Cendre [Autre-Monde]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.
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MmeLauranne

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Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Eeeeeeeeeh salut à tous les amis aujourd'hui on se retrouve pour une nouvelle fanfiction aujourd'hui je suis avec Cendre, Cendre dit bonjour, COucoU !.

Mais avant tout savez vous que cette fanfiction est sponsorisée par Raid Shadow Legend ! en fait non

Si vous n'êtes pas familiers avec l'univers d'Autre-Monde, pas d'panique. Le début va vous paraître assez flou et incompréhensible mais des réponses seront apportées par la suite.

BREF Assez de tergiversations, je vous laisse avec ma fanfiction :

Chapitre 1 – Rebelles


- REVIENS ICI, PETITE GARCE !
Cendre virevolte, monte sur une étale souplement et se met à escalader la façade en pierre, sous les insultes du vendeur dont elle vient de chiper une énorme miche de pain, de quoi tenir au moins deux jours. Elle rit, goguenarde, et continue d’escalader le bâtiment avec une souplesse et une agilité déconcertante malgré le gel et la glace. Le vieux bedonnant tente de lui lancer des pierres mais elle s’est déjà rendue à cinq mètres du sol.
- SI JE T’ATTRAPE UN JOUR, JE TE COUPE LA MAIN !
Cendre glousse et s’autorise même à le regarder en lui faisant un geste de la main avant de poursuivre son ascension, la miche de pain calée entre ses dents. Elle parvient sans mal à atteindre les toits et prend un moment pour reprendre son souffle. Elle s’assoit sur le bord enneigé, les jambes dans le vide, et regarde la ville au loin.
Depuis quatre mois, elle passe les meilleurs moments de sa vie et ne s’est jamais autant amusée. Elle qui a vécu toute sa vie à écouter et suivre malgré elle les ordres stupides des adultes, elle peut désormais mener sa vie comme elle l’entend : mieux encore, elle peut leur rire au nez sans craindre les remontrances. Elle retire sa capuche en fausse fourrure et ses cheveux très légèrement ondulés d’un gris cendré, libérés, prennent tranquillement leur place autour de son visage et sur ses épaules. Une petite frimousse s’aventure sur ses épaules et elle lui donne un petit morceau de croûte.
- Bon appétit, Don Dieg.
Le rat blanc attrape le morceau de pain avec ses petites pattes et regarde l’enfant de ses yeux rouges, reconnaissant. Puis, il se met à grignoter frénétiquement le savoureux butin. Cendre sourit et regarde l’horizon en soupirant de bonheur.
Des cris en contrebas la tirent de ses rêveries.
- LÀ-HAUT !
Elle sourit malicieusement. « C’est pas trop tôt » pense-t-elle en remettant sa capuche.
- Accroche-toi, Diego.
Le rat se cale dans la capuche de Cendre pendant que l’enfant fait des coucous aux gardes en contrebas qui se demandent comment monter. Ils décident finalement d’être intelligents et rentrent dans le bâtiment. Cendre les entend monter les escaliers. Elle s’étire et attend tranquillement, adoptant volontairement une posture d’ennui. Lorsque la porte du toit est défoncée et que cinq gardes l’encerclent, elle les regarde un à un avec un sourire innocent, la miche de pain dans les mains cachée dans son dos.
- Tu vas tranquillement nous suivre sans faire d’histoire.
- C’est pas d’ma faute, Monsieur, dit-elle d’un ton angélique avec un regard triste. C’est mes copains, ils ont faim…
- Rien à foutre. On va te poser un anneau, comme les autres, ça va te calmer un peu.
La petite sursaute avec tant de violence qu’elle ne trompe personne quant à ses véritables émotions.
- Ho non, pas l’anneau, par pitié !
- Allez, attrapez-moi cette petite pute. Elle fera moins la maligne quand elle sera devenue mon esclave.
Cendre change d’air et sourit en défiant le garde du regard de ses yeux d’un noir de jais. Elle at-tend la bonne occasion, qui se montre lorsque les gardes foncent vers elle en même temps. Elle se met à rire à gorge déployée et juste avant que les gardes ne la touchent, elle disparait. Enfin en tout cas, c’est ce que peuvent voir les gardes. En réalité, Cendre s’est cachée dans l’ombre d’un des soldats et peut voir les hommes se dévisager d’un air décontenancé pendant que le chef hurle de rage. Cendre continue de rire, elle a eu assez de spectacle pour aujourd’hui et décide de rejoindre le Nid. Elle saute d’ombres en ombres et arrive à une vitesse fulgurante au dernier étage d’un bâtiment en ciment et en métal, à l’orée de la ville. Elle décide de s’amuser encore un peu et sort des ombres juste devant Ben*
- BOUH !
L’adolescent pousse un cri de stupeur mêlé de peur en tombant sur son derrière pendant que Cendre rit, moqueuse.
- Ba alors mon gros, tu es encore surpris ?
Ben se met à râler.
- C’pas gentil, Cendre.
Elle rit et aide son ami à se relever.
- Où sont les autres ?
- Y d’vraient pas tarder, t’es la première à rev’nir. T’as qu’ça ? constat-t-il, déçu, en contem-plant la miche de pain.
- Hé, j’ai failli me faire arrêter pour ça !
- Ouais ba vu ta Capacité, j’pensais au moins qu’t’allais récupérer d’la viande ou j’sais pas quoi.
L’enfant hausse les épaules et pose la miche de pain sur la table en frissonnant. Les fenêtres étant toutes explosées, le froid hivernal rentre et s’engouffre dans les moindres recoins de la bâtisse. Les Rebelles n’ont rien tentés pour calfeutrer les trous béants des baies vitrées, et se contentent de porter leurs grosses doudounes tout le temps.
Cendre retire sa capuche et se met à bavarder joyeusement avec Ben en attendant que les autres reviennent, ce qui arrive quelques minutes après. Nut’s, le frère jumeau de Ben, arrive comme un garçon normal, par la porte. Il sourit et pose une volaille vivante sur la table qui tente de s’échapper de l’emprise du cordage qui lui maintient les pattes, paniquée. Cendre le regarde avec circonspection.
- Pourquoi tu l’as pas tuée ?
L’adolescent regarde Cendre avec un regard doux. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à son frère : mêmes cheveux carotte, mêmes tâches de rousseur étalées sur tout le visage, mêmes yeux noisette, même carrure impressionnante. Nut’s, néanmoins, a l’air plus calme et gentil que son frère, un peu plus bourru.
- Tu sais bien que je ne tue pas.
- Vous n’aviez pas une ferme avant ?
- Si, mais c’est papa et moi qu’on s’occupait du sale boulot, intervient Ben en cassant le cou du poulet qui cesse de se débattre.
Cendre jette un regard moqueur à Nut’s mais ne dit rien. Diego sort de la capuche de Cendre et se met à entretenir sa fourrure. Ben le regard d’un air mauvais.
- T’veux pas balancer c’te saloperie ?
Le rat regarde Ben, scandalisé. Cendre elle-même croise les bras.
- Tu t’adresses à Don Diego de la Véga là, pas à n’importe quel rat. Il est très vexé par ce que tu viens de dire d’ailleurs...
Ben regarde le rat d’un air mauvais mais ne dit plus rien. Les Rebelles reviennent un par un comme une valse bien orchestrée.
D’abord il y a Microbe, un petit gringalet de six ans, pas plus, l’air timide et qui n’ouvre jamais la bouche. Il est accompagné de son frère, Flammèche, bien plus volubile et sûr de lui malgré ses dix ans et ses dents de laits. Arrive ensuite Princesse, une magnifique blonde à la poitrine arrogante mais d’une efficacité sans faille quand il s’agit de voler. Jamais très loin de Princesse il y a Honey, une petite noire aux magnifiques yeux dorés comme le miel qui lui permettent de voir dans le noir. Son cousin Hulk, un grand gaillard qui semble toujours sur le point d’éclater de rire, ne s’éloigne jamais bien loin. Jade, une adolescente effacée aux longs cheveux, aux lèvres, aux yeux et aux ongles verts, arrive sans un mot, dépose sa pitance sur la table et part s’isoler quasiment à chaque fois. Et enfin, le grand chef, Chef comme l’appellent ironiquement les autres, qui a pris malgré lui le commandement de tout ce beau monde, un brun aux yeux bleus, charismatique et enjôleur, arrive en dernier.
Chef observe ce qu’il y a sur la table et sourit à chacun d’eux.
- Vous avez fait du bon travail. Cendre, tu nous as offert une belle diversion.
Elle fait un geste désinvolte de la main mais apprécie le compliment de Chef. Princesse la regarde un peu jalousement mais lui sourit néanmoins. Flammèche tape du coude dans les côtes de Cendre pour la féliciter.
- Allez, à table !
Toute la troupe se met joyeusement à table, y compris Jade, qui ne décoche pas un mot. Elle se contente de manger de son côté, même si Flammèche et Hulk essaient de lui tirer un sourire, qui se soldera par un regard de meurtre à leur encontre. Microbe et Honey, les plus jeunes, ont hâte de finir de manger pour aller jouer de leur côté. Princesse et Chef discutent gaiment sous les regards moqueurs des autres. Ben et Nut’s se chamaillent, bon enfant, sous les rires de Cendre. Un soir normal et habituel pour les Rebelles.
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 2 – New Haven

