Showtime [Harry Potter]

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Merirosvo

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Showtime [Harry Potter]

Message par Merirosvo »

Bonjour, je viens poser ma pierre à l'édifice des fanfictions avec une histoire en trois parties. L'histoire prend place en cinquième année de Harry mais Sirius est déjà décédé (oui, c'est une "petite" modification de ma part).

Je serais ravie de savoir ce que vous pensez de cette histoire, ce qui vous plaît et ce qui vous déplaît. Je vous souhaite une excellente lecture.

[*]


Showtime — Partie I


La première fois que cela lui arriva, Harry ne comprit pas. Ce fut comme si sa vue lui avait été retirée, remplacée par d'impénétrables ténèbres. Il perdit, avec la vue, ses souvenirs, sa conscience même d'exister. Il ne sut plus qui il était, qu'il existait, qu'un être au nom d'Harry Potter existait. Seul le noir comptait, seule la noirceur valait la peine d'exister.

Et puis, comme si quelqu'un avait rallumé la lumière, il vit la pièce dans laquelle il se trouvait reprendre des couleurs. La vue lui revint, ses souvenirs avec. Harry Potter existait. Et il se souvint que c'était lui.

Il vit des visages autour de lui, inquiets. Il entendit vaguement son prénom être appelé. Enfin, il vit McGonagall se pencher vers lui. Elle semblait parler, mais Harry n'entendit pas ce qu'elle disait. Son corps était froid et vide. Comme si les ténèbres qui lui avaient volé sa conscience l'espace d'un instant lui manquaient à présent.

Le reste du cours fut annulé, et on l'emmena à l'infirmerie. Pas un mot ne sortit de sa bouche. Il n'avait pas la force de parler.

[*]


-Si tu as besoin de quoi que ce soit...
-Oui, je sais, je te remercie, Ron.

Ron acquiesça, le regarda un moment puis ferma la porte derrière lui. L'incident avait eu lieu quelques jours plus tôt, et Ron et Hermione insistaient pour qu'il se couche plus tôt. Il les comprenait, puisqu'il avait expliqué qu'il avait été pris d'un malaise. Il avait tu ce qui s'était produit, les ténèbres qui l'avaient consumé, la perte de tous repères, l'appel de la noirceur... La honte et la peur l'empêchaient de parler.

Comment expliquer cette chose qui lui avait paru si intime, qui l'avait atteint si profondément ? Dire ce qui s'était passé, c'était comme se mettre à nu, enlever chaque couche de sa carapace et de ses vêtements et laisser ses amis, ses ennemis, n'importe qui le connaître mieux qu'il se connaissait lui-même.

Harry inspira et ferma les yeux, alors qu'il tentait de contrôler le flot de ses pensées. Tout allait bien, tout irait bien, pensait-il avec aplomb, allongé sur son lit. Mais cet aplomb ne dura pas, écorché minute après minute. Le noir revenait à l'intérieur de son corps, de son esprit. Il se sentait quitter son enveloppe charnelle, happé par le tourbillon de souvenirs qui ne lui appartenait pas.

À cet instant, il perdit la conscience d'être Harry et gagna celle d'être Lord Voldemort. Il revit les murs de sa chambre à l'orphelinat, froids et vides. Il aperçut les visages de ses camarades orphelins, il ressentit le mépris qu'il avait à leur égard. Il sentit la froideur de la peau du serpent qui glissait contre sa paume. Il vit les visages des mangemorts qui lui prêtaient allégeance. Son propre père moldu gisait à ses pieds, tué par ses mains de sorcier et il apprécia la satisfaction d'avoir tué son géniteur.

Les souvenirs se succédèrent, un à un, lui montrant sa vie, les actes qu'il avait commis, les émotions qui l'avaient soumis, son accession à un être parfait, au corps décharné mais à la puissance illimitée.

Le corps d'Harry s'arqua alors que ses yeux s'écarquillaient et que sa bouche s'ouvrait dans un cri silencieux. Il resta ainsi pendant de longues minutes, l'esprit égaré. Peu à peu, celui-ci se remit en place et Harry regagna son corps. Son corps, c'était son corps. Il n'avait pas vécu les souvenirs qu'il venait de voir, tenta-t-il de se rappeler.

Il se leva soudain et courut jusqu'à la salle de bains. Il l'atteignit en quelques foulées, comme pourchassé. Il ouvrit la porte et la referma brusquement derrière lui. Il posa ses mains violemment sur l'évier du robinet et, la tête baissée, il se mit à respirer fortement. Les souvenirs continuaient de peupler son esprit, de brouiller sa vue, ses sens. Il saisit plus fermement encore les rebords du robinet pour mieux s'ancrer dans la réalité.

Sa respiration se fit plus lente, se forçant à prendre des inspirations et des expirations plus longues, plus profondes. Lorsqu'il sentit sa respiration plus maîtrisée, il leva lentement la tête. L'image que lui renvoya le miroir mit un instant à être comprise par son esprit. Mais, lorsque son cerveau enregistra ce qu'il voyait, sa bouche s'ouvrit dans un cri silencieux.

Ses yeux étaient rouge carmin, aussi rouge que le sang qui coulait de ses pupilles.

[*]


Chaque instant lui sembla devenir un combat. Ce fut comme si le Lord était présent dans chacun de ses pas, chacune de ses pensées, chacune de ses actions. Il prit peur que ses yeux changent de couleur, qu'ils montrent l'étendue de la possession du mage sur son esprit.

