Adaptations peu/pas fidèles

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Theobroma

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Adaptations peu/pas fidèles

Message par Theobroma »

Beaucoup d'amateurs de lecture sont frustrés quand une adaptation n'est pas fidèle ou prend des libertés par rapport à l'œuvre originale. Personnellement, j'aime bien qu'un film apporte quelque chose de différent : une nouvelle lecture, une autre ambiance, qu'il s'intéresse à un aspect ou un personnage qui n'était pas central, qu'il propose une variante ou une fin alternative...

J'aurais donc aimé savoir quelles adaptations vous ont marquées (en bien ou en mal) par les libertés qu'elles prenaient avec le livre dont elles sont tirées. Je ne parle pas de divergences mineures comme le physique d'un personnage, mais plutôt de libertés prises par le réalisateur.
Shanen

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Re: Adaptations peu/pas fidèles

Message par Shanen »

Je suis assez d'accord avec ce point de vue. Récemment, j'ai été surprise en allant voir le film "Ça, chapitre 2" et de constater que
Spoiler
le personnage de Richie Tozier était non seulement gay dans le film, mais en plus amoureux d'Eddie Kaspbrak :shock: (ce qui n'était pas le cas dans le livre)
. Une fois la surprise passée, j'ai pensé "bon sang, mais comment un génie comme Stephen King n'a pas pensé à dire ça dans son livre ?". L'auteur lui-même aurait approuvé le choix du réalisateur à ce qu'il paraît, donc comme quoi, il n'est pas toujours nécessaire de se borner strictement à ce qui est dit dans le livre. À ce moment-là, il ne s'agirait d'ailleurs plus d'une adaptation mais d'une retranscription, ce qui serait dommage, car les réalisateurs ont eux aussi leur propre univers.
ChrisRuess

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Re: Adaptations peu/pas fidèles

Message par ChrisRuess »

