Ombres et Poussières [Harry Potter]

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PtiteCitrouille

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Chap 16 (je suis desséchée mais j'approche peu à peu de la fin)
et, plus inquiétant, l'allée des embrumes,
p'tet qu'il va chercher du produit pour des limaces qui bouffent toutes ses citrouilles ?
Car depuis une semaine, j'étais davantage hantée par la vision de Simon qui me souriait d'un air crispé, avant de détacher sa main de la mienne et de la sensation d'abandon qui avait suivi immédiatement.
aaaaaaaaaah nous rentrons ici dans une nouvelle phase 8-)
-Oh Seigneur ... C'est Thalia Selwyn.
voir le commentaire de Clem du chapitre 14, alinéa, ouvrez les guillemets "Moi je dis, focus sur Thalia, elle a sûrement des liens avec Yaxley" fermez les guillemets, retour à la ligne
Pourquoi – pourquoi – il fallait toujours que je surréagisse quand il s'agissait de lui ?
*soupir condescendant* oh ma chérie
Mon sang se glaça dans mes veines. Joana était allemande
je vois pas pourquoi ton sang se glacerait dans tes veines pour le coup :lol: elle va pas te sauter dessus normalement dans les années 90 haha. Tant qu'elle est pas nazie

OK donc on passe d'un fou rire à une conversation bien glauque c'était pas PREVUUU
jamais il ne viendrait à l'esprit de faire payer à Joana les crimes de son grand-père,
n'EsT-Ce PaS KaMiLa

Les autres ils se souviennent pas du moment où Vic disait qu'elle connaissait Simon Bones et ils lui ont fait des allusions graveleuses ? Tain j'aurais apprécié d'autres insinuations :lol:
Qu'est-ce que c'était que ce regard malicieux que venait d'échanger Swann et Arnold ? réalisai-je, suspicieuse.
ON SE DEMANDE BIEN DI DONC
Il avait jeté sa cape sur une partie de son épaule et ses cheveux avait été ébouriffé par la brise hivernale.
cette image wink wiiiink 8-) 8-)
cette idée si affreuse et si gênante en tête.
non mais je comprends pas trop, c'est pas si gênant, bon c'est une anecdote mais c'est pas embarrassant non plus ça vaaa :lol:
PtiteCitrouille

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

EH MAIS ATTENDS

MAIS J'AI FINI EN FAIT !!!!

Je croyais qu'il m'en restait un pouahahhaha

Bon beh c'était intense, mais vraiment trop trop bien ! Ca a du bon de tout lire d'un coup, on voit le fil rouge être étiré et on remarque à quel point les enchaînements sont fluides ! C'était de très bons chapitres en tout cas ! :D tout plein d'émotions, tristes, gloussement avec le Simoria (on en veut pluuuuuuseeuuuu), très touchantes les retrouvailles avec Lysandra ! et Thalia LOL palmface, on t'a tous cramée meuf, allez, va faire un tour à Azkaban et on on en parle plus
Mon moment préféré c'est sûrement ceux ambigus entre le Simoria et aussi la conversation avec Emily et les retrouvailles !

Voilà BISOUUUS et encore sorry pour le retard <3
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

CLEM EST UNE WARRIOR
CLEM EST MON HEROINE

Et je pourrais te le dire cent fois parce que désolée désolée désolée mais je rajoute un chapitre mais prends le temps de rattraper Ilvermorny (LA SCENE SUR LE TOIT CLEM il faut que tu lises !) BREF encore un grand merci t'es sincèrement la meilleure <3

CHAPITRE MAINTENANT

J'espère que vous aimerais ! Encore merci de votre fidélité les amis, je vous adore, enjoy !

(Et encore une fois si vous voulez lire sur Charlie Weasley, retrouvez-moi sur Wattpad sous le même pseudo !)

***


C'est assez facile d'être amical avec des amis. Mais créer une amitié avec celui qui se considère comme votre ennemi est la quintessence de la vraie religion.

- Ghandi
***


Chapitre 17 : Une paix tangible.

-Je n'en reviens pas que vous soyez venus juste pour ça.

Jaga partit d'un éclat de rire qui m'arracha un sourire. C'était si rare de l'entendre rire, comme si Auschwitz le lui avait arraché ... Notre visite impromptue deux jours plus tôt l'avait plongé dans la perplexité mais son rire ne s'était pas tari depuis qu'elle en avait compris la véritable raison. Elle venait de raconter l'anecdote à ma mère avec un véritable plaisir et c'était elle qui s'était à son tour retrouvée hilare et mon père assez gêné. Il plongea son nez dans son thé pendant que ma grand-mère continuait de glousser.

-Oh non, j'étais si jeune, ça ne m'est même pas venu à l'idée ... C'est ton grand-père qui l'a retrouvé, au Kanada. Il me l'a rendu en signe de bonne foi, c'est grâce à ça qu'il a gagné ma confiance ... Mais je connais quelques femmes qui ont utilisé cette technique ... La moitié n'a jamais récupéré ces bijoux ...

Un nouveau gloussement la reprit et contamina ma mère. Mon père lui jeta un long regard désabusé qui ne la calma pas. Il tourna négligemment sa cuillère dans son thé, l'air de réprimer un soupir. Ces histoires sur Auschwitz l'affligeaient plus qu'autre chose, mais ma mère avait l'œil brillant. Petit à petit, elle découvrait la vérité sur ses parents et je sentais que quelque part ça l'apaisait.

Nous avions décidé de passer l'après-midi à Portishead, au bord de la mer pour leur rendre visite. J'y avais certes dîné dans la semaine avec Simon – et le dîner pourrait être qualifié au mieux de crispant – mais cela faisait une éternité que nous ne nous étions pas retrouvés en famille. Melania et Alexandre profitait du soleil froid qui brillait pour se promener sur la plage de galet, main dans la main. De temps à l'autre, mon frère tentait de pousser sa petite amie dans les eaux froides du Canal de Bristol et Melania le frappait en retour, hilare. Il m'arrivait souvent de me demander comment deux personnes si différentes, si peu susceptibles de se rencontrer, avaient pu tomber amoureuses, mais quand je les voyais ainsi, seule l'évidence comptait. Mon père commençait également à leur jeter un regard inquiet.

-Ils vont attraper froids ...

-Ils ont vingt-deux ans, Edward, ça les regarde, répliqua ma mère.

-Tu te souviens de nous à cet âge ?

Ma mère poussa un profond soupir et se cacha derrière l'album photo qu'elle feuilletait. La vérité, c'était qu'ils n'étaient pas ensemble à cet âge et que pendant que mon père faisait son séminaire, ma mère profitait des joies de la vie. Elle était croyante, une croyance construite en plusieurs étapes depuis son adolescence et des études scientifiques qui lui avaient prouvé contre tout attente que Dieu existait pour que l'univers soit si parfait. Mais pas une croyante pratiquante – ou sommairement. Mon père se plaisait à dire que qu'il l'avait ramené sur le droit chemin mais je percevais chaque fois, et de plus en plus, le regard désabusé de ma mère qui semblait dire que le chemin avait été parfois plus subi qu'autre chose.

Le couple finit par rentrer, les cheveux sans dessus dessous et Alex pieds nus et sa paire de basket aux mains. Il nous gratifia d'un immense sourire.

-L'eau est glaciale, bon sang !

-Quelle surprise, railla ma grand-mère en sortant deux tasses du buffet. Du thé pour vous réchauffer ? Et toi perelko ?

-Je vais me faire un chocolat, ne t'inquiète pas.

Je laissai ma chaise à Melania qui s'y écrasa avec un gros soupir, mais un immense sourire aux lèvres et me glissai dans la cuisine. Installé devant la fenêtre ouverte, mon grand-père fumait un cigare à l'odeur nauséabonde que l'air marin ne suffisait pas à masquer. Je refermai précipitamment la porte derrière moi et fusillai Miro du regard.

-Mais ça ne va pas ? Mamy va te tuer si elle te voit faire ?

-Hum ? répondit négligemment mon grand-père, les yeux rivés sur l'extérieur. Oh, ne t'en fais pas, perelko, j'ai mes techniques.

De son autre main, il fit tournoyer sa baguette de bois de vigne et l'affreuse odeur disparu pour ne laisser qu'un léger parfum floral. Je fronçai du nez et écartai les lettres qui jonchaient le plan de travail derrière lui pour y placer une tasse.

-Si tu penses que maintenant que tu as de nouveau la magie tu peux cacher des choses à mamy ... Attends, mais qu'est-ce que ... ?

Mon œil avait été accroché par le sceau de cire violette décroché d'un parchemin. Je la saisis immédiatement, me sentant stupide de ne pas y avoir réalisé plus tôt : c'étaient des lettres du monde magique. Je détaillai le sceau dont la gravure représentait un dragon jugé sur ses pattes arrières et aux ailes déployées puis observai l'écriture fine, parfaite, calligraphique, qui noircissait les pages. Mon sang se glaça.

-C'est du polonais ...

-Tu comprends pourquoi je fume un cigare maintenant ?

-Mais ... Qui... ?

La réponse m'attendait à la fin de la lettre, sous la forme d'une signature élégante mais au trait épais qui apparaissait lorsqu'on appuyait fort sur la plume. Je caressai le nom du pouce en mobilisant ma mémoire pour y attacher des informations.

-Dominika ... Ta grande sœur ? La Ministre de la magie ?

-Elle ne l'est plus depuis quelques années, c'est son petit-fils qui a pris le relai. Mais oui, c'est elle.

Je détachai mon regard de la signature de Dominika pour le river de nouveau sur mon grand-père. Il fixait les vagues dehors, le cigare à quelques centimètres de ses lèvres, les traits tirés. Ses rides creusaient davantage son visage et son épaisse barbe ne suffisait plus à cacher l'évidence : Miroslav Liszka était un vieux lion. Ou plutôt un vieux dragon, déduisis-je du sceau de la lettre de Dominika.

-Quelle âge elle a maintenant ?

-Plus de quatre-vingt ans, des enfants, des petits-enfants et même des arrières-petits-enfants. C'est ce qu'elle m'explique dans sa lettre. (Il prit une nouvelle bouffée du cigare qu'il recracha de nouveau dans l'air). Je me doutais qu'elle me retrouverait un jour. On était proche, enfant, les deux prodiges, les deux fiertés de la famille – mon grand frère ... C'était un fou-furieux, il me brutalisait pendant mon enfance. Dominika me protégeait ...

-Comment elle t'a retrouvée ?

Les lèvres de Miro se tordirent mais son regard ne lâcha pas le paysage. Il fixait la haie qui clôturait le côté gauche de leur jardin d'un œil suspicieux quand il lâcha :

-Très honnêtement, je n'ai que des théories. Elle ne me l'explique pas. Alors soit ses cinquante ans d'effort pour me retrouver viennent de payer mais j'en doute. Soit ... ma réhabilitation a tout déclenché, je crois. Maintenant, je suis inscrit sur le registre anglais, quelqu'un a dû le voir. Quelqu'un qui l'a rapporté à Dominika ...

-Et tu comptes lui répondre ?

Cette fois, Miro arracha son regard du paysage pour le planter sur moi. Face à l'intensité de l'éclat qui brillait dans ses prunelles, j'eus un mouvement de recul qui me plaqua contre le meuble. Pour justifier mon geste, j'attrapai nerveusement la bouteille de lait et me détournai pour me soustraire à son regard.

-Ma sœur n'est pas une femme bien, Victoria, asséna-t-il dans mon dos d'un ton dur. Elle était la première lieutenante de mon père, celle qui était la plus proche des idées de Grindelwald. Elle est la première que j'ai fuis en quittant la Pologne. J'ignore quel contact lui a donné l'information, mais il n'est certainement pas dans notre camp. Et sa lettre le prouve, bon sang !

Il donna un coup de poing sur le châssis qui fit trembler la fenêtre – et moi avec. J'avais oublié à quel point mon grand-père pouvait me terrifier quand il était en colère. Je m'en voulus de ne pas avoir anticipé la réponse et dans mon trouble, je renversai un peu de poudre de cacao sur le sol. Je nettoyai d'un coup de baguette pendant que mon grand-père poursuivait son agacement :

-Tu sais ce qu'elle dit ? Après m'avoir longuement parlé de sa famille, de sa fierté, de son petit-fils si brillant – plus que moi dit-on ! J'aimerais bien voir ça ! – qui est devenu le plus jeune Ministre de la magie de l'histoire de la Pologne ? « Toi et ta famille avaient l'occasion de faire de grandes choses en Angleterre. N'oublie qui tu es et d'où tu viens, petit frère, n'oublie pas ce pourquoi nous sommes nés ».

Les mots m'arrachèrent un frisson et je fixai la lettre, les mots que j'arrivais à déchiffrer mais pas à comprendre en tentant de retrouver la citation. Brièvement, j'eus envie de mettre feu à ces lettres comme j'avais désiré mettre le feu à la tapisserie des Black, mais préférait m'en détourner pour mettre mon chocolat au micro-onde.

-Je pense que le contact n'a pas dû lui dire quelle était la nature de ta famille.

Un bref sourire passa sur les lèvres de mon grand-père. Il écrasa son cigare contre les briques, jeta à la poubelle et me prit par l'épaule pour plaquer un baiser dans mes cheveux.

-Ça, j'en doute. La loi anglaise ne m'oblige pas à préciser le statut de sang de ma compagne – mais si elle est moldue, elle m'autorise à la mettre au courant. Vous avez vraiment un beau pays, quel dommage que votre sorcier de pacotille veuille tout gâcher ...

-Pourquoi ? En Pologne ils obligent à préciser le statut de sang ?

Rien que le mot me dérangeait et je pris une cuillère gourmande de miel pour faire passer le goût âpre qu'ils avaient laissé dans sur ma langue – eux et l'affreuse odeur de cigare qui persistait. Miro poussa un grognement dédaigneux.

-Bien sûr. Et épouser un moldu est très mal vu. Ce n'est pas interdit, mais le poids est tel que ce genre d'union se raréfient. Interdiction de parler de ta condition magique, interdiction de fréquenter les lieux magiques et les enfants doivent demander une autorisation pour étudier à Durmstrang. Et bien sûr, il y a le regard des gens. Tu deviens un pestiféré.

Son regard s'était de nouveau rivé sur la haie, perçant, lointain. Visiblement, la lettre de Dominika avait réveillé de mauvais souvenir.

-Agata, finit-t-il par lâcher d'une voix sans timbre. Agata, par exemple, c'était une enfant de moldu. Son père. C'est pour ça qu'elle se battait. Pour le sang qui coulait dans ses veines.

Il contempla les lettres quelques instants avant l'une d'entre elle par le sceau et d'appliquer sa baguette dessus. Ses lèvres s'agitèrent et le parchemin s'embrassa immédiatement. Les flammes se reflétèrent dans le regard spectral de mon grand-père jusqu'ce qu'elles lui lèchent les doigts et qu'il laisse tomber la lettre embrasée dans l'évier.

-C'est la plus belle cause pour se battre,perelko. Sa famille. Tu sais que je suis le dernier des Liszka vivants ? La guerre a élagué notre arbre généalogique ... Mon cousin est mort, mon frère aussi ... Il ne restait plus que moi pour transmettre notre noble sang et notre noble nom. C'est la première chose que Dominika m'a demandé. Si j'avais eu un fils ...

Un sourire retroussa sinistrement les lèvres de mon grand-père et une certaine fierté fendit sa voix quand il déclara :

-Je suis le dernier des miens, perelko. Et tu ne peux pas savoir le soulagement que c'est de savoir que quand je mourrais, les Liszka s'éteindront avec moi.

Je ne sus réellement quoi répondre à cela. Je m'étais longtemps demandée pourquoi mes grands-parents n'avaient eu que les jumelles, ma mère et ma tante, pourquoi, fort de leur amour, ils n'avaient pas eu un véritable enfant à eux. La réponse était simple : cet enfant aurait été magique et sa magie aurait été difficile à gérer pour l'un et pour l'autre. Mais en voyant mon grand-père être ainsi fier d'être le dernier de sa lignée, je compris que cette idée était également venue parasiter sa réflexion.

-Mais ça ne te manque pas ? De ne pas avoir eu d'enfant ?

-Mais qu'est-ce que tu racontes, Victoria ? J'ai eu Marian et Beata. Je leur ai donné le meilleur de moi-même et crois-moi, mon sang n'en faisait pas parti. Tu connais ta mère, qui peut dire que ce n'est pas ma fille ?

J'essuyai un rire amusé et Miro se détendit enfin pour me gratifier d'un sourire, ce genre de sourire doux, confiants qui avait fait que je lui avais lentement pardonner ses mensonges et ses omissions. Sa famille était son plus grand trésor. J'étais son plus grand trésor. On ne pouvait pas en douter quand il nous souriait comme ça. Il m'embrassa sur le sommet du crâne, jeta un dernier regard dehors avant de retourner dans le salon, où ma grand-mère l'accueillit d'un cri indigné : « Toi, tu as fumé je le sens d'ici ! ».

***


J'aurais aimé rester toute l'après-midi, à regarder les vagues se fracasser contre les galets tout en étant au chaud à boire mon chocolat, mais Octavia m'avait donnée rendez-vous à seize heures pour finaliser notre plan et envisager la rédaction de notre projet. La vitesse à laquelle nous avancions ne cessait de m'étonner mais il fallait dire que la semaine précédente, nous avions passés deux soirées successives à travailler dans la bibliothèque des Bones, si bien que Simon s'était plains de nous à son père qui nous avait prié de quitter les lieux à près de trois heures du matin. Lorsque je laissais échapper cela, les yeux de Melania étincelèrent et il lui fallut une seconde pour décréter qu'elle m'accompagnait. Nous arrivâmes à trois, avec Alexandre, dans le jardin des Bones, après un transplanage qui laissa mon frère haletant, une main sur les côtes. Melania eut l'air inquiète et se précipita vers lui.

-Oh la la, ça va ... ?

-Ouais, ouais. C'est juste ... hyper perturbant, votre truc.

-T'inquiète, ça l'est pour tout le monde, le rassurai-je en passant une main sur son bras. Je préfère utiliser un autre moyen quand je peux ...

-Comme la poudre de cheminette ?

Je grimaçai. Non, à dire vrai, la cheminée, son feu émeraude et sa sensation de ne rien contrôler était pire. C'était peut-être les flammes le pire maintenant que j'y pensais. Perturbée, je préférais me tourner vers Melania avec un sourire malicieux.

-Tu veux torturer ta future belle-sœur ?

-Elle a trop brillamment réussi le premier repas avec ma famille, admit Melania d'un air entendu. Tout est trop parfait chez elle ...

-Oui je sais, c'est agaçant.

-Ce n'est clairement pas à elle que sa mère va dire quelque chose, railla Alexandre.

La mention de Thalia Selwyn eut raison de mon sourire et je revis l'image captée par la multipliette, son visage à peine éclairé par les réverbères et dont la capuche jetait des ombres qui rendaient ses traits à peine discernables. Je passai la porte arrière des Bones en songeant que je pourrais en profiter pour l'interroger discrètement sur les activités de sa mère quand la porte de la cuisine s'ouvrit à la volée sur Simon, la baguette tendue, le regard alerte. Je portai aussitôt la main à la mienne mais en m'apercevant il la baissa aussitôt.

-Bon sang tu m'as fait peur ! Tu vas arrêter de faire comme chez toi ?

-Et toi tu n'as pas des questions à poser ? s'écria une voix depuis l'intérieur de la maison.

Melania essuya un petit rire ravi en la reconnaissant et Simon fusilla l'ouverture du regard, puis moi. Je lui adressai un sourire penaud.

-Désolée. Promis on se cache dans la bibliothèque et à vingt heures je suis partie.

Ça ne suffit pas à adoucir Simon. Il fit claquer négligemment sa baguette contre sa cuisse, l'air contrarié.

-Pour la deuxième partie, vous avez intérêt. Mais pour la première, ça risque d'être compliqué ...

Là-dessus, il ouvrit grand la porte de la cuisine qui ouvrait sur le salon et m'invita d'une courbette ironique à y entrer. J'échangeai un regard perplexe avec Melania et m'engouffrai dans la pièce d'un pas prudent. La vision d'un Ulysse Selwyn assis dans le magnifique et confortable fauteuil – mon préféré de cette pièce, celui juste devant la cheminée – tel un prince sur son trône faillit me faire faire demi-tour. Octavia était elle sur le canapé, les jambes croisées sous son ample jupe, un sourire aimable et poli de grande dame du monde aux lèvres.

-Salut Bennett. On t'attendait.

-Et pour ça, sache que je t'en veux, me souffla Simon à mon oreille.

Son souffle effleura ma nuque et j'y mis la main en sentant les frissons hérisser ma peau. Je lui glissai un regard courroucé puis reportai mon attention sur Ulysse, confortablement installé et qui observait avec un intérêt froid le modeste décorum du salon des Bones. La maison était magnifique à mon goût, tout en bois et en charpente, nature, authentique, mais elle devait trancher avec le faste des manoirs des grandes familles de Sang-Pur. Sa sérénité fut heureusement troublée par l'arrivée de Melania derrière moi et le frère et la sœur écarquillèrent les yeux pour s'exclamer en même temps :

-Qu'est-ce que tu fais là ?

-Oh mon Dieu, qu'est-ce que tu fais là ? enchérit Alexandre d'un ton nettement moins poli.

A dire vrai, j'entendais presque la panique dans sa voix. C'était également le cri de détresse qui s'était coincé dans ma gorge à la vue d'Ulysse. Ce petit prince descendu de sa tour, c'était un oiseau de mauvaise augure. Mais mon inquiétude muette fut très rapidement apaisée par Octavia, consciente de l'image qu'on avait tous les deux en tête.

-Non, non ne vous en faites pas ! Oh par Merlin non, ce n'est pas concernant Nestor, pas de menace, rien du tout !

Je me rendis compte alors que je retenais ma respiration depuis que j'étais entrée dans la pièce et inspirai une grande bouffée d'air qui chassa le cri et me permis de retrouver l'usage de ma langue. La main d'Alexandre s'abattit puis se crispa sur mon épaule.

-Seigneur, vous m'avez foutu la frousse !

-Hé, lança Alexandre à l'adresse de Simon. Tu ne pouvais pas annoncer la couleur direct, mon ... ?

-Oh, non ! le coupa-t-il fermement. Certainement pas !

Un éclat de rire absurde m'échappa quand j'imaginais le ravissement d'Ulysse et d'Octavia s'ils entendaient Alexandre appeler Simon « mon crapaud ». La même image parut traverser l'esprit de Melania car elle s'esclaffa franchement avant de s'avancer d'un pas volontaire dans la pièce.

-Magnifique nouvelle ! Maintenant on peut avoir la véritable raison qui t'a poussé à trainer ton royal fessier jusqu'ici ?

Ulysse vrilla une main sur sa tempe, comme si cela pouvait le protéger de l'air moqueur de sa sœur. Il ne parut pas apprécier le sourire ravi que j'échangeai avec Simon face aux mots employés par Melania et fusilla Octavia du regard. La jeune fille esquissa un léger sourire et ne se laissa pas démonter.

-C'est une idée stupide, cingla Ulysse.

-On en a parlé, rétorqua Octavia sans se départir de son sourire. C'est mon ultime condition, tu sais ce qui te reste à faire.

Les yeux gris d'Ulysse roulèrent dans leurs orbites et j'échangeai un regard perplexe avec Melania. La jeune femme haussa les épaules en signe d'ignorance. Avec un soupir qui semblait arracher à lui-même, Ulysse Selwyn se leva et fit quelque pas en ma direction. Machinalement, j'en reculai d'un, gênée et surprise qu'il se plante ainsi devant moi le visage si fermé. Incapable de le regarder dans les yeux, je me penchai discrètement pour interroger Octavia du regard, mais elle semblait être trop concentrée à maintenir ce léger sourire énigmatique sur ses lèvres. Faute de réponse et consciente que l'atmosphère s'était tendue depuis qu'Ulysse s'était levé, je me concentrai à nouveau sur lui, perplexe. Sa mâchoire se contracta et il consulta une dernière fois Octavia du regard avant de lâcher du bout des lèvres :

-Victoria, il semble que je te doive ... des excuses. Dans le passé, j'ai eu un comportement inacceptable avec toi et les conséquences ont été terribles pour nos deux familles. Si je n'avais pas jeté le premier mot, il n'y aurait pas eu de cinq novembre.

Il prit une profonde inspiration et ferma les yeux l'espace d'un instant. Je le fixai, incapable de croire et d'admettre les mots qui me parvenaient.

-Au-delà de cela, j'ai pris récemment conscience du préjudice moral que je t'ai causé.

-Et physique, rappela Octavia d'un ton tranquille.

-Et physique, concéda-t-il en penchant la tête. Tout cela sur des bases qui, nous le savons tous deux, sont fausses, imaginaires et pire que tout, peuvent conduire aux actes criminels auxquels nous assistons aujourd'hui. Alors pour tout cela je te prierais de bien vouloir accepter mes excuses.

Le discours était soigneusement préparé, exécuté, si protocolaire qu'il était peu naturel. C'était peut-être pour cela que j'avais du mal à le prendre au sérieux, que depuis qu'il avait commencé à parler j'oscillai entre hilarité et incrédulité. Ce fut cette dernière que laissa éclater Simon :

-C'est pour ça que vous squattez mon salon depuis une heure ?

-Et je ne « squatterais » pas plus longtemps que ça, Bones, cingla Ulysse d'un ton froid. J'attends juste que Bennett accepte mes excuses.

-Et pourquoi elle le ferait ?

-Simon !

-Non sérieusement, insista-t-il malgré Octavia qui venait de se lever. Pourquoi ? Parce que brusquement, tu as besoin de ça pour les beaux yeux de McLairds ? Tu crois vraiment que ça fait tout oublié ? Que soudainement parce que tu es fou amoureux, ça pardonne tout ? Les insultes, les poursuites, les coups ?

-Ce n'est pas à toi de décider, répliqua Octavia.

-C'est vrai, admis-je avant que la conversation ne m'échappe. Mais il n'a pas tort.

J'entendis Simon soupirer de soulagement dans mon dos mais Ulysse plissa les paupières en sa direction.

-Les insultes, les poursuites, les coups, répéta-t-il avec une certaine lenteur. C'est drôle, que tu dises ça, ce n'est pas exactement ce que tu lui faisais subir ?

-Excuse-moi ?!

Simon voulut s'avancer, indigné par l'allusion, mais Alexandre lui barra le passage d'un bras et vint crisper une main sur son épaule. De mon côté, je fixai celle de Simon qui s'était plongée dans sa poche, puis Octavia qui avait sorti prestement sa baguette. J'écartai précipitamment les bras en me plaçant préventivement entre Simon et Ulysse.

-Allez, stop, tout le monde se calme ! exigeai-je d'un ton ferme. Bon sang, inutile de tirer la baguette pour si peu !

-Quand on peut la tirer, grogna Alexandre. Allez, Sim', assieds-toi et laisse-la gérer.

J'adressai un regard reconnaissant à mon frère, qui hocha la tête. Simon mit quelques secondes à sortir la main de sa poche, quelques secondes pendant lesquelles il fixa Selwyn d'un regard ardent, le visage fermé, ses prunelles vertes luisants de tous les sorts qui défilaient dans son esprit. Puis Alexandre le poussa plus fermement vers le canapé le plus proche et enfin ses doigts émergèrent de sa poche sans rien en tirer. Il s'y laissa tomber, les bras croisés, mais les yeux toujours rivés sur Ulysse. Mon frère s'assit sur le bras du fauteuil juste à côté et me sourit.

-Vas-y Tory, à toi maintenant.

Je me sentis rougir quand tous les regards se rivèrent sur moi – excepté celui de Simon qui paraissait toujours à la recherche du maléfice le plus douloureux et le plus humiliant pour Ulysse Selwyn. Pourtant, j'avais la sensation que rien ne devait être plus humiliant pour lui que la situation présente, où il était planté devant moi en quémandant mon pardon, presque à en remettre son destin entre mes mains. Et pire que tout, j'avais conscience du regard de moins en moins serein d'Octavia qui pesait sur moi. Je la dévisageai, tiraillée. Elle était venue me voir pour chercher la bénédiction, mon acceptation, moi, la fille que son aimé avait harcelé. Maintenant, pour être certaine de ne pas faire une erreur, elle demandait à Ulysse de purger les siennes. Ma bouche se tordit, indécise.

-Ce n'est pas ma décision, McLairds. C'est la tienne. (Je jetai un bref regard à Ulysse, qui me contemplait toujours d'un air détaché). On ne va pas se mentir, tu ne l'aurais jamais fait si elle ne te l'avait pas demandé. Même si tu as conscience de tes torts. Vous êtes trop fiers pour ça, vous, les Sangs-Purs.

Melania et Octavia échangèrent un regard ennuyé que j'ignorais. Mon père m'avait tout appris qu'il fallait toujours pardonner, que les mauvaises actions seraient payées dans un autre monde et jugée par une puissance juste, légitime et supérieure, Seigneur que c'était difficile dans la réalité. Simon avait raison, c'était trop facile d'effacer les insultes, les poursuites et les coups. Puis mon regard glissa sur Alexandre, occupé à calmer Simon à voix basse, penché sur son oreille. Mon cœur se serra et l'espace d'un instant, le cri qu'il avait poussé sur le toit de son immeuble à Bristol me perça les oreilles. Je portai une main à ma tempe, troublée, vacillante sur mes positions.

-Bon, écoute je vais y réfléchir, finis-je par décréter face à la pression silencieuse qui s'épaississait en l'attente de ma réponse. C'est tout ce que je peux promettre.

Ulysse haussa les épaules, l'air indifférent. L'était-il vraiment ou se drapait-t-il du peu de dignité qui lui restait ? Toujours était-il qu'il hocha la tête d'un geste élégant avant de s'en retourner vers Octavia pendant que je me laissai tomber dans le sofa à côté de Simon. Il avait enfin lâcher Ulysse pour river ses yeux sur moi, écarquillés et incrédules.

-Réfléchir ?

-Il m'a aidé pour Mel et Alex, lui rappelai-je d'un ton sec. Et même si c'était pour se protéger lui et sa famille, ça compte.

Alexandre, assis juste de l'autre côté de Simon, se raidit et serra le poing sur son genou. Il contempla Melania, toujours debout près de la porte, puis son frère prêt à prendre congé. Ulysse se dirigeait vers la porte sans demander son reste quand il cingla :

-Pas si vite mon grand. Demi-tour droite, on a à causer.

Ulysse s'immobilisa net dans l'encadrement de la porte qui menait au vestibule et tourna à peine le visage pour rétorquer :

-Vraiment ? Et de quoi ?

-De ton psychopathe de frère et de ta non-moins psychopathe de mère.

Je retins mon souffle et observai discrètement la réaction de Melania. Elle ne parut pas vexée par sa façon de désigner sa famille et hocha même la tête avec une certaine détermination.

-Oui, tu as raison. Tant qu'on est tous réuni, il faut qu'on en parle. Assieds-toi, Ulysse.

Elle prit elle-même place à côté d'Octavia, qui lui jeta un regard de coin, l'air soudainement figée comme une statue de sel. Ulysse daigna faire volte-face pour contempler sa sœur, puis mon frère et enfin sa petite-amie. Mais visiblement, Octavia n'avait pas de réponse à lui apporter et se contenta de secouer la tête. Il passa une main gênée sur son col.

-Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous savez pertinemment ce qu'il en est.

-En fait absolument pas, répliqua Alexandre. On n'a aucune nouvelle depuis que ton frère a laissé son message enflammé sur notre église en septembre ...

-On n'est pas sûr que ...

-Oh arrête, râlai-je en levant les yeux au ciel. Evidemment que c'était lui.

-Et il faut l'admettre Ulysse : mère paraissait trop heureuse pour ne pas être lié, ajouta Melania avec gravité.

Comprenant que toute fuite était inutile, Ulysse finit par revenir à pas lent vers nous et reprit sa place sur le fauteuil. Mais soudainement, il avait moins l'air d'un prince que d'un accusé devant une cour de justice. Ses épaules étaient rentrées et son regard défiant, prêt à nous affronter.

-Et alors ? Les rondes des Aurors ont réussi leur coup, ça fait deux mois qu'il n'a rien tenté.

-Est-ce que tu peux arrêter de faire semblant que tout va bien ? l'attaqua Melania, exaspérée. Qu'il n'y a rien à dire ? Arrête, Ulysse ! Je ne vis plus à la maison, mais chaque fois que j'y passe je les sens, les tensions et j'entends parfaitement les disputes. Alors toi qui vis quotidiennement au manoir, tu dois en entendre plus que moi ...

Je m'efforçai de ne regarder ni Melania ni Simon et serrai le poing devant mes lèvres. Elle m'offrait plus que ce j'en espérais compte tenu de la mission dont m'avait donné Tonks. Trainer les oreilles du côté des Selwyn. Ulysse avait plaqué ses paumes l'une contre l'autre et croisé ses doigts devant son visage. Ses traits s'étaient figés aux mots de sa sœur et je sentis qu'elle touchait à une vérité qu'il souhaitait maintenir la plus floue possible. Son attitude finit par agacer Octavia qui claqua la langue.

-Tu es sérieux ? Des vies sont en jeu et tu vas te taire ? Bon sang, c'est bien beau de me prouver que tu as changé en venant jusqu'ici t'excuser mais si derrière tu penses que le chemin est fini et que tu peux redevenir le petit prince de ta lignée, tu te mets le doigt dans l'œil ! Bon sang, dis-leur ce qu'il se passe !

Les lèvres d'Ulysse se pincèrent mais le regard d'Octavia se fit flamboyant. Après quelques secondes de lutte silencieuse, elle se leva d'un bond et rejeta furieusement ses cheveux derrière son épaule.

-Simon, il est à toi. Tu as le droit à toutes tes compétences légales. Bonne chance.

-Quoi ? s'indigna Ulysse.

-Oh c'est vrai ? se réjouit Simon en se redressant.

-Du calme, le tempérai-je, amusée. On va d'abord tenter de régler ça diplomatiquement.

-Toi t'es pas la fille de Saint-Edward pour rien, fit remarquer Alexandre d'un ton presque acide avant de se tourner vers Octavia. Moi aussi j'ai ton autorisation ?

-Mais vous êtes sérieux, là ? Vous allez faire quoi, me torturer ?

-Octavia a dit « légal », rappela Simon avec un sourire cynique. Et avec des moyens légaux, on peut trouver plein de façons différentes de te faire parler, j'ai commencé à apprendre pas mal de chose à l'IRIS. Tu veux que je te montre ?

Il avait négligemment sorti sa baguette d'acacia qu'il faisait à présent élégamment tournoyer entre ses doigts. Ulysse suivait ce mouvement de ses yeux gris et eut même un sursaut quand des étincelles jaillirent de la pointe. Il glissa le regard sur Octavia, qui avait attaché sa cape, l'air prête à partir et se laissa aller contre le fauteuil.

-Très bien, céda-t-il. Très bien, je vais vous dire ce que je sais – et malheureusement pour vous, ce n'est pas grand-chose. Mais c'est vrai que c'est pas grand-chose de significatif.

-C'est fou qu'on soit obligé d'en arriver aux menaces, s'ébahit Melania, interdite. Père t'a demandé de tenir ta langue pour que tu luttes comme ça ?

Le silence d'Ulysse était éloquent. Octavia paraissait furieuse et avait laissé tomber son sourire de grande dame. Sa main blanche serrait l'attache d'argent sur sa gorge, si fort que je fus persuadée qu'elle rêvé de la serrer autour du cou d'Ulysse. Elle se maîtrisa en prenant une immense inspiration et contourna le fauteuil pour se rassoir.

-Très bien. Alors, qu'est-ce qu'on doit savoir ?

-Octavia ...

-Qu'est-ce qu'on doit savoir ?

Ulysse la dévisagea longuement, elle et son regard inflexible. S'il finit par parler, ce fut les yeux rivé sur elle, comme si les confidences, les concessions, étaient pour elle et pour elle seule :

-Il ne faut pas que ça sorte de cette pièce ... Depuis cet été, on essaie de restaurer la respectabilité de notre famille et c'est loin d'être facile. Certaines puissances financières refusent de travailler avec nous, certaines que Nestor est un Mangemort et que soit ça les mettrait en danger, soit elles nous considèrent dans la même veine. Alors s'ils apprennent que c'est le cas de la moitié de la famille, en effet ...

-La moitié ? s'étonna Octavia.

-Enoboria, confirma Melania d'un air sombre. C'est la petite dernière, elle est très proche de notre mère ... Mais elle est encore à Poudlard, ce n'est pas elle qui m'inquiète pour l'instant.

Je sentis Simon se tendre à mes côtés et je sus que nous avions le même nom en tête. Même Susan avait évoqué Enorboria quand nous étions venue la voir à Pré-au-Lard, la cour qu'elle semblait se former et la façon dont elle semblait la suivre du regard.

-Le plus urgent, c'est mère, insista Melania, son œil perçant planté sur son frère. C'est ça ?

-On la soupçonne de continuer à financer Nestor, oui, avoua-t-il du bout des lèvres. Et de l'avoir présenté à Torfinn Rowle, je ne sais pas si vous savez ...

-Oh si, le coupai-je avec une grimace. Je vois très bien.

C'était l'homme qui avait chaperonné le groupe sur le toit de l'immeuble de Bristol. Celui qui avait torturé Alexandre. Celui qui était à présent devenu Mangemort et que Tonks soupçonnait d'héberger Nestor.

-Donc elle ne fait pas que le financer, elle l'encourage à aller sur la voie des Mangemort, conclut Octavia avec son esprit synthétique de Serdaigle.

-Pendant que ton père dit qu'il n'y a pas de lien entre les Mangemorts et sa famille, ça fait tache, ricana Alexandre.

-Elle ne finance que Nestor ou vous pensez qu'elle finance la cause entière ?

Merci Bones. J'étais heureuse de ne pas être celle qui poserait cette question, mais en observant la lueur circonspecte qui s'était mis à briller dans les yeux d'Ulysse, je doutais que ce soit une bonne chose que ce soit lui qui la pose.

-Aucune idée, très honnêtement. Ce serait bizarre, ce n'est pas elle qui a les cordons de la bourse : c'est mon père. Elle n'a accès qu'à l'argent qu'il lui donne.

Melania poussa un grognement dédaigneux et échangea un regard avec Octavia et moi. Evidemment que l'idée était révoltante mais – et j'avais conscience que c'était horrible de ma part – j'étais soulagée de savoir que Thalia Selwyn n'avait pas la pleine possession de ses moyens. Mais Melania eut un sourire ironique.

-Je vérifierais bien ça mais moi aussi je suis une femme. Je suis la spécialiste en droit et en connaissance moldue, c'est toi que père a désigné pour être l'expert financier de la fondation Selwyn. A toi d'aller vérifier sur les comptes que c'est vrai.

-Tu me demandes d'espionner nos parents ?

-Il faut qu'on en ait le cœur net. Qu'on sache ce qu'il nous attend. Je doute que mère soit capable d'agir réellement contre les Bennett ou moi, mais si elle les finance assez elle sera assez puissante pour commander. C'est peut-être pour ça qu'il n'y a rien eu pendant deux mois. Un avertissement – un peu maladroit, du grand Nestor – qu'elle a apprécié mais qu'elle lui a reproché pour manque de finesse. Mère adorait me répétait que Patience était mère de Sûreté.

-Mais ...

-Bon, Selwyn, l'interrompit froidement Simon. Un jour ou l'autre, il va bien falloir que tu décides dans quel camp tu te situes, parce que là c'est tout, sauf clair. C'est bien beau de vouloir protéger ta famille, mais en faisant ça tu protèges et tu cautionnes un réseau bien plus vaste.

-Je ne soutiens pas les Mangemorts, Bones ! Tu crois qu'un Mangemort irait faire des excuses à une Sang...

-NON !

Le cri fusa à la fois de Simon, mais aussi d'Octavia et Melania, même si contrairement à lui elles n'avaient pas tiré la baguette, ce qui expliquait que je me joigne à leur cri mais à l'adresse de Simon. Je refermai immédiatement la main sur son poignet pour l'empêcher de la pointer sur Ulysse. Il m'opposa une résistance mais je réussis à lui faire baisser le bras pendant que Melania s'indignait :

-Même si tu ne le penses plus, même si tu ne fais qu'emprunter un langage tu ne dois jamais – jamais – utiliser ce mot ! Et en tout cas, je ne te laisserais pas faire !

-Ce n'était pas pour l'insulter, c'était pour illustrer !

-Ça n'illustre rien du tout, rétorqua Octavia en levant les mains au ciel. Tout ce que ça illustre, c'est que tu banalises ce mot alors qu'il est loin d'être anodin. Les mots ont du pouvoir et en continuant d'utiliser celui-ci pour désigner les personnes comme Victoria, tu continues de dire qu'elles te sont inférieures. Et continuer de perpétuer leur infériorité, c'est ouvrir la porte au reste – tout ce en quoi croient les Mangemorts et Tu-Sais-Qui. Alors ta sœur a raison : n'utilise plus jamais ce mot. Il est même contraire à ce que tu crois, tu m'as dit que tu n'as jamais considéré Victoria comme inférieure.

Le regard d'Ulysse passa brièvement sur moi et les échos de la dispute entre Octavia et lui que j'avais perçu cacher derrière une armure me revinrent. Non, il avait toujours eu conscience que j'étais son égale, à magie égale. Justement parce que j'avais brûlé le visage de son frère un soir de 5 novembre. Mes doigts se décrispèrent sur le poignet de Simon et de mon autre main, je sortis ma baguette de bois de saule et passai mon pouce sur les reliefs en arabesque qui décoraient la surface claire. Je me souvins de la fureur qui m'avait envahi la dernière fois que j'avais entendu le mot « Sang-de-Bourbe », de tous les sentiments qu'Octavia avait brillamment verbalisé : si j'acceptais ça, c'était la porte ouverte à tout le reste.

-Pour information, la dernière personne à avoir prononcé ce mot devant moi a pris un maléfice, finis-je par lâcher. C'était Warrington.

Les yeux d'Ulysse s'écarquillèrent et je sentis même la surprise de Simon à côté de moi.

-L'infection de la peau de Warrington c'était toi ? s'étonna Octavia, presque admirative.

-Quand ?

-Peu importe. Ce qui importe, c'est qu'effectivement il y a des mots qui ne doivent pas être prononcer et si tu veux soutenir que tu es quelqu'un de bien et que ta famille est respectable, tu dois le bannir de ton vocabulaire. Et Simon a raison : arrête de protéger ce qui ne mérite pas de l'être. Au contraire, même : la protection de la réputation de ta famille, c'est par nous qu'elle passe, pas par le secret.

La bouche d'Ulysse se tordit, marquant son hésitation. Ça devait lui paraitre totalement contre-intuitif de se fier plus à Simon ou à moi qu'à sa propre famille, pour laquelle il était vraisemblablement capable de tout. Melania se leva et fit quelques pas devant la cheminée, les mains jointes devant elle, sa longue jupe froufroutant à chacun de ses mouvements. Elle finit par se tourner vers nous, raide et digne, le regard volontaire.

-Bon. Voilà ce qu'on va faire : Ulysse et moi on va se renseigner sur les activités de ma mère, activités qui nous donneront des informations sur celles de Nestor. Octavia pourra aussi trainer les oreilles dans les cercles mondains – et Simon aussi, je suis sûre que les Bones en fréquente ! Vous serez au bal du Ministère de noël, non ? Bref. Toujours est-il qu'on partagera nos informations entre nous six dans un premier temps et quand nous aurons du tangible, nous pourrons en parler à des cercles plus actifs ...

-Mel ...

-Si un danger se prépare, on en parlera aux Aurors, insista-t-elle avec un regard perçant pour son frère. C'est non-négociable. Et encore une fois, Simon a raison, Ulysse, il est temps que tu choisisses ton camp. Tu es avec nous, oui ou non ?

Après quelques secondes où il consulta exclusivement Octavia du regard, il finit par hocher la tête et Melania se fendit d'un « hum » satisfait. Je jetai un bref coup d'œil à Alexandre, toujours assis négligemment sur le bras du fauteuil à côté de Simon. Il n'était pas du genre à cacher ses émotions et je percevais nettement à quel point il était inquiet mais également soulagé d'être associé au plan de Melania. De ne pas être laissé pour compte au motif qu'il était un moldu. J'espérais simplement que ça réduirait son aigreur persistante à mon égard.

Octavia sourit à l'approbation de son petit-ami et se leva à son tour. Digne et fière, elle était presque le reflet de Melania debout en face d'elle, avec leurs longs cheveux soyeux et leur longue jupe qui cachait pudiquement leurs jambes, leur sourire poli et leur détermination. Elle claqua énergiquement dans ses mains.

-Là-dessus, Bennett, il est temps de nous mettre au travail, si on veut apposer notre pierre à l'édifice.

-Oh par Merlin, grogna Ulysse en la lorgnant. C'est toujours sérieux votre projet de livre ?

-Non seulement c'est sérieux, mais ça avance bien, confirma Octavia avec un sourire tranquille. Tu peux rentrer, je te libère.

Elle se pencha vers lui pour embrasser sa joue en toute chasteté, et je ne sus si je trouvais l'image mignonne ou risible. Mais voir les joues d'Ulysse rosirent ou Simon se détourner du spectacle m'obligea à choisir et je cachai mon rire dans ma main. Il finit par s'étouffer de lui-même quand Octavia soupira :

-Et on ferait bien de se dépêcher, il faut vite qu'on fige tout ça si on veut commencer à rédiger avant noël. Il va falloir faire un stock d'encre et de parchemin ...

-On va devoir rédiger le livre à la main ? m'étranglai-je.

Je n'avais pas songé à cet aspect du problème. J'avais passé ma scolarité à rédiger des devoirs excédant rarement le rouleau de parchemin à la pointe d'une plume mais l'envergure de notre projet semblait peu adaptée à ce type de rédaction. Octavia cligna des yeux, surprise.

-Et comment veux-tu qu'on fasse ?

-Mais je n'en sais rien ! Mais ça va être un travail colossal, plusieurs dizaines de rouleaux, c'est énorme ... Bon sang, pourquoi vous ne piquez les technologies moldues ?

-Parce qu'on a les nôtres, fit valoir Ulysse d'un ton sec.

-Et elles sont vachement efficaces ! ironisai-je.

Octavia et Ulysse échangèrent un regard désabusé qui me fit grincer des dents. C'était le genre de regard qui démontrait parfaitement la profondeur du gouffre qui séparait le monde moldu du monde sorcier – et qui m'éloignait moi. Je lisais parfaitement dans ce regard que j'étais la petite idéaliste née-moldue incapable de s'adapter aux façons de faire de la société sorcière et ça les exaspérait. Je bondis sur mes pieds, soudainement résolue à poursuivre mes recherches pour leur démontrer à quel point ils avaient tort – même si visiblement, je devais sacrifier ma main pour cette cause.

-McLairds, on y va ! Et promis Simon, vingt heures on est dehors.

-Vous avez intérêt, grogna-t-il.

Il avait appuyé sa joue contre son poing et tenait toujours sa baguette entre ses mains. Son regard vert se posait régulièrement sur Ulysse et inversement, comme si l'un et l'autre attendait un mouvement, un mot, un soupir, pour ouvrir les hostilités. Alexandre contemplait le tableau en restant proche physiquement de Simon, comme pour l'épauler si jamais ça éclatait. Il posa une main sur son épaule.

-T'inquiète mon ... grand, je reste pour te tenir compagnie.

-Bon sang, arrêtez ça, râla Melania, exaspérée. Ce qui vaut pour Ulysse vaut pour tout le monde ici : on doit se respecter si on veut travailler ensemble. C'est d'accord pour tout le monde ?

Elle darda un regard ardent sur Alexandre, Simon et Ulysse, qui finirent tous par donner leur accord avec des mots et des gestes les plus succincts et les plus discrets possible. J'eus un sourire désabusé face à la volonté mais l'air désespéré de Melania. Difficile de faire s'entendre une bande aussi hétéroclite que la nôtre : issus de grandes familles comme de moldus, magiques et non-magiques, fougueux ou prudents, nous étions tous aux antipodes. Et quand Melania rappela pour la seconde fois à Ulysse qu'il devait tout nous dire et que nous garderions le secret, mon cœur se serra et je fis tous les efforts du monde pour ne pas tourner mon regard vers Simon.

Je ne pouvais pas faire une telle promesse. J'en avais déjà fait une autre, une qui comptait plus que l'intégrité des Selwyn : prouver que Corban Yaxley était un Mangemort. Et si cette démonstration passait par la compromission de Thalia Selwyn, tant pis pour eux.

Gênée par la décision qui s'imposait à moi comme une évidence, je passai à la cuisine dans l'espoir de trouver quelque chose à boire pour apaiser ma gorge asséchée et nouée par le stresse. Je me servais un verre conséquent de jus de citrouille bien frais quand la porte s'ouvrit, suivie d'un soupir.

-Victoria Anne Jadwiga Bennett, tu n'es pas chez toi !

-Alors sers-moi mon verre, Simon prénom-ridicule Bones, répliquai-je en lui tendant la bouteille.

Il ne fit pas mine d'amorcer un mouvement pour la récupérer. Il se contenta de fermer la porte derrière puis de s'adosser au battant, les bras négligemment croisés sur sa poitrine et un petit sourire fier aux lèvres. Il me fixait, les yeux pétillants et de façon si intense que je finis par rougir. J'aurais voulu détourner les yeux pour effacer la gêne, mais mon regard était aimanté au sien.

-Quoi ?

-Tu as jeté un maléfice à Warrington ? Et je ne suis au courant que maintenant ?

Il n'y avait pas la moindre trace d'amertume dans son ton, juste de l'amusement et de la même fierté que laissait entendre son sourire. Et cet orgueil manifeste en fit naitre un sur mes lèvres. Comprenant qu'il ne serait pas disposé à me servir mon verre, je me retournai pour le remplir de jus de citrouille.

-Et oui ...

-Sainte-Victoria, grande pacificatrice et fuyeuse professionnelle de conflit ?

-Tout arrive, Bones. Tu ne pouvais pas être le seul à qui je donnais des coups.

Son sourire s'estompa quelques peu sans réellement disparaitre et son regard s'arracha à moi pour contempler la porte de la cuisine. Je l'interrogeai silencieusement, un sourcil dressé mais il balaya mes questions d'un geste de la main.

-Laisse. Je suis juste ... vexé de voir que je ne suis plus la seule cible de tes coups.

Je clignai des yeux, perplexe mais Simon ne me laissa pas le temps de m'interroger davantage : d'un geste, il ouvrit la porte et me la tint avec un petit sourire.

-Allez viens, Vicky. On va construire le monde de l'autre côté de la barricade.

-Then you join the fight that will give you the right to be free, chantonnai-je machinalement. Do you hear the people sing, singing the song of angry men ! It is the music of ... Oh non, Simon je vais l'avoir dans la tête !

-Tant mieux. Elle te va bien.

Un sourire timide effleura mes lèvres et nous échangeâmes un regard complice. J'avais l'impression que les notes de l'enchantement que nous avions animé, lui par la magie et moi par la voix, flottèrent dans l'air et résonnèrent en moi, m'enveloppant d'un sentiment de fierté et de plénitude. Je ne m'étais rarement senti aussi bien qu'en cet instant, cachée dans un couloir de Poudlard, à chanter Do you hear the people sing ? sous une pluie de note magiques enchanteresse crées par Simon. J'avais presque l'impression de revoir cet instant à travers ses prunelles vertes, de ressentir de nouveau cela, de me retrouver hors du temps.

Puis soudainement, tout fut brisé.

-Bennett ! Dépêche-toi, je ne tiens pas à ce qu'on m'accuse d'abuser de la sainte bonté des Bones !

La voix d'Octavia claqua ma bulle et j'eus alors conscience que je fixai Simon depuis un peu trop longtemps – en silence et avec un sourire étrange aux lèvres. Je me détournai rapidement et m'engouffrai sans attendre dans la porte laissée ouverte par Simon. Je fus tentée de lancer un regard en arrière avant de me raisonner et de rejoindre Octavia qui m'attendait de pied ferme au pied de l'escalier. Inconsciemment, je mis une main sur mon cou et mes doigts se figèrent lorsque mon pouls, fort, irrégulier, éclata à leur contact. Paniquée, je mis une main sur ma poitrine pour découvrir que mon cœur cognait fort contre ma cage thoracique, beaucoup trop fort. J'avais l'impression qu'un tambour avait pris possession de ma poitrine. Je pris une profonde inspiration pour calmer ces pulsations et éventai mon visage d'une main

C'est normal. C'est normal.

C'est normal ?
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh la la ! Magnifique fin ! Super bien écrite ! Non c'est pas normal Victoria !

Mélania, Alexandre, Octavia, Ulysse, Victoria et Simon, j'aime cette joyeuse bande ! Et Mélania en est la boss ultime, vraiment plus les chapitres passent, plus je l'apprécie !