Cendre aime se réveiller avant tout le monde pour observer le lever du soleil. Elle se lève tranquillement, sans un bruit, pour ne pas déranger ses compagnons qui dorment tous dans la même pièce, comme un grand dortoir. Les jumeaux ronflent en rythme, Princesse et Chef se tiennent la main pudiquement, Microbe et Honey dorment blottis l’un à l’autre et Flammèche est dans une position improbable. Hulk a un sourire paisible aux lèvres. Seul le lit de Jade est vide, parce qu’elle aussi se lève tôt, avant le lever du soleil. Cendre s’emmitoufle dans ses couvertures et pose une casserole pleine d’eau sur le feu allumé par Flammèche au milieu de la troupe la veille. Le temps que l’eau chauffe, elle attrape un morceau de pain, va près des fenêtres et s’assoit, les jambes dans le vide, à côté de Jade, qui regarde l’horizon adossée au mur. L’adolescente aux cheveux verts lui sourit, rêveuse, et Cendre répond à son sourire, les cheveux gris en pétard. Elle lui propose un morceau de pain que l’adolescente accepte avec joie et elles se mettent à grignoter. Pas un mot n’a été échangé.
Il y a un silence paisible, seulement troublé par les ronflements des jumeaux. Le soleil finit par effleurer les deux filles qui ferment les yeux de concert pour profiter des rayons agréables de l’astre matinal. Depuis trois jours seulement, le soleil a chassé les nuages pleins de neige et une toute autre vie semble commencer. Les adultes sont moins enclins à les tuer, même s’ils manifestent toujours une haine non dissimulée à leur égard, l’évènement hier le prouvant. Des échoppes autrefois à l’intérieur des bâtiments sont maintenant à ciel ouvert, comme si ces grosses brutes profitaient elles aussi de ces jours paisibles et reposants avec l’arrivée du soleil.
Cendre se laisse aller à ses divagations, à sa vie avant la Tempête, à sa famille qu’elle a perdue pour en trouver une autre, à ces adultes qui ont déjà pris trois des enfants au sein du groupe et à leur amnésie ravageuse, à ses treize ans qu’elle a fêtés il y a un mois.
Le groupe prend vie doucement, d’abord par les enfants, puis Hulk, Flammèche, Chef et enfin les jumeaux. Princesse dort encore sans manifester l’envie de se réveiller.
Le matin est le moment préféré de Cendre. La troupe parle peu, raconte sa nuit, propose des victuailles ou du café lyophilisé accompagné de thé ou d’infusion. Le visage de Chef est troublé et Cendre sait ce qui le préoccupe. Jusqu’alors, ils se contentaient de piller les magasins laissés à l’abandon et de voler uniquement quelques vivres aux adultes mais les évitaient la majorité du temps. Mais depuis une semaine, ils n’ont plus de stock et ont dû s’improviser bandits ou voleurs. Si certains n’ont pas de mal à leur subtiliser leurs récoltes grâce à leur Capacité comme Cendre ou Princesse, d’autres sont plus exposés au danger et à la menace que représente les adultes. Chef croise le regard de Cendre qui lui sourit gentiment. Il sort de ses pensées et lui sourit également en participant à la conversation. Honey va gentiment proposer une infusion à Jade, toujours adossée contre le mur, qui accepte timidement.
- Les gars, aujourd’hui est un jour de repos. Grâce à nos efforts hier, on a assez pour tenir au moins deux jours. On repartira à la chasse demain. On a quartier libre mais je vous recommande chaudement de ne pas vous éloigner trop loin.
Microbe et Honey crient de joie : ils vont pouvoir explorer le bâtiment qui, grâce à Nut’s, est totalement désert et repousse les adultes qui le pensent hanté. C’est leur activité favorite. Hulk, associé de Ben, va les surveiller. Flammèche va directement lire ses comics dans un fauteuil de velours pendant que Nut’s commence à ranger et nettoyer leur lieu de vie. Jade n’a manifesté aucune réaction et continue de regarder l’horizon, perdue dans ses pensées. Cendre soupire. Contrairement aux autres, elle a horreur de ces jours où ils ne font rien et se reposent. Adepte d’adrénaline, elle préfère mille fois vadrouiller dans les rues dangereuses de New Haven comme ils ont rebaptisé cette ancienne ville d’Alabama. Chef la regarde avec un sourire en coin.
- J’ai une mission pour toi.
Elle redresse immédiatement la tête et regarde Chef avec avidité.
- J’ai besoin de savoir qui dirige cette ville. Tu sors, tu patrouilles les rues et tu trouves qui est en charge de New Haven.
Cendre ne peut retenir son sourire et elle hoche la tête vigoureusement.
- Je trouverai !
Elle se rue sur son long manteau, met une cagoule qui cache la moitié de son visage et rabat la capuche sur sa tête. Diego se niche dans son cou et s’endort paisiblement. L’adolescente va vers le trou béant qui sert de fenêtre et regarde en bas.
- Cendre ?
L’adolescente se retourne vers Chef.
- Fais attention.
Elle sourit sous sa cagoule et lève le pouce.
- Compte sur moi, Chef !
Elle saute dans le vide et juste avant de s’écraser au sol, elle se dissimule dans l’ombre d’un des nombreux platanes qui bordent la route. Elle se met alors à déambuler calmement dans les ombres des passants, indétectable. Ils paraissent presque amicaux, souriant entre eux, bavardant joyeusement et s’échangeant de drôle de pièces de métal carrés. Mais Cendre ne s’y trompe pas et l’image d’un enfant d’à peine quatre ans tenu au bord d’une laisse, les yeux complètement vides et le visage hagard lui remettent les pieds sur terre. Elle se demande s’il est judicieux de tuer la femme élégante qui retient la laisse mais abandonne son idée : elle se ferait prendre et il est hors de question de ressembler à ce pauvre enfant. Elle continue son périple en ravalant sa haine et adresse une prière silencieuse à l’esclave.
Il y a énormément de monde dans cette rue commerçante et Cendre passe à côté d’un montreur d’ours, si tant est que l’ours est complètement dépourvu de poils, les muscles totalement disproportionnés. Sa gueule est fermée dans une muselière de fer rouillé, ses yeux injectés de sang épient les moindres passants, sûrement à la recherche d’une potentielle victime, si son maître ne lui avait pas arraché les griffes de ses pattes pour qu’il soit inoffensif. Cendre accélère le pas lorsque l’animal plante son regard dans le sien, malgré son invisibilité.
Elle passe à côté de nombreux marchants qui vendent des espèces toutes plus étranges les unes que les autres : des singes à deux têtes, des rats de la taille d’une table basse – Diego se met à couiner et trembler puissamment lorsqu’il les voit -, des têtes de serpents qui bougent encore les yeux, des asticots qui font la taille de cobra, des lapins mignons aux deux rangées de crocs acérés, des poulets à l’air stupide – sûrement les seules espèces qui n’ont pas changé depuis l’Ouragan-.
Un peu plus loin, dans une cage métallique, deux Affreux se battent mollement sous les cris hystériques des hommes et des femmes qui ont misé leur argent sur leur champion. Les créatures humanoïdes dégagent une odeur pestilentielle, et Cendre est heureuse de ne pas avoir le sens de l’odorat dans les ombres. Les Adultes poussent des cris déçus et joyeux entremêlés lorsque l’un des Affreux, un peu plus téméraire sans doute, mord l’autre à la jugulaire. Les pustules qui parsèment la peau de la créature explosent et il pousse un ignoble gargouillis en s’effondrant. Le vainqueur regarde les passants, l’air stupide, sans comprendre la raison de tout ce vacarme. Cendre affiche une mine dégoutée et continue son périple.
Elle est heureuse d’être partie le matin. Le soleil n’est pas très haut dans le ciel et projette des nombreuses ombres tout autour de Cendre, qui peut se balader comme bon lui semble. Elle déambule dans les différentes rues et commence à s’éloigner du centre, il y a de moins en moins de commerçants. Elle s’apprête à retourner dans la rue quand elle entend quelque chose qui la fait tiquer.
- Seulement deux pour le prix d’un, un frère et une sœur en parfait état, allez, allez !
Cendre se fit au bruit pour trouver l’origine de la voix. Sur la place principale, en face d’un imposant bâtiment avec des colonnes qui sert de marie, une estrade en bois a été fabriquée à la va vite. Une dizaine d’adolescents et d’enfants sont debout, en rang d’oignon, le regard vide, fixant l’horizon sans rien voir. Cendre sent monter en elle une colère sourde. Leur t-shirt a été déchiré au niveau du nombril, où l’on peut voir un anneau entre les chairs boursoufflées. Certains saignent encore, preuve que la pose a été faite récemment, d’autres ont les chairs tellement boursoufflées qu’ils doivent avoir cet anneau depuis des semaines.
De toutes les inventions des adultes depuis l’Ouragan, l’anneau est la pire, et de loin. Rendant les enfants complètements serviles à la disposition des adultes, perdant toute expression et volonté propre. Cendre regarde les enfants sur l’estrade avec un frisson dans le dos : un seul faux pas et c’est elle qui est à leur place. Elle s’éloigne, ne pouvant supporter la vision de ces enfants démunis de libre arbitre.
Des gardes sont occupés à placarder des affiches dans la ville représentant un adolescent brun. L’affiche demande expressément à quiconque trouve cet adolescent d’en faire part aux autorités locales afin qu’elles-mêmes transmettent l’information à la reine Malronce. Cendre ne sait pas grand-chose de qui est cette reine, mais elle a compris au fil des mois en volant des informations à la volée qu’elle vit non loin, en Floride, et que les Adultes lui vouent un respect religieusement divin. Elle sait également qu’elle est à la recherche d’un adolescent avec une carte sur le corps menant à quelque trésor, ce qui motive les Adultes à capturer tout enfant ou adolescent qu’il croise afin que la Reine l’attentive minutieusement.
Elle continue sa route, mais même le soleil revigorant ne parvient pas à lui remonter le moral.
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 3 – Fiat voluntas tua

Cendre continue d’évoluer dans la grande rue principale, l’esprit ailleurs. Elle observe les visages des adultes avec une haine non dissimulée, toujours dans les ombres. Des joueurs de guitare chantent des sons religieux pendant que les passants leur lancent des pièces carrées. Cendre est à la fois impressionnée et dégoutée de voir la vitesse à laquelle les adultes ont réussi en si peu de temps à recréer de la monnaie. Elle se demande avec quel matériel ils ont pu le forger. Ses pas l’entrainent à côté d’un marchand d’armes et elle ne peut s’empêcher de s’arrêter pour admirer les dagues et autres armes blanches disposées sur l’étale du marchand. Elles ont été forgées finement, et son regard s’attarde sur une petite épée sertie d’un énorme rubis.
- UNE ENFANT !
Sans s’en apercevoir, Cendre est sortie des ombres, concentrée sur les armes et l’utilisation qu’elle pouvait en faire. Le marchand pointe l’enfant du doigt avec un regard de terreur mêlé de haine. Cendre, surprise, profite de l’occasion. Elle lance un regard malicieux à l’homme, se rue sur l’épée et deux autres dagues qu’elle attrape et se replonge dans les ombres. Elle ne s’attarde pas et décide de s’éloigner rapidement pour ne pas risquer de se faire prendre. Elle range les armes dans ses poches : elle s’en occupera en rentrant au Nid.
Elle prend une rue adjacente et voit au bout de la rue un grand bâtiment de briques rouges avec des colonnes blanches. Dans cette rue, il y a moins de commerces, les personnes qui déambulent ont l’air mieux habillés, dans des longues robes noires formelles. En s’approchant du bâtiment, Cendre peut y voir une gigantesque banderole qui a été déployée. Des énormes lettres d’un rouge douteux annoncent « Fiat voluntas tua ». Cendre s’en veut de ne pas avoir été plus assidue à ses cours de latin car elle ne comprend pas. Cependant, son attention ne porte sur un autre élément, bien plus macabre : sur la pelouse du bâtiment, des têtes d’enfants, en état plus ou moins décomposés, plus ou moins âgés (Cendre discerne même un bébé) bordent l’allée qui conduit au bâtiment. Cendre réprime l’envie puissante de vomir son petit déjeuner et comprend dans quel matière les lettres ont été tracées. Heureusement, le froid préserve un minimum les têtes et lui épargne une vision encore plus traumatique. La panique s’installe en elle. Elle ne s’était jusqu’alors jamais aventurée ici, comme si son instinct la poussait à s’en éloigner, et elle comprend maintenant.
Elle n’a qu’une envie : détaler et rentrer au Nid. Mais l’idée de décevoir le Chef et d’imaginer son visage triste la retient. Avalant sa salive et prenant son courage à deux mains, elle saute d’ombres en ombres. D’abord l’ombre de l’arbre gigantesque puis – elle se sent vraiment malade maintenant – les ombres des têtes. Elle parvient finalement devant le bâtiment. Bâti sur trois étages et disposant d’une tourelle blanche à son sommet, de la même pierre que les quatre colonnes principales qui montent jusqu’au toit, la bâtisse est magnifique et gigantesque. Les deux portes ouvragées sont ouvertes et Cendre s’avance à l’intérieur.
Il y règne une ambiance pesante, lourde, sombre. En levant la tête, Cendre peut voir que le pla-fond des deux étages a été démoli pour créer un immense hall. Un chandelier en fer forgé est accroché tout en haut, un escalier principal en marbre blanc se divise ensuite pour accéder aux étages. Le plus remarquable, dans cette pièce, c’est l’énorme vitrail qui reflète des images atroces d’enfants égorgés et d’une femme avec une longue robe rouge écarlate bénie par une lumière divine qui tient une épée dans une main et la tête d’un adolescent brun – sûrement le même que sur les affiches pense Cendre – dans une autre. Elle regarde le ciel avec un attitude extatique, baignée par un rayon de soleil pendant que les cadavres des enfants forment un petit monticule rougeâtre à ses pieds. L’adolescente frissonne. De peur, mais aussi car la température dans le hall est inférieure à celle de l’extérieur, malgré la fraicheur qui règne dehors.
Le silence n’est troublé que par le vent et des chuchotements venant des étages supérieurs. Le seul avantage pour Cendre d’être ici, c’est que les ombres sont partout et elle n’a aucun mal à avancer et monter les escaliers. Elle explore d’abord le premier étage : toutes les fenêtres sont condamnées, baignant l’intérieur dans une obscurité effrayante. Les portes sont closes, des hommes en sortent par-fois. Ils sont habillés de longues robes noires, des toques noires sur la tête et des énormes crucifix en bois autour du cou. Personne ne parle ; lorsque les hommes se croisent, ils s’adressent un signe de tête solennel et poursuivent leur chemin. Cendre peut voir à l’intérieur d’une pièce qu’elles sont identiques : un bureau en bois brut, un lit au matelas fin et une commode. L’image de la femme du vitrail revient partout, peinte ou gravée dans des petites plaques en bois. Le signe chrétien est également présent dans toutes les pièces, tous les couloirs. Les hommes se déplacent avec des petits bougeoirs, la cire tombe régulièrement et s’étale sur les tomettes orange qui composent le sol.
Cendre poursuit son ascension au deuxième étage. Dans cet étage, les rideaux sont ouverts, les hommes parlent plus fort et ne sont pas forcément habillés dans la même tenue noire identique, même si certains évoluent au milieu des autres. A l’intérieur des pièces ouvertes, des bureaux, une tonne de paperasse, de l’encre et des plumes. Cendre s’avance prudemment en se concentrant pour rester dans les ombres et parvient à se cacher dans l’ombre de l’homme assis. Elle n’arrive pas bien à déchiffrer l’écriture enfantine de l’adulte mise à part trois mots qui reviennent en boucle : « Quête des Peaux ». Cendre fronce les sourcils mais décide de s’en aller lorsque l’homme se retourne, perplexe, comme s’il sentait la présence de Cendre.
- … Et là, Monseigneur, comme vous le voyez, nous nous acharnons à recenser tous les enfants des alentours, que nous envoyons le plus vite possible à Babylone.
Cendre se fait toute petite. Un homme en robe longue rouge et noire semble faire visiter les lieux à un autre, paré d’une toge rouge et qui semble profondément s’ennuyer, et se dirigent vers la sortie. L’homme a une attitude sévère sur le visage.
- C’est long, beaucoup trop long. La Reine exige que vous mettiez les bouchées doubles. Vous ne semblez pas réellement motivés à l’idée de trouver le Paradis Eternel…
L’homme reste immobile et sourit mais il devient livide et une goutte de sueur tombe sur sa tempe.
- Monseigneur, plus que quiconque je suis décidé à trouver l’adolescent qui pourrait…
- L’on m’a dit qu’il restait des adolescents dans cette ville ?
- Monseigneur, nous les traquons sans relâche.
- Et depuis le Cataclysme, ils vous échappent.
L’homme arbore un sourire triomphant pendant que l’autre semble être sur le point de défaillir. Il avale sa salive et s’apprête à répondre quand l’homme à la toge lève la main en fronçant les sourcils pour intimer le silence. Il regarde tout autour de lui et se retourne en fixant l’endroit où Cendre se cache. Elle a l’impression de se liquéfier sur place et regarde l’homme dans les yeux, cachée dans les ombres. L’homme à la toge a un étrange sourire lubrique mais détourne le regard et regarde à nouveau l’autre qui n’a pas compris ce qu’il vient de se passer. Cendre, elle, se met à trembler, n’osant pas faire un geste et concentrant tous ses efforts à rester cachée dans les ombres.
- Vous allez m’apporter ces adolescents.
L’homme hoche vigoureusement la tête.
- Bien entendu, Monseigneur. Fiat voluntas tua.
- Fiat voluntas tua.
Les deux hommes se dirigent vers la sortie et Cendre en profite pour s’éclipser hors du bâti-ment, se ruant vers le Nid en sautant d’ombres en ombres. Désormais, elle a pris pleinement conscience de la dangerosité des adultes.
vampiredelivres

