et aussi rapidement que l’agacement était apparu… il fut remplacé. Par quelque chose de complètement différent. Un sourire tellement doux que quelqu’un pourrait croire qu’elle est saine d’esprit et innocente.

Ce qui n’était, évidemment, pas le cas.

Il tenta de reculer lorsqu’elle avança vers lui, sauf qu’elle referma son autre main sur la seule qui lui restait. S’il pouvait être violent, il tentait de l’éviter la majorité du temps. Et là, la seule manière qu’il entrevoyait pour se sortir de ce mauvais pas, c’était de se montrer violent. Mais il continua tout de même de reculer en regardant à gauche et à droite dans l’espoir d’apercevoir quelque chose qui pourrait lui être utile, ou quelqu’un.

- Allison n’est plus là.

Le murmure de Rebecca passa tout près de lui échapper, mais dès que le sens lui parvint il sentit une colère sourde monter en lui et prendre de plus en plus de place. Il effectua des mouvements un peu plus brutaux que nécessaire, sans résultat. Sa fureur se métamorphosa en effroi lorsqu’il vit son ex avancer le visage dans sa direction.

Folle! Folle! Folle!

C’était tout ce que son esprit arrivait à articuler. Cette fois, il effectua un mouvement plus circonspect et la propulsa vers l’avant en utilisant sa propre prise contre elle. Pour éviter de s’écrouler, elle le relâcha et regagna ainsi son équilibre qu’elle avait perdu dans la manœuvre. Mais alors qu’elle s’avançait à nouveau dans sa direction et qu’il s’apprêtait à prendre les jambes à son cou, il entendit un bruit de course provenant du couloir voisin… et qui venait dans leur direction.

- À une prochaine fois, Al, susurra Rebecca.

Sur ces mots, elle partit dans la direction opposée et au moment où sa cousine et Scorpius déboulaient à ses côtés, la Serdaigle avait disparu. Il se tourna vers eux avec des sourcils froncés. Son meilleur ami affichait un air de profonde incompréhension et d’ahurissement, tandis que Rose semblait avoir déniché le gros lot. Qu’en était-il réellement, il n’en avait pas la moindre idée. Toutefois, il se doutait bien qu’il obtiendrait la réponse dans les prochaines secondes.

- Il faut que tu viennes avec nous, s’empressa de lâcher sa cousine en l’attrapant par le bras.

Il espérait une réponse plus fournie, mais apparemment…

Et qu’avaient-elles donc toutes à l’attraper par le bras? Il poussa un soupir dépité en voyant déjà son moment de solitude disparaître à son radar. Il en avait besoin. Peu importe ce que disaient ses amis et sa famille, il appréciait plus d’être seul qu’avec eux. Après tout, ils pouvaient tous essayer autant qu’ils voulaient de ne pas donner l’impression d’être en colère contre lui… il n’était pas complètement débile.

Il voyait bien les coups d’œil en coin qu’on lui réservait par moment. Particulièrement hargneux du côté de Parkinson, un peu moins de la part des autres, mais tout aussi désagréables à remarquer. Quant à sa famille, c’était un mélange de colère, de culpabilité et pitié. Il détestait ces regards plus que tout! Jusqu’ici, la seule personne qui lui épargnait sa colère, c’était Scorpius. Pour cette seule raison, il espérait qu’il ne se souviendrait pas avant lui.

Oui, il était égoïste.

Albus le savait depuis longtemps qu’il lui arrivait d’agir ainsi, pas pour tout ni tout le temps. Mais parfois. Et la situation actuelle était l’un des moments où il se montrait égoïste. Il voulait être le prochain à se souvenir. Et ainsi pouvoir accepter plus facilement la rancœur des autres. Par contre, si Scorp se souvenait avant… Il n’arriverait jamais à supporter le regard que lui porterait son meilleur ami. Celui de Rose lui avait suffi. Pour James… Bah, ça ne changeait pas de leur relation habituelle.

Celui de Lily aussi l’avait laissé paralysé.

Sa petite sœur ne l’avait pas remarqué, évidemment. De ce qu’il en savait, aucun d’eux n’avait constaté que leurs regards n’étaient pas passés inaperçus. Mais loin l’idée d’aller le leur révéler, la dernière chose dont il avait envie, c’était de recevoir des mensonges enrobés dans du miel pour qu’ils passent sans problème. Il ne croirait pas à leur mensonge de toute façon.

- Je peux savoir où on va? s’enquit-il en voyant que Rose se mettait à courir, et vers l’extérieur si son sens de l’orientation n’était pas trop mauvais.

- Là où tout a commencé!

Il échangea un long regard avec Scorpius, mais en voyant ce dernier secouer la tête, il comprit que lui non plus ne comprenait absolument rien à ce qui se passait présentement. Un nouveau soupir s’échappa de sa bouche alors qu’un mal de tête s’emparait de son crâne.

- Et que fera-t-on une fois-là? la questionna-t-il à nouveau.

- Vous allez retrouver la mémoire!

La conviction qu’il y avait dans la voix de sa cousine… elle était telle, qu’il se prit à la croire. En une seule seconde, il oublia tous ses doutes et appréhensions pour laisser toute la place à l’espoir. Maintenant, il ne se laissait plus traîner derrière Rose, mais courait à ses côtés. Il ignorait où elle allait, alors il ne chercha pas à accélérer. Scorpius sembla pris du même fol espoir, car il reconnut la démarche déterminée de son ami lorsqu’il courait avec un but en tête.

Ça n’échouerait pas.

Ils avaient essayé beaucoup trop de choses pour que cette ultime tentative ne mène à rien! Il y croyait. De toute manière, sa cousine ne se trompait jamais et si elle était à ce point convaincue que ça fonctionnerait, alors il ne pouvait pas en être autrement! D’un seul coup, c’était comme si toute sa fatigue accumulée avait disparu!

Scorpius et lui restèrent un moment béat lorsqu’ils atteignirent l’extérieur et qu’ils prirent la direction de la cabane de Hagrid. Toutefois, l’un comme l’autre ne fit aucun commentaire, puisque de toute manière Rose ne semblait pas décidée à leur donner plus de détails, et lorsqu’elle était dans ce genre d’état, il valait mieux ne pas discuter.

Et pourtant, il jurerait que ça avait déjà été le cas.

Sauf que ni lui ni Scorpius n’avaient jamais eu le courage de le faire après les quelques scènes que leur avait réservées sa cousine dans des moments pareils. Et ils n’avaient pas eu besoin de beaucoup de scènes pour saisir le message. Pas plus de deux chacun, à coup sûr! Au moment où ils arrivèrent devant la cabane du garde-chasse et professeur de Soins aux créatures magiques, Rose alla cogner à la porte. Ça ne prit que quelques secondes d’attente avant que celle-ci ne s’ouvre sur un Hagrid d’humeur particulièrement joyeuse.

- Mais qui voilà! s’exclama-t-il. Si ce n’est pas mes élèves préférés!

- Hagrid, tu dis ça à tout le monde, rétorqua sa cousine en levant les yeux au ciel, mais aucun d’entre eux ne put s’empêcher d’avoir un léger sourire.

Le rire rocailleux de l’un des très proches amis de leur famille le ramena longtemps en arrière. À l’époque où ils venaient tous régulièrement lui rendre visite ou même les rares fois où, alors qu’ils étaient encore petits, son père invitait Hagrid à venir passer quelques jours pendant les vacances d’été à la maison. À ce moment-là, il avait toujours eu l’impression de découvrir une facette de son père qu’il n’avait jamais eu l’occasion de connaître.

Mais ça faisait bien longtemps qu’Hagrid ne venait plus chez eux.

- Alors que me vaut l’honneur de votre visite? s’enquit le demi-géant avec un grand sourire.

- J’ai un petit quelque chose à expérimenter, rien de bien dangereux, mais pour ça, j’ai besoin de quelque chose en particulier.

- Dis-moi ce que c’est et je me ferai un plaisir de t’aider!

- J’ai besoin de l’une des barques de l’école. L’une de celles qui servent à nous amener à Poudlard pour la première fois et à quitter pour la dernière.

Une seconde, quoi?

- Une barque, hein? lâcha Hagrid. Ton expérience t’amène sur le lac? Ce n’est pas très prudent, jeune fille.

- Mais tu sais bien que je ferai attention, hein, Hagrid? Tenta Rose en joignant les mains comme pour le supplier.

Leur professeur, et ami avant tout, poussa un long soupir et marmonna :

- Je n’ai jamais su dire non à ta mère, ou à Harry et Ron, d’ailleurs. Alors, très bien! Suivez-moi! Et toi aussi, Scrappy.