Au fait, je lis ta fic sur Wattpad, j'ai beaucoup aimé le début d'ailleurs, j'ai hâte d'avoir les points de vue des autres personnages !
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Génialissime !
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

OLALA MAIS OUI JEXISTE TOUJOURS ça fiasait tellement longtemps que j'étais pas venue que j'étais DECONNECTEE de BN la tristesse

Wouzah comment j'avais oublié que je m'étais arrêtée à un truc dramatique ; je m'arrête donc au chapitre 11, Tourner la page
J'ignorais encore par quel miracle j'avais pu retenir Miro – enfin, si : Jaga, toujours elle, l'ange de la famille restée isolée sur la côte et qu'il était parti rejoindre.
C'est trop mignon cette loyauté à leur amour <3
Les lèvres de Lupin s'étendirent en un sourire ému.

-Sirius ... Sirius ne pouvait pas rester immobile face au danger
Le petite sourire et l'usage du passé ça me rend si triiiiiste
Pendant douze longues années ... jusqu'à qu'il m'apporte la preuve irréfutable que j'avais tort. Peter qu'il était censé avoir tué, n'était pas mort mais se cachait dans la peau d'un rat depuis douze ans. Merlin quel choc ça a été ...
Nous ça nous paraît normal cette histoire, mais elle doit un peu se dire "quoiiiiiiiiiiiii ????" :lol: :lol:
Ils auront lieu avec des membres de l'Ordre en qui nous avons une immense confiance et qui sauront voir clair en vous ...
En lisant ça je vois Benjy, Fabian, Gideon et Emmeline mais NON, pas le même ordre oups
N'importe quoi, tout ce que vous jugerez utile
Elle va se retrouverà la photocopieuse, elle dira plus ça
-Moi non plus ! Et si je vous faisais deux tasses de chocolat chaud, plutôt ? J'ai l'impression que ça nous ira mieux à tous les deux !
Maintenant je me demande comment t'es venu ce détail :lol: :lol: :lol:
C'était rassurant de voir leur amour résister à tout cela.
Ouais parce qu'en Pologne ça avait l'air tendu :lol:
Mais par précaution ... ce serait peut-être bien que tu passes ce soir.
Victoria, la femme qui murmurait à l'oreille de Simon
et m'extrait de la cheminée
J'ai eu un gros bug de conjugaison, en lisant mon cerveau a eu le réflexe de se dire "extrayit" :lol:
un homme roux à lunette qui se mit en marche sans attendre.
Cameo d'Arthur ??
Les sorciers fourmillaient dans l'Atrium
Moi aussi j'ai cette image mais en même temps je me demande comment il peut y avoir autant de monde là-dedans vu le nombre de Sorciers pas si importants que ça, ou alors est-ce que tous les Sorciers de Grande-Bretagne ou presque travaillent au Ministère ? :lol:
Plus sérieusement je suis trop contente de retrouver cette ambiance du Ministère héhéhhé
-Exact. Je cherche le bureau de mon petit frère, Ulysse – quelle idiote, j'ai oublié de lui demander avant de venir ... Tu ne saurais pas, toi ?
Oh c'est tellement gros comme une maison :lol:
Au bout du couloir, Miles patientait devant une porte, visiblement nerveux
GENAAAAAAAAAAAAANT
-Gillian Fawley, lâcha Octavia, estomaquée. Bon sang, il a baissé en gamme ... D'accord elle est très jolie mais elle ne te vaut pas ...
Quel beau compliment :lol:
-Ça va ... il faut ... il faut juste que j'aille voir quelqu'un.
quoi quoi quoi ?
Emily ??
AH J avais raison
-J'ai vu Miles avec sa nouvelle copine ... Et ça m'a fait un choc. J'avais besoin d'en parler. Avec ma meilleure amie.
C'est chou et triste un peu

Elle vit avec Roger ??
Cette situation gênante a besoin d'une bière pour qu'elles se détendent
-Je n'en sais rien ... Elle est plutôt jolie.
C'est pas très sympa pour Miles en vrai :lol: A priori il est pas SI superficiel
Oh noooooooon c'est affreux ses réflexions

C'est trop mignon parce que Vic a pas dit grand chose sur ce qu'elle a ressenti en voyant le couple, mais Emily sait très bien quels sont les points qui bloquent
-Alors te voir entrer dans le monde du Quidditch pro, ou alors Simon aller à l'IRIS... ça ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Je ne voulais pas m'imposer ça ...
Oh nooooooooooon elle me fait de la peiiiine, mais je trouve ça cool que tu exposes des raisons autres que juste "je me suis trompée je suis vexée je vous parle plus"
La dynamique qui m'avait semblé évidente, c'est que tu te rapproches de lui et que tu t'éloignes de nous.
Déjà je trouve ça pas cool de penser comme ça haha mais bon, ensuite elle s'imaginait quoi, Vic et Simon sont voisins et se connaissent depuis toujours :lol: OKAY ils pouvaient pas se piffrer mais quand même

OKAY cette scène était super triste, mais très réaliste (enfin, c'est pour ça qu'elle était super triste). Bref, je t'admire de savoir présenter des situations très nuancées comme ça, sans vrai coupable. J'espère qu'elles pourront continuer à se voir un peu quand même T.T
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Oui, le train est le meilleur ami du commentaire, surtout depuis qu'il y a le wifi dedans

Chapitre 12, entre ciel et terre oh yeah

Okay le dialogue initial, j'avais AUCUNE idée de qui parlait :lol: Puis entre les trois fanfics j'étais clairement perdue :lol:

Est-ce qu'elle aurait continué la séance si elle s'était VRAIMENT déboîtée l'épaule ? :lol:
-Sacré coup, tu aurais dû t'arrêter, marmonna-t-elle
Comme moi quand je suis tombée au supermarché :') (faire ses courses est un sport à risque oui oui)
(la tablette du train est trop basse par rapport au siège, je me pète la nuque c'est l'enfer)
mais il me surprit en écrasant simplement sa cigarette sur le bord du mur
Les fumeurs sont des gens bizarres
-Pas tout à fait exact, mais passons.
Comment ça ???
AH nan mais c'est craignos un peu cette histoire de s'échanger Angelina quand même :lol: Surtout quand on sait la suite
C'est de l'amortentia,
J EN ETAIS SURE ça promet un chapitre intéressant pouehehehe

Il est tellement badass Kinglsey haha
depuis que Fred avait tenté d'entrer dans les coussins
Quoi :lol: :lol: :lol: :lol:
Il émanait de lui une sensation de calme et de force qui avait un effet apaisant : je ne me sentais pas agressée ou jugée.
Maintenant on sait pourquoi c'est pas Maugrey qui fait ces entretiens pouahahha
tout comme les yeux gris ouverts sur les étoiles de Cédric.
Nooooooooo T.T
mêlée d'une certaine pitié, comme s'il anticipait la peine qu'il aurait pour moi dans le futur.
C'est affreuuuuuuuuuuux
-Oh ... Je doute être utile « sur le terrain » ...
Bah ? C'est pas ce qu'elle voulait ?
Et la personne qu'on a choisi pour toi est justement une Auror,
Emmeline ????? J'ai pensé deux secondes à Dorcas avant de me rappeler qu'elle est morte T.T
Le nom de Yaxley t'est-il familier ?
Pas Yaxleyyyy
Funfact, je l'ai un peu oublié à un moment dans ma fanfic et du coup je crois qu'il a échappé au Ministère de façon inconnue :lol:
je pense que tu es assez chez eux pour le faire.
wink wink wink
J'aurais voulu être l'une d'entre elle et m'envoler, loin, fuir tout ce qui me tendait les bras mais malheureusement, j'étais vouée à rester clouée au sol.
Tout ça est un peu contradictoire ma petite Victoria haha, je croyais qu'elle voulait participer ?
Et ça comprend Simon, Victoria.
Mission impossible ça
Ils les ont tous tellement compris ça me tue, je suis sûre qu'ils sont tous persuadés qu'ils sont en couple déjà :lol: :lol:
Je suis fan de cette odeur.
Etonnant :geek: :geek: :geek:
Il était courbé, plus brusqué
On dit pas busqué pour le nez ? Adjectif que j'ai jamais compris comment utiliser haha
Tu t'es réellement infligé deux années de Rogue en plus ?
Plutôt un an et demi non haha
Comme celle qu'il avait lorsqu'il m'a vu débarqué en ASPIC ! Ah !
J'ai toujours imaginé que les jumeaux suivaient exactement les mêmes cours haha, ça fait bizarre
Je veux dire, Diggory ce n'était déjà pas facile ...
Je te jure,dès que je lis son nom j'ai la musique de la fanfare dans la tête
Nous montions à raz-de-colline avec une pente si ardue que cela nécessitait qu'il fasse des pauses, lui qui n'avait aucune condition sportive.
Je connais quelqu'un d'autre qui va faire du sport avec la citrouille
Au loin, je percevais les contours d'une étrange maison, haute et étrangement circulaire
Serait-ce la maison des Lovegood ??
-Apparemment, leur spécialiste de ça, c'était l'un des oncles des jumeaux. Fabian ou Gideon, je ne sais plus mais il avait fait une formation de Briseur de Sort
WELL WELL WELL parlerait-on de ma fic ???
-Tu sais, Victoria, si tu me laissais un peu parler et que tu réfléchissais un peu moins à ma place, tu m'aurais entendu dire que ce n'était absolument pas ça qui me dérangeait dans cette mission.
Allez BIM
JEh oui les garçons aussi sont capables d'introspection :lol:
Je sors major de promotion d'une excellente cuvée de Poudlard et je me suis rendu compte que je ne sais rien.
C'est la faute d'Ombrage ça
En le confrontant à l'échec, il avait voulu le confronter en douceur à ses faiblesses, à ses limites.
ROLALA quel grand professeur Remus :')

J'aime trop leur conversation haha, c'est chouette de les voir parler à coeur ouvert sans se crier dessus ou pleurer, parce que généralement c'est comme ça :lol:
-Oh Seigneur ... Tu vas devoir apprendre la magie noire ?
Ah c'est notre Benjy ça
Je fus soulagée que mes boucles qui volaient autour de mon visage masque cette bonne humeur aussi surprenante que soudaine
Même bonne humeur que quand elle respirait la potion TIENS TIENS TIENS COÎNCIDENCE je ne crois pas
nous pénétrâmes dans un bosquet fait de frêne et de saules pleureurs aux larmes de rouilles
Oooooh c'est beau ça !
-Pas ta poche arrière, idiot, ris-je en retirant une feuille de ma capuche. Tu vas perdre une fesse.
Et ça attristerait fort Victoria
Ahem
il avança la main et passa les doigts dans mes boucles brunes pour en retirer quelques feuilles de rouille
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH Je souris tellement derrière mon masque hahahahhahahahhaha

Bon okay c'est quoi cette maison ???
AH c'est celle des Diggory et ils vont sur la tombe de Cédric ? Okay ça me revient haha
la maison d'édition Les petit trolls rouges.
Si on avait pas déjà l'hydre éditions ça ferait un super nom :lol:

Ca existe les fleurs noirs ?
Désolée j'ai pas trop commenté mais ça me rend triste les cimetières
Elle me rendit mon étreinte de ses deux bras, et laissa le ciel déverser ses larmes sur nous.
Ooooh j'aime trop cette phrase
Simon passa un bras autour des épaules d'Emily et Emily un autour de ma taille.
Naaaaan c'est trop beau cette image :')

C'était un très chouette chapitre Perri, je dois dire que j'ai apprécié son côté plus calme haha, et puis les retrouvailles avec Emilyyyy
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Incroyable mais vrai, un autre commentaire moins de 6 semaines après le précédent

Chapitre 13 ! Le titre m'indique que ça va pas être fun haha

Moooow ils sont mignons à avoir retrouvé leur dynamique de groupe si facilement :')
c'était loin d'être la même chose
Mais c'est pas graaaaaaaave, c'est normal quand on grandit T.T

SUUUUUUUUUUUSAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN ZRKJHKHJEGKSJRTHJLSRJTHKRLTJHKLJ
je suis trop contente de la voir !
Simon se figea sur sa terrasse et porta immédiatement sa main à la tête recouverte de son immonde bonnet orange
:lol: :lol: :lol: J'ai trop souri, ils sont trop mignons

Okay le début de la lettre de Kamila je m'y attendais tellement pas :lol: :lol: :lol:
j'en avais aperçu un en allant faire du jogging – qui s'habillait encore avec des costumes de couleur bleue glacée et de soie verte ? On aurait dit un véritable arlequin
Okay, j'ai compris que c'était l'Auror qui faisait du jogging et je comprenais pas comment il pouvait faire ça en costume :lol: J'ai imaginé Barney
et Katie Bell, la pousuiveuse de Gryffondor, me fit un signe de la main.
AH
Et ainsi commença pour de bon la grande obsession de Harry pour Drago
Est-ce que cette scène où ils rentrent de Pré-Au-Lard est pas trop cheloue ? Hermione a l'air bourré haha (oooh les visionnages HP pendant le 1er confinement,ça c'était sympa quand même)

SI SI SI Allez chez Mme Pieddodu :lol: On devrait écrire sur un rancard réussi là-bas, un jour (quoi que ce serait sans doute pas très intéressant)
Le cri, presque noyé dans la masse des voix et des échos du pub, eut pour mérite de faire cesser notre puérile prise de bec.
Ils doivent TELLEMENT avoir l'air d'un petit couple d'un pdv extérieur
-C'est une ancienne famille de Sang-Pur, même s'ils n'en ont plus le fast
Je suis vraiment conditionnée, j'ai lu "même s'ils n'ont pas fait le test"

Ouloulouuuuuuuu de l'amour dans l'air
-Ma chère Susan !

La lumière fut brutalement coupée par une immense ombre
Au début en lisant, j'ai cru que c'était Hagrid avec l'ombre, puis je me suis dit que JAMAIS Hagrid parlerait comme ça :lol:
Oupsy l'arrivée de Simon ça va faire des étincelles, heureusement que Slug sait pas qui sont ses vrais parents (enfin j'espère)

Olala il est insupportable, tu le rends si bien :lol: Presque trop, j'ai envie de lui claquer la tête par terre
-Pardonnez-moi, l'interrompit Simon de manière un peu sèche. Mais qui êtes-vous ?
Mon héros :lol:

Ca me fait de la peine, Harry et Sirius. C'est vraiment un des pires trucs de la saga je trouve, cette vie gâchée, et LE PIRE c'est à la fin du 3 quand ils croient qu'ils vont vivre ensemble et que tout ira bien
Hermione eut un étrange sourire, moitié-fier, moitié coupable.

-Aucune, il s'est fait battre par Ron aux essais.
HERMIOOOOOOOOOONE

Oh non, il est suicidaire Miles ou quoi :lol:
a me fait toujours bizarre quand on mentionne le rasage des étudiants de Poudlard parce que c'est une problématique ignorée par JK haha

Attends attends mais pourquoi Miles est allé parler à Simon ???
Katie Bell sortit des toilettes avec une pâleur et un regard vide
Naaaaon pauvre Katie
Est-ce que t'as fait cette venue à pré-au-Lard pour voir Susie ou pour caler cette scène ? Quelle est la première raison haha ?
Susan monopolisa la parole avec ses imitations de la voix caverneuse de Rogue en Défense contre les Forces du Ma
Oouvreeeez votre livre à la page trois cent quatre vint... QuatOORze
-Il n'est pas avec Hermione, lui ? s'étonna Simon avec l'ombre d'un sourire.
IL PEUT PARLER et toi t'es pas avec Vic ? NON et pourtant vous êtes tout le temps fourré ensemble !
Oulala Anthony, contact physiiiique wink wink

Je te jure à la moindre conversation même très vaguement orientée couple entre Vic et Simon, mon coeur palpite
Je les aime tellement
Je te jure je viens de plaquer la main sur mon coeur
SIMON VEUT SAVOIR SI ELLE A ENCORE DES SENTIMENTS POUR LUI T.T (je sais t'as rien dit de tel, mais je suis sûre que c'est ça)
-Donc le problème ce n'est pas Miles. C'est Gillian ? demanda-t-il résolument.
J'ai l'estomac qui fait des pirouettes, j'ai l'impression que c'est moi qui suis dans une situation ambiguë avec un jeune homme :lol:
Laisse-tomber, mon cerveau est rempli d'information inutiles
Perri dans le texte
oh je FONDS

Ah bha, pendant que ça dragouille y a du drama

Okay tu m'as trompée avec le titre, c'était pas du tout un chapitre déprimant malgré la toute fin haha
SIMORIA KJFJL<RHGJKHEGKJZEKLGHZJKSBGJKZHGZH
Je n'ai rien d'autre à dire
Ah si, troooop contente d'avoir vu Susan !!
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

...
...
J'ai complètment oublié de poster. Shame on me.

Mais pour me pardonner vous allez avoir les deux chapitres à la suite - et vous allez être super contents de les avoirs à la suite, vous comprendrez à la fin de celui-là ...

Et le nom de ce chapitre le fait pensé à une chanson de 1789 les Amants de la Bastille (Ne jugez pas j'ai eu ma grosse période comédie musicale au lycée). Bref, du coup je l'ai dans la tête alors que c'est looooin d'être la meilleur chanson de l'album (Nous suivons tous le même cortège le sang n'a pas de privilège, si l'Histoire s'en souvient l'avenir nous appartient ! Oh Oh Oh Oooooh)

BREF J'ARRÊTE !

NOUS SOMMES EN PLEIN EURO DE FOOTBALL et la France est qualifiée pour les huitièmes (de façon improbable il faut le dire) et dimanche le tour de France COMMENCE Perrine est en joie.


***


L'amour et l'ambition sont des passions ... l'amitié n'est qu'un sentiment.

- Alexandre Dumas
***


Chapitre 18 : Les choses qu'on ne dit pas.

Il se pouvait qu'Octavia et moi ayons dépassé d'une heure le délai dans la bibliothèque des Bones, mais Simon n'avait pas râlé car il avait lui-même travailler ses cours de l'IRIS jusqu'à une heure avancée. Juste. En. Face. De. Moi. Et ça ne me gênait pas habituellement, mais là chaque mouvement, chaque son, chaque soupir de sa part avait crevé ma bulle de concentration et mon regard s'était mécaniquement aimanté sur lui. Alexandre était resté, observant la bibliothèque comme un enfant, tentant de s'intéresser à notre projet ou aux sorts que Simon pratiquait à même le sol, mais nous abandonna au bout de deux heures pour rentrer à Bristol – en train, comme il était venu en transplanage. Puis ce fut à mon tour de rentrer, après un dernier regard jeté à Simon qui gribouillait toujours des formules obscures sur un carnet, si concentré qu'il m'avait à peine adressé à un « au revoir ». Et alors que je descendais les marches recouvertes d'un tapis cramoisi, le malaise était revenu, inexplicable. Qu'avais-je encore fait de mal pour avoir la poitrine qui se serrait ainsi ? Alors que quelques heures plus tôt, elle battait, plus fort que les tambours de la Moria ?

Elle était pénible, cette sensation d'embarras qui ne me quittait plus depuis la fête de Slughorn. Toujours fugace, mais vivace, prenante, m'ébranlant assez pour que j'y repense chaque fois que j'étais seule. Mais chaque fois que je me retrouvais face à Simon, elle s'effaçait et le naturel reprenait le dessus. Je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qu'il n'allait pas.

Et malheureusement, mon entourage n'aidait en rien.

-Tu as de la galante visite, Barbapapa !

-Fous-lui la paix, Barberousse.

Swan et Arnold se tenaient presque nez à nez, face à Eden et moi qui les contemplions comme des enfants subissant une dispute gênante au possible de leurs parents. J'avais particulièrement envie de rentrer sous-terre, malgré le souafle que je m'étais prise dans l'épaule et qui me valait une belle contusion – et en dix minutes de jeu, Dalia avait été furieuse. Elle avait toutes les raisons de l'être : nous n'avions pas eu l'occasion de briller. La stratégie avait été la même que face aux Frelons : frapper vite et assurer les points du Vif d'Or. Mettre l'équipe entière au service de Joana. La preuve que cette technique avait ses limites, c'était que l'attrapeuse adverse, une prodige transylvanienne, avait attrapé le Vif d'or et moi, peu protégée, avais peiné à assurer le score. Quelques arrêts, beaucoup de buts encaissés et la première défaite de la saison. Pas la meilleure des journées qu'Arnold et Swan avaient décidé d'encore assombrir en débattant sur la raison de la présence exceptionnelle de Simon dans les tribunes. Juste à côté de Lysandra, mais compte tenu des conséquences, son effort concernant sa tante ne suffisait pas à m'adoucir.

-On vient de perdre le premier gros test de la saison et vous ne retenez que ça ? cinglai-je, exaspérée.

Swan daigna se désintéresser d'Arnold pour m'adresser un sourire penaud.

-Il faut bien qu'on décompresse, Barbababa. Et franchement pour le match ... On perd des points, oui, mais il ne veut rien dire sur ton niveau. Il a duré quoi, dix minutes ?

-Sept et quarante-huit seconde, rectifia Eden, morose. J'ai à peine eu le temps de marquer deux buts ...

-Et moi deux arrêts ...

-Ça ne veut absolument rien dire, persista Swan. C'est ça, le Quidditch : on peut être la meilleure équipe ou les meilleurs à son poste et tomber sur un incroyable concours de circonstance. Vous n'étiez pas la clef de ce match et vous n'avez pas de responsabilité dans la défaite.

Son regard glissa ostensiblement du côté de Joana, qui se rhabillait à l'écart de tout le monde. A la fin du match, Dalia l'avait prise à part et la seule chose qu'on avait entendu était l'écho de ses cris. L'allemande était ressortie pâle, mais la tête haute et l'entraineuse en avait profité pour apostropher vertement Cameron qui avait failli dans sa protection de l'attrapeuse. Aucun mot ni pour moi, ni pour Eden et cela donnait raison à Swan : nous n'avions pas pesé un gramme, bon ou mauvais. Le match avait été bien trop court pour cela. C'était sans doute ce qui me permettait de ne pas être totalement affecté par la défaite. Swan nous gratifia d'un dernier sourire maternel puis s'en fut du côté de Joana, toujours occupée dans son sac. C'était dans ces moments-là que je comprenais pourquoi elle était la Capitaine de cette équipe : elle était le pendant de Dalia, la vieille sage, la mère tendre qui nous mettait en douceur face à nos défauts tout en nous rassurant sur notre niveau. Elle avait un discours calme, posé qui parlait à tous. C'était la personne qui, en cas en découragement, était là pour tendre la main comme elle le faisait à présent à Joana.

Profitant que Swan soit occupée, Arnold se tourna de nouveau vers moi, presque triomphant.

-Alors ? Ton ami est venu te voir ?

Je levai les yeux au ciel sur l'insinuation dans le mot « ami ». Malgré la vague de malaise que cela réveillait, je m'efforçai de passer dessus et de hocher sobrement la tête. Cela ne découragea pas Arnold qui poursuivit :

-Et c'est le neveu de l'épouse de Grims ? Drôle, ça. Oh, je ne dis pas que t'es pistonnée, calme-toi ! rit-t-il quand je lui jetai un regard indigné. Je t'ai vu jouer, Barbapapa, je sais ce que tu vaux. C'est juste ... marrant.

Je n'avais pas réalisé que je pourrais être considérée comme privilégiée par le lien entre Simon et Leonidas et l'idée me mit réellement mal à l'aise. Assez pour espérer que cela ne s'ébruite pas. Si je n'avais pas de doute sur la sincérité d'Arnold, Cameron ou Joana risquaient certainement de ne pas prendre l'information aussi sereinement. Je passai une main dans mes boucles trempées par ma douche, agacée.

Bon sang, Bones. C'est toi le boulet accroché à mon pied.

J'achevai de faire mon sac et souris à Eden avant de prendre congé. Si nous arrivions tous en même temps pour des raisons de protocole depuis le centre Plumpton, nous étions libres de repartir par nos propres moyens à l'issue du match. Mon sac sur l'épaule et mon balai en main, j'entrepris donc de tenter de me repérer dans les méandres du McFarlan Stadium, le stade écossais dans lequel nous venions de jouer. Les murs étaient aux couleurs des différents clubs locaux mais ça m'avait fait un bien fou de retrouver l'Ecosse. Nous étions certes bien plus au sud de Poudlard, mais le son des cornemuses dans le stade m'avait arraché un sourire et donné de la force. J'étais presque en train de me perdre lorsqu'une voix m'arrêta au détour d'un couloir.

-Par ici !

Je fis prestement volte-face pour voir Lysandra Grims arriver à l'autre bout du couloir, enveloppée dans sa cape d'hiver. Ses cheveux bruns étaient cette fois déployé autour de son visage fin et elle retirait de ses longues mains fuselées les gants qui l'avait protégée du froid.

-Leo vous pensait dans les vestiaires, il est parti vous chercher ... Pas trop déçue ?

C'était toujours une sensation très étrange de se faire vouvoyer. Le vouvoiement, c'était pour les adultes, les grandes personnes. J'étais une petite personne et une enfant dans le cœur et dans l'âme. Et au-delà de ça, ça me mettait sur un pied d'égalité avec la belle et élégante femme qui venait à présent de me rejoindre dans le couloir.

-Non, ça va. Je n'ai pas pesé dans le match et la saison est encore longue ...

Lysandra eut l'air soulagée sans que je ne comprenne pourquoi. Puis en détaillant son visage impassible et son sourire qui, comme celui de Simon, prenait régulièrement des accents de cynisme, je conclus que Lysandra Grims ne devait pas être femme à apprécier écouter les autres se plaindre. Elle rangea négligemment ses gants dans une poche de sa cape.

-Heureuse que vous le voyiez ainsi. Vous cherchez la sortie, je suppose ? Ce stade est un véritable labyrinthe, les Écossais n'ont jamais su faire quelque chose de claire et de lisible ... (Elle eut un sourire ironique). Il n'y a qu'à voir Poudlard pour s'en rendre compte !

Je lui emboitai le pas, incapable de lui répondre par autre chose qu'un hochement de tête. Elle marchait beaucoup plus vite que moi, d'une foulée fluide, volontaire et immense que lui donnait ses grandes jambes. J'en étais presque réduire à devoir courir pour rester à sa hauteur quand elle lâcha :

-Il me semble que j'ai oublié de vous remercier. Pour nous avoir servi d'intermédiaire ...

-Oh. De rien, un plaisir.

Les lèvres de Lysandra se pincèrent et elle ralentit un peu pour poser un regard sur moi.

-Non, ce n'était pas rien. J'ai un peu parlé avec Simon pendant le match ... C'est encore difficile pour lui, je le sens, mais quand je l'ai interrogé sur son traumatisme, il a laissé échapper que c'est vous, plus que Rose ou George, qui l'avait aidé. C'est aussi pour ça que je vous remercie ...

-S'il vous plait, tutoyez-moi, ne pus-je m'empêcher de demander. Le vouvoiement c'est ...

-Pour les vieilles personnes ? compléta Lysandra avec un petit sourire. Désolée, j'ai été élevée dans une famille où il était la règle, je vouvoyais ma mère. Toujours est-il que ... je te remercie d'avoir rendu à ma sœur son fils.

Devant la formulation, je jetai un regard incrédule à Lysandra. Mais elle s'était détournée et regardait droit devant elle, avec cette expression digne et fière que j'avais déjà vu chez Melania ou Octavia. Toutes les grandes dames du monde sorcier semblaient avoir été forgées dans le même moule. Avant que je me puisse répondre, nous atteignîmes une porte à double battant devant laquelle deux sorciers vigiles faisaient le guet en scrutant les allées et venues. Lysandra s'immobilisa et m'adressa un sourire aimable.

-J'ai proposé à Simon de venir chez moi un jour. C'est la maison dans laquelle j'ai grandi avec Cassie ... Bien évidemment, tu es la bienvenue. Bonne journée, Victoria.

Sans attendre une réponse, elle fit souplement volte-face et s'en retourna dans les entailles infernales du stadium. J'observai son rideau de cheveux noirs se balancer au fil de ses pas, stupéfaite, méditant encore sur la formule qu'elle avait laissé échapper. Et ce fut justement une autre voix en lien avec ses allégations qui me sortit de ma rêverie.

-Bon, tu sors ?

-J'arrive, répondis-je à Simon alors que Lysandra disparaissait à un angle de couloir. Je parlais avec ta ...

Mais l'écarquillement préventif des yeux de Simon me fit ravaler ma langue. Il se tenait dans l'encadrement des portes, enveloppée dans sa cape, son bonnet orange enfoncé jusqu'au raz de son front. Quelques mèches folles s'échappaient sur sa nuque et tremblait face à la brise hivernale. La cause de cette réduction au silence se matérialisa une seconde plus tard derrière lui sous la forme d'un immense sourire dévoilant des dents parfaites et incroyablement blanches du garçon sûr de lui.

-Ouais, grouille-toi Vic', je ne suis plus habitué à rester autant dans le froid !

-Davies !

Roger Davies, anciennement Capitaine de Serdaigle, me tendit triomphalement son poing et je cognai dedans avec un éclat de rire extatique. Bon sang, il y avait combien de temps que je n'avais plus vu mon ami ? Quatre, cinq mois ? Ses joues me semblaient plus remplies et il avait coupé très court sa flamboyante chevelure blonde, mais son sourire contaminateur et sa belle énergie semblait intacte.

-Mais qu'est-ce que tu fais là ? m'enquis-je immédiatement après sans cesser de sourire. Tu n'as pas un millier de cours à réviser pour ta formation ?

-Je prends une pause. Je t'avais dit que je viendrais te voir jouer, ma grande. Et regarde qui j'ai réussi à trainer !

Il tendit un bras fier vers Simon, qui leva les yeux au ciel, puis sur quelqu'un juste derrière lui. Et avec un véritable plaisir, je reconnus Emily. Mon amie me sourit et passa immédiatement un bras en dessous du mien.

-Et on va aller prolonger la fête puisque tu nous as offert que dix minutes de pause !

-Enfin votre attrapeuse, rectifia Roger avec un regard désolé pour moi. Mais la transylvanienne était franchement douée ! Elle faisait corps avec son balai, c'était incroyable ! Elle m'a un peu rappelée Viktor Krum ... Et puis bien sûr, tu as bien joué ...

C'était faux, je n'avais fait que deux arrêts très basiques mais à présent peu m'importait la défaite et la prestation de mon équipe. La seule chose que j'aurais eu à faire de ce temps libre était les recherches pour mon projet, puisque Tonks n'avait pas besoin de moi ce week-end alors quand Emily proposa qu'on déjeune chez elle, l'idée de refuser ne me traversa même pas l'esprit. Alors je la laissai me faire transplaner jusque son appartement dans la banlieue londonnienne, moi, mon balai et ma bonne humeur retrouvée.

***


C'était étrange d'expérimenter Emily et Roger en couple vivant ensemble. Loin de la niaiserie qu'avait supposé leur rendez-vous chez Madame Pieddodu l'année dernière, ils semblaient presque distants, chacun cantonné à un rôle. Emily qui cuisinait pendant Roger se muait en hôte parfait, dressant la table et nous proposant une bièraubeurre. Emily qui s'asseyait en tailleur dans le canapé quand Roger préférait la position droite d'un fauteuil. Emily qui débarrassait et Roger qui faisait la vaisselle. Malgré tout, c'était une certaine sérénité, parfois fendu d'un saut d'humeur d'Emily, suivi d'un éclat de rire de Roger. Tout semblait si naturel que je ne sus en réalité quoi en penser. Quand le couple s'isola dans la cuisine, Simon se glissa sur le canapé, à côté de moi. Sans que je ne puisse m'en empêcher, mes joues s'embrasèrent. Pour une raison qui m'échappait – et que je mettais sous le compte de mon observation de la relation de couple entre Emily et Roger – j'évitai soigneusement de me trouver trop proche de Simon depuis que nous étions arrivés. Mais tout le malaise s'effaça dès qu'il s'installa confortablement, la joue appuyée contre son poing et me toisant avec un vague sourire amusé.

-Du coup, tu parlais avec ma tante ?

-Oh. (Le sujet de conversation ventila le feu sur mes joues et je parvins à le regarder dans les yeux). Oui, elle m'a aidé à sortir du stade. Ça a été toi ?

Il se fendit d'un vague mouvement d'épaule qui se voulait nonchalant. Je jetai un bref coup d'œil à la cuisine ouverte où Emily et Roger, toujours de dos, surveillait les casseroles se laver seules en se chamaillant sur le meilleur endroit où les ranger. Simon suivit mon regard et constata qu'il pouvait parler librement :

-Oui, globalement ça a été. Cette fois, elle m'a laissée parler, on va dire, elle ne m'a pas pressée ni rien ... Elle n'a pas essayé de me parler de mes parents, juste ... d'apprendre à me connaître.

-Elle ne t'a pas parlé du tout de ta mère ?

Une petite couleur rose fit peindre les joues pâles de Simon. Il fit tourner son bonnet orange qu'il tenait toujours sur sa main et enleva précautionneusement quelques moutons de peluches.

-Juste pour me demander ce qui avait changé pour que ... j'accepte enfin, on va dire. Je lui ai dit que c'était toi qui m'avais un peu secoué.

-Un peu ?

Mon ton incrédule arracha un sourire à Simon, qui me lança un long regard désabusé. Il passa une main dans ses cheveux puis appuya son coude sur le dossier du canapé, la main toujours vissée à sa nuque, ce petit sourire teinté de sarcasme aux lèvres. Définitivement un sourire qui venait du sang maternel.

-Un peu beaucoup, d'accord. Le léger problème, c'est que tu continues de le faire.

Je dressai un sourcil et subitement, la vague d'embarras et de doutes revint m'assaillir. Sous ma paume pressée contre mon cou, mon pouls s'était mis à accélérer. C'est normal, c'est normal, c'est normal. Je glissai un coup d'œil à Emily, toujours au-dessus de sa casserole et sans la lâcher du regard, je demandai à Simon :

-C'est-à-dire ?

-C'est-à-dire que ... je sais que tu continues à t'inquiéter comme avant, mais ... tu n'as pas, d'accord ? Je suis lancé, maintenant. Je n'ai ...

Sa phrase resta en suspens et mon cœur manqua un battement quand je la complétais mentalement. Mon regard revint immédiatement sur Simon, légèrement écarquillé. Les mots parurent alors s'étouffer dans sa gorge et il perdit son sourire. Sa main quitta sa nuque pour effleurer ma main qui s'était crispée sur mon genou.

-Je vais rectifier, pardon. Evidemment que j'ai besoin de toi, c'est une évidence, on ne va pas se mentir. Mais ... Plus pour ça, tu vois ? Je suis décidé à avancer, Vicky. Il faut juste me laisser aller à mon rythme.

-Je n'ai rien ...

-Je sais. Mais j'ai senti venir l'interrogatoire.

Un sourire coupable s'étala sur mes lèvres alors que Simon me lançait un long regard entendu, sans agressivité ni amertume. Au contraire, je sentais se tendre entre nous ce lien qui nous unissait depuis l'enfance et qui lui avait fait comprendre comment se déroulerait le reste de la conversation. Instinctivement. Naturellement. Un naturel qui me détendit et me soulagea.

C'est normal. Evidemment que c'est normal.

-D'accord, cédai-je. Mais je veux un rapport régulier. Comme lorsque tu iras chez elle, d'ailleurs ...

-Ah. Ce ne sera pas utile. Ce jour-là, j'aurais besoin de toi.

J'éclatai de rire devant sa mine déconfite et cette conclusion en totale contradiction avec ce le message qui tentait de me faire passer. Il secouait la tête, désespéré face à mon éclat de rire quand Roger lança :

-Bones ! Tu voulais voir mes cours ?

Dès que sa voix fendit le silence, la main de Simon s'éloigna précipitamment de la mienne. Puis il se leva d'un bond, sans m'adresser un regard et suivit Roger jusqu'à une porte qui se referma sur eux. Je contemplai ma main et mes doigts qui se rétractèrent sur ma paume, glacés, vides. Je sentis mon sourire se faner sur mes lèvres et le rire mourir dans ma poitrine pour ne laisser que cette impression de malaise désormais familière. Je dépliai mes doigts pour chasser la sensation, agacée par tous ses sentiments que je ne comprenais pas. Et je n'eus pas le temps de m'interroger davantage car Emily vint me rejoindre sur le canapé, deux verres de jus de citrouilles à la main. Je pris le mien avec un sourire que mon amie ne me rendit pas. Elle s'installa devant moi, les genoux serrés, la bouche tordue et finit par lâcher du bout des lèvres :

-Victoria, il faut qu'on parle.

-Ouh la.

-Oui. « Ouh la », exactement.

J'avais rarement vu le visage d'Emily aussi sérieux et cela suffit à m'inquiéter. Sans y avoir toucher, je mis le verre de jus de citrouille sur la table basse et accordai toute mon attention sur elle. Elle glissa un bref regard sur la porte que venaient de passer les garçons avant d'entonner :

-C'était l'anniversaire de ma grand-mère la semaine dernière. Je ne devais pas y aller, je travaillais mais j'ai finalement pu le libérer. Evidemment, Gillian y était. Et pas seule.

Je hochai la tête en comprenant qu'il s'agissait de Miles. Depuis le temps, j'avais eu le temps d'ingurgiter cette information incongrue et je fus satisfaite de ne ressentir qu'une pointe de perplexité. Emily poussa un profond soupir et planta son regard sur moi.

-Ecoute, j'ai un peu parlé avec lui. A dire vrai, il se peut que le ton ait monté – je pense qu'il ne m'a jamais vraiment apprécié, enfin bref. Je t'ai défendue, Victoria, alors j'attends de l'honnêteté de ta part.

-Sur quoi ?

-Est-ce que c'est à cause de Simon que tu as quitté Miles ?

La phrase était dite très rapidement, chaque mot me heurtant comme autant de balles dégainées par une mitraillette et me laissa bouche bée. Je contemplai Emily, sidérée, incapable de comprendre d'où venait cette affirmation.

-Il t'a dit ça ?

-Peut-être pas dans ces termes, mais l'idée était là. Pourtant, je ne me souviens pas t'avoir jamais entendu mentionner Simon quand tu me parlais de lui mais ...

-Mais qu'est-ce que ça vient faire là ?!

Maintenant que l'idée était assimilée, la consternation laissa place à une colère froide et je regrettai de ne plus avoir mon verre pour m'occuper les mains. Faute de quoi, mes doigts s'enfoncèrent de rage dans un coussin qui meublait le sofa.

-Evidemment que je ne l'ai jamais mentionné parce qu'il n'y avait pas à le mentionné ! Enfin, pourquoi ... ?

-Vic', tu es proche de Simon, me coupa Emily d'un ton ferme. Très proche, même. Alors il ne m'a pas donné de détail, mais ne serait pas déconnant que Miles l'ait peu supporté et que ...

-Miles ne m'a jamais parlé de Simon.

Jamais. Et pourtant, c'était possible que j'aie craint qu'il le fasse, une ou deux fois – et notamment pour les quelques fois où j'avais dormi avec lui. Mais jamais il n'avait été au courant de ce détail. J'aurais compris qu'il l'aurait mal pris, mais ça ne signifiait rien. Emily plissa les paupières avant de s'enfoncer dans le canapé, les bras croisés.

-Donc tu me jures que Simon n'a rien à voir dans votre rupture ?

-Mais oui ! Bon sang, Emily, tu étais là : quel rôle il aurait pu avoir ?

Je m'étais efforcée de baisser mon inflexion quand la jeune fille coula un regard sur la porte, comme pour s'assurer que les garçons étaient toujours à l'intérieur – et hors de portée de voix. Ses lèvres se pincèrent.

-Je n'en sais rien. Moi, je n'ai rien vu. Mais je t'en avais parlé, la dernière fois ... Vic', notre groupe n'existait plus. C'est possible que j'aie manqué des choses tu ... étais plus avec lui qu'avec moi.

-Mais je te l'aurais dit !

Emily eut un pauvre sourire. Un sourire amer.

-Comme tu m'as dit que ton frère sortait avec Melania Selwyn ?

La réplique coupa court à tout ce que j'aurais pu rétorquer, à la bouffée de colère qui montait en moi et à tous les arguments que j'étais en train de planifier. Je me contentai de dévisager Emily, estomaquée, et réalisai subitement qu'elle était l'une des dernières au courant. Après Miles, Ulysse ... Octavia, sa rivale. Et la moitié de la Communauté sorcière qui commentait la rumeur survenue cet été.

-Em' ...

-Vic', je vais essayer de faire la vieille sage et prétendre que je ne t'en veux pas, m'interrompit-t-elle en levant une main. C'est faux, bien sûr, j'étais furieuse quand je l'ai appris et je le suis encore. Mais j'essaie de me dire que ... c'était compliqué l'année dernière. Pour toi, comme pour moi. Ce qui explique qu'on se soit caché quelques petites choses. Ne mets pas ma résolution à rude épreuve en me disant à quel point tu es désolée.

Je ravalai mes excuses au dernier moment devant les éclats de courroux qui animaient malgré tout le visage et la voix d'Emily. C'était contenu, sourd sous le ton posé, mais c'était là. Elle ferma les yeux et se massa la tempe d'une main.

-On n'était pas d'accord sur le contexte. J'aurais été de très mauvais conseil... C'est peut-être pour ça que tu ne m'en as pas parlé. Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir, tout ce que je veux te dire c'est ... (Elle prit une profonde inspiration et rouvrit des yeux plus résolus sur moi). Je veux qu'on fasse table-raze de ce qui s'est passée l'année dernière, Vic'. On a merdé toutes les deux, on s'est cachée des informations essentielles toutes les deux, mais j'aimerais que ça se finisse. Tu es d'accord ?

Je contemplai Emily, ses traits encore tendus, son regard qui ne cessait de faire des allés-retours entre la porte et moi. Malgré les émotions fortes qui tourbillonnaient encore en moi, j'étais touchée par la main tendue qu'elle me présentait, comme une bouée de sauvetage pour notre amitié qui tanguait depuis quelques mois. Et comme j'étais une fille de paix et de la conciliation, je hochai la tête.

-Oui. Oui, c'est d'accord.

Un sourire soulagé ourla les lèvres d'Emily et elle avança sa main pour prendre la mienne, comme pour sceller ce nouveau départ.

-Donc. Tu me jure que Simon n'a en rien joué sur votre rupture ?

-Non. Je te le jure.

***


C'était un mensonge.

Enfin, à moitié.

Pas de mon côté. Je me souvenais encore de toutes les réflexions qui m'avaient secouées après les vacances de Pâques, après la première fois où j'avais fini par me rendre compte que je n'étais pas tombée amoureuse de lui : jamais, jamais, je n'avais songé à Simon. Il avait été totalement absent de mes réflexions.

Cela dit, je me souvenais avoir pensé à lui, quelques fois alors que nous avions dormi ensemble, pour me demander ce que Miles en penserait. Pas du bien, c'était évident. Et j'en avais conclu le point suivant : même s'il ne m'en avait jamais parlé, Simon, sa présence, son lien avec moi, avait dû jouer sur les réflexions de Miles sur notre relation. Et cela tordait mon ventre à n'en plus finir.

J'étais rentrée chez moi troublée, muette, plongée dans mes réflexions si bien que j'en avais justement oublié Simon à mes côtés. Et chaque intervention de sa part remuait tout ce marasme d'informations et de sensation indistinctes alors j'avais fait ce que je faisais de mieux en ce genre de circonstance : j'avais fui. J'avais prétexté une mission pour l'Ordre sachant très bien que c'était Tonks qui s'en occupait ce week-end et je m'étais enfermée une heure dans sa « grotte » au 12, square Grimmaurd en espérant y voir plus clair ou me changer les idées. Mais la seule chose qui naquit de cette heure, fut une idée absurde qui m'amena à Londres, sous la pluie et devant un entrepôt au plein cœur de la ville.

J'étais venue quelques fois à Londres, pour prendre le Poudlard Express ou pour venir au Ministère. Mais c'était la première fois que j'avais la sensation de véritablement être à Londres. En ce début d'hiver, la lumière avait vite décliné et je m'étais retrouvée devant les immeubles historiques éclairés et la tour de Big Ben qui illuminait le ciel comme un phare. La vision était quelque peu apaisante et permit à mon esprit de se tranquilliser : pourquoi n'avais-je fait que passer dans cette ville, sans m'y attarder, sans explorer ces richesses ? C'était indigne de l'historienne en moi. Mon observation de la rue, des beaux bâtiments et ma contemplation de la tour du parlement me fit passer le temps, mais je n'oubliais pas de régulièrement passer un regard à l'entrepôt.

La formation de l'Ordre du phénix avait fini par m'être utile : nous avions appris à repérer toutes les entrées des bâtiments magiques, de Ste-Mangoust au Chemin de Traverse jusqu'à quelques bars et club dissimulés dans le pays. Le Ministère avait changé sa politique concernant les entrées et les sorties en son sein. Seuls les hauts fonctionnaires étaient autorisés à relier leur cheminé directement à celles de l'institution. Les employés, eux, devaient utiliser à présent une autre voie qui débouchait ici. Il me fallut attendre trois quart d'heures sous le froid et la bruine, dissimulée sous la capuche de mon manteau bien moldu. Je sursautai chaque fois que la porte s'ouvrait puis déçue je m'éloignai pour observer les plans et les vitrines des magasins. J'étais en train de songer à aller me réchauffer dans une librairie quand Miles sortit enfin. Il s'était muni d'un parapluie moldu d'un vert assez criard et je lui en fus reconnaissant car sans cela je n'aurais jamais posé les yeux sur lui. Il avançait, tête baissée pour se protéger du froid et je me dépêchai de couper sa trajectoire. Il faillit me heurter et me jeta ce regard courroucé de tout Londonien pressé qui découvre un obstacle sur son passage. Puis il sembla me reconnaître et cessa enfin d'avancer pour me dévisager ouvertement.

-Vic' ?

Je restai plantée devant lui, frigorifiée sous la bruine et désagréablement silencieuse. J'aurais voulu le saluer, mais trop mots se battaient dans ma bouche et je doutai être capable de laisser échapper les bons. Mêmes les muscles de mon visage me semblaient atrophiés et ne laissaient même pas s'épanouir l'ombre d'un sourire crispé. Face à ma mine peu engageante, Miles recula d'un pas et embrassa l'espace du regard. Autour de nous, les passants commençaient à nous jeter des regards perplexes

-Bon sang, désolé, mais en te voyant surgir comme ça je me sens obligé de te demander ...

-Tu as un grain de beauté en haut de la cuisse gauche.

Les joues hâlées de Miles s'empourprèrent face au détail choisi. Mais de façon très honnête, c'était le plus sûr que j'avais trouvé pendant ma seconde de réflexion. Le seul qui n'attise pas la colère sourde qui s'insinuait en moi depuis qu'Emily était venue me parler. Miles trépigna, visiblement embarrassé avant de lâcher :

-D'accord, ça marche. Deuxième question, maintenant : qu'est-ce que tu fais ici ?

C'était une excellente question. A dire vrai, une petite voix continuait de me répéter que c'était une idée stupide d'être venue ainsi, à la tombée de la nuit, seule, dans l'un des endroits les plus susceptibles d'être visé par les Mangemorts. Mais j'avais préféré ça à attendre et à me laisser consumer par l'agacement et la colère. Il fallait que j'extirpe cela très vite.

-Pourquoi tu as dit à Emily qu'on s'était quitté à cause de Simon ?

Les mots s'étaient envolés de ma bouche, sans que je ne l'aie réellement décidé. Autour de nous, le temps et la bruine semblaient s'être suspendus et peu m'importait que les passants continuent de nous jeter des œillades curieuses, voire courroucées car nous étions en plein milieu du passage. Ce fut cela qui fit émerger Miles de sa stupeur et il me prit nerveusement par le bras pour m'emmener dans un coin moins fréquenté. La surprise passée, il semblait presque fulminer. Nous passâmes sous un réverbère qui éclaira la toile du parapluie et jeta une lumière verte sur le visage de Miles, découpant son profil de façon inquiétante.

-Elle ne perd pas de temps ... Je l'ai vue quoi, la semaine dernière ... ?

-Non mais je rêve, laissai-je échapper, incrédule malgré moi. Tu lui as vraiment dit ça ? Mais pourquoi ?

Je me défis sèchement de sa prise à présent que nous étions parvenus à l'entrée d'une ruelle. Il soupira et passa une main agacée sur son visage. Il avait encore cette barbe de trois jours qui le vieillissait, le rendait plus adulte et masquait les dernières rondeurs de l'enfance sur ses joues. Son regard semblait fuir le mien et cela ne fit que qu'attiser la colère qui était déjà présente, latente dans mes veines.

-Pourquoi ? insistai-je devant son mutisme.

-Ne me dis pas que tu es venue me voir juste pour ça ?

Je sentis mes joues s'empourprer mais parvins à garder mon regard dardé sur lui. La pluie s'intensifiait et je plongeai mes mains gelées dans mes poches de manteau. Mon souffle apparaissait sous la forme d'une trainée blanche que les gouttes percer.

-Peut-être, éludai-je rapidement. Du coup, pourquoi tu lui as dit ça ?

Les lèvres de Miles furent agitées d'un tic nerveux et il passa de nouveau la main sur sa mâchoire. Son regard se baissa enfin sur moi, songeur, tiraillé.

-Parce que c'est un peu vrai, Vic'.

Les mots me portèrent un coup au cœur. J'avais espéré qu'Emily ait mal compris, mais visiblement, Miles songeait réellement que Simon était responsable de notre rupture. Cela m'abasourdit assez pour que la colère retombe momentanément.

-Je ne me souviens pas qu'on l'ait évoqué quand on s'est quitté ..., fis-je remarquer, désemparée. Je n'ai pas ...

-Justement parce que je voulais éviter une scène. Je veux dire, pire que ce qu'on a eu. Je ne voulais pas ...

-M'énerver ?

Miles détourna les yeux et je compris que j'avais correctement complété la phrase. Et comme un signal, ce fut avec ce mot trahissant l'exaspération que la colère refit son apparition. Et visiblement, ce que Miles lisait sur mon visage ne lui plaisait pas car il recula d'un petit pas, emportant le parapluie et le peu de protection que j'avais avec lui. Cela acheva de m'exaspérer et il en rajouta une couche en s'expliquant :

-Vic', j'ai vu comment tu étais, vraiment énervée. Après Warrington. Sérieusement, ce jour-là j'étais persuadé que j'allais me prendre un sort ...

-Ça ne m'explique pas pourquoi Simon serait responsable de notre rupture, répliquai-je d'un ton sec. Je t'en prie, éclaire-moi parce que là je ne vois franchement pas.

Et cette allusion à l'attaque de Warrington n'aidait en rien. Je me souvenais de l'air déboussolé de Miles face à ma réaction, comment il avait reculé – comment il aurait pu reculer davantage s'il l'avait pu. C'était l'une des images qui m'avait permis d'acter que notre relation devait prendre fin.

Pas Simon.

Jamais Simon.

Et pourtant, j'avais tenté de lui parler de Miles, d'avoir son retour d'expérience avec Octavia. Mais il était demeuré coi, fuyant et m'avais laissé prendre seule la décision. Jamais il n'avait pesé sur notre relation, pas un instant.

Mais les paupières de Miles se plissèrent. Il paraissait commencer à s'agacer à son tour, comme le trahissait la main qu'il crispait sur le manche du parapluie.

-Réfléchis un peu Victoria je suis sûr que tu peux trouver toute seule !

-Bien éclaire-moi, je ne vois pas !

-Sérieusement ? Tu ne vois pas ?

C'était difficile de savoir si Miles était exaspéré ou incrédule – et la pénombre qui s'était installé n'aidait pas. Mais ses yeux étaient légèrement écarquillés et sa mâchoire contractée si fort que je doutais qu'il laisse échapper un mot de plus. Mais face à mon silence obstiné – et quelque peu perplexe – ses mâchoires finirent par se dessouder :

-C'était horrible, tu sais ? De savoir que je passais derrière tout. Mais le plus horrible, ça a été de comprendre que je passais derrière lui. Oh non, s'il te plait, n'essaie même pas de nier, me coupa-t-il quand j'ouvris la bouche pour protester. Vic', n'essaie même pas de nier, je pense que ça va m'énerver.

Je refermai la bouche, avant de la rouvrir, puis de la refermer. Ma confusion devait être visible et grognement de frustration à Miles.

-Et tu vois, c'était ça, le pire. Que tu ne t'en rendes même pas compte ...

-Mais compte de quoi ? m'agaçai-je finalement. Compte de quoi, sérieusement ? D'accord, je suis proche de Simon mais ça ne signifie pas qu'il y avait une hiérarchie entre vous et qu'il passait avant toi ...

-Oh arrête ! Toute l'année dernière n'a fait que tourner autour de lui ! Faire attention à Simon à cause de Cédric, faire attention à Simon à cause d'Ombrage, faire attention à Simon parce que Jugson ! Et il faut que je lui demande, et il faut que je lui dise : Vic', c'était horrible. Il était présent, partout, dans chacune de tes décisions. Et même quand tu ne disais pas son nom, je sentais qu'il était derrière.

Je le laissai me jeter les mots à la figure, écartelée quelque part entre la colère et la confusion. Miles se passa une main sur la bouche, comme pour se museler – mais si j'en croyais l'intensité de ces mots, ils les avaient retenus depuis trop longtemps. La vague de malaise me reprit d'un coup mais je la repoussai pour déclarer avec toute la conviction que j'avais :

-D'accord, si tu veux que je ne nie pas, je ne le nie pas. C'est quelqu'un d'important dans ma vie et il se peut que j'aie énormément pensé par rapport à lui mais Miles ...

