Jean Valjean - Les Misérables, Victor Hugo

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JaneSerpentard

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Jean Valjean - Les Misérables, Victor Hugo

Message par JaneSerpentard »

Bonjour !
L’année dernière, ma professeur de français nous a demandé de rédiger le procès de Jean Valjean dans Les Misérables. Je vous propose donc ce que j’ai écrit... Bonne lecture et merci pour vous avis !
Dernière modification par JaneSerpentard le lun. 15 mars, 2021 7:09 pm, modifié 1 fois.
JaneSerpentard

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Re : Jean Valjean - Les Misérables, Victor Hugo

Message par JaneSerpentard »

Ceci se passait en 1795. Jean Valjean fut traduit devant les tribunaux du temps pour « vol avec effraction la nuit dans une maison habitée ».

Arrêté un dimanche d’hiver, le procès de Jean Valjean eut lieu quelques mois plus tard, au printemps. C’était par une belle fin de matinée que le procès débuta. Tout Faverolles s’était donné rendez-vous au tribunal de la ville. C’était un événement attendu par tout le village. Au milieu des badauds une foule de curieux se pressait au pied des marches en espérant pouvoir entrer. Dans la salle d’audience, richement décorée de boiseries, le maire était assis au premier rang. A côté de lui se tenait Maubert Isabeau et sa femme. Le boulanger attendait ce moment avec beaucoup d’excitation. La nuit d’avant, il n’avait pas fermé l’œil et s’était levé à l’aube pour être le premier présent au procès. Il attendait ce moment depuis tellement de temps. Il avait hâte que la justice soit enfin rendue et que ce criminel paie pour son crime. Tout à coup, un bruit assourdissant vînt du couloir. La foule bruyante, enfin autorisée à assister à l’audience, se bousculait pour s’asseoir sur les banquettes en bois sombre des premiers rangs. Au milieu de ce tumulte, une femme entra timidement et s’assît lentement dans un coin du fond de la salle. C’était la sœur de l’accusé. Presque invisible dans sa robe usée, elle se tenait là, blême et fébrile, le dos légèrement voûté, le ventre tiraillé par la faim. Elle avait peur pour Jean. Cette peur était accentuée par le climat qui régnait dans la salle d’audience : le brouhaha des conversations, le parquet en chêne qui craquait sous les pas du public, les imposantes statues d’hommes de lois qui ornaient les murs. C’était la première fois qu’elle entrait dans un tribunal et la vue de la chaise vide que son frère allait occuper d’un instant à l’autre la plongea dans un étrange sentiment : d’un côté elle était heureuse de le retrouver car elle ne l’avait pas revue depuis son arrestation et d’un autre, elle était effrayée à l’idée que ce fut la dernière fois qu’elle le verrait. Soudain un homme vêtu de noir entra par une petite porte dissimulée sur le côté de l’imposante salle et s’exclama : « Mesdames et messieurs, monsieur le juge, veuillez vous lever s’il vous plaît ». Un homme, grand plutôt âgé entra. Il était vêtu d’une robe noire aux finitions soignées et raffinées. Il portait une toque noire qui laissait apparaître des tempes grisonnantes et qui venaient souligner un regard de la couleur bleutée du ciel au dehors.

Il était presque midi, le soleil au zénith venait déposait ses rayons lumineux sur les murs de la salle d’audience. La pièce était maintenant inondée de lumière et un silence glacial régnait soudain.
« Monsieur le greffier, faites entrer l’accusé je vous prie ». A peine ses mots prononcés, le juge vit apparaître devant lui un homme robuste, menottes aux poignets, entouré de deux gendarmes. Le procès commença. Après avoir entendu les faits, ainsi que les différentes parties à la barre, le juge interrogea Jean Valjean :
-Pouvez-vous expliquer à la cour ce qui vous a poussé à voler ce brave homme ?
Pour la première fois depuis son arrivée, Jean Valjean leva la tête et regarda le juge dans les yeux et dit d’une voix presque inaudible et désemparée :
-Mes neveux avaient si faim… Je ne supportais pas l’idée de les voir mourir… Ils sont si jeunes…
A cet instant précis, le juge qui écoutait attentivement, croisa le regard triste de Valjean. Il ressentait un sentiment étrange de compassion. Il percevait de la bonté derrière cet homme imposant. Il connaissait ce regard dur, façonné par la faim, celui qu’avaient les pauvres gens que la vie n’épargnait pas. Le juge était issu d’une famille pauvre de paysans. Il savait très bien ce qui poussa Valjean à voler. Voler du pain pour ne pas voir d’enfants affamés, n’était-il pas une noble cause ? Ces sentiments s’entre-choquaient dans la tête du juge, il était partagé par son devoir de juger et celui de comprendre un homme pauvre, qu’il pensait travailleur et honnête, à agir de la sorte. Cela faisait écho à son propre passé. A l’âge de 10 ans, il avait vu sa mère mourir de faim. Il savait ce que c’était d’avoir faim, cette boule qui vous ronge le ventre et où la seule vue d’un morceau de pain vous crève les yeux. Celle que la faim pousse un homme à en devenir un autre. Aujourd’hui encore il était hanté par cette vision. S’il avait eu le courage de voler un simple morceau de pain… Mais voilà, il était devenu un homme de loi, un homme qui défend le bien contre le mal, et dans ce tribunal, tous les regards étaient posés sur lui. Ce public attendait qu’il rende la justice. Jean Valjean attendait son verdict. Il devait juger, il n’avait pas le choix.

Après s’être retiré quelques instants pour délibérer, le juge revînt dans la salle d’audience. Il fît signe aux gendarmes qui gardaient Valjean. L’un d’eux lui dit : « Valjean, lève-toi pour entendre ta sentence ! ». La foule était maintenant d’un silence de mort. Maubert Isabeau retenait son souffle, la sœur de Jean Valjean tenait les pans de sa robe entre ses doigts moites et crispés et la respiration de Valjean devenait de plus en plus saccadée. Le greffier lut le verdict : « Pour vol avec effraction la nuit dans une maison habitée, Jean Valjean, la cour vous condamne à cinq ans de galères ». A cette annonce, la salle redevint bruyante, des rires et des applaudissements fusèrent tandis que Valjean se laissait tomber de tout son poids sur sa chaise. Il n’entendait plus rien. Le temps venait de s’arrêter. Il n’était plus capable de penser. Son regard vide croisa celui de sa sœur. Il avait envie de pleurer mais n’y parvenait pas. Elle lui souriait, ne pouvant retenir ses larmes. Alors les gendarmes emmenèrent Valjean. Il quitta la salle sans un mot. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Ensuite, la foule se leva dans un fracas assourdissant et quitta la salle aussi rapidement qu’elle y entra quelques instant plus tôt. Le maire de Faverolles et Maubert Isabeau se serrèrent la main d’un regard satisfait. La sœur de Jean Valjean demeurait seule, elle regarda de nouveau la chaise vide qu’avait occupé son frère. Sur la place du village, les cloches de l’église sonnaient les douze coups de midi. Elle se pencha à la fenêtre de la salle d’audience. Elle regarda son frère une dernière fois monter dans la calèche noire qui l’emmenait vers sa destinée. Valjean tourna la tête. Un rayon de soleil éclairait son visage. Une larme coulait sur sa joue.
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