Harry se mit à appréhender la proximité. Assis dans la Grande Salle, il se hâtait d'engouffrer son petit-déjeuner. Il entendit des bruits de pas qui se rapprochaient, puis vit Hermione s'installer à ses côtés.

-Tu es bien matinal, Harry.

Il ne pouvait décemment pas lui dire qu'il cherchait à les éviter, elle et Ron. Il ne pouvait plus non plus lui dire qu'il avait du mal à faire de vraies nuits, sinon elle lui ferait part de son inquiétude. Et il ne voulait pas parler. Parler était devenu trop difficile.

-Je me suis levé tôt, j'ai un devoir de potions à finir.

Ce qui était vrai mais, à la base, il n'avait eu nullement l'intention de le terminer.

-On doit le rendre cet après-midi et tu ne l'as pas encore fini ?

Il prit un air désolé. Hermione soupira.

-Bon, très bien, je vais t'aider.

Il sortit son parchemin et Hermione lut ce qu'il avait déjà écrit. Elle l'aida à finir, l'empêchant de quitter la Grande Salle aussi vite qu'il l'aurait voulu pour mieux se protéger dans la solitude.

Pendant un instant, il lui sembla qu'il n'était qu'un élève lambda secouru par son amie pour terminer son devoir dans les délais. Et puis, il se rappela que, même avant de devenir prisonnier des ténèbres, il était déjà Harry Potter et qu'il n'avait jamais été un élève lambda.

[*]


Cette année, de nombreuses choses échappaient à la compréhension de Harry. L'une d'entre elles était l'absence de Dumbledore à ses côtés. Durant les quatre années précédentes, Harry s'était habitué à la présence de Dumbledore, à son soutien, à ce regard malicieux qui le suivait. Cette présence avait toujours constitué un rempart inébranlable, une constante rassurante.

Mais dans cette tempête identitaire à laquelle Harry faisait face, il n'y avait plus de Dumbledore. Sa présence s'était effacée. Ce repère indispensable n'était plus.

-Dumbledore ! Dumbledore !

Il lui semblait crier son nom encore et encore et en vain. Dumbledore ne lui avait rien dit depuis le début de la rentrée, pas un mot, pas un regard. Cette nuit-là, dans ses songes, Harry se voyait tendre le bras, la paume grande ouverte. Ses yeux imploraient l'aide de cet homme qu'il estimait. Que ferait-il si Dumbledore disparaissait de sa vie ?

Mais son visage se tordit soudain en une grimace. Harry hoqueta. Dumbledore semblait déçu.

-Pourquoi êtes-vous déçu de moi, Professeur ? Dites-moi ce qu'il faut que je fasse. Dites-moi ce que vous voulez que je fasse et je le ferai.

Mais le Directeur ne fit que secouer la tête.

-Je te le laisse.

Harry ne comprit pas.

-Professeur ?

Des bruits de pas se firent entendre. Une silhouette apparut, élancée, enveloppée d'une longue robe noire. Sa baguette à la main, l'homme avançait d'une démarche assurée. Harry tomba dans un regard carmin, cruel.

-Je te le laisse, Tom.

-Professeur ! cria Harry.

Dumbledore lui tourna le dos et s'enfonça dans les ténèbres.

-Professeur, non ! Dumbledore ! Dumbledore !

Il n'était déjà plus là. Mais Voldemort l'était. Il se rapprocha de lui. Harry le regarda, terrifié.

-Enfin, susurra le Lord.

Ce fut à cet instant que Harry se réveilla. Le corps moite, en sueur, il mit plusieurs minutes à comprendre où il était et pourquoi Lord Voldemort ne se trouvait pas devant lui. En relevant la tête, son corps se figea. Ses camarades se tenaient tous autour de son lit, autour de lui, le regard apeuré.

-Harry... murmura Ron d'une voix tremblante.

Ils se regardèrent, l'un comme l'autre incapables de détourner les yeux. Harry avait une expression honteuse, presque coupable. Ron, lui, semblait en état de choc.

A cet instant précis, le Survivant eut envie de sourire et de dire à son meilleur ami : "Surprise!". Mais il doutait qu'il apprécie. Harry lui-même n'appréciait pas le cheminement de ses pensées. Aussitôt, l'ironie laissa place à la peur. Perdait-il l'esprit ? Allait-il perdre l'essence même de ce qu'il était ? Ses amis ? Dumbledore ? Sa vie ?

Le choc de Ron s'accrût soudain alors qu'il vit le visage de son meilleur ami perdre toute contenance. Il vit le masque se briser en mille morceaux. Les yeux de Harry lui montrèrent l'étendue de sa souffrance et Ron haleta.

Le corps de Harry trembla alors que les larmes glissaient sur ses joues. Incapable de se retenir davantage, Harry se pencha sur lui-même alors que ses sanglots se faisaient plus bruyants.

-Ha... Harry, dit Ron dans une voix tremblante.

Il se rapprocha lentement, échangeant quelques regards avec les autres Gryffondor. Ceux-ci lui rendirent une expression incertaine. Ils ne savaient pas plus que lui comment agir, ils ne comprenaient pas plus que lui ce qui se passait.

-Harry, on... on est là. Tu peux tout nous dire.

Ron avait peur de ce que Harry lui dirait. Mais il ne partirait pas. Il écouterait. Il écouterait et il en parlerait à Hermione. A eux deux, ils arriveraient à régler le problème de Harry. Il ne pouvait en être autrement.