Bien. Je vais parler de la pire adaptation d'un roman au cinéma (de mon point de vue) : Eragon.
Le film dure 1h40. Le livre fait presque 700 pages.
Déjà, il y a un énorme problème, à titre de comparaison, le seigneur des anneaux c'est presque 450 pages, pour presque 3h de film (en version courte), et ce livre à eu droit à son intégrale au cinéma, qui est certes une adaptation, mais bien ficelée, on est directement dans l'univers de Tolkien.
Les deux univers se ressemblent dans leur complexité : Différentes races, avec leur langage, et un contexte historique et politique très dense. Dans le seigneur des anneaux, le réalisateur prend le temps de tout mettre en place, ce qui contribue au suspense, même après 3h de film, on a envie de savoir la suite, parce que beaucoup de choses restent à faire, ou sont mystérieuses.
Dans Eragon, c'est l'inverse : On nous explique en quelques minutes (et encore, quelques secondes aurait été plus juste) la situation politique et historique de l'univers de Paolini, et aucune part de mystère n'est permise, on a tout, en bloc. Ce qui ne m'a pas du tout satisfait.
Ensuite, parlons des personnages.
Angela, ça a été ma plus grosse déception. Son chat-garou n'est même pas présent, alors que c'est un personnage important dans le livre. Ensuite, elle est censé être une mystérieuse herboriste. Dans le film, c'est dommage de lui avoir foutu des bling bling plein la tronche, et pour le mystère, on repassera. Des yeux blancs, une prophétie et c'est fini. Quant à l'herboriste, je la cherche encore, celle du film ressemble à une sorcière vaudou/voyante qui a trois pauvres répliques. Terrible, pour un personnage aussi complexe qu'Angela. Ah, et elle est dans une ville différente du livre (Murtagh est présent aussi, décidément, ya du monde dans cette petite ville). Je pense qu'ils avaient pas assez de budget pour faire plusieurs cités. COMBIEN ? :o 100M de dollars ? Ha, bah la coke et les putes, ça a du faire un sacré trou dans le budget.
Eragon et Brom sont assez fidèles au récit, mais l'apprentissage d'Eragon, ainsi que les leçons de morale de Brom sont en second plan par rapport à l'action (sans parler du fait qu'au lieu d'être un vieux sage un peu aigri par sa vie, il passe juste pour un vieux grognon). Comme si quelques effets spéciaux et quelques passes d'armes suffisaient pour expliquer leur relation, encore une fois, le travail de l'auteur est tué par le film. Leur voyage de plusieurs mois dans le roman semble durer quelques jours dans le film, c'est d'un ridicule, ils sont à cheval, mais ils traversent le pays à la vitesse d'un avion ? :?
L'histoire entre Ronan, Katrina et Sloan (seule partie de romance du tome 1) est complètement foirée. Ronan s'en va du village parce qu'il ne veux pas se faire enrôler dans l'armée (incohérent, l'armée n'est pas présente à Carvahall dans le tome 1). Dans le livre, il veux simplement avoir une situation stable pour épouser la fille de Sloan, et part bosser dans un moulin. Il revient à Carvahall dans le tome 2 dans le but de protéger Katrina, la, il part avec...bref, incohérence totale, je pense que le réalisateur n'a pas lu le bouquin pour faire des choses aussi absurdes.
Durza...énorme déception également. Le conflit entre lui et Eragon incohérent. Dans le livre, il ne sais pas qui a l'oeuf, dans le film, c'est magique, il sait. Et il veux le tuer, avec l'accord de Galbatorix, alors dans le livre, Galbatorix le veux vivant,si le dragonnier meurt, la dragonne meurt, et les dragons sont perdus, car elle est la dernière femelle. De plus, le fait de mettre Galbatorix en second plan, posé sur son trône, transforme l'Ombre en "Grand Méchant", ce qui crée une sensation étrange lors de sa mort, comme si il n'y avait plus rien a raconter, alors que ce n'est que le début. Et Galbatorix, au dela du fait d'être un Parjure cruel, est surtout un excellent stratège, ce qui n'est pas mis en avant une seule seconde dans le film.
J'évite de parler des Urgals, parce que ça m'énerve mais bordel, ils sont censés avoir des cornes, la ils ressemblent à des gars accoudés à la buvette du HellFest. Les Elfes sont censés avoir des oreilles...bah d'Elfes !
Les Ra'zacs...sont censés être incommodés par la lumière dans le bouquin, la, ils se battent sous le soleil, et ils sont censés avoir des becs et une apparence non humaine, et tuer Brom ! La, dans le film, c'est une version de la momie qui a couché avec Predator et qui a eu deux enfants. Et ce sont les derniers représentants de leur race, assassins de Galbatorix, et on les change en créatures magiques invoqués par Durza. Ils sont censés tuer Brom, être les antagonistes d'une immense partie du tome 2, et se faire tuer au tome 3 (perso ça m'a ému). La, ils meurent comme des merdes dans la forêt, tués par...Brom. J'ai soupiré. Ridicule et insultant par rapport au travail de l'auteur.
Les fils de Horst ne sont pas la. C'est dommage, ils sont importants dans le tome 2, mais comme l'armée les a déjà enrôlé dans le tome 1...Incohérence de plus.
Saphira évolue comme un pokémon...Garrow meurt n'importe comment, en trois secondes Brom fout le feu et Eragon dit : Ok, bah allez on y va...
Tellement d'incohérences que j'arrive pas à tout retrouver, le coté psychologique des personnages est navrant, parfois même ridicule, à l'image d'Arya, qui ne veux pas de privilèges, mais qui assume le fait d'être une princesse, alors qu'elle attend le tome 2, ou 3 pour le révéler à Eragon, par peur d'altérer la vision qu'il a d'elle...l'auteur se casse la tête à créer une femme forte et indépendante, avec une vraie personnalité, le réal la transforme en princesse Disney qui se bat en jupe. Putain.
Je sais qu'un film ne peux pas être comme un roman, mais la...le réalisateur à pas du lire le même Eragon que moi, et résultat, on est sur un navet qui n'aura jamais de suite, alors que c'est une adaptation d'un des plus grands succès jeunesse de son époque. Alors : Pourquoi prendre autant de "libertés", qui sont en fait des incohérences terribles, alors que suivre un minimum la logique du roman aurait suffit à lui assurer un succès en salle ? Je pense que la raison de ce parti pris artistique est du à...la coke, et aux putes. :evil:
Oui, désolé, c'est long et salé, mais j'aime pas quand les réalisateurs prennent les spectateurs et l'auteur pour des cons.
A contrario, The Mist de Stephen King est très bien adaptée, parce que l'univers est cohérent avec celui de l'auteur (signe de respect), et on a beau ne pas avoir la même fin, et bah ça tient la route, et ça correspond à quelque chose que King aurait pu écrire, et ça choque le spectateur dans le bon sens ! The Mist est une nouvelle de 150 pages, le film dure un peu plus de 2h. Un signe d'une bonne adaptation, c'est ça aussi. Et Eragon est l'exact opposé.
theyoubot

