HELLO TOUT LE MONDE !
C'est le dernier chapitre de la partie II ! Après ça je posterais un bonus en trois parties et la partie III est écrite à hauteur de sept chapitre donc on est pas trop mal ! Mais avant toute chose ...
... LE RETOUR DE LA CHRONIQUE SPORT DE PERRI avec pour commencer la victoire de l'équipe de France en Ligue des Nations hier soir sur un but de Kylian MBappé. Mais surtout c'est le retour (et j'en suis très heureuse) DU TOUR DE FRANCE MES AMIS avec une victoire française hier, celle en costaud de Nans Peters (AG2R La Mondiale). L'étape a néanmoins été ternie par la GROSSE DEFRAILLANCE DE MON CHOUCOU POUR LE GENERAL Thibaut Pinot, pour qui les années se suivent et se ressemble ... Bref, le Maillot Jaune c'est fini pour lui, c'est fini pour Alaph, il nous reste plus que Romain Bardet et Guillaume Martin pour sauver l'honneur des français.
Sinon, comme ça c'est passé la rentrée?
Bon, je vous laisse avec le chapitre ! Bonne lecture !
Chapitre 31 : Will you join in our crusade?
Viktor,
Tu m’avais demandé de t’envoyer une lettre à la fin de mes études. Tu ne t’attends peut-être pas à ce que je le fasse, mais ça me semble être la moindre des choses que de répondre à la proposition que tu m’as faite l’année dernière.
Déjà, sache que j’ai été et je suis toujours touchée par elle, et également très honorée. C’est vraiment gratifiant de voir son talent reconnu par un joueur de classe mondial et c’est grâce à cela que j’ai pu envisager de poursuivre une carrière dans le Quidditch. Avant que tu reconnaisses mes qualités, je ne pensais pas être assez bonne pour pouvoir prétendre à une place dans les ligues professionnelles. Rien que pour cela, je dois te remercier, tu m’as permis de tracer une voie vers mon avenir.
Malheureusement, je ne peux pas me permettre de le poursuivre en Bulgarie. Ne te méprends-pas, je suis réellement honorée et j’ai été tentée par cette aventure, les Carpates ont vraiment l’air magnifique … Mais je ne peux pas me permettre d’abandonner mon pays alors qu’il semble sur le point de sombrer. Je suis enfant de moldus, je ne peux pas laisser mes parents à la merci de Voldemort, je me dois de les protéger. C’est cette raison principale qui fait que j’ai décidé que si carrière de Quidditch il devait y avoir, elle serait en Angleterre. Ça et le fait que je suis très attachée à ma ville et que vivre si tôt loin de d’elle et de mes proches me ferait souffrir, je veux bien l’admettre. Je suis une fille du Gloucestershire.
Trois équipes anglaises m’ont proposées un poste, j’ai reçu les lettres ce matin … Les Harpies de Holyhead sont les seules à m’offrir une place en équipe A, mais ce n’est pas ce que je recherche dans un premier temps, ce serait trop de pression. En plus, je ne suis pas sûre d’apprécier la politique exclusivement féminine des Harpies, je trouve qu’il n’y a rien de telle que la séparation stricte pour que deux groupes cessent de se comprendre. Ça vaut entre sorcier et moldus, mais aussi entre homme et femme. Les Canons de Chudley m’offrent une place de titulaire en réserve mais les Tornades de Tutshill semblent avoir un meilleur projet de jeu, quelque chose qui me correspond un peu plus, en plus d’avoir l’avantage d’avoir leurs installations juste à côté de chez moi. Et elles sont les premières à m’avoir proposé des essais – enfin, les secondes après toi. Je pense que je vais m’orienter là-dessus, ma professeure de vol a l’air d’accord avec moi, mais je vais prendre les dix jours de réflexion avant de signer mon contrat.
Qui sait, peut-être que dans quelques années, on se croisera en rencontre européenne … Peut-être même que je finirais par accepter ta proposition, Vratsa a l’air d’être un très bel endroit et j’ai toujours rêvé de voyager. Mais la conjoncture actuelle rend cela pour l’instant impossible et je me vois dans l’incapacité de quitter mon pays tant que Voldemort y sera présent pour tenter de le détruire. Je pense que tu peux comprendre ça, toi qui as vécu dans un pays ravagé par les crimes de Grindelwald.
En tout cas, j’espère sincèrement que nos routes se croiseront de nouveau un jour. Bonne chance avec les Vautours, je les soutiendrais depuis l’Angleterre ! Encore merci pour tout.
Victoria Bennett.
Je relus la lettre plusieurs fois avant de décider que je ne pouvais rien rajouter qui la rendrait meilleure. Puis je l’abaissai, et ce furent trop enveloppes qui apparurent dans mon champ de vision, arrivée ce matin en provoquant l’hystérie des personnes qui s’étaient trouvées autour de moi. Et alors que l’agitation menaçait de me faire paniquer, j’avais décidé de m’isoler pour écrire cette lettre et espérer y voir plus clair. Pour mon plus grand soulagement, cela semblait avoir fonctionné : j’étais plus apaisée et le double « T » des Tornades semblait attirer plus mon regard que les autres. C’était une équipe compétitive, se situant juste à côté de chez moi et qui me proposait le poste parfait de gardienne de réserve. Chourave avait eu raison pendant notre entretien : je réfléchissais beaucoup trop. Parfois il fallait se laisser porter par l’évidence. Et concernant l’équipe, c’était exactement ce que je comptais faire.
Satisfaite de ma résolution, je pliai la lettre pour écrire l’adresse gracieusement fournie par Hermione Granger au dos. C’était le dernier jour d’école et les élèves étaient tous sortis profiter de l’agréable chaleur écossaise avant de reprendre le Poudlard Express le lendemain, ce qui faisait que j’étais seule dans la Salle Commune nous les yeux attendris d’Helga Poufsouffle. Ça avait été une drôle de dernière semaine entre ces murs. Simon s’était trouvé fort agité parce qu’il s’était passé et je le soupçonnais d’élaborer un sort pour pouvoir me suivre à la trace l’année prochaine, une fois dehors. Mais Susan et lui avaient été les seuls à savoir ce qui s’était déroulé après les essais, les autres élèves suggérant plutôt que je m’étais blessée pendant l’une des séances. Je présageai néanmoins qu’Ulysse Selwyn avait dû être prévenu, par son père ou par Melania, car je sentais régulièrement son regard entendu sur moi, ni bienveillant, ni agressif. Malgré le nom des Selwyn qui risquait de perdre du crédit et d’être taxé d’association avec Voldemort, il se retrouvait malgré tout seul héritier de la famille. Nestor était à présent recherché par les Aurors avec sa bande et risquait une peine à Azkaban pour usage de sortilège impardonnable et coups et blessures sur une personne non-magique, justement parce que cette personne était non-magique. Il avait fui la maison familiale, d’après la dernière lettre que m’avait adressée Rose Bones, et s’était envolé dans la nature.
Je passai une main sur mes côtes où la douleur s’était résorbée face aux bons soins de Pomfresh. Elle m’avait prévenu qu’il faudrait que je reste quelques semaines tranquilles si je voulais qu’elles se solidifient avant d’entonner une vie faite d’effort physique. J’avais subi deux gros chocs en l’espace de quelques semaines, il fallait que mon corps se régénère.
-Victoria ?