En un éclair, je revis défiler l'année précédente et l'image de Simon sanglotant sur le pont ressortit de façon plus vivace, plus poignante que toutes les autres. Mon poing se referma mécaniquement contre ma gorge. Je ne pouvais pas raconter cela à Miles. Je ne pouvais pas lui expliquer pourquoi Simon avait tellement eu besoin de moi l'année dernière. Mais cela ne signifiait rien ... quel rapport avec nous ? Je pris une profonde inspiration et repris :

-Mais ça ne voulait pas dire que je te négligeais, qu'il passait avant toi. Tu n'avais pas ... je ne sais pas, moi à être jaloux de lui.

Parce qu'au final, c'était la seule chose que je comprenais. Sans que je le voie, Miles avait été jaloux de Simon. Un fin sourire retroussa les lèvres de Miles. Et lorsqu'une voiture passa et que ses phares jetèrent une lumière blafarde sur son visage, je compris que le sourire tenait plus de l'amère grimace.

-Pas dans ce sens-là. Mais il faut que tu ouvres les yeux Vic', il pompe énormément de ton attention, de ton énergie et ... de ton amour.

La voiture passa devant nous et roula avec fracas sur une flaque d'eau qui aspergea copieusement les passants du trottoir d'en face. Ils hurlèrent de rage et de surprise pendant que Miles me souriait toujours, de ce petit rictus, de ses yeux sûrs d'eux, à la fois blessés et victorieux alors que je m'enfonçais dans un mutisme qui sonnait de plus en plus comme un silence coupable.

Mais ce n'était pas cela. J'avais soudainement l'impression que mon cerveau s'était arrêtée de tourner et que j'étais spectatrice de la scène, incapable d'avoir le moindre contrôle sur les événements et mon corps. Tout en moi sonnait creux, faux, un vide désagréable qui s'était créé dès que Miles avait prononcé le mot « amour » et que mon esprit l'avait associé à « Simon ». Seuls mes sens fonctionnaient encore et ce fut en entendant le reniflement presque triomphal de Miles que ma langue daigna s'activer avec la réaction que me parut la plus en adéquation avec ce qui venait d'être dit :

-Mon amour ? Mais ça ne va pas !

Le cri que je poussai eut plus d'effet sur moi que sur le monde extérieur : Miles se contenta de dresser un sourcil pendant que mon estomac se contractait, mes joues s'échauffaient si fort que je craignis qu'elles fondent, et mon cœur monta dans ma gorge, amenant avec lui des pulsations qui cognait fort contre mes doigts. Je me dépêchai de les retirer pour les enfoncer dans mes poches. Le bout de mes phalanges étaient gelées contre mes paumes.

C'est normal, c'est normal, c'est normal.

-L'amour ça a plusieurs forme, Victoria, répliqua Miles, les joues rougissantes. Et je veux bien croire que ce n'est pas cette forme d'amour, mais je t'assure que ça en est.

Ses yeux roulèrent dans ses orbites et il exhala de nouveau un profond soupir qui se transforma instantanément en un panache de brume blanche. Il consulta sa montre et sa bouche se tordit.

-Et je ne vois même pas pourquoi je parle de ça avec toi ... Tu es assez grande pour comprendre, Vic'. Moi je dois y aller ...

-Sérieusement ? m'écriai-je en le retenant par un pan de son manteau.

-Victoria, je suis ton ex-copain ! Tu crois vraiment que j'ai envie de parler de ça avec toi ?

-Mais je ne comprends même pas de quoi on parle ! Miles !

Mais il s'était déjà éloigné à grand pas qui m'obligèrent à le suivre en courant. Un instant, je me demandai pourquoi il n'avait pas transplané avant de me souvenir que le Ministère avait instauré un périmètre de sécurité pour voir venir les Mangemorts et qu'il fallait dépasser ces limites pour utiliser ce mode de transport magique. Je marchai dans une flaque qui détrempa mon jean, bousculai une passante mais parvins à atteindre le bras de Miles que j'agrippai.

-Bon sang, Vic' ! râla-t-il sans ralentir.

-Je ne comprends pas pourquoi tu me lances ça maintenant ! m'énervai-je en tentant de suivre son pas. Sérieusement, tu me dis que j'ai été horrible, et tu me claques ça, que j'aimais trop Simon et que c'est pour ça qu'on s'est quitté ? Vraiment, Miles ?! Ça a été ça ta vision de notre histoire ?

Je préférais me concentrer sur cet aspect des choses, sur ma vexation qu'il réduise notre relation à sa frustration de passer derrière Simon, plutôt que d'admettre l'autre problème qu'il avait soulevé. Miles parut s'en rendre compte car il leva les yeux au ciel.

-La tactique de la fuyarde, très Victorien ...

-C'est moi qui fuie là ?!

-Mais qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? cingla Miles, exaspéré. Je t'ai tout dit, là ! D'accord je ne l'ai pas dit sur le coup parce que je ne voulais pas envenimer la situation, mais c'est une réalité : Simon a pesé sur nous. Peut-être que tu ne l'as pas senti parce que ça te paraissait normal mais crois-moi quand on est ton copain, on se rend vite compte que ça ne l'est pas.

-Mais enfin, bien sûr que c'est ...

-Non ! Victoria, tu n'as pas vu ton état à un moment : tu te rongeais littéralement les sangs à cause de lui, tu ne dormais plus – tu as loupé des cours, je doute que ça te soit arrivé dans toute ta scolarité ! Il te mettait dans un état impossible ! Ce n'est pas normal de se mettre dans des états pareils pour quelqu'un qu'on n'aime pas.

Si ma main n'avait pas été toujours agrippée au bras de Miles, je me serais immobilisée nette, comme frappée par la foudre. Mes doigts soudés à sa veste me forcèrent à garder le mouvement et la voix de Miles me parvint à travers des voiles innombrables de pensées et de sentiments indistincts :

-Tu te demandes si j'ai été jaloux ? Evidemment que je l'ai été ! Pas parce que je pensais que tu me quitterais pour lui mais juste ... Bon sang, Vic', tu lui donnais mille fois plus d'attention qu'à moi. Et moi, je sortais avec toi.

Je contemplai quelques secondes son visage, ses traits crispés par la colère et la frustration, mais qui se détendaient à mesure que les mots sortaient enfin. J'aurais voulu tenter de répliquer quelque chose, de le rassurer, de lui hurler mon désarroi face à ces sentiments, mais ma langue semblait s'être transformée en plomb. Je sentais à peine mes doigts, complétement gelés et soudés à sa veste et pire que tout, j'avais cette sensation étrange que mon esprit sombrait dans une sorte d'obscure torpeur. Je tirai sur sa manche pour le forcer à s'immobiliser avec moi.

-Miles, il fait froid.

La remarque était idiote, mais elle m'avait échappée, sonnant comme l'évidence. Il me jeta un regard torve.

-Normal, on est en décembre.

Mais ce n'était pas un froid de décembre. Ma peau n'était pas la seule à être affectée : j'avais l'impression de le ressentir dans ma chair, dans mon cœur qui s'était soudainement alourdi pour devenir une pierre dans ma poitrine, trop lourde à porter, dans mon âme qui semblait vibrer à la faveur des cris qui s'étaient mis à flotter dans mon esprit. Je fermai les yeux, inspirai plusieurs fois en espérant les chasser, mais ils revenaient, chaque fois plus distincts.

Il y a eu un accident ...

ASSEZ !

Je suis désolé ... Vicky, je suis désolé ...

Victoria ... Victoria ...


Mon sang se glaça dans mes veines. L'espace d'un étourdissement, cette sensation de lourdeur, de torpeur et désespoir me fut familière. Je l'avais déjà ressentie, trois ans auparavant mais de manière plus superficielle. Là, le froid me pénétrait jusqu'au fond de mon âme. Ma main se referma sur la baguette que j'avais cachée dans ma poche.

-Non Miles. Il fait froid.



Vous comprenez pourquoi c'est cool d'avoir le suivant à la suite?
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Je remercie Anna' pour sa relecture rassurante et enjoy la vôtre !

***


Mais vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière.

- Albus Dumbledore
Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban (film)
***


Chapitre 19 : Et la lumière fût.

Des détraqueurs.

Je les avais brièvement aperçus en cinquième année. D'abord lors du voyage au Poudlard Express, puis à Pré-au-Lard. A ce moment-là, leur pouvoir de désespoir avait été plus prégnant, plus fort, jusqu'à s'en faire évanouir Simon. Mais même à l'époque, je n'avais pas eu l'impression de ressentir les effets comme aujourd'hui.

Tu n'avais pas vécu les mêmes choses à l'époque, me souffla une petite voix dans ma tête. Tu étais jeune, innocente avec le 5 novembre pour seul ennemis. Remember, remember ...

Sans attendre d'être paralysé par l'air glacial et les cris, je sortis ma baguette. Miles me jeta un regard épouvanté et lorgna tous les passants qui continuaient de marcher à nos côtés. Mais même eux marchaient moins vite, comme si un poids immense venait de s'abattre sur leurs épaules. Autour de nous, le monde avait ralenti.

-Non mais Victoria, ça ne va pas la tête ? S'ils te voient tu pourrais ...

-Tais-toi, j'essaie de me concentrer !

Et c'était de plus en plus difficile. Les voix et le froid gagnaient de plus en plus mon corps et mon esprit : mes deux mains s'étaient crispées sur ma baguette, glaciales et tremblantes. Je fermai les paupières, mais la seule chose que j'y gagnai fut de voir les grands yeux de Cédric ouverts sur le vide. Un gémissement voulut s'échapper de mes lèvres mais je parvins à les maintenir soudées. La main de Miles s'abattit sur mon épaule. Lourde, douloureuse. Il avait compris.

-Vic' ... Par Merlin, il faut qu'on transplane.

-On a atteint la limite ?

Je n'osai rouvrir les yeux mais son silence était éloquent. Mes doigts se crispèrent encore un peu plus sur ma baguette.

Cédric ! Hagrid, par Merlin, dites-moi, je vous en supplie ... dites-moi ...

Je tentai de chasser les souvenirs d'une inspiration tremblante. De souvenir, c'était de ça que j'avais besoin. De souvenirs heureux, de souvenirs forts. De la lumière qui jaillissait des ténèbres, brillante comme l'espoir. Et alors que le hurlement d'Alexandre sur l'immeuble à Bristol prenait forme dans mon esprit, je me surpris à fredonner, comme si cela pouvait chasser les voix :

-Do you hear the people sing ? Singing the song of angry men? It is a music of a people who will not be slaves again ...

La chanson de la révolte, la chanson de l'espoir. La chanson à l'issue de laquelle j'avais été si fière de moi que j'avais été capable de produire un patronus, un colibri scintillant entre les branches d'un frêne. Ce n'est pas la taille qui importe, c'est l'éclat, m'avait assuré Simon avec un sourire fier. C'était ça. J'avais été si fière.

-When the beating of the heart echoes the beating of the drums, there is a life about to start when tomorrow comes !

Il me semblait presque entendre mes camarades puis le corps puissant des armures de Poudlard m'accompagner, donner du corps à mon chant et me toucher, comme ça avait été le cas ce jour-là sous une véritable pluie de note alors que ...

-Will you join in our crusade, would you be strong and stand with me, beyond the barricades is there a world ... Spero patronum !

J'ouvris enfin les yeux, imprégnée de tous mes souvenirs qui se télescopaient dans mon esprit et poussai un véritable soupir de soulagement quand le jet de lumière argentée se solidifia en un petit oiseau dont les ailes battaient à un rythme impressionnant. En écho des battements de mon cœur, maintenant que j'y songeai.

Miles se décala adroitement pour cacher le colibri brillant aux yeux des passants. Il me prit par l'épaule et le patronus se trouva dissimuler entre nous deux, sa lueur argentée se reflétant à peine sur nos vêtements. Déjà je sentais les voix s'étouffer en moi pour ne laisser que le cœur vibrant du chant de l'espoir. Je poussai un véritable soupir de soulagement. La buée formée par mon souffle me semblait moins opaque, sans grande consistance, prouvant que l'effet des Détraqueurs était contré.

-Incroyable, murmura Miles en se mettant en mouvement, le colibri toujours coincé entre nous. Alors l'enchantement des statues l'année dernière, c'était toi ?

Je clignai des yeux, surprise. Après la vague de désespoir puis ma concentration immense, j'avais l'impression d'enfin retomber sur terre. Un sourire confus effleura mes lèvres.

-Euh, pas tout à fait ...

-Ça va, j'ai compris, cingla-t-il amèrement. Il n'y qu'un seul élève à Poudlard capable de produire un tel enchantement ...

-Tu veux vraiment m'énerver maintenant, alors que je suis ce qui la personne qui te permet un transplanage en toute sécurité ?

Il baissa le regard sur le colibri qui virevoltait toujours entre nous. Il voulut s'échapper et nous devancer, mais je le ramenai à sa cachette d'un coup de baguette.

-Oui, tu as raison, maintenons-toi heureuse. Par curiosité, depuis quand tu l'as ?

-La fin d'année dernière. A un jour près des ASPIC, rageant. (Je levai les yeux vers le ciel, toujours lourd de nuage mais sans le moindre Détraqueur en vue). Il y aussi un sort contre eux ?

-Qui prendra fin dès qu'on aura dépassé la limite, confirma Miles, livide. Bon, voilà ce qu'on va faire. Concentre-toi sur ton patronus, moi je m'occupe du transplanage. Chez les Bones, je suppose ?

-C'est le plus sûr, oui.

J'avouai être incapable de transplaner. Malgré le patronus, je sentais encore les stigmates des serres que le désespoir avait refermé sur mon cœur. Miles soupira devant l'ironie de la chose et l'éclat du colibri tremblota. Il crispa une main sur mon bras.

-Respire. Continue de chanter si ça t'aide.

-Miles ... (Je jetai un coup d'œil sur les passants, nombreux à cette heure de sortie des bureaux). Les moldus ...

Certains semblaient pâles, remarquai-je alors. D'autres regardaient vers le ciel, l'air inquiet. Je suivis leurs regards et cette fois j'en vis un : une longue silhouette encapuchonnée qui coupa l'éclat de Big Ben l'espace d'un instant, comme un sinistre présage. Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine et Miles se pencha vers moi.

-Reste concentrée. On arrive, on sera vite rentrés.

-Mais les moldus ...

-Ils ne s'y intéresseront pas. Ce sont les sorciers qu'ils veulent. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont postés là, Tu-Sais-Qui veut paralyser le Ministère, nous faire peur, nous amener à ne plus nous rendre au travail pour détraquer la machine. Les moldus ne les intéressent pas.

Mais il y avait eu plusieurs attaques. Ici, à Londres. Je l'avais lu dans La Gazette, j'avais eu des nouvelles par Lupin. Et je doutais que les directives de Voldemort soient si précises ... Face à mon anxiété croissante, mon colibri perdit de son éclat et battit plus frénétiquement des ailes. Je mis une main sur ma poitrine où mon cœur s'était emballé et me remis à chanter à voix basse :

-Will you give all you can give so that our banner may advance? Some will fall and some will live : will you stand up and take your chance ?

J'allais finir par croire Simon et Dumbledore : la musique était réellement une essence magique, aussi magique que la magie elle-même. Car les notes et la vibration chassa l'anxiété et mon colibri se remit à briller de tout son éclat argenté.

-J'avais oublié combien elle était joyeuse cette chanson, fit remarquer Miles d'un ton distrait. Oh mille gargouilles ...

Je suivis son regard et mon cœur remonta d'un coup dans ma gorge. Nous venions de tourner à une ruelle pour nous dérober au regard des moldus. Elle débouchait sur une place piétonne ouverte sur un petit espace vert. Là, le temps semblait réellement s'être arrêté : les passants se regardaient entre eux, puis le ciel, l'air perplexe, voire effrayés. Les réverbères se mettait à clignoter de façon inquiétante, apocalyptique. Ils éclairaient par intermittence la silhouette spectrale d'un Détraqueur, invisible à leurs yeux, qui flottait quelques mètres au-dessus d'une fontaine. L'eau en dessous se mettait à geler et une femme d'une cinquantaine d'année poussa un cri de surprise en le constatant. Ma main se referma plus cruellement sur le bras de Miles, qui s'immobilisa, livide.

-La limite de l'enchantement est là, au bout de la rue, m'apprit-t-il à mi-voix. D'habitude je transplane là pour que personne ne me voit – derrière cette maison là – mais avec lui ...

Il baissa le regard sur le colibri. Le patronus avait pointé le bec sur le Détraqueur, comme s'il avait compris pourquoi il avait été créé – contre qui il avait été créé. Je pris une profonde inspiration qui se solidifia en une brume blanche et opaque qui trahissait les pouvoirs à l'œuvre ici.

-Je peux ... je peux essayer de le faire fuir. Et dès qu'il part ...

-Je nous fais transplaner. Prête ?

Non. Mais je me rassurai en songeant que j'étais encore en sein de la protection du Ministère et fus motivée par les lumières de plus en plus vacillantes des réverbères qui angoissaient les moldus au pied du Détraqueur. Ce ne serait pas franchement une action en accord avec le secret magique, mais nous n'avions pas le choix – et par chance, mon patronus était très petit. Sans attendre que tout redescende, je pointai ma baguette sur le Détraqueur qui commençait à plonger sur la foule. Le colibri suivit la direction et redoubla d'éclat en fonçant sur la créature des ombres. L'action me semblait dérisoire, stupide : il était si petit et déjà je sentais à nouveau les serres du désespoir se refermer sur mon cœur. Je m'accrochais aux mots de Simon : la taille importait peu, c'était l'éclat qui faisait la différence. C'était comme moi. Qui aurait pu croire que je serais une si bonne gardienne en faisant moins d'un mètre soixante ?

Je poussai un soupir de soulagement lorsque le minuscule point argenté fit battre en retraite la longue et inquiétante silhouette du Détraqueur. L'oiseau frappa la créature en plein ventre, encore et encore jusqu'à ce qu'elle se fonde dans la nuit et disparaisse dans les ombres d'où elle était née. C'était complétement surréaliste et pourtant à la fin, il ne restait plus que cette lumière argentée brillante comme un phare. Miles n'attendit pas pour me prendre le bras et me faire sortir de la zone protégée. Je sentis la protection de l'enchantement glisser sur moi comme de l'eau, une cape que l'on enlevait de mes épaules et presque aussitôt, mon cœur trop lourd tomba dans mon estomac. Ce n'était pas normal ...

-Attends, dis-je à Miles alors qu'il s'apprêtait à transplaner. Attends, je crois ...

Un cri à glacer le sang se fit entendre dans le petit parc. Je tournai la tête, épouvantée, pour voir un Détraqueur attraper un homme d'une cinquantaine d'année par le poignet. Ses longues manches noires découvraient des doigts visqueux, couverts de croûtes et de son autre main il repoussa la capuche qui découvrait ce que personne ne pouvait décrire. Mon sang ne fit qu'un tour et je lâchai immédiatement Miles pour courir en leur direction.

-Vic' !

-Spero patronum !

Cette fois, le colibri jaillit dès la première fois et frappa le Détraqueur à la gorge de son bec effilé. Il lâcha le passant, qui s'écroula sur le sol, hors d'haleine, perdu et hébété. Je m'agenouillais face à lui pendant que mon colibri achevait de repousser la créature.

-Vous allez bien ?

-Laura ... Laura mon dieu, ma chérie, je suis désolé, je voulais ...

L'homme était en état de choc et se contenta de se replier en position fœtale, une main sur le front, blanc comme un linge. Je le forçai à se redresser de mes maigres bras et désigner l'enseigne qui brillait quelques mètres plus loin.

-Prenez le métro pour rentrer.

-Laura ...

-C'est fini. S'il vous plait, allez au métro ...

-Victoria !

Je me tournai vers Miles, qui pointa d'un index tremblant sur l'extrémité du parc. La place s'était vidée de ses passants, sans doute effrayés par le clignotement frénétique des réverbères qui reprenait de plus belle. Mais la quelque dizaine qui restait était encerclée par trois Détraqueurs – moins celui que je venais de faire fuir. Ils étaient postés aux trois rues qui débouchaient sur la place et se rapprochaient avec une lenteur calculée. Leurs mains étaient sorties de leurs manches, éclairées de façon crue par la lumière vacillante des réverbères comme dans un mauvais film d'horreur. Leur vision me fit suffoquer. Miles réussit enfin à me rejoindre et me prit le bras.

-Il faut qu'on transplane !

-On ne peut pas les laisser, protestai-je en m'arrachant à sa prise. J'en ai fait fuir deux ...

Les réverbères s'éteignirent, puis se rallumèrent brusquement pour jeter une lumière crue sur le visage terrifié de Miles. Ses yeux s'écarquillèrent face à la proposition.

-Ils sont trois Vic', au moins ! On transplane !

J'hésitai. La peur que reflétait le visage de Miles était un reflet de la mienne : j'avais de plus en plus froid, et mon cœur devenait de plus en plus lourd. De nouveau, des voix dansaient dans mon esprit, à peine discernable, mais assez reconnaissables pour que les larmes me montent aux yeux. Cédric ... Le souvenir m'ébranla assez pour que je fixe la main que me tendait Miles, tentée de la saisir et d'échapper à tout ça. Puis un nouveau cri déchira l'air, fit écho à d'autres qui résonnaient dans mon esprit et ma main se porta plus facilement à ma baguette. Un Détraqueur s'était glissé derrière une jeune fille et avait refermé ses mains sur ses épaules. La fille était blême, incapable de comprendre ce qui lui arrivait et se remit à hurler comme une folle alors que le Détraqueur se penchait de plus en plus vers sa gorge ... Epouvantée, je levai instinctivement ma baguette, sachant très bien que j'étais incapable de le produire :

-Spero ... spero patronum !

La brume argentée était épaisse, assez épaisse pour que le Détraqueur recule, mais pas assez pour qu'il fuit.

-Vic' !

Miles tenta de m'attraper, mais je lui échappai d'un bond en me précipitant vers la fille qui venait de s'écrouler. Ses yeux convulsaient et reflétaient la lueur spectrale du réverbère au-dessus d'elle. Puis il s'éteignit complétement et je me retrouvai avec ma brume argentée comme seule lumière dans la nuit noire, obscure et humide. Je frottai les doigts tremblants qui tenaient ma baguette et retins un gémissement de désespoir quand mon semblant de patronus découpa les contours de pas une, mais deux capes longilignes. Je reculai d'un pas, toujours devant la fille qui ne reprenait pas conscience et pris ma baguette à deux mains.

-Allez Vic', m'encourageai-je d'une voix haletante. Tu peux le faire, tu l'as fait ... Allez, pense aux armures ... Spero patronum !

Cette fois, le colibri se resolidifia alors que le chant battait de nouveau au rythme des battements de mon cœur. Do you hear the people sing ... L'important, c'était que ma magie m'entende chanter. Le colibri attaqua un Détraqueur mais l'autre fondit sur moi et la jeune femme. J'eus à peine le temps de me baisser sur elle, un hurlement au bord des lèvres, qu'une vape de fumée argentée déferlait de derrière moi, l'enveloppant toute entière de bienveillance et de détermination avant de frapper la silhouette qui recula. Le second avait disparu, emporté par le colibri qui profita de la brume pour planter son bec sous le capuchon du Détraqueur. Un son à glacer le sang en sortit alors et il s'éloigna pour se fondre dans les ombres. J'exhalai un soupir de soulagement et me tournai vers la jeune fille à mes pieds. Ce faisant, je me retrouvais face à un autre Détraqueur qui agrippa mon bras de sa main couverte de croûtes, sa capuche couvrant l'impossible penchée sur moi. Je poussai un véritable cri de détresse et voulus reculer, mais je butai sur le corps de la jeune fille. Je m'étalai à terre et le Détraqueur me suivit, se penchant sur moi, prêt à retirer sa capuche. De la noirceur qu'elle cachait se dégageait une odeur putride qui me paralysa. Sa main s'appuya sur ma poitrine pour m'empêcher de bouger et il se pencha ... se pencha ... Je ne sus d'où me vint la présence d'esprit de refermer mes doigts sur la baguette que je tenais encore et de la planter dans l'ouverture béante, sans même prendre le temps de convoquer un sort. Le cri qui en sortit me perça les tympans et réveilla une terreur primitive et animale en moi. Tout tremblait autour, des lignes des arbres à la bruine qui continuait de tomber et que je ne sentais même plus, toute engourdie que je l'étais par la frayeur. Et du fond de toute ce marasme de sentiment, je me surpris à réclamer quelqu'un, toujours le même, la personne qui était toujours là pour me sortir des situations délicates.

Simon ... Simon s'il te plait viens me chercher ... Simon ...

Et la lumière fût.

J'ignore ce qui se passa réellement, mais mes idées se firent soudainement plus claire, le poids sur mon cœur moins lourd. J'enfonçais encore ma baguette dans l'ouverture avec un gémissement et ignorai le cri perçant que cela généra pour le noyer dans le mien :

-Spero patronum !

La lumière argentée m'explosa la rétine. Mon cerveau ne parut pas imprimer ce que mes yeux voyaient, mais je me retrouvais enfin libérée de la pression insoutenable du Détraqueur sur ma poitrine. Je ne pris même pas le temps de voir le colibri le bouter hors du parc et résistait à l'envie de me pelotonner en boule sur les pavés pour reprendre mon souffle. Je pense que ce fut la vision de Miles, baignant dans la fumée argentée de plus en plus mince, le regard luisant de cette lumière alors qu'un Détraqueurs s'avançaient vers lui, chaque seconde davantage à mesure que la détermination de Miles faiblissait, qui me fit sortir de ma torpeur. Je cherchai le colibri du regard, paniquée. Il était toujours aux prises avec la créature, mais je n'hésitais pas à l'envoyer vers celui qui menaçait Miles. Son éclat terni redoubla face à ma détermination de le secourir et le Détraqueur fuit dès qu'il fut touché par sa lumière. Presque aussitôt, la brume de Miles s'évapora et il s'écroula à genoux, pâle comme un linge, une main sur la poitrine. Je réussis à m'arracher à ma torpeur et me précipitai vers lui. Enfin, précipiter était un grand mot quand tenue de la lourdeur de mes jambes et du poids que je sentais toujours sur mes épaules et qui me forçaient à marcher courbée. J'étais à mi-chemin lorsque je perçus du coin de l'œil le Détraqueur qui m'avait attaqué et que j'avais délaissé pour aider Miles flotter à ma gauche et se précipiter vers le premier homme qui avait été affecté. Désespérée, je fis volte-face, la baguette tendue et mon colibri fila tel une vague trace argentée. Un gémissement se fit entendre derrière moi.

-Vic' ! Viens, on s'en va !

-On ne peut pas les laisser ! Ils veulent ... ils veulent ...

J'écrasai une main contre mon visage et ma peau rencontra le sel de mes larmes. Quand est-ce que je m'étais mise à pleurer ? Elles inondaient mes joues. Elles tombaient, comme les passants, frappés par le désespoir, contrairement aux Détraqueurs, qui avançaient encore ... j'en avais chassés mais ils revenaient toujours ... L'un d'entre eux posa ses mains visqueuses sur le cou de la fille qui s'était évanouie et inclina la capuche vers elle. Avec un hurlement de rage, je levai ma baguette au moment où on m'agrippa fermement le bras. Je vis volte-face, prête à dévier la trajectoire de ma pointe, et rencontrai les yeux hantés de Miles. Sa prise se raffermit et soudainement, il pivota.

Je compris.

Je hurlai.

Mais la magie m'emporta tout de même.

Après quelques secondes d'étouffement et d'étourdissement, j'atterris à genoux dans la pelouse humide des Bones, mes mains soudées à ma baguette. Ici, la pluie avait cessé et la lueur argentée émanait d'une lune à trois-quart pleine qui éclairait le jardin et les champs. Les branches décharnées des arbres m'évoquaient les longues mains visqueuses des Détraqueurs et un frisson glacial me parcourut. Tout semblait soudainement d'un silence assourdissant et pourtant ma tête bourdonnait encore. Je portai mes paumes à mes oreilles pour atténuer les voix dont j'entendais toujours mes échos, mais cela ne suffit pas à les atténuer. Il y a eu un accident ... il y a eu un accident ... Et les moldus, les pauvres moldus incapable de se défendre ... Mes mains glissaient sur mon visage où coulaient toujours les larmes et je me redressai brusquement pour faire volte-face. Mon poing serré rencontra l'épaule de Miles, prostré dans l'herbe, les mains sur les genoux à chercher désespérément son souffle. Il vacilla sous le choc et d'écroula dans l'herbe avec un cri de surprise.

-Pourquoi tu as fait ça ?!

-Quoi ?!

-Pourquoi tu nous as ramené ?! Ils vont aspirer leurs âmes, ils vont tous mourir – pire que mourir ! La fille ... (Je plaquai mes mains contre mon visage avec un gémissement). J'aurais pu faire quelque chose, l'en empêcher ...

Malgré sa fatigue et sa pâleur, Miles se releva immédiatement, furibond.

-Bon sang, Victoria Bennett ! Arrête, ce n'est pas possible ! Pourquoi j'ai fait ça ? Parce qu'on allait y passer ! Je ne suis pas sûre que tu aies compté mais ils étaient cinq et cinq contre ton petit oiseau c'était impossible !

-Il fallait m'aider !

-Je l'ai fait ! Je t'ai aidé Victoria et je ne sais pas si tu as remarqué mais c'est grâce à ça que tu as encore ton âme ! Mais on ne pouvait rien faire de plus ! (Il fit un large mouvement du bras pour englober Londres que nous venions de quitter). Si on restait une minute de plus, l'un d'entre nous y passait !

Mais je refusais d'entendre ça. J'avais la tête encore pleine des cris des moldus qui subissaient le pouvoir des Détraqueurs, ma peau ressentait toujours la poigne de celui qui m'avait attrapé et avec la lumière argentée dans laquelle baignait le jardin, j'avais toujours l'impression d'être coincée là-bas. Ma vue se brouilla et d'autres larmes roulèrent sur mes joues.

-C'est trop facile d'abandonner comme ça ! C'était notre devoir de les protéger, ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes ! Si tout le monde fuit au moindre danger, qu'on les abandonne à leur sort alors ...

Je frappai du pied sur le sol, à court d'argument mais toujours furieuse et désespérée.

-Tu n'avais pas à me ramener, tu n'avais pas le droit ! Pas le droit !

-Excuse-moi ?!

-Qu'est-ce qui se passe ?!

La voix tonnante de George me fit sursauter. Il venait d'émerger par la porte qui donnait sur la terrasse, la lumière découpant son ombre impressionnante sur le sol. La lueur orangée trancha avec l'argenté de la lune et je respirais plus librement, brusquement consciente que j'étais sortie de l'attaque et que les Détraqueurs avaient disparus de mon horizon. Mes mains se mirent à trembler et mes doigts laissèrent tomber ma baguette qui rebondit plusieurs fois avant d'être aspirée par l'herbe. Je repliai mes mains sur ma poitrine toujours meurtrie, toujours lourde, comme si j'avais aspiré un petit peu du souffle du Détraqueur. En un instant, une poigne ferme m'emprisonna le bras et je captai vaguement que Miles ramassait ma baguette.

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Des Détraqueurs ... A Londres ...

-A Londres ?! Bon sang ... rentrez vite ...

George n'attendit pas pour m'amener sans ménagement vers l'intérieur. Trop faible et sonnée, je ne protestai pas et jetai simplement un regard à Miles par-dessus mon épaule. Il paraissait hésité, nos deux baguettes en main, son visage blafard crûment éclairé par la lumière de la maison. Nos regards s'accrochèrent et cela parut le décider à nous suivre dans le salon des Bones. Tout était calme et la lumière des lampadaires donnaient à la pièce un éclairage tamisé que seules les braises dans l'immense cheminée éclairée. George me guida avec douceur dans le beau fauteuil près du feu que j'aimais tant et se pencha pour remettre une buche dans l'âtre.

-Les moldus ...

-Vic', soupira Miles, exaspéré.

-On ne peut rien faire pour eux, confirma George avec tristesse. C'est un débat qu'on a souvent ... Bref. Je vais voir si j'ai du chocolat dans la cuisine, réchauffez-vous.

-Je ne vais pas vous embêter, je vais rentrer ...

Le regard plus sévère de George se posa sur Miles. Ses yeux verts luisants dans la semi-pénombre me serrèrent le cœur.

-Mon garçon, je ne sais pas par quel miracle tu as réussi à transplaner une fois avec des Détraqueurs aux alentours. Moi je ne prends pas la responsabilité de prendre le risque que tu te désartibules alors assis-toi et réchauffe-toi. J'arrive avec le chocolat.

Il mit encore une buche pour nourrir le feu et s'en fut dans la cuisine. Je me pelotonnai dans le fauteuil en fixant les flammes, toujours tétanisée, incapable de percevoir la chaleur qui se diffusait de l'âtre. Pourtant, les braises étaient devenues brasier et crépitait au cœur de la pierre, pourtant j'avais l'impression d'être enveloppée du souffle glacial de l'hiver. Je portai une main à ma tempe. Ma tête résonnait encore, me plongeant dans une bulle désagréable que coupa George en me mettant un morceau conséquent de chocolat sous le nez. Sans attendre, je lui arrachai presque des mains et croquai dedans. L'arôme explosa dans ma bouche et enfin j'eus l'impression de ressentir à nouveau, que cette lourde et glaciale couverture tombait enfin de mes épaules et que la chaleur du feu me parvenait enfin. Sans même profiter du goût j'avalai mon chocolat en silence. Cette fois, je les sentais les larmes qui dévalaient mes joues. Elles me brûlaient.

Le chocolat n'extirpait pas de moi le pire sentiment. Au contraire, il me rendait plus lucide, plus consciente. Je me sentais lâche et faible.

Je rivai un regard ardent sur Miles, qui mâchait son chocolat avec un soulagement évident. Ses joues reprenaient des couleurs et il avait enfin lâché sa poitrine, comme si une douleur s'était enfin évaporée. Puis George revint dans la pièce avec deux tasses fumantes et ce fut vers lui que ma colère se dirigea :

-Comment ça, il y a un débat ?

-Pas maintenant, Vic', me répondit-t-il en posant le chocolat chaud devant moi. C'est plutôt à moi de te demander ce que tu faisais seule à Londres ...

J'avais complétement oublié ce qui m'avait amené à me rendre au Ministère et mon regard accrocha celui de Miles avant de glisser sur l'escalier qui menaient aux étages. Mon ex-petit-ami me sauva en expliquant calmement :

-Elle voulait me parler. Mais ça aurait pu bien se passer ... On était prêts à transplaner dès qu'on sortait mais ...

-Quel débat ? insistai-je sans le laisser finir. Quel débat il y a sur les moldus ?

George parut contrarié de me voir appuyer sur ce point et son imposante mâchoire se contracta. Il contempla quelques secondes la photo qui le représentait avec son frère et sa sœur, figé à l'âge de vingt ans, avant d'expliquer avec lenteur :

-Le Ministère ... ça fait quelques mois que Tu-Sais-Qui utilise la présence de Détraqueur pour faire plier les employés. Evidemment, eux s'en sortent, mais les moldus qui subissent leur pouvoir ...

Il poussa un profond soupir et passa une main dans sa barbe.

-Une commission a proposé que des agents soient postés en permanences aux limites de l'enchantement protecteur, pour les repousser et protéger la population moldue. Pour l'instant, c'est encore en suspens, ce serait quelque chose de couteux et dangereux à la fois mais ...

-Mais pour l'instant on les laisse crever, c'est ça ?

-Vic', non, ce n'est pas ça, protesta Miles, piqué au vif.

-Si c'est ça ! On a décidé que c'était « les sorciers d'abord », que les moldus étaient des victimes collatérales, mais acceptables de la lutte contre Voldemort ! C'est exactement ce qui se passe !

George ne réfuta pas et cela fit grimper ma colère en flèche. Maintenant que les brumes, le froid et la torpeur s'était évaporées, ne restait que le feu de la rage.

-Mais c'est atroce ! Mais comment voulez-vous que Voldemort n'ait pas de partisan ? Le Ministère pense exactement pareil, la magie noire en moins !

-Victoria !

-C'est ce qui se passe ! Ce qui se passe c'est « on se protège et tant pis pour eux », c'est inhumain ! On parvient à peine à se prémunir contre ça alors comment eux peuvent si nous on ne fait rien ? Comment ils font ?

-Mais on fait des choses, rétorqua Miles. Mais parfois, il faut juste admettre qu'on est impuissant et qu'on ne peut rien faire. Comme là, Vic' ! Tu ne pouvais strictement rien faire et tu nous as mis tous les deux en danger ! Bon sang, j'ai failli transplaner sans toi !

Je le fusillai du regard et il eut l'audace de ne pas baisser le sien. Son attitude me rappelait douloureusement celle qu'il avait eu face à Warrington alors qu'il maltraitait un né-moldu. Il s'était détourné, considérant ce que ce n'était pas ses affaires et j'avais compris que nous étions sur des trajectoires différentes. Voilà qui se confirmait aujourd'hui.

-Et bien tu n'avais qu'à transplaner et te mettre à l'abri !

-Tu crois réellement que j'aurais pu faire ça ? s'écria-t-il en se levant, incrédule. Et t'abandonner avec cinq Détraqueurs ? C'est ça que tu penses de moi ?

-Tu ne voulais pas rester, tu voulais fuir !

-Ils étaient cinq, Victoria, qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse d'autre ?!

-Bon sang, qu'est-ce qui se passe ici ?

Simon venait de descendre, pieds nus sur le tapis cramoisi qui recouvrait l'escalier, les cheveux en bataille et un pull aux couleurs passées sur les épaules. Il s'immobilisa à quelques marches de hauteur et porta le regard sur son père, Miles, puis moi, puis Miles, puis de nouveau moi. Entre stupéfaction et inquiétude, il n'avait toujours pas prononcé le moindre mot quand mon ex-petit-ami s'adressa à lui avec une certaine virulence.

-Enfin ! Est-ce que tu peux lui expliquer qu'elle ne peut pas jouer aux sauveuses avec tout le monde ? Toi peut-être elle t'écoutera parce que j'ai l'impression de parler dans le vide !

-Ils ont été pris dans une attaque de Détraqueur à Londres, expliqua succinctement George.

Simon avait placé une main incrédule devant sa bouche et aux mots de son père, son regard se vrilla immédiatement sur moi. Et presque aussitôt, il se mit à flamboyer.

-Mais qu'est-ce que tu fichais à Londres ?

Qu'est-ce que je fichais à Londres ... ce que ... Avec un grognement de rage, je me détournai. Evidemment qu'il fallait qu'il mêle Simon Bones à tout ça, Simon et ses grandes leçons dont je voyais déjà venir la couleur, Simon qui malgré ses principes n'admettrait pas que je me mette en danger ainsi. Et ça me rendait furieuse à l'avance.

Simon à cause de qui j'étais venue à Londres. Parce que quelque chose sonnait faux depuis des semaines dans ma vie sans que je ne comprenne.

Sans réellement avoir de but en tête, j'avançai vers la porte. J'entendis Simon dévaler les quelques marches – voire sauter sur le sol car je perçus un concert de grincement de la part du parquet – et sa main se referma sèchement sur mon épaule.

-Où tu vas comme ça toi ?! Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Laisse-moi ! Je n'ai ...

Je fis volte-face et les larmes me montèrent aux yeux quand je croisais son regard. C'est idiot, calme-toi ... Je parvins à les chasser d'un battement de cil et à poser des mots sur mes sentiments :

-Je sais ce que tu vas dire et je n'ai pas envie de l'entendre.

-Mais qu'est-ce que tu as fait ?

-Il y avait cinq Détraqueurs et elle a voulu rester pour aider les moldus ! me dénonça Miles avec un vague mouvement de la main. Pitié, fais-lui comprendre à quel point elle a été stupide !

-Ce n'était pas stupide !

Mais la pression de Simon sur mon bras se raffermit. C'était stupide.

Je tournai le visage vers le sol pour qu'il ne voit pas les larmes qui s'accumulaient à mes yeux. J'avais conscience de ne pas être rationnelle, mais rien ne l'était dans cette situation. J'avais l'impression que le pire me tombait dessus sur les épaules, au pire moment. Je voulais juste fuir, m'extirper de la situation et cesser de l'affronter – surtout depuis que Simon était entré. Et je n'étais pas la seule car Miles reprit immédiatement après :

-Ecoutez, je suis épuisé, je vais rentrer ... merci pour le chocolat, monsieur Bones.

-Je vais te ramener, proposa George en se levant. Je ne suis pas encore sûr que tu sois capable de transplaner ...

Il jeta un bref coup d'œil à Simon, qui hocha la tête avec reconnaissance et je compris que c'était plutôt pour nous laisser seuls. Je serrai les dents et fixai la main qui tenait toujours mon bras. Ses jointures en étaient blanches.

Miles ne daigna même pas nous adresser un regard en partant. La mâchoire contracté et toujours assez pâle malgré son énergie retrouvée, il s'en fut derrière George sans même protester d'être ainsi infantiliser. Sans doute était-il conscient de sa faiblesse. La porte claqua alors et Simon et moi nous retrouvâmes seuls, face à face, à nous défier silencieusement du regard. Pendant quelques secondes, personne ne parla et j'eus tout le loisir de constater à quel point les traits de son visage s'étaient tendus, comment ses iris s'étaient assombries sans que cela n'ait rien à voir avec la semi-pénombre, comment sa mâchoire se serrait à intervalle irrégulier comme s'il ravalait ses mots. Son mutisme s'éternisa et fit monter l'anxiété en moi. Et l'anxiété se transforma en poison lorsque je décidai d'être sur la défensive et de lâcher :

-Si tu as un sermon à faire, dépêche-toi. J'aimerais bien rentrer.

Ma gorge se comprima quand les prunelles de Simon étincelèrent de façon dangereuse. C'était parti. Une dispute de plus. Alors pourquoi avais-je envie de pleurer ? Les doigts de Simon tremblèrent sur mon bras.

-Peut-être que si tu m'expliquais je pourrais adapter.

-Il te l'a expliqué ! Il y avait des Détraqueurs, il voulait partir mais je n'ai pas voulu, j'ai ... Bon sang, je pouvais pas les laisser ! Quoi ?! me récriai-je quand Simon plaqua une main désespérée sur son front. Quoi, toi aussi tu penses que je suis stupide ?

-D'habitude non, mais là, franchement oui, Vicky !

-Qu'est-ce qu'il y a de stupide à vouloir sauver des gens ? Ils allaient les embrasser, ils les ont certainement embrassés maintenant !

L'idée me fut fit douloureuse que ma voix s'érailla sur la fin de la phrase, mais cela ne parut pas attendrir Simon. Il lâcha mon bras pour me prendre par les épaules et planter son regard dans le mien. L'intensité était-elle que mon souffle se bloqua dans ma gorge.

-Et à quoi ça sert que tu les sauves si tu te perds toi-même, Vicky ? Cinq Détraqueurs, tu ne pouvais pas les faire fuir à toi toute seule ! Ils t'auraient eu et ils auraient eu les autres après, ça n'aurait rien changé !

-J'aurais pu ... Je ... Si Miles m'avait ...

-Il n'a pas son patronus, c'est déjà un miracle qu'il ait réussi à te faire transplaner ! Il s'est mis en danger pour toi à cause de ça ! Bon sang ...

Simon fronça les sourcils et une de ses mains glissa sur ma nuque. Mais la prise n'avait rien de tendre. Il enfonçait ses doigts dans ma peau, à la base de mes cheveux en une pression douloureuse. Comme pour faire passer physiquement son message.

-Tu ne peux pas sauver tout le monde Vicky, tu m'entends ? C'est impossible, tu n'y arriveras pas. Tu ne peux pas ! Il faut que tu l'acceptes !

Il avait raison, je savais qu'il avait raison, mais je ne voulais pas écouter la dure vérité. Que je ne pesais pas, que j'étais inutile dans ce vaste monde, impuissante face à ses horreurs. Que des gens se trouvaient à présent réduit à l'ombres et la poussière et que je n'avais rien pu faire pour l'empêcher. Les larmes piquèrent de nouveau mes yeux mais je me refusais à battre des cils. Je ne voulais pas couper le contact visuel avec Simon.

Peut-être parce qu'au fond, c'était le souvenir de ce regard qui m'avait fait tenir au pire des moments.

Je repoussai l'idée, troublée, tiraillée malgré la boule qui me montait dans la gorge et tentai de protester avec les restes éparpillés de mon indignation et de ma colère :

-Parce que tu ne l'aurais pas fait ? Parce que tu serais parti, toi ?

-Oui.

La réponse me choqua car elle fut prononcée instinctivement, très naturellement. Ses mains se crispèrent douloureusement sur mes épaules et son visage s'inclina un tout petit peu, juste assez pour que je sente son souffle irrégulier sur ma joue. Ma respiration se bloqua de nouveau.

-Par qu'en rentrant, je sais qu'il y a des gens qui ont besoin de moi. Dont toi, minus.

La prise sur mon épaule et ma nuque se desserrèrent sans cesser. Le bout de ses phalanges s'aventura dans mes cheveux et des frissons se dressèrent sur mon échine. Son regard aussi s'était éclairci, malgré la tension qui l'habitait toujours. Le retour de la couleur de l'espoir, la couleur que j'avais vue, au pire moment.

-Tu te souviens de l'année dernière, à Pré-au-Lard ?

Non. Oui. Je ne veux pas me souvenir, pas maintenant. Je suis fatiguée ...

-Tu m'as dit que si j'osais t'abandonner pour de la vengeance, tu te ferais un plaisir d'aller cracher sur ma tombe. L'inverse est vrai, Victoria Anne Jadwiga Bennett. Parce que si tu m'abandonnes parce que tu as voulu jouer à l'héroïne, je me ferais un plaisir d'aller cracher sur la tienne.

Le bout de ses doigts s'était enfoncé dans mon crâne. Il était sérieux. J'avais rarement vu ses yeux si graves, si solennels. C'était une promesse. Exactement comme celle que je lui avais faite il y avait près d'un an, aux Trois Balais. Le souvenir me fit tanguer et je me raccrochai au regard de Simon pour ne pas sombrer. Ces prunelles claires, d'un vert mousse piqueté d'ambre et de noisette, comme son visage été parsemé de pâle tache de rousseur rendue minimes par l'hiver. J'avais l'impression de connaître la place de chacune d'entre elle.

Je ne me rendis compte que j'avais laissé couler les larmes que lorsque son pouce quitta ma nuque pour caresser délicatement ma joue. Je me souvins alors que je devais respirer et pris une profonde inspiration qui laissa échapper un sanglot.

-Oh, Vicky ...

Sa voix avait perdu toute sa fermeté pour laissa la place à son inquiétude, son désarroi, son ... Mes pleurs redoublèrent alors que les échos de la conversation que j'avais eue avec Miles me revenait en tête. Plutôt que de l'affronter, je préférais laisser libre court à mes larmes et me précipitai contre lui. Il referma immédiatement les bras sur moi et me plongea dans une étreinte qui m'étouffa autant qu'elle stabilisa mon monde. Sa main remonta dans mes cheveux et me pressa contre son épaule.

-Bon sang, ne me refais jamais ça. J'ai besoin de toi en vie, d'accord ? Et avec ton âme de préférence.

Incapable d'articuler le moindre mot, je hochai la tête, la gorge déchirée par les sanglots, inondant son pull de larmes. Et alors que son autre main se crispait au creux de mon dos, que son odeur devenait ma seule réalité, la lumière se fit et je pris conscience de ce que je m'étais refusé de voir jusque-là.

C'était lui qui m'avait fait tenir. Le souvenir qui faisait naître le colibri, les notes, la chanson ... Tout ça, c'était lui. Et alors que j'acceptais le fait, des voix dansèrent dans mon esprit et chassèrent les échos que les Détraqueurs avaient fait revivre :

Je veux partager la nouvelle avec la fille qui partage ma vie.

Pour une fois dans ta vie, écoute-moi ...

Je ne veux pas que tu meures, Vicky.

Do you hear the people sing ...?

Mais avant de retourner à la poussière, on se battra ?


Parce que j'accepte le pire de toi et que tu acceptes le pire de moi. Parce que j'étais là au début et que je serais là pour t'enterrer d'un « on se reverra en enfer, minus ».

Oui, Victoria. On se battra.


Je fermai les yeux et m'enfouis dans l'étreinte de Simon, tremblante de tout mon être. Je percevais douloureusement les battements de son cœur sous son pull : ils cognaient contre ma peau, au même rythme que le mien et que les pensées qui me parasitait totalement l'esprit comme une mauvaise litanie :

Ce n'est pas normal ... ce n'est pas normal ... ce n'est pas normal ...
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

HELLo

Chapitre 14, le titre se prête bien à la fin de la Mélodie du Bonheur tiens :lol:
-Un souper chez Horace Slughorn ! Victoria Bennett !
Elle a accepté finalement ??
Aaaah non c'est juste l'invitation
Cela vous intéresserait-il de savoir qu'Herbert Belleplume sera peut-être des nôtres ? ». Herbet Belleplume ! C'est carrément l'héritier assumé de Bathilda Tourdesac ! Bennett, il faut que tu y ailles !
Il sait y faire le sacripant
-Qu'on ait un livre à publier et on en reparlera ensuite.
Elle a pas tort la petite dame
-J'entends bien ?

Arrivant juste derrière Simon, Alexandre passa sa tête absolument réjouie
Alexandre et les ragots :lol: :lol:
comment vous appelez ça, chez les aristocrates ?
"La bonne amie"
(c'est vrai)
-J'espère bien, je dois dîner avec sa famille la semaine prochaine.
OH QUELLE CHANCE
Enfin bon c'est une sorcière et de bonne famille, a priori ça devrait mieux se passer
repasse-toi l'intégrale de Queen dans ta tête.
Mais quoi hahaha
-Tu me prends par les sentiments là
C'est le thème de ce début de chapitre
(Il se pencha vers Octavia, et désigna Simon avec un sourire goguenard). Il embrasse bien ?
LOOOOOOOOOOOOOOOOOOOL je meurs, je voudrais surtout savoir si Vic a du couop commencé à se poser la question
sifflotant gaiement un air que je reconnus comme étant la mélodie d'introduction de Robin des bois
J'ai lu "siffloter" et "gaiement", j'ai tout de suite su que c'était ça
-Tiens, tiens, aurais-je trouvé enfin le moyen de te rabattre ton caquet ?
Une fois qu'elle aura expérimenté elle-même, ça risque de devenir vexant
Ah non c'est Octavia qui dit ça ! Zut
un porte-parapluie en forme de jambe de troll
:'))))
-Papa ! Je t'ai présenté la fille qui m'a mis un coup de poêle dans la cuisine ?
Phrase la plus absurde de l'univers bonjour

Oooooh Renata ça faisait si longtemps !
Les Black ? Je suppose que ça explique la cuisine en sous-sol ...

Arthur lui jeta un regard perplexe mais Renata ne daigna pas répondre à sa question muette
J'avoue, moi aussi je suis perplexe haha
la trahison d'un ami qui avait mené un couple à la mort et rendu son fils orphelin.
T'es gentille, tu résumes pas mes 1000 pages de fanfic en une phrase :lol:

c'est TOOOOOOOOOOOOONKS qui va faire la mission avec Vic héhéhéhéhéhé
"Laquelle est la mienne" hahaha
uis les rouages de mon cerveau se remirent en marche et je compris :

-Vous avez été à Poufsouffle ?
Ils ont été à Poufsouffle EN MEME TEMPS c'est fou
elle ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq ans de plus que moi ...
Et elle veut être avec Lupin qui a été leur prof hahaha, ça fait bizarre
trop de distraction en bas
Une en particulier hmm hmm
-Bill. L'aîné.
Entraîné pour dire son rang dans la familel mais aussi pour partir du principe qu'on l'a reconnu :lol:

Ca promeeeeeeeeeeet cette soirée chez Sluggy
Simon fusilla Fred du regard et je me trouvai un intérêt soudain pour la tapisserie qu'observait Tonks depuis tout à l'heure.
Hahahaha
C'est si vrai
-La sœur de Barty Croupton, dans l'Ordre ? s'amusa Fred avec un immense sourire. Il faudra que je parle à cette personne !
Nooooooooooon pauvre Simoooooon

Attends du coup SImon est cousin germain avec les Weasley ? :lol: :lol:
Les familles aristocratiques ne font pas la cuisine, se sont leurs serviteurs et leurs elfes qui s'en occupe et elle est reléguée aux bas-fonds avec la vermine ...
Aaaaah
Mes doigts effleurèrent seuls cette main
Oui au milieu des insultes de Maman Black c'est tout ce que je choisis de retenir AAAH

C'était cool de voir un peu plus le coeur de l'Ordre ! Et je suis trop contente qu'elle fasse la mission avec Tonks, ça me fait plaisir de la voir héhé
Hâte de voir ce repas chez Slughorn uuugh

Oh et j'avoue j'ai aussi trop hâte que leur relation avance haha, je suis un cas pathologique de romantique
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

AAAAH ELLE VA CRAQUER !!
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

C'est passé trop vite ! J'ai PAS DU TOUT eu l'impression d'avoir lu deux chapitres là !