Il avait presque oublié le nom du nouveau chien d’Hagrid. Il faut dire que ces dernières semaines il n’était pas très attentif en classe… et qu’il n’était pas venu voir leur vieil ami non plus. Pas suffisamment pour se souvenir du nom de ce chien, qui était pourtant tellement immense qu’il aurait dû garder en mémoire le nom, ne serait-ce parce qu’il ne collait pas du tout avec ce mastodonte!

Le demi-géant sorti donc de sa cabane suivit par son chien qui aurait pu rivaliser de taille avec un ours! Peut-être pas, mais l’impression restait là. Tout en sifflotant, Hagrid leur fit signe de le suivre et il se dirigea vers les hangars à bateau. Ils s’arrêtèrent près de l’un d’eux qui semblaient particulièrement entretenus contrairement aux autres et après avoir sorti un trousseau de clés particulièrement imposant, leur guide ouvrit la porte.

L’intérieur était beaucoup, mais vraiment beaucoup plus grand que l’apparence extérieure du hangar avait donné comme impression. Et sous leurs yeux éberlués se trouvaient des dizaines et des dizaines de barques entassées les unes avec les autres. Hagrid désigna la plus proche et face au hochement de tête de Rose, il la saisit entre ses mains comme si elle était aussi légère qu’une pile de livres. Là ils retournèrent à l’extérieur et le demi-géant s’enquit :

- Avez-vous besoin d’aide pour l’apporter jusqu’au lac?

En prononçant ces mots, il déposa la barque par terre sans aucune difficulté. À la périphérie de son champ de vision, il remarqua que le chien, Scrappy, semblait particulièrement apprécié cette balade imprévue. Pourtant, sa cousine secoua la tête et sourit en disant :

- On va pouvoir s’arranger à partir d’ici. Merci, Hagrid!

La seconde suivante, elle murmura la formule de lévitation d’objet et la barque s’éleva dans les airs, puis resta en place. Hagrid eut un grand rire qui démontrait une certaine admiration incrédule devant les prouesses de la rouquine.

- À ce que je vois, tu es aussi talentueuse que ta maman, la complimenta-t-il. Je ne vous retiendrai pas plus longtemps, alors. À la prochaine!

Et sur ces paroles, il s’éloigna, toujours en sifflotant et son chien sur les talons. Ils lui rendirent son salut avec autant d’enthousiasme et le regardèrent partir. Suite à son départ, un long silence s’installa entre eux. Il ne se sentait pas vraiment de le briser, alors il se contenta d’inspirer doucement l’air frais de l’automne. C’était l’une de ses saisons préférées, surtout lorsqu’il se trouvait à Poudlard.

- Alors… c’était ça, ton idée? lâcha Scorpius au bout d’un moment. Revenir à notre toute première rencontre… dans la barque?

Il y avait une note d’espoir sincère dans la voix de son meilleur ami et elle éveilla un peu plus la sienne. D’autant plus que ça devait forcément être le meilleur souvenir à essayer pour eux! Après tout, c’était le moment où ils avaient formé leur quatuor. Tout revenait à cette première rencontre dans la barque. Du moins, c’était ce qu’ils en avaient conclu et ce que Rose avait confirmé. D’ailleurs, cette dernière répondit :

- C’est cette partie-là de ta mémoire qui semble le plus te travailler. Et… c’est aussi à ce moment que nous sommes tous devenu amis. Peut-être pas des meilleurs amis, mais c’est là que tout a commencé. Et si quelque chose a de la signification pour chacun d’entre nous, c’est bien celle-là.

Elle leur présenta alors son collier avant de reprendre :

- Alli m’a montré à conserver des souvenirs dans un objet, un sortilège que lui avait confié sa mère. Elle m’a offert quelques souvenirs dans mon collier, mais en disant que je pouvais en ajouter. C’est ce que j’ai fait dans mes quelques moments de libre, ces derniers jours. Mais je crois qu’une représentation de la scène en plus du visionnement ferait encore plus d’effet!

Ils hochèrent tous deux de la tête, alors elle les enjoignit de se mettre en route. Elle semblait encore plus pressée qu’auparavant, car malgré la barque qui la suivait en lévitant, elle prenait quand même le risque de courir. Apparemment, ils n’auraient pas besoin de faire leur séance d’entraînement pour maintenir leur forme aujourd’hui!

Ce qui n’était pas plus mal, puisqu’il n’en avait aucune envie.

Déjà, c’était une obligation que donnait son frère à chaque membre de l’équipe de Quidditch. Depuis cette année. Il n’avait aucunement l’intention de perdre la Coupe pour sa dernière année et en un sens, c’était compréhensible. Sauf que ça ne changeait rien au fait qu’Albus ne ressentait que très peu le besoin d’obéir à son frère face aux démarches qu’il entreprenait. Il ne s’y plierait que s’il n’y avait aucune autre alternative.

Il ne se constata qu’ils étaient arrivés qu’au moment où Rose s’arrêta brutalement et qu’il passa à deux doigts de lui rentrer dedans. Il s’emmêla les pieds en essayant de s’arrêter et ce ne fut que par pur miracle qu’il ne s’écrasa pas par terre. Ou peut-être seulement parce que Scorp l’avait retenu par l’épaule, sans s’empêcher d’afficher un sourire moqueur. Albus poussa un léger grondement irrité à l’adresse de son meilleur ami avant de grommeler :

- Ne commente pas!

Ces simples mots attirèrent l’attention de sa cousine sur eux et elle fronça les sourcils. Il voyait bien qu’une question se formait sur ses lèvres, mais elle le connaissait suffisamment bien pour reconnaître les signes. Ceux qui démontraient qu’il n’avait aucune envie d’en parler. De toute manière, c’était complètement débile. Fait qui était confirmé par le ricanement discret de Scorpius. Il le foudroya du regard, mais son attention fut rapidement reportée sur sa meilleure amie de toujours.

- Bon… C’est maintenant que ça se passe! s’exclama-t-elle avec un grand sourire plein d’espoir. Voilà ce qu’on va faire. Je vais vous montrer mon souvenir de ce qui s’est passé à l’époque et après on peut essayer de refaire la scène! Étape par étape. Je vais vous montrer la première partie et une fois sur la barque on s’attaquera à la suivante.

Il hocha de la tête et son meilleur ami en fit de même, signifiant ainsi qu’ils avaient tous les deux compris ce qu’elle voulait faire. Ils s’approchèrent ensuite de sa cousine tandis que cette dernière retirait son collier d’autour de son cou. Elle le positionna ensuite entre eux trois. Là, elle appuya sur un engrenage quelconque et immédiatement une version miniature de ce qu’ils étaient en première année apparut à l’écran. Ils y étaient tous… Rose, Scorpius, lui… et Allison. Du moins, il soupçonnait que c’était elle, car malgré sa jeunesse elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la fille sur la photo.

Scorpius était un peu plus loin sur l’image, presque imperceptible. Pourtant, au moment où la voix d’Hagrid s’éleva pour dire qu’ils devaient tous se mettre en groupe de quatre pour embarquer dans les barques, son ami s’approcha du trio. Il reconnut immédiatement l’ancienne voix de Scorp lorsqu’il lâcha :

- Je peux me mettre avec vous?

La jeune Allison hocha de la tête et les deux autres se contentèrent de détourner la leur avant d’embarquer dans la barque sans un mot. Ils se tenaient tous deux avec raideur. Il se souvenait de ce moment, enfin… comment il s’était senti en voyant Scorpius embarquer avec eux. Il y avait eu un moment de malaise, d’incertitude et d’agacement.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Rose arrêta rapidement le souvenir au moment exact où ils étaient tous embarqués et les regarda droit dans les yeux. Elle conserva son médaillon dans sa main fermement et dit :

- Bon, alors, je vais faire Hagrid pour donner le signal à Scorp. Ensuite, lui, il va jouer son rôle. Je claquerai du doigt pour signaler le moment où Alli a hoché de la tête pour inviter Scorp à embarquer…

Ils acquiescèrent rapidement et se mirent en position. Pour le moment, ils n’avaient pas grand-chose à se remémorer pour ce qu’il se passait. Il n’avait pas de réplique à se souvenir dans son cas, alors tout devrait plutôt bien se passer. Il ne pouvait toutefois pas s’empêcher de ressentir un froid s’emparer de lui… car jusqu’ici… absolument rien ne lui disait quelque chose. C’était comme regarder une image pour la première fois. Même si quelques éléments pouvaient être familiers, rien ne changeait au résultat.

On ne l’avait jamais vu.

