Lu !!!!!!!
Une claque (que j’escomptai !).
Mais commençons dans l'ordre : mon Tess a été traduit par Josette Chicheportiche pour Black Moon chez Hachette.
Résultat rien de vieillot. ^^ (J'adhère à cette traductrice apparemment. XD) L'écriture m'a beaucoup plût. J'ai aimé le côté "peintre" du récit (quand c'est fait avec talent c'est réjouissant d'avoir de longues descriptions poétiques) J'apprécie vraiment la traduction dont j'ai bénéficié. La lecture fut agréable, car les tournures allient le contemporain et le suranné en respectant la période concernée par l'histoire racontée.
Ayant débattu avec @Soah en privé j'imagine que beaucoup de "Tess" existaient en ce temps. De jeunes innocentes, inconscientes, mal informées, par pruderie, sur le danger que les hommes pouvaient représenter pour elles...et qui se retrouvaient ainsi salies sans l'avoir voulu ni provoqué. Pas sûr que toutes aient su garder la tête haute comme Tess.
D'ailleurs l'auteur a-t-il lui-même connu une "Tess" parmi ses proches ? La question se pose mais y a-t-il une réponse ?
Si certains peuvent reprocher une certaine indolence et passivité à Tess je n'en fais pas partie. Elle ne se rebelle pas car accoutumée aux convenances de son temps, concernant son appartenance au sexe faible. Quant on imagine le carcan qu'elle subissait (être une femme était une corvée quotidienne et non un bienfait) sa pureté d'esprit et sa vaillance me bluffent.
Ce qui m'a choqué se sont les rêves de grandeurs des parents qui la sacrifient sans remords, et même avec bonhommie ! Oo Envoyer une jeune fille seule sans chaperon auprès d'un illustre inconnu (même officiellement titré et cousin présumé) je ne comprends pas ! (Ah si pardon, maman espérait bien la prise de vertu...pour en obtenir un bon mariage...eurk !)
Tess est lucide. Elle a de l'intuition (le Alec la fait flipper dès la primo rencontre) mais comme le veut la tradition elle respecte ses parents...elle obéit et y va. Du pain béni pour l'ignoble personnage, à qui je reconnais un seul bon point : il assume totalement ses actes ! Ce coureur de jupons invétéré est connu comme le loup blanc pour ses "forfaits", et beaucoup de villageoises revendiquent même d'avoir partagé sa couche (un honneur ?) ...donc nulle hypocrisie à ce propos !
Quand Tess est recrutée pour s'occuper de la "basse-cour" des d'Urberville (quand on a de l'argent on se permets de voler des noms à particule) j'y ai même vu un sous-entendu grivois...j'avais sans doute juste l'esprit tordu, n'empêche.^^ C'est bien ce qu'escomptait Alec ! ;P
Avec des si...le sort de Tess se trouve scellé par l'alcoolisme de son père et sa fainéantise ! S'il n'avait point entendu parler de leur titre perdu, il n'aurait point bu plus que de raison, aurait poursuivi son travail de colporteur, sans qu'elle doive prendre la relève un matin et...pauvre Prince. A partir de Prince, tout va partir à vau-l'eau pour elle. On comprend aussitôt qu'elle va être une victime (imméritée). Le destin n'aura de cesse d'être cruel à son égard. Les signes de mauvais œil et de malédiction vont se multiplier au fil des pages (de la simple piqûre d'épine de rose, d'un chant du coq en plein après-midi, jusqu'à une promesse sur un monument...malsain. Et j'en passe et des meilleures !).
Elle va subir bien des abus de sa personne et de sa gentillesse. Le premier sera un simple baiser sur la joue; mais le malaise de la pauvre enfant, à cet instant, fait peine à voir. Qu'elle soit assez maligne pour échapper son chapeau au vol et ainsi descendre de carriole, waouh ! Elle a l'art de la défense diplomate ! Naïve mais avec du caractère ! Il faudra tirer partie de sa faiblesse (comprendre son sommeil) pour parvenir à bout de ses barrières. (Éveillée elle n'a de cesse de repousser l'importun !) Et franchement lire que ses ancêtres à elle se sont permis ce type de privauté aussi avec des paysannes est assez révoltant. Pour nettoyer l'infamie masculine de son arbre généalogique,c'est une demoiselle de la descendance qui doit payer...niveau karma je ne suis pas d'accord !
Pour Chagrin...j'ai encore du mal à m'en remettre.