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par vampiredelivres »

Bonjour !

Comment ça va ?
Je suis super contente de te retrouver sur ce forum ! J'avoue, j'ai un peu abandonné la section Fanfic, on me retrouve plutôt sur Essais et créas en plusieurs parties en ce moment, mais un petit retour aux sources une fois de temps en temps fait plaisir, surtout avec Autre-Monde ^^ Et ne te prends pas la tête pour Histoire d'une Pan, c'est dommage, mais si tu as pu retrouver l'inspiration pour un autre texte, c'est le plus important.
On repart sur des romans-fleuves chapitre par chapitre, comme au bon vieux temps ? :)

Chapitre 1

:arrow: Cendre change d’air et sourit en défiant le garde du regard de ses yeux d’un noir de jais. Elle at-tend=> Un tiret qui est venu faire coucou x) la bonne occasion, qui se montre lorsque les gardes foncent vers elle en même temps.

:arrow: Elle se met à rire à gorge déployée et, juste avant que les gardes ne la touchent, elle disparait => disparaît. Enfin en tout cas, c’est ce que peuvent voir les gardes. En réalité, Cendre s’est cachée dans l’ombre d’un des soldats et peut voir les hommes se dévisager d’un air décontenancé pendant que le chef hurle de rage. Cendre continue de rire, elle a eu assez de spectacle pour aujourd’hui et décide de rejoindre le Nid. => Je trouve ce passage un peu trop descriptif ^^ Peut-être plutôt Elle se met à rire à gorge déployée et, juste avant que les gardes ne la touchent, elle disparaît. À leur vue du moins. Dissimulée dans l'ombre de l'un des soldats, elle regarde les hommes se dévisager d'un air décontenancé, entend leur chef hurler de rage. Cendre continue de rire, satisfaite du spectacle d'aujourd’hui, puis décide de rejoindre le Nid.

:arrow: Elle décide de s’amuser encore un peu et sort des ombres juste devant Ben* => Tiens, une astérisque ^^ À moins qu'elle ne renvoie vers une note de bas de page ?

Un bon premier chapitre, qui expose bien les personnages principaux et la situation actuelle. Pour ceux qui seraient étrangers à Autre-Monde, j'ai l'impression qu'il ne serait pas extrêmement perturbant, et c'est bien joué ! C'est aussi un parti pris intéressant de commencer directement après tous les bouleversements, surtout à New Haven en particulier, ça présage du bon pour la suite :)
Au niveau de la forme, j'aime bien tes descriptions, elles sont variées et dynamiques. Quelques petits soucis de « show don't tell », où tu exposes mot à mot la situation plus que tu ne l'expliques par les actions / ressentis des personnages, ce qui donne un effet de raconté, mais à part ça, la narration est vraiment sympa et la lecture est fluide !

Chapitre 2

:arrow: Les adultes sont moins enclins à les tuer, même s’ils manifestent toujours une haine non dissimulée à leur égard, l’évènement hier le prouvant. => Je chipote, mais le "hier" dans cette tournure me chiffonne un peu, j'aurais plutôt mis "la veille" ^^

:arrow: Si certains n’ont pas de mal à leur subtiliser leurs récoltes grâce à leur Capacité comme Cendre ou Princesse, d’autres sont plus exposés au danger et à la menace que représente les adultes. =>Ici, le sujet de "représenter" est antéposé (un terme que je viens de découvrir XD). Du coup, la phrase sans l'antéposition (je vais le réutiliser à toutes les sauces :lol: ) devient … et la menace que les adultes représentent. Bref, une formulation alambiquée pour dire simplement que "représenter" s'accorde avec les adultes. ^^

:arrow: Elle passe à côté de nombreux marchants qui vendent des espèces toutes plus étranges les unes que les autres : des singes à deux têtes, des rats de la taille d’une table basse – Diego se met à couiner et trembler puissamment lorsqu’il les voit -, des têtes de serpents qui bougent encore les yeux, des asticots qui font la taille de cobras, des lapins mignons aux deux rangées de crocs acérés, des poulets à l’air stupide – sûrement les seules espèces qui n’ont pas changé depuis l’Ouragan-. => La phrase est peut-être un peu longuette… mais bon, c'est de la description, je chipote encore x)

:arrow: Cendre se fit => se fie ;) au bruit pour trouver l’origine de la voix.

:arrow: Elle sait également qu’elle est à la recherche d’un adolescent avec une carte sur le corps menant à quelque trésor, ce qui motive les Adultes à capturer tout enfant ou adolescent qu’il croise afin que la Reine l’attentive minutieusement. => Je ne saisis pas le sens de la fin de la phrase, c'est normal ? :)

Bon. Dur dur, ce chapitre, en termes de moral… mais au moins, il pose bien les bases de l'univers, pour le coup. Et c'est vachement sympa, parce que tu distilles vraiment les infos au compte-gouttes, sans que le lecteur ne se sente perdu pour autant. Personnellement, ça doit bien faire cinq ans que je n'ai pas lu les Autre-Monde, et l'univers commençait à se flouter dans ma tête, mais tu m'as bien remis en tête le cadre (Malronce quelle sale… ahem). Donc même pour un lecteur lambda, ça reste accessible.

Il se fait tard pour moi, je reviendrai bientôt pour lire la suite. Mais merci de m'avoir prévenue, c'est très sympa de te lire à nouveau ;)
vamp'
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 4 – Nut’s