Il fit donc semblant de discuter avec Rose comme ils l’avaient tous vu dans le souvenir et assez rapidement, sa cousine éleva la voix pour annoncer :

- Mettez-vous en groupe de quatre et montez dans une barque.

Ils échangèrent ensuite un regard entendu, quoiqu’indécis. Ce fut à ce moment précis que le bruit des pas de Scorpius se fit entendre. Ils se tournèrent dans sa direction lorsqu’il prit la parole :

- Je peux me mettre avec vous?

Il possédait exactement la même incertitude et inquiétude qu’il avait eue à l’époque! Si c’était envisageable du côté sorcier, Scorp aurait peut-être pu faire un excellent acteur! Il eut l’impression que quelque chose bougeait en lui en entendant son meilleur ami refaire la scène d’à l’époque et à nouveau l’espoir reprit sa juste place en lui.

Rose claqua alors des doigts et il l’imita au moment de tendre les épaules pour embarquer dans la barque. Sans prononcer un mot ni ne regarder en direction de leur ami. Dès qu’ils furent en place, sa cousine jeta un sort à leur embarcation pour qu’elle entre dans l’eau d’elle-même.

- Voilà la suite, souffla-t-elle.

Ils purent ainsi observer les quatre élèves de première année qu’ils avaient été à l’époque se tenir aussi droits que des statues. Chacun d’entre eux évitait le regard des autres, sauf celui d’Allison. C’était d’ailleurs la seule qui semblait trouver la situation étrange, mais normale. Elle prit rapidement la parole en se tournant vers Scorpius :

- Tu t’appelles comment? Moi, c’est Allison Lévesque.

Ce à quoi l’intéressé répondit en la regardant dans les yeux :

- Je suis Scorpius Malefoy.

- Ravie de te rencontrer! affirma-t-elle en souriant.

Aucun des deux autres, donc ni lui ni Rose, ne prononça un mot. Ce qui sembla accabler Allison, car elle poussa un soupir assez bruyant et reprit alors que les barques se mettaient en mouvement :

- Est-ce que je peux savoir ce qu’il y a entre vous trois?

- Nos parents se détestent, enfin… se détestaient, lâcha son lui de première année.

- Mon père ne veut pas que je m’approche de lui, ajouta la Rose de l’époque.

- Le mien aussi, renchérit le jeune Scorpius.

- Vous écoutez toujours ce que vos parents vous demandent de faire? sembla s’étonner Allison.

Mais pourquoi? Enfin, il avait quelques idées des raisons, mais à l’époque il n’avait pas le recul nécessaire pour opposer des résistances aussi perceptibles à ce que lui demandaient ses parents. Surtout dans ce genre de scénario. Il ne semblait pas être le seul surpris par la question d’Allison, car ceux qu’ils étaient avant semblaient l’être tout autant. S’il devait se fier à leur air ahuri, en tout cas. Ce fut à ce moment que la Rose de l’époque s’écria :

- Bien sûr que oui! Pas toi?

Le visage d’Allison devint subitement beaucoup plus neutre, comme si elle se trouvait aux prises avec une intense réflexion. Qu’allait-elle dire? Ou faire? Il n’arrivait pas à le deviner, même s’il se doutait du résultat. Toujours était-il qu’il ne se sentait pas plus interpellé par cette partie du souvenir. Il poussa un soupir en voyant que Rose l’interrompait à nouveau.

- Vous vous souvenez de ce que vous avez dit? les interrogea-t-elle.

- À peu près, oui, affirma Scorp.

- Je n’ai qu’une phrase, alors oui, acquiesça-t-il.

- Pour les parties d’Allison, je vais remettre le souvenir, cette fois, ajouta sa cousine.

Et c’est ce qu’ils firent.

- Tu t’appelles comment? Moi, c’est Allison Lévesque, résonna la voix du souvenir.

- Je suis Scorpius Malefoy, répondit Scorp en regardant le point vide où aurait dû se trouver Allison dans cette reproduction de leur souvenir.

- Ravie de te rencontrer! s’enthousiasma la voix du souvenir.

Un soupir se fit entendre, alors qu’ils faisaient tous en sorte de ne pas se regarder. Il sentait pourtant une énergie différente émaner de son meilleur ami qui se trouvait en biais avec lui.

- Est-ce que je peux savoir ce qu’il y a entre vous trois? les interrogea la voix, au même moment leur barque se mit en mouvement, chevauchant les quelques vagues environnantes sans effort.

Il releva les yeux pour regarder le coin vide de la barque et lâcha :

- Nos parents se détestent, enfin… se détestaient.

Rose s’impliqua alors, regardant dans la même direction et dit d’un ton affirmé :

- Mon père ne veut pas que je m’approche de lui.

Ce à quoi Scorpius ajouta d’un ton similaire :

- Le mien aussi.

Il y eut une seconde de silence avant que la voix d’Allison s’approprie à nouveau le silence :

- Et vous écoutez toujours ce que vos parents vous demandent de faire?

Ils affichèrent immédiatement des airs surpris en dévisageant l’espace vide. Il ressentait un profond inconfort avec cette partie de la barque. Il ne saurait dire si c’était parce qu’il commençait à se souvenir… Il l’espérait. Oh, oui, il l’espérait!

- Bon alors, voilà pour cette avant-dernière partie, lâcha Rose. Vous avez des impressions?

Il secoua la tête et se tourna en direction de son meilleur ami. Ce dernier avait le regard trouble, les yeux rivés sur un point précis sans sembler remarquer quoi que ce soit. Il se massa un peu les temples et seulement à ce moment il lâcha :

- Je… je ne suis pas sûr. Mais… mais je crois que oui. Son… son visage. Il m’apparaît en clignotant. Chaque fois… il est un peu changé. Comme si… comme si elle vieillissait un peu plus à la nouvelle.

- Ne tardons pas, alors! s’enthousiasma sa cousine, des étincelles dans les yeux. Voilà la suite.

Elle remit son médaillon en marche et la voix d’Allison s’empara à nouveau de leur attention, ainsi que son image :

- Non. Ma mère m’a toujours demandé, ou plutôt ordonné, de ne pas monter dans les arbres et je le fais quand même. Il y a certaines choses pour lesquelles on doit effectivement les écouter. Tandis que d’autres… c’est à nous de prendre la décision. On est à l’école. On ne verra pas nos parents pendant de très, très longs mois. Pourquoi auraient-ils à choisir nos amis?

Un long silence s’étendit suite aux paroles de la jeune première année. Il put voir que chacun des trois autres semblait réfléchir sérieusement à la question, mais ça ne prit tout de même un assez long moment avant qu’aucun d’eux ne se décide à briser le silence. Ce fut Rose qui se manifesta en premier en disant :

- Tu as raison, Allison.

- Vous pouvez m’appeler Alli, si vous voulez, leur proposa Allison avec un grand sourire.

- Alors, je suis d’accord aussi, Alli! renchérit Scorpius avec un très léger sourire.

- Et moi donc! participa avec enthousiasme son lui du passé.

Un sourire immense et sincère éclaira le visage de la jeune Allison et les trois autres l’imitèrent avec la même intensité tout en échangeant des regards avec les autres autour d’eux, pour de vrai cette fois. Puis le souvenir commença à perdre de la clarté avant de tout bonnement disparaître.

- C’est la dernière partie, annonça Rose. Prêts?

Ils hochèrent rapidement de la tête, tous les deux très fébriles. C’était sa dernière chance… Il allait se souvenir, pas vrai? Forcément. Après tous ces efforts, il serait surement récompensé par quelque chose, n’est-ce pas? Ne serait-ce qu’un tout petit quelque chose! Même un seul souvenir lui plairait… Et un dans sa propre tête, pas quelque chose qu’il observerait en tant que témoin.

Sa cousine déclencha à nouveau le souvenir à partir du moment où ils étaient rendus et la voix maintenant familière d’Allison retentit :

- Non. Ma mère m’a toujours demandé, ou plutôt ordonné, de ne pas monter dans les arbres et je le fais quand même. Il y a certaines choses pour lesquelles on doit effectivement les écouter. Tandis que d’autres… c’est à nous de prendre la décision. On est à l’école. On ne verra pas nos parents pendant de très, très longs mois. Pourquoi auraient-ils à choisir nos amis?

Ils prirent tous les trois un air de profonde réflexion en se jetant de discrets coups d’œil. À quelques reprises son regard croisa celui de Scorp et il sembla percevoir quelque chose… dans ses yeux. Comme s’il creusait dans sa mémoire et que ce n’était pas que du vide qu’il trouvait. De la sueur s’empara lentement de son dos, des sueurs froides, plus particulièrement. Rapidement, elle prit place sur son front aussi et il sentit sa respiration se faire plus difficile. C’est à ce moment que, conformément à son elle antérieur, Rose admit :

- Tu as raison, Allison.

