Bonsoir.
J'avais dit que je posterais quelque chose. Et ce soir, je n'ai vu que l'écriture pour réussir à m'empêcher d'étouffer. Donc voilà, un petit texte sans prétention, à peine relu. Donc si vous avez des corrections à y apporter, n'hésitez pas.
Ce matin, j'ai passé mon code. Vous savez, l'examen de code à 40 questions, où il y a des pièges et où il faut apprendre plein de trucs. Celui-là, oui, le seul et l'unique. Et j'étais pas (trop) stressée. Enfin, au début.
A mon réveil, il était 7h30. J'avais largement le temps de paresser un peu. Ce que je ne me suis pas gênée de faire. Une fois levée, j'ai pris un petit déj' rapide, comme toujours, décrochant à peine deux mots à ma grand-mère, et me précipitant ensuite sous la douche. Comme souvent, j'y ai passé un peu de temps, mon esprit se mettant à vagabonder.
Vers 9h, les choses ont commencé à se précipiter. Mon père a débarqué, et nous sommes partis rapidement. Heureusement, j'avais préparé mes affaires la veille.
Dans la voiture, on a discuté, un peu. Puis il m'a déposée devant le centre d'examen. Il avait cet air incertain sur le visage, comme s'il ne savait pas quoi dire. Cet air qu'on n'aime pas voir sur le visage de ses parents. Cet air qui reflétait sûrement ma propre incertitude, mes propres doutes que je cachais précieusement, en particulier à ma famille. Alors, j'ai souri, fait comme si ce n'était rien.
Après tout, ce n'est qu'un petit examen, même pas oral, et je l'ai déjà réussi une fois, non ? Pas besoin d'avoir peur.
En sortant de la voiture, j'ai eu un frisson. Arrivée devant l'entrée du parking, je me suis retournée pour voir sa voiture partir. Avec une profonde inspiration, j'ai fait face à ceux qui attendaient déjà.
Et l'attente a commencé.
Bien sûr, je ne connaissais personne. Comment aurais-je pu ? Je n'étais pas d'ici, après tout. Je n'étais même pas de la région. Il fallait juste que j'attende la monitrice de l'auto-école, et tout se passerait bien. Au fond de moi, de manière insidieuse et brusque à la fois, la peur a ressurgi. Pas grave, je suis habituée.
Peur des autres, de ce qu'ils pensaient de moi. Je n'étais pas spécialement bien coiffée, pas spécialement bien habillée. J'avais beau savoir qu'ils avaient autre chose à penser, cette peur qui ne me quitte quasiment jamais me dévorait de l'intérieur.
Peur que la monitrice de l'auto-école ne vienne pas, ou n'arrive pas à temps. Peur que mon dossier ne soit pas complet. Cette méfiance envers le monde, elle ressortait souvent.
Et par dessus tout, peur de rater ce fichu examen. Je devais avoir le permis, c'était devenu vital. Non seulement par besoin matériel, mais également et surtout pour ma propre santé mentale. Je devais me prouver que j'étais capable de quelque chose, de réussir quelque chose. Que je n'étais pas inutile.
Même maintenant, surtout maintenant, dans l'attente des résultats, cette peur reste terrifiante et paralysante.
Les gens venaient, partaient, et j'observais, en silence, et apeurée. Sans livre, sans musique, je n'avais que ça à faire. Le gars mignon en face de moi. Ce petit jeune en scoot qui se met à quelques mètres à ma droite. Ces deux jeunes filles qui se ressemblent et qui ne cessent de glousser. Cette jeune fille bien habillée qui vient de regarder partir sa mère et sa sœur. Cette femme plus âgée que moi qui sort d'une session précédente. Cet examinateur qui fume une cigarette avant de partir en examen de conduite. Le jeune homme qui s'apprête à passer ce même examen et qui se retient visiblement de s'enfuir en courant.
Tellement intéressant. Tellement. J'aurais bien sûr préféré ne pas avoir aussi peur. Mais tellement intéressant.
Enfin, la monitrice est arrivée. Un sourire est venu étirer mes lèvres sèches. J'avais encore peur, bien sûr, mais j'ai caché cette peur, je l'ai fait se cacher, au fin fond de moi. Puis à nouveau, l'attente, en compagnie de deux autres jeunes de la même auto-école. On discute un peu. Pas beaucoup. Je raconte une ou deux choses sur moi, je rigole, je souris.
Mais toujours cette peur. Ces peurs.
Et finalement, l'examen. Entrée dans la salle, distribution des boîtiers, premières questions.
J'ai compté, doucement, les questions qui risquaient de poser problème. Je me suis forcée à répondre lentement, à ne pas me précipiter. A vérifier à chaque fois que c'était la bonne question, pour ne pas décaler mes réponses. Puis ce fut terminé.
''Fini.'' C'est ce que j'ai envoyé à mon père, pour qu'il vienne me chercher. Et je suis sortie, vite, prendre l'air. Respirer, doucement. Réfléchir à mes réponses, mais pas trop. Estimer mes chances de l'avoir, mais sans être trop négative, ni trop optimiste. Et attendre mon père. Je voulais partir. Mais je ne voulais pas devoir dire comment je me sentais. Peur, là encore.
Il a mis du temps à arriver. Beaucoup. Suffisamment pour que j'ai davantage envie de partir que je n'avais peur de devoir parler. Tout irait bien.
Au retour, on est passés chez des amis. On m'a forcée à parler, gentiment. Pas beaucoup. Pas assez. Mais trop quand même. Heureusement, ils m'ont laissée, parlant entre eux. J'ai jeté des regards en coin au fils de ces amis, que je vois très peu. J'ai joué avec le chat. Enfin, je me suis fait mordre et griffer par lui, plutôt. J'ai jeté un regard à l'extérieur. Mauvais temps, mais je voulais sortir quand même. Besoin de me retrouver dehors. J'ai fait des allers-retours entre la cuisine, le canapé et la baie-vitrée. J'ai essayé de faire bonne figure aux yeux de tout le monde. Je ne sais pas si ça a fonctionné pour tout le monde. J'ai surpris un regard pensif de mon père sur moi. Ça n'a pas fonctionné sur lui. Tant pis.
Je me suis sentie vide. Vide.
Et l'après-midi est passé, comme ça. J'ai aidé ma grand-mère comme demandé, je suis passée chez ma tante régler quelque chose, j'ai fini mon diapo pour lundi.
Et quand mon père m'a appelée pour me dire qu'il ne rentrerait pas ce soir, je me suis sentie encore tellement plus vide. Abandonnée, même. C'est ridicule. Mais voilà.
Maintenant, à l'heure d'aller me coucher, à l'heure où on n'est même plus aujourd'hui, je me sens vide, triste, abandonnée et angoissée. Ça devient presque une habitude. Alors, comme d'habitude, je me répète la même chose.
Demain, ça ira mieux.
Merci d'avoir lu, pour ceux qui sont arrivés jusque là
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