Cendre arrive rapidement au Nid et elle sort des ombres. Princesse s’est réveillée et bavarde joyeusement avec Chef. Jade la regarde sortir des ombres et elle comprend à son attitude que quelque chose de grave s’est passé. Elle fronce les sourcils. Les autres Rebelles vaquent à leurs occupations. Il manque Honey, Microbe, Hulk et Nut’s. Cendre ne prend pas le temps de saluer qui que ce soit.
- Où ils sont ?!
Chef lève les yeux en fronçant les sourcils.
- Qui ?
- Les autres !
- Honey, Microbe et Hulk jouent dans le bâtiment. Ben, tu as vu ton frère ?
- Il est parti faire un p’tit tour j’crois bien, pourquoi ?
Cendre se rue à la fenêtre en tentant de regarder la rue au loin mais ne voit rien. Jade lui lance un regard entendu et monte sur le toit pour mieux voir.
- Cendre, que s’est-il passé ?
- Ils sont à notre recherche. Ils veulent nous capturer pour la Quête des Peaux !
- La quoi ? demande Princesse sans rien comprendre mais Chef est déjà debout et fonce interpeler les autres.
Il ne sait pas de quoi parle Cendre mais comprend l’urgence de la situation. Flammèche sort la tête de son comics d’un air rêveur, des lunettes vissées sur son nez et Ben, même s’il ne comprend pas tout non plus, s’inquiète immédiatement pour son frère. Il va vers Cendre avec un regard inquiet.
- Il s’passe un truc avec mon frérot ?
Cendre, haletante, le regarde, inquiète elle aussi.
- Tout ce que je sais c’est qu’il doit rentrer au plus vite. Ils vont fouiller toute la ville pour nous retrouver. Si ton frère est dehors, il ne parviendra pas à se cacher longtemps.
L’adolescent blêmit instantanément.
- J’vais l’chercher.
- Attends qu’on trouve quoi faire. Tu risques un danger toi aussi si tu sors maintenant.
Jade redescend, elle secoue la tête, défaitiste. Cendre monte à son tour et ne constate pas pour l’instant un grand changement dans les habitudes des adultes, pas de gardes supplémentaires. Pas de tête rousse à l’horizon non plus.
En redescendant, tous les adolescents sont réunis autour de la table. Ben se tord les mains nerveusement, Cendre va s’assoir à côté de lui et pose une main rassurante sur la sienne. Il lui lance un sourire qui ressemble plus à une grimace angoissée. Les petits se collent l’un à l’autre, inquiets. Hulk rassure sa cousine en lui frottant le dos et en lui lançant un sourire rassurant.
- Nous devons faire vite, annonce de but en blanc Chef d’un ton ferme mais calme. Cendre, explique-nous ce que tu as vu dehors.
Elle raconte tout dans les moindres détails, en omettant volontairement les plus macabres.
- … Et l’homme a juré de nous retrouver.
Chef ne répond rien, perdu dans ses pensées. Princesse intervient.
- Donc si je comprends bien la situation, ils traquent les adolescents et les enfants pour trouver celui ou celle qui aurait une sorte de carte sur lui pour trouver une sorte de Paradis perdu ?
Cendre hoche la tête, c’est ce qu’elle a compris aussi. Flammèche a un geste désinvolte.
- Je sais pas pour vous mais moi, je suis pas tatoué. J’ai pas de carte sur moi, je risque rien.
Chef le regarde sévèrement.
- Ça, les adultes ne le savent pas. De ce que dit Cendre, ils recherchent aussi les Rebelles, sûrement pour nous inspecter et nous poser un anneau si on ne convient pas à leurs attentes. Je ne sais pas pour toi, mais je n’ai pas l’intention de devenir un esclave de compagnie. Surveille tes paroles.
L’enfant rougit et ses cheveux rouges lancent des petites étincelles, trahissant sa nervosité.
- Les adultes ont donc deux objectifs : trouver l’enfant à la carte et nous trouver nous, intervient Cendre.
- Hé bien s’ils nous cherchent, ils vont nous trouver ! répond Hulk en tapant son poing dans sa paume avec un sourire de défi.
Microbe hoche vigoureusement la tête.
- Doucement, Hulk. S’ils débarquent avec toute la garde, on n’aura aucune chance.
Honey éclate en sanglots.
- Je veux pas devenir une esclave !
Microbe la prend dans ses bras.
- T’inquiète pas, je te protégerai !
- Calmos, le prince charmant, bougonne Flammèche, son frère. Faudrait déjà que tu te protèges toi.
Jade, toujours adossée au mur, observe attentivement l’échange sans prononcer un mot. Ben non plus n’a encore rien dit, malade de peur. Princesse lui serre l’épaule.
- Nut’s ne doit pas être loin, le rassure l’adolescente. On va le retrouver. Pas vrai, Chef ?
L’adolescent hoche la tête.
- De notre côté, nous avons deux objectifs : trouver Nut’s, et savoir quoi faire ensuite.
- C’est-à-dire ? demande Hulk.
- Si la ville devient trop dangereuse, résume Princesse, il faudra songer à partir.
- Hein ? Mais partir où ? sanglote Honey.
- Ailleurs.
- C’est chez nous ici ! rage Flammèche en tapant du poing sur la table. Ils vont pas nous déloger comme ça ! Et s’il essaient, on les poutre hors de la ville !
Cendre songe à ce qu’il pourrait se passer si ses amis tombent entre les mains des adultes. Elle a gardé pour elle les têtes d’enfants embrochées sur des piques et pendant une fraction de seconde, ce sont ses compagnons qu’elle imagine à la place des inconnus et la nausée s’empare d’elle. Elle quitte précipitamment la pièce et se rue aux toilettes, des toilettes sèches qu’ils ont installées dans les premiers jours de leur rassemblement après l’Ouragan, lorsque toute l’électricité et les traces de modernité de leur vie ont disparu. Il a fallu repenser à tout ce qui leur paraissait évident autrefois : plus d’électricité, donc plus de lumières, mises à part les bougies. Plus d’eau courante, donc partir une fois par semaine braver les dangers de l’extérieur, la faune qui cherche à vous dévorer à chacun de vos pas, les adultes qui veulent vous décimer, les Affreux qui se battent pour un morceau de jambe, pour récupérer l’eau du ruisseau avant de la faire bouillir. Plus de voiture, de téléphone, d’armes, d’ordinateur.
Cette fois, elle ne retient pas son petit déjeuner et vide son estomac sur les copeaux de bois. Elle s’assoit par terre et se prend la tête dans les mains. Diego sort de la capuche de Cendre et la lèche frénétiquement sur la joue pour la rassurer.
- Cendre ? demande timidement Ben à travers la porte. Ca va pas ?
L’adolescente ne répond pas et tente de contenir ses larmes. Elle entend l’adolescent hésiter puis s’assoir devant la porte sans rien dire. Cendre lui est reconnaissant de ne pas la laisser et ils restent un moment comme ça.

Cendre décide finalement de sortir des toilettes. Ben est toujours assis par terre, livide et le regard fixe. Le reste du groupe commence à emballer leurs affaires. L’adolescente fronce les sourcils.
- Vous faites quoi ?
- Ha, tu es là, dit Princesse en allant à sa rencontre. On doit être prêts à partir au moindre danger. Lorsque tout le monde est prêt, on étudie la carte pour savoir où aller si les adultes venaient à nous trouver. Ensuite, on part à la recherche de Nut’s.
L’adolescente lance un regard inquiet vers Ben et demande, plus bas :
- Tu crois que ça va aller ?
Cendre hausse les épaules.
- Son frère, qui est donc sa seule famille depuis que ses parents se sont volatilisés avec l’Ouragan, a disparu. Nan, je pense que tant qu’on ne retrouve pas Nut’s, il n’ira pas bien.
Princesse soupire, compatissante.
- J’espère qu’on va le retrouver.
- On va le retrouver. On n’a pas le choix, dit Cendre d’un ton dur et déterminé.
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 5 – Préparations

Les affaires étant prêtes au cas il aurait fallu partir dans l’urgence, Chef étale une carte sur la table et invite le groupe à les rejoindre.
- Voici la carte actualisée de New Haven. Grâce à Cendre, nous savons désormais que ce bâtiment est le centre névralgique des recherches d’enfants et d’adolescents pour cette fameuse Quête des Peaux.
Princesse soupire.
- C’était mon ancien lycée.
- Il y a un dédale de couloirs et de pièces au sous-sol, je pense que tu n’as dû voir que la partie émergée de l’iceberg, intervient Ben.
Cendre frissonne, comme les autres et un silence lourd s’installe. Ben est en retrait, les sourcils froncés et tournant une hachette dans ses mains. Grâce à sa Capacité qui permet de maîtriser la terre, il peut aussi analyser tout ce qu’il y a sous le sol. Tout le monde lui jette un regard compatissant, chacun imagine aisément Nut’s retenu dans les sous-sols de l’ancien lycée.
- Nous devons établir un plan pour retrouver Nut’s, annonce Chef d’une voix grave. Peut-être que grâce à sa Capacité, il a pu échapper aux adultes pour le moment, mais il ne tiendra pas ad vitam eternam.
- C’est quoi, déjà, sa Capacité ? interroge Flammèche, distrait.
- T’es à l’ouest, Flammie, rit Hulk. C’est grâce à lui qu’on a la paix. Je te rappelle qu’il peut créer des illusions et que les adultes pensent que ce bâtiment est hanté.
- Plus maintenant, du coup, conclut Honey d’une voix chevrotante.
- En effet, et c’est pour ça qu’il faut agir vite. On va patrouiller la ville à la tombée de la nuit pour être plus discrets. Cendre, comme tu peux te fondre dans les ombres, tu iras vérifier dans les maisons des adultes sans te faire repérer.
Elle hoche la tête, à la fois angoissée et fière d’avoir une telle responsabilité.
- Hulk et Ben, vous êtes les plus grands et les plus forts. En vous maquillant un peu, on arrivera à vous faire passer pour des jeunes adultes qui cherchent un foyer. Vous irez vérifier dans les parcs. Princesse, tu peux envoûter qui tu veux, tu demanderas aux adultes s’ils ont vu Nut’s. Je te suivrai sur les toits et au cas où les choses dérapent, je te protégerai avec mon bouclier énergétique.
L’adolescente avale sa salive, c’est elle qui va être le plus exposée mais a un air déterminé sur le visage.
- Et nous ? interroge Flammèche, qui a hâte d’en découdre.
- Flammèche, Microbe et Honey, vous restez là. Jade vous protégera.
L’adolescente hoche la tête pour marquer son accord. Flammèche, en revanche, n’a pas l’air d’accord du tout.
- C’est pas juste, moi aussi je veux retrouver Nut’s ! Et je peux tout cramer si je veux !
Des flammes inquiétantes se mettent à danser dans ses yeux et au bout de ses mèches rouges. Chef a un sourire amusé malgré la situation.
- Et c’est bien ça qui m’inquiète. Si Nut’s est pris au piège quelque part et que tu crames tout, comment tu veux qu’il arrive à s’en sortir ?
L’enfant s’apprête à répondre mais les arguments de Chef pèsent dans la balance et les flammes s’éteignent en laissant une volute de fumée dans l’air.
- Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez chacun une mission. Honey – la petite sursaute – comme ta Capacité te permet de voir dans le noir aussi bien que le jour, tu devras faire attention que personne ne tente de rentrer la nuit. D’accord ?
La petite rougit en se tordant les mains nerveusement
- Je… Je sais pas si je vais y arriver.
Hulk lui caresse les cheveux.
- Tu vas très bien t’en sortir, cousine. J’ai confiance en toi.
Cette fois, elle rougit de plaisir et un sourire se dessine sur son visage.
- Microbe, on ne se sait pas encore quelle est ta Capacité, alors tu devras te contenter d’aider ceux qui protège le Nid. Leur apporter de l’eau, vérifier qu’ils n’ont pas froid, leur donner à manger.
- Je le ferai ! dit Microbe avec un air déterminé.
- Jade, n’utilise ta Capacité en dernier recours, dit Chef d’un ton entendu et l’adolescente détourne le regard en rougissant.
- Et moi, et moi ? demande impatiemment Flammèche.
- Toi, tu auras une mission spéciale. Si tu vois que les adultes rentrent dans le Nid, tu peux tout cramer.
C’est la première fois que Flammèche ne semble pas ravi à l’idée de tout cramer.
- Mais… C’est notre maison…
Princesse va le voir et se met à sa hauteur.
- Tu préfères que les adultes s’y installent ?
Flammèche détourne tristement le regard mais ne répond rien et Princesse lui caresse le visage, compatissante.
- Bien, nous avons chacun une mission. Nous attendrons la tombée de la nuit et nous nous mettrons en route. Si vous êtes poursuivis, fuyez, ne mettez pas tout le monde en danger. Si vous voyez le bâtiment bruler, c’est que les adultes nous ont repéré, prenez des directions différentes. On trouvera un moyen pour se retrouver à l’extérieur de la ville.
- Où ça ? demande Ben qui ouvre la bouche pour la première fois.
- Le marécage, annonce Cendre qui a compris avant les autres.
Tous les regards se tournent vers elle, effrayés.
- Heu… On parle du marécage où Coconne s’est fait bouffer y’a deux mois, que même les adultes n’osent pas approcher ? demande Flammèche, choqué.
- C’est bien toute la finesse de l’opération. Si on cherche à s’échapper des adultes, il n’y a qu’un endroit qu’ils n’approcheront pas, avance Hulk.
- Les marais, conclut Ben, qui semble approuver l’idée. Pis s’ils nous suivent, y s’font bouffer avec nous. Et ça, c’t’une excellente nouvel'.

