Retrouvailles entre amants

[Kavi-Mitsunari]

Le hasard est définitivement malicieux quand il le désire. Nous voilà ensemble à la même soirée. Quel dommage qu’il en soit de même pour ton époux. Nonobstant, ton regard fiévreusement inquisiteur me rassure. L’objet de ta conquête ce soir, est bien ma personne. Les nombreuses retrouvailles entre amis seront une merveilleuse diversion.

Discrètement, je m’en vais me cacher dans l’une des chambres à l’étage. Familier des lieux, personne ne me suspecte de quoi que ce soit. Tu finis à ton tour par prendre congé, l’art de la bible à excuses est aussi tien. Te voilà, apportant la lumière brièvement en ce lieu, fermant la porte derrière toi, aussi vite que tu l’avais ouverte. Ainsi est l’urgence de tes intentions.

Passionné amant que je suis, c’est pourtant toi qui me vole un baiser, dévastant mes lèvres et ma langue des tiens. Que dire de tes mains qui se glissent amoureusement sous ma chemise, pour finalement se raviser, afin de me la confisquer ? Ton dessein est ailleurs. Pas le temps d’apprécier cette retrouvaille amoureuse, voilà que tu viens déjà imposer ton joug dans le creux de mon cou.

De me rebeller, tu t’amuses de savoir que cela n’arrivera pas. Tes plans sont si semblables aux miens. Bien que personne ne puisse nous entendre, les murs n’en rougissent pas moins de mes éloges à ton encontre. Régnant enfin sur le trône qui t’es dû, ton gouvernement s’applique sans omissions. Sa dictature s’applique à toute ma nation, le rouge de nos corps saura aisément en témoigner. Que de soupirs énamourés en cette soirée.

Plus tard, de nouveau séparés par le destin, nous retrouvons chacun notre place. Comme si de rien n’était, je commente à mes amis les derniers écrits réalisés récemment, quand toi, tu reprends place aux côtés de ce mari, bien indigne de toi mais aux côtés de qui, tu ne cesses de trôner le plus fièrement du monde. Vraiment, aussi resplendissante et innocente que tu parais aux yeux de tous en ce soir, qui serait capable de dire que nous étions unis il n’y a pas si longtemps ?

Cependant, il semblerait que ton cœur ne soit pas suffisamment apaisé. L’amour de cet homme est donc si faible ? Bien après le diner, alors que bien des invités se perdent dans les sphères où l’alcool les fait parvenir, nous nous retrouvons de nouveau dans cette chambre, après un nouveau regard croisé, où la tentation brûlait chez chacun. Cette fois, la galanterie ne sera pas de rigueur. Il est de mon devoir d’homme de me délecter dignement de ta peau, ah non ! De tout ton corps même.

M’aventurant là où le désir m’invite, ta voix s’exalte de bien des façons entre ces quatre murs, dont le rouge ne cesse de se foncer. Contre l’un d’eux, je te possède orageusement, sans la moindre pitié pour les lieux où je peux encore me délecter de ta personne. Que je m’amuse à sentir tes bras, tes mains, tes jambes, tes pieds, à me confirmer tout l’amour que tu attends de moi, ton véritable amant. C’est dans un plaisir sans limites que tu finis par t’abandonner, après cette dernière dévotion. Encore une fois, nous nous quittons.

De nouveau, nous voilà en société, toujours dignes et éclatants de lumière, aussi innocents qu’on nous croit être. Même cet époux, n’aura pas la moindre suspicion. L’alcool et l’amitié sont de merveilleuses diversions. Ton art de l’élégance, n’est pas le dernier. En étant bénéficiaire aussi, je ne puis que le confirmer. Prenant congé discrètement de cette soirée, je n’oublie pas de laisser un message sans innocence dans ton sac. L’inconscient, ne se rendra pas compte que tu liras ces mots dans une intimité dont il ne fait pas partie, t’abandonnant à des plaisirs dont la culpabilité ne te parviendra jamais. Sinon, celle de ne pas me posséder, mais pour cette nuit, tu as été bien pardonnée.