Mais Harry secoua la tête. Ron pinça les lèvres.

-Harry, on voit bien que quelque chose ne va pas. Ça fait un moment que c'est le cas, hein ? Tu... Hermione dirait que tu ne dois pas garder ça pour toi. Est-ce que... est-ce que ça a un rapport avec... avec Tu-Sais-Qui ?

Soudain, le corps de Harry se figea. Les tremblements cessèrent. Les sanglots se turent.

-Harry ? appela Neville.

Harry releva la tête lentement. Ses cheveux cachaient ses yeux. Ron posa une main sur l'épaule de son ami.

-Harry ?

Celui-ci darda ses yeux sur eux. Ron eut simplement le temps de constater qu'ils étaient vides de toute émotion avant qu'ils soient tous projetés contre les murs par la magie implacable de Harry.

Aussi soudainement qu'elle s'était faite sentir, sa magie retomba, et eux aussi. La voix de Harry retentit dans la pièce. Elle n'était qu'un murmure mais, dans le silence absolu de la pièce, elle ne pouvait passer inaperçue.

-S'il vous plaît, n'en parlez à personne.

Dumbledore ne devait jamais le savoir, pensa Harry. Il ne voulait pas que son cauchemar devienne une réalité. Il ne voulait pas qu'on l'associe encore plus à Voldemort. Il voulait échapper à cette ombre perpétuelle, à ce murmure, à ce regard.

Il voulait échapper à la réalité, faire en sorte qu'elle n'arrive jamais.

[*]


Sans surprise, Ron en parla à Hermione. Sans surprise, Hermione le sermonna. Elle lui demanda des précisions. Harry se contenta de rester vague. Par intermittence, il s'interrogeait : pourquoi refusait-il l'aide de ses deux meilleurs amis ? Il savait qu'il avait besoin d'aide, qu'il devenait dangereux. Mais, sans être capable de l'expliquer, les mots restaient bloqués dans son esprit, comme si celui-ci le retenait, le muselait.

-Dumbledore a toujours dit que toi et Voldemort êtes liés. Son esprit interfère sûrement avec le tien. Harry, il faut en parler aux professeurs, il faut en parler au Directeur.

Harry eut un sourire amer.

-Justement, Dumbledore refuse de m'adresser la parole, alors tu vois...

-Il doit sûrement avoir une bonne raison de le faire. Ron et moi pouvons nous en charger.

L'esprit de Harry hurla soudain, saisi par une forme d'urgence.

-Vous ne direz rien !

Ron et Hermione le regardèrent, abasourdis, et il se rendit alors compte qu'il avait parlé en hurlant.

"Empêche-les d'en parler ! Ce qui se passe doit rester un secret." lui cria son âme.

Un secret... Les yeux de Harry perdirent soudain tout éclat, toute vie. Il n'était plus. Son corps bougeait pour lui. Sa main se saisit de sa baguette. Ron et Hermione furent saisis par le choc alors qu'ils le voyaient les menacer de sa baguette. Ils n'eurent pas le temps de réagir, il ne leur en laissa pas l'occasion.

-Oubliettes !

Le soir même, il répéta le sort sur tous ses camarades masculins de Gryffondor.

"C'est bien. Le secret n'est plus menacé".

Ce fut l'âme apaisé que Harry s'endormit cette nuit-là.

[*]


Quand il s'installa à sa place dans la salle du cours des potions, il garda les yeux rivés sur ses mains. S'il levait la tête, il verrait le visage de Rogue. Il ne pouvait pas faire ça.

Dans les souvenirs qui étaient devenus les siennes, il y voyait Rogue prendre la marque et s'agenouiller à ses pieds. Et s'il regardait Rogue et qu'il en oubliait qu'il était son élève pour croire plutôt qu'il était son maître ?

Rogue se mit à parler, et Harry écouta distraitement le nom de la potion qu'il leur demandait.

-Ça va, Harry ?

Il se tourna vers Ron, ce traître à son sang... Harry frissonna alors qu'il se rendait compte du chemin de ses pensées. Il espérait que son visage n'avait pas laissé transparaître la vague de dégoût qu'il avait ressentie lorsque ses yeux avaient croisé ceux de Ron.

« Je m'appelle Harry Potter, Harry Potter, Harry Potter... Ron est mon meilleur ami, il est mon meilleur ami », se mit-il à penser dans une litanie affolée.

Il acquiesça en se forçant à sourire. Ron eut une mine peu convaincue.

-Commencez ! tonna Rogue.

Et ils s'exécutèrent. Harry demanda à Ron, son binôme, de chercher les ingrédients. Au fur et à mesure de la recette, il plaça les ingrédients nécessaires, et son esprit se perdit dans le tournoiement de la mixture au sein du chaudron.

S'il se concentrait uniquement sur ce détail, sur cette mixture qui tournait, tournait, tournait... il y arriverait, il serait capable de garder son esprit suffisamment enchaîné. Il s'accrocha à cette pensée avec un espoir ténu.

-Potter !

Comme un réflexe, Harry leva la tête et croisa le regard de Rogue qui s'était approché de lui. Il ne sut jamais ce que Rogue voulut lui dire car, de manière implacable, les ténèbres s'abattirent sur lui. Tout disparut, tout devint noir. Il perdit la conscience d'exister, la conscience d'avoir un corps et que ce corps appartenait à quelqu'un du nom de Harry Potter.

