Imaginez, vous êtes tranquillement assis sur un banc, en train de déguster un délicieux sandwich pendant votre pause-déjeuner. Quand un inconnu s'assoit à côté de vous, lui-même déguste un délicieux sandwich et se met à vous raconter sa vie. Vous l’écoutez et fait de même. Au bout d’une heure vous vous levez et serrez cet inconnu dans vos bras tout en pleurant.
Vous ne voyez pas où je veux en venir, n’est-ce pas ?
Cette histoire, c’est celle de deux femmes.
La première femme s’appelle Li, elle a 28 ans, célibataire sans enfant. Elle est hélicicultrice, c’est-à-dire qu’elle élève des escargots pour leurs baves à des fins cosmétiques.
La deuxième femme s’appelle Lina, elle a 24 ans, mariée et une fille. Elle est professeure de français.
— Bonjour, vous aussi c’est l’heure de la pause, un moment de répit bien mérité.
— Carrément. Fatigants tous ses élèves.
— Pardon je ne me suis pas présentée, je m’appelle Lina.
— Enchantée, moi c’est Li.
— J’ai cru comprendre que vous êtes enseignante ?
— Oui, prof de français en ce moment je suis en plein dans les figures de style : oxymore, pléonasme, anaphore enfin tout le tralala. Crevant. Vous, vous travaillez dans quoi ?
— Je suis hélicicultrice, moi je leur apprends juste à baver et manger de la salade.
— Première fois que je rencontre une hélicicultrice, intéressant. Bon si nous arrêtions de parler boulot ? Alors euh… qu’avez-vous fait hier ?
— J’ai été au cinéma avec mon mari, surtout pour lui faire plaisir, je ne suis pas fan du 7ème art.
— J’espère quand même que le film vous a plu ?
— Ouais, pas trop mal, c’était Asphalte de Samuel Benchétrit. Et vous ? Bonne soirée ?
— Comme tous les soirs, plateau-repas devant la télé, je suis célibataire. Oh, mais vous avez le même. C’est pas possible.
— De quoi parlez-vous ?
— De votre porte-clés, c’est un pantin en bois. La même réplique que le mien. Regardez. Où l’avez-vous eu ?
— Je l’ai depuis ma naissance, j’ai été adopté et c’est tout ce qui reste de ma famille biologique.
— Non, ce n’est pas possible. Je n’y crois pas. Moi aussi, j’ai été adopté et ce pantin a toujours été avec moi.
— Vous ne croyez pas que…
— Attendez, sous votre pantin y a-t-il un morceau de phrase ?
— Oui, c’est écrit “... deux filles” en chinois.
— Et moi, “A nos…” en chinois aussi.
— Je crois, qu’on est soeur, ce n’est pas croyable.
— Vous croyez au destin ?
— Pas vraiment, mais là on n'a pas de doute à avoir. On est soeur. Tu es ma soeur.
— Tu es ma soeur. Je suis si heureuse. Viens là que je t’embrasse.
Certains diront que cette histoire ne tient pas la route, d’autres diront que d’aucune façon elle n’est réalisable dans la vie. C’est vrai, combien de chance avez-vous de tomber sur une personne inconnue au coin de la rue, qui plus est aurait avec vous un quelconque lien de parenté ? Très peu. Pourtant quand on croit au destin ou au hasard, tout peut se réaliser même l’impossible.
[Petit texte] Au hasard d'un banc
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Re: [Petit texte] Au hasard d'un banc
Très bonne histoire qui donne de l'espoir.
En plus ça rime.
En plus ça rime.