Bon bien que dire, j'ai adoré, comme d'hab ! Pauvre Victoria, se sentire impuissante comme ça, devoir s'enfuire ! Vraiment horrible pour elle !
Ah la la ! Enfin elle commence sérieusement à voir les choses en face ! Oh la la, j'ai tellement hâte de voir comment ça va évoluer ! Je les aime tellement tous les deux ! Pitié, vivement qu'ils vivent ensemble dans un monde heureux.
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Chapitre 15 ! "la soirée c'est cela : mon enfer personnel", ça devrait être ça la citation

Woh woh calme toi Vic le sommeil c'est pas superflu
Ah c'était cool le passage sur la famille Croupton parce que j'étais toujours pas très au clair sur la généalogie haha, je comprends tout maintenant !
avec la famille Yaxley, naturellement encline à la pratique de la magie noire et dont l'un des membres avait tenté de faire venir Grindelwald en Angleterre
Hmmmm ils sont vraiment TRES sympathiques
Corban Yaxley était soupçonné d'avoir faire sauter une école primaire peuplée de petits sorciers ... Pas de survivant.
WELL HELLO
Cette robe avait une histoire et je refusais de la porter en allait au « souper » d'une pie voleuse avec Simon Bones.
Pourtant c'est la même situation, aller en soirée avec un garçon pour lequel elle a des sentiments inavoués pouehehe
pas pour graisser la patte de ce morse !
Je pense qu'un morse a les pattes suffisamment grasses comme ça
Je me souviens d'un temps pas si lointain où tu étais plus petit encore que Victoria
:lol: :lol: :lol: :lol: Simon doit être ravi !
Surtout devant la porte, c'est une horreur, Minerva a failli se casser une hanche hier ...
Bah alors Minnie, on se fait vieille ?
Mais dès lors, l'une de ses mains resta accrochée à mon bras, soit pour garder l'équilibre, soit pour être certain que si chute il y avait, il m'entrainerait avec lui.
MOOOOOOOOOOOOW
Elle parut sentir mon examen car un sourire presque machiavélique s'étira sur ses lèvres.
C'est vil :lol:
Ce fut en observant ses admirateurs que je trouvais enfin Hermione, un peu en retrait et qui posait sur chaque elfe qui passait à côté d'elle un regard peiné et révolté.
Voilà qui n'est pas étonnant :lol:
Au début je comprenais pas ce qu'elle faisait parmi les admirateurs de Gwenog haha
Cormac McLaggen
Puehehe bon courage Hermione
J'aime pas beaucoup le film 6 mais cette scène où elle le fuit à la soirée de Noël est quand même super drôle

Susan est trop chou haha
La jeune fille tenta de s'écarter mais il avait passé un bras autour de ses épaules sans même obtenir son approbation.
Brrrrr dégueu
-Je m'intéresse au vrai Quidditch, moi, rétorqua McLaggen, l'air piqué dans orgueil. Pas à celui de gamin qu'on joue à Poudlard ...
Il devrait savoir qu'elle a été recrutée alors, CE BOLOSSE
tu l'as bien rendu insupportable argh
-Tornades de Tutshill, rectifia une voix derrière moi.

Elle fut accompagnée d'un verre qui me fut tendu et je refermai mes doigts dessus avec automatisme en gratifiant Simon d'un petit sourire.
Rolala il est toujours là pour elle :'))))
Oh il prend tellement cher c'est hilarant :lol: :lol:
C'était Leonidas Grims.
*
Je viens de le quitter chez Anna', je m'y attendais pas du tout :lol:

AH UN CHAPITRE EN DEUX PARTIES ça faisait longtemps

Ah mais oui qui dit Leonidas dit LYSANDRA OLALA DRAMA DRAMA SANG ET LARMES
Simon, tu ... en étais où dans tes réflexions sur ta tante ?
Nan mais au-delà de ça, l'angoisse de voir le portrait vivant de sa mère alors qu'il a tant de mal à accepter tout ça
Je visualise la scène quand elle le tient par la cravate, ils doivent tellement avoir l'air d'un petit couple ça me tue :lol:
Ils sont trop chouuuuux
Simon hocha la tête et son regard tomba sur nos mains toujours enlacées. Son sourire se fit presque timide.

-Tu dois nécessairement récupérer ta main pour faire ça ?
AAAAAAAAAAAAAAAAAW MAIS JE FONDS MOI
-Oh tient, ils ont servi le faisan
Oh je m'y attendais tellement pas :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
. Un petit coup d'œil me permit de constater que Simon lui rendait ce regard, entre incertitude et émotion alors que tante et neveu se retrouvaient face à leurs fantômes. Autour d'eux, le temps et l'espace s'étaient effacés.
Ca me donne envie de pleurer cette scène, trop d'émotions et de tensions
Le son de sa voix parut briser quelque chose en lui et des larmes piquèrent ses yeux.
Du coup moi aussi j'ai les larmes aux yeux aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah
-Mais enfin, miss Beckett ..., protesta Slughorn, visiblement outré.
Nan mais il fait aucun effort ce bolosse
en entendant quelques arguments techniques, logiques mais dépourvu d'âmes, je m'interrogeais sur la volonté d'Octavia de s'aider de cet homme.
Peut-être juste que ça le gonfle de parler de ça pour faire plaisir à Slug
Victoria : les Harpies aiment les femmes de caractères. Comme les Bones, maintenant que j'y pense ...
LOOOOL
Devant les deux revers infligés et l'air ouvertement moqueur et sûre d'elle de la Harpie, McLaggen parut aussi furieux qu'Hermione coupablement satisfaite
Il s'en prend tellement plein la tronche ça me fait taper des barres :lol: :lol:
-Il est donc là le secret ... On peut inviter Lysandra à vivre avec nous pour toujours ?
Comment ça "AVEC NOUS" ???
Il dressa un sourcil, l'air de demander des explications et je pris brusquement conscience que je venais de lui prendre la main sans réelle raison apparente et que depuis, je restai silencieuse à le regarder.
Ils sont tellement aveugles tous les deux :lol: :lol:

OKAYYYYYYYYYY C'était un chapitre riche en émotions ! Et en même temps Cormac a introduit des moments comiques :lol: C'était une très belle confrontation Perri, très bien écrite vu que j'ai PLEURE ou presque
t'es trop forte !
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Moi? En retard? Noooon
Non mais j'ai eu deux week-end hyper chargés et comme je poste le WE je pense jamais à poster en semaine. Non, en fait je suis impardonnable pardoooooooon
MAIS VOILA LE CHAPITRE BONNE LECTURE


***

L'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant.

- René Char
***


Chapitre 20 : Saisir l'essentiel.

J'étais restée la nuit chez les Bones. George l'avait exigé après être revenu et m'avoir vu sanglotant dans les bras d'un Simon complétement désemparé. Mais cette fois, j'avais dormi dans la chambre vide de Susan, au premier étage de la maison quand Simon dormait sous les combles, ma table de nuit couverte de chocolat en toutes sortes. La seule fois où, alors que les cauchemars m'avaient assailli, j'avais ouvert la porte, prête à grimper les deux étages qui me séparaient de lui, j'avais aperçu la lueur chaude de la chambre de George et Rose qui brillait dans le couloir. De quoi me faire rabattre aussitôt le battant et m'y adosser, le souffle court, la tête pleine d'émotion contradictoires.

Je n'avais pas dormi de la nuit. Tout tournait en boucle dans ma tête. Les images que les Détraqueurs avaient fait remonter à la surface, les cris des passants qui ployaient sous le désespoir et quelque part entre tout ça, la raison initiale qui m'avait amenée à Londres, seule, sous la pluie. Mes doigts s'étaient crispés sur les lames de parquet.

« Il pompe énormément de ton attention, de ton énergie ... et de ton amour ».

C'étaient les mots qui m'avaient maintenue éveillée, les yeux grands ouverts sur la fenêtre et la lune laiteuse qui se découpait dans l'obscurité.

Quand je me réveillais le lendemain, elle ouvrait sur une toile de rose et d'orange traversée par de minces panaches blancs. La lune avait été réduit à un spectre translucide que chassait la lumière solaire. Je me frottai les yeux, à moitié endormie. La chambre de Susan baignée dans cette chaude atmosphère soulignée par les couleurs jaunes pastel de la pièce – sans doute un rappel à la maison Poufsouffle. Je pressai ma joue contre l'oreiller et effleurai du bout de l'index la boite à musique qui décorait l'autre table de nuit, un coffre rectangulaire de bois vernie usé par les années. Ma gorge se serra. Susan me manquait.

Pour ne pas sombrer dans la morosité, je me forçai à me redresser en engloutis un morceau de chocolat. L'amertume qui se diffusa dans ma bouche réveilla mes sens et me permit de réellement émerger du sommeil. A la lumière chatoyante et bienveillante du jour, la scène de la vieille ressemblait à un mauvais rêve. Je pris le temps de m'imprégner de la chaleur des rayons sur ma peau et de la vision apaisante de la campagne qui se réveillait lentement avant de prendre mon courage à deux mains et d'enfin sortir de la pièce. La porte de George et Rose était toujours entrouverte, mais la lumière était éteinte. Je me dirigeais à pas de chat vers le grand escalier, mes chaussures dans une main et ma cape dans l'autre. J'étais prête à faire à laisser un mot et à faire ce que je faisais le mieux : fuir.

Mais comme chaque fois, Simon Bones contraria mes plans. Je le découvris allongé dans le sofa, vêtu du même pull délavé que la veille, les cheveux en batailles dont quelques mèches tombaient devant ses yeux. Il lisait un livre à la couverture rigide, si lourd qu'il était obligé de le caller contre ses cuisses repliées, et soutenait sa tête de son poings serré. Je m'immobilisai à quelques marches de la fin, tétanisée – exactement comme lui la veille. Le tapis avait rendu mes pas sourds et il n'avait pas bronché à mon arrivée. Ses sourcils s'étaient froncés, mais la contrariété semblait plus venir de son livre que de moi.

Je ne sus pourquoi je restais là, à le contempler, à observer comme la lumière pâle faisait ressortir le cuivre dans ses cheveux rendus châtains par l'hiver. Comment ses lèvres se tordaient dès qu'il lisait un passage complexe. Comment ses longs doigts jouaient avec le coin de la page, impatients de la tourner et de découvrir d'autres univers. Chaque mimique, chaque geste, chaque changement de respiration sonnait en moi, faisait sens. J'interprétai si bien son langage corporel que je parvenais presque à lire dans son esprit. Et pourtant, quelque chose avait changé. J'avais l'impression de le contempler pour la première fois. Mon cœur se mit à cogner fort contre ma cage thoracique et je me stabilisai en agrippant la rambarde d'ébène de l'escalier.

« Ce n'est pas normal de se mettre dans des états pareils pour quelqu'un qu'on n'aime pas ».

Miles avait raison. Ce n'était pas normal.

Je pris conscience qu'il y avait bien cinq minutes que je le fixai, sans bouger, sans parler, figée sur les marches comme une statue de sel. Si jamais il me prenait sur le fait ... Mes joues s'embrasèrent à l'idée et je dévalai bruyamment le restant des marches. Simon braqua aussitôt son regard vert sur moi.

-Ah. Salut.

Le salut était raide et dépourvu du moindre sourire. Ses mains s'étaient crispées sur son grimoire et il paraissait hésiter. Je me souvins dans quel état il m'avait laissé hier soir, en plus doute et désespoir. Il devait être difficile pour lui d'imaginer dans quel état je serais une fois réveillée alors je décidai de le rassurer :

-Ça va mieux.

Ses doigts se détendirent sur les pages et il m'adressa un faible sourire. Je restai quelques secondes devant l'escalier, résistant à l'envie de prendre mes jambes à mon cou. Mais une fuite engendrerait plus de question que de réponse alors que je me fis violence pour m'assoir sur le bras d'un fauteuil, dans une position assez précaire pour faciliter une échappatoire.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Parce que tu as dormi, toi ?

-Peu, admis-je.

Ne pas le regarder dans les yeux, ne pas le regarder dans les yeux. J'avais trop peur de ce que j'avais vu se refléter dans ses yeux, hier. De ce que j'avais lu lire de moi. On disait que les yeux étaient la fenêtre de l'âme, mais la vérité c'était que c'était la mienne que j'avais vu se refléter dans ceux de Simon. Celle que j'avais été à deux doigts de perdre, réalisai-je brusquement, glacée. Un silence épais s'installa entre nous, âpre, presque pesant. Je n'arrivais pas à déterminer si c'était la réalité, ou simplement la déformation de mon propre malaise. Simon lissa une page de son livre. Ses yeux ne bougeaient plus d'une ligne à l'autre : il avait cessé de lire. Mais le pli entre ses sourcils s'était accentué.

-Bon. Si ça va ... Tu vas enfin m'expliquer ce que tu faisais à Londres ?

Certainement pas, fut la réponse que me cria mon cœur, complétement paniqué. Il se mit d'ailleurs à battre comme un oiseau effrayé dans ma cage thoracique. Mais j'étais également grandement consciente du chaos que je risquais d'engendrer si j'osais ne pas lui répondre. Je gardais les yeux rivés sur ses doigts qui tapotaient le coin de la couverture d'un geste mécanique, à intervalle chaotiques. Il joue.

-Je devais parler à Miles.

Les lèvres de Simon se tordirent et je reconnus toute la réticence qui l'avait habité l'année dernière, chaque fois que j'avais souhaité évoquer ma relation avec lui et qu'il m'avait repoussé. Le seul fardeau qu'il n'ait pas voulu partager. Peut-être que cette retenue l'habitait encore et protégea d'un questionnement plus insistant.

-Ça ne pouvait pas attendre ... Je n'en sais rien, qu'il fasse clair ou que vous vous fixiez rendez-vous dans un endroit plus sûr ? Oh Vicky, râla-t-il lorsque je levai les yeux au ciel. Inverse les rôles, s'il te plait : comment tu aurais réagi si j'avais atterri chez toi après une attaque de Détraqueurs et qu'en plus j'avais été aussi imprudent que tu l'as été ?

-Je n'ai pas ...

Je ravalai mes mots au dernier moment. J'avais été imprudente, il ne servait à rien de le nier. Mon regard glissa vers la fenêtre, dans l'espoir d'y voir le hibou qui amènerait La Gazette. Peut-être que le journal me renseignerait sur leur sort ... Même s'il y avait peu d'espoir. Cinq Détraqueurs, moins d'une dizaine de moldu ... Je me laissai tomber dans le fauteuil, les jambes sur le bras et les pieds pendants dans le vide, épuisée, la gorge serrée. Je sentis les larmes me monter aux yeux, mécaniquement et pressai mes paumes contre mes yeux pour ne pas les laisser couler. Presque aussitôt, une main se referma sur mon épaule et je laissai échapper un son à mi-chemin entre le rire et le gémissement.

-Ecoute ...

Je localisai la voix de Simon un peu plus pas et devinai qu'il s'était accroupi auprès de moi. Je ne voulais pas savoir. Je ne voulais pas me retrouver dans la situation de la veille. La main de Simon caressa mon épaule avec douceur.

-Je me doute que c'était éprouvant ... Alors je ne vais pas m'énerver, je pense que tu as compris toute seule ... Mais Vicky ...

-Je sais. Je suis désolée ... Mais sérieusement qu'est-ce que tu voulais que je fasse ... ? Ils ne dont rien, absolument rien, pour protéger les moldus de nous ...

-Ce n'est pas complétement vrai. Il y quelques dispositifs de pris – crois-moi, le 10, Downing Street est aussi protégé que le Ministère lui-même ... Et il y a beaucoup d'association de défense des moldus qui lancent des sorts de protections, voire font des rondes dans les endroits à risques, Renata m'en a parlé la dernière fois. Elle les a vu faire pendant une mission.

J'écartai légèrement mon index du majeur pour pouvoir avoir un visuel sur l'escalier et m'assurer que Rose et George n'entendaient pas notre conversation. Elle était partie sur un sujet plus neutre, plus rationnel pour moi et je me remis à respirer plus librement. La main de Simon me parut soudainement moins lourde sur mon épaule.

-Mais ceux qui sont affectés par notre présence, comme au Ministère ... ils savent qu'il est régulièrement la cible d'attaque de Détraqueur, pourquoi ... ?

-Vicky, je ne dis pas que tout est parfait. Evidemment que la priorité de Scrimegeour se sont les sorciers et que concernant les moldus, l'important est que leur tête pensante le demeure. Evidemment que le commun des mortels n'est pas sa priorité. Evidemment aussi que c'est révoltant. Mais je pense qu'on en fait déjà assez pour exprimer notre révolte, non ?

Je laissai échapper un petit ricanement et baissai enfin les mains pour découvrir mon visage. Heureusement, j'avais réussi à refouler le gros des larmes.

-Depuis quand tu es devenu si sage ?

-Depuis que tu es devenue une véritable tête brûlée. Il faut bien garder l'équilibre.

J'essuyais un petit rire et ma main se perdit sur mon sternum. Mon cœur ne battait plus si fort et avait repris un rythme régulier alors que la situation me paraissait depuis en plus normale. Je daignai enfin baisser les yeux sur Simon. Il était effectivement accroupi près du fauteuil, pieds nus, son grimoire coincé entre ses jambes et sa poitrine. Un sourire amusé avait retroussé ses lèvres mais maintenant qu'il était proche je voyais les cernes sombres qui marquaient sa peau. Et malgré ma culpabilité, je me sentais ... Bien. Apaisée. En sécurité.

Alors pourquoi tous ses troubles ? Pourquoi toutes ses questions qui jaillissaient subitement ? Pourquoi toutes ses réactions qui étaient évidemment disproportionnées, seulement parce qu'il s'agissait de lui ? Pourquoi quand tout s'était effondré, il n'était resté que lui ? Pourquoi tout était normal sans l'être ?

Quelque part, j'avais conscience que la réponse se trouvait dans les paroles de Miles.

J'étais en train de songer que je fixai Simon depuis beaucoup trop longtemps quand des pas précipités se firent entendre à l'étage. Simon se redressa d'un bond et sa main glissa de mon épaule au coin du fauteuil. Je n'eus pas le temps de me sentir déçue que Rose apparaissait dans l'escalier, en robe de chambre, le visage déformé par la fureur et une lettre froissée dans sa main.

-Simon, je peux savoir pourquoi Lysandra Grims me propose que l'on passe noël chez elle ?!

-Peut-être parce qu'elle m'a demandé ce qu'on faisait à noël et que j'ai répondu qu'on le fêtait en famille, répondit Simon avec un flegme qui m'impressionna.

Rose plissa des yeux et son regard passa brièvement sur moi. Je me fis toute petite dans le fauteuil. J'avais permis le lien entre Lysandra et Simon ; Rose devait l'avoir compris et m'en tenir pour responsable.

-Tu veux passer noël avec cette femme ?

-Cette femme, c'est ma tante, rétorqua Simon.

-Ta tante ?! Elle est absente de ta vie depuis quinze ans ! Elle a quitté l'Angleterre, Simon, elle t'a laissé derrière ! Elle ne mérite pas ...

-Si elle était absence, c'est que personne ne lui a laissé de place, ni toi, ni moi ! Mais maintenant je suis prêt à le faire alors est-ce que, s'il te plait, tu pourrais me soutenir ? Ou c'est trop demander ?

La mâchoire de Rose contracta et son poing se serra sur la lettre qui émit un froissement d'agonie. Elle riva un regard déchiré sur son fils d'adoption, l'enfant qu'elle avait sorti du placard et élevé en lieu et place de Cassiopée Bones. Seigneur que ça devait être douloureux de voir une autre femme, une autre Cassiopée, débarquer dans la vie de cet enfant à qui elle avait tout donné et qui menaçait de le lui arracher.

Pire, Lysandra, c'était la vérité qui jaillissait. Et cela devait l'ébranler dans son identité de mère.

George apparut silencieusement derrière sa femme et lui prit délicatement la lettre. Il la défroissa et lut les mots qu'elle contenait d'un air impassible.

-Chez elle, c'est peut-être prématuré, évalua-t-il calmement. Mais ce ne serait pas une mauvaise idée de les inviter chez nous ...

-Tu n'y penses pas ! s'écria Rose, incrédule. Lysandra ... ici ...

-Si Simon a décidé de leur faire une place dans sa vie, il va bien falloir qu'on leur en fasse une dans la nôtre, rétorqua-t-il avec une certaine sévérité. C'est à lui de décider.

Le regard du couple tomba sur leur fils, qui pâlit sous ses tâches de rousseurs. Il croisa les bras sur sa poitrine, comme pour se protéger de la responsabilité qui tombait sur ses épaules.

-Je ne suis pas le seul dans cette famille, protesta-t-il. Alors ... Si Susan et Caroline le sont, disons que je le suis.

-Elles ne cracheront pas sur un cadeau en plus, plaisanta George, visiblement soulagé.

-Elles n'ont plus dix ans !

-Simon non plus, arrête de le materner.

Rose ouvrit la bouche, puis la referma, visiblement outrée. Elle descendit les dernières marches et Simon s'assit sur le bras de mon fauteuil avec un soupir. Mes joues s'échauffèrent quand son bras effleura mon épaule et l'intensité redoubla lorsque je perçus le regard de George sur moi, songeur. Je mis une main sur mon visage et feignis de le frotter pour en cacher la rougeur.

-Si tu préfères, on pourrait faire une fête dans un cadre plus ... global, proposa George sans me quitter du regard.

-C'est ce à quoi je réfléchissais, avoua Simon.

-A quoi ? demandai-je, perplexe.

-A vous inviter vous, me répondit George avec un petit sourire. Venez chez nous à noël. Comme ça, ça évitera à Rose et Lysandra devoir trop se parler.

-Ah, ah, laissa sombrement échapper sa femme en planta sur lui un œil noir.

Elle prit une gorgée du thé qu'elle venait de se faire. Malgré son scepticisme, elle paraissait réellement réfléchir à la proposition de George.

-Marian avec Lysandra ... J'aimerais bien voir ça, tiens.

La question méritait d'être posée connaissant le caractère volcanique des deux femmes. Mon regard passa de George à Rose avant que je ne me torde le cou pour consulter Simon du regard. Mon cœur manqua un battement lorsque ses yeux se baissèrent sur moi.

-Euh ... (Je toussai pour reprendre constance et faire passer la sensation étrange dans ma gorge). On le fête avec mes grands-parents mais ...

-Ah Miro, se souvint Rose et cette fois un sourire retroussa ses lèvres. Encore mieux, amène-le !

-Rose ..., soupira George.

Sa femme le gratifia d'un sourire inquiétant, cynique sur son beau visage. En une seconde, je me souvins que Rose était une puissante sorcière, une femme de tête – digne du nom des Bones. Elle s'enfonça dans sa chaise et dressa un sourire provocateur.

-Si tu as tes invités, j'ai les miens !

-Maman, râla Simon.

Il fit un geste vague de la main et effleura mon épaule. Mon ventre se contracta immédiatement et je levai très soudainement, d'un bond. Simon me jeta un regard surpris.

-Ça va ?

Vic', ne rougis pas ce n'est pas le moment ! Je doutais que mes joues aient obéies à cette injonction mais je me forçai à sourire pour faire illusion.

-Oui, oui. Je dois juste rentrer chez moi, mes parents vont s'inquiéter ...

-On les a prévenus, hier soir, m'assura George. Je leur ai expliqué, normalement ils ne te poseront pas trop de question ... Je pense qu'il vaut mieux que tu te reposes.

Une vague de reconnaissance monta dans ma poitrine et je remerciai George d'un sourire timide. Effectivement, je doutais être capable de supporter l'inquiétude et les questions de mes parents alors que je sentais encore les stigmates des griffes que le désespoir avait resserré sur mon cœur. Je saluai la famille d'un vague geste de la main et pris soin de tourner le dos à Simon. Mais visiblement, ce n'était pas assez car je venais à peine d'ouvrir la porte que j'entendis :

-Vicky, attends !

Je me tournai à peine vers Simon qui venait de me suivre brusquement dans le vestibule. Il s'accouda à l'encadrement de la porte. Il avait toujours son grimoire sous le bras et son front était barré d'une ride soucieuse qui fit remonter mon cœur dans ma gorge.

-Tu veux que je vienne avec toi ?

La proposition me prit au dépourvu, si bien que j'eus un mouvement de recul qui fit se hausser les sourcils de Simon. Mon cœur s'était mis à battre comme celui d'un oiseau terrifié.

-Non ... merci, ça va aller ...

-Tu es sûre ? Avec ce qui s'est passé hier ... Vicky, il ne faut pas rester seule avec ses images.

Les images en question hantèrent l'espace d'un instant mon esprit. Son regard était si grave que je me demandais ce qu'il pouvait bien voir et entendre à l'approche d'un Détraqueur – à quel point il pouvait comprendre. Il avait raison : je ne voulais fermer les yeux et me retrouver face à des cauchemars. Cela me troubla assez pour que je songe vaguement à accepter, avant d'effleurer son regard et que mon cœur ne manque un battement.

Mais pas maintenant. Maintenant il était devenu une image de plus qui me hantait. Et c'était insupportable.

-Simon, j'ai juste besoin ... de faire le point.

Au moment où je prononçais cette phrase, je me rendis compte d'à quel point elle était vraie. Il y avait quelques semaines que j'avais consciente d'être troublée et que les troubles concernaient Simon, mais j'avais décidé de faire l'autruche pour garder un semblant normalité dans ma vie.

Sauf que ce n'était pas normal. Pas normal de se mettre dans des états pareils pour quelqu'un qu'on n'aime pas. Mais devant son regard de plus en plus circonspect, je me forçai à sourire.

-Et de dormir. Tu ne serais pas très utile.

Simon pinça des lèvres et m'observa un instant, l'air moitié blessé, moitié mortifié. Son pied frappa deux ou trois fois l'embrassure de la porte et il finit par river son regard dans le jardin.

-Je n'en sais rien, lâcha-t-il du bout des lèvres. Toi tu l'as été ...

Mes joues s'empourprèrent violemment quand je me souvins de toutes ses fois où je l'avais en effet accompagné dormir – juste pour être certaine qu'il dormirait. Et quand bien même j'étais touchée par ce besoin qu'il avait d'être là pour moi comme je l'avais été pour lui, la proposition ne faisait que remuer tout le marasme de sentiment dont j'essayais de m'extirper.

Et lui ? Il trouve ça normal ?

-Simon, ça va aller, je t'assure. Je viens te voir ce soir, d'accord ?

Il paraissait toujours dubitatif et un instant je craignis qu'il n'impose sa présence mais je ne lui en laissais pas le temps : sans réfléchir, je m'approchai de lui et effleurai sa joue d'un baiser bref, mais qui le tendit immédiatement comme il fit s'emballer mon rythme cardiaque.

-Merci pour hier. J'avais besoin qu'on me remette les idées en place ...

Je ne pris pas le temps d'analyser sa réaction ou même de le laisser répondre, je fis volte-face et m'enfuit le long de l'allée qui donnait sur la route principale de Terre-en-Landes. Réprimant les envies folles de me mettre à courir ou de jeter un regard en arrière, je mis une main sur ma poitrine où mon cœur s'était mis à battre à un rythme erratique.

Et derrière moi, je n'entendis la porte se fermer que lorsque je tournais à un virage qui rendait le contact visuel impossible.

***


Mes parents ne paraissaient pas opposer à l'idée d'un noël chez les Bones. Ma mère en particulier s'était fendu d'un sourire soulagé et m'avait avoué à demi-mots que cela permettrait à mon père et au sien de ne pas avoir à discuter ensemble. La situation demeurait tendue entre l'ancien prodige de Durmstrang et le pasteur. En revanche, mon père s'était immédiatement inquiété de mon état dès que j'eus posté un orteil chez moi. George les avait prévenus de l'attaque et j'étais arrivée toujours pâle et hébétée, assez affectée pour que je demande à ne pas assister à la séance d'entrainement prévue le mercredi. J'avais donc eu le droit à une note venant du président lui-même, pleine de mordant, qui se finissait par un « Bon rétablissement et j'espère vous voir pour les fêtes ! »

Le hibou porteur du message était apparu dans la fenêtre de la cuisine, arrachant un cri de surprise à ma mère. Mais une fois l'oiseau posé en équilibre sur l'une des chaises, elle s'était mise à le caresser, d'abord d'une main tremblante puis avec de plus en plus de conviction. C'était un magnifique hibou grand-duc aux plumes mouchetée et au port royal.

-Il est beau ...

-Il est trop grand, jugeai-je en fronçant du nez. Tu imagines la cage qu'il faudrait pour un tel oiseau ?

-Oh, les pauvres, vous les mettez en cage ... ?

-Hé ! Il y a un an à peine, tu ne voulais pas de hibou dans cette maison !

Ma mère me gratifia d'un sourire malicieux et je levai les yeux au ciel. C'était le mercredi soir, deux jours après l'attaque. Je n'avais pas quitté la maison et avait profité de ces jours de repos pour me recentrer sur moi et y voir plus clair dans tout le marasme de sentiment qu'avait révélé Miles et les Détraqueurs. Mon cœur se serra quand j'y repensais. La Gazette avait brièvement fait mention de trois moldus qui avaient perdus leur âme, sans détailler leurs identités. C'était pour le mieux, avais-je tenté de me convaincre, au bord des larmes. Ces gens avaient déjà un visage : s'ils avaient eu une identité, j'aurais plus cruellement encore ressenti leur perte. Et mon impuissance.

Mais ce que ça prouvait surtout, c'était l'indifférence des sorciers concernant les moldus. Peut-être pas l'ensemble, mais une majorité silencieuse continuait de penser que seules leurs vies comptaient dans cette guerre. Cela avait ravivé mon sentiment de révolte qui expliquait que je me sois particulièrement investie dans mon projet avec Octavia. Les parchemins qui en découlaient jonchaient à présent mon bureau, ma table de nuit et ma commode, si bien que je ne pouvais travailler que sur mon lit.

Ma mère parut me sentir songeuse car sa main quitta le hibou pour venir se poser sur mon épaule.

-Ça va ma chérie ?

-Oui, la rassurai-je en m'efforçant de sourire. Ne t'en fait pas, ça va mieux ...

Une moue dubitative déforma sa lèvre. Elle jeta un coup d'œil à la porte vitrée qui nous séparait du salon et poursuivit :

-Tu es sûre ? Je te sens ... éteinte, depuis quelques jours. Tu n'es pas avec nous. Alors je me doute que c'est à cause de ce qui s'est passé mais ...

-Ça va.

Ma voix était plus ferme et les lèvres de ma mère se pincèrent. Vexée par mon ton péremptoire, elle se détourna de moi et de l'oiseau et fouilla dans les cartons de décoration de noël que mon père et moi venions de descendre du grenier. Il y avait une éternité – sept ans – que je n'avais pas participé à la décoration de la maison et cela m'avait sorti de ma bulle de réflexion et de morosité. C'était peut-être pour cela que j'étais si froide face à la volonté de ma mère de me faire parler. C'était la première fois que j'étais de réelle bonne humeur depuis deux jours et je ne voulais pas renoncer à ça. D'autant que je n'acceptais pas cette insistance venant d'elle. Nous n'avions jamais eu une relation mère-fille complice, confidente. Même petite, avant d'avoir conscience que j'étais une sorcière, j'avais toujours été plus proche de mon père. Je lui ressemblais plus et inconsciemment, je prenais le parti d'Alexandre contre elle. Alors faire des confidences, parler de mon intimité et de manière générale m'ouvrir par ma mère était un mécanisme qui avait été rouillé depuis trop longtemps pour qu'il me paraisse instinctif et naturel.

La porte claqua, annonçant l'arrivée de Melania et Alexandre qui venaient dîner – et aider à décorer le sapin. Mon frère ne pouvait résister à l'idée de retomber en enfance malgré ses vingt-deux ans. Ma mère se précipita dans le salon et je profitai de son absence pour attacher ma réponse à Leonidas Grims. Cela fait, j'ouvris la fenêtre et le hibou s'élança dans le crépuscule, ses deux grandes ailes déployées de chaque côté de son corps. Je l'observai s'élever de plus en plus haut dans les cieux jusqu'à ce que j'entende la porte de la cuisine s'ouvrir. Melania se tenait dans l'encadrement, un carton d'où dépassait des guirlandes callé contre la hanche et un immense sourire aux lèvres.

-Alors, tu viens nous aider ? Alexandre frétille déjà !

Son enthousiasme finit par me contaminer et je la suivis dans le salon. Mon père avait installé le sapin dans un coin de la maison et il se retrouvait entre l'antique buffet de mon arrière-grand-mère que ma mère rêvait de pouvoir jeter et la télé. Alexandre n'avait pas attendu qu'il achève de le caller pour commencer à placer la lumière et Melania enroula gaiement une guirlande autour de son cou.

-Je n'ai jamais l'occasion de le faire chez moi, c'est toujours notre elfe de maison qui s'en occupe !

-Et l'un de mes enfants athées a-t-il songé à descendre la crèche ? s'enquit mon père, toujours occupé à stabiliser le sapin.

-Non, heureusement que tu as une femme croyante, rétorqua ma mère.

Elle était d'ailleurs occupée à la dresser sur le coffre dans lequel nous rangions tous nos albums photos. Les pièces étaient vieilles. La peinture s'écaillait et Alexandre avait cassé Joseph quand nous étions petits. Mon père l'avait mal recollé et sa tête était tordue. Il y avait des années que ma mère voulait en acheter un neuf, mais mon père était réticent : encore une fois, il s'agissait d'un héritage familial. Ses gestes étaient peu soigneux, et mon père nous abandonna pour éviter qu'elle ne casse une nouvelle figurine. Alexandre accrochait déjà des boules et je lui mis une tape sèche sur la main.

-Les guirlandes d'abord, enfin !

-Ça fait sept ans que tu n'es plus là et tu veux m'apprendre à faire un sapin ?

-Alex, soupira Melania.

Elle me donna raison en retournant la boite à guirlande sur la tête de mon frère, faisant de lui un véritable sapin vivant et brillant de mille feux. J'éclatai de rire lorsqu'elle noua élégamment la plus touffue et la plus criarde d'entre elle autour de son front. Mon hilarité effaça les dernières traces de brumes glaciales que les Détraqueurs avaient pu laisser et je me perchai sur une chaise pour disposer les guirlandes. Melania était grande et n'avait pas besoin de cela, mais ni elle, ni moi, ne sortions la baguette. Cette fois, c'était à la moldue.

-Tiens, tu l'accroches ?

Alexandre me tendit une décoration particulière, la silhouette d'une danseuse classique dont le tutu de tulle blanche m'avait toujours fasciné petite. Je le saisis et effleurai l'étouffe avec l'impression de redevenir la petite fille de l'époque. Je baissai les yeux sur Alexandre, touchée et il me gratifia d'un sourire complice avant que je ne l'accroche bien en évidence. Melania prit ma main pour se hisser avec moi sur la chaise et pouvoir accrocher l'étoile.

-Au fait, me souffla-t-elle. Mon frère a fouillé les comptes de la fondation et même les comptes familiaux ... Et figure-toi qu'on a découvert que ma mère a un compte en son propre.

La révélation me fit vaciller et ce fut mon frère qui me stabilisa en m'attrapant par les hanches. Je le remerciai avant d'ouvrir de grands yeux sur Melania.

-Vraiment ?

-Oui. On suppose que c'est sa dot, en fait et que mon père lui a laissé libre accès. Après, difficile de dire ce qu'elle en fait ... mais beaucoup d'argent en sort, c'est certain. Alors que l'année dernière encore, il était plein, intact.

Un pli soucieux apparut au coin de sa lèvre et elle échangea un regard sombre avec Alexandre. La main de mon frère s'était crispée sur mon dos.

-Evidemment qu'on peut en déduire que ces sorties d'argent ont un rapport avec Nestor, voire avec les Mangemorts. Ulysse va essayer de voir où elles vont, ça nous aidera.

-D'accord ... d'accord, merci Mel.

-De rien. Au fait ... (Son regard s'adoucit) Tu t'es remise de l'attaque, ça va ?

-Mieux ...

-Tu n'aurais rien pu faire de plus, Vic' ...

-Je sais. Vous pouvez arrêter de me le rappeler ? C'est frustrant.

Alexandre eut un ricanement amer et s'éloigna de nous.

-Au moins maintenant tu sais que c'est ...

Melania et moi nous accordâmes pour baisser un regard peu amène sur lui. Il était évident qu'Alexandre restait frustrer par sa condition de moldu. Mais l'attaque des Détraqueurs m'avait rappelé une chose terriblement injuste mais flagrante : les moldus étaient impuissant et démunis contre la magie. Ils ne pouvaient pas lutter. Et Alexandre, malgré toute sa bonne volonté, ne pourrait jamais lutter si un sorcier se présentait devant notre porte. Enervée contre son insinuation, je sautai à bas de la chaise et me retranchai dans un carton de décoration. J'entendis Melania soupirer :

-Victoria ...

-Quoi ?

J'en avais assez des piques d'Alexandre. J'avais fait une bêtise que je pensais avoir amplement payer sur ce toit : je n'y pouvais rien si ça continuait de le hanter. J'émergeai du carton pour voir Melania fusiller mon frère du regard – ce qu'il lui rendait bien. Ce fut à son tour de lâcher de but en blanc :

-Quoi ? Parfois j'ai l'impression que vous ne vous rendez pas compte de ce que c'est ...

-Bien sûr qu'on s'en rend compte, rétorqua Melania. Et je ne sais pas si tu as remarqué mais on essaie d'atténuer ça ! Je n'arrête pas de tout t'expliquer, tout ce qui se passet et on t'a associé à nos plans, on te dit tout ! Je ne sais pas ce que tu attends de plus de nous, Alex !

-Ce n'est pas de toi qu'il attend quelque chose, maugréai-je.

Je m'étais assise en tailleur, le carton sur mes jambes, incapable de lever les yeux sur le couple. J'entendis simplement Melania redescendre de la chaise pour poser une main sur l'épaule d'Alexandre. Il se dégagea.

-Et qu'est-ce que ça veut dire, Tory ?

Mes lèvres se tordirent et je coulai un regard vers mes parents. Ma mère avait disparu mais mon père nous lorgnait du coin de l'œil depuis que nos voix s'étaient haussées. Sans lever les yeux, je fouillai dans les décorations, sans savoir ce que je cherchais.

-Que j'ai l'impression que tu continues de m'en vouloir et que ça commence à devenir pesant ...

-Evidemment que je t'en veux toujours.

-Alex !

Mon père s'était redressé, délaissant enfin la crèche et Alexandre leva les yeux au ciel.

-Oui papa, je sais j'ai tort. Tu m'as appris à pardonner parce que nous croyons en un dieu de miséricorde et de pardon, que je ne suis personne pour la juger et que si erreur il y avait à juger, l'autorité légitime le fera un jour ! Tu vois, j'ai bien retenu tes leçons, mais je suis incapable d'oublier que ma sœur m'a menti et m'a manipulé pour détruire mon couple !

-Mais parce que tu es le seul auquel elle a menti, tu crois ?

Je n'avais même pas eu le temps de réfléchir à une réponse et de me rendre à quel point j'étais blessée par le ton acerbe d'Alexandre que le constat calme de mon père me meurtrissait davantage. Mon frère fronça les sourcils et mon père poursuivit :

-Je rappelle tout de même que nous n'étions pas plus au courant que toi. Comme nous n'étions pas au courant de la menace qui pesait sur notre famille : des sorciers auraient pu débarquer et nous tuer sans que nous ne comprenions la raison. Ajoute à cela la nature de ton grand-père qu'elle connaissait, ainsi que ses actes et qu'elle a choisi de dissimuler à ta mère. Tu n'es pas le seul à qui on ait menti et qu'on ait manipulé, Alexandre.

La mâchoire de mon frère se contracta mais il ne baissa pas le regard face à un Edward Bennett imperturbable.

-Pourtant, oui, il nous faut passer outre, asséna-t-il avec une certaine sévérité. Parce qu'il faut aller de l'avant. Parce que nous sommes un peu coupables de ses mensonges – nous n'avons pas écouté Victoria comme il le fallait ...

-Vous ne l'avez pas écouté, moi je l'ai fait ! Je l'ai écoutée, je l'ai soutenue et elle ...

-A essayé de te sauver, cracha Melania. Elle voulait te protéger tête de mule, intègre ça !

-Et peu importe, au final, renchérit mon père. Peu importe, parce que nous sommes une famille. C'est pour ça que nous décorons la maison ensemble, c'est pour ça que nous nous retrouvons toutes les semaines, c'est pour ça que nous sommes liés les uns aux autres. Peu importe les blessures qu'on s'inflige ou les épreuves qu'on traverse – et Dieu que tu as été une épreuve, Alexandre Miroslav Benedict Bennett. Et Dieu qu'il y a des épreuves qui nous attendent. Si tu continues de te laisser ronger par le poison, tu t'affaibliras. Tu nous affaibliras. Nous avons besoin d'être soudé face à ce qui nous arrive, Alex. Alors, oui, je te demande de passer outre.

Alexandre paraissait moins agressif, malgré ses poings serrés et sa mâchoire contractée. Je ramenai le carton contre mon ventre, le cœur au bord des lèvres. La conversation, mes explications m'étaient totalement confisquées. C'était difficile d'être à la fois actrice et spectatrice mais j'avais l'impression le moindre mot qui sortiraient de mes lèvres envenimerait la situation. Saint-Edward était la personne toute disposée à apaiser les choses, même si ses mots plantaient des piques glacés dans mon ventre.

-Si c'était si simple ...

-Arrête de te regarder, Alexandre. Regarde un peu les autres, regarde leurs peines et leur douleur. Tu te concentras un peu moins sur la tienne après ça et elle se calmera d'elle-même.

Sans laisser le temps à mon frère de répondre, il s'en fut dans la cuisine, nous laissant tous les trois silencieux et penauds. Le regard d'Alexandre s'était baissé sur mon carton, pour avoir un visuel sur moi sans réellement me regarder. Comprenant que personne n'avait le cœur à prendre la parole, je finis par lâcher du bout des lèvres :

-Je suis désolée.

Cette fois, Alexandre me regarda. Il ne semblait plus si furieux, juste ... épuisé. Comme pour le prouver, il s'affala sur le tapis, à quelques centimètres de moi

-Moi aussi. Bon sang, je sais que je suis dur Tory mais ... ça l'était. Réellement.

-Ça l'est toujours pour moi, tu sais.

Alexandre soupira et passa une main dans ses cheveux bruns. J'avais toujours été fasciné par la façon dont nous nous ressemblions sans nous ressembler. Les cheveux bruns de maman, les yeux gris de papa ... Mais lui tenait plus des Bennett par le visage et des Liszka par le caractère quand moi c'était l'inverse. Nous avions été si proches petits ... Il avait raison, il m'avait toujours écouté. Il avait toujours été là pour me soutenir dans mon identité de sorcier et cela me manquait énormément.

Enfin j'avais toujours Simon. Mais à présent, même du côté de Simon je sentais les choses vaciller.

Mon cœur se mit à battre plus fort et je chassai son souvenir de mon esprit. Mon père avait raison : Alexandre était tellement concentré sur sa peine qu'il ne voyait pas celle des autres. Il ne comprenait pas que j'avais meurtri la famille entière. Il ne comprenait pas que je souffrais de la situation que j'avais créé. Mais en même temps, qui lui avais dit ? Il n'avait jamais été doué pour deviner. Ses lèvres se pincèrent et il me contempla longuement en silence. Je ne sus par quel miracle je réussis à soutenir ce regard. Il finit par soupirer et se relever.

-Peut-être que papa a raison. Il faut que je me reconcentre sur l'essentiel. (Il me tendit la main avec un sourire qui me semblait forcé, mais qui avait pour mérite d'être volontaire). Allez viens, Tory, on va décorer le sapin.

Je pris sa main avec un sourire désabusé et oubliant le carton sur mes genoux je ne redressai. Melania eut à peine le temps de crier son avertissement que les décorations s'écrasèrent sur le sol. Les boules explosèrent, la figurine d'un ange se brisa et tout le fracas attira mes parents, sans doute certain qu'Alexandre et moi en étions venus aux mains. Mais ils nous découvrirent pris d'un fou rire, courbé au-dessus des débris

Après tout. Quelle meilleure période que celle de noël pour retisser les liens ?

***


-Elle a un compte ? !

Tonks était aux anges face à cette information. Debout dans la cuisine du 12, Square Grimmaurd, elle jubilait. J'étais assise sur une chaise, le poing pressé contre ma joue pendant qu'elle parlait seule, agitant les mains avec frénésie :

-Mais si elle a un compte avec l'équivalent de sa dot – qui doit être sacrément énorme – elle peut parfaitement financer son fils et par suite les Mangemorts ! On l'a vue sortir de chez Yaxley, c'est forcément significatif ... Toi ! (Elle pointa un index négligé sur Bill Weasley). Tu peux vérifier ça à Gringrotts ?

L'homme haussa les sourcils, surpris d'être ainsi pris à parti. Il avait toutes les caractéristiques des Weasley : de longs cheveux roux attachés en catogan, des tâches de rousseurs sur son long nez. Mais il marquait son identité par un style affirmé symbolisé par cette dent de serpent qu'il portait à l'oreille. C'était quelqu'un que je voyais assez peu mais que j'appréciais pour son calme flegmatique. Il travaillait sur la grande table de bois massif et ses grimoires et parchemins la couvrait totalement. Mais pas seul. En face de lui, seuls les cheveux blonds en épis de Simon dépassaient d'un épais volume dans lequel il était plongé. Il prenait des notes à l'aveugle, sa plume virevoltant à la surface du parchemin. Je lorgnai sa main et ses longs doigts qui tenaient la plume, décrispés et complétement libéré. Simon était dans son élément. J'entendis à peine Bill répondre à Tonks :

-Je suis Briseur de sort, Tonks, je n'ai absolument accès aux comptes.

-Tu n'as personne à qui ... ?

-Seuls les Goblins ont accès aux comptes. Tu penses vraiment qu'ils feraient confiance aux sorciers ?

-Bon il va falloir qu'on trouve un autre moyen Victoria ... Victoria ?

-Hum ? (J'arrachai mes yeux des doigts de Simon et m'empourprai). Oui, oui ... Je crois qu'Ulysse va vérifier où vont les sommes d'argent.

-Est-ce que c'est vraiment une bonne idée de nous aider de ces gens ?

C'était Podmore, l'homme qui était en binôme avec George et qui avait été blessé dans l'attaque de l'entrepôt des contrebandiers. Il consultait silencieusement des plans de l'autre côté de la table, isolé devant sa tasse de thé que Bill lui avait gentiment préparée. Tonks fronça du nez en le contemplant.

-On prend les sources qu'on peut.

-Je ne me fierais pas à cette engeance à votre place, grogna Podmore avec une grimace. Les Sang-Purs, c'est solidaire. Tout ce qui leur importe, c'est leur rang. Là-dessus, Tu-Sais-Qui a plus de choses à proposer que nous.

-Ça fait plaisir, fit remarquer Bill en dressant un sourcil.

-Et ma mère est Sang-Pure, jamais elle ne prendrait le parti de Voldemort, persiffla Tonks.

Podmore haussa les épaules, l'air indifférent. Il repoussa sa tasse de thé encore pleine et rangea ses plans.

-Vous êtes des brebis galeuses, c'est tout. Bon, je vais voir le chef.

Il s'arracha du banc et monta les escaliers de pierre brutes qui menaient au rez-de-chaussée. Nous savions Maugrey présent, calfeutré dans l'ancien bureau du patriarche des Black. Il était brièvement passé et avait considéré notre groupe d'un air bougon. Son œil incisif s'était planté sur moi, assez pour que je me demande s'il avait eu vent de l'attaque dans laquelle j'étais prise. Tonks attendit que Podmore sorte pour pousser un grognement et Bill la toisa.

-Arrête. Il a du mal à se remettre d'Azkaban ...

Les yeux de Simon émergèrent du grimoire.

-Il a été à Azkaban ?

-Quelques mois. Mis sous Imperium pour forcer le Ministère, en plein cœur de la tourmente ... Et lui n'a pas bénéficier de la déserte des Détraqueurs, bien sûr.

-La situation là-bas reste inquiétante, mine de rien, avoua Tonks à mi-voix. Certains collègues font des rondes et on a recruté de vrais gardiens mais ... Si Tu-Sais-Qui y met toute ta force, est-ce que ça résistera ... ?

Je vis les jointures de Simon blanchir tant il crispait les doigts sur le grimoire et je vis un nom hanter ses iris. Ma gorge se ferma et sans réfléchir, je tentai d'intercepter son regard. Il le saisit, l'espace d'une seconde et il détendit sa prise pour tourner une page avec une négligence feinte. Ni Tonks, ni Bill ne prirent conscience de son trouble mais cessèrent de parler d'Azkaban. La jeune femme fulminait toujours et je profitai qu'elle soit plongée dans ses pensées pour me rapprocher de Simon. Dans l'élan, je me heurtai légèrement à lui, de façon superficielle mais qui suffit à emballer mon rythme cardiaque. Les mots balancés par Miles dansèrent dans mon esprit mais je les fis taire résolument. Il y avait plus urgent.

Fatiguée par ma nuit de veille, je m'allongeai à moitié sur la table, la joue appuyée contre mon bras, le visage tourné vers Simon. Il rivait toujours ses yeux sur les pages, mais un petit sourire s'était mis à ourler ses lèvres.

-Est-ce que tu vas arrêter de me regarder comme si j'allais disparaître ? chuchota-t-il.

-Je me demandais juste si ça allait.

Un tic nerveux agita le coin de ses lèvres.

-Je suis plongé dans un grimoire de magie noire issu d'un manoir glauque qui a appartenu à une famille qui clouait les têtes de leurs elfes de maison sur le mur. Franchement, je vais bien.

J'eus une moue dubitative qui le fit sourire. Je fis vaguement passer les pages jaunis sur mon pouce, à la fois fascinée et dégoûtée. J'avais oublié ce dans quoi Simon était obligé de se plonger : la compréhension de la magie noire. Je l'avais assez peu vu travailler là-dessus et je pensais qu'un un sens, c'était voulu. Il voulait que personne ne leur voit associé à de telles formes de magies. Bill et lui avaient sans doute espérer que Quartier Général vide jusqu'à ce que Tonks et moi débarquent après des heures de surveillance de l'allée des embrumes. Corban Yaxley y était retourné plusieurs fois, assez pour que Tonks soit persuadée que quelque chose s'y jouait. Et la façon dont Simon continuait de se cacher et de se taire derrière les livres en disait long sur son appréciation de l'activité.

Tonks s'était elle penchée sur l'épaule de Bill et lisait les parchemins qu'il consultait.

-Peut-être qu'on pourra vous demander des renseignements, si Yaxley est lié à Barjow et Beurk ...

-Ding te sera plus utile que nous, évalua Bill.

Les yeux de Tonks étincelèrent et elle attrapa son bras.

-Mais oui Ding ! C'est vrai que je pourrais lui demander de surveiller le marché des objets de magie noire et voir si ...

-Bon courage pour le trouver, cingla Bill. Il se cache depuis qu'il a dévalisé le QG ...

-Quoi ? sursautai-je.

-Mondingus, notre escroc domestique. Très utile parce qu'il connait tous les marchés parallèles, les petites bandes de délinquants ... Tout le monde souterrain de la communauté de sorcier. Mais il se met un peu à l'écart en ce moment ... (Il désigna d'un large geste de bras l'ensemble de la maison). Il a pillé le QG à la mort de Sirius, depuis il se cache de Maugrey et de Dumbledore ... il n'a pas pu résister à se faire un peu d'or.

-Bah ne t'inquiète que je vais le retrouver notre petit rouquin.

Elle eut alors l'air de se concentrer intensément, comme si elle tentait de rappeler un souvenir à sa mémoire. Mais rien ne parut venir car elle poussa un profond soupir de frustration et laissa aller sa tête entre ses bras, ses cheveux couleur souris épars sur la table. Bill lui tapota le bras.

-Détends-toi, ça va venir ...

Tonks eut l'ombre d'un sourire et le gratifia d'une bourrade.

-Arrête, ta fiancée va être jalouse.

-Elle a beaucoup de défaut, mais quand on est une personne comme elle on est jalouse de personne.

Tonks lui concéda la chose en penchant doucement la tête. Après la frustration, elle semblait vaguement mélancolique et contemplait Bill fouiller ses parchemins avec sérénité. Un regard assez long pour que je me demande si ce n'était pas elle qui n'était pas jalouse de la fameuse « fiancée ». La même réflexion semblait avoir traversé l'esprit de Simon car il s'était à nouveau retranché derrière le grimoire, le livre à la verticale comme un bouclier face à la scène tendre qui se jouait devant nous. Et l'idée amusante émergea dans mon esprit : lui et moi n'avions pas un comportement différent. Comment de personne auraient-elles eu envie d'ériger un bouclier pour se couper de nous ?