Je levai les yeux sur Emily, qui venait d’entrer dans la Salle Commune. Devant la chaleur de juin, elle avait attaché ses cheveux en chignon lâche sur sa tête et noué sa chemise autour de sa taille pour ne laisser que son débardeur. Elle se trémoussa, visiblement mal à l’aise. Nos rapports étaient loin d’être naturels depuis que Fudge avait admis avoir eu tort durant l’année écoulée : elle éprouvait de grande difficulté à nous regarder dans les yeux, rongée par la honte de nous avoir contrer pendant un an, soutenant que le Ministère avait raison et que Voldemort était mort et enterré. C’était une partie de son monde qui s’était écroulé la semaine dernière.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? s’enquit-t-elle néanmoins. C’est notre dernier jour à Poudlard, tu ferais mieux de profiter …
-Je voulais être un peu seule. Les gens se sont faits un peu pressant quand j’ai reçu les lettres de réponse des équipes … Ton copain en tête, d’ailleurs.
Un furtif sourire passa sur ses lèvres.
-Ça ne me surprend pas, il t’aime bien et j’ai l’impression qu’il vit ta réussite dans le Quidditch par procuration … Juste … Si je peux me permettre, tu as une idée, alors ?
C’était vraiment étrange de voir Emily être si prudente, elle qui n’était connue pour avoir la langue dans sa poche. J’eus un petit sourire et ramassai tous mes parchemins qui jonchaient la table.
-Bien sûr que tu as le droit de demander, tu as été la première à le dire, après tout … Et on va dire que j’ai une petite idée, mais je me laisse tout de même le temps de la réflexion.
-D’accord. Alors … réfléchis bien.
Elle s’éloigna vers notre dortoir, l’air toujours profondément embarrassé. La voir me fuir ainsi occasionna un pincement au cœur alors que nous avions ses dernières années construit une amitié que j’avais pensé solide. Il avait fallu qu’elle le soit pour qu’on puisse se parler malgré nos divergences d’opinion. Avant qu’elle ne disparaisse dans notre couloir, je me levai pour l’interpeller :
-Emily !
Mon amie se figea à l’entrée, une main sur l’arrête de la porte, toujours sans me regarder. Je pris une inspiration tremblante. Peut-être que l’année prochaine, elle et moi ne nous trouverions plus dans le même monde, mais je ne pouvais me résoudre à laisser la guerre détruire tout ce que j’avais pu construire à l’école.
-Ecoute, je ne sais pas combien de temps il te faudra mais … quand tu seras prête, je serais toujours là, d’accord ?
Emily ferma les yeux et après quelques secondes d’immobilité elle hocha la tête et s’engouffra dans le couloir sans un autre mot. Avec un soupir, je songeais que je ne pourrais obtenir grand-chose de plus tant qu’elle n’aurait pas fait le point avec elle-même. Passablement déprimée, je songeais que l’air me ferait sans doute le plus grand bien et après avoir fourrer mes lettres sans mon sac, je me dépêchai de sortir. Le soleil s’élevait à son zénith et il me semblait que l’ensemble des élèves de Poudlard avait investi le parc pour profiter de notre dernier jour. Seule devant une arcade, une boite de fer qu’elle secouait à la main, Hermione Granger semblant être la seule à faire exception. Elle paraissait pâle et épuisée, mais déterminée, scandant aux quelques passants un sloggan :
-Engagez-vous pour la liberté pour les elfes de maison ! Adhérez à la S.A.L.E, Société d’Aide à la Libération des Elfes pour mettre fin à cette pratique de l’esclavage, c’est dix mornilles le badge !
Ah, elle avait été jusqu’à créer une association, constatai-je avec amusement. La façon dont les élèves qui se précipitaient dehors me fit de la peine alors je fouillais mes poches et réussi à trouver quelques pièces d’argent et de bronze. Je lui présentai l’argent avec un sourire penaud.
-Je n’ai que huit mornilles et trois noises, mais si ça peut aider …
Hermione m’adressa un sourire fatigué et me tendit sa boite de fer dans lequel je déposai des pièces. J’observai le badge qu’elle me confia alors qu’elle marmonnait :
-J’ai l’impression qu’il n’y a que les nés-moldus pour se soucier des elfes …
-C’est parce qu’on n’a pas grandi avec cette idée. Regarde chez nous, on a mis deux mille ans à abolir l’esclavage … (Je lui montrai le badge avec un sourire incertain). Tu ne veux pas trouver un nom plus vendeur ?
Son visage se renfrogna et je compris que je ne devais pas être la première à lui poser la question. Elle passa une main sur sa poitrine avec une grimace.
-Peut-être, je vais y réfléchir. C’est vrai que Ron s’en moque beaucoup, au fond il ne doit pas le seul … Mais merci pour ta contribution, en tout cas ! Tu as envoyé ta lettre à Viktor, du coup ?
-Oui, je viens de finir de l’écrire … Encore merci pour son adresse.
Un doux sourire s’étira sur les lèvres d’Hermione. Elle venait juste de sortir de l’infirmerie où elle était restée plusieurs jours dans un piteux état, selon les rumeurs. Et selon d’autres encore plus folles, cela aurait un rapport avec ce qui s’était passé au Ministère. Elle jeta un regard au parc. Plus loin sous un frêne, Harry et Ron jouaient aux échecs version sorcier.
-Je ferais bien d’y aller, souffla-t-elle, plus pour elle-même, avant de pivoter vers moi avec une main tendue. En tout cas, ça me fera vraiment plaisir de te revoir un jour …
-Moi aussi, assurai-je en serrant sa main. Peut-être un jour à Pré-au-Lard ?
-Avec plaisir.
Hermione m’adressa un dernier sourire et partit rejoindre Ron et Harry sous le frêne. Moi je me contentai de grimper quelques étages et de me poster à une fenêtre pour embrasser la place du regard et graver chaque arbre, chaque brin d’herbe, chaque éclat d’or qui se réfractait dans le lac dans ma mémoire. J’étais arrivée petite fille effrayée dans cette école, effrayée par sa magie et par celle qui l’entourait, effrayée à l’idée d’être différente. Je n’en ressortais pas grandie physiquement, j’avais toujours la même taille que lorsque j’y étais entrée, mais j’étais indéniablement différente. Je m’étais découverte une force que je ne soupçonnais pas au gré des épreuves, une force que je puisais au plus profond de mon être. J’avais également effleuré l’adulte qui frémissait en moi, prête à lentement déployer ses pétales le jour où elle sera arrivée à maturation. Et plus que tout, j’avais découvert que j’étais une sorcière, que la magie coulait dans mes veines et que rien ne justifiait qu’on me considère comme inférieure. Mes pouvoirs n’étaient pas moins grands que ceux des Sangs-Purs. J’avais une légitimité à porter ma baguette. Ma main se perdit sur ma chaine et je cueillis les breloques au creux de ma paume. Saint George qui représentait l’épreuve, l’adversité, la force et l’étoile de David le combat que je devrais mener.
Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait.
-Tu flânes, Bennett ?
Je sursautai face à cette voix qui, un jour, aurait mérité que je prenne mes jambes à mon cou. Résistant à la tentation toujours présente, je lorgnais vaguement Ulysse Selwyn, son sourire cynique et ses yeux gris, semblables à ceux de Melania et Nestor. Sans attendre ma réponse, il s’accouda à l’immense fenêtre que j’avais ouverte pour profiter de la brise et observa le parc en contre-bas.
-Je comprends. On a une belle vue, d’ici, c’est un endroit apaisant. Et vu que ta vie ne sera pas très apaisée une fois que tu auras posé un orteil hors de Poudlard, bien …
-Si tu es venu me faire des menaces ou alors juste te moquer de moi, tu peux repartir, rétorquai-je vertement. Je pense que j’en ai assez vu avec ta famille pour que tu en rajoutes.
Un sinistre sourire s’étira sur les lèvres de Selwyn.
-Pourtant, il va falloir t’habituer à nous. Nestor n’a pas rejoint le camp du Seigneur des Ténèbres pour rester sagement dans ses jupes. Un jour, il reviendra : pour toi ou pour ma sœur, ça reste à déterminer. Ce qui m’amène à mon second point : apparemment, les choses se sont arrangées entre Melania et ton frère et elle a réussi à convaincre mon père que c’était une bonne chose pour la famille. De toute manière, s’il avait refusé, je pense qu’on se serait retrouvé avec une Selwyn en moins à la maison … Mais voilà, mon père a accepté, ce qui veut dire qu’il va s’investir. Bienvenu dans notre grande famille, Bennett.
