Par exemple, et c'est un point qui m'a pas mal agacée, on se retrouve avec une vision très - trop - manichéenne du dualisme science/religion, avec la religion qui est présentée comme mauvaise et la science comme bonne alors que c'est un sujet qui demande tellement de nuances! Dans Demain les chats - et c'est un corollaire assez malheureux du fait que Weber aie voulu aborder le thème du terrorisme - la religion est présentée sous un jour essentiellement noir : ce sont les fanatiques qui pendent des scientifiques et tuent au nom d'un dieu "imaginaire" que les hommes ont inventé et qui, pour aller au paradis, n'hésitent pas à se tuer en essayant de blesser/tuer le plus de gens possible, afin de marquer les esprits et régner par la peur. Alors que quoi, ça représente... 1% des croyants, même pas? Et que pour beaucoup d'entre eux, la religion c'est un moyen de trouver des réponses à des phénomènes qu'on ne peut expliquer (la mort, l'au-delà,..). Pour beaucoup c'est aussi un moyen de se rassurer et de conserver l'espoir quand ceux-ci vous touchent. Mais tout cet aspect-là, communautaire et plus bienveillant de la religion, est un peu passé à la trappe, la ligion est présentée sous un jour exclusivement négatif.
Et face à ça la science présentée sous un jour majoritairement positif - elle sauve et améliore la vie humaine - alors qu'elle aussi peut entrainer des choses terribles quand elle est employée à de mauvaise fin - suffit de penser à l'arme atomique et à toutes les armes militaires inventée au fil des siècles,.. Dans les deux cas, le problème n'est pas la science/religion, mais les moyens/intentions des gens qui y recourent.
Sincèrement, sur le plan de la réflexion Werber nous avait habitué à mieux, là je me retrouve avec une vision simpliste de la société, de l'histoire (le Moyen Age uniquement vu comme une période de déclin...) qui me fait grincer des dents par moment. C'est dommage car le livre a de bons thèmes - le terrorisme et les épidémies - et le premier s'inscrit bien dans l'époque de rédaction du livre (on est un an après Charlie Hebdo si je ne me trompe) tandis que le second thème pourrait même sembler prémonitoire vu la situation actuelle
Même si c'est un défaut qui est inhérent au fait qu'on suive l'histoire à travers les yeux d'une chatte, je regrette simplement que l'évolution de la situation ne soit pas mieux décrite : de la fusillade et des attaques un peu partout on passe sans trop de trasition à la guerre civile qui oblige les gens à se barricader chez eux. Comment la sitation a-t-elle pu dégénérer à ce point? Mystère. Puis on a la peste qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe (ce n'est qu'au moment où Bastet est obligée de quitter l'appartement où ils se sont reclus qu'on découvre que la peste fait des ravages depuis un moment apparemment) - alors qu'il n'y avait aucun signe avant-coureur. Je pense que ça aurait mérité vraiment davantage d'explications et c'est vraiment frustrant de voir qu'à côté de ça, Bernard Werber s'étend sur des choses moins intéressantes.
Pour les personnages... Le côté hautain et méprisant (qui se manifeste non seulement envers les humains, mais aussi les autres chats - cf. Félix, qui a l'air sans trop de raisons plus attardés que les autres chats que tu croises dans le roman - que ce soit Esméralda, Wolfgang ou Nabuchodonosaur, ils ont tous l'air d'avoir des capacités de réflexion pouvant se rapprocher de celles deà Bastet, mais pas lui étrangement, il restera toujours réduit au rang de chat simplet) de Bastet s'est révélé fort agaçant à la longue, là où elle était encore assez attachante au début quand elle découvrait des objets du monde humains.
Idem pour sa jalousie quand il est question de Pythagore, mais je reconnais que c'est un trait de caractère qui a souvent tendance à vite m'exaspérer. Je n'ai pas non plus apprécié des masses Pythagore, dont le rôle est surtout d'être le grand sage qui transmet à Bastet ses connaissances acquises via son 3e oeil (aka sa connexion internet). Connaissances qui contiennent pas mal d'information erronnées, de raccourcis ou des généralités abusives comme dit plus haut. Pour leur dynamique en tant que duo, j'ai vraiment eu une impression de déjà-vu avec le duo Lucrèce/Isidore qu'on retrouve dans d'autres livres de Weber (le gars très instruit, mais solitaire, qui finira par avoir une relation avec une femme beaucoup plus jeune), ce qui est peut être la raison pour laquelle je n'ai pas plus accroché que ça. Pour le reste, les différents personnages - chats comme humains - ne sont pas suffisamment développés pour se faire une opinion dessus.