Déjà le nom !! Et puis le baptême "sauvage" m'a fait craindre de nouvelles répercussions sur Tess. Déjà qu'être "fille-mère" c'était mal vu, alors se permettre, face au refus d'un prêtre, de baptiser et enterrer son enfant "du pêché" en terre consacrée...ils l'auraient brûlé que ça ne m'aurait pas surprise !
Des personnages secondaires m'ont ému : la dame aveugle et son amour pour le moindre volatile de son poulailler(même si j'aurais préféré qu'elle sauvegarde Tess des griffes de son fils), le trio de trayeuses énamouré de Angel (à tort, quel nul cet homme !) entre autres. Je trouve que ce roman fait la part belle aux femmes. Toutes ont une force de résilience...même si elles ne sont pas heureuses.
Les hommes a contrario sont tous définitivement bon à castrer dans l'entourage de Tess. Son père est un faignant qui saisi le prétexte d'un titre fumeux pour en faire encore moins que moins. Ses prétendants sont nocifs. Son dernier patron est une ordure. (Mais quelle bosseuse que cette femme !)
S'il y en a eu un que j'ai souhaité maudire et vouer aux gémonies plus particulièrement c'est Angel (stupide et buté comme un âne...pour rappel : le prince charmant n'existe pas).
S'il n'avait pas manqué la danse...qui sait...elle n'aurait point été compromise ! Il a loupé le coche, a profité de son indépendance...et lui tient rigueur de n'être plus vierge (sans son aval à elle de base !) !!! Oo
Mais quel fanculo !! Lui c'est orgie consentie avec une veuve pendant 48h, il s'est complût dans la luxure ! Elle c'est viol quand elle dormait...mais elle est fautive, une mauvaise fille et lui pur !!!! CONN.RD !
Un véritable gamin pourri gâté qui fait la fine bouche en voyant la paille dans l’œil de l'autre et pas la poutre dans le sien. J'ai littéralement craché du feu après ce personnage ! (Même si j'ai aussi eu envie de frapper la mère de Tess avec une poêle par moment pour son inconséquence.)
J'ai même craint que le somnambulisme d'Angel devienne un nouvel élément à charge contre Tess, pour la destiner au bûcher. Et la proposition à Izz...à vomir de rage ! Pauvre petit coq à l'ego blessé. Pfff.
Alec est un saligaud récidiviste assumé. (Qu'il ait vu "la lumière" ne m'a pas convaincu.^^')
Mais il a toutefois un crush pour elle...vu qu'il lui propose (à maintes reprises) de devenir sa poule de luxe (belles robes à foison et bien entretenue) j'ai trouvé bluffant (tant qu'à être "perdue") qu'elle refuse cette situation...qui pouvait parfois être presque "enviable" à l'époque bien que sujette à jugement extérieur.
Tess a une droiture assez exemplaire.
Elle ne cèdera qu'à la toute fin...par sens du devoir, pour subvenir aux besoins de sa famille et parce que n'ayant jamais eu de nouvelles d'Angel (le mari indigne outré), elle n'a plus d'alternatives.
Sa conscience humble de sa propre beauté donne lieu à une scène qui m'a scotchée :
Quand elle se fagote mal et se scratche les sourcils, waouh ! Quelle lucidité alarmante sur les drames qu'encourt une femme à être belle...qu'elle y renonce sciemment pour se préserver montre à quel point elle n'en ressent pas de la fierté mais blessure.
Elle subit tout !! N'a rien fait pour mériter ce qui lui arrive. Elle est juste jolie et n'en tire même pas orgueil ! Toute en simplicité. Droite honnête dans ses pensées et ses actes. Si je ne souhaitais pas cette fin (inévitable), j'en reste hallucinée. Car oui à trop provoquer une douce personne, prenez garde qu'elle ne se rebiffe. La revanche est sanglante ! Si je m'attendais à ce que notre héroïne en voit de toutes les couleurs, le scénario m'a toutefois régulièrement surprise ! (Sans doute car il y a des "superstitions de la campagne" dont je n'avais aucune connaissance.)
Et qu'en apothéose elle poignarde le mufle de départ je ne l'avais pas vu venir comme switche !)
Un bon roman qui mérite bien d'être un classique et a dût créer beaucoup de rougeurs aux joues et de diatribes révoltées à sa sortie (tellement il est sujet à controverse...et osé quand on le remets dans son contexte).
Aparté : pour Liza-Lu, n'importe quoi !
c'est l'occasion ou jamais de dépoussiérer mon exemplaire 
il ne me reste plus qu'à me le procurer ! 
Consigne 12 - Lire un livre d'un auteur mort en - a/ Janvier
(mais c'est quoi ces parents 
Voilà mon état après cette lecture.
le sort s'est acharné sur elle du début à la fin.