- Vous pouvez m’appeler Alli, si vous voulez.

- Alors, je suis… commença Scorp avec un énorme enthousiasme, mais il s’interrompit brutalement et referma les mains autour de sa tête en poussant un gémissement. Oh… Alli, souffla-t-il quelques secondes plus tard.

Ces simples mots suffirent à jeter un énorme froid dans son cœur. Il se figea et c’est à peine s’il prit en compte les mots que prononça Rose par la suite, ni même les effusions qui s’ensuivirent. Ils semblaient tous les deux très heureux de la fin de cette expérience, mais aussi triste par ce que tout cela signifiait. Du moins, c’était ce que les larmes semblaient signifier. Des larmes qui s’écoulaient autant des yeux de sa cousine que de ceux de son meilleur ami. Des larmes de joie, autant que de tristesse et de colère. Quant à lui, il restait là.

Immobile, le souffle coupé.

Il déglutit et serra la mâchoire pour retenir des paroles qu’il regretterait plus tard. Aucun de ses deux meilleurs amis ne fit attention à son mutisme ni même à son manque de réaction. Ils semblaient tellement en extase que Scorpius se souvienne qu’ils avaient oublié que cette expérience était censée aider à deux personnes de se souvenir.

Sauf qu’il ne se souvenait de rien du tout.

Il retint les larmes de rage qu’il sentait monter et fit en sorte de ne pas attirer l’attention. Pas que ce soit nécessaire, apparemment, parce qu’autant Rose que Scorp étaient beaucoup trop entravées par leurs émotions pour prêter attention à lui. Heureusement, sa cousine n’était pas complètement perdue dans son univers, car elle avait tout de même ensorcelé la barque pour retourner à la rive.

Elle était tellement certaine que son idée était une totale réussite…

Dès qu’ils atteignirent la terre ferme, il bondit hors de l’embarcation sans même prononcer un mot. Son mouvement brusque fut ce qui porta l’attention de ses deux amis sur lui et Rose s’exclama :

- Oh, Al! Est-ce que tu…

- Non.

Sa réponse était ferme, brutale. Il se moquait bien de ce que sa cousine en penserait. Il se moquait même de la blesser. Il avait plus que marre de cette situation qui lui menait la vie plus qu’infernale! En entendant deux bruits distincts de personne descendant de la barque en vitesse et se dirigeant vers lui, il gronda :

- Laissez-moi tranquille! Je n’ai pas besoin que vous en rajoutiez.

La dernière chose qu’il désirait, c’était bien de voir l’expression de Scorp! Avant qu’aucun des deux ne puisse répliquer quelque chose ou que lui-même ajoute des paroles qu’il allait encore plus regretter, il se mit à courir. De plus en plus vite et sans même songer à ralentir. Il sentait des litres et des litres de frustrations qui pesaient sans relâche contre ses paupières mi-closes.
Il n’éclaterait pas devant qui que ce soit.

Maintenant plus que jamais, il avait besoin d’être seul. Alors même qu’il croyait que c’était impossible, il sentit ses jambes le porter plus loin et encore plus vite. Son corps était parcouru de tremblements incontrôlables et il pouvait plus que bien sentir ses mains trembler. Comme il ne savait pas quoi faire d’autre, il accéléra. Il ignorait où il voulait se rendre, mais il faisait confiance à son instinct et à ses pieds pour le conduire à un endroit tranquille et loin de tous.

Il fut à peine surpris lorsqu’il déboula en haut de la tour d’Astronomie.

Il avança encore jusqu’à ce qu’il soit au bord complet. À ce moment précis, les larmes se mirent à dégringoler sur ses joues et il frappa violemment la rambarde en pierre de son poing. Des meurtrissures apparurent sur ses jointures, mais il frappa à nouveau. Et encore. Le sang se mit à apparaître, mais la douleur physique ne changeait rien à ce qui se passait en lui.

Un cri guttural et plein de rancœur s’échappa de ses cordes vocales alors qu’il frappait encore la rambarde. Pendant plusieurs minutes, il continua à frapper et à hurler. Hurler tout ce qui le grugeait de l’intérieur. Lorsqu’enfin il s’arrêta, il n’avait plus de voix et ses poings étaient complètement ensanglantés. Pourtant, le froid du début d’automne anesthésiait une partie de la douleur. Il regarda en contrebas et l’espace d’une seconde, il se demanda à quoi ressemblerait la chute.

Dans un état presque second, il passa les jambes par-dessus bord. Du moins, en partie. Il n’avait pas vraiment envie de se jeter dans le vide… il connaissait trop bien cette sensation et il ne la désirait plus. Il vivait avec depuis le début de cette sixième et détestable année à son endroit préféré en ce monde. Alors il se contenta de rester assis, les pieds au-dessus du vide et le regard parcourant toute la cour du château. Il ignorait depuis combien de temps il se trouvait là lorsqu’il entendit le bruit de la porte qui s’ouvrait, quelque part dans son dos. Il se figea instantanément. Croisant les doigts que ce ne soit pas un professeur, car il savait que trop bien qu’il n’avait pas le droit d’être ici. Toutefois, ce qu’il appréhendait le plus, c’était que ce soit quelqu’un d’autre. Comme Rose ou Scorpius. Les deux, peut-être. Sans doute. Peut-être était-ce même James? Ces trois-là possédaient le moyen de le trouver.

Au bout d’un moment, lorsque des pas (ceux d’une seule personne) se firent entendre en semblant s’approcher de lui, il ne put résister à la tentation. Il avait besoin de savoir qui c’était. Pour pouvoir demander d’être seul, poliment ou violemment, ou trouver une excuse pour sa présence en ces lieux interdits. Tout en veillant d’être bien solide, il se retourna. La surprise s’empara de ces traits en croisant un regard brun parfaitement reconnaissable. Ce n’était pas James. Ni même Rose, même si elles partageaient leur couleur d’yeux et de cheveux.

C’était Lily.

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- Et voilà les équipes de Gryffondor et Serpentard qui prennent place sur le terrain! déclara Phoebe Jordan d’un ton loin de l’enthousiasme habituel.

Et James ne pouvait que la comprendre. Peut-être que toute l’histoire avec le journal de Poudlard remontait à plusieurs jours, mais il n’arrivait pas à le retirer de son esprit. Ces insinuations monstrueuses concernant une quelconque histoire entre Ruby et lui? Certes, il semblerait que pour Phoebe et Arya ça soit la vérité, mais pas pour lui!

Contrairement à son habitude, il n’avait pas cherché à mettre en place un plan infaillible pour gagner le match. Ou pour encourager les troupes… Le simple fait de croiser le regard de son frère le rendait profondément mal à l’aise. Depuis que ce dernier avait eu une discussion bien particulière avec Lily, discussion dont aucun des deux n’était prêt à mentionner le contenu, il craignait le pire.
Tout en avançant vers le milieu du terrain où se trouvait l’arbitre, il écouta ce qu’annonçait Phoebe :

- Comme chaque année, on retrouve des changements dans les deux équipes, malgré que certaines têtes soient les mêmes. Du côté des Gryffondors, on retrouve à nouveau James Potter au poste d’Attrapeur et de capitaine. Le trio de Poursuiveurs n’a pas changé non plus avec Albus Potter, Rose Weasley et Chelsea McLaggen. Le dernier membre de l’équipe qui n’a pas été remplacé est Samuel Crivey au poste de Batteur. Nous avons donc deux nouvelles têtes, Louis Weasley en tant que nouveau Gardien et Sebastian McLaggen en tant que nouveau Batteur.

Elle prit une courte pause avant de poursuivre :

- Du côté de l’équipe de Serpentard, on retrouve quelques changements majeurs. En commençant par la nomination d’Arya Eastwood au poste de Capitaine, elle a aussi conservé son poste d’Attrapeur. En comptant la capitaine, il n’y a que deux joueurs qui proviennent de l’équipe originelle, Scorpius Malefoy au poste de Batteur et Ruby Shepherd au poste de Poursuiveuse. Les deux autres poursuiveurs sont Amy Derrick et Jade Greek. Pour le nouveau Batteur, on retrouve Joshua Flint et quant au nouveau Gardien il s’agit d’Alexander Park… d’Alexander Williams. Bonne chance à tous les nouveaux!