Une grimace déforma mes lèvres malgré la joie que j’avais pu ressentir à l’annonce. J’avais craint qu’Alexandre n’en veuille trop à Melania pour que leur couple se reforme, mais il avait visiblement su mettre sa fierté de côté. Simplement, l’idée que cela insinue un peu plus de la famille Selwyn dans notre vie m’était désagréable.
-Je suppose que ça veut dire qu’on va être amené à se côtoyer, poursuivit Selwyn d’un ton neutre. Mon père va sans doute rencontrer tes parents et je serais là parce que cela sera une scène mémorable, puis il y aura un jour le mariage, la naissance des enfants …
-Est-ce que tu veux que je me jette de cette fenêtre ? Continue, alors, tu es bien parti.
-Ne te bile pas, ça ne plait pas plus qu’à toi. Devoir fréquenter des moldus … Aïe !
Je tenais de me tendre pour asséner une claque sèche à l’arrière de son crâne. C’était le genre de petite remarque que j’avais en horreur et de la bouche de Selwyn, c’était pire.
-Alors tu vas apprendre à les connaître, Ulysse Selwyn et à comprendre que tu ne vaux pas mieux qu’eux. C’est justement à cause de ce genre de comportement intolérant que le monde est sur le point de s’embraser.
-Epargne-moi ton discours plein de bons sentiments. Laisse-moi te dire que tu te fourvoies en songeant que sorcier et moldus peuvent vivre ensemble en toute harmonie, l’Histoire nous a prouvé que c’était impossible. Mais pour Melania, je ferais un effort.
-C’est toi qui vas valser par la fenêtre, en fait.
-Fais attention, Bennett, je ne suis pas Nestor.
Je le croyais sur parole. Il n’avait aucune appétence pour la magie noire et surtout, il était bien plus fin et intelligent, et sans doute plus doué magiquement. J’avais eu l’occasion de le constater, il était un adversaire coriace qui avait brusquement cessé d’être un adversaire. C’était assez incroyable comme cette année les alliances avaient été bouleversées et mon monde chamboulé. Me détournant de lui, je pris appuis sur la fenêtre pour me hisser sur le chambranle et mieux profiter de la brise qui soufflait sur le parc. Les élèves commençaient à retourner en masse dans le château pour le dîner.
-C’est assez frustrant de savoir que tout ce qu’on a fait ait servi à rien, lança sombrement Selwyn en suivant le cheminement des étudiants. J’ai demandé l’impossible à ma sœur pour préserver ma famille, toi l’impossible à ton frère pour préserver la tienne et … voilà. Tout cet émoi pour ça …
Son regard se fixa brusquement et je le suivis pour poser les yeux sur Octavia McLairds qui discutait étonnement avec Renata Morton. Les yeux de Selwyn ne quittaient pas la Serdaigle et un petit sourire fleurit sur mes lèvres. Si nous étions destinés à nous recroiser, je pouvais peut-être jouer carte sur table avec lui.
-Si tu veux, je t’autorise à lui dire que tu m’as aidé à sauver mon frère. Ça pèsera peut-être dans la balance.
Selwyn fronça les sourcils en me jetant un regard suspicieux.
-Mais de quoi tu parles ?
-D’Octavia McLairds. Qu’on se le dise, c’est une fille bien qui mérite mieux que toi. Mais toi, tu serais pire sans elle alors si vraiment il faut que tu fasses un jour parti de ma famille, autant que tu sois le meilleur possible.
Je n’avais jamais vu Ulysse Selwyn rougir, mais je devais admettre que c’était un spectacle distrayant qui vengeait presque des années entières de persécutions. A en regretter de ne pas avoir cette allusion à ses sentiments pour la Serdaigle plus tôt. Je n’avais pas voulu m’en mêler, considérant que c’était leur vie privée et que de toute manière, Ulysse Selwyn n’était pas quelqu’un de bien, je ne pouvais pas souhaiter à Octavia d’être avec lui. Mais alors que je l’avais observé contempler la jeune fille avec une certaine douleur, j’avais songé que la transformation d’Ulysse Selwyn en quelqu’un de respectable ne pouvait se faire que par elle. Je n’avais pas oublié la détermination qui s’était peinte sur ses traits lorsque Simon et moi les avions surpris et qu’il avait avoué être prêt à tout pour la mériter.
-Tu … Enfin, elle … elle t’a dit …
-Peu importe, le coupai-je, de plus en plus amusée. C’est juste une information, comme ça. Si tu lui dis que tu m’as aidé, ça peut peut-être effacer le fait que tu m’aies cassé le nez l’année dernière à ses yeux.
Le regard de Selwyn se fit presque furieux et mon sourire ne s’en agrandit que plus.
-D’un point de vue purement technique, tu te l’es cassé seule, rétorqua-t-il pour se redonner contenance.
-Ne me fais pas regretter d’avoir été gentille.
-C’est plus du sadisme que de la gentillesse, m’est avis.
Je ne le détrompai pas, d’autant plus qu’un grand cri venait d’éclater en contre-bas. Nous y baissâmes nos yeux d’un même mouvement pour voir Peeves muni d’une canne qui n’était décidemment pas à lui et ce qui ressemblait à une chaussette remplie de craies coursant une Dolores Ombrage qui poussait des cri aigu et terrifiés, son bagage par-dessus sa tête pour faire barrage aux coups de Peeves. Derrière eux, une nuée d’élève se déversa de la Grande Salles avec de grandes exclamations ravies, applaudissant ce dictateur qui avait failli détruire l’esprit de notre école qui prenait ses jambes à son cou face à l’esprit frappeur porté en héros.
-Je suis la sous-secrétaire d’état auprès du ministre ! hurla-t-elle d’une voix criarde en évitant un nouveau coup de canne.
Mais ça n’avait aucune importance pour Peeves qui continua de la poursuivre, et elle dut se résoudre à se mettre à courir de ses petites jambes de crapaud sous les cris de joies des élèves. Avec un immense sourire, j’entendis un chœur de Do you hear the people sing ? se faire entendre dans le tumulte, mené par Susan Bones qui chantait, le poing brandi, entouré d’autres élèves de Poufsouffle et de l’A.D. Mon cœur se gonfla d’un immense espoir. Je voulais voir dans la fuite de Dolores Ombrage le signe que dans ce monde, la dictature, l’injustice et l’hypocrisie ne triomphait pas. Elle n’avait pas gagné à Poudlard ; Voldemort ne gagnerait pas non plus à l’échelle de l’Angleterre. Je savais que c’était illusoire mais c’était une lueur à laquelle je voulais m’accrocher.
-Bon débarras, soupira Selwyn alors qu’Ombrage disparaissait au loin sous les cris de Peeves et les chants des élèves. Franchement, je veux bien admettre que c’était une plaie …
-Une plaie qui t’a nommé préfet-en-chef. D’ailleurs, je peux récupérer l’insigne ?
Selwyn haussa les sourcils avant de baisser les yeux sur la plaque dorée qui brillait sur sa poitrine depuis quelques semaines. Avec un ricanement de dépit, il la décrocha de son pull pour me le lancer. Mue de mes réflexes de gardienne, je le réceptionnais d’un geste leste.
-Je n’en ai pas besoin, tu peux lui rendre. De toute façon c’était assez artificiel.
-Heureuse que tu le reconnaisses. Maintenant continue sur cette voie et peut-être que sur un malentendu, je serais invitée à ton mariage avec Octavia.