Rapidement, il fut décidé de mettre en place des tours de gardes jusqu’à la tombée de la nuit afin de surveiller les alentours et s’assurer qu’aucun adulte ne soit à leur recherche jusque-là. Cendre assure le premier tour avec Ben, puis Huk et Flammèche, Princesse et Honey, Chef et Microbe. Jade, qui ne semble pas avoir besoin de beaucoup de sommeil, passe déjà le plus clair de son temps à observer dehors, elle aidera donc ses compagnons à chaque relai.
Il règne dans le Nid une ambiance solennelle. Tous les Rebelles se reposent pour être en forme lorsque le moment viendrait. Chef et Princesse dorment paisiblement dans le même lit, profitant de ces probables derniers instants à deux. Microbe et Honey, qui n’arrivent pas à dormir, lisent une histoire avec Hulk, qui a le mérite de parfaitement savoir dédramatiser la situation et faire rire les enfants. Flammèche s’est endormi dans le fauteuil en lisant son comics, les lunettes de travers.
Ben, Cendre et Jade sont sur le toit et observent la rue adjacente à la leur en prenant soin de ne pas se faire repérer. Ils ne parlent pas. Ben continue de manipuler sa hachette, Cendre joue distraitement avec Diego, qui se réfugie de temps en temps dans les longs cheveux verts de Jade qui glousse doucement en caressant le rat du bout des doigts qui frémit de plaisir. De tous les adolescents, Jade semble être la seule que Diego daigne approcher avec Cendre.
- Jade, t’sais parler ? demande finalement Ben.
L’adolescente hoche la tête en continuant de caresser Diego, un sourire rêveur sur le visage.
- Alors pourquoi qu’t’ouvres pas la bouche ?
Elle le regarde dans les yeux et a un air mystérieux sur le visage. Elle finit par hausser les épaules, comme si parler n’avait pas la moindre importance mais a l’air perturbé. Cendre le remarque.
- Ben, tu as un cerveau ? demande Cendre sans le regarder.
- Ba ouais, pourquoi ?
- Alors pourquoi tu ne l’utilises pas ?
Jade pouffe et Ben met un moment à comprendre, les sourcils froncés. Il finit par sourire et pousse Cendre de son épaule.
- T’pas sympa !
L’adolescente lui lance un clin d’œil et observe ses amis. Peut-être que ce soir, elle ne les rever-ra plus jamais et chéri ces moments passés avec eux.
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 6 : la reine déchue

- Cendre, viens voir.
L’adolescente se tourne vers Chef en interrompant son mouvement. La nuit étant tombée, ils s’apprêtent désormais à mettre leur plan à exécution et trouver Nut’s. Cendre se dirige vers Chef. Princesse est en train de rassembler ses dernières affaires, concentrée. Les autres profitent de derniers moments passés ensembles. Hulk a du mal à partir loin de sa cousine et visiblement, elle aussi, qui pleure à chaudes larmes. Les autres sont déterminés, le regard farouche et une cagoule relevée sur leur visage.
- Qu’est ce qu’il y a, Chef ?
Il regarde Cendre, le visage grave.
- Je ne voulais pas le dire devant Ben. Mais tu sais où tu vas devoir aller, n’est-ce pas ?
Cendre hoche la tête, fataliste.
- Les sous-sol.
- Tu dois y aller, acquiesce Chef. Et tu dois te montrer prudente pour ne pas te faire repérer.
Elle regarde intensément Chef.
- On va le retrouver. Où qu’il soit.
Chef contemple longuement Cendre et pose une main sur son épaule.
- Sois prudente.
Il se dirige vers les Rebelles qui sont fins prêts.
- Soyez tous prudents. Les adultes sont à notre recherches, ils vont redoubler de vigilance dans la rue.
- Hé Chef, c’est quoi ce sentimentalisme ? Tout va bien se passer ! rit Hulk pour détendre l’atmosphère.
Sa cousine rit mais a les larmes aux yeux. Microbe lui attrape la main. Ils se regardent un par un et finissent par se séparer sans un mot. Avant de plonger dans les ombres, Cendre jette un regard à Jade qui hoche la tête d’un air entendu.
- A tout à l’heure, annonce Cendre avant de mettre sa cagoule, sa capuche et de plonger dans les ombres.
Elle met son sac à dos contenant ses seules affaires sur les épaules et saute du bâtiment en se dirige rapidement vers l’ancien lycée. En passant dans la rue principale désormais vidée de ses commerçants, l’adolescente peut voir qu’en effet, les gardes sont plus nombreux. Elle pense à Princesse qui va devoir affronter les gardes de face et a un frisson d’angoisse. Elle trouve son amie particulièrement courageuse.
Elle arrive rapidement à destination et reste un moment à contempler la bâtisse. De nuit, des torches sont allumées, remplissant l’ancien lycée dans une aura sombre et terrifiante. Elle prend une grande inspiration et fonce vers l’entrée en évitant de regarder les têtes coupées. Elle arrive finalement devant la porte. Fermée.
- Merde, grogne-t-elle entre ses dents.
Si elle a la Capacité de se fondre dans les ombres, elle est impuissante face à une porte fermée. Ne perdant pas espoir, elle contourne l’entrée et se met à inspecter toutes les fenêtres, avec l’espoir d’en trouver une ouverte. Hélas, elle doit se rendre à l’évidence : en plein hiver, les adultes cherchent à conserver la chaleur. Elle claque sa langue sur son palais, agacée. Ce n’était pas prévu au programme, mais il est hors de question qu’elle abandonne avant même d’avoir tenté.
Décidée, elle attrape une pierre de taille raisonnable : pas trop lourde pour ne pas rater son coup, pas trop légère pour éviter de n’avoir aucun résultat. Elle réfléchit. Tout le premier étage étant occupé par des dortoirs, elle pourra aisément réveiller les moines qui sont probablement assoupis. Néanmoins, un sourire malsain se dessine sur son visage. Quitte à prendre des risques, autant y aller à fond et détruire leur figure de modèle.
Elle va derrière le bâtiment et avise l’immense vitrail représentant leur reine. Une simple pierre ne pourra pas le briser du premier coup, alors elle la laisse tomber au sol. L’adolescente se frotte les mains et sort des ombres : si c’est une excellente escaladeuse, elle a tout de même du mal à être efficace en se concentrant pour rester cachée. En inspirant un grand coup, elle sort des ombres sous les couinements terrifiés et désapprobateurs de Diego, et se met à grimper la façade.
L’ascension est rapide, les prises sont nombreuses et faciles et elle se félicite d’avoir pratiqué l’escalade depuis son plus jeune âge. L’adolescente a la vision fugace de son père, à flan de rocher, qui lui tend la main en souriant pour l’aider à grimper et elle secoue la tête : ce n’est pas le moment de flancher.
Finalement, elle parvient en haut du vitrail et se cale à un petit interstice dans le mur. Attrapant la grosse dague restée dans sa poche, elle donne des coup violents et répétés à un même endroit, le coin supérieur du vitrail, avec la poignée incrustée de l’énorme rubis. Il faut plusieurs coups pour que le vitrail explose en mille morceaux et elle s’accroche au mur, surprise. La dague lui glisse des mains et tombe au sol avec un tintement métallique. Sous le choc, le rubis se décroche du trou et est envoyé on ne sait où.
Cendre entend immédiatement des voix d’adultes et des portes qui s’ouvrent. Les moines semblent avoir totalement abandonné leur vœu de silence puisque ce sont des exclamations endormies mais bruyantes qui s’échappent des dortoirs. Cendre avale sa salive : s’ils décident de sortir du bâtiment, ils la verront immédiatement : elle est totalement visible et ne peut prendre le risque de lâcher prise, ne sachant pas si elle parviendra à se confondre dans les ombres avant de s’écraser au sol. Diego se met à couiner frénétiquement comme pour la gronder de sa consternante bêtise.
- Oui, ça va, je sais, merci Dieg, grogne-t-elle, ses muscles commençant à se tétaniser.
Perdu pour perdu, elle décide de continuer à grimper afin d’atteindre les toits et pouvoir se camoufler à nouveau. Au moment où elle prend cette décision, elle entend des dizaines de pas résonner dans les escaliers et des exclamations de terreur mêlée d’angoisse.
- UN MESSAGE DIVIN !
- NOTRE REINE !
- Ô seigneur ! Aie pitié de nos pauvres âmes !
Cendre se retient de pouffer : si elle n’a pas réussi à rentrer dans le bâtiment pour l’instant, elle s’est offert une belle distraction et ça valait le coup, même si elle n’est pas sortie d’affaire et que soudainement, voilà qu’une crampe la prend dans le mollet droit. Elle serre les dents et détend sa jambe, mais sent qu’elle commence à glisser. A cette hauteur, la moindre chute lui serait fatale et il lui reste encore deux mètres pour atteindre le toit. Elle reste cramponnée au mur et ferme les yeux, la douleur est fulgurante et paralysante ; la peur de tomber l’est encore plus.
- Aidez-moi, gémit-elle, les larmes aux yeux de peur et de douleur.
Presque miraculeusement, elle repense à ce moment aux paroles salvatrices de son père. Elle le revoit, souriant, malicieux.
- Calme toi. Respire. Accroche-toi bien, détend ta jambe : ne panique pas, attend que ça passe, ça ne dure pas longtemps.
Elle applique ces conseils à la lettre et respire doucement en se focalisant sur les quelques mètres qui lui restent à parcourir. Finalement, la douleur se dissipe et finit par disparaitre, mais Cendre ne tiendra pas longtemps : ses muscles tremblent tellement qu’elle est sur le point de lâcher. Au prix d’un ultime effort, elle se souvient des prises et des postures à adopter pour bien monter et remonte ses jambes. Elle pousse, attrape une prise avec ses doigts endoloris et réitère l’opération en gémissant, ne pouvant retenir ses petits cris de douleur. Lorsque ses mains attrapent le muret, et qu’elle passe ses jambes par-dessus, elle s’effondre sur le dos et reste immobile, haletante et en sueur.
- Hé bien, je vois qu’on est adepte des balades nocturnes, dit une voix mielleuse au-dessus du visage de Cendre.
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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par vampiredelivres »

Bonjour !

Comment vas-tu ? Désolée pour l'affreux retard que j'ai accumulé, je m'y remets doucement !

Chapitre 3

:arrow: Elle range les armes dans ses poches : elle s’en occupera en rentrant au Nid. => Elle a de sacrées grandes poches pour pouvoir y ranger deux dagues et une épée (facilement 70cm - 1m pour une épée, et ~30cm pour une dague…)

:arrow: Avalant sa salive et prenant son courage à deux mains, elle saute d’ombres en ombres. => Plutôt "d'ombre en ombre", puisqu'elle va à chaque fois de l'une à la suivante, elle n'est pas dans deux ombres en même temps… non ?

:arrow: Les deux hommes se dirigent vers la sortie et Cendre en profite pour s’éclipser hors du bâti-ment => Tiens, un tiret x)

C'est un bon chapitre ! Même si les enjeux de l'histoire ne sont pas encore tout à fait clairs, tu introduis progressivement la Quête des Peaux, la sauvagerie et la brutalité des adultes, Malronce et son règne sanguinaire. J'aime beaucoup le regard naïf et incompréhensif de Cendre, ça fait un joli contraste avec la violence environnante et ça met réellement en lumière l'absurdité de la situation.