Rapidement, Rogue apparut agenouillé à ses pieds. Il ne voyait pas ses pieds, d'ailleurs, cachés par sa longue robe noire.

-Je vous en prie, maître. Épargnez-la.

Durant un faible instant, il ne comprit pas la situation. Celle-ci lui sembla lointaine, presque irréelle. Enfin, ses souvenirs lui revinrent. Il était Lord Voldemort, le maître de cet homme qui le suppliait. Il était celui qui décidait.

-Épargnez-la, je vous en prie. Tuez Potter, père et fils, mais Lily... mais elle peut être épargnée.

-Potter !

Harry, Voldemort, quelle que soit la personne qu'il était, fut éjecté de son corps. Il eut l'impression de tomber, sans jamais sentir l'impact. Son corps tituba un instant, alors qu'il reprenait possession de ce corps qui était le sien.

Il releva la tête, les mains cramponnées à la table. Les yeux noirs de Rogue fut la première chose qu'il rencontra.

À cet instant, plusieurs pensées l'envahir. Il voulut lui jeter un Endoloris pour le forcer à s'agenouiller devant son maître, il voulut lui demander pourquoi Rogue tenait tant à ce que cette sang-de-bourbe de Lily Potter survive.

Mais la première pensée qui s'établit dans son cerveau, qu'il put formuler en premier franchit les barrières de sa bouche tel un boulet de canon.

-Vous êtes un monstre.

Ce fut comme s'il venait de frapper Rogue au visage. Celui-ci se redressa violemment.

-Vous me dégoûtez, continua Harry, la haine suintant sur son visage.

La vérité s'imposa à lui dans toute sa cruauté. Rogue avait souhaité échanger la vie de James Potter et de son fils en échange de celle de Lily. Qu'importe qu'ils meurent ! Harry n'avait jamais compté, James n'avait jamais compté...

En une seconde, toutes les fois où Rogue avait insulté son père et dit de lui qu'il n'était qu'un salaud lui revinrent en mémoire. Comment avait-il pu oser lui dire tout ça ? Harry souhaita qu'il meure. Pourquoi son père avait-il dû mourir quand Rogue avait pu survivre ?

Son professeur ouvrit la bouche mais, soudain, la salle entière se mit à trembler. Chaque élève frissonna. Le maître de potions parut désarçonné. Il regarda Harry comme s'il ne pouvait pas croire que le garçon face à lui était Potter.

La magie d'Harry s'écrasa par vagues dans la pièce, fouettant les murs. Les fioles se mirent à exploser en éclats.

-Harry ! cria Hermione.

Il se tourna brusquement vers elle, les yeux exorbités. Il aperçut alors les fissures sur les tables et sur les murs. Il prit conscience de sa propre magie qui tournoyait autour de lui. Et puis, de manière sous-jacente, insidieuse, il la sentit, cette magie qui n'était pas la sienne. Elle semblait sortir de sa prison pour mieux se mêler à celle d'Harry. Bientôt, tous ceux autour de lui pourraient la sentir aussi, y compris Rogue. Et ça, il ne le souhaitait pas.

Il ramassa ses affaires d'un geste vif et sortit de la pièce sans tarder. La salle s'arrêter de trembler quelques secondes plus, la magie qui l'avait agitée brusquement retombée.

[*]


L'eau fraîche du robinet qu'il s'aspergea sur le visage lui amena un instant de répit. L'esprit embrumé, les yeux fermés, il fut un moment éloigné de son corps, de ses souvenirs, de ses pensées. Il eut peur de relever la tête. Qui verrait-il dans le miroir, cette fois-ci ? Mais l'angoisse lui serrait trop le ventre pour qu'il reste dans l'attente, dans le doute.

Il releva la tête. Il ne lui manquait plus que d'ouvrir les yeux et il ferait face à la vérité. Il était Harry Potter. Il était un Gryffondor, il devait faire honneur au courage de sa maison. Il ouvrit les yeux.

Ce fut la couleur verte qu'il rencontra dans le reflet du miroir. Le soulagement l'écrasa de plein fouet et il se sentit défaillir. Dans le silence des toilettes, il se mit à murmurer comme s'il se révélait un secret à lui-même.

-Je m'appelle Harry Potter. Je m'appelle Harry Potter. Je m'appelle Harry...

Il s'appelait Harry, il était en cinquième année, et Ron et Hermione étaient ses meilleurs amis. Et il était courageux. C'était dommage qu'il arrivait de moins en moins à s'en rappeler.

Il ne voulut pas sortir des toilettes, préférant la quiétude et la solitude qu'elles lui offraient. Sortir, c'était affronter, affronter les questions et les regards de Ron, d'Hermione et de Rogue. Viendrait sûrement le tour de Dumbledore également. L'explosion de sa magie ne pouvait décemment pas rester inaperçue.

[*]


Lorsque Harry pénétra dans le bureau de Dumbledore, il ne fut pas surpris en voyant Rogue. Le visage de celui-ci était impassible, imperturbable. Harry ne s'y attarda pas, n'ayant ni l'envie ni la volonté de tenter de déchiffrer ce que l'homme ressentait.

-Assieds-toi Harry, dit gentiment Dumbledore.