Sans lui laisser le temps de répondre et savourant juste la rougeur qui colorait de nouveau ses joues, je fis volte-face, l’insigne serré entre mes doigts, un sourire satisfait aux lèvres. Dehors, le soleil jetait ses dernières lumières sur les montagnes d’Ecosse et rougeoyait sur le Lac pendant que l’espoir s’époumonait toujours :
When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes !
***
Le dernier jour à Poudlard arriva et ce fut les yeux humides que je fermais une dernière fois ma valise et contemplai la chambre aux fenêtres rondes, aux tentures moutarde et aux poignées de cuivre qui m’avait accueillie pendant sept ans. Mathilda avait versé quelques larmes avant de quitter la pièce qui l’année prochaine nous oublierait en accueillant de nouvelles élèves, des petites sorcières de onze ans qui seront tristement ignorante des aînées qui les avaient précédés. Emily avait laissé sa marque sous la forme d’une banderole que les elfes enlèveraient sans doute pendant les vacances et sur laquelle on pouvait lire « Faites honneur à Poufsouffle ! ». Renata trainait aussi, lissant le pardessus de son lit avec une certaine nostalgie.
-Ça va être drôle de pas prendre le Poudlard Express, l’année prochaine, soufflai-je avant de mettre une main résolue sur ma valise. Et que ce sont d’autres personnes qui dormiront dans nos lits …
-Il faut bien qu’un jour on poursuive notre route et que d’autres personnes prennent la relève, fit-t-elle valoir avec lenteur. Il y autre chose qui nous attendent, dehors …
Je lui jetai un regard oblique, indécise. Mon cœur fit un bond lorsque je remarquais qu’elle me fixait avec une certaine insistance, pinçant des lèvres avec une certaine nervosité. C’était une question muette que l’attitude de Renata. Alors avec une infinie prudence, je murmurai :
-Comme l’Ordre ?
Renata laissa échapper un infime soupir et se détendit. La commissure de ses lèvres se releva en un timide sourire.
-Je me doutais qu’on te proposerait, à toi. Et à Simon aussi, je suppose …
-Mathilda ?
Ses lèvres se pincèrent de nouveau et elle secoua la tête en un geste raide. Ce n’était pas une surprise. Mathilda était douce et aspirait à une vie simple qu’elle méritait. Et sans doute Renata souhaitait protéger sa candide sœur jumelle de la guerre.
-Non, Mathilda va devenir apothicaire, sans doute un jour se marier avec son vampire, avoir plein d’enfants et vivre heureuse. En tout cas, je ferais tout pour que ça se passe comme ça.
-Je t’aiderais, alors. Je suppose qu’on se reverra vite alors ?
Renata parut hésiter avant de lâcher :
-Je suppose. Et … Je suis contente que … Enfin, que tu fasses ça aussi, avec moi. Je pense que tu es sans doute la seule personne de l’école pour laquelle j’ai de l’affection. Enfin, la seule avec …
Le nom flotta entre nous comme un spectre. Cédric. Saint Cédric, qui s’était toujours soucié de ceux qui s’isolaient, qui avaient toujours tenté de comprendre ceux qui étaient différents … Une sollicitude et une abnégation qui avaient fini par toucher Renata. La jeune fille battit ses paupières et se détourna.
-Enfin bref. Bon courage, Victoria.
Avec un dernier signe de main, elle s’éloigna, trainant derrière elle sa malle et son matériel d’astrologie. J’éprouvais un sentiment ambivalent face à Renata, sa surprenante confidence d’avoir été l’une des rares personnes qu’elle appréciait dans cette école, son acceptation de l’Ordre et le souvenir de Cédric qui nous liait contre toute attente. Incapable de démêler mes émotions, je me laissai aller contre le pilier de mon lit à baldaquin. Je me trouvais dans un instant où j’avais l’impression que la femme ne pourrait jamais s’épanouir en moi car j’étais trop attachée au bourgeon de l’enfant.
-Il faut vraiment que je te détache de force de ce lit ?
Un sourire amusé s’étira sur mes lèvres et je n’en resserrais que plus les bras autour de la poutre, appuyant ma joue contre le bois. Simon m’observait d’un air désabusé, une main sur la porte et l’autre tenant sa baguette, l’air prêt à s’en servir. L’insigne de préfet-en-chef brillait sur sa poitrine. Il avait beau avoir assuré que ce titre n’avait aucune importance pour lui, il n’avait cessé de l’aborder depuis que je l’avais arraché à Selwyn.
-Allez Vicky, tu ne voudrais pas que je te fasse sortir d’ici en volant. Et ne me tente pas, ce serait franchement distrayant.
-Ce serait humiliant. Ne le fais pas.
-Alors lâche ce lit.
Avec un soupir à en fendre l’âme, j’obtempérai et empoignai ma valise et mes bagages avant de le rejoindre à l’entrée de ma chambre. Je lui jetai un dernier regard déchiré avant que Simon ne passe une main dans mon dos pour m’emmener vers la Salle Commune. Elle était pleine d’élèves, de bagages, d’animaux qui se débattaient dans leurs cages et qui expliquaient la cacophonie qui régnait dans l’espace. Parmi eux, Kenneth lâcha tout ce qu’ils tenaient pour se précipiter vers moi et m’enserrer à m’en étouffer dans ses bras musculeux.
-Non, toi tu restes ici ! Il est hors de question que tu nous quittes ce château, que tu nous laisses seuls l’année prochaine avec les ASPIC et Smith pour seule compagnie et une passoire dans les buts !
-Exactement ! enchérit Judy qui me donna un coup de balai sur le crâne une fois que Kenneth me relâcha. Tu refuses toutes tes propositions, tu redoubles, tu t’organises mais tu restes avec nous !
-Est-ce que je peux vous acheter avec la perspective de places gratuites pour aller voir un ou deux matchs pendant les vacances ?
Les paupières de Judy se plissèrent et elle échangea un regard très sérieux avec Kenneth, l’air d’évaluer ses choix entre la proposition ou m’assommer de sa batte pour que je reste. Ils finirent par céder d’un soupir qui leur semblait arracher.
-Le capitaine sait comment nous attendrir … Tu viendras nous voir, l’année prochaine ? Si nos matchs ne tombent pas en même temps que les tiens ?
-Je vous le promets. Et vous veillez à ce que Smith ne ruine pas tous mes efforts. Vous avez mon héritage entre les mains.
Une boule d’émotion se forma dans ma gorge à ce moment et Kenneth parut momentanément au bord des larmes avant qu’il ne me sourît vaillamment. Ils finirent par s’éloigner en se chamaillant comme à leur habitude et Simon posa une main sur mon épaule.
-Pari de moi à moi : tu pleures avant d’arriver au train.
-Et toi avant d’arriver aux diligences, contrattaquai-je en levant les yeux au ciel. Allez viens, dépêchons-nous, le monde ne veut pas voir ça.
Mais la traversée de Poudlard fut douloureuse et ce fut difficile de retenir ses larmes. La cuisine dans laquelle j’avais frappé Fred Weasley avec le poêle et embrassé Miles pour la première fois … La Grande Salle et tous les cris que j’avais pu y pousser contre Simon … Le sablier empli d’ambre que j’avais espéré voir plus haute que les autres pierres … La cabane de Hagrid, qui avait fini par revenir après le retour de Dumbledore … Le terrain de Quidditch qui rappelait cruellement à moi le fantôme de Cédric, nos courses de balai, mes débuts dans ce sport, mon apogée … et des mots, des mots qui résonnaient profondément en moi à présent, gravés dans mon âme.
Nous ne sommes qu’ombres et poussières. Mais avant de retourner à la poussière nous nous battrons.
La vision de Pomona Chourave, qui supervisait les opérations dans le parc, me fit monter les larmes aux yeux. Elle nous adressa un sourire ému en nous voyant arriver et se retenait visiblement de nous serrer dans ses bras.