Allez, à la prochaine :)
MmeLauranne

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par MmeLauranne »

Chapitre 7 – Les sous-sols

Cendre ne prend pas le temps de réfléchir, fait une roulade en arrière et se relève en s’apprêtant à courir mais une main ferme lui empoigne les cheveux et la plaque au sol en mettant tout son poids sur elle. Sa tête cogne contre le sol et elle est sonnée l’espace d’un instant. Il approche son visage de l’oreille de Cendre.
- Ne t’en vas pas, on n’a pas encore commencé, dit-il d’une voix doucereuse.
Elle reprend ses esprits, se débat, essaie de le mordre, mais rien n’y fait : elle est bloquée à terre par cette espèce de gros porc qui lui tire les cheveux en arrière, lui coupant le souffle.
- Je vais t’emmener en bas, et on va te poser un anneau bien gentiment. Ne t’inquiète pas ça va bien se passer, dit-il en caressant sa joue de sa main grasse.
Cendre panique instantanément. Elle essaie de se fondre dans les ombres mais l’homme l’agrippe trop fort et elle n’arrive pas à s’y camoufler. Perdu pour perdu, elle se débat avec plus de hargne que jamais, pousse des hurlements sauvages d’animal pris au piège, ce qui se solde par une énorme claque qu’il lui fait voir les étoiles mais elle n’en démord pas et continue de se débattre. L’homme la soulève sans problème et la porte sous son épaule sans peine en planquant ses bras contre ses côtes. Cendre le sait : si elle va dans les sous-sols, c’est fini, elle ne pourra pas en sortir, en tout cas pas de son libre arbitre. Elle pousse un cri de rage et de frustration : il est hors de question de devenir une esclave. Mais l’homme semble en avoir décidé autrement et ne semble pas prêt à lâcher sa proie. Il se dirige vers une petite porte du toit qu’il pousse du pied et descend une volée de marches en colimaçon. Cendre a arrêté de se débattre et réfléchit intensément. Elle doit attendre le bon moment pour tenter quelque chose.
L’escalier finit par débouler dans le hall principal où les moines sont réunis en cercle en priant autour des décombres du vitrail. Ils relèvent la tête comme un seul homme et fixent Cendre d’un regard proche de la folie. Elle sent une boule dans sa gorge et sait qu’elle est en très, très mauvaise posture. Sans le vouloir, un hoquet de sanglot éclate à ses lèvres et les moines lèvent un doigt accusateur vers elle mais son tortionnaire lève une main apaisante vers le groupe d’hommes. Cendre le remarque maintenant, mais il se démarque des moines par ses vêtements, son attitude et l’aura de charisme et de terreur qu’il a autour de lui : il a une longue robe noire et rouge, des chaines avec des petits crânes ac-crochés dessus en guise de ceinture et Cendre n’ose pas imaginer à qui appartenaient ces crânes.
- Je vous demande de vous calmer immédiatement. Cette jeune fille a besoin d’être purifiée avant le rituel sacré.
Le rituel sacré ? Quel était-ce que cette nouvelle farce ? Qu’est-ce que l’homme entend par « purifier » ? « il faut que je me tire de là le plus vite possible » se dit la jeune fille en inspectant la moindre ouverture, la moindre faille qui lui permettrait de s’échapper.
L’homme se dirige d’un pas rapide vers une porte en bois brut ouvragée vers le fond de la pièce. En lettres rouges, dessus, a été peint la même citation que sur le fronton de la bâtisse, Fiat voluntas tua. Juste avant que l’homme n’ouvre la porte, Diego sort de sa capuche et saute sur le visage de l’homme, ses petites griffes et ses dents dehors. L’homme, surpris, relâche momentanément sa prise et Cendre atterrit lourdement au sol. Sans perdre une minute, elle profite de cette opportunité pour se plonger dans l’ombre de l’homme et observe la scène. Ce dernier pousse un hurlement de rage, attrape Diego, le jette au sol et l’écrase de sa botte. Cendre sent son cœur se faire poignarder au moment où le rat explose en petits morceaux sanguinolents et une rage intense s’empare d’elle.
Elle fonce vers un vitrail, sort des ombres et plante l’éclat de verre brisé dans le mollet du ponte qui s’effondre en poussant un cri de douleur. Elle profite de la confusion pour ouvrir la porte et se retrouve face à un escalier de pierres brutes qui plongent dans l’obscurité, seulement rompue par les quelques torches accrochées au mur. Ni une ni deux, elle dévale les marches.
- RATTRAPEZ LA ! hurle l’homme aux moines qui n’ont pas bougé d’un poil, aussi surpris que lui.
Les pensées de Cendre se bousculent dans son esprit : l’homme, la terreur, Diego, Nut’s, Chef, sa survie. Elle entend les pas précipités des moines à sa poursuite et se replonge dans les ombres en arrivant rapidement au pied de l’escalier. Les sous-sols sont constitués d’un unique couloir, taillé dans la terre, des planches en bois soutiennent le tout de s’effondrer. Des lourds barreaux de métal sont disposés un peu partout, dévoilant des trous dans la terre, et il y a également quelques pièces fermées par une porte sommaire.
Cendre se met à chercher frénétiquement à l’intérieur des cages, pendant que les moines fouillent l’intérieur des pièces, et en se cachant dans leur ombre, l’adolescente peut voir à l’intérieur des tables en bois dans chacune d’elle, maculées de sang séché. Il y a également des traces suspectes sur les murs. Dans l’une d’elle se trouve une table en pierre grossièrement taillée avec des runes et des points gravés dessus. Étrangement, les moines poussent des soupirs de soulagement en constant que Cendre n’est pas dans cette pièce et continuent leur recherche. Elle continue de les suivre, et c’est dans la dernière pièce que Cendre aperçoit finalement ce qu’elle cherche et son cœur rate un battement.
Dans cette pièce, des gens sont à l’intérieur. Un homme, habillé comme un bourreau, tient une pince rougeoyante dans la main en tournant la tête vers le moine qui vient d’entrer. Dans un coin, assis sur une chaise, un homme un peu mieux habillé regarde lui aussi le moine, surpris. Et sur la table en bois au milieu de la pièce, attaché par des chaines solidement encastrées dans le mur, Nut’s est là, totale-ment nu, le visage dépourvu de la moindre expression et les cheveux roux maculés de taches plus rouges. Un filet de sang coule le long de son ventre et tombe goute à goute au sol en formant une petite flaque rougeoyante. Il a le visage tourné vers la porte mais ses yeux ne semblent pas voir Cendre qui observe la scène et ne veut pas y croire. Un anneau est planté dans ses chairs au niveau du nombril d’où s’échappe le filet de sang.
- Hé bien, intervient l’homme sur la chaise, agacé, quelle est donc la raison de cette interruption ? Nous sommes en pleine opération.
- Veuillez m’excuser, Monseigneur l’Aumônier, mais nous devons faire face à une intrusion.
- Une intrusion ? demande l’homme, aussi surpris que décontenancé.
- Une jeune démone a réussi à atteindre notre lieu sacré, et se balade impunément dans les couloirs. On l’a vue descendre par ici, elle ne doit pas être bien loin.
L’Aumônier se lève et suit les moines en fronçant les sourcils, totalement intrigué. Le bourreau lui-même pose la pince dans un seau d’eau qui produit un « pshiiiiiit » et quitte la pièce, laissant Nut’s, seul, nu, le visage toujours tourné vers la porte. Cendre rentre dans la pièce et sort des ombres l’espace d’un instant, le visage inondé de larmes.
- Je suis désolée, Nut’s, parvient-elle à articuler.
Elle lui caresse les cheveux mais l’adolescent n’a aucune réaction. Elle essaie d’attraper l’anneau pour le lui retirer mais dès qu’elle le touche, les deux adolescents poussent des petits cris simultanément. Cendre, parce que le métal est chauffé à blanc. Nut’s, qui a un soubresaut. Une colère sourde telle qu’elle n’en n’a jamais ressentie s’empare d’elle et elle contourne Nut’s, plonge ses deux doigts dans la flaque de sang et écrit sur le torse du pauvre adolescent : « vous allez payer ».
Elle cherche dans ses poches à la recherche de ses dagues qui sont toutes tombées lorsque l’espèce de prêtre l’a emmenée avec lui. Elle pousse un cri rageur, elle n’a qu’une envie : abréger les souffrances de son ami qu’il puisse partir en paix. Elle le regarde, déterminée.
- Je reviendrai. Je te le jure, on te laissera pas tomber, Nut’s.
Elle l’embrasse sur les lèvres et se refond dans les ombres, en abandonnant son ami mais en gagnant quelque chose : une vengeance, une vengeance sourde et qui s’empare de son âme jusqu’à la consumer. Pour Diego, pour Nut’s. Elle va les tuer, jusqu’au dernier, et aura plaisir à le faire.
MmeLauranne

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Chapitre 8 - Panique

Cendre ne pleure pas.
Sur le trajet du retour, tapie dans les ombres, elle n’est animée que par la colère et la haine. Les images de Diego se superposent à celles de Nut’s mais toujours une image lui revient en tête : celle du Mage Noir, qui a pris son rat sans manifester la moindre émotion, de sa main qui caresse sa joue, de son visage déformé par la colère lorsqu’elle lui a planté le vitrail dans le mollet. Elle ne ressent pas de peur ni d’effroi, juste des miasmes de vengeance et de colère.
Au final, elle peut constater avec une once de soulagement que le Nid est toujours debout. Pas de flammes, pas de cris, juste un bâtiment noir dans la nuit noire, perché de quatre silhouettes couchées sur le toit. Comme à son habitude, elle rentre par le trou béant qui sert de fenêtre et met un moment pour sortir des ombres, afin de s’assurer que tout est normal. Jade n’est plus à son habituel poste d’observation, elle a dû monter sur le toit avec Honey, Flammèche et Microbe. L’adolescente sort des ombres, s’assoit à table et attend. Elle ne veut voir personne, elle redoute le moment où elle devrait expliquer qu’elle a retrouvé Nut’s et qu’elle l’a lâchement abandonné. Sans rien faire. Elle aurait dû tous les tuer. Elle aurait dû le tuer lui. Elle aurait dû protéger Diego. Elle aurait dû cracher à la figure du Mage Noir, l’insulter, le mordre. Elle aurait dû détruire le bâtiment. Au lieu de ça, elle n’a rien fait.
S’ajoute à la vengeance un terrible sentiment de culpabilité qui lui tord les boyaux.
C’est pourquoi elle ne veut voir personne. Elle refuse de voir la déception dans leurs yeux, et la tristesse de Ben. Ben. Cendre a un frisson. Elle n’ose songer la douleur que ressentirait l’adolescent lorsqu’il apprendrait que son frère jumeau ne serait plus jamais le même, livré en pâture à des adultes qui pourront faire de lui ce que bon leur semble en toute impunité.
Elle attrape un verre et le balance à travers la pièce, folle de rage et de chagrin.
Des pas descendent les escaliers rapidement et Flammèche arrive dans la pièce, les mains en feu. Honey le suit en se cachant derrière lui et jette un regard dans la pièce. Ses yeux jaunes sont légèrement brillants dans l’obscurité et elle soupire de soulagement.
- C’est Cendre, dit-elle suffisamment fort pour que Jade et Microbe, sur le toit, puissent aussi l’entendre.
Flammèche secoue ses mains pour les éteindre.
- La vache, tu nous as fichu une de ces trouilles.
Cendre ne dit rien et fixe le mur là où le verre s’est brisé. Honey semble avoir compris que quelque chose n’allait pas, à la différence de Flammèche qui fonce vers l’adolescente.
- Alors, tu as trouvé quelque chose ?
Cendre reste mutique un moment, puis se lève.
- Je vais vous remplacer à l’observation là-haut. Allez vous reposer.
Les deux enfants se dévisagent sans comprendre. L’adolescente ne leur laisse pas le temps de poser des questions et monte les marches. Microbe, en la voyant, se relève, court vers elle et lui saute dans les bras. Cendre sourit faiblement.
- J’ai eu peur, dit l’enfant.
- Je sais, mais tout va bien pour moi. Va voir ton frère, je crois qu’il a besoin d’eau pour ses mains.
Microbe hoche vigoureusement la tête et descend les escaliers, guilleret. Cendre va s’assoir à côté de Jade qui la dévisage. Entre elles, il n’y a pas besoin de parler. Un seul échange visuel suffit pour que Jade comprenne qu’un drame est arrivé. Elle a une mine triste et ses yeux se remplissent de larmes. Elle interroge Cendre du regard.
- Un anneau, dit-elle simplement.
Jade hoche la tête en pleurant silencieusement, les larmes coulent le long de ses joues. Elle remarque aussi que Diego n’est plus là et elle serre la main de Cendre qui regarde au loin sans un mot mais serre aussi la main de Jade.
Les minutes s’écoulent sans qu’il ne se passe rien, jusqu’à ce que Cendre voie arriver au loin Princesse qui marche normalement. Sur les toits, Chef la suit, prêt à la protéger de son bouclier, mais les rues sont désertes. L’adolescente fait un coucou à Jade et Cendre, et Chef descend du bâtiment pour rejoindre le groupe par la porte. Cendre entend les deux saluer les enfants en bas sous les cris de joie de les revoir arriver. L’adolescente garde les yeux rivés vers l’horizon, y compris quand Microbe, Honey et Flammèche montent les escaliers et viennent à côté d’elles.
- Y’a Chef et Princesse qui veulent te voir Cendre ! Il a dit qu’on devait rester là-haut pour surveiller.
Jade regarde Cendre avec un regard plein d’intensité et se lève la première, gardant toujours sa main dans la sienne, ce qui oblige Cendre à se lever à son tour. Son amie l’encourage et ensemble elles descendent les escaliers, Cendre gardant les yeux rivés au sol et la mâchoire serrée. Princesse grignote un morceau de pain, le visage éreinté mais soulagé, pendant que Chef est derrière elle et lui masse les épaules en lui parlant d’une voix rassurante. Lorsqu’ils voient Cendre, ils sourient simultanément, mais Chef perd rapidement son sourire en voyant l’air défaitiste de Cendre et les larmes de Jade. Princesse le voit aussi et se lève pour aller face à elles.
- Hé bien quoi, qu’as-tu découvert ?
Elle relève les yeux et regarde Princesse dans les siens. L’adolescente recule d’un pas devant l’intensité dans le regard de son amie et son air sombre. Elle se tourne vers Chef qui arrive à leur rencontre, l’air moins impressionné.
- Tu es allée dans les sous-sols ?
Des images affluent dans la tête de Cendre lorsqu’il prononce ses mots, des images de sang et de terreur qu’elle ne peut maîtriser et qui arrivent par vagues. Son cœur bat plus vite, son souffle s’accélère, elle serre fort la main de Jade qui lui frotte le dos pour l’encourager, elle se met à trembler mais hoche lentement la tête en regardant Chef dans les yeux.
- Qu’as-tu trouvé ?
Elle secoue lentement la tête en regardant un point fixe au-dessus de l’épaule de Chef en revivant les scènes.
- Ja… Je… Il…
Chef pose les mains sur les épaules de Cendre et la regarde avec sérieux.
- Cendre, regarde-moi.
Voyant qu’elle ne réagit pas, il lui prend son menton fermement mais calmement et la force à le regarder dans les yeux. Son souffle s’accélère encore plus, elle a l’impression de sombrer dans un océan noir et visqueux.
- Cendre, tu fais une crise de panique. Calque ta respiration sur la mienne.
Après plusieurs minutes, elle parvient finalement à respirer normalement, gardant ses yeux rivés dans ceux de Chef. Elle l’entend lui parler mais ne comprend le sens de ses mots que quelques minutes plus tard, lorsque sa respiration se fait plus lente.
- … trois choses que tu peux voir. Sur moi ou dans la pièce.
Elle avale sa salive et nomme dans sa tête trois choses qu’elle voit autour d’elle.
Il cligne les yeux et hoche la tête d’un air approbateur en lui souriant.
- C’est bien, tu t’en sors très bien. Cendre, tu n’es plus dans les sous-sols, tu es ici avec nous. Ok ? Ça va aller. On est là avec toi.
Les paroles de Chef glissent sur Cendre comme du miel et l’enveloppent dans un cocon de douceur. Son cœur se calme, sa respiration aussi. Elle tremble moins mais frissonne de froid malgré son gros manteau d’hiver. Princesse lui sourit gentiment en lui caressant les épaules, compatissante et Jade lui caresse les cheveux. Chef soupire et regarde Cendre.
- Viens t’assoir. Tu as besoin de boire et de manger, tu es livide. Dès que tu te sens prête, tu peux nous dire ce que tu as vu dans les sous-sols. Prend le temps qu’il te faut
Elle hoche la tête pour montrer qu’elle a compris et s’assoit à table. Princesse lui tend une tartine de pain avec une barre de chocolat et Jade lui tend un verre d’eau. L’adolescente boit et mange un peu. Avoir un goût sucré en bouche lui fait du bien et tombe dans son estomac en lui donnant un peu de courage et de force. Chef ne la quitte pas des yeux, Princesse lui parle en lui prenant la main et Jade lui coiffe les cheveux patiemment en souriant.
Cendre avale sa salive et regarde Chef dans les yeux.
- J’ai trouvé Nut’s. C’est trop tard pour lui, il a un anneau.
Ils entendent un fracas suivit d’un gémissement vers les escaliers qui amènent à la porte d’entrée. Hulk retient Ben qui regarde Cendre et de mémoire, l’adolescente ne semble pas avoir vu autant de déchirement dans les yeux de quelqu’un.
MmeLauranne