Mon cœur parut très brusquement me monter à la gorge et je pressai ma bouche contre mon bras pour ne pas laisser échapper un grognement de frustration. Je commençai à regretter de m'être rapproché de Simon, j'avais trop conscience de sa proximité, de son souffle régulier qui effleurait les pages jaunies du livre, de ses mouvements quand l'une d'entre elles froissaient. Mais je n'avais pas pu m'en empêcher : dès que j'avais vu le nom de Jugson effleurait la conversation, j'avais éprouvé le besoin d'être à ses côtés.

« Je serais derrière toi pour te soutenir si tu tombes, ou te retenir si tu t'envoles ». Te soutenir si tu tombes ... Bon sang, je ne voulais plus voir Simon tomber.

Je me souvenais d'avoir prononcé ces mots. Mais je me souvenais également d'avoir eu cette sensation étrange qu'ils m'étaient arrachés, comme appartenant à quelqu'un d'autre, à une profondeur cachée de moi-même.

Une profondeur qui éprouvait de l'amour pour Simon Bones.

Incapable de m'en empêcher, je pris une profonde et tremblante inspiration. Je fus presque certaine que Simon baissa les yeux sur moi, aussi fermai-je les yeux et feignis-je de dormir, la tête sur mon bras et le visage incliné vers lui. J'avais passé la nuit à veiller dans l'allée des embrumes, il n'oserait pas me réveiller. Mais en réalité, j'avais cette impression que ma tête et mon cœur étaient à deux doigts d'exploser.

J'avais tout remis à plat, pendant cette nuit d'insomnie et les jours suivants. Allongée dans mon lit, debout dans ma douche, en tailleur sur mon canapé ; partout, tout le temps, je ne cessais de songer à cette conversation absurde que j'avais eue avec Miles, à ses sentiments qu'il n'avait jamais voulu m'apprendre, à refaire dans ma tête le cheminement de ma relation avec Simon en remettant les choses dans l'ordre. Et en remettant les choses dans l'ordre, à plat, dans le calme, j'étais vite venue à la conclusion que Miles avait raison concernant mes sentiments sur Simon. C'était de l'amour, ni plus ni moins.

-Elle dort ? chuchota Bill.

-Je plaide coupable, avoua Tonks sur le même temps. Laisse-la se reposer un peu, elle n'a pas un match bientôt ?

-Dans deux semaines, contre les Catapultes.

Le fait que Simon connaisse si bien mon emploi du temps m'arracha un sourire que je cachai en appuyant ma bouche sur mon bras. Mon mouvement provoqua celui Simon : il posa une main sur ma tête, comme pour me tranquilliser. Et étrangement, ce fut le cas : le nœud dans mon estomac se desserra. La main de Simon s'attarda quelques peu et diffusai une chaleur rassurante. Cet apaisement me permit de reprendre le fil de mes pensées, des réflexions qui m'envahissaient depuis plusieurs semaines. Je m'étais souvenue du dîner de Slughorn, de ma culpabilité d'avoir totalement oublier la mission que nous aviez confié Lupin pour soutenir Simon face à Lysandra et au souvenir de Cassiopée. Et cette sensation m'avait mené à une autre, un autre souvenir aux Trois Balais et aux mots étranglés de Simon : « je ne veux pas que tu meures Vicky ». Cette simple phrase, simple comme tout et qui pourtant verbalisait que nos rapports avaient changé. Tout avait craqué en moi à cette phrase et j'avais laissé libre-court à la panique qui m'habitait à l'idée qu'il m'abandonne pour de la simple vengeance. Il y avait longtemps que je n'avais plus repensé aux larmes qui m'avaient assaillies en ce jour de Saint-Valentin : tout avait été noyé ensuite dans les révélations sur le pont puis dans les problèmes plus urgents – Miles, mes ASPIC, mon frère. Et à présent que j'y repensais, allongée sur ma table avec Simon à un souffle, sa main toujours posée sur le bas de la tête, tout me semblait trop intense. Ma peur presque panique à l'idée qu'il me laisse, mes mots, les larmes qui avaient coulées.

La main de Simon glissa jusque ma nuque et la chaleur apaisante s'effaça pour ne laisser qu'un frisson glacé. Le nœud réapparut, comme pour symboliser le fuit de mes réflexions : des sensations physiques bien trop fortes pour des gestes anodins. J'étais en train de songer à ouvrir les yeux, et aller me réfugier en haut quand je me retrouvai sous une chaleur réconfortante. Il fallut que j'hume et que la doublure en fourrure me chatouille la joue pour comprendre que Simon venait de me draper de sa cape. En plus de l'avoir à un souffle, son odeur constituait tout ma réalité dans un monde dénué de sens. Discrètement, je nichai mon nez au milieu de la fourrure. Bon sang, cette odeur, c'était chez moi. Ma gorge se serra et à côté j'entendis Simon tourner une page.

« J'ai toujours une réaction disproportionnée quand ça te concerne » avais-je jeté à Simon pour justifier ma colère quand j'avais cru qu'il m'avait caché Lysandra. C'était maintenant que je prenais les éléments avec recul, les uns derrière les autres, que je me rendais compte que ça ne justifiait rien. J'avais des réactions disproportionnées, c'était un fait. Simon Bones était capable de tout attiser en moi, le pire comme le meilleur et ça non plus ce n'était pas nouveau.

Non. Mais ce qui était nouveau, c'était cette impression que c'était tout, sauf normal.

J'avais fini par l'admettre, avec une sérénité qui m'avait surprise moi-même. Ce n'était rien. A dire vrai, la normalité était presque retrouvée si on changeait les paradigmes.

Miles avait raison, l'amour prenait plusieurs formes. Et Simon Bones était l'une d'entre elles.

***

Rôh chipotez pas, on avance quand même non?

POUR LE PROCHAIN CHAPITRE attention. J'ai un problème. Il y a un million d'année, j'ai écris ce chapitre que je trouvais fort bien (et qui m'avait largement fait retombé dans mes travers de longueur).

ET PATATRA

Fausse manip et je l'ai PERDU

Bref, comme il était fort long, je n'ai pas eu la fois de le réécrire. Puis j'ai commencé La dernière page. Puis j'ai commencé à brainstormer la NextGen avec Anna. BREF toujours est-il qu'il n'est toujours pas réécris.

Donc soit je trouve la foi (et je ferais tout pour la trouver) dans les deux semaines qui me sont imparties.
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Coucou c'est moi, chapitre 16 !
Les pierres sombres se fondaient dans le brouillard et la vie se traduisait par la lueur orangée qui ondulait au premier étage.
J'aime tellemeeeeeeeent cette description !
frigorifiée et frustrée
Moi ce soir, sauf que je meurs de chaud
Et elle m'avait révélé le grand secret des Sang-Pur : la cheminée ? L'inconfort et la saleté utilisée par tous ?
Hahahaha ou comment résoudre un problème épineux
Est-ce que des gens sur Wattpad t'ont sorti des contre-arguments ?
Evidemment, les autorités ne pouvaient pas fermer le magasin sans fondement sérieux
Un petit covid et le tour est joué

Franchement les questions de sécurité, je serais incapable d'y répondre la moitié du temps
Dawlish a oublié de me remplacer à Poudlard ...
C'est pas un traître Dawlish ?
Elle eut l'air de se concentrer intensément avant de cligner des yeux et de soupirer :
tiens j'avais oublié qu'elle avait perdu son pouvoir, dans mon esprit elle avait juste plus le coeur a fait des changements farfelus

POUEHEHEHEH introspection sur ses sentimeeeeeeeeeeeeeeents
Je suis trop nulle il m'a fallu un temps fou pour retrouver que Thalia est la mère de Nestor et compagnie haha
-Mon quoi ?

Tonks cligna des yeux et me contempla de nouveau avec une certaine perplexité.

-Ton copain. Simon ? Non ? Pas du tout ?

-Pas du tout !
Je meurs de rire :lol: :lol: :lol: :lol:
Je te jure je souris comme une débile en lisant toute la conversation
TON EXTENSION hahaha je hurle comme dirait Anna
-Les liens sont beaucoup trop indirects, protestai-je.
Ca va quand même, on est pas en train de dire que l'épicière de Nestor est lié au facteur de Thalia qui est aussi celui de la petite cousine de la grand tante de Yaxley
LA c'est indirect :lol:
La dernière grande représentante de la génération engagée et combattante, c'était Amelia
C'est vrai que j'ai manqué l'occasion de parler d'elle dans L&J
L'autre homme s'avérait être l'un des jumeaux Weasley. J'avais tellement été obnubilée par les cheveux blonds de l'autre
Au début j'ai cru que tu disais que le blond ensanglanté était un jumeau Weasley donc j'étais vraiment perdue, mon monde n'avait plus de sens :lol:
Le pire dans tout ça fut d'ouvrir La Gazette le lendemain et de n'en voir trace nulle part
Définition assez juste des médias de nos jours
-C'est pas mal. Continuez.
VIIIIICTOIIIIIIIIIIIRE
-Tu me files ta cape ?

-Pardon ?

-Je crève de froid et j'ai un match dans une semaine !
Elle s'étonne après mais c'est teeeeeeeeeellement un petit couple

Tant d'initiative de la part de Simon, ça me sidère
-Changement de plan, alors, on va chez mes grands-parents.
Elle va pas aller lui demander quand même :lol:
Il avait jeté sa cape sur une partie de son épaule et ses cheveux avait été ébouriffé par la brise hivernale.
Beau goooooooooosse

C'était très chouette ce chapitre, entre l'enquête qui se resserre sur les Selwyne et SIMORIAAAAAAAAAAAA
cochyo

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par cochyo »

Nooooon trop court ! Génial !! :lol:
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre 18 :

Le match qui dure 7 minutes c'est dur :lol: Mais moi aussi j'aurais retenu que Simon dans les tribunes ^^ Et Victoria qui trouve ça étrange de se faire vouvoyer je comprends complètement ça me fait tellement pareil :lol:
Toujours est-il que ... je te remercie d'avoir rendu à ma sœur son fils.
Ohhh ce genre de phrase... de formulation... C'est juste si bien trouvé Perri !

Je trouve hyper intéressant les descriptions de Lysandra au passage parce qu'on la cerne très bien même dans ses gestes, genre sa façon de marcher ou le fait que tu la compares à Octavia par exemple. J'ai bien l'idée que les sorcières issues des vieilles familles aient un peu le même genre d'attitude de l'extérieur, c'est intéressant !

Revoir Roger et Emily aussi ça fait tellement plaisir ^^ En fait c'est même la joie de Victoria en les voyant qui est communicative!

La scène entre Victoria et Simon quand il lui dit qu'il a besoin d'elle, mais que maintenant il peut avancer tout seul sur le plan de sa famille/traumatisme... Ca faisait tellement intime genre c'est incroyable comment la moindre conversation ensemble forme une espèce de bulle !
Mais oui ! Bon sang, Emily, tu étais là : quel rôle il aurait pu avoir ?
Oh bah oui tiens
qUel RôlE?

Rah la la toutes les réflexions de Vic sur Simon je souris comme une débile !
-Tu as un grain de beauté en haut de la cuisse gauche.
C'est bien le seul détail auquel elle a pensé je meurs :lol:

La conversation avec Miles qui lui balance l'omniprésence de Simon dans sa vie et ses décisions, c'est tellement fort. Parce qu'en plus c'est vrai mais c'était subtile ou flagrant selon les cas, mais Simon était littéralement partout dans le tome 2 !
l pompe énormément de ton attention, de ton énergie et ... de ton amour.
MILES PRESIDENT
Bon sang, Vic', tu lui donnais mille fois plus d'attention qu'à moi. Et moi, je sortais avec toi.
Franchement c'est si bien écrit... Genre le rythme des répliques, les mots, l'enchaînement des dialogues et de la narration. Tout claque !

Super chapitre !
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre 20
j'avais ouvert la porte, prête à grimper les deux étages qui me séparaient de lui, j'avais aperçu la lueur chaude de la chambre de George et Rose qui brillait dans le couloir. De quoi me faire rabattre aussitôt le battant et m'y adosser, le souffle court, la tête pleine d'émotion contradictoires.
Damn it, j'aurais tout donné pour qu'elle aille le rejoindre en pleine nuit. Ca aurait été si romantique :lol:
Mes doigts s'étaient crispés sur les lames de parquet.
PARQUET
elle ouvrait sur une toile de rose et d'orange traversée par de minces panaches blancs. La lune avait été réduit à un spectre translucide que chassait la lumière solaire.
C'est trop beau ! J'ai remarqué que tu t'attardais plus sur ce genre de description maintenant ^^
Roh la la ils montrent les grands de Rio 2016 et je souris comme une idiote en revoyant Simon Biles, Kevin Mayer, Tony Yoka! Mais les larmes de Renaud Lavillenie par contre mon dieu...
à observer comme la lumière pâle faisait ressortir le cuivre dans ses cheveux rendus châtains par l'hiver.
Donc il est pas blond :lol: J'ai l'impression d'avoir 30 000 représentations de la couleur de cheveux de Simon dans ma tête, y'a trop de nuance :lol:
Bon. Si ça va ... Tu vas enfin m'expliquer ce que tu faisais à Londres ?
"Je voulais voir mon ex pour parler de toi et de ton rôle dans notre rupture. No big deal"
Inverse les rôles, s'il te plait : comment tu aurais réagi si j'avais atterri chez toi après une attaque de Détraqueurs et qu'en plus j'avais été aussi imprudent que tu l'as été ?
Elle l'aurait frappé. Fort.
-Depuis quand tu es devenu si sage ?
-Depuis que tu es devenue une véritable tête brûlée. Il faut bien garder l'équilibre.
Le fait qu'ils soient toujours si complémentaires rahhh
Je daignai enfin baisser les yeux sur Simon. Il était effectivement accroupi près du fauteuil, pieds nus, son grimoire coincé entre ses jambes et sa poitrine.
Ce genre de vision ohhh je fangirl pour rien
-Simon, je peux savoir pourquoi Lysandra Grims me propose que l'on passe noël chez elle ?!
DRAMAAAA
(Oh mon dieu Kevin Mayer fait un blocage sur le saut à la perche ça m'angoisse ça)
Seigneur que ça devait être douloureux de voir une autre femme, une autre Cassiopée, débarquer dans la vie de cet enfant à qui elle avait tout donné et qui menaçait de le lui arracher.
Le terme "une autre Cassiopée" c'est si violent. Parce que mine de rien Lysandra a un lien de sang avec Simon contrairement à Rose alors même que Rose a élevé Simon, c'est tellement dur comme situation.
-Elles ne cracheront pas sur un cadeau en plus, plaisanta George, visiblement soulagé.
:lol: :lol: :lol:
orsque je perçus le regard de George sur moi, songeur. Je mis une main sur mon visage et feignis de le frotter pour en cacher la rougeur.
Grillée par George je me marre
(Oh la cérémonie commence dbkjhdkq)
-Ah Miro, se souvint Rose et cette fois un sourire retroussa ses lèvres. Encore mieux, amène-le !
Il va plus rester personne après ce dîner la catastrophe :lol: :lol:
-Si tu as tes invités, j'ai les miens !
-Maman, râla Simon.
C'est presque puérile mais ça me fait rire :lol: :lol:
-Vicky, attends !
Il la rattrape et je souris comme une débile rahhh
-Et de dormir. Tu ne serais pas très utile.
Oh bah si c'est que ça il peut dormir avec toi heiiin
Mes joues s'empourprèrent violemment quand je me souvins de toutes ses fois où je l'avais en effet accompagné dormir – juste pour être certaine qu'il dormirait.
VOILA
oh la la c'est si beau et bien pensé les tableaux de la cérémonie !
sans réfléchir, je m'approchai de lui et effleurai sa joue d'un baiser bref, mais qui le tendit immédiatement comme il fit s'emballer mon rythme cardiaque.
JKAHEhlKJndjkbsQBD
-Je n'ai jamais l'occasion de le faire chez moi, c'est toujours notre elfe de maison qui s'en occupe !
La tristesse, c'est toujours la meilleure partie !
Elle me donna raison en retournant la boite à guirlande sur la tête de mon frère, faisant de lui un véritable sapin vivant et brillant de mille feux.
:lol: :lol: :lol:
-Mais parce que tu es le seul auquel elle a menti, tu crois ?
Ouch je m'attendais pas à ça
En face de lui, seuls les cheveux blonds en épis de Simon dépassaient d'un épais volume dans lequel il était plongé.
Blond, cuivre, châtain...
-Je suis plongé dans un grimoire de magie noire issu d'un manoir glauque qui a appartenu à une famille qui clouait les têtes de leurs elfes de maison sur le mur. Franchement, je vais bien.
Présenté comme ça je meurs :lol:
Elle a beaucoup de défaut, mais quand on est une personne comme elle on est jalouse de personne.
C'est simple comme phrase mais ça décrit si bien Fleur et son assurance
« Je serais derrière toi pour te soutenir si tu tombes, ou te retenir si tu t'envoles ». Te soutenir si tu tombes ... Bon sang, je ne voulais plus voir Simon tomber.
Dans le genre phrase magnifique !
Miles avait raison, l'amour prenait plusieurs formes. Et Simon Bones était l'une d'entre elles.
Je peux plus attendre
Elle a réalisée là c'est bon
Le baiser ! Allez ! :lol:
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

***


Le cadeau n'a rien à voir avec son prix, il tient tout entier dans l'intention et la beauté du geste. Si humble soit-il, il est comme un émissaire de la personne et garde sur lui son empreinte.

- Pascal Bruckner
***


Chapitre 21 : Un chaudron crépitant.

Mais ce n'était pas celle-là.

Je soupirai et mon souffle se transforma en une brume opaque qui m'arracha un frisson tant elle était à présent associée au souvenir des Détraqueurs. D'accord, j'aimais Simon, avais-je décidé d'admettre résolument. On ne pouvait pas éprouver des sentiments si forts, être aussi absolu l'un envers l'autre, sans que ce ne soit qualifié d'amour. Miles avait raison, ça en était, il n'y avait rien à dire. Il l'avait admis lui-même : l'amour avait plusieurs formes. Ce n'était pas grave, c'était normal, naturel et cela me soulageait grandement d'avoir enfin mis des mots sur les troubles qui m'agitaient depuis quelques semaines.

Ce n'était pas parce que j'aimais Simon que j'étais amoureuse de Simon.

Le mot me fit presque suffoquer, comme chaque fois que j'y songeais et je préférais me concentrer sur la façade de Barjow et Beurk. J'avais vu Yaxley sortir de son manoir un pâle jour de décembre et transplaner. J'avais transplané à mon tour, au pied de son club en plein Londres et à l'entrée du Ministère de la magie sans le voir nulle part. C'était pour cela que je faisais le pied de grue devant cette obscure boutique, en espérant le voir passer la porte. Je refermai davantage mes mains sur la cape d'invisibilité. Tonks avait tenté de retrouver leur fameux « escroc domestique », un certain Fletchler, sans succès. Et cela m'énervait, car Susan était revenue la veille du Poudlard Express et que je n'avais pas encore pu la voir, entre mon entrainement de Quidditch et l'Ordre. Je m'adossai au mur de pierre derrière moi et observai la petite allée sinueuse qui m'arrachait des frissons à intervalle régulier. Même en plein jour et en plein soleil, l'aura obscure qui l'emplissait semblait bloquer la lumière.

La porte teinta et je rivai mon regard sur elle, le cœur battant à tout rompre. Mais la seule personne qui en sortit fut un garçon au visage boutonneux et aux cheveux bruns et frisés. Je le reconnus sans peine : c'était lui qui servait de commis à Caractus Beurk, le gérant du magasin. Pas beaucoup plus âgé que moi, calme et précis : sans doute un ancien Serpentard qui avait trouvé sa voie dans la magie noire. Il sortit une cigarette de sa poche et l'alluma d'un mouvement habile de la baguette et je finis par froncer les sourcils. Ce n'était pas la première fois que je le voyais fumer cigarettes sur cigarettes, à rester dehors pendant plusieurs minutes, voire une heure. Je consultai ma montre et attendis dix, vingt, trente minutes et une dizaine de clopes avant que la cloche ne teinte à nouveau et qu'un homme élégant à la capuche relevée sorte de la boutique. Le commis cacha immédiatement sa cigarette derrière son dos.

-Bonne fin de journée, monsieur Yaxley.

Je retins mon souffle au moment où Yaxley se tendait et adressait un regard assassin au commis qui sembla se rétracter sur lui-même.

-Tu n'apprends décidément rien de ce qu'on te dit, Turner, cracha-t-il d'un ton glacial. Tu m'adresseras la parole lorsque tu sauras me prouver la pureté de son sang.

Il s'en fut sans même apprécier l'air furieux sur le visage boutonneux du commis, qui ne se priva pas de faire un geste obscène de la main dans son dos. Il finit par retourner dans la boutique et j'observai Yaxley remonter l'allée d'un pas déterminé avant de transplaner en un « CRAC » sonore. Il était sans doute rentré au manoir. J'aurais pu aller vérifier, mais je préférais m'attarder sur la boutique où les allées et venues ne cessaient depuis ce matin. Je l'avouais volontiers, l'activité de la boutique m'inquiétait plus que celles solitaires de Corban Yaxley. Evidemment que l'Ordre était au courant que Barjow et Beurk était un lieu à risque, un lieu qui pouvait servir comme la boutique des jumeaux de lieu de rassemblement. Mais surtout, Maugrey soupçonnait que la boutique soit un véritable laboratoire de Mangemort, où des tests et des plans étaient faits. C'était pour cette raison qu'il restait sceptique à l'idée de m'envoyer moi, maigre jeune fille de dix-huit ans à peine sortie de l'école, surveiller la boutique. A dire vrai, je n'en avais pas la permission mais je pouvais suivre Yaxley où il allait. Et il se trouvait qu'il fréquentait énormément Barjow et Beurk.

J'attendis encore une heure, une heure à observer des sorciers et des sorcières louches faire teinter la cloche du sombre magasin, à voir Turner le commis de Sang-mêlé faire très – trop – régulièrement des pauses cigarettes. Je consultai ma montre et finis par abandonner mon poste avec une certaine déception, sans avoir rien observer de probant. Mais le soleil commençait à être à son zénith et comme les vampires, les Mangemorts ne se montraient que la nuit, jamais au grand jour. Je remontai rapidement l'allée des Embrumes, assez agacée et débouchai sur le chemin de Traverse. J'ignorais à quoi il ressemblait la veille de noël, mais il devait certainement être plus coloré et festif que ça. Là, la seule couleur qui substituait était le violet des affiches du Ministère, tranchant avec le noir et blanc des photos des détenus qui continuaient d'être recherchés. Je jetai un regard chagriné aux vitrines condamnées d'Ollivander et de Fortarôme. Personne n'avait aucunes nouvelles des deux hommes et si le fabriquant de baguette continuait d'être activement recherché, le glacier semblait sombrer dans l'oubli des disparus. Même au sein de la communauté de sorcier, des hiérarchies demeuraient.

Je chassai mes sombres songes en me dirigeant vers la seule boutique qui relevait un peu le niveau de la rue commerçante. Les jumeaux s'étaient donnés du mal pour égayer la torpeur : leurs vitrines brillaient de pleins feux, avec des guirlandes lumineuses flottantes qui formaient alternativement les lettres W, F et G et les promotions pour les achats de noël fleurissait un peu partout. Pour un filtre d'amour acheté, une baguette surprise offerte – en échange de la garantie d'être invité au mariage, ajoutaient-ils avec une malice qui m'arracha un sourire. Je passai la porte, toujours couverte de la cape d'invisibilité et me faufilait dans la foule toujours très dense – surtout maintenant que les jeunes étaient revenus de Poudlard. Difficilement, et en marchant sur les pieds de plusieurs personnes, je finis par me frayer un chemin jusque l'un des jumeaux qui poussa un véritablement hurlement de surprise quand quelqu'un lui pinça les côtes. J'éclatai de rire en me découvrant.

-Bah alors, Weasley ! Franchement la sécurité de cette boutique, c'est le néant !

-Bennett ! ragea-t-il, une main toujours refermée sur le côté que je venais de pincer. Réserve tes blagues à Bones !

-Et j'espère au moins que tu t'approvisionnes chez nous, ajouta le second en arrivant derrière moi pour effleurer ma cape.

-Désolée, je l'ai emprunté et vous êtes trop chers pour moi.

-Demande à Bones de te la payer pour noël. Hé, Bones ! (Fred fit de grands gestes vers un coin de la boutique). On a un tuyau de cadeau pour Bennett !

Je suivis la direction indiquée par Fred pour voir Simon émerger de la foule, le visage rendu rouge par la chaleur ambiante et visiblement peu à l'aise. Je n'eus le temps de me sentir ni gênée ni attendrie que Susan apparaissait à son tour et se jetait sur moi. Sauf qu'elle commençait à devenir bien plus grande et que son élan m'emporta contre George qui vacilla.

-Hé, les filles !

-Désolée, bredouilla Susan en s'écartant. Mais ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vues !

Elle avait au creux de son coude un sac rempli de divers produits – dont beaucoup venaient de la fameuse « gamme pour sorcière » que j'avais décrié en début d'année.

-Pour Caroline, m'expliqua-t-elle quand je leur jetai un coup d'œil interloqué. Je ne savais pas quoi lui offrir cette année ...

-Allez, donne ça, bébé-Bones, lui lança Fred. Voyons combien tu nous rapportes ...

Simon lui jeta un regard peu amène mais Susan tendit docilement son sac, tout sourire. Contrairement à son frère, l'agitation ne semblait pas la déranger le moins du monde. Elle paya ses achats avec engouement et Simon préféra s'accouder au comptoir pour demander à George, un sourire sarcastique aux lèvres :

-Et bien qu'il soit trop tard, c'était quoi le tuyau ?

Il me désigna du menton et je tâchai d'ignorer la chaleur qui avait commencé de se diffuser dans mon ventre pour lever les yeux au ciel. Depuis quelques jours, j'étais en pleine tentative de normalisation de mes réactions face à lui. Ce n'était pas difficile : chaque fois que nous étions ensemble, le naturel reprenait le dessus. Pas de gêne, pas de malaise, mais une trop grande conscience de la présence de l'autre qui se manifestait par de drôles de sensations physiques. J'espérais qu'elle disparaitrait maintenant que j'avais mis des mots sur la place que Simon avait dans ma vie.

-Une cape d'invisibilité, répondit George. Je ne comprends pas pourquoi elle en a besoin, elle est si petite qu'elle passe déjà inaperçue.

-Oh encore des blagues sur la taille ? me moquai-je. Je ne les ai jamais entendues, celles-là ...

-Je crois que j'ai épuisé le stock il y a cinq ans, confirma Simon avec un sourire tordu.

-Alors pourquoi tu continues de les faire ? rétorqua Susan.

Simon haussa les sourcils et Fred ricana d'un air satisfait face à la pique de la jeune fille. Il lui rendit un sachet coloré plein de ses achats.

-Pour avoir rabattu son caquet, je te fais grâce des sept noises, bébé-Bones ! Bennett, toujours pas attirée par nos gammes de sorcières ? Ou tenter de rendre Bones fou amoureux d'Alastor ?

-Je laisse Alastor à George, répondis-je tranquillement. Bon, bonnes vacances et joyeuses fêtes, les gars !

Nous nous recouvrîmes de nos capes pour quitter enfin l'ambiance étouffante de la boutique des jumeaux. Ce fut le vent glacial de l'hiver qui nous accueillit et je profitai que la rue soit déserte en dehors de la présence de Susan pour me faire violence et passer mon bras sous celui de Simon. Pour mon plus grand soulagement, il ne se déroba pas et leva même les yeux au ciel, comme s'il anticipait la suite.

-Du coup, c'est quoi mon cadeau ? lançai-je d'un ton badin.

-Tu sauras à noël. Tu m'offriras quand Cyrano de Bergerac ?

-Ce n'est pas Cyrano !

Simon essuya un petit rire désabusé qui me donna envie de lui écraser le pied. L'année dernière, vous avions convenus que je lui offrais chaque année une pièce de théâtre pour noël après que je lui ai fait don d'Hamlet à celui de l'an dernier. Cela fait près d'une semaine qu'il semblait persuadé que c'était Cyrano de Bergerac et ne cessait de me harceler avec ça. Susan se retourna sur nous et se mit à marcher joyeusement à reculons.

-Et Lysandra vient pour de vrai, du coup ? Je n'ai pas suivi la fin de l'affaire ...

-Lysandra, Leonidas, Vicky, les parents de Vicky, les grands-parents de Vicky, énuméra Simon en levant ses doigts à chaque compte. Mel et Alex ?

-Non, ils seront chez les Selwyn.

Et cela avait profondément agacé Alexandre. Ils passeraient le réveillon avec nous et les grands-parents Benedict et Anne Bennett, nous accompagneraient pour la messe de la nativité mais fêterait la fête de noël chez les Selwyn. Le patriarche en personne lui avait fait cette invitation et tout le monde, y compris Octavia et Simon, avait insisté sur le fait qu'un refus serait perçu comme un affront. Melania avait bien tenté de convaincre sa famille de changer de jour, mais ce n'étaient les Selwyn qui s'adaptaient aux autres. Susan parut déçue mais se reprit vite.

-Oh, ça va en faire du monde ! Ça va changer un peu, c'est cool !

Une pointe de douleur traversa son regard et fana son sourire sans qu'il ne disparaisse totalement et je compris qu'elle songeait à tous les noëls qu'elle avait passé avec sa tante Amelia. Peut-être était-ce pour cela que ce noël en grand comité enthousiasmait une majorité de la famille Bones, y compris Caroline : cela estomperait le fantôme de cette grande dame qui n'était plus là à leurs côtés. Je glissai un regard discret du côté de Simon, dont les lèvres s'étaient pincées. Il se frotta le nez d'un air absent.

-J'espère franchement que ça va bien se passer entre maman et Lysandra ...

-Mais oui, pour toi elles feront l'effort, assura Susan. Et avec le monde qu'il y aura, elles ne seront pas obligées de se parler !

-Je ne sais pas. J'ai l'impression que j'ai pris plein d'éléments hypers explosifs et de les avoir tous mélangés dans un chaudron.

-Mon Liszka et legilimens de grand-père, ta fougueuse tante qui ne s'entend pas avec ta mère protectrice, ma rescapée moldue de grand-mère, mon saint pasteur de père, avec nous deux qui nous tapons dessus depuis qu'on est petits et Susie-Jolie pour arbitrer tout ça, énumérai-je.

Dit à voix hautes, je n'aurais su dire si j'étais inquiète ou amusée, mais Susan choisit de le prendre à la rigolade en éclatant de rire. Elle se remit en marche avant et jeta ses bras au ciel avec insouciance.

-Franchement, je ne vois pas ce qui pourrait mal tourner avec tout ça !

***


Oui, franchement, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

Le réveillon s'était déroulé avec une lenteur et une précision millimétrée, comme chaque 24 décembre depuis que j'étais née. Je faisais de la cuisine à grande envergure avec mon père toute l'après-midi en visionnant Merlin l'Enchanteur, ma magie nous avait sauvé d'un nettoyage de plus grande envergure encore, il était parti chercher mes grands-parents pendant que je me préparais et que ma mère mettait la table. Benedict et Anne Bennett arrivaient, continuaient de prendre mon père pour leur enfant chéri et ma mère pour une fille d'immigrés qui ne méritaient pas leur précieux fils. J'étais toujours trop maigre et maintenant mes cheveux étaient trop longs, selon grand-mère Anne mais Alexandre s'était musclé, apprécia grand-père Benedict et quelle femme digne cette Melania ... Le « contrairement à Marian » était très souvent sous-entendu et je supposai que c'était pour cette raison que ma mère trébucha « accidentellement » près de la crèche, ce qui occasionna la chute de la figurine de la Vierge Marie qui se brisa.

Je me réveillai le lendemain avec un mal de tête dû au vin blanc nécessaire à la bonne acceptation du dîner. Je m'étais intérieurement maudite : de tous, c'était l'alcool qui me faisait le plus d'effet le lendemain. Je commençais à avoir assez d'expérience en la matière pour le savoir. Je me dépêchai de prendre ma douche pour faire passer la migraine, frottai énergiquement mes cheveux qu'Alexandre avait enduit de sauce quand nous avions fait la cuisine ensemble à deux heures du matin. J'émergeai d'une douche embuée et fit disparaitre toute la brume d'un coup de baguette. Soudainement, mon reflet fut visible sur le miroir et me renvoya mon petit sourire extrêmement satisfait. C'était dans ce genre de moment que j'aimais être une sorcière. J'étais en train de passer mes sous-vêtements quand Alexandre tambourina à la porte :

-Tory ? On y va avec Mel !

-D'accord, bonne chance ! m'écriai-je en me débattant avec l'agrafe de mon soutien-gorge. Tu me raconteras ce soir !

-Compte là-dessus. Pour passer le temps, je vais essayer de faire cracher ta pote sur sa relation avec Simon !

Un faible sourire ourla mes lèvres alors que les pas d'Alexandre s'éloignaient dans le couloir. Je me baissai pour prendre une serviette hygiénique dans l'armoire – Dame Nature choisissait toujours les pires moments pour faire surface – et l'appliquai avait de passer la robe. C'était une nouvelle, offerte par ma tante Beata que nous ne pourrions voir cette année et qui était arrivée cette semaine. Je n'étais pas une personne qui aimait faire la boutique et elle le savait, c'était pour cela qu'elle se faisait un devoir de remplir ma garde-robe de jolies choses que je n'aurais jamais pu trouver moi-même. Cette fois c'était une robe gris anthracite au tissu soyeux et fluide qui dont le décolleté descendait bien plus bas que mes autres tenues – mais au moins, j'avais la sensation d'avoir la poitrine. La jupe était couverte d'arabesques noires et stylisées et était plus longue derrière que devant. Pieds nus, je m'amusais à tourner et à la faire gonfler et tournoyer. C'était une robe de grande, mais j'adorais faire la petite fille dedans. J'étais encore en train de jouer quand la voix de ma mère cingla depuis le rez-de-chaussée :

-Victoria ! On t'attend !

-J'arrive j'arrive !

Je n'arrivais pas. Je me dépêchai de me maquiller sommairement et puis je me précipitai en bras mes petites chaussures à la main. Ma mère poussa un gros soupir agacé en me voyant débarquer, à moitié prête et pas coiffée. Elle monta les escaliers quatre à quatre et redescendit avec une brosse qu'elle appliqua dans mes cheveux encore humides.

-Hé ! protestai-je.

-Laisse-toi faire, je veux juste les attacher. Ça va prendre cinq minutes.

-Tu vas me faire un chignon, je le sais ! Je déteste les chignons, j'ai toujours l'impression que tu m'enfonces les épingles dans le cra... Aïe !

Elle venait justement d'enfoncer une épingle qui me meurtrit le cuir chevelu. Une autre, et encore une autre et elle se déclara enfin satisfaite de ma coiffure. Les regards de détresse que je jetai à mon père n'y firent rien et je pus contempler dans le miroir de l'entrée le chignon bas qui ornait ma nuque. J'attendis que ma mère soit passée pour défaire quelques boucles qui encadrèrent mon visage de façon plus naturelles et la suivit à l'extérieur. Mon père avait les bras pleins de plat que vous avions préparés la veille qu'il disposait dans le coffre de la voiture. De l'autre côté, Miro transférait les siens de sa voiture à la nôtre alors que Jaga était déjà installée à l'avant. Je grimpai dedans et lui embrassai rapidement la joue avant d'être rejoint par ma mère et Miro pendant que mon père prenait le volant. Le trajet fut court et se fit dans un silence désagréable, un peu comme celui qui nous avait accompagné à notre retour de Cracovie. Je fus la première à sauter de la voiture et à prendre les plats dans le coffre pour me présenter chez les Bones. Susan m'ouvrit avant même que je n'aie le temps de frapper, vêtue de sa jolie robe bleue pastel, un sourire crispé aux lèvres.

-Pas trop tôt. Il faut vite de l'agitation, sinon elles vont se jeter l'une sur l'autre.

Elle s'effaça pour me laisser passer et je fus la première à entrer avec une certaine appréhension. Mon fauteuil avait été laissé libre, constatai-je avec soulagement. Parce que Lysandra Grims, vêtue d'une somptueuse robe pourpre, était installée sur une chaise et tournait soigneusement le dos à l'escalier. Son mari était debout devant la cheminé et discutait joyeusement avec Caroline. Dans le canapé, Rose avait croisé ses jambes sous ses jupes et fixait Lysandra les yeux plissés. Ce fut son aînée qui joua les rôles d'hôtesse en se précipitant vers nous.

-Bonjour ! Je peux prendre vos capes et manteaux ? Vous êtes magnifiques, Mrs. Bennett ! Susan, aide-moi, on va mettre tout ça dans la penderie ... Installez-vous, je vous en prie !

Il était évident que Caroline cherchait à fuir l'ambiance pesante du salon et Susan ne chercha pas à protester. Je me tournai vers ma famille, dont chaque membre portait un plat et finit par les ensorceler pour les débarrasser. Ma mère poussa un cri de surprise quand la saucière lui échappa des mains.

-Victoria, préviens la prochaine fois !

-Tu me préviens quand tu m'enfonces des aiguilles dans le crâne ?

Elle me fusilla du regard et les yeux de ma grand-mère roulèrent dans leurs orbites. Elle fut la première à s'avancer dans le salon d'une démarche chancelante et tendit sa main décharnée à Lysandra Grims.

-Jadwiga, la grand-mère de Victoria.

-Oh ... (Lysandra se leva, surplombant ma fragile grand-mère de toute sa hauteur). Enchantée, je suis Lysandra. Euh ...

-Ma tante.

Simon venait d'émerger de la cuisine. Il portait le même costume que lors de la fête de Slughorn, celui qui lui allait si bien mais quelque chose avait changé et m'avait fait tiquer. Quand je compris, je faillis éclater d'un rire compulsif. Simon Bones avait enfin décidé de coiffer ses épis et avait suavement ramené ses mèches blondes sur un côté, dégageant parfaitement son regard vert et son front haut. Pour cacher mon hilarité croissante, je filai vers la cuisine avec mes plats flottants, à peine consciente de la moue qu'avait esquissé Rose lorsque Simon avait publiquement revendiqué sa parenté avec Lysandra. La porte se referma à peine sur moi que j'éclatai ouvertement de rire, sous le regard effaré de George qui supervisait la vaisselle. Les plats que j'avais ensorcelé magiquement m'avaient suivi et tanguèrent sous mon manque de concentration et il les fit se déposer sur la table avec précipitation.

-Victoria, fais attention !

-Je suis désolée, haletai-je, les larmes aux yeux. C'est juste ... Oh mon Dieu ...

J'étais toujours incapable d'aligner deux mots quand la porte de la cuisine s'ouvrit de nouveau sur Simon, toujours aussi ridiculement coiffée. Il me jeta un bref coup d'œil avant d'échanger un regard avec son père qui me pointa vaguement du doigt.

-Tu es responsable de ça ?

-Je pense que ma coiffure l'est.

-Oh mon Dieu, m'esclaffai-je, le visage entre les mains pour masquer mon rire.

C'était un cuisant échec et je sentis le regard désabusé que me lançait Simon. Sans doute dans l'espoir de me faire taire, il s'approcha et tripota mon chignon.

-Tu veux vraiment qu'on parle cheveux ? C'est quoi, ça ? Et comment ça tient ?

-Par magie, répondis-je après une grande inspiration pour me calmer.

J'éventai mon visage et le levai pour réprimer les larmes que l'hilarité l'avait arraché. Les traits de Simon étaient brouillés et retrouvèrent lentement leur netteté. George soupira et s'en fut dans le salon avec les apéritifs. Je me retrouvais seule avec Simon, encore trop obnubilées par ses mèches parfaitement coiffées sur le côté pour songer à tout ce qui me hantait ses dernières semaines.

-Seigneur, ça doit vraiment te stresser pour que tu te coiffes comme ça ...

Simon leva les yeux au ciel et s'éloigna pour se servir un verre de whisky Pur-Feu. Cette fois, mon rire cessa net et je l'observai ingurgiter le verre d'un trait, incrédule. La coiffure avait servi de diversion, mais à présent que je passai outre je voyais bien que ses traits étaient crispés et que même se moquer de mon chignon n'avait pas suffi à créer un véritable sourire sur ses lèvres.

-Ah c'est à ce point-là ?

-Je te dis, c'est un véritable chaudron prêt à exploser, soupira Simon en passant une main dans ses cheveux.

De fait, ses mèches commencèrent à partir dans tous les sens, sans doute trop impatiente de reprendre leur place chaotique habituelle. Je m'approchai de lui et levai une main pour aplatir la partie qu'il avait secouée.

-Arrête, tu vas ruiner tes efforts. Ça va bien se passer, ne panique pas.

Simon poussa un grognement de dépit sans m'empêcher de le recoiffer. Ce qui en disait encore long sur son stresse.

-Je ne panique pas. Je dis juste que ma mère et Lysandra sont en train de se livrer une bataille de regard depuis qu'elles sont arrivées.

-Attends que ma mère s'y mêle, plaisantai-je en replaçant une mèche un peu longue derrière son arrière. Allez, du nerf, Bones. Ça va bien se passer.

Je lui tapai l'épaule avec un sourire entendu et il lâcha un gros soupir, sans doute pour relâcher la pression. J'étais en train de me demander depuis combien de temps il stressait pour avoir accumuler une telle tension quand je pris brusquement conscience de notre position, beaucoup trop proche. Du fait que je venais de le recoiffer, que j'étais assez proche pour sentir son parfum. Excellent choix de parfum par ailleurs. Je fermais les yeux l'espace d'une seconde pour me reconcentrer et laisser retomber ma main en espérant que le geste avait l'air naturel. Mes doigts se replièrent compulsivement sur mes paumes.

Vic' ? Tu n'es pas censée être crispée comme ça à son contact.

Pourtant, maintenant que j'étais face à lui, si proche de lui, sans l'hilarité pour me détourner, je me trouvais brusquement aussi tendu qu'il pouvait l'être. Simon écarta son col, comme pour se donner de l'air et je fus tentée de faire le même geste.

-Sincèrement, j'espère que tu as raison. Je te jure quand ils sont arrivés j'ai cru que ...

Mais je ne sus jamais ce qu'il avait cru : la porte s'ouvrit à la volée sur une Caroline furibonde devant un George désœuvré. Elle pointa un index accusateur sur nous deux.

-Hors de question que je vous laisse seuls dans une pièce pleine de couteau, tous les deux ! Dehors, et que ça saute ! La situation est déjà assez pénible !

-Mais de quoi je me mêle, se rebiffa immédiatement Simon, le nez froncé. Ça fait longtemps qu'on est capable de se parler sans se balancer un truc à la figure !

-Et qui j'ai retrouvé plein de savon à Pâques dernier ? Non, non, hors de question vous sortez de là ! Je ne vous fais pas confiance !

-Caro, soupira Susan en arrivant derrière sa sœur. Ça va, tu n'es pas maman.

Caroline se dépêcha dans la cuisine, ses cheveux bruns volant derrière elle qu'elle repoussa un geste impatient.

-Non, mais il faut bien que quelqu'un tienne son rôle maintenant qu'elle est occupée à jouer avec Lysandra Grims – brillante idée, Simon !

-Oh, moi qui pensais que tu serais ravie ...

Susan laissa échapper un couinement pendant que Caroline faisait prestement volte-face, incrédule. Simon avait profité de sa joute verbale avec sa sœur pour enfin se détendre et s'adosser au buffet avec un petit sourire qui devait donner envie à Caroline de le gifler. Enfin moi, à sa place, j'en aurais eu très envie. La jeune femme dressa un sourcil et déclara froidement :

-Qu'on arrête de te coconner ? Complètement. Maintenant va mettre les coupes à table s'il te plait – et mets-toi le plus loin de Victoria possible pendant l'apéritif, je ne veux pas risquer une guerre !

-Et là on est quoi, en paix ? marmonna Susan à mon adresse.

Caroline lui jeta un regard agacé et mon amie se dépêcha de déguerpir, les mains pleines de petits-fours. Simon passa devant moi après avoir ensorcelé les coupes pour qu'elles le suivent. Discrètement, il joignit ses paumes avant de les écartes brutalement pour mimer une explosion et je hochai la tête. Effectivement, le chaudron était en train de crépiter.

***


Et il crépita tout le long de l'apéritif, malgré les positions diamétralement opposées de Rose et Lysandra et l'obligation de mon grand-père de taire ses pouvoirs de sorciers. Pas que je n'avais pas confiance en les Grims pour garder la chose pour eux, mais je voulais à tout prix que Miro ne les effraie pas avec ses pouvoirs de légilimens et ses manières de Dumrstrang. Néanmoins, les piques pleuvaient « Ma sœur préférait le portrait au-dessus de la cheminée – Oui Cassie disait d'elle-même qu'elle avait très mauvais goût », avait rétorqué Rose. Mon grand-père ne se gênait pas pour faire comprendre qu'il s'y connaissait en affaire sorcière et s'agaçait quand Leonidas, conciliant, tentait de lui expliquer ce qu'était la poudre de cheminette. Et pour ne rien arranger, Simon avait tenu un point d'honneur à se mettre à côté de moi sur le canapé tout en lorgnant Caroline et ses airs de dame parfaite. Il en fut de même pour le dîner où il s'appropria la chaise à côté de la mienne, comme s'il préférait être au milieu de ma famille que de la sienne.

Difficile à partir de là pour moi d'avoir des airs de dame comme Caroline.

-Je rêve, mais tu me colles plus que moi à la Répartition ! persifflai-je au milieu du dessert.

Simon leva les yeux au ciel et prit un petit morceau de sa crème aux œufs. Caroline avait renoncé à nous fusiller du regard et parlait maintenant géopolitique sorcière avec Leonidas. A priori, les Etats-Unis avaient fermé leurs frontières avec l'Angleterre ...

-Toi, je sais gérer. Ça, je ne sais pas.

-Ça, c'est ta famille. Débrouille-toi avec.

-Perelko, lança ma grand-mère juste en face de moi. Si je me souviens bien, tu étais accompagnée lorsque tu es revenue après la dispute avec ton grand-père ...

Je m'empourprai furieusement alors que Simon pointait une cuillère triomphante pour moi. Mais ma rougeur était moins dû à son intervention qu'à l'image qu'elle me mit en tête – Simon et moi, élancés sur la plage pendant que je tentais de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il accepte qui il était.

Pourquoi, de façon très soudaine, ce tableau se teintait-il de romantisme ?

-Bien que ce fût un piège lâche, c'en est pas moins une vérité, enchérit joyeusement Simon, ajoutant à mon malaise.

Jaga haussa les sourcils. Elle portait la même tunique que l'année dernière, celle en soi avec les fleurs brodées et ses cheveux toujours noirs étaient noués à l'arrière de sa tête.

-Tu t'es senti piégé ?

Simon déglutit nerveusement et malgré mon embarras, je réussis à lui jeter une œillade triomphale qui le força à prendre une nouvelle cuillère de crème aux œufs. Miro se fendit d'un éclat de rire qui fit se retourner vers lui la moitié de la table.

-Tu es grillé mon garçon. Et évidemment que ma femme est une rencontre qui t'a fait du bien. Elle fait du bien à tout le monde.

Il prit tendrement la main de Jaga pendant que Simon le fusillait du regard, comme s'il pressentait une intrusion dans son esprit – ce qui était certainement le cas. Je l'interrogeai silencieusement et Miro balaya mes suspicions d'un geste vague de la main.

-Ne t'inquiète pas, perelko, ils sont très entraînés ces gens – comme beaucoup de famille de Sang-Pur. On apprend très jeune à mettre ses pensées et ses émotions dans des boites. Et il y a du mieux, le moustique, admit-t-il à l'adresse de Simon. On s'entraine dans ton école ?

-J'essaie, marmonna Simon, l'air toujours circonspect. Mais c'est un art ... très difficile.

Il me jeta un bref regard envieux avant de vite détourner les yeux sur le reste de son dessert. Je fronçai les sourcils. Jamais je n'aurais cru que Simon pourrait un jour m'envier quelque chose magiquement parlant ... Mais c'était vrai que s'il y avait bien un domaine dans lequel j'étais naturellement mieux lotie que lui, c'était l'occlumentie. Jaga continuait de parcourir la pièce des yeux. C'était la première fois qu'elle entrait chez les Bones.

-C'est ici que tu as grandi ?

Simon haussa les sourcils avant de hocher la tête. Le regard de Jaga s'obscurcit sans que je ne comprenne.

-Et ... c'est ici aussi que ...

-Oui, répondit Simon avec un brin de sécheresse. Excusez-moi, je vais aider ma sœur à ranger.

Caroline venait en effet de se lever tout en jetant un regard insistant à Simon et Susan, le plat achevé de dessert entre les mains. Je jetai un regard accusateur à ma grand-mère qui observait la fratrie débarrasser d'un air tranquille.

-Mamy ...

-C'était juste pour vérifier. J'avoue, je ... je ne comprends pas.

-Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? s'enquit Miro d'un air bourru.

Jaga croisa ses doigts devant son visage, sans détacher ses yeux de Simon qui disparaissait à présent dans la cuisine à la suite de Susan, bougon. Rose et George faisaient eux à la conversation à mes parents, laissant les Grims quelque peu esseulés en bout de table.

-Comment il a pu grandir ici. Là où toute sa famille est morte. Moi-même si j'avais dû rester à Cracovie ...

Ses lèvres se pincèrent – une marque de douleur visible, tangible, qui obligea Miro à couvrir sa main de la sienne. D'un geste distrait, elle la tapota doucement.

-Tout va bien. Je dis juste que je ne m'imaginais pas vivre dans la maison où Emilia est morte ... Avec tout ce qu'il a intériorisé ... Je doute qu'ils aient choisi la meilleure solution pour lui.

-C'était la pire.

La voix de Lysandra trancha avec le calme de ma grand-mère. Elle s'était rapprochée de nous avant de se laisser tomber sur la chaise inoccupée de Simon, une coupe de vin à la main. Quelques mèches s'étaient échappées de son chignon pour encadrer son visage de porcelaine et un sourire tordu déformait ses lèvres peintes de rouge.

-J'étais contre, à l'époque. J'étais même pour l'emmener aux Etats-Unis.

-Vous avez demandé sa garde ? m'étonnai-je.

C'était étrange, mais jamais ça ne m'était venu à l'esprit qu'il ait été envisageable de confier Simon à une autre que Rose. Je savais que Barthemius Croupton, le frère aîné de Cassiopée, avait tenté la chose après la perte de son propre fils mais pas que les Grims auraient pu être ses tuteurs. Lysandra se fendit d'un petit rire.

-Sa garde ? Morgane non, j'étais bien plus à l'aise dans mon rôle de tante que dans celui de mère, même de substitution. En revanche, j'ai proposé à Rose et George d'emménager avec nous outre-Atlantique. La famille de Leonidas est puissante, je commençais à y être bien implantée et ... (Son visage gracieux s'assombrit). Vous n'imaginiez pas comme pouvez être la guerre ...

-Oh, si, dirent mes grands-parents en chœur.

Je jetai un regard d'avertissement à Miro mais c'était Jaga que fixait Lysandra avec surprise – ce petit bout de grand-mère avec les cheveux encore noirs et ce regard sombre difficilement soutenable. Elle balaya les interrogations muettes de Lysandra d'un geste de la main.

-Guerre moldue, il y a longtemps en Pologne, je doute que ça vous intéresse.

-C'était une guerre sorcière aussi, rétorquai-je avec un soupir avant d'expliquer succinctement à Lysandra : Grindelwald. Il a attisé les conflits moldus pour servir sa cause. Les deux guerres se sont jouées en parallèle avec des connexions.

-Du coup on n'imagine très bien la volonté de fuite après de tels drames, enchérit Jaga avec un petit sourire. C'est le choix que nous avons faits également ...

-Ce n'était pas une fuite, rectifia Miro avec aigreur. C'était de la survie. La Pologne allait finir par nous consumer ...

Lysandra contempla longuement mes grands-parents et leurs mains toujours entrelacées sur la nappe, unis dans les épreuves et les choix. Des choix similaires à ceux qu'elle avait fait. Elle dût se reconnaître dans les mots utilisés par Miro parce qu'un sourire de dépit retroussa ses lèvres.

-Un nouveau départ sain pour mieux se reconstruire.

-Je vois que nous nous comprenons. Mais vous êtes revenue ...

-J'avais laissé un petit quelque chose derrière moi.

-Très petit, marmonnai-je.

Je lorgnai vaguement Simon, accroupi à côté de sa mère, les sourcils froncés pendant qu'elle parlait avec de grands gestes. Devant la scène, la mienne ouvrait de grands yeux tout en cherchant le regard de mon père. Lysandra essuya un petit rire et contempla elle aussi son neveu, un lueur nostalgique au fond du regard.

-Ah, ça ... Cassie était plus petite que moi, Edgar plus impressionnant par son charisme que par sa carrure. Pas étonnant que Simon soit ainsi. Comme ses frères. Spencer aussi était petit et menu, presque plus que Simon ... C'était déjà un tout petit bébé. C'est peut-être pour ça que Cassie l'a appelé Hercule.

-Sûr que c'était censé lui donner de la force, commentai-je avec un sourire.

Lysandra haussa les épaules et replaça une mèche derrière son oreille. Même assise, elle était beaucoup plus grande que moi et me surplombait, mais elle était moins intimidante. Les souvenirs semblaient adoucir les beaux traits de son visage.