-Ah, vous deux … (ne pouvant s’en empêcher, elle prit nos mains dans les siennes et les serra). Prenez soin l’un de l’autre, d’accord ?
-C’est prévu, professeur, assura Simon d’une voix rauque. Vous allez nous manquer.
-Vous aussi, Bones. Mais à dire vrai, je pense que même les Weasley me manquent, c’est dire … Mais revenez quand vous le souhaitez, les portes de Poudlard vous seront toujours grandes ouvertes, n’en doutez pas. Pour vous aussi, Bennett.
-Merci, professeur … Vraiment, merci pour tout.
Chourave serra ma main avant de tapoter ma joue d’un geste maternel. Ce fut aussi déchirant de quitter cette femme admirable qui fut l’un de mes guides dans le monde magique et dans la quête de mon identité que de quitter ma chambre et ce fut le regard légèrement humide qu’elle nous contempla nous éloigner sur la route qui menait à un avenir loin de Poudlard. Elle avait rempli sa mission en nous faisant grandir et en nous tenant la main jusqu’au bord de ce chemin. Je vis Simon s’essuyer discrètement les yeux et je profitai de ce geste pour éclater de rire et faire voler cette bulle d’émotivité qui semblait nous envelopper depuis ce matin.
-J’ai gagné ! Je veux que tu m’apportes mon chocolat tous les matins cet été, Bones !
-Tu es insupportable, râla Simon en baissant la main, les yeux luisants. Et fais attention, dans les équipes professionnelles, je suis sûr qu’on surveille l’alimentation, c’est peut-être fini le chocolat !
-Raison de plus d’en profiter cet été. Et de toute manière …
La fin de ma phrase s’étouffa dans ma gorge. Une autre personne arpentait le chemin, quelques pas devant nous, les cheveux bruns à peine décoiffés par la brise. Simon suivit mon regard et les traits de son visage se figèrent légèrement.
-Oh. Hum … Je t’attends près des diligences ?
-Ouais. Ouais, on fait ça. Tu peux prendre mes sacs ?
-Dans tes rêves.
J’eus un sourire amusé malgré tout, ces piques familières qui ne m’atteignaient même plus et laissai Simon me dépasser souplement. Il donna une tape dans l’épaule de Miles avant de s’éloigner sur le chemin d’un pas vif. Miles s’immobilisa et fit lentement volte-face en comprenant qu’un Bones seul ne pouvait signifier qu’une Bennett sauvage n’était pas loin. J’attendis la culpabilité, un pincement quelconque, l’accélération des battements de mon cœur, mais tout s’était tu en moi, comme enfin apaisé, une mer d’eau qui se calmait enfin après une atroce tempête. Ce fut néanmoins avec un certain embarras que j’avançai vers lui, trainant avec moi ma valise et les sacs que Simon avait refusé de prendre.
-Salut.
-Salut, répondit Miles, un sourire incertain aux lèvres. Ça va mieux ?
Je mis un moment à comprendre qu’il faisait référence à la soi-disant blessure que j’étais censé m’être faite aux essais et je portai une main mécaniquement à mes côtes depuis guéries.
-Oui, je vais bien. Un cognard chez les Harpies. Ça doit être à cause de ça que je n’ai pas choisi d’aller chez elles.
-Chez qui, alors ?
J’hésitai un instant. Seuls Simon et Susan étaient au courant de ma décision qui n’avait encore rien d’officiel, mais il avait menacé de divers maléfices qui m’avait très vite fait cracher le morceau. De toute manière, j’avais senti qu’une réponse différente de celle que j’avais donné m’aurait quoiqu’il arrivait valu un maléfice. Mais Miles avait été une part importante de ma vie durant cette année écoulée et ça je ne l’oubliais pas.
-Les Tornades. Je vais signer mon contrat la semaine prochaine.
Miles eut un sourire entendu. Il connaissait peut-être plus que quiconque mon envie de rester au plus près de chez moi. Et il était peut-être celui qui en avait le plus souffert. Les échos d’une ancienne culpabilité resurgirent et je ne pus m’empêcher de bredouiller :
-Ecoute … Je suis désolée de ce qui s’est passé …
Mais Miles m’interrompit d’un geste de la main et me gratifia d’un sourire rassurant.
-Ne t’en fais pas. Je n’ai pas été parfait non plus, sur la fin. Je pense qu’on tirait sur la corde, en fin de compte, qu’on arrivait à notre plafond de verre. Je ne dis pas que ça a été facile … C’est possible que je t’aie maudit deux ou trois fois pendant les ASPICs. Ou alors c’était Bones ? Bon sang, quand il a fait son patronus …
-On est dans le même cas pour ça. Au moins on aura tous une mauvaise note à cause de lui, mais je compte bien lui faire payer.
Un fin sourire s’étira sur les lèvres de Miles, légèrement teinté d’amertume. Il parut pendant quelques secondes en proie à un débat intérieur, avant de lâcher du bout des lèvres :
-Est-ce que je me permettre un conseil ? Pour la suite ?
-Bien sûr, assurai-je, assez surprise par la prudence de son ton. Quoi ?
-Définitivement, Vic’ … Arrête de te prendre la tête. Pitié. A chaque fois que tu réfléchiras trop à une question, pense à moi et laisse-toi emporter. Tu as un bon instinct, fais-lui confiance. Et je pense que tu en auras besoin dans les mois à venir.
Je le dévisageai un instant, étonnée avant qu’un sourire gêné ne s’étale sur mes lèvres. Je savais être une personne qui réfléchissait excessivement et c’était au moment où j’avais décidé de mettre mon cerveau en pause que j’étais sortie avec Miles, cédant à mes sentiments naissants. C’était peut-être un aspect de moi que Poudlard avait développé et que je devais amener à l’extérieur.
-J’essaierais, promis.
Miles sourit de façon plus franchement. Après encore une minute d’indécision, il ajouta même :
-Si un jour tu te poses trop et quand on sera prêt pour ça bien … n’hésite pas à venir me voir. Vraiment.
-Oh. C’est gentil, j’y penserais. Et euh … Toi aussi, d’accord ? Pour le coup, si une situation demande à être interrogé. Comme « est-ce que je dois ou non attaquer l’amie de ma copine ».
-Alors d’abord ce n’était pas une attaque ! Et ensuite, comment oses-tu me remettre ça dans la figure alors qu’on est plus ensemble ?
J’eus de prime abord un mouvement de recul avant de remarquer que Miles souriait, ses yeux bruns pétillants. Je me détendis alors et lui rendis son sourire. Il faudrait du temps avant que les choses ne deviennent naturelles entre nous – si tant étaient qu’elles pourraient l’être un jour. Mais Miles avait été une étape importante de ma vie – mon premier petit-ami, ma première fois … C’était impensable qu’il s’efface de ma vie, impensable que je le laisse s’évaporer. Les pires traumatismes restaient gravés dans les mémoires, il n’y avait pas de raison que les bons moments n’y restent pas non plus. J’empoignais ma valise, sentant que l’instant d’amabilité touchait à sa fin et que la situation ne tardait pas à devenir à nouveau gênante.
-Prends soin de toi, conclus-je avec un sourire. Vraiment. Et salue ton père de ma part.
-Et toi salue ton frère. Non, abstiens-toi, en fait, je ne suis pas sûr de l’avoir beaucoup aimé. Mais prends soin de toi aussi, Vic’.
J’essuyai un rire désabusé et nous descendîmes ensemble dans un silence embarrassant les derniers mètres qui nous séparaient des diligences. Miles monta dans la première d’entre elle qui contenait Ulysse Selwyn et je rejoignis Simon, qui m’attendait en fixait le vide devant la diligence. C’était l’une des dernières qui demeuraient et je vis avec une certaine stupeur Simon lever une main et caresser l’air, comme s’il faisait un signe à quelqu’un. Pourtant, l’intérieur était vide, aussi le contemplai-je avec étonnement.