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Re: Adaptations peu/pas fidèles

Message par theyoubot »

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Les évadés (Shawshank Redemption) est une adaptation de qualité exemplaire. Mais c'est l'exception qui confirme la règle. Pour différentes raisons techniques, l'adaptation est en général peu fidèle au roman.

Je n'ai jamais vu au cinéma une adaptation qui restitue les personnages et l'histoire d'un roman. Ce n'est pas faisable. Quelques adaptations sont de bons films. Mais grâce à des qualités absentes du roman d'origine. J'ai appris à regarder les adaptations comme des réalisations indépendantes. Espérer retrouver beaucoup du roman, c'est aller au devant d'une déception.

- chaque média a ses points forts et ses points faibles. Une scène renversante à l'écrit pourra ne rien donner en image. Et inversement. Du coup, c'est aussi vrai dans l'autre sens. Les novélisations de films donnent de piètres résultats. A des rares exceptions près, une oeuvre n'est pas "adaptable" à un autre média. Une oeuvre est réussie parce qu'elle utilise pleinement les spécificités de son média. C'est ça le métier de romancier. Faire de la magie avec de l'écrit. Les qualités d'une oeuvre ne survivent pas à une adaptation.

- un récit est conçu au départ dans et pour son meilleur média. Quand on le transfère, on doit soit le trahir, soit se résigner à perdre beaucoup de ses qualités initiales, des qualités qui n'existent que dans le média de départ.
Il y a même certaines qualités d'un texte écrit qui deviendraient des défauts à l'écran et qui sont exclues pour ça de l'adaptation.

- même la magie du cinéma ne peut faire entrer 500 pages denses en deux heures de film. Un roman c'est généralement trop long pour rentrer dans un film. A fortiori un cycle. § l'adaptation ridicule de la Tour Sombre

- quand une adaptation est un bon film (voir mon commentaire sur Blade Runner), c'est grâce à des qualités cinématographiques. Des qualités qui n'existent pas par essence dans un roman (une ambiance musicale, une scène visuellement stupéfiante, un effet sonore, un plan choc, un timbre de voix, une élocution etc.)

- la reformulation dans un autre média peut tirer de façon agréable sur les neurones du lecteur. Par exemple, la force de dépaysement des romans d'Harry Potter se déplace sur grand écran vers une créativité visuelle spécifique du média d'adaptation : la conception des décors, des paysages, des effets spéciaux lumineux, des créatures..
Devenu spectateur, l'ex lecteur est sollicité par un autre sens. C'est l'intérêt principal de l'adaptation. Cela suffit, à mes yeux, à faire pardonner les innombrables faillites de l'exercice.

- en dehors de ça, le lecteur peut être content de retrouver un peu du roman sous un autre média. C'est le fond de commerce des adaptations cinématographiques. Elles peuvent apporter du plaisir dans la mesure où on n'a pas d'attentes trop élevées. C'est ce qui rend ces projets viables, j'en suis conscient. Tant mieux si ça permet de faire un film de plus, de faire travailler des professionnels du cinéma pendant quelques mois.
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