Harry s'exécuta et rencontra enfin le regard du Directeur de Poudlard, celui qui n'avait eu de cesse de l'éviter depuis le début de l'année scolaire. Autrefois si présent, Dumbledore s'était fait rare à ses côtés.

-Tu es bien pâle, Harry. Comment se passent tes nuits ?

Le Gryffondor se demanda avec ironie s'il devait lui conter les songes qui peuplaient lesdites nuits, les tortures infligées par Voldemort sur ses sbires, celles infligées par les mangemorts sur leurs prisonniers.

Harry voulut tout avouer et s'enfuir d'ici à la fois. Ses lèvres restaient collées l'une à l'autre. Il avait peur. Peur de la vérité, peur de se l'avouer, peur de l'avouer aux autres. Et, surtout, il perdait confiance. Rogue était une immonde personne, Dumbledore l'avait abandonné. Quant à son amitié avec Ron et Hermione... Elle lui semblait être devenue un écho de ce qui avait été mais de ce qui n'était plus.

Et si Rogue s'empressait de tout raconter à son maître ? Voldemort ne devait surtout pas connaître l'étendue de son emprise sur Harry. Le monde magique ne se relèverait pas de l'existence de deux mages noirs.

Il déglutit puis répondit faiblement :

-Mes nuits sont... correctes.

Ce n'était pas très convaincant, mais il était bien trop fatigué physiquement et mentalement pour réfléchir à une meilleure réponse.

Les yeux de Dumbledore étaient indéchiffrables, un mélange de sincérité et de faux-semblants. Harry se demanda un bref instant en qui il pouvait avoir confiance.

-J'ai cru comprendre que ta magie était devenue... explosive, dirons-nous. Rencontres-tu des difficultés à la contrôler ?

Il ne pouvait décemment pas mentir sur ça. Mais il ne savait pas quelle réponse apporter. Il fixa Dumbledore avec des yeux incertains.

-Tu peux tout me dire, mon garçon.
-Je... je ne sais pas ce qui se passe.
-Ce n'est pas grave, Harry, nous allons découvrir ça ensemble.

Mais Harry ne le souhaitait pas.

-Vois-tu, toi et Voldemort êtes liés. Je pense que la connexion entre vos deux esprits commence à t'affecter. C'est pourquoi le professeur Rogue ici présent t'apprendra à contrôler ton esprit, à échapper à l'influence de Voldemort.

Soudain, comme murmuré à son oreille, une question s'imposa à lui : Et qui allait l'aider à échapper à l'influence de Dumbledore ? Dumbledore qui avait accepté Rogue, Dumbledore qui le fuyait.

Dumbledore ne te dit pas tout, lui susurra son esprit. Ou bien celui de Voldemort ?

Harry regarda le vieil homme assis en face de lui. Plus que jamais, Harry doutait. Et si ? Et si tout n'était que mensonges depuis le début ? Et si Dumbledore savait déjà ce qui lui arrivait ?

Son esprit l'incita à parler, à se confier, à demander de l'aide. Mais il sentait son âme s'agiter, le mettre en garde. Garder le secret, il devait garder le secret. Il sentit une pression soudaine dans ses yeux. Il baissa vivement la tête. Dumbledore ne devait pas voir ses yeux changer de couleur.

-Tes cours commenceront demain soir, prévint Dumbledore. Bien entendu, ces cours devront rester secrets.

-Bien sûr, professeur.

Garder le secret, ça, il savait faire.

[*]


Le premiers cours d'Occlumencie ne fut pas aussi catastrophique que ce que Harry aurait pu penser. En effet, Rogue semblait... prudent. Après tout, Harry lui avait crié qu'il le dégoûtait. Savait-il pourquoi il lui avait dit ça ? Arrivait-il à imaginer la raison ?

Quoi qu'il en soit, Rogue le regardait d'une manière différente. Comme si le garçon face à lui n'était plus le même ou que, enfin, il se rendait compte qu'il n'avait jamais été celui qu'il pensait.

Ce soir-là, il apprit que l'Occlumencie l'aiderait à contrôler son esprit face à l'influence de celui de Voldemort. Ce soir-là, il repoussa Rogue hors de sa tête après de longues minutes. Le professeur ne put voir que des souvenirs impliquant les Dursley. La peur que le directeur de Serpentard découvre l'étendue des ramifications de l'esprit de Voldemort dans le sien s'envola.

Il n'avait peut-être pas besoin d'apprendre l'Occlumancie, après tout. Voldemort se chargeait déjà de le protéger, bien malgré lui.

[*]


Ce jour-là, Harry changea définitivement. Assis dehors, sur l'herbe, le château lui faisant face, il se trouvait seul. C'était devenu une habitude. Il fuyait Ron et Hermione, ne désirant plus leur compagnie, redoutant leur présence comme redoutant ce qu'il pourrait leur faire.

La sensation apparut sans crier gare. Elle fut brusque, brutale et impitoyable. Il sut immédiatement ce qu'il se passait, quand bien même ce fut la première fois. Le lien entre lui et Voldemort s'éveillait car, cette fois-ci, c'était le Lord lui-même qui tirait sur le lien. C'était lui qui se tournait vers Harry.

La présence tenta de passer inaperçue. Elle souhaitait se faire subtile. Mais Harry était trop rôdé, trop habitué à cette présence qui le suivait inconsciemment, sans même que Voldemort le sache lui-même.