-Euh … Qu’est-ce que tu fais ?
Les traits de Simon se crispèrent et il recula d’un pas en baissant la main. Il prit résolument ses bagages et les chargea dans la diligence, mais son visage demeurait troublé.
-Rien, laisse-tomber …
-Simon …, soupirai-je en posant une main sur son bras pour stopper son geste. Qu’est-ce qu’il y a ?
Simon laissa tomber son sac à l’intérieur de la diligence et contempla un instant l’endroit où il s’était tenu avec une sorte de déchirement. Sa bouche se tordit.
-Tu sais ce qu’est un sombral, Vicky ?
-J’ai déjà entendu, mais … pas vraiment…
-Ce sont de grands chevaux squelettiques, très sensible, tellement sensibles qu’ils en sont invisibles. Poudlard s’en sert pour tirer les diligences …. Seules … Seules des personnes qui ont vues la mort peuvent les voir.
Mon souffle se bloqua dans ma gorge et je fixai l’espace vide devant la diligence, ayant soudainement douloureusement consciente de ce que Simon pouvait y voir. Pas simplement le cheval squelettique qu’il m’avait décrit, mais tous les fantômes qui le hantaient depuis plusieurs mois. Je réalisai également que chaque fois que Simon avait dû prendre cette diligence, il s’était retrouvé face à cet preuve vivante du traumatisme qu’il avait vécu et qu’à chaque fois cela avait dû être comme une lame enfoncée dans son cœur. Mais j’avais toujours fait mes trajets avec lui ou presque et jamais je ne l’avais vu agir de la sorte. Ils les avaient toujours ignorés … Je laissai glisser ma main jusque la sienne et serrai doucement ses doigts.
-Tu n’as pas une petite larme à verser ?
Brusquement sorti de sa torpeur, Simon planta un coude dans mes côtes et je le poussai avec un éclat de rire à l’intérieur de la diligence. Cette acceptation de la présence du sombral devait déjà être assez douloureuse pour que j’en rajoute avec des paroles inutiles.
-Victoria Anne Jadwiga Bennett, tu es la personne la plus abjecte que je connaisse ! maugréa-t-il en se laissant tomber sur la banquette. Sérieusement, tu es atroce !
-Et c’est pour ça que tu me supporteras toute ta vie, jusqu’à ce que je t’enterre avec un « on se reverra en enfer, minus ! », chantonnai-je joyeusement. D’ailleurs, tu ne m’as toujours pas dit ton second prénom. Edgar ? Nicholas ?
Simon eut un sourire énigmatique et secoua lentement la tête avec un plaisir presque sadique.
-J’ai deux frères aînés, Vic’, Edgar et Nicholas auraient déjà été pris. Mais tu n’es pas dans le bon esprit.
-Hum … Ta mère était de Sang-Pur, et tu refuses de me le dire … C’est un nom ridicule du style Drago, Ulysse, tout ça … ? Oh mon Dieu ! (Simon venait de détourner les yeux, son sourire s’agrandissant sur ses lèvres). C’est ça ?!
-Non.
-Si c’est ça ! Tu me caches un prénom ridicule pour que je ne me moque pas, tu me caches ça depuis des années, honte à toi Simon prénom-ridicule Bones !
La diligence s’ébranla, m’empêchant de répandre davantage mon indignation. Nos regards se portèrent immédiatement sur le château derrière nous qui commençait à s’éloigner, emportant avec lui notre enfance, notre insouciance et tous nos souvenirs. Aucun de nous deux ne pûmes endiguer le voile humide qui nous couvrit la cornée alors qu’une partie de nous nous était arrachée. Il était tant de grandir … et de nous confronter à notre nouvelle vie.
***
Il se trouva que le seul compartiment acceptable était occupé par Octavia McLairds, qui leva les yeux au ciel en nous voyant arriver. Pourtant, je vis le léger sourire passer furtivement sur ses lèvres, comme si elle était secrètement ravie de ne pas faire le trajet seule. Forcée par Roger, Emily finit par nous rejoindre au milieu du trajet mais resta silencieuse, appuyée contre sa banquette à lire un épais grimoire, les lunettes perchées sur son nez. Roger et Simon discutaient de l’IRIS quand Susan passa la porte, un sourire immensément satisfait sur le visage qu’elle ne parvint pas à nous cacher. Il fallut plusieurs minutes d’interrogatoire de la part de Simon et de Roger pour qu’elle ne lâche du bout des lèvres :
-Bien … Il se peut que … Euh. Malefoy, Crabbe et Goyle ont tenté de tendre un piège à Harry alors … On leur a juste montré à quel point Harry nous avait bien entrainé et … ils ressemblent à présent à trois grosses limaces.
Il eut un instant de silence où Susan jeta des regards à la dérobée à son frère, l’air de craindre sa réaction. C’était d’ailleurs cela que chaque personne du compartiment, y compris Emily, guettait avec une certaine appréhension. Simon contempla quelques secondes sa sœur, bouche bée, avant d’éclater de rire et de la prendre dans ses bras. Susan se laissa faire, hébétée.
-Par Merlin, Susie, qu’on ne vienne jamais te dire que tu n’es pas ma petite sœur !
Susan battit des paupières et enlaça son frère qui ne l’était pas de sang, mais qui l’était indéniablement de cœur. Octavia et moi échangeâmes un sourire attendri et qui me sembla presque complice. Elle était l’unique autre personne consciente des véritables origines de Simon et je n’oublierais jamais que c’était grâce à elle que j’avais pu découvrir ce pan inconnu de sa vie.
Le train finit par ralentir à l’approche de la gare King’s Cross et il me sembla alors qu’il arrivait en gare que jamais je ne pourrais sortir de ce compartiment, que j’allais me cacher sous l’une de ses banquettes pour que le train puisse me ramener à Poudlard et que je n’aie pas à affronter tous les changements qui s’étaient opérés cette année. Pourtant, je suivis Simon hors du compartiment, la mort dans l’âme et faillis le heurter au moment où il allait descendre du train. Mais à peine avait-il passé la tête par la porte qu’il avait eu un mouvement de recule et j’échappai souplement à la collision.
-Bones !
-On ne descend pas, finalement ! décréta-t-il en reculant encore.
-Qu’est-ce qu’il y a cette fois ?
-Euh …, répondit à sa place Susan, qui fixait l’extérieur avec un sourire. Vic’, je pense que tu as un comité d’accueil.
Intriguée, je pris les devants et descendis du train avec mes bagages. Puis mon regard se promena sur le quai et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Un immense sourire s’étira sur mes lèvres sans que je ne puisse le contenir. Un peu plus loin se tenait un groupe de personne que je n’aurais jamais cru pouvoir se tenir ensemble sur le quai de la voie 9¾ mais pourtant elles étaient là. George et mon père étaient l’un à côté de l’autre, comme un chaque retour de Poudlard cette année, mais cette fois, Alexandre les accompagnait, tenant par la main une Melania Selwyn qui me paraissait plus épanouie que jamais, malgré le bras qu’elle portait encore en écharpe. Et surtout, observant la vieille locomotive rouge d’un œil critique, Miroslav Liszka complétait cet incroyable tableau. Simon déglutit derrière moi.
-Ton grand-père était obligé de venir ?
-Seigneur, remets-toi ! Ferme ton esprit et ça devait bien se passer !
-Moi, je trouve ça génial ! s’exclama Susan en sautant du train, radieuse. On y va ?
Sans nous attendre, elle se précipita vers son père d’un pas bondissant alors que le mien se dépêchait vers moi. Je lâchai mes bagages pour le rejoindre et l’enlacer, poussant un immense soupir dans son polo alors qu’il me serrait à m’en rompre les os, appuyant ma tête contre son épaule en un geste tremblant et protecteur.