Il n’avait jamais connu une présentation des équipes aussi mornes… Il jeta un coup d’œil du côté des gradins où se trouvait Phoebe, mais la distance ne pouvait pas lui permettre de remarquer si elle était aussi pâle que lors du petit-déjeuner. Il poussa un soupir et regarda du côté d’Arya. Elle avait toujours arboré un air hautain et froid, mais là… elle ressemblait à un fantôme, si on exceptait ses yeux rouges. Une colère froide imprégnait ses traits malgré qu’il semblait évident qu’elle n’en menait pas large.
Le nouvel arbitre qui avait remplacé Madame Bibine leur demanda, aux deux capitaines, de se donner la main. Il s’approcha d’Arya et au moment de se serrer la main, il n’y mit pas la force qu’il y mettait l’année précédente. Il essaya tant bien que mal de montrer par sa simple poigne qu’il la soutenait et que Breeta Skeeter ne perdait rien pour attendre. L’espace d’une seconde, un mince sourire apparut sur le visage de la Serpentard avant qu’elle ne lui adresse un signe de tête. Il le lui retourna et ils reprirent chacun leur position initiale.

À aucun moment il ne tourna les yeux vers Ruby Shepherd.

Il lui avait rendu sa lettre quelques jours plus tôt et depuis il faisait tout son possible pour éviter d’avoir à la voir ou lui parler. Leur situation déjà précaire à l’époque ne s’était qu’envenimée et depuis l’histoire avec cette idiote de Skeeter c’était encore pire. La moitié de l’école pensait qu’il y avait quelque chose entre eux et l’autre moitié se doutait que c’était faux, mais ça ne signifiait pas qu’ils ne les agaçaient pas.

En entendant le signal pour décoller et se mettre en position, il y réagit d’instinct.

Mais ses pensées étaient ailleurs et il se doutait très bien que ce match risquait de tourner à la catastrophe. Il se secoua pour essayer de songer à tout sauf à ses sujets de préoccupation habituels. Là, il devait se donner complètement au Quidditch. Ce qui, normalement, devrait être simple puisqu’il avait toujours adoré jouer…

Sauf qu’Allison n’était pas là.

Et il aurait préféré qu’elle le soit, parce qu’il n’avait jamais eu aucune envie de voir Sebastian McLaggen dans son équipe. D’ailleurs, la sœur de ce dernier ne s’était pas montrée particulièrement friande de l’idée de jouer avec son frère jumeau. Malheureusement pour eux tous, il était un excellent joueur. Pas du même niveau qu’Allison, mais tout de même meilleur que tous les autres qui avaient essayé d’avoir le poste.

Le coup de sifflet qui retentit lui donna envie de se boucher les oreilles.

Ce ne fut qu’une seconde après tous les autres qu’il prit conscience de ce que ça signifiait. Tout en grommelant entre ses dents, il s’éleva haut dans les airs pour essayer d’obtenir une vue d’ensemble du terrain et pouvoir autant surveiller ce qui se passait pour son équipe qu’essayer de trouver le vif d’Or. Ce n’était qu’un match d’ouverture, de toute manière, alors l’idée d’amasser le plus de points possible n’importait pas.

Plus vite le match se terminerait, plus vite ils pourraient rencontrer les autres.

Normalement, ils devaient tous se rejoindre à la Salle sur Demande après le match pour discuter de leurs prochaines manœuvres pour ramener Allison. Par ailleurs, ce serait le moment pour chacun d’entre eux de rencontrer la fameuse cousine de leur amie. Autumn Parker. Il mourait d’impatience pour ce moment autant qu’il le redoutait. Quelque chose avec les informations que leur avait données la nouvelle élève le poussait à appréhender énormément la suite des choses. Ce qui n’était certainement pas un sentiment dont il avait besoin.

D’autant plus qu’il y avait plein d’autres choses qui se passaient en ce moment. Louis semblait accaparer par sa promesse de résoudre le problème d’Eleanor et Joshua, sans toutefois chercher à résoudre son propre problème. James avait bien essayé de le pousser à trancher, mais son cousin répétait sans relâche que ce n’était pas le plus important. Et oui, dans un sens il avait raison. Sauf qu’un jour il allait devoir se pencher sur la question, et le moins il tarderait, le mieux il s’en sortirait.

Un éclair doré passa devant ses yeux et le tira brusquement de ses pensées.

Éclair doré qui fut suivi de près par une Arya particulièrement empressée. Malgré son état mental quelque peu déconcentré, il ne perdit pas une seconde avant de se mettre à ses trousses en sachant que ce qu’il avait vu était le Vif d’Or. Une chance qu’il s’était dit qu’il devait se concentrer sur le match! Il prononça à nouveau quelques paroles particulièrement désagréables pour lui-même et se plaqua autant que possible sur son balai pour augmenter sa vitesse.

- Il semblerait que ce soit une journée éprouvante pour les deux équipes. Plusieurs joueurs semblent complètement ailleurs et nous offrent un spectacle très loin de ce qu’ils nous ont habitués à voir, annonça Phoebe. En ce moment, c’est une égalité avec dix points pour les deux équipes. Dans toute l’histoire, les pointages n’auront jamais été aussi bas après une heure de jeu.

Il grinça des dents à cette idée. Apparemment, ils étaient tous particulièrement mauvais aujourd’hui, ou sinon leurs équipes possédaient un niveau comparable. Mais même, jamais les scores n’avaient été aussi bas! Il tenta d’accélérer encore, mais sa concentration vola en éclat lorsque la voix de Phoebe résonna à nouveau, mais cette fois avec une touche d’inquiétude :

- Un Cognard vient d’atteindre Albus à l’épaule, lui faisant échapper le Souafle. Greek le récupère et fonce vers les buts de Gryffondor. Une passe à Sh…

Il oublia absolument tout à la seconde où il comprit que son frère venait d’être atteint et le temps de le repérer, il perdit le terrain qu’il avait gagné. Le soulagement l’envahit toutefois en voyant Rose, aidée par Samuel, retenait Albus pour ne pas qu’il tombe comme une pierre jusqu’en bas du terrain. Il s’apprêtait à tenter de rejoindre Arya lorsque Phoebe annonça :

- Eastwood a attrapé le Vif d’or. Et c’est Serpentard qui remporte avec cent soixante points contre dix pour Gryffondor!

Il pouvait désormais annoncer sans l’ombre d’un doute que c’était le pire match de Quidditch auquel il avait participé de toute sa vie. Et pourtant, il ne trouva même pas la force d’être en colère. Il descendit en piquer vers le sol, rejoignant rapidement ses camarades qui s’étaient tous rassemblés autour de son frère. Il réprima une grimace en apercevant le visage de son frère. Des cernes foncés étaient apparus sous ses yeux, son teint anormalement pâle des dernières semaines s’était accentué et il semblait tout près de perdre connaissance.

Il avait bien essayé de lui parler.

Et de le convaincre de ne pas participer au match aujourd’hui.

Malheureusement, comme tous les membres de sa famille son frère était très têtu et n’avait fait qu’ignorer toutes ses tentatives. Au point où James ne savait plus quoi faire. Alors il se contentait de le surveiller de loin, tout en sachant que si quelque chose était pour arriver, il ne serait jamais là à temps pour aider Al. Pour vraiment l’aider.

Il espérait simplement que le fait que son frère s’était rendu au sommet de la tour d’Astronomie plusieurs jours plus tôt n’était pas un indicatif de son mal-être. Il l’espérait vraiment.

- Comment il va? s’enquit-il en regardant Rose.

- Il faut l’amener à l’infirmerie.

Il hocha de la tête et d’un sort fit en sorte que son frère ne puisse pas bouger, évitant ainsi qu’il n’aggrave son cas. Il semblait avoir l’épaule disloquée… Il aurait sans doute pu faire quelque chose, mais sans les potions de Madame Pomfresh et d’Hannah, ça risquait d’être beaucoup trop douloureux pour aucune raison. Il l’entraîna donc avec lui, suivit rapidement par une partie de l’équipe de Gryffondor, ainsi qu’une partie de l’équipe de Serpentard.

En arrivant à l’infirmerie Madame Pomfresh eut un reniflement légèrement irrité ce qui l’agaça énormément, parce que la raison même pour laquelle elle était là, c’était pour soigner. Alors, pourquoi paraître aussi énervée par l’arrivée d’un patient? C’était injuste, il en avait conscience. Sauf qu’en ce moment il n’y avait plus grand-chose qui avait du sens dans son esprit.

- Toujours en train de se faire frapper par des Cognards, à ce que je vois, Mr Potter, grommela l’infirmière en chef de Poudlard.

