La liberté ne m’intéresse pas.

[Kavi-Mitsunari]

La liberté ne m’intéresse pas. Faire ce que je veux, quand je le désire et où je souhaite le réaliser, est bien superficiel si on se limite aux rares désirs que je possède. L’ennui lui-même s’en torture. Vraiment, quel intérêt de vivre, si je ne puis être ton jardinier d’amour ? L’intérêt peut-il véritablement exister sans cela ? Mon cœur répond par le désespoir de ton absence.

Il se meurt, loin de toi. Lui, qui a tant désiré te servir, avec discrétion et humilité. Te rendant dévotion, il n’attendait que cela, son asservissement à ta volonté. Comment aurait-il pu se rebeller ? Ta tyrannie lui convient si bien. T’aimer, te cajoler et bien des choses qui feraient rougir même les mots, la mission était exaltante. Réaliser cela, amoureusement, malicieusement, passionnément et tendrement, de t’en languir, tu ne t’en lassais.

Seuls mes mots ont pu caresser ton cœur, à défaut d’en faire bénéficier autant ton corps, qui nul doute, n’aurait eu la moindre hésitation à faire fondre le mien contre lui. Dans cette errance morale, je n’ai que le regret de ne pas être ton possédé, continuer à t’aimer, me contentant de tes vagues signes d’existence, est certes douloureux mais pas moins honorable. Si avoir un cœur énamouré du tien est péché, alors oui, il y a bien une place pour moi en enfer.

J’y honorerai ma place, trônant au dessus de tous ces anges déchus. Railleur, je chanterai mille blasphèmes, où j’exalterai toute la joie que j’ai à refuser ce paradis et surtout cette Lumière, où notre amour a été dédaigné. Briller seul au milieu de tous ces anges est si irritant. Ah, qu’il est bien plus enivrant d’attendre ta venue sur mon trône, dans la solitude de notre obscurité, loin des regards, même de ceux des dieux. Ce jour-là certainement, nous serons promis les cieux.