-Dieu tout puissant, ma chérie …
Un petit sourire retroussa mes lèvres alors que je m’écartai pour observer mon père. Il semblait avoir pris dix ans depuis les vacances de Pâques : les rides qui filaient sa peau s’était creusées et il me semblait même de nouvelles mèches grises étaient apparues dans sa chevelure châtain. Comme Alexandre, il avait appris trop en trop peu de temps. Il esquissa un petit sourire et m’embrassa sur le front.
-Je suis heureux que tu reviennes à la maison. Je crois que ta mère a prévu de te séquestrer.
-C’est une sorcière, Edward. Peu importe la prison que vous lui ferez, elle s’échappera.
Mon père grimaça et prit à peine la peine de tourner la tête vers mon grand-père. Il passa un bras derrière mes épaules.
-Merci, Miro, je sais, cingla-t-il avec une certaine froideur.
-Salut, papy.
Le regard de Miro pétillait mais je le vis régulièrement se porter sur quelque chose qui se tenait derrière moi. Comprenant soudainement, je claquais mes doigts sous son nez avec insistance.
-Arrête ça ! On fait comme la dernière fois !
-Aucun progrès, le moustique, il va falloir que je le prenne en main, grogna-t-il avant de reporter son attention sur moi. Alors
perelko ? On se jette dans la mêlée sans moi ?
-On s’en serait bien passée, intervint Melania en s’avançant pour m’enlacer avant de me prendre à bouts de bras. Tu aurais vu mon frère, par le plus grand des hasards ?
-Je l’ai vu descendre là-bas, intervint Octavia, qui nous avait suivies.
Elle contemplait Melania avec incrédulité avant que son regard ne glisse sur les mains nouées de la sorcière et d’Alexandre, puis sur Simon, les sourcils dressés en une question muette. Melania fendit la foule à la recherche d’Ulysse pendant que je saluai George et qu’Alexandre entreprenait de frotter vigoureusement le sommet de mon crâne. Puis il se tourna souplement vers Simon pour pointer un index accusateur sur lui.
-Il faut qu’on parle, mon crapaud ! Tu as failli à ta mission, cette année !
-Crapaud ? ne put s’empêcher de glousser Emily alors que Roger éclatait de rire à côté.
-Je lui trouve plutôt l’air d’un moustique, évalua Miro en frottant sa barbe, avant de se pencher sur George. Je vous le prendrais quelques heures par semaines, ce n’est pas possible d’avoir un esprit si ouvert avec Voldemort qui se promène.
Il y eut une grimace collective au nom du Mage Noir, mais elle n’atténua pas l’embrasement des joues de Simon ni le rire sonore de Roger qui continuait de résonner sur le quai. George ne paraissait pas particulièrement enclin à laisser son fils à Miro et Simon finit par reprendre contenance pour cingler :
-Je pense qu’ils sauront parfaitement me l’apprendre à l’IRIS, mais merci de la proposition.
-Tu n’es pas encore pris à l’IRIS, rappela Octavia avec un fin sourire. Oh la la …
Melania venait de réapparaitre, un immense sourire aux lèvres et trainant derrière elle un Ulysse Selwyn de fort mauvaise humeur. Cela ne s’arrangea pas lorsqu’il remarqua Octavia dans le groupe et que ses joues pâles rosirent. Melania le planta devant Alexandre.
-Ulysse, je te présente Alexandre. Alex, mon petit frère, une des seules personnes à peu près acceptables dans la famille.
-A peu près, grinça Simon.
Melania et Selwyn s’accordèrent un regard peu amène, mais les lèvres d’Alexandre se relevèrent en un sourire dont, forte de mon expérience, je me méfiais. Il présenta sa main avec entrain.
-Ah oui ! On m’a raconté que ma sœur t’a mis un coup de pied dans les couilles y’a quelques années, j’espère que ça n’a pas fait trop mal…
-J’avais oublié à quel point j’adorais Alex, souffla Simon à mon oreille alors que je m’esclaffais, suivie de Susan et que mon père nous jetait à tous un regard surpris.
La mâchoire d’Ulysse se contracta, mais il serra tout de même la main de mon frère. Melania frappa celui-ci sur le bras, contrariée.
-Arrête, il m’a beaucoup aidé ces derniers temps … (Je la vis jeter un bref regard à Octavia, qui s’était dignement détournée de la scène à l’arrivée de Selwyn). C’est lui qui m’a mis en contact avec Victoria pour qu’un puisse trouver une solution, par exemple …
-Et il m’a prévenu pour les lettres, aussi, ajoutai-je malicieusement. Depuis quand tu sais écrire, Alex ?
-Des lettres ? s’étonna mon père.
Cette fois, ce fut lui qui se trouva dans l’embarras et provoqua le rire tonitruant de mon grand-père. Roger choisit ce moment pour annoncer qu’il s’en allait avec Emily : je les regardais s’éloigner, main dans la main d’un air mélancolique. Il faudrait du temps pour que le naturel revienne avec mon amie, mais je doutais que notre relation soit la même. Roger l’avait dit : à présent, c’était l’Ordre qui se mettrait entre nous. Puis mon regard se promena sur le quai et un nouveau sourire fendit mon visage. Je laissai mes bagages à mon père pour me précipiter vers une double silhouette vêtue de blouson verts criard qui jurait particulièrement avec leurs têtes rousses. Je frappai dans l’épaule du premier que j’atteint et il poussa un glapissement ridicule.
-Espèce d’imbéciles, j’ai été prise dans votre marécage ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
-Que l’idée est vraiment très drôle ? Non ! George, je la sens d’humeur à sortir la poêle !
-Ne me tente pas …
Fred et George Weasley me sourirent de concert. Je ne les avais jamais vu avec des vêtements si neuf et si clinquant, preuve que leurs affaires sur le Chemin de Traverse marchaient à merveilles. Derrière eux, un groupe de personne qui me tournaient le dos parlaient à un couple vêtu de vêtements moldus trop impeccablement pour ne pas en être de vrais, composé d’un gros homme à la moustache fournie et d’une femme toute frêle au visage chevalin. Entre eux, Harry Potter semblait hésiter entre l’amusement et l’émotion.
-Bon, Bennett, il parait qu’on va se revoir régulièrement cette année ? entonna George avec un sourire.
-Si Bones et toi pouviez juste baisser un petit peu le volume sonore quand vous vous criez dessus, nous avons assez entendu de cris pour le restant de nos jours, poursuivit Fred en se couvrant une oreille, une grimace aux lèvres. Tu veux qu’on te présente d’autres membres ? Tu en connais, en réalité. Oh, Bones ! Mais il a repris du poids !
-Très drôle, grimaça Simon en s’avançant vers eux. Ils font mal aux yeux, vos blousons.
-Je pense que c’est de la jalousie. Ah ! Voilà le plus bel homme de la terre, l’œil qui a fait trembler Tu-Sais-Qui !
-Le chapeau melon le moins dissimulateur de tous les temps …
Derrière eux, claudiquant après avoir salué le couple de moldu qui repartait à présent avec Harry, Alastor Maugrey leur jeta un regard mauvais de son œil sain. Il avait beau être identique à l’homme que j’avais connu durant l’année dernière, je savais qu’il n’en était rien et c’était déstabilisant. Je sentis Simon se soustraire un peu derrière moi.
-C’est ça, fanfaronnez, tous les deux, vous rigolerez moins quand j’en aurais fini avec vous, marmonna l’ancien Auror en rabaissant le chapeau melon sur son œil mécanique. Ah oui, les recrues, Albus m’en a parlé … T’es la petite gardienne, toi ?