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Chapitre 9 – Souvenirs

- Il n’est toujours pas descendu ? s’inquiète Flammèche en regardant le plafond.
- Laisse-lui du temps, Flammie, le réprimande gentiment Hulk en attrapant un morceau de volaille qu’ils ont bouillie pour le diner. Il a besoin de souffler un peu, tu comprends ?
L’enfant hoche la tête d’un air triste.
Depuis la nuit dernière, Ben est resté sur le toit et n’en n’est pas redescendu. Les nombreuses tentatives pour le réconforter ou lui apporter de la nourriture se sont soldées par des échecs. L’adolescent reste assis sur le toit, les yeux rivés vers l’horizon. Le groupe se relaie afin d’assurer les tours de garde, mais Ben n’a pas décoché un seul mot et se contente de regarder au loin. Cendre aussi est inquiète, et doit gérer ses émotions de peur mêlée de cette culpabilité qui ne la lâche pas.
Elle n’arrête pas de repenser aux évènements de la nuit. Elle n’a pas dormi la nuit dernière, et est restée avec Ben toute la nuit, ignorant la fatigue et la douleur. Lorsque le jour s’est levé, elle s’est contentée de descendre et Jade a pris le relai. L’adolescente a alors essayé de dormir, sans succès : le traumatisme est encore trop présent, elle doit être exténuée avant d’oser espérer fermer les yeux pour dormir. Elle a alors attrapé un carnet de notes dans son sac et s’est mis à dessiner frénétiquement le visage qui la hante : un visage mince, la mâchoire carrée, les yeux d’un vert très clair, les cheveux d’un noir de jais cachant une partie de son visage. Elle s’est alors amusée à décrire toutes sortes de tortures pour faire payer à celui qu’elle a nommé le Mage Noir, en référence à sa tenue et son air malveillant.
Dans son carnet, elle a alors retrouvé le dessin particulièrement réaliste que Jade avait réalisé de Diego et elle n’a pas réussi à retenir ses larmes qui inondent désormais le beau dessin, en le rendant pratiquement méconnaissable. Elle a alors décroché la feuille, l’a pliée en deux et l’a glissée dans son soutien-gorge, contre son cœur.
- N’empêche, renchérit Microbe en sortant Cendre de ses pensées, il va bien falloir qu’il descende, il va finir par avoir faim.
Honey le regard avec un air désapprobateur.
- Tu manques vraiment de patie.
- D’empathie, la corrige avec bienveillance Princesse en lui caressant les cheveux sous les joues rougissantes de Microbe.
Cendre contemple aussi le plafond. Jade la regarde et lui tend un morceau de fromage que Cendre prend avec gratitude et qu’elle grignote distraitement. Elle a le réflexe de le ramener vers son épaule avant de se souvenir que Diego n’est plus là et continue de manger sans appétit.
- On pourrait faire une belle fête pour Nut’s, propose Honey. Et pour Diego.
Cendre ne peut s’empêcher de sourire devant la gentillesse de Honey.
- C’est une super idée, cousine ! s’enthousiasme Hulk.
- Heu ouais, mais on a les adultes à nos trousses, rappelle Flammèche en brisant quelque peu l’enthousiasme des deux.
La petite le regarde en souriant, mélancolique.
- Tant mieux, comme ça ils nous remarqueront. Et ils sauront à quel point on aime Nut’s et Die-go.
Cendre est impressionnée devant l’empathie et la maturité de la petite de sept ans. Elle n’est pas la seule, d’ailleurs, et Hulk ne cache pas sa fierté et regarde les autres l’air de dire « zavé vu ? C’est ma cousine, eh ouais ». Princesse se caresse le menton en réfléchissant avant d’hocher la tête.
- Je trouve que c’est une idée géniale, Honey, et la petite rougit de plaisir et de fierté.
Jade lève les deux pouces pour marquer son accord, l’air rayonnant.
- Reste à savoir si Chef sera d’accord, intervient Cendre qui a la voix enrouée de moins parler.
- Oh, je saurai le convaincre, dit Princesse en lançant un clin d’œil à Cendre qui pouffe malgré elle.
Chef, d’ailleurs, descend des escaliers et Princesse fait un mouvement pour se lever mais Cendre bondit.
- Je prends le relais. Occupez-vous des préparatifs pour la fête.
Chef les regarde un à un en levant un sourcil.
- J’ai raté quelque chose ?
Cendre hausse les épaules et lui tape l’épaule au passage avant de monter les escaliers et de s’assoir à côté de Ben en s’allongeant à moitié. L’adolescent est toujours mutique.
- On a assez d’une Jade dans le camp, tu sais. Tu as le droit de parler.
Ben esquisse un sourire et regarde Cendre. Elle se redresse et le regarde dans les yeux, l’air plus sérieux.
- Ben… Je suis désolée pour Nut’s. Je… J’aurais dû faire quelque chose. C’est ma faute.
La veille, lorsque Ben est rentré, il a voulu connaitre tout dans les moindres détails, ignorant l’état psychologique de Cendre. Lorsqu’elle eut terminé son récit, il la remercia, se leva, et s’isola sur le toit.
L’adolescent soupire.
- C’pas ta faute. C’la faute d’ces connards d’adultes pour c’qu’ils ont fait à mon frérot.
Il la regarde avec gentillesse.
- J’devrais même t’dire merci. Parce qu’il était pas tout’fait tout seul à c’moment là.
Cendre cligne des yeux pour contenir ses larmes et garde le visage fermé. Etrangement, avoir le soutien de Ben allège un peu sa peine.
- Pis t’as été vach’ment courageuse j’trouve.
Il s’étire.
- Mon frérot, il était plus intelligent qu’moi. T’sais, c’était l’préféré d’ma mère. Il a toujours été l’plus doué pour l’école, pis pour chanter et tout ça. Moi j’avais les muscles, pis lui il avait la tête pour nous deux. Un jour y’a des gosses qui s’sont foutu d’sa gueule à l’école, i’ l’ont pas r’fait deux fois, j’leur ai pété deux dents chacun, du coup les gens savaient qu’fallait pas m’faire chier ou l’faire chier lui.
Il a un sourire nostalgique et Cendre l’écoute attentivement.
- Mais à la maison, c’est lui qui m’a toujours défendu. C’était l’plus gentil d’nous deux. Quand ma mère elle m’disait qu’j’allais fout’ rien d’aut’ que d’travailler à la ferme, il a toujours dit qu’c’était important, pis que j’étais super doué. Alors maman était toujours plus douce après vec’ moi. Même ‘près l’Ouragan, il a tout bien géré, pis savait c’qu’y fallait faire. C’est lui qu’à trouvé le Nid avec Chef, t’sais.
Cendre acquiesce, captivée par le récit de Ben.
- J’me souviens quand on a fêté nos seize piges juste ‘vant l’Ouragan, ‘Pa nous avait offert un fusil chacun. Pis Nut’s il a refusé d’le toucher, ‘Pa s’est ‘nervé et il a dit qu’Nut’s c’était une tafiole. Du coup j’lui ai foutu un coup d’poing, pis c’était réglé, ‘Pa a plus jamais insulté Nut’s. Il aurait pas pu l’faire longtemps d’toute façon.
Ben sourit en repensant à ce souvenir.
- J’pense qu’il savait qu’il allait pas faire long feu dans c’monde, i’ m’l’a souvent dit et j’étais d’accord avec lui, du coup j’suis pas étonné. I’ pouvait pas vivre dans un monde avec’ autant d’violence où faut s’battre pour survivre. J’suis juste déçu qu’i puisse pas partir bien comme i’ faut.
Cendre lui attrape la main avec un regard farouche.
- Il aura la paix. Je te le jure, et je lui ai juré.
Ben sourit à Cendre.
- C’est gentil c’que tu m’dis. Mais t’sais, Nut’s i’ était contr’ la violence, alors faudra pas trop forcer d’acc ? Moi j’suis pas comme lui, j’sais m’battre et j’peux l’venger. Mais j’suis pas sûr que c’est c’qu’il aurait voulu, t’vois ?
Cendre hoche lentement la tête en détournant le regard, respectant le choix de Ben mais ne parvenant pas à la comprendre. Si elle avait été à sa place, elle aurait déjà tué tout le monde et aurait lutté pour accorder à son frère le repos qu’il mérite. Elle repense cependant qu’elle a fait cette pro-messe à Nut’s et se promet qu’un jour ou un autre, elle respecterait sa parole. Ben rit en voyant l’air farouche de Cendre.
- Allez, t’biles pas avec ça. J’sais qu’mon frère i’ trouv’ra la paix un jour. C’est juste triste que j’puisse pu l’voir.
Cendre ne réfléchit pas et le prend dans ses bras en le serrant contre lui. Elle a l’air minuscule à côté de Ben mais il lui rend son étreinte et l’adolescente sent des soubresauts et des reniflements. Ils restent un moment ainsi, le soleil se couchant à l’horizon. Ben finit par rompre l’étreinte en passant les mains sur son visage.
- Pfiou, ça m’ressembl’ pas d’faire dans l’sentimentalisme ! Allez viens, j’crois avoir entendu qu’y avait une fête qui s’préparait ?
Il s’étire, se lève et tend la main à Cendre pour l’aider à se relever. D’une façon ou d’une autre, l’adolescent a fait son deuil, du moins pour l’instant. Cendre se demande si elle parviendra à trouver la paix un jour, elle aussi.
MmeLauranne

