Derrière moi, j'entend Morta se lamenter aussitôt.
-Nona, arrêtes-toi, ils vont finir par être neuf milliard sur terre!
Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce que j'en ai à faire? Elle va s'occuper de couper ma tapisserie au ciseaux, et elle l'aura, sa chute démographique. Je regarde ma nouvelle machine à coudre. Decima a un peu ronchonné, quand je l'ai ramenée. Elle pense qu'on devrait garder une image "traditionnel" de nous, les Parques. Et continuer à se taper la couture comme des paysannes de l'an 1000? Non merci, ma chère. De toutes façons, on leur fait croire ce qu'on veut, aux humains. Ils appellent ça le "Destin", mais nous, c'est notre grande occupation, depuis leur apparition.
Je vais me resservir un café.
Quand je reviens, Morta est en train de couper la vie de ma petit cueilleuse de pommes de terre, mesurant le fil avec une règle.
-Atropos! Je l’apostrophe, utilisant son nom Grec, sachant qu'elle le déteste.
-Quoi Clotho? Réplique t'elle, me rendant la pareille. Tu fais n'importe quoi, il faut bien que je répare tes âneries! Ajoute-elle, en cassant le fil d'un coup sec.
Bon, tant pis, de toute façon, c'était son destin... Je reprend mes fils, et recommence à tisser.
La visage de Decima apparaît alors par l'entre-bâillement:
-Je m'ennuie... Ça vous dit un déchire une tapisserie?
Je ris tout bas en voyant Morta devenir toute rouge.
-Mais c'est pas vrai, vous êtes au courant qu'on doit suivre un programme?! Vous savez, les inscriptions, là, gravé sur le fer et l'airain, c'est pas pour faire jolie! La destinée des hommes ça vous dit quelque chose? Donc Nona, tu continue de filer, tu fais pas le boulot de Decima, et toi, tu te remet au travail! Explose t-elle.
Je fais la moue, et retourne filer. Quant à Decima, elle lève les yeux au ciel, et retourne à sa tapisserie. Le destin mon cul, oui...
Les nymphes!