C’était vraiment une expérience étrange et je m’efforçai de cacher mon trouble pour acquiescer. Puis l’œil d’un bleu sombre de Maugrey se planta quelque part derrière mon épaule et les traits de son visage parurent l’espace d’une seconde s’attendrir.
-Et le petit Bones. A moitié une surprise … Cassie serait fière.
Je sentis Simon se tendre et lui jetai un regard oblique, me refusant à faire le moindre geste pour ne pas alerter les jumeaux. Rose m’avait avoué que c’était Maugrey qui avait formé Cassiopée Bones à son poste d’Auror mais j’ignorais si Simon connaissait ce détail. Un silence parut s’éterniser assez pour que les jumeaux eux-mêmes n’échange un regard perplexe et Maugrey fut le premier à le rompre de sa voix bourrue :
-On vous recontactera cet été, tenez-vous prêts. Et en attendant …
-Vigilance constante.
L’éclat de nos quatre voix parut momentanément le surprendre. C’était ce que son imposteur nous avait martelé pendant un an et c’était un message qui s’était profondément ancré en nous. Un sourire sinistre s’étira sur ses lèvres, si fines qu’elles ne semblaient être qu’une balafre de plus.
-Parfait. Cet enfoiré vous aura au moins appris les bonnes bases.
-A bientôt, Bennett ! ajouta Fred en suivant sa famille qui s’avançait vers la barrière. Aiguise bien ta poêle !
-Et venez nous voir à la boutique quand vous aurez un peu de temps ! On pourra reparler du marécage !
Maugrey leva les yeux au ciel avant d’adresser un dernier regard à Simon et de suivre les Weasley dans le monde moldu. Je sentais bien qu’à chaque fois, c’était le visage de Cassiopée qui devait se dessiner par-dessus les traits de Simon et lorsque je levai le regard sur celui-ci, je vis qu’il l’avait très bien compris. Ma mâchoire s’était contractée et ses poings s’étaient serrés.
-Ça, ça va être pénible.
-Ta mère m’a dit qu’il l’avait formé … Peut-être qu’il devait beaucoup l’aimer …
-Peut-être mais je ne suis pas ma mère, Vicky, et s’il commence à le penser ça va vraiment devenir agaçant.
Malgré son visage qui demeurait crispée, je fus rassurée d’entre le « ma mère » sortir avec autant de naturel. Alors bien sûr, son souvenir le figeait toujours. Bien sûr que si un jour Jugson ressortait d’Azkaban, la tempête s’abattrait de nouveau dans son esprit. Mais s’il apprenait à vivre avec leur souvenir, à se remplir le vide qui s’était ouvert dans sa vie le jour où sa famille avait été tuée, alors j’avais espoir que la tempête soit moins violente. J’enroulai mon bras autour du sien et le geste lui arracha un sourire.
-Allez viens, crevette. On rentre à la maison.
-Crevette toi-même.
Je levai les yeux au ciel et nous rejoignîmes ma famille et la sienne. George discutait avec mon père et Miro devant une Susan qui lorgnait régulièrement vers la barrière, l’air d’avoir hâte de rentrer. Octavia était restée et observai à la dérobée l’échange entre Selwyn et sa sœur avec une indifférence feinte qui ne trompait personne. Elle tourna le regard vers nous, rosit légèrement et agrippa ses bagages.
-Bon, je vais y aller …
-Tes parents ne sont pas venus ?
Les yeux d’Octavia roulèrent dans ses orbites.
-Je suis majeure, Bennett, mes parents ont mieux à faire. Bien … Si je reprends notre dossier pour le compte du Département de la Coopération Magique Internationale, je te fais signe, d’accord ?
-Ça marche. Bonne chance.
Octavia eut un léger sourire avant de se tourner vers Simon. Mais je sentis leur gêne et ils se contentèrent d’un vague salut avant que la jeune fille ne repousse ses cheveux d’acajou sur son épaule et ne s’éloigne. Elle se fendit d’un « bonne vacance, Ulysse » en passant à côté de Selwyn qui fit sursauter celui-ci. Un sourire s’étira sur ses lèvres et il les tordit immédiatement pour le masquer. Sans doute était-ce la première fois qu’elle lui adressait la parole depuis une éternité. Je m’approchai de mon père qui, visiblement, débattait avec George et Miro de la pertinence d’avoir un train qui nous amenait tous à Poudlard quand on avait tant de moyen de transport magique.
-On devrait y aller aussi, maman va nous attendre, fis-je remarquer en prenant son bras.
-En réalité, elle est en train de préparer notre voyage pour Cracovie avec ta grand-mère donc je pense qu’elle ne s’ennuie pas, évalua mon père avec un sourire. Mais tu as raison, il est temps de partir.
-Enfin, soupira Susan en se mettant en marche.
George essuya un petit rire en ébouriffant les cheveux auburn de sa fille. Elle fut la première à passer la barrière avec une assurance nouvelle qu’avait pu lui donner les leçons de l’A.D., suivi d’Alexandre et de Melania qui se tenaient toujours la main, le sourire plein de promesse d’un avenir radieux. Puis ce fut mon tour de quitter le quai, la locomotive rouge qui déversait son panache de fumée blanche sur nous, de quitter définitivement cette vie, cette existence d’insouciance et de calme relatif pour plonger dans la grande inconnu, cet immense trou noir qui s’était toujours étalé devant moi et qu’on appelait l’avenir. Ces derniers temps, des zones s’étaient éclairés, mettant en lumières des pans du futurs qui étaient devenus tangibles, accessibles, apportant stabilité et effroi, car ces lueurs ne faisaient que rappeler à quel point la route restait sombre et incertaine. Et alors que je me figeai devant cette barrière, soudainement effrayée de la franchir et de découvrir ce qui se trouvait derrière, une main douce se plaça au creux de mon dos et j’entendis s’élever au-dessus de moi un chant familier :
-
Will you join in our crusade? Will you be strong and stand we me? Somewhere beyond the barricade is there a world you long to see …
-
Do you hear the people sing? poursuivis-je, un sourire mouillé d’une larme aux lèvres.
Say do you hear the distant drums …? It is the future that they bring when tomorrow comes …
Un léger sourire flottait sur les lèvres de Simon, ému lui aussi. Ses prunelles d’un vert mousse s’étaient éclaircies face au soleil du juin et n’avaient plus rien de l’émeraude de la tourmente. C’était le vert de l’espoir qui brillait dans ses yeux. Je passai une main à mon col et emprisonnai dans ma paume les deux breloques qui pendaient à ma chaine. Ma force et mon combat. Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait. J’embrassai une dernière fois le quai du regard, tout ce que j’y laissais, avant de passer un bras derrière le dos de Simon pour me tourner vers la barrière. Ensemble nous étions arrivés un jour, deux crevettes de Terre-en-Landes sur le quai de la voie 9 ¾, King’s Cross, et ensemble nous le quittâmes, traversant la barrière derrière laquelle un nouveau monde s’offrait à nous.
Non, mamy. Je te jure que je ne les laisserais pas faire.
Fin de la partie II
Voilà, j'espère que vous avez apprécié le chapitre ! J'en profite pour faire un petit bilan de mi parcours parce que je me doute que dans deux ans vous ne vous souviendrez plus des événements de la partie II. Donc on est reparti pour un petit questionnaire type Lucy? C'est parti !
1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic' au final ?
2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
-Au niveau de l'histoire :
-Au niveau de l'écriture :
3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi? *se prépare à une avalanche d'amour pour Simon Bones*
4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?
5) On est reparti pour deux parties, qui couvriront les tomes 6 et 7. Qu'attendez-vous pour la suite?
6) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?
7) Allez, on va faire le sondage quand même par curiosité ! Pour ceux qui ont lu les deux, O&P ou Lucy ? Pourquoi?
8) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Laissez libre court à votre imagination !