Si Louis ne lui avait pas menti, c’était la dernière année de Madame Pomfresh. Cette information l’avait laissé quelque peu pantois lorsqu’il l’avait appris, car il avait toujours connu Madame Pomfresh à Poudlard, et elle était aussi là du temps de ses parents et grands-parents. Ce qui faisait d’elle quelqu’un de… très âgé. Sans doute autant que McGonagall.

Heureusement, il n’aurait jamais eu à voir le jour où le professeur McGonagall ne serait plus à l’école. Ça, ça lui aurait fait vraiment bizarre. Il retourna son attention sur son frère et ce n’est qu’à ce moment qu’il comprit que quelque chose clochait. Al n’avait jamais eu de blessures dues à un Cognard… pourquoi est-ce que l’infirmière prétendait le contraire?

Allison…

C’était forcément à cause d’Allison. Elle n’était plus là et c’était elle parmi eux tous qui avaient eu le plus de malchance avec les Cognards. Et comme forcément Madame Pomfresh ne se souvenait plus de la principale concernée, elle devait associer ces souvenirs avec toute personne dont elle était proche. Comme Rose et Albus. Il éloigna ces pensées de son esprit et se concentra sur ce que faisait l’infirmière.

Elle était justement en train de faire reposer Albus sur un lit et d’étirer son bras lorsqu’il remarqua quelque chose qui n’aurait jamais dû se retrouver sur le poignet de son frère. Un tatouage. Ça ressemblait énormément à une sorte de flamme ou quelque chose dans le même genre. Sans tenir compte de l’exclamation outrée de Madame Pomfresh, il saisit le poignet de son frère, le tordit légèrement pour mieux voir le dessin et gronda :

- C’est quoi ça!

Oh, Merlin! Le voilà qui commençait à parler comme Mamie Weasley! Même sa mère ne serait pas aussi offusquée par quelque chose d’aussi bénin qu’un tatouage… malgré le fait que normalement ils devaient être majeurs pour en avoir. Son frère se libéra aisément de sa prise avec un mouvement particulièrement brusque et s’énerva :

- Ça ne te regarde pas!

Malgré tout, il put voir une lueur dans le regard d’Al. Celle qui disait qu’il n’avait aucune idée ce qu’était ce tatouage sur son bras… mais qu’il en connaissait l’existence. Ce qui signifiait que ça faisait déjà un moment que c’était là! Il sentit la colère monter en lui avant que le désespoir la remplace. Son frère ne lui faisait pas confiance…

Il ne faisait plus confiance à personne, à vrai dire.

Il se détourna en grinçant des dents et c’est à ce moment qu’il croisa le regard de Shepherd. Il n’avait pas remarqué qu’elle avait suivi le mouvement, elle aussi. Pendant une seconde de trop, il l’observa avant de se détourner en ayant la mâchoire encore plus crispée qu’avant. Il ravala toutefois son ressentiment autant que possible et tenta de capter le regard de tout le monde. Dès qu’il eut leur attention, il lâcha :

- On se revoit plus tard.

Puis il mima le mot « midi » avec sa bouche et tous les autres hochèrent de la tête avant de partir. Il jeta un coup d’œil aux deux seules personnes qui étaient restées et il songea qu’Al aimerait sans doute mieux que ce soit eux qui restent plutôt que lui. Après tout Rose et Scorpius étaient ses meilleurs amis…

- Partez, cracha pourtant son cadet.

Et il les regardait tous les trois. De biais. Apparemment, il n’avait aucune envie de les regarder en face. Mais pourquoi? Si seulement Lily voulait bien lui dire de quoi ils avaient parlé, là-haut, sur la tour! Pourtant, il savait ce que signifiait le ton que son frère avait pris. Ce n’était pas une demande qui pouvait se refuser. S’il ne s’en allait pas, Al lui en voudrait.

Et ils étaient connus pour garder rancune longtemps…

Et malgré que son frère puisse se montrer moins rancunier que lui, ça ne signifiait pas qu’il ne l’était pas. Bien au contraire. Il poussa un soupir, mais haussa des épaules finalement en disant :

- Très bien, je m’en vais. Mais on se revoit tantôt.

Il mit autant que possible l’intonation du « si tu ne te pointes pas, je vais te ramener par la peau du cou peu importe ce que je dois faire pour y arriver » dans sa dernière phrase et comme son frère hochait de la tête, il tourna les talons. Sa cousine et le Serpentard le suivirent de près et la première lâcha dès qu’ils furent à l’extérieur de l’infirmerie :

- Il commence à vraiment m’inquiéter…

- Moi aussi, admit-il. Mais je ne peux rien faire s’il me repousse.

D’accord, c’était un mensonge. C’était en partie de sa faute si son frère ne voyait pas en lui quelqu’un de confiance. Ils n’avaient jamais vraiment réussi à établir un lien… aussi soudé que ce qu’ils pouvaient tous les deux avoir avec Lily. Malgré tout, il serait toujours là pour Albus et il savait que l’inverse était vrai. Ceci dit, leur relation ne rendait pas les confidences possibles. Ça n’avait jamais été leur fort, et il se doutait bien que ça ne le serait jamais.

- Il a coupé tous contacts avec nous aussi, soupira Scorpius. Depuis… depuis que je me suis souvenu.

- Sans dire pourquoi, ajouta sa cousine.

- Tu t’attends à quoi de la part d’Al, exactement? marmonna-t-il. Il n’a pas non plus été très explicite en début d’année dernière… avec Allison.

Ils poussèrent tous les trois un profond soupir, mais comme il ne restait qu’une heure avant leur rendez-vous à la Salle sur Demande ils se séparèrent. Chacun d’eux avait des choses à faire avant ce moment-là. Pour sa part, il devait faire un arrêt en cuisine pour prélever de la nourriture pour tout le monde qui se pointerait. Il ignorait exactement la durée qu’aurait cette réunion, mais il se doutait qu’elle risquait d’être l’une des plus longues.

Il n’était pas certain du nombre de personne qui viendrait, d’ailleurs.

Tous ceux qui étaient déjà venus, très certainement. Malgré tout dans les derniers jours, Joshua avait pris la décision qu’il préférait rester dans l’action, mais qu’il prendrait ses cousines avec lui. Louis… s’était retrouvé pieds et poings liés à cause d’Eleanor qui s’était montrée de plus en plus suspicieuse. Ainsi, pour ne pas arranger les choses, elle risquait de se pointer à un moment ou à un autre. Sans doute que le moment idéal serait aujourd’hui, après tout, avec cette Autumn Parker, ils allaient sans doute devoir reprendre toute l’histoire depuis le début et pas seulement l’histoire de cette année, mais aussi celle d’avant.

Et malheureusement, ça, ça impliquait qu’il prenne les devants.

Parce qu’autant que Louis se fût montré aussi essentiel à leur groupe qu’il l’avait été par le passé, dans le cas des quatre Cavaliers, il n’avait pas été présent l’année d’avant. Et loin de lui l’idée de laisser ça à sa cousine ou à Scorpius, même s’ils étaient au centre de toute cette histoire en étant les meilleurs amis d’Allison. Quant à Al…

C’était le seul d’entre eux qui ne se rappelait de rien.

Si on exceptait Eleanor, sauf que comme elle n’avait jamais été proche d’Allison d’une manière ou d’une autre, ce n’était pas essentiel qu’elle s’en souvienne. Dès qu’ils la ramèneraient, les souvenirs des autres seraient forcément de retour, pas vrai? L’unique inconvénient à tout ça, c’était qu’il était persuadé que pour arriver à ramener leur amie, ils auraient besoin d’un Albus avec tous ses souvenirs. Déjà, parce qu’en ce moment il n’était pas d’une grande aide à tous les tenir à distance et qu’ensuite… son instinct lui criait que c’était essentiel.

- Mais ne serait-ce pas le fameux James Potter! s’écria une voix qui fit hérisser tous les poils de sa nuque et de ses bras.
Breeta Skeeter.

Un grondement monta dans sa gorge lorsqu’il se retourna pour faire face à la blonde. Ses longs cheveux blonds bouclés aussi pâles que ceux de Scorpius étaient remontés en une sorte de chignon sur sa tête, dévoilant ainsi très bien son cou. Contrairement à la majorité des professeurs de sexe féminin de l’école, elle ne s’empêchait pas de porter des décolletés assez proéminents. L’espace ainsi libre de tout tissu permettait d’obtenir une vue dégagée sur le collier qu’elle portait. Il était composé de sept pierres mordorées, malgré que la couleur prédominante fût le jaune doré. Elle portait une robe sorcière d’un rouge capiteux qui tranchait énormément avec tout le reste de sa personne, que ce soit ses cheveux ou sa peau.