Le Lord essayait de regarder dans son esprit. Il cherchait visiblement quelque chose, un souvenir, une émotion, une pensée. Harry se demanda un très bref instant s'il devait tenter de lui résister. Mais il n'avait ni la force ni le désir. Il s'était perdu et avait perdu sa fougue, sa haine envers le Lord. Comment haïr profondément une personne dont il lui semblait être l'extension ?

Voldemort ne s'attarda pas longuement. Il repartit après quelques minutes. Harry eut un instant de surprise. Il ne sentait aucune émotion lui parvenir. Ce fut comme si, en repartant, Voldemort avait fermé la porte. Harry fut désarçonné. Il lui sembla soudain avoir perdu quelque chose qui lui était absolument essentiel. Il se sentait vide, amputé.

Il appela silencieusement, souhaitant retrouver ce qu'on lui avait enlevé. Il redoutait de retrouver ce lien ouvertement présent autant qu'il le désirait.

Et puis, comme si ses prières avaient été entendues, le lien fut rouvert. Les émotions revinrent. Le corps de Harry s'enfonça dans l'herbe alors que le soulagement l'envahissait, le recouvrait comme une puissante vague. Épuisé, perturbé, il s'endormit brusquement. Ce fut un sommeil sans rêves qui l'accueillit... et la présence rassurante de cet homme cruel.

[*]


Lorsque Harry ouvrit les yeux cette fois-ci, il aperçut une étendue vide, silencieuse. Il se sentit libre et oublié, comme si tout ce qui avait existé avant n'était plus. Il baissa les yeux sur son corps. C'était bien son corps, avec ses habits et ses chaussures.

Il releva la tête. Il vit alors Tom Jedusor se tenir debout dos à lui, à quelques mètres. Harry resta un instant impassible, incapable de savoir même comment réagir face à ce qu'il voyait. Ses bras pendaient mollement le long de son corps.

Et puis, il se laissa envahir par tout ce qu'il avait vécu ces derniers mois. Il se remémora les sensations qu'il avait éprouvé, les émotions qui l'avaient assailli. La réalité était en face de lui. Elle l'avait pourchassé quand il la refusait. Elle s'était dérobée à lui quand il l'avait cherchée. À cet instant précis, elle restait immobile à sa portée.

Ses jambes se mirent en mouvement. La vérité et lui-même avaient répété cette danse cruelle trop de fois. Alors que ses pieds martelaient le sol d'une course rapide, il savait qu'il devait y mettre fin. Le dos de Tom Jedusor se rapprochait alors qu'il courrait comme il n'avait jamais couru. Il sentait le désespoir dans chacune de ses foulées. Il avait peur d'atteindre Jedusor autant qu'il redoutait qu'il s'échappe.

La distance était courte et longue à la fois. « Fuis », « reste », Harry ne savait quoi dire ou penser. Mais sa course était lancée, inarrêtable. Il rentra à l'intérieur de Tom, leurs corps se superposant l'un à l'autre. Il ne resta plus qu'un corps, celui d'Harry. Mais l'esprit qui le remplissait ne serait plus jamais seul, c'était une certitude.

Haletant, Harry ferma les yeux. Le flot des souvenirs, des pensées, des émotions de Tom Jedusor était insoutenable. Ils se greffèrent à ceux d'Harry, se liant à eux intrinséquement.

Une fois son souffle repris, Harry se redressa et ouvrit les yeux. Son visage se marqua par la fatigue et la lassitude, alors qu'il voyait devant lui, à quelques mètres, le dos de Voldemort.

Il ne pouvait pas dire qu'il était surpris, pourtant. Après tout, Jedusor et Voldemort étaient deux personnes distinctes, toutes deux liées à lui-même.

Harry fixa le dos de cet homme honni. Il était bien trop tard pour faire marche arrière. Alors, il n'hésita pas. Sans perdre de temps, sans perdre son courage et sa folie, il s'élança. Il se rapprocha, foulée après foulée, de l'homme qui était responsable, coupable. Il s'en rapprocha, encore et encore, l'esprit uniquement concentré sur son objectif.

Et son corps entra en contact avec celui de Voldemort. Leurs corps s'unirent, se joignant l'un à l'autre, n'en formant plus qu'un.

Harry la sentit. Tout d'abord, tout doucement. Comme si elle frappait à la porte, comme si elle demandait l'autorisation. Au départ hésitant, il ouvrit la porte, la laissa entrer, la laissa s'immiscer dans sa vie bien rangée.

Sa magie. La sienne ou celle de Voldemort. Ou peut-être bien un peu des deux. La sienne, maintenant, indéniablement.

Il ne lutterait pas, pas contre sa magie, qu'importe d'où elle venait. Elle était en lui, elle avait grandi, mûri, et était désormais prête. Il ne pouvait lui refuser, se refuser, à l'utiliser. Cela aurait été se refuser soi-même. Et ne l'avait-il pas déjà fait ? N'avait-il pas créé ses propres barrières ? Ils les avaient érigées aux côtés de celles que Dumbledore, la société magique, ses amis, ses ennemis, avaient posé tout autour de son être, de ses décisions, de sa vie.

Mais ce temps était révolu. Sa magie détruisait les barrières, l'une après l'autre. Et, aujourd'hui, elle s'attardait à la plus forte de toutes, la plus tenace, la plus obsédante : Harry lui-même.

Mais il ne lutterait pas, oh non. Il ne lutterait plus contre son être, contre son âme, contre sa magie.

Showtime.

