Un livre dont j'avais beaucoup entendu parler, notamment au moment de son adaptation ciné (que je n'ai pas vu). Et je pense que je m'étais forgé un attendu un peu trop haut ou trop idéalisé.
Globalement, j'ai quand même beaucoup aimé. Néanmoins, je m'attendais à vraiment un roman de révolte, et en fait, c'est essentiellement un roman de deuil.
Starr raconte publiquement le meurtre de Khalil aux deux tiers du livre et il ne se passe rien de plus par rapport à cette affaire avant les derniers chapitres et la manif. Je m'attendais à ce que cette prise de parole publique et l'implication de Starr dans les contestations arrivent plus tôt dans le roman.
Pour le reste, elle essaye de surmonter la mort de son ami, découvre qui sont vraiment ses amis, et tout simplement continue d'avancer. Je m'attendais à éprouver beaucoup de colère, mais globalement, j'ai surtout ressenti beaucoup de tristesse et de compassion au long de ce roman. Pour Khalil bien sûr, qui se fait tuer sans raison, pour Starr aussi, qui voit
une nouvelle fois
un ami mourir dans ses bras, mais aussi pour énormément d'autres personnages : Seven par exemple, tiraillé entre ses deux familles et par ce qu'il estime être son devoir envers sa mère et ses soeurs, Kenya, qui vit dans un climat familial qui ne devrait pas exister pour un enfant ou un ado, un peu pour Iesha aussi, dont on découvre finalement que c'est essentiellement la peur qui la guide, pour DeVante, qui ne sait pas comment s'en sortir, mais aussi pour Carlos, dont on comprend bien à demi-mots que même dans son travail, il reste ostracisé à cause de sa couleur de peau.
Je m'attendais à un ton beaucoup plus révolté dans ce livre, pourtant j'ai trouvé que c'est plutôt une sorte de résignation qui imbibe la majeure partie du roman : par exemple avec Starr qui parle mais qui sait que ça ne va (malheureusement) servir à rien. De beaucoup de personnages émane un "à quoi bon ?". En ça, je trouve que c'est la fin qui renverse la vapeur.
Là, on a la révolte, là, on dresse le poing, là, on a vraiment un message d'espoir : d'espoir qu'un jour les gens n'auront plus peur de parler, de parler d'un meurtre en public, de manifester pour l'égalité des droits, de dénoncer un chef de gang, bref d'espoir qu'un jour les choses changent, que la justice sera la même pour tous, que le quartier ne sera plus autant régi par les gangs, que du coup les gens lambda pourront avoir une vie normale et que les chances seront les mêmes pour tous.
Mais je regrette que ce message arrive si tard dans le roman.
Malgré tout, j'ai beaucoup apprécié les personnages surtout Starr, même si je trouve triste qu'elle se sente autant obligée de cacher "la Starr de Garden Heighs" quand elle est à Williamson, et sa famille (et en particulier ses parents), très soudée et très aimante. Elle a de la chance d'avoir cette famille. Si le témoin avait été quelqu'un de moins épaulé (DeVante par exemple, ou même Kenya), je pense que malheureusement, tout ce que Starr a pu faire n'aurait pas eu lieu.
Un point négatif, c'est l'argot. D'accord, la narration se fait du point de vue de Starr, c'est une jeune fille de 16 ans qui en plus vit dans un quartier qui n'est pas le plus reluisant de la ville, donc forcément l'argot fait partie de son quotidien. Mais bon, déjà qu'à l'oral, c'est moche, mais alors à l'écrit, c'est franchement laid. (En plus, je suis tellement déconnectée de la jeunesse d'aujourd'hui que j'avoue avoir galéré parfois avec certaines expressions -> #OhlalaLaVieille ^^'
)
J'ai un peu de mal à transcrire mon ressenti dans un commentaire qui rende justice au livre, parce que c'est un beau livre, qui porte un message d'égalité et de justice pour tous qu'il faut entendre et relayer, pourtant, malgré des personnages attachants et beaucoup d'humour (merci Big Mav !), il pâlit d'un rythme un peu lent qui fait qu'il n'arrive pas tout à fait au niveau des attentes que j'avais placé en lui donc je reste sur un avis un peu en demi-teinte. Je conseille malgré tout cette lecture à tous, c'est un livre qui vaut vraiment le coup.