Mais enfin ça y est, je suis venue à bout des 850 pages du roman. 850 pages bien remplies de personnages, de voyages, de réflexions, d’éléments historiques, de trahisons.
Ce roman nous fait voyager dans le temps et l’espace. Au 16° siècle, en pleine guerre christiano-musulmane, sur l’île de Malte. Il y a parfois un peu trop de passages « de terrain » (avancée des armées, moral global des troupes…). C’est intéressant, mais ça casse l’action par moment.
Finalement, on en apprend de tous les côtés : la chasse aux hérétiques de l’Inquisition, les manigances de Soliman, les conspirations au sein du Vatican… Ce côté touche à tout est rafraîchissant, car on n’est pas lassé par une avalanche d’informations sur un sujet donné.
Concernant les personnages, je suis avec l’unanimité : ils sont hauts en couleur, imprévisibles… Chacun d’eux est une pierre à l’édifice construit par Willocks.
Je veux surtout aborder le problème Ludovico, qui est sans doute le personnage le plus équivoque. A son égard, on passe de la méfiance à la haine, en passant par la compassion et la répulsion. A un moment, un seul, je l’ai vraiment apprécié. Mais dans la dernière partie, il n’y a pas de mots pour décrire l’aversion et le dégoût que lui et ses sbires m’ont fait ressentir.
Mattias a son propre camp. Il n’est pas avec les Musulmans, il n’est pas avec les Chrétiens. Il suit son propre intérêt et celui de ses amis. C’est un peu compliqué, quand on a des amis dans les deux camps, mais Mattias/Ibrahim s’en sort, avec sa conscience bien à lui. C’était d’ailleurs un régal de voir les facettes de sa vie, sa manière de se fondre dans deux cultures différentes.
Le scénario est loin d’être lent. Un peu statique parfois, mais l’auteur est toujours en train d’avancer ses pions. On ressent de la pitié pour la chair à canon et les valeureux chevaliers, on est frappé par la façade glacée de Lavalette… Et jour par jour, on avance implacablement, coûte que coûte, pour sauver sa peau.
Bref, un roman historique pur jus, agréable à lire même pour ceux qui n’apprécient pas forcément cette période de l’Histoire, malgré quelques longueurs. Je ne sais pas encore si je lirai la suite, mais Mattias Tannhauser a été une excellente découverte !
Liste d'argent ! Pour revenir sur la crudité de l'histoire, je n'en ai pas du tout été choquée. Certes, j'aurais préféré un peu moins de "c*l" et de "me*de" (il y a tellement de synonymes...), mais les scènes en elles-mêmes m'ont plutôt frappée par leur réalisme. Je trouve ça important de bien marquer l'horreur de la guerre ; je pense que lorsqu'on est dedans comme Carla, Tannhauser ou un soldat lambda, baigner dans le vomi ou rentrer ses entrailles dans son estomac est une chose difficile à faire réaliser à des personnes ne l'ayant pas vécu.