[*]


Il se demanda comment être un Serpentard. Parce que Serpentard, il devait le devenir. Ou plutôt, le libérer, enfoui derrière son côté Gryffondor. Et pour gagner sa partie d'échecs, être un Gryffondor ne suffirait pas. Cette fois-ci, il ne pourrait pas compter sur Ron pour mener la partie, la stratégie.

Ce chemin de solitude l'avait poursuivi. La solitude avait marché à côté de lui, lui faisant souvent signe, toujours présente même quand il l'ignorait. Mais ses pas l'avaient mené, inconsciemment, sur ce chemin qu'il avait souhaité éviter.

Là où ses pas le dirigeaient, il n'y aurait pas d'Hermione pour le sermonner, pas de Ron pour le fustiger. Ils ne comprendraient pas, parce qu'ils avaient trop bien vécu, quand lui n'avait connu que l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

Cette épée, c'était la sienne, c'était sa vie qu'elle menaçait. Il ne doutait pas que Ron et Hermione se battraient pour la Lumière, même s'il n'avait pas existé. Mais son destin était éloigné du leur. Le combat n'était pas le même, l'ennemi différent. Ce n'était que la suite logique de prendre des chemins séparés. Cela ferait moins mal. Ce qu'il ne pouvait voir ne pourrait le faire souffrir.

Faire sortir le côté Serpentard, hum ? Il était peut-être trop Gryffondor, en réalité.

[*]


Les yeux d'Harry suivirent chaque mouvement, chaque pas qui éloignait le mangemort de lui. S'il faisait ce que son instinct lui dictait de faire, il céderait à l'inconscience. Il se dévoilerait, il se mettrait en danger. C'était insensé.

Mais le désir de le faire, de sauter dans l'arène, pulsait dans tout son corps. C'était comme si tout son être, sa magie, son âme, criait qu'il devait clamer le combat comme sien. Il n'était plus lui-même, il le savait. Sa magie se liant à celle de Voldemort, se combinant à elle, le désinhibait, coupait court à sa réflexion. Submergé par les vagues de magie dans son corps, il n'était plus qu'une boule de magie. Et elle devait rayonner, se laisser vivre et éclater, se répandre.

Elle claqua soudain comme un coup de fouet et le corps d'Harry se mit en mouvement. Il s'élança sur le champ de bataille, sauta telle une bête et le sol vibra sous son poids. Le silence reprit ses droits en même temps qu'Harry se dévoilait. Les mangemorts se retournèrent vers lui.

Le choc dans leurs yeux. La surprise. Et puis la satisfaction. La victoire supposée à portée de main.

Mais Harry n'était pas là pour perdre. Il n'était pas non plus là pour gagner. Il était venu dans cette ruelle en sachant ce qu'il trouverait, ou plutôt qui il trouverait.

Il avait un message à faire passer. Ou peut-être voulait-il seulement ouvrir les vannes, ouvrir les portes à sa magie qui n'en pouvait plus d'être muselée. Et ce seraient ces mangemorts, visages anonymes, qui en paieraient les premiers le prix.

Il ne pouvait pas dire qu'il s'en sentait désolé. Et, effectivement, quand les corps volèrent autour de lui au rythme de sa magie, il ne l'était pas.

[*]


Peu après, les vacances de Pâques arrivèrent et il fut renvoyé à Privet Drive. Cette pensée ne lui apporta que dégoût, colère et mépris. Sa place n'était pas ici, lui cria son esprit. C'était vrai, sa place n'était pas ici. Il ne savait pas précisément où il se trouvait, cependant.

Allongé sur son lit, il ferma les yeux. Depuis qu'il était arrivé, il se sentait... étrange. La sensation avait commencé doucement, presque timidement, comme pour lui annoncer ce qui allait se produire.

Mais, à présent, la sensation se faisait sentir pleine et entière. Le moment était arrivé. Comme si tous ces mois aboutissaient enfin, comme si tous ses efforts et toutes ses défaites atteignaient leur but, leur terme.

Sa magie pulsa et, avec elle, tout son corps. Il se sentit transcendé, comme si ses limites n'existaient plus. Oh qu'elle était loin la peur. Elle avait disparut, chassée par une vague de confiance. Il se sentait en confiance. Cette magie qu'il pouvait toucher n'était pas la sienne, mais elle n'était plus si repoussante, elle était même amicale, lui offrant ce qu'il n'aurait pu imaginer. Elle lui offrit le pouvoir, la sécurité, la chaleur.

Harry s'enfonça dans cette chaleur, la laissant l'enlacer. Il céda face à sa puissance. Comment pouvait-il lutter contre elle ? Elle était présente depuis toujours, invisible et négligée. Pourquoi l'avait-il haïe, rejetée ?

Dans sa petite chambre au Privet Drive, la chaleur s'accumula, et il poussa un soupir, alangui dans son lit. Les yeux fermés, son corps se tendit et, vague après, sa magie, ses magies poussèrent contre les murs, se mélangeant l'une à l'autre presque tendrement.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, un regard vairon s'ouvrit et fixa le plafond, un œil rouge sang et un œil vert pâle. Les ténèbres revinrent, il les sentit mais ne les vit pas. Elles n'avaient plus besoin de se montrer.

Harry se redressa. Il s'assit dans son lit, les jambes repliées sous lui. Les ténèbres faisaient ce qu'elles voulaient, elles étaient libres et s'étendaient sans crainte. Harry pouvait faire comme elles, maintenant.