-Oh, c'était une manie chez Cassie. Elle n'a jamais revendiqué notre héritage de sang-pur, qu'il vienne des Croupton ou des Black ... Et pourtant, Merlin qu'elle agissait en Black, notre mère crachée et parfois quand je ses yeux furieux j'avais l'impression de voir mon grand-père Arcturus. Bref, elle a rejeté tout ce qu'elle était ... sauf une chose. Une étoile.

-Pardon ?

-La constellation, perelko, m'aiguillonna Miro en hochant la tête. Cassiopée est une constellation. Celle en forme de « W ».

Lysandra le toisa avec une certaine stupeur, sans doute étonnée qu'il connaisse ainsi le nom de sa sœur et qu'il l'assimile si bien à l'objet céleste. Jaga eut un petit rire.

-Une passion pour l'astronomie dans votre famille ? Arcturus est une étoile également, non ?

-Ah ça ... Les Black ont toujours été tournés vers les étoiles. C'est la seule chose qu'ils admettaient au-dessus d'eux, vous comprenez ? C'est pour ça qu'ils donnaient des noms célestes à leurs enfants, une manière de faire comprendre qu'ils étaient des astres descendus des cieux pour apporter aux pauvres mortels la lumières ... Le prénom pour l'étoile et le nom de famille pour la nuit, n'est-ce pas poétique ?

Le ton de Lysandra suggérait qu'elle ne trouvait pas cela poétique pour deux sous. Elle but plutôt une gorgée de vin pendant que Caroline émergeait de la cuisine en criant « c'est l'heure des cadeaux, maintenant ! », provoquant un haussement de sourcil presque méprisant de la part de Lysandra.

-Le portrait craché de Rose, celle-là ... Bref, Cassie n'a jamais vraiment réussi à renoncer à l'héritage céleste des Black. Elle aussi était fascinée par le ciel, mon père lui avait offert un magnifique télescope pour son entrée à Poudlard ... Alors elle a fait en sorte de léguer cet héritage à ses propres enfants.

-Simon ne sonne pas comme céleste, ironisa Miro.

Simon parut entendre son prénom, car il tourna brusquement la tête vers nous au moment où Lysandra lâcha un petit rire. Son regard vert croisa le mien et mon cœur eut juste le temps de manquer un battement que je compris parfaitement où se cachait l'identité céleste de Simon.

-Mais non, soufflai-je quand Lysandra entonnait :

-Simon, non je vous le concède, pas plus que Matthew et Spencer ... en revanche Leo, Hercule et ...

-Non !

Simon s'était dressé sur ses pieds, en même temps que moi. Ignorait les mines perplexes de mes grands-parents et de Lysandra, je pointai un index triomphant sur lui. Peu importe que ses prunelles vertes étincellent, que ses cheveux aient repris leur indiscipline naturelle pendant le dîner ou que décidément, le bordeaux était sa couleur : l'air à la fois penaud et furieux qui se peignait sur son visage, voilà pourquoi je vivais.

-C'est ça ! Ton deuxième prénom, ton prénom de Sang-Pur, c'est le nom d'une étoile ! George, vous avez une carte du ciel dans la bibliothèque ?

-Oh par Merlin, maugréa Caroline. C'est parti.

-On a dit que c'était l'heure des cadeaux, répliqua Simon, les pommettes rouges. Révérend, vous n'avez pas un cadeau pour Vicky ?

Mon père soupira en touillant son café, sans doute las d'être une nouvelle fois utilisé comme bouclier dans la lutte entre Simon et moi. Ma mère revenait justement du sapin, un paquet entre les mains qu'elle abandonna prestement en nous voyant, Simon et moi, chacun debout à une extrémité de la table à se toiser entre exaspération et moquerie.

-Excellente idée, le cadeau de Victoria. Viens, chérie ...

-Non mais sérieusement, vous pensez qu'on va se sauter à la gorge ?

Simon dressa un sourcil qui signifiait clairement que c'était la sensation qu'il avait – que mon cri équivalait à une griffe sous son menton. Néanmoins, il se tourna négligemment vers Caroline, comme pour la mettre au défi de répondre par l'affirmative et elle soupira :

-Tout ça pour un prénom ...

-Hé, je le cherche depuis des mois le prénom, me défendis-je.

-Et tu vas continuer, enchérit Simon d'un air sévère. Arrête de tricher en demandant à ma tante.

Lysandra esquissa un sourire au moment où Rose pinçait des lèvres, un regard coulé sur son fils d'adoption. Je croisai mes bras sur ma poitrine, presque blessée par l'obstination de Simon. Sa réaction était ambigüe : une forme de jeu sur un fond de secret absolu. « Tu vas continuer ». N'avais-je pas déjà assez ramé ? Ma joie était lentement en train de s'éteindre pour ne laisser qu'un tas de cendre qui alla rejoindre le marasme s'émotion qui me secouait depuis quelques semaines et je fus presque soulagée que ma mère me prenne par le bras.

-Allez viens, ma chérie, c'est dehors que ça se passe.

-Dehors ? m'étonnai-je.

J'avais toujours les yeux rivés sur Simon, ce qui me permit de voir le petit sourire entendu qui ourla ses lèvres et détendit les traits de son visage. Mon cœur manqua un nouveau battement et je me laissai entrainer par ma mère qui se fendait de « Edward, viens ! Toi aussi, papa ! », et me retournai régulièrement pour voir Simon se diriger vers le sapin pour offrir ses propres cadeaux, sans savoir si je voulais l'interroger du regard ou revoir ce sourire. Mais il me tourna bientôt le dos et je fus attirée sur le perron glacial des Bones. Après les pluies des dernières semaines suivie de températures polaires, des stalactites s'étaient formées sur le toit mais c'était là le seul indice que l'hiver laissait. Au sud de l'Angleterre et à proximité des côtes, même la morsure de l'hiver se faisait douce. Je jetai un regard éperdu à ma mère avant de balayer la terrasse du regard.

-Hum ... Est-ce que c'était juste un vaste de plan pour m'éloigner de Simon et éviter que je lui saute effectivement à la gorge ? Si c'est ça, vous êtes de sales traitres.

-Chérie, le dîner était déjà assez tendu pour que vous en rajoutiez, lança tranquillement mon père, qui était sorti avec sa tasse de café. Et ne fustige pas Simon, il nous a beaucoup aidé.

Ma grand-mère s'était elle couverte d'une couverture et tenait le bras de mon père de sa main osseuse pour se déplacer. Derrière eux, Miro arrivait à son tour, une grande masse dans les bras recouverte d'un drap fin. Un lent sourire s'étendit sur mes lèvres quand je reconnus la forme et je jetai un regard incrédule à ma mère derrière moi.

-Tu as fait ça ?

Marian Bennett croisa ses bras sur sa poitrine, l'air fier d'elle. Elle se précipita elle-même vers le drap qu'elle arracha pour découvrir une cage qu'elle ouvrit immédiatement. Elle enfonça sans crainte son bras dans le ventre des grilles et lorsqu'elle le ressortit, un hibou aux plumes tachetés et moucheté marron et crèmes se tenait sur son bras. Mon grand-père mit une main sur mon épaule et m'adressa un grand sourire.

-L'indépendance d'une sorcière, ça passe par communiquer seule. Il est temps que tu arrêtes de dépendre des Bones, perelko ... et voler de tes propres ailes.

-C'est un hibou des marais, expliqua mon père en caressant l'oiseau sans sourciller. Et on a pris le droit de le nommer sans ton accord ...

-Archimède, soufflai-je, émue.

L'image de ma mère, souriant et caressant le plumage d'un hibou dans la moindre crainte, créa une boule au fond de ma gorge. Je n'y avais pas accordé d'importance alors qu'elle le faisait avec celui d'Octavia, mais ce simple tableau résumait à lui seul le chemin qu'avaient fait mes parents ces derniers mois.

Ce hibou, c'était le symbole du monde magique devant lequel ils hurlaient jadis. Ce hibou, c'était la sorcière en moi. La sorcière qu'ils acceptaient enfin.

Ma mère tendit le bras et Archimède se déplaça sur son perchoir sans qu'elle ne bronche. Lentement, je m'approchai d'elle et levai le mien. D'un déploiement d'aile et sans la moindre crainte, l'oiseau se déplaça et referma ses serres sur mon bras. Je le caressai doucement, incrédule avant d'adresser un regard brillant à ma famille qui me contemplait, tout sourire. Mon père frotta doucement mon bras.

-On va vous laisser faire connaissance, on a encore des cadeaux à donner. Joyeux Noël, ma chérie.

-Joyeux Noël, papa ...

J'embrassai sa joue, plus longtemps qu'accoutumé pour marquer mon émotion avant d'enlacer maladroitement ma mère, encombrée par l'oiseau en équilibre précaire sur mon bras. Ma mère caressa ma joue avant de suivre mes grands-parents à l'intérieur. Ce fut mon père qui referma la porte et je me retrouvai seule sur le perron avec un hibou au pelage moucheté et aux yeux orange qui me contemplait, interloqué. Un son à mi-chemin entre le rire et le pleur s'échappa de ma gorge. J'avais tant envié mes camarades qui avaient pu avoir des chats, des hiboux qui leur rapportait chaque matin des nouvelles de leur famille ... Je m'assis sur les marches et caressai les plumes soyeuses d'Archimède. Même cela, mon père s'en était souvenu. « Oh s'il te plait, on achète un hibou et on l'appelle Archimède – Ce serait drôle, mais je doute que ta mère soit d'accord ». C'était un an plus tôt, pendant ces mêmes festivités de noël. Et maintenant, Archimède était sur mes genoux, à me fixer de ses grands yeux orange. Parfois, la roue tournait dans le bon sens ...

J'étais en train de songer pour lui donner à manger – il commençait à attraper de son bec la breloque « soleil » qui pendait à mon bracelet – quand la porte s'ouvrit. Je me tournai à moitié et poussai un grognement en voyant Simon dans l'embrassure, deux paquets à la main. Je me repliai immédiatement sur Archimède mais ça ne parut pas le décourager car il s'assit à côté de moi sur les marches en ricanant.

-C'est drôle, ça me rappelle des souvenirs ...

Je fronçai les sourcils avant de comprendre. C'était ici, une veille de noël, que je lui avais fait les confidences sur le 5 Novembre.

-Non mais je rêve, laissai-je échapper, incrédule. Mais continue, tu ne m'as déjà pas assez exaspérée comme ça !

Simon leva les yeux au ciel, nullement décontenancé par ma mine revêche. Le crépuscule commençait à tomber sur Terre-en-Landes, amenant avec lui ses belles couleurs orangées qui effaçaient les taches de rousseurs sur son visage et découpait ombres et contrastes dans le jardin des Bones. Il fixait les pierres qui déterminaient l'emplacement d'un petit bosquet qui fleurissait au printemps, un léger sourire aux lèvres.

-Qu'est-ce que tu crois, Vicky ... je ne tends pas la perche si facilement. Ma tante t'a donné un indice, estime-toi heureuse. Joli hibou, en fait. J'ai bien choisi.

Je baissai les yeux sur Archimède, la gorge nouée. Oui, il était magnifique et je m'étais doutée que Simon avait joué dans son achat après le sourire qu'il avait eu et les allusions de mes parents. Pourtant, je trouvais à répondre :

-Il ne ressemble pas à Archimède de Merlin l'Enchanteur. Il n'est pas tout marron. Et si ton cadeau n'est pas une carte du ciel, je n'en veux pas.

J'avais tenté de teinter ma voix de joie, d'espièglerie, pour adoucir la pique mais je doutais qu'elle paraisse naturelle aux oreilles de Simon. Il préféra laisser couper et hissa l'un des paquets – le plus petit, rectangulaire – sur ses genoux, un sourire aux lèvres.

-Ce que tu peux êtes difficile ... Bon. Est-ce que je peux enfin ouvrir Cyrano ?

-Simon ? Je n'en peux plus de toi.

Il m'adressa un sourire en coin qui faillit me dérider.

-Et bien l'éternité risque d'être bien longue ... Tiens, au fait. Je te laisse l'ouvrir, c'est lourd et comme Alex aime le rappeler, j'ai une force de crapaud.

Il désigna le second paquet qu'il avait glissé entre nous. Je n'y avais pas prêté attention, mais c'était en effet volumineux – et très mal emballé. Un léger sourire se dessina mes lèvres malgré tout et j'effleurai le papier décoré de sapin et de canne à sucre.

-Tu as utilisé combien de rouleau de scotch pour faire le paquet ?

-C'est Susan, dénonça-t-il immédiatement, occupée à tâter le sien d'un air pensif. Et ça, c'est clairement une forme de livre. Bennett, tu n'as aucune imagination.

-Toi non plus.

-Ouvre et on en reparle.

Un éclair de satisfaction et de malice avait traversé ses iris et je devais admettre que j'étais intriguée par le sourire fier qui s'échappait sans cesse sur ses lèvres. Alors je laissai Archimède sur la balustrade pour m'attaquer aux trois rouleaux de scotch qui enserraient mon cadeaux. J'étais sur le point d'utiliser la baguette quand Simon se fendit d'une exclamation triomphale et brandit fièrement une édition ancienne – à la mode sorcière – de Cyrano de Bergerac.

-Tu n'as vraiment, vraiment, aucune imagination, jubila-t-il en ouvrant immédiatement l'ouvrage. C'est quoi les vers préférés dans celui-ci ? « Un baiser, mais à tout prendre qu'est-ce ? ».

Je sentis mes joues s'empourprer devant le vers choisi – absolument pas au hasard – par Simon. Il me fixait avec la mine d'une araignée qui venait de voir sa proie s'engluer au milieu de sa toile. Mais ce n'était pas le pire pour moi. Le pire, c'était le léger mouvement que firent mes yeux vers le bas pour effleurer ces lèvres qui me souriait avec espièglerie avant que mon regard ne se baisse résolument sur mon paquet.

Non mais je rêve ... il tient vraiment à faire de moi une romantique ?

Victoria ... concentre-toi !


Je voulus passer une main fébrile dans mes cheveux avant de me rappeler que j'avais un chignon affreusement serrer et juste quelques mèches avec lesquelles jouer nerveusement pendant que je déballais mon cadeau. Simon, lui, avait déjà entamée la pièce de théâtre, adossé contre la rambarde, sous le regard curieux d'Archimède.

-Alors, acte I ... Non, c'est quel acte celui du balcon ? Attends, le ruban est coincé à une page, tu ne l'aurais pas lu avant de me l'offrir ?

J'eus un sourire entendu à la mention du ruban accroché au livre qui servait de marque page. J'arrivais enfin à arracher le papier cadeau pour découvrir un coffre d'acajou pendant que Simon se murait dans un silence pensif. J'eus tout le loisir d'ouvrir la boite, intriguée et de laisser échapper une exclamation admirative.

C'était une machine à écrire.

Une ancienne, une très vielle « Remington » avec des touches rondes reliées à la machine par des tiges de fer. Aussitôt, mes doigts les effleurèrent et résistèrent à l'idée d'y taper pour entendre le cliquetis caractéristique.

-Elle est ensorcelée.

Je relevai les yeux sur Simon, qui me contemplait avec un petit sourire qui n'avait plus rien de moqueur. Plus doux, plus tendre : une lueur tranquille au fond de ses yeux que le crépuscule ne suffisait pas à assombrir. Ma main se perdit dans mon cou où mon pouls s'était mis à pulser contre ma peau et je détournai le regard.

-Vraiment ?

-Oui. Le chemin se remet tout seul, elle peut accueillir du parchemin et il faut encore je travaille un peu dessus, je n'ai pas eu beaucoup de temps, mais je pense que dans quelques jours je pourrais réussir à la miniaturiser.

Devant mon mutisme, il finit par hausser les épaules, d'un geste peut-être trop crispé, trop lent pour être réellement naturel. Lui aussi avait fini par détourner les yeux pour les river sur la pièce et c'étaient peut-être les ombres crépusculaires qui jouaient sur sa peau mais j'avais l'impression que ses joues s'étaient colorées.

-Tu avais l'air désespéré de devoir recopier tout ton projet à la main ... Disons que c'est ma contribution parce que ... Je trouve que c'est vraiment un beau projet.

-Oh, Simon ...

Je sortis la machine de son écrin, surprise de sa légèreté – mais là encore, elle devait être modifiée par Simon. Sans pouvoir m'en empêcher, je tapais quelques mots au hasard, juste pour le plaisir de sentir les touches s'enfoncer sous mes doigts. Après quelques secondes, je finis par lever un regard sur Simon. C'était inutile de le cacher : je savais qu'il devait briller de reconnaissance.

-C'est magnifique, soufflai-je, émue. Merci.

Il y avait énormément de chose dans ce cadeau, comme dans celui de mes parents. Une nécessité. Le charme de l'ancien avec la touche magique. Et une incroyable connaissance de moi. Après un incroyable instant de paix, je n'eus qu'à croiser le regard de Simon pour que les doutes m'assaillent de nouveau.

C'est normal ?

Et lui, il trouve que c'est normal ?


J'arrachai mon regard à celui de Simon pour le river sur la machine à écrire et tentai de remplir mon esprit d'interrogation plus saines. Fort heureusement, elles affluèrent rapidement et mes sourcils se froncèrent.

-Attends. Tu veux dire qu'avant toi, aucun sorcier n'a pensé à ensorceler une machine à écrire.

Simon dressa un sourcil, l'air surpris de la tournure de la conversation. Il caressa le ruban, l'air songeur.

-Hum ... Je n'en sais rien. Sans doute. D'un point de vue purement technique, c'est illégal de modifier magique des objets moldus, pour éviter qu'ils se retrouvent ensorcelés sur le marché moldu. Mais ça va là, ce sont des sortilèges mineurs, ajouta-t-il lorsque j'ouvris de grands yeux. C'est juste que pour le coup, la législation bloque un peu l'appropriation des technologies moldues pour les protéger.

-Pourtant vous en avez quelques-unes. Regarde la radio, je ne pense pas que ce soit les sorciers qui les aient inventés.

-Ah non, on l'a complètement volé, confirma Simon avec un sourire. J'ai étudié ça avec le professeur Shelton, comment on a compris le mécanisme pour les adapter au monde magique, quels sortilèges il a fallu inventer, ceux qu'il fallait détourner ... c'était fascinant. C'est ça qui m'a donné l'idée, à dire vrai, pour la Remington.

J'eus un bref sourire et passai mes doigts sur les touches. Pourtant, l'historienne en moi fronça les sourcils en repensant aux propos de Simon.

-Vous avez pris le train, la radio et le gramophone mais vous vous êtes arrêtés en chemin ? Pourquoi ?

-Je n'en sais rien. Peut-être ... que ça devait être lié intrinsèquement au monde moldu et à la technologie qui leur est propre. L'électricité, les circuits électroniques, toutes ses petites choses qui échappent de plus en plus à notre compréhension et que, par conséquent, on ne peut pas ensorceler.

-Mais vous avez fait l'effort pour la radio, alors pourquoi pas pour le reste ? A moins que ...

Simon dressa un sourcil pendant que je réfléchissais. Mes doigts s'étaient crispés sur la machine à écrire et frétillaient d'y taper les mots qui défilaient dans mon esprit.

-Ça pourrait être culturel. Le XIXe, c'est le moment où il commence à avoir un grand sentiment anti-moldu un peu partout, surtout en Europe. C'est un fait établi dans toutes les recherches ... Peut-être que les sorciers ont été réticents à emprunter des technologies moldues. Pas parce qu'elle était difficile d'appropriation ... mais justement parce qu'elle était moldue.

Simon pencha la tête sur le côté. Cyrano était complètement abandonné sur ses genoux et Archimède s'était éloigné pour essayer d'atteindre les boules de graines que les Bones avaient disposés aux poutres. Son regard était passé à celui de l'intellectuel en plein régime – que je lui avais vu assez rarement à Poudlard, tant les cours avaient été pour lui d'une facilité déconcertante.

-Ah ... Ce n'est pas complètement dénué de sens comme corrélation. C'est vrai que depuis les années vingt, on a complètement cessé les transmissions technologiques.

-Après la première guerre mondiale, justement parce que le débat sur la séparation stricte entre les sorciers et moldus – est-ce que c'était notre devoir de magique t'aider les non-magiques dans leur guerre ... Bref. Mais tu l'as dit, la loi interdit la transformation, justement au motif de protéger les moldus, on est tombé dans un cercle vicieux qui empêche la technologie sorcière d'avancer !

Je baissai le regard sur la machine, impatiente d'y taper toutes les réflexions qui traversaient mon esprit – saine, réalistes et tellement exaltantes. Faute de feuille, je fis apparaître un stylo et inscrivis les idées en vrac à même ma peau : j'avais trop peur qu'elles s'envolent de mon esprit et elles s'intégraient trop dans mon projet avec Octavia pour que je les laisse ainsi s'échapper. Simon s'approcha pour observer mes notes et son léger parfum qui flotta autour de moi ne perça même pas ma bulle.

-Tu vas l'intégrer ?

-Je vais faire des recherches, et ... oui, je pense que ça peut faire un bon chapitre. Un manque d'interaction qui nous bloque dans notre progression ...

-Du coup est-ce que ça veut dire que j'aurais mon nom dans ton livre ?

Il y avait un mélange d'amusement et de fierté dans la voix de Simon et je me risquai à lui jeter un petit regard, sans cesser d'écrire sur mon avant-bras.

-Peut-être, Simon prénom-étoile Bones. Seigneur, qu'on me donne une carte du ciel !

-Oh Merlin, soupira Simon en passant une main fébrile dans ses cheveux. Sérieux, ça te réduit le champ des possibles.

Et cela me réjouissait, mais la mine sceptique de Simon faillit entamer ma bonne humeur. Plutôt que de me laisser aller à l'agacement comme à l'intérieur. Ma peau était noircie d'une idée, un germe d'idée qui ne demandait qu'à être développée pour prouver qu'une séparation stricte entre les mondes nous appauvrissait. Cela avait trop de potentiel pour que je me laisse distraire.

-Alors, le passage du ruban ?

Simon poussa grognement et j'eus un petit rire et récitai par cœur :

Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci !


-Je vois, marmonna-t-il avec un sourire en coin. Il n'y a pas que le nez, c'est ça ?

-Nop, confirmai-je en rangeant le stylo dans la boite. Et par ailleurs, je trouve que ça concerne toute la famille Bones. Plutôt mourir que de s'élever artificiellement, par d'autre moyens que les vôtres. Merci pour l'idée, minus. Et le cadeau.

Sans réfléchir, j'enroulai un bras autour de son cou et plaquai un baiser sur sa joue. Le temps parut alors ralentir et j'eus douloureusement conscience de mes lèvres qui effleuraient sa peau brûlante, de son parfum qui me frappa les narines et de son souffle qui effleura ma joue. Également de la proximité de ses lèvres, juste un peu plus bas, laissées entrouvertes par la surprise. Et pire que tout, j'étais consciente de ce que cela provoqua chez moi, de mon cœur qui semblait monter dans ma gorge et du sang qui battait à mes tempes. Simon se laissa faire, visiblement pris de court et lorsque je m'écartai d'un souffle, nos regards se croisèrent, suspendus. J'arrivai à voir chaque tache de rousseur en dessus de son œil comme la tâche noisette au bord de l'iris et à lire le début d'un trouble au fond de ses prunelles. Mon souffle se coinça dans ma gorge lorsque je réalisai que nos nez se touchaient presque et que Simon avait renoncé à me fixer pour baisser son regard. Et lorsque je vis la couleur écarlate qu'avaient pris ses joues, le temps reprit son court.

Je m'écartai vivement, empoignai le coffre et me levai d'un bond pour rentrer. Je ne jetai pas le moindre regard en arrière et fermai la porte derrière moi. Je m'adossai au battant et dans le calme du vestibule, je revis la scène se repasser au ralenti en boucle dans mon esprit. Je me laissai allée sur la porte, une main plaquée contre ma joue qui devenait de plus en plus brûlante, heureuse d'être invisible dans l'espace clos et silencieux du vestibule. Le pire dans tout ça ? Le baiser était d'une spontanéité déconcertante. Et j'avais visé bien trop bas pour être naturelle. Le regard dérouté échangé par la suite me l'avait bien fait comprendre.

Oh, oh.
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Hola ?

Pas de bavardages au début ? Pas de point JO ? C'est tellement habituel pour toi que ça m'as inquiété direct ? Je me suis direct dit : "peut-être qu'elle va pas bien en ce moment ? OU peut-être que le chapitre est hyper dramatique ?", bref toujours moi qui imagine le pire alors que t'avais sans doute juste la flemme ou pas le temps ou l'envie !

Bref, super chapitre, comme d'hab, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et à fondre devant Vic et Simon. Le cadeau de la machine à écrire, juste wow ! Hihi le professeur Shelton !
Oh à deux doigts de trouver le nom de Simon ! Vas-y, moi je tente un Hélios, j'aurais choisi ça perso. Simon Hélios Bones, le soleil dans la vie de Victoria

Bravo et merci à toi pour ce chapitre !
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Est-ce que je me lance dans un marathon à la Citrouille ? Pas sûre d'en être capable :lol: (nan puis pour une fois qu'il fait beau, je vais peut-être lire un peu sur le balcon aussi, à un moment)
Mais créer une amitié avec celui qui se considère comme votre ennemi est la quintessence de la vraie religion.
Jésus l'a dit avant Ghandi, je tiens à le dire
Notre visite impromptue deux jours plus tôt l'avait plongé dans la perplexité mais son rire ne s'était pas tari depuis qu'elle en avait compris la véritable raison.
AH j'avais oublié cette sombre histoire tiens :lol:
ma mère profitait des joies de la vie
Hmm hmm 8-)

Je trouve ça trop chou que Melania soit tout le temps fourrée avec eux haha
AH je m'attendais pas à ce que l'histoire familiale de Vic s'étende comme ça avec le retour de sa famille polonaise
« Toi et ta famille avaient l'occasion de faire de grandes choses en Angleterre. N'oublie qui tu es et d'où tu viens, petit frère, n'oublie pas ce pourquoi nous sommes nés ».
Ah bah super, il va pas faire un coup d'Etat non plus
Ce n'est pas interdit, mais le poids est tel que ce genre d'union se raréfient. Interdiction de parler de ta condition magique, interdiction de fréquenter les lieux magiques et les enfants doivent demander une autorisation pour étudier à Durmstrang.
Ah ouais, t'es viré de la communauté quoi
où ma grand-mère l'accueillit d'un cri indigné : « Toi, tu as fumé je le sens d'ici ! ».
AHA On l'a pas comme ça !
-Bon sang tu m'as fait peur ! Tu vas arrêter de faire comme chez toi ?
J'avoue, elle débarque comme ça et avec la moitié de sa famille :lol:
mon ... ?
Mon crapaud ? :lol:
Le discours était soigneusement préparé, exécuté, si protocolaire qu'il était peu naturel.
Hahahaa mais tellement
Cela dit c'était inattendu ! Et peut-être protocolaire mais tout y est
penché sur son oreille.
J'ai lu perché, c'était marrant
-Oh c'est vrai ? se réjouit Simon en se redressant.
Il me tue :lol: :lol: :lol:
Ça devait lui paraitre totalement contre-intuitif de se fier plus à Simon ou à moi qu'à sa propre famille
Ben ouais c'est quand même un gros saut à faire, puis balancer sa mère c'est pas facile
Mais voir les joues d'Ulysse rosirent ou Simon se détourner du spectacle m'obligea à choisir et je cachai mon rire dans ma main.
Pouahahahaha mais les mecs
Il me fixait, les yeux pétillants et de façon si intense que je finis par rougir.
8-) 8-) 8-) 8-)
C'est normal. C'est normal.

C'est normal ?
AHAHAHAHAHAH

Je m'attendais pas du tout à cette visite d'Ulysse ! Je pensais qu'il allait rester dans un entre-deux tout le temps. C'est vraiment un retournement intéressant en tout cas, par contre ça va faire des étincelles cette collaboration ahha, je le sens mal
Ils me font trop rire à prendre la maison des Bones comme QG
Oh et c'est cool que Alexandre soit associé ! Déjà parce que c'est un perso marrant, mais aussi juste pour lui :mrgreen:
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Chapitre 18, je ne juge pas pour les Amants de la Bastille, certaines chansons sont carrément catchy :lol:
Alors que quelques heures plus tôt, elle battait, plus fort que les tambours de la Moria ?
Cette réf :lol:
Elle est tellement paumée elle me fait trop rire
Pas la meilleure des journées qu'Arnold et Swan avaient décidé d'encore assombrir en débattant sur la raison de la présence exceptionnelle de Simon dans les tribunes.
Oh misère, tu m'étonnes, dans ce cas-là on n'a pas envie de se prendre des allusions sur ses relations :roll:
Barbababa
Barbababa :lol:
Son regard glissa ostensiblement du côté de Joana, qui se rhabillait à l'écart de tout le monde. A la fin du match, Dalia l'avait prise à part et la seule chose qu'on avait entendu était l'écho de ses cris.
Oh c'est tellement pas cool, en vrai en 10 min qui a le temps de vraiment faire ses preuves ?
Pogba au tir au but par contre... :lol:
J'étais une petite personne
Dit comme ça on dirait une Hobbit :lol:
J'en étais presque réduire à devoir courir pour rester à sa hauteur quand elle lâcha :
Est-ce que c'est ton sentiment quand tu marches à côté de moi ? :lol: Non en vrai tu marches super vite !
Roger Davies, anciennement Capitaine de Serdaigle, me tendit triomphalement son poing et je cognai dedans avec un éclat de rire extatique.
OOOOOOOOH un revenant !
YAYYYY et Emily !
Trop cool qu'ils passent du temps ensemble !

Haha belle description de ce qu'est la vie de couple quand on vit ensemble, hâte de voir à quoi ça ressemble :lol:
-Je vais rectifier, pardon. Evidemment que j'ai besoin de toi, c'est une évidence, on ne va pas se mentir. Mais ... Plus pour ça, tu vois ? Je suis décidé à avancer, Vicky. Il faut juste me laisser aller à mon rythme.
Ils sont devenus tellement bons en communication :')
-Est-ce que c'est à cause de Simon que tu as quitté Miles ?
LOOOOOOOOOOL je m'y attendais tellement pas je me maaaaaaaaaaaaaarre
Je veux qu'on fasse table-raze de ce qui s'est passée l'année dernière, Vic'. On a merdé toutes les deux, on s'est cachée des informations essentielles toutes les deux, mais j'aimerais que ça se finisse.
Table-rase Perichette :)
Rolala ils sont tous devenus tellement MATURES j'en reviens pas

Woh woh woh la confrontation avec Miles je m'y attendais pas non plus, tellement pas le genre de Vic
-Tu as un grain de beauté en haut de la cuisse gauche.

Les joues hâlées de Miles s'empourprèrent face au détail choisi.
Oh allez Perri, fallait y aller carrément et mettre la fesse :lol: :lol: :lol:
Mais le plus horrible, ça a été de comprendre que je passais derrière lui.
C'est teeeeeeeeeeellement vrai en plus
Mais ce n'était pas un froid de décembre.
AH okay ça sent les Détraqueurs du coup je fais une pause pour commenter toute la scène qui vient de se passer

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH C'était tellement bieeeeeeeeeeeeen et déchirant et bien écrit ! Tous les détails avec la pluie et les phares et les réverbères j'ai adoré, c'était parfait ! Et puis tout ce que dit Miles, ça sonne tellement juste
Et la confusion de Vic !
Bref, c'était vraiment excellent comme passage :D :D :D :D :D :D

AH En fait c'est la fin du chapitre haha

Bon bah je continue hein
Chapitre 19 !
Alors l'enchantement des statues l'année dernière, c'était toi ?
Gênaaaaaaaaaant
Mais la quelque dizaine qui restait était encerclée par trois Détraqueurs
Olalaaaa mais c'est angoissant cette scène Perri T.T
Simon ... Simon s'il te plait viens me chercher
NOOOOOOON bébé-chat T.T

AAAAH okay désolée j'ai pas beaucoup commenté mais c'était horrible cette scène, t'as tellement bien rendu l'angoisse paralysante et l'atmosphère glaçante T.T

Il doit en avoir trop marre George d'avoir Vic qui débarque chez lui comme ça :lol:

Oh la vache j'ai été très mauvaise pour commenter ce chapitre :lol: Je suis désolée j'étais prise dedans !
Bon déjà pauvre Miles hein, comment lui donner raison en 2 temps 3 mouvements :lol:
Et c'est horrible, je suis comme Vic, j'ai trouvé ça terrible qu'il l'emmène contre son grès
Je comprends leurs arguments mais abandonner les gens c'est tellement dur

et cette SCENE A LA FIN
Je sais pas s'il est plus rapide à la détente que Vic mais ça m'intéresserait de savoir (enfin je pense pas, c'est un mec quoi) (désolée les gars)
Et j'aime trooooooooop comment t'as retourné le truc des souvenirs heureux en soulignant leur origine plutôt que le truc en lui-même

Bref ce chapitre était génial ! Trop désolée pour l'absence de commentaires hein :lol: Mais c'est ça d'être trop talentueuse on peut plus s'arrêter de lui après
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Merci le wifi du train, allons-y pour le chapitre 20 !
De quoi me faire rabattre aussitôt le battant et m'y adosser, le souffle court, la tête pleine d'émotion contradictoires.
Pouehehe, elle a eu peur qu'ils craignent pour sa vertu ou quoi
Susan me manquait.
MOI AUSSI T.T
Je ne sus pourquoi je restais là, à le contempler, à observer comme la lumière pâle faisait ressortir le cuivre dans ses cheveux rendus châtains par l'hiver.
Je souris si fort sous mon masque :')
J'avais l'impression de le contempler pour la première fois
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH je fonds
Tu vas enfin m'expliquer ce que tu faisais à Londres ?
Mdrrrrrrrrrrr
désolée je commente n'importe comment :lol: C'est l'effet Simoria sorry
-Depuis que tu es devenue une véritable tête brûlée. Il faut bien garder l'équilibre.
True story
-Peut-être parce qu'elle m'a demandé ce qu'on faisait à noël et que j'ai répondu qu'on le fêtait en famille, répondit Simon avec un flegme qui m'impressionna.
POUEHEHHEHEH Il me fait trop rire
débarquer dans la vie de cet enfant à qui elle avait tout donné et qui menaçait de le lui arracher.
Enfin il a 18 ans, pas 5
Mais ouais, c'est sûr que la vérité qui sort ça démontre juste que c'est pas sa mère biologique quoi
-A vous inviter vous, me répondit George avec un petit sourire. Venez chez nous à noël. Comme ça, ça évitera à Rose et Lysandra devoir trop se parler.
Entre ça et le bal de Noël du ministère, Noël PROMET
Encore mieux, amène-le !
:lol: :lol: :lol: :lol:
et je levai très soudainement, d'un bond. Simon me jeta un regard surpris.
Va falloir se détendre Vic dis donc :lol: Elle va mourir d'un infarctus
sans réfléchir, je m'approchai de lui et effleurai sa joue d'un baiser bref, mais qui le tendit immédiatement comme il fit s'emballer mon rythme cardiaque.
HIHIHIHIIHIHIHIHIH
En vrai ça me fait trop rire parce que je retrouve un peu tout l'emballement du début d'une relation :') (= preuve de ton talent pour raconter les choses de façon juste)
La Gazette avait brièvement fait mention de trois moldus qui avaient perdus leur âme, sans détailler leurs identités
Tu dirais que les moldus interprètent ça comment ? Attaque cérébrale qui leur fait perdre toutes leurs fonctions sauf les motrices ?
Mon frère ne pouvait résister à l'idée de retomber en enfance malgré ses vingt-deux ans.
Mais évidemment c'est trop bien de faire les déco de Noël ! L'homme en a pas mais Noël 2022 ON INVESTIT
Alexandre frétille déjà !
Il frétille carrément :lol: :lol:
-Et l'un de mes enfants athées a-t-il songé à descendre la crèche ?
Ce jugement :lol: :lol: :lol: :lol:

Pensée pour Vic, quelqu'un a un chocolat chaud dans le train, d'après l'odeur, et ça me donne la dalle
Tu n'es pas le seul à qui on ait menti et qu'on ait manipulé, Alexandre.
Je sais que c'est vria mais ça doit être tellement dur à entendre pour Victoria T.T
es boules explosèrent, la figurine d'un ange se brisa et tout le fracas attira mes parents, sans doute certain qu'Alexandre et moi en étions venus aux mains.
Pouahahha, la scène que ça aurait été
Il avait toutes les caractéristiques des Weasley : de longs cheveux roux attachés en catogan, des tâches de rousseurs sur son long nez.
T'as oublié "une robe de seconde main" dans l'énumération
-Il a été à Azkaban ?

-Quelques mois. Mis sous Imperium pour forcer le Ministère, en plein cœur de la tourmente
Ah mais ouiiiiiiiiii olala j'avais oublié
-Bah ne t'inquiète que je vais le retrouver notre petit rouquin.
Le nombre de roux dans HP, c'est très impressionnant
-Elle a beaucoup de défaut, mais quand on est une personne comme elle on est jalouse de personne.
Pouahahhaha c'est vrai
J'adore comment il balance "je sais elle a beaucoup de défauts", je sais pas si je dirais ça de J :lol:
Une profondeur qui éprouvait de l'amour pour Simon Bones.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Mon mouvement provoqua celui Simon : il posa une main sur ma tête, comme pour me tranquilliser.
Nan mais Simon il est à foooooooond

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ils sont tellement chouuuuuuuuuuuuuux
Nan nan je chipote pas j'adore avance comme ça :D Et puis la tendresse discrète de tous les jours, c'est plus le véritable amour que la passion déferlante (je trouve)
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Ce n'était pas parce que j'aimais Simon que j'étais amoureuse de Simon.
Nan mais ça va l'autruche là :lol: :lol: ma voisine mange des kiri avec les batonnets là, ça me fait tellement envie
je préférais me concentrer sur la façade de Barjow et Beurk
Ah ouais à ce point-là c'est grave :lol:
sans doute un ancien Serpentard qui avait trouvé sa voie dans la magie noire
Ce préjugéééé Victoriaaaa ça se trouve c'est un Serdaigle ou un Gryffondor
Là, la seule couleur qui substituait était le violet des affiches du Ministère
Ah ouais alors le choix de couleurs des affiches du ministère, c'est un grand mystère
Ca doit être un daltonien qui a choisi
en échange de la garantie d'être invité au mariage
On voit les gens intéressés par le buffet
-Alors pourquoi tu continues de les faire ? rétorqua Susan.
Pouahahahha bien envoyé
J'ai l'impression que j'ai pris plein d'éléments hypers explosifs et de les avoir tous mélangés dans un chaudron.
Description très réaliste haha, entre Rose et Lysandra, Marian la sceptique et Miro qui me fait penser à Colère dans Vice-Versa...
ce qui occasionna la chute de la figurine de la Vierge Marie qui se brisa.
Oh mais noooooooon
de tous, c'était l'alcool qui me faisait le plus d'effet le lendemain
AH je crois que moi aussi, ça me donne mal au crâne. Et ça me soûle, je préférais le vin blanc
Pour passer le temps, je vais essayer de faire cracher ta pote sur sa relation avec Simon !
Mais faut qu'il nous rapporte les ragots après
avait suavement ramené ses mèches blondes sur un côté
"suavement", je l'ai imaginé le faire tout en jetant des regards langoureux à droite et à gauche :lol:
Simon écarta son col, comme pour se donner de l'air et je fus tentée de faire le même geste.
écarter son col ? 8-)
Cassie l'a appelé Hercule.
C'est le 2e nom de Spencer ça ? oooh elle va pouvoir nous renseigner héhéhéhé
-Simon, non je vous le concède, pas plus que Matthew et Spencer ... en revanche Leo, Hercule et ...

-Non !!
AHAHAHAH JE VEUX SAVOIIIIIIIIIR
j'entends un bébé qui HURLE au rdc du train, pauvres parents et passagers
l'air à la fois penaud et furieux qui se peignait sur son visage, voilà pourquoi je vivais.
L'amour vache :lol:
Est-ce qu'elle va l'apprendre seulement le jour de leur mariage ? :lol:
Ce hibou, c'était le symbole du monde magique devant lequel ils hurlaient jadis. Ce hibou, c'était la sorcière en moi. La sorcière qu'ils acceptaient enfin.
Mooooooooooooow c'est trop chou ! AU début j'ai cru que c'était une voiture parce que je suis une sale moldue :lol:
je devais admettre que j'étais intriguée par le sourire fier qui s'échappait sans cesse sur ses lèvres.
MOI AUSSI
Le pire, c'était le léger mouvement que firent mes yeux vers le bas pour effleurer ces lèvres qui me souriait avec espièglerie avant que mon regard ne se baisse résolument sur mon paquet.
MOUAHAHAHAHAHHA
j'avoue j'espérais que c'était une autre pièce du coup :lol:
C'était une machine à écrire.
OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH
Il l'écoute tellement :")
J'ai étudié ça avec le professeur Shelton
Est-ce qu'il l'appelle Djulianne parfois
J'arrivai à voir chaque tache de rousseur en dessus de son œil comme la tâche noisette au bord de l'iris et à lire le début d'un trouble au fond de ses prunelles. Mon souffle se coinça dans ma gorge lorsque je réalisai que nos nez se touchaient presque et que Simon avait renoncé à me fixer pour baisser son regard. Et lorsque je vis la couleur écarlate qu'avaient pris ses joues, le temps reprit son court.
aaAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH je souris tellement comme une débile :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

QUEUA j'ai fini de rattraper ???? INCROYABLE
JE SUIS A JOUR
POUR LA PREMIERE FOIS depuis le début de cette partie je pense :lol: :lol: :lol:

Tellement hâte de lire la suite haha
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Alors visiblement j'ai inquiété des gens par mon absence d'intro sportive au dernier chapitre :lol: :lol: :lol:
En fait le chapitre était très long et je voulais éviter d'avoir à le couper en deux ! Voilàààà

DU COUP

JO : C'était incroyaaaaaaable surtout les derniers jours ! Merci les sports co et mention spéciale au Volley, j'ai trouvé leur médaille particulièrement émouvante (fin de l'air Tillie, le fait que j'ai pu regarder presque toute leur phase finale ...). Merci au judo et à l'escrime pour toutes ces médailles (l'or par équipe au Judo <3).

LIGUE 1 : LE FOOT IS BACK (bon virtuellement parce que c'est sur Amazone et ... me lancez pas sur les droits TV). Bref, Lille a eu le droit à un match de folie (et un miracle) avec un 3-3 contre Metz. Et alors. La rumeur Messi au PSG. Mais déjà Messi qui quitte le Barça, Perri est sur le cul, mais Messi qui débarque AU PSG pour venir mettre des buts à Metz et à Lorient MAIS SUR QUELLE PLANETE VIT-T-ON.

Allez maintenant LE CHAPITRE. BONNE LECTURE !



***


Naît-on deux fois ? Oui. La première fois, le jour où l'on naît à la vie ; la seconde fois, le jour où l'on naît à l'amour.

- Victor Hugo
***


Chapitre 22 : Le ciel sur la tête.

Oh, oh.

Oui c'était ça. L'onomatopée parfaite qui définissait la surprise et le ciel qui vous tombait sur la tête pour vous apporter une révélation divine. Parce que c'était ça : je ne croyais plus en Dieu depuis l'histoire de la Chambre des Secrets, pourtant je ne voyais que son intervention dans mon âme pour me faire admettre ce qui était lentement en train de faire cheminement dans mon esprit. Amour ? Amoureuse ? Amour ? Quelle forme ?

La panique était de retour alors que nous passions à la nouvelle année. Deux semaines de répit et mon esprit était de nouveau en ébullition. J'avais à peine eu le temps de profiter de Susan qu'elle repartait déjà pour Poudlard. J'avais néanmoins pris le temps de l'accompagner au Poudlard Express puisque personne ne pouvait le faire : Simon avait ses recherches à l'IRIS et ses deux parents travaillaient. Mon amie avait profité de notre seul moment de solitude des vacances pour s'enquérir de mon état. J'avais dû faire une drôle de tête parce qu'elle avait soupiré de dépit.

-Tu te crois forte et insurmontable, mais la vérité c'est que ça se voit quand tu vas mal, Vic'. Je le vois et Simon le voit aussi si tu veux savoir.

-Ah ... C'est juste ... Je suis fatiguée en ce moment, je ...

Elle m'avait souri d'un air si condescendant que j'avais ravalé mes mensonges.

-Trouve une meilleure excuse devant lui, il sera moins compatissant que moi. Je t'envoie ma prochaine sortie à Pré-au-Lard dès que l'ai ! Bon courage !

Elle m'avait embrassé sur la joue avant de monter dans le train à la suite d'Hannah et d'Ernie. Puis le Poudlard Express avait de nouveau filé devant moi, un peu à la manière de mon enfance qui s'effilait entre mes doigts sans que je ne puisse rien y faire. J'avais attendu que le quai se vide, complétement décontenancée à l'idée que mes troubles soient si transparents avant de comprendre que je ne pouvais plus les cacher – encore moins avec Simon. Maintenant que l'idée avait effleuré mon esprit, j'avais de plus en plus de mal à l'extirper et j'avais fini par conclure, une boule dans la gorge, que j'étais trop seule face au mal qui me rongeait l'esprit et l'estomac. J'avais besoin d'aide.

-On a besoin d'aide, Pod !

-Demande à Ding.

-Il est introuvable ! Il se passe quelque chose dans cette boutique et tu vas nous aider !

-J'ai des affaires plus urgentes à régler, ma belle. Demande à Didalus.

-Envoyé à l'étranger par Dumbledore.

Podmore jura dans la barbe blonde qui couvrait sa mâchoire carrée et ses joues creuses. Il découpait méthodiquement un quartier de pomme, impassible face à Tonks qui le suppliait depuis près de dix minutes. J'assistai à la scène sans un mot avec George Weasley, toujours en binôme avec l'homme. Il se fendit d'un reniflement méprisant.

-Il ment, on n'a rien d'urgent, m'avoua-t-il sur le ton de la confidence. On surveille juste d'autres groupes de délinquants notoires, soit pour les protéger soit pour les arrimer à notre réseau. J'ai fait une belle affaire à l'un d'entre eux pour une livrée d'œufs de Doxy ... Maintenant que Ding se fait rare, c'est difficile de se fournir en fourniture dangereuse.

-Il se cache encore, votre escroc domestique ?

-Il se cache de Dumbledore plutôt. (Il m'adressa un sourire canaille). Ça te dit qu'on aille à la chasse au Ding sauvage après, Bennett ?

Je levai une main avec un sourire désolé.

-Désolée, j'ai déjà des plans pour cet après-midi. Mais ça aurait été avec plaisir. Qu'est-ce qu'il fait, sinon ?

Je désignai Podmore, qui écoutait toujours avec un intérêt poli mais indifférent les arguments de Tonks. George touilla négligemment le thé qu'il s'était préparé.

-Il est dans la brigade de police magique. Il n'y paraît pas mine de rien, mais c'est quelqu'un qui pèse. Un sang-froid incroyable, je n'ai jamais vu ça ... C'est peut-être pour ça qu'on m'a mis en binôme avec lui.

Son sourire s'estompa légèrement mais il le cacha en prenant une gorgée de son thé. Il considéra les placards à moitié vide de l'antique cuisine des Black avant de me demander du bout des lèvres :

-Il parait que tu as été prise dans une attaque de Détraqueur il y a quelques semaines ? Tu t'en es bien remise ?

-Quoi ? (Je surveillais toujours Tonks et Podmore du coin de l'œil). Oh, ça ... Oui, ça va mieux. Quelques tonnes de chocolat plus tard. Merveilleuse période, noël, pour se remettre des Détraqueurs.

Un sourire effleura les lèvres de George et il reposa sa tasse presque intacte.

-C'est peut-être ça. Je n'ai pas mangé assez de chocolat.

Je lui jetai un regard étrange, rendue assez inquiète par son ton, quand Maugrey Fol Œil en personne descendu de l'escalier de pierre, armé de sa canne et de son redoutable œil pivotant d'un bleu électrique. George se fendit immédiatement d'un immense sourire et le salua d'une courbette.

-Big Boss ! Comment tu vas ?

-Fol Œil ! s'écria Tonks en désignant Podmore. Force-le à m'aider !

-Lèche-botte, marmonna le brigadier en lorgnant Maugrey.

L'ancien Auror le considéra de ses deux yeux, les sourcils froncés. Sa crinière grise avait poussée depuis la dernière fois que je l'avais aperçue et était de moins en moins soignée. Ses mains se nouaient avec de plus en plus de crispation sur le pommeau de sa canne.

-Quel est le problème ? s'enquit-t-il d'un ton sec.

-Yaxley et d'autres Mangemorts se réunissent de plus en plus chez Barjow et Beurk ! Yaxley y va régulièrement et on a des raisons de penser qu'il reçoit des financements de la part de plusieurs familles de Sang-Pur approchées par Tu-Sais-Qui ! Il faut qu'on sache ce qui se passe dans cette boutique, Victoria et moi on ne peut pas y travailler seules ! On a des jobs toutes les deux !

-Et moi je fais quoi, du tricot ?

-Tu es mis à pied depuis ton passage à Azkaban !

Podmore mordit dans un quartier de pommes et contempla Tonks avec une certaine irritation. Je le fixai avec surprise. Bill m'avait dit qu'il avait été mis sous Imperium, pourquoi lui faire doublement payer ce sévisse en le privant de son travail ? Puis je me souvins de la pauvre Esmera Fortarôme qu'on avait débarqué du réseau des cheminées de peur que les Mangemorts ne détiennent son frère. Le Ministère devait avoir perdu toute confiance en Sturgis Podmore. Maugrey considéra l'explication de Tonks, son œil valide rivé sur elle quand l'autre s'était retourné. J'eus la désagréable impression que c'était nous qu'il observait à travers sa boite crânienne et cela m'arracha un frisson de dégoût.

-Une concentration de Mangemort en un lieu unique est toujours inquiétant, même s'il est aussi peu surprenant que Barjow et Beurk, murmura-t-il sans à peine bouger des lèvres. Hum ... Et tu dis qu'il y a des sommes d'argents qui vont à Yaxley ... Pas bon ça ... Ding sait quelque chose ?

-Ding se cache toujours.

L'œil valide de Maugrey flamboyant de façon assez inquiétante pour que je colle contre les meubles dans l'espoir de m'y fondre.

-D'accord. Trouvez-le, et trouvez ce que ces fumiers cachent derrière leur boutique. Rapport réguliers exigé – à Kingsley ou à moi.

-Et Remus ? demanda prudemment Tonks.

-Remus est occupé. Kingsley ou moi.

Et il s'en fut sans plus de précision, claudiquant jusque la cave avec des grimaces de douleur. Nous nous entreregardâmes tous les quatre en comprenant que nous allions collaborer ensemble. Seul Podmore n'était pas enchanté par la perspective et mastiquait énergiquement son morceau de pomme. Tonks finit par frapper dans ses mains avec un sourire.

-Parfait ! Bon, je dois retourner à Poudlard, si l'un d'entre vous peut retrouver Ding ...

-Le chômeur s'y colle, lança Podmore avec amertume. A toute, les gosses.

Il abandonna le reste de sa pomme sur la table sans même prendre la peine de la ranger. Tonks haussa les épaules quand il disparut et le suivit dans l'escalier. George et moi la suivîmes de près pour échapper à l'ambiance étouffante de la cuisine. Malheureusement, le reste de la maison n'était guère plus hospitalière. George s'enfuit vite pour retrouver la boutique et un univers plus connu. Sans savoir pourquoi, je me retrouvais face à la tapisserie dans le salon principal qui décrivait l'arbre généalogique des Black. Mes yeux furent attirés par la mère de Cassiopée, Charis, éternellement figée entre ses sœurs Cedrella et Callidora. Ses traits étaient grossièrement esquissés en ceux d'une femme à la beauté sévère. La grand-mère de Simon ... Sa date de mort indiquait 1973. Elle n'avait jamais pu connaître son dernier petit-fils ...

-Tu essaie de trouver mon second prénom ?

Je fis un véritable bond et me retrouvai face à Simon, une main sur le cœur et ma poitrine s'élevant à un rythme erratique. Il souriait doucement, des parchemins sous le bras, sans doute allégrement pillés dans l'obscure bibliothèque des Black. Il fronça du nez en suivant les branches du regard.

-Des noms tous très moches, si tu veux mon avis ... Mais non, Vicky, on a tous les trois échappés à ça.

-Tu connais ceux de tes frères ?

La bouche de Simon se tordit et mes yeux se rivèrent immédiatement sur ses lèvres fines, distordues en une ligne atypique. L'espace d'un étourdissement, mon esprit s'imagina que mes lèvres étaient descendues plus bas que la joue que j'avais atteinte sur le perron ... Je déglutis en reprenant mes esprits, mais ma pensée se trahit d'une flambée sur son visage. Fort heureusement, il ne parut pas la remarquer : ses yeux étaient rivés sur le nom de sa grand-mère maternelle.