- Vous vouliez me voir? s’enquit-il.

Si ça n’avait pas été qu’il devait impérativement rejoindre tous les autres dans une heure, il ne serait pas montré aussi poli et n’aurait certainement pas usé de vouvoiement pour s’adresser à cette vipère. Elle lui adressa un énorme sourire qui lui donna envie de vomir et lui donna une tape sur l’épaule qui se voulait surement amicale, mais qui ne fit qu’accroître son mal de cœur. Et puis, maintenant, il allait devoir nettoyer ses vêtements pour se débarrasser de toute trace qu’elle aurait pu laisser!

- Ça fait des jours que je cherche à te mettre la main dessus! affirma-t-elle.

Heureusement pour moi, j’étais très occupé, songea-t-il. Déjà, ça ne faisait que trois jours que le frère d’Allison était revenu parmi eux. Et donc trois jours qu’ils savaient qu’il ne pouvait rien leur apprendre de plus sur ce qui attaquait les élèves, à part le fait que c’était rapide. Toujours impossible de savoir si c’était une personne ou une créature.

- Et à quel sujet? la relança-t-il, désireux d’en finir avec cette conversation aussi rapidement que possible.

- Mais pour cette histoire avec la jeune Ruby Shepherd, bien sûr!

Il se rembrunit presque aussitôt.

- Je n’ai rien à dire.

- Oh, mais je suis sûre du contraire! Dis-moi tout, tu n’as pas besoin d’être timide!

- Ce n’est pas dans mes habitudes… Et je n’ai vraiment rien à dire.

- Allons, allons! Tu n’as pas besoin de garder tout pour toi, Mr Potter. Nous savons tous les deux que cette histoire renferme beaucoup plus…

- Il n’y a rien entre Shepherd et moi, Mademoiselle Skeeter, gronda-t-il.

La seconde suivante, il lui adressait un signe de tête et sans autre forme de procès se fondit dans le passage secret juste à côté de lui. Il en remercia d’ailleurs Merlin et Morgane un nombre incalculable de fois pour avoir fait en sorte que cette idiote l’interpelle alors qu’il possédait une sortie de secours. Malheureusement, il craignait que sa sortie pour le moins… cavalière ne lui attire des ennuis. Après tout, cette Skeeter n’avait certainement pas fini d’écrire dans ce torchon qu’elle appelait un journal. Dommage que Spock soit propre et presque adulte, parce qu’il aurait volontiers conservé les journaux pour lui servir d’entraînement.

Il espérait seulement que si Skeeter écrivait quelque chose qu’elle garderait Shepherd en dehors de tout ça. Malheureusement, il avait de gros doutes à ce sujet. Ils risquaient à nouveau de faire la une et l’ennui le plus particulier avec tout ça, c’était que la Serpentard risquait de lui en tenir rigueur. Tout ce qu’il voulait, c’était d’avoir la paix et ne plus jamais avoir à lui adresser la parole. Jamais. Elle était allée trop loin l’autre jour. Beaucoup trop loin.

Ses poings se fermèrent d’eux-mêmes alors qu’il avalait les mètres tout en songeant à cet... élément. À l’élément que Shepherd avait remis sur le tapis alors même qu’il venait tout juste de s’en rappeler. Il se souvenait encore que trop bien de la sensation de son panache s’enfonçant dans la chair… Ou des sortilèges qui volaient partout autour de lui, des corps immobiles pour toujours qui trônaient par terre, des cris de souffrance autant que de rage… La mort de Berkeley et la Bataille de Poudlard. C’était des souvenirs qu’il n’arriverait jamais à oublier.

Il secoua fortement la tête tout en continuant sa route.

Ce n’était ni le lieu ni le moment pour y repenser. Écartant ainsi ces pensées de son esprit, il poursuivit son chemin en accélérant le rythme et ne tarda pas à arriver aux cuisines. Il remplit autant que possible de nourriture l’un de ses nombreux sacs où il rangeait tout et n’importe quoi, à l’exception que celui-là ne servait qu’à trimballer à manger, puis dès qu’il fut rempli suffisamment, il repartit. Sans oublier de remercier les elfes de maison pour leur aide et de promettre de leur rendre visite très bientôt.

Il lui arrivait assez souvent de venir discuter avec les elfes de maison pour le simple plaisir d’avoir des discussions saugrenues. Et qui ne faisait pas le moindre sens pour lui. Pourtant, il adorait ça et ça l’amusait beaucoup. Alors chaque fois qu’il venait subtiliser de la nourriture, il prenait la peine de discuter avec eux et parfois, il les visitait pour le simple plaisir d’entretenir une discussion. Ceux-ci semblaient d’humeur particulièrement bavarde, cette fois-ci, car certains passèrent à deux doigts de le suivre à l’extérieur.

Comme il l’escomptait, il fut le premier à arriver à la Salle sur Demande et grâce à un coup de pouce de cette dernière, il fit apparaître une grande table et vingt chaises. Évidemment, la table ne servirait qu’à y déposer la nourriture et c’est ce qu’il fit aussi rapidement que possible. Quant aux chaises, c’était au cas où la discussion s’avérait plus longue que prévu et qu’ils désiraient être plus confortables.

Il était en train de disposer la dernière chaise pour former l’immense demi-cercle qu’il avait bâti lorsque la première personne débarqua dans la Salle sur Demande. D’un regard, il fut rassuré de constater qu’il ne s’agissait que de ses trois compatriotes habituels. Il eut un mince sourire à leur intention avant de s’écrouler sur une chaise et de regarder le plafond, tout en prêtant l’attention pour toute personne qui pénétrait dans la pièce. Chaque fois que ça se produisit, il lâcha :

- Vous pouvez vous servir à manger à la table!

Après quoi, il écoutait le bruit de leurs pas qui s’y rendaient avant de s’arrêter puis de reprendre, mais dans sa direction cette fois. Au bout d’un moment, il se redressa et put constater que tout le monde était arrivé, y compris son frère. Et qu’il y avait bel et bien quatre nouvelles têtes à leur groupe qui comptait ainsi vingt personnes désormais, en comptant lui-même. Il poussa un léger soupir en constatant que personne ne semblait prêt à prendre la parole, ce qui ne signifiait qu’une chose : c’était à lui de le faire. Il quitta donc sa chaise et fit en sorte de faire face à tout le monde en déclarant :

- Tout d’abord, j’aimerais souhaiter la bienvenue aux quatre personnes qui se sont jointes à nous aujourd’hui. Eleanor, Autumn, apprenti Lion, apprenti Aigle… Bienvenue. Déjà, ça serait bien que vous sachiez que l’on se rassemble tous dans un but unique : faire revenir l’une de nos amies qui s’est perdue quelque part dans le temps. Allison Lévesque ou Allison Williams, peu importe le nom de famille, il s’agit de la même personne. Pour ceux qui ont perdu la mémoire ou qui n’étaient pas là, je vais faire un résumé de toute l’histoire en commençant par le début. Le tout début.

Il narra ainsi toutes les aventures d’Allison du plus loin qu’il pût se souvenir. De toutes les choses qui lui étaient arrivées en première année jusqu’à sa cinquième, puis ce qu’il suspectait qu’il s’était produit au début de sa sixième. Après quoi, il mentionna la perte de mémoire dont ils avaient tous souffert et dont certains souffraient toujours ainsi que tout ce qu’ils avaient fait et découvert depuis le début de cette histoire. Ce fut long, très long, beaucoup, mais vraiment beaucoup plus long qu’il ne l’avait cru. Quelque part dans sa longue narration il présenta Alexander comme étant le frère d’Allison, particulièrement pour qu’Autumn puisse le savoir.

Il conclut toute l’histoire en mentionnant la raison pour laquelle ils se réunissaient tous. Ou plutôt les raisons, même si la principale restait Allison. De toute manière, ils semblaient aussi près de résoudre autant l’un des mystères que l’autre. Puisque s’ils avaient des indices, ils ne les comprenaient pas ou qu’ils n’en avaient tout simplement aucun.

Avant d’officiellement fermer son clapet après tout ce temps de parole, il s’enquit :

- Quelqu’un a des questions?

Il aperçut rapidement la main de Mae Aylin s’élever et il haussa un sourcil dans sa direction :

- On peut aller aux toilettes?

Il leva les yeux au ciel en apercevant le sourire narquois de la jeune Gryffondor. Oh, merveilleux. Maintenant il se retrouvait avec une autre fille qui se moquait de lui! Comme s’il en avait besoin! Il ferma les yeux un instant et lorsqu’il les rouvrit, il pointa une direction au fond de la pièce et avec un sourire moqueur il répondit :

- Au fond, apprenti Lion!