Il plissa les yeux et, l'instant d'après, la vie des Dursley bascula, alors que la maison explosait et volait en éclats.

[*]


Il regarda les débris de la maison dans laquelle il avait grandi, dans laquelle il avait été haï, méprisé, rabaissé. Il baissa les yeux sur ses mains, les amenant plus près de son visage. Il pouvait encore sentir les différences dans sa magie. Il n'était plus si sûr de retrouver sa propre magie sans les craquelures que celle du Lord avait créées.

Son corps se tendit alors qu'un dernier sanglot déchirait le silence qui l'entourait. Sa magie était irrémédiablement teintée de celle du Seigneur des Ténèbres. Ce mélange était sa magie, à présent, son don, sa possession.

Il avait tué les Dursley. Et il ne savait pas ce qu'il ressentait ou, plutôt, il préférait se le cacher.

Et il se demanda. Et il se posa les questions en face, alors qu'elles avaient toujours pulsé sous sa peau.

Il changeait. Il avait changé. Et ce changement l'effrayait autant qu'il le motivait. Il ne se mentirait plus, il n'était plus Harry, il n'était pas totalement Voldemort. Il était dans un espace aux frontières floues, mouvantes.

Marchant à travers les débris, les morceaux de corps, son regard tomba sur un bout de miroir qui avait survécu. S'approchant du miroir, il fixa son reflet durement. Seul le haut de son visage était visible.

Il ne parla pas, il se contenta de se regarder. Mais l'échange était silencieux, comme une promesse à soi-même. Non, il ne la briserait pas. Il ne se briserait pas.

Ron et Hermione ne comprendraient pas. Pas plus qu'ils ne pourraient le comprendre lui. Parce que le changement avait commencé de manière insidieuse. Le serpent s'était infiltré, le mordant sans se faire sentir et le venin avait pris possession de tout son corps. Il ne savait plus quelles pensées étaient les siennes, quelles émotions étaient les siennes. Plus de retour en arrière possible.

Alors il ne dit pas au revoir. Il partit sans un regard, sur la moto de Sirius. Sirius la lui avait léguée à sa mort. Elle était restée chez les Dursley. Personne ne pouvait l'utiliser, elle ne démarrait qu'à son toucher.

Sirius, son père et sa mère... Que penseraient-ils de lui ? Mais ils étaient morts et lui était vivant.

La moto vibra alors qu'il se dirigeait loin de sa vie et près de l'inconnu. Plus de retour en arrière possible, en effet.

[*]


Merci d'avoir lu la première partie de cet OS.
SkeletonGirl

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Re: Showtime [Harry Potter]

Message par SkeletonGirl »

Waw. Je n'en reviens pas et je ne sais même pas comment exprimer ce que je ressens. Je vais tout de même essayer de commencer par le début.
Lorsque j'ai vu ton message, je me suis dis c'est pour moi ça. En tant que grande fan d'Harry Potter, je ne pouvais passer à côté. Je me suis donc lancé dans ton OS, sans vraiment savoir de quoi il allait parler et si j'allais aimé. Et ce fut le cas. Ce fut totalement le cas.
Dès les premiers mots, j'ai compris que quelque chose clochait avec Harry, qu'il n'était plus vraiment lui-même. La fin était quelque peu prévisible, les Dursley, après tout ce qu'ils lui ont fait subir, étaient une cible de choix pour la personne qu'il est devenu.
Je vois beaucoup de Voldemort en Harry et je me demande si ce n'est vraiment que le horcruxe qui produit ça. Peut-être simplement qu'Harry été depuis toujours destiné à finir comme ça. Je ne sais pas, je suis aussi perplexe qu'admirative devant cette histoire qui me fait remettre tout en question.
Dumbledore...Cet homme a toujours été un mystère pour moi, ses décisions ici le prouvent encore. Au premier signe, qu'Harry devenait 'déficient' il aurait du agir mais non. L'envoyer prendre des cours d'occlumancie avec Rogue n'était pas la solution, même dans les livres elle ne l'était pas. Tout simplement car ils se détestent mutuellement et que l'on apprend rien avec une personne qui ne veut pas que vous réussissiez.
Ton écriture est très fluide, rien ne s'attarde. C'est un très bon point. Les sentiments d'Harry sont tellement bien retranscris qu'on a l'impression d'être lui, que cela nous arrive vraiment.
Bref, ce serait avec plaisir que je lirai une suite s'il y en a une ! :D
mae29

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Re: Showtime [Harry Potter]

Message par mae29 »

Salut! J’ai beaucoup aimé ta première partie et j’ai très hâte de voir ce que ça va donner par la suite! :D Le fait que Harry se tourne vers les ténèbres et donc Voldemort est super intéressant et j’ai beaucoup aimé suivre la tournure de ses pensées... Préviens-moi quand tu postera le reste! :)
Charmimnachirachiva

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Re: Showtime [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Cooooool :)
J'aime bien ton style d'écriture et en plus l'histoire est originale.

Harry !!!!! qu'est ce qui t'es passer par la tête !!!!! rien !c'est bien ça le problème justement !!!

Dis moi qu'il vient de rêver de tout ça parce'qu'il a quand même tuer les dursleys (bon on va pas dire que je les portaient dans mon cœur mais quand même !!!!

( J'ai un léger problème avec les points d'exclamations comme tu pourras l'observer :? :!: :!: )
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