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Chapitre 10 – Bouquet final


Cela faisait bien des semaines que Cendre n’avait pas eu la sensation d’être dans un monde normal où tous les adultes ne cherchaient pas à traquer et tuer les enfants et où la nature n’avait pas repris ses droits.
Après une nuit reposante – enfin ! -, le groupe avait commencé à entamer les préparatifs pour la grande fête qui se déroulerait le soir à la tombée de la nuit. Les Rebelles s’étaient donnés de la peine pour rendre cette fête mémorable dans tous les esprits et avaient passé la journée à déplacer les meubles, voler des mets et préparer approximativement un gâteau à l’aspect repoussant mais à la délicieuse odeur de crème. Princesse et Honey s’étaient amusées comme des folles et avaient passé l’après-midi à confectionner ce gâteau dont le résultat n’était pas vraiment à la hauteur de leurs efforts. Hulk avait voulu leur donner un coup de main quand il avait fallu battre les blancs en neige mais y avait mis tellement de force et d’énergie qu’il avait fait fondre le plastique du fouet, sous les éclats de rire des autres.
Jade faisait pousser des plantes dans toute la salle, emplissant la pièce d’un doux parfum floral printanier et des papillons de la taille de petits oiseaux étaient venus butiner les fleurs, présage merveilleux du retour du printemps.
Flammèche s’occupait du feu en l’alimentant ou en réduisant l’intensité de la flamme et Microbe s’occupait de faire cuire du lard sous les conseils avisés de Ben qui l’aidait à manier la spatule. Cendre était bien évidemment sortie voler les adultes et y avait pris un plaisir fou. En passant, elle était retournée voir le marchand d’armes en lui tirant la langue en sortant des ombres et lui avait de nouveau chipé cinq armes blanches sous les cris de rage et de désespoir du marchand.
Seul Chef ne participait pas à la fête, occupé à étudier une grande carte des routes des Etats-Unis en prenant frénétiquement des notes.
Régulièrement, le groupe se chargeait de faire la garde mais assez étonnamment, les adultes ne semblaient pas s’approcher de leur bâtisse. Bien sûr ils inspectaient toutes les maisons aux alentours et le groupe avait souvent failli sonner l’alerte lorsqu’ils étaient rentrés dans les maisons voisines mais étrangement, ils prenaient toujours soin de contourner le Nid en lui jetant des regards terrifiés. Ben avait avancé la théorie selon laquelle son frère avait rendu la barrière immuable contre les adultes, et tous les adolescents s’étaient recueillis en silence en saluant leur compagnon qui les avait sauvés bien souvent.
Finalement, à la tombée de la nuit, les Rebelles s’étaient tous rendus sur le toit pour regarder le coucher de soleil. Princesse dans les bras de Chef qui l’embrassait tendrement sur le sommet du crâne régulièrement, Honey et Microbe main dans la main, Ben avec un sourire mélancolique, Hulk debout, les bras croisés et Flammèche essayant de l’imiter en riant, Jade les pieds dans le vide et Cendre allongée sur le muret. Si les téléphones n’avaient pas tous fondus, le selfie qu’ils auraient pris actuellement aurait rendu jaloux n’importe quel influenceur Instagram. Ils restèrent un moment à contempler le soleil couchant, profitant de ce moment de paix et de sérénité et sans le formuler, ils pensèrent tous à Nut’s qui manquait ce magnifique coucher de soleil.

- La vache, vous savez faire des fêtes ! s’extasie Flammèche devant la masse de nourriture sur la table qui dégage un doux fumet.
- Je parie que je peux arriver le premier au bacon, lui parie Hulk et Flammèche bondit, mais c’est finalement Ben qui y arrive en premier, attrape une grosse poignée qu’il enfourne dans sa bouche sous les cris protestataires de Flammèche qui clame à l’antijeu.
Ils profitent tous du divin buffet que chacun a contribué à remplir dans la journée sous les rires et la bonne humeur. Cendre a même réussi à voler une bouteille de vin qu’ils ouvrent d’un œil suspect. Tout le monde goûte et les enfants ont tous la même réaction dégoûtée devant l’amertume de la boisson. Les plus grands boivent au goulot et rapidement, Cendre sent sa tête tourner et préfère s’arrêter là, mais elle se met à glousser à n’importe quelle occasion. Hulk la taquine et s’amuse à la chatouiller jusqu’à ce qu’elle se jette littéralement sur lui.
- REBELLES, A L’ASSAUT !
Les enfants se jettent sur lui et entreprennent de le chatouiller à son tour mais Hulk arrive à se lever sans peine, Cendre, Flammèche, Microbe et Honey sur son dos. Grâce à sa Capacité de force, il parvient à marcher sans aucun problème, comme s’il n’avait aucun poids sur lui.
- J’ai l’impression que des mouches sont en train de voler autour de moi, dit-il en riant et tout le monde partage son rire communicatif, même Jade rit aux éclats.
Vient le moment de manger le gâteau et chacun se sert une part en observant la mixture étrange. Microbe, plus téméraire, mange le premier. Son visage passe de rouge à vert en dizaine de secondes et il se précipite à la fenêtre pour cracher sa bouchée sous le regard accusateur de Honey. Ils posent leur assiette en évitant d’y toucher et se tournent vers Ben qui a déjà repris une part, la bouche pleine et de la crème autour de la bouche. Il les observe un à un, pris sur le fait, et regarde leur assiette pleine.
- Z’allez les finir ?
Honey redresse le menton sous le fou rire général.
- Vous voyez, c’est très bon !
Princesse, loin d’être vexée, riant et les larmes aux yeux, tend son assiette à Ben. Honey prend une bouchée et pose discrètement l’assiette sur le coin de la table avec une mine dégoutée.
- J’ai hum… Assez, mangé, c’est pour ça.
Ça faisait longtemps que Cendre n’avait pas ri comme ça et vu l’euphorie qui règne dans la pièce, elle a le sentiment que c’est le cas pour beaucoup d’entre eux.
Le buffet terminé, ils s’assoient au milieu de la pièce. Hulk sort sa guitare pour l’occasion et ils se mettent à chanter tous en cœur une musique d’avant l’Ouragan. Princesse se met à danser sous le regard admiratif et amoureux de Chef et Honey se joint à elle. Cendre les applaudit en les encourageant et finalement, tout le monde se met à sauter et danser, y compris Hulk qui lâche sa guitare.
Plusieurs heures passent. L’ambiance électrique s’atténue doucement et au mieux de la nuit, tout le monde est plus calme. Le feu crépite doucement et Hulk fredonne une douce mélodie sur la guitare. Chef les regarde tour à tour et le groupe sent que c’est le moment. Princesse lui prend la main pour l’encourager.
- Depuis quatre mois, nous nous battons chaque jour pour notre survie et ce qui fait notre force, c’est notre groupe. Mais le temps est venu pour qu’on plie bagages. On a passé de bons moments ici mais sans Nut’s, ça sera plus pareil.
Tout le monde hoche la tête doucement et Hulk tape sur l’épaule de Ben qui lui offre un sourire triste.
- Flammèche, tu es prêt ?
- Hé comment ! dit l’enfant en se retroussant les manches.
- N’oubliez rien. Nous allons faire nos adieux.
Chacun se lève en même temps et interprètent librement la façon de dire adieu au Nid et par la même, à Nut’s. Cendre se jure de revenir. Elle pose les mains partout où elle passe et s’attarde à la fenêtre. Jade est là également, le regard triste et sans se consulter, les filles se prennent la main en observant autour d’elles. Finalement, elles embarquent leurs affaires et quittent la pièce en lançant un dernier regard au bâtiment qui les a accueillis ces quatre derniers mois, leur foyer. Jade sanglote et Cendre lui pose un baiser sur la joue en la prenant par les épaules et le groupe finit par quitter la pièce sauf Flammèche. Jade s’est assurée de faire faner les plantes afin d’en faire du bois ultra inflammable. Les Rebelles sortent dehors et attendent Flammèche. Ils voient une lueur rougeoyante émaner du bâtiment et des flammes se mettent à sortir par les fenêtres et la moindre embrasure. Flammèche sort en courant en secouant ses mains pour éteindre les flammes qui dansent sur sa peau et le groupe se met à courir le plus discrètement possible et sort de la ville.
Le soleil se lève doucement à mesure qu’ils trottent et ils s’arrêtent des centaines de mètres plus loin en observant le brasier. Ils entendent des cris venir de la ville et des cloches sonner pendant que le bâtiment s’effondre. Les Rebelles ne disent rien, observant la scène de loin et faisant leur dernier adieu.
- Salut, mon pote, dit Chef en regardant le bâtiment flamber avant de faire demi-tour et de marcher à l’opposé de la ville, les larmes aux yeux.
Chacun le suit un à un, Ben met un peu plus de temps, le sourire aux lèvres mais les larmes aux yeux lui aussi. Cendre est la dernière à suivre le groupe en formulant sa promesse dans son esprit. Un jour ou l’autre, elle vengerait Nut’s et Diego.
Un jour, elle reviendrait tuer tous les adultes de New Haven.
- Cendre, tu viens ? l’interpelle Flammèche.
Elle regarde une dernière fois la ville, tourne les talons et commence son voyage.

- FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE DE CENDRE -
Yshisa

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Re: Cendre [Autre-Monde]

Message par Yshisa »

Une histoire superbe ! Bien écrit et avec un scénario qui nous mènera loin, j'en suis sûre.
C'est intriguant : qu'est-ce-que la Tempête (ou l'Ouragan) ou encore le Cataclysme comme l'appelle les adultes ? Je conjecture que c'est suite à cet évènement qui des pouvoirs sont apparus chez les enfants.
Le Paradis perdus serait, selon moi, un moyen de retrouver de le monde d'avant le Cataclysme. Et je me demande aussi comment ils savent que la carte se trouve tatouée sur tel ou tel enfant ? Je sens une histoire intéressante là-dessous.
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