- Ce n’était pas pour moi, assura la première année. C’est pour Jo-Josh. Il arrête pas de se trémousser!

Il dut se mordre les lèvres pour ne pas éclater de rire en voyant le visage de Joshua tourner au rouge écarlate. Mais la jeune fille n’avait pas tort concernant son cousin, ce dernier avait effectivement passé son temps à se trémousser sur sa chaise, et notamment à taper du pied. Sans doute était-ce dû à l’inquiétude d’avoir embarqué ses cousines dans une histoire tout particulièrement illégale par certains aspects.

Malheureusement pour le Serpentard, il fut à peu près le seul à faire preuve de retenue, car tous les autres éclatèrent de rire. À une exception près, son frère. Ce dernier ne semblait pas du tout avoir envie de rire ou même de sourire. Il s’était mis le plus à l’écart possible des autres et se contentait de rester là, droit et immobile. On aurait presque pu le confondre avec une statue.

- D’autres questions? lâcha-t-il dans l’espoir de ramener l’ordre.

Ce qui fonctionna, heureusement. Cette fois, ce fut à Eleanor de prendre la parole :

- Comment avez-vous fait pour vous souvenir?

- Principalement avec le hasard… On a tous eu des éléments déclencheurs différents, répondit Rose, ce qui lui offrit le moment de répit nécessaire pour aller se chercher un verre d’eau qu’il cala en une gorgée.

- Qui avait tous un lien avec un souvenir particulier que nous avions avec elle, ajouta Scorpius.

- Alors il me sera presque impossible de retrouver la mémoire, pas vrai? ajouta la Serdaigle.

- Il y a des chances, oui, reprit-il. Mais en passant du temps avec nous, peut-être que ça te reviendra. De toute façon, toute l’aide est la bienvenue, que l’on se souvienne ou non.

- Moi, je ne peux pas me souvenir, je ne l’ai jamais connu, argua Mae avec une légère touche de provocation.

- Mais ce n’est pas comme si on pouvait être d’une grande aide, continua sa sœur jumelle, Amy.

- Je n’en serais pas aussi sûr, rétorqua Louis avec un grand sourire. Vous possédez toutes les deux des oreilles et une bouche, pas vrai?

Les deux jumelles acquiescèrent en même temps et le sourire de son cousin s’élargit quand il poursuivit :

- Dans ce cas, gardez vos oreilles ouvertes et si vous entendez la moindre information susceptible d’être pertinente, venez le dire à l’un d’entre nous. D’ailleurs, à ce propos…

Le regard de Louis se posa sur lui et James acquiesça doucement de la tête. C’était le moment de passer à la prochaine étape. Il inspira longuement pour se donner la force de continuer et regretta amèrement d’avoir déjà fini son eau. À mi-voix, il le remplit d’un « Aguamenti » et après avoir pris une longue gorgée, il déclara :

- Normalement, on ne passe pas autant de temps à se narrer les évènements passés. Là, c’était important pour que tout le monde soit sur un pied d’égalité, mais les prochaines fois, nos rencontres seront beaucoup plus courtes. Bref, en temps normal, on commence nos réunions en cherchant à savoir s’il y a du nouveau. Louis, tu semblais avoir quelque chose à dire?

- C’est à propos de Skeeter et de sa manie d’écouter tout ce que l’on dit. J’ai trouvé un moyen de l’empêcher de nous épier, et ce, en tout temps.

Un intérêt immense s’empara de lui et de toutes les personnes dans la pièce qui se penchèrent avidement vers lui. Aucun d’eux n’avait une envie particulière de toujours devoir s’isoler quelque part pour avoir des conversations privées et encore moins de devoir utiliser un sortilège désagréable pour se faire. D’un mouvement de la main, il enjoignit son cousin à leur faire part de sa découverte.

- Depuis notre dernière rencontre, j’ai réussi à déterminer ce qu’utilisait Skeeter pour épier les gens, commença Louis. C’est un mélange de magie et de technologie moldue. Avec ça et le sort que Rose m’a fourni en provenance d’Autumn, ici présente, je suis parvenue à créer un dispositif qui s’attache sur nos vêtements. Discrets, mais efficace. Il brouillera tout ce que l’on dit pour le rendre complètement incompréhensible. Bon, c’est sûr que je ne peux pas être certain à cent pour cent qu’elle ne réussira pas à déjouer tout ça à un moment ou un autre…

- Dans ce cas, toute information cruciale ne devra qu’être donnée ici. Et on peut toujours utiliser un système similaire à l’Armée de Dumbledore pour communiquer nos rencontres, lâcha-t-il, interrompant à moitié son cousin.

Ce dernier ne sembla pas vraiment lui en vouloir, car il lui adressa un hochement de tête affirmatif. Louis se leva à ce moment et expliqua sommairement comment fonctionnait le dispositif qui ressemblait en tout point à une broche. Le système de la broche en question s’actionnait à partir du moment où elle entrait en contact avec le tissu, donc dès qu’elle était attachée. Elle empêchait toute parole d’être enregistrée par le système de surveillance de Skeeter en produisant un son semblable au sortilège d’Autumn, mais sans être dérangeant pour leurs oreilles, le bourdonnement n’affectait que le système d’écoute.

Dès qu’il eut tout expliqué en détail, son cousin fit le tour de leur groupe pour donner une broche à chacun d’entre eux. Dès que James l’eut en main, il l’agrafa à son uniforme. Au moins, voilà une chose de réglée, songea-t-il avec soulagement. Maintenant, il restait l’autre sujet qui le tiraillait depuis l’infirmerie. Son frère. Il attendit néanmoins que Louis fût rassis avant de tourner son regard en direction d’Al. À ce moment-là, toutefois, il prit à nouveau la parole tout en portant son attention sur son petit frère :

- Normalement, je demanderais si quelqu’un d’autre à du nouveau, mais j’ai moi-même des interrogations à clarifier qui sont peut-être liées à l’affaire présente. Al, montre-nous ce stupide tatouage que tu as sur le bras et tu es mieux de dire depuis quand il est là et pourquoi il y est!

Albus le fusilla du regard, mais s’exécuta néanmoins. Il s’avança jusqu’à être à son niveau et leva le bras assez haut pour que tout le monde puisse le voir. Là, il grommela :

- Je l’ai depuis environ une semaine. J’ai perdu connaissance quelques instants et après… c’était sur mon poignet. J’ignore ce que c’est ni pourquoi c’est là. Alors j’en ai pas parlé.

- UNE SEMAINE! s’énerva James en attrapant son frère par les épaules.

Un toussotement discret le ramena brusquement à la réalité actuelle, soit le fait qu’ils n’étaient pas seuls dans la pièce et dès que l’attention se tourna vers elle, Autumn Parker annonça :

- Avant que vous vous lanciez dans une dispute, vous seriez peut-être intéressé à savoir que…

- Que quoi? marmonna-t-il, manquant énormément de patience dans l’instant présent.

- J’ai la même marque sur le poignet, se contenta d’ajouter la seule Poufsouffle du groupe.

Sur ces mots, elle releva la manche de son uniforme pour leur montrer qu’une flamme identique à celle d’Albus mangeait la peau de son poignet. Le même bras, d’ailleurs. Il sentit tout son sang lui quitter le visage et il dut se retenir aux épaules à son frère pour ne pas chanceler.

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Donc, donc, donc... Voilà le chapitre 16 qui se termine! Qu'en pensez-vous? Avez-vous des hypothèses concernant ces étranges tatouages? Et que s'est-il passé en haut de la tour d'Astronomie? Est-ce que Rebecca va un jour laisser Al tranquille? (on aimerait, mais il ne faut pas trop en demander à Rebecca :lol: ) En tout cas, ne vous gênez pas pour commenter ou voter (c'est anonyme!). Dans tous les cas, on se retrouve le 8 mars pour le bonus et peut-être le 15 (ou probablement le 22) pour le chapitre 17! Chapitre qui marquera d'ailleurs que la moitié de la fanfic a été complétée! :shock: Et évidemment, on y retrouvera Alli... et Josh si vous vous rappelez bien de la fin du chapitre 15! :mrgreen: Sur ce, à bientôt!

P.S: Je tenais à savoir... Où préférez-vous lire des fanfics? Ici ou sur Wattpad? Comme j'ai le tome 1 en intégralité sur Wattpad aussi, je me demande si je dois donner accès au tome 2 là-bas aussi... Des avis sur la question?


Une nouvelle réalité
Une nouvelle menace
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