-Oui, les constellations sont gravées sur leurs tombes. Leo pour Matthew – la constellation du Lion, tu sais, le signe astrologique ? Symbolique pour ma Gryffondor de mère. Et Lysandra te l'a dit, Hercule pour Spencer.

Il y avait beaucoup trop d'information dans une seule phrase et aucune ne suffit à apaiser le feu sur mon visage. Il s'était intéressé à la vie de ses frères. Il s'était recueilli sur leurs tombes. Le mot « mère » pour désigner Cassiopée était sorti avec un naturel qui aurait me rendre fière. Mais la seule chose à laquelle je songeais, c'était de ne surtout pas fixer les lèvres de Simon. Bon sang, j'avais un véritable problème.

Il effleura le nom de sa grand-mère du pouce avant de pousser un profond soupir.

-Ça ne s'est pas trop mal passé à noël. Le chaudron n'a pas explosé.

-Hum. Je dois y aller, j'ai promis à Emily de la retrouver avant seize heures, elle est de garde cette nuit ...

Je ramassai le sac que j'avais laissé tomber à mes pieds en observant la tapisserie et le hissai sur mon épaule sans effleurer le regard de Simon. Malheureusement, au moment où je m'apprêtai à partir, son bras me barra le passage. Je levai un regard exaspéré sur lui et son sourire tordu. Et je n'aimais pas du tout la lueur satisfaite qui brillait dans son regard.

-Tu t'es trahie deux fois, Vicky. Pas de questions sur mon nom ? Pas d'insulte parce que j'ai dit que je ne voulais pas que tu le saches ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

-Je suis fatiguée.

-A d'autres. Qu'est-ce qui se passe ?

Je sentis mes joues s'embraser – une fois de plus – et maudis mon corps de trahir ainsi mon trouble. D'autant que mes yeux ne cessaient de passer sur ce petit sourire insolent qui m'exaspérait autant qu'il menaçait de faire fondre la peau de mon visage. Finalement, il me donna seul le mensonge le plus à même de le satisfaire et j'arrivai à arracher mon regard à ces lèvres pour asséner :

-Non, tu n'y es pas : c'est toi qui me fatigues. Quoi, ça t'amuse de me voir chercher comme une folle son deuxième nom ? Tu penses vraiment que ça vaut la peine que je dépense mon énergie ? Tu crois que je n'ai pas des recherches plus importantes à faire ? Bon sang, Bones, ça ne peut pas être simple pour une fois ? Je ne mérite pas que ce soit simple après tout ce que tu m'as fait subir ? Non, il faut encore que je rame ?

J'eus au moins la satisfaction de voir son sourire se faner sur ses lèvres et je me mis à respirer plus librement. Ce n'était pas éloigné de ce que je pensais : je n'avais simplement pas eu le temps de verbaliser cette frustration, noyée dans la panique qui m'avait reprise dès que j'avais refermé la porte sur Simon sur le perron.

-J'en ai marre de ramer, affirmai-je avec toute la conviction que j'avais. Alors si tu ne veux pas que je sache, très bien, je ne le saurais pas. Si tu as envie que je connaisse enfin tes moindres secrets, fais-moi signe, je pense que tu sais où j'habite depuis le temps.

Je devais vraiment excellente comédienne : une moue penaude avait commencé à déformer les lèvres de Simon. Mais avant de m'y attarder, je le dépassai souplement, et eut même la présence d'esprit de jeter par-dessus mon épaule :

-Et cette fois, ce n'est pas une faute imaginaire, Minus !

-Minus toi-même !

Je souris. Je n'aurais pas dû. J'étais fâchée, vexée et je détestais cette panique chronique qu'il développait en moi. Mais je n'avais pu m'empêcher le sourire s'épanouir sur mes lèvres alors que je claquai la porte du 12, Square Grimmaurd. Et ce que je me disais ce sourire, c'était que j'avais décidément besoin d'en parler à quelqu'un. J'avais besoin d'aide.

Sans apprécier le soleil hivernal qui perçait à travers de lourds nuages, je transplanai devant l'appartement d'Emily. La propriétaire au rez-de-chaussée tira ses rideaux pour m'observer grimper les escaliers de pierre qui menait au premier étage et ne cessa de me fixer de ces yeux suspicieux que lors qu'Emily m'accueillit, tous sourire.

-Pile à l'heure ! Entre, madame j'ai-mon-patronus-mais-je-ne-le-dis-pas-à-ma-meilleure-amie.

-Ah, ah. Miles a encore frappé à une rencontre de famille ?

-Nouvel an entre cousins, confirma Emily en s'effaçant pour me laisser passer. Et ça (Elle me donna une sèche tape à l'arrière de la tête) c'est pour ta stupidité. Et celle la (elle m'en donna une plus forte qui m'arracha un glapissement) c'est de sa part.

-Aïe ! C'est bon, j'ai compris. Oh, salut Roger.

Roger m'accorda à peine un salut. Il était plongé dans nombre de parchemin dont certains lévitaient devant ses yeux. Sa plume s'activait avec frénésie et je décidai de ne pas l'embêter davantage. Emily m'invita à m'assoir sur les hauts tabourets devant le bar et me servit deux doses généreuses de jus de citrouille. Elle paraissait de bien meilleure humeur que la dernière fois que je l'avais vu après le match contre les Pies de Montrose et je ne pouvais m'empêcher de lier son sourire persistant avec le fait qu'elle venait de me frapper deux fois de suite. Je me frottai l'arrière du crâne avec une grimace.

-Tu y as été fort ...

-Toi aussi, rétorqua-t-elle avec un charmant sourire. Seule contre cinq Détraqueurs, petite Victoria et son petit colibri ...

-Hé ! Ce n'est pas la taille qui importe, c'est l'éclat !

Emily leva les yeux au ciel et but une gorgée de son jus de citrouille.

-Bon, admettons. Quelles sont les nouvelles ? Ton noël a été bon ?

Ma gorge s'assécha brusquement et je l'humectai d'une gorgée fraiche sans que cela ne m'aide à trouver mes mots. Je revoyais le petit sourire de Simon, ce sourire dont j'avais du mal à détacher mon regard sans savoir si c'était parce qu'il me plaisait ou simplement que j'avais pris plaisir à fixer ses lèvres. L'idée m'arracha un gémissement et je baissai mon verre. La main d'Emily s'était refermée sur mon bras : elle paraissait soudainement inquiète.

-Oh mon Dieu, ça va Vic' ?

-Honnêtement ... Non ? Ce n'est rien, assurai-je quand elle écarquilla les yeux. Simplement ... Bon sang, est-ce que tu peux m'écouter sans ... juger ?

-Ah, lâcha-t-elle avec un semblant de sourire. Ça concerne la gente masculine ? Victoria Bennett est prête à reprendre sur service ?

-Vraiment, Em' ? grognai-je.

-Pardon, pardon. Je t'écoute.

Elle effaça son sourire de ses lèvres et se redressa sur sa chaise pour se donner des aires de vieilles sages qu'elle avait parfois avec moi, mais le pétillement dans ses yeux trahissait son amusement et son impatience. Elle coinça une mèche blonde derrière son oreille en attendant patiemment que je trouve mes mots. J'avais retourné des phrases dans ma tête sans qu'aucun ne sonne juste et je finis par entonner d'une petite voix :

-Tu te souviens quand ... Quand on s'est revues, tu m'as dit que tu te sentais mal à l'aise avec Simon et moi. Tu peux m'expliquer pourquoi ?

Les yeux d'Emily s'écarquillèrent légèrement et le poing qui soutenait sa joue s'abaissa sur la table. Elle ne paraissait pas s'attendre à la tournure des choses.

En même temps. Qui s'y attendait ?

Mais j'avais fini par conclure cela : la gêne qu'Emily avait ressentie face à nous signifiait quelque chose, exactement comme la jalousie de Miles. Elle enroula une mèche de cheveux blonds autour de son doigt, toujours l'air perplexe.

-Je ne saurais pas trop, avoua-t-elle finalement. Je te l'ai dit : vous vous êtes repliés l'un sur l'autres ... Vous vous êtes assez soudainement mis à fonctionner ... je ne sais pas, comme un duo. Et soudé, le duo ... J'avais conscience de plusieurs choses : que vous me cachiez des choses, que vous partagiez des choses qui dépassaient mon entendement ... Des informations, mais des sentiments, aussi, des sentiments dont je n'ai jamais pris conscience mais qui m'ont explosé à la figure. (Elle essuya un petit rire). Naïvement, je m'étais arrêtée au fait que vous vous détestiez. Mais c'était plus que ça.

-Tu penses ?

Elle haussa les épaules.

-Oui. C'est évident que vous vous aimez.

Mes doigts se crispèrent sur mon verre de jus de citrouille. Visiblement, ça avait été évident pour tous, sauf pour moi. Peut-être parce que j'avais tardé à mettre des mots sur un sentiment présent depuis quelques temps, plusieurs mois. Peut-être parce qu'avant, ma seule préoccupation de l'amour était caractérisée par Miles et qu'il avait servi de paravent à l'évidence qui se déployait en moi. J'aimais Simon. C'était définir le type d'amour qui continuait de totalement me paniquer.

-Et ça ne t'a pas semblé bizarre ? Qu'on soit passé de la haine à ... l'amour comme ça ?

-Alors, je doute que ce se soit fait comme ça, protesta-t-elle en claquant des doigts. Je dis juste que je n'ai pas vu le processus, donc oui, ça m'a fait bizarre. J'ai mis ça sous le compte de la mort de Cédric ... On était tous bouleversé. On s'est recentré sur l'essentiel. Et visiblement, vous étiez essentiel l'un pour l'autre.

-Tu analyses bien ça pour quelqu'un qui dit n'avoir rien vu, m'amusai-je avec un semblant de sourire.

-Que veux-tu, ce n'est pas pour rien que j'ai failli aller à Serdaigle ... Maintenant tu me dis pourquoi tu me poses ces questions ? Il y a quelque chose qui cloche avec Simon ?

Pendant quelques secondes, même le froissement des papiers de Roger derrière nous sembla s'estomper. Je fis tourner le jus de citrouille dans mon verre, le cœur au bord des lèvres. J'avais l'impression que les mots n'arriveraient jamais à sortir, qu'ils resteraient au fond de ma gorge et continueraient de former cet amas de sentiments indistinct qui se chauffait à blanc à la moindre contrariété. Mais un jour ou l'autre, il fallait bien les sortir, les sortir pour dénouer les fils et y voir plus clair. Comprendre enfin.

-Miles ... (Je toussotai pour donner de la contenance à ma voix). Miles pensait que ... enfin, il a dit que j'aimais Simon et que ça nous avait empoisonné. Que je lui avais donné plus d'attention à lui ...

-Ce n'est pas complétement faux, mais passons. C'est évident, je veux dire ...

-Non. C'est pire que ça. Pire que ce qu'il dit. Je pense ... je commence à croire que je suis amoureuse de Simon, Emily.

Verbaliser ce qui me hantait depuis des semaines ôta un poids non négligeable de mes épaules et je ne pus retenir un petit soupir de soulagement. Je posais une main sur ma gorge pour prendre mon pouls et sans surprise, il s'était emballé. En revanche, je n'osais affronter la réaction d'Emily face à mon aveu : je gardai mes yeux rivés sur mon verre. Son silence choqué en disait bien assez long. Au bout de quelques secondes qui me parurent interminables et suffocantes, elle claqua violement son verre contre sa table, me faisant sursauter. Je levai enfin les yeux et vis son visage marqué par la stupeur la plus profonde et sa bouche laissée béante par la surprise.

-Excuse-moi. Tu peux me répéter ça ? S'il te plait ?

-Em' ...

-Non, non, non.

-Em' ...

-Si ? Ce n'est pas une blague ?

-Em' ...

Elle leva une main sèche pour me faire taire et pointa un index accusateur sur moi – si violement que j'eus un mouvement de recul.

-Je vous ai vu vous faire les pires crasses du monde – et toi autant que lui, Victoria Bennett ! – tu m'as soutenu droit dans les yeux que tu n'avais pas quitté Miles à cause de lui et maintenant tu viens me dire que tu es amoureuse de Simon Bones ?! On parle bien du même Simon, le petit blond gringalet arrogant au possible ? Et drôle – heureusement qu'il est drôle, d'ailleurs !

-Emily, intervint Roger sans même se tourner vers nous. Vieille sage, calme et indulgente, tu te souviens ?

Elle lui jeta un regard exaspéré et je rougis violement en comprenant qu'il avait tout entendu malgré la distance. Il leva la tête pour croiser mes yeux sans doute emplis de panique et sourit doucement. Il fit mine de se coudre la bouche avant de presser un doigt contre ses lèvres pour me promettre le silence et s'en retourna à ses parchemins. Emily claqua ses doigts devant mon nez pour récupérer mon attention et je me tournai vers elle, penaude.

-Hé ! Tu ne me lâches pas ce genre de bombe pour ne pas m'expliquer !

-Indulgence, Em' ...

-Rôh, ça va, râla-t-elle avant de pousser un profond soupir et de reprendre d'une voix plus contrôlée. Victoria, avec toute la bienveillance qu'une meilleure amie est censée avoir, je t'écoute.

Je déglutis nerveusement et adressa un dernier coup d'œil à Roger qui s'était replongé dans ses devoirs sans apparemment se soucier de nous. Je finis par en revenir à Emily qui semblait faire tous les efforts du monde pour garder un visage impassible.

-Je ne saurais même pas comment t'expliquer ... Je ... je ne sais pas, ça tourne dans ma tête depuis quelques semaines, qu'on n'a pas un comportement normal l'un avec l'autre. Moi avec lui. Je te jure il ... me fait littéralement péter les plombs !

La fin de ma phrase s'était étouffée dans un grognement de frustration et Emily eut un semblant de sourire. Son index accusateur se remballa dans son poing qui vint se caller sous son menton.

-Ah. Tout de suite, ça semble plus crédible. Rien ne vaut l'amour pour faire péter les plombs.

Sa remarque m'arracha un rire tremblant et je nouai mes mains devant ma bouche, l'estomac contracté par tout ce qui se jouait en moi et qui se retrouvai libérer par mes aveux. Emily me contempla, toujours avec des traces de choc mais nettement plus songeuse. Elle fronça les sourcils.

-Cela dit, que Simon te fasse péter les plombs, ce n'est pas nouveau, Vic'. Je dirais même que c'est la base de votre relation.

-Je sais, je sais ... Mais je ne sais pas, tout est disproportionné, avec lui. Je ressens tout au centuple. La colère, la vexation, mais aussi ... je ne sais pas, la tendresse ... Chaque situation, ça provoque en moi plus que ça ne devrait provoquer, je te jure. C'est trop ... intense.

Les yeux d'Emily s'écarquillèrent devant ma tentative maladroite de mettre des mots sur ce que j'éprouvais depuis des semaines. Son silence se prolongea assez pour que je me sente obligée de poursuivre, de me justifier :

-Je ne suis pas normale avec lui. Je ne l'ai jamais été, mais j'ai l'impression que plus j'avance, moins je le suis. Et je ne sais pas, je me suis rendue compte que ... La seule situation où tout ça pourrait être normal, c'est dans celle où je suis amoureuse de lui. C'est absurde, je sais, mon Dieu je le sais ... Mais j'ai beau retourné le problème dans tous les sens et ...

-Oh, la, Vic', me coupa Emily en prenant ma main. Détends-toi, respire.

J'obéis et inspirai profondément. En relâchant mon souffle et en sentant mes muscles se détendre, je sentis les larmes qui avaient commencé à piquer mes yeux et qu'Emily avait dû percevoir. Je me tamponnai le coin de l'œil de ma manche. Seigneur, j'étais au bord de la crise de nerf ...

-Je suis désolée ...

-Ne t'excuse pas. Ça ... ça a l'air grave, là, Vic'. Te mettre dans un état pareil ... Enfin ... Simon, toi ... Bon sang, ça a l'air vrai.

J'essuyai un petit rire et la lorgnai avec un sourire timide. Elle était abasourdie parce qu'elle découvrait, par ces sentiments qui devenaient plus qu'une hypothèse, plus qu'un spectre que j'avais fui pendant des semaines. Elle baissa le regard sur nos mains entrelacées et finit par annoncer résolument :

-Bon. On va dénouer ça ensemble – c'est pour ça que tu es venue, non ? Le tout n'est pas de voir ça comme un problème. Ce n'est pas un problème, c'est juste ... une vilaine pelote de laine qu'il faut filer.

-Tu t'y connais en tricot, toi ?

-La ferme, Victoria. Laisse-moi réfléchir à tout ce que tu m'as dit.

Elle lâcha ma main pour masser ses tempes, dans un geste plus théâtral que nécessaire. De la même manière, elle inspira et expira plusieurs fois et quand elle rouvrit les yeux, elle exigea que je lui raconte tous les éléments qui m'avaient amené à ma conclusion. Docilement, je lui rapporté presque tous : les gestes de tendresses qui me paraissaient de plus en plus naturel tout en ayant conscience de l'anormalité de la chose, le fait que j'étais capable de beaucoup trop pour Simon, y compris de me perdre, comme c'était lui et son souvenir qui m'avait fait tenir face aux Détraqueurs. Ce dernier fait força Emily à masquer sa stupeur derrière sa main et elle resta plusieurs secondes silencieuses avant de lâcher :

-D'accord. Ça, ce n'est pas rien. Tu ne peux pas mentir face à ce genre de situation. Si c'est Simon qui t'a fait tenir ... Bon sang ...

Elle secoua la tête, l'air toujours interdit.

-J'avais conscience que vous vous êtes rapprochés ... Que vous vous aimiez beaucoup, c'est sûr – et si tu veux savoir, c'était plus évident du côté de Simon. Toi, je n'ai jamais su trop dire. Peut-être que le fait que tu sois avec Miles brouillait les pistes ...

-Ça a brouillé les pistes en moi aussi ...

Emily se dandina sur sa chaise, brusquement mal à l'aise.

-Pourquoi ? Tu penses que ... ça fait plus d'un an que tu es amoureuse de Simon ?

-Non !

Le cri s'envola spontanément de ma bouche et me rassura presque : c'était la vérité qui s'écriait ainsi, le mensonge avait besoin de plus de temps. Comme pour le prouver, les arguments me vinrent assez vite pour que je puisse enchérir :

-Bon, évidemment que j'ai des sentiments assez forts pour Simon depuis l'année dernière – depuis toute ma vie si on veut généraliser, même si au début ça se bornait à ce que je suis arrache les cheveux. Disons que petit à petit, les sentiments forts se sont déployés et ont pris d'autres colorations, d'autres significations ... Ce n'était plus seulement des sentiments négatifs, ça s'est ... équilibré. Naturellement.

-C'est ce que j'ai remarqué aussi, admit Emily en penchant la tête. Que ça s'était équilibré. Mais de là ... Oh la la, Vic', tu chamboules toutes les perceptions là ! C'est le ciel qui me tombe sur la tête !

-A qui le dis-tu ...

Je tripotai le bracelet au petit soleil de Cédric et la breloque dorée capta un éclat de lumière qui se réfracta sur ma peau. Simon adorait jouer avec, chaque fois qu'il tenait ma main dans la sienne. Je fis jouer le rayon doré sur ma paume, la gorge serrée. C'étaient des détails. Des détails qui me grignotaient l'existence.

-Ça te semble bizarre ? demandai-je à Emily à mi-voix. Je veux dire, ça n'a pas de sens pour toi ?

Si je devais lire sur son beau visage, la réponse serait certainement « non ». Ses yeux restaient agrandis, comme si elle peinait à réaliser et malgré ses efforts pour rester sereine je percevais toujours des traces d'incrédulité. Et sans comprendre pourquoi, ça me mortifier. Emily s'appuya sur ses coudes pour s'avancer un peu et pencha la tête, l'air indécis.

-C'est bizarre ... Mais ce que je pense, ça n'a aucune sorte d'importance. L'important, c'est ce que toi tu ressens. Je pense que tu as dit l'essentiel : ce n'est pas normal, c'est trop intense, il est essentiel à ma vie ... Est-ce qu'il te fait du bien ? Parce que très clairement, si c'est comme les années précédentes et qu'il ne te fait que du mal, je te mets immédiatement un stop : ce sera toxique.

-Evidemment qu'il me fait du bien. Et même avant ... Cette façon de me défier tout le temps, ça a permis de faire ressortir une partie de moi que seul lui pouvait réveiller. Une partie plus confiante, vindicative ... Une partie qui s'exprime plus maintenant. (Je tripotai vaguement le verre que j'avais toujours devant moi). Elle a fait peur à Miles, cette partie-là de moi mais Simon a toujours cherché à la montrer au monde entier.

-Simon était prêt à tout pour prouver que tu es un petit démon, aussi. On était pareil sur ce point-là : ton petit côté victime ou martyr c'était ... agaçant.

La remarque m'arracha un sourire et je me souvins des soupirs d'exaspération d'Emily à mon encontre dès que j'ouvrais la bouche dans nos premières années. Avec le recul, j'admettais que j'avais pu être agaçante, toujours craintive sans savoir à quel saint me vouer. Mais Simon avait su voir au-delà de cette couche. Il avait perçu ce que personne n'avait songé à remarquer et l'avait fait sortir pour me révéler à moi-même. Encore une preuve, s'il en fallait, qu'il me connaissait bien mieux que personne. Mieux que moi.

-Il n'avait pas tout à fait tort là-dessus ...

-Il te demandait toujours aussi quand est-ce que tu apprendras à tenir ta baguette par le bon bout ...

Ça avait été vrai jusqu'au début de la sixième année au moins – je me souvenais parfaitement avoir eu envie de lui sauter à la gorge après qu'Ulysse Selwyn m'avais cassé le nez. Mais là encore, ce qui attisait un manque de confiance en moi et en ma magie s'était arrêté pour équilibrer vers le soutien indéfectible. Je haussai les épaules.

-Ça reste Simon. Evidemment qu'on a été atroce l'un envers l'autre mais ... on a arrêté. A moitié. Il ne veut toujours pas me dire son deuxième prénom et ça me rend folle de rage.

-Parce que lui sait le tien ?

-Par cœur.

-Ah ...

Emily paraissait perplexe – sans doute était-ce un détail sans importance pour elle. Mais pour moi, ça signifiait tellement ... J'avais l'impression que c'était la dernière pièce du puzzle qu'était Simon, la pièce finale qui le ferait définitivement redevenir concret à mes yeux et non ce spectre qui restait opaque par intermittence, qui se solidifiait mais qui restait inatteignable. Le secret continuait de brouiller son identité à mes yeux. Et j'avais aussi consciente que ma frustration était révélatrice de mes sentiments : qui se mettait en colère pour des détails pareils ?

Les doigts parfaitement manucurés d'Emily frappèrent la table d'un geste impatient.

-Bon. Ultime teste, Victoria Bennett. Et sache que je prends sur moi parce que l'idée est très perturbante. L'amour, les sentiments, c'est bien. Mais il n'y a pas que ça quand on est amoureuse.

Je haussai les sourcils, interloquée et Emily se frappa le visage de la main.

-Bon sang, j'en reviens pas de devoir poser cette question mais ... Tu parlais de gestes tout à l'heure ... Est-ce que ça t'arrive d'avoir envie d'aller ... un petit peu plus loin ?

Je papillonnai des yeux et elle finit par lâcher du bout des lèvres :

-L'embrasser, Victoria.

-L'em ... Oh.

Mes joues s'embrasèrent mécaniquement et je me revis en un flash me pencher sur lui, ses tâches de rousseurs devenant chaque plus centimètre à la fois plus claires et plus floues, mes lèvres heurter le bas de sa joue et sentir la présence des siennes proches, beaucoup trop proches. Puis je revis son petit sourire lorsque je l'avais quitté devant la tapisserie. Je ne voyais que ça : son sourire, la façon dont ses lèvres l'esquissaient, se mouvaient, s'étiraient ... m'attiraient. Un gémissement s'échappa de ma bouche et donna sa réponse à Emily qui plaqua deux mains sur la sienne. Elle s'en leva de sa chaise, proprement catastrophée.

-Non !

-Si ...

-Mais non !

-Emily, intervint calmement Roger.

Emily tourna son regard écarquillé vers son petit-ami, avant de le reporter sur moi. Elle écarta les mains de son visage et fit plusieurs moulinets de ses bras, comme pour se détendre.

-OK. OK très bien. Euh ... non. Non, Vic', ça craint, en fait. Tu es amoureuse de Simon, ça craint !

-Je sais ...

-Parce que lui c'est un handicapé des sentiments ! Pire que lui ! (Elle désigna d'un grand geste Roger qui leva les yeux au ciel avec un gros soupir). Tu te souviens de comment il était avec Octavia ? Franchement c'était un miracle s'il la laissait tenir sa main !

Je lui tiens déjà la main, faillis-je rappeler de façon spontanée, avant de me souvenir de cette fois où il avait dénoué ses doigts des miens quand les regards s'étaient posés sur nous. Et puis c'était quoi cette réflexion ? Je me pris le visage entre les mains, l'esprit en ébullition. Et paradoxalement, j'avais l'impression que quelque chose se libérait en moi, que l'étau qui pressait ma gorge chaque fois que les souvenirs m'assaillaient se desserraient de mots en mots, d'aveu en aveu. J'étais en paix avec chaque son qui sortait de ma bouche et ça faisait monter la panique en moi.

-Qu'est-ce que je fais avec ça, maintenant ?

Emily écarta les mains en signe d'évidence.

-A ton avis, qu'est-ce qu'il y a à faire ? Qu'est-ce que tu as fait quand tu as commencé à ressentir des choses pour Miles ?

-Mais c'était totalement différent ! Miles, c'était rien, absolument rien, il ... ça n'a rien à voir, là ça brûle en moi, Emily, c'est horrible ! J'ai envie que ça parte, mais à la fois j'ai l'impression que cette flamme, elle me tient en vie, tu comprends ? Elle m'anime, elle fait partie de moi, même si ça attise tout, ça décuple tout !

Je posai mes deux mains à plat sur ma poitrine, comme si je pouvais la sentir à travers ma chair et ma peau. Les mots avaient fini par sonner en moi. Au début, Simon avait été la flamme fugace d'une allumette, brûlant les zones de moi qui méritaient de l'être pour me piquer dans mon orgueil. Puis l'allumette avait fini par enflammer une torche, brillante dans le noir comme un phare et éclairant mes pas. La torche avait embrasé le bois du feu de camp, réconfortant, familier comme Terre-en-Landes et les « Minus-toi-même » que nous nous étions jetés à la figure. Mais c'était à partir de là que tout avait dégénéré, que les flammes avaient atteint des parties de moi qui étaient inaccessible à l'allumette et avait commencé à tout brûler. Maintenant, elles m'enveloppaient toutes entières et j'ignorais comment sortir de l'incendie. J'ignorais même si j'en avais envie : comme je le disais à Emily, il me maintenait en vie. Il courrait dans mes veines, il faisait surchauffer mon cœur et rétracter mon estomac. Il faisait partie de moi. C'était Simon : il ferait toujours parti de moi, peu importe la place qu'il prenait.

-Je ne serais pas comment t'expliquer ça ... Miles, c'était ... des frémissements, de l'attachement ... Mais vers la fin, je me suis rendue compte que l'amour n'était jamais venu ... Là il est là. Directement. C'est assez violent à constater.

Emily paraissait sonnée par mes aveux, par la virulence de mon ton. Elle me fixa si longuement que ça en devint gênant et je compris qu'elle réalisait enfin mes mots et leurs implications. Elle en retomba sur sa chaise, abasourdie.

-Mille gorgones galopantes, tu es amoureuse de Simon Bones ...

-Emily ? Tu es d'une utilité proche du néant.

La constatation de Roger nous arracha à toutes les deux un petit rire qui permit à l'atmosphère de s'alléger. Le jeune homme finit par être frustrer de ne participer à la conversation que pour reprendre sa petite-amie et se leva pour s'octroyer le siège à côté du mien. Son visage respirait la bienveillance et la sollicitude, si bien que je me sentis à peine mal à l'aise de le voir entrer dans mes réflexions ainsi.

-Ecoute, tu m'as aidé pour Emily alors, laisse-moi te rendre la pareille. Avec une première constatation : tu te prends trop la tête.

-J'ai l'impression d'avoir déjà entendu ça ..., dis-je avec l'ombre d'un sourire amusé.

-Alors écoute-nous, rétorqua Roger en me gratifiant d'une pichenette sur la tempe. Et écoute Emily. Qu'est-ce que tu as fait avec Miles ?

-Ce n'est pas ...

-Les sentiments sont différents, j'ai bien compris, mais la finalité restera la même. Et la finalité, c'est de te mettre en couple avec Simon.

-Je vais vomir.

Roger darda un regard noir sur Emily, qui avait agrippé son verre comme si elle s'apprêtait à dégurgiter dedans. Mais la vérité, c'était que ses mots avaient réveillé une légère nausée en moi et ma tête se mit à tourner. J'étais tellement obnubilée par ce qui se jouait en moi que j'en avais oublié ce qui se passaient quand deux personnes s'aimaient. Et ça éveillait maintenant un autre problème que j'avais refusé d'aborder.

J'ignorais totalement, mais alors totalement, ce qu'il en était du côté de Simon.

-Pour ça, il faut qu'on soit sur la même longueur d'onde, non ? couinai-je.

-Vous l'êtes.

-Hein ? lança Emily, incrédule. Comment ça, ils le sont ? Qu'est-ce que t'en sais, monsieur-j'ai-un-rencard-avec-Cho-Chang-le-jour-de-la-Saint-Valentin ?

-Et elle m'en veut encore pour ça, soupira Roger, dépité. Mais ce que je veux dire, c'est que de ce que j'ai observé quand on était à Poudlard, c'était bien plus évident du côté de Simon. C'est chez Victoria qu'on ne savait pas dire.

-On ? répétai-je, de plus en plus suspicieuse. Qui ça, « on » ?

Roger parut soudainement penaud et se trouva une passion soudaine pour la contemplation de ses ongles – propre et coupé à raz, au bout de doigts noué de grosses articulations. Et même s'il était considéré comme un beau garçon, j'admettais que ses mains étaient moins belles que celle de Simon. Victoria bon sang !

-Il se peut ... Que ... Miles soit venu me voir l'année dernière pour se plaindre de toi. Et de Simon. Surtout de Simon.

-Quoi ?

-Attends, ça parle de ça les garçons ? s'étonna Emily. Tu parles de ça ?

-J'étais le plus proche de sa situation, expliqua Roger en haussant les épaules. Simon était ton meilleur ami ... Il me demandait si je prenais bien votre amitié. Pour moi, il n'y avait aucun problème, c'était très clair. En quelque sorte, j'avais l'impression que tu le prenais pour ton jumeau – ou ton petit frère.

Un sourire attendri s'étendit sur les lèvres d'Emily et son regard se fit nostalgique. Roger pointa alors son index aux articulations noueuse sur moi.

-Avec toi, en revanche, je ne le trouvais pas clair – et Miles non plus, si tu veux savoir. Il est devenu vraiment proche de toi. Au début, j'ai cru qu'il voulait remplacer Cédric – avec le côté protecteur, faire attention à petite Victoria née-moldue au moment où méchant Tu-Sais-Qui revenait ... Puis même là, il n'y avait pas de comparaison. Peut-être que tu ne voyais pas son regard, Vic', mais moi je l'ai vu. Et crois-moi, ce n'était pas celui de Cédric.

De nouveau, je m'empourprai – assez pour me demander d'où mon corps pompait tout ce sang qui me montait aux joues.

-Tu ... Tu crois que ... il ...

-Je ne peux pas t'affirmer à cent pourcent, me prévint Roger avec prudence. Mais je pense que ce n'était pas que de l'amitié. On n'insulte pas Ombrage par amitié.

-J'avais oublié ça, murmura Emily, saisie. Quand tu as été agressée par les Serpentard ... Il a été si violent, j'ai cru ... Je ne l'avais jamais vu comme ça.

Elle me lança un regard étrange, comme si elle me voyait pour la première fois. Elle passa une main troublée dans ses cheveux blonds et se ressaisit pour dire :

-Bon ... Malheureusement, ça ne change rien au fait que Simon est un handicapé des sentiments – et pire que tout, des relations. Si ça se trouve, il ne s'est pas rendu compte que ce n'était pas normal, son comportement.

-C'est ce que je pense, abondai-je et mon cœur se serra à l'idée. Je pense justement que pour lui c'est normal. Rien n'indique qu'il veuille ... qu'on aille plus loin. (Je poussai un gémissement en me prenant la tête dans une main). Je ne suis même pas sûre moi de vouloir aller plus loin ... J'ai déjà l'impression avec tout ça je vais exploser ...

-Raison de plus pour apaiser les choses, renchérit Roger en hochant la tête. Regarde : Emily et moi on a fini par parler et nous voilà !

Ils se sourirent tous les deux avec tant de bonheur que ça creusa en moi une certitude : si relation il devait y avoir, je ne voulais pas leur ressembler. Je détournai le regard pour le poser sur les mains de Roger et presque aussitôt, les doigts fins de Simon se superposèrent. Je tentai de ramener à ma mémoire des souvenirs, des gestes qu'il aurait pu avoir envers moi qui signifieraient quelques choses. Machinalement, ma main remonta sur ma nuque où les doigts de Simon s'étaient enfoncés après l'attaque des Détraqueurs. « Je te jure que si tu oses m'abandonner pour aller jouer à l'héroïne, je me ferais un plaisir d'aller cracher sur ta tombe ».

Je ne veux pas que tu meures, Vicky.

Vu sous un autre prisme, les mots revêtaient trop d'intensité. Est-ce qu'il en avait conscience ? Avait-il pris conscience de ce qu'on ressentait pour décrocher de pareilles tirades ? Avait-il mis un mot dessus ? Etait-ce le même que le mien ? Je mis une main sur mon front, tiraillée et épuisée à l'avance des nouvelles paniques qui allaient me gagner. Je n'allais plus pouvoir sereinement apprécier les gestes de Simon. Je savais à partir de maintenant que je me demanderais toujours ce qu'il y aurait derrière, s'ils étaient gratuits ou s'il y avait une attention. Ça allait me rendre folle.

Roger parut percevoir mon trouble parce qu'il frictionna mon dos.

-Vic', tu as fait le plus dur je pense. Admettre qu'on ressent quelque chose, ce n'est pas rien ... ça m'a pris un an, j'ai fait souffrir Emily ... Bref, ça cause pas mal de drama. Alors maintenant que c'est évident pour toi, ne te prends pas la tête.

-C'est ... c'est juste ... je ne veux pas le perdre non plus.

-Tu ne le perdras pas, assura Emily avec une pointe de gravité. Vic', Roger a raison ... Il tient à toi. Plus qu'à n'importe qui d'autre, ça crève les yeux. Même si tu lui parles, je suis sûre et certaines qu'il ne prendra pas le risque de te perdre. Il a trop besoin de toi. Tu sais combien de fois il m'a dit « Tu as vu Victoria ? » l'année dernière ? Et maintenant que j'y pense, il faisait toujours une drôle de tête chaque fois que je répondais « Elle est avec Miles ».

-Miles ... Oh la la ... (Je pivotai vers Roger, épouvantée). Mon Dieu, j'ai vraiment été horrible ?

-Disons que c'était évident que ... Tu faisais très attention à Simon. Miles voulait t'en parler, mais je l'en ai dissuadé. Ça allait finir sur un choix et j'étais certain que tu ne le choisirais pas. Je pense que ça l'a pas mal blessé.

Je pris une grande inspiration pour refouler la culpabilité qui m'assaillait. Roger avait raison. J'aurais choisi Simon. Sans hésiter. Et je comprenais parfaitement comment cela pouvait heurter Miles, remettre en cause notre couple, redessiner notre relation. Son amertume me parut alors légitime, comme tout ce qu'il m'avait craché à la figure sous la pluie. Il allait falloir que je m'excuse. Il n'avait fait que me dire une vérité que je n'avais pas entendre. Et que je le veuille ou non, sa lucidité nous avait sauvé des Détraqueurs. Je l'avais remercié en lui hurlant dessus. Décidemment, en plus d'être une mauvaise petite-amie, j'étais une très mauvaise ex-petit-amie.

-Oh la la ...

-Tu sais, tu n'as pas à prendre de décision maintenant, me fit remarquer Emily. Prends quelques jours pour assimiler, et essaie ... d'en savoir plus sur Simon. Sur ce qu'il en est, comment il vous voie ... Et quand tu se sentiras prête, tu lui parles.

-Je lui parles ?

Il y avait la moitié d'un cri d'horreur dans mes mots et Emily esquissa un sourire amusé.

-Oui, tu lui parles. Je vais ajouter un dernier truc : tu te souviens de ce blaireau ? (Elle balança son pouce du côté de Roger). Et de moi qui refusais de lui parler ? Et qui l'aie vu enchaîner copines sur copines ?

-On parle de Bones, rappela Roger en levant les yeux au ciel. Tu lui connais beaucoup de relation depuis Octavia ?

-Je ne sais pas, il nous a bien parlé de l'archiviste de l'IRIS la dernière fois ...

-Qui ça ?!

Je plaquai immédiatement ma main sur ma bouche, horrifiée par le cri révélateur qui venait de jaillir de mes lèvres. Roger et Emily échangèrent un regard entendu.

-Il ne t'a pas parlé d'Adrianne ? demanda Roger avec les prémisses d'un sourire malicieux sur les lèvres. Qui a un an de plus que nous et avec qui il a déjeuné la semaine juste avant ton match ?

Mon sang se glaça véritablement dans mes veines et mon regard alla d'Emily à Roger, à la fois sidéré et horripilé. Non, je ne me souvenais pas que Simon ait évoqué cette fille devant moi – ou alors je devais être occupée à autre chose. La fureur qui m'avait prise face au mystère de son deuxième prénom me reprit immédiatement, vite suivi d'un poison glacial qu'avait convoqué Emily à dessein : la jalousie.

-Il ne t'en a pas parlé, constata Emily, satisfaite. Et moi qui pensais qu'il te disait tout ... Dis-moi, chéri, pourquoi lui aurait-il caché qu'il a déjeuné avec Adrianne alors que nous, il nous en as parlé ? Avec sa gêne et mes techniques d'extorsion habituelles, certes ...

-On ne parle jamais de ça ..., tentai-je de justifier sans que cela n'apaise quoique ce soit.

-Peut-être, concéda Roger en penchant la tête. Mais personnellement quand il nous a parlé – oui gêné comme tout c'est vrai – j'ai eu l'impression qu'il ne voulait pas t'en parler. Alors soit il redoute ta réaction, soit il attend que ce soit plus sérieux pour t'en parler.

-Je vote pour la première, personnellement.

-Attendez, vous me dites tous les deux qu'il se peut que Simon ait des sentiments pour moi, puis vous me faites peur en me sortant votre Adrianne ? Vous vous foutez de moi ?

-D'accord, j'ai peut-être accentué la chose, avoua Emily. Je pense que selon lui, c'est tout bien tout honneur, il essaie de se faire une amie dans son environnement. Mais il n'empêche qu'il ne t'en a pas parlé – et ça signifie quelque chose. Tout comme ton indignation.

Mes yeux roulèrent dans leurs orbites mais je ne pus toujours pas éteindre la révolte en moi – contre le silence de Simon et contre l'objet de ce silence. Le feu faisait rage et brûlait toutes les parties de moi liées à la colère et au ressentiment et je me rendais compte en observant le sourire désabusé d'Emily et Roger que j'étais totalement transparente. Mon amie paraissait enfin réaliser mes aveux, leur implication et semblait presque soulagée d'avoir levé le voile sur moi. C'était notre complicité qui se renouait avec mes confidences et même si Roger s'était discrètement immiscé dedans. Elle claque énergiquement dans ses mains et pointa un index sur moi. Moins violent et accusateur, plus déterminé.

-Voilà le plan, Victoria Bennett. Maintenant que j'ai accepté l'idée, il est hors de question qu'on laisse ça en plan. Première phrase : observe un peu la réaction de Simon, prends sur toi. Deuxième phrase du plan : lui parler parce qu'il va falloir si tu ne veux pas qu'une Adrianne – ou une Cho, ou une Camilla – te passe devant. Parce que même si c'est Simon, c'est une possibilité. Tu veux prendre le risque ?

La réponse était criée sur mon visage. Non. Non, non, non et non. Emily m'adressa un sourire désabusé qui sonnait presque comme une victoire pour elle. Elle m'avait piégée. J'étais piégée. Piégée par l'évidence.
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

JE SUIS LA COUCOU
Bon j'avoue tout j'ai lu ce chapitre à 1h du matin parce que j'étais réveillée, et habituellement je lis pour me rendormir... Sauf que ça m'éclatait pas trop de lire les Frères Karamazov au milieu de la nuit :lol: CELA DIT je vais essayer de te rendre mes impressions premières :lol:
-Ah ... C'est juste ... Je suis fatiguée en ce moment, je ...

Elle m'avait souri d'un air si condescendant que j'avais ravalé mes mensonges.
Maintenant j'ai trop hâte de voir la réaction de Susan quand elle saura :lol: :lol: Mais je me demande dans quelle mesure elle s'en doute, vu tout ce qu'elle dit à Vic sur Simon qui se rendra bien compte que ça va pas etc.
Puis le Poudlard Express avait de nouveau filé devant moi, un peu à la manière de mon enfance qui s'effilait entre mes doigts sans que je ne puisse rien y faire.
Noooooooooon tristeeeeeeeesse
J'avais besoin d'aide.
EMILYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY
-On a besoin d'aide, Pod !
Pod ça m'a fait penser à Quodpot et je comprenais rien
Podmore jura dans la barbe blonde qui couvrait sa mâchoire carrée et ses joues creuses.
Ca me fait bizarre de voir autant Podmore parce que 1) je l'ai pas du tout exploité 2) il est trèèèès secondaire dans les HP
Mais du coup c'est extrêmement cool !
Et j'ai l'impression qu'on voit seulement George ; c'est parce que tu le trouves trop délaissé dans les HP ?
J'ai fait une belle affaire à l'un d'entre eux pour une livrée d'œufs de Doxy
C'est du propre :lol:
-C'est peut-être ça. Je n'ai pas mangé assez de chocolat.
Oh mais qu'est-ce qu'il a Georgie T.T
-Et moi je fais quoi, du tricot ?

-Tu es mis à pied depuis ton passage à Azkaban !
Au début j'étais là "LOOOOOOOOOL" et après ça 'ma fait déprimer, tellement violent cette remarque
-Le chômeur s'y colle, lança Podmore avec amertume. A toute, les gosses.
Le pauuuuuuuuuvre
mes yeux se rivèrent immédiatement sur ses lèvres fines, distordues en une ligne atypique
HMM HMM
-Oui, les constellations sont gravées sur leurs tombe
Il est donc allé voir leurs tombes ! Peut-être qu'on savait mais j'avais oublié :lol:
Qu'est-ce qui t'arrive ?
OUI VICKY QU EST CE QUI TARRIVE ??
Bon sang, Bones, ça ne peut pas être simple pour une fois ? Je ne mérite pas que ce soit simple après tout ce que tu m'as fait subir ? Non, il faut encore que je rame ?
J'avoue, j'ai du mal à comprendre pourquoi elle s'énerve comme ça pour un truc pareil haha (si ce n'est que ça lui donne une bonne excuse là)
une moue penaude avait commencé à déformer les lèvres de Simon
Pouehehhe ça sent trop LA SCENE qu'on attend tous sur fond de révélation de son 2e prénom
je claquai la porte du 12, Square Grimmaurd
A-t-elle réveillé Mrs Black ?
Ça concerne la gente masculine ? Victoria Bennett est prête à reprendre sur service ?
Pouahahahaha la pauvre, on dirait qu'elle a eu personne depuis 50 ans, ça va quand même
-Oui. C'est évident que vous vous aimez.
J'adore comment tout le monde lui balance ça avec tellement de naturel alors que ça lui fait péter un câble :lol: :lol:
Pendant quelques secondes, même le froissement des papiers de Roger derrière nous sembla s'estomper.
Et elle se confie avec Roger dans la même pièce ?
Je pense ... je commence à croire que je suis amoureuse de Simon, Emily.
AHAHAHAH Je souris tellement je me marre
tu viens me dire que tu es amoureuse de Simon Bones ?!
Ca fait une éternité qu'on l'attend mais même là, ça fait bizarre quand même :lol: :lol: :lol:
-Oh, la, Vic', me coupa Emily en prenant ma main. Détends-toi, respire.
J'avoue elle fait tellement une crise de panique haha
c'était plus évident du côté de Simon
AH
J'aimerais tellement avoir un aperçu de sa tête !
Le secret continuait de brouiller son identité à mes yeux.
AH
Bon okay c'est un peu plkus clair mais ça reste assez disproportionné à mes yeux haha
-L'embrasser, Victoria.

-L'em ... Oh.
Elle est si naïve :lol: :lol: :lol:
-Non !

-Si ...

-Mais non !

-Emily, intervint calmement Roger.
Elle me fait trop rire :lol: :lol:
-Qu'est-ce que je fais avec ça, maintenant ?
Cette réflexion me tue, on dirait vraiment qu'elle a une espèce de bombe dans les mains :lol:
Il faisait partie de moi. C'était Simon : il ferait toujours parti de moi, peu importe la place qu'il prenait.

Aaaaaaaaaaah c'est si beauuuuuuuuu
-Ecoute, tu m'as aidé pour Emily alors, laisse-moi te rendre la pareille. Avec une première constatation : tu te prends trop la tête.
COMMENT IL S INCRUSTE
en vrai c'est marrant, c'est assez caractéristique de quand tes potes se mettent en couple effectivement
Comme quoi les garçons ont des choses intéressantes à dire aussi :lol:
-Attends, ça parle de ça les garçons ? s'étonna Emily
J'approuve :lol:
Peut-être que tu ne voyais pas son regard, Vic', mais moi je l'ai vu. Et crois-moi, ce n'était pas celui de Cédric.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Quand tu as été agressée par les Serpentard ... Il a été si violent, j'ai cru ... Je ne l'avais jamais vu comme ça.
Ca je me souviens !!
si relation il devait y avoir, je ne voulais pas leur ressembler.
Comment ça ? Pas dégouliner de bonheur ? Ou pas se faire du mal pendant un an avant de finalement mettre les choses à plat ?
-Je ne sais pas, il nous a bien parlé de l'archiviste de l'IRIS la dernière fois ...

-Qui ça ?!
LOOOOOOOOOOOL ce cri d'horreur :lol:
La réponse était criée sur mon visage. Non. Non, non, non et non.
Elle est tellement foutue :') :')

C'était trop marrant ce chapitre, hâte de lire la suite :lol: :lol:
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

AAAAHHH ! Pardon jj'avais pas eu le temps de commenter !!! Mais FINALLY, elle assume !! J'ai trop hâte de voir leur discussion ! J'espère que ca va pas mal tourner par contre ! Bravo à toi, c'était super bien écrit sa prise de conscience progressive, comment Emily et Roger se sont pris pour qu'elle soit "piiégée par l'évidence". Hâte de lire la suite !!
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

BONJOUR TOUT LE MONDE

Désolée c'est un post éclair, je viens d'emménager à Reims et je suis en plein stress pour plein de truc donc je vous offre ce chapitre en m'excusant du retard, en disant que je suis soulagée que Lille ait enfin gagné un match en foot !

Bonne lecture <3


***

Ce que la bouche s'accoutume à dire, le cœur s'accoutume à le croire.

- Charles Baudelaire
***


Chapitre 23 : Maîtriser l'incendie.

Je consultai ma montre, presque agacée et gênée par le silence ambiant du pub. Tom le barman avait été ravi de m'accueillir mais je m'étais trouvée extrêmement gênée à l'idée d'être sa seule cliente. J'avais beau cherché, je ne voyais pas en quoi il était moins dangereux d'être au Chaudron Baveur que devant l'enceinte du Ministère à Londres. C'était placardé sur les fenêtres à l'entrée : les attaques de Détraqueurs étaient fréquentes dans la rue commerçante de Londres. Et ce n'était pas la présence de Tom qui me rassurait. Mon regard se porta sur l'unique autre chose qui bougeait dans la pièce : les portraits des Mangemorts évadés. D'après les rumeurs qui courraient au QG, Bellatrix Lestrange avait fait parler d'elle au nord du Pays. Il paraissait même que Kingsley était lié à cette affaire et qu'il s'en était fallu d'un cheveu pour que son nom ne ressorte pas. Ça aurait été catastrophique : il était quasiment le mieux placé au Ministère et il ne pouvait pas se permettre de se dévoiler aux yeux de Scrimgeour. Ça avait mis l'Ordre en émois et retarder les recherches de Podmore concernant Mondigus Fletcher. Tout ce que je pouvais faire depuis, c'était surveiller Barjow et Beurk à tour de rôle avec George, mais à part la surconsomation de tabac du commis Turner, nous n'avions pas grand-chose de nouveau. Et pire que tout, ces longues séances à faire le pied-de-grue dans l'obscure allée me donnait tout le loisir de réfléchir à la conversation que j'avais eue avec Emily et Roger.

Je grimaçai dans le vide et me reconcentrai sur la porte qui ne daignait s'ouvrir depuis dix minutes. De l'autre côté du bar, Tom m'adressait des sourires édentés en nettoyant pour la dixième fois ses verres depuis que j'étais assise. Ma réponse devait tenir du rictus et je me plongeais immédiatement dans la bièraubeurre que j'avais commandée. Je venais de la terminer quand la clochette teinta enfin et Miles s'engouffra dans le pub. Il pleuvait à verse dehors et il eut à peine le temps de rétracter son parapluie vert que Tom s'avançait vers lui avec son plus charmant sourire édenté :

-Bonjour monsieur ! Vous désirez quelque chose ?

-Euh ...

Il repoussa une mèche trempée sur son front et fouilla la pièce du regard. J'agitai la main avec un petit sourire pour attirer son attention et il hocha la tête pour indiquer qu'il m'avait vu.

-Juste une bièraubeurre Tom, merci. Je serais là-bas ...

Il indiqua la table sur laquelle j'étais installée et Tom le gratifia d'un sourire entendu qui me fit soupirer. Miles vint s'asseoir devant moi, se dévêtant de sa cape lourde de pluie et haussa les épaules d'un geste qui se voulait nonchalant.

-Bon. Je pense qu'il croit que c'est rencard mais ce n'est pas pour ça que je te paierais la chope que tu viens de finir.

-Ça veut dire que tu me paieras la prochaine ? plaisantai-je timidement.

Miles leva les yeux au ciel et finit par lever deux doigts à l'adresse de Tom. Je lui adressai un sourire reconnaissant puis tripotai nerveusement ma chaine et mes deux breloques en rassemblant mes pensées. Il ne se pressa pas pour m'arracher la raison de cette entrevue et sirota sa bièraubeurre en observant la pluie qui se fracassait contre les vitres. Mon regard se baissa sur le parapluie vert qui nous avait protégé de la bruine devant le Ministère et qui dégoulinait sur les dalles nues du pub. Mon cœur se serra et je finis par reporter mon attention sur Miles.

-C'est sympa d'être venu.

-De rien, répondit Miles, toujours sans me regarder. Ça avait l'air important ... Juste, à qui était le hibou ? Je ne l'ai pas reconnu, c'est pas le vieux plumeau des Bones ...

Je lui donnai un coup de pied en dessous de la table qui lui arracha l'ombre d'un sourire. Il leva les mains d'un air faussement catastrophé.

-Ouh, aurais-je soulevé un point sensible ?

-La ferme, imbécile. Et c'était mon hibou. Cadeau de noël de mes parents.

Et j'avais été particulièrement fière de pouvoir lui confier ma première lettre. Lui aussi : Archimède avait volé dans le vide jusque la, en cercle concentrique inquiétant autour de Terre-en-Landes et avait enfin pu prendre un véritable envol. Miles haussa les sourcils.

-De tes parents ? Tes parents qui ont hurlé quand je t'ai envoyé un hibou il y a deux ans et que tu m'as fait la tête pour ça ?

-Tout le monde change. Et c'était ma mère qui avait hurlé. Mon père a juste fait un bond de dix mètres.

-Et maintenant, ils t'achètent un hibou. C'est beau.

Un léger sourire s'étira sur mes lèvres. Il ne s'imaginait pas à quel point ... Je fis tourner le liquide ambré dans ma chope alors que le silence s'installait entre nous. Tom le barman nous fit parvenir plus ou moins discrètement le menu – à dire vrai, il frappa Miles en plein visage. Il le feuilletait malgré tout, bougon pendant que Tom nous contemplait avec avidité. Les affaires devaient être si dures en ce moment ... A dire vrai, ça m'étonnait que Chaudron Baveur soit encore ouvert.

-C'est dingue qu'ils n'aient rien sans viande quand même, laissa échapper Miles, contrarié.

-Tu ne manges pas de viande ?

Mon étonnement provoqua un roulage de yeux de la part de Miles. Mais nous n'avions jamais mangé à la même table, sauf la fois où j'avais été dormir chez lui sans remarquer de régime particulier.

-Non, mais c'est récent, admit-t-il en haussant les épaules. Je veux dire, ça fait un an que j'essaie de réduire au maximum mais ce n'est que cet été que j'ai réussi à tout arrêter ...

-Et pourquoi ?

-Bien ... ça me semble évident, non ? Je suis un grand défenseur des animaux, Vic'. Ça a commencé quand j'ai vu que certaines enseignes vendaient des steaks d'hippogriffe. Un produit de luxe, très difficile à préparer. Ça m'a écœuré, j'ai refusé d'en manger quand ma mère m'en a mis dans mon assiette. Au début, ça s'est limité à ça. Puis Victoria Bennett a déboulé dans ma vie.

Je restai bouche bée face à mon intervention dans cette histoire et Miles esquissa un sourire amusé face à mon air dubitatif. Il fit mine d'examiner le menu, mais je remarquais bien que ces yeux étaient fixes depuis quelques secondes.

-Tous les débats qu'on a eu sur magiques et non magiques et ce que ça changeait, ça m'a fait prendre conscience que j'étais hypocrite dans mes propres valeurs. Comment je peux défendre la cause des créatures magiques si je ne les prends pas dans leur globalité ? Elles ne sont pas juste magiques, ce sont des animaux. Je n'avais pas à faire de hiérarchisation entre créature magique et non magique. Si c'est mal d'en consommer ou d'abuser, torturer ou exploiter des créatures magiques, c'est mal pour les non-magiques aussi. D'où le végétarisme.

-Parfait. Et les elfes de maison dans tout ça ?

Ce fut son tour de me frapper la jambe du plat du pied – si fort que ça m'arracha une grimace. Je savais que les elfes de maison n'était pas considérée au même titre des créatures mais je savais aussi que Miles avait fait d'énorme efforts d'ouverture d'esprit pour un sorcier de pure souche sur cette question. Un des rares à ne pas se moquer de mes rêves de liberté pour eux. Mais je n'avais jamais remarqué que les réflexions de Miles étaient allées plus loin, plus loin que mes perceptions et plus loin que son simple amour pour une matière d'école. Ça s'était développé en convictions et en valeur que je n'avais jamais appréhendé. Peut-être parce que je ne m'étais jamais intéressée à cet aspect de lui. Même si nous n'avions jamais mangé à la même table, une petite-amie digne de ce nom aurait dû savoir que Miles se préparait au végétarisme et le soutenir dans sa démarche. Encore une preuve que je ne m'étais jamais réellement investie dans notre relation ...

Mon cœur se serra face à ce brusque rappel de ma présence au Chaudron Baveur. Pendant mon mutisme, Miles eut le temps de commander une salade dans laquelle il tria les morceaux de poulet avec une grimace et je me réjouis de n'avoir commandé qu'un Yorkshire Puddings – sans le rôti qui allait avec. Je picorais mes légumes quand il finit par prendre la parole, toujours sans me regarder :

-Donc, tu voulais me parler ? Ou tu comptes juste me regarder manger ? Tu veux mon poulet ?

Il me tendit les morceaux qu'il avait amassé dans une petite assiette mais je refusai avec un petit sourire amusé.

-Merci, c'est gentil. C'est juste ... euh. (Je lâchai mes couverts que je tortillais dans tous les sens). Je voulais te demander pardon pour la dernière fois.

-Tu parles de la fois où on a failli en coquille vide et embrassé par des créatures atroces ?

Il avait lancé sa tirade, toujours sans me regarder, avec une nonchalance qui frôlait l'indifférence. J'ignorais s'il l'était vraiment, mais toute son attitude depuis son arrivée marquée une certaine distance. Il ne paraissait pas gêné. Mais visiblement, il avait hâte d'en finir. L'idée me traversa qu'il aurait probablement dû déjeuner avec Gillian et que je l'avais privé de ce plaisir – mais c'était mon seul midi de libre de la semaine, je ne lui avais pas laissé grand choix. Gênée, je repoussai mon assiette.

-Voilà, cette fois-là. Je voulais vraiment m'excuser parce que ... Tu avais raison. J'avais tort. Je nous ai mis en danger et malgré ça ... tu m'as ramené chez moi. Donc je dois aussi te remercier. Et te payer ton repas – y compris le poulet que tu ne touches pas.

Miles posa les yeux sur moi pour la première fois depuis qu'il s'était assis sur sa chaise bancale en bois. Il mastiquait toujours sa salade mais un léger sourire retroussait le coin de sa lèvre. J'étais incapable de dire s'il se forçait ou s'il le réprimait.

-Je suppose que ça s'impose, oui. J'ai failli crever à cause de toi.

Il planta sa fourchette dans un morceau de tomate, un brin trop violemment. Bon, il se pouvait qu'il se force avec ce demi-sourire et mon ventre s'en noua.

-Miles, je suis vraiment désolée ... J'ai déconné, je sais. S'il t'était arrivé quelque chose à cause de moi, je ne le serais jamais pardonnée ...

-C'est drôle. J'avais plutôt l'impression que tu t'en fichais, quand était là-bas.

Mon ventre se contracta alors que les souvenirs affluaient – le froid, les cris, la lueur argentée des patronus. Je passai une main sur ma poitrine avec l'impression de ressentir de nouveau la pression de la main du Détraqueur sur ma cage thoracique. Miles avait de nouveau rivé son regard sur sa salade et m'ignorait, exactement comme j'avais pu l'ignorer ce jour-là. Occupée à sauver les autres, sauf lui. J'avançai ma main et la refermai sur son poignet. Il fixa ma prise, le visage impassible.

-Vraiment, je suis désolée, répétai-je avec toute la conviction que j'avais. J'ai été nulle. En fait, ça fait un bail que je suis nulle avec toi et je viens seulement de m'en rendre compte. Bon sang, je ne savais même pas que tu étais végétarien, quel genre de copine j'étais ?

Cette fois, un vrai sourire effleura les lèvres de Miles et j'y lus un encouragement. Je raffermis ma prise sur son poignet.

-Je suis sincère. Je n'attends pas à ce que tu me pardonnes, je voulais juste te dire que ... j'ai compris. Tu avais raison. Je suis désolée.

Les sourcils de Miles se froncèrent et son regard noisette effleura enfin le mien pour s'y planter.

-J'avais raison ... à quel sujet, exactement ?

-C'est-à-dire ?

-Sur le fait que tu étais stupide de vouloir sauver tout le monde ou sur le fait que tu aimes Simon et que ça nous a ruiné ?

J'ouvris la bouche, à moitié outrée par son ton délibératif avant de brusquement la refermer et de lâcher son poignet pour croiser mes bras sur ma poitrine. Cette fois, le sourire s'était clairement épanoui avec une certaine satisfaction sadique.

-C'est les deux, devina-t-il.

-Ça ne nous a pas ruiné, rectifiai-je vertement. Je n'y ai jamais pensé avant maintenant. Je comprends que ça t'ait gêné et sans doute qu'il y avait de quoi mais ... Ce n'était pas conscient.

-C'est pire, donc !

-Miles ! J'ai fait des conneries mais notre relation ne se réduit pas à ça ! Si ? Je suis juste la fille qui t'a ignoré, qui aimait quelqu'un d'autre ? Vraiment ?

Le coin de la bouche de Miles tressaillit et il détourna le regard pour le river sur la fenêtre battue par la pluie. Derrière son bar, faussement absorbé par le nettoyage de son verre, semblait ne pas perdre une miette de la conversation. Je le lorgnais avec défiance et il se retrancha un peu plus dans l'ombre sans pour autant s'éloigner. Miles finit par lâcher ses couverts qui teintèrent violement dans son assiette et noua ses doigts devant sa bouche, l'air gêné.

-Non. Non, ce serait injuste ... Evidemment que tu as été plus que ça, Vic'. C'est juste ... Bon sang, c'était dur.

-Et je suis venue m'excuser pour ça. Parce que je n'en avais pas conscience, pas conscience que je te relayais au second rang ou que la place de Simon pouvait grignoter la tienne. Mais ce n'est pas de la faute de Simon, c'est la mienne. Je ne t'ai pas donné l'attention que tu méritais – et bon sang que tu en méritais, tu as été si patient avec moi, si prévenant ... Franchement, tu as frôlé la perfection.

-Tu essaies de me flatter ?

-De te rassurer, en fait. Je ne me suis pas assez investie en nous et ça a dû te blesser. Mais ça ne veut pas dire que le problème venait de toi. Vraiment.

Miles me contempla longuement, le visage à moitié masqué par ses mains nouées devant et qui rendaient son expression peu lisible. Ses sourcils étaient d'une droiture peu naturelle, en pente douce froncé jusque son nez.

-Qu'est-ce qui t'as fait réaliser ? Ce que je t'ai dit ?

-Il y avait une réalité que je ne voulais pas voir, admis-je en haussant les épaules. J'ai pas mal cogité dessus ...

-Et donc ?

-Comment ça « et donc » ?

-Donc à quelles conclusions tu en es arrivée ? Parce que je t'avoue que je n'ai jamais su où se situait le curseur avec toi. Simon, c'était évident. Toi ...

Je clignai des yeux, assez surprise que la conversation revienne sur Simon alors que je cherchais justement à l'en écarter. J'avais voulu reconcentrer le débat sur notre couple, sur mon manque d'investissement et de discernement. Mais visiblement, l'intérêt de Miles était ailleurs. Il laissa sa phrase en suspens et de nouveau un tic nerveux agita sa joue. Il évita mon regard, comme s'il craignait la réponse. J'avouais hésiter moi-même à la donner. La conversation avec Emily était encore fraiche dans mon esprit et les conclusions quant à la suite restaient floues. J'ignorais quoi faire avec le fil que nous avions tiré de la pelote. Et surtout, j'ignorais si mon ex-petit-ami devait avoir connaissance du fil. Miles finit par lire ma réponse dans mon silence, ou quelque part dans mon visage tendu et laissa échapper un ricanement de dépit.

-Bon sang, c'était sûr ...

-Alors non, le coupai-je immédiatement, en comprenant que j'étais grillée quoiqu'il arrivait. Non, non, Miles, je n'ai réalisé ça que récemment – noël, pour tout te dire ...

-Mais ça fait un moment que c'est là, Vic'. Tu l'admets toi-même maintenant : même à l'époque, tu l'aimais.

-Mais pas comme ça ! ça s'est ... transformé, si on veut. Au fil du temps, au fil des épreuves. Il y a toujours eu quelque chose mais ... Non, Miles, je ne l'aimais pas. C'est maintenant que ça a changé. Je te le jure.

Il méritait au moins de savoir ça. Qu'en dépit du poids de Simon sur notre relation, celle-ci avait été pleine et entière. Que jamais je n'avais hésité entre eux deux, que je n'avais pas été avec Miles par dépit. Et en voyant les traits de son visage se détendre imperceptiblement, je compris que cela avait été l'une de ses hantises. Ses mains quittèrent enfin son visage, dévoila un petit sourire dont il ne parvenait pas à effacer le soulagement.

-Et maintenant du coup, Victoria Bennett ? Qu'est-ce que tu comptes faire ?

Je haussai les sourcils.

-Tu penses vraiment que j'ai envie de parler de ça avec mon ex-copain ?

-Ce n'est pas l'idéal, concéda-t-il avec un vague geste de la main. Alors je vais juste te rappeler la dernière chose que je t'aie dite avant qu'on se quitte, à Poudlard ...

-Arrêter de me prendre la tête, me rappelai-je avec un léger sourire. Définitivement.

-Et quelque chose me dit que tu es précisément en train de te prendre la tête.

Je me trouvai alors une passion surprenante pour la contemplation de mes ongles – inégaux parce que je ne les soignais pas et que le Quidditch les cassait. Je m'étais brisé le majeur gauche dans une tentative de sauvetage et Dalia m'avait hurlé dessus en pestant contre mon jeu dangereux pendant que la pauvre Emma Spielman me soignait. Depuis, j'avais l'impression qu'il restait tordu. Miles claqua des doigts devant mon nez.

-Victoria ! Je vois les rouages de ton cerveau tourner, là !

-Alors je me disais juste qu'il fallait vraiment que je me coupe les ongles, plaisantai-je en agitant ma main. Regarde, il y en a un sur deux de cassé.

-Et maintenant, le retour de la fuyarde ...

J'eus un pauvre sourire. Il méritait bien que j'arrête de fuir et assume un peu le peu que j'avais laissé échapper.

-Bon. Oui, je me prends la tête. Ma tête surchauffe et ça me colle des insomnies et des migraines atroces et je te jure que je lui ferais payer un jour. Mais comment tu veux que je fasse d'autres ? ajoutai-je avec une certaine exaspération, car Miles venait de lever les yeux au ciel. Bon sang, c'est Simon. Ça n'a strictement aucun sens.

-Ça n'a pas à avoir de sens, rétorqua-t-il. Regarde Gillian et ...

Il s'interrompit, comme frappé par la foudre et me fixa avec une certaine appréhension qui me parut presque attendrissante.

-OK, je suis en train d'espérer que la commère Emily ait frappé, débita-t-il, catastrophé.

-En fait, c'est moi qui lui aie appris, avouai-je avec un certain plaisir. Je vous ai vu quand je suis venue déposer des papiers au Ministère. Ça m'a surprise, mais ... Tu fais ce que tu veux. Je suppose que tu as raison, ça n'a pas à avoir de sens ...

Miles me jeta un regard dubitatif auquel je répondis par un sourire que j'espérais charmant et qui montrait que je voulais son bonheur et non que je désapprouvais son choix. Qu'il y croit ou pas, il décida visiblement de retenir l'attention et enchaîna :

-Exactement. Et crois-moi, quand on vous a vu vous taper dessus pendant des années, Bones et toi ça n'a aucun sens. Mais moi, j'ai tout vu de près, Vic'. Et si ça peut te rassurer, de mon point de vue ça en a.

Et étrangement, ça me rassura, en effet. Il disait cela avec une telle conviction, sans la moindre trace de jalousie et d'aigreur que je fus forcée de le croire. Si c'était une telle évidence pour lui, mon ex-petit-ami qui s'était construit une véritable rivalité avec Simon, c'était que c'était l'évidence-même. J'avais l'impression que les derniers nœuds de la pelote se dénouer et que je pouvais voir ce fil de laine, entier, simple, linéaire.

-A ce point ?

-Je te l'ai dit, Vic', c'est de ton côté que j'avais du mal à situer le curseur. Maintenant qu'il est stabilisé ... lâche les chevaux. Tu as su le faire pour nous, non ? C'est toi qui es venue me voir.

-J'étais sûre de toi. De ce que tu ressentais. Là ... Là, je suis sûre de rien.

Miles eut une réaction qui me laissa complétement pantoise : il explosa de rire, un rire si impulsif qu'il en posa son coude dans son assiette. Il nettoya passivement la vinaigrette qui tâchait sa chemise, toujours secoué par l'hilarité.

-Je vais finir par me sentir vexée, fis-je savoir puisqu'il ne se calmait pas.

-Tu n'as pas à l'être, haleta-t-il en passant une main sur son visage. Non je te jure c'est juste ... absurde. Laisse tomber, je suis crevé, je craque. Depuis ce qui s'est passé avec les Détraqueurs, j'ai l'impression que ma vie va trop vite.

Il fut secoué d'une dernière série de gloussement qui me fit hausser les sourcils. Il m'adressa un sourire d'excuse.

-Je te dis, laisse tomber. Juste, vraiment Vic', fonce. Vu vos deux tempéraments, Bones et toi vous avez une espérance de vie qui va se réduire à mesure que Tu-Sais-Qui prendra le pouvoir.

-Charmant.

Mon ton sec parut couper enfin l'hilarité de Miles et une ombre de culpabilité s'abattit sur son visage. Je sentais presque la brûlure du regard des Mangemorts dans leurs affiches qui semblaient emplir toute la pièce et m'écraser totalement. Je vrillai une main sur ma tempe, comme si ça pouvait me soustraire à leur attention, cesser d'être une cible. Entre leur présence et Miles qui me toisait avec une pointe de pitié dans le regard, je commençais à étouffer. Il parut vouloir amorcer un geste envers moi mais se contenta finalement de remettre ses couverts en place.

-OK, c'était un peu trop violent, s'excusa-t-il. C'était juste pour dire ... Je ne voudrais pas que tu aies à regretter, Vic'. On n'a qu'une vie. Vis la à fond. Débranche ton cerveau. Ça te fera du bien et tu le mérites. Bones sait la chance qu'il a de t'avoir dans sa vie ...

-Mais pas comme ça Miles ... je ne suis pas idiote, je sais qu'on a une relation absolue, particulière, incroyable. Mais le côté couple, moi-même ça m'effraie, alors lui ... je vais le faire mourir de peur.

-Qui te parle de couple ? Vis juste que vous avez à vivre, Vic'.

Il consulta sa montre et jeta un coup d'œil à la pluie qui forçait à l'extérieur. En le voyant sortir sa bourse avec les frémissements d'un sourire, je compris qu'il était pour lui le temps de mettre fin à cette conversation. Ça devait être un exercice gênant que de convaincre son ex-petite-amie à avouer ses sentiments à son rival. Parce que c'était ce que Simon avait été, sans le vouloir, contre mon gré : un véritable rival. Un rival pour lequel il devait avoir un certain respect pour ainsi me pousser vers lui. Mais c'était une certitude que j'avais : Miles et Simon ne s'étaient jamais détesté. Une critique par ci, une pique par-là, mais beaucoup d'estime sur ce que chacun était intrinsèquement. Je me demandais soudainement ce que Simon pensait réellement de Miles, sans langue de bois, sans risque de me heurter – ou de me pousser vers lui ?

Miles me confirma mon impression de départ en enfilant sa cape. A présent, quelques Gallions et mornilles trônaient fièrement sur sa table. Je les repoussai de la main.

-Non, garde-les, j'ai dit que je payais !

Miles sourit.

-Je paye ma part, tu n'as pas encore un gros salaire. Tu m'inviteras quand tu seras pro.

Je le toisai d'un air désabusé. Je savais pertinemment ce que voulait dire ces pièces parfaitement disposées : il pouvait se le permettre. Il avait de la richesse à montrer, même modeste, même deux pièces. Mais elles étaient là et il avait gagné ce qui lui importait le plus : son indépendance. Miles Bletchley ne devait rien à personne. Alors je lui laissai son plaisir et complétai la note de ma propre bourse. Je devais l'admettre, c'était quelque chose que nous avions en commun : comme j'étais fière d'avoir cet argent qui m'était propre et de pouvoir assumer tous mes achats. C'était une sensation satisfaisante.

Miles reprit enfin son parapluie. Il le prit entre ses mains, parut hésiter et finit par se pencher sur moi pour embrasser ma joue. Occupée avec mes pièces, j'en fus prise au dépourvu et le considérai, surprise. Il me gratifia d'un petit sourire plein de confiance et il posa une main sur mon épaule.

-Tout ça pour te dire que je te pardonne. Et que je te soutiens. Je suis quand même un ex incroyable.

-C'est vrai, admis-je avec un petit rire. Et un gars incroyable. Gillian a intérêt à prendre soin de toi, sinon elle va m'avoir à sa porte.

-Perspective effrayante ... Bon courage, Vic'. Et ...

-« Arrête de te prendre la tête », chantonnai-je.

Miles claqua des doigts en me pointant de l'index et empoigna plus fermement son parapluie pour s'en aller. Il m'adressa un dernier signe avant de le déployer et de disparaitre sous des amas d'eau. Je mis ma cape, rassemblai les pièces pour les confier à un Tom rayonnant – il fallait dire que je m'étais permise un pourboire à peine mérité – et m'en fus à mon tour mais côté sorcier. La pluie s'abattit sur mon visage découvert et chassa la gêne et la honte. Je restai un instant dans la courée du Chaudron Baveur, devant le mur de brique, le visage tourné vers le ciel avec l'impression d'être lavée de tout : de ma culpabilité, de mes doutes. Eteindre l'incendie que Simon avait débuté d'une allumette et qui me dévastait autant qu'il m'élevait. Il fallait juste que j'apprenne à le contrôler, que j'arrête de le laisser me consumer.

Le contrôle, ça passait par la maîtrise. La maîtrise, ça passait par les mots. Et Dieu que les mots étaient plus effrayants que l'incendie.

***

-Il a encore filé ?!

Podmore poussa un gros soupir devant le cri de George. Nous le suivions tous les deux à travers la campagne galloise, véritable mer verdoyante qui s'étendant à perte de vue et que nous fendions tel Moise. Littéralement, car Podmore était agacé par notre avancée lente et sa baguette avait fendu l'herbe pour tracer un sillon qu'il pouvait avaler à grande enjambée furieuse.

-Encore, oui ! Je l'avais presque, il était là, là le petit salopard, devant moi ! Il a osé me transplaner au nez en me laissant une dragonne furieuse ! Il essayait le lui voler ses œufs, ça l'a mise dans une rage ... Et moi donc ! Je vais finir par lui envoyer directement Maugrey, on verra s'il fait le malin le rouquin ! Ou directement Dumbledore, tant qu'à faire !

-Mais il fait parti de l'Ordre, oui ou non ? m'agaçai-je.

Je luttai contre le vent et les cheveux qu'il plaquait contre ma bouche. J'avais été réveillée en sursaut par une lueur argentée et l'idée absurde avait germé dans mon esprit ensommeillé que la lune était entrée dans ma chambre. Puis la voix énervée de Podmore avait rugi dans ma chambre :

-Breacon Beacon National Park ... Park ... Verts Gallois ... Tout de suite !

La voix m'avait fait sursauter au plafond et émanait d'un daim qui s'était évaporé une fois le message délivré. L'aube venait de pointer et le raffut avait affolé ma mère qui était entrée dans ma chambre avec un gros livre dans la main, l'air prête à l'asséner sur le premier intru qu'elle croiserait. J'avais dû la rassurer, enfiler une tenue à une vitesse incroyable puis transplaner à peine sortie du jardin dans un parc verdoyant. J'avais trouvé un George tout aussi déboussolé que moi au milieu d'un troupeau de mouton et Podmore dix minutes plus tard, complétement fulminant et fumant. Un Vert Gallois, une espèce de dragon protégée dont Mondingus avait voulu voler les œufs. L'ancien tireur d'élite s'était échappé de justesse mais nous voyions toujours la dragonne qu'ils avaient affronté avant la fuite de Mondingus volait en cercle concentrique plus loin. Nous avions atteint le sommet d'une colline et nous avions une vue magnifique sur son corps serpentin dont les écailles se fondait à la perfection dans l'herbe verte. Elle remonta en piquet, une sphère laineuse entre ses serres, majestueuse et effrayante dans le ciel d'un gris perle.

Podmore s'arrêta pour observer le spectacle et tapota son bras qui crépitait encore du feu de la dragonne.

-Evidemment qu'il fait parti de l'Ordre. Ding n'a pas intérêt à ce que Tu-Sais-Qui prenne le pouvoir. Simplement, il fait un peu ce qu'il l'arrange et Dumbledore est furieux qu'il se soit permis de piller le QG – il n'y a pas que des affaires des Black, beaucoup de membres ont amené des objets, du matériel ... C'est une sorte de trahison à ses yeux.

-Alors on s'occupe de la boutique sans lui ...

George grimaça.

-Le problème, c'est que le marché de Barjow et Beurk est directement lié au marché noir et aux activités clandestines. C'est pour ça qu'on cherche à se rapprocher de bandes de délinquants mineurs ... Mais Ding a un réseau incroyable et avec ce qui s'est passé la dernière fois ...

Il déglutit et laissa le vent emporter le reste de sa phrase. L'entrepôt attaqué par des Détraqueurs ... Sûr que les délinquants de la région ne devaient plus se bousculer pour s'opposer à Voldemort. Quand la dragonne fut réduite à un point dans le ciel, Podmore se remit à dévaler la pente, George et moi dans son sillage.

-Désolé de vous avoir tiré du lit, les jeunes. Quand j'ai vu Ding en prise avec le Vert Gallois, j'ai cru qu'on le tenait. J'avais oublié que c'était un lâche. N'oubliez jamais ça : ne comptez que sur vous-même. Les autres vous laissent toujours tomber.

-Hyper joyeux, je vais graver ça sur le proton de ma boutique, ironisa George. On continue la surveillance du coup ?

-Et Lupin ? m'enquis-je après que Podmore ait répondu par l'affirmative. Qu'est-ce qu'il fait ? ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu au QG ...

-Mission sous-terraine, tu n'as pas à en savoir plus. Maintenant, rentrez chez vous et reposez-vous. L'un de vous deux est de garde cette nuit.

Et sans attendre, il transplana et le sillon qu'il avait creusé se rétracta sur lui-même pour effacer toute trace de son passage. George me jeta un bref coup d'œil entendu qui me fit pousser un gros soupir. C'était lui qui avait pris la dernière nuit ; celle-là était pour moi.

-Je vais finir épuisée, soufflai-je en jouant des épaules. J'ai le match contre les Flèches de Appleby ce week-end ...

-Ouh ...

-La réserve est moins bonne que l'équipe A, ça devrait aller. Bon, je passe te voir ce soir avant de relayer Podmore ?

-Quand tu veux Bennett. A toute !

Je lui adressai un signe de main et transplanai dans la foulée. Je poussai un soupir de soulagement en arrivant dans le jardin des Bones et posai une main sur ma poitrine maltraitée a cours de l'opération. Le vent était moins fort qu'au Pays de Galles mais suffisait largement à emmêlé mes longues mèches brunes et à rendre ma respiration laborieuse. L'unique avantage à cette promenade très matinale, c'est que j'avais quoiqu'il arrivait rendez-vous avec Octavia pour peaufiner les derniers détails de notre introduction avant de pouvoir commencer à la taper à la machine. Evidemment, toujours chez Simon et cela provoquait toujours chez moi un mélange étrange d'appréhension, de peur et d'excitation. J'avais l'impression de l'avoir à peine vu du mois de janvier : dans un premier temps, j'avais cherché à l'éviter avant qu'il ne soit lui-même pris par des obligations à l'IRIS – expériences, examens ... autres choses ? Je restai une minute sur le perron, la main toujours crispée sur ma poitrine, le souffle court – et pourtant cette fois j'étais protégée du vent. Il fallut que je perçoive un mouvement à la fenêtre et craigne d'être découverte figée sur le seuil pour que j'entre enfin dans la maison. Le murmure des voix cessa aussitôt pour ne laisser qu'un silence inquiet et je lançai :

-Pas de panique, c'est moi ! Simon a glissé une grenouille morte dans mon lit en première année !

-Et tout le monde ne connait pas ce détail !

Je souris face au ton faussement indigné de Simon. C'était idiot, mais rien que ce petit sourire était significatif. Et que dire de celui que m'adressa Simon quand j'entrais dans le salon ? Petit, effronté, défieur : ce même sourire qui depuis des années embrasait l'allumette et qui elle-même avait provoqué l'incendie. Je pris une discrète inspiration.

Contrôle l'incendie, Vic'.

Il était assis sur le canapé, un toast à la main et un livre sur les genoux, diamétralement opposé à Octavia qui sirotait son thé le petit doigt élégamment écarté de la tasse, comme toutes les grandes dames et comme ma grand-mère Anne. L'image des imitations de ma mère me revinrent à l'esprit et j'étouffai de mon mieux l'hilarité qui en jaillit.

-Tu t'es battu contre le calamar géant ? se moqua-t-elle en reposant sa tasse. Ou tu t'es coiffée exprès comme ça ?

-J'ai laissé faire le vent, répondis-je simplement, me refusant à entrer dans son jeu. Et puisque ça déjeune, je peux me faire un chocolat ? Bon sang qu'il fait froid.

-On déjeune parce que tu es en retard, me rappela Octavia alors que je me dirigeais vers la cuisine. Et ramène du sucre !

-Ce n'est pas chez elle.

-Alors toi, ramènes-moi du sucre !

Il eut un vague grommellement lorsque je passai la porte de la cuisine, incapable de gommer le petit sourire sur mes lèvres. Et ce fut pire lorsque Simon passa à son tour la porte, de fort mauvaise humeur. Ses cheveux pointaient dans tous les sens et je compris qu'Octavia avait vraisemblablement dû le réveiller en se pointant ainsi à neuf heures chez lui. Il n'y avait que le sommeil pour lui donner cette coupe. Sans réfléchir, je me mis sur la pointe des pieds et passai une main dans ses mèches avec un éclat de rire. Je regrettai mon geste dès que mes doigts frôlèrent les mèches soyeuses de Simon, mais je m'efforçai de maintenir l'illusion avec une petite pique :

-Bon sang et on parle de moi !

-Que veux-tu, on a toujours été accordé capillairement parlant, marmonna Simon en étouffant un bâillement. Quand est-ce que je serais débarrassé de la présence d'Octavia ?

Je ne répondis que par un sourire et arrachai mes doigts de ses cheveux pour prendre une tasse et le lait dans son frigo. J'agitai ma main, comme prise de fourmillement. La maîtrise de l'incendie, ça passait par la maîtrise des gestes : et là c'était tout, sauf maîtriser. Et très soudainement, je sentis sa main dans mes cheveux et je me figeai comme une statue de sel alors même que je versais du lait dans ma tasse. Ses doigts farfouillèrent dans mes mèches et mon visage aurait pu s'embraser s'il n'avait tiré l'une d'entre elle.

-Aïe !

Instinctivement, je portais ma main à l'endroit douloureux et rencontrai la sienne. Elle ne fit que l'effleurer et pourtant je sentis mon sang battre jusqu'au bout de mes phalanges. Il claqua la langue d'un air impatient et repoussa mes doigts d'une pichenette.

-Du calme, tu as quelque chose de coincer dans tes tentacules.

-Mes tentacules ? Mais tu as vu ta coupe, tu oses parler ? me rebiffai-je mécaniquement.

-C'est la coupe du réveil. Et les tiens sont beaucoup trop long ... attends, serres les dents ...

-Aïe !

-Je l'ai !

Son bras s'allongea pour me présentait triomphalement une brindille ficelées de quelques cheveux bruns, rêches et ondulés. Je suivis la main du regard jusqu'à remonter au visage souriant de Simon. Un sourire quelque peu crispé.

-Tu dors dans un nid maintenant ?

Je lissai une mèche dans un geste nerveux. Tonks et Podmore nous avait martelé que les informations concernant nos missions devaient être cloisonnées aux maximum et que si une information devait sortir, ce serait par leur bouche et certainement pas par la mienne ou celle de George. C'était douloureux pour moi de ne pas être totalement transparente avec Simon : parce que je l'avais toujours été et parce que ça me mettait face à mes contradictions et me renvoyait à la face cette colère qui bouillonnait en moi chaque fois qu'il me cachait quelque chose.

-Une petite promenade dans la campagne galloise, laissai-je échapper dans un filet de voix. Un peu trop matinale je te l'accorde ... Et bon sang, beaucoup trop venteuse.

Les restes du sourire de Simon s'estompèrent pour ne laisser qu'un air horrifié.

-Pitié, ne me dis pas que ta promenade implique des dragons.

Je haussai les sourcils devant sa rapidité de déductions. Je n'avais appris que des dragons peuplaient le Pays de Galles – frontalier au Gloucestershire – qu'au moment du Tournoi des Trois Sorciers, mais j'oubliais qu'il était un sorcier de souche et que les Verts Gallois avaient dû peupler son imaginaire. Peut-être même avait-il passé son enfance à tenter d'en apercevoir un. L'image de la dragonne émeraude s'élevant avec son mouton flotta dans mon esprit et m'arracha un sourire coupable. Simon poussa un gémissement et écrasa sa paume contre son front.

-Après le 5 Novembre et les Détraqueurs, elle va me sortir les dragons ...

-Il était loin ! Et je suis grande, Bones. Je te rappelle que le 5 Novembre et les Détaqueurs, je les ai affrontés toute seule !

-Si j'avais su, je t'aurais aidé, rétorqua-t-il, l'air vexé.

Mes lèvres s'étirent en un sourire ému. Mes doigts esquissèrent le geste d'avancer, fourmillaient d'attraper sa main à ma portée mais j'enfonçai la mienne dans ma poche pour pallier à toute tentation.

-Oui, je sais. Tu ne veux pas que je meure.

Les yeux de Simon s'écarquillèrent légèrement puis le coin de sa bouche fut agité d'un tic nerveux. Je m'efforçai de soutenir son regard, pendant de longues secondes qui s'égrainèrent sans que je ne les voies. « Je ne veux pas que tu meures, Vicky ». Le ton étranglé sur lequel il avait prononcé cette phrase. Les larmes qui avaient luies dans ses yeux. C'était à ce genre de détails que je m'accrochais, à ça que m'attachait de toutes mes forces pour me persuader que, comme Emily ou Miles l'affirmaient, Simon tenait à moi, peut-être plus qu'à n'importe qui d'autre. Qu'il était capable du meilleur comme du pire pour moi, exactement comme l'inverse était vraie. Que c'était cette intensité folle qui l'avait fait hurler contre Ombrage et avait provoqué les cicatrices blanches qui s'effaçait lentement sur le dos de sa main. Que tout était possible. Mais quel possible ? J'ignorais ce que je voulais encore, mais une chose était sûre c'était que je ne voulais pas rester dans cette situation, à devoir forcer ma main à rester clouer dans ma poche, à ne pas le toucher au risque de le regretter alors que j'en mourrais d'envie. Là tout de suite, j'aurais voulu prendre sa main, le rassurer, jouer avec ses longs doigts en me moquant du grain de la tâche de naissance en forme d'étoile sur son majeur gauche. C'était douloureux, ce rien qui nous séparait alors que quelques semaines plus tôt, je ne me serais posées aucune question. Le naturel m'avait fui et j'étais prête à tout pour le retrouver. Un jour ou l'autre, il faudrait qu'on parle. C'était certain. Déjà maintenant, alors que mon regard était plongé dans le sien, que je détaillai ses iris à pouvoir situer chaque tâche d'ambre dans le vert de ses prunelles, les mots se bousculaient dans ma gorge

-Hé ! Vous le moulinez à la main le sucre ?

Je pris une grande inspiration qui s'acheva par un soupir et un regard exaspéré sur la porte. Mais tout de suite, Octavia McLairds était assise dans le salon alors ça attendrait. C'était peut-être une illusion, mais Simon semblait également contrarié par l'interruption d'Octavia. Ses sourcils s'étaient froncés et ses lèvres s'étaient pincées à une mince ligne.

-Je te jure, cette princesse, maugréa-t-il. Allez, va la rejoindre avec son sucre, je vais te faire ton chocolat.

-Tu vas quoi ?

-Ne te bile pas, je vais glisser du poison dedans.

Mais il passa doucement la main dans mon dos, contredisant totalement sa pique et s'éleva pour attraper le bocal de poudre de cacao sur l'étagère. Sa main s'était arrêtée quelque part au-dessus de mon bassin, chaude, légère mais présente et je ne pus retenir un coup d'œil nerveux en direction de son visage. Toujours un petit sourire et la main glissa naturellement de mon dos au tiroir pour y extraire une cuillère. Il finit par sentir mon regard sur lui et me fixa, légèrement interloquée. Je le remontai précipitamment vers les yeux. La triste vérité, c'était que je m'étais de nouveau retrouvée à contempler ses lèvres et que l'espace d'un étourdissement, je m'étais imaginée m'y pencher.

-Elle va finir par vraiment râler, fit remarquer Simon avant de pointer une étagère. Le sucre est juste là, tu es assez grande pour l'attraper, lui.

Confuse, je hochai la tête et attrapai le sucrier qui trainait sur la table. Je m'en fus de la cuisine, secrètement heureuse que mes joues s'embrasent à retardement. Bon sang, tout ce que je craignais. C'était un geste simple, simple comme il l'avait fait cent fois mais à présent il était sujet à de trop nombreuses interprétations, à de trop nombreux désir. Avec ce bras qui m'enlaçais presque, j'avais été tentée de me blottir contre lui, comme à mes plus grands bouleversement – sans que je ne sois bouleversée. Et ce geste avait-il la moindre signification pour lui, ou était-il juste un mouvement machinal ? Bon sang, je n'allais pas tenir longtemps à me poser ces questions. C'était à en virer Octavia du canapé dans lequel elle trônait comme une reine, son regard exaspéré planté sur moi et le sucrier que j'apportais.

-Pas trop tôt ! Mon thé a refroidi, j'ai dû le réchauffer ... Et ton chocolat ?

-Simon s'en occupe.

Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et elle sucra modérément son thé qui fumait de nouveau.

-En voilà une qui a de la chance ... Il ne se serait jamais bougé pour moi ...

-Et Ulysse se bouge ? rétorquai-je avec une pointe d'aigreur. Ou il fait bouger son elfe de maison ?

-Touchée ...

Elle trempa ses lèvres dans son thé et but une longue lampée de façon très digne et silencieuse. Simon sortit de la cuisine dans cet intervalle, une tasse fumante dans chaque main et une assiette de toast volant devant lui. Octavia le fixa poser les toasts devant nous puis me tendre mon chocolat, visiblement choquée.

-Et pourquoi je n'ai pas eu le droit à tout ça, moi ?

-Il y en a pour toi aussi, répliqua-t-il, exaspéré. Et par pitié, étouffe-toi avec.

-Certainement pas. Ulysse m'emmène dans un restaurant incroyable de Londres mercredi, une enseigne cachée en plein Chelsea et j'ai l'intention de tenir au moins jusque-là.

Simon la fixa, l'air visiblement suspicieux.

-Est-ce que tu places ça là dans le seul but de montrer à quel point il est tellement supérieur à moi en terme de petit-ami ?

-Parfaitement, approuva Octavia avec un grand sourire. Mais j'avoue, c'est un peu spécial, après tout c'est notre première saint-Valentin ...

-Argh, laissai-je échappée avec un frisson de dégoût.

J'avais oublié que cette fête approchait à grands pas. Mes parents dînaient aussi à l'extérieur, Mel et Alexandre le passaient en amoureux chez eux et moi célibataire je comptais bien profiter d'avoir la maison pour moi toute seule pour monopoliser la télévision. Il fallait que je songe à faire le plein de chocolat. Octavia parut surprise par mon exclamation.

-Quoi ? Tu ne l'as pas fêtée l'année dernière avec Miles ?

-Euh ... Attends ... Mais j'étais avec toi ?

Je me tournais vers Simon en quête d'approbation. Sa main avait couvert sa bouche et son doigt tapotait sa joue dans un rythme régulier – musical, très certainement.

-Hum. Ça se pourrait bien, je crois que c'était le jour de la sortie à Pré-au-Lard.

-Ah, me souvins-je avec un poids dans l'estomac. La fameuse. Oui donc non, pas de Saint-Valentin avec Miles. Il avait entrainement de Quidditch. Et euh. Je n'y tenais pas.

-Tu vois ? se réjouit Simon en me montrant à Octavia d'un geste triomphal. Tout le monde n'aime pas cette fête !

-Toi tu as un problème avec le couple tout court, rétorqua vertement Octavia. N'essaie de pas de réduire ça à la Saint-Valentin. En tout cas moi je suis heureuse d'enfin faire quelque chose mardi prochain.

Simon devint livide et je fis les gros yeux à Octavia en tentant de lire à travers les lignes. Elle avait retroussé son petit sourire énigmatique de Joconde mais à la façon dont elle lorgnait Simon, je me demandais si elle ne faisait pas référence à un autre événement que la Saint-Valentin, autre chose censée arrivée un jour dans la vie de couple et que Simon, par pudeur, manque de sentiment ou gêne mortifère, lui avait certainement refusé. Et malgré toute mon estime pour Octavia, je trouvais sa remarque peu délicate.

-Ce n'est pas ...

-Mardi prochain, c'est la Saint-Valentin ?

Le cri horrifié de Simon provoqua un haussement de sourcil d'Octavia, qui ne s'attendait sans doute pas à ce qu'il réagisse sur cette partie-là.

-Oui, pourquoi ?

-Pour rien, répondit précipitamment Simon en piquant un fard.

-Pourquoi ? insistai-je, les yeux plissés.

Il évita soigneusement mon regard et replia un peu plus ses genoux contre sa poitrine, touillant son café noir en prenant soin de bien faire claquer la cuillère entre les bords. Le bruit finit par devenir si agaçant que je levai ma baguette en un sort muet : la cuillère jaillit du café, éclaboussant le tee-shirt et le visage blanc de Simon de tâches brunes et je la rattrapai d'un geste lest.

-Vicky ! protesta Simon en s'épongeant le visage.

-Tu parles ou je m'arrange pour te renverser ton café à la figure ?

Simon me toisa d'un air exaspéré et ramena sa tasse contre lui dans un geste protecteur. Octavia paraissait jubiler et posa son thé pour se languir de la réponse visiblement croustillante de Simon. Après quelques secondes à jeter des regards noirs, il finit par pianoter sur sa tasse et à dévoiler du bout des lèvres :

-L'archiviste-stagiaire de l'IRIS, Adrianne. Elle m'a proposé d'aller boire un verre mardi soir.

Octavia éclata d'un rire peu charitable sans prendre la peine de le réprimer d'une octave. Simon la fusilla du regard et je remerciai le ciel qu'elle rie si fort et que son attention soit concentrée sur elle. Car très honnêtement, j'ignorais quelle tête j'avais bien pu faire à cette annonce. Sans doute la même que si j'avais mordu dans un citron à pleine dents : je sentais la crispation de chacun de mes muscles faciaux. J'avais l'impression que le même poison glacial qu'avait évoqué Emily chez elle se répandait dans mes veines et attiser l'incendie. Pour cacher mon trouble, je pris une grande lampée de chocolat. L'arôme amer éveilla les sens et la note de sucré en fin de bouche me chatouilla agréablement les papilles. Il n'avait pas oublié le miel, ce qui adoucissait quelque peu sa révélation et ça me donna la force de demander au moment même qu'Octavia s'exclamait :

-Un verre ?

-C'est qui ?

Simon se frotta la tempe et je devinai que sa seule envie à ce moment était de rentrer profondément sous terre. Il me jeta un bref coup d'œil avant de se replonger dans la contemplation de son café.

-Je l'ai dit, l'archiviste-stagiaire de l'IRIS. On a une bibliothèque incroyable, plus fournie que celle de Poudlard et les archives sont ...

-Je le sais, ça fait des semaines que je réclame de consulter ses archives depuis que Victoria a eu sa brillante idée sur l'idéologie sang-pure et notre appropriation des technologies moldues. L'idée est vraiment brillante mais il nous faut plus de documentation ...

-Mais si ça n'a jamais été étudié, comment veux-tu qu'on trouve des ... Attends attends, on était sur l'archiviste, là, pas sur les archives !

-Ça m'allait les archives, fit savoir Simon dans un filet de voix.

-Je préfère l'archiviste, rétorquai-je d'un ton plus sec que je ne l'avais espéré. Avec qui, visiblement, tu as un rencard le jour de la Saint-Valentin.

La conclusion fit pouffer Octavia et s'étrangler Simon.

-Mais non ! Non, je voulais juste ... Enfin, je n'avais pas capté que c'était la Saint-Valentin ! Et d'ailleurs, certainement qu'on s'en fiche, c'est peut-être un hasard ...

Octavia et moi échangeâmes un regard dubitatif.

-C'est elle qui a proposé la date ? questionna-t-elle avec un petit sourire.

Simon hocha lentement la tête, l'air pétrifié. Ça aurait pu m'amuser. Ou me rassurer : si vraiment il y avait un rencard derrière ça, c'était contre son gré. Ça aurait dû m'apaiser. Alors pourquoi la sensation glaciale qui courrait mes veines ne semblait faire que se renforcer ?

-C'est que c'était conscient, conclut Octavia avec un sourire carnassier. Elle est douée, elle t'a amené à avoir un rencard le jour de la Saint-Valentin ...

-Mais ... mais c'est juste une amie ... (Il tourna le regard vers moi). C'est quasiment la seule de mon âge à l'IRIS, les autres sont des chercheurs plus âgés ou des envoyés différentes institutions. Beaucoup d'étranger aussi mais j'avoue que je n'ai jamais parlé avec l'allemand ... Bref, je me suis retrouvé à déjeuner avec elle. Mais comme je déjeunais avec Emily à Poudlard, pas pour finir par sortir avec elle à la Saint-Valentin !

J'avais la sensation qu'il cherchait à se justifier. Justifier quoi ? Qu'il n'ait jamais évoqué Adrianne parce qu'elle n'avait pas d'importance ? Ou se défendre de fréquenter une autre fille ? Une autre que moi. Mon estomac se contracta si violement que j'en repoussais ma tasse de chocolat.

Une autre que moi. L'idée me donnait envie d'envoyer mon chocolat froid à la figure. Malheureusement, cela paraitrait ... disproportionné. Surtout en présence d'Octavia. Tant qu'elle serait là, j'en étais réduite à la maitrise. Et Seigneur que c'était un exercice périlleux.

-Moi qui comptais sur toi pour regarder Le cercle des poètes disparus avec moi, soupirai-je en appuyant ma joue contre mon poing.

-Il n'est pas déprimant, celui-là ? On ne peut pas plutôt regarder Rasta Rockett ?

-Tss tss, siffla Octavia en claquant des doigts. Tu comptes faire quoi avec Adrianne ?

Simon s'enfonça dans son fauteuil et but une gorgée de son café qui devait être froid depuis longtemps. J'avais l'impression d'entendre les rouages de son cerveau tourner.

-Simon, ça va fait plus de deux ans qu'on a rompu, reprit Octavia d'un ton plus raisonné. Il est peut-être temps de ... tenter de nouvelles expériences ? Ce n'est qu'un verre, ça ne t'engage à rien. Si tu ne veux pas aller plus loin, tu arrêtes et tu restes ami. Essaie de voir ça comme un test. Et j'en reviens pas de devoir te donner des conseils, bon sang ! Ce n'est pas à Bennett de faire ça ?

-Bennett est occupée à boire son chocolat, prétendis-je en levant ma tasse.

J'en pris une gorgée pour appuyer mes dires mais j'eus l'impression que le cacao avait le goût de cendre sur ma langue. Parce que Simon ne s'était pas insurgé à la proposition d'Octavia, pas parler de déprogrammer ce verre avec l'archiviste, pas répéter qu'elle n'était qu'une amie et qu'il ne souhaitait pas aller plus loin. Il paraissait même considérer la chose, sa tête oscillant doucement et sa tasse s'abaissa, marquant sa réflexion.

J'avais envie d'hurler. Mais ça aussi, c'était disproportionné.

Je ne me rendis compte que je serrais la hanse de mon chocolat beaucoup trop fort que lorsque les tremblements que cela provoquait renversèrent quelques gouttes de liquide brun sur mon jean. Je le cachai en ramenant un coussin sur moi et desserrai ma prise sur la tasse. Simon se frottait à présent le visage, l'air dépassé.

-Je n'en sais rien ... Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec ça ...

-Si tu annules, elle va peut-être te prendre davantage la tête. Si tu ...

-Octavia ? la coupai-je, agacée. Il est grand, il sait prendre ses décisions tout seul. On va travailler ?

Visiblement, elle s'amusait beaucoup trop pour s'y résoudre, aussi pris-je les devants en me levant, prête à me réfugier dans la bibliothèque. Qu'elle continue sa discussion, ni elle, ni lui ne pouvait m'obliger à y participer. La fraicheur se diffusait toujours dans mes veines et me glaçait le cœur pendant que dans mes entrailles, le feu faisait toujours rage. La maitrise qui semblait si indispensable à mon bien-être menaçait de voler en éclat, surtout quand je me souvenais de ce geste anodin, cette main passée dans mon dos qui semblait toujours brûler le point sur lequel elle s'était attardée ... Je me dépêchai de grimper l'escalier et captai le regard reconnaissant de Simon. Il devait songer que j'avais interrompu la conversation simplement pour le préserver.

Pour une fois, il avait tort. C'était pour me préserver moi.

Je détournai le regard sans même tenter de sourire et poussai un gros soupir tremblant une fois à l'abri des regards et des oreilles. Je me laissai aller contre le mur, une main sur le ventre et l'autre sur le front. Je n'allais pas tenir longtemps dans cette situation. J'avais besoin de Simon comme d'un pilier. Un apaisement. Pas comme la source d'un stresse constant.

Pas le choix. Adrianne ne rendait l'inéluctable que plus rapide encore. Il fallait qu'on parle. Et tant pis si ça devait tout détruire. Plutôt la vérité que cette relation distante, tendue et artificielle qui nous empoisonnaient un peu plus chaque geste.
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

AH mais tu l'avais posté en avance sur Wattpad celui-là ? (oui je l'ai déjà lu, shame on me, du coup j'ai le seum parce que je croyais que c'était THE chapitre :lol: ) (nan j'ai pas le seum parce que ça veut dire que je suis pas en retard de commentage
Tom le barman avait été ravi de m'accueillir mais je m'étais trouvée extrêmement gênée à l'idée d'être sa seule cliente
J'avoue ça doit être louuuuuuuurd
Mon regard se porta sur l'unique autre chose qui bougeait dans la pièce : les portraits des Mangemorts évadés.
c'est SUPER rassurant
Il pleuvait à verse dehors et il eut à peine le temps de rétracter son parapluie vert
On sait qui a le parapluie jaune
-Et maintenant, ils t'achètent un hibou. C'est beau.
Mais oui :'))))
-Tu ne manges pas de viande ?
Même question Vic, même question
Puis Victoria Bennett a déboulé dans ma vie.
What the
ça m'a fait prendre conscience que j'étais hypocrite dans mes propres valeur
oooOOOOOH
c'est beau :')))
-Parfait. Et les elfes de maison dans tout ça ?
On va y aller pas à pas Vic :lol:
je me réjouis de n'avoir commandé qu'un Yorkshire Puddings
Donc là nous avons une Perri qui est allée traîner sur google pour savoir ce qu'on mangeait dans les pubs anglais :lol:
-Je suis sincère. Je n'attends pas à ce que tu me pardonnes, je voulais juste te dire que ... j'ai compris. Tu avais raison. Je suis désolée.
Je l'admire parce que c'est pas facile de faire ça
-De te rassurer, en fait. Je ne me suis pas assez investie en nous et ça a dû te blesser. Mais ça ne veut pas dire que le problème venait de toi. Vraiment.
Oooooh c'est si prévenant de lui dire ça
Mais moi, j'ai tout vu de près, Vic'. Et si ça peut te rassurer, de mon point de vue ça en a.
DU NOTRE AUSSI MILES, DU NOTRE AUSSI
Vu vos deux tempéraments, Bones et toi vous avez une espérance de vie qui va se réduire à mesure que Tu-Sais-Qui prendra le pouvoir.
Sympa, merci Miles :lol: :lol: :lol:
-Qui te parle de couple ? Vis juste que vous avez à vivre, Vic'.
AH ça veut dire quoi ça
qu'est-ce que tu mijotes Perri :lol: Tu vas nous sortir un couple platonique ou quoi
(impossible vu l'obsession de Vic pour les lèvres de Simon)
Une union libre
Vic, Simon et les livres de Simon
Je paye ma part, tu n'as pas encore un gros salaire
Fair enough
le raffut avait affolé ma mère qui était entrée dans ma chambre avec un gros livre dans la main, l'air prête à l'asséner sur le premier intru qu'elle croiserait
Elle est trop drôle :lol: :lol:
Elle remonta en piquet, une sphère laineuse entre ses serres,
Adieu petit mouton, tu ne seras jamais un pull
Petit, effronté, défieur
Hihihihiih
-Alors toi, ramènes-moi du sucre !
Nan mais Octavia, elle a aucun respect :lol:
Et très soudainement, je sentis sa main dans mes cheveux et je me figeai comme une statue de sel alors même que je versais du lait dans ma tasse. Ses doigts farfouillèrent dans mes mèches et mon visage aurait pu s'embraser s'il n'avait tiré l'une d'entre elle.
Mais SIMOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON
en vrai c'est hyper intime de jouer avec les cheveux de quelqu'un, je trouve
-Pitié, ne me dis pas que ta promenade implique des dragons.
Il est si inquiet pour elle :')
Un jour ou l'autre, il faudrait qu'on parle.
MAIS OUI VIC ON ATTEND QUE CA
Mais il passa doucement la main dans mon dos
MAIIIIIIIIIIIIIS SIIIIIIIIIIIIIIMOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON il a intérêt à être bien conscient de tout ça et à pas tomber des nues ensuite, sinon je renie à jamais le genre masculin
C'était à en virer Octavia du canapé dans lequel elle trônait
Oour prendre sa place, wink wink ?
-Quoi ? Tu ne l'as pas fêtée l'année dernière avec Miles ?

-Euh ... Attends ... Mais j'étais avec toi ?

Je me tournais vers Simon en quête d'approbation
Mais pauvre Miles :lol: :lol: :lol:
-Pour rien, répondit précipitamment Simon en piquant un fard.
PLAIT IL SIMON
(alerte, j'ai cru que j'avais perdu tout mon commentaire après avoir appuyé par erreur sur "forum")
-L'archiviste-stagiaire de l'IRIS, Adrianne. Elle m'a proposé d'aller boire un verre mardi soir.
C'est qu'elle est entreprenante !
Une autre que moi. L'idée me donnait envie d'envoyer mon chocolat froid à la figure.
Bébé chaaaaaaaaaat
J'avais envie d'hurler. Mais ça aussi, c'était disproportionné.
Sauf que ça aurait été super drôle :lol:
Pas le choix. Adrianne ne rendait l'inéluctable que plus rapide encore.
Avant mardi ? OOOOOOOOOOH que j'ai hâte !
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